Skip to main content

Full text of "Encyclopédie méthodique : Antiquités, Mythologie, Diplomatique des chartres et Chronologie : tome premier"

See other formats


■sane.--  ,;  -. 


«^■r- 


-'-'a; 


. ' ' ■^.  .Í  -.  y^  v 

■;,*< 


-’t  . ^ 


•.:■  . • - 


t?' 


4i 


t:- 

^ ^ < 


‘■•i 


»/tV" 


• , ' y:  • -'.‘S 

?>'' • . . • •■.T'*'r<._: 


_,X-- W' 

V- 


':<■ 


X-.. 


. t 


'•v  ’-  - ' 


Ji'. 

• rO:; 


A 


A 


f- 


V - 


\ 


'\1f ' 


I 


i 


3^ 


ENCYCLOPÉDIE 

MÉTHODIQUE. 

O u 

PAR  ORDRE  DE  MATIÉRES; 

PAR  UNE  SOCÍÉTÉ  DE  G E N S - D E - L E T T RE5 , 
DE  SAVANS  ET  D’ARTISTES; 

Precédee  á!im  Vocabulaire  mÚNtiíú  ^ fervant  de  Talle  pour  tout 
L’Oitvrage,  ornee  des  Ponraits  de  MM.  Diderot  & 
D*  A LE  M B E RT  , premier s Éditeurs  de  /^Encyclopédie. 


<9 

•-i 


ANTIQUITÉS,  MYTHOLOGIE, 
DIPLOMATIQUE  DES  CHARTRES 
ET  CHR  ONOLOGIE. 


TOME  PREMIER. 

i 


A PARIS, 

Chez  PANCKOUCKE,  Libraire,  hotel  de  Thoa,  me  des  Pokevins | 

A L I É G E , 

Chez  Plomteux  , Imprimeur  des  États. 

M.  D C C.  L X X X V I. 

AvEC  ApPROBATJON  ET  PRJFILÉGE  DU  Ro2. 


AVERTISSEMENT 

S UR  le  Diciionnaire  d* Anúquités  , de  Mytkologie  ^ de  Di-plomatique 

de  Chronologie  : 

Par  M.  Mongex,  l’ainé  , Chañóme  Régulier,  Garde  des' Antiques  6c 
du  Cabinet  d’Hiíloire-Naturelle  de  Sainte-Géneviéve  , de  rAcadémie 
Royale  des  Infcriptions  6c  Selles  - Lettres  , 8cc, 

^ .t..  ; ;■■■! » 

M.  CoURT  DE  GÉbelin  s’étoit  chargé  de  compofer  le  Dicl;ionna*re 
d’Antiquités , qui  devoit  faire  partie  de  TEncyclopédie  Aíéthodique.  Ses 
nombreufes  occupations  ne  luí  avoient  point  encore  permis  de  s’en  occuper 
a l’époque  de  fa  mort , arrivée  au  mois  de -Alai  de  Tan  1784.  Choiíi 
pour  le  remplacer  dans  ce.tr-avail,  on  a vu  avec  chagrín  que  trois  années 
avoient  été  perdues  par  cet  Écrivain , 8c  que  les  Soufcripteurs  ne  deman- 
doient  pas  avec  moins  d’impatience  le  Dictionnaire  d’Antiquicés.  On  s’eíl 
efforcé , par  un  travail  redoublé , de  fatisfaire  un  empreílemenc  íi  legitime. 
Mais  l’étendue  du  plan  que  Ton  s’eft  formé,  a retardé  jufqu’a  ce  jcur  ía 
publication  du  premier  volume  de  ce  Dictionnaire  , que  les  autres  fuivront 
de  huit  mois  en  huit  mois. 

L’Éditeur  de  TEncyclopédie  Méthodique  n’avoit  promis  dans  fon  Prof- 
peétus  qu’un  Dictionnaire  d’Antiquicés ; mais  fur  nos  repréfenrations  il  a 
confenti  a y joindre  trois  autres  parties,  qui  en  fcnt  le  complément , 8c 
fans  lefquelles  cet  Ouvrage  n’auroit  pu  contenter  qu’imparfaitement  Ies 
Saváns  8c  les  Artiítes.  Nous  voulons  parler  de  la  Alythologie  ayec  fes 
coítumes  ; de  la  Chronologie  ancienne  8c  nioderne  ; de  la  Diplomatique 
des  Grecs  , des  Romains  , 8c  des  Peuples  qui  ont  exiíté  depuis  eux  jufqu’á 
i’ímprimerie. 

Le  Difcours  général  fur  Ies  quatre  parties  de  ce  Dictionnaire , qui 
fera  imprimé  á la  fin  de  l’Cuvrage  , de  maniere  cependanc  á poiivoir  etre 


■ ^ E R T I S S E M E N T. 

i 1.-1  the  , fera  connoítre  en  dítail  Ies  fondemens  de  notre  travail, 
ks  fources  dans  lefquelles  on  a pnifé ; les  vues  nouvelles  que  Ion  » expofées 
comme  des  réfultats  tres-probables ; la  méthode  d apres  laquelk  il  faudra 
lire  ¡es  différens  arricies  de  ce  Didlionnaire , pour  en  faire  des  traités  com- 
plers  fur  chaqué  matkre ; les  ccnnoiíTances  ndceffaires  pour  étudier  avec 
fuccés  les  Antiquités,  &c.  On  va  ¡eter  feulement  dans  cet  AvertllTement 
préliminaire  quelques  obfervations  pour  concilier  a notre  travail  la  con- 


flanee des  Savans, 

Dans  les  árdeles  de  la  Mytholdgie  Grecque  & Romaine  , on  a falt  le 

plus  grandufage  du  Diaionnaire  Mythologique,  imprimé  en  17^5  , ehez 

BriaíTon,  en  z vol.  in-%^ . Tout  ee  djue  M.  Dupjais  , ProfeíTeur  de  Pehs- 
torique  au  Coilége  de  Lizieux , a donné  an  Public  de  fon  fyftéme  Mytho- 
Aftronom-ique , sV  trouve  fans  aucun  ehangement ; afn  que  ee  Savant 
éerivain  ne  piiiffe  pas  nous  aecufer  d’avoir  détermiaé  le  jugementdes  lee- 
teurs.  Le  Pantképn  Mgyptiorum  de  Jablonski  a écé  notre  guide  ordihairs 
pour  la  Théologie  des  Égyptiens  ; &:  Ton  y a joint  fouveat  les  recherehes 
de  M.  Pa^  fur  le  méme  peuple, 

Les  Extraits  longs  fréquens  de  tous  les  Ouvrages  du  Comte  de  Cayíus-, 
&:  de  rillufcre  Winkelmann , éelarrciíTent  pluíieurs  detailsobfcurs  de  la  Aíy- 


thologie  Grecque,  íls  font  le  fondement  le  plus  folide  de  tout  ce  que  nous 
donnons  fur  les  coftumes  des  peuples  anciens , Sc  fur  rexpiieation  de  leurs 
monumens  , afin  de  procurer  aux  fculpteurs  & aux  peintres  des  connoif- 
fances  dont  renfemble  n avoit  poinc  encore  été  préfente.  Les  ecritsau Savant 
Allemandj  qui  doivent  étrelemanuel  des  Antiquaires  Sedes  AfLUes  , nous 
ferviront,  en  particulier,  d’autorité,  toutes  les  fots  que  nous  parlerqns  des 
reftes  précieux  de  fculprure  Se  de  peinture  antiques  dont  litalie  , íaFrance  , 
i’Ailemagne  , Se  quelques  autres  narties  de  l’Europe  s’enorgueilliírent  4 etre 
poíTeíTeurs.  11  en  eft  trés-peu  d’importans  qui  ríe  foierit  décrits  dans  ce 
Didtionnaire. 

Nqus  pourrons  en  dire  autant  des  Auguíles , des  Rois  , des  Yilles  Se  des 


AFERTISSEME  NT.  vlj 

Peitples  anciens  dónt  on  conferve  des  MédaÜles.  L’Hiíloire  des  Empereurs 
parBeauvais  , au  travail  duquel  on  a eu  trés-peu  a ajouter  ou  á clianger  ; 
les  recueils  de  Hunter , de  Pellerin ; la  colledtion  du  Cabinet  de  Sainte- 
Géneviéve  j celle^e  Vienne  , de  Theupolo  , &c. , ainíi  que  les  écrits  des 
plus  favans  Auteurs  de  la  fcience  Numifmatique  , ont  fervi  á rédiger  la 
partie  de  notre  Diclionnaire , qui  traite  de  cette  fcience , & qui , pour  la 
premiere  fois , paroit  á peu-prés  complette  , quoiqu’aíTez  abrégée. 

Dire  que  notre  Chronologie  Grecque  Se  Rornaine  n’eft  fondée  que  fur 
les  marbres  de  Paros , les  rabies  des  Archontes  & des  Olympiades  , Ies  mar- 
bres  da  Capitole  & les  faftes  Confulaires ; que  notre  Chronologie  moderne 
renferme  uniquement  les  rabies  fondamentales  , les  principes  & Ies  calcáis 
développés  dans  la  partie  technique  du  favant  & profond  an  de.  vérifier  les. 
dates  ; c’eíl  aíTurer  a notre  travail  la  confiance  du  Public. 

' Quant  a la  Diplomatique  ancienne  & moderne  , nous  efpérons  qu’on  la 
verra  ici  avecplaifir  fondée  fur  l’Ouvrageimmenfe  que  les  favans  Bénédictins 
ont  publié  vers  le  milieu  de  ce  íiécle , & qui  étolt  le  réfukat  des  travaux 
de  toute  leur  Congrégation  depuis  cent-cinquante  ans.  Quoique  le  mot  de 
Diplomatique  ait  été  dé]a  employé  dans  TEncycIopédie  Méthodique,  pour 
déíigner  la  connoiíTance  des  intéréts  des  Princes  & des  Républiques  , nous 
l’avons  cependant  confervé  a cette  fcience , que  Ton  appelle  auíii  Paleo- 
graphie , parce  que  ce  dernier  nom  eft  d’un  ufage  moins  général. 

Les  recueils  de  Gr^vius , de  Gronovius , TArchéologie  dePotter,Ies 
Mémoires  de  l’Académle  des  Infcnptions  & Belles-Lettres , ceux  des 
Académies  de  Cortone  , de  Berlin^  &c. , &c.,  &c. , nous  ont  fourni  une 
ampie  moiííbn  pour  la  connoiíTance  des  Antiquztés.  La  Metrologie  de 
AI.  Paucton , ouvrage  plein  de  recherches  Se  de  critique,  en  a forme  le 
complément;  en  nous  donnant  avec  préciíion  , Se  dans  le  rapport  acluel 
avec  les  monnoies  les  mefures  Se  poids  de  b ranee , les  monnoies  , les 
mefures  Se  les  poids  des  Anciens. 

Ce  volum,e  fera  le  feul  dans  lequel  on  aura  traite  de  TArchitecture 


jj^ERTISSEMENT. 

'"^Vnre  parce  que  cette  partía  vient  d-étre  confiée  i M.  Quatremére 
TquíIc;  dont  rAcadémie  des  Infcriptíorrs  6c  Ballas-1  ettres  a reconru. 
Írnérire!»  couronuant  fon  Mámoire  furia  paraUcla  des  Arcluteaure. 

cerque  gdndraleurenr  Lbli  au¡ourdhul. 

en  na  falr  précéder  du  mot  Monficur  que  les  noms  des  Autaurs  vrvans. 

Cette  reftriaion  eft  peut-étra  la  feule  maniere  taifonnabla  detabUr  quel- 

qu’umformité  dans  cet  ufage.  ^ i.  ^ 

Comme  nous  n’avons  eu  pour  but  que  de  faire  jomr  le  Publ.c  du 

colleaion  abondante  8c  judicieufa  fur  las  quatre  pa«res  qm  “ 

Diaionnaire , nous  avons  toujours  cite,  autatit  quil  a ate  po  i a, 
choquafla  langue,les  teittes  qui  nous  farvent  d’appui , dans  les  proprea 
termes  6c  dans  ridlbme  das  Écrivains.  On  na  doit  point  cherchar  dans  uiy 
ouvrage  de  cette  natura  Péléganca  de  la  díalo» , mais  feulemepi;  la  purete 
j^ointe  a une  faine  critique. 


DISCOURS. 


EXPLICATION 


Des  Ahréviaúons  qui  expriment 

Le  ZÉE.O  , íígnifie  que  la  tete  , ou  la 
Médaille  dont  an  parle  , ne  fe  rrouve  point 
en  tel  mécal , ou  en  tel  module. 

G , que  la  Médaille  eft  commune  , & n’a 
de  valeur  ( furtout  en  bronze ) qu’á  proporción 
de  fa  confervation. 

R , que  la  Médaille  eft  rare  j Se  qu’elle 
eft  d’.un  plus  grand  prix  qu’une  Médaille 
commune. 

RR  , que  c’eft  une  Médaille  précieufe  ; 
qu’eile  vautle  double , & fouvent  davantage, 
d’une  Médaille  déíignée  par  une  feule  R. 

RRR  5 que  cette  Médaille  eft  d’une  grande 


la  rareté  des  Médailles. 

raretéj  & qu’elle  manque  fouvenr  dans  des 
collections  nombreufes. 

RRRR  j que  cette  Médaille  eft  uiiiqiie  , 
ou  d’une  rareté  extréme. 

GB  , fignifie  le  grand  bronze. 

MBj  le  moyen  bronze. 

PB  i le  petit  bronze. 

On  obfervera  enfin  que  la  colleétion  enticre 
des  Médailles  de  M.  Pellerin  eft  réunie  au 
cabinet  du  roi , & la  fuite  des  imperiales 
d’argent  deM.i’abbé  Rothelin,  aux  Médailles 
du  roi  d’Efpagne. 


A 

A , Cette  lettre  étoit  la  preiniére  des  alphabets 
Grec  & Romain.  Les  Grecs  en  fupprimérent  fou- 
vent la  traverfe  5 ce  qui  le  fait  confondre  fur 
Jeurs  Médailles  & leurs  Infcriptions  avec  le  A. 
LM  étoit  une  lettre  numérale  chez  les  Grecs  , Se 
valoit  I.  Les  anciens  Romains  ne  Temployérent 
point  á cet  ufage  5 quoique  Baronius  rapportant 
des  vers  techniques  qui  exprimoient  la  valeur  de 
chaqué  lettre  de  ralphabet  ^ ait  cité  celui-ci : 

Pojjídet  jí  números  quingentos  ordine  recto. 

On  apprend  de  ce  vers  que  la  lettre  A fur- 
montée  d'une  ligne  de  cette  fa^on  Aj  íignifioit 
cinq  mille. 

Les  Romains  des  premiers  fiécles  ne  firent  point 
ufage  de  ces  lettres  numérales.  Ifidore  de  Séville  , 
qui  vivoit  dans  le  feptiéme  íiécle  , aíTure  expref- 
fement  le  contraire  : Latini  autem  números  ad 
litteras  non  computara.  Cet  ufage  ne  filt  introduit 
que  dans  les  tems  poftérieurs.  M.  Ducange  , dans 
fon  Gloflaire , explique  au  commencement  de 
chaqué  lettre  fa  valeur  en  nombre.  La  plupart  des 
Lexicographes  l’ont  copié  fans  Tentendre  ; puif- 
quhls  s'accordent  tous  á dire  que  Texplication  de 
cct  ufage  fe  trouve  dans  Valerius  Probus.  Ducange 
Antiquhés  j Tome  I. 


A 


a dit  limplement  qu’ellc  fe  trouvoit  dans  un 
Recueil  de  Grammairiens  , du  nombre  defquels 
eft  Valerius  Probus.  Habetur  vero  illud  cum  V^a- 
lerio  Probo  ^ ....  & atizs  qui  de  numeris  ferip- 
ferunt  editum  ínter  Grammaücos  antiquos. 

L’A  a pris  des  formes  trés-différentes  fous  la 
plume  des  copiftes  Se  fur  Ies  marbres  , depuis  Ies 
Romains  jufqu’á  l’invention  de  Timprimerie  ^ qui 
paroit  avoir  fixé  l’écriture.  Nous  allons  donner  la 
plupart  de  ces  formes  ; & pour  en  facilitar  la 
recherche,  nous  les  diviferons  en  fix  grandes  feries, 
qui  feront  partagées  elles  - mémes  en  pluíieurs 
fous-féries. 

35  La  premiére  grande  férie  de  l’A.  , eft  prefquc 
toute  compofée  des  caracteres  de  la  plushaute  anti- 
quité 5 Ies  plus  récens  de  la  premiére  fous-férie 
fonrau  moinsdufixiéme  Iiécle;  toutes  les  traverfes 
de  fes  A partent  da  coré  droit , fans  toucher  le 
gauche.  La  feconde  fous-férie  fe  diftingue  par 
des  traverfes  contraires  , & fur  tout  par  celle  da 
milieu  , naiíTant  du  jambage  gauche  , fans  tou- 
cher le  droit.  Ses  A ont  fouvent  la  forme  de  TF 
ordinaire  , mais  prefque  toujours  plus  ou  moins 
penchée  vers  la  droité.  Ses  figures  les  plus  récentes 
ne  defeendent  pas  au-delTous  du  neuviéme  fiécle, 
& prefque  toutes  font  antérieures  au  quatriéme.  11 


2,  A 

cñde  l’eiTence  de  la  troiSéir.e  ^fous-férie  que  fa 
traverfe  , dérachée  des  deax  cores  , foit  placee  au 
milieu  des  deux  jambages  del'A  , foit  qu  elle_  ait 
la  forme  di  , de  point  carré , de  Chevron  brife  , 
ou  de  virgule.  Flus  Ies  caraíieres  de  la  premiére 
grande  ferie  de  f A retiennenr  de  la  ñgure  de  1 F 
inclinée  & tournée  vers  la  gauche  j plus  leur  anti- 
qiiité  eil  certaine. 

53  La  deuxiéme  grande  ferie  de  TA  porte  fa  tra- 
verfe  inclinée  de  gauche  á droite  dans  la  pre- 
miere  fous-férie  , ou  de  droite  á gauche  dans  la 
feconde.  Certe  traverfe  touche  prefque  fans  excep- 
tion  Ies  deux  cotes.  Les  plus  anciennes  lettres  de 
la  premiére  fous-férie  font  antérieures  á Tere  chré- 
tienne  , &:  fes  plus  modernas  appartiennenr  aux 
huitiéme  & neiiviéme  íiécles.  La  feconde  remonte 
bien  au-delá  de  J.  C.  & ne  defcend  pas  ordinaire- 
mentplus  de  deux  outrois  íiécles  au-deíTous.  La  troi- 
£éme  fe  trouve  bientot  transformée  en  la  lettre  a 
minufcuíe.  Elle  approche  des  preraiers  íiécles  da 
chrillianifme,  & defcend  á celui  de  Charlemagne.55 

5=  La  troiíiéme  férie^  quitient  deTonciale,  donne 
naiíTa.nce  á la  troiíiéme  divifion  des  minufcules 
appartenant  au  gothique  moderne  des  derníers 
tems.  Sa  premiére  fous-férie  approche  de  la  figure 
du  B. ; la  deuxiéme  eíl  á traits  détachés  ou  bien 
en  pointes.  =5 

55  La  quatriéme  férie  apourcaraólériftique  gené- 
rale la  traverfe  horifontale  unilTant  les  deux  cótés  5 
fa  premiere  fous-ferie  commence  par  des  figures 
antérieures  á J.  C.  fuivies  de  calles  de  fon  tems  j 
& rerminées  par  d’autres  moins  élégantes , mais 
également  anciennes  : toutes  ont  les  deux  cótés 
droits  aboutiíTans  en  angle  aigu  ^ forme  la  plus 
commune  de  nos  A d’á-préfent ; la  deuxiéme  a au 
moins  Tan  de  fes  cotes  courbe  ^ ou  bien  fangle 
fupérieur  eír  formé  par  deux  courbes  ou  lignes 
mixtes : fes  lettres  ne  peuvent  étreregardées  comme 
recentes  , que  quand  Tangle  vertical  eft  aigu  ^ & 
les  cótés  concaves  en  dehors.  Les  caracíéres  de 
la  troiíiéme  fous-férie  s’éiévent  á peine  au-deíTous 
du  onziéme  íiécle  ^ & touchent  au  pur  gothique. 
Leur  patrie  fupérieure  eft  toujours  terminée  en 
voute  plus  ou  moins  réguliere.  La  quatriéme  ^ 
dont  on  peut  rappeler  Forigine  au  fecond  íiécje , eít 
caraétérifée  par  des  tetes  applaties,  foit  horifonta- 
les  , foit  un  peu  obliques.  Les  A de  la  cinquiéme  , 
prefque  également  antiques  & plats  , portent  une 
tete  á peu-prés  triangulaire.  La  traverfe  médiane  de 
ceuxdela  íixiémelui  fert  de  bafe,  & fes  caraétéres 
prennent  la  forme  de  carrés  , de  reciangles  , de 
trapézeS:,  Sr  d'autres  figures  quadrilatéres  ^ dont 
méme  quelques  cótés  fe  courbent.  Leur  age  n’eft 
pas  fort  reculé.  Ríen  n’empéche  d’abandonner  au 
gothique  la  plupart  de  ces  lettres , ainíi  que  les 
fous-féries  qui  fuivent  immédiatement.  La  tete 
des  A de  la  feptiéme  eft  applatie  ou  terminée 
par  une  barre  ; mais  leur  traverfe  íes  coupe  exacle- 
ment  par  la  moitié.  Le  haut  des  A de  la  huitiéme 
si:  ouvert  i cnforte  que  fes  figures  ont  plus  la 


A 

forme  d"H  que  d’A  : Ies  figures  dont  Ies  cotes  font 
moins  écartés  en  deíTas^ontlaprérogativede  Fáge. 
La  neiiviéme  fe  termine  par  un  angle  vertical , 
furmonré  d’une  ligne  horifontale.  Ses  premiéres 
figures  appartiennenr  au  troiíiéme  íiécle  , 8c  fes 
derniéres  au  bas  gothique.  La  dixiéme  j á cótés 
rapprochés  par  le  haut  ^ porte  ime  efpéce  d'ar- 
chitrave  débordant  des  deux  cótés  , 8c  quelque- 
fois  incliné  vers  la  gauche  ou  la  droite  : quelque- 
fois  auííi  fe  courbe-t-il  en  forme  de  croiíTant.  La 
onziéme  préfente  une  traverfe  fupérieure  , pro- 
longée  vers  la  gauche  j bien  entendu  que  la  tete 
de  FA  demeure  píate  ou  un  peu  courbée.  La 
douziémene  dcit prefque  étre  différenciée  que  par 
Fcppofition  de  la  méme  traverfe  tournée  vers  la 
droite.  Si  la  treiziéme  fous-férie  relTemble  á la 
onziéme  par  la  barre  ou  traverfe  fupérieure  menee 
feulement  vers  la  gauche  , elle  différe  en  ce  que  !a 
voúte  de  FA  eft  píutót  angulaire  que  píate  ou  ronde. 
II  ne  laiíTe  pourtant  pas,  dans  quelques  figures,  de 
fe  courber  feulement  un  peu  du  cote  gauche  : 
certe  fous-férie  eft  en  patrie  ancienne  & enpartie 
récente.  La  quatorziéme  eft  a traits  excédens, 
c'eft-a-dire  , que  le  coré  (&  c’ eft  prefque  toujours 
le  droit ) eft  prolongé  au-deifus  de  Fangie  fapé- 
rietir,  foit  quhlfe  courbe  un  peu,  ou  qu'il  s'abaiíTe 
en  fe  brifant.  La  plupart  de  fes  figures  paffent  le 
íixiéme  íiécle. 

=5  La  traverfe  horifontale  brifée  par  le  milieu 
en  forme  d'V  aigu  , ou  bien  arrondie  en  Ü , pro- 
duit  la  cinquiéme  férie.  De  la  traverfe  & du  haut 
de  FA  , il  remite  pour  Fordinaire  une  lofange. 
La  premiére  fous-férie  exilie  depuis  environ  deux 
milie  ans  chez  Ies  Grecs  & chez  les  Latins.  Elle  a 
fa  tete  en  angle  , ou  peu  s"en  faut  5 la  feconde 
Fa  píate , & convient  fur  tour  au  moyen  age.  La 
durée  de  la  troiíiéme,  furmontée  d'une  barre, 
s’étend  environ  depuis  J.  C.  jufquAu  dixiéme 
íiécle;  la  quatriéme  a fon  angle  fupérieur  ou  fa 
téteproiongée  parun  oupluíieurs  traits  excédens  , 
produirs  par  Fun  ou  Fautre  cóté  , 011  par  les  deux 
á la  fois.  Elle  eft  prefque  toute  entiére  antérieure 
au  feptiéme  íiécle.  La  cinquiéme  fe  fait  remarquer 
á fa  traverfe  mitoyenne  arrondie.  Des  traverfes 
mitoyennes  portees  au  - déla  des  deux  cotes  , 
annoncent  au  moins  le  troiíiéme  íiécle.  Celles  qui 
s’avancent  plus  d'un  cóté  que  de  Fautre  , ou  qui 
déclinenr  obliquement , appartiennenr  au  mo- 
derne. 55 

5»  Les  A de  la  íixiéme  grande  férie  font  dépour-* 
vus  de  traverfes.  Sa  premíete  fous-férie  , á cótés 
droits  aboutiíTans  en  angle  aigu , eft  compofée 
d’A  trés-anciens.  Ceux  de  la  deuxiéme  ne  le  font 
pas  moins.  lis  ne  different  de  la  précédente  que 
par  les  cótés,  dont  Fun  au  moins  eñ  courbe.  C’eft 
de  cette  fous-férie  que  font  nés  Ies  A curíifs.  La 
tere  des  A de  ¡a  troiíiéme  fe  voit  arrondie  du  cóté 
droit  ouducóté  gauche,fouvent  mémeils  prennent 
la  forme  d’R  contournée  en  confervant  leur  pofi- 
tion  Baturelle.  Ik  peuvent  également  convenir 


A 

8-a  qii3triéme  & au  quatorziéme  áécle  j felón 
que  leur  figure  eíi  plus  ou  moins  elegante.  Les 
A de  I_a  quatriéme  fous- ferie  font  voútés  enarcade, 
ceux  de  ía  cinquiéme  applatis  par  le  haut  5 ceux  de 
la  fisáéme  firmontés  d'une  traverfe.il  s’enrencon- 
tre  beaiicoup  au  moyen  áge,  ainíi  que  desAaopar- 
tenans  auxfous-féries  fuivantes.  Lafeptiéme  ala  tete 
triangulrdrej  lahuitiéme  ell: farmontee  de  plufieurs 
boífes;,  pointes  ou  comes.  La  neuviéme  fe  travef- 
tit  en  X j & quoiqu'eiie  s’éieve  jufqu’á  la  plus 
haute  antiquité  ^ elle  peut  néanmoins  def- 
cendre  au  fixiéme  fiécle.  La  dixiéme  donne  á fes 
A ia  figuie  el  ^ renverfe  , ou  de  lambda  guí  prend 
toutes  fortes  de  formes.  La  plúpart  de  ces  A 
remontent  au  tems  de  la  républiqúe  ou  du  moins 
de  i empire  Romain  ^ quoique  d'aiüeurs  cet  A fans 
tra'/erfe  foit  parvenú  jufqu’au  gothique.  ( Nou- 
•velle  Divlomazique,  » 

A.  Cette  iectre  eíi:  une  abréviation  qui  fe  trouve 
frequeiTiíTient  dans  1 hiítoire  Se  Tur  les  monurnens 
anaens^  foit  feule  avec  un  poinc  ou  fans  pcint^  íbit 
double  ou  triple  , foit  accompagnée  de  quelques 
autres  leteres.  Nous  allons  en  donner  fexplication 
pour  tous  ces  cas  j excepte  le  dernier  qui  fe  trou- 
vera  dans  les  ahréviations.  Onpratiquera  la  méme 
chofe  á chaqué  lettre  de  Talphabet. 

A^feul  íignifie  Aldus  , Aula  ^ noms  propresj 
eu  Jiugiífialis  imperial ; annus  ^ année ; argentum, 
argent ; aurmn  j or ; ager , champj  amicus  , amica, 
ami  , amie  ; anima , ame  j alhum  , reuiftre  ; a,s 
monnoie^  argent  ; &rarium  , tréfor  pubíic  ; s.des  \ 
ixiaiiorij  temple  5 ndilis  , &dilita.s , édile  , édüité. 

■^líilcs  A 0x1  Al , pour  miles  ais,  , fcldat  d’une 
des  anes  ae  I armée.  Ifidore  prétend  que  miles  A 
iigniiie  un  jeune  foldat. 

A,  ou  alpha  , déíigne  chez  Ies  écrivains  de 
Ro.me,  un  homme  qui  efl  le  premier  de  fa  claffe, 
de  la  tribu  ^ de  fon  geare.  Manial  appelle  le  pre- 
mier des  mendianSj  Alpha  pemilatorum.  Liv.  2.  yy. 

AiOíZ  zpje  CoaTiLs  Alpha  venulutorUTTt, 

• aiiffi  par  oppoíition  le  dernier  des 

íiches : iib.  2.  2(5. 

iprzo¿  Alp’na  dixi,  Codre , penulatorum. 

Jde  nuper  aliqua  cum  jocarer  in  chana  ; 
forte  bilem  movit  kic  tibí  verfus  , 

Dicas  licebit  Beta  me  togatorum. 

A,chez  Ies  Romaíns^étoit  un  íigne  d’abfolurion. 

pro- 

¿iñ' , OU  fur  un  crime  ^ on 
o,  opinant  trois  tefséres  ou 

-...-ans  , fur  1 une  deiquellesétoit  aravé  un  4 
jabfouss  furfautre  un  Cl  condemño 
troifiéme  étoient  gravees 

ft  if  o , t h "f  ^ c eft-á-dire  . le 

fait  ou  le  enme  fur  lequel  je  deis  donnermon 

ne  me  paroit  pas  clair  & évideut.  C’eíl  á 

di-  i,  _ 


A 

le.  ^ 

I que  fait  alluílon  le  prince  des  orateurs 

Romains  ^ mrfqu  il  appelle  i’A  ^ la  lettre  qui 
fauve^  iittera  falusaris. 

-'^-3  fervoit  encore  chez  le  méme  peupie  á rejeter 
une  -01  propofée  dans  les  comices.  Ceux  qui 
s (yjpofoient  á la  nouveile  loi  ^ fe  fervoient  d’une 
teLpe  ou  buUetin,  marquée  d’un  -4,  oui  ligrdfioit 
antiquo  , je  refufe  5 ou  antiqua  feauor  , nova  non 
pLacent  , je  uens  á l’ancienne  loi  ^ & je  re- 
jette  la  nouveile.  Les__acceptans  donnoient  une 
tedercj  fur  iaqiielle  on  liíToit  UB.  j utirogas  , com- 
me  voris  le  demaodez. 

Aj  dans  le  calendrier  Juüenj  eft  la  premiére  des 
...pt  lettres  dominicales.  Les  Romains ' I’em- 
p.oyoient  au  méme  ufage  j car  ils  en  avoient  fait 
la  premiére  des  lettres  nundinales,  á I imitation 
defquelles  on  créa  les  lettres  dominicales. 

1 A Aléd.aiiles  fignifie  Augufii  , ou 

aeux  A-Uguftes  ; Auguftales  , appartenant  aux  -4u- 
guires  5 aurum  & argentum. 

A A. Trois  monnoies  de  la  feconde  colonne  de  M. 
ie  Blanc^  planche  ij  , ont  fort  embarraífé  cet 
habile  aechiiireur.  Sur  les  cotes,  oúparoít  lenom 
il  y a des  lettres  tranfpofées  Se:  entre- 
meiees,  dont  on  a de  la  peine  á former  un  fens 
Sur  ra  neuviéme  , outre  I’X  , qui  eñ  fans  doute  la 
^rifius  , nous  lifons  , Pkilippus 
Kex  Del  grana.  M.  le  Bianc  na  point  lii  Tonziéme. 
Jzl.e  porte  Dei  dextra  fit  benedicta.  Sur  latreiziéme 
nous  lifons  PhiHppus  Rex  Dei  gratia.  Xotre  fa- 
vam  antiquaire  avoue  qu’il  n’a  pu  deviner  la  í¡- 
gnification  des  deux  A qui  font  dans  les  angles  de 
^ croix  des  revers.  Ces  deux  caraéleres,  joints  aux 
branches  de  la  croix  qui  renferment  le  L & deux 
Lj  formentle  mot  GalLia. 

AAA.  Ces  trois  lettres  , fur  les  Médailles  de 
íamilles  délignent  les  monétaires  dont  le  nom- 
bre a varié.  Ils  étoient  établis  pour  monnoyer  de 
1 or  , de  ¡ argent  & du  bronze.  A^uro  , argento  „ 
aere^  Fiando  j Sec, 

-4AA.  On  deíignoit  auífi  parces  trois  lettres, 

tTOlS  JlLLguJieS» 

Á &ABj  fuivisd  un  nomfabñantifj  exprímoient 
fouvent  Ies  charges  ^ dignités  ou  offices  déla 
^aí.on  des  Auguíles,  ou  des  particuliers  puiííans. 
iNous  en  allons  faire  connoitre  la  plus’  grande 
partie.  On  troiivera  les  autres  placees  fous  leurs 
lettres  initiaies. 

ABalneis,  étoitl’intendant  des  bains.  Onlitá 
Florence  fur  un  tombeau  : 

FLAVIO.  XÍAP-CIAXO 
ULPIO.  IVLIANO 
MAC.  A.  3ALNEIS.  AVG. 

DECVRIONES.  SCRIB-'E.  VNCTORZS.  ATe. 
VLPIO.  CRATERI.  AVG.  LIB.  PROC.  CASTR. 
DECVPUONES.  SCRIB^.  ET.  VKCTORES.  D.  ü. 

— Sport. 

A Bibllotheca  & a hihliotkeczs  , étoit  meiae 

Aij 


chez  Ies  particuEers  !e  nom  du  biblíothécaíre.  Les 
empereurs  en  avoient  plufieurs.  On  lit  á Rome 
fiir  un  tombeau  : 

DIS.  MANIBVS 
V.  FLAVIVS  A BIBLIOT. 

GR^C.  PAL. 

& fur  un  autre. . ti.  clavdivs.  avg.  l. 
KYMEN.£VS.  MEDICVS. 

A.  BIBLIOTHECIS. 


A 

D.  M. 

M VLPIO 

ABASCANTO 
eVSTOS.  A.  COMM 
BENEFICIORVM 
FLAVIA.  PALLA 
B.  M.  EX.  C^CILIAN. 
FILIVS.  EIVS.  SIBI 
LIBERTABVSQUE 
EORVM. 


A.  Calida  ¡ étoit  celui  qui  donnoit  á boire  á 
fon  maítre  de  Teau  chaude.  On  lit  á Rome  fur 
un  monument : 


© IVLivs.  Astyo- 
CHUS. 

© ET.  C.  IVLIVS.  AgA- 

tyrsvs. 

A vg.  Minist.  Apol- 

LINIS. 

ÍVLIA.  AnDRO- 
CLEA.  T.  F. 


IVLIVS  Cypsvs. 
Avg.  serv.  a.  gal. 


Sport. 


A Cap.cellis  , étoit  celui  que  nous  appcions 
Chancelier.  Herric^  vie  de  S.  Germain.  vi. 


A Commentariis  equorum,  étoit  celui  qui  tenolt 
le  regiftre  des  cochers  j ou  des  chevaux  deñinés 
á courir  dans  le  cirque.  Argoli  a donné  au  public 
répitaphe  qui  fuit : 

FLAVIA.  ELPIDI 
conivgi.  sanctissim^ 

MOSDRVS.  AVG.  L. 

A.  COMMENTARIIS.  EQVORVM. 

A Commentariis  fifci  AJiatici  , étoit  celui  qui 
avoit  la  garde  des  regiftres  fur  lefquels  on  écri- 
voit  Ies  revenus  de  TAfie  j & les  fommes  dúes 
par  les  fermiers  de  cette  partie  de  Tempire  Ro- 
maiii.  Reinefius  cite  Tépitaphe  fuivante : 


Volufianus  erat  , pr&celfo  nomine  quídam. 
TJrbis  patricius  , toti  dileclus  & urhi , 

Atque  a cancellis  prifco  de  more  minifter. 

A CodicUlis,  étoit  celui  qui  gardoit  les  tablettes 
de  fon  maitre.  On  trouve  á Florence  Tinfcription 
fuivante : 

^GYPTO.  SERVO 

earbari.  avg.  lib. 

A.  CODICILLIS 
EVTYCHUS.  PECV 
LIARIS.  SYMMACHVS 
FRATRES.  PIENTISSIMi.  Spon. 

A Cognitionibus  , étoit  celui  que  l’on  appeloit 
encore  recognitor.  C’étoit  chez  les  Crees  lAvriy^a- 
5 & de  nos  jours  ii  porte  le  nom  de  contróleur. 
Spon  a lu  a Rome  Tinfcription  fuivante  : 

DIS.  MANIBVS 
T.  FLAVI.  AVG.  LIB. 

abascanti 

A.  GOGNITIONIB-DS 
FLAVIA.  HESPERIS 
FECIT. 

A Commentariis  , étoit  celui  qui  tenoit  les  regif- 
tres cemmentaria  ) de  quelque  détail.  II  s'appe- 
^it  cnez  Ies  Grecs  5 & il  porte  en 

irpce  le  nop  Aécrivain  ou  de  greffieri  Spon  a 
'-■uolié  Tinfeription  fuivante  qu  ií  avoit  copiée 
aoixic  i 


J>.  M. 

FIERO 

C.^SARIS.  VERN 
A.  COMMENTARIIS 

FISCI.  ASIATICI 
VIX.  ANN.  XXIV. 

MES.  II.  DIEBUS.  XVIII 
PARENTES.  FILIO 
DESIDERATISSIMO. 

A Comm.entariis  XV  virorum  S.  F.  (c’eíi-á-dire) 
Quindecim.  virorum  facris  faciundis  j étoit  celui  qui 
tenoit  les  regiftres  des  quindécemvirs  , commis  aux 
chofes  facrees.  On  en  fait  mention  dans  cette 
épitaphe  j confervée  par  Panvinus : 

DIS.  MANIBVS 
MYRRHINI.  DOMITIANI 
PVBLICI.  A.  COMMEN 
TARIIS  XVVFROR.  S.  F. 

APvRVNTIA.  DOLICHE 
FECIT.  CONIVGI.  CARIS 
SIMOj  ET.  LIBERIS.  LIBER 
TABVSQVE.  SVIS.  POSTERISQ. 

EORVM. 

A Commentariis  vekiculorum  , étoient  ceux  qui, 
dans  Ies  proyinces  de  1 empire  , exigeoient  des  Iia- 
bitans  les  cnarrois  pour  Pentretien  des  ciiemins. 
11  en  eft  fait  mention  dans  Fépitaphe  que  rapporte 
Gmter,  á la  paga  dxcii. 

A Copiis  ^ étoit  un  infpeéíeur  des  vivres  ou  des 
conyois.  ene  ancienne  itifcription  parle  de  cet 
ofíicier. 


A 

A Corinthiis  ou  Corinthiarius  , étoit  l’of- 
ficierprépofé  ala  gardedes  vafes  de Corinthe , qui 
faifoient  une  partie  du  luxe  des  Romains.  Pigno- 
rius  a rapportc  deux  infcriptions  qui  font  menrion 
de  ces  oíEciers. 

TI.  TALVS.  PAR.ATVS.  A.  CORINTHIIS. 

Se  — CALLITYCHAE.  ZOILI.  CORINTHIAR. 
AGRIPP. 

A Cubículo  & prApofitus  cubículo  , étoit  UIl 
officier  chargé  de  veiller  á la  garde  de  fon  maítre 
& á cede  de  fa  chambre.  Les  infcriptions  & les 
récueils  de  loix  parlent  fouvent  de  cesofficiers  de 
la  maifon  des  Auguftes. 

A Cura  amícorum  'Principie  , étoient  des  aítran- 
chis  du  palais  imperial  , qui  prenoient  foin  des 
amis  du  prince.  Deux  anciennes  infcriptions  de 
Rome  j confervées  dans  Pignorius  ( de  fervis  ) en 
font  menrion: 

J TI.  CLAVDIVS.  AVG. 

TIB.  FORTVNATVS.  A 
CVRA.  AMICORVM. 

& M.  VLPIVS 

Avg.  L. 

A CVRA.  AMICORVM. 

A Cuflodia  armorum  ^ étoit  un  ofScier  du  palais 
qui  gardoit  les  armes  de  Pempereur.  Tel  étoit 

VIBIVS.  HERMES.  IMP.  NERONI.  A.  CVSTODIA. 

ARMORVMj  dont  parle  un  anden  monumenteité 
par  Pignorius. 

A Diplomaiibus , étoient  ceux  qui  tenoient  les 
regiltres  des  chevaux  j des  voitures  accordées  par 
le  prince,  & des  voitures  deñinées  á fes  voyages. 
On  voyoit  á Rome  dans  la  villa  Csfarini  Tépi- 
taphe  ñiivante  : 

T.  ^LIVS.  AVG.  LIB. 

SATVRNINVS 
A.  DIPLOMATIBVS 
SARDONYCHI 
ALVMNO.  FIDELISSIMO. 

A Frumento  , exprimoit  TofEce  de  celui  des 
aflfranchis  ou  des  eíclaves  qui  diñribuoit  le  bled 
a fes  compagnons.  Pignorius  a rapporté  deux 
épitaphes  de  ces  oíEciers  : 

VOLVSI^.  ARBVSCVL^E 
PALLANS.  Q.  N. 

A.  ERVM. 

eONTVBERNALI.  CARISSI 



& — ■ DIS  MANIBVS 

ASCLEPIADI 
ATHICTVS.  L.  N. 

A.  FRVMENTO 
VICARIA.  CARISSIMA.  ... 


^ 5 

A Juno , étoit  celui  qui  aidoit  le  portier,  oa 
le  garde  de  la  porte  dans  fes  fonétions.  Les  Grecs 
placoient  , felón  Macrobe  {fat.  i.  9.  ) des  ftatues 
de  Janus  devant  leurs  foyers  5 mais  les  Latins 
ne  leuraflignérentpasun  endroit  particulier  5 ilsles 
placérent  auprés  ou  au-deíTus  de  toutes  les  portes, 
qui  en  prirent  le  nom  de  Janua.  De-Iá  vient  qu’on 
trouveíurles  anciens  monumens : .4  iano  primo 
PALATINO.  A lANO  MEDIO.  A lANO  AB  ATRIO.' 

A Jumentis , étoit  l’ofEcier  prépofé  á Tinfpec- 
tton  des  écuries  du  prince : 

D.  M. 

T.  SALLVSTIO 
EVTYCHO 

A.  IVME-NTIS.  C^S.  N. 

FLAVIA.  HORAEA 

CONIVGI  B.  M.  — Spon, 

A Kalendario  , étoit  celui  qui  pla^oit  a intérét 
Fargent  de  fon  maítre  , & qui  le  retiroit  des 
mains  des  débiteurs  , aux  calendes  de  chaqué 
mois  , felón  Tufage. 

A Lagena , ou  Laguna  , étoit  le  nom  de  Techan- 
fon.  On  lit  á Rome  cette  infeription : 

C.  IVLIO.  DARDANO.  LIVI.<e 
AVG.  SER.  A.  LAGVNA 
C.  IVLIVS.  CYDNVS 

T.  D.  D.  Q. 

Cet  ofEcier  étoit  quelquefois  le  méme  que  Tof 
ficier  a potione  , comme  il  paroit  par  Tinferiptioa 
fuivante  : 

M.  VLPIO.  AVG.  LIB. 

PHADIMO.  DIVI.  TRAIANI.  AVG. 

A.  POTIONE.  ITEM.  A.  LAGVNA. 

A Libellis  , étoit  ToíEcier  chargé  de  conferver 
les  requeres  préfentées  á fon  maítre. 

D.  M. 

M.  AVRELIO.  AVG.  LIBERTO 

A.  LIBELLIS.  ADIVTORI.  FA.BIA 
AEGENIA.  CON.  E.  M.  F. 

A Libris  pontificalibus  , étoit  Técrivain  deftiné 
álatranfeription  des  livrespontificaux.  Gouttiere, 

( de  jure  Pontif.  ) en  cite  deux  épitaphes  : 

TI.  CLAVDIVS 
NATALIS 
A.  LIBRIS 
PONTIFICAL. 

& — LIVIVS.  THEONA.  AB. 

EPISTOLIS.  GRjíCIS.  SCRIBA 
A.  LIB.  PONTIEICALIBVS. 

A Manu  & fervus  a manu  , étoit  le  fecrétaire  qui 
écrivoit  les  lettres  ou  les  commandemens  de  fon 
maítre.  Suétone,  dans  la  vie  d'Auguíte,  c.  éy.  n.  6. 


TJuillo  ct  mana  , quodpro  epiftola  prodita  denanos  ■, 
cuinseraos  acctpijfet  , crura  efregit.-.^  í.  iic  rom- 
pre  les  cuiffes  á fon  fecrétaire  Tnalius  , parce 
=>  qu  il  avoií  recu  cinq  cens  deniers  pour  avoir 

53  livré  une  lettre,  » . , . , 

A Marmoribus  , OU  ¿ metallis  , etolt  le  con- 
crSleur  des  marbres  ^ ou  des  métaux  employes 
á queique  ouTrage.LigoriuS;,  (a-zíjj.  i.  ) parlant  du 
máufolée  d'Auguíle,  rapporte  répitaphe  fuivante 
prife  d’un  marbre  antique  : diis  mardbus  Augujli 
libertas  a marmorioiis . 

A Memoria  , étoit  l’officier  qui^  recevoit  les 
requeres  & les  mémoires  préfentés  á fon  maítre : 
car  on  fe  fervoit  de  memoria  dans  ce  fens.  On 
voyoit  á Kaples  rinfeription  qui  fule : 

AURELIO.  SYMPHORO. 

AUG.  LIB.  OFFICIALI.  VETERI. 

A.  MEIvIORIA.  ET.  DIPLOMATIBUS. 
EXORNATO  ORNAMENTIS.  DECURIONALIBUS. 
ORDO.  SPLENDIDISSIMUS.  CIVI. 

OB.  MEMORIAM.  ET.  INSTANTIAM.  ERGA. 
PATRIAM.  CIVESQUE.  _ 

Cet  officier  s’appeloit  encore  ad  memoriam  ; & 
il  orir  enfuite  le  nom  de  Magifter  ad  memoriam. 

*A  Mando  Muliebri  , étoit  la  femme  chargée  du 
foin  de  la  parare  des  impératrices.  On  lifoir  fur 
un  marbre  dans  le  Mufeum  du  cardinal  de 
Carpí ; 

JULIA.  JUCUNDA. 

AUG.  L.  SARCINATR. 

A.  MUNDO.  MULIEB.  BYRA. 
CANACIANA. 

A Tedihus  , étoit  celui  que  nous  appelons 
de  pied.  II  fuivoit  toujours  fon  maitre  j qui  fen- 
voyoit  par-tout  ou  il  jugeoit  á propos.  Cicerón 
á Atticus  ( lih.  8-  y ) Pollucem  fervam  a pedibus 
mecam  Romam  mifi.  Ce  domeftique  fe  tenoit  de- 
bout  derriere  fo.n  maitre  pendant  les  repas.  On 
rappeloit  ^xxSíadpedes,  Sénéque fdc ¿e/zcjíc-  3- ^7-) 
fervas  , qui  ccenanti  ad  pedes  fieterat  , narrat  quA 
Ínter  ccenam  ebrias  dixijfet.  II  gardoit  la  chauílure 
que  fon  maitre  quittoit  en  montant  fur  les  lits 
de  table.  Martial  , liv.  I2.  89. 

iBis  cotta  [oleas  perdidijfe  quefius  ^ 

T)um  negligenttm  ducit  adpedes  vernam  , 

A R endice  cedri  , étoit  un  officier  de  la  maifon 
db4.ugufte.  Celui  qui  en  étoit  revétu , veilloit  á la 
garde  des  caíTettes  & autres  meubles  faits  de  bois 
de  cédre.  On  lifoit  autrefois  fjir  un  monument 
que  polTédoir  le  cardinal  de  Carpi: 

Sex.  Pompeio.  salvio.  sex.  Pomp.  ser.  a.  pen 

DICE.  CEDR1  ; ITEM.  AB.  HORT.  CULT.  H.  S.  E. 

A Rotione,  étoit  quelquefois  le  méme  Officier 
«ue  celui  dont  nous  avons  parlé  fous  le  mot 


A 

A lagcna,SooT.t  trouyécet  office  expriraé  feul  fur 
les  deüx  rnonumens  tmyans : 

DOMO.  MORTUI. 

C.  3ULIÜS.  ARBUSCULUS. 

A.  POTIONE.  AUG.  N. 

JULIA.  CORINTHA. 

CONjüGI.  SANCTiSSIMO, 

T.  F. 

& — TI.  JULIUSr 

TI.  Aug.  ser. 

A.-  POTIONE. 

O.  H.  S.  S. 

ARugione  Ondélígnoit  par  ce  nom  l’officier 
Gommis  ala  gardedu  poignard  5 ou  Raraqoniumy 
qui  étoit  un  des  fymboles  de  la  puiiTance  des 
empereurs.  Lampridius^  dans  la  vie  de  Commode  , 
chap.  6 , dit  : tune  primiirn  tres  prsfeñi  PrAtorio 
fuere  , Ínter  quos  libertinas  j,  qui  a pugione  appella- 
tus  eft- 

A Rationibus  OU  Ratiocinator  , étoit  Tofficies 
chargé  des  compres  de  la  maifon  des  Auguíles. 
Suétone  ^ dans  la  vie  de  Claude  ^ dit  de  l’affranchi 
Pailas , Ante  omnes  Rallantem  a rationibus,  On 
lifoit  fur  un  marbre  de  Lanuvinum. 

T.  AURELIO 

AUG.  LIB. 

APHPvODISIO. 

PROC.  AUG. 

A.  RATIONIBUS. 

Zonare,  dans  fes  Annales^  lib.  IL  i?.  184^  Pap- 

ptlle  prAfecius  fifei. 

A Sandalia  , étoit  la  femme  chargée  du  foin  de  s 
chauííures  de  Pimpératrice  , ou  des  princeífes. 
Reinelius  nous  a confervé  Tépitaphe  d’une  de  ces 
femmes : 

C.  VERANIO.  C.  L. 

FAUSTO. 

VERANIA 

XIVI^.  August. 

SERV.  A SANDALI 

FECIT. 

• 

A Secretis,  étoit  le  fecrétaircj  qui  eíl  appelé  paf 
VopifeuSj  N otarias  fecretorum  (Aurelian.  c.  36.) 

Á Studiis.  On  défignoit  par  la  celui  qui  guidoit 
dans  fes  études  i’empereur  , ou  quelcu'autre  per- 
fonne  á laquelle  ii  étoit  attaché.  Tel  fur  Polybius 
á régard  de  Claude.  Suétone  dit  dans  la  vie  de 
cetempereurfCAíi^.  28.)  fuperkosRolybium  afludiis 
fufpexit.  L'épitaphe  fuivante^  recueilliepar  Spon  , 
donne  le  méme  titre  á un  certain  Lemnus  3 perfoa- 
nage  inconnu  : 

TI.  Claudius. 

LEMNUS. 

DIVI.  CLAUDII 

AUGUSTI.  LIB. 

A.  SXÜDIIS. 


A B 

A Supelhciíli  j etoií  rofficier  prépofé  au  foin 
¿es  meublesj  ou  de  la  vailTelie  de  fon  maitre. 
Cn  voyoit  á R.ome  Ies  deiix  infcriptions  fai- 
vaütes  : 

KESTOR. 

C.  C^SAPvIS.  SER. 
GERMANICIANUS. 

A.  SUPEL lECTILI.  VIXIT.  A.  XL. 

& — EUMOLPUS.  C.ESARIS- 

A SUPPELLECÍriLE. 

A Vefle  , exprimolt  Tofiice  de  celui  qui  étoir 
chsrgé  du  foin  de  la  garderobe  : 

BYR^.  CANACIANyE.  LIVI^. 

AUG,  SER.  A.  VESTE.  MAGN...'. 

Se  — ARION.  CASARIS.  N.  A.  VES 
TE.  MATUTINA. 


A V oluptatiíus  , étoit  Tintendant  des  plaiíirs 
du  Prince.  L’empereur  luí  donnoit  des  récom- 
penfes  lojfqu'ilinventoit  queíquechofe  d’agréable 
ou  de  piquant  ¡ foit  pour  la  table,  foit  pour  des 
plaifirs  d'une  aucre  nature.  Tibére  créa  cet  office 
comme  nous  I’apprend  Suétone- & le  volup- 
tueux  Petrone  en  lut  revétu  fous  le  régne  de 
IS'éron. 

A B 

AB  Añisfori,  étoit  le  greffier  chargé  de  rédiger 
les  adíes  du  barreau^  les  fentences  des  juges  & d’ap- 
peler  Ies  caufes. 

AB  Añis  fenatus , étoit  le  greffier  de  cette  com- 
pagnie.  Onlifoit  furua  ancien  monument : c.  POR- 
CIO.  C.  F.  QUIR.  X.  VIRO.  STLITISUS.  JUDICAND. 
ADJECTO.  INTER.  QU^STOR.  AB.  ACTIS.  SEN. 

AB  AdmijfioTiibus.  C'étoit  un  office  du  Palais. 
On  étoit  introduit  auprés  du  Prince  par  le  minif- 
tere  des  huiffiers  y (idmzjjionales, 

ABjEgrzb  cubiciilariorum.  On  appeloit  ainíl  rof- 
ficier chargé  du  foiii  des  valets-de-chambre  malades. 
II  en  eft  fait  mentioii  dans  une  infcripcion  rap- 
porteepar  Reinefius. 

M.  AREilO.  AUG.  1. 

STEPHANO 
ab.  ^gris 
CUBICUEARIOR 
VEPIA.  ITALIA. 

UXOR.  B.  AI.  SEC. 


^ AB  Azrzo  curando  ou  atriz  curundi  j étoir  pe^it- 
ctre  Pofficier  appelé  Atrienfis.  Feut-étr¿  auffi 
in.crivoit-il  cette  foule  de  courtifans  qui  rempüf- 
foient  les  antichambres  , atrba  ; & difoit-ii  á fon 
maitre  les  noms  de  ceux  qui  venoient  le  faluer. 
Dans  le  dernier  cas^,  ii  auroit  eu  auffi  le  nom  de 
omencLator. 


AB  y^phemeride.  On  trouve  ce  nom  furunanciei 
nrnnument  : Proc.  ab  Ephemeride.  C étoit  ui 
airranchidAuguñe  appelé  Théoprépony  il  avoi 
probabkment  foin  des  chofes  quin  étoiem  propre; 


A B ‘j 

qua  tel  ou  tel  joiir,  car  les  Ladns  rendoient  par 
]£  mot  diurfzzimV epkcmeris  des  Grecs. 

aB  Epzftolis.  Cetok'lenom  du  fecrétaire  pro- 
prement  ait ; il  ecrivoit  les  lettres  de  fon  maitre  , 
en  confervokdes  copies  avec  les  lettres  qui  luí 
étoient  adreiíees.  On  lit  fur  un  marbre  á Flo- 
rence : 

JULIyE.  METH^ 

JANUARIÜS 
AB.  EPISTOLIS 
CONTUBERNAL1 
CARISSIAÍ.^. 

NarciíTe  avoit  cet  empíoi  á la  cour  de  Claude. 
On  le  _ diviíoit  quelquefois  5 car  on  trouve  un 
fecretaire  pour  ¡es  lettres  Latines  ^ & un  fecrétaite 
pour  les  Grecques; 

SEX.  POMPEIUS.  SEX.  F. FELIX 
SEX.  POMPEI.  AB.  EPISTVLIS 
LATINIS. 

L.  AÍUNATI.  L.  VALERIUS 
L.  L.STACTUS 

NICOMEDI.AB.  EPIST.  GRACIS.  — Spon, 

AB  Jlonulo.  C étoit  le  jardinier.  £pon  nous  a 
confervé  deux  épiraphes  de  ces  officiers : 

POMPEIvE 

PLAICIDI.^ 

SEX.  POAíPEIUS 
KARATUS 
AB.  HORTüL. 

SEXTIAN. 

&—  C.  OCTAVIUS.  C.L.  PACCIÜS 
AUG.  SER.  AB.  HORTÜL. 

^ AB  Jazzim,  étoit  le  portier.  Népos^  dans  ¡a  vk 
aHannibal,  (c.  23.  ^.4,)  fe  fert  de  cette  ex- 
preffion. 

AB  Ornamentis.  Cette  chargé  de  la  maifon  d’Au- 
gufej  coníiñoit  a conrrólerou  inípeéter tontee  qui 
etoit  fufceptible  dkrrangementou  dkmbeiliíTement. 
On  trouve  dans  Gruter  Tépitaphe  fuirante  : 

E.  M. 

T.FL.  AUG.  LIB. 

PARTHENOPAEI 
POPPEJANI.  EÜNUCHI 
AB.  ORNAMENTIS. 

AB.  Cinquieme  mois  de  Tannée.  eccléfiafiiqiie 
des  KébrenXj  & l'onziéme  de  leur  annte  civiie. 

II  répond  á une  patrie  du  mois  de  juillet , & au 
commencement  du  mois  d’acát. 

^ AB.  Le  dernier  mois  de  l’été  chez  Ies  Syrfens. 
Ckíl  le  mérae  nom  & le  meme  mois  que  eelui 
dont  il  elt  parlé  dans  Tarticle  précédent.  Ce 
mois  eft  trés-différent  du  mois  ALzb  qui  répond 
au  mois  de  mars.  Abib  étoir  un  mois  des  anciens 
Kébreux  y & il  fe  trouve  dans  récrituis.  Ab 


g A B B 

contraire  , n’eft  connu  que  par  le  Tnaimud  & Ies 
Rabbins. 

ABA,  dansla  Carie.  ABEnisr.  ^ ^ 

Cette  ville  a xkiü  írapper  des  McGailies  Grec- 
ques  en  Thonneur  de  Ai.  Auréle  & de  Sévcre- 
Áiexandre. 

ABAC-zENUM  , en  Sicile.  Abak. 

Les  médailles  autonoraes  de  cette  vilIe  font 

R.  enargent. 

RRR.  en  bronze 

O.  en  or. 

Son  fymbole  ordínaire  eíl  un  fanglier.  —Hunter. 

On  croit  cependant  avec  fondement  que  ces 
Aíédailles  appartiennent  á ^Enus  en  Thrace  , dont 
ellesportent  le  nom  fur  le  revers  Aini,  & qu  Abak 
eíl:  un  nomde  magiítrat.  Il  ne  reñeroit  alors  d Aba- 
cxnum  que  des  Aíédailles  en  cáradéres  puníques. 

ABADIR,  OUA.BADDIR,  ou  ABDIR , eft  le 
nom  d’une  pierre  «que  Saturne  avala.  Ce  dieu 
faifoit  périr  ’tous  fes  enfans  , foit  quil  n’eút 
rccu  de"  Titanus  lempira  du  monde  que  fous 
la ' condition  de  ne  point  en  élever  , foit_  qu  i!s 
dúíTent  le  détróner  fuivant  Tarrét  des  deffins. 
Lorfque  Júpiter  naquit,  Cybéle  ou  Ops,  fa  mere, 
trqmpa  ce  pére  barbare  ; elle  cnreloppa  de  langes 
la  pierre  appeiée  depuis  Abadir , & la  lui  préfenta 
coínme  fon  fils.  Saturne  f avala  fur  le  champ.  11 
!a  rendit  fans  doute  á la  lumiére  ,•  car  on  Thonora 
en  Syrie  d’un  cuite  particulier.  Les  Grecs  la  nom- 
mérent  BíüWx/íí  5 & les  Phénicicns  Abadir  , 
qui  , felón  Bochart , íígnifie  pierre  ronde. 

Le  cuite  dont  onhonorales  pierres,  eft  de  la  plus 
haute  antiquité.  Tantót  elles  étoient  brutes  & in- 
formes, tantót  elles  étoient  figurées  en  cóne.  Les 
Arabes  firent  de  ce  cuite  une  parde  de  leur  reli- 
gión. lis  furent  imités  par  les  Séleuciens  de  Syrie, 
qui  adorDÍent  une  pierre  conique  , embléme  du 
Mont  Cafius  ou  de  Júpiter  de  méme  nom.  Leurs 
Médailles  atteftent  cette  fuperftition.  La  Venus 
de  Paphos  étoit  auíli  adorée  fous  la  figure  d^une 
pierre  taillée  en  forme  de  cóne.  Les  premiers 
Grecs  & les  Lacédémoniens,  entf  autres,  rendirent 
un  cuite  religieux  á leurs  divinités  , qui  n'étoient 
repréfentées  que  par  des  coionnes  , ou  par  des 
írones  bruts  & informes.  Onentrevoit  ici  Torigine 
du  dieu  1 erme  &:  de  fon  fimulacre  j mais  on  ap- 
per(joit  plus  diftinébement  encore  la  marche  de 
!a  fuperftition  qui  eft  née  dans  POrient  , & a pro- 
pagé  fon  empire  dans  la  Phénicie  , dans  la  Gréce 
& dans  prefque  tout  TOccident. 

~Les  Mythologues  - hiftoriens  troiivent  dans 
V Ai  adir  , ouBa/rtiAíoj , la  vifion  de  Jacob  , la  ville 
^ laquelie  ii  donna  le  nom  de  Béthel,  Scc.  Mais  Ies 
ctymologiftes  ne  reconnoiífent  dans  cette  fiélion 
quune  allufion  á plufieurs  racines  Phénicien- 
nes  ou  Chaldéennes  relatives  aux  mots  fils  Se 
■pierre. 

ABADDIR  , étoit  auíli  , felón  S.  Auguftin  , le 
nem  que  les  Carthaginois  donnoient  á certains 
üi£;aXí  Ab  ^ abdir  ligniíient  en  langue  Phénicienne 


ABA 

pert  magmfique.Qcttt  diviílondes divinités  Carths- 
ginoifes  rappelle  les  dii  minorum  8c  majorum  gen- 
tium  des  Romains. 

AByEÜS  , furnom  donné  á ApoIIon,pris  de 
la  ville  d’Aba , ou  Abée  , dans  la  Phocide , oil 
ce  dieu  avoit  un  riche  temple  Se  un  oracle  célebre , 
un  de  ceux  que  Créfus  envoya  confulter.^  Cet 
Oracle  paíToit  pour  plus  ancien  que  celui  de 
Delphes. 

ABALLO  dans  Ies  Gaules.  ABALLO. 

Les  Médailles  Autonoraes  de  cette  ville  font : 

RRR.  enbronze. 

O.  en  ai’gent. 

O.  en  or. 

ABANO.  II  y avoit  dans  cet  endroit,  qui  eft  au- 
jourd'hui  un  village  de  Tétat  de  Venife  , des  eaux 
minerales  célebres  du  temps  des  Romains  : ils 
Pappeioient  Aqu<s  Aponi  , ou  Aponus.  Libére 
allant  en  Illyrie  , confulta  Toracle  de  Gér^mn  qui 
étoit  auprés  de  Padoue.  II  lui  ordonna  de  jeter 
des  désd'or  dans  la  fontaine  ¿‘Abano,  pour  con- 
noítre  Favenir.  Suétone  dit  que  de  fon  temps 
on  voyoit  encore  ces  des  au  fond  de  Teau. 

ABANTES.  Cétoit  le  nom  général  que  Pon 
donnoit  aux  habitans  de  PEuboée.  Sortis  de 
Thrace,  Ies  Abantes  s’établirent  dans  ¡a  Gréce, 
oú  ils  bátirent  Abée.  Xerxés  ayant  ruiné  cette 
ville  , ils  fe  réfugiércnt  dans  Pille  d’Euboée  , Se 
s’y  fixérent.  A Pexemple  des  Curétes  qui  avoient 
habité  la  méme  ifle,  ils  laiiToient  croítre  leurs  che- 
veux  par  derriére  & les  coupoient  fur  le  front , de 
peur  que  leurs  ennemis  ne  puífent  les  faifir  par  la 
chcvelure  , & Ies  terraífer. 

ABAPTISTON.  Les  anciens  appelcient  ainfi 
Pinftrument  de  chirurgie  que  nous,  nommons 
Trepan. 

ABAQUE  , abacus.  Ce  mot  avoit  plufieurs  ac- 
ceptions  chez  Ies  Romains. 

ABAQÜE  étoit  chez  les  géométres  une  tabis 
couverte  de  pouffiére,  fur  laquelie  ils  tracoient  des 
figures  : fouvent  ils  exprimoient  leurs  chiffres  fur 
Pabaque  avec  de  la  craíe.  On  iit  fur  le  tombeau 
d"une  homme  de  lettres : 

SIVE.quOD.  EUCLIDES.  ABACO  PROSCRIPTA. 

TüLISSET. 

DELICIAS.  HABUI.  PARITER.  LUSUSQUE. 

PROCACES.  FerrsU 

LABAQUE  qui  fervoit  ácompter,  étoit  com- 
pofé,  chez  Ies  Grecs,  d’un  carré-long,  éYUÍdé,fur 
lequel  étoient  tendus  des  fils  auxquels  on  enfiloit 
des  boules.  La  maniére  de  s^en  fervir  étoit  de  faire 
valoir  chaqué  boule  une  unité  , ou  une  dixaine  , 
& de  les  ajouter  en  les  réuniíTant  , ou  de  les 
fouñrair'e  en  les  féparant. 

Fulvius-Ürlínus  Se  Ciaconius  conjediurent,  d’a- 
prés  d'anciens  monumens,  que  cet  Abaque  fut  connu 
desRomainsj  mais  ils  croyent  que  Pufage  de  comp' 
ter  avec  des  jetons , calculi  , prévalut.  Le  cabinet 
de  Ste.  Genevieve  renferme  cependant  un  Abaque 

qui 


ABA 

quiparoÍ!:Romam.Cette  antique.  cuieílpeur  étr; 
unique  en  France  ^ eír  formée  par  une  plaque  de 
bronze  quarrée.  On  y apratiqué  pluííeurs  rangsde 
iignes  évidées,  au  travers  defcuelles  paíTent  des 
bouíons  mobiles  , rivés  par-delTous.  Des  nombres 
graves  au  bas  de  chaqué  ligne  évidée  , expriment 
Tes  valeurs  des  dií?irens  bourons.  De  forte  qu'en 
les  avancant  ouenles  reculante  onpeutfairetoutes 
les  opérations  de  Farithtnétique. 

ABAQUE  . ou  table  de  Pythagere  étoit  une 
table  de  nombres  invenrée  par  ce  phüofophe. 
Comme  elle  fervoir  á facilitar  les  opérations  de 
l’arithmétique  , il  paroít  que  c’étoit  la  table  ordi- 
naire  de  la  multiplication. 

ABAQUE.  On  donnoit  ce  nom  á la  table 
ou  échiquier  fur  laquelle  on  jouoit  á différens 
jeux  foit  avec  des  jetons , calcuU  , foit  avec  des 
eípéces  de  dames  ou  écheos  ^ latruncuU. 

ABAQUE  étoit  encore  chez  Ies  Romains  un 
buffet  ou  armoire  deíiiné  á porter  ou  á ren- 
férmer  les  vafes  dont  on  fe  fervoit  dans  les  repas. 
Ce  ffétoit  fouvent  qffune  table  fans  pied  , attachée 
au  mur^  8c  fufceptible  d’étre  repíiéeapréslefervice. 
Le  mot  abaque  étoit  uíité  chez  les  Grecs  dans 
Facception  de  buffet.  Ceft  auffi  chez  les  Grecs- 
Aliatiques  Se  lespeuplesderAlie^que  les  Romains 
prirsnt  dugoút  pourcemcuble^devenudepuis  Tob- 
jet  des  recherches  les  plus  diípendieufes. 

Les  Abaques  étoient  de  marbre  dans  Ies  maifons 
de  ceux  mémes  qui  vivoient  avec  modeííie  & 
limplicité.  Tel  étoit  Horace qui  dit  de  fon  buffet: 

Et  lapzs  albus 
Vocula  cum  ciatho  dúo  fufiinet. 

On  en  a trouvé  pluíieurs  de  feir.blable  matlére 
dans  Ies  maifons  d/Kerculanum  Se  de  Pompeia.  V. 
Buffet.  Tite-Live  & Salluíte^  parlant  du  luxe  oui 
fe  répandit  dans  Rome  apréslacoiiquéte  de  T Alie , 
8c  en  particulierderefpéce  de  fureur  quipoíTédoit 
Ies  Romains  pourles  Abaqiiesj  leur  reproehent  ce 
goút  inconnu  aux  Cincinnatus  6c  aux  Camille.  lis 
nousapprennent  encore  que  non-contens  de  Ies  fa- 
briquer  du  bois  le  plus  précieux  ^ les  Romains  les  iñi- 
foientrecouvrir  de  plaques  d’ivoire  Scdelamesd'or. 

ABAQüE^  ahacus.  Vitruve  appelle  de  ce  nom 
des  plaques  de  bronze  quarrées  que  Ton  arrangeoit 
par  compartimensj  Se  dont  on  incruítoit  les  toíts 
des  palais  ou  des  maifons  fomptueufes.  On  leur 
avoirdonnéle  nora.íí  Abaques , á caufe  de  leur  ref- 
íémblance  avec  les  tablettes  de  bois  fur  lefquel- 
les  on  calculoit  ou  Fon  jouoit.  Lorfque  ces  pla- 
ques de  bronze  étoient  rondes , elles  rappeioienr 
1 idee  des  miroirs  , qui  avoient  ordinairement  cette 
forme  chez  les  anciens^  8c  elles  portoient  le  nom 
de /pecaZz.  Vitruve  ( -j.  5.)  itaque  veteribus  parie- 
tibus  nonnulli  crujios  excidentes  pro  Abacís  utuntur^ 
ipjdque  tectoria  abacorum , & Jpeculorum  divijionibus 
circo fe  promirientes  habent  exprejjloues . 

ABAQUEj  Abocas  dans  Vitruve.  On  entend  per 
ce  mot  la  partís  fupérisure  ou  le  couronnement  du 


ABA  ^ 

chapiteau  ds  la  colonne.  II  eíi:  quarré  dans  FOrdre 
tofean^  le  doriquej  Fionique  antique  ^ Se  échancrc 
fur  Ies  faces  dans  le  corinthien  & le  compoíite. 
II  porte  comm.unément  le  nom  de  tailloir, 
parce  qu  étant  quarré , il  reffemble  aux  afliettes  de 
bois  que  Fon  nomme  ainíi. 

ABAQLE  j abacus , étoit  enfin  chez  les  Romains 
un  alphabet  ou  une  table  fur  laquelle  on  tra^oit 
les  letrres  pour  apprendre  á lire  aux  enfans.  Les 
Grecs  lui  donnérent  le  méme  nom  dans  leur  lan- 
gue5  8c  c’eíldeleurs  deux  premieres  lettres  alpho  SiC 
béta  , que  Ies  modeiT.es  ont  fait  le  mot  alphabet. 

AB.4RBARÍ A ^ étoit,  felón  le  Diétion.  Mytho- 
logique,  la  déeife  du  fleuve  Xais. 

ABARES.  Oétoit  un  relie  des  Huns  contre 
lefquels  Sigebert  alia  combatiré  dans  la  Thuringe. 
lis  étoient  pour  la  plupart  d'une  taille  gigantefque 
Se  d^une  laideur  effroyable.  Leur  chevelure,  tres- 
longue  , étoit  rejetée  fur  Ies  ¿paules  , 8c  féparée 
en  treíTes  par  des  cordons  , ce  qui  les  rendoit 
femblables  aux  furies  dont  la  tete  étoit  hériffée  de 
ferpens. 

ABARIS  , Scythe  de  nation.  On  n’eft  pas  d*ac- 
cordfur  le  tems  oú  il  vivoit  5 mais  Fopinion  la  plus 
commune  eíl  quhl  futeontemporain  de  Pythagere. 
II  étoit  prétre  d’ Apollen  Fh’/perboréen.  On  dic 
que  ce  dieu  lui  fit  préfent  d'une  fleche  d’or  qui 
avoit  une  verm  merveilleufe.  Abaris  étoit  poné 
fur  fa  fleche  au  milieu  de  Fair  , comme  un  autre 
Pégafe  : enforte  que  Ies  mers  3 les  riviéres  8c  les 
iieux  inacceffibles  aux  hommes  , ne  lui  caufoient 
aucun  retardement.  II  fe  méloit  de  prédirc  Favenir, 
Se  femoit  fes  prophéties  par-tout  oú  fon  humeur 
vagabonde  le  conduifoit.  Abaris  prédifoit  encoré, 
felon-Fancienne  croyance  , les  tremblemens  de 
terre  , chaíToit  la  peñe  8c  appaifoit  les  temperes ; 
8c  il  fit  des  facrifices  dans  Lacédemone  , qui  eu- 
rent  tant  d’efficace  , que  ce  pays  la  , fort  expofé  á 
lapeíle,  ffen  fut  jamais  aíHigé  depuis.  Enfin,  on 
difoit  de  luí  quhl  ne  mangeoit  jamais.  Quelques- 
uns  ajoutent  quhl  fabriqua  le  palladium  avec  un 
des  os  de  Pélops.  (Eoy.  P olladium ^ Pelovsi)  Cette 
Opinión  le  rend  bien  antérieur  a Pythagore. 

ABAS,  un  des  Centaures  qui  combaítirent 
contre  les  Lapythes  : Héliode  le  met  á la  tete 
de  ceux  qffii  nomme  au  nombre  de  quatre- 
vingrs. 

A B -4  S , fils  de  Lincee  Se  d’fíypermneílre  , 
pére  dU4criíius  8c  de  Frtetus  , fut  le  douziéme  roí 
des  Argiens. 

On  lui  attribue  Finvention  du  Boucíier. 

ABAS  eíl  auíii  le  nom  de  celui  qui  fervoit  de 
devin  á Lyfandre  , quaad  il  défit  les  Atheniens 
en  la  vingt-iixiéme  année  de  la  guerra  du  Péiopo- 
néfe.  Les  Lacédémoniens  ccnfacrérent  á cette  oc- 
caíion  pluíieurs  ílatues  a Delphes  , Se  joignirent 
á celle  de  Lyfandre  celles  d'Abas  Se  d^Kermon  , 
pilote  de  fon  vaiffeau. 

II  y a eu  pluíieurs  autres  Abas.  Par  exemple , 
Adas  3 fils  de  Meotune  & d'Aréthufe.  C'eít,  fai- 

B 


io  A B D 

vant  quelqües-uns , de  fon  nom  que  l'Eubéa  avoit 
d’abord  été  appelée  Abantis.  Abas  ¡ fils^de  ?ííéta- 
nire  ^ ou  Méganire  5 c'eíl  leméme  que  ci  autres  ap- 
pellent  Stdüs  , que  Cérés  c-hangea  en  Lézard  pM- 
ce  cuil  s'étoic  mocqué  d’elle.  Voyez  Méganire 
& Steliio. 

ABASCANTIANUM  balneum.  Voir  ce  dernier 
mor. 

ABASSÜS  , en  Phrygie,  abacchní2N. 

On  a des  Médailles  impériaies  Grecques  de  cette 
ville  3 frappées  en  Thonneur  de  Septime-Sévére. 

ABASTERj  eñ  ^ felón  Bocace^  le  nom  d’un  des 
trois  chevaux  qui  tiroient  le  char  de  Pluton  ; il  íi- , 
gnifie?zozV.Ciaudien  le  nomme  AlastoR.  V .cemot. 

ABATON.  LesRhodiens  appelérent  de  ce  nom 
r.nédifice  conñruitpouróter  la  vue  desdeuxftatues 
élevéespar  Arrémifej  reine  de  Carie.Cette  princeíTe 
ayantprisRiicdeSjVoulut  éternifer  fa  vidfcoire.  ¿lie 
fit  éiever  un  rrophée  avec  deux  ílatues  de  bronze  , 
dont  Pune  repréfenroit  la  ville  captive  & Tautre 
etoit  fon  portrait.  Les  Rhodiens , fecouérent  le 
joug  de  fa  domination  ^ & ils  n oscrent  renverfer 
ce  témoignage  honteux  de  leur  défaite  , parce 
que  la  faperftition  défendoit  de  violer  un  monamenr 
confacré  á quelqiie  divinité.  Mais  ils  conítruí- 
íirent  á f entoor  un  éáiSce  íi  eleve  , qubi  déroboit 
enriérement  la  vue  du  rrophée  j & ils  défendireni 
dVerirrer  : d"oa  luivinc  le  nom  grec  «Sarííj  oii 
l’on  neva  -point. 

ABATOS  j ifie  d’Egypte  dans  le  Palas  deMem- 
phis , ou  lac  Moeris.  Elle  étoir  renommée  par 
fon  lin , fes  feuiiles  de  Palmier  ^ dont  on  fe  fervoit 
pourécrire  j & principalement  parletombeau  du 
roí  Ofiris  j qui  dans,  la  fuite  fut  tranfporté  á 
Abyde  ou  Abydos  d^Egypte.  Lucain  en  fait  men- 
tion  lib.  X. 

HincAbatcn  , qiiam  noftra  vocat  veneranda  vetufias  , 

Terra  potens. 

II  ne  faur  pas  la  confondre  avec  le  rocher  Aba- 
tos voiíin  de  Tifie  de  Philé  ^ far  Ies  confins  de 
TÉgypre  & de  TErhiopiCj  oú  la  crue  du  Kil 
commencoit  á fe  faire  fentir.  Les  pretres  feuls 
avoientdroit  d’y  entrer ; d’oü  lui  venoit  fon  nom  , 
qu! , en  Grec  j figmfioit  lien  oh  ron  ne  va  point, 
oii  il  nefi  pas  permis  Taller:  c’eft  pourquoi  on 
donne  quelquefois  ce  nom  au  fanéluaire  des  tem- 
ples. Pluíieurs  ont  cru  que  'S Abatas  dont  il  s’agit, 
étoir  le  tombeau  d'Oliris.  Séneque  en  parle  dans 
fes  qu&a.  PMtur.  ¿4,  c.  6, 

ABÁZEA.  roy.  SABASIEN. 

ABBCETUM,  en  Myíie.  abbaití2n. 

Les  Médailles  autooomes  de  cette  ville  fopt : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

ABDERA  j dans  la  Eoétique. 

Cette  v’lle  a fait  frapper  des  Médailles  lati.nes 
en  íéionneur  de  Tibére. 

ABDERE  , jeune  liomme  ami  d’HercuIe  ^ & 


ABE 

fon  compagnon  d'armes.  Le  héros  aprés  avoir 
enlevé  les  cávales  de  Dioméde  , roi  de^  Thrace,, 
les  conduifit  far  le  bord  de  la  mer  ^ cu  fa  fiorte 
Tattendoit.  II  en  donna  la  garde  a Abdére,  tandis 
qiTil  étoir  occupé  lui-méme  á fe  débarraíTer  des 
Biílons  j qui  Tavoient  pourfuivi  pendant  cette 
expédition. Les  cávales^  accoutumées  a fe  nourrir 
de  chair  humaine  , dévorérent  le  jeune  homnae. 
Hercule  ^ pour  fe  confoler  de  la  perte  de  fon  fa- 
vor! ^ batir  la  ville  d’Abdere  dans  1 endroit  ou  ü 
fut  enterré.  II  y a des  Auteurs  qui  ont^  dit 
qu  Abdére  étcitun  ferviteur  de  Dioméde^  tue  par 
Hercule  avec  fon  maítre.  Voy.  Diomcde.^ 

Ldnfortune  du  malheureux  Abdere  eft  depeinte 
fut  une  belie  pierre  gravee  du  barón  de  Stofch  , 
que  Vdnkelmann  a publiée  dans  fes  monumenti 
inediti. 

ABDERE  jfceur  de  Dioméde , roi  des  Thraces- 
Bifrons.  Elle  donna  j fuivant  quelques-uns  , fon 
nom  á la  ville  qui  le  porte.  Goltzius  rapporte 
une  Médaille  qui ,,  li  elle  étoir  authentique^ 
pourroir  faire  penfer  ^ comme  1 abferve^  Lucas 
Hcifterdus , que.c'étoit  Topinion  des  Abdéritains 
eux-mémes.  Cette  Médaille  porte  ia  figure  d’une 
femme  avec  lalégende  A.BAHPA2  ICOPASj  Abden 
Virgirds. 

ABDEREj  ville  maritime  de  Thrace.  Les  habí- 
tans  de  cette  ville  avoient  la  barbare  coutume  ae 
dévouer  á certains  jours  j pour  le  falut  de  tous 
les  citoyens  , quelques  malheureux  Abdéritains  , 
qif  on  aíibmmoit  á coups  de  pierre.  Cvide  (y'?2 
ibim  ) parle  de  cette  coutume  dans  les  m.alédic- 
tions  qu'ii  donne  á fon  ennemi.  Mais  ríen  n’eft 
plus  étrange  que  la  makdie  qui  régna  , dit-on 
pendant  quelques  mois  dans  Abdére.  On  y avoit 
repréfenté  TAndroméde  d'Euripide,  ce  fpeéracle, 
cüi  fe  donna  dans  Tétéj  remua  teiiement  Tima- 
ginarion  des  Abdérirains  ^ qui , penda.nt  toute  la 
piéce>  furent  expofés  á un  foíeil  ardent,  que  la 
plúpart  fortirent  da  rhéátre  faiíis  d'une  violente 
fiévre.  II/" pasrcoururent  toutes  Ies  raes  en  décla- 
mant  de  longues  tirades  dTuripide  , & faifant 
des  exclamations  tragiqties.  Cela  dura  jufquk 
Fhiver^  qui  fat  trés-froid  ^ &c  plus  propre  par-lá  á 
faire  cefifer  cette  réverie.  Lucien  a décrit  les 
fymptomes  de  cette  prétendue  maladie.  Sur  Tori- 
gine  de  cette  ville  qui  a parta  gé  Ies  écrivains , 
Foy.  les  deux  arricies  précédens.  Cn -avoit _élevé 
dans  Abdére  , un  temple  en  Thor.neur  de  Jafon. 
Parménipn  le  fit  dttruire. 

ABDÉRE  j en  Thrace.  abahpiteíIN, 

Le  rype  ordinaire  de  cette  ville  eft  un  grifíbn. 

Ses  Médailles  autonomes  font ; 

O.  en  or. 

C.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

On  a des  Médailles  imperiales  Grecques  de 
cette  ville,  frappées  enThonneurde  Vefpafien,  de 
i Tite  , d'Antoniii  le  Fienx  & de  M.  Auréle. 

1 ABEILLE.  Les  auciens  ent  debité  beaucoup 


ABE 

de  fables  far  cet  utile  infe¿le.  On  dok  cepenáant 
en  erre  moms  etonné  oiie  de  la  connoilTance 
déraülée  qukis  avoient  acouiie  de  fes  méramor- 
phofes  & de  fon  induíirie.  Les  écrivains  qui 
en  onr  parlé  , raconrent  des  chofes  incroyables 
far  farde  ur  & ia  conftance  avec  lefqaeües  on 
avoit  étudié  les  abeilles.  Elles  occupérent  pen- 
daat  foixante  ans  Ariítomaque  ; & Hillifciis  fe 
retira  dans  les  forets  pour  les  érudier  dans  fctat 
de  liberté.  Les  deux  philofophes  écrivirent  j felón 
Pline  , fur  ¿a  nature  des  abeilles  ; & fon  croit 
que  les  hommes  apprirent  d’eux  á les  raiTembler 
& á profiter  de  leurs  travaux. 

Ariftote  les  obferva  long-temps ; & fes  obfer- 
vations  furent  ornees  par  Virgile  des  charmes  de  la 
poéfie.  IVíais  Plincj  en  les  répétant  & les  inféranr 
dans  fon  vafte  recueil  ^ leur  imprima  ce  caraciére 
de  gravité  & de  vérité  qui  convient  feul  á f Hif- 
toire  naturelle.  On  celia  de  croire  que  les  abeilles 
eulfent  contraint  autrefois  les  habitans  de  Rochus 
á abandonner  leur  patrie  ^ & á s'établir  dans  un 
autre  climat.  Celles  de  Créte  furent  difuenlees  de 
fe  charger  d'un  petit  caillou  en  guife  de  leil  j lorf- 
qu“e!les  eurent  á voler  par-deíTus  un  terrein  avancé 
dans  la  mer^  ou  á traverferdes  contrées  orageufes. 

La  doiiceur  du  miel  , qui  fervoitchez  lesanciens 
aux  mémes  ufages  cue  le  fuere  chez  les  moderneSj 
fit  prendre  Ies  abeilles  pour  le  fymbole  de  f éio- 
quence  douce  & iníinuante.  On  prédit  que  Piaron 
feroit  un  jour  célebre  par  la  douceur  de  fon  élo- 
eution^  en  voyant  des  abeilles  fe  repofer  furfa 
bouche  pendant  qu’il  dormoit  dans  fon  berceau.  • 
Les  Grccs  fe  plaifoient  á raconter  cue  Pindare 
ayant  eré  expofé  dans  un  bois  , avoit  été  nourri 
de  miel  par  des  abeilles  fauvages.  L'élégance  & 
la  douceur  du  ílyle  de  Xénophon  , le  firent  ap- 
peler  f abeille  Athénienne.  On  donna  le  nom  de 
AíeliíTa,  abeille  en  GreCj  aux  prétreílés  de  Cérés 
& enfuirej  par  exteníion,  á celles  des  autres  divi- 
nires  , parce  qufon  exigeoit  d’elles  faélivité  ia 
purete  & la  vigilance  des  abeilles.  Quelques  écri-- 
vains  donnent  á cette  dénomination  une  autre  ori- 
gine. Voy.  Melissa. 

Uneancienne  peinture  quirepréfentoit  un  nym- 
^ antres  confacrés  aux  mvf- 

teres  des  nymphes  ^ fait  voir  une  abeille  placee 
á 1 entree  de  la  cáveme.  Le  peintre  fy  avoit  mife 
fans  doute  pour  exprimer  le  foin  avec  lequel  on 
devoit  éloigner  les  profanes  de  ces  lieux  facrés, 
comme  la  vigilante  abeille  chaííe  loin  de  fes  ru- 
ches les  infeéies  deftruéíeurs. 

Les  abeilles  n'étoient  pas  chez  les  Romains 
, ^ augure  , comme  elles  f avoient  été  dans 
la  Boetie  & dans  fAttique.  Piutarque  nous  ap- 
prend  dans  la  vie  de  Bratus  , que  leur  apparition 
dans  le  commencement  d'une  entreprife , annon- 
qoit  quelque  chofe  de  funeñe.  Ceft  pourquoi 
Appien  ( Lib.  z.  Bell.  Civil.  ) remarque  foigneu- 
lement  qu’un  eíTaim  d’abeilles  fe  pofa  fur  les  au- 
te^  la  veüle  de  la  bataille  oú  les  habitans  de 


A B I _ II 

Pharfale  \nrent  Pompée  défait  & mis  en  fuite. 

ABEILLES,  nourrices  de  Júpiter.  Des  ruches 
d’abeilles  ayant  eré  trouvées  dans  f antre  de  Diélé, 
I ou  Júpiter  avoit  été  nourri  , auíílrót  on  compra 
: Ies  abeilles  aii  nombre  des  nourrices  du  dieu.  On 
raconroit  meme  que  quatre  hom.mes  étaiit  un 
jour  entrés  dans  cet  antre,  pour  dérober  les  ru- 
ches , Júpiter  fit  gronder  fon  tonnerre , & lan^a. 
fes  foudres  conrre  les  facriléges. 

ABEILLE  , elle  étoit  le  fymbole  d’Ephéfe. 
Onia  voir  ordinairem.ent  fur  fes  Médailies  auto- 
nomes  , Sf  fur  celles  d’Elyrus,  d^Iulis,  de  Prxfus. 
ABELLA , dans  la  Sicüe. 

Goltzius  feul  a publié  des  Médailles  impériales 
Grecques  de  cette  ville. 

ABELLIO.  Dieu  des  Gaulois.  On  a trouvé  prés 
deComminges,  dans  f ancienne Novempopulanie, 
trois  infcríptiqns  antiques,  ou  il  eft  fait  mentioil 
de  cette  divinité.  En  voici  une  que  Gruter  a rap- 
j)ortée : 

DEO 

ABELLIO 

NI 

MINUCIA 

JUSTA 

V.  S.  L.  M. 

Les  deux  autres  n’apprennent  rien  de  plus  fur 
Abellio.  Bouche  croit  ( Hifi.  de  Prvvence , t.  i. 

(Sí.  ) que  fon  nom  vient  de  quelque  lieu  appelé 
Abellio,  & célebre  par  ce  cuite.  Voífms  (de  IdoloL 
L.  II.  C.  17.  ) le  reconnoit  pour  le  foleil.  II  a , 
felón  iui  j pris  le  nom  d’ Abellio  de  celui  de 
Betas , donné  au  foleil  par  les  Pamphyliens  & 
les  Crétois,  comme  on  fapprend  d'Hefychius. 
Quoi  qudl  en  foit  de  ces  opinions  , on  ne  fait 
rien  de  cette  divinité  Gauloife  que  fon  nom 
Ahelliq. 

ABÉONA  &:  ADÉONA  , étoient,  felón  S. 
Auguftin  feul , des  déelTes  qufon  invoquoit , Tune 
pour  aller  , fautre  pour  revenir  , felón  la  figni- 
fication  des  mots  Latins,  adire  & abirc,  aller  Sc 
revenir. 

ABGARE,  roi  d’Edeííé  & d’Ofrhoene.  EA- 
SL-iETS  ABFA. 

Ses  iiíédaiiles  au  revers  de  Commode,  font : 
RRR.  en  bronze. 

— Au  revers  de  Septime-Sévére  , font : 

C.  en  bronze. 

— Au  revers  de  Gordien,  font: 

C.  en  bronze. 

— Avec  Manniis , fon  fils  , elles  font : 

RRRR.  en  Bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

II  porte  une  thiare  femblable  á celles  des  roís 
Parthes. 

ABIA,  foeur  & nourrice  d'Hillus , fils  d’Her- 
cule.  Elle  fe  retira  a Hiré  , oú  elle  confacra  un 
temple  a Hercule.  Ceft  pourquoi  Crefphontc 

Bij 


¡2  A B 1- 

lui  fit  rendre  dans  la  fuite  plufíeurs  honneurs  5 
entr’autres  il  donna  fon  nom  a la  ville. 

ABIB.  Nom  que  les  Hébreux  donnoient^  au 
premier  mois  de  Fannée  facrée.  II  répond  á la 
fin  du  mois  de  mars,  8c  au  commencement  d'ayril. 
On  donna  dans  la  fuite  á ce  mois,  le  nom  de  Nifan. 

ABIENS.  C’étoienr  entre  les  Scyttes,,  d’autres 
difent  entre  les  Thraces.  des  peuples  qui  faifoient 
profefíion  d’un  genre  de  vie  auftére  j dont  Ter- 
tíulien  fait  mention  {lib.  ie  Prífcr.  ca.p.  xLii.  ) j 
que  Strabon  loue  d’une  pureté  de  mceurs  extra- 
ordinaire  ^ Se  qu’Alexandre  ab  Alexar,dro  8c  Sca- 
liger  ont  jugé  á propos  d’appeler  du  nom  de 
philofophes  j enviantj  pour  ainíi  dire,  auxScy- 
thes  une  didindaon  qui  leur  fait  plus  d'honneur 
qu’á  la  philofophie , d'étre  les  feuls  peuples  de 
la  terre  qui  aient  á peine  connu  des  poetes,  des 
pailofophes  , das  oírateurs,  8c  qui  nea  ayent  été 
ni  moins  honores  , ni  moins  courageux  , ni  moins 
fages.  Les  Grecs  avoient  une  hautc  eftime  pour 
les  Abiens  , 8c  ils  la  méritoient  bien  par  je  ne 
fais  quelle  élévation  de  carañére  , 8c  je  ne  fais 
quei  degré  de  juílice  8c  d’équité  dont  ils  fe 
piquoient,lingaiierement  envers  leurs  compatrio- 
tes  , pour  qui  leur  perfonne  étoit  facrée.  Que  ne 
devoient  point  étre  aux  yeux  des  autres  hom- 
mes , ceux  pour  qui  les  fages  8c  braves  Scythes 
avoient  tant  de  vénération  ! Ce  font  ces  Abiens , 
je  crois  , qui  fe  confervérent  libres  fous  Cyrus,  8r 
qui  fe  foumirent  á Alexandre.  C’eíl  un  grand 
honneur  á Alexandre,  ou  peut-erre  un  reproche 
á leur  faire  ( Dldzrot.  ) 

ABILA , dans  la  Coeléfyrie. 

On  a des  Médailles  imperiales  Grecques  de  cette 
ville,  frappées  en  Kionneur  de  L.  Verus  8c  de 
Commode. 

ABLEGMINA.  & ALBEGMINA.  On  enten- 
doit  par  ce  mot  les  parties  des  victimes  que  Ton 
réfenmit  pour  les  áieux.  Eiles  éroient  mifes  í part, 
ou  féparées  : ce  qui  s’exprimoit  par  le  mot  able- 
gere  chez  les  Latios  , 8c  a-xaPíyzt’i  chez  les 
Grecs.  Feftus  dit:  ablegmina  , partes  extorum,  qiUL 
¿lis  immolabant.  Tertullien  (Apodog.  c.  13.)  raiile 
les  páyeos  fur  les  vidtimes  Se  les  ahlegmina  : non 
dico  , quales  Jítis  zn  facrificando  , cum  enecia  & tábi- 
do f a quaqac  maBatis  , ciim  de  epimis  inte  gris 
fiLpervacua  queque  traclatis  capitula  Ungulas  , que 
¿omi  quoque  pueris  , vel  c-inihus  deftinajfstis . Je 
ne  parle  pas  de  vos  facrifices,  des  anímaax  ma- 
lades  ou  bleíTés  que  vous  oíirez  pour  viélimes, 
8c  des  parties  que  vous  réfervez  pour  les  dieux, 
quand  les  victimes  fent  graíTes  Se  faines.  Ne  font- 
ce  pas  le  cráne  Se  les  pieds  , que  vous  ne  donne- 
r-!ez  á manger  chez  veus , qu“á  vos  domeíliques 
OU  aux  chiens  ? 

ABLETIONS.  Fc-v.  Pux.ipicatiox. 

ABOLLA-  3 en  Sici'e.  ASOA., 

Les  Médailles  autonomes  ¿e  cette  '.  ille, 

C.  en  or. 


ABO 

Uníqiie  en  bronzé...  Torremufa. 

ABOLLA.  Les  avis  font  partagés  fur  cet  habil- 
lement  des  Romains.  Papias  Pa  confondu  mal-á- 
propos  avec  la  Toge;  car  Varron  (apud  Non. 
xiv.  9.)  le  met  enoppof.tion  avec  elle  : Abolla, 
veftis  militaris.  Varro  cofmotoryne.  Toga  detracia 
e/?  , 6?  abolla  data  efi  ad  turbam  ( o t?  tubam  ) 
miki  , [era  militis,  muñera  belli  ut prtfiarem.  Mar- 
tial  a fait  la  méme  chofe  ( lib.  8.  49.  o-  ) 

Nefcit , cui  dederit  Tyriam , Crifpiaus  , abollam  , 
Dum  mutat  cultas  , induilurque  togam. 

L'Abollanetoitpasun  habiüement  de  fénateur, 
comme  plufieurs  écrivains  Pont  prétendu  , puiC- 
que  ía  Toge  qui  vient  d’étre  mife  en  oppoíition 
avec  elle  , formoit  Phabit  des  Confulaires.  C etoit 
un  furtout  ( pallium  ) long  8c  ampie  , qui  fe 
replioit  en  deux  , comme  s’il  eát  été  double  , 8c 
dont  les  foldats  8c  les  philofophes  fiifoient  ufage 
hors  de  Rome. 

Saumaife  {de  Mod.  ufar.  c.  3.)  dit  que  les  gou- 
verneurs  de  provinces  Se  méme  les  prefers  de  Rome, 
portoiesit  PÁbolIa  quand  ils  fiégeoienr  dans  les 
tribunaux.  C'eft  á cela  que  Juvénal  fait  alluííon  , 
felón  lui , icrfquhl  appelle  facinora  majoris  abolle, 
les  crimes  extraordinaires  qui  éroient  du  reífort 
des  grands  juges  , ou  des  juges  portant  1 Abolla. 
Fitife^us  combar  avec  raifon  cette  opinión  de  Sau- 
maife. On  fait  en  effer  queles  gouverneurs  oortoient 
la  pretexte  dans  leurs  provinces.  Ils  partoient  á la 
vérité  de-Rome  vetus  dupaludament;  maisils  s^ac- 
quittoient  de  leurs  fonélions  avec  la  prétexte  dans 
les  viiles  de  leurs  départemens.  Qui  peut  croire 
d’ailieurs  , que  le  préfet  de  Rome  rendít  fes  ju- 
gemens  avec  un  habülement  de  foidat  ou  de  voya- 
geur  ? Juvénal  parle  aufli  de  lAbolla  du  préfet 
Pegafiis.  On  .obfervera  fur  ce  paiTage.quhl  ne  le 
peint  pas  dans  Pinfeant  ou  il  montoit  fur  fon  tri- 
bunal , mais  dans  le  moment  ou  il  partoit  pour 
Albano  , comme  un  íimple  jurifconfulte  , revétu 
de  Phabit  des  philofophes. 

ABONDA-NCE  , divinité  allégorique  quon 
trouve  perfonnifiée  dans  les  anciens  monumens  , 
mais  qui  rPa  jamais  eu  ni  temple , ni  autel.  Cn 
la  repréfente  fous  la  figure  d'une  belie  femme  , 
couronnée  d°une  guirlande  de  fieurs.  Elle  nent 
de  la  main  droite  une  come  remplie  de  toutes 
forres  de  fruits  , penchée  vers  la  terre  j & de 
Paatre  main  un  faifeeau  d^épis  de  píaíieurs  fortes 
de  grains  , dont  la  plupart  tombent  pele-méle. 
Cette  figure  accompagne  aíTez  fouvent  les  images 
des  dieux  8c  des  héros  , pour  marquer  Pabon- 
dance  procurée  par  la  bonté  des  dieux  8c  par 
la  valeur  des  héros  5 quelqaefois  méme  on  en 
voit  deux  pour  marquer  une  abondance  extraor- 
dinaire.  Voy.  AcvíAlthée  , -Achelous  , corhe 

D^AUONDA-NCB,  EUTHÉNIE. 

Cn  place  fur  íes  Médailles  aux  pieds  de  Pabon- 
éance,  un  boiíTeau  ePovi  fortent  des  épis  , 8c  un 
pavo: , fy.mhole  áe  la  fecorAcité.  Queíquetois  on 


font  : 


ABO 

appctcoit  prés  d’elle  un  wiíTeau  , pour  déligner 
le  ble'd  que  le  prince  avoit  fait  venir  des  pays 
éloignds. 

ABONOTICHUSj  dans  ia  Paphlagonie.  abq- 
NOTEIiEITCN. 

On  a des  Médailles  imperiales  Grecques  de 
certe  ville  , frappées  en  l’honneur  d'Antonin  & de 
]\í.  Auréie. 

ABORIGENES  & ABORIGE'IES.  Ce  nom 
exprime  aujourd’hui  tous  Ies  premiers  peuples  d°un 
pays  en  général , par  oppolition  aux  nouveaux 
habitans  j qui  font  venus  s y étabiir  a diíFérentes 
époGues.  II  ne  déíignoit  comraunément  j chez  les 
anciens , que  deux  peuples  en  particulier  ^ les  pre  - 
miers  habitans  de  la  Gréce  , & ceux  de  Tícalie  , 
cu  Ies  Pélafges  & le  peuple  qui  a precede  les 
Etrufques. 

Nous  commenqons  par  faire  connoítre  ces  áer- 
r.iers  j parce  que  ks  diíFérentes  opinions  fur  Téty- 
ir.ologie  de  leurs  noms  , ietteront  du  jour  fur  kur 
origine  prétendue.  Aurelius  Vicror  les  appeile 
A-borigénes  , comrae  fí  Ton  difoit  Ahcorigen.cs  , 
vagabonds  j de  ab  & rrroj  jkrre  qa  & iá  , il 
croit  que  des  Scythes  venus  dans  cetre  partie  de 
ritalie  en  ont  été  les  premiers  habitans.  Feñus 
eft  du  méme  fentiment. 

S.  Jéróme  dir  qu'ils  ont  été  appelés  .Aborigénes^ 
parce  qu’ils  n’avoient  point  d'oriaine  ^ de  Va 
privatif^  &■  Sorigo  : ckñ-á-direj  qu’ils  étoient  ori- 
ginaires  du  pays^  dr  ne  defcendoient  pas  d'une  co- 
lonie  arrivée  poñérieurement  5 ou  ^ comme  dit 
Denis  d^HalicarnaíTe , qui  rapporte  ce  fentiment 
fans  l'embralTer  ^ parce  qu’ils  furent  les  chefs  de 
la  poftérité  des  anciens  habitans.  Virgile  femble 
étre  du  méme  fentimeiit  ( JS.neid.  lih.  8.  177.) 

Saturnusque  Jenex  , janique  bifrontis  imago  , 
Veflibulo  adjiabant , aliique  aboriginc  Reges. 

Servdus  remarque  fur  ces  vers  , que  aborigine 
Reges  j eft  mis  pour  aboriginum  Reges  q & Pline 
■F  lib.  IV.  ) appeile  Ies  Tyriens,  aborigines  de  Ca- 
dix  j parce  qu’ils  en  étoient  les  fondateurs. 

Denis  d’HarlicarnaíTe  croit  qu’ils  ont  été  appelés 
A'tcpiyiif.s  , parce  qu’ils  habitoient  Ies  montagnes  j 
Attii  ofiTi  , a mop-tibiis.  Virgile  fe  rapproche  auíli 
de  cetre  opinión  (yEdfíd.  8.  321.) 

Is  gePMS  indocile  ac  difperfum  , montibiis  altis 
Ccmpofuit , legefqiie  dedit. 

Danet  a cherché  une  étymologie  relative  au?; 
montagnes  , dans  la  langue  Hébraique. 

C eft  á I’exemple  de  ceux  qui  , reconnoiíTant 
Chain  pour  le  Saturne  des  Egyptiens,  croyent  que 
ce  fiis  de  ..Ñoé  raíTembla  divers  peuples  errans  , 
& les  conduiíit  en  Itaiie.  Tite-Live  & 'Denis  d’Ka- 
HcarnaíTe  , aííurent  avec  plus  de  raifon  & de 
vraiiemDlance  ^ que  Jes  Aborirénes  de  l’ítalie  ^ 
étoient  venus  d’Arcadie  fous  la  conduite  á’dnotruS:, 
fils  de  Lycaon  ^ feize  ages  ou  géneraticns  aprés 
la  guerre  de  Trove.  Quelques  écrivains^  toujóurs 


ABO  ij 

oceupés  des  HébreuXj  aíTurent  que  ces  Aborígenes 
étoient  des  Phéniciens  ou  des  Chananéens  chaíTés 
par  Jofué.  lean  Picará  les  reconnoit  avec  plus  de 
fondement  pour  une  colonie  Gauloife  ( Celto- 
poedie  v. ) II  établit  fon  opinión  fur  diíFérens  té- 
moignages  de  Catón  ^ de  Solin  , Se  méme  d’un 
célebre  hiftoTien  Grec  , Timogéne  , dont  Suidas 
nous  a confervé  des  fragmens. 

Les  Egyptiens  Se  les  Scythes  fe  croyoient  le 
premier  peuple  du  monde  , & aíTuroient  qu’ils 
étoient  'Aborigenes  , ou  nés  dans  le  pays  qu’ils 
habitoient.  Les  Pélafges  , ou  Grecs  antérieurs  á 
la  guerre  de  Troye  , c’eft-á-dire  , aux  monu- 
mens  iittéraires  connus  avoient  des  prérentions 
plus  ridicuies  encore.  Les  Arcadiens  fe  donnoient 
1 le  nom  de  k-sís-saAo;  , nés  avant  la  lune.  Les 
Athéniens  aíTuroient  hardiment  qu’ils  avoient  été 
formés  avant  le  foleil  j & ils  fe  nommoient 
riiyeyéi; , eutans  de  la  terre.  Ces  traditions  raines 
annoncent  qu’il  feroit  impoflible  de  lever  le  voik 
j dont  font  couverts  Ies  premiers  tems  de  la  Gréce 
i & le  berceau  des  Aborígenes  Grecs. 
i ABOPJGÉNES.  Les  plus  anciens  monnmens 
de  l’art  ^ ceux  que  ron  peut  également  donner 
aux  Aborígenes  d’ Itaiie,  avant  les  Etrufques , & 
aux  Pélafges  , fe  reíTentent  toujours  de  la  fource 
Egyptienne.  II  eft  á préfumer  que  la  poíition  des 
premiers  entre  Ies  deux  mers  de  Tltalie  , ieur 
avoit  rendula  communicationfaciíe  avec  TEgypteí 
m.ais  il  faut  convenir  que  Ieur  imitation  n’a  jamais 
été  fervile,  & que  les  Etrufques,  leurs  fucceíTeurs, 
ont  toujours  confervé  Ieur  propre  maniere.  En 
effet , on  remarque  dans  leurs  monumens  , i’im- 
preíTion  qu’ils  ont  reque  de  l’Egvpte  Se  de  la 
Gréce  ; on  entrevoit  le.  tems  auqael  cette  narion 
a été  frappée  des  idées  d’Komére  ; on  reconnoit 
Tufage  qu’elle  en  a fait  j on  peut  méme  comparer 
les  monumens  de  l’un  Se  de  I’autre  peuple , iorf- 
qu'ils  ont  traite  le  méme  fujet  ; Ton  eft  par  con- 
féquent  á méme  de  découvrir,  d’une  maniere  un 
peii  vague  , á la  vérité  , les  idées  qui  Ieur  étoient 
propres,  par  des  exemples  répétés  , c’eí l-a-dirs , 
par  la  comparaifon  d’un  trés-grand  nombre  de 
monurñens.  Ce  fecours  manque  entiérem.ent  a 
l’égard  des  Aborígenes  & des  Pélafges  ; on  fait 
qu'ils  ont  exilié  : on  trouve  des  ouvrages  qu’ils 
doiyent  avoír  fabriques  ; mais  comment  diítin- 
guer  ieur  dategénérale  & particuliére  ? Comment 
ofer  étendre  & propofer  des  conjectare^  cuand 
on  ne  peut  s’appuyer  fur  aucune  diíFc'rence Les 
hifteriens  fe  font  peu  oceupés  de  ces  peuples  , 
qui  á’ailieurs  n’ont  pas  joué  un  grand  role  dans 
le  monde.  II  eft  done  naturel  de  donner  indiíFé- 
remment  a la  nation  la  plus  éciairée  , la  plus 
; connue  , enfin  , a celle  qui  a oceupé  á fon  toiir 
■ Ies  mémes  provinces,  toures  les  antíquirés  trou- 
ppyées  dans  ces  cantons  , d’autant  méme  qu’elles 
préfentent  une  reííemblance  aftez  feniible  avec  Les 
premieres  & les  plus  ancienr.es  des  Etrufques, 

; ( Ca-jliLs  ir.p.yit.'^ 


A E R 

ABRACADABRA  , parole  tnagique  , qul  étant 
ré'^étée  dans  une  certaine  forme  ^ & un  certain 
noAbre  de  fois;,  éroit  fupoofée  avoir  iavertu  d’un 
charme  pour  guérir  les  ñévres  ^ & pour  prevenir 
dAutres  maladies. 

D’autres  fuperftitieux  écnvoient  ce  mot  abaja- 
dahra,  parce  qu  on  le  trouve  ainfi  figuré  dans  les 
anciensAílT.  aepacaAABFa  oú  TS  eft  repréfentée 
par  fancien  figma  C.  Voici  la  maniere  dont  il  faut 
écrire  ce  mot  myílérieux  pour  qu  il  produife  ces 
merveilleux  efiets  ; 


ABRACADABRA 

ABRACADABR 

ABRACADAS 

abracada 

ABRACAD 

abraca 

A B R A C 

ABRA 
A B R 
' A B 
A 

Serenus  - Sammonicus , anclen  médecin  3 feda- 
teur  de  Thérétique  Bafilide  3 qui  vivoit  dans  !e 
deuxiéme  íléele  3 a compofé  un  livre  des  pré- 
ceptes  de  la  raédecine  en  vers  hexamétres  3 fous 
íe  titre  de  medicina  parvo  preño  parabili  , oú  il 
marque  ainfi  la  difpofition  Si  Tufage  de  ces  ca- 
radéres, 

Infcribes  chartA  quod  dicitur  Abracadabra  , 
Sepias  & fubter  repetes fea  detrake  fummam  , 

Et  magis  atque  magls  definí  elementa  figuris  ¡ 
Singula  que  femper  rapies  & celera  figes  , 
Donecin  anguftumredigatur  Huera  conam  ; 

His  lino  nexis  collum  redimiré  memento  ; 

Talia  languentis  conducer.t  vincula  eolio  , 
Eethalesque  abigent  ( miranda  potentia  ) morbos, 

Wendelin , Scaliger  3 Saumaife  Se  le  P.  Kir- 
clrer  3 fe  font  donné  beaucoup  de  peine  pour  dé- 
couvrir  ie  fens  de  ce  mot.  Deirio  en  parle  3 mais 
.en  paíTant  , comme  d’une  formule  connue  en 
iriagie3  & ouAu  refte  ii  nentreprend  point  d’ex- 
püquer.  Ce  que  Pon  peut  dire  de  plus,  vraifem- 
blable  3 e^eft  que  Serenus  forma  le  mot  dlAbra^ 
cadabra  3 fur  celui  d’Abrafac  óu  Abrafax  ou 
Abraxas  , 8c  sEn  fervit  comme  d’un  préfer- 
vatif  OU  d'un  remede  infaillible  contre  la  fiévre. 
Foy.  Abraxas. 

Quant  aux  vertus  attribuées  a cer.  amulette  3 le 
fiécle  oú  nous  vivons  eft  trop  éclairé  pour  qu  il 
foit  néceíTaire  d'avertir  que  tout  cela  eft  une  chi- 
mére.  f Mallet.  ) 

ABRAHAM.  (Ereft) 

L'ére  d'Abraham  3 qui  commence  a la  vocation 
de  ce  patriarche  3 precede  Tincarnation  de  201 5 
ans  3 & commence  au  i odobre ; de  mániére  que 
le  I odobre  qui  devanee  immédiatement  notre 
ere  vulgairej  eft  le  commencement  de  Tan  2016 


A B R 

d’Akaham.  C’eñ  Tere  d'ou  part  Eufebe  dans  fa 
chroníque3  Se  que  fuit  loacius  dans  la  íienne. 

ABRAXAS  & ABRASAX.  Bafilide  3 beretique 
qui  vivoit  fous  Hadrien3  & fes  fedateurs3  doniioient 
ce  nom  au  dieu  tout-puiílant , duquel  les  autres 
ftétoient  que  des  émanations.  II  contenoit  fepr 
anges3  qui  préfidosent  au  fept  cieux3  avec  leurs 
36J  vertus;  ce  qui  étoit  méme  figuré  par  les  va- 
leurs  numérales  des  fept  iettres  de  fon  nom 
A'Sfeirai , qui  étant  additionnées  3 formoient  le 
nombre  de  3Ój'.  Saumaiíe  pretend  que  ce  nom 
étoit  purement  Egyptien  j & qu  il  faut  le  pronon- 
Gcr  ^Ábrujiix  ^ Sc  non  j^J^raxcis.  I-  sjoute  cus 
ce  prétendu  dieu  étoit  communement  reprefenté 
íous  la  figure  d^un  homme  arme  u une  cui- 
ralTe  , tenant  un  bouclier  d'une  mam  be  un 
fouet  de  Pautre  ; il  avoit  la  tete  d’un  rci  , & 
pour  pieds  des  ferpens.  S.  Jéróme  3 & aprés  luí 
píufieurs  auteurs3  ont  cru  que  ce  dieu  n étoit  ^tre 
chofe  que  Mithras3  cAft-a-direj  le  foleil.  Fcy. 
Ai  íTj:ÍR.A.-S«  ^ 

Le-s  écrivains  eccleíiañiques  de  tous  Ies  fieoes 
ont  écrit  fort  au  long  fur  les  erreurs  des  Balili- 
diens  & des  Gnoftiques  3 Se  fur  ia  nature  de  leur 
Duiílance , ou  divimté  Abrafax.  Ces  diicuflions 
ne  font  point  de  notre  reíTort ; nous  n’en  exrrai- 
rons  que  Ies  notions  relatives  á ia  mythologie  3 
ou  aux  arts  des  anciens. 

Bafijage  dit  dans  rkiftoi~e  des  juifs  ,t.  ^.  p.  2. 
p.  7C0;  =»  Abraxas  tire  fon  origine  des  Egyptiensj 
» puifque  Pon  volt  un  grand  nombre  d amuletres 

fur  lefquels  eft  un  harpocrate  aílis  fur  fon 
’>  lotus&ie  fonet  á ia  main.  avec  le  mot  &A-bra- 
» fax.  ».  Cette  conjeture  de  Bafnage  eft  évidem- 
ment  prou\'’ée  par  le  mot  Abracadabra  ¡ forme  fur 
celui  a Abrafax  3 & qui  3 répété  píufieurs  fois  ^ 
écrit  fur  du  parchemin  en  "forme  de  pyramide 
renverfée , paíloit  pour  un  remede  contre  la  fievre. 
La  preuve  que  cette  fiiperftition  venoit  des  payens, 
eft  que  ie  Poete  médecin  Serenus-  Sammonicus  y 
précepteur  du  jeune  Gordien  , le  plus  ancien 
auteur  qui  ait  parlé  de  ce  prétendu  remede  3 ne 
peut  avoit  fait  profeínon  du  ctniftianifrae.  Mais  ce 
qui  confirme  plus  folidement  le  fentimetit  de 
Bafnage,  c’eít  un  Talifínan  que  Fon  voyoit  atitre- 
fois  dans  le  cabinet  de-Ste.  Genevieve.  tn  voici 
Pinfeription  : ABPAcah.  aaqnai.  , AAIMONQN. 
AEEIAI.  ATNAMEIS.  <;:YAAEATE.  OYABIAN.  HAY- 
AEINAN.  Ano.  HANTOC.  KAKO'Í.  AAIMONOC , 
c’eft-á-dire  3 Abraxas  Adonai  , ou  fétgneur  des- 
démons  , honnes  puijfances  , préferve:^  Vlpia  P au- 
lina  de  tout  méchant  démon  : formuie  qui  reííenc 
fort  le  paganifme. 

» Je  crois  3 dit  de  Beaufobre , dans  Phiftoire  dii 
Manichéifme,  ogi Abraxas , ou  Abrafax  eft  com- 
pofé de  deux  mots  Grecs.  Le  premier  eft  aZpoe  , 
qui  a diverfes  figniñeations  , mais  entPautres  , 
celle  de  heau  , de  magnifique.  C'eft  une  epithete 
ou  un  attribut  du  dieu  appelé  Jao  , comme  on 
le  volt  dans  Poracle  d’Apolloa  de  Ciaros  , rap- 


A B R 

porté  par  Macrobe. . . . On  j traduit  ordinairement 
¿Íssí  i’a¿  par  M-ollis  Jao  , ce  qui  ne  veut  pas 
diré  une  divinité  molle  & foible , mais  une  divi- 
nité  qui  fournit  aux  hommes  toutes  les  déiices 
de  la  vie  , Se  qui  prélide  á rautomne  ^ faifon  des 
vins  & des  fruits. ...  Xt'.c¡ , ligniue  aaíli  beau  , 
Tnajefiueux , fiivsrbe\  de-la  vient  rKofaíaui;?  d’Eu- 
ripide  , pour  dire  une  demarche  fuj:erbe  y majef- 
tueufe..  . Bans  les  vers  de  Foracle  de  Claros  j Jao 
eft  Bacchus ; mais  Bacchus  eít  le  foleil comme 
JSIacrobe  Ta  fait  yoir. ...  Quoi  quil  en  foit  j ¿Zíís 
eít  une  épithéte  du  foleil.  Le  feeond  mot  Grec 
dont  Abrafax  eft  compofé , eft  celui  de  Sao , 
2A£2  j qui  eíl  fouvent  employé  daos  Homére  , 
& qui  veut  dire  faaver  ou  gaérir  y ou  celui  de 
Sa  y 2A  5 qui  lignifie  falut  , fanté.  Amíí  Abrafax 
Youdroit  dire  á la  lettre  le  beau  y le  magmf.que 
fauveur  , celui  qui  guérit  les  Tnaux  & qui  en 
préferve. » 

II  détaille  enfuiíe  forr  au  long  les  preuves  qui 
établident  Fidentite  á‘ Abrafax  ou  du  magnifique 
fau'ceur  y avec  le  foleil.  Xous  renvoyons  nos  lec- 
teurs  á fon  ouvrage. 

»=  On  comprend  avec  peine  , dit  le  comte  de 
Caylus  (R.  (5.  pl.  19.)  comtnen:  ChiíBetj  Kircher^ 
Hardouin  y Jablonslci  méme  , & tant  d’aütres 
favans  ^ ont  pá  fe  perfuader  que  des  ehré- 
ticns  y Se  des  chrétiens  des  premiers  fiéclesj 
ayent  jamais  adopté  des  témoignages  dddo- 
latrie  li  conitans  & íi  pcíitifs  ^ au  point  de  les 
porter  fur  leurs  perfonpes.  Cetre  feuie  réfiexion 
de  M.  de  Beaufobre  a luíH  pour  me  convaincre 
& me  ramener  á fon  fentiment  ( Hiíl.  du  Ma- 
nich.  2.  p.  JO. ) Je  renvoie  les  plus  opiniátres  á 
la  leólure  de  cet  auteur;  pour  moi  je  fuis  per- 
fuadé  3 d’aprés  ce  favant  homme  y que  la  fuperfri- 
tion  pour  la  fanté  confervée  par  des  paroles , 
Utiles  pour  préferver  des  malheurs  y eníin  pour 
toares  les  autres  foibieíles  de  l'efprit  hamain , a 
fait  des  progrés  chez  les  Egypdens  lorfqadls  ont 
commaniqué  ^ dans  les  tetns  poííérieurs  á leur 
égard  ^ avec  les  nations  étrangéres  ^ ce  qui  doit 
avoir  précédé  Fére  chrétienne. 

Les  charlatán;  & Ies  enpyriques  aurontprofitéj 
fans  doiite^  des  notions  mal  entendues  de  la  reli- 
gión des  iuiís  j £c  ces  idiées  leur  étoient  appa- 
remment  plus  avantageufes  5 d^ailleurs^  les  carac- 
teres Grecs  mélés  daos  ces  objets  de  ñiperftition  ^ 
prouvent  que  le  cuite  Egjmtien  étoit  fort  alteré  5 
nousvoyens  vnérr.ey  par  le  travail  & le  goút  de  ces 
folies j quil  ne  iaut  roint  les  cherclier  dans  Íes 
tems  anciens  de  Fjogypre  5 truis  comme  Fefprit 
humain  s eft  toU;Ours  cententé  de  chr.n-jer  d’objet, 
;e  ne  esois  pas  que  les  Egvntiens  fiifiér.t  déoour- 
TCs  deíuperdnion  dans  le  c¿ms  de  lenr  fdeddeur. 
i'.oiis  ne  conr.oiiions  cue  tres  - imDarrairement 
cenes  dont  lis  étoient  Dt-venus,  & ncus  en  i?no- 
tous  ¡es  dytods  : ks  lignes  & les  caracteres 
Í^Clzs  j joinrs  a leurs  ar/;U.e:tes  íormés  en  fcara- 
bees  y ou  au.iremerit  y pouvoíent  entreteiiir  leur 


A B R jj 

foiblefle  a cet  égard  j mais  en  general  tout  eít  con- 
fondu  aujourdd-iuidans  le  cuite  parrapportánous. 

Je  finis  cette  digreííion  ou  plutot  cet  hom- 
mage  a la  vénté  ^ en  difant  qiie  ces  Abraxas  font 
coriítamment  lies  au  cuite  Éga-ptien  y qu’iis  en 
dépendoient  abfolument  ; que'  par  conféquent 
Bs  étoient  des  monumens  de  Fidolárrie  la' plus 
puré  , & que  jamais  aucime  fecte  de  chrétiens 
na.  pu  les  admertre  pour  quelque  motif  que  ce 
puiile  éíre. » 

« Les  Baiilidiens  , ajoute  le  méme  auteur , 
C R.  i.  p.  29.  ) ou  les  Gnoftiques,  chrétiens  hé- 
rctiques  du  premier  íiécle  qui  vivoient  en 
Egj’pte  y voulant  avoir  entr'eux  des  marques  cer- 
taines  de  reconnoiíTance  ^ & des  íignes  qui  leur 
aiüiroient  Fhofpitalité  ^ íignes  appelés  Tefera 
par  les  Romains  ^ qui  en  portoient  auíTi  ^ ont 
adopté  la  plus  grande  partie  des  pierres  ancien- 
nement  travaillées  par  les  Egypdens  ^ & les  rabies 
des_  fcarabées.  Quelqiies  - unes  de  ces  rabies 
étoient  núes  & fans  ornement  j comme  on  en 
trouve  encore  aujourd’hui.  lis  les  ont  remplíes 
en  tout  fens  de  mots  bifarres  & de  caradféres 
Grecs  j Cophtes  & Hébreux  ^ qui  n'avoient  de 
íignification  que  pour  eux;,  & dans  Icfqueis  on 
pouvoit  reconnoítre  la  religión  qu  ils  profeffoienr. 
Souvent^  pour  rendre  encore  ces  caracteres  plus 
ininteiiigibies  ^ ils  Ies  ont  places  aux  cotes  de  difFe- 
rentes  figures , antiques  3 leur  égard  ^ que  ces 
tables  portoient  déjá.  (Fby.  fon  Recueil  fixiém'» 
pl.  40.  n^.  4-  ) . ^ 

Ces  pierres  , qui  forment  un  aiTemblage  bifarre, 
font  répandues  dans  tous  les  cabinets  de  ITu- 
rop£  j 3c  connucs  íous  ic  non  JtoTaxas.  Elics 
ne  ro£^t  recorrirnandables  ou^autant  cue  les  def- 
fins  Egyptiens  peuvenr  encore  s'y  diftinauer. 
ConíidcTtes  ious  ce  point  de  vúe,  eiles  ont'une 
forte  d'utilrté^  & mériteroient  plus  d’attention 
de  la  part  des  curieux  ^ qui  peut-étre  les  négiisent 
un  peu  trop. 

Ár;iiÉ'\  lAiíOIsS.  Desíes  premiers  tems  ^ ceux 
qui  ont  exercé  l’art  d’écrire_,  ont  inventé  divers 
moyens , ioit  pour  diminuer  la  peine  du  travail  ^ 
foit  ppi  r re.npre  Fécrirure  pius  prompre  & plus 
expécitive,  & ia  renferrner  dans  un  plus  petit 
eípace.  Souver.t  ils  ont  cherché  á la  rendre  énigma- 
ncue  j añ'.i  dkn  dérober  la  connoiíiance  aa  val- 
gaire.  Ii_;  ort  parfaitement  réuiTi  en  intreduifant  - 
1 i’iage  des  figles  ^ des  lertres  monogrammatiqnes 
& conjoinres  , des  chiítres  . des  notes  appeíées 
p/reniennes  j & des  abréviations  variées  á Vir.ñni. 
Én  générai  ^ ijs  ont  peir.t  les  mets  en  abrégé  ^ en 
fupprimant  pluíieurs  iettres  , r.uxquelles  ils  ont 
fouvent  fubititué  divers  íignes  pour  avertir  de  la 
fuppreffion.  Enfuiteils cr.t  abrégéles Iettres  memes 
par  des  rerranchemens  de  jambages  ^ &:  des  con- 
jonctions  perpériieiics.  La  premiere  methode^  fort 
étendue,  eít  2; pelée  par  '¿s  Cavans  ^ 

Fart  d’écrire  par  abréviations  , Sr  la  feconde 
ckit-a-dmcj  Fart  d’écrirspromptement. 


1 6 


A B B. 


» La  manlére  la  plus  comm^e 
cñ-u"'>  les  anciens  j eu  cene  _o.i  i on 

r'"'  A n^rti'-  des  lettres  cui  expriment  les 
""f'eB'méme -“tems  ouon  fubñime  certains 
ái-nes"  á celies  qu  on  fupprime.  C«  abreviations, 
qui  viennent  des  figles  ^ flirerxt  d aoord  conCacrees 
aux  noms  propres  , á certains  mots  & a cer- 
taines  phrafes.  Elles  recurent  diferentes  formes, 
&z  fe  multipliérent  fartout  dans  les  écritures  da 
moyen  & du  bas - age.  Si  Ion  ne  fe  fait  une 
Babitude  de  les  déchiffrer  , il  eft  tres-difficile  ce 
les  enrendre  & de  lire  les  míT.  & les  tíipiones. 
En  favear  de  ceux  qui  s’appliquent  a i etuae  ae 
ces  monumens  , pluíieurs  antiquaires  ont  forme 

des  recueüs  d’abréviations_  latines , rangees  par 

ordre  alphabétique  , fuivies  de ^ leur  exp  ica- 
£Íon,  Celies  que  Baringins  puolia  a Hanovre^  en 
1737,  dans  fon  livre  intitulé : Clavis  diplomática, 
remoliíTent  dix-huit  pages  in-4  . a trola  cotonnes. 
Les^caraCtéres  en  font  gothiques  , & ne  remon- 
tent  pas  plus  haut  que  le  treiziéme  íiecie.  E aobe 
Godefroi  de  Beífel  ( Chronic.  Godwic.  p.^  jO  a 
donné  dans  une  demie  page  in-foiio  , les  aoreyia- 
tionsles  plus  ordinaires  des  manufcrits  duonzieme 
fiécle.  Celies  deschartesd"Ecoíreoccupent40  pag. 
in-íbiio  dans  le  tréfor  choifi  des  Diplomes  (d  des 
Mcdailles,  pubüé  par  M.  Anderfon.  Ce  beau  re- 
cueil  d’abrériations , repréfentées  fuivant  i ordre 
alphabétique , ne  commence  qu’á  la  fin  du  onziéme 
fiecie.  Mais  on  na  ríen  de  plus  étendu  ni  de 
' plus  parfait  en  ce  genre  , que  ie  Lexicón  diploma- 
tique  de  M.  Waiter,  oú  font  renfermées  22 j 
planches  d'abréviations  ex^liq-uées.  Le  fayant  di- 
plotiiatiíte  a marque  le  íiccíe  ou  chacune  d eiies 
étoit  en  ufage  , en  commenpant  au  huitiéme  , & 
finiíTant  au  feiziéme.  Notre  littérature  Fraiiqoife 
manque  encore  aun  pareil ouvrage  , dont  la  né- 
ceiTité  fe  fait  fentir  v'iyement  á ceux  qui  veulpt 
déchiffrer  les  anciennes  écritures,  & travailler 
dans  les  archives.  » 

Au  moyen  d’un  didtionnaire  d’abréviations , 
fait  fur  les  nilT.  & les  chartes  de  France  , on  fur- 
monteroit  fans  peine  bien  des  diffecultés  , & Ton 
éviteroit  de  prendre  un  mot  pour  un  autre , 
inéprife  qui  change  fouvent  le  fens  d’une  phrafe. 
Combien  d’erreurs  n'a  pas  produites  la  témérité 
des  copiítes  anciens  & modernes  , lorfqu^iis  ont 
voulu  rendre  des  abréviations  qufils  n’entendoient 
pas  ? L'ancien  Martyrologe  de  S.  Jeróme  en  four- 
nit  un  exemple  frappant.  Au  16  février  , on  y 
marque  onze  marwrscompagnonsde  S.  Pamphile, 
recommandable  par  fon  amour  pour  l’écriture 
fainte  , dont  il  diftribuoit  des  copies  á tous  les 
fidéles.  A la  fuíte  de  ces  mots  -•  Juliani  cum 
JEgyptiis  Y,  il  y a en  abrégé  mil , qui  fignifie 
militihus.  Les  copiftes,  aprésle  nxot  Juliani,  ont 
mis  tout  au  long  currz  aliis  quinqué  millibus.  Ba- 
ronius  iui-méme  , ne  s’eft  pas  appenju  de  cette 
bévue  , qui  de  dnq  martyrs  en  fait  cinq  mille. 
K’eñ-il  pas  encore  ’furprenaat  qu  un  auíli  habile 


A B R 

homme  que  M.  I’abbé  Fleuri,  ak  pris  pour  ks 
feeaux  de  pluíieurs  feigneurs,  les  íignatures  de  la 
chatre  de  la  fondation  de  Cluni,  expnrnées.par 
rabréviation  fig  ou  j avec  une  barre , qui  fignifie 
¡ignum  ? 

Les  bornes  de  nstre  ouvrage  ne  nous  per- 
mettent  pas  de  traiter  avec  étendue  la  matierc 
des  abréviations.  Nous  ferons  feulement  quelques 
obfervations  fur  Tufage  plus  ou  moms  frequent 
qu'on  en  a fait  en  chaqué  fiécle.  _ _ 

Les  marques  les  plus  générales  d abréviations 
chez  les  anciens , font  ia  petite  ligne  ^aroite 
horifontale  — & la  íigns  courbe  traníyeiiaie  cn 
en  forme  d^S  coucnee  , ou  u accent  circoni.exe 
Grec  . Ces  deux  fignes  placés  fur  la  fin  d un 
mot  au  bout  de  la  ligne,  valent  l‘m  ou  Vu^  dans 
Ies  pandeftes  de  Florence.  Um  y elt  íigmfiee  par 
une  ligue  fous  le  milieu  ae  laquelie  on  met  un 
point.  Ces  lígnes,  placees  fur  le  milieu  dun  rnot, 
fuppléent  aux  lettres  qu  on  retranche  pour  abréger, 
comme  dans  cet  exemple  : ÍHS  XPS  , Dfus- 
Cknívus.  Dans  ces  noms  adorables  j Ies  Latins  ont 
anciennement  retenu  les  lettres  Grecques  mais 
les  term'naifons  font  changees«  feion  le  genie  de 
la  langue  Latine.  Le  D traverfé  honfontalement 
par  ia""  ligne  ároite  , fignifie  digefie  ; le  mot  omma. 
s'abrége  nze-oma  & non  par  ofa  daos  une  cnarre 
du  roi  Eudes , de  Tan  888.  Dans  les  anciens  aaes 
de  P.avenne  , pour  exnrimer  dixerunt , on  fe  fert 
aun  d curíif,  formé ‘d^une  queue  tramante,  fur 
laquelie  il  y a autant  dé  barres  que  de  perfonnes 
qui  parlent.  »= 

=FLa  conjonélion  efi  s’aorege  par  une  ligne 
horifontale , ou  par  un  S couchée  entre  ^ deux 
points  de  cette  maniere  " 'b  . LEne  & 1 autre 
ábréviation  a efi  fe  rencontre  dans  Ies  míT.  Elles 
paroifíent  fréquemment  dans  ceux  qui  ont  plus  de 
íix  cens  ans  d' antiquité  , & dans  quelques  inf- 
criptions  du  onziéme  fiécle.  La  ligne  horifontale 
entre  deux  points  pour  íignifier  efi , eíl  erapioyee 
dans  le  trés-aiicien  mfl',  des  épitres  de  S.  Paul  de 
la  cathédrale  de  Y'^insbourg  & dans  beaucoup 
d’autres  , cités  par  D.  Martiauay.  < Cette  figure 
ctant  femblable  á celie  de  TObele  , qui  eft  ¿u 
íigne  des  fautes  á corriger  , il  faut  prendre  garde 
de  confondre  Tune  avec  Tautre.  La  barre  ou 
ligne  fans  points  rniie  au  bout  des  mots  pout 
fervir  am,  comme  meoru—,  annonce  une  haute 
antiquité.  Nous  favons  remarqué  dans  un  frag- 
m.ent  des  plus  anciens  Virgiles  du  V arican.  On 
s’en  eft  fervi  dans  la  fuite  pour  %nifier  d’autres- 
lettres,  comme  val—,  pour  vale,  U libn.  , que  ks 
copiftes  Se  Ies  imprimeurs  ont  rendii  par  une  H.  La 
ligne  droite  pkcée  fur  p , fignifie  pri , & la  ligne 
courbe  veut  dire  pr&  8c  per.  On  met  la  ligne 
droite  quelquefois  fur  des  mots  écrirs  fans  abre- 
viations.  C’eñ  ainfi  que  dans  le  bea'u  míL  de  S. 
Paul  de  la  bibliothéque  du  rol  , on  écrit  quel- 
quefois Dei.  Souvent  les  fignes  d’abrévustions  lont 

doubks 


A B R 

doubles  dans  un  méme  mot.  Nous  I’avons  obferve 
dans  le  manufcrit  du  roi  3838,  & datis  Ies  eran- 
giles  en  lettres  d’argenr  du  chapitre  de  Vérone , 
dont  le  P.  Bianchini  a publié  un  beau  modéle. 
Ces  mots  interpretuione  non  indiget  , Pont  ainíl 
abrégés  intp.  n ind  , dans  le  míT.  du  Roi  4403.  Aj 
qui  renferme  le  Code  Théodofien.  La  ligne  droire 
& la  courbe  Pont  aufli  d’un  grand  uPage  dans  les 
míT.  Grecs  pour  marquer  les  abrévintions . « 

“ Les  points  Pont  des  fignes  S abréviatlon  preP- 
que  auífi  ordinaires  que  les  lignes.  Tantót  ces 
points  Pont  écrits  Pur  les  lettres  , comme  dans 
plurid  pour  piuribus.  Nous  avons  trouvé  cette 
abréviation  dans  le  Virgile  d'APper.  Tantót  les 
points  Pont  marqués  devant  & aprés  , comme,  .e. 
qui  lignifie  efi  dans  la  premiere  Bible  de  Charles- 
ie-Chauve,  de  la  bibliothéque  du  roi.  Se  dans 
les  deux  plus  anciennes  de  S.  Martin  de  Tours. 
LuPage  le  plus  ordinaire  eft  que  les  mots  abrégés 
foient  Puivis  d’un  point.  Ainli  écrivoit-on  XPI. 
pour  Ckrifti  des  les  premiers  tems.  Le  commen- 
taire  de  S.  Jetóme  Pur  les  pPeaumes , renfermé 
dans  le  miT.  du  roi  22.35’  j fournit  beaucoup 
d’exemples.  Tous  Ies  mots  abrégés  y Pont  régu- 
liérement  Puivis  d'un  point  , & quand  le  Pens 
en  demande  un  , on  en  ajoute  encore  un  autre ; 
ils  Pont  poPés  perpendiculairement  ou  diagonale- 
ment , & plus  Pouvenr  horiPontalement.  Le 
firagment  du  Vatican  déjá  cité  , Pe  Pert  du  point 
final  pour  abréger  ces  mots  Laudib.  q.  laudibufeue. 
Le  relatif  jaa  eñ  ainfi  abrégé  par  deux  points  q : dans 
un  modele  d'écriturc  Paxonne , publié  par  Schan- 
nat.  Ces  points  ont  Pouvent  la  figure  de  virgules 
& de  triangles  trés-poinrus.  Tels  les  voit-on  dans 
le  célebre  PPeautier  de  S.  Germain-des- Prés , 
dans  le  míT.  2235,  & dans  plufieurs  fort  auciens. 
Dans  le  S.  Hilaire  du  roi,  que  eíl  abrégé  par  q; 
& dans  le  Code  Théodofien  de  la  méme  biblio- 
théque par  5'.  Dans  d’autres  manuPerits  du  huitiéme 
liécle,  les  abréviations  finales  Pont  exprimées  par 
ces  fignes  2^  ; 3.  LorPque  Ies  anciens 

copiftes  avoient  mis  une  lettre  ou  un  mot  de  trop  , 
ils  marquoient  un  point  au-deíTous  au  lieu  de  les 
cffacer.  lis  Pe  Pervoient  encore  de  cette  figure  ••  , 
avec  une  barre  oblique  au-deíTous , pour  marquer 
les  tranPpofitions.  II  faut  done  bien  prendre  garde 
de  ne  pas  conPondre  ces  points  des  correóleurs 
avec  ceux  des  abreviutions . 

Qmo  eft  Y abréviation  de  quomoio  dans  le  míL 
152.  & y eft  celle  de  la  íyllabe  bus  dans  le 
mü.  1820  de  la  bibliothéque  du  roi.  LorPque 
les  abréviations  affeélent  tout  le  mot,  eUes  Pont 
Pouvent  entre  deux  virgules  , comme  , e , eft. 
Dans  Ies  mff.  qui  ont  plus  de  fix  cens  ans  , la 
meme  conjonciion  eft , eft  Pouvent  marauée  par 
une  ligne  horiPontale  entre  deux  points  4*5  dans 
le  nclT.  royal  1S20,  pour  abréger  qui  , on  Pupprime 
l'a.  Se  Pon  marque  Y i ovlYu  au-delTus  Mais 
de  toutes  les  figures  qui  marquent  les  abréyia- 
Aruiquités , Tome  1. 


A B R x~i 

. tíons , la  plus  íréquente  eft  le  C curfif  renverPé, 
qui  prend  la  forme  du  9 : ce  figne  produic 
différens  Pons  tout  contraires  5 écrit  á la  fin  ou 
au  milieu  du  mot,  il  marque  as,  comme  D?, 
maxim?  , reb^  , pour  Deus  , maximus  , rehus  , Sc 
Aug^fti  pour  Augufti.  Au-defíus  du  p?,  il  fignifie 
poft.  Place  au  commeneement  d"un  mot,  il  fignifie 
com  ou  con.  Ainfi,  dans  un  nombre  prePquinfinr 
de  monumens  , on  éerit  9tra  pour  contra  , H-erfus 
pour  conver  fus  y ^vfacones  pour  conv  erf añones  , 
pour  communi 9 fia  confeientia , ^memorao 

pour  commemoratio  , &c.  Le  7,  pour  fignifier  & 3. 
n'eft  pas  moins  ordinaire  dans  Ies  manuPerits  & les 
chartres.  On  retro  uve  ces  marques  SY  abréviations  , 
avec  beaucoup  d'autres  , dans  les  notes  Tiro niennes. 
II  y a des  abréviations  propres  de  certaines  écri- 
tures  particuliéres.  La  Paxonne  & la  lombardique 
expriment  autem  par  ce  figne  hG  On  donne 
huir  á neuf  cens  ans  aux  manuPerits  oü  il  Pe 
trouve.  » 

>•  Les  abréviations  devenant  plus  firéquentes, 
marquent  une  moindre  antiquité , á raiPon  de 
leur  augmentation.  On  en  trouve  peu  dans  les 
plus  anciens  manuPerits.  Si  Técriture  caoitaíe 
ou  onciale  en  eft  belle , s'il  n'y  a qu  un  trés-petic 
nombre  ¿Y abréviations , c’eft  un  figne  de  la  plus 
haute  antiquité.  La  ligne  droite  ou  courbe  pour 
teñir  lieu  d'une  M ou  d'une  N,  & le  point  marqué 
aprés  le  Q , Pont  preíque  les  Peules  qu  on  rencontre 
dans  le  fameux  Virgile  de  Médicis.  Liles  ne  Pont 
guéres  moins  rares  dans  les  Pandeóles  Florentines. 
M.  Brencman , qutre  la  barre  miPe  au  bout  de  la 
ligne  pour  rempiacer  TM  & TN  , n"y  a remarqué 
que  id.  pour  idem  , N.  pour  non  , edm  pour  edicíum  , 
& I.  pour  primum.  Dms  pour  Dominas , eft  la 
marque  d'une  haute  antiquité.  En  effet,  cette 
abréviation  Pe  trouve  dans  les  évarigiles  écrits  de 
la  main  de  S.  EuPebe  de  A'erceil,  & dans  le  pPeau- 
tier  de  S.  Germain,  évéque  de  París.  D^s  pour 
Dominas,  n’eft  peut-étre  pas  moins  anden.  Dans 
le  meme  pPeantier , & dans  quelques  autres  ma- 
nuPerits d’une  égale  antiquité,  on  iPabrége  pas 
Dominum  par  Dnum,  ni  méme  par  Dñm,  mais  par 
Don,  avec  deux  m.arques  YY abréviations.  Cellcs 
que  nous  avons  remarquées  dans  les  építres  de 
S.  Paul  de  la  bibliothéque  du  roi.  Pe  réduiPent 
prePqu  á JHU.  XPI.  DÍAI.  N.  Jefa  Chrifti  Domini 
noftri.  Elles  Pont  rares  dans  le  beau  manuPerit  de 
S.  ProPper  de  la  mém.e  bibliothéque,  en  écriture 
onciale  du  fixiéme  fié-ele.  Elles  Pe  bornent  prePqu'á 
Ds  , Dnus  , xps  , fps  fus , bus  & que  exprimés 
par  une  virgule  Sc  plus  Pouvent  par  un  triangle 
firéquemment  allongc  haut  & bas  , en  forme  d'5. 
Alais  les  abréviations  Pont  d'une  extré.me  raretédans 
le  manuPerit  des  évan giles  en  lettres  capitales  d^or, 

í appartenantá  l'abbat'e  de  S.  Germain-des-Prés.« 

33  Elles  devinrent  moins  rares  un  peu  aprés  le 
fixiéme  fiécle.  Les  modéles  du  íeptiém.e  , pu- 
biiés  par  dom  Jean  Mabiilon,  en  olírent  un  boa 

C 


i8  A B R 

fiombíe.  On  en  peut  juger  par  le  S.  Auguftin  de 
réglife  de  Beauvais , ou  la  date  en.  ainii  exprinaee^ 
Explicimm  o pus  f avente  Dno  apui  C cenubiu  Lufoviu 
atino  duodécimo  rxgis_ChIothacarii  indiñiotie  tercia 
décima  , ññ  xífimo  pis  ni  fel  pació.  On  rencoptre 
de  pareilles  abréviatlons  prefqu  a chaqué  ligne 
dans  la  plus  ancienne  écrirare  du  manufcrit  du 
roí  j coré  A.  Leur  nombre  augmente  corixp 

dérablemcnt  au  haitiéme  íiécle  j,  cotnme  i on  volt 
dans  le  manufcrit  de  Wirtsboiirg,  dont  I aboe  de 
Godwic  a donné  un  modéle  j & dans  le  ealendner 
de  Corbiej  dont  nous  avons  deux  ligues  dans  la 
diplomatique  de  dom  Mabillon.  Elies^  fe  multi- 
pliérent  encore  bien  davantage  au  neuvieme  iiéde ; 
BOUS  en  avons  la  preuve  dans  le  Code  Theodoíien 
de  la  bibliothéque  du  roí,  écrit  par  Ragenardj  la 
dix-neiiyiéme  année  de  retnpire  de  jjOuis-le-De- 
b-onnaire,  & dans  un  fragment  du  dix-huitiéme 
iivre  de  S.  Jéróme  íur  ífaiej  quon  trouve  dans  le 
manufcrit  du  roi^  n'’.  ijz.  Outre  les  anciennes 
ahréviations  ^ il  y en  a de  nouvelles,  comme  amo, 
dixer , pour  auomodo  dixerunt.  Dans  1 ecrlture 
capitale  des  Heures  de  Charles-le-Chauve , ^une 
petite  í fert  de  íigne  ií  ahréviation , & dans  1 on- 
ciale , le  9.  elt  mis  pour  itr.  Dans  quelques  manuf- 
crits  faxons  á-peu-prés  du  méme  tems,  on  ecrit 
fecun  lAath  , pour  fecundum  Matkeum.  Le  dixieme 
liécle  enchérit  fur  les  précédens  pour  les  abré- 
viations  3 á en  juger  parle  S.  Hilaire  des  PP.capu- 
cins  de  Tours^  & pluíieurs  autres  manufcrits  du 
méme  íiécle.  Au  fuivant , il  n'y  a point  de  ligne 
dans  les  manufcrits  & les  chartreSj  oú  il  n y en 
ait  pluíieurs.  C’eíl:  ce  que  nous  avons  obfervé 
dans  deux  lettres  db4bbon  , tranfcrites  dans  le 
manufcrit  du  roi  4568.  On  y voit  fouvent  deux 
points  á cóté  des  mots  abrégésj  & toujours  lorf- 
qudls  ne  font  que  d’une  lettre.  Les  noms  propres 
jih’'  font  écrits  que  par  leur  initiale.  Nous  avons 
compré  íix  & dix  ahréviations  par  ligne  dans 
un  manufcrit  de  S.  Martin  de  Pontoifé  , écrit  au 
doiiziéme  liécle.  Les  adres  origínaux  du  concile 
de  Latran,  tena  fous  Alexandre  III,  Tan  1179, 
étoient  farcis  d’un  íi  grand  nombre  éi  ahréviations 
infolites,  que  celui  qui  Ies  a tranfcrits,  declare 
qu’il  étoit  plus  facile  d’en  deviner  la  lignidcation 
que  de  Ies  lire.  Nous  avons  vu  des  manufcrits 
a-peu-prés  du  méme  tems,  oú  les  mots  coupés 
a la  fin  des  lignes  font  abrégés  par  un  trait  oblique. 
Au  treiziéme  liécle , & dans  les  deux  fliivans , 
récritiire  eít  pleine  d’abrégés ; Yn  veiit  dire  enim , 
n.  íignifie  non ¡ rtZ\  eíl  Pabrégé  de  rerum  , celui 
de  fancTA  eíl  file.  On  écrit  frm  , oráis  , hem  , poris 
pour  fratrum  , ordirds  , heremitarum  , prioris  ; 
Ludovlc^  pour  Ludovicits  , mía  pour  misericordia  , 
glofA  pour  glorlofs  , oim  pour  omnium  , hois  pour 
hominis.  Fenáant  ces  troi’s  fiécles  , \ts  ahréviations 
furent  employees,  méme  dans  Ies  écrits  en  langue 
vulgaiíe,  On  éciivqit  en  framjois  vxite  d‘ome  pour 


A B R 

natíire  d'hsmme,  ef^ce  de  bns  t’.  ipóur  efp ¿ranee 
de  hiens  temporels  , le  ^jncemt  de  bn  fe  pour  le 
commencement  de  bien  faire , U pftre  pour  le  preflre, 
v’tus  pour  venus , la  teptacio  pour  la  tentation.  » 

“ 'l'outes  ces  ahréviations  des  treize,  quatorzc 
& quinziéme  fiécles,  & une  multitude  f autres 
introduires  pendant  la  barbarie  de  ces  tems  fcho- 
kíiiques,  rendent  la  leóture  des  manufcrits  trés- 
diíHciie.  Elles  fe  trouvent  dans  les  ouvrages  que 
produifit  rimprimerie  encere  dans  fon  enlance ; 
la  difficulté  áe‘  les  déchúfrer  a fait  _^érir  un  grand 
nombre  d anciennes  editions  : mais  ii  y en  a encore 
aliez  dans  les  bibiiothéques , pour  ceuxqui  vou- 
dront  appreadre  comment  on  abrégeoit  les  mots 
dans  les  bas  fiécles.  II  me  íouvient  particulie- 
==  rement,  dit  Chevillier,  de  la  Logique  d Okam, 
” imprimée  á París  en  144S  t ia-foi-  au  dos  bru- 
neau,  d’une  belle  lettre  , oú  il  n^  a prefque 
=3  point  de  mor  qui  n ait  quelquk¿rév/Arioy-_  V oici  , 

» parcurioíité,  deux  lignes  aufol.verfo,chifT.  iii : 

» Sic  hic  e fal.  faz  qdjimplr  : a e pducibile  a Deo  : 

g a e.  Et  fiir  hic  : a n e : g_an  e pducibile  a Do. , 
« qui  íignifient  : Sicut  hic  ejl  fallada  fecundum 
^3  quid  jimpliciter  : .Á  efi  producibile  a Deo.  Ergo 
33  A eft.  Et  fimiliter  hic  : A non  eJl  : ergo_  A non  efi 
33  vroductbiLe  a Deo.  33  On  peut  fe  fervir  cíe  fem- 
blables  imprimés , pleins  de  réveries  fcholaíHques, 
pour  faire  des  fufees,  lans  que  la  répiiblique  des 
lettres  en  fouífre  aucun  dommage.  L’hiftorien  de 
rimprimerie  ajoute  : ce  On  mit  tant  de  ces  ahre- 
33  viations  dans  les  volumes  de  droit , dans  les 
33  manufcrits  & dans  les  imprimés  , qdon^  fut 
33  obligé  de  faire  un  Iivre  pour  enfeigner  á les 
33  lire  , Iivre  intitulé  : Modus  legendi  abreviaturas 
33  in  atraque  jure  , qui  eíl  aans  la  bibliotheque  de 
33  Sorbonne,  imprimé  (¿,•2-8'^.)  á París,  par  lean 
33  Petit,  l’année  1498.  « Sans  la  connoiiTance  de 
ces  ahréviations , il  eft  impoílible  de  dechiffrer 
certains  manufcrits  importaos  qui  en  font  remplis  , 
& qui  font  fans  points  ni  virgules.  Tel  eít  celui  de 
Cologne,  dont  M.  Vondejrt-ílardt  s’eft  fervi  pour 
corriger  rhiftoire  du  concile  de  Conftance,  que 
Théodoric  Uric,  de  Pordre  de  S.  Auguíbn,  acheva 
en  142;.  II  réfulte  de  toutes  ces  recherches  , que 
les  manufcrits  & Ies  chartres  de  plus  de^íix  cens 
cinquante  ans , ont  beaucoup  monis  S ahréviations 
quedes  m.anufcrits  Sr  les  acles  poñérieurs.  33 
33  Sí  dans  les  manufcrits,  les  plus  anciennes 
ahréviations  font  marquées  par  une  ligne  nori- 
fontale  fur  le  mot  a’orégé , celles  des  diplomes  font 
indiqiiées  par  d’ autres  figures.  Sous  la  premiére 
race  de  nos  rois  , elles  avoient  communemenc 
la  forme  d'un  accent  circonfiexe  ou  d"un  c de  ces 
rems-lá  ; c’eñ-á-dire  , de  deux  c l'un  fur  I autre  , 
femblables  á certains  í de  récriture  couranre  : 
mais  ces  figures  étoient  tantot  placées  obhque- 
ment,  tantot  perpendiculairement  & tantot  hon- 
fontaleraent ; ce  qui  les  fait  paroitre  plus  diíferentes 
entr’elles  quAiles  ne  le  font  en  etfet.  33 

» Sous  la  feconde  race , ces  figures  ns  furene 


A 3 R 

pas  totalement  abolles  j mais  elles  fe  transtor- 
incrent  en  d'autres  approchant  de  nos  & , ce  nos 
3 j de  nos  8 & de  nos /d’écrirare  courante,  mais 
qui  paroiffenr  quelanefois  Fort  diftérentes  d'elles- 
mémes  , par  les  diverfesíituations  qu'on  Icur  áonne. 
Uva  bon  nombre  de  femblables  abréviation.s  dans  le 
d:plóme  de  Char!es-Ie-Simple,  donné  en  908 , en 
fas  eur  de  Tabbaye  de  la  GraíTe  ^ & gardé  á la 
bibliochéque  du  roi.  Nous  en  avons  remarqué 
Beuf  ou  dix  par  ligne  dans  une  chartre  origínale 
accordée  Tan  988  á Fabriave  de  Sainte-Coíombe 
de  Sens,  par  Hugues-Capet.  Ces  abréviations  fe 
foutinrent  en  Aliemagne  a-peu-prés  fur  le  méme 
pied  jufqu’au  treiziéme  íiécie ; mais  en  France  , 
des  la  moitié  du  enziémCj  elles  commencerent 
á erre  íi  chargées  de  traitSj  qu^’on  a quelquefois  de 
la  peine  á les  reconnoítre.  Les  plus  fimples  prirent 
la  forme  d’un  3 ou  d'un  | grec  aíTez  mal  fait  & 
diverfement  place.  Cependant  quelques-unes  des 
anciennes  fe  maintenoient  encore.  Au  treiziéme 
liécle  j en  Aliemagne  ^ on  leur  fit  prendre  la  figure 
du  X arabe.  Elle  ne  prévalut  pourcanr  pas  fur  les 
anciennes  abriviations , qui  fe  fentirent  fort  de  la 
décade  ice  de  Fécricure.  En  Frunce  ^ on  revint  á 
1 accent  citconflexe  , ou  á un  trait  approchant  duj. 
C^étoit  d’ailleurs  une  note  de  Tirón , qui  s^eft 
prefque  confervée  en  tout  líeu  & en  tout  tems 
dans  les  diplomes  j pour  lignifier  &.  « 

» Les  abriviations  dont  nous  avons  parlé  juf- 
qu  ici  3 répondent  á la  ligne  horifontale  placee  fur 
les  motSj  pour  annoncer  quhl  manque  quelque 
chofe  au  milieu  ou  ménig' a la  fin.  On  fe  fervoit 
encore  d’un  9 en  chifFre  ou  d*une  petite  s ^ pour 
marquer  les  abrégés  des  noms  en  ^ & de  diffé- 
rentes  barres  qui  coupoient  les  lettreSj,  &:  fur-rout 
pour  figninef  per , pro  , prát,.  Leur  íignification 
confondue  , a introduit  bien  des  erreurs  dans  les 
livres  & dans  les  copies  des  chartres.  Per  étoit 
rnarque  par  une  petite  ligne  ou  toute  autre  figure 
d abreviaúon  coupaní  la  queue  du  p : pro  par  un  p , 
de  la  tete  duque!  on  faifoit  partir  un  trait  prefque 
en  forme  de  c ou  dT,  porté  en  devant  ou  de  droite 
a gaucíie  : quelquefois  ce  trait  étoit  porté  aii- 
delíous  de  la  tete  du  p & varioit  beaucoup  dans  fa 
figure  5 en  forte  quhl  reííembloit  beaucoup  á un 
ou  á un  8 couche  de  travers.  La  méme  chofe 
arrivoit  auíu , ^quoique  ce  trait  fortít  de  la  tete 
du_p.  Ce  trait  éC abréviation  faifoit  auffi  quelquefois 
une  fuite  avec  la  aueue  du  p.  Quant  á pra.,'Yabré- 
•viation.  fous  diScreiites  formes , étoit  toujours 
placée  au-deíTus  du  p.  » 

» Des  les  pretniers  tems  ^ Fécrimre  abré^ée 
eut  coiirs  principalement  au  barreau.  Les  aóies 
publics  de  Ravenne,  des  cinq  & .fixiéme  fiécles^ 
en  fon^  foi.  On  y iit  -.^dr.  val.  vi  condiL 
w ce  Da.  V mi.  Mag.  dd  vpxj  ufq  in  hd.  Vv 

Dzac.  jehol y & col  rev.  Pccl.  pnti.  qd  pe.  fj'.  pp. 

ff-  C'eft-á-dire  : Speclallter  valere,  viri  ínclyti, 
condudores  , viri  clarijpmi,  Dominus  vir  irdufier , 


A B R 

Magijirarus  dixenint , vir  pcrfeciijimiis  Dectmprl- 
mu-s , uj.qae  in  kanc  dícm,  prídicía,  vir  vencrabilis 
diaconus , jckolaris  \i colleciarias  rcvercnd&Pcclefia , 
prs.fenii  , qaondam  , poji  conjhidtum  fiípra  ¡criptUTn, 
pr¿.feruihtis  qnihas  juvra,  be.  On  trouve  une  muí- 
titude  d’autres  abréviations  dans  le  recueil  des 
actes  j en  papier  d'Egyptej  publié  par  le  Marquis 
Maífei.  Eües  font  beaucoup  meins  nombreufes 
dans  les  diplomes  de  nes  rois  IMérovingiens  & 
Carlovmgiens  5 mais  eües  fe  muitipliérent  dans  les 
chartres  de  la  troiíiéme  race  : tantót  on  y faic 
Ies  abriviations-  des  nems  propres  par  Ies  lettres 
initialeSj  comme  Tho  & Tki , pour  Thomas  & 
Tkibaitld,  &c.  Les  diírárens  noms  étant  fouvent 
abrégés  de  la  méme  maniere  j caufent  de  Fem- 
barras  j mais  pour  le  ver  Féquivoque  j on  a recours 
á Fhiftoire,  á ¡a  chrcnologie  & aus  anciens  mo- 
numens.  Tantót  pourabréger  ^ on  ¡oint  Ies  lettres 
finales  aux  initiaies  ^ comme  Johs  epus  pour  Joannes 
epifeopus  , abbem  pour  ahbatem  í clicum  pour  clc- 
ncum,  ckmi  pour  ekarijjimi,  mocho  poUr  monacko  „ 
fris  Tka.  ponxfratris  Thoms. , fei  Bndti  pour  fanñi 
Benedicii , Scc.  On  fit  un  aíTez  grand  ufage  des 
abriviations  dans  les  inferiptions  des  bulles  de 
plomb  & des  feeaux  de  dsvers  pays.  Heineccius  en. 
a ramaffé  un  nombre  d'exemples , auxqueis  on 
pourroit  en  ajouter  beaucoup  d'autres.  » 

» Pendant  le  treiziéme  íiécie  j le  nombre  des 
abriviations  étoit  devenu  lí  exceffifj  qu'au  com- 
mencement  du  quatorziéme  , on  en  apperqut  les 
inconveniens.  L^abus  qu’on  en  pouvoit  faire  dans 
les  aéles  publics , determina  le  roi  Philippe-le- 
Bel  á les  bannir  des  minutes  des  notaires  , fur-tout 
eelles  qui  expofoient  Ies-  acles  á étre  falíifiés  oit 
mal  entendus.  C’eíl:  ce  quül  exécuta  dans  Farticlc  3 
de  fon  ordonnance  de  Fan  1504,  touchant  les 
tabellions  & les  notaires.  II  veut  ( Ordonn.  des 
rois  de  la  troifieme  race  , tom.  1,  pag.  417)  quüls 
écrivent  nettement  Ies  minutes  fans  abriviations  , 
_&  qu  ils  p’y  mettent  point  de  daufes  obfeures  & 
imntelligibíes principalement  fi  ellas  font  écrites 
en  abrégé  5 parce  qu’aiors  on  eft  expofé  au  danger 
de  fe  trompar  : Máxime  ubi  eífet  propter  abrevia- 
ñones  de  facili  pericidum.  Dans  cette  ordon- 
nance j les  minutes  des  tabellions  » font  nommées 
» notes  parce  qo/elles  contenoient  comme  en 
» abrégé  la  fubírance  des  contrats ; en  forte  que 
» ce  qui  n'étoit  que  de  ílyle  ^ & qui  étoit  omis  , 

» étoit  marqué  par  des  g?  costera.  « Les  notaires 
des  bas-íiécles  metteient  dans  les  groíTes  ce  qu’iis 
avoient  íous-entendu  par  ce  figne  d'omiílion.  Aii 
lieu  que  , felón  le  droit  écrit pour  éviter  tout 
foupfon  de  faux  ^ on  ne  devoit  rien  mettre  de 
plus  dans  la  groffe  que  dans  la  minute.  Ces  b cestera 
des  notaires  ont  été  regardés  comme  forts  dan- 
gereux  , fur-tout  en  Italie oú  ils  ont  paíTé  en 
proverbe.  x> 

« Au  feiziéme  fiécle  j on  étoit  fur  fes  gardes 
centre  Fabos  des  b costera.  Charles  V,  en  136(5, 

C ij 


20  A B R 

Svoit  accordé  des  privileges  á runiverlité  de  París , 
dans  la  copie  des  lettres-royaux , inferee  dans  les 
regiñres  da  parlement:,  le  grefSer  ou  ecrivain , 
Bour  avoir  plus  tót  fait^  avoit  paíTe  pluíiprs  mots 
auxquels  il  avoit  fubftitué  un  & coetera.  L an  j 
le  rédieur  de  runiverlité  préfenta  requete  ou  il 
expofoit  les  conféquences  de  ces  omiílionSj  & 
fupplioit  qu’il  plut  á la  Cour  ordonner  que  ce 
qui  étoit  ainíi  imparfait  audit  regiftre  par  cefdits 
mots  & cestera , fut  rempli  par  collation  qui  le 
feroit  du  regiílre  á roriginal  ; fur  quoi  le  par^e- 
ment  ordonna  le  i8  Aout  de  Pan  ^ j 
lettres-royaux  feroient  tranferites  de  nouveau  dans 
fes  regiítres  tout  au  long  8e  fans  ahréviation  &’ 
costera. 

» Le  point  á la  fuite  des  abrévzatwns  de  mots 
hébreuXj  grecSj  &c.  annonce  des  ^íiecles  ante- 
rieurs  au  neuviéme  ou  huitiéme  mémCj  pouryu 
qu’un  premier  point  paroiffe  avant  le  mot  d ori- 
gine hébraíque.  Autre  indice  d'une  antiquité  tres- 
reculée  j c'eñ  la  marque  ^ abreviation  >—  ou 
feule  ou  accompagnée  de  deux  points  ^ 1 un  fupé- 
rieur  & Tautre  inférieur.  Si  elle  n eft  prefque 
jamais  placee  quá  la  fin  de  la  ligne  pour  repre- 
fenter  ía  fuppreílion  d’une  M pu  d une  N ^ & 
qu’au  lieu  d^étre  élevée  fur  la  derniere  lettrCj  elle 
eft  tout-á-fait  y ou  du  moins  en  partie  y portee 
au-delá  y ce  caraftére  défignera  fans  difficulté  les 
liécles  antérieurs  au  lixiéme  j & ne  pourra  qu  a 
peine  étre  abaiíTé  jufqftau  feptiéme.  ■» 

50  JJabréviadon  Das  pom  Dominus  , égalepcut- 
étre  en  antiquité  celle-ci  Dpis , toujours  confiante 
dans  un  manuferit.  La  derniere  s ajuftc  aifément 
avec  les  trois  &c  quatriéme  liécles,  8c  nepeut, 
fans  celTer  d'étre  invariable  , quadrer  avec  le 
ftxiéme.  Encoré  faudroit-il  fappofer  que  Ies  ma- 
nuferits  oü  les  abréviations  Dmi  8c  Dni  feroient 
employées  tour-á-tour,  étoient  alors  auífi  rares 
quils  ont  été  inconnus  aux  liécles  fuivans.  Ln 
manuferit  rempli  de  figles , annonce  un  age  qui 
pourroit  également  convenir  au  haut  comme  au 
moyen  empire;  par  cette  conformité  avec  les 
inferiptions  métalliques  & lapidaires  des  anciens 
Romains  , il  rappellera  le  tems  oú  cette  maniere 
d’écrire  avoit  cours.  De  quel  prix  ne  fera  done 
point  le  Virgile  d’ Afper  de  Tafibaye  de  S.  Gcrmain- 
des-Prés  , dans  lequel  on  voit  concourir  ce  carac- 
tére  fingulier  avec  les  autres  fignes  de  Tantiquité 
la  plus  reculée  ? » ( Nouvelle  di-plomatique'). 

Dans  les  manuferits  grecs  d'Herculanum,  ainfi 
que  dans  ceux  dont  les  carafteres  font  de  forme 
majufcule,  on  ne  trouve  aucune  abréyiation ; 8c 
Jes  plus  anciens  manuferits  en  lettres  italiques  fur 
du  parchemin  , en  ont  peu  , ou  point  du  tout. 
Les  abréviations- fréqaentes  font  une  marque  de 
tems  poftérieurs,  & elles  ont,  partieulíérement 
dans  quelques  manuferits  grecs,  des  traits  fort 
*embarrairés  : il  y a cependant  quelques  abrévia- 
tiaas  qui  contribiient  a la  belle  forme  de  Tecriture 


A B R 

grecque  italique , 8c  qui  lui  donnení  beaucoup  de 
rondeur  , de  liberte  8c  de  liaifon. 

Abréviations  ¿es  plus  ufuées  cke^  les  Romains. 

A 

AB.  Abdlcavlt.  . 

AB.  AUG.  M.  P.  XXXXI.  Ah  Augufia  milita 

palfuum  quadraginta  unum.  a 

AB.  AÜGUSTOB.  M.  P.  X.  Ab  Auguflobnga- 
minia  paJfiLum  decem, 

ABN.  Abnepos. 

AB.  U.  C.  Ab  urbe  conditd. 

A.  CAMP.  M.  P.  XI.  A Camboduno  milita  pajjuam 

undeclm.  . 

A.  COMP.  XIIII.  ^ Compluto  quatuor  decim. 

A.  C.  P.  VI.  A caplte  y vel  ad  caput  pedes  fex. 

A.  D.  Ante  dlem. 

ADJECT.  H-S.  IX  00.  Adjecíls  fefiertns  novem 
mllle. 

ADN.  Adnepos. 

ADQ.  Adqulefclt  vel  adquljita  pro  acquifita. 


TT  1 T 


zterum, 

dED.  II.  VIR.  QEINQ.  jEdills  duum-vir  qum- 
qucnnalls. 

yED.  Q.  II.  VIR.  Mdilis  qulnquennahs  duum-vir, 

ML.  JElius , JElla. 

yEM.  re/'AIM.  JEmllius  y JEmllia. 

A.  K.  Ante  kalendas. 

A.  G.  Animo  grato  : Aulas  Gelllus. 

AG.  Ager  y vel  Agrlppa, 

ALA.  I.  Ala  prima. 

A.  MILL.  XXXV.  A mllliari  triglnta  quinqué,, 
vel  ad  miniarla  triglnta  quinqué. 

A.  M.  XX.  Ad  miniare  vlgefimum. 

AM.  vel  AMS.  Arnicas. 

AN.  A.  V.  C.  Armo  ab  urbe  conditd. 

AN.  C.  H.  S.  Anno  centum  hic  fitas  efi. 

AN.  DCLX.  Anno  fiexcentefiimo  fiexagefimo. 

AN.  IL'S.  Anuos  dúos  fiemis. 

AN.  IVL.  Aralos  quadraglnta  Jex 
AN.  N.  Anuos  natas. 

ANN.  Annl  y annls  , Ott  anuos. 

■ANN.  LUI.  H.  S.  E.  Annorum  qiunquagefima  tríunt 
hic  jitus  efi. 

ANN.  NAT.  LXVI.  Jamos  natas  fiexaginta  fiex. 
ANN.  PL.  M.  X.  Aralos  , vel  annls  plus  minas 
decem. 

AN.  ©.  XVI.  Anno  defuncius  décima  fiexta. 

AN.  V.  XX.  Anuos  víxit  viginti. 

AN.  P.  M.  Annorum  plus  minas. 

A.  XII.  Annls  duodecim. 

AN.  P.  M.  L.  Annorum  plus  minas  qiunqUaginza. 
A.  XX.  H.EST.  Annorum  viginti  hic  efi. 

AN.  P.  R.  C.  Anno  pofi  Romam  conditam. 

AN.  V.  P.  M.  II.  Annls  vixit  plus  minas  duobus. 
AN.  XXV'.  STIP.  VIII.  Annorum  viginti  quinqué 
fiipendii  y vel  fiipendiorum  ado. 

ANÑ.  SEN.  Anneus  Seneca. 

Á.  P.  M.  Amico  pofiuit  monumentuast 


rrar.ir 


A B R 

AP.  Appia,  Appius. 

AP.  Apud. 

A.  P.  ^ . C.  Annorwn  pofi  urbem  conáltam. 
APVD.  L.  Y.  COrsV.  Apud  lapidem  quinqué  con- 
■venerunt. 

A.  RET.  P.  líl.  S.  Ante  retropedes  tres  femis. 

AR.  P.  Aram  pofidt. 

ARG.  P.  X.  Argenti  pondo  decem. 

ARR.  Arrius. 

A.  Y".  E.  A viro  bono. 

A.  Y.  C.  Ah  urbe  conditá. 

B 

B.  Balbus  , Bulbius  , Brutus  , Beleños  ^ Burros. 

B.  Beneficiario  , beneficium  , bonos  , bona  , bon&  , 

bonum  , bonorum  , bene , bov.is  , ííc. 

B.  Balnea  , buflum  , beatos. 

B.  pro  Y,  berna  pro  vema , bixit  pro  vixit , bibo 
pro  vivo bicior  pro  viciar , bedua  pro  vidoa. 

B.  A.  Bixit  annis , bona  aciione,  bonam  añionem, 
bonos  uger , bonos  amabilis  , bona  aurea , bonum 
aureom  , bonis  aoguriis  , bonis  aufpiciis. 

B.  B.  Bona  bona,  (de  grands  biens)  bene  bene , 
( tres-bien). 

B.  DD.  Bonis  deabus. 

B.  F.  Bona  fide  , bona  femina  , bona  fortuna  , bene 
i faclum. 

B.  F.  renverfés  en  cette  maniere  g"  ¿[‘  Bona  femina  , 
2 bona  filia. 

-i  B.  H.  Bona  hereditaria  , bonorum  h&reditas. 

' C B.  I.  I.  Boni  judiéis  judicium. 

. - B.  L.  Bona  lex. 

~ ' B.  M.  P.  Bene  mérito  pofuit. 

.j)  B.  M.  P.  C.  Bene  mérito  ponendum  coravit. 

B.  M.  S.  C.  Bene  mérito  fepolcrum  condidit. 

BN.  EM.  Bonorum  emptores. 

BN.  H.  I.  Bona  hzc  invenios. 

B.  RP.  N.  Bono  reipoblica  natus. 

B.  A.  Bixit , id  efl  vixit  annis. 

BIGKs'TI.  Viginti. 

BIXIT.  BIXSIT.  BISSIT.  Vixit. 

BIX.  ANN.  XXCI.  M.  lY.  D.  YII.  Vixit  annis 

ocloginta  unum  , menfibus  quatuor , diebus  feptem. 

BX.  ANYS.  YII.  ME.  YI.  DI.  XYII.  Vixit  annos 

feptem  , monjes  fex  , dies  feptem  decim, 

c 

C.  Csfar , Cala,  Caius  , c-enfor , civis  , centuria, 
civitas  , colonia  , confuí  , condemno , conjux  , 
clarijpmus  , coravit , &c. 

C.  C.  Carifjims.  conjugi , calumnie,  caofa,  confiliom 
cepit. 

C.  C.  F.  Caius  Caii  filios. 

C.  B.  Commune  bonum. 

C.  D.  Comitialibus  diebus. 

C.  H.  Cufias  kortorum,  vel  heredum, 

C.  I.  C.  Caius  Julius  Cejar, 

CC.  YY.  ClariJJimi  viri. 

CID.  Mille. 

CO.  IDC.  Mille  fex  centum» 


A B R IX 

I CID.  CID.  CID.  CYI.  Tria  millia  centum  fox. 

I CID.  CID.  CID.  IDY.  Tria  millia  quirgenti  quinqué, 
CID.  CID.  CID.  DCCCLXXX.  Tria  millia  ocJo- 
centum  ocloginta. 

CCIDD.  Decem  millia. 

CCIDD.  oo  Undecim  millia. 

CCIDD.  oo  IDC.  Undecim  millia  fex  centum. 
CCIDD.  oo  oo  oo  CC.  Tredecim  millia  ducentum. 
CCIDD.  oo  oo  oo  CCXXIII.  Tredecim  millia  du- 
centum viginti  tres. 

CCIDD.  IDD.  IDD.  Quindedm  millia  fex  centum. 
CCIDD.  IDD.  60  DCCCLXYII.  Sexdedm  millia 
ocio  centum  fexaginta  feptem. 

CCIDD.  IDD.  DCCCCL.  Quindedm  millia  novem 
centum  quinquaginta. 

CCIDD.  IDD.  oo  CCC.  Sexdedm  millia  tercentum. 
CCIDD.  CCIDD.  Viginti  millia. 

CCIDD.  CCIDD.  oo  oo  oo  DCC.  Viginti  trió,  millia 
feptem  centum. 

CCIDD.  CCIDD.  oo  IDD.  Viginti  quatuor  millia. 

(Confultez  ici  Sertorius  Uifatus , ie  Natis  Romanorum.') 

CCIDD.  CCIDD.  oo  oo  oo  oo  CDXXCIX.  Viginti 
quatuor  millia  quatuor  centum  oBoginta  novem. 
CCIDD.  CCIDD.  CCIDD.  Triginta  millia. 
CCIDD.  CCIDD.  CCIDD.  IDLX.  Tringinta  millia 

quingenti  fexaginta. 

CCIDD.  IDDD.  Quadraginta  millia. 

( Confultez  , &c.  ) 

CCIDD.  CCIDD.  CCIDD.  CCIDD.  Quadraginta 
millia. 

CCIDD.  IDDD.  oo  C oo  XII.  Quadraginta  unum 
mille  novem  centum  duodecim. 

( Confultez  , &c.  ) 

CCIDD.  CCCIDDD.  Nonaginta  millia. 

CCCIDDD.  Centum  millia. 

CCC.  M.  N.  Tercentum  millia  nummúm. 
CCCCIDDDD.  Dedes  centena  millia. 

CEN.  Cenfor , centuria , centuria. 

CERTA.  QUINQ.  ROM.  CO.  Certamen  quinquen- 
imle  Roma  conditum. 

CE.  Claudios. 

CE.  V.  Clarifismus  vir. 

CH.  COH.  Cohors. 

C.  M.  vel  CA.  M.  Caufa  mortis. 

CN.  Cneus. 

C.  O.  Civitas  omnis. 

COH.  I.  vel  II.  Cohors  prima  vel  fecunda  i & ainfí 
des  autres. 

COR.  Coraelius , Cornelia. 
eos.  ITER.  ET  TERT.  DESIG.  Conful  iterhm 
& tertium  defgnatus. 

eos.  TER.  vel  QE  AR,  Conful  tertium  , vel  quar\ 
tum  j & ainli  des  autres. 

COSS.  Confules. 

COST.  CUM.  EOC.  H-S.  oo  D.  Cufiodiam  cum 
loco  fefiertiis  mille  quingeatis. 

C.  R.  Civis  romanos. 
es.  IP.  Cejar  imperator. 

C.  Y-  Centum  viri. 

C.  00  IX.  Nongenti  novem. 


Í2 


A B R 

D 


D.  Quingtnti-. 

D,  Decius  , decimus  , decuria,  decuria  , dedicdvit , 
dedit , devotas  , dies  , divas  , Deus  , dii  , Do- 
minas , domas  , donum  , datum  , dccretum  , fyc. 

D.  A.  Divas  Aaguflus. 

D.  B.  I-  Diis  bene  javantibus. 

D.  B.  S.  De  bonis  Jais. 

DCT.  Detracium. 

DDVIT.  Dedicavit. 

D.  D.  Donum  dedit , datis  datio  , Deus  dedit. 

D.  D.  D.  Dono  dederunt , vel  datum  decreto  decu- 
rionem. 

D.  D.  D.  D.  Dígnum  Deo  donum  dedicavit. 

DDPP.  Depofiti. 

D.  N.  Dominas  nofier.  D.  D.N.  N.  Domini  nofiri. 
D.  D.  Q.  o.  H.  L.  S.  E.  V.  Diis  deabufqúe  ómnibus 
huno  locum  facrum  ejfe  voluit. 

DIG.  M.  Dignus  memoria. 

D.  M.  S.  Diis  manibus  facrum. 

D.  O.  M.  Deo  Optimo  máximo. 

D.  O.  M..  Deo  Optimo  nterno, 

D.  PP.  Deo  perpetuo. 

DR.  Drufus. 

DR.  P.  Daré  promittit. 

D.  RM.  De  romanis. 

D.  RP.  De  república. 

D.  S.  P.  F.  C.  De  fuá  pecunia  faciundum  curavit. 
DT.  Duntaxat. 

DVL.  vel  DOL.  Dulciífimus. 

DEC.  * XIIÍ.  AVG.XII.  POP.:^.  Decurionibus 
denariis  tredecim,  augufialibus  duodecim  , populo 
undecim. 

D.  lili.  ID.  Die  quartá  idus. 

DMIDD3.  Quingenta  & quinquaginta  millia. 

D.  VIIII.  Diebus  novem. 

D.  V.  ID.  Die  quinta  idus. 

E 

E.  Ejus , ergo  , effe  , efl , erexit , exackum , &c. 
E.  C.  F.  Ejus  caufa  fecit. 

E.  D.  Ejus  domas, 

ED.  Edidium. 

E.  E.  Ex  edlBo. 

EE.  N.  P.  EJfe  non  poteft, 

EG.  Egit,  egregias. 

E.  H.  Ejus  hsres. 

EID.  Idus. 

EIM.  Ejufmodi.  ^ ' 

E.  L.  Ea  lege.  - \ 

E.  M.  Elexit  vel  erexit  monumentum. 

EQ.  M.  Equitum  magifter. 

EQ.  O.  Equefter  ordo. 

EX.  A.  D.  K.  Ex  anú  diem  kalendas. 

EX.  A.  D.  V.  K.  DEC,  AD.  PRID.  K.  UN.  Ex 

ante  diem  quinto  kalendas  decembris  ad  pridic  , 
kalendas  jap-uarias. 

EX.  H-S.  X.  P.  F.  I.  Ex  fejiertiis  decem  paryis 
feri  jujjtt. 

EX.  H-S.  CON.  Ex  fefiertiis  mille  nummúm. 
H-S.  00  09  50  00  £x  fefertiis  quatuor  millia. 


A B R 

EX.  H-S,  N.  ce.  L.  00  D.  XL.  Ex  fefertiis  nnm- 

morum  ducentis  quinquagiP.ta  millibus , quin- 
gintis  quadraginta. 

EX.  H-S.  DC.  oo  D.  XX.  Ex  fefiertiis  fexcentis 

millibus  quingentis  viginti. 

EX.  KAL.  lAN.  AD.  KAL.  lAN.  Ex  kalcndis 
januarii  ad  kalendas  januarii. 

F 


F.  Fabius  , fecit,  faSum  , facievAum  , familia, 
famula  , fafius  , februarius  , feliciter  , felix  , 
fides  , fieri  , fit , femina  , filia  , filias  , frater , 
finis  , flamen,  forum,  fluvius  , fauftum  , fuit , 
figura  , firons  , &c. 

F.  A.  Filio  amantijfimo  vel  filis  amantijjims. 

F.  AN.  X.  F.  C.  Filio  vel  filis  annorum  decem 
faciundum  curavit. 

F.  C.  Fieri  vel  fiaciendum  curavit , fidei  com.mijfusn. 
F.  D.  Flamen  dialzs  , filias  dedit,  facium  dedicavit» 
F D.  Eide  jujfior  , fundum. 

FEA.  Femina. 

FE.  C.  Ferme  centum. 

FF.  Fabre  facium  , filias  familias  , fratris  fidius. 
F.  F.  F,  Ferro  , fiimma  , fame  j fortior  , fortuna  , 

fiato. 

FI.  Feccrunt. 

FL.  F.  Elavii  filias. 

F.  FQ.  Filiis  filiabufique. 

FIX.  ANN.  XXXIX.  M.  I.  D.  VI.  HOR.  SCIT. 

NEM.  Vixit  annos  triginta  novem , menfiem 
unum  , dies  fiex  , horas  feit  nema. 

FO.  FR.  Forum. 

F.  R.  Forum  romanum. 


G 


G.  Gellius  , Gaius  pro  Cazas  , genius , gens , 
gaudium  , gefta  , gratia  , gratis  , &c. 

GAB.  Gahinius. 

GAL.  Gallas,  galerías. 

G.  C.  Genio  civitatis. 

GEN.  P.  R.  Genio  populi  romani. 

GL.  Gloria. 

GL.  S.  Gallas  fiemprov.ius. 

GN.  Gneus  pro  Cnezis  , genius , gens. 

GNT.  Gentes. 

GRA.  Gracchus. 

GRC.  Gr&cizs. 

H 

H.  Hzc  , habet , hafiatxs  , h&res , homo,  hora, 
hoftis  , herus. 

H.  A.  Jloc  anno. 

HA.  Hadrzanus. 
y HC.  Hunc  , hule , hic. 

HER.  Hzzres  , hereditatis  , Herennius. 

HER.  vel  HERC.  S.  Uerculi  facrum. 

H.  M.  E.  H-S.  CCIDD.  CCIDD.  I3D.  M.  N.  Hoc 
monumentum  erexit  fefiertiis  viginti  quinqué  mille 
nummúm. 

H.  M.  AD.  H.  N.  T.  Hoc  mozmrttcntwn  ad  heredes 
non  tranfit. 

H.  O.  Hojlis  hocez/ks. 


A B R 


HOSS.  Hojres. 

H.  S.  H:c  Jítíis  vel  fita  , fepuhus  vcl  fepuíta. 
H-S.  N.  lili.  Sefierúis  nummám  qaatuor. 

H-S.  CCCC.  Sefierúis  quatuor  centum. 

H-S.  oo . jX.  Sefierúis  mille  nummúm. 

H-S.  oo  CCIDD.  N.  Sefierúis  novem  mille  num- 
mím. 

H-S.  CC03.  CCIDD.  Sefierúis  viginti  mille.  ^ 
H-S.  XXM.  N.  Sefierúis  viginti  mille  nummúm. 

H.  SS.  Hic  fiupra  fcripús. 

1 

I.  Junius  , Julias  , Júpiter  , ibi , idefi  , immortalis  , 
im-perator  , inferí  , ínter  , invenit,  inviñus  , ipfe  , 

■ iterúm  , judex  , juffit , jus  , &c. 
lA.  Intra. 

I.  ÁG.  In  agro. 

I.  AGL.  In  ángulo^ 
lAD.  Jamdudum. 
lAN.  ■ Janus. 
lA.  RI.  Jam  refpondz. 

I.  C.  Juris  confultus  , Julias  Cs,far  ^ judex  cogni- 
tionum. 

ic.  me. 

I.  D.  Inferís  diis  , jovi  dedicatum , ifidi  des. , 
jujfu  des. 

ID.  Idus. 

I.  D.  M.  Jovi  T>eo  magno. 

I.  F.  vel  I.  FO.  In  foro. 

IF.  Interfuit.  IFT.  Interfuerunt, 

I.  FNT.  In  fronte, 

IG.  Igitur. 

I.  H.  Jacet  hzc. 

I.  I.  In  jure. 

FVÍ.  Imago  , immortalis  , imperator. 

I.  AI.  CT.  In  medio  civitaús. 

lAí  AI.  Immolavit , immortalis  , immunis. 

lAl.  S.  Impeafis  fais. 

IN.  Inimicus  , infcripfit , interea. 

IN.  A.  P.  XX.  In  agro  pedes  viginti. 

IN.  vel  INL.  V.  I.  S.  Inlufiris  vir  infrd  feriptus. 
1.  R.  Jovi  regí  , juno  ni  regins  , jure  rogavit. 

I.  S.  vel  I.  SN.  In  fenatu, 

I.  V.  Jufius  vir. 

IVD.  Judicium. 

IV  V.  Juventus  , Juvenalis, 

IDD.  Quinqué  millia. 

IDD.  co  . Sex  millia. 

IDD.  co  oo . Septem  millia. 

IDDD.  Quinquaginta  millia. 

IDDD.  CCIDD.  Sexaginta  millia. 

IDDD.  CCIDD.  CCIDD.  oo.  IDD.  Septuaginta  quatuor 
millia. 

IDDD.  CCIDD.  CCIDD.  CCIDD.  OHoginta  millia. 
IDDD.  CCIDD.  CCIDD.  CCIDD. IDD. oo  oo.  Oñe- 

ginta  feptem  millia. 

II.  V.  T)uum.vrir , vel  duum-viri. 

III-  V’’.  vel  III.  VIR.  Trium.vir  ^ vel  trium-viri. 
lili.  VIR.  Quatuor  - vir  :í  vel  quatuor- viri  ^ vel  ^ 
quatuor-viratus.  I 


A B a 23 

muí.  V.  Vi/ VIR.  Sextum-vir.  vel fe-vir,  vel  fex-vir, 
IIX.  Oño. 

IIXX.  Bao  de  viginti. 

Ií-*NE.  vel  IND.  aut  INDICT.  Indicíio  j vel  in~ 
diciione. 

K 

K.  Csfo  , Ca'ius  j Cdio  , Cslius  , Carolas  , calum- 
nia , canditatus  . capuz  , carijfimus  , clariífimus  ^ 
cafira  , cohors  , Cartkago  . lie. 

K.  KAL.  KL.  KLD.  KLEÑD.  Kalends , aut 
kalendis  y & fie  de  csteris  ubi  menfium  apponuntur- 
nomina. 

KARC.  Carcer. 

KK.  Carijfimi. 

KAI.  Carijfimus. 
j K.  S.  Caras  fuis. 
j KR.  Choras. 

KR.  AAI.  N.  Caras  amicus  nofier, 

L 

L.  Lucias  j Lucia  , Lslius  , Lollius , lares,  latinas, 
latum  , legavit  , lex  , legio  , libens  vel  lubens, 
líber , libera  , libertas  , liberta  , libra  , locavit , 
locas  , leBor , longum  , ludas  , lufirum , fefier- 
tius  , &c. 

L.  A.  Lex  alia. 

LA.  C.  Latini  coloni. 

L.  A.  D.  Lotus  alteri  datas. 

L.  AG.  Lex  agraria. 

L.  AN.  Lucias  annius  , vel  quinquaginta  annis, 

L.  AP.  Ludís  Apollinares. 

LAT.  P.  Víll.  E.  S.  Latum  pej.es  ocío  & femis. 
LONG.  P.  V IL  L.  P.  III.  Longum  pedes  feptem, 
latum  pedes  tres. 

L.  ADQ.  Locas  adquifitus. 

LB.  Libertas  , liberi. 

L.  D.  D.  D.  Locas  datas  decreto  decurionum, 
LECTIST.  Leciifiernium. 

LEG.  I.  Legio  prima. 

L,  E.  D.  Lege  ejus  damnatus. 

LEG.  PROV.  Legatus  provincia. 

Lie.  Licinius. 

LICT.  Liñor. 

LL.  Libentijfime  , liberi  , libertas. 

L.  L.  Sefiertius  magnas. 

LVD.  SAEC.  Ludí  fículares, 

LVPERC.  Lupercalia. 

LV.  P.  F.  Lados  públicos  fecit, 

AI 

AI.  Aíarcus  , Marca  , Martius  , Mutius , maceria  J 
magifier  , magzfiratus  , magnas  , manes  , manci- 
pium  , marmóreas  , marti  , mater  , maximus  , 
memor , memoria  , menfis  , meas  , miles  , mili- 
tavit  , militiá  , mille  , mijfus  , monumentum  , 
mortuus  , mulier , municipium  , municeps  , meí~ 
rens  , merenti  , méritos  , merita  , &c, 

AIAG.  EQ.  M^tgificr  equitum. 

AIAR.  VLT.  Mars  altor. 


2.4 


A B R 


MAX,  fot.  Máximas  pontifix. 

MC.  Mille  centum. 

MD.  Mandatum. 

MD.  Mille  quingenti.^  __  - 

MED.  Medicas,  medias. 

MER.  Mercarías , mercator. 
jVÍERK.  Mercurialia  , mercatus. 

MES.  VII.  DIEB.  XI.  Menfíbus  feptem  , dichas 
undecim. 

M.  I.  Máximo  jovi , matri  idea  vel  ifidi , militis, 
jas  , monumentum  jujjit. 

MIL.  COH.  Miles  cohortis. 

MIN.  vel  MINER.  Minerva. 

M.  MON.  MNT.  MONET.  Maneta. 

M.  vel  MS.  Menjis  vel  menfes. 

MM.  Viginti  miilia. 

MNF.  Manifefius. 

MNM.  Manumijfus. 

M.  P.  II.  Millía  pajfaum  dúo  ¡ Sc  ainfi  des  autres. 
MV.  MN.  MVN.  MVNIC.  Manicipium,  vel  mu- 
niceps. 

N 


lí.  Neptunus  , Namerias , Numeria,  Nonius , Ñero  , 
nam non  , natas  , nado  , nefaftas  , nepos , 
neptis  , niger,  nomen,  non&  , nofter  , namerarius  , 
numerator  , numeras  , nummas , vel  numifma  , 
numen. 

KAV.  Navis. 

N.  B.  Nameravit  hivus  prO  vivus. 

NB.  vel  NBL.  Nobilis. 

N.  C.  Ñero  C&far,  vel  Ñero  Claudias. 

FíEG.  vel  NEGOT.  Negotiator. 

NEP.  S.  Neptuno  facrum. 

N.  F.  N.  Nobili  familia  natas. 

K.  L.  Non  liquet , non  licet  , non  longe , nominis 
latini. 

N.  M.  Nonius  Macrinus , non  malum,  non  minas. 

FíN.  Noftri.  NNR.  vel  NR.  Nofirorum, 

NO.  Nobis. 

NOBR.  November. 

NON.  AP.  Ñoñis  aprilis. 

N-Q.  Namque  , nafquam , nunquam. 

N.  V.  N.  D.  N.  P.  O.  Ñeque  vendetur  , ñeque  dona- 
bitur , ñeque  pignori  ohligabitur. 

NVP.  NuptU. 


O 


O.  OJpcium,  óptimas,  olla,  omnis , optio , ordo, 
ojfa  , oftendit,  &c. 

OB.  Obiit. 

OB.  C.  S.  Oh  ches  fervatos. 

OCT.  Oclavianus , oñober. 

O.  E.  B.  Q.  C.  Offd  ejus  bene  quiefcant  condita. 

O.  H.  F.  Omnibus  konoribus  fundas. 

ONA.  Omnia. 

OO.  Omnes  omnino.  O.  O.  Optimas  ordo. 

OP.  Oppidum  , opiter , oportet  , óptimas , opas. 

OR.  Omam.entum,  ♦ 

OTIM.  Optims. 


A B R 

p 

P.  Publius , pajfus,  patria,  pecunia,  pedes , per» 
petaos,  pius  , plebs , populas  , pontifex  , pofuit , 
poteflas  , pr&fes  , pr&tor , pridie  , pro  , poji , pro- 
vincia , puer  , publicas  , publice  , primas  , &c. 
PA.  Pater , patricias.  . 

PAE.  ET.  ARR.  COS.  P&to  & Arrio  confulibus, 
P.  A.  F.  A.  Pofiulo  an  fias  auSor. 

PAR.  Parens  , parida , parthicus. 

PAT.  PAT.  Pater,  patrie,. 

PBLC.  Publicas. 

PC.  P rocurator. 

P.  C.  Pofi  confulatum  , patres  confcripti,  patronos 
colonia , ponendum  caravit , pr&fecíus  corporis , 
pacium  conventum. 

PEO.  CXVS.  Pedes  centum  quindecim  femis. 
PEG.  Peregrinas. 

P.  II.  ífí.  L.  Pondo  duarum  femis  lihrarum, 

P.  II.  S.  ::  Pondo  dúo  femis  & triente. 

P.  KAL.  Pridie  kalendas. 

POM.  Pompeius. 

P.  P.  P.  C.  Propria  pecunia  ponendum  caravit, 
P.  R.  C.  A.  DCCCXLIIII.  Pofi  Romam  conditam 

annis  oElogintis  quadraginta  quataor. 

PRO.  Proconful.  P.  PR.  Pro-prstor.  P.  PRR.  Pro- 
pr&tores. 

PR.  N.  Pro  nepos. 

P.  R.  V.  X.  Popad  romani  vota  decennalia. 

PS.  Pajfus  plebifcitum. 

PUD.  Púdicas  , púdica  , pudor. 

PER.  Purpureus. 

Q 

Q.  Quinquennads  , quartus  , quintas  , quando , 
quantum  , qui  , quA  , quod  , quintas , quintius , 
quinti lianas  , quafior  , quadratum  , quafitus. 

Q.  B.  AN.  XXX.  Qui  bixit , id  eft  vixit  annos 
triginta. 

QM.  Quomodo  , quem , quoniam. 

QQ.  Quinquennads.  QQ.  V.  Quoquo  verfum. 

Q.  R.  Qusfior  reipubdcA. 

Q.  V.  A.  IIL  M.  n.  Q ui  vel  qai  vixit  annos  tres  . 
menfes  dúo. 

R 

R.  Roma  , Romanas  , rex , reges.  Regulas  , ratio- 
nalis , Ravenna,  recia  , relio , requietorium , retro,, 
rofira , rudera,  iic. 

RC.  Refcriptum. 

R.  C.  Romana  chitas. 

REF.  C.  Reficiendum  caravit. 

REG.  Regio. 

R.  P.  RESP.  Refpubdca. 

RET.  P.  XX.  Retro  pedes  viginti. 

REC.  Requiefcit. 

RMS.  Romanas. 

ROB.  Robigalia  , robigo. 

RS.  Refponfum, 

RYF.  Rufas. 


S 


A B R 
s 

S.  Sdcrian , facellum  , fcrzptus  , femis  , fenams  , 
fepalfds  , fepidcriim  , f andas  , fervas  , ferva  , 
Servias  ^ fequitar  , fibi  , fitas  , fioLvit , fiab  , fli- 
pendiam  , &c. 

SAC.  Sacerdos  , fdcrzficium. 

SiE.  vel  S,-EC.  Saecalam,  ficalares. 

SAL.  Salas. 

S.  C.  ScTiatas-cenfiultam. 

SCI.  Scipio. 

S.  D.  Sacram  diis. 

S.  EQ.  Q.  O.  ET.  P.  R.  Senatus , equefierqiu  ordo 
Ci’  populas  romanas. 

SEAíP.  Sempronias. 

SL.  SVL.  SYL.  Sylla. 

S.  L.  Sacer  lados  , fine  Izngaá. 

S.  M.  Sacram  M.anibas  , fine  manzhas  , fine  malo. 
SN.  Senatzzs  , fententia  , fine. 

S.  P.  Sine  pecunia. 

S.  P.  Q.  R.  Señalas  popalafiqae  romanas. 

S.  P.  D.  Salatem  plarzmam  dzczt. 

S.  T.  A.  Sine  vel  fiab  tatoris  aañoriiate. 

SLT.  Scilicet. 

S.  E.  T.  L.  Sit  ei  térra  levis. 

SIC.  V.  SIC.  X.  Sicat  qainquennalia , fie  decen- 
nalia. 

SSTVP.  XVIIII.  Stipendiis  novem  decim. 

ST.  XXXV.  Stipendiis  triginta  qainque. 

T 

T.  Titas  , Tallias  , tantam,  térra,  tibi  , ter , tefta- 
mentam  , titulas  , terminas  , triarias , tribunas  , 
turma,  tutor,  tutela,  &<:. 

TAB.  Tabula.  TABVL.  Tabularlas. 

TAR.  Tarqainias. 

TB.  D.  F.  Tibi  dalcijfiw.o  filio. 

TB.  PE.  Tribunas  plebis. 

TB.  TI.  TIB.  Tiberios . 

T.  F.  Titas  Flavias  , Titi  filias. 

THR.  Tkrax. 

T.  L.  Titas  livias  , Titi  libertas. 

TIT.  Titulas. 

T.  M.  Terminas , therms,. 

TR.  PO.  Tribunitia  potefias. 

TRAJ.  Trujanas. 

TUL.  Tallas  vel  Tallias. 

TR.  V.  Triam-vir. 

TT.  QTS.  Titas  quiTLtUS. 

©vel  TH.  AX.  Mortaas  anno. 

Defianñas  viginti  tribus. 

V 

Q_aznque , quinto , qaintam. 

V.  Vztellius , Violera,  Valero,  Volufias , Vopificus , 
vale  , valeo  ; Vejla  , vefialis  , vefitis  , vefier,  vete- 
ranas , vzr , vzrgo , vivas  , vixit , votam,  vovit , 
uris , afias,  uxor , vicias  , violar  , ^c. 

A*.  A.  Veterano  affignatam. 

V.  A.  I.  D.  XI.  Vixit  annam  anam,  dies  andecim. 
V.  A.  L.  Vixit  annos  qainqaaginta , & sinfi  dcS 
autres. 

Ántiqaités  , Tom  I. 


A B R 2.5 

V . B.  A.  Viri  bonl  arhitrata. 

Y.  C.  Vale  coTijízx  , vivens  caravzt,  vír  confiataris  , 
vir  clari fimos  , oaip.ttuv.  confial. 

A^DL.  VÚeiicet.  " 

A . E.  Vir  egregias  , vifium  efi: , verum  etiam. 

A ESP.  Vefijzafianas. 

AT.  V.  Sextam-vir.  Vil.  Y.  Septem-vir.  VIH.  ATR. 
octam-vir. 

A’^IX.  A.  FF.  C.  Vixit  annos  fierme  centum. 

YIY.  AN.  • Vixit  annos  triginta. 

ULPS.  Ulpianas  , Ulpias. 

Y.  AI.  Vir  magnificas , vivens  znandavit , voleas 
mérito. 

V.N.  Quinto  nonas. 

Y.  AIUN.  Vias  munivit. 

Y OL.  V olcania  , Voltinia  , Volufias. 

VONE.  Bo  nae. 

VOT.  A . Votis  quinqaennalibas . 

A OT.  V . AIULT.  X.  Votis  quinqaennalibas  , mullís 
decennalibas. 

VOT.  X.  Vota  decennalia. 

VOT.  XX.  vel  XXX.  velXXXX.  Vota  vicenna- 
lia,  aut  tricennalia  , aut  qaadragenalia. 

Y.  R.  Urbs  Roma,  votam  reddidit. 

YY . CC.  Viri  clarijfimi. 

UX.  Uxor. 

X 

X . Mille. 

X.  AN.  Annalihus  decennalibas. 

X.  K.  OCT.  Décimo  halen  das  oclobris. 

X • I3C.  Mille  fiexcentum. 

X.  Al,  Decem  millia.  X.  P.  Decem  pondo. 

X.  AL  Decem-vir.  XV.  ATR.  Quindecim-vir. 

X X.  Dao  millia,  8c  ainli  des  autres. 

XXIIX.  Dúo  de  triginta. 

Triginta  quatuor  millia. 

X 

AbrÉVIATIONS,  ufiage  dans  les  halles,  &c. 
En  chancellerie  romaine,  les  ahréviations  font 
d’un  trés-grand  ufage ; on  fufpeñeroit  iiiéme  de 
faux  tout  aéte  ou  les  raots  qui  s’écrivent  ordinai- 
rement  en  abrégé  , feroient  écrits  diSeremmenr. 
Comme  ces  ahréviations  rendent  Ies  bulles  trés- 
diíEciles  á déchiffrer nolis  en  donnerons  id 
Texplicadon  par  ordre  alphabétique  ^ d’aprés  le 
Traite  des  UJages  de  la  cour  de  Rom.e. 

A 

Anno. 

Anima. 

Aari  de  Camera. 

Abbas. 

Abfiolatio. 

Abfioliitione. 

Abfiens. 

Abfiolventes. 

Accufiatio. 

Adkerentiam. 
Admitientes. 

D 


AA. 

Aa. 

Au.  de  cá. 

Ab. 

Abf. 

Abne. 

Abas,  abf. 
Abfolvén. 

Accu. 

Adhéren. 

ÁíWíkA  adisitteS. 


A B R 


Ad  no.  prxf. 

Adriór. 

Adriós. 

AfFecl. 

AfEn. 

Aiar. 

Aiúm. 

Al. 

Alia. 

Alienar”®. 

Aliquod°. 

Almus. 

Air. 

Ais.  pns.  grá. 

Alter. 

Altús. 

Ann. 

Ann. 

Annex. 

Appel.  rem. 

Ap.  obíi.  rem. 

Aplicam  j Apcam. 
Apoftol. 

Ap.  Sed.  Leg.^ 
Appatisj  aptis. 
Approbat. 

Approb“”. 

ApprobS. 

Arbo. 

Arch. 

Ap.  Aripo.  Arcliopo. 
Archiepus. 

Arg. 

Aíleq. 

AlTequém. 

Affequatió.. 

Atraía. 

Attator. 

Attent. 

AttOj  att. 

Aú. 

Aufté. 

Audieñ^ 

Augen., 

Aug^n 

Authen^ 

Aux. 

Aux”. 

BB. 

BeatiíT. 

Eeat^'=.  Pr. 

Bed"^.  bene^“> 

Bem 

Benealibus., 

Benefim. 

Benelos.. 

Ben^voJ;. 


Ad  noftram  pr&fentiam. 
Adver fariorum. 
Adverfarios. 

JEflimatio. 

Affedus. 

Affinitas. 

Animarum, 

Animarum. 

Alias, 

ALiam. 

Alienatlone . 
AliqiLomodo, 

Altijjlmus. 

Alter. 

Alias  prsífens  grada, 
Alterius. 

Alterius. 

Annuatim. 

Anniim. 

Annexorum. 
Appellatione  remota. 
Appellationis  obfiaculo 
remoto. 

Apofiolicam. 

Apofiolicam. 

Apoflolics,  fedis  legatos. 

Approbatis. 

Approbationem. 

Approbationem. 

Approbatio. 

Arbitrio. 

Arckidiaconus, 

Archiepifcopo. 

Arckiepifcopus. 

Argumentum. 

Ajfequata. 

Ajfequatioñem, 

Ajfequationem. 

Attentata. 

Attentatorum. 

Attento- 

Attento, 

Auri. 

AuBoritate. 

Audientiurru 

Augendam. 

Auguflini. 

Autkenüca. 

Auxiliares, 

Auxilio, 

B 

Benedictos. 

Beatijflme. 

BeatiJJlme  pater, 

Benedicd. 

Benediñionem, 

Beneficialibus, 

Bsneficium, 

Benévolos. 

BeiLev-olentut, 


A 

Benig"*. 

Bo.  mem. 

Cá.  Cam. 

Caá.  Cá. 

Caís.  aíum. 

Canice. 

Canócar. 

Canon. 

Canon.  Reg. 

Canon.  Sec. 

Canoras. 

Canria.' 

Capel. 

Capéis. 

Cap”^. 

Car. 

Card. 

Cardilis. 

Caf. 

Cauf.  . 

Cen.  EccIsC 
Cenf. 

Cerdo. 

Cef”. 

Cb. 

Ci. 

CircumpeSni. 

Cifter, 

ClíE. 

Cía. 

Clico. 

Clis. 

Clunia.  Clá, 

Co.  Com. 

Cog.  le. 

Cog.  fpir. 

Cog"=.  Cog.  Cognoía. 
Cogen. 

Coháo. 

Cog"^”^. 

Coíg‘*.  Cog'“.  Coaf. 
Coione. 

Coittatur. 

Collar. 

Coüeata. 

Colleg. 

Coliitigan. 

Collm. 

Com., 

Cora^®'". 

Comd™®. 

Comm'.  Epo. 
Competem. 

Con. 

Conc. 

Confeone. 

Confeori. 

Concone. 

Coñlis. 


B R 

Benignltate. 

Bonn  memoria, 

C 

Camera. 

Caufa. 

Caujis  animarum. 
Canonicé. 

Canonicorum. 

Canonicatum. 

Canónicas  regularis. 
Canónicas  fecalaris. 
Canonicatos. 
Cancellaria, 

Capella. 

Capellanus. 

Capellania. 

Caufarum. 

Cardinalis. 

Cardinalis. 

Caufas. 

Caufa. 

Cenfura  ecclefafiica, 
Cenfuris. 

Certa  moda, 

Ceffio. 

Chrifti, 

Civis. 

Circumfpeclioni, 

Cifiercienfis. 

Clar&. 

Claufala, 

Clerico. 

Claufulis. 

Cluniacenfis  , 
Communem. 

Cognado  legalis^. 
Cognado  fpiritalis, 
Cognomina. 

Cognomen, 

Cohabitado. 

Cognominatus, 

Confanguinitads, 

Communione. 

Committatur, 

Collado. 

Collegiata, 

Collegiata, 

Callitigandbus, 

Collitigandum, 

Communis. 

Commendam, 

Com.mendatus, 

Committantur  epifcopa, 

Competentem, 

Contra. 

Concilium.. 

Confefione, 

Confejfort. 

Communicationc, 

ConventualLí, 


A B R 


Coñriis. 

Contrarils. 

Conf. 

Confecratio, 

Conf.  t.  r. 

Confuhiitioni  taliter  rej 
pondera. 

Coñfcíx. 

Confcientia. 

Confequén. 

Confequendum.  - 

Confervan. 

Confervando. 

Confne. 

Concejjione. 

Coñfir. 

Concejjit. 

Coníi:!>“^ 

Conflitutionibus, 

Conltitutíon. 

Confiitutionum. 

Coñfu. 

Confénfu. 

Cont. 

Contra. 

Coéndarent. 

Commendarent. 

Coeretur. 

Commendaretur. 

Cujufcumq. 

Cujufcumque. 

Cujuflt. 

Cujuflibet. 

Cur. 

Curia. 

D ^ 

D.  N. 

Domini  noflri. 

D.  N.  PP. 

Dommi  nofiri  Papá,. 

Dát. 

Datum. 

Deát. 

Debeat. 

Decró. 

Decreto. 

Decrúm. 

Decretum. 

Défcli. 

Defuncli. 

Defivó. 

Definitivo. 

Denomin. 

Denominatio. 

Denominát. 

D enominationem. 

Derogát. 

Derogatione. 

Defup. 

Dufuper. 

Devoldt.  Devol. 

Devolutum. 

Dic. 

Dioecefis. 

Dic. 

DiBam. 

Digñi.  Digo. 

Dignemini, 

Dil.  fil. 

DileBus  filias. 

Dip". 

Dijpofitione. 

Dif.  vef. 

Difcretioni  veftrá. 

Difcreóni. 

Difcretioni. 

Difpáo. 

Dijfipatio. 

Difpén. 

Difpendium. 

Difpenf. 

Difpenfatio. 

Difpenfaó. 

Difpenfatio. 

Difpoíít. 

Difpofitive. 

Diverfór. 

Diverforum. 

Divor. 

Divorcium. 

Dñi. 

Domini. 

DñictC. 

Dominicá. 

Dño. 

Domino. 

D.  Dñs.  Dó™^. 

Dominas. 

Dom. 

Domini.  - . 

Dotar. 

Dotatio. 

Dotare.  Dot. 

Dotatione. 

Dr. 

Dicitur. 

Dté. 

DiBá. 

Dti. 

DiBi. 

Duc.  au.  de  ca. 

Dacatorum  auri  de  ca- 
mera. 

Ducat. 

Ducatorum, 

Ducén. 

Ducentum, 

A B Pv  17 

Ddm.  ret.  Dúm. 

viv.  Ddm  viveret. 

E 

Eá. 

Eam.- 

Eccl.  Rom. 

Ecclefia  romana. 

Ecclei'ám. 

Ecclcfia'^um. 

Ecdefiaíl. 

Ecctefiafiicu 

Ecclia.  Eccl. 

Ecclejia. 

Ecclis.  Ecclicis. 

EccLefiafiicis. 

Ee. 

Efe. 

EfFilm. 

EffeBum. 

Ejufd. 

EJufdem. 

Elec. 

EleBio. 

Em. 

Enim. 

Emoltum. 

Emolumentum. 

Eod. 

Eodem. 

Epó. 

Epzfcopo. 

Epús. 

Epifcopus. 

Et. 

Etiam. 

Ex. 

Extra. 

Ex.  Rom.  cur. 

Extra  romanam  eccle- 

fiam. 

Ex.  val. 

Exiflimationem  vvi-oris. 

Exát.  exiíl. 

Exiflat. 

Excóe. 

Excommunicatione. 

Excois. 

Excommunicationis. 

Excom. 

Excommunicatio. 

Excrab. 

Execrabais. 

Exens. 

Exifiens. 

Exift. 

Exifienti. 

Exít. 

Exifiit. 

Exp. 

Exprimi. 

Exped®. 

Exprimenda, 

Expis.  Expreíl. 

Exprefís. 

Expmi. 

Exprimi. 

Exprimend. 

Exprimenda. 

Exped. 

Expediri. 

Exped®. 

Expedienda. 

Expedni. 

Expeditioni. 

Expref. 

ExpreJJts. 

Exp”.  Expreíí. 

ExpreJjlo. 

Exten. 

Extendendus. 

Exténd. 

Extendenda. 

Extraordin. 

Extraordinario^ 

F 

Facieñ. 

X 

Pacientes. 

Facin. 

Pacientes. 

Faa._^  . 

PaBum. 

Famári. 

P amulari. 

Fel. 

Pelicis. 

Fei.  rec.  pred.  n. 

Pelicis  recordationls  prst^ 
deceforis  nofiri. 

Feftidibus. 

P efiivitatibus. 

Fn.  forf. 

Porfan. 

Fol. 

Polio. 

Fr.  ^ 

Prater. 

Fraém. 

pratrem. 

Franús. 

Prancifcus. 

Frat. 

Praternitas. 

Frucl. 

PruBus. 

Fructib.  Frud. 

PruBibus. 

Dij 

A B R 


iS 


Ttñm. 

Frairum. 

Funáat. 

Fundatio.  Fun- 
Fundat. 

Fund®.  Fuad’-.  Fun 

- ^undatione. 

' daóne. 

G 

Gener. 

Generalis. 

General. 

Generalem. 

Gnális. 

Generalis. 

Gnatio. 

Generado.' 

Gñli. 

Generali. 

Gna.  Generali 

Generaliter, 

Gnrá. 

Genera. 

Gra. 

Grada. 

Grad.  AíEis. 

Gradas  afinitads. 

Grar. 

Gradarum. 

Grar. 

Grada. 

Grat. 

Gradoft. 

Gratific. 

Gradficadone. 

Graí'’% 

Gradficadone, 

Gré. 

Grads. 

Graf'.  ' 

Gradóse. 

H 

Hab. 

Habere , haberi. 

Habeanr. 

Habeantur. 

Habeft. 

Habenda. 

Hachús. 

Hacienus. 

Héantur. 

Habeantur,  • 

Hér. 

Habet. 

Here. 

Habere. 

Hita. 

Habita. 

Hoe. 

Homine. 

HomicL 

Homicidium. 

Hujufm. 

Hajufmodi. 

Humil.  Humlr. 

Humiliter. 

Fluói.  Humóí. 

Hujufrnodi. 

I 

Infra. 

!. 

Januar. 

Januarius, 

Id. 

Idus. 

Igr- 

Igitur. 

Illor. 

lllorum. 

Immun. 

Immunitas. 

Impetran. 

Jmpetrandum. 

Imponen. 

Imponendis. 

Import. 

Importante. 

Incipi. 

Incipiente. 

Infrap''"™ . 

Infra  fcriptum. 

Infrafcrip.  Infrap®, 

Infra  fcripta. 

Intropta. 

Intro  fcripta. 

Invocaone. 

Invocadone. 

Invcoat.  ínvocaónum. 

Invocationum. 

JOcS. 

Joannes. 

Irregulte. 

Irregularitate. 

is. 

Idibus. 

Jud.  Jud™. 

Jadicium. 

Jur. 

Jaravit. 

Jurifpatr, 

Jarifpátronatus. 

Jurtó. 

Juramento. 

Jas. 

Juxta. 

A B R 


K 


Kal.  la 

Kalendas. 

L 

Laic. 

La'icus. 

Laicor. 

ídicorum. 

LatiíT.  Latmé. 

Latifime. 

Legit. 

Legitime.  Legitimas, 

Legma. 

Legitima. 

Liá. 

Licentia. 

Lib. 

Liber  vel  libro. 

Lít. 

Litis. 

Litig. 

Litigio  fus. 

Litigic# 

Litigiofa. 

Lima. 

Legitima. 

Lití. 

Littera. 

Lris. 

Litteris. 

Lte. 

Licite. 

Ltimo. 

Legitimo. 

Lud^“. 

Ludovicus, 

c 

M 

M. 

Monetae. 

Máa. 

Materia. 

Magiíl. 

Magifler, 

Magro. 

Magiftro. 

Mand. 

Mandamos.  Mandatum, 

Mand.  q. 

Mandamos  fíatenos. 

Manib. 

Manibus. 

Mediet. 

Medietate.  ~~ 

3ied  \ 

Mediare. 

Menf. 

Menfis. 

Mir.  __ 

Mifericorditer. 

Miraóne. 

Miferatione. 

Mniri. 

Miniftrari. 

M6. 

Modo. 

Mon.  Can.  przm. 

Monidone  canónica prae‘ 
mijfd. 

Moñrium. 

Monaflerium. 

Movén. 

Moventibus. 

Mrimonium. 

Matrimonium. 

Mtmoh. 

Matrimonium. 

N 

Nrí. 

Noftri. 

N. 

Náa. 

H atura. 

Nativit™. 

Nadvitatem. 

NeceíT. 

Necefariis. 

Neceílar. 

Hecejfariorum. 

Neriá. 

Necejfaria. 

Nerior. 

Necejfariorum, 

No. 

Non. 

Nobii. 

Nohiliam. 

Noc-n. 

H ornen. 

Noiá.  Noa.  Nom, 

Nomina. 

Nonobft. 

Nonobfantilus, 

Noft. 

Noftri. 

Not. 

Notandum. 

Not.  Nota. 

Nótitia, 

Notar. 

Notario. 

Notó  púbcOí 

Notario  público. 

NrS. 

Noftra. 

A B R 


Kültíís. 

Nullatenús. 

Kuncúp. 

Kuncnpat. 

l^ancupatum. 

a uncupationu  nu 

Kuncupc. 

Nimcapati,. 

Nüp. 

Nuper. 

Núp. 

NuptU. 

O 

Obbat. 

Ohlmebat. 

Obbíc. 

Obitum. 

Obit. 

Obitits. 

Obnéri. 

Obtineri. 

Obnet. 

Obtírtet. 

Obft. 

ObfiaculutTU 

Obílant. 

Obflantibus. 

Obt. 

Obtinet. 

Obtint. 

Obtinebat. 

Occup. 

Occupatam^ 

Odtobr. 

OBobris, 

Oes. 

Omnes. 

OfFáH. 

Officiali. 

Oífiíím.  ” 

Officium. 

Oí. 

Omni. 

Oib. 

Omnibus, 

Oio.  Oino. 

Omninb. 

Oiúm.  Om. 

Omnium. 

Omn. 

Omnibus.  Omnino, 

Oppis- 

Oportunis. 

Opp"*-  Opport. 

Opportuna. 

Or.  Orar. 

Orator. 

Orat. 

Oratoria. 

Orcé.  Oracé. 

Oratrice. 

Ord^^. 

Ordinationibus, 

Ordiñ.  Ordió. 

Ordinario. 

Ordis. 

Ordinis. 

Ordris. 

Ordinariis. 

Ori. 

Oratori. 

Oris. 

Oratoris. 

Orx. 

Oratrix. 

P 

PP. 

Pap£. 

Pa. 

Papa. 

Paft. 

PaBum. 

Púdiis. 

Pr&judiciali  s. 

Pam. 

Primam. 

Parrochial.  Párolis. 

Parockialis. 

Pbr. 

Prdsbyter. 

Pbrécida. 

Praesbytericida, 

Pbri. 

Prtsbyteri. 

Pcépir. 

Percepit. 

Penía. 

Pdnitentia. 

Pasníaria. 

P ¿mittntiaria. 

Peniten. 

P&nítentibus, 

Penf. 

Penjione. 

Fenult. 

Penultimus. 

Perindé  val. 

Perinde  valere. 

Perpüam. 

Perpetuam. 

Perqo. 

Perquifitio. 

Períbiven. 

P erfolvenda. 

Per. 

Petztur. 

Pfeífus. 

Profejfust 

A B R a? 


Pindé. 

Perinde. 

Pmilfór. 

Prsmijforum, 

Pñ.  Pñs. 

Pr&fens. 

Pñdit. 

Prstendit. 

Pñt. 

Pojfunt. 

Paria. 

Prdfentia. 

Pátiiim. 

Prefentium. 

Pntódutti. 

Pretendo  fiandunu 

P°.  feu  I*. 

Primo. 

Podtus. 

Primo  diBus. 

Peen. 

Pátiitentia. 

Point. 

PoJJint. 

Poñtus. 

Pontificatus. 

PoíT. 

Pojfit,  poffeffionem,  ¡ 

PoíTein 

Tojfejjlone  y poJfejjQr^ 

Poflbné. 

P ojfejjionem^ 

Poflor. 

Pojfejfor. 

Poten. 

Potentia. 

Ppuúm. 

Perpetuum. 

Pr. 

Pater. 

Prseal. 

Prnallegatus^ 

Prsed. 

Prebenda. 

Praefer. 

Prdfertur. 

Praem. 

Premijfum. 

Prsefen. 

Prefentia. 

PrsEt. 

Pr^etendit, 

Pr^d"^" 

Prediñus, 

Prxsbyt. 

Presbyter, 

Prim. 

Primam. 

Primod. 

PrimodiBa. 

Pnotús. 

Prioratos, 

Procurar. 

Procurator, 

Prori. 

Procuratori, 

Prór. 

Procurator. 

Prov. 

Provifionis, 

Provióne. 

Provijione. 

Proxós. 

Próximos. 

Pred'. 

. Predicitur. 

Pt. 

Potefi.  Prout, 

Ptam. 

PrídiBam. 

Ptr.  Ptür. 

Prdfertur. 

Pttúr. 

Petitur. 

Pub. 

Publico. 

Purg.  Canon. 

Purgatio  CanonicA, 

Púidere. 

Providere, 

Q 

Q- 

Que. 

Qd. 

Quod. 

Qm.  QSn. 

Quondam. 

Qmit.  Quomoít. 

Quomodolibet, 

Qtnüs.  Qntús. 

Quatenus. 

Qu. 

Quod. 

Qualit. 

Qualitatem, 

Quat.  Quaten. 

Quatenus. 

Quoad  vix. 

Quoq°, 

Quoad  vixenu 

Quovifmodo, 

Quon. 

Quorjiam, 

Quor. 

Quorum, 

30 


/ 


A B R 


R 


Frtá. 

Rec. 


Relione. 

Refcrip'. 

Refd 

Refervat. 

Reíig. 

Reíignation. 

Reíig’’^ 

Reílg°‘ 

Reíig-®. 

Eep.. 

Reiréis.' 

Retro  fcripC. 
Regñet. 

Rláris. 

Rlé. 

Rlium. 

Rñtus. 

Robot. 

Rom. 

Roma. 

Ruis. 

Rúglari. 

S. 

S.  P. 

s. 

S.  R.  E, 

S.  V. 

S.  V.  Or. 

Sa. 

Sacr.  Une. 

Sacror. 

Síecul. 

Saluri.  falri. 
Sanóiit. 

San(3:™®.  Pr. 
Sártum. 

Se.  co.  ex.  val.  an. 


Sec. 

Sed.  Ap. 
Sen. 

Sen.  exea. 

Sentent. 

Separat. 

Sigra. 

Sirem. 

Silibus. 

Simpl. 

Singul, 

Sk. 

Slaris. 

Sisa. 


Regifirata. 
Recordutionis. 

Regula. 

RegaLarum. 

Religione. 

Referiptum. 
Refidentiam. 

Refervata,  Refervatio, 
Refignaúo. 
Refignationum. 
Refignatione. 

Rejignatio. 

Refignare. 

Refervatio. 
Reflitutionis.  \ 
Retroferiptus, 

Refígnet. 

Regularis. 

Regala,. 

Regularum. 

Renatas. 

Roboratis. 

Romanas. 

Romana. 

Retroferiptus. 

Regalari. 

S 

Sánelos. 

Sanctam  Petram. 
Sanclitas. 

Sánela  Romana  Ecclefa. 
SanElitatis  vefira. 

_ Seinñitatis  vefira  orator. 
Sapra. 

Sacra  unclÍQ, 

Sacrorum. 

Sacularis, 

Salatari. 

SanSitatis. 

Sanciijfime  Pater. 
Sacramentum. 

Secandam  communem 
exifiimatíonem  valo” 
rem  anjiaam. 
Secandam. 

Sedzs  Apofiolíca. 
Sententiis. 

Sententia  excommanica^ 
tionls. 

Sententiis. 

Separatim. 

Signatura. 

Similem. 

Simiiibas. 

Simplicis. 

Singalorum, 

Sitam. 

Sacalaris. 

Salutenit 


i Sloruna. 

' S.  M.  M.  ■ 

Snía. 

Sntá.  Stá. 

Sñti.  Sati. 

Soilie. 

Solit. 

Solut. 

Solut'^  Solunéis 
Sortile. 

Spealém. 

Spealér. 

Spéali. 

Spee. 

Spo.  Speeif. 
Spuálibus. 

Spú, 

Spús. 

Star. 

Subftánlis. 

Subvent. 

Subv''-»®. 

Suce. 

Sueeores. 

Sumpt. 

Sup. 

Supp*'. 

Supp^nth 

Supplie. 

Supplieaonis. 

Supp“®. 

Supt“=”. 

Surrog. 

Surrogan. 

Surrogaónis. 

Surrogat. 

Sufpén. 

Tangen. 

Tant. 

Temp. 

Ten. 

Ténen. 

Temo. 

TeíL 

Teftib. 

Thiá.  Theolia, 
Tit. 

Tli. 

Tñ. 

Tpóre. 

Tpús. 

Treeén. 

V. 

Vr. 

V.  Vré. 

Vacan. 

Vaeaónum, 


A B R 

Singalorum. 

Sanñam  M.ariam  Majo 
rcm. 

Sententia. 

Sanóla. 

Sanóiitati. 

Sollicitatorem. 

Solitam. 

Solutionis. 

Solutionis. 

Sortilegiam. 

Specialem. 

Specialiter. 

Speciali. 

Specialis. 

Specificatio. 
Spiritaalibus . 

Spirita. 

Spiritas. 

Status. 

Subfiantialis. 
Sabventionis . 
Subventionis. 
Saccejfores. 

Sucpejfores. 

Sumptam. 

Sapra. 

Supplicat. 

Sapplicantibas, 

Supplicat. 

Supplicationis. 

Supplie  añone. 

Sapradiólam. 

Surrogandus. 

Sarrogandis. 

Surragationis. 

Surrogationis. 

Sufpentionis. 

T 

Tangendum. 

Tantum. 

Tempas. 

T enore. 

Tenendum. 

Termino. 

Tefiimonium, 

Tefiihus. 

Tkeologia. 

Tituli. 

Tituli. 

Tamen. 

Tempore. 

Tempas. 

Trecentum. 

V 

Vefira. 

Vefier. 

Vefira. 

Vacaatem.  Vacantibust 
Vacationuni.; 


A B S 


^'acat"-h  Vacaónis. 

Vacationis. 

Val. 

Valorem. 

Vene'bli. 

Venerabili. 

Veriülé. 

M erifmile. 

'S'erufq. 

Merufque. 

^'eft. 

Mefter. 

\ ideb.  Videbr. 

Videbitur. 

^'idel. 

Videlicct. 

Viginti.  quat. 

Viginti  quatuor. 

Ult. 

Tj  Itima. 

Elt.  pof. 

TJltimus  pojfeffbr. 

Ulti. 

JJitimi. 

Lltñs. 

Ultimus. 

Uríis. 

Univerfis. 

Ufq. 

Ufque. 

X 

XPti. 

Chrijli. 

Xptiánorum. 

Ckrifiianorum. 

Xptñi. 

Ckriflani. 

XX. 

Viginti. 

ABSOLUTION , eft  un  jugement  par  lequel 
an  accufé  eft  declaré  innocent. 

Chez  les  RomainSj  Y abfolution  étoit  prononcée 
de  la  maniere  fuivante  : Aprés  que  la  caufe  ayoit 
été  plaidée  de  part  & d’autre  ^ TliuiíCer  difoit  á 
trés-haute  voiXj  dixerunt  ¡ c’eñ-á-direj  les  parties 
ont  expliqué  leur  caufe.  On  donnoit  alors  á chacun 
des  juges  trois  teííeres  ( boules  ou  jetons)  , dont 
Tune  étoit  marquée  d'un  A , abfolvo  ^ j'abfous  j 
l’autre  d’un  C , condemno  , je  condamne  5 & la 
troilléme  portoit  les  deux  caraétéres  NL  j non 
liquet , la  chofe  n'eft  pas  claire.  Si  le  plus  grand 
nombre  des  teíTéres  étoient  marquées  de  l’A , le 
préteur  renvoyoit  l'accufé,  en  difant^  videtur  non 
fecijfe  i il  paroit  innocent.  II  étoit  également 
abfoutj  loríque  les  voix  étoient  partagées. 

U abfolution  fe  pratiquoit  á-peu-prés  de  méme  á 
Atliénes.  Les  caufes  en  matiére  criminelle  étoient 
portees  devant  les  héliiftes^  qui  étoie.nt  des  juges 
ainíi  nommés  , parce  qudls  tenoient  leurs  alTem- 
blées  dans  un  lien  découvert  & á la  ■'me  du  foleil 
h‘'aící.  On  leur  donnoit  á chacun  deux  pieces  de 
Guivre  j dont  Tune  étoit  pleine , pour  fervir  de 
marque  S abfolution.  Celle  qui  fervoit  á condamner 
étoit  percée , & on  la  jetoit  dans  un  tronc  de  bois. 
Les  fuíFrages  pour  abfoudre  fe  placoient  dans  un. 
vafe  de  cuivre. 

Ln  beau  cam.ée  publié  par  le  comte  de  Caylus, 
& un  deíEn  que  \i’inkelmann  a donné  dans  fes 
Monumenti  i.tediti , nous  ont  confervé  la  forme 
fle  1 abfolution  chez  les  Athéniens.  Ces  deux  mo- 
num.ens  repréfentent  le  malheureux  Orefte,  dans 
le  moment  oú  Ies  voix  des  Aréopagiftes,  oui  pro- 
noncoient  fur  fon  parricide  , fe  trouvérent  par- 
tagées. Pallas  qui  les  préfidoit  donne  fonfuíFrage 
St  place  dans  1 urne  fatale  la  piece  non  percée.  II 
paxqít  que  ce  ^beau  fujet  a b-eaucoup  plii  aux 
a.nciens  ^ car  iis  ront  répété  üit  leurs  mona- 
mens- 


A B S 3í 

ABSY?\THE.  Les  Egyptiens  avoient  un  grand 
refpect  pour  Vabfy.ztke  de  Tapoíiris  : on  en  ignore 
la  raifon ; á moins  qu’on  ne  la  cherche  dans  Tufage 
que  la  Médecine  fait  de  cette  plante. 

Oétoit  a cette  utiiité  que  Pline  rapportoit  Fhon- 
neur  accordé  au  vin  aabfyntke  dans  les  jeux  capi- 
tolins.  La  récompenfe  du  vainqueur  n^’étoit  autre 
chofe  qu^une  potion  de  cette  liqueur  amére.  Ce 
célebre  naturaíifte  penfe  que  les  RomainSj.  en  pro- 
pofant  ce  prix  au  conduéteur  du  char  viélorieux  , 
ne  crurent  pas  avoir  á lui  donner  rien  qui  égalát  la 
fanté  procurée  par  cette  boiíTon  ; credo , dit-il  ^ 
fanitatem  pr&mio  dari  honorifice  arkitratis  majo- 
ribus.  Pitifcus  eft  dhine  opinión  différente ; 8c  il 
dit,  avec  aíTez  de  vraifémblance  ^ que  Pon  faifoit 
boire  du  vin  ¿labfynthe  au  vainqueur  des  jeux  capi- 
tolinsj  pour  prevenir  les  vertiges  & les  maux  de 
tete.  Le  pirque  du  capitole  étoit  en  effetli  petit, 
les  circuits  quhl  falloit  faire  pour  remplir  Pefpace 
determiné  étoient  li  répétéSj  que  la  vue  des  con- 
duéleurs  des  chars  devoit  étre  ébloiiicj  & leur  tete 
affeélée  de  vertiges.  Strabon  rapporte  des  vers  qui 
atteftent  la  vertu  de  Yabfyntke  pour  diiTiper  ces 
maux.  ( C.  7.  ) 

Si  tibi  pr&terea  caput  acri  forte  dolare 

Pulfetur  fubito  , vel  fi  vértigo  fatiget ; 

Muyas  opem  rimare  coquens  frotidentis  amaram 

Abfynthi  fylvam. 

ABSTEME.  On.entend  aujourtfhui  par  ce  mot 
une  perfonne  qui  ne  boit  point  de  vin.  II  paroit 
que  les  Romains  lui  donnoient  une  acceptroa  plus 
étendue ; car  Pline  dit  : Mini  ahflcmius.  On  pour- 
roit  conchare  de-lá , que  le  mor  £abfiemíus  expri- 
moit  celui  qui  s’abftenoit  d"une  boiíTon  ou  d’un 
mets  quelconque.  Horace  paroit  Temployer  dans 
le  méme  fens.  {Lib.  i,  pag.  12).  Apulée  a creé  le 
mot  invinius  , qui  a une  acception.  plus  déterminée 
que~ce!ui  ól abfiemzus.. 

ABSTEN'ErÑCE.  Orphée  > aprés  avoir  adouei 
Ies  moeurs  des  hommes^  établít  une  forte  de  viej, 
qu’on  nomma  depuis  orphique ; 8c  une  des  pra- 
tiques  de  ceux*  qui  embrafíbient  cet  état étoit 
de  ne  point  manger  de  la  chair  des  animaux.  On 
peut  croire  q'TOrphée  ayant  rendu  feníibles 
aux  loix  de  la  fociété  les  premiers  hommes  qui 
étoient  antropophages : 

Silveflres  komines  facer  laterprefque  deorum  ^ 

Cádibus  & foedo  victu.  deterruit  Orpheus. 

H O Tv  A r, 

il  leur  avoit  impofé  la  Joi  de'  ne  plus  manger  de 
vi-ande  du  tout,  & cela  fans  doute  pour  les  éloi- 
gner  entierement  de  ieur  premiére  férocité  que 
cette  prarique  ayant  enfuite  été  adoptes  par  des 
pevfonnes  qui  vouloient  embrafíer  une  vie  plus 
parfaite  que  les  autres,.  rl  y eut  pannr  Ies  Payen» 
une  forte  de  vie  cus  s'ar>pe!a  pour  lors.  oykique  , 
líPiA;  , dont  Piaron  parle  dans  rEpíromis 
éc  au  Exéme  iivre  de  íes  ioix.  Les  Fiiéakiéns  & 


A B S 

les  AlTyrienSj,  voifins  des  _ Juifs  > avoient  leurs 
jeúnes  facrés.  Les  Eg}^ptiens  3 dit^  Heroaote^, 
íacrident  une  vache  á Ilis , apres  s y etre  prepares 
par  des  jeúnes?  & ailleurs,  il  atmbue  ia  meme 
coutume  aux  femmes  de  Cyréne.  Chez  les  Athe- 
niens , les  fétes  dTleufine  & des  1 efmophories 
étoient  accompagnées  de  jeúnes  rigoureux  , íur- 
tout  entre  íes  femmes  ^ qui  pafíbieni:  un  jour  entier 
aflífes  á terre  dans  un  habiliemcnt  lúgubre  j & fans 
prendre  aucune  nourriture.  )•  . 

Les  Pythagoriciens  ne  mangeoient  ni  chair  ni 
poiflbn  5 du  moins  ceux  d’entr’eax  qui  failoient 
profeííion  d'une  grande  perfedlion  & qui  fe 
piquoient  d'avoir  atteint  le  dernier  degre  de  la 
rhéorie  de  leur  maitre.  Cetce  abftinence  de  tout 
ce  qui  avoit  eu  vie,  étoitune  fuite  de  lamecemp- 
íycofe  I mais  d^oú  venoit  a Pytbagore  i averiion 
qu'il  avoit  pour  un  grand  nombre  d’autres  alimens , 
pour  les  féves  j pour  ia  mauve , pour  le  vin , &c.  ? 
On  peut  lui  palíer  X abfiinence  des  oeufs  j il  ep  de- 
voit  un  jour  éciore  des  poulets.  Oú  avoit-il  ima- 
giné que  la  mauve  étoit  une  herbe  facréc , folium 
fanciifimum  ? Ceux  á qui  Phonneur  de  Pyrhagore 
eft  á cceur  j expliquent  toutes  ces  chofes  5 ils 
démontrent  que  Pythagore  avoit  grande  raifon 
de  manger  des  chouXj  & de  s’abñenir  dp  fevesj 
tnais  n'en  dépkife  á Lacree  3 á EullathCi  a Aelien , 
á Jambüque',  á Athénée,  &q.  On  n apperqoit 
dans  cette  partie  de  fa  philofophie  que  ue  la 
'cicion  ou  de  1‘ignorance  : de  la  fuperíHtion ^ sil 
penfoit  que  la  féve  étoit  protégée  des  dieux ; de 
rignorancCj  s’il  croyoit  que  ia  mauve  avoit  quei- 
que  quaiité  contraire  á ia  íancé.  11  ne  faut  pas  pour 
cela  en  faite  moins  cas  de  Pythagore  ; fon  fyfterne 
de  la  . métempfycofe  ne  peut  étre  meprifé  qu  á 
tortj  par  ceux  qui  n’ont  pas  aíTez  de  philofophie 
pour  connoitre  Ies  raifons  qui  le  lui  avoient  fug- 
géré  , ou  qu'á  jufte  titre  par  les  Chrétiens , a qui 
Dieu  a revelé  Pimmortalité  de  Parné  8c  notre 
exiítence  future  daas  une  autre  vie.  (T>iderot').  ^ 

Les  Romains  pratiquérent  auíli  des  jeúnes  réglés 
en  Phonneur  de  Júpiter.  Les  hiñoriens  font  men- 
tion  de  ceux  de  Jules-Céfar  , d’Augufte , de  V ef- 
pafieu:,  de  Marc-Auréle^  &e.  Les  Athlétes  en 
pratiquoient  d’étonnans.  S.  Jéróme  dit  que  les 
prétres  de  Cybéle  s’abftenoient  pendant  quelques 
jours  de  toute  nourriture^  afin  de  manger  enfuite 
avec  plus  de  plaiíir  des  faifans.  Les  décemvirs 
deílrant  appaifer  la  colére  du  Ciel , 8c  detourner 
les  calamites  aniioncées  par  des  prodiges , ordon- 
nérent , daprcs  les  iivres  íibyllins , enj’honneur 
de  Cérés  j un  jeúne  public  3 qui  devoit  étre  renou- 
velé  tous  les  cinq  ans.  On  croyoit  repréfenter 
le  jeúne  que  pratiqua  cette  divinitéj  pendant 
qu’elle  cherchoit  Proferpine. 

ÁBSYRTE  , fiis  d’Aéte  3 roi  de  Colchide  & 
frére  de  Médée.  On  raconte  fon  hiíloire  de  plu- 
íieurs  manieres.  Quand  cette  magicienne  eut  pris 
la  réfolution  de  fuir  avec  la  toifon  d'or  3 elle  étoit 
fúre  que  la  vieilieíre  empécheroi:  fon  pete  de  la  pour^ 


A B U 

fuivre.  Son  frére  étoit  feul  capable  de  courír  aprés 
elle  8c  de  Patteindre  : elle  le  prévint  3 en  le  faifant 
égorger  dans  le  palais  méme  d''Aéte.  Suivant  d'au- 
tresj  il  fiiivoit  Médée  dans  fa  fiiitCj  ou  méme  elle 
Pavoit  enlevé  avec  ia  toifon  d or  j ou  enfin  ii  avoit 
été  pris  dans  une  bataille  que  les  Colches  perdirenc 
fur  les  bords  du  Phafe , contre  les  Argonautes. 
Ceux-ci  étant  preíTts  par  Aete , Médee  coupa 
Abfyrthe  par  morceauXj  qu*elíe  fema  fur  la  route 
de  fon  pére3  afin  de  fufpeiidre  fa  marche  par  ua 
fpeciacie  auiTi  douioureux. 

Quelques  autres  enfin  3 difent  que  ce  prince  fut 
chargé  par  fon  pére  de  pourfuivre  Médée  : ceile-ci 
ayant  attiré  Abfyrtke  á un  rendez-vouSj  fous 
prétexte  de  la  tírer  des  mains  des  GrecSj  qui  3 
difoit-eIle3  Penlevoient  contre  fon  gré,  elle  le 
fie  maíTacrer  3 8c  répandit  dans  le  chemm  fes 
membres  déchirés  3 qui  arrétérent  quelque  tems 
Ies  compagnoDS  de  ce  malheureux  frére  3 & don- 
nérent  á Médée  le  tems  de  fuir.  Les  uns  placent 
cette  trille  fcéne  dans  la  Colchide ; les  autres  fur 
Ies  cotes  de  Plllyrie,  dans  le  golfe  Adriatique, 
& prétendent  qué  les  iíles  Abfyrtides  en  ^renoient 
leur  nom  ; les  autres  á Tom.es  3 ville  íituée  fur  les 
bords  du  Pont-Euxin  3 á la  droite  des  embouchures 
du  Danube?  elle  a pris  fon  nouij  difent-iis , de 
cette  aventure 3 Tífita , d’ou  T¿f¡'s  ou  Tíkív  eíl  de- 
rivé j fignifie  couper.  C^eíl  dans  cette  v'iile  qu  Ovide 
fut  exilé  3 & finit  fes  jours. 

Onomacrite  rapporte  dMne  autre  facón  cette 
hiñoire  3 á laquelie  il  ote  tout  ce  qu’elle  préfente 
d’horrible.  Selon  lui,  Aéte  donna  une  flotte  á fon 
íils  Abfyrtke , pour  aller  á la  pourfuite  des  Argo- 
nautes. Ceux-ci  3 aprés  avoir  erré  long-tems  fur 
plufieurs  mers , arrivérent  au  pays  des  Phéaciens  , 
ou  il  rencontrérent  la  flotte  óX Abfyrthe , qui  y étoit 
venue  par  un  autre  chemin  , & les  y attendoit. 
Abfyrthe  demanda  que  Médée  luí  fut  rendue;  & 
Pon  convint  de  part  & d’autre  que  Jafon  feroit 
obligé  de  la  laiíTer  aller , íi  véritablement  il  ne 
Pavoit  pas  époufée.  Mais  la  femme  d’Alcinoüs  , 
qui  avoit  été  prife  pour  juge  , fit  célébrer  la  méme 
nuit  la  cérémonie  du  mariage  , & déclara  enfuite 
d.  Abfyrthe  qu’elle  favoit,  á n’en  pouvoir  douter, 
que  les  deux  amans  étoient  mariés  des  Pinílant  de 
Penlévement  de  Médée.  Alors  le  prince  de  Col-- 
chide  fut  obligé  de  fe  retirer , & de  laiffer  Médée 
continuer  fa  route  vers  la  Crece.  Voyei¡_  Aete, 
Médée,  Jason. 

ABUB.  Ce  mot  chaldéen,  qu’on  trouve  dans 
le  vieux  Teílament,  pour  défigner  un  ioílrument, 
de  mufique,  fignifie,  felón  quelques  auteurs,  la 
méme  chofe  que  hugab  ou  ugab.  Foye^UcAE. 

Kircher,  dans  fa  Mufurgie , fait  de  Xabub  un 
inñrument  á vent  du  genre  des  cornets , mais  non 
percé  de  trous  pour  preduire  les  difrerens  tons  ; il 
ne  cite  aucune  autorité,  ainñ  nous  nen  dirons 
pas  davantage. 

Qu  eiques  - uns  veulent  que  Xahuh  ou  abvha. , 

fignifie 


A B Y 


fianifie  une  fiúte  ^ & la  méme  que  les  Latins  appe- 
loient  amhuiaia.  La  grande  reííemblance  oes  mots 
rend  tres-probable  cette  opinión  j qui  eft  auíli  cede 
de  dom  Calmet. 

Un  paílage  du  Talmud  tend  encore  a la  con- 
firmer."  II  j eíl  dit  que  Yahub  étoit  un  inftrument 
qui  fe  trouvoit  dans  le  fandtuaire  du  temple  de 
Salomón  5 & qui  avoit  exilié  déja  depuis  iVIoife  ; 
il  étoit  minee , uni  & de  rofeau  , qualites  qui 
conviennent  toutes  aux  flútes.  De  plus  , le  roi 
íe  íit  garnir  d’or  ^ & le  fon  fe  perdit  : on  ^óta 
Tor  ^ & le  fon  redevint  tel  qu  il  étoit.  La  máme 
chofe  arriveroit  á une  flute  minee ; Tor  étant  un 
méta!  trés-compaéle  & peu  élaílique  , en  ren- 
droit  le  fon  foard  & trille. 

D'autres  veulent  encore ' que  Yahub  fút  la  ba- 
guette  de  rofeau  dont  on  frappoit  le  tambour  des 
Hébreux  j prétendant  que  cette  baguette  de  rofeau 
rendoit  le  fon  du  tambour  plus  doux.  Mais  je  penfe 
qu’il  faut  s’en  teñir  au  fentiment  de  ceux  qui  font 
d’íz¿b¿  une  fiúte.  {M.de  Cafiillon  fils). 

ABUDOS  , dans  les  Gaules.  Abudos. 

Les  médailles  autonomes  de  ce  peuple  font : 

O.  en  or. 

RRRR.  en  argent.  (^Pellerin'). 

O.  en  bronze. 

ABURIAj  famille  romaine  ^ dont  on  a des 
médailles ; elles  font : 

RR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Le  furnom  de  cette  famille  eft  Geminus. 

ABYDE^  ville  TEgypte,_la  plus  grande  apres 
Thébes ; elle  étoit  á fept  mille  cinq  cens  pas  du 
Kilj  vers  Loccident^,  & au-defious  de  Diofpolis^ 
de  Tentv'ris  & de  Ptolémaíde.  Le  fameuxroi  íríem- 
non  y demeura,  & y fit  batir  un  fuperbe  palais.  Le 
temple  & le  fépulcre  d’Oíiris , qui  étoient  dans 
cette  ville  , la  rendirent  extremement  recomman- 
dable  5 mais  elle  devint  principalement  célebre 
par  l’oracle  du  dieu  Béfa , qui  répondoit  par  écrit , 
loríqu’on  rfavoit  pas  la  com.modité  de  le  confulter 
en  perfonne.  Strabon  parle  ^ Ahydz , comme  d*une 
viile  fort  délábrée  de  fon  tems ; on  croit  qu'elle 
s’appelle  aujourd’hui  Aboutige  onAbutich.  (C.  Ad) 

ABYDUS , en  Troade.  ABYAHN£2!sr. 

L^ancre  & un  poiffon  forment  le  fymbole  ordi- 
íiaire  de  cette  ville.  On  voit  auRl  un  mafque  fur 
fes  médailles  & un  aigle  pofé.  Ses  médailles  auto- 
nomes font : 

RRRR.  en  or. 

C.  ea.-argent. 

R.  en  bronze. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impértales 
grecques  ^ en  rhonneur  db4uguñe  , de  M.  Auréle  j 
de  VeruS:,  deCommodcj  de  Sévere  j de  Caracalla^ 
de  Mamée. 

Virgile  parle  dans  fes  Georgiqu.es  (L.  l ^ r.  2.07.) 
des  buitres  que  Pon  péchoit  á Abyde.  Les  amours 
¿e  Léandre , qui  y avoit  pris  naiífance  j Pont  rendue 
Antiquités  i Tome  L 


ACA  53 

tres-célebre ; mais  la  molleíTe  des  habitans  d’Abyde 
étoit  plus  fameufe  encore  : on  difoit  proverbia- 
lement  en  Grece  : N’aborde^  pas  fans  précaution  a 
Abyde  , pour  lignifier  que  Pon  devoit  éviter  la 
compagnie  des  gens  débauchés. 

Le  climat  de  la  Fhrygie  8c  de  ITonie  , qui  rend 
li  mols  Se  eíféminés  les  peuples  de  ces  belles  con- 
trées auroit  pu  Ies  faíre  tous  comprendre  dans  ce 
proverbe  , avec  autant  de  raifon  peut-etre  que  les 
Abydéniens. 

Ces  derniers  avoient  encore  fait  nairre  un  fecond 
proverbe.  On  appeloit  bauquet  d’Abyde  , un  repas 
ennuyeux  8c  fácheux ; parce  que  les  Abydéniens 
étoient  dans  Pufage  de  porter  autour  de  la  table 
tous  leurs  enfans  j afin  que  chacun  des  convives 
Ies  embraíTát  Pun  aprés  Pautre.  Leur  laideur  oa 
leur  malpropreté  ne  pouvoient  difpenfer  perfonne 
de  ces  carefles  fallidieufes  8c  dégoútantes. 

ABYLA.  Toye^  CoLONNES  d'Hercule. 

ACACALLIS.  Paufanias  femble  diñinguer  deutt 
Acacallis  ¡ Pune  filie  de  Minos  j dont  Mercare  de- 
vint amoureux , 8c  eut  un  fiis  nommé  Cydon.  II 
qualifie  íimplement  nymphe  Pautre  Acacallis 
dire  de  qui  elle  étoit  filie.  Apollon  abufa  de  ceíie-ci 
á Taraj  ville  de  Crete , dans  ¡a  maifon  de  Carrna- 
nor.  Fl  Carmakor.  Ce  dieu  eut  deux  fiIs  á‘Aca- 
caLlis , Pbilacis  8c  Philandre.  D'autres  rPont  parlé 
que  d'une  Acacallis  , 8c  ont  dit  qu’elle  avoit  eu 
commerce  avec  Apollen  8c  avec  Mercure  ; que 
db4pollon  elle  avoit  eu  Naxus  j 8c  de  Ptíercure 
Cydon  ^ qui  donna  fon  nom  á la  ville  de  Cydonie. 
II  paroit  que  Pamour  d’ Apollon  pour  elle  fut  de 
longue  durée  , puifque  quelques  auteurs  difenc 
qu’il  eut  encore  de  cette  princeíTe  Milet , páre  de 
Byblis  8c  de  Caunus.  V.  Milet.  On  donne  encore 
á Acacallis  un  autre  fiis,  nommé  Amphitémisj 
8c  fiirnommé  Caramas.  On  ne  fait  íi  c’eft  luí  qui 
a donné  fon  nom  aux  Garamanthes  db4frique  j 'ou 
li  ce  nom  lui  vint  des  Garam.anthes. 

ACACIA.  U acacia  connu  des  anciens  j eft  celui 
que  Pon  trouve  encore  en  Egypte  : on  Pappelic 
caffie  ; felón  d'Herbelot  gagie , en  latín  fpiaa  sgypr- 
tia.  C'eíl  un  arbriíTeau  épineux,  qui  porte  des 
fleurs  quelquefois  jaunes  8c  quelquefois  blanches. 
Le  fruir qui  eft  renfermé  dans  une  gouífe  . ref- 
femble  beaucoup  au  lupin.  Cet  arbre  fournit  la 
gomme  arabique  8c  un  fue  appelé  le  vrai  acacia. 
Les  Arabes  donnent  a 'Cacada  d'Egypte  le  nom 
Cl  om-gailan , la  mere  des  fatvres  ou  des  démons 
quihabitent  lesforéts.  On  fait  qubl  eíl  tres-diffé- 
rent  des  acacias  du  nouveaa  monde. 

Les  Egyptiens  regardoient  leur  acacia  comme 
un  arbre  facré,  8c  avoient  pour  lui  une  grande 
vénération.  On  doit  Pattribuer  peut-étre  aux  bons 
eíFets  que  la  Médecine  re  tiro it  des-Iqrs  du  fue  de 
Cacada,  employé  encore  aujourd'hui  avec  fuccés 
contre  Ies  hémorragies  8c  Ies  crachemens  de 
fang. 

Acacia.  Les  antiquaires  donnent  ce  nom  á un 
petit  fac  ou  rouleau  long  8c  étroit  j cue  Pos  voit 

É 


34  ACA 

fur  Ies  médaiíles  da  3as-Empire , dans  !a  main  des 
emoereurs  depuis  Anaílaie.  Les  fa^'ans  Tolíi.  psi- 
tasies  far  ia  nature  de  cet  atcrÍDUt ; les  uns  croient 
V reconnokre  le  mouchoir  oa  nappe  ^ mappa , que 
jetoit  de  faloge,  pour  faire  comtnsricer  ks  jeax, 
celu!  qiii  y préíldoir.  Ceft  poue  cela , felón  eux  ^ 
que  Ies  confuís  portoient  aiuTi  le  méme  artribut. 
D’autres  écrivains  penfent  que  c'eft  le  fachet  qu  on 
offroit  aux  empereurs  á ia  cérémonie  de  leur  facre. 
J1  étoiz  plein  de  cendre  & de  pouíTiére  , & pcrtoit 
le  nom  Sacada. , AKAKiA  ^ íans  mal,  fans  crime. 
Car  on  croyoit  que  la  vue  de  cette  cendre  deyoit 
rappeler  au  prince  le  fouvenir  de  la  mort,  & Ten- 
gager  par -la  á conferver  fon  innocence , á vivre 
fans  crime. 

Ducange  prend  ce  rouleau  pour  des  papiers  ou 
mémoires  que  fon  préfentoic  aux  princes  , aux 
confuís , & qudls  tenoient  á la  main  pour  y re- 
pondré. Cette  opinión  acquiert  un  degré  de  vrai- 
femblance,  á la  vue  des  ftatues  des  Confulaires  qui 
font  á Rome  , & en  France  dans  le  pare  de  Ver- 
faüles.  lis  ont  á leurs  piéis  une  petite  caíTette, 
deíHnée  fans  doute  á renfermer  ces  papiers. 

La  premiére  de  ces  trois  opinions  eft  cependaíit 
la  plus  fure  , felón  M.  de  la  Baftie.  Les  diptyques 
confulaires  qui  nous  reftent,  & fur  lefquels^les 
confuís  font  repréfentés  veras  á-peu-prés  du  meme 
habit  que  portent  les  empereurs  fur  Ies  médaiíles 
du  Bas-Empire,  nous  font  reconnoítre  Vacada 
pour  la  nappe  avec  laquelie  on  donnoit  le  íígnal 
des  jeux  du  cirque.  Si  Fon  examine  en  eífet  le 
diptyque  de  Baíile  le  jeime , publié  par  Bonarotti , 
■on  verra  clairement  que  le  rouleau  tenu  par  le 
confuí  ne  fauroit  étre  un  papier  ou  mémoire. 
Lorfque  les  empereurs  eurent  rendu  le  confulat 
perpétuel  dans  leurs  perfonnes  & celles  de  leurs 
fucceíTeurs , ils  prirent  les  attributs  des  confuís , 
leur  habiilement , & Vacada  qui  carañérifoit  ces 
perfonnages  illuftres.  Le  penchant  invincible  des 
Grecs  pour  la  fuperftition , fit  bien-tdt  fuccéder  á 
la  nappe  , le  fachet  rempli  de  cendre , tel  qu  il 
paroít  fur  les  médaiíles  d’Anaftafe  & des  empereurs 
qui  Font  fuivi.  Cette  explication  a Favantage  de 
concilier  Ies  deux  principales  opinions  fur  la  nature 
de  Vacada^,  Sc  elle  paroít  d’ailleurs  trés-plauíiHIe. 

ACADEMIE,  AícsíhjKk,  étoit  une  maifon  avec 
un  jardín , íituée  dans  le  Céramique  , un  des  faux- 
bourgs  d’ Arhénes , éloignée  de  la  ville  de  fix  ftades 
environ  , prés  de  mille  pas.  Ce  lieu  eíl  devenu  cé- 
lebre par  Ies  alTembíées  que  Platón  & fes  feélateurs 
y tinrent  pendant  long-tems,  pour  converfer  fur 
des  maíiéres  philofophiques.  On  a donné  diíFé- 
rentes  ér/mologies  de  fon  nom. 

Les  uns  le  font  venir  d'Academus,  qui  vivoit 
dans  íes  íiécles  héroiqaes.  Ce  fu:  lui  qui  découvrit 
a Caftor  & á Pollux  I endroit  oú  fe  cachoit  Héléne 
avec  Théfée  fon  ravideur.  Ces  demi-dieax  luí  té- 
moignereat  en  récompenfe  une  grande  confidéra- 
tion  pendant  fa  vie ; & Ies  Lacédémoniens  qui 
adoptérent  le  caite  des  deux  gémeaux , confervéíent 


ACA 

le  méme  refpeci:  pour  la  mémoire  d’Academus.  lis 
épargnerent  fa  maifon,  teutes  les  fois  qu  :!s  rara- 
g-eren:  FA  trique  & Ies  fauxbourgs  d’Athénes  kur 
rivale.  Dicéarque  donne  á Fancien  maitre  de  la 
maifon  appelée  depuis  académie  , le^  nom  d’Eche- 
demus  , & dit  que*  c’ étoit  un  arcadien  de  Farmée 
des  Diofeures. 

Les  environs  de  cette  maifon  étoient  déferts  & 
remplis  dkaux  ftagnantes  , qui  en  rendoient  k 
féjour  tres-mal  fain.  Cimon  en  delTecha  une  partie , 
y planta  des  allées  d’arbres  & des  bofquets,  qui 
en  íirent  un  endroit  trés-agréabk.  L académie  de- 
vint  la  promenade  des  Áthéniens  les  plus  diftingués 
par  leur  rang  ou  par  leurs  connouTances.  Les  phi- 
lofophes  , Piaron  en  particulier , s>  rendoient 
pour  diíTerter  fur  leurs  fyftémes,  &ks  enfeigner 
aux  jeiines  afpirans.  On  enterra  dans  ces  jardins 
ceux  qui  avoient  rendu  á la  patrie  des  fervices 
íignalés. 

Les  magiftrats  qui , aprés  Cimon , furent  chargés 
des  embell’íTemens  & des  réparations  d’ Athénes , 
négligérent  fans  doute  les  environs  de  V acadérme  , 
& laiíTérent  les  eaux  ílagner  alentour ; car  les  mé- 
decins  qui  furent  confultés  fur  une  maladie  de 
Platón  ,’  n héíitérent  pas  á en  donner  pour  caufe 
Finfalubrité  de  Fair  qui!  refpiroit , _en_fe  promenant 
tous  les  jours  au  milieu  de  fes  difciples  dans  les 
jardins  d'Academus.  Ils  lui  confeülérent  de  les 
abandonner,  & de  teñir  fes  aíTemblées  dans  le 
lycée ; mais  le  philofophe  , bien  loin  de  fuivre  ce 
confeii,  leur  répondit  qu  il  avoit  cho:íi  V académie 
á caufe  de  fon  infalubritéméme.ll  craignoit  qu  une 
fanté  trop  robufte  ne  rendir  fon  co^s  indociíe  au 
joug  de  la  raifon  ; pour  éviter  ce  mal , il  expofoit  a 
deíTein  fa  fanté  dans  Fair  marécageux , & imitoit 
en  cela  Ies  vignerons,  qui  coupent  les  branches  de 
la  vigne  pour  luí  donner  plus  de  féve  & de  forcé. 

W académie  avoit  fait  naítre  un  proverbe  chez 
Ies  Athéniens.  lis  appeioient  mur  d‘ kipparque 
Tt¡x,iov , une  entreprife  difpendieufe.  Le 
fiis  de  Piliñrate  vouiut  entourer  dkn  mur  fortifié 
la  maifon  d’Academus , & la  reunir  au  Céramique ; 
il  établit  á cet  eífet  un  impot  trés-onéreux  fur  le 
peuple  d'Athenes  : ce  qui  fit  paíTer  en  proverbe  le 
mur  de  V académie  on  le  mur  d’hipparque. 

Nous  avons  négligé  Fétymologie  du  nom  de 
cette  maifon , qui  le  fait  venir  de  Cadmus , parce 
quihavoit  fait  connoítre  les lettres  aux  Crees,  & 
celle  de  & í'ipui;  y comme  íi  Ies  académks 
étoient  Ies  remé  des  des  p envíes.  II  fuíHt  de  Ies  rap- 
porter  pour  en  faire  fentir  la  frivoiité.  Le  nom  de 
ce  jardín  vint  de  fon  dernier  maitre  , Fathénien 
Academus  ou  Ecademus  , cui  legua  fa  maifon  au 
pubh'c.  Ckft  de  fes  fabuleux  ancétres  que  nous 
avons  parlé  plus  haut , felón  les  traditions  ¿es 
Orees  , toujours  ávides  de  gloire  & de  céle  • 
brité. 

Le  fort  de  la  maifon  d’Academus  fut  pareil  a 
celui  de  la  Crece.  Cet  édifice  fut  détruit  par  les 
RoruaiiiS.  Le  ferouche  Sylla  abatric  fes  bofquet» 


ACA 

áéikieux , & iir  conilruire  avec  fes  arbfes  <3es 
machines  de  guerre  pour  battre  la  vilie  d'Athcnes, 
qudi  affiégeoit.  Cicerón  voulnt  faire  revn/re  au 
moins  le  nom  de  ce  lieu  celebre , & i!  le  dorraa  á 
fa  maifoa  de  campagne^  lituáe  prés  de  Pouzzol. 
Ckñ-lá  qudl  fe  plaifoic  á ccnverier  avec  fes  amis 
fur  divers  liiiets  de  philofcphie  ; Se  ce  fiit-la 
qu’ü  compofa  íes  Queínons  académiqueSj  8c  les 
Livres  fur  la  nature  des  dieux. 

ACADIA'F,  fontaine  de  Sicile , íituée  aiipres 
de  deux  lacs  de  foufre  & de  feu , appeles  Dellcs. 
Elle  étoit  confacrée  j amíi  que  Ies  lacs,  aux  Pa- 
liques, deux  nls  de  Júpiter  & de  la  nymphe  Thalie 
ou  Actúa.  Les  promeiTes  Se  les  fermens  dont  on 
y faiídit  répreuve  , Pavoient  rendue  fameufe.  On 
ne  doutoit  point  de  leur  vérité,  lorfque  les  ía- 
blettes  de  bois  fur  lefquelles  ils  étoient  graves  , 
fe  précipitoient  dans  le  fond  des  eaux.  Jílais  1 opi- 
nión contraire  s’établiífoit  á la  vue  des  tablettes 
qui  furnageoient  5 Se  Pon  aííuroit  que  le  parjure 
etoit  aveugié  fur-le-champ , ou  méme  confumé 
par  Ies  flammes  des  lacs.  On  trouve  ces  fabks  dans 
Aríftote,  dans  Diodore  de  Sicile  , & dans  Ltienne 
de  Byzance. 

ACALüS.  Talus. 

ACAMAXTIDE.  C'étoit  une  des  dix  tribup 
d’Athénes , ainfi  notnméc  d’ Acamas  , fiis  de 
Théfée. 

ACAMAR-CHIS  , nymphe  de  la  mer , filie  de 
rOcéan  , dont  parle  Diodore  de  Sicile.  (i.  ó). 

ACAM.4S  , fils  de  Théfée.  On  ne  fait  point 
avec  certitude  quelle  fut  fa  mere  ; les  uns  lui 
donnent  Ariadne  , les  autres  Phedre  , d’autres  enfin 
Antiope.  Acamas  marcha  avec  les  pnnees  Orees  , 
contre  Troye.  II  fur  député  avec  Diomede,  pour 
redemander  Hélénej  Se  il  gagna  dans  cette  am- 
bafiade  le  cceur  de  Laodice  , filie  de  Pnam.  Cette 
princeíTe  concut,  á la  feule  vue  Ól  Acamas  , une 
íi  violente  pafíion  pour  lui , cu  aucune  confidéra- 
tion  ne  put  Farréter  : elle  ouvrit  fon  ccEur  a Phi- 
lobie  , femme  de  Perfée , gouverneur  de  la  ville 
de  Dardanus.  Philobie  fut  touchée  de  Férat  de  la 
princeíTe,  & engagea  fon  mari  a fe  préter  á quel- 
qkarrangement  qui  pát  procurer  á Laodice  une 
entrevue  avec  Fobjet  de  fon  amour.  Perfee  fe  lia 
d’amitié  ^vtc  Acamas , Se  en  obtint  une  vifite  dans 
la  vilie  de  Dardanus.  Laodice  en  fut  avertie ; elle  ne 
manqua  pas  de  s'y  rendre  avec  que'ques  troyennes. 
Aprss  le  feítin  , on  la  placa  dans  le  lit  Acamas , 
á qui  on  la  préfenta  comme  une  des  concubines 
du  roi.  Cette  nuit  rendir  Laodice  mere  d’un  fils, 
qui  fut  nommé  Manitus , & élevé  par  Athra , 
mere  de  Théfée.  Voye^  A x h R A.  Quelques 
aureurs  onr  er.core  attribné  z A camas  une  intrigue 
amoureufe  avec  Phyllis,  qui  reíTemble  beauconp  á 
celle  de  Laodice ; mais  ils  onr  confondu  Acamas 
avec  Démophoon,  aucuel  tous  les  aureurs  origi- 
naux  atrribuent  la  caufe  des  malheurs  de  Phyllis. 
JC  Démophoon,  Phyllis.  Acamas  fut  un  des 
Crees  qui  sknfermcrent  dans  le  cheval  de  bois. 


ACA  35 

Q'Jand  il  en  foitit,  Laodice  eut  foin  de  le  fáire 
fouvenir  du  gage  qu’il  lui  avoit  laiíTc ; & le  ¡euns 
Munitus  fut  tranfporté  en  Thrace.  C.  Munitus. 
Aprés  le  retour  Ól  Acamas  en  Crece  , Foracle  or- 
donna  á une  des  tribus  d’ Athénes  ¿e  fe  faire  appeler 
Acamantide , du  nom  S Acamas.  Ce  héros  fonaa 
dans  la  grande  Phrigie  une  ville  qui  fur  nommée 
Acamanízum. 

Acamas , dont  on  vienr  de  parler , nkñ  pas  le 
feul  qui  ait  porté  ce  nom  dans  le  méme  tems ; il  y 
en  avoit  un  qui  étoit  prince  de  Thrace.  11  alia  au 
fecoars  de  Priam,  & fut  rué  par  Ajax.  Un  antre 
étoit  fils  d' Anrénor  8c  frére  dCLtchilcchus.  Homére 
dit  de  ces  deux  fréres,  qu  ils  étoient  trés-exercés 
á toutes  fortes  de  combats. 

ACANAS  & Amphitenus,  étoient  fils  d’Alc- 
méon  & de  Caiiirhoé  ; leur  pete  ayant  été  tué 
lorfqu’ils  étoient  encore  dans  la  plus  tendre  jeu- 
nefié  , trouva  néanmoins  en  eux  des  vengeurs  : ce 
qui  fit  dire  aux  poetes  que  la  déeíTe  Hébé  avoit 
augmenté  le  nombre  de  leurs  années  , pour  les 
mettre  promptement  en  état  d’exécuter  cette  ven- 
geance.  TCAlcmeon,  Amphiaraus,  Calli- 

RHOÉ. 

ACANTHABOLE , inñrament  de  chirurgie  , 
fait  en  forme  de  pincettes,  dont  on  trouve  la  def- 
cription  dans  Paúl  Eginéte.  On  s’én  fert  encorc 
aujourd'hui  pour  eniever  les  efquilles  d’os  cariés  , 
les  épines  , les  rentes , & tout  autre  coros  étranger 
qui  fe  trouve  dans  une  plaie  ; ou  pour  arracher  les 
poüs  des  paupiéres  qui  incommodent  & irritent 
Forgane  de  la  vue  , ceux  des  narines  , des  four- 
cils,  &c.  Son  nom  eíl  formé  dCA'xanía,  épine,  & 
de  jSáAA»  , chaTer. 

ACANTHE,  jeune  nymphe,  qui,  pour  avoit 
plu  á Apollon  , fut  changée  en  la  plante  qui  porte 
fon  nom. 

Acanthe  , plante  de  la  diviíion  des  monopé- 
tales  perfonnées.  II  y en  a deux  efpéces  ; Fuñe 
appelee  dugrec  acanxha,  épine,  qui  eft  fauvage ; 
Fautre  eft  cultivée , & porte  le  nom  de  brancke 
oicrfine. 

Ces  deux  plantes  font  devenues  un  ornement 
trés-uíité  dans  Farchitedfure.  Les  fculpteurs  go- 
thiques  ont  mal  adroitement  copié  Fefpéce  fau- 
vage , qui  eft  la  moins belle.  Mais  Xacaitke  cultivée , 
qui  eft  plus  refendue,  mieux  découpée,  & affez 
femblahle  au  perfil,  a fer-y-i  de  modéle  aux  Crees 
& aux  Romains.  C'eft  elle  que  Fon  reconnoít  dans 
les  chapiteaux  compoíites  des  ares  de  Titus  & de 
Septime-Sévére  á Rome. 

Yitruve  a parlé  fort  au  long  de  cet  ornement  de 
Fordre  corinthien ; voici  comment  il  en  raconte 
Forigine  : «Une  jeune  filie  étant  morre  chez  fa 
« nourrice , & certa  femme  voulant  confacrer  aux 
« manes  de  cette  ieane  perfenne  pluíieurs  biioux 
« cu  elle  avoit  ainíés  penáant  favie,  les  por  a fur 
« fon  tombeau.  Afin 'qu  ils  fe  confen’aíTent  plus 
« long-tems  , elle  couvrit  d’une  tuile^  la  corbeille 
I » qui  Ies  renfermoit , & qui  étoit  pofée  par  hafar» 

Erj 


^6  ACA 

” fur  une  racine  ^acanthe.  Au  printems  fuivant, 
53  la  plante  pouífa  des  branches  ^ qui , fe  rrouvant 
=5  arrétées  dans  leur  accroilTement  ^ fe  diviférent 
53  en  plulieurs  rameaux  5 arrivés  au  haut  de  la  cor- 
33  beille  ces  rameaux  trouvérent  la  tuile  qui  la 
53  couvroit  en  la  débordant ; ils  furent  contraints 
33  de  fe  replier  fur  eux-mémes.  Callimachus  ayant 
3»  apperqu  cet  heureux  effet  du  hafard , imagina 
=3  fur  fon  modéle  le  chapiteau  corinthlen,  tel 
33  qu’on  le  pratique  encore  auiourd'hui ; & la  tuile 
53  pofée  fur  la  corbeille  j lui  donna  Tidée  du  tail- 
33  loir.  33 

=3  Villalpandcj  qui  nous  a donné  la  defcription 
du  temple  de  Salomen , traite  de  fable  cette  hif- 
toire  j & prétend  que  le  chapiteau  corinthien  étoit 
exécuté  dans  cet  auguñe  édifice.  II  eft  vrai.qu’il 
nous  le  peint  formé  par  des  feuilles  de  palmier  ; ce 
qui  donna  lieu  3 dit-il  expreíTément  ^ de  compofer 
par  la  fute  les  chapiteaux  corinthiens  de  feuilles 
d'olivier  ^ píutót  que  de  feuilles  aacantke.  33 

3»  Sans  entrer  en  difeuífion  avec  ces  deuxauteurSj 
je  crois  ce  que  Fun  & Fautre  en  difentj  c'eft-á- 
dire  3 que  les  chapiteaux  corinthiens  peuvent  avoir 
été  employés  dans  leur  origine  á la  décoration  du 
temple  de  Jérufalem ; maisque  Callimachus  j fculp- 
teurhabile  , peut  étre  aufü  celui  qui  a perfeíiionné 
fa  forme  genérale  ^ la  diftribution  de  fes  ornemens, 

qui  lui  a donné  fon  élégance.  Ce  quhl  y a de 
certain  ^ c’eft  que  depuis  plufieurs  íiécles  j ce  cha- 
piteau a paíTé  pour  un  chef-d'oeuvre  dans  fon 
genre  ; & quhl  a prefqu’été  impoíTible  á tous  nos 
nrchitectes  modernes  qui  ont  voulu  compofer  des 
chapiteaux  d’une  nouvelle  invention , de  Fégaier. 

Blondeí'j. 

Les  enroulemens  de  Yacanthe  íiii  ont  fait  trouver 
quelque  reíTcmblance  groííiére  avec  les  nymphées, 
ces  plantes  aquatiques  répétées  li  fouvent  fur  les 
Kionumens  ég}'priens.  Dans  le  trés-petit  nombre 
de  colonnes  que  Norden  &:  Pocoke  ont  deffinées 
en  Eg}’'pte  ^ plufieurs  font  rerminées  par  des  efpéces 
de  chapiteaux  ornes  de  feuilles  des  nvmphées , 
appelées  perfea  & coiocaíia.  Ceux  qui  ont  vu  dans 
Yacanthe  du  chapiteau  corinthien  une  grande  ref- 
femblaince  avec  les  nymphées  des  colonnes  & des 
frifes  égyptiennes,  ontalíliréqueles  Grecs  avoient 
pris  dans  FEgypte  le  goút  .de  Farchitedture.  Les 
Communications  fréqúentes  des  Grecs  avec  les 
Egyptiensj  ou  avec  leurs  colonias  ^ les  Phéniciens; 
les  áogmes  mythologiques  anoortés  en  Gréce  & 
nés  en  EgyptCj  tout  annonce  en  effet  les  rapports 
les  plus  Ixappans  entre  ces  deux  peuples.  lí  ne 
íeroit  done  pas  étonnant  que  Ies  Grecs  euíTent 
adóptele  genre a’architeCture  quiavoit  été  inventé 
par  Ies  Egyptiens. 

Si  le  fentiment  de  Villalfande  eft  fondé  fur  des 
faitSj  on  reconnoit  encore  mieux  la  marche  de  cet 
art.  On  fait  que  Salomen  fit  venir  des  ouvriers  de 
Tyr  & de  Phénicie , pour  batir  le  temple  de  Jéru- 
fakm.  Ces  architeéres  portérent  en  Judée  les  con- 
noiffances  quils  avoient  paifées  chez  les  Egyp-  | 


ACA 

tienSj  dont  ils  étoientune  colonie  ; par  ce  moyenj 
le  goút  pour  les  colonnes  ornees  á leur  fommet 
de  feuilles  de  palmier  ^ d'olivier , de  nymphée  ou 
¿Yacanthe,  fiit  répandu  dans  FAfie 3 & dans  Flonie 
en  particuiier.  De-lá  il  paíTa  en  Gréce  3 oú  il  fut 
foumis  a des  loix  3 ainli  que  tous  les  autres  mem- 
bres  de  FArchiteaure.  Ces  apperqus  demandent 
un  développcment  plus  étendu3  qu'on  trouvera  a 
Persepolis. 

ACANTHUS  eft  le  nom  du  Lacédémonien  qui 
parut  le  premier  fans  aucun  vétement  dans  le  ftade 
olympique  , pour  y difputer  le  prix  de  la  ccurfe. 

A*caÑthus.  Les  Romains  ornérent  les  bords 
de  leurs  habits  de-bandes  de  pourpre^3  découpées 
en  feuilles  d’acanthe  3 & ils  leur  donnérent  le  nom 
de  la  plante  elle-méme.  JEneid.  r.  6y3  ). 

Et  circum  textam  croceo  velamen  acorcho. 

Héfychius  leur  donne  le  méme  ñom  dans  fon 
Diaionnaire  : Axayíoj  «c-pÉrov. 

On  en  peut  prendre  une  idee  en  jetant  un  coup- 
d'oeil  fur  les  vafes  étrufques ; car  íes  habillemens 
des  perfonnages  qui  y font  reprefentés,  offrent 
fouvent  ces  feuillages  & ces  enroulemens. 

Acanthus  3 en  Macédoine.  akang. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  villé  font : 

O.  en  or. 

R.  en  argent. 

RRRR.  en  bronze.  ( Hunter. ) 

Leur  type  ordinaire  eft  un  lion  déchirant  un 
boeuf. 

ACANTIDE  3 furnom  d’AiaX3  íils  de  Telamón. 
V.  Ajax.  C'eft  auíli  le  nom  d°un  des  fiis  de  cet 
Ajax  & de  Glauca. 

ACARNA..NÍE.  Les  chevaux  du  peuple  qui 
habitoít  cette  patrie  de  FEpire  > étoient  írés- 
eftimés  chez  les  anciens. 

Acarnanie.  akapnaníín. 

Les  médailles  autonomes  de  ce  peuplc  font; 

RRRR.  en  or. 

RRR.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

Leurs  types  ordinaires  font  Apolíon  aífts3  tcnant 
un  are  3 & la  tete  d’Achéloüs. 

Acarnanie  eft  aufli  le  nom  d'une  ville  ds 
Sicile  3 célebre  par  un  temple  de  Júpiter. 

ACARON,  r.  Achor.' 

ACASTE  3 une  des  nymphes  Océanides  3 oíJ 
filies  de  l’Océan  & áe  Thétys.  V.  Océanides. 

ACASTE3  fils  de  Pélias3  &:  parent  de  JafoHj 
fut  un  des  argonautas  : il  a paÜ'é  pour  un  grand 
chaffeur  3 habile  fur-tout  á tirer  de  Farc  : Jaculo 
infignis  Acafius , dit  Ovide.  A fon  retour  de  Fex- 
pédition  de  la  Colchide3  ayant  trouvé  fon  pére 
mort  3 il  engagea  Ies  Argonautes  á defeendre  avec 
lui  en  TheíTalie,  pour  y célébrer  des  jeux  funébres 
en  l’honneur  de  Pélias.  Pline  {lib.  j,  ckap.  ^6.) 
veut  qvYAcafie  foit  le  premier  qui  ait  fait  célébrer 
des  ieux  funébres.  Ce  prince  voulut  enfuite  venger 
la  mort  de  fon  pére  fur  fes  fceursj  qui  FavolenC 


A C C 

égorsé  5 TTizis  íísrculs  s oppors  ^ vcngcsncfi» 

K.  Pelias,  Alceste. 

ACATIL-M.  Ce  mot  avoit  chez  les  Romams 
deux  acceprions  différentes  , mais  relath  es  a la 
marine  : c'étoit  une  chaloupe  ou  un  canot^  fous 
la  premiére.  Suétone  , dans  la  vie  de  Jules-Cefar, 
(cAap.  64,  •’Z®.  I.)  dit  : AiexandrU  circa  oppugna- 
donem  pontis  eruptione  kofiiam  fabita  compuljus 
in  fiaph^m  defilih.  Plutarque  racontant_  le  meme 
événement;,  fe  fert  du  mot  áy-ariof , acatium,  poar 
exprimer  ce  petit  bátiment.  ■ ^ 1 

On  appeloit  auííi  acíitium  le  grand  mat  ou  le 

mát  du  milieu.  . , 1 

ACC  AL  AUREA' TIA,  nourrice  de  Romulus, 
Rit  mife  au  rang  des  divinités  de  Rome  , felón 
qiielques  auteurs  , & honoree  a une  fete  qu  on 
celebro it  au  mois  de  décembre.  D autres  premndent 
q'Telle  n^a  jamais  ete  regardee  comme  d^eíTe , par 
la  raifon  qu’on  célébroic  tqus  les  ans  fes  fdne- 
railles  : ce  qui  ne  s’obiervoit  jamais  a I egard  de 
ceux  qui  étoient  reconnus  pour  dieux.  Sa  pre- 
tendue  féte  nétoit  que  des  jeux  fúnebres,  cele- 
bres en  fon  bonneur  dans  le  mois  de  decembre. 

V.  Artales. 

Accalaurentia,  célebre  courtifane  de 
Rome  , qui  vécut  fous  le  regne  d Ancus  Martius. 
Cette  femme  , une  des  plus  belles  de  fon  terns , 
ayant  paffé  une  nuit  dans  le  temple  d^Hercule , 
piut  á ce  dieu , qui  lui  promit  que  la  premíete 
perfonne  par  qui  elle  feroit  rencontrée  au  fortir 
du  temple  , la  rendroit  heureufe  , & la  conableroit 
de  biens.  Tarudus,  homme  puiíTant  & tiene,  fut 
le  premier  qui  fe  préíenta  á elle  , & qui,  a la  pre- 
jxricre  vue  , en  devint  éperduement  amoureux.  1. 
Tépoufa  aufli-tót;  & erant  m.ort  quelque  tems 
aprés  , il  lui  laiiTa  toutes  fes  richeíles.  Elle^  les 
augmenta  encore  beaucoup  par  rintame  méner 
qu' elle  continua  d'exercer  pendant  pluíieurs  années ; 
Tnais  á fa  m.ort  ayant  nommé  le  peuple  romam 
héritier  de  tous  fes  grands  biens , la  reconnoiíTince 
couvrit  l'infamie  de  fa  vie  ; fon  nom  fut  inferir 
dans  les  fafies  de  l'état.  On  infiritua  des  retes  en 
fon  honneur  , fous  le  nom  de  la  deeíTe  Flore  ; & 
on  les  céiébroit  dans  le  mois  d avril.  V . Flore 
& Floraux. 

ACCALL4.  On  donna  ce  nom  aux  jours  con- 
facrés  á la'  féte  d'.Acca  Laurentia.  lis  portoient 
auíii  le  nom  de  laurentalia  ou  larentalla. 

ACCARON.  V.  Achor. 

ACCENDONES.  On  appeloit  de  ce  nom  ceux 
qui  excito ient  les  gladiateurs  au  combar.  lis  fe 
tenoient  prés  d'eux  , & leur  répétoient  Ies  de- 
mandes du  peuple,  que  l'ardeur  du  combar  les 
empéchoit  d'entendre.  La  toge  faifoit  une  patrie 
de  leur  habiiiement , Se  ils  ne  la  quittoient  pas 
comme  les  gladiateurs  pendant  les  jeux. 

ACCEInSE.  Uacce.-ifus  étoit  un  oíEcier  fubal- 
terne  attaché  -aux  magiífrats  romains , ainíi  que 
Ies  liefeurs.  II  étoit  chargé  d’aíTembler  le  peuple  , 
d'ou  venoit  fon  nom,  accenfus  a de, -ido  ¡ il  intro-  ¡ 


A C C 37 

duifoit-auprés  du  préteur,  & marchoit  devant  le 
conful,  lorfquil  n avoit  point  de  raifeeaux.  Ces 
ofEciers  étoient  des  huifl'iers.  Avant  que  les  Ro- 
mains euílent  des  horloges  ou  clepfydres  ,1  accenfe 
avertilToit  le  magiílrat  loriqu'il  etoit  neuf  heures, 
midi.  Se  trois  heures  du  foir. 

Cet  oíEcier  lervoit  quelquefois  de  greíEer ; car 
Cicéron  dit  (ver.  3.  66)  : Ao/i  reprcitexao  quod 
fcripfit  accer^fiLS.  Cur  enim  Jioi  koc  JeribA  foLi  a.Jfu- 
mant  ? On  iit  fur  une  ancienne  infeription,  rap- 
portée  par  JouLLengerus  : SscuI'-ztatj  cogzza- 

TIOKIS  FOR-TCTblATUS  AuCUSTI  ZZBERTWS 

VZR2ZA  PATR02ZI  AB  RPXSXOLIS  AC.CBZXSUS.  P A* 

TR02Z0  DIVO  Augusto  T^espasia-vo  lictor 

cuRiATius 5 & fur  une  autre  : T.  Titienus 

Félix  Aucustalis  scrzsa  lisr.  xdilis  curul. 
VIATOR  JEDILIS  PLEBIS  ACCEITSUS.  LcS  COnfuls 

& les  préteurs  ne  furent  pas  les  feuls  qui  euffent 
des  accenfes  attachés  á leurs  perfonnes.  Les  cen- 
turions  & Ies  décurions  en  avoient  aufli  á leurs 
ordres  , comme  il  paroit  par  ce  paffage  de  Varron 
{de  vit.  Popul.Roman.  111 , apud  Non  xii.  8.)  : Cum 
~érunt  attrihuti  decurlonibus  6 centurionibas  ¡ qui 
eorum  hahent  numerum  , accer.fi  vocantur . 

ACCENSUS.  Ce  nom  étoit  d'ufage  dans  la 
milice  romaine , pour  déíigner  une  efpéce  de  fol- 
dat,  armé  á la  légére.  lis  reflembloient  en  cela 
aux  rorarii;  m.ais  iis  en  différoient  par  beaucoup 
de  chofes.  V'.  Rorarii.  Les  accenfi  combattoient 
en  dehors  de  la  legión  , avec  des  frondes  & des 
pierres.  Feítus  dit  qu  ils  étoient  deftinés  á rem- 
placer  les  foldats  tués  ou  blelTés  dans  le  combar. 
Se  il  ne  leur  donne  aucun  rang  dans  la  nailice.  Mais 
Afeonius  Pedianus  leur  en  affigne  un , égal  á celui 
de  nos  caporaux  8c  de  nos  trompettes.  {In  Cicer, 
pag.  50).  Accenfus  efi  nomen  ordznis , & promo- 
tionis  in  miLitiu , ut  nunc  dicitur  princeps , víl 
commentarienfis  , aut  corniculari'us. 

Le  leíleur  qui  voudra  connoitre  en  détail  ces 
deux  opinions,  pourra  confulter  Saumaife,  de  re 
miUtari  romanorum  8c  Polletus. 

ACCENT.  Cet  anide  a été  traite  avec  foin 
par  les  auteurs  de  la  Grammaire  renfermée  dans 
cette  Encyclopédie  méthodique ; nous  y renvoyons 
nos  lefteurs.  On  ne  parlera  ici  que  de  Tancienneté 
des  accens  chez  les  Crees  Se  les  Romains , parce 
que  les  preuves  en  feront  prifes  dans  les  monu- 
mens  anticues,  qui  ont  éte  decouverts  poílérieu- 
rement  aux  recherches  des  \ oíiius  , des  Hennin  , 
des  Weífein  , des  Simón , 8cc.  _ . 

Dans  un  apperAix  a fes  epiftoU  vinarienfes , 
M.  de  Villoifon  traite  principaleraent  de  Forigine 
des  accens , des  efprits , des  marques  de  diftinction 
pour  Ies  memores  de  phrafes  , & des  Cgnes  pciir 
Ies  fyllabes longues  8c  breves,  chez  _es  Grei_s.  La 
grand  nombre  de  favans  en  attriouoit  1 lavention 
á un  grammairien  de  Byzance,  Anñopnane,  qui 
vivoit  dans  la  cent  quarante-cmquieme  oiympiaqe, 
prés  de  deux  cens  ans  avant  J.  C.  , cílms  a%  o^t 
méme  ailégué  en  faveui  de  cette  opinión, fautor ae 


I 


^8  A C C 

de  deuX  auííes  grammairiens , Apollonius  _ & f 
Arcadias.  Cependant , quelques  favans  aroient  ¡ 
encore  des  do  ates  fur  ce  pointj  & 1 homasBurgefs,  | 
dans  une  noureüe  édition  des  MifzdUma  critica 
deDav/es,  Oxford  1781 avoit  ayerti  que  Tou 
vrage  df-ircadiuSj  qui  exifte  en  manufcrit  dans  la 
bibliothéque  du  roi^  pourroit  tenniner  la  dlípute. 
Ce  grammairien  atteíte,  en  effetj  dans  le  rexte  cité 
par  M.  de  Villoifon  ^ qu  Ariftophane  de  Byzance 
inventa  des  lignes  poiir  les  acccns , les  tons^  Ies 
efprits , la  qaantité  des  fvllabes , &c.  íl  expofe 
enfuite  Ies  principes  qui  ravoient  dirige  dans  ce 
travail.  La  maniere  dont  il  s’exprime  nous  fait 
conjeciurer  qu’on  avoit  déjá  des  íignes  pour  ces 
objets  avant  Ariftophane ; & que  ce  grammainen 
imagina  feulemént  de  nouvelies  figures  ^ d'aptes 
une  théorie  plus  fure  & plus  réguliére.  Pour  la 
figure  des  efprits  , Ariftophane  ^ dit-il , imita  le 
procede  des  artiítes  ^ qui , aprés  avoir  trouvé  les 
trous  done  il  falloit  percer  Ies  ñutes,  imaginérent 
de  petites  piéces  mobiles  en  différens  fens , qu'il 
appelle  011  tant  pour  ouvrir  que  pour 

fermer  ces  trous. 

On  apprend  par  le  témoignage  de  S.  Auguítin, 
que  des  le  quatriéme  fiécle  on  voyoit  des  efpiits 
dans  les  manuferits  grecs  de  Fancien  Teítament. 
Le  paíTage  de  ce  doCleur  qui  avoit  échappé  aux 
favans,  leur  a été  indiqué  par  M.  Knittel,  dans  fes 
Commentaires  fur  laveríion  gothique  d’UIphilas, 
que  iui  a fournie  la  bibliothéque  de  V/olfenbutel. 
Dans  le  premier  livre  de  fes  Queftions  fur  YEpta- 
teuqae,  gusfl.  162,  S.  Auguílín  obferve  qu’au  cha- 
pitre  47  de  la  Genéfe,  des  manuferits  latins  portent 
virgg,  ejus , dAutres  virgA  fuA ¡ ce  qui  rient,  dit-il, 
de  ce  que  les  mots  grecs  qui  répondent  á ejus  & 
ÁfuA,  s’écrivent  avec  les  mémes  caraétéres;  mais 
cependant  avec  cette  différence , que  les  accens  ne 
font  pas  les  mémes  , le  mot  qui  fignifie  [ua  ayant 
un  figne  de  plus , ou  FH  grecque , figure  qu’on  fait 
avoir  anciennement  déíigné  Fafpiratión  forte. 

Cct  Arcadius  étoit  un  grammairien  d’Antioche , 
dont  parle  Suidas  , & que  Saumaife  , ainíi  que 
d^aatres  favans  , avoient  cité. 

On  a trouvé  dans  Ies  manuferits  d'HerGulanum, 
ditWinkelsnan,  fur  quelques  lettres,  des  points& 
des  virgules,  que  nous  nommons  des  accens  : on 
voit  pareillemenr  dans  le  livre  fecond  de  la  Rhé- 
torique  de  Philodémiis,  trouvé  au  méme  endroit, 
quelques  mots  interlinéaires  en  plus  petit  caraclére. 
Í5ans  les  deux  lignes  ñiivantes , copiées,  d' aprés 
ce  manufcrit,  á la  page  10, on  voit  desexemples 
de  Fun  & de  Fautre. 

’LiVtotctois 

H6€íA.cnoXXHC  OyKOyíí  AHno^ 

^ -7  T ft  » • • 

« . . Te  THTePTOPÍKHiKKl 

^ A Fégard  des  trois  points  fur  KAI , je  n’y  trouvé 
ríen  qui  permette  la  plus  foible  conjeélure  ; mais 
©YXOYN  a manifeitemíat  fon  accent.  La  plus 


A C C 

ancienne  infcrlption  grecque  qui préfente des  accens 
(i) , eft  peut-étre  d'un  tenas  poftérieur.  Nous  favons 
cependant  que  Ies  accens  ont  été  en  ufage  dans 
les  tems  antérieurs  á ces  manuferits,  puifeue  les 
Samnites  (2)  les  employoient  pour  marquer 'cer- 
taiaes  fyliabes. 

Voici  un  vers  dTuripide  (3),  qui  a été  trouvé 
á Hcrculanum: 

Cís  gy  sc¡(^09  (¿a’jXvjítci.  TGis  tjoXXÍs 

Ce  vers  étoit  écrit  fur  le  mur  d"une  maifon  qui 
faifeit  le  coin  d’une  rué  d’Herculanum  : cette  rae 
conduifoit  au  théátre.  Les  accens  étoient  marqués 
comme  on  les  voit  id. 

Dans  les  manuferits  déla  méme  ville,les  correc- 
tions  fe  trouvent  placees  en  petit  cara&ére  entre 
les  lignes.  Le  cerele  ponélué  au-deíFus  de  la  qua- 
triéme lettre  de  la  feconde  b’gne  citée  plus  haut, 
mérite  quelqu'attention , ainfi  que  les  points  au- 
deíTus  de  kai  : ce  qu  il  y a de  plus  lingiilier,  c’eft 
le  tiret  au-deífiis  d'oyKOvK  , qui  paroit  plutóc 
étre  le  figne  d’une  modulation  qu'un  accent.  On 
trouvé  un  pareil  tiret  fur  le  piédeftal  de  Fobélifque 
du  foleil,  élevé  par  Auguíte,  & qui  aujourd'hui 
eíl  couché  par  ierre  dans  le  champ  de  Mars. 
Bianchlni  en  parle  dans  fon  ouyrage  (4)  5 il  auroit 
néanmoins  pu  en  dire  davantage , sfil  avoit  lu  Fou- 
vrage  intitulé  ; EHa  Putfckii  g-rammatici  veteres. 

On  ne  trouvé  plus  de  femblables  marques  ou 
accens  dans  les  inferiptions  faites  aprés  le  ficcie 
d’Auguíle.’VVinkelman  en  avoit  vu  fur  une  ancienne 
infeription,  qu’il  a publiée  le  premier  : elle  con- 
tient  le  teílament  d’une  mere,  8c  fe  trouvé  á 
Rome,  dans  la  cave  du  Marquis  Rondini : 

Mvrdiae  l.  f.  matris  sed  propriis  VI- 

RIBUS  ADEEVENT  QUO  FIPvMIORA  PROEABI- 
LIORAQVE  SINT  OMNES  FILIOS  .<EQVE  FECIT 
HEREDES  PARTITIONE  FILIAS  DATA'  AMOR 
MATERNVS  CARITATE  LIBEPvVM  AEQUALI- 
TATE  PARTIVM.  CONSTAT  VIRO  CERTAM  PE- 
CVNIA^fe  LEGANT  , SCC. 

Cette  infcrlption  eft  d’urre  orthographe  fort  an^ 
cienne , comme  il  eíl  facile  d’en  jugar  par  plufieurs 
mots;  par  exemple,  ARdvo''m,qvom. 

Le  tiret  ou  'i accent  indique  commanément  Fabla- 
tif ; on  le  voit  néanmoins  auíu  fur  des  mots  qui 
font  á d’autres  cas  ; Lavdare'ivr  , fe 'mi- 
na'rvm,  fe'cisse,  a'missum,  mervi't,  va- 
RIETATS'S. 

On  ne  fauroit  trop  répéter  que  Ies  Romains, 
dans  leur  meilleur  tems  , fe  fervoient  d’une  efpéce 
S accent ; &:  c’eíl  par-lá  que  fe  difringuent  les  inf- 
eriptions depuis  Auguíle  jufqii’á  Nerón  (y) ; c’eíl 

fi)  Fa.hr et.  injeñp»  pag*  288,  n.  21^. 

(2)  Olivieri  DijF  fopra  ele.  MedagtU  famniu  13^,  riel 
tomo  4 , delíe  D'ifc.  dúV  Accad»  di  Con. 

{l)  Pin.  ErcoL  r.  2^^.  34. 

(4)  Del  Pelay-igi  dt  Cefari,  di  Francefeo  Sianciiai;  ^ 
Verona. , 1758 , gr.fcL 

(5)  Fabret  Infcríp.p.  168,  170, 2jf* 


'39 


A C C 

auffl  ce  qui  a fait  regarder  á Y,  inkeíman  linfcip- 
tion  fuivante  j trouvce  á Rome  ians  aacune  aate^ 
comme  ayant  été  faite  dans  le  méme  tems  : 

CELER.  PRIMI.  AVG.  LIB.  LIEERTVS. 

EX.  GEIIINAE.  SYltXVCHE.  CON 
IVGI.  EX.  FLAVIO.  CELERIONI.  EX  HE 
LENE.  CELERINAE.  FILIIS.  POSXERIS. 

SVIS.  FÉCIX. 

Le  favant  f i ) qui  foutient  que  les  ancieunes 
inícripíions  font  toutes  fans  accent  ^ fi  en  avoit  done 
pas  vu  beaucoup.  • j»  - 

Les  mots  interlinéaires  des  m.anufcnts  d Her- 
culanum  , qui  font  écrits  en  caradére  différent  des 
autres  , ' paroiíTent  trés-remarquables  : _on  voit 
que  c'eil  un  changement  .ou  une  corredion  faite 
aprés  coup.  C’eft  ainíi  qu  on  a mis  ci-devant  Ii 
letrre  H au-delTus  du  mot  pxopikhi,  pour 
réparer  une  omiíiion  du  fetibe.  On  peut  conciure 
de  ces  corredions  , que  ce  fecond  livre  de  la 
Rhdorique;,  eft  un  original  de  la  propre  main  de 
Philodémus. 

On  voit  par-lá  combien  font  incertaines  les 
regles  que  les  critiques  modernes  ont  donnéeSj 
pour  juger  de  Táge  des  manuferits  par  Tabfence 
des  accens.  C'eft  pourquoi  nous  nous  abíb'endrons 
d'en  rapporter  de  pareiiles.  Les  accens  étant  connus 
& mis  en  ufage  prelque  de  toute  antiquité,  leur 
fuppreflion  a fans  doute  été  Feffct  de  la  pareíie  des 
copiítes  ; & le  caprice  de  Tun  d’eax  aura  pu  les  lui 
faire  employer  dans  un  liécle  oú  tous  les  autres 
les  négligeoient.  Lf  Poncxuaxion. 

ACCERSITORES.  Les  Romains  donnoient  ce 
nom  á des  domeftiques  qudls  faifoient  aller  devant 
eux  pour  annoncer  leur  arrivée. 

ACCINCTUS  & ACCiNGERE,  font  des  mots 
relatifs  á la  maniere  dont  les  Romains  s'habilioient. 
Les  hommes  adifs  & laborieux  relevoient  leur 
toge  OU  leur  tunique  , & Ies  replioient  autour  de 
leurs  reins  en  forme  de  ceinture , pcscingehant , 
acci.igebant fe  ; c’étoit  le  caradére  des  gens  oceupés. 
On  reconnoiíToit  les  hommes  mols  & efféminés 
en  voyant  ñotter  leurs  habits , dlfcincii  erant.  Pour 
expri’.ner  plus  énergicuement  Fadion  des  per- 
fonnes  oceupées,  on  difoit  que  leurs  habits  éroient 
relevés  tres-haut.  Horace  , ( Sat.  lio.  i.  8. ) : 

Hzs  ubi  fublatls  pueT  alte  cincius  acemam 
Gaiifape  purpureo  menfam  deterjlt. 

Pétrone , c.  19  : PracinSi  cene  altius  eramus , 

c.  87  : Hifi  viderint  fiatores  alúas  cmños. 

L’ufacs  de  replier  fes  habits  -autour  du  corps  , 
ct'iit  ordinaire  aux  chirurgiens , aux  foldats,  aux 
a:-ies  des  lacníicateurs,  aux  voyageurs,  aux  chaf- 
feurs , &ÍC.  Les  Grecs  fe  fervoient  du  Tnot^ír-v^ríai , 
cingl,  fe  ceindre,  pour  exprimer  la  méme  idee, 
& pour  s’armer,  comme  on  le  voit  dans  Tlliade, 
(aÍ  15}. 

(i)  Bafnage,  préf.  de  VHifoire  des  Jaifs,  p.  j?. 


A C C 

ACCIS,  dans  FEfpagne. 

Col.  GE:\í.  ACC.  Colonia  gemclla  accitam 

Col.  ACC.  Colonia  aceituna. 

C.  I.  G.  A.  Colonia  julia  genella  aceituna. 

Cette  cOiOnie  rcmaine  a fait  ifapper  des  mé- 
daiiles  latines  en  Thonneur  d'Augufte,  de  Libere 
& de  Caügula. 

ACCIUá-hlAVIUS,  augure,  viveit  du  tems  de 
T arquin  Tancien  , roi  des  Romains.  Accias  s''oppofa 
au  deifein  de  Tarquin,  qui  vouloit  augmenter  le 
nombre  des  tribus  , & lui  dit  qu’il  ne  le  pouvoit 
faire  fans  y erre  autorifé  par  les  augures.  Le  roi 
en  fut  oifenfé , & voulant  le  fuiprendre  & le 
rendre  ridicule,  lui  dit  : \ ous  qui  étes  íi  habile, 
devinez  li  ce  que  je  penfe  á cette  heure  peut 
s’exécater  ? Cela  eít  poiTibie , dit  Taugure.  J’ai 
penfé , repartir  le  roi , que  vous  poiirriez  couper 
ime  pierre  i aiguifer  avec  un  rafoir  : faites-le 
done , puifque  le  vol  des  oifeaux  vous  aíTure 
que  la  chofe  rfeft  pas  impofílble.  Accias  prend 
un  rafoir  & coupe  la  pierre.  Toas  ceus  qui 
étoient  préfens  fiirent  faiíis  d'admiration.  On 
¿rigea  une  ílatue  á Accius-1\ avias  fur  les  degrés 
des  comices  j & Tart  des  augures  acquit  une  grande 
coniidération  chez  le  peuple  romain.  i'ite-Live, 
les  autres  hiíioriens  de  Rome  & Cicerón,  rap- 
portent  ce  conte  comme  une  ancienne  tradition 
de  leur  nays  , qu’iis  Aofent  contredire  , mais  dont 
ils  ne  cerdSent  pas  la  réaüté.  C.  auíü  IS  avius. 

ACCIüS  , poete  latin  , célebre  par  les  tragédies 
qu’il  compofa  du  tems  de  la  république.  Son  ítyle 
fe  fentoit  de  la  rudeffe  de  la  langue  des  prerniers 
Romains.  Cicerón  le  caradtérife  par  répithéte  de 
duriafculus.  Mais  Brutus , raiTaiiln  de  Céfar,  efti- 
moit  teüement  les  pocEes  á’ Accias,  quLl  les  fie 
graver  fur  les  miirs  des  temples  , des  édifices  pu- 
bües  , Se  qu'il  lui  élefa  une  liatue  coloíTale  dans 
le  temple  des  mufes. 

ACCL  aMA'ÍIONS  ou  appl  audissemens  , par 
lefquels  le  public  témoigne  fon  approbation.  les 
anciens  écrivains  reuniíTent  ordinairement  les  accia- 
mations  avec  les  applaudiílemens , parce  que  le 
peuple  employoit  dans  ces  occali-'-ns  la  x'oix  Se  le 
geíle.  Arifiénéte  (.epifi.  i.  z6.)  dit  du  Pantomime 
Panaréte  : Populas  iaierea  rectas , ac  mirabundus 
adPídt , veces  alternas  melodice  refpondet , manufqae 
rnovet  ¡ & Dion,  dans  la  vie  d'Auguíle  ; Populam 
objurgavit , qaod  plaafu  (í  laudlb as  Cai"M  profe- 
cutas  effet.  I!  y avoit  cependant  une  diíférencc 
fenfible  entre  les  applaudiiremens  & les  acclama- 
tions  , en  ce  que  les  dernicres  étoient  exprimées 
paria  voix,  & les  prerniers  par  le  gefte  : d’aillcurs 
on appiaudíííoicprr  :cclaT7iatlo7is,{oiícue.\tso\>^tl^ 
j de  ces  Cenes  d'approbation  fuííént  prefens  ou 
I abfens,  & Ies  applaudiíTemens  de  la  main  ne  fe 
I faifoient  entend-je  que  dans  le  premier  cas.  On  eft 
certain  d’ailleurs  , que  les  femmes  méloient  leurs 
voix  a celles  des  hommes  pour  applaudirj  & Ton 
ignore  encore  íI  elles  prenoient  part  aux  applau- 
diCenisns  donn.es  avec  la  main. 


I 


4®  A C C 

Les  acclamatíor.s  fe  faifoient:  eiitendre  dans  Ies 
mariages.  C'étoit  un  heureiix  prefage  pour  la  de!-- 
tinée  ¿es  époux.  Les  Rornains  fouhaitérent  á Néron 
& á fa  nouvelle  époufe  Poppée,  toute  forte  de 
profpéritéj  omnia.  On  confultoit  les  augures 
pour  accomplir  les  noces  ^ & leur  réponfe  étoit 
ordinairement  j fe.liciter , les  aufpices  font  favo- 
raBleSj,  oujm  res  reñe  vertac , ou  dii  bene  vertant, 
que  les  dieux  vous  fcient  propices.  Ceíl;  ainíí  que 
Plaute  a dit  dans  ^ Aulularia , (iIjZj4i): 

Qu&res  recíe  vertaty  miki  úhique , tuAque 

I'iliam  tiianz  miki  uxorempojco  .-promitte  kocfore. 

Et  plus  bas  ( 1 1 , 3 j 4) : 

liliam  defpondi  hodie : ego  nuptnm  kuic  M.egadoro 
dubo. 

St.  Jya  bene  vertant ! 

Lorfque  les  empereurs  diftri'ouoient  un  con- 
giaire,  le  peuple  faifoit  retentir  des  acclamations^ 
§c  lui  fouhaitoit  de  longues  annécs  : ce  qui  a été 
imité  par  Ovide  (fijí.  i,  613  ) : 

A-ügeut  imperinTTi  nojírí  ducis  ¡ cngent  anuos, 

Parmi  Ies  foldats,  les  acclamations  étoient  fort 
uíitées.  Premiérement  lorfqudls  élifoientiin  com- 
mandantj  ils  crioient  : Dii  te  fervent  imperator. 
Probus  fut  élu  par  le  fuffrage  univerfel  des  foldats , 
qui  répétoienr  á haute  voix  : Probe  augafie  dii  te 
fervent.  Secondenient:,  au  moment  ou  les  armées 
s’ébranloient  poür  combattre  , ils  crioient : i^iclo- 
ria.  Csefar  {de  Bello  gall.  v.  36).  Tum  vero  fio 
more  vicíoriam  conclamant  j atque  uluLatum  tollunt. 
Troifiémement  ^ apres  la  viftoire ils  nommoient 
leur  chef  imperator  par  acclamation.  Quatriéme- 
mént , lorfqudis  accompagnqient  un  triomphateur 
au  capitole,  ils  cxioltnf.lo  triumphe  ^ io  trmmphe  , 
oUj  felón  Tertullien : 

De  noftris  annis  tibí  Júpiter  augeat  annos. 

Les  acclamations  redoubloient  quand  les  princes 
faifoient  leur  entrée  dans  Rome.  Le  Code  Théo- 
doíien,  lib.  -j , fait  mention  de  celles  qui  avoient 
été  empioyées  aux  entrées  des  empereurs  Aiiguñe 
Se  Conílandn.  Les  hiíloriens  nous  en  ont  confervé 
quelques- unes.  Que  les  dieux  vous  confervent 
pour  nous  j votre  falutj  notre  falut  : Dii  te  nobis 
fervent,  veftra  [alus,  nafra  falas.  — En  VOUS ^ 
ó Antonio  , & par  vous , nous  avons  tous  les  biens ; 
In  te  omnia , per  te  omnia  habentur , Ántonine, 
— Lorfqu\4grippine  entra  dans  Rome  , le  peuple 
cricit  qu^elle  étoit  Phonneur  de  la  patrie , le  feul 
rejeton  d’Augufte , le  feul  modéle  de  Pantiquité  ; 
& il  faifoit  des  voeux  pour  fes  enfans.  — La  fauíTe 
nouvelle  de  la  convalefcence  de  Ggrmanicus  s’étant 
repandue  á Rome  le  peuple  courut  en  foule  au 
capitole  avec  des  flambeaux  & des  viétimes  ^ en 
chantant  : Salva  Roma  , falva  patria , falvus  efi 
Germánicas.  Rome  Sí  la  patrie  font  fauvées , Ger- 
manicus  eft  rctabli.  — Lampridius  raconte  qu'á 


A C C 

l’entrée  d’AIexandre-Sévére  , le  peuple  crioit ; Salva. 
P.oma  , quia  falvus  Álexander.  Rome  eft  fauvée, 
puifqu’Alexandre  eft  en  bonne  fapté. 

On  iouoit  avec  des  acclamations  répétées  Ies 
auteurs  qui  üfoient  leurs  ouvrages  dans  Ies  écoles  , 
dans  des  falles  de  iedure  publiques_  ou  particu- 
liéres.  Les  écrivains  avoient  foin  dbnviter  des  audb; 
teurs  & des  acclamateurs  pour  les  entendre  lire 
ou  déclamer  leurs  compolitions.  Largius-Licinius 
fut  le  premier  á Rome  qui  fe  compofa  par  des 
invirations  un  auditoire  nombreux.  (Vlm.  epift.  1 1 , 
^ 9 }•  Primas  hunc  audietidi  tnorem  induxit 
Jargiiis-Jicinius , hacíenus  tamen  , at  auditores  cor* 
To^ú.rctm  íl  y 3.voit  des  ü.ccIcl7tiüxio7is  con’v  cnu.es 
pour  applaudir  les  leéteurs.  En  voici  quelques- 
unes  : Bene  , & pr&clare  ; helVe  , & feftive  ; non 
potefi  melius.  C^eft  bien , tres-bien  5 c eft  agreable 
& délicieux  : on  ne  peut  mieux  faire.  Cicerón 
{de  orat.  3,  26)  nous  apprend  le  cas  particulier 
qudi  faifoit  de  chacune  de  ces  acclamations.  Bene  , 
& pr&clare  quamvis  nobis  f&pe  dicatur , helle  , & 
fefive  nimium  f&pe  nolo  ; quamquam  illa  ipfa  excla- 
matio  , non  po tejí  meltks  , ft  velim  crebra.  On  les 
trouve  réunies  dans  ce  vers  de  Martial  {11  ¡xj  , 

Efféñe , graviten , cito  , nequiter , euge  , beate. 

Necr-uiter  fe  difoit  par  antiphrafe  : c^’étoit  une  £at- 
terie  recherchíe. 

Les  Orees,  que  la  fervitude  rendir  adulateurs  & 
rampans , compoférent  des  acclamations  encore 
plus  exagérées  5 relies  axí , on  ne  peut  rien 
dire  qui  foit  au-deíTus  de  ce  difcours ; & que  «ipSí , 
ou  fophos,  ce  que  nous  venons  d’entendre , eft 
trés-favant  ou  trés-fage. 

Les  acclamations  du  fénat  étoient  plus  férieufes; 
elles  avoient  pour  but  d^honorer  l'empereur  ou  de 
le  flatter.  Les  fénateurs  exprimoient  leur  confen- 
tement  á fes  volomés  par  les  formules  fuivantes : 
Omnes , omnes , &quum  efl ¡jufium  efi.  INous  fommes 
tous  de  cet  avis,  du  méme  avis  j ce  qui  vient  d’étre 
propofé  eft  juñe,  frés-jufte.  L^’ufage  fréquent  des 
acclamations  étoit  pafle  du  théátre  dans  le  fenat. 
On  n’en  faifoit  point  mention  dans  les  adíes  pu- 
blics  avant  le  régne  de  Trajan  : ce  grand  prince 
fut  le  premier  objet  de  cette  nouvelle  adulation. 
II  y eut  des  regles  preferites  pour  les  acclamations 
des  fénateurs , comme  i!  y en  avoit  pour  les  fpecla- 
teurs  des  jeux.  L’un  d’eax  pronomjoit  une  forrnule 
^acclamations , & tous  Ies  fénateurs  la  repetoient 
á Fenvi.  Ces  formules  avoient  meme  une  pronon- 
ciation  accentuée , qui  approcholt  du  chant,  & 
eiles  étoient  renouvelées  plufieurs  fois  cpmme 
un  refrein.  BriíTon  & Ferrari  en  ont  recueilli  un 
grand  nombre.  Trebellius  {in  Claudio)  nous  afllire 
que  ces  acclamations  avoient  été  répétées  jufqu  s 
foixante-dix  & méme  quatre-vingt  fois. 

L’amphithéátre  retentit  des  premieres  acclama-^ 
tlons.  Ce  ne  furent  d’abord  que  des  cris  & des 
applandiíTemens  confus,  expreffion fimple  & naíve 
de  Fadsniration publique  xplaufas  tune  artecarebat. 


A C C 

áü  Ovide.  Jlais  fous  ¡es  esnpereurs , & des  le  régne 
d'Augufte  , ce  mouvement  impétueux  auquei  le 
peupie  s'abandonnoit  comme  par  enthouíiafjne  j 
devint  un  art^  un  concert  éciidié.  Un  muCcien 
donnoit  le  ton  ^ & le  peupie  faiíant  deux  chceurs  , 
répétoit  alternativement  la  formule  ^ acclamation. 
Le  demier  acieur  qui  oceupoit  la  feencj  donnoit 
le  lignal  des  applaudiíTemens  par  fes  derniéres  pa- 
roles j válete  ¿ ^laudite  : foyez  heureux  & appl'au- 
diíTez., 

INéron  étoit  li  paílionné  pour  la  mulique  , & 
croyoit  tellement  exceller  dans  cet  art  j qu’il 
jouoit  de  la  lyre  fur  le  théátre  á la  vue  da  tout 
le  peupie  romain.  Sénéque  & Eurrhus  étoient 
alors  les  coryphées  ou  premiers  acciamateurs  j de 
jeunes  chevaliers  fe  plafoient  dans  ditíérens  en- 
droits  de  ramphithéátre  pour  répéter  les  acclama- 
tions  ; & des  foldats  gagés  á cet  effet  fe  méloient 
parmi  le  peupie , afín  que  le  prince  entendít  un 
coiicert  unánime  d’appIaudilTemens.  Ces  aedama- 
tioTLs  chantées  ou  plutót  accer-tuées , durérent  juf- 
qu'au  régne  de  Théodoric.  Les  applaudiíTemens 
qui  les  accompagnoient,  avoient  auífi  leur  rhithme 
ou  cadenee ; de  maniere  que  toas  Ies  fpedlateurs 
devenoient  au  meme  inñant  des  pantomimes  & 
des  chanteurs  accordés  tous  á TuniíTon.  C*eft  ainli 
que  les  peint  Sénéque  j {epiji-  ^9)  : Cíteram , fi  te 
videro  celebrem  fecundis  vocibus  vulgi , fi , intrante 
te  , clamor , plaufus  & pantomímica  ornamenta  obf- 
trepuerint  y ji  tota  te  civitate  femin&  pueríqite  lau- 
daverint 

L’entrée  des  princes  dans  Tamphithéátre  étoit 
accompagnée  de  longues  & nombreufes  acclama- 
tions.  Des  hommes  recommandables  par  leurs  fer- 
vices  ou  leurs  táleos ^ partagérent  quelquefois  avec 
Ies  empereurs  cet  hommage  public.  Plutarque  ra- 
coíite  que  le  peupie  romain  voulant  reconnoitre 
les  fervices  de  Sertoriusj  le  requt  dans  Tamphi- 
théátre avec  de  nombreux  applaudiíTemens  & de 
grandes  acclamations  ; honneur  j ajoute-t-il  ^ qui 
a été  rarement  accordé  , meme  á des  perfonnages 
iíluílres  ou  remarquables  par  une  vieilleíie  hono- 
rable : les  poémes  de  Virgile  firent  rendre  le  meme 
hommage  á ce  chantre  immortel.Le  peupie  rom.ain 
les  entendant  réciter  fur  la  fcéne  , fut  li  touché  de 
leur  beautéj  quhlfe  leva^  d’un  commun  accord^ 
fe  tourna  du  coté  de  Virgile  & le  falúa  , comme 
il  faifoit  á Tarrivée  d’Augufte.  ( Qnint.  de  orat. 

On  n^’empioya  pas  toujours  les  acclamations  pour 
exprimer  la  joie  ou  le  refpeél.  Elles  farent  encore 
chez  les  fénateurs  un  témoignage  public  de  la 
haine  ou  du  mépris.  L'époque  la  plus  ordinaire  oú 
on  les  emplos'a  dans  le  deraier  feos  , fut  Tinftant 
oü  Ton  ordonnoit  de  brifer  les  ñames  des  mauvais 
princes.  Ceñ  ainíi  qu'aprés  la  mort  de  Domiden;, 
le  fénat  entier  fe  répandit  en  inveñives  contre  ce 
tryran , & répéta  á Tensó  les  acclamations  Ies  plus 
inj uneufes  ; contumeliojijflmo , atque  acerbijflmo  accla- 
madonum  genere  laceravit,  dit  Suétone.  Lampride 

Antiquités  , Tome  I, 


*A  C C 41 

¡ en  a coiuers'é  des  formules  dans  la  vie  de  Cem- 
inode,  c.  18.  Acclamationes  poji  mortem  Commodi 
graves  faerunt.  Ut  aatem  jeiretur,  quod  jacíezum 
fenatús  de  Commodo  fuerit ^ ipfas  cccicniaiicr.es  de 
3Aano  lAaximo  zndidi  y d*  Jeittcnttam  Jeiiatú.j'coTt-' 
fulti  : kojii  patris.  honores  detrahatiíiir  : perrteide 
honsrres  detrahantur  : koftis  flamas  undique  , varri- 
cid&  fiamas  laidicaz  , gladlatoris  fiatuas  undioue  : 
gladiatoris  & parricida  flatue  detrahantur. 

» Les  acclamations  des  fénateurs , apres  la  mort 
de  Commodcj  fiirent  les  plus  fortes  qu’on  eut  en- 
tendues.  Je  les  ai  extraites  de  Marius-híaximns  ^ 
as'ec  le  fenatus  confuiré  qui  Ies  fuivit^  afin  de  faite 
connoífre  la  maniere  dont  le  fénat  étoit  aífeéié 
contre  ce  prince  : cue  Ton  arrache  les  marques 
d’honneur  dont  étoit  decoré  cet  ennemi  de  la 
patrie , ce  parricide  ; que  Ton  abarte  toutes  les 
ftatues  de  cet  ennemi  ^ de  ce  parricide  , de  ce  sül 
gladiateur  : que  Ton  brife  les  images  du  gladiateur ^ 
du  parricide. 

Les  médailles  nous  ont  confervé  une  partie  des 
acclamations  ulitées  pour  les  princes  8c  Ies  prin- 
ceíTes.  II  paroitj  d'aprés  ces  monumens,  que  le 
peupie  faifoit  par  acclamation  des  rcEux  fclemneis 
pour  leur  confers'ation  ^ & les  renouveicit  tous 
les  cinq  , les  dix  j les  vingt  ans  , &c.  V.  Vota. 
Ces  formules  font  trés-fréquentes  dans  le  Bas- 
Empire  ; mais  on  en  connoit  peu  d'exemples  fur 
les  médailles  du  Hauc-Empire.  L^abbé  de  Rothelin 
avoit  une  médaiile  d’argent  de  Commode  avec  ce 
revep  : Voris  xx.  eos.  vi.^  dans  une  couronne 
de  chéney  une  de  Sévére-Alexandre , avec  voris 
VicENNALiBUs.  Lrinfcríption  voris  decenna- 
11BUS5  renfermee  dans  une  couronne,  fe  trouve 
fur  les  médailles  de  Maxirain  , de  Balbin,  de 
Püpien,  de  Trébonien  Galle,  d’^milien , de 
Valérien  & de  Gallien. 

acclamation  ordinaire  des  Grecs  étoit  A’yíüái 
-rl-joí , c^eft-á-dire  , bonne  fortune. 

Les  Chrétiens  confervérent  Tufage  des  acclama- 
tions dans  les  églifes  & dans  les  conciles.  On  en 
volt  des  exemples  dans  les  aíTemblées  eccléfiaf- 
riques  , & meme  dans  le  concile  de  Trente. 
Quant  aux  premiéres  , la  vie  & les  ceuvres  de 
S.  Auguñin  nous  en  fourniíTent  un  grand  nombre, 
que  Ton  répétoit  aprés  Ies  infiructions  des  évéques 
ou  au  com.mencement  de  la  liturgia.  L’ufage  des 
liranies  & des  répétitions  du  Kyrie  , eíi:  un  reíle 
frappant  de  ce  goút  des  anciens  pour  les  acclama- 
tions rcdoublées. 

Acclam.ation.  Cette  maniere  d’exprimer  fon 
confentement  étoit  en  ufage  á Athénes  pour  Télec- 
tion  de  quelques  magiftrats.  On  les  nommoit  par 
acclamation  y mais  on  ne  manifeñoit  fon  choix 
qu^en  élevant  les  mains,  fans  proTérer  de  paroles. 

Les  fénateurs  romains  acceptoient  une  propo- 
fition  par  acclamation , lorfqu^ils  fe  rangeoient  roiis 
du  coré  du  propofanr. 

U acclamation  des  nations  barbares  fe  reíTentoit 
de  leur  ruáeíTej  lis  Texprimoient  par  un  bruit 


41  A c e 

confe  it  lenrs  ornes,  & en  ftappJM  ayec  leDis 

épées  fur  les  boacIiers_.  ir  n 

' ACCO , ero  itune  vieille  femme,  donr  Loelms- 
Rhodiginus  ló,  c.  2)  a parlé  ^ & quü  dir 

avoit  eté  célebre  chez  les  Grccs , fans  que  nous 
DuiíEons  ríen  découvrir  fur  fon  pays  , & fur  sC 
tems  oú  eüe  vivoir.  11  raconte  que  certe 
voyant  dans  le  miroir  laids  & décrépite  , deyint 
JoÚe  de  douleur.  Hn  avoit  fait  á cette  occafion  e 
mor  accifare  , devenir  fou  , infenfé.  ^Lucien^  íi 
OIv- mpiodore  parlen:  d’elle  au  fuiet  de  rexpreíiiop 
^ je  aiñlmuie  : car  cette  femme  ayoit 
rhabitiide  de  refafer  Ies  chofes  qu  elle  deíírost  iC 
plus  ardemntent.  Au  rede,  ces^tradirions  font  n 
vvsueSj  Qu’on  se  fauroit  peut-etre  y reconnoitic, 
x-en  d^ arreté  ^ íinon  un  abiis  de  t ecymoiogie. 

' A-CCOLEIA,  fatnilie  lomaine  , dont  on  a des 
médaiiíes. 

P,RR.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Le  furnom  de  cette  famiile  eft  Lariscolus.  ^ 

ACCORDS.  Quoique  Ton  ait  beaucoup  écrit 
fur  la  Maíique  des  ancienS;,  on  n’a^pojnt  enccn-e 
fircet  art  des  notions  claires  & ptéciíes,  & les 
treviiix  deMM.  Burette  & RoiuTier  n ont  pas  levé 
enriércment  le  voile  qui  obfcurcit  cette  queííton 
épineufe  : nous  en  parlerons  avec  detall  a 1 arncle 
Müsioüe,  & nous  dirons  feuleaient  ici^  que  le 
plus  grand  nombre  des  ecrivains  modeines  s ac- 
• cordelit  á refufer  aux  anciens  la  connoiííance  deS 
accords  ou  de  rhartnorde.  Nous  voyons  cependaní 
cae  cette. afíertion  eft  au  moins  trep^  génerale , 
fi  eüe  n’eft  pas  abfoiiiment  contraire  á la  vérité. 
Car  j fans  parler  des  reclierches  de  ní.  Dutens  íur 
cet  objet  , que  Fon  trouve  á la  page  246  du  fecona 
tome  de  la  nouvelle  édition  de  Y Origine  des  décou- 
vertes  attribuées  anx  modernes  ^ Paris  177^  ’ 
cedes  que  renferment  des  remarques  fur  Apiilée, 
{ii  la  page  33O0  IJAJo  2.  w/-o  tradncl.  franfo-^e)  ^ 
nous  nous  contenterons  de  citer  ici  deux  paiiages 
de  Piotin  p qui  nous  ont  é:é  indiques  par  notre 
favant  confrére  M.  de  A illoifon. 

Ces  deux  paííages  iF ont  été  employés  par  aucun 
des  auteurs  qui  ont  écrit  fur  Tharmonie  , quoiqu  i!s 
paroiiTent  décilífs.  Les  voici  traduits  en  latín  par 
Ficin  ; (^Piotin,  Pa(le,  I\8o_j  enneade  uiy  liv-  6^, 

304).  _ cr  /• 

=0  PJumquid  igitiir  p áicamus  virw-tem  ejje  conjo- 

nantiatu  quamdam  „ vitium  vero  diponantinm  ¿ opi- 
nionem  antiquds  confonam  in  médium  adducemiis  ? 
Ac  pr&terea.  ad  id  gaod  qusrrimus  ad  modum  coniu- 
cemus.  Si  eiúm  virtus  ep  hoc  ipjutn^  fcilicet  partes 
arLims,  eife  peunduTn  naturam  ínter  Pe  concordes  ^ 
vitium  vero  ejfe  difeordes  : nihil  utique  adventiti'um  „ 
nikil  aiiitnde  uohzs  adveniet  j qed  pars  qu&líoet  qualis 
in  fe  efi , concentam  ingredietur  : ñeque  ingredietur 
zti  ciponantiam  pe  fe  hahens  y quemcidmccLUm  tripu- 
diatores  paitantes  , & invicem  concinentts  : & p non 
ildem  pnt , cr  folus  quis  canens  c&tens  non  oanen- 


A C C 

tibus  , & quofibet  fecundum  fe  cantante.  Non  enim 
oportet  concinere  foliim  , verum  etiam  qutmlibtt 
quantum  ad  fe  pertinet,  mupea  propria  rite  cantare  y 
adeo  ut  & illic  in  anima  confonantia  fit , quando  pars 
qudibet  quodftbi  ep  confentaneum  veragit.  Oportet 
fine  ante  confonanúam  ippm  aliam  uraus  cujufqüe 
partís  virtutem  effe  , vel  aliam  pravitatem  ame  mu- 
tuum  dijfonuntidTTi 

(Piotin,  enneade  iv,  IiV.4;.  pag- 435;)  : 

K Sol  autem  vel  alia  quavis  pella  hoc  ipjum  ne- 
quáquam ardmaávenit.  Confpit  vero  voti  potePas 
in.  confenpone  quadam partís  adpartem  comp-atiendi: 
quemadmodum  in  ñervo  quodam  tentó  contingit:,  ubi 
ciim  Ínfima  pars  movetur , mox  movttur  & fumma. 
Supe  etiam  alio  quodam  ñervo  pulfato  tremit  & alter , 
auap  perfentiat  ex  concordia,  laque  poüípmum  y 
quonia.m  eadem  prorfus  contemperad  fimt  confonan- 
tia.  Qubd p ah  alia  quoque  lyra  motus  transferíur  in 
aliam,  id  etiam  ex^compatiente  quadam  confenpone 
propcifei  putandum.  Iptur  Sí  in  univerfo  una  ep  har- 
monía, quamvls  pt  ex  contrariis  ; nam^  eji.  etiam  ex 
(imilihus  omnibufque  cognatzs  , etiam  kis  que.  contra- 
ria funt.  » 

=0  En  difant  que  la  vertu  eft  une  ceftaine  esnfe- 
naHce,  &:  le  vice  une  diífonance,  foutenons-nous 
une  Opinión  conforme  a celles  des  anciens  j avcin- 
cons-nous  dans  la  recherche  des  oD|ets  qui  nouS 
ocrupent?  Si  en  effet  la  vertu  coníifte  dans  lAc- 
cord  des  pames  de  notre  amcj  & k vice  dans  leur 
di  ico-dance  , ces  deux  états  diíférens  de  Fame  ne 
!ui  ajouteront  ríen  d extrinfeque  a fon  effence. 
Mais'chacr.ae  de  fes  patries  entrera  en  accord  fans 
former  de  ¿iíibnance-  C’eft  ainfi  que  nous  voyens 
des  danfeurs  fe  mettre  enfemble  en  mouvement , 
en  chancant  les  uns  avec  Ies  autres  ; quoique  ces 
chants  ne  foient  pas  femblables  , & que  fouvent 
un  feul  fe  faCTe  entendre , ou  que  pluiieurs  chanten^ 
en  meme-tems,  chacun  cependant  n étant  oceupe 
que  de  fon  chant  particulier : car  il  ne  fuffit  pas 
aux  snuíiciens  de  chanter  feuiement,  mais  il  faut 
encore  quAls  chantetit  chacun  felca  la  loi  & le 
rhithme  de  la  partía  qui  luí  eft  aíTignée.  De  méme 
Fame  eft  dans  une  confonance  parfaite,  lorfque 
chacune  de  fes  portions  exécute  les  mouvemens 
qui  lili  font  propses , quoique  differens  Ies  uns  ats 
autres.  íl  eft  done  évident  que  ces  portions  avoient 
chacune,  ou  une  aptitude  reconnue  -ayant  qu  elles 
eiitraífent  dans  Yaccord , ou  des  defauts  ante- 
rieurs  á ia  diíícnance  qu  elles  doivent  occafion- 
ner. 

» íl  n eft  pas  néceíTaire  de  fuppofer  dans  le  fo- 
leí!  ou  dans ‘les  étoiles  une  intelligence  qui  puiííe 
étre  affectée  par  les  antipathies  ou  les  fympat.nies^ 
Ces  derniéres  ne  coníiftent  que  dans  Y accord  d'nne 
patrie  avec  une  autre  partie  fiifceptíble  de  la  mems 
afection  : c'eft  ainli  que  dans  une  corde  tendue  y 
lorfqu’on  fait  fonner  la  partie  inférieure,  on  enreni 
frémit  la  partie  haute.  Scuvent  nveme  une  corda 
tendue  étant  mife  en  vibration  , onen  voit  une  autra- 
s’ébianler,  comme  elle  étoit  averue  par  laceara. 


A C C 

eni  régne  entr’eücs  Jcüí.  C;r  cst  eñec  íurprenant 
ei:  produir  princÍDale\ne::t  loriqu  sl'cs  Com  ians  an 
rapDort  d=  conibnaiice.  Si  ie  mouvemsnr  ¿onné 
Euv  cordes  d'áne  Ivre  j le  comrr.unique  á une  cutre 
l)'re , on  rden  peut  égjIeTiar.t  attnbuer  la  caufe 
cju’l  la  confonar.ce  leuie.  íl  régne  done  dans  1 uni- 
vers  une  véricab'e  liarmoniej  qui  eft  cómpoiee 
méme  des  efrets  contraires  : car  ceux-ci  ont  une 
origine  commune  &c  une  reiiemblance  palpable  ^ 
malgré  la  diverfeé  de  ieurs  naturas.  » 

Ces  deux  paíFages  r¡“annoncent-iis  pas  dans 
Pioíin  3 qui  vivok  au  troifiéme  fiécle,  une  con- 
noiífance  trés-didincte  des  accords , des  dülonarxes 
& du  rapport  des  porrions  de  !a  corde  vibrante  ? 
On  iaiíTe  aux  lecteurs  ie  plaiíir  d"en  tirer  les  con- 
féqaences  naturelies  : eiles  auqmenteront  encore 
ie  refpect  raifonné  que  doit  aux  anciens  tout 
homme  inírruit  & impartial. 

AC  COLCHEME  NT.  Les  grecques  & les 
romaines  ont  íignalé  á Tenvi  !eur  fuperítition  dans 
cet  inñant  ^ ou  ellcs  donnoient  des  citoyens  á la 
patrie. 

Les  Grecsappeloient  eímiSush  ou  'ElÁiíhiix  , quel- 
quefois  méme  Zaí-jü  (antholo^.  i.zi.  c.  23  , ep.  9) , 
la  divinité  qui  pteiidoit  • aux  accoachemens . C^eíl 
la  méme  que  les  Latiiis  invoquoient  fous  le  nom 
¿e  Lucine.  Fl  cc  mct. 

Les  grecques  lui  adreíToient  Ieurs  vceux,  aSn 
qu’elle  adoucit  Ieurs  fourírances ; & eiles  regar- 
áoient  comme  une  marque  particuliére  de  !a  bien- 
veiilance  des  dieuXj  un  azcouckement  qui  n’étoit 
accompagne  d’aucune  douleur.  Théocrite  ^ dans 
ridylle  17=,  qui  contient  Léloge  de  Ptolémée  ^ 
dit  que  Bérérdcej,  fa  mere  j étant  fur  le  point  de 
metete  au  monde  ce  prince  , invoqiia  Ilithie  , & 
que  cette  divinité  bienfaifante  éloigna  d'eile  toutes 
les  douleurs. 

Les  anciens  croyoient  méme  que  cette  faveur 
n’étoit  accordée  qtfaux  femmes  dont  la  conduite 
avoit  toujoars  été  lans  reproche.  C’eft  par  ce  morir 
que  dans  rAmphitrj^on  de  Plaute  ( acie  7 , [cene  ij  ^ 
on  combar  la  jalouíie  du  mari  d'Alcméne : 

— Iníered  uxorem  mam 

. ISi  eque  gememem,  neqiiepíorantem  nofirum  quifquam 
audivimus. 

Ita  prefecto  fine  dolare  peperit. 

Mettre  au  monde  deux  gémeaux,  annon^oit  encore 
la  bienveiílance  des  dieux  : nous  Papprenons  de  la 
méme  fcéne  de  Plaute  , oú  Fon  empioie  cette  con- 
ildération  pour  détruire  les  foupcoas  qu'il  a confus 
fur  Aicméne : 

BR.  At  ego  fíiciam. , tu.  ídem  ut  aliter  pr&dices  , 

Amphitryo , pzam  & pudicam  eífe  mam  uxorem  ut 
fictas  y 

earefigna  atqueargumentapaucisverhís eloquart 

Omnium  primum,  Alcumerui  geminas  peperit  [dios. 

A M.  Aiin  tu  gemiros  ? Di  me  feryent BR . Sir¡.e  me 
di c ere  , 

Ut  fitas  tibí  tu/tque  uxori  icos  ejfe  omnes  propitios. 


A C 


r- 


Al 


L invocatíon  des  d tux  Aé:oit  ;>as  í unio  -c  f>ii- 
lagement  que  Ies  Crees  croyoient  appc  , .er  aux 
iem¡ries  en  travail  3 ils  nterroienr  dans  Ieurs  mains, 
pour  atteindre  le  méme  bur,  des  palmes  , c^eft-á- 
tiire  , des  branenes  de  palmier : ces  rameaux  annon- 
edent  orJinairement  la  ioie  & la  victoire  , & 
fuifoient  connoítre  que  Fon  éreit  paíTé  du  fein  de 
la  tníieíTe  au  comble  du  bonheur.  'On  rroiivoit  cer 
embléme  dans  la  narare  du  palmier  , qui  p-lie  íans 
le  rompre^  6c  paroit  fe  relever  arec  d^aurant  plus 
de  forcé  q'Lil  a été  plus  violeminent  comptiiné. 
Latone  cranr  fur  le  point  d’accoucher  d’Apollon, 
prit  des  palmes  dans  fes  deux  mains , pour  appaifer 
íes  douleurs  violentes  qu’elle  teíTentoit.  C’eíí  pour* 
quoi  Théognis  dit  á ce  dieu  ( Gnam.  verf.  3.)  : 
La  déeíTs  Latone  étant  pres  de  vous  donner  le 
joutj  fe  faifit  de  branches  de  palmier.  L’hyrane 
á Apoüon  , attribüé  á Homére  ^ dit  que  fa  mere 
ac concha  dé  ce  dieu  fur  les  bords  ¿u  fleave  ínopus ^ 
auprés  d’un  palmier. 

Les  romaines  qui  étoient  pres  de  donner  ua 
citoyen  á la  répiibiíqiie  ^ ne  fe  contentoient  pas 
d'invoquer  Junon  fous  ie  nom  de  Luci.ne  ou  d’íli- 
thye  5 elies  appeloieat  á letir  aide  d’autres  divi- 
nités , relies  que  Mena , Vertunda , Latone  3c 
Egérie  , qui  préíiáoient  aux  accouckeniens  , dit 
nixii.  Mais  eiles  aroient  une  conSance  plus  grande 
encore  dans  les  déeffes  ¥rofia  ou  Prorfa  & Peft- 
verta  , qui  veilloient  á la  maniere  dont  Fenfant  fe 
préfentoit  au  fortir  de  Yuterus. 

ACCOLCHEUSES.  On  croit  que  les  Egyptiens 
étudiérent  les  premiers  Fart  des  accouchemens  í 
mais  Fon  ignore  auque!  des  deux  fexes  la  pradque 
de  cet  art  fut  confiée  chez  eux. 

Les  anciens  Crees  n’employerent  long-tems  que 
des  accoucheurs  ^ parce  qu’il  leur  étoit  défendn 
par  une  loi  de  faite  apprendre  á des  efclaveSj  ou 
á des  femmes , la  théorie  & la  pratique  de  la  Mé- 
' decine  5 car  on  fait  que  cette  fcience  comprenoit 
alors  avec  la  Médecinc  la  Chirurgie  Se  la  Phar- 
macia. De  forte  que  plufieurs  femmes  périrent  en 
couches  j la  pudeur  Ies  ayant  émpéchées  d’em- 
pioyer  le  miniílére  d’un  autre  fexe. 

Frappée  de  ce  malheur  j Agnodice  fe  déguifa 
en  homme  j & étudia  la  Médecine  fous  le  pro- 
feíTeur  Hérophile.  A peine  yeut-elle  faitquelques 
progrés  , qu’elle  découvrit  fon  fexe  aux  athé- 
niennes  fes  compatriotes  ^ qui  íurérent  unanime- 
ment  de  ne  point  preadre  d’autre  accoucheur.  Les 
médecins  j taches  de  refter  dans  Finaction  ^ 8c  de 
voir  Agnodice  oceupée  feule  aux  accouchemens  , 
Faccuférent  devantl’Aréopage  d’abafer  des  íemmes 
auprés  defquelles  ceprétendu  médecin  étoit  appelé. 
Agnodice  reDouffa  facilement  cette  accufationj  en 
apprenant  aux  juges  au’elle  étoit  íemme.  Mais  les 
médecins  lui  firent  un  crime  d’avoir  contrevenu  á 
la  ioi  qui  défendoit  á fon  fexe  d ctuater  la  Méds- 
cine.  Les  aréopagiítes  alloient  la  condamner  fur 
ce  noüveau  déíit^  loríque  les  femmes  d’Athénes 
les  plus  áiLinsuées  accourarent  pour  défc.ndre 


44  A C C 

Agnodice^  Se  reprochérent  aux  juges  de  voiiloir 
condamner  celle  á qai  plufieurs  d’entr’cijx  de- 
voient  ia  vie.  íls  fe  rendirent  á leurs  repréfenta- 
tions  i & portérent  une  loi  qui  permettoit  d’étudier 
]a  Médecine  aux  femmes  de  conditioa  libre. 

Chez  les  Romains , les  accoucheufes  étoient 
compíées  au  nombre  des  médecins  5 elles  s’aflu- 
roient  d'abord  de  la  groíTeíTe  ^ & prenoient  d'autres 
fernmes  avec  elles  pour  en  porter  un  jugement 
certain  : on  les  appeioit  enfuite  j des  que  les  femmes 
reílentoient  les  premieres  douleurs  ^ & elles  fe 
conduifoient  aupres  d’elles  de  la  méme  maniere 
que  nos  fages-femmes.  Des  hommes  s'acquitterent 
quelquefois  de  leurs  fonílionsj,  & nous  l’appre- 
nons  de  la  loi  qui  les  condamnoit  á des  punitions 
févéres  ^ lorfqifils  fuppofoient  un  enfant  aux 
femmes  ftériles  ou  bleflées.  Les  accoucheufes  pre- 
noient foin  de  la  mere  & de  Tenfant  jufaa’au  cin- 
quitme  jourj  oú  elles  remettoient  le  dernier  ala 
nourrice  j & recevoient  leur  falaire. 

II  Y eri  avoit  un  grand  nombre  dans  Rome , & 
méme  dans  chaqué  quartier  ^ comme  en  le  voit  fur 
Kn  marbre  que  Reineíius  {epifi.  i ad Rupertum) 
a fait  connoírre  : Bzrecuno^.  Ja- 

TROMjS..  ReGIONIS.  SUJE.  PEIaíJE.  Q.  V.  ANN. 

xxxiv.  M.  IX.  D.  xriii.  Valeria  y eft  appelée 
JatromAa  , parce  qu’elle  exerqoit  la  Médecine  chez 
les  femmes , 8c  en  particulier  Tart  des  accouche- 
mens.  Teiles  furent  Agnodice  chez  Ies  Athérdens; 
& chez  les  Romains  Viéloria  Sabina,  a qui  Théo- 
dore  Prifcien  dédia  fon  iivre  des  Gynécées.  F'oye:^ 
JuNON,  Lucine,  Ilithye. 

ACCUBÍTA.  Les  commentateurs  fontpartagés 
fur  le  meuble  auquel  les  Romains  dsnnoient  ce 
nom.  Les  uns  veuíent  que  ce  foit  un  oreilier , que 
Ton  plaqoit  fous  la  tete  ou  fous  le  cou  des  anciens 
lorfqu  iis  mangeoient  fur  deslits.  D'autrespenfent, 
avec  plus  de  raifon , que  les  accubita  étoient  ces 
lits  eux-mémes  & Tefocce  de  couíTin  ou  de  matelat 
Éxe  qui  recouvroit  le  bois  ou  f ivoire  dont  üs  étoient 
fabriques.  Elagalfaie  ne  fe  fervoit  d’auc'jne  autre 
efpéce  de  lits  de  table,  au  rapport  da  Lampride, 
de  lits  remboarrés  avec  du  poii  de  liévre , ou 
plumes  de  perdrix  : Idee  cubuit  in  accubitis  fu- 
cile , nifi  izs  , quA  pilum  leporinum  haberent , aut 
plumas  perdición.  — Jsumerus  accubitorum  crefcebat , 
dít  le  méme  hiílorien  dans  la  vie  dLAlex.-Séyére. 
Mais  Spartien  nous  a confervé  le  foiivenir  d’une 
recherche  plus  exquife  dans  la  vie  d°7Elius-Verus. 
Ce  prince  faifoit  rempHr  les  lits  de  table  de  rofes 
& de  lys  : Quod  & accubitatlones  de  rofis  , & HHis 
fecerh.  V.  LlX  DE  TABLE. 

ACCUBITALIA.  Cétoit  le  nom  des  tapis  qui 
recouvroieat  Ies  accubita  ou  lits  de  table.  Trebellius 
Pqllion,  dans  la  vie  de  Claade,  parle  de  ces  tapis 
faits  dans  i'ifie  de  Chypre  ; accubitorum  Cypriorum 
pariadu-o.  Cafaabon  íes  a prls  pour  des  nappesque 
ron  etendoft  fur  les  rabies;  parce  oue  Vopifeus, 
en  parlsnt  d A.uréiien , fait  auSi  meníion  de  nappes 


A C É 

tiíTues  dans  la  méme  iíie , mantelia  Cypria.  Mais 
cette  preuve  eíl  trop  foible;  puifque  les  anciens 
tiroient  également  de  Chypre  des  tapis  de  pieás, 
& des  portieres  brodées  en  plufieurs  couleurs, 
appelées  par  Ariíliophane , cortina  Cypria  varié- 
gata.  Ces  tapis  étoient  de  pourpre,  & ornes  de 
plaques  ou  clous  d'or.  Ceux  des  Babyloniens 
étoient  plus  en  ufage  pour  couvrir  Ies  lits  de  table, 
que  Ies  tapis  faits  par  les  Cvpriotes. 

' ACCÜBÍTATIONES.  V.  Accubita. 

áCCUBITOR  , en  grec  Ua^ctiíaifeifeiscs , étoit 
un  oííicier  dii  palais  des  empereurs  grecs.  íl  étoit 
le  chef  des  chambelians  du  prince , ou  de  ceux 
qui  couchoient  aupres  de  iui  pour  la  fúreté  de  fa 
perfonne. 

ACE , en  Paleíline.  Akh. 

Les  médailles  autenomes  de  cette  ville  fonr : 

O.  en  or. 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

ACENE , mefure  linéaire  & itinéraire  de  FAfie 
& de  FEgypte.  V.  Decapod-e. 

Acene,  mefure  linéaire  de  la  Sicile,  de  FAt- 
tique,  du  Féloponéfe,  & de  la  grande  Crece. 
y.  Decapode. 

Acene  , mefure  linéaire  de  la  Phocide  , de 
Fllljuie,  de  la  i heíTalie,  de  ¡a  Macédoine,  de  la 
Thrace,  des  Fhocéens  en  A.fie,  &de  Marfeille  en 
Gaule.,  /C  Decapode. 

ACEPHALES,  ou  hommes  fans  tete.  La  fable 
dit  qu  il  y aveit  au  nord  du  pays  des  H}.'perbo- 
réens  , (c’eic-á-dire , vers  la  Rudie  & la  grande 
Tartaria  d’aujourd'hui ) un  peuple  SAcéphales, 
{a  privatif,  & y.apxxú , tete).  Pline  les  appelle 
BUmmyes  ; les  géographes  qui  parlérent  de  ce 
peuple  , prirer.t  dans  ie  fens  propre  & matériél, 
ce  que  Ies  hilíoriens  en  avoient  dit  dans  le  fens 
figuré  : c^eft-a-dire  , qiFil  jF avoit  point  de  rete  ou 
de  chef ; mais  qufil  vivoit  fans  ioix  8c  fans  gou- 
vernemeat. 

ACERRA  , en  Itaüe.  ácep.v. 

Les  médiiiles  autonomes  de  cette  ville  fopt : 

RRPiR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

A.GERRA.  Les  Romains  donnoient  ce  nom  á 
une  efpéce  d'aute!  portatif , que  Fon  plaqoit  an- 
ciennement  aupres  cíes  lits  des  morts,  pwur  brúler 
des  parfums  en  leur  honneur.  Une  loi  des  Doiize-, 
Tablas  enintérdit  Fufage.  Les  interpretes  de  cette 
loi  penfent  qu'elle  regarde  plus  direclement  encore 
l'acerra^  OU  petit  autcl  que  Fon  bádíToit  a coré  des 
tombeaux , pour  y brúler  des  parfums  ou  y offrir 
des  rofes  8c  d’autres  fieurs.  Elle  tomba  en^défué- 
tilde  , ainfi  qudl  arrive  á toutes  Ies  ioix  fomp- 
tuaires.  Cat  rien  n^eíl  auííl  commun  que  de  voir 
fur  Ies  epitaphes  des  Romains,  une  priére  adreíf.-e 
aux^parens  , pour  Ies  engager  á revenir  chsoiie 
année  au  tomSeau,  8c  y apporter  des  rofes  8c  des 
parfums. 


ACE 

Achura  eíl  le  nom  que  les  Romains  donnoient 
au  cofiret  dans  leqaél  on  mettok  Tencens  deítiné 
aux  facriSces.  Les  prerr.iers  Romains  prenoient 
avec  deax  doigts  íes  globales  d'encens  qadls 
jetoient  fur  le  fea.  Cn  en  voit  une  multicude 
d exemples  lur  les  médaiiles  , ¡es  bas-reliefs  & les 
pierres  gravees.  Mais  cet  ufage  parar  trop  fimple 
aax  ckoyens  de  Rome^  lorfqu'eile  eut  eré  cor- 
rompue  par  le  luxe  Se:  la  fuperítkion.  On  jecoir 
alors  des  acerra  pieines  d’encens  fur  les  autels. 
Arnobe  le  reproche  aux  idolatres,  {Lih.  i)  : Acerras 
omnes  tkuris  picáis  conjiciatzs  altaribas.  Ce  ne  tur 

Í)oint  encore  aíTez;  : les  prodigues  renverferent  fur 
e fea  facré  des  baíTms  remplisde  parfums.  Ovide, 
( de  Ponto  , lió.  4 , eleg.  8 ) : 

Mee  qu-á,  de  parva  panper  dis  libar  acerra 
Thiira,  minas  grandi  qaam  data  lance  valen.t, 

Et  eleg.  9 : 

Tharaqiis mente  magis plena,  quam lance dedijfem , 
Ter  quater  imperii  latas  honore  tai. 

U acerra  étoit  ordinairemeiit  carree , & c’efl 
fous  cette  forme  qu’elle  paroít  fur  Ies  monuntens. 
Dans  le  cabinet  de  Sainte-Genevieve  , un  homme 
confulaire  , qui  eíl  dans  rattitude  d’offrir  un  facri- 
nce  aux  dieux , tient  une  acerra  de  cette  efpéce. 
Le  comte  de  Caylus  en  a piiblié  une  {Pee.  i.  234.) 
qui  étoit  triangulaire,  & ornee  de  deíSns  Se  de 
fculptures , ainíi  que  fon  couvercle. 

ACERSOCOMES,  nom  dCApolIon,  qui  veut 
dire  á longue  chevelure  , parce  qkon  le  repré- 
fente  ordinairement  avec  la  chevelure  d'un  jeune 
homme. 

ACESINE,  riviére  qui  fe  décharge  dans  le 
fleuve  Indus.  Cn  aiTare  quhl  y croiifoit  des  ro- 
feaux  d'une  grofleur  li  extraordinaire , que  leurs 
entre- nceuds  pouvoient  fervir  de  canot  á ceiix 
qui  la  voaloient  paíTer.  Arrien  parle  fouvent  de 
cette  riviére.  ( C.  A.  ).  Qaelque  volume  que  les 
naturaliRes  donnent  au  bambou  ou  jone  des  ínáes , 
i!  nkpproche  pas  de  la  groíTeur  des  jones  de 
YAcéfine.  On  peut  reconnoítre  ici  la  paííion  que 
les  Crees  avoient  pour  Thyperbole  & pour  le 
merveilieux. 

ACESIOS,  furnora  de  Télefphore,  dieu  déla 
iríédecine  : ce  mot  íignifie  qui  rend  la  fanté  , qui 
la  foutient  , qui  guérit  les  maladiss.  C'eíc  fous 
ce  nom  que  les  Epidauriens  honoroient  ce  dieu. 
V.  Télesphore. 

ACE:  O , filie  cT Efculape  , a qui  la  fable  attribue 
une  profonde  connoiíTance  de  la  Médecine.  Le 
Cíete  prétend  que  fous  Tallegorie  aAcefo  , les 
anciens  ont  voulu  défigner  un  air  épuré  par  les 
rayons  du  foleil,  St  rendu,par  fes  heureufes  in- 
fiuer.ces , falubre  & propre  á'réparer  les  fcrces  de 
ceux  qui  le  refpirent. 

AGESTE , roi  de  Sicile , étoit  fils  du  fieuve 
Crinifus  & d'Egefte,  filie  dE-íipootas.  Acefie  , qui 
étoit  originaire  de  Trcye  par  í¿  ntérej  vola  au 


ACE 


45 


. fecours  de  cette  ville,  lorfqu’eile  fut  aíSégée  par 
Ies  Crees;  mais  voyant  le  pays  ruiné  par  la  guerre, 
il  retourna  en  Siciie  , 80  y bátit  quelques  villas  ; 
ü régnoit  en  Sicile  lorfqu'Enée  y paiTa.  P'oyc^ 

¿.GESTE. 

ACESTIDES.  Les  anciens  donnoient  ce  nom 
aux  cheminées  des  fourneaux  á fondre  le  cuivre. 
Elies  aüoier.t  en  fe  rétrécLfant  du  has  au  fommet, 
aiin  que  les  vapeurs  du  metal  en  fiiíion  s’y  atta- 
chalfent  , 8c  que  la  cadmie  s’y  formát  en  plus 
grande  qaantité.  lis  fe  fervoient , pour  faire  du 
laiton  ou  cuivre  jaune,  de  cette  cadmie  & de 
pierre  calaminaire,  ignorant  l’cxiílence  du  zinc, 
ce  demi-métal  dont  elies  ne  font  que  des  chaux. 
{Diofeoride  , liv.  3). 

ACETABULARÍI.  C’étoient  des  joueurs  de 
gobelets  , que  Ies  Grecs  appeioient 
Leurs  noms  venoienrehez  les  Romains, des  acetci- 
bala  , vafes  ou  cornets  fous  lefqaels  ils  cachoient 
des  jetons  oa  des  petites  pierres.  Sextus  Empíricas 
en  parle  {adv.  Iríatkemat.  11,  pag. -jí.'y  : Sicat 
acetaoalarii  jpeciantium  oculos  agilítate  manuum 
fufñrantar , ac  illadunt. 

ACETABULE,  acetahulam  , mefure  des  Ro- 
mains,  qui  feryoit  pour  les  liquides  & pour  les 
foiides. 

Acetabule  , mefure  de  capacité  pour  Ies 
liqueurs  des  anciens  Romains , qui  contenoit 
de  pinte  de  France. 

Elle  contenoit , en  mefures  du  méme  peuple  , 
un  cyathe  & demi  ou  lix  ligules. 

Acetabule,  mefure  de  capacité  pour  Ies 
grains , &c.  des  anciens  Romains  , qui  contenoit 
I — ato-  de  pinte  de  France. 

1 Elle  contenoit,  en  mefures  du  méme  peunle, 
j un  cyathe  & demi  ou  íix  ligules. 

I AC  ETABULUM , étoit  un  petit  vafe  dans  lequel 
l on  metteit  da  vinaigre,  üu  fel  cu  du  poivre.  On 
j donna  fon  nom  á la  mefure  qui  le  rempIiíToit 
I ordinairement. 

I AcetabulüIvI  , cornet  ou  vafe  dont  fe  fer- 
j voient  les  joueurs  de  gobelets.  Sé.ucque  en  fair 
I mention , ainíi  que  des  jetons  ou  petites  pierres 
I qu’iis  cachoient  fous  ces  vafes.  '^Epifl.  45-)  -.  "prajii- 
j giatoram  aceíahiHa  , calcali  , in  qaibus  faiiacia 
ipfa  ¿eleciat. 


ACETARIA.  Les  anciens  faifoient  confite  dans 
le  vinaigre  des  herbes  , des  fraits  & des  racines  , 
qu'iis  mangeoient  pour  exciter  rappttit.  II  ies 
appeioient  acetaría  , & Piine  en  parle  , (/.  iO,  2; : 
Stomacharn  in  acetarils  fíimpta  corroborar. 

' A.CETES  étoit  un  des  compagnons  de  Bacchus  , 
I fils  d’un  péchear  méonieii  j il  devint  pilote.  Etant 
i un  jour  en  mer,  il  fit  relácher  fon  vaiReau  á rifle 
I de  ÍMaxe.  Etant  prét  de  remettre  á la  voile  , u.t  de 
.=  fes  matelots  luí  préíenra  un  enfant  d'une  beauté 
I charmante,  qu’ií  avoit  trouvé  endormi  dans  un 
I lien  défeK.  Acetes  Tayant  examine,  dit  á fes  cama- 
I radas  cue  c’érait  certainement  un  dieu,  & le  pría 
i de  pardonner  á cenií  qui  aveient  cíe  lui  ó:cr  la 


46  A C H 

liberté.  Les  matelots  regard-ireiit  Tidée  de  !eur 
chef  comme  une  réverie.  Se  comptant  tirer  une 
rincón  coníláérable  . ds  portérenr  l'enfant  prefque 
e^’domii  íur  leur  vaiílean*  Le  oruíL  que  canfii 
réñílance  d’Acéíh  ie  réveiíla  , & furpris  de  fe  voir 
fur  iin  vailíeau  j il  demanda  qu'on  le  ramenát  á 
Naxe.  Les  matelots  , aprés  le  iui  avoir  promis 
prirent,  malgré  Ackes  3 la  route  oppofée ; Fenfant 
s’en  apperctít,  & fe  plaignit  inadiement  de  la  per- 
fidie  de  fes  condudtears.  Mais  le  vailíeau  s'arréta 
tout  d'un  coiip  en  pléine  raer  3 comme  s'il  edt  eté 
fur  la  terre.  Les  matelots  redoubicrent  d'efforc 
pour  le  faite  avancer ; mais  des  feuilles  de  lierre 
couvrirent  á Finftantles  rames3  Se  s'ctendant  auífi 
furles  voilesj  les  empéchérent  de  s’enfier.  Bacchus  3 
qui  étoit  caché  fous  la  figure  de  cet  erifant  3 fe 
ét  connoítre  tout  d'un  coup  ; il  parut  couronné 
de  raifinsj  Se  tenant  fon  tyríé ; ii  étoit  environné 
de  tigres  3 de  lions  & de  panthéres.  Tous  Ies  gens 
de  Féquipage  furent  changés  en  poiflons  3 á Fex- 
ception  k Acetes , qui  mena  le  valleau  á Naxe  3 ou 
ilcélébra  les  mvíléres  du  dieu. 

Telle  eñ  Fhiftoire  qii  Acetes  raconta  á Penthée3 
lorfque  ce  prince  fe  préparoit  á marchar  contre 
Bacchus  3 pour  ie  faite  prifonnier.  Penthée3  loin 
d'étre  ronché  de  ces  merveilleSj  ordonna  qu'on 
fit  périr  Acetes  dans  Ies  tourmens.  Tandis  qu'on 
préparoit  Ies  inítrumens  du  fupplicej  les  portes  de 
la  prifon  qui  le  renfermoit3  s'ouvrirent  d'elies- 
mémes , & les  chames  dont  ii  étoit  chargé  tom- 
bérent , fans  que  perfonne  les  eút  brifées.  Ce 
nouveau  prodige  ne  fit  qu'augmenter  la  fureur  de 
Penthée.  ÍN  Penthée. 

ACHAICÜS3  furnom  ce  la  famüle  Mummia. 
JIfut  donné  pour  la  premiére  fois  á L.  Mummiiis , 
qui  foumir  FAchaie  á la  domination  des  Romains. 

ACHAIE.  Le  fymbole  qui  fait  reconnoitre 
cette  province  fur  les  médaiíles  3 eft  un  vale  de 
fieurs. 

ACH  ANA  3 mefure  de  bled  uíl'cée  en  Perfe  3 
qui  vaioit  quarante-cinq  médimnes  attiques. 

Ach ANA  3 mefure  de  capacité  grecque.  MÉ- 

BIMNE. 

ACHAT.  Ce  ne  fut  qu  un  limpie  échange  chez 
les  fauvages  j & inéme  chez  Ies  peuples  qui  com- 
menqoient  á fe  civilifer.  Les  Grecs3  pendant  la 
guerre  deTro7e3  faifoient  encore  des  échanges 
(Ilzüd.  H.  472.);  & pour  avoir  du  vm3  ils  don- 
nérent  Ies  uns  du  cuivre  3 les  autres  du  fer , quel- 
ques-uns  des  cuirsj  d'autres  des  vachesj  ou  des 
efclaves. 

La  vente  des  terres  fe  faifoit  a Rome  chez  Ies 
changeurs , argentarii , qui  en  tenoient  regiítre 
pour  fervir  de  titre  aux  acquéreurs. 

ACHATE  3 troyen  & conndent  d'Enée. 

ACHATES,  riviére  de  Siciie,  qui  coule  dans 
la  valiée  de  iNoto.  Les  anciens  ont  cru  que  cette 
riviére  produiíbit  des  pierres  précieufes.  Pline  fait 
mention  de  celle  que  Fon  y írouva  , & dont  on  íit 
prcfent  á Pyrrhus,  roi  des  Epirotes.  On  y voyoit. 


C 11 

dir-ü,  deílinées  naturellenient  Ies  neuf  mures  arec 
Apollan  3 tenant  i?,  lyre  á la  fnain-  Les  rrdnéralo- 
giíías  de  notre  liécle  auroient  une  grande  répu- 
gnance  a croire  ce  prodige  éronnan:  de  la  nature3 
ou  plütót  de  Fimaginaticn  des^fpecíateu.s^ 

ACHE  3 apiícml  Cette  efpéce  de  perfil  étoit 
célebre  chez’les  Crees  & chez  les  Romains.  On 
couronnoit  AAcr.e  y&rtt  les  vaincueurs  des  jeux 
néméens  : lionos  ipfii.  dit  Pline  3 in  acitua , coro- 
nare viSores  facri  certamir.is  nem/í&.  Comme  cette 
plante  étoit  confacrée  aux  céreínonies  des  rune- 
raiiles3  Sr  que  tout  dans  les  jeux  néméens  étoit 
relatif  á la  mort  d'Archemoriis , il  parut  naturel 
de  couronner  les  vamqueurs  avec  \ache  verte. 
Cet  ufage  ne  fut  cependant  pas  faivi  coiiílamraent ; 
& Folivier  y avoit  fourni  les  premieres  couronnes : 
d'oü  Fon  peut  conchare  que  la  véritable  caufe  de 
ce  chdix  eít  encore  inconnue.  On  ea  trouve  aeux 
autres  auífi  vagues  3 dont  il  faut  cependant  faire 
mentioii.  L’une  eft  prife  des  Nérnées  3 juraens 
confacrées  á Junon , qui  donaerent  leur  nom  a 
cette  ferétj  oú  eiles  fe  nourrirent  di  ache,  qui  y 
croiífoit  en  abondance.  Selon  d'autres , Danaüs , 
maitre  de  cette  contrée , propofa  des  courfes  aux 
amans  de  fes  filies  3 & les  prornic  aux  vainqueurs. 
Le  terme  de  la  courfe  fut  une  borne  recouvertc 
Sache.  Le  vainqueur  Fayant  arteinre,  fe  couronna 
Sache , comme  d'une  preuve  evidente  de  fa  vic- 
toire.  Déla  vint  Fufage  de  donner  une  femblabls 
couronné  aux  vainqueurs  des  jeux  néméens. 

Ceux  des  jeux  ilthíniques  éto-ient  auífi  couronnes 
avec  de  Yacks  ; mais  on  la  choiliiToit  deíléchée  , 
pour  la  diilinguer  du  prix  des  leux  néméens.  On 
trouve  fur  les  médaiíles  de  Néron  cette  couronné 
Sache  , qui  renferme  le  mot  Isthaíi A.  Le  pin 
partagea  quelquefois  cet  honneur  avec  Y acke  ¡ il 
paroit  cependant  que  cette  derniére  en  de.mesra 
ie  plus  íong-tems  en  pofleílion  : car  c’eíl  a Y ache 
que  Timoléon  íit  alluíion  étant  fur  le  .^point  de 
combatiré.  Ayant  rencontré  des  chevaáx  chargés 
Sache , que  Fon  emportoit  pour  le  fourrage,  il 
fit  remarquer  á fes  foidats  le  bon  augure  que  luí 
offroit  la  plante  confacrée  á ceindre  le  front  des 
vainqueurs. 

Les  foidats  de  Timoléon  ne  regardérent  pas 
toujours  Y ache  d' auífi  bon  ceil ; car,  marchant  au 
combar  corítre  les  Carthaginoisj  ils  trouvérent  des 
mulets  qui  portoient  des  charges  óYacke,  & pnrent 
cette  rencontre  pour  un  mauvais  augure ; parce 
ue  Fon  metcoit  fur  les  morts  & fur  les  tombeaiíx 
couronnes  ce  cette  plante. 

Suidas  parle  de  ces  couronnes  fúnebres,  8c  dit 
que  Y ache  étoit  deíiinée  au  üeuil  & aux  larm.es ; 
d'QU  venoít  Fexpreífion  populaire  , ii  n" a vías 
befoin  que  a ache  , en  parlanc  d’un  malade  défef- 
péré.  C'étoit  la  fcule  plante  que  Fon  admettoit 
dans  les  repas  des  funéraüles  ; parce  que  , felón 
une  vieil'e  erreuteue  Pline  a rapportée  (/- 10,  c.i), 
Y ache  rendoít  ítériies  les  perfonnes  des  deux  iexes 
qui  en  rnangsokr.t.  Ariiobe  (/.  y , a.  169) , raconte 


A C H 

qü’un  jevns  hotnfne  ayant  été  mañaeré  par  fes 
íréreSj  á la  faveur  du  tumulte  des  Coirbantiques, 
on  vit  naitre  de  racAe  fur  f esdroit:  oui  avoit  été 
teint  de  fon  fangj  ce  qui  lit  exclure  á jamais  cette 
plante  ¿es  repas^  de  crainte  qu’on  ne  contraílat 
quelque  fouiilure  ea  communiquarit  avec  Its 
Bianes  d'un  inrcrtuné. 

HoracCj  cependant , a chanté  l’acÁt  comme 
rornemer.t  des  rapas.  ( 0¿.  r , ^6.)  : 

í\eu  dejint  epulis  roja, 

Nea  vivax  apium. 

Etailleurs: Qjiis  udo 

jDsproperare  apio  coronas 
Curatve  myrto  ? ( Od.  IT  j 7. ) 

Ce  poete  n’a  fúrement  point  ici  peché  cor^ire 
le  coílume  ; car  Anacréon  , fon  modéle , a parlé 
des  couronnes  ¿i oche  confacrées  á la  jcie  & aux 
feíiins.  Peuc-étre  íaur-ü  diilinguer  deux  efpéces 
a acné  dont  Pune  , á fieurs  blanches  , convenort  aux 
feftins  j & fe  meloit  agréablement  avec  Ies  rofesj 
& Qont  i’aiitre  infpiroic  la  triíleíTe  & la  mélan- 
colie , par  la  couieur  fombre  de  fes  fieurs  jau- 
nátres. 

ACHEEiSNEj  furncm  qifon  donna  á Cérés, 
á caufe  de  la  douleur  qu’elle  reíTentit  de  fenléve- 
ment  de  Proferpine  fa  filie.  Cér'cs  Achéenne,  c’eft- 
á-dtrej  Céres  la  jyéfoiéc,  Síyps,  douleur. 

On  coanoít  deux  temples  confacrés  á des  déeiTes 
fous  cette  dénomination.  Plutarque  (de  Ifide  & 
Ojiride)  dit  que  Ies  Boéotiens  en  aVoient  un  dcdié 
a Cerés ; & Ariítote  ( lit:.  de  híirahil.  ) parle  d^un 
aatre  des  Dauniens,  anclen  peuple  dd talle  ^ oú 
1 on  honoroit  Pallas  Achéemie.  Cette  demíére  ¿Ivl- 
nite  n avoit  pas  recu  le  nona  cl  Achéenne  par  la 
méme  raifon  qui  Tavoit  fait  donner  á Céres.  Le 
temple  des  Daunlens  avclt  fans  doute  été  batí  par 
Dioméde  Se  les  Achéens ; car  Ariñote  ajoute  que 
Ton  y confervoit  les  armes  de  ce  héros  & de  fes 
compagnens.  lis  y apportérent  auíii  la  ftatue  de  la 
deefej  qui  recut  le  Achéenne  , dupays  dont 

ils  éteient  origmaires. 

ACHÉEA'S.  Ax. 

Les  médaliies  autonomes  de  ce  peuple  font ; 

C.  en  argent. 

O.  en  or, 

R.  en  bronze. 

Le  type  ordinaire  deleurs  médailíes  autonomes 
eít  AX  j en  monogramme. 

Ils  ont  fait  frapper  des  médailíes  imperiales  , 
avec  lesíégendes  AXAioic,  AZAinií^  enfhonneur 
d’Annnous  & de  Veras. 

ACHEaOE  j c'eít  le  nom  d’une  des  harpies,  á 
qui  on  donne  pour  foeurs  Alope  & Ocvpéte. 
V.  Hau^pies.  ■ ' ^ 

ACHtLOLSj  fils  de  TGcéan  & de  Thétis  , 
étoit  ie  Gieu  d un  fieu>'e  de  ce  nom  , qui  coaloir 
entre  1 i_tcLie  i --rcarname.  J1  combattít  contre 
Hercule  pour  la  poíTeíTion  de  Déjanire,  qui  ’ui 
avoit  été  premife  en  ¡nariage  j & voyant  que  fon 


A C H 


^7 


rival  étoit  le  plus  fbrt  ^ il  eut  recours  a la  rufe  . 
ii  fe  transforma  en  ferpent;,  croyant  épouvanter 
ion  ennemi  par  d’hofribles  lifflemens  5 mais  le 
vainqueur  de  Fhyáre  a cent  teres  ne  fit  qu’en  rite ^ 
gotge  avec  rant  de  roideurj  qu’ü 
. adoit  1 etoaffer  j loríqu  Ackéloüs  fe  métatEorp-hofa 
! Kercuie  le  pnt  par  les  comes  j ie  ren- 

i '■  eria  & ne  quitta  prife  qu  apres  en  avoir  arraché 
une.  Les  náyades  la  rama.fierent;  & quand  elies 
Teurent  remplie  de  fieurs  & de  fruits^  elle  devint 
la  come  d’abondance. 

D’autres  difent  que  le  fleuve  , pour  ravoir  fa 
corne^  donna  á Hercule  celle  dLA.malthée.  Voye'^ 
Abondance,  Amalthee;,  CoPv.  d‘ás.  L'.  auin 
tSCHILADES  j PeRIMELEj  DejANIRE. 

Les  mythologues-hiííoriens  reconnoíífent  dans 
cette  fkble  un  prince  qui  lefíerre  le  ñeave  Ackéloüs 
dans  fon  lit^  fuppriir.c  un  bras  du  fleuve,  & 
porte  par  cette  operation  1 abondance  dans  les 
campagnes. 

Le  bras  du  fleuve  com&lé  eft  évidemment  j 
felón  eux,  la  come  arrachée  & changée  en  come 
d'abondance. 

_ Achelous.  La  píupart  des  antiquaires,  difent 
íes  auteurs  des  pierres  gravees  du  palais  royai , 
ont  pris  pour  le  ñeiivo.  Ackéloüs  le  bcsufá  face 
numaine , qui  eíi  íi  commun  fur  les  médailíes. 
Pour  foutenir  cette  fauííe  opinión,  il  n'y  a ríen 
que  ne  tente  & que  n'ofe  le  favant  abbé  Ignarra  ; 

Paldfi.  Is  eapolit, , p.  '¡?  feqq.')  il  change 
un  texto  de  la  Tragédie  des  Trachiniennes  ( in  Tra- 
ttb  inztzo') , & prétend  que  le  nom 
d Ackéloüs  ne  cenvenoit  pas  feulemerit  au  fleuve 
de  iTrolie,  mais  q-ail  étoit  propre  en  general  á 
toures  les  eatix. 

Ils  lui  rependront , i que  la  correélion  da 
texte  de  Sophocle  n’eft  nullement  fondée ; que 
celle  qui  en  a_  été__faite  par  Cafaubon , & qu  il'dit 
n erre  pas  adrniílióle , eft  moins  une  correélion 
que  la  lecon  des  mpnufcnts  que  ce  commentateur 
avoit  fous  les  yeax.  . Qaoique  Ies  poetes  ayent 
donné  le  noin  ól  Ackéloüs  á toute  eau  potable  , 
P^rce  qu  un  roí  ainfi  nommé  paíToit  pour  avoir  en- 
fetgné  le  premier  á méler  de  Per  ú avec  le  viñ , ce 
r.  eft  pas  une  raifon  d’appeler  de  ce  nom  tous 
les  fieuves.  3*".  La  forme  du  fieuve  J..chéloüs 
une  fots  déterminée  fur  Jes  monutnens,  ne  doic 
plus  varier ; mais  elle  doit , au  contraire , erre 
toujours  la  méme,  particuliérement  fur  les  mé- 
caiíles  de  la  contrée  que  ce  fleuve  arrofoit.  Or  ^ 
íes  médaiUes  des  peuples  nommés  (Sniades , qui 
habitoient  le  pays  litué  á Tembouchure  du  fl^euve 
Ackéloüs  , ont  pour  type  une  tete  de  vieiüard 
barbue  , attachée  á un  cou  & non  á un  corps 
entier  de  taureaa , & íes  comes  qui  ptroiíTent  á 
la  naiííánce  tíu  front,  font  prefq’Vhorifontales-. 
Sur  des  médailíes  d'Acarnanie  , & üir  celles  de  la 
vii’e  de  Tkyrocum,  dans  cette  prcvince,  en  yoit 
une  tete  d'hornme,  fans  barbe,  fur  un  con  de  taa- 
reau  j avec  une  feule  cerne  ( Golz^  Nua-.zpn.  ur.iy^ 


Gnc.,  tak  yi).  De  plus . les- bceufs  a face  hu-  - 
maine  que  nous  voyons  fur  pluíieurs  méáailies  de 
k grande  Gréce & qi^on  áit  aiuTi  fe  rapporter 
au  fleuve  Ackélo  '-is  , différent  les  uns  des  autres; 
enfin  ^ on  en  voit  fur  des  médailles  de  Gélas  en 
Sicilcj  &c.  qui  fonc  repréfentés  feulement  a mi- 
corps.  Parmi  tous  ces  types  divers , s'il  falloit  en 
cholfir  un  pour  le  fleuve  Ackéloas , ce  pourroit 
étre  ceiui  de  la  médaille  du  peuple  qui  habitoir  le 
pays  fitué  á Pembouchure  de  ce  fieuve;  or  j,  il  eft 
coníianr  oae  ce  type  diiíére  ae  ceiui  des  medailles 
de  NapleS:,  de  ceÜes  de  Nole  , & de  quelques 
autres  villes  de  la  grande  Grcce.  Enfin , le  t}'pe 
qui  devoit  étre  regardé  comme  le  plus  propre  a 
déílyner  le  fieuve  Achélotls , eík  conrredit^ 
ceiui  des  médailles  d'Acarnanie  Se  de  la  ville  de 
Tkynzitm,  oii  la  figure  eft  repréfentée  avec  une 
feule  come.  DkilIeurSj  cemment  conciiier  la  dé- 
faite  de  ce  fieuve  avec  Ies  ir.onusnens  fur  lefqueis 
le  b(suf  á face  humaine  eft  repréfenté  couronné 
par  laVicioire?  >5  Conciuons  avec  les  favans  édi- 
teurs:,  que  le  fieuve  Ackéloüs  n eft  point  repréfenté 
lous  Tembleme  de  cebtsuf:,  &que  ce  monftre  eft 
retnbléme  de  la  fertilité  de  certains  pays.  V.  Boeuf 
a face  húmame, 

ACHÉMEMISj  plante  dont  Pline  fait  mention , 
á laquelle  la  fable  attribuoit  la  vertu  de  jeter  la 
terreur  dans  les  armées. 

ACHÉMON  ou  AeHMON.  V.  Mélampygus. 

ACHÉRONj  fils  de  Titán  & de  la  Terré,  eut 
tant  de  peur  des  géans,  qu  il  fe  cacha  fous  terre , 
& defeendit  méme  jufqu’aux  enferSj  pour  fe  dé- 
rober  á leur  fureur.  Dkutres  difent  que  Júpiter  le 
precipita  dans  Penferj  parce  que  fon  eau  avoit 
fervi  á étancher  la  foif  des  titans.  Selon  Bocace , 
Achéron  étoit  un  dieu  qui  naquit  de  Cérés  dans 
Tiñe  de  Crete,  & qui,  ne  pouvant  foutenir  la 
lumiére  da  jour,  fe  retira  aux  enfers  , & y devint 
un  fieuve  infernal.  \!J,.chéron  étoit  un  fieuve  de 
la  Thefprotie  , qui  prenoit  fa  fource  au  marais 
d’Achérufe  , & fe  déchargeoit  prés  d’Ambracie , 
dans  le  golfe  Adriatique  : fon  eau  étoit  amére  & 
mal  faine,  premiére  raifon  pour  en  faire  un  fleuve 
d’enfer.  Ii  coale  long-tems  fous  terre;  ce  qui  a fait 
dire  encore  qu’il  alloit  fe  cacher  aux  enfers.  Le  nom 
^Achéron  a auffi  contribué  á la  fable  i car  ayj.'^c 
ficí,  veut  dire  fieuve  de  douleur.  Rudbeck,  qui , 
dans  fes  Átlantiques , attribue  á la  Suéde  tout  ce 
que  les  anciens  ont  dit  de  quelque  pays  que  ce 
foit,  prétend  que  TAcAéro.’í,  Penfer , les  champs- 
éiyfées  font  la  Suéde  5 il  foutient  que  la  maniere 
dont  on  rendoit  anciennement  la  juftice  chez  les 
peupies  du  feptentrion,  eft  Poriginal  dkprés  lequel 
les  poetes  ont  compofé  toutes  les  deferiptions 
qiPils  ont  donaées  de  la  juftice  infernale , de  Minos 
& des  autres  juges. 

Achéron,  autre  fieuve  du  pays  des  Bruttiens 
ou  de  la  Calabre.  II  donna  lieu  á une  equivoque. 
L'oracle  de  Dodone  ayant  averti  Alexandre,  roí 
des  MploíPes , d'éviter  X Achéron,  csprince  croyant 


A C H 

qu’ií  cíbít  queftion  de  X Achéron  de  Thefprotie ; 
ne  fongea  point  á s’éloigner  de  ¡a  viile  <ie  Pandofe , 
íltuée  fur  les  bords  de  X Achéron , en  Italie,  & y 
fut  tué.  , 

ACHERONTIQUE , qui  appartient  a X Achéron. 
Lkrr  de  deviner  avoit  plufieurs  branches , & les 
Eírufques  excelloient  dans  toutes.  Tagés  paflbit 
pour  Pinventeiir  de  cet  art.  II  avoit  compofé 
quinze  voluntes , que  Pon  nomina  A,.ckéror,tiques  ; 
parce  quils  étoient,  difoit-on,  papables  d’épou- 
vanter  les  iedeurs,  mais  vraifemblabíernent  parce 
qu’on  fuppofoit quils  avoient  été  tires  des  enfers. 
On  gardoit  chez  les  Etrufques  ces  volumes  avec 
autant  de  foin , que  les  Romains  confervoient  les 
livres  íibvllins. 

..ACHÉRUSE  étoit  un  lac  d'Egypte,  pres  de 
Memphis,  environnéde  bellas  carxipagnes,  ou  les 
anciens  Egyptiens  venoient  dépofer  leurs  mqrts , 
dans  des  tombes  creufées  exprés  5 mais  avant  de 
Ies  ytranfpórter,  onles  expofoit  furlerivage  :lá, 
des  juges  marqués  examinoient  la  vie  quTIs  avoient 
menée.  On  écoutoit  les  accufateurs ; & , felón  les 
bonnes  ou  les  mauvaifes  aéiions  du  défunt,  qui 
étoient  aliéguées,  on  faifoit  paffer  fon  corps  dans 
une  barque,  ou  on  le  jetoit  á la  voirie,  comme 
indigne  de  la  fépulture.  Dans  ces  bailes  campagnes, 
il  y avoit  un  temple  confacré  á Hécare-la-Téné- 
breufe  , & deux  marais , appelés  le  Cocyte  & le 
Léthé.  Voilá  ce  qui  a donné  aux  poetes  Pídée  de 
leur  enfer  & de  leurs  champs-élyfées.  Il  y avoit 
auííi  un  lac  á‘Ackérufe  dans  ia  Thefprotie,  d'oú 
fortoit  le  fleuve  Achéron. 

La  conformité  de  nom  fit  tranfporter  á XAcké- 
rufe  desThefprotes,  les  fables  que  íes  Grecs  ima- 
ginérent  fur  le  pretenda  jugement  & fur  le  Carón 
des  Egyptiens. 

ACHÉRüSIÁDE,  péninfule  prés  d'Héraclée 
du-Pont,  par  laquelle  Hercule  pafta  pour  defeendre 
aux  enfers.  Xénophon  dit  qu  on  montroit  encore 
de  fon  tems  des  marques  de  cette  defeente. 

ACHILLE.  Ce  nom  a été  porté  par  plufieurs 
perfonnes  célebres  dans  la  Mythoiogie. 

Le  premier  n avoit  point  dkutre  mere  que  la 
Terre.  il  vivoit  dans  un  antre  ou  Junon  fe  refu- 
gia, lorfquTIle  fiiyoit  les  pourfuites  amoureufes 
de  Júpiter , fon  rrére , qui  devint  fon  époux. 
A.chille , par  fes  difcours  fédnifans,  fiéchit  les 
rigueurs  de  cette  déeíTe , & ce  fut  dans  cet  antre 
que  fe  fit  la  confommation  du  mariage  entre  le 
frére  Se  la  fceur.  Júpiter,  en  reconnoifíance  de  ce 
fervice  , promit  á Achitte  que  tous  ceux  qui  dans 
la  fuite  porteroient  fon  nom,  fe  rendroient  cé- 
lébres. 

Le  fils  de  Thétis , dont  on  parlera  bientót , a 
vérifié  cette  promefíe. 

Achille,  fils  de  Júpiter  & de  Lamie,  étoit  fi 
beau , quTl  remporta  le  prix  de  la  beauté  fui 
Venus , qui  le  lui  difputa.  C’eft  en  punition  de  ce 
jugement,  que  Venus  rendit  Pan,  qui  Tavoit  pro- 
noncéj  amoureux  de  la  nyrophe  Echo,  & en 

roéme^- 


A C H 

Kséme-tems  11  Uiij  qu  il  fuffifoit  de  le  roir  pour 
le  hair. 

AchillEj  fiIsdeThétis  Sede  Pelée,  s’appela 
d’abord,  fui  vant  Apollo  dore  Se  quelques  autres  , 
Hígyron.  II  fut  encore  nommé  Pyrijoiis.  U naquit 
á Phtia  , ville  de  TheíTalie  ; la  déefle  fa  mere 
voulut  le  rendre  á la  fois  invulnerable  & immortel. 
Pour  le  rendre  invulnerable,  elle  le  plongea  dans 
Ies  eaux  du  Styx  5 mais  elle  oublia  d'y  tremper  le 
tailon  par  oú  elle  Tavoit  tenu  pendant  fon  immer- 
lion.  Ce  talón  demeura  fujet  aax  bleíTures  ; & cé 
fut-la  qu'il  requt  celle  qui  lui  donna  la  mort.  Les 
auteurs  ne  font  cepenáant  pas  d'accord  far  ce 
point ; car  on  en  trouve  p'ulieurs  qui  parlent  de 
bleíTures  recues  par  AchilLe  en  différens  endroits 
du  corps. 

^'oulant  confommer  tout  ce  qu’il  avoit  de  mor- 
tel , Thétis  le  frottoit  le  jour  d’ambroiííe,  & le 
mettoit  la  niiit  fous  la  braife.  Piulieurs  auteurs 
rapportent  que  cette  déeíTe,  parce  moyen  , avoit 
fait  périr  íix  de  fes  enfans  ; & Achille , qui 
ctoit  le  feptiéme,  auroit  eu  le  méme  fort,  fi  fon 
mari,  qui  la  furprit,  ne  Teut  empéché  de  réitérer 
Topération. 

Homére  donne  á ce  héros  Phénix  , nls  d'Amyn- 
tor  , roi  des  Dolopes  en  Epire  , pour  nourricier 
& pour  précepteur.  » Vous  ne  vouiiez  pas  manger, 
-55  lui  dir  Phénix  (pillad,  liv.  9,  v.  482.),  ni  á la 
»“  maifon  , ni  ailleurs , á moins  que  je  ne  vous 
»5  milTe  fur  mes  genoux , que  je  ne  coupaíTe  vos 
” morceaux , & que  je  ne  vous  fiíTe  boire  moi- 
5=  méme.  II  vous  eft  fouvent  arrivé  , pendant  votre 
«’eafance,  de  gáter  mes'habits  avec  le  vin  que 
»5  vous  rejetiez  =5.  V.  Phénix. 

Mais  , fiiivant  la  tradition  la  plus  commune  , fon 
éducation  fut  confiée  au  centaure  Chiron.  11  ne 
lui  donna  d'autre  nourriture  que  de  la  moélle  de 
lion  : ce  qui  lui  infpira  ce  courage  indomptable 
& cette  colére  implacable  dont  les  poetes  ont 
tant  parlé.  II  lui  endurcit  le  corps  en  Faccoutumant 
aux  exercices  les  plus  pénibles;  & lui  apprit  á fe 
teñir  á cheval , en  le  portant  fur  fa  croupe.  Chiron 
lui  enfeigna  encore  Fart  Militaire,  la  Muíique,  la 
Morale,  la  Médecine,  &c. 

Lorfque  les  Grecs  fe  préparérent  á marcher 
contre  Trove  , Thétis,  inquiéte  fur  le  fort  de  fon 
fils,  apprit  que,  shl  alloit  á cette  expédition , il  y 
périroit;  Se  cependant  Calchas  avoit  prédit  que 
la  vüle  ne  feroir  jamais  prife  fans  Achille.  II  étoiq 
done  queítion  d’empécher  q'Ton  ne  le  forqát  de 
prendre  part  á ce  íiége. 

Pour  le  dérober  aux  inílances  des  Grecs  , qui 
deíiroient  ardemment  d’avoir  avec  eux  un  capi- 
taine  dont  la  préfence  étoit  néceíTaire  pour  le 
fuccés  de  leur  entrenrife,  yV.  FatalitÉs. ) la 
déeíTe  retira  fon  fih  de  Fantre  de  Chiron,  & Fen- 
voya  á la  cour  de  Lycomédes , roí  de  Fiíle  de 
Scyros.  La,  il  fe  déguifa  en  filie  fous  le  no.m  de 
Pyrrha.  Sa  beauté  favorifoit  ce  déguifement ; car 
Áchille  a pane  pour  Thomme  le  plus  beau  8c  le 
Antiguités  ^ Tome  /. 


A C H 4^ 

mieux  fait  de  fon  liécle.  II  fe  fit  aimer  deDeidamie, 
filie  du  roi , & en  eut  un  fils  nommé  Fyrrhus. 
(F”.  ce  mot). 

Les  Grecs  Fayaht  cherché  pendant  long-tems  , 
apprirent  enfin  le  lieu  de  fa  retraite;  8c  LlyíTe  xut 
député  á Scyros  pour  Fengager  á fe  joindre  a eux. 
La  difficulté  étoit  de  le  démeler  au  trayers  de  fon 
déguifement , parmi  toutes  les  fiOes  de  la  cour. 
UlylTe  s’avifa  de  leur  préfenter  différens  bijoux , 
parmi  lefquels  étoientdes  armes.  Toutes  choiíircnt 
des  bijoux  fuivant  leur  goút ; Ackille  feul  prit  Ies 
armes.  Ce  choix  le  trahit  : LlyíTe  le  reconnut  Se 
Fcmmena. 

Thétis  , obligée  de  confentir  au  départ  de  fon 
fils , voulut  encore  ajouter  une  nouvelle  précau- 
tion  á celles  qu'elle  avoit  prifes  pour  le  garantir 
de  la  mort ; eííe  pria  Vulcain  de  luí  Taire  des  armes 
á Fépreuve  de  toute  atraque  humaine.  L'ouvrags^ 
étant  fait,  le  dieu  exigea,  pour  fon  falaire,  les 
faveurs  de  la  déeíTe.  La  néceífité  lui  fit  prornettre 
tout  ce  que  Vulcain  voulut ; mais  á condition 
d’eíTayer  fi  Ies  armes  étoient  propres  l Achí  lie,  qui 
étoit  de  la  méme  taille  que  fa  mere.  Elle  ne^  íes 
eut  pas  pliitót  endoíTées , qu’elle  prit  la  fuite  : 
Vulcain  , qui  étoit  boiteux  , ne  put»Fatteindre  ; il 
lui  jeta  fon  marteau,  & la  bleíla  au  talón.  Outre 
ces  armes,  fa  mere  lui  donna  des  chevaux  immoí- 
tels.  V.  Chevaux  , Pelias. 

Achille,  avant  de  joindre  Farmée  des  Grecs, 
fit  la  conquere  de  Lesbos , oú  il  trouva  une  prin- 
ceíTe  qui  devint  amoureufe  de  luí.  C'eíl  de  cette 
particularité  , rapportée  par  Euphorion  , poete 
trés-connu  parmi  les  anciens  , que  le  grand  Racine 
a pris  le  dénouement  de  fon  Iphigénie.  fC  Iphi- 
GENIE. 

Arrivé  devant  Troye , il  livra  aux  ennemis  un  grand 
nombre  de  combats ; mais  le  cours  de  fes  vic- 
toires  fut  interrompu  par  la  difpute  quhl  eut  avec 
Agamemnon.  Celui-ci  fut  obligé  de  renvoyer  Chry- 
féis,  fon  efclave  ( V.  Chryseis)  ; mais  il  voulut 
auíTi  Achille  abandonnát  la  lienne.  Achille  fut 
tellement  irrité  de  cet  affronr , qu  il  fe  tint  en- 
fermé dans  fa  tente , fans  prendre  aucune  part  au 
fiége.  Cette  circonftance  de  fa  vie  a fourni  le 
fujet  de  beaucoup  de  tableaux,  connus  fous  le 
nom  de  Colere  ¿Achille.  Geft  aufli  le  fujet  de 
ITÍiade. 

Rien  ne  fut  capable  de  faite  changer  Achille  de 
réfolution , que  la  mort  de  fon  ami  Patrocle. 
Pour  le  rendre  redoutable  auxTroyens  ,ií  lui  pré- 
toit  fes  armes,  fous  lefquelles  on  prenoit  Patrocle 
pour  Ackille.  Hedor,  qui  depuis  long-tems  cher- 
choit  Foccafion  de  fe  battre  contre  Achille,  crut 
Faveir  trouvée : il  tua  Patrocle  Se  enleva  fes  armes. 
Vulcain  , á la  priére  de  Thétis  , en  fit  de  nouvelles 
^oux  Ackille,  avec  lefquelies  il  retourna  au  com- 
bar, pour  vencer  la  mort  de  Patrocle.  11  fe  battií 
en  enet  avec  “Hedor , le  tua , Fattacha  á _foa 
char,  & le  traína  fept  fois  autour  des  murailles 
de  Trove.  Priam  vint  en  perfonne  lui  demande  r 'a 


5® 


A C H 


eorps  de  fon  fiis  ^ & ne  l’obtint  qu  en  payant  une 
ranzón  coníiderable. 

Les  circcnñances  de  la  mort  Achílle  font  ra- 
contées  difréremnaent  par  Ies  anciens  auteurs.  Selon 
les  uns  j Achille  ayant  vu  auprés  de  CaíTendre 
polixene filie  de  Priam , offrant  un  facrifice  á 
Apollon  3 en  éroit  devenu  amoureux  , & Tavoit 
demandée  en  mariage  ; Hedtor  navoityoulu  la  luí 
accorder,  qú'á  condition  qu’il  prendrcit  les  armes 
pour  les  TroyenSj  centre  les  Grecs  : ce  fui  pour 
punir  cetre  propofition  odieufe , qu  il  trama  le 
cadavre  d'Heítor  autour  des  murailles  de  la  vílle. 
Lorfque  Priam  alia  redemander  le  eorps  de  fon 
fils,  il  fe  fit  accompagner^  'pom  ñéc'alt  Ackiile , 
de  Polixene  3 dont  il  conclut  le  mariage  avec  le 
héros  grec.  Le  jour  étant  pris  pour  cette  folem- 
nité3  Qui  devmit  fe  célébrer  á Troye , dans  le  temple 
d' Apollon  3 Páris  fe  cacha  derriere  l’autel,  pour 
venger  la  mort  d^’Hector  fon  frére  , & ¡y  tira  une 
fleche  3 qui  bleíTa  Ackille  au  talón  qui  n’avoit 
point  été  trempé  dans  les  eaux  du  St)’X , dans  Fen- 
droit  qui  fut  depuis  nommé  le  Te;tdon  dAckille  ; 
& le  prince  grec  mourut  de  cette  bleíiure. 

D’autres  oBt  dit  quFApolion  lui-méme  s’étoit 
déguifé  á la  priére  de  ]Septune3  & avoit  tiré  la 
fleche  mortelle. 

Selon  d’autres  enfin,  & felón  Ovide  en  parti- 
culier  3 dans  un  combar  qui  fe  donnoit  devant 
les  miirs  de  Troye  , Achille  faifoit  un  horrible 
carnage  des  Trovens ; tandis  que  París,  qui  com- 
battoit  de  fon  cote  , ne  dirigeoit  fes  coups  que 
fur  des  gens  obfeurs  & fans  nom.  Apollon  dirigea 
la  fleche  de  París  du  cóté  ii  Achille , qui  en  fut 


inortellement  blefle. 

Les  Grecs  avoient  une  fi  grande  eftime  pour 
Achule , qu'aprés  fa  mort,  ii  s^éleva  une  querelle 
parmi  eux,  pour  favoir  qui  feroit  le  fucceffeur  de 
fes  armes ; & Fon  fut  prés  de  fe  battre  pour  les  avoií. 
On  decida  quFAjax,  fils  de  Telamón,  (V.  Ajax.) 
& Ulyííepouvoient  feuls  les  difputer.  lis  plaidérent 
leur  cauíe  devant  les  Grecs  affemblés  , & Ies 


armes  fiirent  adjogées  á UlyíTe, 

Les  Grecs  firent  á Achille  de  magnifiques  funé- 
railles  , fur  le  promont&ire  de  Sigée  , o-u  il  fut 
inhumé.  Thétis,.  accompagnée  des  déeífes  de  la 
mer  , vint  rendre  á fon  fils  les  devoirs  fúnebres : 
íes  mufes  s^y  trouvérent  auífi  , & célébrérent  fa 
.mémoire  par  des  chants  lúgubres. 

Le  nom  de  ce  héros  devint  Fexpreífion  de  fa 
bravoure  & de  la  forcé,  tant  pour  Ies  expioits  mili- 
ta!.»'es  3 que  pour  les  intrigues  galantes.  Quant  aux 
prem.iers , Romére  & plufieurs  autres  poetes  les 
ont  cbantés  j & il  feroit  trop  long  d^en  rapporter 
Ies  circonfrances  : quant  aux  autres  , il  fut  pére  de 
trés-bonne  heure  avec  Deídam.ie.  Peu  de  tetas 
aprés,  felón  quelques  auteurs,  il  mérita  Ies  bonnes 
graces  cFIphigénie  , avant  qu^’elle  fut  facrifiée  , 
circonftance  dorrt  le  grand  Racinea  fi  bien  profité, 
en  faifant,  de  Famour  de  ce  héros  pour  la  prin- 
ccíl^  i le  uoeuá  de  fon  Iphígénit,  Arrivé  devant 


A C H 

Troye  , ¡1  devint  amoureux  d’Héléne  , qu’il  vit 
un  jour  fur  les  murs  de  la  ville,  & il  eut  recours 
á fa  mere  , pour  qu’elle  trouvát  un  moyen  de 
fatisfaire  fa  paffion  pour  cette  troyenne  : Thétis 
le  fatisfit  3 en  lui  amenant  un  fantdme  reífem- 
blant  á la  beile  Héléne.  Briféis  fut  enfaite  Fobjet 
de  fes  amours  , ainíi  que  PoUxcne , _ qu  il  avoit 
voulu  époufer.  La  mort  n’éteigmt  point  i amour 
qu  il  avoit  con^u  pour  cette_  p-n.-iceíTe  & sfil 
demanda  qu’on  la  lui  facrifiat  , deyo!-;  pour* 
fe  reunir  á elle  dans  les  champs-élyíées._  Riea 
n’arrétoit  fes  defirs  impétüeux  : apres  avoir  tué 
Famazone  Penthéfilée  , il  brála  d’ amour  pour 
cette  héroine  j on  a méme  écrit  que  dans  Ies 
enfers  il  avoit  époufé  Médée  & Héléne.  A Fégard 
de  ce!le-ci , on  dit  que  c^étoit  dans  Fifle  Achillea , 
dont  on  parlera  dans  Farticle  fuivant , qu  il  Fépoufa 
aprés  fa  mort,  & quil  en  eut  un  fils.  Ce  jeune 
homme , appelé  Euphorion , fut  tué  d’un  coup 
de  foudre  par  Júpiter,  pour  qui  il  avoit  manqué 
de  complaífance.  D'autres  donnent  pour  femme 
á Achule  3 toujours  apres  fa  mort,  & dans  la  mérae 
iíle,  íphigénie,  que  Diane  y avoit  tranfportée,- 
aprés  lui  avoir  eomnaunjqué  le  don  d’une  jeuneíle 
inimortelle,  & la  nature  divine;  mais  Fopinion 
la  plus  commune  reconnoítt  Héléne  pour  fon 
époufe. 

" Au  teñe  , la  paffion  DAckille  pour  Ies  ferr.mes 
ne  fut  pas  exclufive;  & la  m.édifance  a fait  regar- 
der  comme  trés-équivoque  fon  attachement  fue*  ■ 
ceffif  pour  Dioméde  , A.ntilochus  & Patrocle.  On 
a méme  aíTuré  que  Troilus,  fils  de  Priam,  ayant 
réfiñé  á fes  emportemens , fut  étoufté  dans  fes 
bras.  ( V.  Troile  ). 

On  ne  doit  pas  étre  étonné  d’entendre  parlar 
des  mariages  contraícés  pzt  Ackille  aprés  fa  mortj 
car  il  fut  mis  au  nombre  des  dieux,  & recut  dans 
Fifle  Achiliée  toiis  Ies  honneurs  divins  : un  temple, 
un  aurel , des  facrifices , des  oracles.  II  y ooéra 
aiiffi  des  prodiges.  En  voici  deux  des  plus  fur- 
prenans. 

On  dit  quFHomére,  gardant  Ies  brebis  auprés 
du  tombeau  ^ Achille  ¡ obtint  par  fes  ofFrandes 
que  ce  héros  fe  montreroit  a luí ; mais  il  fe  fit 
voir  avec  une  lamiere  fi  éclatatite , que  le  poete 
en  devint  aveitgle. 

Les  Amazones  abordérent  un  jour  dans  Fifle 
Achiliée  3 & obligérent  les  habkans  á couper  les 
arbres  plantes  autour  du  temple  ^Achúle;  mais, 
des  le  premier  coup.  Ies  coignées  rebroufierenr 
contre  Ies  travailieurs,  & Ies  tuérení  aux  pieds  des 
arbres  mémes.  Les  Amazones  vonliírent,  nonobf- 
tant  ce  prodiga , entrer  a chevai  dans  le  temple  > 
mais  Ackille , dTin  íéul  regard , épouvanta  telle- 
ment  Ies  chevaux  , qu  ils  reculérent , jetérent  les 
Amazones  fur  lepavé  du  temple, les  dévorérent, 
& fe  précipitérent  dans  la  mer.  Les  vaiífeaux  qui 
avoient amené  Ies  Amazones,  furent  fi  violemment 
agités  par  une  tempéte  fubire,  quíls  fe  bnférent 
les  uns  contte  iss  autres  , & furent  eaglcutis.  Ls 


A C H 

temple  ^ profané  par  le  carnage  que  les  chevalix 
avoient  fait , fut  piiriíié  par  les  eaux  de  la  mer  j 
qaAchi/íe  y fit  monrer. 

De  méme  cue  le  fils  de  Thétis  a ere  le 
ñijet  d’un  grand  nombre  de  poémes  chez  les 
anciens;  de  méme  auffi  íes  evenemens  de  fa  vie 
glorieule,  ont  fuuvent  été  reorífentés  fur  les  bas- 
reliefs  & ¡es  pierres  gravees.  inkelmann  en  a 
piiblié  un  grand  nombre  dans  les  pierres  de  Stoscn 
& dans  fes  dilonument:  inedhi.  Nous  y renvoyons 
les  artifies ; & noas  nous  contentons  de  fiire 
ici  deux  obfervations  en  leur  faveur.  La  beaute 
a Ackille  , tant  célébrée  chez  les  Grecs , eft  jointe 
fur  les  marbres  á cet  air  brufque  & dédaigneux 
qu’Homére  a placé  fur  le  vifage  de  ce  beau  jeune 
homme. 

Dans  une  peinture  antique  (Hifi.  de  V Art.  /.  4 ^ 
z.  f j E. ) , Achille  éroit  vétu  d’une  draperie  vert- 
céíadon  , pour  faire  alluílon  fans  doute  á Thétis  , 
divinité  de  la  mer,  qui  éroit  fa  mere.  Balthafar 
Peruzzi  a fidellement  obfervé  ce  cofiume  dans  la 
figure  di  Achule^  quhl  a peinte  au  plafond  d'une 
falle  de  la  TrarneRna. 

Achilxe.  Le nom  duvainqueur  d’Hedlor  devint 
fynonvme  avec  celui  de  vaillant,,  de  brave,  Sec. 
Les  Roraains  le  donnérent  á L.  Sicinius  Dentarus , 
renommé  par  fon  courage.  L’empereur  híaximin 
fut  appelé  j felón  Capirolin  , un  Hercule , un 
Achille  & un  Ajax. 

A CHILLE  A,  ifle  du  Pont-Euxin,  que  fon 
nommoit  auíTi  Leuce , Tifie  des  Héros , Tifie  Aía- 
caron^  ou  Tille  des  BienheureuXj  8¿c.  éroit  ^ felón 
quelques-uns  , vis-á-vis  du  Borilcéne  ; & , felón 
d'autres . vis-á-vis  du  Danubc.  On  Tappela  , 

parce  que  Thétis  ou  Neptune  Tavoit  donnée  á 
Achille,  & que  le  tombeau  avec  le  temple  de  ce 
héros  y étoient  places.  Achille  n' éroit  pas  le  feul 
qui  Thabitát ; on  y avoit  vu  auffi  les  deux  Ajax , 
Patrocle , Antilochus  , &c.  Au  refte , on  trouve 
dans  Jes  anciens  beaucoup  de  particularirés  fur 
cette  ifle  , qu’il  feroit  rrop  long  de  rapporter. 

ACHILLÉE,  tyran  en  Egypte,  fous  Dio- 
clérien. 

L.  Efidius  Achillfvs  Aucustus, 

Ses  médailles  font: 

O.  en  or  & en  argent. 

RRRR.  en  P.  B.  de  la  fabrique  d’Egypte  : Golt- 
xius  , Orco  & Banduri , qui  Ies  rapporrent , les 
décrivent  avec  la  date  de  la  lixicme  année  du  régne 
de  ce  tyran. 

ACHÍLLÉES  , fétes  en  Thonneut  LAchille  , 
qui  fe  célébroient  á Brafies  ou  Praíies  , dans  un 
temple  de  ce  héros.  Les  Lacédémoniens  célé- 
broient les  mémes  fétes , au  rapport  de  Pau- 
fanias, 

ACHLYS.  Ouelques  auteurs  ont  regardi  ce 
nom  comme  celui  du  premier  étre  qui  -exilio  ir 
ai-'ant  le  monde , méme  avant  le  chaos ; le  feul 
qui  fiit  éteraelj  & duguel  tous  les  autres  diea.'c 


A C H 5^ 


avoient  été  produits.  Mais  ce  nom  eft  plus  connu 
pour  étre  celui  dhin  perfonnage^poeti.^ue , done 
parle  Héilode,  dansle  LoiicUer  c.’  Jdercule  , vers  264 ; 
ic  Longin,  Emité  du.  Sublime,  c.  7.  ’=  Je  ne  lais 
« pourquoi  3 dit  M.  Dacier  fur  ce  demier,  les 
55  interpretes  d'Héfiode  Sr  de  Longin  ^ont  '"omU 
33  qu'A’;^a.-.,  foit  iei  la  déeffe  des  ténébres.  C eít 
33  fans  doute  la  TrifieíTe,  comme  M.  le  Févre  la 
33  remarqué.  Voici  le  portrait  qu  Héíiode  en  fait  • 
33  Eu  TrijísJfe  fe  tenoh  pres  de -la,  toute  haiguec 
33  de  pleurs  ; pile  , secke , defaite , les  geuoux  fort 
33  gros  & les  ongles  fort  longs  y fes  nurmes  etoicut 
33  une  fontaine  d‘humeurs  y le  fuitg  couloit  de  fes- 
„ joues  ; elle  grinfoit  les  dents  & couvroit  fes  epaules 
33  de  poujfiere.  II  feroit  bien  difficile^que  cela  put 
33  convenir  á la  déelle  des  ténébres.  i-orfqu 
33  chius  a marqué  , iiafaita.iez 

33_voir  qu/K^At/s"  peur  fort  bien  erre  prife  pour 
3,  xv-nr,  trifteíTe.  Dans  ce  méme  cha[3Ítre,  Longm 
33  s^eft  íetvi  di  pour  díte  les  tcnebres , une 
33  épaiíTe  obfeurité  ; & c’eft  peut-étre.  ce  qui  a 
33  trompé  les  interpréres.  » 

ACHíE-MENIDES , anclen  roí  des  Perfes. 

Ses. médailles  fans  légende  font: 

RRRR.  en  or. 

RR.  en  argent. 

RR.  en  bronze. 

— Avec  des  lettres  phéniciennes , elles  font: 

C.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

ACHOR..  Les  habirans  de  Cyréne,  au  rapport 
de  Pline , oft'roient  des  facriíiccs  á ce  dieu  pour 
erre  délivrés  des  mouches,  qui  caufoient  quel- 
qiiefois  dans  leur  pays  des  maladies  contagieufes, 
par  leur  nombre  prodigieux.  Cet  auteur  ajoute 
qu’ elles  mouroient  aufu-tót  qu  on  avoit  factifie  a 
A-chor.  V.  Belzeeut,  Myiagrüs. 

ACHULLA,  en  Afrique.  Achulla. 

On  a des  médailies  imperiales  latines  de  cette 
ville , frappées  en  Thonneur  d Auguíte  , avec  fes 
fils.  ( Pelierin). 

ACLA.  Cétoit  un  inñrument  ou  un  outü  de# 
brodeurs.  Tirinnius  dit : 

Pkrygio  fui  primo  , heneque  id  opus  feivi  : 

Reliquiacus,  aciafque  kero , atique  herA  nefirs. 


! 

! 


33  Je  fus  d'aboid  brodeur,  & méme  favant  dans 
cet  art;  mais  j’ai  laiue-  Ies  aiguiües  , les  aráilions 
á mon  mairre  & á ma  raaitrelTe.  Celfe  (/.  v.  2.6)  : 
V traque  óptima  ef  ex  acia  molli ,_  non  nimis^  torta.:, 
quo  mitius  corpori  infdeat.  Celle  parle  ICl  de  la 
reunión  des  bords  d’une  plaie  ou  de  la  peau  , 
eperée  p2.r  une  íuturs  ou  une  igraffe*  Ccrnrncni^ 
pourroi't-on  entendre  ici  acia  d’un  fii  de  lin  tsú  de 
■méta!,  oui  aíTaiétiroitlapeau  avec  l agraffe?  Cetrs 
perita  machine n’admet  cu’une  aiguille  oaaraillou. 
CePe  reeommande  de  choi.fir  cet  ard’hcn  tres- 
fouole  trés-éhfticue , & non  curci  par  ritcríion-y 
de'^péV’-  qu’ii  ne  blsfie  ks  chairs  fur  iefqueUes  il 

G ij 


s’appuie.  Les  brodeurs  ernployoient  fans  doute 
auffi  Ies  ardillons  {acia)  avec  leurs  agrafres,  pour 
tendre  la  toile  quiis  brodoient.  {Johan.  Rkodiusj, 
fap.  13  j 14  & I5- 

ACÍDALIE  ou  Acidalienne  , furnom  que  Ies 
Grecs  donnérent  á Venus  j parce  qu’elle  caufe 
fouvent  des  inquietudes  & des  cbagrins  (i).  II  7 
avoit  auííi  dans  la  ville  d'Orchoméne  ^ en  Béope  j 
une  fontaine  appelée  Acídale  , ou  Ies  Graces  alloient 
fe  baigner  j elle  peut  bien  avoir  donné  fon  nona  á 
V énus. 

ACIDINüS,  furnom  de  la  famIIIe  MakliA. 

ACIER.  Les  anciens  ont  connu  des  procedes 
pour  convertir  le  fer  en  acier , & iis  étoient  aufli 
heureux  dans  cette  opération  que  Ies  modernes^ 
cuoiqudis  ignoraffent  Ies  brillantes  théones  de 
ces  derniers.  Les  Latins  Tappeloient  ckalyhs ; parce 
que  le  premier  acier  qui  fut  en  réputation  parmi 
cux  o venoit  ^ dit-on  ^ dTfpagne , ou  il  y avoit  un 
lleuve  nommé  Chalyhs , dont  Teau  étoit  la  meil- 
leure  que  Ton  connút  pour  la  trempe  de  Y acier. 
Pline,  le  nomme  acias. 

Ariftote  ( Meteor.  lib.  iv , cap.  6.  ) dit  que 
“ le  fer  forgé  , travaillé  méme  , peut  fe  liqué- 
M fi'er  de  nonveau.  Se  de  nouveau  fe  durcirj  & 
M que'Veñ  par  la  réitération  de  ce  procede  ^ qif  on 
M le  conduit,  á rétat  ^acier.  Les  fcones  du  fer 

fe  précipitent ajoute-t-il,  dans  la  fuíion;  elies 
» reííent  au  fond  des  fourneaux;  & les  fers  qui 
K en  font  débarrafíes  de  cette  maniere  prennent 
» ie  nomÁ‘ acier.  II  ne  fauí  pas  pouííér  trop  loin 
» cet  aSinage , parce  que  la  matiére  qu  on  traite 
» ainíi  j fe  détruit  ^ & perd  coníidérablement  de 
M fon  poids.  Mais  di  rf  en  eft  pas  rnoins  vrai  que 
33  moins  il  reñe  ddmpuretésj  plus  Y aciere&’p^tíút^^. 

Pline  parle  á la  fois  de  f aciérie  & de  la  trempe. 
F ornacum  , dit-il  ¡ maxima  dijferentia  efi  ^ in  iis 
eqaidem  nucleus  ferri  excoquitur  ad  indarandam 
aciern  , alioque  modo  ad  dertfandas  incudts  malleo- 
rumque  rofira.  II  efb  a préfumer  que  ce  nucleus 
ferri  étoit  une  maíTe  de  fer  aíEné  ^ qu'ils  traitoient 
comme  le  pratiquoient  les  Grecs^  felón  le  paíTage 
d’Ariftotej  cité  plus  haut.  Au  relie  ^ Pline  ajoute 
dans  un  autre  chapitre  : Ferrum  accenfim  igni,  nifi 
duretar  riñibus , corrampitur  ¡ & allleurs,  aquarum 
fumma  diferencia  efi  quibus  immergitur.  LeS  inílruc- 
tions  qu’il  nous  a laiíTées  font  trés-imparfaites, 
& bien  au-deíTous  de  ceUes  que  no-us  devons  au 
Eaturalifte  grec. 

ACILIA , famille  romaine  dont  on  a des  mé- 
dailles : 

O.  en  or. 

RR.  en  argent. 

6.  en  bronze. 

Les  fumoms  da  cette  famille  font  Baletjs  , 
Glabrio.  ' 

Goltzius  en  a puolié  quelques  médailles  , íncon- 
Bues  depuis  iui, ' ' 

£2}  Dii  foín  ^ thxTrt, 


A C I 

ACILÍUM,  en  Itaüe.  aki  & AicrAipN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font  i 

O.  en  or. 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Leur  type  ordinaire  eft  un  vafe. 

ACINÁCES  , épée  en  ufage  chez  Ies  Perfes  & 
chez  les  Farthes.  On  croit  qu  elle  relfembloit  a 
nos  fabres  longs  Se  courbés. 

ÁCÍNIPO  , en  Efpagne.  Acinipo.  _ 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

O.  en  or. 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

AGIS  devoit  le  jour  á Faune  & a la  nymphe 
Svméthe.  A Táge  de  feize  ans  ^ i!  s attacha  a la 
belie  GaiathéCj  Se  en  fut  aimé.  Mats  il  eut  pour 
rival  le  terrible  Poliphémej  quij  Fayant  furpris 
un  jour  avec  fa  nymphe  déracina  un  rocher 
enorme  j Se  le  jeta  fur  cet  amant  infortune , qui 
en  ñu  écraíe.  Les  dieux  ^ á la  priére  de  Galathée, 
le  changérent.en  un  fleuve  qui  fort  du  Mont-ttna, 
en  Sicile.  La  rapidité  de  fes  eaux  lui  fit  donner  le 
nom  d‘Acisj  qui  íignifie  la  pointe  d'une  fiéche  ; 
parce  qae , dit  Hérodote  j fon  cours  eíl  aulTi  droit 
qu’une  fleche.  F.  Galathée. 

ACISCULUSj,  fur.nom  de  la  famille  Valepaa. 

ACLIDES.  Les  Romains  donnoient  ce  nom  á 
une  arme  de  jet  j fur  laquelle  Ies  commentateurs 
font  partagés.  Servius  dit  {JEneid.  vii.  730.): 
Aclidcs  fimt  tela  quídam  aatiqua  adeb , ut  r.ec 
ufquam  comrnemorentur  ia  bello.  11  eft  etonnant 
que  Servius  en  parle  comme.  d^’une  arme  hors 
d’ufage  j puifque  Trebellius  Pollio  St  Valerius 
Flacciis  en  font  mention.  Le  premier  dit  {Claud, 
c.  14.)  ; Huic  dabis  aclides  duas.  Et  le  fecond 
(fi.  99.): 

idee  procul  aH entes  gemina  fert  áelide  p armas.. 

Et  Virgile  j dans  Fendroit  ou  Servius  Fa  com- 
menré : 

Teretes  funt  aclides  Hits 

Tela¡  fed  ksLC  lento  mos  efi  optare  flagello. 

Nonius  (18.  10.)  les  appelle  jacula  brevia,  des 
armes  de  jet  courtes.  II  paroit  que  les  aclides 
étoient  des  javelots  gros  Se  eourtS:,  héníTés  de 
clous  & d’afpérités  j & líés  á une  forte  courro’.e 
de  cuir.  Cette  courroie  fervoit  á les  retirer ^ aprés 
que  Fon  avoit  chargé  Fennemi , fur  qui  on  les 
jetoit  avec  forcé  j fans  abandonner  la  courroie. 
Geñ-Iá  fans  doatece  que  Virgile  appelle 
lentum  y parce  que  les  fouets  étorenr  faits  de 
laniéres  de  cuir. 

Servius , dans  un  autre  endroit  j.  décrit  de 
petites  maíFues  qui  reíTemblenr  parfaitemeiu  aux 
aclides  , íi  elles  ne  font  pas  la  méme  chofe  .•  Sunt 
clavíi  cubito  femis  factíL  y emínentibus  hiñe  li  kir.c 
acuminibus  quibufdam  : qiu.  íta  in  hofiem  jaciuntzcr 
religati  loro  yVel  lino  y utperañis  vulrtcribus  vojfiatt 


53 


A C íM 

redire.  « II  y a des  tnaíuies  longues  d’une  demi- 
coudée  , hériffées  d’afpérkés  ; on  les  lance  üir 
l'ennemi  aprés  les  avoir  attachées  avec  des  cour- 
roies  ou  des  cordes , afin  de  pouvoir  les  recirer 
aprés  qu'elles  ont  fait  d’énormes  bleííures  Les 
aclides  avoient  beaucoup  d’analogie  avec  Ies  armes 
¿e  jet  que  Ies  Grecs  appeloient  ; mps 

eiles  n’en  avoient  aucune  avec  le  f¿.ayx.Á¿i.^¡o-¡  oes 
bas-íiécles , efpéce  de  baton  avec  quoi  i on  pu- 
riilToit  les  maífaiteurs. 

ACAÍON  étoit  chefd’ane  colonie  de  Scythes, 
cai  s'établit  en  Phénicie  & en  Syrie  : on  ignoroit, 
íiiivant  Phérécide  , quel  étoit  fon  pére.  11  mourut 
pour  s'étre  trop  échauffé  á la  chaiTe  , & fut  mis 
au  rang  des  dieuXj  fous  le  nom  deTrcs-Haut  (i). 
£es  enfans  furent  Uranus  & Titee , dont  les  noms 
fignifient  le  ciel  & la  terre  , & donnérent  lieu  á 
la  fable  des  Phéniciens,  qiii  font  Acmon  pére  du 
ciel  & de  la  terre.  V'.  Hypsistos.  ^ ^ 

Suivant  une  autre  tradition  ^ il  étoit  fiís  de 
Manés  j qui  fut  le  premier  ou  le  plus  puiíTant 
roi  de  Phrygie.  Acmon  étoit  frére  de  Doeas  : 1 un 
& Pautre  furent  célébres  dans  la  Phrygie.  Acmon 
y donna  fon  nom  á la  ville  d'Acrnonie  , 8c  Doeas 
á une  plaine  voiíine  de  Thémifcire,  & de  quel- 
ques  autres  villes  habitées  par  les  .4mazones. 

Euñathe  donne  le  nom  á’ Acmon  8c  au  Ciel  & 
a rOcéan  {Ir,  IL  x8.  410.)  , en  quoi  il  eft  con- 
treditj  auffi-bien  qu  Hefychius par  Simmias  de 
Rhodes^  qui  5 dans  fon  perit  Poéme  des  AiieSj 
donne  le  furnom  d’Acmonide  ou  fiis  ¿Acmon , 
á r Amour  j qudl  fappofe  auíli  ancien  que  le  monde. 
On  voit  par-lá  que  le  nom  ¿Acmon  eft  un  de  ceux 
que  les  anciens  ont  interpreté  de  mille  maniéres  ^ 
& qui  dés-lors  n’eft  fuíceptible  d’aucune  expli- 
cation  rigoureufe.  II  y avoit  des  Grecs  j felón 
Strabon  (¿ié.  10),  qui  donnoient  le  méme  nom 
¿Acmon  á un  des  Dadtyles  du  Mont-Ida ; & il  en 
témoigne  fon  mécontentement  j parce  qu  ils  ne 
faifoiént  qu  ajouter  des  chofes  incertaines  á d"au- 
tres  qui  Pétoicnt  déjá  trop.  lignifie  une 

enclume ; mais  quand  on  en  a fait  un  nom  propre  j 
on  a voulu  quftl  lignifiát  infatigable , de  Va  pri- 
vatif  8c  de  xa-y-taj  je  fuis  abattu.  Ce  nom  con- 
vient  bien  au  ciel , á caufe  de  fon  mouvement 
que  la  fuite  des  liécles  ne  peut  ralentir  ni  accélérer. 
" ACMONIA en  Phrygie.  Akxvíoki. 

Les  médailles  autonomes  decette  ville  font: 

O.  en  or. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Cette  vilie  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales grecques  fous  fes  Archontes^  en  l'honneur 
d’.Agrippine  jeanej  de  Marc-Auréle,  de  Sept.- 
Sévére  ^ de  Juiia-Domna  , de  Plautftle  , d'Alex.- 
Sévére  ^ de  Gordien-Pie  , d’Otacille  j de  Treb.- 
Gallus , deTrajan^  d’Hadrien;,  d’Antonin , d-e 
CaracaÚa  j d’EIagabale  j de  íríaximiii. 

Ee  jrec  T’yís^cí. 


ACO 

ACNYA.  Voyei  Acéne, 

ACOLYTHL’  Les  Crees  donsoient  ce  nom  a 
ceux  qui  étoient  inébranlables  dans  leurs  réio- 
lutions.  C’eft  pour  cette  raifon  que  Ies  Itoiciens 
furent  appelés  acolythi , parce  quhis  perhftoient 
dans  Topinion  qifils  avoient  embraíféej  fans  que 
rien  put  les  en  détacher. 

íl  y avoit  á la  cour  des  empereurs  grecs,  des 
oíEciers  appelés  acolytkes  ; & Curopalates  dit 
que  le  capitaine  ou  chef  de  la  cohorte  impériale, 
étoit  nommé  Acolythe 

ACOMCE  Se  Cydippe.  Ovide  décrit  leurs 
amours  dans  fes  Héroides.  Aconce  étoit  de  Pifie 
de  Cée,  Pune  des  cyclades,  jeune  homme  d’une 
beile  phyíionoir.ie  , 8c  mal  poiirvu  des  biens 
de  la  fortune.  Etar.t  alié  á Délos  pour  y aíSírer 
á une  féte  de  Biane  , il  vit  par  hafard  dans  le 
temple  de  la  déeífe  , une  jeune  perfonne  d'une 
beauté  raviíTante,  nommée  Cydippe;  mais  jugeant 
á fon  air  qftel'e  étoit  d’une  condition  qui  mettroit 
obftacle  á fon  bonheur,  il  s’avifa  de  cet  expédient. 
11  grava  ces  mots  fur  une  pomme  : Je  jare , -par 
Diane  , de  nitre  jamais  qu' a Aconce.  Enfuite 
ayant  fait  rouler  la  pomme  jufqu’aux  pieds  de 
Cydippe  , la  curiofité  la  fit  ramalTer  á Cydippe : 
elle  lut  , fans  y penfer  , le  ferment  qui  y étoit 
porté  j 8c  fe  crut  engagée  á Aconce ; car  il  y avoit 
á Délos  une  loi  qui  obiigeoit  d’exécuter  toiit  ce 
qu’on  promettoit  dans  le  temple  de  Diane.  Cepen- 
dant  Cydippe  étoit  promife  en  mariage  á un 
autre  ; mais  toutes  les  fois  qu’il  étoit  queñion 
d’eff'ecluer  cette  promeíTe,  elle  étoit  faifie  d’une 
violente  fiévre ; en  forte  que  les  parens  furent 
obligés  de  lui  faire  époufer  Aconce. 

ACONIT.  Les  anciens  botaniftes  ont  donné 
ce  nom  á plufieurs  plantes  vénéneufes  de  différens 
gentes. 

On  difoit  que  fon  nom  venoit  ¿Acone , ville 
de  Bithynie , aux  environs  de  laquelle  Yaconit 
croít  en  abondance  , quoiqu’il  vienne  trés-bien 
dans  mille  autres  endroits.  Les  poetes  feignenc 
que  cette  herbe  naquit  de  l’écume  jetee  par  Cer- 
bére  , íorfque  Hercule  I’arracha  des  enfers.  C’étoit 
a caufe  de  cela  .que  Ton  trouvoit  une  grande 
quantité  ¿acenh  auprés  d’Héraciée  dans  le  Pont, 
oú  étoit  la  cáveme  par  laquelle  le  héros  defeendie 
au  tartare. 

ÁCOPI3,  pierre  précieufe,  traníparente  comme 
le  yerre,  avec  des  taches  de  couleur  d’or.  Pline, 
cui  en  donne  une  defeription  au:®  vague,  ajotíte 
que  rhuile  dans  laquelle  on  la  fait  boailiir,  eft  un 
reméde  centre  les  laiTitudes,  8c  que  de-!á  a été 
formé  le  nom  ¿ acojpis.  Psous  eprouverons  íbuvenc 
dans  cet  ommage  de  grandes  difficultés , pour 
appliquer  les  noms  des  m.inéraiogíftes  modernes 
aux  pierres  que  Ies  anciens  ont  décrites  fi  yague- 
rnent.  Kous'eíTayerons  cependant  de  le  faire,  en 
priant  les  le^eurs  de  ne  pas  donner  trop  d’exten- 
fion  á nos  efíais  en  ce  genre.  \Jacopis  n’eft  peiit- 
étre  autre  choíé  que  du  criftai  renfermant  des 


54 


A C R 


pyrites  : car  on  fait  que  les  anciens  le  pla^olent 
au  rang  des  pierres  precieufes.  Quant  a la  pro- 
priété  médicale  qu’on  lui  artribue  ici  j nous  n’avons 
garde  de  nous  en  occaper.  Les  lamieres  que  Fon 
a acquifes  fur  ces  prérendues  vertus  des  pierres  prc- 
cieufeSj  nousendifpenfentformellementj  & nous 
xjlerons  de  cette  difpenfe  dans  tous  les  autres 
arricies  relatifs  á la  Minéralogie. 

ACQUA  CHE  Favella,  Ctau  qui  farh.  On 
a donné  ce  nom  á une  fontaine  de  la  Calabre- 
Citérieure  ^ íimée  pres  des  ruines  de  Fancienne 
Sybaris.  On  crut  fans  doure  que  Foracle  par  lequel 
les  Sybarites  apprirent  lear  deñradlion  prochaine  , 
ctoit  forti  de  cette  fontaine  5 & cette  opinión  Fa 
fait  nommer  Acqita  che  Favella.  On  a cru  auíií 
que  ceux  qui  fe  baignoient  dans  fes  eauXj  en 
forroient  plus  fains  & plus  beaux. 

ACRyE;,  en  Sicile.  ÁKP/.ifiN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ACRiLA  (i)  5 furnotr.  de  la  Junon  de  Corinthe ^ 
qui  avoit  un  temple  dans  la  citadelle  de  cette 
ville  : on  ne  lui  immoloit  que  des  chevres.  La 
Fortune  eut  aufli  le  meme  furnom  ^ & pour  la 
méme  raifon. 

Acr^a  ou  Acrona,  c’eíl  encore  le  furnom 
id’une  nourrice  de  Junon , filie  du  fleuve  Aftérion  , 
au  pays  d'Argos.  V.  Astérion,  Junon. 

ACRyEPHIAj  dans  la  Boeotie. 

On  ne  trouve  des  médailles  imperiales  grecques 
de  cette  ville  j que  dans  Goltzius  feul. 

ACRiEUSj  furnom  de  Júpiter,  fous  lequel  Ies 
habitans  de  Smyrne  Fhonoroient  dans  un  lieu 
elevé  proche  de  la  mer  , ou  ils  lui  avoient  báti 
un  temple. 

ACRAGAS,  en  Sicile.  ARPArANTiNnií. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

RRR.  en  or. 

C.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

Ses  types  ordinaires  font  un  crábe , ou  un  aigle 
dévorant  un  liévre. 

ACRASUS,  dans  la  Lydie.  AKPAcmTaN. 

On  a des  médailles  impériales  grecques  de  cette 
ville,  frappées  fous  fes  préteurs,  en  Fhonneur  de 
Bévére,  de  Plautille,  de  Geta,  de  Julia  Paula, 
d’Aiex.-Sévére,  de  Caracalla. 

ACRATISME,  Les  Grecs  donnoient 

ce  nom  á leur  déjeúner  , ce  léger  repas  Iqudls 
faifoient  dans  la  matinée,  en  attendant  le  díner. 
Si  Fon  aioute  foi  a Fétymologie  qu'en  a donnée 
Schrevelius,  on  pourroit  dire  que  Fufage  général 
des  Grecs  étoit  de  prendre  pour  déjeúner  du  pain 
trempé  dans  du  vin  pur  ; kx-faTÍ^ai  ayant  cette 
Fgnification. 

(i-5  A’xpsr,  haut,  éievé,  parce  que  le  temple  étost  daas  un 
iicu  élívé. 


A C R 

ACRATOPHORE  . furnom  de  Bacchus , foug 
lequel  ií  étoir  principalement  honoré,  ielon  Var- 
ron  , á Ph)  galle  , ville  de  FArcadie ; il  ligniiie 
ceiui  qui  donae  le  vin  pur  (í). 

ACRA;  OPOTbS,  c’eit  le  nom  d’un  héros  de 
la  Crece,  qui  étoir  honoré  , felón  Athénée , a 
Munichia  , un  des  bcurgs  de  l A.ttique  : fa  plus 
baile  qualité  , fans  coate , étoit  de  bien  boire ; 
car  fon  nom  lignifie  un  grand  buveur  de  vin 

pur  ...  j , . 

ACRATUS  oaAiCP-ATES,  c eít  le  nom  du  genie 
de  Bacchus.  Le  P.  Fraelich  n ayant  pas  fait  atten- 
tion  aax  alies  quil  porte  fur  une  médaille,  Fa 
nommé  Pan  ,'ou  mi  des  fatyres.  Paufanias  dit 
que  Fon  voyoit  encore  á Athénes , dans  une  mu- 
railíe  , le  vifa^e  de  ce  génie. 

ACRIDOPI-ÍAGES,  peuple  qui^  mangeoit  des 
fautereiles,  ¿xp/y,  faurerelle,  & je  mange. 

Cette  nailon  habitoir  FEthiopie,  & étoit  voifine 
des  déferts.  Les  Acridopkages  faifoient  aii  printems 
une  grande  provifion  de  fautereiles , qu  ils  faloient 
pour  s’en  nourrir  pendant  le  rene  de  1 annee  ; car 
ce  peuple  étant  éloigné  de  la  mer , ne  pouvoit 
avoir  des  poiúons,  & ii  n’élevoit  point  de  betai!. 
Diodore  de  Sicile  & Strabon  en  ont  parlé ; mais 
ils  ajoutent  á ce  récir  une  fable  ridicule.  Ils  difent 
que  les  Acridopíiages  ne  vivoienr  que  jufqu  a qua- 
rante  ans  , & quhis  mouroient  confurnés  par  des 
infectes  ailés  qui  s’engendroient  de  Icur  propre 
fubííance. 

Pline  parle  ii  Ácridophages  qui  habitoient  un 
cantón  du  pays  des  Parthes,  & S.  Jéróme  en  place 
dans  la  Lybie.  Au  refte  , les  voyageurs  affurent 
que  Fon  mange  encore  des  fautereiles  dans  plufieurs 
enároits  de  FCrient.  Les  poetes  Nicophon  & 
Ariflophane  parlent  de  ces  animaux,  comme  de 
la  nourriture  de  la  plus  vile  populace  de  la  Grece. 
Les  payfans  feuls  en  mangeoient,  felón  Théo- 
philaéle.  ^iien,  dans  fon  Hiítoire  des  Animaux, 
dit  que  Fon  mangeoit  de  fon  tems  des  cigalas, 
infecle  que  Fon  confondoit  avec  Ies  fautereiles. 

ACPi-ISÍüS,  roi  dCArgos,  pére  de  Danaé,  ayant 
été  déíróné  par  fon  frére  Proctus,  fiit  rétabii  par 
fon  petit-fils  Perfée , qui  le  tua  enfaite  par  un 
accident  malheureux.  Perfée  voulant  un  -jour  faire 
preuve  de  fon  adreífe  au  jea  de  palet,  en  préfence 
de  fon  grand-pére,  jeta  le  palet  de  toute  fa  forcé; 
il  atteignit  Acdfe , 8c  Féteadit  morr  fur  la  place- 
Ainíi  fe  trouva  accomplie  la  prédiélion  qui  Iin 
avoit  été  faite , qu'un  jour  fon  petit-fils  lui  ravi- 
roit  la  couronne  8c  la  vie , fans  que  les  rigueurs 
qu  il  avoit  exercées  contre  fa  filie,  Fen  euíTent  pu 
garantir.  F.  Danaé,  Persée,  Proétus. 

ACRO.  Ce  mot,  qui  vienrdu  grec  ¿íxe^í,  élevé 
au  fommet  d'une  montagne  , lignifie  la  citadelle 
d'une  ville , lorfquhl  ell  joint  á fon  nom.  L’on 
conílruic  en  effet  les  citadelles  fur  des  lieux  élevés, 

(i)  Du  grec  A’xpssTo»,  vin  pur,  fans  mélange. 

(z)  Du  ¡npt  grec  Tía  par,  üms  aélangai 


A C R 

eu!  commanaent  les  viües.  V acrocorinthe  étoit 
la  citadelle  áeCorir.rhe  . & on  la  volt  fur  plufiears 
roédailles  de  Colonies  frappées_  dans  cette  viile. 
Les  Athéniens  appeloient  iear  vüie  da  nom  abfolu 
s-íA.'? , vilie  par  excellence , coname  Ies  Romains 
appeloient  Ronac  iimpletr¡ent  urbs , vil;e.  ils  don- 
nérent  á leur  citadelle  le  nom  d acropoje.  Pellerin 
a pablié  une  midaiíle  unique  d Atnenes , fur 
laquelle  on  volt  la  coiiine  & les  batimens^  de 
Vacropole.  On  reconnoit  la  meme  racine  dans 
Vacradine  , citadelle  de  Syracufe. 

AGRO  AMA.  Les  Romains  adoptoieiit  ce  mot 
greCj  pour  exprimer  des  contes  amufans,  que  1 on 
récitoít  aux  convives  pendant  ies  repas,  6c  méme 
ceux  qui  les  faifoient.  On  introcuifoic  dans  Ies 
feílins  ces  efpéces  de  mp Jodes  ou  de  troubadours  ¡ 
afin  3 dit  Cornelius  Nepos  j que  refprit  des  con- 
vives fut  auííi  farisfai:  que  leur  palais  ut  non 
miniis  animo,  quarr,  ver.tre  convivs.  del'Barentur. 
Le  meme  écrivain  ajoute  que  dans  un  repas  1 on 
n'’admit  d'autres  rapfodeSj  qu'’un  efciave  occupe 
á faire  des  ledtures  áiix  convives  : Nemo  in  con- 
vivio ejus  aliad  acroama  audivií  Quam  ancgaoflen. 

Cet  ufage  fubíiíte  encore  caer  les  peuples  qui 
n ont  pas  des  fpeóbables  réguliers  comme  ceux 
des  Européens. 

Ac!í.OArií,\,  ncm  que  les  Romains  donnoient 
aux  tnuficiens  qui  jouoient  d'un  inítrumentj  pour 
les  diítingaer  de  ceux  qui  chantoient.  On  prétend 
auíii  qudls  appeloient  acroama  la  mufique  inílru- 
mentale  ^ & fur-toiit  celle  qui  étoit  gaie.  ( M.  de 
Cajiillon  Jils  ). 

ACROBATES.  C’étoient  des  danfeurs  de 
corde  3 dont  on  connoiíToit  quatre  efpéces  diíFe- 
rentes.  Les  premiers  voltigeoient  aiitoiir  d’une 
corde  3 comme  une  roue  tourne  autour  de  fon 
effieu  3 & ils  fe  fufpendoient  par  le  cou  3 par  le 
pied3  &c.  Les  feconds  voloient  du  haut  en  bas 
fur  une  corde , appuyés  fur  f eftomach  3 ayant  Ies 
bras  & les  jambes  étendus.  D’autres  couro^ent  fur 
une  corde  étendue  obliquement  de  bas  en  haut. 
Les  derniers  , enfin  3 daníbient , fautojent  3 & fai- 
foient  toutes  fortes  d^exerciccs  fur  une  corde 
tendue  horifontalement  á plufieurs  pieds  de  terre. 
Kicéphore-Grégoras  3 Manilius3  Nicétas3  Vop:f- 
cus  3 &c.  font  mention  de  tous  ces  danfeurs  de 
corde. 

ACROBATIQüE  3 premier  genre  de  machine 
dont  Ies  Grecs  fe  fervoient  pour  monter  des  far- 
deaux.  lis  l’appeloient  acrohaúcon. 

Les  Romains  donnoient  ce  nom  a une  efpéce 
de  tour  ou  de  guérite3  dans  laquelle  on  fe  pía 
qoir  pour  voir  de  plus  loin  3 & que  Ton  élevoit 
á differentes  hauteurs. 

ACROCHIRISME3  eípéce  de  daníe  joveuíé  & 
de  lurte  3 dans  laquelle  on  n’employoit  que  Ies 
irsains  : ceux  qui  s’exercoient  ai.níl  3 s’appeloient 
acrockirijles  ^ 8c  ne  fe  touchoient  qu’avec  les  doigts 
entrelaces. 

ACROCOLLL.  On  donnoic  ce  nom  aux  mets 


A C R 5 5 

légers  & pen  fucculens  par  lefquels  les  Romains 
commenqoient  leurs  repas  3 tels  que  Ies  pieds  3 ies 
oreilies  3 Ies  cois  3 Ies  &ecS3  Scc. 

A CROC  OMES  3 peuples  de  Thrace  3 ainfi 
nommés  parce  qu  ils  avoient  les  cheveux  longs 
pardevant3  comme  les  femmes  3 au  contraríe  des 
Abantes  , qui  ne  les  portoienr  longs  que  par  der- 
riere.  Ce  nom  vient  dA*;!?  3 fommet  j & zlca; , 
chevelure. 

ACR(EUS.  Voye^  Ack,€vs. 

ACROLITHOS3  ftatue  colofíale  que  Maufole 
fír  placer  au  haut  du  temple  de  Mars3  dans  la  vilie 
d’Halicarnaíre. 

ACROMALLOS3  eíl:  une  laine  courte  & dure3 
par  oppoíition  aux  laines  fortes  & longues.  Geft 
de  Y acromallos  que  les  Belges  faifoient  ces  efpeces 
de  furtouts  qu’iis  appeloient  faga,  & qui  portoient 
chez  Ies  Romains  le  nom  de  Ana. 

ACROMA.  Voye-^  Acr^CA. 

ACROSTíCíímS.  Les  Grecs  ont  connu  cet  abus 
de  refprit3  qui  confiñe  á compofer  des  poémes 
dont  toutes  íes  lettres  initiales  ■ de  chaqué  vers  3 
ou  initiales  de  chaqué  mot  des  vers , fcrment  un 
ou  pluíieurs  mots  : relies  font  deux  épigrammes 
du  premier  livre  de  FAnthologie3  cbap.  aS  3 faites 
Tiine-  á Thonneur  de  Bacchus  3 & Fautte  á celui 
dh-^pollon.  Toutes  les  deux  if  ont  que  vingt-cinq 
vers  3 dont  le  premier  renferme  Fexpofition  du 
fujet  de  répigramme.  Les  vingt-quatre  vers  fui-* 
vans  font  compofés  chacun  de  quitre  épithétes  3 
commencant  toutes  quatre  par  la  méme  lettre  3 & 
difpofées  felón  rordre  alphabétique  des  vingt- 
quatre  lettres  grecques.  Les  quatre  épithétes  qui 
forment  le  fecond  vers  de  chaqué  épigramme  , 
commencent  toutes  par  un  A 3 les  quatre  du  troi- 
fiéme  vers  par  un  B 3 les  quatre  du  quatriéme  par 
un  Ej  &c. ; ce  qui  fait  quatre-vingt-feize  épi- 
thétes pour  chacun  de  ces  dieux. 

Les  grammairiens  modernes  ont  appelé  ce  genre 
& acroficke  vers  lettrifés  ou  taatogrammes.  Ce  fónt 
en  général  des  chef-d'oeuvres  de  patience  & de 
mauvais  goút. 

ACROSTOLIL'M.  U acrojlolíum.  étoit  la  partie 
la  plus  éievée  de  Fomement  qui  couronnoit  la 
proue  des  vaiíTeaux  anciens3  appelée  soxls.  11  étoit 
place  au-deíTus  de  Féperon , & étoit  fait  en  croe. 
Le  comte  de  Caylus  le  compare  aux  fers  polis  & 
tranchans  faits  en  maniere  de  cou  de  canard  3 
que  les  Yénitiens  mettent  á la  proue  de  leurs 
gondoles.  On  ne  doit  pas  le  confondre  ayec  le 
ckenifeus  qui  fe  mettoit  a la  poupe  3 ni  avec 
lApAaí-ajt  des  Grecs  ou  Yaplajire  des  Romains^ 
qui  faifoit  Fornement  de  la  p>ouppe  & foumiíToic 
un  pendant  á Y acrojlolíum.  Avouons  cependant  qi^ 
quelques  écriyains  3 en  petit  nombre  3 ont  prís 
indifféremment  ce  demíer  pour  I aplajire,  & récí- 
proquement.  Cette  erreur  eñ  venue  peut-étre  de 
ce  o'u  ils  ont  parlé  en  général  des  ornemens  d« 
vaiíTeaux  3 fañs  vouíoir  s’aííujétir  á nne  exaSi- 
tuie  rigoureufe. 


¡6  A C T 

Ces  ornemens  j aurelte^  n'étoient  á aucun  ufage 
pour  la  coirimodité  ou  la  fureté  des  navigateurs 
8c  des  combattans.  Les  Grecs  les  appeloient 
Oa  pla^oit  au-deíTus  de  IGcro/o/iara  la 
tabiette  appeJée  vrvx'if  Se  c<pTa>,/Mi , fur  laquebe 
étoit  écrlt  le  nom  du  navire &c  étoient  peints 
deux  yeux. 

Les  médailles  ofFrent  fouvent  des  acrofiohum 
cui  expnraoient  des  viótoires  navales  ou  des  vaif- 
feauxpris  ou  coulés  á fondj  car  on  arrachoit  ordi- 
nairement  a ccux-ci  leurs  acroftolium , que  Ion 
portoir  en  tnomphe.  Cet  ornement  deligne  auííi 
fur  les  médailles  les  villes  maritimes  ^ relies  que 
Sidon  , Aradus , & quelques  autres. 

ACROTÉRE.  Vitruve  donne  ce  nom  á de 
petits  piédeftaux  fans  bafe  & fom^ent  fans_  cor- 
niche , que  les  anciens  deftinoient  á recevoir  les 
figures  placees  aux  extrémités  triangulaires  des 
frontons. 

ACROTERIA  ^ ce  font  ^ dans  f art  Numifma- 
tique,  les  ornemens  pris  furlesvaiífeaux  ennemis^ 
& dont  on  a parlé  á Tarticle  Acroflaliam. 

ACSACj  mefure  de_ capacité  en  ufage  dans 
TAíie  & dans  i’Egvpte.  V.  Ixic. 

A-CTA.  Les  Romains  entendoient  par  ce  mor 
un  jardín  agréable , placé  fur  le  rivage  de  la  mer , 
dans  leouei  iis  fe  lívroient  aux  plaiíirs  & fouvent 
á la  débauche.  Cicerón  dit  de  Yerres  (y.  aj): 
• 'T'üwetji  171  acia  cían  mulierculis  jacebdZ  ehrius.  Les 
courtifannes  fréquentoient  ces  voluptueufes  re- 
traites C Senec.  cont.  ii.  I.)  : Nuda  in  litt&re  fietifti 
(¡d  fafiidium  emptoris. 

De  ce  mot  acia.  Ies  anciens  formérent  , 

Gclari,  fe  livrer  á tous  les  plaiíirs. 

Acta  eut  quelquefois  une  fignification  plus 
générale  , & on  Femploya  pour  exprimer  des 
rivages  folitaires  j & couverts  d’ornbrages.  Yirgiie  j 
( JEneid.  v.  613.): 

At  procul  in  fola  fecret&  Troades  adía 

Amiffam  Anckifen  fícbant. 

Et  PrudencCj  (¿«  Symmach.  I,  135.): 

Temulentus  adulter 

Invenit  expojitam  fecreti  in  littoris  acia. 

ACTE  SIMPLE  5 parca  , fillon  ^ mefure  gro- 
inatique  des  anciens  Romains  : elle  vaioit  1 2 toifes 
quarrées  & ^ de  Trance. 

Elle  vaioit^  en  mefüres  du  méme  peuple^ 

I 4 fextule  de  terre. 

Ou  4 I fcrupules  de  terre. 

Ou  480  pieds  romains , quarrés. 

Uacle  ftmpU  étoit  une  planche  qu  fillon  de 
4 pieds  romains  de  largeur fur  120  de  lon- 
gueur. 

Acte  qu  artlé  5 mefure  gromatique  des  anciens 
Romains  : elle  renfermoit  y|||-  d'arpens  de  France. 

Elle  renfermoit:,  en  meíures  du  méme  peuple  ^ 
é onces  de  terre. 

Ou  24  ficiliques-  de  terre. 


1 C T 

Ou  30  ades  limpies. 

Ou  36  fextules  de  terre. 

Ou  144  fcrupules  de  terre. 

Ou  14,400  pieds  romains  quarrés. 

Acte  quarre  du  Jugere,  mefure  groma- 
tique des  anciens  Romains.  N oye^  Sexunx  du 
JUGÉRE.  _ ^ 

ACTÉAj  une  des  cinquantc  neréides. 
Néreídes. 

ACTÉE  ou  Acteivs,  fun  des  llx  génies 
envieux  Se  malins,  que  les  Grecs  appeloient  Te/. 
chines.  IIs  enforceloient  les  hommes  par  leurs 
regarás,  & avoient  coutume  d’arrofer  la  terre 
avec  feau  infernale  du  Styx  : de-la  naiíToient  la 
peñe , la  famine,  & les  autres  calamites  publiques. 

ACTÉONj  fiis  du  célebre  Ariftée  & d'Autonoé, 

■ filie  de  Cadmus,  fut  la  malheureufe  vidtirne  de 
la  fureur  que  Junon  avoit  vouée  á la  familie  de 
Cadmus.  Etant  á la  chaffe  dans  le  teyitoire  dé 
Mégare,  ii  trouva  Diane  qui  fe  baignoit  avec  fes 
nymphes , 8c  s’en  approcha  , attiré  par  la  nou- 
veauté  du  fpedacie.  La  déeííé , pour  le  punir  de 
fa  témériré  , lui  jeta  de  Teau,  qui  le  métamor- 
phofa  fur-le-champ  en  cerf,  & fes  propres  chiens 
le  dévorérent.  Diodore  dit  quAciéon  mt  regardé 
& traité  comme  un  impie,  parce  qu’il  avoit  mar- 
qué du  mépris  pour  Diane  & pour  fon  cuite , & 
qu’il  avoit  voulu  manger  des  viandes  qu¡  lui  avoient 
été  offertes  en  facri&e.  Selon  Euripide,  Aciéon 
fut  devoré  par  les  chiens  de  Diane , parce  quhl 
avoit  eu  la  vanité  de  fe  dire  plus  habile  qü'elle 
dans  Tart  de  chaffer;  & felón  Hygin,  parce  quil 
avoit  voulu  lui  faire  violence.  Ce  malheureux 
prince  fut  pourtant  reconnu  aprés  fa  mort  pour 
un  héros,  par  les  Orchoméniens,  qui  lui  élevérent 
des  monumens  héroíques , & lui  offrirent  tous 
les  ans  des  facrifices  par  Tordue  d'Apolion. 

Cette  aventure  eíl  repréfentée  fur  un  beau 
médaillon  de  bronze,  qui  fe  trouve  dans  les  mé- 
langes  de  Pellerin. 

Actéon.  C’eft  !e  nom  d’un  des  chevaux  qui 
conduifoient  le  char  du  foleil  dans  la  chute  de 
Phaeton,  felón  Fulgence  le  mythologue.  ABéon 
fignifie  le  iumineux  (i)  , & prend  fon  nom  de  la 
ciarte  du  foleil.  V.  Erythreus,  Lampos  & 
Philogeus.  Ovide  donne  des  noms  difrérens  aux 
chevaux  du  foleil.  V.  Aethon,  Pyroeis,  Eous 
8c  Fhlegor. 

ACTES,  aBa.  Les  Romains  appeloient  aBa 
diurna , ou  f.mplement  diurna  , les  regiñres  dans 
lefquels  on  écrivoit  chaqué  jour  Ies  añes  du 
•peuple  romain.  Tache  les  diñingue  foigneufement 
des  annales  deítinées  á conferver  la  mémoire  des 
faits  dignes  du  pinceaude  Phiftoire.  {AnnaL  xiii> 
31.)  : Cum  ex  digtiitate  populi  romani  repertum  fit , 
res  illufires  annalihus  , talia  diurnis  añis  mandare. 
Le  mot  feul  diurna  les  délignoit  tres- bien,  parce 
qu’on  les  com.pofoit  chaqué  jour.  Suétone  ( 

(ij  Du  grec  A’»TÍy,  rayón  du  íbleiU 

Clauit 


A C T 

Cláud.  c.  41  j «.  cjO  : Exjiat  tdis  fcríptura  in  p!e- 
rifque  librís , ac  diurnls.  IIs  porrcterii  encore  ie 
nom  de  publica  aña,  á caufe  des  matisres  dont  ils 
traitoient.  Tacite  (^Arenal,  xii , zc, , a^.') : Et  quos 
tam  Claudias  términos  pofaerit , fucile  cognitu,  & 
publicis  aciis  pnferiptum^ 

On  inferivoit  áans  les  acíes  du  peuple  tout  ce 
qui  pouvoit  rintéreirer^  les  jugemens  publicS;,  les 
exécutions  ^ Ies  comices  , les  conítruílions  des 
édifices  publics les  naiíTances , les  morts  des  per- 
íbnnes  célebres  , les  mariages  & les  divorces. 
Ammien  Marcellin  nous  a confervé  le  ítyle  du 
commencement  de  ces  uñes  (xxii^  5.)  Et  acia 
fuper  eo  gefia  non  fine  magno  legebantur  horrare , 
cum  id  voluminis  publici  contineret  exordium  : con- 
falatu  Tauri  & Florentii  , inducio  fub  príconibas 
Tauro.  Ce  pafíage  nous  apprend  que  Ton  inferivoit 
les  exécutions  dans  les  añes  du  peuple ; le  fuivant , 
de  Tacite  3 prouvera  la  méme  chofe  pour  les  édi- 
fices publics  { Annal.  xiii  , 31,  I- ) • Elerone 
iteriim  L.  Pifone  Confulibus  pauca  memoria  digna 
evenere  : nifi  cui  libeat,  laudandis fundamentis  & tra- 
bibus  , quis  molem  ampkitkeatri  apud  campuw.  Irlartis 
Cafar  adftruxerat , volumina  implare  : cum  ex  digni- 
tate  populi  romani , &c. 

Suétone  extrait  prefque  toujours  des  añes  pu- 
blics Ies  années  qui  ont  vu  naitre  les  princes 
dont  il  écrit  rhiftoire.  L’ufage  de  les  inferiré  daos 
les  añes  venoit  de  Servius  Tullius.  Ce  roi  voulant 
connoitre  avec  exaélitude  le  nombre  des  naiíTances , 
des  morts  & celui  des  vivanSj  ordonna  qu'á  la 
naiíTance  de  chaqué  individu^  fes  parens  porte- 
roient  au  tréfor  de  Junon-Lueine  une  certaine 
piéce  de  monnoie  , qu’á  fa  mort  on  feroit  la  méme 
ofFrande  á Vénus-Libitine , & qu  enfin  on  porte- 
roit  de  méme  au  temple  de  la  jeunelTe  une  picce 
de  monnoie . quand  un  jeune  homme  prendroit 
la  robe  virile.  Antonin  ajouta  á cet  ancien  ufage 
une  pratique  trés-utile  pour  Téconomie  politique. 
II  ordonna  qu’á  la  naiíTance  de  chaqué  enfant^  le 

f>ére  déclareroit  i’année  j le  jour  de  la  naiíTance  , 
e nom  propre  & le  furnom  de  l’enfant , fa  légi- 
timité  ou  íh  bátardife  ^ au  préfet  du  tréfor  de 
Tétat  j qui  en  feroit  mention  fur  les  regiñres  pu- 
blics. ( Capitolin  , ckap.  9). 

Les  añes  du  fénat  étoient  auffi  appelés  commen- 
tarii , Se  en  grec  úíi-s£i>é««Tií.  lis  contenoient  en 
abrégé  tout  ce  qui  fe  difoit  ou  fe  faifoit  dans  les 
aíTemblces.  Jules-Céfarles  fit  commencer  pendant 
fon  confulatj  & ii  ordonna  qu’on  les  rendir  pu- 
blics , ainfi  que  les  añes  du  peuple.  ( Suétone , 
c.  ^6 , n.  I On  les  continua  avec  exaftitude  j 
mBis  Augufte , fon  fucceíTeur  . en  défendit  la  pu- 
blication.  Ibidem.  C’étoit  un  féaateur  qui  les  rédi- 
geoit  j de  peur  qu’un  fecrétaire  étranger  au  fénat 
n’en  disnilguát  les  réfolutions  fecrétes.  Kadrien 
remplit  cette  fondtion  aprés  avoir  exercé  la  quef- 
ture.  (^Spanian.  c.  3.}  : Pofl  quífluram  aña  fenatus 
curavit.  On  appeloit  le  fénateur  corumis  á cstte 
fédaction  , ab  aciis  fenatus^ 

Antiquités  , Tome 


A C T 57 

ACTEUR.  La  tragédie  , dans  fon  origine , r.e 
conílíroit  qu’en  un  íimple  choeur , qui  chantoit  des 
hymnes  á Thonneur  de  Bacchus.  Thefpis  intro- 
duiíit  le  premier  un  perfonnage  qui  j pour  foulager 
le  chceur  j récitoit  les  aventures  de  quelqu’homme 
célebre.  Efchyle  trouva  que  le  role  d’un  añeur 
feul  étoit  trop  froid  , & il  fentit  que  Tintroduélion, 
d’un  fecond  perfonnage  qui  s'entretiendroit  avec 
le  premier  j oceuperoit  plus  agréablement  Taudi- 
teur  par  le  moyen  du  dialogue.  II  habilla  plus 
honnérement  Ies  añeurs  , qui  avant  lui  étoient 
barbouillés  de  lie , & leur  donna  pour  chauíTure 
le  cothurne  élevé. 

Sophocle  penfa  que  les  deux  añeurs  d’Efchylc 
ne  fuíEfoient  pas  pour  donner  de  la  vivacité  á 
Taéiionj  & de  la  variété  dans  les  incidens.  II 
ajouta  un  troiíiéme  interlocuteur.  Se  fon  exemplc 
fut  fuivi  conílamment  dans  les  tragédies  grecques, 
ou  Ton  voit  rarement  parler  dans  la  méme  fcénc 
plus  de  trois  añeurs,  Horace  femble  méme  eu 
avoir  fait  un  prccepte  fondamental  t 

Nec  quarta  loqui  perfona  labórete 

il  fut  cependant  mal  obfervé  dans  Ies  comedies , 
0U5  pour  augmenten  Tintérétj  on  introduiíit  plus 
de  trois  perfonnages. 

Les  añeurs  étoient  divifés  en  deux  & méme 
en  trois  claíTes.  Les  premiers  jouoient  les  prin- 
cipaux  roles.  Térence  dit  dans  le  prologue  ds 
Phormion : 

Primas  partes  qui  aget , is  erit  Pkormio- 

Ceux  qui  jouoient  les  feconds  roles  , étoient 
obligés  de  diminuer  leurs  voix,pour  ne  pas  couvrir 
celles  des  premiers  añeurs.  M.  Mallet , qui  a fait 
Tarticle  Acteur  dans  la  premiére  Encyclopédie,. 
rend  cette  idée  par  Texpreílion  trés-impropre  de 
contrefaire  les  nains  , pour  dop.ner  aux  premiers 
aéleurs  le  plus  de  lufre  quils  pouvoient.  Cicerón 
parle  de  ces  trois  efpéces  Sí  añeurs  ( de  Divin. 
c.  ly.)  : Ut  in  añoribus  gracis  fieri  videmus  : ftpe 
illum  , qui  efl  fecundarum  , aut  tertiarum  partium  , 
cum  pojfit  aliquanto  clarius  dicere  , quam  ipfe  pri- 
marum , multum  fubmittere.  Chez  les  GrecSj  les 
roles  de  tyrans  étoient  íi  odieux  ^ que  les  pre- 
miers añeurs  ne  s’en  chargeoient  jamais,  & qu’ils 
étoient  abandonnés  aux  añeurs  fubalternes. 

Quant  á la  maniere  dont  les  anciens  regardoient 
Ies  añeurs,  & dont  ceux-ci  étoient  habillésj  voy££ 
CoiííÉDiEN , Actrices. 

ACTEÜS  , étoit  roi  du  pays  ou  Cécrops  bátít 
Alheñes.  II  donna  fa  filie  en  mariage  á ce  fonda- 
teur  , qui  n’en  devint  le  roi  qu’ aprés  la  rnort  de 
fon  beau-pére.  Añeus  eíl  done  le  premier  roi 
d’Athénes. 

ACTL4QEE,  furnom  d’Apollon , ptremenc 
appelé  AñiusSeAJiaus.  On  le  lui  donna  á caufe  du 
promontoire  d’Actium  , fur  lequel  on  Thonoroit 
d’un  cuite  particulier.  Cette  diiunité  paroit  fur 
les  médailics  d’Augufic  avec  un  habilleraeat  de 

H 


j8  A C X 

femme  & une  lyre  dans  la  main.  _ Auguíle  lui  bátit 
un  nouveau  tereipíe  ^ apres  la  viétoire  qu  il  rem- 
porta  fur  Marc-Antoine  , a la  hauteur  d^Aftiam.  _ 

Actiaque.  ( Ere ) Úére  aSiaque  tire  fon  ori- 
gine & fon  nom  de  la  bataille  d'Aótiumj  qui 
rendir  Augiifte  maítre  de  FEgypte  & de  tout 
TEmpire  Romain.  Cet  événement  eft  du_z  ou 
plutót  du  3 feptembre  de  Tan  15  de  Tere  julíenne  j 
723  de  Rome.  Uére  aciiaque  commenca  chez  les 
Romains  avec  la  16®  année  de  Tere  juiienne , 
c’eñ-á-dire,  ay  i janvier  de  Tan  724  de  Rome.  En 
Egypre  , ou  elle  fut  adoptée  la  mérne  année , 
& fe  maindnt  jufqu  au  régne  de  Dioclétien^j  elle 
commenca  avec  le  mois  thoth  ou  le  29  aoutj  & 
deux  jours  aprés,  ou  le  i feptembre  , _chez  les 
Crees  d'Antíoche.  Ceux-ci  la  nommoient  auíTi 
Tere  d'Antiochej  & nous  voj'ons  qifelle  étoit 
encore  en  tifage  chez  eux  au  neuviéme  íiécle. 
C’eft  ce  QU  atteñe  le  patriarche  Nfcéphore  dans 
fa  chronographie.  Mira  IsAícv  ^ &c.  i^oft  Julium 
roTTiunis  imvsravit  C^für  o^^viníins  jíugujius ^ anuís 
j6  & menfihus  fex.  Hiñe  Antiocheni  anuos  fuos 
numerant.  On  voit  par-iá  que  le  cardinal  Nonp 
s"eñ  méprisj  lorfqiiil  a prétendu  qu’on  a ceíTé 
de  compter  par  Tere  d’Augurte , peu  de  tems  apres 
la  mort  de  ce  prince  : < ependant , il  eíl  vrai  de 
dire  qu  elle  n’éciipfa  pas  Tere  céfarienne  d’Au- 
tioche. 

Ce  fut  á répoque  de  la  bataille  d^Adtium , que 
les  Egyptiens  travaillérent  á la  réformation  de 
leur  calendrier,  fur  le  modéle  de  la  cerreétion 
julienne  , & non  pas  du  tems  de  Céfar. 

Actiaqües  , fétes  & jeuxqy/oncélébroit  tousles 
trois  ans  en  Thonneur  d'Apollon.  lis  avoient  pris 
leur  nom  du  promotoire  d^Actium,  enEpire^  oú 
ce  dieu  avoit  un  temple.  Pendant  la  célébration 
de  cette  fete,  il  y avoit  des  combats  dathlétes, 
des  courfes  de  chevaux  , des  combats  fur  la  mer  , 
& des  danfes.  On  y tuok  un  boeuf,  qui  étoit 
enfaite  abandonné  aux  mouchesj  parce  qu’aprés 
s’étre  raiTaliées  de  fon  fang , elles  s’envoloient  8c 
ñe  revenoient  plus.  Augufte  ^ apres  la  viétoire 
qu"il  remporta  fur  Marc-Antoine  , á la  hauteur 
d’Aélium , 8c  dont  il  fe  crut  redevable  á Apollen  ^ 
renouvela  les  jeux  aciiaq-j.es.  On  ne  les  célébra 
d’abord  qu’á  Adtium^  & tous  les  trois  ans;  mais 
Augufte  en  transféra  la  célébration  á Rome & 
en  fixa  la  reprife  de  cinq  ans  en  cinq  ans. 

Quelques  auteurs  ont  cru , & Virgile  femble 
l'iníinuer  , qu'Auguíte  étoit  le  fondateur  de  ces 
jeox ; mais  il  les  rétablit  ílmpleinent , ainíl  que 
Julien  le  fit  encore  dans  la  fuíte.  Au  teñe,  c’eñ 
par  erreur  que  Ton  attribue  á Virgiie  le  deíTein  de 
faire  regarder  Enée  comme  le  fondateur  des  ieux 
añiaques  , parce  qu'il  dit , ( JEaeid.  iii , 180. ) : 

Aciiaque  iliacis  celehramus  littora  ludís. 

Le  poéte  fait , i!  eft  vrai;,  allufion  a ces  jeux  ; 
mais  il  veat  leulement  flatter  Aunuite  , en  attri- 
btiant  au  demi-dieu  dont  R tiroit  fon  orsgiae  j 


A C T 

une  inñitutioii  que  cer  empereur  avoit  rétablie. 
Servias  , dans  fon  Commeiitaire  fur  Virgile , fait 
cette  réftexion. 

Dion  nous  apprend  qu  Augufte  fit  célébrer  les 
jeux  añiaques  avec  Agrippa , & 1 on  y donna  ut 
tournoi  ou  combar  á cheval , executé  par  des 
patriciens  & par  leurs  enfans.  On  avoit  conftruit 
en  bois au  milieu  du  champ  de  Mars,  un  ñade, 
dans  iequel  on  donna  au  peuple  romain  le  ipec- 
tacíe  des  combats  d'athlétes  & de  gladiateurs.  Ce 
dernier  fut  executé  par  des  captifs.  Qiiitre  coli. 
léges  de  prétres , les  pontifes^ , les  augures  ¡ les 
feptemvirs  & les  quindecemvirs , furent  charges 
de  la  célébration  de  ces  jeux.  Sur  deux  medaules 
de  Tyr  , frappées  en  Thonneur  de  Marc-Auréle 
& de  Fhilippe-Pére^  on  lit : Actia  , jeux  adiaques. 
Vaiilant  en  a concha  qu’onies  avoit  celebres  a i yr. 
D’autres  ont  penfé  qn  actia,  dans  cet  endroit, 
exprimoit  des  jeux  celébrés  fur  le  bord  de  la  mer, 
appelé  en  grec 

ACTIUM , dans  l’Acarnanie.  Aktio. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Son  type  ordinaire  eft  Pégafe  volant. 

ACTIUS,  fumom  d’Apollon , pris  du  lieu 
d’Aftium  , ou  il  étoit  honoré.  H.  Actiaque. 

ACTOR.  Ce  nom  a été  celai  de  piufieurs 
perfonnages  de  1 hiñoire  fabuleufe  ; le  plus  connu 
eft  celui  qui  eiit  pour  nls  Ménetius  , pare  de 
Patr : ele.  Quelques-uns  ont  dit  qu’il  étoit  Locrien , 
& qu'il  sTftabiit  dans  rifle  d’iLnone,  apres  avoir 
époufé  Egine,  filie  du  fleuve  Afopus,  dont  ií 
eut  Ménétius.  Selon  d'autres,  yáSor  étoit  theíía- 
lien,  fils  de  Mirmidón  , á qui  Júpiter  avoit  doiiné 
le  joiir.  La  nvmphe  Egine  ayant  eu  de  Júpiter  un 
enfant  nommé  Eaque , paífa  en  Theffalie , ou 
Ador  répoufa.  II  en  eut  piufieurs  enfans , qui 
confpirérent  contre  lui.  Ador  indigné,  les  chaíía, 
& donna  fon  royaume,  avec  fa  filie  Folyméie,  á 
Pélée.  H.  PÉtÉE. 

Actor,  fut  un  des  compagnons  d’HercuIe, 
dans  la  guerre  des  Amazones  : il  y fut  bleífé , & 
voulant  s en  retourner  chez  luí  , il  mourut  en 
chemin.  Un  autre  Ador,  fils  d’Hyppafiis , fit  le 
voyage  des  Argonautes. 

Un  troifiéir.e  Ador  étoit  fils  de  Neptune  & 
dhAgaméde,  filie  d’Augeas. 

Ce  nom  fut  erxore  porté  par  un  fils  cfAxeas 
ou  Azéus  ;i  fut  pére  d'Aítioché , dont  le  dieu 
Mars  eut  deux  fils  , qui  comrnandérent  au  fiége 
de  Trove  les  troupes  d’AfpIédon  & d'Orcho- 
méne,  viiles  de  Boétie.  V.  ÁSTiocriÉ_. 

Un  autre  Ador,  fils  de  Phorbas  , bátit  une  vilie 
dans  FFlide,  fon  pays  natal,  á laquélle  ii  donna 
le  nom  d'Hyrmiiie  , qui  étoit  celui  de  fa  mere. 
Augias,  rol  d'Elide , que  quelques-uns  iui  donnent 
pour  frére,  5c  dont  les  étables  neteyées  par  Her- 
cule , ont  été  chantées  íi  fouvent , partagea  ion 


rovaume  “."itre  cttAclor,  Eiirrtus  Se  Créatus^  fes 
deux  filsj  qui  tucrent  Iphicus^  frére  utérin  d Her- 
cale.  Ces  deux  £Is  fonr  diíignés  chez  Ies  poetes ^ 
fous  le  nom  de  lAolioniács , parce  que  leur  mere 
s^appeloit  Molione.  F'.  Molionides. 

Enfin , il  y <1  eu  parmi  Ies  Auronces  un  Acior , 
dont  Virgile  a chanté  la  bravoure  dans  la  guerre 
de  Turnus. 

Actor  , étoit  chez  les  Romains  le  nom  qui 
déíignoit  ihntendant  de  toas  les  biens  d'iin  citoyen. 
Ce  domeítique  étoit  le  plus  honorc  de  tous,  & 
veiüoit  aux  biens  de  campagne , ainfi  cu  a ceux 
de  la  ville.  On  f appeloit  auíTi  quelquefois  atrae 
boTiora.m  S¡C  achor  ■prídiorJ-rnfundorumque..  Cet  office 
diftéroitde  ceu/t  du  procurator  & da  difpenf-tor. 

acior  étoit  celui  que  Ton  appelle  aujourd  huí 
niajordome.  Le  roi  Théodoric  fixa  á cent  fo'us 
l'amende  que  payeroit  raíTaffin  d'un  de  fes  oíH- 
ciers. 

Actor  fummaram.  Cet  efclave  avoit  un  office 
différent  de  Vaciar  rerum.  II  n^toit  que  le  caiííier 
de  fon  maítre ; Se  Ton  juge  quhl  étoit  efclave  r 
par  le  fupplica  de  la  croix  que  Dominen  íit  fouffñt 
á un  de  ces  aSors.  SuétonCj  (^in  Domit.  c.  ii , 
n.  1 ). 

ACTORÍDES.  Deux  fréres  , ainfi  appelés  de 
leur  píre  Aéior  ^ étoient  fort  hábiles  á conduire 
les  chars.  L'un  tenoit  Ies  renes,  & l’autre  le  fouet. 
Pindare  & Phérécydes  en  ont  parlé.  C'étoient  les 
memes  que  les  Molionides. 

ACTRICES.  Chez  les  Grecs,  les  femmes  ne 
paroiíEoientpasfurles  théátres  pourdéclamer  5 elles 
y danfoient  feulement.  Aulu-Gelle  nous  apprend 
cet  ufage.  Un  afteur  tragique , qui  devoit  repré- 
fenter  Eleétre,  cherchant  á fe  pénétrer  du  role 
de  cette  infortunée  princeíTe,  & á s’exciter  á la 
douleur,  entra  fur  la  fcéne  en  portant  Turne  qui 
renfermoit  les  cendres  de  fon  fiis,  mort  depuis 
peu , au  lieu  des  cendres  d’Oreite , qu’il  devoit 
préfeiíter.  La  grandeur  des  théátres  anciens  ren- 
doit  Ies  femmes  peu  propres  á la  déclamation , 
á ctufe  de  la  foibleíTe  de  leur  voix. 

Les  femmes  étoient  remplacées  dans  Ies  tra- 
gédies  & les  comedies  par  des  eunuques,  dont 
la  voix  gréij^  a beaucoup  de  reifemblance  avec  la 
leur.  Vireliius  ^ épris  de  la  beauté  de  Sporus,  cet 
eunuque  íi  connu  dans  Thiftoire  de  Ñéron , le 
contraignit  á monter  fur  le  théátre  , & á jouer 
le  role  d'une  nymphe  que  Ton  enlevoit.  Sporus 
fut  íi  touché  de  Tinfamie  que  cette  complaifance 
avoit  fait  rejaiilir  fur  fa  perfonne,  qu"il  fe  perqa 
le  fein  avec  une  épée. 

ACTUARIA  naves.  Les  anciens  donnoient  ce 
nom  á des  efpeces  de  navires  longs  & légers.  On 
peut  les  comparer  á nos  briganüns.  ^onius  dit 
que  leur  nom  venoit  de  leur  légéreté,  qui  les 
rendoit  trés-propres  pour  Texpédition.  Ces  navires 
alloient  á voiles  Se  á rames  , felón  Ifidore.  Cependant 
Saviiie  5 dans  fon  Traite  de  la  Milice  Romaine  , 
aíTure  que  les  navires  añuarit¡  n’ étoient  que  des 


vailfeaux  ¿e  charge,  trainés  ou  remorqaés  párales 
grands  nivires. 

Ces  batimens  étoient  de  diSerentes  grandeurs ; 
car  Cicerón  parle  des  plus  petits  connus  fous  le 
nom  i.  aclniriols,  ''adAttic.  xvi , 6.J  .'  Cerbitane 
Parras,  an  aanariolis  ad  Leacopétram  Tarentino- 
ritrn  ? Le  nombre  des  rangs  de  rameurs  fervoit  á, 
établir  cette  différence.  Cicerón  {adAttic.  xvi.  3.) : 
Hsc  ego  , conjeendens  a Pompejano  tribus  aUiia- 
riolis  dacem  fcalmis.  On  réfervoit  le  nom  iVadua- 
rU  pour  ces  bátimens,  lorfqu’ils  avoient  viíigt, 
trente  , quarante  rameurs. 

ACTÜARIUS,  étoit  chez  les  Romains  Le 
greffier  qui  écrivoit  les  aíies  en  notes  ou  en 
abrégé. 

Actuarius,  faifoit  dans  leS  armées  les  mé.mes 
fonótions  que  Ies  intendans  d'armées  modernes. 
II  étoit  chargé  de  la  paie  & de  la  nourriture  des 
foldats.  On  foarniíToit  devant  lui  les  rations,  6c 
il'  en  donnoit  des  décharges  aux  entrepreneurs  des 
vivres.  aciuarius  avanqoit  de  fes  fonds  des  rations 
ou  de  Targent  aux  foldats ; mais  il  n'en  pouvoit 
exiger  d'autre  intérét  que  le  tiers  du  total , queique 
iongue  que  fut  la  durée  du  pret.  On  le  confond 
ordinairement  avec  Vañarias  j 8c  Ton  attribue  au 
premier  cette  infeription,  dans  laqueile  le  fecond 
, officier  eft  nommé  : 

IMP.  C.^SARI 

M.  AUREL.  ANTO 

NINO.  PIO.  FELICI.  AUG 
PARTHIC.  MAX.  ERIT.  MAX 
GER.MAN.  MAX.  PONTIF.  MAX 
TRIE.  POT.  XVIIII.  eos.  lili.  IMP.  III 
P.  P.  PROC 

EQUIPES.  IN.  HIS.  ACTARIUS 
LEG.  VII.  GEM.  ANT.  P.  FEL 
DEVOTI.  KUMINI.  MAJESTA 

Q.  EJÜS.  Sttcweck, 

A.CTUS,  mefure.  V.  Acte. 

A.  D.  Ces  deux  caraéléres  dans  Ies  lettres  que 
s’écrivoient  les  anciens  , íignifioient  ante  diem. 
Des  copiftes  ignorans  en  ont  fait  tout  íimplement 
la  prépoíition  AD,  8c  ont  écrit  ad  ir.  kal.  ad  vi. 
id.  ad  III.  non,  &c.  au  lieu  á‘ante  diem  quartum 
kalendarum  , ante  diem  fextum  idus , &c.  Cette 
remarque  eíl  de  Paul  Manuce.  On  trouve  dans 
Yalerius  Probus  A.  D.  P.  ante  diem  pridie. 

AD.  La  prépoíition  ad  jointe  á un  mot,  exprime 
ordinairement,  dans  les  auteurs  latins,  unecharge 
ou  feníftion  relative  á ce  mot.  Ad  baculum , eft 
un  berger  qui  porte  ce  báton  : ad  cyathos , eft 
Téchanfon  : ad  lecíicam , eft  un  porreur  de  ciiaife 
ou  de  lidere,  8cc.  8cc. 

ADAD  , roi  de  Syrie , fut  honoré  comme  un 
dieu  aprés  fa  mort  par  les  Syriens  , lur-tout  á 
Damas,  au  rapport  de  Jofeph,  dans  fes  Antiquites 
Judaiques.  Oh  croit  que  c eft  le  Dagon  des  Phi- 
liftins.  Ce  nom  fut  dans  la  faite  commun  aux  rois 
de  Syrie  : Ü figrine  auíll  foleil. 


A D D 

Macrobe:,  qni  parle,  dans  le  dix-hultiéme  cha- 
pitre  dii  premier  livre  des  Saturnales,  de  cciAdad 
ou  Adod , dit  que  ce  nom  íigrdfioit  un.  Quelques- 
iins  luí  donnent  pour  femme  Adagartis  ou  Atker- 
¡utis-  , . 

ADAMAKTEE,  fut  la  nourrice  de  Júpiter, 
en  Créte  : on  dit  qu  elle  fufpendit  le  berceau  de 
i'enfant  entre  des  branches  d'arbres  , afin  de  pou- 
Yoir  dire  oue  ce  petit  dieu  n'étoit  rd  dans  le  ciel, 
bí  Tur  la  terre , ni  dans  la  iner.  Pour  que  fes  cris 
íie  tuñ'ent  point  entendus,  elle  aíTembla  les  jeunes 
enfans  du  lieu , á qui  elle  donna  de  petits  boucliers 
d'airain  8c  des  piques , pour  les  faire  retentir  autour 
de  Parbre.  (Jíygin ).  V^.  Curetes  , Amalthee, 
Meliíses  , Aex. 

ADANA , en  Cilicie.  aaanf.íin. 

^es  médailles  autonomes  de  cette  viile  font  : 

O.  en  or. 

RRRR.  en  bronze.  ( Hunter.  Eckkel ). 

O.  en  argent. 

Cette  viiie  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
iriales  grecques,  en  I honneur  de  Julia  Domna,  de 
Caracalla,  de  Diaduménien,  de  Treb.  Galle,  de 
Valérien,  de  Gallien,  de  Maximin,  de  Gordien- 
Fie,  de  Plautiile. 

ADAR , dernier  mois  ou  derniere  lunaifon  de 
Fannée  juive.  Les  Hébreux  pendant  long-tems  ne 
¿onnérent  point  de  nom  oarticuiier  á leurs  mois ; 
ils  difoient  le  premier,  le  fecond,  le  troiíiéme 
mois , &c.  Mais  pendant  la  captivité  de  Babylone , 
ils  prirentdes  Chaldéens  Ies  no.ms  des  mois;  c eft 
de-lá  que  vient  celui  cxadar.  Les  Juifs  fe  fervoient 
du  cycle  de  dix-neuf  ans , & ils  intercaloient  de 
eems  en  tems  un  treiziéme  mois.  11  y avoit  ces 
années-iá  deux  mois  adar  : le  premier  adar  étoit 
de  trente  jours ; le  fecond  n’en  avoit  que  vingt- 
neuf.  Les  années  da  cycle  de  dix-neuf  ans  qui 
avoient  deux  adars , étoient  la  troiíiéme , la  íixiéme  , 
la  huitiéme  , la  onziéme , la  dix-  feptieme  & la 
dix-neuviéme. 

ADARGATIS  ou  áthergatis.  V.  Atar- 

GATIS. 

ADD^-EA , dans  la  Méíbpotamie. 

Oii  a des  médailles  imperiales  grecques  de  cette 
viüe , felón  le  P.  Hardouin. 

áDDIX  , mefure  de  capacité  de  PAÍIe  & de 
TEgypte.  V.  Piloc. 

ADDIXIT  oa  Addixerukt,  étoit  le  motqui 
exprimoit  un  bcn  augure  des  oifeaux  facrés.  En  y 
joignant  la  négation,  on  exprimoit  un  mauvais 
augure. 

AAEA®nií  AHMGsí.  Les  peuples  amis. 

Les  médailles  autonomes  de  Laodicée , d^Apa- 
mée , dh4ntioche  & de  Séieucie , quacre  viiles 
confédérées  de  Syrie  , font ; 

O.  en  or. 

C.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Leurs  typss  ordinaires  font  un  foadre  aile,  un 
srépicd. 


A D J 

ADEONA.  V.  Abeona. 

ADEPHAGIE,  déeíTe  de  la  gourmandife,  i 
laquelle  les  Siciliens  rendoient  un  cuite  religieux. 
Ils’lui  avoient  élevé  un  temple,  dans  lequel  fa 
ftatue  fe  trouvoit  auprés  de  celle  de  Cérés.  Son 
nom  étoit  formé  d’A'JV,  volupté  , & de 
manger. 

ADEPHAGUS,  furnom  quon  donne  á Her- 
cule , pour  exprimer  fon  appérit  vorace. 

ADÉS.  C'eíl  un  nom  qu'on  donnoit  fouvent 
á Pluton,  comme  au  roi  des  Morts  ; car  Ades 
íignifie  mort,  fépulcre,  enfer,  du  grec  a’íJs,?  ou 
aA^s-,  obfcur,  invifible,  comppfé  de  Vi  privatif, 
& de  tiS'a , je  vois.  On  entendoit  auffi  par  ce  nom 
le  lieu  fouterrein  ou  alloient  & d'oú  revenoicnc 
les  ames  des  morts.  V.  Amenthes. 

ADÍABENÍCUS,  furnom  de  Tempereur  Sep- 
time-Sévére , qui  le  mérita  en  réduifant  FAdiabéne 
(l'ancienne  Aííyrie)  fous  le  joug  des  Romains. 

ADÍTUS  in  tkeatro.  On  appeloit  ainfi  les  portes 
ou  les  avenues  par  lefquelles  on  fe  rendoit  des 
gradins  de  Famphidiéáíre , dans  les  portiques 
extérieurs  qui  Fentouroient.  Ces  portes  ou  ave- 
nues s'appeloient  aufli  vomitoria.  \'itruve  recom- 
mande  de  les  multiplier,  de  les  dégager  les  unes 
des  autres , & enfin  de  les  aligner  pour  faciliter 
la  fortie  des  fpeclateurs. 

A DIT  US,  étoit  fur  les  navires  le  milieu  du 
tillacj  par  lequel  on  entroit  dans  le  bátiment.  Cet 
endroit  portoit  autrefois  le  nom  dVagea. 

ADJüTOR , exprimoit  chez  les  Romains  les 
fonétions  de  celui  que  nous  nommons  adjoint. 

Adjutor  añoris , étoit  Faide  OU  Fadjoint  d'un 
intendant  de  maifon. 

Adjutor  admijftonam  , étoit  le  fous-introduéleur 
des  ambaíTadeurs  oud'autres  perfonnages  notables. 

Adjutor  arufpicum.  Dans  la  pompe  des  jeux  du 
cirque  , cet  aide  des  arufpices  paroiífoit  au  neu- 
vicme  rang  avec  les  autres  aides  des  prétres. 

Aajutor  commentarlenjis.  11  fuppléoit  le  geolier 
commentarienfis  OU  greffier  des  prifons,  dans  fes 
fonélions ; il  arrétoit  les  coupables , les  renfer- 
moit  dans  Ies  prifons,  leur  donnoit  la  torture, 
& quelquefois  méme  il  fervoit  de  bourreau. 

Adjutor  magzfiri  ojf.ciorum  Cet  oíficier  renipla- 
coit  dans  fon  tribunal  le  maitre  de  la  maifon  du 
pnnce,  & il  fuffifoit  pour  fon  infiitution,  d'étrc 
préfenté  par  e maitre.  11  préfidoit  en  1 abfence  du 
maitre  au  tribunal  qui  jugeoit  les  caufes  des  oíE- 
' ciers  du  palais.  On  luí  donne  quelquefois  lefurnora 
honorable  de  [¡.eóíablLis  , & queíouefois  celui  de 
clurijjimus  ^ qui  étoit  affecié  aux  fénateurs. 

Adjutor  2:1  opcio  rnagiñratuum  , étoit  celui  qiU 
aidoit  quelcue  mag’ítrat  dans  fes  fonñions,  S, 
le  remphqoit  lorfqu’il  étoit  malade. 

Adjutor  pr&torzanx  fedzs.  Cet  oíficier,  qui  por- 
toit  atvífi  le  nom  de  orim'cier,  fuppléoit  le  préfet 
du  prétoire.  II  avoh  le  droit  de  faire  arréter  les 
délinouans , & de  les  mettre  en  prifon.  Mais  fou 
exerdce  ne  duroit  que  pendant  deux  années. 


A D L 

.Adjutor  prlncipzs , étoit  á Tarmée  un  aide-de- 
cc.mp  ou  adjusiar.t. 

Áájutor  provincii.  On  trouve  fu"  Ies  anciens 
marbres  des  adjutores  de  la  Lufitanie,  de  la  \ et- 
tonie,  duPicenurrij  deChrpre,  envoyés  de  Rome 
d.ans  ces  diíférentes  provinces , comme  nos  con- 
tróleurs.  . ^ 

Adjiítór  tahularii  raúonum  , adjoint:  au  contro- 
leur  des  re'.  enus  du  prince.  On  trouve  fréquem- 
ment  les  noms  de  ces  officiers  dans  les  infcnptions : 
le  détail  en  feroit  trop  long , & d’ailleurs  kurs 
fonftions  font  aiTez  exprimées  par  le  nom  qa" ils 
portent. 

ADJLTRIXj  Itglo  prima.  Cétoit  le  furnom 
d’une  legión  , dont  il  eíl  fouvent  fait  mention 
dans  les  lois  romaines. 

ADLECTl.  Ce  mot  , qui  ílgnfiie  ajfociés  , & 
propreirsent  choifis , s'appüquoít  á plufiears  fortes 
de  perfonnes  chez  Ies  Romains. 

Adledi  milites  , étoieat  des  foldats  incorpores 
dans  une  autre  legión  ou  cohorte. 

AdicEli.  On  donna  ce  nom  dans  le  Bas-Empire, 
aux  confeillers  du  prince  & á ieurs  grands  offi- 
ciers. 

AdleBi  feeniez  , étoient  des  comédiens  fubal- 
ternes , affociés  aux  premiers.  II  en  eft  fait  men- 
tion dans  ce  fragment  d'une  infeription  qui  étoit 
á Rome , au-delá  du  pont  Milvius  : 

ZjAUDATITS»  populo»  SOLITUS.  L^ANDATA. 
REFERRE.  ADLECTUS,  PARASITUS.  APOL^ 

ZIKIS. 

II  y avoit  des  fénateurs  qui  s'appeloient  adlecii; 
parce  qudls  avoient  été  tires  de  fordre  des  che- 
valiers  , pour  compietter  le  nombre  ordinaire  des 
fénateurs. 

Des  divinités  portoient  auffi  le  nom  ¿ladleBi, 
c'étoient  les  hommes  déiíiés  ^ appelés  par  les 
Romains  dii  mhiorum  gentium. 

ADLENTARE  barbam.  On  exprimoit  par  ces 
mots  le  foin  que  Ton  prenoit  chaqué  jour  de  pei- 
gner  la  barbe  , & de  la  rendre  douce  Se  flexible. 
Cétoit  une  dignité  tres-recherchée  á la  cour  des 
err.pereurs  grecs.  Orderic  Vital  (liv.  7)  dit  que 
la  charge  des  íiL’es  de  Robert  Guifeard  j étoit  d'at- 
tendre  le  ré'  eíl  de  Temperear  Alexis  Comnéne; 
& lorfqu’il  avoit  lavé  fes  mains , d'apporter  une 
ferviette  j avec  un  peigne  dhvoirej  pour  peigner 
fa  barbe. 

ADLOrUTIO.  y.  Allocütiok, 

A D M E T E j une  des  nymphes  océanides. 
y.  OCBANIDES. 

Admete,  roi  de  Fhéres,  en  TheíTalie,  fiit  un 
des  argonautes  , un  des  chaíTeurs  de  Calvdon  , & 
il  étoit  couíin  de  Jafon.  Apollen  ayant  été  chaíTc 
du  ciel , fiit  contraint  de  fe  mettre  au  fervice  de 
ce  prince,  pour  avoir  foin  de  fes  troupeaux.  Le 
bon  acrueil  que  lui  fit  le  roi,  Fengagea  dans  la 
fiiite  á devenir  le  dieu  titélaire  de  fa  maifon. 
Admetc  étant  raenacé  de  la  uiort,  ApoUon  uompa 


A D M 61 

les  Parques  , Se  le  déroba  á ieurs  coups , ma's  fous 
la  condition  qu  un  autre  mortei  prendroit  fa  place 
dans  les  enfers.  Le  roi  preíTentit  fur  ce  facrifice 
volontaire  fes  amis  , fes  parens , méme  fon  pére 
& fa  mere,  qui  étoient  tres-vieux',  perfonne, 
excepté  fon  époufe  Alcefte , ne  voulut  perdre  la 
vie  pour  fauver  celle  de  fon  roi.  y.  Alceste. 

Admete,  filie  d’Euryfthée,  infpira  a fon  pére 
Tordre  qufll  donna  á Hercule  , de  lui  apporier  la 
ceinture  de  la  reine  des  Amazones,  parce  que 
cette  fameufe  ceinture  avoit  ttnté  Admete.  Athénée 
raconte  de  cette  princeíTe  une  hiftoire  extraordi- 
naire.  Ayant  fui  d’Argos,  elle  aborda  á Samos  j 
& croyant  devoir  Fheureux  fuccés  de  fon  voyage 
á Junon  , elle  fe  confaera  au  fervice  de  fon  temple. 
Les  Argiens,  irrités  de  fa  fuite,  promirent  á des 
corfaires  TjTtrhéniens  une  groffe  fomme  d’argcnt^ 
s ils  pouvoient  enlever  du  temple  de  Samos  la 
ftatue  de_  Junon  , efpérant  de  faire  porter  la  peine 
de  ce  vol  á Admete,  &c  d'en  tirer  vengeance  par 
les  mains  des  Samiens.  Ces  corfaires  volérenr  la 
ftatue,  Femportérent  furleur  vailTeau,  & levérenr 
Fancre  pour  fe  retirer  au  plus  vite,  en  ramant 
avec  forcé  : mais  quelques  efforts  qnhls  puflént 
faire,  ils  n'avancoient  point,  & demedroient  tou- 
jours  immobiles.  Perfuadés  que  c'étoit  une  pu.ni* 
tion  divine,  ils  mirent  la  ftatue  á terre,  en  faifant 
quelques  cérémonies  autour  d'elle  pour  appaifer 
la  déeíTe.  Admete  appercut  au  point  du  jour  que 
la  ftatue  manquoit,  en  donna  avis  aux  Samiens  ^ 
qui  Fallérent  ciiercher  de  tous  les  cotés  , & la 
trouvérent  enfin  fur  le  Lord  de  la  mer.  Ils  crurent 
que  Junon , de  fon  propre  mouvement , av’oit 
voulu  s’enfuir  au  pays  des  Cariens ; 8c  de  peur 
qu'elle  ne  prit  u.ne  feconde  fois  la  fuite  , ils  la 
¡iérent  á des  branches  d'arbres.  Admete  vint  en- 
fuite,  déiia  la  ftatue,  expia  le  crime  des  Samiens ^ 
8c  remit  Junon  á fa  place  ordinaire.  Depuis  ce 
tems,  les  Samiens  portoient  tous  les  ans  la  ftatue 
de  Junon  au  bord  de  la  mer,  la  lioient  comme 
la  premiére  fois  , 8c  célébroienr  une  féte  qufils 
appeloient  Teriea  , parce  quflls  avoient  tendu  des 
branches  d'arbres  autour  de  la  ñarue. 

ADMíSSiONALES , étoient  Ies  introdufieurs 
auprés  des  princes  ou  des  citoyens  opulens;  Ieurs 
fonétions  étoient  de  lever  le  rideau  ou  la  poniere 
qui  fermoit  la  porte  de  la  chambre  de  Fempereur ^ 
& de  faire  entrer  ‘ ou  de  reconduire  ceux  qui 
étoient  admis  á fon  audience.  Ces  ofíiciers  étoient: 
en  trés-grand  nombre ; on  les  divifoit  en  quarre 
décuries  , dor.t  chaqué  chef  porroit  le  nom  de 
magifter : mais  tous  étoient  fubordonnés  aU  maglfler 
admijjlonum  , premier  introduéieur,  dont  la  dignité 
étcit  tres-honorable. 

Les  admijjianales  étoient  des  affranchis , 8c  Ieurs 
places  étoient  recherchées , a caufe  du  crédit 
qu  elíes  donnoient.  Les  hiftonens  remarquent  avec 
foin  que  Vefpafien,  Antomn  8c  Alexandre-Sév'ére 
étoient  d'u.n  accés  11  facüe , qu'ils  ne  íe  fervoicnt 
point  H adml^iGncles , 


6i  A B O 

.4D-rtííSSICXlS  primí  , jzcuitdí  <¡  tertis..  Cxi 
ciiíliiiguoit  a la  cour  des  empereurs  , & mcme 
chez  des  paiticuliers  riches  & puiíTans  ^ les  amis 
qui  avoient  les  premieres  entrées,  les  fe'ondes^ 
les  troiiiémes.  Lampride  dit  qu  Alexandre-Sévére 
ne  dédaigiioit  pas  de  viíiter  fes  amis  malad«  , 
non-feulement  ceux  qui  étoient  admis  Ies  premiers 
auprés  de  fa  perfonne  , mais  ceux  mémes  qui 
n’avoient  que  les  fecondes  entrées. 

Cette  coutume  de  partager  fes  amis  en  pluíieiirs 
claífes,  vint  des  confuís  C.  Gracchus  S¿  Livius 
Drufus  j comme  nous  Fapprend  Séneque  ( de 
Benefic.  vi,  c.  34.  J .•  Apud  nos  primi  omnium 
C.  Gracchus  mox  Livius  Drufus  inf  ituerunt 
fegregare  turbam  fuam,  & alias  in  fecretum  recipere  , 
alias  cum  pluribus  , alios  univerfos.  Habuerurt 
itaqhe  ifti  amicos  primos , kabuerunt  & fecundos  , 
nunqziam  veros.  ==  lis  eurent  pluíieurs  claíTes  d’amís, 
mais  point  d’ami  véritable. 

ADNA,  roí  inconnu. 

Ses  médailles  fonr : 

RRRR.  en  argent.  (Fellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

ADNOTATIO.  Cétoit  un  refcrit  du  prince  j 
íigné  par  lui.  II  contenoit  ordinairement  un  pa^- 
don  ^ & reffembloit  á nos  lettres  de  grace  ou  de 
rcrrdfion. 

ADOD  j nom  que  les  Phéniciens  donnoient  au 
roi  des  dieux. 

ADOLERE.  Arnobe  (lib.y.)  dit  que  les 
prétres  avoient  coutume  chez  Ies  Rotr.aiñsj  de 
n employer  dans  les  facrifices  que  des  mots  d’ori- 
gine  grecque  ou  barbare^  aSn  de  nétre  pas  en- 
rendus  par  la  multitude.  Le  mot  aiolere  nous  en 
fournit  un  exeniple  frappant.  Au  lieu  de  fe  fervir 
des  yerbes  urere  , cremare  , pour  exprimer  la  com- 
buftion  des  viétimes , Ies  pontifes  avoient  adopté 
le  rnot  adolere , dont  Fctysnologie  & le  fens  propre 
étoient  plus  détournés.  Le  mot  augeri  en  four- 
nira  un  fecond  exemple. 

ADOLESCENCE.  Les  Romains  appeloient 
adolefcens  les  garpons  depuis  quatorze  ans  júfqa'á 
vingt-cinq , & les  filies  depuis  douze  jufqVá 
vingt-un.  Ón  ne  ccmprenoit  dans  le  cens  que  les 
adolefcens  ou  ceux  qui  avoient  atteint  Táge  de 
puberté  ^ & Ies  hommes  faits. 

Les  juges  déclaroient  adolefcens  les  jeunes  gar- 
4ons  qui  avoient  quatorze  ans.  Ceux-ci  faifoieat 
alors  couper  leur  cheveiure  qu  ils  avoient  laiiTé 
croitre  pendant  Tenfance , & ils  prenoicnt  la  robe 
virile.  Les  jeunes  patriciens  quittoient  á cette 
époque  la  pretexte  pour  fe  revétir  de  la  toge^ 
qui  annonqoit  leur  aptitude  á poíluler  les  charges 
de  la  république. 

Les  jurifconfultes  font  partagés  fur  la  maniere 
dont  les  juges  s’aífuroient  de  la  puberté  ^ & fur 
celle  dont  il  faut  rendre  ex  habita  corporis  , qui 
éíoit  un  de  ccs  moyens : mais  la  décence  reftreint 


A D O 

le  fcns  de  ,ces  mots  a xz  fimple  inrpeílion  des 
forces  corporeücs  de  rindiviau  habillé. 

ADOrsEA  5 nom  d’une  divinité  qui  préíidoit 
aux  voyages,  comme  .d/coree.  _ ■ 

ADONÉE.  Les  Arabes  appeloient  ainíi  le 
foleil  j & radoroient  fous  ce  nom , en  luí  oftrant 
chaqué  jour  de  Tencens  & des  parfums.  Ils  don- 
nérent  le  méme  nom  á Bacchus , dit  Aufone. 

A.DONIDÍE.  VoíTms,  liv.  3.  ck.  13  dejes  Infi. 
poét. , parle  d'une  chanfon  á Thonneur  dL4doais  ^ 
qifil  aopelle  adonidie. 

ADÓNlEj  air  que  Ies  Lacédémoniens  jouoient 
fur  les  Ilutes  appelées  emhatériennes , lorfqa’iis 
marchoient  au  combar. 

ADONIESoaAsoKiENNES'j  c’étoientdes  fétes 
de  deuil  dans  la  GrécCj  en  Fhonneur  d' Adonis. 
V.  Adonis.  Ce  fut  un  mauvaispréfage  pour  Nicias , 
chef  des  Athéniens , d’étre  parti  pour  la  guerre  de 
Sicile,  lorfqu  on  célébroit  les  adonies , parce  que 
c’ étoient  des  fétes  de  trifteíTe  & de  lamenta- 
tions. 

ADONIS  étoit^  felón  Meiirllus  ^ une  danfe  des 
anciens  Grecs.  C'étoit  une  efpéce  de  ballet  dans 
lequel  un  pantomime  imitoit  Adonis  , & repré- 
fenroit  fon  infortune-  Arnobe,  ¿iv.  j,8c  Prudence 
(jrsff  5-s®),  hymne  10,  parlent  de  cette  danfe, 
fans  lui  donner  cependant  le  nom  d’ Adonis. 

Adonis  , fleuve  pres  de  Byblos,  en  Phénicie, 
dans  lequel  on  lava  la  piale  de  Adonis.  V.  Tarticle 
fuivant  & Byelos. 

Adonis  , étoit  le  fruir  de  Fincefte  commis  par 
Myrrha  avec  Cyniras  fon  pére.  V.  MyrrhA. 
Lorfqufil  naquit  de  fa  mere  , métamorphofée  en 
arbre,  les  náyades  le  recurent  dans  leurs  bras,  & 
l'ayant  couchg  fur  Fherbe , Poignirent  avec  les 
larmes  que  Myrrha  venoitde  répandre.  Cet  enfant, 
dit  Ovide  , étoit  íi  beau , que  FEnvie  elle-méme 
auroit  été  forcée  de  Fadinirer.  II  reffembloit  á 
FAmour  j & la  reffemblance  auroít  été  parfake, 
íi  on  lui  avoit  donné  un  carquois  & des  fleches  , 
ou  íi  Fon  avoit  ¿té  á FAmour  fes  fleches  & fon 
carquois.  Venus,  charmée  de  la  beauté  de  cet 
enfant,  le  renferma  dans  un  coffre , & ne  le  montra 
qffa  Proferpine.  Celle-ci  proteffa  qu'elle  vouloit 
le  garder.  .Júpiter  fut  pris  pour  arbitre  entre  les 
deux  déeííes , & pronon^a  ogi  Adonis  feroit  libre 
pendant  les  quatre  premiers  mois  de  Fannée , qu  11 
donneroit  les  quatre  fuivass  á Proferpine  , Se  les 
quatre  derniers  á Venus.  Mais  Adonis  renor-ya 
bientót  aux  quatre  mois  que  Júpiter  lui  avoit 
dcnnés,  pour  les  facrifier  á Vénus. 

D’autres  ont  dit  que  Júpiter,  dans  Fappréhen- 
íion  de  mécontenter  les  deux  déeffes,  remit  la 
déciSon  á Calliope,  qui  ordonna  qn’ Adonis  feroit 
íix  mois  á Venus  & fix  mois  á Proferpine.  Un  an 
fut  empldyé  á décider  une  querelle  Je  cette  im- 
portance.  Pendant  ce  tems  --la , Proferpine  fut 
maitreffe  ál Adonis  j & pour  faire  jouir  Vénus  des 
Cx  mois  qui  lui  avoient  été  adjugés  , il  fallut  dé- 
puter  vers  Fluson  les  heures , qui  ramenérení 


A D o 

'Adoras  fur  la  terre.  Ce  fut  pour  fe  venger  de  ce 
retardj  qui  priyoit  Venus  de  ia  préfence  de  fon 
amant  pendant  une  année  , que  certa  déefíé  infpira 
aax  damas  de  Thrace  un  amour  fi  violent  p'our 
Crphée  ^ fils  de  Calliope.  Chacune  d’eiles  voulant 
Tarracher  aux  autres  , elles  le  mirent  en  piéces. 
Dans  les  Dialogues  de  Lucien,  Venus  reproche 
a Cupidon  fon  fils  , de  Favoir  fait  brúler  tantót 
fur  le  mont  Ida  pour  Anchife  ^ & tantót  fur  le 
tnont  Liban  pour  cet  Adonis , dont  il  !ui  avoit 
enlevé  la  moitié  ^ en  infpirant  de  Famour  pour  luí 
á Froferpine. 

D'autres  auteurs  ont  dit  que  Venus  Fenleva  , 
& s^attacha  á lui  íi  fortement , que  le  ciel  mén-e 
lui  parut  un  féjour  peu  agréable  j en  corr.paraifon 
des  boisj  des  montagnes  & des  rochers  ou  elle 
fuivoit  Adonis  á la  chaffe.  Cet  enlévement  devint 
pour  les  anciens  peintres^  un  fu;et  auíli  fréqaent 
de  leiirs  tableaux  ^ que  ce'ui  de  Ganyméde  : Plaute 
BOUS  Fapprend  dans  fes  Ménechmes. 

Les  deux  déelTes  ne  furent  pas  feules  éprifes 
des  charmes  á’ Adonis.  Plufieurs  ont  pretenda  que 
ce  chaíTeur  ayant  Ies  deux  fexes,  faifoit  comnte 
hornme  les  délices  de  Venus  j Se  comme  femme 
celles  d’Apollon.  D’autres , fans  lui  donner  les 
deux  fexes  j ont  dit  qu’il  étoit  le  favori  de  Venus 
Se  de  Bacchus  5 ils  ajoutent  méme  qu'il  fut  enlevé 
par  ce  dernier.  On  a dit  encore  qu  Adonis  avoit 
été  Fobjet  des  complaifances  de  Júpiter.  Quelques- 
uns  en  ont  meme  fait  un  des  favoris  d’Hercide  : & 
felón  eux,  la  jalouíie  qu’en  concut  Venus  , Fexcita 
á indiquer  au  centaure  Neffus  comment  il  pourroit 
drelTer  des  embuches  á ce  héros.  Ontrouve  aiileurs 
une  anecdote  bien  oppofée  á celle-ci.  HercuJe 
voyant  fortir  d’un  temple  fitué  dans  une  vüle  de 
Macédoine  un  peuple  nombreux , y vouiut  entrer 
pour  offrir  fes  voeux ; mais  ayant  appris  q'Von  y 
adoroit  Adonis^  ii  fe  moqua  d'un  cuite  auííl  ridi- 
cule, 

, Si  les  anciens  ont  varié  fur  les  amours  d’ Adonis  , 
ils  n'ont  pas  été  plus  d'accord  fur  fes  oceupations 
& fur  famort.Virgilej,  dans  fes  Egiogues^  nousle 
peint  comme  berger ; mais  prefque  tous  les  autres 
en  ont  fait  un  chaíTeur  , & quelques-uns  ont  dit 
méme  que  cette  inclinaíion  pour  la  chaiTe  étoit 
Fouvrage  des  mufes.  Elles  vouloient  fe  venger  de 
Venus  j qui  avoit  infpiré  á queiques  unes  d’entre 
elles  de  Famour  pour  des  mortels.  Pour  exécuter 
ce  projet  de  ve.ngeance , elles  chanterent  devant 
Adonis  queiques  airs  qui  lui  donnérent  une  paííion 
violente  pour  !a  chaíTe,  dont  Ies  exercices  pénib'es 
le  tenoient  fouvent  éloigné  de  la  déeíTe.  Tous  les 
auteurs  s accordent  á díte  qiFil  fut  rué  par  un  fan- 
glrer  ; mais  plufieurs  ent  aíTiiré  cuc  ce  fut  un 
d-eii  cui  prit  la  forme  de  cet  animal.  Les  uns  ont 
p-érendu  que  ce  fut  Mars , ialoux  & bríllant  du 
í de  punir  '.'énas  qui  lui  préféroit  ce  rival; 
¿ . L ont  attribué  cette  mét  xmorphofe  a Apol- 
le- . r .ú  fe  ;'  ;rta  á cet  exces  de  violence  , pour 
yerg.íi'  ; m :Ls  i-tyaiaSthe  j que  la  déeíle  avoit 


A D O 


renau^aveug’e  . parce  qull  Faveit  vue  -crcar.t  des 
bras  á" Adonis  , & entrent  nue  dans  le  bain.  11  rj- 
fulte  conílamment  de  ces  différentes  traditions , 
qu  Adonis  fut  tué  par  un  fanglier.  On  a cru  cepen- 
dant  qu  il  n étoit  pas  mort  de  cette  bleílure , Se 
qu  il  avoit  été  guéri  par  un  certain  Coevre  ^ difciple 
cu  centaure  Chiron.  F.  Cocytüs.' Enfin , les 
anciens  ont  feint  que  Venus  cacha , ou  méme 
enterra  le  cerps  d’ Adonis  fous  des  laitnes. 

Aprés  ces  différentes  traditions  fur  Fhiñoire 
á’A&onis,  ii  nous  refte  á denner  un  précis  de  ce 
qu'en  a dit  Ovide  : c’eíl  la  relation  rk  ce  poete 
qui  eft  la  plus  connue  aujourd’hui , & á laquelle 
les  peintres  fe  font  conformes.  II  le  fait  naitre  da 
crime  de  Myrrha  avec  fon  pére  ^ & dit  que  les 
naiades  le  requrent  quand  il  naqui:  de  fa’  mere 
changée  en  arbre.  En  jourF  Amour  careiiant  V énus  , 
& badinant  avec  elle la  bleíTa  par  hafard  avec 
une  fleche  qui  tomba  de  fon  caro’uois.  La  déeiTe 
fe  fentant  piquee , repouffa  fon  fils  d-e  la  main  ; 
mais  h bleflfiire  étoit  plus  profonde  qu’elle  ne 
paroilioit  Fétre  & la  aéeíTe  y fut  tro.mpée  elle- 
méme  : elle  devint  fenfible  aux  charmes  ¿‘Adonis  , 
&^des-lors  elle  fiit  pañis  de  la  paíTion  infenfée 
quVIle  avoit  infpirée  á Myrrha  pour  fon  pére. 
Urdquement  oceupée  de  fon  amant,  Vénus  ne 
peut  plus  fupporter  le  féjour  de  Cythére,  de 
Paphos , de  Gnide  & d'Amathonte  : celui  de 
FOlympe  méme  lui  paroit  trille  & ennuyeux. 
Cette  déeíTe,  qui  jufqu'alors  ne  s'étoit  oceupée 
que  de  fa  beauté  , court  fans  reláche  les  pieds  nuds 
á travers  Ies  rochsrs  pour  fuivre  fon  amant;  elle 
anime^  les  chitns , & pourfuit  tous  les  animaux 
que  Fon  peut  chalfer  fans  danger,  reís  que  Ies 
-jevtes , Ies  cerfs , &c.  mais  elle  evite  les"  béres 
faneuíes , & racha  dhnfpirer  la  méme  rerenue  á 
fon  amant.  Aprés  Favoir  un  jour  vivement  exhorté 
á fuivre  ce  confeil , eiie  s^éioigna  de  lui  pour  aller 
revoir  Filie  de  Chypre.  Adonis  fut  á peine  feiil , 
qu  il  partir  pour  la  chaíTe  , & bleíTa  un  enorme 
fanglier.  Cet  animal  furieux  pourfuivit^dOT/b,  lui 
enfonca  fes  défenfes  dans  le  cóté , & le  renverfa 
mourant  fur  la  pouíEére.  Vénus  , rappelée  par  fes 
cris  , _ le  trouva  baigné  dans  fon  fáng  , & prés 
d’expirer.  Elle  le  changea  en  anémone. 

Aprés  fa  mert,  Froferpine  confentit  á ne  Favoir 
que  lix  mois  dans  fes  états  , & á le  lailTer  pendant 
les  lix  autres  mois  á Vénus.  Cette  réfurrection 
fabuleufe  le  ñt  metrre  au  rang  des  dieiix , & fon 
cuite  commen^a  dans  la  Phénicie , oú  ce  prince 
avoit  régné.  II  fe  répandi:  dans  les  pays  voiíins, 
en  Egypte , oú  Fon  áonnoit  á Adonis  le  nom 
d'Ofiris,  Se  quelquefois  celui  de  Thammus , dans 
ía  Syrie,  dans  la  Perfe,  dans  Filie  de  Chypre,  Se 
enfin  dans  la  Gréce.  Sa  féte  duroit  huir  jours,  & 
coráfeenqoit  dans  le  tems  oú  les  eaux  du  fieuve 
Adonis qui  tombe  du  Liban,  font  chargées  d'ure 
couleur  roageátre,  qu'elles  confervent  aíTez  avart 
dans  la  mer;  c"eír  ce  qui  arrive  quand  aprés  avoir 
été  greífies  par  les  pides,  elles  eiurainent  une 


64  A D O 

argíls  rougeátre.  Mais  Ies  femmes  de  Syrle  cjoyant 
Qii  Adonis  avoit  rscu  ía  bieílure  fur  is  mont  Lioan ^ 
s^imaginoient  (^ue  cette  bleíTure  fe  renouve-toit 
tous  íes  ans , & produifoit  cette  couleur  fanguino- 
lantCj  qui  étoit  ie  íignal  pour  la  célébration  des 
ízdoráes.  ÁloTS  toutcla  ville  cotnmenijoitá  prendie 
le  deuil , & á donner  des  marques  {Jubliques 
d'aífiidtion.  On  tfentendoit  de  tous  cotes  que 
pleurs  & gémifíemens  : les  femmes  , qui  eroient 
les  miniñres  de  ce  cuite , couroient  les  rúes  la  tete 
rafee  j & en  fe  frappant  la  poitrme- 

A Alexandriej  la  reine  ou  ii  dame  la  plus  quali- 
fiée  de  la  ville , portoit  la  ílatue  S Adonis , accom- 
pagnée  des  femmes  les  plus  coníidérables  , qui' 
ten  oient  ala  main  des  corbeilles  pleines  de  gateaux  , 
des  boétes  de  parfums , des  iieiirs  j des  branches 
d’arbres  & toutes  fortes  de  fruits.  La  pompe  étoit 
fermée  par  d’autres  dames  qui  portoient  de  riches 
tapis  j fur  lefquels  étoient  placés  deux  lits  ornes 
de  broderies  d'or  & d'argent;  riin  pour  Venus 
& Tautre  pour  Adonis.  Oa  vovoit  fur  ces  lits  la 
Ilatue  du  jeune  prince.  La  pá.Ieur  de  la  mort  re- 
pandue  fur  fon  v’ifage , n’effacoic  pas  les  charmes 
qui  l’avoient  rendu  íi  aimable.  Cette  proceífion 
marchoit  au  bruit  des  tipmpettes  & de  toutes 
fortes  d'inílrumens  , qui  accompagnoieat  Ies  voix 
des  muíiciens. 

A Athénes , qiiand  le  tems  de  la  féte  £ Adonis 
étoit  arrivé  j on  avoit  foin  de  placer  dans  plu- 
íieurs  quartiers  de  la  ville  j des  ílatues  qui  repré- 
fentoient  un  jeune  homme  mort  á la  fieur  de  fon 
age.  Les  femmes  j vétues  d^habits  de  deuil ^ ve- 
noient  bientót  les  enlever  pour  en  célébrer  les 
funeraiiles , p'eurant  & chantant  des  cantiques 
qui  exprimoient  íqur  aríliclion.  Ces  jours  de  deuil 
étoient  réputés  malheureux ; on  prit  pour  un  pam 
vais  augure  8c  le  départ  de  la  flotte  des  AthénienSj 
qui  mit  á la  voile  a cette  époque  pour  ailer  en 
Sicile  3 & Fentrée  que  fit  Fempereur  Julien  dans 
Antioche  pendant  les  adornes.  Au  dernier  joar  de 
la  féte,  le  deuil  fe  changeoit  en  joie^  & chacun 
fe  réjouiíroit  de  la  réfurredtion  ¿Adonis  ou  de 
fon  apothéofe. 

Entre  les  autres  cerémonies  proprqs  á cette 
féte,  il  faut  remarquer  la  fuivante.  On  portoit 
dans  des  vafes  de  terre  du  bled  qu’on  y avoit  femé , 
des  ñeurs  , de  Fherbe  naiífante  , des  fruits,  des 
arbriñéaux  8c  des  laitues  5 8c  á la  fin  des  feces , 
en  jetoit  ces  jardins  portatifs  dans  la  mer  ou  dans 
quelques  fonraines-  C’étoit  une  efpéce  de  facrifice 
qu  on  faifoit  a.  Adonis.  Tous  ces  ufages  avoknt  un 
rapport  ríianifeíle  aux  prétendues  circonílances  de 
fa  vie  8c  de  fa  mort.  Les  Babyloniens  donnoient 
á ces  fétes  le  notn  de  falambon,  8c  Lampride  dit 
qu’Elagabalc  célébra  falambon  a la  maniere  des 
Syriens , avec  de  grands  cris  8c  des  lamentations. 
La  premiére  Idylle  de  Bion  paroít  étre  une  de  ces 
lamentations  que  Fon  chantoit  8c  répétoit  en 
choEur  pendant  les  fétes  ¿Adonis. 

Une  allégorie  afíronomique  fait  la  bafe  de  toutes 


A D O 

ces  fidlions.  Ce  prérendu  Adonis  eíl  un  embléme 
du  foleil  , qui  parcourt  pendant  íix  mois  la  partie 
fupérieure  de  la  fphére,  c'eíl-á-dire  , en  langage 
mytho-aílronomique , le  ciel,  & pendant  le  reíle 
de  Fannée  la  partie  inférieure  , c’eft-á-dire  , le 
tartarc  ou  Ies  enfers.  Martianus  Gapella  dit  á cet 
aílre,  pére  de  la  nature,  {Nupt.  Phiíol.  lib.  2.) ; 

Te  Serapim  Nilus  , Memphis  veneratur  Ofmm, 

Dijfona  [acra  Mitram  , Ditemque  , ferum'pie 
Typkonem. 

Atys  pulcker,  item  enrvi  & puer  almas  aratri: 

Ammon  & areníis  Lybies , ac  Biblius  Ados-. 

Sic  vario  cúnelas  te  nomine  convocat  orbis. 

Biblias  Adon  nous  fait  connoitre  en  méme- 
tems  F origine  ¿Adonis.  Les  Phéniciens  altérérent 
les  dogmes  aílronomiques  des  premiers  Egyptiens  ; 
8c  cette  nouvelle  divinicé , inconnue  aux  habitans 
de  Memphis,  fut  imaginée  par  ceux  de  FAiTyrie 
8c  de  Bfblos.  L’hym.ne  ¿Adonis  , qui  porte  le 
nom  d’Orphée,  lui  donne  des  attributsqui  appar- 
tiennent  évidemment  au  foleU.  ” V ous  fourniírez , 
=5  y eíl-il  dit , la  nourriture  á toar  ce  qui  refpire. . . 

Vous  vous  éteignez  8c  brillez  enfuite  de  nou- 
» veaux  feux  á des  périodes  réglées — V ous  faites 

» naitre  la  verdura Tantót  vous  habitez  le  tar- 

» tare  obfeur,  tantotvous  montez  vers  Folympe, 
M & vous  faites  alors  murir  les  fruits  Cet  hymne 
appelle  Adonis  AhÍk-m  , nom  que  le  prétendu 
Orphée  donne  feulement  aux  grands  dieux,  8c 
quhl  avoit  appris  fans  doute  dans  Ies  myñéres 
emanes  de  la  dodtrine  des  génies. 

Macrobe  s’exprime  d’une  maniere  beaucoup 
plus  claire  dans  le  chapitre  21  du  premier  livre 
des  Saturnales.  « On  ne  peut  douter  t\¿  Adonis  ne 
» foit  la  méme  chofe  que  le  foleil , íi  Fon  examine 
» la  mythologie  des  AíTyriens.  lis  ont  eu  autrefois 

une  profonde  vénération  pour  Vénus-Architis 
» 8c  pour  Adonis  ; 8c  c’eíl  d’eux  que  les  Phéni- 
» ciehs  ont  recu  ce  cuite ; car  les  phyficiens  donnent 
» le  nom  de  Vénus  á Fhémifphére  fupérieur  du 
" globe  que  nous  habitons  , 8c  celui  de  Profer- 
» pine  á Fautre  hémifphére.  Les  Affyriens  8c  les 
==  Phéniciens  repréfentent  leur  déeíTe  dans  le  deuil 
» 8c  dan?  Faffliclionj  parce  que  le  foleil,  en  par- 
» courant  la  carriére  annuelle  du  zodiaque,  def- 
« cend  dans  Fhémifphére  inférieur,  c'eíl-á-dire, 
» dans  les  fix  íignes  inférieurs.  Pendant  cette  faifon 
=3  les  jours  font  trés-courts  5 c’eíl  pourquoi  on  dit 
=3  que  la  déeíTe  pleure  la  perte  du  foleil  qui  luí 
3»  eíl  enlevé  par  Proferpine  , c’eíl-á-dire , par  les 
>5  Antipodes.  Ces  peuples  croyent  encore  qn  Adonis 
33  eíl  rendu  á Vénus,  lorfque  le  foleil  quittant  les 
33  íignes  inférieurs , vient  éclairer  notre  hémif- 
3=  phére,  8c  faire  eroitre  la  Inmiére  8c  les  jours. 
>3  lis  difent  que  la  mort  ¿Adonis  eíl  venue  pat 
>3  la  morfure  d’un  fanglier,  qui  eíl  Fembléme  de 

=3  Fhiver Cette  faifon  eíl  envifagée  comme 

=3  une  bleíTure  du  foleil  3 qui  diminue  fa  lumiére 


A D o 

« Sr  fa  chaleur;  eíFets  qce  la  mort  produic  Tur  Ies 
» erres  animés 

ADOPTION.  Les  principes  que  les  Grecs  & les 
Romains  ont  fuivis  dans  Vadoption,  appartiennenr 
á la  Juriiprudencc-j  & ne  doivent  pss  trouver 
place  id.  iS'ous  parlerons  leulement  des  cérémo- 
nies  qui  raccompagnoientj  parce  qu’elles  ont  un 
rapporr  néceíláire  aux  courumes  des  nations  , & 
aux  arts  du  deffin  qui  les  font  revivre. 

Tous  ceuxquij  chez  les  Grecs,  n'avoienr  poi.nt 
d’enfans  legitimes,  pouvoient  adopter  leurs  íils 
natureis  ou  des  enfans  étrangers , avec  le  con- 
fentement  de  leurs  peres  & méres.  On  n’excliioit 
de  cette  loi  que  les  perfonnes  qui  n’étoient  pas 
maitreíTes  d'elles-mémes , relies  que  Ies  efclaves , 
Ies  femmes,  les  infenfés  & les  jeunes  gens  au- 
deílous  de  \'ingt-ans  , qui  ne  pouvoient  pas  meme 
faire  de  teítamenr. 

Celui  qui  étoit  adopté  par  un  athénien  , étoit 
reverá  da  droit  de  bourgeoilie,  qui  donnoit  feul 
le  droit  d’hérirer.  Son  nom  étoit  enfuite  inferir 
dans  -Ies  regiñres  de  la  tribu  du  pére  qui  Tavoit 
adopté , comme  ceux  de  tous  les  enfans  des 
citayens.  II  n’y  avoit  dans  cette  infeription  d’autre 
diíférence  que  pour  le  tems.  Les  enfans  adpptifs 
n’étoient  enregillrés  qu’aux  fétes  appelées  thar- 
gélies,  dans  le  mois  thargélion. 

Les  Lacédémoniens  avoient  maltiplié  les  diíH- 
cultés  dans  Tade  á’ adopción , afin  d'éviter  la  pré- 
cipitation  dans  une  aft'aire  auíTi  importante,  On 
ne  pouvoit  á Sparte  adopter  quelqu'un  qifen 
prefence  du  roj.  Les  enfans  adoptifs  jouiíToient 
de  tous  les  droits  , privüéges  & immunités  de 
leiir  nouveau  pére;  mais  ils  étoient  en  méme- 
tems  chargés  de  remplir  toutes  fes  obiigations  & 
tous  íes  engagemess.  Vouloient-iis  rentrer  dans 
leur  premiére  familia , ils  ne  pouvoient  le  faire 
á .Athénes'qu'apres  avoir  eu  des  enfans  qui  fiíTent 
revivre  le  nom  da  pére  par  adapción;  8c  fans  cela, 
ils  perdoienctous  leurs  droits  á l’héritage.  Lorfqae 
le  pére  par  adapción  avoit  des  enfans  nés  aprés 
cet  ade  , fon  héritage  étoit  partagé  entre  fes 
enfans  & fes  füs  adoptifs.  Ces  derniers  ne  pou-  , 
voient  auffi , de  leur  cote,  récLmer  ni  partager 
les  biens  de  ieur  pére  natural. 

On  diílinguoit  chez  les  Romains  deux  fortes 
á'adopcians , qui  fe  faifoient  Tune  devant  le  pré- 
teur  feul  , Tautre  devant  le  peuple  aíTemble  du 
'tems  de  la  république,  & depuis  par  un  íimple 
refcrit  des  erapereurs.  La  premiére  forte  £ adop- 
ción. regardoit  les  fiis  de  famille , dont  le  pére 
namrel  déclaroit  devant  le  préteur  qudl  renon- 
coit  a fes  droits  & les  rranfmettoit  au  pére  par 
adopción.  On  appeloit  adrogacion , adrogacio , la 
feconde  íorte  & adopción  qui  fe  pratiquoit  envers 
les  perfonnes  libres.  Dans'ies  deux  cas,  celui  qui 
étoit  adopté  qmttoit  fes  nomspropres,  & prenoit 
le^  prenom , le  nom  & le  furnom  de  fon  nouveau 
pére , en  y ajoutant  quelquefois  un  des  liens  , 
quú  allongeoit  par  une  nDuveiie  tcrininaifon , 
.Antcquicés  ^ Tome  I. 


A D O ^5 

en  a.nas  : par  exemple , T.  Pomponiiis  Atticus , 
adopté  par  Q.  Caiciiius , s'appela  Q.  Cscilius 
Pomponianus  Atticus. 

Lss  etnpereurs  grecs  pratiquérent  Vadoptzoit 
d une  maniere  bien  différente.  Conftantin  Pogonat 
envoya  á Rome  Ies  cheveux  de  fes  deux  fiIs  , 
Jiiftinien  Se  Heraclius,  qui  furent  recus  en  grande 
pompe  par  le  pape  Benoit  II,  le  clergé  & Parmée. 
C^étoit  une  adopción  iiíitée  dans  ce  tems  ; celui 
qm  recevoit  les  cheveux  d’un  jeune  homme,  étoit 
regardé  comme  fon  pére. 

Les  anciens  Gaalois  aveient  une  adapción  mili- 
taire  , qu^’ils  appeloient  adapción  par  Ies  armes. 
Ei!e  leur  venoit  des  peuples  du  nord  ou  des  Ger- 
mains,  & elle  paíTa  dans  Pempire  romain,  comme 
on  le  voit  fréquemment  dans  Phiíloire  des  Goths 
& des  Lombards.  C'étoit  dans  une  aíTemblée  pu- 
blique que,  chez  Ies  peuples  áii  nord,  le  pére,  un 
parent  ou  un  des  chefs  armoit  de  pied  en  cap 
Penfant  parvenú  á Páge  de  puberté.  Cttt& adopción 
étoit  une  permiffion  de  porter  Ies  armes  ; mais 
elle  devint  chez  les  Romains  des  derniers  tems  , 
la  récompenfe  de  ceux  qui  Ies  avoient  portees 
avec  gloire. 

_ Les  adoptions  militaifes  fe  faifoient  par  la  tra- 
dition  des  armes  , en  donnant  ou  envovant  á celui 
qu’on  adoptoit  , différentes  fortes  d" armes  ou 
d i-nñrumens  de  guerre,  & quelquefois  en  le  revé- 
tant  ou  le  faifant  revétir  par  des  ambaíTadeurs  d’une 
armure  complette;  car  ces  adoptions  n^étoient  en 
ufage  que  chez  les  fouverains.  Elles  étoient  ordi- 
nairement  accompagnées  de  préfens  plus  ou  moins 
coníidérables.  Elles  donnoieíit  Ies  nems  de  pére 
& de  fiis,  comme  Pancienne  adopción  romaine, 
& Pon  fe  faifoit  un  honneur  de  prendre  ces  noms 
dans  les  fuferiptions  des  lettres  & dans  Ies  aéies 
pubíics.  Teile  étoit  Pidée  qu’on  avoit  chez  les 
Goths  Se  chez  Ies  Lombards  de  cette  adapción : 
elle  étoit  regardée  comme  le  premier  degré  d’hcn- 
neur  de  la  milice.  Les  rois  de  ces  peuples  n’admet- 
toient  point  leurs  fiis  á leur  rabie , qu  ils  n’euííént 
été  adoptes  par  quelque  prince  étranger ; Se  ceux- 
ci  alioient  chercher  cet  honneur  jufques  chez  les 
princes  ennemis. 

L’an  1090,  Pempereur  Alexis  Comnéne  vou- 
lant  attacher  á fes  intéréts  Godefroi , duc  de  la 
BaíTe-Lorraine  , qui  conduifoir  á la  Terre-Sainta 
une  armée  de  croiíes,  Padopta  pour  fon  fiis,  en 
le  faifant  revétír  des  habits  impériaux  avec  tonta 
la  folemnité  Se  felón  la  coutume  du  pays.  Le 
prince  d’EdeíTe,  adoptant  de  cette  maniere  Bau- 
douin,  frére  du  meme  Godefroi,  le  fit  entrar  nud 
fous  fa  chemife  , Se  le  Perra  fortement  entre  fes 
bras  , pour  fignifier  qu’il  le  regarderoit  deformáis 
comme  un  füs  forti  de  lui-raéme. 

A Pégard  des  adoptions  faites  par  Ies  rois  da 
France,  les  hiíloriens  en  décrivent  deux  fortes; 
Yadopcion  par  Ies  cheveux  dont  nous  avons 
parlé  plus  haat.  Se  Pautre  par  la  barbe.  Dtns  un 
trairé  de  paix  conclu  entre  Clovis  Se  .-Usrif  ^ ü 


é6  Á D O 

fut  résié  qu’Álaric  toiicheroir  la  ^rbe  de  Clovrs, 

& d“viendroit  par  cette  cérémonie  fon  parrein  o_u 
fon  pére  adoptií.  D^autres  fois_,  on.pe  fe  conteatoir 
pas  de  toucher  la  barbe  ou  les  cheveuXj  on  en 
foupoit  une  partie.  . ^ . 

Adoptio>ís.  On  trouve  queiqnes  adoptions 
marquées  fur  les  médailles.  Far  exemple^,  cellc 
¿e  Trajan  : Imf.  C-Ss.  Nsrva.  Trajas.  Aug. 
Grrm.  Au  revers  ; Adoptio  ; une  figure  en  nabít 
tsiiitaire  5 tenant  de  fa-main  gauche  une  ha.te  j 
tend  la  droite  á une  figure  reverue  de  la  rogé  des 
fénai-eurs.  — Ceiie  d’Hadrien,  par  Trajan  : 
Trajasus  Hadrianus  Aug.  Au  revers  :^dop- 
Tio  Parth.  divi  Trajas.  Aug.  P-  M.  Tr. 
P.  Cos.,  iíc.  Trajan,  Hadríen  Se^Antonin  prirent 
dans  le  eommencement  de  leur  régne  les  noms  ae 
ceux  qu!  Ies  avoient  adoptés ; tnais  i.s  íes  qiut- 
térent  bientót  pour  se  porter  lur  leurs  monnoies 
que  ieurs  noms  propres  > Trajanus  , Hadrianus  ^ 

Antoninus.  i-  r 

ADOR.  ^oEdor,  ador,  adoreum  , far , alicaj- 
trum  ou  halicafrum  , femen,  \ea  , olyra  , ariraa, 
fandalum,  oryxa,  tipht , bromos,  tragos,  fqnt^des 
appellaílons  polyglottes  de  la  rneme  lorte  ue^iro- 
ment , avec  quelques  iégéres  diíferences.  l ador 
ou  \t  far  eft  de  tous  les  fromens  ie  plus  fermej' 
ie  plus  vigoureíix ; c’eít  celiii  qui  foutient  it  íuieux 
les  rigiieurs  de  Fhiver.  II  s^accommodej  lans  oeau- 
conp  de  culture , des  ierres  chaudes  comme  des 
ierres  froidss.  Ceft  un  bled  d hiver  que  i on  feme 
vers  le  tems  du  coucher  des  pleiades^  j ^ fa  rige  , 
plus  haute  que  celle  de  Torge , eft  divifee  par  fix 
noeuds ; fes  feuiiles  foni  untes  & doaces  au  tou- 
cher , fon  épi  eft  fans  barbe  j fon  grain  eft  revétu 
deolufieurs  fortes  enveloppes.  Ce  grain,  de  mejne 
que  le  mület  &le  pañis,  ne  peut  fe  nétoyerni  fe 
débarrafler  de  fes  écailles  , fans  avoir  eré  chaufFé 
& deíTéché  au  four  5 c’eft  par  cette  raifon  qu  on 
eft  obügé  de  garder  dans  fa  baile  ceiui  que  1 on 
ré-ferve  pour  la  femence.  II  eft  plus  pefant  que 
f orge,  mais  moins  que  le  triticam 

11  réuífit  parfaiterúent  en  Itaiie  , & principale- 
ment  dans  la  Campanie,  ou  o-n  Tap^-elle  femen j 
®n  y en  fait  deux  récoltes  chaqué  année  3^  & 01* 
de  plus  une  récolte  de  pañis  dans  la  méme  ierre. 
Comme  ce  froment  eft  diíEciIe  á batiré , & qu  on 
a de  la  peine  á Farracher  des  capfules  qui  le  con-  : 
tiennent,  on  ne  le  netoie  point  á Faite,  ainfi  que 
le  nitLum  oc  la  fiügo  ; on  eft  forcé  de  le  ferrer 
avec  ía  pailíe,  dont  enfuite  on  trouve  moyen  de  i 
ie  débarraífer  en  le  faifant  deíFécher  au  four.  , 
Vador  ou  le  far  fe  plaít  dans  les  ierres  craieufes  , 
dans  les  terrcs  rouges  , dans  les  ierres  bañes  & les 
plus  humides  ; In  cretofo  & ruLricofo  & aquofiore 
agro  adoreum...  in  creta  & uligine  & rubrica  íf  agro 
qui  aquofus  erit  femen  adoreum  potijjtmum  ferito.. . 
in  creta  é?  rubrica  6?  aquofio'e  agro,  adoreum... . 
Feriti  in  toco  kumidiore  far  adoreum  potius  ferunt 
quarn  triticam  ; contra  in  aridiore  hordeum  potius 
qpam  far..,,  ÍÁagis  opte  in  agris  imbribas  obnoxiis 


A D O 

adoreum  quam  triticam  feritur  : quoniam  folliculutn 
quo  continetur , firmum  & ¿arabilem  adversas  Ion- 
gioris  temporis  humorem  habet. 

33  Columellé  dit  qu  on  connoiñbit  quatre  fortes 
de  far  ou  ^ador  : celui-de  Cluíium  ou  de  Chiufi, 
dont  le  grain  eft  d une  blancheur  admirable  j le 
far,  appelé  vennucuLum  rutilum  , dont  le  grain  avoit 
Féclat  de  For,  & un  trojíiéme  qiu_  étott  blanc; 
ces  deux  derniers  furpafloient^  celui  de  Ciuftum 
pour  le  poids  : enfin,  !e  quatriéme , appelé /¿fTZfs 
trimefire  ou  autrement  halicaftrum , etoit  plus  pe- 
fant que  tous  les  autres  & Ies  furpaíToit  en  quahte. 
Les  anciens,  par  conféquent,  avoient  une  lorte 
de  far  on  ¿ador,  qui  étoit  un  froment  d’hiver, 
8c  un  autre  que  nous  appellerions /ur  de  mars  ou 
far  trimeftre¡  lequel  fe  rr.ettoit  en  terre  au  prin- 
tems.  Airgile,  dit  CoIumelle  , penie  que  Ion  ne 
doit  femer  Vador,  auííi-bien  que  \t ^^trittcum , 
qftaprés  le  coucher  des  pléiades,  ce  qu  ii  exprime 
ainíi  dans  ces  vers  : r 

At  fi  triticeam  irt  m.ejfem  robufiaque  farra 
Exercebis  kumum  , folifque  infiabis  arifiis , 
Ante  tibí  eos.  atlantides  ubfconaantur. 

Or  , apure  CoIumelle , eües  fe  couchent  le  3 1* 
jour  aprés  Fequinoxe  d’automne,  ce  qui  arrive  le. 
9-  des  calendes  d^octobre.  Ce  jour  repondoit  dans 
Fancien  calendrier  romain , au  23  de  fepteiTtbrej 
mais  dans  notre  calendrier  aéluel , il  doit  réponáre 
au  23  d'odobre  , puifqu’il  toraboit  le  31^  jour 
aprés  Fequinoxe  3=’.  Aíétrologie  de  Pauñon. 

Ador  , gáteau  fait  avec  la  farine  de  Vador  & 
du  fel.  V.  Aborea. 

ADOR  ATI  imhres.  Sénéque  donne  ce  noin 
aux  iargeñes  que  faifoient  les  empereiirs  au  peuple 
aíTembié  pour  voir  les  jeux.  On  Ies  jetoit  a pleine 
main  fur  Ies  fpedateurs  , qui  les  comparoient  a la 
pluie.  Le  furnom  ¿adorad  par  leqael  ils  les  défi- 
gnoient , nous  apprend  qu'on  les  diftribuoit  ae 
cette  maniere,  au  moment  oü  ils  fe  ¡evoient  & 
adoroient  le  prince  en  baifant  ieurs  mains.  F.  Far- 
ticle  fuivant. 

ADORATION.  Les  anciens  exprimoient  par 
ce  mot  le  falut  que  Fon  donnoit  aux  imagcs  des 
dieux  , OH  aux  perfonnes  conftituées  en  dignitc. 
Ce  falut  confiñoit  á porter  la  main  droite  a la 
boliche,  á fe  couvrir  la  tete  & á tourner  use 
fois  fur  fof-méme,  en  eomraen^ant  par  le  cote 
droit:  V.  Circumvertere. 

Les  anciens  craignoient  de  fouiller  les  images 
des  dieux  en  les  baifant ; c’eft  pourquoi  ils  fe  con- 
tentoient  de  baifer  Ieurs  mains,  & enfuite  de  le* 
rendre  aux  divinités.  PKne  (xxviii.  2.)  le  dit 
formellement  : In  adorando  dextram  ad  ofculum 
referimos.  Apulée,  dans  fon  Apologie  : ue» 

adkuc  fupplicavit  : nullfim  templum  frequentavd  •’/* 
■ fanum  aliquod prstereat , nefas  habet  adorandi  gratii 
manum  labris  admovere.  =>  II  n’a  príé  aucun  dieu  5 
il  na  fréquenté  aucun  temple ; & lorfqu’il 
devant  une  ílatue  confacrée , il  craindroit  do 


A D o 

cotrimettre  un  crirue  en  portanr  la  main  á fa  bouche 
pour  faiaer  la  diviñité  da  liea.  ” 

Les  Crees  & Ies  Romains  ne  manquoient  pas 
de  porter  la  main  á leur  bouche  , & de  prier  á 
voix  bailé  Ies  divinités  dont  les  temples  & les 
ftatues  de  bois  ou  de  pierre  fe  trouvoient  fur  leur 
chemin.  Ovide,  dans  le  llxieme  livre  des  ^léta- 
morphofes : 

Ipfe  ducem  dederat , cam  quo  dum  pafcim  lufiro , 
Ecce  lacús  medio  facrarum  nigra  favilln 
Ara  vetas  fiabat , tremulis  circumdata  cannis. 
Refiitic  ¡ & parido  f aveas  miki  y marmare  , dixit 
Dax  meas  y & ¡imili  ,f aveas  , mihi  murmure  , dixi- 

La  formule  ordinaire  de  ces  prieres  á voix  baíTe 
ctoit  faveas  y foyez-moi  favorable,  lis  adoroient 
de  la  méme  maniere  les  images  des  dieux  qui 
étoient  placees  fur  les  portes  des  villes  ^ pour  y 
recevoir  Ies  horamages  de  ceux  qui  entroienr  ou 
fortoient.  Cette  maniere  i'adorer  & de  faluer  en 
baifant  la  main  & la  tendant  vers  ceux  que  Ton 
vouloit  flechir  ou  honorer,  fit  naitre  ces  expref- 
fions  fi  fréquentes  chez  les  anciens  auteursj  a 
facie  jactare  manas  , bufia  , ofcula. 

H adoration  de  la  pourpre  s'introdiiilir  fous  les 
empereurs.  Ceux  qui  étoient  admis  á les  faluer^ 
touchoient  leur  manteau  de  pourpre  , 8c  baifoient 
enfuite  la  main  qui  avoit  touché  le  manteau  impé- 
rial.  L'empereur  ofFroit  fa  pourpre  á baifer  aiixper- 
fonnes  qu'il  vouloit  honorer ; cette  adtion  étoit 
exprimée  par  une  locution  particuliére  ^ majejlatis 
irfigne  porrigere.  Le  révclté  Lucillicn , qui  a\’X)it 
été  fait  prifonnier,  ayant  paru  devant  Julien,  fut 
admis  des  fon  arrivée  á baifer  la  pourpre;  ce  qui 
lui  fit  croire  que  ce  prince  lui  pardonnoit  & luí 
rendoit  fes  bonnes  graces.  Celui-ci:,  en  lui  préfen-  . 
tant  fon  manteau  á baifer^  lui  dit  {Ammian.  xxi.) : 
M.ajefiatis  infigne , non  ut  confiliario  tibi  y fed  ut 
defiráis  pavere  y porrexi.  Je  vous  ai  ofifert  ma 
pourpre  á baifer  non  point  comme  une  faveur_, 
telle  que  je  Taccorde  á mes  confeillers,  mais  pour 
vous  raíTurer  entiérement.  « 

- Les  favoris  du  prince  étoient  admis  á cet  hon- 
neur  les  premiers  oules  derniers^  fuivant  le  degré 
de  faveur  oü  ils  étoient  auprés  de  lui^  & quelques 
tribuns  y étoient  admis  avec  eux  {Ibidem.j  ; mais 
on  écarcoit  avecr  foin  ceux  qui  avoient  encouru 
la  difgrace  du  prince.  Nous  ápprenons  du  mém.e 
Ammien  Marcellin  (xv.  5.)  , que  cet  ufage  étado- 
rer  la  pourpre  y inconnu  aiix  premiers  empereurs  , 
avoit  été  introduit  par  Conftance  á la  cour  de 
Cohílantinople.  II  Tavoit  fait  á l'exemple  des  rois 
barbares. 

Trebellius_  Pollion , parlant  de  Zénobic  , dit 
qu  clie  fe  faiíbit  adorer  a la  maniere  des  Feries ; 
c"eiLa-dire,  quon  fe  profrernoir  devant  elle,  & 
que  1 on  baifoit  la  terre  apres  favoir  frappée  avec 
le  front.  Elagabale  voulut  taire  adorer*ce  méme 
les  empereurs  romains , mais  le  modefte  Alexandre- 
Sévére  repouíTa  bieatot  aprés  cette  baffe  flattene 


ADR  6~t 

des  Aííatiques.  Conon  I’avoi;  autrefois  refafée  á 
Artaxerxés,  8-:  Callifthéne  á Aiexandre.  Si  Ton 
croit  Luden  {de  Navigioj,  íes  Peifes,  en  adorant 
le  grand  roi , & fe  profrernant  devant  lui , cacho ient 
leurs  mains  derriere  le  dos.  Ceft  auíG  de  FOrienc 
que  Vitellius  apporta  Yadoration  pratiquée  envers 
les  dieux  , mais  qa’il  employa  par  un  raíEnement 
d'adulation  envers  Augufte.  II  ne  Faborda  plus 
depuis  fon  retour  de  Syrie  , q'u  en  fe  couvrant  la 
tete  & en  tournant  fur  lai-méme  pour  fe  prof- 
terner  á fes  pieds.  Dioclétien  offrit  fes  pieds  á 
baifer  aux  courtifans  qui  venoient  le  faluer,  8c  il 
fit  attacher  á cet  effet  des  pierreries  á fa  chauíTure. 
Sous  Charlemagne  & fon  fils  , les  grands  qui 
s’adreíToient  au  roi  lui  baifoient  de  méme  Ies  pieds. 
C'eíl  peut-étre  á Fexemple  des  empereurs  &:  des 
autres  princes  temporeis , que  les  fouverains  pon- 
rifes  offrirent  leurs  pieds  á baifer  aux  fidéles. 

ADOREA.  On  nommoit  ador  8c  adorea  , Ies 
gáteaux  faits  avec  de  la  faríne  de  from.ent  Se  du 
fel , qu’on  offroit  en  facrifice  , & les  facrifices 
eux-mémes  s^’appeloienc  adorea  facrificia. 

Les  Romains , dans  Ies  commencemens  de  la 
répiiblique  , appeloient  adorea  toute  efpéce  de 
récolte.  Plaute  {Ampk.  /.  i.  38.): 

(¿ui preda , atque  agro  , atque  adorea  afiecit  populares 


Le  mot  adorea  exprimoit  dans  Ies  mémes  tems 
jufqu’á  la  gloire  meme  que  Fon  acquéroit  par 
les  armes.  Elle  recut  ce  nom  de  la  récompenfe 
que  Ies  chefs  accordoient  aux  foldats.  Elle  con- 
fiñoit  dans  une  hémJne  ou  un  quartier  de  fiar, 
efpéce  de  fromenr.  Pline  (xviii.  5.)  : Gloriam 
denique  ipfam  a furris  konore  adoream  avpella- 
hant. 

ADPORINA,  íurnoiif  de  Cybéle  : elle  le 
recut  d’un  de  fes  temples  , batí  fur  une  mon- 
tagne  efearpée  & de  diíEciie  accés , auprés  de 
Pergame. 

ADRAMELECH  & Anamelech  , divinités 
des  habitans  de  Sépharvaím  , qu’on  repréfentoit 
fous  la  figure  d’un  paon.  Ces  idolatres  faifoienc 
bniier  des  enfans  en  Fhonneur  de  ces  dieux,  ce 
qui  montre  leur  identité  avec  Moloch.  Adramsleck 
lignifie  un  roi  puiíTant , Se  Anamelech  un  roi 
magnifique  ; peut-étre  étoit-ce  le  foleii  & la  lune 
qu’iis  adoroient  fous  ces  noms  , ou  bien  on  peut 
croire  que  c’étoient  d’anciens  rois  du  pays. 

ADRAME.  V.  Adrakus. 

ADR.AMNE,  dans  la  Coeléfyrie.  aapaaíKqx. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  imperiales 
grecqueS',  en  Fhonneur  de  M.-Auréle  & de  Luciüe. 

ADRAMYTIUM  , en  Myfie.  aAfaaitthncs. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font; 

RR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales greco  ues,  en  Fhonneur  de  Domkiea,  de 

I n 


6S  ADR 

Trajan,  de  Marc-Aiirék,,  de  Conimede,  de  Julia- 
Domnaj.de  Caracalla  , d’Elagabaie,  dAlexanare- 
Sévére^  de  Gordien-Pie,  de  Gailien. 

ADRAN ÜSj  étoit  un  dieu  particulier  a la 
Sicile.  JI  éroit  íinguliérement  honoré  dans  la  viÜe 
. d’Axdrane  j qui  j ayant  eré  bátie  prés  de  fon  temple , 
au  pied  du  mont  Etna  , par  Denys , en  pnt  le 
nom  j ainli  que  le  fleuve  fur  les  bords  duquel  elle 
étoit  íituée.  Héfychius  dit  qnAdranus  étoit  pete 
des  dieux  Palices.  Plus  de  mille  chiens  confacrés 
á ce  dieu  , faifoient  pendant  de  jour  un  accueil 
fiatteiir  aux  citoyens  8e  aux  étrangers  qui  venoient 
a fon  temple,  & fervoient  de  guides  pendant  la 
rmit  á ceux  qui  s’étoient  pris  de  vin.  lis  déchi- 
roientj  au  contraire,  impitoyableroent  ceux  que 
leur  impiété  & leur  infoienee  rendoient  coupables 
envers  la  divinité. 

Adranus,  en  Sicile.  AapAXOT. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  viiie  font : 

ERR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ADRASTE,  íils  4’HercuIe,  fe  jeta  au  feu 
par  ordre  á'ApolIon.  Flipponoiis , fon  fiis  ^ en  fit 
autant. 

Adraste,  íils  de  Mérops , batir  dans  laTroade 
la  ville  d’Adraftée , & y eleva  un  temple  á la 
Eortune.  Ce  temple  eut  dans  la  fuite  un  cracle 
célebre  dfApollon. 

Adraste  étoit  fils  de  Talaiis,  rol  d’Argos, 
& de  Lylianaííe,  filie  de  Polybe,  roi  de  Sycione. 
Amphiaraiis  , ce  devin  fi  fameux  , defcendoit  de 
Mélampus.  Mélampus  avoit  guéri  de  la  folie  les 
filies  de  Frjetus , Fun  des  ayeals  á'Adrafte ; & pour 
récompenfe,  il  avoit  eu  une  patrie  du  royaume 
d'Argos.  V.  Mélampus.  Amphiaraiis,  non  con- 
tent  de  la  portion  qui  lui  étoit  échue,  com.me 
fucceíTeur  de  Mélampus , perfécuta  fi  cruellement 
les  defcendans  de  Pr*ms,  qui  formoient  la  famüle 
¿eTaiaüs,  á laquelle  Tautre  moitié  du  troné  appar- 
tenoit , qaAdrafte  fut  obligé  de  s’enñiir  á Sycione , 
«hez  Polybe,  fon  beau-pére.  Pour  terminer  fes 
diíférends  avec  Ampbiaraüs  , Adrafie  lui  donna 
Eriphile  en  mariage,  8c  revínt  á Argos. 

Adrafie  eutpluíieursenfans,  deuxfils,  ^gialeüs 
Zc  Cyanippus,  8c  trois  filies,  Argie,  Déiphile  8c 
iEgialée.  On  ne  fait  fi  c’eñ  de  cet  Adrafie  que 
Hyppodamie  , femme  de  Pirithoüs , étoit  filie. 
Quoi  qufil  en  foit,  Adrafie  confultant  Foracle  fu- 
le fortde  fes  deux premieres  filies.  Apollen répondit 
quelles  feroient  mariées.  Pune  avec  un  fanglier, 
Fautre  avec  un  lion.  Quelque  tems  aprés,  Poly- 
íúce  , chaíTé  de  Thébes , fe  retira  á Argos , & y 
arnva  couvert  d'une  peau  de  lion,-  fe  faifant  hon- 
aeur,  comme  Thébain  , de  poner  Fhabillement 
d Hercule.  A-peu-prés  dans  le  írteme  tems,  Thydée 
ftirvint  revétu  d'une  peau  de  fanglier,  en  mémoire 
du  fanglier  de  Calidon,  que  Méléagre , fon  frere, 
avoit  rué.  Adrafie -ne  doura  point  que  ces  deux 
priflces  ne  fufiieat  les  maris  que  i'oraclc  avoit 


ADR 

deñinés  á fes  filies ; en  conféquence , Polynice 
époufa  Argie , & Thydée  époufa  Déiphile.  De  ce 
dernier  maiiage  r.aquit  Dioméde  , qui  devint 
Fépoux  de  fa  tante  Agialée. 

Polynice  ayant  été  exclu  de  la  coiironne  de 
Thébes,  par  Etéocle,  fon  frére,  nonobílant  les 
conventions  faites  entf eux , Adrafie  réfolut  de 
foutenir  les  droits  de  Polynice  fon  gendre.  Amphia- 
raüs , á qui  fon  efprit  prophétique  avoit  appris 
qu'il  périroit  dans  cette  guerre,  refufoit  d'y  aller, 
& en  détournoit  les  autres,  parce  qu'il  prévoyoit 
que  de  tous  les  chefs,  Adrafie  feroit  le  feui  qui 
en  reviendroit.  A..mphiaraiis , pour  éviter  de  mar- 
cher  á cette  guerre , s'étoit  caché  j m.ais  Polynice 
gagna  Ériphile  par  le  moyen  du  fameux  coliier. 
V.  Eriphile.  Elle  découvrit  la  retraite  de  fon  mari, 
qui  fut  obligé  de  rejoindre  Farmée.  Amphiaraiis 
ne  fe  trompoit  pas.  Adrafie  fut  fuivi  de  fes  deux 
gendres , Polynice  & Thydée  , de  Capanée  & 
d'Hippomédo’n , fils  de  fes  fceurs  , d’ Amphiaraiis  , 
fon  beau-frére,  8c  de  Parthénopée  : tels  étoient 
les  fept  preux  dont  l'expédition  a été  tant  célé- 
brée  par  Ies  poetes,  lis  y périrent  tous , á la  ré- 
ferve  ¿e  Adrafie  , qui  fut  fauvé  par  fon  chevaí 
Arion  V.  Arion.  Quoique  la  mort  de  Polynice 
eut  aiuiré  le  troné  de  Thébes  á Etéocle  , la  guerre 
ne  fut  pas  terminée  pour  cela.  Adrafie  n'ayanr 
pu  obtenir  les  corps  des  Argiens  tués  devant 
Thébes,  eut  recours  aux  Athéniens,  qui,  fous 
la  conduite  de  Théfée,  contraignirent  le  nout'eae 
roi  de  Thébes  á.  faite  ce  ofii Adrafie  demandoit. 
Les  fils  de  ceux  qui  avoient  péri  á la  premiére 
expédition  , en  fireiit  une  feconde , dix  ans  aprés , 
qui  fut  nommée  la  guerre  des  Epygones  {V.  Epy- 
GONE. ) , & qui  fe  termina  par  le  faccagement 
de  Thébes.  Aucun  des  chefs  n'y  périr,  excepté 
TÍgialée,  fils  ó!Aidrafte.  Le  roi,  d'aiileurs,  a&bsblí 
par  la  vieilleífe,  fut  fi  fenfible  -a  la  perte  de  fon 
fils,  qu'il  en  mourut  á Mégare,  comme  ii  rame- 
noit  Farmée  vióterieufe. 

II  avoit  été  á la  feis  roi  d'Argos  & de  Sycione. 
Ses  fujets  de  Sycione  iui  drefíerent  un  tombeau 
au  miiieu  de  leur  grande  place.  Se  infiituérent  des 
fétes  Se  des  facrifices  en  fon  honneur,  qu'ils  célé- 
broient  tous  les  ans  avec  beaucoup  de  pompe  : ií 
avoit  rendu  leur  ville  illuiite  parles  jeux  pythiques 
qu'il  avoit  établis.  Sa  mémoire  fut  aulTi  honorée 
par  ceux  de  Mégare.  V.  Arion,  Polynice, 
.Tydee,  Etéocle,  Alcméon,  Amphiaraus. 

ADRASTÉE,  une  des  mélifTes  on  nymphes 
qui  iiourrirent  Júpiter  dans  Fautre  de  DíStée-» 
D.  Mélisse,  Adamantee. 

Adrastée  ou  Adrastie’,  filie  de  Júpiter  Se 
de  laNéceffité,  étoit,  felón  Plutarque,  la  feule 
furie  miniílre  de  la  vengeance  des  dieux.  Son  norn 
eft  tiré  du  ^ec  ¿u  JfS» , touiours  agiífante , ou 
de  Va  privatif,  & de  S'faa  (m  'íihae^nt , je  nús.  H 
défigne  une  divinité  oui  eíl  toujours  en  adtron  , 
que  fien  n' empeche  d'agir  Se  de  punir  Ies  coo- 
pabiesj  o-u  bien  ii  peut  íígnifieT  une  áivinké  áoní 


ADR 

on  ne  faurcit  éviter  la  vengeance  Les  prétres  égyp- 
riens  pla^oieiit  Adraílie  áu-deífus  de  la  lune  ^ d'ou 
elle  examinoit  tout  le  monde , fans  qu^aucun  cou- 
pabie  lili  échappat.  Adraílie  n’ellj  felón  quelques- 
iins  j qa’un.  furnom  de  Néméíis  : un  particulier 
nommé  Adr^ftce  , avant  elevé  un  temple  á cette 
déeíTej  luí  donna  fonnom  - comme  s^’ü  eút  vouiu 
dire  qu'elle  étoit  filie  á’ Adrajiée.  V.  NeívIESIs. 

ADSíArsEES  oii  Adriakales.  On  devroit 
écÚte  lIadriíZTzées  ou  Hadrianales  , comme  on  écrit 
Hadrzen.  Quoi  qu'rl  en  foit , on  appeloir  de  ce 
nom  des  jeux  iníHcués  en  Thonneur  de  Tempereur 
Hadrien.  II  y en  avoit  de  deux  fortes  j les  uns  qui 
fe  célébroient  tous  les  ans  ¡ & les  aatres  tous  íes 
cinq  ans  feulement. 

ÁDRIAiSEUM  5 aujourd’hu!  le  chíteau  Saint- 
Ange  d Home , moles  Hadriani.  Hadrien  voyant 
que  le  torqbeau  d'Augulle  (Dion.  zxix , p.  75)7.) 
étoit  rcmpli , & que  Ton  ne  pouvoit  plus  y enterrer 
aucun  empereur , fit  batir  le  monument  appeié 
Adrianeum.  Le  maufolée  d'Auguíte  étoit  place 
auprés  du  grand  champ  de  Mars ; de  méme  Hadrien 
éleva  le  fien  vis-á-vis  du  pedt  champ  de  ]\íarSj 
auquel  ii  le  joignit  par  un  pont.  Ce  monument 
avoit  auíT: , comme  celui  d’Augulle  , la  forme 
d'un  qmrré  ^ au  miiieu  duquel  s’élevoit  une  tour 
ronde. 

Ce  qui  en  relie  aujourd’hui,  occupe  un  quart 
de  la  tour  par  ie  bas.  Les  murs  font  de  psperino 
noir  & poreux  : ils  font  doubles  ^ & le  maffif 
de  la  tour  ou  l’entre-deux  des  murs  eít  rempíi 
de  morder  & de  briques  jetees  au  hafard , fans 
aucun  arrangementj  tnais  li  épais  , qu’on  y a rc- 
fervé  á peine  la  place  d’un  efcalier.  La  tour  étoit 
incruílée  de  marbre  de  ParoS;,  Couronnée  par  des 
ftatueSj  des  chars,  des  chevaux  ^ & terminée  par  . 
une  pomme  de  pin  en  bronze  doréj  éto^inante 
par  fa  grandeur.  On  voit  encore  au  belvedere 
cette  pomme  j avec  deux  des  quatre  paons  dores  ^ 
de  méme  metal,  qui  raccompagnoient-  Elle  fai- 
foit  allaíion  á la  douleur  qu’éprouva  Cybéie  en 
voyant  mourir  Ads,  qui  avoit  été  blefle  fous  un 
pin.  Les  paons  indiquoient  la  fépuiture  des  impé- 
ratrices , comme  on  le  voit  fréquemment  far  les 
médaiiles  de  leurs  confécrations. 

Le  tombeau  d’Hadrien  étoit  entonté  de  colon- 
nades,  & Ton  croit  que  Ies  plus  bailes  colonnes 
de  cet  édifice  furent  tranfportées  á Saint-Paul  des 
le  temsde  Conílandn.  On  montoitintérieurement 
jufqu’au  haut  par  une  pente  doiice  tournée  en 
fpirale,  oú  ¡es  voitures  pouvcient  alíér.  Ce  monu- 
ntent  ayant  fervi  de  citadelle,  & les  Romains  y 
erant  aífiégés  par  Vitigés,  roi  des  Goths,  ils  s’y 
derendirent  avec  les  ftatues  au’ils  ietérent  Rir  leurs 
ennemis.  De  ce  nombre  fiit  le  célebre  Faune  en- 
dormi,  plus  grand  que  nature,  qui  ell  confervé 
dins  le  palais  Barberini,  & que  Pon  treuva  fans 
cuiíTe,  fans  jambe  &:  fans  bras  gauche,  en  creu-  j 
fant  le  foífé  du  cháteau  Saint- Ange.  Si  Fon  ajoure  | 
foi  á un  auteur  gree^,  Jean  ¿’Aadoche,  la  ñauic  [ 


ADS  6^ 

d’Hadrien,  repréíéntée  dans  un  cuadrige,  méri- 
to!t  a jufte  titre  le  nom  de  colcíTe. 

Elle  étoit  íi  grande  , & fon  char  étoit  fi  volu- 
rnineiix , qu’un  homme  de  haute  taille  peuv^oit 
s’ip.troduíre  dans  les  creux  des  yeux  des  chevaux. 
On  a prétendu  de  plus  que  la  ílatue , le  char  & 
les  chevaux , étoient  faits  d’un  feul  bloc  de  marbre. 
Mais  toute  cette  defeription  , dit  le  judicieus 
Winkelmann,  paroít  étre  une  fable  grecque , Se 
mérite  d’étre  mife  fur  la  méme  iigne  que  le  récit 
d’un  autre  écrivain  grec  du  méme  íiécle.  Michel 
Choniate,  décrivant  la  tete  d’une  ílatue  de  Juno.n , 
tranfportée  á Conílantinople  , dit  que  quatre  paires 
de  bceufs  pouvoient  á peine  la  traíner,  tañt  elle- 
étoit  pefante. 

Hadrien  fat  enterré  dans  ce  monument,  ainfi 
que  tous  les  Antonins.  Pertinax  y fit  porter  le 
corps  de  Commode,  Se  Ton- y dépofa  auíE  celui 
de  P’érus. 

Lorfque  I’empereur  Aurélien  eut  renfermé  le 
champ  de  Mars  dans  l’enceinte  des  murs  de  Rome, 
le  maufolée  d’Hadrien  s’en  trouva  fi  voííin , qu’il 
devint  une  efpéce  de  citadelle  vers  le  rems  de 
Tempereur  Honorius,  ou  au  moins  fous  Béiifaire. 
Les  Romains  s’en  fervirent  depuis  comme  d’une 
fortereííe ; les  Goths  prirent  plufieurs  fois  ce  chá- 
teau j les  Exocques  de  Ravenne  & d’autres  enfuite 
l’occiipérent , & le  dégraderent  fucceííivemént. 

ADRIAÑOPOLIS,  Se  femblables.  r.HADRiA- 

NOPOLIS. 

ADRIEN.  V.  Hadrien. 

ADROGATIOñ.  C’étoit  í’efpéce  d’adoption 
qui  fe  pratiquoit  á l’égard  d’un  homme  libre, 
tile  fe  faifoit  autrefois  en  préfence  du  peuple, 
mais  depuis  en  préfence  du  prince , ou  du  préreur 
qui  le  repréfentoit.  V.  Adoption. 

ADREMETE.  V.  Hadruiíetüm. 

ADSCRIPTII  glebe.,  étoient  chez  les  Romains 
des  efclaves  arrachés  á la  culture  de  certaines 
terres  , & qui  ne  pouvoient  étre  veadus  qu’avec 
ces  terres. 

ADSEDERE  figninoit  dans  le  fénat,  étre  ds 
l’avis  propofé  ; parce  que  les  fénateurs  parloienc 
debout  j & que  ceux  qui  ne  fe  levclent  ñas , étoient 
fenfés  n’avoir  aucune  objeétion  á taire  centre 
¡’avis  de  I’opinant. 

A D SEN  TIRE  Lorfque  Ies  foldats  romains 
agréoíent  Ies  própofitions  que  leur  faifoient  les 
commandans  dans  les  allocutions , ils  élevoient 
les  mains  & la  voix,  & frappoient  leurs  boucliers 
avec  les  genoux  5 ce  qui  étoit  appeié  edfentiri. 
Lucain  décrit  cet  ajfentzment  dans  les  vers  fuivans 
(38<í,  lib.  I.)  de  la  Pharfale: 

Tíis  cuneta  Jimul  adfenfere  cohortes, 

Elatafque  alte  , quacunque  ad  bella  ■vocaret, 

Erotnljere  matuis  : it  tantas  ad  &tnera  clamot', 

ADSERERE,  AdseRtio,  Adsertor  mana 
in  libertatem.  Ces  mots  font  relatifs  á Tune  des 
maaiéres  par  kfqueiles  on  affrzncíiiírcir  un  efclave  j 


A D V 

c eñ-á-dírej  en  ic  prenant  par  la  main  en  pro- 
non^ant  cette  formule  : Huac  liberali  caufa  marM 
adfero. 

ADSESSORES.  Les  maglílrars  qui  tfavoient 
pas  le  pouvoir  de  juger  feuls  ^ fe  fiifoient  aíLfter 
clans  ¡es  j'ugemens  par  des  jurifconmltes-  On  Ies 
appeloir  adfeffores  (d’ou  eíl  venu  le  mor  franpis 
ajl'cjfeur)  ^ parce  qudls  prenoient  place  aux  cores 
du  juge  qui  les  appeloir. 

ADSIDELyE.  On  appeloir  de  ce  nom,  felón 
FeítuSj  des  rabies  auprés  defquelles  s'aífeyoient 
les  fiamines  pendanr  Ies  facrifices,  Quant  á lenrs 
formes  particuliéres , on  ne  fait  ríen  de  pofitif 
fur  cet  objet. 

ADSTETRIX.  Cétoit  le  nom  des  femmes  qui 
aidoient  Ies  accoucheufes  daos  leurs  fondiions  y 
fc  que  nous  appelons  gardes  ou  garde-ma!ades._ 

ADULTERE.  Cet  arricie  appartient  á la  jurif- 
prudence ; on  Ty  trouvera  tres-bien  détaiilé.^ 

ADVENTUS' Aag-a/i.  Cette  légendcj  qui  eil 
fréquente  fur  les  médailles , annonce  le  retour  du 
prince  á Rome  aprés  quelqTexpédition  contre  les 
ennemis  de  TEmpire.  Le  prince  y eft  ordinaire- 
mertt  repréfenté  á cheval,  & élevant  une  main.  _ 

ADVERSARÍA.  Le  papier  des  anciens  n étoit 
crdinairement  écrit  que  d^un  feul  cote.  Lorfqu’il 

étoit  plus  utüe  3 on  fe  fervoit  du  verfo  ou  du 
dos  qui  étoit  ^refté  blanc  3 pour  y efquiíTer  le 
canevas  d'un  nouvel  ouvrage3  ou  pour  écrire  des 
remarques.  Ces  obfervations  portoient  ie  nom 
Á‘ ad-v.srfaria  y parce  q-aelles  étoient  écrkes  in 
Adverfa  -parte  y fur  le  verfo  du  papier. 

0.n  .donnoit  ces  papiers  inútiles  aux  enfans  3 
poor  qudls  s'exerqaílent  á écrire  fur  le  verfo  reíté 
blanc.  ■(  Horat.  L 1 y ep.  20. ) ■ Les  marchands  s'en 
ferYo'ient  auíH  pour  écrire  en  notes  leur  journal 
de  vente. 

■ADVERSITOR.  Les  Romains  avoient  des 
domeñiques  charges  de  les  -venir  cnercher  chez 
leurs  amis  lorfquiis  foupoient  hors  de  chez  £0X3 
de  les  reconduire3  &de  ieur  faire  éviter  les  pierres 
q-üi  pouvoient  fe  treuver  fur  Ieur  chemin.  Plaute 
en  parle  3 ( Mojí.  iv.  i . 24. ) ■; 

Solas  eo  nano  adverfum  hero  ex  pluñmis  fervis. 
ainf  que  Téience.  {Adelpk.  i.  i 2. ) ; 

JAcQuefervaloTum  quifquam  , qui  adverfum  ierant. 

ADYTUM3  chez  les  Grecs  a^MTíiy  étoit  un 
endroit  fecret  & obfcur  des  temples  3 dans  lequel 
les  prétres  feuls  pouvoient  encrer.  C^eíi  de-!á  qu'on 
entendoit  fortir  Ies  oracics.  Sénéque  3 dans  la  tra- 
gédie  de  Thyefte,  (/r.  i.  Ó79.): 

’H-ínc  oraruibus. 

Rejponfa  dantur  certa  y cum  ingenü  fon» 

Laxarztuf  ad-jto  fata. 

ÁE,  »Les  conjonétions  líy  s,,  qui  expriment 
ia  díphthongue  ae  y font  des  premiers  tems.  La 
písaaierfi  figure  paroit  fur  les  ancieanes  médailles 


A E 

confulaires  $c  fur  ceües  des  empereurs.  On  U 
voir  dans  les  infcriptions  fous  Claude  & fous  le 
quatrictne  confuiat  de  Gratien  : fa  forme  la  plus 
órdinaire  eft  cel!e-ci  f.  Dans  récriture  oncialc 
du  S.  Hilaire  S¿  du  S.  Prudence  , écrits  au  quatre 
ou  cinquiéme  fiéc!e3  deux  des  plus  précieux  de 
ia  bibÜothéque  du  roÍ3  Vae  eít  ainn  conjoin.t3 
^ 3 íe.  Le  célebre  Pfeautier  de  S.  Germain-des- 
Prés  3 du  fixiéme  liécle  3 offre  fréquemment 
des  M toujours  fans  cédüles  á la  fin  des  lignes. 
II  y a beaucoup  áix  dans  la  plus  ancieime  col- 
leCtion  des  canoas  de  la  méme  abbaye  > 8c  dans 
le  manufcrit  du  roi  ij'2  3 D.  ívíabillon  a remar- 
que Pee  dans  le  Pfeautier  de  Sainte-Saiaberge , 
écrit  au  feptiéme  fiécie.  Le  douziéme  verfet  du 
pfeaume  47  y commence  ainfi  : Lcetetur.  Le  ma- 
nufcrit roya!  2206  3 du  fept  au  huitiéme  fiécie  , 
exprime  fouvent  cette  diphthongue  par  ae,  &, 
comme  dans  la  plupart  des  plus  anciens  manuferits. 
D.  Mabillon  a publié  un  modéle  de  huit  lignesj 
tirées  d°un  manufcrit  du  neuviéme  fiécie  3 conte- 
nant  Pouvrage  de  Raban-Maur3  furia  croix  3 ou 
Ton  renccntre  jufqu'á  fept  fois  la  conjonclion  je. 
On  la  trouve  exprimée  par  un  f dans  le  S.  Hilaire 
des  capucins  de  Toiirs3  & dans  Ies  autres  manuf- 
erits des  dix  & onziéme  fiecles.  » 

« Nous  ne  fommes  entres  dans  ce  détail  que 
pour  manifefter  Ies  faufíes  regles  de  Saumaife  & 
de  Conringius  3 fur  I'ufage  8c  Panticuité  de  IhE  & 
de  'íx.  Le  premier  fuppofe  clairement  que  FAE 
ou  Fae  eft  le  caracrére  diñinéiif  des  manuferits  les 
plus  anciens  8c  les  plus  fincéres.  II  relegue  á des 
tems  bien  poftérieurs  3 ceux  oú  Pon  trouve  IhE, 
F-z  y & Pf . Le  fecond  íbutient  que  la  diphthongue 
ae  y n'a  jamais  été  écrire  ni  dans  Íes  manuferits  ni 
dans  les  diplomes  par  ou  z.  Mais  lorfcufil  ajoute 
qu  orí  a trés-fouvent  employé  Fe  fimple  au  íieu  de 
ces  conjonCtions  3 il  avance  une  vérité  dont  les 
infcriptions  lapidaíres  8c  métaliiqaes 3 Seles  ma- 
nuferits 3 fournilTent  une  mukítude  de  preuves, 
méme  pour  les  fiécles  antérieurs  au  douzié.me. 
Ceñ  ce  quont  remarqué  Strave3  Godefroi  de 
Beírel3  D.  Mabillpn  8c  plufieurs  autres  hábiles 
antiquaires.  Quant  aux  chatres  3 fi  Pon  n y voit 
pas  d'yE  ni  d’2e3  on  y trouve  la  conjonétion  equi- 
valente f.  D.  Mabillon  Pa  remarquée  dans  un 
diplome  de  Charles-le-SimpIe  pour  Pabbaye  de 
Compiegne  ; elle  eft  fréquente  dans  celui  que 
Hugues-Capet  accorda  á Sainte-Colombe  de  SenS3 
Pan  988.  Nous  la  trouvons  encore  dans  une  bulle 
origínale  de  Pafcal  II3  de  Pan  11043  en  faveur  de 
Pabbaye  de  S.  Pierre-!e-Víf. 

» Mais  depuis  cette  époque  3 la  diphthongue 
divifée  ou  conjointe  a-r  elle  touiours  été' remplacée 
par  Fe  fimple  iufqu  au  tems  de  Pímprímerie  ? 
Ceft  ce  que  croyent  la  plupart  des  antiquaires. 
>'•  Les  nianurcritS3  dit  Caáey3  qui  marquent  cette 
» diphthongue  ainfi  ae  8c  jamafs  63  ont  géncrale- 
» ment  paríant  cinq  á fept  cens  ans  d^antiqu!té3 
» §c  ceux  qui  fout  au-deíTous  de  cinq  cens  anSí 


7^ 


A E 

n^’ont  point  de  dipathongue , mais  un  limpie  e. 
C’eíl-á-dire  5 que  depuis  le  commeiicement  du 
éouziéme  íiécle  jufqu'au  miiieii  da  quinzieme  j 
ellas  ont  été  bannies  des  manufcrits.  Les  favans 
d’Aliemagne  fe  contentent  ¿e  diré  que  pendant 
les  treize  , quatorze  & quinziéme  íiccies  , on  n"a 
fait  aucun  ufage  des  diphahongueS:,  Se  qu°on  écri- 
voir  roiijours  fa.-icie  pour  f:;zci£ , eccLeJie  pour 
ecelefii..  En  general ^ cette  régle  rfeft  ni  fúre  ni 
exadte.  En  effet,  ¡a  diphthongue  ae  ainíi  figuréej 
dE  j íE  j a été  employée  depuis  le  onzieme  iiécie 
juidu'au  renouveÜemenr  des  lettres  , arrivé  au 
quinziéme.  Nous  en  avons  pciir  garants  pluíieurs 
feeaux  authentiques.  Ceiui  de  Robert-Ie-Friíbn  ^ 
comee  de  Flandre  , de  Fan  1072  ^ porte  cette 
inicription  j oú  '¿a^  eñ  exprimé  par  ; ■¡'  Sigil- 

LUM  iíoTSERTI  J,  COMITIS  F I..ÍN  D B.I  JE.  Ou  Üt 

fdr  le  feeau  de  Charles-le-Bon  ^ aufil  comte  de 
Flandre  en  ii22  : Cakol.  comes.  Feajídrie , 
ET  Fizi^  REGIS  BAci.E.  Remarqucz  dans  cette 
infeription  le  génitif  FLandrie,  terminé  par  un  e 
limpie  j en  méme-tems  que  Dacz&  eíi  écrit  par 
un  .E  3 ce  qui  prouve  que  fon  fe  fervoit  autrefois 
indifréremment  de  ces  deux  caraótéres.  Mais  depuis 
le  commencement  du  douzieme  íiécle  j Ye  prit 
tellementle  deíTus^  que  f.s  devint  fort  rare^  fans 
néanmoins  avoir  été  entierement  abolij  commel 
le  prétend  Heineccius. 

» Nous  voyons  ce  caradtére  monogramjmatique 
eonfervé  ñir  le  feeau  de  Marguerire , comteíTe  ce 
Luxembourg  en  1225.  Voici  finfeription  ; S. 

MaRGARET.E  , COMITISS.E  Lu CE LBV RGEN S IS . 

La  méme  conjondiion  z fe  montre  deux  fois  far 
le  feeau  & une  fois  fur  !e  contre-fccl  de  Jean^ 
roi  de  Bohéme  & comte  de  Luxembourg  en  1321 
& 1328.  fvous  la  retrouvons  dans  finfeription 
du  fcel  fecret  de  Maximilien  I,  archiduc  dL4u- 
triche  en  1480.  La  méme  conjonétion  prend  cette 
forme  z fur  le  feeau  de  Charles  lí  , duc  de  Lor- 
raine  depuis  fan  £350  j'ufqu'en  143 & fur  ceiui 
de  Leonardo  évéque  de  PaíTau  en  1438.  Toutes 
ces  conjonótions  de  la  diphthongue-  ae  setant 
maintenues  jufqu'á  un  certain  point  dans  les  inf- 
criptions  métalíiques  depuis  le  déciin  du  onzieme 
fiécle  jufqu'á  la  fin  du  quinziéme  ^ il  n'eft  guéres 
vraifemblable  que  pendant  toat  ce  tems  on  rfen 
ait  pas  fait  ufage,  au  moins  quelquefois  dans  ¡es 
manufcrits  Se  les  ades.  Ainíi , dire  que  durant  les 
douze  , treize  , quatorze  & quinziéme  liécles  on 
s'eft  toujours  fervú  de  Ye  feal au  lieu  de  ¡a  diph- 
thongue ae  écrite  féparément  ou  par  conjendian, 
c’eft  pqfer  une  régle  genérale  qui  peut  fouffrir  des 
exceptions.  Pour  parler  dans  fexaCte  vériíc,  il 
faut  dire  que  f ufage  de  cette  diphthongue  ae , & . 
a été  extrémement  rare  dans  les  bas- liécles.  » 
^Noiivelle  diplomatique'). 

zE.  A.  A.  F.  F.  Ces  figles  places  fur  les  aié- 
daüles  romaines,  font  relatifs  aux  triumvirs  moné- 
taires  & a leurs  fonctions.  On  les  explique  ainfi, 
irs.3  argento  > aiiro  , fiando,  feriando, . 


JE  D 

yEACÉES.  V.  Eaches. 

AsAQUE.  V.  Eaque. 

BU  TI  A,  famille  ro.maine  dont  on  a des 
médaiiles : 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

^DEPOL  , par  la  divinité  de  Pollux.  Ce 
jurement  étoit  employé  par  les  hommes  comme 
par  íes  femmes.  Ceiles-ci  fempruntérent  des  mvf- 
íéres  d’Eleufis , Se  s’en  fervirent  feules  pendant 
ieng-temsj  mais  par  ia  fuite  il  devint  comniun 
mérne  parmi  Ies  hommes.  Les  grammairiens  ne  font 
pas  á'accord  fur  f étj-mologie  da  mot  s-depcl.  Les 
uns  veulent  le  dériver  da  temple  de  Pollux  , par- 
lequel  on  juroir,  per  &dem  Po/Zacij.,  D'autres  qui- 
écrivent  edepol,  lui  donnent  trois  racines,  me.  ou 
e , deas  & Pollux;  c'eft-á-dire  , fie  me  deas  Pollux: 
adjwvet  , airifi  Le  azeu  Pollux  me  foit  en  aide,. 
Meuríius  enfin , prétend  qtforiginairement  on: 
difqit  epol , Pollux  aidez-moi , & que  depuis  fon- 
écrivit  edepol  en  ajoutant  le  pour  exprimer’ 
la  quaunté  de  la  premiére  fyllabe  longue  : comme 
on  éenvoit  mzcam  , ou  medecum  , ou  meeeum,. 
íEDES,  pris  pour  Maison.  Pi  ce  mot.. 
zEdes  , pris  pour  íignifier  un  Teivíple.  V,  ce 
mct. 

.¿Edes.  Les  Romains  diílinguoienr des' temples 
proprement  dits  , Ies  endroits  confacrés  aux  dieux, 
teis  quedes  , deluhra  , fama  , facella.  Fanum  étoif 
un  terrein  confacré  par  les  augures  & sefriné  á. 
la  confirudion  dMn  temple.  Un  limpie  auteJ  elevé' 
fur  un  terrein  ifolé,  portoit  le  notn  á.e  facellum.. 
Par  celui  de  delubrum  , on  entendoit  & un  efpacs.’ 
vuide  de  bátiment,.  qui  étoit  réfervé  devant-im; 
temple,  & ce  temple  iui-méme. 

.Sldes  différoit  du  temple-,  felón  Varron',-  en; 
ce  que  le  fecond  étoit  inauguré  aprés  fa  confé-- 
cration,  & que  1?.  premiére  avoit  été  feuíement: 
confacrée.  Me  trou'.-anr  point  de  mot  francois-; 
qui  rende  avec  précifion  le  mot  z¿eó-,,nous  le; 
conferverons  avec  fon  genre  féminin.  On  comp-- 
toit  un  grand  nombre  d’edes  répandues  dans  les-:  ■ 
i différens  qaartiers  ou  régions  de.  Rome.  Uneinf— 
cription  placee  á fentr-éc  de  ces  bátimens  facrés,, 
apprenoit  quhls  n'avoient  pas  été  fandifiés  par- 
les augures.  Cette  diíHndion  entre  £des  , tem— 
plum  , iic.  érablie  par  les  prenaiers  Romains, . fea 
perdit  dans  ia  faite,  & en  les  confondit  fouventt 
enfembie.  - 

lEdes  .Aii  Locutii.  Elle  étoit  placee*  ati-déílus- 
de  celle  áe  Yefta,  dans  le  bas  d’une.  ancienne.- 
rae  neuve , qui  commencoit  au  Forum  Romanum,. 
FEdes  ApoUinis.  V.  TEMPLE.- 
JEdes  Bellone.  Elle  étoit  voifine  dü  cirque.  dée 
Fiaminius;  II  y avoit  au-áevant  une  petite  placee 
avec  ia  colonne  de  la  guerre.  (Tétoir  aupréss  dez 
■ cette.  colonne  que  fe  placoit  le_- confuí  L,iorfqiTüi 
i iancoit-un  jaYcIot.áú.cdté.  du'pcuple-oaiduzroii 


JE  D 

auqueí  il  déclaroit  le  guerre  par  cette  cérémonis. 
Ovide:,  {Faftor.  vi.  20).): 

Pro>píCÍt  a tergo  fummum  brevis  crea  circum  , 
jElJb  lihi  Tioit  parv^  parv^  coliíTUíta  aots.. 

Hiñe  folet  kafta  mana  belli  pr&nunúa  mitti 
Jn  regem  ^ & gentes,  cum  placel  arma  capí. 

Appias  raveugle  fit  voeu  ti'¿4eyer  un  temple 
á Belione  : puiií'ante  déeíTe , lui  dit-il , fi  vous 
nolis  accórdez  aujourd’hui  la  vidloire  centre  Pyr- 
rhus , je  vous  confacrerai  un  temple.  Tite-Live  , 
(x.  19.)  : Áppiiis  dicitur  ha  precatus  ejfe  : Beh 
lona,  fi  nohis  kodie  vicloriam  duis , afi  ego  tibi 
templum  voveo.  On  croit  que  V&des  Bdlons.  étoit 
placee  entre  le  palais  Savelü  & 1 églife^de  Saint- 
André,  vers  le  marché  aux  poiíTons.  Blle  etoit 
bátie  hors  de  la  ville , de  crainte  que  Belione  ne 
femát  la  difeorde  entre  les  citoyens.  Le  fénat  s’y 
aíTembloit  pour  donner  audience  aux  ambaíTadeurs 
qu'ii  ne  Youloitpas  admettre  dans  Reme , & pour 
juger  shl  devoit  accorder  les  honneurs  du  tnomphe 
á un  général.  On  volt  par-lá  quelle  méprife  ont 
faite  ceux  qui  placent  auprés  du  grand  arque  ^ 
c eft-á-dire/au  "milieu  de  Rome,  Y sdes  Bellora. 

JBdes  Bous,  des.  Elle  etoit  placee  fur  le  fnrn- 
tnet  du  mont  Aventin  ^ dans  Tendrok  appelé 
Remaría,  á caufe  des  aufpices  qu  y avoit  pris  le 
frt-re  de  Rornulus.  On  croit  que  Sainte-Marie  du 
mont  Áventin  eft  bátie  fur  fon  emplacement.  li 
y avoit  un  fecond  édiíice  eonfacré  á la  bonne 
iéeíTe,  fous  le  nona  ¿"sdes  hons  des  Subfaxans; 
ce  furnom  étoit  relatif  á fa  poíition  dans  la  dou- 
ziéme  región  au  bas  du  m^nt  Aventin , au-deiToiis 
du  rocher  , faxum , qui  en  coaronnoit  le  fom- 
metj  & qui  portoit  la  prenaiére  sdes  bons  des. 

JEdes  honi  Eventus.  V oyei;^  Temple. 

jEdes  Camiznarum.  Cec  édi'fice  facré  avoit  cté 
báti  par  Fiiivius  Nobilior,  fur  la  voie  Appienne , 
hors  de  la  porte  Capena  , qui  en  prit  le  nona  de 
porte  Camesna.  11  y joignit  un  boisj  á Texemple 
de  Numa  , qui  avoit  eonfacré  aux  naénaes  déefles 
an  bois  avec  une  fontaine  célebre. 

.Sdes  Carments.  Elle  étoit  placée  prés  du  Tibre, 
au  bas  du  capitole  j dans  fendroit  ou  Ton  croyoic 
que  Carmenta^,  mere  d’EvandrCj  avoit  fixé  fon 
féjour.  Les  dames  ronaaines  ayant  été  privées  par 
un  fenatus  - confulte  du  droit  de  fe  faire  trainer 
dans  des  chars , confpirérent  entr’elles.  Se  jurérent 
de  ne  pías  devenir  méres  que  le  fénat  n'eut  ré- 
voqué  fon  arrét.  Les  citoyens  fe  lañerent  bientót 
d'étre  époux  fans  étre  peres , & le  fénat  fe  laiíTa 
fléchir.  Pour  recoanoitre  cette  condefcendance 
des  fénateurs  , les  dames  qui  devinrent  mcres 
íirent  élever  Y sdes  Carments. 

Sdes  Carns.  Brutus , le  premier  confuí , con- 
facra  cet  édiSce  fur  le  mont  Coelius,  en  Phon- 
neur  de  la  déeíTe  Cama  , que  Pon  croyoit  veiller 
á ¡a  confervation  des  entrailles  & des  patries  nobles 
da  eorps  humain.  Souslenom  de  Carda,  la  méme 


JE  D 

divinité  veilloií  á la  fiireté  des  gonds  qui  retiennent 
les  portes. 

JEdes  Cafioris  & Pollucis.  \ jr 

Sdes  Cereris.  3 

Sdes  ConcordU  ad  capitolü  adfccnfum.  Le  dic- 
tateur  Furius  Camillas  ayant  appaifé  la  révolte 
du  peuple  contre  les  patriciens,  íit  batir  Pan  397, 
auprés  de  la  montee  du  capitole , cette  sdes  qudl 
avoit  vouée  á la  Concorde.  Elle  dominoit  le  forum 
& les  cornices.  On  négligea  fans  doute  de  la  faire 
inaugurar  j car  elle  porta  iong-tems  le  nom  d síes  ; 
elle  le  conferva  méme  aprés  que  Livie,  époufe 
d'Auguíte , Peut  rebátie & que  Libére  en  eut 
fait  la  dédicace.  Cet  erapereur  y fit  graver  le  nom 
de  fon  frére  avec  le  lien , pour  éternifer_  la  mé- 
moire  de  la  bonne  intelligence  qui  régnoit  entre 
eux.  On  pur  alors  y convoquer  le  fénat  ^ & elle 
fut  comptéeau  nombre  des'curies  j ce  qui  nous 
apprend  qu  elle  avoit  été  inaugurée , cérémonie 
nécelíaire  pour  rendre  un  édifice  propre  á fervir 
aux  aíTembiées  du  fénat.  Les  antiquaires  croyent 
en  reconnoitre  un  débris  dans  un  portique  dont 
le  faite  & les  ornemens  ont  été  arrachés  ^ & fur 
lequel  on  lit  : 

SsSATüS . POPULUSQ.  ROMAHUS.  INCENDIO, 
CONSU2IPTAM.  RESTITUIT.  * 

JEdes  Concordis  in  arce  Tarpeja.  L.Manlius  étant 
préteur,  fit  élever  dans  le  fortTarpéien  un  fecond 
édifice , eonfacré  á la  Concorde  ^ dont  les  .deus 
Acilius  firent  la  dédicace.  On  ignore  Pendroitprécis 
de  la  citadelle  oú  il  étoit  báti.  II  paroít  cepen- 
dant  que  c’étoit  auprés  des  murs  de  ce  Fort  5 car 
Tite-Live  (xxvj.  23.)  raconte  que  laAictoire 
qui  étoit  placée  au  haut  de  Y sdes  de  la  Concorde, 
fe  détacha  & s’accrochaen  tombant,  aux  íbtiies 
de  la  Viéloire  qui  fervoient  de  couronnement 
aux  muradles  da  fort  Ibipéien. 

JEdes  Concordis  in  arca  V ule ani.  Cette  sdes  etoit 
un  véritable  temple , comme  on  peut  le  conjeclurer 
du  témoignage  de  Tite-Live.  ( rx.  46).  Cet  hillo- 
rien  raconte  que  C.  Flavius,  fds  de  Cneius,  etant 
grefíier,  confacra  á la  Concorde  un  édi.Hce  batí 
furia  place  de  Vulcain.  Cornelius  Earbatus,_qui 
étoit  pourlors  fouverain  ponrife,  ayant  été  obügej 
par  Poidre  du  peuple,  de  prcnoncer  les  paroles  de 
la  confécration  , refufa  de  le  faire ; parce  que , 
felón  Tufage  anclen,  il  falloit  étre  confuí  ouavoir 
été  proclamé  imperator , pour  dédier  un  temple 
( templum ) avec  le  pontife.  C.  Flavius  n étoit  que 
grefEer. 

.Sdes  Cybeles.  P.  Temple.  ^ 

JEdes  Ditls  patris.  Elle  étoit  placee  dans  *£ 
grand  cirque,  parce  que  les  poetes  ont  touiq’urs 
chanté  Pluton  traíné  dans  un  char  á qiiatre  ciie^ 
vaux. 

JEdes  Fauni. 

■ JEdes  Fidii  Divi. 

JEdes  Flors. 

JEdes  Fortuns. 


^ V.  Temple. 


lEdci 


JE  D 

F-^rznsrum.  Cet  cdifice , confacré  aux 
Funes  j étoit  íitué  au-delá  du  Tibre  ^ dans  la 
quarorziéme  región.  II  en  eft  fait  mention  dans 
une  ancienne  infcripüon : 

J.  o.  M.  N.  AUG. 

SACR. 

Genio.  Furinarum 

ET.  CULTORIBUS  : KUJUS 
Loci.  Terentia.  Nice 
cuM.  Terentio.  Dama 

RIONE.  FILIO.  SACERDOTE 
SIGNUM.  ET.  BASIM 
DE.  SUO.  POSUIT. 


JE  D 


73 


Koye^  Temple. 


^dcs  Herculis. 

£dcs  Honoris  & Virtatis. 
dEdes  Jovis. 

diaes  Ifidzs.  j 

JEdes  Ifidis  Atkenodorzs,.  V.  Ifis  Atherzodorza. 
JEdes  Ifidis  & Serapidis.  Elle  étoit  bátie  dans 
le  capitole.  Pifo.n  &:  tJabijniiis  étant  confuís,  ren- 
verférent  Ies  autels  dTíis  & de  Sérapis , &c  chaf- 
férent  du  capitole  ces  divinités  égvptiennes.  Mais 
elles  y furent  rétablies  dans  la  fuite. 
jSaes  Junords.  "J  „ _ 

Mdes  Juturnzz.  f TeMPLE. 

Mdes  Jziventutzs.  M.  Livius  étant  confuí , íit 
voeu,  le  jour  qu  il  vainquit  Hafdrubal,  de  batir 
un  temple  a la  déeílé  de  la  Jeuneíle.  II  accomplit 
fon  vcEU  fous  le  confuiat  de  M.  Cornelius  & de 
Tib.  Sempronius  , pendant  ía  cenfure.  Le  duumvir 
C.  Licinius  Lucullus  fit  la  dédicace  de  cet  édifice. 
Le  nom  áydes  lui  fiit  toujours  confervé,  malgré 
fa  célebrité.  Tous  les  enfans  qui  prenoient  la  robe 
virile  j devoient  porter  une  piéce  de  monnoie 
^ns  cette  £des  , qui  étoit  placée  dans  Tenceinte 
du  grand  cirque. 

JEdss  Larium.  Elle  étoit  placée  au  haut  de  la 
vza  Sacra  , dans  1 endroit  qu^avoit  habité  Ancus 
Martius. 

Les  Lares  etoient  encore  adorés  dans  une 
feconde  &des  bátie  dans  le  champ  de  Mars , & 
doíit  M.  .íEmilius  avoit  fait  la  dédicace  fous  le 
nom  d íifcj  Larium  permarznúm.  Ce  nom  rappe- 
loit  le  combat  naval  que  L.  .^milius  Regifius 
^5°'^  íur  le  point  de  livret  aux  lieutenans  d'An- 
tíochus , lorfqu  il  fit  voeu  de  batir  cette  itdw. 
■£des  Hhertatis. 

Mdes  Luiíát,.  > V.  Temple. 

M íes  Mariis.  3 

-Mdes  Matuti.  Servius  l^ullius  bátit  cette  ézdes 
dans  le  marché  aux  boeiifs.  Le  diclateur  Camille 
en  fat  la  dédicace.  Le  feu  Tayant  détruite  , elle 
rut  rebatie  par  des  triumvirs  créés  á cet  efiét. 

JEdes  Mentís.  Le  préteur  Otacilius  fit  voeu, 
pendant  une  guerre  punique,  de  batir  une  ézdes 
au  ougement  ou  au  bon  Éfprit,  menú.  T.  Otaci- 
hus  Cranus  en  fit  la  dédicace  au  mépie  tems  que 
fon  confrereJe  duumvir,  Q.  Fabius  Maximus,  dé- 
dioit  1 &des  de  Vénus  Erv-cine.  Ces  deux  ides 
Antiqiuiés  ^ Teme  I. 


étoient  placees  dans  le  capitole,  & un  paíTage 
étroit  les  féparoit. 

M.  MarcelluSj  qui  prit  Syracufe,  fit  voeu  de 
batir  une  feconde  ¿des  au  Jiigement,  & Marcus 
^milius  Scaurus  en  fit  la  dédicace.  Nardini  veuc 
que  Scaurus  n"ait  dédié  que  Vedes  du  capitole  , 
& il  n'en  reconnoít  qu’une  feule. 

JEdes  Mepkztzs.  Elle  étoit  bátie  prés  du  vicus 
Patricias  , fur  le  bord  des  Efquilies , á peu  de 
diílance  du  palais  de  Servius  Tuliius.  Cet  empla- 
cemaat  répond  aujourd’hui  aux  environs  de  Saint- 
Laurent , prés  de  la  fontaine. 

rEdes  Mercurzi.  Elle  étoit  placée  dans  la  pre- 
miére  région  , auprés  de  la  porte  Capena.  Etoif-ce 
auprés  de  la  fontaine  de  Mercure  ? C'eft  ce  que 
fon  ignore.  II  ne  paroit  pas  que  du  tems  ou  Ovide 
écrivoit  , Vides  fut  auprés  de  la  fontaine ; car 
dans  fendroit  ou  il  parle  fort  au  long  de  cette 
derniére  , il  ne  fait  aucune  mention  de  Vides. 

Xdes  Mirzervi.  'i  rr  'r 

JEdes  Neptuzzi.  ^ TEMPLE. 

jEdes  Nympkarum.  Les  cenfeurs  dépofoient 
dans  cette  &des  les  adíes  publics  de  leur  cenfure. 
Quelle  raifon  avoit  fait  choilir  pour  renfermer 
ce  dépot , un  édifice  confacré  aux  Nymphes  ? 
C’étoit  fans  doute  pour  apprendre  aux  cenfeurs  , 
dit  Tomafi,  (de  Donar,  c.  28.)  avec  quelle  párete 
ddntention  , & avec  quelle  intégrité  ils  devoient 
exercer  leur  redoutable  miniílére. 

Mdes  Opis.  Le  roi  Tatius  bátit  cette  ides  dans 
Fenceinte  du  capitole.  La  foudre  ayant  frappé  cet 
édifice  , on  ordonna  des  priéres  pour  détourner 
un  auíTi  funeíle  préfage.  Céfar  y renferma  {fepties 
millies  feftertium)  157,500,000  livres  de  notre 
monnoie,  qu'Antoine  diíTipa  en  prodigalités.  Les 
Romains  avoient  coutume  de  confier  la  garde  de 
leurs  richelfes  aux  divinités.  Le  tréfor  public  de 
Rome  étoit  renfermé  dans  le  temple  de  Saturne  , 
& Céfar  dépofa  le  fien  dans  celui  d'Ops,  déeííc 
que  Ton  croyoit  auííi  ancienne  que  Saturne  lui-- 
méme. 

Mdes  Orci.  V.  TEMPLE  d‘ Elagahale. 

Mdes  Penaliza.  I y 

Mides  Fietatis.  y 

Mdes  Portumni.  JJ ides  de  Portumnus  étoit 
placée  auprés  du  pont  Mmilius.  On  a cru  la 
reconnoitre  dans  Téglife  ronde  de  Saint-Etienne , 
qui  eft  fur  le  bord  du  Tibre,  auprés  de  Fouver- 
ture  de  la  grande  cloaque  5 mais  elle  devoir  étre 
plus  voifine  de  Fancien  pont  Mmili&s. 

Mdes  Rubiginis.  V.  BoiS. 

Mdes  Salutis.  V.  TEMPLE. 

Mdes  Sangi.  Hercule  avoit  une  ides  qui  Jui 
étoit  confacrée  fous  le  nom  de  Sangos  ou  Sandzzs  , 
fur  le  mont  Quirinal , auprés  du  temple  de  Qui- 
rinus.  On  y confervmit  , felón  \ arron  , ( Plird. 
VIII.  48.)  le  fufeau  & la  quenouille  de  Tana- 
quille , avec  la  laine  qui  Fentouroit  du  vivant  de  la 
fetame  de  Tarquín. 

K 


74 


JE  D 


jEdes  Sidarni.  ") 

JEdes  Serapidis.  V Voye:^  TemplE. 

Jjúies  So  lis.  3 

£des  Spcz.  Cette  ¿des  éíoir  placee  daos  le 
marché  auxlégumes.  Coilatinus  Tavoit  confacrée , 
& elle  fut  brálée  par  ia  foudre  pendant  la  guerre 
contre  Carthage.  Les  triumvirs  la  rétablirent , 
mais  elle  brula  de  nouveau  avant  la  batailie  á’Ac- 
tiu'.n.  Atilius  fit  vceu  de  la  rétablir , & Germá- 
nicas la  confacra  fous  le  régne  de  Tibére. 


V.  Temple. 


JtLdes  Telluris.  \ 

JEdes  Tempefiatis.  j 
Mdes  Vejovis.  Cet  édifice , confacré  á Jupiter- 
Vengenr^  eroit  batí  auprés  átYAfyle,  entre  les 
deux  fommets  du  capicole^  dans  la  huitiéme  re- 
gión j ou  eñ  aujourd'hui  le  paiais  des  fénateurs. 


JEdes  eneris. 

JEdes  Vertiímni. 

^dis  V efl&. 

Mdes  V^iciorÍA. 

JEDICULA-  Ce  mot  a eu  chez  les  Romains 
différentes  acceptions.  Tantót  il  exprimoit  une 
maifon  baíTe  & petire  ^ Ades  parva , tantót  un 
bátiment  confacré  á quelque  divinité  ; mais  un 
bátiment  íi  étroit^  quii  ifétoit  quun  diminutif 
de  ledes.  Souvent  on  entendoit  par  edicula  une 
niche  ou  armoire  pratiquée  dans  le  mur  pour  ren- 
fermer  quelque  ftatue , & celles  des  dieux  Lares 
ou  Penates  en  particulier.  Quelquefois  enfin  ^ ce 
mot  exprimoit  des  repréfentations  de  temples  que 
1 on  oftroit  & fufpendoit  comme  des  ex-voto , 
dans  Ies  temples  des  dieux^  Se  fur-tour  dans  celui 
de  Diane  d'Ephéfe. 


C Temple. 


Mdicala  ^ Capraria.  Elle  étoit  placée  dans  la 
fixéme  región  j auprés  de  la  via  Lata.  Quelque 
tableau  de  la  chevre  Amalthée  a pu  lui  faire 
donner  ce  nom. 


JEdicula  Diana.  ^ 

oEdicula  Fidel.  \ Temple. 

JEdicula  Ifidis  & Serapidis.  Cette  petite  edes 
donna  fon  nom  á la  troiíiéme  région,  que  Ton 
appela  líis  & Sérapis  ^ felón  quelques  auteurs  ■, 
mais  j felón  d’autres  ^ cette  región  prit  fon  nom 
d_un  temple  elevé  par  Augufte  aux  mém.es  divi- 
nites  3 dans  Y emporium , grand  marché. 

JEdicula  Mariis.  Tatius  fit  voeu  de  confacrer 
un  petit  temple  á Mars^  fous  le  nom  de  Quirinus 
ou  Romulus  , dont  on  confervoit  le  cafque  dans 
le  fazrarium  du  capitole.  S.  A.uguíl:  in  feul  dit  que 
cette  ddicula  étoit  dans  le  grand  temple  du  capi- 
tole. ( de  Civit.  Dei  iv.  2.^  ) 

JEdicula  Mercurii.  Elle  étoit  placée  fut  le  mont 
Aventin , fur  les  confins  de  la  quatriéme  & de 
la  cinquiéme  région. 

_ JEdicula  Minervs.  On  a découvert  dans  le  der- 
nier  liecle  cette  tdicula  avec  la  ñame  de  MinervCj 
dans  I enccmte  du  collége  Romain , aunrés'  da 
temple  de  Minerve. 

Mdicula  Mufarum,  Elle  ctoit  placee  dans  la 


JE  D 

quatriéme  région  j qui  comprenoit  le  temple  de 
la  iraix  dans  fon  encejnte. 

JEaicuta  l'iympharum.  (_es  d’vinités  avoient  un 
grand  nombre  ¿uticuLi , fur-tout  dans  les  jardins 
& ics  maifons  de  campagne. 

JEdicula  Strenid  ou  Streiius.  Cette  sdicula  étoit 
placée  dans  la  via  Sacra , á Tendroit  appelé  Carine^ 
entre  le  mont  Coelius  Se  le  mont  Efquilin. 

JEaicula  JA eneris  piacide.  Elle  étoit  placée  dans 
la  région  efquiiine , c^eft-a-dire , la  cinquiéme. 

JEdicuLa  Vert-umni.  V'.  TEMPLE. 

JEdicula  FiBorid  Firginis  in.  Palatino.  M.  Por- 
cius  Catón  dédia  cette  edicuia  deux  ans  aprés 
quil  eut  faitj  pendant  k guerre  d'Efpagne,  le 
voeu  de  la  batir.  Elle  étoit  placée  auprés  de  ísdes 
confacrée  á la  méme  divinité. 

¿Edículo  Jovis  , Junonis , Minervd  in  capi- 
tolio. On  ne  doit  pas  entendre  ici  par  &aicuU  de 
fimples  niches  deñinées  á recevoir  les  ftatues  de 
Júpiter  j .de  Junon  & de  Minerve  , mais  trois 
petits  édifices  ou  trois  petits  temples  , que  Tar- 
quín avoit  fait  voeu  d’éiever  fur  le  capitole , & 
qui  furent  renfennés  enfuiie  dans  Tenceinte  du 
grand  temple,  comme  les  bas-cótés  des  temples 
gothiques.  Ces  trois  édifices  onc  été  fouvent 
appeiés  templa  & delubra. 

EIdicula  Redkuli.  F.  Temple. 

EIDICL'LUS.  Ce  dieu  préiidoit  á ia  conftruction 
& á la  confervation  des  édifices. 

El  Di  TI  MUS.  C’étoit  le  méme  miniñre  des 
temples  aue  Y&iituus.  F.  ce  mot. 

^DITUARE  5 remplir  Ies  fonélions  íYedituus. 
Ducange , dans  fon  GloíTaire , ranporte  une  inferip- 
tion  dans  laquelle  on  lit  • Mdituavit  akhis  x. 

ELDITüüS  , étoit  le  prétre  chargé  du  foin  d un 
édifice  facré.  Horace  a employé  ce  mot  au  figuré, 
en  appelant  les  poetes  les  gardiens  du  temple  de 
la  Vertu.  {Epifl.  ii.  i.  229)  : 

Sed  lamen,  efi  opere  pretium  cognofeere , quales 

JEdituos  haheat  helli  fpeQata  , domique 

Finas. 

ElBO  , filie  de  Pandare  ou  Pandarée , fut  manee 
á Zéthus  , frére  d"  Amphyon , dont  elle  n’eut  quMn 
fils,  nommé  Ityie.  Jaloufe  de  la  nombreufe  famille 
de  Niobé , fa  beile-foeur , elle  réfolut  de  ruer 
Faíné  de  fes  neveu.x.  Celui -ci  étoit  elevé  avec 
ítyle,  & couchoit  dans  le  méme  lit.  Mdo  avertit 
fon  fiis  de  changer  de  place  la  nuit  fuivante  j maís 
Penfant,  ayant  oublié  cet  ordre,  fut  mis  a mort 
pour  fon  coufin:  la  méie  ayant  reconnu  faméprife» 
fe  tua  de  défefpoir.  Homére  dit  qu’eile  fut  enlevee 
par  les  harpies  & livrée  aax  furies.  V.  ItylE, 
Edone,  Pahdaree. 

ElGEl,  en  Macédoine.  aifaeííN. 

Les  médaiiíes  autónomas  de  cette  viile  font : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

RR.  en  bronze. 

Son  type  ordinairs  eft  une  ehevre. 


^ G 


JEgje  , en  y5!oIie.  AirAEfiM. 

Les  médaiües  aatonomes  de  cette  viüe  font : 

O.  en  or. 

RRR.  en  bronze. 

RRRR.  en  arsent.  (^Xhell.  ’Echhe.l.') 

Cette  ville  , oui  étoit  gouvernée  par  des  pré- 
teurs  j a íait  fraoner  des  médailles  impénaJes 
grecqi’.es  , en  rhonneur  de  Tibcre , de  C laude  , 
d'Agrippine  ieune,  de  ^elpafien,  de  Domitien 
& de  Trajan-Déce. 

&.GJE  , en  f ibcie.  ArrEAiQN. 

Les  médailles  aatonomes  de  cette  ville  font : 

O.  en  or. 

RR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Son  fymbole  eíl  la  moitié  d’un  cheval. 

Cette  villa  a fait  frapper  des  mtiaüles  impe- 
riales grecQues  avec  fon  épooue , en  f honneur 
d'Hadrien  , d' Antonio  , de  Marc-Auréle,  de  Com- 
modcj  de  bévére,  de  Julia-Domna  , de  Caracalla, 
de  Geta  , de  Macrin,  de  Diadnménien,  d’Fmi- 
lien  , de  Valérien  ^ de  Salonine^  de  Mísfa^  d'Alex.- 
Sévere  ,,  de  Pupien  & de  Galiien. 

zhGEE.  V.  Egee. 

zF.  G E E j dans  ICEtoIie  ou  dans  FAchaie. 
AIFEIEÍIN. 

Cette  ville  a fait  frapper  unemédaille  impériale 
grecaue,  en  Fhonneur  de  Plautille.  (Pellerin). 

ALGEIS,  une  des  tribus  d’Athénes. 

yEGFRIE.  PC  Egetcie. 

^Cfl  ACLb  , furnom  donné  á Júpiter , a caufe 
de  la  chévre  Amalthce  qiii  Favoit  nourri.  C'eft  le 
méme  au  /Egiockus  & JEgiuckus. 

JEGIALE , une  des  trois  Graces.  PC  Graces. 

jEGÍALÉE.  PC  Egialée. 

yEGIALUSj  dans  le  Péloponéfe.  EriAAEnN. 

On  a des  médailles  impériales  grecques  de  cette 
ville  j frappées  fous  Fauíorité  de  fes  archontes  j 
en  Fhonneur  de  Caracalla  & de  Domna. 

^.GIBOLIUM.  K.  Criobolium. 

dCGIDE.  PC  Egide. 

.EGINE.  V.  Egine. 

¿EgINA  , ble.  AIPEINHTGN  & AiriNH. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

RRRR.  en  bronze. 

On  a des  médailles  impériales  grecques  ffap- 
pées  dans  cette  iíle  j en  Fhonneur  d'Elagabale  & 
de  Plautille. 

^.GTOCHUS.  PC  ^GiAcüs. 

.¿E  G I P A N S ^ furnom  de  ces  divinités  cham- 
pétres  que  les  anciens  croyoient  habitar  dans  les 
foréts  ou  daiiS  les  montagnes  , & qiFils  repréfen- 
toient  ccmtne  de  petits  hommes  tréf-velusj  avec 
des  comes  á la  tete,  des  pieds  de  chévre  , & une 
cueue.  Ce  ncm  v!ent  de  Pan,  & cu  mot  grec 
¿tí,  aiyi;  , chsvre.  Les  poetes  ont  donné  ce  nom 
au  dieu  Pan , parce  quCls  fr.ppofoient  que  ce  dieu 
étoit  á moitié  chévre,  quil  en  avoit  les  comes. 


^ L 75 

la  queue  , les  pieds  , 8c  m.éme  tout  Is  bas  du 
corps,  depuis  la  ceinture.  Les  anciens  géograpfaes 
parlent  de  certains  monltres  de  Lt'bie  , auxquels 
on  donnoit  le  nom  ¿"s-gipcns  ; ces  animaux  avoient , 
felón  Pline,  un  mufeau  de  chévre,  avec  une  queue 
de  poiíTon  : c’eíl  ainíi  qa'on  rcpréfente  le  capri- 
come  , un  des  fignes  du  zoáiaque.Théon  fiir  Aratus  , 
dit  que  le  capricorne  eíl  la  hgure  d'un  ¿givan.  On 
trouve  cette  méme  figure  dans  pluíieurs  anciens 
monumens  des  Egyptiens,  8c  méme  des  romains  : 
les  antiquaires  lui  donnent  le  nom  ¿¿s.gipan.  PC 
Pan,  Satyres. 

yEGíSTHE.  PC  Egisthe. 
yEGIUCHUS.  V.  .Egiacus. 

^GIUM  , en  Achaíe.  AiriEfiN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 
RR.  en  argent. 

O.  en  or. 

RRR.  en  bronze. 

Son  type  ordinaire  eíl  une  tortue  ou  ün  daupLin. 
Cette  viile  a fait  frapper  des  médailles  impériales 
grecques , en  Fhonneur  de  Plautille , de  Commode 
8c  d'Elagabale. 

JEGLÉ,  mere  des  Graces.  P^.  Graces. 
aÍGLÉ , Fuñe  des  Graces.  P^.  Graces. 
rEcLEj  la  plus  belle  des  ISaiades,  dit  Virgile. 
PC  Náyades,. 

yEGOBOLE,  furnom  que  Ies  Potniens  don- 
noient  á Eacchus , parce  qu'au  liea  d'un  jeune 
homme  bien  fait  qti'ils  immoloient  á ce  dieu  par 
le  confeil  dCApolIon,  il  declara  lui-méme  qu'il 
fuffifoit  dans  la  faite  de  lui  facriíier  une  chévre. 
Du  mot  ¿Ííí  , chévre.  Se  /¡'-Ac^at , je  veux. 

eEGO  CEROS,  nom  donné  á Pan,  parce 
qu'ayant  été  mis  par  les  dieux  au  rang  des  afires^ 
il  s'étoit  lui-méme  métamorphofé  en  chévre.  Da 
mot  grec  «¡I,  chévre,  8c  yJpxc , come. 

aEGOPHAGE,  furnom.  de  Junon,  parce  o'u’on 
luifacriSoit  des  chévres.  Dumotgrec¿';|,  chévre, 
8c  de  c¿ya,  je  mange. 

eEGOS  Potamos  , en  Thrace.  Aireas  no. 
Les  médailles  autonomes  de  cette  vilje  font : 
RRRR.  en  bronze. 

O en  argent. 

O.  en  or. 

.EGYPTE.  F.  Egypte. 
aELA  oa  Lelana  , en  Palefdne.  AEAANOí^ 
Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  bronze.  (^Pelle^rin). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

aELIA,  famille  romrj'ne  dont  on  a des  mé- 
dailles : 

C.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font  Baza,  La- 
mia , P MTUS  , S SIAUIIS , Tubzf.o,  Catus. 

Goltzius  en  a publié  quelques  médailles  incoa- 
núes  depuis  lui.. 

K ij 


^LiA  Capitoiina,  dans  la  Paleftine. 

Col.  Mí-  Cap.  Colonia  JElia  Cavitolina, 

Col.  jEl.  Cap.  Comm.  Colonia  Mlia  Capi- 
tolina  CommodiapM. 

Ail.  ka.  koa. 

Cette  coionie  romaine  a fait  frapper  des  mé- 
dailles  latines , en  Phonneur  d'Hadrien , d'Anto- 
nin  j de  M.-Auréle  j de  Vérus^  de  Septime-Séverej 
de  Diaduménien,  dTlagabale,  de  Trajan-DécCj 
d'Herenniüs  , d’Heílilienj  deCommodej  de  Ca- 
racalla. 

dELIEN  j tyran  dans  Ies  Gaules  fous  Maximien- 
Hercule. 

A.  Po3fposíius  M zi  A s V s Aug  U STZrS. 

Les  médaiiles  de  ce  tvran  ne  íont  connues  que 
dans  Ies  catalogues  de  Goltzius  & d/Occo  j fi  Pon 
en  trouve  , elles  doivent  étre  en  petit  bronze. 

dELIUM  Coillutahum  Municipium. 
y.  CoELU. 

./ELIUSj  adopté  par  Hadrien. 

Lucius  Mlius  Cmsar, 

Ses  médaiiles  font : 

RR.  en  or. 

R.  en  argent. 

RR.  en  médaiiles  grecques  d'argent. 

RRR.  en  médaillons  grecs  d’argent. 

C.  en  G.  B.  de  coin  roiiiain;  ii  7 a queiques 
revers  R.  Le  G.  B.  óiJElius  eíl  R.  en  Italie. 

C.  en  M.  B. 

RRRR.  en  P.  B.  de  colonies. 

RR.  en  G.  B.  grec. 

R.  en  M.  & P.  B. 

C.  dans  Ies  médaiiles  de  bronze,  fabriquées  en 
Egypte. 

dPLLO,  une  des  trois  harptes,  filie  de  Thau- 
mas  & d^Eleéira  , felón  Héfiode. 

zELüRUS,  c’eft  le  dieu  Chat  des  Egyptiens  ; 
il  eft  repréfenté  dans  les  antiques  égpptiennes, 
íantót  fous  la  figure  d'un  chat,  plus  fouvent  fous 
la  figure  d"un  homme  avec  la  tete  de  cet  animal. 
Du  mot  «pAaupos-,  un  chat. 

jLMILIA  , fairdlle  romaine  dont  on  a des  mé- 
■áaiües  r 

C.  en  argent. 

RR.  en  bronze. 

. O.  en  or. 

Les  furnoms  de'  cette  fámille  font  Ba-rsuía  , 
Suca,  Lrpjdus  , Livia^us , Pappus  , Paul- 

ÍUS  , RjEGIZLUS  , ScAURUS. 

Goltzius  en  a public  queiques  médaiiles  incon- 
nues  depuis  lui. 

jLMILIANüS  , furnoxn  de  la  fámille  Cor- 
Rtrzia. 

^NEATOR , un  trompette.  Suétone,  {Jul. 
c-  32  j I.)  : Cam  vlarimi  etiam  ex  flationibus 
milites  conciírri'fferu , íiterqn-z  eos  &■  ¿meatores. 
d^fie.-Lipre  croitque  Ies  uneatorcs  éwieat  attachés 
anx  efcadrons,  tarm?.. 

-^NEE,  Sis  aAncoiiC^ 


JE  R 

Ce  nom  eíl  écrit  aineas  , fur  une  médaille 
d’argent  de  M.  Pellerin. 

dENEIA.  V.  ^NIANES  dans  l’Acarnanie. 
^NIANES,  en  Theilalie.  ainiangn  & 

AINIAKIEGN. 

Les  médaiiles  autonomes  de  ce  peuple  font: 
RRRR.  en  argent. 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

íEnianes  oaJEniiA , eítAcarnanie.  aimianqn. 
Les  médaiiles  autonomes  de  cette  ville  font ; 
RRRR.  en  argent. 

RRRR,  en  bronze. 

O.  en  or. 

jEKÜS  ou  íEnos  , en  Thrace.  AINION. 

Les  médaiiles  autonomes  de  cette  ville  font; 
RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

RRR.  en  bronze. 

Son  type  ordinaire  eft  un  bouc. 

Cette  ville  a fait  frapper  une  médaille  impe- 
riale  grecque , en  Pbonneur  d’Hadnen. 

On  lui  attribue  aujourd’hui  avec  raifon  Ies  mé- 
dátiles  grecques  autonomes  que  Pon  donnoit  jadis 
á Abacíenum  de  Sicile. 
dEOLE.  V.  Eole. 

^ON.  C'étoit  la  premiére  femme  du  monde, 
dans  le  íyíléme  des  Phéniciens-  Elle  apprit  a^  ies 
enfans  á faire  ufage  du  fruit  des  afores  poi;r  leur 
nourriture  , dit  Sanchoniathon.  Elle  eut  pour  coai- 
pagnon  Grotogonos. 

íEORA.  V.  Gestatign, 

./EORES.  V.  Aletides- 

.íEPEA,  dans  la  MeíTenie.  AíiieaIGN. 

Les  médaiiles  autonomes  de  cette  ville  font; 
RRRR.’  en  bronze.  (^Hun.ter'). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

íEQUATOR  monets,  y celui  que  nous  apprfons 
ajujieur  de  la  monnoie^ 

.íEQUIMELIUM.  Sp.  Melius , qui  affeaoit  la 
royauré  , ayant  été  rué , ía  maifon  tur  rafee,  & 
Pemplacement  relia  vuide.  Elle  étoit  bátie  fur 
le  capitole,  auprés  de  la  porte  carmentale.  Les 
cenfeurs  T.  Quinftius  Flaminius  & M.  Cbudius 
Marcellus  firent  conílmire  , deux  cens  qitarante- 
quatre  ans  aprés  la  deílruaion  de  la  maifon  de 
Melius,  des  édifices  fur  le  terrein  qu'eile  avoit 
occupé. 

.¿ERA  militaría , étoient  un  hnpót  delliné  au£ 
frais  de  certaines  guerres. 

^RARÍUM.  F.  Trésor. 
jERARIUS.  V.  Trésorier. 
jErarius  mijjlís.  On  donnoit  ce  nom  dans 
Ies  jeux  du  cirque  á la  vingt-cinquiéme  couíft 
de  chars.  Chaqué  courfe  étoit  compoféeáí:  quatre 
quadriges ; de  forte  que  les  vingt  - qu-atre 
miéres  courfes  faifoient  paroítre  quatre-tdngr-fcizc 
quadriges.  Dans  le  tetns  one  le  peuple  roms’.n 
, faamifíbit  Ies  frais  des  jeux  , ce  peuple  céfiro^ 


^ R 

quelquefois  de  completter  le  nombre  de  cent 
quadriges  ^ & de  voir  une  vingt-cinquiéme  courle. 
Les  fpjediateurs  donnoient  la  fomme  néceííaire 
poiir  taire  courir  quatre  quadriges  j & cetce  der- 
niére  courie  étoit  appelée  &rarius  mijfus,  Lorlque 
les  empereurs  ou  Íes  édiics  firent  les  firais  des 
jeux  , on  conferva  cet  anclen  nom  á la  derniére 
courle  j c'eft-á-dire  ^ á la  vingt-quatriéme. 

íErarius.  On  appeloit  de  ce  nom  un  plé- 
béien  que  les  cenfeurs  rapoient  du  tablean  de  la 
centuricj  & qui  j dépouiilé  par-Iá  des  droitsdont 
jouilToient  les  citoyens  romainSj  ne  tenoit  á la 
république  que  par  le  tribut  ou  capitation  qa’il 
lui  payoit. 

Les  ceníéurs  purdííoient  les  fénateurs  en  les 
dépouillant  de  leurs  dignités,  & les  chevaliers  en 
les  dégradant.  Quant  aux  plébéiens  qui  n avoient 
ni  (ügnités  ni  charges  á p>erdre  , 8c  á ceux  que 
des  cenfures  précédenres  av'oient  réduits  á i’état  des 
plébéiens  , les  cenfeurs  les  puniíToient  en  les  inf- 
crivant  fous  ¡e  nom  ^Ararius.  Notes  par  ce  titre 
fétri'Tant  j üs  ne  pouvoient  tefter  j ni  hériter,  ni 
faire  aucune  fonólion  de  citoyen.  La  liberté 
étoit  la  feule  chofe  qui  leur  reftoit  comme  aux 
autres  citoyens  j parce  qu’on  ne  les  réduifoit  pas 
en  fervitude  : mais  ils  étoient  prives  du  droit 
de  faffrages  dans  les  comiceSj  & ils  ne  pouvoient 
entrer  dans  la  milice  romaine  : de  forte  que  cette 
punition  étoit  plus  forte  encore  que  celle  par 
laquelle  on  étoit  rayé  du  tableau  de  fa  tribu. 
V.  Tribu.  j 

dEREA , farnom  de  Diane . pris  d’une  mon-  1 
tagne  de  TArgolide  j ou  elle  étoit  honorée  d'un  | 
cuite  particnlier. 

iERE  collato.  Les  Romains,  dans  leurs  infcrip- 
tionSj  ont  employé  fouvent  ces  expteflions  .sx-e 
cosL^To , 8c  EX  MRE  CONLATO.  Eíles  appre- 
noient  que  Ies  frais  du  monumenr  ou  du  rom- 
beau  avoient  été  payés  par  Ies  amis  du  mort  ou 
par  le  peuple.  C^eft  ainfi  que  les  funérailles  de 
Mer.emus  Agrippaj  qui  réconcilia  Ies  patriciens 
& Ies  plébéiens  , furent  faites  aux  dépens  du 
peuple,  qui  fe  cotifa  á ceteíFét.  On  lifoit  a Napies 
í infcription  fuivante : 

M.  Vi  NI  CIO.  P.  F. 

POST.  MORTEM 
MUNICIPES.  SUI 
^RE.  COLLATO 
PIETATIS.  CAUSA 
POSUERÜNT. 

Le  peuple  romain  fit  élever  á fes  fraís  une  líame 
au  medecin  Antonias  Mufa.  Pline  dit  (34.  c.  y.) 
que  Ton  eleva  hors  la  porte  Trigémina,  une  líame 
a _P-  Minunus  , préfet  des  vivres,  & que  chaqué 
citoyen  donna  une  once  de  cuivre,  prés  de  deux 
deniers  de  r:  ranee  , pour  íes  frais.  C’étoir  ce  que 
Fon  appeloit  z¿r.:ia-ia  flipe  collata.  Les  empereurs 
aír.saíerrt  á '-  oír  leurs  amis  ou  ¿es  villes  ¿liiées  , 
fccadíer  pour  ieur  éiever  ¿es  iaiues,  be  ils  folii- 


JE  S 77 

citoient  cette  marque  d’attachement  ou  de  fervi- 
tude. 

íEre  diriLti , étoient  Ies  foldats  que  l’on  pu- 
nifíbit  en  les  privant  de  Ieur  paie. 

íERIENNE,  nom  qu'on  donnoit  á Junon^ 
parce  qu’on  la  prenoit  pour  I’air. 

AERES.  V.  .Esculanus. 

AEROMANTIE  5 Tart  de  prédire  Tavenir  par 
PinfpeCtion  de  I’air,  «ip  , air,  feayTuix.,  divination. 
Arütophane  en  parle  dans  la  Comedie  des  Nuées. 
Celui  qui  vouloit  pratiquer  cette  divination  fe 
couvroit  la  tete  , Se  fe  piacoit  en  plein  air  devant 
un  grand  vafe  rempli  d^eau  , fur  lequel  il  propo- 
foit  á voix  trés-baiTe  fes  demandes.  Si  l'eau  fré- 
milToit , il  devoit  bien  aagurer  du  fuccés  de  fon 
entreprife. 

On  voit  que  cette  divination  étoit  bien  difté- 
rente  de  celle  qui  fe  pratiquoic  par  rinfpeCtion 
des  météores  , & qui  apparrenoit  a la  fcience  des 
augures ; de  celle  qui , ayant  pour  objet  les  afpeéís 
heureux  cu  malheureux  des  plañeres , formoic 
faíírologiej  & enfia  de  la  Tératofeopie , qui  étoit 
fondée  fur  les  prodiges  que  Fon  croyoir  voir  dans 
les  nuées  , & dont  le  rccit  oceupe  un  íi  grand 
efpace  dans  les  anciennes  hiííoires. 

1EROPE  j femme  d'Athée.  F.  Erope. 

.FREGO.  fC  Patine. 

.ERUSC ATORES.  F1  Menbiant. 

¿ES  , monnoíe  des  Romains.  V.  .Assipondiují. 

¿Es  , divinité.  Fl  .Esculanüs. 

¿ESAB-.  Ce  mor  ílgnifioit  dieu  chez  Ies  Etruf- 
cues.  La  foudre  ayant  frappé  une  llatue  dfAugulle, 
& emporté  la  premiére  lettre  du  mot  C.-ESAR, 
íes  augures  trouvérent  dans  cet  accident  un  fácheux 
préfage.  Le  C,  qui  étoit  une  lettre  numérale, 
ayant  été  abatm  , annon^oit  que  Tempereur  n'avoit 
plus  que  centjours  ávivre,  aprés  lefquels  ilferoíc 
déiíié.  Ils  trouvérent  cette  feconde  predittion  dans 
ie  mot  ¿ESAR,  qui  étoit  relié  intaéi. 

¿ESCüLANüS , ¿Eres  ou  ¿Es  , ce  íbnt  Ies 
différens  noms  de  ,1a  divinicé  quí  préíidoir  á la 
fabrique  de  la  monnoie  de  cuivre.  On  la  repré- 
fentoit  fous  la  figure  d’une  femme  debout,  avec 
nhabiliement  ordinaire  aux  déelíés,  appuyéc  de 
la  maín  gauche  fur  la  halle  puré , & tenant 
de  la  droite  une  balance.  Afculanus  étoit , 
difoit-on,  le  pére  du  dieu  Argentin,  parce  que 
le  cuivre  a été  employé  avant  Targent.  C’éroÍE 
une  divinité  de  Rome.  S.  Augufíin  s’étonnoít  qu’oa 
n’eüt  pas  faít  auíS  un  dieu  Aurin  , fiis  du  diea 
Argentin  , puifque  la  monnoie  d’or  a fuivi  celle 
d^argent.  II  y a cependant  eu  une  divinité  pour 
Por;  car  en  fabriquant  des  efpéces  des  trois  mé- 
taux.  Por,  Pargent  & ie  cúivre , on  donna.  á 
ehacun  d’eux  une  divinité  pour  préfíder  á íi 
fabrique.  Ainfi  Pon  trouve  fur  quelcues  médaiííes 
des  etr^ereurs  trois  déeííes  , repréfentees  avec 
des  balances  , ía  cerne  d’abondance , & anprés 
á’eOes  un  monceau  ce  áiJférentes  monnoies, 

¿ESEENÍA  , en  ais3Rnjs, 


■t 


7?  JET 

Les  méíb'IIes  autonomes  de  cette  villa  font: 

RR.  en  bronce. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Son  type  ordinaire  eft  un  bige. 

yESON.  V.  Eson. 

yESTÜARIA,  tuyaux  ae  chaleur  dans  les  étiives 
& les  maiions  des  anciens.  On  en  a découvert 
dans  une  maifoa  de  Pómpela j & Stace  en  parle, 

r.  5.  58.)  : 

Ubi  languídus  ignis  inerrat 
JEdihus , & tenuem  volvunt  hypocaujia.  vaporem. 

yESYMNÉTE,  farnomde  Bacchus.  V.  Esym- 

NSTE. 

yEsYMNBTE  , magiñrat.  V.  Esymnete. 

yET ALIDÉS , étoit  fiis  de  Mercure  , & par  fa 
mere  du  fang  desEolides.  On  dir  qu  il  avoit  obtenu 
de  fon  pére  deux  graces;  Tune  que  , vif  ou  mort, 
il  feroit  toujours  informé  de  ce  qui  fe  faifoir  dans 
le  monde ; Paurre , qu  ii  feroit  la  moitié  da  tems 
parmi  les  vivaas  , & Tautre  moitié  parmi  Ies 
morís.  ,Cétoit  ¡e  héraut  des  argonautes. 

yETES  , roí  de  Colchide , maria  fa  filie  Calciope 
. á Phrix'JS.  Aprés  avoir  vécu  quelques  années  en 
bonne  intelligence  avec  fon  gendre,  Pavarice  le 
porta  á le  faire  aiTaíüner  pour  s'emparer  de  la 
toifon  ü’or , que  fon  gendre  avoit  apporrée  dans 
fes  états.  Jafon,  á látete  des  argonautes,  vint 
lui  redeinaader  cette  toifon  , & Penleva.  On  dit 
qu  yEíli  ayant  été  averti  par  un  oracle  qu'un 
étranger  luí  oteroit  la  couronne  &la  vie,  établit 
!a  barbare  coumme  ddmmoler  a fes  dieux  tous 
ceux  qui  aborderoier.t  dans  fes  états.  On  a -dit 
la  méme  chofe  de  Thoas.  V.  Phe.ixus  , Jason, 
Médée. 

yETHER.  Les  Grecs  entendoienr  par  ce  mot 
les  cieux-  diñingués  des  corps  iumineux.  Au  com- 
mencement , dit  Héfiode , Dieu  forma  Y&ther, 
Sz  de  chaqué  coré  étoit  le  chaos  & la  nuit  qui 
couvroit  tout  ce  qui  étoit  fous  Yatker,-  ce  qui 
íigniíie  que  la  nuit  étoit  avant  la  création , que 
la  terre  étoit  inviíible  á caufe  de  P obfcurité  qui  la 
coim'oit,  mais  que  la  lumiére  perqant  á travers 
YéLchcr,  avoit  éclairé  Punivers.  Héíiode  dit  ailieijrs 
que  Y&ther  naquit  avec  Je  jour  du  mélange  de 
rérébe  & de  la  nuit , enfans  du  chaos ; cYíl-á- 
dire , que  la  nuit  & le  chaos  ont  précédé  la  créa- 
tion des  cieux  & de  la  lumiére. 

yETHLIUS  , fiIs  d’Eole  , mari  de  Cálice , & 
pered'Endymion,  futfurnommé  Júpiter  j la  Grece 
|ui  eleva  des  monumens  héroiques. 

JiTHON,  c’eft  le  nom  d'un  des  quatre  chevaux 
du  foleil,  qui  précipitérent  Phaéton,  felón  Ovide. 
Son  nom  .(  du  mot  grec  aitm , ardeo , je  brule  ) 
íignifie  Pardent , pour  exprimer  le  foleil  en  fon 
midi.  Ciaudien  appelle  du  méme  nom  un  des 
chevaux  du  char  de  Platón ; fans  doute  qudl  donne 
á ce  nom  une  autre  origine,  du  mot  «Písí,  noir. 
V,  Alasxok., 


A F F 

yETHRA  , mere  de  Théfée.  V.  Ete-tra, 
yETITE,  yExiTES  ou  pierre  d'aigle , 
áigie.  Cette  pierre  jouiíToit  chez  ¡es  anciens  dAae 
célébrité  que  ¡es  obfervations  des  modernes  ¡uj' 
ont  fait  perdre.  On  crovoit  qu  elle  favorifoit  les 
accouchemens , & qu’elle  appaifoit  ¡es  douleers 
des  femmes  en  couches.  Les  aigies  avoient  appris 
aux  hommes,  felón  les  anciennes  traditions,  cette 
merveilleufe  propriété,  qiPüs'Aavoicnt  mettre  a 
proíit  eux-mémes  en  placanr  des  ¿íuus  dans  Icors 
nids.  Fline  a parlé  fort  au  long  des  dtitcs ¡ de 
leurs  propriétés  & de  leurs  varietés.  J-Iairles  obfer- 
vateurs  fages  & circonfpeéls  ont  détruit  tout  ce 
merveilleux.  On  n’a  jamais  trouvé  a&tites  dans 
les  nids  des  aigies,  & ces  pierres  íi  vantées  ne 
font  plus  que  des  géodes  ferrugineufes.  Elles  de- 
vicnnent  queiquefois  fonores,  par  la  liberté  de  fe 
mouvoir  que  iaiiTent.  au  noyau  le  deffechemeiit 
& la  retraite  des  parties  intérieures. 
yETNA,  en  Sicile.  aitnaiqn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 
RR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Unique  en  argent.  (Torremufa'). 

Elle  étoit  íituée  au  pied  du  mont  Etna, 
yExNA , montagne  de  Sicile.  V.  yExKA. 
yETOLIENS.  AiTí2AaíT. 

Leurs  médailles  autonomes  font: 

RRRR.  en  or.  (^Eckkel). 

RR.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

Leurs  types  ordinaires  font  un  fanglier  cou- 
rant , une  máchoire  de  fanglier , & un  fer  de 
lance. 

yEX , c’eíl:  le  nom  d’une  des  nourrices  de  Júpi- 
ter, qui  fut  placee  parmi  Ies  afires.  V.  AdAMAN- 
thee,  Amalthée,  Curétes,  Mélisses. 
yEZANUS,  en  Phrygie.  aízaneítí2N. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

O.  en  or. 

R.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
riales  grecques,  en  Thonneur  dCAuguñe,  de  Ger- 
manicus  , de  Caligula , de  Claude  , d'Hadrien , 
de  Sabine  j de  Commode,  de  Caracalia,  de  Gor- 
dien-Fie,  de  Dominen,  d'Ántonin,  de  Marc- 
Auréle , de  Fauftine  jeune. 

AFFíCHES.  V'oye-:^  pour  ¡es  Grecs  AxoNES  , 
Cyrees,  & pour  les  Latins  Album,  Bronze. 

AFFINAGE.  Les  anciens  épiiroient  fcrupu- 
leufement  Ies  métaux  deñinés  á la  coafeólion  des 
monnoies  ; iis  ne  les  jugeoient  parfaitement  affines 
qu'aprés  les  avoir  fait  pafíér  trois  Se  quatre  foís 
dans  le  fourneau , & ils  ne  ceñbient  de  les  tra- 
vaiüer  qu  aprés  Ies  avoir  amenes  au  degré  de 
fineíTe  Sr  de  pureté  auquel  Pinduítrie  humaine  eíl 
«pable  d'atteindre.  LY-r,  ou"on  tro'avoit  enmaffes 
ifoiées,  nYtoit  point  fottmis  aux  opérations  de 
l'aíSnage  j ¡1  étoit  cenfé  avoir  naturellement  touts 


A F F 


A F F 

fa  pareté.  On  a fonvent  trouvé  de  ces  pépites  d’or  j 
du  polas  de  plus  de  dix  ii-  .-es  roniAÍnes.  L'or  eue  Ies 
ancicns  rariiaíioieat&  qu  on  raraaíre  encare  en  pail- 
lectes  ou  en  poudre  dans  le  Tape  , dans  le  Fó,  dans 
riieors  deTnracC;,  dans  le  Pactóle,  dans  ie  Gange 
& aiitres  fleuves,  eíl:  limé  & poli  par  !e  frotte- 
ment  5 il  contient  tres-peu  de  maticres  héréro- 
génes,  & il  fufflt  prefquc  de  luí  faire  fubir  qael- 
ques  iotions,  pour  le  nétoyer  parfaitemenr.  Mais 
Tor  tiré  des  mines  tier.t  toujours  une  portion 
d'argenc  plus  ou  moins  coníidérable , tantót  un 
dixiéme , tantót  un  neuviéme  Se  tantot  un  hui- 
tiéme  5 ainfi , l'or  fe  trouve  dans  Ies  mines  au 
titre  , tantót  de  zi  karats,  tantót  de  zi  karats  fé, 
tantót  de  zi  karats  r,  & rarement  de  zz  karats. 
Cependant,  Pline  parle  d'une  mine  dans  ¡es  Gaules, 
íituée  dans  un  lieu  appelé  AlbicrarerJ'e , ou  Fon 
trouvoit  de  Fot  qui  ne  contenoit  qu^une  trente- 
íixiéme  patrie  d’argent  , & qui  étoit  par  confé- 
quent  au  titre  de  zj  karats  fr.  Lorfque  Forconte- 
noít  jufquá  un  cinquiéme  d'argent,  on  Fappeloit 
eltñrum;  c’ étoit  de  For  au  dtre  de  ip  karats  jj, 
un  peu  plus. 

_ On  employoit  Falún  noir  & le  mify  (efpéce  de 
vitriol  marcial)  pour  purifier  For;  mais  il  paroít 
que  la  grande  opération  coníiftoit  á bien  frotter, 
a battre  For , á le  laver  pour  enlever  les  ma- 
tiéres  impares  les  plus  groífiéres.  On  le  faifoir 
fondre  eníuite , puis  on  le  réduifoit  en  poudre 
tres-fine , que  Fon  verfoit  dans  un  vafe  de  terre 
cuite  , rempli  en  partie  de  vif-argeac.  Les  parti- 
cules  d’or  pur  fe  précipitoient  au  fond  du  vafe  , 

& toutes  les  maticres  étrangéres  demeuroient  fur 
la  fuperncie  du  mtreure,  oú  eües  furnageoient 
comme  Fhuile  que  Fon  met  dans  un  vafe  á moitié 
plein  d’eau.  /.pres  cela,  on  verfoit  le  vif-argent 
fur  des  peaux  préparées , & For  pur  demeuroit  au 
fond  du  vafe. 

Pour  affiuer  Fargent  deftiné  aux  monnoies , on 
fuivoit  un  procéáé  analogue ; on  le  faifoit  fondre 
avec  du  plomb ; de  forte  que  pendant  la  fufion 
toutes  les  maticres.  étrangéres  á Fargent  s’en  de- 
tacho  ent,  & fe  réuniíToient  au  plomb,  pour  fe 
vitrifier  & erre  enlevées  avec  lui. 

Les  anciens,  pour  faire  FeíTai  ¿es  métaux,  con- 
noilToient  conime  nous  la  pierre  de  touche  , Qu’ils 
appeloieiit  ccticíila ^ heracLius  la'pis  Se  lapis  íydius y 
a caiife  que  dans  les  commencemens  on  n’en  tiroit 
que  du  fleuve  Tmolos,  qui  coule  dans  la  Lydie, 
pres  de  la  montagne  de  ce  nom  ; mais  on  .trouva 
en  d autres  endroits  de  ces  pierres  , qui  apnar- 
tiennent  á la  claíTe  des  pierres  aigilleufes.  Celles 
qu  on  rencontre  expofées  au  foleil  fur  la  fuperficie 
de  la  terre , ont  plus  de  vertu  , & font  meilleures 
que  celles  qu  on  tire  des  mines.  Par  le  m.oyen  d'* 
ces  pierres  & dun  peu  d’habileté  á s’en  fervir, 
les  anCicns  determinoient  avec  précifion  le  titre 
d un  lingot  d’or  ou  d’argent. 

-kprés  tant  de  manipulatlons,  peut-on  douter 
que  For  & Fargent  déftiaés  á écre  nionnoyés  , 


ne  fuíTent  enticrement  rursés  de  tont  alüase 
On  croit  crpcnáant  cifd  impcii.bíe  ¿’aífmer 
les  metaux  au  point  de  ne  leur  LrfiTer  rigonreufe- 
ment  cue-leur  matiére  propre  ; d’oú  ii  fuivroit  que 
jamais  on  ifauroit  va  d’or  n:  d’arsent  parfaitement 
purs.  On  obferye  conftamrr.er.t‘'que  plus  For  & 
1 argent  ont  eté  cuits  & punfies  par  le  feu,  pías 
ñls  font  eCiatans  & mous  : re  feu,  en  épurant  les 
métaux  , leur  enléve  done  une  matiére'qui  conf- 
ntuck  leur  dureté  & leur  folidré.  ?ííais*  ceci  eíl 
une  véntable  détériorarion  , qui  fait  perdre  au 
métal  une  qualité  qui  lui  étoit  eííentielle  : d’oü 
Fon  peiit  conclure  que  Ies  opérations  que  nous 
venons  d’expüquer  étoient  fufíifantes  pour  pro- 
curer  aux  métaux  deíHnés  á erre  monnoyés,  toute 
la  pureté  done  ils  font  fufceptibles.  Se  qu’aprés 
Ies  leur ayoir  fait  fubir,  on  doit  les  regarder  comme 
parfaitement  aíEnés  aa  titre  de  Z4  karats  pour 
For,  & de  iz  deniers  pour  Fargent.  {ídétrologie 
de  Pauclon'). 

AFFOIBLIR  les  monnoies , c’eft  en  diminaer 
le  poids  ou  le  titre.  Nous  ne  parlerons  que  du 
fecond  moyen  d’atroibliíTement  á Farticle  Allí  age. 
V.  ce  mot. 

AFFRANCHI,  libertus.  Les  efe!  aves  romains 
ayant  été  mis  en  liberté  par  FaífranchifTement , 
portorent  le  nom  de  Liberti , Se  jouiíToient  d’une 
partie  des  droits  qui  conñiruoient  Fétat  de  citoyen. 
Quelques  auteurs  ont  avancé  qu’il  ne  leur  étoit 
pas  permis  de  fe  faire  porter  en  ütiére  dans  Rome : 
mais  Suetone  ( c.  z8  , n.  3.)  dit  que  Fempereur 
Claude  accorda  á Ycjfranchi  Harpocrate,  le  dreit 
de  fe  fervir  de  litiére  & de  donner  des  jeux  pu- 
blics.  .Tufqu’au  régne  de  Dioclétien , Ies  ajfran- 
ckis  ne  purent  entrer  dans  le  fénat,  ni  parvenir 
dans  les  armées  á étre  décurions.  Mais  ils  ne  pou- 
voient  plus  étre  appliqués  á la  queltion  dans  les 
affaires  ou  leurs  patrons  fe  trouvoient  impliques. 
Milon,  accufé  du  meurtre  de  Clodius,  donna  la 
liberté  á fes  efclaves  , parce  qu’il  craignit  leur 
dépofition.  Ils  prenoient  les  noms , prénoms  de 
leurs  patrons,  & étoient  compris  dans  leurs  familles. 
Nous  trouvons  dans  les  écrivains  anciens  un  Pom- 
pems  Len*us  affrancki  de  Pompée  , un  Laurea 
Tullius  cffrancki  de  Cicerón,  Se  un  Cornelias 
Alexander  affrancki  de  Corneiius  Lentulus.  Ils  ne 
pouvoient  cependant  étre  enterres  dans  Ies  tom- 
beaux  de  leurs  patrons,  s'ils  n’en  avoient  été 
déclarés  héritiers  ; lors  méme  que  Finfeription 
portoit  monumentum  Jibi  , libertifq’J.e  fuis  fecit. 
Les  affr anchis  des  princes  & des  grands  étoient 
divifés  en  pluíieurs  clalfes  , relatives  au  degré  de 
faveur  dont  ils  jouifldient  auprés  d’eux.  Ainfi, 
Marcial  ( r.  z.  7. ) dit : 

Libertum  doñi  Lucenjis  q-asre  fecundum. 

Et  on  lit  dans  une  ancienne  infeription  ; Fecit. 

S13I.  ET.  PeTI.S.  COLLIBEE.TJE.  ERIM X.  UXOEI. 

Les  affranckis  étoient  admis  á combatiré  dans 
Ies  quatre  grands  jcux  appelés  hiéroniques  > Se 


go  A F F 

nolis  apprenons  d'une  ancienne  infcríptioa  cju  i!s 
pouvoienr  méme  exercer  le  facerdoce , qui  etoit 
attaché  au  corps  des  athlétes  xydiques. 

L.  Aurelio.  Apolausto.  Memphio.  Augg. 

LIB.  HIERONIC^.  CORONATO.  EX.  TON.  DIA- 
PANTON.  ApOLLINIS.  SACERDOTI.  SOLI.  VIT- 
TATO.  ARCHIEREI.  SYNHODI.  EX.  AUGG.  L. 

Aurelios.  Panículos,  qui.  ex.  sabanas. 

PATRONO.  OPTIMO. 

lis  marchoient  dans  les  funérailles  avant  le  corps 
de  leur  patrón , & ils  portoient  le  bonnet  des 
hommes  libres. 

On  pouvoit  remettre  fous  !e  joug  de  la  fervitude 
Ies  affnmchis  qui  témoignoient  de  ringraritude 
envers  leurs  anciens  maítres.  Cette  légiflation  , 
établie  par  les  loix  d’Athénes  j fut  adoptee  par 
les  Romains  ; & cette  ingratitude  confiftoit  á^re- 
fufer  fes  fervices  ou  fon  afliñance  a Tancien  maitre 
ou  á fes  liis.  Les  anuales  de  Rome  nous  ont  con- 
fervé  Ies  nonas  de  quelques  affranckis  , dont  Ies 
ridaeíies  prodigieufes  furpaííerent  de  beaucoup 
celies  de  leurs  p^rons.  Tels  furent  Derr.etrius  , 
Pallas  j NarciíTe  , Calliftus  ^ Licinus  & Crifpinus. 
Leurs  richeíTes  devenoient  la  propriété  du  patrón  ^ 
loríqif  i!s  mouroient  fans  enfans  & ah  intefiat. 

Tel  étoit  á Rome  Pétat  des  affranckis.  II  étoit 
a-peu-prés  le  méme  á Athénes  , & relTembloit 
beaucoup  á celui  des  Métoétes.  Ceux-ci  étoient 
tenus  á beaucoup  d’égards  & de  déférence  envers 
leurs  proftates  j ou  patrons,  & les  affranckis  envers 
leurs  anciens  maítres  ou  celui  qudls  étoient  obli- 
gés  de  fe  choiílr  pour  patrón.  Mais  ils  parvenoient 
rarem-ent  á f état  des  cito  yens  libres , fur-tout  s’iis 
avoient  recu  la  liberté  dxin  maitre  plutót  que  de 
la  républi^ue  j & en  récompenfe  de  leurs  fervices. 
Ces  derniers  ont  obtenu  quelquefois  tous  les  pri- 
viléges  des  citoycns  j malgré  les  réclamations  du 
peuple.  Ariñophane  s’en  explique  ouvertement  par 
la  bouche  d’un  de  fes  interlocuteurs  ^ dans  la  íixiém.e 
fcéne  du  fecond  adíe  des  grenouilles. 

lücii  yap  sfi  j rW  frctcty  y 

Yicti  IlhecTctiȒ  y Kmri 

=>  II  eít  honre  ux  d^égaler  aux  héros  de  Platée  , 
» & aux  citoyens  libres  des  efclaves  , pour  s’étre 
» trouvés  á un  feul  combar  naval.  « Le  crieur 
public  les  proclamoit  libres  dans  les  aíTemblées  du 
peuple,  mais  non  dans  les  jeuxpublics.  Cts  affran- 
ckis enfin  portoient  á Athénes  le  nom  de  bátards  , 
Kí'S-ó; : comme  s’ils  tenoient,  á Tégard  des  citoyens 
libres  , le  méme  rang  que  les  enfans  naturels  á 
l’égard  des  fils  légitimes. 

Affrancki  ( Fils  d'  ) , Liberxinus.  Voyez 
ce  mot. 

AFFRANCHISSEMENT.  Les  Romains  diftin- 
gnoient  rrois  fortes  ¿l  affranckifffmens.  Le  premier 
s appeloit  manumiffio  per  vindiBam  ; le  fecond  ma- 
numijjio  per  epzfiolam  (i  Ínter  atnicos  J 8c  le  troi- 
Ceme  manumijjio  per  teftamentum. 


A F R 

U affranthijfement  per  vindiBam  étoit  le  pluj 
folemnel,  & les  Latins  Texprimolent  par  une  lo^cu- 
tionparticuliére,  libenatem.  On  adonné 

deux  étimologies  différentesde  ce  mot  vindicare.  R 
vient  j felón  les  uns , de  Tefclave  Vindidus  , quj 
ayant  découvert  la  confpiration  des  fils  de  Brutus 
en  faveur  des  Tarquins  , fut  affranchi  pour 
fa  récompenfe.  D’autres  le  dérivent  de  la  ba- 
guette  vinaicha  , avec  laquelle  le  préteur  frappcit 
Fefclave  que  fon  maitre  vouloit  mettre  en  liberté. 

Cette  premiere  efpéce  ¿i affranckiffement  fe  pra- 
tiquoit  ainfi  : Le  maitre  tenoit  fon  efcíáve  par  la 
main  , enfuire  il  le  laiíToit  aller ; d’oú  cñ  venu  le 
mot  manumijjio.  II  íui  donnoit  en  méme-tems  un 
léger  fouffiet , qui  étoit  le  lignal  de  la  liberté. 
L'efclave  étoit  enfuite  conduit  par  fon  maitre  au 
confuí  ou  au  préteur  , qui  le  frappoit  légérement 
avec  fa  baguette  , en  pronon^ant  la  formule : do 
te  liberum  effe  more  quiritum,  Aprés  cette  formalité 
on  infcrivoit  Fefclave  fur  le  role  des  affranchis.  II 
fe  faifoic  rafer  la  tete  , & la  couvroit  avec  un 
bonnet  appelé  pileus , qui  n'étoit  la  coéffure  que 
des  vieilíards  ou  des  infirmes  de  condition  libre. 
De-la  vint  que  le  pileus  fut  pris  poar-le  íymbole 
de  la  liberté.  A la  mort  de  Néron , le  peupíe  parut 
dans  la  ville  avec  ce  bonnet , comme  s'il  eút  re- 
couvré  la  liberté  des  beaux  jours  de  la  république. 
Les  efclaves  terminoient  la  cérémonie  de  leur 
affranchijfement , en  allant  au  temple  de  Féronie , 
déeíFe  des  affranchis  , pour  y prendre  le  pileus  Se 
la  toge  aveeplus  de  folemnité.  On  confervoitdans 
ce  temple  un  fiége  de  pierre  qui  leur  étoit  deftiné  , 
& fur  lequel  étoit  gravee  cette  infeription  : bene 
MERIXI  SERVI  SEDEANT  , SURGANT  LIBERI. 

Lorfqu  un  maitre , ayant  invité  fes  amis  á un 
repas  , admettoit  fon  efclave  á fa  table , & Fy 
faifoit  aíTeoir  en  fa  préfence  , il  Faflfranchiflbit  per 
epiftolam  & Ínter  amic'os.  Les  Romains  fe  feroient 
regardés  comme  déshonorés  , sdls  avoient  mangé 
avec  un  efclave  5 de  forte  que , pour  le  faire  aíTeoir 
á leur  table , ils  étoient  obligés  de  Fafffanchir. 
JuRinien  exigea , pour  la  légitimité  de  cet  aéle , 
la  prefence  de  cinq  témoins  ou  amis  du  maitre. 

Quand  un  teftateur  ordonnoit  á fes  héritiers  de 
donner  la  liberté  á tel  efclave  qu’il  délignoit  par 
ces  mots  : Davus  ¡fervus  meus  , líber  efto  , il  Faífnn* 
chiíToit  per  tejiamentum  ; & cet  affranchi  étoit 
appelé  Orcinus.  K ce  mot.  Quelquefois  le  tefta- 
teur prioit  fimplement  fon  héritier  d’afftanchir 
1 efclave  ; ro^o  her&dem  meum  ut  davum  manu  mittat¡ 
alors  Fhéritier  confervoit  le  droit  de  patronage* 
On  appeloit  cet  efclave  Jiatu  lorfque  Fépoque 
de  fon  affranchijfement  étoit  fixée  par  le  teftateur;  SC 
il  ue  jouilToit  de  la  liberté  qu'á  cette  époque.  Lr* 
héritiers  pouyoient_,  jufqu  á cet  inftant , vendre 
1 efclave  , qui  devoit  rendre  a fon  nouveau  maitre 
le  prix  de  fon  acquilition  , au  moment  oú  fon 
efclavage  étoit  fini. 

^ Les  deux  derniéres  efpéces  S affranchijfetnens 
furent  toujours  en  ufage  chez  les  Romains ; mais 


A F R 

Premiere  , manumiso  per  vináiñatn  , eproura 
queques  changemens  fousles  empereurs  chrédens. 

Uepujs  que  ceux-ci  eurenr  embralTé  le  chrirtia- 
ni  me 5 Ies  affranchijfemens  ne  fe  firent  plusdansles 
temples  des  faux  dieux.  On  conduifcit  Tefclave 
daña  une  églife^  ou  Ton  oííroit  furfautel  j & on 
inoit  J acre  par  Jequel  le  maítre  aíFranchilToir  fon 
diclave.  L n ou  pluíieuts  ecciéfiaíciques  íignoient 
cet  ¡arique  les  lignamres  étoient  en^ufage  ^ 

^ Tefclave  devenoit  libre.  Cetce  maniere 

d tittranchir  , nommee  manumijio  in  ftzcrofcictis 
ecelefiis ,úewinr fort  á la  mode.  Les  affranchis  furent 
appeies  ecciéíiaftiquqs  & tabulaires  , parce  aif  en 
leur  donnant  la  liberté  dans  les  églifes  , on  en 
ecnvoit  I aéie  fur  des  rabies.  lis  étoient eux  & 
leur  poílénté  , fous  la  proteéiion  de  l’églife  qui 
Qí^clqnefois  au  défaut  d’enfans. 

L egJife  de  Sainte-Croix  d’Orléans  conferv'e  un 
de  ces  aéles  d affranchiíTemens  , gravé  fur  un  des 
piUers  de  fa  grande  porte.  II  atteíte  que  Letbert 
^ affranchi  par  .lean  ^ evéque  , & par  Albert  , 
vaflal  cette  églife  ^ en  préfence  duquel  Tañe  a 
cte  palie.  Ex  beneficio  sanct^  Crucis  per 

JOHANNEM  , EPISCOPUM  ^ EX  PER  AlBERTüM 

sanctjE  Crucis  casatuMj  factusest  líber 
Letsertüs  teste  _hac  sancta  ecclesia. 

j famiile  romaine  dont  on  a des 

medailles. 

RR.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

.AFRÍCANyE.  V.  Panthéres. 

ArRÍCANUSj  furnom  déla  famjlle  Cornelia. 

■Arricia  , efpéce  de  gáteauTacré. 

*»FííI^LAIN.  V . SciPioN.  Gordien  prit  ce 
furnom  á caufe  de  la  famiile  des  Scipionsj  dont  il 
defcendoit. 

AFRIQUE.  Ce  que  les  anciens  écrivains  ra- 
contení  de  fa  rertilite  j furpaíie  toute  croyance. 

Je  ne  penfe  pas^  dit  Hérodote  ^ oue,  uour 
ce  qui  concerne  !a  fertilité , on  puiíle  com- 
parer  1 Afrique  avec  1 Alie  & FEurope,  íi  Ton  en 
excepte  la  Cynipe,  qui  porte  le  méme  nom  que  fon 
fleuve  ; en  effet  ^ il  n y a point  de  terre  qui  foit 
plus  favorable  que  cette  derniére  pour  le  bled,  & 
GUI  en  produife  Javantage  5 auffi  eíl-ce  une  terre 
Eoire;,  arroféc  par  des  fources  ahondantes.  Elle 
n eprouve  m les  grandes  féchereíTes^  ni  les  giundes 
pluies  , quoiqu  il  pleuve  dans  cette  oartie  de 
j terre  ne  rippporte  pas  moins  que 

la  Babylonie.  La  contrée  des'Evefpérides  efi;  aufli 
fort  bonne  ^ & dans  Jes  meilleures  añnées , elle 
rc.nd  le  centuple  5 mais  celle  de  Cynipe  rapoorte 
trois  cents  pour  un. 

j 'T  ' ^Satd  du  pavs  de  Cyréne  j qui  eñ  ¡e  plus  haut 
de  la  Lybie  ^ & ou  habitent  les  Lvbiens  bergers  , 
il  contient  trois  plages  qui  font  dignes  d admira- 
tion.  Quand  Ies  granos  font  múrs  dans  la  premiere 
QUI  eít  maritime  , & que  la  moiffon  y eft  faite, 
€^ux  de  Ja  feconde  , qu  on  appelle  Ies  vadees  ¡ 

-Aüíiqiaees  , T»me  ¿ 


A F R Si 

snúriílent ; Se  , pendant  le  tems  qu’on  en  fait  la 
recoite,  ceux  de  la  plus  haute  plage  parviennenc 
a ia  mstunte;  tandis  qu’on  confomme  les  premiers 
rrUits  , Ies  derniers  s'accroiílént  de  múriifent.  C^eíl 
fi  ' le  tems  de  ia  moiíTon  dure  huir  mois  chez 
Ces  peuples  étoient  une  colonie  de 

I i-íe  de  1 beta  , Tune  des  Cyclades:  elleñit  fondée 
par  Barras.  Plufieurs  autres'Grecs  firent  voiledans 
la  íuite  vers  la  Lybie  , & fe  joignirentaux  Cyré- 
niens.  Ce  pays  abondoit  auíll  en  páturages  ea 

■ troupeaux  & en  laines. 

Foíiidomus,  au  rapport  de  Strabon,  (//i.  xv/r, 
P\57í-  ) ^ dit  quji  y a des  contrées  en  Afi-ique  , 
ou  Ja  terre  produit  deux  fois  dans  Fannée,  & ou 
j^on  fait  deux  moiílons  , l’une  au  printems,  & 
l^autre  dans  Teté.  Le  chaume  y eñ  de  la  longueur 
ae  cinq  coudées,  & de  la  groíieur  du  petit  doigt ; 
la  femence  rend  cent  quarante  pour  un.  Les  hal)i- 
tan_s  ne  reoandent  point  de  femence  au  printems  > 
j 3pr“s  avoir  arraché  Ies  mauvaifes  herbes , 
lis  laiíient  la  feconde  récolte  fereproduire  desgrains 
qui  font  tombés  des  épis  en  faifant  la  premiere. 

_ V arron  dit  que  dans  les  campagnes  de  la  pro- 
vince  á‘ Afrique,  ceft  á-dire,  dans  le  territoire  de 
Carthage  , aujourd’hui  le  royaume  de  Tunis  , les 
terres  rendoient  cent  pour  uñ.  Un  arpent  de  terre, 
a ce  compre , auroit  rendu  un  produit  net  d’en* 
viron  cinquante-deux  fetiers  de  bled  , & auroit  fuffi 
pour  la  fubfiítance  de  plus  de  vingt  perfonnes.  Oa 
ne  doit  pas  s'étonner  aprés  cela  que  , dans  le  tems 
d^e  la  dermere  guerre  punique  , la  ville  de 
Carthage  fut^peuplée  de  fept  cents  müle  habitans, 
comme  on  Tapprend  de  Strabon  , (p.  jy^.)  , & 
qu  elle  eut  dans  fa  dépendance  trois  cents  autres 
vides  dans  V Afrique. 

Piine , (^-  xviii,  c.  10.)  j enchérit  encore 
íur  cette  admirable  fertilité  des  terres  de  Y Afrique. 

II  n y a point , dit-il,  de  femence  qui  fe  multiplie 
comme  le  froment.  La  nature  , qui  Fa  deftiné  á 
faite  la  principale  nourriture  de  Fhomme  , a pris 
foin  de  le  douer  d"une  merveilleufe  fécondité  5 & 
cette  fécondité  eft  relie  , que  íi  la  femence  en  eft 
confiée  á un  fol  qui  lui  convienne  parfaitemenr , 
comme  celui  des  plaines  de  Byfacium  en  Afrique, 
il  rend  jufqu'á  cent  cinquante  modius  pour  un. 
Le  gouverneur  qu  Augufte  avoit  donné  á cette 
contrée,  envoya  a ce  pnnee,  comme  une  curioíité 
& un  prodige  de  la  nature  , le  produit  d’un  feul 
gtain  de  bled  , dont  étoient  forties  environ  quatre 
cents  nges  de  chaume  & autant  d’épis.  On  envoya 
auíii  a iiéron  un  pied  de  bled  de  ce  pays  , dont 
Ies  rameaux  s’étoient  multipliés  au  nombre  de  trois 
cents  quarante.  En  ne  fuppofant  que  trente  grains 
dans  chaqué  épi , il  s’enfuivra  qu^’un  grain  de  bled 
peut  produire  jufqu'a  douze  mille  grains. 

Piine  dit  encore  des  chofes  plus  étonnantes  , 
mais  moins  croyables  , du  territoire  de  Tacapé  , 
Tille  du  méme  cantón.  11  y a , dit-il  , une  ville 
á' Afrique  , lituée  fur  la  route  de  Leptis,  au  müiea 
des  fables  de  la  petite  Syrte,  mais  dans  un  terreia 

L 


St  A G A 

heureux  , áont  Fétendue  eft  d environ  trois  tnille 
pas  en  tout  fens.  Les  terres  de  cette  vü^e  5 
s'apoelie  ia  grande  Tacapé  ^ font  arrofées  par  une 
fource  ahondante  j donr  les  eaux  font  partagees 
entre  les  habítans , qui  en  jouifíent  chacun  á leur 
tour  pendant  un  certain  tems  de  la  journée.  On 
plante  d'abord  de  grands  palmiers , eníliite  fous  les 
palmiers  des  oüviers  ^ puis  des  figuiers  fous  les 
oliviers  ^ fous  les  figuiers  des  grenadiers  , des  vignes 
fous  les  grenadiers  ^ & fous  les  vignes  enfin  on 
féme  du  froment , enfuite  des  leguraes , puis  des 
herbes  potagcres  j le  tout  dans  la  méme  ann£e;^& 
tqutes  ces  chofes  réuíTiíTent  á Fombre  les  unes  oes 
autres.  Quatre  coudées  en  quarré  de  ce  terrein  fe 
vendent  quatre  deniers ; & il  faut  obferver  que 
ces  coudées  ne  font  point  de  celles  qui  fe  mefurent 
jufqu^au  bout  des  doigts  , inais  de  celles  qui  fe 
Hiefurent  du  conde  au  bout  de  la  main  fermée.  II 
faut  encore  remarquer  que  la  vigne  y proauit  deux 
fois  j & que  Fon  fait  les  vendanges  deux  fois 
Tannee ; de  maniere  que  li  j par  cette  multiplicité 
de  produétions,  on  tfépuifoit  pas  la  troj)  grapde 
fécóndité  de  cette  terre,tous les  fruits  y périroient 
par  Fexcés  des  fucs  nourriciers.  Ainfi , pendant 
toute  Fannée on  cueille  quelques  fruits^  & la  terre 
ne  fe  trouve  point  fatiguée. 

D^ou  Fon  peut  conclure  qu’un  arpent  de  cette 
terre  j fi  elle  a jamais  exiílé  j fe  vendoit  9289  de- 
niers j ce  qui  j á raifon  de  i y.  fous  le  denier  ^ fait 
<3967  livres.  La  coudécj  dont  il  s’agit  ici  ^ eft  le 
pied  phüétérien. 

C^eíl  la  coutume  en  Afrique  de  renfermer  le  bled 
dans  des  creux  fous  terre  , foit  aux  champs  ou 
dans  les  maifons  de  canipagne  ^ & principalement 
en  tems  de  guerrcj  pour  le  foufiraire  aux  courfes 
des  ennemis.  Céfar  ayant  découvert  quelques-uns 
de  ces  greniers  fouterrains  ^ á dix  mille  pas  de  fon 
catnp,  partir  á minuit  avec  deux  légions  Se  toute 
fa  cavalerie , & les  alia  enlever.  Cafar,  de  Bello 
Afric.  Métrologie  de  PauSou. 

JJA/rique  eft  repréfentée  fur  les  médailles  par 
tiñe  tete  de  femme  , coéífée  avec  la  dépouille  d’un 
éléphantjdont  la  trompe  avance  au-deffus  du  firont. 
Cette  coéfrure  eft  particuliére  á quelques  reines 
á’Egypte.  On  voit  ordinairementaupresde  V Afrique 
un  feorpion,  un  ferpent  ou  un  lion , animaux  qui 
■ naiíTent  tous  dans  cette  partie-  du  monde  ^ ou  eiifin 
des  montagnes  qui  font  aüufion  auxfept  montagnes 
de  la  Mauritanie  Tingitane. 

’ata' AMATA.  On  appeloit  de  ce  nom  ^ dans  le 
tems  ou  Homére  écrivoit,  tous  les  ornemens  des 
temples ; mais  il  fut  aíreílé  par  la  faite  aux  ñatues  ^ 
qui  devinrent  le  plus  bel  ornement  des  édifices 
facrés. 

ACAMÉ  DE  5 fils  d'Erginus  j Se  fréredu  célebre 
Throphonius  , fut  un  célebre  artchitecle  : c’eíl  lui 
qui  bátit  avec  fon  frére  le  temple  d" Apollen  á 
Delphes.  C’eñ  pour  cela  qu’on  Fa  regardé  comme 
un  héros , & qu’on  lui  a elevé  dans  la  Crece  des 
manumens  héroiqaes.  Plutarque  dit  aprés  PindarCj 


A G A 

qu’ayant  achevé  le  temple les  deuxfréres  deman- 
dérent  leur  récompenfe  au  dieu.  II  leur_  ordonna 
d’attendre  huir  jours  ^ be  cependant  de  faite  bonne 
chére  5 mais  aprés  ce  tems  écouié  , ils  farent 
trouvés  fans  vie.  Paufanias  raconte  autrertsent  ia 
mort  d’Jgamede  : la  terre  s'étant  entr’ouverte  fous 
fes  pieds , Fengloutit  tout  vivant  dans  uii  fouterrain 
que  Fon  nomma  depuis  la  folie  d Agam^ae  , & qui 
étoit  dans  le  bois  facré  de  Lébadée.  On  la  voyok 
encore  du  tems  de  Paufanias  , atec  une  coíohíIc 
que  Fon  avoit  élevée  au-deffus.  í-aufanias  raconte 
une  fourberie  des  deux  fréreSj  qui  aaroit  du  les 
rendre  indignes  du  nom  de  heros.  PE  ríyRiEus , 
Throphonius. 

A G A M É D E , filie  d’Augeus  , eut  un  fils  da 

Neptune  j nommé  Aítor  , v 

AG AMEMNON^roi  d' Argos  & de  Micenes,eto!t 
petit-filsdufameuxPélops,  & frére  de  Ménéias.  Ho- 
mére nomme  fouv enríes  deux  ítetesAtrides ,c  eft- 
á-dire  , fils  d’Atrée , quoiqu  ils  fuffent  réellement 
fils  de  Piiñéne  ^ frére  dEAtrée.  Thyefte , fon  onde , 
s^’étant  emparé  du  troné  d’ Argos  ,,  obligea  Aj-íz- 
memnon  de  fe  retirer  a Sparte  , 011  régnoit  1 indare. 
Le  roi  de  Sparte , felón  Euripide  ( i ) , avoit  raarié 
fa  filie  Clitemneítre  a Tantale , fils  de  Thyefte  ; 
mais  étant  mécontent  de  cette  alliance , il  oirrit 
á Agamemnon  de  Faider  a recouvrer  fon  royaume 
fur  Thyefte,  & á enlever  ía  filie  á Tantale  , pour 
Fépoufer  lui-méme.  Le  prince  Atride  accepta  la 
condition  , & , avec  le  fecours  de  Tyndare , il 
chaffa  Thyefte  dEArgos,  tua  Tantale  fon  fils,  8c 
époufa  Clytemneftre , dont  il  eut , feio-n  Sopho- 
cle  (2) , quatre  filies , Iphigénie  , Eleélre , Iphia- 
naffe  & Chryfotemis  , avec  un  fils  , le  fameux 
Oreñe.  Euripide  ne  nomme  que  deux  filies , les 
deux  premieres. 

Agamemnon.  étoit  devenu  le  plus  pu’ffant  prince 
de  la  Crece  ; lorfque  la  guerre  de  Troje^  com- 
menca,  Faffemblée  des  états  de  la  Crece  le  aec'ara 
genéraliífime  de  Farmée.  Déla  vient  que  les  poetes 
le  nomment  fouvent  le  roi  des  rois  ; fa  qualité  de 
généraliífime  lui  donnant  Fautonté  fur  Ies  fouve- 
rains  qui  marchérent  á cette  guerre.  Lorfau  on  fut 
prés  de  s^embarquer  , Calchas  annonqa  que  , pour 
avoir  une  heureufe  navigation  , il  falloit  i\iinio->er 
á Diane  Iphigénie;  fon.  pére  confentit , & envoya 
■de  lui-méme , & fans  y erre  forcé , un  ordre  précis 
á la  reine  de  faire  partir  fa  filie , comme  Menélas 
le  reproche  á fon  frére  danslTphigénie  d'furipide. 
Ce  fut  le  pretexte  dont  Clytemneftre  couvrit 
parrkide  qu  elle  commit  dix  ans  aprés  , lorfqu  eha 
fit  affaffiner  fonmari  au  retour  deTroye.  L’amout 
á’ Agamemnon  pour  Chrifeis  fut  fatal  á Farmee 
grecqueEpar  ia  pefte  quclle  v fit  naítre.  JE  ChRI' 
SEIS.  Voulant  arréter  ce  fiéau  , ¡1  confentit  a la 
rendre  á fon  pére  , mais  a condition  off  Achu.e 
Quitteroit  auífi  Briféís.  II  fit  done  enlever  de  la 
tente  de  ce  héros , & conduire  dans  la  fiepns 

( I ) Ipnijénie  , zSte  z, 

di  Eleárc . añe  i. 


A G A 

Tefclave  Brifíís.  Achüle  ceíTa  dés-Iors  de  rom- 
battre  les  Troyens,  Sccaufa,  par  cetre  inaction  , 
la  mortde  pIulieursGrecs.  ACKILI.E3BR.YSÉÍS3 
Chrisbís  , Chrisés. 

Outre  le  pretexte  de  la  mort  d’Iphigénie  , fa 
femme  pri’t  encore,  pour  le  faire  mourir,  celui 
des  infidélités  qu"il  luí  avoit  faites  ; car  , pendant 
que  la  flotee  grecque  attenáoit  en  Aulide  que  les 
vents  ceflalTent  d^etre  contriires,  il  s’attacha  á un 
jeune  homme,  nommé  Argynnus  ; & apres  la  prife 
de  Troye  , il  devint  éperduement  amoureux  de 
CaíTandre , filie  de  Priam , que  Ch'temneítre  fit 
aíTaíIiner.  La  mort  a Agamemnon  fait  ¡e  füjet  d'une 
tragédie  d’Efchile  & de  Sénéque.  V.  C lyt  e m- 

NESTRE,  EgISTE,  O R E S T E , Iph  I GÉ  N I E , 
É L E C T P..  E. 

AGANICE  , filie d’Hégétor  , TheíTalien,  ayant 
appris  la  caufe  des  éclipfes  , & le  tems  ou  elíes 
aevoient  arriver  , publia  enfuite  qu’elle  alloit,  par 
fes  enchantemens,  attirer  la  lime  furia  terre.  Elle 
exhorta  en  meme-tems  les  femmes  theífa'iennes  á 
faire  avec  elle  un  grand  bruit , pour  la  renvoyer  á 
fa  place  ; dans  la  fuite  , lorfqu  on  voyoit  le  com- 
mencement  d’une  éclipfe  , on  faiíbit  , á fon 
cxemple , un  grand  bruit  ayec  des  chaudrons  & 
d’autres  inftrumens  , pour  empécher,  difoit-on  , 
d’entendre  les  cris  & les  invocations  des  magi- 
ciennes.  Déla  vint  aufli  Topinion  qu^on  av'oit  des 
forciéres  de’  Theftalie  , auxquelles  on  attribuoit  le 
pouvoir  d’attirer , par  leu’rs  enchantemens,  la  lune 
fur  la  terre. 

AGANIPPE,  fontaine  de  Béotie,  que  le  cneval 
Pégafe  fit  fortir  de  terre  d’un  coup  de  pied.  Voye^ 
PÉGASE,  líIPPOCRÉNE. 

AGANIPPIDES  , furnom  des  Mufes.  II  leur  fut 
donné,  parce  que  la  fontaine  Aganippe  leur  étoit 
confacréé. 

AGAPENOR  , fils  d’Ancée  , qui  commandoit 
les  Arcadiens  au  liége  de  Troye. 

AG.A.STHÉNES  , fils  d'Augias  , V.  AIoeio- 

NIDÉS. 

AGATE.  Les  anciens  ont  fait  un  fi  grand  ufage 
de  cette  pierre  pour  grave r , que  nous  devons  lui 
confacrer  un  arricie  de  ce  diófionnaire.  Le  nom 
Á’Acatkes  lili  fut  donné  á caufe  d’un  fleuve  de 
Sicile  du  méme  nom  , aujourd’hui  le  Orillo  , fur 
Ies  bords  duquel  on  ramaíia  les  premieres  agates. 
Ces  pierres  font  divifées  d'abord  en  deux  efpéces, 
relatives  aux  pays  d'oú  on  les  tire  , & á leurs  pro- 
priétés.  _ Les  agites  orientales  font  fáciles  á diftin- 
guer  par  leur  netteté  , ' leur  tran.fijarence  , & la 
beauté  du  poli  dent  elles  font  fufcepriblcs.  - Les 
agates  occidentales  au  contraire  font  obfeures  , 
leurtraniparence  efi  ofíiifnuée,  & elles  ne  prennent 
ordinairement  cii'un  poli  gras.  Toutes  Íes  agates 
que  1 on  trouve  dansfOrient,  n’ontpasles  qualirés 
qu  on  leur  attrioue  ordinaírementjSc  on  rencóntre 
quelquefois  en  Occicentdes  agates  queronpourroit 
eomparer  aux  orientales. 

Les  agates  occidentales  portent  ordiaairement 


A G A 83 

le  nom  ¿tagstts  d’Allemagne  , parce  qu'elles  vien- 
nent  prefque  toutes  de  certa  conttée.  Les  anciens 
artilles  etrufques  , gr-ecs  Se  romains  Dttoilie.nt  ne 
les  avoirpas  connues;  Se  Ton  ne  trouve  ¿.zs  agates 
occidentales  , travaillées  par  les,Romains  , que 
dans  les  bas  fiécles  , ou  les  arts  étoient  fur  leur 
declin. 

On  diifingue  en  general  les  agates  par  leurs  cou- 
leurs.  J-crfque  celles-ci  font  foiblement  prononcées 
Se  m.élées  les  unes  avec  Ies  autres , elles  dennenr 
leurs  noms  aux  : relies  font  les  agates  rougts  , 
blanches  , Scc.  Mais  fi  íes  couleiirs  font  vives  Se 
tranchées  nettement  , on  appelle  cornalines  les 
agates  d'un  rouge  de  fang  , fardoines  les  agates 
de  couleur  orangée,  prafes  les  agates  vertes.  Se 
calceaoinesles  agates  qui  font  d’un  blanc  bleuátre. 
On  en  pariera  á leurs  arricies.  • 

Les  agates  ont  des  qualités  qui  peuvent  fe  trou- 
ver  dans  toutes  Ip  pierres  de  ce  nom.  TeJes  font  les 
agates  herborifées  , les  agates  onyees  , les  agates 
bapées , Se  les  agates  oeiilées.  Les  anciens  n’ont 
point  fait  ufage  des  premieres  ni  des  derniéres  ; 
c’eft  pourquoi  nous  n’en  parlerons  point.  On 
pourra  conful ter  , fur  les  fecondes , Tarticle  Onyx. 

Quand  une  raie  blanche  rraverfe  untagate  , elle 
eft  appelée  barrée.  Cet  effet  eíl  produit  par  la  coupe 
de  la  pierre , qui  étant  oriyce , a été  fciée  vertica- 
lem.ent  par  -rapport  aux  zónes  de  couleurs  , au 
lieu  d’avoir  été  coupée  parallé'ement  á ces  memas 
zónes.  On  ne  fait  pas  la  raifon  pour  laquelle  Ies 
anciens  ont  gravé  fouvent  fur  des  agates  barrees 
mais  elles  ne  plaifent  point  á Tcei!.  D’ailleurs , 
on  obferve  un  défaut  plus  défagréable  encore 
dans  ces  pierres  ; c’eft  que  les  figures  gravees 
font  difficiles  á difiinguer  , Se  paroiffent  , en 
quelque  facón  , rompues  Se  eílropiées.  Mariette 
a remarqué  que  les  Etrufques  , en  particulier  , 
avoient  fait  un  ufage  fréquent  des  agates  barrees. 
Ce  goút  bizarre  étoit  peut-étre  né  de  quelque  fu- 
perñition. 

On  trouvera,  a l’article  des  vafes  Murrins  , 
la  deicriprion  du  célebre  vafe  ééagate  qui  eft 
confervé  á S.  Denis  e.n  France  , & de  quelques 
autres  femblables.  La  belle  agate  de  la  Sainte- 
Chapelle  de  Paris  fera  décrite  á l’article  Apo- 

THÉOSE. 

AGATHOCLE,  roi  de  Sicile.  ArA©OKAEOS. 

Ses  médailles  font  : 

RR.  en  or. 

RR.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

AGATHODEMON.  Ce  nom  eft  grec,  Se  veúí 
dire  bon  gente  , íyaí'.s  II  paroit  que  ce  nom 

fut  donné  á la  divirité  que  les  Egj’ptiens  appe- 
loient  Cneph  , par  les  écrivains  grecs  qui  yoya- 
gebient  en  Eg’/pte  5 & l’on  fait  que  \ ulcain  fut 
depuis  Fembíérrie  Tous  lequel  .les  _ Grecs  repré- 
feñrérent  dans  leur  temple  la  divinité  Cxeph.  V. 
cet  arricíe.  . , ^ . 

Les  Egyptiens  dorinérent  auífi  íe  -tñéme  Ksm 

L ij 


í?4  A A 

Á’ jigatho-Démon  au  Nii  ou  á fes  fymbokSj  & en 
particulier  {Ptolom.  Geogr.  lih.  ir , c.  j.)  au  bras 
¿e  ce  fleuve , qui  j aprés  avoir  arrofé  la  partie 
gauche  da  grand  Delta  ^ fe  jetoit  dans  la  mer  par 
Tembouchure  d’Héracleum  ou  de  Canope.  Ce 
peuple  adorant  la  providence  ou  la  bonté  de  Dieu 
íbus  Tembléme  de  Cneph  ou  ¿iAgatho-Démon , 
donna  par  analogie  ce  dernier-nom  aa  fleuve  qui 
étoit  pour  lui  rinñrument  de  cette  providence. 
Ceíi  lui  qui  étoit  adoré  á Canope,  felón  Jablonski, 
qui  a prouvé  évidemment  que  ces  limulacres , 
appelés  autrefois  baucalia  &-  aujourd'hui  canopes  , 
nktoient  qu’un  nouvel  embléme  de  l’Agatko- 
Démon-Fleiivs. 

Les  colledíions  d’antiquités  égpptiennes  ren- 
ferment  quelques  repréfentations  du  ferpent  Aga- 
tho-Démon , mais  elles  font  en  petit  nombre. 
Cette  rareté  paroítreit  extraordinaire , li  Ton  fai- 
foit  attention  au  reípeéi  que  les  Egyptiens  avoient 
pour  ce  reptüej  mais  on  peut  Fattribuer  á fa 
forme,  qui^,  paroiffantodieufe  aux  premiers  Chré- 
tiens  , a du  le  faire  détraire  avec  empreíTement. 
Ckíl  par  le  niéme  principe  qu  ils  ont  détruit  ou 
mutilé  Ies  fíatues  de  marbre  noir  & de  pierre  de 
la  meme  couleur  qui  paroilíbit  affedlée  au  démon. 
On  yoit  cependant  encere  quelques  bronzes  qui 
repréfentent  un  ferpent  dreíTe  fur  les  derniéres 
rertébres  de  fon  corps  & la  tete  élevée , avec  des 
comes:  cellp-ci  foutiennent  fouvent  un  difque, 
tel  que  celai  dont  líis  eíl  íi  fouvent  coéíFée  j & 
ckíl  ainíi  quil  paroít  quelquefois  fur  les  mé- 
dailles. 

Sur  les  abraxas  & fur  quelques  médailles  d’Ha- 
drien , ce  ferpent  porte  la  tete  de  Séfapis  , qui 
remplace  la  fienne  : alluíion  evidente  au  Sérapis 
du  Nil,  divinité  de  Canope,  & fecend  embléme 
de  ce  fleuve,  qui  avott  été  pren  iérement  repré- 
femé  par  Agntho- 'Démon.  La  tete  de  é/'gatko- 
Démon  eft  fouvent  rayonnahte  fur  les  mémes 
abraxas.  Le  comte  de  Caylus  {^Ric.  4,  17^ 

■ 2-3  Rec.  6,  pl.  10, 72“.  1 , 2. ) a fait  deíílner 
deux  figures  de  ce  ferpent.  La  premitre  eft  de 
ferpentine  verte,  tacherée  de  r.oir,  qui  reífemble 
zja  peau  des  ferpens,  & oue  les  Egvpnens  ont 
d ailleurs  fouvent  employée.  Cette  nreraiére  re- 
préfentation _ portoit  la  tete  de  Séfapis,  & la 
íéconde , qui  étcit  de  bronze , avoit  fur  la  tete 
un  difque  foutenu  par  deux  comes.  Le  cabinet 
de  bamte-Geneviéve  en  renfenne  deux.  Fuñe  de 
bronze , & l’autre , qui  confifte  en  une  limpie  tete 
de  dragón,  eft  de  corail.  . 

Les  appendices  qui  paroiíTent  fur  la  tete  des 
Agaho-Démons , Ies  foht  reconnoítre  pour  Vanguis 
cerafses  de  Linnée  & d'HaíTelquift,  Se  en  francois 
cerañe  ou  couleuvre  cornue.  On  fait  que  ces  pré- 
tendues  comes  ne  Gut  qu’un  prolongement  des 
patmieres  fiipédeiires  / Se  que  cette  couleuvre 
a eft  ppint  ’í’cnimeúfe. 

ÁGATHyRbíUS  j Sis  d’Eoíc  , dieu  des  vents,  I 


A G D 

sktablit  fur  Ies  cétes  de  Sicile , oú  il  fonda  ua» 
vilie  de  fon  nom. 

AGATYRSEj  fils  d’HercuIe  & d’Echidna, 
V.  Echidná. 

AGATHYRSES , ancien  peuple  de  la  Sarmatie 
d^Europe.  Virgile  les  appelle  Ricli-Agatkyrfi  ^ ^ 
les  com.mentateurs  ont  donné  deux  explications 
difterentes  de  cette  épithéte.  Les  uns  Fentendent 
des  couleurs  diverfes  dont  ils  teignoient  leurs 
habits  5 d'autres  penfent  qu  ils  fe  peignoient  Ig 
corps  Se  Ies  cheveux , pratique  tres  - uíitée  de  nos 
jours  chez  les  peuples  fauvages,  & parmi  cem 
de  la  mer  du  Sud  en  particulier. 

AGAVE,  filie  de  Cadmus  & d’Hermione 
epoufa  Echion  , & fut  mere  du  malheureux  Pen- 
thée  , mais  une  mere  barbare  , que  la  fureur  pour 
le  cuite  de  Bacchus , tranfporta  jufquau  point 
d'animer  les  bacchantes  á déchirer  avec  elle  foa 
propre  fils.  Cependant  on  rendir  á cette  mégere 
les  honneurs  divins,  foit  parce  qu  elle  avoit  co.n- 
tribué  avec  fes  foeurs  á Féducation  de  Bacchus , 
foit  á caufe  de  fon  prétendu  zéle  pour  le  cuite 
de  Bacchus.  D’ailleurs  , la  fureur  qui  lui  fit  com- 
mettre  ce  crimc  , étoit  une  fuite  de  la  colére  de 
•Tunon  contra  la  maifon  de  Cadmus.  F.  Cadmus, 
Semelé,  Pentkée. 

^AgA-VÉ,  ckft  auífi  le  nom  d’une  des  cinquante 
néréides. 

AGDESTIS  8c  Agdistis  , génie  d’une  forme 
humaine , mais  de  Fun  & de  Fautre  fexe.  On 
raconte,  ditPaufanias,  {Ackaic.  c.j.)  queJupiter 
en  dormant  eut  un  fonge  dont  les  fuires  produi- 
íirent  le  génie  á qui  on  donna  le  nom  d’Agdifiis. 
Les  dieux  craignaat  ce  monftre , le  privérent  des 
Patries  qui  le  faifoient  homme,  & de  ces  memores 
decíiírcs  naquít  un  amandier  qui  portoit  un  trés- 
beau  fruir.  La  filie  du  fleuve  Sangar,  connue  fous 
ie  nom  de  Sangaride  ,_cuei!iit  ces  belles  am.andes, 
8c  íes  mit  dans  fon  fein ; mais  Ies  amandes  difpa- 
rurer.t  d abord,  8c  la  nvmphe  fe  troava  enceinte: 
elle  accoucha  du  bel  Atys  qu  elle  expofa , & qui 
fut  noarn  par  une  chevre.  II  devint  grand  Se  d’une 
beauté  fans  égale  , en  forte  q\xAgdifiis  lui-méme 
fe  paífionna  pour  cec  adolefeent.  Quand  Atys  eut 
atteiat  1 age  viril , on  Feavoya  á la  cour  du  rol 
de  PeíTinunte  pour  y époufer  fa  filie.  On  com- 
m^enqoit  déjá  les  cérémonies  du  mariage,  & Ton 
chantoit  i hymenée  , lot^oa  Agaifiis  arriva.  Ce 
mauváis  gtnie  .fit  naitre  fur-le-chatnp  un  mouve- 
menr_  de  fureur  dans  Fame  d'Atys,  qui  fe  mutila 
de  lui-méme.  Le  roi , tranfporté  de  rage , imita 
Iw  malneufeax  Atys.  Agdiftis  fe  repentít  enfuite 
de  cette  aíStion  j & pour  réphrer  en  Queloue 
forte  le  mal  quil  avoit  fait  á Atys,  ii  obtint  de 
Júpiter  qu  aucun  des  membres  de  ce  beau  kune 
homme  ne  poiirriroit  & ne  pourroit  íe  ííetrir» 
PdU-anias  raconte  cette  fible  tidicule  comrr.e  nne 
tradinon  etablie  chez  Ies  babitans  áe  PeiTuiunte. 
F.  Atys. 


AGE 

A GE.  Fendant  que  les  msgiítrsts  romains  pre- 
RO’cnt  Ies  aufpices  ou  qu'ils  facrinoient , un  crteur 
cu  huiííier  répéroit  le  mot  age,  pour  engager  les 
fpettateurs  á redoabler  d attention. 

Ce  mot  éroit  encore  employé  dans  les  facrifices 
par  le  prétre  ou  par  celui  qui  offiroic  le  facriScej 
mais  dans  un  fens  difrérent.  Le  victimaire  étant 
pres  d'immcler  la  viótime , leur  difoit  agón  pour 
“gone , frapperai-je  ? & ils  luí  répondoient  age 
eu  koc  age  , frappez.  ( Ovid.  fafi.  j.  .321.)  ; 

Qui  calido  flriBos  tinBurus  fanguine  culeros 
Semper  agone  rogat , nec  nifi  jujfus  agit. 

AGE  d’oRj  aged’argent,  age  d’airaiN;, 
Age  de  fer.  Ce  font  Ies  quatre  dges  da  monde 
qui  fuivirent  la  formation  de  For , fuivant  Ies 
poetes.  II  ont  place  Váge  d'or  foas  le  regne  de 
Saturne pendant  lequel  on  vit  régner  fur  la  terre 
rinnocence  & la  julHce  : alors  , difent-üs^  la 
terre  j fans  avoir  beíbin  d'étre  cultivée,  produi- 
foit  d'elle-méme  tout  ce  qui  eft  néceíTaire  & utiie 
a la  vie  ; des  íleuves  de  Jait  & de  miel  couloient 
de  toutes  parts.  Dans  le  liécle  d’argent  , les 
hommes  commencérent  á erre  moins  heureux  & 
moins  jalíes.  Dans  r%e  d^airain,  iis  devinrent 
mechansj  mais  leur  malice  ne  fe  declara  ouver- 
tement  que  dans  Váge  de  fer.  Cecte  allego  ríe  nous 
apprend  que  les  hommes  degénérérent  de  leur 
preraicre  innacence  ^ & fe  pervenirent  par  degrés. 
Mais  elle  fe  foutient  mal  dans  les  idees  poétiquesj 
car  des  le  liécle  de  Satume  ^ qui  eft  Váge  d’or , on 
voit  les  guerres  les  plus  fanglantes  & les  crimes 
les  plus  affreux.  Saturne  détróne  fon  pére  Uranusj 
il  eft  lui-méme  détróné  par  fon  íils  "Júpiter  ^ & 
celui-ci  eft  obligó  de  fe  déféndre  contre  toute  fa 
famille. 

On  trouve  ce  fyftéme  expofé  plus  au  long  dans 
1 ouvrage  d’Hcliode  , intitulé  : Opera  & dies.  Le 
poete  fait  á fon  frére  rhiñoire  des  liécles  écoulésj 
& lui^  montre  le  malheur  conftamment  attaché  á 
1 injuííice  , pour  Ten  detourner. 

Age.  Les  Romains  partageoient  en  trois  ages 
tout  le  tems  qui  les  avoit  precede.  age  obícur 
ou  incertain  , qu  ils  etendoient  jufqa’á  Ogygés , 
rol  de  I Attique  j fous  lequel  arriva  le  de'luge  de  la 
Greca;  Y áge  des  fables  ou  des  héros,  jufqua  la 
premiere  olympíade  , & Y ¿ge  de  Fhiftoire  ^ qui 
commence  á la  fondation  de  Reme. 

Age  du  monde.  Les  chronologiftes  divifent  ordi- 
nairement  le  tems^cai  s'eft  écoiilé  ^ felón  les  écri- 
depuis  ia  création  du  monde  jufqu^au 
Meíiie,  en  fept  ágts.  .vous  donnons  ici  un  détail 
de  ces  ages  fuivant  le  texte  grec  ^ qui  les  renferme 
dans  un  eipace  de  óooo  ans  précis  ^ avec  les 
preuyes  abrégées  ^ d'aprés  le  fyftéme  de  Boivin 
1 ame.  Ce  lavant  académicien  a travaiilé  nendant 
plus  ae  cmquante  ans,  avec  une  applicatidn  coaf- 
taiKe  a óciaircir  Tancienne  chroaológic. 


I.  Age.  Depuis  la  création  jufqu'au  dé- 

luge,  a duré ^ . 

IL  Age.  Depuis  le  déluge  jufqu’aux  lan- 


a'-*. 

22Ói 


gues. 


-^g-'  Depuis  Ies  langues  lufcu^’á  la 

vocation  d’-Abraham ' , , 

CDe-lá,  jufqu'a  Fentree  de 

W.  Age.  ) ^ Egypte.  . . 

J De-la  , juiqu  a la  lortie  d’£- 

C g,vp*^" 

V-  Age.  De-lá  jufqa'á  Saül.  . . . 

\I.  Age.  Depuis  Saül  jufqu'á  Cyrus.  . 
YII.  Age.  Depuis  Cyrus  jufqu'á  Fére 
vulgaure  des  Chrétíens 

Total.  . . ~ 


12.6  í ans. 


73  S 

430 

5§3 

Jñ 

6c  00 


Premier  age 

_ Depuis  la  création  d'Adam  jufqu  á la  miftánce 
de  Seth,  {Bible  grecque,  Genefe , ckap.  v , vcl  z - 
Cedrenus , pag.  6).  . . . . . . . 

De-lá  á la  naiíTance  d'Enos , ( Gen.  gr. 

V.  6) 

De-lá  á la  naiíTance  de  Caínan  I,  {Gen. 

gr.v.c,}.^ 

De-lá  á la  naiíTance  de  Malaleel,  ( Gen. 

gr.  V.  12). 

De-lá  á la  naiíTance  de  Jared,  {Gen.  gr. 

• 

De-lá  á la  naiíTance  d'Enoch  , {Gen.  gr. 

V.  18) . . _ 

De-lá  ala  naiíTance  de  Mathufala,  (Gen. 

gr.  V.  

De-lá  á la  naiíTance  de  Lamech,  ( Gen. 

vulg.  V.  Zf).  . . . • 

De-lá  á la  naiíTance  de  Noé,  (Gen.  gr. 

V.  28) 

De-lá  au  deluge  inclullvemenr , {Gen. 

vil,  6.  11) 

ToTALfuivant  la  benne  leqon  des  Septante.  2262 


■IOS 

Icp 

170 
16  s 
162 
i6s 

187 

188 

6c50 


Ces  2262  ans  font  atteftés  par  JuJe  Africain, 
áznsSyncelle,  pag.  20,  33 , 83  ; par  S.  Epiphane, 
MX  ríereaes  , pag.  j ; par  S.  Auguftin  , Cité  de 
Dieu,  liv.  XV,  ckap.  13  & 20,  & fur  la  Genefe, 
q.  2.  Suivant  cinq  exemplaires;  favoir,  trois  grecs, 
un  latin  & ^un  fyriaque ; par  le  Pafchalion  011 
Chronique  d’Alexandrie,  par  Gotfroi  de  Viterbe, 
par  Honoré  d’Autun  , par  tous  les  Recueiis  des 
diverfes  lecons  fur  les  Septante. 

Nota.  Les  167  ans  de  Mathuíala  , pour  la  naif- 
fance  de  Lamech,  au  lien  de  187,  font  une  faute 
ce  copiííe  dans  les  Bibies  grccques  ordinaires- 
Cette  faute  ne  íe  trouve  jxiint  daas  les  édicions 
grecques  de  Báie  & de  Strasbourg  : d'ailleurs, 
elle  eft  corrigée  par  FHébreu , par  la  Vulgate  & 
Dar  Joíéph.  Suivant  cette  mauvaife  lecon  ,^le  dé- 
luge feroit  arrivé  Fan  du  monde  2242.  Ainíi  , 
Mathufala,  qui. a vécu  , felón  teutes'les  Eibles 
ci  Jófephj  ans,  feroit  .mort  14  ans  aprés  k 


AGE 

¿éluge;  au  lieu  que,  fuivant  la  bonne  leijon , il 
eft  mort  6 ans  avant  le  déluge.  S.  Auguftin,  Cité 
de  Dieu,  xr.  13.  ¿ 1‘tfin- 

Second  ágc  3 738  ans, 

Depuis  le  déluge  excluíÍTement , jufqu'á  ,ns. 

la  naiífance  d’Aphraxad la 

(^Jofe'ph.  3 I.  7*)-?  uon  a ans>  Apnraxad 
cíl  le  irpiiiéme  fils  de  Sem. 

De-Iá  á la  naiiTance  de  Caínan  II , Genefe 

grecque  xi.  la) , ’ ‘ 

De-lá  a la  naiíTance  de  -Salé,  ( Gen. 

gr.  XI.  1^). . ■ ■ ■ • > • ■ ■ • 1 3° 

De-lá  á la  naiíTance  d’Heber,  {Gen. 

gr.  XI.  14 ) ; ■ A ■ 

De-l-á  á la  naiíTance  de  Phaleg , Gen. 

gr.  XI.  16) ^34 

De-lá  á la  naiíTance  de  Reü , ( Gen. 

gr.  XI.  18  ) ; ^3° 

De-lá  á la  confuficn  des  langiies , qui 
eft  Tan  dü  monde  3000,  felón  tous  les 

anciens ^7 

Total.  . . 738 

Troijieme  age  3 460  ans. 

De-lá  á la  naiíTance  de  Sarug,  {Gen.  gr.  -xi.  ao) 
Tan  13a  de  Reü.  ........  65 

De-lá  á la  naiíTance  de  Nachor , ( Gen. 

gr.  XI.  aa ^ ' ; ' • • ^3® 

De-lá  á la  naiíTance  de  Tharé , ( Jofepk 

z.  7) lao 

Les  Bibles  difent  a8 , a9, 79,  179;  mass  ces 
nombres  ne  font  poinc  caárer  Abraham  avcc 
Amraphel,  {Gen.  xiv.  i ). 

De-lá  á la  naiíTance  df4brahani,  {Gen.  xi. 

l6.  Jofepk  I.  7).  70 

De-lá  á la  vocation  d’Abraham,  {Gen. 

XII.  4) 7f_ 

Total.  . . 460 

Nota.  Abraham  Tur  appelé  Tan  de  la  mort  de 

Tharé.  Tharé  na  done  vécu  que  143  ans,  comme 
le  porte  le  Texte  famaritain , qui  eft  Thébreu 
mofaíque.  Ainíi  , les  aoj  ans  des  autres  textes 
font  une  faijte  de  copifte , qui  met  la  Bible  en 
contradidlion.  Car  Abraham, né  Tan  70  de  Tharé , 
auroir  eu  135  ans  á la  mort  de  fon  pére , & non 
pas  73 , comme  le  difent  tous  les  textes. 

Quatriéme  ¿ge-,  (>45  ans. 

Depuis  la  vocation  d' Abraham  jufqu  á la  naif- 
fancedTfaac,  {Gen.  xxi.  3,17).  ...  23 

De-lá  á la  naiíTance  de  Jacob , ( Gen. 

xxr.  24.  26) 60 

De-lá  aii  vovage  de  Jacob  en  Méfopo- 
tamie,  {Gen.  xxxi.  38,41).  ....  71 

De-lá  á fon  retour  en  Cananée , ( Gen. 
fxx.  23,  & XXXI.  38.  41.  .....  29 


AGE 

De-lá  á fon  entrée  en  Eg}'pte,  á l’áge  de 
130  ans,  {Gen.  xlv.  6.  11.  écxzrii.  7.  9. 

Total.  . .'  ¡Ty 

Séjour  en  Egypte  ,34o  ans ; E.xod.  xii.  40.  ' 
Judíth  , V.  9.  Pajieiirs  d Gejfen. 

Jacob  Ifrael  á GeíTen  en  Egppte,  {Gen. 

XX7II.  28) ,’  ■ ■ ■ ^7 

Jofeph  Pfontomphanec , ágé  de  ^6  ans,  régne 
á GelTen 34 

Total.  . . 71 

Les  defeendans  de  Jofeph. 

Hicfos  ou  rois  pafteurs , felón  Manethon  dans 
Jofeph,  {Apologie  I . 3 T HlCtí* 

Ephaim  ou  Salacis.  . . . 19 

Eeria  ou  Béon 44 

Rapha  ou  Apachnas.  ...  36  ..  7 

Refeph  011  Apophis.  ...  61 

Thalé  ou  Janias 30  . . i 

Thaan  ou  Aífis 49  . . a 

Total.  . . 239  . 

Hafeos  ou.  capúfs  pafteurs. 


10 


Laadan 

Amm.iud 

Elifama  iufqu  á la  80®  année 
de  Moyfe,  qiiand  il  fortit  d'E- 
gypte. 


40 

40 


Total  643  ans  pour  les  qiiatre 
patries  du  quatriéme  age. 

Cinquieme  age , 774  ans. 

Depuis  Tan  80  de  Moyfe  jufqftá  fa  mort  oU  a 

Jofué,  . 4^ 

Jofué 47, 

■ Ariftocratie  des  vieillards , puis  anarchie 
I.  Idolátrie 

I.  Servitude , {Jug.  iii.  8.  10).  . 

Othoniel,  {Jag.  iii.  ii).  . . . 

II.  idolátrie  •&  anarchie.  . . . 

II.  Servitude,  [Jng.  m.  14.)  fourSglon 

Moabite 

Aod  , ( Jug.  III.  30  ) 

lií.  Servitude,  {Jug.  iv.  3. ) fous  Jabín 

Cananéen 

Debora  & Barac,  {Jug.  v.  32). 

A.  du  M.  av.  N.  S.  í Ere  antique  par  les 
4418.  lySa.^marbres  de  Paros. 


iS 

8 

43 

30 

18 

8n 

20 

40 


AGE 

, 5 ( Jug.  -VI.  I . ) fous  les 

IVÍadianites^  Amalécites,  Ifmaéiites.  . . 
Gédéon  Jérobaal:,  Jug.  n.S^  ii^  aij 
32;,  82:  TTiii.  28}. 


Abimélech  Tiran,  (Jug-  -rar.  22). 
Thola , (.Jug.  X.  2.).  . . . . 

Badan,  (/.  Rois  xii.  2,  & Clem.  A 

V-  ^38. 

Boleas,  ( Cl.  *4lex.  338).  . 

Jair  j (Jug.  X.  3 ) 

V.  Ser\-itude , ( Jug.  x.  8 ).  fous 

Ammonites 

Jephthé,  (Jug.  XII.  7).  . . . 

Abefan  , ..  Jug.  xii.  c) ). 

Ebrom,  í Clem.  Alex.  p.  324  ). 
Ahialon  j Jug.  xii.  11  ). 

Abdon,  (Jug.  XII.  14). 


ex 


le 


les 


VI.  Senitude  {Jug.  xm.  i.)  fous 
PhiliíHns 

Samfon,  (Jug.  xv.  20,  & xi^r.  31).  . 

^ Anarchie  fou^Iespontifes,  (S.Théophile 
dAntídche,  IR.  iii,p.  134.  Jale  FAfri- 
caia,  dans  Sy nadie , p.  174  170,-  tradi- 

tion  hebraique,  dans  Ledren,  p.  6^  ou  84, 
l an  da  monde  , Van.  avant  N.  S.  1 273'. 

Les  Argonautas 

Samara  , Semeí,  Semegar,  Simmichar, 
Samané,  'S.  Théoph.  d'Ant.  /.  m.  p. 

Anarchie,  fousJoíeph'pontifé,  Eléaza- 
ride,  ( Joíeph  vm.  r.  .Tule  AíHcain,  dans 
Syncene,p.i-7a^.Ju\&  Hdanon,  Cedren'). 

Heli.  I,  fouverain  poatife.  Ithamaride 
eít  Juge,  (i.  Rois  iv.  iS.  Cedr.  p.  45)).  . 

L‘an  du  monde  479 1.  Avant  N.  S.  12O9. 

Sac  de  Trove* 

VíT.  Serritude  fous  les  Philiftins,  Achi- 
tob  étant  fouverain  pontife.  . . . . 

Samuel,  juge  & prophéte 

Total.  . 

Sixicme  ¿ge , fous  les  rois , 583  ans, 

Sons  Saiil  , ( Ací.  XIII,  21 ). 

David,  (ti  Rots  , III.  4). 

Du  -commencement  du  régne  de  Salo- 
món, á la  fondation  du  temple. 

De-lá  a la  deílruclion  du  temple,  fui- 
vant  le  détail  du  régne  de  .Tuda.  ... 

Captivite  enBabviOnie,  Jéretn.  xxv.  12, 

& XXIX.  10,  8c  Daniel,  ix.  2). 


sns. 

7 

40 

5 
^3 

14 

23 

22 

15 

6 

7 
40 
lo 

8 

40 

20 


40 

I 

30 

40 


21 

40 


774 


40 

40 

3 


o 


70 


Total.  . 3S3 

Septieme  age , 538  ans , fiivant  le  Canon 
Mathématique. 

Depuis  Gyriis  a Babylone,  ,jufqu'’á  Alexandre- 
le-Grand  a Babylone.  ...  . . _ 206 

De-la  jufqu’á  Ftolomée,  fils  de  Lagus.  ■>■7 
Dc-la  á Augufte f . 27J 


AGE 

De -la  á notre  ere  vulgaire , Fan  de 
Rome  754.  


27 

a~s. 

33 


í33 


Total. 

{ Su  PPL.  CU  Dict.  Lxctc.J. 

Les  chronologiiles  qu!  placent  la  naiiTance  de 
*'■  S-  mine  ans  aprcs  la-création  du  monde, 

ne  aivifent  ce:  inrervalle  qu  en  fix  ages. 

I.  De  la  création  au  déluge.  . . 16(6 

II.  Age.  Du  délage  á la  vocatíon  d'A- 

braham ^ 

III.  Age.  Depuis  Abraham  jiifc-aá  la 

fort-e  d'Egypte 

¡}:  pepuis  la  forrie  d’Egypte  juf- 

qu  a la  fondation  du  temple 

V.  ^e.  Depuis  la  fondation  du  templé 

jufqu  a Cyrus r 

VI.  Age.  Depuis  Cyrus  jufqu  á J.  c’.  '.  432 


Total. 


4C00 


D a/jtres  hiiroriens  comptent  de  la  création  a 
la  pnfe  ac  Troye,  2850  ans  5 & á la  fondation 
de  Rome,  3250;  de  Carthage  vaincue  parScipion 
E C.  a Conílantin,  312;  & au 
rctS-biTiicnicnt  gc  1 cmpirc  <i^Occi<Í£Firj 

Age.  Celui  qui  adoptoit,  devoit  avéir  á Rome 
celui  qui  étoic  adopté.- 
^ge  neceíTaire  pour  íemaríer^^itoic  che2:  íes 
Romains  de  quatorze  ans  pour  les  garqons,  & de 
douze  pour  Ies  filies.  Ceiles-ci  poSyoieat  cepen- 
dant  erre  epoufees  & conduites  dans  la  maifon 
a un  man  avant  cet  %e,  mais  elles  n’acquéroient 
qu  a douze  ans  les  prmléges  & les  honneurs  des 
meres  ae  famille. 

j vingt-fept  ans  pour  poíTéder  Ies 

deux  edilites._  Les  favans  ont  beaucoup  varié  fur 
cette  date  qu¡  le^partage,  mais  le  fentiment  que 
nous  emoralions  paroít  ie  plus  vraifemblable. 

E confuiaire  étoit  de  quarante-trois  ans. 
De  granas  fervices  rendus  á Fétat  ont  cependant 
fait  decerner  le  confulat  á Corvinas,  ágé  de  vinot- 
trois  ans;á  Scipion  Emi.ien,  ágé  de  trente-íix. 
Se  au  grand  Pompée,  ágé  de  trente-fix.  On  fait 
encore  que  C.  Marius  le  jéune,  &Augufte,  fe 
ñrent  decerner  cet  honneur  par  violence  avant 
i age  de  vmgr  ans. 

La  loi  fervzlia  glaucU  avoit  fixé  á trente  ans 
1 age  auquel  en  pouvoit  occtiper  des  charges  de 
judicature,  & a foixante  celiii  au  -deíTus  duquel 
on  etoit  declare  incapable  de  les  folliciter.  .4ugiifte 
rappela  ce  terme  de  trente  ans  , que  d’autres  loix 
avoient  reculé  á trente-cinq. 

L áge^  requis  pour  porter  les  armes  hors  de  fo.n 
jpays,  étoit  á .4thénes  de  vingt  ans,  &■  de  trente 
á Lacédémone.  Quarante  ans  accomplis  difpen- 
foient  un  athénien  de  porter  les  armes , hors  un 


r — 

quarante-cinq  ils  en  etoient  exempe. 


S8  .AGE 

La  préíurs  n’étcit  accordée  cu’a  áás  ciísycRS 
ages  de  ouarante  ans  , feion  ¡es  fcrivains  qiii  ^ 
prennsnt  pour  bafe  áe  ce  calculle  confalat;  car 
c»cte  dignité  étok  poffedee  deux  ans  apres  la  pre- 
ture. Mais  on  voit  que  M.  Brutus  étoit  préteur 
avec  Caíiius  deux  ans  avant  fa  mort,  c'eíLá-dire, 
á Y ¿ge  de  trente-cinq  ans  j & Dion  {Lii.p.  477.) 
fix£  cet  s trente  ans.  li  p3.roit  done  plus  Ta-ge 
de  s"en  rapporter  au  témoignage.  precis  de  cet 

hiftorien.  . i -i  r 11  • 

Pour  étre  quefteur  ou  tnbun  du  peuple , 11  railoit 

étre  ágé  de  vingt-fept  ans  5 car  on  ne  pouvojt 
exercer  aucune  charge  dans  Rome  qu  aprés  avoir 
fait  dix  catr.pagnes , & 1 on  n etoit  inferir  fur  1 etat 
militaire  qu  á dix-fept  ans. 

Quant  á l‘¿ge  requis  pour  étre  sénateuR  ou 
VIGINTI-virI  on  le  trourera  á ces  arricies. 

AGÉLAROü.  Sur  la  mofaíque  du  temple  de  la 
Fortune  á Paleílnne^jon  voit  un  quadrupede  avec 
cetre  infeription  ^ jígcLurou,  Des  Ethiopiens  vont 
Lattaquer  j íes  -uns  pottent  des  boucliers  y les 
autres  des  fleches.  Ceft  le  feul  endroit  ou 
on  life  ce  nom.  Ce  quadrupede  a beaucoup  de 
reííemblance  avec  le  finge  á'AngoIe. 

AGÉLASTE  pierre  célebre  dans  l’Attique  j 
qui  étoit  placee  auprés  du  -puits  nommé  Calíi- 
ckore  , & fur  laquelle  fe  repofa  Cérés  ^ fatiguée 
de  chercher  fa  filie.  Ceft  la  ^ felón  Paufanias 
ÍAu  le.  ) 5 ou  ont  commencé  les  fétes  éleufines. 
Agélafis  veut  dire  trifte , ou  pierre  de  trifieíTe. 

AGÉLAüSj  fils  d'Hercule  & d'Omphale.  C’eft 
de  luí  que  Ton  fait  defeendre  Créfus. 

AGEMA.  On  appeloit  de  ce  nom , chez  les  Ma- 
cédoniens,  une  troupe  d’élite  ^ qu  Arrian  ( iii , v. 

I yd. ) nomme  la  troupe  royale  , parce  qu^’eile  envi- 
ronnoit  ordinairement  le  roi  dans  les  combats.  Ce 
furent  fans  doute  les  pretniers  eíTais  de  la  phalange 
macédonienne , qui  devint  Pémule  de  la  legión  des 
Romains.  Tire  - Live  compare  en  eífet  Y Agema  á 
cette  méme  légion  ( xlii.  51.  ) : Deleña  deinde& 
’virihus  y & robore  &tatis  ex  omni  certatorum  numero 
dúo  erant  agemata  ; harte  ipfi  legionem  vocant. 
U Agema  étoit  fouvent  compofé  de  cavaliers  ; il 
étoit  formé  de  miüe  maitres  dans  Parmée  d’An 
tiechus  {liv.  37, 40).  Dans  cellede  Peucefte  & 
d' Antigéne  , leur  nombre  n’ excedo it  pas  trois  eens  5 
& dans  celle  d^EuménCj  il  n’étoit  que  de  cent- 
einquante. 

AGEN  O R j pére  de  Cadmus  , étoit  fils  de 
Keptune  & de  Lybie.  Le  dieu  eut  de  cette  Lybie 
deux  fils  j Bélus  & Agénor.  Agénor  ^ qui  régna 
en  Phénicie  j époufa  ThéiépaíTa , dont  il  eut  trois 
fils  j Cadmus , Phesnix  & Cilix  , 8c  une  filie  , 
Bommée  Europe.  Júpiter  avant  enlevé  celle-  ci 
Agénor  envoya  fes  trois  fils  la  chercher,  avec  dé- 
fenfe  de  reparoitre  a fa  cour  fans  y ramener  jleur 
íoeuri  Aucun  des  trois  ne  rayant  trouvée , ils  s'exi- 
íérent , & s^établirent  en  différens  pays.  Voye:^ 
Cadmus,  Europe. 

AGENOPiIA , déeífc  que  les  Romains  inva- 


A G E 


quoient  pouf  avetr  du  purage.  C’étoit  suífi  k 
deeíTe  de  Finduíltie  , d’ou  elle  étoit  appelée  Stre~ 
nua.  On  luí  oppofoit  Vaeuna  , ou  la  déeíTe  de  u 
pareffe.  F.  Vacuna,  Murcea.  Son  nom  étoit 
dérivé  ¿Y Í'/íÍvsí^  y firenus. 

AGENTES  in  rebus  imperatorum.  On  donnoit 
ce  nom,  fousTes  empereurs  romains  , á des  offi. 
ciers  dont  Ies  fonótions  répondoient  en  panie  a 
celles  des  infpecieurs  des  poftes , & enpartie  á celles 
des  eouriers  de  cabinet. 

Ils  portoient  les  lettres,  & faifoientles  mefíages 
des  empereurs.  On  voit  dans  le  Code  Théodofiea 
( de  eur fu  publico')  y que  leS£!^eHtrí  vei'loient  furles 
chemins  de  Tempire  , á ce  que  tout  fe  paflát  dans 
le  bon  ordre.  Ils  examinoient  les  brevets  que  les 
empereurs  accordoient  á diíFérentes  perfonnes, 
pour  leur  faire  donner  des  voitures  aux  dépens  díi 
fife.  Ils  écoutoient  les  plaintes  de  ceux  qui  les  por- 
toient , 8c  en  faifoient  exécuter  le  contenu  par  les 
fermiers  des  revenus  publics.  Ee  méme  auíTi  ils 
lifoient  ces  brevets  avec  attention ; ils  examinoient 
s’ils  kétoient  pas  contrefaits , fi  Ton  n exigeoitpas 
au-delá  de  leur  teneur. 

Leur  fonótion  la  plus  agréable  aux  empereursi 
oitt,  d’examiner  dans  les  provinces  s’il  fe  formoit 
quelque  confpiration , sfil  y avoitquelquefédition, 
8c  d’en  avertir  le  prince.  lis  fuccéderent,  dans  cette 
infpeétion  , aux  Frumentarii,  que  Dioclétiea 
fupprima,  á caufe  descalomnies  qu  ils  fabriquoient 
contre  les  citoyens  des  provinces  reculées.  ( Aurel, 
Viñ.  de  Csfar.  c.  39.  n.  44.  ) 

Les  empereurs  les  chargeoient  quelquefois  de 
licentier  des  armées  , ou  de  les  faire  changer  de 
pofition.  Ces  commiífions  qxpofoient  fouvent 
leur  vie  , quand  ils  étoient  envoyés  á des  foldats 
révokés  ; o’eft  pourquoi  on  Ies  récompenfoit  par 
les  premieres  charges  di agentes  , principes  agentes 
in  rebus.  Ces  places  étoient  trés-confidérées^,  & 
elies  conduifoient  aux  premieres  dignités  de  Fem- 


pire. 

AGERONIA.  V.  Angérone. 

AGESILAES,  furnom  dePluton,qui  veut  dire, 
celui  qui  entraine  tous  les  mortels  dans  fon  empire  : 
rh  uyíiv  t^s 

AGESSUS , djns  la  Thrace. 

On  a des  médailles  imperiales  grecques  d* 
cette  viile , felón  le  P.  Hardouin. 

AGETORIES , féte  dont  il  eñ  fait  mentioa 
dans  Héfycbius  , qni  ne  dit  rien  de  la  divinite  íS 
l’honneur  de  laquelle  on  Pavoit  iníiituée.  C eto^ 
vraifemblablement  en  l’honneur  d’Apollon  , 
peut-étre  étoit-ce  la  méme  féte  que  célébroientle* 
Lacédémoniens  , fous  le  nom  de  KufvíU  j puifo'^ 
Kéfychius  aíTure  que  cette  derniére  portoit  aui» 
le  nom  á‘ A’-/t¡Te¡¡)a  Athénée  ( Deinopfopkift-  b-  4-/ 
8c  Euítathe  ( ad  lliad.  cr.  ) nous  apprennent 
cette  féte  fut  ainfi  nommée  , parce  qu  on  imitd^ 
en  ce  jour  la  maniere  de  vivre  des  foldats  ■ 
s-jiarfflT-íxijv  On  poutroit  ctoire  encote 

Venus  étoit  honorée  dans  cette  féte;  car.i^* 

grammairie^ 


A G G 

grarnmairícns  ¿iíent  oue  le  pretre  de  cetíe  divinité 
portoit  dans  riñe  de  Chypre  ie  nom  c- 

A^rrEAOIj  éroient  ies  melTagers  , ou  tous  ceux 
qm  apporcoient  quelques  nouvelles.  E'íáyyíAeí 
étoient  , dans  Ies  tragcdies  ^ les  acteurs  chargés 
des  recitSj  ou  d'apprenJre  aux  autres  perfonnages' 
Jes  faits  qu!  fe  palFoient  derrlcre  la  fcene.  Efchj'Ie 
fut  le  premier  qui  trouva  cet  ingénieux  moyen 
ddnítruire  Ies  fpedcateurs  fans  enfanglantcr  la 
fcene. 

AGGERj  x5zí«.  Les  Grecs  & les  Romains  ont 
donné  ces  noms  á une  eipéce  de  redoure  ou  para- 
per  , que  les  affiégeans  conftruifoient  ^ pour  s’ap- 
procher  & pour  bactre  les  murs  de  la  ville  aíiiégée. 
Cetre  redoure  fervoir  á proteger  les  fappeurs  , 
á porrer  Ies  tours  de  bois  que  Fon  roulorr  vers  la 
ville. 

Les  affiégeans  commencoient  Vagger  á une  coarte 
diítance  de  la  ville  , & "augmentant  fucceffive- 
menr  , ils  s’enapprochoient  aupoint  de  combattre 
pied-á-pied  avec  les  affiégés  qui  dérendoient  les 
tnurailles.  On  conítruifoir  V agger  avec  de  la  terre  ^ 
des  bois , des  fafcines  & des  pierres.  Les  branches 
des  arbres  fervoient  á lier  ces  differens  marériaux^ 
& Ies  troncs  aft'ermiíToient  ies  cótés.  LucaiOj  iiij 
554  j décrit  la  cordlrudüon  d'uii  agger. 

— Tune  omnia  lafe 

Precumbunt  nemora  , íi  fpoliantur  robore  (ilvs. 

Ut , cum.  térra  levis  mediam  virgultaqUe  molem 

SufpendaTit  j flruBa  Laterum  compage  ligatam 

Arciet  kumum  , prejfus  ne  cedat  turribus  agger. 

Les  troncs  d’arbres  qui  formoient  Ies  cótés  de 
agger  , étoient  croifés  Ies  uns  fur  les  autres  ^ ce 
qui  les  faifoit  reffembler  á des  étciles  rayon- 
nantes.  De-la  vientque  Lucain,  ibid.^^y  , & Silius 
Italicus  XIII.  109  j ies  appellent  fielíatos  axes. 

t—  Stellaús  axibus  agger 

Erigitur. 


Hic  latera  intextus  fleiiatzs  axibus  agger. 

Le  front  de  1’ agger  , que  Fon  pouíToit  par  les 
travaux  de  chaqué  jour  jufqu’aux  foíTes  de  la  ville 
affiégée  , & que  Fon  élevoit  á la  hauteur  de 
fes  murailles  5 afin  de  combattre  pied-á-pied, 
n'étoit  point  revem.  II  amortiíToit  Ies  coups  oue 
luí  portoient  les  machines  des  ennemis.  Le  der-  I 
riere  , ou  la  partie  qui  faifoit  face  aux  affiégeans  , 
eto’t  formé  en  taíiis  , pour  faciliter  la  montee  aux 
foldats  8c  aux  tours  , auxquelies  il  fervoit  de  bafe. 

O.n  donna  , par  la  fuite , á Y agger  le  norn  á’ag- 
geflum  , qui  expnmoit  tres- bien  la  maniere  dont  il 
ctoit  fabrioué. 

Les  affiégés  avoient  pluíieurs  manieres  de  dé- 
truire  ce  redoiitable  parapet.  Tantót  iis  creufoient 
des  mines  au-deíTous,  & le  faifoient  enfoncer  dans 
la  terre ; tantót  ils  y mettoíent  le  feu  avec  des  tor- 
ches  6c  des  maticres  comouitibles,  qu^ils  portoient 
Aatiquitís  i Tome  I. 


A G G Í9 

dinslesforties,  011  avec  des  traits  enfiammás,  qu’ils 
lanqoient  de  delLus  les  muraiiles.  Lucain  a fait  une 
beiie  defeription  des  cavares  de  la  fiamme  & de 
Fincenaie  d’un  agger  ( m ,“501.) 

Telum  jlamma  fuit  , rapier.sque  incendia  ventits 

Per  romana  ruzt  celeri  muniznina  cuxjiu. 

A ec  , quamvis  viridi  luñefur  robore  , Lentas 

Ignzs  agit  vires  : tída  fed  raptas  ah  omni 

Confequimr  rdgri  fpatiofa  volumina  fumi  : 

T¡ ec  foliim  fyivas  , fea  faxa  ingentia  folvit , 

Et  cruds,  putri  fiuxerunt  pulvere  cauces  ; 

Prccubuit , jTzajorque  jacens  apparuit  agger. 

Quelquefois  les  affiégés  oppofoient  á Yagger 
des  affiégeans  un  femblable  agger  , qu'ils  conílrui- 
foient  fur  le  haut  de  leurs  remparts  , avec  des 
fafcines  & des  facs  , ou  corbeilles  remplies  de 
terre  , que  nous  appelons  gabions.  Ceíl  ainíi  oue 
les  habitans  de  Gaza  fe  défendirent  contre 
Alexandre  ( Curz.  iv ,6,  ZI.)  A-lexander  aggerera, 
qiLo  mcenium  altitudinem  aquaret,  exjiruxic.  Oppi- 
dard  , ad  priftinum  murorum  fajligium  novum 
exfruxere  munimentum. 

Agger.  Tarquirdi.  On  appeloit  de  ce  nom  un 
rempart  que  Tarquín  le  Superbe  avoit  fait  élever  á 
1 orient  de  Rome  , pour  la  défendre  des  incurlions 
des  Latins  & des  autres  peuples  fes  ennemis.  Les 
reftes  de  cetouvrage  fe  voient  encore  un  peu  au- 
‘^sla  «les  Tbermes  de  Diocletien  , jufqTá  Farcde 
Gallien.  Plin.  iti.  p.  Clauditur  uros  ab  oriente  ag~ 
gere  Tarquirdi  Superbi  , Ínter  prima  opere  mirabili  : 
namque  cum  muris  ¿quavit  , qua  máxime  patehat 
aaitu  piarte  , cutera  munita  erara  precelf.s  ntiíris  , 
a;it  abruptis  montibus.  Tarquín  voyant  que  Rome 
etoit  déíendue  par  fes  montagnes  Se  fes  mufs  de 
tous  les  cótés  , excepté  Forient , fit  élever  un 
terrein  au  niveau  des  muraiiles  voifines  , & bátit 
au-deíTus  des  murs  8c  des  tours  trés-élevées.  Ce 
rempart  étoit  long  de  874  pas  , depuis  la  porte 
Colhne  jufqu’á  celle  des  Efquilies  5 aujourd’hui  , 
depuis  la  porte  Pie  jufqffiá  celle  de  S.  .Laurent. 

Cet  agger  avoit  été  commencé  par  Tullius ; mais 
Tarquín  le  Superbe  le  eonílruiíit  de  notiveau,  & 
lui  donna  cet  air  de  grandeur  qu’il  imprima  á tous 
fes  ouvrageSj  8c  á la  grande  cioaque  enparticulier: 
Opere  , dit  Pline  , Ínter  prima  mirabili.  C’étoit  du 
haut  de  ce  rempart  que  Fon  précipitoit  les  crinii- 
neJs.  Juven  fat.  vi.  288.  ) 

Pie  heimn  in  circo  poftum  , 6?  in  aggere  fatum. 

Et  Sllétone  ( in  cal.  c.  Zj  , n.  f):  Alterum.pueris 
tradidit  verbenatum  , infulatumque  , qui  votam.  re- 
pofeentes  per  vicos  agerera,  quoad  precivitaretur  ex 
aggere. 

AGGLESTOX  , pierre  facrée  ou  idole  depierre  ; 
menurhent  íingulier  de  la  fuperftition  des  ancíens 
Eretcns.  Cene  pierre  enorme  eft  dans  Fiñc,  ouplutóc 
dans  la  prefqu'iñe  de  Fiirbeck  , en  la  province  de 
Dorceñeren  Ang'ererre , 8c  fur  une  élévation  ou  une 
efpéce  de  dune  d’ur.  fable  rouge.  Sa  fornse  eít  celle 


5 o A & L 

d^uncoherenreiTé;  facirconférancesíl,  oarlebas^ 
de  foixame  pieds^  de  quatre-vingt  ¿u  raüieU;,  & de  . 
q!iatre--vin-gt-dix  2 h plate-foraie  fupérieure.  La  i 
plus  grande  largeur  de  'í cgglejlor.  eíl  en  hiut  de  j 
trente-íix  pieds  ñzr  di:í-huit . 8z  en  bas  de  dix-huit 
íur  quatorze.  li  y a trois  cavirés  á ia  furíáce  fupé- 
lieure. 

AGíDIES.  On  donnoic  ce  nom  aiix  prétres  de 
Cybéle.  II  iignifioit  des  joireurs  de  gobelets  , des 
faifears  de  toars.  Fl  Galles  & Ar,chigalles. 

^ AiríTARE  currus  , condaire  des  cbars.  De-la 
vint  le  nom  fiiivantarir^íor. 

AGITATOR.^  V.  COCHETL. 

AGLAE  j Aglaia  cu  Aglajs  ^ nom  de  la  plus 
jeune  des  troís  graces  ^ Qui  époufa  V ulcain.  fG 
Graces.  Gétoiraulfi  le  nom  de  ia  mere  de  Mé- 
lampiis.  íL  'íIÉLAMPüs. 

AGL  AO'PHEMEj  une  des  fyrenes.  V.  S yrénes. 
_AGLATiAj  liruit  jncoimu,  dont  les  Egyptiens 
fáifoíent  la  recolte  dans  le  tnois  de  févrieij  & qui 
fervoií  3,  deligner  ce  mois  dans  récriture  hiérogly- 
phique. 

AGLATONICE.  V.  Agavi-^. 

AGLAURE  ou  Agraule  ,.étoit  hile  deCécrops  j 
^2^  de  tondateur  d’Athénes.  Elle  avoit  deirí  fceurs  , 
Herfe  & Pandrofe.  Minerve  avoit  caché  Erich- 
^bonius  aprés  fa  naiíTance  j dans  une  corbeille 
qu^eile  donna  a garder  á ces  rrois- princefleSj  avec 
rieírenEe  douv'rir  la  corbeñie,.  & de  cbereher  á 
connoitre  ce  qu  elle  renfermoit.  Herfe  & Pandrofe 
fii-virent  exaciement  ¡es  ordres  de  Minerva ; mais 
Agiaure  ne  put  cotirenir  fa  curiofité  ^ elle  fe  moqua 
du  fcnipule  de  fes  fceurs , ouvric  la  corbeiile , 

& troiiva  ¡enfant  qui  avoit  les  pieds  en  forme 
de  lerpens.^Minerve , pour  fe  venger  de  fon  indif- 
cretion.j  aiia  trouver  PEnvie,  qui  ttndiz  Aglaure 
laiouíe  de  Herfé;,  fa  foeur  j dont  Mercure  étoit 
amciireux. 

ün  jour  quelle  voalat  emoecher  ce  dieu  d’en- 
írer  chez  fa  maítreíTe , il  la  frappa  de  fon  caducée 
& lá.  changea  en  rocher. 

Aglaure  fut  cependant  honorée  aprés  fa  mort 
dans  un  temple  a Salamínej  ou  Fon  Íacri-Soit  tous 
les  ans  une  viétime  humaine.  On  conduifoit  cette 
infortunée  viclime  dans  le  temple  ^ & aprés  lui 
avoir  fair  faire  trois  fois  le  toar  de  laurel  ^ le- 
metre  la  perpoit  avec  une  lance , Se  la  fiifoit  porter 
a rinítant  far  un  bucher.  Dephüus^  rci  de  Chypre, 
abolir du  tems  de- Séleucus^  cet  horrible  facri- 
áce^,  Se  le  changea  en  celui  d'un  boeuf.  F.  Erich- 
THONIUS,  HeRSÉj  PANDROSE. 

áGL.AUS.  GigéSj  roi  de  Lydie^  'ou-Créüis, 
futvanr  Paufaníasi  fier  de  fes  richeíTes  & de  fa 
pu-ufance,  ofa  confuíter  l oracle  d“ApoIlon  pour 
apprendre  shl  / avoit  un  morral  plus  beureux  que 
lui.^  Le  dieu  répondir  quil  prefércir  á ¡a  féíí- 
cire  trorni^afe  des  rois  , Fheureufe  médiocrité 
dont  louiíToir  Aglaüs  fous  un  toit  riiítiaue.  Ce 
fortune  morts!  érqit  un  bergerdMrcadie  : conrenr 
«a  perit  neritage  q;ae  fes  peres  lui  avoient  iamé  ^ 


-A  G N 


reux. 


Aí-'LIDOLUS,  dieu  des  Palmvréniens  j fous  le 
nom  ducnel  ils  adorojenr  ¡e  íbieil.  lis  !e  repréfen- 
roienr  fous  la  fijare  d'un  jeune  hommeA  veta 
diins  tunique  rslevce  par  la  ceinrure,  en  forte 
quAile  lie  defcendoitquejuíquAu-deíIlisdu  genou. 
II  portoit  une  efpéce  demanteaUj  & tenoit  de"  ¡a 
mam  ranche  un  petit  báton  fair  en  forme  de  rou- 
leau.  Hc-rodien  dit  que  la  figure  de  ce  d'eu  étoit 
une  groíTe  pierre^  ronde  par  en  bis^  & qui  fe 
terminoit  en  ^.cinte ; ce  qui  défignoit  le  foleil , 
parce  quil  eít  rond , Sr  que  le  íéa  fe  termine 
toiijours  en  pointe.  II  sft  encore  repréfenré , felón 
quelques-uns , fous  la  tbrme  d'un  homir.e,  ayant 
les  cheveux  frifés  & un  croiiTant  fur  l’épaule  , des 
cothurnes  aux  pieds & un  javelot  en  main  ; mais 
on  y reconnoit  plutot  malachbélus  ou  la  lune.  On- 
dit  que  c'eft  du  nom  de  ce  dieu,  que  Fempereur 
Elagabale  avoit  pris  le  fien.  V.  Malachbélus. 

Entre  Ies  monumens  qu’Auréiien,  aprés  avoir 
vaincu  Zénobiej-  fit  traníporter  de  Palmyre  á 
Romej  OH’  doit  remarquer  i’autel  dédíé  aux  dieux 
tutelaires  du  íieu,  Aglibolus  & Malachbélus , & 
orné  de  deux  infcriptions^  Fuñe  en  grec  & Fautre 
en  palmyrenien.  Le  P.  Auguítin  Giorgi  a dcnné 

1782^  une  lavante  diíTertation  fur  ce  fiijer5  il 
interprete  ainíi  en  latín  la  preaiiére  inLi'iotionA 
rapportée  dans  Grutetj  pag.  §i  ; AgULolo , & 
Malackbelo  patriis  diis  etiam  ( aoc ) Jlgnum  con- 
fcctum  ex  argento  de  reditibus-  filis  pofuit  cum  cmní 
ornatu  nobilis  Palmyrenus  filius  Antiocki  ad  falu- 
tem  faam  propriam  (d?  cokjvgisJ  üna  fecutnviven- 
^ts  y ^ filiorum  Juorum  in  menjle  fchevat  atino 
6’  Quant  á la  feconde  infcription  , rapportée 
au  rnéme  endroit^  voici  l’interprétation  latine  que 
ieméme  P.  Gtorgi  lui  donne  : Ara  [acra  Malach- 
belo  caujfa  folvendi  voti.  Magi  Andflites  cokor- 
tium  Calbienjíum  y & Palmyrenorum  celehrarunt 
lubentzjjíme  jolemnia  confecraíionis.  Mllfée  du  capi- 
toie^  tom.  rv. 

AGM.EN.  V.  Armée. 

AGNOMEN.  Les  Romafns  exprimoient  par  ce 
mot  un  des  noms  quiis  portoient;  mais  quel  étoit 
ce  nom  .A..  Les  fayans  fonr  partagés  á ce  fujer. 
Le  plus  grand  nombre  a fixé  le  quacriéme  nom,, 
fur-tout  quand'  il  renfermoit  un  élcge.  L.  Come- 
Ims  S[pion  rAfiatique..  Lucius  eft  le  prénorn  , 
Corneiius  le  nom  ,,  Scipion  eíl  le  furñom  , 8r 
1 ^-Jlatique ^ eíl , felón  eux  , VAg.iomen. 

Ce  fyiteme  eíl  renverfé  par  une  multi-tude  de 
pailages  d’auteurs  romains,  qui  appeüent  le  qua- 
tneme  _nom_  cognomen  ou-  furnora  , & non  aimo- 
^¿re.  Tite-Live  (/.  xxvn.  jg.)  dA  q:jg  L.Cornelius- 
bcipmn  qui  combattft  Anriochus,  fut  afllmilé  á 
's  furnom  (cognomíne)  dAfiatique. 

A iceron  fe  ferí  auííi  du  mot  cognomen  pour  exori- 
mercememe  furnom;  {pro  Mar.  c.  14.)  ifeft 
de  méme  appelé-cco'.;zo^,-,  daas-Valcre-Maxñne 
(iii.y.  I), 


A G N 

Non-feulement  k quarriéme  nom  des  Romains 
eft  appelc  ¿ognomen,  mais  encore  le  cinouiéme, 
& íe  üxicme  iui-méme.  (Liv.  epí!.  tv.).  >.  €vr- 
neiío  ¡iCÍpion.e  , cui  cogaornen  f-zrapio  fuit , 

ai  irridente  Curiatío  tribuno  plebis  impoJltUTn. . . . 
Sextas  Rufiis  , pariant  de  remperear  SeDtirr-e- 
SevérCj  renverfe  cette  explícation  da  mor  ag,io~ 
meiz.  Sevzrus  tiatione  Afer , acérrimas  imperator  ¡ 
Partkos  firenuijíime  vicit , A.diabenicos  dele'jlt  ^ 
Araoes  obinvit,  ¿iazc  ccgnomina  ex  vioioriis  atzz't- 
buta  fuerant  : nam  Adiábenicus  , P arthicus  & Ará- 
bicas cognomznatus  efi.  I!  ne  faut  done  plus  aíFeéter 
au  quatrieme  nom  le  mot  agnomen.  ^ oa  "on  fercit 
oblige  de  le  confoiidre  avec  le  mot  cognomen. 
Mais  Cicerón  {de  Ip.vcnt.  Rketor.  ii.  9.)  s'oppofe 
iormedement  a cette  confuíion  : Ñamen  ciim  dici- 
mus  , Cognomen  quoque  & agnomea  inttUigatur 
oportet. 

Robortello  a dst  que  V agnomen  étoic  abfolu- 
ment  la  meme  chofe  que  le  nom  de  famille  ( nomen 
gentiiitium).  Cette  Opinión  eít  contraire  á la  vérité , 
puirqae  V agnomen  eíl  reladf  aux  agnats , & qne 
defeendans  males  du  meme  pére, 
díiungucs  par  res  furnoms  ou  agnomina. 

On  a propofé  une  troifieme  explícation  ^ qui 
paroit  la^feule  veritable.  agnomen  étoir  á-peii- 
ffleme^nom  que  le  furnom,  cognomen.  Mais 
ce  dernier  n étoit  appeíé  agnomen,  qukn  pariant 
de  i adopción.  Ckcoit  le  nom  que  retenoit  celui 
qu!  ecoit  adopté ; car  on  fait  que  ceiaí-ci  quittoit 
toas  fes  excepté  un  feuí , poiir  preñare 

ceax  de  fon  pete  par  adoption.  P.  Cornelias  Sci- 
pion  ayant  été^  adopté  par  Q.  CacUias  MeteUus , 
quirta^  fon  prénom  PiibliuS;,  fon  nom  de  Cimille 
Cornelias ; il  np  retine  que  le  furnom  Scipion  , 
qaii  mit  á la  faite  des  noms  de  fon  oere  adontif , 
& ú s appela  Q.  Cncilius  Metellus'  Scipio¿  Le 
larnom  Sapion  tíi  dans  ce  cas  le  véritable  agno- 
men,  parce  qa'ii  eft  queftion  d'adoption.  L.  Cal- 
purmusPifon,  adopté  par/ií.  Paphis , iie  retint  de 
meme  que  fon  agnomen.  Pifan,  & skoselaiVI.  Pa- 
pias  Pzfon. 

Cela;  qui  etoit  adopté  devenoit  frére  , ou  plus 
exac.err.ent  agr.at  des  enfans  de  fonpére  par  adop- 
tion  , c eít  poarqcoi  fon  furnom  devenoit  par 
an„.ogie  Uii  agnomen.  Cet  agnome.t  fervoit  par  la 
füite  a diíLnguer  leS  differentes  branches  de  cette 
lamii.e  ^ dont  íes  membres  portoient  toas  le  meme 
nomen  ou  nom  de  famille  qudis  avoient  recu  du 
pere  commun.  ^ 

j CASTTJS  y vitex  agn.us  caflus.  Les  Grecs 

i "brilTíau  le  no» 

'p  [es  aihéniennes  cou- 

C¿í''FnL  fterifices  de 

ou^es  Ies  parties  de  I agaus  cafas  exhalent  une 


A G O 

odeur  de  camphre,  qui  a fans  doute  donné  Tidée 
de  Ja  propriété  qukn  Id  attribuoit  d'entretenir 
la  chañeré  ; car  les  anciens  regardoient  le  cam- 
phre  comme  poflédant  émiaemment  cette  pro- 
priéíé. 

ACOGE  j une  des  fubdiviílons  de  Tancienne 
rnelopee , qu!  donne  Ies  regles  de  la  marche  du 
cnant  par  dogreSj  alternativemenr  conjoints  ou 
dísjoints  j foit  en  moDíant  ^ foic  en  defeen- 
dant. 

_ Marrianus  Capella  donne  ^ apres  Ariílide  Quin- 
tiiien^  au  mot  agoge  , un  autre  íens  que  j excoferai 
au  mot  i íRAPE.  fP  J.  Poujfcau J. 

^AGON.  LesRomains  prirenr  des  Grecs  le  mee 
A'-fv,  comme  iis  prirenc  de  ce  meme  peuple  le 
goúr  & la  füreur  peur  les  ieux  & Ies  combáis  da 
orquco  exprimés  par  agón.  Dioclecien  vouíut  meme 
imiter  les  Grecs  dans  leur  fupputation  des  années ^ 
qui  fe  faifok  par  les  jeux  olympiques.  ii  érabiit 
Yagan  capitolin , qui  fe  célébroít  de  meme  toas 
les  quatre  ans  ^ & par  leqiiei  il  crdonna  de  compter 
Ies  années , comme  Ies  Grecs  comptoient  par 
olympiades;  mais  cela  ne  dura  pas.  C'eír  d.ins’ce 
dernier  fens  feulement  qdon  pourroit  afer  da 
mor  agón , íi  fon  vouloit  écrire  Fhift-oire  de  Dio- 
clétien  par  agons , comme  ceLle  áe  fes  prédécef- 
feurs  eíi  écríte  par  luílres. 

Agón.  On  appeloit  quelquefois  de  ce  nom 
i emplacement  fur  Ies  bords  du  Tybre  , qui 
fut  depuis  le  cirque  da  Flaminius ; & ce  nom 
lui  venoit  de  ce  qk’ií  fervoit  aux  courfes  de 
chars. 

agonales,  retes  inñituées  par  Mama  en 
1 honneur  de  James  5 elies  fe  célébroient  trois  fois 
rannM  ; le  9 janvi^,  le  21  mai  & le  1 1 décembre. 
Ces  iétes  furenr  ainíi  nommées  á caufe  des  com- 
bats  qui  Ies  accompagnoient.  Agón  en  grec  íig.nifie 
combat.  Ovide , dans  Ies  caites , y donne  une  autre 
ongme  : il  dit  que  le  mot  agón  eíl  latín , pour 
agon-ne  ou  agam-ne  , ferai-je  , parce  que  le  facriS- 
Cssteur , pret  a frapper  la  viétime , qui  étoit  un 
bener  , crioit  aux  aíTiftans  ^ agox. , comme  pour 
demander  kur  confentement.  On  appelle  aulll  ces 
fétes  agonies. 

AGONAüX^  furnom  des  prétres  faliens.  II  v 
ayoit  douze_  faliens  agonaux  ,'  io^dés  aufli  ’paú- 
tins  ou  qairinaux. 

A._GONÍEjXS  ^ cktoient  Jes  dieux  qukn  invo- 
quoit  lorfque  Ton  entreprenoic  queíque  choie 
d'important : du  yerbe  ago. 

AGONÍOSj  nom  donné  á Merctire , parce 
qudl  prélidoit  aux  jeax  agonaux , dont  on.  le 
croyoit  inventeur. 

AGONÍSTARQUE.  C’étoit  un  des  oSciers 
qu!  préíidoienc  aux  exercices  des  gymnafes.  TI 
n infpedloit  que  les  combats  des  athlétes.  On  le 
diílinguoit  du  gymnaílarque  & du  xvílarque^  qui 
oceupoient  la  premiere  Se  la  feconde  place  dans 

M i; 


nous  a été 


5?  1 A G O 

Ies  g}TOn2Íes.  Le  nom  de  Y agonijíarque 
confsrvé  dans  rinfcription  fuivante  ; 

Apollini.  invicto 

S ACRüM 

M.  A U R E L 1 U S-  M.  A U G 
Lie.  Apollonius 
Agonistarcha.  com 

M o D I A N U S.  Mercurialis. 

AGOIsISTIQüE.  L^art  athlétiqne  ou  des 
athlétes  ; la  fcience  des  cambats  auxqaeis  s'exer- 
coient  les  athlétes.  On  Tappaloit  encore  gymnaf- 
tique. 

í,‘agoniftique  de  Fierre  Dufaar  eft  un  fupplé- 
menr  de  la  g}Tnnaíl:ique  de  Jéróme  Mercurfairs. 

áGONIuS,  furnom  donné  á Janus,  dans  les 
fétes  agonales  que  Fon  céiébroit  en  fon  honneur. 
C'étoit  auíii  le  nom  d'un  dieu  particulier qtii 
préíídoit  aax  añions  en  général." 

AGONOTHETES,  SA’y¿y  , combat,  8c  B-tTís, 
qui  ordonne.  Ces  magiftrats  préíidoient  aux  jeux 
pubiics  chez  ¡es  Grecs ; ils  veiíloient  á Fobfer- 
vation  des  réglemens,  examínoient  les  athlétes 
& Ies  pseces  de  théátre  qui  concouroient  pour 
Ies  prix.  On  rfen  créa  que  deux  dans  Torigine  ; 
mais  á la  quatrienie  olymgiade,,  ieur  nombre  fut 
porté  á fept.  Paufanias  {Eliac.  i.)  dít  que  trois 
d'entdetix  préíidoient  aux  courfes  de  chevaux , 
trojs  zii  pentathle,  & les  autres  aux  divers  exer- 
cices^  diíférens  de  ces  premiers.  C'étoient  eux  qui 
diíínbiíoient  les  prix  aux  vainqueurs ; de-la  vint 
quiis  portérent  auííi  le  nom'  de  brabeuzd. 

Les  agonothites  étoient  vétus  de  pouipre  pen- 
oant  Ies  Jeux  j eomme  nous  Fapprend  Lucien  , dans 
I Anachaijis.  lis  faifoient  le  tour  du.  cirque  dans 
un  cnar  ae  triomphe , & tenant  des  fceptres  ddvoire 
íurrnonres  d un  aigle.  (^Juvenal , xi.  1512.) ; 

Simzlifque  triumpho. 

Prída  caballorum  pretor  fedet. . . . 

Lorfo-Ails  paíToient  deváneles  cochers  ou  con- 
duélears  des  chars , ceux-ci  les  faluoient  en  sh’n- 
eiinant  profondément  & en  abaiffant  ¡eur  fouetj 
comme  les  foldats  faluoient  avec  la  pique.  On 
vitj  felon^Dion,  Fempereur  Caracalla  s fncliner 
rrés-refpectueafement  . comme  les  autres  cochers 
avec  lefqueis  il  alloít  courír  , devant  les  ¿gano- 
thh-es.  Caries  Roniains^  en  adoptant  les  ;eux  des 
Grecs  ^ adiTiirent  auiii  Ies  agonotkhes  , qu  ils  appe- 
ioient  defigiiatores  , curatores  muncris  ^ Q'Zl  nuine- 
rarii. 

Les  devoirs  de  ces  magiftrats  étoient  traces 
avec  autantde  préciíion  que  ceux  des  aréopagfftes 
e'dx-mémes.  Ils  écrivoient  d’abord  fur  un  reaiftre 
le  nom  & le  pays  des  athlétes  qui  fe  oréfentoien-t 
pour  Ies  ienx,  & Fouvermre  de  ceux'-ci'fe  faifoit 
par  Ja  proclamation  gu  contenu  de  ce  regiftre, 
Cue  .aifoir  un  héraut.  Les  agoriotk'etes  exigeoienr 
en.uice  des^atrfiétes  qu’üs  s^engageafTent  Dar  fer-  1 
snen:  ^ obicrver  arés-reiigieafsrrifo;  |$s  ioix  pref-  ] 


A G O 

crites  pour  chaqué  efpece  de  combat  > & á na 
ríen  faire  direétement  ou  indiredtement  contre 
Fordre  & la  pólice  établís  dans  les  Jeax.  lis  fai- 
foient  punir  fur-Ie-chainp  les  cqntrevenans  par  des 
huiíBers  ou  liéíeurs  armes  de  verges , & nommés 
maftigopkores.  Enfin  , pour  régier  les  rangs  de 
ceux  qui  devoient  difputer  le  prix  dans  chaqué 
efpece  de  combata  ils  les  faifoient  tirer  au  fort, 
& ils  jageoient  les  conteñations  qui  pouvolerjjc 
s’élever  entfeux.  Leur  autorité  rFétoit  pas  fubor- 
donnée  méme  a celle  des  amphydlions.  En  effet , 
quoique  ceux-ci  fiíTent  FoíEce  de  juges  aux  jeux 
pythiens , on  appeioit  de  Ieur  déciiion  á Vagono- 
th'ete  ou  intendant  des  jeuXj  & de  ce¡ui-ci  á Fem- 
pereur. 

Places  au  bout  ou  á Fun  des  cotes  du  ftadej  Ies 
agonotketes  terminoient  les  jeux  en  diftribuant  Ies 
couronnes  aux  vainqueurs.  Leurs  places  étoient 
marquées  par  des  javelots  eleves  devant  eux^  pour 
marquer  ieur  autorité. 

AGOR.íEüS  , furnom  que  les  Lacédémonieas 
donnoient  á Mercure , comme  pour  dire  Mercure 
du  marché  y forenfis  , parce  quhl  avoit  une  llatue 
dans  le  marché  ( A'yoía ) de  Lacédémone.  Cette 
ftatue  perroft  entre  fes  brasEacchus  enfant.  íly  en 
avoit  une  autre,  fous  le  méme  nom;,  á Fharés. 
en  Achaie.  Paufanias  dir  qu’elle  rendoit  des 
oracles;,  qu'eile  étoit  de  marbre  ^ de  médiocre 
grandeur^  de  figure  quarrée  , & debout,  fans 
piédeñal. 

Agor^uSj  c^éteit  le  nom  d’un  magrftrat  fubal- 
terne_dans  les  villes  d’Aíie-  Ces  oíftciers  étoient 
chargés  de  rendre  la  juftfce  aux  artifans  & aa 
peuple.  Les  Romains  Ies  appeloient  defenfores 
ciKdtatis.  F".  ce  mot. 

AGORAH , monnote  ancienne  de  FEsvDte  & 
de  FAfie.  V.  Gerah.  ^ 

AGORANOMES.  C*étoient  á Athénes  des 
magfflrats  ou  oSciers  ^ établis  pour  maintenir  le 
bon  ordre  & la  pólice  dans  les  marches, 
marché  y & nuav  y árfiribaer , pour  mettre  le 
prix  á toutes  les  denrées  ^ excepte  le  bled^  pour 
juger  des  conteítations  qui  s’ékvoient  entre  le 
rendeur  & I aeheteur ^ & enSn  pour  examiner  les 
poids  & mefures. 

II  y avoit  dix  agoranom.es  a Athénes , ernq  dans 

vflle  & ernq  pour  le  Pirée.  Petit  croit  qiFil.y  en  ' 
avoit  qmnze , dont  cinq  pour  le  pirée  ^ qui  étoit 
le  ners  de  la  ville  entíere  dhAthenes  & de  fes 
rauxbourgs.  On  Ies  a qiielquefois  appelé's  Acytsdi. 
Ceuxqi:i  vencíent  vendre  des  denréesau  marché  j 
leitr  payoient  un  droit  qifiis  percevoient  en  narure  , 
comme  il  paroít  par  la  quatriéme  fcéne  du  premier 
adíe  des  Acarniens  dCAríftophanes,  ou  Diciopolis 
demande  á un  béotíen  l'anguille  qufti  porte  y 
com.me  le  tribut  du  tnarché  Ay.oA 

^ On  reconnoít  a ces  fonélrons  ceües  qiFexer- 
cerent  depnis  á Rome  Ies  ediles ; mais  ceux-ci 
zvoitnt  de  plus  l’infpect'on  des  batimens  oa 
u voterie  , qui  étoit  léísrvée  á Atiiénes  aus 


A G R 

efiyr^omes.  Les  Romains  ont  cependaíit  connu  les 
agoran-omes  Íz  lears  íoncdcns , comme  ii  paroit 
par  ces  vers  de  Piaure  áans  les  Cagtifs  : 

Elige  pe  ! ed.iciiop.es  idilitias  hic  hahet  quidem  y 

Itíiriimque  adeo  j ni  hunc  fecere  phi  JEtoli 

jigoranomiim. 

AGRAFE.  V.  Fibule. 

AGRAÍ  j nom  d'un  des  titans  ^ fuivant  San- 
choniaron.  II  íignifie  champeare. 

A GR  Ai  RE.  Coufultez  la  Jarifprudcnce  pour 
co.anoitre  les  lois  agraires  des  Romains. 

AGRA'vlES  j AGB.I.ÍNIES  Olí  Agrionies  3 
fétes  mñituées  á .Argos  en  Thonneur  d'ur.e  filie 
de  Proetus.  Piutarque  décrit  ai.níi  cette  féte  : Ies 
femmes  v cherchent  Bacchus  (A’ysiassíeí^  feroce)  , 
.&  ne  le  trouvant  point^  eíles  ceíTenr  leur  pour- 
fuite  3 -difant  qu'il  s'eft  retiré  aapres  des  mufes.  Elles 
foupent  enlemble,  & aprés  le  repas  elles  fe  pro- 
pofent  des  énigmes.  Ces  myííéres  fignifioient  que 
i éruditio.n  & les  mufes  doiyent  accompagner  la 
bonne  chere^  & que  íi  PivreiTe  7 prend  place  ^ fa 
furear  eft  cachee  par  íes  mufes  cui  la  retie.nnent 
chez  elles ctñ-í-áke,  cal  en  réprime.nt  Fexcés. 
Cetre  féte  fe  célébroit  la  nuitj  & on  s'y  coa- 
ronnoit  de  lierre. 

C’étoit  probablenient  la  mé.me  que  fon  célé- 
broit á Thébes  en  Phonneur  des  morts  j fous  le 
Xiotn  a agrionies. 

II  Y avoic  á Orchoméne  ane  particularité  remar- 
quabie  dans  la  célébration^  des  agrionies  y c^eíi 
que  Íes  fe.Ti.mes  d^jne  famiile  devenue  odieufe  par 
quclqu'adson  barbare.^  étoient  exclues  de  cette 
féte  j & devoient  s’éloigner  des  lieux  oú  les  aiitres 
femtnes  avoient  réfolu  d°aller.  Ce!ies-ci  mar- 
choicnt:,  a-yant  á leur  tete  le  prétre  de  Bacchus 
qiii  portoit  une  epée  nue^  avcc  iaquelle  il  pouvoit 
tuer  une  de  ces  EtoléeSj  .Ahi-.ie.! , (on  leur  donnoit 
ce  nom ) s'jI  la  rencontroit  fur  fon  paíTage.  Du 
tems  de  Piutarque,  il  y en  eiit  une  de  tuée  , de- 
les Orchoméniens  rs'y  trouvtrent  point  á redire. 
Mais  les  Romains,  qui  étoient  nr.aítres  de  la  Crece, 
ne  yoiilurent  point  foufrrir  de  fuperftinon  bar- 
bare , oc  condamnérent  la  ville  d Oychoniéne  á 
une  forte  amende. 

i^es  filies  de  Mynias , tranfportées  de  la  fureur 
des  bacchantes  , maíTacrerent  Kippafus  , íils  de 
Leucipp^e , & le  fervirent  fur  leur  rabie.  Lear 
familie  fut  excrae  pour  touiours  des  agrionies. 

AGR.4RÍUM.  ón  donnoit'  ce  nom  an  navire 
qui  portoit  Ies_  empereurs  grecs  , & fur  lequei 
les  grands  officiers  cié  rempire  pouvoient  monter 
leuls  avec  eux. 

AGR.AL'LE.  Fl  Agiaure. 

AGR.4L.LIES , fétes  ainfi  noñimées , parce 
qu  enes  devoient  leur  inftitutio.n  aux  Á-rauies . 
pcupies  de  i Amque , de  la  tribu  Eledheicíes , qui 
avoient  pns  leur  nom  dhAgraule  ou  Aglaire.  Cet're 
tete  fe  celebroit  en  1 honneur  de  .Minerve. 

Les  Cypriottes  célébrokn:  guíS  cette  férq  dans 


A G R 

le  ffiois  aphrodiüus,  en  immolant  des  victimes 
humaines. 

AGRitLS , furnom  d’Ariítée. 

AGRlGLLTLRE.  LesEgypriens  faifoient  hon- 
neiir  de  fon  invention  á üliris,  & le  prétendu 
fcuer  qu  iIs  placent  dans  fa  main , éroit  une 
c.harruejíimple.  K.  Fouet.  Les  Grées  en  re- 
connolílbient  pour  Tinyenteur  Cérés,  ou  plutót 
Tnptoicme,  ion  fils.  Les  premiers  habitaas  de 
ritaJie  placérent  au  rang  des  dicux  Saturne  & 
Janus,  en  reconnoiíTance  de  cette  invention,  dont 
ils  leur  faifoient  honneur. 

agrkiíhurc  2 fait  les  déiices  des  plus  grands 
hommes  chez  Ies  peupies  anciens.  Cyrus  le  ieune 
avoit  planté  la  plupart  des  arbres  de  fes  lardins, 
& ne  dédaignoit  pas  de  les  cuitiver  lui-meme. 
-A.  la  Yue  des  jardins  de  ce  jeune  prince , -Lifanáre 
de  Lacédémone,  un  cíes  chefs  de  la  républiquc, 
s'écrioit  avec  admiratlon  : O prince , que  tous  les 
hommes  vous  doivent  eftimer  heurtux , d’avoir  fit 
¡oindre  ainfi  la  vería  a tant  de  granaeur  de  digr.ité! 
Lifandre  dit  la  vena,  córame  li  ion  eút  penfé 
dans  ces  tems  qa’un  monarque  agricuiteur  ne  pou- 
voir  ma.nquer  d^étre  un  hornme  vertueux  ; & il  eíl 
fur  au  inoíns  qifil  doit  avoir  Ic  goút  des  chofes 
Utiles  & des  oceupations  innccentes.  Hiéron  de 
Syracüfe,  .Artalus,  fhilopator  de  Pergame,  .Arché- 
laüs  de  Macédoine  , & un  granel  nombre  d’autres 
princes,  font  loués  par  Piiije  & par  Xénophon, 
qui  ne  louoient  pas  fans  co.nnoiifance , & qui 
n'étoient  pas  leurs  mjets,  de  Famour  ou’ils  ont 
eu  pour  les  champs  & pour  les  travaux  tíe  la  cam- 
pagne. 

^ La  culture  des  champs  fut  le  premier  objet  dii 
légiflateur  des  RomaÍKs;  & pour  en  donner  a fes 
fujtts  la  haute  idee  qufil  en  avoir  lui-mé.me , la 
fo.néíion  des  premiers  prétres  q-a'ii  inflitua,  fot 
dfoffrir  aux  dieux  Íes  prémices  de  la  terre,  & de 
leur  demander  des  récoites  abondantes.  Ces  nrétres 
etoient  au  nomore  de  douze ; ils  étoient  añoelés 
arvales  , de  arva  , champs  , terres  labouíables. 
Un  d’entfeux  étant  mort , Romulus  lui-méme 
Pp-  5 ^ 3 O''*  n'accorda  cette 

dig.nité  qu  á ceux  qui  pouvoient  prouver  une  naif- 
fance  iiluílre. 

Dans  ces  prenaiers  tems,  chacun  faifoit  valoir  fon 
héritage , & en  tiroit  fa  fubfiítance ; car  des  le  tems 
de  Romulus,  Ies  terres  étoient  divifées  en  pordons 
égaies  entre  tous  Ies  citoyens  fans  diftinfrion.  Ces 
portions  étoient  exemptes  áfimpót.  L'état  avoit  de 
grands  domaines  , appelés  faltes , & de  Fétendae. 
de  huir  cens  iugéres  , oufií  affermeít  á des  publi. 
cams  , lefqueís  les  fous-aíFerrnoient  á d’autres  par  - 
tiealiers  , pour  les  faire  valoir  au  profit  de  la  ré- 
publíque  : Scripturarius  ager  publicas  appeíiabatur, 
ín  quo  ut  pécora  pafcantur , certum  ss  tribuitur , 
quia  piihlicani'.s  feribendo  conficit  rationem  cum  p a f- 
tore  ( Fomp.  Fcílus.  ) 

==  Eziam  nur.c  in  tabulis  cenforiis  pafcua  dicup.tur 
omrüa  , ex  quibus  populas  reditas  haket  , q-.úa  dia 


/ 


54  A G R 

hoc  folum.  veciigal  futrat.  ( Fíin.  !ib.  IXTIII , cap^ 
III.)  Quos  agros  non  coleóar^t  propter  fylvas-i  aut 
id  gsnus  , ubi  pecus  poJP,t  pafci , &'  po  fidsbant ; ab 
ufu  fuo  jdhus  p,ominárunt.  ( V''arro , de  Ling.  Lat. 
líb.  IV. ) Les  portions  des  citovens  n ttoient  point 
fujettes  ^des  redevances  pour  des  feigneurs  parcí- 
culiers  3 car  on  ncn  coiinoilFoir  posnt ; chacun 
écGÍt  feigneur  far  fon  domaine.  Les  pontifes  ne 
recevoient  point  Ies  dimes  des  récoltes.  Le  peuple 
oírroic  feulement  aux  dieux  Ies  prémices  des  fruits 
de  fon  champ. ; mais  cette  rétribution  étoit  diclée 
piar  la  religión  & le  zéie  de  chaqué  parriculier.  On 
ne  manquoit  jamais  a s^acquitrer  de  ce  devoir  dicté 
par  famour  feui  & libre  de  ia  religión  ite  de.- 
guftabant  quidem  n.ovas  fruges  , aut  vina , antequam 
Sacerdotes  vrimhias  libajfent.  ( Plin.  lib.  XVÍII  j 
cap.  II.  ) " ^ 

=5  Roniulus  ñxs.  la  pornon  de  chaqué  citoyen  á deux 
jugares  , c'eft-á-dire  ^ i an  peu  plus  d'im  de  nos 
arpeos  5 & il  ne  fut  permis  á perfonne  d'en  poíTé- 
der  das’antage : Bina  tune  jugera  populo  romano  fatis 
erant  , nuilique  majorem  modum  attrihuit  ( Romu- 
lus)  3 ano  fervos  paulo  ante  principis  Neronis  esn- 
tenipto  , hujus  fpatii  -viridariis  pifeinas  juvat  habere 
majores  „ gratumque  fi  ncn  alicuem  (i  culinas 

( ibid. ) 

’’  Cette  pietite  quantité  de  terrein , dont  les 
efclaves,  pea  de  tems  avant  le  régne  de  Nerón, 
fe  feroient  á peine  contentes  pctir  taire  desviviers 
,&  des  réfervoirs  dans  leurs  vergers  , fuíiifoit  alors 
pour  un  Romain  ^ parce  cue  fon  hérítage  étoit 
íranc  &:  exempt  de  toute  impoíition  de  queique 
nature  queüe  fút.  De  pius  , i!  faut  obferver  que 
les  deux  jugeres  étoient  employés  uniquenient  á 
la  culture  da  bled  & á la  nourrimre  de  quelques 
beíHaux.  Si  la  terre  rendoic  huit  pour  un  ^ il  fuifi- 
ícit  d’en  mettre  feniement  les  deux  cinquiemes 
en  bled  , le  reite  denieuroit  en  parare  ^ ou  en 
prodiiitíons  potageres ; mais  alors  on  ne  caltivoit 
point  de  vignes  j ou  on  en  cultivoic  peu.  Ce  ne 
fut  que  long-tems  aprés  qu’on  commenca  á piantef 
la  vigne  en  ítalie  : Apud  R.omanos  multo  feriar 
vitium  cuizura  ejTs  c&plt.  ¡Flin.  lib.  xvill^  c.  iv). 
Cette  rareté  dii  vin  fut  caufe  que  Romuius  ordonna 
ouon  feroit  aux  dieux  des  libaríons  de  laitj  & 
non  de  vin  5 ce  fut  auffi  pour  cela  que  Numa 
défendít  de  répandre  du  vin  fur  le  búcher  des 
morís.  Cette  hqueur  étoit  interdke  aux  femmes. 
Papyt'ius  fur  le  point  de  livier  un  combar  aux 
SamniteSj  fit  voeu  d'oftrij  á Júpiter  un  peu  de 
via  , s’il  retnportoit  la  vidoirej  ^ib-  xii ^ 

cap.  12  Oí  ij  ). 

==  La  centurie  fut  ainfi  appelée , non  de  ce  ou’elle 
fut  d'abard  compofée  de  cent  jugeres,  cómme 
l'enfeigne  Varron  ( de  Ling.  Lat.  lib.  iv.  ) : Cen- 
luria  primo  a cenvum  jugeribus  dicta.  Pojl  duvlicata 
rerínuit  nomen  ; mais  'de  ce  quelle  contenoit  cent  . 
heredies  ou  hérédicés ; & elle  étoit  le  partage  de  ^ 
.^ent  citoyens  , comme  f explique  Sextas  Pompeius  ! 

Centuriatus  ager  in  CC.  jugera  deferiptus  , ¡ 


A G R 


quia  Romuius  centenis  civibus  ducena  jugera  tri- 
buit. 


« L'’hérédie:,  m-efure  de  terre  un  peu  plus  erande 
que  i'arpen:  de  France  , étoit  la  pordon  ativibuée 
par  tete  á chaqué  Romain  ^ & on  lui  donna  ce 
norn  , parce  qa'elie  paíFoit  ^ á tirre  ddiéritage  , 
aux  enrans ; c'eíl  ce  qu’on  lit  dans  Varro.n  ( de  Re- 
rufi.  lió.  I , cap.  4.)  : Antiquus  npfler  ante  bellam 
piinicum  peadebat  bina  jugera  , quod  a Romulo  pri- 
mum  dfvija  dlcebatur  viritim  : que  qitod  keredem 
fequerentur  keredium  appellarunt.  Puifque  , felón 
ces  aureurSj  ce  fut  Romuius,  fondateur  de  Rome. 
qui  regla  que  la  centurie  de  deux  cens  jugéres 
feroit  ie  partage  de  cent  citoyens  , & que,  felón 
ces  mémes  écrivains  , !a  centurie  fiit  doublée , en 
confci'vant  toiqours  le  méme  nom , il  faut  qkaíors 
eliC  ait  vaiu  quatre  cens  jugéres  , environ  deux 
cens  feize  de  nos  arpens ; & par  conféquent  rhé- 
rédie  , ou  partage  de  chaqué  citoyen  , dutétre  de 
quatre  jugéres  , valant  deux  arpens  & ua  fixiéme 
environ. 

_ ” Neft-cepas  á caufede  cette diviíion  que  (P/fa.  . 
Izb.  xviTj,  cap.  3.  ) , vers  Tan  de  Rome  ic¡6,  c’eíl- 
a-dire  , cinquante  ans  api'és  Texpuliion  des  rois  , 
Quintius  Cmcinnarus  avoit  pour  hérítage  quatre 
jugeres  qu  il  étoit  oceupé  á iabourer  , lorfqkun 
député  du  fénat  vinr  lui  déférer  la  dicratare  : 
Aranü  quatuor  fuá  jugera  in  Vaticano  , que.  prata 
l^uintia  appellantíír 3 i. inc innato  viazor  aitulit  dicta- 
turam^  & quldem  ( ut  tradlt  Norbanus ) nudo  phno- 
que  pulveris  etiamnum  ore  : cui  viator  , vela  corpas 
inquit  ^ uz  proferam  fenatús  populique  romani  man- 
data. 

« L'kérédité  fut  encore  augmentée  , Tan  3^2  de 
Rome.Lefénataccorda, felón Tite-Live(/.  v,n.  30) 

fépt  jugeres  ae  terre  aux  citoyens  qui  voudroient 
aller  setablir  á Yeies  , átrois  iieues  de  Rome;  & 
ces  iCpt  jugeres  jhrent  attribaes  non-feulement  á 
chaqué  cnef  de  famiiie  , mais  encore  á chaqué  per- 
fonne líbre  qui  fe  trouveroitdans  la  méme  maifon. 

11  fut  regle  que  chaqué  pere  éleveroit  fes  enfans 
dans  fefpérance  d^étre  parrases  de  méme;  enforre 
qu  une  famille  compofée  du  mari,  de  la  femme  & 
de  deux  enians  devoit  avoir  vingr  - huit  jugéres 
pour  fon  partage  : Adeóque  ea  victoria  Ista  patribus 
futt  ^ ut  pofiera  dte^  referentibus  confulibus  fenatus- 
confiltum  üeret  utagri  V dentani feptena jugera  divi- 
derentur,  Nec patribus  famzlis,  tantiim  , fed  ut  om.~ 
niurti  liberorum  in  domo  capitum  razio  haberetur , 
vellentque  in  eam  fpem.  liberas  tollere. 

« ( P&2.  lib.  y.z-i!,  , cap.  3.  ) Marcus  Curius  , 
apres  fes  triomphes  , & les  nombreufes  provinces 
qu  il  avoic  conquifes  Se  ajoutées  a Tempiré  romain, 
difcit  QU  li  regardoit  comme  dansereux  pour  la 
repuDhcue  , un  citoyen  qui  Yétoit  oas  concent  de 
-e?i.  lugeics  de  teñe.  Cette  quantité  étoit,  ajoute 
rime,  le  partage  aíiigneau  peuple  aprés  Texpullion 
des  lois  : Marci  quiaem  Curii  , pofl  triumpkos  , im- 
meiíjumque  terrarum  adjecium  imperio  nota  concia 
Cjt  , pernicicfum  intelligi  civem  , cui  fepterñ  jugera 


A G R 

nan  ejfent  fatis.  Hic  autem  menfura  ptebi  pofi  cac- 
tos reges  affigiiata  efi.  Curius  fut  conful  Tan  40  a de 
Some. 

« On  ne  tinr  pas  ngoureufement  ia  main  á Texé- 
cution  de  ces  régletr.ens^  & iis  ne  furent  pas  fcru- 
puieufe;r.ent  obíervés  , p-uifque  fous  le  regne  de 
Servius  Tuliius  , ii  y avoit  des  particuiiers  qui 
poíleaoien:  juíqu’á  deux  ou  trois  müle  livres  de 
rente  , ce  qgi,  en  n'eitirnant  ie  revena  annuei  d'un 
jugcrequba  cinq  iivres  ^ fuppoferoittoujoursquaíre 
ou  lix  cens  iugéres  de  terre.  La  diiíiricrion  des 
tribus  j faite  par  ce  roi , duc  porter  un  coup  mor- 
tei  aux  anciennes  conítitutions  : auíil  voyons-nous 
que  Ies  fortunes  s'accrúrefit  coníidérablemenc  j 
fur-tout  dans  la  ciaiTe  des  patriciens  ^ ce  qui  occa- 
Ííonna  dans  la  fuire  des  querelles  & des  fédi- 
tions  entre  les  deux  corps  de  fétat.  Licinus  Stoíonj 
tribim  du  peuple  eífaya  de  mettre  des  bornes  á 
ravidité  des  patriciens ; il  porta  , Tan  de  Lome 
379  , une  loi  par  laquelle  il  étoit  défendu  de  pof- 
féder  au-delá  de  cinq  cents  jugéres  ( lyo  arpens  ) 5 
maisil  n'étoitpas  lui-méme  plus  deíintéreíTécueles 
autres ; car,  á la  poiirfuite  de  M.  Fopiiius  Lenas , il 
lut  condamné  a une  amende  de  dix  miiieas  ( 6oco 
liv.  ) , parce  que,  contre  refprit  de  fa  io!,il  poíTé- 
doit  mille  jugéres  de  terre  dont  il  avoit  mis  la 
moitié  fous  le  nom  de  fon  fiis  , qudf  avoit  fait 
émanciper  pour  frauder  la  loi : Quipve  etiam  lege 
Stclonis  Licinii  inclufo  modo  D.  jugerám,  , & izfo 
fuá  lege  damnato  , cum  fuhfiitutá  filii  perfoná  , am- 
f lilis  pojjideret  , luxiirianús  jam  reipublics.  fuit  ijia 
menfura  ( Plin.  lib.  xviii ^ c.  3 ). 

_I1  paroít,  par  un  endrokdeYarron,  qu  un  autre 
Licmius  Stolon  avoit  fait  portería  premiére  los  qui 
attribuoit  fept  jugéres  par  tete  ; mais  on  a de  la 
peine  á accorder  les  dates  : Sed  opinar  , qui  ksc 
«ommodiics  ofiendere  pojf.-it  ^ adfunt.  Nam  C.  Lici- 
Tiíum  Solonem  &■  Cn.  Tremellium  Scrofam  , video 
venire  , unum  cujas  majares  de  modo  agri  legem 
tuLerunt.  Nam  Stolonis  illa  lex  aun  vetat  plus  D. 
jugera  haber e civem  romanum  y qui  propter  dili- 
gentiam  cultura.  Stolonum  confirmavit  cognomen , 
quod^  nullus  in  ejus  fundo  reperiri  poterat  Stolo  , 
quod  effodiebat  circum  arhores  , e radícibus  qua  naf,. 
cerentur  e folo  y quos  Stolones  appellabant.  ÍLjufdem 
gentis  C.  Licmius  , tribunas  plebis  cum  ejfet  , poü 
reges  exaSos  ( Tan  de  Rome  éio),  annis  ccczxv.. 
primas  populam  ad  leges  accípiendas  in  feptem  jugera 
forenfia  y e comido  eduxit.  (Farro,  de  lie  ruSiNib 
r y cap.  2 ).  . ■ 

M Danstoutes  ces  diftributions , ceuxqiii  furen»- 
p.us^anciennement  partagés  , Je  furent  plus  mal ; 
ris  navosent  cue  deux  jugéres.  Ceux  qui  furent 
partages  en.uite , le  furent  moins  mal , ayant 
auatp  juseres;  St  ceux  qui  furent  partayés  Ies 
d.rmers,  !e  furent  beaucoup  mieux  que  le^Sutrés, 
ay-n  lep.  ;u?eres  par  tete.  Si' tomes  les  terres 

habitans, 

SnmrnV'"  sppirence,  la  population  dut  étre 
D^en  grande,  quoque  tes  terres  de  la  tépublicue 


^ G-R 


95 


fuiient  de  pen  erendiie  dans  les  comrr.ence- 
qiens.  f our  en  juger  , prenons  pour  exemple  la 
i- ranee.  Cn  y compre  préfentement  vingtf  deux 
muiions  d habitans  , & ce  royanme  contient  deux 
cens  ínüisons  ce  jugeres  : £ done  nous  eoi’.cevon^ 
un  partage  de  toute  cette  étendae  , á raifon  cí¡ 
deux  jugéres  par  tete,,  nous  trouverons  qaeiie 
pourroÍL  contenir  cent  nulucns  d Uabstans , parra- 
gés  comme  rétofent  les  Romains  fous  ilosimius. 
Si  nous  donnons  quatre  jugeres  par  tete  , elle  ne* 
connendra  plus  que  cinquante  millions  de  chefs 
¿e  famslle  , Se  autant  d efeiaves  oa  fervireurí.  Si 
nous  donnons  fept  jugéres  paj  tete  , elle  rf aura 
plus  que  28,  yyi  ,428  caefs  de  famille , Se  71 ,428, 
572  feryiteurs._  Lnfin  , £ le  partage  de  "chaqué 
pére  de  faniilie  eft  de  cinq  cens  jugéres  , ' le 
royaume  n en  condenara,  plus  que  quatre  cents 
rrnüe , & 99,óco,cco  fervireurs.  Cepe.ndant  ces 
chotes  n auroient  pas  lieu  , parce  que  ie  nombre 
des  íerviteurs  ¿écroitra  dans  une  certaine  propor- 
tiofi  avec  ie  décrolífement  du  nombre  desproprié- 
taires.  D'óu  Ton  doít  conclure  que  la  population 
dut  croitre  chsz  íes  Romsins  , dans  la  raífon  que 
les  terres  de  Fétat  furent  divifées  entre  un  plus 
grand  nombre  de  familíes  , & qu  elle  dut  dé- 
croitré  au  contraíre  dains  la  proponion  que  re- 
nombre de  ces^familles  libres  fut  üiminuépar  les 
trop  vañes  peiieífions  de  chacun. 

”^TelIe  tm  ia  répartitron  des  terres,  preferiré 
par  les  lotx  entre  íes  citoyens  romains-  Les  terres 
ércient  parragées  en  trés  - perites  portions  toutes 
egales  5 cnacim  avort  la  fienne  , & en  tiroit,  par 
fon  travaií,  une  nornére  fubfítancej  enforte  que, 
íans  le  fepurs  des  provinces  étrangéres  , Fita'ie 
trouvoit  dans  fon  fein  toutes  les  cheles  néeeíTaires 
a lanournture  de  fes  habitans.  L-ss  vivresy'étoient 
a fi  bas  prix , que  fous  Feáiliré  de  Manius  Mar- 
tiiiS  , le  nroams  de  t?iec  íe  dennort  pour  un  as 
( pliv.  é f.  le  fetierde  París).  Le  tribún  Minmius 
Augurinus  le  fit  vendre  au  méme  prix,  un  as  le 
moQtus.  Sous  .í  ediiite  deXrebius,  le  bledne  valoit 
es^^ement  qu-un  as  r Frgo  zzs  mcríhus  non  modo 
fujjiciebant pruges  ,,  nullá  provinciarum  pafeente  Ita- 
liam  y veriim  etiam  annona  vilitas  increaibilis  erat^ 
Manius  Martius  , adilis  plebis  , primas  frumentum 
populo  in  medios  ajubus  danavií.  Minutius  Augu- 
rznus  qui  Sp.  Helium  ccarguerat , furris  pretium  in 
trinis  nundinis  aa  ajTem  redegit  undécimas  plebei 
tribunas , qud.  de  caufa  fatua  ti  extra  vortam  trige-' 
mznam  á populo  ftive  collata  fatuta  ef,  Trebius  in- 
adilitate  aflbus  populo  frumentum  prsfiiit  , quam‘ 
oh  caufam  ei  fatua  in  capitolio  palatio  dicata 
funt.  Ipfe  juprenio  die  populi  hur.ieris  pórtalas  e!i 
in  rogum.  Feriim  quo  anno-  mater  deúm  adveaa- 
Romam.  efi  , majorem  eá  sfiate  faotam  melfem  efe 
quam  antecedentibus  annis  x , tradimt.  (Plin.  lib.- 
xviTT  y cap.  3). 

» Quelle  éroít  done  ¡a  catife  d’une  £ gnr.áe 
abondance  ? C’eñ  quYlors  les  champs  étant  cul- 
tives par  les  níaios  des  généraux  des  arméis 


A G R 

i'oniaífiCSj  Is  tcrre  prenoit  plaiíir  a {¿  vcír  laboursr 
par  un  foc  couronnt  d“  lauriers  ^ & par  un  vain- 
queurquiavoit  etc  decoré  des  honneurs  du  trio’x- 
>^he.  SÓit  que  ces  granas  hommes  apportaíTent  á 
la  culture  des  femences  les  ir.émes  foins  qu’ils 
prenoient  pour  gagner  des  batsil’es  ^ foit  qu'iis 
dirpofallenj:  Ies  terres  avec  autant  de  précaiuíon 
cu  ils  fordiioient  un  camp  ^ foit  que  les  fenaences 
Droñtent  davanrage,  lorfq'delies  font  fcignées  par 
des  nsains  libres  , parce  q’dalors  elles  font  traitées 
avec  plus  d^intérét^  d'apphcanon  & d'exactirude  ; 
i^iL&izam  crgo  tantA  ubertutzs  canfa  erat  ? Ivjorum 
tune  manibus  imp eratorum  coleo antur agri  (ut  fas  efi 
Ctedere J gaudente  ierra,  vemere  laureato  da  trium- 
phaíi  ar atore  y /rvc  illi  cadem  cura  fetTiina  tracla- 
¿ant  j qud  bella  , e&demqiie  diligentiá  arva  difpone- 
har.t  qu&caflra , five  honeftis  mapúbus  omnza  IaÚiis 
provenzuiit  ^ zpu-omaTTZ  d’  curio(ziis  fiunt^  ( P ¿iñ.  lib, 
xviu  , cap.  3 . Curius  & Fabricius  , dont  Tun  avoit 
dompté  les  Sabins  ^ & fautre  avoit  chaíTé  Pirrhus 
de  ritalie  ^ ayant  recu  chacun  les  fept  jugeres  qui 
fe  diíbribaoient  par  tete  fur  les  terres  conquifes  ne 
iTiontrérent  pas  moins  d'habileté  á les  bien  cultiver, 
qudls  avoient  montré  de  courage  á les  acquérir 
par  les  armes  : Itemque  C.  Fabricius  (í  Curius 
Dentatus  , aiter  Pirrho  finibus  ItalÍA  pulfo  , domitis 
altcr  Subirás  , accepta  quA  viritim  dividebantur 
captivi  agri  , feptem  jugtra  , non  miniis . indufirie 
coluerit , auam  fortiter  armis  quAflerat , ( Colurru 
de  Re  rufi.  lia.  i , in.  prefat.)  Fabricius  fut  confuí 
Tan  de  Rome  474. 

« Maintenanr , dit  Plins  j ce  font  des  mains 
privées  de  leur  liberté , des  efclaves  ayant  des  fers 
aux  pieds  & des  marques  SétriíTantes  fur  le  froat 
qui  exercent  routes  ces  fonctions  ; mais  la  terre  , 
feniible  aux  honneui-s  qu'on  lui  rend  comme  á la 
mere  nourrice  de  tout  ce  qui  refpiie  , ne  produit 
plus  qdá  regret  & avec  une  forte  d'indignation 
& nous  fommes  tous  étonnés  de  voir  que  Ies  tra- 
vaux  des  efeiaves  ne  font  point  fruíSlueux  comme 
ceux  des  généraux  d'armées  : At  nunc  eadem  illa 
vincii  pedes  , aamnatA  map.us  , inferiptique  vultus 
exercera  j r¡x>n  tamen.  farda  tellure  , quA  parens  ap- 
pellatur  colique  dicitur  & ipfa  , honore  hiñe 
ajTumpto  , ut  nunc  ip.vitá  eá  , & indigne  ferev.te  cre- 
datur  id  f.eri.  Sed  nos  miramur  ergaflulorum  nov.. 
eadem  emclumer.ta  eífe  quA  fuerunt  imperatorum 

(JPiin.  lee.  cff.)La  culture  desterres  par  des  efeiaves 
eíl:  trés-mauvaife  ^ comme  tout  ce  qui  eft  fait  par 
des  gens  ftns  efpoir  & fans  intérét  : Coli  rura 
ergafiuiis  peíjlmam  eft,  ut  quidquid  agitur  a defpe- 
rantibus , (PUn.  llb.  xvni , cap.  6 ). 

» Dans  les  premiers  tems , les  terres  éteient  cul- 
tivées  avec  un  foin  extréme  cnez  les  Romains.  S'il 
fe  rencontroit  quelque  laboureur  négügent  , il 
¿tcit  noté  & diffaraé  par  an  jugementxles  cenfeurs : 
Agrum  mate  colere  , cenforium probrum  j iidicabatur, 
( ihid.  lib.  xvtzT  , cap.  z).' 

» C etort  de  leur  application  á Vagriculture  , que 
Ips  citoyens  romains  tircieat  leur  glcire  & kiir 


A G R 

llluftration.  Les  tribus  de  la  campagne  étorent  en 
grande conlidération  3 celles  de  la  ville  étorent  mé» 
prifées ; & il  étoit  honteux  & déshonorant  d'étre 
relégué  des  tribus  de  la  campagne  dans  celles  de  ia 
VÜIe  : Jam  diftintiio  konofque  civitatis  ipftus  aliund'i 
non.  erat  z rufticA  tribus  launatiijitriA  eorum  qui  rurq. 
haherent , urbanA  vero  , in  qizas  trausferri  ignominia 
ejfet , defidia  probroque , (PUn.  lib.  xviir  , cap.  2). 

On  rendoir  la  juítice  aux  iaboureurs  ¿e  Ies 
croire  vertueux  & gens  de  bren  ; 8c  le  plus  grand 
éloge  qif  on  pút  farre  d'un  citoyen , c étcit  de  dire 
qu’il  étoit  un  bon  laboureur  ; £t  virum  bonum  chm. 
laudabant  , ita  laudabant  ; bonum  agricolam  , 
honumque  colónum.  A.mpliff.me  laudari exiftzmabatur ^ 
qui  ita  laudabatur  , ( Cato  , de  Re  ruft.  cap.  I ) 53. 

33  On  regardoit. Íes  iaboureurs  cciTime  le  loutiea 
de  rétatj  également  propres  áfaire  fortirdes  terres 
qubls  travaiüorent  j la  fubíiílance  de  ia  patrie  , 8c. 
a.  défendre  ces  mémes  terres  contre  Ies  ennemis 
du  dehors.  Le  profit  qu  ils  faifoient  á la  fueur  de 
leur  vifage  - étoit  regardé  comme  le  feul  honnéte, 
le  feul  certain  , & non  précaire , le  feul  qui  n’ex- 
citát  point  Fenviej  parce  qu'il  étoit  juñe  & méritéj 
& Fon  étoit  perfuadé  que  ceux  qui  font  appiiqués 
a ce  genre  de  trav&ii  ^ font  incapables  de  fe  livrer 
aux  vices  qu’engendre  Foiliveté  : At  ex  agricolis  , 
& viri  fortiffimi  , & milites  ftrenuiífimi  gignuntur  , 
maximeque  pius  quAfius  ftabilijftmusque  confequitur 
minirneque  invidiofus  : m.inimeque  mate  cogitantes 
funt  , qui  in  eo  iludió  oceupati  funt , ( ibid.')  33 

33  Telle  fut  le  principe  de  la  grandeur  romaíne  , 
qui  lui  vaiiit  Fempire  du  monde  prefque  entier. 
ÍJ agriculture  fut  pour  les  Romaias  une  fource 
inépuifable  de  richeíTes  beaucoup  plus  folides  , que 
les  métaux  que  Ies  Carchaginoistiroient  des  mines 
d'Efpagne  & des  produits  de  leur  commerce. 
Les  terres  affranchies  de  toute  fervitude  ^ & diítri- 
buées  également  entre  tous  les  habitanSj  en  fak 
foient  comme  autant  de  petits  fouverains  ^ & dé- 
la cet  amour  pour  ia  patrie  , qui  fe  íignala  en  tant 
d’occaíions  ; de-lá  cette  noble  íierté  qui  caracléri- 
foit  le  peuple  romain  , cette  élévaticn  de  fenri- 
mens  cette  intrépidité  dans  les  plus  grands 
dangers  ^ cette  i'er.fibihré  li  marquée  peur  ¡es  in- 
jures te  cues  de  la  part  cFiin  peuple  étranger  ^ & 
cette  généreufe  reconnoiíTance  pour  des  fervices 
rendus.  Tant  que  les  Romains  confervérení  cet 
amour  du  travail  & de  la  médiocrite^  la  répubiique 
fut  íloriíiante  ; mais  , des  qu'elle  commenca  á fe 
relácher  fur  Fobfervance  rigoureufe  de  fes  pre- 
mieres inftitutions  Fabftinence  fit  bientot  place  á 
Favidité  qui  sfetxipara  de  tous  les  efprits  ; Famour 
de  la  patrie  fut  remplacé  par  Fégoitme  : chacun  , 
en  particulier , ne  penfa  pius  qu'á  sfenrichir,  8c  á 
engloutir  dans  un  feul  domaine  les  terres  cui 
avoiem^fuffi  pour  proenrer  tous  les  befoins  á un 
grand  nombre ae  citovens.  Tiberius  Gracchus  avoit 
fait  uu  réglement  , -par  lecuei  il  étoit  défendu  á 
ceux  á qu!  on  avoit  diilribiié  des  terres  , de  íes 
vendre.  Les  patticiens  íireq:  iever  cette  défenfs 

pas 


97 


A GR 

Sr  un  tribun  ^ ce  qui  donna  moven  aux  riches-  de 
> acheter  des  pauvreS;,  & méme  quelquefois  de 
s'en  emparer  par  violence.  Eníin  les  grandes  pof- 
feilions  perdirent  Fltalie  Se  Ies  provinces  : Kerum- 
que  confitentibas  latifundia  prodidere  Italiam  & pro- 
v'mcins  ; & leschofes  furent  portees  au  point ^ que 
la  moitié  de  rAfirique  fe  trouva  entre  les  mains  de 
lix  particuliersj  quelNéron  fit  mourirj  aprés  avoir 
confifqué  leurs  biens  : Sex  domini  femiffem  Africs, 
pojpdeba.nt , cum  interficit  eos  Ñero  princeps  , (Piin.')» 

“ On  eft  étonné  de  la  fortune  enorme  d^uri  Mar- 
cus  Licinius  Craíuis , qui , au  rapport  de  Plutarque  ^ 
Evoit  pour  plus  de  cinquante  millions  de  bien  en 
fonds  de  terre  5 de  celle  d’un  Sylla  ^ plus  riche  encore 
que  CraíTus  ; de  celle  d’un  Narcifíe  & d’un  Pallas 
tous  deux  aíFranchis  de  l’empereur  Claude.  Le 
dernier  ^ felón  Tacite  , jouiíToit  de  trois  millions 
de  fes  terreSj  fomme  qui  revienr  á 
iivres  , en  fuppofant  le  "denier  d’alors  de  quatre- 
vingt-  feize  á la  livre.  Cette  fomme  , au  denier 
vingt,  auroit  produit  2,81 2,  joo  liv. ; & íí  Ton  fup- 
pofe  teutes  les  richeíTes  de  Pailas  en  fonds  de 
terre  j á raifon  de  dix  Iivres  pour  le  revenu  d’un 
arpent  j il  poíTédoit  arpens ; de  forte 

qu’y  apnt  en  France  cent  millions  d’arpens  ^ trois 
cens  dnquante-cinq  Pallas  ou  quatre  cens  CraíTus 
auroient  polTédé  toutes  les  terres  du  royanme. 
Selon  le  méme  Plutarque,  dans  la  vie  de  Pompée  , 
un  aífranchi  de  ce  Romain  , nommé  Démétrius  , 
jouiíToit  d’un  fonds  de  trois  cens  talens , qui  re- 
viennent  á dix-huit  millions  en  principal  5 il  avoit 
done  neuf  cens  mille  Iivres  de  revenu  au  denier 
vingt , ce  qui  fáit  le  produit  de  quatre-vingt-dix 
rnille  arpens  , á raifon  de  dix  Iivres  pour  chacun  5 
ainíi  onze  cens  onza  Démétrius  auroient  oceupé 
toute  la  France.  M.  Catón,  íi  Pon  en  croitSéñéque, 
jouiíToit  de  quatre  millions  de  feílerces  en  prin- 
cipal , qui  lui  étoient  venus  de  différens  héritages  j 
fi  le  denier  romain  étoit  alors  de  foixante-douze 
a la  livre  , Catón  avoit  pour  un  million  de  bien  , 
ce  qui  fiit  cinquante  mille  hvres  de  rente  au  denier 
vingt  5 c eíl  le  revenu  de  cinq  mille  arpens  , á 
raifon  de^  dix  Iivres  Parpent ; Se  vingt  mille  Catón  , 
fur  ce  piad  , auroient  poííedé  toute  la  France. 
Selon  Sénéque  encore , Lentulus  PAugure  avoit 
quatre  cens  millions  de  feílerces  de  bien , qu’ii 
tenoit  des  liberaíites  d’Auguíle  ; cette  fomme 
revient  a 85,714,2815  Iivres,  qui  font  4,285,714 
Iivres  de  revenu  ».  Kétrologle  de  Paucion. 

” On  ne  peut  douter  que  Y agriculture  ne  fut 
en  nonneiir  chez  ¡es  Gaulois , long-tems  avant 
lariivee^des  Romains.  Les  Phocéens  qui  vinrent 
fonder  Marfeille , apportérent  avec  eux  des  plants 
de  vignes  & d oliviers , qu’ils  multipliérent  dans 
le  pap.  Ls  nrent  connoítre,  felón  quelques-uns, 
la^cülture  dé  la  vigne  aux  C^aulois,  dans  un  tems 
ou  n n y avoit  encore  que  de  la  vigne  fauvSge  en 
Italia  Aleáis  il  eft  certain  que  Part  de  faire  le  vin 
avec  le  fruit  de  la  vigne , étoit  en  ufage  dans  Ies 
Oauies  long-tems  avant  Parrivée  des" Phocéens. 
Ao-tiquités  , Tome  /. 


A G R 

Au  mariage  d’Euxenus , chef  des  Phocéens , avec 
Petra,  filie  de  Nannus,  roi  des  Saüens,  peuple 
celta  qui  habitoit  Ies  cotes  de  Provence,  cette 
princelié  préíenta  , {Athen.  Lib.  xiii.')  felón  L’ ufage 
du  pays , une  coupe  ou  il  y avoit  duvin  & de  Veau^ 
a celiii  qu  elle  vouloit  fe  choiíir  pour  époux.  » - 

” On  voit  par-ia  Perreur  de  ceux  qui  ne  metrent 
que  fous  1 empereur  Probus  les  commenceraens 
áe  la  culture  de  la  vigne  dans  les  Gaules.  Cicéron  , 
dans  Poraifon  pour  Fonteius , parle  du  grand 
commerce  de  vin  qui  fe  faifoit  dans  Pintérieur  des 
Gaules.  Les  Gaulois  étoient  méme  plus  inftruits- 
dans  cette.  parné  de  Y agriculture  que  Ies  autres 
nations.  On  leur  doit  Pinvention  des  tonneaux. 
lis  mettoient  fermentar  dans  Ies  vins  des  bois  de 
fenteur,  commePaloés,  &c.  pour  les  rendre  plus 
odoriférans  , & en  avoir  un  plus  grand  débit.  Des 
le  tems  de  Catón  Pancien , on  tranfportoit  dans 
PItaiie  des  plans  de  vigne  des  Gaules.  L’efpéce 
appelée  biturica , parce  qu’elle  avoit  été  portée 
du  Berri  en  Italie,  eft  fort  louée  par  les  auñores 
rei  raftics. , parce  que  ce  plant  étoit  robufte  & 
multiplioit  beaucoup.  Dans  Ies  tombeaux  des 
anesens  Gaulois  trouvés  en  Bourgogne  , on  voit 
qu’ils  avoient  á la  main  des  vafes  á boira.  Le 
P.  Montfaucon  croit  qu’on  a voulu  nous  apprendre 
par  ce  fymbole  que  le  pays  étoit  dés-Iors  abon- 
dant  en  bon  vin.  » 

Si  la  culture  de  la  vigne  étoit  en  vigueur  dans 
les  Gaules  avant  Parrivée  des  Romains , celle  des 
|rains  ne  devoit  pas  y erre  négligée , puifque  c’eft 
á cette  derniére  que  les  Gaules  devoient  une 
population  incroyable.  Les  Gaulois  étoient  origi- 
nairement  fans  bourgs  & fans  villes  j leurs  habi- 
tations  étoient  éparfes  dans  la  campagne,  ftir  le 
fonds  de  terre  qu’iis  cultivoient.  Ceuxd’une  méme 
famille  demeuroient  au  voiíinage  Ies  uns  des  autres. 
Se  s’étendoient  á mefure  que  les  iignées  deve- 
noienr  nombreufes ; ce  qui  forma  par  la  ñiite  trois 
ou  quatre  cens  peuples  différens  les  uns  des  autres,. 
quoique  réunis  par  les  mcEurs  , les  ufages , la 
méme  forme  de  gouvernement , &c.  Les  auteurs 
font  mention  d’environ  quatre  cens  peuples  ref- 
ferrés  & comme  entaíTés  les  uns  fur  les  autres 
dans  les  Gaules. » 

” Une  population  auffi  nombreufe  ne  peut  étre 
dúe  qu’á  Y agriculture , puifque  Ies  Gaulois  n’avoienr 
pas  Ies  reíToarces  du  commerce  exterieur , ni  les 
manufaéiures.  C’étoient  principalement  les  terres 
arrofées  parda  Saone  qui  étoient  d’un  plus  grand 
rapport.  Ager  feqiianicus  totius  Gallis,  optim.us  y 
dit  Céfar.  AuíTi  Ies  Aidaens  qui  habitoient  le  bord 
occidental  de  la  Saone,  Se  les  Séquanois  qui  oceu- 
poient  le  bord  oriental,  étoient  Ies  peuples  les 
plus  puifíáns  des  Gaulois , & fe  difputoient  la 
fouveraineté  des  Giales,  long-tems  avant  que  les 
Romains  euiTent  penfé  a s’en  rendre  maítres.  Ces 
derniers  venoient  méme  dans  les  Gaules  oour  T 
faire  le  commerce  de  grains , Se  ils  avoient  da*, 
comptoirs  á Chálons-ñir-Saoae.  ^ 


«S  A G R 

Ce  füt  par  i a g;  ¡culture , unique  m'obile  de 
í'a:Tance>  dir  un  auteur  modernCj  que  Céiar, 
ce  génie  vaíte  & profcnd  ^ trouva  le  luoyen  de 
faire  fubíilíer  de  nombreufes  armées  dans  les 
GauIeSj  & qu'il  vinr  á bout  de  les  foiimettre.  Ses 
fremiers  fucceíTeurs  fe  piurent  á embellir  cette 
précieufe  conquéte  par  des  travaus  immenfcs  , 
& elle  devini:  la  plus  fertile  & la  plus  belie  pro- 
vince  de  rcrtipire.  » 

=>  Les  Romains'  étoicnt  particulierement  inté- 
refiés  aux  progrés  de  Y agriculture  dans  les  Gaules. 
L’Italie  j couverte  des  valles  Se  fuperbes  maifons 
de  plaifance  des  grands  de  Rorae  , rempHe  d"un 
peuple  immenfej  ne  jouiíToit caed' une fubfiñance 
précaire ; elle  fe  vit  forcee  de  tirer  des  provinces 
íes  denrées  de  premiére  néceíEté,  fes  chanips  ne 
fuffifañt  plus  á nourrir  fes  habitans , amoilis  par 
le  iiixe.  il  faliut  recourir  aux  approviíionriemens 
& á la  relio  urce  des  greniers  publics^  que  les  ré- 
coltes  des  Gaules  fervoient  á rernpiir.  V.  Gaules. 
Touíes  les  provinces  payoient  íeurs  coníributions 
en  grainsj  Se  Ü paroic  conírant  que  cette  impoíi- 
tion  en  nature  étoit  la  dixiérne  partie  des  récoltes.  == 

" Le  gouvernement  fe  chargeoit  feul  du  tranf- 
port.de  ces  grains^,  de  leur  verfemeñt  dans  les 
líeax  ou  la  diftribution  en  étoit  néceífaire  ^ & de 
la  vente  du  fuperSu  au  profit  dii  íifc  , á qui  ce 
commerce  excluíif  étoit  réfervéj  & produifoit 
un  enorme  revenu.  Le  fifc  aveit  dans  toutes  les 
provinces  des  greniers  publics  pour  la  conferva- 
tion  des  grains , & le  préfet  de  Tannone  avoit 
Tceil  fur  tous  les  oíEciers  chargés  de  la  coileílc 
des  redevances  en  bled ; il  veilloit  á la  conduite 
de  cette  immenfe  quantité  de  grains  ^ tant  par 
terre_  que  par  eau  ^ & á leur  decharge  dans  les 
greniers  ^ dans  les  parts  ou  dans  les  vslles  ■,  il 
avoit  droit  d’en  reconnoítre  la  bonne  ou  la  mau- 
vaife  qualité  , de  commettre  des  gardiens  ftxrs  & 
fidéies  á leur  confervation 5 enfin.,  il  prélidoit  á la 
diftribution. 

» Larfque  rempire  devinr  la  proie  des  eíTaims 
des  Barbares  fortis  du  nord , la  dépopuktion  des 
provinces,  caufée  par  ces  invaíions  deílruñiyes , 
fut  auffi  fatale  i Y agriculture  qukux  autres  arts  & 
aux  fciences.  » (Beguillet). 

ÁGRIGENTE.  V.  Acragas. 

AGRÍONIES.  V.  Agraxies. 

AGRIOPHAGE,  ayaiús , féroce  , ^Lyis  , je 
manga  ,)  qui  vit  de  bétes  feroces  ou  fauvages.  On 
a donné  ce  nom  á des  peupies  vrais  ou  fabuleux, 
qui  ne  fe  nourriiToient  que 'de  chair  de  lions  & 
de  pantnéres.  Solin,  c.  3 , & Pline,  liv.  5,  c.  30, 
mettent  áesAgriophages  dans  rEthiopie,  & Ptolc- 
mée  en  place  dans  í’Inde , en-de^a  du  Gange.  On 
les  appeíle  aufíi  lyíofcovhages . 

AGRíPPA.  Nom  que  fon  donnoit  á Rome  aux 
cnfans  qui  venotenr  au  monde  dans  une  attitude 
autre^qae  k naturelle,  S¿  particulierement  a ceux 
préfentés  par  les  pieds.  lis  étoienr 
atrnt  nommés  , dit  Pline , parce  qu  ils  étoíent 


A G R 

venus  au  monde  avec  peine , &gre  partí.  De  favans 
critiques  rejetrent  cette  étymologie,  ^arce  quiis 
rencontrent  ce  nom  chez  d^anciens  auteurs  grecs } 
ils  le  dérivení  d^áypETs',  chajfer , & de  intíos ^ cheval^ 

Agrippa,  furnom  des  famiiles  Luria,  V ir- 

SANIA. 

AgrippaI,  roideJudée.  BA2IAEQS  ArpiniiA, 

Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  ea  or. 

O.  en  argent. 

Agrippa  II , roí  de  Judée.  BA.  Arp. 

Ses  médaiües  font : 

C.  en  broHze. 

O.  en  or. 

G.  en  argent. 

A.GRIPP A , {Marcas  Vipfaráus')  gencire  d’ Augíifte. 

MaKCUS  jlcRIPPA  Lircil  rILIUS  CONSUL  III, 

Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  or. 

RRR.  en  argent. 

RRRR.  en  argent,  reftituées  par  Trajaa. 

C.  en  M.  B.  de  coin  romain._ 

R.  en  M.  B.,  reftituées  par  Tire  & Domitien. 

RR.  en  P.  B. 

RRR.  en  GB.  de  la  colonie  de  Gades. 

Elle  a au  revers  pour  légende,  Munici.^  Gaí 
Patrón.  Municipii  Gaditani  PatrerMS.  ]l  y a 
dkutres  médailles  d' Agrippa,  toutes pareilles  pour 
la  tete  & pour  Ies  types  des  revers , qui  n'ont 
pour  légende  que  Municip.  parrns,  fans  le  nona 
de  la  viilé. 

RR.  en  M.  & P.  B.  de  colonies. 

RRR.  en  P.  B.  grec ; fa  tete  s’y  voit  en  face 
de  celles  de  fes  fiis  Caius  & Lucius,  au  revers  des 
tetes  d'Augufte  & de  Livie. 

On  conferve  au  capitole  une  tete  de  Marcus 
Agrippa  : elle  eñ  beile  Se  digne  du  íiéc'e  miéme 
oú  il  vivoit.  'II  n'eft  pas  fur  qu  une  ftatac  héroique 
du  palais  Grimani  á Venife  repréfente  cer  homme 
célebre,  quoiqu'on  raííiire  communément. 

Agrippa  le  jeune,  fiis  ¿Y Agrippa, 

Agrippa  C s.  s a r. 

Ses  médailles  font ; 

O.  en  or  & en  argent. 

RRRR.  en  P.  B.  de  la  colonie  de  Corintlie. 

On  n’en  connok  point  d'autres. 

AGRIPPÍAS,  jacis  Anthedon,  dans  la  PaleC- 
tiñe.  ArvinnEfíN. 

Les  médailles  autónomas  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Oí  en  argent. 

ÁGRIPPINA , dans  la  Germaníe. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  mmdailles  impe- 
riales latines,  felón  le  P.  Hardouin. 

ACÍRlPflNE  la  mere,  femrae  de  Germánicas, 

. Agrippín  A M.A  ser  tilia, 

Mater  Cazi  Cefaris  Augujli, 

Ses  médailles  font: 


A G R 


KTl.  síi  o?, 

RR.  en  argent, 

RRR.  en  médailíons  grecs  d’argentj  au  revers 
de  Caliguia. 

R.  pliicót  que  communes  en  G.  B. 

RRR.  da  méme  module  , reftituées  par  Titas. 

O.  en  M.  & P.  B.  de  coin  romain. 

RRRR.  en  M.  & P.  B.  de  colonies. 

RR.  en  M.  B.  grec. 

RRR.  en  P.  B.  au  revers  de  Caliguia. 

RR.  du  méme  module  j frappées  á Leptis  en 
Áfrique. 

AGR.IPPINE  la  jeune,  ferome  de  Claudc,  Se 
mere  de  Nerón. 

Julia  Agripfika  Augusta; 

Ses  médailies  font : 

R.  en  cr. 

RRRR.  en  or  grec  j au  revers  de  Cotys , roí 
da  Bofphore. 

R.  en  argent;  quelques  revers  RR. 

RRR.  en  médaillons  latins  d^argent; 

On  y voit  fa  tete  au  revers  de  Nerón. 

RRR.  en  médaillons  grecs  d'argení. 

RRRR.  en  G.  B.  latin. 

O.  en  M.  B. 

RR.  en  P.  B.  de  colonies. 

RRR.  en  G.  B.  grec.  On  y voit  d’un  cote  la 
tete  tourrelée  ¿‘Agñppíne  , & au  revers  le  coloífe 
du  foleilj  vis-á-vis  un  temple  j Se  pourlégendcj 
AIAPAXMON. 

RRR.  en  M.  B. 

RR.  en  P.  B. 

On  voit  á Rome  trois  ftatues  qui  portent  le 
nom  A’ Agrippine ; la  premiére  & la  plus  belle  eft 
dans  le  paiais  appelé  la  Farnefina  ¡ la  feconde  eft 
au  Mufeum  capitolin  , & la  troiíiémc  á la  Villa- 
-Albani. 

AGRIüS  j un  des  géans  qui  attaquérent  Júpi- 
ter : les  Parques  lui  ótérent  la  vie. 

AGROSTIS,  plante  de  la  famille  des  gra- 
tninées  ; efpéce  d’avoine.  Les  Egyptiens  croyoient 
qu'elle  avoit  fervi  de  nourriture  aux  premiers 
hommes.  Laftatue  d’un  égyptien,  publiée  parle 
comte  de  Caylus  {R.ec.  m , pl.  x,  n.  4,  y.)  tient 
daos  chacunc  de  íes  mains^  qui  font  ferméeSj  des 
corps  peu  faillans  Se  qui  lui  étoient  inconnus, 
fur-tout  á les  regarder  de  face.  Mais  en  Ies  coníi- 
dérant  d'un  autre  coré  ^ comme  on  le  peut  voir 
au  numéro  y , on  diftingue  un  objet  reffemblant  á 
des  feuilles.  Si  on  en  étoit  aíTaré,  ce  feroit  la 
plante  agroftls  que  les  Egyptiens  portoient  dans 
ícurs  maíns  j en  adorant  les  dieux^  pour  témoi- 
gner  Icur  reconnoiífance  , Se  pour  conferver  le 
fouvenir  de  leur  premiére  nourriture.  Alors  cet 
égyptien  feroit  repréfenté  allant  au  temple , & 
la  figure  auroit  pour  objet  la  repréfentation  d’un 
dev'oir  religieux  dont  aucun  égyptien  ne  pouvoít 
fe  difpenfer.^ 

AGRO  TERE  j furnom  que  Ton  donna  á Diane  3 
parce  qu  elle  vivei;  toujoors  da.qs  les  champs.  Les 


A G Y 55 

Athénleiis  offroient  tous  les  ans  á Diane  Agroicri 
un  facrincej  dans  lequel  on  immoloit  cinq  cens 
boucs.  Xénophon  rapporte  rinftitution  de  ce' 
facrifice  au  voeu  que  firent  les  Aíhéniens  , d'im- 
molerácette  déeíié  autantde  boucs  qu’ils  auroient 
tué  de  Perfes  ; mais  ils  en  firent  un  tel  carnage  , 
qu’il  fut  impoííible  d’accompür  le  vceu  á la  letíre ; 
ce  qui  les  obligea  de  rendre  un  décret,  par  lequel 
ils  s’engageoient  d’immoler  tous  Ies  ans  cinq  cens 
boucs  en  fon  honneur. 

AGROTES3  fameufe  divinité  des  Phéniciens, 
qu’on  portoit  en  proceífion  le  jour  de  fa  féte  dans 
une  niche  couvertCj  fur  un  chariot  trainé  par 
différens  animaux. 

Agrotés  eft  auíTi  le  nom  que  Sanchoniafort 
donne  au  fecond  des  titans,  car  il  n’en  compte 
que  deux.  A.grotes  fignifie  laboureur.  F”.  Agr ai. 

. AGRUPNIS  , féte  no  ¿turne  que  céíébroient 
les  haí^ans  d’.Arbéle  en  Sicile,  en  I’honneur  de 
Bacchus.  On  l’appeioit  ainíij  parce  que  ceux  qui 
la  céíébroient  3 , veilloient  pendant  touté 

la  nait. 

A GUI  l’an  neuf.  Ce  mot  vient  d’une  ancienné 
fuperftition  des  druides ; les  prétres  alloient  aii 
mois  de  décembrcj  qu’on  appelok  le  mois  facré, 
cueillir  le  gui  de  chéne  ; ce  qui  fe  faifoit  avec 
beaucoup  de  folemnité  : Ies  devins  marchoient  les 
premiers , entonnant  des  cantiques  Se  des  hymnes 
en  rhonneur  de  leur  divinité ; eflfuite  vénoit  uii 
héraut , le  caducée  en  main  3 fuivi  de  rtois  druides 
qui  marchoient  de  front3  portantles  chofes  nécef- 
faires  pour  le  facrifice.  Enfin  paroiíToir  le  prince 
des  druides , accompagné  de  tout  le  peuplé ; il 
montoit  fur  le  chéne  3 & coupoit  le  gui  avec  Une 
faucille  d’or  j les  autres  druides  le  receyoient  avec 
refpedl;  Se  au  premier  jour  de  Tan,  on  le  diftri- 
buoit  au  peuple  comme  une  chofe  fainte3  en 
criant  :AGui  ranneuf,  pour  annóncérla  nouveiie 
année. 

A,GYEI.  On  donnoit  ce  nom  á des  pierres 
coniques3  confacrées  áux  dieux3  qué  Fon.  placoit 
aux  portes  des  maifons.  Elles  reíTembloient  aU 
íjmalacre  du  foleiL  que  íes  Phéniciens  appeloient 
élagabale.  Suidas  dit  que  les  ugyei  étoient  con- 
facrées a Apollen  ou  á Bacchus3  & méme  á tous 
les  deux  enfemble.  Ces  deux  divinités  préfidoient 
aux  rúes  3 ¿.yjta,  rué. 

AGYRINA  au  AgyriuMj  en  Sicilé.  Arrpi- 
NAiatí. 

Les  médailies  autonomes  de  cetts  ville  font ; 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  areent. 

AGYRTÉS  3 furnom  des  Galles  3 prétres  de 
Cybéíe ; il  fignifie  joueurs  de  gobelets  3 qui  font 
des  tours  de  paiTe-paíTe  pour  attraper  de  l’argent. 
Cétoic  Iw  pcrronns-gc  joiioisiit  ces  mire- 
rabíes. 

On  donna  le  méme  nom  agyrt&  , d’.v’yéf  , 
ramaJfiT  i á certains  athiétes,  qui  3 peu  fatisfahs 

N ij 


JO® 


AJA 

¿es  bouquets  s Se  ds-s  couronnes  de  fieiirs  que  leut 
jetoienr  les  fpeíraceurs  des  jeux^  parcouroient  Ies 
rangs  poiir  follicirer  quelques  pieces  d'argent. 

’ArrPTIJCH'  Se  ¿yjfnx'.f  nl-íaí , étoít  le 

coup  de  dés  qui  fervoit  aux  devins  á déterminer 
celui  des  vers  prophétiques  écrits  fur  des  tabletees 
(de  cite  j par  le  moyen  duquel  i!s  devoieiit  annon- 
cer  Tavenir. 

AHALAj  íurnom  de  la  famille  Sskvizta. 
AHENOBARBüSj  barbe  rcuíTej  furnom  de 
la  famille  Domitia.  Pendant  la  guerre  que  les 
Romains  foutinrent  contre  les  Tarquins,  L.  Do- 
mitius  revenant  de  la  campagne  á Rome  (Suet. 
ISfer.  c.  i".  )■  rencontra  deux  jeunes  gens  qui  lui 
ordonnérerit  d’aller  apprendre  au  íenat  & au  peiiple 
une  vidioire  fur  laquelie  on  avoit  des.doutes.  Pour 
lui  fournir  une  preuve  de  la  vérité  de  fon  récic^ 
ils  lili  frottéfe¡nt  Ies  joues  jufqu'á  ce  que  fa  barbe, 
qui  etoit  noire,  devint  rouífe.  Sa  famille  & fes 
defeendans  tinrent  á grand  hbnneur  le  furnom 
qui  exprimoit  ce  prétendu  prodige.. 

AMORES.  Lés  ánciens  donndieht  ce  nom  aux 
enfans  qui  étoient-  morts  , Se  Aétoient  pas  recus 
dails  les  enfers,.  parce  qu’ils  n avoient  pas  rempli 
le  terme  de  leur  vie.  Ils  croyoient  que  ces  akores 
éteient  avec  les  biotkanates  ( ceux  qui  avoient  cejfé 
de  vivre  par  une  more  violente ) arrétés  á la  porte 
des  eñfers,  jufqü’á  ce  que  le  tems  qu’ils  auroient 
du  vivre  fut  éntiérement  écoulé.  Les  akores  pre- 
úoient  ce  r^pm  des  ténébres  , dans  lefquelles 
ils  reñoient  plongés. 

AJANJIES.  V.  Ajaxties. 

^ AJAXj  fiis  d’Oilée,  roi  des  Locriens,  éroit 
d’Opunte.  II  equipa  quarante  vaiífeaux  pour  le 
Cége  dé  Troye  : entre  tous  Ies  Grecs,  il  n’y  en 
avoit'poínt,  dit  Homére,  qui  fe  ferv'ít  mieux  de 
la  lance , jufques-lá  qu^on  luí  dónnoit  trois  mains. 
On  vouloit  expriíne’r  par-la  qu’i!  étoít  fí  agüe,  & 
remüoit  les  maiñs  ávec  tánt  de  dextérrté , qu’il 
paroiffost  en  avoir  trois.  C’étoit  un  prince  brave 
& intrépide,  mais  fier  & brutal.  La  nuit  de  la 
priie  de  Troye,  ayant  renco  ntré  Caffandre  dans  le 
temple  ae  Minerve  , oü  elle  avoit  cru  trouver 
Un  afyle,  il  lui  fir  vioIence5  iniure  qui  révolta 
contre  lui  Ies  bommes  & les  dieux.  Ulyííe  vouloit 
^ on  le  lapidát  , & véritablément  on  Pauroit  fait , 

S il  n ayóit  offert  de  íe  purger  par  ferntent. 

Il  difoit  pour  fa  juftification  , qu’il  avoit  á la 
vérité  arraché  cette  princeífe  du  iimulacre  de  la 
depile,  & i avoit  enlevée  du  temple,  mais  ilfoute- 
noítqu  ilue  1 avoit  poíntviolee,  & cju’Agamemnon 
avoit  fait  répandre  ce  mauvais  bruit,  afin  de  pou- 
vojr  garder  Caffandre , dont  il  s’étoit  faiíi , & que 
^ réclamoit  comme  prémier  oceupant. 
Quoi  qu  il  eñ  foit,  Minerve,  pour  venger  la  pro- 
ranation  de  fon  temple,  obrint  de  Júpiter  qu'il  lui 
toílat,  pour  quelque  tems,  la  difpoíition  de  fes 
foudres,^&:  de  Neptune  qu’il  lui  prétát  fes  orages. 
La  eempéte  fut  horrible ; Mi.neive  íancoit  la  foudre 
s toas  momens,  ]g  á'JJax  en  ¡ 


AJA 

pieces  : toute  fa  fíotte  fur  fubmergée  : cet  homme 
intrépida  ne  laiffa  pas  de  le  fauver  íur  les  rochers 
Gyréens  , & d’infulter  les  dieux , difant  qu’il 
s’étoit  fauvé  malgré  eux , Se  par  fes  propres 
forces. 

II  failut,  pour  réduire  cet  impie,  l’écrafer  fous 
un  rocher.  íSeptune,  qui  entendit  fes  blafphémes  , 
prit  fon  redoutable  trident,  & en  frappa  la  roche 
fur  laquelíe  Ajax  étoit  affis.  La  moitié  de  la  roche 
demeura  ferme  fur  fes  fondemens ; I’autre  moitié 
fe  détachant  comme  une  montagne  , tomba  dans 
la  mer,  & le  precipita  avec  elle  dans  fes  abymes. 
Virgile  donne  cependant  á Minerve  toute  la  gioire 
de  cerre  niort.  Elle  le  perca , dit-il , d’un  coup 
de  foudre  5 & lorfqu’il  fut  prés  d’expiter  , elle 
l’enleva  dans  un  tourbillon , & le  fit  tomber  fur  la 
pointe  d’un  rocher,  oú  il  relia  attaché. 

-On  dit  qu’il  avoit  tellement  apprivoifé  un  fer- 
pent  íong  de  quinze  pieds , qu’il  le  fuivoit  comme 
un  chien  : il  íe  faifoit  manger  á fa  rabie. 

Minerve  ne  fur  pas  co.ntente  de  la  vengeance 
qu’elíe_  avoit  exercée  Car  Ajax  ^ elle  la  continua 
pendant  pluíieurs  íiécles.  Pen  de  tems  aprés  la 
morr  de  ce  héros  , la  pefte  ravagea  fon  royaume. 
L’oracle  confuiré  répondit  que  , pour  appaifer  cev 
fléau,  iifaiioitj  chaqué  année,  enveyer  pendant 
miiie  ans , deux  filies  locriennes , tirées  au  fort , 
pour  fendr  la  deeffe  dans  fon  temple  de  Troye, 
ce  qui  fut  exécuté,  Elles  étoient  obligées  de  fe 
déguiier,  & d’arriver  au  temple  la  nuit,  & par 
des  chemins  détournés , pour  évirer  d étre  ren- 
contré.es  par  les  Troyens.  Dés  qu’iís  favoient  que 
ces  rnalheureufes  victimes  étoient  en  route  , ils 
chercaoient  á les  furprendre  , Ies  maíTacroient , & 
aprés  Ies  avoit  brúlées  , en  jetoient  les  cendres  á 
la  mer : 8c  il  fallqit  que  les  Locriens  en  rubílituaífenc 
d autres  a la  place  de  celles  qu’on  avoit  ainli  fait 
pénr.  Celles  qui  échappoient , étoient  oceupées 
dans  le  temple  aux  miniiléres  les  plus  viís  Se  les 
plus  pénibles  : on  leur  rafoit  la  tete,  on  les  habil- 
loit  d une  rnechante  robe,  & elles  avoient  tou- 
jours  les  pieds  nuds.  Aprés  un  grand  nombre 
d annees , les^  Locriens  crurent  que  les  tems  fixés 
par  i Oracle  étoient  accomplis.  Se  ceíletent  d’en- 
yoyer  des  filies.  La  famine  qui  les  défola,  leur 
fit  reprendre^cette  coutume  qui , au  rapport  de 
Plutarque,  n avoit  pas  ceffé  fort  iong-tems  avant 
luí.  y.  Cassakdre. 

Les  Locriens  avoient  une  íi  haute  opinión  de  la 
valeur  a Ajax  , que,  méme  aprés  fa  mort,  ils  laif- 
foient  dans  leur  ordre  de  batail’ie  une  place  vuide  , 
comme  íi  ^ce  prince  devoit  la  remplir.  Dans  un 
combat  qu’ils  livrérent  aux  Crotoniates,  Autoléon  , 
chef  cié  ceux-ci,  voyant  dans  1 armée  ennemie  un 
endroir  clegami,  voulut  l’attaquer  par-la ; mais  il 
fpeétre  , & comme  la  plaie  ne  gué- 
nffoit  point , 1 Oracle  dit  que  le  feul  remede  étoit 
u^pipaifer  Ies  manes  álAjax.  Autoléon  alia  pour  cet 
eiicr  dans  i ríle  de  Leucc , oú  il  vit  l’ombre  de  ce 
neíoSj  i appaifa  & fut  auíR-tot  guéii. 


AJA 

Cet  Ajax  étoit  repréfenré  jeune  5 - on  le  voit 
graviífant  un  rocher  & bravant  Minerve  j fur  une 
pate  aritique  áu  barón  de  Stofch.  Winkelman 
croit  le  reconnoitre  fur  les  médailles  de  Locres , 
fa  patrie  j dans  la  perfonne  d'un  héros  nUj  caf- 
qué  j armé  d"un  bouclier  & á'une  épée , dans 
Tattitude  de  combattre.  Les  monumens  ou  cet 
Ajax  eft  repréfenré  font  infiniment  rares , & les 
artiíies  i'ont  auiíi  négligé  que  les  poetes  anciens  j 
auxquels  il  n'a  jamais  fervi  de  fujet  de  tragédie. 

Ajax,  connu  fous  le  nom  d' A; íz:j: Télame nien, 
avoit  pour  pére  félatnon  , íiis  dL-Lacus  & d' til- 
déis , & pour  mere  Félibée  , filie  d’Alcathoiis , 
£ls  de  Pélops  Se  roí  de  Mégare.  Un  feul  auteur  , 
Darés  le  Fhrygien,  a dit  qif  Hélione  , filie  de 
laomédoR , étoit  mere  ^Ajax;  mais  tous  les 
autres  auteurs  lui  donnent  pour  mere  Péiibée,  & 
donnentá  Héíione  , Teucer  pour  fils.  FL  Pélieée, 
Teeamon.  Aprés  Achille,  Ajax  fut  un  des  plus 
vaillans  capiraines  qui  aíiérent  aii  liége  de  Trove; 
il  avoit  dans  le  caraclére  beaucoup  de  reíTemblancc 
avec  xAchille.  11  étoit  comme  lui  colére,  impa- 
rient,  invulnérable  par-tout  le  corps,  horsan  en- 
droit. 

Hercule  , ami  de  T éfamon  , le  voyant  affiigé 
de  n’avoir  point  d'enfans  , pria  Júpiter  de  lui 
donner  un  garqon,  dont  la  peau  füt  aufíi  dure 
que  celie  duiion  de  IN'émée,  & qui  eút  autant  de 
courage  que  ce  .lion.  Auffi-tbt  un  aigle  pariit,  & 
.Hercule  le  prit  pour  un  bon  augure ; il  promit  á 
Télamon  un  fils  tel  qu  ü venoit  de  le  demander, 
& ordonna  qu’il  fát  nommé  Ajax , du  miot  grec 
qui  íigniíie  aigle.  Aprés  la  naiíTance  de  Tenfant, 
il  le  prit  tout  nu  & Fenveloppa  de  la  peau  du 
lion  de  Némée,  qui  rendit  Ajax  invulnérable  par- 
tout,  excepté  í’endroit  qui  fe  trouva  foiis  le  trou 
de  cette  peau,  oú  Hercule  portoit  fon  carqaois; 
-on  n'eñ  point  d’accord  fur  le  nom  du  membre 
qui  ne  put  étre  rendu  invulnerable. 

Une  patrie  dominante  de  fon  caraétére  étoit 
rimpiété.  Quand  il  partit  pourTroye,  fon  pére 
lui  recommanda  de  joindre  toujours  á la  forcé 
de  fon  courage  raffiñance  des  dieux  : Ajax  ré- 
pondit  que  les  laches  méme  étoient  fouvent  viclo- 
neux  avec  une  relie  alEñance ; mais  que  pour  lui 
il  s'en  palTeroit,  & qu’il  étoit  aiTuré  de  vaincre 
fans  elle.  Minerve  voulut  un  jour  lui  donner  des 
avis ; il  répondit  fiérement  qu’elle  devoit  les  garder 
pour  les  autres  grecs , fans  fe  mettre  en  peine  de 
fon  poíle , dont  il  rendroit  bon  compte  ; une 
autrefois  cette  déeíTe  s'offrit  á conduire  le  char 
á’Ajax  dans  la  mélée ; ii  le  refufa , & íit  méme 
eSácer  de  fon  bouclier  la  chouette  qu’on  y avoit 
peinte.  Ii  craignit  que  cette  peinture  ne  fút  prife 
pour  un  adié  de  foumrffioa  envers  Minerve , & 
pour  une  defiance  de  fes  propres  forces.  Se  pré- 
parant  á combattre  contre  Hedor , il  exige  que 
Ies  autres  prient  Júpiter,  mais  tout  bas,  de  peur 
que  Ies  Troyens  ne  Fentendent , ou  méme  tout 
liauí  j car , ajouta-t-il  j je  ne  írains  petíbnne. 


AJA  T©l 

Arrivé  devant  Troye  , ii  oceupa  long-tems  la 
renommée  du  bruit  de  fes  expicits.  II  combattit 
piuíieurs  fois  contre  Hedor  fans  étre  vaincu ; il 
repouífa  les  Troyens,  foutenus  par  Júpiter  méme, 
qui  vouloient  metrre  le  feu  á la  flotte  des  Grecs. 
On  raconte  les  caules  & les  circonfcances  de  la 
mort  de  différentes  maniéres.  Seion  les  uns,  il 
précendit  qu’on  lui  devoit  adjuger  le  palladiutn 
enievé  de  la  citadelle  de  Troye,  & que  les  chefs 
de  Farmée  Fayant  adjugé  á Liyífe , fon  concur- 
rent,  ij  menaqa  dans  fa  colére  de  tuer  ceux  qui 
lui  aveient  fait  cette  injuñice ; mais  que  le  lende- 
main  on  le  trouva  dans  fa  tente  mort  Se  percé  de 
coups  d'épée.  Ulyílé,  foupconné  de  cet  homicide, 
prit  la  fuite  promptement.  D’autres  difent  que  la 
nuit  ^lepara  Ies  juges  , avant  qifil  y cut  ríen  de 
decide,  & que  cette  méme  nmi Ajax  fut  trouvé' 
mort. 

Sdon  quelques  autres , dans  fon  combat  avec 
Páns,  qii’il  tua  , il  recut  une  bieífure  dont  il 
mourut.  Suivant  une  autre  tradition  , les  Troyens, 
avertis  par  un  oracle  que  le  fer  ne  pouvoít  dé- 
chirer  fa  peau  , Se  que  li  Fon  vouloit  le  tuer , 
il  tailoit  Faccabier  de  rerre , le  firent  périr  de  cette 
fafon.  Mais  Fopinion  la  plus  commune  eft  qu’il 
périt  á Foccalion  de  fa  querelle  avec  L'lyfté,  pour 
Ies  ar.mes  aA-ckílle,  auxquelles  ces  deux  héros 
afpiroienr  aprés  fa  mort.  Chacun  plaida  fa  eaufe 
devant  les  chefs  de  Farmée,  & Féloquence  d’Llyífe 
triompha.  Ajax , furieux  de  cette  préférence,  fe 
jeta  iLr  un  troupeau  qu’il  maíTacra,  s’imaginant 
que^c’ étoient  Agamemnon,  Ménélas  & les  autres 
chefs  qui  i’avoient  condamné. 

Revenu  á lui , & confus  , moins  de  fes  excés 
que  de  voir  fa  vengeance  manquée  & tournée 
en  ndicule , ii  fe  donna  ia  mort.  C’eft  le  fujet  de 
la  tragédie  de  Sophocle  , qui  a pour  titre  ; Ajax 
porte-foiiet  ,•  parce  que  le  poete  reprtfente  Ajax 
un^  ícuet  á la  main,  oceupé  á frapper  le  bélier 
qu’il  avoit  pris  pour  Ulyífe.  Cvide  ajoute,  que 
de  fon  fang  naquit  une  fleur  nommée  hyacinthe  , 
furlaqueile  on  croit  voir  les  deux  premieres  lettres 
de  fon  nom,  AJ. 

_ Si  Fon  en  croit  quelques  auteurs,  Ajax  ne  de- 
vint  furieux  que  par  un  excés  d’amour-propre ; 
car  on  avoit  pris  toiites  les  mefures  poíftbles  pour 
adjuger  les  armes  d’Achilie  au  mérire,  qui,  dans 
certe  conteftation  , devoit  étre  préféré.  Agamem- 
non , embarraíTé  d’un  démele  qui  pouvoít  avoir 
des  fuires  fácheufes,  avoit  fait  appeler  au  confeti 
Ies prifonniers  troyens,  pour  leur  demander  lequel 
des  deux  , ¿'Ajax  ou  d’Llvíié,  avoit  íait  le  plus  de 
mal  aux  ennemis , & ils  répondirent  que  e’étoit 
le  dernier.  Ce  general  envoya  aufíi  des  efpions, 
pour  apprendre  ce  cue  les  Troyens  eux-mémes 
penfoient  de  la  valeur  de  ces  deux  capiraines  , & 
fur  leur  rauport,  il  adjugea  les  armes  d’ /.chille  á 
Liyífe. 

Ajax  fut  enterré  , íes  uns  difent  prés  du  pro- 
Kionwire  de  Sigée,  d’autres  fur  k ptomoJitoirs 


icz  AJA 

■Rhéíce  j ce  fut  un  des  tonnbeaux  qu’AIexandre 
vouiuc  voir  & honorer.  Ainii,  loríquHorace  a 
tlk  ;_/ár.  liv.  ii  - ) que  ce  héros  fut  privé  des 
honneurs  fúnebres,  il  a fait  fans  doute  alluíion  á 
ceí  endroit  de  la  tragédie  de  Sophocle  , oú  le 
poete  feint  qu'Agamemnon  ne  vouloit  point  qu"on 
enterrar  le  corps  éí  Ajax ; mais  que  cependant  il 
avoit  céüé  aux  inílances  de  Teucer. 

C'eít  encore  un  probléme  pour  les  mytholo- 
gues  i de  iavoir  íi  le  corps  SAjax  fut  brulé ; ceux 
qui  fonn  pour  la  négative,  prérendent  que  Cal- 
chas declara  que  la  religión  ne  fouffroit  pas  que 
Ton  brálát  ceux  qui  fe  tuoient  eux-mémes. 

Toas  les  Grecs  lui  rendirent  les  honneurs  divins 
aprés  fa  more ; une  des  tribus  dhAthenes  prit  fon 
.nona , & les  honneurs  qu'ils  décernérent , tant  á 
lui  qu'á  Euryfacés,  fon  fi!s,  fubíiftoient  encore  du 
tenis  de  Paufanias.  On  eleva  á Ajax  un  temple  á 
Salamine , Sr  toare  la  nation  grecque  l’invoqua 
quelque  tems  avant  la  bataiile  de  Salamine,  & 
\Iui  confacra  , comme  une  partie  des  prémices 
deftinées  aux  dieux  , Pan  des  vaiíTeaux  que  Ton 
prit  fur  les  Feries  dans  cetre  memorable  journée. 

On  a raconré  qiielques  prodigas  relatifs  á fon 
tombeaa  : on  a dit  qu’ülyffe  ayant  fait  naiifrage 
fur  les  cotes  de  Siqile,  perdit  entf  autres  les  armes 
dhAchille  ; & qu^ aprés  le  naufrage  , la  tempete 
les  porta  fur  le  tombeau  éí  Ajax. 

11  eut  pour  femme  TeemeíTe,  dont  il  eut  pour 
fiis  Euryfaeés.  On  lui  donne  encore  un  autre  fils 
nommé  Achantide  , quil  eut  d'une  concubine 
nommée  Glauca.  V.  Achantide,  Eurysaces, 
Glauca,  Tecmesse. 

Tous  Ies  auteurs  qui  ont  parlé  de  cet  Ajax,  lui 
donnent  une  tailie  giganrefque.  Paufanias  dit 
qu’un  Myfien  lui  avoit  raconré  avoir  vu  prés  de 
la  mer  le  tombeau  SAjax  ; 8c  que,  pour  lui  mar- 
quer  la  grandeur  de  la  tailie  de  ce  héros,  il  Tavoit 
aíTuré  que  la  rotule  de  fes  genoux  étoir  large 
comrne  les  difques  dont  fe  fervoient  Ies  athlétes 
aux  jeux  olympiques ; or , on  fait  qu  ils  étoient 
trés-grands.  Philoílrate  dit  quAJax  avoit  onze 
coudées , qui  font  dix-fept  pieds  de  hauteur.  Tout 
ce^quonpeut  conclure  de  ces  exagérations,  c'eíl 
qii  Ajax  étoir  d'une  grande  tailie. 

Ajdx  eft  touiours  repréfenté  fur  Ies  monumens 
avec  de  la  barbe  & dans  un  age  múr.  On  rrouve  , 
á la  véritá,*dans  Panrhologie  une  ftatue  ^Ajax 
jeune  & fans  barbe ; mais  le  poete  nous  apprend 
aaíTi  qu  il  étoir  repréfenté  avant  fon  départ  pour 
la  guerre  de  Troye. 

Le  célebre  peintre  Timomachus  voulant  peindre 
Ajax  furieux , n'avoit  pas  choiii  Pinftant  ‘ou  il 
égorgeoit  Ies  béliers , qu  il  prenoit  pour  Ies  chefs 
des  Grecs  ; mais  celui  oil  , revenu  á lui-méme, 
^yant  ^ rafRiéiion  dans  le  coeur  & le  défefpoir 
Gans  Paine,  i{  réñéchiíToit  fur  fon  erreur  ridicula. 

hv.  a,  c.  22).  C’eft  ainli  quil  eft  re- 
rabie  Iliaque  da  capitole  & fur 
qiffersntes  pierres  gravees.  (^Stefek,  p.  3 84).  On 


A I G 

trouve  cependant  une  pite  de  verre  anticue  ^ 
moul-ée  fur  un  camée,  qui  oírte  le  fujet  de  la 
tragédie  de  Sophocle  ; elle  repréfente  Ajax  qui 
rae  un  "gros  béiier.  On  y voir  auíii  deux  bergers 
avec  L'lyíTe,  á qui  Pallas  fait  obferver  la  furear 
de  fon  ennemi. 

Un  beau  fcarabée  étrufque  du  palais  royal , offre 
A^jax  enlevant  du  milieu  des  combattans  le  corps 
dUAchiile. 

Ajax.  Nom  d’une  danfe  furieufe  che?,  les 
Grecs  : elle  éroitainfí  no  ramee,  parce  qu’on  imi- 
roit  la  furear  ¿Ajax.  Lucien  en  parle  a la  fin  de 
fon  Traité  de  la  danfe. 

Ajax  dz  pailU  ou  Ajax-mannequm ; c’étoit  le 
titre  d’une  comédie  de  Varron.  Ce  nom  lui  venoit 
d’un  foliar  ou  ¿Ajax , qui  paroiífoit  couché  fur 
de  la  paiile  & malade.  Les  Romains  faifoient  de 
femblables  mannecuins  qu’ils  expofoient  aux  tau- 
reaux , afin  de  les  irrirer. 

AJAXTIES.  fétes  qu’on  céiébroit  a Salamine 
en  rhonneur  d’Ajax,  fils  de  Télamon,  & dans 
lefiquelles  on  portoit  fur  un  cercueil  un  mannequin 
armé  de  toures  piéces.  Héfychius  parle  de  ces 
féres  fous  le  nom  ¿aitita-tsa,  ajan.tits  , a cauíé 
de  la  tribu  d’Athénes  appelée  Ajantis , qui  ayant 
pris  le  nom  d’Ajax,  en  céiébroit  Ies  fétes. 

AICHEERA , un  des  fept  dieux  céleñes , que 
les  Arabes  ^adoroient 3 felón  M.  d’Herbelot. 

A.IDONEE  3 roí  d’Epire,  vivoit  du  rems  de 
Théfée  3 cinquanre  ans  enviren  avant  la  guerre 
de  Troye.  Comme  il  faifoit  beaucoup  travailler 
aux  mines  de  fon  pays3  & que,  pour  aller,  des 
autres  contrées  de  la  Gréce  en  Epire  , il  falloit 
paíTer  un  fieuve  nommé  l’Achéron,  on  a fouvent 
confondu  ce  prince  avec  Pluron.  L’Epire  , qui 
étoit  un  pays  fórt  bas , par  rapport  au  refte  de 
la  Greqe , a été  prife  pour  l’enfer  méme.  C’eft 
cet  Aidonéz  qui,  felón  queíques  auteuis,  enleva 
Froferpine,  parce  qu’elle  lui  avoit  été  refufée 
par  fa  mere  5 Se  comme  ce  prince  étoit  fouvent 
confondu  avec'Pluton,  les  poetes  ont  mis  l'enT 
lévement  de  Proferpine  fur  le  compre  de  ce  dieu, 
Cette  explication  eft  donnée  par  les  mythologues- 
hiftoriensj  mais  qu’elle  eftvaine  & frivole,  fi  on 
la  compare  aux  explications  de  M.  Dupuis ! V.  Pro- 
SERPINE. 

AIGLE,  cifeau  confacré  á Júpiter,  depuis  le 
jour  qu’ ayant  confuiré  les  augures  dans  rifle  de 
Naxe  3 avant  d’entreprendre  la  guerre  contre  les 
Titans  3 il  parut  un  aigU  qui  lui  fut  d’un  heureiix 
préfage.  La  fable  a dit  auffi  qu’un  aigU  eut  foin 
de  fournir  á Júpiter  du  nedar  pendant  fon  enfance  j 
& pour  i’en  récqmpenfer , le  pere  des  dieux  placa 
cet  oifeau  parmi  les  aftres.  Vaigle  fe  voit  ordi- 
nairement  dans  les  images  de  Júpiter,  tantót  aux 
pieds  du  dieu  , tantot  tenant  la  foudre  entre  fes 
ferres.  II  y a bien  de  I’apparence  que  cette  fable 
eft  fondee  fur  le  vol  de  Vaigle , qui  aime  á s’élever 
dans  les  nuages  les  plus  hauts , Sí  dar4  régicji 
dii  tonnerre. 


A I G 

Les  Egyptiens  qui  habitoient  laThebaíde^  avoient 
une  grande  véíiération  pour  Xaigh.  II  entroit  méme 
daos  récriture  hiéroglyphique ; mais  aiors  il  étoit 
dépouillé  de  fes  plumes.  A iEIiopoüSj  dans  la 
méme  contrécj  on  prenoit  pour  fymboíe  une  tete 
¿aiglt  blanc  , avec  le  poitrail  dégarni  de  plumes 
& í alies.  On  croit  que  c'étoit  un  embléme  áu 
Kil  3 que  Ton  appeloit  qrelquefois  du  nom  á’aigle. 
Uaigie  des  Egyptiens  fe  diílinguoit  toujours  de 
celui  de  TEmpire  Romainj  parce  quii  étoit  dé- 
garni de  plumes  & lavé  a une  couleur  d’eau. 

Les  Grecs  obfervoient  attentivement  le  vol  de 
Yaigle,  quand  lis  prenoient  les  aufpices.  Lorfque 
cet  oifeau  paroilfoit  gal,  quil  battoit  fréquem- 
ment  des  alies , qu’ii  jouoit  dans  les  airs  & qu'il 
voloit  de  la  droite  á la  gauche  j c’étoic  un  bon 
augure.  Priam  voulant  alíer  attaquer  la  fiotte  des 
Grecs  pour  ravoir  fon  fils  Héctor , pria  Júpiter  de 
lui  annoncer  fa  proreéíion  par  rapparition  d'un 
i2Ígle  volant  á fa  droite.  Le  aevin  Ariílanáre  a\unt 
vu  un  azgle  voler  de  fon  camp  vers  celui  des  enne- 
mis  j prédit  la  victoire  á Alexandre. 

On  tiroit  auíE  des  préfages  de  la  maniere  dont 
Xaigle.  faiíiíToit  fa  prole.  {Odyjf.  v.  i6o).  Lélé- 
maque  cherchant  fon  pére  & fe  trouvant  á Sparte , 
appercut  un  aigle  qui  voloit  á fa  droite,  & qui 
portoit  avec  fon  bec  & fes  ferres  une  oie  domef- 
tique.  Kéiéne  conclut  de  cette  apparition  qu'ülyíTe 
retourneroit  dans  fon  paiais,  & en  chafferoit  á 
rimproviíle  les  amans  de  Pénélope.  Pénélope , de 
fon  cóté,  tírale  méme  préfage  envoyant  un  aigle 
déchirer  vingtoies  qu  elle  avoit  engraiífées.  La  vue 
d’un  aigle  enlevant  un  faon  de  biche , & també 
fur  Fautei  de  Jupirer  Panomph^us,  rendir  le  cou- 
rage  aux  Grecs  rebutes  , & ieur  fit  remporter  une 
grande  viéioire  fur  les  Troyens. 

Polydamas  ayant  apperqu  un  aigle  volant  á 
gauche  , & portant  dans  fon  nid  un  ferpent  qui 
lui  échappa,' prédit  le  mauvais  fucces  de  Fen- 
treprife  qu’avoit  formée  Héctor  contre  les  vaiíTeaux 
grecs.  Amphinomus  augura  auffi  mal  des  embuches 
que  dreíToient  á Télémacue  Íes  amans  de  Pcné- 
lope , en  voyant  á fa  gauche  un  aigle  qui  enlevoit 
une  colombe.  Deux  aigles  fe  déchirant  avec  leurs 
bees  & leurs  ferres  & volant  au-deífus  de  ces 
mémes  amans  de  Pénélope,  firent  dire  á Hali- 
terfés,  qu’ÜlyíTe  les  chaíTeroit  bieatót.  Un  aigle 
enSn  ayant  arraché  la  pique  d'un  foldat  de  Denis- 
ie^Tyran  , & Fayant  précipicee  dans  la  mer  aprés 
Favoir  éíevée  fort  haut,_  préfagea,  felón  Plutarque 
(in  Dione)  la  ruine  & le  défaítre  de  ce  prince. 

Aigle.  Les  Romaias  adoptérent  pour  enfeigne 
des  légions,  une  aigle  d'or  ou  d'argent  pofée  fur 
une  pique , les  arles  épioyées , & renar.t  un  fouare 
dans  une  de  fes  ferres.  Cette  aigle  étoit  petite ; 
car  FIorus__(iV.^T2.  3S.)  pariant  de . la  défaite 
de  Varas,  dit  qu’un  enfeigne  de  legión  s'enfonca 
dans  un  marais  , tenant  Yaigle  cachée  dans  Ies 
pl:s  de  fon  ceinturon  : Signifer  aquilam  intra  bal- 
(kei  fui  latebras  gerens  in  alude  eruerifa.detituit,  1 


A I G 


103 


On  vcit  des  aigles  fur  les  médaiües , íes  ares  de 
mompne  Selles  colonnes.  La  figure  de  Yaigle  v 
eiL  quelquefois  furmontée  de  la  repréfentation 
ü un  petit  temple. 

Au-deiious  de  Yaigle  on  attachoit  différens  orne- 
mens  de  metal,  tels  que  les  bulles  des  empe- 
reurs  ,_des  dona  militaría,  Src.  trés-Iourds.  AuíS 
tahoit-i¡  beaucoup  de  forcé  pour  étre  porte-en- 
Cigne.  Saetone^(  lo  j tz.  io)^  reínarque  avec 
enfeigne  ayaiu  eté  grievement 
bleüe,  Gdtavien,  qui  fut  depuis  Augufte,  fe  faifit 

^ ^ long-tems  , quoi- 

qu  il  füt  trés-jeune.  Caracalk  affeñant  de  yivre 
avec  les  foldats  co.mme  avec  fes  égaux,  pouíToit 
cette  vaine  imitation  jufqu  a fe  charger  de  leurs 
pefantes  aigles  : Aliquando  eúam  figna  militarla  , 
quí  & pnlonga  fura  , & multis  donariis  ornata,  ut 
lUa  vix  validijfimi  geftera  milites  j ipfe  kumerís 
impofita  ferebat. 


LesRomains  rendoient  un  cuite  aux  aigles , aux 
enfeignes  militaires  , & aux  empereurs  déifiés  dont 
eiles  pormient  les  médaillons  , clypei.  lis  faifoient 
des  libatíons  en  leur  honneur  , les  frottoient  avec 
des  parfuras,  & les  couronnoient  de  fleurs.  Marius, 
dans  fon  fccond  confulat , repudia  Ies  différens 
ammauxquifervoient  d’enfeignes  aux  légions  pour 
les  attacher  aux  cohortes  feules , & affeéta  YaiAe 
aux  premieres.  C'étoit  auprés  ác  cetts.  aigle , que  fe 
pla^oit  quelquefois  le  general.  Catirlina^combattit 
dans  ceue  place  avec  fes  amis  & fes  cliens. 

La  ¡lique  fur  laquelle  on  portoit  Yaigle , étoit 
terminee  parunfer  aigu,  qui  entroit  dans  la  terre, 
3c  la  tenoic  dCDout  dans  le  camp.  On  regardoit 
comme  un  mauvais  préfage  de  ne  pouvoir  Ies  arra- 
cher  de  tepre  lorfqu  il  falioit  combattre , ou  de  Ies 
voir  enveloppées  de  nuages  , lorfque  ¡e  refte  du 
camp  jouiíToit  d’un  cid  pur  & ferei.m  Pour  mé- 
nager  Ies  pointes  des  aigles.  Jes  porte-enfefgnes 
avoient  des  efpéces  de  gaines  de  métal  en  forme 
de  coins  , que  Fon  fixoit  dans  la  terre , Se  qui  rece- 
voient  les  pointes  des  aigles  dans  leurs  cavités. 
On  en  volt  piufieuxs  dans  le  cabinet  de  Sainte- 
Géíievieve.  Eíles  fervoient  peur-étre  au  méme 
ufage  pour  les  piquets  des  rentes. 

Aigle,  Cet  oifeau  étoit  le  fymboíe  des  Lagidesj 
ils  en  mettoient  deux  fur  leurs  médaiües  , lorfque 
la  fouveraineté  de  FEgypte  étoit  partagée.  On  la 
voit  pofée  fur  un_  foudre , fur  les  médaüles  de 
FEgypte,  de'Ficpire  , de  Larinum,  des  Mamer- 
tins  , de  Myndus , d'Orra , de  Panormus  , de  Ca.- 
ziura  , de  Gravifear  & de  TheíTalonique. 


Uaigle  volé  fur  les  médaiües  d’Apamée  en 
Fhrygie  , de  C3/donia  en  Crete , de  Lyttus  & des 
liles  Ciéides.  Elle  eít  pofée  fur  celíes  de  Lacédé- 
mone  , des  Locriens  d'ítalie  , de  Lyttus,  deMar- 
feiile , de  Fthoiémais , de  Salapia  , de  Tvr  , 
d’Abyde , áUAphytis , de  CnoiTe  & d’Eufebia. " 

U aigle  eíl  pofée  , Se  retourne  la  tete  fur  les 
médaiües  des  Bruttii  & d'Itanus. 


Elle  par  oír  éployée  & pofée  fur  celles  de 


A I G 


104  A I G 

Smirne  , de  Syracufe,  de  Thyatire  ^ de  Tuder , de 
Veüa.  Les  mé.daiües  d'iílriopoiís , de  Sinope  _& 
d'OibiopoIiSj  ofrrent  Yaigle  pofée  íur  un  daupnin. 

UaigU  déchire  un  Jiévre  fur  les  médailles  d’ Acra- 
gas  , des  Faüfques  j & un  animal  inconnu  fur 
cedes  de  Chalcis  & des  Locriens  d’Italie. 

Une  íiigle , avec  le  mot  Consecratio,  défigne 
fur  les  médailles  Taporheofe  d’un  empereur.  La 
principale  figure  de  la  beüe  agache  confervée  á la 
Sainte-Chapelle  de  Paris , eft  portée  fur  un  aigle  ; 
ce  qui  Tavoit  fait  prendre  pour  S.  Jean  , dans  les 
tems  d’ignorance. 

On  rrouve  quelquefois  des  aígles  pour  marquer 
la  confécration  des  princeíTes , relie  que  Marciana ; 
mais  cela  eít  trés-rare  , & elle  eíl  ordinairement 
annoncée  par  le  fpmbole  du  paon. 

Uaigie  fervoit  d’enfeigne  dans  Tarmée  de  Fré- 
déric  I j comme  autrefois  dans  Ies  légions  ro- 
maines.  On  la  volt  fur  les  monnoies  de  Henri  VI 
Se  de  Frédéric  II.  Romain  Diogénes  , empereur 
des  Crees,  ayant  été  pris  par  les  Tures  en  107a.  ^ 
fue  reconnu  á la  figure  de  Yaigle  qu'il  portoit  fur 
ía  poitrine.  Adelbert  , marquisSe  duc  de  Lorraine 
•depuis  Tan  975)  jufqu'en  1037,  auroit  pris  ce  fym- 
bole  long-tems  avant  les  empereurs  d'Alíemagne  j 
fi  Ton  s’en  rapportoitá  fon  feeau^  publié  par  D.  Cal- 
mer.,  UaigU  éployée  paroít  fur  Fécu  du  orince  j fur 
la  houíTe  & fur  le  cou  de  fon  chaval:,  & fur  le  con- 
tre-fcel.  Mais  le  caparazón  traínant  dont  le  cheval 
eíl  couvertj  & íes  caraáéres  de  Finfeription  ^ nfin- 
diquent  au  plus  que  le  treiziéme  ííécle,  & rendent 
ce  Tceau  plus  que  fufpeñ. 

Ferri  I ^ Duc  de  Lorraine  depuis  1205  jufqu’en 
r 207,  eíl  monté  fur  un  cheval  fellé  fort  fimplement 
& fans  caparacon.  Les  alérions  ou  petites  aigles  ne 
fe  font  voir  que  fur  fon  bouclier.  Mais  des  Fan 
II97j  Yaigle  éployée  fe  voit  dans  le  feeau  de  Ma- 
thieu  de  Lorraine depuis  évéqae  de  Toul.  Celui 
de  Fempereur  Louis  de  Baviére  montre  cet  oifeau 
dans  fa  forme  naturelle  aux  deux  cotes  du  troné. 
U aigle  éployée  , avec  ces  mots , figillum  veritatis, 
fervoit  de  contre-fcel  á Etiefine , comte  de  Bour- 
eogne^  des  le  commencement  du  treiziéme  fiécle. 

A quelle  époque  les  empereurs  d'Allemagne 
ont-ils  adopté  Yaigle  á deux  tetes  , que  Lipfe  a 
obfervée  fur  la  colonne  Antonine  3 & qui  3 dit-on  , 
avoit  été  adoptée  par  Conílantin  , pour  expricner 
la  reunión  des  deux  empires  en  fa  perfonne  ? 
Heineccius  prétend  j ainfique  plufieurs  autres  écri- 
vgins  , que  Sigifmond  eft  le  premier  dans  le  feeau 
duquel  on  la  trouve.  Cependant  Ludewig  , con- 
fedlerdu  roí  de  PruíTe , a décrit  le  contre-fcel  d'une 
chatre  de  Fempereur  Vinceflas , datée  de  Fan  r 397^ 
ou  Fon  volt  une  aigle  éployée  á deux  tetes.  Le 
meme  auteur  en  trouve  Forigine  chez  Ies  anciens 
rnarquis  de  Brandebourg.  Gudenus  a prouvé  depuis 
par  un  autre  contre-fcel  3 que  c'eil  Charles  IV  oui 
a uonne  a f^s  fucceíTeurs  Fexernple  de  incttrc  csttG 
figure  íur  leurs  feeaux  3 fans  doute  pour  íignifier 
1 yn  & 1 autre  empire.  Les  comtes  de  Sarwerden 


aroient  dans  leur  écu  Yaigle  á deux  tetes  des  íe 
treiziéme  íiécFe.  On  en  a fait  les  armes  de  Fem- 
pire  d'Ailemigne  fous  le  régne  de  Sigifmond  au 
plus  tard. 

Aicle.  (Fierre  £ ).  FItEtite. 

AIGREfTE  de  cafque.  V.  Créte. 

Aigrette.  Les  romaines  portoient  fur  le  front 
une  parure  qui  reífembloit  beaucoup  aux  aigrettes 
modernes  3 qui  font  formées  par  un  aíTemblage  de 
pierres  précieufes.  On  voit  dans  le  jardin  du  palais 
Farnéfe  á Rome,  une  tete  de  Venus  fous  les  traits 
de  Marciana  3 niéce  de  Trajan , qui  porte  une  fein- 
blable  aigrette  au  haut  du  front.  La  Viila-Pamfili 
renferme  un  bulle  de  la  meme  princeíTé  3 dont  le 
front  eíl  decoré  dMn  ornement  en  forme  de  croif- 
fanr.  Ce  bufte  éclaircit  un  paíTage  du  poete  Stace  , 
qui  dit  qu'Alcméne  , mere  d'HercuIe  3 avoit  fes 
cheveux  ornés  de  trois  lunes  : ( Theb.  l.  6.  288. ) 

— T ergemina  crinem  circumdata  luna. 

Ce  vers  fait  fans  doute  alluíion  aux  trois  nuits  que 
Júpiter  paffa  avec  cette  princeífe  3 & a Hercuie 
dont  il  devint  pete  pendant  cet  efpace  de  tems. 
Winkelman.  Hist.  d:e  l'Art. 

AIGÜE-MARINE.  Fierre  - gemme  d’une  me- 
diocre dureté  & d’un  bleu  léger  j pareil  á celui  de 
la  mer  , d’ou  luí  eft  venu  fon  nom  francois.  On 
préfume  3 d’aprés  les  deferiptions  trés-défeélueufes 
des  anciens  minéralogiíles  3 qu  ils  la  comprenoient 
fous  la  dénomination  générale  de  Béril.  Le  dif- 
cernement  des  anciens  artilles  brille  fouvent  dans 
le  choix  des  pierres  qu  ils  ont  gravees  , mais  fur- 
tout  dans  le  Neprune  & le  beau  Léandre  du  palais 
Pvoyai  3 qui  font  graves  fur  des  aigues-marines. 

AIGÜILLE  a coudre.  Aucun  recueil  d’antiquités 
n’offre  des  ai  guilles  á coudre 'antiques  3 quoique 
les  auteurs  grecs  & romains  faffent  fouvent  men- 
tion  d’ouvrages  & de  broderies  faíts  á Yaiguille. 
L’Afí'yrie  Se  la  Babylonie  en  particulier  étoient 
renommées  pour  ces  broderies.  (Plin.  lib.  jo)  Co- 
lores  diverfos  piclura  intexere  Babylon  máxime 
celebravit.  Si  ces  aiguilles  étoient  d’acier  comme 
les  nótres  j la  rouiile  les  aura  toutes  détruites. 

Aiguille  de  cheveux  ou  de  tete.  Les  Romaias 
les  appeloient  acus  crirtales  Se  acus  difcriminales , 
ou  indifféremment  fpicula.  On  doit  les  diílinguer 
foigneufement. 

Acus  difcrimlnales  , étoient  de  grandes  aiguilles 
de  métai  ou  d’ivoire  3 qui  fervoient  aux  femmes  a 
féparer  leurs  cheveux  en  deux  parties  fur  le  devane 
de  la  tete.  Cette  coéíFure  Ies  diílinguoit  des  filies, 
■qui  relevoient  Se  nouoient  tous  leurs  cheveux  fur 
le  fommet  de  la  tete  , ou  Ies  attachoient  fur  le 
derriére  avec  une  aiguille , fans  en  kiíTer  flotter  fur 
les  joues  ni  fur  les  oreilles. 

Acus  crínales  , acus  comatoris.  , étoient  propre- 
m.ent  les  aiguilles  de  tete.  Elles  fervoient  á reteñir 
les  cheveux  qui  étoient  treíTés  Se  nattés.  C’eít  ainfi 
que  les  treíTent  encore  les  Alfaciennes  5 8c  les  fem- 
mes des  environs  de  Naples  attachent  encore  lenrs 
chevelures  avec  des-  aiguilles  d’argent  de  fept  a 


A I L 

hiÚT  pouces  de  longueur.  On  voit  dans  !a  biblio- 
théque  de  Sainre-Geneviéve  de  París , ua  bufte  de 
femrEK  antigüe  , dans  la  chevekre  de  iaquelle  on 
diíiingue  parfaitcment  une  iongue  8c  grolíe  aigaUle 
qui  3^  une  forte  tete.  Le  pére  de  Montfaucon  a 
publié  une  tete  coeífée  de  méme  (fupp.  m ,p-  4)  5 
mais  il  appelle  mal-á-propos  cette  aiguille  acus  dif- 
criminalis,  puifque  cette  derniére  fervoit  á féparer 
& beucler  les  cheveux,  & non  á les  attacher. 

Les  aiguilUs  á nxer  Ies  cheveux  étoient  d ’or  , 
d’argentj  debronze^  d'ivoire  & méme  de  rofeau. 

On  en  a trouvé  plus  de  cent  d’ivoire  j mais 
íimples  8c  fans  aucun  ornement , dans  les  fouilles 
qu'a  faites  M.  Grignon  en  Champagne  j dans  les 
ruines  d'une  villc  romaiiie.  Le  comte  de  Caylus 
( Rec.  p.  3 II.)  en  a publié  deux  de  la  méme 
manére  j qui  avoient  été  trouvées  dans  une  fouille 
fur  je  mont  Pincio  á Rome.  On  fait  que  Tivoire 
etoit  bien  plus  rare  chez  les  Romains  qu’elle  ne 
Lell  deveaue  depuis  Ies  voyages  d’Afrique.  Cette 
rareté  qui  en  faifoit  ¡e  prix  , eft  annoncée  par  le 
travail  dkne  de  ces  deux  aiguilles  5 elle  eft  ornee 
d’une  tete  de  femme  travaiilée  de  bon  goüt  ^ & 
dont  la  coéíFure  eft  bien  agencée. 

Dans  le  grand  nombre  des  aiguilles  d’argent 
qui  fervoient  á attacher  Ies  treífes  des  cheveux 
fur  le  derriére  de  la  tete , on  en  trouve  á Portici 
quatre  íinguliérement  grandes  & bien  travaiilées  5 
car  cette  parare  étoit  une  de  celles  qui  fixoient 
davantage  Tattention  des  femmes.  Les  prétres 
eunuques  de  Cybele  attachoíent  comme  elles  leurs 
cheveux  avec  une  aiguille  de  tete.  La  plus  grande , 
dont  la  longueur  eft  de  huitpoticeSj  aulieu  d’étre 
terminée  par  u.n  bouton  ^ porte  á fon  extrémité 
un  chapiteau  corinthien  ^ fur  lequel  on  voitVénus 
tenant  fes  cheveux  des  deux  mains  ; auprés 
d’eile  eft  TAmour  qui  lui  préfente  un  miroir  rond. 
Les  dames  romaines  avoient  coutume  de  confa- 
crer  des  míroirs  aux  ftatues  des  déeíTes  le  jour 
de  leurs  fétes.  Sur  une  autre  de  ces  aiguilles , 
également  terminée  par  un  chapiteau  corinthien^ 
on  voit  TAmour  & Pfyché  qui  fe  tiennent  em- 
braíTés.  Une  troiíiéme  préfente  á fon  extrémité 
deux  buftes.  Sur  la  plus  petite  des  aiguilles  qui 
font  dans  le  méme  cabinet , V énus  s’appuie  fur 
un  cippe  qui  porte  un  priape ; la  déeíTe  eléve  fa 
jambe  droite  j & paroit  vouloir  prendre  fon  pied 
de  la  main  gauche. 

Cn  en  trouve  fouvent  de  bronze  ^ & le  comte 
de  Caylus  en  avoit  raíTembl-é  pluíieursj  qui  avoient 
trois  á quatre  pouces  de  longueur.  Ces  aiguilles 
de  bronze  ont  été  confondues  quelquefois  avec 
des  clous  j par  des  antiquaires  peu  inñruits. 

AíL.  Cette  plante  a été  plus  qu'aucune  autre 
foumiie  dans  Ies  diíFérentes  contrées  aux  caprices 
de  la  mo de  & de  l'opinion.  Les  Egt'ptiens  luí 
faifoient  partager  ie  cuite  -qu’iis ' renaoient  aux 
oignons.  Pjine,  (1.  xix.  6. ) ■ Allium^  c^pafque 
ínter  ¿eos  jure  jurando  habet  JEgyptus.  Chez  Ies 
Crees  3 au  contrate  j ii  étoit  défendii  d’entrer  i 
¿^Mquités  j 1 orne  I, 


AÍL  105 

dans  les  temples  de  la  mere  des  dieuXj  lorfqu’o^ 
avoit  mangé  de  ikíY.  (Atken.  x).  L’k/ déplaifcit 
á Rome  aux  gens  délicats,  á eaufe  de  fon  odeuc 
forte.  Toat  le  monde  connoit  les  vers  d’Horace 
fur  cette  plante  : 

Parentis  olim  Jl  quis  impía,  matul 
Senile  guttwr  fregerit : 

Edat  cicutis  allium  nocentius. 

O dura  mejforum  ilia ! 

Cétoit  peut-étre  la  raifon  pour  Iaquelle  on  ea 
faifoit  manger  pendant  pluficurs  jours  á ceux  qui 
vouloient  fe  purifier  de  quelque  crime.  Perfe  fait 
alluficm  á cette  pratique.  ( Sat.  v , 186. ) : 

Hiñe  grandes  Galli,  & cum  fiflro  lufea  facerdos 
ineujfere  déos  inflantes  corpora,  fi  non 
PridiBum  ter  mane  caput  guflavetís  allí. 

Les  foIdatSj  les  matelotSj  & les  moiífonnears 
grecs  & romains  faifoient  un  grand  ufage  de  'iail. 
Les  Grecs  croyoient  qu  il  allamoit  le  courage  ¿es 
guerriers.  Ariftophane  {Equit.  i.  3.  25Ó.)  : 

T7t  plenus  alliis  firenue  magis  pugnes. 

lis  en  faifoient  manger  aux  coqs  mémes  qu’iís 
dreíToient  pour  Ies  combats.  TJail  étoit  une  nour- 
riture  li  ordinaire  aux  foldaís  romains  , qu  il  étoit 
devenu  un  fymbole  de  la  vie  militaire.  Allia  ne 
comedas  , ne  mangez  pas  de  Yail.  difoit-on\,  á 
ceux  qui  aimant  beaucoap  leurs  aifes  & la  tran- 
quillité  j formoient  le  projet  d’aller  á l’armée. 
Vefpaíien  répondit  á un  courtifan  efféminé  qui 
lui  demandoit  un  gouvernement:  J’aimerois  raieux 
que  tu  fentiffés  Xail  que  les  parfunss. 

Les  matelots  des  deux  nations  en  faifoient  ua 
auíll  grand  ufage  que  Ies  foldats.  Piaute  {Poen,  r. 
J-340- 

Tum  autem  plenior 

Alia , ulpicique  3 quam  P.ontani  remiges. 
Ariftophane  (^Arack.  /.  4.  30. ) : 

Ha  miki  pereo  , qaem  Odomantes  fpoliant  alliis. 

Le  feholiafte  obferve  fur  ce  vers  d’ Ariftophane  j 
que  les  Thraces  aimoient  beaucoup  Xail , parce 
qif  ils  habitoient  un  pays  froid.  Lorfque  Ies  Athé- 
niens  partoient  pour  queiquexpédition  maridme , 
ils  faifoient  j felón  Suidas  ^ une  ampie  proviíion 
d’azY.  On  cro\:^it  que  Puf-ge  de  cette  plante 
chaude  corrigeoit  les  effets  du  maiivais  air. 

C’étoit  fans  doute  la  méme  opinión  qui  faifoit 
prodiguer  Yail  aux  moiffonneurs  & aux  payfans. 
Virgile  {Eclog.  ii.q.)'. 

Tkefiylis  & rápido  fejps.  mejforibus  ejiu 
Allia  , ferpyllumque  kerhas  conVundh  olentes. 

Gallen  {Metk.  med.  XII.  18.)  appelle  Vail,  la 
thériaque  des  payfans-  Püss  ( xix.  6. .)  dit  que 


jc6  A I L 

Tcil  íevt  de  rcíTicdc  siix  liaoitans  de  la  catTipa^e* 
-On  a éíé  jiifqua  regarder  Yail  comme  un  puiííant 
contre-poifon  & á croire  qu  on  n avoit  ríen  á 
craindre  des  betes  vénuneufes  apres  en  avoir 
mangó.  vEmilius  Macer  le  dit  expreffément : 

JÍ£C  ideó  rr.ifcere  ciáis  mejforibus  efl  mos , 

Ut  Ji  forte  fopor  fejfos  deprejfent  artas  , 

A.iguibus  a nocais  tuti  requiefeere  pojjlnt. 

AILES.  Les  divinités  égv’ptiennes , ditot  Ip 
auteurs  qni  ©nt  expliqué  Ies  pierres  gravees  du 
palais  royal  j portent  quelquefois  des  ailes  reíTem- 
blanres  á celles  des  c'hérubins.  Cette  maniere  de 
les  repréfenter  étoit  encore  en  ufage  fous  Ies 
emperears  romains ; car  Fifis  avec  de  femblables 
ailes  que  Fon  voyoit  á Rotne  daris  le  dernier 
fiéclcj  tfétoit  pas  d’un  temsplus  recule.  On  trouve 
fur  Ies  médaiiles  de  Make , deux  figures  placees 
Tune  vis-á-vis  de  Fautre j avec  des  ailes  fort 
longues  aux  Lanches.  Liles  s'étendent  en  avante 
eemme  pour  couvrir  la  partie  inférieure  du  corps. 
Le  marquis  Maífei  ^ {Verán,  illufir.  P.  3 , p._  2.59.) 
cjui  a rapporté  une  de  ces  médaiiles  ^ nz  ríen  dit 
de  ces  ailes  fi  remarquables.  L^abbé  "V  énuti  la 
donne  auífi  parmi  fes  médaiiles  de  Malte , mais 
fans  ailes.  Le  tems  les  avoit  fans  doute  détruites 
fur  la  fienné ; car  eiles  font  tres-évidentes  fur  des 
médaiiles  femblables  du  cabinet  de  Sainte-Gene- 
viéve. 

Spon  {Reck.  d‘Ant.  dijf.  28,  p.  45’9-) 
ce  quríl  doit  faire  de  ces  ailes  ^ & il  les  prend 
pour  des  cuiíTes  fans  jambes , quoique  les  figures 
ayent  des  jambes  trés-prononcées.  Gordon  a 
trouvé  dans  lespeintures  d'une  rnomie  une  figure 
abfolumentpareille  á celles  des  médaiiles  de  5!alte  : 
elle  a de  méme  deux  ailes  aux  Lanches  j dont 
elle  léve  Fuñe  pour  mettre  á Fombre  une  áivi- 
nité  aíTife.  L^autre  aiU  qui  eñ  baiffée  fe  porte 
en  avant.  Spon  a cru  voir  auífi  des  pieds  de  bceuf 
a la  figure  de  fa  médaiiie  ; peut-étre  parce  que 
Ies  chérubins  avoient  des  tetes  de  boetif.  {Motraye 
voyag.  tom.  l , pl.  145/2.  15.  — Num.  Pombrock, 
P.  2j  tab.  c¡6 , n.  I.  — Gordons , EJfay  touvards 
explazn.  the  kierogl.  tab.  1^,  n.  7 ). 

Ces  -ailes  annoncent  les  voyages  des  Phéni- 
ciens  qui  fréquentérent  de  bonne  heure  íes  files 
& les  cotes  de  la  Mécliterranée.  C’eñ  d'eux  auífi 
que  les  Pélafges  ou  premiers  Grecs  regureat  ia 
mytbologie  égyptienne.  Si  Paufanias  eut  réfléchi 
fiir  ces  Communications  anciennes  5 il  k'auroit  pas 
été  obligá  d’avouer  fon  ignorance  a la  vue  dbine 
Diane  aüée  qu’il  vit  fur  le  fameux  coftre  de  Cyp- 
felus.  On  fait  aue  les  Etrufques  requrent  Ies  arts 
& les  connoifíances  de  ces  anciens  Grecs  ; c“eft 
pourquoi  on  anpliquera  facilement  á ces  derniers 
ce  que  nous  allons  dire  des  premiers  fur  Fautorité 
de  Winkelmann. 

Les  Etrufques  ont  repréfenté  prefque  toutes 
kurs  divinités  avec  des  Ales.  Júpiter  en  porte  fur 


A I L 

une  pierre  étrafque  du  cabinet  de  Stofeb^ : on 
voit  ce  dieu  repréienté  de  méme  fur  une  pare  de 
Yerre  & fur  une  corr.aline^du  méme  cabinet  5 ou 
ii  fe  préfente  á Ssméie  dans  toute  fa  majeíte. 
Comme  les  anciens_  Grecs  5 ks  Etrnfcues  ápn- 
noient  des  ailes  á ufane  ; cebe  d Ephefe  eft  ailee 
fur  une  pierre  sravée  de  Stofehj  & fur  une  autre 
du  cabinet  de  Florence.  Les  nvmpbes  aih'es  qui 
Faccompagnent  fur  une  ürne  fepnicrale  au  capi- 
tcie  & fur  un  bas-relief  de  la  'vilia  Eorgriefe5 
fonr  vraifemblablement  des  f.gures  emprantées  de 
cette  ancienne  mytnologie.  La  Minerve  étnifone 
porte  non-feulement  des  ailes  aux  épauies , mais 
éncore  aux  pieds.  Horfley  (^Brit.  Róm.  p.  3)3-) 
s^eíi:  bien  trompé , en  difant  qu  on  ne  trouvcit 
point  de  Minerve  ailée^  & que  les  auteurs  n en 
ont  méme  jamais  parlé.  On  voit  jufqu  a \'tnus 
peinte  avec  des  ailes.  _ x , a , 

Les  Etrufques  en  mettoisnt  enco-re  a la  tete  de 
plufieurs  autres  divinités,  relies  que  lAmour, 
Proferpine  & Ies  Furies  j ckft  dans  ce  méme  fens 
que  leurs  artiftes  reprefentoient  des  chars  avec 
des  ailes  .•  cet  ufage  ieur  étoit  commun  avec  les 
Grecs.  En  effetj  Luripide  {Oreft.  v.  1001.)  aonne 
au  foleii  un  char  aiié ; & fur  les  médaiiles  d Eíeufis, 
Cérés  eib  repréfentée  afilie  fur  un  femblable  char, 
tiré  par  deax  ferpens.  La  fiable  parle  auífi  d un 
char  aiié  de  Neptune  , qa'ApolIon  fit  aonner  a 
idas  pour  eniever  la  nymphe  Marpeffa.  {Apollodor. 
bibl.  l.  I 5 p.  ifi). 

Les  divinités  ailées  ne  font  pas  fi  communes 
fur  les  monumens  grecs  que  fur  ceux  des  Etruf- 
ques. Les  Grecs  ne  donnoient  ordinairement  de 
grandes  ailes  qu"á  ia  -Victoire,  Sr  quelquefiois  á 
Diané.  Les  Etrufques  en  donnoient,  comme  nous 
Favons  dit , a Minert'e  , á Diane , á Venus  , á 
Médufe  & aux  Furies. 

Le  comte  de  Cayliis  {Rec.  m,  pl.  44,  n.  3.)  a 
fait  deífiper  une  ííatue  qu  il  croit  repréfenter  la 
déeíTe  Salus  ou  de  la  fanté  : elle  porte  deux  ailes 
fur  le  front.  On  ne  peut  expliquer  cette  fingulanté 
que  par  le  moyen  de  quelqu'allégorie  inconnue 
aujoiird'hui.  Le  méme  favant  a pubüé  une  feconde 
figure  ailée,  dont  les  ailes  lui  ont  fait  écrire  une 
obfervation  pleine  de  fagacité.  {Ibid.  p.  188). 

Les  piumes  de  fes  ailes  font  placees  á contre- 
fens,  c^eft-Ldire,  que  leurs  extrémités  s’élévent, 
au  lieu  de  faivre  leur  pente  ordinaire  vers  ia  terre. 
Je  ne  puis,  dit-il,  attribucr  cette  licence  á la  bizar- 
rerie  de  Fornement;  car  on  voit  plufieurs  monu- 
mens étruíques  & romains , graves  & féríeux,  dóne- 
les ailes  5 non-feulement  font  arrangées  dans  cet 
ordre  , mais  dont  les  piumes , á Fextrémité  , fe 
terminent  en  volate;  j'avoue  que  je  ne  puis  con- 
cevoir  ni  ia  raifon,  ni  le  motif  d’un  arrangement 
qui  s’oppofe  a la  nature.  ( Caylus  3,  p.  188). 

Ailes.  AU.  Cet  arríele  eft  bien  traité  dans- 
l'Art  Militaire  de  cette  Éncyclopédie  On  y a 
fait  voir  que  les  ailes  des  iégions  étoient  fortnóes 
fouvent  par  des  fantaflins;  quoique  les  cavalifi» 


fonnaiTerit  ordinairetnent  Ies  aiUs.  Pluíieurs  ha- 
meauXj  qii!  ladis  éroient  deftinés  aux  ílations  des 
roraaines,  avoient  retenu  le  furnom  Ala  avec  le 
Kom  de  la  legión  qui  avoit  des  détachemens  poílés 
dans  ces  hameaux.  C'eft  aiiiíl  qii’on  lit  dans  Ylzi- 
néraíre  aAntonin: 

IDurnomagiim , leg.  F'II.  Ala. 

Biiruncum , leg.  V.  Ala. 

Novejlam , leg.  F”.  Ala. 

Gcldubam , leg.  IX.  Ala. 

A I L E s milLiaires , étoient  chez  les  Macédo- 
niens  la  naéme  chofe  que  FAgema  ; elles  furent 
mires  en  ufage  dans  !a  taftique  romaine. 

II  faut  placer  au  nombre  des  diviíions  mili- 
taires,  Y ALA  fingulariiim,  dont  parle  Tacite  {HiJ}. 

70.  3.)  ; AcceJJlt  ala  Jingularium  , excita  olim 
a Vitellio , deinde  ir.  partes  Xefpajiani  tranfgreffd. 
Cette  troupe  portoit  !e  nom  ¿Y Ala  Jingalarium 
eqAtum , íbit  parce  qu’il  rij  avoit  entre  ces  mairres 
d'autre  áiítin'élioa  que  celia  des  commandans^ 
foit^  parce  que  ces  maitres  étoient  des  cavaliers 
d’ élite  , fiagularcs . 

AiMAKÓYPIA.  Les  Péloponnéíiens  célébroient 
ces  fétes  crueües  fur  le  tombeau  de  Félops , en 
foLiettant  des  énfans  jufqiFá  faite  couler  leur  fang. 
C’eíl  de  ce  far.g  des  enfans  qa’elles  prireiit  leur 

Ai  M A NT.  Mine  de  fer,  aílez  femblable  en 
poids  & en  couleurs  á Fefpéce  de  mine  de  fer 
qu’on  appelle  mine  en  roche.  Elle  contienr  du 
fer  en  tres-petite  qijantité.  Cette  pierre  fameufe 
a été  connue  des  anciens ; car  nous  favons 
par  le  rémoignage  d'Ariíiote , que  Thalés , le 
plus  anden  philofophe  de  la  Gréce , a parlé  de 
Yaimant ; mais  il  iFeñ  pas  certaín  que  le  nom 
employé  par  Ariñcte  foit  celui  dont  Thalés  s’eft 
fervi.  Onomacrite , qui  vivcit  dans  la  60"  olym- 
piade  , & dont  il  nous  reñe  , á ce  qu’on  croir , 
qiielques  poéíies  fous  le  nom  á’ Orphée , eíl  celui 
qui  nous  fournit  le  plus  ancien  nom  de  Yaimant q 
il  i appelle  «ayjijVj;?.  Hippocrate  ( lih.  de  flerilib. 
malier.)  a déíigné  Yaimant  fous  la  péripbrafe  de 
la  pierre  qui  attire  le  fer  ^ a/S-íí  ¿Itíí  tov 

Les  Arabes , Ies  Portugais  fe  fervant  de  la 
meme  pénphrafe  que  Sexms  Empiricus  a expri- 
mee en  un  feul  mor  Sophccle,  dans 

une  de  fes  piéces , qui  rFeft  pas  venue  jufqu'á 
nous,  avoit  nommé  Yaimant  r.víla.  AíS-s?,  pierre 
de^  Lydie.  Héfychius  nous  aconfervé  ce  mot  auñi- 
bien  que  MbikI  a¡.9-05-,  qui  en  eíl  une  variation. 
Fiaron  , dans  leTimée,  appelle  Yaimant  K'¡imaé<« 
Aífroí  , pierre  d‘ Kéraclte  , nom  qui  eíl  un  des  plus 
tutes  parmi  les  Grecs. 

Añílete  a íait  plus  d’honneur  que  perfonne  á 
\ aimant , en  ne  íui  donnant  point  de  nom  ; il 
l appele  ^ >.id-<¡g , la  pierre  par  excellence.  Thémif- 
tius  s expdme  de  meme.  Théophraíle , avec  la 
piupart  des  anciens  , a fuiyi  Fapplicatipn  déjá 
Ctaolie  de  H^paxÁuet. 


Pline,  fur  !e  paíTage  mal  entendu  de  ce  phi- 
lofophe, a cru  que  la  pierre  de  touche,  coticula, 
qui,  entre  fes  autresnoms,  a celui  de  Aaítí  aLS-ss-, 
avoit  de  plus  celui  d"H'pay.?.íia  , eommun  avec 
Yaimant  : Ies  Grecs  & les  Latihs  fe  font  auííi 
fervis  du  mot  gi^'y^pÍTi; , tiré  de  aímog,  fer,  d’ou 
ell  venu  le  vieux  nom  ftan^ois , pierre  ferriere. 
Enfin , les  Grecs  ont  diverliíié  !e  nom  de  ^rr/ñTry.s 
en  diverfes  facons  ; on  trouve  dans  Tzetzés 
[r.!iyiyTy¡í  XíBa;  , danS  Achillss  Tatius  fiayAcria  , 
dans  la  piupart  des  auteurs  , ¡/.aydrí?  dans 
quelques-uns,  auíTi-bien  que  í aíS-sí  jK^y^'r::?,  par 
la  permutation  de  ^ en  í,  familiére  aux  Grecs  des 
les  premiers  tems  ; & yMyrU , qui  n’eñ  pas  de 
toas  ces  nonas  le  plus  ulité  parmi  eux,  eíl  prefqus 
le  feuí  qui  foit  paíTé  aux  Latins. 

Pour  ce  qui  eíl  de  Forigine  de  cette  dénomi- 
nation  de  Yaimant,  elle  vient  manifeílement  du 
lieu  ou  Yaimant  a d’abord  été  découvert.  II  j 
avoit  dans  FAÍie-Mineure  deux  villes  appelées 
Magnéjie Fuñe  auprés  du  Méandre  , Fautre  au 
bas  du  mont  Sypile.  Cette  derniére , qui  appar- 
tenoit particuliérement  ala  Lydie,  & qu^’onappe- 
loit  aiilíi  Héraclée,  felón  le  ííémoignage  d’jElius 
Dionyíiiis  dans  Euílathe,  étoit  la  vraie  patrie  de 
Yaimant.  Le  mont  Sypile  étoit  fans  doute  féconá 
en  métaiix,  & en  aimant  par  conféquent;  ainli 
Y aimant  appelé  lAagnes  du  premier  lieu  de  fa  dé- 
couverre  , a confervé  fon  ancien  nom , comme 
il  eíl  arrivé  á Facier  & au  cuivre , qui  portent 
le  nom  des  lieux  ou  ils  ont  été  découverts;  ce 
qu'il  y a de  íinguüer , c^eíl  que  le  plus  mauvais 
aimant  des  cinq  efpéces  rapportées  par  Püne , 
étoit  celui  de  la  Magnéíie  á'Alie-Mineure , pre- 
miére  patrie  de  Yaimant , comme  le  meilleur  de 
tous  étoit  celui  d’iEthiopie. 

Marbodeus  dit  que  Y aimant  a été  trouvé  chez; 
les  Troglodites,  & que  cette  pierre  vient  auíS, 
des  Indes.  líidore  de  Séville  dit  que  les  Indiens 
Font  cennu  les  premiers  ; & aprés  Iui,  la  piupart 
des  auteurs  du  moyen  & du  bas-áge  , appellent 
Yaimant  lapis  indicas , donnant  la  patrie  de  Fel- 
péce  á tout  le  gente. 

Les  anciens  n’ont  guéres  connu  de  Yaimant  que 
la  propriété  d’attirer  le  fer;  c’ étoit  le  fuiet  priii- 
cipal  de  leur  admiration  ; comme  on  peut  le  voir 
par  ce  beau  paíTage  de  Pline  : Quid  lapidis  rigore. 
pigrius  ? Ecce  fenjus  manufque  tribuit  illi  natura. 
Quid  ferri  duritie  pugnatius  ? Sed  cedit  & patitur 
mores : trakitur  namque  a magnete  lapide  , domitrix- 
que  illa  rerum  omnium  materia  ad  mane  nefcio  quid 
currit , ataue  ut  propias  venit , aJJtjfit  teneturque  , 
& complexu.  ks¡ret.  (Pün.  liv.  XXXVI,  c.  16'). 

Cependant  il  paroit  qu^ils  ont  connu  quelquc 
choíe  de  fa  vertir  commumeative.  Platón  en 
donne  un  exemple  dans  ITon , ou  il  decrit  cette 
fameufe  chaíne  d’anr.eaux  de  fer  furpendus  les 
uns  aux  autres,  & dont  Ie_  premier  tient  á Fííí- 
m.ant.  Lucréce,  Philon,  Pline,  Gallien,  Néme- 
lius,  rapportsnt  le  meme  phénoméne ; & Lucrece 


loS  A I N 

fait  de  p!us  mention  de  la  propagation  de  la  vertu 
Kiagnétique  au  travers  des  corps  les  p^us  durs  j 
comme  il  paroit  dans  ces  vers  : 

Exultare  etiam  Samothracia  férrea  •vidi , 

Et  ramenta  pmul  ferri  furere  intus  ahenls 
In  fcapkiis,  lapis  fue  magnes  curn.  fubdiras  ejfet. 

Mais  on  ne  volt  par  aucun  paíTage  de  leurs  écrits  . 
qu'iis  ayent  connu  la  vertu  direótive  de  Vaimant ; 
en  ignore  abfolument  dans  quel,  tems  oa  a íait 
cette  découverte  j & on  ne  fait  paS  mérae  au 
jiifte  quand  eft-ce  qu’on  l’a  appitqué  aux  ufages 
de  la  navigation.  f&e  Vandeneífe). 

Pline  dit  cue  Tarchiteéle  Dinccrate  d’Álexan- 
drie  5 avoit  commencé  de  batir  avec  des  aimans 
la  yoúre  d’ia;  temple  qtfun  des  Ptolérnées  faifoit 
élever  á Arlinoé  ^ fa  feur  & fa  femme.  L’archi- 
tefte  ei'péroit  par  cette  eonñrudtion , terur  fuf- 
pendue  en  l'air  la  Ííatiie  de  cette  princeíTe  , qai 
devoit  erre  de  fer.  Mais  la  mort  retnpecha  d'ache- 
ver  ce  teme-ie;  & elle  enleva  prefque  en  méme- 
tetns  le  reí  qui  Tavoit  commande.  Cette  fable  a 
été  renouvelée  fouvent  depuis  le  récit  de  Pline ^ 
S:  fa--touc  á Toccaíion  du  tombeau  de  Ma- 
homer. 

AIMÉNÉ;,  trovenne.j  qui  inérita  les  hon- 
neurs  héroiques  dans  la  Gréce5  elle  eut  méme 
un  autel  á Athéaes. 

AINA!,  ÁisNAY  ou  Ainay.  Atkanacum  on 
Ainacum^  abbaye  de  la  villc  de  Lycn,  fécularifée 
aujourd’hui.  L'emplacement  qifelle  oceupe  au 
confiuent  du  Rhóne  Se  de  la  Saone^  étoit  célebre 
dans  rantiquité.  On  prétend  qué  c^’étoit  au  méme 
endroít  que  Ton  célébroit  ces  ieux  fameux  établis 
en  rhonneur  dCAugufte  ^ & auxquels  fe  rendoient 
tous  les  peuples  des  Gaules.  II  y avoit  outre  Ies 
combats  athlétiques , des  combats  littéraires.  On 
ignore  quelle  étoit  la  récomoenfe  des  vainqueurs ; 
maís  la  tradition  a confervé  íe  foavenir  de  la  pimi- 
ttón  des  vaincus.  lis  étoientj  dit-ofij  contraints 
d’effarer  leurs  produdlions  avec  la  langae  j ou  ils 
«toient  precipites  dans  le  fleuve. 

Ce  qudi  y a de  certain  c’eft  que  la  punitio-n 
«toit  tres-grave  cu  írés-flétriíiante ; comme  on  en 
peut  juger  par  des  vers  de  Juvénal,  qui  compare 
la  crainte  d’un  rhéteur  deífiné  á lire  fes  compoíi- 
tions  dans  ces  jeiix  célebres,  á ceile  d'un  voyageur 
qui  a marché  fur  un  ferpent  r 

Talleat  ut  nuais  preíft  qui  calcihus  anguem , 
Jiut  EugdunYitnfem  rhetor  diBurus  a¿  aram. 

Satir.  1. 


A INES.  Si  Xaine  droite  treírailloit , o.n  en 
tiroit  pour  foi-meme  un  bon  augure,  & pom 
les  autres  ce  treliáillement  annoncoit  la  vicíoíre 
ennemis.  Uaira  gauche  avoit-elle  tref- 
jugeoit  par-la  que  fon,  étoit  foi-mérne 
expofe  a des  embuches,  &:  que  Ies  autres  feroient 
sa  aeureiix  voyagee 


AIS 

AIR.  Les  Grecs  adoroient  Vair,  quelquefoís 
fous  le  nom  de  Júpiter,  qu  ils  prenoient  pour  Vair 
ie  plus  pur  ou  l’aether , quelqucfois  fous  le  nont 
de  Junon,  qu'iis  prenoient  pour  Vair  groffierquí 
nous  euvironne  j & auffi  fouvent  ils  en  faifoient 
une  divirúté  particuliére  , á laquelle  ils  donnoient 
la  lune  pour  femme  , & la  rofée  pour  filie.  Fable 
rhyfique  qui  ifa  pas  befoin  d^explication.  II  y 
avoit  des  divinations  par  le  moyen  de  lG/> , qui 
fe  faifoient  en  obfervant  le  vol  des  oifeaux  & 
les  cris  de  quelques  animaux , ou  á Foccafion 
des  météores  Se  des  cometes , ou  fur  rinfpeéliorr 
des  nuées  ou  en  examinant  de  quel  colé  venoit 
le  tonnerre.  Ménélas , dans  riphigénie  d’Euri- 
pide,  atteíle  Vair  témoin  des  paroles d'Agamem- 
non  i mais  Ariílophane  fait  un  crime  á Euripide 
de  fes  fermens  par  IGzV.  V.  Divination. 

Les  Romains  confondírent  Tair  avec  Mercare. 
Celüi-ci  étoit  repréfenté , felón  eux , avec  des 
alies,  á caufe  de  cette  identité,  &c  de  fes  voyages 
fréquens  du  ciel  aux  enfers,  a travers  la  región 
éthérée.  ils  regardoient  auíTi  cet  élément  comme 
le  féjour  des  manes  Se  des  dieux  indigétes , oa 
denai-díeux. 

Les  empereurs  grecs  n’eurent  pas  une  auffi  haute 
opinión  de  Vair,  Se  ils  ne  craignirent  pas  de  le 
charger  d°un  impót  particuiier connu  fous  la 
dénomination  odíeufe  pro  haufiu  eris.  Ils  faifoient 
payer  á leurs  fujets  Vair  qufils  refpiroient.  L"Hif- 
toire  des  Finances  du  Bas-Empire,.  dit  M.  PaWy 
feroit  un  ouvrage  intéreffanr,  mais  q’Fun  hon- 
néte  homme  ne  pourroit  lire  fans  verfer  des 
larmes. 

AIRAIN.  V.  BU.ONZE. 

AÍRES.  (Fétes  des)  Onles  célébroit  á .AthéneS- 
dans  le  mois  pofidéon  , en  l’honneur  de  Cérés  Se 
de  Bacchus,  á qui  fon  offroit  les  prémrces  de  la 
récolte  du  bled  ¿c  du  vis.  Elies  fe  nommoient  auí£ 
Aloes. 

AÍSERNINUS,.  fúrnom  de  la  famille  Claudia, 

AL  ou  El  , eíl:  Tarticle  de  la  kngue  arabe  í 
c eíl  pourquoi  ii  entre  fréquemment  dans  la  com- 
poíition  des  mots  derives  de  cetre  langue.  C'eíl 
par  la  méme  raifon  qu"on  le  retrouve  dafts  les- 
noms  propres  ou  de  villes  de  la  Syrre,  de  la  Phé- 
nicie  Se  dkutres  lieux,  o-ú.  Ton  parlok  des  langues 
analogues  á farabe. 

Alus  LOCüTIUS  , c’eft  le  dieu  de  la  parole , 
que  les  Romains  honoroient  fous  ce  nom , comme 
iis  avoient  un  dieu  du  filence;  parce  qu’il  eft  auíR 
fage  de  parler  á propos,  que  de  íávoir  fe  taire. 
Voici  la  maniere  dont  ce  dieu  fut  connu  á Rome  r 
pem  de  tems  avant  Tarrivée  des  Gaulois  en  Itaüe  , 
on  énrendit  une  voix  fortir  du  bois  de  Veíla;  elle 
annoncoit  que  fi  on  ne  rétabliíToit  les  murs  de  la 
yiile,  elle  feroit  prife  par  fennemi.  Perfonne  ny 
fit  attention  j mais  lorfque  les  Gaulois  en  fure.nt 
maitres.  Se  aprés  qa’iis  eurent  été  chaíTés,  orr 
fe  reíTouvint  de  cette  voix.  Se  on  eleva  un  autei 
au  dieu  de  la  parole  5 on  luí  bátit  méme  uatsmpis' 


ALA 

íans  la  fuitre  au  ir.ilieu  de  Rome  ^ dans  la  rué 
rveuvcj  au  méme  lien  ou  il  s^éroit  fait  entendre. 
Sur  quoi  Cicéron  dit  au  dixiéme  livre  de  la  Divi- 
naíion  jCjUe  ce  dieu , lorícu  il  n'étoit  connu  de  per- 
fonne  , parloit  8c  fe  faifoit  entendre;  mais  que 
depuis  qu^il  eñ  devenu  célebre,  qifil  a un  temple 
&des  autels  , il  a pris  le  partí  de  fe  taire  , & le 
dieu  de  la, parole  ell  devenu  muet. 

AJUSTEES.  On  trouve  dans  quelques  auteurs 
thracorde  des  ajufiées  , au  lieu  de  trétacorde  fyn- 
néménon.  F”.  ce  mot. 

ALA.  V.  Ailes. 

ALABANDA,  en  Carie.  AAABAMAEnN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

O.  en  or. 

RRR.  en  bronze. 

ERR.  en  argent.  Ce  font  des  médaillons. 

Cette  ’/ille  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales grecques  en  l'honneur  d’Auguíle,  de  Livie, 
de  Britannicus,  de  Néron , de  Julia  Domna,  de 
Caracalla  , de  Fauftine  jeune  , de  Sévére. 

ALABáNDUS,  fondateur  d’une  ville  de  Carie 
nommée  Alabanda , devint  la  premiére  divinité  de 
fes  citovens , & y fut  honoré  d^iin  cuite  particulier. 

ALABARCHES  ou  Arabarches  , magiltrat 
des  Juifs  établis  á Alexandrie  en  grand  nombre , 
des  le  tems  de  fon  fondateur  le  fils  de  Philippe. 
{^Juvénal,  fatyr.  r,  129). 

Inter  quos  aufus  kabere 

Hefcio  quis  títulos  JEgyptius  , atqv.e  Álabarches . 

ALABARCHÍ^  veíllgal.  C'’étoit  la  gabelle  cu 
rimpót  fur  le  fel.  Celui  qui  étoit  chargé  de  fa 
perception,  s’appeloít  alabarches  ¡ & étoit  foumis 
au  comte  des  LargelTes. 

^ ALABASTRITE.  Efpéce  d’aíbátre , cefl- 
a-dire , de  concrétion , de  nature  gypfcufe.  LWi- 
hafirite  a une  demi-tranfparence ; elle  fe  travaiiie 
faciiement,  & prend  un  poli  aíTez  beau,  mais 
moins  vif  que  celui  du  marbre.  Ce  poli  a toujours 
un  oeil  graiíTeux.  Ilidore , (Alabaflrites  lapis  can- 
didas interflinciis  varzis  coloribus). 

U alabaftrite  fe  diítingue  facilement  de  Talbasre 
calcaire , en  ce  qu^elle  ne  fait  point  effervefcence 
avec  les  acides , & qu’elle  eft  plus  tendre.  Pour 
Émplificr  la  nomenclature , on  devroit  referver 
le  nom  d’albátre  aux  cóncrétions  calcaires , & 
celui  ¿dlabaflrite  aux  concrétions  gypfeufes.  Les 
anciens  ont  employé  fouvent  cette  derniére  fubf- 
tance,  & le  cabinet  de  Sainte-Geneviéve  renferme 
des  lacrymatoires  , des  urnes  & d’autres  vafes 
faits  avec  cette  pierre.  Elle  a quelquefois  des  cou- 
leurs  auííi  vives  & auíE  tranchées  que  Falbátre- 
calcaire. 

_ Aucun  antiquaire  n^a  diftingué  dans  fes  defcrip- 
tions  I alabaflrite  de  1 albátre-calcaire ; c'eñ  pour-  - 
quoi  il  faut  joindre  á ía  leñare  de  cet  arricie 
celle  de  1 Albatre  , pour  connoítre  Ies  monii- 
juens  qui  font  de  Tune  8c  de  Tautre  matiére. 

sncieus  ont  gmploye  1 alabafirite  a garnij 


ALA  lof 

Ies  fenétres  en  guife  de  vitre.  L’égüfe  de  Saint- 
Minias  á Florence  , eñ  encore  éclairée  de  méme  ; 
& le  lour  y paíTe  au  travers  des  tables  álala- 
bafirite  trés-minces.  Néron  fit  batir  un  templa 
de  la  Fortune  avec  cette  pierre,  & Ton  n’y  perca 
aucune  fenetre,  parce  que  la  lumiére  paiToit  au 
travers  ue  1 alabajirite  cui  en  formoit  la  couverture 
&c  les  murs. 

AL^SA,  en  Sicüe.  aaaisas. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

AAAAAFMOS.  On  donnoit  ce  nom  au  cri  que 
jetoient  íes  foldats  en  commenqant  les  combars. 

^ALáLCOMÉNE  , étoit  une  petite  viile  de 
Béotie , qui  tiroit  fon  nom  ou  ¿í  Alakomene , nour  ■: 
ricier  de  Minerva,  ou  d’Alalcoinénie , Tune  des 
filies  d'Ogygés,  qui  nourrit  Minerve,  ou  de  ce 
que  Minerve  y avoit  pris  naiíTance.  Cette  dceiTe 
y avoit  un  temple  & une  ftatue  ddvoire  , extré : 
mement  refpeclés  des  peuples ; & ce  refceñ 
empétha  qu'elie  ne  fut  jamais  forcee  nipiílée, 
jufqu’aii  farouche  Sylía.  Ulyííe  étoit  né  dans  cette 
ville ; & pour  conferver  ia  mémoire  du  lieu  de 
fa  naiíTance  , ii  voulut  qu'une  ville  d'ítaque  portáe 
le  nom  ¿‘Alalcqmene. 

ALALCOMEJíE  fut  le  nourricier  de  Minerve  , 
& mérita  par-lá_  les  honneurs  héroiques. 

.4LALCOMENIE , Tune  des  filies  d’Ogygés. 
Quelques  - uns  ont  dit  qu’elle  nourrit  Minerve ; 
& la  qualité  ac  nourrice  de  cette  déeíTe  , la  fit 
honorer  aprés  fa  mort,  fous  le  titre  de  déefíe 
j Prazzaicienne ; on  la  regardoit  comme  la  déeíTe 
■ qui  conduit  les  delTeins  á une  bonne  fin  , ce  quí 
eft  recifermé  dans  le  mot  Fraxidice.  On  lui  immo- 
loit  la  tete  des  animaux.  Ménélas,  de  retourchez 
luí  aprés  Texpédítion  de  Trove  , lui  érigea  une 
ftatue  , comme  ayant  mis  fin  , par  fon  fecours  , 
á une  guerre  quYi  avoit  entreprife  par  fon  infpi- 
ration.  Elle  avoft  deux  foeurs,  Aulis  &c  Telfinie, 
V-  Praxidicienne. 

Ala.lcoménis  , furnom  de  Minerve.  P.  les 
trois  arríeles  precédens. 

ALAPISTj'E  , étoieiit  des  bateleurs  qui,  pour 
amufer  la  pep alace,  fe  difoient  des  injures  & fe 
donnoient  des  íbuffiets.  {Arnobe , liv.j'). 

ALARÍI.  Ce  nom  eft  donné  quelquefois  aux 
fantaffins  dans  Céfar  , 8c  prefque  jamais  aux  cava- 
iiers.  Mais  fous  Ies  premiers  empereurs , ais.  8c 
■ ¿quites  alarii  étoíent  diftingués  des  prétoriens  , 
appeiés  pngulares , 8c  des  cohortes  á cheval.  C7n 
parle  quelquefois  encore  des  fantaffins  alaricrum  , 
mais  trés-rarement,  & le  nom  de  cohortes  pré- 
valüt.  Celui  ¿¿ala  8c  Salarlas  devint  paria  fuite 
propre  au  cavaiier,  non  de  la  legión  , mais  á celui 
que  Ton  tiroit  des  provinces  pour  étre  incorporé 
dans  la  legión. 

ALASTOR , nom  d’cn  des  quarre  chevaux 
qui  ureisut  h char  de  Plutoiip  íorfquü  gnkvs 


1 lO 


A L B 

ProíerplnCj  felón  Clsudien^  QUi  notnms  Ies  trols 
autres  Orphneus,  ^Ethon  & Dicteusj 
marqueni  tous  quelque  chofe  de  funeii.e  & de 
ténébreiix.  On  dónne  auíTi  le  nom  ¿íAlafior  a cer- 
tains  efprits  malins  qui  ne  chercheat  qu  á nuire  j 
autrement  appelés  Telchines. 

ALATJDA  , alouttte.  On  donna  ce  nom  a la 
cinquiéme  légion  qui,  ayant  été  levée  dans  les 
Gaules  Tranfa'pines,  fot  appelée  Alauda  par  Jules- 
CéCar.  Ce  nom  lui  fot  donné  parce  que  Ies  fol- 
dats  qui  la  compofoient , portoient  une  aigrette 
á leur  cafque , comme  f alouette  hu^pée , ou 
parce  qfoils  portoient  l’alouetts  eile-meme  pour 
cimier  de  leur  cafqoe. 

ALBA,  en  Itaiié.  ÁtBA,  en  lettres  étrufques. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font ; 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

ALBAINS.  Lorfque  Tullus  Hoftilius  eiK  dé- 
truit  Albe , il  en  tranfporta  á Rome  les  habitans, 
qai  s’y  établirent  fur  le  mont  Coéiius.  Ce  n’ell; 
pas  de  cette  coionie  ¿"Albains  qu  il  faut  entendre 
Ies  paíTagcs  fuivanss  l’un  d'Hérodien  (vii.  y.  21) : 
Vifum  eft  militibus  iis quorum  ai  urbemRomam 
fab  monte  Alb ano  cafira  erant , atque  in  kis  liberi 
eorum , conjugefque  relicts.  neci  dedere  Maximi- 
num ; l’antre  de  Capitolin  {Maximin.  cap.  23)  : 
Timentes  milites  , quorum  ajfeclus  in  Albano  monte 
erant.  Les  empereurs  romains  avoient  établi  fur 
les  raines  de  Tancienne  Albe  un  camp,  dans  lequel 
ils  renoient  une  diviíion  de  troupes  en  réferve, 
S:  qu  ils  faifoient  venir  á Rome  pour  Ies  joindre 
ou  les  cppofer  aux  prétoriens.  C'eft  de  ces  Albains 
que  parlent  Hérodien  & Capitolin. 

ALBARIUM,  efpéce  de  Sxuc.  V.  ce  mot. 

ALBARIÍ , ouvriers  qui  travail'oient  ce  ftuc. 

ALBATRE.  Fierre  calcaire  formée  par  con- 
crétion,  ce  qui  empéche  d’en  avoirde  trés-grands 
blocs.  Elle  eft  plus  tendre  que  le  marbre  5 c'eft 
pourquoi  fon  poli  eft  moins  vif.  LAAA/e,  qu'il 
faut  bien  diftinguer  de  Falabaftrite,  offre  prefque 
toutes  les  couleurs  j Se  lorfqu'elles  font  formées 
par  des  couches  arrondies,  on  Tappelle  albátrc- 
onyx.  II  eft  fuiet  á étre  percé  dans  quelques  en- 
droits , ce  qui  vient  de  !a  maniere  dont  il  eft 
formé  : c’eft  le  réfultat  d’infiitrations  & de  ftalac- 
tites.  Le  noyaudes  ftaladlites  eltvuide  & reíTemble 
á un  myau.  Lorfque  Yalbátre  eft  coupé  perpendi- 
calairement  á ce  tuyau  , il  eft  percé  dans  le  milieu 
d’un  trou  j quelquefois  aíTez  gros , que  les  ouvriers 
bouchent  avec  de  la  fubñance  du  méme  alhatre. 

On  tiroit  d’aíTez  grands  blocs  de  cette  pierre 
des  carriéres  de  Thébes.  Le  tems  nous  a enlevé 
prefque  tous  les  ouvrages  Yalbátre.  Entre  les  ftatues 
égyptiennes  Yalbátre  , il  ne  s’eft  confervé  que 
deiix  liis  ; elles  font  aíHfes  & tiennent  Horas  fur 
leurs  genoux.  L’une  eft  au  collége  Romain,  haute 
de  feize  pouces  de  Francej  l’autre  eft  á la  Villa- 
Albaai.  Ceils  ci  fot  trouyée  en  creufant  la  terre 


ALB 

pour  pofer  Ies  foníemens  du  féminaire  Romain 
des  jéfuites,  á rendroit  oúAroit  le  temple  d’Ilis 
au  champ  de  Mars.  La  partie  fupérieure  qui 
manquoit  a été  reftaurée  avec  de  Yalbátre  dl- 
talie. 

Valbátre  de  cette  ftatue  eft  pms  clair  & plus 
blanc  que  ne  Teft  ordinairement  Yalbátre  oriental, 
comme  Pline  le  remarque  de  celui  d Egypte.  íl  a 
quelques  veines  ondoyantes  plus  bianches  que  le 
fond.  Jean  de  Saint-Laurent  s eft  done  trompé 
dans  fa  differtation  fur  Ies  pierres  précieufes  , en 
difant  qu’il  n’exiftoit  point  de  ftatues  égyptiennes 
¿Yalbátre.  Cette  ftatue,  dit  Vvirikeimann, 
de  VArt.  I.)  détruit  eacore  une  autre  affertion  du 
méme  auteur , qui  afíure  que  íl  les  Egyptiens 
euflént  fait  des  ftatues  Yalbátre , elles  auroient 
été  trés-allongées  & dans  la  forme  des  momies. 
Le  cabinet  de  Sainte-Geneviéve  en  renferme  une 
de  cette  forme.  Mais  la  bafe  de  i’Iíis  de  la  Villa- 
Albani  a trente-íix  pouces  framjois  de  longueur , 
& la  hauteur  du  íiége  fur  lequel  elle,  eft  aflife , 
jufqu’aux  hanches  de  la  figure,  en  a autant,  y 
compris  la  bafe. 

Valbátre  n’étant  autre  chofe  qu’une  concré- 
tion  calcaire,  fe  forme  tous  ¡es  ¡ours  fous  nos 
yeux.  Comme  on  réparoit  un  de  ces  aquéducs 
qu’un  pape  avoit  fait  conduire  autrefois  dans  le 
quartier  de  Saint-Pierre , on  trouva  une  concré- 
tion  artachée  á la  ma^onnerie.  C’étoit  du  véritable 
albátre , & le  cardinal  Girolamo  Colonna  en  fit 
fcier  des  rabies.  Cette  formation  de  Yalbátre  fe 
fait  remarquer  journellement  aux  bains  de  Titus 
á Rome , & dans  les  caves  de  l’cbfervatoire  de 
Paris. 

11  ne  faut  pas  le  confondre  avec  une  autre  efpéce 
Yalbátre  qu’on  tiroit  également  des  carriéres  de 
Thébes  en  Egypte , & de  celles  de  Damas  en 
Syrie.  Cette  efpéce  eft  appelée  onyx  par  Pline  , 
&:  elle  différe  entiérement  des  agates  de  ce  nom. 
On  la  reconnoit  aux  nuances  de  fes  couches , qni 
la  font  reíTembler  á l’agate-onyx.  Les  anciens  en 
firent  des  colonnes  & des  vafes  d’ornement.  La 
VilIaAlbani  renferme  une  colonne  Yalbátre  fleuri, 
c’eft-á-dire  , de  couleurs  diverfes  , haute  de  feize 
pieds  de  Franca  : c’eft  la  plus  grande  & la  plus 
belie  que  I’on  connoiife. 

Le  prince  Altieri  á Rome,  poflede  le  plus  grand 
vafe  ¿Yalbátre  qui  ait  été  confervé,  & qui  foit  de 
la  forme  des  amphores.  li  l’a  trouvé  en  fáifant 
creufer  la  terre  á fa  Villa  prés  d’Albano.  Le  plus 
grand  vafe  ¿Yalbátre  qui  ne  foit  pas  taillé  en 
forme  ¿Yampkore , mais  qui  reíTemble  á une  poire, 
fe  trouve  dans  la  Villa-Borghéfe.  C’eft  une  urne 
blanche  qtú  renfermoit  les  cendres  d’un  mort, 
comme  i’indique  I’infcription  fuivante  gravee  fur 
ce  vafe : 

P.  CLAUDIUS  P.  F. 

AP.  N.  AP.  PICON. 

PÜLCHER.  Q.  QU^sIXOR. 

P K.  A U G ü R. 


A L B 

Celui  dont  cette  magniSque  urne  renfermoit  Ies 
cendres  , ne  peat  erre  que  ie  fils  du  fameux 
P.  Clodius  ou  Claudius. 

La  Villa-Aibani  renferme  deux  grands  vafes 
¿’aliátre  fleuri  ^ de  ííx  pieds  & huir  pouces  fran- 
cois  de  diamétre  , qui  ont  été  trouvés  rompus 
avec  les  fragmens  de  plus  de  dix  autres . á farscien 
port  du  Tibre.  au-deffous  du  mont  Aventin.  Ces 
grands  vafes  ont  toujours  été  deñinés  á fervir 
á ia  décoration  des  édifices,  puifqifüs  n'ont  point 
d'ouverture.  On  voit  fur  l’un  d'eux  la  tete  de 
Médufe^  & fur  i’autre  celle  d’un  tritón  ou  d'un 
£euve. 

Ualbátre  étant  formé  par  couches  feuiüetées , 
& n'ayant  pas  comme  ie  marbre  blanc  une  adhé- 
rence  foiide  entre  fes  partieSj  i!  eñ  beaucoup  plus 
diíScile  á travaiüer.  parce  que  les  couches  dont 
il  eñ  compofé  fe  détachent  facüement.  Aufli  ne 
voit-on  pas  que  les  anciens  ayent  jamais  exécuté 
des  figures  endéres  d'aucune  efpéce  ¿Ualbátre , 
comme  nous  pouvons  le  juger  par  Ies  ouvrages 
QUi  fubíiñent  de  cette  pierre.  Les  extrémités  , 
la  tete  j les  mains  & les  pieds  étoient  d'une 
aiitre  maiére,  8c  vriifembiablement  de  bronze. 
Les  chairs  font  poiies , & Ies  poils  de  la  barbe 
font  re,’2aí  bruts.  A Rome  j,  i!  ne"  s'eñ  confervé 
qu'ane  feule  tete  ¿í  ab&trc  , 8c  encore  n'eít-  ce 
que  la  partie  de  devant  ou  le  vifage  d’une  tete 
d'Adrien  ^ qui  fe  trouve  au  mufeum  du  capi- 
lole. 

La  méme  ville  renferme  deux  figures  entiéres 
de  femme  iíalbátre  5 ce  font  deux  Diahes  au-deíTous 
de  la  taille  naturelle.  La  plus  grande  eñ  au  palais 
Lerofpij  & la  plus  petite  á la  Villa -Borghcfe. 
Ces  deux  figures  n'ont  d’antique  & ¿Lalbátre  que 
la  draperie  ; la  tete  j Ies  pieds  & Ies  maius  mo- 
dernes  font  de  bronze.  T outes  deux  font  de  Yalbátre 
appelé  agatino , á caufe  de  fa  reíTemblance  avec 
fagathe,  & toutes  deux  font  drapées  de  la  mema 
maniere.  On  voit  á la  Villa- Albani  ^ en  albátre, 
la  partie  fupérieure  d'une  figure^  qui  eñ  auíli  une 
Diane  , & dont  la  partie  inférieure  eñ  reñaurée. 

Mais  la  plus  grande  ftatue  Ualbátre  antique 
qui  exifte^  eñ,  aprés  Tllis  de  la  Villa- Albani ^ 
décrire  plus  haut^  un  beau  torfe  dans  fon  armure. 

11  a paííe  avec  la  colledion  d'Odefcalchi  á Saint- 
Edetonfe , en  Efpagne.  La  tete , les  bras  & Ies 
jarnbes  font  de  bronze  doré  , 8c  reftauré  par  un 
maítre  moderne  qui_  en  a fait  un  Jules-Céfar^, 
comme  on  le  lui  avoit  commandé. 

A.UX  figures  óbalbdtre  dont  ie  viens  de  faire 
mention  ( dit  Winkelmann  ^ qui  nous  a fourni 
prefque  tout  cet  arricie  ) , j’ajouterai  les  buñes 
& .es  hermes^  Quatre  des  demiers  de  grandeur  ordi- 
naire  8c  a aloátre  fleurij  décorent  la  VilIa-AIbani ; 
a - exccption  de  ces  quatre  níorceaux^  on  ne  con- 
noñ  point  d'hermés  de  cette  efpéce.  Quant  aux 
buñes^,  ou  pour  parler  plus  exactement^  quant 
aux  tetes  dont  la  poitrine  eñ  8íalbátrt  ^ on  en 
volt  cinq  au  mufatum  du  capitois.  Les  Lañes 


A L B III 

1 ^^Hqátien  j de  SabinCj  de  Septime-Sevére  j font 
i á.  alb(itre-agathino¡  ceux  de  Jules-Céfar^  de  Fauf - 
tme  I ancienne , 8c  celui  qui  eñ  ñirmonté  d’une 
tete  de  Pefeennius  Niger^  font  Ualbátre  fleuri. 

La  Villa-Albani  repferme  treize  bañes  de  cette 
nature ; ii  y en  a trois  de  grandeur  naturelle  , Se 
deux  entre  ceux-la  font  d un  albátre  appelé  coto- 
gnino,  parce  que  fa  couieur  reíTemble'á  celle  du 
coing  cuir.  C’eft  auífi  de  cette  efpéce  qu’eñ  le 
torfe  de  Samt-IIdefonfe.  Le  troiíiérre  bulíe^  ainíi 
que  Ies  dix  autres  qui  font  tous  au-defldus  du 
natureij  font  ¿b albátre-agaikino.  L’n  autre  buíte 
femblable  avec  une  tete  de  femme:,  fe  trouve  3 
Rope^  dans  Thotel  du  m.arquis  Patrizi-Mon- 
toria. 

Albatre  gypfeux.  V.  Alabastrite. 

Albatre,  mefure.  Le  P.  Kircher,  dans  fon 
(Edipus  Jtgy.  tom.  1,  p.  288^  dit  que  'í  albátre^ 
alabafirum,  étoit  une  mefure  égyptienne  qui  con- 
renoit  9 koft:,  autre  mefure,  & 9 livres  d’Égypte  j 
c’eft-a-dire , felón  lui , 24  livres , ou  24  fetíers 
romains. 

^LBEGMINÁ.  V-  -Asl:egmina. 

ALBESIA.  On  donnoit  ce  nom  á de  certains 
boucliers  dont  fe  fervoient  les  Albiens,  peuple 
de  la  nation  des  Marfes.  On  les  appeloit  auífi 
decumana , á caufe  de  leur  grandeur.  Les  Romains: 
empioyoient  quelquefois  decumanus  8c  deciniiLs 
maximus , croyant  que  la  progreílion  d’un 
jiifqu  a dix  exprimoit  un  excés  de  grandeur  con- 
liderable.  C eñ  ainíi  qu  iis  difoient  fiucliis  decu— 
manas  oil  décimas  , pour  fiucius  máximos , & 
qu’Ovide  a dit : 

Décima  ruit  Ímpetus  undtt, 

A L B I A , famille  rornaine  dont  on  n’a  des 
médailles  que  dans  Goltzius. 

A LBIN. 

LieciMus  Closius  SseTiievs  AzBjtaus  Au- 

GUSTirs. 

Ses  médailles  font: 

RllRR.  en  or. 

B.  en  argent.  RR.  avec  le  titre  d’empereur. 
Une  chez  le  roi  d’Efpagne,  au  revers  pax.  aug.; 
elle  eft  unique. 

R.  en  G.  B.  de  coin  romainj  quelques  revers 
font,  RR. 

R.  en  M.  B. 

O.  dexcolonies. 

RRR.  en  G.  B.  grec. 

RRR.  en  M.  B. 

II  y a des  médaillons  latios  de  ce  prince  : Vail- 
lant  en  a rapporté  trois  avec  un  grec  5 ils  font  d’une 
extréme  rareté.- 

ALBÍNUS  j furnom  des  famílles  Junja,  Pos- 
tumi  a. 

ALBION  & Borgion  , deux  géans  , fils  de 
Neptune,  contre  kfquels  Hereule  combartit,  & 
qu’i!  eut  beaucoup  de  peine  á vaincre.  II  avoft 
déji  épiuTé  teus  fes  traits  , & fa  vie  étok  en  petil  j 


j 1 -A.  Xj  S 

ouand  Júpiter^  fon  pére,  envoya  á fon  fecours 
une  gréle  de  pierres^  dont  Hercuie  fe  fervit  pour 
terraller  ces  géans.  Le  champ  oú  les  pierres  tom 
bérentj  fut  depuis  appeié ' le  champ  de  pierre 

campus  lapideus ; c"efí  aujourd'hui /a  Craux,^tXXt 

cantón  de  la  Pro  vence  , á f embouchute  du  Rhone  , 
qui  a fept  a hait  lieues  de  circuito  Se  qui  eíi  tout 
couvert  de  cailloux.  . , 

ALBO  CALER  US , bonnet  des  Fkmines  Diales 
oa  de  Júpiter,  lis  le  portoienttoujours  au-dehors  , 
& ils  ne  pouvoient  le  quitter  que  dans  leurs  mai- 
fons.  Ce  bonnet  ¡ dit  Feílus , étoit  feit  (fe  la  peau 
d'une  vidHnae  blanche  : il  étoit  terminé  par  une 
pointe  de  branche  d'olivier.  II  étoit  queiquefois 
orné  de  la  foudre  de  Júpiter  j pour  déíigner  la 
divinité  dpnt  étotent  les  miniílres  ceux  qui  por- 
toient  Y albogalcrus.  Le  P.  de  Montfaucon  en  a 
publié  un  dkprés  les  monumens  antiques  ; on  en 
voir  pluiieurs  lur  les  médailles  de  familles. 

AL  BU  LA.  C'étoit  f anden  nota  du  Tybre. 
Virgiiej  UEneid.  8.  33íO’ 


— Aquo  hall  fiuvium  cognomine  Tiirim 
Diximus  : amifit  vemm  vetus  Albula  nomen. 

ALBUM.  Le  cote  extérieur  de  la  porte  de  la 
vilie  de  Pompe'i  étoit  blanchi:,  & Ton  voit  encore 
íiir  Penduit  dont  on  avoit  revétu  Ies  pierres des 
inferiptions  tracées  des  deux  cotes  avec  une  cou- 
leur  rouge,  dont , aux  ehiííres  prés  , il  nfeft  guéres 
poiiible  de  ríen  diftinguer.  Comme  le  íluc  ou 
renduit  eft  tombé  en  pluiieurs  endroits,  on  n’en 
peut  ríen  conclure  de  raifonnable.  J’ai  remarqué 
cependant,  dit  Winkelmann,  que  ces  inferiptions 
ont  été  tracées  par-deífus  d'autres  qui  s’y  trou- 
voient  antérieurement , & fiir  Isfquelles  on  nkvoit 
fait  que  paíTer  une  légére  conche  dMn  enduit 
blanc.  íl  faut  fe  rappeier  ici  l'infcription  que  noas 
rapportons  a l'articíe  Cabaret  , & qui  eft  une 
aíÉche  de  location  de  bains  & de  maifons  ou  Pon 
donnoit  á boire  & á manger.  Au-deíTous  de  celle- 
!á , il  y avoit  eu  précédem.rnent  une  autre  inferip- 
tion , qui  y paroiiTok  encore  avec  Penduit ; mais 
elle  étoit  en  couleur  noire.  Elle  n' étoit  pas  écrite 
entiérement  en  couleur  rouge;  les  caraétéres  des 
premieres  lignes  étoient  noirs ; la  derniére  ligne 
feule  étoit  écrite  en  lettres  rouges. 

Cette  infeription  & ceíle  de  la  porte,  peuvent 
fervir  á éclaircir  ce  qu/on  nkvoit  pas  entendu  paf- 
qa’á  préfent ; favoir,  Pufage  des  anciens  Romains, 
de  publier  in  albo  les  ordonnances  du  préteur  , 
avant  qu'on  prononcát  un  jugement  légal.  Aecurfe 
avoit  compris  quil  étoit  queñion  d’une  muraille 
blanche,  fur  laquelleon  écrivoit;.on  avoit  cepen- 
dant  rejeté  fon  idee.  D’autres  avoient  cru  auffi 
trouver  cet  ufage  indiqué  dans  Plante , mais  ils 
avoient  néanmoins  dputé  de  Pexaftitude  du  texte  , 
{ Rerf.  ij.  ti.): 


zjiz  faxim  nufquam  adpareant , 

Qui  kic  ALS.O  ÍAS.ISZE  aliena  oppugnant  baña. 


L 5 

dans  lequel  la  plupart  des  comtnentateurs  lifent 
rete  ¡ au  lien  de  p ariete ; quoique  Suidas  difa 
expreíTément  (^verbo , AnKatue')  qu  une  muraille 
blanche  fervoit  á annoncer  Ies  affaires  civiles. 

Les  inferiptions  que  nous  venons  de  citer, 
lévent  entiérement  le  doute  oú  Pon  étoit  fur  Pau- 
.thenticité  du  paíTage  de  Plaute , & nous  fent  voit 
clairement  la  maniere  dont  on  aíEchoit  Ies  affaires 
publiques  en  général,  & en  particulier  les  ordon^ 
nances  du  préteur.  Cette  muraille  blanchie  peut 
done  étre  regardée  com.me  Pendroit  ordinaire  _& 
fixé  pour  cette  efpéce  d’annonces ; car  on  crépif- 
foit  de  nouveau  ce  mur  chaqué  fois  qu  on  vouloit 
faire  une  nouvelle  publication. 

Album  decurionum.  Les  décurions  imitoient 
le  fénat ; & á Pexempíe  de  cette  compagnie , ils 
faifoient  écrire  leurs  noms  fur  une'  muraille  blan- 
chie deftinée  á cet  eífet , appelée  álbum  decu- 
rionum. 

Album  pntoris.  Les  ordonnances  du  préteur 
étoient  écrites  fur  un  mur  , qui  en  prenoit  Pe  nona 
^ álbum  pritoris. 

Album  judicum.  C’étoit  le  tableau  des  juges 
tirés  des  centuries  , qui  devoient  liéger  a certaines 
époques. 

Album  fenatorum.  Auguñe  reforma  le  fénat 
Pan  746,  impofa  des  amendes  aux  fénateurs  paref, 
feux  , fixa  le  nom.bre  de  fénateurs  au-deiTous 
duquel  on  ne  pouvoit  rendre  de  fénatus-confulte  , 
Se  établit  Y álbum  fenatorum , ou  le  tableau  des 
fénateurs,  qui  fe  renoqveloit  chaqué  année  , Se 
qui  étoit  placé  dans  la  curie. 

ÁLBUNEE,  étoit  tout  enfemble  le  nom  d’un 
bois  j d’une  fontaine  & d’une  divinité  de  la  mon- 
tagne  de  Tibur  ; Hcrace  n’en  parle  q'ue  comme 
d’une  fontaine  , & domas  Albunea  refonazitís.  (Od.7, 
¡ib.  I ).  Virgile,  comme  d’un  bois  & d’ure  fon- 
taine. {JEneid.  lib.  7,  v.  81).  D’autres  enfin,  ont 
dit  qu  Albunée  étoit  la  dixiéme  des  fybiües  , Se 
q'u’on  Phonoroit  á Tibur,  aujourd’hui  Tivoli , 
comme  une  déeíTe.  Son  fimmlacre  , difoit-on, 
avoit  été  trouvé  dans  le  fleuve  Ardo  , tenanr  un 
livre  a la  main  d’autres  aíTurent  que  c’étoit  dans 
la  fource  méme  du  fleuve,  & que  pour  cette 
raifon  onfit  de  la  fontaine  une  divinité  , á laquelle 
pn  confacra  un  bois  & un  temple,  oú  elle  rendir 
des  oracles.  Le  fénat  de  Rome  lui  iuftitua  des 
facrifices  dans  ie  capirole. 

ALBURNE.  C’étoit  le  nom  d’une  montagnq 
de  Lucaiiie , dont  on  fit  un  dieu.  On  donna  plus 
vraifembiabiement  le  méme  nom  au  dieu  de  cette 
montagne ; & Tenuilien  {Apolog.  y,  & adv. 
Marcion.  /,  c.  18.)  dit  que  M.  iFmilius  Metellus 
introdiiifit  ce  nouveau  dieu  á Rome. 

ALCAANA  , arbriiTeau  de  la  famiüe  des  Ciftes. 
II  n’eft  pas  douteux,  dit  M.  Ad anson  , par  les 
propriétés  de  Yalcanna , Sr  par  Pufage  que  Pon  en 
fait  aujourd’hiii,  qu’il  ne  foit  le  cyprus  des  anciens 
& Xhacopker  de  i’Ecriture  fainte.  II  eft  dit  (c.  i 
du  Cantiúucdes  C antiques  , v.  14)  que  lamí  de  la 


A L C 


iTiar’ée  reí^mWe  a Yefckol  acopker , c’ert-á-dir? ¡ a 
la  grappe  de  fleurs  da  cyprus , appelé  encore 
copker  par  ces  Hébreux,  parce  qu’alors  on  répan- 
doit_,  ainíí  q^’oti  le  pratique  encore  aujour- 
d’hui  j fes  fleurs  dans  le  lit  naptial.  I!  eíl  étonnant 
GüCj  rr.algré  tant  de  notes  caraálériftiques , la 
plupart  des  botaniftes  depuis  MattkioU  j fe  foient 
obítinés  á attribuer  le  nona  de  cyprus  á notre 
troefnej  Ugufirum , qui  non-feu!ement  ne  croit 
pas  en  Egypte  comme  Tancien  cyprus  ma'S  qui 
n'a  aucune  des  propriétés  afifeélées  en  apparence 
au  feui  cyprus.  C'eft  á cette  plante  j connue  fous 
les  deux  nonas  de  cyprus  & aalcanna , que  Linnée 
a encore  donné  celui  de  lawfonia. 

Les  feuilles  du  cyprus  fervoient  autrefois  & 
fervent  encore  á teindre  les  cheveux  en  couleur- 
ftjive  3 & c'eft  un  grand  objet  de  commerce  pour 
^,'Eg7pte  ScFAfrique,  ou  cct  arbriíTeau  a toujours 
été  cultivé. 

ALCATHÉES,  fétes  qu’on  célébroic  á My- 
cénes  en  Thonneur  d’Alcathoüs. 

ALCATHOüS  j fiis  de  Pélops  ¡ fut  pére  de 
Perpbée  5 femme  de  Téíanaon,  de  qui  elle  eut 
Ajax.  Alcathoüs  ayant  été  foupgonné  d'avoir  fait 
afíafliner  fon  frére  Chryfippe,  chercha  un  afyle 
chea  les  Mégariens , & époufa  la  filie  du  rol  de 
Mégare  j aprés  avoir  délivré  le  pays  d'un  lion 
funeux  qui  y faifoit  de  grands  ravages.  I!  régna 
á Mégare  avec  fon  beau-pére,  8c  mérita  d’y  étre 
honqré  comme  un  héros.  Outre  Ies  monumens 
héroiques  qu  on  lui  éleva  ^ il  eut  encore  des  fétes 
annuelles.  V.  Chrysippe. 

ALCE  j quadrupéde  qui  porte  un  bois  comme  le 
cerf  j & qui  lui  relTemble  beaucoup.  Autravers  des 
defcnptions  , en  apparence  contradiétoires , qu’en 
ont  faites  Ies  anciens,  on  a reconnu  Télan.  Capitolio 
rapporte  que  Gordien,  entre  plufieurs  autres  bétes  , 
avoit  fait  venir  á Rome  dix  alces , 8c  que  Philippe 
s en  fervit  dans  les  jeux  féculaires  qufil  donna.  On 
trouve  fur  les  médailles  de  Philippe , le  fils  , ces 
mots , sxcuLARss  AUGG.  avec  un  animal  extraor- 
ojpsjue,  que  Spanheim  croit  étre  un  alcé.  Réger 
eft  de  fon  avis. 

ALCÉE^j  fils  de  Ferfée,  époux  d^Hipponóme, 
fut  pere  d Amphitrion , 8c  ayeul  d“Hercule , qui 
en  prit  le  nom  d'Aicide.  F".  AlcmenÉj  Amphi- 
TRION. 

Alcée  , fils  d’Hercule  Se  de  Síalis ; c eft  de 
que  aefcendoient  Ies  Héraclides.  F".  Hercule  , 
Omphale. 


ALCESTE^  filie  de  Pellas  8c  d’Anaxabie  ? étant 
recnerci.ee  en  mariage  par  un  grand  sombre 
d am.ans,  fon  pére  jura^  pour  fe  défaire  de  leurs 
pourfuiteSj  quil  la  donneroit  á celui-!á  feul  qui 
pourroit  atteier  a^fon  char  deux  bétes  feroces 
e duferentes  ef^ces^  pour  promener  Alcefie. 
Admete  roí  de  ThelTalie,  qui  étoit  fort  am.ou- 
reiix  de  la  pnnceíTe,  eut  recours  á ApoIIon;  ce 
ftieu  avoit  ete  autrefois  fon  hóte-Sc  en  avoit  été 
bien  re?u.  Auffi  fe  montra-t-il  reconnoiífant  en 
Antiquites  ^ Tome  I, 


A L C í 13 

cette  occafíonj  car  il  donna  a Adméte  un  lioii 
& un  fanglier  apprivoifés^  qui  trainsrent  le  char 
de  la  princeíTe. 

Alcefie , accufée  dAvoir  eu  part  au  meartre 
de  Pellas,  fut  pourfuiyie  par  Acafte,  fon  frére, 
qui  declara  la  guerre  á .4dméte,  le  fit  pdfonnier, 
& alloit  venger  fur  lui  le  crime  des  fiües'  de  Pellas 
lorfque  la  généreufe  Alcefie  alía  s’offrir  vclontai- 
rement  au  vainqueurpour  fauver  fon  époux.  .4cafte 
emmenoit  deja  á Yolchos  la  reine  de  TheíTalie 
dps  le  de/Tein  de  Pimmoler  aux  manes  de  fon 
pere,  lorfqu  Hercule,  á la  priére  d’ Adméte  ayant 
poiirfuivi  Acafte,  Patteignit  au-delá  du^ñeuve 
.4cheron  , le  defit.  Se  lui  enleva  Alcefie  oour  la 
rendre  á fon  inari. 

La  fable  dit  Alcefie  mourut  efFecftiveroent 
pour  fauver  fon  mari,  8c  qu’HercuIe  ayant  ren- 
contréla  mort,  combattit  contr'elle,  la  vainquit, 
8c  k ha  avec  des  chames  de  diamans,  jufqu  á ce 
qu  elle  eut  confenti  á rendre  Alcefive  á la  lumiére. 
Ce  qui  aidoit  enesre  á la  fable,  c’eft  qu.á/- 
ce/t  avoit  déjá  pafíe  le  fieuve  Achéron' avec 
Acafte,  lorfqu'HercuIe  la  délivra.  Dkutres  ont 
dit  qu  Hercule  defeendit  jufqukux  enfers,  8c  ea 
arracha  cette^princelfe  pour  la  rendre  á la  vie. 
Ce  fut  dans  ce  voyage  quilenchaína  Cerbére,  8c 
I entrama  fur  la  terre. 

Homere  furnomme  A.lcefie  la  Divine  ,*  íans 
doute , dit  madame  Dacier,  parce  qifelle  ai.ma 
fon  mari  jufqu  a vouloir  mourir  pour  lui  fauver 
la  vie.  Euripide,  qui  nous  a donné  une  tragédie, 
dont  le  fujet  eft  le  déyouement  ¿‘Alcefie  á k 
mort  pour  fon  mari , traite  autrement  cette  fable» 
Admete , dit  -il , íauve  par  Apollen  qui  avoit 
trompé  les  Parques , en  forte  qufil  ne  lui  étoit 
plus  libre  de  mourir,  fut  contraint  de  chercher 
une  autre  viétime  de  k mort.  Tous  fes  proches 
refuferent  de  Tétre  5 il  ne  reftoit  qn  Alcefie  : elle 
fe  dévoue  , 8c  les  Parques  Ikcceptent,  fur  quoi 
Platón  fait  cette  reñexion  finguliete  i Alcefie  feulc 
eut  le  courage  de  tnoutir  pour  fon  mari,  quoi- 
qu  Adméte  eut  fon  pére  8c  fa  mere,  dont  l'amour 
fut  plus  toible  que  celui  d’une  étrangére.  Us  mon- 
trérent  en  cette  occafion  quiis  n étoient  lies  a 
leur  fils  que  par  le  nom , 8c  cu  ils  étoient  vérita- 
biemenr  étrangers  á fon  égard.  Alcefie  eut  d’Ad- 
méte  un  fils  nom.mé  Eumélus. 

La  V ilk-Albani  renférme  un  bas-relief  antique, 
fur  leque!  on  volt  Alcefte  ramenée  des  enfers  par 
Hercule. 

ALCHYMIE.  Cette  prétendue  fcience , qui  eft 
tres-diñinguée  de  la  Chimie , confiñe  dans  k re* 
cherche  de  deux  objets  principaux,  k tranfmu- 
tation  des  métaux  , ou  k pierre  philofophale,  & 
rimmortalité , ou  plutót  un  rajeunilTement  oui 
puiíTe  s'opérer  á volonté. 

Les  Grecs  8c  les  anciens  Romains  paroifiént 
avoir  ignoré  jufqukux  noms  de  ces  deux  folies 
á moins  que  Pon  ne  veuille  prendre  á k lettre 
avec  Ies  auteurs  hermétiques , le  raieuniífcme^ 

P 


1 14  A L C 

fi’jCfon.  K¡rker  & quelques  écriva’ns , áma- 
teurs  du  merveiileux . ont  avancé  ridkuiementj 
€ue  la  thécrie  de  !a  picrre  philofophale  éroit 
expliquée  Fort  aujongdans  la  tabled'HerméSj  & 
que  les  anciens  Égyptiens  en  avoient  le  fecret. 
Suidas  , qui  vivoit  dans  le  neuvicme  ou  dans  le 
¿ixiéme  liécle  , a donné  lieu  á cetxe  conjecture. 
E dit  en  eíFet  que  Temperear  Dioclétien  fit  bruler 
toas  les  livres  des  anciens  Égyptiens  ^ & que  ces 
livres  contenoient  les  mvftéres  de  VAlchymie. 

On  peut  fixer  au  troifiéme  cuau  quatriéme  fiécle 
répoque  de  ces  fabuleufes  décoavertes ; car  le 
premier  auteur  qui  parle  de  la  traafmutation  des 
métsux  & des  moyens  de  faire  de  For,  eii  Zolime , 
qui  vivoit  dans  le  cinquiénne.  íl  a ecrit  en  grec  ua 
Traité  fur  l’Art  divin  de  faire  de  l’or  & de  l’argent.  - 
Ce  manufcrit  eñ  á la  biolioíheque  da  Rci ; & ce 
que  Toa  y peut  voir  de  plus  utile  ^ eft  que  la 
Chymie  étoir  cultivée  depuis  long-tems  ^ & qu'elle 
avoit  déiá  £iit  quelques  progrés.  La  fable  rap- 
portée  par  Suidas,  paroit  étre  une  émanatios  de 
cette  croyance.,  qui  s’établit  facilemeat  dans  un 
tems  oú  Idgnorance  & la  mifére  faifoient  embraíTer 
avidement  tous  Ies  moyens  réels  ou  prétendus 
de  sknrichir  protnptement.  ^ 

Si  lesRomains  en  avoient  eu  connoiíTance  avant 
Zofime , Pline  rdauroit  pas  oublié  d’en  parler  dans 
fon  Hiítoire  naturelle  5 car  il  y raconte  avec  foin 
que  rempereur  Caligula  fit  des  eíTais  pour  tirer  de 
i’or  de  Forpiment.  (Lik  23,  c.  f). 

La  recherche  du  remede  univerfel  ou  du  moyen 
de  raieunir,  date  de  la  méme  époque  : on  n’en 
trouve  aucune  trace  avant  Géber,  auteur  atabe, 
qui  vivoit  dans  le  feptiéme  fiécle. 

ALCIDE  5 premier  nom  d’Hercule , qui  veut 
aíre  fils  ¿\Al:ée.  Aprés  quAlcide  eut  étouffé  dans 
le  berceau  deux  ferpens  que  Junon  avoit  envoyes 
pour  le  dévorer , il  fut  appelé  Hercule , c’eñ-á- 
dire,  la  gloire  de  Junon  ; comme  pour  marquer 
que  les  perfécutions  de  cette  déeífe  devoient  ¡e 
rendre  recommandable  á la  poftérité.  V.  Her- 
cule. 

ÁLCIMEpE  , mere  de  .Tafon. 

ALCINOÉ , filie  de  Polibe  le  corinthien , &. 
femme  d’Amphüocus,  avoit  employé  chez  elle 
une  femme  a certains  ouvrages , moyennant  un 
pnx  convenu.  L’ciívrage  ñni,  Aicinoe  refufa  de 
payer  tout  ce  quklle  avoit  promis.  La  femme 
pria  Minerve  de  la  venger;-  fa  priére  fut  exaucée. 
Aicinoe , par  les  foins  de  la  déeíTe , devint  í¡  éper- 
duement  arr.oureufe  d’un  certain  Xanrlius , qui 
logeoit  chez  elle.,  quklle  abandonna  fa  maifon , 
fes  petits  enfans  & skmbarqua  avec  lái.  Pendar.t 
le  voyage  , elle  vit  toute  la  noirceur  ge  toute  Fénor- 
mité  de  fon  crime , 8c  fe  precipita  dans  la  mer. 

ALCFMOUS,  roi  des  Phéaciens,  dans  Filie  de 
Corcyre,  auiourd'hui  Corfou,  étoit  fiis  de  Nau- 
íithoiis,  & petit  fiis  de  Neptune  & de  Péribée. 

II  épouía  Arete , fa  niéce , filie  unique  de  Rhe- 
feexor,  fiis  de  Kaiiuthoüs,  li  en  eut  cinq  fiis  & une 


A L C 

filie  nommée  Xauíicaa.  Homére  fait  de  grsrds 
éloges  de  la  mere  & de  la  filie.  Le  mé.me  poete 
fait  une  ampie  defcription  du  palais  &c  des  jardins 
ái Alcinoüs  ; jamais  ¡es  arbres  nktoienc  fansfriiits 
8c  les  fruirs  y étoient  Ies  plus  fucculens  de  Funi- 
vers  : on  ify  connoiíToit  d’autres  faifons  cue  le 
‘ printems.  Tous  Ies  poetes  en  ont  parlé  á Fenvi. 
lis  nknt  pas  moir.s  celebré  ¡a  vie  voluptueufe  des 
fujers  á’Alcinoüs.  Enrichis  par  le  commerce , on 
ne  voyoit  chez  eux  que  fétes , danfes  8c  fefrins, 
accompagnés  de  mufique.  Mais  tout  cela  nkm- 
péchoit  pas  qiFils  ne  fuíTent  agiles  8c  bons  marins, 
& qaAJcinciis  ne  fut  un  bon  prince.  II  requt  avcc 
beaucoup  ddionnéteté  ülyííe , que  ¡a  tempére 
avoit  jeté  fur  fes  cotes , ( F,  Naüsicaa  ) & 
ne  lili  cacha  pcint  que,  dans  fes  états,  on  aimoit 
les  repas,  la  muíique,  la  danfe,  le  cfcangement 
d’habics,  les  bains  8c  le  lit.  F.  Ulysse. 

^ Alcinogs  j (Quarré  do  tibie  : prétendus  jardins 
d’  ) fur  les  médailks  de  Dyrracfiium  , en  lilyriej 
d’ApoIio.nie  , en  Illyrie  5 de  Corcyre  j d'Abdére.j 
d'Acanthus  , en  Macédoine. 

Ces  jardins  étoient  íitués  dans  ITltyrie,  & Fon 
trouve  ce  quarré  double  auque!  on  donne  leur 
nom,  fur  des  médaiiies  frappces  hors  de  cette 
contrée  ; telles  font  les  médaiiies  dCAbdére  en 
Thrace;  d'Acanthus,  en  Macédoine.  Cn  ne  vcit 
d adleurs  ces  prétendus  jardins  que  fur  les  mé- 
daiiles  d^argent  de  ITiíyrie,  8c  jamais  fur  ceiies  de 
Dronze.^  Quelie  raifon  empéchoit  de  placer  fur 
ce  dernier  metal , un  type  íi  cher  aüx  lUyriens  ? 
ReconnoiiTons  pkitót  dans  ce  quarré  double  un 
rehef  que  les  premiers  graveurs  pratiquoient 
dans^  les  coms , pour  reteñir  les  flaons  entre  les 
catres,  aü  défaut  de  ía  viróle  oui  les  aflujétit 
aujoiirdhui,  & qui  eít  une  invention  mcderne. 

-ALCiONJy-.  F.  Alcyone. 

ALuIPPE,  filie  de  Mars,  étoit  aimée  dCAIly- 
rothius,  fiis  de  Neptune.  Allyrothius  ne  pouvant 
tenate  fenílble  fa  maitreííe,  lui  fit  violence.  Mars, 
irate  coatre  ce  téméraire,  lui  ota  la  vie.  Mais 
Neptune , siéfefpéré  de  ía  naort  de  fon  fiis  , appela 
Jdars  en  jugemenr.  Les  plus  graves  athéniens  s’érant 
aílembles  pour  deíibérer  fur  une  aííaire  íi  impor- 
pnte,  le  declarerent  innocent,  & le  purgérent  á 
ja  maniere  accoutaméé  5 ce  qui  fit  dire  que  Mars 
avoit  ete  abfDus  par  le  lugement  des  douze  grands 
dieiix.  F.  Arsopac-É,  Mars. 

-^LC^S,  eíl  un  des  noms  fous  lefquels  ¡as 
Macedoniens  $•.  les  Germains  révéroient  Minerve. 
^^AF-CITHOE,  femme  de  Thébes , filie  de 
mdnyas,  qui  aya;;'  meprifé  Jes  oraies  de  Bacchus, 
ñit^changée  en  chouette,  {Ovide'Mét.  liv.  4). 

AaCME-Ní.  , fem.ne  d°  imphitrion  , 8c  mere 
Ehe  etoit  fijle  a’Lilecbrion , roi  de 
-■Vjycenes.^  Se  fiis  de  PerGe.  I es  auteurs  varient 
íar  ;a  mere  « yns  luí  donnent  Anaxe  , tille 
(X  .-Jcce  , fas  de  “erfée  ; d'r.utres  lui  donnent  Lvfi- 
dicc,  fiile  ce  i-'éjops  Se  d'Fippoáamie  qdkutres 
snttijh  fene  furui  f Ampkiara'ús  8c  d’Érypbiié» 


A I C 

j\reñor,  fi!s  de  Perfée^  & par  confecuent  frére 
d Electryon  8c  onde  a Aicm^ne  , avoit  époufs 
Lydfi'.ce,  Qui  lui  donna  une  filie  nommte  Hippo- 
thos enievfe  <iepi>;s  par  Iseptuae.  8c  menée  dans 
jes  íiiyS  Ecíiidnaies.  Elle  en  eut  un  fils  nommé 
Taphxus.  Ce  Taphius  établit  une  colonie  dans 
• Taphe  , proche  de  rAcarnanie , & en  nomma 
les_  habitans  Téiéboés.  II  fut  pére  de  Ptéréküs  ^ 
qui  donna  le  jour  á fix  gar^ons  8c  á une  filie. 
Ces  fix  gar<;;ons  aliérent  á Mycénes  redemander 
á Eledrvon  ie  royaume  de  Meírorj  fon  frére  j 
^™iayeul.  II  eft  aíTez  étonnant  qdElectryon 
eut  éts  atraqué  par  les  arrieras  petits-íüs  de  la 
filie  de  fon  frére  Meftor  ; mais  ríen  n'arrétoit 
1 imaginarion  des  poetes.  II  y en  a cependanr  qui 
xetranchent  ici  une  genération.  lis  difent  que  ie 
fi-s  de  IN'eptune  & d'Hippothoe  fe  nomma  Pté- 
reias  ou  Ptérélaüs  5 qu  ib  eut  deüx  fils  ^ Téléboas 
&Taphus__,  qui  aliérent  demander  á Eledryon  les 
biens  d'riippothoé , leur  ayeule. 

Íbií  3 EieCtr.'on  n’accorda  ríen ; 
les^  heritiers  de  Meíior  piüérent  fon  pays  8c 
merent  tous  les  fils  d'Eledryon.  Celui-ci  refolut 
d aliar  tirer  vengeance  de  la  mort  de  fes  fils^,  &' 
remit  le  foin  de  fon  royaume  8c  ¿Alcmene,  fa 
nlíe  entre  les  mains  d'Amphytrion , fon  neveu , 
avec  ferment  de  la  part  de  celui-ci , de  refpeéler 
la  \erLU  de  la  pcinceíTe , fa  confine.  Ceux  qui 
avoient  accompagné  les  énfans  de  Ptérélaüs  dans 
leur  expedition , avoient  emtnené  en  Ely’de  les 
Woupeaux  d Eleclryon.  Amphytrion  les  racheta  j 
& dans  le  tems  quhl  les  remettoit  eatre  les  mains 
de  leur  maitre , il  eut  le  malheur  d'étre  la  caufe 
de  fa  mort.  Une  des  vachas  du  troupeau  voulant 
prendre  la  fuite  j Amphytrion  lui  jeta  une  maííl;e 
qu  i¡  tenoit  a la  main  ; ranimal_,  avec  fes  comes , 
renvoya  cette  maíTue  á la  tete  áTleclryon , qui 
mourut  fur-Ie-champ.  Sthénélus,  fils  de  Perfée 
oc  írere  Eledbryon,  profita  du  troub'e  oiie  cette 
niort  cyufa  a MvcéneS;,  pour  s'ernparer  du  troné 
au  Drejudice  ¿Alcmene , fa  niéce,  & la  forca  ’ 
ainli  qu  A.mphytrion  , de  fortir  de  Mycénes.  lis 
iC  renrerent  a Thebes^,  ou  Créon^  oui  étoit  roi, 
ftt  a Amphvtrion  Ies  cérémonies  de  rexDiation. 
^.cmene  unjquement  occupée  de  vengar  ía  mort 
e les  treres , jura  de  n'époufer  que  celui  qui  lui 
onneroit  cette  fadsfaéiion.  Amphytrion  réfolut 
en  comequence  dkller  faire  la  guerra  aux  Téié- 
¿rfon'^  fingulier  quklle  oublia  la  mort 

fréres  ' po=-ir  ne  fonger  qua  celle  de  fes 
fut  Je  meurtrier  du  premier 
ar'E  íUan»  ' punir  le  meurtre  des  feconds  : 

quTIearvon  fut  tué, 

t>ére  o'f  ' ■'^sugeance  de  la  mort  de  fon 

Ptérrias  dont4  '^^P^ri’trÍQn  marcha  contra 
fes  Ss’  r™:  terres,  & pris  tous 

^ d fon  arricie.  Cenen- 

dan.  res  cnarmes  á Aicmine  avoient  fait  une  Vio- 


A L 


1 1 


lente  impreflion  fut  le  cceur  de  Júpiter  : mais  ce 
djeu  refpedant  la  vertu  de  la  princefié^  craignant 
d ailieurs  que  la  perfuafion  ne  réufsit  pas  fur  une 
perfonne  auíii  fage , prit  ie  parri  de  fe  déguífer.  11 
fe  revetit  de  la  reífemblance  d* Amphytrion  , le 
prefenta  comme  vainqueiir  dePtérélas;  Se  pour 
le  prouver  j ii  fir  prefent  á Aiemím  de  la  coupe  de 
, qu  Amphytrion  s etoit  réfervée  dans  !s 
butin  lait  fur  ce  prince , Se  qifil  avoit  dellinée 
a Alcmerze.  La  princeíTcj  trompée  par  des  appa- 
rences  qui  reífembloient  á la  vérité,  accorda  au 
faux  Amphytrion  ce  qu^elle  avoit  pronais  au  ven- 
geur  de  fon  pére. 

Júpiter^  qui  avoit  prévu  le  fuccés  de  fa  tufe  , 
avoit  envoyé  Mercare  donner  ordre  au  foleil  de 
fe  repofer  pendant  un  jour  ^ afin  de  tripler  la  nuit 
qui  devoit  erre  employée  a la  formarion  d'Herciile  j 
une  nuit  ordinaire  n aui'oit  pas  fulH.  Amphytrion 
revint  de  fon  expédition  le  jour  ráeme  cüi  fuc- 
céda  a la  longue  nuit  Alcmem  avoit  paíTée  avec 
Júpiter.  A fon  arrivée  il  ne  fut  pas  recu  comme 
un  amant  viclorieux  8c  attendu  avec  im'patience  ; 
Alcmem  fut  furprife  des  plaintes  quil  lüi  en  fit, 
lui  raconta  ce  qui  s etoit  pallé  la  nuit  précédente, 
& lui  fit  voir  ía  coupe  de  Ptérélas.  Amphytrion 
la  reconnut  ^ Se  ne  Fayant  point  trouvée  dans  fes 
paquetSj  il  alia  confulter  le  devin  l iréíiaSj  qui  lui 
expliqua  ie  nceud  de  Faítaire. 

La  dignité  de  fon  rival  le  rendir  moins  déücat 
fur  le  défagrément  de  cette  aventure.  Des  le  jour  de 
fon  arrivée^  JI  époufa  ALcnüne , 8c  la  nuit  fui- 
vante  j il  devint  pére  dhm  feco-nd  íüs. 

Junon  , toujours  attentive  á perfécuter  Ies  con- 
cubines  de  Júpiter  8c  leurs  enfa.nsj  traverfa  de 
tout  fon  pouvoir  les  couches  SíAhntene.  Ovide 
raconta  que  la  déeíTe  envoya  Lucine  pour  empe- 
cher  iá  délivrance.  Celle-cí  s’aila  alTeoir  préside 
la  porte  du  palais  ^ 8c  ayant  croife  íes  jambes  ^ 
elle  pronqiKja  , d une  voix  oaííe  , quelques  paroles 
magiques.  ll  y avoit  fept  jours  qu  Álcmxne  étoit 
en  travailj  lorfque  GalanthiS;,  une  des  efclaves, 
fe  iiOuta  _5  a la  poílure  de  la  yieiliej  dont  Lucine 
avoit  pris  la  forme  j que  c’étoit  une  magicienne 
qui  rourmentoit  fa  rnaitreíTe.  Qui  que  vous  foyez, 
lui^dit  Galanrhis,  preñez  part  á notre  joie^  raa 
rnaitreíTe  vient  d'accoucher.  A cette  nouveile  , 
Lucine  fe  leva , & Alcmene  fiit  délivrée  fur-le- 
champ.  JE  Galanthis. 

On  raconte  différemment  le  motif  qui  porta 
•Tunon  á traverfer  cet  accouchement ; les’uns  n’en 
donnent  jioint  d’autre  que  fa  jalouíie  5 dkutres 
donnent  á cette  jalouííe  des  vues  politiques. 
Sthénélusj  comme  onTa  VU;,  s’étoit  emparé  cu 
troné  de  fon  frére ^ au  préjudice  á‘Alcm'?ne,  fa 
mece.  II  avoit  époufé  Micippe  ^ filie  de  Pelopsj 
qui  fe  trouva  enceinteen  meme-tems  QuAlcmh;ze. 
li  étoit  á craindre  que  le  fils  de  ceJíe-ci  ne  vouiut 
faire  valoir  fes  droits  fur  le  royaume  de  fon  a^eul 
matcrndj  & ne  fír  ufage  des  forces  dont  Jumtec 

P ij 


i\6  A L C 


A L C 


avoit  annoncé  cu’il  íéroit  poiín^u.  Junon  j ponr 
empécher  que  le  fils  de  fa  rivale  ne  futroij  obtint 
de  Júpiter  j á forcé  d’imporrunités  j la  certitude 
que  celui  du  fils  SAlcmene  ou  du  fils  de  Micippe 
qui  naítroit  le  premier  , auroit  I’empire  fur  Tautre. 
La  déeíTe  profita  de  cette  promefíe  pour  avancer 
les  conches  de  Micippe  ^ & retarder  celles  ¿‘Ale- 
vine. Son  ftratagéme  ayant  réuífi  ^ Euryñée  ^ fils 
de  Micippe  , abufa  du  pouvoir  que  lui  avoit  donné 
fa  naiílancej  pour  perfécuter  Hercule.  K.  Her- 
CULE,  EuRYSTÉE. 

Quoi  qu’ii  en  foit , la  rufe  de  Galanthis  délivra 
Alcmene  de  deux  garqons  j Tun  fils  de  Júpiter, 
qui  fut  notnmé  Hercule , & Tautre  fils  d'Am- 
phytrion,  qui  fut  appelé  íphiclus.  Iphicios. 
On  dit  que  ces  deux  enfaas  n'avoient  que  dix 
Eiois  , lorfqu'Amphytrion  voulant  favoir  iequel 
des  deux  étoit  fils  de  Júpiter,  envoya  deux  fer- 
pens  dans  le  berceau  oü  ils  étoient  couchés  ; 
Iphiclus  prit  auífi-tót  la  fuite ; & par  cette  marque 
de  foibleíTe , fe  montra  fils  d’un  mortel.  Pour 
Hercule , il  étrangla  Ies  ferpens  entre  fes  mains  : 
In  ennis  jam  jove  dignus  erat.  D'autres  ont  dit  que 
ce  fut  Junon  qui  envoya  ces  deux  bétes  pour 
faite  périr  Hercule  j & que  pour  fauver  Iphiclus , 
elle  lui  donna  la  forcé  de  s'enfuir.  Alcmem  étoit 
£ fiattée  de  Tamour  qu’elle  avoit  infpiré  á Júpiter, 
& d'étre  mere  d'Hercule  , qu’elle  porta  ñir  fa 


ce  dieu , lors  de  la  conception  de  fon  fils.  Elle 
furvécut  á fon  rnari  j & Paufanias  dit  que  de 
fon  tems  on  voyoit  encore  á Thébes  les  débris  de 
fa  maifon._  Elle  furvécut  auífi  á fon  fils  5 Sí  quel- 
ques-uns  ajoutent  qu'aprés  la  mort  de  Tun  & de 
Taiitre  , elle  époufa  Rhadamante. 

Son  tombeau  fe  voyoit  á cote  de  celui  de  Rha- 
damante, prés  d’fí aliarte,  dans  la  Béotie-  D’autres 
aíTurent  qu'’allant  d'Argos  á Thébes,  elle  mourut 
fur  les  frontiéres  de  Mégare  : cue  Toracle  confuiré 
par  les  enfans  d'Hercule,  dont  les  uns  vouloient 
qu  on  la  portar  á Argos , d'autres  á Thébes  , 
crdonna  qu’elle  fut  enterrée^á  Mégare.  Tandis 
que  les  enfans  d'Hercule  , connus  fous  le  nom 
d'Héraclides , travailloient  aux  funérailies  i’Alc- 
mene,  Júpiter,  felón  quelques-uns,  commanda  á 
Mercurede  dérober  fon  corps,  & de  le  tranfporter 
^aux  iíles  des  Bienheureux  , afin  de  la  marier  avec 
Rhadamante.  Mercure  exécuta  Pordre , & mit  une 
pierre  dans  le  cercueil.  La  pefanteur  fit  ouvrir  le 
cercueil  5 on  en  tira  la  pierre,  que  Fon  dépofa 
dans  le  bois  facré , cu  fut  enfuite  báti  un  petit 
temple  d'^^/cTTzé.-rí  á Thébes  5 on  lui  eleva  aufli  un 
sutel  á A.thénes. 

Agélilas  , roí  de  Sparte  , voulant  faire  tranf- 
perter  les  relies  SAlcment  a Lacédémone  , envoya 
a Haliarte  ouvrir  fon  tombeau.  On  y trouva  deux 
vafes  ¿c  terre  , un  braíTelet  d'airain  , & une  tab  1 e 
ee  cuivre , fur  laqueiíe  étnient  gravees  des  lettres 
que  psrfonne  ne  connoiíioit.  ón  en  porta  une 


copie  en  Egy^pte  pour  les  faite  expliquer.  Le  pro. 
phéte  Chonuphis  les  déchiffra  ; elles  contenoienc 
un  ordre  pour  les  Grecs  de  vivre  en  paix,  d'ho- 
norer  les  mufes  , de  terminer  leur  différends  fui- 
vant  Ies  regles  de  Féquité.  Au  relie , Ies  habitans 
¿'Hallarte  furent  punis  pour  avoir  lailTé  ouvrir  le 
tombeau  ¿l  Alcmene.  Les  inondations  & la  peíie 
les  tourmenterent  dans  la  méme  annee.  Alcmem  fot 
la  derniére  mortelle  avec  laquelle  Júpiter  eut  un 
commerce  amoureux  j Nione  avoit  ete  la  premiére. 
II  y avoit  feize  générations  entre  ces  deux  mai- 
treíTes. 

Plaute  , qui  a été  imité  , deux  mille  ans  aprés , par 
Moliere,  a fait  une  comédie  des  amours  de  Júpiter 
& á’ Alcmem , quil  a difpofés  á fa  guife.  Cette 
hardieíTe  irréligieufe  n’eíl  pas  la  feule  qu'ayent 
occaiionnée  ces  amours  du  fouverain  des  dieux. 
Les  artiíies  de  FEtrurie  les  avoient  parodies  fur 
un  vafe  de  leur  fabrique  , qui  a éte  publié  par 
Winkelmann , dans  fon  Hlfioire  ds  V Art.  La  eom- 
pofition  du  delfín  de  ce  vafe  eít  une  des  plus  fa- 
vantes  que  Fon  connoiíTe,  en  méme-tems  qu'elle 
eli  une  des  plus  comiques. 

Alcmene  regarde  par  une  fenétre,  comme  fai- 
foient  les  courtifannes  qui  mettoient  leurs  faveurs 
á Fenchére  , & comme  font  encore  Ies  courti- 
fannes modernes.  La  fenétre  eíi  élevée ; c'eít  ainíi 
qu'on  a trouvé  placees  dans  la  maifon  de  Pompeii, 
celles  qui  donnoient  fur  les  mes.  D'aílleurs,  la 
fenétre  á’ Alcmem  eíi  ceíie  d'un  premier  étage. 
Júpiter  eíi  traveíii , & porte  un  mafque  blanc  , 
duquel  pend  une  longue  barbe.  II  a pour  coeífure 
un  boiííeau,  modius , pareil  á celui  de  Sérapis, 
qui  eíi  d'une  feiile  piéce  avec  le  mafque.  I¡  tient 
une  écheiie  pour  entrer  chez  fa  maitreíTe  par  la 
fenétre.  La  tete  du  dieu  qui  paífe  entre  deux  bar- 
reaux  de  cette  échelle,  préfente  une  caricature 
des  plus  fortes- 

De  Faiitre  cóté  eíi  Mercure  , avec  un  gros 
ventre  , aífez  reflemblant  au  Sofie  de  Plaute.  De 
la  main  gauche  il  tient  fon  caducée,  qu'il  baiíTe 
pour  le  cacher,  afin  de  n'etre  pas  reconnu  j & 
de  F autre  main  il  porte  une  lampe,  qu'il  eléve 
vers  la  fenétre  pour  éclairer  Júpiter.  Sa  ceinture 
eíi  armée  d'un  grand  phallus  , dont  la  fignification 
n'eít  pas  equivoque.  N'ofant  paroitre  nuds  fur 
les  théátres  des  Romains,  les  comédiens  en  por- 
toient  de  couleur  rouge.  Auífi  les  deux  figures 
ont  ici  des  culottes  & des  bas  blanchátres  ¿'une 
méme  piéce,  qui  defeendent ' iufou'aux  che- 
villes  des  pieds  : comme  le  mime  aíTis  & mafqué 
qui  eíi  dans  la  vigne  Mattei  : leurs  draperies  & 
Fhabiilement  cs  Alcmem  font  parfemés  d'étoües 
blanches 

ALCMÉON,  fils  d’Amphiaraüs  & d'Eriphyle, 
fcEur  d'Adralie.  II  tua  fa  mere  par  ordre  de  fon 
pére.  V,  Adk  Aste  , Eriph  yle.  Quelques  auteurs 
ont  dit  mal  á propos  qu'il  fut  aidé  dans  ce  par- 
ricida par  Ámphilocus,  fon  frére.  Alemeonj  per- 
fécuté  par  Ies  for^s,  vengereíTes  des  panicides , 


A I C 

fs  retira  á Píbphis  , dans  TArcadie , od  2 fiit  expié 
par  FhégéüSj  & époufa  Arfinoé  ou  Alphelibée, 
filie  de  ce  Fhégéüs  , á laqueile  il  donna  le  col- 
lier  & la  robe  á'Eriphylej  fa  mere.  II  en  eut  un 
Éls  nommé  Clyrius.  Ki  Texpiation  á laqueile  il 
s^étoit  fouinis , ni  fon  mariage  ^ ne  le  guérirent 
de  fa  fureur.  II  alia  confulter  Toraclej  & apprit 
que  pour  fe  délivrer  des  fiirieSj  il  falloit  qu"il  fe 
retirát  fur  une  terre  toute  neuve  j & formée  depuis 
le  meurtre  d^Eriphyle.  Alcméon  crut  que  les  iíles 
Echidnades  étoient  le  lieu  que  lui  indiquoit  Fora- 
cle.  ^ . Echidnades.  II  s’y  établit  j & quoique 
marié  avec  Alphéfibéej  il  ne  lailTa  pas  d'époufer 
Callyrhoé , filie  du  fleuve  Achéloüs. 

Celle-ci  ayant  entendu  parier  du  collier  dTri- 
plijle  j elle  déclara  á fon  mari  qu’elle  ne  le  trai- 
teroit  plus  en  époux , s^il  ne  lui  faifoit  préfent 
de  ce  bijou  précieux.  Pour  le  tirer  des  mains  de  fa 
prerniére  femme  , Alcméon  retourna  chez  Phégée  ^ 
a qui  il  fit  accroire  que_,  felón  la  réponfe  de  Po ráele  , 
il  ne  feroit  débarrafle  des fiiries qu  aprés  avoiroífert 
le  collier  á ApoUon.  Ce  menfonge  lui  réuffit  5 mais 
Phégée  ayant  enfuite  décoiivert  la  véritéj  donna 
ordre  a íes  deux  fils  de  tuer  Álcméon , ce  qu'ils 
exécutérentj  Se  comme  leur  fceiir  s^en  affligea  ^ ils 
la  tranfportérent  dans  un  coffre  á Tégée , & lui 
imputérent  le  meurtre  de  fon  mari.  Alcméon  avoit 
eu  deux  fils  de  Callyrhoé  Arcanas  & Ampkitere. 
PC  CALLIR.HOÉ. 

Pendant  qu  il  étoit  perfécuté  par  les  furies , 
Alcméon  eut  deux  enfans  de  la  prophéteíTe  Manto  ^ 
filie  de  Tiréfias,  Amphilocus  ScThifphone.  Selon 
quelques  hiñorienSj  Alcméon,  aprés  la  feconae 
guerre  de^Thébes  fut  attiré  en  ítalie  par  Dio- 
méde,  qifil  aida  á conquerir  ce  pays  & FAcar- 
nank.  Sommés  tous  les  deux  de  fe  trouyer  á 
I expedition  deTrole,  Dioméde  s’y  renditj  mais 
Alcméon  s’arréta  dans  fAcarnanie;  Se  pour  hono- 
rer^fon  frére,  bátit  une  viUe  qu  il  nomma  Argos- 
d Jimpkilocus.  Alcméon  y rendit  des  oracles  j mais 
fon  parricide  le  fit  exclure  des  honneurs  divins 
que  les  Oropiens  rendoient  á fon  pére  & á fon 
^rere._  On  lui^  eleva  á Pfophisj  un  tombeau  qui 
n avoit  ni  éciat  ni  ornemens  '5  & il  étoit  en- 
toure  de  cypres  íi  hauts,  qu’ils  pouvoient  couvrir 
^ ^eur  ombre  le  coteau  qui  dominoit  fur  la  ville. 
On  ne  les  coupcit  poiat  , parce  qu’ils  étoient 
conocres  i Alcméon  ^ on  les  appeloitles  pucelles. 
Aes  ruñes  Alcméon.  ont  fait  retentir  Ies  théátres 
^ mais  il  ne  nous  rede  aucune  de  ces 

tragemes.  f . AmpMiarads^  Eriphyle^  Cal- 
LYRHOE  J EpigoNES  , AmPHILOCUS. 

ALCO..  j fJs  d jiretlhée,  roi  d’Athénes,  étoit 
tres-acroiE  a t-rer  de  Farc.  11  atteignit  un  dragqn 
oui__avoit  emevé  un  de  fes  fils le  tua  fans 
blener^eníanc  paíTa  pour  un  des  héros 

1*^  cjr.ce  j & li  7 eat  piufieurs  monumens 
neroiaues  eleves  en  fon  honneur. 

. ^ dí’v!nií.e  c-.íi  preíidoit  aux  voyaces  . 

ainn  qu  Cacona.  Son  nom  peut  venir  d’¿?.A,,fon-es 


A L D 1 

parce  qu’il  faut  du  courage  & de  la  forcé  pour 
foutenir  la  fatigue  des  voyages. 

3 oifeau  confacré  a Thécisj  parca 
qu  il  rait  fon  nid  fur  les  bords  de  la  mer  j & parmi 
les  rofeaux.  F.  Alcyone  , filie  d’Eo'e. 

Les  anciens  n ont  pas  décrit  cet  oifeau  avec 
aíiez.  dfi  precilion  j pour  cjuc  i^on  ait  pu  le  recon- 
noítre  : ainíí  nous  ignorons  quel  étoit  lAlcyon  des 
anciens.  Cependant  les  modernes  ont  fait  I’appli- 
cation  de  ce  nom.  Belon  Fa  donné  á deux  efpéces 
d’oifeaiiXi  que  nous  appelons  manin-píchmr  & 
roujferolle. 

ALCYONE,  filie  d’ Atlas,  fut  une  des  fept  atlan- 
tides  qui  formérent  la  confteliation  des  pléyades. 
Elle  eut  de  Neptune  un  fils  nommé  Ambas,  qui 
fut  roi  de  Trézéne  ; &,  felón  quelques  - uns , 
Antédon  la  rendit  mere  de  Glaucos.  V.  Atlan-- 
tides. 

Aecyone,  fiUe  d’EoIe  , de  la  race  de  Deuca- 
lion , époufa  Céix , roi  de  Trachine  : fon  amour 
pour  fon  epoux  fut  fi  grand,  que  Céix  ayant  fait 
naufrage  , Alcyone  fe  precipita  dans  la  mer,  ou 
j elle  fut  changée  en  aleyon,  ainíi  que  fon  mari.  II 
n^y  a pas  dans  Otude  de  fáble  écrite  avec  plus 
d’art , & qai  foit  plus  touchante.  V.  Céix. 

"^i-CTOJíE,  furnom  qui  fui  donné  áCIéopátre, 
filie  d’Idas  & deMarpéfe,  & femme  de  Méléagre, 
pour^  conferver  dans  leur  fam.ille  la  mémoire  de 
l’enlevem.ent  de  fa  mere  par  Apollen.  II  étoit 
relatif  aux  regrets  que  cette  trifte  aventure  avoit 
caufés  á fa  mere,  qui,  comime  une  z.\iixt  Alcyone , 
s’étoit  vu  cruellement  féparée  de  fon  mari. 

ALCYONÉE , un  des  plus  redoutables  géans 
qu!  attaquérent  Júpiter.  lí  devoit  erre  immortei 
tant  qu’il  demeurerolt  dans  le  lieu  de  fa  naif- 
fanp.  Avant  la  guerre  contre  les  dieux,  il  s’étoit 
dtj'á  diftingué  par  d’autres  entreprifes ; c’eíi  lui 
qui  avoit  emmené  d’Erithie  , les  bmufs  du  foleil. 
Le  pére  des  dieux  ayant  commandé  á Hercaie  cíe 
cómbame  ce  redoutable  géant,  le  héros  tenaíía 
piufieurs  fois  fon  ennemi  á coups  de  fleches  j 
mgis  des  cyyx  AJeyonée  touchoit  la  terre  , qui  étoit 
fa  mere,  il  prenoit  de  nouvelles  forces.  Se  fe 
relevoir  plus  terrible  qu  auparavant.  Alors  Pallas 
'fe_  joigait  á Kercule  5 elle  faiCt  le  géant  par  le 
m.iiieu  du  corps,  & le  porta  au-deiTÚs  da  cercle 
de  la  lune  , oú  il  expira. 

Alcyonee  , iac  íitué  prés  de  Corinthe  dans 
FAchai'e  , & trés-profond.  L’empereur  Néron  eut 
la  curiofité  de  le  faite  fonder  ; on  aífure  qu’il 
n’en  put  rrouver  le  fond.  Auprés  Be  ce  lac  étoit 
un  temple  , que  les  Oropiens  avoient  confacré 
á Amphiaraüs  , Se  une  fontaine  qui  portoit  le  nom 
de  ce  devin. 

ALDINE  ( lettre  ).  On  donnoit  autrefois  ce 
nom  aux  caraéléres  que  nous  appelons  italiques ; 

Se  il  leur  venoit  d’AIde  Aíanuce  , qui  les  avoit 
employés  le  premier.  Cet  imprimear  célebre  ne 
fe  fervoit  prefque  point  d’autres  caraCléres ; Se  ii 
le  préféroit  au  romaln,  parce  qu’il  imite  mieus 


1 1 8 ALE 

récriture  8¿  qu’il  eír  plus  prelTé.  Mais  on  5.  éprouvé 
conftamsnent  que  la  iettre  nldine  fatiguoit  la  vue  , 
Se  ou  Fa  abandonnée  pour  !e  corps  des  ouvrages , 
en  i?,  rérervant  uníquetnent  pour  Ies  mots  & Ies 
citations  que  Ton  veat  diídinguer.  On  eítime  Fexac- 
titude  des  éáitions  qtfa  données  Sébaftien  Griíí, 
imprinieur  de  Lyon^  & qui  font  toutes  en  Iettre 

ALDOBRANDINES.  fLes  noces)  C’eft  le  nom 
fous  lequel  on  connoít  depuis  long-tems  une  fnfe 
antlque , fur  laquelle  eft  peinte  une  noce.  Cette 
frife  fut  trouvée  pres  de  Sainte-Marie-Maieure , 
daqt  remplacement  ou  étoient  jadis  les  iardir.s  de 
ídécéne ; on  la  volt  aujoiird'hui  á la  Vilia-Aldo- 
brandine,  oü  elle  eíl:  confervée  avec  la  partie  du 
mur  fur  i.aquelie  elle  étoit  peinte.  Ce  tablean 
aiitique  eír  compofé  de  plafíeurs  figures  hautes 
d'envnron  íei-e  pouces  de  Franca  ; il  a été  pubiié 
par  !e  P.  Monifaucon  & pluíieurs  autres  fois 
depuis.  Winkelmann  a prouvé  dans  fes  M.onamenti 
inediti  y p.  6o , qufil  repréfentoit  les  noces  de 
Thétis  & de  Pelée ; & que  les  figures  qui  accom- 
pagnent  Ies  épouXj  font  trois  déeíTes  des  faifons 
OI!  trois  mufes  j qui  clvantent  & qui  exécutent 
répithalame. 

Nous  ignorons , dit  le  chevaüer  de  Jaucourt, 
íi  cette  noce  eft  d"un  grand  coloriíle  ou  d’un 
ouvrier  naédiocre  de  ces  temslá;  ce  qu’on  peut 
dire  de  certain  fur  fon  exécution , c’eft  quelle 
eft  trés-hardie.  Elle  paroír  étre  Fouvrage  d’un 
artifte  auíTi  maitre  de  ion  pinceau , que  Rubens  & 
que  Paul  Féronéfe  Féroient  du  leur  : les  touches , 
qai  font  tres-heurtées  ^ & qui  paroiSenr  méme 
groíiiéres  quand  elles  font  viies  de  prés  ^ font 
un  effet  merveilleux  lorfqii’on  confidére  ce  tab'eau 
á la  diftance  de  vingt  pas  ; & c’étoic  apparem- 
jpent  de  cette  diñance  qu’il  étoit  vu  fur  ie  mur  oñ 
le  peintre  Favoit  fait. 

ALE  , dans  la  Giiicie.  ' 

On  a des  médailles  imperiales  grecques  frappées 
dans  cette  ville  , felón  le  P.  Hardouin. 

ALEA  y furnom  de  Minerve , qui  luí  fur  donné 
par  Aleus  , roí  d’ Arcadia ^ aprés  qu’il  luí  eut  batí 
un  temple  dans  la  ville  de  Tégée , fa  capitale  y 
fous  le  nom  de  Minerve -Alea.  Augufte  ^ pour 
punir  les  Arcadiens  d’avoír  fuivi  le  partí  d’An- 
toine,  enleva  de  Tégée  la  Minerve- Alea.  On  con- 
fervoir  dans  fon  temple  la  peau  & les  défenfes  du 
fanglier  calydon. 

Alea  5 en  Arcadie.  AAEinisr.  AXAiaN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

RRRR.  en  bronze.  (Éckhel , Pellerin ), 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ALEATORIUM.  On  donnoit  ce  nom  á une 
falle  -dans  laquelle  on  i’ouoit  aux  échecs  ou  aux 
talcuh.  Elle  étoit  placee  auprés  des  jeux  de  paume ; 
de  maniere  qu’on'  s’y  retiroit  pour  fe  délafíer  des 
íangues  de  cet  exercice  violent.  Sidoine  .Apolft- 


A L E 

naire  , (Epifi.  n.  l.)  : Atque  illic  aleatorlum  lajíls 
con.pu.mpto  fplzjirijierio  faciat. 

alecto  3 une  des  trois  faries^  feur  de 
Tiíiphone  & de  Mégére filíe  de  FAchéron  &:  de 
la  nuit.  Son  nom  íigrdSe  Fenvie  ou  celié  qui  n’a 
point  de  repos  ^ de  Fa  privatir  St  de  , quiefeo. 
X’irgiie  luí  donne  des  aiies  de  dragón  ^ & Aheius 
¡tridentes  anguibus  al&.  V.  FuRIEÍ. 

- ALECTRÍOMANTIE  oa  Alectoromantie^ 
divination  par  le  moyen  d’un  coq  y en  uíage 
chez  les  Crees.  Voici  comme  elle  fe  pratiquoit : 
on  traqoit  un  cercle  fur  la  terre  , on  le  partageoit 
enfuite  en  vingt-quatre  petites  cafes  ou  efpaces } 
dans  chaqué  cafe  on  écrivoit  une  Iettre  de  Falpha- 
bet,  & fur  chaqué  Iettre  on  mettoit  un  grain  de 
'oled  ; cela  fait  ^ on  .plaqoit  un  coq  aii  milieu  du 
cercle  ^ on  remarquoit  ¡es  grains  qu’il  man- 
geoir , & quelles  étoient  Ies  lettres  des  cafes  ou 
les  grains  aveiant  été  places;  on  faifoit  enfuite 
un  mot  de  ces  lettres,  & Fon  croyoit  que  ce  mot 
apprenoit  ce  que  Fon  vouloit  favoir.  C’eft  par  cet 
art  que  les  fophiftes  Libanius  & Jamblique  cher- 
chérent  & crurent  avoir  trouvé  quel  feroit  le 
fucceífeur  de  Fempereur  A'alens;  car  le  coq  ayant 
mangé  íes  grains  qui  étoient  fur  Ies  lettres  ©,  E, 
o , A , ils  ne  doutérent  plus  que  le  fucceífeur  ne 
fut  Théodore  ; mais  ce  fut  Théodofe  , qui  échappa 
feal  aux  recherches  de  Valens.  Cet  empereur, 
informé  de  Faclion  de  ces  devins , fit  tuer  tous 
ceux  dont  les  noms  commencoient  par  ces  quatre 
premieres  lettres,  comme  Théodore  yThéodat  y Src. 
ainfi  que  les  devins.  Jarn'olique  s^empoifonna  lui- 
méme. 

Alecíriomantie  eft  un  mot  compofé  d’A’Asxrfao'yj 
un  coq  , & fixíTiia  y divinacion. 

ALECTRYON  , jeune  favori  de  Mars  , & le 
confident  de  fes  amours,  ayant  été  mis  un  jour 
en  fentinelle  pendant  que  Ie*dieu  étoit  avec  Venus, 
il  s’en dormir,  & laiíTa  furprendre  Ies  deux  amans 
par  Vulcain.  Mars,  irrité  de  ¡a  négügence  SAlec- 
tryon y le  métamorphcfa , pour  Fen  punir,  en  un 
oifeau  de  fon  nona;  c’eft-á-dir.e , en  coq,  qui 
de  encore  la  créte  du  cafque  qu’i!  avoir  lorfqu’ii 
tiietamorphofé.  Se  reíTouvenant  de  fa  pareííe, 
il  n oublie  ríen  pour  Feffacer  par  une  vigilance 
foutenue , en  annoncant  toutes  les  nuits  , le  pro- 
chain  retour  du  foleil , par  le  battement  de  fes 
ailes  & par  fon  chant. 

Le  nom  grec  du  coq,  «Aíxrfaav , a donné  lieu 
a cette  fable, 

ALEES, -fétes  qu’on  célébroit  a Tégée,  dan? 
l’Arcadie,  en  l’honneitr  de  Minerve-Aléa. 

ALEAIONA.  Déeífe  que  la  fuperftition  romaine 
avoit  créée , & á aui  elle  attribuoit  le  foin  de 
nourrir  les  enfans  dans  le  fein  de  leurs  metes. 
Son  nom  venoit  du  mot  latin  alercy  nourrir.  Ter- 
tuilien^,  de  Anim.  c.  jy.  : 

ALEON,  fi!s  d’Atrée  , a été  appelé  Diofeure^ 
amíi  que  Mélampus , & Eumolus , fop  freí®» 
F.  Dioscures, 


ALE 

ALESIS  j dans  TEIids.  A.'iHciimN’. 

Cette  villa  a fait  frapper  des  médaillss  impé- 
riales  grecques  „ en  1 hoñneur  d'Hadrien  & a An- 
tonin  j felón  v aiilant.  Mais  Pelleriii  croit  qudl  a 
mal  va  Jeur  légende  j il  la  rétablit  par  amaceitqK 
& reítitue  ces  médaiücs  á Amafia  du  Pont. 

. ALETIDESj  facriíices  folemnels  que  les  Athé- 
niens  faifoienr  aux  manes  á’Erigonej  par  ordre 
de  Toracie  d’Apoiion. 

Erigone  pjartoit  encore  le  nom  ¿‘Alétis ; elle 
concut  une  _íí  vive  dcaleur  de  la  mort  de  fon  pére 
lea  re  j qu  eiie  fe  pendít  de  céíefpoirj  ce  oui  íit 
donner  aufli  á cesfétes  le  nom  ¿‘AiaFA,  (eories)  , 
fiifpenfion.  On  les  célébroit  par  des  chants,  & 
en  fe  balancanr  avec  des  cordes  attachées  á des 
arbres  ou  á des  folives.  Feíius  parle  de  ces  balan- 
^oires  Gue  Ton  appeloit  ofciLla. 

La  filie  d’icare en  mourant , pria  les  dieux  de 
permettre  que  toutes  Ies  filies  a Athénes  périffent 
d une  maniere  auíli  iionteufe  ^ fi  íeurs  parens  ne 
vengeoient  la  raort  de  fon  cére.  Les  Athéniens 
ayanc  négligé  cette  vengeance , les  veseux  dTriaone 
furent  exauxés.  Car  Ies  jeunes  filies  d’Athénes 
etant  faiíies  d’un  efprit  devertige^  la  piuDart  fe 
donnerent  la  mort.  Leurs  parens efifayés'de  ces 
fiiiciaes^  confultérent  i’oracle  d'AppIlon^  qui  leur 
ordonna  d'appaifer  Ip  mines  dícare^  en  infti- 
tiiant  les  aleudes  j fetes  ainíi  nommées  du  grec 
'ierre  , parce  qu  Erigone  erra  Jong-tems 
accompagnée  de  fa  chienne^  avant  de  trouver  le 
corps  de  fon  pére. 

Quelques  auteurs.  Se  Héfychius  entr’autres 
troyenr  que  cette  rete  avoit  ¿té  iníiituée  en  l’hmn- 
neur  du  roí  Témale  ou  dfílsifthe,  & de  ¿Ivtpm- 
neñre.  D’aiitres  Pattribaent  á une  filie  cíe  ces 
derniers , gui  ^ fe  joignanr  á fon  grand-pére  Tvn- 
dare^  alia  a Athénes,  pour  accufer  Orefte  devant 
1 areopage,  mais  ayant  perdu  fa  caafe,  & s'’¿’''nr 
pendue  de  fijreur,  les  Athéniens,  par  ordre  de 
1 Oracle,  etaburent  cette  fete  á fa  mémoire.  <Eue- 
moíog.  Maga. ) ' 

ALEÜROMANTIE,  / ñrine  , & de 

ficailua  divination.  Cette  étymologie  nous  apprend 
que  Ja  fanne^de  froment  fervoir  ácette  divination 
tandis  que  c etoit  par  le  moyen  de  la  firine  d’orae 
que  fe  praHquoít  ^a/J>A¿to;7^ara¿e.  Apollen,  qui 
preiidoit  a l a/earoma.^ue , en  avoit  pris  le  nom 

NycTimus,  roi  dfircadie ; c’eíl 
Aiir  ^ Minerve-Aléa.  Voyei 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O en  argent. 

AAr.YA:-,DR  í , nom  fous  leq>'el  ra<^'>nd>-e 
futaderée.  Cassakdre.  ' 

<^ePriam.  EIFarís. 

1,  rol  Q?  Aiaecdome.  aae-aíí^pox. 


A ^ V 

“ J-(  Í_I  J 

Aprés  Ies  médaiiles  de  Gélon  , roi  de  Syracufe 
on  n en  connoit  point  de  plus  anciennes  que  celles 
ae  ce  roí.  Leur  íabrique  annonce  cette  ancien- 
nete , Se  m quarré  en  creux  du  revers  Fattefte  for- 
meiiemenr. 

Ses  médaiiles  fent: 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Alexaxdre-le-Grand,  roí  de  Macédoine.  Le 
petA  nomüre  de  monumens  fur  lefquels 
eii.  repreieate  , & qui  ont  échappé  aux  rava<?és  du 
te.ms , ^meritent  rattention  oarticuliére  des'^ama- 
teurs  ce  rpriguité  j car  fon  zéle  pour  Ies  arts’ & 
pour  Ies  letrres  a contribué  autant  á lui  fai-» 
donner  le  fumem  de  Grand,  que  fon  intrépidit-í 
lon  courage  & fes  expioits. 

Les  portrps_de  ce  roi  qui  nous  refrent,  n’an- 
noncent  pomt  les  maítres  qui  les  ont  produÁs  , 
ni  ie  fíecie  qui  Ies  a va  fairc.  On  fait,  á la  veri-- 
qufApeile  eut  feul  le  droit  de  le  peixudre  ; Lvñ-v" 
cerní  de  le  _;eter  en  fonte , & Fyrgotéles  'de  le 
graver  en  pierres  fines.  Mais  1 Liítoire  ne  nous  a 
pas  copfervé  le  nom  du  fcuipteur  qui  zvoit  feal 
ie  droit  de  le  faire  reyivre  en  marbre ; on  nen 
connoit  d aiüeurs  aucun  de  ce  tems  oui  ait  ioai 
u une  reputation  égale  á celle  de  Lyfippe.  ' 

Entre  les  tetes  ¿l ALiexandre , dit  Winkelmanp  , 
qui  nous  fournit  cet  arricie , nous  en  citerons 
trois  _qui  mericent  une  attention  particuliére.  La 
premiere  & la  plus  grande  fe  trouve  au  mu&um 
I de  Eiorence  ; la  feconde  au  espitóle,  & la  troA 
I appartenoit  á la  reine  Chriftine , eft 

j au^urdnui  á Saint-Udefbníb , en  Eípagne.  Les 
hiiioriens  nous  difent  g\i  Alexandre  penchoi-  la 
tete  ílir  une  épaule  : c eít  ainfi  qu  il  eíl  recréíenté 
dans  tous  fes  portraits,  8c  regardant  en  haut  : 
l^oíttion  qui  eít  mdiquée  dans  une  épipramim^  d-- 
l anthologie,  (¿ik  4,  p.  312)  faite  fur^ine  ftatue 
de  ce  conquerant , de  la  main  de  Lyiippe. 

Le  jet  des  cheteux  j au-deíius  du  front,  caraété- 
rife  feui  les  tetes  á^Alexandre  entre  toutes  celles  ’ 
des  neros.^  Ses  chevsux  font  tou-jours  relevés  au- 
ceuus  du  rront,  avec  une _négligence  gui  n'efr  ñas 
tíeponryue  de  nobleue  5 iís  retombenr  enfiíite'en 
^orrr;ant  un  are  erroit.  Teis  on  voít  ordinairement 
les  cheveux  da  front  aux  retes  de  Júpiter.  Comme 
Aiexandre  voulok  paíTer  pour  fils  de  ce  diea  , 
Lyjippe^  lui  aura  voulii  donner  quelcues  traics  de 
re&mbiance  avec  Júpiter , ce  gu'il  aura  pu  faire  en 
rraitant  les^cbeveuxj  en  quci  il  aura  enfuite  été 
imité  par  d’aatres  artilles. 

Les  ftatues  ¿í  Aiexandre  font  encore  plus  rares 
que  fes  retes.  II  fe  trouve  á la  v'ilia-Aibani  une 
ílatue  héroique  plus  grande  que  le  narurei,  done 
la  tete  cafquée  nous  oífre  les  rraits  du  conquéraat 
de  TAíIe  ; mais  la  tete  n'appartient  pas  á la’ftatue- 
Cette  obfení-ation  s’applique  également  aux  ílatues 
qui  font  hors  de  Rome,  & aiixquelles  la  tete  a 
faií  douner  le  nom  á’A/exandre.  La  feule  vériuble 


í *o  ALE 

fu-.tu£  de  ce  princc , efi  probabiement  ceíle  que 
poííede  á Roíue  !e  n:arquis  Roadinini;  car  ía 
tete  de  cette  ílatue  qui  eílfans  cafque^  n'ajamais 
écé  dérachée  da  trorc.  Sa  confervation  eft  fi  par- 
faite,  que  non-feulernent  le  nez  eít  ender,  chofe 
extrémement  tare,  mais  encore  que  Tépiderme 
n'a  éprouvé  aucune  akération,  Aitxandrt  eft  re- 
préfenté  á rhéroícue,  c"eíl-á-dire , entierement 
nud  , dans  upe  attitude  penchée , & le  coude 
appuvc  fur  la  cuifte  droíte.  La  tete  a les  cheveux 
liifpofés  fur  le  frort  dans  le  méme  goút  que  les 
bulles  du  capitole  &:  de  Florence. 

Quoique  les  beiies  aíftions  á‘ Alexandre  ayent 
offert  des  fujets  tres-propres  á étre  traites  par  les 
anciens  artilles  en  bas-relief,  c"eñ-á-dire,  en  ma- 
Eiére  de  fymboles  ou  d’allégories  deftinées  á dé- 
corer  des  édifices  & des  tombeaux,  on  n'en  trouve 
qu^une  feule.  C'eñ  Tentrerien  de  ce  prince  avec 
Diogéne.  Le  cynique,  couché  dans  fon  tonneau 
de  terre  cuite  ^ xecoit  le  héros  de  la  Gréce  fous 
des  murs  de  Corinthe.  Ce  bas-relief , qui  eít  con- 
lervé  á la  Villa- Albani , a été  publié  par  Win- 
kelmann  , dans  fon  Hiftoire  de  TArt  & dans  les 
Irlonumenti  inediti. 

Quant  aux  gravures  ¿‘Alexandre  par  Pyrgoteles, 
on  en  connoít  une  qui  porte  le  nom  de  cet  habile 
artiñe.  La  pierre  offre  un  petit  bulle  d'agathe- 
onyx , un  peu  plus  grand  que  la  moitié  du  méme 
baile  gravé  en  cuivre  dans  le  Recueil  du  barón  de 
Stofch.  Mais  le  nom  de  Pyrgotelés  s'y  trout'e 
écrit  au  nominatif,  contre  fufage  des  gravears* 
anciens.  Ceux-ci  mettoienc  toujours  fur  leurs 
oavrages  leurs  noms  au  génitif  j de  forte  qu’au 
lleude  nyproTEAHS,  il  faudroit  nYProTEAOYS. 
C"eñ  pourquoi  ce  nom  paroít  étre  une  additioñ 
moderne.  La  téte  elle-inéme  offre  une  ampie  ma- 
tiére  a la  critique ; car  elle  reífemble  á Hercule  , 
& non  pas  á Auxandre.  Ce  qui  eft  prouvé  non- 
feulement  par  les  cheveux  qui  defcendenr  fur  les 
tem.pes  & qui  accompagnent  une  portion  des 
faces , carañére  que  ffoffre  aucun  portrait  de 
ce  roi , mais  auffi  par  Ies  cheveux  placés  au-delTus 
du  front  , qui  foat  courts  & frifés  comme  ceux 
d^Hercule. 

On  volt  de  plus  cette  téte  couverte  d’une  1 
pean  de  llon ; ce  que  offrent  jamais  les  tetes 
& Alexandre.  D'ailleurs,  la  figure  eft  plongée  dans 
une  triñeíTe  profonde  5 elle  a la  bouche  ouverte 
& gémiffante.  Cette  obfervation  a été  négligée 
par  ceux  qui  ont  pretenda  reconnoitre  ici  le  roi 
de  Macédoipe  j quoiqufils  auroient  pu  y voir  la 
triílefíe  ¿í  Alexandre  á la  mort  d’Epheílion.  Mais 
cette  trifteíTe  caradlérife  encore  mieux  Hercule; 
elle  le  faifit  au  moment  qu  ayant  tué  les  enfans 
quhl  avoit  eus  de  Mégare  , il  reprit  l’ufage  de  fa 
raifon , &•  deplora  fon  malheur  avec  douleur  & 
repentir.  Nicéarque  , felón  Pline,  Tavoit  repré- 
fenté  dans  cet  inftant  d'accablement  : Hercukm 
trijtem  infama  pcenitentia. 

Les  médailles  rom  fouvent  meoíion  de  ce  coa- 


A L E 

quérafit,  áuquel  tant  de  villes  atítlbuoient  leur 
fondation.  C'eft  á ce  titre  fans  doute  qu'ií  eíl 
placé  fur  les  médailles  de  Berhée;  d’Alexandrie, 
en  Troade } ¿e  Colophon  ; de  Lampfaque  j de 
Magiiéíie , en  lonie  5 de  Priénej  de  Tarfe  > de 
Ténédos,  & deTéos. 

Ceiles  de  Macédoine,  qui  lui  appartiennent  en 
propre,  & qui  ont  pourlégende  basiaecs  aae- 
SANAPOT,  font  communes  en  tous  métaiix. 

II  s'eít  élevé  une  grande  queñion  entre  Ies 
antiquaires,  aufujet  de  la  rete  que  Pon  volt  fur  les 
médailles  de  Macédoine , avec  le  nom  éi  Alexandre. 
Les  uns  ont  cru  y trouver  lestrairs  di  Ahxandre , 
& les  autres  ne  veulent  pas  l'y  reconnoitre.  ¡1  eft 
vrai  que  Pon  voit  en  général  fur  fes  médailles  d^or 
une  téte  cafquée  , qu  on  ne  peut  méconnoitre 
pour  celle  de  Pallas ; & fur  fes  médailles  d"ar- 
gent  de  de  bronze,  il  y a une  téte  couverte  de  la 
dépouille  d’un  lion,  qui  reíTemble  entierement  á 
Hercule  ieune.  Mais  on  croit  avec  alTez  de  vrai- 
femblance  trouver  les  traits  du  roi  de  Macé- 
doine dans  les  tetes  qui  font  gravees  fur  les 
médailles  communes  á toute  la  Macédoine,  & 
frappées  aprés  Pextinólion  de  la  monarchie,  avec 
la  légende  koinon  aíakeaoncn. 

Alexandre,  filsde  Néoptoléme,  roid'Epire. 
AAEH.  TOY.  NE. 

Ses  médailles  font : 

RR.  en  bronze. 

RRRR.  en  or. 

O.  en  argent. 

Alexandre  , fils  de  Pyrrhus,  roi  d'Epire. 

Pellerin  &c  Eckel  lui  ont  attribué  un  médaillon 
d'argent. 

Alexandre  IjThéopator,  Evergétes,  Epi- 
phane,  Nicéphore,  autrtmtnt  dit  Bala,  roi  de 
Syrie. 

Ses  médailles  avec  les  titres  de  Theopator 3 
Evergetes  3 font  : 

C.  en  argent. 

O.  en  or. 

C.  en  bronze. 

Ses  médailles  avec  Ies  titres  díEpiphane  3 Nicé- 
vkore  3 font  RRRR.  en  bronze. 

Alexandre  ÍI,  roi  de  Syrie. 

Ses  médailles  font: 

RR.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Alexandre,  furnommé  le  Soleil,  fils  de 
Cléopátre  & d’Antoine. 

Piufieurs  auteurs  ont  fait  graver  une  médaillc 
grecque  de  moyen  bronze  , oú  Pon  voit  dhm 
coré  ia  téte  radiée  di  Alexandre , & au  revers  deux 
fceptres  & deux  comes  d’abondance  ; mais  cetre 
médaille  eft  fufpeéle  aux  antiquaires. 

AlEX  ANDRE-SÉ  VERE.  SÉVERE- 

Alexandre. 

Alexandre,  tyran  en  Afrique , fous 
Maxence. 


AzSXAlTDSf- 


ni 


ALE 


AzSXAS  S ER  AuG  VSTUS, 

Ses  médailles  font : 

O.  en  cr;  on  nen  a probablement  point  en 
argenr. 

RRRR.  en  M.  B.  ou  uniqucj  dans  le  cabinet 
de  M.  Pellerin. 

RR.R.  en  P.  B.  j on  en  trouve  avec  trois  reyers 
¿iíFérens. 


Alexandre  , fiis  de  BaíIIe  le  Macédoníen. 

AleX.ÍETDER  A UGUSTl/S, 

Ses  médailles  font : 

O.  en  or  & en  argent. 

RR.  en  M.  B.  ^ oú  il  eíl  avec  Léon , fon  frére. 

ALEXANDRIEj  en  Troade.  rafean. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

O.  en  or. 

R.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Son  type  ordinaire  eft  un  cheval  paiíTant. 

Devenue  colonie  romaine  j elle  a fait  frapper 
des  rnédailles  imperiales  latines  ^ que  Ton  trou- 
vera  á Tarticle  Troas. 

Alexandrie,  prés  de  la  vilIe  dlíTus^  dans  la 
Cllicie.  AAEHANAPEÍ2N  KAT’ICCOÍÍ. 

_ Cette  vilIe  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales grecques  avec  des  époques^  en  Thonneur 
<Í£  Trajarij  ae  Caracalla^  d^Hadrien. 

■ Ses  médailles  autonomes  font : 

RRRR.  en  bronze^ 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Alexandrie,  d’Egypte  AAÉEANAfEiA. 

Cette  ville  a fait  frapper  une  multitude  de 
médailles  impériales  grecques  j en  Thonneur  de 
prefqtie  tous  les  empereurs  ^ depuis  Auguíie  jufqu'á 
iViaximien. 


Son  ¡lom  y eñ  rarement  place ; mais  on-recon- 
noit  fes^  médailles  á Taigle  égyptienne , 8c  mieux 
encere  a leur  fabrique  : elles  font  trés-épaiíles. 

L Egypte  étant  devenue  une  province  romaine  ^ 
Alexandrze  dut  á fon  ancienne  fplendeur  la  ma- 
niere patriculiére  dont  les  empereurs  ¡ui  permirent 
de  fe  gouverner.  Au  lieu  des  décurions,  & des 
Qecemvirs  leurs  fubdciéguésj  qui  commandoient 
dans  les  autres  provinces  les  Céfars  nommoient 
un  gouverneur  pour  rendre  la  juftice  á A.lexan- 
dr^  j fous  le  nom  de  Juridicas  AUxandris,.  Cet 
.oíEcier  exer^oit  un  pouvoir  plus  étendu  que  celui 
des  _ decem.virs  5 car  il  jugeoit  toutes  les  caufes 
civiles , meme  Ies  plus  importantes  : ce  qui  excé- 
doit  les  limites  prefcrites  aux  décemvirs. 

juridicus  Alexandrisí  veilloit  foigneufement 
au  aepart  des  convois  de  bled  que  I’Egypte  foiir- 
niíioit  a Home  tous  les  ans^  & qui  étoient  voi- 
ur..s  ju.qu  á Pouzzol  fur  de  grands  bátimens 
appartenans  aiix  Alexandrins 

Ceux_-ci  avoient  encore  un  obiet  de  commerce 
qui  etoit  auíTi  agreaeie  aux  grands  & aux  riches 
les  grains  pouvoient  fétre  d la 
wuiiu  ude  ; nous  voulons  parler  des  jeuaes  efclaves 
AtitiqRiUs , Tome  1, 


ALE 

qu’ils  leur  vendoient.  lis  étoient  tres-á  la  modcj 
& les  anciens  auteurs  en  font  fouvent  mention. 
Martial  en  demande  un  qui  foit  né  ñir  les  bords 
du  _Nil  j c eft-a-dire  ^ á Alexandrie  ¡ parce  que  , 
dit-il  ^ il  ne  venoit  d"-aucun  pays  des  efclaves  auíS 
bien  eleves  & auffi  fpirituels.  (ir.  42.  i.) : 

Si  qiíis  forte  mihi  pojfet  pr&fiare  roganti  , 
Audi  quern.  piLerum,  ¿ Flacce  ¿ rogare  veliRt,- 

Niliacis  primiím  puer  is  nafcatur  in  oris , 
Fíequitias  telLus  fcit  dure  nulla  mugís. 

Stace  {_Sylv.  V.  y.  66.')  explique  ces  gentil- 
leffes  qui^  rendoient  íi  chers  aux  Romains  les 
efclaves  ¿C Alexandrie  : « Je  n'ai  point  acheté  un 
de  CCS  enfans  apportés  fur  les  vaiíieaux  égyptiens, 
qui  ont  un  babil  íi  aimable  , qui  ont  appris  á plai- 
fanter  fur  les  bords  du  Kil^  &:  qui  mettent  tant 
de  fei  8c  d^efprit  dans  leurs  failíies  & leurs  ré- 
parties. 

Non.  ego  mercatus  Phariá  de  puppe  íoquaces 

Delicias , dociumque  fui  convida  Nili 

Infantemy  linguaque  fimul,  falihufque protervum,. 

Comme  Ies  Alexandrins  deftinoient  ces  enfans 
a I efclavage  j lis  les  accoutumoient  des  l’áge  le 
plus  tendre^  á repondré  avec  finelfej  m.alice  & 
promptitude.  lis  leur  donnoient  des  maitres  á cet 
effet,  comme  nous  Tapprend  Sénéque  {de  Conftant. 
e.  II.)  : Fueros  quidem  in  hoc  mercantur  procaces  y 
6*  eorum  inzp udentiam  acuunt  y d?  fuh  magrfro  ha-^ 
bent y qui  probra  med’Ltat'e  e fundara  : nec  has  con- 
tumelias ^ vocamus , fed  argutias.  Les  empereurs 
ne  dédaignoient  pas  leur  babil , & samiifoient 
á les  agacer.  Suétone  le  dit  d’ Auguíie ; c.  85 , n.  2.) : 
Ludebat  cum  pueris  minutis  , quos  fúcie  & garruli- 
tate  amabiles  undique  conquirebat  ,prs,cipae  Mauros 
& Syros.  C'étoit  égalemeñt  de  TAfrique:,  & de 
l'Egyptexqn  pardculierj  que  venoient  ces  panto- 
mimes  8c  ces  hiftrions  pour  lefquels  le  peuplé 
romain  fe  paflionnoit  íi  follement. 

Les  enfans  ¿'Alexandrie  n’étoient  pas  deftinés 
uniquement  á amufer  leurs  maitres  , ils  Ies  fer- 
voient  encore  á table  ; & c’étoit  un  rafíinemenf 
de  luxe  , á caufe  des  fommes  coníidérables  qu’ils 
leur  coútoient.  Pétrone  (Sai.  c.  41.)  ; Tándem 
ergo  difeubuimus  -y  pueris  AJexandrinis  aquam  ia. 
manas  nivatam  infundentibus. 

Alexandrie.  (Ere  eedéfiaftique  d‘ ) =3  Quoique 
les  premiers  Chrétiens  n’euíient  pas  d’autres  ma- 
nieres de  dater  que  celles  qui  avoient  cours  chez 
les  Grecs  & les  Romains,  cependant  on  vit  d¡e 
bonne  heure  Ies  plus  hábiles  d’entr’eux  s’appliquer 
a régier  la  chronologie  fur  les  années  de  la  créa- 
tion  du  monde.  Les  Juifs  leur  en  avoient  donné 
l’exemple ; mais  les  fupputations  des  uns  & des 
autres,  quoique  toutes  appuyées  fur  le  texte  des 
Septante , n’étoient  ríen  moins  qu’uniformes.  Nous 
ne  rapporterons  que  celles  qui  eurent  le  plus  de 
cours,  ou  qui  acquirent  le  plus  de  céiébrité  pat: 
ia  réputation  de  kurs  auteurs. » 


Q 


I 2.1 


ALE 

5=  Pour  con-mencer  par  r’niíloneti  Joreplie  j il 
eoB'.pte  depuis  Adam  jufqu  á la  ruine  du  fecond 
teraple  , c'eft-á-direj  jufqu’á  la  70=  année  de  Tere 
ciirétienne 4233  ans;  d’oii  il  réfulte  que  dans 
Ibti  calcul  ^ cette  ere  a pour  épcque  Tan  du  monde 
4163.  Ciément  ^Ahxandrie  attribue  aux  Juifs 
¿ellénilíes  de  fon  tems  ^ une  autre  maniere  de 
fupputer  j ñiivant  laquelle  il  fait  concourir  la  mort 
de  Tempereur  Commode  ^ avec  Tan  du  monde 
f8i8.  Or^  il  aífigne  lui-méme  cet  événement  á 
i an  de  J-  C.  194.  C'eít  done  un  efpace  de  5614 
ans , que  ce  calcul  mer  entre  la  création  du  monde 
& rincarnation.  Théophile  d’Antioche  donne  un 
peu  raoins  d^étendue  á Tintervalie  de  ces  deux 
dpoqnesj  car  il  rapporte  ( /-  i 5 ad  Aatolyc’nri)  la 
morí  de  Tempereur  Marc-Auréle  á Tan  du  monde 
fdpj : e'tenement  que  nous  plaqons  en  l’an  180  de 
Tere  ehrerienne.  Jules  Africain  ^ qui  acheva  fa 
chronique , comme  i!  le  dit  lui-méme , fous  le 
eonfulat  de  Gratus  & de  Séleucus,  c'eñ-á-dire 
Tan  de  J.  C.  221  ^ retranche  encore  15  années 
.du  calcul  précédent ; Se  pour  faire  un  compre 
rond  5 il  a&gne  la  naiíTance  de  J.  C.  á Tan  du 
monde  j’499  ^ & fait  concourir  la  premiere  année 
de  rincarnation  avec  Tan  55CO.  La  fupputation 
d'Eufébe  de  Céfarée  varié  dans  Ies  diíFérens  exem- 
plaires  maniifcrits  de  fa  chronique  : mais  la  leqon 
la  plus  autorifée  place  en  Tan  du  monde  5199  la 
naiíTance  du  Sauveur.  C^eíl  fépoque  que  plufieurs 
écrivains  du  moyen  age  ont  préférée,  & qu’on  a 
3ugé  á propos  de  fuivre  jufqu  á nos  jours  dans  le 
martt^rologe  romain.  » 

Nul  de  ces  calcuis  ^ í¡  Ton  excepte  celui  de 
.Tules  Africainj  ne  paroit  avoir  faitloi  dans  aucune 
églife , ni  dans  aucun  pays.  Les  Alexandrins  adop- 
térent  ce  dernier  ^ & c'eft  ce  qu'on  nomme  I’ére 
^ AUxandrie.  Mais  pour  la  bien  entendre^  il  eñ 
important  de  faire  quelques  obfervations  , qui , 
pour  avoir  échappé  á d'habiles  chronologiftes 
modemes ont  été  caufe  de  bien  des  tortures 
q’Tiis  ont  donaées  en  puré  perte  á leur  efprit^ 
pour  accorder  ce  calcul  avec  lui-méme.  » 

“ La  premiere  chofe  á remarquer  eíl:  j que 
Jules  Africain  avancoit  Lépoque  de  fincarnation 
de  rrois  années  fur  notre  ere  chrétienne  vulgaire 
car  au  lieu  de  ¡a  faire  concourir^  comme  nous , avec 
la  premiere  année  de  la  195=  ol/mpiade,  il  la  fai- 
foit  correfpondre  á la  feconde  de  Lolympiade  194 ; 
en  forre  que  dans  fon  calcul i’année  5503  du 
monde quatriéme  de  J.  C. , felón  lui répond 
a la  premiere  de  notre  ere  vulgaire  de  rincarna- 
tion. » 

» Cette  diíférence  s’accrut  encore  (&  c’eft  notre 
feconde  obfervation  ) par  le  retranchement  que 
fon  fie  de  dix  années  au  cdcul  de  Jules  Africain  j 
ce^  qm  arriva  au  commencement  de  l'empire  de 
Diocléden.  Car  au  lieu  de  compter  Tan  du  monde 
5787  j á Tan  de  J.  C.  287;  felón  eux  ^ on  ne 
compra^  plus  que  5777  pour  la  premiere  de  ces 
deux  periodes  j 5c  2.77  pour  la  fecoade.  Nous  en  j 


ALE 

avons  la  preuve  dans  Théophane  j dont  la  ehrs- 
nographie , appuyée  fur  l’ére  S Alexandne  ^ réunit 
ces  deux  derniéres  époques  á ¡a  tete  de  fempire 
de  Diocléden  j par  ou  elle  debute.  Le  P.  Pagi 
conjedure  , avec  beaucoup  de  vraifembknce , 
que  cette  réforme  fe  fit  á i occaíion  du  cycle  de 
19  anSj  inventé  dans  ce  tems- la  par  Anatolius, 
évéque  d'HiérapIe.  Les  Alexandrins  ¡ dit-i! , vou- 
lant  que  ce  cycle  commenqat  une  nouvelle  révo- 
Iiidon  avec  í empire  de  Diociétien  , prirent  le 
parti  d^abréger  de  dix  annees  la  duree  du  monde; 
parce  qu'en  effet  j la  divilion  de  577/ 
donne  qu'une  unité  au-de!á  du  quodent.  » 

Voílá  done  une  diíférence  de  fept  ans  entre 
nous  & les  Alexandrins  , pour  la  fupputation 
des  années  de  Lére  chrétienne  : car  auppavant 
'ils  nous  devancoient  á cet  égard  de  trois  ans ; 
& fans  le  retranchement  dont  on  vient  de 
parletj  la  premiere  année  de  Dioclecien,  qui  eft 
pour  nous  la  284^  de  f incarnation feroit  pour 
eux  . ainfi  qu°on  Fa  dit , la  287'.  Mais  au  moyen 
des  dix  années  qu  ils  ont  fupprimées , elle  nkft 
plus  que  la  277'.  AinCi,  au  lieu  dkndciper  fur 
nousj  comme  auparavantj  de  trois  annéesl’époque 
de  rincarnation  , ils  la  reculent  maintenant  de 
fept  années  aprés  nous.  Tel  eft  le  vrai  dénoue- 
ment  de  'ces  difiicultés  ^ qui  ont  embarraíTé  tant 
de  chronologiftes  dans  la  leifture  des  anc;ens  ecri- 
vainsj  teisque  S.  Máxime  & Théophane  ^ lefquels 
font  prefeífion  de  fuivre  Tere  S Alexandne.  » 

« Quand  le  premier  j par  exemple^  dans  fon 
Traité  du  Computa  chap.  32,  fait  correfpondre 
la  31-  année  de  Fempire  d’Héraclius  á la  633^  de 
J.  C. ; au  lieu  de  le  taxer  d'erreur  , il  ne  faut  que 
fuppléer  la  diíférence  du  calcul  quhl  fuit  d’avec 
le  notre & nous  ferons  dkccord  avec  lui.  Sept 
ajouté  á trente-trois  donne  quarante;  & ce  fut 
efteélivement  vers  la  fin  de  640,  felón  notre  ma- 
niere de  compter  j que  commen^a  la  31^  annee 
d’HéracIius.  De  ménrie  , lorfque  Théophane  rap- 
porte á Fan  de  J.  C.  35Ó,  Favénement  de  Joyien 
au  troné  de  Fempire  , Faddition  de  fept  années  j 
dont  il  retarde  Fincamatien,  le  ramenera  au  meme 
point  que  nous^  ckft-á-dire , á Fan  363  ; époque, 
fuivant  notre  calcul , de  Finauguration  de  ce  prince. 
li  faut  néanmoins  convenir  que  ce  chronographe 
n"eft  pas  toujours  conftant  dans  la  différence  qu'jl 
met  entre  fa  fupputation  & la  notre ; car  il  s'éloi- 
gne  de  nous  quelquefois  de  huir  ans  , & quel- 
cuefois  méme  de  neuf.  CFeft.  ainfi  qu  il  fixe  a 1 an 
de  J.  C.  3 lój,  le  concile  de  Nicée , que  nous  pla- 
5ons  en  32y  ; quhl  range  fous  Fan  48  3 le  com- 
mencement de  Fempire  de  Zénon,  que  nous  rap- 
portons  á Fan  491.  Mais  Findidtion  quii  a foin 
de  m.arquer;,  fert  á reélifier  fon  calcul. 

» On  trouve  encore  moins  de  régularité  dans 
Georges  Syncelíe , dont  Théophafne  eft  le  conti- 
nuateur.  Chez  lui  ¡ Diociétien  monta  fur  le  troné 
en  Fan  de  J.  C.  279,  & les  dates  des  régnes  pré- 
cédens  fon;  tellement  embrouiilées  3 qu  il  roéis 


ALE 

fouvcní  cíe'i  avsc  !a  tme,  fuívant  I’sspreSíon 
du  P-  Fétau-  Suidas,  qui  paroít  auíTj  avoir  adopté 
ia  fupputation  de  Jules  Africain , feroit  encore 
pJus  confus  j fi  Fon  pouvoit  s'en  rapporter  au 
texte  de  fon  Lexique,  tel  qa^on  le  xoit  dans  les 
meilleures  éditions.  Mais  ce  texte  eít  viíiblement 
alteré  á Fárdele  d'Adam,  oú  il  marque  les  plus 
célebres  époques  depuis  la  création  du  monde 
jufqu’á  la  mort  de  Fempereur  Jean  Zimifeés.  » 

» Elmacin , auteur  atabe  de  FHiftoire  des  Sar- 
razins , eft  celui  qui  fuit  Fére  mondaine  ¿lAlexan- 
drie  avec  le  plus  d’exaédtude.  On  prétend  qu^elle 
eft  encore  en  ufage  de  nos  jours  parmi  les  Cophtes 
OU  Chrétiens  d'Egypte.  Ce  qui  eft  certain , c'eft 
qu'elle  continuoit  d’avoir  cours  parmi  eux  au 
quinziéme  ñecle.  Nous  en  avons  la  preuve  dans 
la  lettre  de  leur  patriarche  Jean  XI,  écrite  au  pape 
Eugéne  IV,  vers  la  fin  du  concile  de  Florence  , 
laquclle  fe  trouve  aprés  Ies  aéles  de  ce  concile. 
Elle  eft  ainfi  darée  : Cahirs,  Xll'^  feptembris ^ fexto 
millenario  nongentefimo  q^uadragtfimo  fecundam. 
Grecos ; fecundkm  Jacobitas  millefimo  centejlmo 
quinquagefimo  feptimo  d tempore  Martyrum  , ¿ com- 
putadone  incarnadonis  Domini  MCDXL.  On  volt 
icique  Fére  mondaine,  qu^on  appelle  des  Grecs, 
n’eft  pas  celle  de  C.  P. , mais  celle  á’Alexandde, 
proprement  dite , fans  la  reforme  qu'on  y fit  Fan 
de  J.  C.  Z84;  &c  de  plus,  que  les  Cophtes  s'ac- 
cordoient  alors  avec  nous  pour  Fére  de  J.  C.  « 
I/Art  de  vérzfier  les  dates. 

ALEXIARE,  filie  á'HercuIe  Se  d’Hébé,  déeíTe 
de  la  jeunelle. 

a’AEsi'kakos,  qui  repouíTc  le  mal,  Vavemmcus 
des  Latins.  Hercule  partageoit  cette  glorieufe 
épithéte  avec  ApoUon,  & au  méme  titre.  Car  on 
a quelquefois  regardé  Hercule  comme  une  divi- 
nité  qui  préfide  á ia  Médecine  ; parce  que  ce 
héros  vainquit  la  mort  en  ramenant  Alcefte  fur  la 
terre. 

ALEXIRHOE  , étoit  filie  du  fleuve  Cédréne  , 

& Fuñe  des  nymphes  du  monr  Ida.  Le  roi  Priam 
la  rendit  mére  d’Efaque.  El  Esaque. 

ALEXIS  I.  Comnéne. 

Ale  xius  CoMSEítus  Áucusrus,  i 

Ses  médailles  font : 

RR.  en  or. 

0.  en  argent. 

RR.  en  M.  B. 

Alexis  II.  Comnéne. 

Ale  XIUS  CojSfNENUS  AvGUSTJÍS,  j 

Ses  médailles  font : 

O.  en  or  & en  argent. 

RRRR.  en  P.  B. 

Alexis  III.  Lange. 

Alexíus  Augustus, 

Ses  médailles  font: 

O.  en  or  & en  argent. 

RR.  en  P.  B. 

Alexis  IV.  Lange. 

Aíbkius  AaavsTVí^ 


A L I ii3 

Ses  médailles  manquent. 

Alexis  V.  Ducas, 

Alexíus  Augustus. 

Les  médailles  de  ce  prince  manquent. 

ALFIXIA,  famille  romaiae  don:  on  na  des 
médailles  que  dans  Goltzius. 

ALIA  & Alieni  , en  Phrygie.  aAIHNTíjn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

RRRR.  en  bronze.  (Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  ville  a fait  frapper  une  médaille  impé- 
ríale  grecque,  en  Fhonneur  de  Gordien-Pie. 

AAIA.  On  donnoit  ce  nom  á des  jeux  que  Fon 
célébroic  a Rhodes  le  24  du  mois  gorpisus  , qui 
répondoit  au  mois  boédromion  des  Athéniens , ea 
Fhonneur  du  foleil,  appelé  en  grec  ou  «aiW. 
On  croyoit  qu'il  étoit  né  dans  Fifle  de  Rhodes , 
& Ies  Infulaires  fe  regardoient  comme  les  defeen- 
dans  de  cette  divinité.  lis  en  prenoient  méme  le 
nom  H e Hades  , felón  Strabou  , 1.  xiv.  Les  enfans 
étoient  admis  á combattre  dans  íes  jeux  «a/k,  8c 
les  vainqueurs  y étoient  couronnés  de  peupiier. 

Alia  omnia.  C'étoit  Fexpreftion  dont  fe  fervoit 
le  confu!  quand  il  propofoit  quelqu’affaire  au  fénat , 
Se  qu’il  y avoit  matiére  á délibérer.  Aprés  avoir 
expofé  le  fujet  de  la  délibération , il  difoit  fon 
avis , Se  engageoit  les  fénateurs  qui  penfoient 
de  méme,  á fe  ranger  auprés  de  lui , Se  aux  autres 
á paíTer  d'un  autre  cote.  Car  c'étoit  ainfi  que  Ies 
fénateurs  avoient  coutume  de  marquer  leur  aflén- 
timent  ou  leur  oppoíition  : Qui  hoc  fendds  , ilhic 
tranfíte  , qui  alia  omnia , in  ‘hanc  partem.  Le 
conful  n’ofant  fé  fervir  de  Fexpreftion  qui  contra- 
rium  fendds , á caufe  du  mauvais  augure  attaché 
au  mor  contrarium  , difoit  qui  alia  omnia.  De-lá 
vint  FexpreíTion  habituelle  in  alia  omnia  iré  ^ 
tranfire  r difeedere  , pour  exprimer  la  différcnce 
des  avis. 

Cette  maniére  d'exprimer  fon  voeu  en  fe  ran- 
geant  du  cote  du  préopinant , étoit  auíli  en  ufage 
chez  les  Grecs.  L'Ephore  Sténélaidas  ayant  exhorté 
les  Lacédémoniens  a déclarerla  guerra  aux  .4thé- 
niens,  comme  aux  infraéleurs  des  traités,  ajouta, 
que  ceux  qui  penfent  comme  moi , fe  lévent  Se 
paíTent  de  ce  cóté ; quant  á ceux  dont  Favis  eft 
contraire , qu’iís  Ib  rangent  de  Fautrs.  Tkucy- 
dide  I. 

ALICA  , boiíTon  des  Romains,  compofée  de 
grains  fermentes  , que  les  pauvres  méloient  avec 
du  cidre  ou  du  poiré. 

» Pline  nous  apprend  que  c’eft  avec  le 
appelé  femen  trimeflre  Se  [ea  , qu  on  fkifoit  1 <z- 
lica.  On  contrefaifoit  encore  Yalka  ayee  une 
[ea  bátarde  qui  venoit  d'-^frique.  C eft  de  ce 
mpt  alica  que  vient  celui  d halicujirum  : ce^  mot 
alica  exprime  la  [ea  lorfqu  elle  eft  mondée  & 
dépouillée  de  fes  enveloppes;  c'eft  le  noyau^ou 
Famende  du  grain.  Mais  \‘ halicaftrum , fans  erre 
mondé,  s'appeioic  aufli  quelquefois  alica.  Le  grua^ 


124  ALT 

R’crgC;,  ou  Forge  mondé  j s''di  auífi  nommé  alka, 
comme  on  le  yoit  dans  Piine. 

» Ce  que  cec  auteur  appelle  far  & femen  , 
Strabon  fiié.  r , p.  167J  le  nomme  jea.  Farlant 
de  la  ferdlité  de  la  Campanie  j il  dit  qu  il  y 
vient  une  efpéce  de  froment  done  o«  fait  un 
gruau  qiii  furpaíie  celui  de  quelqu'autre  oryi^a 
que  ce  foit.  La  terre  ne  produit  nuíle  part  un 
aliment  plus  nourrifíanr^  ni  plus  délicieux.  Ce 
froment  5 quil  appelle  la  ^ea  , sy  récolte  deux 
fois  f année  j on  fait  encore  dans  le  méme  champ 
une  troiíiéme  récolte  de  pañis  ^ & quelquefois 
méme  une  quatriéme  d'herbes  potagéres.  D'un 
autre  cote  , Denis  d’ Halicarnajfe  ( Ant.  £L.  lib.  iv  , 
p.  écrit  que  le  fur  des  Romains  eft  la  jea 
des  Grecs.  La  y_ea  eft  Yolyra,  felón  Heredóte, 
(lib.  II,  n^.  37},  & felón  Galien.  ( tom.  zr , 
Explic.  V oc.  ílippoc.  p.  qi y.  Piine,  en  pluíieurs 
endroits,  dit  que  le  far  eft  auíu  Yolyra.  U arinca 
eft  égalenr^nt  Yolyra  dans  Piine.  (lib.  xvni  , 
eap.  X , & lib.  xxii  , cap,  xxv).  La  -^ta  eft 
femblable  á Yory:^a  dans  Théophrafte , (Hift. 
Tlant.  lib.  IV , cap.  , qui  dit  que  les  Indiens 
cultiyen:  priticipalement  Yory:^a  , qui  eft  femblable 
á la  lea,  & qu'ils  la  préparent  comme  Yalica, 
ou  qu  ils  la  mondent  comme  Yalica. 

. ÍYolyra  eft  également  Yory:¡-a  , fuivant  Turan- 
nius^,  e.xpliquant  Piine  , qui  dit  que  les  peuples 
de  PItalie  faifoient  un  grand  ufage  de  Yory:¡-a  , 
dont  ils  tiroient  un  gruau  , ptifana ) , que 
les  autres  peuples  faifoient  avec  Porge.  Suivant 
ce  naturalifte,  les  feuilles  de  Yory^a  font  char- 
nues  , femblable's  á celles  du  poireau , mais  plus 
larges  : la  hauteur  de  fa  tige  eft  d'une  coudéej 
fa  fieur  purpurine  , & fa  racine  a la  rondeur 
d"une  perle  : de  plus  encore  , le  fandalum  cu 
1 arinca  , & non  la  hrance , comme  Pont  écrit 
les  copiftes  en  corrompant  le  texte  de  Piine , 
(lib.  XVIII  ^ cap.  vil),  eft  un  trés-beau  far  , 
que  cultivoient  les  Gaalois,  qui  habitoienr  fur 
les^bords  du  P6.  Suivant  le  méme  auteur,  la 
tipke  , mot  qui-  figniíie  plante  marécageufe  , ou 
qui  fe  pláít  dans  les  lieux  aquatiques  , ‘eft  la 
dont  on  fait  Yoryya.  Le  bromos  Se  le  tragos 
(lib.  XVIII , cap.  x.J  font  encore  des  efpéces 
¿"ory^^a. 

_ Faifons  parler  Piine  , en  raflemblant  ce  qu'il 
dit  en  plaíieurs  endroirs.  Les  fromens , dit-il , 
ue  font  ’pas  par-tout  Ies  mém'es  , & ou  ils  font 
les  mémes  ,■  fts  ne  portent  pas.  les  mémes  noms. 
Les  plus  ordinaires  font  le  far , que  lespremiers 
Romains  appeloient  adoreum , enfuite  la  filigo 
8c  le  triticiim.  Ces  grains  fónt  communs  prefqu'á 
tous  Ies  pays.  TJ arinca  eft  propre  á la  Gaule, 
(Togate)  j 8c  á PItalie  Tranfpadane  , ou  an  la 
cultive  beaucoup.  Nous  sppelons  fandalum  cetre 
eípece  : c’eft  un  bled  dont  Pépi  eft  plus  grand  8c 
fe  grain  plus  compaS:  que  dans  Ies  autres  efpéces 
de  far  d pefe  ¿avantage.  Un  modius  de  ce 
gram,  qui  eft  trés-pur  Se  trés-bsau  j balance  au 


A L I 

moins  vingt-cinq , 8c  le  plus  fouvent  vinst-ñx 
livre^s , ( 2z  ou  23  liv.  le  boilfeau ) , comme  á 
Cluísum  dans  PEtrurie. 

il  produit  á la  boulangerie  quatre  livres  de  pain 
de  plus  que  les  autres  bleds  de  méme  naturc 
8c  le  pain  ou  la  pátiíferie  qu’on  en  fait  eft  d^une 
faveur  8c  d'un  goút  délicieux.  II  n eft  point 
contenu  dans  des  tuniques  , mais  il  eft  nud  8c 
fans  éeaiiles , comme  Porge  8c  Pavoine.  Dans 
la  Gréce  , on  ne  peut  le  séparer  de  la  paille 
ni  le  monder  qu  -avec  beaucoup  de  peine  j c’eñ 
pourquoi  Homére  dit  qu  on  le  donnoit  á manger 
aux  chevaux  y (V oyey_  Vlliade  , Liv.  v , p.  i q j J 
(i  liv.  XVI 11 , a La  fin) ; c’eft  celui  q’uon 
appelle  olyra  : il  vient  en  Egypte  fans  beaucoup 
de  culture , Se  y eft  d'un  grand  produit.  Les 
efpéces  de  grains  particuliéres  á PEgt'-pte , la 
Syrie , la  Cilicie  , PAlie-Mineure  , 8c  une  partie 
de  la  Gréce  , font  la  lea , Y olyra , Se  la  'tipke. 

Les  Ecrivains  anciens  aífurenr  qu  il  ipy  avoit 
point  de  nourriture  plus  faine  , ni  en  meme- 
temps  plus  agréable  que  celle  de  Yalica.  La  plus 
parfaite.  e faifoit  en  Italie  , dans  le  Veronéfe  8c 
le  terntoire  de  Pife,,  mais  principalement  dans 
la  Campante.  Celle  d'Égypte  n’avoit  pas  la  méme 
quakté.  Pour  faire  cette  alica  , qu  on  tiroit  de 
la  i^ea  ou  du  femen , on  évitoit  de  fe  fer.vir  de 
mortiers  de  pierre  , de  peur  de  brifer  le  grain  j 
on  employoit  pour  cela  des  mortiers  de  bois. 
Lorfque  le  grain^  étoit  dégagé  de  fa  tünique , 
on  la  concaífoit  á nud  dans  le  méme  mortier, 
& ayec  le  méme  pilón.  De  cette  maniére , on 
laifoit  de  Yalica  de  trois  qualités  ; la  fine , la 
moyenne  8c  la  grolfe,  qufen  nommoit  apks.- 
rema.  Cette  operation  ne  ¡ui  procuroit  pas  encore 
fa^  grande  blancheur ; cependaiit  on  la  préféroit 
des-Iors^a  celle^  dAlexandrie.  Quand  on  vouioit 
-a  rendre  parfaitement  bianche  , on  y méloit  de 
ja  craye  , qui , s incorporant  avec  le  grai.n  con- 
caíTe  , fei  donnoit  cette  extréme  blanciiear 
qui  ^ la  íaifoit  rechercher  Se  la  rendoit  plus 
tendre. 

C eft  dans  le  Picenum  ou’on  avoit  trouvé 
1^1  gáteaux  ou  tartes  C alica,  8c 

les  habttans  ae  ce  cantón  confervoient  encore, 
au  temps  de  Piine , la  réputation  de  faire  la 
meiileure  patiíTerie  en  ce  genre.  Voici  leur  pro- 
cede  ; ils  .mettoient  iremper  dans  Pean  Yalica  , 
& I y ^laiíToient  pendant  neuf  jours  ; le  dixíéme 
ils  la  petrifíbient , 8c  donnant  á la  páte  ¡a  forme 
d'un  railin  fec  8c  preífé , ils  en  faifoient  des 
gáte^aux  ronds  8c  applads ; enfuite  on  les  mettoit 
au  four  dans  des  touméres  de  terre  cuite,  fá- 
ciles a rompre.  Cette  efpéce  de  bifcuit  A fe 
mangeoit  point  qa  on  ne  Peút  fait  amóllir  aupa- 
ravant  dans  du  lait  preparé  avec  du  miel. 

Mettons  en  piaraíléle  la  deícríptiem  du  grain 
precedent,  8c  .celle  du  rir  , tel  eft  coniiu 
en  Lurope  , principalement  en  Italie  & en  Ef- 
pagne,  doa  nous  vient  prefque  toat  celui  que 


A L I 


ious  confommons  en  France.  La  fíeur  du  riz 
tfa  point  de  pétales.  Les  femences  font  un  peu 
épailfes  & ovoides  : elies  naiíTent  en  épi  & 
eíles  font  renfermées  dans  une  capfiile  qui  eít  ter- 
minée  par  un  fiiet.  (Toumefort  ¡ iñji.  Reí.  Herb.). 

Cette  plante  poulfe  des  riges  ou  tuyaux  de 
trois  á quatre  pieds  de  hauteur  ^ plus  gros  & 
plus  fermes  que  ceux  du  bled^  noués  d'efpace 
en  efpace  : fes  feuiiles  font  longues  , charnues, 
alTez  femblables  á celles  de  la  canne  ou  du  poi- 
reau  5 les  fleurs  naiiTent  á fes  fommités , & 
reífemblent  á celles  de  Forge  ; mais  les  graines 
qui  les  fuivent au-lieu  de  former  un  épi  ordi- 
naire , font  difpofées  en  pannicules  ou  bouquets  ^ 
enfermées  dans  une  capfule  jaunátrej  ou  autre- 
ment  dans  des  coques  formées  de  deux  bailes 
xudes  au  toucher , & dont  Tune  fe  termine  en 
un  iong  fiiet.  On  fait  que  fes  graines  font  blan- 
ches  & oblqngues.  On  le  cultive  dans  tout  le 
Levant , en  Égypte,  dans  Knde  & á la  Chine. 
II  y a quantité  de  rizieres  en  Itaüej  lelongduPó. 

Pour  elever  avantageufement  le  riz , & en 
multipiier  le  produit , on  choiíít  un  terrein  bas 
humide  rcarécageux un  peu  fablonneux  ^ fa- 
cjle  a deíTécher  j & eú  Fon  puifíe  faire  couier 
aiiement  de  Feau.  C’eft  que  les  riziéres  , pen- 
aant  la  croiiFance  de  la  plante , doivent  erre  alter- 
^^tivement  arrofées&  deíTéchées.  Virgile  ( Georg. 
lio.  /y  décrit  cet  arrofement : 


»=  Quid  dicam  , jadío  qui  femine  cominus  arva 
w Infequitur  ^ cumulofque  ruit  male  pznguis  arenzi  ^ 
“ Dejnde  fatis fluvium  inducit,rivofque  fequentes, 
*>  Et  cum  exuftus  ager  morientibus  ¿fluat  kerbis  , 
» Ecce  fupercilio  clivoji  tramitis  undam 
“ Elicit  : illa  cade-as  raucum  perUvia  murmur 
^ Saxa  cietj  fcatebrifque  arentia  temverat  arva. 

Mais  1 art  du  laboureurpeut  tout  j aprés  les  dieux, 
Dans  fes  champs  la  femence  eft-elie  dépofée': 
11  la  couvre  a Finftant  fous  la  glebe  écrafécj 
Puis  d un  áeiive  coupé  par  de  nombreux  canaux, 
Court  dans  chaqué  fillon  díñribuer  les  eaux. 

^ brülant  fletnt  Fherbe  mourant’e  ^ 

Auíii-tot  je  le  vois  par  une  douce  pente 
Amener  du  fomraet'd’un  rocher  fourdlleux, 
Ln  aocile  ruiíTeai'j  ^ qui  fur  un  Ik  pierreux 
Fombe , ecume  , & roular.t  avec  un  doux  mur- 
mure j 

Des  champs  défaltérés  ranime  la  verdure. 


M.  1 abbe  Delille , de  qui  font  ces  bea 
erSj  op.erve  dans  fes  notes  que  ceci  ne  fe  p 
Hque  point  en  France  , & Aeft  plus  guéres 
ufage  en  Ita.ie  que  pour  ¡es  iardins.  Cela  ne 
pratiQue  pas  en  Fpnce^  fans  doute,  parce  qu' 
By  cultive  pas  de  riz  3 cela  ne  fe  oratiqua  r 
Eon  plus  en  Italie  pour  Ies  bleds  de'  Fefp'éce  c 

ee  cas,  Mais  aujourdhui;,  comme  aurrefcis 


A L I 


25 


Laüe  & en  Eípagne,^  en  fiit  - cculer  des  eaux 
dans  les  nzieres  , & á difrerentes  reprifes. 

La  t«re  ou  1 on  ferr.e  le  riz  doit  étre  labourée 
une  iois  feuiement  dans  le  mois  de  Mars.  On  le 
feme  en  Ayril.  II  faut  que  Ies  griins  en  ayeíit 
ete  conferves  dans  leur  baile  ou  enveloppe  , & 
qu  ns  ayent  trempe  auparavant  trois  ou  quatre 
jours^  dans  leau,  oi\  on  les  tient  dans  un  fac 
lufqua  cequils  foient  gonflés  , & cifils  com- 
mencent  a germer.  On  le  coupe  vers'la  mi-Oc- 
tobre.  En  Catalogne  on  met  le  riz  en  gerbes  , 
on  le  fait  fecher,  & quand  i!  eft  fec^  on  le 
porte  a_u  moulin  pour  le  dépouiller  de  fa  baile. 
Les  Chmois , aprés  avoir  cue'illi  leur  riz  , le  font 
cmre  légérement  dans  Feau  avec  fa  peau  3 enfuñe 
ns  le  féciient  au  foleiI_,  & le  pilent  á plufieurs 
reprifes.  Quand  en  a pilé  le  riz  pour  la  premiére 
iois^  il  fe  degage  de  fa  groffe  peau , & U fe- 
j pellicule  rouge  qui  eíl 

au-deílous  , & le  riz  fort  plus  ou  moins  blanc, 
felón  1 efpece.  C eíl  dans  cet  état  qu  ils  Fappré- 
tent  de  diíFerentes  manieres  pour  aliment  Le 
nz  feme  dans  une  terre  falée  , rend  iiuW-á  :5o 
ou  -po  pour  un.  (Dia.  EncycL  au  mot  rizy'.  « 

_Si  la  defeription  ancienne  du  far  ^ & la  def- 
cnption  rnoderne  du  riz,  diítérent  par  oueLques 
nuances  legeres  , leur  enfemble  fuffit  pour  nous 
y faire  reconnoítre  la  méme  plante,  & il  ne. 
peut  refrer  de  doute  fur  leur  identité.  Moins  de 
rei^emblance  dans  ces  deux  peintufes  fuíEroic 
pour  en  _convajncre  5 car  on 'ne  peut  pas  dire 
que  le  nz  «oit  ineonnu  aux  anciensi  Nous 
avons  YU  qu  ns  le  connoiiFoient  : or  , sdis  i’o”r 
connu , ce  grain  étoit  trop  utiie  pour  qudis  n en 
m.ent  ^pas  quelque  mention  dans  leurs  écrits. 
Cepenaant , íi  Fon  excepte  la  courte  defeription 
qu  en  ont  faite  Pline&quelques  autres  naturaliftes 
lous  le  nom  d oryza  , il  n 'en  eñ  jamais  ou  nref- 
que  jamais  parlé  fous  cette  dénomination  dans 
iCs  é.nvains  , fiir-tout  parmi  Rcmains.  II  me 
femble  que  les  hiñonens  & les  poetes  n’en  di- 
lent  mot.  Le  riz  auroit  cependant  mérité  de 
rrouyer  quelque^pkce  dans  Ies  Traites  db4gricnl- 
tüte  de  Catón , cte  V arron  , de  Columeiie  3 ils  nka 
■ parient  point  fous  le  nom  Oryza. 

Le  riz  a-t-il  done  ete  creé  depuis  ? IVon; 
Rom,e  etoit  _aa  berceau  , & h bouülie  de  ríz 
lut  k premier  méme  Fuñique  aiiment  des 
Romains  dans  I enfance  de  leur  Monarchie.  Fer- 
nas  Fíaceus  , trés-aacien  grammairien  , avo-it 
ecrit  qu  iiS  s en  nourrirent  1 eíbace  de  trois  cens 
ans  : peadant  ce  temps  ils  nhiférent  point  de 
pam , & tant  qu'il  7 eut  des  Romains  , ils  con- 
feryerent  le  monument  mémorable  de  cette  édu- 
cation  primitive  de  leurs  peres.  Num.a  Pompi- 
lius  avoit  ordonné  qu'on  honorát  les  dieux  en 
leur  oiFrant  da  riz  , ou  de  la  bouülie  de  riz  : 
il  voulut  méme,  au  rapport  d'Hémina , qu^á 
Fégard  da  nk  , on  n en  fi't  des  offrandes  qu  aprés 
Favoir  mo.ndé , parce  que  n’étant  propre  pour 


A L I 


ii6  A L I 

!a  nourritare  de  rhomme  que  dans  cet  ctat  j ü 
étoit  indigne  de  la  majeíté  des  dieux  de  le  leur 

prélenter  moins  pur.  . . ■ r 

Dans  cat  efprit  de  legiflation  rituelle^,  u ml- 
titua  des  fétes,  ou  il  n’étoit  permis  de  s'occuper 
que  du  travail  de  monder  le  riz.  Ces  feces^  & 
ces  cérémonies  furent  foigneufement  obfervees  : 
car  dans  ce  tetnps-lá , les  Rotnains , comme  Pline 
le  remarque , connoiíToient  les  dieux  , & jamais 
ils  ne  goutérent  aux  fruits  nouveaux  fans  leur  en 
préfenter  les  prémices.  Les  generations  fuivanteSj 
quoique  moins  zélées  pour  le  cuite  des  dieux  , 
ne  perdirent  pas  néanmoins  de  vue  cecte  antique 
iníHtution.  Les  libations  & Ies  offrandes  prei- 

crites  par  Numa,  ainíi  que  celles  du  jour  natal 
des  parciculiers  j furent  faites  folemneüement 
fuivant  fancien  rit.  On  offroit  de  la  bouillie  ou 
des  tartes  de  riz  , adorea  dona  ^ adorea  liba.  Si  , 
ayant  Ies  mains  purés  ^ vous  vous  approchez  d^ 
autcls,  dit  Horace,  (lib.  nr , Od.  xkiii),  il  neft 
point  de  vidime  plus  efficace  pour  fiéchir  íes 
dieux  irrités  , qu  une  oíFrande  religieufe  de  riz 
affaifonné  d^un  peu  de  fel.  M^étrol.  de  PaaSon. 

ALICARIA.  On  donnoit  ce  nom  á des  femmes 
publiques , qui  fe  tenoient  auprés  des  moulins 
pour  faire  páyer  en  grains  leurs  faveurs  par  les 
efclaves  qui  venoient  y moudre.  Plaute  les  appelle 
auífi  piftorum  amicas , parce  qu'elles  employoient 
les  memes  moyens  pour  obtenir  du  bled  des  bou- 
langers.  ( P«n.  i.  2. ) : 

Profedas , piftoram  amicas,  reliqaas  alicarias, 

ALICÜLAj  tunique  courte,  avec  des  manches. 
Si  alica  & alicula  exprimoient  la  méme  chofcj 
on  croiroit  alicula , felón  le  génie  de  la  langue 
latine , feroit  un  diminutif  él  alica.  Martial  a fait 
fur  cette  analogie  apparente  , un  jeu  de  mots 
qui  a été  mal  entendu  par  quelques  commenta- 
teurs.  Ce  poete  dit,  {Epigr.  xii.  83.  i.): 

Bruma  dichas  , feriifque  Saturni 

Mittebat  Umber  aliculam  mihi  pauper , 

Nunc  mittit  alicam  : facías  eft  cnim  dives. 

» Lorfqu’Umber  étoit  pauvre , il  me  faifoit  pré- 
fent  d’un  habit  pendant  les  faturnaleSj  & au,tems 
de  la  rigoureufe  faifoit  ; aduellement  il  ne  m^en- 
voie  plus  qu'une  boiíTon  commune  : Umber  me 
prouve  bien  qu  il  eft  devenu  riche. » Le  jeu  de 
mots  ne  peut  paíTer  dans  notre  langue. 

U alicula  n étoit  pas  une  boiífon,  mais  une 
efpéce  de  tunique  trés-courte , telle  qu’en  por- 
toient  les  petits  enfans  ^ lorfque  la  rigueur  de  la 
faifon  ne  permettoit  pas  de  les  lailTer  tout  nuds , 
felón  l’ufage  des  Roraains.  Le  fens  H alica  pour 
exprimer  une  boiflbn  cornmune  & peu  chére  , eft 
determiné  expreftement  par  ces  autres  vers  de 
Martial.  i^xm.  : 

lAos  alicam  , mulfum  poterit  tibí  mittere  dives  ; 

Si  tibí  noluerit  mittere  dives  ¡ eme. 


alies.  V.  AMA.  , , * , J 

ALILAT,  nom  fous  lequel  les  Arabes  ado- 
roient  la  lune  ou  la  plañere  que  nous  nommoaj 
rétoile  du  foir,  le  vefoer,  la  beile  étoile. 

AL  I ME  NT.  Les  anciens_  ufoipt  pour  leur 
nourriture  ordinaire  des  merries  alimens  que  las 
moderneSj  excepté  quelques  inets  recherches  Se 
inventes  par  les  riches  gourmands.  Nous  ne  par- 
lerons  que  de  ceux-lá , parce  que  n etant  plus  en 
ufage  aujourd'huij  les  auteurs  qui  en  font  men- 
tion  deviennent  trés-diíEciles  a entendre.  Suetone 
dit  que  Vitellius  fe  faifoit  fervir  des  foies  du 
poiílbn  appelé  fiaras , des  cervelles  de  faifans  8c 
de  paons,  des  langues  de  l’oifeau  fiambant, 

& des  laites  de  kmproie.  Cet  empereur  entre- 
tenoit  des  gaiéres  á trois  rangs  dans  la  Mediter- 
ranée , pour  pécher  des  lamproies  aupres  de  1 ifle 
de  Rhodes,  & fur  les  cotes  d’Efpagne.  L’univers, 
dit  Pacate , dans  le  panegyrique  de  Theodofe  , 
étoit  trop  reííerré  pour  fuíEre  a leur  infatiable 
gourmandife  > car  ils  ne  prifoient  les  mets  que 
par  les  fommes  exorbitantes  qu  ils  leur  cou- 
toient , & non  par  leur  goút  ou  leur  faveur.  Ils 
ne  recherchoient  que  les  alimens  abortes  des 
extrémités  de  Porient  j ou  des  regions  íituees  hors 
des  limites  de  Pempire  romain  ^ relies  que  la  Col- 
chide , ou  enfin  des  parages  célebres  par  les  écueiís 
& les  naufrages.  _ . 

Les  alimens  des  foldats  étoient  bien  differens 
de  ceux  que  nous  avons  décrits : ils  conliftqient 
en  lard , en  fromage ; & leur  boiflbn  étoit  de 
Peau  mélée  avec  un  peu  de  vin  aigre , pofia.  Leur 
pain  étoit  fait  comme  notre  bifcuit  de  mer , afin 
qu’il  fut  plus  léger  á porter  & moins  fujet  á fe 
corrompre.  lis  le  faifoient  curre  eux-memes ; _8c 
les  généraux , curieux  de  maintenir  la  difcipline 
militairej  fte  fouffroient  point  dans  les  camps  de 
boulangers  ni  de  bouchers.  On  permettoit  quel- 
quefois  aux  foldats  de  joindre  á leur  nourriture 
ordinaire  des  léguraeSj  8c  fur-tout  des  pois;  rnais 
queis  que  fuífent  leurs  alimens , ils  ne  pouvoient 
les  manger  qu  á desheures  réglées,  marquees  par 
des  lignaux  militaires. 

Les  alimens  que  Pon  mangeoit  au  repas  qui 
fuivoit  Ies  funérailles  ^ étoient  défignés  par  les 
loix  fomptuaires  8c  par  les  préceptes  de  la  reli- 
gión. Ceux  áont  il  eft  fait  mention  dans  Ies  auteurs, 
font  des  féves  , des  feuilles  d'ache , des  laitues , 
du  pain,  des  ceufs  , des  lentüles,  du  fel,  des 
gáteaux  de  froment  Se  de  miel , 8c  certaiues 
viandes. 

Le  bled  cuit  ou  crud  , ou  réduit  en  farine  , 
fervoit  d'aliment  ordinaire  aux  matelots.  Par  bled 
cuit , les  anciens  écrivains  entendoient  fans  doute 
du  pain , ou  ce  que  nous  appeíons  encore  du  bif- 
cuit de  mer.  Lkil  8c  le  fromage  accompagnoient 
le  pain  des  maríns.  Leur  mets  le  plus  recherche 
étoit  une  efpéce  de  pite  fermentée , compofee 
d'oeufs,  dkil  8c  de  fromage,  appelée  fatr%TsSi 
myttoíus  8c  moretum,  oU  mofietum. 


ALT 

'ALIMENTARII....  RIM.  Les  Romains  don- 
íioieat  ce  nom  á de  jeunes  enfans  des  deux  fexes_, 
Gue  la  Iibéralité  de  quelques  empereurs  faifoit 
elever  dans  des  lieux  pubíics  j femblables  á nos 
hópicaax.  Trajan  iníiitua  le  premier  de  ces  hof- 
pices ; Hadrien  Fimita. 

No  US  avons  une  médaille  de  Fauñine , Tancienne 
femme  d’ Antonia , avec  cette  infcription ; F uelím 
Faustisiasm.  On  y voit  cette  impératrice  qui 
fáit  des  largeíTes  á de  jeunes  filies,  á Tentretien 
defquelles  cette  princelTe  avoit  pourru.  ün  b^s- 
relief  de  la  Villa- Albani  offre  le  méme  fujet,  felón 
“^■dnkelmann.  On  y remarque  fur  une  eñrade  élevée 
une  femme  qu^une  autre  accompagne  , diftribuant 
quelque  chofe  á de  jeunes  filies  qui  font  placées 
au-deíTous  & á la  fuite  Tune  de  Fautre. 

Marc-Auréle  établit  auíTi  des  revenas  deñinés 
á Féducation  des  enfans.  On  i’apprend  d’une  inf- 
cription qui  eíl  á la  méme  Villa-Albani,  Les  habi- 
tans  de  Ficulneum , bourg  fítué  jadis  prés  de 
Rome , y témoignent  leur  reconnoiiTance  á cet 
empereúr , de  Fétablilfement  qu  il  avoit  fait  pour 
entretenir  les  jeunes  garqons  & filies  pauvres  de 
kur  cantón  : 

IMF.  CiESARI 
DIVI.  ANTONINI.  PII 
FILIO.  DIVI.  HADRIANI 
NEPOTI.  DIVI.  TRAJANI 
PARTHICI.  PRONEPOTI 
DIVI.  NERV^.  ABNEPOTI 
Jí.  AURELIO.  AUGUSTO.  P.  M. 

TR.  POT.  XVI.  eos.  III.  OPTIMO.  ET 
INDULGENTISSIMO.  PRINCIPI 
FUERI.  ET.  PUELL^.  ALIMENTARI. 

FICOLNENSIUM. 

Lucius  Vérus  fuivit  Fexemple  de  Marc-Auréle  ; 
& Alexandre-Sévére  les  imita  Fan  & Fautre.  On 
appela  Mamméens  & Mammiennes  , du  nom  de 
Mammée,  mere  dL4iexandre-Sévére  , les  garfons 
' Se  les  filies  pour  lefquels  cet  empereúr  fonda  des 
revenus  j comme  on  avoit  appelé  F auflirúennes  Ies 
filies  á Fentretien  defquelles  Fépoufe  d’Antonin 
avoit  peurvu. 

ALINA,  ■) 

ALINDA,  > en  Carie.  aainAeqn  & AAi- 
ALINDUS , 3 >iEí2N. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
jiales  grecques  en  Fhonneur  d'Auguñe  , d’Annia 
Fauftina. 

ALINEA.  Les  alinea  indiques  par  un  vuide 
dans  le  corps  du  texte,  annoncent  au  moins  ¡e 
feptiéme  fiécle,  fur-tout  s’üs  ne  commencent 
point  par  une  initiale  plus  grande  que  les  autres 
Icnres.  U ne  s'enfuit  pas  cependant  que  d’auties 


A L L T17 

anciens  alinéa  ne  foient  pas  auelquefois  faillans, 
ou  n'avancent  pas  au-delá  des  bornes  de  la  colonne 
ou  de  la  page  des  manuferits.  V.  Ponctuation. 

ALIO  die.  C'ctoit  Fexpreííion  dont  fe  fervoient 
les  augures  , lorfqubls  ne  trouvoient  pas  les  auf- 
pices  heureux , & qufils  vouloient  remettre  une 
entreprife  á un  autre  jour,  alio  die.  Ces  deux  mots 
alio  d/g , prononcés par  un  des  augures,  fuíEfoienc 
pour  faire  rompre  les  aífemblées  les  plus  impor- 
tantes. 

ALIPILARIUS.  r.  Depiler. 

ALIFTA  , du  grec  ¿xdqia  , je  frotte.  On  don- 
noit  ce  nom  á des  ofEciers  des  Gyinnafes , qui 
étoient  chargés  du  foin  de  frotter  d’huiie  íes 
athlétes  préts  á combatiré , & en  particulier  les 
lutteurs  & Ies  pancratiaítes. 

11  y avoit  dans  les  thermes  nneNfalle  appelée 
alipteriiím  , dans  laquelle  on  fe  faifoit  frotter  par 
des  alipts. , aprés  avoir  pris  le  bain. 

ALIPTERIULÍ j 3 Rome  unHuariam.  Voyez 
Alifta. 

' ALIPT ES , étoit  le  méme  homme  que 
Y Alifta.  V.  ce  mot. 

ALÍPTIQUE.  Cétoit  une  partie  de  la  méde- 
cine  des  anciens.  Elle  enfeignoit  la  maniere  de 
frotter  & d°oindre  les  corps,  pour  conferver  la 
fanté,  procurer  de  nouvelles  forces  , & entretenir 
la  fraicheur  du  teint.  A ce  dernier  titre,  elle 
faifoit  auffi  une  partie  eíTentielle  de  la  toilette 
des  dames  romaines  j & Fon  comptoit  parmi  leurs 
efclaves  des  femmes  chargées  de  cet  emploi. 

ALITEUS , furnom  donné  par  les  Romains  a 
Júpiter,  parce  que  dans  une  famine  , iLavoit, 
diíoit-on  , pris  foin  que  le  bled  ne  manquát  pas  j 
du  mot  aleve , noürrir. 

ALITJA,  famiiie  romaine  dont  on  a des  mé- 
dailles : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ALEARIA,  en  Créte.  aaaapií2tan. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font  i 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

ALLECTI.  r.  Adlecti. 

ALLECTüS,  tyran  en  Angleterre  aprés  Ca~ 
raufius. 

Azlectus  Augustos. 

Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  or. 

RRR.  en  argent. 

R.  en  P.  B. 

ALLÉGORIE.  Tous  les  nTvtbologues  con- 
viennent  que  les  anciennes  fables  font  de  purés 
allégories,  c"efi-á-dire , quelles  cachent  des  faits 
ou  des  vérités  fous  des  enveloppes  poétiques. 
Mais  de  quel  ordre  font  ces  vérités  r Ceíl  la  quef- 
tion  fur  laquelle  ils  font  partagés.  On  peut  les 
reunir  fous  trois  clalTes  ¿iflinétes.Les  uns,  tels  que 


1 1 8 Á L L 

Taboé  Banier,  crorenc  que  la  Mythologie  cache 
Íes  faits  ou  l’hiftoire  des  premiers  tems  5 & _ on 
peu£  les  ao’oeler  mythologues-hiftoriens.  Les  vérités 
phyíiques  toutes  Ies  propriétés  de  la  nature , 
•foñt  ia  bafe  des  fables , felón  les  mvthologues- 
phyliciens , qui  veulent  trouver  dans  Hercule 
doínptant  les  monñres  & arrachant  une  come 
au  fieuve  Achéloüs , un  rol  qui  deiTéciie  des  étangs 
& reíTerre  le  iit  des  fleuves. 

Plus  ingénieux  & mieax  inftruits  du  gout  des 
orieíKaux  pour  les  allégories  aílronomiques , Mar- 
t-ianus  Capellaj,  Platón  en  quelques  endroits,  Por- 
phyre,  &c.  & de  nos  jours  M.  Dupuis , profeiTeur 
au  collége  de  Liííeux  ^ ont  retrouvé  dans  le  zo- 
diaqite  & dans  les  autres  conílellations  ^ la  véri- 
table  fource  des  fables  anciennes.  Heureux  ce 
dernier  écfivain  , li  content  d'avoir  expliqué  avec 
une  fagacité  inñnie  la  plupart  des  myftéres  de  la 
Mythologie , il  ne  s’opiniátre  pas  á vouloir  en 
éciaircir  de  cette  feule  maniere  les  plus  petits  dé- 
taüs.  Cette  théologie  fabuieufe  n^a  été  l'ouvrage 
ni  d’un  feul  homme ni  d’un  feul  peiiple.  Tout 
au  contraire  ¡ chaqué  nation , en  admettant  une 
partie  de  ces  dogmes  anciens  j y a ajouté  des  tra- 
ditions  nationales  ¡ des  fables  locales  5 de  forte 
que  cette  religión  s'eíl:  accrúe  de  prefque  toutes 
les  fuperítit'ons  du  monde  connu.  Ce  feroit  done 
une  folie  de  vouloir  ouvrir  tant  de  routes  diffe- 
rentes  avec  un  feul  & méme  inftrument.  V.  My- 

THOLOGIE. 

ALLELENGYON , du  grec  j Tun 

pour  Tautre  on  donna  ce  nom  á un  impdt  que 
l'empereur  Nicéphore  impofa  fur  les  riches  , pour 
en  décharger  les  pauvres  qui  portoienc  Ies  armes. 

ALLIA,  famille  romaine  dont  on  n’a  des  mé- 
dailles  que  dans  Goitzius. 

ALLIAGE.  Les  Romains  ¡ dit  M.  Pauífon , 
{Métrol.  32.9)  furent  ceuxqui  apprírent  au  monde 
Tart  criminel  de  dépraver  la  pureté  des  métaux 
deftinés  á la  fabrication  des  monnoies.  Liviiis 
Drufus,  tribun  du  peuple^  méla^  au  rapporr  de 
Pline 3 3 j c-  3)  une  huitiéme  partie  de  cuivre 
avec  fept  huitiémes  d'argent  ^ pour  la  fabrication 
de  la  monnoie  : Livias  Drufus  in  trihunatu  plebis 
oclavam.  partem  ¿¡.ris  argento  mifcuit.  Le  triumvir 
Áhtoine  altéra  auííi  la  pureté  de  l’argent  du  de- 
tiier  j en.  y faifant  entrer  du  fer  : Mifeuit  denario 
triumvir  Antonias  ferram.  Mifcuit  sri  falfí,  monets,. 
(Plin.  lib.  33,  c.  9).  Le  méme  peuple  enfeigna 
auffi  Tart  frauduleux  d'altérer  le  poids  du  de- 
nier  ; AUi  e pondere  fubtrahunt.  Sur  quoi  Pline 
s’écrie  ; Mirumque  in  kac  artium  fola  vitia  difeun- 

tar,  & falfum  denarii  fpeciant  exemplar^  plaribufque 
•veris  denariis  adulterinas  emitur. 

Malgré  f eilime  & la  confiance  dont  nous  fommes 
pénétrés  pour  M.  Pauéton  & pour  fa  métrologie  , 
qui  nous  a été  íí  utile,  il  nous  permettra  de  n étre 
pas  ici  de  fon  avis.  II  eft  certain  que  YaLliage  des 
■monnoies  a été  pratiqué  avant  la  défaite  de  Pyr- 

rus , épeque  á laquglie  les  Romains  ont  commencé 


A L L 

á frapper  de  la  monnoie  d’argent , cedt  ans  enviroa- 
avant  d’en  fabriquer  en  or.  On  a pluíieurs  mé- 
dailles  des  rois  du  Bofphore  , qui  ne  -font  que 
d'un  or  fort  bas.  Parmi  celles  de  Philippe,  pére 
d'Alexandre-le-Grand  j Por  eft  quelquefois  melé 
aalliage.  On  en  trouve  d’argent  _ parmi  celles 
de  la  grande  Crece  & de  la  Sicile  j qui  font 
alliées. 

M.  Tabbé  le  Blond  en  poíTédoit  une  ^ entre 
autres  j fabriquée  á Tárente  5 elle  tomba  de  quatre 
pieds  de  hauteur  environ , & elle  fe  brifa  en  plu- 
íieurs morceaux.  Peut-on  nier  que  Pargent  de 
cette  médaille  ne  fut  allié  avec  un  metal  ou  un 
demi-métal  capable  de  Paigrir  ? On  fait  que  le  fer 
durcit  Ies  métaux  auxquels  il  eft  allié  j & nous 
avons  vu  plus  haut  que  le  triumvir  Antoine  allia 
du  fer  aux  deniers  d'argent.  II  eft  done  tiés-vrai- 
femblable  que  ce  triumvir  employa  une  pratiqué 
deja  connue  dans  ITraliej  & que  Yalliage  de  la 
médaille  de  Tárente  étoit  compofé  d’argent  & 
d^une  aífez  forte  quantité  de  fer.  L'analyfe  chy- 
mique  des  morceaux  de  cette  médailie  no^  auroit 
mieux  inftruit;  & un  chymifte  connu  devoit  s'en 
oceuperj  lorfque  ces  ffagmens  s’égarérentj  oij 
furent  jetes  comme  des  débris  inútiles. 

ALLIANCE.  V.  Traite  d‘alliance. 

ALLÍBANON.  en  Sicile.  AAAIBaníin. 

On  attribue  á cette  ville  quelques  médaille* 
autónomas  ^ qu'on  donnoit  autrefois  á Alsfa. 

ALLIENA  j famille  romaine  dont  on  a des 
médailles : 

RRRR.  ea  argent. 

O.  en  bronze. 

O.  en,or. 

ALLIÉS  du  peaple  romain , focii  & amiei.  Ce 
titre  fut  trés-utile  aux  defeendans  de  Rorñulus, 
pour  faire  réuffir  leur  projet  ambitieux  de  s’aífer- 
vir  toute  la  terre.  II  mettoit  le  prince  ou  le  peuple 
qui  le  portoit , á Pabri  des  atraques  de  fes  voiíinS} 
parce  qu’en  faifant  la  guerre  á un  allié  de  Rome  , 
on  attaquoit  les  Romains  eux-mémes.  Telle  étoit 
Popinion  qu  iis  avoienr  accréditée , & qui  leur 
fournit  fouvent  des  prétextes  fpácieux  pour  com- 
batiré & conquerir  des  nations  j avec  lefquelles 
ils  rfavoient  jam.ais  eu  de  relations  direóles , o_u 
que  leurs  poíitions  empéchoient  méme  d’en  avoir 
jamais  aucunes. 

On  n'eft  plus  étonné^  en  voyant  cette  confide- 
ration  que  procuroit  le  nom  &allié  & d’ami  du 
fénat  j d'apprendre  que  des  rois  auíTi  puiíTans  que 
ceux  d’Egypte  Se  de  Cappadoce  j ayent  montré 
autant  d'empreíTement  pour  recevoir  ce  titre.  L’un 
des  Ariarathes  ^ roi  de  Cappadoce  ^ offrit  un  facri- 
fice  en  aétion  de  grace  aux  dieux  pour  Pavoif 
obtenu.  Céfar  ( de  bello  Galli.  v.  43 . 4.  ) DOUS 
apprend  qu’uij  trés-petit  nombre  de  rois  eurent 
cet  honneur.  Les  Romains  ne  Paccordoíentqu'svec 
un  grand  appareil.  Us  envoyoient  pluíieurs  féna- 
teurs  pour  donner  au  fouverain  quhls  vouloient 
en  décorer  j un  feeptre  dhvoire  y uae  toge  de 

pourpre 


A L L 

pourpre  broáée  en  or  f toga  pida ) , avec  íes  titres 
de  roi , Sallié  & d’ami  du  peuple  romain. 

Les  alliés  dltalie , focH  Italici , étoient  difiin- 
gués  de  tous  Ies  autres  alliés  érrangers  á cette 
conrrée.  II  y en  avoit  de  deux  eípéces  : les  unsj 
qui  étoient  déíignés  fous  le  nom  de  Préfeélures , 
prcfeBurií,  étoient  gouvernés  par  des  magiftrats 
romains  & felón  les  loix  de  Rome  } les  autres 
avoient  confervé  le  privilége  de  fe  gouverner  par 
leurs  anciennes  loixj  & i's  étoient  déíignés  par 
le  furnom  á’autonomes. 

Les  alliés  latinSj  focii  éatini , étoient  ceux  qui 

JouiíToient  du  droit  \tiún,jare  Latii,  & qui  tenoient 
e premier  rang  dans  Fordre  des  alliés  , méme 
avant  ceux  d'Italie.  Dans  le  tems  de  la  république, 
Is-Latium,  proprement  dit,  ne  s'étendit  pas  au  deiá 
du  promontoire  de  Circe  5 & Ies  empereurs  en 
recuiérent  Ies  limites  jufqu^au  fleuve  Litis  : mais 
le  droit  latín  s^étendit  beaucoup  au-delá.  Trois 
fortes  de  peuples  en  jouilloienr  j i''.  ceux  qui 
habitoient  le  Latium^  & que  Ton  nommoit  focii 
íatiai  , focii  ac  Latini  , focii  Latini  nomiriis  , focii 
ac  Latini  nominis ; 2°.  plulieurs  colonies  appelées 
Latines  , á caufe  qu’eües  jouiíToient  du  droit  latín  j 
3®.  eníin  5 des  peuples  qui,  fans  étre  Latins  d’ori- 
gine  , ni  colonies  Latines , avoient  été  récom- 
penfés  de  quelque  fervice,  par  la  couceíSon  des 
mémes  priviléges  que  Ies  colonies  Latines , ou  les 
avoient  obtenus  de  la  bienveillance  du  peuple 
romain  & des  empereurs. 

II  y avoit  une  grande  diffiérence  entre  Ies  alliés 
& les  auxiliaires , que  Fon  admettoit  dans  les 
arniécs  de  Fempire  romain.  Les  troupes  alliées 
étoient  toujours  prifes  chez  les  alliés  d'Italie, 
qui  ne  furent  jamais  réduits  en  provinces  romaines  j 
les  auxiliaires  étoient  fournis  par  Ies  alliés  étran- 
gers.  Les  troupes  des  alliés  s'entretenoient  á leurs 
frais,  & ne  recevoient  que  le  bled  des  Romains; 
ceux-ci  foudoyoient  les  troupes  auxiliaires.  Ces 
deirniéres  ne  prétoient  point  ferment  entre  les 
matns  du  général  romain  , ce  que  faifoient  les 
troupes  alliées.  On.  connoiíToit  á Rome  Ies  forces 
de  chaqué  allié , & on  ne  lui  demandoit  des 
troupes  que  fur  Finfpeétíon  du  cens  ou  dénom- 
brement , dont  on  avoit  probablement  des  copies 
a Rome.  Quelquefois  méme , afin  d'étre  mieux 
inñruit  de  leurs  forces , on  y envoyoit  des  romains 
pour  íaire  Ies  fonétions  de  cenfeurs.  On  leur  or- 
donnoit  (imperabant)  át  fournir  tel  ou  tel  nombre 
d'hommes j tandis  que  Fon  enroloit  (ferihebant ) 
tous  les  citoyens  romains. 

Lorfque  les  alliés  avoient  joínt  Farmée  ro- 
maine  . Ies  confuís  choifiííbient  douze  d'entr'eux 
pour  Ies  commander , connus  fous  le  nom  de 
Frefets.^  jls  étoient  égatix  & en  puiíTance  fur 
leurs  citoyens  & en  nombre,  aux  tribnns  des 
legions.  Les  alliés  étoient  commandés  d'aiüeurs 
par  un  chef  & un  quefteur,  qu'ils  choifiíToient , 
eux-memes  avant  de  partir  pour  Farmée,  comme 
ío.ybe  nous  Fapprend.  On  ignore  le  nom  qu'ils 
■aiitiquités  j Tome  L 


A L L 

donnoient  á ce  chef  ou  commándant;  Tite-Lív* 
ilib.  IX.  16)  appelle  Préteur  celui  des  troupes 
de  Prénefte. 

La  place  que  devoientoccuperles  troupes  alliées 
dans  Ies  armées  & dans  les  camps  des  Romains, 
étoit  fixée  de  la  maniere  qui  fuit : Lorfqu'on  avoit 
placeles  triaires  aprés  la  cavalerie  romaine,  les 
haílaires  aprés  les  princes  , la  cavalerie  des  alliés 
á la  tete  des  uns  & des  autres ; lorfqu'on  avoit 
formé  cinq  intervalles,  dont  Fun  au  milieu  des 
cavaliers  légionnaires  , deux  entre  les  triaires  8e 
les  princes  , & deux  autres  entre  les  haftaires  & 
la  cavalerie  des  alliés ; lorfqu'enfin  on  avoit  díR 
pofé  ces  intervalles  en  forme  de  hameau , on 
plaqoit  Finfanterie  des  alliés  aprés  leur  cavalerie  , 
dans  un  efpace  qui  n'étoit  déxerminé  que  par  Ic 
nombre  de  l’une  & de  Fautre. 

Les  alliés  des  provinces  , focii  provinciales , 
tenoient  le  premier  rang  entre  les  alliés  étrangers 
á I'ltalie.  On  donnoit  par  honneur  ce  nom  aux 
provinces  foumifesá  la  dominatíon  des  Romains, 
gouvemées  par  leurs  magiíirats,  felón  le  droit  & 
Ies  loix  de  Rome  , & qui  payoient  au  fénat  ua 
tribut  annuel. 

Outre  les  alliés  de  Fltaüe  & ceux  des  pro- 
vinces, on  appeloit  encore  de  ce  nom  plufieurs 
peuples  étrangers.  Les  uns  n’ avoient  jamais  été 
ennemis  des  Romains , & ils  étoient  exempts  de 
toute  impolition.  On  leur  donnoit  le  nom  de  focii 
immunes  : tc\s  étoient  Ftoléméc,  roi  d’Egypte, 
& Ies  .Tuifs  , qui , les  premiers  de  tout  FOrient , 
recherchérent  l’amitié  de  Rome.  Les  autres,  aprés 
avoir  été  ennemis  des  Romains , avoient  mis  has 
les  armes  & cóntraélé  des  alliances  avec  eux. 
La  derniére  clafle  & alliés  comprenoit  ceux  qui, 
ayant  été  vaincus  par  le  peupie-roi , auroient  pu , 
felón  le  droit  ancien  de  la  guerre  , étre  difperfés 
& réduits'  en  captivicé ; mais  que  la  clémence.  du 
vainqueur  avoit  confervés  & mis  au  rang  de  fes 
alliés. 

Tous  ces  alliés  étoient  appelés  indifféremment 
Socii  & Fcederati. 

ALLIGATL.  C'étoient  les  plus  vils  Se  les  plus 
mauvais  des  efclaves.  Leur  nom  venoit  de  ce  qu'ils 
étoient  fouvent  punís  & mis  aux  fers.  On  les  char- 
geoit  des  travaux  les  plus  durs  & les  plus  pénibles, 
de  ceux  des  vignes  en  particulier  : Viñeta  pluri- 
mum  per  alligatos  excoluntur.  (^Colum.  i.  9).  Les 
efclaves  étoient  divifés  ordinairemeht  en  trois 
claílés  ; les  premiers  ( primi  añús ) étoient  les 
régiíTeurs,  les  intendans  des  biens  du  maítre ; Ies 
feconds  ( mediaftini)  n'exercoient  pas  des  emplois 
auífi  importans  , & les  troiliémes  étoient  les  alU- 
gati. 

ALLIPHANI  cálices.  B-Otace  i_Sat.  ti.  8.  39%- 

Invertunt  alliphanis  vinaria  tota. 

Vibidius , Balatroque. 

Le  poete  parle  ici  de  grands  vafes  á mettre  le 
vin , tels  que  les  amphores.  Allifs. , ville  du 

R 


130  Á L L 

Samnium  _,peu  éloignéc  de  Benevent,  etoit  ceLbre 
par  une  fabrique  ' de  ces  enormes  vafes  de  terre 

^"*ALLOBROGIQUE,  furnom  qui  fut  donné  á 
Q.  Fabius  MaximuSj  pour  avoir  vaincu  & ré^iut 
fous  la  dominatión  des  Romains  les  Allobroges , 
c’eít-á-dire  j les  Savopards  & les  Dauphinois.  _ 
ALLOCüTlON  , nom  donné  par  les  Roraams 
aux  harangues  que  faifoient  aux  foldats  les  gene- 
raux  & les  empereurs.  Ceux-ci  vouloient  en  con- 
ferver  ia  méiTioire  á iapoílérke  par  des  naedai^ies  j 
¿ont  un  grand  nombre  font  venaes  jufqu  a nous. 
L'empereur  qui  harangue , paroit  ordinairement 
debout  fur  une  eftrade , fuggeftiírn,  ayant  dernere 
ou  á cote  de  lui  ¡e  préfet  da  prétoire^  & plus  bas 

des  foldats  armes  qui  Técoutent.  _ 

La  premiére  allocution  eft  de  Cahguia.  Ce 
prince  y eft  reptéfenté  debout , en  tiabit  long  , 
haranguant  Tarmée dont  on  na  repréfenté  que 
quatre-  foldats  ayant  le  caique^  en  tete  & leurs 
boucliers  en  main , préts  a partir  pour  quelqu  ex- 
pédition.  Dans  fexergue^  on  lit : ^díoc.  coh. 
adlociLtio  cohortium.  La  feconde  eft  de  Nerón  j 
avec  les  mémes  type  & légende  que  la  premiere. 
La  rroiíiéme  eft  de  Galba , reprefenté  en  habit  de 
guerre 5 avec  le  mot  feul  adlocvtjo.  La  qua- 
triéme  eft  de  Nerva qui  paroit  vétu  d’habits  longs 
fur  une  eftrade  auprés  d^un  temple.  On  voit  der- 
riére  lui  deux  autres  figures  en  habit  long , & a 
Texergue  adlocvtio.  auc. 

Trajan  & Hadrien  nous  fourniffent  plufieurs 
t).llocutions.  En  voici  deux  du  derniet:,  qui  font 
remarquables.  On  voit  derriére  lui  le  préfet  du 
prétoirCj  & dans  Texergue  abiocvtio.  coh. 
j?R.«Tos.  fur  rime ; & furfautrej  eos.  prxtor. 
Dix  autres  médailles  d’Hadrien  le  repréfentent 
haranguant  en  habit  de  guerre , & plus  ordinai- 
rement  á cheval , avec  les  légendes  jexrrcitus 

■X-RITANHICUS  , CAFPADOCJCUS.,  DACICUS  , CRR- 
MaJÍUCUS  , UISFAÍIICUS  , JÍAURETAITICUS  , MS- 
SIACUS  , NORICUS  , RH  MTJCUS  , SXRJACUS. 

On  trouve  enfuite  des  allocations  de  Marc- 
jAuréle  3 de  Lucias  Vérus  & de  Commode.  Mais 
la  légende  du  dernier  eft  : Fiurs.  rxrrcitvs. 
J>.  JM.  TR.  P.  XI.  IMF.  Vil.  eos.  X.  F.  F.  SeptlmC- 

Sévére,  Caracallaj  Géia^  ont  le  méme  type  & de 
femblables  légendes.  Macria  n pour  légende  de 
fon  allocution  p.  jn.  tr.  f.,  & Scvere-Alexandre, 
.ADxocuTjo.  AOG.  cos.  F.  p.  On  confc-rvc  des 
allocations  de  Gordien  le  péré  & des  deux  Fhi- 
lipneSj  qui 3 tóus  les  deux,  pére  & fils,  haran- 
guent  enfemble  leurs  troupes. 

Une  médaille  de  moyen  bronze  , tres  - rare  , 
Tepréfente  Valérien  & Galüen  en  regard  avec  la 
légende  coptcoRniA.  atjcüstorum.  On  voit  au 
jevers  ces  deux  princes  debout  fur  une  eftrade, 
ayant  derriére  eux  le  préfet  du  prétoire , & á 
fexergue  adiocutió.  augustor.  Pofihume  a 
irois  types  différeñs  fur  fes  allocutions^  avec' les 

IBOtS  xXE&CITVS.  AVG.j  IZí&CIIÍtS.  ííC., 


A L M 

ciTvs.  vAc.Vallotution  deTacitc  oíre  ces  mots; 
adlocutio.  aug.  : celle  de  Probus,  adlocutio. 
MiLiTUM.  : celies  de  Numérien  & de  Carin,  fon 
^pyx.ocu'Tio.  .4 uG.  Le  dernier  Augufte  dont 
^ons  ayons  une  allocution  3 eíb  IVÍaxence,  avec  la 
légende  adlocutio.  ^ug.^  & a lexergue, 

Ges  allocutions  prouvent  évidemment  que  les 
harangues  militaires  des  anciens  ne  font  pas  fi 
füfpeóles  que  les  ont  voulu  lendre  cettains  cri- 
tiques i puifque  les  empereurs  ont  confacré  par 
des  monumens  pablics  cellcs  qu  iis  faifoient  a 
leurs  armées. 

Les  allocutions  préfentent  une  difbculte  parti- 
culiére  : on  lit  le  mot  ¿i  adlocutio  fur  toutes  les 
médailles  qui  ofirent  ce  méme  fujet.  Ce  terrnc  ^ 
eft  done  celui  qtf  on  employoit  pour  exprimer  cette 
aftion  : cependanr  , les  hiftorkns  n en  font  aucun 
ufa<ye.,  & fe  fervent  touiours  de  coree/o,  lorfquüs 
rapportent  le  méme  fait  j 8c  nous  traduifons  ce 
mot  par  celui  de  harangue. 

ALLOPROSALLOS,  nom  quHomerc  donne 
á-  Mars , & qui  fienifie  inconftant  ou  querelleur.  , 

ALLYROTHlüS.  Ce  fils  de^Neptune,  réfolut 
de  venger  la  défaite  de  fon  pere,  que  Aiinervc 
avoit  vaincu , en  coupant  tous  les  oliviers  des 
environs  dfAthénes,  parce  qu'ils  étoient  confacrés 
á cette  déeffe ; mais  la  coignee  lui  etant  tombee 
des  mains , le  bleffa  li  fort  quil  en  mourut.  Sa 
mort  cñ  différemment  racontée.  F . Alcippe. 

ALMANDINE  par  corruption.  Le  vrai  rnot  eft 
ALBANDiNR  3 efpécc  dc  rubis  fpinel,  qui  venoií 
d’Alabanda,  en  Carie.  Eft-il  un  moyen  plus  cer- 
tain  d’embrouiller  toutes  les  nomenclatura , que 
de  donner  aux  productions  de  chaqué  regne  un 
nom  particulier  8c  relarif  á chaqué  pays  d oú  on 
les  tire  ? Heureufement  que  les  naturaliftes  mo- 
dernes  élaguent  abondamment  ces  fuperfiuites 
nuifibles. 

ALMON,  ancien  nom  d’une  petite  riviére  qui 
coule  dans  la  vallée  Egerie , prés  du  cirque  de 
Caracalla,  horsde  la  porte  Capéne,  Se  qui  fe  jette 
dans  le  Tibre  á un  milk  au-deílous  de  Rome.  On 
Pappelle  aujourd'hui  Aquataccio , ouAqua  d’Acio, 
OU  Rio  d’Appio.  Les  premiers  noms  paroiífent  etre 
une  corruption  du  dernier 5 8c  celui-ci  na  etc 
donné  á X Almon3  que  parce  qu’elle  traverfela  voie 
Appienne  en  arrivant  prés  de  Rome. 

Sa  fource  étoit  en  grande  vénération , parce 
quklle  guériíToit  la  gale  des  beftiaux.  Elle  a cer- 
tainement  encore  la  méme  propnété  j car  elle  eft 
trés-fulfureufe  , & Pon  voit  le  foie-de-foufre 
furnager  en  abondance  fur  fes  eaux.  C^tñ  peutr 
erre  une  des  caufes  qui  rendent  fi  nuiíible  le  féjour 
de  Rome  pendant  ie.s  chaleurs  5 parce  que  le  Rio 
d'Aippio  coule  au  midi  de  cette  vilie  ,.8c  que  le  yent 
qui  fouifie  de  cette  partie  de  riiorifon,  voitare 
les  exhalaifons  fulfureufes  8c  alkalines  qui  eu 
i fortent.  , . 

1 L'sasúcit  m'iÁlmon  líftYeífohk  Ycie 


ALO 

éroit  célebre  psr  la  cérémonle  qu’y  pratiquoient 
Ies  prlcres  de  Cybéle  tous  les  ans , le  6 des  calendes 
d'avtil.  lis  avoíent  coutume  d 7 laver  en  grande 
pompe  la  ñatue  de  ia  déelTe , fon  charj  les  lions 
qui  y ctoient  arteles  , & les  couteaux  facrés  de 
Phrygiej  qui  fervoient  aux  facriSces.  Ovide  décric 
cette  cérémonie.  (FíZj?. /r.  337.}  : 

£fi  locus , in  Tiberin  quo  luhrlcus  Almon, 

Et  TLomen  magno  perdít  in.  am.ne  minar. 

lllic  purpurea  canus  cum  vefie  face'dcs 

Almonis  dominam  , facraaue  lavit  equis.  - 

ALML’M , en  Moéfíe.  aamosix2n. 

Les  médaiiles  autonomes  de  cette  ville  font: 

RRRR.  en  bronze.  ( Hunter). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ALNUS.  On  donnoit  ce  nom  á un  endroit  des 
théátres  anciens,  qui  étoit  le  plus  éloigné  de  la 
fcéncj  & le  plus  elevé  de  touc  rédifice.  Ceux 
qui  n'avqient  pu  trouver  de  place  dans  les  rangs^ 
étoient  íbrcés  de  s'y  placer. 

ALOES  j feces  en  Thonneur  de  Cérés.  J^oyez 
Aires. 

ALOÉUS.  V.  Atous. 

ALOÍDES,  deux  géans  redoutables  qu’Komére 
Bomme  divins.  Othus,  & le  célebre  Ephialte  , 
étoient  nls  de  Neptune  8c  d Iphiniédie  ^ femme 
d’AIoüs.  On  les  nomma  Aleides , du  nom  du  mari 
de  leur  mere.  C'étoit  les  deux  plus  grands  & les 
deux  plus  beaux  hommes  que  la  terre  eut  jamais 

Fprté.  lis  étoient  d'une  taille  li  prodigieufe ^ qu’á 
age  de  neuf  ans  ils  avoient  neuf  coudéés"  de 
grqíTeur  ^ & trente-íix  de  hauteur , & ils  croif- 
foient  chaqué  année  d’une  coudée  en  groffeur^ 
& d'une  autre  de  haur. 

Fiers  de  cette  énorme  grandeur , ils  crurent 
qu’il  if  y avoit  ríen  au-deíTus  ce  leiirs  forces ; ils 
entreprirent  done  de  détróner  Júpiter  5 & pour 
lui  livrer  un  aíTaut  dont  il  ne  pút  íé  défendre , 
ils  mirent  le  mont  OlTa  ■&  le  mont  Péiion  fiir 
lolympe;  de-la  menaqantle  fouverain  des  dieux^ 
ils  earent  l'infolence  de  demandar  Jnnon  Se  Diane. 
Mars  ayant  voulu  s’oppofer  á leiir  entreprife , ils 
le  firent  prifonnier  ^ & Tayant  lié  avec  áe  groíTes 
j ils  le  rinrent  treize  mois  dans  une  prifon 
d airain d'ou  il  ne  fercir  jamais  forti  ^ íí  Mercure 
ne  fiit  vena  f en  dénvrer.  V.  Eribée  , Mars. 

_ La  puiíTance  des  dieux  fe  rrouvant  iniicüe  contre 
^ u terribles  ennemis , on  eut  receurs  á lartifice. 

u * a^yant^apperqus  fur  un  char , fe  changea 
en  biche,  & s élanqa  au  milieu  d’eux.  Voulant 
tirer  leurs  fleches,  ils  fe  bleíierent  Tun  Fautre, 
& en  moururent , délivrant  pour  jamais  les  dieux 
de  la  crainte  qu’iis  leur  avoient  infpiréej  Júpiter 
ics  prccipíts.  a.ii  lond  íiu  turtarc. 

Homére  dir  qu  Apollen  les  précipita  dans  les 
en.ers,  avant  que  le  poil  follet  eut  ombragé  leurs 
joues.  Sí  que  leur  mentón  eút  fleuri. 


ALO  1 3 r 

On  ctoít  que  Ies  Aloides  furent  ¡es  premiers  qui 
facrifiérent  aux  mufes  fur  le  rooiít  Héiicon , & qui 
leur  confacrérent  cette  montagne.  FHphimedih, 
Mu,ses. 

A'AOKE'S:.  Les  lignes  qu'on  tracoit  pour  écrire 
droit , s’appeloient  «asxss-,  ainíi  qu  Héfychiiis  nous 
Fapprend.  Dans  les  remarques  fur  cet  écrivain, 
ce  mot  eíl:  interpreté  par  lacum.  inter  feribendurtz 
in  cera  fe  il  cortice'.czirrente  ftylo  exarata.  Mais  ce 
ne  peut  pas  étre  la  véritable  figniíication  du  mot 
^ÁOX-íC  dans  Fart  dMcrire;  & cette  explication  con- 
tredit  d'ailleurs  le  fens  original  du  paíTage  dans 
lequel  il  veur  diré  raies  , fillons. 

ALOMANCIE,  ¿a?,  fel,  & fcaizúa , divina- 
tion.  Elle  fe  pratiquoit  par  le  moyen  du  fe!.  Si 
Fon  oublioit  d'en  .mettre  fur  la  table,  ou  íi  Fon 
reriverfoir  une  faliére , c'étoit  le  ligne  infaiiiiblc 
d’un  malheur  prochain. 

ALONTINUM  ou  Aluntium,  en  Sicile. 
AAONTIN'ON. 

Les  médaiiles  autonomes  de  cette  ville  font : 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Leur  type  ordinaire  cft  un  taureau  frappant 
de  la  come; 

ALO  PE,  filie  de  Cereyon,  & cui  recon-" 
noifíbit  Vulcain  pour  pete  , étoit  íi  belle  qu'elle 
inlpira  de  Famour  au  dieu  de  la  mer.  Sí  en  eut 
un  fiis  qu’elle  íit  expofer  fecrétement,  pour  dé-: 
rober  á fon  pete  la  connoiíTance  de  ía  foibleíle- 
En  l’expofant,  elle  le  couvrit  d’une  patrie  de  fa 
robe  qu’elle  avoit  déchirée  a ce  defíein.  Une  jument 
égarée  lui  donnoit  á téter,  lorfqu’un  payfan  qui 
cherchpit  cette  béte-,  ayant  vu  cette  efpéce  da 
prodige,  prit  Fenfant  & le  porta  dans  fa  cabane. 

Cereyon,  á qui  on  le  préfenta  quelque  tems 
aprés,  reconnut  Fhabit  de  fa  filie,  fit  óter  la  vie 
á la  mere  , & expofer  de  nouveau  Fenfant.  Mais 
une  autre  jument  prit  encore  fein  de  ie  nourrir, 
& les  bergers  qui  le  rencontrérent  jugeant  que  Ies 
dieux  le  protégeoient,  Félevérent ¡ & lui  donnérent 
le  nom  d’Hinpothoüs.  C.  Hyppoteious. 

Un  bas-relief  antiqúe  de  la  tille  Pamfili , repré- 
fenre  Alopé  naife  á mort  par  les  gardes  de  fon  pera 
Cereyon. 

A LOPE  eft  le  nom  d’nne  des  harpies , a qui 
Fon  donne  pour  foeurs . Archelcé  & Ocypéte. 
K.  Harpies. 

ALOPECONNESUS , dans  la  Cherfonéfe  áe 
Thrace.  AAíinERON. 

Goltziiis  feul  a rapporté  des  medaüles  impé- 
riales  grecques  de  cette  ville. 

M.  Pellerin  en  a publié  une  médaille  autonome 
de  bronze  , fur  laquelie  on  voit  un  vafe  8:  un  renard. 

ALORES,  -c’eíl  le  nom  aue  les  Chaldéens  don- 
nbienrA  leur  premier  roí  ; il  étoit  de  Bábylone, 
&.pubiioit,  a ce  que  dit  Eerofe  dans  fon  fecond. 
livre,  que  dieu  lui-méme  Favoit  faitpafteur  dq 
fon  peupíe. 


íjí  A i-  P 

ÁLOTIES  i fétes  céiébrées  par  les  Arcadiens^, 
en  rhonneur  de  Minerve.  lis  les  inftiraérent  aprés 
une  bataille  qi’/ils  livrérent  aux  Lacédémoniens  j 
& dans  laquelle  ils  firent  un  grand  nombre  de  pn- 
fonniers.  Ceux-ci  étoient  appeiés  ¿Aístsí  : de-lá  vint 
ie  nom  de  ces  fétes. 

ALOÜETTE.  Scylla^  filie  de  Nifiis,  fut 
changée  en  alouette.  V.  Scylla. 

Les  chofes  bizarres  qu^on  Ik  dans  la  comedie 
des  Oifeaux  d'Ariftophane  fur  V alouette , & vrai- 
femblablement  fur  celie  qui  eít  hupée  , fe  re- 
trouvent  trair  pour  trait  dans  les  contes  qu’on 
écrit  fur  la  hupe  les  anciens  Indiens , & Mahomet 
dans  rAlcoran ; c'ell-á-direj  que  cet  oifeau  dé- 
coiivre  les  íburces  8e  les  veines  d’eau  au  travers 
de  la  terre  qui  Ies  cache.  V.  Alauda. 

A'Á  OYPn'AES  ^ habits  teints  en  pourpre , fans 
anean  mélange  d'autre  couieur  : ce  furent  ces 
habits  dont.  Céfar  & Augufte  défendirent  Tufage 
á toas  lears  iujets , excepté  les  fénateurs  dans 
Texercice  des  magiftratures.  Mais  il  fut  toujours 
permis  de  porter  des  habits  teints  avec  le  fang 
de  la  coquille  appelée  pour vu  qu'on  y eút 

melé  quelqu^autre  couieur.  Ce  mélange  les  ren- 
doit  vidlets , ou  bleu  foncés  comme  Ies  flocs  de 
la  mer.  La  défenfe  de  Céfar  &c  d' Augufte  ^menou- 
velée  depuis  fous  peine  de  mort , par  Ies  fuc- 
ceffeurs  de  Conftantin  ^ ne  regardoit  que  les  habits 
d’homme  & de  femme  teints  en  entier  d’une 
fcule  couieur.  Mais  cette  belle  couieur  de  fang^ 
cetce  fameufe  pourpre , étoit  permife  peur  faire 
des  bordares  ^ des  bandelettes , les  clous  des 
laticlaves  j & les  ornemens  des  habits  de  Tun 
& de  l’autre  fexe. 

ALOüS  j fameux  géant  ^ fils  de  Titán  & de 
la  Terre.  Iphimcdie  , fa  femme  , devint  amou- 
leufe  de  Neptune  , dont  elle  eut  les  deux  Aloides. 
Voye^  Aloides  , Iphimédie. 

ALPHEE  j fleuve  d'Elide  dans  le  Pélopvonnéíe, 
aujourd’hui  Orféa  j di  arrofe  FArcadie  & FAchaie, 
& íedécharge  dans  la  mer  loniennCj  au-deffous  de 
Pife.  Les  Italiens  l'appellent  Carbón.  On  croyoit 
que  ce  fleuve  traverfoit  la  mer  j 8e:  fe  rendoit  en- 
fuite  en  Sicile  auprés  de  la  fontaine  Aréthufe. 
Cette  Opinión  étoit  fondée  fur  ce  que  Fon  retrou- 
voit  5 difoit-on  dans  la  fontaine  de  Sicile  , Ies 
chofes  que  Fon  avoit  jetees  dans  le  fleuve. 

• Mais  ce  phénoméne  ^ dit  M.  Diderot , n’eft 
fendé  que  fur  une  reffemblance  de  mots , & fur 
une  ignorance  de  langne.  L'Aréthufe  étant  envi- 
ronnée  de  faales  , fut  appelée  Alpkaga  par  les 
Sicitiens  j & les  Grecs  qui  vinrent  par  la  fuste  en 
Sicile,  crurent  y letrouver  YAlpkée  de  FElide. 
C“eft  fans  doute  fur  ce  léger  fondement  que  fut 
conñruite  la  fable  des  amours  du  fleuve  & de  la 
íbntatne.  Fbye^  Aréthuse. 

ALPHESIBÉE  , filie  de  Phégéc,  ayant  époufé 
AJemeon  , en  recut  pour  préfent  de  noces  le  fa- 
meax  colher  d'Eríphile.  Phégée,  fon  pére  , ayant 
ai^usquíAIanéoii,  aprés  Favoir  rép.uáiée,  avoit 


A L R 

époufé  Callyrohé , le  fit  aíTaíEner  par  fes  fils, 
Voye^l  Alcméon  , Ériphile  , Callyp.ohé. 

ALPHIASSA  ou  álphionia,  fiirnom  de 
Diane  , qui  lui  venoit  d"un  bois  qu  on  lui  avoit 
confacré  dans  le  Péloponnéfe,  á Fembouchure  de 
FAlphée. 

ALPHITA , préparation  alimentaire  faite  avec 
de  la  farine  d'orge  pelé  & grillé  ^ ou  plus  généra- 
lement  avec  la  farine  de  toute  forte  de  grains.  On 
conjedturc  que  Ies  anciens  étendoient  fur  le  plan- 
cher  , de  diftance  en  diftance  , leur  orge  en  petits 
tas pour  le  faire  mieux  fécher  quand  il  étoit  hu- 
midej  & que  Xalphha  étoit  ia  farine  méme  de 
Forge  qui  avoit  point  été  féché  de  cette  maniere. 
Valphita  des  Grecs  étoit  auffi  la  polenta^  des  Latins. 
La  farine  de  Forge  détrempée  & cuite  avec  de 
Feau  j ou  quelqu’autre  liqueur  , comme  le  vin  , 
le  mouc  , Fhydromel  ^ &c. , étoit  la  nourriture 
du  peuple  & du  foldat.  Hippocrate  ordonnoit 
fouvent  á fes  malades  Y alpkita  faiís  fel. 

ALPHITOMANCIE  , axiptriéy , farine  d’orge, 
divination.  Elle  fepratiquoiten  faifant 
m.anger  á celui  que  Fon  foup^onnoit  de  qüelque 
crime  , un  morceau  de  gáteau  d"orge._  II  Fayaloit 
fans  peine  shl  étoit  innocent;  lexontraire  arrivoir, 
difoit-on  , quand  il  étoit  coupable.  Horace  y fait 
allufion  dans  ce  vers  de  fon  épitre  á Fnfeus  j feloa 
M.  Mallet : 

JJtque  facerdotis  fugitlvus  liba  recufo. 

Cependant  tous  les  comméntateurs  s’accordent  á 
Fexpliquer  autrement  ; tel  que  V efelave  fugitif  des 
Pontifes  , je  refufe  méme  les  gateaux.  Car  les  pre- 
tres Se  leurs-  fervireurs  vivant  des  oífrandes  du 
peuple , devoier.t  mangef  a tous  leurs  repas  des 
gateaux , qui  eri  faifoient  la  majeure  partie  j & en 
étoient  raífafiés. 

ALRUNES,  nom  que  les  anciens  Germains 
donnoient  a de  certaines  petites  figures  de  bois , 
quhls  regardoient  comme  leurs  dieux  penates , on 
lares,  qui  prenoient  foin  des  maifons  & des  per- 
fonnes  qui  y habitoient ; e'étoit  une  des  plus  aiP 
ciennes  & des  plus  générales  fuperítitions  des  Ger- 
mains. Elle  confíñoit  á avoir  chez  eux  de  petites 
figures  d'un  demi-piedou  d'nn  pied  de  hauteur, 
repréfentant  quelques  femmes  tnagiciennes,  rare- 
ment  deshommes,  & ils  croyoient  que  ces  figures 
avoient  de  fi  grandes  vertus  ^ qu’elles  tenoient  en 
leur  pouvoir  ie  deflin  & la  fortune  des  humaines. 

On  faifoit  ces  ftatues  avec  les  racines  des  plan- 
tes les  plus  dures  , fur-tout  de  la  mandragora  j on 
les  habilloit  proprement , on  ¡es  couchoit  molle- 
ment  dans  de  petits  coffrets ; toutes  les  femaines 
on  les  lavoit  avec  du  vin  & de  Feau,  & á chaqué 
repas  on  leur  fervoit  á boire  & a manger^  fans 
quoi  elles  auroienyeté  descris , difoft-on , comme 
des  enfans  qui  fouffriroient  lafaim  & la  foif;  enfin 
on  les  tenoir  renfermées  avec  foin  dans  un  lien 
fecret,  á’oü  on  ne  les  tiroit  que  pour  les  confulter. 
Des  qtfoa  avoit  ie  borfieur  d'avoir  chez  foi  ou  fui 


A L V 

foi  áepareiües  figures on  le  croyoit  heureoX;;  ob 
Ije  craigDoit  plus  aucun  danger  ^ & on  en  atrendoií 
toares  forres  de  biens,  fur-touc  la  fante  ^ Se -la 
gucrifoii  des  maladies  les  plus  rebelies  aux  re- 
medes. 

Mais  ce  qui  étoit  encore  plus  admirable  , c’eft 
qu’elles  faifoientj  difoit-oBj  connokre  Favenir^ 
feulemeiit  á leurs  heureux  pofíeííeurs , ou  par  un 
mouvement  de  tete  , ou  quelquefois  méme  en 
s’exprimanr  td'une  maniere  intelHgible.  On  aíTure 
que  cette  fuperíHtion  des  anciens  Germains  fubíiíle 
encore  aujourd'hui  parmi  le  peuple  de  la  BaíTe- 
Allemagne  ^ chez  Ies  Danois  & íes  Suédois. 

ALTA  f emita , c'étoit  la  fixiéme  región  de 
Rome  : elle  s'étendoit  depuis  lesThermes  de  Confi- 
tan tin  jufqu’au  Mont-Quirinal  ^ &:  renfermoit  les 
temples  de  de  Flore  ^ de  QuirinuSj  le  vieux 

Capitole^  la  ftatue  de  MamuriuSj  les  thermes  de 
Dioclétien  Se  de  Confiantinj  les  dix  boutiques, 
les  poules  blanches  , Fantel  de  Callidus  , trois  co- 
hortes de  guet  j Ies  jardins  de  Saliufte  j & la  njai- 
fon  de  la  familíe  Flavia. 

ALTARE  étoit  diftingué  chez  les  Latios  á'Ara, 
ífelon  Servias.  íln  Ecl.  v.  6^).  Ara  étoit  un  autel 
confacré  également  aux  dieux  fupérieurSj  & á 
ceux  des  enfers;  mais  on  ne  donnoit  le  aom  dial- 
tare  qkaux  autels  des  dieux  fupérieurs. 

Prudence  fait  connoítre  une  autre  maniere  de 
les  diftinguerj  lorfquildit : altaris  aram  funditus 
pejfamdare , & altaris  aram  quod  facit  placebilem. 
On  voit  ici  qvi  ara  étoit  la  tabíe  méme  ^ ou  la 
patrie  fupérieure  de  Valtare  : celui-ci  en  formoit 
le  fiupport  ou  le  fondement. 

Nous  voyons  cependant  que  Tacite  j Pline  , & 
les  auteurs  de  la  meilleure  latinité  , fe  font  fervis 
indifféremment  de  ces  deux  mots  pour  exprimer 
des  autels.  Nous  Ies  imiterons  á Farticle  Autei.. 

ALTERES  j ancien  mot  franqois  hors  d^ufage. 
II  exprimoit  autrefois  Ies  angoilTeSj  les  inquietu- 
des & autres  peines  de  Fefiprit.  Les  étymologiñes 
le  faifoient  venir  á’ artires  ; parce  que  la  grande 
émotion  caufe  un  violent  battement  d’arréres. 

N'eut-il  pas  été  plus  naturel  de  le  dériver  dumct 
grec  ¿AtSísií  ? Ce  mot  exprimoit  des  poids  de  diffé- 
rentesgroíIéurS:,  mais  quij  felón  Paufianias^  avoient 
ordinaireraent  la  forme  d’un  ceuf  ^ & qui  étoient 
percés  de  quelques  trouSj  ou  attachés  á delongues 
courroies.  Les  athlétes  qui  fe  deftinoient  á lancer 
le  difque  ou  le  javelot  ^ s’exerqoient  en  tenant  ces 
alteres  par  Ies  trous  qui  y étoient  pratiqués , ou 
par  les  courroies.  lis  les  agitoient  autour  de  leurs 
tetes & Ies  lanqoient  avec  forcé,  pour  aflbuplir 
leurs  bras,  & s’accoutumer  á ces  rudes  exercices. 

Nous  croyons  qu^on  peut  faire  revivre  le  vieux 
mot  d alteres  ^ & i appliquer  á ces  poids. 

ALTHEE  , filie  d Agénor , de  la  race  de  Deu- 
Ctnion  , epoufa  Oenée  , Roi  des  Etoliens , & 
lut  mere  de  Méléagre.  Voyer  Meléaore. 

ALTHEMENE,  fils  de  Cratée.  CratÉE. 
ALTHENL'S,  frcre  de  Dioméde, 


A L U 133 

ALTISPEX , éroit  le  méme  que  Valltifpex,  o« 
Faugare  qui  obfitrvoit  les  oifieaux. 

ALVEOLi  ¡ Ies  Romains  donnoiení  ce  nom 
aux  tuyaux  de  chaleur  qui  étoient  répandas  dans 
l'épaiíTeur  des  muradles  , pour  échauffer  les  ap- 
partemens  dgs  Thermes. 

Alvsoi-i  , etoient  aufli  des  efpéces  d'auges, 
dans  lefquelles  on  lavoit  les  viandes  avant  de  Ies 
appréter. 

ALVEUS.  V.  Echíquier  Sc  Petteia. 

Alveus  ; on  donnoit  ce  nom  aux  gradins  qui 
fervoient  á defcendre  dans  les  bains,  & áVy  alleoir. 

Alveus  , étoit  un  canot  ou  bateau  groffier 
fait  avec  un  tronc  d'arbre  creufé,  tel  que  font 
encore  ceux  des  peuples  fauvages.  Romulus  & 
Reiims  fíirent  expofés  dans  un  alveus , feion  Ovide, 
( Faft.  ii.  407 ) : 

Sujiinet  impojitos  fumma  cavas  alveus  unda : 

Heu  quantum  fati  parva  tabella  tulit  1 
Alveus  in  limo  fylvis  appulfus  opacis  , 

P aullatim  fiuvio  deficiente  fedet. 

^ ALüN.  Les  anciens  paroiíTent  avoir  connu 
d'autre  alan  que  le  naturel,  quüs  diíHnguoienc 
en  alun  liquide  & en  alúa  fec.  Les  modernes 
aucontraire,  connoiíTent  á peine  Fa/a.vnaturei,  & 
kemployent  que  Xalun  retiré  des  fubílances  qui  le 
contiennent,  par  des  procédés  trés-ingénieux. 

Halan  naturel  liquide  n'étoit  pas  abíolument  en 
liqueur.  II  paroit  _,  par  les  defcriptions  des  anciens, 
que  cet  alun  étoit  feulement  humide  & mouillé, 
& quhl_  attiroit  Fhumidité  de  Fair;  ainll  on  ne 
1 appeloit  liquide , que  pour  le  diíHnguer  de  Xalun 
fec.  Halan  liquide  étoit  plus  ou  moins  pur.  Le 
plus  pur  étoit  lilTe  & uni,  quelquefois  tranfparent, 
mais  ordinairement  nuageux.  Au  contraire,  ia 
furface  de  Fautre  alan  liquide  étoit  inégale  , & il 
fe  trouvoit  melé  avec  des  maticres  étrangéres  , 
fuivant  les  defcriptions  des  mémes  auteurs. 

Les  anciens  diiiinguoient  auííi  deux  forres  Adlun. 
naturel  fec.  lis  les  reconnoiífoient  aux  diíFérencés 
de  la  texture  & de  la  figure  : ou  il  étoit  fendu 
& comme  la  fieur  de  celui  qui  eíl  en  maíTe,  car  il 
étoit  formé  en  mottes  ou  en  lames  ; ou  il  fe  fen- 
doit  & fe , partageoit  en  cheveux  blancs  5 ou  il 
étoit  rond  & fe  diílribuoit  encere  en  trois  efpéces, 
en  alnn  moins  ferré  & comme  formé  de  bulles  , 
en  alan  percé  de  trous  fiííuleux  Se  fembiable  á 
Féponge,  en  alan  prefque  rond  comme  Faftragale ; 
ou  il  reíTembloit  á de  la  brique ; ou  enfin  ií  étoit 
compofé  de  croútes.  Tous  ces  ¡üuns  avoient  des 
noms  particuliers  , qui  ne  fervoient  qu'á  furchar- 
ger  Ies  nomenclatures. 

Tournefort  voyageant  dans  le  Levant,  aborda 
á Fiíie  de  Milo  , Fancienne  Mélos  , d’oü  les  anciens 
tiroient  beaucoup  A’ alan  , Se  entf’ autres , felón 
Pline,  Fíz/an liquide.  II  y vit  des  grottes,  furles 
parois  defquelies  Y alan  s’étoit  formé  fous  toutes 
fortes  de  figures.  li  trouva  entCautres  de  Y alan 
de  plume,  auquel  étoient  aiéiésdesíiletspíerfeBXj 


134  - AMA 

longs  , flexibles  comme  ceux  de  Vslatt  , mais 
dépoiirvus  defaveiir^  Se  trés-diflerensderamiante. 
Diofeoride  a parlé  de  cetre  fiibílance  pierreufe  , 
qu“ii  a trés-bier»  díitinguée  de  ramiantCj  8c  quii 
dit  n’avoir  aucun  goút  ni  aftiiétion. 

Le  favant  vovageur  apperijut  auííi  dans  Ies 
grottes  une  di  fíbíu  tion  d’íz/a;z  qui  diíHlIoir  goutte  á 
goutte , & que  Ton  croiroit  erre  Ta/an  liquíde  j 
criginaire  de  Mélos , felón  Piine.  Mais  on  peut 
voir  dans  Diofeoride  que  cette  efpéce  Saluit  n'é- 
toit  pas  vraiment  liquide  j & comme  noas  Tavons 
déja  dit  j les  deferí ptions  faites  par  Ies  anciens, 
piouvenr  évidemment  qu’il  n’étoit  pas  en  iiqueur. 

ALUNTlüM.  Voye^  Alontinum. 

ALMONA  j en  illyrie.  aaton. 

Les  rnédailles  autonomes  de  cette  villcj  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ALYTA,  étoit  chez  Ies  Eléens  un  oíEcier 
dont  i’emploi  répondoit  á celui  des  maitres  de 
cérémonze  modernes. 

ALYTARCHIE  ^ charge , dlgnité  de  I’AIytar- 
QUe ou  magiftrat  d'Antioche.  !í  y avoit  dans 
cette  ville  des  jeux  appelés  jeux  de  Yalytarckie  : 
€ étoient  des  jeux  olympiques  inftitués  par  Afra- 
nius  , premier  alytarqae,  Pan  260  de  Pére  d’An- 
tioche  , & abolis  par  Tempereur  Juílin , Pan  )68 
de  la  méme  ere , comme  nous  Papprend  Jean  Ma- 
iéla  dans  une  chronique  inanufcrite.  Ce*  auteur 
compte  jufqu  alors  77  aiytarques ; ce  qui  montre 
que  Y alytarckie  duroit  quatre  ans  comme  Polym- 
piade.  Noris  , Epoc.  Syr.  p.  zzo, 

ALYTARQÜE  ; c’étoic  felón  Noris  ^ le  nom 
du  pontife  de  la  ville  d'Antioche.  Une  loi  da  code 
Théodofien  ordonne  qiPil  foit  permis  á Yalytaraue 
de  planter  plufieurs  cyprés , & d'en  couper  un. 
lY alytarque  n'étoit  pontife  que  de  la  vilie  d'An- 
tiochc  ; celui  de  toiite  ia  province  s'appeíoit  Sy^ 
riaque.  NoRIS  Epoc.  Syr.  p.  izo. 

Tout  ce  que  di*  á ce  fujet  Noris  ^ ne  prouve 
cependant  pas  que  Yalytarque  fút  un  pontife  ^ mais 
un  magiilrat  ou  officier  de  !a  ville  d'Antioche.  En 
effetj  alytarque  cYi  uu  nom  grec  compofé  desmots 
'axitrí  & áfííL  Le  premier  íignifiej  felón  Pétymo- 
logie  , la  méme  chofe  que  px^¿'¿pop<ií-,  , 

porte-verge  j ou  huiíTier  , bedaut.  On  íait  que 
dans  les  jeux  des  anciens  il  y avoit  de  ces  porte- 
verges  qui  veilloient  au  bon  ordre  &'  á la  trañ- 
quillité  des  fpeftateurs  iz  des  athléres;  de  forteque 
y alytarque  n'étoit  que  leur  chef  : en  quoi  nous 
íbmmes  d'accord  avec  le  grand  étymologifle. 

AiLYZIA  , dans  PAcarnanie  , aat. 

Les  ttiédailks  autonomes  de  cette  viUe  font : 

RRRR.  en  argent.  Eckel. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Leur  type  eñ  pegafe  volant. 

AMALTHJEA  ou  Am  ALT  H XU  M.  Pom- 
pordus  Átticus  avoit  donné  ce  nom  á un  réduit 


AMA 

agréable  de  fa  maifon  de  campagne  j en  I’hon- 
neur  de  la  chévre  Amaithée.  Cicéron  en  parle 
dans  plufieurs,  de’  fes  íettres. 

AMaLTHÉE  ; c'eft  le  nom  de_  la  chétTe  qui 
aíaita.Tupiter  : le  dieu,  par  reconnoiíTance,  lapla^a 
parnii  íes  aílres , ou  elle  forme  le  flgne  qui  porte 
fon  nom.  C'eft  d'une  des  comes  de  cette  pré- 
tendue  chévre  que  les  Grecs  ont.fait  leur  come 
d'abondance.  Laéiance  dit  que  la  nourrice  da 
Júpiter  fut  Amaithée , filie  de  Meliffus  , roí  d'une 
contrée  de  la  Gréce.  Bochara  fait  venir  ce  mot  da 
Phénicien  Amantka , qui  fignifie  nourrice;  8c 
Hygin  donne  á la  nourrice  de  Júpiter  le  nom  d'A- 
damanthée.  Voye^  AdamanthéEj  Coretes, 
Meeisse. 

AMAND  j ty^ran  fous  Dioclétien. 

CnEUS  S.4LT1US  AmASDUS  AuGUSTUS. 

Ses  rnédailles  font : 

O.  en  or  & en  argent. 

RRRR.  en  P,  B. 

O.  en  G.  & M.  bronze. 

AMANDE  (Coulear  d'  ) , color  amygdallnus. 
Le  nom  francois  de  cette  couleur  eft  chátain. 
Ovide,  (Art.  in.  •. 

Nec  glandes  Amarylli  tu&,nec  amygdala  defunu 

AíííANS.  Les  amans  ajoutoient  foi  á toutes 
fortes  de  prodigesj  & employoient  toutes  fortes 
de  moyens  pour  s’aíTurer  de  la  réuífite  de  leurs 
amours.  En  Sicile  ils  ti.oient  un  bon  augure  du 
bruit  que  faifoit  une  feuille  qu'ils  écrafoient  entre 
leurs  doigts  : Théocrite  , (Idylle  m.  z<)).  Le 
pétillenaent  du  laurierembrafé  formoit  auífiun  bon 
préfage.  Ils  en  tiroie.nt  un  également  avantageux, 
quand  ils  touchoient  au  plafond  avec  des  pépins 
de  pommes  ¡anees  avec  deux  doigts ; comme  Ies 
enfans  jettent  encore  aujourd'hui  les  noyaux  de 
cerifes.  Horace  en  fait  mention,  (Sat.  ii.  j.  zjzjt 

QAd  cum  Picenis  excerpens  femir, a pomis  ¡ 

Gandes  , fi  cameram  perenfti  forte. 

Les  amans  fe  rendoient  aprés  le  repas  du  foir 
fous  Ies  fenétres  de  leurs  maitreíTes.  Si  elles  ne 
les  attendoient  pas  fous  le  veftibule  de  leurs  mai- 
fons  j ou  á leurs  fenétres  ils  fe  promenoiení 
lentem.ent  en  lifflant , ou  en  affeéfant  de  touffer, 
pour  fe  faire  entendre.  Tibuile  i.  7.  35  : 

Et  fmiilat  tranfre  domum  , mox  deinde  reenrrit. 
Solas  & ante  ipfas  excreat  ufque  fares. 

Les  ir.aris  eux-mémes  rentrans  dans  leurs  mai- 
fons  , íiftloient  pour  fe  faire  ouvrir.  Apulée , 
( Idet.  tx.  p.  271 J : 

Quand  ce  bruit  léger  nc  fufflfoit  pas  pour  rér 
veilier  ou  appeler  leurs  maitreíTes  , les  amans 
fredonnoient  des  chanfons  amoureufes.  Ovidej 
(Fafl.  ir.  •, 

Primas  amans  carmen  vigilatum  noUe  negaiA 
IUleisiir  ad  elaufas  concitiuijfe  fores. 


AMA 

Plaute  nous  en  a confervé  une  dans  k Curculion 
(i.  2.  5'7)5  & Ikn  doit  mettre  au  nombre  de 
ces  chanfons  , Tode  dixiéme  du  troiíiéme  livre 
d'Horace.  Les  Grecslesappeloient  s-5í6ííkA«u«9ü5<jj , 
romance  de  la  porte.  Les  amans  les  gravoient  quel- 
quefois  fur  ia  porte  elle-mémcj  ou  ils  Ies  écrivoient 
fur  des  tablettes  qu'iis  attachoient  aux  portes  de 
Icurs  maítreíTes.  Ovide  , (Amor.  3.  i.J  : 

Ah  quotzes  foribus  duris  incifa  pependi , 

Non  verzta  a populo  pniereunte  legi. 

Si  leurs  chanfons  ne  fiéchilToient  point  le  coeur 
des  filies  qu’ils  aimoient,  ils  adreíToient  leurs  voeux 
a la  porte  elle-méme , & imploroientfon  affiftance , 
comme  ils  Fauroient  demandée  á une  divinité. 
Ovide,  (Art.  am.  ii.  327.): 

Pojtiius  & dura  precihus  blandiré  puella. 

La  porte  elle-méme  s’en  plaint  dans  Properce, 
(r.  lé.  ij.): 

Ule  meos  numquam  patitur  requiefcere  poftes  , 
Arguta  referens  carmina  blandida. 

Les  amans  ne  fe  contentoient  pas  de  la  fupplier; 
lis  Parrofoient  de  vin,  áinfi  qu'on  le  pratiquoit 
íiir  les  autels  des  dieux.  Piaute,  \ Curcu.  1. 1.  §0.)  : 

Eaqne  extemplo  ubi  vino  has  confperji  fores , 
De  odore  adeffe  me  fcit , aperit  illico. 

Et  188: 

Agite  , bibite  feftivi  fores  , 

Pótate  , fite  miki  valentes  ^propitie. 

■ Une  courtifanne  dit  dans  la  méme  comedie  , 

(r.  2.  I.): 

Píos  veteris  vini  meis  naribus  objeñus  eji  : 
Ejus  amore  cupidam  me  hiñe  prolicit  per  terebras . 

Ces  portes  étoient  aufii  arrofées  de  parñims 
liquides. 'Lucréce,  {iv.  117c.): 

At  lacrymans  exclufus  amatar  limina  fepe 
Floribus  , & fertis  operit  , pojiefque  fuperbos 
TJngit  amaricino. 

Les  amafs  les  baifoient  amoureufement.  Lucréce 
ilbid.)\ 

Et  fpribus  mifer  ofcula  figit. 

Properce,  ( r.  id.  43. ) ; 

Ante_  tuas  quoties  verti  me  pérfida  pofies  , 
Ofculaque  imprejfis  nixa  dedi  gradibus. 

lis  chantoient  íeur  trííie  deííinée  en  s’accompa- 
gnant  avec  des  ñutes.  Properce,  (//.  d.  ii. ) : 

tales  caneret  tibi  Cynthia  fomnos 
Tibia , funefla  triflior  illa  tuba. 

Horace , ( Od.  m.  7.  29. ) ; 

Prima  noñe  domum  claude  i ñeque  in  vias 
S¿¿h  cdintum  querula,  defpice  tibisL, 

Pour  leurs  íiituíreíles  j üs  demeuroient 


AMA  13^ 

á leurs  portes  en  verfant  des  larmes;  Martial, 
C-.  I3-7-): 

Ad  noBuma  jaces  faflofe  limina  mache  , 

Ei  madet  heu  lacrymis  j anua  furda  tais. 

Ceux  qui  avoient  encore  plus  de  natience,  fe  cou- 
choient  fur  le  feuil  de  la  porte  , Se  y paíroient  la 
nuit.  Ovide,  (^Amor.  ir.  19.  21.): 

Et  fine  me  ante  tuos  projecium  in  limine  pofies 
Longa  pruinofa  frigora  noBt  pati. 

Horace  , ( Od.  m.  10.  19-)  : 

Non  hoc  femper  erit  liminis , aut  aque 
C&lefiis  patiens  latas. 

Ils  attachoient  des  couronnes  aux  portes  de 
■ leurs  maírrefies.  TibuUe,  (r.  2.  13.): 

'Te  mcmintjje  decét , que  plurima  voce  peregz 
Supplice  y cuni  pofii  fiorida  ferta  darem. 
Ovide  3 {de  Rem.  Amor.  n.  3 I . ) : 

Et  tegat  ornaras  multa  corona  fores. 

Les  amans  détachoient  de  leurs  tetes  ces  cou- 
ronnes qu  ils  avoient  portees  dans  les  fellias.  . 
Ovide  , ( Amor.  I.  d.  d7. ) : 

At  tu  non  l&tis  detraBa  corona  capillis 
Dura  fuper  tota  limina  noBe  jaces. 

{ De  Art.  am.  11.  ¡ij.  ) ; 

Pojabas  & dure  precibus  blandiré  puellcy 
Et  capizi  demptas  limine  pone  rojas. 

^ lis  jetoient  fur  le  feuil  Ies  torches  qui  Ies  avoient 
éclaires  au  retour  du  fouper.  Properce,  (/.  id. 7.)  : 

Et  mzki  non  defunt  turpes  pendere  corolle 
Semper  , 6"  exclufi  figna  jacere  faces. 

Ces  amans  infenfés  menacoient  méme  de  s’en 
fervir  pour  brúler  les  maifons  de  leurs  maítreíTes.-  ' 
Ovide,  (^Am.  I.  6.  jd. ) : 

Excute  pofie.  feram  , 

Aut  ego  jam  ferroque  ignique  parador  ipfe , 
(¿uam  face  fuftineo  teña  fuperla  petam. 

Ils  prenoientles  charbons  qui  fe  formoient  a leurs 
tarches  , & écrivoient  fur  ia  porte  des'vers  licen- 
tieiix  & injurieux  á leurs  maítreíTes  capricieufes. 
Une  porte  s’en  plaint  elle-méme  dans  Properce , 
(r.  id.-9.); 

Nec  pojfum  infamds  Domine  defenderé  noBes  y 
Nobilis  obfeenis  tradita  carminibus. 

Ce  n’étoit  pas  aíTez  de  couvrir  les  portes  de 
vers  obfeénes  , ils  les  chargeoient  d’opprobies 
& d’injures.  Tiballe  , ( i.  2.  7.)  : 

Janua.  dijficilis  Domina  , te.  verberet  imber. 

Te  jovis  imperio  fulmina  mifia  petant. 

Janua  jam  pateas  uni  mihi  viBa  querelis , 

Nec  fardm  verfo  cardiné  apena  fones.  • 

Et  mala  fi  qua  tibi  dixit  dementia  nófira , 
jgnofeas  y capiti  fint  prscor 3 illa  mxo. 


í 3 ^ Á.  iVi  A. 

Properce,  (r.  57.): 

Te  non  ulla  mes.  Isfit  petulantia  Itngut, 

Qus  folet  trato  dicere  verba  loco. 

L’aótíon  de  dire  des  injures  á une  porte  , étoit 
exprirriée  par  ces  mots,  occentare  ofiium. 

D’autres  fois  ces  amans  tenoient  aux  portes 
de  leurs  maitreíTes  des  diicours  paílionnés , poar 
fe  les  rendre  favorables.  Ovide  {Remed.  Amor, 
n.  ) r 

Et  modo  blandidas , rígido  modo  jurgia  pofti 
Dicat , & excliifus  fiebile  cantee  amans. 

Las  enfin  de  ne  ríen  obtenir  par  menaces , 
ni  par  priéreSj  ils  frappnient  aux  portes  & aux 
fenétres  á coups  redoubiés , les  brifoient  &•  les 
for^oient  avec  fracas.  Horace 3 {Ode.  1.  xg.  i.) : 

Parcius  junSas  quadunt  fenefiras 
IBibus  crebris  juvenes  protervi  , 

Nec  tibí  Jomaos  adimunt  : amatque 
Janua  limen. 

Telles  étoicnt  Ies  folies  qu’infpiroient  á ces 
jeunes  amans  une  paflioa  infenfécj  & les  fumées 
du  vin. 

AMANTÍAj  en  Illyrie.  amanton. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  viUe  font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent.  _ 

Leur  type  ordinaire  eft  un  foudre  dans  une 
couronne  de  laurier; 

AMANVENSIS.  On  appeloit  de  ce  nom  des 
efclaves  qui  faifoient  Ies  fonñions  du  fecrétaire 
dans  fon  abfence.  Leur  main  ñylée  á écrire  avec 
proinptitude  j leur  avoit  fait  donner  ce  nom. 

AMANüS  Olí  OmanuSj  dieu  des  anciens 
Perfes que  Ton  croit  étre  le  foleil , ou  le  feu 
perpétuel  que  les  Perfes  adoroient  comme  une 
image  du  foleil.  Strabon  Lappeile  Dsm.on  Perfa- 
rum  , le  génie  des  Perfes.  Tous  les  jours  les  mages 
alloient  dans  fon  temple,  chanter  leurs  hymnes 
devant  le  feu  facré,  tenant  de  la  verveine  en  main, 
& ayant  ñjr  la  tete  des  thiares  , dont  les  bandelettes 
leur  pendoient  des  deux  cotes  le  long  des  joues. 

_ AMARYNTHIA  , furnom  de  Diane , pris  d’un 
vMage  de  ITubée  , oú  elle  étoit  adorée  par  des 
fétes  & des  jeux. 

AMASIA , dans  le  Pont-Galatique.  amasseias 
& AMACIA. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  vilic  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
nales ^ecques  avec  fon  époque , en  rinormeur 
de  Plotine,  de  Fauftine  jeune,  de  Commode,  de 
Sent.-Séyére , de  Julia-Domna,  de  Caracalla^  de 
Ceta,  d A'ex.-Sévére,  de  Mamée , 8e  peut-étre 
afíadriea  Se  d'Antonin.  {Pellerin,  P.  ni.  zcj).  I 


A M A' 

AMASTEIS,  en  Paphlagonie.  A^A2T?rAííí2ií, 

AMA2TPEQ  8e  AAIAETPIS. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

R.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Liles  ont  quelquefois  pour  type  TÉgide. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impérialej- 
grecques,  enThonneur  de  Domitia,  de  Nerva,  de 
Plotine,  d’Hadrien,d’Antonin,  deFauñine  mere, 
de  M.-.4urele,  de  Faulline  ieune,  deVérus,  de 
Criípine,  de  Caracalla,  de  Moéfa,  de  Gordien- 
Pie,  de  Sept.-Sévére. 

AMATA.  Lorfque  le  fouverain  pontife  avoit 
élu  une  veftale  par  le  fort,  & qu'il  Tótoit  á íes 
parens,  il  l'appeloit  ,•  parce  que,  dit  Gel- 

íius  I.  11.  ^ cétok  le  nom  de  la  premiére  filie  qu¡ 
íut  choifie  pour  veftale. 

AMATHIE,  une  des  cinquante  néreides,  felón 
Homére. 

AMATHONTE,  ville  de  Tifie  de  Chypre,  cu 
Vénus  étoit  adorée  d^’un  cuite  particulier.  Cette 
déelfe  y avoit  un  fuperbe  temple , dans  lequel  on 
immoloit  autrefois  les  étrangers.  Vénus,  irritée 
de  cette  cruauté,  changea  tous  les  habitans  en 
taureaux , afin  quiTs  ferviííént  eux-mémes  de 
viéiimes  aux  facrifices.  Pour  punir  leurs  femmes 
du  mépris  qu’elles  avoient  témoigné  pour  fes 
myftéres , elle  leur  ota  toute  pudeur  5 de  forte 
qu’elle  fe  proltituoient  á tous  les  hommes  indif- 
féremment. 

_ AMATHUSIA,  furnom  de  Vénus  , pris  de  la 
ville  d'Amathontc,  oü  elle  étoit  paniculiére- 
ment  honorée. 

AMAZONES ; c’étoient  des  femmes  qui  for- 
moient  une  république  , dans  laquellc  elles  ne 
fouffroient  point  d’hommes  ; pour  perpétuer  leur 
race  , elles  envoyoient  de  tems  en  tems  quelques- 
unes  de  leurs  compagnes  dans  Ies  états  voifinf  j 
quand  celles-ci  fe  croyoient  sures  d'étre  méres , 
elles  revenoient  auprés  de  leurs  foeurs.  Tous  les 
enfans  males  qui  Hailfoientéteient  immolés,  mais 
on  élevoit  les  filies  avec  grand  foin  j on  kur 
coupoit  , difoit-on  , la  mamelle  droite  , afin 
qu  elles  fuífent  plus  en  état  de  tirer  de  Tare ; 
on  les  formoit  aux  exercices  militaires ; & ThiíC 
toire  eft  remplie  des  exploits  de  ces  héroines. 
On  a dit  que  le  pays  qiTelles  habitoient  étoit 
dans  la  Cappadoce , fur  les  bords  du  fieuve  Ther- 
modoon.  Pour  connoítre  leur  hiftoire , voye:¡' 
Antiope  , Hyppolite. 

Nous  laiíTons  aux  hiftoriens  la  difeuflion  du 
probléraequ  offreTexiftencedes  ama^ones  nous 
n examinerons  ces  héroines  célebres  que  par  rap- 
port  aux  arts  & aux  monumens  antiques. 

On  a répeté  mille  íois  , & nous  Tavons  dit  auífi 
plus  haut,  que  les  amargones  fe  brúloient  une  ma- 
mel'e , afin  de  t’rer  de  Tare  avec  plus  de  facilité; 
que^  leur  nom  venoit  de  cette  cruelle  opération , 
de  1 « privetif  & de/íéijor,  mamelle.  On  a méme 

cité 


AMA 

Cite  Híppocrate  a ce  fujet.  Mais  ce  tnédecin  cé- 
lebre n a parlé  dans  Tendroit  cité  que  des  jeunes 
farmateSj  & non  des  ama:¡^ones.  Aucun  écrivain 
anden  ne  íáit  menrion  de  cette  coiitume  fangui- 
ñaire  j ce  font  les  modernes  qui  ont  appliqué 
aux  ama^ones  ce  qu'Hippcrcrate  avoit  dit  des 
barmates. 

•rkl*  ínonamens  antiques  détruifent  encore  pías 
vmblement  cette  ridicule  opinión  5 car  aucan 
d eiix  ne  repréfente  ces  héroines  privées  d^une 
^amelle.  II  y a dans  Borne  feule  fept  ftatues 
d amarones  , qni  ont  toares  Ies  deux  feins.  On 

. /Y'  \ 1 _ « _ 


A M B 


I í ■ 


d une  medailie  de  Gallien  ^ fur  laquelleil  croit  voir 
une  amaione  privée  d une  mamelle.  Mais  la  pe- 
titeile  de  ce  monument,  & peut-étre  fa  vétufté, 
ont  trompe  cet  illañre  antiquaire.  MaíFei  n'a  pas 
ete  p.us  heureux  lorfqu^Ü  a apporté  en  preuve  la 
nyi^he  endormie  de  la  Villa-Mattei\,  appelée 
rauílemeat  Cléopátre. 

La  beauté  des  ama:!¡ones  étoit  une  beauté  de 
convenuon  exécutée  par  tous  Ies  artiñes  de  la 
mame  maniere.  Les  airs  de  tete  de  toares  ces 
fteroines  paroiíTent  avoir  été  pris  fur  le  méme 

“m une  phyfionomie  grave  , 
raelee  daffliétion  8c  de  douleur.  Toutes  leurs 
Itatues  ont  une^  bleffure  au  fein ; & celles  dont 
ia  tete  íeule  a eie  confervée^  étoient  fans  doute 
hgurees^  de  meme.  Les  fourcils  font  indiques  par 
une  arrete  vive.  Comme  cette  pratique  étoit  prin- 
cipalement  en  ufage  dans  Tancien  ñyle  de  la 
coniedurer  que  Vamaroae 
d Eteli,as ñatue  qui_,  préférablem.ent  á celles  de 
Polyclcte  & de  PhidiaSj  mérita  le  prix^  a fervi 
de  modele  aux  arnñes  qui  Pont  fuivi. 

Ceux  j dit  Winkelmann  ^ qui  ont  fait  reñaurer 
deux  amarones  de  grandeur  naturelle  au  mufeum 
du  «pitóle  , n ont  fait  aucune  attention  á ces 
cataderes  diñindifs  : aucune  des  tetes , ni  Pan- 
tique  ni  la  moderne,  n’eft  tfaccord  avec  la  ftatue. 

aL  bafe  d'une  de  ces 

cinquante,  nous  apprend 
5 e^^t  la  cinquantiém.e  de  Pen- 

cíens.  a"- 

^oujodrs  de  groffes  mamelles, 
ont  le  manaeion  cft  prononcé  , parce  que  ces 
heroines  étoient  des  fímmes.  ^ ^ 

une  feule  inture^'^fui  ^ 

les  guerripr«  ^ commune  avec 

n’eft  pas  nlacée  heroiques.  Cette  ceinture 

ponen,  comme  fe  ti"  í "r”’  “ ““1“"  >» 


une  ceinture  attachée  au-deñbus  du  fein.  Elle  eft 
Díeíiée  8c  tombe  de  cEeval, 

On  en  voit  une  morte  au  palais  de  Rome  anpelé 
ia  tarnefina;  cette  ñame  eñ  de  marbre  de  Paros. 
Entre  les  bas-reliefs  de  la  Vilia-Albani,  il  y en  a 
un  qui  reprefente  un  combar  des  amarones;  & 
Winkelmann  en  a publié  un  autre  dans  fes  Mona- 
mentí  inedztz  fnt  lequel  ces  héroínes  arrivent  au 
fecours  des  xroyens,  fous  la  conduite  de  ieuc 
reme  Penthéfilée. 

Virgile  parle  de  cette  reine  dans  P Jtnéide ; 
Ducu  ama^onidum  lunatis  agmina  peltis. 

Cette  pelte  dont  il  Parme , étoit  un  bouclier 
contourne  en  forme  de  croiñant.  íl  caraétérifoit 
es  ama^ones , ainfi  que  la  bipenne  , ou  hache  á 
deux  tranchans,  femblable  á celle  que  íes  artiftes 
modernes  placent  dans  le  miíieu  des  faifceaux, 
contre  I ufage  anrique  & Pautorité  des  monu- 
mens. 

Amazone^  On  en  voit  une  á cheval  fur  les 
medailles  de  Trajanopolis  , en  Phrygie.  D'autres 
province,  de  la  Lydie,  d’Ionie 
8c  d Aohe,  metroient  fouvent  fur  leurs  médailles 
3 OU  feulement  leurs  armes. 

.lirr  par-lá  Porigine  dont 

elles  fe  gíorifioientj  car,  felón  Diodore  deSicile 
Mynne  , reme  des  amargones  d’Afirique  , aprés  le 
combar  qu  elle  livra  aux  Gorgones,  traverfa  ces 
concrees,  oá  elle  batit  plufieurs  villes.  Elle  donna 
fon  nom  a celle  de  Myrina , 8c  aux  autres  ceux 
des  neroines  qui  1 avoient  accompa^née. 

AMAZOmuS.  ApoIIon  fiit  ainfi  nommé,  á 
caule  du  fecours  qu’il  avoit  donné  aux  Grecs 
contre  les  Amazones. 

Am^zo:sius.  Les  flatteurs  de  Pempereur  Com- 
luode  donnerent  ce  nom  au  mois  de  décembre, 
en  I honneur  d une  cqurtifanne  qufil  aimoit  éper- 
duement,  & qu  fi  avoit  fait  peindre  en  amazona. 
Ce  prince,  par  la  meme  raifon,  prit  auffi  le  fur- 
notn  d Ama:^onius» 

AMBA , en  Efpagne. 

Les  medaiíles  autonomes  de  ce  lieu  font  • 

RRRR.  en  bronzc.  (Hunur). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

AMBACTUS,  dans  Ies  Gaules. 

portent  cette  legenda  font ; 

KRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

^ Amsactus.  Les  Romains  donnoient  ce  nom 
a un  domeñique,  que  nous  ap^elons  commijfwn- 
naire.  Son  nom  venoit  8l  ambagere  , ancien  mot 
latín , qui  étoit  fynonyme  avec  ambire  , circum 
agere^,  &c.  faire  plufieurs  tours  & retours. 

Céfar  nomme  ambañi  une  efpéce  de  clients 
qui , fans  étre  efclaves , étoient  attachés  á quel- 
que  feigneur  ou  chef.  En  parlant  des  cavaliers 
gauloisj  il  dit  que  chacón  d'eux  , á proponioa 

S 


138  A M B 

«e  fa  naiíFance  & de  fon  bicHi  naenoit  a fa  fuite 
un  graná  nombre  de  cüents  & iícnzbacUs.  Eoram  , 
ut  quifqzie  efi  genere , copzi/que  ampUífimus  _J  ha 
plurimos  czrcum  feambaños  , ciientefque  kahet.  (De 
Dei!.  Gal!,  vi-  14). 

AMBAR\  ALES  j féte  Se  cérémonie  des  Ro- 
mains.  lis  Ies  célébroient  pour  obtenir  des  dieux 
une  récoite  avantageufe.  On  imrnoloit  une  géniíTe  , 
une  truie  pieine , Se  une  brebis  5 ce  qui  fit 
appeler  ce  facrifice  fuovetaurilia.  La  vittime  étoit 
promenée  autour  des  champs  j de-lá  vint  le  nom 
a arnbarvaies  q ambire  arva. 

Catón  (ie  re  rufticá,  c.  142)  nous  a confervé  la 
priére  qui  accompagnoit  le  facrifice  : Mars  pater 
te  precor quefoque  y uti  fies  voleas  propitius  mzni  , 
dozno  , familisque  nofirs.  ^ quojus  reí  ergo  agrum  , 
zerram. , f’j.nd.’J,m.que  mev.m.  fiolitaurilia  circumagi 
jiifil  : lit  tu  morbos  vifios  , iavzfiofique  j vzduertatem  j 
•vafiimdintmque  , calamitates  , intemperarUzafique 
proJizbeJfis , defiendas averruncefique  , utiquetufm- 
ges  , fruznenta  viñeta,  virgiUtaque  grandire ,,  bo- 
naqiie  evenire  linas  : pafiores , pecuaque  fialva  fier- 
vajfis  , dziifique  bonam  fiaiutem  valetudinemque  mzki  , 
domo  , f ami liaque  noflr&.  Karumee  rerum  ergo  fiundi  , 
ierre,  agrique  mei  lufirandi  , lufirique  faciendi  ergo, 
ficiit , dixi,  macie  hijee  fiolitaurilibus  lacientzbus 
imznolandis  eflo. 

” Mars  puiíTant,.  je  te  prie  Se  fupplie  ¿"étre 
favorable  á moi  , á ma  maifon  Se  á ma  famille  ; 
G’eíl  á ce  deiTein  que  fai  fair  promener  autour 
de  mes  champs  & de  mon  habirarion  Ies  victimes 
facrées.  Je  te  prle  encore  d^éloigner  Ies  maux 
viubles  ou  invifibles,  la  viduitéj  le  fer  ennemi(, 
Íes  calamites  Se  les  temperes  5 de  laiíTer  croítre 
6e  múrir  Ies  fruits.  Ies  grains,  les  vignes  Se  les 
bo!s.  Confen/e  fains  faufs  Se  les  paíleurs  Se-  le  bé- 
tad ; Se  donne-moi  la  fanté  Se  le  bonneur  , ainfi 
quá  mes  gens  Se  a ma  faraille.  Daas  cette  vucj, 
que  Ton  immole  les  vréiimes  pleines  ^ afin  que 
mes  terres  Se  mes  champs  foiem  purfñés  Se 
fanCcifiés.  ” 

Tiballe  fair  une  priére  difrérente  de  celle  de 
Catón,  (ti.  I.  ij  ; 

Quifiquis  adeji  , faveat  tfiruges  tujiramzis  & agros  y 
Rifas  ut  a prifieo  traditus  extat  avo. 

Et  n.  17  t 

Dii  patrii , pzJTgatnus  agros  , purgamics  agrejres  , 
V'os  mala  de  nofirzs  psUzte  Umitibus. 

On  en  tronve  encore  une  troifiéme  dans  Feñusj 
2U  mat  p efiejlas  : avenas  morbum  , mortem , labetn, 
nebulam  , imp etlginem , pefiefiatem.  » Ecarte  la  ma^ 
ladioj  ia  mort  . les  caiamitésj,  Ies  orages  j Ies 
irreendies  , Se  la  neííe.  ” 

La  céré.monie  des  Ambarvales  étoit  célébrée 
par  chaqué  pere  de  famille.  Se  parle  peu-p'e  Ro- 
jnain  lui-méme , qui  purifioit  par  ce  facrifice  toiites 
Ies  limites  Je  fon  territoire  , dans -le  tems  oil  elles 
a etQient  pas  éioignées  de  Reme  de  plus  de 


v_ 

A M B 

cinq  a fx  müies.  Les  Freres  Arvales  marchoíefit 
aiors  á la  tete  da  peuple , couronnés  de  chéne.  Se 
conduifant  trois  lois  les  viítimes  autour  du  do- 
maine  de  la  république.  Virgiie  a décrit  les  Am- 
barvaies  dans  le  premier  livre  des  Géorgiques « 
vrs  343  : 

Cuneta  tibi  cererem  pubes  agrefiis  adoret  : 

Cui  tu  lañe  favos  , & tniti  dilue  Baccko  , 

T erque  novas  circum  fielix  eat  koftia  frugts  , 
Omnis  quem  choras  & fecii  comiteraur  ovantes , 
Et  Cererem  clamor e vocent  te.  teña  , nec  ante 
Falcem  maturis  quifiquam  fiupponat  arijizs  , 

Quam  Cereri,  tortaque  redimitus  témpora  quercu , 
Det  motas  incompofitos  , 6’  carmina  dicat. 

Le  jour  oii  Fon  célébroit  le.s  Ambarvales  étoit 
un  jour  de  pirdíir.  On  honoroit  Cérés  Se  Bacchus, 
en  danfant  Se  en  chantant  des  Hymnes  en  leur 
lionneur.  Que!  étoit  ce  jour  ? Rofinus  croit  qu'ii 
nV  en  avoit  aucun  déíigné  á cet  eífet;  rr.ais  qu’on 
ne  manquoít  jamais  de  les  célébrer  dans  Fannée. 
Catón  femble  iníinuer  que  la  céiébration  en  étoit 
abfolument  volontaire. 

Queiques  écrivains  difent  que  les  Ambarvales- 
fe  célébroient  deux  fois  Fannée,  á la  finde  janvier 
ou  au  tr.ois  d’avri!.  Se  au  mois  de  juillet.  Cette 
dernicre  époque  s’accorde  avec  ie.  rems  de  la 
marunté  des  moiflbns  , maturis  arijlis  , dit  \ irgile 
dans  Fendroit  des  Géorgiques  cité  plus  haut» 
D’ailleuts  , Ovide  quí  a décrit  les  fétes  des  üs 
premiers  meis  de  Fannée  , n’a  point  parlé  des 
Amban^ales.  Elles  nefe  célébroieiitdonG  pas  avans 
le  mois  de  juillet. 

AMBASSADEUR.  Avant  d'extraire  les  ufages 
des  Grecs  Se  des  Romains  relativement  ?.ux  Am- 
bafíadeurs  , nous  ferons  deux  obfervations  qui 
jetteront  un  grand  jour  fiir  cet  anide,  Les 
Anciens  r/ont  connu  que  les  ambajfadeurs  extraor- 
dmaires  5 Se  Fon  ne  trouve  ebez  eux  aueun  vefrige 
de  ces  ambajfadeurs  ordinaires  , que  la  poiitique 
moderne  á créés  depuis  trois  fiécles , Se  eui  réíi- 
dent  fans  ceíTe  á la  cour  da  prince  auquel  ils  font 
envoyés. 

2°.  Dans  le  premier  age  de  chaqué  république 
Se  monarchie  , Ies  héraults  ont  fait  loñg-tems  les 
fondtions  ál ambajjadeurs  : Se  méme  ces  derniers 
ne  ñirent  refpeftés  depuis,  que  p3,r  égard  pour 
le  herault'y^cré  qui  Ies  accompagnoit  toujours. 
Ceíl:  pourquoi  Jes  plus  anciens  écrivains  ont  ra- 
remenc  diftingué  dans  leurs  récits  les  héraults  des 
ambajfadeurs. 

Ces  derniers  étoient  connus  diez  Ies  Grecs  fous 
le  nom  de  Se  étoient  choifis  á Athene? 

par  les  fnífrages  du  peuple.  lis  étoient  reverás 
^uelquefois  de^pleins  pouvoirs  , Se  ne  rendoient 
point  cotnpte  á leur  rerour  de  leur  geíHon.  : od 
xSS  appCiOlt  Avror-íárop-s.  Mais  pour  For— 

dinaíre  on^examinoit  rigoureufement  leur  con- 
j duite  j Se  Fétendue  qufils  avoient  donnée  á leurs 
1 poavcurs.  Le  tréfor  pubUc  Ies  défrayoit  pendaí* 


A M B 

íe  rems  de  V ambaífnde.  On  leur  donnoit  par  jour 
csux  ciragines , deux  ¡ivres , da  tems  d’Ariílo- 
pliane.  f Acarn.  aci,  l.  Se.  ij. 

Lonqii  un  amóajfadeur  des  Athé-niens  avok  me- 
nte par  íes  lervices  rípprobation  du  peuple , le 
fénat  lui  doniioir  un  repas  pubiic  daos  le  Pry- 
^ DrmojJhencs  ó'  Ulp-LcUy  Oreit.  defals.  Icg). 
On  fmpoíbit  au  contraire  une  forte  amende  á 
ceiui  dont  la  conduite  avoit  mecontenté  le  peuple. 
X-S  mort  étoit  la  punirlon  du  citoven  affrt:  té- 
rr^raire  pour  avoirfok  les  fonccions  ^ amhajfadeur 
fans  l'aveu  du  peuple  ou  da  Sénat.  (Démoji.  ibid ). 

Les  ambajfadeurs  des  Grecs  étoient  touiours 
accompagnés  d’un  hérault  . x.y,(v% , pour  i'endre 
leurs  perfonnes  facrées.  Auíli  Homére,  felón  la 
remarque  d iiudathe  , fl/i  lUad.j  fak-il  toujours 
preceder  par  cát  officier  les  ambaífadeurs  qu'UlyíFe 
envoíe  dans  fes  diíFérens  vpyages,  pour  connoitre 
les  pays  & les  nations  aapres  defquels  les  vents 
iontconduic  t toas  les  peuples  les  refpediérent^ 
excepté  les  léítrygops,  les  cyclopes , & les  autres 
iiordes  fauvages  qui  n'avoient  aucune  civilifation. 

Le  rnéme  roí  d’Ithaque  futenvoyé  avec  Méné- 
las  a Troye,  pour  redemander  Hclene,  & pour 
eviter  ce  liége  non-moins  célebre  par  fa  durée, 
que  par  fes_  fatales  fiiites.  On  volt  par  ce  choix 
de  deux  pnnees  illuílres , que  Fon  cherchoit  á 
concilier  aux  amhajfadeurs  le  refpeél  & la  con- 
fiance^  en  les  prenant  dans  la  claífe  des  hommes 
diílingues  par  le  merite  ou  par  la  naiíTance. 

Quoiqu  on  fe  permit  quelquefois  de  Ies  moleíler 
par  des  reproches  trop  vifs^  ou  par  des  railleries 
infultantes  , leur  perfonne  fut  toujours  facrée  j 
& _fur  ce  po!nt  les  loix  divines  & humaines 
etoient  parfaitemenr  d'accord  dans  Fantiquité. 
Hérodore  ne  raconre  qu'avec  horreur  le  crime  des 
Lacedem^oniens  j qui  maíTacrérent  \t%  amhajfadeurs 
de  Xerxés , & fes  faites  terribles.  Depiiis  cet 
Ette.nm  contra  le  droit  des  gens , les  dieux  irrites 
n agrécrent  plus  aucun  facrificej  aucune  priére  de 
ce  peuple  inhumain. 

^ Tcuchés  de  repentir  j Ies  Spartiates  envoyérent 
a Xerxe^  deux  de  leurs  citoyens  les  plus  diítin- 
gues  , ann  qu  i!  lavat  dans  leur  fang  Finjure  qu°il 
avoji.  reque.  Ma:s  ce  loi,  que  les  Grecs  vains  Se 
dedaigneux  appeloient  un  barbare  , ne  leur  fit 
aucun  mal.  A uieu  ne  piaife , leur  dst-il  entf  au- 
tres reproches , que  je  parrage  la  honte  dont  fe 
lont  souverts  vos  concitoyens  3 en  imitant  leur 
erraute  ! aprés  quoi  il  les  laiíTa  partir  fains  & 
aa  s.  Le  ciel , felón  Hérodote  , fut  moins  in- 
il  envoya  á Lacédémone  une  rnqr- 
■ ^ *1“^  enleVa  ¡es  enfans  des  meurtners. 

tiTVn-  caraótére  des  Lacédémo- 

o'"  ^ fot-  tiís  autres  Grecs, 

rhr^^  “ijou.cr  1 attennon  qu’üs  anportoient  a 
choiSr  pour  ambajjddeurs  des  citoyeks  divifés  par 
efpéroient  que  de  tels 


A M B 


159 


P^ps  le  tems  de  leur  fplendeiir  & de  leur  r> 
vante , Sparte  & Amenes  fe  fiifoient  uce  gloire 
voir  un  grana  nombre  & amhajfadeúrs  venir  de' 
manuer  leur  ahi.uice  8¿r  leur  proteélion,  C étoft 
a J^ur  gre  le  plus  cei  nommaqe  cu’on  pouvoit 
leur  renare  ; & celle  des  deux  vüies  qui  reeevoic 
ie  p.iis  edes , croyoit  t; lompher  de  fa  rivale. 

^es  i.omains  adopterent  leo  principes  des  Grecs 
lur  les  ambaJTades  & for  les  citoyens  qui  en  étoient 
Ci.arges.  Ls  leur  accordejent  le  droit  honorab'e 
de  porter  un  anneau  d or  j & ils  lear  élevoient 
une  ,.atiie  Xorfou  ils  avoient  été  tués  dans  Fex^^r- 
cice  de  icurs  foníiions.  Les  ambajfaaeurs  des  Ro- 
mains  fe  couro.nnoient  ordinairement  de  vervenne 
ou  de  branc.hes  dfolivier. 

^ En  arr’vanr  auprés  de  Roriie , les  amhajfadeurs 
etrpgers  donnoierst  avis  au  !enat  de  leur  venue. 
CciUi-ci  leur  envoyoit  des  députés  pour  en  ap- 
prendre  la  caufe  ; sdis  étoient  amhajfadeurs  des 
peupies  en.nemis  , on  ne  leur  permettoit  pas  d’e.n- 
dans  Reme,  de  crainte  qadis  ne’Fexamí- 
naífont  en  efpions.  Mais  aprés  les  avoir  tenus 
reníermés  drns  une  maifon  hors  de  li  viile,  on 
-eur  renaoit  la  réponfe  du  fénat , & ils  étoient 
contraints  de  fortir  fous  trés-peu  de  tems  de 
1 itaae  entiere.  Si  au  contraire  ils  étoient  envoyés 
par  des  allies , ou  ¿es  peuples  amis  , des  queíleurs 
venoient  les  recevoir  hors  ce  Rome  , & Ies  con- 
duifoient  d aoord  au  temple  de  Saturne,  pour 
jcs  y faire  inferiré  & reconnoitre  oar  les  sardes 
da^tréfor  pubiic.  ' ^ 

l'luLarque  {Qusfi.  Rom.  41')  demande  pourquoi 
lis  commencoient  par  viíiter  ce  temple.'  Les  uns 
croyoient  que  c'étoit  á caufe  de  leur  qualité  ' 
va répubiique  , Saturna  Dréíidant  á 
1 hofpitalite.  Mais  1 hiítoire  lui  offre  une  raiíbn 
p.us  vraifemolable.  ii  etoit  d'ufage  dans  íes  pre- 
miers  íiécles.  de  Rome  , que  les  gardes  du  tréfor 
pubiic  detrayaíTent  Ies  amhajfadeurs  , DriiEent  foin 
ae  leur  fanté  & de  leurs  funérailles  sd¡s  mou- 
roient  pendant  leur  féjour.  II  etoit  done  nécef- 
faire  cu'ils  commencaíTent  par  fe  faire  inferiré 
íur  les  regíftres  des  gardes  du  tréfor  pabiie  an 
temple  de  Saturne.  Le  graad  nombre'  des  am- 
baj^deurs  étrangers  qui  arrivoient  iour.nellement 
a Rome  , fit  retrancher  depuis  les  íbmraes  qu’on 
foMniffoit  pour  leur  entrenen,  fans  que' Fon 
ceífár  cependant  de  les  mener  au  temple  de  Sa- 
rurne , Se  de  Ies  préfenter  aux  gardes  du  tréfor 
pubiic. 

De  ce  temple , on  les  condaifoit  á Faudience 
du  Senat , Se  ils  en  attendoient  le  moment  dans 
une  falle  bátie  á ce  deífein  auprés  de  ia  curie 
d Hoñilius , Se  appelée  Gr&ccjiaps.  Le  fénar  leur 
donnoit  audience  mema  dans  le  mois  de  fcvrier, 
lorfqu'i! . en  étoit  requis  par  ie  premier  magiílrat 
de  la  ville  , aunuel  les.  ambafadeurs  en  formoie.nt 
la  demande.  Étant  introduits , ils  parlofent  par 
interpretes  , mema  ceux  qui  étant  Grecs  anroient 
pu  _s'expliquer  daos  leur  langue  natureiie , que 

S ij 


T40  A M B 

tous  Íes  Sénateurs  & tous  Ies  gens  bien  nés 
enfendoient.  Cer  nfage  bizarre  ne  fut  aboli  qu’en 
faveur  dn  rhétear  Molon , ce  maítre  célebre  de 
Cicerón.  Vaiere-Maxime  j ( ii.  x.  3 ). 

Les  fénateurs  Ies  ir.terrogeoient  enfuite  avec 
ragrément  du  chef  du  fénat.  Tite-Livej  (30.  xx). 
Ciim  .more  tradito  a patribus  j potefiatem  inttrro- 
gandí,  fi  quis  quidvellet , legatos préLtor  fecijfet , 8cc. 
Chacun  d’eux  s^eíForcoit  de  les  embarraffer  par  fes 
queftions  j Se  de  leur  arracher  des  aveux  útiles 
aux  Romains.  Aprés  ces  interrogations  , Ies  Am- 
baííadeurs  fortoient  du  Sénat  ^ & n’y  rentroient 
que  pour  apprendre  de  la  bouche  du  préfident 
la  réponfe  que  Fon  avoit  difcutée  & préparée 
avec  grand  loin. 

AMBEGNES  oa  ambiegnes-  Fbyq;  Hosties. 
AMBIRE.  Voyez  Casdivat. 

AMBITION  ; Ies  Romains  avoient  elevé  un 
temple  á Yambídon;  cétoit  en  eíFet  la  divinité 
á laqueile  ils  ont  le  plus  facrifié  : on  la  repré- 
fentoit  avec  des  aíles  au  dos , & íes  pieds  nuds  , 
pour  exprimer  Fétendue  de  fes  deíTeinSj  & la 
promptitude  avec  laqueile  elle  veut  Ies  exécuter. 

AMBITUS.  Loríque  ce  mot  eíl  relatif - aux 
Canoidats.  V^oyeq^  cet  article. 

AMBITUS  íignifioit  auífi  circuit , pourtour, 
C’efl  dans  ce  fens  qu’il  étoit  employé  par  les 
architeéles , pour  exprimer  Fefpace  de  terrein  qui 
étoit  refpeclé  fcrupuleufement  devant  & derriére 
les  monumens  funéraires.  Tout  le  champ  dans 
lequel  on  élevoit  un  tombeaUj  ne  devenoit  pas 
un  endroit  facré  & inviolable ; mais  cet  honneur 
étoit  réfervé  au  pourtour  du  monument , & Fon 
fixoit  ordinairementfon  étendue  dans  Finfcription  ¡ 
par  des  expreílions  analogues  á celle-ci  : Iv. 
Erokte,  Pedbs.  tot.  Ik.  Agro.  Peües.  tot. 

AMBITU S eñ  encore  employé  par  Tertullien , 

( de  P aillo  , c.  y ) , pour  exprimer  Fampleur  de  la 
j.  parce^  qu^’elle  entouroit  le  corps  de  ceiui 
qui  la  portoit.  , 

AMBO  j déeííe.  Tithrambo. 

AMBRACIA  j dans  FÉpire.  Ambp. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRR.  en  argent. 

R-R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Leur  type  ordinaire  eíl  Pégafe. 

AMBRE  i'aune  5 faccínum.  La  fable  dit  qu’il 
fut  formé  des  larmes  que  répandirent  Ies  fceurs  de 
-Phaéton.  Les  recherches  & Ies  analvfes  des  chy- 
miíles  modernes  , nous  ont  appris  que  cette  fubf- 
tance  étoit  un  bitume  formé  par  LépaiiCírement 
d'une  réfine  inconnue,  que  la  mer  détache  des 
terres  inondées , & rejette  enfuite  íur  fes  horas. 
Pline  étoit  auífi  inílruit  que  nous  fur  fa  nature  ; 
8e:  nous  partageons  encore  Fiacertitude  ou  i!  étoit 
fur  Fefpéce  de  Farbre  qui  produit  tambre. 

Cette  fubftance  étant  rare  & apportée  des  con- 
trees  feptentrionales  de  FEurope , fut  achetée  á 
grands  frais  par  les  Grecs  6c  k%  Romains.  Us  la 


A xM  B 

frene  entrer  dans  leur  parure^  8c  tambre  jaune 
fervit  á faire  des  bijoux  de  toutes  fortes.  Pline  fe 
recríe  contre  ce  luxe  frivole  avec  Fénergie  qui  le 
caraétérife.  (izó.  30^  c.  z & 3)  : 

“ Le  rivage  de  la  Germanie^  d'oú  on  nous 
apporte  tarnbre  , eíl  éloigné  d'environ  íix  cens 
mille  pas  de  Carnuntum,  ville  de  Pannonie..., 
Parmi  les  objets  d°  agrément  , tambre  tient  fa 
place  d’abord  aprés  le  cryílal  : réfervé  cependant 
jufquici  á la  parure  des  fenimes^  on  eíl  encore  a 
deviner  ce  qufil  peut  avoir  de  flatteur  par  lui- 
méme ; c’eíl  la  frivolité  des  Grecs  j 8c  leur  raífi- 
nement  qui  Font  mis  á la  mode....  Le  plus  pré- 
cieux  eíl  le  falerne^  ainli  nommé  á caufe  de  la 
couleur  du  vin  de  méiiie  nom^  dont  il  imite  la 
tranfpareflce  & le  brillant....  Enfin  on  met  des 
plaifirs  de  puré  fantaifie  á un  fi  haut  prix , qtfune 
petite  figure  é’ambre  travaiilé , s' acháte  plus  clKr 
que  des  hommes  pleins  de  vie  8c  de  torce.  » 

DC.  Fere  M.  pajfuum  a Carnimto  Parmon.it 
abejl  littiLs  id  Germarún , ex  qao  itivehitur,  per- 
cognitum  niíper  ( faccínum ).  Proximam  locam  in 
deliciis  fsiminarum  temen  adhuc  tantíim  , fucciní. 
obtinent  , eamdemque  om.nia  k&c , qaam  gemms.  ^ 
autoritatem  , fane  majorem  aliquihas  de  caufis 
cryjiallina  -&  marrhina  , Jrigídí  potas  atraque.  In 
fuccínis  caujfam  ne  delicia  quidem  adkuc  excogittr- 
verant , occajio  eji  vanitas  Grecorum  diligentisi. 

(Cap.  3)  : Taxatio  in  deliciis  tanta , ut  hombiis 
qaamvis  parva  efigies  , vivorum  kominum  vigen- 
tiumque  preda  fuperet. 

Le  détail  fuivant  donne  la  plus  forte  idee  de 
Fexcés  auquel  cette  efpece  de  luxe  étoit  porté 
chez  les  P^omains. 

” Julien^  qui  préparoit  un  combar  de  gladia- 
teurspour  Femperéur  Nerón envoya  un  chevalier 
romain  , yifiter  les  endroits  oü  fe  fait  le  com- 
merce  de  tambre  .■  il  parcourut  les  cotes,  & rap- 
porta  de  tambre  en  fi  grande  quantité , qu’on  en 
garnit  les  maiiles  des  filets  qui  mettent  le  podium 
a couvert  des  béres , 8c  que  les  armes  des  giadia- 
teurs , leur  attirail  fúnebre,  enfin  , tout  Fapparei! 
cFun^des  iours  de  fpeclacle  , fut  fait  hambre  tra- 
vaiiie  : le  plus  gros  morceau  qu  il  apporta  pefoit 
treize  livres.  == 

(íbid.)  : Vidit  enim  eques  Romanas  mijfus  ad 
id  comparandam  a Juliano  curante  gladiaíoriuin 
rtiarULs  Neronis  principis  , qui  híc  commercia  & 
iittora  peragravit  , tanta  copia  Invecia , ut  retía 
arcendis  feris  podium  protegenda  fuccínis  notarentur 
(veljiodarentur)  , arma  vero  & Ubidna , totufqut 
undís  diei  apparatus  efet  e fuccino.  Máximum  pon- 
das is  gleb&  attulit  xiii  librarum. 

Pline  nnit  par  cette  énumération : 

jsXes  pieces  de  metal  de  Corinthe,  plaifent  par 
le  melange  du^  bronze  av'ec  For  & Fargent  5 les 
ouvra^es  de  cizelure,  par  Fart  & le  géniej  les 
murrhina  8c  les  cryílaux  fervent  du  moins  á bo-ire 
rrais  5 les  perles , parce  qu’elles  font  Fornement 
el  une  tete  j les  gierrerks , parce  qu’elles  font  ceJal 


A M B 

áes  doigts ; en  un  mot_,  dans  toas  les  excés  videux, 
on  cherche  a reprérenter  ou  a joair  : dans  la  paf- 
£on  pt)ur  Yambre , il  nV  a qae  íe  plailir  fecret  & 
borne  de  fe  fátisfaire.  In  fuccinis  deliciarum  tan- 
tum  confcientia.  II  fe  moque  auffi  de  ces  hommes 
déücats  & voluptueiiXj  qai  préparoient  eux-mémes 
des  champiguons  avec  des  couteaux  á’ambre  & 
des  uñeníiles  d’argent.  ” 

Le  comte  de  Caylus  a fait  deífiner  {Rec.  m , 
/>.  I p I .)  un  peut  buííe  hambre.  II  feroit  diíEcile  d’en 
tireraucun  avanrage  pourlesarts.  Cene  tétejcou- 
ronnée  de  laurier  ^ ne  reíTembk  , dit-il  ^ á aucun  em- 
pereur  5 & li  elle  eíl  andque-j  car  le  travail  fur  cette 
matiére  eñ  toujours  lache,  & roriginaüté  s’y  fait 
fentír  avec  peíne  , on  ne  pourroit  attribuer  cé 
monument  quku  Bas-Empire,  fur-tout  á caufe 
da  goút  de  rornement  fur  lequel  ce  bulle  eíl 
étabü.  Au  relie  ,3  ce  morceau,  dont  la  coaleur  efi 
foncée  , ó"  qui  , par  cette  raifon  , pourroit 
mériter  le  nom  de  Falerne  , efi  travaUlé  de  toas  les 
cotes  , & percé  de  has  en  haut  : ainfi , il  peut  avoir 
fervi  d üTTiulette  , ou.  plutot  d une  forte  de  parure* 
Nous  avoBS  vu  qukn  morceau  hambre  étoit 
paye  a Rome  plus  cher  qu’un  efclave  Fort  & ro- 
buíle.  Mais  quand  Plme  nkuroit  ríen  dit  da  prix 
exceíiif  que  1 on  y mettoit , nous  Faurions  ima- 
gmé  aifément,  en  voyant  Ies  moyens  dont  on 
s eíl  fervi  pour  le  contrefaire.  L'art  ne  cherche  a 
imiter  -que  les  fubílances  précieufes. 

Le  meme  favant  antiquaire  pofledoit  un  amú- 
lete perce  dans  fon  ornement  pour  étre  porté 
au  col  : ii  étoit  d’un  verre  qui  imitoit  Yambre. 
La  iornie  de  ce  petit  monument,  & le  fujet  mouié 
& traité  en  relief,  nktoient  point  ordinaires;  la 
compolitipn  repréfentoit  un  Amour  á cheval  fur 
étendoit  les  bras  vers  le  ciel , comme 
sil  eut  demandé  du  fecours. 

On  voyoit  auíli  dans  fa  colleélion  un  fragment 
de  vafe  imitant  parfaitement  Yambre.  Examiné  par 
ces  naturaliíles , il  fut  reconnu  pour  de  la  réíine 
cópale , improprement  nommée  gomme.  On  fait 
que  les  brocanteurs  ufent  encore  aujourd'hui  de 
cette  fupercherie  pour  tromper  les  amateurs , & 
que  Ja  cópale  eíl  la  réíine  dans  laquelle  ils  intro- 
duifent  mutes  fortes  d mfedes  & de  corps  étran- 
gers , ann  de^  mieux  imiter  Yambre  jaune. 

II  ne  paroit  pas  que  Ies  -anciens  ai'ent  connu 
am^re-^gns  peut-étre  Femployoient-iis  dans  la 
c ^mpoiition  Ges  parxums  5 mais  ils  n ont  ríen  écrit 
bírm-  nature , qui  eíl  encore  aujourd'hui  un  pro- 

Am'eROISIE.  C’étoit  un  aliment  á Fufase  des 


A M B 


141 


dieux  , ainíi  que  I 


F 


neétar.  Amhroifie , íuivant 


etymoiogie  greccue  , fignifie  immortel , foit  parce 
qa.  c etoit  Ja  nournture  des  immortels,  foit  parce 
quelle  commumquoit  Fimmortalité  á ceux^ Tul 
en  prenoient.  Ckíl  un  des  points  de  la  MvrT 
I"?».  lei  diffidles  i =?la¡r3-r7±"¿  r°: 

k“  dlir"™  & I!  í-on  buvoi, 

eét-r,  ou  fi,  au  contraire,  le  neétar  étoit 


unaiiment  fclide,  & Ycmbroif.e  une  üqueurj  mais 
lí  importe  peu  de  conci.ier  lá-deííus  les  fentimens 
ccatraires  j 1 opinión  la  plus  commune,  & oui  a 
ete  adoptee  par  Homére , eíl  que  Fon  mangeoit 
, ambroifie  & que  Fon  buvoit  le  nedar.  II  n'efl  pas 
moms  chfficile  de  déterminer  la  nature  de  Yam- 
broijie  Ibiciis  a crii  en  donner  une  haute  idee, 
en  difant  qu  elle  eíl  neuf  fois  plus  douce  que  le 
miel,  & qaen  mangeant  celui-ci,  on  éprouve 
la  neuvieme  parné  du  plaifir  que  Fon  goúteroit 
en  íe  nournílanc  ¿Y ambroifie.  Quand  les  Grecs 
vouloient  célébrer  la  féte  de  la  ílatue  de  Júpiter 
Cteiicnj  lis  fairoieñt  des  libations  d^’une  liqueur 
qu  ils  appeloient  amhroifie  ,•  c'étoit  une  compofi- 
tion  de  miel , d eau , de  fucs  de  fruits'  de  toute 
e^ece.  Quant  au  neélar , les  habitans  du  mont 
Olympe  s'imaginoient  en  faite  en  mélant  enfemble 
du  vin , du  miel  & des  íleurs  odoriférantes. 

Tout  ce  que  Fon  trouve  furForigine  du  nedar 
& de  \ amhroifie , c eíl  que  Y ambroifie  coula  pour 
la  premíete  fois  d’une  des  comes  de  la  ch^vre» 
Amialthée,  & que  le  néctar  fortit  de  Fautre.  Les 
dieux,  avant  cette  époque , vivoient  uniquement 
^ia^fumée  de  Fencens,  & des  exhalaifons  des 
íacriílces.  Le  ne6tar^  ruivant  Homére^  étoit  rouge 
Perfonne  na  parlé  de  la  couleur  de  Yambroit'z 
mais  Homére  a dit  qu'elle  fervoit  á faite  du  beume, 
de  1 huiie  & de  la  pommade.  Quand  Junon  s arma 
de  tous  fes  traits  pour  féduire  Júpiter,  elle  pric 
un  hz\n  A ^hroifie  j elle  parfuma  fes  cheveux 
avec  de  i eílence  d amhroifie  répandoit  autour 
d eLe  une  odeur  divine,  & renouveloit  Ies  cendres 
deiirs  de  ceux  qui  la  refpiroient.  ■ 

Lorfque  Vénus  marchoir,  dit  Virgile,  fes  che- 
yqux  mouillés  ¿Yambroilie  exhaloient  une  odeur 
divine  5 la  jeune  Hébé  ne  reíjiiroit  dans  tout  fon 
corps  qnambroijie  & nedar.  .Ainíi , outre  Yam- 
broifie  , il^y  avoit  de  Feau  ^amhroifie.:,  de  la 
quintenence  á amhroifie , de  la  pommade  & de 
la  pare  Sam.broifiei  en  un  mot,  on  voit  par- 
tout  que  Fon  reconnoiífoit  les  dieux  & les  déeiTes 
a Foáeur  qui  les  accompagnoit  & qu  ils  laiffoient 
apres  eux,  & que  cette  odeur  étoit  celle  de  Yam- 
broifie.  Mais  ríen  ne  prouve  mieux  Jes  eíFets  de 
Y amhroifie  , confidérée  comme  matiére  odorifé- 
rante,  que  Faventure  de  Ménélas.  V.  Eidotée. 
Le  neéla,  n eíl  pas  moms  celebre  pour  fon  odeur 
que  Yambroifie, 

Vambroifie  avoit  encore  une  autre  propríété; 
eJe  confervoit  Ies  morts  ; elle  faifoit  plus , elle 
commumquoit  aux  hommes  Fimmortalité  5 elle 
retablilFoit  les  forces,  rendoit  la  fanté , guérijfibit 
les  bleíTufes.  U amhroifie  & le  neélar  étoient  nécef- 
faires  aux  dieux  mémes ; ils  n en  pouvoient  fup- 
porter  la  privaticn  , fans  dépérir  viliblement : 
la^défaillaíice  de  Mars , quand  il  fiit  enfermé  par  les 
Aloídes , en  eíl  la  preuve.  ils  le  tinrent  treize 
mois  en  prifon,  & le  nourrirent  forr  mal.  Quand 
Mercure  vint  le  délivrer  , il  le  trouva  defféché , 
fans  voix  & fans  forcé  j le  nedar  le  rétabiit 


142.  A Al  B 

fur-le-champ.  La  méme  chofe  arrivoit  á tous  les 
" dieux  que  Júpiter  privoit  du  neólar  & de 

/ pour  avoir  juré  lual-á-propos  par  le  ítyx. 
V.  Styx.  Les  dieux  ne  prenoiént  pas  íéulement 
du  neétar  par  néceffitéj  ils  en  prenoient  encore 
par  habitude  , par  goúr  ^ par  défouvrement ; il  ue  fe 
tenoit  aucun  confeil  dans  rOiympej  qu’on  ify 
fervít  du  néctar. 

Au  refte il  y avok  de  Xamhtsífie  de  diíférens 
degrésj  celle  done  les  divinités  fub'unaires & 
psrincipaleiuentles  nymphes  faifoient  ufage  j n'étoit 
pas  á beaucoup  prés:,  d’une  auíii  bonne,  quaüté 
que  celle  dont  ufoient  Ies  dieux  céleftes.  íl  paroit 
aufli  que  les,  dieux  ne  faifoient  pas  de  Yambrolfie 
Jeur  unique  nourriture  ^ 8c  qu  ils  mangeoienc  auííi 
du  pain.’  Erese. 

Ambroisie  j filie  d’AtlaSj  fut  une  des  hyades. 
K.  Kyades. 

AMBROSIES  , fétes  célébrées  dans  Tíonie  & 
dans  'prefque  tomes  les  conrrtes  de  la  Grece , 
en  Fhonneur  de  Bacchus , au  tems  de  ¡a  ven- 
dange. 

Gn  les  sppeloit  'aaíTi  Choa  ou  Len¿ía  , parce 
qu'on  les  célébroit  dans  le  mois  lendon,  confacré 
á Bacchus. 

AMbUBAIJE.  Horace  {Sat.  i.  1.  3.)  dit: 

Amhíibaiarum  colhgia.  ¡ ■pharmacovold. 

Ses  interpretes  orí  donné  pluíieurs  íignifica- 
íions  diítérentes  au  mot  ambiibaia.  ¡ maís  il  n’y  a 
oue  la  fuivante  de  raifonnable.  Horace  parle  de 
ferrsrr.es  venues  de  Syrie  ^ qui  fe  tenoient  ordinai- 
rement  dartó  le  grand  cirque  & dans  les  lieux 
pubücs,  oá  eües  amufoient  par  des  chanfons,  & 
par  le  fon  des  inílruir.ens  qkelles  avoient  apportés 
de  FAfie.  A ces  taLns  agréabies^  elles  joignoient 
un  überdiiage  honteuXj  qui  les  couvroit  d'op^ 
probre. 

On  fait  que  !a  Syrie  étoit  en  -réputarion  de 
fournir  les  meillerrrs  hisdrions  , baladins  j chan- 
teurs  & joueurs  d'íníírutnens.  Ceíl  á cela  que  fait 
ailuíion  JuvenaL  C S^at.  iii,  61.  ) : 

Jam  pridem  Syrzis  in  Tiberim  defluxlt  Orantes 

Et  linguam,  & mores  , & cum  tibicine  ckordas 

Obliquas  , nec  non''genÚlia^í.ympana  fecum 

Vexit , ií  ad  circum  jujjds  profiare  paellas. 

Suétone  peint  Fempereur  Néron  fe  faifant  fervir 
3 rabie  par  ces  fenrmes  fyriennes,  & par  Ies  autres 
courtifannes  de  Rome  : Coenitahat  nun  numquam.... 
Ínter  feortoram  totius  urbis  , ambabajarumque  mi-r 
nifieria. 

AMBULATIO.  V.  Portique. 

AMBULII.  Júpiter^  Minerve  ^ Caftor  & 
Pollux  portoient  ce  nom  á Lacédétnone  ^ oú  ils 
ayoient  des  autels  places  auprés  d’un  vafte  por- 
tiQue  , dans  lequel  les  habitans  alloient  fe  pro- 
mener.  On  fait  venir  le  furnom  ««csAíW  du  mot 
3 retard  ; parce  qu’on  croyoit  que  ces  divi- 
iutes  retardoient  Finílanr  de  la  mort. 


AME 

AMEURBALES,  Ambureiales  ou  Ambur. 
BTUM , fétes  qu’on  célébroit  á Rome  en  faifant 
des  proceffions  autour  de  ■ la  ville.  Elles  répon- 
doient  aux  ambarvaies  & on  y pratiquoir  "les 
mémes  céréir.ordes.  Lucain  fi't  la  defeription 
d’une  ambarbale  dans  fa  Pharfale.  (Liv.  i , v.  JjJij 
&Juív.)  Les  vidtirnes  que  Fon  conduifoir  autour 
des  murs  de  la  ville  ,,  s’appeioient  auííi  amkur- 
bales. 

On  célébroit  ces  fétes  lorfque  des  prcáiges 
avoient  alarmé  les  citoyens;  & Fon  y puriSoit 
la  ville  menacée  de  malheurs  ^ en  brulant  des 
torches,  du  foufre,  & en  répandant  de  Feau. 

AMBVSTUS , furnom  de  ia  familie  Fasta. 
I!  luí  venoit  de  ce  qu’un  des  Fabius  avoit  été 
frappé  da  ton.nerre. 

AME.  Les  opinions  des  anciens  fur  la  natura 
de  Yame,  appartiennent  á la  Fkilofophie  ancienne; 
c’eíí  pourquoi  elles  ne  doivent  pas  trouver  place 
dans  cet  árdele.  Nous  ifen  parlerons  que  relative- 
ment  á la  Mythologie , aux  ufages  que  ces 
opirdons  ont  fait  naítre. 

Les  anciens  croyoient  que  les  ames  ne  mou- 
roient  pas  avec  les  corps  ; mais  qu’elles  étoient 
douées  aprés  le-  trepas  d’une  s'ertu  céleíie  qui 
les  confervoit  atrentives  aux  événemens  fubiu- 
naires.  C’eíl  pourquoi  ils  Ies  prenoient  a témoinj 
comme  íi  elles  euíTent  été  placees  fous  leurs  yeux. 
Germanicus  {T-aclt.  Anual.  /.  43-  3.)  adreíTe  la 
parole  aux  ames  d’A.uguííe  & de  fon  pére  Drafus: 
Tua  dive  Augufie  cáelo  recepta  mqns  ^ tua,  pattr 
Drafe  , imago. 

Les  phiiofophes  difoienr  que  les  ames  des  morts 
étoient  purifiées  de  leurs  fouülures  par  le  moyen 
da  trois  élémens  , de  la  terre  ou  du  feii  qu’Üs 
croyoient  homogénes^  pour  Ies  plus  criminellesj 
de  Feau^  qui  recevoit  fous  !a  forme  de  poiíTons 
les  ames  moins  coupables ; & de  Fait  enfin , cui 
retenoit  fufpendues  8c  errantes  dans  fon  fein  les 
ames  légérement  entachées.  Virgile  expefe  cene 
doclrine  dans  le  lixieme  livre  de  F-^néide , 
vers  739 : 

Ergo  exercentur  poenis , veterumque  malorum 

Supplicia  expendant,  Aiis,  paniuntur  inanes 

Sufpenfd  ad  ventos  : aliis  fah  gurgite  vafto 

InfeSum  eluitur  feelus  , aut  exaritur  igni. 

De-Iá  vinrent  les  trois  efpéces  d’expiation  ou  de 
purgation  uíitées  dans  les  facrifices  ^ par  le  moyen 
des  torches  ^ de  Feau  & de  Fair.  Un  beau  vafe 
étrufqae  da  comte  Hamilton,  nous  offre  le  mal- 
heureux  Oreíle  accroupi  fur  un  autel , ¡es  mains 
liées  derriére  le  dos,  qui  eft  purifié  de  fon  parri- 
cide  par  les  torches  desjprétreífes.  La  purincation 
de  Feau  fe  pratiquoit  par  Fafperíion  de  Feau  luf- 
trak  , ou  par  les  bains  pris  dans  Ies  fontasnes 
facrees.  Quant  á celle  de  Fair,  elle  fiit  pratiquée 
par  les  Athéniens , qui  , pour  expier  le  íuicide 
d’Engone  , cccaíionné  par  leur  négügence , Ys 
balanjoient  avec  des  cordes  pendant  les  fétes 


A M E 

appelées  aleudes  ou  éorics.  Ayant  été  ainfi  puri- 
íiées  par  les  éiémens  ^ les  ames  étoieni;  re^ues  dans 
les  champs-élyíees, 

On  croyoit  que  ^amt  fcrtoit  du  corps  par  la 
laouche  j de-la  vinr  1 expreíiiou  latine  , animaTn  in 
primo  ore , vel  Labris  ¡enere , que  rend  fi  bien  la 
pnrafe,  avoir  1 ame  Tur  les  lévres.  De-Iá  vint  qu’áu 
moment  ou  un  malade  étoit  prés  d’expirerj  fes 
pareos  ou  fes  amis  approchcient  leurs  vifages  du 
íien,  pour  recevoir  fon  ame.  Hs  recueilloienr  avec 
aiitant  de  foin  fes  derniéres  paroles.  lis  croyoient, 
en  eíFet,  que  Y ame  fe  dégageant  des  liens  ter- 
refíreSj  puiífoit  déjá  des  perxeCtions  pr^pres  aux 
inteiligences  céieftes^  & en  particulier  de  Fefprit 
prophétique._  C’eít  pourquoi  on  trouve  íi  fouvent 
dans  les  anciens  écriv^ains^  les  derniéres  paroles 
¿e  ceux  dont  ils  tracent  la  \ñe  ou  les  exploits. 

Apres  la  fépulture  > on  penfoit  que  les  ames 
• des  méchans  feuls  reñoient  furia  terre,  & erroient 
autour  des  tombeaux  pour  expier  leurs  crimes. 

Elies  conferyoient  une  partie  de  leur  caradtére 
Vicieux,  & aimoient  le  fang.  Pour  les  fátisfairCj 
on  leur  immoloit  des  captifs  ou  des  efclaves 
adietes  a ce  deííein.  Les  giadiateurs  furent  fubf- 
tirues  par  la  faite  a ces  victunes  tnalheureufes  , 

& i on  ñt  un  jeu  j un  exercice  public  de  ces 
meurtres  odieux. 

Quelques-uns  croyoient  avec  les  mérempfyco- 
Éñes  , que  les  ames  palToient  dans  les  corps  de 
diíFcrens  animaux  pour  expier  leurs  crimes  ^ ou 
dans  ¡a  fubftance  des  féves.  Mais  on  étoit  per- 
fuadé  que  celles  des  empereurs  s'e.nvoloient  au 
ciel,  portees  par  des  aigles^,  que  Ton  faifoit  voler 
du  haut  de  leur  búcher,  Quant  aux  ames  des  fui- 
cides  , elles  cxpioient  leurs  attentats  ev  errant 
pendanr  autant_  d’années  qu  elles  en  auroient  du 
Vivre.  De-lá  vint  Fufage  des  Romains , de  oro- 
clamer  que  le  niort  aux  funérailles  dnquel  on 
pvitoit  fes  amis  , n’avoit  point  été  privé  de  la 
iurniere  par  la  violencej  le  meurtre  ou  le  poifon. 

Ame.,  Le  papiiion  étoit  le  fymbole  de  IW^ 
que  .es  Crees  appellent  Pfyeké.  On  trouve  auel- 
quetois  Cupidon  tenant  un  papiiion  par  les  ailes^ 
pour  expnmer  Fefclavage  ou  eíl  réduite  Y ame  qui 
le  laiJe  maitrifer  parFamour.  fC  Psyché. 

y/inkelmann  a'publié  dans  fes  Monumenti  ine- 
n°  170  une  allégorie  plus  facile  á cntendre, 

& dans  laqueiie  1 ame  eft  repréfentée  par  un  pa- 
Fdipn , fon  fymbole  ordinaire.  C eft  une  pare 
snnque  du  barón  de  Stofeh.  On  v voit  Piaron 
I L & méáitant  profondément 

u-  el  une  tete  ,ae  mort.  íiir  laaueile  eñ  pofé 

AMELIU M.  Voyer  M^LTa 

un  I^u  fouterrain  ou  dans  le  ceníre  de  wf  ^ 

qui  recoL  fofo  A celui 

qü-  re^oiv  & qm  dorme  3 parce  qufon  fuppofoií  mor. 


AME 


M5 


pue  ce  goiiíFre  qui  recevoit  Ies  ames  ¡ les  rendóte 
de^  meme  ^ & qu'au  forrir  de-lá  . elles  aiioient 
haoiter  d autres  corps.  V.  Ades. 

■AMílIsT u^M.  C'étoit  le  nom  de  la  courroie 
qui  fervoit  a reteñir  les  lances  j lorfqufoh  en 
portoit  un  coup  á Fennemi.  La  longueur  & la 
pefanteur  de  cette  arme  rendoient  cette  précau- 
non  néceíTaire.  Le  foidat  paffoir  un  doigt  dans 
la  courroie.,  pour  iancer  fa  pique  avec  plus  de 
forcé. 

On  íe  fervoit  aufli  de  Yamentum  pour  lancen 
certains  javelots  forts  & pefans.  Avant  de  les 
jetar , on  les  balanqoit  par  le  moyen  de  cette. 
courroie , comm.e  une  pierre  dans  une  fronde. 
Quelques  guerriers  dédaienoient  cette. reffource 
néceíTaire  aux  hommes  foibles,  qui  fuppléoient 
a la  forcé  par  í adreííé.  íls  n’employoieRt  que 
leurs  bras  pour  iancer  le  javeior.,  fans  fe  fervir  de 
Yamentum.  ( Sil.  Ital.  ,ix.  J20.  ) : 

Indlgaatus  opem  amentí  y focioque  juvare 
Expulfum  nodo  jaculam. 

üM y étoit  encore  la  courroie  avec 
laque'Ie  on  lioit  furle  pied  la  fandale  ou  chauíTure 
appelée  falta. 

AMES , gateau  dont  les  Grecs  faifoient  un 
grand  ufage.  La  farine  & le  lait  en  étoient  la 

AMESTPvIS femme  de  Xerxés roí  de  Perfe , 
yant  réuíTi  á alTaffiner  fa  rivale  ^ oífrit  en  aéfiori 
de  grace  aux  dieux  infernaux  quatorze  enfans 
des  premieres  /amiiles  de  la  Perfe , qu  elle  fit 
cnterrer  tous  vivans. 

AMitTHYSl  E,  cryftal  de  roche  teinr  en  vioiet. 
Quoique  cette  pierre  ne  foit  pas  plus  dure  que 
le  cryí-ral do.nt  elle  fait  parrie les  anciens  Fonr 
cependañt  choifie  trés-fouvent  pour  la  gravure,  & 
én  particuiier  pour  graver  Bacchus.,  i caufe  de  fa 
couieur  vineufe.  II  eft  rare  d en  rrouver  d une 
certaine  étendue parce  que  la  teinte  de  vioiet 
n eñ  pas  égale  5 elle  s'adoucit  & fe  détruit  par 
nuances. 

Les  anciens  la  recherchoie.nt  á caufe  de  la  mer- 
veilleufe  propriété  qu'ils  iui  prétoient.  dempé- 
cher  l'ivreíTe.  Sa  coulear  vineufe  lui  avoit  fait 
donner  fon  nom  j de  pñv^úfy  Sr  de  , 

je  mfonn'ivre.  Peut-étre  auífi  le  nom  avoit-il  fait 
imaginer  cette  ridicule  propriété. 

AM jí,T HY'S'T iN A vefiimentaj  étoient  des 
íeints  en  peurpre  méiée.  La  pourpre , fans 
melange  d^aucune  autre  couieur.,  étoit  d'un  rouge 
de  fang  : on  la  refervoit  pour  Fhabülemenr  des 
empereurs.  Etoit-elle  méiée  d’une  petite  quantité 
de  vioiet;  elle  devenoit  améthyfle.  Si  le  vioiet 
dominoit;  on  avoit  Yaméth'^/fe-vourprée , telle  que 
nous  Fofrrent  ¡es  belles  améthyfies  de  Ale  ^ en 
Catalogne,  Les  anciens  donnoient  encore  impro- 
prem.ent  le  nom  de  couieur  ¿Y amétkyfle  y á une 
teinte  ferablable  s ceile  de  FHyacintke,  V.  ce 


144.  Á M I 

AMI.  Ce  noffi,  que  des  hommcs  lírrés  au? 
débauches  les  plus  infames  ont  profané  chez 
toutes  Ies  nations,  ne  déíígnoit  chez  Ies  Grecs 
fages  & verrueuxj  qu’une  liaifon  honnéte  & un 
attachement  trés-louable.  On  les  a fi  fouvent 
calomniés  á ce  fujet  j que  leur  apologie  doit  trou- 
ver  place  dans  le  Diéiáonnaire  d'Antiquités.  Elle 
ne  s'étendra  pas  á ceux  qui  fe  font  déshonorés 
par  des  liaifons  honteufeSj  & qui,  raalheureufe- 
ment,  ont  trouvé  des  imitateurs  chez  tous  les 
peuples  pólices. 

On  a écrit  que  des  républiques  entiéres  ont  donné 
la  fanction  des  loix  á ces  attachemens  infames ; 
inais  on  n'a  pas  obfervé  avec  aflez  d’attention  , 
que  la  plupart  des  individus  que  Ton  . a ofé  en 
foupconner,  teis  que  Socrate  & plufieurs  autres, 
étoient  mariés  légiumement5  & que  d’ailleurs , 
jamais  les  hommes  reunís  pour  creer  ou  reeevoir 
des  loix,n’en  ont  acceptécs  qui  tendiífent  directe- 
ment  á empécher  la  population.  Cesconfidérations 
doivent  éclaircir  les  loix  & les  faits  hiftoriques, 
qui  concernent  Tamitié  entre  les  jeunes  Grecs. 

Leurs  premiers  légiflateurs  crurent  ne  pouvoir 
oppofer  de  meilleure  réíiftance  aux  ennemis  de 
leurs  républiques,  que  les  confcdérations  ou  liai- 
fons particuliéres  de  la  jeuneíTe.  AuíG  vit-on  ces 
jeunes  antis  enflammés  du  méme  zéle,  faire  fentir 
auxtvrans  &aux  ufurpateurs,  combien  étoitutile 
au  bien  public  Tamitié  qui  lioit  les  Ariílogiton  & 
les  Harmodius. 

Le  nombre  des  trois  cens  íbidats  d’élite  qui 
formoient  á Thébes  la  pkalange  facrée  , doit  faire 
exclure  feul  toute  idee  déshonnéte  qui  pourroit 
fomller  la  pureté  de  leur  liaifon.  Les  Spartiates , 
invincibles  jufqu’alors,  cédérent  á la  valeur  des 
trois  cens  amis , qui  ne  furent  vaincus  que  dans 
Ies  plaines  de  Chéronée.  Ce  fut-lá  que  leur  ennemi 
& leur  vainqueur,  Philippe,  pére  d'Alexandre, 
rendir  un  témoignage  authentique  á la  pureté  de 
leur  attachement.  S’étant  tranfporté  fur  le  champ 
de  bataille , il  vit  cette  phalange  facrée  , dont 
aucup  foldat  n'avoit  furvécu  áfa  défaite.  PériíTent, 
s’écria  t-il , pénétré  d'attendriíTement  & d'admi- 
ration ! périíTent  ceux  qui  ofent  foupqonner  ces 
braves  guerriers  d’avoir  pu  commettre  des  crimes 
qui  outragent  la  nature ! 

Ami  de  Tempereur. 

C.  SENTIO 
SEVERO 
QU ADRATO 

c.  V.  eos. 

AMIGO.  E T 
COM.  AUG.  N. 

Cette  infeription , que  Ton  voyoit  jadis  a Milán, 
nous  apprend  que  les  empereurs  donnoient  le  nom 
¿éami  á quelques  courtifans  diílingués  , admis  dans 
leur  familiarité  la  plus  intime , & méme  dans  les 
cor.feils;  comme  on  en  peut  juger  par  ce  paflage 
de  Spartien,  ¿ans  la  vis  d’Hadrien,  c.  i8  : (¿uum. 


AMI 

judicanc , in  confiHo  habuit  non  amicos  fuos¡  aut 
comités folkntjfed  iéios pr&cipué  Julium  Celfum, 
Salvium  Julianum,  Neratium  P rifeum  , aliofquc. 

Ami  du  peuple  romain.  Le  fénat  donnoit  ce 
nom  aux  rois  qu  il  vouloit  favorifer,  ou  avec  qui 
il  contraéioit  aliiance.  V.  Allié. 

Ami.  Ce  mot  avoit  chez  les  Romains  une  figni- 
fication  beaucoun  plus  étendue  qu'il  ne  fa  aujour- 
d'hui.  Les  candidats  le  prodiguoient  á tous  ceux 
qui  devoient  leur  donner  leurs  fuffrages,  quoi- 
qub'ls  ne  Ies  connulTent  que  de  nom.  Ce  fut  fans 
doute  cette  multitude  £ antis  qui  leur  fit  imaginer 
des  livrets  , appeles  kalendaria  amicorum , fur 
lefqueis  ils  les  inferivoient , fuivant  Ies  époques 
oú  ils  auroient  befoin  de  leurs  fuffrages. 

Les  empereurs  & les  grands  divifoient  cette 
foule  ¿’amis  en  plufieurs  ciaffes , felón  le  rant^ 
qffils  qccupoient  dans  leur  amitié.  Ils  avoient  des 
heiires  marquées  pour  les  reeevoir,  d’ou  vint  , 
Texpreñion  admiífionis  prima  , fecunda , tenia. 
V.  ce  mot. 

Dans  Ies  repas , Ies  Romains  fe  reffouveno.fent 
de  leurs  amis  abfens , & en  faifoient  mention 
pour  s4xciter  á boire.  Ils  buvoient  un  coup  toutes 
les  fois  quils  Ies  nommoient,  qu  ils  parloient  des 
dieux,  ou  qffils  rappeloient  d'autres  objets  auífi 
étrangers  au  repas.  Horace  nous  en  fournit  un 
exemple  dans  Tode  19^  du  13=  livre,  oú  il  boit  a 
la  nouvelle  lune,  á Theure  de  minuit,  & á f augure 
Murena : 

Da  luna  propere  nova. 

Da  ñoñis  media,  da  puer  auguris 
éM.urena  : tribus  aut  novem 

M-ifeentur  cyatkis  pocula  commodis. 

Lorfque  les  amis  partoient  pour  un  voyage, 
ceux  qui  reftoient  leur  donnoient  des  marques 
d’amitié  plus  delatantes.  Nous  devons  au  voyage  que 
fit  Virgile  á ,4.thénes,  la  belle  ode  3®  du  premier 
livre  d'Horace,  ou  il  invoque  en  fa  faveur  tous  les 
dieux  tutélaires  des  marins.  On  a trouvé  a Come 
un  monument  de  ce  genre;  4eft  une  infeription: 

NEPTUNO.  ET 
BIS.  AQ0ATILIB 
PRO.  SALUT.  ET 
INCOLUMIT.  SIM 
QUART.  SECUNDIN. 

AMIANTE , pierre  argilleufe , qui  fe  divife 
fouvent  en  fikts  longs  , foyeux , & de  diverfes 
couleurs , mais  plus  ordinairement  blancs.  Ces 
filets  réfiñent  au  feu  ordiuaire  des  foyers  domef- 
tiqup;  c’eft  pourquoi  on  les  a employés  pour 
fervir  de  meches  incombuftibles  aux  latiipes.  CeuX 
qui  ont  cru  la  fable  des  lampes  inextinguibles, 
n ont  pas  manqué  de  leur  préter  de  femblables 
meches.^  Aldrovande  a renchéri  fur  eux;  car  ils 
ecrit  qu  on  pourroit  réduire  Yamiante  en  huile, 

& que  cette  huile  brúleroit  toujours  fans  fe  con- 
fumer.  Coaament  a-t-on  pu  penfer  un  feul  inílanr, 

qu  une 


A M I 

íqu’nne  matierc  pút  jeter  de  la  flamme  fans  perdre 
áe  fa  Tubílance  i 

PHne  dit  que  Yamiante  étoít  un  vegetal  qui 
venon  de  dlndcj  & il  l’appelie  Un.  zncombufiible. 
II  av'oit  eré  induit  en  erreur  par  Tufase  que  Ton 
fáifoit  alors  des  filecs  de  Yamiante.  On  Ies  fiioit 
avec  de  la  laine  ou  du  lin  ^ & on  -ouruIiToit  une 
toíle  coTT.pofée  de  ces  deux  fubftances.  l oríqu^elie 
étoit  Snie , on  la  jetoit  dans  le  feu , qui  confumoit 
la  laine  ou  le  lin , Se  iailfoit  Yamiante  intaCt. 

Fline  parle  de  nappes  & de  ferrúettes  faites  avec 
cette  toiíe , que  Ton  jetoit  dans  un  braíier  pour 
Ies  nétoyer,  parce  que  le  feu  ne  confumoit  que 
les  particules  hétérogénes.  Mais  ces  raretés  ne  fe 
voyoient  que  chez  des  fouverains  5 car  Yamiante 
fe  vendoit  auffi  cher  que  les  perles. 

On  faifoitj  felón  le  méme  auteur  , un  ufage 
plus  remarquable  des  toiles  ¿Yamiante  : on  s’en 
fervoit  pour  envelopper  Ies  corps  des  roisj  afin 
que  leurs  cendres  ne  fe  mélaíTent  pas  avec  celles 
du  búcher.  Cette  précaution  a pu  étre  employce 
quelquefois  ; mais  plulieurs  antiquaires  en  ont 
fait  mal-á-propos  une  pratique  habituelle  dans  les 
funérailles  des  empereurs.  Cependantj  leurs  hif- 
toriens  n^ont  jamais  parle  de  ces  tóüeSj  quoiqu’ils 
ayent  décrit  fortau  long  & les  cérémonies  que  Ton 
pratiquoit  en  brdíant  ces  corps  auguííes  , Se  les 
íiioyens  employés  pour  ramaííér  les  cendres  qui 
rendoient  inútiles  fes  toiles  d’amiante.  On  trouve 
d'aüieurs  dans  plulieurs  urnes  fépulcrales , des 
charbons  méiés  avec  Ies  cendres  : ce  qui  montre 
que  Ies  ancicns  n’étoient  pas  tres  - foigneux  de 
recueiiiir  uniquement  les  relies  des  morts. 

Quoique  Tufage  des  toiles  á’amiante  ne  fút  pas 
general  & conftant , le  témoignage  de  Pline  mérite 
notre  confiance  3 pourvu  qu'il  foit  reílreint  á des 
cas  particuliers.  On  trouvá  , en  eíFetj  un  monu- 
tnent  anrique  en  lyoz  , auprés  de  la  porte  de 
Rome , appelée  autrefois  porta  Nevia , qui  ne 
íaiíTe  aucun  doute  fur  la  réalité  de  cet,  ufage.  Cétoit 
une  urne  funéraire  omée  de  bas-reliefs  élégans, 
dans  laquelle  il  y avoit  un  crine , des  os  brúlés , 
& des  cendres  renfermées  dans  une  toile  ¿Yamiante 
d’une  longueur  furprenante.  Elle  avoit  neuf  palmes 
romains  de  longueur^  furfept'Se  large,  c'eíl-a- 
dire  3 cirq  pieds  fept  pouces  dix  lignes  & demie 
de  longueur , & de  largeur  quatre  pieds  onze 
pouces  neuf  lignes  & demie.  Clément  XI  fit 
oépofer  ce  monument  précieux  & unique  dans  la 
bibliothéque  du  Vatican.  On  le  voit  encore  dans 
pe  palais. 

La  plupart  des  écrivains  , Ies  naturalilles 
exceptes,  donnent  indift'éremment  les  noms  d'a- 
miante  & d asbefie  á la  méme  pierre  & a fes 
plets. 

AMI CAB I LIA  fcamna.  Sídoine  Apollinaire 
(epifi.  _i_-  3.)  fe  fert  de  cette  expre&on , fiamnis 
amrcabilibus  deputantur . Les  commentateurs  font 
partages  fur  le  fens  de  cette  phrafe.  Les  uns 
«ulent  y r.econnoitre  les  banes  des  avocats,  & 
Antigahés  ¡ Tome  L 


A M I 145 

les  suíres  ceux  des confeillers  ou  alFeíTeurs,  appelés 
pour  aider  les  juges  dans  leurs  fonclions.  Ceux-ci 
ont  été  nommés  quelquefois  amíci  par  les  empe- 
reurs. 

ATiICIRE  & induere.  Le  premier  de  ces  mots 
s empl^oyoit^oiijours  pour  le  truinteau  ou  furtout, 
& le  fecond  pour  la  tunique  intérieure. 

AMICTÜS.  On  donnoit  ce  nom  á toute  efpéce 
d’habillement  qui  fe  mettoit  fur  la  tunique  , & qui 
pouvoit  envelopper  le  corps.  Tels  étoient  le  man- 
tean & la  toge. 

Amictiis  dúplex,  fe  difoit  d’un  mantean  doublé, 
ou  fait  d"un  drap  trés-épais,  qui  tenoit  auffi  chaud 
que  deux  manteaux  ordinaires.  On  s'eíl  fervi  quel- 
quefois de  cette  expreffion  pour  déíigner  un  man- 
tean plié  en  deuxj  afin  de  n envelopper  quune 
partie  du  corps. 

AMICTJLUM,  étoit  un  manteau  court,  efpéce 
de  mantelet , que  les  grecques  & les  romaines 
mettoient  par-delTus  la  robe.  Les  grecques  Tappe- 
loient  X.VK>.US,  ataSnXÍS'iaj  , ¿¡iiríx.o'nay  OU  í’yx.uxXioi  ^ 
& les  ro-mainés  ricinium. 

11  étoit  fait  de  deux  morceaux,  coufus  par  le 
bas  & attachés  fur  Tépaule  avec  un  bouton  5 de 
forte  qu’il  y avoit  deux  ouvertures  ménagées  pour 
paíTer  les  oras.  Quelquefois  il  defeendoit  a peine 
jufquaux  manches,  & fouvent  il  n'étoit  guéres 
plus  long  que  les  mantelets  de  nos  jours.  Nous 
voyons,  en  effet,  fur  quelques  peintures  d'Her- 
cuíanum  3 que  ce  vétement  eíl  fait  á-peu-prés 
comme  celui  des  franqoifes  modernes  : c'eíl  un 
mantelet  léger,  qui  couvre  Ies  bras,  qui  paroít 
coupé  en  rond , & qtf il  falloit  paíler  par-deflus 
la  tete.  De  - lá  lui  vint  fans  doute  le  nom  de 
x.’jx.>Yaí,  cyclas , cyclade  3 c’cft-á-direj  habüle- 
ment  rond. 

La  Flore  du  capitole  oífre  un  amiculum  un  peu 
différent.  C'ell  un  manteau  plus  long,  compofé 
de  mé.me  de  deux  piéces , Tune  devant  & Tautre 
derriére.  II  eíl  coufu  des  deux  cótés  de  bas  en 
haut , & boutonné  fur  Tépaule , avec  des  ouver- 
tures pour  les  bras  : le  gauche  eíl  paífé  au  travers 
d’une  de  ces  ouvertures,  tañáis  que  le  droit  eíi 
couvert  de  Y amiculum  ; mais  on  y apper^oic 
trés-diíliiiélement . Touverture  deílinée  au  bras 
droit. 

Ce  vétement  des  femmes  faifoit  le  méme  effet 
que  le  manteau  court  des  hommes,  appelé  chla~ 
myde  ou  paludament.  Ceíl  pourquoi  Quinte-Curce 
fe  fert  toujours  du  mot  amiculum , lorfqu’il  parle 
des  petits  manteaux  que  portoient  les  guerriers 
par-defliis  leurs  cuirafles. 

AMÍDON.  Les  anciens  connbiffoient  la  ma- 
niere d'extraire  la  partie  arhylacée  du  bled.  Pline 
fait  honneur  de  cette  invention  aux  habitans  de 
Tifie  de  Chio  , & dit  qu'ils  fourniíToient  encore  le 
meüleur  arnidon  du  commerce.  Diofeoride  derive 
fon  nom  latin  amylam,  du  grec  ay.vXi¡t , qui  veut 
dire,  farine  faite  fans  meule. 

AJíííLCAR,  fut  un  des  généraux  carthaginok 


14^  A M I 

que  fes  cofflpatriotes  mirent  au  rang  des  dieux. 
Heredóte  ( lih.  7.  ) raconte  c^aAmilcar  ayant 
été  vaincu  par  Gélon  , difparutj  & ce  piit  étre 
trouvé  ni  vif  ni  mort^  quelque  foin  que  pnt  fon 
rainqueur  de  le  faire  cherchen  Les  Carthaginois;, 
qui  o'nt  une  grande  vénération  poar  Jui,  continue- 
t-il , difent  que  j durant  le  coir/bat  des  Barbares 
de  des  Grecs^Siciliens  j Amilcar  étant  demeuré 
dans  le  camp  ^ y faifoit  oífrir  des  facrifices  de  toutes 
fortes  d’animaux,  & qüe  voyant  la  déroute  de 
fon  armée,  il  fe  jeta  dans  le  feu  : mais  foit  qiLil 
Mt  mort  de  cette  maniere  , comme  le  difent  les 
PhénicienSj  ou  de  Tautre,  comme  raíTurent  les 
Carthaginois  2c  les  Syracufains , les  premiers  lui 
ófírent  des  íácriñees,  & ont  elevé  des  monu- 
mens  en  fon  honneur  par-rout  oú  il  y a quel- 
ou'une  de  ¡eur  colonie  , & principalement  á 
Carthage. , 

AMIMETOBÍE.  Marc-Antoine  & Cléopátre 
áonnérent  ce  nom  á la  fociété  de  plaifir  quhls 
Kérent  enfemble  a Alexandrie.  II  eíl  compofé 
^ , inimitable,  & de  lá/os-,  vie.  Ce  que 

Plutarque  raconte  des  dépenfes  eíFroyables  qu’üs 
faifoient , juftiíie  bien  la  dénomination  de  vie 
inimitable.  Que  Ton  imagine  Taílemblage  du  luxe 
ie  plus  eítréné,  & une  fuíte  continuelle  de  jeux, 
de  féíes  & de  délices,  on  aura  encore  une  foible 
idee  de  la  vie  que  menoient  ces  deux  célebres 
débauchés. 

AMINÉE.  Le  vin  SAmmée  étoit  le  produit 
d^’une  efpécc  parriculiére  de  raiíln  qui  avoit  été 
tranfpladtée  en  ítalie.  CoIun:e!íe  dit  qa’elle  avoit 
été  appottée  du  páys  des  Aminéens,  dans  la  Thef- 
falie ; & que  le  vin  fait  avec  ce  raifin , étoit  ie 
premier  & le  plus  atícien  qu  euffent  connu  les 
Romains.  - . 

Súivant  Macróbe , le  vin  de  Falerne  étoit  appelé 
autrefois  vin  Aminéen.  D’un  autre  cote,  Galien 
parle  du  vin  Aminéen  qui  fe  faifoit  dans  la  Cam- 
panie,  dans  la  Sicile  & dans  la  Tofeane.  Ce  qui 
prouve  que  le  vin  de  Falerne  étoit  fait  avec  le 
raifin  Aminéen,  & que  fon  furnom  n'avoit  pas 
d’autre  origine. 

Ce  vin  étoit  auñere,  rude  8c  acide  dans  fa  nou- 
veauté  , mais  ii  s’adouciíToit  *en  vieiililfant , & 
acquéroit  une  forcé  8c  une  vigueurqui  le  rendoient 
propre  á fortifier  reílomach , par  la  quantité  d’ef- 
prits  qufil  renfermoit. 

A’Aíinnoi.  Yoyez  Par-eí  equi. 

AMISTRA,  en  Sicile.  a.mhstpATInqíí. 

les  médailies  autonomes  de  cette  ville  font : 

RP„  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

, AMíSUS  j dans  le  Pont-Galatique.  ajíisot  8c  i 
AMICHNaN. 

Les  médailies  autonomes  ás  cette  ville  font : 

C.  en  bronze, 

O.  en  or. 

O.  ea  argent. 


A M M 

' Cette  viile  a fait  frapper  des  médailies  impé- 
fíales  grecques,  avec  des  époques,  en  l’honneur 
dCEIius,  d’Antonin,  de  Caracalla de  Diadu- 
ménien,  de  Maximin,  de  Tranquiliine , de  Sa- 
lonin. 

AMITIE  ( L’ ) a été  divinifée  com.me  plufieurs 
autres  vertus , mais  les  anciens  en  parlent  peu ; 
on  ne  fait  méme  II  elle  avoit  des  temples  8c  des 
autelsj  le  rems  ne  nous  en  a confervé  aucune 
repréfentarion.  Lilio  Giraldi , dans  fon  ouvrage 
des  dieux  du  Pagaaifme , aíTure  que  Ies  Romains 
repréfentoient  'íAmitié  comme  une  jeune  femme, 
ayant  la  tete  découverte,  vétue  dhm  habit  groíSer, 
au  bas  duquel  étoient  écrits  ces  mots  : mort 

& la  vie  , pendant  qu'on  lifoit  fur  fon  front 
ces  autres  mots  : JJ été  & 1‘hiver.  Elle  avoit  la 
poitrine  découverte  jufqu’á  Tendroit  du  coeur  , 
oú  elle  partoit  la  main,  8c  on  y voyoit  ces  paroles, 
de  loin  & de  pres.  On  vouloit  apprendre  par  ces 
fymboles , que  YAmltié  ne  vieillir  point ; qu  elle 
eñ  égale  dans  toutes  les  faifons,  dans  TaSfence 
comme  á la  vue  de  Tami ; á la  vie  8c  á la  mort; 
qu’eüe  s'expofe  á tout  pour  fervir  celiii  que  fon 
aim.e,  8c  que  fon  n^a  rien  de  caché  pour  fon  ami. 
On  lui  fait  embraffer  un  ormeau  fec  , qui  eíl 
entouré  d"un  fep  de  vigne , pour  marquér  que 
YAmitié  ne  paroit  pas  moins  dans  les  difgraces 
que  dans  les  fuccés. 

AMMAAQ.  Héfychius,  qui  parle  de  ces  feteSj 
dit  fimplement  qu'on  les  célébroit  en  fhonneur 
de  Júpiter. 

AM.MEDERA  , dans  la  Numidie. 

Goltzius  feul  a publié  des  médailies  imperiales 
grecques  de  cette  ville. 

AMMON,  chez  Ies  Egyptiens  Amüm  Se 
Amun. 

Les  habitans  de  l'Egt'pte  adoroient  le  foieií 
comme  la  diviniré  unique  8c  Tame  de  l’univ^ers. 
(Macroi.  Satur.  /,  c.  18).  lis  le  repréíentoient 
fous  difrérentes  formes  , afin  de  peindre  Ies  di- 
verfes  phafes  de  cet  aftre  5 fon  eníance  au  folílice 
d'hiver,  fon  adokfcence  au  printems,  fa  virilité 
au  folftice  d’été,  8c  fa  vieilieflé  á réquinoxe  d’au- 
tomne. 

Martianus  Capella  nous  dit  poíitivem.ent  que 
le  foIeil  étoit  la  divinité  adorée  fous  les  dififérens 
noms  de  Sérapis,  d^Ofiris,  de  Mitra,  de  Fluton, 
de  Typhon,  df4tys,  du  jeune  homme  qui  inventa 
la  charrue,  d’Adonis,  de  Eiblos  & ¿'Amííos^ 

( Nupt.  Philol.  lib.  2.. ) : 

Te  Serapzm  Nilus , Memphis  veneratur  OJirim  , 
Dijfona  facra  Mitram  , Ditemqae  ^ ferumque  Typho- 

nem. 

Atys  pulcker , ítem  curvi  & puer  almus  aratri 
Ammoit  et  arentis  Ltbirs , ac  Biblius  Adon- 
Szc  vario  cunélus  te  nomine  convocat  orbis. 

Dans  Ies  pferres  gravees  du  barón  de  Stofeh  , 
on  volt  un  Japiter-Ammon  avec  un  croiflant,  ce 


A M M 

^HÍ  fortifis  encore  Tidée  du  foleii,  qne  !’on  fait 
Itre  identique  avec  cette  divinité. 

A quelle  ph.afe  du  foieil  répondoic  VAmmon 
de  la  brillante  Lybie  ? Apprenons-le  de  Foracle 
de  Claros : 

<l>pá^ii  Toy  •yykyrm  ¡í^any  (shy  Íi/.uíy  Ika , 

Atv  A Uio'y^y  ^ AU  ¿ ¿¡/üjScr  c!fXopí.hs!i 
HíAio»  ¡Jl  B-ipi'j; , ftirnTíxps  k''¿Sp¿y  ¡áa. 

Dic  deorum  omnium  fupremum  ejfe  Jao  , 

Quem  kyeme  orcurr.  diciint , ineuMt  autem  vere 
Jovem 

Aflate  porro  folem,  ac  tándem  ay.tu.mno  inclinato 
tenerum  Jao. 

Ammon , appelé  Júpiter  par  les  GrecSj  étoit 
le  foIeil  dans  fon  adolefcence  á Féquinoxe  du 
prinreiTíS  , au  ligne  du  bélier.  lis  le  nommerent 
par  corruption  Júpiter- Ammon  ¡ tandis  qudis  au- 
roienr  du  cendre  le  mot  á’Amun,  par  celui  de 
Júpiter.  Car  Hérodote  ^qui  avoit  voyagé  en  Egypte 
pour  sdoílcuire j ¿it  précifément  (¿ii,  2,  c.  qz) 
que  les  Egyptiens  appeioient  Atnmun  le  Júpiter 
des  Grecs.  Nous  fuivrons  cependant  Fufage  ordi- 
naire  d'appeler  cette  divinicé  J upiter  - Ammon , 
parce  qu  aprés  cet  ayertiíTement , la  fauíTe  déno- 
mination  ne  fauroit  induire  en  erreur. 

- Jupíter-Ammon  étoit  adoré  dans  touce  FEgypte  5 
mais  il  étoit  honoré  d’un  cuite  particuiier  dans 
FEgt'pte  fupérieurej  á Tñébes,  qui  lui  étoit  con- 
facrée.  Les  Grecs  lui  en  donnéreiit  le  nom,  en 
Fappelant  ville  de  Júpiter  ^ AiL-toAíí  ^ & en  nom- 
Eiant  Júpiter  le  dieu  des  Thébains.  Ammon  avoit 
á Thébes  un  temple  magnifique,  dont  Hérodote, 
Diodore  de  Sicile  & Pline  ont  fait  des  defcrip- 
tions  étonnantes.  Quoique  -Ie  farouche  Cambife 
Feút  dépouillé  & ravagé , on  en  voit  encore 
-aujourd'hui  des  veftiges  au  milieu  des  ruines  de 
Thébes. 

11  y avoit  dans  ce  temple  une  ñatue  de  Jupíter- 
Ammon.  On  la  montroit  tous  Ies  ans  un  certain 
jour,  aprés  Favoir  couverte  de  la  peau  d’un  bélier  , 
que  Fon  immoioit  fur-le-champ.  Aprés  cela,  on 
approchoit  de  cette  ftatue  celle  d'Hercule , pour 
rappeler  une  ancienne  rabie.  Kercuie  ayant  voulu 
voir  Jupiter-Aimmon,  ce  dieu  tua  un  bélier,  & ne 
fe  montra  á lui  qu’aprés  s’étre  couvert  de  la  peau 
de  cet  animal.  Telie  étoit  la  fable  allégoriqne  fous 
laquelle  les  prétres  egyptiens  cachoient  la  liaifon 
aftronomique  ét  Ammon  & du  bélier. 

On  confervoit  dans  le  méme  temple  un  bélier 
ou  mouton , que  Fon  élevoit  avec  grand  foin , 

& que^i  on  honoroit  d’un  cuite  religieux,  comme 
I embleme  de^  !a  divinité.  Par  refpedt  pour  cet 
animal , les  habitans  du  Nóme  Thébain  ne  tuoient 
point  de  brebis  ni  de  moutons. 

Les  Ethiopiens  defcendoient  une  fois  chaqué 
année  le  Nil  jafqu  a Thébes,  pour  y adorer/ap/- 
ta-y Ammon.  lis  avoieat  un  petit  temple  portatif 


A I A’J 

(ou  niche)  de  cette  divinité , le  prómeaoient  au- 
tour  áe  leurs  habitations  & de  celles  des  Lybiens  , 
en  célébrant  ces  heureux  jours  par  des  fefíins  8c 
, des  danfes  continuelles.  Cet  ufage  religieux  ed 
expliqué  par  une  ftatue  de  femme  égyptienne  , 
qui  eft  confervée  au  paiais  Barberini  á Rome.  Elle 
porte  devant  elle  une  caííette  ou  niche , dans 
laquelle  eft  un  petit  Anubis.  Kircher  a fait  graver 
un  égyptien  avec  une  femblable  niche.  Cette  aiTo- 
ciation  reügieufe  des  Egyptíens , des  Ethiopiens 
& des  Lybiens , duroit  encore  fous  le  régne  de 
Théodofe  le  jeune , comme  nous  Fapprend  Is 
rheteiir  Prifcus  , ( ¿n  eclo.gis  Legationum  ). 

Les  Grecs,  de  qui  nous  tenons  toutes  nos  Con- 
noiffances  & nos  traditions  fur  les  Egyptiens  , 
n’ont  parlé  du  Jupíter-Ammon  de  Thébes,  que 
d’une  maniére  détournée  j mais  ils  fe  font  fort 
étendu  fur  celui  de  la  Lybie.  Les  Romains,  á 
leur  exemple  , ne  s’occuppient  que  du  Jupíter- 
Ammon  lybien,  & Quinte -Curce  a fait  dans  la 
vie  d'AIexandre  , une  belle  defeription  de  foa 
temple.  Le  plus  refpecbé  de  tous  Ies  oracles  fut 
le  fien.  Son  antiquité  feule  fuffifoit  pour  lui  mé- 
riter  la  véncration  de  la  múltitude.  II  ceílá  cepen- 
dant long-tems  avanr  ceux  de  Delphes  & de  Claros. 
Quoiqn'il  falltit  traverfer  les  fables  brúians  de  la 
Lybie  pour  y arriver  , les  peuples  Ies  plus  éloígnés 
fe  foumettoient  avec  ;oie  aux  incommodités  de 
ce  voyage.  Se  revenoient  fatisfaits  en  rapportanc 
un  Oracle. 

La  ftatue  de  Jupíter-Ammon  Lybien  étoit  cou-* 
verte  de  pierres  précieufes.  Quatre-vingt  prétreS' 
la  promenoient  dans  Ies  viikges  voifins  , fans  teñir 
de  route  certaine.  Ils  ne  skrrétoient  qu’aprés  avoir 
appns  de  la  ftatue  elle-méme  , par  de  certains 
mouvemens  de  tete,  qufiis  ne  devoient  pas  aller 
plus  loin.  C’étóit  par  des  fignes,  & non  par  des 
paroles,  que  Ies  prétres  connoiíToient  Ies  decifiorts 
du  dieu  que  Fon  confultoic.  L ’empreílément  des 
nations  avoit  fait  du  lieu  le  plus  ande  , le  centre 
de  Fopulence.  Les  habitans  de  la  ville  qui  entou- 
roit  le  temple  , prefque  tous  confacrés  au  mi- 
niftére  de  Fautel,  étaioient  la  magnificence  des 
rois. 

Ce  n^étoit  pas  le  peuple  feu!  qui  enrichilToit  le 
temple  Se  fes  miniítres,  les  monarques  les  plus 
puiííans  y envoyoient  leurs  qffrandes , pour  ea 
obtenir  des  réponfes  favorables  á leur  politiqiie. 
Les  prétres  favoient  égalemenr  proíiter  de  la  cré- 
dulité  du  vulgaire  8c  de  Fambition  des  princes  j 
mais  ils  n'étoient  pas  toujours  acceííibles  á la 
corruption.  Lorfque  Lyfandre  de  Lacédémone 
voulut  devenir  le  tyran  de  fa  patrie  , il  crut  pou- 
voír  les  féduire  par  Féciat  de  For,  pour  en  obtenir 
une  réponfe  qui  fervit  fon  ambition.  Ses  dons. 
farent  rejetés  avec  mépris,  & les  prétres  indignés 
fe  rendireñt  a Sparte,  oü  ils  formérent  une  accu- 
fation  contre  le  téméraire  qui  avoit  voulu  les 
fubomer.  Alexandre  réuíCt  mieux  que  le  fpartiate. 

A peine  fe  préfena-t-il  dans  le  temple , qu*ü  fa.: 


jaS  a m m 

I 

falué  par  le  premier  pontife  , comme  Sis  de  Ju- 
plter. 

Les  ég}'ptiens  regardoient  Ammon  comme  l’au- 
teur  de  ía  fécondité  & de  la  génération ; ils  pré- 
tendoient  que  ce  dieu  donnoit  la  vie  a toutes 
chofes,  8c  qu’ildifpofoit  en  maitre  des  influences 
de  Tair.  Ils  portoient , en  conféquence , fon  nom 
gravé  fur  une  lame  de  metal  qu  iís  attachoient  fur 
le  cceur  j comme  un  puiíTint  préfervatif.  T!s  avoient 
tant  de  confiance  au  pouvoir  de  ce  dieu , ou’ds 
croyoient  obtenir  Tabondance  de  rous  les  biens 
parfon  invocation.  Cetre  fuperítítion  s'introduifit 
aiuTi  chez  les  Romains  ^ qui  regardoient  Jupiter- 
Ammon  comme  le  coiífervateur  de  !a  namre- 

On  le  repréfentoit  ordinairemeíit  fous  la  figure 
d’un  belier ; c'eft  ainíi  que  le  peint  Lucain  Pharf. 
J.Y.  pía).  Sur  Ies  pierres  gravees  & far  les  mé- 
¿aiües  de  la  Lprcnaíque  en  paríiculier  ^ il  paroit 
loas  la  forme  humaine,  ayant  des  comes  de  bélier 
qui  naiíiént  au-deíTus  des  oreilles  & qui  fe  re- 
courbent  tout  autour. 

Ammon  ^ fiis  de  Cvniras  ou  Cynir^  époufa 
Mor  oa  Mirrha,  & eut  pour  íiis  Adonis. 
Adonis^  Cynikas,  Miicrha. 

AMMOMÉENNES.  (Lettres j Philon  de  Biblos 
350US  dit  dans  fon  Fragment  confervé  par  Eufébe , 
que  Fauteur  de  rHiííoire  du  prétendu  Sancho- 
rdaton  Favoit  cempofée  á Faide  de  certains  m.é- 
moires  qu  iitrouva  dans  les  temples,  & qui  étoient 
ccrits  en  lettres  ammorLétanes.  Ces  lettres  étoient, 
fuivant  Fexplication  de  Bochart , celies  dont  les 
prétres  égt'ptiens  fe  fervoient  pour  les  chofes 
íacrées. 

AMMONIA  , furnom  de  Junon  , á laquelle  Ies 
Eléens  facrifioient,  peut-étre  par  alluíion  á jupiter- 
Ammon.  Elle  avoit  un  autei  fous  ce  nom  aupres 
du  temple  de  Júpiter. 

Ammonia,  dans  la  Marmarique.  ammcn. 

Cette  ville  a fait  frapper  une  médailíe  impériale 
grecque,  en  Fhonneur  de  Fauiline,  mere. 

AMMONIA.  Héfychius  dit  que  c’étoient  des 
fétes  céiébrées  a Athénes;  m.ais  il  ne  nous  appread 
pas  en  Fhonneur  de  quelle  divinité. 

AMMOMIaC.  Le  fe!  ammo’iiac  des  anciens 
venoit  de  FEgypte  , oa  on  le  fabriquoit,  fans 
douts , comme  on  Fy  fabrique  encore  ; car  on 
fait  combien  les  Orientaux  Se  les  Egoptiens  font 
áttachés  á leurs  arts  & conílans  á les  pratiquer. 
Es  avoient  aufíi  du  fel  ammoniac  naturel , cui  étoit 
apporté  des  environs  da  temple  de  Júpiter- Ammon , 
en  Lybie  , & qui  donna  fon  nom  partictil-er  á 
toutes  Ies  efpéces  de  ce  fel.  On  croyoic  alors , & 
méme  encore  dans  le  íiécle  dernier , qu'il  étoit 
formé  de  Furine  des  chameaux  qui  traverfóient 
les  déferts  de  la  Lybie,  & qui!  fe  fublimoic  par 
la  -ehaleur  des  fabíes  brúlans  de  ces  conttées. 

_ D'autres  afíuToienr  que  pour  faire  le  fel  ammo- 
tüac , on  ramaííbit  Furine  des  chameaux  ou  des  I 
béíes  de  chasge ; qu^on  la  faifoit  évaporer , & 
quaprés  pluíieurs  íotions,  on  r^ouloit  en  palas  * 


AMO 

í le  réfidu , qui  étoit  le  fel  lui-méme.  Nous  favons 
aujourd'hui  que  les  Egyptiens  moaernes  l’extrayent 
de  la  fuie  au  moyen  du  feu , dans  pluíieurs  en- 
droits  du  Delta.  La  difeíte  de  combuilÍDles  les 
oblige  d’employer  pour  cette  opération  la  ñente 
féchée  des  chameaux  & des  boeufs.  C’eít-lá , fans 
doute,  ce  qui  a fait  imaginer  la  fable  de  Furine 
des  chameaux,  que  le  goút  des  Egt'ptiens  pour 
; le  fecret  a répandue,  afin  de  tromper  les  voya- 
I geurs  & les  chymiftes  anciens. 

AMMONIAQL'E.  ( Gomme ) C’eñ  un  fue  con 
cree,  qui  eft  gommo-réfineux.  Biofeoride  dit  oudl 
découloit  d^’un  arbriíTeau  du  gente  de  la  férule, 
nature!  á la  Lybie  & aur  déferts  voiíins  du  temple 
de  Júpiter- A mmion.  On  a reconnu  par  les  graines 
méiées  á cette  gomme-réíine , qu'elle  vient  d'une 
plante  ombellifére  j mais  on  en  ignore  le  nom  & 
les  caraéléres. 

AMNIOMANTIE,  de  ftaiTiU,  divination,  & 
de  afíildí  j coéífe  ou  membrane.  On  donne  ce  der- 
nier nom  á la  troiíiéme  & la  plus  minee  des  trois 
membranes  qui  enveioppent  le  feetus  dans  le  fein 
de  la  mere.  Elle  fort  quelquefois  avec  lui , Se 
enveloppe  fa  tete.  On  croyoit  que  c'étoit  un 
figne  de  bonheur;  & cette  opinión  fubfifte  en- 
core parmi  le  peuple,  qui  appelle  coéfíés  les  en- 
fans  fortis  du  ventre  de  la  mére  avec  cette  mem- 
brane. 

Le  fils  de  Macrin  eut  en  nailTant  la  tete  en- 
tourée  de  Famnios,  en  guife  de  diadéme  ; ce  qui 
lui  fit  donner  le  furnom  de  Diadumenianus.  A 
Rome,  les  avocats  achetoient  fort  cher  ces  mem- 
branes , qudls  portoient  fur  eux  pour  leur  pro- 
curer  toutes  fortes  de  bonheur , & en  paríiculier 
le  gain  des  preces  de  leurs  cliens. 

_ AMNISIADES  ou  Amnisides  , nymphe  de  la 
ville  d*Amnyfus,  dans  Fiíle  de  Créte. 

AMNISTÍE.  Aprés  que  les  trente  tyrans  eurent 
été  chaíTés  d’Athénes  , on  publia  une  loi  qui 
ordonnoit  d’oublier  tout  ce  qui  s’étoit  paíTé  de 
part  & d'aurre.  Cette  loi,  dont  Thrafybnle  fut 
Fauteur,  fe  nomma  «^vidsia,  de  Fa  privatif  & de 
, mémoire.  Le  mot  francois  amniftie , en 
ell  la  tradu^ion  exade.  Vorateur  Andocide  nous 
a confen'é  dans  fa  Harangiu  fur  les  Myflere's , la 
formule  de  Vamrdfile  S¿  des  fermens  par  lefquels 
elle  étoit  cimentée. 

AMO  MU  M.  Les  botaniíles  ont  beaucoup  varié 
fur  Fefpéce  de  plante  que  les  anciens  appeloient 
de  ce  nom.  II  paroí't  cepenJant  que  c'étoit  le 
Tugus.  Fbycj  ce  mot.  Les  Grecs-&  les  Romains 
faifoient  un  grand  ufage  de  Vamomum  8c  de  fos 
eíTence  pour  les  parfums.  Tanrot  ils  en  frortoient 
Ies  cadavres  8c  s en  fervoient  pour  les  embaume- 
mens  ; d^’oú  Scaliger  a tiré  Fétymologie  du  muí 
mumle.  Stace,  (^Sylv.  iz.  4.  33.  ) ; 

At  non  inglorius  umbris 

ídittítur  : Ajfyrio  ciñeres  adolentur  amomo^ 


A U O 

C’eñ  á cet  ufage  que  fait  allufion  Juvénal  ^ 
(jr.  lo80  : 

Et  matutino  fudans  Crifpinus  amotno  , 
(¿uantum  vix  redolent  dúo  fuñera. 

Car  les  Romafns  s’en  frottoient  Ies  chevcux. 
Martiai  j ( 8.  77. ) : . 

Si  fapis  , Ajjyrio  femper  tibí  crinis  amoma  . 
Splendeat. 

Ovidej  {Ileroid.  xxi.  166.')  : 

Spijfaque  de  nitidis  tergit  amoma  comis. 

Stace  j ( Sylv.  i.  2.. ) : 

Eiec  pitigui  crinem  deducere  .amomo 
Cejfavit  mea  , jiate  , manus. 

L’épithétc  aAjfyrium  qüi  accompagne  ordinai- 
rement  Xamomum  aans  ¡es  écrits  des  anciens  , áe- 
íigne  le  pays  qiii  en  fourniíToit  á toutrOcddent. 

AMORGINA  vejiimente.  Les  commentateurs 
font  partagés  fur  le  fens  du  mot  amorginum ; les 
uns  croyent  qu  il  déíigne  un  habillement  extré- 
mement  léger^  comme  ceux  qui  étoient  faits  de 
iijfus  ; d'autres  enrendent  par  cette  épithéte  ^ des 
hables  de  pourpre.  Peut-étre  ne  défigne-t-elle  que 
rendroit  ou  on  les  fabriquoit. 

AMORGüSj  lile.  am. 

Les  médaiiles  autonomes  de  cette  lile  font: 
RRRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

AMORIUM  en  Fhrt^gle.  akopianí2íí. 

Les  médaiiles  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

_ Cette  ville  a fait  frapper  des  médaiiles  impe- 
riales grecques , en  Thonneur  de  Trajan  j de  Cara- 
calla  ^ de  Géta,  de  Vefpaíien. 

AMOüR  ou  CüPiDON.  II  eft  difSciie  de  dé- 
méler  la  véritable  origine  de  Y Amour  ^ dans  la 
multitude  d’opirdons  diífé  rentes  que  Ton  trouve 
fur  ce  fujet  dans  les  anciens.  Aríítophane,  dans 
fa  Comedie  des  oifeaux,  dit  que  la  Terre  pondit 
un  oeuf  qu’elle  avoit  con^u  de  Zéphire , &:  que 
VAmour  naquit  de  cet  ceaf.  11  fe  méla  dans  le 
chaos , & donna  naiíTance  aux  cieux , á la  terre 
& aux  dieux  iminorrels.  Orphée  le  fait  naitre 
ayant  toutes  les  créatures ; Sappbo  le  dit  fils  du 
Ciel  & de  la  Terre ; Cicerón  , de  Venus  & de 
Mercare ; mmonides  le  donne  comme  le  fruir  de 
1 adultere  de  Venus  avec  Mars  : cette  derniére 
epinjon  a eté  la  plus  généralement  recue. 

Platón  a cependant  voulu  imaginer  encore  une 
origine  de  ce dieu.  lia  dit  cue  le  jour  ou  les  dieux 
céléb-oient  la  naiíTance  de  Vénu-s , Porus , dieu 
de  PAbondance,  rendir  Pénie^  déeíTe  de  la  Pau- 
vreté,  mere  de  YA.mour.  Éoye^  Pekie  , Pouns. 
Ceux  qui  le  croyent  Sis  de  ÍJars  & de  V énus  j difent 


amo  149 

quá  I rnftant  de  fa  naiíTance;,  Júpiter^  connoiSanc 
a fa^phyíionomie  tons  les  rroubles  qii'il  cauferoir, 
vouiut  obliger  fa  mere  de  s’en  défaire.  Pour  le 
derober  a la  prévoyance  de  Júpiter,  elle  le  cacha 
dans  les  bois,  ou  ü fufa  le  lait  des  bétes  feroces, 
& contraéla  cette  cruauté  que  les  amáus  malheu- 
reux  luí  ont  ta.nt  de  fois  reprocliée. 

AuíTi-tot  qu'i!  put  manier  farc,  il  s’en  St  un  de 
bo!s  de  frene , aveedes  fleches  de  cvprcs , & apnrir, 
aux  depens  des  bétes , á tirer  fur  les  hommes  : ii 
changea  depuis  fon  carquois  & fes  fleches  en 
d autres  , qui  étotent  d"or.  C'eft  toujours  au  coeur 
que  portent  fes  coupsj  fes  bleíTures  font  naitre, 
íans  qifon  puiífe  s'en  défendre , la  paffion  de 

I amour , & il  rend  celui  qu’il  juge  á propos , le 
fujet  Pobjet  de  cette  frénéSe.  Ovide  dit  que 
fes  fléc.ys  font  de  deux  fortes  j les  unes  dorées, 
fort^  pointues , allument  \’amo\ir¡  Ies  autres,  qui 
le  chaíTent , font  émouffées , & ne  font  armées 
que  de  plomb.  Sil  veut  tourrnenter  quelqu’un, 
il  luí  enñamme  le  cceur , avec  la  fleche  dorée , 
pour  une  perfonne  qudl  frappe  de  la  fleche  de 
plomb.  Les  dieux  font.  fujets  á fes  coups,  ainS 
que  Ies  mortels  : de-lá  vient  que  Pon  régarde  fa 
puiíTance  comme  fupérieure  á celle  de  toutes  Ies 
autres  divinités. 

II  efl  le  plus  beau  des  immortels,  & eñ  tcuj'ours 
demeuré  enfant.  On  le  peint  avec  des  ailes  de  cou- 
•íeur  d’azur , d’or  & de  pourpre ; mais  ordinaire- 
ment  aveugle  , ou  ayant  un  bandeau  fur  les  yeux. 

II  ne  quitte  prefque  jamais  fon  are  , fes  fleches 
& fon  carquois.  II  y a eu  des  remóles  des 
autels  qui  étoient  communs  á Venus  & á YAm.our; 
mais  celui-ci  ei^a  eu  qui  étoient  confacrés  á lui 
fcul , comme  á i hefpis. 

Cupidon  eut  un  frére  appelé  Anteros.  Voye? 
ce  mot.  ^ 

On  ne  fait  pourquoi  la  plupart  des  peintres  &: 
des  fculpteurs  repréfentérent  Y Amour  comme  un 
enfant.  Ce  n en  étoit  pas  un  que  Pamanr  de  Pfvché. 
Sur  les  pierres  gravees  Ies  plus  anciennes,i!  paroit 
comme  un  jeune  garcon  ou  un  adolefcent.  C efl  ainfi 
q^onle  voit  fur  une  beüe  cornaline  du  commandeur 
Vettori  á Rome,  qui  porte  le  nom  du  graveur 
Ekrygilh.s.  La  forme  des  lettres  annonce  que  c’eft 
peut-étre  la  plus  ancienne  des  pierres  fur  lefQueües 
on  voie  le  nom  de  Partifle.  Winkelmann  Pa  eflée 
dans  rHiííoire  de  PArt  , & dans  les  pierres  de 
Stofeh.  U Amour  y eft  repréfenté.  dans  Padolef- 
cence,  avec -de  grandes  aües  d'aig’e,  tefles  qu'en 
donnoit  á prefque  tous  les  dieux  la  plus  haute 
antiquiré. 

Bouchardon  a quitté  la  voie  battue , & a fait 
un  adolefcent  de  fon  bei  amour. 

Les  artilles  qui  fuivirent  Phrygülus,  So'on  & 
Trvphon,  donnerent  a Y Amour  une  forme  plus 
enfantine  & des  aües  plus  courtes  : c'eft  dans 
certe  forme  & dans  la  maniere  des  enfans  de 
Franqois  Flamant,  oue  Pon  voit  ce  dieu  repréfenté 
fur  une  infinijé  de  pierres  gravees.  Le  Cupidon 


A M O 

endormi  de  la  Villa-Aíbani  j & celai  qui  eñ  ayx: 
pieds  du  Mars  afiis  de  la  \ ilIa-Ludoviíi,  détruifent 
entiérement  le  vieux  préiugé  de  nos  ardiles  j que 
Íes  anciens  font  inférieurs  aux  modernes  dans  la 
maniere  de  traiter  les  enfans. 

Les  pierres  gravees  , les  bas-reliefs  & les  pein- 
tines  antiques  nous  offrent  un  nombre  infini  de 
compoíitions  dans  lefquelles  entrent  des  amours 
ou  des  enfans  ailés.  On  ne  peut  affez  en  recoin- 
mander  l'étude  aux  artilles  modernes  5 mais  oñ 
doit  obferver  á leur  fujet , que  les  anciens  nous 
ont  appris  á repréfenter  les  travaux  des  arts  & des 
fdences  exécutés  par  des  enfans.  Herculanum  oífre 
dans  ce  genre  les  modeles  les  plus  bsaux  &c  les 
plus  nombreux. 

La  íeule  colledlion  du  barón  de  Stofch^.  ren- 
ferme  environ  trois  cens  gravares  ^Amours  dans 
différens  grouppes  & diferentes  altitudes.  Gn  j 
volt  un  Cupidon  buveur ^ qui  porte  un  thyrfe  ¡ 8c 
tient  une  corne-á-boire  qu  il  eíl  prés  de  vuider. 
Tantót  VAmour  renverfe  un  flambeau  alluméj  8c 
devient  le  fymbole  de  la  mort  5 tantot  il  accorde 
une  lyre,  comme  fur  les  médaiiles  d'Orra.  Le 
célebre  Paufias  peignit  Cupidon  jetant  fon  are 
& prenant  une  iyre.  On  pourroitTappeler  VAmour 
céle  fie,  pour  le  diílínguerdesautres  j car  on  trouve 
dans  Patín  (^Comment.  in  Mon.um.  M.arc£.llin6L)  un 
amour  jouant  de  la  fiúte  ñir  un  bas-relief  antique;, 
avecrinfcriptionrEFQTi  oypaNj  áF.í4/72í)arcéléfíe. 
L'artiñe , en  luí  donnant  un  inílriiment  de  muíi- 
que , faifoit  peut-étre  allufion  á rharmonie  des 
aílres , tant  célebrée  par  Pythagore. 

On  trouve  encore  dans  la  méme  coJleñion  ^ 
VAmour  vamqueurd’Herculej  portant  la  maffue, 
la  peau  de  lion , & tenant  de  la  main  gauche  des 
ciefs  attachées  avec  un  clávier ^ comme  les  porre 
une  figure  des  lampes  anticues  de  Bartoli,  qui  eíl 
auífi  chargée  d’un  outre.  11  fait  ici  les  fonélions 
áz  , ppne-clefj  dignité  particuliére  des 

prétreíTes  de  Céres  Eleafine.  L^auteur  des  poemes 
d^Orphée  (kymn.  in.  Amor.)  donne  á VAmour  les 
elefs  de  l'air ^ du  ciel  ^ de  la  mer  & de  la  terre.  Certe 
e^reffion  ayoit  été  entendue  dans  le  fens  méta- 
piiorique  5 mais  la  fardoine  de  Stofeh  nous  apprend 
qu  elle  étoit  prife  anciennement  dans  le  fens  na- 
ture!. 

Cupidon  paroít  auífi  fur  un  onyx  de  Stofeh , 
porté  par  une  amphore  ou  vafe  pointu,  & á deux 
anfes.  Une  voilcj  qu’i!  guide  avec  des  cordes le 
fsit^  avancer.  Gori  a pris  ce  vafe  pour  une  urne 
Ginéraire  j & a expliqué  ingénieufement  cette 
allegoricj  en  y reconnoiíTant  le  paíTage  des  ames 
aux  champs-élyfées.  Mais  Ies  arnés  cinéraires 
B étoient  pas  ordinairement  pointues  par  le  bas. 
Les  vafes  de  cette  forme,  & qui  reflembloient 
aux  amphores,  étoient  deílinés  aux  libations. 

li  faut  done  chercher  avec  Winkelmann  une 
autre  ^ explication  de  cette  allégorie , qui  cíl 
repetee  fréquemmenr  fur  les  pierres  gravees. 

L expremou  grecque  tíeiTíTiMui , naviguer  fur  la 


A M P 

mer  de  VAmour  y peut  en  donner  la  clef.  Ovíde 
vient  á Tappui : 

Si  quis  amat,  quod  amare  juvat.,  feliciter  ardens 
Gaudeat,  & vento  naviget  Ule  fuo. 

La  fable  rapporte  d’ailleurs  qu  un  jeune  lybien 
fe  jetant  dans  la  mer  pour  ramener  fon  amantá 
XI  u périr  avec  elle , trouva  un  vafe  portant  Tinf- 
cription  : A102  2í2THPOSj  á Faide  duquel  il  fg 
fauva.  Peut-étre  que  VAmour  voguant  fur  un  vafe, 
eíl  une  allégorie  refative  á cette  fable.  On  racon- 
toit  aufii'qu'Hercuie  avoit  paíTé  la  mer  de  la  méme 
maniere ; fiction  née  fans  doute  de  ces  bateaux  ég. 
terre  cuite  dont  fe  fervoienr  les  Eg}'ptiens. 

II  faut  de  méme  regarder  comme  une  aílégoríe  , 
la  figure  de  VAmour  armé  de  la  foudre>  que  por- 
toit -Alcibiade  fur  fon  bouclier. 

AMiiEiPA  j eflai  ou  prélude.  On  donnoit  ce 
nom  aux  combats  des  enfans  & des  adplefcens , 
qui  étoient  Ies  préludes  des  jeux  du  clrque  á 
Rome. 

AMPELOS,  rnefure  linéaire  & itínéraire  de 
PAfie  & de  FEgypté.  V.  B-eme  diploun. 

A’MnEXo'MAi  & a’mitexo'nioíí  , étoient  les 
nomsdu  pedt  manteau  pu  manteletqueles  femmes 
mettoient  fur  leur  robe  ou  ílole.  Í1  coavroit  les 
épaules  & entouroit  le  bulle  : de-la  vinrent  ces 
deux  noms,  á caufe  de  lá  prépoíldon  «tio'iy  autour. 
Yóyez-en  la  defeription  au  mot  Amiculum. 

^ AMPELITE.  Cette  terre , qui  eíl  le  detritus 
d’un  fchiíle  noir  trés-argilleux  & légérement  bitu- 
mineux , a^  été  prife  par  Pline  & les  anckns  pour 
un  véritable  birume.  Ilss’en  fervoienr  pour  teindre 
en  noir  les  cheveux  & les  foureils.  Perfuadés  auífi 
Qut y ampélite  faifoit  mourir  Ies  vers  ennemis  de 
la  vigne.  Ies  anciens  enfrottoient  Ies  fepsj  &par 
une  conféquence  de  cette  vertu  fuppofés , ils  en 
appliquoient  fur  le  ventre  des  enfans  que  íes  vers 
tourmentoient. 

AMPHAXIS,  en  Macédoine.  AMOAEmíí. 

Les  médaiiles  autbnomes  de  ce  peuple  font : 
RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

A MOH  PKs.  Les  Grecs  appeloient  de  ce  nom 
des  efpéces  de  canots  longs  & étroits , dont  les 
rameiirs  faifoient  agir  deux  rames  á la  fois,  comías 
aux  batelets  de  París. 

AMPHÍA,  dans  la  Meflinie.  amí>ITGYN. 

M.  Pellerin  a publié  une  médaille  autonome  de 
bronze  de  cette  ville. 

^ AMPHÍARAUS,  fut  un  des  plus  grands  pro- 
phetes  d_u  paganiime.  Quelques  traits  de  fon  hif- 
toire  exigent  que.  Fon  remonte  jufqu’á  la  foures 
de  fa  généalogie. 

Deiicalion  etoit  bifayeul  paternel  de  Salmonée; 
Salmonee  etoit  pére  de  Tyro  , qui  avoit  époufs 
Cretheüs.  De  ce  mariage  étoit  né  Amythaon, 
de  qui  defeenáoit  .Mélamnus ; celui-ci  donna  le  jour 
a Antiphates , qui  fut  pete  d’Oicles,  Amphiaraiis 


A M ? 

■j?acui‘  (íerEier.  Quelqaes  écrivains  ¡ai  donnqnt 
une  sutre  genéalogie  ^ & rangent  ainfi  les  filia- 
tions  : Arrtj; k: araüs , nls  d'Oiciés^  fils  de  Méiam- 
fi^sdeCréthéiis,  filsd'EoIe^ 
fils  tí  Héien,^  fi;s  ae  Júpiter  : íi  Créthéüs  étoit  fils 
^ ^toít  oonc  írére  de  Salmcnee  3c  de 
Silypije.  Avanr^  que  Créthéiis  eút  époufé  Tyro  j 
filie  ae  Salmonee  ^ & fa  niéce , elle  avoit  eu,  de 
Keptune^  deuxjumeaux,  Pélias&Kélee.  Créthéiis 
la  rendir  mere  de  trois  enfans^  Efon^  Amythaon 
& Phérés.  L’ainéfat  pere  de  Jafon. 

^ S^uivant  cetce  derniere  genéalogie  j Afnpkiaraüs 
éroit  parent  de  touc  ce  qudl  y avoit  de  plus  illuíke 
dans  la  Grece.  II  avoit  pour  mere  Hypermneítre  , 
une  des  filies  de  Theítias  j & il  y a des  auteurs  qui 
donne  Apollen  pou-r  pére  : c’eft  de-lá , 
¿iirat-ilsj  que  lui  eít  venu  refprit  prophétique  5 
niais  le  plus  grand  nombre  lui ‘donne  la  généa- 
l°on  a écrite  plus  haut. 

< Aieiampus,  ayeiii  á‘ Amphiara'ús  , avoit  recu  en 
don  une  partie  du  royanme  d^Argos,  pour  avoir 
fendu  un  fervice  important  aux  femmes  de  ce 
I^ÍÉI-AMPUS,  Arxphiaraüs  , qui  avoít 
heritécie  cetteportion  du  royaume^  voulutravoir 
tour  entier  ; i!  fit  mourirTalaüs  ^ pére  d'Adrañe^ 
GUI  énpoíTédoit  le  relie,  & forca  Adraíle  á quitrer 
Argos.  Cette  guerre  ceíTa  au  manaée  á" Amvhia- 
rails  avec  Eriphyle,  foeur  d'Adrañe7&  ce  dernier 
lat  rétábli. 

Quand  il  fallut  accompagner  Adraíle  á ¡a  guerre 
ae  "Ihéhts ,^Ampkiaraüs , qui,  par  fon  efprit  pro- 
pnetique,  étoit  affuré  d'y  périr  comme  les  autres 
chers  , fe  cacha.  Oh-corroHipk  Eriphyle , faEemme, 
en  luí  donnant  le  fameux  colüer  d’otj  connu  fous 
fon  nom,  & elle  découvrit  la  retraite  de  fon  mari. 
II  jat  c^traint  alors  d'’accompagner  Ies  autres 
princes  a I expedirion  de  Thebes  ; mais  avant  de 
partir,  il  chargea  fes  enfans,  & entr  autres  a!c- 
meon,  fon  fils,  de  venger  fa  mórt,  en  faifan-t 
ffiounr  Enphyle^  qui  1 av£>it  occafionnée. 

^ Ampklcrails  péritdune  maniere  trés-étoimante; 
ctant  pourfuivi  par  Pérklyméne,  qui  étoit  prés 
^ Júpiter  vouiant  prevenir  la  honre  de 

catre  uíiaite  q ouvrit  !a  terr-e  íun  coup  de  foiidre. 
^ Amp^  jzíiraüs  fut  englouti  avec  fon  charríot.  11 
ílí .ce.pdit  Tout  vivant  aux  enfers,  fans  fortir  de  ce 
Cparnot  , & fans  quitter  les  renes  de  fes  chevaux. 
li  remonta  epfune  aux  régions  fupérieures,  & v 
«rnya  non  lom  dune  fontaines  auprés  de  laquelíe 
«n  mi  Datit  un  temple. 

On  rendir  auífi  á cette  fontaine  un  cuite  par- 
íicuhep : on  ne  luí  ofFroit  point  ie  facrifices  fon 
■ea.!  n etoK  employée  m aux  purincations,  ni  au 
kvement  des  mams;  mais  ceux  qui  étoient  guérk 

> pour  s’étre  conformes  aux 
avis  de  1 oracie  voifin,  jetoient  euiement  dans  k 
rontaine  une  piece  d or  ou  dbrs-ent. 

^ Ampkia,yüs  fut  mis  au  nomine  des  ^ieux;  & 

X ...d^oit  ou  h teire  1 avoit  engíouti.  lí  «ole  .! 


A M P 1 j f 

entoure  de  colonnes,  fur  iefquelles  aiicim  oifeau 
ne  fe  repoioit  jamais  , de  méme  que  les  bétes  ne 
touchoient  point  a Therbe  qui  croiíToit  auprés. 
L Oracle  de  ce  temple  étoit  auíTi  reveré  que  ceux 
de  Eelphes , de  Dodoiie  Se  de  Júpiter- Ammon. 
Ceux  quí  ai.oient  le  confulter,  áprés  avoir  immolé 
un  moutrn , en  étendoient  la  peau  á terre , & 
sfenaormpient  defüis  , en  atte.ndant  aiie  le  diea 
lespnírrmsit  en  fonge  de  ce  quhís  vóuioient  fa- 
voir. 

Ce  devin  laiíTa , entr'autres  enfans  , Alcméoa 
Sr  Amphiiociis.  V.  Adraste,  Alcmeon,  Aíí- 
PHILOCUS,  Eriphyle,  Mélampus. 

Seúl  des  fept  chefs  de  la  guerre  de  Thebes, 
AmphJaraüs  portoit  un  boucHer  fans  fvmbole. 
tfehyle  Se  Euripide  nous  donnent  a enrendre 
d accord  , que  le  devin  célebre , contení  d'avoir 
du  courage  & de  la  tuavoure,  n en  faiíbit  point 
parade  par  dep’ains  ornemens. 

^ AMPH JAREES,  fétes  en  Phonneur  du  de’v’m 
Amphiaraüs  , que  Fon  célébroit  chez  les  Oro- 
piens.  V.  Amphiaraüs. 

AMPHICLEE  , ville  de  k Phocide , célebre 
par  un  temple  Se  un  oracle'de  Bacchus.  Ge  temple 
n GÍftojt  ni  ílatue  , ni  peinture , Se  Foracle  ne 
rendoit  point  fes  réponfes  coróme  cenx  dFApoílon 
& de.Tupiteu  Bacchus  y faifok  FoíSce  de  mc'de- 
cm , Se  guériíroit  en  fonge  ou  par  le  miniilére 
de  fes  prétres,  les  maladies  fur  Iefquelles  on  con- 
fuitoit  fon  Oracle.  Les  Amphicléefts  aífaroient 
que  iC  dieu  y faifoit  auííi  predire  Favenir  par  fes 
miniílres. 

AiVÍdHICTYO]\.  Les  ampMchyons  étoíent  Ies 
députés  des  villes  & des  peuples  de  la  Grece  , qui 
feprefentoient  la  natión , avec  un  plein  pouvoir 
de  concertey,  de  refoadre  Se  d’ordonner  ce  qui 
ieur  paroiffoit  concourir  aux  avantaaes  de  la  caufe 
commune.  Leur  confeil  étoit  á-peu-prés  k méme 
Cíiye  que  ía  diéte  de  Fempire  en  Allemagne. 

- _íl  y.  eut  pIufTcurs  fortes  ^ aTnpkiciyons\í%  pre- 
miers  furent  inílkués  par  Ampkictyon  , fils  de 
peucalion,  troiíiéme  roí  db4thénes,  a-deíTein  de 
iicr  plus  étroicemen:  Ies  Grecs , & den  former 
un  corps,  dont  Funion  infpirát  du  refpecl  Se  de 
k terreur  aux  barbares.  lis  s’affembloient  au  prin- 
tems  Se  á Fautomne  de  chaqué  année  auxThermo- 
pyles  , prés  dkn  temple  de  Cérés,  dans  une  grande 
plaine  arrofée  par  le  fleave  Afopus.  Le'  nom 
á^ampkiayon  leur  vint  du  roi  d'Athénes,  qui  les 
avoit  infiitués. 

Strabon  aíTure  quf4criÍ!-as  , roi  d’Argos,  créa 
les  ampkiByons.  Mais  il  ne  fít  fans  doute  que  les 
petablir  aprés  quelqu'interruption ; Se  depais  luí 
ils  skflembloient  á Delphes,  dont  ils  avoientFin- 
tendance,  ainfi  oue  des  jeux  pythiques,  célébrés 
dans  Is  méme  viüe  , ou  ils  faifoient  Ies  fonélions 
d’agonothétes.  Cette  ville  de  Béotie  étoit  la  plus 
commode  de  ioute  k Grece  pour  aífembler  les 
nmphiciyons , parce  cufelíe  étok  fituée  au  mihea 
de  tous  les  peuples  qai  l'fcabitoient. 


151  A M P 

Ces  députés  s’aííembloient  quelquefois  estraor- 
áinaireíncnc  j iorlquc  la  íicccílitc  lexigso-t.  ais 
COíRmsocoient  toutes  leurs  aíTembices  par  le  facri- 
fice  á'añ  boeaf  qae  Ton  immoloir  á Apoiioa- 
Deioliienj  & que  l’on  coiipoir  enpetics  morceaux^ 
pour  reprérenter  i' unión  des  áiírérens  états^e  la 
Gréce.'  Les  ampkiáiyoiis  prenoieot  connoiiiance 
de  toutes  les  aéiires  qiii  poavoieat  intéreíTer  les 
Grecs & en  particulier  des  différends  qui  s’élé- 
\'oienr  entre  les  peupies  ou  les  viiles.  On  avoit  la 
plus  grande  défetence  pour  leurs  iugenaens ; & Ies 
yilles  qui  refufo ienc  dV  accéder , étoieat  regardees 
comme  eiinemies  par  tous  les  Grecs. 

Paufanias , Harpocration  & Suidas  ne  font  pas 
d’accord  fur  les  norris  des  peupies  qui  avoiear 
droit  de  no'.ntner  des  amphiciyo-is  pour  les  repre- 
íenter.  Le  premier  en  nomrne  dix;  les  j^theniens, 
les  L'olopesj  les  fheííabens , les  Enianes^  les 
Magnéíie.ñs , les  Méliens , les  Fhthiotes , les  Do- 
riens , les  Phocéens  & les  Locriens-Epicnsmidiens, 
?iníi  appelés  du  mont  Cnémis,  auprés  duquel  ils 
habiroienr.  Suidas  &'  Harpocration  en  comptent 
¿oaze ; les  loniens , Ies  Doriens , Ies  Perrhébes , 
les  Beotiens  , les  Magqéfiens  j Ies  Achéens les 
Phthiotes,  Ies  Méliens,  les  Doiopes , Ies  Enianes, 
les  Delphiens  & Ies  Phocéens..  L'orateur  Efchine 
^ Qmt.  TTspí  ')  Ies  reduít  a onze , & ne 

merque  les  TheíTaíiens , les  Locriens  & les  habi- 
taos du  mont  Oéta  , á la  place  des  Achéens  , des 
Enianes , des  Delphiens  & des  Doiopes. 

Sous  le  régne  de  Phiiippe,  roi  de  Macédoine, 
pére  d'Alexandre , les  Phocéens  ayant  pillé  ie 
temple  de  Delphes,  furent  déciarés  par  Ies  ampklc- 
tyons  ennemis  des  díeux  & des  hommes.  Les  Grecs 
leur  firent  la  guerre  pendant  dix  ans , & leur 
ótérent  enfaite  le  droit  de  nommer  des  amphic- 
tyon.s , ainíi  qAá  leurs  alliés,  les  Lacédetnoniens  , 
qui  avoient  piaqe  dans  ce  confeil  entre  les  Do- 
riens.,  dont  ils  faifoient  partie.  On  fubftitua  aux 
Phocéens  les  habitans  de  la  Macédoine  quis'étoient 
joints  aux  Grecs  pour  combattre  les  facriléges. 
Soixante-huit  ans  aprés  cette  expulíion  ignorai- 
nieufe.  Ies  Gaulois,  conduits  par  Brennus,  rava-^ 
gérent  la  Gréce,  & piliérent  le  temple  deThébes. 
Les  Phocéens  combattirent  avec  tant  de  valeur  Se 
de  courage  contra  ces  brigands,  qu’on  leur  par- 
donna  le  crime  dont  ils  s'étoient  rendus  coupa- 
bleS;,  & qu’on  leur  rendir  le  droit  de  nomtner  des 

MiP-pkicíyons . 

Augufte  augmenta  le  nombre  de  ces  députés 
célebres.  Ayanc  báti  NicopoUs,  prés  d’Aét’ium, 
en  l'honneiir  de  ía  viéioire  fur  Antoine,  il  iui 
donna  le  aroir  de  nommer  des  ampkiByons  co.n- 
jointement  avec  les  TheíTaíiens. 

Les  Ro.mains  étant  devenus  Ies  maítres  de  la 
Gréce  , laiílerenr  fubíiñer  le  tribunal  des  amphic- 
tions  ; mais  ce  ne  fut  plus  quMn  vain  tirre  & une 
autorité  illufoire.  De  forte  que  Strabon  écrivoit 
fous  Tibére  que  ce  tribunal  étoit  détruit , ainlí 
CUS  celui  des  Achéens.  II  reprk  fans  douts  une 


A M P 

cfpéce  de  vigueur  quelques  années  aprés  j car 
Paufanias,  qui  vivoit  fous  Antonin-le-Pieux , 
aííure  qu  ü exíiloit  e.nccre.  II  dit  qu  il  éroit  com- 
pofé  de  trente  iimpkiñyons  choiíis  par  les  ISicopo- 
iitains  , les  Macédoniens , les  iheíTaliens  , les 
Béoriens,  ene  Ion  appcloir  autrefois  ^oliens, 
les  Phocéens, les  Delphiens,  íes  Locriens-Ozoles, 
Ies  Doriens  , les  Athéniens les  habitans  de 
PEubée  j & ceux  des  cotes  voifines  de  cette 
iíle. 

On  áppeloit  ce  tribunal  AmphictyonU , & les 
vilies  qui  avoient  droit  d’y  íléger  Ampkicíy anides. 
Le  premier  nom  fut  dqnné  auíTi,  felón  Strabon, 
á une  aíTemblée  pareille  queformoiént  á Trézenes, 
dans  le  temple  de  Neptune  , fept  républiques ; 
c^eft-á-dire  , celles  d'Hermione,  d'Epidaure,  d'E- 
gi-ne^  dfi.thénes,  des  Prahens,  des  Naupliens  Sc 
d'Orchoméne,  en  Béotie. 

AMPHICUPELLUM , vafe  a deux  fonds.  Les 
anciens  parlent  fouvent.  de  vafes  a deux  fonds  , 
tels  qu  étoient  Ies  feeaux  corinthiens , Jituli  corin- 
thiaci.  On  fe  tromperoit  fort , íl  Pon  croyoit  que 
ces  vafes  avoient  un  double  fond  place  au-deíTus 
du  premier»  & dans  le  meme  fens,  comme  deux 
calottes  mifes  Pune  dans  Pautre. 

II  faut  entendre  par  les  deux  fonds  ,^  & cette 
portion  du  vafe  qui  partant  du  pied,  s’éléve  en 
rondeur  jufqu'á-peu-prés  le  tnilieu  de  la  piece., 
oú  elle  reqoit  le  fond  fupérieur ; & ce  forrd  fupcT 
rieur,  qui,  formant  le  refte  du  vafe,  étoit  ordi- 
naircment  une  piéce  foudée  á part.  Un  coupd'oeil 
donné  fur  les  travaux  des  orfévres  ou  des  potiers- 
d’étain,  fera  entenáre  ñir-Ie-champ  cette  expli^ 
catión.  ;■ 

AMPHIDAMÁS,  fiis  du  cruel  Buílris,  roí 
d’Egvpte,  fut  itnmolé  par  Hercule,  fur  Pautel  ou 
fon  pére  facrifíoit  les  étrangers  qui!  pouvok  faifir» 
II  y eut  un  autre  Ampkidamas  ^ fils  d'Aleüs,  qui 
fut  un  des  argonautes.  , 

AMPHIDROxMÍES  , fétes  que  I o.n  célébroit 
á Atlqénes  le  cinquiéme  jour  aprés  la  naiífance  des 
enfans.  Les  fages-femmes  fe  lavoient  les  mains , 
& prenoient  dans  leurs  bras  le  nou  veau  né  , qu’elles 
promenoient  autour  du  foyer ; elles  le  mettoient , 
par  cette  cérémonie , fous  la  proteclion  des  dieux 
Penates,  aquí  le  foyer  fervoit  d'autel  domeftique. 
Ces  fétes  prenoient  leur  nom  de  ce  tranfpqrt  de 
lenfant,  ts  , de  coutít  alcntonv. 

Ce  jour  étoit  employé  en  réjouiífances.  Les 
parens  s'envoyoient  réciproquement  des  préfens. 
On  mettoit  fur  la  porte  de  la  rnaifon  une  couronne 
d’oüvier,  fi  Penfant  étoit  mále  , & un  pelotón  de 
laine,  íi  c’‘étoit  une  filie.  La  féte  étoit  termines 
par  un  repas , compofé  de  plufieurs  fortes  de 
mets,  & fur-tout  de  choux,  que  les  fages-femmes 
croyoient  propres  á augmenter  le  lait  dé  faccou- 
chée.  Athénée  {Deipn.  ix,  c.  ii.)  cite  des  vers 
d’Ephippus , dans  lefquels  on  trouve  la  defenp- 
tion  du  feftin  des  ampkidromies. 

AMFHILOCmi,  dans  r AcOT^anig.  Ahm, 


A M P 


Les  médailles  autoHomes  de  ce  peuple  font  •• 

RRR.  en  argent. 

O.  en  of. 

O.  en  bronze. 

Son  type  ordinaire  eft  Pégafe. 

AMPHILOCUS,  fiis  d'Alcm  éon  & de  la  pro- 
pnetefie  Manto,  II  fut  elevé  ^ ainíi  que  fa  fcEur 
Thiíphone,  par  Créon,  roí  de  Corinthci  Voysr 
AlcmeoNj  Thisphone. 

Amphilocüs  étoit  fiIs  d’Amphiaraüs  & d’Eri- 
phylej  & fut  un  devin  auffi  célebre  que  fon  pere. 
II  accompagna  Alcméon^  fon  ífére  á la  feconde 
guerre  de  Thebes ; & Ton  difoit  qu’il  lui  avok 
aidé  á faire  mourir  Eriphylej  leur  mere.  Aprés 
la  guerre  de  1 bebes  ^ Amphilocüs  fe  joignit  á 
Mopfus  pour  batir  la  ville  de  MalIuSj  en  Cilicie. 
II  en  fortir  enfuite  pour  aller  á Argos ; mais  étant 
revenir  íoindre  Mopfus  ^ celui-ci  ne  voulut  plus 
de  compagnon. 

deux  héros  fe  battirent  Tun  contre  Fautrcj 
& s en.tretuérent.  Leurs  tombeaux  , que  Fon  mon- 
troit  a Margafa  j prés  de  la  riyiére  de  P'vrame  , 
etoient  íitues  de  facón  que  de  Fun  on  ne  pouvoit  pas 
avoir  la  vue  de  i autre.  Mais  quelques-uns  aílurérent 
qn  Am.pkilocus  étoit  mort  de  la  main  d’Apollon. 
JJ  devint  célebre  par  fon  oracle  de  Mallus. 

On  ne  doit  pas  confondre  ce  devin  avec  Amphí- 
iocus  d Argos , dont  une  pie  devint  amoureufe. 

AMPHIMACüSj  fiis  de  Ctéatus.  V.  Molio- 

NIDES. 

AMPHIMALLUM , manteau  velu  des  deux 
eotés  pour  garantir  qu  froid.  II  étoit  de  laine^ 
comme  l apprend  fon  nom , laine.  On  Fa 

confondu  rnal-á-propos  avec  le  manteau  appelé 
Gaiífape.  Celui-ci  étoit  fait  quelquefois  de  fin  j 
mais  toujours  velu  dMn  feuFcóte.  Pline  aíTure 
d aiileurs  j que  le  gaufape  étoit  en  ufage  long-tems 
avant  lui , du  vivant  de  fon  pére  j & qu’il  avoit 
vu  commencer  la  mode  de  l’ ampkimallum.  Siléne 
£ít  fouvent  enveloppé  du  manteau  velu  des  deux 
cotes. 

AMPHIMARUSj  fiis  de  Neotune,  & nére  de 
J-inus.  .. 


aíMPHIMAS CHALOS , tunique  des  GrecSj 
ayant  des  efpéces  de  manches  j c’eft-á-dire ayant 
les  cotes  aflez  allongés  pour  eouvrir  une  partie 
du  bras  3 prefque  jufqu  au  coude.  -íl  faut  obferver 
íoigneufement  que  les  tuniques  des  hommes  & 
des  ferrimes  en  general  ^ n’avoient  pcint  de  man- 
tóes  córame  nos  habits  modernes.  Les  Barbares  . 
les  figures  de  théátre  & Ies  Phrygiens , en  porrent 
feuls.  Anñophane  dit  {Equit.  ji.  4.  4-.)  que  Yam- 
I'habillement  des  géns  libres. 

- MPHIlSOMEj  une  des  cinquante  iÑéreides^ 
íelon  Homere. 

AMPHIO^  , fiis  de  Júpiter  & d’Antiope , reine 
tila  Lycus,  fon  onde  maternel,  roi 
üe  1 heoes,  & s empata  de  fon  royaume.  11  ferma 
U vrlle  de  Thebes,  en  Béotk/  par  de  fortes 
■¿uitiqunes,  Trnue  I. 


A M P 153 

muratUeS,  des  tours  d’efpace  en  efpace,  & par 
fept  botines  portes  5 c°eíl  tout  ce  qu’ífomére  nous 
, apprend  dAmpkion.  Mais  la  fable  a ajouté  que 
depuis  il  avoit  li  bien  appris  de  Mercure  á jouer  de 
*1.^^  P^’-  douceur  de  íes  accords , il  fe 
raifoit  fuivre  des^bétes  fauvages,  & des  pierres 
memes;  de  maniere  que  pour  batir  les  murs  de 
1 bebes , les  pierres  vinrent  eiles-mémes  fe  placer 
au  fon  de  fa  lyre.  II  époiifa  enfuite  Niobé,  &-fe 
tua  de  défefpoir  du  défaílre  de  fa  famille.  Hoycr 
rsioBE,  Thébes. 

^ _ On  volt  ce  prince  grec  occupé  á lier  au  taureau 
indompte  la  maiheureufe  Dircé,  qui  avoit  per- 
fecuté  Antiope,  fa  mere.  F.  Taureau  Farnefe. 

paroit  encore  fur  deux  bas-reliefs  des  "Villas 
Albani  & Borghéfe,  dont  le  deffin  eft  fembiable. 
Antiope  y eíl  repréfentée  implorant  Faífiílance 
de  fes  fiis  & excitant  leur  vengeance.  Winkelmana 
a publie  celui  de  la  "V  illa-Borghéfe  dans  fes  Mona- 
mentí  znedíü,  & il  en  donne  dans  FHiñoire  de 
' C 5 ^ I ) uue  expiication  particuliére 
relative  á Amphion , dont  le  nom  eil  gravé  ea 
caraéteres  ro-mains , ainíi  que  ceux  de  fon  frére  Se 
de  fa  mére. 

Zéthus  porte  fur  ce  bas-relief  de  la  "Villa- 
Borghefe  , un  chapeau  pendant  derriére  la  tete  & 
attache  fur  les  épaules,  qui  défigne  fa  vie  cham- 
Amphion  eft  cafqué,  & rient  une  lyre  á 
moitie cachee  fous fa  chlamyde.  Ce  cafque, donné 
a Amphion  , avoit  embarraffé  long-tems  le  favant 
antiquaire  5 mais  il  trouva  enfin  I’explication  de 
fingulier  : la  voici.  Le  fujet  de  ce  bas- 
reiier  eft  une  fcéne  de  FAntiope  d'Euripide , ou 
Zéthus,  reprochant  á fon  frére  ce  goút  excluíif 
pour  la  muíique  Se  la  poéíie,  lui  dit  ; Jette  ta  lyre 
& prends  les  armes : 

Fi-'pcp  rijy  Áofat  x,ix.íla-a  Je  túis  oítXíis- 

Le  fchoiiafte  de  Platón  le  cite  en  explicatioa 
du  Gorgias.  Calliclés  voulant  perfuader  á Socrate 
d'abandonner  les  fpéculations  philofophiques  , & 
de  prendre  part  aux  affaires  publiques,  lui  re- 
proche fon  goút  pour  les  méditations  5 comme 
Zéthijs  reproche  á Amphion  fa  paíllon  pour  la 
muíique  3 & fon  éloignement  pour  toute  autre’ 
oceupation.  >=11  paroit,  lui  dit-i¡,  que  je  me- 
=-’  trouve  á ton  égard  dans  le  méme  cas  cu  Zérhus 
» fe  trouve  á Fégard  £ Amphion  dans  Euripide  5 
” car  je  peux  te  dire  ce  que  le  premier  dit  á foa 
==  frére  : que  Ies  oceupations  frivoles  te  font  né- 
==  glíger  les  chofes  les  plus  importantes.  » Horace 
a fait  auíS  alFufion  á cette  méme  fcéne.  {Epifi. 
iib.  I.  18.)  : 

Nec , cum  venari  volet  Ule , poemata  panges. 
Gratia  fie  fratrum  geminoram  Ampkionis  atqiie 
Zethi  dijfiluit  : doñee  fufpecia  fevero 
Conticait  lyra  , fraternis  cejfijfe  putatur 
Moribus  Amphion. 


V 


154 


A M P 


Le  fcu!pteur  a voulu  rendre  iddée'  d’Earipide  j 
€11  donnant  a A.'m'phioit  un  cargue  3c  une . lyre  a 
moitié  cachee , comme  s’il  edr  été  prét  a fuivre 
Íes  confeiis  de  fon  frére.  ^ 

AmpkioNj  íils  d’HypéraliüS:,  roí  de  Follene, 
en  Arcadiej  fut  un  des  argonautes. 

AMPHIPHON,  efpéce  de  gáteau  que  Ton 
oflhoit  á Diane  , aprés  l'avoir  entouré  de  petits 
fiambeaux. 

AMPHIPOLES , archontcs  ou  rnagiílrats  de 
Syracufe.  lis  furent  étabiis  par  Timoléon , la  109= 
oiympiade,  aprés  qudl  eut  chaffé  Denys-le-Tyran. 
Les  amphipoles  ont  gouverné  Syracufe  pendant 
plus  de  trois  cens  ans.  Dioáore  de  Sicile  aíTurc 
qu  iis  fubfiíloient  encore  de  fon  tenas. 

AMPHIPOLIS:,  en  Macédoine.  AMí)ino- 


AITON 

Les  médailles  autonomes  de  cette  vilie  font : 


RRRR.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Son  fymbole  ordinaire  eft  une  torche  allunaée. 

M.  Pellerin  croit  avec  raifon  qudl  faut  luí  attri- 
buer  auíTi  les  médailles  grecques , données  ordi- 
íiairement  á Amphipolis  de  Syrie. 

Amphipolis  de  Syrie.  AM^inoAEiTaN.  ■ 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impériales 
grecques  , en  Phonnear  dbAugufte , de  Tíbére  , 
de  Caligula  , de  Claude , de  Domitien , de  Do- 
mina de  Marc-Auréle.j  de  Fauftine  jeune,_de 
SévérCi  de  Caracalla , de  Géta  j de  Macrin^ 
d^Alex.-Sévére  j de  ValéricU:,  de  Salonine,  de 
Gallien  , d'Hadrien  , de  Sabine  , d’ Antonia , de 
Commodej  d’Elagabale. 

Les  médailles  de  cette  ville  conviennent  beau- 
coup  mieux  a Amphipolis  de.  Macédoine  j felón 
Tobfen'^ation  de  M.  Pellerin. 

AMPHIPPII , , cavaliers  qui  cou- 

roient  avec  deux  chevaux,  fur  lefquels  ils  mon- 
toient  alternativement.  On  les  appeloit  encore 
Defultores.  Homére  en  parle  dalis  Tlliadej  (0¿, 
683  ). 

AMPHÍPRORjEí  navires  á deux  proues.  On 
Ies  conílruifoit  de  cette  maniere  j afín  d’aborder 

Ear  tous  les  cotes  fans  perdre  du  tems  á virer  de 
ordj  & afín  de  réíiírer  mieux  á reífort  du  fluide 
dans  un  canal  trés-étroit 

AMPHIPROSTYLE,  temple  des  anciens,  qui 
avoit  quatre  colonnes  á la  face  de  devant  ^ & 
quatre  á celle  de  derriére.  Ce  mot  vient  du  grec 
Kftipl , de  coré  & d’autre,  •apa , devant,  & 
colonne.  II  figniíie  un  double  Prostvie.  Voye^ 
ce  mor. 

Cette  eípéce  de  temple,  qui  avoir  deux  faces 

f)areilles,  c’eft-á-dire,  un  portad  derriére,  abfo- 
ument  pareil  á celoi  de  Tentrée , éto jt  ea  ufage 


A M P 

chez  les  anciens;  parce  que  la  multitude  n’entroit 
pas  dans  les  temples.  Se  nadoroit  les  divinités 
quautour  & a la  vue  de  leurs  demeures.  Les 
Chrétiens , qui  admettent  tout  le  peuple  fans  dif- 
tindtion  dans  les  endroits  facres  , n ont  jamais  fait 
un  portail  au  chevet  de  leurs  temples. 

AMPHIPTÉRE,  ferpent  ou  dragón  á deux 
ailes.  Depuis  que  PHifroire  naturelle  a fait  de 
grands  progres , on  ne  connoit  plus  de  ferpent 
ailé;  i*ais  on  trouve  le  _iézard  appelé  dragoa- 
volcint , qui  a des  appendices  en  10.11*..  d ailes , 
avec  lefquélles  il  s’élance  d’un  arbre  á Pautre. 
C’eft  lui  fans  doute  qui  a donné  lieu  á tant  de 
relations  fabuleufes  fur  i.es  dragons  & les  pre- 
tendus  feroens  ailes. 

A.MPHÍRO,  une  des  ISymphes  océanides. 

AMPHISBENE  , ferpent  á deux  tetes.  Quelque 
repugnante  que  Pon  ait  á croire  fon  exillence , 
Pautorité  de  Redi,  favant  naturaliíte  de  Florence, 
doit  faire  fufpendre  fon  jugement.  II  avoit  trouvé 
un  ferpent  á deux  tetes  bien  diíHníles , píen  pro— 
noncées,  & il  le  garda  plulieurs  jours  vivant.  Sa 
morfure  ne  produifoit  aucun  effet  dangereux. 

Ceux  qui  révoquent  en  doute  un  fait  atteñe 
par  un  témoin  d’auffi  grand  poids,  difent  que  cer- 
taines  efpéces  de  ferpent  marchent  en  ayant  8c 
en  arriére,  que  deAá  vient  le  mot  amphisb'en.e  , de 
Qaíiu,  je  marche,  & de  cote  & dautre. 

Ils  ajoutent  que  cette  double  allure  a trompé  des 
obfervateurs  ignorans  , & a fait  naitrc  la  fable  des 
ferpens  á plulieurs  tetes. 

Lorfqu'on  ouvrit  le  tombeau  de  Chilperic , a 
Tournay,  on  y trouva  des  abeilles  Se  des  lerpens 
amphishems  d*or. 

ÁMPHITAPiE.  C’étoient  des  couvertures 
velues  des  deux  cotes  , que  Pon  éteadoit  fur 
Ies  lits  pour  repofer  plus  moilement , & poar 
fe  défendre  du  froid  en  les  relevant  fur  fon 
corps. 

AMPHITEMIS.  Voyez^  Acacallis. 

AMPHÍTHÉATRE.  Ce  mot  eft  compofé  de 
¿fiífí  8c  de  Ííarpí) , théátre  de  cbté  8c  d'autre. 

U amphithédtre  étoit  formé  de  deux  theátres. 


ou  demi-cercies  réunisj  8c  il  íignifie  proprement 
un  lieu  d'oú  les  fpeéfateurs,  rangés  circulairement, 
voyent  égaíement  bien.  Aiiíu  les  Latins  le  nom- 
moient-ils  viforium.  II  étoit  deñiné  aiix  combats 
des  gladiateurs  & des  bétes. 

C'étoit  un  bátiment  fpacieux,  rond,  plus  ordi- 
nairement  ovale  , dont  Pefpace  du  milieu  etoJt 
environné  de  íiéges  eleves  Ies  uns  au-deífus  des 
autres  , avec  des  portiques  en  dedans  & en  dehors. 
Caffiodore  dit  que  c^  bátiment  étoit  forme  de 
deux  théátres  conjoints.  Le  nom  de  cavea , qu  on 
lui  donnoit  autrefois,  & qui  fut  le  premier  nom 
des  théátres,  n'exprimoit  que  le  dedans  ou  ce 
creux  formé  par  les  gradins , en  cóne  tronque  , 
donr  la  furface  la  plus  petite  , celle  qui  étoit  au- 
defíqws  da  premier  rang  de  gradias  & du  podim  * 


A M P 


s’appeloit  Var-fne , parce  qu’avant  que  de  com- 
mencer  Ies  ;eux  de  V ampkhhéát'e  /¡on  y répandoit 
da  iSous  difons  encore  aujourd'hui  l’arene 

de  hzmcs , les  arenes  de  Tintiniac.  Le  fond  OU  Ten- 
ceinte  la  plus  baile  étoit  ovale.  Autour  de  cette 
enceinte , etoient  des  ioges  ou  voútes , qui  ren- 
fermoient  les  bétes  deftinées  á combatiré  j ces 
logas  s'appeloient  caves.. 

Au-deííus  des  loges  appelées  caves , dont  Ies 
portes  etoient  prifes  dans  un  mur  qui  entouroit 
1 arene  j Ser  fur  ce  mur^  étoit  pratiquée  une  avance 
en  forme  de  quai^  appeiée  podzum.  Rien  ne  ref- 
lerribie  tant  au  podium  qu^une  longue  tribune  , 
ou  qu  un  grand  périllile  circulaire.  Ce.  podium  étoit 
orne  de  colonnes  & de  baluftrades  : c’ étoit  la 
place  des  fénateurs  j des  magiftrats , des  empeteurs  , 
^ desveílalesj  quiavoient 
auíG  le  privilége  du  podium.  Quoiqfoií  fut  élevé 
de  douze  á quinze  piedsj  cette  hauteur  n’auroit 
pas  fuíE  pour  garantir  de  la  fureur  des  élé- 
pnans  ^ des  lions , des  léopards  ^ des  panthéres  ^ 
& des  autres  bétes  féroces  5 c’eñ  poiirquoi  le 
devant  en  étoit  garni  de  rets , de  treillis , de  gros 
troncs  de  bois  ronds  & mobiles.  Ces  bois  tour- 
noient  verticalement  fous  reffort  des  bétes  qui 
vouloient  y monter.  Quelqucs  - unes  cependant 
iranchirent  ces  obílacles , & ce  fut  pour  prévenir 
Cec  accident , qu'on  pratiqua  des  foííés  pleins  dfoau 
ou  euripes  tout  autour  de  f arene  ¡ afin  d’écarter 
íes  bétes  du  podium. 


Les  gradins  etoient  au-deíTus  du  podium ; il  y 
avoit  deux  fortes  de  gradins  ou  de  fiéges  : Ies  uns 
deñines  pour  s'alleoir;  les  autres^  plusbas  & plus 
etroitSj  pour  fíciliter  Tentrée  & la  fortie  des  pre- 
iniers.  Les  gradins  fur  lefquels  on  s’aííeyoit  j etoient 
circulaires  ; ceux  qui  fervoient  d’efcalier , cou- 
pqient  les  autres  de  haut  en  bas.  Les  gradins  de 
lamphithédtre  de  Vefpafien  ont  un  pied  deux  pouces 
-de  hauteur , & deux  pieds  & demi  de  largeur  : ces 
grains  formoient  les  précinciions  ; & Vamphi- 
^eátre  de  \ efpafien  avoit  quatre  précinciions  ou 
baudrierSj  baltei.  Les  avenues  que  Macrobe  appe- 
!oit  vomitoria , font  des  portes  percées  au  haut  de 
chaqué  efcalier , auxquels  on  arrivoic  du  dehors 
par  des  voutes  couvertes.  Les  efpaces  contenus 
entre  les  precinBions  & les  efealiers,  s^appeloient 
cunei , des  coins.  Nous  avons  dit  que  les  fénateurs 
oceupoient  le  podium  , les  chevaliers  oceupoient 
les  fieges  qui  etoient  immédiatement  au-deíTus 
a.\í  podium^  jufqu'á  la  premiére  précinMion ; ce 
qui  formoit  environ  quatorze  gradins.  On  avoit 
pratique  deux  fortes  de  canaux;  les  uns  pour  dé- 
charger  les  epx  de  pluie;  d’autreSj  pour  tranf- 
bqueurs  odoriférantes  ^ comme  une 
infMon  fie  vm  & de  fafran.  Pour  garantir  les 
foeótateurs  du  foleil^  on  tendoit  des  voiles  fimples 
dans  les  commencemens , mais  qui,  dans  la 
june  furent  tres-nches.  Le  grand' diamétre  de 
^^mpdnAeatre  etoit,  au  pluspetit,  comme  i i 


A M P j 5 5 

f ^ 2Voit  un á Albe,  dont'i!  refie, 
a ce  qu  on  dit , quelques  veftiges ; un  á Véronne  , 
dont  Ies  habirans  ont  reparé  les  ruines  > un  á 
CapouCj  batí  avec  des  pierres  d^’une  grandeur 
enorrnej  un  a Pouzzol,  dont  les  ornemens  font 
detruits  au  point  qu’on  n'y  peut  rien  connoitrej 
un  au  pied  du  mont  Caffin , dans  le  v-oifinage  de 
.a  rnaifon  de  Varron , qui  n’a  rien  de  remarquable ; 
un  a Orticoli,  dont  on  voit  encore  des  reftes;  un 
á Hifpella,  qui  paroít  avoir  été  Fort  grand,  &rc’eíl 
tout  ce  qu’on  en  peut  conjeéiurer ; un  á Pola , 
dont  la  premiére  enceinte  efi  entiére.  Chaqué  ville 
avoit  le  fien,  mais  tout  efi  détruit.  Les  matériaux 
ont  été  employés  á d’autres  bátimens  5 & ces  édi- 
fices  étoient  fi  méprifés  dans  les  fiécles  barbares, 
que  la  difficulté  de  la  démolition  a pu  feule  en 
garantir  quelques-uns. 

Mais  1 ufage  des  ampkithéátres  n’étoit  pas  borne 
a 1 Italie ; il  y en  avoit  dans  les  Gaules  : on  en 
voit  des  reftes  á Fréjus  & á Arles.  II  en  fubfifte 
un  prefqu’entier  á Nimes,  &.qui  eít  d’ordre  do- 
rique  á deux  rangs  de  colonnes,  fans  comptec- 
un  autre  ordre  plus  petit  qui  le  termine  par  le 
haut.  On  voit  des  reftes  á.' ampkitkéátre  á Saintes. 

: Les  debris  de  celui  d’ Autun  donnentunehaureidée 
fie  eet  édifice;  la  face  extérieure  étoit  á quatre 
etages , comme  celia  du  coiifée  ou  de  Y ampkithédtre 
de  Vefpafien. 

Pline  parle  d un  ampkitkéátre  brifé,  dreíTé  par 
Curion , qui  tournoit  fur  de  gros  pivors  de  fer ; 
en  forte  que  du  meme  ampkitkéátre  j,  on  pouvoit, 
quand  on  vouloit , faite  deux  théátres  différens , 
fur  lefquels  on  repréfentoit  des  piéces  toutes'  diíFé- 
rentes. 

C’eft  fur  r arene  des  ampkithéátres  que  combat- 
toient  Ies  gladiateurs,  (Voyej^  Gladiateurs) 
& les  bétes  j elles  combattoient  ou  contre  des 
bétes  de  méme  efpéce,  ou  contre  d'autresde  diffé- 
rente  efpéce , ou  enfin  contre  des  hommes.  Les 
hommes  expofés  aux  bétes,  étoient  des  criminéis 
condamnés  au  fupplice  , ou  des  gens  qui  fe  louoient 
pour  de  l’argent,  ou  d’autres  qui  s’y  oftfoient  par 
oftentation  d’adreíTe  ou  de  forcé.  Si  le  crimine! 
vainquoit  la  béte,  il  étoit  renvoyé  abfous.  C’étoit 
encore  dans  les  ampkithéátres  que  fe  íaiíbient 
quelquefois  les  naumachies  & autres  jeux  qu'oa 
trouvera  décrits  á leurs  arricies. 

Nous  avons  dit  que  Ton  fabloit  l’aréne  , afia 
que  le  fang  des  bétes  ou  des  gladiateurs  s’im- 
bibát  Se  difparút  promptement.  On  faiíiíToit  l'in- 
tervalle  des  différens  jeux  peur  remuer  ce  fable. 
Martial  a fait  une  épigramme  fur  un  lion  qui 
s’échappa , & tua  deux  de  ceux  qui  labouroient 
l’aréne,  (//.  yj.  y.) : 

lélam  dúo  de  tenerá  juvenilía  corpora  turba  ^ 
Sanguineam  rafiris  qus  renovabat  humum , 

S&vus  & infelix  furiali  dente  peremit. 

Marth  non  vidit  ma^us  arenxt  nefas;^ 

Yij 


15^  AMP 

Tantót  ó"  ccuvi'oit  i'ai-ne  avec  du  íabíe  com- 
mun  , tantót  avec  de  la  pondré  de  marbre  bropc , 
aíin  de  lui  donner  un  coup-d'ceil  agréable  par  la 
blar.cheur.  Quelquefois  les  empereurs  qui  pre- 
Boient  partí  dans  les  fañions  da  cirque  ^ fa'.foient 
fabler  l’aréne  avec  des  matiéres  de  la  couleur 
aíFeclée  a leur  faólion.  C’eít  pour  cela  que  J^éron 
la  couvrit  de  couperofe  verte.  Se  que  Cahgula 
méla  du  cinabre  á la  couperofe  pour  rendre  le 
vert  plus  foncé. 

II  y avoit  autour  & au-deíTous  de  Tarene  des 
efpaces  voútés,  deílinés  á renfermer  les  bétes  & 
ieau  qui  fervoit  aux  naumachies.  Par  le  moyen  de 
ces  réíervoirs , on  remplilToit  en  un  clin-d’oeii 
Taréne  , de  maniere  que  des  vaiííeaux  pouvoient 
y naviguer,  & on  la  vuidoit  avec  autant  de  prómp- 
titude. 

■ Quelquefois- on  plantoit  une  forét  dans  le  fable 
de  Taréne,  pour  donner  le  fpeólacle  d’une  chafle , 
OUe  Fon  appeloit  venado  ampkitkeatralis  & fylva. 
Gordien  amufa  le  premier  les  fpeciateurs  par  ce 
genre  de  fpeciacle.  On  y ajoutoit  des  cavernes 
& des  arbres  faétices , qui  íbrtoient  du  fein  de 
la  térra  á volonté , Se  y reatroient  de  méme  avec 
les  bétes  qui  devoient  combattre.  Caiparnius  a 
décrit  ces  merveilles , ( Edog.  vii.  9Ó. ) : 

Ak  trepidi , quoúes  nos  defeendends  arens, 
Vidimus  in  partes , rapt&que  vorágine  terrA 
Emerfíjfe  feras  j & elfdem  fApe  latebris 
Aurea  cum  troceo  creverunt  arbuta  libro. 

Les  Romains  virent  paroitre  quelquefois  fur 
l’aréne  un  grand  navire  , qui  s’entr’ouvroit  au 
mílieu  de  Y amphitkéátre  & vonsifloit  plus  de  quatre 
cens  bétes  feroces , telles  que  des  ours  , des  lionnes , 
des  panrhéres  , des  lions,  des  autruches,  des  anes 
fauvages  Se  des  bifons.  Lorfque  Fon  inondoit 
Faréne  pour  donner  le  rpeétaclé  des  naumachies, 
des  monílres  marins , tels  que  des  phoaues , des 
veaux  marins  fortoient  du  fein  des  flots , Se 
combattoient  contra  des  ours.  Calpurnius  en  a 
confervé  la  mémoire: 

Nec  folum  nohis  fylvefiria  cernere  monfira 
Contigit , Aqaoreos  ego  cum  certantibus  urjis 
Speciavi  vítulos , & eqaorum  nomine  dignrnn 
Sed  deforme  pecus. 

11  eñ  difEcile  dé  ñxsr  Fépoque  ou  Fon  bátit  im 
amphithédtre  pour  la  premiére  fois.  Les  Grecs  ne 
connurent  point  ces  amufemens  cruels  & fangui- 
naires  j les  Romains  créérent  cet  affreux  genre 
de  fpeciacle  , & Fon  croit  que  ce  fut  veis  la  dé- 
cadence  de  la  republique.  Les  premiers  dmphi- 
théatres  tfétoient  bátis  que  pour  Finíiant  des  jeux, 
& on  Ies  conftrüifoit  d’abord  en  bois,  hers  de  la 
ville,  dans  le  champ  de  Mars.  Sratiüus  Taurus  en 
bátit  un  de  pierre  dans  Rome , Fan  72  f de  fa  fon- 
dation  : celui-lá , dont  on  ignore  Femplacement , 
& i ampkithéáire  de  Vefpafien , aujourd’hui  k 


AMP 

Colyfée  , furent  les  feuls  renfermés  dans  la  ville. 

Les  amphitkéátres  étoient  confacrés  áDiane, 
á Mars  á Saturne.  Le  cuite  dont  Diane  fut 
honorée  dans  la  Tauride,  femble  avoir  influé  fur 
eelui  dont  les  Romains  Fhonoroient  au  milieu  des 
combats  de  gladiateurs  & de  bétes  feroces.  Maptiaí 
emploie  le  nom  de  cette  déeíTe,  pour  exprimer 
une  chaíTe  donnée  dans  Y am.phitkéátre  par  Domi- 
tien,  (xrr.  i.  ) : 

Inter  CAfareA  dijerimina  fiva  DlanA. 

Saturne  étoit  le  dieu  tutélaire  des  gladiateurs,.  a 
caufe  de  fon  naturel  fanguinaire.  La  meme  raifon 
leur  fit  fans  doute  rendre  un  cuite  particulier  au 
dieu  de  la  guerre. 

On  voyoit  auíli  dans  les  ampkitkéátres , un  autel 
confacré  au  Júpiter  infernal  , á Pintón.  Le  fang 
des  gladiateurs"  & des  bétes  maíTacrées  y tenoit 
lieu  de  iibation.  Prudence  reproche  aux  Romains- 
ce  cuite  fanguinaire,  ( Cont.  fymm.  i.  384.): 

Funditus  humanas  Laliari  in  muñere  fanguis ; 

Concejfufque  lile  fpeñantum  folvii  ad  aram. 

Plutonis  fera  vota  fui  : quid  fatiSlus  aray 

Qua  bibit  egefium  per  myfiica  tela  cruorcm. 

Lorfque  les  jeux  étoient  célébrés  en  Fhonneur 
de  puelqu’autre  divinité,  on  pla^oit  fon  autel  au 
milieu  de  Faréne.  Ainii,  lorfque  Caligiila  donna 
des  combats  de  gladiateurs  en  Fhonneur  d’Au- 
gufte,  on  avoit  élevé  un  autel  á cet  empereur 
'délfié,  {Jofepk.  Ant.  Jud.  xix.  l). 

Les  ampkitkéatres  de  Rotne , dont  le  fouvenif 
s’eíi  confervé,  ou  dont  Ies  ruines  fe  voyent  en- 
core, font,  1°.  Y amphhhiátre  Cafirenfe  , bátl  peut- 
étre  par  Tibére,  fur  la  coiline  des  Efquilies,  dans' 
la  cinquiéme  región.  On  en  voit  les  débris  á gauche 
de  Sainte-Crcix  de  Jérufalem  : il  étoit  de  brique, 
& Fon  y avoit  fuivi  Fordre  corinthien.  2°.  Vam- 
phithédtre  de  Vefpafien,  aujourd’hui  le  Colysée.- 
Voyey^  ce  mot.  3°.  ampkithé&tre  de  Sratilius 
Taurus.  On  en  ignore  la  place  : peut-étre  étoit-il 
dans  le  petit  champ  de  Mars.  4°.  U amphithédtre 
batí  par  Trajan  dans  le  champ  de  Mars , & détriiit 
par  Hadrien. 

On  trouve  dans  l’Italie,  dans  les  Gaules,  & 
dans  plufíeurs  autres  contrées  occidentales  de 
I’Europe  , des  relies  ¿YAmphithédtres.  Mais  les 
villes  grecques  n’en  bátirent  jamais.  Maffei  l’a 
demontre  dans  fon  traité  degü  Ampkitkeatrl. 

Une  belle  cornaline  de  la  colleéiion  de  Stofeh, 
nous  oírte  le  dellein  bien  confervé  d’un  amphi- 
thédtre avec  des  fpeélateurs.  On  voit  fur  Faréne 
deux  hommes  armés  qui  combattent  enfemble. 
lis  font  animes  par  le  fon  de  deux  trompettes  & 
d’un  cor  ou  lituus.  Celui  qui  tient  ie  lituus  avec 
lequel  on  donn'oit  le  fignal  des  combats , eíi 
debout  á Fextrémité  de  Faréne,  auprés  d’un  terme. 
A Fautre  extrémité  & auprés  d’un  fecond  terme, 
font  aífis  les  deux  trompettes.  Au  mílieu  de  Yam- 
pkithédtre  & fur  Faréne  auprés  Jes  gradins,  cft  ■ 


A M P 

sfíi/e  une  figure  ^ qiii  paroí:  erre  le  Lanifia,  & 
CU!  porte  la  baguette  appelée  ruáis , deítinée  aux 
gladiateurs  vaincueurs.  Enfin  j au  hautde  'iamphi- 
théatre  eft  placé  le  íiége  ou  fuggeftum  du  préildent. 
Ce'n’eft  pas  celui  d’un  préteurj  mais  d'un  empe- 
rear  5 car  il  a la  forme  du  tricLinium  aacien , & 
Jales-Céfar  fe  fervit  le  premier  dans  Jes  jeux  du 
JiLggefiiim  fait  cotnme  un  lir , appelé  par  certe 
raí  fon  pulvinar.  Ses  fucceíTeurs  rimitérent  conf- 
tamment. 

AMPHITHERE',  fiis  d'AIcméon  & de  Calli- 
rlioé.  V.  Acak-NAnaSj  Alcméon. 

AMPHITHÉTÉ^j  vafe  á boire,  remarquable 
par  fa  grande  capacité.  Les  anciens  s’en  fervoient 
dans  les  parties  de  débauche  ; d'oü  vinr  Je  pro- 
verbe,  ex  ampkitheto  bibifti ; vous  avez  bu  plus 
que  de  raifon.  ^ 

AMPHITHOE , une  des  cinquante  néréídes. 

AMPHITRÍTE,  ñlle  de  POcéan  Sr  de  Thétis, 
confentit  á devenir  femme  de  Neptune^  á la  per- 
fuaíson  d’un  daüphin  ^ qui  ^ pour  fa  récompenfe  , 
fut  placé  parmi  les  afires.  Ampkitrite  vient  du  grec 
, j' envirorme.  On  !a  donne  pour  fémme 
á Neptune  ^ c’eft-á-dire , á ia  mer,  parce  qu'elle 
e.nvironne  la  terre.  Ampkitrite  avoit  une  ílatue 
dans  le  temple  de  Neptune  á Corinthej  elle  avoit 
auíli  dans  Tifie  de  Teños  ^ une  llame  coIoJTale, 
balite  de  neuf  cóudées , ainfi  que  Neptune.  Span- 
heim  dit  qu'elle  eíl  fouvent  repréfentée  comme 
une  fvréncj  avant  le  haut  du  corps  d'une  femme 
jufqiTá  la  ceinture  5 & pour  le  bas  j au  lieu  de 
jambes  j une  queue  de  poilTon. 

Deux  moniimens  ^ publiés  par  Winkelmann  ^ 

( Monum.  inediti ) nous  repréfentent  Ampkitrite 
d’une  maniere  plus  agréable  & parfaite.ment  con- 
forme aux  types  des  médailles  des  Bruttiens.  L’un 
de  ces  marbres  eíl  un  tombeau  de  la  ville  Bor- 
ghéfe , qui  repréfente  la  chute  de  Phaéton  : on 
voit  ce  téméraire  fils  dü  foleil  qui  tombe  dans  la 
mer,  ñgurée  par  TOcéan  fz  Ámphitrite.  Celle-ci 
oSre  les  traits  d’une  jeune  femme  tenant  une 
rame,  & ayant  pour  attribut  principal  deux  ferres 
d'écreviíTe  placees  dans  fa  chevelure  ^ en  guife  de 
comes  j au-deíTus  du  front.  Elle  eíl  coéfFée  de 
méme  fiir  le  fecond  marbre  antique  j mais  elle 
porte au  lieu  de  rame , une  palme  ou  un  acrof- 
tole  , ornement  de  la  proue  des  vailíeatix. 

O.n  luidonnoit  cet  attribut  íingulier,  ainíi  qu’á 
TOcéan , ann  de  montrer  que  Tun  & Tautre  éten- 
doient  leur  empire  fur  la  mer  & far  les  ports.  Les 
deux  nicles  qui  forment  les  ports  ^ & les  ferres 
íT fcrevilTe  , s’expriment  par  le  méme  mot  grec 
ce  qui  a ñsíHt  pour  faire  donner  á Amphi- 
riite  & á 1 Océan  cette  étrange  marque  de  leur 
puííiance. 

Ampkitrite  fut  raére  de  Tritoru 
Deux  néréídes  portoient  auíTi  le  nom  a Ampki- 
trite. 

.jjV'^TnlTRYON  5 mari  d’AIcmenCj  beau-pére 
e liereule  ^ étoit  fils  d’Alcée..  fils  de  Perfée  ^ coufin- 


A M P 1 57 

germamj  par  conféquent,  d’Alcmene  fa  femme-. 
Les  uns  lui  ont  donné  pour  mere  Jíipponome  „ 
filie  de'AIénécée ; d’autres  Lyfidice , filie  de  Pé- 
lopsj  d’autres  enfin  j Laonomej  filie  de  Gunéus. 
On  a rapporté  á Tarticle  Alcméne  ^ tout  ce  qui 
a trait  á fon  mariage  & á fes  fuites.  On  ajoutera 
feulement  ici  qucj,  pour  engagerCréon  á i’accom- 
pagner  dans  fon  expédition  contre  les  Téléboés , 
il  fallut  qu’il  le  délivrát  d’un  renard  qui  faifoit 
de^  grands  ravages ; il  y réuíEt  par  le  fecours  de 
Céphale.  Voyei^  Lélape. 

Ampkitryon,  accompagné  des  troupes  de  divers 
peiiples , entra  fur  les  rerres  de  Ptérélas , roi  des 
T éiéboés  ¿ & les  ravagea ; mais  le  fort  de  la  villa 
de  Taphe,  capitale  de  ce  royaumcj  &:  la  propre 
vie  du  roi,  dépendoient  d’un  cheveu  d’or  qui 
étoit  melé  dans  fa  chevelure.  Comérhej  filie  da' 
Ptérélas  , devint  amoureufe  á' Ampkitryon  & 
pour  engager  ce  prince  á répondre  a fa  paflios, 
elle  arracha  le  cheveu  fatal  de  fon  pére  , quf 
moumt  far-le-champ.  Ampkitryorz  s’empara  de 
tous  fes  états  ^ fit  mourir  Coméíhe , cette  filie 
dénaturée.  Se  s’en  retourna  chargé  de  dépouilles. 

AMPHORA.  ( V'afe ) C’cíl  le  nom  que  les 
anciens  donnoient  á ces  grands  vafes  de  terre 
cuite , pointus  par  le  bas,  & ordinairement  accom- 
pagnés  de  deux  anfes,  qu’ils  appeloient  aufli  diot&^ 
tefis..  On  en  voit  beaiicoup  fur  les  médailles  de  la 
Crece , dans  toutes  les  coliediions  d’antiques , & 
dans  le  cabinet  de  Sainte-Geneviéve  de  París  en 
particuüer.  Les  vafes  que  Ton  a trouvé  á fíercu- 
lanum  dans  une  cave,  au  fond  de  laqueMe  ils 
étoient  mures  , & dont  la  boliche  étoit  fixée  dans 
une  efpéce  de  gradin  de  marbre  , pour  y recevoir 
des  couvercies  de  la  méme  pierre,  étoient  de  cette 
efpéce,  & nous  ont  appris  comment  les  anciens 
les  fixoie.nt  de  bout,,ma!gré  la  pointe  qui  les  ter- 
minoit.  On  voyoit  á la  ville  Albani  une  ampkore  Ji 
grande,  qu’elle  contenoir  xviii  amphores , on 
prés  de  cinq  cens  cinqaante-huit  pintes  de  París  ; 

8c  une  feconde  avec  Tinfeription  fuivante  : 

VII  ( 

LVI  I 

On  a trouvé  á Hercuianutn  & á Pompeii,  plu- 
lieurs  amvkores  chargées  d’infcriptions  écrites 
avec  de  la  couleur,  relies  que  celles-ci : 

HERCULANENSES 
NONIO 

Les  habitans  d’HercuIanum  mettoient , comme 
on  voit,  le  nom  de  Nonius , leur  préteur,  fur  leurs 
vafes , de  méme  que  Ies  Romains  y écnvoient 
celui  de  leurs  confuís.  Horace,  ( Ód.  lu.  8.}: 

Kic  dies  atino  redeunte  fefius 
Corticem  adftriñum  pice  dimovebit 
Ámpkorsí  fumum  bibere  inftituts. 

Con  fule  Tullo. 


15S  A M P 

II  n’y  a pas  long-tems  que  c'étoit  encore  Tufase 
á Naples.j  d'enterrer  des  vafes  de  rerre  remplis  de 
vin,  toutes  Ies  fois  qu  il  naiiToit  un  enfant,  & on 
ne  les  déterrokque  quandfenfant  fe  marioit.  Ces 
vailTeaux  font  pointus  par  le  baSj  pour  les  fixer 
plus  surement  en  terre  : on  en  a trouvé  quelques- 
uns  á Pompeii , qui  étoient  engagés  dans  les  rrous 
d’une  voúte  píate  faifant  partie  d’une  cave. 

A quelque  peuple  , foit  grec  , foit  étrufque  , 
fok  campanien , que  Ton  attribue  cette  monf- 
trueufe  amphore  qu'a  publíée  le  comte  de  Caylus  ^ 
(^Rec.  iv^  pl.  y8)  fon  induftrie  nous  étonne ; car 
c’eft  une  opération  de  Tart  des  plus  compliquées 
par  fon  volume  , & que  les  modernes , par  cette 
laifon  , ne  pourroient  peut-étre  pas  imiter  ou 
lépéter.  En  effet , on  s"en  rapporte  á tous  ceux 
qui  ont  vu  travaiüer  les  potiers  de  terre ^ pour 
juger  des  nioyens  d'exécuter  & de  tourner  avec 
une  forte  d'exadkude,  á Tintérieur  commeáTex- 
térieur  j un  vafe  de  terre  donr  Tépaifleur  de  quatre 
pouces  eíl  égale  , la  hauteur  de  cinq  pieds  fix 
pouces  , le  diametre  de  cinq  pieds,  & par  confé- 
quent  la  circonférence  de  quinqe  pitas  ; ce  qui 
contient  environ  lix  muids  de  liqueur.  Cette  urne 
de  terre , quoique  d’une  forme  ronde , peut  erre 
mife  au  rang  des  amphores  j il  eíl  certain  du  moins 
qa’on  ne  peut  la  croire  deílinée  á aucun  autre 
ufage  , qu'á  celui  de  renfermer  le  yin.  Elle  a été 
trouvée  á PouzzoleSj  & elle  étoit  encore  entiére 
en  1750,  lorfquelle  fut  mefurée  Se  deílinée  par 
M.  SoufHot. 

' Les  Romains  employoient  Ies  amphores  á diíFé- 
rens  ufages ; ils  s’en  fervoient  pour  y renfermer 
des  olives  j des  raifins  fecs  j de  Tíiuilcj  & fur-tout 
du  vin. 

A la  vérité , ces  vafes  n’étoient  guéres  com- 
modes  pour  le  fervice.  I!  failok  néceífairementj 
pour  leur  donner  une  aff.ette  ferme  & folidcj 
faire  un  trou  dans  la  terre,  dans  les  lieux  pavés 
& dans  Ies  greniers,  oú  les  Romains  avoient  cou- 
tumede  conferver  leur  vin.  Horace,  {Od.  xxnu, 
lib.  i.y. 

Rarcis  deripere  harreo 

Cejfantem  Bibuli  qonfidis  amphoram. 

On  étoit  obligéde  conftruire  deseorpsde  tab'ettes 
á jour  le  long  des  murailles  , ou  portes  fur  trois 
ou  quatre  pieds , pour  les  pofer  & les  établir  en 
fútete  ; mais  cette  précaution  ne  remédioít  point 
á la  diíKcuIté  du  tranfport  & de  Tufage ; car  il 
devoit  toujours  étre  embarraíTant  de  tranfvafer  ou 
vuider  la  liqueur  dans  toutes  les  occafions  qui  fe 
préfentoient  fréquemment.  Cependant,  un  ufage 
aulK  peu  raifonnable  a régné  pendant  plulieurs 
Léeles  j par  la  raifon  que  Thabitude  rend  tout 
facile  & ne  permet  pas  de  réfléchir. 

Au  refte,  on  ne  peut  douter  que  ces  vafes  ne 
fufíent  deñinés  á conferver  le  vin.  Ficoroni  a cer- 
tifié  au  comte  de  Caylus , oue  Ton  en  avoit  trouvé 
pluíieurs  á Rome  ¡ fur  lefquels  on  lifoit  encore 


A M P 

! Tannée  du  conñiht  ^ pour  marquer  Táge  du  vsn/ 
I confor.mément  aux  vers  d’Hqrace  cites  plus  haut, 
(X/á.  III , od.  VIH.)  : 

llic  dies , anno  redeunte , Fejlus,  &c.  &c, 

On  découvrit  a R.ome , il  y a environ  quarante 
aiis,  dans  une  fouille,  des  vafes  de  terre  de  cette 
forme,  dans  lefquels  il  étoit  reñé  une  efpéce  de 
liqueur , au  milieu  df un  tartre  fort  épais.  On  en 
gouta  & Ton  n'y  trouva  aucune  faveur.  Un  íi 
grand  nombre  de  fiécles  a du  faire  perdre  á ce 
vin  fa  forcé  & fon  goiit.  Cependant  une  femblable 
découverte  auroit  pu  occaíionner  des  analyfes, 
fouvent  Utiles  á la  fociété. 

Quelqkincommode  que  paroiíTe  Tufage  des 
vafes  de  terre  cuite  pour  mettre  le  vin,  il  eíl  encore 
en  vigueur  chez  Ies  Tartares , cotnme  nous  Tap- 
prenons  du  paíTage  fuivant , que  nous  avons  cm 
devoit  tranferire  , afin  d'expliquer  cette  pratique 
des  anciens.  II  eíl  extrait  de  XHifioire  des  décou- 
_ venes  faites  par  divers  favans  voyageurs  dans 
pLafeurs  contrées  de  la  Rii0e  <&’  de  la  Perfé,  &c. 
tom.  2.  Berne  , 1781,  in'4°.  Voy  age  en  Perfe, 
P‘^g-  22.  _ 

" Ceux  (dit  M.  Gmelin)  qui  s’occupent  de  la 
fabrication  des  vins  dans  ces  contrées,  les  mettent 
en  auromne  , au  fortir  du  preíToir , dans  de  grands 
vafes  de  terre  fort  ventrus  (on  les  nomms.  jarres 
en  Provence).  Au  lieu  de  caves,  ils  creufent  de 
grandes  foífes  dans  iefqueiles  ils  placent  ces  jarres, 
dont  ils  bouchent  Touverture  avec  des  pierres 
piares ; les  foífes  font  enfuite  recomblées  avec  II 
méme  terre  qui  en  avoit  été  titee.  Le  vin  demeure 
ainíi  dans  la  terre  pendant  un  ou  deux  ans  , quel- 
quefois  feulement  fix  mois.  Ces  foífes  ne  font 
connues  que  de  ceux  qui  les  ont  creufées ; ils  ont 
de  fi  juíles  raifons  de  craindre  la  perte  de  tout  le 
fruir  de  leurs  peines  & de  leurs  dépenfes , qu’iis 
ont  grand  foin  de  choilir  pour  Templacemeat  de 
ces  caves  fouterraines,  des  endroits  ou  perfonne 
ne  puifTe  feulement  foupqonner  qu’on  y ait  caché 
du  vin.  Lorfqufils  veulent  faire  ufage  de  leur  pro- 
vifion  j ils  déterrent  les  jarres , & ne  manquent 
pas  pour  Tordinaire  de  les  vuider  tout-á-fak , Tex- 
périence  leur  ayant  appris  que  lorfqkon  y laiffoit 
par  hafard  quelques  reíles,  il  manque  rarement  da 
tourner  & de  s'aigrir. « 

_ Les  ifles  de  la  Crece,  Samos  Se  Chio  en  par- 
ticulier,  étoient  célebres  par  leurs  manufaflures 
¿L  amphores  & de  toutes  fortes  de  vafes  de  terre 
cuite.  On  les  réfervoit  pour  les  vins  précieux. 
Horace , ( Od.  i.  20. ) : 

Grs,ca  quod  ipfe  tefia. 

Conditum  levi. 

Cellesde  la  Campanie  8e  du  pays  des  Sabins,  étoient 
d’une  fabrique  plus  commune. 

Afin  que  le  vin  ne  s’évaporát  pas  au  travers  des 
pores  du  vafe , on  Tenduiíbk  de  poix , & en  Is' 


A M P 


bouchoit  avec  du  liége  recouvert  d'un  mafdc  fak 
avec  de  la  poix , de  la  craie  & de  rhuile  ou  d'autres 
rnatiéres  gralTes.  Ces  précautions  coníérvoient  ie 
vin  pendanc  des  fiécles  entiers.  Pérrone  en  cite 
qai  avoit  cent  ans  {cap.  34) ^ & qni  avoit  vieilli 
dans  des  ampkores  de  verre  endaites  de  craie  oa 
de  plátre  : Statím  allats,  junt  amphorii  vitrea  dili~ 
genter  gypfata , quarum  in  cervicibus  pittacia  erant 
affixa  , cum  koc  titulo  : Falsmum  Opimianum  an.no- 
rum  cenfam. 


On  connoiííbit  Táge  du  vin  par  les  infcriptions 
que  1 on  .mettoit  fur  les  ampkores.  Kous  avons  va 
plus  haut  qu’elles  annonqoient  le  nom  du  confu! 
fous  leque!  elles  avoient  été  rempües , la  capacité 
<ies^  ampkores  & refpéce  de  vin  qu'elies  renfer- 
moientj  ce  qui  fit  naitre  TexpreíHon  de  meliore 
notá^  pour  déíigner  un  \ún  plus  Sn  ^ plus  rare ; & 
elle  devint^  d un  ufage  général  , méme  au  fens 
moral.  Canon  dit  dans  Cicerón  j {Fam.  vii.  2^.)  : 
Sulpicii  fziccejfori  nos  de  meliore  nota  commenda. 

Les  ampkores  ne  fervirent  pas  toujours  á un 
ufage  li  ^relevé.  On  en  placa  dans  les  culs-de-fac 
& dans  íes  mes  detournées  de  Rome,  afin  que  les 
citoyens  puiTent  fatisfaire  aux  befoins  prefl'ans  de 
la  nature.  \ efpaíien  établit  un  impot  fur  ceux  qui 
en  faifoient  ufage  5 & il  trouva  des  hommes  aílez 
vils  pour  fe  teñir  aupres  de  ces  ampkores , afin 
d’exiger  cette  nouvelie  efpéce  de  tribut. 

Aat  FH  ORA  capitolina , étalon  de  Vamphora 
{mefure)  confervé  au  capitole. 

Ajsphora  najitema.  Foye:^  ce  mot. 

AMP HORALE , vafe  de  cryñal  ayant  la  forme 
tz  peut-etre  la  capacite  de  certaines  amphores. 
Pune 3 (37-  • Idem  Xenocrates  auSor  éji  , vas 

amphorale  vifum. 


AMPHORARIÜM  vinum , vin  renfermé  dans 
Íes  amphores. 

AMPHORE  afiatique  & grecque.  V.  Ampho- 

REUS. 

Amphore  3 mefure  des  liquides.  II  faut  obfer- 
ver  que  fouvent  Ies  anciens  ont  appelé  générale- 
ment  ampkora  & diota , c'eft-á-dire , vafe  á deux 
anfes^  ou  á deux  oreilles  3 ie  bath  afiatique  3 le 
ínetretes  attique , \ amphore  romaine  3 8cc. 

AMPHORE3  diota  3 quadraiital y métrétes ^ mefure 
de  capacité  pour  les  iiqueurs  des  anciens  Romains ; 
elle  valoit  30  pintes  & j||  de  Francc;  elle  valoit3 
en  mefures  du  meme  pays3  2 urnes3  ou  8 conges3 
ou  48  fextarius3  ou  56  héraineS3  ou  152  quarta- 
rius  3 ou  3 84  acétaDuIes  3 ou  376  cvathes  3 ou 
2304  legules. 


A1V1PHOREUS3  mefure  de  capacité  de  TAfic 
oc  de  í ü-gypte.  Sephel. 

. Itota , mefure  grecque  de  capa- 

mefure  deFrance3  17  pintes 
& 3 ; ede  vaIoit3  en  mefures  grecQues3  ó chous, 

combar  poétique 
ou  de  luttc  entre  Ies  poetes  3 qui  fe  fkifoit  dans 


A M P 35^ 

liíle  d /Égine.  On  y donnoit  un  boeaf  pour  ré- 
cqmpenfe  a celui  qui  avoit  fait  les  meüleurs  vers 
ditnyramoiques  en  l’honneur  de  Bacchus. 

AMPHOTIDES3  áu(p¿Tiait.  On  appeloir  de  ce 
nom  de  ^arges  calottes  dont  on  fe  fervoit  dans 
le  Pugilat.  Elles  étoient  d'airain  , doublées  de 
drap  3 Se  ceuvroient  les  oreilles  ; kur  nona  viene 
d ¿^uiparepsy  3 d’un  cóté  & de  l'autre. 

AMPHRYSUSj  dans  la  Phocide. 

Goltzius  íeu!  a publie  des  médailles  ímpériales 
grecques  de  cette  ville. 

AMPLIUS.  Les  juges  á Rome  fe  fervoient  de 


ce  mot  pour^  renvoyer  le  jugement  d'une  caufe 
a 1 époque  oú  elle  feroit  mieux  éclaircie  : Criton 
remploie  dans  ce  fens.  Térenccj  (Pkormio.  n.  4 ) ; 


Fgo  amplias  deliberandum  cenfeo  : ' 
Res  magna  efi. 


^^^^fifuateurs  & tous  ceux  qui  opinoient  dans 
une  aíFaire , fe  fervoient  auíH  du  mot  amplias , 
pour  annoncer  qufils  avoient  quelque  chofe  á 
ajouter  a 1 avis  auquel  ils  fe  rangeoient.  Sénéque 
{de  rita  beata,  cap.  3.)  : Fortafe  & pcft  omnes 
citaLUs , nihil  improoabo  ex  his  qas  priores  decre- 
verint  , & dicam  , hoc  amplias  cer.feo. 

AMPLUSXRE.  royei^  Aplustre. 

, j ampulla.  C’étoit  une  efpéce  de 

bocai  a cou  long  & étroit.  II  y en  avoit  de  verre 
& de  terre  cuite.  Les  ampoules  de  Samos  & de  la 
Campanie  etoient  célebres.  Le  cabinet  de  Sainte- 
Geneviéve  de  París  en  oírre  plufieurs  dans  la  col- 
iecíion  des  vafes  étrnfques. 

Elles  ont  la  meme  forme  que  Pline  donne  aux 
ampoules.  La  bouche  eíl:  relevée  & reífemble  í 
un  couvercie.  On  n’y  volt  qu^un  petit  trou  par 
lequel  on  faifok  diíHüer  la  Iiqueur3  en  fecouant 
le  vafe.  Ces  vafes  3 qui  lurent  appelés  á caufe  de 
cela  guitas  , gutturnium  vas  Se  coturnium  vas , 
fervoient  a mettre  l'huüe  3 le  vinaigre  & des  par- 
fiims^  liquides.  On  les  employoit  auíE  dans  les 
facrífices3  pour  faire  des  libations  de  vin  3 & 
pour  laver  Ies  mains  de  ceux  qui  vouloient  fe  pu- 
rífier. 

Les  ampoules  firent  auíE  l’ornement  des  buffets 
& des  rabies.  Suétone3  {Domit.  21.  i.)  ; Ut  non 
temere  fuper  coenam  modicam  in  ampulla  potiuncu- 
lam  fumeret. 

Les  philofophes  cyniques  & les  mendians  por- 
toient  en  voyage  des  ampoules  attachées  á ieur 
ceinture.  Plaute3  {Perf.  r.  3.  43.)  : 


Cynica  ejfe  e gente  oportet  parajltum  probe, 
Ampullam habeat. 

Ces  vafes  des  voyageurs  étoient  faits  de  cukj 
comme  nous  l’apprenons  du  méme  poete  {fiad,  m, 

4.310: 

Niji  eril  tam  Jincerum  , ut  quivis  dicat  ampullarius  , 
Optimum  ej^e  opere  f adundo  corium,  & jincerijftmum. 


/ 


i6o 


A M U 


AMPTRUARE  ou  Amsurvarie.  On  ne  fe 
fetvoit  de  ce  niot  barbare,  que  pour  exprimer 
la  danfe  ou  les  contorllóns  du  chef  des  Saliens ; 
conroríions  que  ces  prétres  devoient  répéter  avec 
exaáitude  & précifion. 

AMPYCUS  , pére  de  l’un  des  deux  Mopfus, 
que  Fon  défigne  quelquefois  par  le  nom  patro- 
líomique  Atnpycides. 

AJAPYXl  chaine  d’or  qui  fervoit^  á lier  les  i 
crins  des  chevaux  fur  leur  front.  Homére  défigne  | 
par  cet  ornenient  les  couríiers  du  dieu  de  la 
guerre , x(VTXft.r.'jx.í?.  ^ ^ 

L’on  donna  par  extenfion  le  métne  nom  a une 
efpéce  de'  réfeau  ou  fílet  dqnt  fe  feryoient  Ies 
romaines  pour  couvrir  & aííujétir  leur  chevelure. 
Eíles  Fenrichiíroienr  d’or  & de  pierres  précieufes. 

V.  Fix-et.  . 

AMULA-,  vafe  dans  lequel  on  portoit  leau 
lufirale.  C’e'toit  le  méme  que  V aquiminarium, 
AMüLETTE,  remede,  figure_  ou  caradére 
auquel  la  crédulité  & la  fuperftition  attribuent 
des  propriécés  merveilleufes.  Les  hommes  de  tous 
Ies  ages  & de  tous  Ies  pays  ont  ajouté  foi  a ces 
talifmans.  Les  Egyptiens  nous  en  ont  laifle  un 
grand  nombre  , entre  lefquels  les  A.braxas  tiennent 
un  rang  diftingué.  On  conferve  des  amulettes  fa- 
briqués  par  les  anciens  Perfes.  Le  comte  de  Caylus 
en  a publié  quelques-uns , & les  a accompagnés 
des  réfiexions  fuivántes , qui  jettent  un  graadjour 
fur  les  monumens  perfans , íi  rares  8c  li  difficiíes  á 
expliquer. 

Je  penfe  que  les  Perfes  ayant  trouvé  en 
Egypte  Fufage  de  porter  au  cou  de  petxts  cjdindres 
ornes  de  figures  & dEiéroglyphes , en  firent  fa- 
briquen, ou,  au  lieu  de  divinités  égyptiennes, 
on  repréfentoit  des  fujets  tires  de  leur  hiñoire 
ou  de  leur  théologie,  & Fon  eut  fcin  d’y  joindre 
des  caradéres  hiéroglyphiques  , qui , étant  dif- 
pofés  en  forme  de  priére,  ajoutoient,  felón  I’opi- 
nion  commune , une  yertu  fecréte  a ces  amulettes. 

Je  préte  cetre  idee  aux  ouvriers  egyptiens , parce 
que  les  caradéres  graves  fur  les  deux  pierres  que  . 
i’explique,  font  dans  un  fens  contraire.á  celui  des 
figures , 8c  ne  fe  trouvent  dans  un  ordre  natural 
que  relativement  á une  perfonne  qui  fufpendoit 
ces  figures  á fon  cou.  » 

» Comme  la  fuperftition  n^a  point  de  regle  fixe , 
il  arrivoit  quelquefois  qu’on  négligeoit  de  tracer 
ces  hiéroglyphes  fur  Fefpéce  ^amulette  dont  je 
parle.  On  en  conferve  un  dans  le  cabinet  tíe  Fab- 
baye  de  Saint- Germain- des -Prés  , endérement 
femblable  pour  la  forme  á ceiix  que  je  rapporte. 
Les  figures  qiFon  y a gravees  font  perfannes, 

& ne  font  áccompagnées  d’aucun  caradére.  Le 
P.  de  Montfaucon  s'eñ  coatenté  de  le  faite  graver 
parmi  plufieurs  morceaux  égyptiens , & nYn  a 
point  donné  Fexplication.  ” 

==  J"ai  fuppofé  que  Ies  Egyptiens  faifoient  de 
.pareils  amulettes  pour  leur  ufage  particulier,  & 
je  vaxs  en  donner  une  preuve  fans  replique-  Depuis 


A M Y 

quecéUX-ci  ontété  graves,  fen  ai  acquis  un  dqnt 
lé  travaii  eft  d’un  gout  égyptien,  8c  qui  de  plus 
repréfente  des  figures  conftamment  égyptiennes , 
des  liis , des  Scarabées , 8cc.  J'obferverai  que  le 
méme  uíáge  s’étoit  établi  chez  les  Etrufques. 
M.  Gori  a fait  graver  dans  un  de^fes  quvrages , 
un  morceau  de  fardoine  qui  doit  étre  á-peu-prés 
de  méme  hauteur  , 8c  percé  dans  le-méme  fens 
que  Ies  deux  cylindres  qui  font  Fobjet  de  cet 
arricie.  II  eft  odogone , 8c  Fon  voit  alternative- 
ment  des  figures  Se  des  fymboles  fur  chacun  de 
fes  pans.  M.  Gori  croit  qu  ií  étoit  deftiné  á étre 
fufpendu  au  cou  j 8c  je  ufen  rapporte  d’autant 
plus  a fon  fentiment , que  les  morceaux  étrnfques 
8c  Ies  morceaux  egyptiens  comparés  entfeux , 
font  fouvent  mention  á'ufages  communs  aux  deux 
nations.  ==  ( Caylus  , R.  i.  ^6). 

Les  Crees  firent  un  grand  ufage  des  amulettes , 
8c  leur  donnérent  plufieurs  noms.  lis  les  appe- 
loient  (pí)?íXieT¡í^sa.  3 ■srefíaAlx  3 a%o\ZAi(¡-;xxra,  3 sín^r,- 
fecélx,  TTiiiáfefixrx  3 íls.atribuoient  des  vertus 

ftirnaturelles  au  laurier , au  faule , aux  arbriffeaux 
épineux  , á la  palicaire,  au  jafpe  _ 8c  á prefque 
routes  les  pierres  précieufes.  Les  TheíTaliens,  les 
Illyriens  & les  Triballes  étoient  célebres  par  la 
forcé  de  leurs  enchantem.ens.  Les  dernsers  poa- 
voient  , felón  Pline  , faite  périr  des  animaux_  8c 
des  enfans  paí  leurs  feuls  regards.  Cetre  opinión 
devint  générale  , 8c  les  poetes  latins  parlent  fans 
ceíTe  des  regards  brúlans  des  envieux.  Pour  ea 
détruire  Ies  pernicieux  eftets,  on  fufpendoit  au  cou 
des  enfans,  des  amulettes  fabriques  córame  des 
membres  virils.  La  crédulité  8c  la  fuperftition  les 
ont  li  fort  multipliés,  que  toutes  les  colleétions 
d'antiques  en  pofíedent  un  grand  nombre.  Voye'¡i 
Fascinum. 

Dans  le  méme  deíTein , on  portoit  des  couroiines 
deperles.  Virgile,, ^7-)- 

Aut  fi  ultra  ■placitum  laudarit,  baccare  frontent 

Cingue,  ne  vati  noceat  mala  lingua  futuro. 

On  faifoit  aufii  pour  le  méme  objet,  des  colliers 
avec  des  coquillages , des  pierres  précieufes  8c  du 
corail. 

Les  anciens  craignoient  les  regards  des  envieux 
autant  pour  eux-mémes  que  pour  leurs  enfans: 
c’eñ  pourquoi  ils  employoient  pour  s'en  préferver 
les  mémes  amulettes , qu  ils  attachoient  au  cou  de 
leurs  fils.  Ils  les  fufpendoient  aux  jambages  des 
portes , de  maniere  qu’en  les  ouvrant,  en  faifoit 
remuer  cts  ph.allus , 8c  ón  ébranloit  Ies  clochettes 
qui  y étoient  attachées.  Herculanum  a fourni  une 
grande  quantité  de  ces  phallus  remarquables  par 
leurs  formes  bizarras,  leurs  enlacemens  ridicules 

Se  leurs  accouglemens  fantaftiques. 

C'eft  eux  fans  doute  que  les  Grecs  appeloient 
gusieavíoí-  3 TTpecr^xsTicxv íx , Sc  que  Ics  attifans  atta- 
choient a Fentrée  de  leurs  boutiques  ou  aupres 
de  leurs  forges.  Pollux  dit  aue  c’étoient  des  figures 

ridicui«s 


A M Y 


fiJjful?*  $S  ebíeenes  ¡ auxquelles  oij  artribiioit 
ia  vertu  de  détousner  Ies  ef&ts  dangereux  de 
í'envie. 

AMüN.  V Ammon, 

filíe  de  Niobé  , que  Diane  & 
Apoilon  epargnéreiitj  ainlí  que  fa  fceur  Méiibée. 
F.  Niobe^,Mélibee. 

AMí  CLEEP'v  j nom  d^ApoUon,  pris  de  la  ville 
d Amycleej  voifine  de  Lacédémonej  oú  ce  dieu 
avoit  le  plus  fameux  de  tous  les  temples  dii  Pélo- 
ponelCj  felón  Polybe. 

_ On  a faic  de  cette  épithéte  d'ApoIlon^  une  divi- 
nite  particuliére  dans  l’ancienne  Eacyclopédie  j 
c eít  une  erreur  groífiére. 

AMYCUS,  fiis  de  Neptune  , étok  roí  des 
Eepryces;^  ce  barbare  obligeoít  tous  les  étrangers 
qui  arnvoient  dans  fon  pays,  á fe  battre  contre 
luí  a wups  de  poings_,  ou , feion  d'autres , á coups 
de  «fte.  Comme  ii  étoit  fort  adroit  á cet  exerdce, 
& de  plus  tres-vigoureux,  il  les  vainquoit  tous 
& Ies  mettoit  a mort.  Pollux  fe  préfenta  á luí  au 
nom  de  tous  les  Grecs  pour  le  combatiré  au  cefte  ^ 
& le  tua.  Le  jour  de  fes  funérailles^  on  planta 
fur  ion  tombeau  un  laurier  qui  le  couvrit , & 
que  1 on  appela  le  laurier  furieux  ; parce  qu’au 
rapportde  PiinCj  fi  on  endétachoit  une  branchcj 
^ portar  dans  des  vaifleauxj  on  ne 
celioit  de  fe  quereller  jurq-Yá  ce  qu'on  Ten  eút 
otee. 


^ Ce  combar  célebre  dans  rantiquité^  qui  avoit 
ete  propofé  par  Amycus  á tous  Ies  argonauteSj 
& accepté  par  P ollux , eft  repréfenté  fur  un  vafe 
de  bronze , confervé  i la  galerie  de  Saint-Ignace 
a Kome.  Winkeímann,  qui  Ta  reconnu  pour  un 
ouvrage  des^artííles  romains  j Ta  expliqué  & fait 
grayer  a ia  tete  du  csnquiéme  livre  de  fon  Hiñoire 
de  1 Art.  Pollux  j paroít  occupé  á lier  Amycus  á 
un  arbre  j & Minerve  préfide  á cette  juñe  puni- 
tJon.  Laítor , reconnoiffable  á un  bracelet  qu’il 
porte  au  bras  gauche  ^ eft  affis ; & prés  de  luí  eft 
debout  un  des  argonautas.  Une  aurre  figure  cou- 
chee  au  pied  de  Farbre  ^ femble  garder  les  habits 
des  combattans._  Le  vainqueur  eft  couronné  par 
un-genie  alié  qui  plañe  dans  les  airs^  á la  maniere 
des  Etrufques. 

Amycus,  frére  d'Hippolyte,  reine  des  Ama- 
zones,  ayant  voulu  s’oppofer  au  paffage  d'Her- 
cule,  qui  yenoit  faite  la  guerre  á fa  fceur,  fut 
tue  par  ce  heros ; il  étoit  roi  de  Bébtycie , comme 
le  preceaent.  Herede  donna  fa  ville  á Lveus 

Amycus  , un  des  convives  des  noces  de  Piri- 
^ f Hyppodamie.  II  prit 
fes  querelle  qm  furvint  á ces  noces  entre 

av“c  un  raod*  n Lapithes , & creva  un  ceil 

Céladon.  Une  belle 

iMet  elegamment  par  Ovide  , 

■^tiqidtés  j Tome  /. 


A N A 

Trimus  OpHop.id£s  Amycus  penetraíla  donis 
Haud  tirnuic  Jf  aliare  Jlus  , ó'  primus  ah  sdc 
Lampaaibus  deufum  rapuit  fúñale  corufeis  , 
Elatumque  alte  , veluti  qui  candida  tauri 
iiumpere  f aerifica  molitur  colla  fecuri ; 
lllifit  frqnti  lapithí.  Celadontis  , Sf  offd 
Non  agnofeendo  confufa  reliquit.  in  ore. 
Exfiluere  oculi  ^ disjeciifque  ojjlbus  oris 
Acia  retro  naris  medioque  infixa  palato  efi. 

Le  lapithe  eft  renverfé  fur  une  grande  taíTe, 
de  I efpece  appelée  cráter , & Amycus  en  a une 
párenle  á cote  de  lui.  Ce  dernier  porte  en  reüef 
fur  fon  boucüer  une  écrevifle  , qui  délignoit  la  pru- 
dence  chezles  Grecs,  oü  plufieurs  villes  ravoient 
adoptée  pour  leur  fymbole. 

AMYGDaLES.  L’extirpation  des  amygdales 
ou  de  Yuvula  da  pas  été  inventée  par  les  mo- 
dernes  : il  faut  avouer  feulement  que  Ies  canteres 
efficaces  dont  on  le  fert  pour  les  extirper,  doiit 
point  été  employés  á cet  ufage  par  anciens," 
qui  Jes  amputoienr. 

^ AM_Li',:OM£,  filie  de  Panaüs , eut  de  Neptune 
ISauplius , pére  de  Palameae.  Danaüs  ayant  eñvové 
fa  fide  puifer  de  I’eau  pour  oífrir  un  facrince  , 
un  fa..yre  vouiut  luí  faite  violence  j la  princefle, 
e.irayee  , appela  Neptune  á ion  fecours.  Ce  dieu 
la  delivra  en  eifet  du  fatyre  , mais  il  Ini  fit  la  méme 
mfuire  qu  elle  craignoit  de  la  part  de  Thabitant  des 
forets. 

AMYNTAS  III,  roi  de  Macédoáne.  A.MTNTas, 
Ses  médailles  font ; 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

RR.  en  bronze. 

Amyntas,  roi  de  Cybire.  AMYWTas. 

Ses  médailles,  avec  la  tete  de  Diane,  fonr- 
RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Amyntas-,  roi  de  Galatie.  amyntaSí 
Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

AMYSTIS,  maniere  de  boire  que  nous  appe- 
lomfabler.  Les  Thraces  y excello ieñt , & Horáce  a 
exprimé  la  vióloire  que  devoit  remporter  le  meii- 
leur  buveur,  par  ces  mots  ; Threiciá  vincere  am'/C- 
. tide. 

AMYTHAONj  frére  d'Efon,  & fils  de  Cré- 
theus  & de  Tyro.  Eby'e^AMPHiARAUS,  PéliAS. 
AN.  N.  Année. 

a’naba'aaes0AI  , jeter  fon  manteau  d’une 
maniere  agréable.  On  regarátit  á Rome  comme 
agréable  Se  decente  la  maniere  de  s'envelopn^r 
avec  le  manteau  ou  la  toges  lorfqu’on  rele^Qt 
fous  le  bras  droit  la  portion  de  ce  vétement  qui 
tomboit  á droite,  & quon  la  jetoit  fur  Péoaule 
gauche,  apics  sm  paíTeí  íhr  ia  ceiats¿e  & 

X 


ANA 

fur  la  poirfine.  Ce  jet  da  manteau  laifíbit  libre  & 
ádccouvert  !e  brasdrcit,  & couvrok  le  gauche 
juíqu  au  poigrer  Le  plus  grand  nombre  des  ñatues 
drapées  nous  fontvóir  diftinftement  cette  maniere 
de  porter  le  manteau  cu  la  toge.  ^ . 

ÁNABASIEN  ¡ atiahafius.  Les  anabafiens  etoient 
des  cóurriers  chargés  de  meíTages  importans,  & 
qui  voyageoiersí  á chevai  ou  en  charriot.  S.  Jerome 
en  parle  dans  fon  troiíicme  iivre  centre  RufHn , 

chap.  I.  ■ . , 

Leur  nom  venoit  , je  rnonte ; íes 

faifoit  diftinguer  des  cóurriers  de  moindre  impor- 
tance. 

ANABATHRA  ^ degrés  qui  fen-oient 

á monter  fur  Favant-fcéne  (-pul-pltum)  des  théatres 
j'omains.  lis  étoient  de  bois,  foutenus  paredes 
madriers  debout , & attachés  au  mur  du  theatre. 
Juvénai ( Sat.  vm.  46.  ) : 

£r  qiLSí  condutío  pendent  anahathra  tlgiUo. 

Anííbathra.  On  donnoit  auffi  ce  nom  a des 
pierres  taillées  en  forme  de  gradins , que  1 on 
plaíoit  fur  les  grands  chemins  j pour  monter  a 
chevai  & en  defeendre  facilement  „ avant  linven- 
tion  des  étriers.  C-  Gracchus  j irere  de  TíberiuSj 
en  fit  placer  le  premier. 

a'naboa A AioN vétement  que  Ies  Grecs  met- 
A’NABOÁAION  j iroient  fur  la  tuníque , efpéce 
a’naboah  j 3 de  manteau.  V.  Amiculum. 
a’iíaboaeiS.  Les  Grecs  & les  Romains  ne  fe 
fervoient  point  d'étriers.  lis  ne  furent  mis  en 
iifage  que  fous  le  régne  de  Theodofe.  Les  gens 
ariches  ou  puiffans  avoient  des  ecuyers  qui  les 
ibuíevoient  & Ies  aidoient  á monter  á chevai.  On 
appeloit  ¿víio3>.e~í  ces  ecuyers. 

Ceux  á qui  la  médiocrité  de  leiir  fortune  ne 

f>ermettoit  pas  d'avoir  des  aides^  s'éianpoient  fur 
e chevai , ou  montoient  fur  des  pierres  pour 
prendre  de  Favantage.  Une  pierre  gravee  du  barón 
¿e  Stofeh , nous  montre  une  autre  maniere  de  s'ai- 
der  pour  monter  á chevai ; on  y voit  un  cavalier 
cui  met  le  pied  droit  fur  un  crampón  attaché  á fa 
lance  á une  certaine  diítance  de  la  terre.  On  expri- 
moit  cette  maniere  par  la  phrafe  ¿Ao  ¿fatTo;- 

¿ícy , monter  á chevai  avec  la  lance. 

ANACALYPTERIE , ¿yax.aXaymípia.  Ce  mor 
vlent  ^ découvrir.  On  donnoit  ce 

nom  au  troifiéme  jour  des  noces , auquel  il  étoir 
permis  á la  mariée  d’óter  fon  voile  & de  fe  laiíTer 
voir  á tout  le  monde.  Les  préfens  qiFon  lui  fai- 
foit á cette  époque . portoient  le  méme  nom. 

Les  filies  grecques  itoient  févérement  renfer- 
mées  dans  leurs  maifons  5 elles  ne  fortoient  point 
& ne  parloient  jam.ais  a deshommes.^  Lorfqu'elles 
ét  oient  forcees  de  parler  á leur  mari  flitur  ^ elles 
fe  couvroient  d-un  voile  appelé  , qu’elles 

ne  quittoient  que  le  troifiéme  jour  des  noces. 

L empereur  Sévére  ayant  contraint  le  fophiñe 
Hetmocrate  d'époufer  une  femme  trés-Iaide^» 
eslui-ci  repondie  sus  gens  qui  lui  demandoient 


ANA 

pour  elle  les  préfens  anacalypteries  ; On  devreit 
Wen  plutót  lui  en  donner  pour  acheter  un  autre 
voile  j que  pour  óter  celui  qu  elie  a; 
uiy  ¿s  raí  et-'Wíjt  >.¿íj¡4^éíva'v.  il  íaifoit  un  jcil  ÜC  tnoCS 
que  la  lan^ue  francoiíe  ne  fauroit  rendre. 

ANACAMPTOS;,  terme  de  lamufique  grecque. 

II  lianifie  une  fuite  de  notes  retrogrades , ou  pro- 
cédant  de  Faigu  au  grave  : c eñ  le  contraje  da 
Veuthia.  Une  des  parties  de  Fancienne  mdopee 
portoit  auffi  le  nom  é^anacamvtofa. 

AN ACARA,  efpéce  de  tambour  en  forme  de 
tvmbale,  dont  on  fe  fervoit  dans  le  Bas-Empire. 

ANACE , dans  FAchaie. 

On  a quelques  miédailles  imperiales  grecques  de 
cette  ville,  felón  le  P.  Hardouin. 

ANACÉES  ou  Anactées  , fétes  en  Fhonneur 
de  Caílor  & de  Pollux , nommées  Aaaces  ou 
Anañes.  Anaces  vient  du  mot  grec  ¿«I, 
roi , protecleur.  Les  Atheniens,,  Plutarque, 
dans  la  vie  deThéfée,  charmés  de  la  modera- 
tion  de  ces  deux  princes,  qui , apres  avoir  pris  ía 
ville  á'Aphidnés,  pour  venger  Finjure  taita  a leur 
foeur,  avoient  puní  ceux-!á  feulement  qui  avoient 
eu  parí  á Fenlévement ; les  Atheniens , dis-je , 
leur  donneretit  le  nom  d Anadies , iníHtuerent  une 
rete  & des  jeux  en  leur  honneur.  Piutarque  dft 
ailleurs  qu  on  les  appela  Aguaces  , foit  parce  qu  ils 
avoient  fait  ceíTer  la  guerre , ou  parce  qu  iis  avoient 
eu  íi  grand  foin  des  Atheniens  , que , quoique 
leur  ville  fut  pleine  de  troupes,  perfonne  n^y  avoit 
recu  le  moindre  déplailir.  Ce  nom  n a pas  eté  par- 
ticulier  á Caiior  & á Polluxs  il  avoit  ete  donne 
avant  eux  á tous  ceux  d'entre  les  defeendans  d Ina- 
chus , qui  s’ étoient  rendus  celebres  par  leurs  behes 
aéiibns. 

ANACHIS.  Nom  d’un  des  dieux  lares  ou  dieux 
domeftiques  des  Egyptiens;  ils  en  avoient  quatre, 
Dymon,.Tychis,  Héros  & Anachis.  On  croyoit 
qú’auífi-tot  qu  un  homme  étoit  né,  ces  divinit^ 
en  prenoient  foÍn.  Liiio  Gyraldi  penfe,  av^ec  tai- 
fon,  que  ces  noms  font  grecs;  Dynamis , Tyckc, 
Eros  Anaké , c eít-z-édre. , forcé  afortune  , amour  > 
nécejfité , & que  íes  Egyptiens  Ies  ont  corrompus 
en  les  adoptant  dans  leur  idióme. 

ANACHRONISME  , terme  de  Chronologte.  U 
exprime  une  erreur  dans  la  fupputation  des  rems, 
& particuliérement  celle  qui  antidate  un  événe- 
ment.  On  appelle  parachronifme  Terreur  qui  place 
un  fait  beaucoup  oius  tard  qkii  n’eft  aAÍve.  ^ 

ANACLÉTÉRÍES,  fétes  folemnelles  que  ce- 
lébroient  les  anciens  lorfque  leurs  rois  o_u  leurs 
princes  étoient  de'cenus  majeurs , prenoient  en 
main  les  renes  du  gouvernement , & en  faifoient 
la  déclaration  folemnelle  á leurs  peuples.  Le  ñora 
de  la  féte  venoit  de  cette  déclaration  ou  procla- 
tnation^  MetKXviG-lg, 

ANACLÉTIQUE.  Le  mode  ou  plutot  le  nome 
anacléúque  étoit  propre  á ceux  qui  fuy oient  devanE 
Fcnnemi,  fuivant  Máxime  de  Tyr. 

ANACLINOPALE,  efpéce  de  lutte.  Les 


ANA 


athletes  combattoient  couchés  Tur  le  fable.  Cétte 
latrs  s’appeloit  eacore  volutatoria  lucia  & voíu- 
(atioaes,  par  oppoíítion  á la  latee  ordinairCj  qui 
porroit  le  nom  de  Lutta  erecta. 

a’nakainth'pia  , doffiers  des  lits  de  table. 
Spartien  rácente  que  Veras  avoit  fait  conftraire 
un  íit  á quatre  doíEers , anaclinteriis  quatuor , 
qu’on  le  jonchoit  de  feuilles  de  rofes^  & qu’en- 
fuite  ce  prince  voluptueux  fe  couchoit  dans  ce 
Iit  avec  des  courtifannes , .&  fe  faifoit  couvrir 
avec  des  lys- 

ANACROUSIS.  Cétoit  le  nom  du  prélude  ou 
de  la  premicre  partie  da  nome  pythienj  fuivant 
Strabon. 

ANACTE.  On  donnoit  ce  nom  á Athénes  aux 
Diolcures ; mais  il  étoit  pardculiérement  aífeclé 
á trois  anciens  dieax  , que  Fon  difoit  nés  á 
Athénes  de  Júpiter , Tan  des  premiers  rois  de 
TAttique , & de  Proferpine.  Cicerón  les  nomme 
■ Tritopatreus  ^ Euhuleus  , Dionyjius  , & dit  quhls 
furent  auííi  connus  foas  le  nom  de  Diofeures^  qai 
leur  fut  commun  avec  d’autres  dieax. 

Quelques  écrivains  les  confondent  avec  les 
Garetes d’autres  avec  les  Cabires.  C’efl:  a eux  qu’ils 
attribuent  le  temple  d’Athénes  appelé  Anacée , 
que  nous  avons  donné  plus  haut  aux  Diofeures. 

Anacées. 

ANACTÉÉS.  F.  Anacées. 

ANACTESj  étoit  un  nom  donné  par  honneur 
aux  ñís  & aux  freres  des  rois  de  Chypre.  Ces  rois 
n’étoient  oceupés  que  de  leurs  plaiíirs^  & les 
anacles  gouvernoient  en  leur  nom.  C’étoit  á eux 
que  les  Gergines  rendoient  compte  toas  les  jours 
de  ce  qui  arrivoit  dans  Tétat  5 les  auacies  faifoient 
examiner  la  vérité  de  leur  rapport  par  les  proma- 
langes , & portoient  enfuite  leurs  jugemens. 

Leurs  femmes  étoient  appelées  Anajfe,  & fe 
faifoient  fervir  par  des  femmes  nommées  Cola- 
cydes , qui  mettoient  tous  leurs  foins  á leur  epar- 
gner  la  moindre  fatigue  & le  plus  petit  mouve- 
ment. 

ANACTORIUM3  dans  rAcarnanie.  anakto- 

PIÍ2N. 


Les  médailles  autonomes  de  cette  vilie  font : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Son  type  ordinaire  eft  Pégafe. 

ANADE MAj  étoit  le  iadéme  des  rois  de 
Perfe.  Cet  ornement  royal  étoit  une  bandelette  de 
poprpre  , felón  Quinte -Caree.  .Alexandre  ayant 
vaincu  Darius  , ajouta  le  diadéme  pourpre  des 
rois  de  Perfe  j auxqueis  ii  fuceédoit , á la  bande- 
lette blanche  qui  avoit  été  jufques-lá  le  diadéme 
des  rois  de  Macédoine. 

ANADIP.n A.  On  donnoit  ce  nom  a des  mets 
Iea;ers  que  i on  mangeoit  aprés  la  viande  & les 
poiíTons.  C’étoitje  deíTert  des  anciens. 


ANADYOMENE.  ( Venus ; 
enfe  levant.  hzYénwsAnadyomeneélo'ittÚs-Q 


<i:z  fort 

clébie  1 


ANA  i(?3 

dans  I antiquite.  Auguñe,  dit  Fline,  confacra  dans 
le  temple  de  Céfar , un  tableau  d'Apeiíes  , repré- 
fentant  \ émis  fortant  de  la  mer , á laqiielle  on 
donna  le  nom  A Anadyomem.  Venerem  exeuntem 
e mari  divus  Auguftus  dicavit  in  delubro  patris 
Cefaris  , quA  Anadyomene  vocatur.  PlinCj  lib.  jJj 
cap.  10. 

L attitude  fous  laquelle  ce  grand  ardite  offris 
cette  déeíTe  aux  yeux  des  Crees , étoit  fi  conve- 
nable & fi  frappante , quoique  .de  la  plus  grande 
íimplicité , que  teute  la  Crece  s’accorda  á iui 
donner  le  nom  á‘  Anady :imene , c’eíf-á-dire  , cjfuyant 
fes  ckeveux  en  fortant  de  1‘écume  de  la  mer  quí 
r avoit  formée.  Apelles  voulant  peináre  la  naiffance 
de  Venus.,  faifit  rinítant  ou,  fortant  de  l’écume 
entr’ouverte,  la  déeSe  s’éiéve  far  la  furface  des 
eaux.  Les  vers  grecs  que  Fon  a faits  á la  louange 
de  ce  tableau,  ne  Font  pas  furpaíTé,  dit  Fline, 
(Ibid.)^  mais  ils  Font  rendu  célebre.  L’Antliologic 
offre  cinq  épigrammes  dont  il  eft  le  fujet. 

On  ne  peut  douter  que  ¡a  y énns  Anadyomene  , 
devenue  íi  célebre , n’ait  été  traitée  par  des  fcuip- 
,teurs grecs,  qui  1 auront coplee  ou  plutót  arrangée 
& difpofée  pour  leur  art,  c’eft-á-dire  , qui  auront 
néceíTairement  ajputé  les  parties  de  la  ronde-boíTe^ 
pour  faire  une  ftatue  d’une  .figure  peinte.  Le  comte 
de  Cavlus  aequit  en  17^9  un  bronze  antique , 
qufil  jugea  erre  une  imitadon  du  tableau  d’Apelles. 
Sa  conjeélure  étoit  d’autant  plus  juñe,  qu’il  avoit 
vu  plulieurs  pierres  gravees  , repréfentant  la  méme 
figure. 

Le  fculpteur  habile , frappé  de  la  beauté  de 
fon  modéle  , touché  de  la  íimplicité  de  fon 
aédon  j ne  s eft  permis  que  les  additions  aux- 
queües  la  fcnlpture  Faftreignoit.  Üne  imitadon 
exaCte  nauroit  produit  qu’un  bas- relie  f,  done 
Feffet  eút  été  médiocre.  Le  comte  de  Caylus  a 
fait  deíEner  ce  bronze  précieux  dans  fon  vafte 
Recueil  d’antiquités. 

ANAETÍS,  Anaitis  ou  Anetis,  furnam  fous 
lequel  les  Cappadociens  8c  les  Perfes  adoroient 
Díane  ou  la  Lune.  Les  Perfes  lui  avoient  batí 
plulieurs  temples,  dit  Strabon  5 ils  lui  confacroier.t 
leurs  efeiaves,  tant  hommes  que  femmes.  Mais 
un  ufage  bien  furprenant,  c’eít  que  les  gens  Ies 
plus  diilingués  de  la  nation  confacroient  leurs 
filies  á fon  fervice , & les  proñituoient  publicue- 
ment  en  fon  honneur  j aprés  quoi  ils  Ies  marioienr, 
& perfonne  ne  faifoit  áifficulté  de  les  époufer. 
Cet  ufage rappor'té  par  Strabon,  ne  s’accorde 
pas  avec  le  caraciére  de  Diane,  qui  faifoit  pro- 
feílion  d’une  exacie  cháñete,  ni  avec  le  paífaga 
oú  Plutarque  rapporre  qu’.Artaxercés  Mnémon 
établit  Afpaíie,  fa  concubine , prétreíTe  d’Anaitis, 
afin  qu’eile  paíTat,  dit  ce  roí , le  refte  de  fes  jours 
dans  la  condnence  & dans  la  retraite.  Queiques- 
uns  ont  cru  qn  Anetis  ou  Anaitis  étoit  Vénus , & 
non  pas  Diane. 

Mine  - hv.  32,  chap.  23  , rapporte  un  traít 
d híííoijt€  qui  ia  deeíle,  Anaitis.  Dans  une 

Xij 


1^4  ANA 

expédition  qua  fit  Antoine  contra  l'Árménie  ^ le 
temple  d'AnVitis  fut  íaccagé , & fa  fíame , qui 
ctcic  d'or,  mife  en  piéces  par  Íes  foldats;  ce  qiú 
en  enrichit  plufieurs.  Un  d'eiix , qui  s'étoit  éta’pli 
á Boulogne,  en  Iralie,  eut  le  bonhcur  de  recevoir 
un  ’our  Augulíe  daos  fa  maiionj  Se  de  iui  donner 
á foaper.  Eíl-il  vrai , lui  dit  ce  prince  pendant  Te 
, repas  ^ que  ce’ui  qui  porta  les  premiers  coups  á la 
-déeliej  perdit  auífi-tót  la  vue , fut  perclus  de  tous 
-fes  membres , & expira  fur  fheuré  ? Si  cela  étoit , 
répondit  le  Ibldat,  je  n'aurois  pás  le  bonheur 
:de  voir  aujourd'hui  Augufte  chez  moi  ^ étant  moi- 
-méme  celui  qui  lai  donna  le  premier  coup , dont 
bien  m^en  a pris ; car  íi  ;e  poííede  queique  chofe , 
f en  ai  toare  robligation  á la  bonne  déeffe  5 & 
c'eíf  ü’une  de  fes  jambes , Seigneur , que  vous 
-foupez  aujourd’hui. 

ÁN.4GLYPHES.  Les  aaciens  appeloienr  de  .ee 
;nom  les  ouvrages  cifelés  , taillés  ou  releves  en 
bolfe.  Quand  il  eft  queíiion  de  pierres  gravées, 
nous  nommons  aajourd'hui  carnees  ceües  que  les 
anciens  appeloienr  anaglyphes , parce  qu’elles 
étoient  travaillées  en  relief.  Celles  qui  fonr  tra- 
vailiées  en  creiix , por.tent  le  ncm  génerique  de 
pierres  gravees.  rSioz  anagl-jpke  vient  d ' , 
je  grave  alenrour. 

ANAGjNOSTE,  leát'eur.  C'eíl  le  nom  que  les 
Romains  donnoient  á celui  de  leáirs  efclaves  qui 
faifoit  la  lecture  pendant  leurs  repas.  L’empereur  ‘ 
Claude  mit  les  anagnofics  fort  en  crédit.  11  en 
avoir  toujours  qui  lifoient  des  ouvrages  férieux. 
Xes  citoyens  opulens  imitérent  fon  exemple  , 8c 
iis  eiirent  des  anag/iafies. 

ANAGOGIES,  fétes  qui  étoient  célébrées  par 
les  habitans  dTrix  , aujourd'hoi  Trapano  , en 
•.  Sicile,  en  Thonneur  de  Venus , que  Ton  croyoit 
. étre  partie  pour  aller  en  Lybie;  on  la  prioit  alors 
de  vouloir  bien  revenir  promptement. 
ligniíie  retour. 

ANAGRAMME.  Ce  jeu  d^’efprit  étoit  connu 
des  anciens.  Lycophron  , qui  écrivoit  fous  Pto- 
lomée  Philadelphe  ^ roí  d’Egvpte  ^ environ  iSe  ans 
avant  J.  C. , excelloit  dans  Tart  frivola  de  faire 
des  aaagrammes.  Oü  en  a confervé  les  deux  qu’il 
fit  fur  les  noms  de  Ftolom  áe  fe  d'Aríinoé fes 
fouverains.  11  trouva  dans  n-roAs  UCttGÍ  y k’no  y 

de  miel : pour  exprimer  la  douceur  & la  bonté  du 
prince.  A!f^ííci¡í  Iui  fournic  ÍG  tí'pa; , violette  de 
Junon. 

ANAGYRUS,  bourg  de  FAttiquey  dans  la 
tribu  Erechride.  On  derive  fon  nom’ou  de  Vana- 
gyris  j plante  , bois  puant  y on  d°un  Anagyrus  ^ 
demi-dieii , qui  avoit  un  temple  dans  cé  bourg.  Se 
quEi  étoit  dangereux  d'offenfer.  Suidas  raconte 
qu’un  vieiilard  ayant  coupé  !e  bois  facré  qui  envi- 
ronnoit  fon  temple , Anagyrus  s’en  vengea  en 
infpirant-  á la  concubine  du  vieil'ard  un  amoor 
Yiolenc  pour  fon  fils ; que  le  jeuñe  hpmme  at^ant 
rejeté  les  follicitations  de  la  concubine , elle  ! ac- 
cuíá  aupres  de  fotr  pére  d’avoir  vaula  lui  faire 


ANA 

violence.  Le  víciilard  crédula  y fit  ptecípíter  fon 
fils  du  haut  d'un  rocher,  & fe  Rendir  bienio» 
aprés  avec  le  chagrín  4'avoir  mis  á mart  ce  fils 
uniquCy  dont  il  avoit  reconnu  rinnscence. 

ÁNAl  DIA  y tííAiíYía  y c'eñ  - á - dire , Flmpu, 
dence  y fut  honorée  chez  les  Athéniens  y qui  Iifi 
ériarérent  un  autel ; on  la  déíignoit  par  une  per- 
drix,  qui  paíToit  aiorSy  d" aprés  queique  préiugé 
d’hiíloire  naturelle , pour  un  oifeau  fort  impu- 
dent. 

ANAITIS.  Foyrr  An.^itis. 

ANALECTA,  reftes  á'an  repas. 

ANALECTES  y efclaves  qui  ramaffoient  les 

relies  des  repas.  _ _ , , x 

Analectes.  ( Grammairiens  J Seneque  s’efi 
fervi  de  cette  expreflion  dans  fa  2.7'  lettre  : Simpa 
un  Satellius  Quadratus^  flultorum  diyitam  arrojar, 
& quod  fequitur,  arrifor , & quod  duobus  kis  adjunc- 
tum  eft , derifor,  ut  grammaücos  haber et  analectas. 
Satellius  Quadratus  , paralite  y bouffon  & mo- 
queur  des  riches  imbécilles  y confeilla  a Sabinus 
d’avoir  des  grammairiens  analeñes. 

Ce  Sabinus  n'avoit  ni  mémoire  ni  éruditicn; 
il  affedoit  cependant  Fuñe  & Fautre.  íl  gagepit  des 
- efclaves  qui  favoient  par  coeur  Homerej  Héliodcy 
les  Lyriques  GrecSy  & qui  fuppléoient  au  défaat 
de  fa  mémoire  , en  lui  fouíflant  les  '‘/ers  qu  il 
vouloit  citery  fe-'dont  il  pouvoit  á peine_  répéter 
le  premier  hémilliche.  Satellius  lui  confeilla  me- 
chamment  d' avoir  des  grammairiens  analeñes  , 
chargés  de  relever  fes  demi-vers  & les  conferver 
précieufement  y aínli  que  les  efclaves  analeñes  le 
pratiquoient  pour  les  relies  des  fellins. 

AÑALEMMEy  eíl  un  planifphére  ou  une  pro* 
-jeá:ion  orthographique  de  la  fphére  fur  le  plan 
du  méridien , Fceii  étant  fuppofé  á une  difiance 
infinie  & dans  le  point  oriental  ou  occidental  de 
Fhorifon.  yitruve  diílingue  tres  - exadlement  les 
analemmes  des  cadrans  folaires.  On  ne  cherchoitj 
par  le  moyen  des  premiers , qu  á connoitre  la  ¡on- 
gueur  des  ombres  5 ce  qui  étoit  d"un  grand  uíagc 
pour  la  Géographie.  Mais  avec  les  cadrans  folaires, 
on  déterminoit  Fheure  par  la  íitiiation  des  ombres. 
Les  cadrans  folaires- -modernes  , & fur-tout  les 
méridiens , réaniíient  fouvent  ces  deux  pro- 
priétés. 

ANAMELECH.  r.  Adramelech. 

ANAÍNCÉ.  K.  Anachis  , qui  eft  la  roéme 
chofe. 

ANAPAVOMÉNÉ.  Nom  dune  fontaine  de 
Dodone  , dans  la  Moloffie  , province  d’Epire. 
Pline  en  a décrit  les  propriétés.  11  y a,  dit-il  _.  au 
temple  de  Júpiter  á Dodone,  une  fontaine  dont 
Feau  eíl  íi  froide , qu’elle  éteint  d’abord  les  uam- 
beaux  allumés  : elle  Ies  rallume  néanmoins,  ü np 
Ies  en  aporoche  lorfqufils  font  éteints.  On  foit 
cette  fontaine  tarir  á Fheure  de  midi,  & c’eíl  pour 
cela  qu’on  lui  a donné  le  nom  ¡Hjlnapavomene , 
du  grec  íiavotoíníPii , qui  ceíTe.  Elle  croít  enfcite 
peu-á-peu  jufqu’á  mipuit , aprés  quoi  elle  recoi»' 


ANA 

■ Riereis  3 áiroinuer fans  quon  puiíTe  favoir  ^ 
sioüte  Pline  j la  caiiís  de  ces  variations  régu- 
; Jiéres. 

La  Phyfique  moderne  en  rendroit  aifémsnt 
raifon  5 car  c'eñ  ici  la  méme  caufe  que  pour  les 
. autres  fontaines  intermínentes.  De  méme  rextinc- 
tíon  fubíte  des  flambeaux,  étoit  produite  par  les 
f fiüides  aériens  qui  fe  dégagent  des  eaux  gazeufes. 
Quant  á la  faculté  de  les  raliumer , Ies  loix  de  la 
,nature  n’en  feurniíTent  aucune  expíicationj  peut- 
; erre  étoit-ce  une  fourberie  des  prétres , ou  une 
. rnerveille  créée  par  des  imaginations  fuperftid 
tieufes. 

AiíAPEj  aujourd’hui  PÁlfeo  , fleuve  de  Sicilej 
qui  coule  prés  de  Syraciife.  Les  poetes  ont  feint 
. qu'il  étoit  amoureux  de  Cyané  & qu'il  avoit 
voulu  défendre  Proferpine  de  la  violence  de  Flu- 
, ton.  Cyané  fut  changée  en  foataine;  fes  eaux  fe 
, melérent  a celles  de  \‘ Anape  , & elles  coulerent 
. cnfemble  dans  la  mer  de  Siciíe.  Cvide  a chanté 
cette  rnerveille  dans  fes  métamorphofes;  il  en  a 
fcit  auífi  mention  dans  fes  Lañes á propos  des 
jeuxqueroncélébroitá  Romedansle  moisd'avrüj 
en  rhonneur  de  Cérés. 

ANAPERAj  forte  de  rhythine  pour  lesfíúteSj 
qui  no  US  eít  inconnu. 

AN Ai'ESMAT A , cordages  qui  fervoient  dans 
Ies  théatres  anciens  á favorifer  Tapparition  fubite 
des  FurieSj  ^rfqu'ils  étoient  attachés  aux  gradins 
Ies  plus  bas  ; & Yafeenfion  des  fieuves , quand  ils 
étoient  attachés  á la  fcéne. 

ANAPHÉEN,  furnom  d’ Apollen pris  dCAna- 
phe  3 iíle  de  la  mer  £gée  , ou  il  étoit  honoré  d’un 
cuite  particuiier. 

AMAPíIOMESE.  Ce  mot  exprime  une  maniere 
aíTez  extra  o rd  i n aire  de  faite  de  l'exercice  ^ en  chan- 
tant.  Ies  anciens  médecins  Pont  beaucoup  vantée. 
Hippocrate  confeilie  auíTi  de  chanter  aprés  le 
repas;  cependant  Arétée  eñ  d'un  avis  contraire. 

ANAPLISTE  oíí  Anaphluste  , ancienne  ville 
de  PAttique , prés  d'Athéncs  ^ vers  le  cap  Colias. 
Elle  étoit  célebre  á caufe  des  temples  de  Pan,  de 
Cérés,  de  Vénus-Coliade  Sz  des  déefíes  Géné- 
tiiyllides  qu’elle  renfermoit. 

AN.4SClS„fils_  de  Caftor  & de  Phsbé,  avoit 
une  ftatue  á Corinthe , dans  le  temple  báti  en 
1 honneur  de  fon  pete.  V.  Hilaire. 

ANASTASE  i ou  Dicore. 

Ana  STASTUS  AuCUSTUS. 

Ses  médailíes  font: 

C.  en  or. 

R.  en  argent. 

RR.  avec  le  nom  du  roi  Baduela  ou  Baduila , 
au  revers. 

RRR.  avec  le  nom  du  roi  Théla,  également 
fur  Je  revers. 

C.  dans  tous  les  modules  de  B,  méme  en  mé- 
daiilons. 

Anastase  il 

AxzXJÍJUS  AnASTASIVÍ  AuGUSTUSt 


A N A , 16^ 

Ses  médailíes  font: 

RR.  en  or. 

O.  en  argent  & en  B. 

ÁPiAlHEME.  Ce  mot,  dans  fa  premiére  accep- 
tion , exprimoit  chez  Ies  Grecs  les  préferis  que 
l^on  oífroir  aux  dieux , &”  que  Pon  fufpendoit 
aans  leurs  temples  j tels  que  des  couronEes,  des 
coupes  d’or  & d'argent , des  caiTolertes  de  par- 
foms,  des  vafes  de  route  grar.deur,  destrépieds, 
des  boucliers,  des  lances,  &c.  Ayuíüíui,  attacher 
en  haut. 

ÁPs  A i OCISÍríE , artatoczfmus , converíion  des 
intéréts  en  principal.  C’eñ  Pufure  la  plus  criante, 
puifque  Pon  prend  Pintérét  des  intéréts  mémes. 
Elle  fut  févérement  condamnée  par  les  loix  ro- 
maines.  Voye:^  Usure. 

Ce  mot  eft  grec  , & Cicerón  s’en  eñ  fervi  en 
latin.  II  vient  , prépoíition  qui  lignifie  dupli- 
cation , & de  Tcxag  , ufure. 

ANATOMIE.  QuoiqudI  nensus  reñe  aucun  mo- 
nument  précis  du  premier  age  ce  cette  fcience,  on 
peut  cependant  le  faire  remonter  jufqu’a  la  guerre 
de  Troye,  époque  de  prefque  toutes  les  connoif- 
fances  humaines.  Car  Homére , parlant  de  la 
bleíTure  qu’Enée  requt  de  Dioméde , dit  que  les 
deux  nerfsqui  retiennent  le  fémur  s'étant  rompas. 
Pos  fe  brifa  au-dedans  de  la  cavité  oú  eít  requ  le 
condyle  fupérieur.  Cent  endroits  pareils  de  ce 
poete  font  5 exaéts  & li  bien  circonñanciés  , que 
quelques  auteurs  ont  aífuré  que  Pon  tireroit'de 
les  ouvrages  un  cqrps  Anatornie  añez  étendu. 

Manéthon  difoit,  au  rapport  d'Eufébe,  qu’A- 
thotis , dont  la  chronologie  égyptienne  fixoit  le 
régne  long-tems  avart  notre  ere,  avoit  écrit  des 
Traités  ^Anatomie.  Ce  qu^il  y a de  certafn,  eíl 
que  YAnatomie  paroSt  étre  née  fur  les  bords  du 
Ñil , _ ces  rives  heureufes  qui  virent  croirre  les 
prem.iers  germes  des  arts.  L'‘amour  des  Egyptiens 
pour  les  morts,  introduiíit  de  bonne  heure  chez 
eux  Pufage  des  embaumemens.  Quelque  groffiere 
qu  on  fiippofe  cette  opération  , elle  accoutuma 
Ies  hommes  á toucher  les  cadavres,  & á en  tirer 
les  entraüles. 

Le  fquélette  paroit  avoir  été  fait  en  Egypte 
pour  la  premiére  fois  : on  y a fculpté  dans  la  plus 
haute  antiquité  des  fquélettes  de  diíFérens  métaux. 
On  en  a trouvé  avec  les  momies , & Pon  avoit 
communément  dans  les  familles  ces  fquélettes, 
dont  Ies  articulations  mobiles  fervoient  de  jouet 
aux  riches  voluptueux.  On  Ies  montroit  dans  les 
repas,  comme  chez  Trimalcion,  pour  s’exciter.a 
la  débauchej  & cette  coutume  fubíiftoit  encere 
en  Egypte  au  commencement  du  íiécJe  paíTé. 
Gétoient  de  véritables  fquélettes,  non  pas  des 
repréfentations  d’un  homme  extenué  par  la  ma- 
ladie , & Pon  avoir  en  Egypte  les  originaux  de  ces 
fquélettes  artificiéis. 

Galien  fit  le  voyage  d’Alexandríe  pour  étudier 
les  fquélettes  qu’on  y démontroit ; c’étoient  les 

, feuls  "au  moads  qui  ísiYÍlTuit  ft  ¡“íoíiiHéUofl  de 


■>  ANA 

la  jeaneíTe.  On  y connoiíToit  auííi  l’Anatcmie 
ftKOTti/Vzf  oroprement  dite , ou  Ies  diffeólions,  dont 
on  peni  hardiment  fixer  Tépoque  á Tannée  3_co« 
avant  Tere  vulgairej  année  qui  tombe  précifé- 
ment  vers  le  milieu  du  iong  régne  de  Ptolémée. 
Ce  grand  prince  permit  íe  premier  j malgré  la 
fuperñition  de  fon  tems,  qu  on  ouvrit  publique- 
ment  Ies  cadavrés  humains.  Perfonne  n'avoit^en- 
core  ofé  le  faire  avant  Hérophile,  médecin  célebre 
qui  vivoit  á Alexandrie^  honoré  de  la  protectionj 
de  Peñime  & des  récomperifes  de  Pimmortel  fon- 
dateur  de  la  monarchie  égyptienne.  Erafiftrate 
parcagea  avec  le  carthaglnois  Hérophile  la  faveur 
de  Polémée  Soter  ^ & les  travaux  anatomiques. 
Si  Hérophile  fit  Ies  premieres  découvertes  dans 
la  fcience  des  ncrfs  j Erafíñrate  reconnut  qu'ils 
partent  tous  du  cerveau  , & découvrit  Ies  vaif- 
feaux  laélés-  L’un  & Pautre  rendirent  immortelle 
récole  d'Alexandrie. 

La  Gréce  re^ut  tous  les  arts  de  PEgypte.  UAna- 
tomie  n'y  étoit  cependant  pas  abfolument  étran- 
gére  pluíieurs  íiécies  avant  Hippocrate.  L’infpec- 
tion  des  entrailies  des  victimes , les  traitemens  des 
plaies  & les  boucheries  mémes  ^ aidérent  á con- 
noítre  la  fabrique  du  corps  animal.  Nous  avons 
rendu  juítice  plus  haut  aux  connoiíTances  de  VAna- 
tomze  qui  font  éparfes  dans  Tlliade  & dans  FOdyíTée. 
On  trouve  dans  Paufanias  la  premiére  diíTection 
légale.  Ariftodéme  voiilut  immoler  fa  filíe  pour 
fatisfaire  á un  oracle  j mais  fon  amant,  défefpéré, 
chercha  á la  fauver ; il  publia  que  .'cette  viétime 
ne  pouvoit  étre  agréable  aux  dieux , puifuu^elle 
étoit  enceinte.  Le  pére , animé  par  un  patriotifme 
farouche;,  ouvrit  Ies  flanes  de  fa  filie,  édemontra 
fon  innocence  par  rinfpeétion  de  fes  vifeéres. 
Parthéniiis  rapporte  un  fait  á-  peu-prés  femblable 
dans  fes  Erotiqaes. 

Les  defeendans  d’Efculape,  médecins  & pré- 
tres  de  ce  dieu,  exercoient  chez  eux  Y Anatomie. 
Ule  s’y  confervoit  auíTi  par  tradition , felón  le 
témoignage  de  Galien.  Dans  les  ouvrages  d'Hip- 
pocrate  les  plus  authentiques , on  voit  que  cette 
fcience  étoit  tres- familiére  aux  Afclépiades’,  & 
qu  ils  poíTédoient  dans  leur  famille  rOíléologie 
SclaMyoIogiedansun  degré  trés-élevé.  Ontrouve  , 
en  effet , dans  Hippocrate,  une  expérience  chi- 
rurgioue  fur  le  deltoide  d’un  homme.  Or,  une 
expérience  anatomiqne  fi^pofe  des  vues,  des  re- 
cherches & des  connoiflances ; on  ne  parvient 
guéres  á connoitre  une  vérité  détaillée , íans  con- 
noítre  en  méme-tems  Ies  vérités  du  méme  rang 
qui  Favoifinent,  & qui  font  un  tout  avec  elle. 

Hippocrate  lui-méme,  que  nous  venons  de 
nommer,  cet  homme  divin,  connoiíToit  parfaite- 
ment  l’Oítéologie;  & Paufanias  dit  qu  il  fit  fondre 
un  fquélette  ds  bronze,  quil  confacra  á Apolion 
dans  fon  temple  de  Delphes.  Diogéne  d'ApoI- 
Jonie  & Syennefis  de  Chypre  ont  donné  la  plus 
^ncienne  angiologie  que  nous  ayons. 

Fy  thagore  fgifoit  coíuiQitrQ  a la  méme  époque. 


ANA 


dans  la  grande  Gréce,  Y Anatomie  ¡oyí'Yí  avoít 
étudiée  en  Egypte  avec  les  autres  fciences  rele- 
vées.  L'écoíe  dé  ce  célebre  philofophe  découvrit 
le  tympan  & méme  le  lim.acon  de  Toreille  in- 
terne. , 

Ariílote  perfecHonna  dans  la  Macedoine  les  dé- 
couvertes d’Hippocrate , & ü en  fit  beaucoup  lui. 
méme  ; mais  nous  en  parlerons  plus  au  long  dans 
Tarticle  de  TAnatomie  comparée. 

Dioclés  de  Carifte , qui  vécut  peu  aprés  lui , 
fous  le  régne  d' Antigone , paíTe  pour  avoir  écrit 
le  premier  de  Tart  de  diíTéquer  : c'eft  une  erreur. 
On  avoit  long-tems  auparavant  des  planches  ou 
repréfentations  anatomiques.  Ariftote  renvoie  á 
ces  planches  ou  repréfentations,  dans  toutes  les 
occaTions  oú  il  devroit  expliquer  les  deferiptions 
anatomiques. 

Les  larueíTesSc  la  protection  de  Ptolémée  Soter, 
élevérentTécole  d'Alexandrie  au-deíTus  de  toutes 
ceiles  de  Tune  & de  Fautre  Gréce  5 & FEgypte 
dút  aux  découvertes  d'Hérophile  & d'Erafiftráte  , 
une  fupériorité  que  les  armes  des  Romains  ne  lui 
ravirent  que  pluíieurs  fiécles  aprés  fa  rédudion 
en  province  romaine. 

Aprés  ces  deux  fondateurs  de  Fart  Anatomique, 
parurent  Lycus , Qumtus , Marinus , dont  il  ne 
nous  eft  parvenú  que  la  réputation  d hábiles 
anatomiftes  dont  ils  ont  joui.  On  vost  á pluíieurs 
traits  épars  dans  les  écrits  de  CelíF-,  qufil  s’étoit 
oceupé  de  Y Anatomie  , & Fon  peut  en  dire  autant 
de  Pline  le  naturalifte , ainfi  que  de  fon  neveu. 

Arétée  fit  trop  de  cas  de  cet  art  pour  Favoir 
ignoré.  Rufus  Féphéíien , qui  vécut  fous  les 
empereurs  Nerva  & Traían,  eíl  le  premier  anato- 
mifte  célebre  qui  fe  préfente  aprés  Arétée  : on 
infere  de  quelques  endroits  de  fes  ouvrages  , qu  il 
avoit  apperqu  dans  la  matrice  des  vaiíTeaux , 
dont  fes  prédéceíTeurs  n'avoient  pas  fait  men- 
tion. 

Galien  fuccéda  á Rufus.  On  ne  voit  pas  que 
Y Anatomie  ait  fait  de  grands,progrés  depuis  Hip- 
pocrate  jufqu’á  Hérophile  & Erafiftrate , ni  depuis 
ces  deux  derniers  jufqu'á  Galien.  Dans  tous  les 
tems  qui  précédérent  ces  deux  anatomiftes  depuis 
Hippocrate , & dans  ceux  qui  les  fuivirent  jufqu  a 
Galien , au  défaut  de  cadavrés  qu’on  pút  diíTéquer, 
pour  augmenter  le  fonds  des  connoiíTances  anato- 
miques, on  s’occupa  á combinar  ces  connoiíTances, 

& á former  des  conjednres  phyfiologiques-  Pms 
on  fuit  atteutivement  Fhiftoire  des  fciences  Se  des 
arts , plus  on  eft  difpofé  á croire  que  les  homme* 
font  trés-raremenr  des  expériences  & des  fyitemes 
en  méme-tems.  Lorfque  les  efprits  font  tournes 
vers  les  expériences,  on  ceñe  de  raifonner;  & 
alternativement,  quand  oncommence  áraifonner. 
Ies  expériences  reftent  fufpendues. 

Mais  on  apperqoit  ici  évidemment  Fobftacle  qu* 
arréta  les  ii&t£úons^anatomiques . Dans  les  tem* 
qui  fuivirent  ceux  d'Érophile  8c  d’Erafiftrate  , on 
brúloit  plus  attentivement  que  jamais  les  cadavrés 


chez  Ies  Romains.  La  religión  Se  les  loix  civiles 
fáiroient  refpecter  Ies  corps  morts  fous  les  peines 
Ies  plus  féveres  > de  forte  que  les  anatomiítes 
furent  rédiiits,  poar  pouvoir  s^inflruire  j á des 
h^fards  ir^fpérés  : ii  leur  fallut  trcuverj  ou  des 
tombeaux  ouverts,  ou  Ses  malfaiteurs  expofésj 
& Ies  enfans  abandonnés  en  nailfant  furent  leur 
plus  grande  reíTource. 

Ce  fut  aufli  dans  les  ouvrages  des  anciens 
anatomiíles , fur  íes  grands  chemins  j,  far  Ies 
enfans  expe  fes  j fur  les  animaux,  & principalemenr 
fur  les  finges  que- Galien  sfinítruifit  en  Anatomie. 
II  nous  a laiífé  deux  ouvrages  fur  cette  fcience  qui 
Tont  irmriGrtalifé  , Quoiqu’ii  ait  nové  fes  décou- 
vertes  dans  la  diffufion  du  ftjde  Afiatique. 

L’un  de  ces  écrits  célebres  de  Galien  eñ 
intitulé  3 Admirdfirations  Anatomiques  , & fautre, 
de  l’ 17 faga  des  parties  du  corps  kumain.  II  dit 
qu^’en  les  écrivant  il  compofe  un  hymne  á fhon- 
neur  de  TEtre  qui  nous  a créés  5 & je  crois^ 
ajoute-t-il  3 que  la  folide  piété  ne  confifie  pas  tant 
á lui  facrifier  une  hécatombe 3 qu^á  annoncer  aux 
hommes  fa  fageíTe  & fa  puiffance.  On  voit  3 en 
Ijfant  ces  ouvrages  3 que  Galien  connoiíToit  par- 
faitement  toutes  les  decouvertes  anatomiques  des 
íiécles  qui  favoicnt  précédé  ; Se  que  sfil  n^  en 
ajouta  pas  un  grand  nombre  d’autres  fur  l‘Aua~ 
tomie  du  corps  humain  3 ce  fut  manque  d^'occafions 
& non  d'aélivité.  Trompé  par  la  reíferablance 
extérieure  de  Thomme  avec  le  finge  3 il  a fouvent 
attribué  á ITm  ce  qui  convenoit  feuTement  á Tautre. 
C'eft3  au  reílej  le  feul  reproche  qu'on  lui  faífe. 

SoranuSj  contemporain  de  Galien  3 anatomifa 
la  matrice.  Théophile  protofpathaire  3 écrivit  fous 
l’empereur  Héraclius3  fur  la  ííructure  du  corps 
humain  3 8c  fit  une  analyfe  des  traites  anatomiques 
de  Galien  3 dans  laquelle  il  fait  voir  qufil  avoit 
ajopté  aux  découvertes  de  ce  favant  homme. 
Oribafe  , finge  de  Galien , ne  nous  a rien  laiífé 
qu’on  ne  trouve  dans  Ies  ouvrages  de  fon  modéle, 
fi  op  en  excepte  la  defeription  des  glandes 
falivaires. 

Némefiusj  évéque  d’Emiífa  en  Phénicie , fut  le 
dernier  qui  s’occupa  de  Y Anatomie ; & il  a écrit 
fur  Tufage  de  la  bíle , des  vérités  que  Sylvius  de  le 
Eoé  fe  yanta  long-tems  aprés  d^’avoir  découvertes. 
\'inrent  aprés  lui  Ies  tems  d’ignorance  & de 
barbarie , pendant  lefquels  V Anatomie  éprouva  le 
fort  funefte  des  autres  fciences  Se  des  autres  arts. 

( Cet  article  efi  extrait  des  anieles  AnATOMIE  de 
1 Encyclopédie  ándeme,  & de  fon  fiupplément.) 

Anatomie  COMPARÉE.  \7  Anatomie  com- 
paree, eft  cette  partie  de  Y Anatomie  , qui  s’occupe 
de  la  recherche  8c  de  Texamen  des  diíférentes 
parties  des  animaux , confidérées  relativement  á 
leur  ñructure  particuliére  3 & á la  forme  qui 
convient  le  mieux  avec  leur  maniere  de  vivre 
Gu  de  fatisfaire  á leurs  befoins.  Par  exemple, 
úansY Anatomie  comparéeáese&ovazchs,  onobferve 
que  les  animaux  qui  ont  de  fréquentes  occafions 


de  fe  nourrir , ont  f eílomach  tres  -petit  en  compa- 
railon  de  ceux  qui  3 étant  évités  par  les  autres 
animaux  dont  i!s  font  leur  nourriturCj  fe  rrcuvenc 
fouvent  dans  ia  néceílité  de  jeúner  ; il  femble 
que  la  nature  ait  donné  par  cette  raifon  á ceux.ci 
un  eíiomach  capable  de  contenir  de  ia  nourritiirc 
pour  long-tems. 

Dans  Y Anatomie  comparée , on  examine  8c  les 
brutes  & méme  Ies  végétaux  3 afín  d'acquérir , 
par  la  comparaifon  de  ce  qui  s'y  paíTe  avec  ce  qui 
s^opére  en  nous  3 une  connouTance  plus  parfaite 
du  corps  humain. 

Le  premier  des  anciens  qui  fe  préfente  dans 
cette  carriére 3 qui!  ont  ouverte  Se  exploitée  avec 
fuccés  3 eñ  le  philofophe  Démocrite.  Lorfque 
Hippocrate  fut  appelé  par  les  Abdéritains  3 poce 
le  guérir  de  fa  folie  prétendue  3 il  le  trouva  oceupé 
dans  fes  jardins  á diíféquer  des  animaux.  On 
dit  auffi  qufil  avoit  diiTéqué  foigneufement  le 
caméléon  5 mais  nous  n'avons  aucun  de  fes 
ouvrages. 

Aleméon  3 difciple  de  Fythagore  3 paífe  pour 
avoit  anatom.ifé  le  prem.ier  des  animaux  3 parce 
que  fes  écrits  ont  eu  un  fort  plus  heureux  que 
ceux  de  Démocrite.  Mais  ce  qui  nous  en  reítCj 
ne  valoit  guéres  la  peine  d’étre  confervé  j car  il 
prétendoit  que  les  chévres  refpirent  par  foreille. 

Tous  ces  eífais  furent  -éclipfés  par  les  décou- 
vertes de  celui  qa’on  peut  á bon  droit  nommer 
le  createur  de  Y Anatomie  comparée.  C’eíf  d’Ariftote 
que  nous  voulons  par'er  5 Se  nous  ne  pouvons 
le  faite  dignement  3 fans  payer  á Alexandfe  un 
jufte  tribut  de  louanges.  Un  fait  qui  fhonore 
autant  que  toutes  fes  victoires  3 c’eíl:  d’avoir  donné 
á Ariítote  huir  cents  taiens,  prés  de  cinq  miilfoas 
^ de  notre  monnoie  3 & d’avoif  confié  a fes  ordres 
piufieurs  miUiers  d’hommeSj  pour  perfectionner 
la  fcience  de  la  nature  Se  des  propriétes  des 
animaux.  Ces  puiífans  fecours  n^étoient  pas  reñés 
inútiles  entre  les  mains  du  p'hilofophe  , sfii  eft 
vrai  3 comme  le  difoit  un  habile  anatomifte  , que 
celui-lá  auroit  bien  empíoyé  fon  tems  3 qui  3 en  dix 
ans  de  travail3  parviendroit  á favoir  ce  qu'Ariftote 
a renfermé  dans  fes  deux  petits  yolumes  des 
animaux. 

Ariftote  diíféqua  des  quadrupédes3  des  poiífons, 
des  oifeaux  & des  infeéles.  Sa  fagacité  lui  • a fait 
remarquer  avec  précifion  , ce  qu'ii  y avoit  de 
commun  dans  leurs  ftruélures ; & une  induction 
lumineufe3  luí  a fourni  des  régleSj  qui  font 
fondees  fur  un  grand  nombre  de  faits.  Telle  eft 
celle-ci  ; tous  les  animaux  qui  n'onf  que  des  dents 
incifives,  ont  quatre  eftomachs.  Mais  c'ert  vers 
Thomme  qufil  a dirige  conftamment  fes  travaux. 
On  diroit  quftl  n’a  ímmolé  tant  d'animaux  que 
pour  en  rapporter  la  ftrudiure  á ceOe  de  rhomme. 
Auffi  tout  ce  qu'il  a écrit  fur  ’es  animaux  mérite 
d'étre  lu  avec  attention  3 & le:  erreurs  répandues 
dans  fes  écr?ts  ne  deivent  pas  diminuer  notrs 
eftime  & notre  reconnoiíTance. 


i6g  A N Á 

L‘An<itomze  comparée  íembla  fixée  , %C  se  ft 
aucun  prorrés  depuis  Ariñote  jufqu'a  Galien,  Ce 
Médeci:i  dííTéqua  beaucoup  d'animaux  & de  finges 
en  ’^articulier.  Mais  fes  travaúx  furent  perdus  pour 
VAn.atomie  comparée  , parce  qu'il  admettoit  une 
reíTemblance  parfake  entre  la  ftrudture  de  l’homme 
qu'il  avoit  eu  rarement  l'occafion  d'étudier  j & 
celie  du  finge  ^ qu'il  croyoit  fuppléer  á ce  défaut. 

Ce  fut  encore  pss  depuis  Galien , '¿c  l Anatomie 
comparée  reíla  enfevelie  pendant  plus  de  douze 
cents  an.  ' us  les  ténébres  épaiiTes  de  ifignorance. 
Apxés  ce  long  oubli,  des  anatomifies  modernes 
commencérent  á l'étudier  dans  Ariíiote  , 

M.  d'Áubenton  Ta  portée  á un  point  trés- 
voifin  de  la  perfe&oní  par  fes  diíTeíSions  nom- 
breufes  & fes  defcriptions  exaéres.  (Cet  article  eft 
£xtrait  des  anieles  An  ATO  MIE  de  l’ancienne 
Encyclopédie  & de  fon  fupplement.) 

ANAXABIE  3 femme  de  Pélias. 

AnaxaeiEj  filie  de  PélopSj  foeur  de^Me- 
oéias  i femme  de  Strophius  j & mere  de  Pyiade. 

ANAXANDRA,  femme  iiluftre^  mife  au  nom- 
bre des  héroines  de  la  Gréce  j elle  avoit  un  autel  . 
dans  FAttique. 

ANAXARETE . filie  iííue  du  fang  de  Teiicer, 
devint  Fobjet  de  ía  paífion  d'un  jeune  homme  de 
baile  conditioP-j  nommélphis,  íequei  ayant  fait 
connoitre  fon  amour  á la  princeffe  j & ayant 
tenté  inmilement  toutes  fortes  de  voies  pour  la 
fiéchir,  fe  pendit  de  défefppir^á  fa  porte^méme. 
Quand  Anax arete  eut  appiis  la  mort  d Iphis  , 
elle  eut  la  curiofité  de  voir  pafler  fa  pompe 
fúnebre  ; mais  á peine  eut-elle  jeté  les  yeux  fur 
le  corps  du  raalheureux  Iphis  , que  fon  fang  fe 
gíaija  Se  une  paleur  mortelle  fe  répandit  fur  fop 
vifage.  La  dureté  du  cceur  K Anaxaréte dit 
Ovide  j fe  cornmuniqua  á toutes  les  parties  de 
fon  corps  j qui  fut  changé  en  rocher.  La  fiaíue 
que  prodiiifit  cette  métamorphofe  , fe  confervoit , 
difoit-onj  á Salamincj  oü  Fon  bátit  un  temple  en 
rhonneur  de  Vénus  Profpiciens , qui  regarde. 

AiS'AXIS  fut  un  des  héros  de  la  Gréce  j auxqueis 
on  confacra  desmonumens  héroíquesj  mais  on  ne 
fait  ríen  de  fes  aclions. 

Anaxis  ou  Anaxiüs  ^ 8c  Mnafinus , enfans 
¿es  Diofeures ; on  les  repréfentoit  á cheva!. 

ANAXITHÉE,  Fuñe  des  Danaides,  fut  aimée 
de  Júpiter  j qui  la  rendir  mere  d'Oléne. 

ÁXÁXO filie  d’ Alcée , 8c  petite-fille  de  Ferfée  ^ 
époufa  Éleétrion , frére  de  fa  mere  j qu  elle  rendir 
pére  dCAlcméne. 

a’NASYPiaex,  dans  Suidas  8r  dans  Héfychius  ^ 
font  Ies  grandes  culotes  des  Perfes  & des  Gaulois  , 
ou  des  chauíTes  defeendant  jufqu'a  la  cheviile  du 
pied.  Les  artiñes  grecs  n en  ont  donné  qu'aux 
barbares , 8c  en  particuiier  aux  Troyens  & aux 
perfonnages  comiques.  Les  chaufíes  paroiíTent 
avoir  été  introduites  fur  le  théátse  pour  la  bien- 
'féancé.  Oh  voit  á deux  petites  flatues  comiques 
de  ia  Viila-Matteí , & á une  figure  femblat-ie  de 


A N C 

ía  Vüía’Albani,  les  chauíTes  8c  lei  faits  d’uqf" 
’feule  piéce , ainfi  qfeon  les  donnoit  aux  nafions 
barbares.  Üne  partie  des  Gaules  en  pric  le  furnom 
de  Braccata. 

ANAZARBUS  , en  Cilicie.  Anazvbeqn.* 
Les  médailles  autonofnes  de  cette  ville  font ! 
RRRR.  en  bronze.  ( Hanter.  ) 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  viiíe  a fait  frapper  des  médailles  Imperiales 
grecques,  fur  lefqueiles  elle  a placé  fon^époque, 
en  Fhonneur  de  Vérus,  de  CommoCe  ^ d'Elagabalcj 
de  Paula,  d'Alex.-Sévére,  de  Maximin,  de  Máxime, 
d'Herennius  , de  Valérien , de  Déce , de  Plautille, 
de  Mamée,  de  Tranquilline , de  Voiufien. 
ANCARÍE.  V.  Ancharía. 

ANCÉE,  fiis  de  Neptune  8c  íAñipalée,  filié 
de  Phoenix,  fur  un  des  argonautes.  A fon  retour 
de  la  Colchide , il  s'appliqua  á faite  fleurir  l'agri- 
culture , 8c  prit  un  foin  particuiier  des  vignobles ; 
comme  il  preíToit  trop  fes  vignerons  , & qui!  les 
maltraitoit,  un  d'eux  lui  dit  un  jour^  ouil  ne 
boiroir  jamais  du  vin  de  la  vigne  á laquelle 
il  faifoit  travailler.  Le  i.ems  de  ia  vendange  arrivé, 
il  fit  promptement  remplir  une_  coupe  du  premier 
jus  qu'on  put  exprimer  du  raifin  , & regardant 
celui  qui  lui  avoit  fait  ia  prédiétion , i!  luí 
reprocha  fon  peu  d'habileté,  mais  le  vigneron  lui 
lépondit  qu  il  y avoit  encore  une  grande  diñance 
entre  la  coupe  8c  fes  lévres.  En  effet , dans  i inftarit 
qu'il  la  portoit  á !a  bouche  , on  vint  1 avertir 
qu'un  fangüer  monftiueux  ravageoit  fa  vigne;  il 
quitte  la  coupe  , prend  fes  armes , & en  pour- 
ñaivant  le  fanglier , il  eñ  bleíTé  á mort.  Cet  acci- 
dent  donna  lieu  au  proverbe  que  Carón  a exprime 
en  latín  par  ces  mots  : Maltum  intereft  ínter  os  & 
ofam.  A.ncée  fut  pére  d’Agapenor  , qui  comman- 
doit  les  Arcadiens  á la  guerre  de  Troye.^ 

Ancée,  fils  de  Licurgue,  roi  des  Tégéates  en 
Arcadle  , fut  auífi  un  des  argonautes. 

ANCHARIA , déefí’e  aáor¿e  dans  la  Pouille, 
felón  Tertullien.  (A-pol.  lyj.  AfeuLanorum  Anca- 
riam.  On  ne  connoít  aucun  détaii  fut  cette  divi- 
'nitéj  q'ui  eft  peut-étre  la  méme  que  ía  fuivani*.  - 

Ancharia  , étoit  une  divinité  des  EtrufqueS. 
Goriena  beaucoup  parlé  dans  le  Muf&um  Etrufeam. 
li  croit  qu'elle  étoit  la  méme  que  la  déeíTe  Fariña^, 
8c  que  Fuñe  8c  Fautre  reprefentoient  les  Eume- 
nides  réunies  fous  un  feul  embléme.  On  trouve  dans 
Fouvrage  cité  plus  haut,  un  grand  nombre  dinf* 
cripfíons  latines  8c  plufieurs  autels  , qui  foBt 
mention  des  déeíTes  Fariña  8c  Ancharía.  La  divini^ 
adorée  fous  ces  deux  noms , 8c  fans  doute  au™ 
fous  celui  de  Belione , voyoit  cpuler  le  fang 
humain  fur  fes  autels  chez  les  Étrufques.  ^Les 
marbres  de  cette  nation  offirent  fouvent  des  pretres 
furieux , qui  fe  battent , fe  bleflent  8c  s'égorgent 
au  pied  des  autels  8c  des  ftatues  ¿é Ancharía. 

ANCHIALE.  Martial  (lib.  xi.  épig. 
un  juif  avec  lequel  ü difpute  : ^ 


A N C 

Ecct  negat , jurafqae  miki  per  templa  tonantis. 

Non  credo  ¡ jura  , verpe , per  Akcmiazítm. 

C'eft  !e  feüi  endroit  oti  il  foit  fa.’t  mention 
á’Anckiale,  Les  commentareurs  oni  étalé  avec 
proriifion  réruditicn  hébraíque  pour  prouver  qtie 
c'étoit  un  objet  Lacré  reveré  par  les  Juits  Se 
attefté  dansJeurs  fermens.  Mais  cela  fuppoLeroir 
dans  Marna!  & dans  les  RomainsuneconnoiíTance 
des  coütumes  jadaíques  qudls  n'avoient  pas Se 
que  iear  méDris  pour  les  Juifs  les  empéchoit 
d'avoir. 

Morin  a donné  dans  le  2=  volume  des  Mémoires 
de  l'Académie  des  belles-iettres  Se  inferiptions , 
une  explication  plus  vraifemblable  de  ce  mot. 
I!  croít  que  cet  Anchialas  eñ  le  ieune  homme  au 
fujet  duquel  Martíal  & le  juif  étoient  en  diSferend ; 
& que  le  poete  fachant  que  fon  adverfaire  mé- 
prifoit  les  dieux  de  Rome  , Toblige  á jurer  par 
ce  jeune  homme  luí-méme. 

Au  refee un  anclen  exemplaire  manuferit  de 
Martíal  ^ qui  apparrenoít  á M.  de  Thou , porte  : 
Jura,  verpe,  per  Akcharíum  : jure,  jaif , par 
Tañe.  Les  Paiens  Se  fur-tout  Ies  p-  étres,  feplai- 
foient  á repiocher  aux  Juifs  qudis  adoroient  cet 
animal,  ou  La  tete ; témoin  Pétrone  : 

Judeus  licet  & poreznum  numen  adoret , 

Et  ciLli  fummas  adoret  aurículas. 

On  peut  voir  ce  qu  en  dit  Tacite  (Nlfl.  llh.  v ) , 
6c  les  raifons  ou  le  fondement  de  cette  faiiíTe 
imputation  á Lárdele  Ononyctites.  Ce  dernier 
fens  eíl  beaucoup  plus  ímple , & eft  trés-relatíf 
aux  idees  que  les  Faiens  s'étoient  formées  de  la 
religión  des  Juifs. 

ANCHíALUS , dans  la  Thrace.  ArxiAAEQK. 

Cette  ville  a fait  frapper , fous  Lautorité  de  fes 
gouverneurs  ( ) , des  médailles  impériales 

grecques , en  Lhonneur  de  Domitien,  d’Antonin, 
de  M.-Auré!e,  de  Fauftine  jeune,  de  Commode, 
de  Sept.-Sévére , de  Caracalla  , dePlaurille,  de 
Géti , de  Maximin  , de  Gordien-Pie  , de  Tran^ 
quiüine. 

ANCHi_ALUS,_dans  la  Cilicie.  ArxiAAEQX. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impériales 
grecques , en  1 honneur  de  Septime-Sévíre  , de 
Tranquiiline , d'Antonin. 

ANCHISE,  prince  troven,  defeendoit  de 
Tros,  fondateur  de  Troye,  par  Ajlarneus,  filsJe 
Tros,  & pére  de  Capys,  pére  álAnckife.  II  plut  á,^ 
V énus.  Un  jour  qu'il  gardoic  les  troupeaux  de 
fon  pere^r  Iq  mont  Ida  , cette  déefle  lui  apparut, 
fous  la  forme  d une  belle  nymphe ; lui  dit  que , 
vaincue  par  fon  amour , elle  venoit  lui  oftrir  fa 
main ; & elle  le  pria  de  la  préfenter  á fa  farrulle , 
afin  que  le  mariase  fe  fit  prómptement.  Anchi  fe 
repondit  que  puifcu^eíle  n étoit  pojnt  déeffe  , 
ríen  n'empéchoit  cif  ils  ne  vécuffent  fur  le  champ 
potnme  d^es  époux,  & ils  pallerent  lanuit  enfemble. 

Anc^je  s apper^'ut  \ fon  réveii  qail  avoíc  cena 

Anti^iutés  3 ígme 


A N C 1(39 


dans  fes  bras  une  déeíTe.  Cette  aétion  étoit  un 
enme  que  les  dieux  pardonnoient  rirementj  ils 
étoient  jaioüx  de  ieur  fuoériorité,  & ne  yoaloiersc 
pp  qu  un  mortel  jcuttd'un  bonheur  qui  Ieur  étoit 
referve.  II  étoit  défendu  r¡on-feu!ement  d’afpirer 
aux  deeíTes , & ce  Ieur  révéler  fa  paííion , mais  auíli 
de  fuccomber  aux  déclarations  d’amoar  qu’elies 
faifoient , quand  méme  on  Ies  auroit  prifes  pour 
des  rr.ortelJes.  Anchife  craignit  done  de  mouritj 
rñais  V mus  le  raíTura  , 8c  lui  dit  quTlIe  auroit  de 
lu!  un  fiis  qu!  fe  nommeroit  Énéej  q'deile  fe'roic 
nourrir  cet  enfantpar  les  Dryades  jufqu'á  Láge  de 
cinq  ans , aprés  quoi  elle  le  lui  remettroit  entre  les 
mains.  Elle  Lavertit  fur-tout  de  ne  jamais  fe  vanter 
de  fon  bonheur,  fous  peine  d'étre  foudroyé  par 
Júpiter. 

La  vanité  ¿l  Anckífe  ne  put  fe  contraindre  , & 
fon  íecret  lui  échappa  un  jour  qudl  étoit  á tabl^ 
avec  fes  amis  Vénus  s"en  plaignit  á Júpiter  , & 
obrint  qu'il  feroit  foudroyé  ; mais  ne  voulant 
pas  le  perdre  , elle  eut  foin  de  détoarner  le  coup, 
de  maniere  que  la  foudre  Leífieura  feuiement  & luí 
fit  perdre  la  vue.  Selon  quélcues  auteurs  , il  fue 
réeilement  blefTé,  8c  la  plaie  ne  fereferma  jamais. 
Au  relie , Pamour  de  Venus  pour  Anchife  ne  fut 
point  un  amour  paíTager ; elle  lui  donna  un  fecond 


Aprés  la  prife  de  Troye,  Énée  porta  fon  pére 
fur  fes  épaules  , 8c  ie  mit  en  lieu  de  súreté.  Les 
poetes  ont  loué  á l'envie cette aélion.  Ilsont  ajouté 
au  récit  de  V irgile , que  |es  flammes  le  refpeélérent, 
& que  craignant  de  nuire  á un  fi!s  qui  avoit  autant 
de  tendreíTe  pour  fon  pére  , eiles  fe  fendirenc 
pour  lailfer  un  paíTage  libre  á Énée.  Virgile  fait 
mourir  Anchife  en  Sicile  ; d’autres  fur  le  mont 
Ida,  oú  fon  tombeau  fut  honoré  par  íes  bergers 
phrygiens.  II  y en  a qui  placent  le  lleude  fa  mort  ea 
Laconie,  au  piedd'une  montagne,  nommée  depuis 
Anckifia  j oú  il  y avoit  un  temple  de  Vénus  | 
d'autres  enfin  le  font  parvenir  jufqifen  Itaiie  } 
mais  tous  s'accordent  á dire  qu’il  vécut  jufqu’á 
quatre-vingt  ans. 

On  le  voit  endormi  auprés  de  Vér=us  fur  une 
cornaline  de  Stofeh.  11  eíl  trésrreconnoiíTable  á 
la  mitre  phrygienne  , ainfi  qu’aux  longues  chauffes 
que  Ies  artilles  grecs  donnoient  aux  Phrygiens 
8c  aux  autres  peupies  barbares. 

-ANCIENS.  Quelle  que  foit  norte  admiratioa 
pour  Ies  anciens , & quelque  legitimes  qu’en 
íbient  les  motifs,  nous  laiíTons  au  Diclionnaire  de 
Littérature  de  cette  nouveÜe  F ncyelopédie  , Sc 
au  Diétionnaire  des  Arts  , deilmé  á la  m.éme 
collection  , á faite  connoitre  aux  leéteurs  !e 
deyré  de  fupériorité  - des  anciens  fur  les  mo- 
dernes  dans  les  arts.  On  ne  pourra  cependant  pas 
nous  reprocher  ce  renvoi  comme  un  reñís  de 
travail ; car  chaqué  arricie  du  Dictionnaire  d'An- 
tiouités  nous  montre  ce  que  les  anciens  ont  fa 
ou  fait  dans  une  partie  des  fciences ; 8c  la  reunión 


de  tous  ces  anieles  , que  nous  indiquerons  a la  fin 


J70 


A N C 


du  deniier  volun'.e,  formera  un  tableau  briüant 
de  leurs  connoiíTances  dans  les  fciences_.  & de  ieur 
fupériorité  dans  toas  les  arts  qai  appartiennent  au 
deííin. 

ANCíI,  furnomqueportoientpluíieursSpar/uí, 
& qu'sls  tiroient  du  roi  Ancus. 

ANCíLESj  boucliers  facrésj  que  l'on  gardoit 
dans  le  temple  du  dieu  de  la  guerre.  Tous  les.ans, 
au  mois  de  Mars^  on  les  portoit  en  proceffion 
autour  de  Rorae ; & Je  dernier  jour  cu  moss,  on 
Ies  renfermoit  foigneufement.  Denys  db'ialicar- 
naííe  rapporte  ainfi  rorigine  de  ces  bcucbers  fa- 
crés  ; L n boiicüer  étant  tombé  du  de! on 
confulta  Ies  Arufpices  fur  ce  prodigC:,  & iis  ré- 
pondirent  que  Fempire  du  monde  étoJt  deftiné 
á la  ville  ou  ce  boaclier  fero¡t  confervé.  Numa 
Pomnilius  craignant  qu’il  ne  fíit  volé  j en  fit  faite 
pluíieurs  entiérement  femblables,  afín  qu''on  ne 
put  reconnoítre  le  véritable.  Sí  Ies  dépofa  dans 
le  temple  de  Mars.  II  établit  les  Saliens  pour 
veiller  á Ieur  fureté. 

Plutarque  ajoute  que  Nuina  prédit  des  chofes 
iRerveilIeufes  fur  ce  bouciier , qudi  difott  avoir 
apprifes  d’Egérie  & des  Mufes.  C et  ancile , difoit-il  ^ 
étoit  envoyé  pour  le  falut  de  la  ville , & il  falloit 
le  garder  avec  onze  autres  de  méme  figure  & de 
méme  grandeutj  afin  que  la  difSciiIté  de  le  re- 
eonnoitre  empéchát  les  voleurs  de  le  dérober. 

Les  écrivains  romains  qui  avoient  ces  boucliers 
fous  les  yeuxj  ont  cependant  varié  fur  Ieur  forme. 
Les  uns  difent  qufiis  i'eíTembloient  aux  peltes , & 
qiFiIs  étoient  échancrés  des  deux  cótés.  C’eíi  le 
fentiment  de  Denys  d’Halicarnaífe  Se  de  Plutarque. 
Mais  Ovide  aíTure  que  les  anciles  étoient  ronds. 
( Fafi^  111.  377. ) : 


laque  ancile  vocal  ¡ quod  ah  omnz  parte  recifum  efi , 

Quaque  notes  oculis  angulas  omnis  abefl. 

Les  monumens  font  d’accord  avec  lui ; car  on  Ies 
voit  de  forme  circulaire  fur  des  médailles  de  Do- 
mitienj  & fur  une  médaille  du  triumvir  moaétaire 
Licinius. 

Lorfque  Numa  voulut  faire  fabriquer  onze 
anciles  femblables  au  premier,  il  chargea  de  ce 
■foin  M.amurius , qui  travailloit  en  vafes  & en 
armures  d’airain.  Cethabüe  ouvrier  exigea  aucun 
payement  : c’eñ  pourquoi  Ies  Saliens  confervérent 
fon  nom  á la  poílérité  la  plus  reculée  , en  Finfé- 
rant  dans  leurs  hymnes.  Óvide,  {ibidem.')  : 

Tum  fie  Mamurius  mere  es  mihi  gloria  detur , 
Nominaúue  extremo  carmine  nofira  fionent. 

Inde  fiacerdotes  opsri  promifia  vetufio 

Prsmia  perfiolvunt  ^ llamuriianque  eanunt. 

Ce  ne  fut  point  aíTez , on  luí  éleva  une  ílatue  de 
plomb  dans  le  quartier  c^ui  prit  fon  nom  , oú  eft 
aujourd'hui  Féglife  de  Sainte-Sufanne.  On  croit 
qu'’Hofi:i!ius  dépofa  dans  fon  voifinage  les  douze 
®Gtu.veaux  andUs  qíLÜ  ajouta  aux  premiers , & 


A N C 

qu’il  y établit  les  douze  faliens  qu’il  aggrégea  á 
Fancien  collége. 

Oa  a beaucoup  varié  fur  Forigine  du  notn 
ancile,  que  Numa  donna  á ces  bcu.c'iers  facrés. 
Les  uns  le  dérivent  du  grec  & les  autres  du  iaiin ; 
mais  la  plupart  de  ces  étymologies  font  tellement 
forcées,  qu^on  doit  Ies  laifler  dans  Foubii. 

Les  jours  oa  ¡es  Saliens  portoient  Ies  anciles 
en  proceflion  dans  les  rúes  de  Rome , étoient 
coníacrés  par  une  inafrion  totale.  On  auroir  crii 
commettre  un  grand  enme  fi  Fon  avou  pns  íes 
armes , donné  une  batailie  ou  établi  un  cimp 
dans  ces  jours  facrés ; & Fon  regardoit  comme 
trés-malheureufes  Ies  entreprifes  commencees  á 
cette  redoutable  époque.  Tacite  & Suetone  font 
ob.íerver  avec  attenrion  que  le  dépait  d'Othon  fut 
regardé  de  mauvais  ceil,  parce  quril  fe  faifoit 

gndant  ¡es  preceífions  des  anciles  , & avant  qiFils 
íTent  renfermés  dans  le  temple  de  Mars. 

Le  général  qui  vouloit  obtenir  de  glorieux  fuc- 
cés  , alloit , avant  fon  départ , dans  ce  temple , 
& agitoit  d^une  main  timide  les  redoutables  bou- 
cliers. Lorfqu'ils  fe  remuoient  d"eux- mémes  , 
c'étoit  un  préfage  fácheux  pour  Rome  , & il 
annoncoit  une  guerre  prochaine.  Au  refte , tout 
étok  facré  daos  les  anciles  yúíq'a-íiix  termes  moveri 
& conai , qui  exprimoient  Faíiion  de  ¡es  fortir  du 
temple  de  Mars,  & celle  de  les  y repórter. 

ANCLAERIA,  vafes  d'airain  qui  fervoient  aux 
facrifices. 

ANiCLABRIS  , rabie  fur  laquelle  on  pofoit  Ies 
vafes  réfervés  pour  Ies  facrifices. 

ANCON , vafe  á boire  courbé.  On  donnoit 
ce  nom  aux  comes  á boire , qui  étoient  natu- 
rellement  recourbées. 

Ancón  exprimoit  aufli  un  bras  de  fauteuil  ou 
un  accoudoir. 

ANCONE,  ville  cFItalie,  dans  Fancien  Pice- 
num,  fur  la  cote  de  la  mer  Adriatique.  Trajan 
V fit  coníliuire  un  port  & un  are  de  tnornphe. 
C'efr  á cette  époque  que  Fon  rapporte  une  mé- 
daille de  cet  empereur , au  revers  de  laquelle 
paroít  un  port  avec  la  légende  : por.  AUG. 
Akcone,  en  Italie.  ArKí2N. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font  r 
RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Son  fymbole  eft  un  bras  replié , quí  eft  exprime 
par  fon  nom  dans  la  íangue  grecque. 

ANCRE  de  vaijfeau.  Fline  fait  honneur  de  fon 
invention  aux  Tyrrhéniens  ; mais  Paufanias_  dií 
en  termes  exprés,  que  Midas,  fils  de  Gordius, 
inventa  Yancre,  Se  qu'on  voyoit  encore  ¡a  iien’ne 
dans  im  tenvple  de  .Tupiter.  Ces  differentes  om- 
nions  peuvent  fe  conciíier , en  difant  que  I un 
a inventé  Yancre , Sí  que  Fautre  Fa  perfec- 
tionnée. 

Les  premieres  añores  étoient  de  piarte  ; & 
Áriiea  '{FeripL  Pont,  Euxin , pag.  5.)  aíTure 


A N C 


i'on  eonfervoit  encore  de  fer  du  navire 

des  argonautes , avec  des  fragmens  d'une  plus  an- 
cízmiz  ancre  qui  étoit  de  pierre.  Athénée  {.v.p.  2C4) 
parJe  aancres  de  bois  . relies  que  les  Japonois  s^en 
íervent  encore.  II  ne  paroít  pas  qu'elles  fuíTent 
aigues  daos  les  commencemens;  mais  elles  agif- 
foient  uniquement  parleur  poids.  Pour  Taugmen- 
ter , on  les.  creufoir  5 & le  vuide  étoit  rempli  avec 
du  plomb  fondii.  ÍS'sus  Fapprenons  d'un  paflage 
de  Diodore  de  Sicile  {lib.  r).  Les  Phéniciens 
érant  venus  en  Sicile  pour  y acheter  de  Fargent  ^ 
en  chargérent  leurs  vailFeaux:  autant  que  leur  capa- 
cité pouvoir  en  conrenir.  Voyant  qu'il  en  leftoit 
encore  a acheter.,  les  Phéniciens  órérent  le  plomb 
de  leurs  ancres , & mirent  de  Fargent  á fa  place. 

Les  auteurs  anciens,  teis  que  León  dans  fa 
Tadlique  , HéfychiuS;,  Suidas  j Src.  nous  onc  con- 
fervé  la  mémoire  de  facs  remplis  de  fable^,  dont 
on  fe  fert'oit  fur  Ies  fonds  fableux  ou  vafeux  qui 
ri’auroient  pii  reteñir  les  añores  ordinaires.  On 
ajouta  aux  añores  de  fer  des  pointes que  Ies 
poetes  grecs  appellent  des  dentSj  d'abord  une 
feule  ^ & enfuite  deux.  Pline  dit  que  la  feconde 
fut  invenrée  par  Eupalamus;  mais  Strabon  lui 
fubftitue  le  célebre  philofophe  Anacharíis. 

Les  añores  á une  pointe  s’appeioient 
& celíes  qui  en  avoient  deux  étoient  connues  íbus 
les  noms  & á^¿fíptí-t>Kí¡.  Ces  derniéres_, 

que  Fon  voit  fur  Ies  monimaens  antiques,  reífem- 
blent  parfaitemenr  aux  añores  modernes , íi  Fon 
excepte  le  jas , que  Fon  n appercoit  á aucune.  La 
plus  groílé  de  toutes  les  eneres  d’un  vaiíTeau 
ceUe  dont  on  ne  fe  fervoit  qu’aprés  avoir  perdu 
toutes  Ies  autres ,,  ou  que  dans  la  derniére  ¿xtré- 
miitéj  s^’appeloit  Fíz/it/-^  fácrée,  Ufa. 

An’CRe  de  navire.  On  en  voit  une  fur  ¡es  mé- 
daüles  d'Ancyre^  de  Paeílumj  de  Tuce r Se  des 
rois  de  Syrie. 

^Eüe  devint  le  fymbole  de  la  Syrie  fous  Ies 
Séleucides  & leurs  fucceíTeurs.  L'origi.ne  de  cet 
attribut  fut  une  fable  racontée  par  Juftin  & par 
Appien.  lis  difent  que  Laodicej  mere  de  Séleu- 
í .>  _téva_  qu  Apollen  Favoit  rendue  mérej  & 
qu'iI  lui  aveit  donné  un  anneau^,  ou  paroiffoit  une 
mere  gravee  avec  beaucoup  d'art.  Elle  le  donna 
a Seleucus  , qui  en  fit  le  fymbole  de  fon  royaume. 
Tous  les  Séleucides  j difoit-on , naiíToient  avec 
1 empreinte  de  cette  añore  fur  la  cuiíTe. 

Au  refle  j F 'añore  marquoit  fur  les  médaüles  1 
les  viéloires  narvales  j lorfqa'elle  étoit  prife  dans 
fon  íens  naturel. 

^ ^ A Ncui  A étoient , fuivant  Feñus , 
Ies  divinités  tutelaires  des  efclaves  de  Fun  & de 
1 autiC  fexe  j d 011  eñ  venu  le  nom  ií  Áncilla  , que 
cel!es-ci  portoient. 

ANCYRE , en  Phrygie.  ANKYPAííaN. 

Les  mcdailles  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 


AND  171 

Son  íj’mbole  ordinaire  eíl  une  dncre  de  navire. 

Cette  ville  a fait  frapper  fous  fes  archontes  des 
medailles  imperiales  grecqiies  > ©ci.  Fhonreur  de 
Poppéej  de  Nerva^  de  PJotiae,  d’Hadrienj  de 
Saoinej  q Antinousj  de  M.-Auréle,  deSé.vére,  de 
Caracalla  5 de  Maxim.e  , d*Otacilej  de  Fauíline 
jeune , de  Yérus  ^ de  Domna. 

AncyitEj  dans  la  Galatiej  ?£  ¿.ííxíÍs  Sébafie , 
ANKYPAÍÍÍ2M  MHT  ge  ANKYFAC. 

Cette  villa  a fait  frapper  des  medailles  imperiales 
grecques,  en  Fhonneur  de  Néron,  de  Vériis,  de 
Commodcj  de  Sept.-Sévére , de  Caracalla^  de 
Géta  , de  Déce  , de  Valérien de  Gallien  , de 
Salonine,  df4r, tonina  de  M.-Auréle^  de  Dcmna. 

ANDABATE^  du  grec  aiaStkry.s , Cclui  qili 
rrionte.  On  donnoit  ce  nona  á une  efpéce  de  g!a- 
diateurs  qui  combattoient  montes  fur  un  char  Se 
les  yeux  fermés,  foit  qiFiis  les  euíTent  couverts 
d un  bandeau  ^ foit  qu^ils  portaííent  une  armure 
de  tete  rabattue  fur  le  vifage.  Leurs  combats  ter- 
mino'.ent  Ies  jeux  du  cirque.  lis  étoient  montes 
fur  des  chevaux  ou  fur  des  chars  conduits  par  des 
cochers  que  Fon  ne  privoit  pas  de  la  vue. 

ANDÁRTA.  Gruterj  pag.  88  j rapporte  Ies 
deux  infcriptions  fuivantes  publiées  par  Scaliger^ 
& dans  lefquelles  feules  il  eíl  fait  mention  de  cette 
divinité. 


DE.  AUG. 
andart.,® 
M.  JUL.  ANTO 
MINUS 


& DE.  AÜG. 

A N D A.  R T ^ 
M.  J U L I U S 
THE  O D O RUS 


ANDATE  5 déeíTe  de  ia  Vicloire.,  honorée  d'ua 
cuite  particulier  chez  Ies  anciens  peuples  de  ia 
Grande-Bretagne. 

ANDEGAVÍ;,  dans  Ies  Gaiiles.  andec. 

Les  médaüles  autonomes  de  ce  peuple  font : 
RRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze.  (^Pellerin'). 

O.  en  or. 


ANDIRINE  , furnom  de  Cybéle , qui  avoit 
un  temple  prés  de  la  ville  d’Andéle. 

ANDOB3  dans  les  Gaules.  Andob. 

Les  médailies  qui  portent  cette  légende  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or.  (_  PeUerin). 

C.  en  arsent. 

ANDRAPHONOS , furnom  de  Venus,  qui 
fignifie  homicide.  Voye^  Homicide. 

ANDRAPODOC.4PELE  , nom  d’une  profef- 
fion  particuliére  dont  Galien  fait  mention  en  plu- 
fieurs  endroits.  On  appeloit  de  ce  nom  des  gens 
qui  logeoient  de  jeunes  garqons,  des  fiUes,  des 
euniiques  & d'autres  perfonnes.  lis  fe  chargeoient 
de  foigner  &:  d’embellir  le  corps  de  ceux  qu'oa 
mettoit  entre  leurs  mains.  Cette  profeífion  n'avoit 
ríen  de  commun  avec  celle  des  marckands  d‘ep. 
claves^  lenones ; quoique  ce  fut  la  véritable  figniS- 
cation  du  mor  AndrapodocapUe  , , efcl  ave  , 

& xéimÁtSi  marchand.  On  doit  exclure  toute  idee 

y ij 


lyi  AND 

áe  débauche , en  parlant  des  Andrapodoeapeles , 
8c  I on  ne  peut  mieux  les  comparer  qu  á nos  Bai- 
GKEURS-  ce  mot. 

Ar<DREMOISj  gendre  d^Oenée,  roí  de  Calf- 
don,  fuccéda  á fon  beau-pére.  y.  Oenée. 

ANDREUSj  fils  du  fleuve  Penée^  s^étab’it  le 
premier  dans  un  cantón  de  la  Béotie , qu’il  nomina 
Ar^dreide.  II  époufa  une  filie  de  Leucon,  fils 
"'d'AthamaSj  & en  eut  un  enfanrnommé  Eteoclcj 
qui  régna  aprés  lui  ^ & qui  accorda  une  portion 
du  pays  á Halmiis , fils  de  Sifyphe.  Cet  Etéocle 
n ayant  point  laiffé  d’enfans  Phlégias  , fils  du 
dieu  Mars  8c  de  Chryfe , filie  d'Almus , lui  fuc- 
céda. V.  Eteocle. 

ANDROCLES,  fils  d'Eole  , _ dieu  des  vents  , 
roana  dans  cette  partie  de  la  Sicile  qui  eft  entre 
le  détroit  de  ideifine  & le  cap  Lilybee.  ^ 

AIS'DROGÉEj  fils  de  Minos,  roi  de  Crcte, 
étant  alié  á Athénes  pour  aflifter  aux  panathénées, 
combattit  dans  ces  jeux  avec  tant  d'adreíTe  & de 
bonheur,  qu  il  y remporta  toiis  les  prix;  ce  qui 
lui  attira  reí'time  genérale  Se  l’amitié  des  fik  de 
Pallas  j frére  du  roi  Egée.  Le  commerce  de  ce 
jeune  prince  avec  les  Pallantides  devint  fufpeét  au 
roi  d’ Athénes  j qui,  violant  tous  les  droits^  de 
rhofpitalité , fit  aífaSiner  A/idrogée.  Minos  n’eut 
pas  plutot  appris  cette  trille  nouvelle  , qufil  íe  mit 
en  devoir  de  venger  la  mort  de  fon  fils  : il  declara 
ia  guerre  aux  Athéniens  , & les  contraignit  de  lui 
Paire  fatisfaétion.  On  verra  les  conditioñs  du  traite 
dans  PHiftoire  du  Miniutore; 

Quelques  auteurs  voulant  rétablir  la  réputa- 
tion  d’Egée,  difent  mA-rArogée  fut  tué  par  le 
raiireau  de  Marathón , envoyé  par  iS'eptune  dans 
rifle  de  Créte  pour  punir  Minos  de  ce  qu’étant 
maitre  de  la  mer,  il  ne  reconnoiiToit  pas  fa  divinité. 
Ce  taureau  ayant  ravagé  Tifie  de  Créte,  traverfa  la 
mer,  alia  en  Créce;  & ayant  rencontré  Androgée 
en  fon  chemin,  il  lui  ota  la  vie.  V .Egee,  Mi- 

NOTAURE.  , 

ANDROGEO'síES,  Petes  que  les  A.théniens 
étabiirent  en  Thonnear  d’Androgée,  pour  fatis- 
Paire  Minos,  lis  mirent  Androgée  au  nombre  des 
héros.de  la  Gréce;  on  lui  éleva  un  autel,  & Ton 
célébroit  tous  les  ans  des  jeux  en  fon  honneur 
dans  le  céramique,  appelés  Aycvsí  íi;  'Eopy’ji¡. 

ANDROGYÑES.  C'étoient  des  h-ommes  qui 
avoient  les  deux  fexes,  deux  teres,  quatre  bras 
& quatre  pieds.  Les  dieux,  dit  Platón,  dans  fon 
Dialogue  du  Banquet  , avoient  dkbord  formé 
Thomme  d'une  figure  ronde,  avec  deux  corps  & 
les  deux  fexes.  Ces  hommes  étoient  d"une  forcé  fi 
extraordinaire,  quiis  réfolnrent  de  Paire  ia  guerre 
aux  dieux.  Júpiter,  que  cette  entreprife  irrita, 
alloit  Ies  Paire  périr ; mais  ne  voulant  pas  détruire 
le  genre  humain,  il  fe  contenta  de  les  partager  en 
deux  , pour  les  afroiblir  , afin  qu’ils  nkuíTent 
plus  déformais  ni  tant  de  forcé , ni  tant  d’au- 
dace. 

Júpiter  doBna  erdre  en  métne-tems  á Apoibn 


AND 

de  perfedirionner  ces  deux  demi-corps.  Se  d’étendre 
íur  h poitrine  & fur  les  reins  cette  peau  qui  les 
couvre,  & qai  porte  dans  le  nombril  la  marque 
du  noeud  qu’y  fit  Apollen. 

Pline,  I.  7,  c.  I , dit  qu  un  certain  Calliphanes 
avoit  écrit  qudí  y avoir  un  peuple  A’ Androgynes  en 
Afrique.  AnTtote  ajoute  qu  ils  avoient  la  mamelle 
droite  córame  un  homme , & la  gauche  comme 
une  femme  : c’eíl  une  Pable  trés-abfurde* 

Le  mot  Androgyne , qui  eft  fynonyme  d her- 
maphrodite,  vient  des  deux  mots  grecs,  ¿A fe;  y 
de  Thomme,  8c  y¡jir, , femme. 

ANDROLEPSIE  , mot  formé  d’áíip , homme 
& de  Xag-Akia  , je  prends.  Lorfqu’un  athénieti 
avoit  été  tué  par  le  citoyen  d'une  autre  ville , ft 
cette  viüe  refufoit  de  livrer  le  coupable , il  étoit 
permis  de  faifir  trois  de  fescitoyens,  & de  punir 
en  eux  le  meurtre  commis.  Cetre  coutume  étoit 
appelée  parles  Grccs  Androlepfie , & C larigatio 
les  Romains.  Notre  mot  repréfaílle  ften  exprime 
qu'une  partie. 

ANDROMAQUE  étoit  filie  d'yEtion , .roi  de 
Thébes , dans  la  Cilicie.  Les  poetes  en  ont  fait 
un  portrait  fort  avantageux  5 elle  étoit  belle,  & 
dMne  taille  fort  grande , modefte,  fage  , vertueufe, 
& dMn  caraétére  trés-doux. 

Andromaque  époufa  le  vaillant  Héctor , fils  de 
Priam,  pour  lequel  elle  eut  tant  d’attschement, 
que,  fuivant  Homére,  c’éroit  elle  qui  avoit  foin 
de  íes  chevaux.  II  y a des  auteurs  qui  lui  foat 
poiifTer  la  complaifance  jufqu’á  aimer  les  maí- 
treífes  de  fon  inari , & aliaiter  les  enfans  qu  elles 
luí  donnoient ; felón  d’autres,  Heítor  lui  étoit  íi 
atraché , qiTií  luí  garda  fcrupuleufement  ¡a  foi 
conjúgale.  Les  adieux  de  ces  deux  époux  au  mo- 
iTient  ou  Keétor  partir  pour  aíler  au  combar  oii  n 
périt,  font  un  des  plus  beaux  morceaux  de  Tlliade 
& des  plus  touchans.  Andromaque  eut  la  douleur 
de  perdre  un  mari  íi  cher  •,  elle  vit  auífi , aprés  la 
prife  de  Trove , précipiter  fon  fils  Aítvanax  du  haut 
d'une  tour.  C’eft  done  par  une  licence  poétique 
que  Racine  , dans  fon  Andromaque , fait  vivre 
Añyanax  ¡ong-tems  aprés  la  prife  de  Troye. 
(V.  Asttanax).  Elle  avoit  encors  eu  d'Hetior 
un  autre  fils  , nommé  Laodamante. 

La  veuve  d'Heclor  devint  captive  de  Pyrrhus  , 
fils  d’Achille , dont  elle  eut  trois  enfans , felón 
quelques  auteurs,  Moloífus,  Pielus  & Pergamus-; 
& Pielus  fuccéda  á fon  páre  au  troné  d’Epire.  C eft 
de  lui  que  defeendoit  Pyrrhus,  célebre  par  fes 
guerres  contre  les  Romains.  D'autres  nomment 
ces  trois  enfans  Pyrrhus , Moloífus  & Eacíde 
quelques-uns  enfin  , ne  parlent  que  de  Moloffus^ 
Hermione  , femme  de  Pyrrhus , conqut  une  fi 
grande  jaloufie  des  coraplaifances  de  fon  mar! 
pour  Andromaque  y qftelle  le  fit  mourir.  V.  PyB.- 
RHUS,  MeíJÉLAS. 

Aprés  la  morr,  ou  méme  du  vivant  de  ce  prince, 
Andromaque  époufa  Hélénus,  fils  de  Pnam,  fon 
compagnon  de  captivité  j & régna  avec  iui  fux 


AND 

pjrtiede  ’i’Epire.Tirai'ie  Scquelques  autres  donnent 
Hélénus  pour  mari  á A^drorraque  avant  la  mort 
de  Pyrrhus  ; d’autres  dilent  que  le  mariage  le  fit 
feiilement  en  conféquence  des  ordres  qu  il  avoic 
¿onnés.  Elle  eut  encore  des  enfans  d'Hélénus, 
entr'autres  Ceürinas.  Fl  Cestrinus. 

Les  auteurs  anciens  fe  font  accordes  a louer  la 
haute  taille  á‘Andror?zaque.  Ovide  l’appelle  longif- 
fima , trés-longue  5 &:  il  en  parle  dans  un  autre 
vers.  Javénal  cite  Andromaque , pour  défigner  une 
feir.me  d'une  taille  diílinguée : 

Aniromacken  d fronte  videbis ; 

Pofi  tergo  minor  eft. 

Les  peintres  & fculpteurs  modernes  ne  lui  ont 
pas  ailez  fidciemenc  coníervé  ce  caradtere  dií- 
tinctif. 

On  voit  la  malheureufe  Andromaque  fur  un 
grand  nombre  de  pierres  gravees;  tantot  elle  fait 
á íleótor  ces  adieux  ii  mémorables  , tantot  elle 
lui  oífre  Afíyanax*  pour  qi'/il  reir.braffe  encore 
une  fois ; & fouvent  on  la  voit  auprés  de  Priam  ^ 
fur  ie  haut  des  murs  de  Troye  , invoquer  les  dieux 
en  favear  de  fon  mari.  La  colledtion  de  Florence 
& celle  du  barón  de  Stofch  oíFrent  ces  difícrens 
fujets  3 & méme  répétés  pluiieurs  fois. 

Un  bas-relief  de  la  Villa-Borghéfe  nous  montre 
Andromaque  accompagnée  de  femmes  troyennes  ^ 
reeevant  le  corps  de  fon  époux  aux  portes  de 
Troye.  Elle  eñ  vétue  d’une  robe  trainante,  fans 
ceiature.  Cétoit , chez  les  anciens , la  marque 
cf  une  profonde  douleur. 

AÑOROME  DE  étoit  filie  de  Céphée,  roi 
d'Ethiopie  & de  Cafliopée  j qui  avoit  eu  la  témé- 
rité  de  fe  croire  plus  bella  que  les  Ntréides. 
Neptune  ^ pour  les  vengar  ^ fufcira  un  monftre 
mann  qui  défoloit  le  pays  : Foracle  d’Ammon 
ayant  été  confuiré  fur  les  inoyenj-  d’appaifer  Ies 
dieux  , répondit  qu’il  lalloit  expofer  Andromede 
aux  fureurs  du  monftre.  La  jeune  princeííe  ñit 
done  expofée  fur  un  rocher  ^ & le  monftre  fortant 
de  la  rner  , étoit  pret  á la  dévorer , lorfque  Perfée  ^ 
monté  fur  Pégafe,  vint  á 'fon  fecoars  , tua  ie 
monítre orifa  les  chaínes  i Andronúde ¡ & Tépoilfa 
pour  fa  récompeníé. 

_ Paufanias  ajoute  une  autre  fable  á cel!e-ci  : il 
dit  que  pres  de  Joppé  j,  il  y avoit  une  fontaine 
dont  l’eau  étoit  rouge  comme  du  fang,  & que 
les^  gens  du  lieu  afíuroient  que  Perfée  s’étant 
enlanglanté  en  tuant  le  monftre,,  fe  lava  dans  cette 
fontaine  , & en  rougir  f eau.  Andromede  fut  placée 
dans  le  ciel  , 011  elle  forme  une  conñellation. 
V.  Peb.sée. 

On  a troavé  á Pondera , dans  un  petit  temple 
qui  eñ  dans  le  par  vis  du  grand  temple  d’ííis,  entre 
autres  bas-reliefs  en  plátre , k fable  de  Perfée  & 
^Andromede.  Ce  que  ce  morceau  offre  de  plus 
fingulier , eft  la  main  du  héros  qui  tient  la  tete 

de  Médufe;  elle  eít  entiéremen:  de  relief.  Le 


A N E 173 

fculpteur  3 pour  lui  donrer  tant  ee  failiie  , I’avoit 
aíTüjctie  avec  une  t!ge  de  fer,  que  fon  voit  aiijour- 
d hui  depms  la  cliúte  de  la  main. 

ANDRO.MíXON  , gendre  d’Oénée  , roi  de 
Calydon.  V.  Oen’Ée. 

A D P-  O N 3 étoit  la  partie  des  maifons  que 
les  Crees  hacitoient.  Elle  étou  féparée  du  syné- 
cée  3 appartement  de  leurs  femmes  & deleurs 
filies. 

ANDRONÍC  1.  Comnéne. 

Akdroxicus  Augu stus. 

Ses  médailles  font : 

RR.  en  or. 

O.  en  argent. 

R.  en  AL  B. 

Andronique  II.  Paléologue. 

AiSOROS  ICV  S pALJEOI-OCns  Augustus. 

Les  médailles  de  ce  régne  ne  font  pas  citéés 
dans  les  catalogues. . 

Andronic  III.  Paléologue. 

AnVRON ÍCUS  P AL.^OLQGU S AuGUSTlTS, 

On  ne  connort  point  de  médailles  de  ce  prince. 

Andronique  IV.  Paléologue. 

ANDRotricus  Palmologus  Augustus. 

Ses  médailles  manquent. 

ÁNDROS,  ifle.  ANAPi  8c  anapí2n. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ifle  font : 

RRRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

On  a frappé  .dans  cette  ifle  quelques  m.édailles 
imperiales  grecques , felón  le  pére  Jobert. 

Andros,  fils  d’Anius.  Lbycy 'Anius. 

A ÑAPO  S^INTES.  Lorfqu’Hérodote  a donné  ce 
nom  aux  iphinx , il  a voulu  défigner  par  cette 
exprefllon  leur  double  fexe.  Ceüx  des  Egyptiens 
porcent  en  eíFet  ce  double  caractére;  ils  ont  la 
tete  de  femme,  & les  organes  de  la  génération  dti 
niále.  _ On  n’avoit  point  fait  cette  remarque  avanc 
le  judicieux  Winkelmann  , qui  a expliqué  , par  le 
moven  de  cette  obfervation  , un  paffage  du  poete 
Philémon,  ou  il  eft  parlé  de  íphinx  males,  & 
qui  n’avoit  jamais  pa  étre  entendu, 

ANE.  Les  Egyptiens*  avoienr  pour  Ydne  une 
haine  extraordinaire.  il  eft  roux  dans  l’Afrique  &: 
dans  i’Afie  ; & cette  couleur  étoit  odieufe  aux 
Egyptiens  3 parce  qu'ils  la  croyoient  afíeétée  á 
Typhon  , le  mauvais  principe.  M.  Patv,  qui  re- 
garde  la  religión  des  Egyptiens  comme  une  per- 
feélion  de  leur  régime  diététique , aíLure  que  la 
couleur  rouíTe  annonce’  ie  germe  d'une  maladie 
dans  les  animaux , & en  particulier  dans  les  boeufs 
8:  les  vaches.  * 

Le  préfideat  de  Montefquiea  s'eft  moqué  de' 
cette  Opinión  , qui  fupt>ofe  une  analogie  entre  la 
fanté  des  animaux  & la  couleur  de  leurs  poils  j 
peut-étre  que  la  maniere  dont  Váne  fe  nourrit  a 
pu  faire  naitre  cette  répugnance  chez  un  peuple 
ftiili  de  h proprsté  i caí  Váne  ¡nange  prefque  teut 


1 -jx  A N E 

ce  qu  il  rencontre  fans  aucun  choix , & il  fe 
roule  fur  la  terre  ¡a  plus  infeélíe  avec  une  cbmplai- 
fance  aS'eciée. 

Quoi  qu'il  en  fo!t  ^ Váne  étoit  dans  TEgypte  un 
des  lyffiboles  de  Typhon  ^ & fon  trasoír  fon 
image  fur  les  gáteaux  que  Ton  offroit  á ce  dieu 
da  mal.  Les  habítans  de  Coptos  , de  Buílris , 
dbAbydos  & de  LycopoÜs , pouíibient  encore 
plus  loin  cette  antipathie;  car  ils  haifíbient  le 
fon  de  la  croiT.pette , parce  qu’ils  luí  írouvoient 
de  la  reíTemblance  avec  le  cri  de  Váne. 

Les  ñomains  conferv^crenr  une  partie  de  certe 
haine  pour  ri'2e  : ils  regardoient  fa  rencontre 
comme  un  mauvais  préfage.  Cependant  Marius  & 
Auguífe  rinterprécérent  favorabiement.  Quand  il 
étoit  jeune  j les  payfans  en  mangeoient  la  chair , 
& la  trouvoient  Fort  agréable  , au  rapport  de 
Galien.  Mécént  reunir  niéme  á la  faire  fervir  fur 
la  rabie  des  granas  & des  riches,  qui  ceííerentj 
pour  complaire  á cet  üluítre  favori,  de  lui  pré- 
férer  la  chair  de  fonagre  ou  de  Váne  fauvage. 
Mais  ce  goút  ou  cette  mode  fut  de  peu  de  durée , 
& elle  pana  av-ec  !é  régne  de  Mécéne. 

Uáne  étoit  admis  dans  les  myftéres  de  Veíla^ 
foií  parce  qu"on  s'en  fervoit  dans  les  facrifices 
de  Cybélcj  divinité  identique  avec  elle  ^ foit  parce 
que  les  cris  de  cet  animal  réveiilérent  Veda,  á qui 
Priape  vouloit  faire  violence  pendant  fon  fdmmei!. 
De-lá  vint  que  les  boulangers  chargeoient  un  áne 
des  pains  qu’ils  ofFroient  á Veda  le  íixiéme  jour 
des  ides  de  juin.  Ovide  j {Faft.  ti.  311.); 

Ecce  coronatis  vanis  dependet  afellis. 

Cet  animal  portoit  ordinairement  les  llatues  & 
les  uíleníües  des  facrifices  de  cette  déeíTe^  comme 
nous  le  voyons  dans  Apulée.  A la  naiííance  de 
Bacchas i!  porta  ce  dieu  nouveau  né  5 les  bac- 
chantes  Penveloppérent  dans  une  corbeiile  cou- 
verte  , & le  chargérent  fur  un  áne. 

On  lui  aííbcioit  un  cheval  dans  les  fétes  de 
Confus ; peut-etre  parce  que  Fun  ScFautre  avoient 
fervi  de  monture  aux  fabines  , que  ces  fétes  virent 
enlever.  Mais  c'étoit  Váne  feul  que  Fon  immoloit 
á Mars  & á Priape.  Le  dieu  de  la  guerre  aime  le 
íilencej  pour  taire  réuíCr  les  embufcades  & les 
atraques  de  niiit  5 c'eft  pourquoi  on  lui  facrifioit 
Fanimal  dont  le  cri  eñ  fi  percanr. 

Priape  voyoit  avec  plailir  le  fang  de  Váne  couler 
fur  fon  autel;  parce  que  le  cri  de  celni  que  mon- 
tpit  Siléne  Favoit  empéché  de  fatisfaire  fa  paffion 
avec  la  nymphe  Lotis , qudl  avoit  troiivée  endor- 
míe.  Uáne  porta  far-le-champ  la  peine  de  fa 
faute  : 

ddorte  dedh  pcenas  auBor  clamoris ; & kac  efi 
Mellefpontiaco  -vicíima  grata  deo. 

On  voyoit  le  fiécle  dernier  á Rome  , auprés  de 
la  porte  Flaminia , le  dieu  des  jardins , ayant  á fa 
droite  une  tete  dVáne  avec  la  hache  des  facrifi- 
eareurs & ane  pareüle  á fa  gauche  avec  un  long 


ANE 

couteau.  Ce  fymbole  étoit  telatif  á une  pratique 
fupenb'tieafe  des  Etrufques. 

, La  tete  d'un  á..e , déponillée  de  la  peau,  faf- 
pendue  fur  une  terre  labourée  Se  enfemencée_, 

' avoit 3 felón  eux^  la  vertu  de  préferver  Ies  femences 
! de  tout  accident.  Hygin  dit  que  Ies  anciens  atta- 
í choiei.t  auíli  des  tetes  dVáne  avec  un  fep  de  vigne 
; aux  colonnes  dn  >it  ^ pour  exprimer  le  plaifir  quhls 
y avoient  gotité. 

On  ajoutoit  a la  tete  óVane  une  fonnette  pour 
eíFrayer  Ies  oífeaux , & pour  lui  donner  plus  de 
reíTemblance  avec  Váne  de  Siiéne , qui  en  porte 
toujours  une  í’ur  Ies  monusaens.  Ceíf  ainíi  qu'il 
eft  repréfenté  fur  une  urne  de  la  Villa-.-ilbani, 
avec  i'infcription  : zííkc  anamnhcic  , le  fou- 
venir  de  la  vie. 

AnEj  coiip  de  dé.  V.  Asinus. 

Ane  ( oreilles  d'  ').  Les  anciens  voulant  fe 
moquer  dequelcifun^  approchoientleursmainsdes 
tempes & allongeoient  les  doigrs  en  les  remuant, 
pour  imirer  les  oreilles  de  Váne.  Ilsiuireprochoient 
par  ce  geíle  fa  ftupidité  j en  le  comparant  á 
Fanimal  que  toares  Ies  nations  fembienc  s'étre 
accordées  á en  faire  le  fymbole.  Perfe>  O-  59)- 

FVec  manas  aurículas  imitata  eli  mobllis  albas. 

.4NEMOBAT,'E  , báteleurs  qui  voltigeoient 
en  Fair  avec  des  cordes  ou  avec  d'autres  machines. 
Ce  mot  vient  de  dvífíns vcT.t,  & de  ^¡íínte  ¡ je 
marche. 

ANÉMONE.  Cette  belle  fleur  doit  fa  couleur 
rouge  au  fang  dCAdonis.  Elle  étoit  blanche  avant 
d'avoir  eré  arrofée  de  ce  fang  íi  cher  á Venus. 
Ovide  a chanté  cette  métamorphofe  d’aprés  le 
fchcliafie  de  Théocrire  & d’aprés  Nicander^  cité 
par  cet  écrivain. 

ANEAíOSCOPE:,  d’«3s^!js-;,  vent,  & de 
je  considere.  II  paroit,  par  la  defeription  qiiefait 
Vitruve  de  cet  inílniment,  que  les  anciens  s’en 
fervoient  plutot  pour  connoirre  de  quel  coré 
venoit  le  venr  ^ qué  pour  annoncer  le  coré  d’oü  il 
devoit  fouíP.er. 

ANEMURíUMj  en  Cilicie.  Anemotpiehn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  vüle  font : 

RRRR.  en  bronze.  (Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  vüle  a fait  frapper  fous  fes  préteurs  des 
médailles  imperiales  grecques en  Fhonneur  de 
Domitia,  de  Caracalla^  d’Alex.-Sévére  ^ de  Va- 
lérien. 

AKESSE.  Les  gens  voluptueux  de  Rome  fe 
frottoienr  le  vifage  & la  peau  avec  du  pain  trempé 
dans  du  lait  óVáncJfe,  pour  rendre  ce!!e-ci  plus 
blar.che,  & pour  empécherque  la  barbe  ne  vint 
fitót.  Suétone  y dans  Óthon,  ck.  iz,  Martial, 
liv.  10  y épig.  68  , parlent  de  ce  rafíinement. 
Juvénal,  Sat.  vi  y ajoute  que  Fon  faifoit  un 
mafque  avec  ce  pain.  Poppée , fenuiie  de  Néron , 
fut  la  premiére  ou  une  des  premieres,  qui  ufa  de 


^ "S!  fZ 

cctte  recetta . perfuadíe  que  la  Init  entrete- 

hoit  la  blancheur  Se  óeoit  ies  ridas  ce  ia  peau.  Ceft 
poar  cela  qa’elle  avoit  tou;onrs  á la  fui:e  trois 
cents  ¿.-¡cjfes  ^ &:  que  Juvénal  appelie  ces  mafques 
¿e  pain  trempe  darrs  ce  lait pinguia  pop&ana. 

A>' la T.  I.es  anciens  fe  couronnoient  aanet  dans 
les  feílins.  Les  gladiareurs  en  méloient  á tous 
leurs  alimens,  parce  qu^on  lui  artribuoit  la  pro- 
priété  d’écre  ícrt  nourriffant.  De-Iá  vint  que  Fon 
dlfo!"  . dematider  de  Yánet,  anethiim  requiri , 
poxir  exprimer  des  remedes  propres  á guérir  ies 
fciis. 

ANETIS.  V.  ÁNAETis. 

ANGARI,  nom  que  les  Perfes  donrroient  á des 
courriers  , qui  j fixés  á différentes  ftations  , fe 
remettoient  les  paquets  les  uns  aiix  autres,  & les 
faifoienr  parvenlr  aux  extrémités  de  rEmpire  avec 
une  grande  célérité.  Les  Grecs  8c  les  Romains 
iiTiitérent  cer  établiiTement  ^ Se  acoptérent  dans 
leurs  langues  le  nom  Perfan  des  courriers. 

AMGARÍA.  On  appeloit  de  ce  nom  le  droit 
dont  ufoient  les  empereurs  grecs  Se  leurs  repre- 
fentans , de  prendre  des  voitures , des  bétes  de 
, fomme  & des  chevaux  de  íélle  dans  toutes  les 
provinces,  qu/iis  avoient  á parcourir.  Perfonne 
n'c'toit  exempt  de  cette  charge  publique , pas 
méme  les  fo4dats  vétérans.  Lorfque  les  empereurs 
avoient  quelque  fardeauá  faire  tranfporterj  tels 
que  les  armes  , les  habits  des  foldats  ^ 8c  autres 
chofes  pareilles , le  maítre  des  oíEces  en  donnoic 
avis  aii  préfet  dti  prétoirCj  qui  avertiíToit  chaqué 
viile  de  fournir  des  vaiíTeaux , des  chevaux , oti 
des  charriotSj  fuivant  la  grandeur  8c  le  nombre 
qui  éroient  néceíTaires. 

ANGE^(  cháteau  Saint-)  V.  Adrianeum. 

ANGÉLIQUEj  danfe,  des  anciens  Grecs, 
uíitée  dans  les  feftins.  Elle  étoit  ainfi  nommée  dii 
mot  «yyfAsf,  meiTagerj  parce  que  , felón  Pollux, 
ceux  qui  la  danfoient  étoient  habillés  en  meffagers. 

AIñGELO,  filie  de  Júpiter  8c  de  Junon.  On 
d't  qu’elle  déroba  le  fard  de  fa  mérepour  en  faire 
f préfent  á Eurepe  , qu’elle  aimoit.  Cel!e-ci  s'en 
fervit  íi  heureufenient , qa'eliedevint  d’une  extréme 
blancheur. 

^ ANGERONA,LES , fétes  d’Angérone.  On  Ies 
célébroit  á Rome  le  2i  décembre.  Varron  8c 
Feftus  noas  ont  appris  le  nom  de  ces  fétes  j 8c 
Plíne,  Solin  Se  Macrobe,  lepoque  a laquelle  on 
Ies  célébroit. 

AbiGERONE,  Angerona,  Sc  Agerona.  C’étoit 
une  divinité  des  Romains  ^ fur  iaquelie  ¡es  écri- 
vams  ne  nous  ont  laiíTé  que  des  notions  confufes. 
Feftus  Sc  Julius  Modefrus  , cites  par  Macrobe^ 
(Saturn.  ¿ib.  i , c.  lOy  dérivent  fon  nom  Si  An- 
gina, efquinancie,  8c  difen  taufil  lui  fut  donné, 
parce  qu’elle  guériffoit  ce  mal.’  D'autres  Pont  fait 
venir  SCangor^  doulear,  peinej  ou  ánYerhc  angor , 

’ f óu  chagrín  , parce  QTiYAngérons 
déiivro:t  da  chagrín  8:  des  pxiines.  Ceft  ainíJ, 
¿ifent-iis , que  de  pello  on  a fait  pellcnia  , Sc  de 


A N G .17-5 

* popular  popúlenla  , qui^  fe  troiivent  le  premier 
dans  Árnobe,  liv.  iv , Sc  le  fecond  dans  la  Cité 
; de  D’ea,  liv.  VI,  c.  lo. 

i ^ Ene  troiíiéme  opinión  donne  pour  racine  á 
I Angérone,  le  mqt  angeo  , je  ferre  , je  preíTe  , parce 
que  cette  déeíl'e  étoit  la  divinité  du  íilence,  Sc 
qu’elle  fermoit  la  bouche.  Quelqiies  aüteurs  enfin  ^ 
doutent  sfil  ne  faut  point  ¡iré  Agérone  aii-üeu 
á‘ Ar.gérone , Sc  fi  ce  nom  ne  vient  point  ¿Agerey 
» i’agis ; parce  qu  elle  excitoit  a agir  forte- 
ment , comme  dit  Saint-AuguíHn  , Uvre  ''ri  de  la 
Cité  de  Dieu. 

Ango  eft  Fétymologie  de  ce  nom  !a  plus  vraie 
& la  mieux  fondée ; car  Angérone  étoit  effedtive- 
menr  8c  ¡a  déeíTe  de  la  patience  dans  les  maux, 
8c  la  déeíTe  du  íilence,  qui  préfidoit  aux  confeils. 
D'auleurSj  l’ufage  de  lire  Angeronia  eft  ancien  Sc 
conftant  : on  n"a  aucune  raifon  de  douter  de  cette 
leqon. 

Cette  divinité,  que  Ies  Romains  avoient  créée  a 
rimiration  de  l’Harpocrate  des  Égyptíens  8c  du 
Sigalion  des  Grecs,  n' avoit  point  de  temple  pani- 
ciiiier.  Sa  ftatue  étoit  placee  dans  celui  de  la  déeíTe 
J^o lupia,  Volupté,  fur  fon  auteí ; 8c  elle  four- 
nifldit  matiére  á une  allégorie  morale.  La  patience 
8c  le  filence  dans  les  douleurs , préparent  un  plaiíir 
aíTuré  qui  leur  fuccédera. 

Les  Romains  avoient  autant  de  vénération  pour 
Angérone  que  les  Egyptiens  pour  Harpocrate. 
On  trouve  en  effet  un  trés-grand  nombre  de 
monumens  qui  repréfentent  Tun  8c  Fautre.  Le 
caraélére  difiinélif  él  Angérone  eft  de  'enir  un  doigt 
appu)  é fur  fa  bouche  fermée;  tel  Harpocrate  étoit 
fculpté  fur  les  bords  du  Nil.  Cette  premiere  idee 
fut  trouvée  trop  limpie  par  les  artilles  au  bout  de 
quelques  fiécles.  lis  ch’argérent  de  fymboles  Ies 
ftatues  S Angérone.  Tantót  elle  a fur  la  tete  le 
rr.odius  ou  boiíTeau  de  Sérapis , & tient  la  maíTue 
d’Hercule.  Tantót  elle  porte  á fa  bouche  aulieu 
du  doigt  Índex , une  baguette.  On  s"eíí  permis  des 
variations  méme  fur  fon  age  8c  fon  fexe. 

II  y a cependant  une  attitude  fort  extraordinaíre, 
fur  laqut  lie  s’accordent  un  grand  nombre  de  ñames 
^Angérone.  C^eñ  la  poíition  des  deux  mains  : 
l’une  eft  toujours  placee  vers  la  bouche  zvecY  índex 
étendu  fur  les  lévres  ; 8c  Fautre  eft  pofée  derriére 
8c  au  bas  du  dos  , avec  Yindex  étendu  vers  les 
parties  que  cette  maín  avoiline.  Trois  Angérones 
p’u-bliées  par  le  comte  de  Caylus , offrent  conf- 
tamment  cette  attitude  finguliére  dont  nous 
Eofons  rechercher  le  motif. 

L^’une  des  figures  de  cet  amateur  éclairé  des 
arts,  eft  d;or,  & repréfente  unenfant;  une  autre 
repréfente  une  jeune  filie.  La  troiüéme,  fculptée 
en  reüef  fur  une  maíTe  d'argenr  , deftinée  á erre 
portée  au  col , comme  un  amulette  contre  les 
chagrins,  ad  angores  pellendos  , a été  trouvée  á 
Ripa-Tranfone  , & eft  drappée  á la  romaine. 

La  net're  ñame  á' Angérone  , que  Fon  voít  dans 
le  cabinet  de  Sainte-C-erieYÍéve  eíí  nue  , paroit  étre 


A N G 

»ne  femme , 8c  poíé  Tune  de  fes  mains  á ¡a  bouche  j 
& Taucrs  derriére  fon  dos.  Une  béiiére  eft  placee 
entre  fes  deux  épaules  ^ ce  qui  prouve  qu  elle  a eré 
portée  au  col  en  guife  d’amulette. 

Le  comte  de  Caylus  a fait  au  fujet  des  íratues 
á’Angérorie  ^ qu  il  a publiées  , un  rapprocherr.ent 
'heureux  fur  la  nature  de  certe  divintté.  II  a 
rappelé  un  endroitde  Macrobe , (Sciturn.  Lio.  j . c-  9y 
oü  cet  écrivain  parle  du  lllence  rigoureux  que  la 
fuperlHcion  faifoit  obferver  aux  Romains,_  íur  le 
nom  de  la  déeíTe  tutélaire  de  Rome  ; 8c  il  croit 
reconnoítre  dans  Angérone  rembléme  de  ce  fecrer 
politique  Se  religieux. 

ANGISTÍS,  ArricTic,  furnom  de  Cybéle  pu 
de  la  mere  des  dieux.  Strabon , liv.  x , dit  que  les 
Phrygiens  appeloient  Rhéa  mere  des  dieux  & aksii. 
Cafaiibon  croit  qu^’i!  faut  lite  A yíbVt» , Xylander 
A’yÉrí».  Maratori  juge  que  Strabon  a dit  , 

d’aprés  une  infcriptio.á  grecque  qu’il  rapporte 
page  51  de  foñ  Thef.  ii^cr.,  fur  iaquelle  on  lit: 
WHTPi  ©Enx  ArricTEi,  8cc. 

Dans  le  meme  ouvragé , pag.  1 1 3 j il  a rap- 
porté  rinfcriptioa  latine  fuivante  , oú  ce  nom  eft 
au  pluriei: 

EU  FI  CI  A 
C.  F ü F I C I 
AMANDI 
E.  JUSTA 
M A J 

ANGITIIS 
D.  E» 

ANGITIA  3 filie  d’dEéte , fceur  de  Médée  & 
de  Circe , felón  Ccelius  , ( Solin.  c.  2.).  Elle 
habitoit  auprés  du  lac  Fucin , un  bois  qui  portoit 
fon  nom  3 & y employoit  fa  fcience  á guérirjes 
nialades.  Anghia,  "bien  éloignée  de  faite  un  auíli 
mauvais  ufage  de  fa  puiñance  , que  les  deux 
magiciennes  fes  fceurs,  rendir  la  vie  á un  morts 
prodige  qui  la  íit  placer  au  rang  des  immortels. 
Virgile  , {JEneid.  8-  ójp)  s 

Te  nemus  Angitis.  ^ vitrea  te.Fuiinus  unda. 

Te  liquidi  fiev^re  Lacas. 

Sil.  Ital.  &.  498  : 

JEetA  prolem.  Anghiam  mala  graminxi  prlmam 
lAonjiraviJfe  ferunt. 

ANGITIIS.  Voyei  Angistis. 

AN GUILLE.  Les  Égyptiens  ne  mangeoient 
point  ce  ppiffon , parce  qu  il  eft  indigefte , felón 
Mr.  Paw^  qui  reconno'it  chez  ce  peupleuq  régime 
diététique  légaL  tres  - diftinól  du  régime  diété- 
tique  facré.  AuíIl  accufe-il  d'erreur  les  Grees  qui 
ont  attribué  a ce  dernier  régime  j le  refus  que 
faifoient  les  Égyptiens  de  manger  des  anguilles. 
Les  Grecs  & les  Romains  en  furent  au  contraire 
tres  - friands  3 & ils  les  enveloppoient  dans  les 
feuilles  de  bette  pour  les  fervír  dans  les  repas. 
ANGÜINUM.  (Eue  de  ferpenu 


A N I 

ANGUSTICLAVE  5 patrie  de  rb.abillcment 
des  chevaliers  3 qui  les  diftingüoit  des  plébéiens , 
comme  le  laticlave  diftingüoit  les  fénateurs  de 
¡’ordre  équeftre.  Elle  éroic  attachée  á la  tunieue, 
& ne  difíéroit  du  laticlave  que  par  fa  petitcíTe 
relative. 

U angufiiclave  déíignoit  i’ordre  équeftre  , dont 
les  membres  portoient  le  nom  Á‘ angufiiclavii, 
Paterculus'dic  de  Mécéne,  que  malgré  la  faveur 
d'Augufte  3 il  fe  contenta  toujours  du  rang  de 
chevaliet  3 & de  . V angufiiclave  , vixit  angufio 
clavo  contentas  pcene.  Stace  empl oye  dans  le  iTiéme 
cas  la  méme  expreíEon: 

Contentas  arcío  lamine  purpura. 

Ovide  étoit  né  dans  i'ordre  équeftre , & il 
pouvoit  prétendre  á devenir  fénateur;  mais  il  nous 
aíTure  quil  fe  6x33  en  prenant  la  robe  viriíe  j á ia 
dignité  de  chevalier  : 

Caria  refiahat , clavl  menfura  coaña  efi. 

Le  pete  de  Suétone  n’étoit  que  chevalier , car 
fon  fiis  l'appelie  angufilclavius  , á la  fin  de  la  vis 
d'Othon, 

, ANÍCETUSj  fiIs  ftHercule  & d'Hébé. 

AN I C I A ^ famille  romaine  donr  on  n^’a  des 
médaiiles  que  dans  Goltzius. 

ANÍENSIS  ( F'.  Tribus. 

ANíGRíDES  3 nvmphes  qui  habitoient  prés 
du  fleuve  .Unigrus  3 dans  ITHde.  Elles  avoient  un 
antre  3 oú  ceux  qui  y entroient  tourmentés  par 
des  dartres , ou  d’autres  maladies  curantes  , 
invoquoient  les  nvmphes  3 & leur  faifoient 

quelques  facri.fices.  Ils  frottoient  enfuire  la  partie 
malade , & paíTbient  la  rivicre  á la  nage.  Aprés 
cela  3 ils  laifibient  dans  Feau  toute  Fimpureté  > 
8c  fortoieht  entiérement  nets  8c  purifiés.  Les 
eaux  du  fleuve  .Unigrus  étoient  fans  doure  ful- 
phureufes  3 & par  cela  feul  propres  á guérir  les 
maladies  ctitanées. 

ANÍGRLS3  fieuve  d'ÉIide  dans  le  Pélopon- 
néfe  3 dont  Ies  eaux  étoient  ameres  8c  infectes. 
Paufanias  attnbue  la  caufe  de  certa  infeétion  au 
fang  des  Cenraures  3 qui  ayant  eré  blefles  par 
Hercule  3 y laverent  leurs  píaies.  Ovide  Aa  pas 
oublié  de  chanrer  certe  merveille  de  Fancienne 
Mythologiej  iMétam.  liv.  15)  : 

Ante  hib chantar ^ nano  qiias  contingere  nolis 
Fundir  Anigros  aguas  ; pofiqudm  lavare  birnttnbres 
Vulnera  ¡ clavigeri  que  fecerat  Herculis  arcas. 

Certe  amertume  & cette  infeftion  Aétqieqt 
dúes  qu’au  foufre  dont  les  eaux  de  VAnigrus 
étoient  imprégnées , puifqifelles  guériftbient  Ies 
maladies  de  la  peau.  Voye:^  Anigrides. 

ANIM.AüX.  II  n'y  a ríen  d'aufli  célebre  dans 
Fantiquité  3 que  le  refpeift  des  Égvptiens  ppur 
certains  animaux  ¡ rien  n’eft  auífi  plus  incertai.u 

qU5 


A N I 

répoque  ou  il  a commencc , 8c  la  caufc 
qui  Ta  fait  naitre. 

Le  favant  Jablonski  fait  remonter  ce  cuite  aux 
tems  qui  précédérent  i’arrivée  des  Hébreux  en 
Égypte.  lí  croit  que  les  Égyptiens  rendirent 
primitivement  un  cuite  aux  pierres  facrées  ^ aux 
obéiifques  mémes  & aux  pyramides  , deftiaées 
á fervir  de  touibeaux  á leurs  rois.  Aux  pierres 
facréeSj  fuccédérent  les  arámaaxvvfSíV.s , & méme 
les  cadavres  de  ces  animaux.  lis  rendirent  auffi  des 
hommages  á leurs  repréfentations , & les  temples 
Égyptiens  fe  peuplérent  de  divmités  choifies  parnii 
Ies  quadrupédesj  les  oifeauXj  les  poiífons  8c  les 
ferpens. 

M.  Paw  place  Tépoque  de  rapothéofe  des 
animaux  en  Égypte , au  moment  oü  une  colonie 
d'Éthiopiens  vint  s'établir  dans  la  vallée  du  bas- 
Nil.  Les  fervices  útiles  qu’elle  tira  des  animaux, 
dont  les  vers  , les  fouris  les  crapauds  , 8c  autres 
étres  crus  venimeux , font  la  nourrimre , excitérent 
fa  reconnoiíTance , & Fengagerent  á les  déifier. 
II  eñ  fácile  de  concilier  les  opinions  de  ces  deux 
fava'ns  , en  faifant  remonter  cette  époque  aux 
premiers  inftans  de  la  population  des  bords  du 
Kil. 

En  quoi  confiftoit  le  cuite  rendu  par  les  Égyp- 
tiens aux  animaux  ? 11  feroit  trop  long  de  rapporter 
celui  qui  étoit  rendu  á chacun  des  animaux  facrés, 
dont  voici  les  noms  : tous  les  oifeaux  de  proie 
de  jour  8c  de  nuit,  depuis  Faigle  de  laThébaíde, 
jufqu’á  la  chouette  de  Sais  , depuis  levaiitour  ou 
le  coq  de  Pharaon,  jufqu'au  petit  faucon  du  Delta, 
Ies  ibis  , les  Grués , les  courlis  , les  corbeaux , Ies 
cicognes,  les  hiippes,  que  Fon  appelle  gc-néra- 
lement  les  purificateurs  de  ü Égypte ; les  belettes. 
Ies  chats , les  ichneumons , les  bceufs , & dans 
certains  canrons  les  béliers;  quelques  efpéces  de 
poiffons  , relies  que  Fanguille  , le  brochet , la 
carpe  ; les  fcarabées  , certains  ferpens. 

Les  temples  étoient  remplis  des  images  de  ces 
animaux  révérés  ; eux- mémes  y étoient  logés  , 
nqurris  avec  foin  , 8c  honores  par  des  ofrrandes 
8c  un  cuite  religieux.  On  les  embaumoit  apres 
leiir  mort , 8c  on  plaqoit  refpeélueiifemeut  leurs ' 
momies  dans  les  catacombes  qui  leur  étoient 
deüinées.  lis  y étoient  apportés  méme  des  pays 
étrangers  , poiir  leur  procurer  une  fépulture 
honorable.  On  impofoit  enfin  des  amendes  con- 
fidérables  á celui  qui  tuoit  par  mégarde  un 
animal  facré  mais  la  mort  feule  pouvoit  expier 
le  crime  de  celui  qui  l'auroit  tué  á deiiein. 

L^aveugiement  des  Egyptiens  étoit  tel , quhls 
conlultoie.nt  fur  Favenir  , non  pas  tous  les 
animaux  facrés  , comme  Fa  cru  Yan-Dale  , mais 
queiques-uns  5 tels  que  le  bqeuf  apis  8c  Ies  fca- 
rabees.  U.n  paíTasre  obfcur  d'Élien  y a fait  joindre 
mal -á- propos  les  crocodües  ; 8c  un  préjugé 
populaire  faifolt  croire  que  ces  animaux  dépo- 
loient  conñamment  leurs  ceufs  dans  des  endróits 
®u  linondation  du  Mil  ne  pouvoit  atteindrs.  Ce 

Ar.üquités  , Teme  1. 


A N I 177 

pronoftic  tenoit  liea  de  prédiction  phyíiQue,ainfi‘ 
que  les  fréquentes  apparkions  de  Fhippopotame 
hors  du  fleuve. 

On  fait  que  les  Egyptiens  ont  touiours  été 
curieux  de  prévoir  la  hauteur  oú  le  Mii  devoit 
parvenir  dans  Fannée.  Cette  inquiétude  leur  a 
fait  ernoloyer  iesmoyens  les  plus  ridicules  pour 
parvenir  á cette  vaine  connoiñance.  Ce  fut  auífi 
fur  cet  obiet  que  le  bceuf  apis  fut  interrogé  pour 
la  premiére  fois;  Se  de-iá  vint  la  célébriré  de  fes 
oracles.  On  lui  offroit  á manger ; 8c  Favidité  ou 
la  nonchalance  avec  iaquelle  il  goátoit  ce  qui  lui 
étoit  préfenté,  dictoirles  réponfes  aux  confultans. 
Les  lÉar.ibées  fervirent  amfi  que  le  boeuf  apis  á 
rendre  Ies  augures.  Ce  font-iá  Ies  feuls  o’ácles 
rendus  en  Égypte  par  des  animaux  facrés , dont 
nous  ayoRs  connoiíTance. 

Ce  cuite  étoit-il  un  aéle  de  religión  , un  hon- 
neur  adreíTé  aux  animaux  eux -mémes?  Pour 
réfouáre  cette  queftion,  il  faut  diftinguer  deux 
claiTes  d’hommes  dans  chaqué  peuple.  La  premiére, 
qui  eíl  la  moins  notnbreufe  , a des  lumiéres , 
8c  peut  connoítre  á fond  la  religión  de  fon  pays. 
Quant  á la  multitude,  qui  fórmela  feconde  patrie, 
elle  n^a  que  des  fe.ns  8c  prend  fouvent  les  fymboles 
oules  repréfentations  pour  des  réalités.  Oeílpour- 
quoi  nous  ne  chercherons  á déméler  Ies  fenti- 
mens  que  des  Égyptiens  de  la  premiére  claíTe, 
c’eít-á  "dire  , des  prétres  8c  des  fages  de  la  na- 
tion. 

Les  animaux  facrés  n’étoient  que  les  fymbcles 
des  conñe'IatioRS  fous  lefaaelles  arnvoieot  certains 
phénoménes,  terqaeiedébordement  duKil  exprime 
par  le  fphinx,  qui  étoit  la  réunion  du  lion  8c  deja 
vierge;  deux  íignes  qui  Dtéíidoient  a cet  accroilíé- 
ment  prodigieux  du  fleuve.  Cétoient  auíTi  Ies 
fymboles  des  attriburs  de  la  divinité  ; Féperviet 
expnmoit  la  providence , dont  fon  ceü  pereant 
étoit  Fimage.  Les  Egyptiens  trouvoient  encore 
dans  ctvtúvLS  ■ animaux  une  reífemblance  phyííaue 
avec  les  aftres  quils  adoroient, comme  les  génies, 
miniílres  fubalter.nes  de  1?.  divirdté.  LYfpéce  ae 
boeuf  naia  qui  eft  le  huaalos  des  naturaintes 
modernes,  porte  des  coriies  qui  iirdtent  par  leur 
courbure  celies  du  croiííant.  Cette  reílembiance 
fit  honorer  le  bceuf  nain  fur  les  bords  du  Nil. 

Üne  tradition  mythologiqtie,  dont  on  confervoit 
la  mémoire  dans  la  Gréce  elle-méme,  apprenoit 
que  les  dieux  pourfuivis  par  Typhon,  8c  ^ ícion 
les  Grecs  , par  les  1 itans  , s'étoient  cachas  fous 
Ies  figures  de  différens  animaux.  On  re-^it^  a 
ceux-ci  un  cuite , comme  aux  tabernacl^^  des 
divinités. 

La  caufe  la  plus  vraifemblable  du  cuite  qu^ 
Ies  Égyptiens  rendoient  aux  animaux  X\iú''Xx.^ 
quils  en  tiroient.  Ilsobfervérent  que  les  chats,  le* 
belettes  , les  ichneumons  , Ies  éperviers , les  vau' 
tours.  Ies  chouettes  , les  cicognes  8c  les  ibis, 
détruifoient  les  ferpens  Se  les  infectes  qui  foiir- 
i íiiilloient  daas  le  limoa  dépofé  par  la  retraits 


17?  A N I 

du  Nil.  Dés-Iers  une  prévoyance  politiqtie  fit 
reipeCter  Íes  efpsces  á'animd-ux  que  Ton  appela 
depuis  les  purificateurs  de  i’Egypte  y & pour  les 
rendre  plus  précieux  au  pubiic  ignorant  ^ on 
placa  leurs  images  dans  les  temples.  Ceiui-ci 
paffa  biencát  du  refpeíl  au  cuite  ^ parce  qu’il  eíl 
toujours  extréme  & cutre. 

Áu  refte , ce  refpeéi:  pour  Ies  dnimaux  útiles 
s’eíl  reprodint  chez  les  Thraces  & chez  les 
premkrs  Grecs  Les  uns  & les  autres  décernérent 
des  peines  contre  ceux  qiii  tueroient  des  boeufs 
Olí  des  cicognes.  Les  Indiens  ont  encore  le  méme 
refp^edí:  pour  les  boeufs ; & Ton  fait  qu"én  Flandre 
& á Londres  , les  cicognes  kont  ríen  á redouter 
de  la  part  des  chaíTeurs^  qui  regardent  comme  un 
fouverain  bonheur  d’en  avoir  des  nids  fur  leurs 
cheminées  ou  dans  les  toits  de  leur  maifon. 

Animaux  chez  les  Grecs.  Ce  peupíe  ayant 
requ  des  phe'niciens  Fécriture , & fans  doute  la 
Hiythologie  , adopta  les  opinions  religieuTes  des 
Egypnens  , dont  les  Phéniciens  étoient  une 
colonie.  Les  Crees  rendirent  done  une  efpcce  de 
cuite  á pluíieurs  animaux  , 8c  ils  en  affeélérenc 
un  grand  nombre  a des  divinités  particuliéres. 
Ainíi  „ le  lion  étoit  confacré  á Vulcain ; le  loup 
Se  Fépervier  á Apoilon,  parce  qkiis  ont  la  vue 
fine  & perqante  5 le  corbeau , la  corneille  & le 
cigne  au  méme  dieu  ^ parce  quils  ont^  dit-on, 
un  infti:-;^  naturel  pour  prédire  Faverur ; le 
coq  au  méme  dieu  , parce  qudl  annonce  par  fon 
chant  le  lever  du  foleil  ; & á MercurCj  comme 
le  f-mbole  de.  la  vigiiance  que  requéroit  la 
multitude  de  fes  emplois  ; le  chien  aux  dieux 
Lares  5 le  taureau  a INeptune  á caufe  du  mu- 
giffement  des  ficK  ; k dragón  á Bacchus  & á 
JMinerve;  les  grifibns  á 4pollon;  les  ferpens  á 
Efculape ; le  cerf  á Hercule  ; Fagneau  á .Tanon ; 
le  cheval  a Mars  ; la  géniiTe  á líis ; Faiale  á 
Júpiter;  le  paon  á Junon;  la  chouetteá  Minerve; 
le  vautour  a ?4.irs ; la  colombe  & le  moineau  á 
"V  enus  ; les  alcionet  á i hétis ; le  phénix  au  Soleil ; 
le  bouc  á Bacchus  j 8cc. 

Loriarle  les  Grecs  facriuerent  des  animaux  á 
leurs  divicacés  , oa  qu  ils  les  leur  confacrérent  ^ 
divers  n-.onfs  diclérent  ce  choix.  Tantót  il  dépendit 
de  la  profeíiipn  de  ceux  qui  Ies  offroient;  les 
bergers  offfoient  des  brebis , les  bouviers  des 
taureiax,  les  chevners  des  boucs,  & lespécheurs 
un  thon.  La  diftinclion  des  d.eux  fupérieurs  & des 
infernaux  ^ cbligeoit  á varier  les  offrandes.  Les 
dernters  n’aimoknt  que  des  brebis  ncires  & 
fiénles;  lespremiers,  au  contraire^  fe  plaifojent 
voir  fur  leurs  autels  des  victimes  blanches  8c 
fécondes.  On  avoit  encore  égard  au  fexe  des 
divmites , pour  lear  oíFrir  des  animaux  males  ou 
femelles.  Le  caraílére  des  dieux  que  Fon  invoquoit , 
determinoit  le  choix  des  animaux ; on  immoloit 
au  beluoueux  Mars  des  taureaux  indomptés;  á 
Bacchus  le  bouc , qui  rouge  fa  vigne  chérie  j á 
v-eres  le  coehon  j ennemi  des  moi¡rons. 


A N I 

^ Ce  n’étoit  pas  affez  d’avoir  choifi  des  animaux 
d"une  efpéce  agréable  aux  divinités  que  Fon 
invoquoit ; il  falloit  encore  que  les  génifíes  fuffer't 
de  Fannée  , que  les  anguilles  ofrertes  par  les 
Béotiens euíTent  été  péchéesdanslelacCopais^  &c 
Mais  dans  tous  les  cas  ^ le  boeuf  qui  avoit  ét^ 
lié  á la  charrue  , ne  pouvoit  étre  immelé.  Les 
Romains  confervérenr  religieuferaem  ce  do?me 
dans  les  premiers  tems  de  la  répablique;  & píine 
rácente  qu'un  Romain  fut  exilé  pour  avoir 
un  bceuf. 

Le  refpeét  que  les  Grecs  confervérenr  pour  les 
animaux,  paroiíToit  dans  la  multitude  de, leurs 
repréfentations  qui  ornoient  Ies  témpleseles  places 
& Ies  édifices  publics. 

La  colleclion  feule  du  barón  de  Stofeh  ofFre 
deux  ce.ns  fix  pierres  gravées  ^ repréfentant  des 
animaux. 

Paufanias  cite  plus  de  quarante  animaux  de 
bronze  d'une  grandeur  confidérable  j & de  routes 
Ies  efpéces  ; tigres  , lionSe  chevaux,  boeufsj  ché- 
vreSe  &c.  parmi  lefquels  il  eft  fait  mention  d"un 
paon  d’ore  enrichi  de  pierres  précieufeSj  &donné 
par  Fempereur  Hadrien.  II  eft  aifé  de  reconnoítrc 
dans  ie  détaii  de  cette  derniére  figure , un  goát 
étrangerá  la  Gréce.  Cette  nation  favante  préféra 
toujours  les  beautés  réeíles  de  Fart^  ckll-a-diréj 
le  deíEn  précis  & Fexécution  large  ^ a la  richeíTe 
de  la  matiére  & des  orisemens.  Le  luxe  dans  les 
arrsj  pretque  toujours  ennemi  du  goútj  éblouit, 
d t ie  comte  de  Caylus,  Ies  ames  vulgaires;  il  ne 
fait  ou’une  médiocre  impreíEon  fur  les  véritables 
connoiíTeurs , a qui  touces  les  matiéres  font  indií- 
férentes , & qui  ne  recherchent  dans  un  ouvrage 
que  Fouvrage  méme. 

Animaux  chez  les  Romains.  Les  vainquems 
de  i urivers  embraflérent  la  redgion  des  Pélafgesj 
que  ceux  c-,  venant  fonderdes  colonies  en  Italie, 
avo'ent  apportée  aux  Errufques.  De  forte  qukn 
peur  leur  appüouer  tout  ce  que  nous  avons  dit  des 
Crees,  relativ'ement  aux  animaux  confacrés  aux 
dieux  ou  deftinés  aux  facrifices. 

Jls  leur  offrirent  méme  les  animaux  extraordi- 
naires , & nés  dans  les  pays  éloignés.  Ainíí , 
Hadrien  ayant  batí  á Athénes  un  fuperbe  temple 
a .Júpiter  - Olympien  , y fit  placer  un  prétemfa 
j 3vo¡t  eré  apporté  des  ludes.  Lorfqufils 

laiíToient  vivre  ces  animaux  confacrés,  tels  que 
iCs  biches  abandonnées  dans  Ies  bois  , on  leur 
attachoit  des  boucles  aux  oreilles  ou  des  coi- 
herS  j^afin  dempécher  qu’une  main  irmocemment 
facrilége  , ne  répandít  le  fang  dkn  animal 
¡aeré. 

Les  Romains  n’eurent  de  gout  partirulier  oude 
coutume  propre  á leur  nation,  oue  dkimer  á re- 
paitre  leurs  yeux  du  fang  des  a-iimaux  combattans 
dans  les  amphitháátres.  Pour  compíaire  á ce  peuple 
fan^uinaire , les  ediles  & íes  empereurs  taifoient 
venir  des  contrees  Ies  plus  éloignées , les  animaux 
j iéroces  & carnaciers.  La  Calédoiiie  & la  PauBonie 


A N I 

faurniS'oíeqf  áes  ours ; les  üons  les  tigres  ve- 
noient  des  déierts  de  TAfrique  ; les  rhinoceros  & 
les  hyénes  étoient  amenes  de  l’Inde^  & le^  cro- 
codi'es  de  TAfrique.  Les  empereurs  avoient  feuls 
le  droit  de  faire  venir  dans  la  capitale  les  bétes 
feroces  ; mais  ils  les  donnoient  quelquetois  en 
préfent  á leurs  favoris  ^ ce  qui  étoit  une  marque 
de  la  plus  grande  confidération. 

On  renfermoit  ces  animaax  dans  des  caves  pla- 
cees au-deíTous  & autour  de  Taréne.  Lorfque  le 
moment  de  les  faire  combattre  étoit  arrivé , les 
portes  de  ces  caves  s’ouvroient , & ils  s'élanfoient 
avec  fureur  dans  l’arénej  ou  les  gladiateurs  & les 
criminéis  condamnés  aux  bétes , les  attendoient 
pour  les  combattre.  D'autres  foisj  on  les  renfer- 
moit  dans  des  vaiíTeaux  ou  d'autres  machines , 
qui  j s’ouvrant  dans  le  milieu  de  Taréne  , les  laif- 
foient  échapper  de  leur  fein.  Les  Romains  eurent 
une  paíllon  íi  forte  pour  les  combats  á’animaux  , 
que  Phiüppe  voulant  regagner  la  taveur  du  peuple 
irrité  par  la  mort  de  Gordien , n’employa  d’autre 
tnoyen  que  de  multiplier  le  nombre  des  anÍTuanx 
expofés  dans  les  jeux  féculaires.  Jamais  aulE  Ton 
c'en  vit  de  tarit  de  fortes  ; un  rhinocéroSj  trente- 
deux  éléphans  , dix  tigres , dix  alces  , foixante 
iions  apprivoifés , trente  léopards  ^ vingt  hyénes  , 
un  hippopotame , quarante  chevaux  fauvages  ^ 
vingt  archoléons  & dix  camélopardes, 

Cette  cruauté  ne  s’étendoit  pas  cependant  juf- 
qu’aux  animaux  domeñiques.  Les  anciens  fem- 
bloient  avoir  réfervé  pour  eux  feuls  toute  la 
feníibilité  dont  ils  ne  faifoient  point  ufage  dans 
les  temples  á la  viie  des  müliers  de  viólimes  que 
Ton  yégorgeoit.  Lorfque  ¿íts  animaux  leur  avoient 
rendu  de  longs  fervices  ou  des  fervices  íignalés  ^ 
ils  leur  donnoient  la  liberté,  ou  ils  laiíToient  par 
leur  teftament  des  fommes  pour  les  nourrir.  On 
entrenoit  des  oies  dans  le  capitole , en  mémeíre 
du  bruir  qu'elles  avoient  fait  á la  venue  des  Gau- 
«lois.  Lorfque  Céfar  traverfa  le  Rubicon  pour  fe 
rendre  miítre  de  Rome  , ¡1  abandonna  dans  les 
forets  les  chevaux  qui  lui  avoient  fervi  á con- 
querir les  Gaules.  Stace  n°a  pas  oublié  de  fuivre 
ces  exemples  dans  fa  Thébaide.  On  y voit  Bac-, 
chus  revenu  des  Indes,  donner  dans  la  campagne 
de^Thébes  la  liberté  aux  deux  tigres  apprivoifés 
qui  avoient  trainé  fon  char  pendant  fa  glorieufe 
expédition. 

Anii.íaux.  Art.  Une  opinión  erronée  s'’eíl: 
étabhe  parmi  les  artilles  á la  renaiífance  des  lettres 
& des  arts , relativetnei'.t  aux  animaux  fabriques 
par  les  anciens.  Ils  aiTuroient  que  rexécution  en 
étoit  médiocre  , bien  inférieure  a celle  des 
modernes.  Un  fculpteur  eílimable  (M.  Falconnet) 
a reveille  ce  préiugé  , & l’a  appuyé  fur  les  defauts 
du.cheval  de  Marc-Auréle.  II  l’a  trouvé  trop  inal 
fait ; ainli  que  les  amateurs  de  rantiquité  ont  pour 
lui  peut-ésre  trop  d’admiranon.  On  verra  a l’ar- 
ticle  Ckeval,  ce  quil  faut  penfer  de  ce  monu- 
ment. 


A N I 7? 

La  queftion  que  nous  traitons  ici  ell 
rale  , elle  regarde  tous  les  arJmaax  cu!_ 
des  atteliers  grecs  & romains;  & 
favant  ’VidnkeLmann  que  ncus  allons  L 
en-faveur  des  artilles  anciens.  Nousiavons  d^oor 
que  plulieurs  Itatuaires  acquirent  une  grande  k- 
putation , par  la  maniere  fupérieure  avec  laque  e 
ils  rendoient  les  animaux.  Calamis  fculpta  avec 
la  plus  grande  vérité  les  chevaux,  & -Mcias  es 
chiens.  La  vache  de  Myron  a été  chancee  es 
plus  célebres  poetes  done  les  vers  nous  íoient 
parv'enus.  On  vantoic  encore  un  chien  ae  cet 
artille , & un  veau  de  Ménechmus.  Phne  nous 
aíTure  que  les  anciens  artilles  íailoient  >.s  ete 
féroces  d’aprés  le  naturel , Se  que  Praxite  e 
devane  lui  un  lion  vivant,  lorfquil  fempta  e ro 
des  animaux.  • 

On  n’a  confervé  des  Iions  8e  des  chevaux  a . 
ques  d’une  grande  beauté , tant  de  ron 
Se  de  demi-boffe , que  fur  les  medaiues 
pierres  gravees.  Les  arricies  Lion  Se  Cheva  appren 
dront  combien  étoit  admirable  le  ciieau  qui  e 
a produits.  Rome  feule  poííede  encore  p u e r 
animaux  de  fabrique  erecque,  executes  en  pierr 
dures  Se  en  marbre.'^La  Vüla-Negrpni  renferme 
un  trés-beau  tigre  de  bafalte,  monte  nn 
enfant  de  marbíre.  Le  bouc  du  pal^^** 
eíl  d’un  rare  rravail ; mais  il  f^dt  obfetver  que  a 
tete  n’eíl  pas  antique.  , 

Aa  reñe , il  feroit  étonnaat  que  le  ^ 
n’euíTent  pas  réufli  á repréfenter  des  anima  ¿ 
puifque  Fon  attachoit  un  grand  prix  a ees  repr^ 
fentations,  qui  étoient  ordinairenient  .es  ym.  o.  ^ 
ou  les  monumens  de  quelqu’événement  mem 

rabie.  Telle  étoit  la  lo  uve , du  ílyle  ct.u.que, 
allaitant  Rémus  Se  Romulus , p®  , 
aujourd’hui  au  capitole ; tei  étoit  le  grou^pe  - 
u • combatrant 

bronze,  qai  reprefentoit  aiiexindi*^^'  ^ 

un  lion,  que  Craterus  confacra  a ^ 

le  boeuf  doré  que  le  peuple  romain  tit  ^ e\  e.  pa. 
reconnoiífance  á L.  Minucius  ; tel  ^ -vii  ^ 
marbre  du  tombeau  de  Diogéne ; ^ \ 

gravee  fur  le  fépulcre  de  ’ ^ _ 

enfin  ces  Iions  que  les  Egyptiens 
fouvent  comme  ua  des  emblemes  des  ' * 

mens  du  Nil,  & oue  les  Grecs  & les  us 

employerent  par  imitation  , Ltns --íü-*  j 
i’eau  des"  fontaines  Se  des  aquéducs- 

Av.c  ,ue!Iep,oM«= 

maux  fur  les  vafes;  Sans  p<^t:cr  a-  Ao-nVs 

étoit  ordinairement  couvert , toutes  j-__’ 
faillantes,  les  pieds.  Ies  f nfes  , les 
inftrumens,  étoient  formées  par  d _ - . 

ou,  des  grouppes  ¿‘animaux.  1? 

comte  de  CaVlus  s’eíl-il  récrié  fur  1^  vane.e  la 
richaire  & k t?n,soúíae  ces 

jetteuncoup-doeil,  meme  rapide,  lur  ■» 

fur  ceux  d’fíerculanum , ou  des  vafes  s.  ^ 

fur  Ies  médaiUes  grecQues  , & ® 

gravees  en  particulier;  c’eft  alors  qu  on  lera  eu 

Z 13 


i8o  A.  N I 

é:at  de  rendre  juílice  aux  anciens  Tur  Texcellpce 
de  leur  fca!ptüre  pour  ¡es  repréfentations  ¿’ani- 

TTIUUX, 

A NI  M AUX  fur  les  médailles.  Les  animaux 
graves  fur  Ies  médailles  des  viiles  grecques^  en 
exprimoient  ordinairement  Ies  fymboles , ou  ceux 
de ’-feurs  divinirés  tutélaires.  Quelquefois  üs  expri- 
ment  leurs  noms  , comme  les  armes  parlantes : 
te¡  efl  le  renard  des  médaiües  df4lopéconnefus  , 
done  le  nom  exprime  en  grec  celui  de  Y animal. 

Sur  les  médailles  romaines  ^ on  voit  fouvent 
les  repréfentations  des  animaux  extraordinaires  i 
qai  avoient  été  expofés  dans  les  jeux  pubíicSj 
Se-particuliérement  dans  Ies  ieiix  féculaires.  Dans 
les  médailles  de  Philippe  ^ d'Otacüle  , de  leurs 
íüsj  les  revers  portent  la  figure  des  animaux  qui 
furent  expofés  dans  les -jeux  féculaires  de  Tan  icoo 
de  Rome , avec  les  mots  fícalares  Augg.  Quand 
Íes'  fpeéíicles  devoient  durer  pluíieurs  jours  j on 
n’expofoit  á chaqué  journée  qu’un  certain  nombre 
^anámaux , pour  procurar  au  peuple  un  plaiíir 
íoujours  nouveau.  On  avoit  foin  de  marquer  fur 
Ies  médailles  la  date  du  jour  ou  ces  animaux  pa- 
loiíToient ; ce  qui  fert  á expliquer  les  chiffres  i ^ 
II j iii,  iVj  'V'j  VI j qui  fe  trouvent  fur  les  mé- 
daille  des  princes  nommés  plus  haut.  lis  nous 
apprennent  que  teis  animaux  iüx.zm.  donnés  en 
fpedacle  le  premier  ^ le  fecond^  le  troiíiéme  ou 
le  quatriéme  jour. 

Les  animaux  fur  Ies  médailles  expriment  quel- 
quefois les  légions  qui  les  portoient  dans  leurs 
enfeignes.  Ainíí  voyons-nous  calles  de  Gallien , 
avec  un  porc-épic,  ou  un  Ibis  ou  Pégafe  , &c. 
líous  renvoyons  á Particle  de  chaqué  animal  pour 
apprendre  de  quel  objet  ou  de  quel  peuple  il 
étoit  le  fymboíe  . & réciproquement  á rarticie 
de  chaqué  peuple  ou  ville  qui  l’a  placé  fur  fes 
médailles. 

Animaux  fantaftiques.  Grotesques. 

ANÍO,  riviére,  appelée  auiourd'hui  Teverone, 
qui  paffe  á Tivoü  , & fe  jetre  dans  le  Tibre  au- 
deíTus  de  Rome.  On  en  avoit  conduit  deux  bras  á 
Rome  pour  en  former  deux  aquéducs  appelés 
Anio  veras  8c  Anio  novas.  Le  premier  avoit  fa 
prife  d’eau  á vingt  milles  de  Rome , au  deíTus  de 
Tibur.  L'eaa  y couloit  fous  terre  la  longueur  de 
43.297  pas 5 Sí  au  jour  dans  le  canal  de  mapon- 
nene  Pefpace  de  yyi  pas.  Cet  aquéduc  avoit  fa 
diftribution  d'eau  dans  le  quartier  de  Publicius , 
vers  la  perte  Trigémina , á Pendroit  aj^elé  Ies 
Salines.  Manius  Curius  Dentaras  étant  cenfeur 
Pan  de  Rome  481  , confacra  Ies  dépouilies  du  rol 
Pyrrhus  á le  conftraire  5 Sí  neuf  ans  aprés , il 
fat  creé  duumvir  pour  achever  cette  entreprife 
avec  Fulvius  Flaccus.  U Anio  vetus  ne  donnoit 
qu’une  eau  trouble  Sí  peu  faiutaire ; c’eíl  pour- 
quoi  on  ne  Pemployoit  que  pour  arrofer  les  jar- 
dmsj  & pour  emporter  Ies  immondices  de  la 
ville. 

L aquéduc  appelé  Anio  novas ^ avoit  auífifa  prife- 


A N N 

d’eau  dans  Y Anio  , á quarante-deux  milles  de 
Rome-  Son  eau  entroit  dans- la  ville  par  le  meme 
aquéduc  que  Peati  appelée  Claudia , rnais  dans 
un  canal  plus  élevé.  Son  cháteau  d’eau  étoit  placé 
á la  porte  MajearCj  d’oú  elle  fe  diíiribuoit  dans 
Rome 3 & envoyoit  une  divifion  confidérable  au 
pied  du  mont  Aventin.  Comnae  Y Anio  couloit 
dans  un  terrein  gras  & argilleax , fon  eau  étoit 
rarement  limpide.  Pour  la  dépurer  , on  avoit  ora- 
tiqué  á la  prife  d’eau  un  grand  réfervoir,  ou  elle 
dépofoit  fon  limón  avanr  d’entrcr  dans  raquéduc. 
Malgré  ces  précautions  3 Feau  de  Y Anio  atrivoit 
trouble  lorfqu’il  avoit  plu. 

ANUIS  j nom  fouslequel  Biane  étoit  honoréc 
á Ecbatane  , dit  Plurarque. 

ANIÜS;,  tiroit  fon  origine  de  CadmüSj  par 
fa  mere  Rheo^  filie  de  Stéphilas.  Rhéo  ayant 
manqué  á Fhonneur , fon  pete  Fexpofa  fur  la  mer 
dans  une  barque  qui  aborda  á Délos.  La , elle 
accoucha  á’Anius , qui  devint  roí  du  pays.  Délos 
étoit  une  ifle  fameufe  par  la  nailTance  de  Diane  & 
d’ Apollen.  Le  dieu  y avoit  un  temple  célebre, 
oú  il  rendoit  des  oracles , & dont  Ardas  étok 
pretre.  Rex  Anius  , rex  ídem  hominam  , Thahique 
factrdos  , dit  Virgile.  Ce  prince  eut,  de  fa  femme 
Dorique,  quatre  enfans.,  un  fiis  & trois  filies.  Le 
fiis,  á qui  Apollen  avoit  accordél’art  de  prévoir 
Favenir , fe  nommoit  Andros.  II  quitta  fon  pete 
pour  s’aller  établir  dans  Fifle  á laquelle  il  donna 
fon  nom,  & oú  ii  régna. 

Les  trois  filies  fe  nommoient  Deno , Sperneo 
& Eiais  : Bacchus  leur  avoit  accordé  le  pouvoir 
de  changer  tout  ce  qu’elles  toucheroient  en  bled, 
en  vin  ou  en  huile ; ainfi  elles  étoient  devenues 
des  fources  fécondes  de  tout  ce  qui  efl:  néceííaire 
á Fu  'age  de  la  vie.  Les  Grecs  voulurentles  avoit 
dans  leur  camp  devant  T roye , pour  nourrir  Far- 
mée  á peu  de  frais  & fans  travail.  Agamemnon 
les  enieva  d’entre  les  bras  de  leur  pére ; mais  elles 
trouvérent  le  m.oyen  de  s’échapper,  & s’enfuirent 
cíiez  Andros,  leur  frére.  Une  troupe  d’hommes 
armés  entra  auíli-tfit  dans  fes  états  , & le  for^a  de 
livrer  fes  fceurs.  Dans  le  tems  qu’on  fe  préparoit 
a les  enchainer  pour  les  emmener  devant  Troye, 
Bacchus  Ies  changea  en  colombes. 

ANNA,  étoit  le  nom  de  la  fosur  de  Didon, 
qui , aprés  la  mort  de  cette  princeíTe , ceda  Car- 
thage  á larbas , roí  des  Gérules , & fe  retira  en 
Italie  , oú  Enée  la  reijut  tres-bien.  Mais  la  jaloufie 
de  Lavinia  I ’obligea  de  fuir  encore  5 défefpérée  , 
elle  fe  jeta  dans  le  fleuve  Numicus,  dont  elle 
devint  une  nymphe. 

Anna  Perenna  , étoit  une  femme  de  la  cam- 
pagne , qui  avoit  apporté  quelques  gáteaux  au 
peuple  r_pmain  , dans  le  tem"s  qú’il  s’ étoit  retiré 
fur  le  mont  Aventin.  Ce!ui-ci , en  reconnoifíance, 
vor.Iut  que  fon  nom  fut  honoré  á perpétuité  : Sí 
c’eft  á Ferenrdtaee  cultas  qu'elie  prit  le  furnom  de 
Perenna.  Varón  la  compre  au  nombre  des  dívi- 
nités  de  1;|  campagne dans  le  ¡neme  rang  que 


A N N 

Palés,  Cérésj  &c.  Sa  féte  étoit  célébréc  aux  ides  i 
de  M^rs,  fur  le  bord  du  Tibre  , pendant  kfquelles  | 
le  peu^le  fe  iivroit  á la  joie  la  plus  vive.  Cn  y | 
buvoit  íargement,  on  y danfoit , 8c  les  jeunes  filies 
chantoient  des  vers , dans  lefquels  la  pudeur 
n'étoit  pas  ménagée. 

On  faifoit  alluiion  á une  aventure  galante  qu’O- 
vide  raconte  aa  troifiéme  livre  des  b aíles.  Atina, 
dit-d  , ayant  été  recae  dans  le  ciel,  Mars,  qui  j 
étoir  amoureux  de  Minerv’e , pria  la  nouyeile  i 
déeíle  de  le  fervdr  dans  fes  amours.  Ceiie-ci,  a j 
qui  le  dieu  de  la  guerra  n étoit.  pas  indifferent , 
lui  ayant  promis  ce  qu’il  fouhaitoit , vint  lui  dire 
un  j’our  que  Minerve  confentoit  á répoufer , & 
ayant  pris  un  habit  femblable  á celu!  de  la  deeíTe, 
elle  fe  trouva.au  rendez-vous } mais  elle  ne  re- 
cuei’ilit  aucun  fruit  de  fon  déguifement,  qui  fut 
découvert.  _ , a . , 

D’autres  écrivains  veulent  c^Anna  fut  !a  lune  , 
parce  que  fes  revolutions  forment  YanrJe.  Quei- 
ques-uns  la  reconnoiflént  pour  une  des  Atlantides 
qui  allaita  Júpiter.  lo , felón  les  uns , étoit  ré- 
vérée  fous  le  nom  diAnna  , & Thémis  felón  l.es 
sutrcs*  * 

ANNALES.  La  différence  qui  fe  trouve  entre 
\t%'annales  & Vhiftuire  , eft  un  point  differemment 
miré  par  divefs  auteurs.  Quelques-uns  difent  que 
rhiícoire  eít  proprement  un.récit  des  chofes  que 
Tauteur  a vues , ou  du  nsQÍns  auxcuelies  il^  a 
lui-métne  aífifté.  lis  fe  fondent  pour  cela  fur 
rétymologie  du  mor  kifioire , qui  lignifie  en  grec  , 
la.  connoijfance  des  chofes  préfentes , bspe/?,  voir. 
Les  annales,  au  contraire,  rapportent  ce  oue  les 
autres  ont  fait,  & ce  que  récrivain  ne  vit  jamais. 

Tacite  !ui-méme  paroit  avoir-éré  de  ce  fepti- 
ment , puifqu  il  appelle  annales.  toute  la  premiere 
partie  de  fon  Hiííoire  des  fiécles  paíTespau  lien 
que,  defcendant  au  tenas  méme  ou ’l  vivoit,  il 
charige  ce  titre  , & donne  á fon  livre  le  nom 
a Hifioire. 

Aulugelle  ( i.  i.)  eíl  d'un  autrejivis  : il  fou- 
tient  que  Y hifioire' Ies  annales  &ifísctnt  comme 
le  genre  8c  refpéce;  que  riaiftoire  eft  le  genre  , 
& fuppofe  uñe  narration  ou  récit  des  chofes 
paíTées ; que  \ts  annales  font  refpéce  8c  font  auíE 
le  récit  des  chofe's  pafíees , mais  avec  cette  diÉfé- 
rence  qu’on  Ies  réduit  á certaines  périodes  ou 
années. 

Le  méme  écrivain  rapporte  une  autre  opinión  , 
qudi  dit  erre  de  Semprohius  Afelio  : fuivant  cet 
écrivain , les  annales  font  une  relation  nue  8c  feche 
de  ce  qui  árrive  chaqué  année ; au  lieu  que  Yhif- 
toire  nous  apprend  non-feulement  ¡es  faits,  mais 
encore  leurs  caufes,  leurs  motifs  8c  leurs  fources. 
L’annalifte  n°a  pás  autre  chofe  á faire  que  fexpo- 
firion  des  événemens  tels  qu  ils  font  en  eux-mémes : 
rhiftorien  a de  plus  á raifonner  fur  ces  événemens 
8c  leurs  circonft-ances  , á nous  en  développer  les 
principes.  Se  á réfiéchír  avec  une  certaine  étendue 
ftir  les  conféquences.  Cicerón  paroít^iYoir  été  de  ce 


A N N 


I S I 


dernier  fentiment , lorfqu  il  dit  des  annaUfies : Ur.anz 
dicendi  laiidem  pntant  efe  brevitatern. , non  e:cor- 
natores  nerum , fed  tanmin  narratores . ii  ajolite 
qu’originairement  rhiñoire  n^écoit  qu’une  coilec- 
tion  di  annales. 

L^objet  en  fut,  dit-il,  {de  Orat.  z.  12)  de  con- 
ferver  la  mémeire  des  événemens  : Res  omnes 
fir.gulorum  annorum  litteris  manaare  , efferre  in 
álbum  , t¿  -pToponere  tahulam  áomi  , potefias  ut  ejfct 
populo  cognofeendi.  Le  fouverain  pontífe  écrivoit 
chaqué  année  ce  qui  s'étoit  paffé  l'année  précé- 
dente,  8c  Texpofoit  en  un  tabíeaii  dans  fa  rnaifon  , 
oú  chacun  pouvoit  lire  á fon  gré.  Cet  ufage  dura 
jufqu  au  pontífe  P.  Mucius  Servóla  , qui  fut  rué 
dans  Ies  troubles  de  Marius  , vers  Tan  620  de 
Rome.  On  appeloit  ces  annales  du  ^onúít , annales 
maximi,  á caufe  de  la  digniré  de  Fannalifte,  Se 

commentarii  pontificum. 

On  croit  qa^aprés  la  mort  de  Mucius  Scxvola  , 
la  fuite  des  annales  de  la  république  ayant  été 
interrompue  , pn  la  fit  graver  fur  des  tables.de 
marbre,  expofées  aux  yeux  du  public  dans  It  forum, 
vers  les  qomices.  Cet  endroit  étoit  défigné  natu- 
rellement  pour  cette  expofition  ; car  c étoit -lá 
que  les  fufifrages  du  peuple  créoient  Ies  magiftrats 
8c  décernoient  les  honnears  du  triomphe.  Ce  fut 
auiTi  dans  ce  lieu  qu’en  rannée  on  dérerra 

Ies  Faites  capitolins  qui  font  éciits  íur  les  rabies  de 
marbre,  par  lefqaelles  furent  remplacées  annales 
des  pentires. 

AiNlsEAU.  Ce  mot  ayant  ceux  fignificatíons 
trés-diftincies  , nous  en  ferons  cleux  ameles;  i'un 
pour  le  mot  áAnneau  pris  dans  fon  fens  le  plus 
étendu  , & Tautre  pour  ce  méme  terme  , reftreint 
aux  bagues  Se  aux  cachets.  . . 

.AnneÁU.  Piine,  parlant  ( 13.  9.)  des  anneaux 
qui  fervoient  á fufpendre  des  rideaux  ou  des  por- 
tieres , dit  qu'on  les  faifoir  d’un  bois  trés-dur. 

Anneaux  des  efclaves.  Les  efclaves  portoieat 
des  anneaux  de  fer  aux  jambes  ou  aux  cunTes  , 
pour  attacher  les  chaines.  C'étoit  une  marque 
diñinéíiye  de  leur  état  malheureux,  & i's  ne 
manquoient  pas  de  les  oífiir  a quelque^divinité 
avec  leurs  chames  lorfqu  ils  étoient  .affranchis. 
Martial  fait  alluiion  á cet  ufage,  lorfqu  il -fe  moque 
d’un  efeiave  nommé  Zoile  , qui,  ayant  été ^ fait 
chevalier.  8c  portant  en  conféquence  Yanneau  d’qr  ,' 
avoir  offert  á Saturne  Ies  anneaux  de  fer  , témoins 
de  fon  efclavage  j (3.  29. ) : 

HaC  Ciun  ^CtyilTLü.  COtTí^CdZ  CLC¿LlC¿Zt  CUtSHUS  ^ 

Saturne , tibí  Zoilas  annulos  priores. 

On  volt  á Rome  un  anneau  autour  de  la  jambe 
• de  la  fiatue  d’un  homme  nud  , dont  le  reítaura- 
! teur  a fait  un  gladiateur.  Si  la  poíitioii  de  cette 
ftatue,  qui  eft  droite  & tranquiLe  , pouvoit  le 
permettre  , on  auroit  pu  y reconnoítre  Promé- 
thée  ' Qu’on  répréfentoit  portant  á une  jambe 
. Y'anneau  avec  lequel  il  avoh  été  attaehé  fur  le 


iSi  . A N N 

caucafe.  On  fatr,  á la  vérité^  que  Ies  fsmsnes  por- 
toien:  des  braíTelets  ( perífceiides)  aux  ja'.r.bes 
comme  aux  bras 5 mais  on  na  point  q exemple 
de  ce  luxe  pour  les  hommes  : car  on  iie  peur 
fiMapofer  que  ce  foit  ici  la  repréfentation  d’un 
efclave , qui  pcrtoit  á la  jambe  un  an-ncan  pour 
attacher  fa  chains.  Ceft  peut-étre  la  ftatue  d^un 
guerrier  bleífé  ^ qui  porte  un  bandage  comme  le 
grand  Pompée  en  avoit  un  lorfque  Favorin  le 
íloicien  luí  dit : Le  diadéme  eH  toujours  le  méme , 
dans  queíqu  endroit  qudl  foit  porté. 

En  lyjij  on  trouva^  en  faifant  un  grand  che- 
min  de  Nangis  á Brai-fur-Seine , un  cimetiére 
d*une  niédiocre  étendiie.  II  étoit  environné  d’une 
muraille,,  contre  laquelle  il  y ayoit  plufieurs  fqué- 
Ierres  adoíTés ; mais  la  plupart  étoient  placés  fans 
ordre,  dans  le  milieu  d’une  grande  foíTe.  La  lin- 
gularité  de  cette  découverte  , dit  le  comte  de 
Caylus,  {Kec.  i.  vjS.  ) cortCiñoit  ázvisXts  anneaux 
de  bronze , que  plufieurs  de  ces  fquélettes  avoient 
aurour  du  cou  ^ des  cuifles  & des  bras.  Ces 
anneaux  ^toient  tres  - légers  ^ pleins  & tres  - peu 
larges  ; quelques-uns  étoient  ornes  d’un  gaudron 
incliné , 8c  d’un  aiTez  bon  goúc ; mais  en  généralj 
iis  étoient  unis  , 8c  les  cercles  étoient  continus. 
Celui  qu  il  a pubíiéj  a fervi  de  collier  á un  jeiine 
homme  ou  á une  femme  ágée  ; car  il  n’a  que 
quatre  pouces  trois  ou  quatre  lignes  de  diatnétre. 
íl  a feu!  une  féparation  &c  une  moulure , qui  dif- 
tinguent  fes  extrémités , ainíi  que  le  deífm  le  fait 
voír.  Cette  ouverture  le  rendoit  plus  commode 
dans  les  endures  du  coUj  ou  lorfqubl  faifoit  quei- 
quefíbrt.  Tous  les  autres  étoient  abfolument 
rondsj  8c  égaux  dans  leiir  contour.  lis  ne  peus^ent 
avoir  fen'i  fans  avoir  cté  foudés  en  place. 

■On  trouva  auífi  dans  ce  méme  endroit , un  pot 
rempli  de  médaiiles  que  les  payfans  diíiipérentj 
fans  qu’il  ait  été  poífible  d"en  retrouver  une  feule. 
li  efl:  done  aiTez  diíEcile  de  décider  íi  ce  cimetiére 
a été  fait  pour  des  gaulois  ou  pour  des  romains. 
Ceux  qui  voudroient  i’attribuer  aux  premiers , 
pourroient  citer  un  paíTage  de  Strabon^  {üv.  iv ¡ 
jag.  197)  ou  il  eft  dííj  qu^outre  lescolíiers,  les  ^ 
Gaulois  portoient  des  anneaux  aurour  des  bras. 
On  a méme  trouvé  plus  d’une  fois  en  France 
(Relig.  ¿es'  Gaulois . tom.  1 , pag.  343.)  des  fqué- 
ietres  qui  avoient  de  pareils  ovnemens  ; mais  il 
faut  obferver  que  Strabon,  Se  plufieurs  aurres 
auteiirs  difent^  en  termes  forméis j que  les  col- 
Fers  Se  les  braffelets  des  Gaulois  étoient  d^or, 
tandis  que  ceux  des  fquélettes  trouvés  en  France, 
n’ctoient  que  de  bronze.  11  faut  obferver  de  plus , 
qu  il  n'eft  pas  oit  que  ces  fquélettes  euíTent  des 
av.neaux  autour  des  cuüies , comme  on  en  a vu 
quelques-uns  á ceux  de  Brai-fur-Seine. 

Cette  circonftance  femble  défigner  plus  parti- 
culierement  des  efclaves  romains.  II  eñ  conftant 
qif  ils  portoient  des  anneaux  aux  cuiííes  ; Ovide  & 
Martial  en  font  mention ; mais  comme  il  n'eñ  pas 
dit  qu^’f  s euífent  des  eolíiers  8c  des  braíTelets , le 


A N N 

comte  de  Caylus  croit  qu  il  faut  fuppofsr  ici  uq 
mélange  d’ufages  entre  ces  deux  nations.  11  djt 
que  le  cimeti-ére  nouvellement  découvert,  renfet 
moit  Ies  corps  de  quelques  gaulois,  efclaves  des 
Romains,  qui,  fuivant  le  goút  de  leur  nation, 
portoient  des  colliers  Se  des  bralíelets , & qui  ^ 
pour  marque  de  leur  fervirude , avoient  des  anneam 
autour  des  cuiffes. 

Anneau  des  Ofiris  & des  prétres  égyptiens. 

On  obferve  que  la  plus  grande  partie  des  prétres 
ou  des  ofiris,  comme  on  Ies  appelle  communé- 
ment  j préfente  un  armeau  rond  & faillant  a hau- 
teur  des  pieds , & place  toujours  a la  droite.  La 
figure  du  n°.  ó,  pl.  8 du  Recueil  du  comte  de 
Caylus , & plufieurs  du  cabinet  de  Sainre-Gene- 
viéve,  en  ofifent  des  exemples.  Ce  favant  n’a  pu 
dire  Ies  raifons  de  cette  particularité.  Ii  remarque 
fealement  que  cet  ornement  fondu  dans  la  piéce, 
fe  trouve  dans  les  figures  de  cette  efpéce  de  toutes 
proportions , Sc  méme  dans  celles  qui  fervoieijt 
d’amulettes. 

Les  Egyptiens  environnoient  le  pied  de  leurs 
momies,  de  plufieurs  petites  divinitésproteéirices, 
ou  de  prétres  qui  prioient  autour  de  leurs  corps. 
On  pourroit  done  croire  que  ces  anneaux  fer- 
voient  á les  attacher  pour  les  fixer  auprés  de  la 
figure.  Cet  ufage  étoit  établi  chez  Ies  Etrufques , 
qui  pergoient  Ies  pieds  de  leurs  dieux  j'‘pour  les 
contraindre  á demeurer  dans  Tendroit  oii  ils  les 
pla^oient. 

Mais  on  feroit  d’abord  embarraffé  a expliquer 
pourquoi  cet  anneau  fe  trouve  préférablement 
du  cote  droit  ; fecondement,  les  amulettes  de- 
truifent  cette  fuppoíition  , á moins  qu’on  ne 
voulút  dire  que  íes  Egyptiens  portoient  ces 
divinités  ou  ces  interceíTeurs  á leur  col  pendant 
leur  ¥Íe,  pour  éclairer  toutes  leurs  aólions,  8c 
pour  Ies  fixer  apres  leur  mort  dans  le  tombeau, 
comme  des  témoins  capables  de  dépofer  en  leur 
faveur. 

Anneau,  bague-  Les  Poetes  ont  feint  que 
Prométhée  ayant  dérobé  le  feu  du  cielpour  animer 
fon  automate , fut  attaché  , par  ordre  de  Júpiter , 
furje  caucafe,  & condamné  á étre  rongé  vivant 
par  un  vautour.  Cet  infortuné  étoit  doué  de  l’ef- 
prit  prophétique  , & il  s’en  fervit  pour  avertír 
Júpiter  de  ne  point  entretenir  de  comrñerce  avec 
Thétis , parce  que  le  fiis  qui  en  devoit  naítre  le 
chaíTeroit  de  fon  royanme.  Le  fouverain  des  dieux 
vouíant  récompenfer  Prométhée  du  bon  avis  qu’il 
luí  avoit  áonné  , permit  á Hercule  de  lui  rendre  la 
liberté , á condition  feulement  qu’il  porterdit  au 
doigt  pendant  toute  fa  vie  un  anneau  de  fer , dans 
iequel  feroit  renfermé  un  morceau  du  rocher  te- 
moin  de  fon  fupplice-  On  a cru  que  la  mode  ae 
porter  des  anneaux  avoit  pris  de-Iá  fon  origine. 

Mais  Püne  ( lih.  23.  i.  ) dit  expreíTément  qa’on 
ignore  le  nom  de  celui  qui  a porté  le  premier  an- 
neau , 8c  que  l’hiñoire  de  Prométhée  eft  auíTs  ra- 
buleufe  que  ceiie  de  Midas.  II  parok  que  íes  Perfes 


A N N 

s’en  font  fervi  ce  rcure  antiquité ; & Alexandre  í 
cachetok  , felón  Quinte-Curce , a?ec  fon  ann-eau  ! 
Ies  lettres  qu  ii  écrivoi:  en  Lurop-e  ^ & avec  celui 
de  Darlas  les  lettres  qu  il  adreíToit  aux  Ferfes.  _ Ce 
peuple  aíTuroit  que  Guiamíchid  ^ quatriéme  roi  de 
la  premiére  racCj  introduiiit  Tulage  de  porter  des 
anneaux  aux  doigts , pour  cacheter  les  lettres  & les 
autres  actes  néceíTaires  dans  le  commerce  de  la 
vie.  Les  Brachmannes  fe  parent  ^anneaux  dans 
Philoñrate^  {liv.  m.  c.  4.)  Pour  Jes  Grecs , 
pline  croit , {liv.  3 3 . c.  i . ) qu  au  tems  de  la  guerre 
de  Troje , ils  n'avoient  point  encore  Fufage'  de 
Yanneaii : la  raiíbn  ell  qkHomcre  n'en  parle  point ; 
& que  quand  il  s'agit  dans  fes  poémes  d'enyoyer 
les  lettres  , ou  de  renfermer  des  habits  précieux  j 
& des  vafes  d ’or  & d'argcnt  dans  des  caíTertes 
on  Ies  lie,  on  noue  les  liens;  mais  jamais  on 
n'imprime  la  marque  de  Y anneau.  V oyez  le  ó-  kvre 
de  1 liiade , & le  8'  de  rOdyíTée 

Les  Sabins  avoient  des  a/uzeaiix  des  le  tems  de 
RomuluSj  au  rapport  de  Denys  d'Haiicarnafle , 
liv  II.  Les  Étruriens  en  avoient  auífi  du  tems  fles 
Rois  de  Borne,  témoins  les  anneaux  queievieux 
Tarquin  prit  aux  magiftrats  d'Étrurie  aprés  les 
avoir  vaincus.  Ibid.  liv.  i.  c.  y.  Pline  croit  que  cet 
ufage  avoit  paíTé  de  la  Gréce  á ces  habitans  dltalie ; 
& que  c’eñ  par  Fun  ou  Fautre  de  ces  peup'es  qu  il 
fut  tranfmis  aux  Romains.  11  ne  s'introduiíit  pas 
cependantd'abordá  Borne;  Pline  ne  faitlequel  des 
Romains  a commencé  d’en  porter;  il  aíTure  que  la 
ilatue  de  Romulus , qui  étoit  dans  le  capitole , n’en 
avoit  point,  ni  méme  aucune  autre , excepte  ceiles 
de  Numa  & de  Servias  Tullus.  Celle  de  Brutus 
méme  n'en  portoit  pas,  ni  les  Tarquins,  quoi- 
qu’originaires  de  Gréce , d’oú  Pline  croit  que  cet 
ufage  avoit  paíTé  en  Italie. 

Les  anciens  Gaulois  & Ies  Bretons  , peuples 
originaires  des  Gaules  , portoient  des  amieau^  ; 
mais  les  paroles  de  Pline  qui  FaíTurent  au  meme 
chapitre , ne  nous  donnent  point  á entendre  íi 
Vanmau  avoit  chez  ces  peuples  d'autres  ufages  que 
Fornement.  Les  Franqois  en  portoient  auiíl , & 
Fon  a trouvé  dins  le  tombeau  de  Childéric  fon 
anneau  d’or , que  Fon  conferve  á la  Bibliotheque 
du  Roi  , & fur  lequel  font  graves  ces  mots  : 
CirizDTRrcT  Reg  ts.  CcIuÍ  dc  Loiüs  ie Débonnaire , 
rapporté  par  ChifSet  , avoit  pour  infcription  : 

XP-E  PROTEGE  HeLDOVICUM  IMPERAT03.EJIÍ. 

Quant  á la  matiére  des  anneaux , il  y en  avoit 
d’un  metal  fimple  , <k  d’autres  d'uti  mécal  mixte  , 
ou  d’un  métal  double ; car  quelque fois  on  doroit 
le  fer  & Fargent,  ou  bien  on  eníermcit  For  dans 
lefer,  comme  il  paroít  par  Artémidore  , liv.  ii. 
c.  y.  Les  Romains  fe  fervirent  tres  - long  - tems 
S anneaux  de  fér ; & Pline  aStire  a Fendroit  que 
i’ai  cité,  que  Idarius  n’en  porta  un  d’or  qu’á  fon 
troiüéme  confulat  , Fan  de  Rome  óyo.  il  en  elt 
cependant  parlé  dans  Tire-Live,  á Fannée  432  de 
Rome  , i Foccafion  du  deuii  que  caufa  á Rome  le 
traite  honceux  de  Caudium.  Ceíl  la  premíete  fois 


A N N 185 

qu’on  Fa  trouvé  dans  FKiilcire  Rcmaice  , Tke- 
Live  , liv.  IX.  ch.  7.  II  y en  avoit  dont  le  ;onc 
étoit  de  fer  ou  de  bronze  , le  chatón  d‘cr ; 
d’autres  étoient  ouverts,  mais  élaítiques.  Quelques- 
uns  étoient  folides  , & d’autres  étoient  creux  , 
comme  témoignent  Artémidore , liv.  11.  ch.  2, 
l'eitus , au  mor  Edera , 8c  Aulugelle  , liv.  x, 
cA.  ly. 

.Quelques  - uns  avoient  une  pierra  précieufe 
pour  cachet  , 8c  d’autres  n’en  avoient  point. 
Ariílot.  Phiiic.  liv.  IIP.  ch.  5.  JuL  Poiiux,  í.iv.  vi. 
ch.  33.  V.  7.  Artémid.  /iv.  n.  ch.  y.  La  pierre  de 
quelques  - uns  étoit  gravée,  a d’ autres  elle  ne 
Fétoit  point,  Pline  , liv.  ch.  i,  II  y a des  ;-c- 
ruaux  ciú  portoient  deuxpierres,  8c  méme  davan- 
tage  : une  lettre  de  i’empereur  F’alérien  en  fait 
foi  , aaffi-bien  que  Trebellius  FoHien,  dans  la  vie 
de  Claude-!e-Gothicue  , cL  14.  Au  lieu  de  pierre 
précieufe  le  pecp'e  mettoit  du  verre  , 8c  c’étoit 
Fufage  de  ces  pares  íi  communes  dans  les  collec- 
tioiis  de  pierres  gravees.  Pline , liv.  5 y ck.  6.  C eiies 
qui  étoient  gravees  en  creux  s’appeloient  Gewi.Tiá 
eotip&;  8c  en  reiief,  GemniA  fculpturd  prominente. 
On  voyoit  des  anneaux  faits  toat  entiers  d’une 
feule  pierre  précieufe  , ainíi  que  d’ambre , comme 
on  peut  le  voir  dans  Artémidore  , liv.  ii.  ck.  y. 
.dans  Pline  , liv.  37.  & dans  le  Daciytiliotkeca  de 
Coristas  , n.  loi. 

Ii  y a eu  piuiieurs  manieres  différentes  de  porter 
les  anneaux.  Chez  les  Romains  , avant  qu’on  les 
ornar  de  pferres  précieufes  , lorfque  la  figure  fe 
gravoir  encore  fur  la  matiére  méme  de  V anneau  , 
chacun  Ies  portoit  á fa  fantaílie  , á quelle  main  & 
á que!  doigr  il  lui  plaifoit.  Macrobe,  iiv.  vn, 
ck.  13. 

Quand  on  y eut  ajouté  les  pierres , on  les  porta 
de  préference  á la  main  gauche  , & ce  fut  une  dé- 
licateíTe  exceffive  de  les  porter  á la  droite.  Lucien 
Navig.  l’ertul.  de  1‘habit  des  femmts  , ch.  dern. 
Pline,  liv.  35.1.  Silius  Ital.liv.  xi.  Hor-at.  liv. 
II.  Stat.  Vil.  V.  8.  Jul.  Capital,  in  Maxim,  c.  6. 
II  femble,par  les  derniers  mots  dui.  Iiv.  de  Tertiii. 
de  Culta  fem.  cue  du  tems  de  ce  Pete  on  n’en  por- 
toit encore  qu’á  la  main  gauche.  Sinifira  per  jingu- 
los  dígitos  de  Jaccis  Jingulis  /ithfr.lln  eut  pas  ouoiie 
la  main  droite  dans  un  endroit  ou  il  ne  cherche 
qu’á  exagérer  ces  fuperfluités,  íi  ony  avoit  porte 
des  anneaux.  Pline  dit  qu’on  les  porta  d’abord  au 
quatriéme  doigt ; que  les  ílatues  de  Numa  & de 
Servias  Tuiiius  en  étoient  des  preuves;  qu  enfuite 
on  en  mit  au  fecond  , c’eft-á-dire  , a i índex  ; en- 
fuite  au  petit  doigt,  & ením  á tous  Ies  autres, 
excepté  celui  du  milieu.  Les  Crees  re  portoient 
auRi  au  quatriéme  doigt  de  la  main  gauche , Aulu- 
gelle,  liv.  10.  ck.  ic.  La  raifon  qu’il  en  apporte 
eíl  qu’ayant  trouvé  par  1 anatornie  , que  ce  doigt 
avoit  un  petir  nerf  qui  aiíoic  uroit  au  coeur , liS 
crarent  au  á caufe  de  la  commurkition  qu'il  avoit 
feul  avec  la  plus  noble  partie  de  Fhomme,  il  étoit 
pkis  honorable.  Les  Gaulois  & les  anciens  Bretons , 


184  A N N 

le  portoient  au  doigt  du  milieu  , comme  PIi:ie 
le  rapparce  á Fendroit  que  j'ai  cité. 

D'abord  oK  ne  porta  qu'un  feul  ctmíiu,  enfuite 
en  en  porta  á toiis  Ies  doigts.  Man.  liv-  r.  Epig.  6 3 . 
Terttii.  ae  CuLtu  fcm.  liv.  1.  & pluiíeurs  méme  á 
chaqué  doigt.  Mart.  liv.  xi.  Ep.  60.  Enfin,  on 
en  porta  un  & méme  pluiíeurs  á chaqué  jointure 
de  do-gt  , Anítoph.  ia  nubib.  Martial,  liv.  vr. 
Ep.  II.  Senec.  nat.  qu&ft.  liv.  vn.  -c.  31.  Quintil. 
infiit.  liv.  XI.  Ciement.  Alex.  Psdag.  íiv.  m. 

ríine  dit  que  les  sTin-caux  deviiirent  íi  corainuns 
á Rome,  qu'on  ea  donnoit  á toares  Ies  divinités^ 
méttie  á ceiles  des  peuples  qui  iden  avoient  ja- 
máis porté  eux-mémes.  Ce  paffage  nous  indique 
Tufase  auquel  pouvoit  étre  deitiné  cet  anneaa  de 
fer,  de  quatre  Tignes  de  diamétre  intérieurj  pubiié 
{Kec.  II , vi.  88-)  par  le  comte  de  Caylus,  Se  qui 
paroit  lidicuíe  par  fa  petitelTe.  II  eft  travailié  avec 
foin  , Se  Ton  a ferti  une  petite  émeraude  dans  ¡e 
chatón  , réfervé  dans  ia  plus  grande  épaifleur.  lí 
ne  peut  avoir  fervi  á aucun  enfant , & fans  doute 
il  ornoit  les  doigts  de  quelque  divinité  dotneftique 
ou  dieu  iare.  Les  anneaux  de  fer  ont  été  en  grande 
coníidération  á Rome  pendant  long-tems  , á caufe 
apparemment  de  la  rareté  de  ce  metal  , & méme 
quand  tous  les  métaux  furent  devenus  plus  com- 
muns  j dans  le  tems  ou  le  luxe  étoit  pouíTé  au 
plus  grand  excés. 

Quoi  quhl  en  foit , on  ne  peut  douter  que  les 
Romains  n’en  ayent  orné  leurs  ílatues.  Pline  dit 
encore  a ue  ces  anneaux  étoient  mobiles  ^ c"eíl-á-dire , 
quon  pouyoit  les  óter  Se:  les  remettre  felón  les 
fétes  & les  circonílances. 

lis  en  donnérent  au/E  aux  repréfe.ntations  des 
Tiéros.  Les  plus  grandes  ílatues  en  bronze  de 
Portici  3 repréfentent  des  empereiirs  8c  des  impé- 
ratriceSj  Se  il  n'en  efe  auctine  qui  ne  foit  au-deíTus 
de  la  grandeur  naturelle  ; mais  eiles  font  j dit 
Winkelmann  , d'un  travail  mediocre.  Elles  ne 
préfentent  de  remarquabie  que  Yanneau.  placé 
au  doigt  annu'aire  de  la  main  droite  de  quel- 
cues-ur.s  des  empereursj  Se  fur  lequel  eft  gravé 
un  baton  augura!  ( lituus  ) 3 pour  déíigner  qulls 
étoient  fouverains  pontifes. 

La  délicateíTe  & le  luxe  allérent  íi  loin  en  ce 
gente  3 qu  on  eut  des  anneaux  qui  fervoient  par  fe- 
meftre  3 pour  me  fervir  du  terme  de  Juvéna!  3 Sat. 
VIí.  V.  8g.  Aurum  femeftre  , femefires  annuli  , les 
uns  pour  Teté  3 les  autres  pour  Fhiver,  Ventilat 
sJlivum  digitis  fudamibus  aururn. 

Cette  mode  nous  apprend  Tufage  des  anneaux 
épais  & foiides  de  fardeinCi  de  cornaiine, '&c.  de 
verre  méme,  que  nous  tro uvons  dans  Ies  colleéiions 
d’antiques.  Le  jone  & le  chatón  font  d’une  feiile 
piéce.  Le  comte  de  Caylus  en  a pubiié , entre 
autres,  un  de  ces  derniers  {^Rec.  11 , pl.  88).  Cet 
mneau  eft  plus  minee  d"un  coré  que  de  Tautre  , 
á deíTem  de  le  rendre  plus  facüe  á porter,  foit 
au  petic  doigt,  foit  á Tindex,  en  tournant  le  petit 
cóté  en  dedans  la  main.  Sa  gtoíTeur  eft  une  pifeave 


A N N 


de  fa  mode  bizarre  qui  a regué  pendant' que’que 
tems  á Rome.  Juvénai , dans  le  vers  cité  plus  liaut 
a exprimé  deux  ridicules  á ia  fois;  ceiui  des  bagues 
épaiíTes  , &celui  de  ces  hommes  eíFéminés,  quj 
ne  vouloienr  pas  les  porter  dans  les  grandes  cHa- 
leurs,  de  peiir  de  s'échaufter  j & pour  nous  con- 
vaincre  que  ia  grofteur  énornie  des  anneaux  étoit 
efreétivement  paiiée  en  ufage , il  ajoute  dans  un 
autre  endroit  ( Sit.  vii , v.  139.),  en  fe  moquaht 
des  avocats  de  fon  tems  : 


Ciceroni  nemo  ducentos 

Nuac  deierit  nummos , niji  fulferit  annulus  ingens. 

II  paroit  3 par  les  derniers  mots  du  premier  livre 
de  Tertulien,  de  Eornement  des  femmes , quon 
faifoit  des  dépenfes  exceífives  en  ce  genre ; mais 
íi  Ten  en  croit  Lampridius , ck.  3 i.  perfón:;*  ne 
pouíía  Ies  chofes  á un  íi  grand  excés  qu  Éíagabale  , 
qui  ne  porta  jamais  deux  fois,  ni  le  méme  anneau^ 
ni  la  méme  chauíTure.  Aujourd'hui  on  ften  porte 
qu  au  quatriéme  & au  cinquieme  doigt,  maispius 
ordinairement  au  quatriéme  , qui  fe  nomme  le 
áoigt  porte-anneau , Síenlatin,  annularis.  Quel- 
ques  tableaux  de  100  & de  ico  ans  en  oíFrent  á 
Y Índex  , c'eft-á-dire  , au  fecond  doigt. 

On  a auíll  porté  des  arMcaux  aux  narines , de  ia 
méme  maniere  que  des  boucles  aux  oreilies.  S.  Au- 
guftin  TaíTure  des  Maures  , &c  Bartolin  a fait  un 
livre  de  Annulis  narium  , des  anneaux  des  narines. 
Pietro  de  Valle  & Licet  en  parlent  auíTi ; & le  pre- 
mier aíTure  que  Ies  orientaux  ont  cette  mode. 
Enfin  3 il  n'y  a guére  de  patries  du  corps  humain 
ou  la  galanterie  n’en  ait  fait  mettre  , á Tenvi  des 
doigts  de  Tune  ou  de  Tautre  main.  Les  Relations 
de  Tlnde  Oriéntale  aíTurent  que  les  habitans  les 
portoient  ordinairement  au  nei,  aux  lévres,  aux 
joues,  au  mentón.  André  Corfal,  en  dit  autant  des 
FeiTunes  Arabes  du  port  de  Calayates.  iSous  iifons 
á peu  - prés  la  méme  chofe  dans  Ramuíio  , des 
femmes  de  Naríingue  dans  le  Levant  5 & Diodore 
rémoigne  au  ^troiíiéme  livre  de  fa  Bibliothéque  , 
que  celies  d’Erhiopie  avoient  coutume  de  fe  per- 
cer  les  lévres  avec  un  annsau  d'airain.  Pour  ies- 
oreilies  , par  tout  ie  m.onde  on  s’eft  plil , hommes 
Se  femmes , á y fufpendre  des  bagues  de  prix. 

Les  índiens  8c  Ies  Indiennes  , & entr’au’tres  les 
Guzzerates  , ont  oorré  des  -anneaux  ■ aux  doigts 
des  pieds.  Quancí  Pierre  Alvares  requt  fa  pre- 
miére  audience  du  roi  de  Caücut , il  le  vitj  toUt 
couvert  de  pierreries  encháíTées  dans  des  pen- 
dans  d’oreiiles , des  braíTelets  & des  anneaux , 
tant  au:<  doigts  des  mains  que  des  pieds  , fáifant 
voir  fur  Tun  de  fes  orteüs , un  rubis  & un  efear- 
boucle  d'un  trés-grand  prix.  Louis  Barróme  repte- 
fente  un  Rot  de  Pégu  qui  étoit  encore  plus  ex- 
ceíTif  en  cela  3 n’ayant  aucun  doigt  de  fes 
qui  ne  fút  chargé  d'anneaux  garnis  de  pierreries. 
idzm. 


Par  rapport  á Tufage  , il  y avoit  trois  fortes 
différentes  cY anneaux  chez  les  Anciens.  Il  Y avoit 

- des 


A N N 

(íes  mneaux  cid  fcn'oient  á diftinguer  les  condi- 
tions.  Fíine  añare  á Tendroit  que  j’ai  deja  cité  fou- 
vent , que  áans  Ies  commencemens  Ies  Sénateurs 
mérne  n'avoient  pas  permifiicn  de  portcr  Han^eaux 
á’or , á iTioins  qu’íis  n’euíTent  été  Ambafíadears 
chez  queíques  peuples  étrangers  , encore  ne  leur 
é:o:t-!l  permis  alors  de  porrer  Varineaa  d’or  qu'on 
leur  donnoít  , que  dans  Íes  aótions  publiques  ; 
dans  leur  particulier  ils  en  portoient  an  de  fer.  Ceux 
qui  avoient  mérité  le  triomphe  obfervoient  la 
méme  chofe.  íl  fut  enfuite  permis  aux  Sénateurs 
& aux  Chex'aliers  de  porter  Yannea-u  d'or  ; mais  , 
íi  J’on  en  croit  Acron  far  Horace  ^ l.  ii-  Sat.  vii. 
V.  i!s  ne  le  po avoient  faire  que  le  Préteur  ne 
Je  leur  eut  donne.  Aprés  cela  ce  fut  la  diítinélion 
des  ChevaüersRomains.Píine  jc.  8.  Diodore,  /.48. 
Xe  peaple  porto it  Yanneau  d’argentou  de  bronze  j 
les  efclaves  le  portoient  de  fer. 

On  accordoit  cependant  Yanneav.  d’or  á des  gens 
da  peaple.  y oyez  Cicéron,  dans  fon  troiíiéme  dif- 
cours  furyerres,  & I.  x.  ép.  31.  Macrobe  j Saturn. 
liv.  II.  ck.  I©,  & l’infcription  fuivante  : 

D.  M.  s. 

C.  ANTONIO.  C.  F.  FLA 
VINO.  VI.  VIRO.  JUN. 

HAST.  LEG.  II.  AUG.  TORQ. 

AÜR.  ET.  AN.  DUPL.  OB.  VIRT. 

DONATO.  JUN.  VERECUN 
DA.  FLAM.  PERP.  MUN.  EBOR. 

MATER.  V.  C. 

Sylla  accorda  le  méme  honneur  au  Comedien 
Bofcius  ; Céfar  á Laberius  j & Balbas  á Heren- 
nius  Gallus.  Sévére  le  permit  méme  á toas  les  lim- 
pies foldats.  Avant  Auguíle  on  ne  I’accorda  Jamais 
qu’á  des  gens  libres.  Ce  Prince  fut  ¡e  premier  qui 
donna  Ya?ineau  d’or  aux  añf  anchis.  Dion , /.  48  & 5-3 . 
Cet  abus  alia  fi  loin , que  Tibére  fat  obligé  ^ an  , 
rapport  de  Pline  , 1.  5 3 . c.  2.  de  !e  corriger  par  une 
loi  qu’il  fit  l’an  de  Rome  763  ^ la  neuviéme  añnée 
de  fon  gouvernement. 

On  paíTa  bientót  aprés  par-deíliis  ce  réglement  ^ 
& le  Sénat  accorda  l’ufage  de  Vanneaii  d'or  á des 
affranchis  de  Claude , de  Galba  ^ de  Viteüias , de 
Dcniitienj  & méme  de  particuliers ; Pline,  1.  vm. 
Ep.  6.  Tacite,  h;ji.  ¿.  i.c  13.  Siiét.  dans  Galba, 
c.  14.  Enfin  la  Novelle  68.  de  Juñinien,  le  permet 
á tous  les  affranchis. 

Vers  Pan  1763  , des  pavfans  trauverent , en 
fouillant  un  tombeau  dans  le  territoire ' de  Cor- 
tone , un  anneau  d’or , fans  puerre , S-r  da  poiJs 
de  plus  d une  demi-once.rom.iine.  íls  en  trou- 
vérent  pea  d’années  apres  un  tout  parei!  j Sz  enfin 
un  troiiiéine  , travaiilé  au  burin  , fans  aucun 
alüage. -II  repréfente , en  bas-relief.  Leda  avec 
le  cigne,  qui  pofe  fes  pieds  fur  fa  cuide,  & appro- 
cbe  fon  bec  de  la  bouc'he  de  Leda.  Elle  étend 
le  bras  droit  pour  carelfer  le  col  da  cigne.  Cet 
ouvrage  étrufque  n’eft  pas  bien  fird,  mais  il  eíl 
Anti  quites  , Tome  I. 


A N'  N 

trés-exprelTif.  On  en  a trouvé  enfin  un  quatriéme, 
beaucoup  plus  épais  que  Ies  trois  premiers. 

On  quittoit  Yatzneau  d’or  dins  le  deuil  & l’af- 
fiiciion.  Les  patriciens  de  Reme  le  quittérenc  i 
! la  nouvelie  de  la  capitulation  de  Caudium.  Aprés- 
! la  mort  d’Auguñe  & pendant  le  tenas  de  fon  dea;! , 

I les  fénateurs  mirent  des  anneiux  de  fer  á la  place 
j de  leurs  anneaux  d’or.  Les  accufés  & les  fuppiians 
¡ dépofoient  auiTi  cette  parure. 

IUne»autre  forme  anneaux  font  'es  anneaux 
des  époufaüles  , annuli  fponfalitii , ou  les  anneaux 
des  noces,  des  mariages,  annuli  geniales , annuli 
pronubi , annuli  nuptiales.  L’époux,  chez  Ies  Ro- 
mains  , en  donnoit  un  á fa  fiancée.  Juvénai , 

( Sat.-  VI.  zy. ): 

Convenmm  tamen  , Sípacíum , & fponfalia  , nojirá 
Tempejiate  paras  , jaraque  a tonfore  magifiro 
Eeñeris , & dígito  pignus  fortajfe  dedifti. 

Pline  (33.  I,)  affure  qu’il  étoit  toujours  de  fer 
& fans  pierre.  Mais  'Tertullien , écrivain  trés- 
inílíuit  des  antiquités  romaines,  difoit  cent  ans 
environ  aprés  Pline,  que  X anneau  de  mariage  étoit 
d’or.  Ifidore  ( 19.  32.)  écrit  que  les  femmes  ne 
portoient  d’autre  anneau  que  celui  du  mariage, 
qui  étoit  d’or  , & qu’elles  n’en  portoient  jamais 
plus  de  deux.  On  peut  juger  par  ces  deux  paíTages 
que  la  matiére  des  anneaux  de  mariage  avoit  changé 
dans  í’efpace  d’un  liécle  , 8c  étoit  reftée  depuís 
invariablement  ia  méme  iufqu’á  ííidore.  Kotoman 
a penfé  que  Y anneau  envoyé  en  céréraonie  par  le 
mari  étoit  de  fér  , 8c  qu’on  le  porteit  chez  foi ; 
mais  qu’il  en  donnoit  un  fecond  d’or,  deftiné  á 
parer  la  mariée  dans  les  cérémenies  piibüque's. 
Au  refte , les  amans  do.nnoient  de  femblabies 
anneaux  á leurs  maitreíTes , qui  fervoient  fouve.nt 
chez  les  comiques  grecs  & latins  á opérer  des 
reconnoiíTances. 

La  troiíiéme  forre  ^anneaux  , font  ceux  qui 
fervoient  á cacheter,  annuli  fignatorii , annuli^ 
fignaricii , cirographi , OVL  cerograpki q earc’eíf  z'mñ 
qa’il  faut  lite  dans  Catulle  , épigr-  zj , 8c  non 
pas  chirograpkofque  tkynos  ; c’eír  á Saumaife  qu’on 
doit  cette  correction.  Catulle  donne  á ces  anneaux 
l’épithéte  thyni;  8c  des  vers  rapportéspar  Iíidore, 
difent  que  la  lune  thynienne  Íes  poliíToit,  parce 
que  c’étoit  en  Bythinie  qu’on  les  faifoit , ou 
qii’on  les  travaiübit  le  mieux.  On  prétend  que  ces 
anneaux^  l’ufage  de  cacheter,  font  une  invention 
des  Lacédémoniens , qui,  non  contens  de  fermer 
leurs  armoires  8c  leurs  coífres  avec  des  clefs , y 
ajoutérent  encore  un  cachet } á cet  effet , ils  íe 
fervirent  d’abord  de  bois  rongé  parles  vers,  dont 
ils  imprimoient  Ies  marques  fur  la  cire  ou  la  terre 
moüej  aprés  cela,  ils  trouvérent  Fart:  de  graver 
fur  les  anneaux,  des  figures  qui  s’imprimoient  de 
méms. 

Dans  la  faite,  Y anneau  fervit  á cacheter  ou  á 
ceder  tous  Ies  acles,  les  contrats,  les  dlplóraes, 

A "dk 


1^6  A N N 

. les  lettres.  On  en  voit  des  exemples  dans  Xéno- 
■phon.  Hellen  , liv.  i dans  Quinte-Curce, //r.  ri, 
C.6-,  dans  Jufcin^  ¡iv.  xzm , c.  3 , oúrcn  apprend 
er;Core  que  ce  fut  une  charge  auprés  de  Tempe- 
reucj  que  d’avoir  la  garde  de  Yanneau.  Le  réfé- 
rendaire  faifoit  aiitrefois  la  mérme  fonélicn  auprés 
de  nos  rois , de  méme  qu'auiourd’hui  Ies  fceaux 
font  entre  les  mains  du  chancelier  ou  du  garde 
des  fceaiix.  Aiexandre  donna  fon  anneau  en  mou- 
rant  á Perdiccas , pour  le  défigner  fon  fucceíTeur  j 
ii  nous  en  croyons  Luden,  dans  fes  Dialogues. 

On  s’en  fervoit  encore  pour  fceüer  Tentrée  de 
tout  ce  qu’on  vouloir  teñir  exadement  fermé.  On 
fcei  loit  de  méme  Fentrée  des  maifons,  Ariílote, 
( de  Mirabili.  aud.)  ,•  Fappartemenr  des  femmes  , 
Ariílophane  , dans  la  féte  de  Cérés  5 tous  les 
meubles , les  cofFres”,  les  caíTettes  , Ies  bouteilles 
de  vfn  , Ies  bourfes , córame  on  le  voit  dans  Piine , 
liv.  XXXIII,  c.  I-  Plaute,  Cafin , acl.  ii , fe.  z; 
Martial,  liv  ii,  épig.  85;  Tacite,  Annal.  liv.  ii, 
c.  2 j &.c.  Voyei^^  Janus  rutg:ersius , Var.  LeS. 
l.  V,  c.  y.  C’eñ  pour  cela,  fans  doute,  que  cer 
anneaiL  fe  troiivoit  le  plus  foiivent  entre  les  mains 
des  méres  de  fámille.  Solon  fit  une  loi,  par  laquelle 
ildéfendit,  pour  la  fureté  publique,  á tous  fai- 
feiirs  ou  marchands  aanmaux , de  garder  un  mo- 
déle d’un  an.neau  qudis  auroient  vendu. 

Chez  les  anciens  , les  figures  gravees  fur  Ies 
anneaux  n’étoient  point  héréditaires , & chacun 
prenoit  celies  qu  il  lui  plaifoit;  Numa  avoit  dé- 
fendu  par  une  loi , que  Fon  y gravat  les  figures 
des  dieux.  Fythagore  défendoit  la  méme  chofe  á 
fes  difciples , Chm.  AUx.  Strom.  l.  v.  L’ufage 
abrogea  la  loi  de  Numa , & Ies  R’omains  gravérent 
fur  leurs  anneaux , non-feulement  leurs  dieux  , 
iTiais^ncore  les  dieux  étrangers , & fur-tout  ceux 
des  tgypuens,  ainíi  que  Piine  le  rapporte,  /.  ii , 
c-  7;  l.  ij,  3-  lis  y gravérent  des  hommes,  des 
animaux , des  chofes  inanimées,  leurs  ayeux,  leurs 
fondareurs,  leurs  capitaines  , leurs  princes  & leurs 
favoris,  &c.  Les  antiquaires  trouveront  ici  réu- 
nies  les  figures  des  anneaux  , dont  FhiíFoire  nous 
a confervé  la  mémoire. 

Jules-Cefar  avoit  une  Yémis  fur  fon  cachet, 
Dion,  /.  4^.  Le  philofopbje  AfcicpLde,  Uranies 
la  famille  des  Mucriens,  Aiexandre.  Les  anciens 
gravorent  auíii  leurs  ancétres  ou  leurs  ami's. 
Pv  Lentulus  Sura  portoit  fur  le  fien  fon  ayeul. 
Cicerón,  catíLin.  5;  Gvide  . Trifi.  liv.  i,  éleg.  6. 
Scipion  le  jeune  , Scipion  FÁfricaín  Scipion 
Rd.fricain  , Siphax ; Sylla  , .Tugurtha  ; les  amis 
d’Epicure  , la  tere  de  ce  philofcphe.  Cic.  de  Fin. 
hv.  V.  IFempereur  C ommode  , une  amazone , 
repreleiitant  Jal.  Capit.  dins  lavied' Al'oin, 

c.  2.  Anírorr.éne , Agathocle  , roi  de  Sicüe,  Polyi. 
liv.  -xr'.^Caiiicrares,  Llvffe,  Aihen.  l.  i^/.  Aiiguíie, 
Aiexandre;  plufieurs  fticceOeiirs  de  cet  empereur, 
Suéton.  dans  Augufie , c.  yo;  Dion.  l.  zi. 
jNaralle,  Pallas;  p’ufieurs  Romains  , Séjan  ; 

,i£s  Orees,  Hellen;  les  Troyens,  Pergamus;  les 


A N N 

habitans  d’Héraclée , Hercule;  ceux  d’Atbér.es  , 
Solon  ; ceux  d'Alexandrie  , Aiexandre ; ceux  de 
Séleucie , Séleucus;  ceux  de  Lacédémone  , Lyeur- 
gue  ; les  Cherfonites,  Conftantin. 

Que!ques-uns  fe  faifoient  graver  eux-m.émes  fiir 
leurs  anneaux,  Flaut.  pfeudol.  , act.  i,  fecn.  I. 
Vanneau  d'or  de  Childéric,  trouvé  dans  fon  totn- 
beau,  & qui  fe  voit  á la  bibliothéque  du  Roi, 
porte  le  portrait  & le  nom  de  ce  pnnee. 

Augulie  avoit  un  Sphinx  fur  [on  a7zneau , Plin. 
l.  XXXIII ,c.  I.  Mécéne,  une  grenouille.  Ib.  Pom- 
pe'e  , un  chien  fur  la  proue  d"un  navire ; les  foldats 
en  Egypte  , un  efearbot  , Pintare,  de  Ifide.  Aréus , 
roi  de  Sparte , un  aigle , tenant  un  ferpent  dans 
fes  ferres , Joftphe , liv.  xii , c-  y.  Darins , roi  de 
Perfe,  un  cheval ; Sporus,  Feniévement  de  Fro- 
ferpine, ' in  ISerone  , c.  46.  Les  Loenens 

occidentaux , Féroile  du  foir,  appelée  hefpenis', 
Strabon,  liv.  Tv.  piine  le  jeune,  un  char  tiré  par 
quatre  chevaux;  Folyerate,  une  lyre;  Séleucus, 
une  ancre  , CUm.  Alex.  Psdag.  lib.  iii.  Fluíieurs 
ehrétiens  des  premiers  ñecles  portoient  fur  leurs 
anneaux  le  monograme  de  J.  C.,  que  Fon  trouve 
aiiífi  fur  plufieurs  médailles  des  empereurs  ehré- 
tíens. 

Anneau  dujour  de  la  nal Jf anee , annulus  nata- 
litius.  On  Fappeloit  ainíi , parce  qu’on  ne  le  por- 
toit que  ce  jour-Iá  feu!err:ent.  La  plupart  des 
commentateurs  croyent  le  reconnoitre  dans  ce 
vers  de'  Perfe,  ( i.  16.)  : 

Et  natalitia  tándem  cum  Sardonycke  alba. 

Quelcues-uns  appellent  annulus  natalitius , un 
anneaii  que  les  amis  ou  les  cliens  envoyoient  a 
leur  parrón  ou  á leur  ami , pour  le  féliciter  ait 
jour  anniverfaire  de  fa  naiííance.  Plaute , {Cure. 
y.  2.  26.)  : 

Hic  efi  ANXULUS  , quem  ego  tibi  mifi  natali  die. 

AnneAU  des  arrhes  , annulus  fponfionis.  Lorfque 
Fon  concluoit  un  marché  , on  donnoit  fon  ar.neau 
en  gage  de  fa  promeíTe , & pour  fervir  d’arrbes. 
Cet  ufige  eíl  prouvé  par  un  grani  nombre  de 
paffages  du  droit  romain  Le  moine  Flanude,  qui 
a écrit  une  vie  fahuleufe  d’Ef  pe  , fuppofe^que 
Xanthus  ayant  parlé  qu’il  boiroit  la  mer  entiere  , 
donna  fon  anneau  pour  arrhes  de  cette  gageiire ; ce 
qui  prouve  que  cet  ufage  duroit  encore  fous  íes 
empereurs  grecs , tems  oíi  vivoit  Flanude-  On 
donnoit  également  fon  anneau  á celui  que  1 on 
chargeoit  d’ordonner  un  repas  , dont  chacun  des 
convives  devoit  payer'  fa  part.  Térence , dans 
FEunuque,  (3.  4.  i.)  ; 

Herí  aliquot  adolefeentuli  cdinzus  i^  [Pyr&eo  _ 

Inhunc  diem  utde  fytnbolis  ejfemus : Chareameirei 

Príferimus  : dati  annuli. 

Cet  anneau  fervoit  encore  á faire  reconnoiíts 


A N N 

su  ciépcíitasre  ce'ui  qui  }ui  svoit  remis  le  dépót. 
Plante 3 (^Bacchi.  2. 

• Cii,  annuLum  gnati  tai 

Fa  cito  ut  memitieris  ferre.  Ni.  Quid  opus  efi 
unr.ulo  ? 

Ch.  Quia  idjignum  efi  cum.  Theotimo  , qui  eum 
iíli  affcret , 

El  aurum  ut  reddatur., 

Anneau  des  joueurs  de  fiilte.  Ces  muficiens  fe 
diítinguoient  ordinairement  par  un  brillant  un- 
neau,  orné  d’une  pierre  prédeufe.  Suétone  ^ dans 
la  vie  de  Néron  ^ décrivant  le  coñume  des  fym- 
phorañesj  n'oubliepas  Yanneauis.  lamain  gauche, 
nec  fine  annulo  l&vis.  Une  rufe  du  joueur  de  fiiite 
grec  Ifménias,  attefte  !a  généralité  de  cet  ufage 
chez  les  anciens.  Etanr  envové  en  ambaíTade  au 
roí  Artaxerxés , il  fut  obiigé  de  T.ieWr,  felón  la 
coutume  des  Perfes.  On  ne  pouvoit  luí  parler  fans 
cette  falutation  préalable,  que  les  Grecs  libres 
abhorroient , comme  profanant  un  aéle  de  refpeél 
dú  a la  divinité  feule.  Ifménias  arrivé  au  pied 
du  troné  d'Artaxerxés , laiíTa  romber  fon  anneau 
comme  par  mégarde,  & fe  courba  pour  le  ra- 
mafíer.  Les  Perfes  crurent  qu’il  adoroit  le  grand 
roí  , & les  Grecs  imaginerent  fimplement  que 
rambaffsdeur  avoit  ramalTé  fon  anneau.  dülien  , 
{Hifi.  I.  11  y. 

Anneau  de  Samothrace , anmilus  Samothracius 
ferreus.  C'étoient  des  efpéces  de  talifmans 'que 
la  fuperñition  avoit  inventes^  & que  l'im.pcñure 
accréditoic.  On  gravoit  fur  ces  anneaux  des  carac- 
teres magiqaes,  & fon  y renfermoit  de  fherbe 
coupée  en  de  certains  tems,  ou  de  petites  pierres 
trouvées  fous  de  certaines  conñellations.  Ceux 
qui  portoient  ces  anneaux , fe  crovoient  á Fabri 
de  toutes  fortes  de  revers,  & aíl'urés  du  fiiccés 
dg  tout  ce  qu’üs  entrepcenoient.  On  les  appeloit 
Samothraci&íis , parce  que  les  peuples  de  cette  iíie 
s’appüquoient  partí  culiérement  a étudier  les  fecrets 
de  la  nature.  (L  ). 

Anneau  du  pécheur.  Les  brefs  apoftoüques 
font  fceüés  de  Y anneau  du  pécheur.  Ce  fceau  eft 
Biníí  appelé , parce  qu'on  fuppofe  que  S.  Pierre, 
qui  étoit  pécheur,  en  a ufé  le  premier,  que  les 
papes  s’en  fervent  d'aprés  !ui.  11  vYj  a cependant 
cu'environ  quatre  cens  ans  que  ce  terme  eíl:  en 
ufage.  Ce  fceau  s’appeüe  ainíi,  parce  qu'il  porte 
l'image  de  S.  Pierre. 

AiN'NEDOTS,  éroient  trois  animaux  célebres 
daos  la  mythologie  chaldéennej  ils  fortirent  l'un 
apres  Fautre  de  la  mer  Erichrée,  fur  les  cotes  de 
la  Babylon’e.  Le  premier  forma  les  hommes  de 
ces  contrées  dans  les  fciences  & les  arts  , Ies  raf- 
femWa , leur  apprit  á batir  des  villes  , á confacrer 
des  temples  aux  dieux,  a fe  didter  des  loix;  en 
leur  donjia  des  inítruciions  fur  tout  ce 
cui  peut  établir  les  mc£urs  & les  formsr.  II  parut 
la  premicre  an.née  d' Aloras. 


A N N 1S7 

Les  deux  autres  parurent  depuis  fucceííivement ; 
ils  n'inventérent  rie.n  de  nouveau,  & montrérent 
feulement  plus  en  décail  ce  que  le  premier  n'avoit 
enfeigné  qu'en  gros.  Abydéne  les  appellp  demi- 
dieux.  Bérofe  difoit  que  Fon  confervoit  de  fon 
tems  dans  un  temple  de  Babylone,  une  repréfen- 
tation  du  premier,  qu'il  appellc  Oannes.  Voyer^ 
ce  mot. 

A N N E E.  Les  anciens  avoient  fait  de  cette 
péiiode  de  tems  , une  divinité , á laquellc  ils 
avoient  elevé  des  autels.  11  y en  avoit  entr  autres 
á Cadix. 

Ils  avoient  choiíi  le  palmier  pour  le  fymbole  de 
Yannée  ; parce  qu'iis  croyoient  fauffement  que  cet 
arbre  poiiiTe  une  nouvelle  branche  á chaqué  lunai- 
fon, 

AnnÉE  (foukaiter  la  bonne  année.y  On  croit 
que  cet  ufage  vicnt  des  Romains.  Ils  fe  rendoient 
des  vifites  & fe  faifoient  réciproquement  des  com- 
plimens  avant  la  fin  du  premier  jour.  Ils  fe  préfen- 
toient  des  étrennes , firens. , & oífroient  aux  dieux 
des  voeux  pour  la  confervation  Ies  uns  des  autres. 
Luden  parle  de  cet  ufage  , comme  d'une  chofe 
trés-ancienne , & il  en  rapporte  Forigine  á Numa. 
Ovide  y fait  aliufion  au  commencement  de  fes 
Fañes. 

P ofiera  lux  oritur  , lingui fique  animifique  fiavete  ;■ 
Nunc  dicenda  bono  fiunt  bona  verba  die. 

Pline  eñ  un  témoin  encore  plus  fur  j il  dit 
( /i¿.  28.  c.  I.  ) Primum  anni  incipientis  diem  Isitls 
precatiombus  invicem  fiaufium  ominamur. 

Le  Comte  de  Caylus  nous  a confervé  deux  petits 
monumens  ( voye:^  Étrennes  ) qui  font  trés- 
précieux,  á caufe  des  fouhaits  qu'on  y voit  expri- 
mes. Sur  Fun  on  lit  ; .tsnuM  kovum  ^austum 
rEiicEM  TIBI ¡ Se  fut  Fauti'e  t .■iiriscuM  novoyit 
EAusTUM  FELicBM  MiHi.  Ce  demicr  monumeiit 
nous  apprend  que  chez  les  Romains  Fon  fe  fou- 
haitoitá  foi-méme  la  bonne  année. 

On  trout^e  dans  la  coíleétion  du  Barón  de  Stofek 
un  crifta!  de  roche  fur  lequel  font  graves  trois  pe- 
tits médailloas,  avec  une  feuiile  de  laurier  , une 
figue  & une  datte  , préfens  que  fe  faifoient  les 
Anciens  au  premier  jour  de  Fan.  Un  de  ces  mé- 
daillons  repréfente  Commode ; le  fecond  une  Vic- 
toire  avec  Finferíption  V jc.  Aug.  & le  troiíiéme 
Janus  debour  dans  un  temple.  On  lit  tout  autour 
Finfeription  fuivante  , qui  eft  effacée  en  quelques 
endroirs ; feli  . . . era  . . . annum  n . . . 
EAus  . . . EM.  Elle  fe  rétablit  ainfi  : eeeici  . 

JMFBFLA.TORI  , AFfiNUM  . NOYUM  • FAUSTU2i-í  * 
FELZCEM»  ^ r 

Année  des  É^yptlens,  Ce  Tcnt  Ies  Eg}’'ptíenS5  íí 
on  en  croir  Hérodote  ^ qui  ont  les  premrers  £xe 
Yannée,  & cuiFonrétrddiede^jéciours,  pamgés  en 
douze  mqis.  i*íercure  Trirmegifteajoutacinq  jcurs 
á Yannée  Égyptienne,  Se  la  fit  de  3éf.  Nous  lifons 
dans  Diodore  de  Sicüe , liv.-e  1.  dans  la  vie  de 
Numa  par  Plutarque,  Se  dans  Fiine,  livre  Vil. 


i88  A N N 

cha-p,  48.  que  ramee  Égyptienne  étoit  dans  Ies 
prsmiers  tems  fon  difícreate  de  celie  que  nous 
venons  de  décnre. 

Var.née  ÍLgypúenne  , appelée  aufl'i  Tannée  de 
Isaboaajfdr ^ ¿toit  ^ coaime  nous  Tavons  vu  j,  fo- 
laire , compoíee  de  36cjourSj  & divifée  en  douze 
mois  de  trente  jours^  auxqueis  font  ajoutés  cinq 
jours  intercalaires  a la  fin.  Les  nonas  de  ces  mois 
fcnt  Tkot , Paophi  ^ Áthyr  , Chojac , Tybi , íde- 
ckeir  , Phatmenoth,Pharmuthi,  Pachón,  Paunl, 
Epipki  ,M.efori  ¡ Se  de  plus  yjUífm  í^ctyo^.aaí,0\l  les 
cinq  jours  intercalaires.  La  connoilfance  de  Yannée 
Égypdenne  , dont  nous  venons  de-parler  > eít  né- 
ceífaire  á caufe  des  obfervations  de  Ftólomée  dans 
fon  Almageíle  ^ qui  font  dreíTées  fuivant  cette 
année. 

Les  anciens  Égyptiens  j fuivant  Diodore  de 
Sicile  j liv.  I.  Flutarqucj  dans  la  vie  de  Numa  j & 
Piine  , liv.  7.  c.  48.  mefuroient  les  années  par  le 
cours  de  la  lune.  Dans  le  commencement  une  lu- 
naifen  , c^eft-á-dire , un  mois  lunaire  faifoit  F an- 
née 5 enfuite  trois  , puis  quatre  ^ á la  maniere  des 
Arcadiens.  Déla  les  Éj,yptiens  allérent  á lix  ^ ainli 
que  les  peuples  de  FAcarnanie.  lis  vir.rent  enfin  á 
compofer  Yannée  de  360  jours  & de  douze  mois  j 
& Afeih,  32e  roi  des  ÉgyptienSj  ajouta  á la  fin  de 
Yannée  les  cinq  jours  intercalaires. 

Cette  briéveté  des  premieres  années  Egyptiennes 
explique  , fuivant  les  mémes  Auteurs la  raifon 
pour  laquelle  les  Egyptiens  faifoient  le  monde  fi 
anclen  ^ & pour  laquelle  on  trouve  dans  leur 
fciítoirc  5 des  rois  qui  ont  vécu  jufqu’á  rrdlle  & 
douze  cens  ans.  Hérodote  garde  un  profond  fílence 
fur  ce  point ; il  dit  feulement  que  les  années  Egyp- 
tiennes étoient  de  douze  mois.  Plutarque  ne  parle 
fur  cette  matiére  qu’avec  une  forte  dfincertitude  , 
te  il  tf  avance  le  fait  dont  ii  s'agit  que  fur  le  rap- 
port  d^’autrui.  Diodore  de  Sicile  le  rapporte  com- 
me  une  conjedture  de  quelques  auteurs,  dont  Une 
dit  pas  le  nom  , & qui  probablement  avoient  cru 
par-la  concilier  la  chronologie  Egyptienne  avec 
ceile  des  autres  nations. 

Qaoiqu  il  en  foit,  le  P.  Kircher  prctend  qu^outre 
■ Yannée  folaire , quelques  provinces  d’Égypte 
avoient  des  années  lunaires , & que  dans  les  tems 
les  plus  recules  , queiques-uns  des  peuples  de  ces 
provinces  prenoient  une  feule  révolurion  de  la 
lune  pour  une  année que  d'autres  trouvant  cet 
intervalle  trop  court,  faifoient  Yannée  de  deux 
mois,  d^autres  de  trois  , &c.  (B.dip.  Egypt.tom.il. 
T-  iíi- 

L’ année  Egyptienne  de  365  jours  étoit  une  année 
vague  ; comme  elle  différoit  d’environ  fix  heures 
de  Yannée  tropique , il  arrivoit,  en  négíigeant  cet 
intervalle  de  6 heures  , que  de  4 en  4 ans  , cette 
année  vague  anticipoit  d'an  jour  fur  la  période  fo- 
lasre  5 & que  par  conféqaent  en  quatre  fois 
jours,  c eít-á-dire , en  14Í0  ans  , fon  cornmence- 
snent  devoit  repondrá  lucceíEvemem  aux  diffé- 
xentes  íaifons  ce  Yunnée» 


A N N 

Lcrfqus  Ies  Égyptiens  furent  Tubjagués  p-.r  les 
Rcmains  , iis  redaren:  Ydunés  JuUer.ne , m.'tis  avec 
quelque  altération  ; car  iis  retinrent  kurs  anciens 
noms  de  mois  avec  les  cinq  jours  épagoniénts , 8c 
ils  placérent  le  jour  intercalé  tous  les  quatre  ans , 
entre  le  iS  & le  29  d'Aoút.  Le  commencement  de 
leur  année  répondit  au  2q  Aoút  de  Yannée  Julicnm. 
Ainfi  réformée,  Fízn.víí  Egypnenne  s’appela  annus 
ASiacus  , á caufe  quklle  avost  été  inífituée  aprés 
la  bataiile  db^éjium  , qui  rendit  Auguíte  maítre  de 
FEgypte. 

Annee  des  Grecs.  Jufqu  a Fépoque  ou  les 
Grecs  requrent  des  Afiatiques  Faílronomie  & le 
calcul  des  années , ils  mefurérent  le  tems  par  les 
faifons  des  femences  & des  récoltes.  Des  le  tems- 
d’Homére  iis  avoient  abandonné  cette  maniere 
vague  de  compter  les  années , pour  en  adopterune 
fixe  & précife.  On  voit  par  FOdyíTée  ( H 161 ) 
que  Yannée  des  Grecs  étoit  alors  lunaire.  Thalés 
de  iMüet  inventa  depuis  un  eyeie  pour  finre  accor- 
der  les  mouvemens  du  foleil  avec  ceux  de  la  lune. 
Ce  cycle  fo'rmoit  Yannée  de  douze  raois  compofés 
de  30  jours ; mais  á la  fin  de  chaqué  feconde  année' 
il  ajoutoit  un  treiziéme  mois  de  30  jours.  Cette 
fauíTe  maniere  de  fuppurer  faifoit  exceder  de  20 
jours  les  deux  années  lunaires  fur  les  deux  années 
folaires.  Scaiiger  a cru  en  confcqiience  que  le  cycle 
de  Th.!!és  nbvoit  fervi  qu’aux  Añronomes , & 
qu'aucun  peuple  ne  Favoit  adopte. 

Solon  fit  un  changement  plus  heureux  : il  com- 
pofa  les  mois  de  50  jours  & de  28  aiternativement. 
Tous  les  deux  ans-  i!  ajoutoit  un  treiziéme  mois 
. embolifmiquequi  étoit  de  22  & de  23  jours  aiter- 
nativement. Ce  fut  le  cycle  de  quatre  ans.  On  le 
porta  depuis  á hait  ans  pour  le  rendre  plus  exaét) 
& ce  fut  le  dernier  changement  que  les  Grecs  firent 
á leur  calendrier,  jufqu  á Méton. 

Voyant  qu'aprés  les  huir  ans  révolus  il  reíroit 
encore  quelques  heures  pour  égaler  les  r-évoladons 
du  foleil  & de  la  lune,  dont  on  Aavoit  pas  tena 
compre,  Méton  inventa  le  cycle  de  19  ans,  qin 
ramenoit  ces  deuxpl-inétes  au  méme  point  du  ciel. 
Ce  rappel  Aétoit  pas  encore  précis , il  s'en  man- 
quoic  de  fept  heures  On  voulut  racheter  cette  ié- 
gére  erreur  , Se  pour  cela  C alippus  compofa  un 
nouveau  cycle  de  qmtre  périodes  Métormiennes. 
Mais  Hipparque  renchéritYur  lui  , 8r  prir  égak- 
ment  quatre  cycles  de  Calippus  pour  former  le 
lien. 

Y! année  des  Grecs  refta  dans  Fétat  ou  Favoit  fixee 
Méton  , & les  cycles  de  Calippus  & d'Kipparque 
ne  furent  adoptes  que  par  les  Añronomes.  Cette 
année  commencoit  a la  premi-sre  pleine  lune  qnj  ■ 
fuivoit  le  folftice  d'été , comme  nous  Fapprená 
Fejiíis  Avienus  .* 

Sed  primeva  Jsletoyi  exordia  fumjlt  ah  atino , 

Torreret  rutilo  Phoehus  cum  Jtdere  Cancrum, 

Ce  commencement  d'année  a caufe  de  grandes 
erreurs  de  la  part  des  Hiíloiiens  anciens  j parce 


A N N 

eu'il  dm'irc  de  celai  desEgypdens  Se  de  ce'ui  des 
Eoir.ains.  Flu:arque  dit  roéme  , dans  la  vie  d^4rif- 
tidcj  que  maigré  la  connoiííaíice  des  mouvemens 
ccleiresj  fi  perfeclionnée  de  fon  rems^onignoroit 
le  vérirable  jour  ou  ]es  Perfes  avoient  ¿té  vaincus 
á Platée  , á caufe  des  différeris  commencemens  de 
niois  & á’a.-inée  qui  étoicnten  ufage  chez  piuíieurs 
peapies  de  !a  Gréce. 

Les  mois  á Athenes  , Se  dans  une  grande  patrie 
de  la  Gréce  propremenr  dite  j comi'neníjoienr  avec 
la  premiére  ^parence  de  la  nouvelie  lune.  A cha- 
qué 5-%  S , líS  Í4G  i6-'&  I7‘a«s£e’ducyc¡e 
de  19  ans  ^ on  ajoutoit  un  mois  embpüfmique  de 
30  ioarsj  afin  que  les  Eouveiles  & les  pleines  lunes 
revinirent  au  méme  terme  ou  faifon  de  la-viee. 
Voye:^^  MOIS. 

" AnnÉE  Macédonienne  ancienne,  (P)  étoitlunaire, 
& ne  difFcroir  de  la  Grecque  que  par  le  nom  & 
I'ordre  des  mois.  Le  premier  mois  Macédonien 
répondoit  au  mois  Msemadtérion  , ou  quatriéme 
mois  Attique.  Voici  i'ordre  , la  durée  & les  noms 
de  ces  mois  : A/s?,  30  jours  5 A.’-snhÁa.!i,; , 295 
A’oev^v.'.o;  y 30  ; Ut?s-z''hr  , 29;  A’'arfííj  3®’  Záv9-ix.aí , 
305  A e-£«íV¡af  j 30;  A«!cr¡i¡g  , 29  5 Ilúvu:iií  ^ lO  ¡ 

A¿i¡ , 29;  V M-zs'a’og , 30;  TTrepZipeTtdsg , 29. 

Annee  M.acédonien.ne  nouvelU  (P)  elt  folaire.  Le 
commencement  en  eíl  fixé  au  premier  Janvier  de 
Can-née  Julitnne  , avec  laquelle  elle  s’aecorde  par- 
faitement.  Lile  étoit  particuüerement  nommée 
l'année  Attique  ; & ie  mois  intermédiaire  d’aprés 
Pofideon. , ou  le  íixiéme  mois  ^ étoit  appeié 
■asTiteimv  , OU  dernier  Pofi¿€on. 

Les  Syro-Macédoniens  , á Pexemple  des  Macé- 
donienSj  avoient  donná  aux  mois  d'autres  noms 
que  les  Grecs  ; ainíi  le  praciquoient  les  SmyrnienSj 
Ies  TyrienSj  Ies  peuples  de  Chyprcj  de  Paphos  , 
les  Bithyniens  , &c. 

Annee  Syrienne  (P)  e!t  folaire.  Lile  commence 
avec  le  mois  d'odlobre  de  Yanuée  Julicnne  , dont 
elle  ne  différe  que  p.ir  le  nom  des  mois  5 la  durée 
ctant  la  méme.  Les  noms  de  ces  mois  font  : 
Tishrin  , répóndant  aa  mois  d'ocpobre,  & conte- 
Bant  31  jours  5 le  fecond  Tishíin^  conrenant , 
ainfi  que  no vembre  , 30  jours  ; Canun  31*;  le  fe- 
cond Canun  31;  Tkabar  28  ; Adar  3 I ; Nzfan  30  ; 
Acyar  3 1 -^Mariram  30 ; Tamuz  3 1 5 Ab  3 i ; Zlul  3 O. 

AnnÉE  Ja/w  ancieane  (P)  étoit  ¡unaire  ^ corn- 
poi'teordinairementde  12  mois,  alternarivementde 
30  & de  29  jours.  On  ia  faifoir  repondré  á Xminée 
folaire  , en  ajoutant  á la  fin  1 1 & quelquefcis  12 
jours  , ou  en  fhférant  un  mois  embolifmique. 
Voici  ¡es  noms  & la  durée  de  ces  mois:  'isifin  ou 
Abib  30  jours?  liar  ou  Zius  29;  Sihan  OU  Siivan 
30,-  Ihanu-^  ou  Tamu-r  29;  AP  30;  ELul  29? 
Tifri  OU  Ethanirr.  30  y hía.  ■chtfvc.m  ou  Sal  29  y 
Cijiezi  30  y TFiekcthe  29  y S-.b-it'  cu  Schebctk  30  y 
Adar  ^ dans  les  années  embolifmioues  , z^o-.  A-dar ^ 
dans  les  anríées  commanes,  étoit  de  20. 

Année  Juive  {P)  eft  pareillement  une 

eanéi  lunaixe  de  12  mois  daas  les  avmies  communes  j 


A N ^ 


& de  1 5 dans  les  arméis  err¡bclifn'¡icües  leñíuelles 
font  la  3=,  la  é',  8-,  ii*,  14A  17'  & 19-  du  cycle 
de  19  a.ns.  Le  co;nmencement  de  cette  annéi  eil 
fixé  á la  nouvelie  isne  d'aprés  Péquinoxe  d'au- 
tomne.  Les  noms  des  mois  & leur  durée  font: 
Tijri  de  30  jours;  Marckefvar^  IC)  r,  Cijleuz^O', 
Tebetk  29 ; Sckeheth  3 C ; Adar  29  ; IZ zadar , danS 
les  arméis  embolifmiques  , 30  ; Nifan  30,-  Acyar 
31  y Hariram  30;  Tamu-^  31,-  v4¿  31  y Elul  30. 

Annee  Ferjienne  (P)  eít  folaire.  Elle  eft  com- 
pofée  de  365  jours,  divifés  en  i2mois  de  30  jours 
chacun , avec  5 jours  intercaiaires  ajoutés  á la  fin. 
V oici  Ies  noms  des  mois  de  cette  année  : Atrudia- 
meck,  Ardihafchlmek  , Cardimek  , Tkirmek , Mer- 
dedmed  , Sckabarirmeh  , Aíekarmeh  , Abenmih , 
Adarmeh  , Dimek  , Behenmek , Afjirerniek.  Cette 
année  eft  appelce  année  Je:^degerdic¡ue  , pour  la  dif- 
tinguer  de  i année  folaire  fixe  , ¿Année  Gé~ 

laléenne  , OU  Mialaléenne  , que  les  Perfans  fuivenc 
depuis  1‘ année  1089.  Golius,  dans  fes  notes  fur 
Alfergan,  eft  entré  dans  un  grand  détaii  furia 
forme  ancienne  & nouvelie  de  X année  Períienne  , 
Laquelle  a été  fuivie  de  la  píupart  des  aureurs 
Orientaux.  II  nous  apprend  particuliéremeiit  que 
fous  le  Sultán  Gelaluddaiilé  Melicxa,  vers  le  miliea 
du  onziéme  íiécle  , on  entreprit  de  corriger  ia  lon- 
gueur  de  X année,  & d'étabür  une  nouvelie  époque. 
II  fut  done  régle  que  de  quatre  en  quatre  ans  on. 
ajouteroit  un  jour  á X année  commune , laquelle 
feroit  par  conféquent  de  366  jours.  Mais  parce 
qu'on  avoit  reconnu  que  V année  folaire  n’étoit  pas 
exactement  de  363  jours  6 heures  , il  fut 
ordonné  qu  alternatirement  ( aprés  7 ou  8 in- 
tercaiations  ) , on  intercaleroit  la  cinquiéme  ,■& 
non  pas  la  quatriéme  année.  II  paroít  que  Ies 
Perfes  connoiífoient  déjá  fort  exadtemenr  la  gran- 
deur  de  X année  , puifque  , felón  cette  forme  , 
X année  perfienr.e  feroit  de  363  jours  3 heures 
49  minutes  3 1 fecondes  , ce  qui  différe  á peine 
de  X année  Grégorienne  , que  les  f.uropéens  ou 
Occidentaux  n'ont  rédigée  que  plus  de  300  ans 
aprés  les  Afiatiques  ou  Orientaux. 

Depuis  le  régne  de  Jezdergide , le  dernier 
des  rois  de  Perfe  , lequel  fut  tué  par  Ies  Sar- 
rafins  , X année  -perfienne  étoit  de  363  jours,  fans 
qu'on  s'cc^upát  d'y  admettre  aucune  inrercala- 
tion.  Ces  années  datent  de  fon  avér.ement  au 
troné  de  Perfe  le  26  Juin  Ó32  de  J.  C.  11  pa- 
roít que  plus  anciennement  , aprés  120  années 
écoulées  , le  premier  jour  de  Tan  , cui  avoit 
retrogradé  trés-fenfiblemenr,  étoit  remis  au  méme 
Ireu  qif  auparavant,  en  ajoutant  un  mois  de  plus 
á Pannée  , qui  devenoit  pour  lors  de  13  mois. 
Alais  X année  dont  tous  les  auteurs  qui  ont  écrit 
en  arabe  ou  en  perfan  , ont  fsir  uftfe  dans  ieurs 
rabies  aftronomiques , eft  íemblable^  aux  années 
égypti'ennes  , lefouelles  font  toares  égales,  étant 
de  363  jours  fans  interca’ation.  Cette  année  ceífa 
d'étre  empioyée  en  J089  , iors  de  la  réforir.e  de 
XuiViée  Gelaleene, 


1^0  A N N 

Au  reíle  , Yannée  jeidergiqne  eñ:  la  méme  chofe 
que  Yantiée  de  N^bonajfar.  Quant  á YannJe  Gé- 
LjJsnne  ^ c'eñ  peut-étre  la  plus  parfai  e & la 
plus  comiTíode  gc  toutes  les  ativiecs  civiles  > car 
on  y trouve  par  le  calcul  oue  les  folílices  & les 
écuinoxes  réponáent  conilamment  aux  niemes 
jours  de  cette  dxiée-,  qiii  s’cccorde  en  tout  point 
avee  les  mouvemeiis  folaires.  C'eft  un  avantage 
Qu^elle  a méme  ^ felón  piuiieurs  chronologiíles  ^ 
fur  Vannée  Grégorienne  ; parce  que  ce!le-ci  n’a 
pas  j felón  eux  j une  intercaiation  auífi  coramode. 

Annee  Arabe  ou  Turque  (!’)  eft  lanaire.  Certe 
alinée  eft  compofée  de  12  mois  , qui  font  al- 
ternativement  de  |o  & de  29  jours;  quelquefois 
auüi  elle  contient  1 3 mois.  Voici  les  noms  & la 
darée  de  ces  mois  : Maharram  de  50  jours;  5a- 
^kar  29  ; Habla  30  ; fecond  Rabia  29  ; Jornada 
3c;  /econd  Jomada  29;  Rajab  30  ; Shaaban  29; 
Samadan  30  yShavaal  29  ; Dalkaadah  30  ; Dulkeg- 
gia  29  , & de  30  dans  lesannées  embolifi-niques. 
On  ajoute  un  jourintercalaire  a chaqué  i", 

T l8'*j  2I^j  2p— ^ 25  j 29  y ajtitce 
d'uii  cycle  de  29  ans- 

.4í^nee  éíhiopique  (F)  eíí:  folaire.  Elle  s’accorde 
parfaitement  avec  VaBiaque , excepté  dans  les 
noms  des  mois.  Voye^  AKnÉe  des  Egypdens. 
Son  commencement  repond.  á celui  de  Yannée 
égyptienne  y c'eíl-a-dire  j au  295.  d’Avril  Yannée 
julienne.  Les  mois  de  cette  annee  font  Mafcaramy 
Tykymply  Hydar  , Tyskas  , Tyr  , Jacatil , Maga- 
bit  y i Jijar  la  y Girzbal , Syne  , Kamle  , Uakafe  y 
& il  y a de  plus  cinq  jours  intercalaires. 

Annee  (F)  des  Albains  étoit  lunaire.  Les  habi- 
bitáns  d’Albe  ayoient  reglé  les  m.ois  de  leur 
année  fur  le  cours  de  la  lune  ; & ils  confer- 
vérent  encore  long-tems  ^ aprés  avoir  admis  une 
année  fixe , ! 'influence  de  la  lune  fur  leur  cal  - 
cul ; car  ils  réglérent  les  nones  fur  les  phafes 
de  cette  plañere.  De  cette  maniere  ^ Finégalité 
de  leurs  mois  étoit  prodigieufe ; Mars  avoit  5Ó 
jours,  Mai  22,  Aoát  18,  Septembre  16.  Scalig. 
de  Emend.  íernp.  I.  p.  10. 

Année  romaine  de  Romzilus.  Le  fondateur 
de  Rome  compofa  d'abord  Yannée  qui  étoit  lu- 
naire, de  díx  mois  feulement.  Ovide  nous  Fap- 
prend  dans  fes  Fañes  , i-.  27:  • 

Témpora  dirigeret  ciim  coiiditor  urbis  , in  armo 
Conftitait  menfes  quinqué  bis  ejfe  fuo. 

Et  3.  21. 

Armus  erat  decimum  ciim  luna  repleverat  orhem. 
Hic  noftris  magno  tune  in  konore  fuit. 

Sea  quia  tot  digiti  , per  quos  numerare  folemus  : 
Seu  auia  bis  guiño  femhia  inenfe  parit. 

Voici  les  noms  & ladurée  de  ces  mois.  Mars, 
le  premier  de  tous  , conterioit3i  jours;  Avril  30; 
Mai  51  ; Juin  30  ; Quintilis  ou  Jufüet  31 ; Sextilis 
ou  .Aoát  30;  Septembre  30;  Oéiobre  ;i  ; No- 
vembre  30;  Décembre  30  : le  tout  faifant  504 


A N N 

jours;  ainfi  cette  année  fe  trouvoit  moindre  de 
50  jours  que  Yannée  lunaire  réelle  , & de  61  que 
Yannée  folaire. 

De-íá  il  réfultoit  que  le  commencement  de- 
Yannée  de  Romulus  étoit  vague  , & ne  répon- 
doit  á aucune  faifon  fixe.  Ce  prfnce  fentant 
Finconvénient  d'une  pareille  variation  , voulut 
qu'on  ajoutát  á chaqué  année  le  nombre  de  jours 
néceíTaires  pour  que  le  premier  mois  répondit 
toujours  au  méme  état  du  ciel  ;_mais  ces  jours 
ne  furent  point  parrases  en  mois. 

Année  romaine  de  Numa  Pompilius.  Mama 
corrigea  la  forme  irréguliére  de  1 année  de  Ro- 
muíus  , & fit  deux  nouveaux  mois  des  jours  fur- 
numéraires  ajoutés  par  le  légifiateuti  Le  premier 
fut  le  mois  de  Janvier,  le  fecond  celui  de  Fé- 
vrier.  Voici  les  noms  Se  la  durée  des  douze  mois* 
dont  fut  compofée  Yannée  de  Numa  : Janvier  29 
jours  Février  28  ; Mars  31  ; Avnl  29  ; Mai  31; 
Juin  29  ; Juillet  3 1 ; Aoút  29  ; Septembre  29 , 
Odobre  3 1 ; Novembre  29  ; Décembre  29.  Le 
tout  faifant  335' jours.  Ainfi  cette  année  furpaf- 
foit  Y année  civile  lunaire  d'un  jour , & V année 
afironomique  lunaire  de  1 5 heures  1 1 minutes 
24  fecondes  ; mais  elle  étoit  plus  courte  que 
Yannée  folaire  de  II  jouts  ; enforte  que  fon 
commencement  étoit  encare  vague  par  rapport 
á la  fituation  du  foleil. 

Numa  voulant  que  le  folíb'ce  d’hiver  répondit 
au  méme  jour  , fit  intercaler  22  jours  au  mois 
de  Février  de  chaqué  feconde  année  y 23  á chaqué 
quatriéme,  22  a chaqué  fixiéme.  Se  23  achaque 
huitiéme.  Mais  cette  régle  n'‘opéroit  point  en- 
core la  compenfation  néceíTaire;  car  Yannée  de 
Numa  furpaífant  . d'un  jour  Yannée  des  Grecs  de 
3 34  jours  , Ferreur  devint  fenfibie  au  bout  d’un 
cercain  tems ; ce  qui  obligea  d’ayoir  recours  a 
une  nouvelie  maniere  d’inrercaler.  Au  lien  d'a- 
jouter  23  jours  a chaqué  huitiéme  année , on 
n'en  ajouta  que  13  , on  chargea  les  granas 
pontifes  de  veiller  au  foin  du  calendrier.  Mais 
les  grands  pontifes  s’acquitrerent  fi  mal  de  ce 
devoir , qiFiIs  laifsérent  tout  retomber  dans  la 
plus  grande  confufion. 

Année  Julienne.  La  négligence  des  pontifes 
ayant  réduic  Yannée  de  Numa  á n’^voir  plus 
aucun  de  fes  anciens  rapporrs  avec  les  faifons , 
Jules-Céfar  entreprit  de  réformer  le  calendnet'.' 
Ce  grand  homme  fit  venir  d'Egypte  Soíigenes, 
fameux  mathémaricien,  tant  pour  fixer  la  lon- 
gueur  de  Fannée,  que  pour  en  Vétabíir  le  com- 
mencement , qui  avoit  été  derangé  de  67  jours. 

Afin  de  le  remettre  au  folítice  d’hiver , S0JJ7 
genes  fut  obligó  de  prolonger  la  premiére  annee 
de  trois  mois  , c’eft-a-dire  , jufqrFá  i 3 u’ois  ou 
44f  jours.  Cette  année  fut  a.ppel¡és  en  coniéquence 
FAa^.víz  oí  con'fví  : o-V  , a.nius  confufionis-^ 

L'année  Julienne  eít  folaire.  Elle  contiene 
orciínairLment  363  jours,  aiixquels  on  en  aioute 
un  toas  Jes  quatre  ans,  c’eft  - á - dire , dans  les 


A N N 

artnhs  biíiexnles  au  tnois  de  fcvríer ^ en  nc-n’mar’t 
le  jenviemain  du  jour  appelé  Sexto  calendas 
ma'Cias , oijfexto  calendas  martias.  Les  mois  de 
Xuiinte  Jalzenne  étoient  difpofcs  ainli  : Janvier 
51  joursí  Février  28  5 Ivlars  31;  Avril  30;  Mai 
3:  5 Juin  30  ; Jnilier  31;  Aoat  31  ; Septembre 
30  j Oótobre  315  Novembre  3-0  j Décembre  31 ; 
mais  dans  les  aanées  híífextiics  le  mois  de  íé- 
vner  avoit  , comme  á préfentj  29  joiirs.  Sui- 
vant  cet  établiíleraent , ía  grandeur  allronomique 
de  Yannée  julienne  étoit  de  363  jours  8 heures  ; 
& elle  furpaíTok  par  conféquent  la  vrrde  année 
folaire  d'environ  ii  minutes  ^ ce  qui  en  131  ans 
{jroduifoit  un  jour  d’erreur.  Malgré  cela, 
établie-  par  Jules- Celar  a eré  fuivie  par  toiircs 
les  nations  chrétiennes  , jufqidau  miiieu  du  fei- 
ziéme  liécle  , & plus  long-tems  encore  par  íes 
états  protellans. 

Annee  Grégorienne.  Le  pape  Grégoire  XIII 
TÍt  que  Terreur  de  11  minutes  qui  fe  trouvoit 
dans  V année  julienne  , ayant  été  répétée  juf  qu’en 
lySa  , avoit  déplacé  , réquinoxe  du  printems  fixé 
par  le  Concüe  de  Nicée  au  21  de  Mars  , Se  faifoit 
entrer  le  foleil  dans  l’équateur  des  le  1 1 de  Mars. 
Pour  remédier  á cetinconvénientjqai  pouvoit  aller 
encoré  plus  loin  , il  appela  á Rome  les  plus 
hábiles  aftronomes  de  fon  tems.  Se  concerta 
avec  eux  la  correction  qu'il  falloit  faire  , añn 
que  réquinoxe  tombát  au  méme  jour  que  dans 
le  tems  du  concile  de  ísicée.  Pour  y réuPfir,  on 
retrancha  les  dix  jours  d’erreur  de  X année  1382  ; 
Se  aulieu  du  3 Oáobre  de  cette  année  , on  com- 
pra tout  de  fuite  le  13.  On  regla  enfuite  que 
Ies  derniéres  années  de  trois  ñecles  confécutifs 
íer  •ient  communes , Se  la  derniére  du  qua- 
trieme  ñecle  Teulement  feroit  bilíexdle , Se  cela 
alternativement  á perpétuité. 

Quelque  approchée  de  i’exadtituae  que  paroiiTe 
X année  Grégorienne  , elle  rfeít  pas  encore  parfaite; 
car  dans  quatre  fíceles  XanrJe  julienne  avance 
de  trois  jours  , une  heure  Se  22  minutes.  Comme 
dans  le  calendríer  grégorien  on  ne  tient  compre 
que  des  trois  jours  , Se  qkcn  négiige  la  fraííiion 
d’une  heure  Se  22  minutes  , cette  e-rreur  au  boiit 
de  7200  ans  , produira  un  jour  de  mécompte. 

Année  DE  Contusión.  V.  Annee  Julienne. 

Annee  de  la  fondation- de  Rome.  Quoi- 
que  les  Romains  comptaíTent  les  années  de  ¡eur 
répubüque  par  les  confaiats  , Se  ceiles  des  em- 
pereurs  par  Ies  dates  de  leur  puiiCance  tribu- 
nicienne,  on  trouve  cependant  des  exemples  de 
fuppuration  par  les  années  de  la  fondation  de 
Rome.  GnliCoit  (Boxhorn.  Quxft.  Rom.  iS.jd'infí 
iTiption  antique  fuivante: 

Frasenti.^ 

MATRIS.  DeuM 
P.  SePTIMIUS.  FELIX 
OB  CORONAM 
MILXESxMI 
VRBIS  ANNI. 


A N N 19’ 

Par  corona  rr.iíicjlmi  whis  anni  , en  entendoií 
fans  doute  une  ptrioce  de  mille  ans  révolus  de- 
puis  la  fondation  de  Rome. 

On  lit  fur  une  médaiiie  d’or  d’FIadrien,  Ann, 
DCCC  LXXIIII  NAT.  URB.  Anno  S74  nata  urhis. 

Mais  á cuelle  année  avant  J.  C.  répond  Xan- 
née  de  la  fondation  de  Rome  ? C^eñ  un  point 
de  Chronologie  fur  lequel  les  hiíloriens  latins 
eux-mémes  ont  beaiicoup  v'arié.  Ennius  la  met- 
toit  879  ans  avant  norte  ere  vulgaire  , 8e 
Timée  de  Sicile  a 1 an  814.  Yarron  , dont  le 
fentiment  a été  adopté  des  meilleurs  ehrono- 
logiíles,  la  place  Tan  734  ; & fa  fuppuration  ne 
recule  que  de  deux  ans  celle  de-  Lenys  d'Ha- 
licarnaflé.  Se  d'un  an  celle  des  marbres  du  CA- 
PITOIE.  Foyej  ce  mot.  Poh'be  croyoit  avoir  des 
raifons  pour  rapprocher  cette  époque  á Pan  731 5 
le  poete  Aufone  á Pan  7365  & Pancien  hilfo- 
rien  Cincius  jufq-Yá  Pan  729.  Le  calcu!  de  Yarron> 
que  toute  la  répubüque  des  lettres  fembie  aveir 
adopté,  ne  porte  q-ae  fur  un  horofeope  de  Ro- 
m.ulus  ; c’eft  pourq^uoi  nous  croyons  qu'il  eíi 
plus  fage  de  fuivre  Tere  des  Fafies  da  capitole  , 
monument  national  Se  invariable. 

AxNNEE  SACRÉE.  V.  SACRÉE. 

Année  seculaire.  V.  seculaires  {jeax). 

Annees  de  JÉSüS-Ciirist.  (Art  de  vérifer 
les  dates ). 

Quand  on.  a comsncncé  d s’en  fervir  en  Occidente 
& combien  cet  ufage  a varié. 

L'ére  de  .Térus-Chriíl  ou  de  Pincarnatior; , eíl 
proprement  Fe  re  des  Latins.  Les  Giecs  Se  les 
Orientaux  rPen  ont  prefque  point  fait  ufave  dans 
leurs  aéfes'publics  (i).  lís  avoicnt,  fir  ont  tr.core 
aujourd’hui  pour  leurs  dates  authentiques , d'autres 
épocues  dont  nous  donnerons  ci-apres  le  detaíL 
C'eit  done  par  rapport  á POccident,  Se  fpéciale- 
ment  par  rapport  á la  France  , que  nous  alions 
traiter  des  années  de  .Téfus-Ghrift. 

iSous  n'examinei;ons  point  ici  quelle  efr  !a  véri- 
table  année  de  la  naiiTance  du  Sauveur.  Les  plus 
hábiles  chronologiífes  prétendent  que  nous  la 
plaqons  quatre  ans  plus  tard  qu’elle  n’eft  arrivée; 
un  d’entr'eux  foutient  méme , avec  alTez  de  vrai- 
femblance,  qu’on  doit  Pavancer  de  cinq  ans;  Se 
d'ailleurs  , no-us  ne  donnons  point  une  table  ebro- 
nologique  pour  reótíñer  les  idees  des  auteurs , 
mais  pour  apprendre  á compter  comme  eux,  afín 
de  les  enrendre  , lorfque  nous  lifons  le-ars  écri:s. 
Or , les  anciens,  du  moins  po’ur  la  pliipart , comp- 
toient  les  années  de  Jefus-Cbriíí  de  méme  que 

(i)  Nous  difons  dans  leurs  acias  yubücs  ; dans  !ears 
actas  prives  ils  ont  fouven:  ernpicyé  l'ére  de  rinaainarion , 
en  iajoignant  teurefois,  pour  l’ordi-uaire,  d d’aur-cs  épocues 
qui  leur  éioient  particuli-res.  Les  Orees  l’or.r  peir-écre  cenn  ¡e 
avant  Ies  Latins,  mais  Ies  autres  pcuplcs  d’Orient  en  ont  fair 
ufage  baaucoup  plus  tara  que  ces  derniers.  M.  AiDmarii  pré- 
ten3  í Búl.  Orie'u.  t t j P-  aSj ; que  les  Syricns  n’ont  coza- 
mcncé  d s’es  iervir  cu’aprés  le  ¿ixiensc  ñecle. 


ííjt  A N N 

íious  Ies  comptons , felón  notre  ere  yulgaíre  > 
qui  nolis  faií  compter  cetre  année  Jy86 , au  heu 
que  nous  derrions  comprer  1790  . íl  nous  fui- 
vions  le  fentiment  des  chronologiíles  done  nous 
avons  parlé. 

L^uíage  de  compter  les  annéts  par  celles  de 
Jéfus  - Chriíí  j n’a  été  introduit  en  Italie  qu°au 
lixiéme  íiécle  j par  Denis-le-Petit j & qu'r.d  íeptiéme 
en  France  (i}j  oú  il  ne  s'ell  meme  bien  établi 
que  vers  le  huitiéme , fous  íes  rois  Fepin  & Char- 
lemagne.  Kous  avons  trois  conciks , celui  de 
Germanie  , aíTemble  Tan  741 ; celui  de  Liptines 
cu  i eftines,  tenu  en  743  j & celui  de  Soiffons, 
celebré  Tan  744 , qui  font  dates  des  annéts  de 
Fincarnation.  Depuis  ce  teiTiS-laj,  & fur-tout 
tiepiiis  Cbarlemagne,  nos  hiftoriens  ont  coHtume 
de  dater  les  faits  qu’üs  rapportent  j par  les  annéts 
de  Jéíus-Chrift  j mais  ils  ne  s'accordent  pas  tous 
dans  le  commencement  de  Yannée. 

JDívers  commencemtns  de  V annte  che:^  les  íatins. 

Nous  trouvons  huir  manieres  diflférentes  de 
commencer  Yannée  phez  les  Latins.  Les  uns  la 
commenfoient  avec  le  mois  de  Mars^  comme  les 
premiers  Romains  ^ fous  Romulusj  les  autres  avec 
le  mois  de  janvier,  comme  nous  la  commenpons 
aujourd'hui;,  & comme  les  Romains  Font  com- 
. irtencée  depuis  Numa.  Plufieurs  la  commen^oient 
fept  iours  plus  tót  que  nous  ¡ 8c  donnoient  pour  le 
premier  de  Yannée  le  25  décetnbre,  qui  eft  celui 
de  la  naiffarce  du  Sauveur.  D'autres  remontoient 
jufqu ’au  Zf  mars^  jour  de  fa  conception  ou  de  fon 
incarnation  dans  le  fein  de  la  Vierge , communé- 
ment  apode  le  jour  de  Fanncnciation.  En  remon- 
tant  ainn  j ils  commencoient  Yannée  neuf  mois  & 
fept  jours  avant  nous. 

íl  y en  avoit  dkutres  qui , prenant  aulíl  le 
25  m.ars  pour  le  premier  de  Yannée  , diííéroient 
dans  leur  maniere  de  compter,  d’un  an  plein,  de 
ceux  dont  nous  venons  de  parler-  Ceux-lá  devan- 
joient  le  commencement  de  Yannée  de  neuf  mois 
&fept]ourSj  &comptoient,  pairexemple, Fan  icoo 
des  le  2j  mars  de  notre  année  999  ceux-ci,  au 
contraire,  la  retardoient  de  trois  mois  moins  fept 
iours , 8c  comptoient  encore  jufqdau  24  mars 
íncluílvement  Fan  999,  lorfque  nous  comptons 
Fan  1000,  felón  notre  maniere  de  commencer 
Yannée  avec  le  mois  de  janvier ; parce  qudls  ne 
la  commencoient  qu’au  ap  mars  íuivant.  D’autres 
commencoient  Yannée  á Paques,  & en  avanqoient 
ou  reculoient  le  premier  jour,  felón  que  celui  de 

(í)  Cette  maniere  de  dacer  Te  renconrre  dans  Grégoire  de 
Tours,  qui  confond,  á la  véritc  , Tere  de  rincarnacion  avec 
ceíle  de  la  paiTioiii  on  la  voic  auííi  nianifc.ílement  expriinée  ' 
dans  quelqnes  charcas  privees  du  fepcieme  íiecle , & ríen  n’em- 
péche  de  croire  elle  s’incroduiíic  parmi  nous  prefqu’en  | 
ciéme- tenis  qu’en  Angleterre  , oii  elle  fur  apporcée  par 
S.  Augufun,  apótre  de  cecee  iíle.  Cependant  il  faiit  convenir 
que  l’ufage  de  dacer  par  les  années  de  Pincarnation , ne  devine 
ordinaire  dans  Ies  diplomes  royaux  que  depuis  le  regne  de 
Kugues-Capec. 


A'N  N 

Paques  tomboit : ceux-cí,  comme  Ies  précéd«ns 
commenqoisnt  aiiíTi  Yannée  environ  trois  mc-is 
aprés  nous,  tantót  un  peu  plus,  tantót  urfúeu 
mojns,  felón  que  fiques  arrivoit  en  mars  oP en 
avril.  11  y en  a enfin , mais  en  petit  nombre,  qui  pa. 
roiíTent  avoircommencé  Yannée  un  an  entier  avant 
nouSj^en  datant,  par  exemple,  des  le  mois  de  jan. 
vier,  Yan  onie  cent  trois , lorfque  nous  ne  comptons 
que  Fan  onze  cent  deux.  Vojlá  les  diíFérens  com- 
mencemens  de  Yannée  de  Fincarnation  que  nous 
avons  remarques  dans  les  anciens  : il  Vaut  e^n 
rapporter  les  preuves,  au  moins  en  abrégé. 

Ñous  ne  nous  étendrons  point  pour  prouver 
que  Grégoire  de  Tours  & d'autres  écrivains  des 
lixiéme^Sc  feptiéme  fiécles,  ont  quelquefois  com. 
meneé  Yannée  avec  le  mois  de  mars.  Le  P.  Mabilloa 
Fa  démontré  dans  fa  Díplomatlque , l.  11,  c.  23, 
n.  4.  Nous  trouvons  encore  le  mém.e  ufage  au 
huitiéme  fiécle  , daas  un  ftatut  du  conciie  de 
Vern , tenu  en  France  Fan  75  y , par  lequel  il  eft 
ordonné,  utbis  in  anuo  fynodusfiat  : prima  fynodus 
menfe  primo , quod  eft  kalendis  martiis.  Voilá  le 
mc>is  de  mars,  8c  méme  les  calendes  ou  le  premier 
jour  de  ce  mois,  bien  clairement  marqués  pour  le 
premier  de  Yannée  (i).  11  eít  aíTez  indiírérent  á 
notre  fujet,  d'examiner  de  queile  forte  Yannée 
parle  ce  conciie  , lí  c“eft  de  Yannée  folaire  ou  de 
Yannée  lunaire.  Nous  favons  qukn  a fouvent  dif. 
tingué  ces  deux  fortes  ¿Yannées , & cukn  leur  a 
auffi  fouvent  donné  différens  commencemens. 
Cette  diíHnCtion  , tres-bien  fondée , peut  fervir  a 
lever  plufieurs  diílicultés;  mais  pour  le  préfent, 
elle  nous  importe  peu.  Nous  ne  cherchons  qu’a 
prouver  un  commencement  de  Y année  avec  le  mois 
de  mars,  qui  puiíTe  fervir  a vérifier  certaines  dates. 
Pour  faire  cette  vérification , i!  r/efl:  pas  néceffaire 
de  favoir  que  la  date  qui  fait  la  difliculté  foit  la 
date  á\me-  année , fuivant  le  cours  du  íc-Ieil,  ou 
la  date  'd'une  année , fuivant  la  date  de  ’a  lune : 
il  fuffit  que  ce  foit  une  date  qui  a pu  erre  em- 
ployée , & qui  fe  trouve  vraie  , felón  í'un  ou 
Fautre  cours , que  les  anciens  fuivoient , peut-étre 
aflez  indifféremment,  comme  on  le  voit  par  Gre- 
goire^  de  Tours , qui , quelquefois  , commence 
1 année  avec  le  mois  de  mars , & quelquefois  avec 
le  mois  de  janvier.  En  commencant  Yannée  avec 
le  mois  de  mars,.  il  appelle  le  rñois  de  juillet  je 
cinquieme  mois,  menCem  qáintum  , au  üvre  IV 
miracles  de  S.  Martin  , c.  4.  En  la  commenyant 

íl ')  Cet  ufage  des  Frsn^ois  de  commencer  Vanriée  au  premier 
mars,  ciroír  fon  origine  d'Ailemae.nc.  On  voic  en  cíFec  dans 
les  loix  allcmandes,‘'que  rr.-í  kaUÜda:  martix  font  emf'ojyeS 
pour  marquen  trois  annies  Ne  in  mallo  pahl-.co , eil-'s  vit, 
rir,  17  , feiS:.  ^ de  ces  loix,  xranfaciis  tribus  kaienéís  rrúyais 
P'fi  kac  analla  mareas  in  perpetuum.  Le  décrec  de  'Iha'n.nn, 
duede  Eavierc,  .'.ii  huitieme  fieclc,  dic  !a  méme  chofe,  cL.  n, 
fe£t.  ji.  Cependanc  on  voic,  par  une  leerre  du  pape  Zacharie 
a S.  Bcniface  , archeveque  cic  M.avence  , que  cians  ce  meme 
íiecle  & di!  vivaiir  de  ce  mtme  Lhaffillon,  V année  coniir.en- 
Soit  au  premier  janvier  en  Aliemagne  : Vbi,  dic-il,  gernera 
kalcrdas  januar'  as  ée  h'  umam  ritii  pagancTLLTn  coltre^bs 
novi  jacere  propter  novitm  annum  prokihentur.  ' . 

avfec 


A N N 

*vec  Is  mois  de  janvier,  ii  danne  le  notn  de 
cinGuiéme  mois  au  mois  de  maij  dans  le  chap. 
du  méme  iivre. 

Nous  ne  trouvons  qu’un  feul  exemple  d’un 
commencament  aannét  íixé  au  iS  mars. . Ceít 
dans  la  lettre  du  ciargé  de  Liége  au  clergé  de 
Tréves , fur  la  difrérerxe  des  quatre-tems  , de 
differentid  quatuor-temporum , publiée  par  dom 
Martenne , pag.  29  j du  premier  tome  de  fes  Anee- 
dotes.  Elle  fut  écrite  au  commencement  du  dou- 
ziéme  íiécíe ; & Sigebert  de  Gemblours,  qui  en 
eíl  auteur.j  y attefte  que  ce  fiécle  avoit  commencé 
au  18  mars  ; Menfe  martio , dit-iL  fecundiim  pofi- 
tionem  genúLium  mediato  primus  dies  fsculi  pref,- 
gitur  in  xriii  ejufdem  menjis , qui  efi  xv  kal.  aptrilis. 
Sigebert  parle  fans  doute  ici  du  commencement 
de  Yannée  aílronomique , qui  s'ouvre  avec  le  prin- 
tems  , & non  de  Yannée  civile  des  pays  de  Liege 
& de  Tréves;  car  on  ne  voit  point  d’aéie  de  ces 
contréeSj  qui  fuppoíe  Yannée  commencée  au  18 
mars. 

A régard  du  commencement  de  Yannée , fixé 
au  z p décembre  ou  au  25  mars  ^ ríen  n’eft  plus 
ciair  que  ce  que  nous  lifons  dans  les  fiatuts  des 
églifes  de  CahorSj  de  Rodez  & de  Tulle,  drefles 
en  1289  , & imprimés  au  quatriéme  tome  des 
Anecdotes  de  dom  Martenne  & de  D.  Durand. 
On  y voit  cette  remarque,  n.  29,  col.  764  : Nota 
quod  numeras  lunaris  ( c^eft  le  nombre  d^’or)  & 
Huera  dominicalis  mutantur  ann.uatim  in  fejio  Cir- 
cumeijionis , anm  vero  inearnationis  Domini  mu- 
tantur in  térra  ifia  in  fefio  Annuntiationis  beats, 
NLarit , & in  quibufdam  regionibus  in  fefio  nativi- 
tatis  Domini.  V oilá  deux  com.meneemens  de  Yannée 
de  rincarnation  bien  marqués,  le  jour  de  Noel, 
ou  le  2y  décembre  dans  cerraines  provinces  de 
France , & le  jour  de  TAnnonciation  ou  le  25 
mars  en  d'autres.  Mais  ce  jour  de  rAnnonciation 
précéde-t-il  de  neuf  mois  & fept  jours , ou  fuit-il 
de  trois  mois  moins  fept  jours  notre  commence- 
ment de  Yannée  avec  le  mois  de  janvier?  C'eíl;  ce 
cjui  eft  encore  decide  au  méme  nombre , par  les 
paroles  fuivantes  : Ita  quod  in  fefio  circumeifionis 
Domini  , ubi  mutatur  numeras  lunaris , incipias 
qaoad  hóc  computare  numeram  annorum  Domini , 
qui  eritin  fefio  Annuntiationis  proxirne  tune  fequenti, 
Ces  paroles  ne  font  point  equivoques ; elles  dé- 
montrent  clairemeut  que  le  jour  de  TAnnoncia- 
tion  , regardé  comme  le  prenaier  de  Yannée  de 
N.  S.  J.  C.  dans  les  provinces  de  Querci , de 
Rouergue  & du  Bas-Limoulin  en  1289  , étoit  le 
25  de  mars  , qui  fuit  le  mois  de  janvier,  avec 
lequel  nous  commencons  Yannée  aujourd’hui , & 
qu’ainfi  dans  ces  provinces , on  la  commen^oit 
trois  mois  moins  fept  jours  aprés  nous. 

Il  faut  maintenant  prouver  que  le  jour  de  RAn- 
nonciation , qui  precede  de  neuf  mois  celui  de  la 
naiíTance  du  Sauveur,  & de  neuf  mois  fept  jours 
le  commencement  de  notre  année  julienne  avec  le 
mois  de  janvier,^  été  aufS  regardé  comme  le 
Ántiquités  , Tome  1% 


A N N 153 

premier  de  Yannée  de  Rincarnation.  La  chofe  efi: 
certaine , par  rapport  á Rltalie.  Toiis  ¡es  favans 
conviennent  que  Denis-le-Petit  y avoit  établi  cet 
ufage,  en  introduifant  la  maniere  de  compter  par 
Ies  années  de  Notre  Seigneur.  On  fait  que  les 
Pifans  ont  fuivi  jufqu’en  1745-,  le  méme  ufage 
dans  leurs  dates , fondés  originairement  fur  ce 
motif,  qu'il  efi  plus  naturel  de  mettre  le  jour  de 
la  conception  du  Sauveur  avant  celui  de  fa  naif- 
fance  , que  de  placer  celui  de  fa  naiíTance  avant 
celui  de  fa  conception,  comme  faifoient  ceuxqui 
commen^oient  Yannée  au  jour  de  Noel.  Dans  la 
chronologie  des  papes , on  doit  obferver  foigneu- 
fement  ceux  d'entre  ces  pontifes  qui  ont  employé 
dans  leurs  bulles  cette  maniere  de  dater,  nommée 
aujourd'hui  le  calcul  Pifan.  11  ne  s’agit  done  plus 
que  de  montrer  cet  ufage  établi  en  France;  car 
pour  REfpagne,  R.lngleterre  & RAllemagne,  il 
efi  conftant  qu’eíles  ne  Pont  jamais  connu.  Quelque 
probable  au  refie  quil  foit,  que  dTtalie  il  ait  paíTé; 
chez  nous , comme  tant  d’autres  femblables  qui 
nous  font  venus  de  Rome,  nous  necroyons  point 
ici  pouvoir  nous  contenter  de  probabilités ; nous 
demandons  des  preuves  qui  foient  propres  á la 
France  , & tirées  de  nos  anciens  monumens.  En 
voici  pluíieurs  que  nos  rois  mémes  nous  four- 
niíí'ent. 

Dans  le  Cartulaire  de  S.  Maur-des-FoíTés,  il  j 
a une  charte  du  roi  Robert  qui  eft  ainíi  datée  : 
Data  Y 11  kalend.  novemhris  , indicl.  xii , anno  xii , 

regnante  Roberto  rege anno  incarnati  V^erbi  mil- 

lefimo.  La  premiére  année  du  regne  du  roi  Robert 
avec  Hugues-Capet,  fon  pére , eft  Ran  988 ; ainíi, 
la  douziéme  'année  de  ce  roi  répond  á la  999  de 
Rincarnation , felón  notre  maniere  préfente  de 
compter.  L'indiélion  xii  marque  auífi  Yannée  999. 
Pourquoi  done  le  notaire  qui  a écrit  cette  charte  , 
lie-t-ii  la  douziéme  année  du  roi  Robert,  & Rin- 
diélion  XII  avec  Ran  loco  de  Rincarnation  , fi  ce 
n'eft  parce  qu’il  commence  celle-ci  le  zj  mars, 
neuf  mois  & fept  jours  avant  nous  ? C’eft  pour 
la  méme  raifon  qu’une  charte  origínale  du  mém.e 
roi,  pour  Rabbaye  de  S.  Fierre  de  Chálons-fur- 
Marne  , eft  ainfi  datée  ; Aaum  Parifius  anno  Do- 
minies,  inearnationis  jhxxyiii , regnante  Roberto 
rege  xL.  Et  une  autre  encore  pour  Rabbaye  de 
Coulombs,  rapportée  par  Duchefne,  parmi  les 
preuves  de  RHiltoire  de  la  m.aifon  de  Montmo- 
reney,  pag.  14,  dont  voici  la  date  ; ABum  publice 
Parifius  anno  incarnati  verhi  mxxviji , regnante 
Roberto  rege  xt.  Si  le  chancelier  ou  le  notaire 
qui  a écrit  ces  deux  chartes,  n’avoit  point  com- 
mencé Y annéevítxíi  mois  & fept  jours  avant  nous, 
il  auroit  mis  Ran  xLi  du  roi  Robert,  puifque 
Ran  XL  ne  répond  qu’a  Yannée  mxxvii  , íelon 
notre  maniére  de  commencer  Yannée  aujourd’hui 
avec  le  mois  de  janvier,  neuf  mois  & íept  jours 
aprés  RAnnonciation.  Le  calcul  d’Helgaud,  dans 
la  vie  du  roi  Robert , eft  conforme  á celui  des 
aétes  que  nous  venons  de  citer.  Cet  hiitoriea 


A N N 


A N N 


Alt  expreileinsnt 


^ Roberc  eít  mort,  ax~o  gui 
eft  incarnaüonis  miilepTnus  trlcefimiis  fecundus^  II 
auroit  dir  tricefimus  primas  , s'il  n’avoit  point 
comraencé  Vannée  ntní  mois  & fept  jours  avant 
nousj  pulique  le  roi  Robert  eft  en  eíFet  mort 
Je  20  jijillet  de  Tan  IS31  , comme  Helgaud  le 
pro-ave  Im-saémej  par  ces  paroles:  Obdormhit 

^UtCTTL  ITl  dOTTllTlO  X£2I  kdl,  ¿ZUgufií  , luCcfceTltC  CLILTÜTÜ. 

diei  tertis,  fahbaü ¡ c’eft-a-direj  ie  mardi  qui  con- 
coiiroit  avec  le  13 -des  calendes  du  mois  d'Aoút, 
ou  le  20  juiller  en  1031  : concours  qui  ne  fe  ren- 
contrcit  pomt  en  1032.  Voilá  le  vrai  moren  d'ac- 
corderjlelgiud  avec  lui-mémej  & avec  la  vérité 
de  fhiftoire.  Ce  meme  moyen  peut  fervir  á con- 
ciíjer  puiüturs  autres  contradictions  apparentes , 
qui  ne  víennent  que  de  notre  ignorance,  ou  de 
notre  peu  d’arteation  á la  maniere  de  compter 
des  anciens. 

^ Ces  ^reiivp  ne  lasíTent  ríen  a deíirer  pour  !e 
regne  au  roi  Robert.  Ajoutons-en  une  pour  ie 
régne^  fuivant , q-ai  peut  étre  portée  jufqu’á  la 
denriére  évidence.  Notis  la  tirerons  d’une  charte 
origínale  da  roi  Henri  ( , par  laquelle  il  ¿rige  en 
aobaye  le  monaftére  de  la  Chaife-Diea,  en  Au- 
vergne.  En  voici  la  date  ; Vitriaco  palatio 

puhlice....  menfe  feptembri,  lana  xi , indicrione  v, 
cb  iTícarnatiQne  IDottiítíÍ  millejlmo  <^azníj^u.a^ejlttio 
fecundo...  regni Henricivicefimo''primo , xulzalendas 
oñooris.  II  eft  évidersí  que  ceiui  qui  a écrit  cette 
charte,  commence  Yannéc  le  25  mars,  neuf  mois 
& leptjours  avant  nous  , fi  les  dates  ne  conviennent 
pomt  a 1 an  1052,  & q-a"el!es  conviennent  toares 
a 1 an  leyi.  Or,  il  eft  aifé  de  démontrer que  toutes 
ces  dates  quadrent  parfaitement  avmc  Tan  lori, 
& point  du  tout  avec  han  ioj2.  En  effet,  le  11 
des  calendes  d oclobre , qui  eft  le  jour  que  la 
cnarre  a été  donnée , marque  le  20  feptembre. 

C etoit  le^onziéme  de  la  lune  en  1051 , piiifgue 
cette  année  lá  le  premier  jo-ur  de  la  lune  étoit  le 
.10  de  fepternbre  , comms  on  peut  le  voir  daus 
notre  calendner  lUnaire.  Cette  date  de  la  lune 
peut  abfolument  s’allier  avec  le  20  feptembre  d¡ 
lan  1032.  II  en  eft  de  méme  de  l’année  21*=  du 
regne  de  Henri ; cette  21'  année , au  mois  de  fep- 
temore,  ne  répond  point  á Tan  1052  , mais  á Tan 
1031 , attendu  q-ue  ce  prince  a commence  de 
regner  m 20  juillet  1031.  Quant  á findiétion  v, 
ehe  saccorde  auíTi  tres-bien  avec  han  1031,  en 
ia  commenfant  avec  ’e  mois  de  feptembre , comme 
on  taifoit  quelqpefois  enFrance,  ainíi  oue  nous 
Í€  dirons  a 1 article  des  indi^ions. 

Ce  _ raifonnement  nous  paroit  décifif.  Nous 
pournons  en  faire  un  femblable,  á-peu-prés 
ur  une  charte  de  l’églife  de  Yabres,  rapportée 


ii  ■ . : J^a3a  donatio  h&c  anuo  zncarnationis 

ominic&  Juzxir,  hididiione  xiv,  vrtdie  idus  junii ^ 

Toutes  ce^ 

® fow  -Diení  & toutes,  excepté  la  premiere^ 


raarquent  IW./g  loéi.  On  accorde  cette  pre- 
miére  date  mlxii  avec  les  autres,  en  coir/men- 
gant  ra.nnée  neuf  mois "5c  fept  jours  avant  noús 
Les  cditeurs,  q-ui  ífont  point^connu  la  maniere  de" 
faire  ufage  de  toutes  ces  dates,  ontrapporté  cette 
charte  á Tan  1061.  En  confequence,  ils  ont  cru 
quhl  y avoit  faute  á l'indiétion  , & qu  au  iieu 
dexiy,  il  falloit  xv.  Tous  les  critiques  feront 
expofés  á de  pareils  anachronifmes , tant  qu'iis 
ne  feront  attention  qu  aux  années  de  .léfiis-Chrift 
& aux  indictions  , fans  examiner  les  autres  notes 
chronologiques. 

íl  nous  refte  á examiner  une  charte  , oti  la 
P.  Aíabiilon  a cru  voir  Tufage  de  commencer 
Y année  le  23  mars,  neuf  mois  & fept  jours  avant 
nous  , bien  établi  dans  Téglife  de  Reims  fur  la 
Jin  du  quatorziéme  íiecle  ; c’eft  dans  fa  Diplo- 
matique,  liv.  2,  ch.  23,  n.  7.  La  date  de  cette 
charte  , qui  eft  de  Gui , -abbé  de  S.  BaSe , á trois 
lieues  de  Reims  , eít  ainíi  marquée  : Datum  & 
aclum  in  monafierio  noftro  S.  Bafoli  fub  anuo  Da- 
mini , ftcundiim  carsum  ecclefis,  Rcmenfis , mcccxc  , 
décima  tenia  dis  menfis  junii ^ pontificatús  Domini 
Clementis — Papa  vii , anno  xii.  Cette  date,  dit 
le  P.  Mabiílon,  marque  Pan  1389,  qui  étoit  a-a 
mois  de  juin  la  11^  année  de  Ciément  VI!,  élu  ea 
1 37S , d’ou  il  conclut  quh!  eft  probable  q-Vá  la 
fin  du  quatorziéme  íiecle.  Ton  fuivoirdans  réglife 
de  Reims  le  calen!  pifan.  Cette  remarque  feroic' 
bien  fondée , íi  1 eleclron  de  Ciément  Víi  avoit 
precede  le^  1 3 de  Tan  13785  mais  comme  ce 
pape  n a ere  élu  que  le  21  feptembre  de  ladite 
année_  1378  , le  raifonnement  du  P.  Mabiílon 
croule  par  fon  fondement.  Cela  eñ  viíible,  puif- 
qu"ea  commencant  Ies  années  du  pomificar  de 
Ciément  Vil,  par  ce  2i«  de  feptembre,  jour  de 
fon  eledtion , la  12'  année  de  ce  pape  couroit 
encore  au  mois  de  j-üin  de  Tan  159c.  Nous  ne 
rele-verions  point  ici  la  meprife  d’un  favant  auífi 
reipeélable  que  D.  Mabiílon,  íí  dans  la  datequ  ü 
rapporte  , ^ous  ne  trouvions  rien  qui  fút  propre 
a confirmer  ce  que  nous  avons  dit  d’un  commen- 
cement  de  I année , antérieiir  de  neuf  mois  ■&  fept 
jours  a ceiui  de  la  notre.  Mais  que  fignifient  ces 
paroles  , f&cundum  cursum  ecelefi/í  Remenfis , qui 
tombent  néceíTairement  fur  anno  Domini  mcccxc? 
Ne  marquent-eües  pas  clairement  que  fur  la  fin  du 
quatorzieme  íiecle  , iJ  y avoit  des  églifes  oú  Ton 
fuivoit  une  maniere  de  compter  les  années  du 
Sau-veur  , fmvant  laquelle  il  n’auroit  pas  fallu 
compter  alors  Tan  1390.^  Si  cela  eft,  il  paroit 
-hors  de  doute  que  cette  anrre  maniere  de  compter 
etoit  ceRe  de  commencer  Y année  au  23  mars  > 
neuf  mois_  & fept  jours  avant  nous. 

La  conjcéfure  fur  Tufage  de  la  métropole  de 
Reims , de  commencer  Y année  211  jouf  de  fAn- 
noDciation,  neuf  mois  Se  feptio-urs  avant  nous , 
íe  trouve  confirmée  par  cette  date  du  concüe  ¿e 
“O’I^ns,  tom.  3 , du  P.  Labbe,  col.  1403  : Datara 
Suijftone  anno  Domini  mcccclvi,  iadiaione  tertiá. 


A N N 

fr.enjis  julli  áze  vemris  undécima , pontificatús  fanc- 
ti0mi  in  Ckrifio  p atris  & Domini  nojiri , Domini 
Calixti  divina,  providentid  paps.  tertii  anno  primo. 
Ce  pape  fut  élu  le  8 avril  145' j-  La  mérae  année 
étoit  i'indiétion  3 ^ & le  1 1 juillet  un  vendredi. 
Tone  ce  que  nous  avons  dit , & tout  ce  qui  nous 
■refte  á dire  des  divers  commencemens  de  X année 
en  France,  appaie  ce  raifonnement. 

Un  ufage  tres-commun  fous  la  troiíiéme  race 
de  nos  rois,  étoit  de  ne  commencer  Yanriéc  qu’á 
Páques  , environ  trois  mois  aprés  nous.  Parmi 
une  multitude  d’exemples  que  nous  pourrions  citer, 
nous  en  rapporterons  un  trés-remarquable;,  tiré  de 
ravertüTement  de  dom  VailTette , fur  le  4=  tome 
de  fon  Hilloire  de  Languedoc.  On  7 voit  que  le 
roi  lean  ^ pendant  le  féjour  qu’il  fit  á ¡a  cour  pon- 
tiíicale  d'Avignon , y donna  deux  chartes , Pune 
& Pautre  en  1363  ^ fuivantnotre  maniere  préfente 
de  compter.  La  premiere  eft  datée  de  Villeneuve , 
prés  d‘ Avignon  ¡ le  vendredi-faint , 3I  mars  de  Van. 
13^2,  en  commencant  X année  zFiques  :h  feconde, 
qui  ell  du  jour  fuivant  de  la  méme  année,  eft 
datée  de  Villeneuve  , prés  d‘  Avignon  , le  famedi- 
faint  de  Paques , aprés  la  bénédiñion  du  cierge , le 
premier  avril  d§  Van  1363.  Cette  attention  de 
marquef;,  aprés  la  bénédiclion  du  cierge  paf cal , qui^ 
anciennemeat , fe  faifoit  du  famedi  au  dimanche , 
nous  indique  j pour  ainíi  dire , le  premier  inftant 
de  la  nouvelle  année.  Elle  commenfoit  avec  ou 
immédiatement  aprés  cette  cérémonie  (i).  Nous 
ne  devons  pas  oubüer  ici  Pinfeription  qu'on  atta- 
choit  anciennement  au  cierge  pafcal : elle  marquoit 
Varaiée  de  J.  C. , Pindiction  & les  autres  notes 
cnronologiques  qui  convenoient  á X année  cou- 
rante,  c.omme  le  prouve  D.  Mabdlonj  par  quel- 
ques  exemples.  (IDiplomat.  liv.  z,  ck.  23  , n.  8). 
C^eft  trés-probablement  de  cette  infeription , que 
venoit  Pufage  de  commencer  X année  á Páques. 

On  ne  peut  marquer  précifément  le  tems  oii 
cet  ufage  a commencé  de  s'établir  en  France ; 
mais  nous  favons  qudl  a duré  jufqu'á  Pédit  de 
Charles  IX,  dqnná  á RouíTillon^  en  Daiiphiné, 

1 an  17Ó4  j édit  par  leque!  il  eft  ordonné  de  dater 
les  aéles  publics  & paríiculiers  ^ en  commencant 
X année  avec  le  mois  de  janvier  (2).  Ce  tfeñ  que 

(i)  Dans  quelques  endroirs  on  commencoit  Vannée  apres  la 
benécíiciíon  des  íonts.  On  voit  iin  conrrat,  paííe  á Béthune  en 
Arrois , is  ^ avnl  153P,  avrés  Iss  fonis  bénis.  (Jlferc.  d jFr>  ^ 
^73^  i jiícr.  , p.  iir).  De  cet  ufage  de  co^menccvVannée  á. 
Paques,  il  arriveít  guelqnefois  qu’on  avoir  deux  mois  ci’avril , 
preicue  complecs  dans  la  mime  année.  Parexemple,  'Canute 
^ 347^  comniencé  au  premier  avril  (jour  de  Páques)  Se 

íini  a Paques  fuivant,  qui  tomboir  le  20  avril,  il  y eut  par 
confequent  dans  cette  anné^  ur-  mois  d’avril  complet.  Se  les 
deax  ciers  d’un  autre  mois  c’avril,  On  a pluiisurs  chartes, 
datees  du  mois  d’avril  de  cette  année,  dans  lefouelles  il  n’y  a 
ricn  qui  marque  íl  elles  font  données  dans  Ir  premier  ou  íe 
fecond  de  ces  deux  mois , en  forte  qu’on  ne  peut  deviner  á 
laquelle  des  deux  annies  154-  ou  1348  elles  appartiennent. 

(-j  Cette  loi  ne  rut  adoptes  univerfeliement  en  France  que 
Pan  1567.  Le  parlement  de  París  fuivoit  encore  Pancien  ftyle 
en  1^66.  Cette  année  n’eut  que  huit  mois  dix-fept  jcurs  , 
¿epuis  le  14  ayrii  jufqa’aa  3 1 dccenibre.  Les  pays  voiíiiis  de  1»' 


Á N N 195 

depuis  cette  loi , que  nous  trouvons  de  runifor- 
mité  dans  nos  dates  de  France.  Pour  les  tems 
antérieurs , rien  n’eft  plus  néceíTaire  que  de  fe 
fouvenir  de  tous  ces  divers  commencemens  de 
X année  , dont  Rous  venons  de  parler , & d’un 
autre  encore  dont  nousparlerons  dans  un  moment  j 
& qui  eft  d’un  an  enrier  avant  le  norre-  Sans  cette 
attention  , il  n'eft  pas  poffible  d’accorder  une  infi- 
nité de  dateSj  qui  font  trés-exactes  & trés-vraies  , 
8c  Ton  eft  continuellement  expofé  á trouver  de 
la  contradiéiion  ou  il  n’y  en  a point. 

II  faur  avoir  la  méme  attention  en  lifant  les 
annales  ou  les  chroniques.  On  croit  yappercevoir 
des  contradiéiions  fans  nombre.  Une  chronique 
rápporte  un  fait,  par  exemple,  á Tan  isoo;  une 
autre  rápporte  le  méme  fait  á Tan  999.  On  de- 
cidefans  héíiterj  que  c*eft  une  faute  dans  Fuñe 
ou  Fautre  de  ces  deux  chroniques.  Cette  faute  , 
cependantj  n’eít  pas  toujours  réelle  , quelquefois 
elle  n’eft  qu^apparente;  elle  difparoitroit , fi  Fon 
étoit  attentif  aux  divers  commencemens  de  X année. 
On  ne  fauroit  done  les  avoir  trop  préfens  á FeF 
prit  j en  lifant  les  chartes,  les  annales  ou  les  chro- 
niques. II  y a méme  une  remarque  á faire  fur  les 
annales  ou  les  chroniques  en  parriculier.  Quelque- 
fois il  arrive  que  dans  une  méme  chronique,  le 
coramencement  de  X année  iFeft  pas  le  méme  par- 
tout.  Cela  vient  de  ce  que  la  plupart  de  ceuxqui 
les  ont  écrites,  n'étoient  que  des  compilateurs 
ou  des  copiftes  de  pluíieurs  áuteurs  réunis  dans 
un  méme  ouvrage  : ils  y ont  mis , fans  difeer- 
nement , Ies  années  relies  qu  ils  les  ont  trouvées 
dans  ces  diiTérens  auteurs,  don:  les  uns  commen- 
coient  X année  comme  nous  faifons  aujourd’hui,  les 
autres  plus  toe  ou  plus  tard  que  nsus.  Les  annales 
de  .Metz  & celles  de  MoilTac , que  D.  Bouquet 
a fait  réimprimer  dans  fon  y tome  des  hiftoriens 
de  France,  nous  fourniíTent  une  preuve  bien  fen- 
íible  de  ce  que  nous  difons  ici.  Tout  le  monde 
fait  que  Charlemagne  a été  couronné  empereur 
le  2j  décembre  ou  le  jour  de  Noel  de  Tan  Soo, 
felón  notre  maniere  préfente  da  commencer  Xan- 
née  , & que  cet  empereur  eft  mort  le  28  janvier 
áe  Fan  814-  Cependant  les  deux  annaliftes  que 
nous  venons  de  citer,  rapportent  le  couronnement 

France  firent,  á fon  exemple,  les  uns  plus  rót.  Ies  autres  piui 
tard  j la  méme  reforme  dans  íeur  caiendrier. 

En  1575  , le  duc  de  Réqueiens,  gouverneur  des  Fays-Eas, 
ordonna.,  par  un  placard  du  lí  j'jin  , cue  l’curcee  ccmmence-  . 
roit  au  premier  janvier.  En  1576,  Philíppelíj  roí  d’Efpagne  , 
rendir  un  édit  du  51  júillec,  qui  ordonno-ir  la  meme  chefe 
pour  le  cotnré  de  Bourgogne.  Les  états  de  Kollande  avoient 
érabli  loug-rems  auparavanr  cerre  mar-isre  de  fimpurer  le  tems, 
& nous  vovcBS  qii2  Hés  1^31,  ils  crá.vaiiloient  á 1 introduire* 
iHift.  des  Frov.  t'r.ies  , r.  p.  ¡Si).  Eij  Lorrame,  ie  duc 
Char’esI.I  établitleméme  ufage,  par  un  eair  du  is  novembre 
1575.  Auparavanr,  dir  D.  Calmet,  i!  n’y  avoir  ríen  de  £xe  dans 
le  pays;  les  uns  commencant  ’C année  á Noel,  Ies  autres  á 
l’Annonciauion,  les  autres  á paques. 

Quoiqa’il  n’y  aic  pas.cu  de  loi  eipseíle  en  Aüemagne  pour 
commencer  l’c.vr.ee  áu  premier  janvier  , il  paroír  que  ceyuiage 
y étoit  prcfqü’iipr/crfíUeaen:  établi  avanp  qu’il  le  tur 


1^6  A N N 

«e  Charlemagne  á Tan  8oi  ^ & fa  mort  á Tan  813. 
Commenc  les  accorder  avec  nous?  Ríen  de  plus 
facile , en  diftinguant  les  diíFérens  commencemens 
de  Yannée  que  nos  deux  compilateurs  ont  fuivis, 
& probablement  copies  d'aprés  les  auteurs  ori- 
ginaux.  íls  ont  rapporté  le  couronnement  de 
í^harlemagne  a lanScij  au  lieu  de  le  rapporter 
a Tan  8oOj  en  commenjant  Yannée  le  zj  décembre  j 
jour  de  Noel;  sis  ont  rapporté  fa  mort^  arrivée 
le  28  janvier  ¡ a Tan  813  , au  lieu  de  la  rapporter 
a 1 an  814,  en  ne  commenqant  Yannée  qu'avec  le 
mois  de  mars^  ou  plutót  le  25  du  méme  mois, 
peut-étre  roéme  á Páques  feulement.  Voilá  deux 
commencemens  de  Yannée  bien  marqués  dans  les 
mémes  anuales  ^ compilées  fans  doiite  de  divers 
auteurs ; ce  qui  a donné  lieu  au  favant  éditeur 
de  faire  la  méme  obfervation  que  nous  faifons 
icij  & d’ajouter  que  ce  que  nous  voyons  dans 
les  annales  de  Metz  & de  Moilíác,  doit  fe  dire 
de  la  plupart  des  chroniques  de  ce  tems-lá  & des 
íiécles  ñiivans. 

Que  la  dans  une  méme  chrotiique  il  íé  ren- 
contre  divers  commencemens  de  Yannée  , que 
devons-nous  penfer  de  diverfes  chroniques , com- 
parées  les  unes  avec  les  autres  r N'y  trouverons- 
nous  pas  toutes  les  variations^  á cet  égard,  que 
nous  avons  remarquéeSo  & que  par  la  fuite  notas 
resnarquerons  encore  dans  nos  chartes  ? Cela  eft 
certain , & Gervais  de  Cantorbery  va  nous  en 
fournir  la  preuve.  Cet  auteur  vivoit  au  commen- 
cement  du  treiziéme  liécle  ^ dans  le  tems  que  les 
chromques  fe  multiplioient  á finfini.  Ecóutons 
ce  qu  il.  nous  dit  : Inter  zpjos  etiam  ckronics,  fcrip- 
tores  (ce  font  les  termes  de  f avant-propos  de  fa ' 
chronique)  nonnulla  dijfentio  efi.  Nam  ciim  om- 
nium  Unica  & precipua  fit  intentio  anuos  Domini 
torumque  continentias  fupputatione  veraci  enarrare  , 
ipfos  Domini  anuos  diverfis  modis  & terminis  nume- 
rante Jicque  in  ecclejiam  Dei  multem  mendaciorum 
eonfujionem  inducunu  Quídam  enim  anuos  Domini 
incipiunt  computare  ah  Annuntiatione , alli  a Nati- 
vitate  e quidam  a Circumcijtone , quidam  vero  a 
Pafwne.  Ajoutons  á cette  énumération  de  Ger- 
vais ce  que  nous  avons  prouvé  plus  haut ; Quídam 
a martio  , quidam  tándem  a pafchate.  Voici  main- 
tenant  les  rcflexions  quhl  fait  fur  ces  divers  com- 
jnencemens  de  Yannée  de  fincarnation.  Cui  ergo , 
dit-iL  ifiorum  magis  crtdendum  efi?  Annus  folaris ^ 
fecundhm  ramanorum  traditlonem  & ecclefia  De: 
confuetudinem  , a kalendis  januarii  fumit  initium: 
in  dzebus  natalis  Domini , hoc  efi  in  fine  decemhris 
forútur  finem.  Quomodo  ergo  utrzufque  vera  poterit 
ejfie  computatio  , ciim  alter  in  principio , alter  in 
fine  anni  fiolaris  anuos  incipiat  incarnationis  ? Uter- 
que  etiam  anuís  Domini  unum  eumdemque  titulum 
apponit  e ciim  dicit  , anuo  ah  incamatione  tanto 
vel  tanto  falla  funt  illa  & illa.  Mis  aliifque  Jimi- 
libus  ex  caujfs  in  ecclefiá  Dei  orta  efi  non  módica 
dijfentio. 

Aprés  ua  témoignagc  fi  clair  Se  £ préds  d’un 


A N N 

témoin  oculaire,  on  doit  regarder  comme  fuffi. 
famment  prouvée  la  confufion  qu  avoient  jetée 
dans  les  chroniques  les  diíFérens  ufages  de  corn- 
mencer  Yannée.  Mais  le  texte  de  Gervais  dit  en- 
. core  plus  qu  il  ne  femble  d’abord  exprimen  En 
Fexaminant  de  prés  ^ nous  croyons  en  eíFet  y trou- 
ver  un  nouveau  commencement  de  Yannée , dont 
nous  avons  dit  ci-devant  deux  motSj  fans  le 
prouver.  C'eíF  fur  ces  paroles  que  nous  nous 
íondons  : Annus  folaris  , fecundum  rcmanorum 
traditlonem  & ecelefií  Dei  confuetudinem  a kalendis 
januarii  fumit  initium  ; in  diebus  natalis  Domini 
hoc  eft , in  fine  decemhris  forútur  finem.  Quomodo 
ergo  utrzufque  vera  poterit  ejfe  computatio , cum 
alter  in  principio alter  in  fine  anni  folaris  annos 
incipiat  incarnationis  ? II  ne  paroit  pas  qu'on  puiflé 
enrendre  ces  paroles  de  ceux  qui  commengoient 
Yannée  le  25  décembre , jour  de  la  naiffance  du 
Sauveur , & de  ceux  qui  la  commen^oient  fept 
jours  plus  tard , avec  le  mois  de  janvier.  Une 
difíérence  de  fept  jours  n'étoit  pas  capabk  de 
caufer  la  confufion  dont  fe  plaint  le  moine  Ger- 
vais ^ lorfqu’il  nous  dit : Quomodo  ergo  , &c.  Cette 
fagon  de  parler  ne  marque-t-elle  pas  clairement 
deux  chofes  ; 1°.  qu’il  y avoit  en  ces  tems-lá  des 
auteurs  qui  commengoient  Yannée  avec  le  mois  de 
janvier , & cela  un  an  moins  fept  jours  avant 
ceux  qui  la  com.menqoient  á Noel;  2°.  que  Ies 
uns  & Ies  autres,  malgré  la  difíérence  d^un  an, 
marquoient  dans  leurs  chroniques  ces  deux  annies 
par  la  méme  année  de  rincarnation ; li  tel  eíl:  vrai 
le  fens  des  paroles  de  Gervais,  comme  il  nepa- 
roít  pas  qu^on  puiíTe  en  áouter , noys  fommes 
en  état  de  repondré  á une  difSculté  propofée  aux 
favans  parle  P.  Mabillon,  dans  fa  Diplomatique, 
liv.  2,  c.  2j,  n.  9.  Elle  roule  cette  diíficulté  fur, 
deux  bulles  de  Pafcal  II , qui  fut  confacré  pape  le 
14  aoút  de  Tan  1099.  La  premiére  eft  datée  da 
14  février  1103  ; la  feconde,  dont  le  P.  Mabillon 
avoit  Poriginal  ibas  les  yeux,  eft  du  23  mars  de 
la  méme  année  q Tune  & Tautre  , comme  on  le 
voií,  avant  le  2 y mars.  Les  autres  diíes  de  ces 
bulles  font  rindiétioñ  x & la  troifiéme  année  du 
pontificat  de  Pafcal  II,  Ces  deux  derniéres  dates 
marquent  Yannée  1 102,  tandis  que  Ies  deux  bulles 
enoncent  1 an  1 103  , comme  on  vient  de  le  dire, 
& cela  avant  le  2t  mars.  Comment  réfoudre  cette 
diíEculté  ? C’eñ  en  difant  que  le  chancelier  qui 
a dreíTé  ou  écrit  ces  deux  bulles,  commengoit 
Yannée  at  Fincarnation  un  an  plein  avant  nous, 
& qubiníi  il  comptoit  1103,  lorfque  nous  comp- 
tons  1.102.  Cette  réponfe  eft  fondée  fur  les  pa- 
roles de  Gervais , quiviennent  d'étre  rapportées, 
8¿:  Finterprétation  que  nous  leur  avons  donnée , 
fe  trouve  confirmée  par  les  deux  bulles  de  Pafcal. 

Au  refte  , ce  commencement  de  Yannée  de  Fin- 
carnation j antérieur  au  nótre  d’un  an , ne  dok 
point  étonner  dans  un  tems  oü  chaqué  auteur 
femble  avoir  eu  la  liberté  de  commencer  Yarjz‘^ 
«juand  il  Youloit.  On  % vu  plus  haut  qu  il  y es 


avoit  qui  !a  commen^oient  le  joirr  de  I'Annoncia- 
tiori:,  neuf  mcis  & íept  jours  avant  nous.  Cette 
maniere  de  coramencer  \‘ar.née  de_  rincarnation  j 
n’empéchok  pas  ceax  qui  la  fuivoient,  de  regar- 
der  le  premier  de  janvier  comme  le  premier  jour 
de  Yannáe  folaue , fuivant  1 ufage  aes  Romairis , 
trés-connu  & trés-commun  en  Occident  (i). 
De-la  il  eft  arrivé  tout  naturellement  que  pour  ne 
pas  s’éloigner  de  cet  ufage  ¡ cerrains  auteurs  ont 
commencé  des  le  mois  de  janvier  a dater  leurs 
récits  par  Y année  telle  ou  relie  de  1 incarnation  ^ 
quoiqu'ils  fuííént  bien  que  cette  année  telle  ou 
telle  ne  devoit  commencer  que  le  zj  niars  fui-- 
vant.  11  en  eft  de  ces  auteurs  comme  de  ceux  qui 
datoient  par  les  annces  de  nos  rois , & fans  faue 
attention  ni  au  mois  ni  au  jour^  précis  qu  ils 
avoient  commencé  de  régner  ^ des  le  mois  de 
janvier  fuivant,  datoient  leurs  recitsde  la  íeconde 
année  de  ces  princes  , quoiqu  ils  n’ignoraffent  point 
que  leur  régne  ne  commen^oit  qu  un  certain 
nombre  de  mois  aprés  celui  de  janvier  (z).  II  nous 

(i)  Des  lettres  de  grace  données  l’an  1455  ? ^ confcrTces  au 
tréfor  des  charces , fonc  da:ées  U premier  jour  de  janvier,  <^u^on 
trppelle  coTnrnunement  Le  premier  jour  de  L an»  L uíage  eroit  en 
.ces  ceixiSrlá , comme  d préíeutj  de  donncr  des  ctremjes  au 
premier  janrier 

(i)  Cec  ufage  n-écoic  point  particulier  aiix  auteurs  fran- 
^ois.  On  le  remarque  dans  pluíicurs  diplomes  des  empereurs 
d'Allemagne.  Le  Mire  en  rapporce  un  de  Tempercur  Otcon  I , 

( NouEcc.  Belg.c»  6^.)  daté  duiejanrier  <;í^,iatrcnte-uníeine 
einnée  de  fon  regne.  Or , ce  prince  n’ccant  parvenú  au  troné 
qa’aii  commencemeiit  de  juillet  Is  12.  ianvier  51665  ii 

n’écoit  encore  que  dans  iatrentieme , & non  la  trente-unisme 
annee  de  fon  regne.  Mais  Orton , ou  fon  chancelier , coinp- 
toit  les  années  incompletles  comme  les  années  complettes  j 
c’eft-á-dire 5 qu’il  regardoit  l’an  936,  comme  íi  le  regne 
d’Otton  eúr  commencé  au  premier  jour  de  cette  année , & 
comptoit  par  conféquenc  les  fept  derniers  mois  de  cette  année 
comme  une  année  complerce  du  regne  de  ce  prince.  II  fe  trouve 
aantitc  d’exemples  de  cette  maniere  de  fupputer  les  années 
es  regnes 5 dans  d’autres  diplomes  de  ce  prince,  dans  ceux 
de  Henri,  fon  pete  5 dans  ceux  d’Orton  II,  fon  fíls;  de 
Henri  II , de  Conrad  IT,  de  Henri  III , de  Lorhaire  II,  qu’on 
peut  voir  dans  le  premier  tome  de  la  Chronique  de  Gotwich. 

On  doít  méme  taire  remonter  cet  ufage  bien  plus  haut 
que  les  rois  de  France  & les  empereurs  d’AUemagne.  Le 
Cardinal  de  Noris , dans  fa  lettre  fur  une  médaxlle  d’Hé- 
»ode  Antipas,  remarque,  d’aprés  Képier  & le.P.  Pétau,  que 
les  Juifs  compteient  les  années  de  leurs  fouverains  du  mois  de 
Nifan,  qui  précédeit  ravenemenc  de  ces  princes  au  troné  j 
de  forte  ou’ils  comptoient  une  feconde  année  au  premier  de 
üifan  fuivant,  quelque  peu  de  tems  qu’ils  euilent  régné  aupa- 
ravant  ; í1  le  prouve  par  un  pafíage  de  Jofephe,  qui  ne  fouíre 
point  de  dificulté.  Le  Talmud  eltégalement  forinel  lá-deíTus. 
Prima  dies  nifar.^  y eft-il  dic,  efi  novuz  annus  regum.  Annus 
Ule  ej:  a quo  numeran  & fuppuzare  incipie'-'ant  annos  regum 
Juorura  in  contraSIibus  ^ ckrrographis  & publicis  ómnibus  infirv^ 
men'is  & dipiomaúhus  qui  ad  annos  & menCes  regís  regnantis 
componehar.iv.^.  On  voir  auífi  par  leméme  livre,  & par  d’autres 
xnonumens , ermme  Samuel  Petir  le  prouve,  que  les  Juifs 
compteient  les  an-  ées  des  empereurs  & des  autres  princes 
erran^-’rs  , da  mois  Tifri , qui  avoir  précédé  leur  avénement , 
quana  méme  il  ne  fe  feroit  écoulé  que  quelques  mors , & 
anéme  un  fcul  jou”.  C’eír  á l’aide  de  ces  principes  qu’on 
peuc  expliquer  les  ciares  dC années  des  princes  juifs,  qui  fe 
xrouvent  fur  les  médaiiles  de  Philippc  le-Tetrarque , d’Ké- 
rode , roi  de  Calcidc  , d’Hérode  Antipas , d’Agrippa  I & 
d’Agrippa  le  jeune. 

Les  Egypriens , dir  M.  Tabeé  Beilci,  qui  bous  fert  ici  de 
guide,  fiíiYoieni  audi  Tufage  particulier  de  compter  uac  nou- 


fuffit  5 ponr  le  préfent,  d'avoir  prouvé  un  com- 
mencement  de  Y année  de  Idncarnation , antérieur 
d’un  an  au  nótre  aóluel,  & d'avoir  renda  raifo.n  , 
autant  que  ce’a  fe  peut  faite,  d’un  ufage  pea 
connu  8c  fort  éloigné  de  norte  tems. 

Ce  qui  vient  d’étre  dit  fur  les  divers  cotn- 
mencemens  de  Yanaée  qui  fe  reacontrent  dans 
nos  chatres  & nos  chror.iques,  fair  voir  quelle 
attention  il  faat  apporter  á la  leclure  de  ces  an- 
ciens  monumens.  Sans  cela  on  feroit  continuelle- 
ment  expofé  á s’y  mépiendre  , & d’autant  plus  fa- 
cilement , que  ceux  qui  commen^oient  Yaanée 
diverfement , «’en  avertiíTent  point , comme  le 
moine  Gervais  vient  de  nous  Tapprendre.  lis 
datent  tous  de  Yannée  de  rincarnation , fans 
dire  qudls  la  commencent  le  zj  Mars  , neuf 
mois  & fept  jours  avant  nous , ou  trois  mois 
moins  fept  jours  aprés  nous , ni  shls  la  com- 
mencent avec  le  mois  de  Janvier  de  Y année  qui 
precede  la  nótre  , ou  avec  le  méme  mois  comme 
nous , ou  avec  le  mois  de  Mars , á Paques  ou 
á Noel.  Com-bien  ne  faut-il  pas  d’attention  & 
de  difeernement  pour  ne  point  prendre  le  changa 
fur  des  dates  íi  embarraíTantes  & íi  embroaii- 
lées  ? Quelle  témérité  d'en  juger  précipitam- 
ment , comme  íi  e'les  ne  renfermoient  aucune 
difficulté  ! Ces  dates  ne  s^’accordent  pas  avec  norte 
calcul , done  elies  font  fauífes,  & les  chatres 
oü  Ies  chroniques  qui  les  renferment , de  huile 

velle  annie  tJe  regns  au  thoth  ou  premier  jour  Je  leur  année 
civile  (29  aoút),  en  forte  qu’ils  comptoi^nt  une  feconde  année 
au  thoth j qui  ouvroit  une  ar.nét  nouvelle,  quand  le  prince 
n’auroit  regué  que  pea  de  tems  auparavant. 

Le  P*  Pagi  {ad  an.  63  , 5)  a obfervé  que  fans  cette  mé- 

thode,  on  ne  peat  expliquer  la  date  d’une  feconde  année 
de  Galba , ni  la  cinquieme  année  d’Elagabale , gravées  fur 
des  médaiiles  égyptiennes.  C’eíi  par  la  méme  mécbode  que 
le  barón  de  la  Baítie  explique  la  huitieme  année  l.  h.  de 
i’empereur  Probus , íur  des  médaiiles  frappées  en  Egypce. 

Le  cardinal  de  Noris  a prouvé  que  les  habitans  d’Ániioche 
& de  Laodicée  en  Syrie  , compcoienr  de  méme  une  nouvelle 
année  de  regne  au  coinmercemenc  de  leur  année  civile.  A 
menfe  d quo  annum  ordiehnntw  ^ numerarunt  ^ cuod  & de 
annis  imperii  JuLii  Cécfaris  Antiocktnfes  ac  Laodiz enfes  fecijfc 
in  volumine  de  annis  Syro- Macedonum  demonjtr.evi, 

Tel  étoit  auíH  Tufage  de  la  ville  de  Tyr.  Trajan  fur  adopté 
par  Kerva,  créé  Céfar,  & revétu  de  la  puiíTance  cr.ibuni- 
rienne  le  iS  feprembre  de  Tan  $7  de  J C.  Le  29  oécobre 
du  mois  fuivant,  premier  jour  áe-V année  civile  de  Lyr,  les 
habitans  cempterenr  la  feconde  année  b du  regne  de  ce  prince  j 
6c  le  19  oéioÉre  de  Tan  1 ils  compeerene  la  vlngt-ucieme 
année  ka.  Sans  Tapplication  de  cet  ufage,  on  ne  pourroit 
concilier  les  monumens  avec  la  durée  du  regne  de  Trajan, 
qui  ne  fue  pas  de  vinge  ans  complets.  ^ 

Ajoutons  encore  Tufage  particulier  de  la  ville  de  Séleude, 
prés  des  bouches  de  TOronte.  Nous  avons  vu  , dir  M.  Bsliei, 
dans  íc  cabinet  de  M.  Tabbé  de  Rc-thelin  , un  beau  mé- 
daillon  frappé  parles  habitans  de  cette  ville,  en  Thonneur 
deGalba,  la  feconde  année  de  fon  regne  ; ítov:?  ?-’Fóv 
3£PON  B.  Galba  n’avoit  régne  que  neuf  mcrt  6;  treize  jours, 
á compter  méme  du  3 avril  de  Tan  6% , Jour  aucuel  ii  fut 
p'OcUrr.é  Auguíte  en  Efpagne  du  vivanr  de  Néron,  cu  f-pt 
mois  fert  jours,  íi  Ton  compre  de  la  more  de  Nércn,  vers  le 
la  juin  í3e  la  méme  anné.  6%.  I*  fut  rué  a Reme  le  i c íinvier 
69.  Les  habitans  de  séleucle  compterent  done  une  ilconde 
année  du  regne  de  ce  prince  au  Gcmmencemeni  de  íeMt  oTénie 
dY'üe,  i Tautomue  qui  fuivit  fon  avtncjnect  au  trcn«* 


15>5  a N N 

autoricé.  Ainíi  raifonnent  ordinairement  les  de- 
nii-ravanSj  cjui  oient  prononcer  fur  des  chofes 
quils  n'entendent  point. 

Jtecapitulc^tioTi  des  divers  commencemeTis  ddariuées 
en  Occident. 

Indépendamment  de  tout  ce  qui  vient  d’ctre 
ditj  nous  ajlons  raíTembler  ici,  par  maniere  de 
íupplenagnt  j tous  les  divers  commencemens 
d année  que  nous  avons  remarques  dans  Ies  dif- 
férentes  parties  de  TOccident. 

L'ufage  de  commencer  Yannée  á Noel,  a long- 
temps  régné  en  Ailcmagne;,  ou  on  le  voit  éta- 
bli  des  le  dixiéme  íiécle.  Wippon , dans  la  vie 
de  Conrad  le  Salique  ^ dic  : íncokante  anuo  Na- 
tivitatis  Cnrifli  j rex  Ckonradus  in  ipsá  regia, 
civitate,  Natalem  Domini  celebravit.  L'hiñorien 
Brunon,  moine  du  diocéfe  de  Mer  sbourg.  ter- 
mine ainíi  rhiftoire  de  la  guerre  de  SaxeVqu'i! 
écrivoit  vers  la  fin  du  onzieme  Iiécle  : anno  1081 
( 1081  ) in  Natali  S.  Stepkani  protomartyris , Her- 
mannus  a Sigefrido,  Mogundns.  fedis  arckiepifcopo, 
in  rcgem  verter abiliter  eji  uncius.  L^annaliííe  Saxon 
qui  a conduit  fon  hiñoire  jufqu’en  1135),  com- 
menee  chaqué  année  de  fes  Annales  en  cette 
mamére  : L‘ emperetir  a célébré  la  féte  de  Noel 
en  cene  ■ville  , puis  VJÍpiphanle  , erfuite  la  Pa- 
riñeadon  en  tel  autre  lien.  Cet  ufage  ne  fut 
pas  néanmoins  univerfel  en  AlJemagne.  A Co- 
lognCj  Yannée  commenfoit  á Paques.  11  eñ  vrai 
qu'un  conciie  tenu  Tan  131Ó  en  cette  ville 
crdonna_  ( ran._í3;  ) que  lannée  commenceroit 

deformáis  á IS’oéi  J fuivant  V ufage  de  dEglife 
romazne ; mais  ceia  n^eut  lieu  que  pour  le  ñyle 
ecdéiiaítique  j 8c  Fon  continua  de"  commencer 
Ya.nne'e  civüe  á Paques  j ce  qu  on  appeloit  le 
Jiyle  de  La  cour.  L'Univeríité  de  CoioVne  aviit 
fon  ítyle  particulier  ^ qui  étoit  de  commencer 
Yannée  au  íf  mars  5 & le  P.  Hartzeim  af- 
fure  qifeüe  le  confervoit  encore  en  1428.  Dans 
Févéché  de  Liége  ^ la  veüíe  de  Paques  ^ aprés 
le  cierge  bénit,  étoit  le  premier  jour  de  Yannée: 
Attendendam  , dit  Hocfe.m  j chanoine  de  Liéee , 
dans  la  vie  de  révéque  Henri  de  Gueldre  , ch. 

1 j quod  d tempore  cujas  memoria  non  exifiit , an- 
Tíorum.  nativhatis  Domini  cumulado  , five  cujuf  i- 
het  anni  faccrefeentis  irdúumin  cerco  confecratopaf- 
chali  hdñenus  depingi  tabula  cohfuevit  , (i  ab  illa 
hora  anrois  dominicas  inchoabat.  Mais  cela  fut 
changé  Fan  1333  ^ fuivant  le  meme  auteur.  (liv. 
z , de  epife.  Lsod. ) par  une  ordonnance  de  Yé- 
véque  qui  fabftitua  , pour  ce  jour  initial , la 
ffcte  de  Noel  á celle  de  Paques. 

A Tréves  ^ on  plaqa  vers  le  méme  tems  le 
commencement  de  Yannée  au  23  Mars.  Mais  pré- 
fe.ntement  , Se  depuis  long-tems,  dit  Brouver  , 
écrivain  du  dix-feptiéme  fiécle  ( Annal.  Trevir. 
liv.  18  , p.  238  , ) Yánnée  commence  á Tréves 
au  I Janvier.  Cependant  , ajoute-t-iij  Fufage 
áes  notaires  & des  autres  écrivains  publics  ^ 


A N N 

eíl  toujours  de  prendre  dans  leurs  adíes  le  23 
- Mars  pour  le  premier  jour  de  Fan. 

En  Hongrie  j Yannée  commen^oit  á Noel , ou 
au  I Janvietj  comme  le  prouvent  les  dates  em- 
ployées  par  les  écrivains  de  ce  pays. 

En  SuiíTe , dans  les  quatorziéme  & quinziéme 
fiédes  j on  com.mencoit  Yaraiée  au  i Janvier , 
á Fexception  du  diocéfe  de  Lauzanne  Se  du  pays 
de_  \ aud  ^ ou  , depuis  le  conciie  de  Bafle  ^ on 
prit  le  23  Mars  pour  le  jour  initial  de  Yannée. 

A Milán,  dans  les  treiziéme  , quatorziéme  Se 
quinziéme  íiécies  ^ Yanrtée  s^’ouvroit  par  le  jour 
de  Noel.  Une  f harte  citée  par  Du  Cange  ^ eñ: 
ainíi  datée  : Anno  a nativitate  Domini  1377^ 
Inaiél.  l , fccuriáúm  curjum  & confietudinem  civi- 
tatís  Ifleaioianr.  , fecwiaa  Decembris  , Ííc. 

Borne  & !a  piapart  des  villes  d’ítalie:,  fuivoient 
!e^  méme  ftyle.  Alais  á Fíorence  ^ des  le  dixiéme 
íiécle , ie  commíencement  de  Yannée  étoit  fixé 
au  23  Aíars,  3 mois  nioins  7 jours  aprés  ce- 
lui  que  nous  comptons  á préfent  pour  le  pre- 
mier de  Fan  ; c"eít  ce  qu'on  nomme  le  calcul 
cu  Uére  de  Fíorence.  Quelques  villes  adoptérent 
ce  ítyle,  que  pluíieurs  Papes  , jufqu'á  Cltment 
Xíirincluíivement  , ont  fuivi  dans  leurs  Bulles. 
Les  Jrlorentins  ne  Tont  quitté  que  dans  ces  der- 
niers  tems  j en  vertu  dlun  décret  de  Fempereur 
Franqois  , donné  Fan  1743  , en  fa  qualité  de 
grand-duc  de  Tofeane,  par  lequel  il  fut  ordonné 
que  Yannée  ¡ 746  & les  fuivantes  commenceroient 
aa  I Janvier  dans  toute  la  Tofeane.  Le  calcul 
Pifan  , qui  precede  d'unq  année  entiére  celui 
de  Fíorence  , a été  en  ufage  non  - feulemenr 
á Pife  , mais  á Lueques  ^ á Sienne , á Lodi  j 
& pluíieurs  Papes  font  conformes  dans  les 
dates  de  leurs  Buhes. 

A \ enife , de  tems  immémorial , Yannée  com- 
mence  au  premier  de  Marsj  & cet  ufage  y eíl 
encore  fuivi  dans  tous  les  aéles  publics,  comme 
nous  Fa  aííuré  M.  de  Soranzo  ^ "fecrétaire  d’aia- 
baíTade  de  Venife. 

En  Arragon,  il'fut  reglé  Fan  1330,  que  Foa 
commenceroit  Yannée  á Noel,  Se  que  Fon  pmet- 
troit  les  calendes,  les  nones  & les  ides  dans 
la  date  ^du  jour.  ( Du  Cange,  Glojf.Ti.  I, 
col.  468.)  Auparavant  c’étoit  ie  23  Mars,  3 
mois  moins  7 jours  aprés  nous  , qui  tenoit 
Iieu  du  premier  jour  de  Fan  5 mais  dans  le  reíle 
de  F'Efpagne  , Yannée  a toujours  commencé  au 
premier  Janvier. 

• En  Chypre , le  commencement  de  Yannée  fe 
prenoit  auíS  du  jour  de  Noel.  Du  Cange  le 
prouve  par  une  Charte  ainíi  datée  : Anno  a na- 
tivitate  Domini  1578  , IndiB.  I,  feptimo  mar- 
di  , fecuniam  carfam  regni  Cypri. 

En  Anglererre  , on  trouve  des  veftiges  de  cet 
ufage  des  le  feptiéme  íiécle,  & il  s’y  mainre- 
noit  encore  aa  treiziéme.  Gervais  de  Cantorbé- 
ty,  oui  vivoit  alors,  & dont  on  a vu  Ies  plainres 
fur  ks  dlíTeníions  des  computilles  de  fon  tems 


A N N 

ásns  la  maniere  de  eommencer  'ícr-née  ¡ témcigne 
cejcndan:  que  preíque  tous  les  écrirains  de  la 
narion  qui  ravoieat  précédé  j s'étoknt  accordes 
á pkcer  rouvermre  de  Yannée  au  jour  de  iVoeij 
par  la  raiíbn  que  ce  jour  eft  comme  le  terme 
óü  le  foleil  finir  fa  courfe  & la  recommence  : 
Hcc  , iit  efsiino  , dit-il  , ratione  inducii  fiint  omnes 
jci  'c  qiíi  ante  v:e  jcrijrfimnt  , ut  a natali  Dommi 
anni  fubfeqnentis  fum.crent  initium.  Cependant  , li 
paroit  que  des  le  douziéme  Cécle  ^ Tufage  de 
réglife  ánglicane  éroit  de  commencer  Yannée  au 
Xy  Mars  ; c’eft  pour  cette  raifon,  fans  doutC;, 
qidEdmer,  qui  écrivoit  vers  le  milieu  de  ce 
ñecle  , appelle  les  quarre-temps  qui  fuivent  la 
Penrecóre , le  jeune  du  quatriéme  mois.  Ce  ñyle 
paiTa  dans  le  civil  au  treiziéme  fiécle  , &:  y per- 
févéra  jufqu  a la  réception  du  calendrier  réfor- 
Kié.  Le  commencement  de  Yannée  fut  alc'rs  fixé 
au  premier  Janvier.  Au  reñe  , il  faut  diñinguer 
trois  fortes  ^années  chez  les  Anglois  5 favoir_, 
Y-année  hiílorique , Yannée  légale  & Yannée  li- 
turgique.  Uannée  hiñorique  conuneHce  depuis 
long-tems  en  Angleterre  au  premier  Janvier  5 
Yannée  légale , c’eíl-a-dire celle  qu’on  fuivoit 
dans  les  acres  pubiics , conimenqoit  au  25  Mars  ; 
quant  a Yannée  liturgique,  elle  commeace  au 
premier  dimanche.  de  TAvent. 

Dans  les  Pays-bas , quelques  provinces , relies 
que  la  Gueldre  , la  Frife  ■&  la  province  d'U- 
trechr  ^ faifoient  partir  le  commencement  de 
Yannée  du  jour  de  ?voél  ; mais  a Delít , á 
Dordrecht  & dans  le  Brabant,  elle  commenqoit 
au  vendredi-íaint.  En  Hollande  en  Flandres  & 
dans  le  Hainaut  , elle  étoir  íixée  au  jour  de 
Paques;  & c’eír  le  ílyle  que  les  notaires  fuivoient 
áans  leurs  adres.  Mais  ’pour  éviter  route  ccnfa- 
iion  , ils  éroient  obligés  d’ajouter  á leurs  dates  , 
lorfqueiles  précédoient  Paques,  ces  vr, ots  , fe- 
lón le  fiyie  ae  la  Cour  , ou  bien  avant  Paques  , 
OU  more  galllcano. 

Ce  d •••  Jer  ítv'le  étoir  aufli  celui  de  la  Cour 
de  Savoie. 

A régard  de  la  France,  des  le  tems  de  Char- 
lemagne  , Tufage  étoir  de  cotnmercer  Yannée 
á Noel.  Cet  ufage  s’y  maintir.t  prefqu’univer- 
fellemer.t  pendant  le  neuvléme  fiécle.  Mais  dans 
la'  fuite  , il  n’y  eut  ríen  de  conítant.  Les  uns 
prirent  le  25  Décembre , les  autres  le  2J  Mars, 
& le  plus  grand  nombre , le  jour  ou  la  veille 
de  Paques,  pour  le  jour  inirial  de  Yannée.  Loici 
néanmoins  ciuelqaes  obfervations  lá-deíTus  , cui 
pourront  erre  útiles  á ceux  qui  confultenr  les 
anciens  monumens  de  rrotre  hiíloire.  La  courume 
prefqudnvariable  de  nos  rois  dans  leurs  diplomes, 
depuis  la  fin  du  douziéme  fiécle  , & celle  du 
Parlemenr  de  París  , depuis  qufil  fut  renda  fé- 
¿entaire  , jurqa’a  Pédit  cui  fixa  le  commence- 
menr  de  YanrJe  au  premier  Janvier , fjt  de  la 
ccmmencer  á Fáaues , ou  plutót  au  famedi-faint  , 
aprés  la  bénédicücn  du  cicrge  pafchai.  Mais 


A N 


N 


I drr.s  les  prcvinces  de  Franca  , tícrrt  les  An- 
giois  íurenr  mr.itres , Fufare  )e  plus  cotrinun 
étoir  de  commercer  Yannée  a Ncél.  Lorfcu'on 
y datoir  aurrement,  c'eft-á  dire,  lorfqu’on  com- 
mencoir  Yannée  a Paques  , on  ajouroic  ordinai- 
rement  á la  date  , felón  le  flyle  ae  Frente  , cu 
more  galUcar.o. 

En  Languedoc , dit  M.  Ménard  , ( hiíl.  de 
Nimes  , Préf. ) 8c  dans  les  autres  provinces  mé- 
ridioualeSj  Yannée  commencoit  au  2j  Mars,  mais 
ce  ne  fut  pas  fans  de  grandes  escepiions.  D.  '^'aif- 
fetre  prouve  que  dans  le  Languedoc,au:í  onziéme, 
douziéme  & treiziéme  íiécles , Yannée  commen- 
coit le  plus  ordinairemenr  á Paques  ; mais  il  ny 
avoitrien  de  fiable  ¡á-deíTus.  A Narbonne,&  dans 
le  pays  de  Foix,rurage  étoir  de  prendre  le  jour 
de  Noel  pour  le  premier  de  Fan.  Parmiies  preiives 
de  PhiíL  de  Languedoc,  T.  III,  col.  187  , on 
voir  une  charre  de  Raymond-Roger , coaite  de 
FoiXjdatée  : Menfe  M.artio  , die  dominitá  ^idibus 
ejufdem  menfis,  anuo  ab  Incarn.  D.  mcxcviji.  Or^ 
les  ides  ou  le  15  de  Mars,  tomboienr  un  diman- 
che en  1198  , felón  notre  maniere  de  compter. 
Le  roi  Louis  Vil  étant  a Maguelone  , y confirma 
les  priviléges  de  cette  églife  par  un  diplome  daté 
du  mercredi  des  cendres , 9 Février  i lyr  ; par  oü 
Fon  voir  , dit  encore  D.  VaiíTette,  que  le  norame 
commenqoit  l'année  a Noel. 

Dans  le  diocéfe  de  Linaoges , on  fubfiitua  Fan 
1301  , le  2j  Mars  au  jour  de  Paques,  pour  le 
premier  ]our  de  Fan  ; & cet  ufage  dura  jufqu'á 
Fédir  de  1504.  Dans  des  fragmens  de  Fhiñoire 
d'Aquitaine  , recueillis  par  D.  Eriennot  , on 
trouve  cette  remarque  : Nota  qudd  Data  littera- 
rum  contracluum  folehat  mutari  quolihet  aunó  in 
fefio  Pafck&  in  aicscefi  Lemovicenf.  Sed  magifier 
Petras  Fabri  cancelLarius  & cufias  figilli  Lemovl~ 
cenfis , infiituit  qubd  Data  mutaretur  quolihet  anno 
in.  fefio  annunti adonis  B.  lelaris.  ; (í  prima  muta- 
tio  fiíit  anno  Domzni  1301.  Dans  les  minutes  du 
quarorziéme  & du  quinzieme  íiécles  , les  notaires 
limcuuns  avoient  Fatteníion  d’i.nférer  au  23  Mars 
hit  mutatur  Datum. 

En  Daiiphiné  , Fufagele  plus  ordinaire  jufques 
vers  la  fin  du  treiziéme  Cécle  , éroit  de  commen- 
cer  Yannée  au  23  Mars  ; ma[s  dans  le  quarorziéme 
fiécle  , elle  commencoit  ’e  pius  erdinairement  á 
Noel;  & c’eft  ce  qufon  nomirioit  le  ftvle  delphi- 
nal.  On  fuivoit  le  méme  calcui  pour  Findiéfion. 
( Valbonnais.  ) 

Nous  croyons  ’/oir  le  méme  ufage  en  Provence 
au  Guinziéme  fiécle.  Te  concile  db-\ix,  tenu  Fan 
1409,  pour  envoyer  des  députés  á celui  de  Pife 
efi  daté  du  22  Janvier , ind  ciiqn  2 ; cr,  Findic- 
tion  ne  quadre  avec  .-e  mois  de  Janr  ier  1409,  que 
dans  notre  mar.iére  de  compter,  ou  en  commen- 
qanr  Yannée  á Noel. 

Parlant  du  comré  de  Bourgogne  , 55  J’ai  recon- 
» nu,  dit  M.  Chevalier,  ( btlt.  de  PcIign¡,.  T.  T ^ 
" p.  iy8,  ) que  Yannée  commencoit  parmi  nous 


200 


Á N N 

» comme  á Rome  ^ en  Italie  & en' Allemagne  , 
” des  la  nativité  de  N.  S.  & non  comme  en 

France , oú  i'année  commen^oit  feuiement  á 
” Paques.  Ce  n eíl  que  par  fucceflion  ¿^aunéts  , 
” 8c  depuis  que  ie  pays  fiit  foumís  á des  Princes 
==  fraaigois,que  le  íbyiede  France  y futintroduit». 
Mais  il  n'y  fut  point  univerfellement  établi. 

A Befanfon  , Xannée  commenqoit  á I’Annon- 
ciation  dans  les  tribunaiix  civils ; & á Pofficialité  , 
du  moins  pendant  le  quinziéme  liccie  á la  circon- 
ciíion.  En  d'autres  endroits  de  cette  province  , 
le  zj  décembre  continua  d’étre  regardé  comme 
jour  initial  de  1‘an.née.  A Montbelliard  , les  uns 
commen9oient  Yannée  au  premier  Janvier  j & les 
nutres  au  25  mars. 

Années  de  la  PaJJton  de  J.  C, 

Ce  r/eíl:  pas  feuiement  fur  les  années  de  Tincar- 
nation  qudl  eíl  aifé  de  fe  tromper;  on  peut  éga- 
lement  prendre  le  change  fur  Ies  annees  de  la  Paf- 
íion.  Nous  trouvons  pluíieurs  chartes  oú  Ies  an- 
nées  de  la  paffion  du  Sauveurfont  ajoutées  ácelles 
de  Pincamation.  M.  Du  Cange  en  rapporte  trois 
exemples  dans  fon  GlolFaire  , au  mot  Annas.  Pour 
accorder  ces  deux  dates  Pune  avec  PautrCj  il  ne 
fuffir  pas  de  favoir  coinment  nos  anciens  comp- 
toient  \s.s  années  de  Pincarnation ; il  faut  encore 
favoir  comment  ils  comptoient  celles  de  la  paf- 
lion  j OU  á quelle  année  de  Páge  de  N.  S.  i!s 
ont  rapporte  fa  mort.  Les  uns  ont  cru  qudl  étoit 
«Rort  á 32  ans5  les  aixtres  á 33  , & d’autres  en- 
fin a 34.  C eíl  ce  que  dit  exprelPément  Cerráis  de 
Cantorbéry , dans  Pavant-propos  de  fa  chronique  ^ 
oú  il  fe  pkint  encore  de  cette  diveríité  de  fenri- 
menSj  qu’ii  ditj  avec  raifon,  etre  une  nouvelle  oc- 
cafion  d’erreur.  Pour  ne  point  s'y  méprendre  , ü 
faut  continuellement  fe  rappeler  ces  trois  diffé- 
rentes  opinions  touchant  lC/zrééd  déla  paffion,  & 
ne  iamais  oublier  ce  qui  vient  d’en  étre  dit,  d’a- 
prés  le  moine  Cerráis.  On  doit  encore  y ajouter 
une  remarque  importante  , favoir,  que  I’année  de 
la  paffion  eít  quelquefois  confondue  avec  celle  de 
Pincarnation.  Ñous  en  avons  une  preuve  bien  fen- 
íible  dans  une  charte  de  Thibault , comte  de  Cham- 
pagne , que  D.  Mabillon  a fait  imprimer  fur  Po- 
riginal,au  lixiéme  livre  de  fa  diplomatique.  Voici 
la  date  de  cette  piéce  ; Data  V.  idus  Januarii  , 
indicilone  IK  j anno  d pajfione  Domzni  ¿íixxxiii , 
regni  autem  Pkilippi  XXIII,  /cripta  mana  Ingel- 
rani  Carnotenfis  eccle/is  decani  & cancellarii.  On 
ne  peut  fuppofer  qu'Ingelran  fe  foit  trompé  dans 
cette  charte , en  écrivant,  fans  y penfer  , d pajjlone, 
au  lieu  de  ab  incarnatione  y car  il  ffieíl  pas  le  feul 
de  fon  tems  oui'ait  écrit  de  la  forte.  Nous  avons 
un  atiteur  du  méme  fícele,  qui,  dans  fon  premier 
íivre  des  miracles  de  faint  Aile  , abbé  de  Rehais  , 
prend  auffi  le  mot  de  paffion  pour  celui  Sincarna- 
(ion.  Voici  les  paroles  de  cet  écrivain,  {Acia  SS. 
Bened.  feñ.  Il  , p.  326  .•  ) Roberto  apud  Me- 
rQvingiam  ,qu&  alio  nomine  dicitur  Francia  , tenente 


A N N 

! jus  regium  , pofi  mllle  d pajjione  Domínt  volamitid 

i annorum,  iyfo  millenarii  impleti  anno,  líe.  Ce  íexte 
dit  bien  expreíTément  que  Robert,  rol  de  France, 
régnoit  Pan  mil  depuis  la  paffion  , po/t  mille  d paf 
/one  Domini  vola-mina  annorum  , ipfo  millenarii 
impleti  anno  : op  , le  roi  Robert  ne  régnoit  point 
Pan  mil  de  la  paffion  , proprement  dite  , puirqu'it 
eíl  mort  Pan  1031,  & que  Pan  mil  de  la  paffion, 
proprement  dice , de  quelque  maniere  qu'on  le 
compre , ne  peut  repondré  á aucune  année  du  roi 
Robert,  mais  feuiement  z\ix  années  1032,  1053, 
1034.  Ainfi  Pannée  de  la  paffion  , dans  le  paíTage 
dont  il  s’agit,  fe  prend  pour  celle  de  Pincarnation, 
comme  dans  la  charte  du  comee  Thibault. 

Diférens  noms  des  années  de  l’ inearnation. 

Un  autre  nom  qffion  a donné  á Yannée  de  Pin- 
carnation , eíl  celui  de  Pan  de  grace  , annus  gratú-. 
Le  premier  exemple  que  nous  ayons  remarqué  dé 
cet  ufage  fi  commun  dans  les  derniers  tems  , eíl 
de  Pan  1132.  II  fe  rencontre  dans  une  charte  der 
Rugues  , feigneur  de  Cháteau-Neuf,  imprimée  au 
T.  IV.  du  Spicilége,  p.  261.  Gervais  de  Cantor- 
béry , qui  vivoit  au  commencemeut  du  treiziéme 
fiécle,  a fuivi  cet  ufage  dans  fa  chronique,  quhl 
commence  ainfi  : -Anno  igitur  grada  , fecundunt 
Dionyfium  xc  , fecundum  evangelium  vero  Mcxxri, 
fufeepit  Henricus primas  monarchiam  todas  Anglist, 
&c.  Voilá  Pan  de  grace  bien  marqué  pour  celui  de 
Pincarnation.  Mais  ce  qa’il  y a de  plus  remarqua- 
ble  dans  ce  debut  de  la  chronique  de  Gervais,  c"eíl 
la  diílinélion  que  cet  auteur  raer  entre  les  années 
de  Pincarnation,  felón  Denis-le-Petit,  & lesmémes 
années  , felón  Pévangile.  II  fuppofe  done  que  De- 
nis  , en  comptant  les  année.s  de  J.  C.  s^eíl  trompé, 
& que  felón  la  vérité  de  Pév'ángüe,  il  faut  ajouter 
ving-deux  ans  complets  á fon  calcul , pour  trouver 
la  véritable  année  de  Pincarnation.  Marianus  Sco- 
tus  , qui  mourut  fur  la  fin  du  onziéme  fiécle  , & 
quelques  autres  chroniqueurs  , mais  en  netit  nom- 
bre , du  faivant  , ont  fait  la  méme  .fuppofition. 
On  la  trouve  auffi  dans  un  referit  du  pape  ürbain 
II , pour  Pabbaye  de  Saint- Mihel , imprimé  dans  la 
diplomatique  de  D.  Mabillon  , p.  390.  Voici  la 
date  de  ce  diplome  ; Data  Laterani  VII  kalendas 
april.  anno  ab  incarnatione  Domini  fecundum  Dio- 
nyfium, millefimo  nonagefimo  oclavo  f fecundum  verb 
cerdorem  evangelii  probationem  millefimo  centefimo 
XXI,  indiñ.  Vi , tpacla  vi , concurrente  iv.  Le  pape 
Urbain  & le  moine  Gervais  skenordent , comme 
on  le  volt,  fur  ce  qu  ils  difent  du  calcul  de  Denisr 
le-Petit , qui  ffieíl  point  diílingué  du  nótre  ; mais 
il  y a une  année  de  différence  entre  leur  maniere 
de  compter  les  années  , qu’ils  appellent , felón  la 
vérité  de  t évangile.  Suivant  la  chronique  de  Ger- 
vais, pour  trouver  la  véritable  année  de  Pincar- 
nation, il  ne  faut  ajouter  que  22  ans  a notre 
ere  chrétienne  , ou  au  calcul  de  Denis-Ie-Petit ; 
fuivant  la  date  d’ürbain  II,  il  faut  en  ajouter 
Marianus  Spotus  dit  comme  Gervais,  quil 

nc 


A N N 

tie  faut  en  ajouter  que  ^i,  Florent  Bravomus,  j 
moine  ác  Vorceílve  , adopte  !e  méme  fentiment 
dans  fa  chroniquej  compofée  au  commencement 
du  douziéme  fiede.  II  tange  les  faits  hiítoriques 
qii’il  rappone,  fous  Ies  deux  éres^  celleáe  I'évan- 
giie,  qadi  exprime  par  cesde-ax  lettres  S.  £.  deft- 
á-dire  j,  fecinidiiTn  evangelium ; Sc  Tere  de  Denis- 
le-Petir^  qu  il  déiigne  par  Ies  lettres  S.  D.  quí  íi- 
^mñent  /ecundum  Dionyjium.  Farexemple , ii  place 
un  voyage  de  Guülaume  lí , duc  de  Normandie  , 
en  Angleterre^  fous  Tan  lOíi  de  Tere  incroduite 
par  Derds-le-Petit,  & fous  Tan  1075  dsréreév'ah- 
géüque  ; par  ou  í’on  voit  qu  i!  fait  marcher  la  pre- 
xniére  ces  deux  époques  21  ans  avant  la  íeconde. 
D’autreSj  tels  qu'Hélinand,  moine  de  Fontfroide, 
écriv'am  de  la  fin  da  douziéme  fiécle , n’autici- 
poient  que  de  21  ans  Tere  de  Denis-Ie-Petit ; H.gc 
ar.no  , dit-il  fur  Fan  979  ^ compientur  mille  anni  a 
nativitate  Chrifii  , fccundiim  vsritatem  evan-geHi  , 
qui  fecanáum  cyclnm  DíotíyJíz  anr.o  ab  hiñe  vicep- 
mo  primo  finiiintur.  Nous  ne  rapporterons  pointici 
Ies  raifons  fur  lefquelles  ces  auteurs  appuyoient 
cette  diftinclrioa  des  années  de  J.  C.  felón  Denis- 
le-Petit  j & des  mémes  années  Jelon  Févangile. 
On  peut  les  voir  dans  Fouvrage  di;  P.  Petan  > de 
doctrina  temporum , i.  XII.  ch.  V.  Parlons  mainte- 
nant  d'une  autre  date  plus  uíitéej  pour  raarquer 
les  années  de  Fincarnation. 

C^eft  i’année  de  la  trabt-ation  , armas  trabeatio- 
nis  Chrifii , cui  fe  trouve  dans  pluíieurs  chatres  du 
.onziéme  íiécle.  M.  du  Cange^,  dans  fon  Gloííaire  , 
Texplique  par  armas  quo  Chriflus  trabi  afjixus  eji , 
Vannée  que  .í.  C.  a été  attaché  á la  croix.  Mais  ce 
favant  homme  s’efí:  mépris  en  donnant  cette  ex- 
plication.  On  Fa  rectifiée  dans  la  nouvelle  édition 
de  ce  GÍOiTairej  au  mot  trabéatión. , oú  Fon  a d¿- 
montré  o^Lanitas  trabeatio.tis  eíl  la  méme  ehofe 
Qüannus  incarnationis . Dans  la  multitude  des 
chartes  qu’on  a citées  á ce  fujet,  fe  trouve  le  dé- 
cret  d'éíeciion  de  Eoreljévéqae  de  Rhoda  en  Ca- 
talogne^  rapporté  au  2-  tome  des  Capitulaires  de 
Baluze^  col.  6jo.  II  commence  ainli  ; Armo  tra- 
beationis  D.  A'.  J.  C.  rriilíefimo  xvii  , ira  millefi- 
ma.  quíiijiüigejíma  quinta , indiclione  xt , concurrente 
2 j epacta  xx.  Toutes  ces  dates  conviennent  a Xan- 
nee^  1017  de  Fíncarnatson  , de  méme  que  ceile-ci 
qui  eíl  a la  fin  du  décret  : anno  xxi  regnante  Ro- 
berto rege.  II  n'eíl  done  pas  douteux  qiiannus  tra- 
beauords  & armas  incarnationis  ne  foient  la  tr,érne 
chote.  La  fource  de  Ferreor  de  M.  du  Ca.nge  eít 
dans  le  mot  rraéí  , (iont  ii  faifoit  dériver  tr.zhea- 
tta  , aulieii  qu  il  vient  de  trabea  ¡ forte  de  robe  a 
i uzage  des  anciens  rois,  & dont  les  Pavens  or- 
noient  les  íratues  de  leiirs  dieux.  S.  Fulaer.ce  , 
dans  un  Jerraon.  prononcé  le  four  deS.  Ftienne  , 
dont  ia  rete  , coiníiie  perfpnne'ne  Fignore  ^ fe  cé- 
lebre Je  lendemain  de  .Aotd  ^ di'-  : JaVi  rex  noCer 
t -aheá  carrds  iuduzus  , &ci  lA  eí>  trés-probable  que 
ie  rn.'jt  crakeatio  a e_te  tiré  de  ce  paíTage  de  3.  Ful- 
geace  , par  Jes  notaíres  qui  reateudolen:  lire  aux 
Astiquiiís  Tíomi  L 


A N N 291 

lecons  de  matines  le  jour  de  S.  Erlenne.  Du  moin* 
eíl-il  certain  que  trabeatio  & trabea  carrzis  mar- 
quent  Fincarnation  du  Yerbe  ; & c'eft  rout  ce  qu’il 
eíi  néceíTaire  de  favoir  ^ pour  r¡\'  erre  pas  trompé. 

La  dernrére  remarque  que  nous  ferons  íiir  la 
maniere  de  dater  par  Ies  années  de  Fincarnation  , 
fera  fur  Fomiiíion  d’im  nombre  de  ces  années  pour 
en  abréger  la  date  , fur-rout  quand  elle  eít  répá- 
tée.  Dans  Fhiftoire  des  évéques  d’Auxerrej  nous 
troavons  que’Févéque  Ardoin  fut  transféré  fur  ce 
ííége  j in  principio  anrd  millefimi  trecentefiimi  quia- 
quagefimi  in  nativitate  Domini;  & 12  lignes  apréSj 
pudlpaíTa  de-lá  á i evéché  de  Maguelone^  aujour- 
d’hui  Montpeilier,  anno  quinquagejimo  tertio  curia 
romans. , ( c’eft-á-dirc  , en  commenpant  V année  á 
Noel  ) ; more  autem  gallicano  , ( qui  étoit  de  cotn- 
mencer  X année  á Paques  , ) anno  quinqaagefimo  fe- 
cundo ^ in  feflo  purificationis  B.  MarÍA.  L'hiíloriea 
a omis  deux  fots  cette  derniére  Í2Xc,anno  millefimo 
trecentefiimo.  II  eft  vrai  qu’eile  eñ  facile  á fuppléer, 
parce  qu’eüe  fe  trouve  á la  tete  du  récit.  Mais  oa 
voit  de  femblables  omiflions  dans  áes  dates  qui  ne 
font  point  répétéeS;,au  qui  n'ontpoint  été  précé- 
dées  de  dates  entieres.  Lá  premiére  édition  de 
Martial , eft  ainfi  datée  ; imprejfiurn  Ferrarisc 

dic fiecundá  Julii  MLXXI,  pour  MCCCCLxxi  {évíait- 
taire).  De  méme  ^ la  premiére  édition  de  Guil- 
laume-de-Faris  eft  datée  de  Fan  mlv  , au  lieu  de 
Fan  MDLV.  La  lettre  d’Erafme  , qui  eñá  la  tete 
des  oeavres  de  S.  Cyprien  ^ eft  datée  de  Fan  Mxix, 
pour  MDxix.  (i).  II  y a des  dates  oü  Fon  nc 
voit  que  X année  du  íiécIe  courant , par  exem- 
ple , XXI  pour  mccccxxi  j xxxiv  ponr 
Mccccxxxiv.  On  lit  dans  unmanuftrrit  de  Fimi- 
tation,  appartenant  á Fabbaye  de  Moik,  qiFii  a 
été  achevé  die  Kiliani  34  , c'eft-á-dire  , le  jour  de 
S.Kiiien  (SJuiller)  1454,  &dans  un  tíMfee^anno  24, 
cequifignifie  1421.  D.  Mabülon,  (dip!.  1.  2,  c.25, 
n.  d’autres  remarquent  que  dans  les  chartes 

mémes,  il  fe  trouve  des  exemples  de  femblables 
omiíTions.  Telle  eít  ladate  d’une  charte  d’Efpagne: 
.Sra  dijcurrente  'Lxil , c'eft- á-díre,  da.ns  Fére  (d’Ef. 
pagne  ) DeecLxii,  fous  le  régne  du  rol  .élfonfej 
ce  qui  revient  á Fan  de  J.  C.  834.  Les  éditears  du. 
GloiTaire  de  du  Cange  citen:  un  acre , daté  feu'e- 
ine.nt  de  Van  de  A.  5.  foixante-qnatre  , quolqu’ii 
foit  certainement  de  Fan  1364-  Dans  le  regií're 
A du  parlement  de  París,  fo!.  i recto , le  priviiége 
accorcié  par  Charles  Y a'ux  éceliers  de  Funiveriité, 
porte  ia  date  de  Van  trais  cens  fiolrcante  Jix , cc 
qui  veat  dire  Fan  1366'. 

: j).  Uns  autre  obTervarion  qu’il  eíl;  á propos  cíe  faíre  ict 
far  la  <?aie  quí  fe  Ik  á la  fin  des  aiidcns  íivres  imprimas, 
'deit  cii’elle  n’eíl  pas  couiours  cells  ele  i’iraprciiion , mais 
qiielqiierois  celie  de  la  coD'.po;i:io:i  de  I oavrage.  Car  Ies 
premiers  inipriineurs  avoiei::  courune  de  copien,  ainfí  qug 
les  copUtes  á la  maia  , tour  ce-  ca’:is  foíivoidéic  dans  ie^ 
inannrcrits.  Quand  oa  lir  á la  óa  de  ré-diríon  de  Joha’znes 
de  Ta-r.h-ACO  y !>£  CoNSOL.-íT.f^Ot^'E  THFOLOGr.^,  oirit 

a été  acharé  kan  Gcla-doks'cctendre  de-  la  eoir.pofídon  , 

Se  Aion  de  kirr.predion.  liziponc,  'Phllologic^^ 

Sibiiogrcphíca  ^ f-p,  5‘^ 

Ce 


A N N 

Réca-pitulatíoii  des  eres  cmployées  dans  la  Talle 

Chronolcgique , arvec  leurs  rapports  précis  a ¿"ere 

¿e  Jéfus-Ckrifi. 

La  premiére  année  de  la  195'  Olympiade  ré- 
pond  au  premier  Juillet  de  la  premiére  année  de 
J.  C. 

La  qiiarriéme  année  de  Findiñion  Conftantino- 
politaine , commence  au  premier  Septembre  avanr 
J.  C.  La  quatriéme  année  de  Tindidlion  Conflanti- 
niennej  au  24  du  méme  mois  5 & la  quatriéme 
ánnée  de  Findiéiion  Pontificale , au  premier  Jan- 
vier  fuivant. 

U année  de  Fére  d'Alexandrie,  commence 
áu  29  aout  de  V année  qui  precede  immédiatement 
la  premiére  année  de  J.  C. 

\J année  5493  de  Fére  eccléíiaftique  d’Antiochej 
commence  au  premier  Septembre  avant  Fére  de 
J.  C. 

Uannée  5509  de  C P.  commence  au  premier 
Septembre  avant  Fére  de  J.  C. 

U année  31 3 de  Fére  des  Grecs  ^ commence  au 
premier  Septembre , fuivant  les  uns ; au^  premser 
OédobrCj  fuivant  les  autres  ^ de  la  premiére  année 
de  J.  C.  Quelques  peuples  font  commencer  cette 
année  3 1 3 , feulement  en  Fautomne  de  la  feconde 
année  de  J.  C. 

La  quarante-neuviéme  année  de  Fére  Céfanenne 
d'Antioche  , commence  j felón  les  médailles  , le 
premier  Septembre  avant  Fére  de  J.  C. ; & , fui- 
vant les  añes , au  premier  Septembre  de  la  pre- 
miére année  de  J.  C. 

La  rrente-neuviéme  année  de  Fére  d’Efpagne  ^ 
commence  au  premier  Janvier  de  !a  premiére  aa- 
née  de  Fére  chrétienne- 

La  premiére  année  de  Fére  des  Martyrs  ^ com- 
mence au  29  Aoilt  de  Fan  de  J.'C.  284. 

La  premiére  année  de  FHégire  j commence  au 
\G  Juillet  de  Fan  de  J.  C.  622. 

Annse.s  fur  les  médailles. 

II  Y a plufieiirs  efpéces  A’années  fur  Ies  mé- 
dailles. Sur  celles  d#s  villes  grecques , on  trouye 
ordínairement  des  époques  relatives  a des  faits 
hiíloriques.  Sur  celles  des  Auguíles^,  _on  voit  les 
années  qui  datent  dii  moment  ou  i!s  ont  été 
TiOXrxmis  Augiiñes  ou  méme  imperator ; & ce  font 
les  mémes  années  qui  font  placees  iíir  Ies  mé- 
dailles des  Céfars. 

Cette  derniére  aíTertion  demande  quelques 
preuves.  Alexandre-Sévere  netant  encore  que 
Céfarj  m.arque  fur  une  médaille  L.  Ej  epoque  du 
regne  d'Elagabale , qui  étoit  alors  Augufte._  Tifas 
Céfar  marque  ítkí  h.  ^ qui  etoit  1 an  huitiemc 
du  regne  de  Vefpaíien , fon  pere  : Marc-Aurele 
Céfar  marque  L.  h.  ^ qui  appartenoit  au  regne 
dF-intonin.  Le  rnéme  Céfar  a marque  L.  AÍ2AE- 
JtATOY  j la  i2=<í;2?2/fd'’-4ntonin.  On  voit  enfin  deux 
médailles  de Caracalla avec  et.ie.  ip  & ex.  i^.i6y 
qui  ne  peuTeat  convenir  qu'a  fon  pere  Septime- 
Scvére.  Cette  obfervation  ttte  Ies  antiquaijes  d un 


A N N 

gránd  embanas , ou  ces  époques  les  avoient 
jetés. 

On  lit  fur  une  médaille  d^or  d'Hadrien  : ann, 
DCCCLXXIIII.  NAT.  URB.  , anno  nau  urbis. 
C'eft  prefque  le  feu!  exemple  de  X année  de  la  fon- 
dation  de  Rome  marquée  fur  les  médailles. 

Sur  les  médailles  du  Bas-Empire  aprés  le  cin- 
quiéme  íiécle  &c  jufqu’au  neuviémej  Ies  reveis 
des  médailles  portent  ; Anno  11,  111,  jy , be. 
Ces  années  du  regne  commencent  avec  Juftin, 
Fan  5183  & finiííent  á Michel  Rangabé  ^ qui 
monta  fur  le  troné  Fan  81 1. 

ANNIA  j famille  romaine  dont  on  a des  mé- 
dailles : 

O.  en  or. 

C.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

Goltzias  en  a publié  quelques  médailles  parti- 
culiéres  j inconnues  depuis  iui.  . 

Annia  Fauftina.  F'oyei;  FausTINA  (Annia). 

AÑiN  IB  AL.  V.  Hannibal. 

AññIBALLIEñ.  V.  Hannibaelien. 

AÑÑIVERSAIRE  (jour).  Les  anciens  avoient 
coutume  de  célébrer  par  des  repas  8c  des  réjouif- 
fances  les  jours  anniverfaires  de  leur  naifíanccj  de 
!eur  mariage , Scc.  lis  prolongérent  cet  ufage  méme 
jufquTprés  leur  mort  ^ comme  on  Fapprend  de 
leurs  épitaphes.  Les  parens  8c  les  amis  du  mort 
s'aíFembioient  autourdefafépulturej  8c couvroient 
fon  tombeau  de  rofes  ^ de  fieurSj  de  fruits  8c  de 
viandes.  lis  prenoient  enfuite  un  repas  commun  , 
aprés  lequei  iis  fe  féparoienr. 

Ovide  rapporte  i’origine  de  ce  pieux  ufa.g-e  a 
Enéej,  qui  Fapporta  en  Italie.  {Fafi.  ji.  533-)' 

Eft  honor  & mmulis  animas  placare  paternas  , 
F arvaque  in  exftruBas  muñera  ferre  p'jras. 

Hunc  morem  S.neas  pietatis  , idgneus  auéter y 
Attulit  in  térras  ^ infle  Latine  y tuas. 

II  Y avoit  des  jours  confacrés  a honorer  rous 
les  morts  en  general ; mais  chaqué  famiüe  céle- 
broit  en  parriculier  Ies  jours  anniverfaires  de  la 
mort tdx.i<r!a. , OU  de  ia  naiíFance  j f^■Á!l■ía , de 
chacun  des  íiens.  Les  mourans  chargecient  leurs 
héririers  de  payer  ce  tribut  á leur  mémoire.  On 
lifoit  á-  Arles  Fépitaphe  fuivante  y qui  en  fait  foi  ’~ 

I.  JULIO.  SECUNDO 
UTRICULARIO.  COR 
C.  I.  P.  A.  QUÍ.  LEGAVIT 
EIS.  TESTAMENTO 
SUO.  * CC.  UT.  USUR.  EOR 
OMNIBUS.  ANNTS.  SACRIFI 
CIO.  El.  PARENTETUR 
ITEM.  NAUT.  DRüENTIOR 
CORPOR.  MOGITUMA 
EPIP0DIUS.  FILIUS.  NA 
PATRI.  PIEHTISS 


Á N N 


A N N 

Sur  un  marbre  du  mufaum  de  Vérone; 

ITEM.  DEDIT.  COLL 
NAUT,  ARILIC.  H-S.  XII.  K 
ÜT.  EX.  EJUS.  SUM.  REDITU 
ROSAL.  ET.  PARENT.  JUSTO.  E 
lUSTAE.  ÜXORI.  ET.  SIBI  OMNI 
AN.  IN.  PERPETUUM.  PROCUR 
ET.  ADIECIT.  PONTIjL.  IUSTA.  ISD 
■ COLLEG.  IN.  MEMOR.  FORTUNATAE 
LIB.  OB.  EA-ND.  CAUSAM.  H-S.  N.  DC 
ET.  UT.  MONÜMENTUM.  REMUND 

Sur  un  autre  á Brefcia 

VALERIAS  URSAE  QUAE  VIXIT 
MECUM  ANNOS  XXX.  MENS.  III.  D.  VIII. 
QUAE  COLLEG.  FABR.  AGELLÜM.  AESIANUM 
SUUM 

MANCIPAVIT  SE  VIVA  EX  DIMID.  PORTUS 
VASISTA  UT  EX  REDITU 
EIUSDEM  AGELLI  Q.  ASILIO  CONIUGI  SÜO  ID  EST 
IX.  KAL.  NOV. 

DIE  NATA-LIS  EIUS.  ITEM  PR.  ID.  MAR.  DIE 
NATALIS  SUI  SING. 

ANN PER  MAGISTR.  CELEBRENTUR.  ITEM 

EO  DIE 

ROSjE IN  PERPET 

Sur  un  autre  marbre  de  Brefcia : 

clodiae  ac 
HILLEE  sive  cy 
RILLAE  QUAE  VIXIT 
-ANN.  XXVIII.  ivIEN.  XI. 

DIES  VI.  L.  VETTIUS 
URSINIANUS  M-ARITUS 
UX0RI  INCOMPARABILI 
QUI  DEDIT  COLL;  VI  VIR 
SOCIOR.  H-S.  N.  co.  UT  EX 
USURIS  EORUM  PROFUSA 
El  FIANT  PA-RENTAL.  ITEM 
ROSIS  QUODANNIS  CELEBRENT 

On  Iit  encere  a Nice  l’épitaphe  fuivante  : 

P.  PETREIO.  P.  F.  Q.  QUADRATO.  ET.  P.  EVA 
RISTO.  LAIS.  MATER.  STATUAM.  POSUIT.  OB 

CU  jusdedicat.  colligent.  epulum.  ex.  more 

EX.  IP H-S.  XII....  UT.  QUODANN.  IN.  PER 

PET.  DIE.  NATAL.  QUADR.  V.  ID.  APR.  QüA 
RELIQUIAE.  EIUS.  CONDITAE.  SUNT.  SACRI 
FICIUM.  FACERENT.  A'Hniíatim.  FARE.  ET.  LIBO. 
ET.  IN. 

TEMPLO.  EX.  MORE.  EPULARENTÜR.  ET.  RO 
SAS.  SUO.  TEMPORE.  DEDUCERENT.  ET.  STA 
TUAM.  DECERNT.  ET.  CORONAR.  QUOQ.  SE 
FACTUROS.  RECEPEP.UNT. 

Gruter  a publié  Tépitaphe  fuivante^  qui  ren- 
ferme  les  oíFrandes  que  1 on  faifoit  aux  morts  dans 
les  anniverfaires  ; 


aoj 

COCCEI.4E,  -NICE.  DOMITLAE 
F.  CHRISAE 

VIXIT.  ANN.  XXIV.  M.  lili.  D.  XXIIlI. 
HERMES  COCCEIUS.  BASS 
ACT.  COlUGI.  BENE.  M 
AETERNAM.  TIBI.  SEDEM.  HERMES.  AR-AMQ 
DICAVI 

InICE.  OPTASSEMQ.  UTINa.M.  tua.  eat.l.  superstes 
UT.Í.IIHl.TÜ.  E.ACERES.  SED.  INIQU A. SORTE.  MALIGNA 

RAPT.Í..  lACES.  ANNIS.  VIDUATA. 

lAM.  TIBI.  LAC.  eySELES.  SINT.  ET.  ROSA.  GRATA. 
DIGNES 

ET.  FLORES.  GRATI.  NYMPHIS.  ET.  LILIA.  SERT.A. 
SiTQ.PRECOR.  MARITIS.  QUI.  NOSTRA.  PARENT.  TIBI. 
DONA 

ANNUA.  ET.  HIC.  MANES.  PLACIDA.  TIBI.  NOCTE. 
QUIESCANT 

ET.  SUPER.  IN.  NIDO.  -MARATONIS.  CANTET.  AEDON 


ANNIÜS  VERUS.  Verus. 

ANNÓ.  Un  médaiUon  de  Jaftinien  offre  cette 
légende  écrite  de  haut  en  bas  ; Anno  x v.  Ce  fut 
versTan  ji8  que  Fon  commenca  á marquer  furles 
monnoies  l'année  de  l’empire  par  la  formule  amo. 
Dans  !a  fuite^  au  lieu  ¿íanno , on  ne.ñt  que  répé- 
ter  des  N.  V.  Annees  [ur  les  médailhs. 

ANNON.^.-.  Les  Romains  exprimoient  par  ce 
feul  mor,  & la  récolte  de  tous  les  fruits  ou 
grains  que  la  terre  produit  en  une  année  & la 
ración  du  foldat , de  quelque  nature  qu  elle  piit 
étre.  Les  ediles , & en  particuüer  le  oréfet  de 
Yannone  y étoient  chargés  d^approviíionner  Rome, 
& de.  mettre  le  prix  aux  denrées ; & ils  avoienc 
fous  leurs  orares  pour  ce  département^  les  régions 
urbicaires  & les  provinces  frumentaires.  Ces  pro- 
vinces  j que  Ton  forcoit  á paper  Jeur  tribut  en 
grains  & eacomeñfbles  ^ étoient  la  Sicile  , F.Afri- 
que  , oú  étoient  iituées  les  régions  urbicaires  ; la 
Sardaigne,  FEfpagnej  la  Béotie  ^ la  Macédoine, 
la  Cherfonéfe,  TAÍie  proprement  dite,  la  Syrie 
& FEgypte,  depuis  le  moment  ou  Augufle  la  ré- 
duilit  en  province  rornaine.  Le  prélat  chargé 
aujourd’hui  de  veüler  .a  Lacprovilionnement  de 
Reme  moaerne , s'appelle  encore  Préfet  de  V An- 
nom. 

Les  foldats  romains  recevoient  ordinairement 
leur  annena  ou  catión,  pour  plufieurs  jours,  &r 
la  portoient  eux-mémes  dans  les  routes.  lis  !a 
recevoie.nt  en  argent,  lorfqu’ils  étoient  limitanei , 
c'elt-á-dire , á poíle  fixe  fur  Ies  frontiéres  de  TEm- 
pire. 

A-.inona  dúplex,  double  ration,  étoit  une  ré- 
cempenfe  iniliraire. 

Nous  Yoyons  fouvent  fur  les  médaides  des 
empereurs  -innon.í  augusti  , au  revers  u.i  boif- 
feau  , duquel  fortent  des  épis  de  bled  & un  pavor, 
ou  une  ferr.me  qui  tient  des  épis.  Ce  type  eft 
reiatif  au  foin  qu  avoit  pris  reropereur  d'appro.- 
1 viíicnaer  Roma. 

i Annolía  sancta.  Gruter,  pag.  Sí  de  fon 

C c ij 


204  A N S 

P.ecueüj  revu  par  Grsvius  , a publié  Tinfcrip- 
Coa  fuivante ; 

^NNONAE.  SANCTAE 
AELlüS.  VITALIO 

MENSOR.  PERPETÜUS- 
D I G N I S S I M I 
CORPORIS.  PISTORTJM 
SILXGIKIARIORUM 
D.  D 


On  voir  au-deíTus  un  bas-relief  repréfentaní 
Hse  femme  habiliée , ayant  feulemens  le  bras  nud 
ainíi  que  Fépaule  droite,  portant  un  croiíTant  fur 
la  rete  , tenant  de  la  mam  gauche  une  come 
d’abondancCj  mettant  de  la  droite  des  épis  dans 
un  vafe  qui  en  renferme  d’autres  ^ & enfin  ayant 
auprés  d’elle  un  gouvernaii  place  fur  un  globe. 

ANNONARJvE  regiones.  V oyei  PrOViNCES 
frumentaires  & RÉGIONS  urbicaires. 

ANXONARII,  ceux  qui  exercoient  le  mono- 
pole  fur  les  grains  & autres  prodaCtions  de  la 
ierre. 

ANNOTATORES3  étoient  des  gens  prépofés 
pour- infpetler  ou  contróler  les  receveurs  des 
impóts,  afin  d’empécher  qu’ii  n’y  eút  colluíion 
entr’eux  & Ies  contribuables. 

ANNÜLAIRE  (doigt).  Cell  le  qiiatrieme,  & 
le  plus  voiíin  da  petit.  Quoique  les  Grecs  & les 
Roinains  ayent  beaucoup  varié  fur  la  maniere 
de  porter  les  anneaux  , c'eft  á ce  doigt  cepen- 
dant  qifils  les  ont  placés  cominunément.  On 
i’appeloit  encore  digitus  medicixs , parce  que  Ies 
Eiédecins  qui  étoient  apothicaires,  s'en  fervoient 
pour  délayer  les  portions  des  malades. 

ATsOBRET , nymphe  que  Saturna  rendir  mere 
de  Jéhud. 

ANOLUS,  en  Lydie.  amo. 

Les  médailies  autónomas  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  bronze.  (^Hanter.  > 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ANOSIA^  nom  qui  fignifie  imple,  8c  qui  fut 
donné  á Vénus,  lorfcue  Laís  fut  mée  dans  fon 
temple  á coups  d'aiguilies , par  la  ieuneíTe  Theífa- 
lienñe.  On  Tappala  , pour  le  raéme  fujer^  Andro- 
-pkon.os  , homicide. 

ANSA  fciiti.  Les  Romains  donnoient  ce  nom 
a I’anneau  principai  du  bouclier  ^ que  les  Grecs 
appeloienr  O/.hío-j.  C’étcit  aans  cet  anneau  que 
le  guerrkr  paffoit  fon  bras.  Hérodote  (i.  p.  78.) 
fait  honneur  de  cette  invention  aux  Cariens. 
Avant  euXj  on  attachoit  une  ¡ongue  courroie 
aux  deux  cotes  du  bouclier,  & le  foidat  paiToit 
la-téte  dans  cette  coiirroie , de  maniere  quepa 
fecuclier  pendoit  fur  fon  épauie.  Les^  Cariens  in- 
Tentérent  ce  fort  anneau  , qui  etoit  indeperdant 
de  deux  plus  petits , placés  fur  les  bords  du  bou-  ■ 
ciier  pour  erre  faiíis  avec  la  main. 

Le  grand  anneau  éíoií  au-dedans  & as 


A N T 

müieu  du  bouclier.  On  le  voir  exprimé  trés-dífC 
tinólement  fur  un  deílin  publié  par  “S^finkelmana 
dans  les.  Mop.umenti  inediti.  C’eft  Dioméde,  re- 
connoiííable  au  bouclier  rond  des  Argiens,  fes 
fujets , qui  eñ  tombé  fur  un  genou , 8c  qui  tient  du 
bras  gauche  un  grand  bouclier , dont  la  concavité 
s’offre  prefqu’entiére  aux  regards  da  Íeéíeur.  Quant 
á la  maniere  de  porter  le  bouclier  pendil  au  col 
avec  une  longue  courroie,  les  pierres  giavées  8c 
les  bas-reüefs  noiis  ont  confervé  un  grand  nomore 
de  figures  armées  á Yhéroique  , 8c  portant  le  bou- 
clier ainíi  fufpendu. 

ANSARIÜM  Olí  Ansurium  , impct  qui  fe  per- 
cevoit  fur  le  beurre  & autres  comeftibles  , & qui 
fe  payoit  á raifon  du  nombre  des  vafes  á deux 
anfes  dans  lefqueís  ils  étoient  apportés  de  la 
campagne.  On  donna  le  nom  d Ar.furii  aux  rece- 
veurs  de  cet  impót. 

Quelques  philologues  ont  cru  que  cet  impot 
étoit  per^u  fur  la  vente  des  javelots , appelés  tela 

anfata. 

ANSATA  tela.  On  appeloit  de  ce  nom  des 
javelots  auxquels  étoit  attachée  une  courroie , 
amentum,  pour  en  faciliter  le  jet.  Anfe.  ézoitnt  , 
feloM  d’autreSj, deux  éminences  placees  ala  moitic 
de  la  longueur  du  javelot , 8c  qui  ^ortoient  auííi 
k nom  de  mora,  parce  qu’elles  arretoient  1 arme 
& rempéchoient  d’encrer  toute  entiére  dans  le 
corps  de  Fennemi. 

ANSES  des  vafes.  Ñous  ne  pouvons  nous  taire 
fur  le  goút  merveilleux  avec  lequel  Ies  anciens 
ont  traite  cette  patrie  des  vafes,  qui  eft  ordinai- 
rem.ent  oifeafe  &c  groíiiére  chez  les  artiñes  mo- 
dernes.  Que  ceux-ci  aiilent  á Fécple  oes  pre- 
miers , & qu’iis  étudient  les  recueils  du  coro  te 
de  Caylus , les  montimens  d’tlerculanum  íes 
vafes  ¿trufques  du  comte  ííatniltori.  C’eft  la  cu  iis 
venont  avec  quel  foin  & quel  génie  Ies  anciens 
-motivoient  toutes  Ies  partías  de  leurs  vafes,  Sc 
les  anfes  en  particulier.  Qui  pourroit  reteñir  fon 
admiratioH  á la  vue  des  arfes  d’un  vafe  graré^fur 
une  pierre  du  barón  de  Stofch  ? Ellas  font  tor- 
mées  par  deux  Leda , embraífées  par  des  cygnes 
Deux  boucs  qui  cherchent  á boire  dans  le  vafe , 
forment  les  anfes  d’un  autre  vafe  gpvé  dans^la 
méme  colleiftíon , Scc.  Quelle  fécondité  & queue 
variété  dans  les  anfes  des  lampes  antiques ; 
il  faut  favoir  íe  taire  á propos , lorfqu’on  ne  pour- 
roit jamais  tout  dire  fur  un  fujet. 

ANT^OPOLÍS , dans  FEgypte.  AítTAio.  ^ 
Cette  ville  a fait  frapper  une  méáai'le  itnpe" 
ríale  grecque,  en  Fhonneur  d’Hadrien. 

Voyet^  Antee,  fon  fondateur. 
ANTANDROS  , en  Myfie.  ANTANAr-ms.  , 
Cette  ville  a fait  frapper  des  médailies  irppe- 
riales  grecques  en  l’hoHneur  de  "V  efpaíien , d An- 
tonin,  de  M.-Auréle,  de  Commode,  de  ScvciS» 

de  Paula.  t.  • r 

ANTEAMBULONES , efclaves  qui  marchoieat 
divant  kuxs  maitres  pour  écarter  la  foüis 


A N T 

criant : Faites  place  á mon  maítrcj  date  locum 
domino  meo.  Marital  (2.  i?.  jO  en  parle: 

Snm  comes  ipfe  tuus  , tumidicue  anteam-hulo  regís. 

Ft  (lO.  74.  2.): 

QzLamdiu  falutator 

Anteambulcnes  , (¿  iogatulos  ínter , 
Centum  merebor  ■plúmbeos  die  loto. 

ANTECESSORFS.  On  appeloit  de  ce  nom 
la  cavalerie  légére  qui  marchoit  devant  les  lé- 
gions.  On  lui  donnoit  auííi  le  nom  ál  Ante  turf  ores. 
Sueíone^  (E’/í.  c.  l'i,n.\l)\  Irruverant  jam  agminis 
anteceífores  ¡ Sc  Ccfar,  (de  Bello  civil.  5.  37.): 
Ut  pvimi  antecurforss  Scipionis  viderentur. 

Ce  nom  fut  appliqué  depuis  á des  jiirifconfulres 
qui  n’étoient  pas  profeíTeurs  , & que  Ies  jiiges 
appeloient  quelquefois  pour  leur  aider  á rendre 
la  juftice. 

ANTE-CÍENA^  les  mets  légers  que  Ton  fer- 
voit  avant  le  repas.  Macrobe  appelle  de  ce  ncm 
des  ouríins des  buitres  crues.  "(Saturn.  3.  12.): 
Ante-coenam  y echinos  , ofireas  crudas^  quantum 
vellent. 

ANTEDEXTRA.  Ce  nom  exprimoit  chez  les 
Arufpices  Ies  foudresj  ou  les  oifeaux  quivenoient 
du  cote  droit. 

ANTEDON  écoit  j felón  quelques-uns  j pére 
de  Glaucas. 

ANTEE  rol  de  Lybie , que  la  fable  dit  erre 
fils  de  la  Terre  , & á qui  elle  donne  foixante- 
quatre  coudées  de  hautcur.  11  arrétoit  toas  les 
paíTans  dans  Ies  fables  de  la  Lybie  ^ oü  il  fe  met- 
toit  en  embiifcade;  il  les  contraignoit  de  luter 
contre  lui  ^ & lep  étouffoit  tous  du  feiil  poids  de 
fon  corps  enorme.  Antee  provoqua  Hercule  á la 
iutte  i Hercule  accepta  le  défi  ^ Se  le  jeta  trois 
fois  á terre  demi  mort  ; mais  des  qii  Antee  tou- 
cioit  la  terre,  fa  mere,  i!  reprenoit  fes  torces, 
& devenoit  plus  forr  & plus  furieux  qu^aapara- 
vant.  Hercule  s’en  ctant  appercu  & Tayant  faiíi 
de  nouveau , le  ferra  íi  fortement  en  Tair  , & le 
tint  íi  long-tems  en  cette  poñure,  qa’il  expira. 
Cet  Antee  avoit  batí  la  viiie  de  Tingi  , fur  le 
détroit  de  Gibraltar,  oa  il  fut  enterré.  On  dit 
que  Sertorius  íit  ouvrir  fon  tombeau,  & cu’on  y 
treuva  des  oíTemens  d'une  grandeur  extraordi- 
naire. 

I-es  géographes  grecs  difent  que  cet  Antee  avoit 
fondé  Antsopolis  dans  l’Egypte  fupérieure,  parce 
qu  ils  n'ont  pas  trouvé  fans  doute  dans  Ies  tems 
fabuleux  un  autre  héros  de  ce  ncm.  Diodore 
de  Sicile  dit  qu  Oíins  donna  le  gouvernement  de 
la  Lyoie  & de  1 iatniopte  a Antee.  \ oi!i  done 
ce^  nom  confacré  dans  les  fables  facerdotales  de 
rEgypte.  Mais  que!  rapport  peut-en  trouver  entre 
cttAntée,  Se  le  géanr  de  ce  noni  cue  Pompenius- 
Me'a  fatt  roí  de  La  Mauriranie,  a qui  Fiúrarcue 
, donne  pouv  femíse  Tinge,  conr  k yille  de  Tingi 


A N T 


205 


prit  le  nom,  & dont  Hercule  iouit  aprés  fa  vic- 
toire  ? 

Par  quel  ¡deñin  fingulier  les  Egyptiens  ont-i!s 
place  au  rang  de  leurs  dieux  cet  Antee  des  Grecs  ? 
pourquoi  lui  ent-iis  ¿levé  á Ant-íopolis  un  temple  , ' 
des  autels  ? pourquoi  enfin  lui  ont-ils  confacré 
des  crocodiles  ? Pocoke  a vu  les  ruines  de  ce 
temple  , & y a trouvé  le  nom  d‘^ntée  fur  une 
infeription  grecque  brifée.  II  efe  vraifembiable 
que  ce  temple , oü  étoit  honoréF^níé't:  des  anciens 
habitans  de  l'Egypte,  fut  ruiné  , atnfi  que  plu- 
fieurs  autres,  par  Cambyfe,  & que  les  Grecs,  focs 
le  régne  des  Ptolémées,  fubílituérent  á ce  cuite 
prefqu’anéanti  celui  du  géant  de  méme  nom  , 
étouíFé  par  Hercule. 

Quant  au  premier  Antee  , on  troure  dans  Ma- 
néthon  que  le  huitiéme  roí  d’Egypte  de  la  pre- 
miére  dynaftie , s^appeloit  a’ugiim;;,  mot  qui, 
prononcé  & interpreté  dans  Lidióme  des  Cophtes, 
Lancienne  la.ngue  des  Egyptiens  , veut  dire  Prétre- 
d‘ Antes  ou  a Endes ; c'eíl:  ainíi  qu  Heredóte  parle 
{lib.  2,  f.  141.)  d‘un  autre  roi^appelé  Prétre  de 
Vulcain  ¡ & qu'on  trouvé  dans  le  nombre  des 
rois  de  Thébes  , confervés  par  Eratoíihene  , 
P-koni-Atkor,  grand  prétre  de  Venus. 

Cet  Antes  , ou  plutót  Endes,  étoit  fans  doute 
la  méme  divinicé  que  Alendes  ou  le  bouc  de 
Mendés , dont  les  Grecs  ont  fait  leur  dieu  Pan. 
Cette  conjeélure  de  Jablonski  eft  confirmée  par 
levoifinage  du  Nóme  confacré  á Pan,  Panopolis, 
dans  le  diftriél  duquel  Ara&opolis  a pu  étre  en- 
clavée  fous  les  anciens  rois  d'Egypte. 

ANTELuDiÁ.  On  appeloit  de  ce  nom  íes 
répétitions  que  faifoient  Ies  dan-feurs  des  ballets 
qu'ils  devoient  exécuter,  foit  aux  jeux  du  cirque, 
foit  á d’aurres  folemnités.  Apulée , {Met.  xi , 
p.  368.)  : Ecce  pctnpSL  magna  paullatim  procedunt 
in  ant eludía,  votivis  cujufque  fludiis  exornata pul- 
cerrime. 

ANTÉNOR,  frére  de  Friam  , fe  trouva  a la 
prife  de  Trove.  Quelques  auteurs  ont  méme  dit 
qudl  aida  Enée  á livrer  la  viiie  aux  Grecs.  Poyes^ 
Enée.  Anténor  paíTa  , comme  Enée  , en  Itah'e  , 
& s’érablit  fur  les  borcis  du  P6,  oü  il  bátit-, 
dit-on , la  viiie  de  Padoue.  il  avoit  époufé  Théano, 
filie  de  Ciffeus,  roí  de  Thrace , dont  i!  eut  dix-neaí 
fils.  L’áge  lui  avoit  donne  une  priidence  con- 
fommée  & une  grande  facilité  á bien  parler. 
P.  Telmesse. 

ANTENNE  de  navire.  Pline  .(vrr.  yé.)  dit  que 
Dédale  en  fut  Linventeur  j Antennam  invenir  I>a- 
dalus. 

ANTEPAGMENTA  , jambages  dMne  porte, 
appelés  aiifll  ante  , & par  nos  quvriers  pieds-droits  , 
féfon  Philander  dans  fes  notes  fur  ‘'/itruve.  Mais 
on  croit  que  c'ell  une  erreur  de  ce  comtr.enta- 
tenr.  Anta  étoient  les  jambages  de  pierre  ou  ce 
marbre  ; antepagmenta  étoient  les  ornemens  en 
piacage,  de  bois  oa  de  cur/re,  dont  on  Ies  recou- 
vroii.'"  On  iifoit  fur  une  ancienne  infeription  ; 


A N T 

ÍACITO  AlZTEfAGM^ENTA  ASIEGlTALArA  5“—. 

Ce  qui  nous  montre  évidemment  qu  ils  étoient  de 
chéne. 

ANTEPANNIj  bandes  ou  courroies  fixées 
fur  Je  devant  des  habits  , &'  appelées  de  nos 
jours  paremens.  Horace,  \de  Arte  Poet.  l).): 

Purpureas  late  ^ qui  [plerAcat  unas  & alter  ¡ 

Ajfui  tur  pannus. 

ANTEPILANI.  Ce  mot  ne  fe  trouve  qu’ane 
feule  fois  j Ceñ  dans  le  livre  8'  deTite-Live. 
Patnxij  qui  a écrit  un  Traité  fur  la  Milice  Ro- 
maine,  croic  avec  fondement  que  c’eft  une  erreur 
de  copiíle  5 & il  luí  fubñitue  le  mot  Antefignani. 

AiNTERIDES , éperons  ou  contreforts  d’archi- 
teÍEiire. 

A N T É R O S , ou  le  Centre- Amour  ^ ¿'¿rP.t , 
contra,  d%sfflí  j amor,  étoit  fils  de  Venus  & de 
Mars.  '/énus,  difent  les  ancienSj  fe  plaignant  á 
Thérnis  de  ce  que  FAmour^  fon  filsj  reftoít  tou- 
|ours  enfant , cette  déeíTe  luí  répondit  qu’il  le 
feroit  tant  qu’elle  n’auroit  point  d’autre  íiis.  Sur 
cette  réponfe  , elle  fouffrít  la  pafllon  du  dieu 
MarSj  & Antéros  fut  le  fruit  de  leur  commerce. 
L'Amour  ^ pour  cela  , n’en  devint  pas  pías  grand ; 
lui  & fon  frere  demeurérent  toujours  enfans.  On 
Íes  trouve  ainíi  repréfentés  avec  des  ailes  & un 
carquois  , des  fleches  & un  baudrier.  On  Ies  volt 
fur  un  anclen  bas-relief,  jouant  enfemble,  & 
táchant  de  s'arracher  une  branche  de  palmier 
que  chacun  tire  de  route  fa  forcé.  On  a cru  Ies 
reconnoitre  auífi  toutes  les  fois  que  deux  amours 
Jutent  Tun  contre  Tautre. 

Paufanias  parle  d’une  autre  figure  á’Araéros,  qui 
tlent  deux  coqs  fur  fon  fein , quil  tache  d'en- 
gager  á le  piquer  fur  la  tete.  Antéros  partagea  les 
honneurs  divins  avec  fa  mere  & fon  frere , & 
les  .4thérdens  luí  élevérent  un  autel.  Ce  Contre- 
Amour  n"eft  pas  dans  le  fens  de  contra  rieté  & 
d'oppoíition  j mais  dans  le  fens  de  retoiir  ou 
d’amour  mutuel  & reciproque.  II  a été  imaginé 
pour  marquer  que  le  retour  fait  croitre  Pamour. 
A Athenes  ^ il  étoit  pourtant  regardé  comme  le 
dieu  vengeur  d'un  amour  méprifé.  V.  Amour  j 
Melés. 

ANTES.  On  donnoit  ce  nom  aux  grandes 
pierres  ^ aux  pierres  angulaires  qui  foutenoient 
refrort  des  bátimens,  & qui  étoient  placees  dans 
Ies  murs  extérieurs.  Virgile  a appelé  dans  ce  fens 
les  derniers  rangs  d’une  vigne , ames  , expreífion 
que  les  phiiologues avoient  mal  enrendue.  {Georg. 
/r.  417!); 

Jam  canlt  extremos  ejfoetus  vinitor  antes. 

ANTESIGNA,  les  enfeignes  les  plus  avancées 
d’une  legión  ou  d’une  armée. 

A.NTESIGNArNT.  Les  interpretes  ont  varié  fur 
le  fens  de  ce  mot , qu’iis  ont  tous  reconnu  cepen- 
dant  pour  le  nom  d’une  efpéce  de  foldats.  Les 
uns  ont  dit  que  Ies  antejignani  étoient  les  hafiaires 


A N T 

te  Ies  princes  que  Ton  plaijoit  avant  Ies  eníeí- 
gnes  mais  on  fait  que  les  enfeignes  précédoient 
les  légions  rangées  en  bataille. 

D’autres  prennent  les  vélites  pour  Ies  antefigna» 
ni,  & leur  joignent,  fous  cette  dénominationj  les 
foldats  armés  á la  légére.  Cependant^  le  paíTage 
de  Céfar  {de  hell.  civil.  143 .)  oú  il  eíl  fait  mention 
des  antefignani , qui  furent  étonnés  d’une  ma- 
niere de  combatiré  ufitée  parmi  les  troupes  lé- 
géres,  & dont  Ja  défaite  entraína  la  retraite  de  la 
legión  entiére^  neleur  eft  pas  favorable.  Les  vélites 
étoient  des  troupes  légéres  qui  plioient  au  premier 
choc  j & venoient  fe  rallier  auprés  des  légions  ; 
ils  ne  pouvoient  done  étre  étonnés  de  voir  pra- 
tiquer  les  mancEUvres  qui  leur  étoient  famílié- 
res.  Teur  déroute  ^ d’ailleurs  ^ n’influoit  point  fur 
la  contenance  des  légions  j qui  les  regardoient 
comme  des  enfans  perdus^,  deíHnés  á porrer  Íes 
premiers  coups  & á fe  retirer  enfuite. 

Les  légions  ne  pouvoient  étre  difpofées  a la 
fuite  ou  á la  retraite,  que  par  la  faite  ou  I’ébran- 
Ijment  de  troupes  dans  iefquelles  elles  avoient 
quelque  confiance.  Auíii  j les  antefignani  dont 
parie  Céfarjétoient  probablement  des  légionnaires 
d’éiite  , ou  des  vétéransque  l’on  placoit  en  avant 
pour  recevoir  Ies  ennemis  , & animer  ^ par  leur 
courage  & leur  vigueur  ^ route  la  legión. 

Antes ¡GNANi.  Ce  nom  a encore  été  donné 
aux  campidoctores  , ou  bas-officÍers  prépofés  pour 
enfeigner  I’exercice  aux  troupes  , & pour  mar- 
cher  á leur  tete  dans  les  exercices  militaires. 

ANTESIIsTSTRA.  Les  augures  appeloient  de 
ce  nom  j les  foudres  & les  oifeaux  qui  partoient 
de  devant,  ou  du  midi  , Ser  alloient  á la  gauche  , 
c’eíl-  á-dirCjá  i’Orient.  Ces  préfages  étoient  fu- 
neftes.  ^nrgile  appelle  de  ce  nom  une  corneüle 
{Eclog.  IX.  15.),  felón  Servius: 

Aniefinijira  cava  monuijfiet  ab  Hice  cornix. 

ANTESTLA  , famille  romaine  dont  on  a des 
médailles. 

O.  en  or. 

R.  en  argent. 

RR.  ,en  bronze. 

ANTEVERLA,  Ante  vorta,  £’ Post- 
VERTA,  OU  PosTVORTA , déeffes  adorées  chez. 
Ies  Romains.  La  premiére,  appelée  aufli  Prorfia  8c 
Porrima , favoit  le  paffé  , Se  on  Tinvoquoit  pour 
réparer  les  maux  qu’on  avoit  deja  reífentis.  La 
feconde  prédifoic  I’avenir  , & les  Romains  I’invo- 
quoient  pourprévenir  les  maux  qui  devoient  leur 
arriver. 

Ces  déeíTes  étoient  Ies  mémes  que  les  Car- 
mentes.  On  imp'oroit  auffi  leur  fecours  dans  les 
accouchemens  , afin  que  la  tere  de  l’enfant  fe  pré- 
fenrant  la  premiére,  ía  mere  eút  moins  á fouttrir. 

ANTHEDON,  dans  la  Pjioenicie.  an-cSH. 

Cette  vilie  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales grecoues  en  l’honneur  de  Caracadla. 

ÁNTilELIENS  (^dkux ).  Les  ftatues  de  ces 


dieux  étoierit  placees  debout  aux  deux  cóíés  des 
portes  á ^thénes  & eiies  étoient  perpétuelle- 
nrent  expolees  aux  injurés  de  Tair  5 d’oú  leur  vint 
Cfi  nOíT)  j 0ÍOI  ¿v'¿y,?iíái, 

AXTHEMILS, 

Procopius  Ai^thpmivs  Aucvstus. 

Ses  mépaüles  font ; 

R.  en  or. 

RRRR.  en  argent. 

Dans  un  cabinet  de  París. 

O.  en  bronze  5 du  moins  on  ne  penfe  pas 
tjii’il  Y en  ait , quoique  le  P.  Banduri  en  rapporre 
une  de  P.  B.  qu’il  a tirée  de  Ducange. 

ANTHEMUSIUM^  dans  la  Méíopotamie. 
AN0EMOYCIÍÍN. 

_ On  a une  médaille  impériale  grecque  de  cette 
ville  j frappée  en  Thonneur  de  Caracalla. 

ANTHESPHORIES,  féte  qu’on  célébroit  en 
Sicile  en  i honneur  de  Proferpine  , ainíí  nom- 
mée  j parce  qu’elle  fut  enlevée  dans  le  tems 
cu  elle  cueiüoit  des  fleurs.  Le  nom  de  ces  fétes  eíl 
grec,  & formé  ¿‘ííylo;,  fleiir  ^ &c  de  je  porte. 

II  lemble  que  les  anthefpkories  foient  la  méme 
chofe  que  le  fiorifertum  des  Latios.  Cependant 
Feftus  ne  rapporte  point  cette  féte  á Proferpine; 
& il  dit  qu’on  la  nommoit  ainfi , á caufe  qu’on 
portoit  ce  jour-Iá  des  épis  au  temple. 

On  cé'ébroít  auíli  á Argos  des  an.theCphories 
dans  le  temple  & en  Phonneur  de  Junon  AvB-iía.;, 
fleurse;  felón  Paufanias  dans  les  Corinthiaques.^ 

ANTHESTÉRIES  , fétes  ainíi  nommées  du 
mois  Antheítérion  , pendant  lequel  on  les  céíé- 
broit.  Elies  áuroient  trois  jours^  pendant  lefquels 
les  maitres  fervoient  á table  leurs  efclaves.  La  féte 
finie  , on  les  faifoit  forcir ; & comme  ils  étoient 
toas  de  Carien  de -la  vint  le  proyerbe  : Hors  d'ici , 
Caritns  ; l's  Anthefiéries  font  fipÁes.  Elies  fe  célé- 
broient  á Athénes  en  Phonneur  de  Bacchus  ^ les 
onze^  douze  & treiziéme  du  mois. 

Quelques  écrivains  croient  que  ce  n’étoit  point 
une  féte  particuliére  , mais  que  toiites  les  fétes 
¿í^s.cchiisítríoríítnoísr'xanthefiéries.  C’eíl  le  íen- 
timent  d’Apoílodore^cité  par  íe  fcholiaíle  d’Arif- 
tophane.  Onprononce  dzY onécútmz\anthifiér¡es  : 
il  eíl  plus  naturel  de  denver  le  mot  antkeflérzes  de 
, fieur  5 parce  qu'on  portoit  des  coutonnes  dé 
fleurs  en  Phonneur  de  Bacchus. 

Chacun  oes  jours  des  anthcféries  avoit  un  nom 
re.atíi  a ce  que  Pon  faifoit  pendant  cette  journée. 
Le  premier /cell-a-dire,  le  ii^du  mois  antkefti- 
rzen  , s appeloit  . ouvertiire  des  tonneaux  , 

©u,amphcres : ce  ;our-lá  j on  goátoit  le  vin.  A Ché- 
ronéeil  s'appeioitjourdubongénie^  Ay«fig¿iísiV.«o?i 
a caufe  que  1 on  s y livroit  tout  entier  á la  joie.  Le 
douziéme  du  mois  s'appeloit  xAs  , de  ypAs,  conge, 
meiure  de  vin  ; parce  que  chaqué  convive  buvoit 
le  vin  d'une  amphore  qu  on  iui  fervoit  en  particu- 
lier.  On  vouloit  rappeler  par  cet  ufage  , un  trait 
hiíi-onque  de  Pandion  ou  de  Démophoon , roi 
d Amenes.  Xe  parncide  Oreíle  étant  venu  dans 


cette  ville  avant  de  s’étre  purgó  de  fon  crime  , y 
arriva  pendant  que  Pon  célébroit  les  fétes  de  Bac- 
chus A'/zX*?! , des  preíToirs,  Démophoon  Iui 

íit  unbon  accueil ; maiscraignantquedes  convive» 
fcrupuleux  refiifaíTent  de  boire  avec  un  criminel 
teint  dufang  de fa  mere  , il  fit  fervir  a chacun  d’eux 
une  amphore  particuliére  , & fauva  un  affront  á 
fon  hóte. 

Le  deuxieme  jour  de  la  féte  étoit  employé  á 
des  dcfis  bachiques;  on  donnoit  au  vainqueur  une 
couronne  de  feuilles  , & quelqiiefois  d'or  ( Elzert. 
II.),  avec  une  grande  mefure  de  vin.  On  fe  pro- 
menoit  fur  des  chariots  , & Pon  s’amufoit  á railler 
Ies  palfans.  Les  fophííles  mangeoient  chez  cux,  &: 
recevoientpour  ce  repas  des  préfens  de  leurs  amis. 
Bacchus  recut  un furnom  relatif acetre  journée, 8c 
fut.appele  Xca^rorg?, 

Quant  au  troiíiéme  jour,  on  Fappeloit  xlr/iaí, 
de  xirfce,  marmite  , parce  cu'on  faifoit  bouillir 
toute  forte  de  légumes  , qXon  expcfoit  dans  les 
rúes  fans  y toucher.  On  croyoit,  en  effet,  qu’ils 
étoient  confacrés  á Mercure  infernal : c^’étoit  le 
jour  oü  Pon  jouoit  les  comedies ; & , depuis  Ies 
loix  de  Lycurgue , on  infcrívoit  fur  Je  tableau  des  ■ 
citoyens  ceux  qui  avoient  remporté  la  victoire  dans 
ces  défis  de  théátre. 

AaTHESTÉRION  , mois  de  Pannée  grecque : 
il  étoit  creux  ou  de  29  jours,. 8c  le  íixiéme  de  Pan- 
née. 11  repondoit  á la  fin  de  février  . &c  au  com- 
mencemient  de  Mars,  felón  Néapolis  , commen- 
tareur  des  Fañes  d'Ovide.  Potter  dit  qu°il  répon- 
doit  a la  fin  de  nocre  mois  de  Novembre  8c  au 
commencement  de  Décembre-  II  eñ  difficile  de 
decitier  cette  queílion.  Au  refle  , c^’étoit  dans  ce 
mois  que  Ies  Athéniens  & les  autres  peuples  de  la 
Crece  célébrójent  des  fétes  en  Phonneur  des  morts. 
ANTHISTESES.  V.  Fioíiales. 

ANTHIUS,  fleiiri.  On  donnoit  ce  furnom  á Bac  - 
chus , dans  les  villes  d’ Athénes  8c  de  Parras  en 
Achaie ; parce  que  Ies  ííatues  de  ce  Dieu  y étoient 
coiivertes  d'une  robe  chargée  de  f eurs. 

AN  i HROPOMAPfTlE,  divination  qui  fe  fai- 
foit par  Pinfpeclion  des  entrailles  d’hommes  ou 
de  femiT.es  qu'on  égorgeoít.  Ce  mot  eft  grec  8c 
formé  de  deux  autres-,  favoir,  homme. 

Se  ficívrdct , divination. 

L^’erRpereur  Elégabale  _pratiqucit  cette  abomi- 
nable divination.  Cedrenus  8c  Theodoret  racon- 
tent  de  .Tulienll,  qu’il  faifoit  périr  dans  des  facri- 
fices  noélurnes  8c  des  opérations  de  magie  , un 
grand  nombre  de  jeunes  enfans  , pour  confuker 
leurs  entraüles.  Ils  ajoutent  que  ce  prlnce  ayant 
pris  la  route  de  Perfe  , dans  rexpédition  oú  il  pé- 
rit,  s’enferma  á Garres  en  Mtfoporaiiue  , dans  le 
temple  de  la  lune  , & qu'aprés  y avoír  demeuré 
queique  tems  avec  les  cómplices  de  fon  inhuma- 
niré,  i!  fcclla  les  portes  , & y pofa  une  garde 
qui  ne  devoit  étre  levée  qu’á  fon  retour.  Ceux  qui 
entrérent  dans  ce  temple,  fous  le  régne  de  Jovien, 
fon  fucceíTeur,  y virent  une  femme  pendue  par  les 


2o8  a N T 

chereuT  j Ies  mains  étendues  Se  le  ventre  ouvert. 
Juüen  avoit  voulu  chercher  dans  fon  foie  queí  Ic- 
roit  le  íuccés  de  la  giierre. 

Les  Scythes  avoientaufficette  barbare  coututr.e; 
& Strabon  aífure  la  méme  chofe  des  ancienshabi- 
tans  de  la  Luíitanie. 

ANTROPOPHAGES  ^ mangeurs  d'hommes  j 
d’avSf&is-sí,  homme  ^ Se  je  mange. 

Les  Cyclopes  , les  Leftrygons  & Scylla  , font 
appelés  par  Homére  uraropopliages.  Ce  poete  dit 
auíli  que  Íes  monftres  féminins  , Circe  & les  Sy- 
reneSj  atriroient  les  hommes  parFimagedu  plai- 
íir  , 8:  les  faifoient  pefir.  Ces  vers  d’Homere  j ainíl 
-qu/un  grand  nombre  d’autres , font  fondés  fur  les 
mCEurs  des  teins  antérieurs  au  fien.  Pline  accufe 
¿í  antropophcigit  les  Scythes  & les  Sarmates  ; Solinj 
les  Ethiopiens  ; Juvénal,  les  Egyptiens.  Tite-Live 
aíTure  qif  Annibal  faifoít  manger  á fes  foldats  de  la 
ehair  hunaaine,  pour  lesrendre  plus  feroces. 

íl  femb'ie  que  V amropophagie  n’apoiritecelevice 
d'une  contrée  ou  d’une  nation  ^ mais  celui  d’un 
fiécle.  Av'ant  que  les  hommes  euffent  été  adoucis 
par  la  c-ulture  des  arts , & civilifés  par  les  légiíla- 
tions  , II  paroit  que  la  plupart  des  peupies  man- 
geoient  de  la  chair  humaine.  On  croyoit  qu’Or- 
phée  avoit  été  !e  premier  qui  repréfenta  aux  hom- 
mes i’inhiimaniré  de  cet  ufage , & qui  parvint  a le 
faite  abolir.  C'eíl  d’aprés  cette  tradition  qué  les 
eres  ont  peint  Or-phée  dépouillant  les  ngres  & 
lions  de  leur  férocité  natureile.  Horace  {Art. 
poct, ) 

Sylveftres  homin.es  facer  interprefue  deorum 
CsdíbiLS  & F(EDO  rtoTü  ¿eterriiit  Orpheus  , 
Díciiís  ab  hoc  Uniré  tigres  rabidofque  leones. 

A M T I A j faniille  romaine  dont  prt  a des  tué- 
dailles. 

O.  en  or. 

RR.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

Le  fartiom  de  cette  famille  eft  Restio. 

Goltzius  en  a publié  quelques  medailles , in- 
eonnues  depuís  luí. 

ANTíAMíRE  pinta  Mercurejqui  la  rendir  mere 
d’Echion  ; celui-ci  fervit  d’efpion  aux  Argonautes. 

áNTIASj  furfiom  de  7a!eriuSjqui  étoit  né  á 
Ánttuin. 

ANTÍATÍCUS  furnom  déla  famille  MzSNIA. 

ANTTEES,  Numifmatiqííc.  V.  Antipolis. 

ANTICUE,  mere  d'Ulyífé,  & filie  d’Autolicus, 
époufa  Laérte;  mais  Siiyphe  I’ayoit  déjá  rendue 
mere  , felón  quelques  poetes;  & voilá  pourqiioi 
A jax  reproche  á l'IyíTe , dans  Ovide  , qu  il  defeen- 
doi t du  fang Sifyphien.  Anticliemoüxut de  douleur, 
á caufe  de  Ja  longiie  abfeneedeion  Sis.  On-dit  cue 
Naupiius  , pour  fe  venger  dXíyfie  qui  avoit  fait 
périr  fon  fiis  Falaméde  , donna  á Anticiie  une 
faiifíe  nouveüe  de  la  mort  d’LlyíTe , & que  cette 
princeíTe  y assant  ajouté  fbi  ^ fependit  de  défefpoir. 

ANTiCUS.  Gruter^  pag.  561  de  ÍQVífhef  infer. 


A T 

revu  par  Crsevius  , rapporte  répitaphe  faivante  5 
OSSA 

SILVINI,  E.MPR.OMI 
CEROM.  lEG.  SI. 

ANTICO  tICI.'.-IA 
I.  E.  F. 

Anticas  voudroit-il  exprimer  ici  la  méme  chofe 
que  Antesignanus  V.  ce  mot. 

ANTíCYRE^dins  la  Fhocide.^  _ 

O.n  a quelques  médailies  imperiales  grecques 
de  cette  viile  , fituée  fur  le  Golphe  de  Corinthe  , 
felón  le  P.  Hardouin. 

Ce  n’étoit  point  elle  qui  íournifTc;!  rhellébore, 
& á laquelle  on  renvoyoit  Ies  fous , parce  que 
cette  plante  purge  le  cerveau.  Lorfqu"  Horace  oc 
Ovide  parknt  d'une  Anricyrejá  Foccafionde  Fhel- 
lébore , ils  entendent  Fiíle  d’Anticyre  , fituée  au- 
jourdAhui  entre  celle  de  Negrepont  & les  cotes 
de  la  TheíTaiie. 

ANTIGOKE  étoit  filie  d’ddrpe  &de  Jocafie, 
& fceur  de  Polynice.  Créon  , fon  onde,  s’étant 
eniparé  de  la  coiironne  de  Thébes , aprés  la  morí 
des  deux  fréres  ennemis , défendit  exprefleinent 
d’enterrer  le  corps  ea  Ies  cendres  ae  Polynice  , 
qu’il  avoit  fait  jeter  á la  voirie,  Mais  Antigone, 
fa  fcEur  j étant  fortie  la  nuit  de  la  viüe  , alia 
lui  renáre  les  derniers  devoirs.  íl  appnt  le  lentíe- 
rnain  que  quelqu’an  iui  avoit  défobéi , & pour 
s’eñ  aíiurer,  ii  íit  déterrer  Polynice,  ordonnant 
á fes  gardes  de  veilíer  aupres.  On  fiirprit  la  nuit 
faivantí  , la  princeiTe,  qui  venoit  pleurer  le  mal- 
heur  de  fon  frere,  8:  on  la  mena  au  roi , qui 
commanda  qu’on  l’enfevelit  toute  vive  ; mais  elle 
prévint  une  mort  aufll  funeíle  en  s’étrang'aiit. 
Le  prince  Hérnon,  fon  amant , fiIs  du  roi , fe 
tua  de  défefpoir.  Cet  événement  fait  le  fujet 
d’une  belle  tragédie  de  Sophoefe. 

íiygin  raconte  autrement  la  mort  á‘Antigone. 
Le  roi , dit-il  , chargea  fon  fiis  de  faite  moiirir 
Antigone  ; Hémon  , qui  étoit  amoureux  de  ig 
PrinceíTe  chercha  á éluder  l'ordre  -,  & La  fit  ca^ 
cher;  mais  le  roí  Fayant  appris,  obügea  le  pnnee 
á tuer  Antigone  en  fa  préfence  , & de  déíefpoir 
Hérnon  fe  tua  avec  elle.  Voye^  Hémon. 

Antigone,  filie  de  Laomédon  , fot  changée 
en  cicogne , pour  avoir  eu  i'audace  de  fe  com- 
parer  á Junon. 

Antigone,  roi  d’Afie.  BAEIAEÍ22  ANTirONQY- 

Ses  médailies  font 

,RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Winkelman  a expliqué  tres -heureufement  les 

tvpes  d’un  médaiilon  de  ce  roi  d’Áíie , dont^le 
travai!  eft  exquis.  D’ui^coté,  on  volt  une  tete 
avec  de  la  barbe  , & couronnée  de  berre.  On 
avoit  pris  auparavant  Ies  feiúiles  de  berre  pour 
des  rofeaiix,  Fon  croyoit  en  conféauenes  y 
reconnoítre  la  tete  de  Neptune  j tañáis  c^i  v.ne 


A N T 

•íKfj’iiie  p'-rei!le  avoitfait  preudrapaur  Venus  ar- 
mié  1 I'Apoilon  afils  far  la  proae  d'un  vaiiléau  , 
aui  eít  !e  revers  áa  mcdailion.  V"inkelmann  aG- 
íurc  qus  c’eír  la  tete  da  tlieu  Pan , reconneif- 
íable  á fa  barbe  hériííée  comirie  les  polis  des 
chevres.  Selon  ce  íavant  antiquaire  r.Apollon 
afíls  far  le  valíTeau  , 8c  le  dauphin  place  au-def- 
fous  j peuvent  faire  alluüon  á un  de  fes  furnoms, 
qui  lui  fat  donné  lorfqu'il  fe  métamor- 
phofa  en  dauphin  pour  conduire  la  premiére  co- 
ianie  dans  rifle  de  Délos  {Hom.  kyrmi.  Apol.  495'.) 
Comme  les  Athéniens  attribuoíent  au  dieu  Pan  la 
vittoire  de  Marathón ii  fe  pourroit  de  méme  que 
ce  mcdaiüon  eút  été  frappé  en  mémeire  de  quel- 
Que  bataii'e  navale  j dont  le  roi  Antigonc  auroit  cru 
aevoir  le  gain  ala  proteétion  de  Pan  & d'Apollon. 

Antigon'e  Cíonaíaí , roi  de  Macédoine.  basi- 
ASG2  ANTírONOY. 

Sís  médaüles  font  ; 

SR.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  qn  or. 

Antigone  3 fiis  d’Arilbobuie , roí  de  Judée. 
3A2IA  ANTir. 

Ses  iTiédaiiles  font : 

RR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent, 

ANTíGOiNIES  j fétes  inñitaées  en  1‘konneur 
d’an  Ántigonus.  Flutarque  , qui  en  faií  mention, 
lie  nous  apprend  poiat  quel  eíl  cst  Antigonus. 

ANTIGRAPHARÍij  infpeófeurs  des  rcceveurs, 
& leurs  furveiiUns  ^ pour  empeclier  ia  coilufion 
entr'eux  &:  íes  contribuables.  lis  faífoient  fofEce 
de  nos  contróieurs . 

AisTILENA  j poitrail  des  c'nevaux. 

ANTILOQüEj  fiis  de  Neñor  8c  cPEuridice  ^ 
accompagna  fon  pére  au  íiége  de  Troye  j & y fut 
tué  en  vouianc  parer  le  coup  que  Memnon  alioit 
porter  a Jíedor.  Xénophon  dic  qu'i!  rcf ut  le  beau 
titre  de  Philopator  ^ amateur  ¿e  fon  pére , parce 
qu'il  avoit  expofé  & donné  fa  vie  pour  fauver 
celle  de  fon  pére. 

Un  camée  & un  bas-reiief  du  palais  Mattei, 
publiés  par UVinkelmann  dans  fes  Monumend  jne- 
diti  , repréfentent  Ant’doque  annor.yant  a Achille 
la  mort  de  Patrocle.  Sur  ces  deux  monumens  , on 
obferve  que  le  ii!s  de  Neílor  a une  jambe  croifée 
fiir  Tautre  j attitude  confacrée  ches  Ies  anciens 
artilles  á caraélérifer  une  douleur  profonde. 

AMTíMA.CHIEjféte  célébrée  dans  i ifle  de  Cos, 
pendant  laqueüe  le  prétre  portoit  un  habit  de 
íem.m^e  ^ Se  avoit  ia  tete  enveloppée  dans  une  mitre  , 
ou  liee  avec  une  bandelette  comme  les  femmes. 

Pour  rendre  raifon  de  Idnfihation  de  Vantima- 
cnie  , & de  1 nabüJement  extraordlnaire  du  prétre^ 
Pauianias  ¡ Liv.  i , reconté  ia  fabie  fuivante.  Her- 
cule  revenant  en  Gréce  aprés  la  prife  de  Trole  , 
la  tempéte  difperfa  fes  navires.  Celui  qui  le  por- 
toit échoua  fur  ihfle  de  CoSj  oú  il  ptit  tstís  íans 
Anuquhés  , Teme  L 


A NT 


armes  S;  fsns  bagage.  Hetcule  pria  un  'oerger,.  np- 
pclé  AntagoraSi  de  iui  ¿onner  un  béiier.  Cdui-ch 
qui  étois  fort  & vigoureux  lui  prenota  de  lutter 
enfembíe  j en  promettant  de  donner  le  béiier  3 s'ii 
¿roí:  vaincu.  Le  combas  acceptéj  Ies  Méropes 
fe  rangérent  du  cote  d’Antagoras,  & Ies  Grecs  , 
de  celui  d^HercuIe  qudlsaccompagnoient.  Onconi- 
battit  avecfiireur;  & Herculcj  accablé  par  le  nom- 
bre 3.  fut  obligé  de  fe  réfugier  chez  une  femme  ¿e 
Thrace  3 oú  ii  fe  déguifa  en  femme  pour  échapper 
á ceux  qui  le  pourfuivoient. 

Le  fils  d'Aicméne  attaqua  dans  la  fuite  Ies  Mé- 
ropes 3 íes  rainquit , & époafa  Alcíope  leur  reine  , 
revécu  des  habits  de  femme  qui  i’avotent  fauvé. 

En  mémoire  dscette  fafele  , le  prétre  de  Pifle  de 
CoSjCn  habit  de  femrae,  oífroit  un  facrifice  fur  le 
chimp  de  batailles  & dans  ie  méme  endroit.  le» 
fiancés  vétus  comme  luí  3 donnoient  á leurs  épou- 
fes  le  baifer  conjugaL 

ANTÍMOiriE3 Les  femínes  fe  fervoiení 
chez  les  anciens  , de  ce  demi-métal  pour  la  toi- 
lette. EÜes  en  faifoient  une  teinture  qui  teignoit 
en  noir  les  fourcüSj  & relevoit  la  beauté  de  leur 
vifage  3 en  donnant  plus  ce  vivacké  au  teint.  Oa 
frottoic  auíu  les  paupiéres  avec  cette  teinture  3 qui 
donnoit  aux  yeux  plus  de  brillant , en  rétréciiianc 
les  paupiéres  3 & faifant  parokre  les  yeux  plus 
grands  ; ce  qui  étoit  regardé  comme  une  beaaíé. 
De-Iá  vient  qu'Homére  appelle  fouvent  les  áéeíTes, 
& Junon  en  particulierjdí-t'inríéf  aux  yeux  de  boeuf, 
c'eft-á-dire  , aux  grands  yeux. 

Diofeoride  attribue  a Y antimoine  la  propriété 
de  reiferrer  les  conduits  du  corps  3 de  confumer 
les  excroiíTances  deschair33  8cdenétoyerles  ulceres 
des  yeux.  Les  anciens  médecins  en  faifoient  beau- 
coup  d'ufage. 

ANTINOEIA,  facrinces  offerts  chaqué  annee, 
& jeux  céíébrés  tous  les  cinq  ans  en  i'honneur 
d’Antinoüs.  L’empereur  Hadrien  les  établit  á 
Mintinée  dans  TArcadie  •>  felón  Paufanias,  dans 
fes  Arcadiqaes.  On  en  célébroit  aufli  á Argos. 

A.r<TINOIA.  Les  Egj'ttiens  vouiant  plaire  i 
Hadrien  3 porttrent  radulation  jufqu'á  donner  le 
nom  de  fon  favori  aux  ñeurs  de  Lotus  , qu’ils 
appelérent  Antlnoia. 

ANTINOÜS  3 jeune  Bithynienj  favori  de  l’em- 
pereur Hadrien3qui  fe  noyadans  le  Kil.  Ceprince 
voulat  le  faire  regarder  comme  un  Dieu  5 íl  batir 
en  fon  honneur  3 une  vílie  en  Egypte  3 noinmée 
Antinopolis  ; & dans  cette  ville  j un  temple  raa- 
gnifiquCj  avec  cette  infeription:  A Antino'üs,  Syn- 
thróne  des  dieux  d’Egypte  ; c'eft-á-dire  3 parta- 
geant  le  méme  troné  que  Ies  dieux  de  i iigypte. 
Pour  compIaire.á  Hadrien  3 on  aíTura  qu  ii  renaoit 
des  oracles ; & c’ étoit  Hadrien  lui-meme  qui  les 
compofoir.  Le  cul-e  de  cette  npuvelle  divinité  étoit 
eucore  en  vigueur  fous  1 ctupire  de  V alentinien. 

La  paílion  d’Hadrien  pour  ce  beau  jeune  homme 
fut  íi  violente  3 que  les  Romains  s’empreííerent  d’sQ. 
nauitipiísx  les  répréí^ataáoas  pour  lui  compUire. 


2 10  A N T 

On  ne  íoít  done  pas-  s'étonner  da  grand  nombre 
qui  fubáílc  encore  , & que  nous  aMons  décrire 
á’apres  Winkelmann,  dont  nous  copierons  les 
favantes  obfervations.. 

II  faut  re.marquerd'abord,en  genérala  que  les 
repréfentations  aAntinoils  font  toutes  faites  dans 
le  ftyle  Egyptien  tel  cependaut  que  Ies  Grecs 
le  modificrent  fous  les  Lagides.  Les  Egyptiens 
voulant  obtenir  d’Hadrien  le  pardon  du  malheur 
involontaire  quavoit  caufé  leur  ñeuve  chéri,  en 
engloudíTant  dans  fes  ondes  le  jeune  Bithynien,  le 
déifiérent  les  prerrders , & luí  rendirent:  un  cuite 
publie.  C'eft  poiirquoi  les  ftatues  á’Antino'ds  font 
exécutées  fur  le  modéle  des  ftatues  égyptienneSj, 
& reíTemblent  a celle  qui  étoit  bonorée  avec  fon 
tombeau  dans  la  ville  qui  en  priEíe  nom  d'An- 
tinoée.  Elles  ont  toutes  une  polition  rolde  , & 
les  bxas  pendans  perpendiculairement , felón  le. 
ftyle  des  anciennes  figures  égyptiennes.  Hadrienj  de 
fon  coté^  voulant  engager  tous  les  habitaos  de 
rEgypte  á,  rendre  un  cuite  á la  repréfentation  de 
fon  ravori  ^ lui  donna  la  forme  que  ce  peuple 
fembiolt  avoir  adoptée  excluílvement. 

Ce  ftyle  eft  plus  remarquabíe  aux  deux  ftatues 
¿AntinoUs  de  granit  rougeátre3,qai  font  placees  á 
Tivolí cor.tre  le  palais  épiícopaL  I lies  font 
grandes  prefque  deux  fois  coinme  le  naturel , 
adofféeSj  comme  les  anciennes,  ftatues  des  Egyp- 
tienSj  contre  une  eolonne  angulaircj  & de  plus, 
caraftérifées  par  des  hiéroglyphes.  Eiles  ont  les 
Lanches  & la  partie  inférieure  du  corps  cou- 
vertes  d'un  tablier & la  t-éts  couverte^  d'un 
bonnefi  avec  deux  bandes  unies  qui  defeendent 
en  ava-nt.  Ces  ftatues  portent  fur  la  tete  une 
eorbeiliej  cotnme  les  caryatides ; & la  corbeille 
& la  figure  font.  faites  du  méme  morceau.  Comme 
giles  reíTémbíent  en  général  aux  ou.vrages  égyp- 
tiens  du.  premier  ftyle  . foit  pour  Tattitude , foit 
pour  la  forme  j.  i!  ne  faut  pas  s'étonner.  de  ce 
que  la  plupart  des  auteurs  qui  ont  écrit.  fur 
Tartj  les  ont  méconnaeSj  & ieur  ont  aífigné 
la  plus  kauts  antiquité. 

On  s’eft  arrété  á la  forme  appareate  , fans 
íxaminer  en  áétail  les  patries  qui  pouvoieot  feules 
démontrer  le  contraire-.  La  paitrine^  qui  étoit 
applatie  fous  le  cifcau  des  fculpteurs  de  Tancién 
ftyle  égyptien  j fe  trouve  á celle-ci  haute  8c  im~ 
gafante.  Les  cotes  au-deíTous  de  la  poitrine , qui 
E^étoient  point  da  tout  apparentes , font  id  trés- 
fortement  indiquees.  JacíiSj  le  corps  étoit  fort 
gréie  au-áeiTas  des  hanehes  ; dans  celíes-ci  ^ il  . 
paroít  dans  toute  fa  plénitude.  Dans  celles-ci  , 
les  articulations  oes  genoux  font  plus  diíHndes 
que  dans  les  anciennes,  & les  mnfcles  des  bras 
.&  ¿es  autres  partiés  í^ppent  d'abord  les  yen-x. 
Les  cmoplates  , á peine  indiquees  dans  les  an-. 
ciénnes  figures  , s'élévent  dans  les  derniéres  avec 
un  arronQiíTement  trés-prononcé  ; & les  pied's 
approchent  de  bien  prés  de  la  forme  grecque--. 

La  plus,  grande.  áiííéí.£rice:  fsr  ttoaye;  dans,  fe 


A N T 

vifage  , dont  le  fAre  n’eft  abfolutnent  pei»t 
égyptien  j & dans  les  airs  de  téte  qui  ne  ref- 
femblent  pas  á ceux  de  cette  nation.  Les  yeux 
ne  font  point  á fleur  de  téte  co-rr.me  dans  la  na- 
ture  Se  ¿ansies  plus  anciennes  tetes  égyptiennes;. 
iis  font , au  contraire , trés-cnforxés  , d'aprés 
le  fyftéme  grec  , pour  relever  i'os  de  i'oeil  , & 
pour  ménager  un  effet  de  lumiére  & d’ombre. 
Avec  toutes  ces  formes  grecques ,.  ony  voit  en- 
core une  phyfionomie  entiérement  reíTembiante 
á ceíle  de  YAntznoüs  fculpté  dans  le  ftyle  grec  ; ce 
qui  a fait  croire  á Wink.elmaan  que  ces  ftatues 
offroient  une  repréfentation  égyptienne  de.  ce 
beau  jeune  homme. 

UAntzno'ús  égyptien  du  m.ufsnm  Capiíolin  ,, 
décéle  encore  mieux  le  ftyle  melé  de  régyptieri: 
8c  du  grec ; cette  ftame  étant  détachée  de.  tout 
c.oté , fans  étre  adoíTée  contre  une  colonne  : elle 
eft  un  peu  au-deíTus  du  naturel. 

On  trouve  trois  pátes  antiques  dans  la.  col- 
leéiion  du  barón  de  Stofeh , qai  attertenc  plusí; 
bautement  encore  rimitation  égyptienne.  Elles 
repréfentent  trois  boíles  d'Harpocrate  , ayant  le 
vifage  parfait.ement  reíTemblant  á celui  A’ Antinoüs^ 
IL  y avoit  á Rome,  en  ijéo,  une  autre,  repré.fen- 
tation  du  méme  favori  d’Hadrien , ftibílituée- de 
mérrse  á celle  d'ün  demi-dieu  grec.  On  voyoit 
( Co/.  de  Stofeh,  p.  ^Sp-)  chez  un  fculpteur  de. 
Rome , une  téte  de  Perfée  en,  marbre , qui  étoit 
fans  cafque , mais  avec  deux  aiies & dont  íe 
vifage  étoit-  un  portrak-  fidéle  A’ Antihoüs.. 

La  gloite  de  l'arr  fous.  le  regne  d'Hadrien  * 
ainíi  que  de  tous  Ies: ages,  ce  fonti,  dit'VVinkel- 
mann  , les  deux  portraits  á’Antinoüs ; Fun  eft: 
un  bulle  en  demi-boíTe  de  la  Vilia-.^ibaní,.  & 
Fautre  eíl  une  téte  coíofíale  de  la  Villa-Mandra- 
gone  , íituée  au  - deñiis  de  Frefcati.  Ces  deux 
chef-d’ceuvres  ont  été  graves  dans  \ts- Monumenti  ' 
inediti,. 

Le  premier  a été  tiré  des  fbuilles  de  la  Villa; 
d'Hadrien ; ií  ne  forme  cu  une  patrie  d’un  tout: 
plus  valumineu-x.  C'étoit  non-feulement  une  figure- 
entiére , comme  on  en  peut  juger  par  Finténeur, 
qui  a été  crenfé  pour  dimiriuer  !e-poids  du  marbre;. 
mais  encore  elle'  étoit  piacée  dans- un  char,  airiíí- 
que  fon  ateirade  femble  Findiquer.  Car  la  mam- 
droite,  qui  eft  libre,  eft  dans- une  pofition  d'apres; 
laquelle  on  peut  juger  qu'elle  tenoit  des  renes, 
dont  Fautre  bout-étoit  foutenu  par  la  main  gauche-,, 
ehargée  par.  le  reftaurateur  d'nne  guiriande  de- 
fleurs.  II  paroit,  á'aprés  ces  obfervations,  que 
ce  magnifique  ouvrage  repréfentoit  I'apotheofe 
á’Antznoüs  ; puifque.  .nous  favons  que  les  íratues- 
des  perfonnes- dbntl’adlilation  faifoit  des  dieux,. 
étoient  placées  fúr  un  char  , &c  q-ue  Fon  defi- 
gnoit  ainíi  ieur  entrée  dans  FOtympe. 

La  téte  coloffale  de  fa  Villa-  M-andragonc  eír 
íFune  confervatiorr  parfaite  : on  croiroit  qu  eUe 
fort  des  mains;  de  Fartille.  Conque  cTailleurs; 
daas  Is5  gra.nds-  priheiges.  de  Fari.,  elle.  dTUB®: 


A N T 

fcesüíé  fi  marveilleufe , que  V/irikgImann  n’a  pas 
<raint  d'étre  accaie  d'exagérarion  , en  dii'ant  que 
ce  monument  eíl^  aprés  r.ApoÜon  & le  Lao- 
■coon  dü  Belvedere  j une  des  plus  bellas  chofes 
que  i’annquité  nous  añ  laiilees.  Sdl  étoir  permis^ 
aioute-t-il.,  de  mouler  cette  tete,  Íes  artiftes 
devroient  Tétudier  comnie  un  rare  modéle  de 
beauté  j car  les  formes  coloífales  exigenc  un 
habiie  artille  qai  fache  ailetj  pour  ainíi  dire;, 

- au-delá  des  bornes  de  la  nature  , fans  que  la 
grandeur  extraoráinaire  des  contoiirs  luí  faife 
.perdre  la  déiicateire  des  penfées,  & elles  font  les 
preuves  loiides  de  la  fcience  d^un  deínnateur. 
índépendamment  de  la  beauté  de  cette  t-ece,  ks 
■détaiís  en  font  précieux  & ks  cheveux  font 
traites  de  maniere  qkon  n'en  trouve  point^  dans 
toutes  les  antiques^  qui  m.érirent  de  ieur  erre 
compares. 

Les  yeux  de  cette  tete  á’ Áatinoüs  offrent  une 
recherche  íinguliére  ^ quoiquklk  ne  foit  pas  uni- 
que  cliet  ks  anctensj  puiíqukn  en  retrouve  de 
femblabks  á la  Alufe  du  paiais  Barberini.  La  pru- 
nelk  eíl  faite  d'un  marbre  trés-blanc  & trés-- 
tendre  ^ appeic  Palombino.  Sous  k bord  des  pau- 
piéres  & aiix  points  kcrymaux , eil  reíiée  la  trace 
■d  une  plaque  dkrgenttrés-mirfCejqui  étoit  deilinéej 
felón  toutes  ks  apparcnceSj  á revétir  entiérement 
la  pruneiie  ^ avant  que  Ton  eút  mis  celle  que 
l’oa  voit  aiijourd'htii.  L'objet  qifon  sktoit  pro- 
{>ofé^  étoit  dimiter  ^ par  la  blancheur  8c  Féelat 
de  Fargent , la  coukur  brillante  de  la  cornee. 
Cette  plaque  d’argent  eíl  cvuidée  á la  place  de 
Firis  8c  de  la  pruneiie  ^ qui  eíl  creufée  profondé- 
ment.  On  aura  employé  fans  donte  , pour  repré- 
fenter  ces  deux  patries  de  Tceil  , deux  pierres 
precieufes  diverfement  colorees.  La  bordure  d'ar- 
gent  qui  régne  tout  autour  des  paupiéres  de  la 
Mufe  citée  plus  haut  j montre  que  fes  yeux  avoient 
«té  incruílés  de  la  méme  maniere. 

Les  deux  tetes  Andnoüs  que  nous  venons  de 
décrirej  fontceintes  de  couronnes  de  lotus,,  appe- 
lees  AnurAía  chez  les  Alexandrins^  parce  qu’ils 
les  confacrerent  au  favori  d^Hadrien.  La  Coaronne 
du  baile  nkíl  compofée  que  de  fleurs  de  lotus  5 
mais  la  tete  coloíTakj  qui  a ks  chcveux  aíTujétis 
par  une  bandektte , eíl  eatourée  d’une  rige  de 
cette  piante  dont  ks  fieurSj  exécutées  avec  une 
autre  manere,,  ont  été  fondees , comme  nous  le 
montrent  les  trous  pratiqués  aux  deux  cotes  de 
cette  rige.  Sur  k fommet  de  cetre  rete  > on  re- 
marque aufli  un  trou  carréj  déla  largeur  de  trois 
doígts . aeíliné  fans  doute  á recevoir  une  grande 
, kras , teik  qukn en  vok  aux  líis  & autres 
atvinites  egyptjennes. 

On  yoit  encore  un  beau  buíle  á’Andnoüs  dans 
le  cauinet  du  palais  Beviiaqua  de  Vérone  ; ckk 
un  grand  aommage  qu’il  ait  perdu  Ikpauk  gauche. 

Apres  ces  buftes  ^ kplus  beík  ílatue  á'And.ioüs 
eíl  a la  Atlla-Cafali  ^ aupres  de  laquelle  on  Ta 
■oeteiTee  ^ur  k moni  Coelius.  La  tete  eít  cou- 


A NT  T áte 

ronnée  de  ¡ierre , consme  celíes  de  Baccbxus.  L es 
jardins  du  palais  Barberini  renferraent  une  ílatue 
de  marbre  du  favori  d’Hadrien  , femblabíe  á celle 
du  capitcle,  & comme  elk,  un  peu  plus  grande 
que  le  naturel ; mais  elle  nk  point  ía  tete  ori- 
gínale. La\i!ia-Borghéfe  en  oííre  une  quarrieme, 
de  la  hauteur  d'en virón  vingt-iin  pouces  de  Frar.ce» 
11  y a une  vingtaine  d'années  que  Ton  tranfporta 
de  Rqme  á Potfdam  j chateaa  du  roí  de  PruíTe , 
une  itatue  fur  laquelle  on  avoic  piacé  un  tete 
ÜAndno'ús. 

Aucun  portrait  dans  ks  antiques  nkíl  aufli  fou- 
vent  répété  que  ceax  da  beau  Bithynien.  On  le 
trouve  dans  la  piupart  des  coüedtions  de  pierres 
gravees.  Mais  le  plus  parfait  de  ce  genre  étoit 
dans  k cabinet  des  freres  Zanetti  á Venife.  Le 
duc  de  Maiborough  j anglois , en  a fait  Facqui- 
íition. 

Antinous  iu  Bel-jédere.  Son  article  ne  doít 
pas  fe  trouver  ici  j & il  eíl  renvoyé  avec  raifen  á 
ceux  de  xMéleagre  ou  de  Mercure,  quhl  repré- 
fente.  Cktoit  une  ancienne  erreur  qui  faifoit  atcrL 
buer  cette  ílatue  au  favori  d'Hadrien, 

Antinol’s  , favori  d'Hadrien. 

AnTÍNOUS  , HÉROS, 

Ses  médailles  font  i . 

O.  en  or  & en  argent. 

RRR.  en  médaiilons  grecs  de  bronte. 

Lkn  de  ceux  du  cabinet  du  roí , oü  on  voit 
Andnoüs  enkvé  par  un  gritPon^  eíl  beaucoup 
plus  rare. 

RR.  en  G.  B. 

RR.  en  M.  B. 

RR.  en  P.  B. 

RRR.  du  méme  module  au  revers  d’Hadrien; 
il  eñ  au  cabinet  du  rci. 

RR.  en  G.  B.  d’Egvpte. 

RR.  en  M.  & P.  B. 

RRR.  en  médailles  contormates. 

ANTIOCHEj  en  Carien  fur  le  Méandrcj 
ANTIOXEnN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

O.  en  or. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Leurs  typés  ordinaires  font  : Pégafe  couratit. 
— Unefemme  debout . quelqaefois  dans  un  temple- 

Cette  viik  a fait  frapoer  des  médailles  impé- 
riaks  grecqueSj  en  rhonneiir  de  Lisde ^ de  Claiide, 
de  Domitienj  de  M.^Aiiréle _ de  Com.mode;,  de 
Gordien-Pie  , de  Fhilippe  pete  , dOtaxile  dé 
Fhiüppe  jeune  3 de  DécC;  d^EtrufciIle,  de  Saiordne. 

Antioche  de  Cilicie  antioxeqn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  YÍUe  font ; 

RRRR.  en  bronze.  (PelUrm). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Antioche  de  Pilidie. 

Col.  ANT,  Colorda  Antklockenjls ^ 

COÍQSIA.,  ANTiOCKE.í. 

D d ij 


iii  N T 

CoL.c.fSAR.  ANTiocH.  Colonia  Cifarea  An- 
tiockenfis. 

Certe  colonie  roraaine  a fait  frapper  des  mé- 
dailles  latines  en  Thonneur  de  Titus  , d"  Antonin  . 
de  M.-Auréle^  de  Vérus  , de  Sept.-Sévére , de 
Domna  j de  Caracalla,  de  Ceta,  d'Elagaba'e,  de 
Míefa  3 de  Gordien-Pie  ^ de  Phiüppe , d’Alex.- 
Sévére,  de  Déce^  de  Volulien:,  de  Vaíérienj  de 
Galiierij  de  Claude-ie-Gothique. 

AntiochEj  capitale  de  la  Syrie  fur  TOroate. 

ANTIOXEÍ2N. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  vilie  font : 

O.  en  cr. 

C.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Lenrs  types  ordinaires  font  rJupiter  afiis,  tenant 
une  viííoire  & un  fceptre.  — Une  femme  ayant 
la  tete  tourelée , aíTife  fur  des  rochers  , tenant 
une  branche  de  palmier.  — Un  bélier  courant^ 
retournant  la  tete , avec  une  étoile  aa-deífus  de 
luí.  — Un  autel  allumé.  — Une  lyre. 

Cette  ville  a placé  jufq'Aaux  Conílantins  fon 
époque  fur  les  rnédailles  impériaies  grecques, 
qu’elíe  a fait  frapper  en  rhonneur  d'Auguííe  ^ de 
Tibércj  de  Claude  j de  Néronj  de  Calba^  d'Hadrien. 

AnTIOCHIA.  ANTIOXEÍiN.  MHTPO.  KOA. 

On  lui  attribue  avec  raifon  tomes  les  médatiles 
imperiales  qui  ont  au  revers  S.  C.  & A.  £.  & K.  a. 
¿ans  une  couronne  de  laurier,  avec  une  légende 
latine  autour  de  la  tere  depuis  Auguñe  jufqu'á 
Trajan  , & une  pareiile  légende  grecque  depuis 
Tiajan  jufqu’á  Gallien. 

Cette  colonie  romaíne  a fait  frapper  des  mé- 
daiiles  latines  & grecques  . en  l’honneur  de  Cara- 
calluj  de  MacrÍD:,  de  Diaduménien;,  d^EÍagabale  ^ 
de  Severa  j d'Alex.-Sévére,  deMaméej  de  Tran- 
qdliÍDe,des  deux  PhiüppeSj  d'Otacile,  deDécej 
á'  htrufcille , d'Hérennius , de  Valérien  ^ d^Holli- 
. lienj  de  Gallus,  de  Voiuíien  & de  Vefpaíien  j de 
TituSj  de  Dominen  ^ de  Gordien-Pie. 

>4ntioche.  céfarienne  di)  L’ére  céfarienne 
«u  céfaréenne  ¿‘Antiocke  , eñ  im.monuinentqu’é- 
ligea  la  ville  a Antiocke  á .Tules-Céfar  ^ non  en 
reconnoiíiance  de  Pautonomie  qu’il  lui  avoit  accor- 
décj  comme  quelques-uns  le  prétendent,  mais 
en  niémoire  de  la  viáoire  qa’ il  remporta  dans 
ja  plaine  de  Fharfaie:,  Tan  de  Romeyoó,  avant 
J.  C.  48  j le  p du  mois  /ci-r/íVí  , depuis  nommé  le 
H50ÍS  d'aoút-  Les  Syriens  commenrérent  á comp- 
ter  certe  période  de  Pautomne , oii  de  leur  premier 
tifri  de  cette  année  j mais  les  Grecs  la  faifoient 
remonter  á leur  mois  gorpioeus  de  Pannée  pré- 
cédente  70J  de  Rorne , 49'  avant  J.  C.  En  voici 
la  preuve,  rirée  de  Pabbé  Belleij  dans  fon  neu- 
viéme  Supplément  aux  Diííertations  du  cardinal 
Korís,  fur  les  époques  Syro-Macédoniennes.  Nous 
avons  deux  rnédailles  frappées  en  Syrie  j fous 
le  gouver.nement  de  Mucien , avec  la  date  de  Pan 
11-7  ¿’ Araioche  : Ei7I  AÍOYKIANOY  ANTIOXEÍ2N 
STífí  zít  5 dont  Pune  préfente  la  tere  de  Galba. 


A N T 

& Pautre  celle  d’Cthon.  Galba  fut  tué  le  i j jaa- 
vier  de  Pan  Sai  de  Rome,  dp  de  ,J.  C.  Othon. 
fon  fucceiíéur , périt  le  i y avrii  de  la  méme  année^ 
Sí  par  conféquent  dans  le  cours  de  Pannée  fyrienne, 
qui  avoit  coinmencé  á Pautomne  de  Pan  8ai  de 
Rome.  Or,  cette  année  fyrienne  étoit,  fuivant 
les  deux  rnédailles,  la  117=  pp-  de  l'ére  á'A.i- 
tíocke  : done  la  premiére  année  de  cette  ere  avoit 
commencé  á Pautomne  de  Pan  poy  de  Rome , 
49  ans  avant  Píncarnation.  La  coniéquence  ré- 
íulte  évxdemment  de  ce  caiem. 

Mais,  d'uu  aurre  cóté,  dirférens  aéles  íyriens, 
publiés  par  MM.  Aífemani , font  toi^  que  Pér-e 
á' Antioche  ne  commenca  qiPa  Pannée  706  de 
Rome , 48'=  avant  J.  C.  Par  exemple , on  iit  á la 
fin  des  aótes  de  S.  Simeón  Stylite,  que  ce  livre  des 
Triompkes  du  bk.  Simeón  , fut  achevé  un  mercredi 
(feria  ir ) 17  du  mois  nifan  (avril)  de  Van  yzi  de 
tere  d'ÁTitioche.  Or , c'étoit  le  17  avrii  de  Pan 
1217  de  Rorne,  474  de  J.  C.  , dans  lequei  la 
lettre  dominicale  étoir  F , & le  17  avrii  tomboit 
au  mercredi  de  la  femaine-fainte.  Ainíi , Pannée 
yai  de  l'ére  á’Amioche , avoit  commencé  á Pau- 
tomne de  Pan  1226  de  Rome,  & conféquemment 
la  premiére  de  cette  méme  ere  avoit  precede  de 
48  ans  Pére  ehrétienne. 

11  eñ  fait  mention  dans  la  Bibiiothéque  orién- 
tale des  mémes  auteurs,  dMn  tremblement  de 
terre,  qui  renvería  une  partie  de  la  ville  á’An-. 
lioche , un  dimanche  14  du  mois  gorpisas  (fep- 
tembre)  de  Pan  yo6  de  Pére  a Antiocke . 770  de 
Pére  des  Grecs.  Ces  caraéiéres  ne  peuvent  con- 
venir qu'á  Pan  1211  de  Rome,  458  de  J.  C. , 
eu  ie  14  feptembre  arriva  réeilement  un  dnnaache. 
De  i2ii,  ótez  yoy , refte  706,  qui  eíl  Pan  de 
P.ome  auque!  ce  témoignage  fait  répondre  le 
commencement  de  Pére  Antiocke. 

Cette  méme  ville  fut  encore  aífiigée  par  les 
fecouiTes  violentes  d'’un  autre  trembleanent  de 
terre  un  merdredi,  29  du  feconá  rifri  :XiOvenibre) 
Pan  ypé  de  Pére  & Antiocke.  Or,  en  confukant 
notre  'Pable  clironologique  & notre  Caíeiidrier 
folaire  perpétuel,  nous  trouvons  que  cette  annee 
fyrienne  concourt  avec  Pan  yaS  de  J.  C. 
de  Rome)  dans  lequel  le  29  noverabre  fut  eftecu- 
vement  un  mercredi.  De-Iá,  fi  Pon  remonte  au 
commencement  de  Pére  ¿‘Antiocke , on  verra 
qu'elie  prit  naiíTance  dans  Pautomne  de  Pan  yoé 
de  Rome,  48  ans  commencés  avant  J.  C.  _ 

Ainíi , pour  conclure  avec  ¡e  favant  acaaenu- 
cien  qui  nous  fert  de  guide  id,  des  dates  qui  ie- 
trouveroient  les  mémes  fur  les  rnédailles  S'  dans 
les  aéies  publiés  par  MM.  AíTemani , difFcreroient 
d’une  année  entrielles. 

La  raifon  de  cette  dÜférence , qae  perfonne 
avant  Pabbé  Bellei  n’avok  pu  deviner  , eít  que 
les  Syriens  adoptérent,  un  an  plus  t.ardj3ue  íes 
Grecs , Pére  céfarienne.  Cetre  explic  anón  u 
eíl  mife,.  par  cet  aateur,  dans  un  poi.nt  * évi- 
dence  auquel  ©n  ne  peut  fe  refufer 


A N T 

©ajK  Rotre  Table  chronoiogique  ^ on  treuvera 
eette  ere  foiis  ces  deux  époques  différentes.  En 
ia  preaant  fuivanr  ¡es  médailles  ^ fa  49=  année 
commence  á rautomne  qui  preceda  immédiate- 
ment  la  premiere  année  de  Tere  chrétienne  : en 
la  prenant  felón  les  aCieSj  le  commencement  de 
cecte  mérne  année  49  tombe  dans  l’automne  de 
la  premiére  année  de  J.  C.  Evagre  , dans  fon 
Hiífoire  Eceléfiaílique , fait  ufage  de  Tere  céfa- 
rienne  o! Anziocke.  Le  patriarche  Nicéphorej  dans 
fa  ChroRographie  , parle  d’une  autre  ere  á' An- 
tioche  5 qu"ii  fait  commencer  avec  renapire  d’Au- 
gufte.  Ceft  ia  méme  que  Vixt  Acliaque.  (L’Art  de 
vérifier  les  dates). 

Antioche.  (Ere  Eceléfiaftique  d’}  La  reforme 
que  Ies  Alexandrins  avoient  faite  au  calcul  ehro- 
nologique  de  .Tules  Africain3  ne  fut  pas  la  feule 
qii’i;  fabit.  Panodore  3 moine  égyptien  , qui  flo- 
riíToit  vers  la  fin  du  quatrieme  fiécie  , entreprit  de 
le  remanier3  & fon  travail  produiíit  une  ere  noii- 
velle  3 qu'on  prétená  avoir  été  en  ufage  dans 
I’églife  á' Antiocke.  La  maniere  dont  il  sy  prit, 
eíl  éga'ement  ingénieufe  & limpie.  Ce  fut  de 
recular  de  dix  ans  la  création  du  monde,  & de 
trois  I’époque  de  l lncarnation  ; de  forte  que 
comptant  5-491  ans  jufqu’á  la  feconde  année  de 
la  194=  o!ympiade3  il  faifoit  concourir  la  pre- 
miére de  iTncarnation  avec  la  quatriéme  de  la 
194^  olympiadcj  & la  premiére  de  folympiade 
fuivante,  en  comm.encant  3 a la  ma.niére  des  Orien- 
tauXj  l’année  en  automne.  Par-la.  fon  année  du 
monde  5491  répendoit  á Tannée  55T.1  des  Alexan- 
drins 3 qui  étoit  pour  eux  ia  premiére  de  Pincar- 
nanon  5 fon  année  5491  á leur  année  ryea , & 
fon  année  5493  a leur  année  5503  , troilierae  felón 
eux,  & premiére  fuivanr  lui  3 de  Tere  chrétienne. 
Ai.nfi,  plus  de  différence  pour  Ies  années  du  monde 
entre  Panodore  & Ies  .4íexandrins,  depuis  le  re- 
tranchement  que  ceux-ci  firent  de  dix  années  dans 
leur  ére  au  commencement  du  régne  de  Dioclé- 
tsen  5 mais  toujours  la  ménae  diíféreace  pour 
1 époque  de  i’Incarnation  3 qu'ii  retardoit  comme 
nous,  de  trois  années  aprés  ces  derniers. 

Or  yoit  par-lá  que  le  P.  Pétau  s’eíl  trompé  3 
¡orfqufil  a prétendu  que  Tere  de  Panodore  ren- 
troir  dans  celle  d'Alexandrie  pour  la  fupputation 
des  années  de  I inearnation  3 & ne  s’en  éloignoit 
que  pour  les  années  de  la  création.  C’eíf  précifé- 
raent  le  contraire  ; & par  cette  raifon , dans  notre 
Table  Chronologique  depuis  Pan  2843  nous  n’avons 
plus  fa:t  qu'une  feule  colo.nne  de  Pére  d’Alexan- 
drie  & de  I ére  Ecciéíiaítique  di  Antiocke.  Nous 
aTons  donné  a cette  colonñe  !e  titre  d'ére  d’A- 
íexandne , ^ parce  que  les  -4lexandrins  paroiíTent 
avoir  fait  pius  d’ufage  de  ce  calcui  que  les  Eyrlens. 

Si  M.  Renaudot  avoit  fait  attention  á la  diífé- 
rence  de  1 ére  .Mondaine  dont  ii  s'agit  ici  3 d’avec 
celle  ce  Conftantincple  , il  n’auroit  ñas  accufé  de 
meprife  (Ilifl.  Patriarek.  Alexand-  p.  439)  le 
diacre  Mahoud , hiftorien  des  Patrlarches  Jaco-  ¡ 


Á N f £tf 

bites  dbAlexar.drie  3 pour  avoif  lié  Pan  7S8  des 
marty^rs  avec  Pan  du  monde  6554. 

On  voit  méme  que  les  habitans  ¿'Antiocke  adop- 
térent  dans  la  faite , Se  tout  au  moins  dans  le  com- 
mencement du  15“=  liécle,  Pére  de  Conílantinople. 

C'eíl  fur  Pére  de  Panodore  que  le  P.  Pagi  a 
fondé  fa  période  Gréco-Romaine  3 qiPil  avoit 
imaginée  pour  la  ñibfiituer  á la  période  Juüenne 
de  Scaliger.  On  peut  voir  dans  l’Apparat  de  cet 
habile  critiq-ue  les  avantages  qifil  prétend  réfultef 
de  fon  fyftém.e  pour  la  chronologie  ; fyñé.me  qui 
routerois  n’á  point  pris  faveur  parmi  ks  favans. 
( L’Art  de  vérifier  les  dates). 

ANTIOCHIENS  établis  á Cfillirrhoé  3 en  Mé- 
fopotamie  3 prés  d’EdeíTe.  ANTlOxEíiN.  TON, 
Em.  KA.4AIPOHI. 

Leurs  médailles  autonomes  font  í 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  ea  atgent. 

Antiochiens  établis  au  bourg  de  Daphné^ 
en  Syrie.  antioxeq.ní.  tqn.  npos.  aa4>nhi. 

Leurs  médailles  autono.mes  fofit ; 

RRR.  en  bronze.  (Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Antiochiens  établis  prés  de  PEuphratCj  en 
Syrie.  ANTIOXEON.  TÍ2N.*  nPOC.  £T<2>PATHN. 

lis  ont  fait  frapper  des  médailles  imperiales 
grecqueSj  en  Phonneur  de  Septime-Sévére. 

Antiochiens  établisprés dumontHippus,dans 
la  Coeléfyrie.  antioxeíín.  tííji.  nPOc.  irrnoN. 

üs  ont  fait  frapper  des  médailles  impériales 
grecques , avec  les  époques  de  leur  ville  3 en  Phon- 
neur de  M.-Auréle,  de  L.  Vérus,  de  Commedei 
dCAntonin. 

Antiochiens  établis  a Ftolémaíde  3 en  Pa- 
leñine.  antioxeqn.  tíí.m.  en.  iitoaeaiaiai. 

Leurs  médailles  autonomes  lont : 

RR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

ANTíOCHüS  I,  Soter,  roí  de  Syrie.  íA2l> 

AEOS.  ANTIOXOT. 

Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  or. 

C.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

SaXEPOS.  ANTIOXOT. 

Ses  médailles  avec  cette  inferiprioR  fent : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  cr. 

O.  en  bronze. 

On  lui  voit  fouvent  une  petitc  aile  au-deíUis 
de  Poreiíle. 

Antiochcs  II 3 k Dieu,  roi  de  Syrk. 

Ses  médailles  font : 

C.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 


A N T 


214  A N T 

Sa  tete  eft  pías  peáte  que  eelle  de  fon  p$re. 
Antiochus  III  , le  Grand , rol  de  Syrie , 
appelé  vulgaireroent  Hiérax- 
Ses  médailks  font  : 

C.  en  médaillons  d’argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

li  eft  reconnoiíTable  á fon  nez  long  & pointa. 
AntiochusIVj  Dieuj  Epiphane,  Nicéphore, 
loi  de  Syrie. 

Ses  médailles  avec  les  titres  de  Dieu,  Epipkane, 
foat : 

RíL  en  argent. 

O.  en  or. 

C.  en  bronze. 

Ses  médailles  avec  le  titre  de  Nicépkore  font: 
RRR.  en  argent. 

C’eft  le  premier  des  Séieucides  qui  ait  pris  la 
couronne  radiée. 

Antiochus  V,  Eupatotj  roí  de  S^rie. 

Ses  médailles  font ; 

RRRR.  en  argent. 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

II  y paroit  trés-ieune. 

Antíochus  vi  , Epipbanc  > Dionyfus  > roí 
de  Syrie. 

Ses  médailles  font : 

R.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Antíochus  VH,  Eyergétes,  roi  de  Syrie. 
Ses  médailles  font : 

C.  en  argent. 

G.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Ce  prince  a le  nez  aquilin. 

Antiochus  VIH,  Epiphane,  roi  de  Syrie. 
Ses  médailles  font : 

C.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Ce  prince  a le  nez  légérement  aquilín. 
Antiochus  IX j Fhilopator^  roi  de  Syrie. 
Ses  médailles  font ; 

R.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

On  luí  voir  quelquefois  une  barbe  naiíTante. 
Antiochus  X^,  Eufebe^  Philopator^  roi  de 
Syrie. 

Ses  médailles  font : 

RRR.  en  argent.  _ 

RR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Antiochus  XI^  Epiphanej  Philadelphe,  roi 
de  Syrie. 

Ses  médailles  font : 

RRRR  en  bronze. 

O.  en  or. 


O,  en  argent. 

.4NTIOCHUS  Xílj  Dionyfus  5 Eplphane , Phi» 
lopsror,  Callinicus,  roi  de  Syrie. 

Ses  médailles  font: 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Antiochus^XIII.  Epiphanej  Philopatorj  Cab 
linicus . dernier  roi  de  Syrie. 

Ses  niédailles  font : 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Ce  prince  a le  nez  aquihn. 

Antiochus  XiVj  roi,  Grand  Roi,  roi  de 
Commagéne. 

Ses  médailles  font,  avec  le  titre  de  Roí.- 

RR.  en  bronze. 

— Avec  celui  de  Grand  Roí , elles  font ; 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ANTiOlN,  pére  dlxioN.  Voyei  ce  mot. 

ANTIOPE,  filie  de  Mydps,  roi  de  Thebes, 
fut  célebre  daiis  toute  la  Grece  pour  fa  beauté  , 
dit  Paufanias,  & de  plus  on  la  croyoit  filie  , non  de 
cepri.nce,  mais  du  fleuve  Afope  , qui  arrofe  les 
terres  des  Platéens  & desThébains.  On  ajouteque 
Júpiter  en  devint  amoureux , & qu  ayanr  pris  la 
forme  d'un  Satyre , il  la  rendir  mere  des  deux  ju- 
rneaux  dont  on  va  parler.  Épopée  , roi  de  Sycione  , 
Payant  enlevée  , Pépoufa.  Nycteus  fit  la  guerre  aii 
ravifí'eur,  & y perdit  la  vie  i mais  en  mourant  il 
recommanda  a fon  frére  Lycus  de  venger  fa  morr 
& de  punir  Anüopc. 

La  princelTe  tomba  bienrót  entre  Ies  mains  de 
Lycus,  & fut  ramenée  á Thebes ; ce  fut  en  y allant 
qu'ellc  accoucha  de  Zétus  & d'Amphion.  Lycus 
lívra  Antiope  á fa  femme  Dircé,  qui  la  traita  pen- 
dant  plufieurs  années  avec  beaucoup  de  cruauté. 
Mais  enfin  la  maiheureufe  princeífe  ayanr  trouve 
le  moyen  de  skchapper,  alia  chercher  fes  deux 
fils  , qui  étoienr  deja  grands , & qui  étant  entrés 
á main  armée  dans  Thebes  , tuérent  Lycus  & 
Dircé  , &■  fe  rendirent  mairres  du  royaume.  Pau- 
fanias dit  que  Bacchus  égara  Peiprtt  d'Antiope, 
pour  la  punir  d’avoir  fair  périr  cruellemenr  Dirce  , 
qui  honoroir  finguliérement  ce  dieu;  qakrrante& 
vagabonde  , elle  parcourut  toute  la  Grece,  lorfque 
Phocas  , petit  fils  de  Sifyphe , Payant  rencontree 
par  hafard,  la  guérit  & Pépoufa.  _ . , 

Les  malheurs  á’  Antiope  & le  fupplice  de  Dirce 
formenr  le  fujet  d’un  des  plus  célebres  grouppes 
de  Pantiquité.  Nous  vouíons  parler  du  TaüREAU 
Farnéfe.  V.  ce  mot.  La  figure  ^Antiope  n eft  pa* 
entiére  ; on  luí  a reftaaré  la  tete  8¿  les  bras.  On 
volt  encore  le  meme  fuiet  exécuré  en  bas-reliei. 
dans  les  villas  Eorghcfe  &_Albani ; & ü nv  a q'^ 
trois  figures.  Antiove  eft  piacée  entre  Amphion 
Zécluis,  8c  fembk  implorer  la  vengeance  de  íes 


A N T 

fi!s.  Les  roms  font  marqués  au-deíTus  ¿e  cfiaquc 
figure  au  bas-relíef  de  la  vida  Borghéfe.  WinkeL 
mann  Ta  pubüé  áans  les  monumeiis  ineaizi.  Se  iien 
a donné  dans  Fhifioire  de  barr  une  explication  par- 
ticuJiére  relaüve  á Amphion.  V.  ce  mot. 

AntiopEj  reine  des  AmazoneSj  hit  attaquée 
par  Herculc:,  qni  avoit  recu  ordre  d'Eurifthée  de 
lui  aller  enlever  fa  .ceinture c'eft-a-dire  ^ fes  tré- 
fors  : elle  fut  vaincue  Se  emmence  prifonnicre. 
Antiope  époufa  Théfée  , Se  en  eut  un  fils  nominé 
Hy  ppolite.  Elle  pcrtoit  auiii  ie  méme  nom  que 
ce  fils.  V.  TkéseEj  Menalippe. 

Le  mariage  ¿i  Antiope  avec  Théfée  a íervf  de 
fujet  de  travail  aux  arriftes  anciens.  On  les  voit 
fculptés  toas  Ies  deux  fur  un  tombeau  publié  par 
Bellori.  Les  pierres  gravees  offrent  auái  fou%  ent 
ces  deux  époux  réanis.  Sur  une  cornaliae-  de 
Stofch  3 Théfée  eft  armé  d'ttne  lance , Se  tient  fon 
bouclier  appuyé  fur  la  terre  5 Antiope  vaincue, 
lui  préfente  fa  bipenr.e  en  íigne  de  paix.  Une 
pite  antique  de  la  méme  colíeclion , fait  voir 
Antiope  á cheval,  pourfuivie  par  Théfée  qui  eft 
prés  de  la  vaincre  > car  Tamazone  a déj'á  laiíTé 
tomber  fon  bouclier. 

ANTíPATHES  de  Diofcoride.  Diofcoride 
appelle  de  ce  nom  un  lithophite  qui  eít  noir, 
branchu  , Se  qui  a,  felón  lui,  romes  les  pro- 
priétés  du  corail.  V.  Corail  noir. 

ANTIPHATE  régnoit  fur  les  Leftrygons-,. 
lorfqu  L'lyífe  entra,  fur  leiirs  terres.  Ce  prince 
Se  fes  fu  jets,  fe  nourrifibient  de  chair  humaine. 
Quand  la  ffott.e  dXTyffe  eut  abordé  dans  la  Leílry- 
gonde , i!  fut  depuré , avec  deux  de  fes  compa- 
gnons,  vers  Antiphate  , qifi  devora  un  dies  trois 
envoyés  ; L'lylTe  Se  fon  autre  compagnon  eurent 
bien  de  la  peine  á échapper  á la  cruauté  du  roi , 
cu:  rafiémbla  fes  troupes , les  pourfuivit  vive- 
ment , & £:  lancer  fur  la  flotte  grecque  une  fi 
prodigieufe  quanriré  dhrbres  Se  de  rochers  , 
qu’efie  fut  fubmergée  avec  ceux  qur  étoient  de- 
¿ans.  Le  feul  vaiíTeaud'UlyiTe  échappa.  Ce  monftre 
a ferv:  de  proverbe  aux  poetes  , quand  ils  ont 
voulu  parler  de  la  cruauté  & de  rinhofpitalité. 

V . Lestrygons. 

ANTIPHOATE.  ¿Anza-rlk.  Les  Grccs  donnaient 
ce  nom  a cette  eípece  de  fv'tnphonie,  qui  s’exé- 
cutoit  á Poctave  ou  a la  double  octavee  , par  oppo- 
Énon  a celle  qui  s’exécutoit  au  fimple  uñifibn.  Se 
quils  appeloient  (jí.'CsííT  , ou  abíblument  Sym- 
PHONiE.  V . ce  mot.  A‘f¡!  Se  óaiyi  font  les  racines 
mot  antipkonie  ,•  iis-  íignifient  oppofttion  de 
’voix. 

Priam. 

Ay  i iPODES.  líidore  parle  d'un  peuple  de  la 
auquel  ú ¿onr.e  ce  nom,  parce  quTl avoit, 
Gi- o;:-o_n  , les  pieds_  retcurnés  , c’eft-a-dire  , les 
ta.ons  deyant  les  jambes.  Se  lesdoigts  derriére.  Les- 
coigts,  ajoutoit-on,.  étoient  au  nombre  de  huif 
pisdc  Cette  abfurdité'  a'a  pa  naítre  que  ¡ 
i espreíTion.  dant  fe.  ferv.ent-  ks  géographea,  (■ 


A N T 2T5 

pour  déíigner  Ies  peuples  diamétralement  oppofes 
iur  le  globe , qui  aura  été  prife  á la  lettre. 

Nous  renvoyons  á la  philofophie  ancienne  Se 
á ja  géographie , poar  l'artide  des  Antipodes 
pris  dans  le  fens  général. 

ANTIPOLIS , dans  les  Gaul-es.  ANTin. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  fontt 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

TIQU.A,1RE.  Ce  nom  défigne  aujourd^huí 
celai  qui  recherche  Se  étudie  Ies-  monum.ens  de 
Pantiquité  qui  s’eft  rendu  familiers  les  objets- 
coinpris  fous  cette  dénominadon,  teis  que  les 
méd.aiiles  , infcriptions  , ftatues  , peintures , édi- 
fices  , coutumes,  ufages  , gouver.nemer.s  , ma- 
rine , radique , écriture  & langiie  des  anciens.. 
Nous  en  parlerons  plus  au  Isr.g  dans  le:  Difcours 
fur  les  antiquités. 

AnTIQUAIRE,  antiqaarias , étoit  chez  les 
anciens  celui  qui  avoit  Finfpedion  fur  les  copiftes  , 
fur  Ies  iivres,  & qui  étoit  prépofé  á la  garde  de 
V andqaarium  oü  011  ies  renfermoit.  Le  nom 
iiantiquaire  „ antiquarius  , fut  donné'  par  la  fuite 
-aux  copiftes  eux-mémes  , & il  étoit  la  tradudion 
de  leur  nom  grec  ¿p;^íiísy¡wp<!i,  écrivains  ou  co- 
piftes  des  anciennes  écritures.  Ils  s’appeloienr  auífi 
y-a.».íy(kqfoi , lotfqu'on  vouloit  défigner  la  perfec- 
tion  de  leur  art. 

Antiqu.aeres,,  : il  Yavoit  aiicienne- 

ment  dans  les  principales  viile¿  de  la  Gréce  & 
de  ITtalie  , des  perfonnes  de  diftindion  ,,  chargées 
de  faite  voir  aux  étrangers  ce.  qu'ií  y aveit  de 
curieux,  de  leur  expliquer  les  infcriptions  an- 
ciennes, & tout  ce  qui  avoit  rapport  á Tantiquité- 
Paufanias  appelle  ces  antiquaires  ihrer— 

prétes.  Les  Sicilisns  leur  donnoient  le  nom  de 
pasoí'/oyA interpretes  des  chofes  cachees.  Les 
Ciceroni  de  Rome  ont  fuccédé  á ces  antiquaires ;; 
& Ies  exp-lications  qufils  donnent  aux  étrangcrs 
fe  re.Tentent  de  leur  ignorance  & du  motif  d'in- 
térét  qni  leur  fait  exercer  ce  métier; 

Antiquaires  , ^ ífy¿ú¿ic,í , anden.  On  apneloic: 
ainíi  des  puriftes-  qui  sarrachoient  á la  recherche 
des  vieux  mots,  & qui  atfedoient  de  s'en  fervir„ 
au  mépris  de  ceux  qui  étoient-  cU:  ufage  de  leurs 
tems.' 

Le  méme  trom  avoit  été  donné  aux  fcholiaftes-,, 
qui  falfoient  des  notes  ou  fcholies  fur  les  auteurs^, 
& les  écrivoient  ordinairement  á la  marge  des 
Iivres.  II  avoit  auiTi  la  méme  étt'molcgie. 

ANT1QU.-4RIÜ.M,  en  grec  étoit  í’en- 

üroit  cu  Ton  renfermoit  Ies-  Iivres  anciens,,  Ies- 
vafes  antiques,  See. 

ANTIQUARIUS.  V'oyei  Aktiq-cjair:-e  & An- 
TIQC  .aires. 

ANTIQUES-  Cet  arricie  sppartient  au  Dfdioni- 
naire  des  Ars  relatifs  au  deííin  5 Se  nous  y rersi- 
voTons  le  lecteur. 

ASTÍSIGaLí^  U’Ahtijigmay,  figure  & 


ti6  A N T 

út'iXjfkma  C,  adoíTés  DC^,  fut  !e  fecoaa  caraAere 
introdíiit  par  Claude.  11  avoit  la  vaieiir  du  P & de 
Í‘Sj  ou  du  B & de  TS , peut  - étre  méme  de  deux 
SSj  d’un  ufage  bien  plus  fréquent  dans  le  latín  que 
les  précédentes.  Ecienne  Moría  , aprés  avoir  fa^it 
exprimer  le  ■í'  par  V antijígmn  , conjeture  qu  il 
auroit  pu  avoir  la  forcé  da  ck,  ou  du  X des  Grecs/ 
Prifcien  eíl  plus  croyable quand  il  attribue  á la 
feconde  lectre  de  Claude  un  fon  équivalent  au ’f-. 
Selon  notre  Grammairien  , ce  fon  étoít  beaucoup 
plus  doux  que  celui  du  ps  ou  du  bs  des  latins  ; 
mais  ils  n’osérent , noas  dit-il , changar  leur  an- 
cienne  écriture. 

Lesmonumcns  dreíTés  fous  Tempire  de  Cíaudcj 
r-e  nous  ont  point  encore  fait  vot  fon  lecond  ca- 
raclére.  S’il  y fut  admis  , on  pourroit  entendre  les 
termes  de  Prifcien  des  tems  poírérieurs  á ía  mort  du 
méme  empereur.  Alcrs au  plus  taid  , cette  lectre, 
avec  fes  compagnes,  fut  condamnee  a un  éternel 
oubli.  NoiLvtlle  diplonzatique. 

La  figure  DC  de  Yantifigma,  nous  apprend  l'ét}^- 
moiogie  de  ce  mot , qui  vieat  de  & ¿‘átri , 
devara. 

ICdore  ( lib.  i.  origin.  c.  xx. ) parlant  des  notes 
ou  íignes  particaliers  dont  les  écnvains  íe  font 
fervis,  fait  mención  de  Y araifigma^,  qui  eil  ,^felon 
Itti , un  limpie  figma  C , tourne  ae  1 autre  cote  p). 
On  fe  fert  de  ce  íigne , dit-il , pour  montrer  que 
Lordre  des  vers  vis-á-vis  defqueis  on  le  met , doit 
étre  changé , & qu'on  le  trouve  ainíi  dans  les  an- 
ciens  auteurs. 

Vantifigma , pourfuit  ífidore  , avec  un  point  au 
tnilieu , fe  met  á la  marge  , lorfque  deux  vers  ont 
chacun  le  méme  fon , Se  qu’on  ne  fait  lequel  pre- 
férer. 

ANTISIGMA.  On  appeloit  de  ce  nom  un  lit 
de  tabfe  fait  en  demi-cercle , qui , place  devane  un 
femblable  lit,  renfermoit  dans  un  cercle  entier 
une  cable  ronde. 

ANTISSA , dans  Tifie  de  Lesbos.  antis. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  bronze. 

O,  en  or. 

O.  en  ar?ent. 

ANTISTES.  Voyei  Prétre.  . 

ANTISTHÉNE.  A Rome,  dans  je  palais  du 
prince  de  Piombino  , on  voit  une  rete  de  philo- 
íbphe  qui  paíTe  pour  celk  AAraifihene.  Fulvius 
Urílnus  Ta  nommée  ainíi  fans  aucun  fondement 
connu.  Ainíi , Ton  peut  y meconnoítre  , avec 
rairon,  les  traits  du  chef  de  la  feAe  des  Cyniques. 

ANTISTIA , famille  rcmains  dont  on  a des 
médailles. 

O.  en  or. 

RR.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font,  Ksgikus , 
y^Tus.  / .< 

Goltzius  en  a publié  quelques  medaiiIes,  la- 
cosnnss  depuk  luí. 


A N T 

ANTISTíTA.  Pr¿t?,ess2. 

ANTISTROPHE,  dAíA,  contre , Se  ít jír^ph.e , 
rpoeG  qui  vient  de  , je  tonrn-e.  Ceft  ainfi 
qu'on  appeloit  une  des  flanees  des  choeurs  dans 
les  poéíies  dramatiques.  V andfiropke  étoit  une 
des  trois  pañíes  de  Yode , dont  les  deux  autres 
fe  aommoient  ftropke  Se  ipode.  La  firopke  Se 
Yantiflropke  contenoient  roiijours  le  méme  nombre 
de  vers,  tous  de  méme  mefure.  Se  pouvoient 
conféquemmer.t  étre  chancees  fur  le  méme  air. 
L'épode  coroprenoit  des  vers  d'une  autre  efpéce, 
foitpliis  longs,  foit  plus  courts.  Le  chceurchan- 
toit  la  ftrophe  en  le  tournant  á droite  du  cote 
des  fpecfatears ; & Yanúftropke  étoit  la  flanee 
fuivante  que  ce  méme  choeur  chantoit  en  fe  tour- 
nant a gauche. 

Uantiflropke  étoit  une.  efpéce  de  réponfe  oa 
d’écho  reiatif  tant  á la  firopke  qu  á Xépode.^  Les 
Grecs  nommpient  périod'e  cts  trois  couplets  réunm 

ANTITHÉES,  étoient  de  mauvais  génies-,  dit 
Arnobe , invoques  par  les  magiciens  , & qui 
n'étoienc  propres  qu^á  faire  du  mal.  Arnobe  ele 
le  feul  qui  eh  ait  parlé. 

ANTIÜM,  ville  d'ítalie,  célebre  par  Ies  forts 
qu”on  y aiioic  confulter.  II  y avoit  des  ílatues  ae 
ia  Fortune  , qui  fe  remuoient  d eiles  - mémes  , 
dit  Macrobei'&r  leurs  mouvemens^divers  i'er- 
voient  de  réponfe , ou  marquoient  íi  i on  pou- 
voit  confulter  íes  Sorts.  E" . ce  ^ 

Horace  a chanté  la  fortune  révérée  á Anthnt  r 

O diva  y gratum  qu&  regís  Araium. 

Philoflrate  , dans.  la  vie  d’Apolloaius  de  Tyane, 
liv.  8 , áic  qu  on  y confervoit  un  manuferit  écrit 
par  Pythagore. 

ANTLÍA.  Voyete  Pompe. 

ANTOINE.  (Márc) 

MaRPUS  AkTOSIú-S  , ZMFRRATOR  , AUSUR, 
}II.  VIR.  R.  f.  C. 

Ses  médailles  font : 

RR.  en  or. 

C.  en  argent. 

II  y a des  revers  R Se  RR. 

RRR.  en  médaillons  d’argent  ,.'avec  fa  tete  Sc 
ceüe  de  Cléopatre. 

R.  en  M.  B.  latín , avec  ia  tete  d'Augulte. 

RR.  avec  fa  tete  & celle  de  Cléopatre. 

RR,  en  M.  B.  des  colonies. 

RR.  en  P.  B. 

RRR.  en  G.  B.  grec  , ou  approchant  de  ce 
module. 

RR.  en  P.  B.  grec.  , 

C.  en  argent  dans  Ies  légions , excepte  la  » > 
reñituée  par  Marc-Auréle  & Vérus;  la  i7'->  * 
i8%  la  io%  qui  font  R. 

La  24%  qui  n’ avoit  pas  été  publiée,  fe  trouv^ 
dans  le  cabinet  de  M.  Pelkrin  ; on  connoit 
la  26%  la  27=  Se  la  30=  & demiérc,  qui  font  Ki  1 • 

RRRR.  en  or,  de  la  ié.gioa  19,  au  cabmet 
du  rol. 


RRRR- 


A N T 

RRRR.  égaleniíent  en  or , des  cohortes  Pré- 
toriennes,  dins  le  cabinet  de  M.  Pellerin. 

On  trouve  des  médaiües  d’Oétavie  , quatrieme 
femme  As.  Marc-Antolne  , mais  on  n’en  connoit  ni 
en  or,  ni  en  argent,  ni  en  bronze  de  coin  romain. 
Les  unes  font  latines  de  la  colonie  de,  Sinope  , ou 
fa  tete  eft  accollée  avec  cellc  ^Antoine  ; d’autres 
grecques  , fur  lefquelles  fa  tete  eft  au  revers , en 
regard  á’Ajitoine  : elles  ont  été  fabriquées  en 
iifrique,  d Tyr.  Í1  s’en  trouve  avec  fa  tete  feule, 
foppées  á Filia  & á Tkejfalonique.  Ces  diíFérentes 
médailles  dont  le  prix  dépend  de  la  conferva- 
rion  , ont  été  pour  la  plupart  publiées  par  M.  Fel- 
lerin , qai  en  polTédoit  pluíieurs.  Celles  qui  font 
piiniques  ne  repréfentent  point  la  tete  d'Oéiavie. 
Seguin  a fait  graver  une  médaille  latine  de  grand 
bronze  , fur  laquelle  on  voit  la  tete  d’Oéiavie  etv 
face  des  tetes  d’Augufte  & AlAntoine,  8c  au  revers 
Une  galére. 

Antoin'e  le  fils,  (Marc)jí/í  ¿a  Triwmvir. 

Marcus  Antonius , Marci  1EIJ.IVS  , Makci 

KEPOS. 

Ses  médailles  font: 

RRRR.  en  or,  au  revers  de  fon  pére ; elle  eft 
au  cabinet  du  roi  8c  dans  celui  de  Vienne. 

O.  en  argent  & en  bronze. 

AntOINE,  (Lucius)  /rere  de  Marc-Antoine. 

Laciirs  Ahtonius  , consüz. 

Ses  médailles  font : 

O.  en  or. 

RR.  en  argent , ou  fa  tete  fe  trouve  toujours 
au  revers  de  Marc-Antoine. 

O.  en  bronze. 

Antoine,  (Caius)  troifiéme  frére  de  Marc- 
Antoine.  yoyeq^  Antonios. 

ANTONIA,  famille  romaiae  dont  ®n  a des 
médailles ; 

RR.  en  or. 

C.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

II  y a quelques  légions  d’argent  RR.  & méme 
RRR.  On  peut  en  voir  le  détail  á Marc  An- 
toine. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font  Balbus  ^ 
Barbatus  , Pmtus,  P jetas. 

Goltzius  en  a publié  quelques  médailles , in- 
connues  depuis  lui. 

ANTONIA,  femme  de  Drufus,  frére  de 
Tibére. 

Antojcia  Augusta. 

Ses  médailles  font: 

RR.  en  or. 

RR.  en  argent. 

RR.  en  médailles  de  potin  , frappées  en  Egypte. 

O.  en  G.  B. 

C.  en  M.  B.  latin. 

RRR.  de  colonies.  M.  Pellerin  en  a publié 
une  de  Corinthe  , & Pon  en  connoit  une  autre 
du  cabinet  de  Theupolo. 

Ar.tiqiátés  , Tome  I, 


A N T 2Í7 

RRR.  en  M.  B.  grec ; elle  eft  au  revers  de 
Claude. 

RRR.  en  P.  B. 

II  y a dans  la  colléélion  des  pierres  gravées  de 
Stofch,  une  cornaline  fur  laquelle  on  voit  le  por- 
trait  de  cette  princeíTe.  Le  muféum  capitolin  en 
renferme  un  bufte  de  marbre. 

ANTONIA  NyE.  On  appela  de  ce  nom  les 
mantés  gauloifes  avec  des  capuchons  cu  cara- 
calle,  que  Pempereur  Anronih  mit  á la  mode  á 
Rome.  Elles  defcendoient  jufqu^’aux  talons  , & 
firent  donner  leur  nom  á cet  empereur,  commc 
-réciproquement  elles  recurent  le  fien. 

ANTÜNIN  , déclaré  Céfar  par  Hadrien. 

Tjtus  , Mlius  , Hadrianus  , AsTosjirus  3 
Augustus  , Plus. 

Ses  médailles  font : 

C.  en  or ; quelques  revers  R.  Les  quinaires  R. 

C.  en  argent  i il  y a peu  de  revers  rares  ea 
argent. 

R.  en  médailles  grecques  d’argent.  Celle  au 
revers  de  laquelle  on  voit  la  ftatue  équeftre  d’Ha- 
drien  eft  RRR. 

RRR.  en  médailles  grecques-  d’argent  , ayant 
au  revers  la  tete  du  roi  Rémétalce. 

Elle  eft  chez  le  roi  d’Efpagne. 

RR.  en  médaillon  de  potin  d’Egypte. 

C.  en  G.  B.  de  coin  romain.  11  y a un  grand 
nombre  de  revers  rares,  & trés-rares. 

C.  en  M.  B.  RR.  du  méme  module , au  revers 
de  Fauftine,  ainfi  qu’au  revers  d’Hadrien. 

Plus  rares  avec  les  tetes  de  Marc-Aurélc  & 
de  Fauftine. 

RR.  en  G.  B.  de  colonies. 

R.  plutót  que  C.,  en  M.  8c  P.  B. 

R.  en  G.  B.  grec. 

C.  en  M.  & P.  B. 

C.  en  médailles  d’Egypte.  Parmi  celles  de  G.  B.> 
il  y en  a qui  repréfentent  les  douze  fignes  du 
zodiaque ; d’autres  qui  ont  pour  types  , différens 
travaux  d’Hercule  , Se  des  traits  de  l’hiñoire  fabu- 
leufe.  On  en  trouve  une , oú  Pon  voit  Apolloa 
aífis,  & devant  lui  Marfyas  pendu  á un  arbre, 
avec  un  homme  au  bas  qui  fe  prépare  a 1 écor- 
cher.  Ces  différens  revers  font  RR. 

On  connoit  beaucoup  de  médaillons  latins  de 
bronze,  8c  quelques  grecs  de  cet  empereur.  Celui 
qui  eft  gravé  dans  Séguin,  p.  I5’4,  eft  trés-rare. 

Six  empereurs  ont  porté  le  nom  d Antonin  , 
Antonin-Pie , M.-Aurele  , Commode , Caracalla  , 
Diaduménien  & Elagabale.  On  doit  avoir  1 atten- 
tion  de  ne  pas  les  confondre.  Au  relie.  Ies  plus 
difficiles  á diftinguer  font  Caracalla  & Elagabale  j 
mais  BOUS  en  donnerons  les  moyens  a leurs  arri- 
cies refpeélifs. 

ANTONINUS,  (Sulpicius)  tyran  fous  Gal- 
lien. 

SuBRtcJus  AjrTOJti^us  Augustus. 

Ses  médailles  font ; 

Caique  en  G.  B-.  Cette  piéce  a été  fabriquéc 


t . r A N u 

á Emefe , en  Syrse ; elle  eíí  rapportée  par  Hapm , 
dans  fon  tréfor  Britannique,  & elle  a pour  date 
ces  trois  lettres  ek'íj  qui  marquent  Tannée  565 
de  i’ére  des  Eméííens,  laquelle  avoit  commencé 
fous  les  SéleuddeSj  rrais  cent-onze  ans  avant 
Tere  chrétienne ; ce  qui  fe  rapporte  á Tan  deux 
cent  cinquante  quatre  , au  gommencement  du 
xégne  de  Válérieíi. 

ANTONIÜS,  (Ca'ius)  fr'ére  de  Marc-Antoine 
le  triumvir. 

CaiUS  AnTOKIUS  , M.ARCI  TILJUS  ÍROCOX- 
SULy  FOXTIFRX. 

Ses  médailles  font: 

O.  en  or. 

RRR.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

ANTRON  CoRACius.  Plutarque  examinant 
pourquoi  on  attachoit  aux  portes  de  tous  les 
temples  de  Diaae^-des  comes  de  eerf,  & á fon 
temple  da  mont  Aventin,  des  comes  de  bceuf;, 
dit  que  c’eft  peut-étre  pour  conferver  la  mémoire 
dtin  qvénement  arrivé  fous  le  régne  de  Servius 
Tullius.  Dans  la  Sabine , un  hom.me  nomme 
Antron  Coracius  , avoit  une  v'ache  > la  plus  be  lie 
& la  plus  grande  de  tout  le  pays  : un  devin  lui 
prédit  que  celui  qui  facrineroit  cette  yache  á 
, Diane  fur  le  mont  Avenrin^  procureroít  á^fa  ville 
' rerapíre  de  toute  fltalie.  Coracius  alia  á Rome 
pour  faire  ce  facrifice.  Un  ferviteur  du  roi  Ser- 
' vius  donna  avis  á fon  maitre  de.  cette  prophétie. 
Le  roi  l’apprit  au  pontife  , qui , pour  trompee 
' -Coracius  j lui  dk-qu' avant  de  facrifierj  il  falloir 
qu’il  allát  fe  laver  dans  le  Tybre  ; Coracius^  obéit; 
& tandis  qunl  fe  lavoit,  le  roi  fit  le  facrifice  de 
la  vache attacha  fes  comes  á la  porte  du  temple 
& eut  tout  rhonneur  du  facrifice. 

ANTRUM.  Voye^  Caverne. 

ANTüBEL.  Muratori,  pag.  100  de  fon  Tkef. 
infer. , rapporte  une  infeription  trouvée  en  Efpa- 
gne,  dans  laquelle  il  eft  fait  mention  de  deux 
divinités  inconnues.,  Antubel^  la  áét&'Nabis : 

BOUTIUS 
ANTU  BEL 
EX.  D.  NABI 

V.  S.  L.  M. 

Cet  Antibel  eñ  peut-étre  Bel  ou  Belus  des 
Orientaux  j qui  étabiirerit  pluíieurs  colonies  eh 
Efpagne. 

ANUBIACL  prétres  d" Anubis  á Orange.  Miera- 
-tori  Diatrib.  Col.  Gy , inferip.  tkef.  : 

X.  IVLIVS.  leonXs.  do 
NVXX-  QVOD.  PROXXl 
SERXT.  XNVBIXCIS.  do 
XXesticX.  libert.  d.  s.  p. 

AIXUBIDEUM^  lien  & temple  confacrés  a. 
Anubis. 

A.ÑüEIS,  divinhé  rcvérée4es  Egypriens,  des 


A N U 

Grecs  Sr  des  Romains.  Ovide  en  fait  mention, 
(Amor.  lib.  1,  eleg.  13.)  il  dit  á Ifis  : 

Per  tua  fifira  precor  y per  Anubidis  ora  ■verenda. 

Cette  tete  adorable  étoit  celle  d’un  chien , auquel 
on  rendoit  un  cuite , & on  élevoit  des  tem- 
ples appelés  Anuhidea.  Lucien  {inToxari'}. 

On  commenqa  en  Egypte  par  confacrer  un 
animal  á Anubis  , comme  on  f avoit  pratiqué  avec 
les  autres  divinités.  Bientot  aprés  on  fubftitua  en 
partie  la  figure  du  chien  a ceile  i" Anubis  méme , 
& Ton  placa  la  tete  de  cet  animal  fur  un  corps 
humain , pour  fervir  d’embléme  au  nouveau  dieu. 
C’eñ  ainli  qu’on  le  trouve  repréfenté  dans  les 
raines  des-  anciens  temples  d'Egypte  ; cfeíl  ainíi 
qu’il  paroit  fur  les  bronzes  & les  marbres  que  ren- 
■ferment  les  colleélions  d'antiques.  Diodore  de 
Sicile  attefte  Fancienneté  de  cet  ufage.  {Lív.  i). 
Les  Egyptiens  repréfentent  le  dieu  quils  appelleht 
Anubis  avec  une  tete  de  chien.  Ovide  decrivant 
la  pompe  des  fétes  dRíis,  koublie  pas  Anubis , 
(Métamor.  p.  ópz.  ) : 

Cum  qud  latrator  Anubis  3 

Sanclaque  Bubafiis  , variufque  coloribus  Apis. 

Virgile  , Properce , Laclen  Se  les  Peres  des 
prémiers  iiecles  de  l'Eglife , ont  fouvent  railié 
les  Egyptiens  fur  Vabhoyeur  Anubis. 

Le  áieu-chien  avoit  en  Egypte  des  fétes  fomp- 
tueufes  , des  temples  & des  villes  particuliéres 
confacrées  á fon  cuite,  telles  que  Cynopolis,  ville 
des  chiens,  xojSj  ■nroXis,  dans  FEgypte  moyenne- 
Strabon,  qui  avoit  voyagé  dans  cette  contrée, 
dit  qu  á Cynopolis  on  honoroit  Anubis  d’un  cuite 
particulier , qui  étoit  partagé  entre  le  dieu  & les 
chiens , auxquels  on  préparoit  une  nourriture  re- 
cherchée.  Les  médailles  de  cette  ville  portent  pour 
type  une  figure  d'homme  á téte  de  chien. 

Quoiqüe  Cynopolis  fút  le  centre  du  cuite  renda 
á Anubis,  FEgypte  entiére  Fadopta  á fon  tour; 
& par-tout  ou  Fon  adoroit  Ilis  & Ofiris,  on  leur 
affocioit  ce  die-u,  leuf  fidéle  compagnon;  ce  quí 
donne  de  la  vraifemblance  á cette  hyperbole  de 
Juvénal , ( Sat^  i y , v.  8. ) : 

Oppida  tota  canem  venerantur. 

De  cette  univerfalité  du  cuite  á’ Anubis , yin£ 
ie  refpeéi  général  des  Egyptiens  pour  les  chiens. 
Lorfqukl  en  mouroitua,  tpus  les  habitans  de  la 
maifon  oú  il  étoit  mort , paroiílbient  plongés  dans 
la  douleur  la  plus  profonde  ; ils  prenoient  toutes 
les  marques  du  plus  grand  deuil , 8e  fe  coupoient 
les  cheveux  & les  foureils.  Plutarque  a confervs 
la  mémoire  de  la  guerre  craelle  que  fe  firent  les 
habitans  de  Cynopolis  & ceax  d'Oxyrinque , a 
caufe  d’un  chien  que  ceux-ci  avoient  tue 
mangé-  , • , 

Ce  cuite  étrange  ne  fut  pas  borne  aux 

du  Nil.  Les  Orees  Fadoptérent , non  ^as  leuie- 

ment  á Fépoque  ou  les  Ptolomces  melereo 


A N U 

cuite  de  la  Gréce  á celui  de  leurs  nouveaux  fujets, 
mais  dans  les  tems  Ies  plus  recules  de  rhiftoire 
grecque.  Rhadamante  ^ frére  de  Minos,  ne  juroit 
jamais  par  les  divinités  de  fon  pays , pour  ne  pas 
profaner  ces  nonas  redoutables  ; naais  il  juroit  par 
i’oie,  par  le  bélier,  par  le  platane  & par  le  chien. 
Jabionski,  dont  nous  anaiyfons  lestravaux,  re- 
connoit á ce  jurenaent  da  chien,  & croit 
que  Rhadamante,  ainii  quepluíieurs  autres  grecs, 
avoic  voyagé  en  Egypte,  &;  en  avoit  adopté  les 
cuites.  Car  l'oie,  le  béiier,  le  platane  y étoient 
révérés  ainfi  que  le  chien. 

Que!  écoit  cet  Anubis,  ce  dieu  demi -chien  t 
Les  prétres  égyptiens  racontoient  dans  leurs  fables 
facrées , que  deux  fils  d'Oiiris,  vaiilans  Se  cou- 
rageax,  Anubis  Se  Macédon,  le  fuivirent  dans  fes 
expéditions.  Cette  naiíTance  á’ Anubis  eíf  expli- 
quée  plus  au  long  dans  Plutarque  (de OJir.) 
11  dit  qii’Oliris  ayant  joui  des  embralTemens  de 
fa  foeur  Nephthis,  femme  de  Typhon,  quil  crut 
étre  Ilis  fon  époufe , en  gut  un  fils  appelé  Anubis  , 
qui  fiit  frére  d^Horus,  fruir  legitime  des  amours 
d'Ifis  & d’Oíirís.  Kephthis  craignant  le  relíénti- 
naent  de  Typhon  , expofa  Anubis  pour  le  fouf- 
traire  á fa  colére.  Mais  Ifis,  qui  avoit  reconnu 
Terreur  de  fon  mari,  á la  vue  de  fa  couronne  de 
Mélilot,  oubliée  chez  Nephthis,  chercha  Anubis  ; 
& 3 á Faide  de  fes  chiens , elle  le  trouva  & en 
prit  foin.  Devenu  grand,  ce  fils  d'Ofiris  la  fuivit, 
Se  Taccompagna  toujours  fidélement : de-lá  vint 
qu'il  fiit  reveré  comme  le  gardien  des  grands 
dieux , & comme  faifant  auprés  d’eux  les  mémes 
fonélions  que  les  chiens  exercent  auprés  des 
mortels. 

Cet  attachement  inviolable  ¿’Anubis  le  fit  re- 
préfenter  avec  une  tete  de  chien,  felón  la  plupart 
des  écrivains  qui  ont  recherché  les  motifs  de 
cette  conSgurarion  extraordinaire.  D’autres  ont 
donné  pour  motif  le  fervice  que  rendirent  á Ifis 
les  chiens  dans  la  recherche  du  corps  d’Oliris , 
fon  mari  j ce  qui  n’a  aucun  rapport  diredl  avec 
Anubis.  Quelques  autres,  & Julius  Firmicus  avec 
eux,  difenr  qulfis  fe  fit  accompagner  du  ckajfeur 
Anubis  j & qu’on  donna  pour  fymbole  a ce  dieu 
Lanimal  qui  fert  de  guide  aux  chaíTeurs.  On  apper- 
íoit  dans  cette  variété  d'opinions  , que  les  prétres 
égyptiens  fe  contentoient  de  rapporter  la  fable 
á" Anubis , racontée  plus  haut  d'aprés  Plutarque ; 
& que  les  écrivains  des  tems  poftérieurs  s’étoient 
donné^  la  torture  pour  découvrir  le  motif  d’une 
auíG  étrange  métamorphofe. 

Mais  le  plus  grand  nombre  des  anciens  écri- 
vains  s accorde  á le^  trouver  dans  Pattachement 
é.  Anubis  pour  fon  pere  Se  pour  la  femme  de  fon 
pere.  De-la,  Plutarque  conclut  que  les  Egyptiens 
nrent  de  leur  Mercure  un  chien  , pour  exprimer 
par  ce  fymbole  fa  fidélité ; de-lá  vient  que  Pro- 
clus  , dans  Platón,  {■noMnla.')  Anubis  \q 

^rdien  d’Ofiris ; de-lá  naquit  Pufage  de  placer 
Anuois  ou  un  de  fes  petits  temples  á Pentrée 


A t>í  U 2 1^ 

de  ceux  dTlis , & celui  de  le  faite  précéder  la 
ítatue  d'Iíis  dans  les  proceíuons  de  cette  déeíTe. 
Apulée,  qui  en  avoit  vu  une  á Cenchrée,  parle 
ainfi  (Métam.  Lib.  a)  : jd  Les  divinités  fe  mertent 
en  marche  des  qu'elles  veulent  bien  fe  fervir  des 
pieds  des  mortels  qui  Ies  portent.  On  voit  pa- 
- roitre  d abord  celui  qui  a la  tete  d’un  chien  ter- 
rible, qui  accompagne  les  dieux  fupérieurs.  & 
inferieurs  , qui  eft  tantot  decpuleur  noire,  rantot 
doré  5 qui  porte  enfin  un  caáucée  de  la  maia 
gauche , & fecoue  de  la  droite  une  palme  ver- 
doy  ante  w. 

Commode , qui  renoiivela  á Rome  le  cuite  Se 
les  pompes  dllis,  fe  rafoit  la  tete,  portoit  lui- 
méme  la  ílatue  ^Anubis , & donnoit  des  coupS 
trés-violens  aux  ifiaques  avec  cette  repréfentation 
du  dieu.  Ce  cuite  y avoit  été  jadis  introduit  ;,ma® 
Ies  confuís  Pifo.n  & Gabinius  le  pourfuivirent 
févérement.  Pour  tout  dire  en  un  mot  , par- 
to ut  oú  paroiíTbit  Ifis,  on  voyoit  avec-  elle  le  chien 
ou  cynocéphale  (dieu  á tete"  de  chien) . La  Table 
Ifiaque  offre  un  témoignage  authentique  de  cette 
aíTociation  confiante. 

_ Cherchons  á préfent  quelles  furent  les  divi- 
nités par  lefquelíes  Ies  Grecs  remplacérent  dans 
leur  Mythologie  le  fils  d^Ofiris.  Plutarque  ditdans 
fon  Hyre  fur  Ifis  & Ofiris-,  ouvrage  fi  rempli  ds 
puwilites  , que  Pauteur  fembie  les  avoir  reeueii- 
íies  a deTein  de  plaire  á la  fuperñitieufe  Cléa  , 
á qiú  i!  Pa  dédié  ; » Quelques-uns  erqient  anA- 
nubis  eft  Satume , parce  que  produifant  tout  da 
lui-meme  , & portant  tout  da.ns  lui-méme  comme 
une  femme  groííe  (ce  qui  s’exprime  en  grec  pac 
le  mot  K-jíiv ) , il  a été  appeié  ¡Am , chien 
Cette  interprétation,  qui  repofefur  un  jeu  de  mots, 
eft  ridicule.  D^ailíeurs,  Plutarque  a confondu  ici, 
comme  il  Pa  fait  auíTi  dans  d^autres  endroits, 
Anubis  avec  Phtka,  le  Vulcain  des  Egyptiens.  U.n 
trés-petit  nombre  ¿'écrivains  a fui  vi  le  fentiment 
de  Plutarque,  & a reconnu  Saturne  dans  Anubis. 

■ Les  autres  , en  tres  - grand  nombre  , aiTurent , 
avec  raifon  , qa  Anubis  Se  Mercure  étoient  ii 
méme  divinité- 

En  effet , dans  le  méme  livre  fur  Ifis  , Plu- 
tarque dit  que  Ies  Egyptiens  ne  croient  pas  que 
leur  Mercure  foit  un  chien  , mais  qu  ils  affimilent 
au  plus  tufé  des  dieux  Panimal  qui  a la  vigüancc 
en  partage,  & qui  diftingue  avec  tant  de  faga- 
cité  Pami  de  Pennemi.  II  eft  évident  qu’il  parle 
ici  ^Anubis.  Les  Egyptiens , dit-il  encore  dans 
le  méme  livre  , aííurent  que  Mercure  habite  dans 
la  lune,  & marche  avec  elle.  IN'e  reconnok-on 
{>as  ici  évidemment  Anubis , le  fidéie  compagnon 
dTfis  ? Servius  & Porphyre  font  du  méme  fen- 
timent 5 & Lucien  penfe  de  méme , puifqiPil 
donne  á Anubis  le  caducée  , ateribuc  particulier 
de  Mercure. 

.Anuo,  en  bogue  cophte,  qui'étoir  ceile  des 
anciens  Egyptiens  , veut  dire  or , & annub  doré. 
De-lá  vient  que  Lucien  (in  Jqvc  Tragoedo ) dit 

Ee  ij 


aao  A N U 

f¡\ij4.nuiis  étoií  d’or  tres-pefifit  & d un 

■graná  prix.  Les  Egyptiens , felón  Pline^.  ne  fculp- 
toienc  pas  l’argent“,  mais  üs  le  doroient^  a.fin  d^ 
voir  roujours  leur  Anubis  : Tingit  & Jtgyptus 
argentum,  ut  in  vefis  Anubim  fuum  fpeñst , pin- 
gitaue  , non  ctlat  argentum.  Apulée  , cité  plus  haut  j 
parle  de  la  face  dorée  A’ Anubis.  D'un  autre  cote 
nous  apprenons  dans  la  chronique  d’Alexandnej 
queFauniis,  appelé  depuis  Mercpre  ^ ^trouva  le 
premier  l’art  de  fondre  & de^travailler  1 or.  Quel- 
que  ridicule  que  foit  fafíémblage  de  Faunas , rol 
¿ItaliS:,  avec  Mercare  j,  on  peut  en^conclure  ce- 
pendant  que  fon  attribuoit  á ce  dieu  Tart  de  travau- 
1er  i’or.  Dans  Fhymne  de  Mercare  , qui  porte  le 
nom  d’Homérej  il  eft  dit  qu  Apollon  ctant  eii^te 
dans  la  cáveme  du  mont  Cyllenius  , ou  1 on  ele- 
voit  Mercare  , le  trouva  environné  d’or  & de 
richeíTes.  De-lá  vint  que  les  poetes  lui^donnerent 
touiours  des  talonnieres  & une  verge  d or.  Anubis 
étoit  done  le  dieu  de  for^  ainli  que  ivíercure  le 
fiit  depuis  chez  les  premiers  Grecs ; car  Plutus 
eft  d’une  création  poftérieure  aux  Pélafges- 

Plutarque  nous  apprend  (de  Iftde)  á quel  phe- 
Boméñe  ou  apparence  célefte  appartenoic  l Anubis 
des  Egyptiens.  Le  cercle  j^dit-il,  qui  touene 
& fépare  les  deux  hémifphéres  , qui  porte  le 
Hona  d horifon^  & leur  eft  cotnmun  a toas  deux, 
eft  appelé  proprement  Anubis;  il  eft  repréfmté 
fous  la  figure  d'un  chien^  parce  que  cet  animal 
fait  ufage  de  fes  yeux  dans  la  nuk  comme  pen- 
dant  le  jour.  11  paro'it  Anubis  étoit  chez  les 
Egyptiens  d'une  méme  nature  que  í’Hécate_  des 
Grecs.  c'eft-a-dire.  terreftre  & célefte  ».  ’Voilá 
clairemstit.  Án-nhis  declare  le  fymbole  Tacre  de 
Fhorifon  de  la  fphére.  Ceft  pourquoi.  fans  dsute. 
il  en  porte  une  de  la  main  droite  fur  un  bas-relief, 
publié  par  Boiffard.  (^Araiq.  iv,  p-  78).  ILy  paroít 
Kvec  une  tete  de  chien . & le  cadiicee  a la  main 
gauche.  Son  pied  eft  pofé  fur  un  crocodilo. 

Ceft  á fon  arrivée  á Thorifon  que  le  foleil  entre 
dans  le  monde , ou  plutót  dore  & eciaire  notre 
hémifphére  ; & c’eft  pare  llement  á Tépoque  ¡fc 
fon  retour  quhl  fort  du  monde  , ou  plutot  qu  il 
paffe  fous  le  globe.  Anubis  , qui  gardej’horifon. 
eft  done  le  portier  du  ciel ; & il  doit  etre  repre- 
fenté  par  l’image  d’un  portier  fidele.  Les  anciens 
confioient  la  garde  de  leurs  portes  a des  chiens  5 
i!s  en  peignoient  méme  fur  la  muraiile  aupres  de 
Fentrée  des  maifons  , avec  ces  mop . cave  canem  . 
lorfqu  i!s  n’avoient  point  de  chiens  vivans.  La 
théologie  fymbolique  peignit  dés-iors  Anaois  fous 
Fembléme  de  cet  animal  fidéle. 

La  couleur  jaune  ou  de  Por.  & la  noire.  con- 
viennent  alternativement  au  portier  da  cie.^.  qui 
en  ouvre  les  portes  ou  Phonfon.  tantot  a 1 altre 
du  jour . tantot  á la  déeíTe  des  ténébres.  Tout  ej» 
d'accord  dans  Pailégorie  di  Anubis  . chez  íes  pre- 
tres égyptiens ; mais  auífitot  qu’elle  eft  tranfportee 
en  Gréce  ou  en  Itaíie . tout  eft  obicurci  Sí  kico- 
hérent. 


A N tJ 

Nous  avons  vu  plus  haut  les  révolutions  que 
fubit  á Rome  le  cuite  Anubis.  Compagnon  infé- 
parable  ftlfis . il  vit  fon  cuite  enveloppé  dans  la 
proícription  des  myfteres  de  la  deeíTe  . jufqu  a 
ce  que  Commode  rétablit  les  dieux  egyptiens  dans 
leurs  anciennes  prérogatives.  On  trouve  cependant 
des  traces  de  ce  cuite  a Rome  fousTibere.  Des 
prétres  ^Anubis  ou  de  Jíermnitubis  . Alercure- 
Anubis 3 comme  Pappeloient  les  Grecs.  fe  pre- 
térent  á la  paíTion  de  Mandas,  jeune  cnevaher 
romain.  pour  Pauline.  lis  perfuaderent  a cette 
dame  que  leur  dieu  avoit  conqu  pour  elle  1 amour 
le  plus  vif.  Crédule  . fuperftitieufe  & vame.  Pau- 
line fe  crut  honorée  de  la  tendrefle  d un  dieu  , 
8c  elle  confentit  á paffer  une  nuit  dans  _ ion 
temple . voifin  de  celui  dlfis.  Mandas  trahit  e 
fecret  des  prérres..  & donna  á enterare,  par  le 
récit  de  quelques  particulantés.  quu  avoit  ete 
Pamant  couronné.  Pauline  s"en  plaignit  a fon  man. 
& celui-ci  a Tibére.  Les  pretres  furent  crucifics  , 
le  temple  dlfis  rafé.  fa  ñatue  & celle  áAnuois 

jetees  dans  le  Tybre. 

Ceux  qui  célébroienr  Ies  myfteres  á Anubis, 
portoient  des  mafques  faits  _ eii  tete  de  chien  , 
& c eft  ainfi  que  dans  la  profenption  des  tnumvirs. 
Voluíius  échappa  aux  recherches  des  meurmeis. 

Trillan  & Beger  rapportent  deux  me..aiiies  ^de 
la  jeune  Fauftine  & de  Julien  II,  _ fur  lefqueues 
on  voit  Anubis  avec  la  tete  de  chien . tenant  un 
fiftre.&  un  caducée.  II  eft  vétu  fur  la  premíete 
en  général  romain , avec  la  cuiraíTe  & le  paluaa- 
ment ; mais  fur  Pautre  il  na  qu  une  tunique. 

On  connoit  á Rome  plufieurs  ftatues  d Anubisy 
Ies  plus  remarquables  font.  C.  une  a laViHa-Albam. 
donr  la  téte  tient  du  lion,  du  chat  & du  cn.m. 
Eufébe  KPr^p.  Evan.  l.  5.)  dk  que  le  ^ 
auíFi  un  fymbole  ¿s  Anubis.  La  meme  \ lUa  ren 
ferme  une  autre  ftatue  á tete  de  chien  , a.lite  , K 
il  y en  a une  femblable  au  pala.s  Barbenni.  Ces 
trois  ftatues  font  ftun  granit  tirant  fur  le  noir- 
La  tete  de  la  premiére  eft  couverte  par  de.riere 
ákme  mitre  ou  coéffe  égyptienne  chargee  de  plis  , 
qui  flotte  fuv  les  épaules  de  la  longueur  q 
torze  pouces.  Derriére  fa  tete  s eleve 
de  difque.  figurant  le  foleil  ou  .a  lune . o J 0 
étre  un  de  ces  nimbes  ou  aureoles  que  . 

queiquefois  aux  images  des  dieux  & d - P 

reurs  les  Grecs  & les  Romains.  . 

Les  deux  Anubis,  Pun  de  marbr^.  . :> 

de  marbre  blanc.  conferves  capicole. 
point  des  produdions  de  1 axt  chez  íes  ^ 

ce  font  des  ouvrages  faits  du  tems  f 
Hadrien.  Il  ken  faut  pas  dire  " 

Anubis  aífis . de  bafalte  verd , qui  eft  d<-ns  la 

colleéiion.  Cr  A Thef. 

ANULARIÜS.  Muraron  (p^^g-  9°[- 
infer.)  rapporte  Pinfeription  fuivante  : 

V.  ICC.  F.  Q-  MUS.  I.  Q- 
PRIMl.  ANULARl 
m FR.  P.  xmi.  IN.  A6.  p. 


ai  I 


A O U 

Cétcit  fans  dou:e  un  cuvner  cui  faifoit  ¿es  zn- 
neaux. 

.ANXUR.  (Júpiter)  ^oyei  Axür. 

ANyTUS Titán , nourrider  de  Junon. 

ACEDÉ  , étoit  Tune  des  trois  Mufes  dont  le 
cuite  fiit  établi  j felón  PaufaniaSj  par  les  Aloides, 

3 Thcbes , en  Béorie.  Son  nom  íigmfie  chant. 
F".  Muses. 

AONIDES  j fumom  des  Mufes  j qui  eft  tiré 
des  montagnes  de  Béorie  ^ appelées  les  monts 
AonienSj  d'oú  cette  province  elle-méme  eft  fou- 
vent  nommée  Aonie.  Les  Mufes  étoient  particu- 
iiérement  honorées  fut  ces  montagnes. 

AORASIE  des  dieux.  Les  anciens  étoient  per- 
fuadés  que  lorfque  les  dieux  venoient  parmi  les 
hommes  Se  converfoient  avec  euXj  leur  divinité  i 
ne  fe  manifeftoit  jamais  en  face,  lis  ne  fe  faifoient 
reconnoítre  que  par  derriére  , dans  le  moment  ou 
ils  fe  letiroient.  C'eft  ainíi  que  Neptune  , dans 
Homére  , (lüad.  2.)  aprés  avoir  parlé  aux  deux 
Ajax,  fous  la  figure  de  Calchas,  neft  reconnu 
d'eux  qu'á  fa  démarche  , & par  derriére , lorfqu  il 
Ies  a quittés.  De  méme , dans  Virgile,  Vénus 
fe  préfentc  á Enée  fous  Tair  d’une  chalTeufe  ; 
Se  , aprés  i’avoir  entretenu  aíTez  long-tems , elle 
fe  retire ; fa  tete  paroit  alors  rayonnante  , dit  le 
poete  5 fa  robe  s'abat ; Sé  fa  détnarche  la  tra- 
hiíTant , Enée  voit  clairement  la  déeíTe  fa  mere. 
Aorafie  lignifie  invifibilité  5 il  vient  du  grec , de 
Xa.  privatif  Se  de  ofaa , je  vois  V , Hypar. 

aORNOS  , dans  TEpire.  aofniííN. 

M.  Pellerin  a publié  une  médaille  de  bronze 
autonome  de  cette  ville. 

II  y avoit  á Aornos  ^ chez  les  Thefprotes , dans 
TEpirc,  un  temple  Se  un  bois  confacrésaux  Manes. 
C^eft-Ia  qu'on  les  évoquoit  par  des  enchantemens 
& des  facrificesj  Se  c'eft-lá’que  fe  rendir  Orphée 
pour  trouver  quelque  fonlagement  á fa  douleur. 
II  venoit  de  perdre  fon  époufe  Eurydice , & il 
efpéroit  que  le  plaiílr  de  voir  cette  ombre  chérie, 
de  s’entretenir  avec  elle  , adouciroit  fon  chagrín. 
Son  attente  fut  trompee.  La  vue  du  fantóme  que 
les  artífices  des  prétres  firent  paroitre  á fes  yeux  , 
le  frappa  de  mort  felón  les  uns , Se  felón  d'autres 
lui  caufa  une  m.élancolie  noire , á laquelle  il  fuc- 
comba , aprés  avoir  erré  long-tems  au  milieu  des 
bois.  On  imagina  depuis  , la  fiable  de  fa  defeente 
aux  enfers  ; mais  elle  r/eut  d’autre  fondement  que 
ce  voyage  dans  la  Thefpfotie. 

Ce  mauvais  fucccs  ne  déerédita  pas  Toracle 
¿’Aomos.  Plufieurs  fiécles  aprés  Orphée , Périan- 
dre,  ryran  de  Corinthe,  alia  chez  les  Thefprotes 
pour  confulter  fur  un  dépót  Pombre  de  fa  femme 
MéliíTe,  qu'il  avoit  fait  périr  fur  de  faux  rap- 
ports. 

AOUST,  fixiéme  mois  de  Tannée  de  Eomulus, 
Se  huitiéme  de  celle  de  Numa.  II  conferva  fous 
ks  rois  Se  du  tems  de  la  république , le  nom  de 
Sextilis , que  lui  avoit  impofé  le  fondateur  de 
Rome.  Son  nom  fut  changé  en  faveur  d’Auaufte , 


APA 

ioi  fqufil  mit  en  746 , la  derniére  main  á la  ré- 
formation  du  calendrier,  entreprife  par  Céfar. 
Macrobe  Se  Dion  noas  ont  confervé  le  plébifcit* 
Se  le  fenatus  - confuiré  qui  autoriferent  ce  chan- 
gement  de  nom.  Les  raifons  quftls  apportent  font 
les  principaux  événemens  du  régne  d'Augufte^ 
arrivés  dans  le  mois  Sextiiis , tels  que  fon  pre- 
mier confulat,  fes  trois  triomphes,  PÉgypte  cofr- 
quife , la  fia  des  guerres  civiles. 

Romulus  avoit  fait  ce  mois  de  30  jours  , 
Numa  de  295  mais  Céfar  lui  en  donna  31.  LeS 
nones  arrivoient  le  cinquiéme  jour.  Se  les  ides 
le  13. 

“ Aoút , preíTé  de  la  chaleur , dit  Aufone  , 
" plonge  fa  bouche  dans  une  grande  taíTe  de  verre  , 
» pour  boire  de  Teau  de  fontaine.  Ce  mois,  ou 
» eft  née  Hécate , filie  de  Latone , porte  le  nom 
» cternel  des  empereurs  , c’eft  á-dire , d’ Augufius.^ 
Ce  mois  eft  repréfenté  par  un  homme  nud,  quá 
porte  fous  fon  mentón  une  large  tafle  pour  fe 
rafraichir ; i!  tient  devanr  lui  une  efpéce  d'évan- 
vai! , fait  d’une  queue  de  paon.  En  ce  mois  ok 
fétoit  les  Portumnales,  le  175  Ies  Vinales,  le  19} 
Ies  Confuales,  le  21 ; les  Vulcanales,  le  23;  íes 
Opiconfives  , le  2j , Se  Ies  Vulturnales  „ le  27. 
Cérés  étoit  la  divinité  tutélaire  de  ce  mois,  pcn*. 
dant  lequel  fe  fait  la  moiffon  en  Italie. 

APAMÉE , en  Syrie.  AnAMEQN. 

Les  médaiUes  autonomes  de  cette  vílle  font: 

O.  en  or. 

C.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Leurs  types  ordinaires  font  : La  Viéloire  de- 
bout , tenant  une  couronne.  — Pallas  debout , 
tenant  une  Viéloire.  — Un  éléphant.  —Un  thyrfe. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  Imperiales 
grecques  , en  Fhoniieur  d’Augufte. 

Apamée- fur-l’Axius , en  Syrie.  AnAMEOfí. 
nPOS.  AXION. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  foñt: 

RRRR.  en  bronze.  (^Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  argeut. 

ApAMEE-fur-íe-Méandre  , en  Phrygie.  AiiA- 
MEÍ2N  & AnAMEIC. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

O.  en  or. 

R.  en  argent.  Ce  font  des  Ciftophores. 

C.  en  bronze. 

Leurs  types  ordinaires  font  : Un  aigle  volant 
au-deífus  du  Méandre.  — Diane  d'Ephéfe. 

Cette  ville  a fait  frapper,  fous  fes  différens 
gouverneurs,  des  médailles  imperiales  grecques 
en  l’honneur  d’Augufte  , de  Tibere  , de  Claude  , 
d’Aarippine  jeune  , de  Nerón  , de  Vefpalien  , 
d’Hadrien,  á’ Antonio,  de  Commode,  deSévére, 
de  Géta,  d’Alex.-Sévére  , de  Gordien,  de  Phi- 
lippe  pére,  ¿’Otaci’ie,  de  Fhilippe  fiis,  de  Déce, 
d’Élagabale. 


21Z 


APA 

- ApaméE:,  en  BIthyniej  oa  ApAMÉE-MyrIea. 
AIIAMEÍ2N.  TfíN.  MIPABANQN. 

Les  médaiües  autonomes  de  cette  vilie  font : 

ERRR.  en  bronze, 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

- On  a queiques  médailies  imperiales  grecques 
de  cette  vilie,  felón  le  P.  Hardouin. 

Apamée,  dans  la  Bithynie. 

Col.  jdl.  conc.  aug.  apam.  Colorda  Julia 
Concordia  Augufia  Apamena. 

C.  I.  c.  A.  Colonia  Julia  Concordia  Apamea, 

Vaillant  avoit  attribué  á Carthage  d’ A frique 
c^tte  feconde  légende  avec  des  médailies  d'em- 
pereurs , que  I’abbé  Bellei  a reñituées  á Apamée. 

Cette  cclorde  romaine  a fait  frapper  des  mé- 
dailles  latines  en  Thonneur  de  Domna , de  Com- 
mode,  de  Caracalla,  de  Gallien,  de  M.-Auréle, 
de  Valérien.  V oye:^  le  25'  tome  des  Mémoires  de 
FAcad.  des  Infcriptions . íBdlei ). 

APATURíENNE.  Strabon  parle  d\m  temple 
confacré  á Venus , fous  cette  dénomination.  II 
étoit  báti  dans  un  bourg  de  Corocondama,  pref- 
qu’iíle  íituée  entre  le  PontEuxin  & le  Palus  Més- 
tide. 

Ce  furnom , qui  veut  dire  trompeufe  , d’áü-ár? , 
íromperie , avoit  été  donné  á Vénus,  parce  qu'elle 
avoit  ufé  d'artifiee  dans  la  guerre  des  dieux  contre 
les  géans. 

^ APATüRIES  , fétes  que  Ies  Athéniens  céié- 
í broient  en  Fhonneur  de  Bacchus ; elles  devoient 
leur  origine  á une  tromperie  célebre.  Les  Béo- 
tiens  ayant  declaré  la  guerre  aux  Athéniens , á 
Foccaíion  d’un  tarritoire  que  ces  deux  peuples 
fe  difputoient.  Xanthus,  chef  des  Béotiens,  offrit 
de  terminer  le  diíférend  par  un  combar  íingulier, 
Thyniéte,  roi  d’Athénes,  ayant  refufé  le  défi, 
ílir  dépofé.  Se  Mélanthe  , qui  Faccepta,  fut  mis 
en  fa  place  ; celui-ci  voyant  approcher  fon  ennemi , 
lui  dit  que  ce  n’étoit  pas  agir  avec  bravoure,  que 
de  venir  accompagné  dañs  un  duel.  Xanthus 
tourna  la  tete  pour  voir  fi  effeélivement  il  lui 
arrivoit  un  fecondj  peudant  ce  tems,  Mélanthe 
iui  paila  fon  épée  au  travers  du  corps.  Ainíi,  cette 
tromperie  , qui , en  grec  s'exprime  par  le  mot 
á-nciT-^ , donna  origine  aux  apaturies.  Un  peuple 
fage  comme  Ies  Athéniens,  auroit-ii  dii  conferver 
la  mémoire  d’une  aclion  déshonorante  ? AuíE  y 
a-t-ildesaiiteursquilui  donnentune  autre  origine, 
Cette  féte  duroit.pendant  trois  jours  du  mois 
Puanepfion  : le  premier,  on  céiébroit  un  feílin;  on 
facrifioit  au  fecorid;  & le  troiliéme,  oninfcrivoit 
dans  chaqué  tribu  Ies  jeunes  gens  qui  devoient 
y étre  re^us.  Or,  ces  jeunes  gens  n’étoient  admis 
qu’apxés  que  leurS  peres  ayoient  juréqu’ilsétoient 
véritablerBent  leurs  enfans  : jufqu'á  ce  tems-Iá, 
sis  étoient  cenfés  en  quelque  forte  étre  fans  peres, 
«írároüíf , d’o'd  vient  le  nom  H apaturies.- 

Xénophon  donne  une  troifiéme  origine.  Les 
parens  8c  Ies  a.Uiés , dit-ij , s’affercbJoieut  pouir 


A P E 

cette  cérémonie,  8c  fe  joignoient  atix  peres  des 
jeunes  gefts  qdon  recevoit  : c'eft  de  ceñe  aíTem 
bléequelaféteaprisfonnom.  Alors,  dans 
Va  n eíl  pas  privatif,  mais  conjonólif,  & fienidé 
enfemble. 

Héfychius  parle  d’un  quarriéme  jour  des  apa- 
turies , appelé  lír/fííV  : m lis  ce  nom  n'étoit  pas 
propre  a ce  jour-Ia;  it  convenoit  á tous  ceux  qui 
terminoient  des  fétes  quelconques,  dont  iis  étoient 
comme  une  faite  , rjs 

Les  Protenthiens  célébrqient  ces  fétes  avec 
encore  plus  de  folemnité  que  les  Athéniens;  car 
ils_  y emplqyoient  cinq  jours  , & les  commen^ 
qoient  un  jour  avant  Ies  autres.  Les  Athéniens 
les  imiterent  par  la  fuite  ; & Athénée  nous  a 
confervé  un  décret  de  Farchonte  Céphifodore, 
qui  ordonnoit  au  fénat  & aux  autres  cribunaux 
d’Athénes  de  vaquer  á cette  occafion  pendant  cinq 
jours. 

Les  apaturies  ont  été  prifes  mal-a-propos  pour 
les  faturnaies;  car  celles-ci,  appelées  r-fína , ne 
fe  célébroient  qifun  mois  aprés,  c’eft-á-dire  , ea 
décembre. 

AHATAiA,  le  fecond  jour  des  fétes  célébrées 
dans  Ies  mariages. 

APELLEE,  nom  d’un  mois  des  anciens  Crees. 
Chez  les  Macédoniens , c’écoit  le  dernier  mois 
de  Fautomne.  II  étoit  le  premier  mois  d’hiver 
des  Syro- Macédoniens , & le  fecond  chez  les 
Tyriens. 

APENARII.  Voye^  Apinarii. 

APENE,  char  atrelé  de  deux  ou  de  quatre 
mules,  employé  dans  Ies  jeux  olympiques  par  les 
Eléens,  qui  s’en  dégoútérent  bientót.  lis  trou- 
vérent  fans  dome  que  ces  animaux  ne  produi- 
foient  pas  un  coup-á’oeil  aíTez  agrcable ; car  on 
fait  d’ailleurs  que  Ies  Crees  s’en  fervoient  habi- 
tuellement,  puifque  Sophocle  dit  que  Laius,  dans 
le  voyage  oú  il  fut  tué  , montoit  un  char  traíné 
par  deux  mules. 

APEX,  ornement  de  V albo  galeras  ^ bonnet  a 
Fufage  des  Flamines  Se  des  Saliens.  lis  s’attachoient 
ce  bonnet,  qui  s’appeloit  aufli  apex , fous  le  men- 
tón , avec  de  forts  liens , nommés  offendices,  afia 
de  le  fixer  fur  leurs  tétes ; depuis  que  Sulpitius , 
felón  Yaiére-Maxime,  fut  deftitué  du  facerdoce_, 
parce  que  fon  apex  étoit  tombé  pendant  quil 
facrifioit. 

Ce  bonnet  étoit  fait  en  cone , & reíTembloit 
á un  cafque.  A la  place  'de  Faigrette  de  celui-ci , 
on  attachoit  á Vapex  une  baguette  recouverte 
de  iaine  blanche  , appelée  proprement  apex.  De-la 
yint  le  nom  des  Flamines , felón  Servius , a Fila- 
minibas.  II  eft  inutile  de  faite  fentir  le  ridicule  da 
cette  étymologie.  La  forme  de  ce  bonnet,  qui 
reíTembloit  un  peu  á la  caufie  ou  cafque  Macédo- 
nien,  le  fit  appeler  bonnet  d’Epire  ou  d’Albanie, 
pileus  Epiroticus.  Les  Grecs  le  nommoient 

xvcy¡6Tci  8c 

Les  Flamines  ordinaire?  ne  poríQÍent  Fí??!* 


A P H 

que  dans  les  facrifices ; mais  le  Flamine  Díale  ^ 
ou  de  Júpiter  j ne  pouvoit  fortir  de  fa  maifon  fans 
cette  coéífure.  II  n étoit  le  maítre  de  la  quitter 
que  dans  fon  intérieur.  On  avoit  une  grande  atten- 
tioH  á l’en  dépouillef  au  moment  de  fon  trepas  ^ 
de  crainte  qu'elle  ne  fut  profanée  par  les  céré- 
monies  des  funérailles. 

Uíipex  paroít  fur  quelques  bas-reliefs  publiés 
avec  leurs  infcriprions  par  Jíuratorij  dans  les 
recueils  du  P.  de  Montfauconj  & fur  les  médailles 
de  Jules-Céfar,  oú.  il  défigne  fa  dignité  de  grand- 
pontife. 

A PBX.  Les  Romains  appeloient  de  ce  nom  le 
haut  ou  la  crece  du  cafque , fur  laquelle  on  fixoit 
raigrette , & que  Ies  Grecs  nonamoient  7ra.(á(r¡¡Kcf. 
\irgilej  dans  VEneide  xii: 


A P H 


Hafla  tulit. 


Apzcem  tamen  incita,  primum 


Uapex  des  cafques  que  portent  Ies  foldats  fur 
la  colonne  Trajane^  n'eft  qu^un  limpie  bouton 
ou  une  légére  éminence.  On  ne  voit  des  aigrettes 
qu  á ceux  des  centurions  ou  des  tribuns. 

AP EXABO.  Cétoit  un  de  ces  mots  extraordi- 
naires  & barbares  done  les  précres  affeñoient  de  fe 
fervir  pour  exprimer  tout  ce  qui  étoit  d’ufage  dans 
les  facrifices.  lis  déíignoient  par  le  mot  apexabo  , 
un  des  inteílins  déla  vidtime  plein  de  fon  fang. 
Arnobe  (7.  p.  2.29)  reproche  aux  prétres  cette 
affeélation  myñérieufe  : Quid  fibi  h&c  volunt , 
apexabo qu&  funt  nomina,  é’  farciminum  ge- 

nera , hirquino  alia  fanguine  , comminutis  alia 
znculcata  pulmonibus. 

APHÁCA.  II  y avoit  dans  cet  endroic^  limé 
cntm  Byblos  & Héliopolis^  un  temple  de  Venus  ^ 
célebre  par  Pefpéce  de  cuíte  qu'on  y rendoit  á 
cette  déeíTe.^  Ceux  qui  venoient  Tadorer^  s’aban- 
«ionnqient  á toute  forte  dé  débauches , parce 
que  Venus  y avoit  erñbraíTé  Adonis.  Cette  infáme 
fuperftition  venoit  peut-étrej  felón  le  Diérionnaire 
de  TrévouXj  de  ce  quapkaca,  dans  la  langue 
fyriaque  , & conféquemment  dans  la  phénicienne  ^ 
fignifie  embraíTement. 

APHACITE  AphacitidEj  furnom  de  Venus. 
Cette  déeíTe  avoit  un  temple  & un  oracle  en 
i'hénicie , dans  un  lieu  appelé  Apkaca , entre 
Byblos  & Héliopolis prés  duquel  étoit  un  lac 
femblable  á une  cíteme.  Ceux  qui  venoient  con- 
fulter  1 Oracle  de  Venus  Aphacite , jetoient  dans 

lac  des  préfens^  il  n importoit  de  quelle  efpéce; 
s'iisétoient  agréables  á la  déelTe,  ils  alloient  au 
fond5  fi  elle  lesrejetoit^  ils  furnageoient  j filt-ce 


^ j— pal  Ata  X cUíiiyiCiUCllb^ 

lonqu  lis  fe  reyolterent  contre  Pempereur  Auré- 
ben ; que  I année  qui  précéda  leur  ruine  , Ies  pré- 
lensallerent  au  fond,  mais  que  l'année  fuivante 
US  furnagerent  tous.  Koyer  Byblos. 
APUjEREmA.  r.  Aliga. 

APHAREE^  fiis  de  GorgophpBe-&  de  Pécerus  , 


223 


^ fuccéda  á fon  pére  au  royaume 
de  Meuene , dans  le  Péloponéfe.  II  époufa  fa  foeur 
uterine  j Arene  , ^ (voye^  Gorgophone)  & en 
eut  un  fils  nonuné  Idas.  Apharée  lailTa  régner  fon 
ms  avec  luí  a Meííene  5 mais  il  retine  toujours 
la  pnncipale  autorité.  I!  bátit  une  viile . qu  il 
^omrns.  Pirene  ^ áu  nom  ác  fs,  fcrnrnc,  V íx)  \s* 
APHEAj  étoit  une  divinicé  adorée  par  Ies 
Eginetes  & par  les  Cretois.  Pindare  a faic  luie 
ode  p rhonneur  de  cette  déelTe,  qui  avoit  un 
temple  dans  l'ifle  de  Créte.  Les  Crétoisj  dit  Pau- 
fanias  j confervqient  une  ancienne  tradition  fur 
cette  déeíTe ; Britomartisj  filie  de  Júpiter  & de 
CarmiSj  n ayant  de  paíílon  que  pour  la  chaíTe  & 
pour  la  courfe , fur  chérie  de  Diane  5 mais,  en 
youlant  éviter  les  pourfuites  de  Minos-,  qui  en 
etoit  éperduement  amoureux,  elle  fe  jeta  dans 
la  mer  & tonaba  dans  des  filets  de  pécheurs.  Sa 
proteélrice  la  mit  au  nombre  des  divinicés.  Elle 
apparur  alors  aux  Eginétes,  qui  l'Iionorérent  de- 
puis  fous  le  nom  A'Aphéa.  Les  Créteis  la  con- 
fondirent  méme  avec  Diane.  V.  Dictynna. 

APHESIENS  j furnom  donné  quelquefois  á 
Cañor  & PoUux,  qu'on  croyoir  préfider  aux  bar- 
rieres dou  partoient  Ies  chevaux  & les  chars 
dans  les  jeux  publics.  Ce  nom  venoit  d’«?;£í-.s- , 
depare  des  chevaux. 

Aé)AA2TA,  ornementde  lapoupe  des  vailíeaiix 
grecs.  il  étoit  arrondi  & repréfentoit  deux  ailes. 
On  y attachoit  fouvent  une  plaque  ronde  ou  pa- 
lafol,  appele  airxAíic'j  ou  dc-Tíi^l^x.í^.  D^autres  fois 
on  y fixoit  des  banderoles  diverfernent  colorees, 
pour  faire  ddlmguer  les  vaifléaux  5 ou  un  tritón 
mouvaBtj  qui  indiquoit  les  rumbs  de  vent. 

, -A-PHOPHIS,  géant  en  langue  cophte,  qui 
etoit  celle  des  anciens  Egypdens.  C'eíl  le  méme 
qn  Apopis,  qu  Apkobis  Apophis  & quApa-- 
pus.  Plutarque  dit  ( de  Ifide ) cue  les  Egyptiefts 
confervoient  une  tradition  ancienne  fur  Apopis. 
n étoit , felón  cette  tradition  , frére  du  foleil ; 
il  avoit  fait  la  guerre  á Júpiter , qui , pour  len 
punir , avoit  adopté  á fa  place  Oíiris,  par  qui  il 
avoit  été  fecoura,  & lui  avoit  donné  le  nom 
de  Bacchus. 

II  faut  entendre  par  Jupiter-Ammon  Ig  foleil, 
qui,  paíTant  de  Lhémifphére  inférieur  au  fupé- 
rieur,  vers  Péquinoxe  du  printems,  reprenoit  de 
nouvelles  forces  Pendant  qu"il  étoit  fous  l’hé- 
mifphére  inférieur,  il  avoit  de  cruelles  guerres  á 
foutenir  contre  Typhon,  Je  mauvais  génie.  Or, 
Aphophis  nVtoit  qu’un  furnom  de  cet  ennemi  du 
foleil  j que  Pon  croyoit  erre  un  géant.  Plutarque 
dit  en  effet  dans  le  méme  Traite,  qn  Apopis  efl 
la  nature  séche  & ignée  y qu  elle  neft  pas  propre- 
ment  le  foleil , mais  qu  elle  a avec  lui  une  certaine 
affinité.  Cet  écrivain  s’expliquE  fouvent  dans  Jes 
, mémes  termes  fur  Typhonj  & Pon  fait  d^’aiileurs 
que  toutes  Ies  théogonies  orientales  o:;  émanées 
de  Porient,  parlent  de  géans  qui  ont  atraqué  inu- 
. tiismen;  & voulu  détróner  le  foleil,  On  voit  done 


.14  A P H 

qííApkophh  le  furnom  deTyphon^  c.oníldéré 

íous  fa  forme  gigantefque. 

APHRAj  en  Eípagne.  á<^va. 

Les  médailles  autonomes  de  ce  peuple  font . 

ERR.  en  bronze.  (PellerínJ. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

APHRACTESj  navires  des  anciens  a un  feul 
rang  de  rames.  On  lesappeloit  apkracles,  fax-ros, 
non  conven , parce  qu  iis  n’avoient  point  de  pont  5 
& on  les  dillinguoit  des  catapkracles , qui  étoient 
pontés.  lis  avoienr  feulement  vers  la  proue  & 
vers  la  poupe , de  petits  planchers  fur  lefquels 
en  fe  plaqoic  pour  combattre  ; mais  cette  conf- 
triiíftion  n’étoit  pas  genérale.  On  les  comprénoit 
parrry  les  vaiffeaux  longs. 

On  peut  croire  que  certains  apkraEles  étoient 
couverts  8c  avoient  un  pont  8c  des  éperons  , roftra. 
Tite-Live  dit  qu’Oéíave  étant  partí  de  SicUe  avec 
¿eux  cens  vaifleaux  de  charge  Se  trente  vaiíTeaux 
longs  j fa  navigation  ne  fut  pas  conftamment  heu- 
reufe.  Arrivé  prefquá  la  vue  de  TAfriquej  8c 
poufle  jufques-lá  par  un  bon  vent,  il  y fut  fur- 
pris  d’une  bonaíTe.  Le  vent  ayant  enfuite  changé  ^ 
fa  navigation  fut  troublée  , fes  navires  difperfés 
de  coté  8c  d'autre  5 de  forte  qu  avec  fes  navires 
arrnés  d'éperons  ^ il  eut  beaucoup  de  peine  á fe 
défendre  á forcé  de  rames  j contre  les  flots  8c 
lá  tempére.  L’hiftorien  romain  appelle  ici  vaijjeaux 
armes  ¿‘éperons , ceux  qu  il  avoit  nommés  aupa- 
ravant  vaijfeaux  longs.  II  dit  ailleurs  que  des  vaif- 
feaux ouvertS;,  ceft-á-dire^  fans  ponts^  avoient 
des  éperons  j d'oú  il  réfulte  que  la  différence  des 
avhraües  8c  des  cataphrnñes  coníiftoit  feulement 
dans  le  pont  que  les  derniers  avoient  feuls  ; car 
pour  l’éperon  rofirum , 8c  le  convertí  il  paroit 
quils  étoient  quelquefois  communs  aux  uns  8c 
aux  autres.  (Diderot). 

APHRODISIADE  j furnom  de  Vénus.  Voye^ 

APHItODITE. 

APHEODISÍAS en  Carie.  A4>poajcieqíí. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  viile  font : 

RR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

p.  en  argent. 

Ses  types  ordinaires  font  relatifs  au^ulte  de 
Vénus. 

Cette  ville  a fait  aiiíTi  frapper  des  médailles  im- 
périales  grecques  fous  fautorité  de  fes  archontes, 
en  rhonneur  d'Auguñe_,  d’Hadrien  ^ de  M.-Auréle  j 
de  Crifpine,  de  Sept.-Sévére^  de  Gordien-Pie,  de  = 
Déce,  de  Valérien,  de  Salonine,  de  Domna,  de 
Caracalla  j de  Soxmias,  de  Tranquiiline. 

APHRODISIES;,.fétes  de  Vénus  établies  dans 
la  plupart  des  villes  grecques.  Les  plus  celebres 
étoient  celles  de  Rifle  de  Chypre.  Le  feholiañe 
de  Pindare  iPytL  od.  z.)  dit  qu  elles  y avoient 
été  iníHtuées  par  Cinyras  ^ dans  la  famille  duquel 
on  choiíiflbit  les  prétres  de  la  déeíTe , qui  en  ayoit 
re^u  k e.om-dc  C etoit  pexidaat  ees  fétes  [ 


A P H 

que  l’on  fe  faifoit  initier  aux  myfléres  de  Vénus- 
Ceux  que  Ron  y admettoit , offroient  une  ptéce 
de  monnoie  á Vénus-Courtifanne  ^ qui  leur  don- 
noit  en  échange  une  mefure  de  fel  8c  un  phalius. 
Clem.  Álex.  8c  Ámobe. 

A Amathonte , ville  de  Ch5tpre , on  offroit  á 
Vénus  des  facrifices  particuliers qui  étoient  ap- 
pelés  xafxátnis  , du  mot  xxfxU , fruit ; peut-étre, 
felón  HéfychiuSj  parce  que  cette  déefíe  préfidoit 
á la  génération  de  tous  les  étres. 

Les  aphrodifies  étoient  célébrées  auíli  {Strab.  1 4) 
par  les  habitans  de  Rancienne  8c  de_  la  nouvelle 
Paphos  j qui  étoient  éloignées  de  foixante  Hades. 

Athénée  (/.  i j}  nous  apprend  qu  á Corinthe , les 
honnétes  femmes  8c  les  courtifannes  célébroient 
féparément  les  ap'nrodifies.  Erafme  remarque  dans 
fes  Adages  j que  cette  ville  étoit  remplie  de  cour- 
tifannes ^ 8c  que  le  yerbe  , fignifioit 

proverbialement , fe  livrer  á la  débauche.  Le 
feholiafte  d’Ariñophane  {in  Plutum.)  parle  de 
fix  fameufes  courtifannes  de  Corinthe  : Laisj 
Cyrénen^  Leoena,  Sinope^  Pyrrhine  8c  Sieyone. 
Vénus  y avoit  un  temple  magnifique  j ou  Roa 
venoit  de  tous  cótés  apporter  des  offrandes. 

APHRODlTEj  furnom  de  Vénus ^ dérivé 
d’aipfsí,  ¿carne.  Les  poetes,  8c  Héfiode  entre 
autres , dans  fa  Théogonie , difent  qu’elle  naquit 
du  fang  de  Sacurne  mutilé  par  Júpiter,  melé  k 
Récume  de  la  mer. 

On  donnoit  auíE  ce  nom  á une  danfe  grecque 
ou  pantomime , dans  laquelle  on  repreféntoiv 
Vénus. 

APHRODITOPOLIS , en  Egypte. 

On  a des  médailles  impértales  grecques  de  cette 
ville,  frappées  en  Rhonneur  de  Trajan. 

Aphroditopolis  étoit  appelée  en  langue  egyp- 
tienne , Atarbechis , ville  de  Venus  ou  áAtkor, 
ainfi  qu’elle  étoit  nommée  dans  le  méme  idiome. 
Hérodote  lui  donne  fon  véritable  nom  égyprien  , 
8c  dit  qu’elle  renfermoit  un  temple  de  Vénus, 
trés-célébre. 

APHRONITRE  , ¿d>f¿yirpo, , écume  du  mtre  , 
c’eft-á-dire , effioreíceuce  de  ce  fel.  H n entroit 
point  dans  les  pharmacies  raéme  du  tems  Ga- 
llen ; les  baigneurs  s’en  fervoient  feuls  pour  frotter 
le  corps  des  perfonnes  qui  prenoient  le  bain. 
Martial  en  parle,  {lib.  xiv.  58.): 

Rufticus  es  , nefeis  quid  Grs-co  nomine  dicar . 

Spuma  vocor  nitri , dicor  & aphronitrum. 

Pline  dit  qu’on  Rapportoir  de  RAÍie,  ouilf^ 
formoit  dans  les  cavernes  : une  parné  en  étoit  de- 
tachée  par  les  ouvriers  5 Rautre  étoit  ramanee  lur 
la  rene.  On  voit  par  la  que  c’étqit  le  falpetre 
houíTage.  _ r- 

Schelhammer  dans  un  Traité  qu’il  a ccrnpo 
fur  le  nitre , parle  de  l’apAronicrum,  8c  taxc  d un 
grande  ignorance  ceux  qui  ne  diftinguent  po 
de  l’á^pés  ilrta , Récume  du  nitre.  Cette 
ranee  leur  eñ  qgpendant  comnaune  avec  les  m 


A P I 


dccins  atabes  j avec  Pline  & Martial.  Diofcoride, 
á la  vériré  j Sailien^  dEtiuSj  TEginéte,  fonr  cette 
diñinction. 

AFHj-'E,  petic  poiíTon  de  metj  qui  fe  tient 
dans  la  vafe , & dont  les  andens  croyoient  qu"il 
tiroit  fon  origine  , ainíi  que  de  Técume  de  la  mer. 
llyappeloit  en  grec  dV<p3<¡5- ^ écume , & aipiif. 
Cicerón  appelle  plaifasnment  la  populace  , le  petit 
peuple  3 apkya  popicli. 

ÁPHYTIS,  en  Macédoine-  aííTTai. 

Les  médaillcs  autononaes  de  cette  ville  fonr ; 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

I eur  type  ortünaire  eíl:  un  aigle  pofé ; on  en 
vok  quelquefois  deux. 

AP1C£ , habits  ou  étoffes  fans  polis. 

APICIA,  pátifleries  & autres  friandifes  inven- 
tees  par  le  fecond  des  Apicius. 

APíCIUS.  Ce  nom  fiit  renda  célebre  á Rome 
par  quatre  fameux  gourmands.  Le  premier  a vécu 
depuis  1 année  649  de  la  fondation  de  Rome  juf- 
qu  á Tibére.  Le  fecond  a exilié  fous  cet  cmpe- 
reur;_  car  Sénéque  dit  de  lui  {ad  Helv.  c.  10.)  : 
« Apicius  a vécu  de  notre  tems.  II  a profeflé  dans 
la  méme  ville  qui  avoit  autrefois  chaffé  les  philo- 
fopheSj  comme  les  corrupteurs  de  la  jeuneffe;  il 
y a ptofeíféj  dis-je,  la  fcience  de  la  cuiííne^  & 
a inreéie  fon  íiécle  de  fon  goút  dépravé  pour  cette 
baffe  étude.  Voulez-vous  favoir  á quoi  elle  abou- 
tit  ? Apres  avoir  dépenfé  dans  fa  cuifine  quatre 
cens  millions  de  feñerces,  2O3OOO3C00  liv. , fous 
Néronj  aprés  avoir  confommé  la  valeur  de  tant 
de  congiaires  , mangé  pluíieurs  fois  dans  un  repas 
la  valeur  d’un  impót;  accablé  de  detteSj  11  fe  vit 
contraintde  calculer,  pour  la  premiere  fois  j l’état 
de  fa  fortune  , & vit  qu’il  lui  reftoit  encore 
23OOO3COC  livres.  A cette  vue  il  s^empoifonna  , 
comme  s'il  eut  craint  de  vivre  dans  la  difette^ 
en  n ayant  plus  que  deux  millions  de  fefterces , 
23OOO3O00  liv.  de  rente.  ” C’eíl  du  méme  Apicius 
que  Martial  a dit  (3.  22.): 

Dederas , Aplci , bis  tricenties  ventri  • 

Sed  adhuc  fupererat.centies  tibi  laxum. 

Upe  tu  gr avalas  y ne  famem  (i  fitim  feries, 
Summá  venenum  potione  duxifii. 


II  avoit  compofé  un  Traite  fur  la  maniere  d’ai- 
guifer  1 appetit , de  Guls,  irritamentis. 

Le  troiíiéme  Apicius  vivoit  fous  Trajan  , & 
avoit  un  art  particulier  pour  conferv^er  Ies  buitres 
dans  toute  leur  firaicheur.  11  en  envoya  á Trajan 
dans  le  pays  des  Parthes. 

II  faut  qu  il  y en  ait  eu  un  cuatrieme  qui  ait 
vecu  apares  Commode  3 car  il  parle  dans  fon  Traite 
encycles  de  cet  empereur. 
APIv^ULARIUS,  officier  de  la  maifon  d'Au- 
. e 3 chargé  du  foin  des  abeilles.  On  trouve  fon 
epitaphe  dans  Muratori  ( Infcr.  Thef.  909.  2.  ' , 
qui  donne  cette  expiieation.  Peut-étre  étoi:-c£ 
Anti  quites.  Tome  l. 


A P I 


125 


1 officjer  qui  avoit  la  garde  des  habits  d'Augufte  , 
appele  Aptcje.  V^oyer  ce  mot. 

■^PÍCULUM.  , fcion  FeítuSj  eral  flum  quo 
f amines  velatum  apicem  gerunt  ¡ & íelon  Servms  , 
erat  quo  fumines  velatum.  caput  gerunt.  Le  fecond 
texte  explique  le  premier,  qui  paroit  alteré  au  mot 
apicem.  Servms  donne  ailleurs  Texpiieation  com- 
plete de  cet  ornement  & de  fon  ufage  ; les  lia- 
mines,  dit-il,  portoient  un  bonnetqui  étoitbeau- 
coup  trop  lourd  pendajrt  Teté  5 ils  y fubílitiioient 
alors  un  fil  (pu  une  bandeletté) , dont  iis  entouroient 
leurs  tetes;  car  il  leur  étoit  févérement  défendu 
d avmir  la  tete  nue  : Flamines  in  capite  pileum 
habebant , quod  cum  per  s.flus  ferre  non  pojfent , 
filo  tanturn  capita  religare  caeperunt ; nam  nudis 
penitus  capitibus  incedere  n.efas  erat.  C’étoit  done 
cet  ornement  de  tete  qu  ils  appeloient  apiculum , 
comme  un  diminutif  de  leur  coéffure  ordinaire.^ 
Denys  d'HalicarnaíTe  parle  dans  le  méme  fens, 
lorfqubl  dit  ( lib.  2 , pag.  1 24 ) que  les  flamines 
portoient  TuXara.  nal  , des  bonnets  & des 

bandeiectes. 


APINARJI.  Trébellius  Polüon  dit  dans  la  vie 
de  Gallien  , chap.  8 : Cyclopea  etiam  luferunt 
omnes  apenarii.  Donati  a cru  oyx  apenarii  étoient 
Ies  gladiateurs  qui  fe  battoient  jufqu’au  dernier 
foupir3  cruel.  Meuríius  aíTure  que  ct- 

toient  des  cochers,  du  mot  írchri , apéne,  char 
tiré  par  des  mules  qu  des  ánes.  Mais  Saumaife 
penfe , avec  raifon  , que  les  apenarii  étoient  des 
boufons  3 des  pantomimas  accouturaés'á  repré- 
fenter  par  leurs  geíles  les  aétions  des  héros  ou 
des  dieux  , & que  ce  jour  ils  imitérent  la  marche 
ou  la  danfe  des  Cy clopes.  Apiñe  , qui  vient  á'¿<pátxi, 
veut  dire  niaiferies  , badinages , ainíi  que  fon  cor- 
rélarif  grec. 

APIS  3 divinité  égyptienne,  dont  les  écrivains 
grecs  Se  latins  ont  fait  íi  fouvent  mention.  Aucuri 
d’eux  n'avoit  été  en  Egypte  fans  voir  Se  examiner 
ce  bceuf  facré.  Alexandre  ayant  conduit  fon  arméc 
jufqu'á  Memphis , facrifia  , felón  Arrien  , á tous 
Ies  dieux  3 Se  á Apis  en  particulier.  Fline  dit  que 
Germanicus  étant  dans  l'Orient , voulut  voir  Se 
confulter  Apis.  La  méme  curiolité  preíTa  Titus  , 
Hadrien,  Septime-Sévére  3 ainíi  qu'eüe  avoit  con- 
duit Augufte  á Memphis.  Tout  en  Egypte  devoit 
la  faite  naitré;  car  tous  les  nómes  adoroient  ce 
dieu , felón  Mela  ; c’ctoit  leur  plus  grand  dieu  , 
felón  Luden. 

Apis  recevoit  cependant  un  cuite,  non  point 
á caufe  de  fa  divinité  , mais  parce  qu’il  étoit  con- 
facré  d’une  maniere  fpéciale  au  foleilSe  á la  lune^ 
c’eft-á-dire,  á Ofiris  Se  á Ifis.  Suidas  Se  Ammien 
Marcellin  parlent  de  fa  qonfécration  á la  lune. 
Diodore  de  Sicile  dit  expreíTément  d’aprés  les 
prétres,  qu  Apis  étoit  l’image  de  l’ame  d’OíIris, 
Se  ailleurs  que  cette  ame  étoit  paíTée  dans  le  corps 
du  boeuf  facré.  Porphyre  remarque  á ce  fujet  que 
cet  animal  portoit  íes  fymboles  du  foleil  Se  de-I» 
lune. 


Ff 


.i6 


A P I 


íi  y ayoit  en  effet  des  marques  diñíndtives  pour 
le  reconnoirre.  Sa  nalírance  ne  devoit  point  erre 
natureile  & oráinaire.  La  ger.iSe  cui-  ie  portcit , 
Tavoir  conijü  , diíoit-  on , d'un  coup  de  tonnerre. 
On  le  reconnoiííbit , felón  Lucien , á fa  beauté 
& á fa  forcé.  D^’aiileurs , ce  bceuf  étoit  noir  ^ 
excepté  une  marque  blanche  carrée  fur  le  front. 
II  devoit  poner  fur  le  dos  la  figure  d^un  aigle/ 
un  nceud  íous  la  langue  en  forme  aefcarbot  ^ Se 
un  croiíTant  blanc  fur  le  coré  droit.  Ce  blanc , 
xe  ncir  & le  croiííant  étoient  reíatifs  á la  fois 
au  íoíeií  S:  á Ja  lune.  On  doit  leur  rapporter  en- 
core le  caraéíére  paniculier  que  devoient  avoir  les 
polis  de  fa  queue;  lis  étoient  , c’eít-á-dire  ^ 
doubles oii  de  deux  couleurs^  ou  de  deux  efpéces 
de  polis.  Nous  parlerons  plus  bas  de  la  tache 
carrée  qu’il  avoit  au  front. 

Comme  11  eít  difficile  de  croíreqne  ces  marques 
fe  trouvaíTent  natureüement  toures  Ies  fois,  qu'on 
avolt  befoln  d’un  nouvel  Apis  , 11  rfeñ  pas  doii- 
teux  3 felon-Diderotj  que  Ies  prérres  ne  les  Iraprl- 
maíTent  á qiielques  jeuiies  veaux  qudis  nourríf- 
foient  fecrétement. 

Lorfquüs  jugeoient  á propos  de  faire  paroítre 
un  nouvel  Apis,  on  luí  b-átiíToit  une  petite  malfon 
-tournée  vers  Tarient,  comme  Eiietvdit  que  i’avoir 
ordonné  Mercare.  On  Ty  nourrlíToit  de  lait  pen- 
¿ant  quatre  mois.  Cet  efpace  de  tems  étant  écoulé , 
& une  nou'/eile  lune  éclairant  rhorifonj  Ies  pré- 
^íres  de  toutes  les  claíTes  fe  rendoient  auprés  de  la  - 
BGUvelle  divinité  ^ la  faiuoient  avec  les  cérémonles 
preferires  ^ & la  plaqoient  fur  une  barque  dans 
une  nlche  dorée^  pour  étre  condulte  á Memphisj 
accompagnée  de  cent  prérres.  Mais  avant  d'y  arri- 
ver  3 Apis  étoit  mené  á;  Nilopolis  i ville  du  Nil , 
oü  Ies  prétres  le  nourrlíToient  foigneufement  pen- 
dant  quarante  jours.  Les  femmes  fenles  pouvoient 
rapprocher  dans  cette  ville , mais  en  décoüvrant 
Ies  parties  du  corps  que  la  pudeur  oblige  de  cs.- 
cherj  & jamals  elies  ne  pouvoient  obtenir  cette 
faveur3  aprés  qu^il  avoit  quieté  Nilopolis. 

Le  méme  cortége  de  prétres  zccompa.gnoit  Apis 
jufqu'a  Memphis  3 oú  on  lui  avoit  preparé  deux 
étables  tres-ornées  & trés-commodes.  Sa  divinicé 
datoit  de  fon  entrée  dans  cette  nouvelle  demeure. 
Les  deux  étables  fervoient  au  peuple  á prendre  les 
augures.  L^entrée  a Apis  dans  I’une  étoit  un  augure 
favorable ; ie  contraire  étoit  annoncé  par  fon  en- 
trée dans  Fautre.  On  pouvoit  Ijxontempler  par 
. une  fenétre  3 & mieux  encore  dans  un  petit  pré 
‘ qui  étoit  píacé  devanr  fes  étables.  Elien  dit  que 
ce  btEuf  avoit  auprés  de  fes  loges  des  édifices 
trés-grands  & tres- valles  3 dans  lefqueis  on  tenoit 
des  géniffes  deflinées  á fatisfaire  Ies  deíirs  a Apis. 
Mais  c'eíl:  uce  fable  grecque  j car  Pline  3 Solin 
Se  Ammien  difent  expreíTément  qu'un  feul  jour 
dans  fannée  on  lui  préfentoit  une  geniíTe  choiíie 
á'aprés  certa'nes  marques  , & qu^’on  la  íuoit  dans 
le'  méme  jouij  aprés  que  le  besuf  Apis  favoit 
feilEé-  " * 1 


API 

Son  entrée  dans  l’une  ou  Fautre  de  fes  loses 
n’étoit  pas  la  feule  maniere  dont  il  rendoit  íes 
oracles.  Ii  en  avoit  une  autre  trés-célébre  dans 
Fantiquiré  ; c'étoit  par  des  íignes  3 coii;me  Jupiter- 
Ammon3  & comme  Foracle  de  Deiphes  lai-méme. 
Selon  Héraclite  3 cité  par  Stobée  3 ii  manifeíloit 
fa  volonté  par  Fempreffement  avec  iequel  il  faj- 
fiiToit  la  nourriture  qui  lui  étoit  oíferre.  Arnir¡ian 
obferve  qufil  remfa  d'en  prendre  de  ia  main  de 
Germanicus  3 & que  cet  inforrunée  viétime  de  la 
íalcuiie  deTibére,  fut  empoifonnée bientot  aprés. 
Le  célebre  aftronome  Eudoxe  fournit  encore  au 
bcEiif  facré  un  autre  moyen  de  prédire  Favenir. 
S'en  étant  approché3  Apis  lécha  fon  manteau;  & 
les  prétres  en  conclurcnt  que  cet  hemme  feroit 
fameux  par  fa  fcienccj  mais  que  fa  vie  feroit  de 
coarte  diirée. 

Les  enfans  qui  e.ntonroient  le  boeuf  facré  dans 
Ies  cérémonies  publiques  en  danfant  Se  en  chan- 
tant  3 lui  fervoienr  auffi  á rendre  des  oracles.  On 
prenoit  pour  des  rép.onfes  les  paroles  fans  fiiite 
qu'ils  proférQÍent3  &diSvers  dttachésdeshymries 
qu'iis  chantoient  en  1 hpnneur  de  leur  divinité.  La 
derniere  maniere  de  recevoir  fes  oracles  étoit  3 
felón  PaufaniaSj  iAchaic.')  d'approcher  Foreiüe 
de  la  gueule  du  dieu3  de  fe  boucher  enfuite  les 
oreilles3  jufqu'á  ia  fortie  du  temple 3 & de  prendre 
pour  la  réponfe  ¿"Apis  les  premieres  paroles  que 
Fon  entendoit  fur  la  place. 

Le  cuite  qu^’on  rendoit  au  boeuf  Apis  étoit  trés- 
folemnel.  On  lui  efíroit  des  facrifices  en  grande 
pompe  i 8c , ce  qui  paroítra  étrange  3 des  boeufs 
choiñs  avec  foin  en  étoient  les  viétimes.  Mais 
Piutarque  dit  (vzt.  Cleomi)  qu’á  la  vénté  le  dieu- 
boeuf  dédaignoit  les  honneurs  dont  fes  prérres 
Faccabloient.  II  y avoit  dans  toute  FEgypte  des 
féres  confaerées  en  fon  honneutj  & particuüere- 
ment  en  Fhonneur  de  fa  naillance  ; ces  derniéres 
étoient  appelées  &ío¡pávtci,  apparition  du  dieUj  & 
duroient  fept  jours.  Tous  les  ans  on  les  commen- 
qoit  á Memphis  par  la  cérémonie  de  jeter  dans  an 
certain  enároit  du  Nrl  appelé  Coupe , un  vafe  d or 
& d'argent.  On  aíTuroir  que  pendant  les  fept  jours 
les  crocodües  ne  nuifoient  á perfonne  3 mais  que 
le  huitiéme  ils  reprenoient  leur  férocité. 

La  fuperftition  égyptienne  avoit  fixé  uneji-rnite 
précife  á la  vie  á‘Apis;  & lorfque  fes  forces 
vitales  auroient  pu  la  lui  faire  franchir  3 les  pretres 
le  noyoient  dans  le  Nii.  Vingt-cinq  ans  re.nfer- 
. moienr  cette  vie  divine.  Cette  période  étoit  rela- 
tive  á un  cycle  particulier  aux  prétres  égypnen3_3 
qui  ramenoit  le  foíei!  & la  lime 3 auxquels 
étoit  confacré3  á des  termes  femblables  & eaaux. 
Les  prétres  cachoient  avec  foin  au  vulgaire 
puits  qui  lervoit  á noyer  le  boeuf  facré  5 8e  poa 
emplacement  3 ignoré  de  tous  3 étoit  cornpté  au 
nombre  des  chofes-^introuvables  & des  énignxs 
infoíübles.  C'eíl  pourquoi  Staee  prie  líjs  de  voa- 
loir  bien  Fenfeigner  eile-méme  a Metius 


API 

'Q:zss  dignetur  agros , aut  quo  fe  gurgztc  Nili 
Mergat  aioratiis  trepidis  pifioribus  Apis. 

Ces  vers  noiis  apprennent  encore  que  Ton  faifoit 
croire  au  vulgaire  que  le  dieir  mettoi:  lui-méme  un 
terme  á fa  vie  en  fe  précipirant  dans  les  ondes. 
Le  fecret  ñir  cet  objet  ctoic  rigoureufement  ob- 
fervé;  &<: , felón  Arnobe,  une  púnition  tres-grave 
étoit  deffinée  á celui  qui  Tauroit  revelé. 

Saixmaife  ( in  Solin.  ) pkcoit  ce  puks  entre 
Syene  SrEIéphannSj  furles  frontiéresoe  fEgvpte 
&:  de  FEthiopíe  : comme  íl  les  prétres  euiTent  en- 
trepris  un  voyage  auíS  long  & aufll  périlleux  que 
celui  de  remonter  le  Nii  j poiir  un  íí  minee  objet ! 
11  n'y  a d'ailleurs  pas  d'apparence  que  les  prétres 
des  divinítés  adorées  dans  Ies  autres  nornes.  Ies 
eulTent  ¡aiíTés  traverfer  paiíiblement  leur  territoire. 
Ce  puits  ne  doit  pas  étre  cherché  ailleurs  que 
dans  Ies  ruines  de  Memphis,  ou  parmi  ceux  dont 
la  plaine  de  Sacara  eft  remplie.  Paul  Lucas  trouva 
dans  ces  ruines^  en  1714  ^ des  catacombes  dorées 
& peintes  avec  les  couleiirs  les  plus  vives.  C’eíl-Iá 
qu'il  vit  un  bceuf  embaumé  av^ec  foin  & avec  Ies 
parfurns  les  plus  recherchés.  II  eft  probable  que 
les  prétres  avoient  choiíi  ces  fourerreins  profonds, 
&;  dont  i'entrée  n' étoit  connue  que  d’eux  feuls  ^ 
pour  y placer  les  cadavres  des  Apis . tandis  que 
ie.peuple  les  croyoit  plongés  dans  le  Nil. 

Cette  conjeélure  de  Jablonski qui  nous  fert  de 
guide  dans  cet  arricie  parole  contredite  par  des 
témoignages  précis  de  Paufanias  & de  Clétnent 
d'AIexandrie.  Le  premier  dit  {in  Ateicis')  qrfil  y 
avoit  á Aletnphis  un  temple  de  Sérapis  tres-anclen  , 
dont  Pentrée  n'étoit  permife  á perfonne  , pas 
meme  aux  prétres  ^ qu’á  l’enterrement  i’ Apis.  Le 
meme  auteur  parle  fouvent  des  cérémenies  que 
1 on  obfervoit  á ces  fanérailles  , ainfi  que  Diodore 
de  Sicüe.  lis  font  mention  tous  les  deux  d’un 
tearple  d’Hécate  ténébreufej  deportes  d^airain, 
appelées  Létké  & Cocyte , d’iih  Mercure  qui  por- 
cadavre  ¿l  Apis  jufau'á  un  certain  eadroit  ^ 
ou  il  étoit  remis  á un  homme  déguifé  en  Cer- 
bere  ^ 8¿c.  L'imagination  féconde  des  Grecs  n'a 
fur  ce  fujet.  Cette  contrádiclion  apparente 
s expüque  tacílement , en  diftinguanf  Ies  Apis  que 
1 on  faifoit  difparoitre  fans  pompe  & fans  funé- 
taiiies  lorfquhis  avoient  acteint  Páge  de  vingt- 
cinq^  ans  ^ des  Apis  qif  une  mort  prématurée  en- 
levoit  avant  ce  rerme_,  & que  Pon  enfeveliíToit 
avec  toute  I3  pompe  Se  toutes  Ies  marques  de  dou- 
lear  potftbies. 

T oute  1 ttgvpte  étoit  plongée  a cette  époqiie 
dans  la  trifteffe  & le  chagrín.  Les  bords  du  Mil 
reteímíTotent  de  chants  lúgubres  & de  cris  plain- 
tirs.  iibuüe  Patteite,  (i.  Eicg.  8.): 

Tde  canit  ^ atqize  fíiutrt  pubes  miratur  0frin 
Barbara^  Mcmpkicc.i  plangere  docta,  hovein. 

Luctendit  que'tous  Ies  Egypriens  coupoienr  leurs 
cá..vcux»  Ce  deuii  Sz  cette  aftiiñion  duroient 


A P I 


22 


7 


jufqu'a  ce  cue  Pon  eilt  trouve  un  autre  Apis. 
Datius  j £h  d’Hyftape  ^ étaat  á Memphis  , Sr 
vqyant  toute  la  Viiie  dans  la  conñernation  , pro- 
mit  cent  ralens  d'or  á celui  cui  découvriroit  un 
noavei  {Poljunus  frau-j'). 

Lorfque  les  prétres  lugeoient  qa’il  y avoit  aílez 
de  tems  ecouie  ^ ils  niontroient  ce  taureau  li 
ardemment  deliré  ^ & portant  toutes  Ies  marques 
de  la  divinicé.  Spartien  nous  dit  que  fous  le  rtgne 
d Hadrien,  ii  y eut  une  feditionen  Egypte  aii  fuiet 
d un  nouvel  Apis  , qui  n'avoit  partí  qu’aprcs  un 
grand  nombre  d'années  , pofi  multas  a?-J¿os.  Ce 
long  intervalle  de  tems  étoit  fixé  par  Ies  prétres, 
puifque  c'étoienc  euxqui  examinoient  & jugeoient 
la  validité  des  caraéteres  du  nouvel  Apis.  Or,  ils 
laifférent  écouler  quelquefois  pluíieurs  annees 
entre  la  mort  imprévue  d’un  A'pis , &:  Papparition 
de  fon  fucceíTeur ; on  doit  croire  que  ce  retard 
dépendoit  de  ¡eur  fyñéme  religieux. iJablonski 
fuppofe,  avec  aíTez  de  fondement,  qu°iis  atten- 
doient , dans  ce  cas,  que  vingt-cinq  ans  entiers 
fe  fuffent  écoulés  depuis  Papparition  de  l’Apis 
mort,  jufqu'a  celle  du  taureau  qifils  luí  fubíH- 
tuoientj  afin  de  conferver  la  période  des  Apis 
toujours  égale.  ' 

Ce  doéie  allemand  a employé  huir  pages  en- 
tiéres  de  fon  PanthconMgyptiorum,  a prouver  que^ 
le  boeuf  n’étoit  pas  un  f.’mboie  commémo- 
ratif  du  patriarche  Jofeph.  Mous  erntíoyerons 
notre  tems  á des  recherches  plus  útiles.  Nous 
allons  montrer  que  ce  bceuf  facré  étoit  un  fym- 
bole,  comme  toas  les  objets  facrés  de  la  Híytho- 
logie  égyptienne,  & quil  étoit  celui  da  Pii!.  Tout 
ce  que  nous  avons  dit  de  luí  iufqu’ici,  annonce 
aífez  qi! 'ií  étoit  Pembléme  de  la  fertilité  eme  ce 
grand_^3euve  apportoit  aux  terres  de  PEgypte, 
L'efpéce  de  Panimal  que  Pon  avoit  choiíi  pour 
cela,  Pindiquoit  aífez.  Toute  Pantiquité  femble 
s'étre  accordée  á repréfenter  Ies  Seaves  fous  la 
forme  de  taüreaiix  ou  de  bceufs.  LTyzrFLEUVES. 
Pliitarque  dit  expreíTémeiit  {de  Ifide)  que  le  bceuf 
étoit  en  Egypte  le  fymbole  déla  ierre.  Les  peu- 
ples  de  rinde  rendent  un  cuite  á la  vache,  á 
cauíe  de  cette  alluíion  convenue. 

D'ailleurs , les  prétres  n'enfeignoient-iis  pas  , 
en  propres  termies , qu’Apis  étoit  concu  lorfque 
la  iune  eiivoyoit  une  émanadon  produérrice , & 
que  cette  émanation  étoit  recue  par  une  vache. 
qui  deíiroit  les  approches  du  taureau.  Tous  ces 
phéncménes  myñiques  étoient  relatifs  aux  phé- 
noménes  géorgiques  de  PEgypte ; car  on  voyoií 
que  le  Mil  croiífoit  depuis  la  nouveile  lune  dii 
printems  jufqu'a  ceüe  du  fclfiiced'été-  BSs  hyüzra ^ 
la  vache  qui  deíiroit  Ies  approches  du  taureau  , 
étoit,  dans  le  ¡angage  facré,  la  terre  de  P Egtpte 
Gui  atiendo ít  le  débordement  du  h^il.  EÜen  (¡  i . 10) 
dit  aufli  cu'une  des  taches  du  bceuf  facré  defignoit 
Paccroiíiement  da  fíeuve  5 dans  le  meme  en- . 
droit , il  aífure  cpP Apis  prccuroit  I’abondance  des 
■ fzuits  & ia  fertilité  de  toute  Pannée.  Echa , ce 

Ff  ^ 


2 iS  API 

boeuf  5 en  fa  qualké  de  fymbole  du  Nil , com- 
mencoit  fa  carriére  divine  dans  !a  ville  qui  ado- 
roit  ce  fleuve  d'une  maniere  fpéciale  , & il  la 
terminoit  aprés  Ies  vingt-cinq  ans  révoíus  , en  fe 
prédpitant  dans  Ies  ondes  du  méme  fleuve. 

Le  tenas  de  farinée  oü  Fon  célébroit  la  naiflance 
á’Jpis,  noüs  fournit  encore  une  forte  preuve  de 
fon  identité  avec  le  Nil.  Elien  (ibid.)  le  fixe  au 
premier  accroiíTement  de  ce  fleuve.  C’eft  á cette 
époque  que  revenant  d^Etbiopie,  Cambyfe:,  roí 
de  Perfe  , trouva  le  peuple  de  FEgypte  occupé 
a célébrer  Fapparition  d’j4p!s  par  des  féteS;,  des 
danfes  Be  des  feítins.  II  crut  que  Fon  fe  réjouiíToit 
du  mauvais  fuccés  de  fon  expédition.  Dans  cette 

fserfuaíionj  ce  defpote  farouche  ordonne  qu'on 
ui  améne  le  taureau  facré,  & le  perce  d'un  coup 
d'^épée  qui  lui  ote  la  vie.  II  íit  battre  de  verge 
fes  prétres,  & obligea  les  foldats  perfes  á maíTa- 
crer  tous  ceux  qui  continueroient  á célébrer  les 
fétes  ¿‘Apis. 

Aprés  le  départ  de  Cambyfe,  on  fubftitua  un 
nouvel  Apis  j car  le  cuite  du  boeuf  facré  ne  ceíTa 
a Memphis , fuivant  Jab'onski , que  fous  le  régne 
dé  Théodofe  , avec  celui  de  Sérapis  á Alexandrie. 
Le  méme  favant  íixe  Fannée  de  la  confécrationdu 
premier  Apis  á Fannée  1171  avant  Tere  vulgaire : 
ce  cui  donne  ans  pour  la  durée  du  cuite 

& de  la  fucceffion  des  bcrufs  facrés  de  Memphis. 

Son  nom  expliqué  dans  la  langue  cophte  j veut 
dire  nombre , Be  paroit  avoir  été  relatif  au  nom- 
bre de  coudées  qui  marquoit  FaccroiíTement  du 
Nil  le  plus  avantageux  pour  la  fertilité  de  FE- 
gypK- 

Autant  les  repréfentations  ¿¿Apis  font  com- 
munes  dans  les  colleétions  d'aatiques  , autant  il 
eft  rare  d’en  trouver  qui  portent  les  caracteres 
diftinélifs  que  nous  avons  décrits  plus  haut.  Le 
cabinet  de  Sainte-Geneviéve  en  renferme  trois. 
Le  premier  de  ces  Apis  efl;  un  taureau  de  quatre 
pouces  de  hauteur^  qui  porte  des  traces  de  fon 
ancienne  doture , mais  nul  caradtére  particulier  au 
boeuf  facré.  Le  fecond  eft  extrémemont  petit  ^ Be 
également  dépourvu  des  caraéléres  myftiques.  On 
n'a  pu  les  prendre  iufquftci  pour  des  Apis , qu’en 
coníidération  de  FEgypte , d'ou  i!s  font  venus. 
Le  plus  grand  avoit  appartenu  au  favant  PeirefCj 
dont  le  cabinet  de  Sainte-Geneviéve  recueillit 
autrefois  une  partie  des  antiques. 

On  voit  dans  le  méme  cabinet  un  troiíiéme 
Apis  , de  bronze  corome  les  deux  autres  , & de 
deux  pouces  & demi  de  hauteur.  11  porte  entre 
fes  comes  un  grand  diíque , au  bas  duquel  pa- 
roiífent  les  traces  du  ferpent  Agatho-Démqn  , qui 
entroit  dans  la  coéffure  des  déeíTes  ^ des  dieux  & 
des  prétres  d’Egypte.  Un  ornement  grave  fur  le 
métal  en  forme  de  bandelette  ou  de  petite  houíTej 
entoure  fon  col  & fon  poitrail. 

Le  comte  de  Caylus  en  avoit  plufieurs ; mais 
celui  qui  méritc  la  plus  grande  attention  j eft 
VApis  quftl  a deíEné  Be  décrit  dans  fon  Recueil  i j 


A P I 

pag.  42.  II  a accompagné  fa  defeription  de  rí- 
fiexions  favantes  5c  capables  d'éclairer  les  anti- 
quaires ; c’eft  pourquoi  nolis  les  tranferivons  á la 
fuite  de  cet  article. 

Dans  Ies  repréfentations  du  bceuf  Apis  que 
j’ai  examinées  en  plufieurs  cabinets , ou  qui  ont 
été  publiées , cet  animal  eft  prefque  toujours  cou- 
vert  dMne  houífe  j comme  celui  que  je  décris ; 
c'eft  une  preuve  qu'il  avoit  cet  ornement  lorf- 
qu’on  le  faifoir  paroitre  en  pubhc.  L'aigle  que 
Fon  voit  fur  fa  croiipe,  eft  á la  place  que  lui 
aífigne  Hérodote  3 mais  Fefeatbot  qui , fuivant 
les  hiftoriens,  fe  trouve  dans  ia  bouche  du  bceuf 
Apis,  eft  ici  repréfenté  fur  le  garrot.  La  feule 
raifon  que  Fon  puilfe  donner  de  cette  diíférence, 
c'eft  que  l'artiííe  Layant  pas  voulu  que  ce  fym- 
bole  fut  caché  j au  lieu  de  le  m.ettre  dans  la  bouche 
de  Fánimal , a pris  le  partí  de  le  reoorter  dans  un 
lieu  ou  il  fut  vifible.  Se  ou  il  pút  étre  place  avec 
fymmétrie  par  rapport  á Faigle.  » 

» Pline  & Ammien  Marcellin  difent  cue  le  boeuf 
Apis  avoit  au  cóté  droit  une  figure  du  croiffant 
de  la  lune ; Se  c eft  ainfi  qu'il  eft  repréfenté  fur 
Ies  médailíes  d’Hadrien  Se  d’Antonin-Ie-Pieux , 
frappées  en  Egypte  ^ & fur  un  marbre  confervé 
dans  le  cabinet  d’Odefcalchi , (com.  z,  pl.  58). 
Ce  fymbole  ne  paroit  point  ici , apparemment 
parce  qu  il  eft  caché  fous  la  houífe  5 & d’ailleurs, 
on  y fupplée  en  plaqant  le  difque  de  la  lune  entre 
Ies  comes  de  Fanimal  5 car  il  faut  avouer  en  pre- 
mier lieu,  qu'on  voit  fur  la  tete  de  celui-ci  les 
traces  d'un  autre  corps,  indépendantes  de  ja  ra- 
cine.  des  comes  qui  fubfifte  encore;  & en  íecond 
lieu,  que  prefque  toutes  les  figures  du  boeuf  Ap/i 
qui  font  ornees  de  houífes , ont  en  méme-tems 
le  difque  de  la  lune  fur  la  tete.  II  n'eft  done  pas 
vraifemblable  que  Fon  eút  négligé  d’enrichir  ceim- 
ci  de  cet  ornement  néceífaire , d'autant  plus  que 
les  Egyptiens  admettoient  peu  de  variété  dans 
les  chofes  qu’ils  avoient  une  foisadmifes.  Le  difque 
de  la  lune  que  Fon  voit  entre  les  comes  de  celui-ci 
étoit  argenté  & tres-poli ; ce  qui,  ¡oint  a la  cou- 
leur  noir  du  boeuf,  produifoit  un  effet  brillant  & 
majeftucux.  II  s'accordoit  d'ailleurs  avec  la  tache 
blanche  que  celui  que  j'explique  avoit  fur  le 
front.  « , . ' . 

3=  Hérodote  dit  que  cette  tache  étoit  carree ; 
m.ais  je  crois  qu'il  s'eñ  gliffé  une  faute  de  copiites 
dans  le  texte  de  cet  hiíiorien.  Se  quju  lieu  de 
dire  que  cette  tache  étoit  carree  , d faut  dire 
qu'elle  étoit  triangulaire.  La  différence  des  rnots 
grecs  qui  expriment  ces  deux  idees  eft  fi  psu  f^d- 
fible , que  je  ne  crois  pas  cette  correftion  trop 
hafardée.  Voici  le  paífage  d’Hérodote  : ’E»» 

fiís  Tf  f4.gr ¿nr X , >.gax..y  '"igríáyxf&'t , iirs  i- r'S  yxrs 

uígTo'-'  gix.tis'figy^'f.  A la  place  de  ces  deux  '^^^4 

r£r£«y»va> , on  peut  líre  AeuxA  7i  tile  -- 

appuyée  fur  deux  raifons  : la  premiere  eu  qu 
toutes  Ies  figures  du  boeuf  Apis  que  j ai  vues  , 
fur  le  front  un  triangle  limplement  trace  pij- 


A P L 

lígnes  Quelquefois  ir.cruftées  d’argetit,  ou  formées 
par  une  feuiüe  du  méme  metal  qui  remplifíbit  la 
toralité  du  mangle.  Ceít  en  eííét  ¡atache  blanche 
dont  parle  Hérodote  j & il  eit  certain  que  dans 
ces  fortes  d^occafions  , les  monumens  font  les 
meiÜeurs  commentaires  des  hiftcriens.  « 

35  La  feconde  raifon  ell  tirée  de  la  7’hcologie 
des  Egyptiens.  Plutarque  nous  apprend  ( de  IJid. 
& Ofirzd.  e.  pd.  ) qu'üs  comparoient  la  nature 
divi.ne  á un  mangle  redangle^  dont  un  des  cótés 
repréfentoir  fintelligencej  le  fecond  lamariere, 
Sr  le  troiíiétne  Toxdre  qui  réfultcit  da  concoiirs 
de  l’intelligence  avec  la  matiere.  Le  hceuf  ^4pis 
étant  5 felón  le  méme  fyfléme  j le  fymbole  d'Gíi- 
risj  & Oílris  n' étant  pas  diftingué  de  cetre  intelü- 
gence  qui  avoit  fécondé  la  matiere , & qui , con- 
jointement  avec  elle^  avoit  produit  Tordre^  ríen 
n^étoit  plus  iimpie  que  de  reunir  ces  grandes  idees 
dans  le  bcEuf  , & de  placer  fur  fon  front  ce 
triangle  myftérieux,  plurót  qu’une  tache  cartée ^ 
dont  la  forme  n'a  aucun  rapport  connu  avec  les 
points  fondamentauxdelaXhéoIogie  ég)’ptienne.  >3 

Apis  5 íiis  de  Phoronée_,  fecond  roid'ArgoSj 
alia  s’établir  en  Egypte  , felón  les  fables  des 
Grecs,  oü  i!  fe  rendir  íi  fameux  qifil  méritaj 
aprés  fa  mort , d'étre  mis  au  rang  des  dieux^  fous 
le  nom  de  Serapis.  V.  ce  mor. 

APIUM.  Ache. 

APLUSTRE,  nom  que  Ies  Romains  donnoient 
a un  ornement  de  la  poupe  des  yaiíTeauXj  appelé 
par  les  Grecs  Aq)?.afie.  Uaplufire  étoit  compofé 
de  planches  diverfement  découpées  & colorées. 
II  étoit  furmonté  d’une  ¡ongue  pique  á liquelle 
on  attachoit  des  banderoles  ou  ñammes  , pour 
reconnoitre  le  vent.  Les  Grecs  employoient  au 
méme  objet  un  tritón  mobile. 

Les  Romains  ont  généralifé  quelquefois  le  mot 
Cdaplufire,  8¿  ont  déligné  par-lá  non-feulement  les 
ornemens  de  la  poupe , tels  que  le  petit  plancher 
qui  le  foutenoit  j les  planches  dont  il  étoit  formé 
& Ies  banderoles  qui  ñottoient  du  haut  j mais 
encore  Ies  ornemens  de  la  proue ou  Facroñole  5 
Se  réciproquement  ils  ont  pris  celui-ci  pour 
Yapluñre.  II  n’eft  pas  étonnant , aprés  cela  , que 
des  commentateurs  ayent  varié  fur  le  fens  du  mot 
apiuftre.  Chacun  d'eux  l’a  reltreint  á quelqu’une 
de  fes  patries  ^ á Timitation  des  anciens. 

En  effet  ^ un  ancien  interprete  de  Juvénal 
explique  le  met  apiuftre  par  un  plancher  conílruit 
pour  décorer  un  navire  : Tabulamm  ad  decoran- 
aam  fuperftciem  navis  appofitum.  Feltus  appelle  de 
ce  nom  les  ornemens  de  la  poupe  & ceux  de  la 
proue  : Apluftria  navium  funt  ornamenta,  Qux. , 
guia  erant  amplias  , quam  ejfent  necejfaria  ufu , 
ttiam  ampluftria  dicebantur.  L'interpréte  de  Juvé- 
flal , cite  plus  haut , confond  encore  fous  ce  nom 
Léperon  , qui  n’appartenoit  qu  á la  proue. 

On  peut  done  appeler  apiuftre  tous  les  obiets 
mentionnés  dans  cet  arricie  , & méme  Tes  acrotéres 
€u  banderoles  gui  étoient  placees  au-deflüs. 


A P O 229 

a’iiobatai,  athlétes  dont  il  eft  fait  jrre.ntion 
dans  une  infenption  publiée  par  Muratori  (Tkef. 
infer.  2C19.  I }.  C’étoient  les  mémes  que  les 
ParabaTvS.  V.  ce  mot. 

APOROMíESj  fétes  des  Grecs,  011 -Fon 
ne  íacrifioit  point  fur  Faure!,  mais  á píate  terre 
& fur  le  pavé;  c’eñ  ce  que  le  nom  íignifie.  II 
vient  ¿ící-n'o,  loin  , & de  pa>pj¡s , aurel. 

AFOCiZSOS,  danfe  dont  Poilux  a feu!  fait- 
mention  , fans  en  expliqiier  le  caractére.  Ce  nom 
veuc  Avte.  . faite  en  grec ; Se  il  fe-roit  coniecturer 
que  Fon  imitoit  Ies  agitations  & les  mouvemens 
des  fuyards  , en  exécutant  Yapocinos. 

A.FO  GR  ISÍ  AFIRES.  C’étoienr  des  ofEcIers 
chargés  de  jager  Ies  caufes  des  foldats  du  palais  , 
8c  qui  ieur  apporroient  Ies  réponfes  que  Ies  magif- 
trats  fupérkurs  faifoient  áleurs  requeres.  A’sm-.-.pdus 
étoient  Ies  réponfes  des  princes  8e  des  pré- 
fets. 

APODECTFS  , a’nícty.To.s,  receveur  des  tributs. 
II  y avoit  á Athénes  dix  apodeñes , qui  recevoient 
tous  les  tributs,  les  impéts  8e  les  revenus  de  la 
république,  8e  inferivoient  fur  leurs  regiítres  les 
noms  Se  les  fommes  des  conrribuables.  Ils'met- 
toient  ces  écats  fous  les  yeux  du  fénar.  Se  la  ils 
déchargeoient  ceux  qui  les  avoient  payés.  Les 
apodeñes  iugeoient  Ies  tonteífations  qui  skie- 
voient  á l'occaíion  des  tributs  5 mais  lorfqu'elles 
étoient  d’une  grande  importance  , on  les  portoit 
devant  Ies  caries  des  ingés. 

APODIPNE  ou  Apodeipne  , chanfons  des 
Grecs  pour  Y apres-fouper.  Les  Latins  les  appe- 
loient  voft-cajiia. 

APÓDYTÉRION.  On  appeloit  de  ce  nom  chez 
les  Grecs  Fendroit  de  la  Faleflre  ou  des  Thermes, 
dans  lequel  on  fe  déshabilloit,  foit  pour  le  bain  , 
foit  pour  les  exercices  de  la  gymnaílique.  Les 
Romains  le  nommoient  Spoliatorium  , Spo- 
liarium , Tepidarium  Se  Aerium.  On  s’y  faifoit 
frotter  tout  le  corps  avant  de  reprendre  fes  habits. 
Si  Fon  en  juge  par  les  1 hermes  de  Dioclétien , 
reís  qu’iis  étoient  avant  leur  deñruétion  , YApo- 
dytérion  étoit  un  grand  falon  oélogone , de  figure 
oblongue,  dont  chaqué  face  formoit  un  demi- 
cercie,  Sz  dont  la  voute  étoit  foutenue  par  plu- 
fiears  colonnes  d’une  h antear  extraordinaire. 

A’no’rPA<í-ETS rfí  étoitle  greíliér  du fenat 

d’Athénes,  qui  avoit  d’abord  été  clioifi  par  fiif- 
frages,  mais  qui  le  fue  depuis  par  le  fort.  Une 
de  fes  fonttions  étoit  de  garder  les  regiftres  des 
apodedes  , afin  qu’on  n’y  pát  faite  aucun  chan- 
geiiient. 

A’liO’AEKTOS,  étoit  fouvent  le  méme  que  FskAs- 
X.74  , eáotft  fouvent  auíE  il  défignoit  celui  que  1 'on 
tiroit  de  la  claffe  des  élus  ou  ckoifts.  Les  Etoliens 
donnoient  ce  nom  aux  membres  de  leur  confeil 
intime. 

a’uo’AIAEE,  compofé  deFa  privatifSe  de  UaXo;, 
ville ; prives  du  droit  de  cité.  On  donnoit  ce  nom 
á ceux  qui , étant  condamnés  pour  tóate  leur 


A P o 

vie  aux  travaux  piiblics  cu  exüés  dans  ufte  üle^ 
perdoienr  le  droir  de  bourgeoilie  romaine. 

Ai'OLLí-\ AiRES  (jeux).  Voyer  es  inot. 

AFOLLíNARISj  prétre  d’ApoIIon.  Muratori 
(Tkef.  infcr.J  a prouvé  ia  ísgnificaricn  de  ce  mor 
par  un  gi'and  nombre  ddnfcriptions. 

APOlLON.j  fiis  de  Júpiter  & de  Latone  ^ 
naquit  dans  Tifie  de  Délos ^ en  méme-tems  que 
Diancj  fa  foear.  f'~.  Délcs.  Parmi  les  dieux^  ii 
réen  eíl  point  donr  les  poetes  ayent  publié  rant 
de  merveiiles  que  ó/ApoIíon.  íi  fut  Tinventeur 
de  tous  les  beaus  arts  , tels  que  la  Poéíie la 
Mufique  & TEloquence  , & fut  regardé  comme 
le  proteéleur  des  poetes , des  muficiens  & des 
orateurs  : perfonne  ne  jouoit  de  la  lyre  comme 
lu: ; il  connoiiToir  tous  ¡es  fecrets  de  la  Médecine. 
Les  Mufes  étoient  fous  fa  proteélion,  Z<c  il  préíi- 
doi:  fur  le  mont  ParnaíTe  á leurs  concerts.  Aucun 
des  dieux  n'avoit  comme  luí  !&  talent  de  con- 
noitre  Tav-enir;  aiiífi  fut-il  celui  de  tous  qui  eut 
un  plus  grand- nombre  d'oracles.  A tant  de  per- 
fe6:ionSj  il  joignoit  la  beautéj  les  graces , une 
jeiineíTe  éternelle:,  Tart  de  charmer  les  oreilles 
par  la  doiiceur  de  fon  éloquence  & par  la  doii- 
ceiir  de  fa  lyre , qui  enchantoient  égaiement  les 
iic-jnmes  & les  dieux.  II  fit  un  trés-grand  nombre 
de  conouétes  amoureufeSj  qui  le  rendirent  pére 
de  pluíieurs  eíifans. 

Júpiter  ayant  foudroy é Efculape  nis  Apollan , 
celui-ci  tua:,  á coups  de  fleches les  Cyclopes 
qui  avoient  forgé  les  foudres  de  J’upitsr ^ ce  qui 
ie  fit  bannir  du  cieL  D’autres  ont  attribué  ce  ban- 
míTem-ent  á une  confpiration  de  tous  les  dieux 
contre  Júpiter,  dans  laquelle  J.poUon  étoit  entré. 
Quoi  quil  en-  foic,  ii  fut  chaíTé  du  ciel,  & fe 
retira  chez  Adméte,  roi  de  TheíTalie  , dont  il  fur 
réduit  á garder  les  troupeaux,  afín  de  pourvoir  á 
fa  fubfiftance.  De  la  maifon  d'-Adméte,  ii  paíTa  au 
fervice  de  Laomédon  , & lui  aida  á batir  les  murs 
de  Trove,  conjointement  avecNeptune,  difgracié 
pour  la  méme  confpiration.  fE  Laomédon. 
-Aprés  quelques  années  d’exil , Júpiter  le  rérablit 
dans  les  droirs  de  la  divinité , & lui  donna  le  foin 
de  répandre  la  ¡umiére  dansTunivers;  en  un  mor, 
ildevint  le  folefi.  Qui  eñ  ee  qui  éclairoit  le  monde 
& faifoit  les  fonótions  de  foleil , avant  qa  Apol- 
len eut  cette  charge  ? Ceñ  ce  que  les  poetes  fe 
font  peu  inquiétiés  de  nous  expliquer. 

Ses  oracles  ¡es  plus  célebres  fiirent  ceux  de 
Delphes,  de  Clares,  deTénédos,  Stc.  II  eut  des 
teruples  dans  toute  la  Crece  & dans  toiite  TIralie. 
On  le  repréfentoic  fous  la  figure  d'un  beau  ieune 
homme  jouant  de  la  lyre , ou  la  tenant  d'une 
main , & coai'onné  de  laurier.  Cet  arbre  lui  étoit 
confacré  depuis  la  métamorphofe  de  Daphné  ; 
de-lá  vint  que  les  poetes,  fes  fayoris  , portérent 
la  méme  couronrte.  Son  hiftoire  fera  complete , 
íi  Ton  y ajoute  Ies  arricies  Hyacintiie  , Hyper- 
EORÉEN , Laomédon  , Latone  , Marsias  , 
Muses,  Phaéton,  Phoebus  & Pyxhcn. 


A P O 


] Les  fonclions  de  ce  dieu  étoient  íi  multipliées, 
qifil  fallut  lui  donuer  pluíieurs  furnctirs  pour 
rappeler  chacune  d’elles  : ce  qui  prod-uilit  les  di- 
vers  attributs  8c  ¡es  difiérens  ñoras  qui  le  caracté- 
riférent. 

Apollen  Acefius  ou  ÁCESIOS.  PE  ce  mot. 

Apollan- A-cikofirus.  Apollan  fut  ainfi  noramé 
par  les  Scyíhes. 

Apollan  Aciiaqie.  Nous  ajouterons  ici  quelques 
obfervations  á ce  que  nous  avons  dit  á Tarticle 
Actiaque.  Cet  Apollan  paroít  fur  les  médaüies 
avee  des  habits  de  femme  , felón  ¡es  auteurs  qui 
ont  écrit  fur  ¡a  fcience  Numifmarique.  Cette  def- 
enption  eft  incorapléte.  II  porte,  á la  vérité, 
des  habits  trés-loogs,  c“eñ-a-dire,  une  tunique 
fiottante  jufqu'áterre,  8c  un  manteau  trainant  ou 
la  pnlle  des  femraes.  Les  joueurs  de  lyre  ne  pa- 
roiiToient  fur  les  théátres  qu'avec  cet  .habiüement, 
& Ies  aéleurs  tragiques  portoient  comme  eux  des 
fuñiques  traínantes  , qui  cachoient  la  flautear 
exceííive  de  leurs  cothurnes.  II  étoit  naturel  de 
donner  au  dieu  qui  jouoit  li  bien  de  la  lyre,  ie 
méme  habillement  que  portoient  fes  eleves. 
Cet  Apollen  recut  depuis  ¡e  fur.nom  aA^ciiaque. 
On  en  voit  deux  ñatues  au  mufaium  Pio-Cié- 
mentin. 

Nous  finiííions  cet  arricie , lorfque  nous  avons 
vu  dans  le  mufíum  Pio-Clémentin  ou  du  Vadean, 
la  bella  ítatue  a Apollan  joueur  de  lyre  , trouvée  á 
Tivoli  avec  Ies  Mufes,  & qui  eíl:  vétue  comme  les 
femmes.  Ceüe  du  méme  miifs,um , que  V/inkelmann 
avoit  appelée  Erato , tant  fon  habillement  ref- 
femble  á celui  des  femmes,  &:  qui  eíl  V Apollan. 
Palaezn  ou  Acííaqu.e  des  médaiíles , ou  XApoílon 
joueur  de  lyre , nous  a confirmé  auíil  agréabletnent 
dans  les  idees  que  nous  avions  expofées  ci-deíTus. 

Apollop.  Agyieus  ou  Agyiates.  A’yvía  íigniíie 
rué,  8c  Agyieus  qui  préíide  aux  rúes.  Les  Crees 
avoient  coutume  d'élever  des  colonnes,  des  íla- 
tues  & des  autels  dans  les  rúes  auprés  des  maifons. 
Une  partie  de  ces  monumens  étoient  confacrés  á 
Apollan  qui  préfidoit  aux  rúes , Agyieus,  Paufanias 
parle  fouvetit  de  fes  ílatues. 

Apollotl  eíl  appelé  A-'x-i.ifn-Auírs  8c  A’KSsriKsat? 
dans  fon  hymr.e  attribué  á Homére.  Ce  furnom 
exprimoic  fa  longue  chevelure.  Be  étoit  traduit 
chez  les  Latins  par  intonfus.  Propcrce  , (3-  nO* 


Dum  petit  intonfi  Pythia  regna  dei. 

Horace  Tappelle  Cymkius  intonfus , {Od.  5.2I-)’ 
Intonfum  pueri  dicite  Cynlkium. 


Apollan  Á’M%lx.ax.c;  , qiii  chaíTe  le  malheur. 

Apollan  Aparta.  Feílus  fait  venir  ce  nom  de  ce 
que  le  dieu  renaoir  fes  oracles  ¿ kuis  ouvert^ , 
cortina  apena.  Scaliger  le  dérive  d'c5r£P««s-  , > 

par  des  changemens  propres  au  dialeéie  ./Eohen , 
vient  d’HVs.-p-íTí'f.  Ceux  aui  vencient  de  la  Gr=ce 
á Rcrñe,  furent  défignés  fous  ce  nom  dans  'es 
premiers  tesis  de  k république comme 


A P o 

•e-Dlíent  été  originaires  de  TEpire  fetile.  Afollon  , 
ír-Ci-;¡úa  á Rome  aii  tems  des  rois,  n'y  ñit  nonoré 
cue  fous  Ies  confuís. 

Jipolion  a.^-aot^ct^cíící.  Ce  iiom  eíi  frnonynie  a 
A’>.:r  ¡y-ay.ic.  Oii  racofitoit  fcs  fonges  a Apollon. , 
ahn  qu'il  en  dctournar  les  fíiites  íuneftes. 

Apollen  Arciíenens , chez  les  Grecs  Tsl-üpípis-. 
Apellen  étok  repréfenté  fort  fouvent  avec  ua 
are  & des  ñéches.  C'eíl  rattitude  du  merveriieux 
Apollen  dti  Belvedere.  Le  ferpent  Python  , Ies 
fi!s  de  Miobé  , Ies  Tirans  Se  tauc  d’autres  cui  pé- 
rirenr  fous  Ies  traics  Apollon,  rendirent  fon  are 
redoutable. 

A-pollon  Argenteus.  Muratorí  (179-  i.)  rap- 
porte  une  infeription  dans  laquelle  il  eíl  fait  men- 
tion  d°un  champ  confacré  á cet  Apollon  , qu¡  tenok 
peut-étre  un  are  d’argent. 

Apollan  Argyrotoxus ayant  un  are  d’argent 
OH  des  fleches  de  ce  méta!  5 car  rch;  exprime  Tare 
Se  les  fleches. 

Apollen  Auricomus  y chez  les  Grecs  X'pTox¿t/,r¡í , 
aux  blonds  cheveax.  Cette  épithére  étok  relatiye;, 
felón  Macrobe  , aax  rayons  S Apollan  Soleil. 
Apollon  Belenus.  Voye:^  BeleNL’S. 

Apollan  Branckides . SA,  BrakchuS. 

Apallon  Ciarlos.  JA.  ClAROS. 

Apollon  Cxlifpex.  Ce  furnom  avoit  été  donné 
par  les  Ramains  ^ á une  de  fes  ftatues  qu’A.\détor 
place  dans  la  II'  región  prés  de  L‘£des  de  Portun- 
nus y & qui  regardoit  le  ciel  ou  le  mont  Cceliiis. 

Apollan  ComsLus y du  mot  grec  r.'.ccxa  , je  prends 
foin  de  ma  chevelare.  Apollan  étoit  adoré  fous 
cette  dénomination  á Séleucie^  & fa  ftatue  en  fut 
tranfportéé  á Rome  , oú  on  la  piaqa  dans  le  temple 
d’  Apollan  Palatin , aprés  la  prife  de  cette  viile. 
Des  foldats  romains  pillant  le  temple  de  Séleude^ 
que  le  feu  alloit  confuiner , découvrirent  un 
efpace  vaide  qu’ils  crurent  rempli  de  richeíTes.  lis 
fe  hátcreiit  de  rouvrirj  mais  ^dit  Ammien  Mar- 
cellin)  il  en  fordr  une  vapeur  peítílentielle,  qui. 
y avoit  été  concentrée  autrefois  par  la  fcience 
fccréte  desChaldéens.  Elle  engendra  des  maladies 
de  toutes  les  fortes  ^ & elle  répandit  lá  pette  fur 
toutes  les  contrées , depuis  les  froiitiéres  de  la 
Perfe  jufqu’au  Rhin. 

Apollon  Conjervatfur.  M.  Foggini  de  Rome 
poíTéde  une  m édaille  d'  dr  d’Aurélien  , finguliére 
par  fon  revers  unique.  On  y voit  Apollon  affis 
avec  la  legende  : Apozpim  Cokszb.v^tos.i.  Cette 
ipéme  infeription  fe  iit  fouvent  íar  íes  médailles 
de  Trébonien- GaSie,  Se  elle  peut  faire  ailuíion  a 
la  peíle  afeeufe  qui  ravagea  Tunivers  connu  fous 
ceprince,pendant  dixans  entiers- L'empereuraura 
era  en  erre  exempt  par  la  proreéiion  ¿í  Apollon 
Confervateur. 

_ Apollon  Coryp&iis , de  Corype  en  TheíTalíe ^ ou 
il  rendoit  des  oracies. 

Apuilon  ae  Cumes.  Cette  ífatue  da  fíls  de  La- 
^ne  devjnt  célebre  pendant  ia  guerre  cue  firent 
«s  pLomaíiis  aEtx  Aciiéens  & aii  roi'AnítonieiiS- 


A P O 231 

1 E;'e  pleura  y d:foir-on  , pendant  quatre  jours.  Les 
I arufpices  de  Rorne  augurérent  mal  tí’un  femblab’e 
i prcürge  ^ & furent  d’avis  de  jeter  a ia  mer  l’Apol- 
I ion  ae  turnes.  Mais  les  vieillards  de  cette  viile 
I pour  la  confervation  de  leur  Pal- 

I iiCium  y & Qirent  que  ie  meme  prodige  cto'íc 
i arrive  pendant  la  guerre  de  Perfe  Se  pendant  celle 
d’Andochus. 

Les  Romains,  vainqueurs  de  la  Gréce,  fe  rap- 
peJerent  Apollan  de  Camís  , & hii  envoyerent  des 
préfens.  Aiors  on  interrogea  de  nouveau  ¡es  aruf- 
pjces  fur  le  prodige  qui  Ies  avoit  eíFrayés  d'abord. 
RaíTurés  par  Pévénement,  i!s  répondirent  que  la 
viile  de  Cumes  étoit  une  colonie  grecqiie,  & que 
fon  A.pollon  ayant  la  meme  origine  , ce  diéu  s’aiHi* 
geoit  de  voir  ia  Gréce  , fa  patrie  , vaincue  par  ¡es 
Romains.  il  pleura  encore  a ¡’epoque  de  cette  ré- 
ponfe  , & Pon  apprit  bientót  que  le  roi  Arifto- 
nicus  venoit  d’erre  battu  & fait  prifonnier.  Cette 
défaite  d’un  prince  qifa&é6;ionnoit  Apollan  de 
Cumas  y avoit  de  nouveau  fait  couier  fes  larmes. 
S.  Auguftin  , iCJvit.  Del.  3.  II;. 

Les  Proteñans  du  liécle  dernier  accufére.nt  d’ím- 
pofíure  Jes  religieux  d’iin  couvent  d Italie  , oú 
étoít  confervée  une  ílatae  trés-révérée.  On  aíTura 
qu’eiie  avoit  répandu  des  larmes,  & on  nomma 
plufieurs  témoins  ocuiaires.  Les  écrivains  pro- 
teílans  dirent  qu'il  y avoit  un  cep  de  vigne  donr 
les  rameaux  s’étendoient  en  dehors  & Je  iong  des 
murs  de  Téglife  de  ce  couvent,  qu’on  en  avoir 
fait  paíTer  une  branche  au-travers  4^  mur  & de  la 
tete  de  la  ííatue,  & que  dans  la  faifon  oú  la  fe  ve 
de  la  vigne  monte  , elle  s’ étoit  fait  ilTiie , gaurte- 
á-goutte  , fous  la  forme  de  larmes  au-travers  des 
yeux.  Cette  explication  peut  faire , connoitre  le 
moyen  dont  fe  fervoient  les  prétres  ii  Apollon  de 
Cumes  y quoiqu’elle  paroiífe  erre  une  calomnie 
relatívement  aux  religieux  d’Italie  dont  nous  ve- 
nons  de  parler. 

Apollon  Cyp.thlus.  Ce  nom  fut  donné  á Apol- 
len , á caofe'  du  Cynthius , montagne  de  Tifle  de 
Délos,  oü  il  avoit  piis  naiífance. 

Apollon.  Atsco’¿i¿-ryjí,  JAoyex  DiRAS. 

Apollen  Délien , de  Tifle  de  Délos, 

Apollon  jyelpkien.  JA.  DelPHES. 
ApolloTtL)idytn&iis y de  SíSutyeí  double.  Quelques- 
uns  dérivent  ce  fiimom  de  la  mulriplicité  des  cuites 
qui  furent  rendus  á Apollon.  Macrobe  ySat.  1. 17.) 
lai  donne  une  origine  plus  extraordsnaire.  On 
voyoit , felón  lui , que  cette  divirúté  fourniíibít  a 
Funivers  deux  efpéces  de  lurr.iéres  difftrentes ; 
Fime  pendant  le  iour  córame  foleil , & Fautre  en 
éciairantie  globe  pendant  la  nuft,  parla  reflexión 
de  fes  ravons  fur  k lune.  De-iá  vínt  que  Ies  Ro- 
mains adoroient  le  foleíI  fous  le  nom  & la  figure 
de  Janus  , qu’iis  furnommoient  ■a'.ors  Apollon  Di- 
dymsas.  Ijzdyma  étoít  auffi  un  endroft  voífin  de 
Milet , oü  il  étoit  honoré  d’un  cuite  partícslier, 
Aipolian  ^7 x.cfcstZí>.iTW „ A y.xy,Zí>.K y Se 

cnez  les.L^:ü&longejacu¿kíor.  lancantíéstraÍEsaa 


A P O 

loin.  Ce  furnora  faifoit  allufion  a fes  fleches  & 
aux  rayons  ^Apollon  SoUil. 

Apollan  Grannus  Mogouniu.  Muratori  (22.  II. 
& 1979-  8-  as  foa  Tkef.  infcr^)  a rapporcé  deiix 
infcriptions  trouvées  en  AÜemagne,  en  I’hon- 
neiir  de  cet  Apollan  , qai  avoit  été  ainfi  nammé 
á caufe  da  voifinage  de  iVlayence  ou  du  Mein  , 
appelé  Mogoam  ¡ & d’Aix-la-Chapelle AqAf- 
granum  ; Apolzini  gpakno  mogouko  q.  li- 

C12Z1US.  TRIO.  S.  S.  I.  D. 

Apollan  Hebdomagete.  On  lui  donnoit  ce  fur- 
nom  j parce  qu’il  étok  vena  au  monde  le  feptiéme 
jour  du  mois  ; de-la  vint  l'ufage  de  lul  confacrer 
ce  jour  5 ou  parce  que  ^ felón  le  fcholiaíle  de  Cal- 
limaque il  étoit  né  le  feptiéme  mois. 

Apollan  Icnní-üs.  On  nommoit  ainfi  Apollan  , 
á caufe  des  oracles  qu’il  rendoic  á Ichns, , en  Ma- 
cédoine. 

Apollan  Ifmenius.  Ce  furnom  lui  fut  donné  á 
caufe  d’un  ñeuve  & d’une  montagne  deBéotiej 
ou  il  avoit  un  temple  & des  oracles. 

Apollo  Kiutius.  II  n'eft  fait  mention  de  cet 
Apollan  que  dans  finfcription  fuivantCj  rapportée 
par  Muratori.  (Thef.  infcr^  23.  9.) : 

Q.  MINCiyS.  O.  F-  RUFUS 
LES.  APOAINÉI.  KiVTIQ 
MERITO. 

Apollan  Itatoiis  ¡ Lato'ius  & Latonius  y de  fa 
mere  Latone. 

Apollan  At^’Aoeccí  y OU  iVmí  ^ OU  , divi- 

nité  de  ceux  qai  commencoient  á s'adoimer  aux 
fciences  ^ & á fe  trouver  dans  Ies  aflem.blces  des 
phiiofoplies  y qui  étoienr  appelées  Mxai , Xeifcmp. 

Apollan  Libyfiinus  ou  Libyjjlnus  y étoit  adoré 
auprés  du  promontoire  Pachynus,  en  Sicile.  II 
avoit  recu  ce  nom  á caufe  de  la  pefte  dont  il 
affiigea  les  Libyens  qui  avoient  fait  une  defcente 
en  Sicile  auprcs  de  fon  temple.  Macrobe  j {Saturn. 
I;  17). 

Apollan  Avxr/ioírii;.  Homére,  (lliad.  iv.  119). 
Ce  furnom  veut  diré , né  dans  la  Lycie , & ne 
peut  convenir  fous  cette  acception  au  dieu  que 
vit  naitre  Délos.  Les  interpretes  fe  font  partagés 
fur  fa  fignification  détournée^,  qu  ils  ont  tous  éta- 
blie  cependant  fur  le  mot  Arxoíj  loup.  Les  uns 
veulcnt  qu’un  temple  ¿‘Apollan  ayant  été  pillé  , 
Ser  fes  riclieífes  enfevelies  dans  1^  terre,  un  loup 
íit  découvrir  ce  tréfor  , Sr  entra  enfuite  de  lui- 
méme  dans  le  temple.  On  appela , á caufe  de  ce 
prcdige  Apollan. , AtiK^jyeísriíf. 

■ D'auíres  penfent  avec  Elien  ( anim.  x.  z6. ) 
qa  Apollan  Soleil  n’a  été  appelé  de  la  forre , que 
parce  qu’il  engendre  l’année , AvxóAa'iTn.  L’année 
reijut  ce  nom  des  oremiers  Grecs^  á caufe  du  loup 
ue  le  foieil  aífeét'onnoit , parce  que  Latone  lui 
onna  le  jour  transformée  en  louve.  On  voyoit 
une  louve  de  bronze  placee  dans  le  temple  de 
pelphesj  en  mémoire  de  cette  m.étimorphofe. 

Apollan  lí^i-iicus^Cs  furnom  fut  doFiné  i Apollan 


A P O 

comme  á Tinventeur  de  la  Médecine.  Aléandre 
lui  a cherché  , dans  fon  explication  de  la  Table 
Héliaque  , une-  origine  plus  détournée , & il  la 
trouvée  dans  la  chaieur  du  foieil-,  qui  fait  múrir 
les  plantes  dont  les  remedes  font  compofés. 

Apollan  Mílejius , de  Miiet.  Voye^  Apollan 
Didym&us, 

Apollan  Maneta.  On  iit  cette  légende  fur  une 
médaille  deCommode,  oil  Ton  voit  ^jJo//o?2nud, 
ayant  le  bras  droit  pofé  fur  fa  tete , & appuyant 
fon  bras  gauche  fur  une  colonne.  Cetre  attituác 
du  bras  droit  annonce  le  repos  ^.Apollan.  Ón  Iit 
au-ffi  pour  légende -íífpoii.  Palat.  fur  une  aucre 
rnédaille»  oú  la  méme  repréfentation  á’ Apollan 
eft  placée.  Ainfi  on  peut  croire , avec  affez  de 
vraiíémblance  , qu  Apollan  Maneta  étoit  le  méme 
que  Y Apollan  Palatin. 

Apollan  Muficitn  ou  iouear  de  lyre.  V.  Apollon 
Aciiaque.  Apollan  tient  une  lyre , parce  que  le 
foieil  eít,  felón  Suidas,  Tharmonie  de  cet  uai- 
vers. 

Apollon  Myricinus  y de  Myrica,  efpéce  de  fou- 
gére.  La  llame  ¿‘Apollon,  á Les’oos,  tenoit  de 
la  fougére  dans  fa  main  , parce  que  cette  piante 
étoit  confacrée  aux  divinations. 

Apollon  Navalis.  Augufte  croyoit  étre  rede- 
vable  de  fa  viéloire  d’Aélium  á Apollon , qai 
mérita  le  üirnoni  de  Navalis. 

Apollon  Nomius , chez  les  Grecs  vivant 

dans  les  párurages.  Ce  furnom  convenoit  parfai- 
tement  au  palleur  des  troupeaux  d’Adméte,pii/or 
ab  Ampkryfo,  comme  l’appelle  Virgiie  : cependant, 
I^Iacrobe  &:  Phurnatus  le  dérivent  de  la  nourriture 
que  la  terre  fournit  á toutes  chofes  par  rinfluence . 
du  foieil. 

Apollon  OropéLus  y d’Orope,  vi  lie  de  Tifie  d’Eu.. 
bée,  ou  il  rendoic  des  oracles. 

Apollon  Paean.  Apollon  a requ  ce  furnom , 
parce  quil  perqoit  de  fleches,  de  nAwy  bleíTer, 
íelon  Feftus.  Macrobe  donne  une  autre  étymo- 
logie  du  mot  Paean ; il  le  dérive  de  /8«a2£  {«-«¡láy,  jette 
& bleíTe , paroles  que  lui  adreíToit  Latone  pen- 
dant  qa’il  combartoit  le  ferpent  Python.  Cet  écri- 
yain  les  applique  au  foieil,  qui,  engendrant  quel- 
quefois  des  maladies  par  la  forcé  de  fes  rayons , & 
qui  d’autres  fois  rendant  la  fancé  par  leur  douce 
température , mérite  qu’on  Tinvoque  en  difans 
í¡!  ■ncíikí  y guériífez-nous , Paean. 

Apollan.  Palatin  étoit  le  méme  qn  Apollon 

Añiaque  y qn  Apollon  Moneta  ^qu  Apollon  joueuf 
de  lyre  & q\x  Apollon  Malicien.  Í1  fot  furnomme 
Palatin,  lorfqu’ Augufte,  vainqiieur  d’Aélium,  eleva 
dans  fon  palais  {P alatium)  une  ndes  en  fon  h^* 
neur , avec  un  portique  & une  bibliothéque. 
ie  voit  fur  Ies  médaiües  tantót  nud,  le  bras  pnci  e 
appuvé  fur  une  colonne  , & le  bras  droit  poie 
fur  fa  tete  , attitude  qui  défigne  le  repos  & ^ 
paix  clonnée  á Tunivers  par  la  vicloire  d Augui  e í 
tantót  ii  paroít  vétu,  '6c  tel  qu’il  eft  ^¡1 


A P o 

isracle  Á' Apollan  ASiaque.  Properce  a psrté  de 
iWíí  ¿'Apallon  Palada,  (tf.  6.  ll.): 

M.ufa,  Paladnz  referamus  Apollinis  &dem. 

Et  Horace  de  fa  biblioThéque  j (Epifi.  13.  17.): 

Scripta  P aladnus  qiiiicumque  rocepit  Apollo, 

ApoUori  P atarías , de  Parare  en  Lycie.  II  y 
tvoic  un  temple  trés-riche,  dcnt  les  oracles 
«toient  auífi  célebres  que  ceux  de  Delphes.  Auífi 
Servñus  (JEneid.  ir.  l^.)  dit-il  q\i  Apollan  diéloit 
íes  réponfes  á Parare  ^ndant  les  fix  mois  d'hiverj 
& pendanr  ceux  d'éré  dans  l'ifle  de  Délos. 

• Apollon  Patrias , paternel.  Son  fiis  Icadius  luí 
donna  ce  fumoin. 

Apollon  Pkaneus , de  Oalva,  voir.  Apollon  dé- 
couvroit , fáifoií  voir  & connoítre  les  chofes 
cachees. 

Apollon  Pkothus.  L'érymologie  la  plus  vrai- 
femblable  de  ce  furnom le  fair  venir  de  Phcjebé, 
mere  de  Larone ; quaiqu^Héraclide  du  Ponr  la 
tejerte  daas  íes  allégories  d’Homére. 

Apallon.  Propugnator.  On  trouve  ce  nom  fur 
íes  médailles  de  VaLérienPancien.  il  eíl  relatifaux 
eombats  S Apollan  contre  les  géans  ou  le  ferpent 
Python. 

Apollan  Tifisítrifiós , quí  prélide  aux  portiques, 
®il  Pon  voyoic  ordinairement  fa  ftatue. 

Apollon  Ptous.  V^oyeq^  ce  mor. 

Apollon  Pytkien.  La  viéioire  S Apollon  fur  le 
ferpent  Python , lui  mérita  ce  furnom.  Les  dames 
romaines  iui  donnérent  en  oífrande  leurs  bijoux 
d’or,  & Pon  en  fit  un  cratére  ou  une  grande 
eoupe  , qui  luí  fur  confacrée  á Delphes. 

Apollan  Sandaliarius  ou  des  Cordonniers.  Cette 
ftatue  S Apollen  avoit  pris  fon  nom  de  la  rué  des 
Cordonniers  ^ placee  dans  la  quatriéme  región , 
oú  elle  étoit  éievée  ^ pour  la  diíHnguer  de  V Apol- 
lan Palada.  On  ne  doit  pas  étre  étonné  de  voir 
Ies  cordonniers  habiter  enfemble  un  feul  quartier  ^ 
puifque  les  potiers  de  terre  étoient  dans  le  méme 
caS:,  ^íi  que  les  ouvriers  en  verre  , dont  le  quar- 
tSer  étoit  auprés  de  la  porte  Capene. 

Apollan  Sauroctosos.  V.  ce  mot. 

Apollan  Selinundus , de  Selinunte dans  Pifle 
-d  Eubee  , pres  d Orope.  V^.  Apollan  Oropsus. 

Ampollón  Sminthe-as.  Les  Crétois  appeloient  les 
tsts  fmzntkes , & en  dérivérent  ce  furnom  á‘ Apol- 
lan. Le  prétre  Crinis  ayant  négligé  fon  cuite en 
mt  puní  par  une  multitude  de  rats  qui  dévaftérent 
fes  champs.  Un  ixouvier  nommé  Hordas^  avertit  ^ 
par  1 ordre  du  dieu  ^ le  prétre  négligent,  d^’étre 
plus  exadl  a rempKr  fes  foníiions.  Celui-ci  obéitj 
& Apollan  tua  les  rats  á coups  de  fleches.  Elien 
taconte  cene  aventure  d’une  maniere  un  peu  diífé- 
tente.  Coaftantin  eleva  dans  un  quartiei  de  Conf- 
tantincp.e , une  ítatue  a Apollan  Smhitheus. 

Apollan  Soled.  Lne  beüe  tete  de  cette  divi- 
iKte  fe  volt  ai!  mufxum  du  capitcle  , & Winkel- 
íS^n  a pubiíee  dans  íes  ¿lomituentl  inedíd  ^ 

Antiquites  Tome  L 


A P O i33 

) íbus  le  nom  d'Alexandre.  M.  Vlfconti , 
éditeur  du  mufxum  Pio-CIémentin  , y a remarqué 
fept  trous  dans  la  chevelure.  11  croit  qu’iis  étoient 
deínnés  á recevoir  Ies  rayons  qui  ernoient  la  tete 
de  cet  Apollan  Soled,  reís  qu  on  les  voir  au  foleii 
ae  la  illa-Borghéíe  j & á la  tete  coloíTale  de  Sé- 
rapis  du  méme  mufaeum.  D'aiiieurs  ii  y trouve  une 
reíTemblanceparfaiteavec  Ies  tétesdesmedaiilesde 
Trajan^  qui  portear  la  légende  : Oriens.  Les  che- 
veux  de  la  rete  du  capitole  font  cependaat  arrangés 
fur  le  front  comme  ceux  du  beau  terme  portanc 
Pinfcription  antique  ; aaehakapos  «lAinnoY 

MAKE II  appartient  au  chevaiier  Azara,  & a 

été  publié  dans  le  Journal  des  Antiquités  de  Rome , 
ann.  1784.  Ce  terme  a été  trouve  en  1779,  dans 
des  fouilíes  faites  auprés  de  Tivoii,  avec  feize 
tetes  de  philofophes  oú  de  poetes  grecs,  & une 
ftatue  de  Britannicus  unique. 

Au  refte,  fachaüt  qu’Alexandre  a été  déifié, 
on  peut  dire  que  les  rayons,  ainíl  que  la  beaute 
idéale  de  la  tete  du  capitole  , repréfentent  ce 
héros  déifié ; & que  le  terme  du  chevaiier  Azara, 
dont  les  traits  n^’ont  rien  d’idéal  & paroiífent  faits 
d’aprés  nature,  repréfente  le  vrai  portrait  du  vaia- 
queur  de  Darius.' 

La  tete  Apollan  Soled  fe  voit  fur  les  mé- 
dailles  de  Rhodes  , oú  elle  eft  fans  doute  uñé 
copie  de  celle  du  coloíTe. 

Apollon  Sorúlcgiis , qui  prélide  aux  forts.  II 
^ rendoit  quelquefois  des  oracles  par  le  moyen  dea 
forts. 

Apollon  Sponiüs..  Vqyer^  ce  mot. 

Apollon  Syntodus.  Ce  dieu  eft  ainfi  nommé  dans 
une  infeription  rapportée  par  Gyraldi.  {Syntag.-¡). 

Apollon  Tégyréert.  E".  TÉGYRE. 

Apollan.  Themertitts  ou  T smenites . Suétone 
parle , dans  la  yie  de  Tibére,  d'unc  ftatue  de  cet 
Apollsn  , que  Ton  voyoit  á Syracufe,  & dont 
la  grandeur  & le  travail  étoient  étonnans.  Cet  , 
empereurla  fit  traníporter  á Reme,  8c  placer  dans 
1?.  bibiiothéqiie  d’un  temple.  Cette  ftatue  étoit , 
felón  Cicerón,  (Leer.  ir.  y 5.)  dans  le  quatriéme 
quartier  de  Syracufe  , & elle  aveit  pris  fon  nota 
de^rsKsi«í,  endroit  voilin  de  cette  vilie  fous  les 
Epipoics. 

Apollon  de  éssa,  porte.  Apollan  pré- 

£aoit  aux  portes  chez  les  Grecs , qui  Íes  ernoiene 
avec  fes  ftatues. 

Apollon  Tkymbrs.us.  Virgiie  (JEndi.  111.  85.J 
dit ; 

Da  propriam  Tkymhrít  domum»- 

Servias  expliqiiant  ce  vers,  dit  que  Tkymóra 
I étoit  un  champ  voifin  de  Troye  & couverr  de 
i fariette  , thymbra.  II  étoit  célebre  par  un  bois 
i Se  un  temple  dédiés  á Apollen  , oú  Achüle  fut 
; bleíTé  par  Páris  : de*!á  vint  qa’on  afluroit  que  ce 
dieu  avoit  bleile  liii-méme  le  vaillant  Achille. 

‘ StftCs  a deuné  k méaas  feraom  a Ampollas,;  & 

Cg 


2 34  A P O 

LzCi&ncs,  fon  con-.rEentateur ^ Ta  éxpisqué  comme 
Servius,  {Iksi.  i.  C09.  ) : 

Seu  Trojam  Thymbr&us  kahes. 

Avollon  Tortor,  ou  bourreau.  Ceíl  ainfi  que 
Ton  déligrioi:  á Rome  une  ílatue  de  ce  dieu  ^ qui 
étoir  placée.  dans  la  rué  oü  Ton  vendoit  des  fouets 
pour  punir  les  efclaves. 

Apollon  ChocíLus  , Heliopolltanus  , Tiyverboreiis , 
Pardtonius  , Sarpedonius  , Sofianus  , Thufcani- 
cus , &c.  Ces  furnoms  ■ expriment  les  endroits  ou 
Apollqn  étoit  honoré  d’un  cuite  particulier. 

Au  relie 3 on  trouve dans  TAntoIogie  (/.  i.c.  1 8) 
une  épigrarnme  de  vingt-cinq  verSj  dont  vingt- 
quatre  ne  font  cotnpofés  que  d'épithétes  ^Apcl- 
lon , raagées  felón  f ordre  alphabétique  des  vingt- 
quatre  lettres  grecques.  On  peut  les  lira  j & con- 
fuker  aiiííi  les  Hiles  des  n'oms  á" Apollan  pubHées 
par  Eéger. 

Ampollan  regut  la  lyre  de  Mercure;  car  il  n'en 
eíl  point  IHn.venteur.  L’hvTOne  de  Mercure  j qui 
porte  le  nom  d’Homérej  fait  honneur  de  cette 
invention  au  fils  de  Maia.  Polydore  Virgile , en 
attríbuant,  malgré  ce  témoignagC:,  Finvention  de 
la  lyre  á Apollon,  y ajoute  celle  de  la  ilute  j que 
d'autres  mythologues  donnent  á Minerve. 

Cicéron  diílingue  quatre  Apollons  ; ( de  Nat. 
deor.  1.  j7).  le  premier  Se  le  plus  aucien  fut  le 
gardien  á'Athénes  5 le  fecond  ^ fils  d'une  Cory- 
bante  j naquit  en  Créte  ; le  troiíiéme  fut  fils  de 
Júpiter  8c  de  Latone.  Eufébe  aíl'ure  que  ce  der- 
nier  étoit  le  plus  ancien  des  trois.  Le  quatriéme 
enfin^  né  en  Arcadle  ^ donna  des  loix  aux  Arca- 
dienSj  qui  le  furnommérent  Nomius  ou  légifla- 
teur.  Apollan  étoit^  fous  un  certain  afpeélj  le  dieu 
Horus  des  Egyptiens.  Voyei¡^  ce  mot. 

La  cigale , le  coq  , Fépervier  j l’olive  8c  le  lau- 
rier  étoient  confacrés  á Apollan. 

Les  artilles  anciens  repréfentoient  conñatnment 
fous  les  mémes  traits  le  fils  de  Latone ainfi  quHls 
le  pratiquoient  á Fégard  des  autres  divinités.  lis 
travailloient  tous  ddprés  un  modéle  convenUj 
& Winkelmann  nous  Ta  retracé  dans  cent  endroits 
de  fes  favans  ouvrages.  LHdée  la  plus  relevée  que 
Fon  puiffe  fe  former  de  la  jeuneíTe  idéale  de 
Thomme  , eñ  parfaitement  exprimée  dans  Ies 
figures  di  Apollan.  II  reunir  la  forcé  de  Táge  múr 
a Ja  délicateíTe  des  formes  de  la  belie  jeuneíTe. 
Ces  formes  font  grandes  & annoncent  un  adolef- 
cent  né  pwur  exécurer  des  delTeins  genéreux  : ce 
ne  font  pas  celles  d’un  favori  de  Venus,  accou- 
tumé  a la  fraícheur  des  ombrages,  & elevé  par 
cette  déelTe , comme  dit  le  poete  Ibicus , fur 
des  lits  de  rofes.  Auííl  Apollan  étoit  - il  regarde 
comme  le  plus  beau  des  dieux.  Sa  jeuneíTe  eíl 
brillante  de  fanté  , & fa  forcé  s’annonce  avec 
douceur  , comme  Faurore  d’un  beau  jour. 

Cette  beauté  des  formes  donne  á Apollan  une 
grande  reíTemblance  avec  Bacchus.  On  la  trouve 
fur-touc  dans  Y Apollan  du  capitokj  quis’appuie 


A P O 

nonchalamment  centre  un  arbre , ayant  un  cigne 
á fes  pieds ; car  il  y a quelques  ftatues  dlApoUoi^ 
dont  Ies  traits  ne  s’élévent  pas  á la  hauteur  du 
modéle  que  nous  avons  efquiífé  plus  baut,  & 
que  la  defeription  fuivante  miettra  dans  tout  fon 
jour.  Elle  eíl  du  célebre  V/inkelmann. 

De  toutes  les  prodiidions  de  Fart  qui  ont  trompé  ' 
la  fureur  du  tems  , la  ílatue  d" Apollan  placée  au 
Belvedere  du  Vatican,  eíl,  fans  contredit , la  plus 
étonnante.  L’artiíle  a concu  cet  ouvrage  d’aprés 
un  modéle  idéal,  & n’a  employé  de  matiére  que 
cé  qui  lui  étoit  néceífaire  f^ur  exécuter  fa  penfée 
& la  rendre  feníible.  Autant  la  defeription  qu’Ho* 
mére  a faite  éi  Apollan  furpaíTe  celles  que  ¡es  autres 
poetes  ont  tracées  d’aprés  lui , autant  cette  figure 
l’emporte  fur  toutes  les  figures  du  dieu.  Sa  hau- 
teur s’éicve  au-deíiiis  du  naturel,  ,&  fon  attitude 
eíl  pleine  de  majellé.  Un  printems  éternel,  pa- 
red á celui  qui  régne  dans  les  champs  fortunes  de 
l’Elyfée,  revét  d’une  aimable  jeuneíTe  les  beautéS 
males  de  fon  corps , & brille  avec  douceur  fur 
la  fiére  íliuéturc  de  fes  membres.  Pénétrez  dans 
la  région  des  beautés  qui  n’ont  point  de  corps  5 
créez  > fi  vous  le  pouvez  , une  nature  céleíte  , 
afin  d’éiever  votre  ame  á la  conteniplation  des 
beautés  furnatureües ; car  vous  ne  verrez  ici  ríen 
de  mortel,  ríen  qui  foit  fiijet  aux  befoins  de  Fhur 
manité.  Des  veines  n’échauffent  point,  des  nerfs 
n’agitent  point  ce  beau  corps  5 mais  un  efprit 
céleíle  répandu  comme  un  doux  ruiíTeau,  circule, 
pour  ainfi  dire  , fur  toute  la  furface  de  cette 
ílatue.  . 

Ce  dTeu  a pourfuivi  Pyihon,  contre  lequel  il- 
a tendu,  pour  la  premiére  fois,  fon  are  redoutable  j 
dans  fa  courfe  rapide  > il  a atteintje  moiiftre  & 
lui  a lancé  un  trait  mortel.  De  la  hauteur  de  fit 
joie  j fon  regard  divin  pénétrant  dans  Finfini , 
s’étend  bien  au-delá  de  fa  viétoire.  Le  dédain  fiége 
fur  fes  lévres  ■,  Findignation  qu’il  refpire  gonfle 
fes  narines  & s’ eléve  jufqu’aux  fourciis.  Mais  une 
paix  inaltérable  eíl  empreinte  fur  fon  front,  & 
fon  oeil  eíl  plein  de  douceur,  comme  s’il  etmt 
dans  !e  cercle  des  Mufes  empreíTées  á lui  prodt- 
guerleurs  carelTes.  De  toutes  les  figures  de  Júpiter 
que  Fart  a enfantées  & qui  font  venues  jufqua 
nous,  aucune  ne  noús  offre  le  pére  des  dieux  avec 
cette  majefté  qu’il  montra  lui-méme  ap  génie  du 
chantre  d’Uion , & que  nous  trouvons  id  dans  les 
traits  ^Apollan. 

Teile  que  Pandóte , cette  figure  réunit  feule  toutes 
les  beautés  prepres  aux  autresslieux.  On  reconnoit 
fur  ce  front  la  déeffe  de  la  fageííe  que  rtníermoit 
le  front  de  Júpiter  ; le  mouvement  des  fourcils  ell 
Finterpréte  des  yolonrés  du  jeune  dieu ; 1 orbJtc 
ceintrée  de  fes  yeux-renferme  les  yeux  de  la  reine 
des  déeffes;  & cette  bouche  eíl  la  meme  qui 
infpira  l’efprit  prophétique  au  jeune  Branchus. 
Semblables  aux  tendres  rejetons  de  lap'igne,  le* 
beaux  cheveux  flottent  mollement  a l’entour  de 
tete  divine,  comme  s’ils  étoient  agites  p« 


A P o 

rhaleine  des  zéphirs  légers.  lis  fembíínt  parfutnés 
de  Tambroiie  céleite,  & attachés  négligemmeiit 
fur  le  fommet  de  la  tete  par  Ies  mains  des  Graces. 

A la  vue  de  ce  prodige,  j'oublie  Tunivers  entier; 
je  prends  moi-méme  une  attitude  plus  noble  pour 
le  contempler  avéc  dignité.  De  Tadmiration  je 
tombe  dans  Textafe.  Saifi  de  refpedtj  je  fens  ma 
poitrine  qui  fe  dilate  & s^élévej  relie  s’enfle  la 
poitrine  de  ceux  que  remplit  Teíprit  prophétique. 
Je  fuis  tranfporté  á Délos,  dans  les  bois  facrés 
de  la  Lycie  , lieux  divins  Apollan  fandtiñoit 
par  fa  préfence  j car  la  beauté  que  je  contemple 
paroit  s’animer,  comme  la  nymphe  formée  par 
le  díéau  de  Pigmalion.  Comment  pouvoir  te  dé- 
crire,  ó inimitable  chef-d'cEuvre ! II  faudroit  que 
Tart  méme  daignát  mdnfpirer  Se  conduire  ma 

{)lume.  Les  traits  que  je  viens  de  crayonner , je 
es  dépofe  á tes  pieds  : ainfi  Ies  mortels  refpec- 
tueux  qui  ne  peuvent  s’élever  jufqu’á  la  tete  de  la 
divinité  qu’ils  révérent,  dépofent  á fes  pieds  les 
guirlandes  dont  ils  brúloient  d'envie  de  la  cou- 
ronner. 

Ríen  ne  cadre  moins  avec  cette  defcription,  & 
fur-tout  avec  Texpreílion  divine  qui  régne  fur  le 
vifage  ¿¿Apollan,  que  fidée  de  l’évéque  de  Spence 
{Polymet.  dial.  8.  p.  97).  II  croit  reconnoitre  dans 
cette  ílatue  Apollan  Chajfeur.  Cependant,  li  la 
vidioire  fur  le  ferpent  Pytkon  ne  paroiíToit  pas 
aíTez  glorieufe,  on  pourroit  y fubílituer  la  dé- 
faite  du  géant  Tytie.  Cet  orgueiileux  íiis  de  la 
Terre  ayant  voulu  faire  outrage  á Latone,  excita 
rindignation  ¿¿Apollan,  qui,  á- peine  forti  de 
Fadolefcence , attaqua  le  redoutable  monílre  & 
le  per^a  de  fleches , pour  venger  Thonneur  de 
% j file  de  Tantale , malheureufe 

Níobé,  li  ta  fatale  métamorphofe  n'avoit  changé 
tes  mem'pres  en  rochers  iafeníibles , tu  frémirois 
peut-étre  á plus  juíle  titre , en  voyant  le  redou- 
table vengeur  de  Latone  outragée  partes  fuperbes 
mépris,  & le  meurtrier  de  ta  nombreufe  famille  ! 

L'admiration  & renthouíiafme  dans  lefquels 
jette  la  vue  du  bel  Apollan  du  Belvedere , doivent 
ceder  un  inllant  á Texamen  de  quelques  objets 
relatifs  aux  détails  de  Tart.'  Ses  pieds  , ainfi  que 
ceux  du  Laocoon,  d^un  grand  nombre  de  flatues 
grecques  & des  ftatues  égyptiennes  du  capitole , 
font  d une  Icngueur  inégale.  Le  píed  qui  porte  le 
corps  eft  fenfiblement  plus  long  que  f autre  , & 
cette  inégalite  eíl  motivée  par  les  regles  de  la 
?s*’lp£¿tixe.  ^L^’artiíle  a voulu  donner  au  pied 
Piace  en  arriére,  ce  quhl  pouvoit  perdre  par  les 
fuyans. 

On  a ecrit  que  la  ílatue  de  ¿Apollan  du  Belvé- 
oere  étott  de  marbre  de  Carrare , ainfi  que  Ies 
plus  belles  flatues  de  Rome.  D-e-lá  on  concluoit 
pe'dvres  n'étoient  que  des  copies, 
bebes  a la  rérite , de  pareilles  ílatues  grecques  3 
parce  que  Ies  Grecs  n’ont  point  connu  le's  ma’rbres 
de  Carrare.  Ce  raifonnement,  qui  dépouilloit  Rome 
d ongmanx , pour  ne  lui  laiífer  que  des  copies , 


A P O 235 

j a été  détruit  par  M.  Vifconti , éditeur  du  mufEum 
Pio-CIémentin.  íi  a pubiié  un  certificar  trés- 
apthentique  de  deux  anciens  infpecleurs  des  car- 
riéres  de  Carrare , qui,  aprés  avoir  examiné  attea- 
tivemient  le  grain  du  marbre  dont  eíl  fait  '¿Apollan 
du  Belvedere,  & fur-tout  dans  Ies  endroirs_rom- 
pus  ou  éclatés , ont  aíTuré  qu  iis  y reconnoiiloíent 
diíHnélement  le  marbre  grec,  fans  y pouvoir  rrou- 
ver  aucune  reíTemblance  avec  celui  de  Carrare. 
V olla  done  le  caradtére  précieux  d’originalité  rendu 
á cette  belle  ílatue  , qui  fut  trouvée  dans  Íes 
fouilles  de  Tancien  Antium,  lieu  célebre  par  les 
prodigieufes  dépenfes  qu’y  fit  Nerón , á caufc 
qu  il  i’avoit  vu  naitre- 

La  pías  belie  tete  ¿¿Apollan  aprés  celle  du 
Belvedere  eíl,  fans  contredit,  la  tere  d’une  figure 
affife  de  la  Villa- Ludo vifi  , plus  grande  que  le 
naturel.  L’air  de  tete  de  cette  figure  _bien  con- 
fervée,  annonce  un  dieu  bon&  bienfaifant.  Cette 
ílatue  mérite  auífi  une  remarque  particuliére  au 
fujet  de  Tartribut  qu  elle  porte  : c’eft  une  houlette 
recourbée,  appuyée  contre  la  pierre  fur  laquelle 
elle  eíl  aflife.  L'artifte  a voulu  par -la  défigner 
Apollan  Pafteur,  Nomios , 8t  la  vie  paítorale  de 
ce  dieu  chez  Admete. 

La  coéffure  des  adolefeens,  gar(jons  & filies, 
(appelée  chez  les  premiers  Kf k/SuAijí  , crobylus  , & 
chez  les  autres  , corymbus  , corymbium') 

ordinaire  aux  tetes  ^ Apollan , -\ts  a fait  mécon- 
noitre  quelquefois.  Cette  coéffure  , commune  aux 
Amazonas , aux  ílatues  de-  Diana  &-  a toares  Ies 
figures  adólefeentes , a fait  nommer  Bércnice  un 
beau  bulle  de  bronze  d'Herciilanum,  tandis  qu  il 
appartient  évidemment  á Apollan. 

On  peut  reconnoitre  quelquefois  ce  dieu  á une 
attitude  qui  lui  eíl  commune  avec  Bacchus ; ils 
onf  les  jambes  croifées.  Bacchus  & Apollan,  feuls 
de  toas  les  dieux,  font  ainfi  figures  dans  queiques 
ílatues , pourexprimer  la  vive  jeuneífe  du  fecond. 
Se  la  dcuce  molleífe  du  premier  5 car  cette  atti- 
tude étoit  affeétée  aux  héros  en  repos,  aux  pér- 
fonnes  aíHigées  , & á celles  dont  la  molleífe  étoit 
paífée  en  proverbe.  On  la  remarque  aux  deux 
Apollan  Saurocionos , en  marbre  , de  la  \ iüa- 
Borghéfe ; au  Apollan,  en  bronze,  de.I* 

Villa- Albani , á Tun  des  Apolloips  du  Capitole* 
&c.  &c. 

Quoique  les  anciens  artilles  ayenr  cherché  .á 
donner  aux  tetes  ¿¿Apollan  toutes  íes  graces  de 
la  jeuneíTe , ils  ont  rarement  placé  fur  fon  men- 
tón une  foílette  , cet  agrément  convenu  de  queí- 
ques  beautés  particuliéres,  & jamais  de  !a  beauté 
idéale.  On  ne  la  voit  point  7í  \' Apollan  du  Belve- 
dere. Un  feul  ApollonV oiré  á nosyep:;  c'eíl celui 
qui  eíl  confervé  au  Collége  Romain  : ii  eíl  de 
bronze,  & plus  grand  que  le  nature!. 

Nous  ne  parlons  pas  de  ¿Apollan  de  la  Viüa- 
Négroni , qui  eíl  de  l’áge  & de  la  grandeur  d’u* 
jeune  homine  de  quinze  ans.  II  peut  erre  mis 
au  nombre  des  plus  beiles  figures  de  jeuneíTe  qui 

G S i} 


A P O 

feient  á RotriS  5 mais  les  traits  du  viTage  de  cette 
ñaíue  ne  font  pas  ceux  A'Apoílon  : ils  appar- 
íiennent  plurót  a un  jeune  prince  j fils  de  qaei- 
qu’erapereur. 

On  voit  an  Apsllon  de  marbre  noirj  áppefé 
en  íta'le  parangone , dans  la  galerte  Farnéíe. 

Loríque  Ies  anciens  peiatsres  donuGÍent  un  maH- 
teau  á Ápallonj  il  étok  bleu  oa  violeta  co^mme  on 
le  vGít  dans  les  deíuss  ¿e  Baitoli  j {tav-.  2). 

Sur  ua  bas-relief  de  Rome , ApoiLon  porté  no 
cfiapeau  rabattu  fur  Ies  épauíes.  Cette  coeSáre 
fait  alluíion  á fon  ctat  de-  pafteur  cbez  Admere  j, 
cSr  les  payfa-ns  pert-eáent  en  Crece  de  fesiblabíes 
chapeaax-  C’eft  ainfi  que  les  Crees  repréíéntoient 
Ariílée  ^ áls  ¿"Apollan  & de  C^ese  , qui  íeur 
avoit  appris  l'art  d’élever  les  abeiíles ; car  Héfisde 
ísíi  donne  le  nom  ^Apollan  Champétre. 

A Réliopolis  en  AíTyrie»  Apollan  portok  la 
fendre  5 il  eft  auíli  repréfeaté  avec  cet  attribut  fur 
ime  médaüle  de  Thytéa  en  Arcadie. 

Les  Crees  mettoient  aííéz  fouyent  tái  fouet 
^ns  la  main  & Apollen  SoUil,  ainfi  quoa  le  voit 
fur  les  médailles  & les  pierres  gravees.  lis  avoient 
fans  douíe  recUiCet  ufage  des  Egypttens.  Quelques 
mythologues.croyoient  reconrióitre  dass  ce  fouet  > 
une  allufioa,  anx  coups  que  i’@n  fe  donnoit  en 
cótirast  atitour  de  Tautel  ¿í  ApoilonA  Défos.  mais 
l’allníion  an  fouet  avec  leqnel  Apolkm.  Soleü  con-, 
duit  fes  cbevauXj,  parok  plus  naturelfe.  Os  trou- 
vera.  aux  articles  Ch-arrue  & OsiRis , le  vrai 
fens  de  cet  attribut  que  porte  toujours  Ofi-ris , & 
que  les  Crees  ont  travefti  en  fonet. 

Apollen  eft  affis  teaajit  un  are , fur  les  médaiñes 
d’Acamaniej  de  Rhegium  & du  roiAntigone. 

II  eft  debout  fur  les  médailles  de  Phiiadeíphie 
én-  Lydie. 

On  voit  la  téte-rayonnante  fur-celles  de  Rhodes. 

Apollen  étoit  le  nom  d’une  efpéce  de  danfe 
lantomñne,  dans  laquelle  on  repréfentoit  quel- 
ques  adions  de  ce  diéiu 

Apollon  (cirque  d’).  CiRQUE. 

AFOLLGNIDEÁ,  en  Lydie.  AnOAAQ- 

Sitl-AEÍJN. 

Les  médailles  autonomes  de  cettse  ville  íbnt : 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

G.  en  argenti 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  línpé- 
míes  grecqués  fous  l’autorité  dq  fes  préteurs  , -en 
Phofineus  de  M.-Auréje,  de  Caracalla,  de  Do.- 
tüirien. 

Ga^voit  anífi  fur  quelques-unes-de  íes  médailles 
autonomes , Ies  tetes  de  Domitién  & dé  Doraitiá , 
qnf  ne  font  point  accompagnées  de  leups  noms. 

APOLLÓNIE,  en  jÉtolie.  aiio-aaíí. 

Les.  médailles  autonomes  de  cette  ville  íbnt  :■ 

tíRRR.  en  bronze:.  (Pslhrin^., 

O.,  en  or¿ 

<3  crt  argenta. 

Son  €Íl.  um  HQ^Jíoire:<te  fáiigliés:  joifite: 


A p o 

aa  fer  dkí'n  jat'él&t.  La  machoire  eS  un  fytnbole'- 
FSÍaíif  aa  fangüer  de  Calydon. 

-Apollgnie,  en  Carie,  AíioAAfiNlATnií, 

Les  médailles  autonomes  de  cetté  ville  font: 

RRR.  en  btonze.  (Pe-tlerin)^ 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Apoeloííie  en  Crete.  A.  avec  un  trepied. 

M.  Líanter  poífédott  une  íriédalle  auronome 
de  bronze,  qui  eft  atrtibaée  pat.  íí.  Cotnbe  i 
cette  ville. 

ApollgNie  , dans  LEpire.  ahoAAíIniatan. 

Cette  viiie  a-  fák  frappet  des  médailles  impé- 
ri^ales  greoqúes  eB  rborírreur  d'Hadrien,,deSévére* 
de  Doffffia , de  Catacalia,  deGéta^  de  Dkduraé». 
akn  , d’Elagabale  & de  Moéfa. 

ÁPÓLtOKIE,  en  Illyrie.  AnOAASNIATAil.. 

Les  médailles  autonosies  de  qetíe  ville  fant  i 

O.  en  oft 

C.  en  argent. 

C.  éti  bronze. 

Leurs  types  osdinaíres  font  : Trois  fenmes 
danfant  & fe  tenant  par  la  main.  — L'n  carré  dou- 
biej  pretendes  jardtns  d’Alcinoüs.  — Une  vacbe 
avec  foR  veau  quetle  áüaite.  ■ — Un  trépied. 

Cette  ville  a fait  frapper  une  médatlle  snpgi 
táale  grecqae,  en  l’honneuT  de  M.-Autele. 

Á POLLON lÉ,  prés  á'Epbefe,  dans  fíoniei 
AnOAADNIATfíN  &An-OAAQNlEíiLs.EN.  !QNTA. 

Cette  ville  a fait.  frapper , fous  Taatorité  de 
fes  préteurs,  des  médailles  imperiales  grecqu^, 
en  ILionneur  d'Augufte,  de  Tibére , de  Caligula, 
de  Commode,  d'Hadrien,  de  Máxime  & d'Alex.- 
Sévére,,  avec  la  feconde  légende. 

Apollonie  j en  Lycie.  Ano-AAfiNiATQN  AY. 

Cette  ville  a frit  frapper  des  médaí-Iíes  impé- 
riales  grecques,  en  Thonneur  d’-4ntonm-Fieux,. 
de  Géta  & de  Galiien. 

Apollonie,  en  Lydie.  AnoAAí2NiATí2Nt 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argenc. 

Cette  vilFe  a fait  frapper , fous  rautorite  d*- 
fon  prétear,  des  médailles  iir.périales  grecques, 
en  Thonneur  de  Mamée. 

.4pollonie  , prés  du  Rh^mdacus,  en  Myfi®- 

AnOAAQNIATAN.  nPOC.  ETNA. 

Cette  villa  a fait  frapper  des  médailles  i'E.pé- 
riaiés  grecques,  en  Thonneur  de  M;-A.urele, 
Vertís,,  de  Sept.-Sévére , de  Caracalla,  de  Gbí- 
dien , de  PiautiHe,. de  Géta. 

Apollonie  , en  Sicile.  AnoAAnjííOS. 

M.  Conabe  dbnne  trois  médailles  de  bronz* 
avec  Cette  légende  , & une  quatriéme  de  bronze 
für  laquelle  on  lít  au  ravers  : TAYPOMEMíTANf 
á Apatloni'e  de  Sicile..  Le  prince  dé  Torremufa  en 
a publié  queíques-unes  de  bronze. 

Apollonie,  en  Thrace.  AHOAA.Sa.inOAAíár- 

MIHTlOíí.  Ejí.  nOKTQ*. 


A P O 

Les  ffiédailles  autononiss  ds  cetté  vale  fení : 

BR.  en  argent.  (Pellerin), 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Leur  type  ordinaire  repréfente  ttois  femmes 
danfant. 

_ Cene  ville  a fak  frapper  des  médailles  impé- 
riaies  grecques  en  I'honneur  de  Julia -Domna  ^ 
de  Seprtr.-Sévére  , de  Caracalla^  de  Cordien 

APOLLONIES  5 fetes  établies  en  Thonneur 
d'Apoilon,  par  íes  habitans  d’Egiaiée.  On  dit 
■qu'ApolIon , aprés  la  défaite  de  Pyth'on  j s’étant 
retiré  a Egialée  avec  Diane  fa  foear , en  fut  chaífé 
par  les  habitans  j & fut  obligé  d’ailer  chercher 
tiñe  retraite  dans  fifle  de  Créte.  Peu  de  tems 
aprés , h pdfe  faifant  de  grands  ravages  dans 
Egiaíée , on  ent  recours  á f Oracle  , qui  répondit 
que  pour  faire  ceíTer  le  fléau , il  falloit  députer 
fept  jeunes  filies  & autant  de  jeunes  garqons  í 
ApoÚon  & á Diane  .j  pour  les  engager  a reteñir 
dans  leur  vilfe.  Les  deux  divinites  retdnrent  a 
Egialée,  oú  la  pefte  ceíTa  aufíitot;  & en  mémoire 
de  cet  événetnenr  , on  faífoit  fortir  tous  les  ans 
le  méme  nombre  de  filies  , coinnie  pour  aller 
riiercber  Apoüon  & Diane. 

APOLLONQPOLIS , en  Egriíte.  AnOA. 

Cene  viíle  a fak  frapper  des  médailles  knpé-  ■ 
ríales  grecques  en  l*Íionneur  d'Hadrien. 

APOLLONOS , ille.  AnoAAíiNor. 

Les  médailles  antonomes  de  cene  ifle  font.* 

RRR.  en  bronze.  (Pellerin.). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Apollonos-Hierit^  , en  Lydie,  AnaAAííN 

ÍÉPEITíiN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  bronze.  (Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  ville  a fak  frapper  des  médailles  impe- 
riales greeques  en  ihonneur  de  Tibére  & de 
Néron. 

APOMYOS  , mufcarius.  Hercule  etant  incom- 
fnodé  par  Ies  mouches  pendant  qu’il  facnfioit  a 
Júpiter  dans  Elis  , pria  ce  dieu  de  les  chaiTer.  I>e-lá 
vint  que  Ies  Eliens  retmrent  la  coutume  de  facri- 
fier  a Júpiter  Apomyos,  c’eft-á-dire,  qui  chaflb  Ies 
mouches.  Cn  trouve  ce  fujet  repréfenté  fur  des' 
pierres  gravées.  Bellori  en  a rapporté  une  qadi 
a mal  expliquáe  j.  elle  reiTemble  beaucoap  á une 
páre  antique  du  barón  de  Stofch fur  íaquelle 
en  voit  une  tete  de  Juoiter  en  forme  de  raouche.  ! 
Les  deux  ailes  de  rinfecle  forment  la  barbe  dii 
dieujleeorps  en  fak  !e  vifage.  Se  au-deíTusdu  front 
eft  la  rere  de  la  mouche  avec  fes  deux  aíiembiages 
d’yeux,  qui  font  trés-aifé's  á rsmarquer.  Winkel- 
siann  Pa  piibliée  dans  fes  M^onum.  anticki  inediti. 
Ce  nom  de  Júpiter  eíl  compofé  ct'cí'sra  y loin-,  & de 
mouche; 

APON' jc,  fbxítaaie  prés  de  Padoue,  iaqnelle,  S ■ 


A P O 217 

■en  tn  veet  croire  Claadien , rendoit  la  parole  aux 
muets,  8t  guérifibit  toutes  les  maíadies : prés  de-!a 
étoit  un  Oracle  de  Géricn. 

A'nOHYOMF.'KH , qui  fe  frotte , dii  grec  ási- 
(Dsftai,  je  me  frotte.  Cétoit  ie  nom  d’une  fiatue, 
ouvrage  de  Lyíippe,  qui  étoit  placee  á Rome 
devant  les  thermes  d’Agrippa , & que  les  cris  du 
peuple  obligérent  Tibére  á óter  de  fa  chambre, 
OU  il  Favoit  fait  tranfporrer,  pour  la  remetrre 
devant  Ies  thermes  du  gendre  d’Auguífe.  Pline 
racontece  trait  de  la  vie  de  Tibére  dans  les  termes 
fuivans,  C34.  8.)  : Plurima  ex  ómnibus  Jigna  fecit 
Lyfipp  US  fie  candi j}ini&  urtis  , Ínter  qus.  difiringentem 
fe  j quem  M.ar.cus  Agripan  ante  tkermas  fias  dica- 
vit  y mire  gratum  Tiberio  principi  r qui  non  quivit 
temperare  fihi  ab  eo  , quamquam  imperiofis  fui  ínter 
-initia  principatás  , tranfiulitque  in  cubiculum  , alio 
ibi  figno  fubfiituto  : ciim  quidem  tanta  populi  romani 
contumacia  fuit,at  magras  theatri  clamoribus  repone 
Apoxyomtnem  fiagitaverit , princepfque  adametuvt 
tepofierit. 

Cette  ftatue  repréíéntok  un  homme  quí  fe  dé- 
craíToit  avec  un  ílrigil;  peiir-étre  étoit-elle  le  por- 
trait  de  Tydée.  V.  ce  mot. 

APOPHORÉTES.  C’eft  «n  mot  donr  on  eff 
obligé  de  fe  fervir  en  traduífant  fdartial  , qui  a 
donné  ce  nom  á queiques-unes  de  fes  épigrarr.mes. 
ñ fignifie  des  dons  & des  préfens  qui  fe  faifoient 
pendant  les  Saturnales,  en  certaines  folemnités,. 
dans  les  jeux  publics  , au  pour  caprer  les  fuíFrages 
du  peuple. 

Les  apopkoretes  y dérivés  ^ ¿í-zrsftya , je  rem- 
porte  , étoient  proprement  de  petits  préfens  qua 
f on  envoyok  de  fa  rabie  á íes  amis.  Suétone  nous- 
Fapprend  dans  la  vie  de  Caligula,  (c.  jf.  7. ) : 
atgitatori  Tutycko  comeffdtione  quádam  in  apopko- 
retis  vicies  H~S.  contulit.  » il  donna  dans  un 
feílm  pour  préíent  de  tabla  vingt  mílle  fefterces 
a Eutychus  C’étok  pendant  le%Satuma!es  , & 
aux  hommes  feuls  , qu  on  dbnnoit  les  apopkoretes^ 
Suétone,  dans  la  vie  de  Vefpafien, ’( 19.  4. ) re- 
marque comme  une  choíé  extraordinaire , que  c« 
prínce  en  envoj’-ok  auííl  atix  femmes  au  joiir  des 
calendes  de  mars  : Dabat  ficut  Satumalibus  viris 
apophoreta  , ita  & per  kalendas  martii  fiminis. 
Symmaehe  (Evift.  u.  80.)  donne  encore  le  nom; 
^apophroretes  aux  préfens  que  faifoient  á leitrs- 
atnis  & á léiirs  cliens,.  ceux  qui  avoient  donné  des. 
jeux  au  peuple. 

On  appela  apopkorete  la  corbeille  ou  le  vaiiTeau 
piar  qui  fervoit  á porterces  préfens.  Eeger  (tom.  3, 
p.  42.4.)  a donné  la  figure  d’un  inlrriiment  rend, 
qui-  a une  queue , & cus  eft  piar  & fans  profon- 
dear, II  i appelle  apophorete  ou  apophérete.  Cdít 
une  limpie  patére , femblable  á celles  des  Etruf- 
queSjqui  ont  ordinairemenr  une  queue  eu  manche; 
ároir. 

APOPI5.  V.  Afhophis. 

AnonoMnAi , jours  ccnfácré's  au'  cuíte  de« 
datux  finmommés  ■sauxAtm^  On  a envque  Meicuie:,) 


23S  A P o 

en  qualité  de  conaufleur  des  ames  aux  enfers , 
étok  une  des  divinités  honorées  dans  les  jours 
ÍTíonoii^aí.  Mús  Potter  penfe  que  les  dieiix  aux- 
. queis  on  lacriñoit  dans  ces  jours  particuHers , 
étoient  ceux  qui  étoienr  appeles  , c eft- 

á-dircj  «B-íTiSírsi  j felón  rexplication  deFhavorinj, 
OU  ÁtiFó!  , ¡ (falícíj  & enfin  k-atn^mcíioi , 

en  latín  averrunci ; parce  qu’ils  repouíToient  & 
éloígnoient  le  malheur  : tels  étoient  Júpiter  j Her- 
Gule  5 & quelques  autres.  Potter  lit  d'aprés  cette 
oDínion  ¿s-í5r«^5!ra/«í5-j  dans  Tendroit  d’Héfychius , 

OU  i Oil  volt  jTfljítfcTeí/iSís-. 

APORRHAXIS,  3 je  fonips  j 

. j’interromps.  C’étoit  un  jeu  des  anciens  ^ qui  con- 
íiífoit  á jeter  une  baile  obliquement  contre  terre , 
afin  qu’en  rebondúTant  elle  atteignit  des  joueurs 
qui  Patrendoient  Se  la  renvoyoient  de  méme.  Le 
premier  joueur  la  recevoit  ^ & la  iancoit  de  nou- 
veau  á fes  adverfaires,  mais  de  maniere  qa’elle 
touchoit  toujours  la  terre  avant  de  parvenir  á Pun 
OU  l'autre  grouppe  dé  joueurs.  C’étoit  une  efpéce 
de  jeu  de  baile  á la  main. 

ÁPOSTAT  (Julien  T).  Julien  II. 

AFOSTROPHIAj  furnom  de  Venus.  Paufanias 
-díítingue  trois  Vénus^  dont  il  appelle  Pune  Venus 
Avoftropkie , d’«¡srír¡)£0ia,  qui  éloignoit  despaílions 
infames.  Comme  il  y a , dit-il , trois  fortes  d’A- 
Hiours;  Pun  célefte  , c^eíl-á-dire , dégagé  du  com- 
merce  des  fens;  le  fecond  terreílrej  qui  s'attache 
á un  autre  fexe  & au  plaifir  du  corps  j Se  le 
troiíiéme  défordonné , qui  porte  les  hommes  á 
des  unions  abominables  : il  y a auífi  trois  Venus  ; 
Pune  célefte  j qui  pré.fide  aux  chaftes  amours  j une 
terreftre  ou  la  déeíTe  des  mariages ; & une  troi- 
liéme  5 qu’on  appelle  Apofiropkie  ou  Préfervatrice  , 
parce  que  c'étoit  á «He  qu’on  adreffoit  fes  voeux 
pour  étre  préfervé  des  defirs  déréglés. 

Les  Romains  luí  rendirent  un  cuite  pour  le 
Kiéme  fujet,  fgus  la  dénomination  de  Verticordia , 
ui  change  ¡es  cceurs.  lis  lui  dédiérent  un  temple 
ans  le  íiécle  de  Marcellus  , fuivant  un  avis  qu  iis 
trouvérent  dans  les  livres  des  Sybiiles. 

APOTIíECA , así%y¡x,y, , cabinetj  falle:,  cellier 
ou  grenier,  dans  lefquels  les  anciens  renfermoient 
Phui’ej  le  vin  & autres  objets. 

APOTHEOSE^  d’ásra,  auprésj  Se 

de  Í££? , dieu.  On  a donné  ce  nom  á ¡a  cérémonie 
par  kquelie  on  placoit  un  homme  au  rang  des 
díeux. 

Les  Perfes  & les  Egyptiens  n’élevérent  jamais 
des  hommes  au  rang  des  dieux.  Hérodote  eftjun 
garant  de  la  pureté.  du  cuite  des  premiers  {lib  '.  i ^ 
c.  13 1 , & lih.  8 , c.  143).  II  dit  expreífément  que 
les  Perfes  ne  croyoient  pas  , comme  les  Grecs  , que 
les  dieux  fujfent  des  hommes  déifiés.  C^eft  pourquoi 
Ies  Athéniens  reprochérent  á Xerxés  de  n avoir 
aucun  égardj  aucun  refpeét  pour  Ies  héros  de  la 
Gréce,  que  celle-ci  regardoit  comm.e  des  divinités. 
Les^ Egyptiens , en  fondant  leur  Mythologie^  ne 
déiíiérent  égalemeat  aucun  moitel.  Jablonski  a 


A P O 

porte  cette  vérité  jufqu  á la  démonñration  dañe 
les  proiegoménes  de  fon  Pantkéon  Mgyptiorum 

De  tous  íes  peuples  dont  Phiftoire  ait  conferv-í 
la  memoíre  Ies  Grecs  ont  les  premiers  élevé  des 
homrnes  á rimmortalité.  Tels  furent  d'abord  les 
héros  j car  Phéroífme  des  premiers  tems  étott 
chez  eux  une  efpéce  de  deification  ou  i'apotkéofe. 
Thucydide  nous  en  offre  un  exemple  frappanú 
Braiidas,  célebre  oapitaine  lacédémonien , ayant 
été  tué  auprés  d’Amphipoüs  ^ les' foldats  & les 
auxiliaires  Penfevelirent  avec  pompe  dans  fen- 
droit  de  la  ville  le  plus  apparent  ^ & oü  Fon  établit 
depuis  le  marché.  Les  Amphipolitains  élevérent 
une  enceinte  autour  de  fon  tombeau,  lui  ren- 
dirent  les  honneurs  décernésaux  héros,  établirect 
des  jeux  & des  facrifices  annuels,  & le  regar- 
dérent  toujours  comme  le  fondateur  de  leur  co- 
lonie. 

Ce  que  Luden  raconte  {de  Calumn.)  de  Yapo- 
théofe  d^Epheftion , doit  trouver  place  dans  cet 
arricie.  Cet  ami  d"AIexandre-le-Grand  étant  m.ort, 
le^  roi  de  Macédoine  ne  fe  contenta  pas  des  fb- 
néraiiles  magnifiques  qu  on  ¡ui  avoit  faites  par 
fon  ordre  5 il  le  placa  au  rang  des  dieux.  A Finf- 
tant,  les  viües  lui  bátirent  des  temples,  lui  éri- 
gérent  des  au,te!s  , & ¡ui  ofFrirent  des  facrifices. 
Par-tout  on  célébra  des  tetes  en  Fhonneur  da 
nouveau dieu,  & les  plus  grands  ferments fe firent 
au  nom  d'Epheftion.  Méprifer  ces  honneurs  pro- 
digues a un  m.ortel , eút  été  un  crime  capital. 

Les  fíarteurs  d’Alexandre  cherchant  a gagner 
fes  bonnes  graces,  Fexcitoient  á faire  plus  encore 
pour  fon  favori.  lis  feignoient  des  fonges  & des 
apparitions  de  ce  nouveau  dieu , auquel  ils  attri- 
buoient  des  guérlfons  Sedes  prédidtions,  & qui 
délivroit  de  toute  forte  de  m.aux.  Alexandre  y 
ajouta  foij  il  s'enorgueillit  de  pouvoir  faire  des 
dieux , & fe  perfuada  encore  plus  fermement  que 
Júpiter  étoit  fon  pére.  Combien  des  amis  de  ce 
monarque,  combien  de  fes  anciens  capitaines, 
accufés  de  nkvoir  pas  une  aíTez  grande  vénératioa 
pour  le  favori  déifié,  n’encoururent  pas  fa  dif- 
grace  ? 

Le  plus  remarquable  fiit  Agathoele  de  Samos, 
Fun  des  chefs  de  fon  armée  le  plus  habile , 6c  le 
plus  avancé  dans  fa  faveur.  On  Faccufa  d’avoir 
pleuré  en  paffant  devant  le  tombeau  d’Epheftion , 
& peu  ne  s’en  faJlut  qu’Alexandre , irrité,  pele 
fít  renfermer  dans  la  loge  d’une  lion  furieux. 
Perdiccas  ne  fauva  cette  tete  illuftre , qiFen  )urant 
par  tous  les  dieux,  & par  Epheftion  lui-meme, 
que  le  nouveau  dieu  lui  avoit  apparu  á la  chafie  , 
& lui  avoit  ordonné  d'enjoindre  au  roi  de^  par- 
donner  á Finfortuné  Agathoele.  S’il  a pleure  de- 
vant ma  tombe  , avoit  ajouté  le. dieu,  felón 
diccas,  ce  nTft  pas  qufil  me  regarde  comme  tomoe- 
fous  les  coups  de  la  mort , c’eft  plutot  parce  que 
le  fouvenir  de  notre  ancienne  amitié  s'eft  revené 
dans  fa  mémoire  Se  dans  fon  coeur. 

Les  Romains  ifimitérent  les  Grecs  que  fous  les 


A P o 

CÉfars.  lis  fe  contentérent , pendant  plulieurs  íié- 
cleSj  ce  divinifer  feulement  Ronaulus,  ieur  fon- 
daceur  j & ne  fongérent  point  á élever  á ce  rang 
aurun  de  leurs  grands  hommes  j mais  avant  perdu 
Ieur  liberté  fous  Jules-Céfar,  ils  fouffrirent  qu'Au- 
guítCj  fon  fucceíTeurj  le  fit  reconnoitre  pour  u;i 
dieUj  luí  bitit  des  temples  & lui  oftnt  des  facri- 
fices.  Augufte  j de  fon  vivant  meme:,  & á l'age  de 
vingt-huit  ans , fut  declaré  le  dieu  tuteiaire  de 
toutes  Ies  villes  de  TEmpire.  Cer  exemple  fut 
imité  fidélement  par  tous  les  empereiirs  qui  vinrent 
aprés  lui ; en  forte  que  fon  vit  au  rang  des  dieux  , 
non-feulement  les  hommes  les  plus  ilupides  j tels 
que  Ciaudcj  mais  encore  les  plus  fcélérats  : ils 
prirent  méme  le  furnom  de  Divas  entre  leurs 
titres  ordinaires. 

Hadrien  mit  le  comble  á ce  delire , en  célébrant 
Vapotkéofe  de  fon  indigne  favori  Antinoiis.  II  lui 
íit  élever  des  temples  attribuer  des  oracles.  Des 
infcriptions  I’appelérent  Synthróne  des  dieux  ; 
c elí-á-dire  partageant  Ieur  troné  , Ieur  podvoir 
& Ieur  immortalité-  La  mort  d^Hadrien  ne  fut 
pas  le  terme  du  cuite  rendu  á cette  divinité  in- 
fáme. On  continua  encore  á célébrer  des  jeux  & 
des  fétes  en  fon  honneur;  & une  viile  d’Egypte 
Quitta  fon  ancien  nom  pour  preñare  celui  d’An- 
tinoüs  j ainlí  qu'on  favoit  donné  aux  fleurs  du 
Lotus  j cet  objet  éternel  du  cuite  des  Egyptiens. 

Pline  le  ieune  ^ dans  fon  panégyrique  de  Trajan  , 
nous  a confervé  les  motifs  particuliers  ^ vrais  ou 
faux  j qui  ont  porté  chaqué  empereur  á faite  \‘apa- 
théofe  de  fon  fucceíTeur  : Dicavit  ccslo  Tiberius 
Augujlum  , fed  ut  majefiatis  numen  znduceret  ¡ Clau- 
dium  Nero^  fed  ut  irrideret ; Vefpafianum  Titas  , 
Domitiunus  Titum  : fed  Ule  ut  dei  filias  , hic  ut  fru- 
tar videretür  : tu  fideribus  patrem  intulifii  , non  ad 
tnetum  civium  , non  ad  contumeliam  numinum,  non 
itt  honor em  tuum.,fed  qaia  deum  cred/r.  »Tibére  a place 
Augufte  dans  le  ciel:,  pour  ennoblir  la  dignité  de 
I empereur 5 Néron  a déifié  Claude  , mais  pour  le 
rendre  plus  ridicuíe ; Titus  confacra  Vefpaíien  ^ & 
Dorniden  rendit  á Titus  les  mémes  honneurs  ; le 
motif  du  premier  fiit  d^avoir  un.  dieu  pour  pére  ¡ 
& celui  du  fecond  d'étre  firére  d’un  dieu.  Pour 
vous,  Trajan en  faifant  X apothéofe  de  votre  pére  , 
vous  n avez  pas  eu  en  vue  dhnfpirer  la  crainte  au 
peuple  romain  ¡ ni  de  ridiculifer  les' dieux  ^ ni  de 
vous  rendre  plus  recommandable ; mais  vous  favez 
deifié.,  parce  que  vous  le  croyez  un  dieu.  » 

On  voit  fouvent  fur  les  medaiües  im.périales 
•les  confecrations  des  impératrices  qui  font  dqíi- 
gnees  par  foifeau  de  Junon^  le  paon  ^ & \ts  apo- 
t -aojes  des  empereurs  exprimées  par  faigle  de 

upiter  ou  par  les  catafalques  á plufieurs  étages. 

es  attnbuts  font  relatifs  aux  cérémonies  prati- 
quees  dans  les  apothéofes , 8e:.que  nous  allonsdé- 
cnre  d apres  Hérodien , témoin  oculaire. 

»>  Les  Romaiusj  dit-il,  ont  ceutume  de  déifier 
empereurs  qui  labTent  des  enfans 
P m*u.ceéder>  & ils  appelient  apotkéofe  cette 


A P O 239 

coniecration.  (II  fjut  reconnoitre  ici  une  i.nesac- 
ntude  ou  une  taute  de  copiñe;  car  pluiieurs  em- 
ont  dei.né  ieurs  prédéceís'eurSj  quoiqu''iÍs 
ne  fuiTent  m leurs  peres  ni  méme  leurs  parens). 
Cette  íete , ceJeorée  par  toute  la  viile  , eft  un 
melange  de  joie,  ae  cuite  Se  de  deuil.  On  enfe- 
velit  le  cerps  du  mort  en  la  maniere  accoutumée  , 
ayec  une  grande  pompe  ^ & 1 on  fait  une  image  de 
círe  qui  lui  reífemoie  parfaitement.  Cette  image 
eft  placée  á f entrée  du  pakis  impérial  fur  un  fit 
d'ivoire  long  6¿:  elevé ^ couvert  de  tapis  broches 
d'or.^Elle  repiéfente  lempereur  makde  & palé, 
Au  coré  gauche  de  ce  lit^  fe  tient  ^ pendant  une 
grande  partie  du  jour^,  le  fénat  vétu  de  deuil^  c eíl- 
á-áirej  en  habits  blancs^  ainíi  que  les  dames  de 
qualitéj  qui  occupent  le  coré  droit.  Se  qui  ne 
portent  ni  or  ni  coiliers.  On  obferve  ce  deuil  pen- 
dant fept  jours5  Se  des  médecias  approchent  tous 
les  jours  dulit,  viíitent  le  prétendu  malade^  8c 
aíTurent  á chaqué  fois  qubl  fe  porte  plus  mal.  » 

» Lorfque  les  médecins  fappofent  que  i'auguftc- 
malade  a ceiTé  de  vivre  ^ de  jeunes  gens  ^ choilis 
dans  Tordre  des  chevaliers  Se  des  fénateurs , le 
portent  fur  leurs  épaules  le  long  de  la  voie  facrée, 
jufquk  l'ancien  Forum,  eú  les  magiftrats  romains 
avoient  coutume  de  fe  dépouiller  de  leurs  dignités. 
Des  gradins  font  élevés  des  deux  cotes  du  forum  ¡ 
Ton  y place  les  jeunes  garqons  des  familles  nobles  j 
Se  Ies  femmes  de  quaütéj  qui  chantent  alternati- 
vement  en  Thonneur  du  défunt  des  vers  graves 
Se  trilles. » 

" De-láj,  ils  tranfportent  le  lit  hors  de  la  viile  , 
dans  le  champ  de  Mars^  oú  eft  dreffé  un  catafalque 
carré  5 confrruit  avec  de  longues  piéces  de  beis, 
qui  laiíTent  entfelies  un  grand  vuide.  Tout  le 
dedans  du  premier  étage  eft  plein  de  matiéres 
combuftibles  , Se  le  dehors  couvert  de  tapis  bro- 
ches d'or;,  de  ftatues  á'ivoire  Se  de  Selles  pein- 
tures.  Au-defTus  de  cet  étage  s^éléve  un  fecond^ 
plus  petitj  Se  orné  dé  miémej  ayant  des  portes 
ouverteSj  furmonté  de  deux  autres  pareüS:,  mais 
dhine  grandeur  qui  diminue  par  gradation.  Le 
catafalque  entier  reíTemble  á ces  tours  appelées 
phares  , qui  font  báties  fur  les  ports  ^ Se  qui  portent 
des  feux  pour  éclairer  Íes  vableaux  ^ Se  les  guider 
dans  Tobfcurité.  » 

» On  place  le  lit  dans  Fintérieur  du  fecond  étage^ 
Se  on  Tentoure  d’aromates , de  parfums,  de  fruits  , 
de  plantes  j de  réfineSj  de  tout  ce  qui  peut  enfin 
exhaler  une  bonne  odeur.Toutes  les  nations^  toutes 
lesvilleSj  tous  les  grands  deTEmpirej  s^empreíTent 
d’offrir  ces  deraiers  préfens  á Ieur  ancien  maítre. 
Aprés  que  fon  a difpofc  íymmetnquement  ces 
offrandesj  la  cavalerie  fait  plufieurs  fois  le  tour 
du  búcher  avec  des  évolutions  íemblables  á cebes 
de  la  danfe  pyrrique.  Des  chars  brillans  montes 
par  des  gens  vétus  d babtts  bordes  de  pourpre  j 8c 
chargés  des  figures  de  Romains  célebres  par  Ieur 
courage  ou  par  Ieur  habileté  dans  la  condaite  de* 
Simées.,  exécutent  les  naéníes  évolutions.  » 


24(í  A P o 

» Le  prfsoe  qui  fuccld^  a l'Empífe)  prgftd 
fuste  ane  torche  ^ & met  se  fea  au  cataíaique  j ainfi 
que  toas  ceux  qui  laccompagnent.  Les  aromases 
& !es  matiéres  combuftibles  s’enfiamment  á Finf- 
tans.  Alors  on  fair  fortir  da  haut  du  búcher  un 
aigle^  qui;,  senvolant^  porte  j dit-on , aux  cieux 
Lame  du  prince , auquei  on  rend , depuis  cetce 
42-potkéofe,  íe  méme  cuite  qu  aux  anciens  diéux.  » 

Les  Honneurs  de  Y apothéofe  n’étoient  accordes 
en  Gréce  que  fur  la  réponíe  d^un  oracle,  &^á 
EoíTse  que  par  un  décret  du  fénat.  Cela  n’empé- 
cha  pas  que  le  grand  nombre  & l’indignité  des 
perfonnes  auxquelles  on  accordoit  ces  honneurs  > 
n’avüít  3 & méme  d’aíTez  bonne  heure  3 la  céré- 
monie  des  confécrations.  Juvénal  s’en  moque 
ouvertement3  & il  plaint  dans  fes^Satyres  Atlas  3 
qui  3 fatigué  de  tant  de  nouveaux  dieux  3 dont  on 
groffiffoit  le  nombre  des  anciens  3 gémilfoit  & 
étoit  écrafé  fous  le  poids  des  cieux.  L'cmpereur 
Vefpaíien,  qui  étoit  naturellement  railleur,  étant 
prés  de  mourir3  dit  á ceux  qúi  Lensdronnoient : 
Je  fens  que  je  commence  a devenir  dieu ; faifant 
allufion  á Yapotkéofe  qu  on  allok  bientót  lui  dé- 

Ndus  allons  rapporter  ici  & exphquer  la  plu- 
part  des  m^bres,  des  pierres  gravées  ou  des 
vafes  3 fur  lefqueis  on  trouve  Yapotkéofe  de  quel- 
qu’homme  illuftre  ou  de  quelqu’Auguíle;  Nous  ne 
parlerons  pas  des  apothéofes  ou  confécrations  des 
empereurs  gravées  fur  les  médaiiks ; elles  font 
aíTe’z  connues  par  Ies  catalogues  & les  defcrip- 
tions  des  cabinets  d'antiquités. 

Apothéose  d‘Momere.  íl  n’en  eft  pas  de  l’étude 
des  monumens  antiques3  comme  de  l’étude  des 
aucres  fciences.  C’eft  un  champ  vafte  3 ouvert  aux 
conjedures  de  ceux  qui  veulent  s'y  donner  car- 
riere;  Se  quelqu’oppofées  qu’elles  foient  entre 
elles  3 pour  peu  qu’elles  foient  ingénieufes  3 Se 
qu’on  fache  Ies  appuyer  de  quelques  autorités  des 
anciens,  elles  ne  manquent  guéres  de  procurer  a 
íeurs  auteurs  la  réputation  qu  ils  efperent : répu- 
tation  qu’acquiérent  bien  plus  difScilement  ceux 
qui  s’attachent  á des  fciences  qui  demandent  quel- 
que  chofe  de  plus  que  des  conjedures  & des  vrai- 
fémblances.  Le  célebre  monument  de  Yapotkéofe 
aHcmere  en  eíl  un  éxemple  trés-convaincant. 
Pluíieurs  favans  antiquaires  1 oiit  expliqué, chacun 
íélon  fes  vues.  Leurs  explications  3 quoique  fort 
dift'érentes  les  unes  des  autres  3 leur  ont  faic  hon- 
neur  á tous. 

On  fait  que  ce  monument  eft  l’ouvrage  d’Ar- 
chélaüs  de  Priéne , fameux  fculpteur  de  Fantiquité ; 
& le  P.  Kircher  prétend , avec  afléz  de  fonde- 
íT.ent',  que  c’eft  Fempereur  Claude  3 grand  ama- 
teur des  lettres  grecques , & fur-tout  des  ouvrages 
d’Kcrr.ére , qui  le  fit  conftruire  a 1 honnear  de 
ce  poétfe.  Qaoi  qu’il  en  fo!t , on  le  trouva  en 
I<568  fur  la  voie  Appienne,  prés  d’Albano,  dans 
un  endroit  appelé  autrefoís  ad  Bovillas  j & au- 

jouíd’hui  Fracocckie  t appartenant  aux  princss 


A P O 

Colonnc,  «ü  Fempereur  Claude  avoit  autrefoís 
a de  plaifance ; & ii  fait  aujoura’hui 


ung  iTiaiion  > w,  ü í^íl  ¿tujouio'. 

Fun  des  principaux  ornemens  du  |)alais  de  ces 
princes  á Rome, 

Ce  célebre  monument  fut  auflitót  expliqué  par 
le  P.  Kircher , dans  fon  Latium  ¡ rnais  comme  it 
laiíía  beaucoup  de  chofes  fans  explication , oa 
avoit  cru  que  MM.  Sévérali  3 Falconiéri  & Span- 
heim  3 trois  célebres  antiquaires , acheveroient 
d’en  défricher  toutes  Ies  parties.  Cuper  s’eft  chargé 
de  ce  foin ; & ii  s’en  eft  fort  bien  acquitté  dans 
un  ouvrage  fait  exprés  3 intitulé  : Apotkeofis  íf 
Confecratio  Homeri , ou  il  rend  compre  aufli  des 
fentimens  particuliers  de  MM.  Spanheim  & Nicolás 
HeinliuSj  fur  les  endroits  les  plus  embarraffans  de 
ce  marbre.  Gronovius  en  a donné  une  explication 
particuliére  3 dans  le  tome  lí  de  fon  Tkefaurus 
Antiquitatum  Gracarum ¡ & M.  Wetftein  aFait  la 
méme  chofe , dans  fa  Dijfertatio  de  fato  feripto~ 
rum  Homeri.  Nous  allons  donner  un  précis  exa^ 
de  chacune  de  ces  explications. 

I.  Le  P.  Kircher  partage  ce  monument  en  trois 

©rdres  ou  degrés;  celui  dkn-haut  3 celm  du  milieu 
&■  celui  d’en-bas.  Dans  le  premietj  ü reconnoít 
Júpiter  aíiis  fur  le  Parnaíre3  écoutant  k demande 
de  fix  femmes , qui  font  autant  de  villes  qui  s’in- 
téreflent  á la  gloire  d’Homére.  Dans  le  fecond, 
il  compre  ciño  femmes '&  un  vieiliard3  qui  rá- 
dient  de  faire  valoir  le  mérite  d’Homére  par  leurs 
aáions  : il  prend  la  premiére,  qui  eft  aíTife,  pour 
la  poéfie ; la  feconde , montrant  un  gIobe3  marque 
le  beau  talent  d’Homére  á parler  de  la  fabrique  du 
m.onde ; la  troiíiém.e  contemple  avec  étonnement 
les  divins  écrits  d’Homére ; la  quatrieme  & la 
cinquiéme  tiennent  Fuñe  une  lyre  3 & 1 autre 
FIliáde  : elles  font  dans  un  antre , demente  ordi- 
naire  des  Mufes  3 & ont  un  are  & un  carquois  a 
leurs  pieds , pour  figniíier  íes  amours  des  dieux, 
dont  Homére  a parlé.  Du  vieillard,  ii  fait  un 
fiamen  cu  prétre  d’Homére , qui  devoir 

d’offrir  au  uouveau  dieu  un  facrifice  ál’égyptienne; 
ce  qui  eft  déíignépar  les  flambeaux  & par  la  lettre 
tautique  ou  la  croix  á anfe , qa’il  croit  voir  der- 
riere  ce  prétre.  Dans  le  troifiéme , il  trouve  une  apo- 
tkéofe  d‘ Homére  dans  coutes  les  formesj  Se  en 
eífet  3 elle  y eft  íi  bien  repréfentée  , qu  il 
nullemenr  á douter  la-deíTus.  On  verra  dans  . ex- 
plication fuivante , quehes  font  les  figures  qui 
oceupent  ce  troifiéme  degré- 

II.  Le  fentii  * ' '' 

cehii  du  P.  Kiimti.  i.»  “ “‘i ' „ ' ' > 

cejéfuite  prend  pour  Júpiter,  il  en  fait  Horoer 

accompagné , -á  la  vérité , de  divers  atrnbuts  con 
venables  a Júpiter,  reís  que  fon  aigie,  Fuu 
fondiadéme,  & de  plus  place  fur  le  montO-y 
Des  onze  femmes  qui  font  au-deíTous , en  e 
rangs  , il  en  fait  onze  Mufes , parce  qu  p 
deux  nouvel'esanx  neuf  andennes ; favoir,  i ^ 

& FOdyíTée,  qui  font  placees  fous  i antre,  ^ ^ 

connoit  celk-ei  au  diapea»  d’ülyffe,  qu*  ^ 


A P o 


A P O 241 


fes  pieds , íe  Tantre  á I’arc  & au  ear<?iipis  Cju’il 
prend  pour  fes  fymboles.  De  Thomme  en  man- 
tean qui  eft  place  á coré  de  Tantre , il  en  fait  ou 
Homére  chantanr  fes  vers,  ou  Linus,  ou  Lycur- 
gue  j,  ou  Binethus , Chius  , ou  Orphée , ou  un 
jnagiftrat  de  ThébeSj  ou  Pihftrate , felón  HeiníiuSj 
ou  Pitracus,  felón  31.  Spanheim.  Dans  Tétage 
d’er.-bas  j on  vok  Homére  aiTis,  ayant  á fes  córés 
riliade  & rOdyíTée,  fes  filies,  8¿  á fes  pieds  fa 
Barrachomyoanachie , défiginée  par  des  rats  qui 
rongenr  un  parchemin.  Derriére  lui  font  leTems 
&i‘Harmome,  qui  luí  metteat  une  couronne  fur 
la  tere.  Devant  lui , on  voit  un  autel , avec  un 
boeuf  donr  le  col  eíl  d’une  forme  exrraordinasre  ; 
á coré  de  cet  autel,  font  la  Fable  & i’Hiftoire, 
fuivies  de  la  Poéíie,  de  la  Tragédie,  de  la  Come- 
die, de  la  Nature,  de  la  Verru,  de  la  Mémoire, 
de  la  Foi  & de  la  SageíTe. 

III.  Spanheim  ne  s'eft  attaché  qu’a  la  figure  de 
i’homme  en  manteau  , & á ce  qui  Faccompagne. 
II  le  prend  pour  un  philofophe  grec , á caufe  de 
fon  habillement;  & parce  que  le  fculpteur  qui  a 
fair  ce  beau  monument  étoit  de  Priéne , il  pretend 
que  c’eít  le  philofophe  Bias , Fornement  de  cette 
vilie  , quhl  a repréfenré  ici.  II  rapporte  les  flatn- 
beaux,  qu’Il  trouve  aux  deux  cotes  de  ce  philo- 
fophe , á la  coutume  des  anciens  d’en  avoir  dans 
leurs  temples  : mais  pour  la  lertre  tautique  , ou  la 
croix  á anfe  , attachée  á la  tete  de  ce  philofophe  , 
& qui  touche  á la  machine  fphérique  qui  eft  der- 
riére lui , il  avoue  ingénuemeiit  qif  il  en  ignore  la 
figniScation.  II  fe  fouvient  bien  du  trépied  d’or 
qui  fut  porté  á Bias ; mais  il  ne  trouve  pas  que 
cette  figure  reíTemble  á un  trépied , qui , d’aü- 
leurs , eft  toujours  placé  aux  pieds,  & jamais  á 
la  tete  , dans  Ies  anciens  monumens.  li  demande 
enfin  li  cette  machine,  quelle  quelle  puiíTe  étre, 
ne  pourroit  pas  íe  rapporter  au  beau  mot  de  Bias : 
omnia  mecum  porto  ? Demande  qui  paroít  aíTez 
extraordinaire. 

IV.  ?\icolas  Heinfiiis,  de  meme  que  Spanheim , 
n’a  expliqué  que  deu.x  endrcits  de  ce  marbre.  II 
prend  Fhomme  en  manteau  pqur  Piíiítrate , le 
compilateur  des  (Euvres  d’Homére;  ce  cui  paroít 
donteux  á M.  Cuper,  á caufe  de  la  figure  égyp- 
tienne  qui  eft  fur  la  tete  de  cet  homme  : il  prend 
pour  des  fymboles  d’ApolIon  Farc  & le  carquois  , 
auíE-bien  que  la  lyre  qu’on  voit  fous  l'antre ; ce 
que  M.  Schott,  dont  nous  par'erons  plus  bas, 
trouve  íi  bien  renconrré , cu’ü  ne  doute  point  oue 
li  iíemlias  eíir  noulTé  plus  loia  cette  premiére  dé- 
couverte  , ii  n"eút  enfin  donné  Fentiére  explica- 
tion  de  ce  beau  monument. 


\ . Gronovias  croic  que  Fhomme  en  manteau 
eft  un  faypt  égyptien  ;'ce  qu  il  recueille  da  ca- 
raciére  hiéroglyphique  qa’il  croit  voir  derriére  lui 
& fur  fa  rete  5 Se  par  cette  raifon  , il  ne  doute 
PP;.nt. cus  ce  ne  foic  le  nrécepteur  d’Homére,  qui 
tfétort  pas  moins  inftruir  dans  la  .'cience  des  Eg}'p- 
tiens  que  cans  celie  des  Grecs.  II  pafi'e  enfuite  a la 
^ Tome  /. 


figure  qui  appuie  fa  .main  gauche  fur  une  pierre  a 
Fentrée  de  Fantre,  Se  qui  tient  de  la  droite  un 
rouleau  de  papier ; il  la  prend  fans  diíEcuIté  pour 
Homére  encore  jeune  , fortant  de  Fécole  de  fon 
maitre  égyptien.  Le  volume  que  cette  figure  tient, 
& fon  vifage  jeune  & beau , que  3Í.  Gronovius 
trouve  aífez  reíTemblant  au  portrait  d’Homérc 
aíiis  au  haut  da  marbre , luí  fervent  de  fondement. 
Mous  n’avons  rien  á dire  fur  la  preuve  quil'fire 
de  ce  volume  ; car  nous  ne  favor.s  pas  bien  en  quoi 
il  peut  déíigner  ici  Homére  ; mais  quant  á celie 
qifii  tire  de  la  reíTembíance  entre  ces  deux  figures, 
elle  eft  aíTurément  tóate  nouvelle  & touts  íingii- 
liére;  Se  Fon  ne  fauroit  nier  fans  injuftice  , qú’elle 
ne  foit  due  toute  entiére  á la  pénétration  de  Gro- 
novius. L’autre  figure  qui  eft  fous  Fantre , & qui 
joue  de  la  lyre,  lui  fetnble  étre  une  de  ces  fem.mes 
favantes  du  vieux  tetas  , des  lumiéres  de  laqiielle 
Homére  auroit  parriculiérement  profité  en  com- 
pofant  fes  ouvragesj  il  doute  cependant  íi  c’eft 
Daphné  ou  la  Sybilie,  filie  de  Tirélias,  ou  Héléne 
pu  la  Fantaiíie,  íemme  qui  a voit  écrit  YHiftoire 
de  Troye  long-tems  avant  Homére.  II  croit,  avec 
Cuper  Se  Wetítein , que  ce  qu’on  voit  aux  pieds 
de  ces  deux  figures  eft  le  chapean  d’Llyfte  5 mais  ü 
obferve  de  plus  une  chofe  bien  remarquabíe,  á 
iaquelle  ces  MM.  if  ont  pas  pris  garde  : c’eít  qu’il 
y a ui!  ruban  pofé  fur  ce  chapeau.  Se  que  ce  ruban 
eft  la  ceinture  d’LIyíle.  Si  Fon  ofoit  hafarder  quel- 
ques  conjeéiures  dans  u.ne  matiére  auffi  impor- 
tante que  ceile  ci,  ne  pourroit  on  pas  dire,  fans 
chercher  tant  de  myftéres,  que  ce  ruban  n’eft 
atiere  chofe  que  Fattache  du  carquois  pofée  fur  le 
chapeau  Mais  cela  feroit  peut-étre  trop  limpie  , 
Se  ne  coúteroit  pas  aíTex  á Fimagination. 

VI.  L’expHcation  de  M.  Wetftein  ne  différc 
prefqu’en  rien  de  ceile  de  M.  Cuper.  Il  prend 
Fhomme  en  manteau  pour  Homére,  rangé  parmi 
les  Muíes  apres  fa  confécrauon  ; il  prend  pour 
Flliade  Se  FOdyíTée  , les  deux  figures  qui  font 
fous  Fantre ; Se  il  croit  que  c^ft  un  chapeau  qui 
foi’.rient  Farc  Se  le  carquois  dépeints  ds.ns  cette 
antre. 

VIL  M.  Schott,  confeiiler,  bibiiothécar.e  Se 
antiquaire  du  roi  de  PraíTe,  a propofé  une^expli- 
cation  de  ce  célebre  monument,  á laqueile  nous 
nous  arréterons  un  peu  plus  long-tems  ; ii  la  div.fe 
en  quatre  partiess  favoir,  I,  en  remarques  prcT mi- 
natrás  ; lí , en  explication  du.  rrMrhre  en  dttail ; 
IIÍ,  en  éclaircijfemens  fur  quelques  endrozts  , Se 
IV  enfin,  en  obfervutions  partlcuueres. 

I.  Les  obfervatioíis  préliminaires  roulent  fur 
cinq  endroits  de  ce  marbre. 

f.  Le  premier  eft  Fantre,  Se  ce  qu’il  rentarme; 
31.  Schott  trouve  la  , non-feulement  les  Gmboies 
d’Apoíloñ,  dans  Farc  , le  carquojs  & la  Ivre,  mais 
il  y trouve  encore  Apollon  Im-méme , tenan:  d’une 
main  la  Ivre  Se  de  Fáutre  le  pieCíre.  11  croir.que  ce 
que  Cuper  Se  3Vsífíein  prennent  pour  le  chapean  , 
eft  une  cortine,  iniírumeut  áu  te.mple  deDelphes, 


dont  ón  dónhera  Téiíplicatioñ  dans  la  fuke;  Scii 
regarde  comme  !a  pythie  ou  la  prétreíTe  de  ce 
temple  , la  figure  que  Cuper  & Wetftein  prennent 
pour  rOdyflee  j & Gronovius  pour  Homére  en- 
cere jeune.  Touc  cela  paroít  clair  de  foi-mésne  a 
Tauteur  mais  il  ne  laiffe  pas  á'en  promettre  de 
bonnes  preuves. 

z.  Le  fecond  eñ  la  montagnc  que  repréfente  le 
haut  de  ce  rnarbre.  L’auteur  prétend , avec  le 
P.  Kircher  & N.  Heinfius  ^ que  c’eft  le  mont  Par- 
naíTcj  centre  Pavis  de  Cuper  & de  Gronovius, 
qui  veulent  que  ce  foit  le  mont  Olympe.  II  re- 
connoit  que  ¡e  Parnaffe  avoit  deux  íbmmets,  & 
qu'on  n'en  voit  qukin  ici;  mais  outre  que  l'ouvrier 
a pu  fe  contentor  d’un  de  ces  fommets  pour  fon 
ceífin , & qu  ii  a bien  fait  connoítre  par  un  che- 
min  tracé  au-deíTus  de  l’antre,  quil  y en  avoit 
¿eux  j cet  antre  decide  nettement  la  chofe  5 car 
aucun  auteur  ancien  n’a  parlé  d’un  pareil  antre  fur 
■l'Olympe,  au  lien  que  celui  du  Parnaífe,  appelé 
Coryeium  par  les  anciens , étoit  trés-connu.  On 
prouve  cela  par  un  paffage  du  dixiéme  livre  de 
Paufanias,  qu’on  peut  voir  dans  l'auteur  tnéme. 

3 . Le  troifiéme  eft  la  figure  appuyée  de  la  main 
gauche  a Tentrée  de  Pantre.  M.  Schott  croit  que 
c’eft  la  pythie  ou  la  prétreíTe  dbA pellón,  & non 
pas  la  Sybille,' que  les  favans  confondent  fouvent 
trés-maí-a-propos  avec  elle.  Selon  la  remarque 
judicieufe  de  M.  Petit , dont  on  rapporte  un  beau 
paíTage , ce!le-ci  pouvoit  prédire  en  tout  tems  & 
en  tous  lieux,  aii  lieu  que  ceíle-lá  ne  le  pouvoit 
que  lorfqu’étant  fur  le  trépied , elle  recevoit  Tinf- 
piration  divine  dans  le  temple. 

4.  Le  quatriéme  eft  le  vieiilard  repréfente  au 
haut  de  la  montagne.  M.  Schott  rejette  le  fenti- 
ment  de  ceux  qui  le  prennent  potir  Homére,  parce 
qu’il  ne  fauroit  sfimaginer  que  fouvrier  eút  expri- 
me fur  un  feul  monumeht  deux  aipothéofes  d'une 
méme  perfonne.  II  ptend  done  ce  vieiilard  pour 
Júpiter.  Eneffetjfa  contenance,  fonhabülement, 
fa  pique  ou  fon  íceptre  , & ptincipalement  fon 
aigle,  font  autant  de  marques  certaines  qui  dé- 
pofent  en  fa  faveur.  M.  AdiíTon,  qui  avoit  mis 
un  foudre  á la  mam  de  cette  figure,  n’avoit  pas 
bien  exam.iné  ce  moniiment.  Ln  femblable  fym- 
bole  ne  convenoit  point  ici , oú  Júpiter  n"eft  pas 
place  pour  punir  le  crime,  mais  pour  récompenfer 
le  mérite  & la  vertu- 

5.  Le  cinquiéme  enfin , eft  Fhomme  en  man- 
tean , qui  a tant  embarraffé  les  interpretes.  L^’au- 
teur , e.nrrainé  par  Tautorité  du  P.  Kircher , de 
mérne  que  prefque  tous  les  favans  avoit  d'abord 
cru  que  c'étoit  un  prétre;  mais  aprés  avoir  confi- 
déré  la  chofe  plus  attentivement , il  s’eft  rangé  á 
Topinion  de  Spanheim  , qui  prend  cette  figure 
pour  le  philofophe  Bias , Thonneur  de  la  ville  de 
Priene,  patrie  de  l'ouvrier.  It  s'en  éloigne  cepen- 
dant  en  ceci ; c’eft  qu'il  ne  regarde  point  ce  mor- 
ceau  comme  une  figure  qui  faíTe  partie  de  I’u/o- 
tkéofe,  mais  fimplement  comme  une  ftatue  pofée  1 


A P Ó 

fur  ce  rnonnment  par  l'ouvrier,  pour  honorerfa 
patrie.  Contre  le  fentiment  de  tous  les  auteurs 
qui  ont  expliqué  ce  monument,  il  ne  reconnoit 
autre  chofe  qu  un  trépied  dans  tout  ce  qui  eft 
repréfenté  derriére  ,&  au-deffus  de  la  tete  de  ce 
philofophe  5 il  ne  concoit  rien  de  mieax  imaginé 
que  cela  pour  caraétérifer  Bias,  á qui  les  autres 
fages  de  la  Gréce  envoyérent,  comme  au  plus 
fage , le  trépied  d’or,  que  des  pécheurs  loniens 
avoient  trouvé  j & il  doute  fi  pea  que  cette  ñame 
foit  celle  de  ce  philofophe  , qu’il  afíure  que  la 
poftérité  doit  étre  Fort  redevable  au  fcuípteur 
Archelaüs , de  lui  avoir  confervé  la  figure  & le 
portrair  de  ce  grand  homme  , qui  lui  manquoit, 
& que  les  curieux  avoient  vainement  cherché  juf- 
qu'ici  avec  beaucoup  de  foin.  C’eñ  dommage  qu'on 
foit  obügé  de  perdre  une  efpérance  auífi  flatteuíe 
que  celle-lá , prefqu’auftitót  qu'on  l'a  conque , & 
que  l'auteur  ait  été  contraint  de  la  détruire  lui- 
méme  par  la  nouvelle  opinión  qu'il  a embraffée, 
touchant  cette  figure,  vers  la  fin  de  foa  ouvrage. 

II.  Aprés  ces  préliminaires,  M.  Schott  vient  a 
l’explication  du  rnarbre  fuivant  i'idée  qu'il  s'en  eft 
faite , & qui , comme  i!  en  eft  perfuadé , eft  celle 
dé  l'ouvrier  méme.  Selon  lui , cet  ouvrier  ? eft 
conduit  par-tout  en  artille  habile,  ingénieux  8c 
de  trés-bon  goút.  II  ne  s'eíl  point  bomé  á la  feule 
circonftance  de  V apotkéofe  d'Homere , mass  il  a 
fait  entrer  aufli  dans  fon  deffin  ce  qui  a précédé 
cette  cérémonie.  Pour  cet  effet,  il  a repréfenté 
une  efpéce  de  négociation  entre  Apollen , Júpiter 
& Ies  Mufes  pour  la  déification  d’Homére;  & it 
a partagé  fon  ouvrage  en  trois  aóles  différenSjque 
nous  examinerons  Tun  aprés  l'autre. 

1.  Dans  le  premier,  qui  eft  au  milieu  du  mar- 
bre  , Clio  & Üranie , í'une  reconnoiííable  á fa 
lyre , & l'autre  á fon  globe,  s'entretiennent  da 
mérke  d'Homére , & de  la  jiiílice  qu’il  y auroit 
de  le  mettre  au  nombre  4^  dieux.  Calliope , apres 
avoir  propofé  l’affaire  á'^pollon  , qui  eñ  á l^cn- 
trée  de  l’antre  , en  attend  une  réponfe  favoranle, 
& femble  en  recevoir  l’acle  de  confentement  dans 
un  roulea'u  que  lai  préfente  la  pythie  qui  eft  a cote 
d'Apollon. 

2.  Dans  le  fecond  , qui  eft  en-haut  du  rnarbre, 
Polymnie,  députée  par  fes  compagnes,  propofe 
la  chofe  á Júpiter,  Se  recoit  fon  confentement, 
qu’Erato  , qui  eft  á cóté  d’elle,  apprend  avec  de 
fi  grands  tranfports  de  joie , qu’elle  en  hmstofa- 
ber  fa  lyre,  & qu’elle  fe  met  á danfer  & fauter 
d’une  maniere  extraordinaire.  L’auteur  eft  furpris 
que  le  P.  Kircher  ait  trouvé  dans  cette  figure  ^ 
pofture  dhne  perfonne  qui  fupplie  Júpiter  avec 
une  vénération  profonde.  On  voit  enfuñe  Euter^ 
qui  tient  deux  fiambeaux,  felón  le  P- 
quelques  aúnes,  ou  felón  .M.  Schott,  deu^nutes, 
dont  elle  eft  I’inventrice.  Aprés  elle  vient  1 
chore  , qui  tient  une  cyrhVre.  L auteur  elt  ^ i- 
fáché  qu’elfe  foit  mal  deffinée  par  le  eopifte^»  c 
un  deííin  exaél  de  cet  endroit  da  rnarbre  , 


A P o 

lí'un  gfand  íecours  pour  établir  la  ditférence  entre 
la  lyre  & la  cythare  anciennes  ^ qu’on  n’a  pas 
encore  aílez  bien  expüquées.  Cecre  Mufe  fait 
íigne  aux  deux  precedentes  de  ne  point  inter- 
rompre,  par  leurs  mouvemensy  les  louanges  du 
nouyeau  dieu,  ou  les  adiions  de  grace  á Júpiter  , 
que  chantent  deja  Melpoméne  & Thalie.  Selon 
Cuper toutes  les  Mufes  chantent  j mais  felón 
Tauteur  j ii  n’y  a que  ces  deux  derniéres  qiii  le 
faíTent,  &-rriéme  leur  a<9;ion  lui  paroit  dépeinte 
ü naívement,  qu'il  lui  femble  Ies  entendre. 

3.  Dans  le  troiíiéme  enfin,  on  trouve  l’apo- 
thJofe  d'Homere.  Cette  cérémonie  fe  paíTe  dans  un 
temple , dont  le  dedans  eft  orné  d'une  íapiiTerie. 
Cela  fe  pcouve  par  des  colonnes  placées  á dif- 
tances  egales.  Gronovius  a tort  de  n’étre  pas  de  cet 
avis._  Homére  , comme  le  principal  perfonnage  de 
Ja  ptece , y paroit  d’une  taille  plus  grande  que 
l ordinaire , & plus  conforme  á fon  nouvel  état 
de  dieu.  II  eft  aílls  devant  un  autel , au  bas  duquel 
on  voit  deux  lettres  qui,  felón  I’auteur,  doivent 
étre  deux  AA  fur  foriginal , & qui  lignifient  fans 
doute  le  nom  de  rouvrier , ApKtXaos 
Pas  un  des  interpretes  de  ce  marbre  n’a  pris  garde 
a ces  lettres.  La  Terre  Se  leTems 

cpuronnent  Homére , pour  marquer  qu’en  tout 
lieu , qu'en  tout  tems  , fon  mérite  fera  reconnu. 
L’IIiade  Se  rOdyíTée  (iaí«í)  (OsV^ía) , les  deux 
grands  ouvrages  de  ce  nouveau  dieu,  foutiennent 
fon  fiége.  Quelques  volumes  que  Ies  rats  rongent, 
lui^fervent  de  m.arche-pied.  La  plupart  des  inter- 
pretes croient  que  ces  petits  animaux  délignent  la 
Batra-ckomyomackie  d'Homere;  Wetftein  Se  Kufter 
en  doutent  li  peu,  qu'ils  les  prennent  pour  une 
preuve  certaine  que  ce  poéme  appartient  vérita- 
blement  á Homére.  M.  G ronovius  refute  fort  bien 
ce  fentiment.  Se  foutient,  avec  raifon,  que  fi 
q avoit  été  1 intention  de  rouvrier,  ii  n’auroit  pas 
manqué  de  placer  une  grenouille  entre  ces  fouris ; 
mais  lorfqu'il  avance  que  ces  rats  ou  fouris  re- 
gardent  ici  Apollon-Sminth&us , fa  conjeílure  eft 
encore  moins  fondée  que  celles  qu'il  refute.  L^au- 
teur  veut  que  cás  petits  animaux  foient  m hean 
fymbole  des  envieux  de  ce  grand  homme , Se  particu- 
iierement  de  Zoile  , qui  , pour  avoir  ofé  écrire 
contre  ce  poete , fut  furnommé  rLomeromaftix. 
Le  parterre  du  temple  eft  rempli  de  plujíeurs  gentes 
des  heaux  arts  & des  fciences,  qni  fe  difpofent  á 
^ire  un  facrifice  au  nouveau  dieu.  Le  jeune  facri- 
ficateur  pret  a faire  des  libations , mais  particulié- 
rement  le  taureau  qifon  offroit  ordinairement  á 
Júpiter  , marquent  que  ce  facrifice  ne  doit  pas 
ctre  moins  folemnel  que  ceux  ou'on  avoit  cou- 
tume  de  faire  á l'honneur  de  la  divinité  fupréme. 

ajoute  que  ce  feroit  vouloir  entreprendre 
a ecrire  C lliaie  apr'es  Homere  , _ que  de  vouloir 
eUaircir  plus  amplemtnt  cet  enaroií^du  marbre 
t^f  t-es  le  favant  & l’ilUflre  Cuper,  quz  y fatísfait 
c une  maniire  ampie  & folide  ¡ & il  fe  contente  de 
teire  deux  remarques  ; la  premiére  fur  le  mot 


A P O 


243 


MNHMH , quí  défigne  une  des  figures  de  ce  troi- 
íieme  adfe.  M.  Cuper  prétend  que  ce  moc  fignifie 
ici  1 hiítoire;  mais  I'auteur  remarque  que  rhiifoire 
eft  deja  exprim.ee  á deux  pas  de  lá,  par  une  auti  e 
figure.  Se  méme  par  le mot  iXToPiA. Í1  rejette  avec 
pifonjee  íentiment.  Se  croit  qu'il  faut  entendre 
ici  la  tradition ; ce  qu'il  appuie  de  divers  rai- 
fonnemens  aílez  probables.  L'autre  remarque  elf 
lur  1 inftrument  que  tient  la  figure  repréfencant 
1 íliade.  11  a une  forme  finguliére  , dont  les  inter- 
prétes  ont  peine  á rendre  raifon.  lis  ne  s'accordenc 
nullement  entr'eux  fur  ce  fujer.  Fabretti,  Wetftei.n 
& Adiflbn  le  prennent  pour  une  épée ; le  P.  Kir- 
cher  pour  une  épée  dont  la  pointe  eft  tournée 
en  croiíTant : Cuper  Se  Gronovius  pour  une  épée 
dSns  un  foureau  fait  en  demi-!une;  fur  quoi  l'au- 
teur  remarque  que,  fuppofé  que  cela  foit,  une 
épee  nue  conviendroit  beaucoup  mieux  á un  fujet 
de  guerre  comme  celui  de  l'lliade,  qu'Une  épée 
dans  le  foureau  , qui  eft  un  figne  de  paix  8c  de 
clémence.  M.  Schottenfin,  prétend  que  c'eft  une 
hache  á deux  tranchans , appelée  par  les  anciens 
bipennis , ■¡tsXix.as , , Séc.  ce  qu'il  appuic  de 

1 autorite  de  divers  palTages  des  anciens , de  la 
conformité  qu’il  trouve  entre  cet  inftrument  & la 
bipennis , dépeintes  fur  plufieurs  médailles  antí- 
ques  j Se  enfin  du  témoignage  de  Spanheim , quí 
a mis  ^de  fa  main  á la  marge  de  fon  exemplaire  de 
1 apotneofe  d Hombre  de  Cuper,  que  ce  que  celui-cí 
appelle  gladius , lui  paroit  une  bipennis. 

Telle  efti'explication  particuliére  que  M.  Schott 
a faite  de  ce  marbre ; & I’on  ne  faurok  nier  que  ce 
ne  fut  une  des  plus  ingénieafes  Se  des  mieux  ap- 
puyee? de  toutes  celles  qu'on  en  avoir  données.  Une 
nbofe  nous  y fait  quelque  peine , néanraoins  , 
s il  nous  eft  permis  de  le  dire  : c’eft  une  efpéce  de 
renverfement  d'ordre  natural  que  nous  croyons 
trouver  j en  ce  qu’ü  établit  fon  premier  acre  dans 
1 etage  du  milieu,  qu'il  monte  enfuire  á I’étage^ 
d'en-haut  pour  y placer  fo»  fecond;  qu'il  redef- 
cend  aprés  cela  á l’étage  d'ea  bas  pour  y faire 
pafíér  fon  troiíiéme  ; 8c  qu'ainíi  ces  actes  qui  onc 
une  liaifon  naturelle  Se  néceíTaire  entr'eux , fe 
trouvent  féparés  Se  éloignés  les  uns  des  autres. 
Ne  feroit-il  pas  plus  naturel  de  placer  le  premier 
aífe  dans  l’étage  d'en-haut,  ou  Júpiter  ayant 
conqu  lui  feul  le  deíTein  de  naertre  Homére  aa 
rang  des  dieux , en  donneroit  l'ordre  á Polymnie 
Se  aux  autres  Mufes ; le  fecond  étage  dans  le  mi- 
lieu , oú  une  partie  des  Mufes  en  conféreroit  av'ec 
Apollen ; Se  le  troiíiéme  adíe  enfin , dans  I'étage 
d'en-bas  , ou  l'on  exécuteroit  cet  oxlre  de  Jupir 
ter  ? II  nous  femble  que  cela  ne  feroit  que  plus 
propre  á relever  la  gloire  d'Homere,  plus  digne 
de  1 exadfitude  d’.4rchelaüs  , Se  enfin  plus  con- 
forme á l’ordre  naturel , qu'un  auíll  habiie  homme 
que  lui  n’a  point  dú  négliger. 

III.  M.  Schott  paíTe  enfuite  á 1‘éclaircijement 
fur  quelques  endroits  de  ce  marbre. 

i.  Le  premier  regarde  J'Apollon  oai  eft  feus 

H h ij 


Í’aníre;  Tautcur  convient  de  bonne  foi  que  fon 
habilleir.entj  fon  air^  le  tour  de  fon  vifagC:,  que 
tout  enfin  j convient  tnoins  á ce  dieu  quá  une 
femme  ; mais  ü ajoute  que  cela  ne  devoit  point 
empécher  Íes  interpretes  de  ce  marbre  d’y  recon- 
noítre  Apollen  ^ puifqu’iis  ne  pouvoient  paS*igno- 
rer  que  ce  dieu  ne  fbit  repréfenté  de  méme  en 
bien  des  endroits.  I¡  en  donne  pour  preuve  quatre 
médaillcs  du  cabinet  roya!  de  PruíTe ; & il  trouve 
cette  preuve  d'autant  plus  décifive , que  les  noms 
qui  fe  trouvent  joints  aux  figures,  ne  laiíTent  abfo- 
lumeat  aucun  lieu  de  douter  lá-deíTus.  A cette 
occafion , il  rapporte  quelques  mépníés  de  divers 
antiquaires,  touchant  ApoIIon  en  feinme,  & entre 
autres  une  de  Cuper , fur  une  médaille  de  Domi- 
tien , Se  une  de  Speriing , fur  une  médaille  efe 
Tranquilline,  'femme  de  Gordien.  II  ne  néglige 
point  les  autorités  des  anciens  qui  peuvent  fervir 
á appuye'r  fon  fentiment  toucaant  rhabillement 
Qu’ii  attribue  á Apollon , & pour  réfuter  Tobjec- 
ticn  fuivante  ; que  quoiqii  Apollon  fát  jeun.e,  beau. 
& kahillé  en  filie  , il  ne  laiffoit  pas  d‘itre  komme  au 
fond,  au.  lieu  que  cette  figure  avoit  un  fein  rempli , 
& une  gorge  élevée  comme  une  filie  ¡ il  repond  trois 
chofes  : i°.  qui!  faudroit  bien  examiner  fur  le 
marbre  ñ ía  figure  y a la  gorge  auíTi  élevée  que 
dans  le  deííinj  2°.  que  cela  peut  s’exciifer  fur  ce 
que  ks  anciens  ont  donné  les  deux  fexes  á leurs 
ííivinités ; & 5°.  que  les  figures  d'ApolIon  en 
femme  fur  Ies  médailles_,  ifont  pas  moins  de 
gorge  que  la  figure  du  monument. 

2°.  Le  fecond  roule  fur  la  cortine  qui  eft  au 
milieu  de  Fantre,  & que  Cuper,  Gronovius  & 
Watítein  prennent  pour  un  chapean , & ‘méme 
pour  le  chapeau  á'Ülyffe.  Ai.  Schott  ne  fauroit  le 
eroire,  & il  fe  fonde  particaliéremeat  fur  ce  qu’il 
ny  a nuile  proportion  entre  ce  prétendu  chapeau 
& les  tetes  de  ce  monument , §c  fur  ce  qu’Arche- 
laüs,  de  Fhabileté  duque!  ce  marbre  eft  une  fi 
bonne  preuve,  n’auacdt  pas  pu  commettre  une 
bévue  íi  groínére.  Il  ne  veut  pas  non  plus  que  ce 
foií  une  figure  raife  la  par  hafará,  bu  pour  fervdr 
á;r¡plement  de  foutien  a Farc  & au  carquors.  II 
veut  que  ce  fok  quelque  chofe  qui  ait  rapport  á 
Apollen  , & il  ne  trouve  ríen  qui  y convrenne 
Hiieux  que  ce  que  les  Latins  appeioient  cortina. 
Se  Ies  Grecs  Cétoit,  dít  Fauteur,  une  efipece 

de.  vaiffeaií  creux  ou  eoncave  en  dedans  & tonvexe 
en.  dshors , fiemblable  a une  coquille  d’ceuf  coupée 
par  le  milieu  m travers  ou  comme  un  ckauderon 
renverfé  , qui  fiervoit  ordinairemenl  de  couvercle  au 
trépied  £ Ápallon d^ou  ce  dieu  a été  appelé  Cor-. 
Anipotens.  Peu.dé  favans  ont  fu  ce  que  cétoit,. 
&onFa  afíez  fouvent  confonduavec  ce  trépied  , 
dontellen’étoit  qu’une  partié on  donne  ici  divers 
exemples  de  ces  méprifes. 

Pour  faire  concevoif  nettement  ce  que  c-etoit 
que  cette  cortine.  Se  pour  éclairesr  ce  qkon  dirá 
dans  la  faite  du  trépied  & de  fon  ufage , nous 
avoos  cru.  que  nous  íerions  bien.  «Fea  donaet  ici 


une  petite  deferiotion  prife  de  ce  que  Fauteur  e» 
a répandu  en  différens  endroits  de  fon  ouvrage. 
Le  trépied  étoit  une  machine  á trois  pieds  ou 
colonnes,  accompagnées  chacane  de  fon  anneau 
ou  anfe.  Se  liées  enfemble  par  des  bandes  ou 
traverfes  qui  les  foutenoient.  Cet  inttrument , qui 
a donné  le  nom  á toute  la  machine , n'en  étoit 
proprement  que  le  foutien.  On  metroit  deíTus  deux 
bafíins  d’une  matiére  forr  déliée  & fort  fonore. 
Se  de  figure  demi-fphérique.  Ces  baífins  fe  met- 
toient  Fun  fur  Fautre  par  leur  ouverrure,  &:  for- 
moient  par  conféquent  une  concavité  fphérique. 
Celui  de  deffus  s’appeloit  cortina  , celui  de  deífous 
cráter.,  & ia  concavité  qu  ils  formoient  yk<n-^  ou 
yíiT^a, , le-  ventre ; celui  de  deílous  étoit  percé 
dans  le  milieu.  Se  le  trou  s^appeloit  umbilicus , 
nombril.  On  verra  ci-deíToas  quel  étoit  Fufage 
de  cette  machine. 

3°.  Le  troifiéme  éclairciíTement  concerne  ce 
qui  eft  repréfenté  derriére  le  philofophe  Bias: 
Fauteur  ne'  fauroit  aíTez  s'étonner  comment  tant 
d'aurres  célebres  antiquaires  s’y  font  mépris , 8c 
particuiiéi-ement  le  P.’  Kircher  & M.  Fabretti, 
qui  ont  pu  examiner  ce  marbre  tout  á loiíir  á 
Rome.  Ii  ne  doute  point  que  Fautorité  du  pre- 
mier , qui  avoit  Fefprit  fi  rempli  de  figures  hiéro- 
glyphiques,  quil  en  trouvoit  dans  tout  ce  qui 
avoit  du  rapport,  n’ait  entrainé  les  autres,  & ne 
leur  ait  fait  prendre  cette  machine  pour  ¡a  lettre 
tautique,  OU  une  croix  á anfe,  accompagnée  de 
flambeaux.  Pour  lui,  il  voit  rien  autre  chofe 
qu^un  trépied ; Se  pour  peu  qu  on  examine  Ies 
figures  du  trépied  fur  les  médailíes  qu  il  rapporte, 
il  croit  qu’on  trouvera  la  chofe  tout-a-fait  hors 
de  doute. 

Ce  qu’on  a pris  juíqu^á  préfent  pour  des  nam- 
beaux,  n’eft  autre  chafe,  felón  lui,  que  les  deux 
pieds  du  devant  du  trépied  qufil  y trouve ; ce  qu  on 
prenoit  pour  le  piedde  lalettre  tautique,  n eíi.que 
le  troifiéme  pied  du  trépied , ce  qu'on  prenoit 
le  trait  fupérieur  de  cette  lettre  , n’eft  que  !_a  bo^ 
dure  du  baífin  fupérieur  ou  cráter  ; le  demJ  rond 
qkon  voit  au-deffus  eñ  le  baífia' fupeneur  ou  la- 
cortine ; ce  qkon  a pris,  pour  Fanfe  de  la  crorx 
n'eft  qu  une  des  anfes  du  trépied ; & la  grapAe- 
figure  ronde  qui  eñ  au-deffus  de  la  teta  du  pni-^ 
lofophe , eft  íe  cráter  ou  le  baífin  ip-ferieur  u. 
trépied , couvert  de  la  cortine.  A Foccafion  de  a 
hauteur  de  ce  trépied  , qui  s'éléve  ]ufquau-de 
de  la  tete  de  Bias,  Fauteur  remarque  quil  etom 
bien  plus  haat  qu  on  ne  le  dépeint  ordinairement, 
qu  il  fallok  monter  pouj  fe  mettre  deffus,  & *1^.° 
en  a la  véritable  hauteur  dans  celui  du  mar  - 
d’Arcbelaüs.  II  n oferoit  affurer  la  méme  cíioi^ 
de  fa  largeur  , qui  lui  paroít- aífez  mal 
Se  c’eft  une  faute  qufil  ne  mangue  pas  pe  fifi'" 
fur  le  peu  ¿exaftitadé  du  copiñe  ; snais  c e 1. 
défauc  cifiT  luí  reproche  un  ,peu  trop  louye  >. 
puifque  M.  Fabretti,  qui  a pris  foin  de  corfterer 
deffin  de  ce  copifte  avec  Foriginal  j & de  le  rs 


A P o 

dans  fa  lettre  a M.  !Maggliabecchi , n’a  ríetl  rrouvé  ! 
á recoiicher  á la  plupart  das  endroits  qua  Fauteur  j 
ne  croit  pas  affez  exaclement  deíTinés.  i 

IV.  Les  obfervatious  pardculiéres  roulent  fur  i 
les  fujets  fuivans  : 

Le  premier  eñ  Fufage  du  trépied , dont  on  n’a  eu, 
juiqu'á  préfent,  qu'une  connoiíTance  fort  impar- 
faite.  Pour  le  bien  concevoir,  il  íaut  fe  fonvenir 
de  la  defcription  que  nous  avons  donnée  ci-deíTus 
de  cette  machine.  On  la  placoit  fur  Fouverture  de 
Fantre  d'ApolIon,  dans  le  temple  de  DelpheSj  & 
elle  fervoit  non-feulement  de  íiége  á la  pythie 
qui  s’aíTeyoit  fur  la  cortins  ou  baffin  fupérieurj 
mais  encore  de  bouche  á Apollon  pour  pronon- 
cer  fes  oracjes  : car  c'étoit  Apollon  lui-méme  ^ Se 
non  la  pythie , qui  les  prononcoit.  Un  vent  qui 
fortoit  de  la  cáveme  miraculeufe  j & qu  on  pou- 
voit  appeler  Fhalaine  ou  la  voix  d'Apollon  , s"in- 
troduifüit  dans  le  creux  de  cette  machine , & ne 
manquoit  pas  d’y  exciter  un  murmure  femblable 
á la  voix  humaine  ou  au  mugiíTement  d’un  boeuf , 
ou  au  bruit  du  tonnerre  ^ felón  la  forcé  du  vent , 
qui  étoit  quelquefois  íi  violenta'  quhl  ébranloit 
le  temple  Se  la  montagne  ; & ce  bruit  étoit  appa- 
remment  augmenté  ou  diminué  par  queique  ref- 
fort  caché  dans  la  concavité  du  trépied,  & que 
la  pythie  favoit  gouverner  comme  elle  vouloit. 
Quoi  qu'il  en  foit,  il  eít  probable  que  la  pythie 
étoit  aflife  fur  la  cortine  , non-feulement  pour 
empécher  que  la  violence  du  vent  ne  Fenlevat  & 
ne  la  jetar  par  terre  , mais  afin  de  modifier  & mé- 
nager  comme  elle  voudroit , le  bruit  qiFon  for- 
moit  dans  le  vuide  du  trépied  , & le  faire  reíTem- 
bler,  autant  que  cela  fe  pouvoit , aux  mots  qu’on 
vouloit  qu’Apollon  pronon^át.  A ce  fujet,  Fau- 
teur penfe  qu’íl  n*eft  pas  poíTible  de  réíiíler  de 
bonne  foi  aux  raifons  par  lefqueües  M.  Vandale 
a prouvé  que  tout  le  manége  des  oracíes  n'étoit 
qu'une  fourberie  des  prétres  pour  profiter  de  la 
crédulité  des  peuples  j & il  aíTure  qa' il  fe  troüve 
fortifié  dans  ce  fentiment  depuis  qu  il  a compris 
le  véritable  ufage  du  trépied  de  Delphes. 

Nous  reconnoiíTons  avec  Fauteur,  que  le  ma- 
nége des  oracles  n'étoit,  au  moins  le  plus  fouvent, 
qu’une  fourberie  dost  les  prétres  payens  favoient 
fort  bien  fe  fervir  pour  entretenir  la  fotte  crédu- 
lité de  leurs  peuples  5 mars  nous  ne  concevons 
pas  eomment  un  vent  introduit  dans  le  ventre 
d'une  machi.ne  de  cuivre,  pouvok  non-feulement 
imiter  le  mugiíTetnenc  d'un  ba;uf  & le  bruit  du  I 
tonnerre  , mais  auífi  articuler  des  paroles  que  Fon  j 
prit  pour  des  oracles  d'Apolíon  : nous  nignorons  ; 
pas  que  la  pythie  ou  des  prétres  prépofás  pour  I 
cela  ^ répétoient  enfuite  ces  oracles;  & c'efí  ce  ! 
qui  fait  nctre  dirficuké.  D’aiileurs  , s’il  eít  vrai , ‘ 
comme  le  prétend  Fauteur  , que  ce  fok  la  le  veri-  ! 
lable  ufage  que  Fon  faifoit  da  trépied , il  faut  i 
1 avouer  de  bonne  foí  , cV-tc^t  un  artífice  aííez 
groífiéreme.nt  inventé.  Le  ruyau  de  plomo  avec 
lequei  S.  Luc  épouvaata  ü iorr.  Heñri  ilí,  eu- 


A P O 245 

Kiéme,  íi  Fon  vent,  la  tete  parlante  queD.  Quixotte 
confulta  á Barcelone  , font  incomparableme.nt 
mieux  imagines.  Les  paroles  qui  en  fcrtoierit  s'’eii- 
tendoient  au  moins  fort  diñinctement,  & Fon 
n^avojt  befoin  de  perfonne  pour  les  répéter  une 
feconde  fois  Se  les  interpréter. 

2.  Le  fecond  regarde  les  engañrimy thes , tou- 
chant  lefquels  Fauteur  a une  nouveüe  conjeture  , 
par  le  moyen  de  laquelle  il  efpére  pouvoir  dé- 
brouiUer  les  difpiites  & Ies  embarras  des  favans 
fur  ce  fujet.  On  convient  en  général  que  c'étoient 
des  parleurs  du  ventre  qui  fe  meloient  de  prédire 
Favenir  ; mais  on,  ne  fait  ni  quedes  perfonnes  fai- 
foient  ce  métier  , ni  eomment  elles  le  faifoient : 
la  plupart  croient  que  ces  gens  avoient  la  faculté 
de  parier  du  ventre , ou  de  former  des  paroles  qui 
fembloient  fortir  de  leur  ventre , ou  méme  de, 
queiqu’endroit  éloigné  ; ce  que  í'on  confirme  par 
quelques  exemples  modernes  rapportés  par  Bro- 
deau , Dickinfon  , Ailatius  & quelques  aa^s. 
L’auteur  tejerte  cette  Opinión  , fur  ce  qu’cn  ne 
lit  point  que  Íes  anciens  eiiíTent  de  mérhode  pour 
enfeigner  cet  artifice  á d’aiitres.  Mais  cette  raifen 
ire  nous  paroit  pas.  cohvaincante.  A.-r-on  tenu  re- 
giírre  de  toutes  les  fubtilités  & de  tous  les  artí- 
fices dont  fe  font  fervls  les  anciens?  Y avoit-ii 
chez  eux  des  écoles  publiques  pour  les  y aller 
apprendre  ? Et  combien  pratique-t-on  de  chofes 
aujourd’huij  dont  on  nécrit  rien , Se  dont  par 
conféquent  on  ne  trouve  aucun  veíHge  dans  les 
écrits  publics  ? D^ailleurs  , il  ne  nous  paroit  pas 
que  le  paíTage  de  Plutarque,  qu'on  rapporte  ici, 
faíTe  rien  á ¡a  chofe.  íl  dit  quhV  ejí  puériU  & ridi- 
Ciile  de  croire  que  Dieii  entre  dans  le  corps  des  engsf- 
trimytkes  & parle  par  leur  bouche.  II  neñ  point 
queíliori  ici  de  gens  qui  cruíTent  cela,  mais  de 
gens  qui  cro_yoient  qu’on  pouvoit  parier  du  ventre  j 
& que  quelques  perfonnes  qui  avoient  ce  fecret  , 
faifoient  accroire  fubtiiement  aux  autres  que  c’é- 
toit  quelque  dieu  qui  parloit  intérieurement  en 
eux.  Hermolaüs  Barbarus  & Gérard-Jean  Voíiius 
ont  cru  que  les  engaílrimt'thes  étoient  des  .gens 
qui  prédifoient  Favenir  par  le  moven  de  certains 
vers  nommés. ras-f¡2i ; Se  en  cela,  ils  ontaporoche 
de  la  vérité  , dont  ils  Mont  cependant  donné  au- 
cu.ne  preuve.  L’auteur  efpére  erre  plus  heureux. 

Comme  le  creux  du  trépied  s'appeloit  8c 

que  wéís-  fignine  quelquefois  difeours  , il  croit  que 
par  engañrimvthes,.  on  doit  enrendre  des  inter- 
pretes d’.A.polIon  , cades  hommes-  qui  récitoient. 
ou  expliquoient  plus  clairement  ce  qui-  avoit  été 
dit  par  le  ventre  du  trépied  d’une  maniere  con- 
fufe. C’étoient,  au  commencement,  des  femmes,. 
8c  ¡a  pythie  étoit  engañrimythe.  née,  fi  Fon  peiit 
parier  ainfi.  Vandale  a nié  qu'eli'e  ait  pa  remplir 
ce -re  fonciion,  á cauie  des  cris  afifeux  queile 
faifoit.  étsnt  aiiife  fur  le  trépied;  Be  il  eñ  ici  ré- 
faté.  On  hiirépond  que  cette  fureur  étoit  feinte,; 
& cus,  fuppofé  qu’eile  ne  le  fue  pas,  la  pvthie 
R’inrerprétoit  Foracle  quaprés  que  fon  agita tioi® 


A P O 


étoir  paíTée  Se  le  bruir  du  vent  ceííe.  Daas  la 
fuite,  lorfque  le  temple  fut  plus  richej  & que 
Toracle  fut  devenu  plus  célebre  j on  prit  des 
hommes  pour  remplir  ce  miniftere ; & cela , tant 
pour  foulager  les  pythies^  qui  étoient  trop  em- 
ployéeSj  que  parce  qu^elles  ne  retenoient  pas  aífez 
bien  les  réponfes  de  Toracle  qu’elles  devoient  ré- 
citer  en  vers^  & quelles  donnoient  lieu  par-lá 
aux  gens  d’efprit  d'en  faite  des  railleries  qui  ne 
pouvoient  tourner  qu’au  défavantage  de  l’oracie. 

3.  Le  troiíiéme  fujet  eft  Thomme  en  mantean. 
A l'occafion  des  engaílrimythes  ddnt  Tauteur  a 
parlé  dans  l obfervation  precedente  , il  lui  femble 
que  cet  homme  en  mantean  en  pourroit  bien  étre 
un.  Son  habit  nV  eft  pas  contraire  ^ puifqucj  felón 
Strabon  & Plutarque , c’étoient  des  poetes  qui 
faifoient  cette  fonclion  ^ & que  celui-ci  eft  ente- 
loppé  de  fon  manteau  j cotnme  on  dépeint  ordi- 
nair^ent  Ies  poetes.  Le  papier  roulé  qu  il  tient 
y convient  auíTÍ  fort  bien  ^ puifqu  ils  étoient  obügés 
de  rendre  les  réponfes  de  Foracle  en  vers  ; cette 
Gonjeíliire  parq^t  íi  heureufe  8c  lí  bien  fondée  á 
Lauteur  j quftl  ne  fait  point  difEcuké  de  changer 
d'opinion  touchant  cette  figure  , & de  préférer 
fon  poete  engaftrimythe  au  philofophe  Bias  de 
M.  Spanheim,  qu’il  av'oit  adopte  11  hautement 
dans  fon  explication  particuliére  de  ce  monument. 
( Cet  anide  efi  du  rédacieur  du  Supplément  de  CEn-r 
cycLopédie). 

On  trouve  dans  le  premier  volume  du  rriufeum 
Pio-CIémentinj  publié  en  1782  par  M-  Vifeonti, 
un  deíHn  de  Vapotkéofe  d'Hcmere  ^ fait  fur  Torigi- 
cal  du  connétabl.e  Colonne , avec  une  explication 
nouvelle  & juñe  de  ce  fameux  bas-reiief.  En 
voici  Fabrégé  : quant  aux  preures , elles  fe  trou- 
veront  placees  á chaqué  arricie  des  Mafes. 

Cette  apotkéofe  eft'  partagée  en  Quatre  plans. 
Júpiter,  que  I’aigie,  le  feeptre  & le  diadéme  font 
reconnoítre  au  premier  coup-d'cnil,  occape  feul 
le  premier  plan.  On  voit  au  fécond  , en  com- 
mencant  par  le  cote  droitque  dérermine  le  feeptre 
de  Jupi'er,  1°.  Calliope  tenant  des  tabletres  ; 
2®.  dio  portant  un  rouleau  ou  volume  ; 5°.  Thalie 
gefticulant  de  la  main  droite , & tenant  une  lyre  de 
la  gai'c’ne ; 4°.  Eiiterpe  tenant  áeux  flátes  égales  5 
5°.  Melpoméne  avec  un  voile  & Ies  hauts  co- 
íhiirnes  tragiques,  oubliés  jufqua  ce  jour  par 
íes  graveurs  ; elle  eft  un  peu  élevée  au-deífus  du 
plan  ; 6".  enSn  Erato  qui  danfe.  On  appercoit  une 
lyre  phcée  entre  Euterpe  & Erato.  Si  on  la  donne 
á la  derniére  , on  s’appuyera  de  I’exemple  des 
Mafes  d’fíerculanum  & de  celles  du  mufEuni  Fio- 
Clémer.tin.  Mais  íi  on  attribue  cette  lyre  á Eá- 
terpe  , ii  fiudra  convenir  de  la  noiiveauré  de  cet 
attribut,  & ¡e  rapporter  á finfpection  fur  la  mu- 
íique , déjá  indiquee  par  les  deux  Antes. 

La  troiíiéme  plan  oíFre,  1°.  au-deííous  de  Cal- 
Lope , Therfpíicore  tenant  une  lyre  & le  pleürum  ; 
2°.  Urarie  avec  fon  globe;  3°.  Polymuie,  déeíl'e 
ée  la  Mémoire , snyeloppée  d’un  grand  mantean  j 


A P O 

4».  fur  la  méme  ligne  Fantre  de  Corícic,  qui 
donna  fon  nom  aux  Mufes,  & dans  lequel  parbir 
Apollen  Mufagéte  ou  joueur  de  lyre , appelé  i 
Borne  Aéliaque  ou  Palatin,  ayant  á fes  pieds  la 
cortine  de  Delphes,  un  are  & un  carquois.  La 
pythie  eft  avec  lui  dans  lantre  de  Coricie,  & 
elle  tient  un  plat  ou  une  coupe  qu  elle  lui  pré- 
fente.  Peut-étre  eft-elle  Phémonoé , qui  inventa  le 
vers  hexamétre.  Hors  de  Lantre  & fur  la  méme 
ligne , on  voit  une  figure  adoífée  á un  grand  tré- 
pied , 8e  élevée  fur  un  focle.  M.  Vifeonti  la  prend 
pour  Olénus  de  Lycie , fondateur  de  Loracle  de 
Delphes , & qui  chanta  le  premier  des  vers  hexa- 
métres. 

Des  tapiíTeries  ornent  le  quatriéme  plan  figuré 
enportique.  Homére  OMHros,  affis  fur  un  troné 
recevant  des  facrifices,  & couronné  par  IXnivers , 
fixe  d’abord  les  regards.  Une  femme  coéffée  de 
tours  repréfente  IXnivers,  OIKOTmenh.  Auprés 
d’elle  eft  placé  le  Tems  ailé , XPONOS,  tenant 
le  rouleau  des  vers  d'Homére , qu’il  conferve  avec 
foin.  LX’nivers  & le  Tems  oceupent  la  droire  du 
quatriéme  plan  & le  derriére  du  troné.  Aux  deux 
cótés  du  troné  font  fculptées  la  belHqneufelliade, 
lAlAS,  tenant  une  épée,  & lavoyageu/e  OdyíTée,' 
OAYSXEIA  j qui  tient  un  apluftre  de  navire.  On 
voit  des  rats  au  bas  du  troné  , pour  faite  allulion 
au  poeme  attribué  á Homére , appelée  la  Batra- 
comiomachie , OU , felón  d'autres  , aux  critiques 
d’Homére.  Devant  le  poete  eft  élevé  un  autel 
orné  de  teres  de  boeufs  & de  feñons.  Se  íur  la 
plinte  duquel  font  gravés  deux  AA , ou  plutót 
AA  ,31,  nombre  par  lequel  le  fcnlpteur  avoit 
défigné  cette  patrie  de  fon  ceuvre,  ou  i’antique 

SíTeíTeur  du  bas-relief , ce  morceau  de  fa  col- 
;tion  de  marbres,  A cote  de  Laurel  eft  le  boeuf 
qui  doit  fervir  de  victime  j & entre  le  poete  & 
Lautel  paroít  un  petit  garqon  avec  un  vafe  de 
facrifice  & la  patére.  II  repréfente  la  Pable , 
AíTeos , dont  le  genre  eft  mafeulin  dans  la  langue 
grecque. 

. Sur  le  méme  plan  & a la  gauche  de  Laurel , 
on  voit,  1°.  LHiftoire,  istopia,  tenant  un  rou- 
leau j 2° Ja  Poéíie,  noiHSlS,  élevant  deux  flam- 
befiux  pour  le  facrifice;  3°.  laTra'gédie,  tpaeo- 
AiA , ayant  un  voile  íur  la  tete  avec  les  hauts 
cothurnes  & levant  une  main ; 4°.  la  Comédie , 
KílMQAiA  , élevant  auífi  la  main  droite;  f°.  enfin 
un  grouppe  de  cinq  figures  que'nous  alíoas  dé- 
crire  féparément. 

L’enfaiUt , premiére  figure  du  grouppe  , eft  le 
fymbole  de  la  Nature,  OYSIS;  la  feconde  eft  ja 
Vertu , APETH  , qui  eléve  la  main  droite ; i3, 
troiCém.e  repréfente  la  Mémoire  , MNHMH  , qa* 
paroít  concentrée  en  elle-mcme.  On  reconnoit 
la  quatriéme  figure  pour  la  Fidélité , niZTiZ  , 
au  doigt  qu’elle  porte  á fa  bouche , & au  rouleaii 
d’aóles  qu’elle  tient  de  la  main  gauche.  La  Sagefie, 
rO'í'lA,  eft  la  cinquiéme  figure  du  grouppe  : efe 
eft  Yoilée,  & porte  fa  maia  ver?  fon  s^ntoar 


A P o 

attituda  qui  caraftérife  les  phílofophes  fur  Ies 
anciens  monumens. 

Reinold  (Jtiift.  lltt.  Gr.  & Lat.  p.  79.)  dit  que 
Y apothéofe  d‘Homere  a etc  faite  entre  la  72°  & la 
90^  olympiade  , & il  tire  cette  concluíion  de  la 
maniere  dont  eft  écrit  le  nom  grec  du  Tems.  Si 
cette  obfervation  étoit  exañe  , le  bas-relief  du 
connétable  Colonne  feroit  un  des  plus  anciens 
monumens  de  Tantiquité  j & dateroit  du  tems 
du  haut  fiyie.  Mais  elle  eft  fondée  que  fur  la 
maniere  fautive  dont  eft  écrit  le  mot  xroNOS 
fur  le  deífm  qu’i!  avoit  entre  les  mains.  Tous  ceux 
qui  ont  diíferté  fur  cette  apotkéofe , ont  erré  par 
la  méme  raifon.  Les  figures  qui  compofent  ce 
bas-relief  n^ont  pas  huit  pouces  francois  de  hau- 
teur  5 de  maniere  que  des  deflinateurs  négligens 
ou  peu  inftruits  ont  omis  des  details  trés-nécef- 
faires  pour  rexplication  d'objets  auffi  petits.  Cette 
ínfidélité  des  deíiins  a caufé  toutes  les  méprifes 
des  favans  qui  ont  voulu  expliquer  Y apotkéofe 
d‘Homére  fans  avoir  vu  le  marbre.  La  iMufe  tra- 
gique^  par  exemple , qui  porte*  pour  infcription 
le  mol  Tragédie , eft  repréfentée  fur  le  defl'm  en 
vieille  femme^  chauífée  comme  les  autres  figures  j 
tandis  que  fur  le  marbre  elle  eft  jeiinCj  belle  & mon- 
tee fur  de  hauts  cothurnes.  On  n°a  pu  voir  fur  ces 
deíTins  infideles  le  rouleau  place  fous  le  ííége 
d'Homére  , & rongé  par  deux  fouris  ; & par  con- 
féquent  on  n’y  a pas  reconnu  un  écrit  roulé , 
qui  rend  encore  plus  clafte  fimage  fymbolique 
de  la  Batrachomiomachie. 

Winkelmann  a relevé  dans  fes  Monumens  de 
rAntiquité  , quelques  méprifes  des  favans  qui  ont 
voulu  expliquer  Y apotkéofe  d’Jíomére-,  & fes  cri- 
tiques lumineufes  ont  fervi  de  flambeau  á M.  Vif- 
contij  fon  eléve  & fon  fucceífeur,  dans  Texplica- 
tion  que  nous  avons  rapportée.  Winkelmann  ájente 
encore  une  obfervation  dans  fon  Hiftoire  de  l’Art , 
fur  les  deux  bandes  qui  defeendent  du  carquois 
d' Apollen  fur  le  couvercle  du  trépied  (la  cortine). 
C^étoient  des  laniéres  de  cuir  ou  des  courroies  ^ 
comme  nous  Tapprend  rhiftoire  d'Ariftoméne  , 
général  des  Meífénéens.  Ce  grand  capitaine  s’étant 
écarté  de  fon  camp  fur  la  foi  d’une  tréve  faite 
avec  les  Spartiates  j il  tomba  dans  une  embufeade 
que  lui  avoient  drelTée  les  archers  Crétois^  qui 
étoient  á la  folde  des  Lacédémoniens.  S^étant 
rendus  maitres  de  fa  perfonne,  ils  lui  liérent  les 
pieds  & les  mains  avec  les  courroies  qui  fervoient 
a attacher  ieurs  carquois.  Paufanias  , l.  4^  p.  526. 

U apotkéofe  d’Hom'ere  a été  repréfentée  auíii  fur 
un  vafe^  d'argent  fait  en  forme  de  mortier  ^ & 
trouvé  á Herculanum.  Ce  poete  immortel  ^ dont 
la  tete  eft  couverte  avec  fon  mantean , eft  placé 
fut  un  aigle  & tranfporté  dans  les  airs.  A fes 
•cotes  , font  aflifes  fur  des  feñons  deux  femmes 
cui  ont  chacune  une  épée  coarte.  Celle  de  la 
droite  porte  un  cafque  ; fa  tete  eft  appuyée,  & 
efte  paroit  enfevelie  dans  des  réfiexions  profondes. 
Lúe  de  fes  mains  eft  pofee  fur  fon  épée.  Lsfemme 


A P O 247 

quí  eft  á la  gauche  du  poete  eft  coéftee  avec  un 
boiinet  pointu , tel  que  le  porte  UlylTe  : d’une 
main  elle  tient  une  rame , & Tautre  eft  placee 
fur  fon  épée.  On  rcconnoit  flliade  & rOdyíTée 
aux  attrJDuts  de  ces  deux  femmes.  La  rame  Sr  le 
bon.net  pointu  fans  bords  que  portent  encore  les 
manns  dans  le  Levant,  rappellent  le  voyage  fur 
mer  du  pére  de  Télémaque.  Les  cignes  qui  font 
fculptés  avec  Ies  feftons  au-deíTus  de  la  figure 
dédiée^  font  auífi  allufion  á la  poéíie.  Bayardi , 
dans  le  Catalogue  raifonné  des  découvertes  a'fler- 
culanum  ^ a reconnu  ici,  contre  toute  apparencC:, 
Yapothéofe  de  Jules-Céfar.  La  barbe  feuie  de  la 
figure  portée  par  Taigle  ^ auroit  dii , fans  aurre 
caraélercj  lui  faire  éviter  cette  mépyfe.  Sans  Ja 
barbe,  le  comre  de  Caylus,  en  publiant  ce  petit 
monument,  {Rec.  d’ant.t.  i , pl.  p.  i2i.)  Tau- 
roir  donné  pour  Yapothéofe  d'un  empereur,  parce 
qu'il  n’en  a jugé  que  d’aprés  un  deflin  oú  Ton  ne 
Yoit  uniquement  que  la  figure  affife  fur  Taigle. 

Apotheose  de  Romulus.  Le  fénateur  Buona- 
roti  a pubiié  cette  apotkéofe , que  Ton  voyoit  dans 
un  diptyque  des  comtes  de  la  Ghérardefca,  parmi 
fes  Obfervations  fur  les  vafes  de  verre  ornes  de 
figures,  imprimées  á Florence  en  1716;  & le 
P.  de  Montfaucon  Fa  donnée  une  feconde  fois  au 
public,  au  tome  3"  du  Supplément  de  rAntiquité 
expliquée.  Cet  ouvrage  , fait  dans  les  íiécles  de  la 
décadence  des  arts , avoít  été  deftiné  fans  doute 
pour  erre  donné  en  préfent  dans  les  fétes  Quiri- 
nales^  marquées  dans  les  Falles  au  17  février,  ou 
en  d'autres  jours  célebres  par  des  courfes  de 
chevaux  faites  en  Fhonneurde  Quirinus,  & qu’on 
appeloit  Qiiirini  Circenfes.  On  voit  en  eífet  un 
quadrige  de  chevaux  qui  courent  á bride  abattue, 
& un  quadrige  d’éléphans  qui  porte  Romulus. 

Au  haut  de  ¡a  premiére  face  du  diptyque  , s'oíFre 
un  monogramme  compofé  des  lettres  du  mot 
Ro-S/tuLUS.  Cette  face  peut  étre  divifée  en  deux 
plans.  Celui  du  haut  repréfente  Yapothéofe  de  Rc- 
mulus  porté  au  ciel  par  Ies  vents  & par  les  tour- 
billons.  Des  deux  vents  qui  le  foutiennent , Fun 
eft  ’eune  & aílé ; Fautre  , qui  porte  auili  des  ailes  , 
a la  tete  dhm  Satyre  barbu  avec  des  comes.  Aii- 
defíus  de  Romulus , eft  repréfentée  une  partie  du 
zodiaque  , furmonté  de  cinq  dieux,  dont  Fun  porte 
la  barbe  & pourroit  etre  Júpiter.  Aucun  attribur 
ne  diñingue  les  quatre  autres.  Buonaroti  foup- 
qonne  que  ce  font  les  plañeres,  réanies  au  nombre 
de  cinq.  Une  figure  féparée  des  cinq  premieres 
par  le  zodiaque  , a la  tete  entourée  d'un  nimbe  , 
qui  la  feroit  reconnoítre  pour  le  foleil  Se  pour  la 
fixiéme  plañere.  Peut-étre  que  Romulus,  le  Mars 
des  Romains,  va  preñare  la  place  de  la  plañere 
du  nom  de  Mars,  & compléter  le  nombre  de 
fept. 

On  voit  au-deílous  de  Romulus,  fur  le  fecond 
plan , un  de  ces  catafalques  á plufieurs  étages  , 
que  Fon  rencontre  fouvent  fur  íes  médailles  des 
confécrsrions  d'empereurs.  Ce  9 eft  pas , comme 


1 


le  remarque  íudicleufeniant  Euonaroti,  que Tufage 
en  íút  établi  au  tems  de  Romiilus  ; mais  comme 
ce  diptyque  n'a  été  í-air  que  dans  Íes  bas-liécles  , 
on  aura  mis  par  ignorance  dans  Yapothéofe  de  Ro- 
malusj_ce  qai  fe  praricuoit  dans  ceile  des  etnpe- 
reuis.  Lorfqu'on  aliumoit  ces  grands  búchers, 
on  en  faifoit  fortir  un  aigle  aui  repréfeñtoit 
]’a;rie  du  prince  s'envolant  au  del.  Ici  deux  aigles 
s'échappent  du  catafalque  ^ & prennent  leur  vo! 
vers  íes  aítres.  On  ne  fair  pourauoi  eiles  font  au 
nombre  de  deux.  Ce  catafalque  eft  furmonté  d’un 
quadrige  de  chevaux  qui  trainent  un  jeune  homme . 
li  étend  un  grand  voüe  au-deíTus  de  fa  tete  j pareil 
á ceux  de  la  Nuitj  de  f Aurore  j du  Matin  & de 
Vefper  ouJe  foir.  L’air  dejauneíTe  de  cette  figure 
feroit  croire  que  c’efi:  !e  génie  de  Romulus- 

Auprés  du  catafalque  eít  un  grand  char  qui  a 
la  forme  d’un  petit  temple  íoutenu  par  des  co- 
lorines d’ordre  corinthien , & qui  ell  tiré  par 
quatre  éléphans.  Xiphilin,  dans  la  vie  de  Sévére^, 
dit  que  cet  empereur  voulanr  célébrer  les  funé- 
raiíles  & Vapotkéofe  de  Pertinax  ^ fon  prédécef- 
feur^  ordonna  que  fa  ftatue  d’or  fút  promenée 
dans  le  eirque  fur  un  char  femblablement  attelé. 
Romulus  eft  affis  fur  le  char  , tenaat  d’une  main 
la  kajie  puré,  & de  Tautre  un  rameau  de  laurier. 

Les  éléphans  font  enharnachés  d’une  maniere 
cxtraordinaire  : i!s  paroiiTent  couverts  de  la  tete 
julqu’aux  pieds^  de  bandes  ou  raiesqui  fe  croifent 
& forment  des  lozanges.  Quatre  hommes  les  con- 
duifentj  montes  á l’ordinaire  fur  leurs  cois.  Les 
deux  conduóleurs  du  milieu  font  des  hommes 
faits,  ayant  de  la  barbe  j & ceux  des  extrémités 
font  de  jeuries  garpons  fans  barbe.  Ces  derniers 
tiennent  des  iníirumens  plats  & ronds  . qu’ils  fem- 
blent  fake  réfonner.  Les  conduéceurs  ^ places  au 
milieu  j portenr  des  croes  femblables  á la  Aarpé 
de  Perfée,  ou  au  croe  dont  Pluton  eft  armé  fur 
quelques  médailles. 

Apothéose  de  Jules-  Céfar.  On  la  yoit  fur  une 
pierte  gravee  du  tréfor  de  Brandebourg.  Ce  héros, 
affis  fur  le  globe  cé'efte,  tient  un  gouvernaii  Se 
une  tres-grande  couronne  de  laurier.  íl  femble , 
dit  Julien  dans  les  Céfars , difputer  á Júpiter  la 
monarchie  célefte. 

I.  Apothéose  d’ Augufie.  C’eft  ici  la  plus  belle 
gravure  antique  refpeéiée  parle  tems.  Cette  agate 
a un  pied  moins  quelques  lignes  dans  fa  plus 
grande  haureur^  S:  dix  pouces  dans  fa  plus  grande 
largeur ; car  elle  eft  ovale  & plus  large  par  le 
bas  que  par  le  haut.  On  aíTure  que  l’empereur 
Baudoíiin  ií  venant  demander , en  1 2.44 , da  fe- 
cours  aux  princes  chrénens , & a S.  Loáis  en  par- 
ticulier  , la  vendit  a ce  picux  monarque , qui  la 
déjtofa  dans  le  tréfor  de  la  Sainte- Chapelk  de 
París,  oü  elle  eft  encore.  L’ignorance  profonde- 
de  ces  tetns  la  fit  prendre  pour  une  repréfer!- 
tation  de  quelaue  írait  de  rhiítoire  des  Juifs,  & 
03  l’appela  le  Ti-iomphe  de  Joíeph. 

Ls  fevant  Pei-efe  diíSpa  fúciiement  une  erreur 


auíTi  ridícüle , Se  admira  ia  beauté  d’un  taorceau 
auffii  précieux.  ii  ne  fe  lafibic  pas  de  le  taire 
voiraux  curiemt,  & entr’aut-es  á'friftan  de  Saint- 
Amand.  Celui-ci,  qui  étoit  tres-veríé  dans  í’étude 
de  rantsquité,  fit  dans  fes  Commentaires  hifto- 
riqueSj'une  affez  Icngue  difl'ertation  fur  cette 
agate  , dans  iaqueüe  il  paroit  avoir  bien  expliqué 
cerraines  parties,  mais  queiques-unes  avec  moins 
de  vraifes-abiance.  Des  que  fon  ouvrage  parut, 
il  í’envoya  á Peirefe  , qui  iui  témoigna  , dit 
Saint -Amand  dans  pluíieurs  lettres,  la  grande 
eítime  qadi  en  faifoit.  Cepeadant , GaíTendi  .affiure 
dans  fa  .vie  de  Peirefe , que  le  fer.timent  de  ce 
favant  fur  bagare  de  ia  Saiate-C  hapelle , différoic 
en  beaucoup  de  eitofes  de  celai  de  Sairit-Amand. 
Ce  dernier  a rétate  ce  paiTage  de  Gaffendi,  dans 
la  derniére  édition  de  fon  ouvrage , & a de  nou- 
veau  revendiqué  en  fa  faveur  le  témoignage  de 
Peirefe. 


Álbert  Rubens,  fils  du  célebre  peintre  de  ce 
nom,  qui  a compofé  une  dilTertition  fur  ia  meme 
antique  , confirme  la  vérité  des  fentimens  que 
GaíTendi  difoit  étre  ceux  de  Peirefe.  11  ajoute  que 
ce  favant  les  avoit  déveioppés  dans  pluíieurs  lettres 
écrites  á Paul  Rubens , fon  pére  ; fa  diiíertation 
fe  rapproche  en  pluíieurs  points  de  Tune  & de 
i’autre  expiieation;  mais  elle  diífére  des  deux  fur 
beaucoup  d’objets. 

En  1Ó83,  Jaeques  le  Roy  pubüa  á Amfterdam 
une  nouvelle  difiertation  fur  íe  méme  fujet , réim- 
primée  depuis  dans  le  Recueil  de  Foléni.  Dans 
cet  ouvrage  , le  Roy  adopte  quelques  parties  des 
explications  données  par  Ies  trois  écrivams  dont 
nous  venons  de  parier , & les  rejette  le  pius  lou- 
vent,  pour  y fubftituer  les  fiennes. 

Le  P.  de  Montfaucon  publia  en  1715) , dans 
fon  Antíq,  expliquée , un  noiiveau  deíün  de  1 agate 
de  la  Sainte-Chapelle , & y joignit  une  expiieation 
qui  paroit  la  plus  vraifemblable  de  toutes  cenes 
que  Ton  avoit  données  jufques  a lui , de  merne 
que  fon  deíEn  eft  le  moins  incorreét-  La  voici  - 
La  gravure  de  cette  belle  agate  eft  divifee  en  tro^ 
plans.  Sur  le  pius  haut  eft  repréfentée  1 a.potkéoje 
d'AiíguJie;  fur  le  fecond  , on  voit  i ifaére  recejant 
Germanicus , qui  arriv'e  coiivert  des  lauriers  ue  Ja 
Germanie  j des  captifs  oceupent  le  troifieme. 

Des  cinq  figures  qui  font  fur  le  premier  plan, 
aucune  ne  porte  le  méme  nom  dans  les  quame 
explications  mentionnées  ci-deífus.  Le  Roy  pren  ^ 
pour  le  fils  de  Germanicus  peint  en  Amoar,  e 
petit  Cupidqn  ailé , qui  méne  par  la  bride  le  cheva 
Pégafe.  1 

On  eft  encore  moins  d’accord  fur  la  figure 
milieu,  qui  porte  une  couronne  radíale,  furmon- 
tée  d’un  voile  defeendant  fur  les  épaules  , & en 
....  /r — de  la  main  gauche.^  rnltan 


ftJupiter  ; ce  que  nient  avec  raifon  les  tiOis 


tient  un  leeptre 

autres.  Cnn’aiamaisvueneíFet  deJup.v. ^ 

ré;  & quoiqu’ilyait  eu  dqsJupirers  fans  bart 
exemoles  en  font  rares.  C’étoient  quelqu”*  .jud-'  - * 


jiteraksfific'-*' 


particuiic^® 


particuliers  ou  locaux  ; en  un  mot  ^ i’on  ne  trouve' 
ici  aucun  des  lymboles  propres  á Júpiter.  Les  trois 
auteurs  qui  ont  reieré  rexplicadon  de  Triítan , 
prétendenr  que  c^eít  Augulie.  Le  P.  de  Montfau- 
con  n'y  voit  ríen  qui  puilPe  le  faite  croire.  Cecte 
figure  n'a  aucun  trait  d'Augufte  , qui  ^ d’aiileurSj 
ne  porte  jamais  la  couronne  radiale.  De  plus, 
cette  figure  a une  robe  de  femme,  comtne  il  eft 
aife  de  le  voir  en  la  comparant  avec  toutes  les 
femmes  qui  font  au-deíTous  fur  le  fecond  plan, 
excepté  Agrippine,  qui  eíl:  vétiie  d'une  chiamyde  , 
comme  nous  le  verrons  plus  bas.  II  croit  que  c’eít 
\'énus-Reine  ou  \ émís-Génitrice  , -sMtc  fon  fils 
Enée , qui  paroít  erre  fur  fon  fein  , & au  coré 
gauche  Jules-Céfar,  defcendant  prétendu  du  fils 
dlAnchife. 

Au  cote  droit  de  la  déeííé  eft  gravé  Cupidon , 
foa  autre  fils  , conduifant  Pégafe , qui  porte  Au- 
guíle  couronné  de  laurier.  Ce  jeune  dieu  préfente 
Auguíte  á fa  mere,  pour  Pallocier  á toute  fa  fa- 
ir.iile  déifiée.  Enée  offre  au  méme  empereur  un 
globe  , peut-étre  le  globe  célefte  , pour  lui  mar- 
quer  qudl  va  régner  áans  le  ciel  comme  il  a régné 
fur  la  terre.  Venus  paroit  couronnée,  & tient  un 
fceptre  qui  défigne  le  rang  qu'elle  occupe  fur 
roiympse  avec  fes  enfans  8c  fes  defcendans.  On 
voit  fouvent  de  femblables  couronnes  radiales  fur 
la  tete  des  autres  divínités  , telles  que  Júpiter, 
Jimon,  Vefta,  Hercule,  &c. 

Le  P.  de  Montfaucon  eftd’accord  avecplufieurs 
de  ceux  qui  ont  expliqué  cette  agate , fur  toutes 
les  autres  figures  du  premier  plan.  Enée  porte 
i'habit  de  fon  pays , le  bonnet  & les  chauíTes 
phrygiennes.  Ce  ne  peur  étre  Rome , comme  l’a 
cru  Peirefc  : jamais  elle  n'a  été  repréfentée  daos 
ce  coftume  barbare.  Trillan  & Rubens  ont  re- 
cotinu , fans  héfiter , le  fils  d’Anchife.  Peirefc  & 
le  Roy  prennent  , avec  raifon,  pour  Jules-Céfar, 
la  figure  placee  derriére  Enée,  qui  tient  un  bou- 
clíer  & porte  une  couronne  de  laurier.  Cependant, 
ínalgré  la  conformité  de  fes  traíts  avec  ceux  qui 
diftinguent^  Céfar  fur  les  médailles  , Trillan  fa 
prife  mal-á-propos  pour  Ñero  Claudius  Drufus ; 
d autres  ont  voulu  trouver  dans  la  perfonne  de 
celui-cí,  qui  monte  au  ciel  porté  fur  Pégafe  , Ñero 
Drufus  ou  Marcellus , d:fant  que  fes  traits  font 
trop  délicats  & trop  jeunes  pour  repréfenter  .4u^ 
guñe.  Mais  les  médailles  font  contraires  á cette 
alTertion,  & elles  nous  offrent  fouvent  Auguíle 
auffi  jeune. 

Les  figures  du  fecond  plan  , qui  forment  un 
autre  tableau , font  plus  aifées  á expliquer  que 
les  premieres.  L'empereur  Libére  couronné  de 
iamier , tenant  un  fceptre  de  la  main  droite  , & 
le  Jaáton  augural  de  l'autre  main , eíl  aills  fur  un 
crone.  II  eíl  nud  jufqu'á  la  ceinture  , & couvert 
de  la  ceinture  juíqu  aux  pieds , d'une  égide  d'oú 
pendent  des  ferpens.  Trillan  feula  méconnu  cette 
cgice.  A la  droite  de  Tibére  eft  aítife  Livie,  que 
le  memeTriftan  a cru  feul  étre  Antonia.  Livie  eft 
Anciqahés  , Tome  I. 


couronnée  de  laurier,  & tient  des  pavots.  Cet 
atcribut  de  Cérés  fe  voit  fréquemmeat  fur  les  mé- 
dailles dans  la  main  des  impératrices. 

Tibére  parle  á Germanicus  , qui  fe  tient  debout 
devant  lui.  II  eft  armé  de  pied-en-cap,  & porte 
la  main  fur  fon  cafque.  Antonia , fa  mere,  cou- 
tonnee  de  laurier , paífe  fon  bras  autour  du  col 
de  ce  fils  viclorieux  pour  I’embralTer.  Trillan  fubf- 
titue  ici  j fans  aucun  fondement , Livie  á A^a- 
, tonia. 

Germanicus  fe  préfente  á Fempereur  aprés  fon 
expédition  de  Germanie  , felón  Trillan , dont  la 
conjeélure  eft  trés-vraifemblable.  De-lá  vient  fans 
doute  que  Tibére,  qui  devoit  avoir  Fhonneur  de 
fes  viéloires , que  Livie  & qu' Antonia  font  cou- 
ronnés  de  laurier.  Antonia  embraíTant  le  vain- 
queur  des  Germains,  vient  á Fappui  de  cette  con- 
jeclure.  Les  trois  autres  antiquaires  croient,  au 
contraire  , que  Germanicus  recoit  les  ordres  de 
Tibére  pour  Fexpédition  en  Orient.  Derriére  ce 
héros  , paroit  fa  femme  .Agrippine  aíTife , portant 
la  chlamyde  & tenant  un  rouleau.  On  voit  devant 
elle  Caligula,  fon  jeune  fils,  armé  d’une  cuiraíTe, 
d’un  bouclier , & revétu  de  la  chlamyde ; Germa- 
nicus 8c  lui  portent  des  bottines,  qui  ne  relíem- 
blent  ni  á la  enliga  ni  au  campagus , mais  á celles 
que  porte  Trajan  fur  fa  colonne. 

Au  cóté  droit  de  Livie  eft  affis  á terre  , fur  des 
armes,  un  captif,  coéfFé  d’une  mitre  & chauíTé 
comm.e  Ies  Barbares.  II  rmréfence  l'.Arménie  ré- 
Quite  par  Tibére  en  la  puiífiince  des  Romains.  Le 
P.  de  Montfaucon  a pris  un  des  boucliers  fur 
lequel  eft  affis  le  captif,  pour  un  gouvernail  de 
vaiíléau  j & il  en  donne  une  raifon  bien  extraois- 
dmaire  : 11  eft  place  la  , dit-il  , pour  marquer  que 
c‘eft  une  región  tranfmarine. 

Quant  á l’homme  armé , qui , debout  der- 
riére Livie , tenant  un  trophée  , regarde  les  figures 
du  premier  plan  , & eléve  une  main  vers  Enée , le 
favant  Bénédiélin  croit  qu’il  préfente  aux  pierfon- 
nages  déifiés  les  trophées  d’.Augufte.  Trillan  le 
reconnoir  pour  Numerius  Atticus , ce  courtifasi 
qui  alTura  avec  ferment  qu’il  avoit  vu  Auguíle 
élevé  au  ciel , & fur  richement  récompenfé  par 
Liv'ie  de  cette  baíTe  adulation.  Mais  cette  opinioa 
eft  rejetée  par  les  autres  favans  , qui  le  prennent 
pour  Drufus,  fils  de  Tibére,  portant  fes  propres 
trophées. 

La  femme  affife  fur  un  fíege  orné  de  fphinx,. 
eft,  felón  le  P.  de  Montfaucon,  Liville,  fceur 
de  Germanicus,  femme  de  Drufus,  fils  de  Tibére. 
Trillan  Fa  prife  pour  Julie,  femme  de  Tibére; 
mais  cutre  que  cette  derniére  princeííe  avoit  été 
depuis  long-tems  chaffée  &•  bannie  de  la  cour  , 
elle  mourut  affez  long-tems  avant  que  Germanicus 
revine  de  la  Germanie.^ 

Les  figures  du  troifiéme  8c  dernier  plan  , qu’ua 
bord  affez  large  & faillant  fépare  des  plans  fupé- 
rieurs,  repréfentent  des  captifs  & des  provinces 
conquifes.Rubensles  reconaoit  pour  les  prifonniers 

ir 


IJO 


A P o 


germainSj  trainés  en  triomphe  par  Germanicus. 
Le  R07  ne  les  reconnoit  point  pour  Germains,  & 
aíTare  que  leiirs  habits  & leurs  armes  n'appar- 
tiennent  pas  á cette  nation.  11  veut  que  ce  foíent 
■plutór  Ies  Arméniens  & les  Parthes,  foumis  par 
Tibére  ; parce  qu’il  étoir  plus  naturel  d’exprimer 
id  Ies  vidoires  du  principal  perfonnage.  Ces  rai- 
fons  n’oFxt  pas  pañi  concluantes  au  P.  de  Mont- 
faiicon.  Se:  il  achéve  fon  explication  en  difant 
que  ces  captifs  font  des  Germains. 

íl=  Afotkíofe  d‘ Aiigufte.  Quaiqu’on  ne  doive 
pas , á la  rigueiUj  donner  ce  nom  au  fujet  que  re- 
préíente  la  belle  pierre  connue  fous  la  denomi- 
na tion  ^agate  de  t Empereur ; cependant,  comme 
on  y voií  Augufte  couronné  par  des  divinités , on 
a cru  luí  pouvoir  afllgner  un  rang  parmi  les  apo- 
théofes  des  hoinmes  iüaífees.  La  haiireur  de  cetre 
agate  eít  moindre  d"un  tiers  que  celle  de  Pagare 
décrire  plus  haut , & fa  largeur  eft  á-peu-prés 
égale.  Elle  n’eft  divifée  qiPen  deux  pians , dont 
le  fecond  eft  occupé  par  ces  foldats  qui  dreflent 
des  trophéeSj  & quitraí'nent  des  barbares  vaincus. 
Les  longues  chauíTes  font  aiiement  reconnoitre 
ces  captifs  étrangers. 

On  voit  fur  le  premier  plan  Augufte  aíEsj  tenant 
k lituus.  II  eft  á derrd-nüd^  8c  tel  cue  Pon  repré- 
fente  ordinairement  Júpiter.  Derriére  lui  eft  uñé 
femme  couronnée  de  créneaux , ckít-á-dire  ^ Cy- 
béle,  qui  pofe  fur  la  tete  d'Augufte  une  couronné 
delaurier,  8c  s'appuie  fur  Neptune,  placé  devant 
elle.  Cybéie  8c  Nepttine  déíignent  ici  la  terre  Se 
la  mer  , témoins  des  vidloires  d'Augufte. 

La  femme  qui  eft  aíTife  devant  ces  deux  divi- 
nités & qui  tient  une  come  d'abondance , a deux 
enfans  nuds  auprés  dklle.  Riibens  lui  trouve  les 
traits  df4grippiine  j femme  de  Germánicas. 

A coré  d’Auguñe  on  voir  Rome  afíire.j  armée 
d’un  cafque , d'une  pique  & d’iin  bouclier.  Qnel- 
ques-uns  l’ont  prife  pour  Livie.  Augufte  pofe  fes 
pieds  fur  un  bouclier^  & Rome  fur  une  ciliraíTe 
auprés  de  laquelle  eft  un  cáfeue.  Cette  aíTociatíon 
d'Auguíte  Se  de  Rome  ne  peut  étonner  que  ceux 
qui  ne  connoiífent  pas  les  temples  confacrés  á la 
fois  á i'un  & á l'autre.  Le  capricorne  j-  figne  favori 
d’ Augufte  , eft  placé  au-deíTus  de  "fa  tete,  & ne 
laiiTe  aucun  doute  fur  le  fujet  de  cette  belle  gra- 
vare. 

Germanicus  Céfar,  arm.é  d’une  cuiraíTe  & po-r- 
tant  le  paludament , fe  tient  debout  auprés  de 
Rome;  8c  plus  loin,  Tibére  defeend  d'nn  char 
conduit  par  la  viéloire.  Le  futur  fuceeffeur  d'Au- 
gufte  eft  vécü  de  la  toge  pretexte,  comme  Ies 
rriomphateurs.  II  tient  d''une  main  un  feeptre  ou 
báton  de  commandeaient , 8c  de  Fautre  un  rou- 


leau. 


Rubens  croit  que  cette  pierre  repréfente  le  re- 
tour  de  Tibére  aprés  la  guerra  dTliyrie,  la  plus 
grande  &r  la  plus  importante,  dit  Suétone,  qui 
eút  été  hors  de  rjtalie  depuis  íes  gnerres  Punr- 
ques.  On  décerna.  i Tibére  , qui  favoit  terminée 


A P O 

le  triomphe , 8c  on  donna  á Germanicus  les  ome- 
mens  des  triomphateurs.  Mais  la  nouvelle  de  la 
défaite  de  Varus  étant  arrivée  a cette  époque,  le 
triomphe  fut  différé,  8c  Tibére  entra  á Rome  cou- 
ronné de  laurier , 8c  portant  la  toge  prérexte 
comme  on  le  voit  fur  cette  belle  agate. 

IIL  Apotkécfe  d‘ Augufte.  Cuper  a pubiié  le  deflin 
d’une  belle  pierre  gravee,  avec  fon  explication, 
mais  fans  nous  dire  á quel  cabínet  appartenoit  un 
auffi  précieux  morceau-  Elle  a , íi  íe  deíEn  eft 
fidéle  j íix  pólices  de  hauteur  , fur  une  largeur 
prefque  double.  Sur  un  char  trainé  par  deux  cen* 
taures , dont  Fun  porte  un  bouclier  8c  un  trophte, 
eft  aííis  un  jeiine  homme  couroriné).de  laurier , 
vétu  de  la  toge , & tenant  un  íoudre  de  la  inaia 
droite.  Sa  main  gauche  eft  paffée  autour  ¿u  coi 
d'une  femme  qui  eñ  aífife  fur  le  char  á fes  cotes. 
Elle  eft  voilée,  &a  les  traits  d'une  femme  férieufe. 
Sur  le  méme  char  eíí  placee  une  jeune  Sile  á la 
droite  du  héros , avec  un  enfant  armé  d'un  caique, 
de  la  cuiraíTe , 8-c  tenant  un  rouleau.  La  vicloire 
volé  au-déffus  du  héros,  & le  couronné.  Uirvafe  á 
deux  anfes  8c  á large  ouverture,  {canthams)  eft 
renverfé  auprés  du  char.  Deux  hommes  morts  ou 
b’eíTés,  coúchés  a terre,  font  foulés  aux  pieds  des 
centaures. 

Cuper  , d'accord  avec  Graevius , a reconnii  .Au- 
gufte 8c  Livie  aflis  dans  le  char  , 8e  Octavie  avec 
Marcellus  debout  á leurs  cotes,  ou  plutot  Tibére 
8c  Julie.  On  fait  que  les  triomphateurs  avoient 
cootume  de  faire  monter  dans  le  char  de  triomphe 
leurs  jeunes  enfans  des  deux  fexes.  Les  centaures, 
qui  caraóterifent  la  Theílalie  , déíig.nent  ici 
viétoires  quTAugufte  remporta  dans  cette  centree 
fur  les  meurtriers  de  Céfar , qiu  peuvent  étre  ces 
ennemis  foulés -aux  pieds  des  centaures, 

ApothÉOSE  de  Germanicus.  Cette  apoíhlofe 
fait  le  fujet  d'une  pierre  gravee  du  roi.  Eüe^í 
quatre  pouces  de  hauteur,  8c  fa  largeur  excede  la 
hauteur  de  quelques  ¡ignes.  Les  religieux  de  Samt- 
Evre  de  Toul,  qui  la  poíledoient  depuis  pres  de 
fepr  ñecles,  fous  le  ncm  de  S.  Jean  FEvangéiifte, 
la  donnérent  au  roi  en  16S4.  Les  antiquaires 
furent  partagés  á fon  fujet  : quelques-uns  7/^^ 
connoiíToient  Augufte;  mais  ¡e  plus  grand  norpore 
y vit  Germanicus  ; 8c  la  jeuneííe  du  heros  decida 
pour  ce  dernier  fentrment. 

On  ne  trouve  pas,  á la  vérité,  que  Geirnanicus 
ait  eu  Ies  hon-neurs  de  Vapotkéofe  publique.  y r 
cependant  poflible  que  ce  petit  monumsnt  ait  ete 
fait  par  Fordre  de  Caligula , fon  fils , _ou  de 
qu'autre  de  fes  parens  ou  amis.  Tache  nous  i 
que  Fon  eleva  á la  mémoire  de  Germanicus, ^^e 
délices  des  Romains , un  grand  nombre  de  ítatues 
& d’autres  monumens.  La  petiteífe  de  cette  agate 
Fa  rendu  facüe  á dérober  áux  regaras  du 
Tibére , 8c  plus  propre  á foulager  ía  douleur  u 
ami  du  héros.  | 

Germanicus  y eft  repréfente  aflis  fur  ® 
qui  yole  , comme  ks^jempereurs  deifies,  i, 


A P o 

is  Mínerve  «ouvre  Ta  poitrine ; !e  Lhuus  5c  une  ( 
come  d'abondar.ce  fon;  dans  fes  mains.  Le  pre-  j 
rnier  actribu:  eít  reiatifá  fa  ügniré  d’augurC:,  & 
Tautre  á fa  bienfaifance.  Une  viífoire  iecouronne, 

& Taigle  qui  le  porte  tiei:c  une  branche  de  !au- 
rier  dans  fes  ferres.  Le  P.  de  3íontfaiicon  a rap- 
porté  ce  monutnent  dans  fon  Supplémentde  FAnt. 
expliquée  , tora,  j , p!.  59. 

Apotheose  ¿e  CLaude.  Un  bas-relief  d’un  beau 
travail  repréfenre  cette  apatkéofe , que  Nerón  fit 
exécuter  peut-étre  comme  ii  déiSa  cet  empereur, 
c'eíi-á-dire , pour  fe  moquer  de  !ui , felón  Pline 
le  ¿eune.  II  appartenoic  aux  princes  Colonnes  ^ 
ainfi  que  Xapotkéofe  d'Homére.  Le  cardinal  Jérótne 
Colonne  le  fit  traufporter  á Madrid  j & le  donna 
au  roi  Philippe  iV. 

On  voit  Pempereur  Claude  en  buíte  avec  une 
couronne  radíale , furmontée  du  nimbe , porté 
fur  le  dos  d’un  aigle  épioyé.  Cet  oifeau  tient  une 
de  fes  ferres  fur  un  globe  j Se  Tautre  fur  ún  foudre. 

Ii  eít  pole  fur  un  amas  confus  d^armes^,  de  bou- 
ciiers^  de  peltes,  decuiraíTeSj  decafques  &d’épées. 
Sur  les  cotes  de  ce  monceau  d'armes  , on  voit  des 
éperons  de  navire  , une  ancre  , un  chénifque.  Les 
bóucliers  font  ovales  3 hexagones  Se  á bords  dé- 
coiipés. 

Le  tome  9 de  FAnt.  expliquée  en  ofFre  le 
deffin. 

Apothéose  de  Titus.  Domitien  fit,  quoiqiFá 
regret,  la  confécration  ou  VapothJofe  de  fon  frére. 
Elle  fe  voit  encore  aujourd'hui  fculptée  dans  la 
voute  de  Farc  de  Titus  á Rome  : ce  qui  prouve  , 
contre  Fopinion  de  quelques  antiquaires,  qudi  ne 
fut  báti  qa’aprés  la  mort  de  Titus.  II  n'y  a point, 
en  e.íet,  d'apparence  que  ce  raodeíte  empereur 
ait  fait  repréfenter  fon  apothéofe  de  fon  vivant. 
Domitien  aura  fans  doute  été  contraint,  par  les 
bienféances , á élever  cet  are , qui  eit  de  beaucoup 
inférieur  en  grandenr  Se  en  magnificence  aux 
autres  ares  qui  ornent  encore  la  viile  de  Rome. 

L'ernpereur , vétu  de  la  toge  , eít  aflis  fur  un 
aigle  épioyé  , Se  pofe  fes  mains  Rir  les  deux  ai'es. 
C'eít  le  fond  d’un  tablean  carré,  entouré  de  grands 
feltons  foutenus  aux  qaatre  coins  par  des  génies- 

ApOTHEOSE  de  Faufiine  la  jeune.  Le  P.  de 
Montfaucon  croit  la  reconnoítre  fur  un  bas-re!ief 
du  capitole  , qufil  a publié  pl.  60  du  y'  volu.me  du 
Supplément  de  FAnt.  expliquée. 

. L’impératrice  eít  repréfentée  fortant  du  búcher, 
voilée  , 8e  portée , non  par  un  aigle  comme  Ies 
empereiirs,  mais  par  une  femme  ou  un  génie  da 
fexe  lérmnir!.  Ce  génie  a des  _ailes  Se  tient  une 
longue  torche  allumée.  Barthoii  l’a  prife  pour 
piane  L'íc;fe>-a  ; mais  on  ne  voit  jamais  des  ailes 
á cette  divinité.  Le  favant  Bénédiícion  reconnoít 
ici  une  victoire  ; ce  qui  conviendroit  aíTez  bien  á 
Fauítine ; car  Marc-.iuréle,  fon  époux,  luí  avok 
dor.né  pnbliquement  la  dénomination  de  mater 
cafirorum  , rrdere  des  arrales,  qui  la  faifoit'parcager 
en  quelque  forte  Fhonneur  des  victoires  ávec  lui. 


A P P i > I 

CeluiHti  , affis  an  bas  du  tablean  eft  témoin  de 
í apothéofe  de  la  femme , ainii  que  le  préf'et  du 
prétoire , debout  áerriére  luí , Se  un  perfonnage 
inconnu  , demi-nud  Se  aflis  á íes  pieds. 

A FOT  HETE,  nom  d’un  air  de  ñute  des 
anciens. 

APOTROPÉENS , dieux  qui  détcurnoienr  Ies 
maux  dont  on  étoir  menacé : les  Egyptiens  avoient 
des  dieux  Apotropéens.  Ce  mot  yient  cí anrú-r^ísíli , 
détourner.  Voyer_  Averrunci.  Cn  leur  immo- 
loit  une  jeune  brebis. 

AFOXYO.MÉNE.  V~.  A’nosYo.MENH. 

. APFARATORES  araialiiim.  Muratori  (yir. 
I,  Tkef.  Irfcr.)  rapporte  Finfeription  fuivante  , la 
feule  ou  il  foit  fait  mention  du  coilége  des  Appa- 
ratores  : 

A POSTUXÍIUS  POSTUMIA 
CHERACLID 

ROGATOR.  MAG.  QUINQ.  CONLEG 
APPARAT.  ANNAL.  ITERUM. 

APPARATORIUM , lieu  des  préparatifs.- 
Fabretti  croit  que  ce  lieu  des  préparatifs  étoit 
celui  oú  Fon  difpofoit  le  feítin  des  funérailles , Se 
dans  lequel  on  gardoit  Feau  luftrale. 

APPARIER  les  gladiateurs,  componere  gladia- 
tores. Avant  de  commencer  Ies  combats  de  Fam- 
phithéátre  , on  apparioit  les  gladiateurs ; c’eft-á- 
dire  , qu’on  aílignoit  á chacua  Fadverfaire  contre 
lequel  il  devoit  fe  battre.  La  grande  attendon  de 
celui  qui  donnoit  les  jeux  , étoit  ééspparitr  des 
gladiateurs  égaux  en  forcé  Se  en  adreíTe.  lis  dé- 
daignoient,  en  effet,  de  combattre  des  rivaiix  qui 
leur  auroient  été  inférieurs ; comme  le  dit  Sénéque 
(¿í  Prov.  c.  3.)  : Ignomiriiam  judicat  gladiator , 
cum  inferiore  componi;  & feit  tum  fríe  gloria  vinci  ^ 
qui  fine  periculo  vincitur.  Le  gladiateur  fe  croit 
deshonoré  lorfqu’on  Fapparie  avec  un  rival  plus 
foible  que  lui , parce  qu’il  fait  qu’ii  n’y  a point 
de  gloire  á vaincre,  loriqu’ii  n’y  a point  eu  de 
dangers  á courir  dans  le  combat. 

APí^.4R1TEURS  , apparitores.  Les  Romains 
comprenoient  fous  ce  nom  générique  les  fervi- 
teiirs  des  juges  , que  nous  appelons  fergens  Se 
huiífiers  , & qiidis  noaimoient  feriba.  , accen.fi, 
interpretes  , prs.cones  , viatores  , liAorcs  , fervi  pu- 
blici  8c  carr.if  ces.  Servius  '.^TEntid.  12.  8)0.)  dérive 
leur  nom  álapparere , erre  préts  á exécuter  les 
ordres  des  luges  : Avparent , prsfio  funt  cd  obf- 
quium.  TJíide  etiam  apparitores  confiat  eífe  norrú- 
natos ; Sc-  ii  cite  en  preuve  ces  vers  de  FEnéide : 

Hs  Jovis  ad  fclium  , fívique  in  Ihnine  regis 
Apvarent , acuurajue  metum  mortalibus  igris. 

On  Ies  prenoit  parmi  les  a{Fr2nchis_  des  magif- 
trats,  8c  parmi  Ies  enfins  de  cesaSranchis.  J.esapp.:- 
riteurs  des  principaux  magiftiats  étoient  diítir.gués 
par  des  cafaques  ou  :nanteau.x  de  diverfís  coii- 
leurs  , comme  Ies  beieaux  desparaiíTes  en  Trance  , 
& par  un£  bande  de  lame  qui  defeendatt  de  Fépaiile 


25i 


A P P 


droite  au  cote  gauche , leur  tenok  lieu  de  cein- 
ture  & de  baudrier.  Leur  condition  étoit  fi  mé- 
prifée^  que  le  fénatvoulant  flétrir  une  ville  dont 
les  habitans  s'étoient  révoités,  ralfajétit  á fournir 
Ies  appariteurs  des  magiítrats. 

Les  appariteurs  des  cohortes  étoient  attaches 
á ces  corps^  & ne  pouvoient  les  quitter  fans  avoir 
finí  le  tems  du  fervice  des  primipiUs  : de-lá  vint 
qu'üs  furent  auííi  appelés  conditionaLes , attaches 
á leur  état.  Leurs  entans  étoient  obligés  de  Texer- 
cer  á leur  tour. 

Les  pontifes  avoient  des  liéteurs  qu  ils  appe- 
loient  apparlteurs.  On  les  nommoit-auCÍi  calatores, 
de  calare,  appeler,  parce  qu^üs  aíTembioient  les 
comices , qudls  marchoient  avant  les  pontifes 
pour  faire  ceílér  les  travaux  & retirer  les  ouvriers 
qui  auroient  pu  nuire  aux  facrifices.  On  a vu  long- 
tems  fur  un  marbre  de  la  voie  Appienne , finfcrip- 
tion  fuivante  ^ d’un  certain  P armularius  : 


APPARITORI 

PONTIFICUM 

PARMULARIO 

Les  apparitews  prétoriens  ou  du  préfet  du  pre- 
toire  , n exercoient  leur  emploi  que  pendant  une 
année  , aprés  laquelle  ils  pafl'oient  á des  fonsítions 
plus  relevées , relies  que  celles  de  greíEers , de 
trompettes,  &c.  lis  étoient  chargés  d'exécuter 
les  ordres  du  préfet,  d’amener  á fon  tribunal  les 
plaignans , d’écrire  les  alies , les  dépoíitions  , d en 
faire  la  ledture  aux  parties , de  rédiger  les  fen- 
tences  & de  Ies  faire  exécuter.  Ces  memes  appa- 
Títeurs  alloient  dans  les  maifons  des  femmes  ma- 
lades  & des  citoyens  diílingués,  recevoir  leur 
ferment.  lis  fe  fsifoient  reconnoitre  dans  ces  fonc- 
tions , en  portant  une  lumiére  & quelques  uften- 
fiies  pardculiers  á leurs  ufages.  Lorfque  le  préfet 
du  ptétoiré  fortoit  de  fon  tribunal  j ils  marchoient 
devant  !ui. 

On  leur  donnoir  quelquefois  Finfpeñion  des 
reíais  publics  , de  la  levée  des  impdts ; & les  fol- 
dats  fiationnaires  leur  indíquoient  les  retraites  des 
voleurs ; ou  les  leur  remettoient , lorfqu  ils  avoient 
¿té  obligés  de  s’en  faiíir. 

APPARITION  des  dieux-  Voye^  Aorasie. 

AP PARITORI ¡J M , étoit  Pendroit  ou  !o- 
geoient  les  appariteurs. 

APPELLATIONES , appels.  Les  empereurs 
ctabiiífoient  des  commiíTaires  pour  connoitre  des 
appels  , & leur  nom  étoit  Cognofientes^  ai  fueras 
appellationes . On  lit  dans  Gruter  Pinfeription 
fuivante : 

L.  VALERIO.  POPLierO 
CCS.  ORD.  ITEM.  COGNOSCERTl 

Ad.  sacras,  appellationes. 

APPIA  aqua  ; Peau  d*Appius.  Apptus  Paveugle 
6t  conduire  un  ruiiTeau  á Rome  vingt  ans  aprés 
le  commer.cement  de  la  guerra  des  Samnites.  La 
prife  d"eau  étoit  établie  dans  le  champ  de  LacuUus , 


A P P 


fur  la  Voie  de  Préneíle  , entre  le  líxiéme  & le  huí- 
tiérae  milie , en  s’écartant  du  chemin  á gauche 
Pefpace  de  fept  cent  quatre-vingt  pas.  Cette  con- 
duice  d"eau  avoit  de  longueur  plus  de  vingt  deux 
milla  pas.  Elle  entroit  á Rome  par  la  porte  Ca- 
péne,  aujoutd’hui  de  Saint-Sébaftien , & four- 
niífoit  de  Peau  á huir  régions  jufqu  au  champ  de 
Mars , par  le  moyen  de  vingt  cháteaux  d’eau.  On 
en  tiroit  Peau  pour  donner  des  naumachies  dans 
le  cirqué.  La  principale  fontaine  , appelée  Aqisa 
Appia , étoit  placee  dans  le  forum  de  Céfar,  au- 
deiíbus  du  temple  de  Venus  Appiade  ; & il  paroít , 
par  un  vers  d’Ovide  j qu'elle  étoit  jaillifTante  , 
c’eíl-a-dire  j quelle  formoit  une  gerbe  ou  un  jet 
d’eau  t 


Applas  exprejjts  aera  pulfat  aquis. 

Appia  vía.  Applenne.  (voie) 

APPIADES , divinités  dont  les  temples  étoient 
prés  des  eaux  ou  fontaines  d’Appius  á.  Rome , non 
loin  du  forum  de  Céfar.  On  en  nommoit  cinq : 
Venus,  Pallas,  la  Concorde,  la  Paix_  & Veda. 
Cicerón  en  excepte  Pallas.  Elles  avoient  auíii , 
dit-on  j un  temple  commun,  dans  leque!  elles 
étoie.nt  repréfentées  á cheval,  córame  des  Ama- 
zones. 

Les  Nym.phes  que  Pon  a déterrées  depnis  peu 
dans  ce  méme  emplacement , déterminent  le  fens 
du  furnom  Appiades  , & femblent  le  revendiquer 
feules. 

APPIENNE,  (la  voie)  grand  chemin  de 
Rome , qu  Appius  Claudius  Eaveugle  fit  conílruire 
pendant  fa  cenfure,  Part  442.  de  Rome.  Lneinf- 
cription  rapportée  par  Giuter  en  fait  foi  r 

appius.  claudius 
c.  F.  C,£CUS 

CENSOR,  eos.  BIS.  DICT.  INTER- 
TEX.  II.  PR.  II.  AED.  CUR.  II.  Q.  TK, 
MILIT.  IIÍ.  COMPLUKA.  OPPUDA. 

DE.  SAMKITIBUS.  CEPIT.  SABINO- 
RUM.  ET.  TUSCOPvUM.  EXERCI- 
TUM.  FÜDIT.  PACEM.  FIERI.  CUM 
PyRP,HO.  REGE.  PROHIEUIT-  IN. 
CENSURA.  VI AM.  APPIAM.  STRA- 
VIT.  ET.  AQUAM.  IN.  ÜRBEM.  AD- 
DÜXIX.  AEDEM.  BEILONAE. -FECIT. 

La  voie  Appienne  commenqoit  á la  porte  Ca- 
péne,  aujourd’hui  de  Saint-Sébaítien , paífoit  fur 
la  montagne  de  Sancli- Angelí,  traverfoit  Ies  ma- 
rais  Pontins , & finiffoit  á Capoue  , qui  étoit  alors 
la  limite  de  PEmpire  Romam.  Elle  fut  depuis 
continuée  jufqká  Brindes,  on  ne  íait  par  qui,^ni 
á quelle  époque.  Cette  voie,  que  Stace  a nommee, 
avec  raifon, /a  reine  des  grandes  voies , (Sylv-  ra» 
z.iL)t 


Qaa  limine  noto 

Appia  longarum  teritur  regina  ■yíarturí» 


A P P 

avoit  vingt-cinq  pieds  de  largeur,  avec  des  rebords 
en  píerres,  eleves  de  douze  en  douze  pieds,  pour 
íbutenir  le  pavé  écoit  fait  avec  de  longues  & 
fortes  dalles  de  pierres.  On  y avoit  ménagé  d’ef- 
pace  en  efpace  des  montoirs  de  pierres , pour 
fervirde  fiéges  aux  piétons,  & d'écuyers  aux  cava- 
liers.  C.  Gracchus  y ajouta  de  petites  colonnes 
qui  marquoient  les  niiíles.  Pomponius  Átticus  , 
Pempereur  Sévére,  le  médecin  TheílaluSj  eurenr 
leurs  tombeaux  le  long  de  cette  voie. 

La  voie  Appienne  nouvtlle  , étoit  le  chemin 
que  fit  conñruire  & paver  Caracaila^  depuis  fes 
thermes  jufqu’á  la  porte  Capéne,  ou  il  fe  réunif- 
folt  a la  voie  Appienne. 

APPIO  (rio  d').  Voye^  Almo-M. 

APPIüS  (ruisseau  d').  V.  Almon. 

Appius  , furnom  de  la  famille  Claudia. 

APPLAÜDISSEMENS.  Les  applaudijfemens 
étoient  diíHngués  des  acclamations , en  ce  que  ces 
derniéres  étoient  des  cris  ou  des  éloges  donnés 
á haute  voix ; & que  la  voix  ne  fervoit  point 
aux  applaudijfeurs.  Ceux-ci  n^employoient  que 
leurs  mains , & quelquefois  leurs  toges , dont  ils 
faifoient  voltiger  un  pan.  L’empereur  Aurélien 
dillribua  au  peuple  des  bandes  d’étofíe , pour  étre 
employées  á applaudir,  á la  place  des  habits. 

C'étoit  dans  les  théátres  , les  cirques  & les 
amphithéátres , ,que  Pon  entendoic  les  plus  fré- 
quens  applaudijfemens.  Auffi  étoit- ce  dans  ces 
lieux  d'affemblée  que  l’art  d’applaudir  fut  foumis 
á des  regles.  Les  Romains  limpies  & groffiers 
applaudirent  long-tems  fans  mefure  & fans  ordre. 
lis  fe  livroient  machinalement  á Fenthouíiafme 
ou  á une  admiration  réfléchie,  qui  leur  arracboient 
des  applaudijfemens  proportionnés  á leurs  véri- 
tables  fenfations.  Cette  fimplicité  indiquoit  les 
premiers  tems  de  Rome;  car  Ovide,  parlant  de 
l'enlévement  des  Sabines,  dit  qu  alors  les  applau- 
dijfemens n'étoient  encore  foumis  á aucune  régle  : 

Jn  medio  plaufu , plaufus  tune  arte  carehat. 

Les  derniers  tems  de  la  république  & Ies  pre- 
miers des  Céfars,  virent  introduire  á Rome  ce 
nouvel  art,  qui  avoit  fans  doute  pris  naiíTance 
dans  la  Crece,  & qui  s’étendit  dans  PItalie,  par  la 
communi catión  habituelle  entie  les  deux  contrées. 
L'adulation  en  fit  bientót  un  moyen  general  de 
capter  la  bienveiiknce  des  empereurs , en  Ies 
appIaudiíTant  artiíiem.ent  á leur  entrée  dans  les 
lieux  publics,  ou  en  prodiguant  Ies  mémes  mar- 
ques de  bienveillance  aux  chanteurs  , aux  cochers 
& aux  gladiateurs  que  ces  defpotes  affédionnoient. 
Ce  delire  méthodique  fut  porté  á fon  comble  fous 
le  régne  de  Néron,  qui,  devenu  lui-méme  chan- 
teur  & joueur  de  ilute,  vouloit  étre  applaudi, 
fous  peine  de  mort.  On  fait  avec  combien  de  peine 
un  fenateur,  homme  confulaire,  évita  la  fureur 
de  ce  prince,  quil  avoit  encourue  en  dormant 
pndant  q^ne  tous  les  flatteurs  de  Rome  applaudif- 
loient  á Teavi  le  chanteur  couronné. 


Afín  de  les  y engager , Nerón  avoit  choili  de 
jeunes  gens  de  Pordre  des  chevaliers,  & plus  de 
cinq  miUe  plébéiens  forts  Se  vigoureux,  qui  appre- 
noient  1 art  d applaudir.  Se  fe  divifant  en  plufieurs 
troupes,  oceupoient  tous  les  gradins,  qa’ils  fai- 
foient retentir  de  leurs  applauaijfetnens.  Suétone  , 
{cap.  20,  n.  6.')  : I\eque  eo  fegniiis  adolejeentes 
equejiris^  ordinis  , & quinqué  amplias  millia  e plebe ^ 
robuf  ijfimí  juventutis  , undique  elegit , qui  divifi  in 
faüiones yplaufuum  genera  condifeerent;  bombos,  & 
imbrices , & tejías  vocabant. 

Ces  applaudilfemens  étudiés  étoient  donnés  avec 
la  robe,  comme  nous  Pavons  dit  plus  haut,  ou 
avec  les  mains  : c’eft  de  ces  derniers  qu'ii  nous 
reíte  á parler.  On  y employoit  les  doigts  feulement, 
ou  les  doigts  d’une  main  appuyés  fnr  la  paurne  de 
Pautre  , oiiles  paumes  des  deux  mains  fortement 
appuyées  Pune  fur  Pautre,  comme  dans  nos  bat- 
itmens  de  main  modernes. 

Le  louvenir  des  applaudijfemens  donnés  avec 
Ies  doigts  d'une  feule  main  , nous  a été  confervé 
á Poccafion  d'une  ftatue  de  Sardanapale , décrite 
par  Strabon  ( liv.  14) : on  voit,  dit-il,  dans  cet 
endroit,  le  tombeau  de  Sardanapale  aveefa  ftatue 
de  pierre,  qui  rapproche  les  doigts  de  fa  main 
droite  , ' comme  pour  leur  faire  rendre  un  fon. 
Mangez  , buvez , jouez , femble  dire  encore  ce 
monarque  voluptueuxj  car  toar  ce  qui  oceupe  les 
hommes  ne  vaut  pas  le  fon  léger  que  rendent  ces 
doigts.  Athénée  (//¿.  12)  parle  de  ce  tombeau, 
& dit  qu  il  rPy  avoit  qu'une  main  feule  fculptée 
fur  le  monument.  _Du  relie  , il  skGccrde  avec 
Strabon  fur  la  pofition  des  doigts,  & fur  Pinten- 
tion  que  le  fculpteur  aveit  precce  a Sardanapale, 
Les  enfans  s'exercent  encore  da.ns  leurs  jeux  á 
faire  rendre  ce  fon  a leurs  doigts.  Ils  appuyeni 
le  plus  grand  doigt  feul  fur  la  derniére  phalange 
du  pouce,  &:  le  faiíant  gliííer  & retomber  fur  la 
paume  de  la  main , ils  entendent  un  bruit  qui  Ies 
réjouit  par  fa  reífemblance  avec  le  fon  des  cafta- 
gnettes. 

Sénéque  indique  Ies  aifférentes  manieres  d’ap- 
plaudir  avec  Ies  mains , ( LJat.  qu&Ji.  u.  28.  ) : 
Averfs,  Ínter  fe  manus  coUifs.  non  plaudunt , fed 
palma  cum  palma  collata  , plaujum  facit.  Et  plari- 
mum  Inter  eji  utrum  pavs  concutiantur , an  plana  & 
extenta.  » Si  Pon  frappe  les  parties  extérieures  des 
mains  Pune  contre  Pautre,  elles  ne  rendent  aucun 
fon ; le  contraire  arrive  lorfqu'on  frappe  les  deux 
paumes  Pune  contre  Pautre } & Pefpéce  du  fon 
qu  eiles  rendent  dans  ce  dernier  cas  , dépend  en- 
core de  la  pofition  des  mains  dans  ce  battement. 
•11  faut  favoir  fi  elles  font  étendues , ou  íi  eiles 
forment  deux  creux  ».  Dans  le  premier  cas , elles 
rendent  un  fonfec,  qui,  étant  répété  parplu.fieurs 
perfonnes  avec  promptítude,  mais  fans  beaucoup 
de  forcé,  irriite  aíTez  bien  le  bruit  d’une  pluié 
d’otage  ou  d’une  gréle  tombant  fur  des  corps  fo- 
nores  , tels  que  Ies  tuiles.  On  appeloit  conféquem- 
ment  cette  maniere  d’applaudir  imbrices,  tuiles. 


; Loríqu’dn  frappoir  Tun  contre  I’autre  les  creux 
desdeax.maias  loiig-tems  & avecpeu  de  forcé,  on 
i.mitoit  le  briiit  fourd  & continu  dii  bourdonne- 
msnt  des  abeiOes  : de- la  vint  que  Ton  appela 
bombas  cette  maniere  d’applaudir.  Les  enfans  la 
pradquent  encóre  dans  leurs  jeux. 

On  applaudiiroit  enñn  , en  frappant  dans  la 
paume  de  la  main  gauche  avec  les  doigts  réunis 
de  la  droite,  fans  fe  fervir  de  la  paume  de' cette 
main.  Cette  maniere  d'applaudir  eft  encore  en 
ufage  dans  nos  affemblées.  Elle  rend  un  fon  clairj 
qui,  étant  répété  en  mefure  & en  cadenee,  imite 
celui  que  rendent  des  vafes  de  terre  frappés  avec 
des  bátons,  ou  méme  celui  du  baton  qui  ferc  á 
conduire  les  orcheftres.  C’eft  pourquoi  on  appela 
tefias  cette  maniere  d’applaudirj  ces  tefi&  ou  vafes 
de  terre  fervirent  long-tems  fur  les  théátres  á 
conduire  & accompagner  les  danfeurs,  avant  Fin- 
troduedon  des  joueurs  de  ñute.  On  frappoit  fur 
ces  vafes  avec  un  báton  ; & depuis  on  aflimila  au 
fon  quils  rendoient,  lebruit  formé  par  laderniére 
maniere  d'applaudir. 

Le  peuple  fe  levoit  pour  applaudir  dans  les 
théátres : 

Stantiaque  in  plaufum  tota  tkeatra  juvent. 

dit  Properce  (3.  & 11  fouíFroit  de  Figno- 

rance  des  gens  de  la  campagne  qui  ne  connoilTant 
pas  les  regles  de  Fart  d'applaudir,  troubloient , 
par  leurs  applaudijfemens  non  modules , Fhar- 
monie  genérale.  Tacite  {Annal.  xri.  j.)  parle  de 
ces  applaudijfemens  mal-adroits  : Cum  manihus 
mfeiis  fatifeerent , mrbarent  guaros.  V^oyet^AcQLA- 
MATIONS. 

APPULEIA,  famille  romaine  dont  on  a des 
médailles  ; 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

Goltzius  en  a publié  quelques  médailles , in- 
connues -depuis  lui. 

APRONÍA  , famille  romaine  dont  on  a des  mé- 
dailles : 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

Goltzius  en  a publié  quelques  médailles , in- 
connues,  depuis  luí. 

APTÉRE,  en  Créte.  AnTAPAiGN  ge  aote- 

PAIÍ2N.  ’ 

. Les  médailles  autonomes  de  cette  viile  font: 

RRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

O-  en  or. 

Aptere  , «srrspí? , fans  ailes.  Les  Athéniens 
donnérent  cette  épithéte  á la  Vidíoire,  quils  re- 
préfentoient  fans  ailes , pour  la  fixer  dans  leur 
patrie. 

APYCNI,  amix.101  ^ non  épais.  Les  anciens 
appeioient  ainíi  dans  les  gentes  épais,  trois  des 


huir  fons  ílables  de  leur  f/íléme  ou  diagramme, 
iefqueis  ne  touchoient  d'aucun  coré  Ies  intervalles 
ferrés  ; favoir  , la  proñanbanoméne , la  nete  fyn- 
néménon  & la  nete  hvperboléon.  lis  appeioient 
auffi  ap-venos  oa  non  épais,  le  gente  díatonique; 
parce  que  dans  les  tétracordes  de  ce  genre  , la 
fomme  des  deux  premiers  intervalles  étoit  plus 
grande  que  le  troiíiéme.  (3.  3-  B.oujfeau). 

AQUA.  Les  Romains  appeioient  aqua  Appia, 
le  ruiffeau  conduit  á Rome  par  Appius ; aqua  Tra- 
jana,  Feau  amenée  par  l’aquéduc  de  Trajan,  &c. 
F'oyei  Aquéducs. 

Aqua  dAcio.  q almon. 


:iO.  "í  pr  , 

Aqua  Taccio.  5 


AQUAGIt/M , vé'íxyayítóí  & ¿¡Fpaí'iüyia  deS 
Grecs  , canaux  d’arrofemenc  , diíférens  des  aqué- 

AQUARIOLUS , homme  adonné  á Fimpu- 
dicité  , felón  Feñus  , qui  vit  avec  les  femmes  dé- 
bauchées.  On  lui  donnoit  par  mépris  ce  nom , 
qui  exprimoit  les  fondlions  les  plus  viles  des 
efclaves  qui  fervoient  ces  fémmes  perdues  : Qui 
aquam  meretricibus  minifr  abant , qu.á  fe  pofi  vene- 
rem  abluerent. 

AQUARIUS.  On  appeloit  de  ce  nom  les  inten- 
dans  des  aquéducs,  & ceux  qui  avoient  Finfpec- 
tion  des  prifes  d’eau  établies  dans  les  maifons 
des  particuliers  ou  des  princes.  Une  infeription 
nous  a confervé  le  nom  d’un  de  ces  oíEciers  de 
la  maifon  d'Augüñe : 

NYMPH.  SANC.  SAC. 

EPICTETUS 
AQUARIUS.  AUG.  N. 


AQUATILES  dli,  les  divinités  des  eaux,  _des 
fontaines , des  riviéres  & de  la  mer.  On  lifoit  a 
Come  Finfcripcion  fuivante  : 

NEPTUNO.  EX 
DIS.  AQUATILIB. 

PPvO.  SALUT.  EX 
INCOLUMIT.  SIJA 
QUAP..X.  SECONDIN. 

AQUATORES gouiats  ou  valets  d’armee , 
qui  portoient  de  Feau  dans  les  camps  romains. 

AQUÉDUCS.  On  en  diftingue  de  deux  fortes: 
Á’apparsns  & de  fouterreins.  Les  apparens  font 
conílruits  á travers  Ies  vallées  & les  fondrieres, 
& compofés  de  trémeaux  & d’arcades  : tels  font 
ceux  d’Arcuei! , de  Marly  & de  Bucq,  prés  ^ er- 
faHles.  Les  fouterreins  font  percés  á travers  Ies 
montagnes  , conduits  au-deíTous  de  la  fuperficie 
de  la  terre,  batís  de  pierre  de  taille,  de  mcilon, 
de  brique,  &c.  & couverts  en-deíTus  de  voutes  ou 
de  pferres  plattes  , qufon  appelle  dalles.  Ces  dalles 
mettent  Feau  á Fabri  du  foleil  & des  pl’aies  d o- 
rage  : tels  font  ceux  de  Roquenco.urt , de  Behe- 
ville  &c  du  pré  Saint-Gervais.  Ces  deux  fortes 
aquéducs  ont  été  connues  & employées  par  les 


A QU 

ancsenSí  & üs  Ies  ont  réunies  fouvení  toutes  Ies 
deux  á chaqué  conduite  d’eau. 

Ob  ciítribue  encore  Íes  aquéducs  en  douhles 
DU  triples,  c'eíl-a-áire,  portes  fur  deux  oil  trois 
rangs  d'arcades  : tel  eft  cebú  dii  Pont-du-Gard  en 
LanguedoCj  qui  eít  triple,  ainíi  que  \ aque.iuc  de 
Conluntinopíe.  On  peut  y ajouter  celui  que 
Prococe  dit  aveir  été  conítruit  par  CofroeSj  roí 
de  Perfe,  pour  la  vilJe  de  Pétra^,  en  Mingrélie  : il 
avoit  trois  conduits  far  une  meme  ügne  ^ les  uns 
eleves  au-delius  des  aatres. 

Les  aquéducs  de  toute  efpéce  étoient  jadis  une 
des  merveilles  de  Rome.  Leur  grand  nombre^  Ies 
fommes  immenfes  employées  á faire  venir  des 
eaux  d’endroits  éloignés  de  trente , quarante , 
foixante,  & meme  cent  milles  j Pur  des  arcades, 
ou  continuées,  ou  fappléées  par  d’autres  travaux, 
comme  des  montagnes  coupées  & oes  rochers 
percés  ; tout  cela  doit  furprendre.  On  n'entre- 
prend  rien  de  femb'able  auiourd'hui } on  n oferoit 
inéme  penfer  á acheter  fi  ebérement  la  commo- 
dité  publique. 

Piufiears  endroits  de  la  campagne  de  Rome 
offrent'de  grands  relies  de  ces  aquéducs , des  ares 
continúes  dans  un  long  eípacej  au-deíTus  defquels 
étoient  Ies  canaux  qui  portoient  Teau  á la  viíle. 
Ces  ares  foat  quelquefois  bas  , & quelquerois 
¿’une  grande  hauteur  j felón  les  inégalités  du  ter- 
rein.  11  y en  a qai  ont  deux  arcadas  Tune  fur 
Tauiíc  , de  crainre  que  la  trop  grande  hauteur 
d’une  feule  arcada  ne.  rendk  la  ñrudiure  moins 
foíide.  Tous  ces  aquéducs  font  communément  de 
briques  fi  bien  cimentées que  Ton  a beaucoup  de 
peine  á les  féparer. 

Quand  Félevacion  du  terrein  étoit  tres-grande  , 
on  avoit  recours  aux  aquéducs  fouterreitis  qui 
portoient  les  eaux  á ceux  qkon  avoit  eleves  fur 
terre  dans  les  fonds  & les  peines  des  montagnes. 
Si  Feau  ne  pouvoit  avoir  de  la  pente  qken  paíTant 
au  travers  d'un  rocher  , on  le  perqoit  á la  hauteur 
de  Yaquéduc  fupérieur  : tel  eñ  celui  de  Vicovaro , 
au-deíTus  de  Tivolf.  Le  canal  qui  formoit  la  fuire 
de  cet  aquéduc , eíl  taillé  dans  le  roe  vif  Fefpace 
de  plus  d'un  mille  ^ ñir  environ  cinq  pieds  de  haut 
8c  quatre  de  large. 

Une  chofe  digne  de  remarque^  c'eíl  que  ces 
aquéducs , qu'on  pouvoit  conduire  en  droite  ligne 
á !a  vüle , n’y  parvenoient  que  par  des  íinuoiités 
fréquentes.  Les  uns  ont  dit  qn’on  avoit  fuivi  ces 
obliquités  pour  éviter  les  frais  d’arcades  d’une 
hauteur  extraordinaire  : d’autres  ^ qu’on  s’étoit 
propofé  de  remore  la  trop  grande  im¡>étuoíÍLé  de 
l’eau,  OU!  ^ coulant  en  ligne  droite  par  un  efpace 
immerifeí  auroit  toujours  augmenté  de  viteiTe  j 
endommagé  les  canaux,  & donné  une  eati  peu 
nette  & mal-faine.  Nous  leur  demandons  cepen- 
dant  pourquoi , y ayant  une  fi  grande  pente  de  la 
cafcade  de  Tivoli  á Rome , les  Romains  ont  pris 
1 eau  de  la  meme  riviére,  a víngt  milles  & davan- 
t2ge  plus  haut : que  difons-nous  víngt  milles  J á 


i i,  uxjui.  í^iL¡„  awc 

travaux  néceíTaires  & leurs  dépenfes  iuftiñées. 
i oiifait  d’ailleurs  que  Feau  da  Tévéroné  eíl  ch: 


A Q U 255 

plus  de  trente,  en  y comprenant  Ies  détours  d’uíi 
pays  plein  de  montagnes.  On  répond  que  la  certi- 
tisde  á’avoir  des  eaux  meilleures  & plus  purés, 
fuffifoit  aux  Romains  pour  leur  faire  croire  leiirs 

Si 

que  l'eau  da  lévéroné  elt  char- 
gée  de  parties  minerales  Se  mal-faines , on  ferá 
fatisfait  de  cetce  réponfe. 

Si  Fon  jette  les  yeux  fur  la  planche  128a  du 
4'  volume  de  Y Antiquité  expliquée , du  pére  de 
Montfaucon  3 on  pourra  juger  des  foins  avec  ief- 
queis  ces  immenfes  ouvrages  étoient  conílruits. 
Des  foupiraux  étoient  ouverts  d’efpace  en  efpacé, 
aíin  que  l’eau  fe  trouvant  arrérée  par  quelqu’acci- 
dent , püt  fe  dégerger  iufqu’á  ce  que  Fon  eút  dé- 
gagé  fon  paíTage.  11  y avoit  eneore  dans  le  canal 
meme  de  Yaquéduc , des  puits  cu  Feau  fe  précipí* 
toit,  fe  repofoit  & dépofoit  fon  limón,  & des 
pifeines  oú  elle  s’étendoit  & fe  purifioit. 

Voici  les  varietés  qu’ofrrent  dans  leur  conílruc' 
tion  quelques  aquéducs  de  Rome.  Celui  de  Y Aqua-^ 
Marcia  2 un  are  de  feÍ2e  pieds  d’ouverture  ; fa 
macennerie  eíl  faite  de  trois  diíFérenres  efpéces 
de  pierres  qui  font  des  laves.  11  porte  deux  canaux 
places  i’un  aa-deíTus  de  l’autre.  Le  plus  élev'é  con- 
duifoit  Feau  nouveile  du  Tévéro-né,  Anio  novus p 
celui  de  deíTous  étoit  Feau  Claudíenne.  L’édiiics 
entier  a foixante-dix  pieds  romains,  foixante  pieds 
francois  environ  de  hauteut. 

Le  P.  de  Montfaucon  a donné  la  coupe  d’urí 
aquéduc  á trois  canaux  ; le  fupérieur  ecndiiifoit 
Feau  Julia , celui  du  miliea  Feau  Tepula , & Fin- 
férieur  Feau  Mareta. 

L’arc  de  Yaquéduc  qui  apportoit  á Rome  Feau 
Claudíenne  , eíl  báti  de  ’pelle  pierre  de  raillej  celui 
de  Feau  Néronienne  eít  de  brique  : ils  ont  Fiin 
& Faiitre  foixante  & douze  pieds  romains  de  hau- 
teur, moins  de  foixante- deux  pieds  francois. 

On  remarque  á Yaquéduc  de  Feau  d’Appius  une 
forme-  de  canal,  qu’il  faut  obferver  foigneufe- 
ment.  Ce  canal  n’eíl  pas  uni  comme  les  autresv 
niais  il  s’élargit  du  fond  en  haut  par  des  retraites-, 
ou  degrés. 

Le  conful  Frontin,  qui  avoit  l’infpeélíort  des 
aquéducs  fous  l’empeteur  Kerva,  a fait  unTraité. 
fur  cet  objet  : il  y parle  de  neuf  aquéducs  qui 
avoient  treke  milie  cinq  cent  quatre-vingt-qua- 
torze  tnyaux,  d’un  pouce  de  diamétre.  Proeope# 
qui  a écrk  aprés  lid  , en  compre'  quatorze  , c’eíl- 
á-dire  j qu.atorze  canaux  portés  par  neuf  aquéducs, 
Vigérus  a calculé  que  Rome  rece-voit,  dans  refpace 
de  vingtquatre  heures,  cinq  mi’le  muids  d’eaü, 

Kous  allons  décrire  ici  toutes  les  eaux  qui  fe 
répandoíent  dans  Rome , & dont  il  ne  fera  pas 
fak  mentí  on  á leurs  arricies  refpedifs.  Pendant 
quatre  íié'cles , les  Romains  ne  burent  & n errí- 
ployérent  que  l’eau  du  Tibre.  Mais  I’étendue  de 
leur  vilk  & leur  population  étant  aagmentées  ^ 
íls  s’occupérent  des  tnoyens-  «Faffiener  dans  Feií- 
ceHUS  Eo-me  &"  fu*  fes  collínes,  des  eaí*s 


ahondantes.  Un  décret  du  fénat  & du  peuple 
chargea  de  ce  foin  le  cenfeur  _Appius._  Tan  444  , 
fous  le  coníulat  de  M.  Valerias  Máximus  & de 
P.  Decius  Mus.  Ce  cenfeur  amena  á Rome  Xeau. 
qui  porta  fon  nom.  Voye^  Ai’pia  aqi¿a.  On  conf- 
truiíit  enfuite  diíférens  autres  aquéducs , fuivant 
le  befoin  ou  le  luxe  des  Romains.  Les  cenfeurs  Se 
Ies  ediles  eurent  l’intendance  des  eaux des  aqué- 
ducs , des  cháteaux  d'eau , & des  prifes  d eau 
accordées  aus  particuliers  gratuitement , en  forme 
de  récompenfes  ou  avec  la  charge  d une  impoíj- 
tion.  Les  empereurs  s’attribuérent  á eux  feuls  le 
droit  d'accorder  ces  faveurs. 

Les  Romains  divifoient  les  parnés  d’eau  attrL 
buées  á chaq^ue  édifice  publíc  ou  particulier_^  en 
doigts  Se  en  pouces.  Le  pouce , uncía , ¿toit^  la 
douziéme  part'e  du  pied  romains  & le  doigt  n en 
étoit  que  la  íix’éme. 

Ueau  Albudiita.  II  tfen  eft  fait  mention  que 
dans  Viítor^  qui  paroit  favoir  créée  pour  com- 
pléter  un  cerrain  nombre  a eaux  , qu'ii  íe  propo- 
íbit  de  retrouver. 

Veau  Alexandrine.  Les  ims  veulent  que  cette 
eau  ait  porté  le  nom  d'Alexandre-Sévérej  parce 
quil  la  iit  conduire  á Rom.e  dans  fes  thermes^ 
auprés  de  ceux  de  Nerón.  D'autres  penfent  qu’il 
détourna  les  eaux  des  thermes  de  Nerón  pour  les 
amener  dans  les  llens , & qu  il  leur  donna  fon 
nom. 

Ueau  Algentina.  Elle  prenoit  fa  fource  au  mont 
Algide  ^ couioit  au  bas  des  cóteaux  de  Tivoli  & 
arrivoit  á Romé  j mais  on  ne  fait  par  quelle  porte. 
On  en  voit  encore  quelques  arcadas  á moiné  che- 
min  de  Frefcati.  C’eíl  peut-étre  la  méme  eau  que 
le  cardinal  Aldobrandin  íit  conduire  á fa  villa  de 
Tivoli  j appelée  Bdvédere. 

U eau  Alfia.  Voyez  Xeau  Setina. 

Ueau  Áífetina  fortoit  d’un  lac  de  méme  nom, 
Rtué  prés  de  la  voie  Claudienne,  &iut  conduire 
á Rome  par  Augufte , dont  elle  prit  le  nom.  On 
voit  des  reñes  de  fon  aquéduc  auprés  de  ¡a  naur 
machie  d’ Augufte , au-delá  du  Tibre. 

Ueau  Anuía.  On  ne  la  connoit  point , á moins 
que  fon  n’ait  voulu  défigner  par  ce  nom  ¡es  ruif- 
feaux  dérivés  de  ¡‘Anio  , Anius. 

Ueau  ¿‘Antonin  prit  fon  nom  des  thermes  d'An- 
tonin  Caracalla,  qui  fy  fit  conduire. 

Ueau  d’Appíus.  Voytz  AíPIEHNE. 

Ueau  d‘ Augufte.  On  donna  ce  nom  á un  ruiíTeau 
d’eau  bonne  & falubre  qu’Augufte  fit  amener  & 
réuriir,  par  un  aquíduc  fouterrein,  á Xeau  Murcia, 
qui  tariiToit  dans  Féte.  Son  canal  particuüer  étoit 
long  de  buit  cens  pas.  Par  la  fmte  , Xeau  Murcia 
écant  dever.ue  plus  ahondante  , conduiíit  I’eau 
d’Augulle  iufqu'á  celle  de  Clauáius , á laquelie  on 
ia  reunir  de  nouveau. 

Ueau  Aurelia  fut  ainfi  appelée  de  L.  Aurélius 
Corta , qui , étanr  conful  fepr  ans  avant  la  rroi- 
íiéme  guerre  Punique,  fit  eonifruire  une  voie,  le 
lyng  de  iaquslle  cq»4loit  cette  eau. 


A Q U 

Ueau  du  Capitole  étoit  deftinée  uniquement  á 
l’ufage  du  temple  , aux  luftrations,  aux  facri^ 
fices,  8cc. 

ÍJ eaü  Cimina,  Yoyez  CiMINA. 

■ Ueau  Clauaienne.  v . ClAUDIENUE. 

Ueau  Crabra.  V.  CrABRA. 

Ueau  Félix.  V-  FÉLICE. 

Ueau  Herculanea  ou  Hercúlea.  Cette  eau  pre- 
noit fa  fource  auprés  d’un  temple  ou  d’une  ílatue 
d’Hercule.  Elle  porra  depuis  le  nom  ¿Xeau  Virgo, 
Se  elle  étoit  tres-agréable  á boire.  C’eft  pourquoi 
Nerva  la  fépara  de  XAnio  novus , auquel  on  l’avoit 
réunie. 

Ueau  du  Janlcule,  étoit  la  méme  que  Xeau  de 
Trajan. 

Ueau  de  Julias  portoít  le  nom  d’un  romain  qui 
ravoit  découverte , & dont  rhiíloire  ne  fait  au- 
cune  autre  mention.  A^grippa  raffembla  pour  la 
former  plulieurs  fources  dans  le  champ  de  Tuf- 
culum , & les  conduifit  le  long  de  la  voie  Latine, 
pendan:  douze  milles.  Pan  721  de  Rome.  Une 
partie  de  cette  eau  fe  diftribuoit  á la  porte  "Nsvia, 
& Pautre  fur  le  Viminal.  Augufte  la  détourna  par 
un  canal  fouterrein  de  huir  cens  pas,  pour  groffir 
Xeau  Marcia,  lorfque  des  ehaleurs  trop  prolon- 
gées  la  mettoient  á fec.  Aurélien  répara  fon  aqué- 
duc , dont  on  voyoit  dans  le  liécle  demier  des 
ruines  fur  PEfquilin,  entre  la  porte  de  ce  no_m  Se 
les  trophées  de  Manas,  tranfportés  depuis  au 
capitole. 

Ueau  deJuturne  avoit  fa  fontaine  dans  leforum. 
On  en  buvoit  pour  guérir  de  certains  maux,  & on 
Pemployoit  dans  Ies  facrifices. 

Ueau  Labicana  prit  fon  nom  du  champ  oú  étoit 
fa  foureq.  Sévére-Alexandre  la  conduiíit  á Rome. 

Ueau  Marcia.  V.  MaRCIA. 

Ueau  Mariana , ainíi  appelée  á caufe  de  la  yilie 
du  méme  nom,  auprés  de  laquelie  elle  prenóu  fa 
fource,  entrpit  á Rome  parla  porte  de  Gabies, 
prés  de  la  porte  Majeure,  paíToit  entre  le  grand  & 
le  petit  mont  Ccelius,  fuivoit  la  voie  Appienne, 
Se  fe  jetoit  dans  le  Tibre  au  pied  du  mopt  Ayen- 
tin,  non  loin  de  la  rué  qui  conduit  á Sainte- 
Sabine. 

Ueau  de  Mercare  étoit  prés  de  la  voie  Appienne  , 
hors  de  la  porte  Capéne.  Le  peuple  s’y  rendoit  a 
certain  jour  ; on  mouilloit  avec  cette  éau  des 
branches  de  laurier,  & on  les  fecouokfur  les  tetes 
les  uns  des  autres  , en  invoquant  Mercure.  On 
croyoit , par  cette  ablution , étre  abfous  de  tous 
fes  crimes  Se  fur  tout  des  parjures.  Les  marchands, 
aprés  ayoir  facriíié  au  méme  dieu  la  veille  des  ides 
de  mai , rempliífoient  des  cruches  de  cette  eau , 
& en  arrofoient  leurs  magalins  Se  leuts  marchan-- 
difes. 

UAcqua  Faola.  V.  PA-OLA.  ^ 

U eau  Petronia.  Les  magiftrats  paíToient  aupres 
de  cétte  eau  lorfqu’iís  fe  rendoient  au  champ  de 
Mars  pour  remplir  qaelqa’une  de  leiirs  fondio^s. 


A Q U 

On  n'eíc  pas  inftruit  d'aucun  autre  detall  au  fujet 
de  cette  eau. 

U eau  Sabatina , ainfi  nommée  du  lac  d’ou  on 
l'avolt  tirée , & qui  s’appelie  aujourd  hui  le  lac 
d'AnguílIara.  On  voit  des  ruines  de  fon  ancien 
aquéauc  hors  de  la  porte  de  Saint-Pancrace.  Elle 
fiit  appelée  par  la  fiiite  Aureliana  ¡ parce  qu^’elle 
fuivoit  la  voie  Auréliennes  & Septimiana , á caufe 
de  la  porte  du  méme  nom.  Cette  eau  eíl  divifée 
aujourd'hui  en  deux  branches ; elle  fournit  une 
fontaine  de  la  place  de  Saint-Pierre , & arrofe  les 
jardins  du  Vanean. 

Ueaii  Saloráa,  ainfi  nommée  du  territoire  de 
Salone , oú  elle  prenoit  fa  fource , a été  réurde 
par  Pie  ÍV  á 1‘ Acqua  Verghie  ou  de  Trevi. 

Ueau  SeptimLina.  Voyez  SeptimIANA. 

Utau  Setina.  On  donnoit  á cette  eau  le  nom 
du  champ  de  la  Campanie^  d’ou  on  la  croyoit 
amenée  á RomC;,  Setinus ; ou  de  la  roie  qu’elle 
fuivoit  dans  fon  cours  , vía  Setina.  Dans  la  Notice 
de  r Empire  , elle  eíl:  appelée  Alfia  & Setina  j mais 
ALfium  & Setia  font  au-defíbus  du  niveau  de 
Rome.  C’efl  done  une  faute  des  copiñes  5 il  faut 
lire  Alfietina,  & réduire  ces  deux  eaux  en  une 
feule. 

Ueau  Szxtina.  V.  SiXTlKA. 

U eau  Tepula , étoit  probablement  ainfi  nom- 
mée  de  Fendroit  oa  elle  prenoit  fa  fource  j auprés 
de  Tufculym.  L’an  de  Rome  627  j C.  Cafiius  Lon- 
gmus  étant  cenfeur , la  conduifit  á Rome , 8c 
Augufle  la  réunit  á Veau  Julia. 

Ueau  de  Trujan.  V.  TraJAN. 

Ueau  Virgo.  V.  TreVI. 

L’Italie  oSre  encore  de  fuperbes  débris  d’aqué- 
ducs . i els  font  ceuxde  Drufus  , de  Rimini , de  Ti- 
volí  j &c.  On  lit  fur  Fouverture  du  conduit  de 
1 aquéduc  que  Fon  admire  encore  a Tivo'i , cette 
infeription  j remarquable  par  fa  fimplicité  ; 

CAPE-  ME 

T U A.  S U M. 

Les  Romains  portérent  dans  tous  les  pays  qu’ils 
conquirent  ^ ce  goát  pour  les  grands  édiíices  , 8c 
fur-tout  pour  Ies  aquéducs  , qui  étonnent  les  peu- 
pies  moderties.  On  voit  encore  aux  environs  de 
Eyon  j des  pes  de  diííerentes  liauteurs^  qui  ame- 
noient  de  1 eau  fur  le  haut  de  la  montagne  oú 
etoit  báce  Fancienne  ville.  Les  ares  ont  "jufqu’á 
puarapte  ppeds  de  hauteur  , dans  une  plaine  oú  üs 
ferv-oient  a porter  Feau  d’une  coüine  á Fautre. 

Mais^eluí  des  aquéducs  híús  dans  les  Gaules 
par  ¡es  Romains  ^ qui  mérice  le  plus  notre  admi- 
rai,jon , eft  celui  de  Metz.  Les  fources  ahondantes 
de  Gorze  fourniíToient  Feau  á la  naumachie  de 
cette  ville  ; elles  fe  réunilTcient . dans  un  vafee 
reíervo’rs  de-la  elles  éteient  conduitcs  par  des 
canaux  fouterreins  depierre  de  taille,-  fi  foacieux^ 
qu  un  homme  y pouvoit  marcher  droit.  Elles 
pauoíent  Mofelle  fur  ces  baures  & fiiperbes 
arcaaes  qu’on  voit  ancore  á deux  lieues  de  Metz  . 

Antiquités  ^ Tome  I, 


A Q Ü m7 

fi  bien  maponnées  8c  cimeiitéesj  qu’excepté  la 
partie  du  milieii  empertée  par  les  glaces , elles 
ont  réfiíté  8c  réfiftent  ancore  aux  injur-es  du  tems 
& a la  variété  des  faifons.  De  ces  arcades , d’autres 
aqueducs  conduifoient  les  eaux  aux  bains  8c  á la 
naumachie. 

Si  Fon  en  croit  Colménarés , V aquéduc  de  Sé- 
govie  peut  erre  comparé  aux  plus  beaux  oúvrages 
de  Fantiquité  : il  en  reíte  cent  cinquante  - neuf 
arcades  j toates  de  grandes  pierres  íans  ciment, 
Ces  arcades  ^ avec  le  refie  de  Fédifice  ^ ont  cent 
deux  pieds  de  haut,  8c  font  difpofées  en  deux 
rangs  les  unes  fur  les  autres.  Uaquéduc  traverfe 
la  ville.  Se  pafle  par-delTus  la  plus  grande  partie 
des  maifons  qui  font  dans  le  fond. 

AQUILEGUS.  Muratori  (pag.  489  4.  de  fon 
Thef.  infer.)  rapporte  Finfeription  fuivante ; 

Ai.  AURELIÜS.  VESTI 
ÑUS.  AQUILEGUS 
LYMPHEU.  . . 

ET.  FONT.  A.  SUA. 

IMPEN.  REST. 

On  appeloit  de  ce  nom  celui  qui  cherchoítj 
découvroít  8c  conduifoit  les  fources. 

AQUILA.  Voyez  A<¿uilia. 

A'yJUILICIUÍd  ou  Aqu jELiciuM , facrificc 
oífert  aux  diaux  , 8c  á Júpiter  Pluvius  en  parti- 
cuder , pour  demandar  la  pluie.  Dans  ces  occa- 
fions,  on  promenoit  dans  Rome  la  piarte  nommée 
Lapis  Manalis , qui  étoit  placee  ordinairement 
hors  de  la  porte  Capéne,  aujourd’hui  de  Sainr- 
Sébaftien,  prés  d’un  temple  de  Mars. 

^ AQUILIf  ER , celui  qui  portoit  Faigle  d’urie 
legión.  II  en  eft  fait  fouvent  mention  dans  les 
inferipdons. 

AQUILLIA  ou  ^ famille  romaine 

dont  on  a des  médaiiles : 

R.  en  or,  qui  font  imperiales  Se  appartiennent 
á Aaguíte. 

R.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

.Le  furnom  de  cette  famille  tíi  Fíorus. 
Goltzius  en  a pubüé  queiques  médaiiles,  iix- 
connues  depuis  iui. 

AQUILON  {Mytkoiogie).  Eb  Borée. 

Vitruve  appelle  aquilón  le  vent  de  Nord-Eft, 
ou  plutót  celui  qui  fouiile  á quarante-cinq  degrés 
du  Nord , entre  le  Nord  Se  l’Efi. 

AQU IMAN  ALE  ,-zig}Xiérc  d’argent  avec  un 
baíiin,  qui  fervoit  á iaver  Ies  mains  avant  ¡es  repas. 
On  appeloit  auííi  cette  aiguiére  guttus  8c  r.cfi- 
terna. 

AQUIMINARIUM  ou  Amüi-a.  On  a trouvé 
dans  des  maifons  particulieres  d’Kercahnum,  plu- 
fíeiirs  vafes  cefii.aés  á contenir  Feau  lufirale  (anuir 
minaria,  TrififfaAécid).  Car  routes  les  famille?  ro- 
maines  avoient  chez  eües  leurs  propres  fccra 
priváis  , foyer  facré , oú  Fon  entreteneit  confiam- 
ment  du  feu , avec  leuxs  autels  & leurs  fetes 

Kk 


2 5 S ARA 

particulieres.  Quelques  farrsilles  méme  avoíetit  un 
pritre  qui  leur  étoit  attaché.  {Relnef.  Infc.clajf. 

Í3)-  - 

On  a trouvé  de  ces  vafes  de  bronze , & d’autres 
de  marbre.  Le  plus  grand  de  ceux  de  bronze , ell 
une  coupe  de  forme  ronde,  de  deux  pieds  huit 
pouces  de  diamérre , d’un  travail  admirable , & 
dont  rintérieur  eíl  orné  au  milieu  de  feuiiles  de 
iaurier , faites  d’argent  en  piéces  de  rapport  ou  da- 
mafquiné-j  il  eíf  place  dans  la  premiére  chambre 
da  cabiner  de  Portici.  Le  pied  de  ce  vafe  ell 
perdu  ; mais  d'autres  femblables  vales  de  bronze , 
plus  petits,  ont  confervé  leur  pied.  Le  plus  graná 
de  ces  derniers  eft  orné  de  deux  anfes. 

Les  vafes  de  marbre  de  cette  efpéce  font  fíriés 
en  dedans  comme  certaines  eoquilles,  d'environ 
feize  pouces  de  diamétre.  lis  étoient  tous  places 
fur  des  pieds  travailiés  en  forme  de  colonnes  can- 
nelées  , & de  méme  matiére  , ámíi  qu’on  en  peut 
juger  par  l’un  de  ces  pieds  qui  a eré  confervé  r 
car  les  anciens  étoient  conftans  8e  uniformes  dans 
leur  travail. 

AQUINüM,  en  ItaEe.  aquiko. 

Les  médaiiles  autonomes  de  cette  ville  fosStí 

E.RRR.  en  bronze.  {Vellerin 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

AQUÍS  pour  Nymphis.  On  troave  fbuvent 
dans  les  infcriptions  le  mot  aquis  fubíiitué  á celui 
de  Nymphis  : AQUIS  ALBULIS,  AQUIS  APONI, 
&c.  &c 

AQUITECTORES , nom  des  ofEciers  pré- 
pofés  á Finfpeétion  des  aquéducs,  cháteaux-d’eau 
& fontaines  de  Rome. 

ARA.  Voye^  Autel. 

Uara  étoit  diííinguée  Saltare;  1°.  ara,  felón 
Servius,  étoit  un  autel  confacré  également  aux 
dteux  fupérieurs  & á ceux  des  enfers  : altare  étoit 
confacré  aux  dieux  fupérieurs.  feuls ; 2°.  ara  étoit 
la  table  méme  de  Pautel , fur  laquelle  on  faifoit 
les  ¡ibationsj  &c.;  Se  altare  étoit  le  corps  de 
Pautel.  N.  AíTAse. 

Taqite,  Pline  & íes  autres  auteurs  de  la-  meil- 
leure  latinité,  femblent  Aavoir  tenu  aucun  compte 
de  ces  légéres  différences.  Nous  leí  imitetons  á 
Tarticle  Autel. 

ARABES.  (cHiFFREs)  Lf  ce  mot. 

Arabes.  Jablonski  a cherché  dans  le  Vantkéon 
Mgyptiorum,  á difculper  les  Egyptiens  du  re- 
proche qu’on  leur  fait  d’avoir  immolé  desviélimes 
liumaines.  Hérodote  nie  ce  fbrfait,  & afíure  que, 
méme  dans  les  ñecles  les  plus  reculés,  jamais  le 
íang  bumain  n’a  coulé  fur  les  autels  de  l’Egypte. 
11  eft  étonn-ant  qu’aprés  un  témoignage  auffi  po- 
fitif,  Atkénée  ait  écrit  le  contraire  (/.  4).  Jablonski 
trouve  le  moyen  de  concilier  deux  aífertions  auífi 
oppofées,  en  rejetant  cette  abominable  couturae 
iur  Ies  Arabes  Pajleurs , qui  conquirent  l’Egypte, 

& y confervérent  long-tems  íeurs  moeurs  & leurs 
«ages.. 


ARA 

II  prouve , par  des  témoignages  authentrqaes 
des  1 halmudiftes  & de  Porphyre,  que  les  A.rabes 
immoloient  des  viétimes  humaines.  Le  dernier 
raconte  qu  ils  maíTacroient  tous  les  ans  un  enfant, 
l’enfeveiiffoient  feus  un  autel,  Sc  l’adoroient  pen- 
dant  toute  l’année  comme  une  divinité  tutélaire. 
Ce  barbare  ufage  étoit  encore  en  vigueur  chez  les 
Arabes  au  fixiéme  ñecle;  carlean  Mofehus,  qui 
écrivoit  fous  le  régne  de  l’empereur  Maurice  , 
dit  que  les  Sarrafins  fortis  des  rochers  de  lArabie  , 
facrifioient  de  beaux  garqons. 

' Cette  coutume  fanguinaire  ne  paroít  avoir  été 
obfervée  que  dans  les  villes  égyptiennes  ddlithyc 
8c  d’Héliopolis.  Quant  a la  premiére,  il  y a grande 
apparenee  que  les  Arabes  Pajleurs  s’y  établirent. 
Pline  dk  expreífément  que  ces  Arabes  fondérent 
la  feconde.  Leurs  fondateurs  & leurs  nouveaux 
habitaos  furent  done  feuls  coupables.  D’ailleurs, 
Manérhon  raconte  que  le  roi  d’Egypte , Amoñs  , 
abolir  les  facrifices  humains.  Or,  Ion  fait  que 
e’eft  le  méme  roi  qui  chaña  d’Héliopolis  les 
Tout  confpire  done  á laver  de  ce  forfait  les  Egyp- 
tiens, pour  l’attribuer  aux  Arabes  feuls. 

Ces  peuples  nómades  gravoient  encore  leurs 
traités  fur  des  pierres  au  tems  d’Hérodote.  Ils  fe 
paroient  de  coliiers , étudioient  fuperñitieufement 
Ies  mouvemens  des  oifeaux,  pour  decouvrir  1 ave- 
nir par  leur  moyen,  & íaifoient  des Juftrations 
dans  leurs  aflémblées  religieufes.  Ce  méme  peuple 
pratiquoit  la  circonciñon  de  tems  immérnorial.  lí 
enterroit  fes  chefs  dans  des  déferts  recules  , ou  ib 
les  couvroit  de  terre  mélée  avec  du  fumier. , 

Arabes.  ( médailles  ) Califbs. 

( médaiiles  des ) 

ARABESQüES  & Moresques.-  On  donne  ce 
nom  á des  rinceaux  ou  fleurons , d’ou  fortent  des 
feuillages  faits  de  caprice  & d’une  maniere  qtü 
n’a  rien  de  naturel.  On  doit  les  diftinguer  foi- 
gneufement  des  grotefques , qui  reprefentent  des 
animaux  fantaftiques  & des  hommes  d’une  foraie 
bizarra  & extraordinaire.  Comme  l’alcoran  de- 
fendoit  aux  Arabes  ou  Maures  établisen  _Eíi)agne> 
de  peindre  des  hommes  & des  animaux,  ils  s adon- 
nérent  á peindre  des  arbres  , des  feuillages  8c  des 
fleurs  fantaftiques , auxquels  on  donna,  pour  cette 
raifonj  les  noms  á’arabefques  8c  de  morefques.  Le 
palais  de  Grenade  oífre  en  ce  genre  des  peintures 
exquifes  exécutées  par  les  Maures , fes  anciens 
maítres.  . , 

Ce  genre  de  peinture  a été  connu  8c  pratiqi^ 
par  les.  anciens ; quelques  bas-reliefs  Grecs,  & 
plufieurs  tableaux  d’Herculanum  8c  de  Popipeu, 
en  font  foi.  _ . 

Quelques  auteurs  en  ont  voulu  attribuer  lin- 
vention  aux  Romainsdu  tems  de  Néron,  d ajares 
un  paíTage  de  Pétrone,  que  M.  de  Pavv  croit  erre 
alteré,  & qu’il  rétablit  aíTez  heureufement.  Voici 
le  texte  & l’explication  du  favant  allemand  • 
M Piciitra  queque  alium  exitum  fetit  , 


ARA 

Sgyptiorum  audacia  tam  magna  arth  compendia- 
riam  iavenit.  •• 

M Ceur  quij  comme  Chriftius^  ont  crü  appro- 
cher  le  plus  du  véritable  fens  de  Péirone,  fup- 
pofent  qu^il  a voulu  défigner  une  maniere  de 
peindre  les  murailles  des  appartemens  en  arabef- 
ques  ou  en  feuillages , d'une  maniere  trés-rapide 
& tres  heurtée , qui  a toujours  été  proprc  aux 
peupies  orientaux  «. 

==  Sous  rtiorrible  régne  de  Nerón , Ies  arts  , 
eífrayés  , commencérent  a abandonner  I’Italie 
comme  ils  fuient  tous  les  Etats  defpotiques.  Les 
progrés  du  mauvais  goút  furent  trés-fenfibles , & 
on  penfe  que  ce  fut  alors  qu’on  y fit  un  ufage 
fréquent  de  cette  efpéce  de  décorationj  venue 
originairement  de  ITgypte.  Les  Romains  ne  vou- 
íoient  plus  entendre  parler  de  ces  grands  peintres 
qui  employoient  cinq  á lix  ans  á íáire  un  tablean  j 
comme  Protogéne;  ils  ne  recherchoient  que  des 
enlumineurs  qui  travailloient  trés-víte , mais  trés- 
snal  j,  & d'une  maniere  abfolumen’t  fantaftique. 
Voila  poiirquoi  la  plupart  des  arabefques  mélées 
¿ arckizeBure , quena  découvertes  a Herculanum , 
font  aujji  ridicules  , dit  M.  Cochin^  que  les  dejjins 
chináis.  Je  fais  qu'onpeut  peindre  trés-rapidemenr 
de^  relies  arabefques , dés  que  la  main  s^  cft  une 
fois  accoutumée  par  une  longue  pratique;  mais 
je  pie  que  ce  gente,  queíque  mediocre  qu'il  foit , 
puifle  étre  nommé  artis  compendiaria  , Vabrégé  de 
la  peinture.  » 

" Ihme  paroit  forr  probable  que  le  paíTage  de 
Pérrone  ne  regarde  diredlement  ni  indireítement 
Ies  Egyptiens  j mais  que  les  copiftes , foit  par 
ignorance,  foit  par  mé-prife,  ont  écrit  un  mot 
pour  un  autre ; de  forte  que  le  texte  original, 
avant  que  d'avoir  été  altére,  parloit  des  eciypes , 
eñyporum  audacia , ou  d^un  procédé  particulier, 
par  lequel  on  copioitles  meilieurs  tableaux,  dont 
on  prenoit  tous  les  traits,  quon  rempliffoit  en- 
fuite avec les  couleurs convenables;  ce  qui  porta  un 
ecup  mortel  á la  Peinture.  On  négligea  le  deflin , 
Sp  on  ne  s aKacha  plus  qu“á  tirer  des  Indes  orien- 
tales ce  tres-belles  Pubílances  colorantes , qui 
ne  furent  plus  employées  que  par  des  barbouii- 
leurs. « 

” On  II  ignore  pas  que  Pline  a employé  le  terme 
d eclypa  aans  un  lens  aifrérent  de  celui  de-Pétrone, 
dont  on  connoít  la  hardieíTe  pour  Pemploi  des 
Egures  &_des  métaphores,  qui,  chez  lui,  font 
quelquerois  heureufes , mais  le  plus  fouvent  for- 
reíte  , de  plus  grandes  difeuflions  á cet 
cgard , feroien:  ici  inútiles.  53 
^ ARABI CARIA.  Murateri  (939.  9.  Tfuf  infer.') 
a rapporté  Lmícription  fuivante  : 

AURELIA.  VALERIA 
AP^ABICARIA.  V.  S.  F. 

11  conjeéture  que  ce  mot  extraerdinaire  défigne 
vendoit  des  parfums  d'Arabie. 

a^^’.ABiCUS.  Ce  glorieux  furnom  fut  ¿enné 


ARA  259 

á Scptime-Sévére , parce  qu'ii  réduiílt  TArabie  en 
province  romai.ne. 

ARABIE.  Le  feul  roi  i' Arabia  dont  on  ait  des 
médailles,  eft  Arétas.  Foyer  ce  mot. 

Devenae  province  romaine'^,  XArabie  a fait 
frapper  des  médailles  imperiales  grecques  , en 
fhomieur  de  Trajan  d’Hadrien,  avec  la  iégenie 
APABIA. 

Les  fymboles  de  VArabie  étoient  le  chameau. 
Ies  parfums  Se  l’arbre  qui  produit  Fencens. 

ARaC  , fils  de  la  Terre.  F.  GÉ  akt. 

ARACHNÉ,  filie  d'Idmon,  de  la  ville  de  Colo- 
phon,  difputa  á Minerve  ía  gloire  de  travaüler 
mieux  qu’elle  en  toiie  & en  tapifTerie.  Le  défi'  fut 
accepté;  8c  la  déellé  voyant  que  rouvrage  de  fa 
rivale  étoit  d^une  beauté  achevée,  lui  jeta  fa  na- 
véte  á la  tete ; ce  qui  chagrina  Arackné,  au  point 
qif elle  fe  pendit  de  défefpoir.  Minerve , par  je  ne 
fais  quel  reñe  de  pitié,  la  changea  en  araignée, 
qui  a toujours  aimé  á filer  & á faire  de  la  toiie. 

Le  nom  grec  de  Taraignée,  a^á'^ivss , a fans 
doute  fait  imaginer  cette  fable. 

ARADOS,  ifle  lür  les  cotes  de  la  Phoenicie. 
APAAIÍ2N.  & AP. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  iíle  font; 

O.  en  or. 

C.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

Son  fymbole  eft  rAcroftolium. 

Ses  types  ordinaires  font  un  taureau  courant. 
— Une  proue  de  navire. 

On  a frappé  dans  cette  ifle  des  médailles  im- 
périales  grecques  , avec  fon  ere , en  rhonneuf 
de  Domitien  , de  Trajan,  d^Hadrien,  de  Marc- 
Auréle , de  Commode  , de  Septime-Sevére  , de 
Caracalla  8c  d'Elagabale. 

AR£  PRILENORUM,  aaiourd’hui  le  Port- 
de-Sable , aux  confins  de  la  province  Tripolitaine  8c 
de  la  Cyrénaique.  V.  Philéíies  , deux  Cartha- 
ginois,  auxquels  on  avoit  éievé  un  autel  dans  cet 
endroit. 

ARAIGNEE  Les  anciens  regardoient  comme 
un  préfage  funefte,  les  toiles  á’ araignée  qiú  s'at- 
tachoient  aux  ftacues  des  dieux  ou  des  héros  , 8c 
aux  enfeignes  militaires. 

A RATEES,  fétes  célébrées  en  rhonneur 
d’Aratus,  célebre  capitaine , qui  combattitiong- 
tems  pour  la  liberté  de  la  Gréce  contre  lesryrans, 
8c  dont  la  mémoire  fut  honorée  par  des  auteis  Sc 
des  monumens  héroiques,  felón  Plutarqae. 

Le  prétre  qui  offroit  les  facrifices  au  chef  de  ía 
ligue  des  Achéens , portoit  des  bande'ettes  tac’ne- 
tées  de  blanc  8c  de  rouge  ; il  éteit  entoure  de 
muficieris  , & il  conduifoit  une  proce.rfion  fclem- 
nelie.  Elle  étoit  compofée  da  maitre  d’école  pu-. 
biic  , fuivi  de  fes  éléves,  des  fénareurs  coaronnés 
de  fieurs , &r  de  tous  les  citoyens  de  Syeione. 

ARBJTER  bibendi.  Les  Grecs  6c  les  Romains 
avoienr  coutume  d'élirc  parle  fort  un  rci  ¿ii  feítin 
avant  de  fe  metrre  á cable.  Ce  roi  étoit  choiá 

Kk  ij 


A R B 


zSo 

Parmi  les  cosvivís ; ií  prefidoit  au  repas  ¡ ^ 

nrí-riHre  cl'2  couDS  QU£  cíiacun  devcit  t^Oire» 

¡Tele 

osace  dÍE  (C'¿  //. 


Slokle  nombre  de  ccups  q' 

Celui  qui  amenoit  le  coup  ¿es 
Vén-s í éio'.z  roi  fur-le-charnp 


Qucm  Ker^s  arhiL-'tini 
jjícsí  bihcnii  I 


Et  (0¿.  1..4.  i80:. 

TCgilíi  viui  foi't-zéfB  tílííSa. 

Ce  roi  GU  feflin  porte  di&erens.  noms;  ^.s  Ies 
áivers  auteurs-  Horace  Pappelife  dans  ua  nutre 
endroit  firategus  & pziter  ccsn&  ; Juvénal  magifier ; 
Varron  mQdimperator  ¡ Gellrus  maitre  da  fzftin. , 
Sidoine  rex  convivid  3 & les  Grees  le  nomtnoient 

SV^'TTOS'tOÍ^^QS.  > > S^0l/Ty¡y05, 

ARBÍTRÁTOR  , nom  de  Júpiter  ; il  y avoit  a 
Romej  dans  ía  dixierae  región  , un  portique  a 
£Ínq  cc-ío-nnes  5 qui  étoit,  con.Ca.cre  a Júpiter  Arbi- 
trator^  qui  regle,  tout.- 

Arb  1TS.AT0R  cafirprum  P.  R^Grutsr  (1088.  7-) 
lappcrte  une  infcription  dans  laqueíle  cette  dignke 
militaire  eñ  exprimée.  C'étoit  peut-etré  le  juge 
des  ¿ífétends-  qui  pouvoisnt  naiare  entre  les  Col- 
dats. 

ARBITFíÁTUM  Pontifcum.  ( as  J Lorfque 
le  fénat-vouloit  remettre  quelqkaffaire  de  religión 
aux  -ágeme  ns  des  p.o.ntiées,  il  emplomo it.  cette 
expreuion.  Cn  la  trouve-  fouvent  amli  dans  les 
épitaphes.^  pour  fixer  ramende  á raqueile  deyoient 
étre  condamnés  ceux  qui-  v.ioíeroient  la  fainteté 
¿es  tombeaux. 

áRBRES,.  Arrrisseaux  & Plantes.  Les 
ar.ciens  avoient  un  refpeíí  re.íigieux  pour.  ks  fotéts  ^ 
les  planteSj  lssarir.es  & les  ar-bniTeauxiColés.  Non 
contens  d’avoir  mis  Ies  unes  fous  la  garde.  des 
Cryades,.  & chacun-  des  autres  fous  celle  d.'une 
Piamadtyade , ils  confacrerent:  piuíieurs.  arhr^s  8c 
arbriíreaiix  á des  divinités  á^unordre  plus  relevé. 
Voici:  les  ncms  du  plits  grand  nombre  de  ces  der^ 
fiiei'S-  Le  pin.  étoit  confacré  á Cybéle ; k hétre  á 
Júpiter  ;■  le  chéne  8c  íes  diíFérentes  eCpéces  á Rhéa  5. 
Polivier-  á Minetve;  le  laurier  a-ApolIon;  le  lot.us- 
& le  mynhe  á Apolion  8c  á Venus;  k cyprés  i 
Pluton  ; le  narciiTe  & Padiante  ou  capillairej  á 
Proferoine  ; le  frene  8c  le  chien-denc  áMars;Je. 

Eoiirpier  á Mercare  j.le  pavot  á Cérés  oc  á Lucine ; 

vigne  8c  le  pampre  á Bacchus;  le  peuplier  á 
Hercule:  FaM  aux  dieuxPénates;  Faune  jle.cédre, 
k narciíTe  & le  geniévre  aux  Euménides ;.  le  pal- 
ir.ier  aax  Mufes  ; le  platane  aux  _Génies  ^ 8cc.. 
Voycz  dans  chaqué  árdele  paniculkr  les  raifons. 
de  toutes  ces  confécrations. 

Elle-s  firent  divifer  tous  Ies-  vé'gétaux  en  deu» 
claíks  relatives  a la  faperftition,  en  heureux  & 
en  malheureax.  Cette  derniére  claífé  comprenoit 
tous  lesvégécaux  que  Pon  croyoit  erre  fóus- la 
protedLon  icnmcdiite  des  divinités  infernales  ; 
trisque:  Palaterne  o.u-nerprun  j dont.  k. fue  dtde; 


A R B 

cdulear  de  farsg ; la  fougére  & le  üguier , dont  Ies 
baies  & les  friiits  fent  noirs;  l'alifierj  le  poirier 
fauvage , le  houx  , I cgiancier  & autres  arbriffeaux 
i épineux  avec  lefquels  on  brúloit  les  monfires  & 
toutes  Ies  chofes  de  mauvais  augure.. 

On  confacra  des  arbres  á des  hommp  mime, 

: Les  filies  de  Spatte  en  confacrérent  un  á Héléne, 
(Tkeocrit.  idyl.  18.  4f ).  Les  Romains  confacrérent 
fur  !e  mont  Palafin  un  cornouilier  a Ro.mulus.  lis 
. afiuroient  que  ce  héros  ayant  planté  fa  lance  dans 
k terre , pour  prendre  ks  augures  , elle  avoit  pns 
racine  Se  piouíié  des  feuiiies.  On  voyoit  encore 
daos  ia  feconde  región  de  Rome>  un^  arhre  con- 
facré (arbor  fanña')  á nae  divinite  qui  eft  incon- 
: nue;  fur  k nsont  Paiatin  le  figuier  ruminal , fous 
lequel  on  aíTuroitque  la  louve  avoit  alaite  Remus 
. 8c  Romuíus ; 8c  dans  Ies  Comkes.  le  figuier  de 
Navius plante  par  Tarquin  PAncien^,  en  memoire 
du.  prodige  operé  par  cet  augure  celebre. 

La  ¿éaomincíúon.  £ arbor  fíznEka  arare  conízí- 

■ eré  3.  Csmbloit.  étre  plus  paruculíerenjent  refervee 
á ces  arbres  qui  fe  faifoient  remarqaer  dans  les. 
foréts  on  fur  k bord  des  chemins , patJeur  grof- 

■ íeur-  & par  Pétendue  prodigieufe  de  leur  ombrage. 

; On  leur  rendoit  ua  cuite  r.eligieux ; on  Ies  entou-- 

roit  de  bandelettes ; oay  attachoic  des  couronnes 
& des  tablettes  ou  ex-voto.  Ovide  (Mxt.  8.  743;) 

- a décrit  an  de  ce,s  ¡irires  chargé  des  monumens  QS 
; la  fuperítition :t 

Sxabat  in  his  mgens-  annofo.  robore  quercos  p 

Una  nemas  : vitts,  mediamy.memorej'que  tabtlls.3 

Sertaque  cingehant , voti  argumenta  potentis. 

Ainfi.  Xerxés  appendk  á un  arbre  facré  des  bijoüx. 

; 8c  des  offrandes  précieufes.  (lElian.  var.  kifi.  l-  tj, 
c.  14).  Ainfi  Tidée  j,  pére  de  Diomédej.  fairveeu 
' ((Thcbaid..l.  z jV.  759.)  dkppendre  á un  arbre  con-- 
íacré  á Pallas  y.  des  bandelettes  de  pourpre , bro- 
dées  de  blanc. 

Le  payfage  antigüe  d’un  piéd  de  hauteur  & 
de  fix  pólices-  de  largeur enievé  d’une  frefqus 
fur  ia.voieAppienne  j Se  confenk  á laViílarAiuani, 
nous  ofire  un  de  ces  arbres  facrés..  Sur  la  gauche 
du  tabieau  j,  on  apperjfoit  aupres  de  la  riviere  un 
grand  ar¿r£j,  ayant  un  petir  bsreeau  ou  une  niche 
’ placee  entre  fes  branches ; plufieurs  nibans  oii- 
bandelettes  pendent  de  fes  rameaux-  Winkeimanti- 
a p-ublié  dans  fes  Monum.  ant.  inediti n°.  aoSj 
ce  joli  payfage  3 qui'  fe  diíiingae  des  payfags®- 
dlHerculanum  par  une  raeüleure  entente  des  loi!> 
tains.'  _ . ' j r 

Les  voyageurs  pieux  ne.  manquoienr  pas  de  ic- 
détonrner  du  che.min  pour  adreífer  des  prieres  & 
des.  voEux.  á ces  arbres  facrés.  On  placoit  quei-- 
quefois  des-  autels  fous  kur  ombrage,  qni  fervit 
de  temple  aux  premiers  Romains j felón  Pune.» 
(xiT.  T.^  Arbor  es  fuere  numinum  templa  , prijco— 
que  ritu  fimp Licia  rara  etiam  nunc  Deo  pr acellentem 
arhoresn.  dicant^,  C’eíi  po-urquoi  Hs  y fufpcndoient. 


A R C 

auíí  ¿ss  larspes  votivas , coíTime  nous  rapprañssnt 
Maniai  & Prudance. 

Mart.  ( X.  6.  3.}; 

Qua.^do  eyít  ilie  ¿leí  ,,  auo  campus , ^ arbor  , & omnis 
Luctbit  Latid  culta  lucerna  mru, 

Prudance  j {Cont.  Symmack.  ii,  1090.): 

Et  que.  fumificas  arbor  vittata  lucernas 
Sujiinuit , cadit  ultrici  piccijd.  bipenni. 

Les  Rornains  voulurent  tranfporter  dans  le  fein 
de  Rome  ces  pmbragcs  frais,  qui  leur  rendoierit 
£ chéres  ieurs  maifons  de  campagne.  Poiir  cet 
efíet iis  éleverent.  des  terraíTes  fur  Ieurs  palais , 
& Y traiífplantérent  de  grands  arbres.  Sénéque 
(contr.  3.)  leur  reproche  ce  rafnnement  de  luxe  : 
Non  vivunt  contra  naturam,  qui  pomaria  in  fummis 
turribus  ferunt  ? quorum  fylv.&  in  teclis  domqrum  ac 
fajiigiis  nutant , inde  ortis  radicibus  , quo  improbe 
cacumina  egijjent.  « N’eít-ce  pas  aller  contre  l'ordre 
iiaturel  j.que  de-  planter  des  vergers  fur  des  tourS  j 
des  foréts  fur  les  toits  des  maifons , &c.  ? ” Horace 
avoic  deja  vu  commencer  ce  luxe  ^ comme  il  pa- 
loít  par  Pode  i-o'  du  3=  livre  : 

Nadis  , quo  ¡Irepitu  janua  quo  r.eiñus 
Inter  pulcra  Jltum  tecla  remugiat 
N enlis. 

ARC.  »Sur  une  páre  andque  de  Stofch  , repré- 
fentant  Hercule  combattant  les  oifeaux  de  Sn’m- 
phale  3 Vare  de  ce  heros  n’eíl  pas  formé  en  demi- 
cercle ; il  a la  mérr.e  courbure  que  Va.i-c  dont  ií 
eíl  armé  fur  une  pierre  gravee  du  mufseum  de 
Florenee  (T..  x,  tab.  38,  n.  i.) , & fur  deux  bas- 
reliefs  de  la  psemiére  maniere  de  Tart  ^ places 
dans  la  Villa- Albani , ou  Hercule  arrache  le  tré- 
pied  á -Apollon,  11  eft  plié  pluíieurs  foisj  & va  j 
pour  ainíi  dire , en  ferpentant ; tandis  oue  Vare 
d' Apollon  éfl:  prefque  droit , fz  n'eft  plié  qu^’aux 
deux  bours.  Hercule  tenoit  cet  are  d un  berger 
de  Scythie^  nommé  Teutariis.  » 

” Les  favans  ont  cru  que  Fiare  des  Scythes  avoit 
la  forme  d'un  demi-cercle.  Un  anclen  poete  cité 
par  Athénée  , introduit  un  berger  - qai  ne  fachant 
pas  écrire  le  nom  de  Théfée-quon  lui  demandoit, 
tache  de  s’expliquer  en  comparant  les  lettras  de 
ce  nom  aveclesddées  qui  lui  étoienr  les  plus  fami- 
liéres.  II  dit  que  le  figma  ou  la  troifiéme  Isttre  j 
avoit  la  figure  d’un  are  de  Scythe.  D’aprés  celaj 
quelques  auteurs  ont  cru  que  le  figma  dans  les 
plus  ancienstems  , étoit  formé  comme  un  C latín. 
Cette  affertion  eft  évidemment  fauífe  ^ pulique 
ceft,  au  contraire , la  forme  la  plus  moderne  de 
cette  lettre  , comme  il  eft  prouvé  dans  Haym  ^ par 
une  médiille  avec  la  tete  de  Lyeurgue,  qui  eft, 
fürement  d’une  époque  moderne.  Cependant,  le- 
P-  Hardouin  a eu  tort  de  prétendre  que  le  figma 
formé  en  Cb  ne  fe  trouve  nidu  tems  dUAuguíle,. 
ui  des  premiers  empereurs.  On  voirle  figma  C fur- 
«es  médaiiles.  deLMithriáaKj;  & fiir.  l¿J\ÍQ£aique. 


ARC  z6i 

du  temple  de  la  Fortune  que  Sylla  fit  batir  á Fié- 
neile  ¡ aüjourd’hui  ralefirine.  « 

’qD’aiitres  favans  ont  eu  plus  de  raifon  , én 
vcuiaiit  conciiier  ¡a  deferipdon  du  berger  avec 
le  S.  Car  íi  Fon  examine  cette  lettre  fur  le  m-arbre 
de.Sigée  {Ckishul , p.  , monum.enc  de  la  plus 
haute  annquité  ^ on  la  trouve  formée  ainii  5 » & 


pliée  de  la  méme  maniere  que  Vare  d'Hercu’e  fur 
plufieurs  pierres  qui  repréfentent  la  défaite  des 
oifeaux  de  Stymphale.  On  fait  de  plus , que  le 
Font-Euxin  a été  comparé  par  les  anciens  á un 
are  fcythique  5 ce  qui  feroit  faux  íi  cet  are  eut  été 
un  demi-cercle,  & íl  le  figma  n’eút  pas  reíTemblé 
á celui  du  marbre  de  Sigée.  Au  refte , ua  des  plus 
anciens  monumens  ou  le  jigma  foit  formé  ainfí  s,, 
eft  une  médaille  de  Kaym  , fur  laquelle  il  prend 
fauffement  pour  la  tete  d'Anthifténe , un  mafque- 
tragique.  » (W^inkelmann  ¡ Pier.  de  Stock), 

Gn  pourroit  diftinguer  ces  deux  efpéces  eVare 
par  des  épithétes  que  fournit  Ovide.  Uarc  d'Her- 
cuie  ou  Fi2r<r  fcythe,  qui  a la  forme  de  Rancien 
figma  grec  5 s'appelieroit  arcus  patuius.  Ovide  ,, 
( Métam. ) : 


Impofitd  PATULUS  calamo  finuaverat  arcus. 

Celui  d’ Apollon  s’appeloit  arcus  finuofius.  Ovide,, 
(Amor.  l.  I,  tleg.  I-): 


Lunavitque  genu  siuuositm  fortiter  arcum. 


Ake.  liare  fur  les  médaiiles  n’eft  un  attribut: 
d’Apollon que  dans  le  cas  ou  fa  figure  Faccom- 
pagne.  Seúl,  il  marque  ordinairement  le  cuite  quíl 
étoit  rendu  á Hercule  dans  Ies  vilies  ou  ces  mé— 
dailles  ont  été  frappées-. 

Arc-sn-ciel,  Les  poetes  difóient  que  ce  phé- 
noméne  célefte  étoit  la  trace  du  chemin  que  fui- 
voit  Iris , meffagére  de  Junon  , en  defeendant  des^ 
cieux  fur  la  terre. 

Pline  & Plutarque  rapportent  que  les-prétres  ,. 
dans  les  oí&andes  & Ies  facrifices",  eruployoienc 
de  préférence  le  bois  fur  lecuel  V arc-en-ciel  avoit; 
repofé , & qui  en  avoit  été  mouiílé.  lis-  aíTu- 
roient , on  ne  fait  fur  quel  fondement , que  ce- 
bois  rendoit  une  odeur  beaucoup  plus  agréable: 
que  les  autres.. 

Arc  be  triomphe.  On  donne  ce  nom  á de- 
grands  portiques  élevés  á Fentrée  des  vilies , far- 
des rúes  ou  fur  des  chemins  publics,  áFhonneur 
d'un  vainqueur  qui  avoit  mérité  les  honneurs  du; 
triomphe,  ou  en  rnémoire  de  queiqu'événement: 
important.  On  en  élevoit  á Fhonneur  des-  dieux: 
auxquels  on  aíTocioit  quelquefois'  des  mortels.. 
Lfinfeription  fuivante,  confervée dans  les  regiftres: 
de  Fhbt’el-de-ville  de  Langres  ,.  en  fait  foi 


Q.  SEDULIUS  FIL 
SEDBLI.  MAJOR- 
BIS  MARIS  AC- 
ABO. ARCUM.. 
STATUAS  IDEJ^ 

n..  B; 


i6i  A R C 

Oa  peut  y joindre  ceüs-ci : 

IMF-  T.  VESPASIAXUS 
CAEEAR.  AUG.  Vil.  COS 
MAlVrx.  APOLLIMI 
MÍNERV..C 
ARCUM.  VICAN 
VINDOKISSENSIS.  CUE-I^'E 

Ies  premiers  monuTnens  .de  ce  gente  r/eurent 
Tien  de  ir.Eaniiique.  Ceíui  de  Roniulus  fut  aílez 
eroííici  e!r¡ent:  conftrint  de  fimples  bnqueSj  Sccelui 
íie  Camiile  de  pierres  prefque  brutes.  Dans  la 
íuite  ie  marbre  y fut  employe,  & 1 architeélure 
fccondée  de  la  fculpture , les  orna  de  bas-reliefs 
& dinfcriptions.  Pendant  long-tems  ces  ares  eurent 
ía  forme  d"ua  demí-cercle,  comme  ceíui  que  Cice- 
rón appelle  Fornix  Fabianus  , 8c  que  Vi6tor  ap- 
pelle  Arcus  Fabianos.  On  leur  donna  enfuite  une 
forme  carree  j au  milieu  de  laqueile  s'eievoit  un 
grand  portad  voúté  ^ accompagiié  ordinairement 
des  deux  cotes  d’une  porte  de  moindre  hauteur. 
Le  haut  du  portad  étoit  orné  de  viéioires  qui 
préfentoient  des  couronnes  au  triomphateur  a fon 
paflage. 

II  oe  paroít  pas  que  les  Grecs  ay.ent  bati  des 
ares  de  triompke  y on  doit  en  faite  honneur  aux 
Romains.  Piine  Ies  appeile  une  invention  nou- 
veile  j novitium  inveniurru  II  -nc  veut  parler  fans 
doute  que  des  ares  de  wiom^he  .ornes  de  fculptures 
de  ddnícriptionsy  car  il  en  exiíioit  pluíieurs  avant 
lui  j te.ls  que  ceux  de  Romulus de  Fabius  , &c. 

Pendact  que  la  république  fubfiftaj  le  peuple  & 
!e  fénat  ne  firent  jamais  élever  des  ares  de  triomphe 
á l’honneur  des  morts  5 ce  fut  touiours  pour  Ies  gé- 
néraux  qui  revenoient  triomphans  des  ennemis  de 
Rome.  Auguíle  étant.devenii  maírre  de  f Empire , 
vit  la  flatterie  en  élever  á Thonneur  des  morts, 
pour  lui  complaire.  Nerón  Drufusétant  mort  dans 
ia  Germanie  , ie  fénat  propofa  a rempereur  Áu- 
guñe,  fon  beau-pére , de  batir  un  are  de  triomphe 
a 1 honneur  de  ce  prince.  II  ac.cepra  cette  prop.o- 
ftion-nouvelle,  & on  Féleva  fur  ia  v.oie  Appienne. 
Caligula  fut  le  fecond  qui  requt  le  méme  honneur 
aprés  fa  mort , de  la  part  des  Pifans  , chez  qui  jl 
ívoit  envoyé  une  colonie.  Gprmanicus  fut  le  rroÍ- 
¿éme. 

L'adulation  faifant  tous  les  jours  des  progrés 
plus  rapides  parmi  Ies  fénateurs,  ils  propoférent 
encere  une  iiouveauté  dans  ce  genre,  qui  afiiigea 
les  derniers  Romains.  lis  rcíolarent  á’élever  un 
are  de  triomphe  á 'Livie  , époiife  d Augufte  j apres 
qfu  elle  eut  ceífé  de  vivjre.  Dion  remarque  que 
jamais , avant  ces  jours  de  fervitude on  n'avoit 
accordé  cet  honneur  á des  femmes.  libére,  quoi- 
que  fiis  de  Livie,  en  fut  íi  honteux  lui-méme, 
quil  n’accordala  demande  des  fénateurs,  qaen  fe 
chargeant  de  Texécuter  á fes  dépens-  11  recula  tou- 
jüurs,  ajoute  Dion,  ce  pro;et i&fenfé , & nuit  pal- 
ie laiíTer  tombet  daris  Poubli- 
^ Les  Grecs  appciersnt  les  ares  ¿e  triomphe  des 


A R C 

Víornúm  , porte-tropkées , parce  que  Ies  dcpouiílsí 
des  ennemis  en  faifoient  ie  plus  bel  ornement. 

Nous  allons  faire  mention  des  ares  de  triomphe 
Ies  plus  célebres.  On  eleva  deuxarcí  de  triomphe  , 
avec  des  ftatues  de  grandeur  naturelle,  á l’honneur 
d'AuguíIi , pour  avoir  rétabli  la  voie  Flaminiennc 
depuis  Rome  iiifqu  á Rimini.  lis  furent  placés  aux 
deux  extrémités  de  cette  voie  , l'un  fur  le  pont 
duTibre,  & Taacre  á Rimini.  Lefommet.du  monr 
Saint-Bernard  dans  les  Alpes,  fervit  de  bafe  au 
troiíiéme  are  de  triomphe  , qui  fut  bati  en  fon 
honneur,  á caufe  de  la  vidoire  remportée  fur  Ies 
habitans  de  ces  montagnes. 

Le  petit  are  de  triomphe  de  Septime-Sévére , 
batí  en  marbre  par  les  marchands  du  forum  boa- 
rium  , marché  aux  boeufs , étoit  placé  prés  d’u 
Vélabre , entre  le  mont  Palatin , Pecóle  grecque 
& Fédifice  á ouaire  faces  de  Janus.  íi  eíl  joint 
aujoiird'hui  aux  murs  de  Teglife  de  Saint-Georges. 
Ces  marcharjds  le  dédiérent  a Septinie-Severe^  & 
á fa  familie,  comme  nous  Fapprend  Finferiptioa 
fuivante  qui  y eft  gravee  : l.  septimio.  severo. 

PIO.  PERTINACI.  AUG.  ARAB.  ADIASEN.  PARTH. 
MAX.FORTISSIMO.  FELiCISSiMO.  PONTIF.  MAX, 
TRIB.  POTEST.  XII.  IMP-  XI.COS.lII.  PATRI.  PA- 
TRIA. EX.  IMF.  M.  AURELIO.  ANTONIO.  PIO.  FE- 
LICI,  AUG.  TRIB.  POTEST.  VII.  COS.  III.  P.  P-  PRO- 
COS. FOE.TISSIMO.  FELICISSIMOQUE.  PRINCIPI. 
ET.  JÜLI,€.  AUG.  N.  ET.  CASTRORUM.  ET.  SENA- 
TUS.  ET.  PATRI,E.  ET.  IMP.  C,£S.M.  AÜRELII.  AN- 
TONINI.  PII.  FELICI6.  AUG.  PARTHICI.  MAXIMI. 
BRITANNiei.  MAXIMI.  ARGENTARII-  ET.  NE- 
GOCIATORES.  BOARII.  HUJUS.  LOCI.  QUI.  DE- 
VOTI.  NUMINI.  EORUM.  INVEHENT.  II  eft  Con- 
fervé  entier,  ainli  qué  fes  bas-reliefs,  fur  lefquels 
OH  voyoit  d’un  coté  Sévére  & fa  femme  Julia  Pia, 
& de  Fautre  Antonin  Caracalla  & Géta , qui 
oftfoient  un  facriíice  avec  tout  Fappareil_  ordi- 
Raire,  Faurél,  Ies  inftrumens  facrés,  le  vidimairc 
& pluíieurs  autres  figures.  Mais  Fodieux  Caraca-la 
fit  hacher  au  cifeau  la  figure  de  fon  infortuné  írere 
Géta.  ^ _ , 

are  de  Camiile  étoit  bati  de  groífes  pierres  d£ 
taille,  fans'ornement.  On  n'en  voit  plus  de  reites. 

Liare  de  Claode.  En  creuíant  les  fondemens 
du  palais  Coionne , ñirnommé  Sciarra , ou  nom 
de  la  place  fur  laqueile  il  eft  báti , on.  trouva,  en 
164!/,  les  débris  de  cet  are  de  triomphe.  lis  con- 
íiftoiént  en  un  pavé  de  mofaique  , un  enorme 
quartier  de  marbre  , fur  le.quel  on  lifoit  les  tures 
de  cet  empere-ur , des  colonnes  cannelées  ae  rnar- 
bre  Africain,  le  torfe  d’un  captif , & une  medaiHe 
d’or  de  Claude , portant  au  revers  la  ftatue  equeitte 
de  Fempereur,  pofée  fur  un  are  de  triompae,  eu 
mémoire  áe  fa  viétoire  fur  les  Bretons.  , . 

\J are  Compitalitius  ou  des  carrefours^,  ctoit 

placé  auprés  áe  la  porte  Sepümiane , d’ou  ü -uc 
furnominé  Septimien.  On  n’en  connoit  aucun 
refte. 

L’arc  de  Conflantin  fubíifte  prefqu  entier  aupte* 


A R C 

¿u  mont  Palatin , au  coihmencement  da  la  Voie 
Appienne.  Le  peuple  romain  eleva  cet  are  de 
triomihe  en  Thonneur  de  Conftantin  , aprés  fa 
vidtoire  ñir  Maxence.  Cec  événement  y a fait  pla- 
cer les  ornemens  d’un  triomphe  , des  trophées  , 
des  vidioires  aüées  , hait  ftatues  de  captifs  3 dont 
Laurenr  de  Médicis  abattic  les  tetes  pour  les 
emporter  á FlorencCj  & que  Clément  XÍI  a fait 
reftaurer. 

Cet  are  eft  percé  de  trois  portes  •,  une  tres- 
grande  au  tnilieu  de  deux  petites.  Au-deíTus  de  la 
plus  grande  porte  eft  placee  des  deux  cotes  de 
Vare  , rinfeription  fuivante : 

IMP.  CAES.  FL.  CONSTANTINO,  MAXIMO 
P.  F.  AUGUSTO.  S.  P.  Q.  R 

QUOD.  INSTINCTU.  DIVINITATIS.  MENTIS. 

MAGNITUDINE.  CUM.  EXERCITÜ.  SUO 
TAM.  DE.  TYRANNO.  QUAM.  DE  OMNI.  EJUS 
FACTIONE.  UNO.  TEMPORE.  IDSTIS 

rempublicam.  ultus.  est.  armis 

ARCUM.  TRIUMPHIS.  INSIGNEM.  DICAVIT 

Sur  un  des  cotes  de  Tépaifteur  du  portail  ou 
dé  la  grande  porte  j on  lit  liberatori  urbis, 
& fur  Tautre  pundatori  quietis.  Votis  x.  eft 
écrit  au-deflus  d'une  des  petites  portes,  Se  votis 
XX.  au-delLus  de  Fautre. 

Les  fculptures  de  cet  are  de  triomphe  font  de 
divers  tenas ; & les  unes  annoncent  les  beaux  iours 
de  la  fculpture  , tandis  qu’on  la  volt  expirante  fur 
les  autres.  Du  nombre  des  premiers  font  les  bas- 
reiiefs  des  deux  cótés  de  í'intérieur  du  portail. 
Un  empereur  y paroit  á cheval,  aceonapagné  des 
enfeignes  militaires  , courant  aux  ennemis  ; & le 
méme  leur  donne  des  loix  aprés  Ies  avoir  vaincus. 
Les  traits  de  cet  empereur  font  exadiement  ceux 
de  Trajan , & ne  rappellent  point  ceux  de  Conf- 
tantin. C'eft  par-lá  qu'on  a reconnu  que  Yare  de 
Fempereur  chrétien  avoit  eré  conñruit  avec  les 
débris  de  celui  de  Trajan , qui  étoit  báti  dans 
ion  forum,  ou  avec  les  débris  de  ct  forum  lui- 
méme  ; ce  qui  explique  la  difterence  feníible 
qu’offrent  des  bas-reliefs  d’un  travail  aufli  inégal. 
Mais  ce  qui  porte  jufqu'á  Févidence  cette  conjec- 
ture,  eft  le  bas-relief  qui  repréfente  une  femme  aflife 
á terre  s’appuyant  fur  une  roue  de  chariot,  relie 
qu’on  la  voit  fur  les  médailles  de  Trajan  , oú  elle 
Dgure  !a  voie  Trajane  que  ce  prince  avoit  fak 
conftruire. 

L are  de  Domitien  oil  de  Portugal , fut  ainfi 
nornme  a caufe  du  palais  d’un  cardinal  portugais  , 
qui  étoit  auprés.  Cet  are  a excité  de  grandes  cor>- 
teftations_  entre  les  antiquairesj  les  uns  prétendent 
que  c'étoit  Yare  de  Domitien,  & d’auttes  celui  de 
Marc-Auréle.  Mais  Alexandre  Vil  fe  propofant 
fl  embellir  la  me  du  Cours , que  cet  are  cóupoít 
en  deux,  le  íit  examinar  avec  foin,  pour  le  dé- 
F‘^Ve,  s’il  n avoit  aucun  mérite.  On  reconnut  que 
i -ttuciure  en  étok  irréguliére  dans  toutes  fes 
partías, que  fes  ornemeas  n avoiou entr’eux  aucun 


A R C 2Í33 

ppport,  & que  le  plan  & le  terrein  far  leque! 
il  étoit  conftruit , ne  s’accordoient  point  avec  les 
anciens;  d’oú  Fon  conclut  que  cet  édiñee  étoit 
moderne,  qu’on  Favoit  formé  de  bas-reliefs,  de 
marbres  anticues,  & d’autres  morceaux  raíTem- 
blés  au  hafard.  Sur  ce  rapport,  on  le  détruiíit. 

Vare  de  Drufus , que  Rufus  & Viclor  placení 
dans  la  premiére  región  , ne  fubfifte  plus.  On  ne 
fait  pas  méme  précifément  auquel  des  deux  Dru- 
fus , du  pére  de  Tibére  ou  du  ífére  de  cet  empe- 
reur, ii  appartenoit.  Les  fentimens  font  partagés 
fur  ce  fujet.On  croit  cependant  que  deux  colonnes 
de  marbre  Africain  , qui  font  en  face  de  la  porte 
de  Saint-Sébaftien , en  faifoient  patrie. 

liare  de  Fabius-V Allolroglque  , appelé  par  Ci- 
cerón fornix  Pabianus  , étoit  báti  en  demi-cercle 
la  voie  Sacrée,  auprés  du  temple  d’Antonin  & 
de  Faiirtine,  convertí  aujourdTiui  en  églife,  fous 
le  vocable  de  Saínt-Laurent  in  miranda. 

liare  de  Galtien  eft  appelé  aujourdTiui  Yare 
de  Saint-Vit,  parce  qu’il  eft  eontigu  á Féglifede 
ce  faínt.  II  offre  un  trille  témoignage  des  malheurS 
du  rerris  oü  il  fut  batí.  L’empire  étoit  déchiré 
par  les  guerres  civiles , les  finances  épuifées , & 
les  particalíers  enterroient  íeurs  richeíTes.  Marc- 
Auréie  Viéior  fit  élever  ce  monument  en  Fhon- 
neur  de  Gallien  & de  Salonine  fon  époufe.  On 
n’y  voit  aucun  bas-relief,  mais  feulement  un 
ordre  corinthien  trés-mefquin  & trés-médiocre- 
Yoici  Finfeription  qui  y eft  gravée  1 

GALLIENO.  CLEMENTISSIMO.  PRINCIPí 
CUIUS.  INVICTA.  VIRTUS 
SOLA.  PIETATE.  SUPERATA.  EST 
ET.  SALONINAE.  SANCTISSIMA-E.  AUG 
M.  AURELIUS.  VICTOR 
DEDICATISSIMUS 

NÜMINI.  MAIESTATIQUE.  EORÜM 

On  ne  peut  pas  Fappeler  are  de  triomphe,  parce 
que  Fépoufe  de  Gallien  y eft  nommée,  & que  d’ail- 
leurs  on  y n’apper^oit  aucun  veftige  de  triomphe, 
liare  de  Germánicas  OU  de  Tihere  ne  fubfifte 
plus.  II  étoit  place  , felón  les  uns , prés  du  champ 
de  Flore;  mais  Nardini  penfe  , avec  raifon.,  qu’ii 
étoit  báti  á Fentrée  d’une  monrée  du  capitoie  , 
comme  Yare  ás.  Sévére  eft  placé  á Fentrée  de 
Fautre  monrée. 

liare  de  Gordisn  le  jeune  étoit  placé  dans  ÍS 
feptiéme  régioa.  11  ne  fubfifte  plus. 

liare  d‘ Horatius  Cacles  étoit  place,  íélon  quel- 
ques  écrivains,  non  loin  du  pont  Sublkius , aiv 
bas  du-  mont  Aventin.  Ii  étoit  conftruit  de  gros 
quartiars  derochers  bruts,  8c  portoit  Finferiptioa 
fuivante  t 

P.  LENTULUS.  CN.  F.  QUINTIUS.  CRISPTNtrS 
VALERIANUS.  EX.  S.  C.  FACIUNDUIvI 
eURAVSRí.  IIDEMQUE.  COMEROBA VERJE. 


io4  A R C 

On  rejette  aiTéz  uíianimement  comroe  une  faW? , 
r'exiiteijC?  de  cet  arí , cioní  aucun  autcur  ancisn 
n^a  vu  de  traces. 

Ví2rc  dt  Janus.  Voyez  S-dcRifORTUS. 

Uarc  de  ld,arc^AureLe  & de  Faufime  fut  batí  par 
Commode  leur  fiis  ^ dans  le  forum  d'Antonin.  II 
n exiíte  plus.  , . , , 

\J are  de  Fiare- Aurele  & de  Férus  etoit  place 
dans  la  feptiéiTie  région.  On  n’en  connoit  aucune 
trace. 

Vare  de  Nerón  fut  batí  par  ordre  du  fenat, 
& place  dans  le  capitole ; mais  il  ne  fubfifte  plus. 

Vare  neuf ¿zo\t  placé  dans  la  feptiéme  région, 
felón  Rufus,  qui  a voulu  déíigner  par-la  celui  ¿e 
Conflantin  décrit  plus  haut , & qui  avoit  été  bátl 
peu  de  tems  avant  cet  écrivain. 

. Vare  d’ Oclavius , pére  d^Augufte,  fut  báti  en 
fon  honneutj  dans  la  dixiétne  région,  par  ce  fils, 
devenu  maítre  du  monde.  11  ne  fubíifte  plus._ 

Vare  de  la  porte  neitve  ne  fubíiíte  pIus.'INardini  a 
era  en  voir  un  reñe  dans  une  corniche  de^marbre 
á fentrée  de  la  voie  Flaminienne,  auprés  d"une 
hótellerie  appelée  Borgketto.  Peut-écre  avoit-il 
été  éievé  en  rhonneurdbiugufte,  qui  íit  travailkr 
avec.tant  de  foin  á la  voie  Flaminienne. 

Les  deux  ares  de  Romulus  nktoient  que  de 
briques , & cependant  les  Romains  ne  les  revé- 
tirent  pas  de  marbre  , ainfi  que  les  nouveaux  ares , 
afin  de  conferver  la  mémoire  des  premiers  tems. 

Vare  de  Scipion  V Africain  étoit  placé  au  bas 
de  ia  montée  du  capitole.  On  nkn  connoit  aucune 
trace. 

Le  grand  are  de  Septime-Sévere  fut  éievé  par 
le  peuple  romain,  en  mémoire  de  la  viétoire  que 
remporta  Sévére  fur  les  Parthes  & fur  les  autres 
nations  barbares  ennemies  de  Rome  j comm,e  on 
i’apprend  de  l’infcription  fuivante  , gravee  fur  Ies 
deux  faces  de  Yare  : 

IMP.  CJES.  LUCIO.  SEPTIMIO.  M.  PIL.  SEVERO. 
PIO.  PERTINACI.  AUG.  PATRI.  PATRIAE.  PAR- 
THICO.  ARABICO.  EX.  PARTHICO.  ADIABEKICC. 
PONTíF.  MAXiMO.  TRIBUNIC.  FOTEST.  XI.  IMP. 
XI.  eos.  III.  PROCOS.  ET.  IMP.  CAES.  M.  AURE- 
LIO. L.  FIL.  ANTONINO.  AUG.  PIO.  FELTCI.  TPvI- 
BUÑIC.  POTEST  . VI.  COS.  PROCOS.  P.  P.  OPTIMIS. 
FORTISSIMISQUE.  PRINCIPIBUS.  OB.  REMFÜBLI- 
CÁM.  RESTITUTAM.  IMPERIÜMQUE.  POPULl. 
ROMANl.  PROPAGATUM.  IKSIGNIBUS.  VlRTÜ- 
TiBÜS.  EORUM.  DOMI.  FORiSQUE.  S.  P.  Q.  R- 

Ces  lettres  étoient  de  bronze,  & les  Goths  les 
enlevérent.  Mais  on  a lu  cette  inferipnon  par  le 
moyen  des  trous  que  rempíiíToient  les  tenons  des 
lettres  ; comme  on  a déchiffré  depuis  Tinfeription 
de  la  Tnaifon  carree  de  Nim.es.  En  Pétudiant,  on  a 
découvert  que  les  mots  opxiMis.  forxíssímis- 
QUE.  PRINCIPIBUS,  avoíent  été  mis  par  ordre  de 
Caracalla  á la  place  des  fuivans,  ex.  p.  sepximio. 
GEXAE.  N03ILISSIXÍ0.  CAESARI.  O.  P.,  que  fa 
haine  poqr  fon  frére  Géta  avoit  fait  eí&csr.  On 


A R C 

voit  que  le  marbre  a été  creufé  fous  ces  nouvelles 
lettres , & quklles  - mémes  font  d'une  hauteur 
inégale. 

Cec  are  de  triomphe  eñ  placé  au  bas  de  la  montée 
du  capitole.  Serlio  aííure  qu  il  a été  fabriqué  avec 
différentes  ruines  d“anciens  édifices  j mais  fa  con- 
jeciure  paroit  hafardée.  Qiioique  cet  are  de  triomphe 
foic  enterré  & mutilé  en  patrie , on  y diñingue 
encore  des  bas-reliefs  intéreífans.  Aux  deuxcótés 
de  la  voúte  du  grand  are,  on  voit  deux  Viéloires 
aiiées  qui  portent  des  trophées,  deux  Génies 
chargés  de  parfums,  de  fleurs  & de  fruits,  fym- 
boles  des  provinces  foumifes  par  Sévére , & qaatre 
fleuves , dont  deux  paroiffent  étre  barbares  ou 
étrangers  á la  domination  romaine.  La  méme  voute 
eft  ornee  de  compartimens  & de  rofaces  de  trés- 
bon  goút.  Huir  coionnes  cannelées  d'ordre  corin- 
thien , foutiennent  la  frife  qui  portoit  f infeription. 
Un  efealier  de  marbre,  pratiqué  dans  Tintérieur 
de  l’édifice , conduifoit  á fon  fommet , oú  étoit 
placé  CaracaUa  avec  fon  pére  & fon  frére , dans 
un  char  de  triomphe  tiré  par  fix  chevaux.  A leurs 
cótés  étoient  debout  des  foldats , qui  accompa- 
gnoienc  le  triomphateur. 

Vare  de  Tibere  fut  batí  par  Claiide  auprés  da 
théárre  de  Pompée , dans  la  neuviéme  région.  Il 
ifen  exilie  plus  aucune  trace. 

Vare  de  Titus , placé  entre  le  forum  Romanum 
8c  le  Colifée,  eíl  un  des  plus  anciens  ares  qui 
aient  confervé  ieur  infeription.  Voici  la  fienne: 

SEKAXUS.  POFULUSQUE.  ROMAKUS 
DIVO.  TiXO.  DI  VI.  VESPASIANI.  F. 

VESPASIANO.  AUGUSTO 

Cette  infeription  annonce  , parle  mot  divo, 
que  Yare  Tiz  été  elevé  qu’aprés  rapothéofe  de 
Titus,  qui  eíl  repréfenté  aífis  fur  un  aigle  á la 
voúte  du  portaií.  La  frife  de  Yare  de  triomphe  eíl 
fupporcée  par  deux  coionnes  d'ordre  corinthien, 
& l’on  y voitTciiIptés  Ies  appréts  d^un  facnflce. 
Aux  deux  cotés  intérieurs  du  portail,  eíl  p*ace 
Tibere  dans  fon  char  de  triomphe  tiré  par  quatre 
chevaux , que  conduit  Rome  tenant  une  hafie  & 
portant  une  lance.  Les  íiéleurs  accompagn^t  le 
char,  ainíi  que  la  Viéíoire,  qui  couronne  litas. 
Ce  char  eíl  précéáé  par  les  dépouilles  du  temple 
de  Jcrufalem , que  l'on  porte  fur  des  brancarns. 
Ce  font  le  chandeiier  á fept  branches , les  tap.es 
de  la  loi , la  table  d’or  des  pains  de  propofition  , 
& d’autres  vafes  précieux. 

Vare  de  Trujan  terminoit-  fon  forum  , felón 
Dion.  li  nkn  exilie  plus  que  les  bas-reliefs  app.i" 
qués  á Yare  de  Conñantin.  Panciroles  a -cru  voir 
les  relies  d’un  fecond  are  de  Trajan  dans  les 
qui  font  auprés  de  la  porte  de  Saint-Sébaftipn  , oí 
que  nous  avons  attribuées  á celui  de  Druíus. 

Les  ares  de  triomphe  qui  ornoient  le  chemin 
Ies  rúes  par  lefqueiles  marchoient  les  tnompna- 
teurs  avec  toute  leur  pompe,  r/étoient  que 
bois  j & on  les  détruifoit  auflitot  aprés  le  trioroFhe* 


A R C 

lis  ¿toient  ©enes  de  trophées , des  repréíestatsons 
des  vilks  prifes,  des  nations  vaiiicues  & de  cap- 
tifs  eachaínés.  On  ménageoit  au-deíTus  des  efpaces 
p'our  placer  des  joueurs  d’inftruinens  & des  hom- 
mes  chargésde  Erophées.  Le  plus  magnifique  de  ces 
ares  étok  placé  á rentrée  du  pont  triomphal  j dont 
on  voit  des  reftes  á la  gauche  du  Tibre,  auprés  de 
Saint- Jean  des  Florentins.  Le  portail  ou  la  plus 
grande  des  trois  portes  feryoitau  paíTage  du  triom- 
phateur  & de  fon  cortége  j les  deux  petites  portes 
etoient  réfervées  aux  perfonnes  diñinguées,  & aux 
pareos  & amis  du  héros. 

Uarc  de  Vérus  étoit  dans  le  forum  de  Trajan.  II 
fut  elevé  pour  conferverla  mémoirede  fes  vicloires 
fur  les  Parthes.  On  n’en  connoit  aucun  veílige. 

On  voyoit  encore  dans  le  liécle  dernier , pfés 
de  la  collégiale  des  SS.  Celfe  & Julien^  les  reftes 
d^un  are  de  trioinpke , que  fon  croyoit  avoir  été 
confacré  aux  empereurs  Graden  j Valendnien  & 
Théodofe. 

Les  ares  de  triomphe  ne  furent  pas  renfermés 
dans  Fenceinte  de  Rome  feule.  Nous  avons  deja 
parlé  de  ceux  d'Augufte , élevés  fur  le  fommet  des 
Alpes  &«a  Rimini ; nous  allons  faire  mention  de 
quelques  autres  encore  plus  remarquables. 

Uarc  de  triomphe  ct Ancone  fut  élevé  en  Fhon- 
neur  de  Trajan,  de  Plotine  fon  époufe , & de 
Marciana  fa  fceur.  II  eft  de  marbre  blanc,  & báti 
avec  beauccup  plus  de  folidité  que  les  monumens 
de  cette  efpéce.  On  tro  uve  peu  d'édifíces  anti- 
ques  oú  Fon  ait  employé  des  blocs  de  marbre 
d'un  auíli  grand  volume.  L’embafement  de  Vare 
^ufqftaii  pied  des  colonnes  eñ  d'un  feul  morceau  : 
iJ  porte  en  longueur  vingt-íix  palmes  romains  & 
un  tiers  (environ  dix-huit  pieds  franqois)  , en  lar- 
geur  dix-fept  palmes  & demi  (environ  douze 
pieds)  j & en  hauteur  treize  palmes  (environ  huir 
pieds.  .On  aveit  placé  fur  le  faite  de^cet  are , la 
ñatue  équeftre  de  Trajan  ; Se  Fon  confHíve  encore 
á Fhótel-de-viile  d'Ancóne  ¡ une  come  du  pied 
de  fon  chaval. 

La  partie  méridionale  de  la  Trance  , lituée 
entre  le  Dauphiné , le  Rhóne  & la  Méditerranée  , 
oftre  quatre  ares  de  triomphe  antiques  en  différens 
états.  On  ne  voit  plus  que  des  ruines  & des  veftiges 
de  ceux  de  Cavaillon  & de  Carpentras.  Uarc  de 
Saint-Remi  en  Provence  eñ  plus  entier  ; il  n'a 
qu'une  porte , au-deiTus  aux  deux  cotes  de 
laqiielle  font  placees  des  viétoires.  Deux  figures 
d hommes  makraitées  par  le  tems,  rempliíTent  les 
intervalles  que  laiíTent  deux  colonnes  cannelécsj 
dont  la  porte  de  Xarc  eft  accompagnée. 

L are  de  triomphe  d‘  Orange  eft  mieux  confervé 
que  les  trois  dont  nous  venons  de  parler.  II  fert 
de  porte  á la  ville  d’Qrange,  & fut  erige  ^ felón 
1 Opinión  commune  , a l’occaíion  de  la  viéloire 
^.ue  Caíus  Mariiis  & Catulus  remportérent  íur 
les  Teutons , les  Cimbres  & les  Ambrons.  Get 

a environ  onze  toifes  de  longueur,  8c  dix 
toifes  dans  fa  plus  grande  hauteur.  II  eft  formé 

Antiqaites  Tome  I. 


A R C z(55 

par  trois  arcades  ornees  en  dedans  de  comparti- 
mens , de  feuillages , de  fieurons  & da  fr-uits. 

Sur  Farcade  du  milieu  eñ  une  longue  table  d'at- 
tence , & la  repréfentation  d'un  combar  que  fe 
livrent  des  fantaflins  8c  des  cavaliers.  Ies  uns  nuds, 
8c  les  atures  armes  Se  habiilés.  Sur  les  petites 
portes  des  cotes  font  des  amas  de  boucliers , 
d'épées , de  poignards , de  javelots , de  trom- 
pettes  , de  cafques  &c  d'enfeignes  miiiíaires  fculp- 
tées  e.n  bas'-rehef.  On  y voit  auíli  d' autres  tablas 
d'attente , avec  des  trophées  de  viéioires  navales, 
des  éperons  , des  acroñoles , des  ancres  , des 
proues,  des  apluñres,  des  rames  & des  tridens. 
Au-deíTus  des  trophées  de  la  face  oriéntale  eft  un 
foleil  rayonnant  , au  milieu  d'un  are  parfemé 
d'étoiles.  Des  inñrumens  de  fa^ince  ocenpent 
le  haut  de  Yare,  au-deíTus  de  la  petite  porte  du 
■ feptentrion.  A la  méme  hauteur,  du  cóté  du  midi, 
on  volt  le  bufte  d'une  femme  entourée  d'un  grand 
voiie.  Les  frifes  principales  font  ornées  de  fan- 
tañins  qui  combattent.  Tous  ces  attributs  fe  rap- 
portent  á deux  viñoires  remportées.  Fuñe  fur 
mer,  8c  Fautre  fur  terre. 

Quoique  Farchiteíture  moderne  ne  foit  pas  da 
reíTort  de  ce  Dicíionnaire , nous  ne  poüvons  ce- 
pendant  pas  taire  une  remarque  d’aprés  laquelle 
on  jugera  íi  Fadmiration  pour  les  arts  des  anciens,. 
nous  fait  dédaigrier  ou  méconnoítre  ce  que  ceux 
des  modernes  offrent  d'eftimable  8c  de  véritable- 
ment  beau.  Nous  nous  croirons  exempts  de  ce 
reproche,  que  Fon  fait  tous  les  jours  aux  anti- 
quaires,  aprés  avoir  rappelé  á’  nos  lecleurs  que 
Pans  renferme  un  are  de  triomphe  fupérieur  á 
tous  ceux  qui  font  décrits  dans  cet  árdele  , 2c  par 
fa  hauteur  & par  fa  noble  fimplicité.  C'eñ  la  porte 
de  Saint-Denis.  Ses  bas-reliefs  & fes  inferiptions, 
qui  ont  été  compofées  par  Farchiteéle , ne  dépa- 
reroient  paS  les  débris  de  Yare  de  Trajan : 8c  i!s 
font  d'une  beaiité  dont  ne  peuveüt  approcher  ni 
les  fculptures  des  ares  de  triomphe  d’italie , ni 
celles  des  ares  de  Provence. 

ARCA.  Ce  moc  avoit  chez  les  Romains  diffe- 
rentes  acceptions,  qu'il  faut  diftinguer  foigneu- 
fement. 

Arca  cujlodia , étoit  une  efpéce  de  cachot  o«  de 
cage  de  bois  , dans  laquelle  on  renfermoit  les 
criminéis  que  Fon  tenoit  au  fscret.  Cicerón  , {pro 
M-lLon.  22.)  : Súbito  accepti  in  qusflior.em , taméit 
feparantur  a csteris  , 6?  iu  arcas  conjiciaraur,  ne  quis 
cum  his  colloqui  pojfet.  Le  bois  de  chéne , rosar , 
dont  ces  cages  étoient  fabriquées,  leur  fir  donase 
par  la  faite  le  nom  de  robora. 

Arcafirnlis.  On  donnoit  ce  nom  a des  pierres 
qui  fervoient  de  bornes  dans  les  champs,  & qui 
étoient  tailiées  en  forme  A’arcAe  ou  de  cofrre. 
Cette  forme  les  fit  confondre  qaelquefois  avec  des 
tombeaux.  Sénéque  ( epifi.  i?  )_dit  de  Isc-méme: 

In  ipfd  Scipionis  jí frican.!  villa  jacer.s  kac  tibi 
feribo  adoratls  manibus  ejus  ^arca  , quam  fepul- 
eruT^  tanti  -viri  fufpicor.  » Je  voiis  écris  ét’Rt 

L I 


A R C 

mabcie  dans  la  maifon  de  campagpe  de  Scipion 
rAfricain,  ou  j’ai  ya  avec  un  refpeér  religieux 
Ies  mains  de  ce  héros  & ion  arcke  , que  je  crois 
ccre  le  tombeau  de  ce  grand  homme.  La  reíTem- 
bbnce  des  arckes  fépiilcrales  & des  arckes  de.  li- 
mites , rendoir  incertain  le  précepreur  de  Néroii. 

Arca  vablicj. , arca  povuii  ^ étoitleíifc  ou  trefor 
pubíic. 

Area  fepulcralis,  étoit  un  tombeau  ou  cercuei!, 
que  Ton  appelle  aujourd''hui  ume , en  parlant  des 
nionumensantiques.Ces  urnesétoientfajtescommc 
un  coíFre , arca  y c'elt-á-dire , qu’eiles  étoient  qaa- 
drangulaires,  & fermées  par  un  couvercle  dant  la 
forme  varioit  fuivant  le  gout  des  ouvriers.  Des 
briques  ont  ordinairement  été  !a  matiére  des  urnes ; 
mais  elles  étoient  faites  fouvent  de  marbre  ; & les 
bas-reliefs  dont  on  aimoit  á les  orner,  font  aujour- 
d'hui  la  plus  belie  partie  des  collections  d'anti- 
quités. 

Arca  pontificutn.  On  appeloit  de  ce  nom  un 
tréfor  qiii  étoit  gardé  par  les  pontifes , dans  leque! 
on  dépofoit  certaines  amendes,  & en  parttculier 
celles  que  devoient  payer  les  violateurs  de  la  fain- 
teté  des  tombeaux.  Les  épitaphes  font  fouvent 
mention  de  ces  amendes,  & du  tréfor  ou  on  les 
dépofoit.  En  voici  un  exemple  ; hoc.  ?,ionu- 

MENXUM.  NE.  DE.  NOMINE.  NOSTRO.  EXIAT. 
QUI.  EXTERNDM.  INDUCER.E.  VOLUERIT.  POE- 
NAE.  NOMiNE.  INFERAT.  ARCAE.  PONTIFICÜM. 
K-S.  L.  M.  N. 

Les  pontifes  prépofoient  á la  garde  de  ce  tréfor 
un  tréforier  des  oíSciers  appelés  Caratores  ¡ & 
dbutres  nommés  Ouatuorviri. 

ARCADIA  , en  'Créte.  APKAAaN. 

Les  médailies  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

áRCaDIE  , nymphej  mere  de  Philonomé. 

A.RCADÍENS  j dans  le  Péloponnéfc.  AP.  en 
monogramme. 

Leurs  médailies  autonomes  font : 

R.  en  argent. 

RR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Leurs  types  font : 

Pan  affis  fur  des  rochers.  — La  fyringe  de  Pan. 
— Une  lyre. 

Ce  peuple  a fait  frapper  une  médaille  en  bbon- 
néur  d’Antinoüs,  avec  rinferipnon  apxaci. 

Les  Arcadiens  paroiífent  avoir  été  le  dernier 
peuple  ¿vilifé  du  Péloponnefe.  lis  habitoient  un 
pays  montueux,  éloigné  des  cotes  de  la  mer; 
c’eft  pourquoi  ils  communiquérenc  tard  avec  les 
étrangers.  On  doit  rapporter  fans  doute  á Tépoque 
tardive  de  leur  civilifation  > le  furnom  de  man- 
geitrs  de  glands , ^ax=cvi,(payt¡í , qui,  dans  foriginCj 
devoit  leur  étre  conynuu  avec  les  autres  peuples 
agreftes  du  Péloponnefe  j mais  qui  relia  á eux 
fculs. 


A R C 

lis  rendoient  un  cuite  particulier  au  dieu  Pan. 
Dans  les  premiers  tems^  ils  avoient  immolé  des 
garcons  á Júpiter,  & avoient  fait  mourir  en  fon 
honneur  de  jeunes  filies  fous  les  coups  de  verges. 
Comme  les  Arcadiens  étoient  pañeurs , ils  confer- 
vérent  long-tems  Fextérieur  groíTser  & ruffioiie 
des  peuples  qui  nourrilfent  les  beftiaiix ; de  forte 
que  j malgré  leur  gout  pour  la  Muíique  , on  déíi- 
gnoit  en  Gréce  les  anes  fous  le  norn  de  roffignols 
d'Arcadie. 

ARCADIÜS,  fjls  ainé  de  Théodofe  I. 

pLA'nus  Arcaoius  A UGíIS'TUüt 

Ses  médailies  font: 

C.  en  or. 

II  y a au  cabinet  du  roi  deux  médaillons  en  or 
^'Arcadius-,  ils  font  d"une  grande  forme. 

C.  en  argent ; qiielques  reveis  R. 

RR.  en  médaillons  de  B. 

C.  en  M.  & ?.  B. 

La  colonnc  qui  avoit  été  élevée  á Conftp.ti- 
nople  en  i’honneur  de  ce  prince  , étoit  ornée  de 
bas-reliefs  qui  ont  été  gravés  d’aprés  les  deíTins 
de  Gentt'e  Bellino , peintre  vénitien , appelé  á 
Conftantinople  par  Mahomet  II.  Ii  paroft  que  cet 
artille  a beauconp  embelli  i'ouvrage-dans  fon  deífin. 
On  voit  encore  dans  le  quartier  nommé  Cortcajui, 
la  bafe  'de  cette  colonne,  qui  eít  de  granit.  La 
colonne  a eré  démolie  par  les  Tures  au  commen- 
cement  de  ce  íiécle , parce  qu’eüe  avoit  été  ébranlee 
plulieurs  fois  par  les  tretnblemens  de  terre,  & 
parce  que  fa  ebúte  pouvoit  caufer  de  grahds  dom- 
mages. 

ARGARIUS  3 garde  d’un  tréfor.  On  connoit  le 
tréforier  du  fife,  celui  de  Varea  pontificum , ésx 
tréfor  des  pontifes,  & celui  des  prefets  du  pretoire. 
Le  premier  eñ  nommé  dans  Tinfeription  fuivante  j 
trouvée  á Naples.  Arcarius  y eíl  écrit  par  un  lí: 

:$"  D.  M. 

MARCIAE.  MELISSAE.  CONJUGI 

INCOMPARABILI.  FELIX.  ARK. 

REIP.  NEAPOLITANORUM. 

L.  D.  EX.  PERM.  MAGIST. 

EX.  MARCIUS.  FELIX.  MATRL  B M- 

Les  tréforiers  de  la  maifon  d’Augufte  , arcarh 
lih.  Aug.  étoient  ordinairement  des  affranchis  , 
comme  Tannoncent  leurs  épitaphes  j ceux  des  par- 
ticuliers  étoient  de  fimples  efclaves.  On  dpnnojt 
aufli  le  nom  ¿‘Arcarías  á celui  des  derniers  qur 
avoit  la  garde  des  habits  que  Fon  quittoit 
prenoit  au  bain,  & méme  de  tous  les  habiHe- 
mens  du  maítre.  Arcarías  venoit  alors  d crea  ^ 
coífre  ou  armoire  dans  laquelle  on  renfermok  Ies 
habits.  ^ 

ARCAS , fils  de  Júpiter  & de  Calillo  , regna 
dans  FArcadie , á laquelle  il  donna  fon  nom  s 
inltruit  par  Triptoléme,  il  apprit  a fes  Cüjsts A 
femer  du  b!ed&  á faire  du  pain.  Ariílée  luí  mon- 
tra  auííi  á filer  la  laine , & á en  faire  des  etoffe^ 
La  fabk  dir  qn  Arcas  devenu  grand,  étant  a » 


A R C 

chaíTe , rencontra  fa  mere  fous  la  figure  d'unc 
oarie  : il  ne  la  reconnut  pas  j quoique  iui-méme 
en  tdc  connu.  Caiifto  s’arréta  pour  le  voir  ; mais 
Arcas  alloic  la  percer  de  íes  traics,  quand  Júpiter  ^ 
voulant  etr.pécher  ce  parricide  , le  métamorphofa 
auiii  en  ours  ^ & les  enleva  tous  deux  dans  íe  ciel  j 
ou  ils  forment  les  conílellations  de  la  grande  & de 
la  petite  ourfe.  Voye^  JuPiTER.  Selon  une  autre 
tradición  , Arcas  eut  deux  enfans  d"une  Hama- 
dryadcj  nommée  Profpela.  ¡A.  Pros  pela.  H 
époufa  esiíuite  une  dryade  qui  s’appeloit  Erato^  & 
quÉ  le,  rendir  pére  de  trois  garcons.  ¡r . Calísto. 

ARCÉj  filie  de  Minos  j fut  aimée  d’ApoIlonj 
& le  rendit  pere  de  Milet , de  qui  Bybiis  & Cau- 
mus  requrent  le  jour.  V.  Milet. 

ARCERA , chariot  qui  fervoit  aux  vieillards  & 
aux  infirmes.  J-rcera  étoit  proprement  un  iit  cou- 
vertj  que  Pon  pla^oit  fur  un  chariot  découvert  j 
■pLaufirum. 

ARClRII  milites.  V.  Femntarii. 

ARCÉSlLASj  un  des  cinq  chefs  de  Parmée 
grecque qui  conduifoient  les  Béotiens  de  Thébes 
au  íiége  deTroyCj  felón  Homére;  i!  étoit  fils  de 
Júpiter  & de  Torédie.  Les  autres  cheft  étoient 
Pénélée^  LeituSj  Prothénée  & Clonius. 

ARCÉSIüSj  grand-pére  d^ülyííe^  étoit  fils  de 
Júpiter,  felón  Ovide  , ou  de  Céphaie , felón 
Ariíiote.  Céphale,  dit-ii,  ayant  été  Icing-tems  fans 
avoir  d'enfans,  aila  conídlter  Poracle,  qui  luí  dit 
de  rendre  mere  la  premiére  feme’le  qu'ií  rencon- 
treroit.  Ce  fut  une  ourfe  qui  fe  préfenta  á lui  : il 
en  eut  un  fils  qu'il  novamz  Arcéfius , du  nom  de 
fa  mere.  Toute  cette  fable  rfeíí  fondée  que  fur 
le  nom  grec  de  Ppurfe,  'ífAo;  oti  afx-or. 

ARCHEGETÉS,  nom  dCApollorij  fous  lequel 
on  lui  avoit  érigé  un  autel  & renda  un  cuite  dans 
Pifie  de  Naxos.  Sur  des  monnoies  de  cette  iíle,  on 
voit  une  tete  d’ Apollon  avec  ce  furnom.  On  don- 
noir  a Hercule  le  méme  titre  dans  Pille  de  Malte, 
oú  fon  cuite  avoit  été  appcrté  de  Tyr.  Ce  mot 
fignifie  prince,  chef,  conducteur;  ii  eít  compofé 
, prince  , & áíiyíifiat  , conduire. 

A'i’XElON.  Les  Grecs  déíignoient  par  ce  nom 
le  lien  le  plus  retiré  & le  plus  fecret  des  temples  5 
ceiui  oú  Pon  confervoit  les  richeifes  du  dieu,  & 
ceües  que  les  particuliers  y mettoient  quelquefois 
en  dépót.  C'eíl:  ainfi  que  Xénophon  dépofa  fes 
richeíTes  entre  les  mains  d’un  prétre  de  Diane 
d'Ephéfe.  De-lá  vinrent  les  épithetes  que  lui  donne 
PolhiXj  dans  fon  Onomafiiconíj..  l.), 

■r.<,xLxmo-m  , , Scc-  qui  fonr  toutes  re- 

Istives  a Por  & aux  tréfors  qui  y c-toient  renfermés. 
Les  Romains  imitérent  cet  ufage  des  Crees-,'  & 
dejprércnt  leur  tréfor  pubüc  dans  le  temple  de 
Saturna. 

devint  par  exteníion  le  nom  da  cabinet 
dans  lequel  on  confervoit  des  meubles  anciens  , 
des  antiquités  & des  titres  de  poffeíison. 

A p5j£;oit  étoit  le  bátiment  ou  la  bafiíique  dans 
laquelie  on  rendoit  la  juítice , Se  que  Pon  appe- 


A.  R C 1 G~] 

Icit,  fuivant  lespays,  prétoire,  ou  fortim  ^ ou 
curie. 

ARCHELAIS  , dans  la  Cappadoce. 

Goltzius  feul  a attribué  des  médailles  imperiales 
grecques  á cette  ville. 

ARCHELALS I , roi  de  Macédoine.  apxeAAO. 

Ses  médailles  font: 

RR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Archelaus,  roi  de  Cappadoce.  basíAeos 
ArXEAAOT. 

Ses  médailles  font : 

O.  en  bronze. 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

La  maíTue  eft  le  type  ordinaire  de  fes  médailles. 

ÁRCHÉMORE  , fils  de  Lycurgue,  roi  de  Né- 
mée,  en  TheíTalie,  & d'Euridice,  eut  pour  nour- 
rice  Hypfipiie , temme  de  1 boas.  Les  Crees  de 
Parmée  d'Adrafte  traverfant  un  jour  la  forét  de 
Némée  , trouvérent  cette  illuftre  nourrice  feule 
avec  le  jeune  prince  qife'Ie  allaitoit  : ils  étoient 
extrémement  prefles  de  la  foif ; & prefqua  toutes 
les  fources  étant  taries  par  Pardeur  de.  la  faifon, 
ils  la  priérent  de  leur  indiquer  quelque  fource 
d'eau  vive  pour  fe  défaltérer.  Hypfipiie  les  con- 
duilit  á une  fontaine  qui  réétoit  pas  loin  de-!á  ; & 
pour  aller  plus  vite  , elle  laiíí'a  le  jeune  Archém^ore 
feul  fur  Pherbe  j mais  en  fon  abfence , un  ferpent 
ota  la  vie  á Penfant.  Les  Grecs,  furpris  & afBigés 
de  cene  funeíle  aventure,  niérent  le  ferpeut, 
firent  á cet  enfant  de  fuperbes  funérailles,  & iníti- 
tuérent  en  fon  honneur  les  jeux  néméens.  R'oye^ 
Néméens,  Hypsipile. 

Winkelmann-a  publié  dans  fes  Monumenti  anti~ 
cki  inediti , un  bas-reüef  fur  lequel  on  voit  Arché- 
more  entorcillé  dans  les  replis  du  ferpent , deux 
Grecs  qui  lancent  des  fleches  au  reptile  venimeux, 
& Pinfortunée  mere  avec  le  vafe  qui  eíl  tom.bé 
de  fes  mains. 

A’PXEIÍITHS,  archeotas  , antiquarius.  On  don- 
noit  ce  nom  aux  ofiiciers  prépofés  á la  garde  des 
archives  des  villes  grecques,  & au  rétabliíTemeot 
des  titres  vieilüs  ou  gátés.  II  en  efi:  fait  mention 
dans  le  Droit  Romain  , fous  le  nom  K archeota.  8c 
A’  antiquarii. 

ARCHEOTA  Vovez  A'PXEin'xKS. 

ARCHER,  foldat  qui  lance  des  traits.  Les 
Grecs  & Ies  Romains  employoient  les  arckers , 
les  jacalateurs , en  general  tous  les  gens  de  trait, 
pour  engasen  une  ztfihs  & pour  atrirer  1 ennemi 
au  combar.  Quoiqu'iis  ne  PattaquaíTent  que  de 
loin  , ils  ne  laiffoient  pas  de  brifer  b^aucoup 
d’armes  , de  blelTer,  de  tuer  beaucoup  de  monde , 
8c  de  mettre  !e  déforáre  dans  les  ^rangs.^  Leurs 
atraques  brufques  arrétoient  Pimpétuofité  c’une 
aile  de  cavaierie,  & la  forcoient  de  püer.  Les 
arckers  fervoient  encore  á favorifer  les  retraites, 
á fouiügr  les  endroits  ñjfpeéis , á éventer , 8c 


2é$  A R C 

fur-tout  á drefíer  á«s  etr.burcades._  Dans  une  ba-  | 
taille üs  venoient  toujours  aux  mains  !es  prsmiers  5 ; 
ils  na  ceíToient  point  d'agir  pendant  la  chaleur  da  j 
Tadion , í-r  üs  combattoient  ancore  aprés  qu'elle  | 
ctoit  décidée  : en  un  tnot , ils  rendoient  en  toute 
occafion  des  fervices  íignaiés. 

Les  armes  de  jet  des  anciens,  produifoient  un 
effet  p'iis  coníidérable  que  nous  ne  penfons.  Le 
bist  des  arc’iers  & des  frondeurs  étoit  une  butte 
de  gazon  á laquelle  on  vifoit,  & que  I’on  toucnoit 
(au  moins  les  frondeurs)  á íix  cens  pieds  de  aií- 
tance  s ce  qui  fait  une  longueur  d^environ  cent 
YÍngt  pas.  í Anide  de  M.  Eidous ). 

Les  arckers  mettoient  un  genou  en  terre  pour 
tirer  de  Tare  avec  plus  de  facilité , ou  plutót  pour 
corriger  par  rabaiííeraent  d\i  point  de  départ 
rélévation  parabolique  que  prenoit  la  fleche  pen- 
dant le  trajet.  On  les  voit  fouvent  dans  cette  att!- 
tude  fur  les  pierres  gravees fur  les  médaiiles  de 
Thébes  en  particulier  ^ & fur  plufieurs  autres  mo- 
numens- 

ARCHIATER , af^/arfe;.  On  donnoit  ce  nom 
au  premier  médecin  ou  au  chef  des  médecins.  Le 
Thefaurus  inferiptior-um  de  Muratori,  nous  offre 
plufieurs  épitaphes  dans  lefqueiies  on  lit  ce  mot. 
En  voici  une : 

D.  M.  - . 

A.  ATIUS.  C.  L.  ARCHIATER. 

SIEI.  ET.  lULIAE.  PRIMAR 

CONIÜGI.  INCOMPARAEILI 

ARCIIIATROS  exprime  lámeme  dignité  que 
le  mot  crekiater.  Gn  le  troiive  dans  Gruter  ^ revu 
par  Gr^viuSj  page  632,  n°.  4. 

AR^CirilBUCGLUS  Dei  Uheri.  Grnter  (27.  4. 

& 28.  2.)  a pubüé  deux  infcriptioTis  fur  lefqiielles 
«n  lit  cette  dignité  réunie  avec  d’autres  fonétions 
des  prétres  de  Bacchus.  Peut-étre  déíignoit-elle 
ce'liii  qui  éteit  chargé  de  fournir  les  viéiimes  pour 
fes  facrifices. 

A^PXir.PET'S , pontife.  On  appeloit  tous  les 
prétres  de  ce  nom  général ; mafs  on  réfervoit 
cela!  níycí; , grand-prétre  j au  chef  des 

prétres.  Ce  dernier  faifoit  dans  quelques  vüies 
grecques  les  fonciions  de  premier  magiftrat : c’eft 
á ce  titre  que  Ton  voit  fon  nom  & celui  de  fa 
dignité  fur  les  médailles  de  ces  viiles. 

ARCHItREUS , imitation  latine  du  mot  grec 
Kí-'isitsí , pontife.  On  la  trouve  dans  plufieurs 
inferiptions  romiines. 

ARCHÍEUZ'INUQUE  5 arckieunucus  , chef  des 
eunuques,  C'étoit  un  des  principaux  ofiiciers  de 
la  cour  des  empereurs  Grecs  : il  en  eñ  fait  men- 
tion  dans  rhiíloire  Byzantine. 

ARCHIGALLUS  de  Cybéle.  Ce  pontife  eft 
repréfenté  avec  tous  fes  ornemens  bizarres  fur  un 
bas-relief  ou  mufée  Capitolin  ^ tom.,iV'.  On  trouve 
ce  méme  defíin  dans  le  Ekefaunts  inferiptionum  de 
Muratori  ^ pag.  207,  8r  dans  Ies  Monumenti  anti- 
(hz  ftiediú  de  Winkelmanm 


A R C 

Sa  tunique  a des  manches  ^ comme  celle  des 
PhvygieúSj  dont  il  porte  auííi  la  mitre,  en  mé- 
meire  d’Atíls.  La  couronne  qui  entoure  fa  tete  eft 
ornee  de  deux  portraits  du  méme  Attis,  & de 
celui  de  Júpiter,  il  porte  pour  collier  un  cercle 
de  metal , terminé  ¡jar  deux  tetes  de  ferpent  qui 
morder.t  un  coros  ©vale  : á fes  oreüles  font  atta- 
chées  cks  boucies , & fur  fa  poitrine  eft  place  ua 
grand  portrait  d’Aítis,  tenant  Tindex  fur  fabonche. 
Du  haut  de  fa  tete  jufqifá  la  ceinrure,  defeend  de 
chaqué  ccté  un  double  rangde  perles , oif  d’autres 
cerps  de  m erre  forme. 

ÜArchigaile  porte  une  branche  d'olivier  de  la 
main  droite,  St  dans  la  gauche  une  coupe  pleine 
de  fruits,  avec  une  pomme-ce-pin ; á fon  coté 
gauche  eft  placé  un  fouet  qui  eft  formé  d’oíTe- 
lets  de  moutons  enfiles  dans  trois  laniéres  de  cuir , 
avec  lequel  Ies  Galles  fe  fuftigeoient  cruellement. 
Des  crotaies , un  tambour  ou  ‘tympanum , deux 
ñutes fuñe  droite,  fautre  courbe.  Sí  une  ciñe 
myftique  oceupent  le  refte  du  bas-relief  qui  ornoit 
un  tombeau. 

Ce  chef  des  Galles  étoit  toujours  choifi  dans 
les  famii.l?s  les  plus  diftinguées.  Voici  les  titres 
qu’il  prend  dans  une  épitaphe  rapportée  par  Gru- 
ter : C.  CAMERIUS.  CRESCENS.  ARCHIGALLUS. 
MATAIS.  DEUM.  MA.GNAE.  IDAEAE.  ET.  ATTIS. 
POPULI.  ROMANI.  VIVUS.  SIBI.  FECIT. 

ARCHIGÜBERNUS , étoit  le  commandant 
du  vaiifeau  amiral , ou  du  vaiueau  qui  portoit  Tem- 
pereur. 

ARCHIMAGIRUS.  Ce  nom  défignoit  le  chef 
de  cuifine ; il  a pour  racine  le  mor  ftxyiifsí , 
cuifinier.  Juvénal  fait  mention  de  cet  ©álcier , 
(Sizeyr.  IX.  109.)  ; 

Lzbrarius  , archimagiri. 

Une  infeription  antique , rapportée  par  Gruter, 
exprime  fa  charge  par  une  autre  dénomination  t 

HIC.  OSSA.  SITA.  SÜNT 
FAUSTI.  ERONIS 
VICARII.  SUPRA 
COCOS 

ARCHIMIMA.  On  trouve  dans  Crutet  archi- 
mima  diurna  : c’étoit  Tactrice  Gui  faiíoit  les  pre- 
miers  roles  dans  les  preces  que  Ton  jouoit  pendant 
le  jour; 

ARCHÍj^IME.  On  défignoit  par  ce  nom  le 
chef  ou  le  premier  des  boufons  , des  aélenrs  p-an- 
tomimes  , Sec.  II  en  eñ  íouvenr  fait  mennon  dans 
Ies  inferiptions  & les  eDitaphes.  Ces  pantomi^s 
jouérent  quelq'uefois  fur  la  fcéne  des  {>erfo»es 
vivantes,  dont  ils  prenoient  les  habits,  & íes  traits 
pour  en  eompofer  leur  mafques. 

iJ arekimime  accompagnoit  ordínairement  .es 

convois  des  princes  8í  des  grands , revétu des  habsts 
du  mort&portant  un  maíque  modelé  fur  fa 
II  cherehoit  á imker  fa  démarche , fes  altitudes.  Se 


A R e 

jüémc  Tes  ridicules.  U arckimime  qui  jouoít  cc  role 
2U)f  obféqiies  áeVefpaáen  ^ vonlant  exprimer  Fava- 
ricc  qui  caraíiérifoit  cet  empereur,  demanda  aux 
intendans  á quelle  fomme  montoit  ia  dépenfe  des 
íuaérailles.  On  lui  répondit  qu’elle  alloit  á dix 
miliions  de  íéíterces  : ek  bien!  s'écria-t-il  ^ donne[- 
moi  .cene  fomme  y & jete:^  ^ fi  vous  le  voule'^,  mon 
eddezvre  dnns  le  Tihre. 

Cet  ufage  fe  pratiquoit  feaiemen'c  aux  obféqiies 
des  grands  Se  des  riches.  Cefí  poarquoi  Sobe  cit 
de  Mercare  ^ qui  idmitoit  íi  bien  : 

Nam  kic  quidem  omp.em  imagmem  tntam,  qut  antea, 
juerat , pojpdet , 

fivo  fit , quod-  numqviim  quifquatn  mortno  faciet 
miki. 

{Amphitr.  i.  l.  30Z). 

ARCHINAÜTA  Claífls  E-avennatis.  Muratori 
(84).  4.  Tkef.  infcr.)  rapporte  une  infcription 
dans  laquelle  cet  oíEcier  de  mer  eñ  nommé.  Peut- 
étre  étoit-il  !e  chef  des  pilotes , ou  plutbt  !e  pi- 
lote du  vaiíTeau  qui  portoit  Pempereurj  comme 
Yarckiguhernus  en  étoit  Je  capitiine. 

ARCHINEANISCVS.  Gruter  ( pag.  331.  y. 
du  Thef  infcr.)  revu  par  GrxviuSj  rapporte  Pinf- 
cnption  fuivante,  dans  laquelle  on  lit  ce  mot, 
dont  on  ignore  la  íignification : 


D.  M 

TT.  CL. 
EOÍvíNIONl 
SUSCINIANO 
ARCHINEA  , 
NISCO 
FECIT.  CL. 
JANÜARIO.  SVO 
i ' PATRI 


ARCHIPIRATA.  Muratori  (dio.  i.  Tkef 
inf  r.)  rapporte  un  fragment  des  ades  du  fénat, 
dans  lefqueis  i]  eft  fait  mention  du  crucifiement 
de  Démiphon^  quaiiñé  de  chef  de  piraces^,  arcki- 
pirata.  ||k 

ÁRCHITECTEl^tes  princes  Se  les  grands  de 
Rome  eurent  des  arekiteBes  attachés  á leuis  pa- 
la!s^  & d’autres  chargés  uniquement  du  foin  de 
leurs  maifons  de  campagne.  Uépitaphe  d’an  de 
ces  derntets  cit  parvenue  jufqu’á  nous  : SEx.  pom- 
MlUS.  AGAS.  US.  ARCHITECTUS.  A.  VILLA.  SEX- 
TIANA. 

Ge  !uxe  r/etonne  pas  , quand  on  lit  que  CraíTus 
avoit  en  propnété  ou  á fes  gases  cinq  cens  ouvriers 
& archheíitSy  qMii  iouoit  aux  particaliers  pour 
batir  leurs  maifons.  * 

^.ARCHIi’ECTL'RE  : c^eft  en  genera!  Part  de 
^atsr.  On  en  diltingac  ordinairement  rrois  efpéees  ; 
«voir^  la  civile , qMon  sppelie  fimplement  Arcki- 


A R C z6^ 

teBure  ,1a.  militaire  Se  !a  navale.  La  derniére  fera 
e.rpliquée  dans  les  arricies  MaPvINE  & Na  vire. 
Les  mots  Camp  , Maison  & TouR^  fourniront 
des  notions  fuíEfantes  fur  la  íeconde.  Ce  que  nous 
avons  á dire  fur  la  prerniérej  fera  diyifé  en  deux 
paragraphes  , Architecture  des  Égyptiens, 
& Architecture  des  Grecs  etdes  Romaíns. 
Si  DH  leur  joint  les.  arricies  Aquéduc^  Arc  de 
TRIOMPHE  , ChEMIN  COLO¡'i2\’£  ^ FoRüM  , 
Maison  ^ Ordre,  Pont  & Temple  ; on  acquerra 
une  connoiflance  faíEfante  de  V ArekiteBure  an~ 
cienne. 

§.  pf.  A rchiteclure  des  Anciens. 

_ \d ArekiteBure  paroít  étre  Tart  auquel  les  Egjp- 
tiens  fe  font  le  plus  appliqués,  non  pas  ceJle  cui 
frappe  par  une  agréable  harmonie,  & qui  annonce 
des  le  premier  coup-d’oeil  la  ñauare  de  la  chofs 
qMelle  decore  j mais  celle  qui  étonne  par  la  bátiíTs 
foiide  & majeílueufe,  8c  daius  laquelle  oft  voit  le 
germe  de  tout  ce  que  Ies  Grecs  y'ont  puifé.  Les 
Egyptiens  n’ont  pas  con.nii  Ies  Ordres^  c’eft-á- 
dire  j qudls  n'ont  pas  été  foumis  á des  propor- 
tions.  InventeurSj  ils  or.t  fait  ce  qui  leur  con- 
venoit  3 8c  ne  paroiiTent  pas  avoir  admis  rien 
ddnuciley  ils  ont  employé  les  pilaflres  & les  co- 
lonnes.  Ils  les  ont  ornes  de  chapireaux de 
baadeaux de  bafes  & de  cannelures  ; ils  ont 
, prolilé  Se  decoré  des  entablemen.s  : mais  il  y a 
apparence  que  tous  ces  ornemens  ont  été  arbi- 
traires  j puifqudls  n ont  jaaiais  été  répétés.  C'eíl: 
ce  qu'ii  eíl  aiíé  de  voir  dans  pluíieurs  auteuts 
modernesj  & fur-tout  dans  Poco'ck^  oiiFon  peuc 
diñingíier  au  moins  la  varíete  de  toutes  ces  pat- 
ries ^ & fe  former  une  idee  du  développe.ment 
qui  sV  trouve  rapporté.  Alegard  descofonnes^ 
ils  les  ont  feulement  regarclées  coínme  un  moyen 
foüde,  pour  percer  & alléger  á Foeil  Ies  efpaces 
immenfes  que  leurs  bátimens  oceuposenr. 

Les  deferiptíons  des  deux  labyrinthes  & des 
ruines  de  Thébes,  dans  Hérodote  & da.ns  nos 
voyageurs^  élévent  re/prit.  Nous  .ne  voyons  ce- 
pendant  que  les  mauvaifes  gravares  qui  Ies  repré- 
fententj  ou  de  foib'es  deíllns,  plus  capables  de 
derruiré  une  idee  que  -de  Fcmbellir.  La  grandeur 
despierres  que  íes  Egyptiens  ont  mifes  e.n'cenvrej 
ell  "íeiile  capable  d'excirer  Fadmiration.  Ouelk 
patience  rFa-t-il  pas  faílu  pour  Ies  tailler  ? quedes 
forces  pour  les  nettre  en  place  ? Mais  ces  ob'ets^, 
quelque  eonfidérables  qiFiís  foient,  sMvanouiffeTtj 
pour  ainíi  dire  ^ quand  on  fe  rappelle  I’idée  des 
pyramides  & du  Le  M-sris.  Ces  monumens  fonr 
des  fources  intarifTables  dFétonnement  , par  k 
grandeur  de  Fentreprífe , a ’aqiyeile  il  parojt  que 
le  fiiccés  a tonjours’repn.ndu.  LLrr  de  conlíruire 
les  vDutes  .uL  pas  éré  inconnu  aax  Egypíiens, 
comme  on  Fa-  aíTuré  trop  íégérement  ,■  mais  ils 
Maimoient  pas  á íes  employer  da.ns  leurs  grands 
j bátime.ns.  Ils  vouloient  au  ü que  les  cierres  ns 
i diilTeiií  leur  fosee  qu'á  elles-aiemes^i  *&  ctFi  la 


i7^ 


A R C 


iuíteíTe  de  !eur  coupe  ; c eft  pourquoi  ils  n’ont 
jamais  introduit  aucun  métal  pour  ia  iiaifon  de 
leur  bániie. 

En  Eovpte  , on  bátiíToit  toujours  ; un  grand 
ouvrage  enproduiíbic  un  aurre  encore  plus  grand: 
lí  la  fortuné  eut  écarté  de  ce  peuple  ie  )oug  des 
Perfans  & celui  des  Grecs , on  rauroit  vu  rafer 
les  montagnes  de  la  Thébaiac , plutot  que  de  ne 
lien  taire.  Tous  Ies  obéiiicues  fe  reíTembient  íi 
bien , que , quand  il  n'y  a point  de  caracteres , 
il  eft  aflez  difficile  de  les  diíHnguer  ¡es  uns  des 
autres.  II  paroit  ou  on  auroit  du  une  fois.  fe  iaíler 
_¿^élever  des  monumens  íi  reíIeinDlans ; cependant 
on  ne  s en  laffa  ¡atPiais  : les  aernjers  rois^  Amaíis 
& NedanébC;,  en  faifoient  fculpter  encoré , comme 
on  Favoit  pratique  pluíieurs  iniliiers  d annees 
avant  leur  naiíTance. 

Je  penfe,  dit  M.  Paw,  que  M.  le  Roy  s’eft 
trompé  , en  difant  que  la  catane  ruftique  avo^ 
fervi  chez  les  Egyptíens  , comme  Vitruye  dit 
au’elle  fervit  chez  les  Grecs  ^ c eíf-a-dirCj  ce  mo- 
déle aux  plus  fuperbes  édifices  que  les  hommes 
ayent  conífruits  fur  la  furface  de  la  terre.  (Ruines 
des  plus  beuiíx  monumens  de  la  Grece  , tom.  I , 
nouvclle  éiition').  Tout  démontre  que  les  Egyp- 
tiens , avant  que  d’étre  réunis  en  corps  de  na- 
tion,  vivoient  córame  des  Troglodytes,  dansles' 
creux  des  rochers  de  rEthiopie;  de  forte  que  ceíf 
bien  plutót  une  grotte  qui  a fervi  de  modéle  aux 
premiers  efiais  de  leurs  architedfes , qu  une  cabane. 
Les  faavages  de  la  Grece,  au  coutraire,  durent 
fe  conftruire  des  hurtes  á caufe  de  la  diveríité  du 
climat  & du  foi , qui  ont  fur  tous  ces  objets  une 
grande  influence  :"aurii  n/y  eut-il  jamais  aucun 
rapport  entre  les  combies  des  temples  de  la  Grece, 
& íes  combles  des  temples  de  FEgypte.  Ceux-ci 
étant  entiérement  plats  , navoient  point  été,  par 
conféquent , copiés  d'aprés  le  toit  de  la  cabane 
rufiique  de  Vitruve. 

Le  Pharaon  Amafis  fit  venir  des  environs  d’Elé- 


phantine  un  grand  morceau  de  rocher  creufé  in- 
térieurement , qu°on  plaqa  dans la  ville de  Sais,  de- 
vant  le  oortique  du  temple  de  Minerve.  Les  Grecs  , 
qui  compofoient  Ies  mots  comme  ils  vouloient, 
¿nt  appelé  cette  pierre  vuide , une  chambre  mo- 
nolithe;  mais  quelque  nom  qu’on  puiíTe  luí  don- 
ner,  ii  eft  manifeft?  que  Fidée  en  avoit  été  prife 
d’une  grotte. 

Quand  on  réfléchit  aux  excavations  prodigieufes 
que  les  E!;yptien.s  ne  ceffoient  de  faite  dans  leurs 
montagnes,'  & a la  paíTion  finguliére  de  leurs 
prétres  pour  Íes  fouterreins,  oü  ils  confumoient 
une  moirié  de  leur  vie  , alors  on  ne  doute  pas  que 
ce  penchant  ne  fút  un  refte  de  leur  apcienne  ma- 
niere de  vivre  en  Troglodytes-  De-la  vient  le  carac- 
tére  irriprimé  á tous  leurs  édifices,  dont  queKiiies- 
uns  patoilfent  étre  des  rochers  faélices,  ou  des 
marailles  dont  répaifíeiir  excede  vmgt-quatie 
pieds,  & 04  ¿es  cQionngs  doat  la  circonfcrence 


A R C 


excede  trente  pieds , ne  font  point  rares.  S’il  y 
a quelque  chofe  qu'‘on  puiiTe  comparer  á ce  que 
ce  peuple  íingulier  a conílruir  fur  la  terre,  ce  font 
préciftment  les  travaux  qudl  a faits  fous  terre. 
Queiques  auteurs  de  Fantiquité  ont  fu  qu  á cent 
foixante  pieds  fous  le  fondemenr  des  pyramides, 
il  exiftoit  des  appartemens  qui  communiquoient 
les  uns  avec  les  autres  par  des  raroeaiix , qu  Am- 
mien  Marcellin  a nopnmés  d’un  terme  grec  des 
Syringes.  (Lib.  ii).  II  n y a maintenant  qu  un  feul 
de  ces  conduits  qui  foit  connu  : c'eft  celui  qui 
perce  le  pied  de  la  plus  feptentrionale  de  toutes  Ies 
pyram.ides , & qui  fe  comble  d’année  en  annéc  . 
par  le  fable  qui  y découle,  ou  par  les  débris  qu  on 
y jette.  Cependant  Profper  Alpin  affure  que  de  fon 
tems,  c’eíf-á-dire , vers  Fan  ifSj,  un  homme  y 
étant  defcendu  avec  une  bouffole  , il  parvúnt  juf- 
qu  á Fendroit  oú  ce  chemin  couvert  fe  partage  en 
deux  branches,  do.nt  Fuñe  court  vers  le  Sud,  & 
donr  Fautre  fe  rapproche  du  rumb  de  FEft;  ce  que 
Ies  voyageurs  qui  font  furvenus  long-tems  aprés, 
comme  Maillec,  Gréave,  Thévenoí,  Vanfleb  & 
ie  P.  Sicard,  n’ont  plus  été  en  état  d'obferver. 

De-lá  vint  que  les  architeéles  de  FEgypte  furent 
plus  hábiles  a conduire  Ies  eaux  & á creufer  les 
foffés , qu  á élever  un  bátiment  fuperbe  & régu- 
iier.  AuíTi  le  grand  temple  ¿‘Héliopolis  , oü  Fop 
n'avoit  épargné  ni  le  travail  ni  la  dépenfe,  n’étoit 
qu'une  fabrique  vraiment  barbare , fans  goút  Se 
fans  élégance , córame  Strabon  le  dit  de  la  ma- 
niere la  plus  politive.  II  en  eft  de  Y Arekiteñure 
comme  de  la  Peinture , de  la  Sculfiture  & de  ¡a 
Muíique.  Les  Orientaux  n'o'nt  jamais  pu , malgré 
leurs  efforts , porter  cet  art  au  dernier  degre  ac 
fa  perfedtion , parce  que  leur  efprit  eft  trop  oe- 
réglé , ou,  ce  qui  eft  la  méme  chofe,  trop  ennemí 
des  regles.  ^ 

On  verra  á Farticle  Persépolis  des  détails 
fuffifans  fur  \ architecture  de  fes  monumens. 


§.  II.  Architecture  des  Grecs  & des  Fiomciins. 

Nous  regardons  h Grece  comme  le  berceau 
de  la  bonne  architecture , foit  parce  CfUe  les  regics 
fuivies  par  les  architeótes  é^’ptiens  ne  fo.nt  pas 
venues  á notre  connoiffandK'foit  parce  que  les 
relies  de  leurs  édifices , remarquables  feulement 
par  la  grandeur , mais  dépourvus  d'ornemens , ne 
nous  affeélent  pas  auSi  agréablement  que  les  raonty 
mens  de  Fancienne  Grece.  Ce  qui  ncus  pptte  ^ 
croire  d'ailleurs  que  nous  devons  aux  Grecs  les 
véritables  proportions  de  Y JÍrckiteclure , ce  font 
les  ordres  doriqus  ¡ ionique  & corintkien  que  noUS 
tenons  d’eux.  Les  Romains  n’ont  produit , en 
effet,  que  les  deux  autres  ordres  , qui  font  une 
imitation  aflez  imparfaite  des  premiers  C’eft  pour- 
quoi  nous  les^avons  réunis  aux  Grecs  dans  un 
méme  arricie.  On  ne  doit  pas  plus  attribuer  un 
goút  ou  un  ñyle  particuiier  aux  Romains  poUS 
Y Arckitcclure , que  pour  la  Sculpture. 


A R C 

Les  trois  ordres  grecs  & Ies  deus  romainSj 
cui  en  font  une  imitation  ou  plutót  une  émana- 
tion  j exprimenr  íi  parfaiLement  Íes  différens  genres 
¿i  architecture  ruítique,  folide^  moyen^  déhcar  & 
conapofé^  fous  les  noms  de  tofcan  , doricue  , zonz- 
que  / corinihien  & compof.te , que  les  modernes 
n’ont  pu  compufer  un  íeul  ordre  nouveau  qui 
en  approchát.  Aufli  le  goüt  & archite^ure  adopté 
généraleroen:  auiourd^hui  par  les  Européens,  eílil 
k méme , au  fond , qué  celui  dont  fe  gloririoient 
la  Crece  & ritalie.  Mais^,  comme  nous  Tavons 
montré  dans  le  paragraphe  précédent  j YArchi- 
teSure  & les^  autres  arts  ne  paroilTent  point  étre 
nés  dans  la  Crece  5 ils  7 avoient  été  apportés  de 
l’Egypte  & de  la  Phénicie.  Cette  nouveauté  fit 
difpardítre  á Tinítant  Ies  miférables  hurtes  quk- 
voient  habitées  les  Pélafges  ^ comme  les  habi- 
térent  tous  les  peuples  fauvages  avant  la  civilifa- 
tion.  Ckft  enfuite  chez  ces  mémes  Grecs  que 
Y Architefture  atteignit  á fa  perfeélion ; graces  au 
jugement  folide  & á la  feníibiliré  délicate  de  ces 
peuples. 

On  volt  encore  en  Egypte  des  ruines  d'édi- 
fices  qui  , felón  toutes  les  apparences , font 
antérieurs  aux  tems  hiftoriques.  On  y découvre 
réanmoins  deja  le  goút  greCj  méme  dans  quel- 
ques  ornemens  de  détai!.  C’eft  done  FOrient,  & 
probablement  TAÍle,  en-de?a  de  rEuphrate^  qui 
eft  le  pays  natal  de  ce  genre  á‘  Ar  chite  el  are  , que 
la  Crece  a porté  au  plus  haut  degré  de  perfeéiion. 
II  paroítque  cet  art , lorfqu  il  paffa  chez  les  GrecSj 
étoit  encore  forr  groffier ; car  il  fubfifte  encore 
des  ruines  coníidérables  dkdifices  grecs,  qui  rc- 
nionrent  á des  tems  beaucoup  antérieurs  á celui 
que  nous  appeions  du  bon  goút  : relies  font  Ies 
ruines  de  Paelium  ^ fur  le  golfe  de  Sáleme , & 
celles  d’Agrigenre  en  Sicile.  Cette  -archkeSure  recut 
fucceffivement  en  Crece  & en  Italie  les  diverfes  mo- 
difications  que  Pon  défigna  dans  la  fuite  fous  le 
nom  cYordres.  Les  Etrufques  & les  Doriens  s’écar- 
térent  le  moins  de  Paheienne  íimplicité  & du 
ñyle  groffier.  Les  loniens  y introduiíirent  quel- 
ques  agréméns  Se  une  efpéce'  de  molleffe.  Mais 
lorfqu  enfuite  la  Crece  devint  le  féjóur  des  beaux 
arts  3 Y Arckheciure  fur  plus  ornee ; i!  y entra  méme 
du  luxe,  comme  on  fobferve  dans  Pordre  corin- 
tketi.  Enfin  Ies  Romains,  venus  plus  tardj  ren- 
chérirenr  encore  fur  les  ornemens. 

Les  defeendans  de  Romulus  apprirent  des  Grecs 
ks  principes  dé  la  belle  architeéure.  Avant  cette 
apoque  3 kurs  édifices  tf avoient  ríen  de  recom- 
™^n^ab!e  que  leur  folidite  & leur  grandeur3  parce 
qu  lis  ne  connoiíToient  que  Pordre  tofean.  Mais  la 
belle  architeciure  fe  trouva  dans  un  état  floriíTant 
fous  Auguñe.  La  magnificence  de  cet  empereur 
nt  produire  á fart  tout  ce  qu’on  en  pouvoit  atten- 
dre3  & il  bátit  un  grand  nombre  de  beaux  édifices 
dans  tous^  les  lieux  de  fon  empire.  Tibére  n'eut 
pas  le  méme  gout,  & négligea  les  beaux  arts. 

'*  les  alma  avec  fureurj  cómms  il  chériffoit  l 


A R C 


271 


]es_  vices.  II  chent  F Architeciure  ,•  mais  il  n’eut 
point  ce  goiit  éputé  qui  eíl  préíérable’  áu  luxe  & 
aux  vains  ornemens.' 

_ Apollodore  excella  dans  Y ArchiteBure  fous  Tra- 
jan  3 be  menta  la  connance  de  cet  empereur.  Ce 
fut  lili  QUI  eleva  la  colonne  Xrajane  3 chefd^üeuvre 
§tandeur  3c  de  gout.  L ArchiteBure  déchut 
auffi-tót  á pas  précipités  de  la  perfesftíon  oii  Favoit 
ramenée  le  régñe  de  Trajan.  En  vaihks  foins  Se 
la  magnificence  d’AIexandre-Sévére  la  foutinrent- 
ils  pendant  quelqués  inltans':  elle  Tuccomba  fous 
les  ruines  de  FEmpire  Romain3  & jeta  feulement 
fous  les  premiers  émpereurs  Grecs  les  derniéres 
étincelles  du  beau  feu  qui  Fávoit  animéc  pendant 
lix  fiécles. 


ARCHITIS3  nom  fous  lequel  Venus  étoit 
adorée  fur  le  mont  Liban.  Elle  y étoit  repré- 
fentee  3 felón  IViacrobe , dans  la  pofture  d’une 
femme  triíie  Se  afSigée  3 ayant  la  tete  couverte  & 
appuyée  fur  fa^main  gauche;  en  forte  quon 
croyoit  voir  couler  fes  larmes.  Cktoit  une  image 
de  FafBiétion  qu’elle  fit  paroítre  á la  premiére 
nouvelle  de  la  bleíTure  d'Adonis.  V.  Astarté. 
Scaliger  croit  qu  il  faut  iire  dans  cet  endroit  de 
Macrobe  {Saturn.  l.  I3  c.  2.1.}  Dercitis  au-lieu 
¿‘Architis , & que  cette  divinité  étoit  la  méme 
que  Derceto  & A.tergatis. 

. ARCHIi  RICLIN.US , maítre  d’hótel.  Cet  offi- 
cier  étoit  le  méme  que  le  tricliniarcha  & k triclk 
ráarius  fervus  des  inferiptions  fuivantes  ; m.  vipio. 
AUGUSTI.  PH.¿€DIMO.  DIVI.  TRAIAKI.  AÜGUSTI. 
TRICLINIARCHA.  — SEX.  POMMIO.  VOLESSIGO. 
S£X.  POMPEI.  SERV.  TRICLINIAR. 


ARCífí'/ES.  Les  archives  du  peuple  romaia 
étoient  place'es  avec  fon  tréfor  dans  le  temóle  de 
Saturne.  *■ 


ARCHONTESj  '¿p-¿(¡níe , magiftrats  fouve- 
ra!ns3  préteurs  ou  gouverneurs  d’Athénes.  Ils 
étoient  aa  nombre  de  neuf3  dont  le  premier  étoit 
^ArCíiontt  Qui  donnoít  Ton  nom  á Fannée  de  fon 
adminiilration ; le  fecond  fe  nommoit  archonte- 
roi  ¡ le  troiíieme  3 ■poUmarque  ou  généraliílime  3 
avec  fix  thefmotk'etes.  Leur  nom  vouloit  dire  com- 

TTLCindciTlS  ^ kp^C9TS^. 

Les  archora  es  fuccédérent  aux  rois  3 & furent 
d’abord  perpetuéis.  Médon  fut  le  premier3  & eut 
douze  fucceíTeurs  de  fa  race.  On  leur  fubílítu3  3 
apres  cette  dynaílie  3 des  archontes  décennaux  3 
dont  le  régne  ne  dura  que  foixante-  dix  ans  fous 
fept  chefs.  Les  archontes -a^rés  cesdeuxp-eriodes, 
devinrent  annueis  , & la  durée  de  leur  magiftrature 
ne  varia  plus.jufqu’á  lá  deílruéüon  de  Fancienne 
Athénes.  Ckíl:  de  ces  derniers  que  nous  alions 
nous  occaper  d’une  facón  particuliére,  a caufe 
de  Futilité  dont  ils  font  pour  la  chronoio<TÍe 
grecque.  La  plupart  des  écrii'ains  de  la  Crece  ont 
daté  ¡eur  récit  de  tel  ou  tsl  arckontat  c 8c  nous 
allons  donner3  pour  en  fkciliter  FintelÜgence  3 un 
catalogue  des  archontes. 


xm 


A R C A R C 

A R CHONTES  ANNUELS  D’ATHÉNES. 

N.  B-  Les  étoiles  indiquent  les  ¿rchontes  & les  aruiees  fur  lefqueiles  il  y a quelqiígs  nuages. 


A R CHONTES. 


Créon 

Lyfias.  ..... 
Tlefias.  ..... 

Léoftrare 

Pififtrate..  .... 

Autofthéne 

Miltiade. 

Miltiade  íl 

Dropide.  . . . , • 

Damalias 

EpKnéte.  . . 

Dracon 

Hsniochide 

Ariíiociés 

Critias  I 

Megaclés.  .... 
Philombrote , Cieombr. 
Solon.  ..... 

Dropide  íl 

Lúcrate 

Simón.  * . . . . 

Phxnippe.  .... 
Damafias  II.  * . . 

Archeílratide-  . ..  . 

Ariítoméne 

Hippocíide 

Gomias.  * . . . . 

Hegeílñrate 

Euthydéme 

Erxiclide 

Alcée  I.  . . . 

Thericlés.  .... 

Keraclide 

Miltiade  III.  . . . 

Piíiílrate,  ii!s  d’Hip.  . 
Ifagoras. ...... 

Aceítoridc 

Myrus.  ..... 

Hipparque ' 

Pythccrits 

Lacratide 

Themiftocle 

Diognéte.  .... 
Phsnippe  II.  . . . 

Ariítide 

Hybnlide.  * . . . 

Anghife.  ..... 
PhiHppe..  . . 

Phílocrate 

Phsdo!! 

Leofirate 

í^icodenae 


Olympiades. 


Archostes. 


Olympiades. 


Aphepfion 

Calliade-lias 

Xantippe - • 

Tirrioílhéne..  .... 

Adimante 

Themiít.  * fils  de  r^eocL 

Phscdon  lí 

Dromoclide 

A.ceítoride  IL  . . . • 

iVié.non 

Chalés . 

Praxiergue.  ..... 

Démorion 

Apféphion.  * . . ... 

Théagénide. . . . . . 

Phsedon.  Ariftide  II.  . 

Lyfiílrate 

Lyíanias 

Lyíithée 

Archidé.niide 

Tirpoléme 

Conon 

Eatippe.  Euippe.  . . . 

Fñraíicles.  Phcaíiclide.  . 

Philocles 

Bion 

Mnéíithides..  . . . . 


74-  E 
74.  4. 
7j.  I. 
7J.  2. 

75-  3- 


Lyficrate.  . . . 

Chsréphane.  . . 

Antidote.  . . . 

Enthydéme. . . . 

Fediéus 

Philifcus..  . . . 

Timarchide. . . . 

Callimaque. . . . 

Lyíimachide.  . . 
Praxiréle..  ; . . 

Lyfardas 

Diphiie 

TimocLes.  . . . 

MyrichiJe.  . . . 
G-iaucide.  . . . 

Théodore.  . . . 

Enthyméne..  . . 

IN'aaíxmaque.  Lyfi. 
Antüochide  - tioch. 

Charés 

.Apfeade 


71- 

4- 

76. 

2. 

76. 

3- 

4- 

77- 

2. 

77- 

3- 

77- 

3- 

4- 

78. 

I. 

78. 

2. 

78. 

3- 

4- 

79- 

I. 

79- 

2. 

79- 

3- 

79- 

4- 

§0. 

I. 

80. 

2. 

80. 

3- 

80. 

4- 

8i. 

I. 

81. 

2. 

8i. 

3- 

8i. 

4- 

82. 

I. 

82. 

2. 

82. 

3- 

82. 

4* 

83- 

I. 

83- 

2. 

83- 

3* 

83- 

4- 

84- 

I. 

84- 

2. 

84 

3- 

84- 

4- 

8f 

I. 

Sí- 

2. 

8 1- 

3- 

8v 

4- 

86. 

I. 

86. 

2. 

86. 

3- 

S6. 

4- 

87- 

I. 

Eutiivdérf'®' 


A R C 


A R C 


^73 


A S.  C H o K TS 


Euthydéme. . . , 

Ápolíodore. . . . 

Epameinonj  Epaminonda: 

Diotime 

Euclide.  Euclée.  . 
Euthydeme.  Schy  thodore 
Stratoclés.  . . - 

Ifatque.  Hipparque. 
Aminias.  . 

Alcée  II 

Ariílion 

Añyphile.  Ariñoph. 

Archias 

Antiphon.  . . . 

Euphéme.  . . . 

Ariítomnefte.  . 

Chabrias.  . . . 

Pifandre 

Cléocrite.  Cléarque. 
Calilas.  . ^ . 


Théopompe, 

Glaucippe. 

Dioclés. . 

Endtémon. 

Antigéne. 

Caliias.  * . 

Alexias.  . 

Fythodore  ou  Anarch 
Euclide.  . . . 

Micion.  Micon. 
Exíenére.  Epsen.  Xasnen 
Laches.  . 

Ariñocrate 


rhion. 


Ithyclés.  . 

Lyíiade.  . 

Pnormion. 

Diophante. 

Eubuiide. 

Démoftrate. 

Philoclés. 

Nicotéle. 

Démoñhéne 
Antipater. 

Pyrgion.  Py 
Théodote. 

Myftichide. 

Cexithée. 

Diotrépfae. 

Phanoftrate. 

Evandre.  Ménan. 
Démophile.  . ^ 
Pythéas.  . . . 

Xicon.  . . . 

Naufinique.  . . 

Callias.  Calleas. 
Chariandre.  . . 
í Hippodame. . . 

¡ Tgmc  I, 


Olymp. 


A 


R C H o K T E S, 


Olymp. 


Aminia 
Philoc 


' 87.  2. 
87.  5- 

87.  4. 

88.  I. 
88.  2. 
88.  3. 

88.  4. 

89.  I. 
89.  2. 

89.  3- 
89.  4. 


90.  I. 
90.  2. 


9G.  3. 


90.  4. 

91.  I. 
91.  2. 
91.  3. 


91.  4. 

92.  I. 


92.  2. 
92.  3. 
92.  4. 


j/r  I- 

93.  2. 

93-  3- 

93-  4- 

94.  I. 
94.  2. 

94-  3- 
94.  4. 

93-  I- 


93- 

93-  3- 
93-  4- 

9(í.  I. 


9Ó.  2. 
9^.  3. 

96.  4. 

97.  I. 
97.  2. 

97.  3. 

97-  4- 

98.  I. 
98.  2. 
98.  3. 

98.  4. 

99.  I. 
99.  2. 
99.  3. 
99.  4. 

ICO.  I. 


ICO.  2. 


ICO.  3. 
ICO.  4. 
lOI.  I. 
lOI.  2. 


Socraride.  . . 
Aítéius.  Ariñéus. 
Alciílhéne.  . . 

Phraficlide.  . . 
Dyfcinéte.  . . 

Lyfiftrate.  . . 


Xauíigéne. 


Polyzéle. . . . 
Céphifodore. 

Chion.  . . . 

Timocrate.  . . 

Chariclide.  . . . 

Molon 

Nicophéme. . . . 

Callimide.  Callidémic 
Eucharifte.  . . . 

Céphifodore.  . . 
Agathocle.  . . . 

Epine.  EJpinice.  - 
Calliñrate.  . . • 

Diotime.  . . r 

Eudéme 

Ariílodéme. . . . 

Theffalus.  . . . 
Apolíodore. . . . 

Callimaque.  . . . 

Théophile.  . . . 
Thémiftocle.  . . 

Archias 

Eubulus 

Lyxifque.  . . . 

Pythodore  ou  dote. 
Soligéne.  . . . 

Nicomaque. . . . 

Théoprañe. . . . 

Lyfimachide.  ^ . 
Charondas.  Ch«er.. 
Phrynique.  . . . 

Pythodéme , dore. 
Euasnéte.  . . . 
Ctéíiclés.  . . . 
Nicocrate.  . . • 

Nicéte,  Nicératus.. 
Ariftophane..  . . 

Ariílophon.  . . . 

Céphifophon.  . 
Euthycrite,  Grate. 
Chrémés.  Hégémon 
Chrémés.  Anticlés. 
Anticlés.  Soficlés.. 

Hégéfias 

Céphifodore.  . . 

Philoclés.  Polycl.  Diocl 
Apolíodore.  Archip, 
Archippe.  Nesech.. 
Apolíodore.. 

Phocion.  Arcbip.  . 


ICI. 

lOI. 

IC2. 


102. 

102. 

102. 

ICt. 


103. 

103. 

IC3. 


104. 


104. 

104. 


104. 

105. 
105. 
loy. 
loj. 
lOÓ. 
lOÓ. 
ICÓ. 
icé. 


107. 

107. 

107. 

107. 
ic8. 

108. 
ic8. 
ic8. 


109. 
109. 
109. 

109. 

110. 
lio. 
lio. 

110. 

111. 
III.  2. 


M m 


III. 

111. 

112. 

11 2. 
II  2. 
II  2. 

113. 
II3. 
II3. 

113. 

114. 
II 4, 
II4. 
II4. 

113. 

II3. 

II3. 


3- 

4- 

1. 

2. 

3- 

4- 

1. 

2. 

3- 

4- 

1. 

2. 

3- 

4- 

1. 

2, 


A R C 


Archontes, 

Olymp- 

Démouéne 

iiy.  4' 

Dénioclide 

116.  I- 

Praxibiíle 

lid.  2.- 

Nicodore 

116.  3- 

Théqphrafte.  

116.  4- 

Polémon 

II7-  1- 

Hiéromnémon. 

117.  3- 

Démétrius  de  Phalére 

117.  4- 

iiS.  I- 

Anaxicrate. : . . - 

II 8.  2- 

Chorébe  ou  Xenias 

118.  3' 

Xénippe.  Euxen.  Xeni.  . . . • • 

II 8.  4- 

Léoñrate 

119.  2. 

Calliarque 

lio.  4. 

Hégémaque.  

120.  I. 

Mnéfidéme. 

1.20.  3. 

Ántiphate 

lio.  4. 

Iv’icias 

Nicoftrate.  

121.  2. 

Olympiodore 

121.  3. 

Philippe.  Diphile - . 

121.  4. 

Ici  finir  la  Tuite  compléte  des  archontes ; elle 

»e  peut  étre  continuée  plus  long-temsj  par  le  de- 
faut  de  monamens  & d’autorités. 

On  choifiíToit  par  le  fort  les  archontes  j eníliite 
©n  !eur  faifoit  fubir  un  premier  examen  dans  le 
fénat,  & un  fecond  dans  \t.  forum.  Les  fénateurs 
Jeur  demandoient  sd!s  étoient  ilTus  j du  cótá  pa- 
ternal & maternel,  de  trois  afcendans  citoyens 
d’ Alheñes  j á quelle  tribu  ils  appartenoient  5 sdis 
étoient  parens  d’ApoIlon  & de  Júpiter  Herceus  / 
sdls  avoient  toujours  refpecté  & fervi  ieurs  pa- 
rens 5 sdls  avoient  combattu  pour  la  patrie ; sdis 
étoient  auíTi  riches  que  leur  nouvelie  dignité  Lexi- 
geoit } & enfin  j sdls  étoient  fains  de  corps  ? La 
queftion  relative  á Apollon  & á Júpiter  Herceus  ¡ 
paroítra  ridicule  á ceux  qui  ignorent  que  tous  les 
citoyens  d’Athénes  revendiquoient  cette  illuñre 
alliance  : de  maniere,  qu’on  apprenoid,  par  la  ré- 
ponfe  que  faifoit  a cette  queftion  le  nouvel  ar- 
chonte  , sdl  étoit  étranger  j detneurant  a Athénes 
©u  athénien.  Ariítophane  y fait  ailuílon  dans  fa 
comédie  des  Oifeaux  lorfqu’ii  dit : 

¿ yuf  u<rt  fioípfícc^ot  ^ 

ehv  G 7fctT6&os  Is-iy» 

Ceux-lá  ne  font  pas  étrangers,  qui  font  pa- 
rens d’ Apollen  ».  Les  malheurs  d’Athénes  firent 
medifier  cette  íoi ; on  admit  pour  archontes  ¡ non- 
feulement  de  fimples  domicilies^  mais  encore  les 
ñls  de  nouveaux  citoyens  dont  la  mere  étoit 
eitoyeane  d’origine.  Pltitarqae  dit  dans  Ies  Sym- 


A R C 

phojlaques  (lih.  I.)  j & dans  les  livres  1 des  Pro- 
blémeSj  10=  probl.  ^ & liv-  lO:,  dernier  probl., 
qu’il  avoit  été  fait  citoyen  d’Athénes , incorporé 
dans  la  tribu  Léontidej  & qu  enfuñe  il  avoit  été 
arckonte  : ce  qui  prouve  que  cette  dignité  fut  con- 
férée  anx  nouveaux  citoyens  eux-mémes. 

Aprés  avoit  fubi  le  premier  examen , les  nou- 
veaux archontes  fe  rendoienr  au  forum,  auprés 
d’une  pierre  confacrée  á cette  cérémonie , rS 
Héx,  ou  dans  le  portique  royál  yua).  La  , 

ils  juroient  d’obferver  les  loix  ^ de  ne  faire  accep- 
tion  de  perfonne  dans  Ies  jugemens,_de  ne  ré- 
cevoir  aucun  préfentj  & ils  s’engageoient , dans 
le  cas  qu  ils  fe  parjureroient , á faite  élever  á Ieurs 
fraisj  dans  le  temple  de  Delphes^  une  ftatued’or 
de  leur  grandeur.  .Ce  fertnent  redoutable  étoit  ré- 
pété  dans  la  citadelle.  Plutarque,  en  parlant  du 
fermentj  ne  fait  mention  que  des  thefmothetes  5 
mais  Phxdras  le  Platonicien  3 l’étend  aux  neuf 
archontes. 

Ils  avoient  des  fonétions  qui  leur  étoient  com- 
munesj  & d’autres  qui  les  regardoient  chacun  en 
particulier.  Les  premiéres  étoient  de  condamner 
les  malfaiteurs  á la  mort^,  de  nommer  Ies  Dicaftes, 
les  Athlothétes  j ¡es  IpparqueSj  les_Fh}’1arqueSí 
¡es  Stratéges , de  veiller  fur  la  conduite  des  autres 
magiftrats^  & de  dépofer  ceux  que  leur  incapacité 
rendoit  indignes  du  choix  que  le  peuple  en  avoit 
fait.  Les  archontes  étoient  Ies  feuls  de  la  repu- 
blique  qui  fufíént  exempts  des  ímpóts  & des 
charges  publiques.  On  les  reconnciíí'oit  aux  cou- 
ronnes  de  myrte  qui  ceignoient  Ieurs  tetes.  Si 
quelque  citoyen  injurioit  ou  frappoit  un  thefmo- 
théte;,  un  arckonte  couronné,  ou  quelqu  un  de 
ceux  á qui  le  peuple  avoit  décérné  une  couronne, 
ou  accordé  quelqu’immunité  j il  étoit  puní  igno- 
minieufementj  comme  ayant  infuíté  la  patrie  elle- 
méme. 

Quant  á Ieurs  fonñíons.particuliéres , celui  qui 
s’appeloit  arckonte  par  excellence  ^ étoit  le_  chei 
des  huir  autres.  On  le  défignoit  quelquefojs  par 
le  furnom  d'Eponymej  parce  qu’íi  donnoit  fop 
nom  á l’année  courante.  Sa  jurifdiélion  s’étendoit 
fur  les  affaires  civiles  & religieufes  , fur  les  procés 
qui  s’élevoient  entre  mari  & femme  ^ fur  les 
veuves  qui  accouchoient  aprés  la  mort  de  Ieurs 
marisj  fur  Ies  teftamens,  les  legs,  les  dotSj  fur 
Ies  orphelínSj  auxquels  íl  nommoit  des  tuteurs  & 
des  curateurs , fur  les  plaintes  civiles , fur  les 
citoyens  qui  s’adonnoient  a I’ivrognerie,  Se  qnn 
avoit  droit  de  punir  ^ & enfin  fur  quelques  autres 
chefs  de  moindre  ímportance.  Mais  s’il  étoit  fur- 
pris  lui-méme  aprés  avoit  tro ubié  fa  raifon  par 
Tufage  immodéré  du  vin , il  étoit  condamne  a 
mort.  II  tenoit  fon  tribunal  dans  YOdeum  , & 
c’étoit-lá  qu’íl  jugeoit  íes  caufes  relatives  aux  pre- 
mJéres  néceííítés  de  la  vie.  C’étoit  luí  qui  choi- 
fiffoít  les  EpiméléteSj  qui  veiHoit  á la  cc!ébran<^ 
de  plufieurs  fétes , des  Dionyfies  entr’autres , & 
des  Thargélies.  11  avoit  enfin  l’infpeétioa  fut  les 


A R C 

jiux  publics  , 8c  fur  tous  ceux  qui  devoient  y 
paroítre>  chanteurs  & danfeurs. 

U archonte-roi  tenoit  fon  tribunal  dans  le  por- 
tique  rcyal.  Ses  fonílions  étoient  de  juger  les  dif- 
férends  qui  s’élevoient  entre  Ies  prétres  & les 
fatnilles  facrées,  telles  que  les  Ceryces  , les  Etéo- 
butades  , 8cc.  que  leur  naiílance  rendoit  capables 
de  quelques  fonítions  facerdotales.  II  jugeqit  les 
citoyens  accufés  de  profanation.  II  preíidoit  a la 
célébration  des  myíléres  d’EIeuíis  & de  Bacchus , 
des  Panathénées,  desHépheftieS:,  des  Proniéthéesj 
il  ofiroit  auífi  les  facrifices  publics  par  lefquels 
on  demandoit  aux  dieux  la  profpériré  de.  FEtat. 
L^’époufe  de  Y archonte-roi  étoit  appelée  reine-,  & 
Faílilloit  dans  pluíieursde  fes  fonáions  : cequ’eile 
ne  pouvoit  faire^  íi  elle  n'étoit  pasiíTue  d'une  race 
d^anciens  citoyens,  ou  li  elleavoit  été  veuve  d^un 
premier  époux.  On  inñruifoit  devant  le  meme 
archonte  quelques  affaires  civiles  quil  décidoit  fou- 
verainementj  Ies  caufes  criminelleSj  8c  rhomicide 
en  particulier  j qifil  portoit  enfláte  á Faréopage. 
II  y prenoit  alors  féance , y avoit  droit  d’opiner 
mais  fans  porter  la  couronne,  qui  étoit  le  fyni- 
bole  de  Y archontat. 

Les  étrangers  8c  les  domicilies  áAthénes  étoient 
foamis  au  Poiémarqne,  comme  lescitoyens  á Y ar- 
chonte. Celui-ci  oíFroit  Ies  facrifices  á Enyalius  8c 
á Diane  Agrotere.  Sa  plus  noble  foiiétion  étoit  de 
rendre  tous  les  ans  les  honneurs  fúnebres  au  géné- 
reux  Harmcdius  j 8c  de  veillerj  par  ce  méme  prin- 
cipe, á ce  que  les  enfans  des  citoyens  morts  pour 
la  défenfe  de  la  patrie,  faíTent  entretenus  aux 
4épens  du  tréfor  pubüc. 

Lorfque  les  trois  preniiers  archontes  fe  trou- 
voient,  par  le  défaut  d'áge  ou  d'expérience , hors 
d'étatde  rempüravft  exaélitude  leurs  fonélions  ,on 
leur  donnoit  á chacun  pour  adjoiuts  8c  confeillers 
deux  citoyens  recommandables  par  leuf  age  ou 
par  leurs  lamieres.  lis  portoient  le  nom  dYaJfef- 
feurs  , ■prcifíS'foV,  ils  prétoient  au  fénat  le  méme  fer- 
ment  que  les  archontes  ^ 8c  rendoient  compte  de 
leur  geílion  á la  méme  compagnie. 

On  comprenoit  foiis  le  nom  de  thefmothétes. 
Ies  fix  derniers  archontes.  Ceiix-ci  écoutoient  les 
accufations  de  calomaie , de  corruption^  d'im- 
piété ; ils  jugeoient  les  différends  qui  s'élévoient 
entre  les  marchands  j ils  portoient  les  appeis  au 
peaple , recueüloient  fes  fuffrages , examinoient 
les  magiílrats  inférieurs  , affignoient  les  jours  oú 
chaqué  iuge  devoit  monter  fur  fon  tribunal,  rati- 
fioient  les  rraités  de  paix,  déféroient  au  peuple 
les  ¡ntrigaans  qui  cherchoient  á Tégarer  dans  fes 
jugemens  , & ils  s’oppofoient  á la  ratiffcation  des 
loix  qui  pouYoient  erre  dangereufes  á FEtat.  Les 
thefmothctes  enfin , rempülToient  a Athénes  les 
mémes  fonélions  que  la  partie publique  en  France. 

La  facceífion  des  archontes  fat  régulicre;  8c , 
ma^:grc  les  révolutións  qiFAthenes  fouSrit  par  les 
factions  ou  par  Ies  ufurpatk>ns,  on  en  rsvint  tou- 
jours  á cette  forme  de  gouyernement,  qui  dura  taiit 


A R C 275 

que  la  ville  de  Minerve  eut  un  refte  de  liberté  %c 
de  vie. 

Sous  Ies  empereurs  romains,  pluíieurs  autres 
villes  grecques  eurent  pour  premiers  magiílrats 
deux  archontes  qui  étoient  chargés  des  mémes 
fonétions  que  les  duumvirs  dans  les  colonies  8c 
dans  les  municipes. 

On  trouve  fur  les  médailles,  felón  M.  Neu- 
mann  , des  femmes  qui  porteut  le  nom  d’ar- 
chontes. 

Quelques  auteurs  du  Bas-Empire  ont  donné  le 
nom  lY archontes  á divers  officiers  laiques  ou  ecclé- 
íiaíliques , qtielquefois  aux  évéques  , 8c  plus  fou- 
vent  aux  feigneurs  de  la  cour  des  empereurs  de 
Conílantinople.  Ils  ont  appelé  archonte  des  arckon- 
tes , ou  grand-archonte  , la  premiére  perfonne  de 
FEtat  aprés  Fempercurj  archonte  á&s  églifes,  ar- 
chonte de  Févangüe  , un  archevéque , un  évéque } 
archonte  des  muraüles,  le  furintendant  des  fortifi- 
cations , 8c  ainfi  des  autres. 

ARCOPvÉSüS , iíle.  ark. 

Les  médaiíles  autonomes  de  cette  ifle  font  .• 

RRRR.  en  argeht.  (Pellerin). 

O.  en  bronze. 

O.  en  or. 

ARQON.  Nous  ne  connoiíTons  pointde  moau- 
ment  plus  ancien  que  la  colonne  Théodolienne , fur 
lequel  on  voye  des  ar-¡o!is.  Comme  les  felles  des 
anciens  n'étoienr,  avant  cette  époque,  que  de  lim- 
pies hoaíTes  ou  couvertures  , on  n' avoit  point  en- 
core imaginé  ces  morceaux  de  bois  qui  donnent 
da  corps  aux  felles.  Les  chevaux  des  cavaiiers 
fculptés  fur  la  colonne  de  Théodofe , font  en- 
harnachés  avec  des  felles  íbrtemeht  prononcées , 
dont  on  diftingue  facÜement  les  arfons  de  devant 
& ceux  de  derriére  : teis  a-peu  prés  que  Ies  oífrent 
les  msnumens  de  Fancienne  chevalerie. 

ARCUATA  veftis.  Voyez  Toga  undulata. 

ARCÜEIL  , bourg  de  Filie  de  France,  á une 
petite  iieue  au  midi  de  Paris.  On  voit  ancore  dans 
plufieurs  endroits , entre  Arcueil  8c  París  , les 
raíles  d’un  aquéduc  de  caiiioutage  , que  Fon 
croit  avoit  été  fai:  par  Femperear  Julien  lí,  pour 
condiáre  les  eaux  á fon  palais  de  Paris.  11  étott 
íitué  oú  eil  aujcurd’hui ! hotel  de  Cluni,  denr  les 
derriéres  donnent  fur  la  rae  de  la  llarpe.  On  y 
mbntre  encore  une  partse  d'é'iiSce  aíTez  entiére , 
que  Fon  aíTure  avoir  fervi  de  thermes  a Julien. 
L'aquéduc  báti  a Arcueil  par  Mane  de  Medicis, 
eíl  place  a cócé  de  Fancien. 

ARCUL.'E  aves.  On  donnoit  ce  nom  á de 
certains  cifeaux,  dont  le  vol  ou  la  maniere  de 
prenote  la  nourriture,’  étoient  duii  m.auvais  pre- 
fage.  lis  empéchoient  que  1 on  ne  formar  aucuae^ 
entreprife ; ce  qui  Ies  fit  nommer  arcule^,  quia 
arcebant  ne  quid  jíeret.  Scaliger  crcit  qu  ti  Faut 
lire  arcive,  dYardviis,  qiá  repouíTe,  qui  empéche. 

ARCULARIUS  , iayetier,  qui  fait  des  caf- 
fettes. 

ARCULUS.  Les  preñes  airecloien:  de  donnet 

Mm  ij 


X"]^ 


A R D 


des  noms  bizarres  ou  furannés  a tout  ce  qci  avoit 
rapport  aux  facriñces.  ArcuLus  eíl  de  ce  genre ; il 
déágnoit  un  cerceau  que  Ten  placoit  íur  fa  tete 
pour  recevoir  les  vafes  deftinés  aux  íacriñees,  & 
pour  les  poiTter  fans  fe  bleíTer.  Ce  cerceau  devoit 
erre  fait  de  bois  de  grenadier,  & lié.  avec  une 
bandelette  de  laine  blanche.  La  prscreíTe  de  Júpi- 
ter;, ou  Flamine  Díale  ^ s’en  fervoit  dans  toutes  les 
cérémonies.  Le  bois  du  grenadier  n'éroit  pas  le 
feiil  que  Ton  püt  employer  pour  faire  Yarculus ; 
tout  arbre  de  bou  augure  partageoir  ce  privi- 
lége. 

ARCULUS  j dieu  des  Romains,  qui  étoit  pré- 
poié  a la  garde  des  citadelles  & des  fortincations. 
comme  á ceile  des  eoítres  & des  armoires.  Son 
liom  étoit  derivé  des  mots  latins  arx  & arca. 


ARCUTURUS.,  étoit  un  fieuve,  pete  de  Chlo- 
ris , qui  fut  erdevée  par  Borée  : il  fut  depuis  ap- 
pelé  le  Fhafe.  Voye:^  Borée,  Phase. 

ARDALÍDES,  furnom  des  Mufes,  pris  d’Ar- 
dalus , fils  de  Vukain , qui  honoroit  ces  déeíTes 
d’un  cuite  particuüer. 

ARDEATIIsE.  (la  voie)  conduifoit  de  Ronie 
áArdée,  chez  les  Rumies.  Elle  commenqoit  au 
bas  du  mont  Aventin , auprés  des  thermes  d’An- 
tonin. 

ARDEE,  viüe  des  Rumies  en  Italia,  aujour- 
d'hui  boiirgdu  méme  nom.  Servios  (^JEneii.  7. 12.) 
lui  donne  une  origine  fabuleufe ; ,ce  qui  atteñe 
fon  annquité.  II  dit  que  le  eoíFre  dans  lequel 
Acriíius  avoit  renfermé  Danaé  & fon  fils  Perfée , 
a;yant  été  pouíTé  par  les  ñots  de  la  mer  fur  les 
coces  de  Tltalie,  fut  porté  par  un  pécheur  au  roi 
Pilumnus , qui  époufa  Danaé  , 8c  bátit  la  ville 
d’Ardée  , oü  elle  avoit  abordé. 

Ovide_  raconte  une  tradition  fabuleufe  üir  la 
méme  ville.  Les  foldats  d’Enée  Payant  brúlée , 
elle  fut  changée  , felón  lui , en  héron.  Le  nom 
latín  de  íret  oifeau , ardea , a fervi  de  fondement 
á la  métamorphofe.  Peut-étre  auíTi  Ardée  avoft^ 
elle  pris  fon  nom  du  grand  nombre  de  hérons  que 
Pon  trouve  dans  fes  environs. 

ARDOB,  mefure  de  capacité  de  PAfie  8c  de 
TEgypte.  V.  Léthec. 

ARDOISES.  Nous  n’avons  aucun  paílage 
qui  nous  apprenne  fi  les  anciens  ont  connu  oú 
employé  les  ardoifes  pour  couvrir  leurs  bitimens. 
Pline  dit  expreffément  que  Pon  fe  fervoit  de  bois 
avant  Pinvention  des  tuiles , 8c  il  ne  parle  niille 
part  de  ces  fehifies  qui  couvrent  aujourd'hui  les 
plus  beaux  édiSces  de  PEurope. 

ARD UINNA , Ans o inít.í , A rd uenkeits ts , 
nom  que  les  Gaulois  8c  les  Sabins  donnoient  á 
Diane,  comme  proteclrice  des  chaífeurs.  On  la 
repréfentoit  couverte  d’une  efpéce  de  cuiraííé, 
tenant  d’une  main  un  are  débandé,  8c  ayant  un 
chien  aupres  d’elle.  Gruter  a publié  quelqnes  inf- 
cnptions , dans  lefquelles  il  eñ  fáit  mention  d^Ar- 
diíima  Diana  ^ 8c  dont  queiques  - unes  om  écé 


ARE 

rrouvées  dans  le  pays  des  Árdennes.  Ce  feroie 
alors  Diane  des  Ardennes. 

AREA.  Voyez  Place. 

Area  fignifioit,  dans  la  caftrémation  des  Ro- 
mains,un  terrein  Parge  de  cent-vingt  pieds  ro- 
mains.  Se  long  de  cent  quatre-vingt.  Cet  efpace 
"étoit  auíii  appélé  du  nom  générique  ¡>edatura  , Se 
étoit  defiiné  au  campement  d’une  légion. 

Ares,  non  Jira,  acciamation  des  Payens  contre 
Ies  nouveanx  Chrétiens.  Les  premiers  deman- 
doient  par  ces  mots  á leurs  gouverneurs , de  privet 
les  derFÚers  du  droit  de  fépuiture.  Qu’on  leur  re- 
fufe, difoient-iis,  la  place  d’un  tombeau,  urea 
non  Jira. 

. ARELIüS.  Pline  reproche  (35’.  8.)  ácepeintre, 
qui  vivoit  peu  de  tems  avant  le  régne_  d’Augufte, 
d’ayoñ  repréfenté  le  premier  les  divinités  fous  les 
tráits  des  femmes  qu’il  avoit  aimées. 

ARENARII.  On  donnoit  ce  nom  aux  gladia- 
teurs.  qui  combattoient  dans  Tarene  des  amphi- 
théátres.  C’étoient  des  efclaves  de  la  plus  vüe 
efpéce,  parce  que  leur  mérier  étoit  déclaré  in- 
fame par  Ies  ioix. 

ARENARIUS.  Muratori  (51 1.  3.  Tkef.  infir.) 
rapporte  une  épitaphe  dans  iaquelle  ii  eíl:  íait  men- 
tion du  corps  des  arenarii  , collegii  arenarioram. 
II  ne  faut  pas  entendre  par  ce  mot  les  gladiateurs, 
mais  les  ouvriers  qui  tiroient  le  fable  ou  l’argile 
des  carriéres.  Les  vuides  qu’ont  faits  leurs  tra- 
vaux  , forment  aujourd’hui  les  catacombes. 

ARÉNATIUM,  dans  les  Gaules.  aremacios. 

Les  médailles  autónomas  de  cette  ville  fonc : 

RRRR.  en  bronze.  (Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  argent.  ^ 

ARENE,  filie  de  Gorgophone  8c  d’Oébalus, 
époufa  Apharée , fon  frére  utérin  , dont  elle  eut 
un  fils  nommé  Idas.  V.  Apharee  , Gorgo- 
phone, Idas. 

ARÉNE.  F.  Amphithéatre. 

Arenes.  Ondéfigneá  Kimes,  fous  ce  nom, 
un  amphithéátre  romain , qui  eíl:  un  de  ceux  qu! 
fe  font  le  mieux  confervés.  II  eñ  encore^prefque 
tout  entier.  Les  Goths  y bátirent  une  erpéce  de 
fort  apffelé  Cháteau  des  Arenes  , afin  de  faire  une 
citadelle  de  tout  l’amphithéátre.  . 

II  eñ  encore  fait  mention  dans  nos  anciens  hif- 
toriens , des  armes  de  Reims,  des  arenes  de  Pen- 
gueux  8c  des  arenes  de  París,  qui  étoient  devane 
Saint- Viélor.  Ce  nom  fubfiíie  encore  dans  quei- 
ques autres  vüles  de  France,  qui  n’ont  plus  le 
moindre  veñige  d’amphithéacre,  comme  á Limqges, 
oú  eft  le  cimetiére  des  arenes  ,•  á Bourges_,  ou  Ion 
appelle  encore  la  rué  des  Arenes,  celle  qui 
foit  a rancien  amphithéátre  que  Pon  a comble  K 
détruit  entiérement  pour  faire  la  place  du  marche, 
nommée  Ducale  ou  Boarbon. 

AREOLUM.  V.  Chalcous. 

ARÉOPAGE,  fénat  d’Athénes.  II  pnt, 
Hérodote,  (¿ib.  8.)  le  nom  de  Tendroic  ou  a» 


ARÉ 

s’aíTembloitj  c étoit  une  colline  íituée  auprcs^  de 
la  citadellcj  appelée  colline  de  Mars,  AsítoTcáyo; 
ou  Tiá'/íí.  Suidas  donne  de  ce  nom  une  ety- 
mologie  bien  dérournée ; ii  la  derive  des  meuitres 
volonraires  qui  étoient  déférés  á ce  tribunal  ^ & 
que  bon  rapportoit  á Mars , comme  au  dieu  du 
íang  & de  la  guerre.  Mars  lui-mérr.e,  felón  fau- 
fánias  j ayant  été  accufé  d’un  meurtre  devant  1 areo- 
pnge,  fut  caufe  de  cette  nouvelie  dénomination. 
D^autres  écrivains  grecs  difent  enfin  que  les  Ama- 
zones  étant  venues  aífiéger  Athenes  ^ camperent 
fur  cette  colline  , y oíFrivent  des  facrifices  au  dieu 
des  combats,  que  les  poetes  leur  donnent  pour 
pére,  & que  la  colline  en  prit  le  nona. 

L'époqüe  de  fa  fondation  n’eft  pas  moins  in- 
certaine  que  fétymologie  de  fon  nom.  Les  uns 
la  placent  fous  le  régne  de  Cécrops,  fondateur 
d’Athénes ; d’autres  fous  Cranaiis , un  de  fes  fuc- 
ceffeurs ; quelques-uns  enfin , la  reculent  jufqu'aii 
tenas  de  Solon.  Quoique  cette  derniére  opinión 
foit  ceíle  de  Flutarque  {in  Sclone)  & de  Cicerón 
{de  Offic.  1 .)  j cependant  elle  paroít  détruite  par  le 
fémoignage  df4riftote  (Polit.  z.) , d¿  par  une  loi 
de  Solon  , rapportée  par  Platarque dans  laquelle 
il  eíl  parlé  de  Varéopage , comme  d’un  tribunal 
bien  antérieur  á tomes  les  inílitutions  de  Solon. 
Ce  légiílateur  le  rétablit  peut-étre  á la  place  du 
tribunal  fanguinaire  que  Dracon  lui  avoit  fubftituéj 
& lui  donna  une  nouvelie  forme.  PolluXj  {Ono- 
maft.  8.  2). 

On  eft  auffi  peu  d'accord  fur  le  nombre  des 
membres  de  Varéopage.  Quelques-uns  le  reftrei- 
anent  á neufj  d'autres  le  portent  á trente -un  , 
d’autres  a cinquante-UHj  &c.  Les  neuf  archontes 
y étoient  incorpores ^ felón  quelqiies  écrivains, 
aprés  Tannée  de  leur  archontat ; quoique  d'autres 
n'accordent  ce  privüége  qu’aux  thefmothétes.  Au 
rede,  nous  favons  que  Socrate,  accufé  devant 
Varéopage , fut  condamné  par  deux  cent  quatre- 
vingt-un  fuíFrages,  auxquels  il  faut  ajouter  ceux 
qui.  le  renvoyoient  abfous  ; & une  infcription 
placée  fur  une  colonne  de  la  citadelle  d’Athénes, 
en  l’honneur  de  Rufas  Feftus,  proconful  de  la 
Crece  , dit  expreíTément  que  Varéopage  étoit  com- 
pofé  de  trois  cens  membres. 

II  ne  fuffifoit  pas  d’avoir  été  archonte  pour  étre 
adopté  par  les  aréopagites,  mais  il  failoit  avoir 
rempli  avec  honneur  les  fonéiions  de  cette  ma- 
giñrature.  Pour  en  fournir  la  preuve.  Ies  archontes 
rendoient  compte  de  leur  adminiftration  palfée  aux 
logiñes,  qui  Papprouvoient  aprés  un  févére  examen, 
bien  cifférent  d’une  vaine  formule.  lis  offroient  en- 
fuite  un  facrifice  á Bacchus  dans  Ies  Limnes  qui  lui 
ctoient  particuliérement  confacrés.  Ces  formes 
etablies  par  Solon  furent  long-tems  en  vigueur; 
jnais  A,thénes  ayant  perdu  fa  puiíTance , elles  tom- 
férent  en  défuétude.  Alors  tous  les  archontes 
indifFéremment , fúrent  admis  dans  Varéopage  , 
ainfi  que  des  citoyens  de  mceurs  corrompues  8c 
fans  fortune,  & méme  des  étrangers,  tel  que  ce 


ARÉ  X77 

Rufus  FcíluSj  dont  Pinfcription  citée  plus  haut 
parle  comme,  d’un  membre  de  Varéopage. 

Axtiftide  díc  que  ce  tribunal  étoit  le  plus  intégre 
& le  plus  eílimé  de  toute  la  Crece,  & cela  paroic 
erre  vrai,  lorfque  Pon  coníidére  la  nobieííe  de 
fes  fontiions  , Pimportance  des  caufes  qui  y étoient 
portees,  & les  quaiités  que  Pon  exigeoit  de  fes 
membres.  Athénée  {Deipn.  14.)  afiure  qu’un  ci- 
toyen  qui  auroit  été  vu  s’arrétant'dans  un  cabaret 
ou  dans  un  lieu  de  débauche  , étoit  exclus  á ja- 
máis de  Parchontat , & par  faite  de  Varéopage.  íl 
ajoute  qu’un  aréopagite  qui  auroit  paíTé  toúte  ía 
vie  avec  gloire , étoit  delíitué  de  fa  place , li  Pon 
pouYoit  lui  faire  quelque  reproche  grave  fur  fes 
mceurs  ou  fur  fa  conduite,  méme  dans  Páge  le 
plus  avancé.  On  exigeoit  encore  de  ces  confeillers 
une  gravité  toujours  foutenue;  on  ne  leur  auroit 
p.ts  pardonné  le  plus  léger  fourire  échappé  dans 
le  tribunal ; & Plucarque  {dée  gloria  Athen.)  nous 
apprend  qu’ii  leur  étoit  défendu  , par  une  loí 
expreíTe,  de  compofer  des  pitees  de  théátre. 

Ce  tribunal  infpiroh  tant  de  refpect  & de  gra- 
vité , qu’Ifocrate  j qui  en  étoit  membre , dit  que 
les  aréopagites  dont  Ies  moeurs  avoient  été  dilíb- 
lues,  renoDcoient  á lears  anciennes  liaifons  & 
habitudes , des  qu’üs  étoient  admis  dans  cet  au- 
gufte  fénat.  Les  jugemens  qu  il  rendoit  étoient  íi 
équitables,  qu’aucun  n’avoit  excité,  felón  Démof- 
théne , de  plamte  ou  de  réclamation.  C’eft  pour- 
quoí  tous  les  états  de  la  Crece  le  prenoient  pour 
arbitre.  C’eíl  ainíi  qu  en  agirent  íes  MeíTéniens 
ayant  leurs  premieres  guerres  avec  les  Lacédémo- 
niens. 

Uaréopage  connoiffoit  des  meurtres  volonraires 
& involuntaires , des  empoifonnemens , des  in- 
cendies , des  trahifons , &c.  Quelques  auteurs 
aíTurent  qu'ii  n'étoit  pas  permis  d appe'er  de  ce 
tribunal  au  peuples  mais  Meuríius,  avec  pluíiears 
autres,  foutient  le  contraire.  íl  dit  méme  que  dans 
certaines  occaíions , les  logiftes  prenoient  con- 
noiíTance  des  jugemens  de  Varéopage.  Ce  tribunal 
avoit  une  grande  autorité  dans  la  répubüque. 
Solon  Pavoit  chargé  de  veiller  á Pexécucion  des 
loix.  II  fixoit  Pemploi  des  deniers  publics;  il  veii- 
loit  á Péducation  de  la  jeuneíTe,  nommoit  fes 
curateurs  8c  fes  tuteurs  j il  puniífoit  les  citoyens 
qui  étoient  accufés  d’impiété,  ou  qui  vivoient 
d’une  maniere  dilfolue ; il  récompenfoit  aiiíli  les 
gens-de-bie.n.  Les  aréopagites  fe  joignoienr  auX' 
Gynéconomes,  & fe  trouvoient  aux  fef  'ns  reü- 
gieux  & á ceux  des  noces,  pour  y mair:;^’.¡i-  h 
modération  8c  la  décence.  Solon  les  avoit  c.hargés 
fpécialement  du  foin  d’examiner  la  fortur.c  ce 
chaqué  citoyen , fon  induílrie.  Ies  moyens  cuil 
employoit  pour  fe  foutenir , &c.  afin  de  prévenir 
les  vols  & Ies  rapiñes.  Mais  leur  plus  impor:  ;nta 
fondion  étoit  d’examiner  & de  juger  avec  fidéiité 
tout  ce  qui  appartenoit  á la  religión , les  blafphémes, 
Pirreíigion  , le  mépris  du  cuite  public  & Padmif- 
üon  des  nouvelles  divinités.  C'eft  par  la  craince 


i7S  ARÉ 

de  ce  tribunal  que  Platón  ayant  reeu  en  Egypte 
la  connoiíTance  Je  Tunité  de  Dieu,  ne  voulut  pas 
la  répandre  á A.cliénes  ^ felón  Juílin. 

Uaréopage  fe  renfermoit  dans  ces  fonólionS;,  fans 
s’ingérer  dans  les  affaires  publiques ; á inoins  que 
le  peuple  ne  recourut  á fes  lumiéres  dans  les  pé- 
rils  imininens.  Ses  jours  d^aíTemblées  ordinaires  , 
étoient  les  zj , 28  & 29  de  chaqué  mois.  Mais 
sdl  fiirvenoit  quelqu^affaire  preíTée  Se  impréyue , 
il  s’auembloit  extraordinairement  dans  le  portique 
royalj  que  Ton  entouroit  d’une  cordetendiie  pour 
arréter  la  foule.  Dans  Yaréopage  , ii  tenoit  fes 
féances  en  plein  air  ^ afin  de  n étre  'pas  _ fouiilé 

Sar  la  compagnie  des  hoinicides  & des  criminéis. 

ne  Ies  tenoit  que  L nuitj  pour  que  la  vue  de 
Taccafateur  & de  Taccufé  ne  puc  point  inflaer 
fur  les  jugemens. 

L’archonte-roi  portoit  á Varéopage  Ies  accufa- 
tions  d’homicide;  il  quittoit  alors  fa  couronne^ 
attribut  des  archontes , & prenoit  féance  parmi 
les  aréopagites.  Ceux-ci  commen^oient  leurs  affem- 
blées  par  faire  retirer  le  peuple,  & par  tirer  au 
fort  les  aftaires  dont  devoient  étre  chargés  les 
diíférens  comit  és  dans  lefquels  ils  fe  partageoient. 
Lorfqu  il  s’agiííoit  d’un  homicide , Taccufateur 
Faccufé  prétoient  ferment  fur  les  teílicales  d’un 
bouc,  d‘un  bélier,  d'un  taureau,  Se  ils  dévouoient 
le  parjure  aux  furies.  Laccufateur  aíTuroit  par 
ferment  qu  il  étoit  parent  du  mortj  ce  qui  pou- 
voit  feul  lui  donner  le  droit  de  pourfuivre  Pac- 
cufé ; & que  celui-ci  avoit  cominis  Thomicide. 
Ce  dernier  chef  étoit  nié  avec  ferment  par  l’ac- 
cufé ; & l’un  & Fautre  fe  dévouoient  avec  leur 
famiile  aux  plus  affreux  malheurs  , s^ils  venoienr 
á fe  parjurer.  On  étoit  íi  perfuadé  de  Fefficacité 
de  ces  imprécations , que  Yarcopage  n’infligeoit 
aucune  peine  aux  parjures. 

Les  deux  advejfaires  s’aíTeyoient  fur  des  fiéges 
d'argent.  L'accufateur  interrogeoit  d’abord  Fac- 
cufé , enfuite  ils  plaidoient  chacun  leur  caufe. 
L^accufé  pouvoit  fe  dáfendre  en  deux  féances 
diíférentes ; mais  il  lui  étoit  permis  , aprés  la  pre- 
tniére , de  fe  eondamner  lui-méme  á un  exil  vo- 
lontaire  , s'il  doutoit  du  fuccés  de  fa  défenfe. 
Dans  ce  cas  , fes  biens  étoient  confifqués  au 
profit  du  fifc  , & venáus  par  les  polétes.  II  leur 
fut  permis  par  la  fuite  de  fe  fervir  d'avocats_5  mais 
les  uns  & Ies  autres  ne  pouvoienr  employer  des 
figures  de  rhétorique  , ni  exorde  , ni  pérorai- 
fon  , &c.  ni  ríen  qui  fut  eapable  d'éblouir  les 
juges.  La  vérité  nue  & fimpie  devoit  fortir  de 
leur  bcache. 

Aprés  les  deux  plaidoyers.  Ies  aréopagites  fe 
levoieftt  pour  rendre  leur  fentence.  Ils  y procé- 
doient  avec  tant  de  gravité  & avec  un  íilence  fi 
profond , que  Fun  & Fautrje  étoient  paíTés  en 
proverbe  chez  les  Grecs,  Se  que  Juvénal  luL 
tpcme  y a fait  alluíion,  {Satyr.  10. ) : 

gcQulta.  tegss  ^ ut  curia  IrlanU  Afkeníí, 


ARÉ 

» Vous  garderez  un  fecret,  comme  la  cour  de 
Mars  á Athenes  Les  juges  mettoient  ieurs  fuí- 
frages  dans  deux  urnes  j Fuñe  d'airain  Se  Fautre 
de  bois.  La  premiére  renfermoit  les  bulletins  qui 
condamnoient  , Se  Fautre  ceux  qui  renvoyoient 
abfous.  Les  trente  tyrans  qui  rédaifirent  Athenes 
en  fervitude  pendant  quélqaes  années  , obligérent 
Ies  aréopagites  á dépofer  pabliquement  leurs  bul- 
letins fur  une  rabie  , afin  de  connoitre  la  ma- 
niere dont  chacun  d'eux  étoit  affeété  dans  chaqué 
affaire. 

Outre  les  caufes  qui  étoient  dévolues  de  droit 
á l’aréopage  , on  lui  portoit  quelquefois  celles  qui 
appártenoient  aux  autres  tribunaux,  fauf  Fappel 
ou  ia  réviílon  par  ces  mémes  tribunaux. 

Jamais  on  ne  décernoit  de  couronnes  aux  aréo, 
pagites , quel  que  pút  étre  leur  mérite ; parce  quil 
leur  étoit  défendu  de  porter  cet  attribut  des  ar- 
chontes ; on  les  récompenfoit  en  aífignant  leur 
entretien  fur  le  tréfor  public,  outre  Ies  trois  oboles 
que  recevoient  tous  les  juges  á Athénes  pour 
chaqué  caufe.  Enfin,  ils  ne  rendoient  compre  de 
leur  conduire  qu’aux  logiñes  feuls , mais  tous  les 
ans,  felón  Fopinion  de  Samuel  Petit , '^Commmt. 
in  Leges  Attic.  ) 

Uaréopage  conferva  fes  loix,  fon  intégrité  & 
la  vénération  publique  jufqu’au  tems  de  Péridés. 
Ce  citoyen  ambitieux  n’ayant  pu  y étre  admis, 
parce  quhl  n’avoit  jamais  été  archonte , forma  le 
deiTein  d’aviiir  Yaréopage-  II  y réuílit  en  le  dé- 
criant  fans  ceiTe,  & en  enlevant  un  grand  nombre 
de  caufes  á fa  counoilTance.  Alors  la  corruption 
gagna  ce  tribunal , comme  Ies  autres  parties  de  la 
république , & il  tomba  par  degrés  dans  un  fi 
grand  aviliíTement , que  Plntarque  le  comparoit 
á un  chetal  échappé  qui  n'a  plus  de  frein.  Démé- 
trius  de  Phalére  ayant  été  repris  de  fa  vie  licem 
cieufe  par  Ies  aréopagites,  leur  répondit  hardi- 
ment,  qu’avancde  réformeries  mceurs  delaville, 
ils  devoient  commencer  par  réformer  les  leurs, 
& fur-tout  ne  plus  recevoir  de  préfens,  & ne 
plus  corrompre  á prix  d'argent  les  ferames  des 
citoyens. 

Spon  qui , en  iGpG ¡ examina  Ies  ruines  d’A- 
thénes,  dit  dans  le  fecond  tome  de  fes  Voyages, 
que  Fon  voyoit  encore  les  reñes  de  Varéopage^  au 
midi  du  temple  de  Théfée , litué  jadis  dans  Fen- 
ceinte  delaville,  & aujourd'hui  hors  des  trmrs. 
On  diílinguoit  fes  fondemens  demi-circulaires , 
& une  efplanade  de  cent  quarante  pas  environ, 
qui  étoit  proprement  la  falle  de  Yaréopage.  II  y 
avoit  un  tribunal  taillé  au  milieu  du  rocher , avec 
des  fiéges  aux  deux  cotes,  fur  lefquels  prenoient 
féance  les  aréopagites , expofés  á Fair.  Aífez  pres 
de  ces  ruines , font  des  grottes  taülées  auífi  dans 
le  roe , que  Fon  conjeélure  avoir  fervi  de  prifon. 

Pline  dit  que  Zopyrus,  fameux  artiíte  grec,.qui 
vivoit  du  tems  de  Pompée , avoit  repréfenté  fur 
une  coupe  dargent  cifelé  les  aréopagites,  & Or 
une  autre  le  jugement  d’Oreüe  par  ces  méipes 


ARÉ 

juges.  AVinkelmann  a publié  dans  fes  Monumenti 
anticki  inediti  , n°.  1 3 1 , une  coupe  d'argept  avec 
ce  jugeiTsent  célebre  , qui  peut  erre  attribuee^a 
Zopyrus.  Elle  a été  trouvée  fous  le  pontificat  de 
BenoiC  XIV,  dans  !e  port  de  f ancienne  ville  d’An- 
tium:,  oú  elle  avoit  été  précipitée  fans  doute  par 
cneique  naufraga  á fon  arrivée  de  Gréce.  On  y 
A'oit  ce  malheureux  füs  d’Agamemnon  dans  la  plus 
grande  conílernation  & Minerve  qui  met  ion 
ñiífrage  favorable  dans  Turne  j aíinfde  décider  le 
jugement  que  le  partage  des  aréopagites  empé- 
choit  de  prononcer. 

AREOPAGITE,  juge  de  Taréopage. 

AREOSTYLE,  éáifice  dont  les  colonnes  font 
éloignées  les  unes  des  autres  de  huir  ou  dix  mo- 
dules j c'eñ-á-dire  ^ extraordinairement  éloignées. 
Ce  mot  vient  du  grec  ¿faus-j  rare^  & de 
eolonne.  Vitruve  a cependánt  fixé  á huir  modales 
cu  quatre  diametres  la  plus  grande  diítance  des 
colonnes.  U aréoftyle  étoit  oppofé  au  pycnoftylt , 
dont  les  colonnes  font  li  preflees  ^ que  les  entre- 
eolonnemens  n'ont  qu°un  diamétre  & demi. 

ARES  eñ  le  nom  grec  de  Mars  j il  fignifie 
dommage  ^ á caufe  des  maux  que  caufe  la  guerre ; 
d'autres  le  dérivent  du  phénicien  Arits , qui  veut 
dire  fort;,  terrible.  Voye:^  Mars. 

A 'PESKOS.  PollllX  {Onomaft.  l.  X , feB.  IIO  , 
p.  lai.)  donne  ce  nom  á un  báton  droitque  por- 
toient  fur  la  fcéne  les  parafites  & ceux  qui  ven- 
doient  des  femmes  débauchées.  II  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  Je  pedum  ou  xxyaSiÁay , qui  étoit 
un  barón  courbéj  attribut  des  añeurs  comiqaes  j 
des  divinités  champétreS:,  des  meíTagers,  &c. 

ARETALOGI , qui  parlent  de  la 
vertu.  On  donna  ce  nom  par  mépris  á ces  para- 
lites-philofophes  qui  fréquentoient  les  cables  des 
riches  romains  j & difcouroient  miférablement  des 
plus  nobles  fujets  de  la  Philofophie  ancienne. 

ARÉTAS,  roi  d’Arabie.  BASIAEOS.  apetot. 
«IAEAAHN02. 

Ses  médaiiles  latines  font: 

RRRR.  en  argent. 

Ses  rftédaiües  grecques  font: 

RRR.  en  bronze. 

O.  ep  or. 

ARETE,  femme  d’Alcinoüs  , roi  des  Phéa- 
Ciens.  Alcinous  3 Nausicaa. 

ARETHUSA,  dans  la  Syrie.  AFEeoTCATCN. 

_ Cette  ville  a íáit  frapper  des  médaiiles  impe- 
riales grecques , avec  fon  époque  , en  Thonneur 
de  Sept.-Sévére  & de  Diaduménien. 

ARÉTHÜSE,  filie  de  Nérée  & de  Doris,  étoit 
une  des  compagnes  de  Diane.  Un  jour  qu’elle  fe 
baignoit  dans  un  ruifleau , elle  fut  apperque  par 
Alphée,  & s'enfuitauíli-tóí5  matsTe  fentant  vive- 
rnent  pourfuivie , elle  implora  le  fecours  de  Diane  , 
®.ui  la  métamorpbofa  en  fontaine.  Alphée  recon- 
tó: fon  amante  fous  cette  métamorphofe , & 
ayant  repris  Fa  figure  de  fleuve,#!  méla  fes  ondes 
arec  celíes  de  ¡a  fontaine  Arétkafe,  Quelques-uns 


A R G 179 

ont  dit  que  Neptune  Tavoit  fait  mere  d’ABAs. 
V oye^  ce  mor.  Aréthufe  étoit  une  fontaine  de  la 
prefqu  ille  d’Ortygie,  qui  renfermoit  le  palais  des 
anciens  rois  de  Syracufe , aujourd'hui  dans  le  port 
de  Syracufe,  á un  mille  de  la  ville.  Cicerón  dit 
que  cette  foiirce  d’eau  douce  auroit  été  entiére- 
ment  couverte  des  flots  de  la  mer,  fi  elle  ft’en 
avoit  été  féparée  par  une  digue  & par  une  levée 
de  pierres. 

Piine  & plufieurs  des  anciens  , croyoient  véri- 
tablement  que  TAlphée , fleuve  d'Arcadie , con- 
tinuanr  fon  cours  par-deíTous  la  raer,  venoit  repa- 
roitre  au  rivage  de  Sicile ; parce  que  , difoit-on , cc 
qui  avoit  été  jeté  dans  TAlphée  , fe  retrouvoir  au 
bout  de  quelque  tems  dans  Y Aréthufe.  Mais  Stra- 
bon  n’a  pas  été  dupe  de  cette  traditíon  ; ii  traite 
de  menfonge  la  coupe  perdue  dans  TAlphée , & 
retrouvée  en  Sicile , & fait  voir  que  TAlphée  fe 
perd  dps  la  raer  córame  Ies  autres  fleuves.  .Piine 
ajoutoit  encore  une  autre  fable  : il  difoit  que 
Y Aréthufe  avoit  Todeur  du  fumier  dans  le  tenas 
des  jeux  olympiques  qui  fe  célébroient  dans  la 
Gréce,  á Olympie,  oú  paiToit  TAlphée;  parce 
qu  on  jetoit  dans  le  fíeuve  tout  le  fumier  des  vic- 
times & des  chevaux  qui  fervoíent  pour  la  courfe. 
Voye^  Alphée. 

On  prenoit  autrefois  pour  une  tete  d’ArétJtufe 
celle  que  Ton  voit  otíinairement  fur  les  médaiiles 
de  Sypcufe;  & Ton^oyoit  reconnoitre  la  piante 
aquarique  dont  elle  paroit  couronnée.  Mais  au- 
jourd'hui  tous  les  antiquaires  la  nomment  tete  de 
Proferpine  , á caufe  des  épis  qui  la  couronnent, 
& qu!  rappellent  fa  mere  Cérés. 

Aréthuse  , étoit  une  des  Hefpérides. 

AREUS , nom  que  donnent  les  poetes  aux 
fan  reux  guerriers ; il  veut  dire  fiis  de  Mars. 

ARFERIA  ou  Arfertal  , étoit  le  nom  que 
Ies  prétres  donnoient  á Teau  luñrale  etnployée 
dans  les  funérailles.  C'écoit  un  des  mots  bizarres 
qiTils  afieóioient  aux  chofes  facrées. 

’A.PrABi'A.Les  Grecs  des  bas-fiéclss  appeloient 
de  ce  nem  un  petit  vafe , que  les  cavaüers  atta- 
choient  á leurs  felles,  pour  porter  de  Teau  dans 
les  marches.  C'étoit  peut-étre  celui  que  Piine 
appelle  vus  ■vlatorium. 

Quelques  auteurs  ont  cru  le  reconnoitre  dans 
ces  corpt  ronds  qui  font  pendus  á la  fclle  des 
cavalíers  de  Naxi-Rufian  ^ zvtorts  Tchelmínar., 
Tancienne  Perfépolis.  Mais  il  paroít  que  c'ell  une 
erreur,  & qu’on  doit  prendre  ces  corps  ronds 
pour  de  petits  boulers  de  pierre  ou  de  metal, 
qui  fervoíent  de  maíTuc  á Tancienne  cavalerie  , 
comme  le  ccffe-tite  aux  faavages. 

ARGANTHONIS,  jeune  filie  de  Tífle  de  Cbío. 
Rhéfus  , roi  de  Thrace , paffant  par  cette  ifle 
pour  aller  á Troye , devine  arnoureux  á'Argan- 
thonis , lui  donna  fa  foi , & luí  promit  de  I^em- 
mener  a fon  retour,  Mais  il  fut  tué  au  fiége  de 
Troye  , & cette  mort  piongeg  da.ns  une  fi  grande 


2§o  A R G 

afeiaion  fon  amante  ^ qu  elle  en  mourut  de  regret. 
Voyer  RhÉSUS. 

ARGÉ  3 foeur  d’Hébé  8í  de  V ulcain  , naquit 
de  Júpiter  & de  Junon,  lorfque  ce  dieu  trompa 
fa  femme  3 étant  caché  fous  la  figure  dlun  cou- 
cou. 

ÁRGÉ  ou  Argée  3 nymphe  qui  fut  changée  en 
biche  par  le  foleiU  en  punition  de  ce  qu’elle  avoit 
ofé  dire  d’un  cerf  qui  fuyoit  devant  elle  : que_3 
quand  il  iroit  auííl  vite  que  le  foleii  3 sUs  fauroit 
ratteindre.  {Hugin). 

ARGEE  3 fils  de  Licimnius,  frére^  d’Alcméne3 
fuivit  Hercule , qui  promit  a fon  pére  de  le  ra- 
mener.  Mais  le  jeune  homme  étant  mort  dans 
le  vcyage  , Hercule  fit  brúler  fon  corps  pour  en 
recueillir  les  cendres  & les  rapporter  a Licimnius , 
voulant  fatisfaire3  autint  qu'il  étott  en  luí  3 áfon 
engagement.  On  dit  que  c'eft  le  premier  exemple 
de  corps  brúlés  apres  la  mort.  Argée  avoit  un  frére 
nommé  AeonuSí  qui  périt  auín  miférablement3 
eh  fuivant  fon  coufin  Hercule-  Fi  Aeonus. 

Argée  ou  ARGÉES3  féte  que  les  veftaleS  cé- 
lébroient  tous  les  ans  aux  ides  de  mai  3 & pendant 
laquelle  elles  jetoient  dans  le  Tybre  des  figures 
d'hommes  faites  de'  jone  3 appelées  auíTi  urgées. 
Les  premiers  peuples  qui  habiterent  les  bords  da 
Tybre,  dit  Plutarque,  jetoient  dans  le  fleuve  tous 
les  Grecs  indiflféreiríment.  íMíks  Hercule  leur  per- 
fuada  de  renoncer  á un  ufa^  auíTi  barbare , 8c 
les  engagea  , pour  fe  purger  de  ce  crime , á iníH- 
tuer  des  facrifices  & une  féte  dans  laquelle  ils 
fe  contenteroient  de  jeter  dans  le  fieuve  des  figures 
d hommes.  Le  méme  auteur  donne  á cette  féte 
une  autre  origine.  Evandre,  arcadicn , ennemi  des 
Argiens , s' étant  érabli  en  Italie , ordonna , pour 
perpétuer  fa  haine  contr'eux  , qu’on  ieteroit  tous 
íes  ans  dans  le  Tybre  des  figures  d’argiens  ou 
d'argées. 

.Ovide  parle  de  cette  cérémonie  dans  fesFaíles, 
( r.  611.')  ; 

Taro  qiioqiie  prifeorum  virgo  fimulacra  vzrorum 
lAittere  robpreo  fiirpea  ponte  folet. 

Elle  fe  pratiquoit  fur  le  pont  Sublicius  par  les 
vefiales  , felón  Feftus  & Varron.  Ce  dernier  fubfti- 
tue  cependant  des  prétres  aux  veílales , á moins 
que  fon  ne  prenne  dans  le  fens  de  prétrejfes  le  mot 
facerdotibus  dgnt  il  fe  fert. 

ARGEI.  Ce  mot  avoit  deux  fignifications  dans 
Ja  topographie  de  Rome.  Tantót  ii  défignoit  des 
terrei.ns  indiques  par  Numa  ppur  la  célébration' 
des  facrifices.  Tits-Live  (i.  21.)  dit  que  ce  nom 
leur  fut  donné  par  |es  ponrifes  : Multa  aha  facri- 
ficia  locaaue  facris  faciendis , que.  argeos  pontífices 
vocant  3 Numa  dedicavit.  Tantot  i!  défignoit , felón 
Fellus3  des  terreins  confacrés  par  les  corps  de 
quelques  illuftres  Grecs  qui  y étoient  enterres  : 
■Argel  loca  etiam  Rom/i  appellahantiir , quod  in  ais 
fcpulti  ejfent  quídam  Argivorum  illufires  viri. 


A R G 

Argei  pontífices  , étoient  ^ans  doute  les  prétres 
des  endroits  facrés  appeles  Argei. 

ARGEIPHONTE  oa  Argiphonte  3 qui  a tué 
Argus,  de  pó>aí3  meurtre.  Ce  furnom  fut  donné 
á Mercure3  aprés  quil  eut  tué  Argus3  gardien 
dio. 

APREiaN  EOPTAI  , fites  des ^ Argiens , dont 
on  ne  connoít  pas  les  noms  particuliers.  Parthé- 
nius  {Erotic.  15.)  parle  dline  des  fétes  des  Argiens 
que  Ton  célébroit  par  un  feñin  public. 

Plutarque  ( Grs.c.  qu&ji. ) fait  mention  d’une 
autre  , dans  laquelle  les  enfans  fe  railloient  p‘u- 
bliquement  en  fe  jetant.des  figures  fauvages.  On 
voüioit  peut-étre  rappeier  par  cette  féte  le  fou- 
venir  da  tems  dlnachus  , ou  les  Grecs  fe  nour- 
rifloient  de  fruits  fauvages , & vivoient  dans  les 
bois. 

Aenéas  {PoUocert.  e.  17.)  nous  a confervé  la 
mémoire  d'une  troiíiéme  féte  des  Argiens , dans. 
laquelle  une  foule  d’habitans  fortoit  armée  d' Ar- 
gos, ge  faifoit  folemnellement  le  tour  de  la  villa. 

ARGENT,  confidérécomme  MoNNOiE.  Voyei 
ce  mot.  Confidéré  comme  métal,  voyei  Affi- 
nage,  OR3  Mines.  Caífiodore  (Fir. /v.  34.) 
aíTure  qu  un  roi  des  Indas  mit  en  ufage_  le  pre- 
mier ce  métal.  Erichton  Tapporta  le  premier  dans 
rAttique.  Les  Romains  n’en  firent  de  la  monnoie 
qu’en  i’année  485-  de  la  fondation  de  leur  capi- 
tale.  _ 

Il  ne  paroít  pas  que  les  Romains  ayent  réduit 
Yargent  en  .filets  ou  en  lames  , pour  le^jnéler  au 
tilfu  des  étofíes,  avant  le  régne  d’Auréiien , qui 
défendit  ce  luxe , & ordonna  que  Targent  feroit 
employé  uniquement  comme  il  Tavoit  été  fous 
fes  prédéceíTeurs.  Voluit , dit  Vopifeus , argén— 
tum  in  fuo  ufa  manere.  Cet  ufage  prévalut  cepen- 
dant  fous  Ies  empereurs  grecs.  On  porta  beaucoup 
d'étoffes  tifíiies  ¿Yargent.  Élles  étoient  appelees 
veftimenta  fyrmaüna.  Saumaife  aíTure  (17  F upifi-') 
que  toutes  Ies  fois  qu^on  lit  dans  Codinje  mot 
trvsfiXTÍiiai , on  doit  le  rendre  par  ceux-ci_:  tijjd 
de  fds  d‘argent.  Carbilius  Polhon  en  avoit  deja 
tiiTu  les  couvettures  des  lits  de  table. 

Uargent  fut  prodigué  fous  les  empereurs  pour 
tous  les  objets  de  luxe.  On  en  a trouvé  une  preuve 
frappante  á Lanuvinum,  dans  les  ruines^ de  la 
raaifon  de  campagne  d’Antonin-le-Pieux-  C elt  un 
coq  ¿Yargent,  qui  fervoit  derobinet  pour  Ies  _con- 
duits  des  bains.  II  pefoit  plus  de  trente 
romaines  ( plus  de  vingt  livres  francoifes ) f Sci 
portoit  pour  infeription  ces.  mots  ; FaustíN.® 
NOSTR/E.  Dans  les  bains  de  Claude,  on  voyoit 
auífi  i’eau  couler  dans  des  tuyaux  YYargent. 

Ce  luxe  infeéia  également  les  armées  romaines. 
Fline  dit  (/¿¿.  33,  c.  12.)  que  les  foldats  en  cou- 
vroient  ¡eurs  armes.  Les  genéraux , qui  etoieui- 
jaloux  de  faire  revivre  l’ancienne  difciplino  miu 
taire  á laquelle  Ies  prem.iers  Romains  avoient 
leurs  conqueres,  manquoient  pas  de 
Tufage  de  l'argem  travailié-  Scípion  affiegean 
■ ® , Kurnance, 


A R G 


A R G zti 


Kutnánce,  défendit  á fes  foldats  íavolr  ún  vafe 
á’argent  qui  put  contenir  plus  de  deux  cotvies 
{f  de  pinte),  & encore  moins  une  cavette  de 
inéme  méta!.  Pefcenn;us  ayant  vu  dans  une  marche 
des  foldats  qui  buvoient  dans  une  taíTe  ¿jargent, 
fit  enlever  tous  les  vafes  de  ce  metal  que  Ton 
trouva  dans  fon  armée,  & obligea  les  foldats  de 
n'employerque  des  vafes  de  bois,  fuivant  Tapcien 
ufage. 

Argentum  (ad)  & ah  argento  ejfe ; expreífions 
qui  délignoient  TaíFranchi  ou  fefclave  chargé  du 
foin  des  vafes  Sargent  des  Auguñes  & de  leurs 
époufes.  Les  recueils  d'épitaphes  en  font  trés- 
fouvent  mention. 

Argentum  balneare  , délignoit  les  baignoires  & 
les  vafes  dtargent  qu’empioyoient  les  riches  dans 
leurs  bains. 

Argentum  cavum  ou  concavum , vafes  Sargent 
cifelés , appelés  xinXm  par  les  Grecs. 

Argentum  efcarium , vailTelle  píate  qui  fervoit 
aux  repas. 

Argentum  facíum , vafes  iíargent  de  toutes  les 
efpéces. 

A^rgentum  infeñum , argent  en  maíTe , tel  qu’en 
renfermoit  le  tréfor  public  de  Rome. 

Argentum.  potorium  , vafes  S argent  qui  fervoient 
á préparer  les  liqucurs  dont  Ies  anciens  faifoient 
iifaee  ; relies  que  le  vin , Fhydromel , &c.  & á Ies 
boire.  L'épitaphe  fuivante  parle  de  ceux  de  Livie : 

OSSA 

VIBIAE.  SUCCESSAE-  LIVIAE.  AUG.  SERV. 
AB.  ARGENTO.  POTORIO. 

Argentum  purum  , vafes  ^argent  qui  n’étoient 
pas  cifelés.  Juvénal,  (Sai.  ix.')  : 

Argenti  vafcula  puri, 

Argentum  puftulatum , argent  réduit  en  grenaille 
par  fa  transfusión  A\i  creufet  oú  il  a été  purifié, 
dans  un  vafe  rempli  d'eau  froide.  LesRomains, 
qui  croyoient  que  c’étoit  Y argent  le  plus  pur , 
I'appeloienr  auíTi  granulatum..  Martial , (/.  7.  70.)  : 

lAulla  venit  a me 
Argenti  tihi  libra  pufiulati. 

Et  Suétone  dit  de  Fempereur  Nerón  , qu’il  raflem- 
bla  avec  beaucoup  de  dureté  une  grande  quantité 
A, argent  en  grenaiiles  : Exegit  ingenti  faftidio  & 
aceróitate  argentum  pufiulatum. 

Argentum  fcenicum  , fommes  deílinées  pour  les 
jeux  pubücs  & pour  les  autres  fétes  d'appareil. 
Ene  épitaphe  , qui  étoit  autrefeis  dans  Les  jardins 
du  palais  de  Carpí  á Rome,  nous  a confervé 
le  nom  de  Faffranchi  qui  avoit  la  garde  de  cet 
argent  dans  le  palais  des  Céfars : 

T.  AELIUS,  AUGUSTORUM.  LIB.  AMEMpTUS 
AB.  ARGENTO.  SCENTCO 

Argentum  (ignatum,  argent  monnoyé. 

Antitiuites , Tome  f. 


I Argentum  viatorium , fommes  deftinéas  aux  frars 

1 des  voyages. 

Argent.  (numifmatique)  Les  Romains  ne  fa- 
briquérent  des  monnoies  A argent  que  vers  Faa 
485'  de  la  fondation  de  leur  villa.  Les  premieres 
fe  rrouvenr  dans  la  fuite  des  médailles  confulaires 
ou  de  familles,  & Ies  autres  forment  la  fuite  Aar~ 
gent  des  imperiales.  Quoique  Yargent  monnoyé 
des  Romains  foit  á un  titre  plus  bas  que  nos  mon- 
noies aóluelles  du  méme  metal,  tandis  que  leui 
or  eíl  moins  allié  que  le  notre ; on  appelle  cepen- 
dant  argent  fin,  Yargent  des  médailles  jufqu’á  Sép- 
tima-Sévére,  par  comparaifon  avec  celles  des 
princes  qui  Font  fuivi  jufqu’á  Conftantin , Se  dont 
Yargent  eft  bas  & allié.  Malgré  le  beau  nom  A ar- 
gent fin  j elles  valent  alTez  conñamment  un  fixiéme 
de  moins  que  nos  monnoies  courantes  , fi  on  nc 
les  évalue  que  d'aprés  leur  valeur  intrinféque. 

Didius  Julianus  ou  Julien  I,  corrompit  le  pre- 
mier le  titre  des  médailles  A argent , pour  remplir 
plus  aifément  le  tréfor  public  , épuifé  par  les  lar- 
geíTes  quhl  avoit  faites  aux  Préroriens  , en  ache- 
tanr  FEmpire.  Depuis  ce  prince,  le  titre  alia  tou- 
jours  en  baiíLánt;  &c  certaineroent  fes  médailles 
ont  moins  d’alliage  que  celias  de  Septime-Sévére. 
Ce  dernier  a été  cependant  appelé  restit-utos. 
M-oKET.tE.  Ses  monnoies,  á la  vérité , font  moins 
mauvaifes  que  celias  de  Sévére-Alexandre.  Sous 
Gordien  , c'eft  encore  pis ; & peut-étre  eíl-ce  par 
cette  raifon  , dit  le  barón  de  la  Baftie , que  Fon 
trouve  fous  cet  empereur  les  médailles  d"un  mo- 
dule plus  grand.  En  effet,  quoique  ce  module  foit 
connu  des  le  tems  de  Septime-Sévére , de  fa  femme 
Julia- Pia  & de  fon  fils  Caracalla,  i!  eft  cependant 
vrai  quhl  y a peu  de  grand  module  fous  ces  prin- 
ces , tandis  quhl  y a trés-peu  de  parir  module  fous 
Gordien. 

Le  titre  des  médailles  A argent  de  Gallien  va 
encore  en  baiíTant ; & il  paroit  que  catre  mon- 
noie , quoique  mélée  de  quatre  cinquiémes  d’al- 
liage, fut  la  feule  monnoic  A argent  qui  eut  cours 
dans  FEmpire., On  connoír,  ala  vérité,  des  mé- 
dailles A argent  du  tyxan  M.  Auréle- Julien  , de 
Probus  & de  Magnia  Urbica ; mais  ces  légéres 
exceptions  n’empéchent  pas  d’aíTurer  générale- 
m.ent  que  depuis  Cíaude  le  Gothique  iufqu  á Dio- 
clérien , qui  rétablit  la  monnoie  A argent  pur,  il 
n’y  a plus  A argent  dans  les  médailles.  On  a frappc 
dans  cet  intervalle  fur  le  cuivre  feui , recouvert 
d’une  feuille  d’étain.  De-lá  vient  cet  oeü  blanc 
des  médailles  faucées,  reí  que  Foffrent  plufieurs 
Claudes,  Ies  Auréliens  & les  fuivans,  jufqu’á  Nii- 
mérien  inclufivement.  Ces  médailles  faucées  re- 
paroiííent  quelquefois  fous  Diociérien,  Maxirr.ien  , 
Conítance-Chlore  & Galére-Maximien , quoique 
Fufage  de  frapper  fur  Yargent  pur  fut  retabli.  On 
ignore  fi  quelque  cabinet  peut  fournir  des  .Lici- 
nius , des  Maxences  & des  Maximins  da  cette 
efpéce  : on  y trouveroit  pluror  du  vrai  billón.  íi 
femble  qu’il  n eít  plus  fait  mention  des  médailles 
, Na 


iS z A R G 

faucces  aprés  Conftantin.  Au  reíle,  fi  les  autenrs 
des  Catalogues  de  médailles  avoient  fait  cette 
attention  , üs  auroient  étnité  de  groíTir  leurs  livres 
d’'une  Idngue  faite  de  tnédailles  á’argent  entre 
Pofthume  & Dioclétieti  j puifque  toutes  celles  de 
cette  époque  ne  font  que  de  petit  bronze  cou- 
vert  d’une  feuille  d'étain. 

II  eft  trés-difficile  de  défigner  la  caufe  pour 
laqueile  on  ceíTa  tout-á-coup  de  frapper  des  mé- 
daiUes  díargent,  tandis  qu^on  én  frappoit  tou- 
jours  en  or.  Car  il  eft  conftant  que  dans  le  tems 
du  plus  grand  affoibliíTement  ^ &c  meme  deTanéan- 
tilTement  prefqu^’entier  des  efpéces  á’argent,  celles 
d'or  ont  toujours  été  battues  fur  le  fin.  Le  barón 
de  la  Bañie  croit  entrevoir  cette  caufe  dans  Tufage 
«ú  étoient  les  empereurs  de  fe  faire  payer  en  or 
une  grande  partie  de  leurs  revenus.  La  plupart 
des  termes  employés  pour  exprimer  les  tributs 
& Ies  autres  impcíiuonsj  étoient  des  épithétes 
^ Aurum  : aurum  vicefimariam , aurum  corona- 
Tium  j aurum  lúcrale  , Src.  Le  fouverain  étoit  inte- 
reíTé  á ne  pas  fouífrir  qu'on  altérát  le  titre  de  ce 
métalj  afin  que  fes  revenus  ne  fouffriíTent  pas 
de  cette  altératioa. 

Le  tréfor  impérial  faifant  fes  paiemens  en  argent 
«u  en  cuivrcj  trouvoit  fon  avantage  á afroibhr 
le  titre  de  Lun  & le  poids  de  Tautre  de  ces  mé- 
taux  5 parce  que  cet  aífoiblifTement  des  efpéces 
s’en  faifoit  pas  changer  !a  vaieur  dans  le  com- 
merce:,  Se  qifavec  une  plus  petite  quantité  d'or , 
on  pouvoit  avoir  du  cuivre  en  maíTe  pour  en  faire 
de  la  monnoie , a laquelie  on  donnoit  la  vaieur 
des^  piéces  ÁArgent  j en  y ajoutant  une  feuille 
d’étain  afilné.  Cet  expédient , qui  étoit  á la  fin 
xuineux  pour  TEtar,  a pu  étre  Feffet  de  la  fá- 
cheufe  pofition  oú  fe  trouvérent  les  empereurs  j 
depuis  Gallien  jufqu  á Dioclétien  & Maximien. 
lis  achetoient  prefque  tous  Fempire  de  leurs  fol- 
dats ; les  tyrans  déchiroient  FEtat  en-dedans & 
Ies  nations  barbares  en-dehors. 

Les  médaillons  AArgent  font  beaucoup  plus 
rares  que  Ies  médailles  du  méme  métal ; on  peut 
cependant  entreprendre  avec  faccés  d'en  faire  une 
fuite  impériale^  en  y mélant  les  médaillons  de 
potin  frappés  en  Egypte  ^ qui  ^ par  la  qualité  du 
métal  j y peuvent  entrer  naturellement. 

Argent.  {couleur  C’étoit  Fattribut  dif- 
tinéiif  d’une  faétion  du  cirque^  que  Domitien 
créa  avec  la  faclion  ¿orée  ou  de  couleur  d'or. 
Dion  5 (/zá.  7 7.)  : Aurigarum  dúo  genera  adjunxit , 
quorum  unum  aureum  j alterum  argemeum  appel- 
iavit. 

ARGENTARII.  Voyez  Orfevre  , Chan- 

GEtJR^  UsCTRIER. 

ARGENTINÜSj  dieu  de  Fargent , fiis  de  la 
deeífe  Pecunia^  ou  , felón  S.  Auguftin,  {Cité  de 
Dieu,^.  21.)  ^JEJculanus,  dieu  de  la  monnoie 
de  cuivre. 

AECES  , nota  d’an  des  cycIopéS  quí  forgéreat 


A R G 

la  foudre  dont  Júpiter  frappa  les  Titans.  Voyei 
Cyclopes. 

ARGIE  ^ mere  de  Bithon  Se  de  Cléobis.  Voyei 
Bithon. 

Argie,  femme  de  Polynice.  V.  Adraste 

P0LYNICE. 

ARGIENNE  ou  Argolique  , furnom  de 
Junon,  Gui  lui  fut  donné  á caufe  de  fon  temple 
d'Argos.  Foyei  CanAthos.  V.  auíTi  Junon. 

ARGIEísS  (les)  étoient  une  colonie  égyp- 
tienne;  Se  le  favant  Jabíonski  reconnoít-dans  ío, 
qu  ils  honoroient  dAm  cuite  particulier,  Yloh,  c’eft- 
á-dircj  Ifis  ou  la  Lune  des  Egyptiens.  Euñathe 
dit  précifément  ( Comment.  in  DionyJ.  P erzeg.  ) 
que  la  vache  étoit  le  fymbole  dio  ou  de  la  Lune ; 
car^  ajoute-t-il,  io  veut  dire  lune  dans  le  langage 
des  Argiens.  Ceft  de  leur  langue  pjimjtive  ou 
égyptienne  qull  veutparler.  Lorfque  Fididme  grec 
luí  fuccéda^  Ies  prétres  confervérent  le  nom  d'/o, 
felón  leur  ufage  d'employer  des  termes  barbares 
ou  furannés^  pour  défigner  les  objets  du  cuite  ou 
de  la  vénération. 

Les  mythologues  grecs  enfeignoient  que  Fio 
d’Argos,  aprés  avoir  été  changée  en  vache,  s’étoit 
retirée  en  Egypte  , Se  qu’elle  y avoit  été  honoréc 
fous  le  nom  dlfis. 

Ces  traces  d"une  patrie  & d’un  cuite  communs 
aiix  Egyptiens  Se  aux  Grecs  , font  trop  précieufes 
pour  les  paíTer  fous  filence. 

Les  Argiens  porto-ient  au  fiége  deTroye  des 
boucliers  ronds  5 & ce  bouclier  eft  un  attriout 
diftinclif  de  leur  roi  Dioméde. 

Argiens.  (médailles  des)  H Argos. 

ARGILE.  On  verra  á Farticle  Terre-cuite, 
tous  les  détails  relatifs  a Y argüe  employee  pour 
les  ftatueSj  les  bas-reliefs,  les  frifes  , les  corni- 

ches,  &c.  _ V t r 

argüe  íexNoit  encore  aux  anciens  a plufieurs 
autres  ufages  j teis  que  celui  de  laver  Se  de  blan- 
chir  ¡es  draps  de  laine , celui  de  cacherer^ 
former  des  feeaux  , &c.  U argüe  fut  appelée  aflez 
généralement  par  Ies  Latins  creta , quoique  ce 
nom  dut  étre  réfervé  aux  terres  calcaires,  a l_ex- 
clufion  des  terres  argíleufes.  Cette  obfervanon 
préliminaire  évitera  beaucoup  d’erreurs  aux  lec- 
teurs  de  Pline  & des  auteurs  de  re  ruftica. 

Les  íceaux  furent  faits  avec  de  Y argüe  dans  les 
premiers  tems.  Hérodote  {tih,  2.)  lappe'is  fr» 
tr'euatTplS'a  , terre  figilLée , 8c  Cicéron  treta^ 
tica.  Llfle  de  Lesbos  en  fourniflToit  en  abondancej 
Se  aujourd’hui  méme  la  fuperftition  des  Tures 
leur  fait  acheter  trés-cher  les  pains  de  cette  terre 
figillée , fur  lefquels  un  ofncier  du  grand-feígnent 
a appoíe  fon  cachet.  Cicéron  dit  (Flacc.  c.  10.;;. 

H&c  , que  a nohis  prolata  laudatio , objignctci 
creta  illa  ajiatiedy  qu&fere  efi  ómnibus  nota  noois  , 
qua  utuntur  omnes  non  modo  in  publicis  , fed  etun^ 
íñ  privatis  litteris.  » La  piéce  que  notis^  avon 
produíte  eft  fcellée  avec  cette  terre 
connue  de  prefque  toht  le  monde  3 & dost 


A R G 

& íert  par-tout  pour  fceller  les  iRílrumeías  pu- 
biícs  & particuliers 

Les  anciens  employoient  Vargi/e  pour  le  fou- 
lage  de  leurs  draps  ^ ainfi  qu’on  le  pratique  en- 
core aujourd'hui  ; elle  y faifoit  l’eftet  du  favon 
pour  dégraiíTer  les  laines.  lis  en  frottoient  encore 
ces  mémes  draps , lorfqulls  étoient  fortis  du  moü- 
lin  3 fouler  j afin  ajouter  un  nouveau  degré  de 
blancheur.  Ifídore  ( 19.  24. ) dit  í Tog&  addita 
' creta , qao  candidior  infigmorque  effet. 

U argüe  ou  terre  figillée  , appelée  auífi  cimolia, 
d'une  ifle  de  ce  nom  dans  la  mer  de  Créte^  ou 
elle  fe  trouvoit  en  abondance , entroit  daos  la 
compofition  du  blanc  des  dames  romaines.  Horace 
eu  parle , ( Epod.  xii.  9. ) : 

• Nec  lili 

Jam  mantt  húmida  creta  ^ colorque 
Stercore  fucatus  crocodili. 

Les  anciens  favoient  corriger  les  vices  des 
terrcs  quarzteufes  & crétacées  par  le  moyen  des 
marnes  argileufes.  Les  auteurs  de  re  ruflicd  font 
fouvent  tnention  de  cette  pratique  fi  avantageufe 
á Tagriculture. 

ARGILETUM , quartier  de  Tancienne  Rome 
qui  commenfoit  au  Velahre,  & finiíToit  au  théátre 
de  Marcellus.  Ün  paíTage  de  Servius  fixe  cette  der- 
niére  limite  , ( Mneid.  ni.  6ay. ) : Sacrarium  hoc 
Numa  Pompilius  fecit  circo,  imam  Argiletum  juxta 
theatrum  Marcelli.  Quant  á la  premiérCj  elle  eft 
íi  incertaine  , que  quelques  écrivains  orit  voulu 
diílinguer  deux  Argiletum.  íl  paroít  cependant 
aíTez  vraifemblable  que  ce  nom  défignoit  les  deux 
rives  du  Tybre  ^ depuis  le  théátre  de  Marcellus 
jufqu’au  Ponte  rotto. 

ARGÍPHONTE.  Voye^  Argéiphontb. 

AR.GO  j navire  des  Argonautes , dont  il  eft 
parlé  fi  fouvent  dans  les  poetes.  Plufieurs  écri- 
Vains  ont  cru  qu’il  avoit  pris  le  nom  de  fon  conf- 
truéteur^  Argus  ou  Argo.  C’eft  le  fentiment  de 
Diodore  de  Sicile d’Apollonius  , de  Tzetzés  ^ 
de  Servius  j du  fcholiafte  d’EuripidCj  &c.  Mais 
comme  il  y a eu  plufieurs  Argus  , on  ne  fait  auquel 
il  faut  rapporter  ce  travail.  Quelques-uns  ont  penfé 
que  ce  navire  avoit  été  appelé  argo-,  du  mot  grec 
cefyos,  vite,  léger.  Quidam.,  dit  ^Servius  fur  la 
quatriéme  églogue  deVirgilCj  Argo  a celeritate 
iiñam  volu-t.  Hom.ére  appelle  en  effet  Kévas-  ítyís 
..les  chiens  qui  fontbons  coureurs.  D’autres  aíTurent 
que  ce  navire  tiroit  fon  nom  de  la  vilie  d’ArgoSj 
ou  il  avoit  été  conftruit. 

Cicerón,  dans  fa  premiére  Tufculane , rapporte 
Hne  quatriéme  étymologie , exprimée  dans  ces 
deux  vers  d’un  ancien  poete  latin: 

Argo  , quia  Argivi  in  ea  deléñi  viri 
V tcú , petebant  pellem  inauratam  arietis. 

Ce  poetó  fait  dériver  le  nom  álArgo,  des  Argives 
ou  Grecs.  qui  le  montérent. 


A R G 283 

Ovsde , dans  Tépitre  de  Hypfipyle  á Jafon , 
appelle  argo  un  navire  facré  : Sacram  confcendis 
in  argo.  Peut-étre  fut-il  regardé  comme  facrc, 
á caufe  que  MinetTC  en  avoit  donné  le  deílin  , & 
qu  elle  avoit  aidé  elle-méme  á le  conftruire.  Ce 
fujet  eft  exprimé  fur  un  bas-relief  de  terre  cuite 
confervé  á la  Villa- Albani.  Winkelmann  l’a  publié 
dans  fes  Monumenti  antichi  inediti , & dans  don 
Hiftoire  de  l’Arr.  On  y voir  Argo  ou  Argus  , tra- 
vaiilant  au  vaiíTeau  des  Argonautes;  une  autre 
figure  d’homme  , peut  -étre  de  Tiphys  , pilote 
á’Argo , & Minerve , qui  lui  enfeigne  á attacher 
des  voiles  á une  vergue. 

Peut- étre  auífi  a-t-il  été  appelé  facré,  parce 
que  fa  proue  étoit  faite  avec  un  chcne  pris  dans 
la  forét  facrée  de  Dodone,  qui  parloit  & rendoit 
des  oracles.  Le  refte  du  bois  néceflaire  á la  conG 
truétion  á'Argo,  avoit  été  coupé  fur  le  mont  Pé- 
lion,  d'ou  lui  vinrent  les  furnoms  de  Peiias  & de 
Peliaca;  de  méme  que  ceux  de  Loquax  & de  Fo" 
tidica  faifoient  allufion  aux  oracles. 

Quant  á fa  forme,  c’étoit  un' vaiíTeau  long, 
íémblable  á nos  galéres.  Le  fcholiafte  d’Apol- 
lonius  a remarqué  que,  felón  Topinion  commune, 
c’étoit  le  premier  navire  long  qui  eút  été  conftruit. 
Pline  (A'é.  7,  c.  58.)  a obfervé  la  méme  chofe 
d’aprés  Philoftéphanus  : Longá  nave  Jafonem  pri- 
mum  navigajfe , Pkiloflephanus  auñor  eft.  On  fait 
que  par  un  navire  long , les  Grecs  défignotent  un 
vaiíTeau  de  guerre,  & que  par  un  vaiíTeau  rond, 
ils  entendoient  parler  d’un  navire  de  charge  o» 
marchand. 

Une  circonftance  particuliére  du  voyage  des 
Argonautes , nous  prouve  évidemment  que  V Argo 
ne  pouvoit  erre  d’un  grand  volume  : ces  héros  le 
portérent  i fuivant  Tancienne  traditton,  fur  leurs 
épaules  depuis  le  Danube  jufqu’á  la  mer  Adria- 
tique. 

Jafon  ayant  achevé  heureufement  fon  entre- 
prife,  confacra  fon  navire  á INeptune  fur  l’ifthme 
de  Corinthe , & depuis  Argo  fut  tranfporté  dans 
le  ciel  & mis  au  nombre  des  conftellations. 

ARGOLIQÜE , furnom  de  Junon.  Voyei;^  Ar- 
GIENNE. 

ARGONAUTES;  c’eft  ainfi  qu’on  appela  les 
princes  grecs  qui  entreprirent  de  concert  d’aller 
á la  conquéte  de  la  toifon  d’or.  Se  qui  firent  le 
voyage  par  mer  fur  le  navire  Argo.  On  croit  qu  ils 
étoient  au  nombre  de  cmquante-deux , non  com- 
pris  les  gens  qui  les  accompagnoient.  C’étoit  Telite 
des  Grecs  les  plus  diftingués  par  la  valeur  Se  par 
la  naiíTance.  Jafon  , qui  étoit  le  promoteur  de 
Tentreprife,  en  fut  auíT:  reco.r.nu  le  chef.  ^On 
nomme  enfuite  A cañe  , fils  de  Peiias;  Admete, 
ro  i de  TheíTaüe ; ^talides , fils  de  Mercure  5 .Am- 
phiaraüs  ; Amphidamas,  arcadien  , fils  d Aleus, 
Amphion , fils  d’Hvpérafius  , roi  de  Polléne  en 
Arcadle;  Ancée,  fils  de  Neppjne  & d’Añipalécy 
Ancée,  fils  de  Lyeurgue,  roi  des  Tégéates  en 
Arcadie ; Argus , fils  de  Phrixus ; Aftérion,  de  la  race^ 

K a ij 


iS4  A R G 

¿es  Eacides;  Aftérius,  frére  de  Neftor;  Augée  ou 
Augias  j fils  de  Phorbus  , roi  d’Eiide  ; Bptes , 
athenien;  Calais,  filsdeBorée;  Caftorj  Cénée, 
fils  d’Elate;  Céphée,  arcadien,  frére  d^’Amphi- 
damusj  Clytus^  fils  de  Teuryte,  roi  d’^chalie  5 
Deucalion  , fils  de  Minos ; Echion , fils  de  Mer- 
care & d\Antiamire , qui  íervit  d’efpion  pendant 
ievoyagei  Erginus  & Euphéus,  fils  de  Neptune, 
qui  firent  les  fonóiioíis  de  pilote  5 Eumédon , fils 
de  Bacchas  & d’Ariane;  Eurythe,  fameux  cen- 
taiire  5 Glaucas  , fils  de  Sifyphe  5 Hercule , qui 
ne  put  achever  le  voyage,  ídit  á caufe  de  fa 
pefanteur,  qui  mettoit  le  vaifleau  en  danger  de 
faire  naufraga  , foir  á caufe  de  fa  voracité  , qui 
confumoit  tous  les  vivresj  Idas,  fils  d’Apharée; 
Idmon,  célebre  devint  lolas,  compagnon  des 
travaux  d’Hercule  5 Tolas,  autre  parent  d’Herculej 
Iph’clus,  fils  de  Thertius ; Iphiclus,  pérede  Pro- 
réfilas  ; Iphitus , frére  de  Clytus , fils  d’Euryte , 
roí  d' ¿challe  3 Laérte , pére  d'Ulyfle  s Lyncée, 
fils  d’Aphanée , & frére  d'Idas  3 Lyncée,  fils  d'E- 
pitus  : ces  deux  derniers  avoient  la  vue  íi  per- 
qante , qu'’ils  fervoient  á découvrir  les  écueils  3 
Méléagre,  fils  d’Oénée,  roi  de  Calydon3  Méné-- 
tius , pére  de  Patrocle  5 le  célébre  devin  Mopfus  3 
Kauplius , fils  de  Neptune  & d'Amymone  3 Neiée  3 
Oilée,  pére  d'Ajax  j Pélée,  pére  d’ Achille  5 Péri- 
climéne , fils  de  Nélée  3 Philammon  , fils  d’ Apol- 
len 8c  de  Chione  3 Pirithoüs  5 PoHux  3 Théfée  3 
Thydée,  pére  de  Dioméde3  Typhis  de  Béotie, 
pilote  en  chef3  enfin  Zétés,  fils  de  Borée.  Voyez 
leurs  aéiions  dans  leurs  articles  particuliers.  On  en 
nomme  plufieurs  autres,  mais  qui  ne  font  pas 
connus , ou  qui  n ont  pu  s^  trouver. 

Les  Argonautes  s’embarquérent  au  cap  de  Ma- 
gnéfie , en  Theffalie  3 ils  allérent  d'abord  á rifle 
de  Lemnos,  (voye^  Hypsipyle,  Lemnos)  dé-lá 
en  Satnothrace  3 ils  traverférent  PHellefpont,  c6- 
Toyérent  PAfie-Mineure , entrérent  dans  le  Pont- 
Euxin  par  le  détroit  des  Symplégades,  8c  arri- 
vérent  enfin  a Aéa,  capitale  de  la  Colchide  3 
aprés  ayoir  exécuté  leur  entreprife , ils  abandon- 
nérent  le  pays , non  fans  quelque  rifque  , Se  re- 
vinrent  pour  la  plupart  heureufement  dans  la 
Gréce.  L'époque  de  cet  événement  eft  trente- 
€Ínq  ans  avant  la  guerre  de  Tro^e,  felón  quel- 
ques-uns,  & cent  ans  felón  Eufebe.  Voye^k^- 
SYKTHE  ,,JaSON  , MÉDÉE,  PhRIXUS,  ToISON- 
b'or,  8¿:c. 

Les  fentimens  fpnt  partagés  fur  le  fuiet  de  cette 
fable.  Diodore  de  Sicile  croit  que  la  toifon.  d‘or 
conquife  par  les  Argonautes , rfétoit  que  la  peau 
á’un  mouton  immolé  par  Phrixus  , 8c  gardé  foi- 
gneufement  á caufe  que  le  roi  de  Colchide  devoit 
écre  rué,  fuiyant  un  anclen  oracle , par  celui  qui 
Penleveroit.  Strabon  8c  Juílin  penfoient  que  la 
fable  de  la  toifon  d‘or  , étoit  fondée  fur  ce  qufll  y 
avoit  dans  la  Colchide  des  torrens-  qui  rouloient 
un  fable  d'or  que  Pon  ramaííoit  avec  des  peaux 
de  mouton  , comme  on  le  pratique  encore  pour 


A R G 

les  fables  du  Rhin  vers  le  Fort-Louís , & pouf 
ceux  du  Rhóne  au-defl'ous  de  Lyon. 

Varron  8c  Pline  tirent  fon  origine  des  belles 
laines  de  la  Colchide , 8c  difent  que  le  voyage  fait 
par  quelques  marchands  grecs  pour  en  acheter, 
avoit  donné  lieu  a la  fiéiion.  Paléphate  a cru , on 
ne  fait  fur  quel  fondement,  que  la  toifon  d‘or 
étoit  Pembléme  fous  lequel  on  avoit  voulu  dé- 
figner  une  ílatue  d’or  faite  par  1 ordre  de  la  mere 
de  Pélops,  8c  emportée  par  Phrixus  dans  la  CoL 
chide.  Suidas  enfin , dit  que  la  toifon  d or  etoit 
un  livret  qui  renfermoit  le  fecret  de  faire  de  i or. 
Cette  derniére  opinión,  que  Tollius  a voulu  faire 
revivre , n’a  pas  été  néglígee  par  les  alchsmiíTes. 

ARGOS.  Les  jeux  qui  fe  donnoient  tous  les 
cinq  ans  á Argos  , confiftoient  a monter  dans  un 
lieu  dont  Paccés  étoit  difflcile , 8c  fort  elevé  fans 
doute,  pour  arracher,  á Paide  des  mains  feules, 
un  bouclier  de  cuivre,  attaché  fortement  avec 
des  clous  : on  avoit  donné  le  nom  de  theatre  a ce 
lieu.  On  a peine  á comprendre  comtnent,  avec 
des difficultés  de  cette'efpéce,  une  femme  a rem- 
porté  ce  prix  3 cependant  plufieurs  auteurs  le  cer- 
tifient , 8c  nous  ont  confervé  fon  nom.  Quoique 
les  anciens  ayent  perlé  de  ce  jeu  , 8c  qu  un  grand 
nombre  de  modernes  s’en  foient  oceupes , nous 
n’avons  pas  de  plus  ^rands  détails  : ignorance  d au- 
tant  plus  extraordinaire , que  ce  jeu  étoit  fi  re- 
nommé  dans  la  Gréce,  á caufe  de  fa  diíEculte> 
qu"il  avoit  paíTé  enproverbe,  8c  que  les  anciens 
difoient  : Tanquam  Clypeum  in  Argis  tollev-s  glo- 
riatur.  (Zénob.  cent.  vi). 

Bignus  eft  Clypeo  in  Argis,  8cc.  &C.  _(Plut.  vie 
d’Agis  8c  de  Cléoméne).  L'éloge  que  Findare  fait 
de  Diagoras  le  Rhodien  , pour  avoir  vaincu  dans 
ce  jeu , eñ;  une  autre  preuve  de  fa  celebnte. 

Nous  favons  feulement,  avec  la  plus  grande 
certitude,  que  ce  bouclier  étoit  de  forme  circu- 
laire.  Rotundam  habuit  ftguram  Clypeus  Argolicus» 
(Hygin.  fab.  clxxi).  Virgile,  Ovide, ^Diodore» 
Ammien-Marcellin,  nous  en  aífurent  egalement, 
{^Cayl.  6,  pl.  56,  n°.  2.) 

Argos  , dans  PArgoiide.  A.  & APrElQK. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font  - 

O.  en  or. 

C.  en  argent. 

RR.  en  bronze.  . , 

Leur  type  ordinaire  eft  un  loup  _£ntier  ou  a 
mi-corps.  ’C'étoit  le  fymbole  des  Argiens  t-  8c  1 o ^ 
volt  encore  á Argos  les  reftes  d’un  temple , 
les  frifes  étoient  chargées  de  tetes  de  loop.  (.AtJ  - 
de  V Acad.  des  Infcr.  xvif  _ . , 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles 
ríales  grecques,  en  Phonneur  d'Hadríen, 
tonin,  de  Veras,  de  Sept.-Sévére,  de 
jeune,  de  Domna,  de  Geta,  d’Elagabale,  de  i- 
Auréie,de  Pautille,deGa!lien,  de Valerien  jeune. 

Argo s-Amphilo CH lu M,  en  Acámame. 
APrEIÍ2N  8c  APriS2N. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  Cernt. 


A R G 

P.RR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Leur  type  ordinaire  eft  Pégafe  volant. 

Argos  , en  Cilicie.  APrEiíiN. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médatlles_  impe- 
riales en  rhonneur  de  Gallien  & de  Salonine. 

Les  époques  fervent  á les  diftinguer  des  mé- 
dailles  du  Péloponnéfe  , dont  les  monnoies  n'ont 
jamais  été  datées. 

Argos  j fils  de  Phrixus  & de  Calciope.  Voyei 
Ap.gus. 

ARGÜE  ^ machine  faite  en  forme  de  cabellan  j 
employée  pour  dégroííir  les  métaux,  & les  tirer 
en  fils  de  difierentes  groíTeurs.  Le  Di^ionnaire 
,de  Trévoux  derive  ce  mot  d’lfyovj  ouvrage,  & dit 
que  la  machine  eít  d’origine  grecque  j ainli  que 
fon  nom. 

ARGÜS  ou.  Argos j fils  de  Phrixus,  infpiré, 
dit-on,  par  Minerve,  conílruifit  le  navire  Argo, 
qui  porta  fon  nom^  & excita  Jafon  Se  les  autres 
princes  de  la  Gréce , á aller  yenger  la  mort  de  fon 
pére.  V.  Phrixus. 

Argus  j bifayeul  de  celui  a qui  Ies  poetes  ont 
donné  tant  d’yeuxj  fuccéda  á Apis,  roi  d’Argos^ 
8e  donna  fon  nom  á la  ville  d’Argos  Se  aux  Ar- 
giens.  La  Gréce  ayant  fait  de  grandes  récoltes 
de  bled  fous  fon  régne^  cette  abondanccj  álaquelle 
il  avoit  contribué  par  la  fageíTe  de  fon  gouver- 
nement , lui  mérita  , aprés  fa  mort  ^ des  autels  8c 
des  facrifices. 

Argus  avoit  cent  yeux,  dit  la  fable  , Se  deux 
feulement  fe  fermoient  á la  fois , pendant  que 
les  autres  veilloient.  II  étoit  furnomm-é  Vanojue, 
■ücati'aT/ig  , qui  voit  tout.  C'eílá  ce  furveillant  que 
Junon  confia  lagar  de  d’Io  : Mercure  ayant  trouvé 
le  moyen  de  Pendormir  par  le  douxlfon  de  fa  flutej 
lui  coupa  la  tete.  Junon  prit  tous  Ies  yeux  d'^r- 
gu-s.  Se  les  répaiiditTur  les  ailes  Se  fur  la]queue  du 
paon. 

Macrobe  donne  á cette  fable  une  origine  allro- 
nomique,  (^Saturn.  i.  19).  II  dit  o^iArgiís  repré- 
fentela  fphére  céleíle  parfemée  de  mille  étoileSj 
8e^  que  Mercare  eft  le  foleil  qui  les  fait  difpa- 
roítre  par  fon  éclat.  ídais  quand  on  fait  que  le 
Mercure  des  Grecs  étoit  PAnubis  des  Eg}'ptiens5 
(^.  Andéis)  Se  que  ce  dernier  étoit  Pembléme 
dePhorizon,  on  conqoit  beaucoup  mieux  com- 
ment  Mercure  a pu  aíToupir  Argus  8c  fermer  fes 
cent  yeux ; c'eft-á-direj  comment  Phorizon  abforbe 
& voiíe  tous  les  jours  la  fphére  céleíle  avec  les 
étoiles. 

ARGYNNIS,  furnom  de  Vénus.  Agamemnon 
fit  batir  un  temple  á cette  déelTcj  fous  le  nom 
de  Vénus  Argynnis , qu’il  lui  donna  á caufe  du 
jeune  Argynnus , fon  favori.  Ce  beau  jeune  homme 
s etant  noyé  dans  le  Cépaife,  le  roi  de  Mvcéne  le 
fit  enfeveíir  fur  les  bords  du  fleuve.  Se  éleva  un 
temple  á Vénus  auprés  de  fon  tombeau.  Pioperce 
eo  fait  menrion,  (3.  EUg,  6.)i 


A R G 2S5 

Sam  Agamemnonias  te^aittia  littora  curas  ^ 
Qu£  notat  Argynni  pcena  natantis  aqu£. 

Plutarque  aíTure  {iu  lih.  quo  bruta,  8ic.')  qu’Aga- 
memnon  parcourut  toute  la  Béotie  pour  le  re- 
trouver  j Se  qu’il  fcignit  que  les  vents  contraires 
retenoient  la  flotte  des  Grecs , pour  cacher  la 
honteufe  caufe  de  fon  abfence.  LaíTé  de  chercher 
inutilement  Argynnus , il  fe  baigna  dans  le  lac 
Copáis , pour  éteindre  Pardeur  qui  le  dévoroit. 

ARGYNNUS.  Agamemnon  Se  Ar- 

GYNNlS. 

ARGYRASPIDES , qui  portent  un  bouclier 
d’argent  ou  argenté.  Ce  mot  eft  compofé  d'¿syvc$;-j 
argent  ..  Se  d’ás-arls- bouclier.  Les  Argyrafpidcs 
formoientj  felón  Quinte-Curce , (/.  4,  c.  13.)  le 
fecond  corps  de  Parmée  d’Alexandre  , dont  le 
premier  étoit  la  Phalange.  Juftin  (/.  12  ^ c.  7,) 
dit  que  le  vainqueur  de  Darius  ayant  pénétré  juC- 
qu’aux  Indes  8c  ayant  reculé  les  bornes  de  fon 
empire  jufqu’á  POcéan , fit  orner  d’argent  les 
houíTes  des  chevaux  , les  armes  de  fes  foldats  , 8c 
qu’il  nomma  fon  armee  Ies  Argymfpides  , á caufe 
des  boucliers  argentés.  Ainli  ^ felón  cet  auteur, 
toute  Parmée  d’Alexandre  auroit  été  déíignée  par 
ce  furnom- 

Aprés  la  mort  du  roi  de  Macédoine , les  Argy- 
rafpides  mépriférent  leurs  généraux^  8c  refuférent 
d’obéir  á des  princes  qui  ne  leur  étoient  pas 
agréables.  Ceux  qui  partagérent  Phéritage  d’A- 
lexandre , s’eíforcérent  á Penvi  d’engager  dans 
leur  parti  les  Argyrafpides , quij  les  méprifant  ou 
les  trahiflant  tour-á-tour , faifoient  paífer  la  vic- 
toire  fous  Ies  drapeaux  du  prince  auprés  duquel 
ils  fe  rangeoient;  ce  qui  prouve  que  cette  troupe 
n’ étoit  que  Pélite  de  Parmée  d’Alexandre.  Antio- 
chus,  roi  de  Syrie,  dans  la  guerre  qu’il  fit  aux 
Romains,  avoit  á fa  folde  un  corps  de  troupes 
qui  portoit  ce  nom  fi  long-tems  redouté. 

ARGYREj  (grand)  monnoie  ancienne  de 
I’Egypte  & de  PAfie.  Voyej  Céseph.  ( grand) 

ARGYRE,  monnoie  des  RomainSj  fous  le 
grand  Conftantin  Se  fes  fucceíTeurs.  V.  Milia- 
RÉSION. 

ArgyRE,  nymphe  qui  devint  éperduement 
amoureafe  d’un  beau  jeune  homme  appelé  Sé- 
lemnus.  Leur  unión  dura  autant  que  ia  beauté  de 
Sélemnus ; mais  Argyre  fe  refroidit  en  la  voyant 
s’éclipfer.  L’amour  du  jeune  homme  daroit  rou- 
jours,  8c  le  rendoit  plus  fenlibk  aux  froideurs 
¿.‘Argyre.  II  étoit  prés  de  mourir  de  douleurj 
lorfque  Vénus  en  eut  pitié^  Se  le  métamorphofa 
en  un  fieuve  de  fon  nom , lequei  alloit,  comme 
Alphécj  chercher  fous  les  eaux  de  la  mer^  ia 
fontaine  de  Pinconftante-  Enfin,  il  parvint  á Pou- 
blier  par  le  fecours  de  Vénus  5 Se  depuis  ce  mo- 
ment , les  eaux  du  fieuve  Sélemnus  eurent , dit-on, 
la  vertu  de  faire  perdre  á ceux  qui  s’y  baignoient, 
le  fouvenir  de  leurs  amours.  Paufanias,  qui  fait 
ce  íécit  , ajouts  que  fes  eaux  feroiens.  d’ua  prk 


iS6  A R I 

ineñimaple,  Ti  elles  jouiíToient  réellemetit  de  cet 

avantage.  , , ^ v 

ARGYRITES , furnom  des  jeux  de  la  Grece , 
qui  ne  faifoient  pas  partie  du  cuite  de  quelque' 
divinité.  Ceux-ci  s’appeloient  A’ySvw  hfa't,  jeux 
facrés , & les  premiers  A'yícvií  ap'/aíjrcc , jeux 
argyrites  ou  a prix  a argent.  On  donnoit  aux  vain- 
queurs  des  jeux  facrés  une  couronne  feulement; 
mais  dans  les  argyrites , ils  recevoient  differentes 
récompenfes , relies  que  des  amphores  ou  vafes 
dans  les  Eacées  á Egine , des  vafes  d argent  á 
Marathón  j des  boucliers  d’airain  á Argos , &c.&c. 

ARGYRODAMAS,  pierre  dont  parlent  les  an- 
ciens:,  & qui  nous  eft  inconnue.  Ceux  qui  de- 
riven! fon  nbm  d’áoyti/ws- j argenta  & de  ¿'afia.a,  je 
dompte  , difent  que  c etoit  une  efpéce  de  mica , 
qui  réíifte  au  feu.  Mais  íi  on  décompofe  fon  nom 
d"une  maniere  plus  limpie  en  apyvpcs,  argent,  & 
¿cáfids , diamant,  on  reconnoitra  une  mine  d'ar- 
gent  crj/flallifée , ou  une  pyrite  de  couleur  d’ar- 
gent. 

- ARIADNE  ou  Ariane  , ^ filie  de  Minos, 
preverme  en  faveur  de  Théfée  , qui  étoit 
venu  pour  combattre  le  Minotaure  , _lui  donna 
un  pelotón  de  fil  , dont  il  fe  fervit  heureu- 
fement  pour  fortir  du  labyrinthe  aprés  la  défaite 
duímonfire.  Théfée,  en  quittant  la  Créte,  em- 
menaavec  lui  la  belle  Ariadne,  mais  il  f abandonna 
dans  filie  de  Naxos.  Bacchus,  qui  vint  peu  aprés 
dans  cette  ifle , confola  la  princeíTe  de  finfidélité 
de  fon  amant ; & en  l’époufant  lui  fit  préfent 
d’une  belle  couronne  d’ór,  chef-d’ceuvre  de  \'ul- 
cain , laquelle  fut  dans  la  fuite  métamorphofée  en 
aílre.  Ariadne  eut  de  Bacchus  un  fiis  nommé  Eu- 
médon  , qui  fut  un  des  Argonautes.  Plutarque  dit 
qu’elle  fut  enlevée  á Théfée  dans  Tille  de  Naxos  , 
par  un  prétre  de  Bacchus ; ce  qui  eft  plus  vraifem- 
blable  que  Tingratitude  de  Théfée.  Ce  fut  Diane , 
felón  Homére  , qui  retint  Ariadne  á la  priére  de 
■Bacchus.  Hygin  aíTure  que  Théfée  donna  la  belle 
couronne  á Ariane , Se  ajoute  que  c’eft  á la  lueur 
des  diamans  qui  la  compofoient , que  Théfée 
fortit  du  labyrinthe.  Elle  avoit  eu  de  Théfée  deux 
enfans,  (Enopion  & Staphilus. 

Selon  Plutarque  , il  y a eu  deux  Ariadnes ; 
Bacchus  époufa  Tune  d’elles  dans  Tiñe  de  Naxos  , 
& la  rendir  mere  de  Staphylos.  L’autre  fut  cette 
amante  infortunée  que  Théfée  abandonna  dans 
cette  méme  ifle , oú  elle  mourut.  On  rendir  par  la 
fuite  des  honneurs  divins  a toutes  Ies  deux  , & on 
célébra  en  leur  honneur  des  fétes  appelées  .^rzW- 
nées.  Celles  de  la  premiére  étoient  gaies  , & on 
-les  folemnifoit  par  la  mufiqiie,  la  danfe  & tout 
ce  qui  pouvoit  infpirer  la  jote.  L appareil  des 
fétes  de  la  feconde  n’infpiroit , au  contraire , que 
la  trifteífe  & les  larmes.  Pour  conferver  le  fou- 
venir  de  la  douleur  reffentie  par  Ariadne  prés  d’ac- 
coucher,  lorfque  Théfée  fe  fépara  d’elle,  unjeune 
homme  couché  pouffoit  des  cris  comme  les  fem- 
íses  en  travaii  d’enfant,  feignoií  d'en  éprouver 


A R I 

les  doulcurs.  Plutarque  ajoute  que  Théfée,  felón 
¡a  commune  opinión , avoit  inftitué  cette  tete 
ridicule , comme  une  fatisfaéfion  due  á fa  mai- 
trelfe  aprés  fon  infidélité. 

Ariadne , abandonnée  dans  Tiñe  de  Naxos , a 
exercé  fréquemment  le  pinceau  & le  cifeau  des 
anciens  artiftes.  Les  fouilles  d'HercuIanum  ont 
fourni  trois  tableaux  relatifs  a cet  abandon.  Dans 
le  premier,  Ariadne  couchée  fur  un  lit , fe  reveille 
au  moment  ou  s^éloigne  le  vaifíeau  de  fon  infidelc 
amant.  Elle  le  reearde  douloureufement  dans  le 
fecond  ; TAm.our  eft  debout  prés  d’elle,  effuyant 
les  larmes  qui  coulent  de  fes  yeux.  Dans  le  troi- 
íiéme  enfin , Bacchus , avec  fon  cortége  ordi- 
naire,  découvre  Ariadne  plongée  dans  un  profond 
fommeil.  La  bibliothéque  du  Y'atican  renferme 
une  pite  ou  verte  coloré,  qui  repréfente  Bacchus 
repofant  fur  le  fein  ¿^Ariadne , avec  deux  Satyres. 
Ce  bas-relief , dont  le  fond  eft  brun  fonce  ou  ae 
couleur  de  fardoine,  & dont  les  figures  font  dun 
blanc  de  lait , a été  fait  pour  imiter  ces  belles  far- 
donix  qui  fervoient  de  matiére  aux  vafes  murrhins. 
II  eft  taülé  en  carré-long  d^environ  huir  pouces 
de  largeur  & cinq  de  hauteur.  11  rempliflbtt  le 
milieu  d’un  panneau,  & fervoit  á décorer  quel- 
qu’ancien  palais.  - _ 

Lorfqu’on  trouve  fur  les  médailles  ou  fur  les 
pierres  gravéesune  tete  deéfemme,  jeune  & ccu- 
ronnée  de  pampre  ou  de  lierre , on  n héfite  pas  a 
lui  donner  le  nom  á’ Ariadne.  On  ii  ignore  pas 
cependant  que  Ies  traits  de  Bacchus  jsune  , font 
trés-peu  diftinéls  de  ceux  d’une  Jetine  filie  oti 
femme , & que , d’ailleurs , la  divinité  appejee 
Libera , ne  peut  avóir  d’autre  attributj)articuuer 
que  la  couronne  de  pampre.  Winkelmann  a mis 
á la  fin  du  chapitre  i du  livre  4 de  fon  Hiftosre  de 
TArt , le  deíTin  d’un  beau  camée  qui  offre  les  tetes 
accolées  de  Bacchus  & ¿‘Ariadne.  II  appartient 
au  cabinet  Farnéfe  de  Naples , & porte  les  carac- 
teres du  plus  beau  travaii  grec.  , 

Dans  la  colleélion  des  pierres  du  barón  aS 
Stofeh , le  méme  favant  a donné  á une  tete  cou- 
ronnée  de  lierre,  & couverte  en  partie  d Un  voile, 
le  nom  ¿‘Ariadne , 'd'aprés  des  confideratiqns  qus 
nous  croyons  devoir  rapporter  pour  éclaircir  cette 
matiére.  II  fonde  cette  dénomination  f^r  la  re  - 
femblance  parfaite  de  cette  tete  avec  celles  que 
Ton  voit  fur  quelques  médailles  de  Tifie  de  ISaxos, 
du  cabinet  du  roi  de  Naples,  & de  celui  de  i em» 
pereur  á Florence.  Toutes  ces  tetes  font  dune 
méme  maniere  ; le  deffin  en  eft  dur , peu  ’ 
& refpire  la  plus  haute  antiquité.  Mais  ceiLs  des 
médailles  femblent  étre  des  copies  d’une  tete  e* 
premiers  tems  de  Tart.  Ces  monnoies  n 
en  effet , Tantiquité  qu’annonce  le  travaii  de  a 
tete ; íi  on  en  excepte  une  d’argent , qui  el 
plus  tare  de  toutes,  & fur  laquelle  nahiQí^  e_ 
écrit  en  bouñrophédon  ou  árebours.  Béger  attri 
bue  cependant  cette  tete  des  médailles  de 
a Bacchus.  La  cQlledtion  du  barón  de  Sto  c 


A R I 

renfermoit  deux  autres  tetes  de  femtne  couron- 
nées  de  lierre. 

ARIADrsÉES  j fétes  établies  en  Thonneur  des 
deux  Ariadnes.  Voyer  ce  mot. 

ARÍANE.  V.  Ariadnk. 

ÁRL4RATHE  i,  ou  II,  ouIII,  roí  de  Cappa- 
doce.  BASIAEOS  APIAPA0OT. 

Ses  médailles  font; 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Ariarathe  j Eufébes  Vj  roi  de  Cappadoce. 

Ses  médailles  font : 

C.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Ariarathe  j Epiphane  VI  > roi  de  Cappa- 
doce. 

Ses  médailles  font: 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Ariarathe j Philométor  VIII^  roi  de  Cap- 
padoce. 

Ses  médailles  font : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

ARIASSUSj  en  Pamphylie.  AFIAcceí2N. 

_ On  a une  médaille  impéríale  grecque  de  cette 
Ville , frappée  en  Phonneur  de  Géta. 

ARICIE  , princeílé  du  fang  royal  d’Athénes , 
& reíle  malheureux  de  la  famílle  des  Pallantides, 
fur  qui  Théfée  ufurpa  le  royaume.  Virgile  dit 
qu  Hyppolite  Pépoufa  aprés  qu’Efculape  Feut 
reffufcitée  j & qu  ii  en  eut  un  fiís.  Elle  donna  fon 
nom  á une  petite  ville  dltalie , dans  le  Latium  , 
& á une  forét  voiline,  dans  láquelle  Diane  cacha  ^ 
dit-on^,  Hyppolite  aprés  fa  réfurredion.  En  re- 
Gonnoiffance  d'un  tel  bienfait , il  lui  éleva  un 
temple.  Se  y établit  un  prétre  & une  féte  en  fon 
honneur.  Le  prétre  étoit  un  efclave  fugitif,  qui 
devoit  ayoír  tué  de  fa  main  fon  prédéceííeur,  & 
qui  avoit  toujours  en  main  une  épée  nue  pour' 
prévpir  celui  auquel  il  prendroit'  envíe  de  lui 
fuccéder  á la  mcme  condition. 

La  féte  qui  fe  célébroit  aux  ides  d’aoút , con- 
fiíloit  á s’abfíenir  ce  jour-lá  de  lachaíTe,  á cou- 
lonner  de  íieurs  les  bons  chiens  de  chaíTe,  & á 
allumer  des  ñambeaux.  Les  jeunes  filies  d'Áricie 
les  portoient  ainli  allumés  au  bois  de  Diane. 
Ovide  en  parle  dans  fes  Faftes,  {ul. 

S^pe  potens  votis  frontem  redimita  corollis 
F cernina  lácenles  ponat  ab  urbe  faces. 

Les  fem.mes  d’une  vie  licencieufe  fe  méloient, 
cette  occaiion  , avec  les  jeunes  filies  au  tems 
de  Froperce  , qui  repréfente  á Cynthie  le  mauvais 
repqm  que  lui  donnoit  fa  préfence  aux  fétes  d’A- 
ncie,  ( iZ.  23.): 


A R I zt-j 

Cum  videt  accenjis  devotam  currere  tsdis 
In  nemas , & Trivis  lamina  ferre  dea. 

Ces  flambeaux  étoient  places  au  milieu  de  faifceauj.. 
íPepis  de  bled^  ifirat.  Cyneg.  n,  484.)  : 

Spicatafque  faces  facram  , ad  nemora  alta  DiaxA 

Siflimas. 

ARICINE , furnom  de  la  Diane  qu’on  hoao- 
roit  dans  la  forét  d'Aricie.  Voyex^  Aricie. 

ARIE  & PÉTus.  On  volt  á la  Villa-Lodoviíl 
á Rome,  un  grouppe  auquel  on  donne  ordi- 
nairem.ent  ce  nomj  & le  pare  de  Verfailles  en 
reníérrne  une  copie.  Winkelmann  a démontré  la 
fauífeté.  de  cette  dénomination.  Nous  allons  ex- 
traire  les  réflexions  qu’il  a faites  á ce  fujet  dans 
fon  Hiño  iré  de  PArt,  (AV.  6,  c.G'). 

Ce  beau  grouppe  feroit  la  produdion  la  plus 
étonnante  du  régne  de  Claude,  sfil  repréfentoit 
Cécinna  Pétus , obligé  de  fe  donner  la  mort  pour 
avoir  trempé  dans  la  confpiration  de  Scribonien 
contre  cet  empereur  j & la  généreufe  Arle , fon 
époufe  j qui  s'enfonqa,  pour  Pencourager  á mou- 
rir,  un  poignard  dans  le  fein  , le  retira  enfuñe , Se 
dit  á Pétus,  en  lui  préfentant  Parme  fatale  : Tiens, 
mon  ami,  cette  bleíTure  ne  caufe  aucune  douleur. 
Le  premier  perfonnage  de  ce  grouppe  eft  un 
homme  nud,  ayañt  de  la  barbe  fur  la  lévre  fupé- 
rieure.  II  fe  plonge  de  la  main  droite  une  épée 
dans  le  corps,  au-deíí’us  de  la  clavicule , Se  foutienc 
de  la  gauche  le  fecond  perfonnage  du  grouppe , 
une  femme  drapée , qui  eñ  tombée  fur  fes  genoux. 
Cette  femme  eft  bleífée  á Pépaule  droite,  ainli 
qu’on  peut  en  juger  par  quelques  gouctes  de  fang 
indiquées  au  haut  du  bras,  On  voit  aux  pieds  de 
ces  deux  figures  un  grand  bouclier  de  figure  oblon- 
gue,  &_fous  le  bouclier  un  fourreau  d’épée. 

Le  principe  lumineux  que  Winkelmann  a établi 
& démontré  d’aprés  Pexpérience,  dans  fon  ElTai 
fur  PAllégorie , & mienx  encore  dans  la  préface 
de  fes  Monumens  de  PAntiquité , prouve  que  ce 
grouppe  ne  repréfente  point  un  fujet  de  PHiftoire 
Romaine.  11  eft  . certain  , en  eftét , que  Pon  ne 
trouve  aucun  fujet  tiré  de  PHiftoire  Grecque  ou 
Romaine , exécuté  en  ñames  ou  en  bas-reliefs.  Les 
artiñes  de  Pantiquité  ne  font  jamais  fortis  du  cercle 
de  la  Mythologie.  D’ailleurs , ce  feroit  aller  contre 
Ies  máximes  de  Pline , que  de  chercher  dans  ce 
grouppe  un  trait  de  PHiftoire  de  Rome  j car  ií 
établit  clairement,  en  plufieurs  endroits  de  fon 
ouvrage,  que  les  figures  des  Romains  étoient  ordi- 
nairemenr  vétues,  8c  le  plus  fouvent  couverres 
de  grandes  draperies.  L’homme  nud  indique  íci 
néceíTairement  Ies  tems  héroiques. 

Ce  perfonnage  ne  fauroit  étre  non  plus  unfésa* 
teur  romáin,  parce  que  le  bouclier  &'  Pepee  n’oDE 
jamais  écé  Patrribut  de  cet  or-dre.  La  barbe  qu’ií 
porte  fur  la  iévre.fupérieure,  iPétoit  piusa  la  mode 
du  tems  de  Claude , ou  tous  les  Romasns  étoient 
rafes.  Ii  eft  encore  plus  facile  ds  montrsr  que  ces 


i88  A R I 

hornme  n’eft  poinc  Pétus.  Condamne  a ouvric 
les  veinesj  ii  attendit  Fexccuteurj  & neut  pas 
le  courage  de  fuivre  Fexemple  de  fa  généreufe 
epoufe-  Au  üirplus , on  ne  trouve  dans  aucun 
hiílorien  qu’ii  7 ait  eu  des  ftatues  élevées  en  l’hon- 
neur  de  Thraféa  & d'Helvius  Prifcus , qui  ayoient 
confpiré  contre  Nerón , quoiqu’iis  fuíTent  réveres 
comme  des  demi-dieux  par  Ies  partifans  de  la 
liberté  : il  n’eft  conféquemment  pas  croyable  que 
Pétus  ait  joui  de  cet  bonneur  íingulier.  Voila 
done  tout  íujet  tiré  de  riíiíuoire  Romaine  j exclus 
rigoureufement. 

Maffei  fe  rappelant  que  Pétus  ne_  s’etoit  pas 
tué  avec  le  poignard  qu^n'^  lui  avoit  préfenté, 
fe  fervit  de  cette  jufte  obfervation  pour  rejeter 
Pancienne  & fauffe  dénomination  du  grouppe  de 
la“VilIa-Ludovili.  II  a eu  recours  á Fhiñoire  de 
Mithridate  j dernier  roi  de  Pont , pour  lui  en 
donner  une  nouvelle.  Cet  écrivain  penfoit  que 
.rhomme  nud  repréfentoit  Teunuque  Ménophiicj 
auquel  ce  roi  avoit  confié  Dérétine^  fa  filie  ^ ma- 
lade , & qui  fe  tua  aprés  avoir  poignardé  la  prin- 
ceffe  pour  la  fouñraire  á la  cruauté  & á la  vio- 
lence  de  reniiemi.  Cette  explication  de  Maffei 
r/eíl  pas  plus  heureufe  que  la  premiére ; car  fon 
prétendu  eunuque  offre  tous  Ies  caraftéres  de  la 
virilité;,  8c  en  particulier  une  barbe  trés-pro- 
poncée. 

Gronovius  a approché  davantage  de  la'vérité, 
en  reconnoiífant  pour  le  fujet  de  ce  grouppe 
rhiíloire  fabuleufe  de  Macarée^  & de  fa  fceur 
Canacée,  enfans  d’Eole  ^ roi  des  Tyrrhéniens.  lis 
brúloient  Pun  pour  Pautre  d’une  flamme  incef- 
tueufe  5 & leur  pére  ^ inftruit  de  cette  paflion 
odieufe  j Ies  obligea  de  fe  tuer^  felón  Hygin. 
Winkelmann  eñ  d^accord  avec  lui  fur  Canacée  ; 
mais  il  refufe  , avec  raifon d’admettre  Phomme 
nud  pour  le  íüs  d’Eole.  C’eil:  plutot  un  des 
gardes  de  ce  roi  qui  porta  á Canacée  une  épée 
dont  elle  devoit  fe  percer  pour  expiar  fon  incefte. 
II  eft  certain  que  fa  figure  mále  & auñére  ne  peut 
convenir  á Macarée  j qui  étoit  un  jeune  homme 
ni  á aucun  héros  de  Pantiquité ; parce  qu'on  ne 
trouve  point  de  nobleífe  dans  fa  phyíionomie  ^ 
& que  la  barbe  placée  fur  la  lévre  fupérieure  , 
comme  la  portoient  les  captifs  barbares , y ajoute 
encore  un  caraélére  plus  ignoble.  On  voit^  au 
contraire,  que  Partiñe  s’eft  étudié  á caraélérifer:, 
par  la  férocité  des  traits  & par  la  forcé  du  corps  j 
un  gardC;,  efpéce  d’hommes  que  les  anciens  re- 
préfentoient  ordinairement  comme  des  foldats 
farouches  & infolens.  (Suidas.  Le  bas- 

relief  de  la  Villa-Pamphili,  qui  nous  offre  la  fable 
d’Alopéj  préfente  les  gardes  du  roi  Cereyon  avec 
des  airs  de  tete  femblablesj  & fans  aucun  véte- 
ment. 

Cette  heureufe  & favante  explication  de  Win- 
kelmann  eft  encore  ptouvée  par  les  traits  de  la 
femme  ; car  fes  cheveux  font  unís  & fans  boucles 
comme  ceux  des  femmes  étrangéres  qu  offrent  Ips 


A R I 

anciens  monumensj  & de  pius^  la  frange  de  fon 
vétement  indique  une  perfonne  qui  n’étoit  pas 
née  dans  la  Gréce.  Peut-étre  feroit-elle  portée 
jufqu  á Pévidence , fi  Pon  n’avoit  pas  perda  la  fin 
de  Phiíloire  de  Canacée  5 malheur  qu  elle  partage 
avec  Alopé.  Tout  ce  que  nous^Tavons  de  la  pre- 
miére j eíl  tiré  de  la  notice  fuccinéfe  dTíygin , 8c 
de  Pépitre  que  Canacée  adreífe  dans  Ovide  á fon 
frére  Macarée dans  laquelle  cette  malheureufe 
princeíTe  lui  apprend  qu'Eoie  lui  a envoyé  par  un 
de  fes  gardes  une  épée  dont  la  deftination  lui  eft 
connue , & dont  elle  fe  fervira  pour  abréger  fes 
jours : 

Interea  -patrias  vaha  mmrente  fatelles 
Venit , & indignos  edidit  ore  fonos  : 

JEolas  huno  enfem  mittit  tibi  : tradidit  enfem^- 
Et  juhet  ex  mérito  feire  quid  ifie  velit. 

Scimus  j 6*  utemur  violento  fortiter  enfe : 
PeBoribus  condam  dona  paterna  meis. 

Comme  cette  lettre  a précédé  fa  mort:,  fe 
qu’aucun  autre  écrivain  n’a  fait  mention  du  garde , 
no  peut  conjeéturerpar  l’infpeétion  de  ce  grouppe  , 
que  le  foldat  n’étant  pas  inftruit  de  Pobjet  de  fa 
miíEonj  remit  d’un  air  trifte,  vaha  moerente  ^ 
la  fatale  épée  á Canacée  , 8c  qu’il  s’en  per^a  en 
voyant  ITifage  qu  elle  en  avoit  fait.  Le  mo- 
nument  fupplée  en  cette  occaííon  unique  au 
filence  des  mythologues  , comme  la  fable 
donne  ordinairement  la  folution  des  difíicultes 
qu'ofrre  Pexpücation  des  monumens  antiques.  Au 
reíte  , ces  deux  figures  font  de  la  plus  belle  exé- 
cution , & dignes  des  plus  beaux  jours  de  la  fculp- 
ture  grecque-; 

AriE:,  femme  de  Mílet.  Fbyej  Miiet. 

ARIMANEj  étoit  une  des  divinités  adorées 
par  les  PerfeSj  felón  la  théologie  de  Zoroaftre. 
II  étoit  le  principe  du  mal  j comme  Oromaze  étoit 
le  principe  du  bien.  Quelques  anciens  philofophes 
aflbcioient  Mithra  á ces  deux  principes  j pour 
gouverner  Punivers. 

ARIMASPES.  On  a publié  tant  de-.fables  fur 
les  Arimafpes  , qu’on  eft  en  droit  de  révoquer  en 
doute  leur  exiftence.  On  eft  encore  incertain  fur  u 
contrée  qu’ils  habito ient.  Les  uns  Ies  placent  en 
Afie;  d’autres  en  font  un  peuple  de  la  Sarmatie, 
qui  confinoit  .au  pays  des  Hyperboréens.  Ce 
fait  préfumetj  avec  raifon ^ que  ce  peuple  na  et_e 
enfanté  que  par  Pimagination , c'eft  que  lesindi- 
vidus  qui  le  compofoient  n’avoient , difoit-on , 
qu'tin  oeil  au  milieu  du  front , & qiPétant  voiims 
des  griffons , ils  leur  faifoient  une  éternelle  guerre. 
On  aíTuroit  que  ces  animaux  fabuleux,  guides  par 
urt  inftinéi:  particulier  ^ fouilloient  dans  les  en 
trailles  de  la  terre  pour  en  rirer  de  Por  , des 
précieufes^  & quTls  auroíent  plutot  perau  lavi 
que  d’abandonner  leur  proie-  ^ , 

Tous  ces  contes  puérils  onr  été  accreaires  au 
fois  par  le  témoignage  des  écrivains  d’un 


A R í 

poids  j tels  qu£  Pline,  Pomponius  Melá  j Strabonj 
Paufanias  & Soün.  La  plupart  d'entPeux  recuknt 
Texiftence  des  Arimcfpes  jufqa^á  rorigine  des 
íiécies.  Diodore  de  Sicile  feui , aíTure  qii'ils  for- 
moient  un  corps  de  nación  au  tems  de  CyrnSj 
roi  de  Perfe^  qui  leur  donna  ^ par  reconnoiiTance  ^ 
le  nom  a Evergetes  ou  bicnfaifans.  Lkrmée  de 
ce  prince  éprouvoit  i’horreur  de  la  plus  cruelle 
famine,  & fes  foldats  étoienr  pres  de  fe  dévorer 
les  uns  Ies  autreSj  lorfque  les  Arimafpes , touchés 
de  cette  aífreufe  détreíTe,  leur  envoyérent  trois 
miile  chariors  chargés  de  bled.  Diodore  nous  dit 
auíí!  qadls  fubíiíloient  encore  au  tems  d’Álexandre- 
le-Grandj  qui  les  foumit  á fon  empire.  Etienne 
de  Byzance  cite  im  ancien  auteur  qui  en  avoit 
fait  fouvent  mención & qui  les  pla^oic  autour 
de  la  forét  d’Hercynie. 

Ceux  qui  nkfent  contredire  des  antíquités  íi 
impofanceSj  onc  entrepris  de  déméler  toutes  ces 
fabieS;,  &^de  déchirer  le  voile  qui  cachoic  la 
véricé.  A I’aide  des  écymoIogieSj  ils  onc  fait  dif- 
paroítre  rabfurdité  de  ne  donner  á rout  un  peuple 
qu'un  feul  oeil  au  miiieu  du  front.  Ari , en  iangue 
fcythej  íignifie  Tunitéj  & mapfos  déíigne  Pceil; 
ainíij  en  decompofaiit  le  mor^  on  trouve  Tori- 
gine'  du  nom  de  borgne  , qifon  donnoit  aux  Ari- 
mafpes.  D'autreSj  fans  recourir  aux  étymoIogieSj 
ont_  vu  la  realicé  dans  ia  figure.  Les  Sarmates 
écoienc  armés  de  la  lance  & du  bouclier.  Les 
Arimafpes , au  concrairej  ne  fe  fervoienc  que  de 
Pare  & des' fleches;  & pour  diriger  plus  furement 
leurs  coups , ils  fermoient  un  ceil  ^ Se  cenoienc 
l’autre  ouverc.  Ce  fue  de  cette  coutume  quhls 
acquirent la répatation d’étre borgnes.  {^Cet anide 
ef  de  Jy'I.  Turpin'). 

On  voic  dans  la  defeription  des  pierres  gravees 
du  barón  de  Stofeh:,  celle  dkne  cornalinej  fur 
laquelle  un  arimafpe  combat  un  griffon  qui  garde 
les  mines  dkr  de  la  Scythie.  Concre  la  tradición 
fabuleufe  j il  a deux  yeux.  Son  bouclier  reíTetr.bie 
á la  pelte , bouclier  des  Amazones. 

ARLMíNIUMj  en  ítaüe.  arími  & arimno. 

Hunter  poíTédoit  une  médaille  autonome  de 
bronze  ¡ que  M.  Combe  accribue  á cecee  vüle. 
Eckel  en  a cité  quelques  autres  : elles  font  RRR. 

ARIOBARZANE  , Philoromceus  I , roi  de 
Cappadoce.  EASiAtQS.  apiobafsanot, 

Ses  médailles  font : 

C.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

AricbarzanEj  Eufébes,  Philoromceus,  roi 
de  Cappadoce. 

Ses  médailles  font : 

RR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O-  en  bronze. 

ARIOLUS.  Ce  nom  ne  défignoit  pas  feule- 
inent  un  prophete,  un  homme  infpiré,  mais  en- 
cere celifi  qui  examinoit  les  entrailies  des  victiniss, 
Aniigaités , Tome  I, 


ARI  285^ 

Feñus : Cujus  ad exta  znípiciénda  conducunturarioli. 

j nom  d’un  cheval  fur  lequel  oa 
a debite  beaucoup  de  fafaíes.  Quelques  mytho- 
logues  ont  dit  que  Neptune,  voulant  faire  pré- 
fent  du  cheval  aux  hommes , comme  de  Panimal 
le  plus  utile , frappa  la  ierre,  dans  la  Theífalie, 
d^  un  coup  de  fon  trident , & en  fit  forcir  deux 
cnevaux , dont  1 un  etoit  Arion,  D’autres  !e  re- 
eonnoiíTent  pour  le  cheval  que  ce  diea  fit  fordr 
de  la  terre,  quand  il  difputa  á Minerve  la  gloire 
de  donner  le  nom  á la  viíle  dhAthénes.  Voyer 
Minerve,  Neptune. 

Plufieurs  aííurent  que  Cérés  fut  fa  mere.  Pen- 
dan! que  cette  déefle  parcouroir  Punivers  pour 
chercher  fa  filie  , elle  tronva,  difent-ils,  aupres 
de  la  yil'e  d'Oncium,  dans  FArcadie,  Neptune, 
fon  frére,  qui  en  devint  amoureux.  Pour  éviter 
fes  pourfuites,  elle  fe  métamorphofa  en  cavale. 
Se  fe  méia  avec  des  animaux  de  méme  efpéce , qui 
paiflbient.  Neptune  la  diííingua  faciiement;  il  fe 
changea  en  cheval.  Se  Cérés  coníut  Arion.  Voye'i;_ 
Oneus.  Elle  fe  courrouca  d'abord,  puis  elle  s'ap- 
paifa  & fe  lava  dans  la  riviére  voiíine.  Ouire  ce 
cheval,  elle  eut  encore,  de  Neptune,  une  filie» 
dont  le  nom  nktoit  connu  que  de  ceux  qui  étoienc 
ininés  dans  les  myítéres  de  la  déeñe. 

P'autres  ont  dit  qu^’á  l’inftant  oii  Cérés  concut 
Anón  j elle  étoit  fous  la  figOre  non  d'une  jument, 
mais  d'une  furie ; ou  méme  qu’il  cat  une  furie 
pour  mere,  & Neptune  pour  pére. 

_ 11  y en  a qui  ne  donnent  á Arion  d’autre  ori- 
gine que  la  terre  de  TArcadie;  d'autres  enfin,  la- 
font  fiis  de  Zéphyre  & d’une  Harpie.  Quoi  qu’il 
enfoir,  il  fut  nourri  par  les  Néréídes. 

Attelé  quelquefois  au  char  de  Neptune  , il  le 
trainoit  au  travers  des  mers  avec  une  viteíTe  fn- 
croyable.  Ce  dieu  en  fit  préfent  á Kercule,  qui 
le  montoit  quand  il  prit  ia  ville  d'Eüde,  & lorf- 
qufii  combattit  Cygnus.  Les  dieux  Je  donnérent 
enfuite  á Adrañe,  á qui  il  fit  gagner  le  prix  de 
la  courfe  aux  jeux  néméens.  Il  empécha  qu^L- 
drafte  ne  périt  au  fiége  de  Thébes,  comme  tous 
les  autres  chefs.  Le  cheval  Arion , felón  les  my- 
thologaes  , avoit  d’un  coté  les  pieds  d’un  homme 
& I’ufage  de  la  parole.  C’eft  pourquoi  Properce 
l’appelle  vocalis  Arion,  {lib.  2,  éleg,  54). 

Arion  , poete  lyrique  , étoit  de  la  ville  de 
Méthymne,  dans  i’ifle  de  Lesbos.  Les  circonf- 
tances  de  fon  hiícoire  font  rapoortees  par  Héro- 
dote  ; & Aulugelle  cite  ce  paffage  de  I’hiíiórieit 
grec,  comme  un  des  plus  beaux  morceaux  de  fon 
ouvrage,  pour  I’árt  de  la  narración  & la  légéreté 
du  ftyle.  Cet  Arion,  dit  Hérodote,  fut  le  plus 
habile  joueur  de  lyre  de  fon  tems.  Cest  le  pre- 
mier de  tous  les  poetes  connus  qui  ait  fak  de 
cette  efpéce  de  vers  qu’il  a nommés  dithirambes ^ 
& qu’il  ’jouoit  á Cori.nrhe.  On  dit  qu’aprés  y avoir 
demeuré  long-tems  aupres  de  Péri.andre,  il  eut 
envíe  de  voyager  en  Italie  St  en  Sicile ; & quT 
ayant  amaííé  de  grandes  íiebefles,  ¡1  voulutreveris 

Oo 


A R I 


a Coilnthe.  Aricri.  partit  de  Tárente,  oü  il  avoit 
ireté  un  navire  qui  apparrenoir  á des  corinthieñs , 
en  qui  il  avoit  plus  de  coníiance  que  dans  toute 
autre  nation.  Cependanr  ^ quand  i!s  furent  en 
mer,  ils  íirent  ie  complot  de  fe  défaire  de  iui, 
pour  s’emparer  de  fes  richeíTes.  Inílruit  de  leur 
deilein , le  chantre  lear  declara  qu’il  Ies  leur  abati- 
donnoit,  & ne  demanda  que  la  vie.  Les  matelots 
ne  fe  laiíierent  point  toucher , & lui  ordonnerent 
ou  de  fe  tuer , shi  vouloit  qudls  lui  accordaíTent 
Ies  honneurs  de  la  fépukure  quand  ils  feroient  á 
terre,  ou  de  fe  jeter  au  plu-tór  dans  la  mer. 

IN'ayant  done  plus  aucun  efpoir  de  les  fiéchir , 
il  leur  demanda  la  permiííion  de  chanter  en- 
core une  fois  fur  le  tillac  , aprés  quoi  ii  promit 
de  fe  donner  la  mort.  Les  matelots  y confentirent 
pour  avoir  le  plailir  d'entendre  le  meilleur  chantre 
de  Lunivers  ; ils  le  laiíTérent  prés  de  la  poupe. 
Sí  fe  retirérent  vers  le  milieu  du  vaiíTeau.  Arior. 
fe  revétit  de  fes  plus  riches  habits  , pric  fa  lyre  , 
chanta , fur  le  tülac , un  nome  crthien , & fe 
jeta  enfuire  dans  la  mer.  Le  vaiíTeau  continua 
la  route  vers  Corinthe ; & le  chantre  fut  recu 
par  un  dauphin,  qui  ie  porta  au  cap  de  Ténare, 
d’ou  il  fe  rendit  á Corinthe , portan:  toujours 
íes  mémes  habits. 

Arion  raconta  fon  infortune  a Périandre,  qui, 
pour  s^aírarer  de  la  vérité  d’un  fait  íi  p'roaigieux, 
le  fit  garder  á vue , Se  Tempécha  de  fortir.  Périandre 
eernanda  enfuite  aux  matelots  des  nouvelles 
¿"Arzón.  lis  aíTurérent  qudls  Tavoient  laiíTé  á 
Táreme^  oii il  jouiíToit  de  fa  fortune.  Ces  pérfidas 
parloient  encore , quand  Arzón  parut  avec  Tha- 
billement  qu'il  avoit  en  fe  jetant  á la  mer.  La 
frayeur  que  leur  caufa  cette  apparition , les  forca 
d’avouer  leur  crime.  Cette  Hiftoire , continué 
Hérodote,  étoit  racontée  de  méme  parles  Corin- 
thiens  & par  les  Lesbiens;  & Ton  voyoit  á Ténare 
un  groupe  de  bronze:,  offert  aux  dieiíx  pztAnon, 
& repréfentant  an  homme  monté  fur  un  dau- 
phin. 

Pline  aíTure  auíH  la  vérité  de  cette  fable.  Se 
en  donne  pour  garant  ramitié  des  dauphins  pour 
fes  hommes,  fur  laquelle  il  s^étend  fort  au  long. 

A R I S B A , filie  de  Merepe , fut  la  preraiére 
femtne  de  Priam.  Voyei  Esaque, 

ARISBAS  , roí  d^Epire.  apis. 

Ses  médaiües  font; 

RRt  en  bronze. 

O.  en  or. 

0.  en  argent. 

ARISBE,  dans  la  Troade.  APicBEnN. 

^ Cette  ville  a fait  frapper  des  médaiiles  impé- 
riales  grecques  en  Phonneur  de  Trajan. 

ARíSTyÉUM,  en  Thrace.  api. 

1. es  médaiiles  autonomes  de  cette  viile  íbtit ; 

ERRR.  en  bronze. 

G.  en  or. 

O.  en  argent. 

ÁRISiAN.  Ednokus» 


A R I 

ARISTÉE  étoit  fiis  d’ApolIon  & de  la  nytnpbg 
Cyréne.  Cicerón  feul , dans  fon  fixiéme  dsfcours 
contre  Verrés,  le  dit  fils  de  Bacchus;  mais  dans 
fon  livre  fur  la  nature  des  dieux , il  revienr  a 
la  tradition  commune.  Ariftée  fut  recu  en  naif- 
fant  par  Mercare,  qui  le  porta  aux'Heures  & 
álaTerre,  par  qui  il  fut  nourri  de  nedlar  & d'am- 
broiíie.  D^autres  ont  écrit  que  les  Nymphes  Téle- 
vérent , & lui  apprirent  Fart  de  faite  cailler  le  lait , 
de  préparer  les  ruches  & de  cultiver  les  olíviers. 
II  fut  le  premier  qui  communiqua  aux  hommes 
ces  trois  inventions.  , felón  une  autre  tra- 

dition,  fue  elevé  dans  Fantre  de  Chiron-,  quand 
il  fut  aduire,  les  Mufes  le  mariérent,  lui  enfei- 
gnérentla  Médecine,  Fart  de  deviner,  & le  mirent 
á la  tét-e  de  tous  leurs  troupeaux. 

Le  fiis  de  Cyréne  a tranfm.is  la  maniere  de 
réparer  les  abeilles,  lorfqu’elles  font  mortes,  & 
qu'on  ne  peut  en  trouver  de  nouvel  eíTaim.  Virgile 
raconte  ainíi  cette  fable.  Ariflée  pourfuivoit  un 
jour  Eurydice,  femme  d'Orphée,  fur  les  borás 
du  fleuve  Penée.  Un  ferpent  la  piqaa  pendant 
qu^elle  fuyoir.  Une  maladie  fe  répandit  auílnot 
fur  tous  fes  efiaims,  & les  fit  périr.  II  alia  fe 
plaindre  de  fon  malheur  á fa  mere,  dans  la  grotte 
profor.de  quelle  habiroit  á ¡a  ípurce  du  fleiive 
Pénée.  Celie-ci  renvoya  Arifiée  á Prothée,  qui, 
aprés  avoir  pris  toute  forte  de  formes  pour  lui 
échapper,  fe  rendit  enfin,  & lui  apprit  qiFil  de- 
Yoií  offrir  des  facrifices  aux  Nymphes , compagnes 
d'Eurydice , pour  appaifer  leur  colére  , & les. 
manes  de  celle  dont  ií  avoit  caufé  la  mort.  II 
immola-quatre  bceufs  & quatre  geniíTes,  quil 
l.aiíTa  fur  terre  pendant  neufjours;  Ies  corps  fe 
pourrirent  , & il  en  fortit  des  eífaims  d'abeilles. 
"V  irgile  aíTure  gravement  qu^on  peut  faire  ufage 
de  ce  fecret,  en  prenant  cependant  quelques  pré- 
cautións  quhl  indique. 

Arifiée  alia  á Thébes,  ou  il  époufa  Aiitqnoé, 
filie  de  Cadmus , dont  il  eut  le  raalheureiix  Aétéon  , 
& une  filie  nommée  Macris.  Aprés  la  mort  de 
ce  íils,  ií  confuirá  Foracle  d’Apollon,  qui  ie  de- 
termina á fe  tranfporter  dans  Fiñe  de  Cea.  Quand 
il  y arriva , la  Gréce  étoit  ravagée  par  une  pefe 
quhi  fit  ceíler.  I!  eleva  un  aurel  á Júpiter,  & 
lui  offrit  des  facrifices , ainíi  .qu'á  la  Canicale , 
dont  les  chaleurs  brillantes  avoieat  occaüonné 
cette  peíie.  Lesvents  étéíiens,  qui  Aavóient  point 
encore  fouíHé,  s’élevérent  íiir  ie  chamo,  & teni- 
péiérent  ces  chaleurs  meurtriéresj  depais  ce  tems, 
ils  foufíleut  réguliérement  toutes  Ies  années  pen 
dant  quarante  joars.  II  ordonna  enfuite  quon 
fit  tous  les  ans  des  facrifices  a Ja  Can'icule, 
& que  les  habitans  de  Cea  fe  miflent  foas  les 
armes  pour  obferver  le  lever  de  cet  affre,  8c 
pour  lui  offrir  de  nouvelles  viéiimes. 

Le  füs  de  Cyréne  laiífa  fa  famille  á Cea , pafe 
en  Sardaigne  avec  une  Sotte  que  fa  mere  luí 
donna  , s’y  établit , cultiva  & peupla  cette  ifle  ? 
ii  voyagea  en  Siciie  , ©ü  il  enfeigaa  íes  -fecrets 


A R I 

a'jx  habitsns.  Eníin , il  vint  en  Thrace  ^ oü  Bíc- 
chus  l'admit  aux  myliéres  des  Ogies  j & lui 
spprit  un  grand  nombre  de  chofes  útiles  á la  vie 
humaine.  Ce  bienfaiteur  des  hommes  fe  fixa  peii- 
danr  queique  tems  auprés  du  mont  HémuSj  & 
difparat  enfuite.  Les  nombreux  ícrvices  qu'il 
rendir  au  genre  humaiti,  lui  méritérent  les  hon- 
neurs  divins  chez  les  Grecs  & chez  les  Barbares. 
On  le  nomme  quelquefois  Agreus  ou  Nomizis ; 
le  fecond  nom  lui  fut  donné  á caufc  des  trou- 
peaus  qu^il  aimoit , & le  premier  á caufe  de  fon 
amour  pour  la  chaíTe.  Voye:^  CyrenEj  Eury- 
DíCE,  Macris  j Prothée. 

ARISTENE  étoit  un  berger  qui  demeuroit 
fur  le  mont  Titthion^  prés  d’Epidaure  : un  four 
qu’il  paíToit  en  revue  fon  troupeau  j il  s’apperqut 
Qii’il  lui  manquoit  une  chévre , avec  fon  chien ; 
& s’érant  mis  á les  chercher  ^ il  trouva  la  chévre 
occiipée  á allaiter  un  petit  enfant  ^ qu  il  voulut 
emporter.  Mais  au  momear  qu’il  s'approchoiti 
pour  le  prendre,  il  le  vit  tout  refplendiíTant  de 
lumiére  ^ ce  qui  lui  fie  croire  qu  il  y avoit  dans 
cetre  aventure  queique  chofe  dé  divin  : Arifiene 
alia  publier  auflltót  qu’il  étoit  né  un. enfant  mira- 
culeux  : c’étoit  Efculape^  dont  Coronis  étoit 
accouchée  en  cet  endroit.  V.  Escülape. 

^ a’piston^  le  déjeúner  des  Grecs.  C’étoit  le 
léger  repas  qu’iis  faifoient  des  la  pointe  du  jour. 
On  1 appeloit  auífi 

ARISTIDE.  On  voir  á la  bibliothéque  du 
Vatican,  la  figure  du  rhéteur  Arlfilde  ^ drapée 
& aflife qui  n’eft  pas  une  des  moindres  produc- 
tions  du  fecond  fiécle  de  Tere  chrétienne.  Le 
cabinet  de  Bevilaqua  á Vérone,  renferme  deux 
buftes  tres-bien  confervés  ^ & parfaitement  ref- 
femblans  á cette  ñatue } l’un  d’éux  eft  vétu  de 
ia  togej  & l’autre  du  paludament  ou  du  man- 
teau  de  general.  On  ne  fait  comment  concilier 
cet  habillement  avec  la  profeífion  pacifique  A'  Arif- 
tide. 

ARITHMANTIE  ou  ArithmomAntie.  Le 
fecond  mot  eft  plus  analogue  á l’étymologie. 
lis  viennent  ¿‘ífhftas , nombre , & de  fíaiTila , 
divination  : auífi  défignent-ils  la  maniere  de  con- 
noítre  ou  de  prédire  l’avenir  par  le  moyén  des 
nombres.  Delrio  en  diftingue  deux  fortes  ; Tune 
en  uiage  chez  Ies  Grecs  ^ qui  confidéroient  le 
nombre  & la  valeur  des  lettres  dans  Ies  noms 
des  deux  combattanSj  par  exemplcj  & en  augu- 
roient  que  celui  dont  le  nom  renfermoit  un  plus 
grand  nombre  de  lettres  & d’une  plus  grande 
valeur  que  celles  dont  étoit  formé  le  nom  de  fon 
adverfaire^  remporteroit  la  vicioire.  C’eft  pour 
cela^  difoient-iis , qu’Heéior  devoit  étre  vaincu 
par  Achille. 

La  feconde  eíbéce  Ól  arhkmantíe  étoit  connue 
des_  Chaldéens.  lis  partageoient  leur  alphabet  en 
trois^décades j en  répétant  quelques  lettres,  puis 
^ cbangeoient  ea  lettres  aumérales  les  lettres 


A R.  I Í91 

■ des  noms  de  ccüX  qui  les  confaltoienr , &:  rap- 
portoient  chaqué  nombre  á queique  plañere,  de 
laqaelle  ils  tiroient  des  préfages. 

Les  Platoniciens  & Ies  Pythagoriciens  étoient 
fort  adonnés  á Variíkmantie^ 

ÁRITHMÉTIQUE.  L’art  de  nombrer  ou  de 
confidérer  les  propriétés  des  nombres,  porte  ce 
nom,  qui  vient  du  mot  grec  A’ptSfco;. 

Nous  n’avons  ríen  de  cerrain  fur  l’origine  & 
l’invention  de  Y Aritkñiétique  ,•  mais  on  peut  l’at- 
tribuer  , avec  beaucoup  de  vraifemblance  , á la 
premíete  fociété  qui  s’eft  formée  parmi  Ies  hom- 
mes , quoique  l’hiftoire  n’en  fixe  ni  l’auteur  ni  le 
. tems.  il  eft  facile  de  concevoir  que  l’on  a dd 
s’appliquer  á l’art  de  compter,  des  que  l’on  a 
eu  des  partages  á faite.  Ainfi,  les  Phéniciens  ayant 
été  les  premiers  eommercans  du  globe  connu, 
plulieurs  auteurs  leur  ont  fait  honneur  de  l’inveS- 
tion  du  calcuL  Ces  négocians,  qui  donnérent 
l’alphabet  aux  Grecs,  leur  apprirent  fans  doute 
auífi  Y Arithmétique , .qu’eux-mémes  tenoient  des' 
Egypaens  , leurs  ancéfres. 

Ces  derniers  cxpliquoient  tout  par  des  nom- 
bres. Ptahagore,  qui  avoit  puifé  chez  eux  une 
partie  de  fa  doétrine,  aíTuroit  que  la  nature  des 
nombres  étoit  répandue  dans  tout  l’univers ; que 
leur  connoiíTance  conduifoit  á celie  de  la  áivi- 
nité , 8í:  qu’elle  n’en  étoit  prefquí  pas  diffé- 
reate. 

Les  aftronomes  grecs  perfeélionnérent  VAritk- 
mitique  phénicienne  , & la  tranfmirent  aux  Ro- 
mains  , qui  s’en  fervirent  trés-peu , en  ayant  creé 
une  nouvelle,  dont  nous  rendrons  compre  plus 
bas  trés-en  détail.  U Añtkmétique  de  ces  deux 
peuples  étoit  bien  imparfaite,  comparte  á la  mo- 
derne  : il  paroít  meme  qu’elle  ne  fervoit  qu’á 
combiner  les  différentes  divifions  des  nombres. 
On  peut  fe  convaincre  de  cette  vérité,  en  iifant 
les  traites  de  Nicomaque  , écrits  au  troifiéme 
fiécle  de  la  fondation  de  Rome,  & celui  da 
Bcéce. 

Si  Ton  veut  connoitre  V arithmitiqzie ¿ss  Grecs, 
on  pourra  confulter  ces  deux  auteurs,  & y ajóu- 
ter  Yabrégé  de  Pfellus  , publié  l’an  i yyé  , en  latín, 
par  Xylander.  Comme  on  n’a  prefque  jamais  be- 
foin  de  Y arithmétique  grecque,  & que  d’aiíieurs 
les  notions  qui  nous  en  reftent  font  trés-vagues, 
nous  n’infiñerons  ici  que  fur  Y aritkmétique  des  • 
Romains,  qui  eft  d’un  ufage  journalier  dans  la 
leclure  des  écrivains  latins. 

Arithmétique  des  Romains.  Cet  arricie  eft 
puifé  dans  l’excellent  ouvrage  de  M.  Pauélon, 
appelé  Métrologie  ou  Science  des  mefures.  Nous 
nous  Y fommes  permis  quelques  légers  change- 
mens , pour  le  rendre  plus  intelligible. 

Les  Romains  avoient,  comme  les  peuples  mo- 
dernes  , des  monnoies  idéales  & imaginaires  j 
ils  tenoient  leurs  compres,  tantót  par  le  numérahe 

Ó o ij 


A R I 

irariaire , tantót  par  le  numéralre  fefiertiaire  ^ 
Se  tantót  par  le  numérasre  dénariaire,  Nous  allons 

NuMÉRAIRE  ÉRARIAIS.E. 


A R I 

espefer  chacune  de  ces  methodesj  votei  la  te- 
miere : 

NOTES. 


Scripu! 

e.  . 

7 - • 

J 1 ' • 

3 

4 

Sext 

4- 

U 

6 

Sici! 

ique. 

• • 

. 

6 

1%  • * * • • * 

3 

8 

2 

if 

Duelle.  . 

3 

üü 

IZ 

3 

2 

if 

Sém 

¡-once 

.a 

24 

ó 

4 

3 

2 

Once • 

— 

3*5 

9 

6 

4í 

3 

Sefconce.  ...... 

48 

IZ 

8 

6 

4 

2 

S^XtlRtlS*  • « • • • ■ • 

7^ 

18 

12 

9 

6 

3 

Quadrans 

lE- 

96 

H 

16 

IZ 

8 

4 

Triens 

— 

120 

30 

20 

15 

10 

5 

Quincunx.  

144 

3^ 

18 

12 

6 

Sémis 

s 

168 

4^ 

28 

21 

14 

7 

Septunx. ....... 

s— 

15)2 

48 

3^ 

24 

16 

8 

Bes 

5= 

216 

54 

3^ 

i7 

18 

9 

a a ' a a • • 

s;^ 

240 

<30 

40 

30 

zo 

lO 

Dextans. 

sr  z 

244 

66 

44 

33 

22 

II 

Deunx.  ....... 

288 

7^ 

48 

3Ó 

2-4 

12 

As 

£ VI  S-  ¿ 33.  Total  des  notes. 


Parmi  les  monnoies  contenues  dans  cet  abaque 
cu  échiquier  ^ il  y en  avoitde  réelles  ou  effeétíves , 
& d'imaginaires  ou  de  compre  feulement.  Uas 
étoit  une  piéce  de  mennoie  réelle.  On  conferve 
á ! a bibliothéque  du  Roí , 8c  dans  le  cabinet 
d’antiques  de  Sainte-Geneviéve . des  fémis  , des 
triens , des  qiiadrans , des  fextans  8c  des  onces. 
On  recoanoit  ces  monnoies  aux  notes  qu’elles 
portentj  & qui  fervent  á !es  caraftérifer ; elles 
font  de  dlíférens  poids  j conformément  aux  varia- 
tions  que  fubit  la  monnoie  romaine  : ainli,  plu- 
jSeurs  monnoies  de  ce  numéraire  ctoienj  réeÜes } 


mais  on  ne  peut  douter  qu’il  ny  en  _eút  égale- 
ment  d'imaginaires.  Quoi  qu’il  en  fóit,  loríQue 
les  valeurs  des  chofes , les  recettes  & bs  de- 
penfes  dans  les  mémoires  & les  regiftres  fe  com^ 
toient  par  ce  numéraire,  les  fommes  des  arricies 
particuliers , £ra  fingula  , fe  marquoient  ai^c  Ies 

notes  correfpondantesá  la  dénomination  de  chaqué 

efpece  contenue  dans  Tabaque  . puis  on  ajoutoií 
ces  figures  enfemble  pour  avoir  la  fomme  entiere 
des  fommes  partielles  du  regiftre. 

Ncus  pouvons  donner  un  exemple  de 
addition  fur  les  notes  memss  de  Tabaque  ^ e 


A R I 

ajoutant  enfemble  toutes  les  notes  qu’il  contiene, 
& en  faifant  la  fómme  : pour  cela , je  conliJére 
que  le  fcripuíe  eíl:  un  douziéme  de  féird-once, 
la  fextule  quatre  donziémes,  le  licilique  fix  dou- 
ziemes;  j'ajoute  le  fcripnle,  les  trois  fextules  & 
le  licilique  de  la  colonne  des  notes  ; leur  fomme 
eít  dix-neuf  dcuxiémes  ou  dix-neuf  fcripules. 
J'en  écris  un  au  total  des  notes,  ainíi  3 ; reñent 
dix-huit  doiiziémes , que  i'e  divife  par  douzs ; vient 
un  & demi.  J'écris  en  devant  le  demi,  qui  eft 
un  licilique  , ainíi  3.  L'entier  que  je  viens  de 
trouver  eíl  une  demi-once,  que  j'ajoute  aux  deux 
autres,  qui  font  dans  la  colonne  des  notes.  Sur 
la  fomme  trois  demi-onces , j’en  écris  une  ainfi  .S.. 
Reftent  deux  demi-onces , qui  valent  une  once , 
laquelle  j'ajoute  aux  autres,  qui  font  dans  la  co- 
lonne des  notes.  La  fomme  eíl  trente-deux  onces ; 
j'en  écris  deux  ainíi  Reñent  trente  Onces, 
que  je  divife  par  ó,  pour  avoir  únq  fémis , que 
j'ajoute  aux  autres  fémis  de  la  colonne.  La  fomme 
eítonze  fémis ^ dont  j'écris  un , ainíi  S.  Reñent  dix 
fémis  , qui  valent  cinq  as  , auxqueis  ajoutant 
celui  de  la  colonne , j'ai  íix  as , que  j'écris  en 
cette  forte  Sf.  VI-,  8c  la  fomme  de  la  colonne 
entiére  des  notes  de  l'échiquier  eíl  ü VI  SZl  -S.  33  , 
que  l'on  peut  écrire  en  toutes  lettres  de  cette 
maniere  : fextujjls  bes  fem-uncia  ficihciis  fcripulus  , 
c'eíl-á-dire,  íix  as  huir  onces  & demie  un  licilique 
8c  un  fcripuíe. 

Telie  étoit  la  premiére  de  ces  opérations  de 
Y aritkmétique  des  Romains,  qui  faifoienr  partie 
de  leur  éducation , & auxquelles  on  ¡es  obligeoit 
de  s'exercer  des  la  plus  tendre  jeuneííé : 

domará  pueri  longis  rationibus  ajfem 
Difcant  in  partes  centum  diducere  : Dicat 
Fzlius  Albini , fi  de  quincanee  remota  eft 
Uncía,  quid  fuperat  1 pateras  dixijfe..,  triens.  Eu! 
Rem poteris  fervare  tuam.  Redil  uncía  : quidfit } 
Semis.  Horat.  de  Arte  Poet.  verf.  325-. 

Cicerón  (^Orat.  pro  C.  Quintllio')  parle  de  ces 
calculs  faiis  par  les  numéraires  érariaire  8c  déna~ 
Tzaire ; &c  comme  dans  les  aftaires  contentieufes 
on  avoit  befoin  d'hommes  experts  & revétus  de 
lautorité  publique , pour  liquider  les  intéréts 
des  parties,  on  voit  clairement,  en  cet  endroit 
de  Cicéron , que  Jes  queíleurs  avoient  á Rome 
la  charae  de  revifer  les  compres  faits  par  des 
particuliers  qui  n'étoient  pas  avoués  juridique- 
ment  pour  cela.  C'eft  ainíi  que  dans  les  villes 
policées,  il  y a des  perfonnes  prépofées  pour  la 
vérification  des  compres  diíEciles,  & des  qygoflates 
ou  pefeurs  publics  , afín  que  les  citoyens  peu 
Verfés  dans  les  combinaifons  délicates,  ne  foient 
pas  les  viólimes  de  leur  ignorance. 

Le  nombre  de  douze  avec  fes  fous-diviíions 
paires  & impaires,  exprimées  par  deunx , dex~ 

, Scc.  étoit  fcrt  á la  mode  chez  les  anciens 
Aociainsj  c'eíl  qu'ii  leur  procuroi:  une  grande 


A R I 25)3 

facilité  dans  letirs  opérations  numéraires  5 on 
1 apphquoit  au  pied,  au  jugére,  aux  meñires  de 
capacité , aux  poids  8c  aux  monnoies  , toutes 
quantites  fufcepnbles  du  calcul  fait  avec  les  notes 
de  1 abaque  ci-deíTus.  lis  ne  s'en  renoient  pas-lá : 
tout  heritage  étoit  coníidéré  comme  un  as , & 
Ies  legs^  teílamenraires  comme  des  parties  de  cet 
as.  Cicerón  , < pro  Cscma  , n°.  6.)  parlant  da  tefta- 
ment  d’une  femme  qui  avoit  inftitué  Licinius, 
Fuicipius  Se  Albutius  fes  héritiers , dít  que  le 
premier  y avoit  part  pour  onze  onces  &c  demie. 
Je  fecond  pour  deux  fextules , 8c  le  troiíiéme  pour 
une  fextule  : Facit  ( ¿íuli-er ) k&redem  ex  deunce 

ftmunciá  Lucinium  , ex  duabus  fextulis  M.  Ful- 

cinium Albutio  fextulam  afpergit.  Ces  portions 

réunies  font  l'as  ou  rhéritage  entier,  parce  que 
trois  fextules  font  la  demi-once  qui  manque  á 
onze  onces  8c  demie  pour  compíéter  douze 
onces. 

Le  calcül  duodénaire  étoit  également  appliqué 
á Ja  théorie  de  l'ufure  chez  les  Romains.  Une 
uniré  prife  idéalement  pour  I'intérét  par  mois 
d'un  capital  de  cent  unités,  prenoit  la  dénomi- 
nation  d'as  , & faifoit  la  bafe  de  toutes  les  com- 
binaifons fénéraires.  L'as  déíignoit  done  un  pour 
cent  d'intérél  par  mois , ou  de  douze  pour  cent 
par  an , Se  cela  s'appeloit  l'ufure  centéíime  : Vfur& 
centefima.  Le  ¿¿«mí:  exprimoit  unintérétde  f pour 
cent  par  mois , & de  onze  pour  cent  paran , & cela 
s'appeloit  ufure  déonciale.  L'ufure  quinconciaie 
exprjmoít  un  inrérét  de  7!  pour  cent  par  mois  . Se 
de  cinq  pour  cent  par  an , Se  ainíi  des  autres. 

NUMÉRAIRE  SESTERTIAIRE. 

^ On  doit  obferver  d'abord  que  ce  caraélére 
n'a  de^  valeur  que  pour  le  feílerce  entier ; & que 
joint  á fes  fraélions,  il  n'eíl  qu'indicatif  du  numé- 
raire.  Voluíius  Míecianus  demontre,  de  la  ma- 
niere fuivante,  la  théorie  & le  méchanifme  du 
numéraire  feftertiaire.  Le  fémis  cris  ou  le  demi-as 
de  cuivre  s'écrit  avec  cette  note  H-S — T,  & 
s'énonce  libella  teruncius  y car  le  feílerce  vaut  3 
préfent  , c'efi-á-dire  dans  ce  numéraire  , quatre 
as  ou  huir  demi-as  : or,  la  libelle  du  fefterce  en 
eíl  la  dixiéme  partie  , Je  téronce  la  quarantiéme  , 
& ces  deux  parties  réunies  en  font  le  huinémej 
par  conféquent  une  libelle  &c  un  téronce  , font 
la  valeur  da  demi-as.  Ce  numéraire  n'a  poinr  de 
termes  au-deíTous  du  demi-as  de  cuivre,  mais  il 
pourroit  en  avoir;  car  le  quadrans  de  l'as,  qui 
eft  la  feiziéme  partie  du  fefterce,  pourroit  s'énon- 
cer  fembella  dimidius  teruncius , puiíque  ces  deux 
parties  réunies  , favoir,  le  vingtiéme  & le  quatre- 
vingtiéme,  font  le  íen<er^e  du  feílerce.  L'as  de 
cuivre  fe  mir  uera  ainíi  H-S  - 3 Se  s'énoncera 
dua  libelle  fembella , qui  font  deux  dixiémes  & 
un  vingtiéme,  ou,  en  fomme,  un  quart  de  fef- 
terce', & par  conféouent  la  valeur  de  l'as.  L'as 
& demi  de  cuivre  doit  étre  marqué  comme  il 


2 94  A R I 

fuit  rfS  ST,  8c  s’appeler  tres  lihelU  femhdla 
teruncius,  qui  font  troís  dixiémes^  un  vingtiérne 
&un  quarantiéme,  ou  ^ en  fomme,  trois  hui- 
tiémes  de  fefterce , 8c  par  conféquent  la  valeur 
de  trois  demi-as  de  cuivre.  Les  deux  as  de  cuivre 
feront  marqués  de  ce  caraétére  ILS  S , & s’ap- 
pelleront  quinqué  lihellAy  qui  font  cinq  dixiemes 
ou  un  demi -fefterce,  & par  conféquent  la  valeur 
de  deux  as.  Les  deux  as  & demi  feront  ainli 
notés  K-S  S — T , & s’exprimeront  fex  libelU 
teruncius ; car  lix  dixiemes  & un  quarantieme 
font  cinq  huitiemes  de  fefterce,  8c  la  valeur  de 


Á R I 

cinq  demí-as.  Les  trois  as  recevroat  ce  carac- 
tíre  H-S  S — L , s' appelleront  feptem  UhelU 

fembella.  ¡ ce  qui  fait  fept  dixiémes  & un  vingtiéme 
ou  , en  fomme  , trois  quarts  de  fefterce ; c’eft  la 
valeur  de  trois  as.  Les  trois  as  & demi  fe  mar- 
queront  de  ce  íigne  KfS  SP-  .S.  T,  & sappel- 
leront  oSa  libells,  fembella  teruncius  y qui  font 
huit  dixiémes  , un  vingtiéme  & un  quarantiéme , 
ou , en  fomme  , fept  huitiémes  de  fefterce , & 
ainíi  la  valeur  de  cinq  demi-as.  Voici  Tabaque 
dü  numéraire  feftertiaire : 

NOTES. 


Teruncius, 


z 

4 

Sem 

2 

hella. 

Libe 

I 

iz 

Sem 

’s  &ris  y libella  teruncius 

10 

5 

ir 

z 

As  y 

duA  libtllA  fembella.  . . .'  . 

Tres  libellA  fembella  teruncius. 

Dupondius  y quinqué  libellA.  , 

Sex  libelU  teruncius.  • . . 

Septem  libellA  fembella. 

Ocio  libellA  fembella  teruncius. 

Sejiertius  y decem  libellA. 

If 

7l 

3I 

3 

Ir 

2© 

10 

5 

4 

2 

lié 

5 

3° 

7l 

6 

3 

3í 

Si 

7 

3Í 

40 

zo 

10 

8 

4 

ITS  T 
IES 

US  — T 
ITSz:  S 

IES  S 

líS  S — T 
IfS  S~  .S. 

LES  S = S.  T 

IES  IV.  S—  S.  T.  Total  des  notes. 


Pour  comprendre  Tufage  que  faifoient  les  Ro-  1 
mams  des  lignes  de  -ce  tablean  dans  la  tenue  des 
comptes , nous  allons  expofer  la  maniére  dont 
ils  en  faifoient  Taddition.  Preñez  dans  la  colonne 
des  notes  la  fomme  des  téronces,  qui  eft  cinqj 
écrivez  T,  & retenez  deux  lingules  pour  quatre 
téronces.  Ajoutez  Ies  íingules  de  la  métne  co- 
lonne  , dont  la ' fomme  eft  fept ; écrivez  á la 
droite  S.,  8c  retenez  trois  libelles  pour  fix  fin- 
gules.  Ajoutez-Ies  aux  libelles  de  la  méme  co- 
ionne , la  fomme  eft  feize  j écrivez  — , & re- 
tenez trois  femis  de  fefterce  ( ou  dupondius  ) 
pour  -quinze  libelles.  Ajoutez-Ies  aux  femis  de 
lefterce  de  ¡a  colonne , la  fomme  eft  fept ; écri- 
vez S , & retenez  trois  fefterces  pour  fix  femis. 

A joutez  le  fefterce  de  la  colonne , 8c  vous 
aurez  H-S  IV , & pour  le  total  de  la  colonne 


1 des  notes  IK  IV.  S — JS.  T;  c’eñ-a-dire, 
^ feftertia  quatuor  fex  libells.  fngula  'teruncius , 
quatre  fefterces  fix  libelles  une  fingule  & un 
téronce. 

Lorfqudl  s'agiíToit  d’efreéluer  le  paiement  d une 
fomme  exprimée  dans  ce  numéraire  , il  falloiC 
auparavant  favoir  combien  cette  fomme  valoit 
en  monnoie  réelle  j mais  cela  fe  faifoit  fans  calcul  5 
Tinfpediion  feule  des  notes  de  Tabaque  fuílifoit 
pour  cela.  On  y voit,  parexemple,  que  la  fomme 
que  nous  avons  formée  plus  haut , vaut , en 
monnoie  effeélive  , quatre  fefterces , deux  as 
& demi , & une  fingule  qu'on  négligeoit.  C® 
calcul  peut  piroítre  ingénieux,  limpie  & expe- 
ditif. 

Ce  numéraire  nous  donne-t-il  la  clef  du  teí- 
tameoí  de  Curius,  dont  parle  Cicóron,  écriva#£ 


A R I 

á AtticítS  ( lib.  7,  rii  Atticum  ¡ epijh  1. ) ? II  ir.i 
dit : Curias  vcus  a declaré  fon  héritier  pour  une 
libelle , & moi  pour  un  íéronce  : Fecit  palam 
te  ex  libelld , me  ex  teruncio.  Cela  veut-íl  dire^ 
il  vous  a fait  fon  légataire  pour  un  dixiéme  ^ & 
moi  pour  un  quarantiéme  ? en  forre  que  Cicerón 
& Atticus  auroient  pretenda  enfemfale  un  hui- 
tiéme  de  la  fticceffion  de  Curius.  C^eft  ainíi  que 
Tentendent  MM.  Dupu7,  Gronovius  & d’autres 
favans,  & Ü me  femóle  qu'on  ne  feroit  ñas  fbndé 
á fuivre  une  autre  opinioa. 

Lorfque  daos  Ies  anciens  tems , les  as  étoient 
du  poids  dbine  livre  , que,  le  denier  valoit  dix 
aSj  que  la  dixiéme  partie  d'un  denier  étoit  un 
as  de  cuivre  du  poids  d’une  livrej  ou  une  libelle 
d'argentj  que  la  demi-íivre  de  cuivre  ou  la  fem-- 
belle  d’argent  étoit  un  demi-as  , Se  le  téronce  im 
quadransj  aiors^  dit  Voluíius,  foitque  Ies  compres 
fe  tiníTent  parle  numéraire  dénariaire,  foit  qu'^ls 
fe  fiíTent  par  le  Tcílertiaire , íes  fommes  particu- 
iieres  exprimées  en  libelles,  en  fembelles  ou  en 
téronces  , étoient  repréfentées  par  les  mémes 
notes,  ces  notes  n^étant  diftinguées  que  par  Ies 
caracteres  35  du  denier , Se:  H-S  du  fefterce , dont 
©n  les  faifoit  précéder,,  fuivant  la  nature  du  nii- 
méraTr.e  q’a'’on  employoit.  Alais  Íorfqífon  eut 
établi  que  le  denier  vaudroic  feize  as,  le  numé- 
raire dénariaire  fubit  un  changement.  Se  devint 
plus  commode  &c  plus  expéditif  dans  la  tenue 
des  comptes.  A Fégar  J du  numéraire  feílertiaire  , 
il  conferva  fes  notes  primítives  5 cependant , pour 
augtnenterles  divilions  de  ce  numéraire,  la  libelle 
fut  partagée  en  deux  fembelles  Se  en  quatre  té- 
ronces. 

Numéraire  dénariaire. 

Nous  allons  tacher  de  faire  connoítre  le  nu- 
mérau-e  dénariaire  d’aprés  cet  auteur.  Le  denier, 
dit  A oluííus , valüt  d'abord  dix'as,  & c’eít  déla 
qu’il  a pris  fon  nom.  Le  quinaire,  qui  en  eíl  ía 
moitié  , valut  cinq  as , & c’eíi:  ce  qui  le  St  ainíi 
appeier.  Le  feñerce  valur  deux  as  & demi.  A 
prefent , le  demer  vaut  feize  as , le  quinaire  huit , 
& le  feñerce  quatre.  De  cetre  divifion  en  dépend 
une  autre,  qui  a des  termes  particuliers , Se -des 
notes  ou  des  lignes  pour  Ies  repréíenter  ; íi  vous 
voulez  teñir  des  compres  par  le  numéraire  déna- 
naire,  vous  déíignerez  Fas  efreCEifparce  caraécere 

Se  Yzp^t'Aerfzfem-u.ncia  ncilicus  (^denariz')  y 

car  feize  detni-onces  & feize  íiciliques  de  compre 
font  douze  onces,  ou  Fas  eíteclíf.  Vous  repré- 
fenterez  le  dapondius  cu  deux  as  efreCtifs  par 
cette  note  X — S , & vous  Fenoncerez  par  le 
mor  fefeuneza  {denariz) ; car  feize  fefconces  de 
‘^®cnpte  font  vingt- quatre  onces,  ou  deux  as 
Vous  écrirez  le  treffis  avec  cette  note 
* — A , & Fappelierez  fextans  ficilicas  'denarii)  5 
feize  fextans  & autant  de  íiciJiques  de  compte  í 
lont  trente-íix  onces,  ou  trois  as  ettedifs,  Vous  | 


A R I '295 

marquerez  le  quart-uíps  , ou , comme  d’aiitres 
ecrivent  le  quadrajTis , avec  cette  note  XiE— ^ 
Se  1 appclierez  quadrans  {denariz)  ; car  feize  qiia- 
drans  de  compre  font  quarante-huit  onces,  ou 
quatre  as  effe<^fs.  \ous  écrirez  le  qiánqu&s  , eu, 
comme  on  litjdans  Feílus  , le  qizinqueffs  , avec 
cette  note  2c  — .S.  D , & Fénoncerez  en  difant 
quadrans  femuncia  Jicilicus  {denarii'),  car  feizs 
quadrans,  feize  fémi-onces  ¿c  autant  de  Iiciliques 
de_  compre  , font  foixante  onces , ou  cinq  as 
eíFeCiifs.  Le  fexis,  ou,  comme  il  plaitá  d'autres, 
lej^ría/i/í,  s^exprimera  parcacaraéléretí-^' 

& s'appellera  triens  femuncia  {denarii  ) } car  feize 
triens  & feize  fémi-onces  de  compre,  font  foixante- 
doiize  onces,  ou  fix  as  effedifs.  ’Ltfeptus,  ou, 
comme  duent  d’autres , !e  feptujfis  , s’écrira  avec 
cette  note  35 .3^  3,  8e  s’énoncera  quincunx  fici~ 
liczis  {denarii)-,  car  cinq  onces  & un  íiciliqae  ce 
compte  íéront  égalemenc  fept  as  efFedtifs.  Ú ocias 
ou  Yoaujfís  s’écrira  ainli  5c  S,  & s’énoncera  femis 
{deruzrii)  ; car  feize  fémis  de  compte  font  quatre- 
yingt- feize , onces  , ou  huir  as  effetlifs.' Vous 
écrirez  le  nonas  ou  nonujíis  ainíi  35  S A.  3,  &; 
Fappelierez  femis  femuncia  ficUicus  {denarii)  j car 
un  fémis,  une  fém'i-once  &:  un  íícilique  de  compte 
valent  neuf  as  effectifs.  Le  decus  oví  decuffis  s’écrira 
35S-_A.,&  s’énoncera  feptunx  femuncia  {denarii)  f 
ce  qui  revient  également  á dix  as  efFedifs.  Uun-- 
decías  ou  undeciare  s’écrira  K S 3 , & s’appel- 
lera  kejfcilicus  , ce  qui  reviene  á onze  as  effeélifs. 
Le  ¿uodecias  o'u  duodeci&re  fe  marque  35  , 

& s appelle ■ dodra.íij  {denarii)  ■,  ce  qui  équívauc 
a Gouze  as  efteéiifs.  Le  tredecias  ou  tredeci&re 
s ecrit  ainíi  te  5 — A.  3 , s’enonce  dodrans  f£mun~ 
da  ficUicus  {denarii)  , & vaut  tteize  as  eíFeótifs. 
Le  quatuordeci&s  ’s’écrit  35  S ~ _ A,  s’énonce  dex- 
tans  femuncia  {denarii)  , & vaut  quatorze  as  effec- 
tifs.  Le  quindecias  fe  marque  35  S ^-^3,  fe  pro- 
nonce  ieunx  ficUicus  {denarii)  , & vaut  Quinze  as 
eíFeíiifs. 

La  démoníiration  de  Voluíius  eñ  un  pea  oro- 
lixe  & obfeure,  & elle  eft  encore  moíns  claire 
dans  le  texre  latín,  qui  paroít  corrompa. L’auteur 
poiivoitraifonner  avec  plus  de  préciíion,  8c  dire: 
Le  denier  fe  divife  en  feize  as  eífeérifs ; Se  dans 
ce  numéraire-ci,  on  le  divife  par  la  penfée  en 
douze  onces  ficrives  5 on  n’a  done  qu’á  faire  cette 
proportion  lé  . iz  ::  i . done  le  quarriéme 
terme  eft  la  valeur  de  Fas  efreéíif  exprimé  en 
parties  dsuziémes,  ou  en  onces  du  denier  : or, 
trois  quarts  tFonce  font  une  fémi-once  & un  iiei- 
üque ; done  rexpreílion  de  Fas  eíFeétif  en  dou- 
ziémes  , ou  en  onces  du  denier , doit  ttre  femuncia 
(¡tiiicus , & ainli  des  autres.  Car  on  comprend 
'bien , qnoiqae  Faureur  n’en  avertiíTe  pas,  que  le 
denier,*  coníidéré  ici  comme  un  as,  fe  divife 
en  douze  onces,  vingt- quatre  fetei- onces,  & 
quarante-huit  licüiquey  Voici  á prefent  Faba- 
Q-ue  , ou  la  rabie  logiíiiqne  du  numéraire  dena^ 
riaire» 


29*^  A R I 

On  doit  obferver  d'abord  que  ee  caradére  ^ 
fí^a-  de^vaieur  que  pour  le  denxcr  entier  j 3c  que 


A R I 

joint  á fes  frañions  j il  n'eft  qu’indicatif  du  nu- 
méraire ; 

NOTES. 


Sémi-ficilique  de  corapte, 


z 

Sicilique  de  compte. 

3e  3 

4 

2 

S 

6 

•? 

Ir 

As  effí¿rif 

} femuncia  Jlcilicus.  ....... 

X E 3 

8 

4 

2 

T 2 

4 í 

Once 

X — 

12 

6 

3 

2 

Ir 

Dupondius  > fefeuncía..  ...'.. 

X — ¿ 

i8 

9 

4r 

3 

Treííisj  fextans  Jícilicus.  ..... 

X I-  3 

2-4 

12 

6 

4 

3 

Quartuílis  j quadrans 

X 3- 

3° 

13 

7i 

3 

3l 

Quinqueííis } quadrans  femuncia  ficilicus. 

X i 3 

3^ 

18 

9 

6 

4r 

Sexis  5 triens  femuncia.  ..... 

s r 2 ^ 

42 

21 

lo| 

7 

'"31 

Septus  j quincunx  Jlcilicus..  .... 

x:?^3 

48 

24 

U 

8 

6 

Odlus  j Jemis 

X s 

34 

^7 

i3f 

9 - 

éi 

Nonus  5 fémis  femuncia  Jlcilicus.  . . 

X S E 3 

60 

30 

13 

10 

7r 

Decus  j feptunx  femuncia.  .... 

X S — .i 

66 

33 

i6| 

II 

8-. 

ündecixs  5 heflcilicus 

X S ~ 3 

7^ 

1 

c\ 

18 

12 

9 

Duodeciass  j dodrans.  ...... 

X s 

78 

39 

I9r 

13 

9? 

Tredeciss;  dodrans  femuncia  ficilicus . 

X s i.,  3 

84 

4^ 

21 

14 

lOr 

Quatuordeciaes 5 dextans  femuncia..  , 

X s "-2  -S- 

90 

43 

13 

ii? 

QuindeciítS  j deunx  fcilicus. ....  - 

X S ~fr^  3 

9Ó 

48 

H 

16 

12 

Sedecissj  denariusj  as.  ....  . 

X 

3í  VÍII  S — SD  C . Total  des  notes, 


Pour  donner  une  idee  de  la  maniere  dont  les 
anciens  fe  fervoient  de  ce  tableau , je  préfen- 
terai  un  exemple  d’addition.  J'ajoute  done  les 
íignes  déla  colonne  des  notes ^ en  commen^ant 
par  ceux  qui  expriment  les  moindres  divifions 
GU  denier.  Técris  d’abord  , demi-íicilique  de 
compte  , parce  qu^’il  eíl  feül  8c  impair , aprés 
quoi  je  compte  les  liciliquesi  ils  font  au  nombre 


de  neuf;  j’en  écris  un  3,  & je  retiens  Quarre 
fémi-onces  pour  huit  íiciliques.  Tájente  les  femi- 
onces  de  la  colonne  avec  ces  quarre ; la 
eíi  treize ; j’en  écris  une  S,  reftent  óouze, 
lefquelles  je  retiens  íix  onces.  Tp  ajoute 

de  la  colonne  ; la  fomme  eftc’Uarante-trois  or.c,-^  • 

j'en  écris  une  — ^ & je  retiens  fept  fémis  pou^ 
quarante-deux  onces.  J"y  ajoute  Ies  fénus  e _ 


eolonne ; !a  fornme  eft  ouinze  fémis ; f sn  écns 
une  Sj  & je  retiens  fept  deniers  Dour^quatorze 
fémis.  Ajoutant  le  denier  de  h colonne,  je  trouvc 
_ huir  deniers  que  j’écris  it  VÍII,  &:  la  Canime  en- 
tiére  des  íignes  déla  coíonne  eítKVlIIS — ÍÍ.3.S.5 
c'eft-á-dire  , denarii  f¿fcun.c¡a  femuncia  fici- 
licíis  ftmi-ficiLicus.  S^’il  s'agit  d'eftectuer  cette 
fornme  en  monnoie  réelle , on  voit  á rinfpeclion 
de  Tabaque  qudí  faut  payer  ou  recevoir  huit 
deniers  dix  aSj  8c  le  üdlique  & demi  excédent 
fe  néglige. 

On  pourroit  traiter  plus  en  grand  tous  les 
procédés  de  i‘ Arithmétique  des  anciens  Romainsj 
mais  cela  paroít  aíTez  inutiie  . &z  ces  trois  exem- 
ples  mettront  fur  la  voie.  J'obferverai  feulement 
que  Celfe  emploic:,  pour  la  compoíition  des  mé- 
dicamens un  numéraire  ponderal  qui  difrére  peu 
de  celui-cij  par  exemple^  il  déíigne  le  denier  par 
ce  figne  X j le  poids  de  huit  deniers  & un  tiers 
eft  ainfi  marqué  PXVIII,,  ou  bien  PSVIÍI. 
douze  deniers  un  tiers  P.  JéXíI.  .r—  j deux  deniers 
& demi  PXII.  5 un  demi-denier 

trois  quarts  de  denier  PSS^^j  quatre  deniers 
P.  lili  3rj  cent  deniers  P.  C.  36.  (Métrologie  de 
M.  Paucíon), 

ARITHMOMANTIE.  Voye^  Ab,ithmantie. 

ARILSj  un  des  principaux  Centaiires  qui  com- 
battirent  contra  les  Lapites.  V.  Centaure. 

3 ARLEQUIN.  M.  le  Batt  .n.x  a trouvé  une 
reíTemblance  tres-grande  entre  ^arUquin  des  Ita- 
liens  3 & le  Satyre  qui  faifoit  le  role  le  plus  fail- 
lant  des  fatyres  dramatiques  anciennes.  Ce  rap- 
prcchement  eft  d’autanr  plus  exaét^  que  ce  genre 
de  comedie  ou  de  farce  qui  rappeüe  les  Atellanes, 
eft  forti  3 lors  de  la  renaiiTance  des  lettres  ¡ des 
mérnes  cantons  de  Tltaüe. 

On  retrouve  dans  arlequín , dit  ceí  écrivain 
dans  fon  Cours  de  Eelles- Lettres,  les  caraéiéres 
d’un  fatyre.  Qu’on  faíTe  attention  á fon  rnafque, 
a fa^ceinture,  á fon  habit  collant,  qui  le  fait 
paroitre  prefque  comme  sftl  éroit  nud , á fes 
genoiix  coüverts,  & qu'on  peut  fuppofer  rentrans  j 
ft  ne  lui  manque  qu’un  fouüer  fourchu.  Ajoutez 
á cela  fa  faqon  miévre  & déliée,  fon  ftyle,  fes 
pointes  fouvent  mauvaifes  , fon  ton  dé  voix ; 
tout  cela  forme  aíTurément  une  maniere  de  fatyre. 
Le  fatyre  des  anciens  approchoit  du  bouc ; Var- 
lequin  daujourd'hui  approche  duchar;  c'eíl  tou- 
jours  Thomme  déguifé  en  béte.  Cornment  les 
fatyres  joubient-ils , felón  Horace  ? avec  un  dieu , 
un  héros  qui  parloit  du  haut  ton.  Arlequín  de 
méine  paroit  vis-á-vis  Samfon;  il  figure  en  gro- 
tefque  vis-á-vis  d’iin  héros  : il  fait  le  héros  lui- 
métne;  il  repréfente  Théfée,  &c.  8;c. 

-4RLES.  Cette  ville  de  P rovence  renferme , 
plus  qu  aucune  autre  ville  de  France  , des  anti- 
suites  dignes  de  Tartention  des  curieux.  On  y 
yoit  un  grand  nombre  de  tombeaux  romains , 
Ies  reñes  d'un  capitole , d"un  rhéátre  & d’un 
amphtthéárre  3 un  bulle  d’Efculape,  Se  un  obé- 
Antíqiátés  j Teme  I. 


íifque  de  granir  de  cinquante-deux  p-ieds  de  hau- 
teur.  L'hifíoire  n'a  point  ccnfeivé  la  date  de 
Téreclion  de  Pobélifqi’e ; mais  on  le  releva  en 
idyj,  en  Thonneur  de  Loiiis  XíY.  On  le  placa 
fur  une  bafe  faite  d’un  roe  commun,  8c  peu  pro- 
portionné  á la  beauté  de  la  matiére  dont  Tobé- 
lifque  eft  formé. 

Arles  érigea  en  Thonneur  du  grand  Cenftantin 
une  colonne,  tur  iaquelle  on  Ht  encore  cette 
i.nfcription : 

IMF.  CAES.  FLAV.  VAL. 

CONSTANTINO.  P.  F.  AUGUSTO 
DIVI.  CONSTANTU.  AUG  CII 
FILIO 

ARELATIS.  RESTITUTORI. 

Eile  faitaüufion  au  féjour  de  Conñantin  z Arles, 
aprés  la  mort  de  Maximilien-Hercuie.  Queloues 
antiquaires  rapportent  á cette  ville  les  médailies 
de  ce  prince,  fur  lefquelles  on  lit : par.  parl. 
SARL. -SAR.  tar.3  Sc  íIs  expliouent  ainfi  ces 
abréviations  : Percujfus  Ardate.  Populas  Arela- 
tenfis , felón  le  P.  Hardouin.  Sígnatus  Arélate  p 
ou  3 felón  le  méme  auteur  , Senatus  A.relatenfis ; 
Tiíbutum  Arelatenjíum. 

ARMAMAXI.  Dans  la  pompe  des  triomphes, 
aprés  Ies  chars  appelés  tkenfi  , Sc  aprés  les  images 
des  dieux,  marchoient  onze  chariots,  nommés 
Armamaxí.  C’étoient  des  efpéces  de  chars  á quatre 
roues  3 dont  fe  fervoient  les  Scvthes.  lis  fem- 
bloient  fonnés  par  deux  chars  ordinaires  reunís 
en  gondole  á double  fond.  lis  étoient  chargés 
de  couronnes  d’or,  de  cuiraíTes  , de  boucÜers 
& des  dépouiües  des  ennemis.  La  colonne  Théo- 
dofienne  en  offre  quelques-uns.  ün  coup-d’ceil 
jeté  fur  fes  deíTms  les  feront  mieux  connoitre 
que  les  plus  longues  defefiptions 

Capitolin  les  appelle  Armaxs. ; il  dit  de  Maxf- 
min  le  pére,  qti’ií  étoit  aiTez  fort  pour  tirer'feu! 
un  de  ces  chariots,  ou  un  char  appelé  Rhéda, 
quoique  chargé  : Amaxas  maníbus  attraheret , 
rkedam  onufiam  folus  moveret. 

Ces  deux  noms  différens  venoient  du  mot  grec 
ckariot. 

ARMAMENT ARIU S turmí, , offeier  chargé 
de  veüler  aux  armes  de  la  troupe.  II  s’appeloit 
auffi  armorum  cuños. 

ARMATA,  furnom  de  Venus,  fous  lequel 
les  Lacédémoniens  Thonoroient,  parce  qu’iis  la 
repréfentoient  armée  dans  fon  temple-  li  y a dans 
-Aufone  une  épigramme  traduite  de  TAnthologie, 
fur  la  Vénus  A.rmata. 

ARMATURA.  Les  Romains  appeloient  de  ce 
nom  les  manoeavres  de  leurs  foldats  , que  nous 
nommons  exercice  á pied,  á cheval , Scc.  Les  cam- 
pídoclores  commandoient  & dirigeoient  ces  ma- 
noeuvres.  Vegéce  (i.  i J-}  qu’il  raur  formar  les 
jeunes  foldatípar  ces  manceuvres,  que  Ton  appelle 
armatura , & qui  font  enfeignées  par  les  cam- 
ridoaores  : Przterea  íiio  cxercitíi  genere , quoé 

PP 


loS 


A R M 


crmatumm  vocani,  & a campidoííoribus  traditur, 

imbuendus  eft  tyro.  ■ ■ ^ • . 

ARMEES.  Nous  donnerons  ici  des  notions 
cépérales  fur  Íes  armíes  grecques  &_romames, 
pour  facilirer  l’inteüigence' des  écrivains  de  1 une 
& de  Tautre  nation. 

ARMÉBS  grecques. 

'STpaiTíec  y armee,  . • r 3 p 

OU  ■sETpSrdj  ^yyeS'  y Ctoit  l£  IfOnt  dc 

wée  c Tavant-garde. 

KsfaTci,  les  alies  de  Y armée,  dont  on  attnbuoit 
rinvention  a Pan  , qui  commandoit  , difoit-on , 

V armée  de  Bacchus  dans  fon  expédition  de  1 Inde. 
Tiafci.skra.¡ , foldats  & commandant  d une  alie. 
Upara-ráí-íjí  j premier  foldat  de  la  droite. 
E’^rífárecí  y foldats  du  ccntrc. 

’Sle-j^a.roí  üjyég  OU  ¿p«j  arriere-gardc. 
o’u¡a.y:g  OU  ásrííáofiuAíil  ^ commanaant  de  1 ar- 
jáére-garde. 

Tous  les  nonas  précédens  appartenoient  aux 
armées  , aux  détachemens  ^ ainfi  qu  aux  plus  petites 

diviílons.  _ , , 

iT£A5j-«í  , divifion  de  cinq  hommes , dont  le 
commandant  s’appeloit  ^ 

Aíx.xs , divifion  de  dix  hommes,  dont  le  com- 
mandant  s^appeloit  % ainfi  des  au-tes 

divifions.  _ 3 r ■ 

Kkxag,  dívifion  de  huit-,  douze,  ou  de  íeize 
hommes.  Ce  dernier  nombre  etoit  appele 
culiérement  'hl>%og ; d’autres  appl’.quent  cette  de- 
Ecminatíon  á la  divifion  de  vingt  hommes-  ^ Un 
Ies  appeloit  encore  g’^xag  ou  ¿'íx.uvííí.  /lo^ayos  etoit 

le  nom  du  commandant.  _ • - ^ , i j--- 

Aoifsa  ou  , étoit  la  moitmde  xa  A¡yi- 

fion  appelée  xíy_og  ; fon  commandant  etoit  appeie 
S^K<¡t^íTr,g  ou  í^lAoJiíViJÍ.  _ 1 < r 

'Z'j?.haxigidog , cxprimoit  la  réunion  de  p iiíieurs 
; ainíi  ejus  , la  reunión  ¿c  trente-deux 

hommes  j c’eft-a-dire , de  quatre  raoitiés  ou  d^* 
deux  í.axoi  entiers. 

UsvTtííioí!Tce^x^‘^  devroit  uefigner  une  troupe  de 
cinquante  hommes ; elle  exprime  cependant  la 
reunión  de  quatre  , ou  de  foixante-quatorze 
hommes.  Déla  vint  que  cette  troupe  fut  appelée 
auííl  ; de  méme  que  le  commandant 

s' appeloit  TíTfáyyy.g  & ■üSííTy,x,¿tTapxog. 

^xcíTsvTupyt  a OU  rk^ig , ttoupc  dc  Cent  hommes , 
ou  de  deux  Ee  commandant  s ap- 

peloit  d^abord  Talittpyog  j mais  il  ne  fue  puis 
cennu  que  fous  le  nom  de  ex.aTúírc¿pyis.  Sa  troupe 
avoit  en  tete  anq  foldats,  diftinpés  des  autres, 
parce  quils  nétoient  pas  enroles  pee  eux,  & 
appelés  íxTícxToí.  Cétoít  le  gpesraxépuly  bérault, 
©u  crieur  de  Y armée , qui  répetoit  a tres-hpte 
Toix  les  orares  du  commandant ; tel  fut  le  célebre 
Stentor  : le  , qui  faifoit  entendre  par 

des  fignes  ou  des  geftes  de  convention , les  mémes 
■ ordres  aux  foldats  les  plus  éloianés  ; le  XaAsr/yxrí?, 


A R M 

rage  des  combattans  : & le  rTmfíriif , qui  fervoit 
les  foldats.  Us  fe  plaíoient  á la  tete  de  la  troupe; 

& Ton  voyoit  á la  queue  le  cinquiéme  ou  le  ferre- 
file,  ivcuyog,  quiveilloit  fur  la  condmte  des  fol- 
dats, & les  empéchoit  de  s’écarter,  de  rompre 

■eurs  rangs,  ou  de  fuir.  / j //-  • 

'Zinay^M  , -sapírakíg , YíAayp  j deilgnoit  im 
corps  de  deux  cent  cinquame-fix  folaats,  dont 
e chef  s" appeloit  gm-rayuarkpicrg- 
m,r^xo<y>y.r/J‘‘  ou  Í£v«y/«,  felón  quelques  tra- 
dufteurs,  défignoit  une  troupe  de  cmq  cent-douze 
hommes,  dont  on  nommoit  le  chet  ■¡ycirccy.on^pycg 

ou  lefcsysí-  _ , 1 

z.MufyU,  gkp^fcy..,  OU,  fdon  quelques  inter- 
pretes , g£.«y/« , étoit  une  divifion  de  mdle  vingt- 
quatre  hommes  , dont  le  chef  etoit  nomme 

yi>.Upxig  , :y,‘>-‘ígíg  3 trugpi^y.!trapx^,g. 

ou,  felón  quelques  philologues, 
tsAoí  & S5rí|£víiy;«,  deíignoit  un  bataillon  de  deux 
mille  quatre  cent  - huir  hommes , dont  le  com- 
mandant étoit  nommé  fupápxiig , VsAás^íí  ou  twi- 

lívayoí.  , r I , 

ibax^yyapxU , appelée  plus  fouvent  ^£píí, 

ydpy.T.g,  glipcg , 8c  anciennement  , 

étoit  une  divifion  compofée  de  quatre  millequatre- 
vingt-feize  , ou  , felón  quelques-uns,  de  qupe 
mille  trente- fix  foldats,  dont  le  chei  s<íppeioit 
(pctÁayyápx’!^  = «-poiTiíyíí. 

Ai¡pa?xayy¡ct , WiTíy.yy.et, , felón  quelqup  ®0r|'  ^ 
vains  fcífig  3 défignoit  une  divifion  de  huit  miue 
cent-trente  foldats , comroandée  par  un  «fápp?. 

T£TC«(2«A«yy«s;í¡«  étoit  une  divifion  de  íeize 
mille  trois  cent-quatre-vingt-quatre  foldats,  fous 
les  ordres  d’un  TíTpalpa?íayyápxy;g. 

rb.!;  défignoit  généralement  un  efeadron  quel- 
conque,  mais  plus  ordinairerrrent  une  troupe  de 
foixante-quatre  maitres. 

í'!r¡>.aoX‘‘'-  défigne  deux  í>.ag , une  troupe  c-e 
cent  vingt-huit  maitres. 

Tc¡p«jTíMp;t/a , troupe  de  deux  cent-cinquante- 

fix  maitres.  _ „ 

'a , efeadron  de  cinq  cent-douze  mai-.e  . 
E¡pí7r-^''xoxM  3 efeadron  de  mille  vingt -quatre 
• • • 
TsÁog  3 efeadron  de  deux  miile  quarante-íiuit 

maitres.  ; 

E-TTÍTCCy^íí  y efeadron  de  quatre  mille  quat 
vingt-feize  maitres. 

Les  Lacédémoniens  donnoient  des  noms  p« 
ticuliers  aux  divifions  d°une  armee  •_  1'® 
foient  en  ftipag , les  légions  des  Latins.  Un  ^ 
pas  d^accord  fur  le  nombre  d^hommes  que 
comprenoitj  cinq  cens  ou  fept  cens,  ‘ < 

méme,  felón  Plutarque  { in  P elopida  ) ■ ^ 

Lacédémonq  fut  devenue  république , ce 

n’excéda  pas  quatre  cens  fantaífins.  Le  comm<.. 
dant  s^’appeloit  Polémarque  , Tribun  á Rome  , c 
le  fecond  ofíicier , cm/y.^cpílg.  . 

Aíyog  étoit  le  quart  de_  la  ;Kps«-  Qumque  ^ - 
fychius  le  léduife  au  cinquiéme  , le 


A R M 

fer.timent  s'accorde  mieux  avec  raiicjenne  for- 
niarion  des  troupes  dé  Sparte  ; car  Xénophcn 
aíTure  que  chaqué  étoit  commandée  par  les 
qaatre  chefs  de  la  diviílon  appelée 

rr;>r!;>íí,-t/r  étoit  le  quart  ou  la  moitié  du  >^izoí , 
Se  comprenoit  cinquante  foldats.  Leur  chef  s’ap- 
peloit  j ScC. 

EvüfjBor/íí  étoit  le  quart  ou  la  moitié  da 
Se  comprenoit  vingt  foldats,  dont  le  nom  étoit 
pris  du  ferment  militaire  qu’ils  prétoient  tous 
enfemble  au  milieu  d’un  facrifice  , Uáfinrct  ¿'¡a 
rQaylm.  Leur  chef  s’appeloit 

Au  refte  , les  variations  des  écrivains  grecs  fur 
le  nombre  des  foldats  de  chaqué  divifion  des 
troupes  lacédémoniennes,  font  venues  de  ce  que 
ces  divifions  ont  toujours  confervé  les  mémes 
noms , quoique  le  nombre  des  foldats  ait  varié 
á difFérentes  époqiies.  La  méme  chofe  eft  arrivée 
a la  légion  romaine. 

Toutes  les  dénominations  précédentes  étoient 
relatives  au  nombre  de  foldats  qui  compofoient 
les  divifions. 

<i>«A«yi  défigne,  a la  vérité,  quelquefois  une 
troupe  de  vingt-huit  foldats , d’autres  fois  une 
divifion  de  huit  mille  hommes  : mais  la  phalange  y 
proprement  dite,  étoit  une  divifion  de  feize  mille 
trois  cent-quatre-vingt-quatre  foldats.  Au  refte, 
on  donnoit  généralement  le  nom  de  pkalange  á 
toute  Tinfanterie  , ou  á un  corps  ¿i  armée  confi- 
dérable.  V^oye:^  Phalange. 

míkíí  (pci>.ayyK  exprimoit  la  largeur  de  la  pha- 
lange , ou  Tétendue  de  fon  front.  On  f appeloit 
srpSras-  ^tiy<¡s y premier  rang  j le  fecond  étoit  ap- 
pelé  S'vjTtoo;  étiysí,  &c. 

OU. -zs.azoí  0aÁceyyos , défigne  la  profondeur 
de  la  phalange. 

Zuyoi  défignoient  les  rangs. 

ou  y étoient  les  files. 

Aixuro/x-tit  ¡pa>Myyt,g  y partage  de  la  phalange  en 
deux  ailes  ou  colonnes. 

A ¡tuyo;  j cfíípaÁys  y suy<iz'¡>  <pá?íayyi>s  y centre  de  la 
phalange  , divifion  intermédiaire  placee  entre  les 
ailes. 

Ai-mrsrySog  (páXayyog , diminution  de  largeUr , 
qui  fe  pratiquoit  en  retranchant  quelques  files. 

O fila,  tTtfoiiir.yis  ou  ktcs^jizkiíxíí  , ^áXay%,  ordre 
de  bataille  dans  lequel  la  largeur  étoit  moindre 
que  la  profondeur. 

'nxaylct,  0kxay% , ordre  de  bataille , qui  offroit 
un  front  d'une  étendue.  plus  confidérable  que  la 
profondeur. 

A4?  e<i>.£sy|,  Tordre  oblique. 

AfapUofio;  ((¡kxayí  , ordre  de  bataille  dans  lequel 
les  combattans  fe  placoient  dos-á-dos  pour  faire 
face  en  tete  &.  en  queue. 

Atrlgoficg  <^e,xa.y% , éttíit  le  méme  ordre  que  le 
precedente  excepté  quil  avoit  de  la  profondeur, 
afin  que  les  combattans  filfent  en  méme-tems  face 
des  quatre  cotes. 

^¡(faXayyU , ordic  dc  bataille  dans 


A R M 

’ Jfequel  les  chefs  'de  file  fe  plaqoient  á la  tete  & 

; á la  queue  de  la  troupe,  & les  ferre-files,  ¿(¡«yd,. 
dans  le  centre , afin  de  faire  face  de  deux  cotes. 

Áiriysyog  ^i^aXayyla.  y otdte  de  bataille  oppofe 
au  précédent,  dans  lequel  les  ferre-files  & Ies 
derniers  rangs  oceupoient  Ies  deux  cótés,  tandis 
que  les  chcft  de  file  fe  plaqoient  dans  le  centre  , 
face  -á-face.  De  cette  maniere  , le  front  fe  ref- 
ferroit , & les  derniers  rangs  formoient  les  ailes. 

Oy.yUgsy,o;  ¿^(paXayyla  , ordre  de  bataille  dans 
lequel  Ies  chefs  de  deux  phalanges  fe  plaqoient 
fur  un  feul  cóté , á la  fuite  les  uns  des  autres. 

ZT£p¿goycg  ^í^aXayyíy: , ordre  de  bataille  dans 
lequel  les  chefs  d’une  phalange  fe  placoient  aa 
cóté  droit,  8c  ceux  de  la  feconde  au  cóté  gauche. 

UeTrXiyuaíi  (páxay% , changemeiit  d'ordre  que 
faifoit  la  phalange  , felón  la  nature  des  che- 
mins. 

'Eyriy.ay.n'kf  ^áA«y| , Otdte  de  bataille  formé  en 
croiíTant ; on  l’appeloit  auííi  & x.alx-/¡ , parce 
quhl  étoit  convexe  & concave. 

Eg-Traptiifn  (páxayi,  Otdte  oblique  en  échellons, 
par  lequel  les  différentes  divifions  fe  prefentcient 
á Fennemi,  en  dépaíTant  le  front  Fuñe  de  Fautre. 

Xgi-ípipaXáyytiris  y Otdte  dc  bataille  dans  lequel 
les  ailes  d’une  divifion  s'étendoient  au-delá  du 
front  de  Fennemi ; lorfqu’une  feule  aile  s'éten- 
doit  ainfi  , cet  ordre  de  bataille  s^’appeloit 

¡fáx.atyl,  & gtpusciié'és , bataüion  formé 
en  lozange.  Les  Theffaliens  emploj.'érent  les  pre- 
miers  cet  ordre  de  bataille  qu’ avoit  inventé  Jafon, 
leur  compatriote. 

EySyx.oi , chez  Ies  Latins  rofirum  8c  cuneas  j coin^ 
bataillon  formé  en  triangle  équilatéral,  ou  en 
demi-lozange , ou  en  A , avantageux  pour  atta- 
quer. 

EyixJty.ZaiX.m  , chez  les  Latins  fórceps  , tenaille^ 
bataillon  formé  en  V,  pour  recevoir  Fattaque 
du  coin  ou  A. 

nXiySíoy  Se  gs-Xiyéia  , brique  OU  tuile  , carré  long, 
dont  on  préfentoit  le  grand  cóté  á Fennemi. 

nipyog  y tour  y ordre  de  bataille  contraire  au 
précédent  : on  préfentoit  le  petit  cóté  á Fen- 
nemi. 

líXíii<rK¡y  y ordre  de  bataille  trés-étendu.  Se 
approchant  plus  d’une  forme  circuiaire  que  de 
la  "forme  carree. 

Téííj^»!'  , ordre  de  bataille  en  colonne  fotmée 
par  des  peiotons  qui  fe  fuccédent  continuelle- 
ment  5 cFoü  il  a pris  le  nom  du  ver  qui  shn- 
finue  dans  le  bois.  Cet  ordre  eft  néceíTaire  dans 
le  paffage  des  défilés  , oü  Ies  divifions  ne  peuvent 
fe  développer.  On  Fappelie  encore  fuXayl  |i- 

iptiií'iig.  ^ 

niayang  (páxíiyyig  y batiilion  ferré  fur  un  efpace 
moins  íarge  de  moitié  que  Fefpace  deftiné  aux 
autres  ordres. 

XvpargriiT-ycg , ordre  plus  ferré  encore  de  moitié 
que  le  précédent  j ce  qui  réduiíbit  Fefpace  á ua 

Pp  ij 


300 


A R M 


auart  feulement.  Les  boucliers  s’appuyoient  alors 
ñéceírairement  les  uns  fur  les  autres;  ce  qui  luí 
ñt  donrter  ce  nom. 


^ armée.  , , 

Ji'fkaljs , évolution  qui  reuniíioit  les  troupes 
áe  k queue  a Tune  ou  aux  deux  alies  j pour  en 
former  la  tete  de  ce  ráeme  corps_. 

, évolutíon  Qui  doublolt  les  alies  , en 
leur  réuniffant  fur  un  iront  courbe  les  troupes 
légéres  ; de  maniere  que  toute  X armée  ofiroit 
rimage  d’une  porte  triple.  , , ■ 

J-iTahi,  ou  5re<)«-s?ríi|íí  J,  eVOlUtíon  qU! 

difperfoit  Ies ' troupes  légéres  dans  les  intervalies 
que  laiíToient  les  troupes  pefarnmenc  armees.  ^ 

; cette  évolution  differoit  ue  la  pre- 
cedente , en  ce  qa’elle  rempliíToit  les  interváLes 
de  troupes  de  la  méir.e  efpece. 

évoIutíon  en  coionne^  par  laqueile 
íes  troupes  marchoient  á la  fuite  les  unes  des 

: cette  évolution  diíféroit  de  la  pré- 
eédente , en  ce  que  TaiIe  de  la  phalange  ne  mar- 
choit  pas  par  peíotons  j mais  par  diviíions , les 
ehefs  fe  plapant  fur  l’un  ou  Ikutre  cóté.^ 

On  diíHnguoit  quatre  forres  & de 

-xafay.yn.  Lorfquon  faifoit  face  d’un  feul  cóté^ 
Tune  8¿  Ikutre  étoient  furnommées  y.oiínXvJtK--, 
lorfquec'étoit  des  deux  cótés,  j de  trois^ 

s-físrAsufas;  & de  tous  les  quatre,  ^ 

Ka.Víís-  , étoienr  les  évolations  priles  en  ge- 
neral. 

ic>.iV/í  kí  <kjía  j converfion  á droiíe  t on  tencit 
ía  lance  de  cette  main. 

j mouvement  retrograde  vers  la 

gauche. 

atr^lSa,  converfion  á gauche  : on 
Senoít  le  bóuciier  de  cette  mam. 

M£tí£o3Aíí  , converfion  doiible  du  méme  cSté , 
oui  faifoit  tourner  lé  vifage  du  foldat  du  cote 
©ppofé  de  fa  premiere  poíition.  11  y en  avoit  de 
deux  fortes  : i°.  Ew'ssa»,  converfion  de 

la  tete  á ía  queue,  fans  changer  de  place  : elle 
fe  faifoit  toujours  par  la  droite  ; 2°.  ^,«£ríí&A¡i 
¿ffKfiaí , converfion  de  la  queue  á lá  tete,  fans 
changer  de  place  : elle  fe  faifoit  toujours  par  ia 

gauc.he.  ^ . 

f s-(ípc<p? , converfion  de  V armée  enuere  a droitc 


cu  a gaucse.  _ , 

, mouvement  contraire  au  precedent, 
qui  remettoit  Varmée  dans  fa  premiere  poíition. 

, double  : autrement , con- 

veríion  de  \ armée  entiere  de  la  tete  a la  queue. 

, trlpiC  sw/físipsí.  ^ 

ópéon  Cí‘PZéO  iíVCít  olí  ¡“77  £í7TdX.SiT£C^i!<r¿líl  y CVO“ 

lution  qui  remettoit  Yarmée  dans  fa  premiere  po- 
fition  & dans  fa  premiere  place. 

ou  :ií>.¡íií , évolution  par 
íaquelle  toute  V armée  paíTok  de  la  tete  á h queue  ^ 


A R M 

de  la  queue  á la  tete,  ou  d’un  cóté  á l’autre, 
les  foldats  marchant  á la  fuite  les  uns  des -autres. 
Lorfque  cette  évolution  fe  faifoit  par  files,  on 
la  déíignoít  par  cette  expreífion,  Kara  & 

par  cette  autre , , quand  elle  fe  fa.- 

foit  par  rañgs.  L’une  & l’autre  de  ces  évoiutions 
étoieiit  encore  diftinguées  en  trois  efpéces  diffé- 
rentes. 

1°.  Eh-XIVKOS  ¡cara  ; cctte  premíete 

efpece  étoit  due  aux  IMacedoniens , & elle  fe 
faifoit  de  ía  maniere  fuivante  : La  premiere  file 
fe  tournoit  á droite  ou  a gauche , Sc^marchoit ; en- 
fuite  la  feconde  marchoit  du  meme  cote , & 
s’arrétoit,  en  laiffant  un  intervalle  entr’elie  & la 
premiere  file  j la  troifiérae  & toutes  Ies  autres 
faifoient  la  méme  manoeuvre  jufqu  a la  derni-cre, 
qui  fermoit  la  marche.  Par  cette  évolution,  la 
troupe  fortoit  par  le  front  de  fa  premiere  po- 
fition,  & tous  les  foldats  fe  rrouvoienc  tournés 
du  coté  oú  étoit  placee  lá  queue  avant  I évo- 
lution. Philippe,  roi  de  Macédoine,  voyant  cette 
évolution  pratiquée  par  tous  les  Grecs , y ea 
fubítitua  une  nouvelle.  ^ ^ 

Z®.  E^'Aíyiys:  x.iZ7sc  5 CCtte  évolu- 

tion  füt -introduite  par  les  Lacédémoniens ; elle 
étoit  contraire  á la  precedente.  Dans  la  premiere, 
la  troupe  occuDoit  un  nouveau  terrein  en  avant; 
& dans  celle  des  Lacédémoniens,  elle  roccupoit 
en  aiT'ére,  les  foldats  faiiant^ace  au  cote  ou  étoit 
précédemment  ía  queue.  Dans  la  premiere  , Ja 
troupe  fe  développoit  de  la  queue  2 Ja  K-.c , 
& dans  l’autre,  au  contraire,  cetoit  de  la  tete 

á la  queue.  ^ , , 

3°.  E|sA<y«W  ns!5-i*W  ou  Kí>;t<k:í  xara  ! 
cette  troifiéme  efpece  d’évolution  étoit  en  ufage 
chez  les  Perfes  & chez  les  Crétois , & s appe- 
loit  auífi  , parce  qu’elle  s’exécutoit  comme 

¡es  marches  de  deux  chceurs  de  theatre.  Ceux-a 
alloient  de  I’entréc  du  t;héátre  au  fond , & re- 
tournoient  enfuite  occuper  reciproquement  a 
place  l’un  de  l’autre.  Dans  cette  ejolution , toute 
la  troupe  occupoit  á la  fin  la  meme  quantite  de 
terrein  qii’au  commencement ; c eft-la  ce  qui 
diftinguoit  des  deux  précedentes. 

E.lsAiy^mí  x.ar)í  , evolutioH  par  rangs,^op 
pofée  á l’évolution  par  files.  Dans  la  premíete, 
Y armée  fe  mouvoit  fiir  fa  profondeur  de  la  t..te 
á la  queue  ou  de  la  queue  á la  tete,  de  mani-J 
que  le  premier  & le  dernier  bataillon  J ti'ou- 
voient  occuper  á la  fin  de  l’évolution  la 
i’un  de  l’autre.  Dans  révoiution  par  rangs,  J 
mée  fe  mouvoit  par  le  cóté,  une  aüe  P^^p^nt 
place  du  corps  de  Y armée,  o^ 
l’autre  aüe  : de  maniere  que  les  foldats  de 
tere  d’une  aüe,  fe  plaqoient  á la  tete  de  1 2Utte, 
& ainíi  des  autres  rangs.  L'évolution  par 
étoit  de  trois  efpéces  , comme  l’évolution  p 

files.  . Aífant 

1°.  La  macédonienne  s’exécutoit  en  - 

paíTsr  á la  vue  de  reuoemi  i’ une  ou  a a ' ' 


A R M 

aile  í á la  droite  ou  á la  gauche  de  la  Teconde. 
Elle  reíTembloic  á une  fuite.  a°.  ^La  lacédémo- 
nienne  s’exécutoit  en  ramenant  devant  le  firont 
de  rennerni  Falle  qui  en  étoit  la  plus  éioignee. 
3°.  La  derniéie  évoludon  par  rangs  reíTembloit 
á la  marche  théatraie  des  choeurs ; & elle  s’exé- 
Gutoir  fans  changer  de  terrein  ^ en  traniporrant 
chaqué  aile  á la  place  de  Faiitre. 

doubler  ou  ferrer  lá  troupe ; ce 
qui  fe  faifoir  de  ¿eux  manieres j en  augmentant 
le  nombre  des  loldars  fans  agrandir  le  terrein, 
ou  par  Fagrandiflement  da  terrein  fans  augmen- 
tation  du  nombre  de  foidats  , mais  en  dédou- 
blant  Ies  rangs.  Ce  doublement  s’opéroit  fur  les 
foidats  ou  fut  le  terrein,  en  profondeur  ou  en 
largeur ; ce  qui  produifoit  quatre  doublemens 
différens,  í'i  'n?\ei.cnu(rf^úi, 

I®.  Ai'7:y^.a.(7iu,<Ttto5  y.c'.rct  ^vyci  OU  x.sí,tcí 

ce  doublement  s’opéroit  en  doublant  le  nombre 
des  foidats  dans  Ies  rangs,  fans  augmenter  Féten- 
due  dii  front. 

A¡7g>.oíüio(,cri¿og  ¿yS)¡i&y  JcsiTa  OU  kcctu 

, doublement  ou  ferrement  des  files,  fans 
augmentation  de  front. 

3°.  TCTíís  xíírli  OU  koítgí  ^í'¡kss ^ 

doublement  de  terrein  en  largeur,  fans  augmen-- 
lation  dans  le  nombre  des  foidats  , opéré  par 
ragrandifi'ement  des  intervalies  entre  les  files. 

4®.  ¿^l'7íXc¿Ticía-^í5  tÓtih  OU  xaTcí  , 

doublement  de  terrein  en  profondeur  par  le  dé- 
doublement  des  rangs , fans  augmentation  dans 
le  nombre  des  foidats. 

Toutes  les  dénominations  precedentes  étoient 
lelatives  á Fordre  de  bataille  felón  lequel  Ies 
divifions  étoient  formées.  On  en  trouve  encore 
dans  les  écrivains  quelques-uns  qui  étoient  propres 
a de  certains  peuples  íeulement  : tels  étoient 
les  ordres  de  bataille  qui  repréfentoient  des  figures 
curviiignes  de  toute  efpéce  , comme  celle  de 
Xxuf,  appelée  'ixv¡,  & in ventée  par  Ilion  áe  Thef- 
falie,  rapportée  dans  la  Taéíique  d'Elien. 

Les  Grecs  excellérent  dans  la  Taéiique,  parce 
que  n’ayant  á oppofer  aux  armées  innombrables 
des  Barbaras  que  de  petites  armées , ils  com- 
penférent  le  défaut  de  foidats  par  Fhabileté  des 
stianceuvres. 


Armees  romaines.  Ce  que  nous  avons  á dire 
fur  cet  objet,  fe  place  de  foi-méme  fous  les 
mots  Aczes , Agmen  & Exercitiis.  C'eft  pourquoi 
lis  formeronr  la  divifion  de  cet  arricie.  Car  les 
Komains  firent  trés-peu  d'additions  á la  tactique 
des  Grecs. 

Acrxs.  Les  Romains  exprimcient  par  ce  mot, 
pris  dans  fon  fens  propre , ¡e  tranchant  d'un 
^‘ftrument  coupant ; 8z  ils  s’en  fervirent  par  exten- 
fion,  poiir  défigner  les  premiers  rangs  ou  la  tete 
d une  troupe , qui  fe  faifoit  jour  la  premiere  au 
*-^''crs  des  bataiüons  enne'mis , comme  le  tran- 
Ci.ant  d’une  lame  penétre  les  corps  qu’elie  divife. 


Aufíi  Arrien,  dans  fa  Taétique,  exige-r 


3our 


A R M 301 

former  Ies  premiers  rangs  d'iine  troupe,  les  fol- 
dats  les  plus  expérimentés  & les  plus  coura- 
geux. 

Tire-Live  nous  a confervé  Fordre  de  bataille 
dans  lequel  on  rangeoit  une  íégion  romaine  (8-  8). 
» Chaqué  rang,  dit-il,  étoit  compofé  de  foixance- 
deux  foidats,  d^un  centurión  & d'un  porte-en- 
feigné.  Les  hafiaires  formoient  Favant-garde  avec 
quinze  manipules,  féparés  les  uns  des  autres  par 
de  petits  intervalles.  Chaqué  manipule  compre- 
noit  vingt  foidats  armes  á la  légére , & une 
troupe  de  foidats  pefamiiient  armes.  Les  pre- 
miers ne  portoienr  qiFune  lance  & des  javelots. 
Le  front  de  la  legión  préfentoit  ainfi  Félite  de 
la  jeunelfe  miiitaire.  Elle  étoit  fuivie  par  un 
nombre  égai  de  manipules  compofés  de  foidats 
chargés  de  boucliers , d’armes  pefantes , & á un 
áge  múr,  appelés  princes.  Ces  trente  premiers 
manipules  portoienr  le  nom  general  Antepllani , 
parce  que  Fon  plaifoit  aprés  eux  auprés  des  en- 
feignes  dix  manipules,  divifés  chacun  en  trois 
rangs  , dont  le  premiey  étoit  appelé  pilum. 
Ordo  fexagenos  dúos  milites  , ccnturionem  , 0? 
vexillarium  uaum  habebat.  Prima  acies  haflati 
erant , manipuli  quindtcim  difiap.tes  ínter  fe  mo~ 
dicum  fpatium  : manipulus  leves  vicenos  milites  ^ 
aliam  turbam  fcatatorum  habebat.  Leves  autem  ^ 
qui  kaftam  tantum  gsfaque  gererent  ^ vocabantur. 
Hs.c  prima  frons  in  acie  florem  juvenum  pubef 
centium  ad  militiam  habebat.  Rohujtior  inde  átas 
totidemmar.ipalorum  , quibus  principihus  efi  nom  en  y 
hos  fequebantur  , fcutati  omnes  , infignibus  máxime 
armis.  Hoc  triginta  manipulorum  agmen  antepi- 
lanos  appellabant , quia  fui  fignis  jam  alii  decenz 
ordine  locdban.tur  ex  qaibus  ordo  unufquifque  tres 
partes  habebat ; earumque  imam  quamque  primam  , 
pilum  vocabant. 

La  premiere  divifion  de  chaqué  manipule, 
appelée  pilum,  comprenoit  trois  enfeignes,  qui 
étoient  cornpofées  chacune  de  cent  quatre-vingt- 
fix  foidats  : fous  la  premiere  enfeigne  marchoienr 
Ies  triaircs,  foidats  vétérans  Se  éprouvés  5 fous 
la  feconde  Ies  roraires , plus  jeunes  Se  moins 
anciens  dans  Jes  armées ; fous  la  troifiéme  les 
accenfes  , foidats  fur  lefquels  on  comptoit  moins. 
Se  que  Fon  plagoit  en  arriére  par  cene  raifon. 
Lorfque  la  troupe  étoit  formée , les  hafiaires 
commenfoient  le  combar  : s’ils  r/enfoncoient 
pas  Fennemi  , ils  rétrogradoient  Se  s'arrétoient 
dans  les  intervalies  qui  féparoient  les  princes. 
Cés  cerniers  combattoient  alors  , Se  étoient  foii- 
tenus  á leur  tour  par  les  hafiaires.  Pendant  Fac- 
tion , les  triaires  demeuroient  fermes  fous  leurs 
enfeignes,  le  genou  gauche  avancé,  le  bcuclier 
afrermi  fur  Fépaule ; Se  tenant  leurs  lances  incli- 
nées  Se  fixées  en  terre  par  la  pointe  , i!s  oíFroieht 
Fimage  dhin  retranchement  ccuronné  de  paüf- 
fades.  Si  Fattaque  des  princes  avoic  été  trop 
foible  , ils  fe  repiioient  infenfiblement  fur  les 
ti'iairesí  ce  qui  avoit  f;it  naitre  le  proverbe  .•  Pcf 


cLux  triaires  í combatiré  ¡ c tft-a-dirff»  on  áft  re- 
duit  au  dernier  expédient.  Les  triaires  ayant  re^u 
dans  leurs  interyaíles  les  haítaires  8c  les  princeSj 
fe  redreíToient , ferroient  leurs  rangs  pour  ne 
lailTer  aucune  entrée  á l’ennetni,  & fondoient 
teus  enfemble  fur  lui  avec  furie^  fachant  bien 
qifils  n'avoient  plus  de  troupes  aprés  eux  fur 
qui  fonder  quelqu'efpérance  de  foutien».  Primum 
■vexillum  triarios  duceaat,  veteranum  militem.  fpec- 
tatí,  virtuús  : fecundum  rorarios  , mmus  roboris 
Atate  , faaifque  : tertium  accenfos,  minimA  fiducÍA 
manum  : eo  & in  pojiremam  aciem  rejiciebantur. 
Ubi  kis  ordinibus  exercitus  infiruñus  ejfet , kaftati 
omnium  primi  pugnam  inibant  : fi  hafiati  hofiem 
projiigare  non  pojfent , pede  prejfo  eos  retrocedentes 
hi  intervallo  ordiaum  principes  recipiebant  : tum 
principum  pugna  eral  y hafiati  fequtbantur  : triarii 
fub  vexillis  confidebant , finifiro  erare  porteño  , 
feuta  innixa  humeris , hafias  fubreñd  cufpide  in 
térra  fixas  , haud  fecus  quam  vallo  fepta  inkorreret 
acies  j tenentes.  Si  apud  principes  quoque  haud 
fatis  profpere  pugnatum  ejfet  , a prima  acie  ad 
triarios  fenfim  referehantur  ; inde  rem  ad  triarios 
rediijfe,  cim  laboratur  , proverbio  increbuit.  Triapii 
confurgentes  , ubi  in  intervalla  ordinum  fuorum 
principes  & hafiatos  recepijfent  , extemplb  com- 
préis ordinibus  velut  claudebant  yias  :■  unoque 
continente  agmine  , jam  nullá  [pe  pofi  fe  reliña , 
in  hofiem  incidebant. 

On  ne  formoit  pas  toujours  f ordre  de  bataille 
par  manipules  ^ c'eft-á-dire  , par  haftaires , princes 
& triaires  j mais  on  le  formoit  quelquefois  par 
cohortes  j & alors  ces  trois  diviíions  étoient  réu- 
nies  en  une  feule.  La  formation  par  cohortes  étoit 
plus  ufitée  dans  les  marches,  & celle  par  mani- 
pules dans  les  batailles , fans  exclulion  cependant 
de  Tune  ou  de  Lautre.  C'eft  une  erreur  d’attri- 
buer  á Marios  la  formation  par  cohortes.  Elle 
étoit  cennue  dans  Fancienne  république,  mais 
elle  devint  plus  ufitée  depuis  ce  général. 

Acies  défignoit  proprement  les  troupes  ro- 
maines,  pour  les  ciftinguer  des  alliés  & des  auxi- 
liaires.  Ceux-ci  formoient  les  ailes;  tandis  que 
le  corps  á'armúe,  acies , ne  comprenoit  que  Ies 
foldats  romains.  Tite-Live  le  dit  expreíiément, 
( 3-.  35>.  ) ; Romani  mediam  aciem,  cornua  Latini 
Zenuerunt. 

A cjcjEN,  efeadron  ou  bataillon.  Cé  mot  a 
fouvent  été  confondu  avec  celui  á' acies , fur-tout 
par  les  écrivains  des  bas-fiécles.  Les  premiers 
Romains  avoient  géneralement  deux  agmen  de 
forme  différente  , ou  deux  ordres  de  bataille ; 

pour  fortir  des  camps,  on  pla^oit  ala  tete 
des  troupes  Féüte  des  foldats,  appelés  exiraordi- 
narii  , qui  avoient  leúr  quartier  aeprés  de  la  porte 
Frérorienne  ; á leur  fuite  marchoit  Falle  droite 
des  aihés,  des  Latirts,  par  exemple ; les  bagages 
des  extraordinarii  & des  alüés  les  fuivoient  retiñís 
ersfemble.  Venoit  enfuite  chaqué  legión  fuivie 
di  fon  bagage  , marchant  á la  fuite  Fuñe  de  Fautre  5 


A R M 

I ¡c  la  marche  étoit  fermée  par  le  baga.^e  de  Falle 
gauche  des  aiiiés , qui  fuivoit  cette  aiíe.  L'ordre 
de  la  marche  étoit  renverfé  quand  on  rentroit 
dans  le  camp  5 de  maniere  qu’eile  étoit  fermée 
par  Ies  extraordinarii.  Ces  évolutions  étoient 
annoncées  par  les  trompettes.  lis  faifoient  retentir 
trois  fois  le  fon  de  leurs  inftrumens.  A la  pre- 
miére,  on  abattoit  les  rentes;  á la  feconde,  on 
chargeoit  le  bagage  fur  Ies  chariots  & fur  les 
bétes  de  fomme  ; & á la  troifiéme  , Favant-garde 
fe  mettoit  en  marche. 

Le  fecond  ordre  de  bataille  étoit  empioyé 
dans  les  marches  au  travers  des  pays  découverts , 
ou  dans  le  voifinage  de  Fennemi.  On  divifoit 
toutes  les  troupes  en  trois  corps , au-devant  de 
chacun  defquels  étoit  place  fon  bagage  : cMtoient 
les  haftaires  , les  princes  8c  Ies  triaires.  Lorfqu  on 
marchoit  fans  crainte  8c  fans  défiance,  Varme'e 
fe  formoit  en  colonne  , 8c  alors  la  file , verfus , 
furpaffoit  en  longueur  le  rang,  Jugum.  Ces  mar- 
ches ordinaires  étoient  réglées  á vingt  mille  pas 
chaqué jour;  Seles  marches  forcées  á vingt-quatre 
mille. 

Agmen  pilatum  , troupe  formée  en  colonne , 
de  pilum , trait  fort  lorig  auquel  elle  reíTembloit. 

Agmen  quadratum.  Le  fens  de  ce  m.ot  a beau- 
coup  varié  chez  Ies  écrivains  iatins  : tantót  il 
fignifie  un  ordre  de  bataille , dans  lequel  le  ba- 
gage, place  au  centre,  . eft  devaneé  Se  fuivi  par 
les  troupes  : tantót  un  bataillon  faifant  face  des 
quatre  cotes  : tantót  enfin  une  armée  rangée  en 
bataille  felón  la  forme  ordinaire,  dans  un  ter- 
rein  ouvert ; parce  qu’alors  en  la  voyant  de  front, 
on  pouvoit  la  croire  auffi  profonde  qu'étendue. 

Exsrcitus  défignoit  la  reunión  de  diíférentes 
troupes  fous  un  méme  chef,  foit  qu^elles  fuífent 
eníñarche,  ou  campées  Se'retranchées,  ou^en 
garnifon  dans  les  viíles  , ou  rangées  en  bataille. 
Non- feuleraent  le  mot  exercitus  défignoit  des 
troupes  de  diíférentes  nations,  de  diverfeseípeces, 
de  cavalerie  ou  d'infanterie  , m.ais  encore_  une 
flotte , lorfqu’elle  étoit  deftinée  á Fappui  des 
troupes  de  terre. 

ARMENIACÜ S.  Voyez  Arméniqüe. 

ARMENTE.  Le  feul  roi  á’Arménie  dont  oa 
ait  des  médailles , eft  Artavafde  , roi  des  rois. 

La  tete  de  ce  roi  & des  autres  princes  auxq.i^Is 
Y Arménie  a été  folimife , eft  ordinairement  coeffee, 
de  la  daré. 

On  connoit  deux  autres  rois  Arménie,  qui 
régnoient  du  tems  des  croifsdes  ; Léon  I;  h aitón. 

Armenie.  apmenia.  Cette  contrée , -réduite 
en  provlnce  romaine , a faft  frapper  des  me- 
dailles  imperiales  grecques  enFhonneur  de  Trajan, 
de  Verus,  de  Sept.-Sévére. 

Son  fymbole  ordinaire  eft  la  tiare,  8c  le  car- 
quois  avec  des  fiéches. 

On  a quelques  médailles  avec  des  légendes  en 
ancienne  langiie  arménienne  ; elles  ftont  pas  en- 
coré été  expliquées. 


A R M 


^RMENIENS.  (ere  des)  L’ére  des  Jrmé- 
niens , appelée  dans  quelques  titres  franijois  FE- 
treure  des  Ermines , commenca  Fan  de  J C.  552  j 
un  mardi , 9 de  juiilet.  Ceft  Fépoque  du  concile 
Tiben  , ou  les  Armémens  ayant  confirmé  la 
condamnation  du  concüe  de  Calcédoine , qu’iis 
avoient  prononcée  Fan  53Ó  au  concile  de  Thévisj 
confommérent  leur  fchifme.  « Les  Arméniens , 
» dit  M.  rréret,  í^dAém.  de  V Acad.  des  B.  L.  t.  19  3 
” P-  85  ) fe  fervent  aujourd^hui  d'une  année  com- 
“ pofée , comme  celle  des  anciens  Perfans  j de 
w douze  mois  , de  trente  jours  chacun  & de  cinq 
épagoménes.  Cette  année  eft  abfolument  vague  j 
* fans  aucune  intercalation  3 & elle  remonte  tous 
” ans  d'un  ]our  dans  Fannée  Julienne. 

” , ‘ j Ppur  les  ades  8t  pour 

” la  date  oes  lettres ; mais  en  méme  - tems  on 
" emploie  une  autre  année,  qui  eft  proprement 
==  1 annee  Eccieliañique,  & qiii  fert  dans  la  Litur- 
” pour  régler  la  céíébration  déla  páque  & 
” dec  fétes  , le  tems  des  jeunes.  Se  tout  ce  qui  a 
» rapport  la  religión  : cette  année  eft  fixe  , au 
^ moyen  d un  fixiéme  épagoméne  qfton  ajoute 
« tous  les  quatre  ans}^  mais  le  Nourous,  ou  pre- 
53  mier  jour  ae  i annee,  qui  commence  avec  le 
” m.ois  ^avpardi,  eft^  fixé  depuis  long-tems  au 
” I i.  du  mois  d aoút  de  Fannée  Julienne,  & il 
” ne  s'en  ecarte  plus.  » 

” Dans  la  fuite , ajoute  le  méme  auteur,  lorf- 
**  ^^ue  \ts  Armeniens  le  réconciliérent  avec  Féglife 
” latine  , & qu  une  partie  d'entr’eux  reconnurent 
íes  papes  de  Rome  , dans  une  efpéce  de  con- 
” 5 ^ Kherna  , au  quatorziéme  íiécle  5 

(c  eft  le  concfte  dit  Charnenfe , tenu  Fan  de 
^330)  ils  admirent  la  forme  de  Fannée 
Julienne  , que  le  commerce  avec  les  Francs 
« leur  avoit  rendue  familiére.  Les  aftes  du  con- 
“ csle  de  Sife  joignent  Fan  yjB  de  Fére  armé- 
nienne  avec  Fan  1307  de  Fére  vulgaife,  & 
“ datent  dans  Fuñe  & Fautre  année  par  le  19 
=1  mars.  Dans  le  concile  d’Adéna,  tenu  en  1316, 

“ ou  il  fut  quefiion  du  calendrier,  on  ne  fe  fert 
« que  des  mois  juliens  & de  Fére  vulgaire  5 & en-  ' 
core  aujourd  hui , lorfque  les  Arméniens  traitent 
" avec  les  Occidentaux , ils  empioient  Ies  mois 
» juliens.  =1  Dans  une  réponfe  de  M.  Arnaud  au 
niiniftre  Claude , fur  ia  perpétuité  de  la  foi , im- 
pnrnée  en  16-1,  on  vcit  une  lettre  de  Jacques  , 
^atnolique  áts^Arméniens  , datée  du  12  avrii  de 
^ an  II  ¿o  de  1 ere  des  Armémens  ^ ce  qui  revient 
a notre  année  1671.  Kous  ajourerons  que  les 
-rjnenieris  datent  aufli  par  les  années  du  monde 
uicant  1 ere  de  Conftantinople  , & qu’ils  joignent 
«luelquefois  dans  leurs  ades  cette  ftcon  de  fup- 
pater  les  tems  á celle  qui  leur  eft  propre. 

dAo^s  Romazns^  lAois  Arméniens» 


Aoút, 

10  Septembre, 

lo  Ofiojjre^ 


Navazardi. 

Hori. 

Sahomi, 


9 Xovembre, 
9 Décembre, 

8 Janvier, 

7 Février, 

9 Mars  , 

8 Avrii  , 

8 Mai, 


A R M 

Dré  Thari. 

Kagoths. 

Áracz. 

Malégi. 

Arcki. 

Angi. 

Mariri. 


303 


7 Juin  , Marcacz. 

7 Juiilet,  _ Hérodiez. 

Aceiiacz  ou  les  cinq  épagoménes  , & les  ftx 
dans^  les  années  ahondantes.  (V Art  de  vérifier 
les  dates  , (ic. 


ARMENIQÜE,  Armenicus  , Armeniacus  , fur- 
nom  donné  á Néron , á M.-Auréle  &c  á Lucius 
Aérus.  On  le  trouve  dans  Capitolin  & fur  leurs 
médailles  : ñero  cjesak  augustus  ; & au  re- 


vers  ; armeniac.  — antoninus  aug.  a.r_vie- 

NIACUS.  —IMF.  L.  AUREL.  AUG ArmEN. 

OU  ARMENIA  ou  ARMENIACUS.  II  faut  traduirc 
Arménique  & non  pas  Arméniaque. 

ARMES.  On  rapporte  ordinairement  aux  Egyp- 
tiens  Finvention  , ou  au  m.oins  la  perfedion^^des 
premieres  armes  que  les  hommes  civilifés  ayenc 
employées.  C'eft  des  Phéniciens , colonie  des 
Egyptiens , que  Ies  Grecs  en  apprirent  Fufage  j 
& c'eft  pour  cacher  cette  origine  , qu'ils  firent 
honneur  de  Finvention  des  armes , tantót  á Mars, 
pour  qui  Vulcain  travailloit  dans  Ies  forges  de 
Lemnos,  & tantot  á Bacchus,  dans  fon  expédi- 
tion  de  Flnde. 

Les  armes  des  héros  Grecs  étoient  de  bronze 
& non  de  fér ; Héliode  le  dit  expreffément , 
( Oper.  & Dier.  v.  149.)  ainfi  que  Paufanias  , 
(Lacón.)  & Lucréce  : Sed  przus  eris  erat  qudm 
cognztas  zzfus.  On  y employoit  quelquefois 
Fétainj  au  moins  Homére  FaíTure-t-ii  des  bottines 
ou  plutot  de  Farmure  des  jambes  dAchiüe  (II.  2.), 
de  la  cuiraíTe  d'Agamemnon  (Iliad.  A.),  & du 
bouclier  d’Enée.  On  fait  que  le  mélange  appelé 
bronce  fe  fait  avec  du  cuivre  & de  Fétain.  L"or 
& Fargent  fervirent  quelquefois  á orner  les  armes 
des  héros  5 mais  ils  n en  furenr  jamais  la  matiére 
qu^entre  les  mains  des  eíféminés.  Les  armes  de 
Glaucus , dans  Flliade , font  ornees  avec  Ies  mé- 
taux  précieuxj  celles  du  vaillant  Dioméde  ne  font 
que  de  bronze.  Homére  compare  á une  femme 
Amphimaque,  dont  les  armes  étoient  dorées. 

Les  Perfes , am.ollis  par  le  laxe , charaeoient 
leurs  armes  d'or  & de  pedes , & elles  devinrent 
la  proie  des  foldats  grecs,  qui  ftétoienr  couverts 
que  d’airain.  Les  héros  & Ies  chefs  de  ces  der- 
niers  n’admkent  les  métaux  précieux  que  pour 
orner  leurs  armes.  Elles  étoient  daroafquinées  , 
& Fon  y gravo it  les  hauts-faits  des  ancétres  , 
les  bienfaits  des  dieux,  des  íymboles  , tels  que 
des  lions,  des  dragons.  Mais  ce  quh’ls  y rechtr- 
choient  le  plus  aprés  la  bonté  de  la  trempe,  éroit 
Féclat  que  leur  donnoit  un  poli  vif,  & qui  éblou'f- 


foit  les  ennemis. 


Toutes  Ies  armes  peuvent  étre  diftinguées  en 


304 


A R M 


claíTes,  Ies  armes  défeniives  & les 
OTeañves.  Les  Barbares  ne  s attacherent  qu  aux 
derniéres.  Les  Grecs^  éciairés  par  de  fages  legü- 
iations  ^ fur  le  beíbin  de  conferyer  les  hommp , 
íirent  des  ¡oix  trés-féveres  pour  défendre  íe  comt>at 
aux  foidats  qui  ne  feroient  pas  fufKfaniment  armes 
& couverts,  & ponr  noter  ddnfirnie  ceiui  qui 
auro’t  perdu  fon  bouclier  dans  la  meléej  randis 
que  la  perra  de  la  lance  ou  de  fépée  n entramóle 
aucun  déshonneut.  _ 

Les  armes  défeníives  coníiftoient  en  un  Las- 
que j une  CumASSE,  unCEíNTURON  ou  Bau- 
DRIER  (?ar>íp)  , un  Bouclier,  des  Bottines, 

, des  Brassards  & Gantelets  , 
(xtifihsy  Voye?  ces  mots.  Les  armes  offeniives 
desGrecs  étoient  laMAS&UEjla  Lance,  IEpee, 
la  HAP.PÉ  , la  Hache  , F Arc , les  Fleches, 
les  Javelots,  Ies  Fierres,  la  Fronde, 

Autant  Ies  Grecs  étoient  affliges  de  la 
de  leurs  armes , autant  ils  fe  rejouiíToient  de  les 
avoir  rapportées  dii  combat , 8c  ti  avoir  emeve 
celies  de  Fennemi.  Ils  offroient  ces  derniéres  aux 
dieux , & les  confacroient  dans  les  temples  , ou 
ils  les  fufpendoient.  Heílor  proraet  a Apollon , 
(filiad.  H.)  de  confacrer  dans  fon  temple  \ts.  armes 
de  fon  adverfaire,  íi  ce  dieu  iui  accorde  la^yic- 
toire-  Les  Grecs  faifoient  le  méme  ufage  de  reurs 
armes , lorfqudis  renonpoient  a la  guerre  & aux 
exercices  militaires.  Mais'de  crainte  que  dins  des 
tems  de  trouble  , des  féditietix  n en  fiiient  un 
ufage  condaninable,  on  les  mettoit  hors  d etat  de 
ferrir , en  émouíTant  le  tranchant  des  epees , 
la  pointé  des  lances,  des  javelots,  8c  en  dpta- 
chant  Ies  anneaux  ou  courroies  des  boucliers. 
t n aéleur,  dans  les  Chevaliers  d' Ariftophane,  nous 
aporend  cet  ufage ; il  s écrie  douloiireufement , 
en  voyant  des  boucliers  ainíi  fuipendus,  fans  avoir 
été  dégradés  : 

Os  ¡íst  ra>.!¿;  i 

« Que  je  fuis  malheureux  ! ces  boucliers  font 
garnis  d’anneaux. 

Les  armes  des  Romains  : I ufage  qifils  en 
faifoient.  Se  leur  opinión  fur  "abandon  des  armes, 
étoient  les  mémes  que  ceux  des  Grecs,  a quelques 
légéres  difterences  prés  relatives  á la  forme,  A 
Borne  , les  citoyens  ne  gardbient  point  d’armures 
dans  leurs  maifons.  Files  étoient  dépofées  dans 

r4RSENALpubIic,appelé^rj2i2OT¿?2Mriü?,v,  V oye^ 

fon  article.'Ceíl-la  que  les  féditieux  sbrmerent 
dans  la  révoite  des  Frétoriens,jui  arriya  au  com- 
mencement  du  régne  d’Ct'non.  i acite  («zj?.  i.  §a.)  : 
Nam  apena  armamentario  rapta  arma  , niídati^ 
g^íadti , itiíídentcs  eqais  uroem  ac  ^ ulatium  zlli 
petíeruTit.  Les  armes  placees  <ians  I atfenal  y etoient 
couvertes  8<c  renfermees  dans  des  fourreaux. 
ílomsre  parle  de  ces  fourreaux  dans  lOdyflee 
\A.  12)'.),  8c  Céfar  {de  Bell,  civil,  il.  I4-)  ; Cdm 
crrr.a  vero  omnia  repof.ta , contcciaque  ejfent. 

Les  foidats  romains  les  portoient  ainíi  cou- 


Á R M 

vertss  dans  les  marclies  en  rems  de  paix  j 3c  dsní 
les  camps,  ceux  qui  n’étoient  pas  de  garde,  dé« 
pofoient  leurs  armes  dans  une  tente  ou  fur  des 
chariots.  lis  fe  revetoient  du  fagum , Se  fe  pro- 
menoient  ainíi  défarrnés  dans  le  camp.  L’ordrc 
exprés  du  commandant  étoit  nécefiaire  ponr  re- 
prendre  les  armes.  11  y avoit  dans  chaqué  iégion 
un  foldat  prépofé  á la  garde  des  armes , appelé 
Armorum  Cufias . 

Lorfque  les  troupes  étoient  en  marche , chaqué 
foldat  portoit  fon  caique  pendu  fur  la  poitrine 
& attaché  á Fépaule  droite.  De  la  main  gauche 
paífée  dans  le  bouclier  , il  tenoit  une  iongue 
■perche,  au  bout  de  laquslle  étoit  lié  un  paquet 
de  fes  ufteníiies , coinme  on  le  voit  fur  la  colonne 
Trajane.  Des  chariots  fuivoient  íes  légions  pour 
porter  le  gros  bag'age  8c  les  armes  de  rechange. 
On  en  av'oit  établi  des  fabriques  daos  chaqué 
province  & dans  les  villes  les  plus  voiíines  oes 
frontiéres. 

Le  bronze  étoit  la  raatiére  ordinaire  des  armes 
romaines.  Mais  dans  les  bas-íiecies,  on  les  enri- 
chit,  8c  elles  devinrent  un  objetde  luxe.  Trébel- 
lius  Pollion  parle,  fous  Clauáe  ¡e  Gothique,  de 
baudriers  id argent  doré , 8c  de  caiques  dores.  On 
y ajouta  méme  des  perles  8c  eses  pierres  pre- 
cieufes.  Capitolin  dit  de  Áíaxinun,  quil  fit  fabn- 
Quer  de  longues  épées  argentees  & dorees,  des 
caiques  ornés  des  pierres  precieufes,  & des  oine- 
mens  de  boucliers  aaífi  recherches;  B ecit  & fpatkas 
argeuteas , fecit  etiam  aureas  , & omnino  a^aidquii 
ejiis  pu-lcritiídmem  voffet  juvare.  Fecit  ig  galeas 
gemmatas , fiecit  & huccalas.  Claudicn  , gAíS  le 
premier  confuiat  de  Stiiicon , n°.  8,8 , peint  un 
laxe  militaire  plus  étonnant  encore : 

Q_uin  & fiionias  chlamydes  , & cingula  baccis 

AJpera,gemmatafcue  togas, viridefquefmaragais 

Loricas  , galeafque  renidentes  hyacinthis , 

Gefiatcfque  patri  capu'ds  radiantibus  enfes. 

On  ne  peiit  former  que  des  conjetures  fur 
Fefpéce  des  armes  queRomuIus  donna  a fes  iUjvts; 
car  les  écrivains  anciens  fe  taifent  fur  ce  poiiit, 
Tite-Live  parle  des  lances  dont  étoient  ornes 
les  cavaliers  fous  le  régne  de  Servuis,  des  epees 
8c  des  boucliers  dans  Fhidoire  de  Tarpeia.^  Lenis 
d'Halicarnaffe  , décrivant  le  combat  des  Horaces 
& des  Curiaces  , donne  a entendre  qiúis  etoient 
armes  de  boucliers , d'épées , Se  qu  iis 
couverts  entierement  dhine  forte  armure.  Qum 
Servias  établit  le  Cens  8c  diftribtia  les  Rom-in 
en  claíTes , i!  donna  á la  preniiére  des  cmques» 
des  boucliers,  des  cuiraífes,  des  epees, 
la  feconde  & á la  troiíiéme  , des  armes  plus 
géres ; á la  quatriéme , felonTite-Live , une  anc 
& un  épieu  j felón  Denis  une  lance,  un  bouc 
8c  une  épée ; á la  cinquiéme  , felón  le  uern 
écrivain,  la  fronde  8c  íe  javelot;  la  froime  a. 
lance  felón  le  premier.  Piutarque  dit  que 


A R M 

fit  fabriquer  en  fer  les  caiques  dont  le  bronze 
étoit  anciennement  la  matiércj  & qu'il  couvrit 
les  boucliers  avec  des  lames  de  bronze,  po'ir 
les  mettre  en  état  de  réfiñer  aux  lourdes  epées 
des  Gauloís. 

Les  exercices  étoient  fréquens  pendant  la  paix  ^ 
& les  foldats  romains  étoient  toujours  tenus  ep 
haleine.  On  exerqcit  les  nouveaux  deux  fois 
par  joutj  & les-vétérans  une  feule.  Les  chefs 
faifoient  Texercice  avec  eux,  pour  montrer  leur 
habileté,  & pour  donner  Texemple  áleurs  troupes. 

Le  déshonneur  étoit  auffi  grand  pour  le  foldat 
romain  qui  abandonnoit  fes  armes , que  pour  le 
foldat  grec ; les  hiíloriens  en  fourniíTent  un  grand 
nombre  d’exemples.  Par  une  fuite  de  cet  atta- 
chement  pour  leurs  armes  , on  brúloit  les  guer- 
riers  avec  les  mémes  armes  qtfils  avoient  portees 
pendant  leur  vie.  Virgile , {^Mneid.  xi.  15)3.)  décri- 
vant  une  pompe  fúnebre  j dit  que  Ton  jeta  fur  le 
búcher  les  dépouilles  que  le  mort  avoit  prifes  fur 
les  ennemis  , & les  armes  dont  il  faifoit  autrefois 
ufage ; 

Hiñe  alil  Jpolia , occifis  direpta  Latinis  y 
Conjiciunt  igni  galeas  , enjefque  decoros , 
Frenaque,  ferventefque  rotase  pars  muñera  nota, 
Ipforum  Clypeos , & non  f elida  tela. 

Par  muñera  nota,  le  poete  défigne  les  récom- 
penfes  qu'avoit  recues  le  guerrier  pour  prix  de 
fa  valeur.  C'étoient  ordinairement  des  armes  prifes 
fur  les  ennemis , que  les  chefs  diftribuoient 
aux  foldats  qui  s'étoient  diítingaés  par  leur  cou- 
rage.  Le  reñe  des  armes  & des  dépouilles  des 
vaincus  étoit  brulé  en  triomphe , ou  fufpendu 
& confacré  dans  les  temples  des  dieuXj  de  Mars  , 
de  Bellone  & de  Júpiter  Feretrius. 

Les  foldats  accompagnoient  le  convoi  de  leurs 
camarades  ^ en  portant  les  lances  renverfées  & 
les  boucliers  retournés.  Virgile,  {Georg.  1. 160.). 

Et  verjis  Arcades  armis. 

On  attachoit  encore  des  armes  fur  Ies  monumens 
qu  on  leur  élevoit  ^ ou  on  en  fculptoit  fur  leurs 
tombeaux.  Les  recueils  d'infcriptions  de  Gruter  ^ 
de  Muratori,  &c.  en  offrent  cent  exemples. 

_ Aprés  la  vidoire  ^ on  ne  fe  contentoit  pas  de 
diftribuer  une  partie  des  armes  des  vaincus  aux 
foldats  qui  s’étoient  diílingués,  d’en  brúler  une 
autre  partie , d’en  réferver  pour  les  temples  des 
dieux,  mais  on  en  conílraifoit  encore  áes  tro- 
phées  fur  le  champ  de  bataüle.  Pour  conferver 
la  mérnoire  de  ces  trophées  ^ ils  étoient  repré- 
fentés  fur  Ies  médailles  avec  le  nom  des  peuples 
vaincus  ; ivdaea  capta ^ asía  recepta  &c. 
On  trainoit  encore  á la  fuite  duvainaueurles3rm?.í 
renverfées  du  général  ennemi^  & á la  poupe  du 
vaiíTeau^prétorien , Ies  ornemens  des  navires  pris 
nu  brifés  dans  le  combar. 

Antiquites , Tome  I. 


A R M 305 

Arma  luforia  gladiatorum , étoient  des  lances 
fans  fer , & des  bátons  appelés  rudes,.  On  s’en 
fervoit  dans  les  exercices  des  gladiateurs.  Les 
armes  véritables  s’appeloient  , par  oppoíltion , 
arma  pugnatoria  ou  decretoria. 

Armes  des  Barbares^  De  méme  que  les  fculp- 
teurs  anciens  donnoient  touiours  aux  peuples 
barbares  un  habillement  différent  de  celui  des 
Grecs  & des  Romains ; de  méme  auíS  avoient-iis 
confacré  par  l’ufage , des  armes  particuliéres  pour 
les  faire  reconnoitre.  C’étoient  ordinairement  des 
boucliers  trés-longs,  8c  chargés  de  fymboles  ex- 
traordinairesj  des  épées  fort  iongues  8e  courbées 
comme  les  cimetéres  moderneSj  des  caiques  re- 
courbés  en  forme  de  bonnet  phrygien  , ou  ce 
bonnet  luí  - méme , des  maíiues  de  toutes  Ies 
formes , 8ec.  Nos  fculpteurs  n’ont  point  fak 
attention  á cette  difrérence ; ce  qui  jette  fouvent 
de  I’obfcurité  fur  leurs  compofitions. 

Armes  des  Gaulois.  Procope , fecrétaire  du 
fameux  Bélifaire,  parlant  de  Texpédition  que  les 
Franes  firent  en  Iralie  fous  Théodoric  l,  roi  de 
Ja  France-AuíJrafienne  ^ fait  une  defeription  de 
leurs  armes  Sc  de  leur  maniere  de  combattre , qui 
a beaucoup  de  rapport  avec  ceile  qu’en  avoit 
faite  j plulieurs  années  auparavant^  SidoineApol- 
linaire  : ils  ne  portent , dit  Procope  , ni  are  ni 
fleche^  mais  un  boucliers  une  épée  Se  une  hache. 
Le  fer  de  cette  hache  eft  trés-Iourd,  & a deux 
tranchans;  le  manche  eñ  de  bois^  8c  fort  court. 
Au  premier  íignal  du  combar  ^ Se  des  que  les 
armées  font  aíTez  rapprochéesj  chacun  lance  fa 
hache  contre  le  bouclier  de  celui  qu’il  atraque  j 
& le  brife.  II  met  enfuite  l’épée  á la  main^  fe 
jette  fur  luí  & le  tue. 

Les  Gaulois j ou  plutót  les  Franes,  n’avoient, 
du  tems  de  Procope  , que  trés-peu  de  cavaliers  , 
qui  fe  tenoient  auprés  du  roi.  Les  cavaliers  feuls 
portoient  des  javelots. 

ARMIGER.  Voyez  Egüyer. 

ARMILAUSA,  efpéce  de  fagum  militaire,  que 
les  foldats  mettoient  fur  leurs  cuiraíTes.  II  ne 
defeendoit  pas  au-delTcus  du  genou.  Maurice., 
{in  Strategieis)  l’appelle  8c  Ilidore 

( 19.  2.1.)  derive  fon  nom  ¿armiclaufa,  fermá 
fur  les  hanches.  II  I’étoit  en  efrer  & s’ouvrok  par- 
devant  8c  Dar-derriére  : Armilaufa  vulgo  vocata , 
qubd  ante  & retro  divifa , atque  apena  eft  y in 
armas  tantiim  claufa  , quaft  armiclaufa.  Voyez 
Sagvm. 

ARMILLiE.  Voyeti  Brasselet,  Geste,  Coi- 

LIER  Se  PÉRISCÉLIDES. 

ARMILLU3I,  vafe  dans  lequel  on  mettoit  le 
vin  deftiné  aux  facrifices.  (IJidore). 

ARMILUSTRE  oa  Armilustrie  , féte  que 
célébroient  Ies  Romains  dans  le  champ  de  Mars, 
le  jour  d’oétobre.  lis  offroient  un  facrifice 

Qq 


5o6 


A R M 


po!ir  l’expiation  des  armeeSj  & pour  la  prGfpe- 
rité  des  armes  du  oeuple  roraain.  Les  troupes 
cui  y affiftoient , faifoient  le  tour  de  la  place 
sVec  leurs  armes.  Cette  féte  étoit  diftinguée  des 
Anciles en  ce  que  Fon  fe  fervoit  de  la  ñute  dans 
celle-ci  j & de  la  trompette  dans  celle  des  Anciles ; 
&Qu'á  cette  derniéreF,  on  n étoit  armé  que  du 
bouclier.  , , ■ ■ 

On  regardoit  cette  féte  comme  une  héneiiciion 
des  armes , i-a/.cx.aiáono'i.  Les  Atneniens  1 avoient 


pratiquée  les  premiers. 

ARMÍLUSTRÜM,  étoit  l’endroic  de  Rome 
®ú  fe  faifoient  les  facrifices  de  FArmiluftre.  On 
fait  qu'il  étoit  dans  la  región  du  mont  Aventin; 
mais  on  en  ignore  la  íituatíon  precife.  Plutarque 
dit  que  Romuius  fit  élever  uq  tombeau  a Tatius 
s.iiprés  de  X armilujlre . Ce  tombeau  fat  place  cians 
le  faois  de  laurier  du  mont  Aventin:,  appelé  Lau- 
retum , & remplacé  par  des  maifons  au  tems  de 
Denis  d'Halycárnaffe'j  peut-étre  anpres  de  Fen- 
droit  oú  eft  aujourd'hai  Féglife  de  Saint-Alexis. 
On  trouva  , en  efret  ^ il  y a deiix  cens  ans  j 1 inf- 
cription  fuivante  dans  Ies  vignesqui  lentourent. 


-SACRUM  MAG.  VICI.  ARMILUSTRI. 


ARMILYA^  furnom  de  Minerve, 


ARMOIRE,  armarium.  L’ufage  le  plus  remar- 
cuabíe  de  ce  rneiit>le  chez  Ies  Rcmains  ¡ étoit 
de  renfermer  les  portraits  des  aneétres , & les 
livres.  Le  premier  ufage  étoit  fondé  fur  la  mol- 
JeíTe  de  la  cire^  dont  ces  portraits  étoient  faits. 
Elle  fe  décoloroit  par  le  contaél  habituel  de 
Fair  j de  la  poufliére , & fe  brifoit  au  moindre 
choc.  Le  refpeér  pour  ces  portraits  les  faifoit 
eneore  renfermer  dans  les  armoires.  On  ne  les 
ouvroit  que  dans  les  jours  de  fetes  ou  de  réjouif- 
iances.  Yopifque,  {in  F loriano  , c.  é.).  i Señalares 
omnes  ea  luitia  funt  elati ,,  ut  imagines  frequentes 
aperirent.  Ceux  qui  avoient  été  accufés  de  quel- 
que  forfait  j & dont  Finnocence  avoit  été  publi- 
quement  reconnuCj  ouvroient  auffi  les  armoires 
qui  renfermoient  ces  portraits  chéris.  Cicerón:, 
'plaidanr  pour  Sylla,  nous  Fapprend  : Nam  ipfe 
quidem  fi  erit  vefiro  judicio  liberatus  , qu&  hahet 
ornamenta  i qu&  folatia  reliquA  vita,  quihus  latan 
& perfrui  vojftt  .?  Uomus , credo  , erit  exórnala , 
eperientur  majorum  imagines. 

Les  bibliothéques  des  Romains  étoient  com- 
pofées  a armoires , dans  lefquelies  on  plaijoit  íes 
íivres  ou  rouleaux,  & on  les  diftinguoit  par  des 
nombres  divers.  Vopifquej  (in  Tácito,  e.  S.) 
dit  que  la  bibüothéque  Lipienne  avoit  un  iivre 
d’ivoire  dans  la  íixiéme  armoire  : Habet  biblio- 
tkeca  Vlpia  in  armario  fexto  Ubrum  elephan- 


tzntim. 

Le  préfet  ou  gouverneur  de  la  Theba’ide  avoit 
dans  fon  veftibulej  pour  marques  de  fa  dignité:, 
-deux  petites  armoires  peinteSj  avec  les  íymboles 
-des  deux  empires,  d’Occident  & d^Orient.  Cette 
ermoire  double  rappeioit  ces  deax  e-mpiresj  8c 


A R N 


pour  exprlmer  leur  reunión  Sr  la  concorde  qui 
régnoit  entr’eux^  les  couvertures  des  volumes 
qui  étoient  peints  dans  la  capacité  de  ces  armoires  , 
étoient  chargées  d’ornemens  _ entiérement  fem- 
blables.  Ces  ornemens  défignoient  par  leur  nature 
la  dignité  du  préfet.  Lorfqu  il  étoit  décoré  du 
titre  ¿" illufire on  voyoit  fur  les  couvertures  le 
portrait  du  prince  en  or.  Quelquefois  des  bandes 
d’or  ou  d’argent  rempla^oient  cette  effigie.  Les 
deux  vicaires  8c.  le  primicier  des^  notaires  met- 
toient  d autres  marques  de  leurs  dignités  fur  ces 
couvertures  de  livres.  Les  deux  armoires  qui  pa- 
roiíFoient  renfermer  ces  livres,  peints ainíiquelles, 
portoient  pour  amotriffement  deux  génies  ailés, 
vétus  de  longues  tuniques-  de  pourpre  , agenouil- 
lés , foutenant  un  médaillon  rond  avec^  le  por- 
trait d’une  femme,  au-deffus  de  laquelle  étoit 
écrit  : DIVINA  providentia  , pour  défigner 
Fempire  d'Orient , 8c  divina  electio  pour 
celui  dOceident. 

ARMORUM  cutos.  li  y avoit  dans  chaqué 
legión  un  foldat  prépofé  a la  garde  des  árrnes 
que  Fon  dépofoit  dans  une  tente  , 8c  que  1 on 
voituroit  fur  des  chariots , dans  les  marches.  Os 
voyoit  á Come  Fépitaphe  fuivante  t 


V.  F. 

C,  VIRIUS.’~SABINUS.  VETERAN» 
ARMORUM.  GUSTOS.  LEG. 
XIII.  &EM.  MARX-  VICT^ 

D.  M. 


Armoh-um  ntdgífter , reñor , trilunus  , etoit 
l'infpecfeur  des  arfenaux.  II  fournilTo’t  aux  troupes 
les  armes,  les  retiroit  aprésla  guerre , ^ 
foit  fabriquer  de  nouvelles  dans  les  m.anuraaures 
d'armes  des  différentes  provinces  de  FEmpire.. 

ARMüRE  des  jambes.  Voye^  Jambes, 

ARNA,  en  Italie.  arn.  asi. 

Op^  a une  médailFe  impériale  latine  de  cette 
ville  , ñ-appée  en  Fhoíineur  de  Trébonien-Galle 
qui  a été  attribuée  , mal-a-propos , á Arna  de 
Thefíalie. 

ÁRix.i  Fortuna.  La  .Fortune  avoit  un 
célebre  fur  les  bords  de  X Arnus  , aujour  _«ui 
XArno.  II  en  eft  fait  mention  dans  une  inícrip- 
tion  publiée  par  Muratori,  {Tkef.  infer.  ijoJ- 

ARNÉ  , filie  de  Fifle  de  Sithone  , ‘ 

fá  patrie  pour  une  fomme  d’argentj  les 
Fen  punirent,  en  la  changeant  en  chouette,  oi  w 
qui  conferva,  dit  Ovide,  aprés  fon  changemdn  > 


la  méme  paííion  pour  Fargent. 

ARKÉE.  Foyei  Jeux. 

ARNODES.  Les  Crees  donnerent  ce  nom  a 
ceux  qui  alioient  dans  les  feftins  8c  dans  les  a 
blées  réciter  des  vers  d'Homéje-  Ls 
a la  main  une  branche  de  launer.  On 
loit  aUÍU  Rkapfodifies  on  BJiapfodes.  Leu^ 


A R P 

étoir  compofé  de  aS'y, , ckant , & ¿Lapa , agmiiji, 
animal  dont  on  leur  donnoit  quelque  porción 
pour  les  récoiupenfer. 

ARNUS,  fameax  devine,  étant  alié  á Naupaéte  , 
Hyppotés  j petit-fils  d'Hercule , crut  qu  il  etok 
un  efpionj  &le  tua.AuíG-tdtla  pefte  commenca  á 
ravager  le  camp  desHéraclides;  Toracle confuiré  , 
répondit  qu’Apollon  vengeoit , par_  ce  fleau , la 
mort  de  fon  devin;  que  pour  appaifer  ce  dieii, 
ü falloit  bannir  le  meurtrier , & établir  des  jeux 
fúnebres  en  Thonneur  d’Arnus;  ce  qui  fut  execute. 
Ces  jeux  devinrcnt  fort  célebres  dans  la  fuete , 
fur-tout  á Lacédémone. 

AROMATITE  , pierre  précieufe,  dit  Gorrsus, 
d'une  fubílance  bitumineufe,  reiTemblant,  par  la 
couleur  & l’odeur , á la  myrrhe  , que  les  Grecs 
appeloient  par  excellence  , & que  l’on  trou- 
voit  en  Egypte  & en  Arabie.  Si  cette  prétendue 
pierre  précieufe  rfétoit  pas  de  l’ambre  ou  de  la 
cópale  , nous  ne  voyons  aucune  fabftance  dans 
les  trois  régnes  de  la  nature , á laquelle  fa  def- 
cription  puiífe  ^convenir. 

Aromatites,  liqueur  aromatifée.  PHne  dit 
qu’on  faifoir  infufer  dans  du  moúr  ou  du  vin 
doux,  des  pañilles  de  myrrhe  , de  nard,  de  fuere 
ou  de  caíTe,’  calamus , & d’afphalte.  Cette  liqueur 
s’appeloit  aromatites. 

ARONDEL.  (marbresd’)  Voye^  Arundel. 

AROTES , fyracufains  de  condición  libre  , que 
la  pauvreté  réduifoit  á fervir  leurs  concitoyens. 
Ce'  mot  viene  d'áaoVsí , laboureur  ; parce  que  fans 
doute  le  labour  étok , dans  un  pays  auíTi  fertile 
en  b!ed  que  la  Sicile,  Foceupation  ordinaire  des 
-aiercenaires. 

AROURE,  pléthre,  verfe,  beth-féah,  mo- 
dios , mefure  géodérique  ou  gromatique  de  FAíie 
fe  de  fEgypte.  Elle  valoit , en  mefures  de  France, 
ililt  d’arpens;  elle  valoit,  en  mefures  anciennes 
des  mémes  pays,  a focarions,  ou  6 beth-cabs,  ou 
14  beth-robs,  ou  100  décapodes  carrees,  ou 
ifoo  coudées  facrées  carrees,  ou  10000  pieds 
géométriques  C3.rrés.  (^Métrologie  de  M.  Paucion). 

ARPA  ou.  Arpha  , divinité  dont  il  eíl  fon- 
vent  parlé  dans  la  vie  de'S.  Pocín , qui  fouffrit 
le  martyre  fous  !e  régne  d’Antonin-Pie.  Bollandus 
dit  que  c’eíl  une  des  divinités  fubalternes , ap- 
-pelées  par  les  Romains  DU  minprum  geiitium,  de 
laquelle  nous  n'avons  aucune  eonnoiiTance.  Elle 
fe  trouve  fouvent  jointe  dans  ces  acles  á Júpiter, 
a Ariane  & á Mínerve. 

ARPAGE,  ou  mieux  Harpage,  Arpagus..  Ce 
mor,  dans  les  inferiptions , ou  il  eft  ordinaire- 
ment  écrit  avec  une  h , déSgne  un  enfant  mort 
au  berceau , ou  du  moins  dans  fa  plus  tendre 
jeuneíTe.  Il  eft  formé  du  grec  a-p-sra^a , ]e  ravis , 
j enlsve.  On  le  trouve  employé  dans  Pépitaphe 
U un  Marcus  Áurélius  Fauííinus,  mort  a l’áge  de 
fieuf  aas  áeux  mois  & treize  jours , qui  a été 


A R P 307 

trcuvée  dans  Ies  Gaules,  ou  Fon  parloitle  grec 
corrompa  : 

D.  M. 

ET,  MEMORIAE.  AETERNAE 
FAUSTINI 

Í.Í.  AURELII.  INFANT1S.  DULCIS 
SIMI.  EX.  INCOMPARABILI.  QUI 
VIXIT.  ANNIS.  VIIII.  M.  II.  D.  XIU 
QUI.  SIEI.  ANTE.  MORTEM.  RO 
GAVIT.  QUAM.  PARENTIBUS 
SÜIS.  C.  JÜL,  MAXIMUS.  FILIAS 
TRO.  ET.  AURELIA.  FAÜSTINA 
MATER.  UNICO.  FILI.l.  DESO 
LAT.  P.  C.  ET.  SUB.  ASCI/i..  DEDI 
CAVERUNT.,  MULTÍS.  ANNIS 
VIVAT.  QUI.  PIXERIT.  ARPAGI 
TIBI,  TERRAM.  LEVEM. 

JJafeia  eft  grayée  entre  les  figles  d-  m.  Gruter 
{pag.  (382,  9.)  a rapporté  cette  épitaphe,  que 
l'on  voyoit  á Lyon , au  prieuré  de  Saint-Irénée. 

Les  Romains  ne  faifoient  point  de  funérailles 
aux  arpages  ou  enfans  mores  au  berceau.  On  ne 
brúloit  point  leurs  corps,  & on  ne  leur  dref- 
foit  ni  tombeau  ni  cippe  chargé  d'épitaphe  ; de-Iá' 
vient  que  Juvénal  dit  ddn  enfant  mort  á cer 
age : 

Terra  clauditur  infans 
Minar  igne  rogi. 

Dans  la  fuite  cependant,  on  brála  Ies  corps 
des  enfans  qui  avoient  vécu  quarante  jours , & a- 
qui  ilavoitpouíTéquelquesdents.  Cesmortsétoient 
appelés  arpages  ou  enlevés.  Eufeathe  nous  apprenJ 
que  c’étoit  ;a  coutume  des  Grecs , de  ne  célé- 
brer  Ies  funérailles  des  enfans,  ni  pendant  le  jout 
ni  pendant  la  nuit,  mais  au  lever  de  Faurore  , 
au  moment  qui  precede  le  lever  du  foleil ; parce 
qu’ils  appeloient  la  mort  de  ces  enfans  le  rapt 
dujour , H'fczpuí  ípTsay\.  lis  donnoient  á entendre 
par  cet  euphémifme  , que  Faurore  les  avoít  en- 
levés pour  jouir  de  leurs  innocentes  careíTes  5 &C 
fur  le  bas-relief  d’un  tombeau  qui  eft  au  capitole, 
on  voit  FAurore  enlevant  un  enfant,  auquel  le 
monument  étoit  fans  doute  confacré. 

ARPEDONAPTES,  furnom  des  prétres  égyp- 
riens.  Démocrite , cité  par  S.  Clémént  d'Alexan- 
drie,  (Stromat.  i.)  défigne  par  ce  nom  ces  prétres 
égyptiens  verfés  dans  toiites  les  íciences,  & dans 
la  Géométrie  en  particulier.  Jablonski  le  derive 
d’un  njot  compofé  de  trois  racines  de  la  íangue 
cophte , Fancien  égyptien  , qui  veulent  dire  de 
r ordre  des  fayans. 

ÁRPÍ , .en  Italie.  APnANGN.  apiianot. 

Les  rnédailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  argent. 

Rren  bronze. 

O.  en  or. 

Sés  types  ordinaires  font  : Un  cheva!  courant. 
—Un  taüreau  comupste.  — Ün  fanglier  conrant. 

Q q 


a''p?a<í OS:,  fMs  couture.  Teis  étoient  les  man- 
teanx  des  Roniains , qui  n avoient  ni  coutures 
ni  plis  ¿dices,  lis  confiftoient  dans  une  lonpe 
piéce  de  drap , portant  de  largeur  la  nauteuir  d un 
homme  de  taiile  movenne  , dans  laquelle  on  s’en- 
veloppoit  tout  le  corps  & la  tete  meme,  lorf- 
que  *ron  facrifioit  5 ce  qui  a été  pris  ^ mal-á-propoSj 
pour  un  voile. 

ARRESPEX , pour  Arufpex  > fe  trouve  dans 
quelques  inferiptions.  , 

ARRHÉPHORIES,  , féte  des  Athe- 

niéns.  lis  la,  céléfaroient  ^ felón  Harpocration 
Suidas  & rÉtymologiíle  en^  Thonneur  áe  Mi- 
nerve  & de  Herfé^  íille  de  Cécrops  : ceíl  pour- 
quoi  elle  a été  appelée  fouvent  Efo-sfipsc'* 

Son  premier  nom  eíl  une  fyncope  á.yf'i- 
Tcqi'dfía , qui  vient  de  (pkDn  ,je  pone , &:  ae 
une  chafe  fecrete , myfiérieufe.  Quatre  leunes  fi-les 
d’une  naiíTance  illuftre,  ágées  de  moins  de  onze 
ans,  portoienc  ces  chofes  myíterseufes,  pre- 
noient  le  nom  i’áfypófci-  Elles  etoient  vetues  de 
robes  blanclies , ornees  de  bandes  d or.  Deux 
d^entr’elles  travaülolent  au  peplum  de  Mmerve.  On 
lear  fervoit  un  pain  & des  gáteaux  pétris  a une 
maniere  particuiiére,  appelés  yní-cv  8c  ¿vácaTci.  Dans 
TAcropole,  on  leur  avoit  confacré  une  grande 
falle , ou  étoit  placee  une  ílatue  équeftre  dlfocrate 
( Plut.  in  líocr. ) en  bronze. 

ARRHES,  arrk4í.  Nous  ne  parlerons  pas  des 
errkes  que  Pon  donnoit  _ dans_  les  marches: 
elles  appartiennent  au  D’ítionnaire  de  Jurifpru- 
dence.  Celles  qui compoferont  cet  árdele,  etoient 
d’ufage  dans  les  mariages  des  Orees  & des  Ro- 
mains , 8c  en  formoient  proprement  la  ceremonie 
que  nous  nommons  aujourd’hui  jían/az'/Ax. 

Le  futur  donnoit  ces  arrhes  á la  fiancée  , ou 
aux  proxénétes  ; de- la  vint  qu’on  appela  les^unes 
Proxeneíics.  & les  autres  Sponfalhis..  C&  Aétoit 
pas  toujours  une  certaine  fomme  qui  portoit  le 
nom  á’ arrhes  ; i!  sAppüquoit  plus  fouvent  encore 
á Tanneau  de  mariage,  annuias  prónubas.  Capi- 
tolin  (jn  Maximino  jun.')  nous  a conferve  le  de- 
lail  des  objets  qui  étoient  compns  fous  le  nom 
¿arrhes , &c  que  Pon  défigne  aujourd'hui  fous 
celui  de  corbeille  : Defponfata  lUi  erat  Jutiia. Pa- 
dilla , pronepús  AntorJei.  Manferunt  apud  earn 
arrhjL  regis. , qus  tales  fuerunt.  Monolinum  de  albis 
novem  , reúculurn  de  prafinis  undecim , dextfoche- 
rium  Cíim  coftula  ( mieux  copula ) de  kyacintkis 
quatuor , pr&ter  vefies  auratas  & omnes  regias , 
c&teraque  infigiua  jporfaliorum.  « il  etoit  flanee 
avec  Junia  Fadiila arriére-pente-Slle  d’ Antonio, 
a qui  les  arrhes  reftérent.  Elles  conliftoient  en 
un  íil  de  neuf  perles , une  coerfure  de  íilet  ornee 
de  onze  émeraudes,  un  braííélet  avec  une  agraffe 
de'quatfe  hyacinthes , un  grand  nombre  d'habits 
dorés , dignes  d’une  reine  , 8c  enfin  en  toute 
forte  de  préfens  que  Pon  donne  ordinairement 
aax  Sancées. » 

On  voit  par  ce  détail,  que  les  arrhes  étoiect 


A R R 

des  ornemens  8c  des  bijoux  á Pufage  des  femmes. 
Ceft  pourquoi  Héfychius  appelle  du  nom  général 
arrhes  , áfaStsuaKa , díÉférentes  efpeces  de  col- 
liers.  Les  Romains  y aioutérent  des  clefs  j nous 
en  verrons  la  raifon  á Particle  Clef_. 

L’origine  de  cette  coutume  venoit  des  pre- 
miers  tems  du  monde,  ou  le  mané,  difoit-on, 
achetoit  fa  femme  á prix  df  argent , 8c  la  femme 
payoit  une  dot  á fon  époux , pour  Pacheter  á 
fon  tour.  Plaute  nous  Papprend  de  la  dernicre, 
(^Afinar.  I.  I.  74-  ) : 

Imperium  accepi , dote  lihtrtatem  vendidi. 

«Je  me'  fuis  foumife  au  joug,  & en  recevant  une 
dot  j'ai  vendu  ma  liberté. « Virgile  dit  du  mari , 
{Georgi.  i.  ^i.)  ■. 

Teque  fibi  generum  Thetys  emat  ómnibus  unáis, 

«Thétis  acheteroit,  au  prix  de  toutesles  richeíTes 
des  mers,  le  bonheur  de’vous  avoir  pour  gendre.» 

ARRIA,  famiUe  romaine  dont  on  a des  mé- 
dailles : 

RRR.  en  or. 

RRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

Les  furnoms  de  cette  fainille  font  : Pzarr 

GRINl’S  , SeC'JSÍDVS. 

ARRIPHÉ,  une  des  compagnes  de  Diane, 
nym.phe  d’une  grande  beauté  , fut  violée  par 
Tmolus,  dans  le  temple  de  Diane.  E".  Tmolus. 

ARROSAGE-  F.  Canal. 

ARROTINO , remouleur.  C'eft  le  nom  que 
donnent  ordinairement  les  peíntres  Sí  les  l^culp- 
teurs  á une  ftatue  antique  de  la  galerie  de  t ¡o* 
rence.  lis  Pappellent  encore  Rotatore,  d ou  on 
a tiré  le  mot  Rotateur.  On  a cru  Se  raconte  long- 
tems  que  cette  ñarue  de  marbre  grec  , reprefen- 
toit  un  efclave  oceupé,  en  apparence,  a aiguuet 
un  couceau  , mais  prétant  une  oreille^  attennve 
á une  converfátion  de  pluíieurs  conjures  reunís.^ 

Léonard  Agoftini,  cité  par  Gronovius , avoit 
trouvé  cette  explication  ridicule.  H croyoit  re- 
connoitre  le  fcythe  chargé  par  Apolion  d écor- 
cher  Marfyas,  Se  penfoit  que  cette  ílatue  avou 
fait  partie  autrefois  d’un  grpupe  ^ reprefentan 
le  fupplice  de  cet  audacieux  rival  d Apoiicn.  p 
barón  de  Stofeh  en  fut  perfuadé,  lorfqun  ^cqur 
Ponyx  déctit  par  Winkelmann  (el.  z , ’;»¿s 

y voit  Marfyas  pendu  á un  arbre , 8c  á fes  P'"- 
le  fcythe  agenouillé,  qui  aieuiíe  un  ccutepupo 
Eécorcher.  L’attitude  8c  Tair  de  ce 
Ies  mémes  que  ceux  de  X Arrotino,  8c  du  , =:t 

que  peint  Philoñrate,  dans  fes  images,  ior  o 
décrit  ce  fupplice  célebre  dans  la  FabiC. 

On  remarque  encore  la  méme  atntude 
mémes  traits  de  vifage , confacres  par  les  anc  u 
artilles  á déíigner  les  peuples  barbares  ^ , 

bas-relief  de  la  ville  Eorghéfe , 

M-onum.  ineditl , n°.  4Z,  8c  fur  le  bas-re  !£  ^ 

tombeau  de  S.  Paul , hors  des  murs  de  Rom- 


A R S 

eft  done  démontréj  par  la  reunión  de  ces  trojs 
inonumens;,  que  le  pretenda  rémoulear  eft  ¡e 
fcyrhe  chargé  d exécuter  la  rigoureufe  vengeance 
du  dieu  de  ¡a  Mufique. 

APdiUGIA.  Pline  (^3.  4-)  dit : Aurum  arrugia 
quSjituTn  non  ccquitur  , j¿a  flatim  faum  cfi.  II  parolt 
que  Pline  avoit  en  vue  daos  ce  paíiage  I’or  natit 
que  Pon  troiivoit  á la  furface  de  la  terre , ou  á 
de  trés-petites  profbndeurs,  & qui  fervoit  anx 
arts  fans  aveir  été  puriíié  par  une^  fuíion  préli- 
minaire  ¡ cotume  Per  cui  etoit  mele  ou  combine 
avec  d’autres  fubííances  métalliques. 

ARRUNTIA,  famille  romaine  coüt  on  na  des 
inédaüies  que  dans  Goltzius 

ARSACE  rai  des  Parthes.  BASlAEas. 

APSAKOT. 

Ses  médailles  font: 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Arsace  Ií,  Tiridatej  roi  des  Parthes. 

Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Arsace  Mithridate  I,  roi  des  Parthes. 
Ses  médailles  font : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Arsace  VII^  Phrahate  II j roi  des  Parthes. 
Ses  médailles  font: 

RRR.  en  argent. 

Ó.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Arsace  IX Mithridate  II,  roi  des  Parthes. 
Ses  médailles  font: 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Arsace  XI,  Sanatroéce,  roi  des  Parthes. 
Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Arsace  XII , Phrahate  III,  roi  des  Parthes. 
Ses  médailles  font ; 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. , 

R.  en  bronze. 

A-Rsace  Xilí  j Mithridate  III,  roi  des  Parthes. 
Ses  médailles  font : - 
RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Arsace  XIX,  Artabane  líl,  roi  des  Parthes. 
Ses  médailles  font : 

R.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 


A R S 30^ 

Arsace  XXI , Bardana  , roi  des  Parthes. 

Ses  médailles  fcac : 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

ARS.4.CE  XXV  j Chofroés  , roi  des  Parthes. 

Ses  médailles  íbnt : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Arsace  XXVI,  Vologéfe  II,  roi  des  Parthes. 

Ses  médailles  font : 

RRR.  en  argent. 

®RR.  en  bronze, 

O.  en  or. 

Arsace  XXVIII,  Vologeíe  II I,  roí  óes 
Parthes. 

Ses  médailles  font ; 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Arsace  XXIX , A.rtabafie  IV , roi  des  Parthes, 

Ses  médailles  font ; 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ARSAPHES,  A'f furnom  donnéaOliris 
par  Plutarque  {de  Ifide  6*  Ofiri.)  Ce  mot  eft  une 
corruption  du  nom  du  patriarche  Jofeph  , felón 
les  interpretes,  qui,  á Pexemple  de  Bochart,  ont 
cherché  á expliquer  la  fable  & rhiftoire  ancienne 
par  les  livres  des  Hébreux.  Mais  Jablonski  en  a 
cherché  plus  naturellement  rorigine  dans  la  langue 
cophte , rancien  idiome  des  Egyptiens.  II  a trouvé 
un  mot  compofé  de  deux  racines , qui  fe  pro- 
noRce  á trés-peu-prés  comme  Arfaphes , & que 
les  Grecs  auront  rendu  par  A’¡>craq)Kí.  Ce  mot 
cophte  veut  dire  caufe  de  la  génération , to  airtat 
r'íí  yivítnens-,  & il  eft  relatif  á la  confortnation  parri- 
cuüére  de  certaine's  ftatues  d'Ofiris,  qui  offroient, 
felón  Plutarque,  {mime  traite^  le  caraétére  dif- 
rinírif  des  ftatues  de  Priape  chez  le-:  Romains. 

ARSE  VSS.SS.  Les  Romains,  fuperftitieux  a 
Texcés,  écrivoient  ces  deux  mots  fur  les  mu- 
railles  de  leurs  maifons,  pour  les  préferver^des 
incendies.  Feftus  les  explique  par  Pancien  idióme 
étrufque  , dans  lequel  iis  ligniíioient , ecarte  lefeu  : 
Averfe  verfe  , averte  ignem  fsgnificat.  Tufeorum 
enim  lingua  arfe',  averte  ; verfe  ignem  conjlat  ap~ 
pellari  : unde  Afranius  ait  : inferibat  aliquis  arfe 
verfe  in  oftio.  Füne  (28  2.)  fait  mentipn  de  cette 
ridicule  fuperñition  : Etiam  parieres  incendiorum 

deprecationibus  corferihuntur. 

ARSEjNAL,  magalin  d’armes.  Les  Romains 
en  avoient  formé  fur  toutes  les  frontiéres  de  leur 
Empire.  Ontrouva  en  1520  Pinfeription  qui  étok 
nJacée  fur  celui  que  Pempereur  Sévére  avoir  fait 
conftruire  au  bord  du  Rhin,  fur  le  bras  du  milieu. 


310  A R S 

prés  de  tnsr.  Elle  cí^  conísrvcc  cans  lliotSi  de  j 
WaíTenaér á Amíkrdarn : | 

IMP.  CAES.  L.  SEPTIMIUS.  SEVERUS 
aug.  ex.  M.  AURELIUS.  antoni 
KUS.  CAES.  COH.  XV.  YOL-  AP.MA 
MENTARIUM.  Y'ETUSTATE.  CON 
LAPSUM.  RESTITUERÜNT.  SUB 
VAL.  PRUDENTE.  LEG.  AU-  PR-  PR. 
CURANTE.  CAECIL.  BATONE.  PRAE. 

^Uarfcnal  de  Rome  étoit  place  dans  la  feconde 
región,  celle  du  mont  Ccelius  aiiprés  du  temple 
de  la  Terré. 

ARSENIC.  Diofcorkle  femble  avoir  donné  le 
noni  ¿'arfenic  á deux  fubftances  que  nous  appe- 
lons  orpiment i arfer.ic  fulrureux  de  couleur  citrine, 

réulgur y arfenic  ruitureiix  rouge  en  anaio^gie 
par  la  couleur  avec  le  fandaraque.  TTteophraíte^, 
Gallien,  Celfe  & Pline  ,_parlent  aufli  de  l’orpi- 
ment  que  l’on  emplopoit  dans  la  compolition 
des  couleurs.  Le  fandaraque  des  anciens  etoit 
íaftice;  c’eft-á-dire , que  pour  Fobtenir,  ils  fai- 
foieut  rougir  aii  feu  , dans  un^  creufec,  1 orpi- 
rnent  natif.  11  ne  paroit  pas  qu  ils  connuílent  le 
réalgar  natif. 

A.RSINOÉ , filie  de  Nicocréon,  rqi  de  Chypre, 
fut  aimée  paíEonnément  par  un  jeune  nomme 
de  Salamine,  nomraé  Arcéophon,  qui  mqurut  de 
chasrin  de  ne  pouvoir  Fép.oufer.  Cette  princeíTe  , 
¿it  la  fiable , fut  punie  par  Venus , qui  la  changea 
en  pierre , parce  qu’elle  avoic  eu  le  cceur  aíTez 
dur  pour  voir  d’un  <xil  lee  Ies  funeradles  de  ce 
inalheureiix  amant.  C’eíl  Antoinq  Liberalis  qui 
rapporte  cette  fiable ; elle  reffemble  fqrt  a ceile 
d’Anaxanete  & d’íphis , que  nous  Hfons  dans 
Ovide. 

Arsinoé.  Voye^  Alcmeon  , Callyrkoé. 

Arsinoé,  vílle  d’Egppte,  fituée  pré?  du  lac 
M-oeris,  ou  Ton  avoit  un  grap.d  refpecl  pour  les 
crocodiles  : on  les  nourriíToit  avec  foin  j & apres 
leur  mort  on  les  embaumoit,  & on  les  enterroit 
dans  les  chambres  fouterreines  du  labyrinthe. 

Cette  vílle  a fait  firapper  des  médailles  impe- 
riales grecques  en  rhonheur  de  Trajan  & d Ha- 
drien , avec  les  légendes  : apcinoithc  & ap- 

CiNOITÍiN. 

Arsinoé,  dans  la  Cyrénaique.  Apsr. 

Les  médailles  auconomes  de  cette  vílle  fotxt: 

RRRR.  en  brome.  (Pellerin}. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Arsinoe  , en  Créte.  APSi. 

Hunter  poffédoit  une  médaille  autonome  de 
broiize  de  cette  ville,  felón  M-  Combe.  Eckhlel 
en  a,  publié  une  autre;  eiles  font':  RRR. 

APvSINoé  , filie  de  Pcolomée  Lagus , époufa 
Ptolomée  Phrladelphe.  fon  firtre  ; étant  morre 
ílsrt  jeune , fon  mará  voulut  en  conierver  la 


A R T 

mérr.oire  á la  poíterité , & il  fit  bátir^un  temple 
en  fon  honnear.  L'architedte  Dinocréte  projeta 
de  conñruire  les  muraiiles  de  ce  temple  avec  des 
pierres  d'aimant , pour  fufpendre  en  l'air  la  ñatue 
¿’ArJinoé  y qui  étoit  de  fer  doré.  Mais  il  mourut 
avant  d’avoir  achevé  ion  ouvrage ; & Pline  dit 
que  la  voúte  feule  du  temple  fut  faite  en  pierre 
d’aimant.  , , , 

Arsinoé  , femme  de  Ptolomee  Fnnaaelphe, 
roi  d^Egt'pte.  AFS1NÍ1H3,  <¡>iaaaeá<1:ot. 

Ses  médailles  font : 

RRR.  en  orj  ce  font  pour  la  plupart  des  mc- 
daiüons. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

ART  sacerdotal.  C’eft  le  nom  que  don-' 
noient  les  Egyptiens  á ce  que  nous  appelons» 
aujourd’hui  Pkilofopkie  hermétique  : cet  art  con- 
fiiíloit  dans  la  connoiíTance  parfaite  des  procedes 
employés  par  la  na.ture  dans  la  produéiion  des 
mixtes.  Cachee  fous  i’enx^eloppe  des  hiei.oglyphes 
& des  termes  les  plus  myftérieux , cene  fcience 
étoit  une  efpéce  d’origine , dont  on  donnoit  le 
mot  á ceux-lá  feulement  qui , par  une  epreuve 
longue  & pénible , s’étoient  rendus  dignes  d erre 
initiés  á de  fi  grands  myñéres.  _ Le  fecret  eioit 
ordonné  aux  prétres , fous  peine  de  morí  : u 
ne  fe  communiquoit  que  dans  le  fancmaire.  Vti 
aiTuroit  méme  que  Pythagore  avoit  fouftert  la 
circoncifion , pour  y étre  initié.  fCei  article  ejt 
de  Véditeur  du.  Suppl.  de  L Encycl.j 

Art  MnéJvIONique.  Voyei  ce  mot.  _ ^ 
ARTABE,  artabay  mefure  de  capacite  de 
P 41Ie  8c  de  i'Egypte.  Lh  Epkap  pour  les  folidss, 
& Ephad  pour  les  liquides.  ^ _ 

ARTAVASDE,  roi  des  roÍ5,  roí  d'Arménie. 
aptayas. 

Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Artavasde. 

Artavac-dus  Augustus. 

Ses  médailles  font;  ^ 

RRRR.  en  or.  11  eíl  au  reyers  de  Coprcaym— 
O.  en  argent  & en  B. 

La  médaille  d*or  ¿"Anavafde  n’eft  connue  que 
dans  le  cabinet  du  Roi.  Comme  Artavajde^ 
.reprefenté  au  revers  de  Conñanti.n 
' íl  faut , puifqu’oíi  a gravé  leurs  retes  lUi- 
méme  piéce  de  monn-oie  , qu’ii  y ait  en  eU'-* 
eux  une  tréve  dont  Fhiítoire  n a pas  parle. 

ARTÉMIS  eft  le  nom  grec  de  Diane 
kquel  elle  emir  adorée  en  plufieurs  endroits 
PAíie-Mineure  Se  de  la  Crece.  ^ . 

ARTÉMISIES , fétes  en  Fhonneur  d’Artétms^ 
Diane.  On  les  célébroit  dans  plufieurs  en  to  ^ 
de  la  Crece  , mais  prindpalement  á 
viéiime  immolée  dans  ces  fétes  étoit  un  po 


A R T 

ar-r-cié  Mulíus , peur-étre  le  barbeau  cu  íoügtt. 
CcTT.mc  on  crovoit  (^Atiien.  Deipn.^  7.)  qu  íl  chaf- 
loit  & mangeo'it  le  poiíTon  appelé  liévre-marin , 
en  fuppofoit  q’j  il  devoit  erre  agréable  á la  déeíTe 
de  la  chaíTe.  £es  Syracufains  céiébroient  auíTi  des 
Artémifies  pendaiit  trois  jours , en  fe  livrant  á 
Ja  jcie  & aux  feí'tins. 

ARTÉMISIÜS  , nom  d’un  mois  des  anciens 
Grecs.  Cétoit  le  íepnéme  mois  de  1 annee  chez 
les  Macédoníens  , en  Áíie  j,  a ^ Ephefe  , a Per- 
game , &c.  chez  les  Syro^Macedoniens  ^ les  Tv- 
riens , les  Sidoniens  , les  Lyciens.  Cnez  les  Lace- 
détr.oniens  & les  Corcyréens  , c’étoit  le  fecond 
jr.ois  de  Fannée^  & il  répondoit  a-peu-prés  au 
mois  de  février.  Chez  Ies  auires  peuples  nommés 
plus  haut  .,  il  répondoit  au  mois  de  mai  , de  juin 
ou  de  jüillet,  felón  qu'ils  commem^oient  l’année. 
Doodwel , de  Cyclo  , &c. 

ARTÉMON.  Les  Romains  donnoie^cé  nom 
aux  petites  voiles  qii’ils  ajoutoient  au^%randesj 
poar  prend>.;e  plus  de  vent.  Sckejfcr,  de  re  navuli. 

ARTÉRÉOTOMIE.  Cetre  opération  eft  dé- 
crite  dans  les  médecins  anciens  grecs  & arabes. 
Eüe  coníiíte  á ouvrir  Tartére  plutbr  que  la  Veine^ 
dans  certains  cas  preífans. 

ARTES,  Xorhí , r.n  des  noms  qiie  les  Egyp- 
tiens  donnoient  á Mars^  planéte-  On  fait  qué 
chacune  des  fépt  plañeres  portoit  en^Egypíe  trois 
noms  différens.  Le  premier  délignoít  la  divinité 
á laquelle  elle  étoit  confacrée  ;■  le  fecond  l’in- 
fluence  qa’on  lui  attribuoit , & le  trotíiéme  la 
couleur  avec  laquelle  on  la  voyoit  briller  au 
firmament.  Les  peuples  du  Nil  appeloient  Mars  , 
1°.  rétoile  d^Hercule,  & 2°.  Artes  ou  Ertofi,  que 
Jablonski  croit  étre  le  méme  mor  cophte  , figni- 
fiant  qui  a la  forcé  générative  & qui  la  commu- 
jiique. 

ARTIFICES  fcmici.  Gruter  , (331.  C.Tkef. 
infer.)  revu  par  Gríevius  , rapporte  Tinfcriptlon 
fuivante : 

M.  ULPIUS.  AUG.  LIE.  APOXAUSTUS 
MAXIMUS.  PANTOMIMORUM 
CORONATUS.  ADVERSUS.  HISTRIONES 
ET.  OMNES.  SCAENICOS 
ARTIEICES.  XII. 

Ce  mot  exprime  colleíiivement  tous  ceux  qui 
avoient  paru  dans  des  jeux.  11  cñ  fynonyme  de 
Foye^  ce  mor. 

ARTIMPÁSA,  nom  fous  lequel  les  ScyrR^ 
adoroient  Vénus-Céleñe  , felón  Hérodote  , ( in 
M.elpom.')  Origéne  (/¿¿.  6 , contra  Celfum)  cite  ce 
paíTage  d’Hérodote ; máis  le  texte  ell  coryompu 
tlans  les  éditions  d’Origéne ; car  on  y lit  A'pyífe-  • 
•rry-c-cí  , au  lieu  de  a’  pTífi-PTíCíTCS.  Cetre  maniere  de 
lire  eft  prouvée  par  Finferiprion  fuivante  , quoi- 
que  tronquée,  rapportée  dans  Héfychius  ; 

AII  nATPIQI  APTi  : CASA, 


A R T 311 

ARTlSSELLIüM.  Ce  mot  latín  ne  fe  trouve 
que  dans  le  fragment  de  Pétrone,  trouyé  áTrau  en 
Dalmatie,  de  forte  qu"on  ne  peut  Fexpliquer  que 
par  analogie.  Dans  le  paíTage  oú  il  eít  employé , 
il  eft  queftion  d’un  efclave  qui , ayant  épargné 
tous  les  jours  qftelques  parties  de  fa  radon,  en 
avoit  amaíTé  un  medique  pécule , á Faide  duquel 
il  avoit  acquis  en  toute  propriété  artijfellium  & 
duezs  trallas.  Tra/Zí  étoient  des  vafes  dans  iefquels 
on  mettoit  le  vin  5 peut-étre  q\i  artijfelliam  étoit 
im  garde-rhafiger  deftiné  á renfertner  le  psin.  I! 
feroit  derivé  alors  ¿sro  rS  ¿ora  , du  mor  grec  qui 
fignifie  le  pain, 

ÁRTISANS , ouvriers  qui  profeíTent  Ies  arts 
méchaniques.  lis  étoient  réiinis  á Rome  en  difté- 
rentes  corporations  ou  colléges,  & oceupoient 
certaines  rúes  , auxquelles  ils  donnoient  leurs 
noms.  Ces  colléges  fe  choiliíi'oient  un  homme 
puiíTant  pour  patrón  , & celui-ci  les  protégeoit , 
foliieitoit  leurs  procés  & défendoit  leurs  inté- 
réts.  íls  avoient  des  divinités , des  fétes  , des 
temples,  des  facrifices  particuliers.  Souvent  les 
artifans , en  quittant  leur  méder , faifoienr  á leur 
divinité  particuiiére  une  oíFrande  des  inftrumens 
de  leur  profeílion. 

- Qüoique  la  condition  des  anifans  fúr  a Rome 
rñoins  coníidérée  que  celle  des  marchands , i!s 
étóient  cependant  citoyens , & donnoient  leurs 
fufffages  dans  les  comices.  C’eñ  pourquoi  nous 
voyons  Cicerón  revenu  de  Fexil , fe  féliciter  de 
ce  que  Ies  fuffrages  de  toas  les  ordres  de  citovens , 
8c  ceux  des  colléges  ¿tartifans , avoient  áécidé 
fon  rappel , {pro  Domo  ^ c.  2S.)  : Nullum  eft  in, 
hac  urbe  collegium  , quod  non  ampliíftme  non  modo 
de  faliite  mea  , fea  etiam  de  ¿igniíate  decreverít. 
Foye^  Colléges. 

Les  profeílions  des  artifans  avoient  été  regar- 
dees  d’un  autre  cei!  par  les  Grecs.  Jaflies  appré- 
ciateurs  des  talens , ils  les  honoroient , dans 
quelque  rang  que  le  fort  les  eút  places.  Tout 
artifin  qui  excelioit  dans  fa  profeíTíon , pouvoir 
fe  flatter  en  Crece  de  voir  fon  nom  immorta- 
lifé,  comme  celui  des  plus  hábiles  artiñes.  .Auffi 
la  demande  que  les  Crees  faifoieat  aux  dieux 
avec  le  plus  d’ardeur  , étoit  de  faire  vivre  leur 
mém.oire'  dans  le  fouvenir  de  la  poítérité.  Héro- 
Gote  nous  a confert'é  les  noms  & de  celui  qui  conf- 
traiílt  un  aquéduc  dans  Fiíle  de  Satnos,  & du 
charpentier  qui  fabriqua-  le  plus  grand  vaiíTeau 
dans  la  méme  iíle.  Nous  connoiíTons  encore  le 
nom  d’un  fameux  tailleur  de  pierres,  qui  fe  dif- 
tingua  dans  l’art  d’orner  les  colonnes  : il  s’ap- 
peloit  Architelés.  Athénée  parle  de  deux  tifie- 
fands  ou  brodeurs , qui  fireiit  le  manteau  Ge  la 
Pallas  Poliade  á Athénes  Pluíieurs  écrivains  céle- 
bres font  mention  de  Perón  , qui  compofa  des 
parfums  exquis.  Platón  a immortalifé  , dans  fes 
terirs , le  boulanger  Théarion , á caufe  de  fon 
habüeté  dans  fon  art , Se  Saratnbus  , fameux 


A R T 


aubereifte.  On  érigea  dans  Hile  de  Naxos , des 
ftatueS  á un  ^rtifan , qui  donna  le  premier  la 
forme  de  tuüe  au  marbre  Pentélicien . pour  en 

couvrir  les  maifons. 

Pour  affurer  davantage  la  gloire  des 

célebres,  les  Grecs  donnérent  á plufieurs  Choles 

le  nom  du  maitre  qui  les  avoit  faites  , & lous 
lequel  elles  reftérent  connues.  C eft  ainfi  ‘es 
vafes  femblables  par  la  forme  a ceux  que  febri- 
qua  en  terre  cuite  Théncles,  du  tems  de  Ferí- 
eles, furent  appelés  Théricléens. 

ARTISTES.  iNous  ne  comprenons  ici,  fous 
cette  dénomination,  que  les  peintres,  les  ícuip- 
teurs  , les  architectes , tous  ceux  , ^ 

qui  s'appliquoient  aux  arts  relatifs  au  Deffin , & 
c'eft  rmftoire  de  f Art  de  Wmkelmann  cui  nous 
fournira  la  plus  grande  partie  de  cet  arricie.^ 
Ait-TiSTES  éeypdens.  Une  des  raifons  qui  em- 
péchérent  les  arts  relatifs  au  Beffin  de  s elever 
L Egypte  au-deffus  de  la  me<bocrite,  fut  le 
défaut  d'ellirae  pour  Ies  artifies.  Confondus  avec 
la  lie  du  peuole  , ceux-ci  n etoient  que  des  arti- 
fans.  Dañs  cette  claífe , comme  dans  toutes^  Ies 
autres , le  íils  fuivoit  la  profeíTion  de  fon  pere  , 
fans  aller  au-áelá  & fans  fe  detourner  ; chacun 
étoit  obliaé  , par  les  loix,  a marcher  fur  les  traces 
de  fon  prédéceffeur,  & perfonne  n ofoit  faire 
un  pas  de  foi-méme-  Avec  de  teE  piincipes , ij 
n a pu  fe  former  en  Egypte  diiterentes  ecoles 
de  Fart,  comme  il  s’en  forma  dans  la  Grece. 
Prives  par  cette  routine  d’une  education  con- 
venable, les  artlfies  ne  fe  trouyérem  janiais  dans 
ces  heureufes  circonftances  qui  elevent  1 ame  & 
font  tenter  les  grandes  entreprifes.  _Auroient-ns 
exécuté  quelqu’ouvrage  extraordinaire ; ils  n a 
voient  á efpérer  ni  honneur  m recompen  e. 
Leurs  noms  font  prefque  tous  reñes  dans  1 o ub  i , 
8c  les  Grecs  ne  nous  ont  conferve  que  celui 
du  fculpteur  Memnon.  II  avoit  fait  trois  ftatues  , 
qui  furent  olacées  á Fer.trée  d’un  temple  de  1 hebes : 
Tune  des  trois  étoit  la  plus  grande  qu  on  eut  vue 

en  Egypte.  , r • • i j 

On  peut  ajouter  á cette  caufe  pnncipale  de 
la  médiocrité  des  artifies  égyptiens , l’ignorance 
de  FAnatomie  , fcience  qui  ne  fut  ni  mieux  cut- 
tivée  , ni  mieux  connue  en  Egypte  ayant_  les 
Ftolomées , qu  elle  ne  Feft  á la  Chine.  Quoique 
cette  caufe  foit  trés-évidente,  M.  Pawa  cependant 
combattu  vivement  fon  infiuence  fur  Ies  arts  5 & 
Fimpartialité  dont  nous  faifons  profeflion,  nous 
oblige  a expofer  fes  raifons  dans  les  memes-termes 
quhlaemployés  lui-meme.  Les  voici,  relies  qu  il 
les  a données  á la  page  199  du  tome  1 de  fes 
Reckerckes  fur  les  Egyptiens  & les  Ckinois^. 

ct  M.  Winkelmann  & Fabbé  de  Guafeo  ont 
fait  chacun  un  fyñéme  fur  les  caufes  qui  doivent 
avoir  empéché  , felón  eux,  les  Egyptiens  de  deve- 
nir de  prands  peintres , & de  devenir  encore  ..e 
grands  fpuloteurs.  Mais  ü me  femple  que  ces  deux 


A R T 

écrivains  ont  plut6t  imaginé  les  obftacles , qu’ils 
n“ont  été  les  découvrir  dans  les  monumens  au- 
thentiques  deFEgypte,  oú  Fignorance  de  FAna- 
tomic  n’a  pss  ete  auííi  profonde  ils  le  fup- 
pofent.  On  fait  méme  que  des  fouverains  de  ce 
pays  avoient  fait  diíféquer  des  corps  humains 
pour  connoitre  Forigine  de  certaines  inaladies 
dont  on  ignore  encore  aujourd  hui  le  veritable 
remede.  D ailleurs  , Manéthon  etoit  trop  mftruit 
pour  avoir  voulu  choquer  toutes  les  traditions  & 
toutes  les  idées  reques  , en  rapportant  dans  loa 
Hiíloire , qu’un  anclen  roi  d'Egypte  avoit  lui- 
méme  écrit  un  livre  fur  1 Anatomie  , _ou  pius 
probablement  fur  Fart  d'embaumer,  qui , etant 
exercé  fur  des  corps  humams  des  deux  fcx^i 
8c  de  tous  les  ages , & fuj  vingt  a trente^  diffe- 
rentes  efpéces  de  bétes , avoit  prouve , a cet  egard , 
plus  de  connoiífances  aux  Egyptiens  que  nen 
poílédent  de  nos  jours  les  nations  de  1 Afie,  qui 
vivent  f^  des  climats  fort  chauds , ou  la  cotiup- 
tioa  rapiáe  des  cadavres  infpire  de  1 horreur  pour 
de  relies  recherches,  quon  fait  meme  n avoir 
pas  été  porrées  fort  loin  en  Efpagne.  ” 

« 4u  refte,  quand  on  accorderoit  que  l igno- 
rance  des  Egyptiens  dans  FAnatonue  a ere  auflt 
réelle  quon  le  prérend,  cela  n auroit  pu  engager 
leurs  ftatuaires  á n exprimer  fouvent  ni  les  mu  - 
eles ni  les  nerfs , ni  les  veines,  ni  les  os,  pan- 
qué ces  parties  font  aífez 

ceux  mémes  qui  n ont  jamais  vu  u_eq  . \ 

corps.  La  véríté  eft  peuple  imprima  a 

tous  fes  ouvrages  un  caraftere  de  dure  e , . .. 

rendant  un  cuite  á tant  dob]ets,_il  n en  rend  e 
jamais  aux  Graces.  H faut  convenir  neanmo  ns, 
que  les  individus  vivans  qui  devoient 
modeles  aux  artifies  , éioitm 
maniere  trés-éloignee  de  la  a j-g 

la  nature  n y avoit  pas  accorde  fes  “ . 
fexe,  qui  nelui  demande  autre  chofe  pa 
vceux , on  croira  aifément  que  les  ho 
avoient  encore  été  beaucoup  moins  y * 


avoicnr  eiicoic  - . 

Leur  démarche  paroit  erre  dans  les  mo  . - j 

comme  celle  des  Cophtes  modernes,  c eit-a-m  , 
pefante  & genée.  Je  ne  fais  commen^^ 
shmaginer  qu  il  y a eu  de 

affez  prevenus  en  leur  faveur  poi-r  K 7^^ 

le  prix  de  la  lurte  & du  pugilat 
piques;  car  ces  athlétes  qm  vinrenr  , ¿^ie 
Nil  á Olympie,  étoient  des  Grecs  i>-~ende 
& d’Arfinoé ; encore  furent-ils  tous  mis  a l ^ 

par  les  direáeurs  des  jeux,  ^^’°4r  de  ces 
fubtilité  á FadreíTe.  II  faut  en  Lac'»  & 

enfans  dont  il  eft  parlé  dans  Ies  poefies 
de  Martial,  & que  les  Romains 
íinguiiérement  á caufe  de  leur  vivacu-  , 
faillies.  lis  n-'étoient  pas  nés  de  parem  e 
mais  iíí-is  de  quelques  malheuretifes  ^ ¿u 

cues  établies  a Naucrate  ou  dans  les  J 

lac  Maréotis,  & qui  commerqoient  de  .eu  p ^ 

poftérité , ce  que  jamais  les  vrais  ha 


A R T 

í'Egrpte  n’ont  fait,  & ils  ne  le  font  point  en- 
coré 5 auffi  Louis  XIV  ne  put-il  parrenir  á attirer 
á París  Ies  enfans  de  quelqaes  pauvres  Cophtes  ^ 
nialgré  toutes  les  promeiTes  que  leur  fit  le  conful 
de  France  au  Caire.  « 

Qaoique  les  Egyptiens , dir  Sch’Weigger 
n’époufent  plus  leurs  fceurs^  ils  n'en  fo.nr  pas 
moins  un  peaple  trés-laidj  & qui  reíTemble 
ajoute-t-i! , á ces  brigands  hideux  qui  ont  par- 
couru  PEurope  fous  le  nom  de  Bohémiens  (i). 
Mais  on  n’a  contraélé  des  mariages  inceílueux 
en  Egypte  que  depuis  la  conquere  d'Alexan- 
drie  5 Se  il  y a rreize  ou  quatorze  cens  ans  qifon 
ncn  contradle  plus^,  fans  que  Jes  facuités  corpo- 
relíes  fe  foient  perfeálionnées  dans  les  deux  fexes ; 
d'oü  ii  réfulte  que  ces  unions  n’ont  eu  aucune 
in.fluence  en  toutceci,  íinon  peut-étre  de  dimi-, 
nuer  un  peu  la  popu'ation  j car  il  me  paroit 
que  les  Ptolémées  eurent  conftamment  un  petit 
nombre  d’enfans  de  leurs  mariages  avec  leurs 
foeurs,  & Phiiadelphe  n’en  eut  point  du  tout 
d'Aríinoé ; ce  qui  a pu  néanmoins  provenir  de 
queique  caufe  purem.ent  m órale.  » 

Nous  ne  faifons  pas  un  crime  aux  fculpteurs 
egypnenSj  parce  qu’iis  n’ont  cofinu  d’autre  beauté 
que  celle  de  leur  pays ; mais  on  leur  imputera 
toujours  de  n’avoir  point  copié  la  nature  comme 
elle  s’oífroit  á eux.  Car  enfin  l’efpéce  hiimaine 
n’y  eft  pas  íi  difforme  qu’iis  l’ont  quelquefois 
repréfemée  , en  plaqant  les  oreilles  beaucoup  plus 
haut  qu*  le  nez^,  comme  on  le  voit  par  un  Harpo- 
crate  qui  doit  fe  trouver  aéluellement  en  Anglé- 
terrej&pluíieursftatues  égyptiennesqu’on  connoit 
á Rome  & dans  fes  environ?^  font  monílrueufes 
par  ie  méme  défaut,  & fur-toiit  une  tete  de  la 
vigne  Altieri.  Que  veulent  done  dire  ceux  qui 
aíTurent  que  les  artifies  de  ce  pays  ont  été  íi 
févéres  fur  I’article  des  proportions  qui  concernent 
auffi-b'.en  la  diftance  exádte  d’un  membre  á l’autre  , 
que  la  grandeur  refpective  de  chaqué  partie  ? 
Je  crois  que  c’eft  Diodore,  de  Siciie  qui  a donné 
lieu  á tout  cela , en  attribuant  aux  Egyptiens  la 
méthode  de  faire  des  ílatues  par  morceaiix  rap- 
prochésj  & qu’on  taüloit  d’avance  avec  beau- 
coup de  julIeíTe ; mais  c’eft  vraiíemblablement 
une  fable  qu’il  a inventée  , ou  qu’on  lui  a fair  ac- 
croire;  car  il  n’exiíle  rien  de  tel  dans  cette  pro- 
digieufe  quantité  d’antiques  egyptiens  qu’on  a 
recueülis  de  nos  jours  en  Europe.  Une  ítatue  en 
gaíne , achetée  au  Caire  par  M.  de  Maillet^  & 
qu  on  foupqonne  avoir  paffé  enfuite  dans  le  cabi- 
net  de  M.  de  Cayliis,  eft  j á la  vérité,  de  trois 
pieces  de  marbres  diffárentes  en  couleurs^  mais 
cela  n’a  abfolument  aucun  rapport  au  procédé 
aont  parle  Diodore  (2).  L’un  des  coloíTes  qu  on 

(r)  ^iis-BefchreíbuKt 3 lih,  3 , iS. 

Q)  Bibíios.  Lih. 

Alberü  n’a  point  áu  faire  de  grands  efForts  de  génie 
roiir  .jíécoavrir  la  niéühode  d’cxécüter  une  ítatue  en  deU2 
onaroirs  diíercns , coinme  riíie  de  Paros  ¿c  Cerrara. 
-éijiziqaiiés  ¿ 1 orne  /* 


A R T 


313 


voit  dans  laTkébaide  en  avant  de  Medinet-Habu  ^ 
n’a  pas  non  plus  été  travaillé  par  piéces  rap- 
prochées  dans  ¡e  fens  de  cet  auteur ; car  Ies 
pierres  y font  rangées  par  aíTifes  , dont  on  en 
compte  diélindtement  cinq  (3).  Et  c’eft  malgré 
eux  que  les  Egyptiens  ont  exécuté  cette  figure 
de  la  forte  5 car  celie  qui  n’eít  qu’a  trente  pas  plus 
au  fud,  n’a  jamais  été  faite  que  d’une  feuie  pierre; 
d’oú  il  fuit  qu’iis  n’ont  jamais-  pu  fe  procurer  á 
la  foís  deux  blocs  alTez  enormes  peur  cette  en- 
trepnfe  5 & c eft  déjá  beaucoup  qu’iis  en  ayent 
trouvé  & tranfporté  un  feul  de  cette  dimen- 
íion.  » 

Artistes  grecs.  Ce  n’eft  que  dans  la  Gréce 
que  ¡es  arts  furent  accueillis^  recherchés  Se  ré- 
compenfés ; & c’eft  la  principale  caufe  de  la  per- 
fediion  oú  ils  s’y  éievérent.  Les  artifites  partici- 
pérent  á cette  coníidération  , Se  elle  échauffa 
leur  génie.  Socrate  difoit  que  Ies  artlftes  étoient 
les  feuls  fages^  parce  qu’ils  fe  contentoient  d’etre 
telsj  fans  chercher  á le  paroitre.  Efope  fréquen- 
toit  affiduem.ent,  felón  Plutarque (conviv.  7 fa.p.') 
les  atteliers  des  fculpteurs  & des  architedtes.  On 
vit  le  peintre  Diognéte  donjier  des  lecons  de 
philofophie  á Marc  - Auréle  ^ Se  cet  empereur 
-avouer  qu’il  avoit  aporis  de  lui.  á diftinguer 
le  vrai  du  faux , á ne  pas  adopter  des  chimeres 
pour  des  réalités. 

Un  artifte  grec  pouvoit  étre  légiílateur ; car 
tous  Ies  légiflateurs  étoient  j felón  le  témoignage 
d’Ariftotej  de -fimples  citoyens  ; il  pouvoit  par- 
venir  au  commandement  des  armées  , comme 
LamachuSjUndes  plus  pauvres  citoyens  d’.4thénes: 
i!  pouvoit  efpérer  de  voit  élever  fa  ftatue  aupres 
de  celles  des  Mütiade , des  Tkémiílocle , & á 
cóté  de  celles  des  dieux  mémes.  C’eft  ainfi  que 
Xénophile  & Strabon  placérent  á Argos  leurs 
ftatues  aflifes  aupres  de  celles  d’Efculape  & de 
la  déeíTe  Hygiée.  Chirifophus le  fculpteur  de 
rApolloíi  de  Tégée,  étoit  fculpté  lui-méme  á 
cóté  de  fon  oiiyrage.  On  voyoit  au  frontón  da 
temple  d’Eleuíis  , Alcaméne  fur  un  bas  - relief. 
Phidias  grava  fon  nom  au  bas  de  fon  Júpiter 
Olympien.  On  lifcit  fur  pluíieurs- ftatues  des  vain- 
queiirs  aux  jeux  -éiéens  3 les  noms  des  artifies 
qui  les  avoient  faites.  Enfin  ^ le  char  attelé  de 
quatre  chevaux  de  bronze  , que  Dinomene  St 
conftruire  comme  un  monument  de  la  gloire  de 
fon  pete  Hiéron,  roi  de  SyracufC:,  portojt  pour 
infeription  deux  vers , qui  apprenoJcnt  le  noat 
de  Y artifie  Onatas. 

La  gloire  & la  fortune  d’un  anifie,  contipue 
V inkelmann  ^ ne  dependoient  pas  des  capnces 
de  l’orgueil  ou  de  l’ignorance.  Les  productions 
de  l’art . loin  d’étre  aftervies  au  goút  mefquin 
& aux  vues  étroites  d’un  homme  que  l’aduh- 
tion  & la  fervitude  érigent  en  iuge,  étrient  appré- 
ciées  & récompexnfées  par  les  plus  fages  de  la 

(3)  Poceeke,  Deteript.  of  de  Eañ.  B.  2 , c.  5. 

K X 


r u‘*on , dahs  les  aííemblées  genérales  de  la  Gréce. 

]l  V avoit  á Delphes  & á Connthej  du  terns  de 
Phidias,  des  concours  de  peinture  , & des  juges 
prépofés  pour  cet  obiet.  Strabon  nous  a con- 
fervé  les  nonas  des  premiers  concarrens  , qui 
furent  Panéus,  parent  de  Phidias,  & Timagoras 

Chaléis  , déclaré  vainqueur.  Ce  fut  devant 
de  pareiis  juges  que  parut  Aétionj  avec  ion  tablean 
-du  mariage  á'AIexandre  & de  Roxane.  Proxe- 
nidés  5 prélídent  de  Paffemblée  , proponga  le 
jugement:,  lui  accorda  la  palme,  & lui  donna  fa 
filie  en  mariage.  Un  nom  célebre  tfen  impofoit 
pas  á ces  juges  , & ne  les  empéchoit  pas  de  rendre 
juñice  au  mérice  ; Parrhafius  étanr  venu  a Samos 
difputer  le  prix  de  la  peinture , dont  le  fujer 
ctóir  le  jugement  fur  les  armes  d’Achille,  vít 
le  rableau  de  Timanthe  declaré  par  tous  les  fuf- 
frages  mtiileur  que  le  fien.  Ces  juges  n'étoient 
poínt-  étrangers  aux  arts  5 car  jl  y eur  un  age 
oü  Ies  ieunes  Crees  fréquentoient  avec  autant 
d'aíTiduité  les  arteiiers  des  anifies  que  les  écoles 
des  pbiiofophes ; & cela,  dit  Arido  te , {Folit.  8. 5 -) 
afin  de  parvenir  á ia  connoiíTance  du  vrai  beau. 
Piaron  s’appliquoir  au  ' deíün  & aux  fciences 
exaéres  en  méme-tems. 

Les  aniñes  grecs  ainfi  aiguillonnés  , travail- 
loienr  pour  rimmortalité.  Les  récompenfes  quhls 
recevoient  pour  leurs  ouvrages , les  mettoienr 
en  ¿car  de  faire  briüer  leurs  taiens  fans  aucune 
vue  dhntérét.  Polygnote  ayanr  peint  le  Poecile, 
fameux  portique  d’Athénes,  ne  voulut  recevoir 
aucun  paiement  pour  fon  rravail ; & il  paroit 
quhl  en  ufa  de  méme  á Delphes,  ou  il  repré- 
fenta  la  guerre  de  Troye  dans  un  édifice  pubüc. 
En  reconnoiffance  de  ce  dernier  ouvrage , les 
Amphyclions  firent  des  remerciemens  folemnels 
á ce  généreux  artifie , & lui  aíTignérent  des  loge- 
mens  aux  dépens  du  public  dans  toutes  les  villes 
de  la  Crece. 

Artistes  romains.  « Ce  feroit  en  vain,  dit 
le  comte  de  Caylus , que  j’entreprendrois  de  faire 
des  recherches  fur  Petar  oú  étoient  les  arts  á 
Rome,  dans  Ies  premiers  tems  de  la  fondation 
de  certe  ville.  On  fait  feulement  en  general,  que 
les  Romains  eurent  recours  aux  Etrufques  pour 
Ies  principales  confiruétions , Se  pour  les  orne- 
mens  dont  ils  embellirent  leur  capitale.  Cepen- 
danr,  il  eít  á préfumer  que  fi  Pon  eút  confervé 
á Rome  le  gouvernemenr  monarchique , le  goút 
pour  les  arts  s’y  feroit  formé  Se  foutenu  , puif- 
qu’il  avoir  dés-lors  fair  tant  de  progrés  en  Etrurie 
& dans  la  grande  Crece.  Maisla  république,  qui 
ne  s'occupa  que  des  moyens  de  s’aífermir  & 
d’étendre  fa  puiíTance,  n’écouta  que  les  confeils 
de  Pambition,  &:  ne  jouit  prefque  jamais  de  certe 
heureufe  tranquillité , fi  favorable,  & méme  fi 
Beceflaire  á la  naiíTance  ou  á la  perfeélion  des 
arts.  Comment  les  pratiques  ingénieufes  & les 
ñnts  operat;ons  de  Pefprit  & de  la  main  qu^ils 
exigent,  auroicnt-elles  pu  convenir  á un  peuple 


A R T 

de  foldats , qui  ne  ronnoilloit  d’autres  fentimens 
que  Pamour  de  la  patrie , & d'autre  fupériorité 
que  celle  des  armes  ? == 

cí  Aprés  la  prife  de  Corinthe  par  Mumtnius; 
aprés  le  trioiiiphe  de  Paul-Emile  & celui  de 
Pompée,  les  richeífes  de  la  Crece  & de  PAfie 
s’étant  répandues  dans  Rome,  fes  habitans  ou- 
vrirent  les  yeux  fur  Putilité  des  arts ; mais  comme 
ils  les  aimérent  m.oins  par  un  goút  éclairé,  que 
par  luxe  & vaniré , ils  abuférenr  bientót  de  rour 
ce  qui  les  avoit  frappés.  Semblables  á ces  hommes 
nouveaux , qui  font  eux-mémes  étonnés  de  fevoir 
riches  & comblés  d’honneurs  , ils  voulurent  pof- 
féder  fans  s’appliquer  á connoírre  ; & inca- 
pables  de  travailler  á faire*  fleurir  les  arts  en 
les  étudiant , ils  firent  brüler  Por  & Pargent  aux 
yeux  des  artifies  étrangers,  & les  Grecs  accou- 
rurent  en  foule. 

cc  Le  jugement  que  je  porte  fur  les  Romains 
par  rapport  aux  arts,  ne  v'ent  pas  d une  aveugle 
prévenrion  ; il  n eft  que  trop  juítifié  par  les  íno- 
numens  qufiis  nous  ont  laiiTés  ; & la  conftitpnon 
de  leur  gouvernemenr  en  découvre  la  véritable 
caufe.  Tout  citoyan  romain  s imaginoit  erre  un 
perfonnage  important,  parce  quil  avoir  droic  ae 
fe  trouver  aux  aíTemblées  pour  y traiter  des  plus 
grandes  aífaires  , & il  crdyoit  que  fes  decifions 
éroienr  d’un  poids  infini  pour  le  gouvernemenr 
de  Pétat.  La  jeuneíTe,  oceupée  des  exercices  du 
corps,  de  Pétude  des  loix  , des  brigueS'>&_des 
cabales  qui  agitoient  la  viile  á chaqué  eleófion, 
négligeoir  tout  autre  objet , ou  étoir,  {jour  mieux 
dire  , perfuadée  qu^il  n^y  en  avoir  point  d autre 
capable  de  la  fixer.  m 

Les  Romains , barbares  en  ce  point , aban- 
donnérent  prefque  toujours  á leurs  efelayes  la 
connoiíTance  & la  pratiqne  des  arts  lioeraux^, 
qui  leur  venoient  des  Grecs.  Mais  que  pouvoJeni- 
iís  attendre  d'ane  foule  ¿iartifies  mercenaires , 
en  qui  la  perte  de  la  liberté  étouíToir  le  gente, 
& qui , loin  d’envifager  dans  le  fucces  un  adou- 
ciffement  á leurs  peines,  n'y  voyoienr  qiiun 
efclavage  érernel,  & une  gene  qui  au_gmeni.oii. 
á mefure  que  leurs  táleos  fe  développotenr . 
épargnoient  des  frais  confidérables  á leprs  ma_i- 
tres , qui  profiroient  alTez  fouvenr  de  1 inau!i.riw 
& de  Phabileté  de  ces  efclaves , pour  les  ven  re 
plus  cher  quhls  ne  leur  avoient  coúté._  Par  un 
efpéce  de  conféquence,  le  gout  romatn  el 
génér.al  lourd,  niou  , fans  fineíTe  j il  fe  “ 
Pétat  de  fervitude  ou  étoient  rédutts  les  arujtes 
de  certe  nation  : & prefque  tous  les  ouvrag- 
romains  oú  Pon  apperqoit  une  forte  d é'^gance, 
font  dús  aux  Grecs  dont  Rome  fe  trouva  rs. 
plie , principalement  fous  les  empereurs.  » 

“ Quand  la  fource  de  ces  artiftes^ 

Se  que  la  Crece  fe  trouva  hors  d état  d 
teñir  les  écoles  d’Italie  , on  ceffa  d y 
les  arts , qui  reprirení  cepeadant  quelque  vigi* 


A R T 

fous  Trajaiij  Hadrien  & d’autres  princes  dont 
!a  proteftion  les  rétablit  un  peii  5 mais  enfin  , 
ils  s'éteignirent  5 & le  fiége  de  rEinpire  tranf-, 
porté  á Conftantinople fit  une  diverfion  qui  leur 
fut  auífi  fatale,  que  la  prife  de  cette  vilie  par  les 
Tures  leur  fut  avantageufe  dans  la  ñute.  Les  arts, 
pratiqués  dans  l’intervalle  de  ces  deux  événe- 
menSj  font  rangés  dans  une  claíTe  connue  fous 
le  nom  ás  Bas-Empzre ; 8c  Von  coinprend  á peine 
comment  des  hommes  qui  étoient  environnés 
de  chef- d’osuvres  dans  tous  íes  genres','&  qui 
avoient  entre  les  tnains  tous  les  infirumens  né- 
ceíTaires  pour  les  imiter  ^ ont  pu  laiíTer  á la  pollé- 
rité  de  lí  mauvaifes  produélions. « Caylus,  Rec. 

d’Ant.  I.  ij-j. 

ARTO  CREAS , mot  compofé  de  deux  mots 
grecs,  xfT(¡;  ,-pam , & Kfíct;,  viande.  Perfe  le  Saty- 
rique  fait  mention  d'un  mets  des.Romains  appeíé 
artocreas.  Les  racines  de  ce  mot  feroient  croire 
^ c etoit  un  pité  ^ gu  un  hachís  de  viande 
melé  avec  du  pain. 

^ARTOLAGANUS , {Plin.  8.  z.)  efpéce  de 
gateau  ou  de  pátiíTerie.  Ce  mot  ,eft  compofé 
d ¿tfTdí , pain  , & de  y-áya-mi , qui  , dans  Héíy- 
chius  j efi  un  gáteau  fait  de  fleur  de  farine  pétrie 
avec  de  Lhuile,  & cmt  dans  un  plat.  Cicerón 
ne  trouvoit  pas  un  grahd  attrait  dans  ce  mets ; 
car  il  dit  avec  dédain  {Famil.  p 20.)  ; Dedifcend& 
Jiznt  tibí  fportelíá,  bd  artolagani  tuz, 

ARTOPHAGES.  Les  Crees  défígnoient  les 
habitans^de  PEgypte  par  Pépithéte  Á’ Ártopkages , 
parce  qu  ils  vivoientprincipalement  de  deux  fortes 
de  pain  ^ nommées  en  leur  langue  Petofiris  & 
Kollefle , qTon  faifoit  d’un  grain  fiir  lequel  Ies 
favans  ont  hafardé  beaucoup  de  conjeñures  ; 
car  quelque  peu  croyabie  que  cela  paroiíTe^  il 
eít  certain  qu  il  régne  de  Pobfeurité  dans  I’hif- 
toire  des  plantes  les  plus  généralement  cultivées 
par  les  anciens.  Les  mémes  noms  ne  fignifiant 
plus  les  mémes  chofes  á beaucoup  présyon  eft 
reduit  á former  des  conjeélures , & Pon  fe  trompe 
de  tems  en  tems.  II  paroit  que  c’efi:  Hécatée^ 
qui^  le  premier,  s’efi  fervi  du  terme  á’ Asrozpáya  , 
pour  défigner  les  Egyptiens. 

ARTOPTA,  vafe  ou  efpéce  de  four  de  cam-" 
pagne  dans  leqiie!  les  Romains  faifoient  cuire 
Pollux  (10.  25.)  dit  expreífément : 
SSinil  Intererit  etiam  vas , in  quo  panes  coquunt , 

Jzc  nominare  , quod  nunc  artoptam  vocitant.  Plaute 
^ ^ppolyó.  ce  mot  dans  fa  comedie  intitulée  ; 
•diulularia  ( iI.  p.  4, ) : 

Tgo  hiñe , artoptam  ex  próxima  utendam  peto. 

E>.  diñe  ( 18.  z.)  dit,  au  fujet  de  ce  vers  de 
laqre  : Artoptam  P lautas  appellat  in  fabula  , 
q^^am  Auíulartam  J'cripJit  : magna,  oh  id  concerta*. 

^^'liditorum , an  is  verfus  fit  poets,  illius.  Ce 
?:'i‘$  de  Plaute  parpit  fuppofé  á plufieafs  érudits.- 


A R ü 315 

ARTS.  Arrien  nous  apprend  que  ¡es  Gadariens 
adoroient  les  arts  avec  la  Pauvreté,  parce  qu’en 
effet  celle-ci  eít  la  mere  des  arts , ou  de  Pinven»- 
tion.  V Pauvreté. 

_AR\  ALES.  On  appeloit  de  ce  nom  ceux  qui 
faiforent  Ies  facnfices  des  Ambarvales.  lis  étoient 
¿ouzc  choiíis  entre  les  perfonnes  les  plus  diftin- 
guees  de  Rome,  & s’appeloient  Freres  Arvales 
ou  le  collége  des.  Freres  A.rvales.  Ils  furent  iníH^ 
tués  par  Romuíus , qui  fe  mit  !ui-méme  du  nombre. 

marque  de  leur  dignité  étoit  une  couronne 
d épis  hée  avec  une  bandelette  blanche.  On  dit 
que  les  conteftations  relatives  aux  limites  des 
champs  , étoient  de  leur  reífort.  Piine  les  appelle 
Arvorum  facerdotes.  Voici  Porigine  de  ce  facer- 
doce  : Acca-Laurentia  , nourrice  de  Romuhis  , 
avoit  coutume  de  faire,  tous  les  ans,  un  facri- 
fice  pour  la  profpérité  des  champs , dans  lequel 
eile_ faifoit  marchar  devant  elle  douze  fils  qu’elle 
avoit  : Pun  d’eux  étant  mort,  Romulus , pour 
honorer  fa  nourrice , offrit  d’étre  lui-méme  fon 
douziéme  fils.  C’eft  de -la  que  vinrent  le  nom 
du  facrifice  , le  nombre  des  douze  & ¡e  nom  de 
freres.  Ce  facerdoce  ne  finiíToit  qu’avec  la  vie; 
Pexil  8c  la  captivité  ne  le  faifoient  point  ceíTer. 
Piine  (i  8.  z).’ 

L analogía  de  notre  langue  feroit  dire  les  freres 
Arvaux , mais  Pufage  contraire  a prévalu.  Voyeq^ 
Ambarvales. 

^ ARUERIE  , felón  la  tradition  égyptienne  , 
etoit  fils  d'Ifis  & d’Ofiris.  Ceux-ci , difoit-on  , 
avoient  eré  congus  dans  le  méme  fein,  s’v  étoient 
rtianes  j & Ifis , en  naiíTant , étoit  dé)á  grolfe 
d Arueris.  Cet  Arueris  fut , dit  Plutarque  , le  pro- 
totype  de  PApoIIon  des  Grecs. 

ARUGA,  ariga  8c  aringa , bélier  qui  fervoit 
de  viétime  chez  les  Romains.  Les  Grecs  aope- 
loient  un  bélier  ■zíótsroí  , d’ou , par  cor- 
rupticn , les  prétres  de  Rome  auront  derivé  le 
met  barbare  aruga. 

ARUGIA.  Voyez  Arrugia, 

ARÜIN  A j graiíTe,  L’embonpoint  extraordi- 
naire  de  quelqaes  individus  de  la  famille  Cornelia 
de  Rome , leur  fit  donner  ce  furnom. 

ARÜNDEL  ( marbres  d’ ) (chronologie  d’) 
On  ignore  le  nom  de  celui  qui  les  fit  graver; 
mais  on  fait  que  Peyrefc  les  avoit  découverts 
8c  acquis  au  commencement  du  dernier  íiécle. 
lis  échappérent  des  mains  de  cet  iilañre  francois, 

8c  paíTérent  dans  celles  de  Thomas  Pétrée,  qui 
avoit  été  envoyé  dans  le  Levant  par  le  lord 
Howard,  comte  d’Arundel,  pour  y aequérir  Ies 
plus  rares  morceaux  d’antiquité.  Exilé  Sí  éloigné 
des  affaires,  ce  comte  cherchoit  á adoucir  Pen- 
nui  de  la  foütude  par  la  culrure  des  beaux  arts. 

II  avoit  ramaíTé,  dans  cette  viie,  une  prccieafe 
colleclion  detableaux,  de  deflins  Se  d’andquités. 
Quoiqae  les  marbres , qui  en  faifoient  la  plus 


íl 


a 


riche  poiúon  , aienr  été  trouvés  dafls  Tifle  de 
Paros  3 ia  reconnoiñar.ce  des  favans  ieur  a donné 
le  nom  du  feigneur  a qui  i’Europe  en  doit  la 
iouiíTance.  Places  d’abord  dans  les  jardins  de 
l’hotel  á’Arundel,  ils  furent  commis  a Tétude 
gt  aux  foins  de  Selden  11  fe  montra  digne  de 
cette  confiance,  & publia  ^ en  lííaS,  les  recher- 
ches les  plus  Utiles  fur  ces  marbres.  On  convint 
alors  qu’ils  formoient  le  plus  beau  corps  de 
chroaologie  poíTible  fur  les  antiquités  de  la 
Gréce. 

Humfrey  Prideaux  reprit  le  travaii  long-terns 
interrompu  du  prenaier  éditeur , & le  publia  com- 
plétement  á Oxford  j en  i6j6 , avec  leur  expü- 
cation.  Lydiat  & Pamélius  fe  font  auffi  exercés 
fur  le  méme  fujet  5 mais  les  travaux  réunis  de  ces 
favans  n’ont  pu  réparer  les  injures  que  le  tems 
& la  barbarie  avoient  faites  á cette  précieufe 
colledion.  Selden  rfavoit  déchiffré  certaines  lignes 
qu’á  l’aide  du  microcofpe  ; pendant  les  troubles 
du  régne  malheureux  de  Charles  I , des  barbares 
briférent  une  partie  des  marbres  j & les  em- 
ployérent  á la  conftrudlion  d'une  cheminée  dans 
rhótel  des  comtes  á’Arundel.  Ils  pafférent  enfin  , 
en  166-/,  á Funiveríité  d'Oxford  , qui  les  diit 
á la  généroírté  du  lord  Hosvard;,  depuis  duc  de 
iíorfolck.  Ce  feigneur  les  accorda  aux  follicita- 
tions  de  Jean  Evelyn , le  méme  qui  procura 
depuis  á la  Société  royale la  bibiiothéque  du 
méme  lord.  AíTociés  aux  nombreux  monumens 
que  polTéde  la  favante  univeriité  d’Oxfordj  ces 
marbres  feront  déformais  á Fabri  des  ravages  da 
tems.  Puiñe  Fexemple  du  duc  de  Norfolck  étre 
fuivi  par  les  poíTefleurs  de  ces  colleítions  pré- 
eieufes , que  des  héritiers  divifent  & détruifent 
impitdyablement  i Les  univerfités,  les  compa- 
gnies  de  magiftrats , les  corps  qui  fe  perpétuent 
fans  interruption , leur  oíírent  une  retraite  aiitant 
afíurée  qu^honorab'e , & une  reconnoiffance 
que  Ies  monumens  hiftoriques  célébreront  á 
Fenvi. 

Les  marbres  Aritniel  renfefment  fofxante- 
quinze  des  plus  celebres  époques  de  Fhiñoire 
grccquCj  depuis  Cécrops  , fondateur  d’Athénes  ^ 
jufqu'á  Farchonte  Diognére ; c'eíl-á-dire  ^ depuis 
environ  Fan  ijtS  avant  J.  C.^  jufquá  prés  de 
ioo  ans  avant  Fére  chrétiennej  vers  le  commen- 
cement  de  la  premiére  guerre  Fuñique.  Oa  y 
voir  Finllitution  de  Faréopage  ^ FétablilTement 
des  Amptiydtíons  ^ Farrivée  des  colonies  égyp- 
tiennes  & phénicíennes  j la  fondation  des  plus 
illuñres  villes  de  la  Gréce  ^ Fige  des  hommes 
célebres  qdelle  a prodiiits^  la  prife  de  Troye^ 
la  création  des  archontes , Ies  bataüles  de  Platée^ 
de  Salamine  & de  Marathón  , Scc.  Ces  époques 
éclairciíTent  les  textes  d’Hérodote , de  Thucy- 
tíide,  & fervent  de  fil  aux  écrivains  qui  s’en- 
foncent  dans  le  dédale  des  anciens  tems. 

Nous  les  doanons  ici  d’apré»  Fédiuon  de  Pri- 
ceaux. 


A R U 


CHlt.oí<OLOGl'B  des  marhres  de  Paros  cz¿ 


dArund&l,  calculée  pour  l’ année  178(3. 


........  J'ai  décrit  les  ages 

précédens  depuis  Cécrops,  qui  fut 
ie  premier  roi  d'Athénes , jufqu  a 
Farchonte  de  Paros,  Aítynax,  & juf- 
qu°á  Diognéte,  archonte  d’Athénes. 

Epoque  i.  Depuis  que  Cécrops 
régna  a Athénes  , & que  Fon^  eut 
donné  le  nom  de  Cécropie  a 1 Ac- 
tique,  ainíi  appelée  autrefojs  d’un  de 
fes  habitans  Aélarus,  il  s’eíl:  écoulé 

1318  

Ep.  2.  Depuis  que  Deucalioa  de- 
vint  roi  de  ParnaíTas , dans  la  Ly- 
corie,  fous  le  régne  de  Cécrops  a 
Athénes,  il  s’elF  écoulé  i5ioans.  . 

Ep.  3.  Depuis  qu  Ares  ou  Mars  &: 
Ne'ptune  vinrent  plaider  Fun  contre 
Fautre  au  fujet  d’Haliirrothius,  fils 
du  dernier , á Athénes , oú  régnoit 
Cranaüs,  & que  Faréopage  en  pric 
fon  nom,  il  s^eíl;  écoulé  1268  ans._  . 

Ep.  4.  Depuis  que  le  déiuge  arriva 
fous  le  régne  de  Deucalion , & que 
fuyant  de  Lycorie  á caufe  de  Finon- 
dation,  ce  roi  vinr  á Athénes  auprés 
de  Cranaüs  , quhl  batir  le  temple  de 
Júpiter  Phyxien  & Olympien  , & 
qu'il  fit  des  facrifices  en  actions  de 
graces-i  fous  le  régne  de  Cranaüs  á 
Athénes , il  s’ell  écoulé  12Ú5  ans.  . 

Ep.  5.  Depuis  qu’Amphyélion  , 
fils  de  Deucalion  , régna  aux  Ther- 
mopyles , qu  il  raffembla  & appela 
Amphyctioaies  les  peuples  épars  dans 
les  contrées  voifines  , quül  bátit  Py- 
lée , oú  les  Amphydlions  ont  cou- 
tume  defacrifier,  pendant  qu’tinautre 
Amphyñion  régnoit  á Athénes , il 

s’eñ  écoulé  1258  ans 

Ep.  6.  Depuis  qu'Hellen  , fils  de 
Deucalion , régna  dans  la  Phthiotide, 
que  les  anciens  Crees  furent  appelés 
Heliénes , & qu'ils  eurent  inftitué.ies 
fétes  de  Minerve , fous  le  régne  d’ Am- 
phiélyon  á Athénes , il  s^eft  écoulé 

1257  ans . . . 

Ep.  7.  Depuis  que  Cadmus , fils 
dCAgénor,  vint  á Thébes  pár  ordre 
de  Foracle , & qu'il  bátit  la  ville  á 
laquelle  il  donna  fon  nom,  fous  le 
régne  d’Amphyftion  á Athénes  , il 

s'eft  écoulé  125- 5-  ans 

Ep.  8.  Depuis  qu'Eurotas  & La- 
cédémon  régnérenren  Lacorrie,  fous 
le  régne  d’Amphyclion  á Athénes, 
il  s eñ  écoulé  1252  ans 


¿re 

de 

Paros. 


O 

8 


50 


53 


6@ 


61 


66 


Durée 
jufqu  ¿ 
nous» 


3368. 


3560. 


3318.' 


35^5- 


3307. 


33°5- 

3302-. 


A R U 


A R U 


. Eo.  Depuis  que  le  premier  vaif- 
feau  partí  de  TEg^pte  aborda  en 
Gréce , qu'il  fut  appelé  Pentécon- 
zore,  depuis  qu’Amymone  ^ 8c 
& Hélice:,  8c  Archédicej  filies  de 
Danaüs  ^ choifies  par  le  fort  entre 
leurs  autres  fcéurSj  bátirent  un  tem- 
ple , 8c  facrifiérent  fur  le  rivage  , 
prés  de  LinduSj  oü  eít  aujourd'hui 
la  ville  de  Rhodes  , fous  le  régne 
d’Eriélhonius  á Athénes  ^ il  s'eíl 

écoulé  1247  ans 

Ep.  10.  Depuis  qu^Eridlhonius  j 
aprcs  la  premiére  célébration  des 
Panathénées , attela  des  eourfiers 
á un  char,  inñitua  un  jeu  publicj 
donna  aux  Athéniens  le  nom  qu’iis 
portent  encore;  depuis  que  la  mere 
des  dieux  apparut  fur  les  mon- 
tagnes  de  CybéléS:,  quHyagnis  le 
Phrygien  inventa  la  flúte  á Catleno:, 
viile  de  Phrygie  , qu’il  en  joua  fur 
le  mode  Phrygien^  fur  ceux  de  Cy- 
béle  ^ de  Bacchus , de  Pan  , des  au- 
tres dieux  de  fa  patrie:,  Se  des  héros, 
fous  le  régne  du  méme  fouverain 
d’ Athénes  ,,  cet  Erydthonius :,  qui 
monta  un  char  le  premier  j il  s’eñ 

écoulé  1242  ans.. 

Ep.  II.  Depuis  que  Minos,  pre- 
mier de  ce  nom,  régna,  qufil  bátit 
la  ville  de  Cydonia , que  Celmiis  8c 
Damnanéus,  Dadlyies  da  mont  Ida, 
trouvérent  le  fer,  fous  le  régne  de 
Pandion  á Athénes  , il  s"eíl  écoulé 

1168  ans ' 

Ep.  12.  Depuis  que  Cérés  venant 
á Athénes,  apprit  á femer,  8c  en- 
voya  aux  autres  peuples  Triptoléme, 
fils  de  Céiéus  8c  de  la  nympheNérée , 
fous  le  régne  d'Eridlhée  á Athénes , 
il  s’eft  écoulé  1145- ans.  . . . . 

Ep.  13.  Depuis  que  Triptoléme 
enfemenqa  Ies  terres  de  Raria,  appe- 
lées  depuis  Eleufine,  fous  le  régne 
d’Ericthée  á Athénes,  il  s’eñ  écoulé 


1 142  ans.  ......... 

Ep.  14.  Depuis  que com- 

pofa  des  vers , chanta  Penlévement  de 
Proferpine,  Ies  pourfuites,  de  Cérés 
fa  rnére & les  fiables  que  Ton  rá- 

cente fur  ceux  qui  s’adonnérent  á 
1 agriculture,  fous  le  régne  d’Eriéthée 
a Athénes,  il  señ  écoulé  1135  ans. 

Ep.  ij.  Depuis  qu’Eumolpus,  fils 
de  Mufée,  fit  célébrer  les  myfléres 
•a  Eleufis , 8c  qu’il  mit  au  jour  les 
poefíes  de  fon  pére,  fous  le  régne 
® Erichthéus  , fils  de  Pandion  á Athé- 
®es,  il  s"eñ  écoulé ans. . . . 


de 

Pa.ros- 


Duré: 


71 


76 


lyo 


173 


176 


5’-97- 


5292. 


3218. 


3192. 


183  3185. 


Ep.  16.  Depuis  qu’cn  expía  pour 
I5  premíete  fois  un  meurtrier,  idus 
le  régne  de  Pandion,  fils  de  Cccrops, 
á Athenes,  il  s’eft  écoulé  icóá  a.ns. 

Ep.  17.  DepuiS  ri.nílituiion  des 
jeux  gymniques  á Eleufis,  fous  le 
régne  de  Pandion  , fils  de  Cécrops , 

il  s’eft  écoulé ans 

Ep.  i8._  Depuis  qu’on  offirit  des 
facrifices  de  fang  humain  , 8c  qu’on 

céiébra  les  Lycées  en  Arcadle, 

de  Lyeaon  parmi  les'Grecs fous 

le  régne  de  Pandion,  fils  de  Cécrops, 
á Athénes,  ii  s’eft  écoulé  mille  8c.... 

années . 

_ Ep.  19.  Depuis  qu’on  íitdesluftra- 
rions  á Athénes , qu’HercuIe  fut 
initié  aux  petits  myftéres , 8c  que  fut 
báti  le  petit  temple  deftiné  á ces 
myftéres,  fous  le  régne  d’Egée  á 
Athénes,  il  s’eñ  écoulé  mille  8c  .... 

années 

Ep.  20.  Depuis  qu’Athéneséprouva 
la  difette  des  fruits  de  la  terre  , 8c 
que  l’oracle  d’ApoIion  ayánt  été  con- 
fulté  , ordonna  de  faire  tout  ce 
qu’exigeroit  Minos  , fous  le  régne 
d’Egée  á Athénes , il  s’eft  écoulé 

103 1 ans.  . 

Ep.  21.  Depuis  que  Théfée  , des 
doiize  villes  de.  l’Attique , n’en  fit 
qu’une  feule,  á laquelle  il  donna  la 
forme  d’une  démocratie ; depuis  qu’il 
établir  pendant  fon  régne  á Athénes, 
les  jeux  ifthmiques,  aprés  qu’il  eut 
tuéSinis,  il  s’eñ  écoulé  995- ans..  . 

Ep.  22.  Depuis , fous  le  régne 

de  Théfée  á Athénes , il  s’eñ  écoulé 

992  ans.  . 

Ep.  2 3 . Depuis  qu’Etéocle,  Adrañe 
& Amphiaraüs  régnérent  á Argos,  8c 
célébrérent  les  premiers  des  jeux 
dans  la  forét  de  Némée , fous  le 
régne  de  Théfée  á Athénes,  il  s’eñ 

écoulé  987  ans 

Ep.  24.  Depuis  que  les  Grecs  en- 
treprirent  le  fiége  de  Troye,  la  trei- 
ziéme  année  du  régne  de  Meneñhéus 
á Athénes,  il  s’eft  écoulé  934  ans. 

Ep.  23.  Depuis  la  prife  de  Troye, 
arrivée  le  7 du  mois  Thargélion  de 
la  22=  année  du  régne  de  Meneñhéus 
á Athénes,  il  s’eft  écoulé  943  ans. 

Ep.  26.  Depuis  qu’Orefte  fut  guéri 
de  la  folie  en  Scythie  , & qu’enfuite 
Erigone  , filie  d’Egiñhe  , Se  lui , 
vinrent  á Athénes,  oú  régnoit  Dé- 
mophon , plaider  l’un  contre  l’autre 
dans  l’aréopage  , fur  la  mort  du  pére 
d’Erigone,  accufation  dont  Orefte 


317 

¿re  I Duree 
¿e  IjuCqu 
Pízroí.!  no  US 


236 131 12. 


2.87  3081; 


323  3043. 
326  3042. 


331  3C37- 

3%  3G04. 

373  ^99 


3tS 


A R U 


fortit  vaínqtieur  {5ar  l egalíté  dei 
fufírages,  il  s'eft  écoulé  neuf  cent 
quarante-deux  ans.  ...... 

Ep.  Depuis  que  Teiicer  jeta  les 
fondemens  dé  Salamme,  dans  Hile 
de  Chypre fous  le  régne  de  Démo- 
phon  á Athénes,  il  s'eft  écoulé  938205. 

Ep.  28.  Depuis  que  Kélée  vint 
habitar  Milet  en  Carie , y raíTembla 
les  péuples  dlorsie  ^ qui  bátirent 
Ephéfe>  Erythre,  CIazoméiK;,Teos. 
Lebdos,  Colophon , Myus.  Pho- 
cée  5 Priéne . Samos , Cnio  > & qiii 
inftituérent  les  Panionies  , la^  trei- 
ziéme  année  du  régne  de  Nélée  á 
Athénes,  il  s’eft  écoulé  813  ans.  . 

Ep.  29.  Depuis  le  tems  ovi  le  poete 
Héífcde  fioriíToit,  fous  le  régne  de 
Mégac'és  á Athénes.  il  s'eft  écoulé 

*680  ans.  

Ep.  30.  Depuis  le  tems  oú  fepoéte 
Hotnére  florifldit  ^ fous  le  régne  de 
Diognéte  a Athcnes^  il  s’eft  écoulé 
(S43  ans.  . . • . - • • • _ • 

Ed.  31-  Depuis  que  Pargien  Phi- 
don,  I i'^defcendant  d'Hercule^  régna 
dans  Argos,  y mit  en  ufage  les  póids 
& les  mefures , fie  battre  des  piéces 
dargent  dans  Pifie  d'Egine , pendant 
le  régne  de  Diognéte  a Athénes,  il 
s’eft  écoulé  631  ans.  . , _ . , . 

Ep.  32.  Depuis  qu’Archias,  fils 
d’Evagéte,  dixiéme  defeendant  de 
Témenus , conduifit  une  colonia  de 
Corinthiens  a Syracufe , la  vingt- 
uniéme  année  du  régne  d’Efchyle  á 
Athénes , il  s’eft  écoulé  494  ans. 

Ep.  33.  Depuis  que  Créon  fut 
choiíí  le  premier  pour  erre  archonte 
annuel  á Athénes , il  s’eft  écpulé  420 


urs 

dt 

Faros- 

370 


^Diírit 

nouS‘ 

2-99“- 


i 

<^75 


ans 


Ep.  34.  Depuis  que Tyrtée  condui- 
foit  au  combat  les  Lacédémoniens  , 
Lvfias  étant  archonte  á Athénes,  il 

s’eft  écoulé  418  ans 

Ep.  3 3.  Depuis  que  Therpandre  , 
fiis  de  Derdénéus,  natif  de  Lesbos , 


687 


824 


898 


9PO 


;8o  '298S. 


J03  28^3. 


2730. 


2í?93 


2681. 


2470, 


2468. 


inventa  les  nomes  lyrique  & aulé- 
tique , qu  il  joua  fur  des  flútes  ae- 
compagné  d’autres  jotieursdu  meme 
inftrument,  8z  qu'il  fe  lava  d’une 
accufation  injufte  cevant Je  peuple  , 
fous  Parchonte  Dropilus  á Athénes,  I 

il  s’eft  écoulé  381  ans = 937  -43 

Ep.  36.  Depuis  qu’.41yatte  régna  j 
en  Lydie,  pendant qu’Ariftociés  étoit 
archonte  á Athénes,  il  s’eft  écoulé  i 

341  ans 977  ^391- 

Ep.  37.  Depuis  que  Sappho  s’en-  I 

ftúí  ds  Mityléne  en  Sicjje.*...,  pen-  1 1 


A R U 


dant  que  Crétias  I étoit  archonte  a 
Athénes,  &'que  Syracufe  étoit  fous 
le  joug  des  peuples  voínns , il  s’eft 

écoulé  3 30  ans 

Ep.  58.  Depuis  que  Ies  Amphyc- 
tions  furent  vainqueurs  á la  pnfe 
deCyrrha,  & que  les  jeux  appelés 
Chréinarités  , a caufe  des  riches  dé- 
pouil^s  des  vaincus,  furent  établis  , 
pendant  Parchontat  de  Simón  á Aché- 
nes,  il  s’eft  écoulé  327  ans.  . . . 

Ep.  39.Depuisqu’oncélébra  ,pour 
la  feconde  fois,  les  ieux  Sthépha- 
nites , pendant  que  Damaíias  11  étoit 
archonte  d’ Athénes,  il  s’eft  écoulé 

3 18  ans 

Ep.  40.'  Depuis  qu’á  Athénes , ou 

régnoit  en  qualité  d’archonte on 

joua  , pour  la  premiére  fois , fur  un 
théátre  élevé , une  comédie  dont 
les  auteurs  étoient  Sufarion  Se  Do- 
lon,  natifs  d’ícare,  qui  eurent  pour 
récompenfe  une  corbeille  de  figues 
& une  mefure  de  vin , qu’ils  empor^ 
térent  fur  un  quadrige,  il  s’eft  écoulé 

23....  ans 

Ep.  41  .Depuis  que  PiCftrate  s’em- 
para  du  gouvernement  d’ Athénes, 
ou  Gomias  étoit  archonte  , il  s’eft 

écoulé  297  ans 

Ep.  42.  Depuis  que  Créfus  régna 
en  Afie  , & qu’il  envoya  des  députés 
á Delphes  , pendant  qu’Eurydéme 
étoit  archonte  d’ Athénes , il  s’eñ 

écoulé  292  ans 

Ep.  43.  Depuis  que  Cyrus,  roide 
Perfe,  s’empara  de  Sardes  & de  la 
perfonne  de  Créfus,  qui  avoit  été 
trompé  par  Poracle  de  la  Pythie  , 

pendant  que étpit  archonte  d’A- 

thénes,  & que  le  poete  Hipponax 
s’immortalifoit  par  fes  vers  iambi- 
ques,  il  s’eft  écoulé  278  ans.,  . • 

Ep.  44.  Depuis  que  le  poete  Thef- 
pis  fit  jouer  fur  un  char  la  tragédie 
d’Alcefte  , & qu’on  propofa  un  bouc 
pour  prix  au  vainqueur , pendant 
qu’-4Icéus  premier  étoit  archonte  d'A- 
thénes,  il  s’eñ  écoulé  272  ans. . . 

Ep.  43.  Depuis  que  Darius  devint 
roi  des  Perfes  , aprés  la  mort  da 
Mage,  pendant  que étoit  ar- 

chonte d’ Athénes,  il  s’eñ  écoulé  233 

ans . 

Ep.  4<j.  Depuis  que  Harmodius  & 
Ariftogiton  tuérent  Kipparqiie,  nls 
de  Pififtrate,  tyran  d .Athénes,  oii 
Clifthene  étoit  archonte , & que  les 
Athéniens  convinrent  avec  les  Pi- 
fiñratides,  qu’ils  fortiroient  de  I3 


¿re  ] lauree 

'jrrfqu’i 


Faros- 

988 


991 


1000 


aous 


Í380, 


236S. 


1021  2347. 


1026  2342» 


IC4O 


2328. 


IC46  2322. 


loéy  2303, 


A R ü 


¿rt  fjyu'éi 
de 

Paros*  ncus. 

1070  ZZJíS. 


1091  2177 


¿ítadeüe  d’Athínes  6r  de  fes  murs^ 
appek's  PébgifqueSj  ii  skít  écoulé 
248  ans ' . 

Ep.  47.  Depuis  que  Ies  chceurs  de 
the'átrC;,  compofés  d’hommes  fenle- 
ment,  difputoient  des  récompenfes , 
fous  h direction  á'Hippodicas  de 
Chaléis  , c;ui  fut  le  premier  vainqueur 
fous  Tarchontat  d'ifagoras  á Athé- 
nes,  ii  s’eíi  écoulé  24421)5.  . . . ¡1074  2294. 

Ep.  48.  Depuis  que....  Híppias.... 

3 Alheñes,  oú  Pythocrite  étoir  ar- 
chonte,  il  s’eft  écoulé  231  ans.  . . 1087  2281. 

Ep.  49.  Depuis  que  Ies  Athéniens, 
fous  l’archontat  de  Phsenippe  fecond, 
corubattirent  auprés  de  Marathón  les 
Feries,  do.nt  le  general  Ataphernes 
Satrape , un  des  defcendans  de  Da- 
rías, fut  vaincu,  combat  ou  fe  trouva 
le  poete  Echyle  , ágé  de  trente-cinq 
ans , ii  s’eft  écoulé  227  ans.  . . . 

Ep.  JO.  Depuis  que  Simonide  , 
ayeuldu  poete  Simonide,  & qui  étoit 
poete  lui-méme,  fe  rendir  célebre 
á Áthénes,  oú  Ariftide  étoit  archonte, 

8c  que  Xerxés  , fils  de  Darius , fuc- 
céda  au  troné  de  fon  pére  aprés  fa 
mort,  il  s’eft  écoulé  22 j ans.  . . 1093  227 j. 

Ep.  ji.  Depuis  que  le  p>oéte  Ef- ' 
chyie  remporta  le  prix  de  la  tragé- 
die,  que  naquit  le  poete  Euripide, 

& que  le  poete  Stéíichore  vint  dans 
la  Gréce  , pendant  que  Philocrate 
étoit  archonte  d’ Athénes  , il  s’eft 
écoulé  222  ans.  ....... 

Ep.  j2.  Depuis  que  Xerxés  fit  un 
pont  de  vaiíTeaux  fur  l’Hellefpont, 
que  les'Grecs  combattirent  & vain- 
quirent  les  Perfes  aux  Thermopyles  , 

8c  fur  mer , auprés  de  Salamine  , pen- 
que que  Calilas  étoit  archonte  d’A- 
thénes , il  s'eft  écoulé  217  ans.  . . 

Ep.  33.  Depuis  que  les  Athéniens, 
fous  l’archontat  de  Xantippe , dé- 
firent , en  batail'e  rangée  , auprés 
de  Platée  , Mardonius,  general  de 
Xerxés  , qui  y peidit  la  vie,  pendant 
que  Ja.  Sicile  étoit  dévaftée  par  Ies 
feux  du  mont  Ethna , il  s’eft  écoulé 

ans I IC2  iz66. 

Ep.  J4,  Depuis  que  Gélon  , fils 
de  Dinoméne , s’empara  du  gouver- 
l^rnent  de  Syracufe  , pendant  que 
J irnoñhéne  étoit  archonte  d’Athe- 
nes,  il  s’eft  écoulé  21  j ans.  . . .11032265. 

55-  Depuis  que  Simonide  de  ' 

^ eos , fils  de  Léoprepis  , inventa 
i art  de  la  mémoire  artificielle  , qu  il 
*^mporta  la  palme  en  l’enfeignant  a 
Atnénes,  ouAdimante  étoit  archonte. 


1096 '2272. 


¿re  iZjo’ée 
de 

Paros. r.Ciís^ 
II 04  ¡i  264. 


ij  10  2258 


H12  225(3. 


A R U 

& depuis  qu’on  eleva  des  fiataes  á 
^/armoüius  & á Ariítogiton,  ii  s’eft 
écoulé  214  ans.  . . T . 

Ep.^56.  Depuis  que  Hiéron  s’em- 
para  du  troné  de  Syracufe,  dans  le 
teins  ou  ñüi'ííloít  le  poete  Epícharme, 

[ous  rarchcntat  de  eharés  á.Athénes, 

ii  s’eft  écoulé  208  ans 

Ep.  57.  Depuis  que  Sophocle  , 
fils  de  Sophülus  de  C cloné  , rem- 
porta _ie  prix  de  la  tragédie , n’ayant 
que  yingt  hiiit  ans,  pendant  quÁp- 
féphion  étoit  archonte  á A-tiiénes 

il  s’eft  écoulé  xc6  ans 

Ep.  jS.Depuisqu’unepierre  lomba 
á Egos-Patomos , 8c  que  le  poete 
Simonide  mourut  ágé  de  quatre- 
vingt-dix  ans , pendant  que  Théage- 
nidas  étoit  archonte  d’Áthénes 

s'eft  écoulé  205  ans 

Ep.  59.  Depuis  la  mort  d’Alexan- 
drel,  & la  fucceílion  de  Perdiccas 
fon  fils , á la  couronne  de  Macé- 
doine  , pendant  qu’Euthippe  étoit 
archonte  d’Athénes,  il  s’elt  écoulé 

199  ans 

Ep.  60.  Depuis  la  mort  du  poéfte 
Efch;5le  , ágé^  de  foixante  neuf  ans , 
arrivée  a Géla  en  Sicile , pe.ndant 
que  Calilas  premier  étoit  archonte 
d Alheñes,  il  s’eft  écoulé  193  ans. 

Ep.  61.  Depuis  qu’Euripide,  qui 
étoit  contemporain  de  Socrate  & 
d’Ánaxagoras,  remporta,  pourla  pre- 
miére  fo:s,  á l’áge  de  quarante-trois 
ans,  le  prix  de  la  tragédie  , pendant 
queDíphile  étoit  archonte  d’Athénes, 

il  s’eft  écoulé  179  ans 

Ep.  61.  Depuis  qu’Archelaiis  monta 
fur  le  troné  áe  Macédoine,  que  Per- 
diccas avoit  laiíTé  vacant  par  fa  mort, 
pendant  qu’Aftyphile  étoit  archonte. 
d’Athénes,  il  s’eft  écoulé  1^6  ans.'  ii6z  íio6. 

Ep.  63 . Depuis  que  De.nys  s’empara 
du  troné  de  Syracufe,  pendant  que 
Euciémon  étoit  archonte  d’ Athénes, 

il  s’eft  écoul4i47  ans 1171:2197. 

Ep.  64.  E)epuis  la  mort  d’Euri- 
pide,  ágé  de  íbixante-dix-fept  ans, 
fous  l’archontat  d A.ntigéDe  á Athé- 
nes , i!  s’eft  écoulé  145  ans,  . . . 1173 

Ep.  65.  Depuis  que  le  poete  So- ' 
phocle  finir  fes  jours  ál’áge  de  quatre- 
vingt-onze  ans,  8c  que  Cyrus  entra 
dans  la  Ferié,  Callias  2“^  étant  archonte 
á Athénes,  il  s’eft  écoulé  143  ans.  xiaz, 

Ep.  66.  Depuis  queTélefte  de  Sé- 
linonte  remporta  le  prix  á Athénes , 
oú  Mvcon  étoit  archonte,  il  s’eft 
écoulé  139  ans.  . 1179^2189. 


II 13  2255. 


II 19  2249, 


1125  2243 


1139 


2219. 


2195. 


Éfe 

¿t 

PdLrOS 


ii8i 


1185 


31Q  A R u 

Ep.  67.  Depuis  le  rerour  de  ceux 
qui  avoient  accompagne  Cyrus  en 
P“rfe  & la  mort  du  ph:lofopne 
Socrate  , ágé  de  foixante-dix  ans_. 
Laches  étant  archonte  d Athenes,  il 
s'eft  écoulé  137  ans.  . p • • • 

Ep.  68.  Depuis  que....  a Athenes  , 

©u  Ariftocrate  étoit  archoníe  , il 
s’eft  écoulé  135  ans 

Ep.  69.  Depuis  que...  ríen  remporta 
le  prix  du  Dithyrambe  a Athenes  , 
oú....  étoit  archonte  ^ il  s eft  ecouj-e. 

Ep.  70.  Depuis  que  Phüoxene  , 
poete  dithyrambique  , mourut  a 
ráae  de  foixante  ans  ^ Pythéas  etani 
archonte  d’Athénes . il  s’eft  ecoule 

1 16  ans.  . T ■ j ' 

Ep.  71  • Depuis  quAnaxandridep^ 
poete  comique,  remporta  le  pnx  a 
Athénes  ¡ oú  Calha.s  étoit  archonte  ^ 
il  s’eft  écoulé  1 1 3 • • • ' , ' 

Ep.  72.  Depuis'  qu  Aftydamas  tut 
couronné  a Athénes , ou  Aréon  étoit 
archonte  j,  & qu’au  meme  tems  1 on 
vit  briller  une  comete  trés-gran^ie , 
il  s’eft  écoulé  109  ans. . • • • 

Ep.  73-  Depuis  la  bataille  de  Leuc- 
tres , donnée  entre  les  Thébains  & 
les  Lacédémoniens , oú  ces  derniers 
furent  défaits  ^ & oú  périt  leur  rol 
Cléombrote  ^ pendant  que^  Phraü- 
clide  étoit  archonte  d’ Athénes,  il 

s’eft  écoulé  107  ans 

Ep.  7.3..  Depuis  le  oouronnetnenL 
de  Stéfichore  fecond , d’Hymére  a 
Athénes , oú  Dyícinete  étoit  ar- 
chonte , 8c  depuis  la  fondation  ^de 
Mégalopolis  , en  Arcadle , il  s’eft 

écoulé  106  ans 

Ep.  75.  Depuis  la  mort  de  Dpys 
¿e  Sicile , auque!  fon  fiís.  fuccéda  , 
& depuis  cu’Aiexandre  devint  roi 
de  Phére  enTheffalie,  pendant  que 
Kauíigéne  étoit  archonte  d Athenes, 
il  s’eft  écoulé  IC4  ans..  • • ' ' 

Ep.  76.  Depuis  que  les  Phoceer.s 
pillérent  le  temple  de  Delphes , ce- 
phifodote  étant  archonte  d Athehes , 
il  s’eft;  écoulé  94  ans.  . _ . . • • 

Ep.  -77.  Depuis  que  Timothee  ter- 
mina fa  Garriere  , ágé  de  qiiatre- 
vingt-dix  3.T¡s  j 3-  Atnencs  j ou  Ag<a.- 
thocle  étoit  archonte  ; depuis  que 
Philippe,  roi  de  Aíacedoine , batit  la 
ville  dé  Philippbpolis  ; depuis  qu  A- 
lexandre  de  Phéres  mourut,  & que 
Dion  vainquit  lesgénéraux  oe  DenySj^ 
il  s’eft  écoulé  93  ans.  . . • • 

Ep.  78.  Depuis  la  naiftance  d A- 
Ig.S^ndre  3 roi  de  Macédoine,  tenas 


A R ü 


Du-rés 

jufqua 

nous. 


L187. 


1185. 


202  2166. 


120J 


1209 


2161 


21J9. 


1211 


2157. 


1212 


2156. 


irí 

de 

Faros 


1227 


I2i4¡2i34. 


1224A144. 


122; 


2143 


Varée 

jufqa‘¿ 

iGas, 

2141. 


1228  lias. 


OÚ  floriffoit  Ariftote  á Athénes,  oú 
Calliftrate  étoit  archonte , il  s’eft 

écoulé  91  ans _ • • 

Ep.  79.  Depuis  que  Callippe , 
affafiin  de  Dion,  s’empara  du  g_ou- 
vernement  de  Syracuie , Diotiime 
étant  archonte  d Athenes  , il  s eft 

écoulé  90  ans 

Les  marbres  de  Paros  finiíTent  á cette  époque. 

ARURE.  T^oyei  Aroure. 

ARUSPiCES  , miniftres  de  la  religión  chez  les  ' 
Romains,  qui  étoient  chargés  fpécialement  d’exa- 
miner  les  entrailles  des  victimes,  pour  en  tirer 
des  préfages.  Les  arufvices  étoient  diftingues  des 
augures , en  ce  que  i’infpection  des  derniers  ne 
regardoit  que  le  vol  des  oifeaux  , leurs^mou- 
vemens,  leur  chant , & la  maniere  dont  iis  pre- 
noient  leur  nournture.  On  a donne  a leur  nona 
diíFérentes  étymologses  affez  bizarres  : Ies  uns 
le  dérivent  d une  corruption  du  mot  grec 
rJíTív,  infpeaion  des  chofes  facrées ; le  P.  Pezron 
a recours  á Tidiome  celtique,  dans  lequel  au  ou 
afu  íigniñe  le  foie  ; lequel , a fpicio , je 

regarde  , a dú  faite  aufpex  , d’oú  arufpex , &cc. 
li'en  eft  une  plus  vtairemblable  & plus  anamgue 
á l’attention  qu’avoient  Ies  prérres , de  n’em- 
ployer  que  des  mots  barbares  & furannes  ; eue 
dérive  arufpex  ¿taruga , bélier  offert  en  facri- 
fice.  _ 

Les  arufpices  étoient  reconnoiffables  par  les 
mémes  habillemens  que  les  augures  , _ & par  c 
Lituas , qu’iis  portoient  de  la  main  droite  comme 
eux.  lis  paroiffent  ordinairement  fur  les  monu- 
mens  antiques  vétus  de  tuniques  á manches  courtes, 
& de  la  rogé  ou  du  grand  manteau  ,^don^us  s en- 
veloppoient  la  tete  comme  d’un  voile.  Du  re^  e, 
l’habillement  extérieur  étoit 'releve  Fort  íiaiU  j 
cina.u  gabina.  On  les  initioit , des  leur  jeunene, 
dans  les  regles  de  l’arufpicine  ; & les  peuples  ae 
i’Etrurie  étoient  chargés  de  ce  foin-  Les  Komams 
leur  envoyoient  tous  les  ans,  dans 
douze  enfens  des  premiers  de  la  repub.iqje-^ 
apprenoient  chez  les  Etrufques  á exammer, 
certaines  regles,  le  foie_,  le  coeur,  la  r.ite 
reins  & la  íangue  des  vi&imes ; ils 
foigneufement  íi  chacune  de  ces  parties  ei-O-- 
dans  l’état  naturd , & s’il  n’y  paroiiToit  po-nt 
quelque  ftétriíTure. 

' Les  arufpices  détachoient  de  leurs  propres  mams 
les  entraiiles  , les  ouvroient  avec^  un  _ 

de  fer,  & étudioient  la  couleur  ae  a 
qa’elles  rendoient  en  brulant.  hs 
attentivement  la  maniere  dont  la  bi.e  .0.  - "j, 
foie,  & l’urine  de  la  veífie,  comme  A 

prend  Didvme.  Pour  mieux  obferver  ce  ti—*  -- 
phénoméne,  ils  lioient  avec  de  la  lau¡e  .e  co  • 
ce  vifeére,  &:  examinoient  comment 
c’niroit  dans  le  feu,  & de  quei  cote  u > 
échapper  Turine.  ' ^eur 


A R Ü 

Leur  art  ne  (é  bornoit  pas  aax  entrailíes  des 
victimes  ; íl  s’étendoit  á tous  les  prooiges  qui 
pouvoient  alarmer  ou  raíTurer  la  fuperílition  la 
pías  miniitíeufe  , dans  le  ciel  ou  fur  la  terre. 
Confuítés  pour  favoir  ce  que  déñgnoit  un  ferpent 
cui  avoit  entouré  de  fes  longs  replis  le  jeune 
Eofcius  pendant  fon  fommeil les  amfpzces  ré- 
pondirent  {Cicer.  deDlvin.  i.  36.)  que  cet  enfant 
feroít  tres-célebre  & trés-élevé  en  dignité.  Les 
prérendues  piules  de  pierreSj  les  météores  lumi- 
neux,  la  naiíTance  des  prétendus  hermaphrodites^ 
les  enfans  dont  on  attribuoit  la  naiííance  á une 
vierge^  exercoienr  aufli  la  fagacitc  des  arufpices-, 
Quelques-uris  d'eux  fe  méloienc  dans  le  grand 
cirque  parmi  les  charlatans  qui  amufoient  le  peu- 
ple.  lis  expliquoienr  les  fonges  & les  prcdiges 
qui  avoient  effrayé  : ils  prédifoient  fa venir  en 
examinant  les  traits  du  vifage,  les  linéamens  des 
mains  de  ceux  qui  les  confultoienr  ^ & le  bruit 
qadls  faifoient  en  frappant  de  la  langue  contre 
le  palais  ^ poppyfma.  juvénal  nous  f apprend  j 
(Sar.  6.  J83.)  : 

Sortis  ducet , frontemque  manumque 
Pr&bebit  vnii  crehrum  poppyfma  rogantz. 

tJn  aneen  feholiañe  applique  ce  paíTage  aux  aruf- 
picos. 

Leur  coIlége_  devint  íi  nombreux , qu’iis  for- 
tnérent  un  ordre  dans  TEmpire  : témoin  cette 
iiicripuon trouvée  á Rome  en  160 y. 

L.  PONTE JUS.  FLAVIANUS 
KARUSPEX.  AUGG.  CC 
FONTIFEX.  DICTATOR 
ALBANUS.  MAG.  PUBLICUS 
HARUSPICUM.  ORDINI 
Jí  4.RUSPICUM.  LX.  D.  D 

Efaut  y obferver  la  dignité  de  ce  Fontéius-,  qiji  • 
Ctoií  arafpicam  ma^fier  publicas. 

Ariifpice  du^  pontife étoit  une  autre  dignité  de 
cet  ordre.  Céroit  celui  qui  aidoit  le  pontife  dans 
les  facrifices.  II  en  .eft  fait  mention  dans  une 
Kifci.f.noa  de  Rome: 

CN.  JULI.  CN.  FIFI 
DOMATI.  PRISCI 
EX.  EQUO.  PUBLIC. 

ADJUTORIS 

HARUSPiCUM 

IMPERATORIS 

PONTIFICIS 

ALBANI 

II  y avoit  des  amfpices  qui  fuivoient  Ies  ar- 
& qui  examinoient  les- entrailles  des  vic- 
«mesavant  les  combats,  afin  d’en  prédire  fiíTue. 
,ans  une  lettre  d'Áiirélien , rapportée  par  Vo- 
empereur  défend  aux  foldats  de  faire 
aacim  prérenr  aux  amfpices  y de  í;rain.:.e  que  ces  , 
Aauqaztés  ¡ Teme  l. 


A R U 


3^1 


pretres  ne  déguífaíTent  la  vérité , étant  gagaés 
par  les  liberabtés  des  légions. 

Les  femmes  s’immifcoient  queíquefois  dans 
les  fonciíons  des  amfpices,  & confultoient  Ies 
entraibes  des  animaux.  Plaute  le  donae  á en- 
tendre  dans  le  vers  fuivant  du  foldat  glorieux : 

Pr&cantatrici , colleElrici , ariolí,  atque  ar'ufpic£. 

ARüSPICINEj  fcience  des  arufpices.  Les 
Rorpains  en  faifoient  inventeur  un  petit-íils  de 
Júpiter  , nommé  Tagés.  Celui-ci  , difoient-iis , 
apparut  dans  i Jttrurie  á un  laboureuf  auprés  de 
farquinia.  Tagés  fortit  de  terre  á cóté  du  foc  de 
fa  charrue ; il  avoit  Ies  traits  d'un  enfant  &:  la 
fageííe  d’un  vieillard.  II  s'entretsnt  pendant  pin- 
íieurs  jours  avec  le  laboureur  & avec  tous  les 
habitans  de  LEtrurie , accourus  au  bruit  de  ce 
prodige.  Ses  entreticns  rouiérent  fur  VArufpicine, 
8c ^ le  recueil  que  Ton  en  fit  fervit  de  bafe  á cette 
fcience.  Antiñius  Labeo  les  expliqua  dans  quinte 
volumes^écrits  fur  cette  matiére. 

P aprés  ce  récit  ^ chanté  par  Ovide  dans  íes 
Métamorphofes , 8c  infere  par  Cicerón  dans  fon. 
,Traite  de  la  Divination  , on  croiroit  que  Ies 
Etrufques  ont  inventé  f Amfpicine.  Les  ÍSrecs, 
les  Afiatiques  , confultoient  cependant  Ies  es- 
trailies  des  viéi-imes  long-tems  avant  Tagés.  A la 
bataille  de  Platée  j MardoniuSj  general  des  Perfes,  . 
avoit  déja  atraqué  I’armée  combinée  des  Grecs, 
que  Paufanias  voyant  que  l’infpeélion  des  vic- 
times egorgées  pétoit  pas  favorable  ^ délendoit 
“^core  aux  Lacedemoniens  de  combattre.  Les 
pretres  cherchoient  vainement  de  plus  heareux 
fignes  dans  les  entrailles  de  nouveiles  victimes. 
Paufanias  éploré  j ieyant  les  mains ' au  ciel  & 
regardant  le  temple , adrelTe  fes  voeux  á Junen 
Cithéronienne  & aux  autres  dieux  tutélaires  de 
Platée  : fi  les  deíbns , fécúe-z-'ú,  ont  réfolu 
la  de-faite  des  Grecs , quhls  permettent  au  moins 
que  par  queíquefait  ¿“armes  briliact,  nous  apprg- 
njons  aux  Perfes  qu“ils  ont  vaincu  des  guerriers 
braves  & courageux.  A peine  eut-il  prononcé 
ces  paroles,  que  les  aufpices  furent  favorables. 
Gn  combattit  les  Perfes  , & ils  furent  défaits. 

Ce  trait  prouve  que  les  Grecs  prariquoíent  la 
méme  fuperílition. 

PrufiaSj  roí  de  Bvthinie  , preíTé  de  livrer  la 
bataille  par  Annibalj  qui  s'étoit  refugié  auprés 
de  lui , répondit  que  Pinfpeétion  des  entrailíes 
facrées  s“.y  oppofoit  formellement.  Eíl-ce  que 
vous  ajoutez  plus  de  foi,  répliqua  Anniba!,  au 
coeur  d’un  veaUj  qu’a  l’expérience  d’un  vieux 
general?  On  pourroit  rapporter  plufieurs  autres 
traits  femblabies , qui  feroient  difputer  aux  Etruf- 
ques r.inv’entiofl  de  Y Amfpzcine.  Peut-ét;e  fuvent- 
iis  les  premiers  á la  réduire  en  art , & á fixer 
fes  regías. 

ARX.  Ce  mot  abrégé  eíl  employé  fur  les  mé- 
daillespliis  fouvent  pou^  esprimsf  layA.  ankoa-c, 

'Sf 


32  2 

<3iie  poiir  exprimer  pontife , a^yjiiés-  Le  refte  ■ 
¿e  la  légende  détei-mine  le  choix  dans  chaqué 
cas. 

Arx.  Les  augures  appeloient  de  ce  nom  le 
terrein  fur  leqaeT  lis  faifoien:  ieurs  obfervations 
religieufes. 

ARXATA:,  en  Arménie.  ape. 

M.  Peilerin  a publié  un  médaillon  d’argent 
auronome  de  cette  ville , qui  eíi  unique. 

ARYCÁMDA^  en  Lycie.  aptkan. 

M.  Peilerin  a publié  une  médaille  autonome 
de  bronze  de  cette  ville ; il  n’y  en  a point  d'or 
ni  d'argent. 

Cette  ville  a fait  aufíi  frapper  une  médaille 
grecque  , en  Thonneur  de  Tranquilline  j felón 
M.  Eckkel. 

AS.  Ce  nom  a chez  les  antiquaires  trois  fens 
différens. 

1°.  L’As  étoit  un  poids , & dans  cette  accep- 
tion  Vas  romain  eíl  la  méme  chofe  que  la  livre 
lomaine.  T^oyei  Libra.  íl  fe  divifoit  en  douze 
«nces  & en  plufeurs  autres  parties , dont  voici 


Ies  principales: 

j.  Js,  libra j en  grec  xí-r^a,  valoit.  . . ii 

Deunx...,  chez  les  Grecs  f-  & I,  ¿'¡ícoi^of 

' " ‘ T T 

7iT<zfroy,  

•j-.  Dextans.... , chez  les  Grecs  f & |j  ¿Ifcoi- 

fot  ixTm sO 

5.  Dodrans...  ^ chez  les  Grecs  j Se  -Ij,  ¿'ífcm- 

fst  ^a^ix,(¿Tot>>  .................  9 

4.  Bes,... , chez  les  Grecs  ¿'luotfot S 

-l.  Septunx.... , chez  Ies  Grecs  t &7T  r.p.tov 

¿'oi^lKATOt.  y 

L Semis.... , chez  les  Grecs  y.fuav <5 

-4.  Quir.cunx. ... , chez  les  Grecs  | & yf  J 

Vfí'rot  boiS'íx.oírov.  ................  J 

a.  Triens. .. .,  chez  les  Grecs  tc/s-ov.  ...  4 

i.  Quadrans. ... , chez  les  Grecs  TÍrap-rot,  . 3 

•|.  Sextans. . .. , chez  Ies  Grecs  \x.r(,t.  ...  x 
Uncía.. .. , chez  les  Grecs  ¡hsLíxaTiJv.  . i 


x°.  De  ce  fens  propre  & primitif  de  VaSj,  on 
en  avoit  derivé  un  autre  ^ en  tranfportant  ce 
mot  a quelque  chofe  que  ce  pút  erre  j dont  .Vas 
íignifioit  le  tout  ou  l’entier,  [olldum  quid,  dont 
la  moitié  étoit  exprimée  par  fejnis , le  ners  par 
triens , &c.  &c.  Cet  iifage  avoit  iieu  principa- 
lement  pour  Ies  fucceíEons ; & alors  as  déíignoit 
rhérédlté  entiére.  De  forte  que  , hénter  entié- 
rement  de  quelqu’un  j s'exprimoit  par  la  phrafe 
kares  faclus  ex affe ; héritet:,  ex  tríente,  ex  femiífe , 
ex  befe,  ex  deunce  , vouloit  dire  proprement  héri 
ter  du  tiers , de  la  moitié  ^ des  deux  tiers , des 
onze  douziémes,  &c.  &c. 

Dans  le  méme  fens , les  Romains  appeloient — 
As,  le  pied , mefure  linéaire  ^ qui  valoit 
II  pouces  de  Francej 


As,  le  jugerum  , mefure  gromatique  ou  de 
Tarpentage  , qui  valoit  723  toifes  carrées  & -~ 
de  France  5 

As,  le  fextarias , mefure  de  capacité  pour  les 
folides,  qui  valoit  20  roquiiles  & 7—  de  France, 
oii  la  pinte  contient  32  roquiiles  5 

As,  le  fetier , mefure  de  capacité  pour  les 
folides , grains , &c.  qui  valoit  ~ de  pinte'. 

3°.  Uas , dans  le  fens  qui  a été  feul  adopté 
par  notre  langue,  étoit  une  monnoie.  Eufébe, 
dans  fa  Chronique  , année  306  , rapporte  que 
fous  Numa,  les  as  étoient  de  bois,  de  ciiir  & 
de  coquiiles.  S.  Jérómé,  dans  fa  traduélion  d’Eu- 
fébe,  omet  cette  derniére  efpéce.  Sous  Tulliis 
Hoftilius,  on  les  fit  de  cuivre,  & on  les  appela 
as,  libra,  pondo.  Leur  poids,  qui  étoit  d'uae 
livre  .entiére  ou  de  douze  onces  , les  fit  appeler 

Asses  GRAVES  , ASSES  J.IAJORES,  QuattC  CCnt- 

vingt  ans  aprés,  lorfque  la  premiére  guerra  Fu- 
ñique eut  épuifé  les  finances  de  Rome , on  en 
retrancha  un  fextans  ou  deux  onces , & on  ne 
Ies  fit  plus  que  du  poids  de  dsx  onces  ou  du 
dextans'.  On  peut  les  diítinguer  par  le  furnom 
de  oEXTANTARii.  DaHS  la  fuite,  on  en  ota  en- 
core une  once  , ce  qui  les  réduiíit  á neut  onces 
ou  xM  fodrans  ; d’oú  ils  peuvent  erre  appeiés 
voERANT ARii.  Eofin , Tan  de  Rome  563  , C.  Pa- 
pirius  Garbo  étant  trihun  du  peuple,  fit  paííer 
la  loi  Papiria  fous  le  confulat  de  L.  Cornéiius 
Scipion , & de  C.  La’lius  Nepos.  Elle  retran- 
choir  encore  de  Vas  une  once  & demie  5 ce 
qui  le  réduiíit  á fept  onces  & demie , d’oú  il  fot 
nommé  as  septünx  S¿  sEMruxctALis.  On  croit 
généralement  que  Vas  reíla  á ce  point  tout  le 
tems  de  la  république , & jufqa’á  Jesus-Christ. 

La  marque  de  IW  étoit  d’un  cóté  une  tete  de 
Janus  á deux  vifages,  bifrons , & de  Fautre  un 
bec  de  navire  , rofirum^navis  ; c’eft-á-d're , une 
proue  de  navire  ou  Favant  á’un  vaiffeau.  Les 
colle&’ons  d’antiques,  & le  cabinet  de  Sasnte- 
Geneviéve  en  particalier,  renfermenr  pluíieurs 
as  avec  ces  empreintes.  On  les  appela  Ja.n.i  ratiti, 
ou  nummi  ratiti.  Ovide  {Fajl.  I.  23I.)  dit  que 
Farrivée  de  Saturne  en  Italia  avoit  fait  metrre  un 
bec  de  navire  fur  Ies  as , afín  d’en  conferver  le 
fouvenir : 

At  hona  pojteritas  puppim  fignavit  in  Ate , 
Ilofpitis  adventurti  tefiificata  Del. 

Nous  allons  donner  Ies  difrérentes  évaluations 
de  Vas  , m.onnoie  réelle  Se  monnoie  de  compre, 
d’aprés  la  Métrologie  de  M.  Paudon,  Se  nous 
y joindrons  fes  réflexions  fur  Ies  as. 

L’as,  monnoie  réelle,  valut,  depuis  la^fon 
dation  de  Rome  jufquá  Fan  537,  vingt  -oys 
une  livre  de  France  , quelquefois  meme  ving.- 
huir  fols.  Uoye:^  Ass iPOUDii/^r . ^ ^ 

Uas  valut,  depuis  Fan  de  Rome  537 


Tan  544 , frois  fols  de  France.  I!  ne  pefoit  alors 
cue  deux  onces  romaines  de  cuivre. 

L'as  valúe  ^ depuis  Tan  de  Rome  544  jufqii’á 
Tan  586^  un  fo!  dix  deniers  & demi  de  France. 
II  ne  pefoit  plus  qu'une  once  romaine. 

h^as  valutj  depuis  Tan  jSó  jufqu’au  régne  de 
Claude  ou  de  Nerón  ^ un  fol  un  denier  & deini 
de  France. 

Uas,  rédiiit  au  poids  d’un  ficilique  de  cuivre  , 
valut,  depuis  le  régne  de  Claiide  ou  de  Nerón 
jufqu’á  celui  de  Conílantinj  un  fol  environ  de 
France. 

L’aSj  monnoie  de  compte  des  Romains^  avoic 
difFérentes  diviíionsj  fuivant  le  numéraire  dont 
il  faifoit  partie. 

h as , dans  le  numéraire  érariaire  ( Arith- 
ÍAETIQUE.)  éroit  repréfenté  par  ce  figne  II 
fe  divifoit  en  douze  onces,  ou  vingt  quatre  fémi- 
cnces  ou  trente- íix  duelles  , ou  quarante-huit 
íiciliques , oa  foixante-douze  festuies , ou  deux 
cent  quatre-v¡ngt-huic  fcripules. 

L as,  dans  le  numéraire  feílertiaire  (F.Arith- 
Metique.)  étoit  repréfenté  par  ces  lignes  H-S 
^ das,  Uhclls.  fembella.  II  fe  divifoit  en  deux 
J smijfes  - £,ris  , ou  en  cinq  fembells.  , cu  en  dix 
teruncii. 

L as  eíFeétifj  dans  le  numéraire  dénariaire  {V'-oy. 
A.RITHMÉT1QUE.)  étoit  repréfenté  par  ces  íignes 
A 3 , femuncia  ficiliciLs. 

L as  denarius  OM  fedecióis , du  méme  numéraire 
denariaire,  eíl  renvoyé  au  mot  Szdsc/.íí. 

Si  Ton  veut  fnpposer  que  lorfqu'on  fabriqua  á 
Rome  les  premieres  monnoies  d’argent,  on  adopta 
entre  ce  mera!  & le  cinvre  la  proportion  ap- 
preciative  qui  étoit  dés-lors  étabíie  & reqiie 
parmi  ¡es  peuples  circonvoiíins ; íi  á cette  pre- 
miére  fuppofition  on  confent  a en  ajouter  une 
feconde ; favoir,  que  cette  proportion  entre  le  prix 
du  cuivre  Se  celui  de  i'argent,  fubíiíloit  depuis  le 
regne  de  Servius  & méme  de  Numa,  fans  avoir 
lUDi  de  changement,  on  en  inférera  que  depuis  h 
commencement  de  la  monarchie  rom'aine  jufqu  á 
1 an  yci  au  moins  de  la  fondarion  de  la  viile , Vas 
^ut  erre  eñimé  de  la  valeur  d’un.e  livre  tournois, 

& fes  múltiples  & fous-multiples  á proportion! 
t-e  ca’cul , alTez  juñe , ce  femble , fera  aufri 
tres-commode  , puifque  par-tout  ou  Ton  rencon- 
trera  le  mot  es-,  on  n’aura  qu’á  fubílituer  celui  de 
ivre  tournois.  Ainíi,  Ton  dirá  que  les  citoyens  de 
a premiére  claíTe  , fous  Servius,  devoienr  avoir 
cI*  ’aioins^cent  müle  livres  de  bien  j ceux  de  la 
t^onde  oaííe,  foixante-qumze  mille  livresj  ceux 
e ja  troifieme  claíTe,  cinquante  mille  livres;  ceux 
claffe,  vingt-cinq  mille  livres;  & 
ceux  de  la.ícinquiéme  claRe  , douze  mille  cinq 
vems  Iiyres.  On  dirá  de  méme  que  lorfque  le 

^ Rome  , il  y valoit  1 
^ ious  le  modius,  & 15  íiv.  3 f.  le  feder^  me-  1 


de  París.  On  dirá  encore  qu’un  bceuf,  dans 
tiendes  légales  & pécuaiaires  , étoit  eftimé  á 


fure  de 

les  am.enaes  legaíes  & pécuaiaires  , étoit  elíimé  á 
cent  franes  ou  cent  livres  tournois  ; un  mouton  a 
díx  franes  que  les  plus  fortes  amendes  étoienc 
taxées  a trois  mille  livres , & les  moindres  á vingt 
franes  ; qu  Appms  - Claudius , racheta  les  privi- 
leges  des  Potitiens  pour  la  fomme  de  cinquante 
mille  livres  ; qu  on  devoit  les  dépouiiles  opimes, 
lorfque  les  dépouiiles  faites  fur  le  chef  des  en- 
nemis  fe  montoient  á la  valeur  de  deux  cents 
livres.,  pe  qu’on  n’éíoit  obligé  qu’á  un  facriíice 
d'expiation  lorfque  la  valeur  de  fes  dépouilies 
ne  fe  montoit  qu'á  cent  franes.  » 

Pline  {¿ib.  33,  ckap.  3.)  écrir  que  le  poids  de 
I as qui  jufqu'alors  avoit  toujours  eré  d’únc 
livre  pefant,  fat  diminué  pendant  la  premiére 

Pnnticmo  T o t? 


i . ‘O'"'' 

lant  acquirter  les  dettes  qu'elle  avoit  été  forcée 
de  contracler  , par  un  artifice  qui  fút  le  moins 
onéreux  poffible  á fes  créanciers  , imagina  de  dé- 
cner  les  anciennes  monnoies  , & de  faite  fabri- 
quer  a la  place  de  noiiveaux  as  du  poids  d‘un 
fextans  ou  de  deux  onces  de  cuivre,  & qui  ne 


i ^ — ^ ^ 

acquitta  fes  dettes  , rembourfa  fes  créanciers  avec 
la  iíxiéme  partie  du  métal  qu'eüe  avoit  emprunté, 
& gagna  cinq  fur  fix.  L’as  fut  marqué  du  coré 
j^’eíFgie,  d"un  Janus  á deux  vifages ; & du  coré 
de  i exergue,  d'un  éperon  de  navire  : le  triens  & 
le  quadrans  furent  caraclérifés  par  des  radeaux. 
Le  quadrans  avoit  été  ju.fques-Iá  appelé  téronce 
parce  qu’il  étoit  en  argenr , & qudi  valoit  trois 
onces  de  cuivre : á cette  époque  il  ne  conferva 
plus  que  le  nom  de  quadrans,  parce  que  Je  té- 
ponce  d^argent  fut  fupprimé , auíli-bien  que  la 
IlDeile  & la  fembelle  : Víbrale  autem  vor.das  /iris 
imminutum  bello  Púnico  primo  cian  impenjis  B.ef- 
publica  non  Ju0ceret : confiitumoue  efi  ut  cjjes  fex- 
tantario  pondere  ferirentur.  Ita  quinqué  partes 
fañs,  lucri , áijfolutumque  ¿ls  alienum.  Nota  sris 
fuh  ex  altera  parte  Janus  genzinus , ex  altera, 
rofirum  navis  ,*  in  tríente  vero  & quadrante  rates. 
Quadrans  an.ted  leruncius  vocatus  a.  tribus  un- 
ciis.  Lorfque  Pli.ne  dit  queda  monnoie  de  cuivre 
portoit  fur  une  face  la  figure  d’un  Janus  á deux 
vifages,  & fur  laucre  un  éperon  de  navire,  8cC. 
il  ne  parle  pas  plus  de  la  monnoie  de  cette  refonte, 
que  de  celle  qui  avoit  précédé , & qui  étoit  mar  • 
quée  des  mémes  caradtéres  & figarée  ee  la  méme 
maniere.  » 

« Les  écrivains  gardent  le  filence  fiir  la  réduc- 
ion  des  monnoies  d’afgent,ce  que  M.  Pauéton  re- 
garde  comme  une  preuve  qu’ils  Ja  comprennent 
dans  celle  des  monnqies  de  cuivre,  &qu’ene  fubir 
la  méme  reforme.  En  effet,  íl  les  monnoies  d’ar- 
gent  n’eufTeiit  poi.nt  été  changées  avec  celles  de 
cuivre,  comment  la  Répsblicue  auroit-eile  pu 
fsíre  un  prcílt  de  cinq  fixiémes  en  décriant  íes 


3 24  ^ S 

anciennes  monnoies  ? Efi-ce  que  les'fonás  de  i’étát 
étoient  en  madéres  de  cuivre?  11  eft  bien  plus 
probable  qu’une  grande  'partie  étoit . en  madéres 
íi'argent , & que  par  conféquem;^  pour  eífectuer 
parfaitement  un  profit  de  cinq  fixiémes  ^ il  falioit 
d'ir.inuer  á la  refonte  les  erpéces  d’argent  dans  la 
jnéme  propordon  qu'on  diminuoitcellesde  cuivre. 
Le  denier  fut  done  réduit  a la  taille  de  foixante- 
douze  á la  livre  , fot  du  poids  d’une  fextuiej  de 
méme  valeur  que  le  didrachme  aíiadquCj  & feu- 
kment  d’un  vingt  - quatriéme  plus  grand  que  la 
drachme  attique  ou  des  grecs.  Ceñ  peut-étre  de 
cette  égalitá  approximative  áu  denier  romain  cié 
ce  temps-ia  & de  la  drachme  atdque  ^ que  la  plu- 
part  des  écrivains  j rant  Grecs  que  Romains  j 
■conferverent  au  denier  le  nom  de  drachme  j lors 
jnéme  qudl  fut  á la  taille  de  quatre-vingt-quarre  , 
& méme  de  quatre-vingt-feize  á la  livre.  La  pro- 
pordon de  Targent  aa  cuivre  fut  donc^  comme 
auparavant , fur  le  pied  de  1 20  á i . » 

Sí  Si  la  reforme  dont  nous  venons  de  parler  avoit 
en  lieu  curant  rinrervalle  de  la  premiére  guerre 
panique  j comme  l'écrit  Pline  , on  trquveroit  que 
fous  le  confulat  de  L.  Méteilus  , le  feder  de 
bled  j mefure  de  París  , fe  vendoit  á Rome  3 liv. 
12  f.  6 den.  de  notre  monncie , en  calculant  fur 
la  monnoie  de  cuivre  j oá  bien  trente-deux  fous , 
en  calculant  fur  la  monnoie  d’argent.  11  feroit 
bien  étonnant  que  le  modius  de  bled  qui  j 230 
ans  auparavant  j fous  le  tribunat  de  Miniuius  Au- 
gurinus  j fe  vendoit  une  livre  de.  cuivre  lorfqu’il 
étoit  au  plus  bas  prix  ^ ne  fe  vendoit  plus  que  deux 
enees  3 c’eil-á-dire  un  fixiéme  de  ce  qu’il  avoit 
ralu.  lí  ya  néanmoins  des  gens  qui  trouveroient 
ce  dernier  prix  plus  raifonnable  , tant  on  eft  per- 
fuadé  que  Ies  métaux  monétJires  étoient  moins 
abondans  & plus  précieux  qu’ils  ne  le  font  au- 
jourd’hui. 

«Démofthéne  naqiu'í  en  381,  Se  mo’jrut  3 22  ans 
avant  fére  chrénenne  5 le  milieu  de  fa  carriére  fut 
done  vers  l’an  404  de  la  fondation  de  Rome  ^ cent 
ans  avant  répeque  du  triomphe  de  ívlétellas.  Or , 
cet  orateur  célebre  nous  apprend  que  de  fon 
temps  le  medimne  de  bled  fe  vendoit  orainaire- 
ment  a Athéiies  la  fomme  de  cinq  drachmes.  Le 
fetier  de  b'ed  de  París  fe  feroñ  done  alors  venáu 
dans  la  Gréce  pour  la  fomme  de  j/üv.  3 f.  de 
nctre  monnoie  5 c’eíl  un  peu  plus  qu’íl  ne  fe  ven- 
doit a Reme  dans  Ies  années  cTabondance.  ” 

«Polybe  j qui  vívoir  do  ans  aprés  l’époque  du 
triomphe  de  Méteilus  , nous  apprend  (lE  103.  } 
que  de  fon  temps  le  modius  de  bled  ne  valoit  or- 
dinairement  en  Itaiie  oue  quatre  oboles.  11  p.aroit 
que  ces  quatre  obeles  fent  une  réduñion  de  mon- 
rsoie  romaine  en  monnoie  grecque  ; on  ne  fait  íi 
el!e^  a éte  bien  faite  : quoi  cu’i!  en  foit , il  .fuit  de 
ceci  qu  au  temps  de  Polybe  le  fetier  de  bled  au- 
valu  en  Itaiie  10 liv.  Gí  11  pourroit  encore  fe 
feiie  qu  ils  agit  ici  du  mocics  attique  j caxü  f»- 


A S A 

lybe  s''exprime  en  monnoies  áttiqúes_^5  pourquoí 
ne  s’exprimeroit-il  pas  également  en  mefures  atti- 
ques  ? Dans  ce  cas , le  fetier  de  bled  auroi:  vala 
1 3 liv.  14  f.  ” 

ce  On  volt  j parles  plaidoyers  de  Cicerón  contre 
Yerres j que  dans  la  Sicile  , ou^  á caufe  déla 
grande  fertilité  de  cette  iíle , le  bled  devoit  étre  á 
bas  prix  j le  modios  , mefure  du  pays , y valoit  or- 
dinairement  quatre  feílerces  ^ ou  un  denier  de  84 
á la  livre  , d’oú  i’on  infere  que  le  fetier  de 
París  y auroit  vaiu  16  liv.  17  f-  de  notre  mon- 
noie. » 

cc  II  eft  done  démontré  que  Targent  n’ étoit  pas 
plus  précieux  fous  les  régnes  de  Phiiippe  & d’A- 
iexanáre-le-Grand  , que  fous  ceiui  d’Auguíte  & 
qu’ii  nc  procuroit  pas  une  plus  grande  quantitéde 
chofes  néceíTaires  aux  befoins  dé  i’homme  l’an 
.¡fCO,  que  l’an  750  de  la  fondation  de  Rome.  II  y 
a plus c’eñ  que  dans  la  fuite  le  bled  ne  valut 
quelquefois  que  trois  fefrerces ; c’eñ  á ce  prix  que 
le  fir'réduireNéronj  pour  foulager  ou  pour  calroer 
le  peaple  aprés  i’incendie  de  Rome  : Sed  folatium 
po'^ulo  extivhato  & profligo  ^ campum  hlartis  ac 
monumenta  Agrípp&  ¡ kortos  quum  etium  fuos  pate- 
fecit , & fuhharia  ¿.dif.cia  exflruxit , qu&  multitu.- 
dinem  acciperent  : fubveciaque  utenf  iia  ah  Hofiid  t 
& propinquis  municipiis  y pretÍLmque  frurnenti  mí- 
nutum  ufqiic  üd  temos  numos  ( 1 acit.  Anual-  lib-  23^ 
cap.  39)-  (f'íétrologie  de  M.  PauBon). 

As  ou  Ash  , nom  fameux  dans  les  Mythologies 
feptentrionaies.  Selon  l’opinion  commune , c étoit 
un  Dieu  des  peuples  du  Nord.  Sperlingius  arfou- 
tenu  á fonfujet  une  opinión  particuhére  dans  les 
nouvelles  littéralres  de  la.  mer  Baltique , amue 
i6c;C),pag.  174.  Selon  lui , les  Aliatiques^  chaífés 
de  leur  pays  par  Pompée , fe  retirérent  dans  les 
contrées  feptentrionaies.  Comme  ils  étoient  polis 
& délicats  j ils  mépriférent  les  noms  barbarp  aes 

feptentrionaux  j qui  Ies  regardoient_  avec  adinira- 

tion  & comme  des  efpéces  de  divirátes.  Pour  ex- 
primer  quelque  chofe  de  grand,  d’excellent , az 
magnifique  , üs  fe  fervirent  des  mots  a fe  , efer  , 
& Ies  donnérent  a leurs  Dieux  mémes. 

ASAMINTHE,  baignoíre  faite  en  forme /e 
fiége,  «Vííüoíoí,  Polliix  donne  ce  nom  á un  vale  a 
boire,  fans  doute  á caufe  de  fa  forme. 

Dans  fa  premiére  acception , ce  mor  etoit  con- 
facré  dans  le  temple  de  Minerve  Granea.  Ce  13^" 
píe  étoit  batí  fur  une  monragne  efearpee  ; 11 
entouré  de  portiques  & de  ceüules  deíHnees  -^u 
logement  de  ceux  oui  étoient  attachés  au  cuite  c 
la  DéelTe , & du  Grand  - Préfre  en  part’cu.ier- 
Ce!ui-ci  devoit  étre  toujours  un  ;eune  garcon  laiw 
barbe.  11  fervoit  cinq  ans  en  cette  qualite ; au 
i°éIifoit-on  li  jeune,  cu  il  n’avoit  pas^nco^e^u. 
feul  poil  follet  au  momenr  de  fon  abcicatjcm. 
Pendant  les  cinq  ans  de  fon  facerdoee  3 h 
qaittüit  point  le  fervice  ds  la  DéeíTe  ; & 1*  vio* 


A S C 

«bl;g¿  d’emplovft  ^ pour  prenJre  le  baín , des 
cfamínthes  3 ainíi  que  le  praticuoieet  les  peupies 
¿e  ces  contrées  avant  leur  civilifation. 

ASANDERj  roí  du  Bofphore. 

Ses  m'édaiües  font: 

RRR.  en  or. 

O.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

A’Sa’niaox  , mor  compofé  de  I’»  privat’f  & 
de  a-ang , planche.  Poliux  appelie  de  ce  nom  une 
efpéce  de  pont  dans  les  navires  3 qui  r/en  occupoit 
que  la  moldé. 

ASAROTQN3  pavé  pelnt  ou  fair  de  piéces  de 
rapport.  Ce  nom  3 compofé  de  Ta  prlvatif  & de 
intima, je  balaye,  Iui  avoít  été  donné,  felón  Fline, 
C3<í.  ay.) 3 parce  quil  paroiíToit  toujours  fale3 
non-balayé,  couvert  de  corps  étrangers3  &c.  peut- 
étre  que  ¡es  joints'des  petits  corps  dont  eft  formée 
la  mofaique  occaííonnoient.  cette  ülufion.  Stace 
parle  des  afarota  , comme  de  pavés  chargés  de 
deífins  3 dé  fleurs  & d’ornemens.  ( Syh.  i 3.  3 3 


Varias  ubi  piclaper  artes 

Gauaet  humus  , fuberap.tqiie  novis  afarota  figures. 

ASBAMÉE3  fontaine  dédiée  á Jupirer3  auprés  ‘ 
de  Tyane  , dans  la  Cappadoce.  Fhiioírrate  dk  daos 
la  vie  d ApoÜonlus,  que  fes  eaux  font  froides  á la 
fource3  & bouillantes  lorfqu’eües  s’en  éloignentj 
qu’eües  paroilTent  beües  3 tranquiiies  & agréables 
aux  gens-de-bien  3 efclaves  de  leurs  fermens ; 
tandis  que  Ies  méchans  & les  parjures  if y trouvent 
qu’un  poifon  funefte. 

Júpiter  avolr  un  temple  au  pied  de  cette 
fontaine  3 & il  en  portoit  le  nom  a’ Asbamáen. 

ASBESiE.  V . Amiante.  On  devroit  donner 
le  nova  i‘ Amiante  aux  filamens  fouples  Se  foyeux3 
& celui  ¿"Asbefie , aux  filamens  durs  & diíSciles  á 
detacher  les  uns  des  autres. 

ASCAGNE3^  fils  d Enée  & de  Créiire3  filie 
de  Priam  3 étoit  encore  enfant  lórfque  Troye  Tut 
Qetruite.  II  fuivit  fon  pére  en  Italicj  felón  Virgile3 
& régna  aprés  lui.  Afcagne  continua  la  guerre 
contre  Mézence  3 rol  d'Etrurie  3 dont  il  tua  le 
ms.  II  bátit  une  nonvelle  ville  appelée  Albe  la 
longtie  3 dont  il  fit  la  capitale  de  fon  petit  royau- 
^ aprés  un  régne  de  trente^huit'ans. 

oon  fils  Tules  ne  lui  fuccéda  point  dans  la  royauté, 
®a!s  feulement  dans  le  facerdoce.  Voyey  Ené^  , 
lULus.  ^ 

li  s'appeloit  3 felón  Virgüe  , Ilus  á Troye  , & 
íe  départ  de  la  Phrygie  : At  vusr 
J<tanius  3 cui  nunf  cognomen  lulo  additur , Ilus 

, dum  res  fiítit  Ilia  pegnOt 


A se  31; 

I , 3 étoir  fils  de  TAchéron  & d'Or- 
des  enfers.  Júpiter  avant  promis 
a Ceres  que  fa_  filie  Proferpine  retourneroit  fur  la 
terre_3  a condition  qu’elle  n’auroir  rien  mangé 
depuis  fon  arrivée  dans  Ies  enfers  3 Afcalaphe 
rapporta  qn  il  1 avoit  vue  avaler  fix  pepins  d’uns 
grenade  q^u  eUe  avoit  cueillie  dans  Ies  jardins  ds 
Pluton.  L arret  fut  changé  , & Proferpine  obligée 
ce  paíTer  fix  mois  dans  Penfer  3 & Ies  autres 
fix  mois  chez  fa  mere.  Mais  la  princeíre3  pour  f« 
venger  de  rindiferétion  d'Afcalaphe  3 le  méta- 
morphofa  en  hibou.  I!  7 a des  auteurs  qui  ont 
dit  qu  il  fut  changé  en  lézard ; d’autres  ont  debité 
que  Proferpine  Pavoir  couvert  d’une  groífe  pierre. 
Voye^  Prosérpine. 

ASCALAPHUS  3 fils  de  Mars  &:  dP4ñ:ioché3  ua 
des  deux  chefs  des  Grecs  3 qui  conduifoient  aii 
fiége  de  Jroye  les  Béotiens*  d’Orchomcne  fus 
trente  vaifieaux. 

ASCALON  3 en  Paleñine.  As  & ac  & ackaAí^ 

Les  medailles  autonomes  de  cette  ville  foat ; 

RRRR.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

O en  or. 

Leur  type  ordinaire  efi:  un  navíre. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médaiOes  impé^" 
ríales  grecques  avec  fon  ére  , en  Phonneuí 
d’Augufte  3 de  Libére de  ClauJe  3 de  Kéron  3 de 
Lite  3 de  Dominen , d Antonin3  de  Sept.-Sévere  , 
dTlagabale  3 dPAlex.-Sévére  3 de  Traían  3 d'íis- 
dnen. 

On  y Yoit  ordinairement  une  femroe  couronne-e 
de  tours3  appuyée  déla  main  droite  fur  une  haíre, 
tenant  ce  la  gauche  un  éperon  de  navíre  3 ayant 
a fa  droire  un  aute!  3 & á fa  gauche  une  colombe. 
Diodore  de  Siciie  dit  que  Derceto  3 Déefle  adorée 
a Afcalon  & dans  les  autres  villes  de  la  Paleíline  , 
ayant  mis  au  monde  une  filie  , en  concut  tant  de 
honte  3 qu^’elie  Pabandonna  dans  un  défert.  Des 
colombes  la  nourrirent  d'abord  de  lait , & enfuite 
de  _fromage3  Qu'elles  alloient  prendre  dans  ¡es 
maifons  des  berg'ers  pour  le  lui  apporter3  &pour 
le  mettre  dans  fa  bouche.  Ckíi  pour  cette  raifonj 
dit  Je  cardinal  de  Noris  3 que  Pon  voic  des  co- 
lombes far  Ies  médaüles  ¿‘Afcalon. 

ASCARUS  ou  ÁscARUM.  Gétoit  , fuxvant 
Pollux  3 (Onomaf.  lib.  43  cap.  9 ) Sr  Mufonius  3 
( de  luxu  gr¿c.  cap.  7. ) 3 un  irrftrument  de  mufi- 
que  de  percuffion  , quarré  Sf  d’une  coudée  en 
tout  fens  3 fur  leauel  'étoient  tendues  des  cordes 
qui  rendoient  un  fon  femblable  á celui  d’une 
crotale  , quand  on  les  faifoit  tourrter.  Selon  íes 
mémes  suteurs3  ^ Afcarus  & le  'Pptkyra  font  le 
méme  inílrument  inventé  par  Ies  Troglodites  oii 
les  I ybiens.  Pollux  ajoute  qu’Anacréon  appeíle 
auífi  Y afearas  nyagade,  & que  Canthsrus  en  attsi- 
buoií  Pinvention  aux  Thraces, 


A S C 


ASCAVLES,  ouvrier  qui  fait  des  cutres  j 

IflurtiuL  j (lOj  3^  • 

Et  concupifcat  ejfe  canus  afcaules. 

ASCENSION.  ( ¿RE  DE  l’) 

.Nous  ne  connoiíTons  que  FAuteur  de  la  chro- 
nique  dAlexandrie,  qui  ait  employé  ¿‘ere  de  iaf- 
cenfion.  C'eft  ainíi , par  exemple  ^ qu  il  date 
I’année  du  martyre  de  St.  Menas  de  Cotys  : Anno 
ccLYii.  Domirá  in  cáelos  ajfumptionis , ac  lifdem 
cojf.  ( Tufco  & Aniíllino  ) martyrium  fubiit  S. 
Menas  Cotyceus  Thrygis.  falutaris  ciyitate^ , Athyr 
1^,  ex  ante  diem  idus  Novetnbris  y ce  qui  revient 
á Tan  ¿95  de  notre  ere  vulgaire  j le  12  Noyembre. 
Le  mérr.e  auteur  donne  encere  cette  date  du 
matyre  de  S.  Gélafin  Bouffen  : Anno  cclix.  Do- 
mhii  in.  cs:los  ajfumptionis  ^ ac  iijiism  fupra  nomi^ 
natis  cojf.  ( Maximiano  Uerculio  Aug.  , & Ga- 
leriano  Maximiano  Cafare  II,)  martyris  vitam 
fnivit  Sanñus  Gelajinus  in  Tleliopolitarum  urbe 
Libanenfis  y ce  qui  fe  rapporte  á Fan  de  notre  ere 
yulgaire  297.  ( Art  de  vérifier  les  dates), 
ASCHOLIES.  Vo'jci  Ascoeies.  . 

ASCIA.  Ce  mot  délignoit  chez  les  Romains 
pluíieurs  indriimens  employés  dant  les  arts , & 
differens  les  uns  des  aurres.^i°.  Afila  étoit  une 
doloire  qui  fervoit  á dégroílir  & a poiir  le  bois , 
relie  que  ceiles  dont  les  Tonneliers  fe  ferrent  aa- 
jourd’hui  : 2°.  afila  étoit  une  efpéce  d.e  rateau 
ou  rabie  , appeié  ringard  dans  le.s  forges  & les 
fonderies  , av’ec  lequel  on  remuoit  la  chaux  ppa- 
danr  fon  infufion:  3°.  e:nñ.n,  ajlia  étoit  un  farcloir 
fsmblabie  á ceiui  dont  fe ' fervent  les  Jardiniers 
pourarracher  les  broiiíTailles.  C’eft  ce  dernier  inñrur 
ment  donmousallcnsparlerdans  cet  arricie parce 
qa’ii  fe  trouve  trés-fouvent  fculpté  fur  les  cvprés 
& les  tornbeaüx  dans  les  Gaiiles  Vietinoife  ,_Ñar-' 
bonnoife  & Lyonnoife  en  pardculier.  Lltalie  en 
oSfre  quelques  exemples  en  tres  - petit  nombre. 
Lorfque  i’ afila  n y eíl  pas  fculptée on  trouye 
dans  IMpirapiie  ces  mots:  süb  Ascia  dedica vit^ 

POSUIT  j FECITj  FACIENDUM  CÜH.AVIT  &C. 

AB  ascia  FECITj  &C.  , . - 

Ces  expreílions  otit  donné  jufqu  a ce  ^four  la 
rorture  aux  Anísquaires , qui  ont  forme  diyers 
fyñémes  pour  les  exphquer , fans  qu  aucun  d eux 
puiíTe  fe  fíatter  d’avoir  poar  lui  plus  que  de  la  ' 
vraifemblance.  On  avoit  cru  pendant  long-temps 
qu'elles  n’étoient  employées  que  dans  les  Gaules  5 
mais  Gori  a pablié  qüatre  épitaphes  trouvées  dans 
la  Tofeane  avecFA/ciu  fculptée.  Grupr,  FabrettL 
Dou!  & Muraron  en  ont  fait  connoítre  quelques 
autres.  • . ^ 

Alde  Manuce  chercha  le  premier  a espliquer 
ces  formules ; & il  emplova  , pour  y rcuíTir , une , 
ioi  des  Xíí.  Tables  , qui  défend_  de  poiir  avec  la 
¿oloire  , Se  de  travailíer  les  bois  dont  on  conf- 
ísaifoit  les  buchers^  roguxí  ascia  ke  polito. 
|I  dit  que  XA.fiia  ^ placee  fur  Ies  tombeaux  ^ an- 


A S C 

tionqoít  que  Fon  avoit  fatisfait  á la  Ipi  en  élevant 
un  moinument  fimple  & fans  art.  On  ne  voit  pas 
cependant  quede  anaiogie  il  a pu  trouver  entre 
Yafiia  des  Charpentiers  ^ appelée  vulgairement 
kerminette,  & des  tombeaux  de  pierre^  de  briques 
ou  de  marbre. 

ReineSus  entend  par  ces  formules  ^ que  celui 
qui  parle  dans  Fépitaphe  ^ a préíidé  á la  conf- . 
truélion  da  monument  depuis  le  premier  coup  de 
farcloir,  í7_/cií2j  donné  pour  préparer  le  terrein  , 
jufcuN  Fentiére  períéétion  du  tombeau,  opérée 
par  Foütil  du  marbricr  , afiid  & fecuri  (^kaiiuríxk 

On  ne  connoir  poiñt  ddnftruinent  de  Marbn'er 
ni  de  Scuipteurqai  puiiTe  étre  appeié  afila-,  aucun 
nMtant  reíTemblant  á Y afila  fculptée  fur  les  mo- 
numens. 

Chorier  donna,  vers  le  méme  temps,  dans  fes 
antiquités  de  Vieruie  , une  explication  des  mémes 
formules  trés-ingéMeuíe  , mais  trop  recherchée. 
II  deriva  le  mot  a-fiia  de  iV.  pnvatif  des  Crees  & 
de  %-í.iy,,  ombre , & il  le  rendir  par  terrein  fans 
orabre  , áégagá  de  íout  abri , tel  qu  on  le  recher- 
choit  pour  les  fépu'tures. 

Fabretti  a tourné  en  ridicu’e  Fexplication  de_ 
Chorier;  mais  il  7 en  a fubílitué  une^qui  ne’ 
paroit  pas  plus  foiide.  A.pres  avoir  rappeie  la  loi 
des  XII.  Tables,  qui  dáfenJoit  le  laxe  & la  prodi- 
gaüté  dans  la  conltruclion  des  tombeaux , ii  aíEire 
que  Fexpreflion  sub  ascia  facere  faifoit 
hommage  a cette  loi  , en  apprenant  que  le  tom- 
beau avoit  été  fait  & acheve , quelque  élégant 
qu'il  fut,  avec  Finñrument  appeié  ajcfi.^Sl  fa- 
bretti  eus  tiré  de  fon  principe  une  conlequence 
diamétraiement  oppofée , elle  eút  été  beaucoap 
plus  vraifemblable.  Que  Fon  juge  apres  cela  de  la 
folidité  de  fon  explication.  ^ , 

Ces  formules  célebres  íixérent  les  recnerenes 
du  marquis  Maffei  de  Vérone  , & ii  les  expliqua 
auííi  d'une  facón  particuhére.  Ayant  lu  aans 
Vitruve  que  Y afila  fervoit  á faite  infufer  la  cnaux  , 
ala  perfedtionner , en  la  remiiant  dans  toas  les 
fens , & en  ramenar.t  au  dehors  les  corps  etrangers 
qui  auroient  nui  á fa  perfeóíion , iF  appliqua  ce 
paífage  á Y afila  des  tombeaux.  Elle  y deiignoit, 
felón  lui  - que  ces  monumens  avoient  ete  faits , 
conííruirs  & reblanchis  avec  de  la  chaux  , pour 
Fufage  ce  celui  dont  Fépitaphe  faifoit  tnention. 
II  s’étayoit  encore  de  FexpreíTíon  coksdximaí  uM 
Hoc  oPUS  suB  ASCIA  EST  , tirée  d’uro  épirapne 
rapportée  par  Guichenon,  dans  laquehe 
paroit  érr^indiquée  comm.e  Finírrament  Ueyun..  a 
mtllxc  la  der.-iiire  maln  a Fouvragé.  Mass  qu  au'.oi.. 
pu  répondre  le  favant  Marquis  , lorfqu  on  ^ui 
auroit-'préfenté  des  épitaphes  avec  I afila , grav^t-S 
fur  un  feul  bloc  de  marbre  ou  de  pierre  commune, 
qui  rdont  jamais  été  blanch:.es\  & ceíie-ci  en  par^ 
ticuiier , dans  laouelle  i!  n’eft  fait  rrention  ouv 
d’un  autel , ou  cippe  aynnt  la  forme  d un  au.e  ^ 
pour  recevoir  Ies  libations ; 


' A S C 

D.  Sí. 

SERVI 

SEVERI 

CASSIA 

MISEP,A  IvíATER. 

FILIO  INCOIvI 
PARAEILI  AN 
XXIIII.  ARAM.  ?0 
SUIT.  ET  SUB.  A.  D. 

Elle  eft  tirée  du  Recueil  de  Grurer:,  page  peí. 

Le  P.  Mabilion  a propofé  , dans  fa  lettre  de 
culta  fanBorum  ignotorum , une  explication  aííez 
heureufe  des  formules  SUB  ascia  dei>ícah.Ej  8¿c. 
II  penfe  que  les  anciens,  en  dédiant  leurs.tom- 
beaux  auxmánes  j faifoientdesimprécations  contre 
ceux  qui  en  oferoient  violer  la  faintete.  Les  im- 
précations  éroient  exprimées  par  la  figure  de  ^ afola 
dont  on  menacoir  leur  tete.  Cette  opinión  eñ  con- 
forme á une  coutume  des  payfans  Latins , qui , 
felón  Palladíus  j {de  re  rufiicá , i.  3 f.  ) élevoient 
contre  le  ciel  des  haches  enfanglantées  pour  dé- 
tourner  la  grele  & Ies  autres  météores  deftrucíeurs. 
On  peut  objecler  cependant  aa  favant  Bénédiftin, 
que  X afola  reííemble  ordinairement  á un  farcloir 
ou  á une  doloire  ^ & jamais  á une  'íi-ízhs. , fccuris , 
telle  qu'on  la  voit  dans  Ies  faifeeaux  des  Liñeurs. 
D'ailieurs  cette  menace  de  incrt  corporelle  n'étoit 
pas  conforme  á Fefprit  des  premiers  chrétiens  , 
qui  ont  cependant  employé  quelquefois  la  formule 
SUB  ascia. 

Aprés  avoir  rapporté  & combattu  toutes  Ies 
explications  precedentes,  excepté  celle  de  Chorier, 
Muratori  {thef.  irfer.  a propofé  laíienne, 

qui  fe  rapproche  de  cel'e  da  P.  Mabilion.  Selon 
lui , la.  formule  süb  asci  a,  ou  Y afola  elle-mémej 
placée  fur  les  tombeaux,  étoit  une  priére  tacite  , 
mais  connue  j adreífée  par  celui  qui  étoit  enterré, 
au  poíTeífear  du  champ  dont  le  monument  fai- 
foit  partie  , d'er^  farclet  les  environs  , d’em- 
pécher  les  brouírailles  d’en  dérober  la  vue  , & 
de  rendre  la  torre  pefante  fur  Ies  cendres  du  dé- 
funt. 

Cette  explication  faifant  partie  de  celle  que 
r.ous  donnerons  plus  bas , d'aprés  le  comte  de 
Caylus , mente  quelque  développemenr.  Quant 
au  defir  qu’avoient  Ies  anciens  de  trouver,  aprés 
leur  mort , la  terre  du  tombeau  Ugere  , six  TIBI 
atteñé  par  des  müliers  d'épi- 
taphes  , & il  ne  doit  pas  nous  arréter.  La  crainte 
de  voir  ^ Jes  tombeaux  couverts  & cachés  par  les 
brquíraiües , eft  exprimée  quelquefois  dans  les 
epítaphes  , mais  plus  fouvent  dans  Ies  poélies. 
infcnption  publiée  dans  le  rnéme  recueil  de 
dans  la  claííe  des  oolléges  , fairmention 
de  Ponna  Jufta , qui  avoir  laiíFé  fix  cens  fefterces 
^'fcoilége  des  matelots  d’.Arilica , á condition 
du  entr  autres  chofes  ils  farcleroient  les  environs 

íombeau  de  fon  affranchie  Fortunara : 

UX  MONi^iíENTÜM  REMÜNDETÜR.. 


A S C 

I L ép’taphe  fuivante  , que  rapporté  le  méme  au- 
teur , eír  encore  plus  expreííe ; 


SALLÜETIAE 
AFHRODITE 
CONGIDIUS  1.  F 
CONIUGI  BENE 
MERENTI  CUM  QüA 
VIXIT'ANNIS  XXVII. 

MENSIBUS  VIII.  DIEBUS  VI. 

QUOD  VIVA  MERUI  MOS.IENS  QüOD  ET  IPSA 
ROGAVI 

CONIUGIS'  HOC  MOESTl  REDDIDIT  ECCE  PIDES 
SIX  LICEX  IKFERNAE  NOCTIS  XRISTISSIMUS 
HORROR 

ME  TAMEN  ILLIUS  CREDO  lACERE  TORIS 

XE  PIE  POSSESSOR  SIVE  COLONE  PRECOR 
NE  PAXIARE  MEIS  XUMULIS  INCRESCERE 
SILVAS 

SIC  TIBI  DONA  CERES  LARGA  DET  ET  BROMIUS 


Dans  la  claíTe  des  artifans  du  méme  recueil , 
A.  Sempronius  Lsetus  legue  7000  fefterces  pour 
rentretien  de  fon  tombeau  ; huic  .monumento 
iN  cültüram.  Le  mor  cultura  exclut  Lidée  de 
raaconnene  , & déíigne  la  terre  nettoyée  , défri~ 
ckee.  Quatre  vers  grecs  gravés  ala  fuite  de  Tépi- 
taphe  du  jeune  Vibius  Licinianius,  & tradaitsea 
vep  latins  par  le  marquis  Aiaffei , renferment  la 
meme  fouhait : 

P lurimus  hutic  tamulutn  fos  Induct , inque  recetitetn 
Haud  rubí  hórrenles  , &gyplrufque  mala  , 

Sed  propereht  vioU  , & amaracus  , <&  narcljfus  , 
Vlbie  , & cmrils  humus  te  prope  jam  rofaft. 

Les  Poetes  font  encore  plus  expreffifs  ; nous 
ne  citercns  que  Properce.  L'imprécation  la  plus 
forte  _qu  il  pujííe  faite  contre  la  perfide  Léna , eft 
de  yoir  fon  tombeau  caché  fous  Ies  ronces.  ( líb  s 
élég.  $.)■. 

Terra  tuum.fpin.ls  ohducat , Lena  , fepulcrum  : 

comme  Tétoit  le  monument  d'Archiméde  , lorfque 
Cicerón  le  découvrit  pe.ndant  fa  quefture  en  Si- 
ciie. 

•Nous  terminerons  ces  citations  par  un  vers  qai 
exprime  les  deux  fouhaits  dont  Muratori  a fait  la 
bafe  de  fon  explication.  II  appartienr  á une  épi- 
taphe  qui  eft  dans  le  recueil  dé  Gruter  (889.  2.) ; 

SIT  TIBI  TERRA  LEVIS  CiNERES  QUOQUE  FLORE 
TEGANTUR. 

Le  comte  de  Caylus  ayant  trouvé  un  inftrument 
qif  il  crur  erre  Y afila  , le  compara  avec  les  anciens 
inftrumens  ; & cet  examen  le  conduiiit  á donner 
une  explication  des  formules  citées  plus  haut , 
qui  reunir  les  op’nions  du  ?.  Mabilion  d:  de  Mu- 
ratori. il  s’exprime  de  k forte  : ( Recueil  d‘Ast. 
1.  223. } 


32,8  A S C 

«J’ai  douté  quelque  tems  íi  ce  monument  deyoit 
étre  pris  pour  lafcia,  fi  foiivent  repréfentée  fur 
les  tombeaux  anciens  5 mais  Tendroit  v^ú  ií  a été 
découvert , & pius  encore  fa  reíTemblance  avec 
un  inítrument  repréfenté  fur  une  médaille  de  la 
íamille  Valeria^  (Yaiilant,  Fam.  Conful,  Fl.  cxl.) 
m’ont  paru  fuffire  pour  lever  rous  les  doutes  á tet 
égard  , & pour  monrrer  qudl  n étoir  propre  rd  a 
remuer  la  terre  , ni  á détremper  le  rp.ortier  , ni 
enfin  á polir  le  bois.  C’eíl  une  eípece  de  farcloir 
doDt  on  fe  fervoitpour  arracher  les  herbes  & les 
brouíTailles  , & auquel  on  donnoit  quelquefois 
le  noin  áí afda.  33 

il  s'agir  préTentement  de  favoir  quel  fecours 
on  peer  tirer  de  cette  découverte  , pourexpiiquer 
SUB  ascia  dedicavit,  fur  laqueüe  tanr  ddia» 
bües  critiques  fe  font  exercés-  Voici  done  mes 
conjeclures-  Fai  déjá  dk  que  riníiratnent  qui  eft 
fous  mes  yeux,  & que  j’ai  fait  graver  fous  deux 
afpe& , en  deíTous  &c  de  proSl , n’étoir  propre 
qa'áarracher  desherbes&des  brouíTailles-  C'étoit, 
á mon  avis , la  premiére  cérémonie  qu’on  faifoit 
en  érigeant  un  tombeau  dans  un  champ.  tille  fe 
pratiquoit  par  le  moyen  dkjn  farcloir  confacré  á 
cet  iirage/&  elle  pouvoit  étre  accompagnée  de 
priéres  & des  rites. dont  nous  ignorons  les  détails  , 
mais  qui  vraifemblablement  étoient  fiuvis  dim- 
précations  contre  ceux  qui  oferoient  profaner  le 
¿ombeauqif  on  alloit  conítruire.  Aprés  cette  céré- 
Eionie  , on  fe  fervoit  d'autres  inftrumens  pour 
retniier  la  terre  & le  mortierj  & comme  on 
Touloif  perpétuer  le  fouyenir  d’une  confécration 
qui  attiroit  du  rerpect  au  rotnbeau  , on  employoic 
la  formule  SUB  AsciA  dedicavit,  ou  bien 
Fon  repréfentoit  fur  la  pierre  qui  le  couvroit , la 
figure  de  cet  inñrument.  Enfin  , ces  marques  exté- 
rieures  ne  fufnfant  pas  toujours  pour  arréter 
ceux  quiavoier.t  envíe  de  violer  ces  monumens  ; 
on  croyoit  leur  infpirer  plus  d’efrroi  en  mélant  á 
leurs  ye.ux  , ,avec  les  cendres  dii  mort , rinílru- 
ment  "qui  avoit  fervi  á confacrer  Fafiyle  qui  les 
renfermoit.  » 

cc  On  ne  doit  point  étre  étonné  que  les  auteurs 
anciens , qui  ne  nous  ont  pas  inñruits  áe  tomes 
les  cérémonies  qui  fe  pratiquoient  fous  leurs 
yeux,  ayent  paíTé  fous  filence  celle  de  la  con- 
fécration des  tombeaux.  Elle  rfétoit  pas  en  iifage 
dans  tsut  F Empire , & étoit  particuliére  á cer- 
tains  cantons  des  Gaules,  foit  que  les  Romains 
qui  y étoient  établis  Feulíent  emprunté  des  Gau- 
iois  , foit  qufik  s'imaginaíTent  arréter  par  ce 
moyen  les  profanatjons  des  cimetíéres  , qui  y 
étoient  apparemment  plus  communes  que  par- 
íoüt  ailleurs.  33 

A,u  relie  , ií  paroít  que  Ies  Romains  uatta- 
choient  aucune  idee  fuperftitieufe  á la  formule 
SUB  AseiA  DEBICA-VIT,  puifque  les  premiers 
Chrétiens  n ont  poinr  fait  de  diíEcuIté  de  Fein- 
ployer  fur  leurs  mojnomens. 

ASCLEFIESj  feces  d'EfcuI.ape,  appelá  sn 


A S I 

grec  Aff-KxWííf.  On  en  célébroit  dans  pluíieius 
endroits  de  la  Gréce  $ mais  aucunes  n étoient 
aaíTi  renommées  que  celles  d'Epidaure , ville 
célebre  par  Foracle  de  ce  dieu.  Elles  étoient 
appelées  , grandes  fétes  d’Efcu- 

lape , & elles  coníiftoient  en  partie  dans  un  cora- 
bat  de  miinciens  & de  poetes. 

AHKfiAIAZEIÍí.  '> 

ASCOLiASMüS.  > Les  payfans  de  FAttique  fa- 

ASCOLiES.  3 crifioient  tous  les  ans  á Bac- 
chus  ün  bouc , animal  qui  mange  les  rejetons  de 
la  vigne.  Aprés  le  facrifice,  ils  faifoienc  une  outre 
avec  la  peau  de  la  viétime , la  rempliíToient  de 
vin , & la  frottoient  d’huile  au-dehors.  Enfuite 
chacun  des  affiílans  fautoit  fur  cette  outre,  §c 
faifoit  tous  fes  efimrts  pour  s>  teñir  debout  fur 
un  feyl  pied.  Le  prix  du  vainqueur  étoit  f outre. 
On  appcioit  cette  maniere  de  fauter  , 

Jhuter  fur  V outre  , ira^a.  ri  ini  rs»  ¿u-ssíí  «AAsfíaí, 
& les  íetes  Jífeolies , de  la  méme  racine  ¿nc»;, 
outre. 

Les  Latins  célébrérent  les  mémes  fétes.  Se 
fautérent  fqr  Foutre,  lis  appelérent  ce  faut  afeo- 
liafmus. 

Une  cornaline  du  barón  de  Stofeh , offrok  ua 
Fauna  danfant , qui  avoit  le  pied  droit  fur  une 
outre,  Sr  tenoít  un  vafe  á boire  de  la  main  droite. 
üne  pierre  gravée  de  Gorlceus,  repréfente  unvieux 
Faune , fautant  des  deux  pieds  fur  une  outre. 

11  paroit,  par  un  monument  antique  rapporté 
par  Gori,  {Infcr.  Etrur.  t.  X ^ p-  4'^4')  qn  on  fe 
fai-foit  auíTi  un  amufement  de  jouer  de  la  lyre 
étar.t  couché  fur  une  outre,  Winkelmann  cite 
un  trés-beau  vafe  de  marbre  dePortici,  bien  com 
fervé , de  plus  de  rroís  palmes  de  hauteur , fur 
la  panfe  duquel  eíl  repréfentée  une  bacebanale 
en  bas-relief.  Ce  que  ce  morceau  oífre  de  plus 
curíeux , eíl  une  Bacchante  qui  sappuie  avec 
le  genou  fur  une  outre  ; c’étoit  Fefpéce  de  danfe 
défign.ég  fous  le  nom  ü ■ 

AStLLUS , étoit  un  vafe  deftiné  á renfermer 
du  vin.  Pétrone  {c.  31.)  In  promulfiiari  afellus 
erat  Corintkius.  , 

ASEAIjE  tunicíL , tuniques  blanches  ornees 
de  trés-petifes  bandes  de  pourpre ; 3 

manque  difiinaive.  Ppllux.  (4.  18.)  en  donne  cette 
définition.  Lampride,  iin  Alex.  Sever.  c.^  33.) 
parlant  des  afems. , áit  qii’erles  avoient  tres-peu 
de  pourpre  , ex  purpura  non  magna.  Spartien  e 
déíigne  de  méme,  {Sever.  c.  19.)  ? tamert 

exiguis  vejijaus  ufas  eft  , ut  vix  tundea  ejus  alíqv.1 
purpure,  haber ft.  . 

ASÍA,  une  des  nymphesOcéanides , fur,  felón 
Diodore,  femme  de  Japet.  .T-XPET. 

ASÍAGÉNES,  furnom  de  la  famille  Cornelia » 
qui  a Ip  méme  .fens  que  celui  A' Afiatique , oonn? 
á L.  Cornélius  Scipion , frére  de  Scipion  i 
cain.  . • 

ASIARCHAT,  magiftrature  annuelle  )omte^a« 
facerdoce,  qui  donnoit  le  droit  de  ^ 


ASI 

teuK  facrés  célebres  en  commun  par  Ies  vil-es 
d’Alie. 

ASIARQL'Ej  magiltrat  qn’on  élifoit  chaqué 
année  en  Aíle^  fous  Ies  empereurs  ronaains.  Il 
préíidoit  aux.jeux  publics^  aux  combatSj  & á 
tous  les  fpeíftacles  qui  fe  donnoient  dans  FAlie 
en  Fhonnear  des  dieux  ou  des  héros.  Uafiarque 
en  faifoit  la  dépenfe,  ainíl  que  les  ediles  & Ies 
préceurs  á Rome,  Ies  quiquennaux  dans  les  Co- 
lonies  j les  duunavirs  & les  dccemvirs  dans  les 
autres  villes  de  TEmpire.  Comme  ii  reuniíToit 
dans  fa  perfonne  la  magiftrature  & le  facer<ioce  , 
il  étoit  chargé  du  foin  des  temples  Se  des  édi- 
fices  facrés , communs  á toure  FAfie  ; c’eíF-á- 
dire,  felón  Albert  RubenSj  de  ceux  qui  étoient 
dédiés  aux  Auguñes.  • 

L’aliarchat  étoit  trés-onéreux,  á caufe  des  dé- 
penfes  qu’il  occaíionnoit;  c'eíl:  pourqiioi  on  he 
le  conféroit  qu’á  des  hommes  tres-opulens.  Auffi 
Strabon  obferve-t-il  que  les  habitans  de  Tralles 
en  étoient  revétus  le  plus  fouventj  parce  quhls 
étojent  regardés  comme  les  plus  riches  de  FAlte. 
Voici  la  maniere  dont  on  procédoit  á leur  élec- 
tion.  Toutes  les  villes  d'Áíie  s'aííembloient  au 
commencement  de  l'année  Aíiatique  ^ c'eñ-á- 
dire,  vers  Féquinoxe  d’automne.  Chacune  élifoit 
un  de  fes  citoyens  pour  étre  préferité  ^ & en- 
voyoit  un  député  á FaíTemblée  genérale  de  la 
Jiation  pour  y porter  fon  voeu.  Alors  les  f3médres 
( choiíiffoient  dix  élus  entre  tous  c'eux 
des  villes , & le  proconful  romain  prenoit  dans 
ce  nombre  de  dix  celui  qu’il  nommoit  aparque. 
L'fférius  a cru  qu’ii  y avoit  á la  fois  pluíieurs 
ailarques;  mais  ii  paroit  qu’il  a été  induit  en  erreiir 
par  Fufage  de  conferv'er  ce  nona  á ceux  qui  en 
avoient  exercé  !a  dignité. 

Les  attnbuts  de  Faíiarchat  étoient  une  cou- 
ronne  d’or  ^ avec  une  toge  ornee  d’or  & de 
pourpre.  l!  exilia  encore  quelque  tenis  fous  les 
empereurs  chrétiens,  quoiqu’ils  eulTent  abolí  les 
jeax  facrés  & les  temples  , commans  á toute 
FAfie. 

Muratori  a rapporté  dans  fon  Recueil  d’inf- 
cnptíonsj  plufieurs  monumens  relatifs  aux  afiar- 
qu.es. 

^ASIATIQUE  j furnom  donné  á L.  Scipion  , 
Itere  de  Scipion  l’Africain  , aprés  qu’il  eut  dé- 
fait  Ántiochus  , roí  de  Syrie. 

ASiBA^_  dans  le  Pont-Cappadocien.  AciBAinN. 

_ Cette  viile  a fait  frapoer  des  médailles  impe- 
riales^ grecques  en  l’honneur  de  Gordien-Pie. 
ASiDO,  en  Efpagne-  Asido. 

Les  médaiiies  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  bronze. 

O-  en  or. 

C>-  en  argent. 

TJAfie  eíl  déíignée  fur  les  médailles  par 
ün  ferpent  & par  un  gouvernail , qui  menrre  que 

étoit  alórs  ia  feule  voie  pour  s’y  rendís  de 
i Europe. 

■dutiquités  , Teme  I, 


A S í 


y- 9 


_Asie.  Le_  feul  prince  qui  porte  fur  les  mé- 
dailles le  titre  de  roí  a Afie  j cü  Anxigone- 
F” jye^  fon  arricie. 

Asi-E._(  pipre  d’)  V.  Assrirs. 

ASILiij  lieu  de  refuge  j d'oü  Fon  n’ofe  arra- 
cher  un  criminel  qui  s’y  eíl  retiré- 

Les  Héraclides  éievérent  á Athé.nes  un  afi/e 
cclebie.  II  lervoit  de  refuge  feiíleiTíent  aux  en- 
fans  qui  fuyoient  les  mauvais  traitemens  de  leurs 
parens  5 felón  quelques  auteurs  , á toas  íes 
fupplians.  Stace  (T.kei.  ix.)  & Servias  {cdJEn..  8.) 
délignent  ce^t  afile  comme  le  premier  de  tous 
cepx  dont  Fhiííoire  fafíe  mention.  Mais  cette 
pnorite  appartient  inconteílablernent  á celui  que 
pkpa  Cadmus;,  dans  fa  nouvelle  viile  de  Thébes^ 
& qu’il  ouvnt  á tous  les  criminéis  de  Funivers^ 
comme  Romulus  le  pratiqua  depuis  á Rome. 

Il_  paroit  que  les  Grecs  prirent  des  peuples  de 
l’Orient  _cet  ufage qui  tenoit  á la  religión.  Auííi 
les  premisrs  écrivains  de  la  Gréce  parlenr-iis  fans 
ceíTe  des  fléaux  envoyés  par  les  dieux,  pour  punir 
la  violation  des  afiles.  Ceux  qui  tuérent  les  meur- 
triers  de  Cylon  , dont  le  crime  étoit  d’avoir  pillé 
un  temple  de  Minerve  , furent  appelés  ¿XíT-fiiís , 
profanateurs  ; parce  qu’üs  les  mairacrérent  fui-  les 
marches  de  í’autel  qu’ils  embraíToient.  Les  Eto-^ 
iiens  ayant  fait  mourir  Laodamie  , qui  s’ étoit  rc- 
fugiée  vers  I’autel  de  Diane,  furent  afEigés„  ere 
punition  de  leur  facrilége , de  ftérilité , de  fa- 
mine , de  guerres  inteftines  & de  tant  de  ñéaux  ^ 
qu  ils. furent  recuits  a un  trés-petit  nombre.  Müon 
1 Etolien  j qui  avoit  porté  á Laodamie  le  coup 
morteI_,  entra  dans  u.ne  fureiir  fi  cruelle,  quil  fe 
frappoit  avec  des  pierres,  des  épées,  S¿  qu’il 
périt  en  douze  jours , aprés  s’étre  déchiré  Ies 
entrailles  avec  les  dents. 

Les  temples  & les  autels  ne  jouilToient  pas 
feuls  du  droit  d afile  ¡ on  Faccordoit  auííi  aux 
íiatiies,  aux  tombeauxdes  demi-dieux  & des  héros. 
Tel  fut  le  tombeau  d’ÁchiÜe,  fur  les  rivages  de 
Sigée  5 celui  d’Ajax , fur  le  rivage  de  Rhoéfe.  Les 
foréts  elles-m.émes  fervoient  '¿Afiles ; & ce  fut 
entre  íes  deux  bofquets  du  mont  Capitolin  , que 
Romulus , a 1 imitation  de  Cadmus  , ouvrit  un 
afile  á tous  les  cri.minels.  Cet  endreit , nommé 
Afylum  , paroit  avoir  été  pbcé  entre  les  deux 
fommets  du  capitole,  ou  eít  batí  aujourá’hui  le 
palais  des  fénateurs.  Les  deux  bofquets  qui  l’avoi- 
íinoientj  étoient  dédiés  á Júpiter  ; .mais  {‘afile 
lui-méme  étoit  un  temple  déla  Miféricoráe,  tel 
que  celui  d’Athénes.  L’orade  de  Delphes  ap- 
prouva  , felón  Plutarque , cet  établiíicKie.nt  poli- 
tique  de  Romulus;  & Faccroiifenient  fabic  de  fa 
viile  luí  en  apprit  bientót  Fiitilité.  On  croit  que 
Lyon  & Vienne  en  fervirent  depuis  aux  Gau- 
lois. 

On  ne  fut  pas  cependant  contenir  les  afiles 
dans  un  nombre  determiné  par  celui  des  crimi- 
néis malheure'ax-  Euripide  s’en  plaignoit  deja 
dans  foa  Ion 3 (<218.4.  Auffi  chercha-t-on 

Tt 


330  ASI 

-des  moyens  á’éluder  la  loi  qui  les  défendoit.  Les  | 
Lacédémor.iens  voulant  punir  de  fes  liaifons  cri- 
minelles  avec  les  Perfes^  PaufaniaS:,  qui  s'étoit 
réfugié  dans  le  temple  de  Minen’-e  Chalcioeque , 

I'y  laiílerent  mourir  de  faim.  On  ajoutoit  encore 
á la  rigueur  de  ce  fupplice , en  découvrant  les 
temples , afin  que  le  criminel  fút  expofé  á toutes 
les  intemperies  de  Pair.  Quelquefois  on  ailumoit 
des  feux  auprés  des  autels  qui  fervoient  á'í’Jile , 
pour  en  éloigner  les  criminéis.  Ceft  ainfi  que  dans 
V Andromaque  , Hermione  menace  l’in- 

fortimée  veuve  d’Hedtor  de  porter  le  feu  aux  pieds 
de  la  ftatue  de  Thémis^  qu'elle  tenoit  embraffée-. 
Daos  YHercule  furleux , Lycus  cherche  á effrayer 
les  Héraclides  réfugiés  auprés  des  autels , en  or- 
donnant  les  préparatifs  d’un  immenfe  búcher. 
Theuropidej,  dans  Piante,  {Moftelhria  5.  i.) 
menace  du  feu  Pefclave  Tranion , qui  s’eil  mis 
fous  la  prcteélion  des  dieux  : 

Jamjuhebo  ignem  & farmenta  , carnifex  , circwni'ari. 

Et  dans  le  méme  auteur  comique,  Labrax,  mar- 
chand  d'efclaves  , ajóme  la  raülerie  a la  menace , 
en  difant  aux  fiennes  , qui  embraíloient  i’autel 
de  Venus: 

Volcanum  adducam ; is  Veneris  eft  adverfarius. 

« Je  vais  chercher  Vulcain , qui  eft  ennemi  de 
Venus.  » 

Les  deux  paíTages  de  Plaute  nous  démontrent 
que  les  efc’aves  avoient  des  afiles  particuiiers : ' 
c^étoit  a Athénes  le  temple  ou  . tombeau  de 
Théfée  : parce  que  ce  hércs  n’aydit  jamais  refufé 
de  venger  les  opprimés  8c  de  fe'cpurír  les  mi- 
férabies.  Le  temple  de  Diane  d’Epfiéfe  e'toit 
Y ajile  des  débiteurs.  Mais  !es'L¿^jy  íervoient 
ordinairem-ent  á tous  les  malheurái-x  , des  qu’une 
confécraticn  particulitre  les  avoit  crees  tels. 
Car  tous  les  lieux  facrés  n’étoient  pas  des  lieux 
de  refiige  ; &,  comme  nous  Papprend  Servios, 
lad' JEneid.  ilj  il  fallok-  pour  cela  oifils  euíTent 
été  confacrés  d’une  facón  particiiiiére. 

Malgré  ces  refíri^ions  & ces  manieres  d’éluder 
la  loi  qui  reudoit  les  afijes  inviolables , ils  fe 
multipliérent  amn  t-d.  ¿oásí , ■ &'  favoriferent  tel 
lement  les-crinies  , en  DÍFrant  des  retraites  fdres 
aux  malfaireurs  , que  Libére  fut  obligé  de  cher- 
cher un  reméde  á ce  mal  pclirique.  Tacite  {Anrial. 
3,.,  cap.  do.)  nous-  en  peint  toute  ¡a  grandeur : 
Grecas  per  urbes  Ucentla  atque  impunztes  afyla 
Jlatuendi : complebaraur  teme  la  pejjlmjs  fervitiorum : 
eadern  fubfi.dzo  ob&rati  adversas  creditores , fefivec- 
tique  cipitallum  criminum  recertabanturi  nec  ullum 
faús  validum  Imrerzrm  erat  ccercetidzs  feditior.lbus 
popuU^  Jlagzf-a  ' ctninizmy  ::t  ceremonias  deúrr.  pro' e- 
gentis.  «I.  a facilité  & Pufage.immodéré  dVrablir 
des  afiles  dans  les  vüles  erecoues,  avoient  rem- 
pli  les  ^temples  d’efclaves  cnminels  , de  gens 
perdas  de  dettes , & o’hommes  fufpeüés  de  fot- 


A S I 

faits  dignes  de  morr ; de  forte  qu'il  ne  reíloít 
aucun  moyen  de  prévenir  les  féditions  chez  ce 
peuple  , qui  protégeoit  avec  un  zéle  égal  les  céfé- 
monies  de  fon  cuite  & Ies  crimes  des  réfugiés.  » 
Le  fénat  romain  rendir , aprés  de  longues  & 
mures  délibérations , des  ordonnances  qui  reñreí- 
gnirent  le  nombre  & Pétendue  des  afyíes.  Depuis 
PétablilTement  de  la  religión  ehrétienne  , on  tranf- 
porta  ce  méme  droit  aux  édifices  facrés,  jufqua 
ce  qu'une  légiflation  mieux  éciairée  le  réduifit  au 
poiñt  de  n étre  refpedé  que  pour  les  crimes  & 
Ies  málheurs  involontaires. 

A-file,  ¿Véaoí,  eft  compofé  de  P»  privatif  & 
de  , dépouille  : lieu  qu'on  ne  peut  dépouiller. 

Asile.  II  faut  foigneufemenr  diftinguer  les 
mots  arl'Xcs,  licu  S afilie  , de  Üt-IXuí  , droít  á’ajile, 
C/eft  ce  dernier  dont  fe  glorifioient  les  vilies  d'A- 
íie , principalement  celles  de  Syrie , & quLlles 
exprimoient  fur  leurs  médaiiles,  en  joignant  á leurs 
noms  les  épithétes  iepa  sai  axtaos,  facrée 
& afile.  Ce  titre  étoit  íimplement , felón  Span- 
heim,  une  fauve-garde  qui  les  placoit  dans  un  état 
de  neutraiité  perpétueíle,  & qui  les  empéchoit 
d’étre  pillees  ou  vexées.  II  leur  étoit  donné  á 
caufe  des  temples  célébres  qu’elles  renfenr.oient, 
8c  des  divinités  qu  on  y honoroit  dLin  cuite  parri- 
culier  , dont  on  vouloit  que  ríen  ne  pút  troub’er 
Pexerdee  Les  vilies  qui  portent  le  titre  llajih 
fur. les  médaiiles,  Lont,  entr’autres  , Antioche 
prés  de  Daphné,  Annoche-fur-PHippus , Aradus, 
Aréthufe,  Bibüs,  Ca?farée-de-Fh;;ippe,  Epheíe, 
Laodicée , Nicopoiis  , Per^,  Ptolémaide  , Sa- 
mofare,  Séleiicie,  Sidon,  Tyr,  Src.  8cc. 

ASINA,  furnom  de  la  famille  Cornelia.  II 
lui  vint  de  fon  chef,  qui,  ayant  acheté  une  terre, 
ou  donné  fi  filie  en  mariage , fut  requis  de  mon- 
trer  les  richeífes  avec  lefqueiles  il  vouloit^sac- 
quiíter.  Cornéiius  amena  dans  la  place  publique 
une  áneííe,  chargée  de  picces  de  monnoie, 

& Poffrit  pour  fa  caution.  , 

ASINAIRFS , fétes  ríes  Syracufains  , inñituees 
en  mémoire  de  la  vidloire  qiPiIs  remporterent 
fur  Licias  & Démofrhéne , généraux  des  Anne- 
niens prés  du  ííeuve  Afinarías  , aujourd  hui  í alu- 
nara , d’oú  ces  fétes  prirent  leur  nom. 

ASINE,  ville  de  Laconie.  AciNAifíN. 

M.  Fellerin  en  a.publié  une  mé-Jaille  autonom- 
de  brenze.  II  nv  en  a point  d°or  ni  d argey.L.  ^ 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médaiiles 
riales  grecqnes , en  Thonneur  ce  Sept.-Sevete , 
de  Comna,  de  Pkutüle , de  Géta. 

ASINLÁ,  famille  romaine  dont  on  a nes 
daiiles  : 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

C-  en  bronze. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font  GaU- 

POLLIO.  . 

Ccitz'us  en  a publié  quelques  medaiJcs  u*co 
núes  depuis  lui. 


ASO 

ÁSINÜS  ou  Ake.  Le  plus  mauvais  coup  de 
dé  ou  Tunitéj  chez  les  Romains.  Les  Grecs  iui 
donnoient  le  méme  nom  dans  leur  langue  , & 
rappeloient  ¿905, 

ASISIUMj  en  Italie.  arn.  asi. 

On  a une  médaille  impériale  de  certe  ville> 
frappée  en  Thonneur  de  Trébonien-Galle. 

( Pellerin. ). 

ASIUS íils  d’HirtacuSj  fut  un  des  héros  de  la 
Gréccj  auxquels  on  rendir  des  honneurs  héroi- 
ques.  On  luí  avoit  elevé  plufieurs  petits  temples 
dans  des  prairies,  llar  le  bord  du  Caiftre,  auprés' 
de  ¡a  vilie  de  Nifa^  qu’on  appeloit  prairies  éíA- 
Jius, 

ASKEPE , an-x.iAf.g , quí  n eft  pas  couvert. 'On 
appeloit  de  ce  nom  á la  cour  des  empereurs  grecs, 
des  enfans  qui  avoient  toajours  la  tete  nue  dans 
le  palais.  Andronic  Paléologue  le  jeune,qui  avoit 
étabh  cér  ufage,  Tabolit  bientót  aprés.  Cétoient 
Ies  pages  des  empereurs. 

ASKÜS  étoit,  dans  la  mytholo'gie  des  peuples 
du  Nord , le  premier  homme  de  qui , & dé  fa 
femme  Emola,  defcendit  la  race  des  hommes  qui 
eut  la  permisión  d'habirer  la  terre. 

ASLA,  mefare  linéaire  & itinéraire  de  TAlie 
& de  TEgypte.  Voye:^  Pléthre. 

ASO  ou  Ason  , concubine  deTyphon,  divi- 
nité  égyptienne.  « Typhon  , felón  Plutarque  , 
(de  IJide)  tendit  des  embuches  á Oíiris,  lorfqudl 
revint  de  fes  voyages ; il  s’aíTocia  foixante-douze 
conjures,  8c  la  reine  des  Ethiopiens,  appelée 
Afo  , qui  étoit  venue  le  joindre.  « Cette^  fable 
facerdotale  étoit , felón  Jablonski , fenveloppe 
d^une  vérité  phyíique , comme  Plutarque  Tex- 
plique  _lui-méme  dans  ce  traite.  La  reine  des 
Ethiopjens,  qui  vient  au  fecours  de  Typhon , eft 
1 embléme  des  vents  du  m.idi , sSIs  Temportent 
fur  ceux  du  nord,  qui  pouffent  les  nuées  vers 
i’Ethiopie ; & íi  par  la  ils  empéchent  la  faifon  des 
piules  qui  font*  enfler  le  Nil , alors  la  féchereíTe 
briilante  ou  Typhon , fon  embléme  i delTéche 
l’Egypte. 

■A/o  , dans  fancienne  langue  des  Egyptiens, 
veut  dire  Etkiopienne  ; & cette  Afo  étoit  la  méme 
concubine  de  Typhon , que  Ton  appelle  plus  or- 
dmairement  Thuéris.  Jablonski  croit  la  recon- 
noitre  fur  la  table  iliaoue , oú  elle  eft  repréfentée, 
felón  lui , par  le  griffon.  Cet  animal  fantaftique 
déligne  par  fes  ailes  les  vents , qui  font  ailés  fur 
tous  les  monumens.  Sa  tete,  fon  poitrail,  une 
partie  de  fes  ailes , font  peintes  en  noir , couleur 
par  laquelle  les  poetes  ont  prefque  toujours  dé- 
figne  le  vent  du  midi,  nigerrimus  aufter.  D'ailleurs 
cé  griffon  n’offre‘  aux  fpeélateurs  que  le  coré 
gauche , par  lequel  les  Egyptiens  caradtérifoient , 
felón  Plutarque,  les  régions  meridionales. 

ASOPE , fleuve  de  Béotie ; pour  venger^  dlt- 
on,  1 affront  que  Júpiter  avoit  fait  á fa  filie  Egine, 
'i  la  guerre  au  Pere  des  dieux,  en  en- 

•^ntfes  eaux,  qui  ravagérent  le  pays  voifin  j mais 


Júpiter  s’étant  métamorphofé  en  feu , mit  le  Seuvs 
a fec.  Voyei  Eaque,  Egine. 

ASOPLSj  en  Laconie.  Ac<sríEiTQN. 

On  a des  rnédailles  imperiales  grecques  de  cette 
vil.e  , frappees  en  1 honneur  de  Caracalla , de 
Sept.-Sévére. 

ASPENDUS,  en  Pamphylie.  eíteeaiiy^  & 
ACnENAIQN. 


Les  rnédailles  autonomes  de  cette  vilie  font : 
O.  en  or. 

C.  en  argent. 

O.  en  bronze. 


Son  fymbole  ordinaire  eft  la  triquétre.  Quel- 
ques  auteurs  attribuent  á Egefta  ou  Ségefta  de 
Sicüe , Ies  rnédailles  qui  portent  la  premiére  lé- 
gende. 

Cette  vilie  a fait  frapper  des  rnédailles  impe- 
riales grecques  en  I’honneur  de  Soémias,  d'Alex.- 
Sévére,  de  Tréb.-Gallus,  de  Gordien-Pie  & de 
Salonine. 


ASPER , furnom  de  la  famille  TréboniA.  II 
fut  donné  pour  la  premiére  fois  á L.  Trébonius, 
a caufe  de  la  facilité  avec  laquelle  il  blámoit  fes 
ayeux. 

Asfer  nzoTjOTM , piece  de  monnoie  qui  eft  nou- 
velle,  & qui  n'a  rien  perdu  par  le  frai. 

_ ASPERGE.  Pline  vante  les  afperges  de  Néfis, 
ville  de  la  Campanie. 

ASPERGILE.  T „ , 

ASPERGILLUM.  Aspersoir. 

ASPERSION.  Les  anciens  fe  contentoient 
d’erre  afperges  _d"eau  luftrale , quand  ils  facri- 
fioient  aux  divimtés  infernales.  Mais  ils  fe  lavoient 
tout  le  corps  avant  de  facrifier  aux  divinirés  cé- 
leftes  8c  terreftres. 

ASPERSOIR.  Les  anciens  s’en  fervoient  pour 
diftribuer  T ’eau  luftrale  dans  les  cérémonies  reli- 
gieufes , & ils  employoient  quelquefois  ácet  ufage 
des  branches  de  laurier  ou  d'olivier.  Mais  ils  fai- 
foient  ordinairement  les  afperfoirs  de  méta!,  & 
les  garniftbient  de  crins  de  cheval. 

On  a trouvé  a Herculanum  le  manche  d’un 
afperfoir,  femblable  á ceux  qu^on  voit  fur  quel- 
ques  bas-reliefs  , particuliérement  au  bas  du  por- 
tique  du  panthéon  , & á I’architrave  des  trois 
colonnes  du  temple  de  Júpiter. 

\J afperfoir  terminé  en  pied  de  cheval , étoit 
employé  le  plus  fouvent  chez  les  Romains.  On 
en  voit  le  deífin  dans  un  recueil  de  Peyrefc , ou  il 
fert  de  cul-de-lampe  á rAverciíTement. 

ASPHALIA.  V.  SüRETÉ.  , 

ASPHALION  ou  Asphalicus  , furnom  de 
Neptune,  fous  lequel  Ies  Rhodiens  lui  bátirent 
un  temple  dans  une  ifle  nouvelle  qui  parut  fur  la 
mer , Se  dont  ils  fe  mirent  en  poíTeflion.  Ce  nom 
fignifie  ferme,  ftable,  immobile,  & répond  au 
flabilhor  des  Romains  , pour  marquer  que  le  dieií 
avoit  affermi  cette  ifle  au-deflus  de  la  mer.  II 
eut  plufieurs  autres  temples  dans  la  Gréce  fous 
méme  nom  , parce  que  , iui  attribuant  le  pouvoir 


35 i A S P 

Q'ébranler  la  ierre  , on  lui  donnoit  auíS  celui 
de  l'afFermir  & de  la  rendre  ítable. 

ASPHALTE,  bitume  de  Judée  , ainíl  nominé 
du  lac  Afphakite  ou  Mer-Morte , fur  les  eaux 
duduel  on  le  ramaíTe.  LesEgyptiensremployoientj 
ainficue  le  piíTaíbhaite , pour  embaumer  Ies  corps 
& faire  des  tnomies. 

ASPHODELE,  genre  de  plante  áfieur  en  Ik, 
que  les  ar.ciens  femoient  auprés  des  tombeaux , 
comme  une  nourricure  agréable  aux  morts.  Por- 
phyre  fa;t  parler  ainíí  un  tombeau  dins  une  inf- 
cription  : Au-dekors , je  fuis  entoiiré  de  m.auve  & 
¿’afphodéle  & au-dedans  , je  ne  renferme  qiiiin. 
cadavre.  Luden  dit  {de  Luclii)  que  les  'manes , 
aprés  avoir  traverfé  le  Styx  , defcendoient  dans 
une  longue  plaine  plantee  afphodele. 

AS  Pie.  Les  anciens  ont  écrit  beaucoup  de 
fables  fur  ce  reptiie,  & n’ont  pas  cherché  á le 
definir  avec  exaclituáe.  I|ippocrate  dit  que  fa 
morfure  ne  fe  guérit  poinx5__§r  c’eft  un  de  fes  apho- 
rifmes.  On  croyoit  qafil  caufoit  la  mort  de  celiii 
qui  cherchoit  á Lenchanter^  en  fe  rendant  fourd 
á fes  conjurations.  Avitus  ^ {de  Orlgin.  Mundi.  lí.): 

Inter dum  perit  irjtantans , fi  calLlda  fardas 

Adjuratoris  contempfit  murmura  ferpens. 

Les  Egyptiens  avoient  lié  a leur  cuite  religieux 
la  vénération  pour  l’afplc.  lis  le  placoient , dit 
Plutarque  , {de  Ifid.  & Ofrid.')  fur  le  fronf  de 
'leurs  divinités , & cet  atrribut  fait  reconnoitre 
léurs  ñatues. 

Quoiqifil  fát  l’attribut  de  toutes  les  divinités 
égyptiennes , comme  on  le  volt  fur  la  Table  ifiaque 
& áa.ns  Horapollo  {i.  c.  i.),  i\  appartenoit  cepen- 
dant  á Tfis  d'une  facón  particuliére.  Lorfque  cette 
déeíTe  étoit  repréfentée  fous  le  nom  de  Tkermatis 
ou  de  Tuhramho . c^eit-á-dire , d’Ifis  irritée  contre 
le  peupie  , on  vo;/oit  un  afpic  fortir  de  fes  che- 
veu;^,  & paroítre  fur  fon  front.  Elle  en  étoit 
Coetíée^  felonElien,  'fe  Anim.  lo.  c.  51.)  comme 
d’un  diadema  ; & de-iá  naiíToií  la  a'énération  des 
Egyptiens  pour  ce  reptiie  dangereux.  Cet  attribut 
convenoit  finguliérement  á ífis  Thermutis  ^ c'eft- 
a-dire  ^ qui  donne  la  mort.  Eüen  explique  {loco 
citato')  la  raifon  pour  iaquelle  'on  Farmoit  d’iin 
efpic ; c’ étoit  parce  qu’on  aíTuroit  qu’ííls  ^ cour- 
roucée  contre  les  feéiérats  ou  les  impies,  leur 
lanqoit  des  afpks ¡ que  le  ntéme  écrivain  appeile 
ailleurs  , les  emblémés  de  la  Jufllce  , d Vmil  per¡ant 
de  Iaquelle  ríen,  tte  fauroic  éckapper. 

Les  monumens  égyptiens  noas  ofixent  ordinai- 
rement  líis  avec  Y afpic  fur  le  front,  oú  ií  eñ  quel- 
quefois  remplacé  par  la  poale  de  Numidie.  Ovide 
nous  peint  toujours  Ifis  avec  cet  attribut , {Amor. 

¿ié.  X.  eleg.  1 3 .)  : 

Fcr  tua  fifira  precor,  per  Anuiidls  ora  verenda  , 
Sic  taa  facra  plus  femper  Ofiris  amet , 

jpigraque  lahatu-  circa  donaría  ferpens. 


A S S 

Et  dans  les  l^íétamorphofes,  {lih.  5.  éSy.); 

Inerant  lunaria  fronti 

Cornua  , ctim  fpicis  nítido  ftaventia  & auro , 

Plenaque  fomniferi  ferpens  peregrina  ventni. 

Valerias  Flaccas,  décrivant  la  me'tamorphofe  d'ío 
en  ífis;  na  pas  oublié  Y afpic,  {A.rgon.s^.s¡iS\- 

Hic  procul  lo 

Specfat  ah  arce  Pkari  ,jam  divis  addita ,jamq¡it 
Afpide  cinBa  comas. 

ASPLÉBON , dans  la  Fhocide. 

Goltzius  feul  a pubüé  des  médaiües  imperiales 
grecques  de  cette  vilie. 

ASFORENA,  furnom  de  la  mere  des  dieux, 
á caufe  d’un  temple  qu’elle  avoit  á Afporénum, 
dans  rAfie-Mineure,  proche  de  Pergame. 

ASPRÉNAS,  furnom  de  la  famille  Nokia. 

A.SSAB1N,  nom  fous  lequel  Ies  Ethiopiens 
adoroient  !e  foieil.  Fline  dit  que,  felón  quelcues-. 
uns  , cet  Ajfabin  étoit  Júpiter.  Le  cinnamome 
(le  canellier  moderne)  lui  étoit  confacré ; & pour 
obtenir  la  permifllon  de  le  couper  & d’en  en- 
lever  Fécorce  , il  falloit  oíFrir  au  dieu  un  facri- 
fice  de  cuarante-cuatre  piéces  de  bétail,  bcEufs, 
chévres  & béüers.  Foyey  Taele  du  Soleil.  La 
coupe  fe  faifoit  pendanr  le  jour;  & aprés  qu’elle 
étoit  finie,  un  prétre,  qui  y avoit  aífiíié,  s’ar- 
moit  d’une  pique , Se  s’en  fervoit  pour  féparer 
la  portion  qiFon  réfervoit  au  dieu.  Cette  portion 
ne  inanquoit  pas,  difoit-on,  de  brúler  d’elie- 
méme  mais  Théophrañe  traite  ce  prodige  de 
fable. 

Le  méme  écrivain  , & Solin  , reconnoiíTer.t 
Ajfabin  pour  le  foieil.  Mais  comme  il  étoit  le 
dieu  fupréme  de  FEthiopie , les  aliteurs  grecs  ou 
romains  que  Pline  avoit  extraits  , lui  donnerenr 
le  nom  de  .Júpiter,  parce  qu’ils  vouloient  trouver 
dans  toutes  les  Mythclogies  ce  fils  de  Saturne. 
Pline  a fuivi  leur  fentiment,  & a parragé  leur 
erreur. 

ASSAMENPA  on  Axamenta  , poémes  que 
chantoienr  les  Saliens.  Voye^  Axamenta. 

ASSAR,  monnoie  ancienne  de  FEgypte  & de 
FAÍie.  V.  Phollis. 

ASSARACUS  , fecond  fils  de  Tros  , fut  pere 
de  Capys  , . & grand-pére  d’Anchife.  Gaky- 
mÉde". 

ASSARION , monnoie  ancienne  de  l’Egypte 
& de  FAÍie.  íÉ  Phollis. 

Les  médaiües  de  bronze  de  Chio  ofFrent  1 tif- 
farion  limpie,  double,  triple,  & méme  le  demi- 
ajfaricn.  , 

Assarion,  lepton , kodrantés , quadran^ 
íDonnoic  des  romains  fous  le  grand  Coaltantin  oC 


A S S 

fe?  fucceíTeiirs.  Elle  valoit  ae  üvre  toiir- 
nois- 

ASSLCLA.  Cet  oíEcier  ou  dome;^ique  fuivoir 
en  tous  iieux  fon  maitre,  & fe  tenoit  á porree 
dereceyoir&  d'exéc’aterprornptemenr  fes  ordres. 
La  diíférence  entre  lAjJ:cla  & le  comes , éíoit  de 
vo’r  fuivre  le  preip.ier,  tandis  que  le  fecond  inar- 
Ciiort  á cóté  j ou  accompagnoit  le  maitre. 

ASSER.  Vegece  appeüe  de  ce  nom  un  bélier 
ou  une  poutre-béüére  j dont  on  fe  fervoitfur  les 
vaiíí'eaux  : c'étoit  une  poutre  longue,  de  moyenne 
grcíTeur;,  fafpendue  au  mát  comine  les  vergueSj 
& ferrée  par  les  deux  bouís.  Lorfque  les  vasíieaux 
ennemis  venoient  á Tabordage^  foit  á droitej  foit 
á gauche , on  faifoit  ufage  de  Yajfer.  PoulTée  avec 
vioiencej  cetre  poutre  renverfoit,  écrafoit  les 
foíJats  & les  marelots  ennemis  ^ Se  percoit  auíli 
le  navire.  De  cette  natare  étoient  les  kííAcci, 
don*  rjar'e  Athénée  ^ en  décriyant  le  navire  de 
Eiéron. 

ASsliSSEURS  ou  CoNJOiNTS  , ■paredri , noms 
donnés  a certains  dieux,  qui  furent  admis  dans 
raíTenvblée  des  grandes  divinités.  Tels  étoient  les 
Eeros&  les  demi-ciíeux  ¡ qui  s‘ ajftyolent 

enferrible. 

ASSIDAPAUS  a été  dit  par  corruption  pour 
Ess~i.bae.ius. 

ASSIDUI.  On  donnoit  ce  nom  á Rome  aux 
citoyens  opulens  qui  fupporroient  les  charges  de 
i’Etat  & avoient  droit  de  fuffrage  dans  Ies  co- 
inices.  Ce  furnom  étoit  derivé  de  leurs  richelles 
oa  des  impots  qahis  paycient , ajfe.  C'eft  dans 
ce  feas  qudi  eíí  employé  dans  Ies  douze  Tables. 

ASSIPONDIUM , as , ss ^ monnoie  des  Ro- 
piains.  II  valut  3 depuis  la  fcntiadon  de  Rome 
jufqi-í’a  Ran^ySy^  une  livre  enviroa  ^ motinoie 
aítueíle  de  France.  Voye^  As^ 

ASSIE.  7 „ . 

ASSIEMNE.  f 

ASSIRAT'UM  ^ boiíTon  dont  on  faifoit  ufage 
dans  les  alhances  , ou  ¡orfque  Fon  concluoit  un 
traité  de  paix.  C’étoit  une  mixcion  de  vin  & de 
fang.  Feftus  & Mela  en  font  mention. 

ASSJS.  Les  fculpteurs  grecs  du  premiet  age 
Tepréfentoient  affifes  les  déelTes  & les  femmes 
d’un  rang  diñingué.  Telles  étoient  Ies  fcatues  des 
Saifons  placees  dans  le  temple  de  Jiinon  á Elis  ^ 
& qui  avoient  été  fculprées  par  Dóneles , eleve 
de  p'penirs  & de  Sciíius^  les  plus  anciens  artiftes 
connus  de  la  Gréce, 

Cette  attitude  fait  reconnoítre  fur  Ies  anciens 
raonumens  les  dieux  ou  ¡es  héros  qui  goúrent 
les  douceurs  du  repos  , ou  qui  font  plongés  dans 
profond  chagrín  , fur-tout  li  I’artifte  leur  a 
lait  croifer  ¡es  jambes.  V~.  Jambes  croifées. 

Les  anciens  ■%  ajftyoier.t  pour  prendre  Ies  au- 
Hures  , comme  nous  l’apprenons  de  Plutarque  ^ 
dans  la  yie  de  Maxcelius  & de  Servias  (JEn. 9.’4.)  5 


A S S 333 

ffiass  encere  pendapt  les  facri.íces'Sr  auíres  cé- 
rémenies  reiigieufes.  S.  AuguíMn  ( Cu.  deDieu.  7.) 
&_Macrobe  (^Satura,  i.  lo. ) ;,  difent  que  ceas 
qui  facrinoient  á Cps,  la  terrC;,  fe  renoient  ujps. 

Properce  ( r/.  21.  45’.)  alTure  á Júpiter  que 
fon  amie  ^ reconnoiíLinte  de  la  fanté  qu  il  íui 
a rendiie  , ira  s’a/f¡o¿r  auprés  de  fes  autelsj  & 
lai  adreíTer  des  remerciemer.s ; 

Ame  tuofque  pedes  illa  ipfa  adoperta  fedebzt, 

On  fe  tenoit  dans  la  méme  attitude  , lorfqu’on 
faifoit  des  libations  fur  les  tombeaux,  & qa’on 
y facrifioit  aiix  Manes.  Tibullej  {il.  7.  15.): 

lillas  ad  tumulum  fugiam  , fupplexque  fedeho, 
Virgilej  (AEneid.  p.  3.)  : 

Eneo  tum  forte  parentis 

Pilumni  Turnus  fscratá  valle  fciehat. 

Maríialj  (/J.  41.  8.): 

Te  mcefii  decet  ajiidere  mazri , 

Lugentique  virum  j piuuique  fratrem. 

Properce,  {ni.  14.  23.); 

Adferet  kuc  ungüenta  mihf  fertifque  fcpulcrum 
Ornabit  ^ cujios  ad  mea  bufia  fedens. 

Les  femmes,  dans  leur  appartement,  les  afrr%n- 
chis  Se  les  efclaves , prenoient  leurs  repas  aílis  j 
tandis  que  les  maitres  & les  convives,  dans  les 
repas  d’appareil , mangeoíent  á demi-couchés  fur 
les  lits  de  rabie. 

ASSIUS  , lapis  ajfius  , pierre  ajfenne , pierre 
d’^j^ , pierre  cCAfie,  par  erreur  de  copiíte,  & 
.lapis  farcopkagus  de  Pline  , font  ¡es  dirférentes 
dénominations  d'une  feuie  & méme  fubftance 
tirée  du  régne  mineral,  "l'oici  les  principales  pro- 
priétés  que  Pline  luí  attribue  , & qui  fervirotit  á 
nous  la  íaire  rctrouver.  Ajfius  , dit-il , liv.  36,  c. 

17,  guflu  faifas cjufdcm  lapidis  f.os  appella- 

tur  , in  farinam  mollis  ¡ ad  quedam.  psrlr.de  ejficax: 
efi  autem  f milis  pumici  rufo...  excrefcentla  erodit... 
repugnantiíi  curatzoai  , ac  fuppurata  ficcat.  « La 
pierre  A’ajfos  efl:  falée  au  goút , fa  ñeur  eft  molle 
comme  la  farine  , utile  á plu.feurs  chofes  : elle 
reíTemble  á de  la  ponce  rouíTe ; . . . elle  ronge  Ies 
excroiíTances  de  chair,  ciefséche  les  ulceres  in- 
vétérés  ou  en  fuppuraiion.  Diofeoride  décrir  ainñ 
cette  méme  fubftance  , { de  medica  materia,  cap. 
88. ) » II  faut  choiíir  la  pierre  áAffos  de  couleur 
de  ponce,  légere,  fongueufe , friable,  mélée  de 
veines  bleuátres  trés-fifliles.  Safieur,  qui  eft  falée, 
a une  couleur  iauuátre  ; elle  fe  forme  fur  la  pierre, 
a peu  de  coníiftance  , eft  quelquefois  blan.che  , 
qúelquefois  poreufe  comme  les  pone  es  & ce 
couleur  grisátre  : mife  fur  la  langue , elle  eft 


í34  a S S 

légérair.ent  cauílique On  en  fait  des  poudres 

qui  rongent  les  corps. . . . ^ 

Gallen , C fimpl.  med.  fac.  lia.  9. ) s^’explique 
d’une  maniere  encore  plus  détaillée.  ct  II  y a une 
autre  pierre  que  l'on  tire  de  la  ville  dlAjfos , 
d’oa  elle  tire  fon  nom  ¿lajjlenne ; elle  n eft  pas 
cure  comme  les  pierres  ordinaires.  Sa  conliftance 
& fa  couleur  font  les  mémes  que  celles  du  tuf  > 
•elle  eft  friable  & d’un  tiíTu  lache comme  lui. 
II  fe  form.e  fur  cette  pierre  une  fubftance  légére 
( une  efEorefcence  ) femblable  á la  farine  & á 
fa  fleur  qui  s'attache  aux  murs  des  moulins.  On 
lui  donne  le  nom  de  pierre  álAJie.  ( faute  de 
copifte. ). . . . La  pierre  fur  laquelle  fe  forme  cette 
fleur^  participe  de  fon  adtion  cauñique,  mais  avec 
be.tucoup  moins  d energie.  La  fleur  eft  préférable, 
non-feulement  parce  qu'elle  ramollit  & préferve 
de  corruption  les  fubftances  , comme  le  fel ; mais 
encore  parce  qu^elle  produit  ces  différens  eífets, 
fans  une  érofion  confldérable.  Cette  fleur  de  la 
pjerre  dlAJie  a un  goút  falé ; ce  qui  fait  conjec- 
turer  qu'elle  doit  fon  origine  á une  efpéce  de 
rofée  3 qui 3 s’élevar.t  déla  mer,  retombe  furia 
pierre  , & fe  defséche  par  Tardeur  du  fole  11,  33 

Toares  ces  propriétés  medicinales  ne  font  ce- 
pendant  pas  rendue  aufli  célebre  que  celles  dont 
parle, fiinedans  le  chapitre  cité  plus  bxaut.  Ilydé- 
Cgne  par  le  nom  de  farcophagej  mangc-chair  ( de 
e-ásl  chiitj  & de  ©¿ya:,  jc  mange  j ) une  pierre 
dont  les  anciens  faifoient  des  tombeaux  , dans 
lefquels  on  plaijoit  les  corps  qu’ils  ne  vouloient 
brúler.  Ün  cadavre  s'y  détruifoit  entiérement  ^ 
felón  Pline  , dans  Tefpace  de  quarante  joiirs^  les 
dents  txceptées. 

Depuis  que  rHiftoire  Naturelle  a fait  des  pro- 
gres,  on  a cherché  la  fubftance  qui  pouvoitavoir 
été  appelée  pierre  ajíienne.  Henckel  croyoit  que 
c’étoit  une  pyrite  qui  fe  vitriolifoit,  & détruifoit 
les  cadavres  par  ie  moyen  de  fon  efflorefcence 
faline  , comme  la  chaux  vive  le  fait  aujourd  hui 
dans  les  cimetiéres.  M.  Vaímont  de  Eomare  dé- 
figne  fous  le  nom  de  pierre  ajpenne  ^ une  pierre 
alumineufe  , dont  reíBorefcence  produifoit  le 
méme effet.  Wailerius  prend  pour  la  méme  pierre, 
une  terre  calcaire  , qu'ii  nomme  térra  alcedema 
NierembergH.  Boece  de  Bood  dit  qu’il  eft  trés- 
diíEcile  de  reconnoitre  aujourd’hui  le  lapis  farco- 
pkagus  de  Pline , á moins  que  Pon  ne  défigne 
fous  ce  nom  toutes  les  pierres  & concrétions  qui 
contiennent  de  Palun  , du  nitre , du  fel  marin  ^ 
Be  qui  font  en  méme-temps  légéres  & fpongieufes. 

Pour  ce  qui  eft  de  la  propricté  fecondaire  que 
lui  attribue  Pline , celle  de  pétrifier  les  corps , il 
n’a  entendu  par-iá  qu'une  incruftation  faline, 
telle  que  Pon  en  produit  artificiellement  dans  les 
falmes  , en  expofant  les  objets  que  Pon  veut  in- 
crufter , á la  chute  d’une  fource  falée. 

Quant  á la  maniere  d'employer  la  pierre  a0enne 
pour  détruire  les  cadavres,  il  paroit  que  Pon  ne 
faifoit  pas  Ies  tombeaux  avec  une  pierre  auffi  friable. 


A S S 


mais  qu'on  la  réduifoit  en  poudre  pour  en  rempü'^ 
les  vuides  que  ¡aiíToit  le  cadavre.  C"eft  ainfi  que  les 
Egyptiens  íaiíToient  pendant  trente  jours  les  corps 
couverts  de  natrón.  L’et^reíTion  de  Pline  eft  trés- 
favorabíe  á cette  expoíition.  Corpora  defunclo- 
rum  condita  in  eo.  On  fait  que  le  mot  candiré 
defigne  Padion  de  plonger  dans  un  liquide , ou 
d’envelopper  d’une  páte , 'Scc.  pour  conferver 
Ies  fubftances , ou  pour  les  embaumer. 

On  trouve  dans  les  mémoires  de  PAcadémie  dé 
Bruxelles,  tome  IV,  un  tres  - bon  mémoire  de 
M.  de  Launay  fur  cette  matiére. 

ASSOS^  3"  Voyez  Assivs. 

ASSORUS  , enSicile,  ASSORU. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

RPi.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  arsent. 


A S S U R A N C E.  Quelques  Jurifconfultes  ont 
confondu  mal-á-propos  les  adtes  de  cautionne- 
ment  dont  ii  eft  fait  mention  dans  les  loix  Rho- 
diennes  , avec  nos  contrats  ¿i  ajfarance.  Ces  der- 
níers  , qui  font  d'iifage  aujourd  hui  dans  tous  les 
pays  marídmes,  n’étoient  pas  connus  des  anciens. 
Le  mot  barbare  dont  nous  nous  fervons  en  latín 
pour  Pexprinter,  adfecnrat'o  , eft  de  la  plus  baiTe 
latinité.  On  cite  en  vain  Tite-Live  & Suétone. 

Le  premier  dit,  ( lib.  25  , §.  49.  ) pofidatum 
fait  ut  qiLSí.  in  naves  impofuíjfent,  ah  koflium  tem- 
peflatifque  vi,  periculo  publico  ejfent.  Le  íécond  , 
( vie  de  Claude  ) negociatoribus  certa  lucra  pro- 
pofuit  j fufeepto  in  fe  damno  , fi  cui  quzd  per  tem- 
peftates  accidijfet.  Dans  le  premier  cas , les  publi- 

cains  fourniíTent  á Parmée  d’Efpagne  ce  dont  elle 
a bsfoin  , á la  charge  que  les  malheurs  feront 
fupportés  par  la  république.  On  ne  volt  point  la 
de  conrrat  d’afllirance.  Le  fecond  n’en  renferme 
pas  davantage.  Claude  propofe  á des  marchands 
des  expéditions  maritimes,  qui  pouvoient  luí  pro- 
curer  des  gains  confidérables ; &:  pour  les  y en- 
gager , il  ieur  promet  de  fupporter  lui  feu!  toutes 
les  pertes  , s’il  y en  a. 

Loin  que  ce  contrat  fút  connu  des  anciens , 
c’eft«in  fait  inconteftable  que  nous  le  devons  aux 
juifs.  Voici  de  quelle  maniere  Pauteur  du  Guidort 
des  négocians  & gens  de  mer  leur  Knd  hommage 
fur  cette  invention  utile.  ccQuand  ces  abominables 
retaiüés  furent,  pour  leurs  méfaits  & par  leurs 
crimes  execrables,  bannis  deFrance,  & leurs  biens 
confifqués,  la  nécelTité  apprit  ces  malicleux  in- 
fames de  fe  fervir  de  lettres  fecrettes  ( ce  furent 
les  lettres-de-change  ) , & bientót  apres  la  me- 
fiance  leur  fuggéra  Pinvention  de  quelque  rude 
com-mencement  des  brevets  ou  pólices  d^aíTurance, 
de  forte  quelles  font  juives  de  nailTance.^  Les 
Italiens  , les  Lombards , fpeétateurs  8c  miniítres 
de  cette  intrigue  juive,  en  retinrentle  formulaire, 
^ s’en  furent  du  depuis  bien  fervir  , lorfque  le* 


A S S 

malheureufes  feítes  des  Guelphes  & Gibbelins 
s'eíFarouchérent  les  uns  contre  les  autres  qa  ils 
jouérent  au  boute-hors  , & mirent  la  chrétienté 
en  grand  trouble  Sccombuñion.»  Loix  Rkodiennes 
de  M.  de  ¥ aflor  et. 

ASSUR  GERE , fe  lever  de  fon  íiége  8c  fe 
teñir  de  bout.  Uufage  qu’exprimele  mot  affargere, 
étoit  pratiqué  parles  Grecs^  lorfqu'ils  vouloient 
témoigner  leur  refpeél  ou  leur  conlidération  pour 
celui  qui  arrivoit  dans  une  aflemblée.  Les  Grecs 
reunís  dans  Ies  théátres  d'Olympie  , fe  levérent 
pourfaire  honneuráThémiftocle.  (Paufan.  Arcad.') 
L'hymne  d’ApolIon  qui  porte  le  nom  d’Orphée  , 
dit  que  tous  Ies  Dieux  fe  levoient  á fon  arrivée 
fur  rOlympe. 

Les  Romains  en  agiíToient  de  méme.  Les 
chevaliers  avoient  coutume  de  fe  lever  lorfque 
Claude  enrroit  dans  les  fpeótacles.  {Suéton.)  Quin 
& fpeciaculis  adverüenti  Claudio  ajfurgere  folebant 
eqicites.  Virgile  ayant  recité  des  vers  au  peuple 
romain  aíTemblé  dans  le  chéátre  j tous  Ies  auáiteurs 
fe  levérent  5 & luí  témoignérent  autant  de  refpeél 
& de  ccnfidération  qudis  eh  marquoient  á Auguíle 
lu!-méme.  {^Auñ.  lio.  de  cauf.  corf.  eloq.  c IJ-)." 
Popiílus,  auditis  in  theatro  verfibus  VirgUii ,furre¡:it 
univerjus  , & forte  prefeniem  fpeAantemque  Eir- 
gilium  fe  veneratus  efl  quaf  Auguflum. 

■ Lorfqu’un  auteur  lifoit  en  particuüer  fes  pro- 
duétions  á quelques  amis , ils  luí  témoignoient 
leur  reconnoiffance  & leur  eílime  en  fe  levant , 
& méme  pluíieurs  fois  pendant  une  le&ure  5 té- 
iTioin  Martial  {x  , 10 , : 

Sapiits  ajfurgam  recitaati  carmina  ? tu  flas , 

Et  pariter  geminas  teñáis  in  ora  manas. 

C’eíl  pourquoi  Pline  fe  plaint  amérement  de  ce 
qu'á  la  iecture  qu’avoit  faite  de  fes  produclions 
un  de  fes  amis , les  auditeurs  ne  s'étoient  point 
leves  j pas  méme  pour  fe  délafíer  du  maíaife 
que  Ton  éprouve  en  reílant  long-temps  affis ; Non 
labra  diduxerunt , non.  moverunt  manum  , non.  df 
ñique  ajf.rrexerunt  faltem  lafltuaine  fedendi. 

A.SSUS , en  Éoüe.  assi  & acciqn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  viile  font: 

O.  en  or. 

ER.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Leurs  types  ordinaires  font.  un  griífon  aflis  5 
une  té-te  de  boeuf. 

Cette  viile  a faic  fraoper  , fous  Tautorité  de  fes 
préteurs  , des  médailles  imperiales  grecques  en 
1 honneur  d’Agripine  & de  Claude de  M.  Aurélc^ 
de  Commode  , de  Domna  , d’Alex.-Sévére. 

ASSYRíENS.  Ces  peuples  anciens  avoient  en 
^‘ojteur  les  poiíTons  & adoroient  Ies  colombes 
qu  ils  croyoient  étre  Carne  de  leur  reine  Sémi- 
ramjs.  Queloiies  - uns  d'eux  adoroient  le  feu , • 
cornme  Catteííe  Plutarque.  Ils  coupoient  leurs 
oátbes  dans  le  deail lorfqu'ils  aíEífoient  á des  j 


A S T 33J 

funéralUes  j & alors  ils  laiiToient  flotter  leurs 
cheveux  au  gré  des  vents. 

Pour  connoítre  leur  habillement , on  pourr» 
voir  la  ílatue  de  Sardanapale  , que  Winkelmann  3 
publiee  dans  fes  Monumenti  anticki  inediti.  Oíi 
fait  de  plus  que  leur  religión  défendoit  de  porter 
des  bátons  ddppui  ^ des  feeptres  , qui  ne  fuííént 
pas  furmontés  par  quelquq  objet  reís  que  des 
oifeaux  entiers  j & des  tetes  d’oifeaux^  &c.  Cette 
pratiqué  ell  egyptienne,  & on  la  retrouve  dans 
les  monumens  de  Perfépolis. 

Les  parfums  de  VAjfyrie  étoient  trés-recherebés 
des  RomainSj  qui  comprenoien^  fous  ce  nom  tous 
ceux  de  TOrient.  — Stace^  ( Tkeb.  6.  209.}: 

Nec  non  Ajfyrüs  pingtíefcunt  robora  fuccis^ 

Virgile.  {Eclog.  4.  2j.)  : 

Aífyrium  vulgo  nafeetur  amomumf, 

Martial.  {yiti.  epig.  77.  3.)  ; 

Si  fapis  , Ajfyrio  femper  tibí  crinis  amoma 
Splendeat. 

Horace.  (2.  od.  2^13.)'  : 

Cur  non.  ....  . . 

Elum  licet. , Aífyriáque  nardo 
Potamus  unñi  ? 

Catulle.  (Epig.  6c).  144.); 

t ragantem  AJfyrio  venit  odore  domum. 

^ Les  anciens  comprenoient  ordinairement  I3 
Fhénicie  & les  pays  adjacens  j fous  le  nom  gé- 
néral  á‘ Ajfjrie  ; c’eit  pourquoi  üs  ont  déíigné 
fouvent  fous  ce  méme  nom  la  poiirpre  de  Tyr 
& de  Sidon.  Virgile.  ( Georgic.  1.  463.  ) 

Alba  nec  Ajfyrio  fucatur  lana  veneno. 

Claudien.  (fe  raptu  Proferp.  Uv.  Z.  v. 

Ditibus  Ajfyrii  Jpumis  faf cantar  ake ni. 

ASTACES,  fleuve  du  Pont.  Pline;,  {l.i.c. 
103.  ) dit  que  les  jumens  qui  paiflent  fur  fes  ‘ 
bords  ont  du  lait  noir.  Ce  fait  mériteroir  d'étre 
vérifié  avant  que  d’étre  rejetéj  car  on -fait  cem- 
bien  la  variété  des  plantes  influe  fur  la  couleur 
& le  goút  du  lait  des  vaches. 

A S T A N D M.  Ce  mot  eíl  perfan  , ainfi  que 
rétabliífement  qu’il  défigne ; 8e  il  eíl  fynonyme 
á celui  á’Angari.  Cétoicnt  des  couriers  places  á 
diíFérentes  poíles  , pour  recevoir  les  paquets  & 
les  ordres  du  roí  de  Perfe  , & fe  les  tranfmettre 
fucceffivement  avec  une  viteíTe  extraordinaire. 
Darius  Codoman , cuífut  détróné  par  Alexandre  , 
avoic  été  afl-anda  darií  fa  leuneíTcj  felón  Piutaroue 
( de  fbrt.  Alex.  í.)  j & c’eít  de  lui  peut-étre  qu’a 


33^  A S T 

Toulu  parler  Juvénal,  ¿ans  ces  vcrs  de  fa  je.  fa- 
tyre  : 

Quales  ex  kumili  magna  ai  fafilgza  rerwn 
Ex  tollit , quoths  volidt  fortuna  jocari. 


ASTARTÉ,  divinité  des  peuples  de  Syriej 
fous  le  nom  de  laquelie  i!s  aáoroient  la  Lune. 
Aftarté  & Adonis  époux  régnérent  dans  la 
Syrie  , & aprés  leur  mort  ils  furent  mis  au  rpg 
des  Dieux.  Comme  on  croyoit , dans  les  premiers 
temps  5 que  Ies  ames  des  grands  hommes  alloient, 
aprés  leur  mort , habiter  dans  Ies  aftres  on  fei- 
gnit  de  croire  que  ceíle  de  ce  prince  & de  fon 
époufe  avoient  choiíi  le  Soieil  & la.  Lune  pour 
leur  demeure  , & on  les  honora  comme  ces  aítres 
eiix-méraes. 

Aírarté  étoit  ordtnairement  repréfentée  fous  la 
figure  d’une  femme,  qui  avoit  pour  coéfrure  une 
tete  de  bgeuf  avec  fes  comes  pour  marquer  le 
croiífanr  de  la  Lune.  Elle  étoit  principalement 
honorée  dans  la  ville  d’Kiérapoiis  de  Syrie  , oü 
elle  avoit  un  magnifique  temple,  & plus  de  trois 
cens  prétres  employés  au  foin  de  fes  auteis.  Le 
fouverain  pontife  étoit  vétu  de  pourpre  avec  une 
thiare  d°or.  On  facrifioit  dans  ce  temple  deux  fois 
le  jour , & ii  y avoit  des  fétes  oú  ces  facrifices 
fe  faifoient  avec  beaucoup  de  folemnité.  Foye:^ 
Byblos. 


Cicerón  croyoit  que  Vafiarti  des  Phéniciens 
étoit  une  des  quatre  Venus.  Suidas  penfoit  de 
méme.  Beger  & Bochart  ont  ajouté  que  c’étoit 
Vénus  armée,  oa  Venus  déeíTe  de  la  guerre;  & 
Paufanias , fur  Fautorité  duquel  ils  s’appuient, 
dit  que  les  Cythéréens , qui  Fadoroient  fous  cette 
figure  & fous  ce  nom  , avoient  re^u  ce  cuite  des 
Phéniciens.  Afané , felón  Luden , étoit  la  Lune , 
& Junon  chez  les  Carthaginois  , felón  St.  Au- 
guñin.  Au  relie  Bochart  croit  que  St.  Auguíiin 
avoit  puifé  cette  opinion  dans  Horace,  (/.  z.od.i.') 
& dans  Virgile,  {JEneii.  L i.  ij.) 

Les  peuples  adoraíeurs  ¿é Afané  lui  donnoient 
différentes  figures  & difrerens  attributs.  Les  Sido- 
niens  la  repréfentoient  fous  la  figure  d"une  pouxe 
qui  coüvre  fes  pouflins  de  fes  ailes.  U Afané 
Gont  parle  Cicerón  , portoit  en  Phénicie  un  car- 
quois  & des  fleches.  Chez  les  habitans  du  Mont- 
Liban  eiie  pleiiroit  la  mort  de  fon  cher  Adonis  : 
fatéte  étoit  voilée,  & des  larmes  couloient  de  fes 
yeux.  Les  Aífi/riens  rhabilloient  tanrót  en  homme 
& tantót  en  ’femrne  , á caufe  de  I’ambiguité  de 
genre  qu'offre  fon  nom  dans  Ies  langues  orientales : 
de-la  vient  que  fes  adorateurs  ne  pouvoient  pé- 
nétrer  dans  fon  temple  qu’aprés  avoir  changé 
d’habit , & pris  chacun  celui  du  fexe  différent.' 

Les  Mythoíogues  penfent  qn  Afané  efl,  fous 
différens  noms  , Vénus  ou  h'íylicta  des  Áfív'tiens  , 
Mitra  des  Perfes,  Ifis  des  Egyptiens , lo  & V énus- 
L'ranie  des  Grecs , la  grande  Déeífe  des  Syriens  , 
psrcsto  d'Afcalon  , peut-étre  méme  Diane^  &c. 


A S T 

■II  y a fur  Ies  médailles  de  Bérite  Se  de  Céfarés 
une  fémme  demi-nue  , ou  ayant  une  robe  re- 
trouíTée  , la  tete  couronnée  de  tours,  s'appu''ant 
d'une  main  fur  un  báton  croifé  par  le  haut^  re- 
nant  quelquefois  une  come  d'abondance  , placee 
fouvent  dans  un  temple , & ayant  auprés  d'eife 
une  victoire  debout  fur  un  cippe  qui  la  ccuronne. 
Les  Antiquaires  s'accordent  généralement  á la 
prendre  pour  Aflarté. 

Sur  une  médailied'EIagabale,  frappée  áSidon, 
on  voit  un  char  dont  la  couverture  cu  rimpériale 
eíl  foutenue  par  quatre  colonnes  furmontées  de 
rameaux  de  laurier.  Dans  le  char  eíl  une  femms 
aflife  , tenant  un  grand  bouclier  devant  elle.  On 
croic  que  les  prérres  de  Sidon  promenoient  Afané 
dans  un  femblable  char,  pour  amaíTer  de  Fargent. 

Le  P.  .Jobert  reconnoít  encore  pour  Afané  we 
femme  affife  fur  un  lion , qui  porte  en  main  la  fou- 
dre  , fur, les  médailles  de  Carthage.  ■ . 

ASTÉRIE,  foeur  de  Latone  ¡,  fui  aimée  de 
Júpiter , qui  prit  la  figure  d’un  aigle  pour  la 
trompar , & la  rendir  mere  d'Hercuie-Tyrien, 
Dans  la  fuire  ayanr  perdu  les  bonnes  graces  du 
Dieu  , & fuyant  fa  colére , elle  fut  ehangée  en 
caille,  & fe  retira  dans  une  iíle  de  lamer  Egée,  á 
laquelie  elle  donna  le  nom.  d'Ortygie , "opruí , caille. 
C’eíi  Fiíie  de  Délos  , qui  fut  cfabord  appelée  Or- 
tygie,  parce  que  c’eíl  dans  cette  iíle  qu'on  trouva 
les  premieres  cailles.  F'oye^  Délos.  Suivant  une 
autre  tradition  , Júpiter  ayant  celTé  d’aimer  Aíiérie, 
la  donna  en  mariage  á Pcrfée,  qui  la  rendir  mere 
d’Hécate.  Voy^ez  Mecate. 

Astérie,  filíe  d’Hydée  , fut  aimée  de  Bellé- 
rophon , qui  la  rendir  mere  d’un  fils  qu’clle 
nomma  Hydis  5 il  fut  le  fondateur  de  la  ville  d’Hy- 
diíiiis  en  Carie. 

Astérie,  .afierlus  lapls  ou  afierius , pierrc 
précieufe  des  anciens , qu’iis  ont  mal  décnte. 
Denys  Périégéte  dit  qu’elle  brille  comme  une 
étoile  , Sr  que  fon  feii  reíTemble  a la  flamtne  des 
lampes.  Pline  ajoute  a cette  defcription  í¡  vague  , 
que  Faílérie  reíTembloit  á la  prunelie  de  Fceil. 
.M.  Lehmann  décrit  dans  les  mémoires  de  FAca-- 
démie  de  .Berlín,  année  1734,  une  pierre  cryñal- 
lifée  íinguiiére  , qu'il  croi:  erre  Vaflérie  de  Pline- 
Mais  la  reíTemblance  que  le  Ñaruralfíie  romani  luí 
, trouveavec  la  prunelie,  la  doit  plutót  fiire  re- 
connoitre  pour  un  ceil  de  chut , ou  plutót  encore 
pour  le  girafól.  Au  reíle,  quelques  Minéralognles 
modernes  ont  don.ñé  Fave.nturine  pour  Y afáne  de 
Denys  Périégéte  , a caufe  de  fes  points  brillans. 
Nous  ne  croyons  pas  qiFüs  ayent  raifon , á carne 
de  la  defcription  de  Pline. 

ASTÉRION  , íieuve  du  pays  dÉÉ.rgos , fut 
pére  de  trois  filies,  nommées  Eubea  , Porfymíia 
& Acrela  , ou  A.crona,  qui  furent,  dit-on  , ¡es 
nourrices  de  Junon.  Dans  ce  fieuve  croiííoit 
herbe,  nommée  auífi  afiérion,  dont  on  fai.foit  des 
coaronnes  á la  Junon  d’ Argos.  y~oye:i  Ii^áchvs  t 
JüNON. 

ASTÉRIOÍ^-Í 


A S T 

Astérion  j de  la  race  des  Eacides , fot  un  [ 
des  Argonautes.  ; 

ASTÉRIUS , ñrére  de  NeRor , fot  un  des  Ar-  | 
gonautes.  j 

AstériuSj  petit-fiis  de  h Terre  , un  des  i 

Géans.  I 

ASTÉROPE  , une  des  Hiles  d'Atlas  , la  pre-  j 

miére  des  fept  écoiles  pnncipaies  <qui  compolent 
Íes  Pleiades.  Ovid.  {faft-  4-  ) 

ASTHÉMENES.  Foyer  Cratée. 

ASríANAX.  Voyei  Astyanax. 

ASTIGI dans  la  Boetique. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médaüles  impé- 
fiales  latines  j felón  le  P.  Hardouin. 

ASTIMÉDE  , feconde  femme  d’íEdipc  , per- 
fécuta'Ies  enfans  du  premier  lit  de  fon  mari ; 
& pour  'íes  fendfc  odieux  á leur  pére  ^ elle  les 
accufa  d’avoir  voulu  attenter  á fon  honneur  ; ce 
qiií  irrita  tellement  le  malheureux  (Edipe,  quil 
femplit  de  fang  fa  maifon  , felón  I’expreíEon  de 
Diodore.  Voye-^  (Edipe. 

ASTIOCHÉ  , filie  d'Aclor , n^vant  pu  réfiñer 
á la  forcé  du  Dieu  Mars , qui  la  furprit  dans  le 
palais  de  fon  pére , devint  mere  íílalmanas  8c 
Á‘  Afcalapke  , généraux  grecs  au  liége  de  Troye. 

A-STIoché,  filie  de  Philante  , ayant  été 
faite  captive  par  Herciile  dans  la  vallée  d’Ephyne 
en  Elide , fot  aimée  de  ce  héros^,  & en  eut  un  fils 
nommé  Tlépolime. 

Astioché  ou  Hiera  5 femme  de  TéléphuSj 
fils  d Hercule  , combattit  avec  fon  mari  contre  Ies 
Grecs  qui,  allant  au  fiége  de  Troye,  avoient  fait 
une  defeente  dans  fon  royaume , la  Myfie.  Elle  fot 
tuée  par  Nirée , le  plus  beau  des  Grecs  aprés 
Achille.  Une  páre  antique  du  barón  de  Stofeh  , 
offire  cette  reine  érendue  morte , & Nirée  debout 
contre  un  arbre , contemplant  avec  douleur  la 
faeauté  de  Phéroine  á laquelle  i!  a donné  la  mort. 
Philoñrate  en  a parlé  dans  fes  Héroiques , p.  dpo. 

Astioché,  filie  de  Priam,  femme  de  Télé- 
phe,  & mere  d'Eurypile,  eft  la  méme  que  Lao- 
oice. 

ASTIOCHUS  , vafe  rond  que  les  aíliégés 
rempliíToient  de  poix  fondue,  de  foufre  allumé 
& d’étoupes,  pour  les  v'erfer  fur  Ies  aíCégeans. 

( Héfychlus  ). 

ASTOMES,  peuples  fabuleux,  qui  n’avoient 
point  de  bouche,  Pline  les  place  aux  Indes,  8c 
d'autres  en  Afrique.  On  dit  que  ces  peuples 
croyoient  qif  il  étoit  honteiix  de  montrer  fa  bou- 
-che , & qu’ils  la  couvroient  foigneufement.  Leur 
nom  eft  compofé  de  Ya.  privatif  & de  Xtc^«  , 
bouche.  Peut-étre  qu’il  a fait  naítre  cette  riiicufo 
•Opinión. 

ASTRAB  A.  ■) 

AS  TRABE.  > Voye^  Etrier, 

a'xtpa'bh.  j 
Acazqukéf  ^ Tome  i. 


A S T 337 

ASXRA0.4LE,  . Les 

Grecs  & les  Romains  donnoient  ce  nom  á Pos  du 
talón  des  fiffipédes  ou  bétes  á pied  fourchu.  Les 
uns  & les  autres  employérent  ces  os  en  guiíe  de 
dés,  pour  jouer  au  jeu  que  nous  appelons  encorc 
les  oíielets  , & ils  leur  confervérent  dans  ce  fens 
leur  nom  propre  Üafiragale. 

ASTRAGALIZONTES , les  joueurs  d’oíTe- 
lets.  Pline  appelle  de  ce  nom  un  groupe  célebre 
dans  Pantiquité , fait  par  le  fculpteur  Polycléte. 
Winkelmann  a cru  en  reconnoitre  une  copie  au 
palais  Barberini.  On  y voit  un  enfant-qui  mord  le 
bras  d’une  autre  figure,  détruire  par  le  tcm.s,  & 
qu’il  tíent  avec  fes  deax  máins.  Le  fav'ant  anti- 
quaire  avoit  défefpéré  long  - tems  de  pouvoir 
expliquer  un  fujet  aulfi  bizarre  en  apparence , 
lorfque  le  hafard  luí  fit  appercevoir  un  oífelet 
dans  la  main  qui  appartient  au  bras  mordu.  Cet 
aftragale  luí  rappeía  fur  le  champ  le  fameux  groupe 
de  Polycléte. 

Si  Pon  vouloit  déterminer  avec  plus  de  pré- 
cifion  le  fujet  des  aflragali^ontes , on  pourroit  y 
reconnoitre Patrocle , l amí  d’Achille,  qui,  ayant 
eu  une  difpute  pendant  fon  enfance  au  jeu  d'oíTe- 
lets,  tua  involontairement  fon  camarade  Chryfo- 
nymus.  Avollodore  {Bibl.  1.  p.  Il6.  6). 

ASTRAGALOMANTIE,divination  ou  efpéce 
de  fort  qui  fe  pratiquoit  avec  des  oíTelets , fue 
lefquels  on  inferivoit  les  lettres  de  Palphabet.  Oa 
les  jetoit  au  hafard,  & des  lettres  qui  réfukqient 
du  coup  on  formo it  la  réponfe.  C'eft  ainíi  que 
Pon  confukoit  Hercule  Buraique  dans  fa  cáveme, 
felón  Paufanias  ( Arcad. ) , & Gérion  á la  fon- 
taine  dApone.  Le  nom  de  cette  divination  étoit 
compofé  áyosXoí  , ojjelet,  8c  de  juavreía  , divi- 

nation. 

Lorfqu’on  fe  fervoit  de  des  aa  lieu  d'oíTelets , 
elle  s’appeloit  Cubomantie ¡ de  x-Ims-,  dé^ 

ASTRÉE,  filie  áLAftreus  & de  Tkémis,  étoit 
regardée  comme  ladéeíTe  de  la  Juftice.  Elle  habka 
fur  la  terre  tant  que  dura  Páge  d'or;  mais  Ies 
crim,es  des  humains  Pen  ayant  chaffée,  elle  re- 
tourna  au  ciel , & fe  píaqa  dans  le  figne  de  la 
Vierge.  Virgile  dit  qu' ayant  été  d'abord  exilée 
des  villes,  elle  s'étoit  retirée  á la  campagne  parmi 
Ies  laboureurs,  oú  elle  troava  un  afyle,  mais  qui 
ne  fot  pas  de  longue  d.:rée.  On  la  peignoit , dit 
Aulugelíe  , fous  la  figure  d’une  vierge  qui  avoit 
un  regard  formidable  : la  tníteífe  qui  paroiffoit 
dans  fes  yeux,  n’avoit  ríen  de  bas  ni  de  farou- 
che;  elle  confervoit,  avec  un  air  íevere,  beau- 
coup  de  dignité.  Elle  tenoit  une  balance  d une 
main  , & une  épée  de  Pautre.  Qn  la  confond 
fouvent  avecThémis,  qui  eft  auífi  la  déeííé  de  li 
Juftice.  V^oye^  Thémis,  Justice. 

1ASTRES.  La  plus  ancienne  Mythologie  dont 
Phiftoire  ait  conferv'é  le  fouvenir,  eft  celie  des 
Egyptiens.  Nous  ne  faifons  point  mention  des 
ÍjjiliensSc  des  Chinois, parce  que  Ies  opinions  des- 

y y 


33 


S 


A S T 


favans  foftt  partagéesaleur  fujet.  Les  afires  £urztit 
Ies  premiers  objets  da  cuite  des  habitans  de  FE- 
gypte.  Diodore  de  Sicile  {liv.  i.)  Fattefte  for- 
meilement.  ce  Les  plus  anciens  habitans  de  FEgypte 
ayant  contemplé  Fefpace  qui  étoit  au-deíTus  de 
íeurs  tetes  ^ & examiné  avec  admiration  la  firuc- 
ture  de  Funivers,  créérent  d'abord  deux  divinités 
principales  & éternelles^  le  Soleil  & la  Lune^ 
qudls  déíignérent  fens  Ies  nonas  d^Oíiris  & ddlis... 
ils  croyent  que  ces  divinités  gouvernent  le  monde 
doanent  á toutes  chofes  la  nourriture  & Faccroif- 
ment....;  que  la  nature  de  ces  divinités  influe 
beaucoup  fur  la  produétion  de  toutes  chofes.... ; 
de  maniere  que  la  nature  entiére  eft  renfermée 

. potentiellement  dans  le  foleil  & la  lune » 

Eüfébe  parle  le  méme  langage  (Prap.  Evang.  l.  3.) 

EgyptienS:,  dit-il  ^ ont  attribué  au  foleil 
íeuí  ia  formation  de  Funivers.  Ils  reconnurent  les 
afires  pour  h feule  caufe  prodd^iye~du  monde, 
faifant  dépen'dre  ainíi  toutes  chofes  de  la  néceíiité 
du.  deñin  & des  monvemens  des  corps  céleftes. 
Cette  croyance  eíl  encore  en  vigueur  parmi  eux.’= 
Sextus  Etnpiricus  l^íatkem.')  eít  encore  plus 
expreífif.  « Les  Chaldéens , dit-il , regardent  le 
foleil  & la  lime  comme  les  afires  princjpaux  5 & 
ils  n'accordent  aux  cinq  autres  plañeres  qu'une 
moindre  infiuence  far  les  événemens  fublunaires. 
C’eft  pourqxioi  les  Egyptiens  comparent  le  foleil 
a un  roi  Ser  á l’ceil  droit  5 ia  lune  á une  reine  & 
a Fceil  gauche ; les  cinq  autres  plañeres  á Ieurs 
gardes  ou  fatelíites  ^ & le  teñe'  des  étoiles  au 
peuple.  » 

Le  premier  cuite  des  Egyptiens  eut  tellement 
pour  objet  les  afsres , & en  particulier  le  foleil 
& h lune  j que  Ieurs  plus  anciennes  fétes  fe  célé- 
broient  co.níhimment  aux  nouvelles  lunes  ou  néo- 
rnéniesj  aux  pleines  luneSj  aux  folílices  & aux 
e.quinoxes.  Les  Péiafges  ou  premiers  Grecs,  en 
auoprant  ie  cuite  des  Egj/ptiens  que  leur  commu- 
rnq-aerent  avec  beaucoup  d'altération  Ies  Phéni- 
ciens,^confen'erent  des’ traces  trés-feníibles  de 
cette  Mytkoiogie  arrronomique.  fzuCznhs [Lacón.) 
anure  qudl  avoit  vu  en  Laconie  fipt  colonms , 
monumens  de  V a-,uien  cuite  , que  les  habitans  lui 
dirent  erre  Fembléme  des  fept  plañeres.  Dans  le 
Cratyie  , Platón  dit  expreíTément  que  les  premiers 
-¡aldtans  de  la  Gréce  & la  plupart  .des  peuples 
barbares  avoient  commencé  par  adorar  le  foleü 
la  lune,  afires , le  ciel  & la  terre..  De-lá  vint 
íans  doute  le  refpeéi:  & la  vénération  que  les 
Orientaux  eurent  toulours  pour  le  nombre  de 
ieprj  pour  les  fept  cabires,  parexemple,  &c. 

Lorfque  la  progreíTion  des  tenis  & des  con- 
íioiffances  eut  rendu  ce  rerpeft  materiel  pour  les 
c/rríj  trop  familier  aux  Egyptiens,  ils  créérent 
o.es  oieux  cu  des  génies  prépofés  a la  garde  & 
a Ja  conduite  des  plañeres,  ils  confacrérent  plii- 
-leurs  ai.res  á la  méme  divinité  : Ifis  prélidoit  aux 
mouvemens  de  la  Lune,  & Siiius  ou  la  Canicule , 
«.tojí  encore  de  fon  départemeat.  Les.phénoméncs 


A S T 

aílronoir.iques  partagérent  auffi.  Ia  véncratbn  d^'s 
Egyptiens,  & ils  djviférent  les  levers,  les  cou- 
cners , les  conjoactions  & les  oppoíitions  des 
afires.  C'eñ  ce  fyíléme  mytho-aftrdr.ornique  q’u- 
írl.  Dupuis,  profeíTeur  du  collége  de  Lkieux" 
développe  avec  tant  d'efprit  & de  goút,  & que 
nous  expoferons  d’aprés'  lui  dans  pluíieurs  articles 
de  ce  Diclionnaire. 

ASTRÉUS,  un  des  Géans  ou  Titans  qui  firent 
ia  guerre  á Júpiter;  il  devint  amoureux  de  l'Au- 
rore , & la  rendir  mere  des  Vents  & des  Afires, 
Voyer^  BoRÉE. 

ASTR.ÉUS.  F'oyei  Eurybie, 

ASTROBACUS  , un  des  héros  de  la  Gréce  , 
a qui  on  avoit  élevé  des  monumens  héroiques. 

ASTROLOGIE.  Cet  arricie  appartient  aii 
Diéiionnaire  de  la  Fhilofophie  ancienne. 

ASTURICA,  dans  FEfpagne. 

Col.  AST.  augusta.  Colonia  Afiurka  Alt- 

gufia. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médaüles  latines 
en  Fhonneur  d'Augufie. 

A'^^TT,  ville.  Les  Grecs  déíignoient  Athénes 
par  ce  mot  générique ; & les  Romains  les  imC 
térent , en  appelant  Rt>me , Vrbs. 

ASTIANAX,  fiis  unique  d'Heclor  & d’An- 
dromaque , donna  de  Fombrage  aux  Grecs  au 
milieu  de  Ieurs  victoires  , quciqiFil  ne  fíit  en- 
core qu'un  enfanr.  Ils  firent  annoncer  par  le  devin 
Calchas,  que  íi  cet  enfant  devenoit  gra.nd,  il  ne 
manqueroit  pas  de  venger  la  mort  de  fon  pére  , 
& qu'ü  fercit  méme  d’us  courageux  que  Ir.i ; quhí 
falloit  done  ie  faire  niourir  a-u  - plutót.  Andró- 
maque  prit  grand  foin  de  le  cacher ; mais  UíyíTe 
le  découvrit , & ie  fit  précipiter  du  haiit  des  mu- 
radles de  Trove.  Quelques  auteurs  attribuent  cette 
cruauté  á Ménélas ; d’aütres  á Pyrrhus  feul,  fans 
dire  que  les  Grecs  ou  Calchas  I’euíTent  jugée  né- 
ceíTaire.  Eurypide  , dans  ñt  tragédie  desTroyenS;, 
a pris  pour  principale  intrigue  , la  m.ort  á‘Afi 
tyanax. 

Ráeme  le  fait  vívre  plus  long-tems;  il  fuppofe 
oyx  Afiyanax  fuivit  fa  mere  en  Epire  , & que 
Pyrrhus,  en  époufant  Andromaaue,  prit  le  6js 
d Heélor  fous  fa  proteólion.  Mais,  comme  ilie 
dit  lui-méme , « il  écrivoit  dans  un  pays  oú  cette 
liberté  ne  pouvoir  pas  étre  mal  reque  ; car , fans 
parler  de  Ronfard,  qui  a choili  ce  méme  Afiyanax 
pour  le  héros  de  fa  Franciade,  qui  ne  fait  que 
1 on  fait  defeendre  nos  anciens  rois  de  ce  fils 
d'Hedlor;  & que  nos  vieilles  ehroniques  fauvent 
la  víe  á ce  jeune  prince , aprés  la  défolation  de 
fon  pays , pour  en  faire  le  foiKiateur  de  norte 
monarchie  f » Afiyanax  fut  auíü  nomme  Sca- 
mander. 

ASTYDAMÍE,  filie  íFAmintor,  & mere  de 
Lépréas  , un  des  ennemis  d'HercuIe  , fut  aimée 
de  ce  héros  j & reconcilia  fon  fils  avec  lui ; e-e 


A S T 

sa  out  an  fils^  nomaié  Eréfipc.  yoye?  LórS-éAS. 

Astydamie  , femme  d’Acafte.  Pei-í-'^- 

ASTYLE,  cievin  qui  fe  trouva  aa  combar  des 
Lapiihes  & des  Centaures , & pnt  la  lUite. 

ÁSTYMÉDE.  T^ayei  Astimede- 

ASTYOCHÉ;,  une  des  filies  de  Niobé.  EYye? 
Niobé. 

Astycché  , filie  de  Philante.  T.  Astioché. 

ASTYNOME,  fd!e  de  Chryféis.  T.  Ckry- 
SÉIS.  _ 

Astynomes  étoient  des  magiítrats  a Atnenes , 
prépofés  á finfpedtion  des  rup.  lis  étoient  cnar- 
gésj  pour  cet  objetj  des  mérnes  détails  que 
voyers  modernes.  Leur  infpeélion  s etendoit  auiii 
fur  les  joueurs  d'inñrumens  & fu_r  ¡es  bouffons 
(rSi  K«í!-ooAíVfflv).  Les  aftynomes  étoient  a Atnenes 
Ies  mérnes  magiflrats  que  Fon  appeloit  á Rome 
Ediles  plébéíens.  _ 

Ariftote  3 cité  par  Harpocration , dit  qu  ns 
étoient  dix ; cinq  pour  la  ville , & cinq  pour  le 
Pirée.  aVí'sí.ksí  eft  compofé  dAs-a^  ville,  & ee 

On  volt  dans  Démofthéneí  que  I on  ne  pouvoit 
jamais  écre  deux  fois  aftynome. 

ASTYOCHUS3  fils  a ¿ole  , le  dieu  des  Vents, 
régna  aprés  fon  pére  fur  les  ifles  de  Lipari , qu  il 
appela  Eoliennes , du  nom  de  fon  pére. 

’aSTYOInE,  c’eñ  le  nom  de  la  bella  Chryféis, 
filie  de  Chryfés,  grand-prétre  d'Apollon.  Voye^ 
ChRYSÉISj 

ASTYP ALTEES 3 furnom  d’ Apollen,  á caufe 
d’un  temple  qufil  avoit  dans  l'ifle  d’Afiypaiee , 
une  des  Cyclades. 

ASTYPALEA,  iíle.  ASTrnAAAiEn?r. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ifle  font: 

RRR.  en  bronze.  {Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  argent.  . . ; 

On  a frappé  dans  cette  ifle  des  médailles  impe- 
riales grecques  en  Fhonneur  de  Libére  : ce  font 
les  mérnes  que  les  autonomes  ci-deíTus ; le  nom 
du  prince  n’y  eíl:  pas. 

ÁSTYPALÉE  3 filie  de  Pheenix,  eiit  de  Nep- 
tune  Ancée.  V.  Añcée. 

ASTYRA  3 dans  Fifle  de  Rhodes.  asttpa. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ASTYRE,  dans  la  Myfie.  AcTYFHNEnN. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales grecques  en  Fhonneur  d’Antoniu. 

ASTYRÉNA  ; gYR  un  noin  cu°on  donnoit  a 
Diane  , & cui  venoit  d’Aftyra , ville  de  la  Myfie  , 
dans  laqueile  cette  déefie  avoit  un  bois  facré. 

ATABYRIEN , furnom  que  les  Rhodiens  don* 


ATA  359 

ncíent  á Júpiter.  lis  luí  avoient  érigé,  fous  ce 
nom,  un  temple  qui  devint  fameux.  II  y avoit 
des  taureaux  d'airainqui,  difoit-on,  avertifibient, 
par  des  mugiífemens , quand  il  devoit  arriver 
quelque  malheur.  Atabyria  étoit  Fancien  nom  de 
Fiñe  de  Rhodes  : de-lá  vint  le  nom  ¿l  Atabyrien 
donné  á .Júpiter. 

ATAEYRIUM,  en  Sicile.  A.  & at.  en  mono- 


gramm.e. 

Hanter  poiTédoit  une  médaiile  autonome  d"ar- 
gent  & trois  de  bronze  avec  ces  monogrammes  , . 
que  M.  Combe  attribue  á Atabyrium ; mais  Fon- 
trouve  auífi  ce  monogramme  fur  une  médaiile 
dCAntioche  de  Syrie ; ce  qui  doit  lui  faire  reñituer 
les  prétendues  médailles  ¿l  Atahyrium. 

ATALANTE.  Quoique  les  auteurs  ne  foient 
pas  d’accord  fur  la  perfonne  qui  a porte  ce  nona, 
il  paroit  qiFon  peut  les  concilier , en  diftinguant 
deux  Atalantes. 

L'une  étoit  filie  de  Schanée  , &^petite-fille 
dCAthamas,  que  fes  malheurs  obligérent  de^fe 
retirer  dans  un  cantón  reculé  de  la  Béotie  , ou  il 
bátit  une  petite  ville  de  fon  nom.  V . Athamas. 
Ce  fut-la  que  naquit  Atalante , la  plus  belle  prin- 
ceíTe  de  fon  tems.  Etanr  allée  un  jour  confultec 
Foracle  fur  le  choix  d^un  epoux,  elle  en^  requt 
cette  réponfe  ; V^ous  ne  dzve\  pcin.t  fonger  a l ky~ 
men  ; il  vous  fera  fatal  ; vous  devez^  le  fair  : car, 
pour  ne  V avoir  pas  ¿vité  , vous  aure'^  , quMque 


vivante , le  malheur  de  n itre  plus  ce  que  vous^  etie-;^ 
auparavant.  Effrayée  de  cette  reponfe , elle  ne 
penfa  plus  au  mariage,  & réfolut  de  paíTer  fa  vic 
á la  chaíTe  dans  les  foréts.  Pour  fe  déiivrer  de 
la  foule  d’amans  qui  Fimportunoient,  elle  leur 
propofa  dYpoufer  ’celui  qui  la  furpafferoit  á la 
conrfe,  á condition  qu’elle  feroit  mourir^ceux 
qui  feroient  vaincus  dans  cet  exercice,  oú  elle 


excelloit. 

Kippoméne  , cnFApollodore  nomme  Méia- 
nion,  fils  de  Mégarée,  fils  de  Neptune  , (VoyeT;^ 
Hippoméne.)  épris  des  áizxmzí,  & Atalante , fe 
préfenta  pour  cóurir  avec  elle.  Mais  fe  défiani; 
de  fon  agilité,  i!  eut  recours  á' Venus,  qui,  fans 
fe  feire  voir,  lui  remic  trois  pommes  d’or.  Les 
ims,  comme  Ovide , difent  quYUe  les  avoit  cueil- 
lies  dans  Filie  de  Chypre;  Tamadere.) 

d'autres  racontent  qu  elle  Ies  avoit  cueiliies  aans 
le iardin  des Hefpérides.  Quoi qui!  en foit.  Venus 
aporit  á Hippoméne'Fufage  qu’il  devoit  faire  de 
ces  pomnies.  Pendint  I3.  courfe  :>  í^uand 
voyoit  prés  d’étre  devaneé  par  Atalante,  il  laiíToit 
tomber  une  de  ces  pommes  5 atarée  par  le  pnx 
du  méta! , elle  la  tamaíToir.  Par  ce  retardement 
trois  fois  répété,  elle  donna  le  tems  a fon  amane 
d’-attteindre  le  but  avant  elle  , & A..t alant e 
le  prix  de  <a  vicioire.  Hippomene,  aprés  ce  bien- 
fai-  oiiMia  de  rendre  grace  á Vénus  par  des 
facrifices.  Pour  fe  vengar  d’un  mépris  fi  outra-^ 
®eant,  la  déeiTe  le  pouíla  a profanar  le  temple  de 
Cvbéle.  La  mere  des  dieux,  pour  fe  venger  de 
^ Y ij 


340 


ATE 


cet  outrage  j changea  Hippoménc  en  lionj  -&  Pia- 
lante en  lionne.  C eíl  ciepuis  ce  tems  c^iis  ces 
animaux  feroces  font  attei’és  au  char  de  Cybéle , 
& dóciles  a fa  voix.  Ainíi  s’accomplit  Toracle 
qui  avoit  defendu  á Atalante  de  prendre  un 
mari. 

On  a raconte  autrement  rhíftoire  de  la  méine 
Atalante.^  On  a dit  qu'elíe  étoit  filie  d’un  certain 
Jafus  , d autres  de  Ménalus;  & que  fon  pére  j ne 
voulant  avoir  que  des  enfans  males , la  fit  expofer 
dans  un  lieu  aefert.  Une  ourfe  la  trouva  & f aliaita^ 
jufqu  a ce  que  des  chafíeurs  Temporiérent  & Féle- 
verent  chez  eux.  Devenue  grande  ^ elle  fe  donna 
toute  entiere  a la  chaíTe & eut  toujours  grand 
foin  de  garder  fa  virginité.  Elle  tua  á coiips  de 
fleches  deux  Centauros , qui  vouloient  lui  faire 
violence.  Atalante  fe  trouva  aux  jeux  inílitués  en 
1 honneur  de  Pélias^  lutta  contre  Pelée,  & rem- 
porta  le^  prix.  Elle  retrouva  depuis  fes  parens  5 
& fon  pere  la  preíTant  de  fe  marier , elle  n'y  con- 
fentit  qii  aux  cond:tions  dont  on  a parlé  plus  haut. 
Menalion  fe  préfenta , & fut  vainqueur  par  le 
ftcours  des  pommes  de  Vénus.  Les  deux  époux 
lurent  changés  en  lions , pour  avoir  profané  le 
temple  de  Jüp:rer.  Avant  ce  maíheur.  Atalante 
avoít  ea  de  Ménalion , d'autres  difent  de  Jríars, 

^9  /,  Parthénopée  , qui  fit  la  guerre  aux 

i heoains. 

La  feconde  Atalante  efl:  celle  qui  fe  trouva  á la 
chañe  du  fanglier  de  Calydon,  & qui,  par  la 
preference  que  lui  donna  Méiéagre , fut  la  caufe 
innocente  des  malheurs  qui  fuivirent  cette  chaíTe. 
r oye^  MeLEAGRE. 

,Ón  trouve  dans  la  colleélion  des  pierres  gra- 
vees du  barón  de  Stofeh,  Atalante  repréfentée 
dans  fa^courfe.  Ce  fujet  a plu  aux  anciens  artiftes, 
car  lis  i'ont  repété  plufieurs  fois. 

ATARBÉCHIS  fignifie  , en  langue  cophte  , 
Egyptiens  , viile  de  Vénus 
Apkroditopolis.  Car,  felón  Jablonski , aV;.  , 

. ou  plutot  comme  Pécrit  Orion,  A’&¿f  eft  Vénus, 
cc  baki  veut  dire  ville. 

ALARGA TIS.  Voye^  Atergatis, 

ATARNEA , en  Myfie.  ■ ATAP. 

autonomes  de  cette  vilIe  font : 
KKKK.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ATE,  mal,  injuflke,  filie  de  Júpiter, 

ne  penfoit  qu  a faire  du  mal  5 elle  troubloit  fef- 
prit  d«  hommes  pour  les  précipiter  dans  le  mal- 
neur.  Devenue  odieufe  aux  dieux  & aux  hommes, 
Júpiter  la  faifit  par  les  cheveux , la  précipita  du 
aut  des  cieux,  & fit  ferment  queUe  nV  rert- 
s’empara  alors  des  aífaires  hu- 
aver  parcourt  toute  la  terre 

^ t,  incropable , marche  fur  la  tete 

íut  Cp  faifant  tout  le  mal  qu  elle 

P®  • Frieres,  (A/r«¡)  fesfoeurs,  filies  de 


ATE] 

ATE'. 


ATE 

Júpiter  comme  ene,  vont  toujours  apréc  elle 
pour  corriger,_autant  qufii  eft  en  leur''  pdu! 
voir,  le  mal  qu’elle  fait;  mais  étant  boiteufes 
elies  vont  beaucoup  plus  lentement  qiiVré.  Cette 
fable  allégorique  eft  d'Homére  5 & ce  feroit  la 
gater,que  de ftexpliquer.  Foyei  Frieres,  Dis- 
corde. 

ELE.  7 

'AFTA  í appeloit  á Athénes  Ateles, 
,AEiA.  y ceux  qui  étoient  exempts  de  la 
pmpart  des  impofitions,  & AríMia  cette  exemp- 
tipn.  Elle  n'étoit  pas  entiere ; car  perfonne  n'étoit 
difpenfé  de  contribuer  aux  frais  des  guerres;  & 
les  noyemvirs  feuls  étoient  exempts  de  Fimpot 
deftiné  á la  conítruéiion  des  trirémes.  Au  refte 
on  trouve  un  petit  nombre  d'exemples  de  cette 
diftiniftion  honorable , entre  lefquels  on  remarque 
les  defeendans  d’Harmodius  & dAriñogiton,  qui 
en  jouirent  pendant  plufieurs  fiécles.  Voyez  Dé- 
mofthéne  {in  Leptinem)  & fes  interpretes. 

AT£LL,ANES  , piéces  de  théátre  en  ufage  chez 
les  Roroains,  & qui  reíTembloient  aux  piéces 
fatyriques  des  Grecs,  non  - feulement  pour  le 
choix  des  fujets,  mais  encore  par  le  caraéitre  des 
aéieurs,  des  danfes  & de  la  mufique.  Diomede  , 

( lib.  3.)  Aprés  avoir  été  long-tems  en  vigueur 
pendant  la  république  , elles  lefurenr  éncorefous 
les  empereurs. 

On  les  appeloit  ainfi  ¿lAtella , ville  du  pays 
des  Ofques,  ancien  peaple  du  Latium,  oü  elles 
avoient  pris  naiíTance , & d’oü  elles  paíTérent 
bientót  á Rome.  Les  perfonnages  de  ces  piéces 
confervérent  le  jargon  des  Ofques , comme  les 
afteurs  des  comédies  italiennes  parlent  chacun  le 
jargon  des  pays  d oú  ils  font  cenfés  avoir  été 
tires  ; arlequín  , celui  de  Bergame ; Pantalón , de 
\ enife  5 le  doéleur,  deBologne,  &c. 

Quoique  les  atellanes  euííent  de  grands  rap- 
ports  avec  les  piéces  fatyriques  grecques,  elles 
n’y  reffembloient  cependant  pas  en  tout  Les 
perfonnages  des  premieres  étoient  toujsurs  des 
fatyres  ou  des  gens  ruftiques  , auífi  grofliers 
qu  eux  ; tels  qu’un  certain  Autolycus  & Burris: 
ceux  des  atellanes  étoient  ofques,  & portoient 
les  noms  uíltés  chez  ces  petiples  du  Latium , tels 
que  celui  de  Maccus. 

Ces  piéces  étoient  ordinairement  eomiques, 
mais  non  pas  abfolument  ni  exclufivement  á tout 
fujet  noble  ou  ferieux  : c'étoient  quelquefois  des 
paftorales  héroiques , comme  celles  des  amours 
de  Páris  & d^CEnone,  dont  parle  Suétone  dans 
la  vie  de  Dominen.  D'aucres  fois , c'étoit  un 
mélange  bizarra  de  tragique  Se  de  comique.  Ep 
un  mor , les  atellanes  étoient  un  tiffu  de  plai- 
fanteries  & de  bons-mots.  Mais  ÍI  ne  faut  pas  les 
confondre  avec  ces  groílréres  fatyres  & ces  bouf- 
fonneries  obfcénes,que  les  Larins  appeloient  earu- 
Aa  & mimi. 

Les  exodia  étoient  des  entrées  fatyriques , p^r 
lefquclles  on  terminoit  & Fon  coupoit  ráeme  les 


ATE 

tragcájes aSn  de  fécher  Jes  larmcs  qu’elles  fai ' ' 
Ibienr  répandre  aux  fpeñatears.  Dans  les  ; 

lañes  , au  contraire  , en  fuu’^t  un  fujet  dans  ; 
toute  fon  étendiie , & en  le  divífoit  en  pluíjeurs 
adtes.  Uáteilane  méme  étoit  entre-nielee  d £X'o- 
dia , ou  plutót  on  donnoit  ce  nom  á quelques- 
unes  de  fes  fcénes. 

Quant  aux  mimes , leur  difference  avec  les 
atellanes  étoit  encore  plus  feníible.  D aborda  les 
mimes  étoient  des  farces  obfeénes , ecrires  dans 
le  langage  ordinaire  des  Romains.  lis  ne  faifoient 
le  plaiíir  que  de  la  populace.  Les  atellanes , au 
contraire  ^ confervoient , malgré  leur  idióme  grof- 
£er , une  forte  de  décence ; leurs  bons  - mets 
ne  choquoient  point  ouverrement  les  bienféances 
ni  les  moeurs  : de  forte  que  les  Romains  les  plus 
fpirituels,  les  mieux  polis,  & de  la  plus  haute 
extraítion  , en  faifoient  leur  paíTe-tems , & méme 
en  étoient  les  adleurs.  Les  atellanes  cependant. 
ne  fe  continrent  pas  toujours  dans  les  bornes  de 
la  bienféance  qui  les  avoit  caradiérifées  d'abord ; 
elles  devinrent  fi  licencieufes  & fi  impudentes, 
que  le  fénat  fut  obligó  de  les  fupprimer. 

Les  Romains  les  plus  diflingués  fe  permettoient 
d’autant  plus  volontiers  cet  amufement , que  les 
loix  par  lefquelles  les  adteurs  qui  jouoient  les  tra- 
gédies  ou  les  comedies  étoient  rayes  de  leur 
tribu , & déclarés  incapables  de  porter  les  armes , 
ne  s’étendoient  pas  jufqu’aux  atellanes.  Les  ac- 
teurs  de  ces  derniéres  n’étoient  point  obligés 
d’óter  leur  mafque,  ou  de  fe  dépouiller  de  leur 
habit  de  caradtére,  perfonam  ponere , lorfqu’iis 
déplaifoient  au  public , comme  il  étoit  d’ufage 
fur  les  autres  théátres.  Feftus  {in  Perfonata). 

ATELLANI  ¡ adteurs  des  atellanes,  Voye'^ 
la  fin  de  l’article  Atellanes.  Les  plus  célebres 
furent  Nonius  , Pomponius  & Mummius , qui 
donna  un  nouveau  luftre  á ces  piéces  comiques. 

ATER.  f color)  Les  Romains  diñinguoicnt 
la  couleur  noire  proprement  dite,  color  ater, 
de  la  couleur  maron-foncé  , telle  que  celle  des 
yeux,  appelés  improprement  noirs  ¡ color  niger. 

Color  ater , étoit  le  noir-plein , comme  la  cou- 
leur du  charbon.  Térence,  (^Aielph.  v.  3.  63.)  : 

Edm  excoñam  reddam  atque  atram  , qudm  eji  carho, 

De-!á  vint  á cette  couleur  le  furnotn  antkracinus  , 
'¿aritrax,  charbon. 

ATERGATÍS,  eñ  le  véritable  nom  de  la 
divinité  que  les  uns  appellent  Adargatis , & les 
autres  Atergatis.  Si  fon  en  croit  Strabon  , c’eíl 
le  nom  corrompa  parles  Grecs,  de  la  déefle  que 
les  Syriens  appeloient  en  leur  langue  Athara.  Ce 
géographe  remarque  auffi  que  Ctéfius  l’a  cor- 
rompa d'une  autre  maniere,  par  celui  de  Dercéto. 
Athara  , ou , comme  f écrit  Juftin  , Atharés  , étoit 
la  femme  du  premier  roi  des  Syriens.  Aprés  fa 
mon,  fon  fépulcre  devim  un  temple,  & elle  y 


A T H 341 

fut  honorée  du  cuite  ¡e  pías  religieux.  On  la  re- 
préfentoit  feus  la  figure  d^’une  femme  dont  le 
corps  fe  terminoit  en  poiíTon  Elle  étoit  ornee 
de  rayons  tournés  vers  le  ciel,  & accompagnée  de 
lions  places  á fes  pieds. 

Suivant  Antipater,  philofopheíto’icien  deTarfe, 
auteur  d'un  Traité  de  la  faperílition , Atergatis 
étoit  un  mot  compofé  d’«T£(>,  qui  fignifie  fans,  & 
du  nom  propre  Gatis  ^ qui  étoit,  difoit-il,  celui 
d^une  reine  Syrienne , qui , aimant  extraordinai- 
rement  le  poiíTón  , défendit  á fes  fujets  d’en 
manger  fans  elle  5 aVe»  yÍTthn  , fans  Gatis.  Les 
Syriens , á ce  q4on  aíTure , ne  mangeoienr  point 
de  poiíTon.  On  en  peut  voir  une  raifon  á Tarticle 
Dercéto  ; en  voici  une  autre  qu  en  donnoit 
Xantus , hiílorien  de  Lydie.  Atergatis  fat  prife 
avec  fon  ffls  Jehthys  par  Mopfus,  roi  de  Lydie. 
II  les  fit  toas  les  deux  noyer  dans  un  lac  qui  eft 
auprés  d'Afcalon,  oú  les  poiíTons  les  dévorérent} 
& de-Iá  vint  Thorreur  que  les  Syriens  congurent 
pour  cette  forte  d’aliment.  V oyeq_  AstartÉ  , 
Dercéto. 

ATEüLA.  Voyes^  Attila. 

ATHALANTE,  Foye^  Atalante. 

ATHALARIC  , roí  -dltalie. 

AtHALARIGUS  RRXa 

Ses  médailles  font : 

O.  en  or  Se  en  argent. 

R.  en  P.  B.  On  y voit  d’un  cote  un  téte  qui 
repréfente  Rome , & de  Tautre  íe  nom  ¿Atha- 
laric.  RR.  au  revers  Atkalaric  debout. 

On  trouve  fon  nom  au  revers  de  plufieurs  mé- 
dailles d'argent  des  empereurs  Juñin  1 8c  Jufti- 
nien.  Elles  font  ; RRR. 

ATHAMANES , en  yEtolie.  a©aman. 

M.  Pellerin  a pubüé  «ne  médaille  autonome  de 
bronze  de  ce  peuple.  11  tfy  en  a point  en  or  ni 
en  argent. 

ATHAMAS , fiis  d’EoIe , & arriére-petit-fils 
de  Deucalion,  étoit  roi  de  Thébes  : il  eut  trois 
femmes;  Thémiífo  , filie  d’Hirféns;  Ino,  filie  de 
Cadmus;  & Néphélé.  íl  eft  aíTez  difncüe  de  fixer 
fordre  dans  lequel  ces  femmes  furent  époufées. 
Les  uns  difent  qaAtAamas  n'époufa  Ino  qu'aprés 
la  more  de  Thémifto  , fa  premiere  femme  , Sc 
font  entendre  qu’il  n’eut  point  d’enfans  de  celle-ci, 
D'autres  difent  qu'il  n'époufa  Thémifto  qu’aprés 
avoir  repudié  Ino , Sc  qu'il  eut  deux  fils  de  Thé- 
mifto : Orchoméne  & Plinthius.  II  eft  eafin  des 
auteurs  qui  ne  lui  en  donnent  que  deux,  & lui 
font  époufer  Ino  aprés  Néphélé.  Foye^  Ino, 
Néphelé,  Thémisto. 

Athamas  ayant  perdu  fes  enfans  de  la  maniere 
dont  on  le  dirá  á fárdele  de  chacune  de  fes  fem- 
mes, 5c  ne  pouvant  plus  fouffrír  le  féjour  dq 
Thébes,  céda  fa  courónne  a Coronas' & á Ha- 
liarre , neveux  de  fon  frére  Sifyphe ; & s’étant 
retiré  dans  la  Béode,  il  y batir  la  ville  d'Atus. 
Mais  ces  deux  princes  le  laiíTérent  dans  la  foite 
remohtex  fur  le  troné. 


J42  A T H 

ATHÉNA  j forte  de  flúte  dont  on  croyolt  que 
le  Thébain  rÑicophéle  s’étoít  fervi  le  premier  dans 
les  hymnes  adreíles  á Minerve.  Pollux  {Gnomafi. 
l.  c.  lo).  II  y avoit  auíli  une  efpéce  de  trom- 
petre  appeiée  Atkena. 

ATHÉNEE  j Athen&wmj,  lieu  public  dans  lequel 
les  prcfefieurs  des  arts  libéraux  te.noient  leiirs 
aífemblées,  ou  les  rhéteurs  & Ies  poetes  lifoient 
leurs  ouvrageSj  & dans  lequel  on  déclamoit  Ies 
piéces  5 comme  on  Tapprend  deCapitoIin^  dans  la 
vie  de  Pertinax , (c.  il.)  & dans  celle  de  Gordien 
iil.)  , de  Lampride^  dans  la  vie  d'Alexandre- 
Sévére  (c.  , & de  Sidoine  Apollinaire  en  plu- 

íieurs  endroits.  On  voit  dans  ce  dernier  écrivainj 
que  les  Athénées  étoient  difpofés  en  amphithéá- 
treSj  quils  étoient  ornes  de  fiéges  appelés  par 
Sidoine  cund,  comme  ceux  des  amphithéátres 
deftinés  aux  jeux  publics.  Alexandre-Sévére  ailoit 
fouvent-  dans  VAtkénée  entendre  les  rhéteurs  & 
les  poetes  grecs  Sr  latios.  Gordien  s'y  étoit  exercé 
dans  fa  jeuneíTe  á déclamer. 

Les  deux  plus  fameux  Athénées  ont  été  celui 
de  Rome  &:  celui  de  Lyon.  Pour  ce  dernier 
voyf?  Ainai.  Aurélius  Viélor  {de  C&far,  c.  14.) 
BOUS  apprend  qu’Hadrien  fit  conílruire  le  premier. 
On  croit  qifi!  étoit  place  fur  le  capitole ; mais  les 
uns  veulent  que  Téglife  & le  couvent  ét  Ara-Coeli , 
en  occupent  Rancien  empiaceir.ent  5 d’autres  fou- 
tiennent  qu’il  eíl  occupé  par  le  palais  moderne  du 
fénateur  & par  les  prifons. 

On  derive  le  nom  Athénée  de  A'ém,  Minert^e, 
parce  qu’elle  prélidoit  aux  arts  & aux  fciences. 

A.THÉNÉES , féte  que  les  Athéniens  célébroient 
en  Rhonneur  de  Minerve  ^ & dont  la  célébrité 
attiroit  des  fpeérateurs  de  toute  la  Gréce  : elle 
avoit  été  inftituée  par  EricloniuSj  troiíiéme  roi 
d'Atheoes ; enfiiite lorfque  Théfée  eut  raíTemblé 
les  douze  bourgades  de  l’Attique  ^ pour  en  faite 
une  ville  plus  confidérablej  la  féte  célébrée  par 
tous  les  peuples  prit  le  nom  de  Panatkénées. 
Voye^  LÁMPADOPKORIESj  Panathénées. 

ALHEÑES.  Cette  ville  capitale  de  PAttique 
cache  , comme  prefque  toutes  les  autres  cités 
fameufes , fon  origine  fous  des  fables  & des  ailé- 
gories.  Ce  oue  Ron  en  peut  extraire  de  plus  cer- 
tain  j eíl  -qiRelle  fut  bátie  par  Cécrops.  Elle  fut 
d'abord  appeiée  Cécropie , & depuis  Mopfopie. 
Cranaiis  j fon  fucceíTeur  ^ changea  ce  nom  en 
celui  a Atkena  j fa  filie.  L’analogie  détournée  du 
nom  Mopfopie,  & de  noi-siLív  celui  de  Neptune , 
& celle  du  nom  Atkena  & de  a’A^ííij,  Minerve, 
ont  peut-étre  fait  inventer  la  difpure  de  ces  deux  • 
divinités,  á Roccafion  du  nom  que  chacune  d’eHes 
youlut  dotHier  á la  nouvellé  cité. 

Ellesconvinrent,  pourla  terminer,  que  cethon- 
neur  feroit  réfervé  á celle  qui  feroit  le  préfent  lé 
plus  utile  an  gente  humain.  Neprune  frappant  la 
terre  de  fon  tndent,  en  fit  fortir  le  cheval;  mais 
Pallas  produifit  Rolivier,  & elle  donna  fon  nom 


A T H 

á Athéms.  Telle  eft  la  fable  qu'Ovide  a chantée’ 
& qu’Hygin  nous  a tranfmife.  Athénes  fut  bátie 
fur  une  colline  qui  dominoit  une  plaine  riante'" 
C'étoit  Rufage  de  fonder  Ies  vüles  fur  des  étnL 
nences , & ii  a duré  jufqu  aux  íiécles  qui , ayant 
inventé  ks  béliers  8c  les  balifles,  ont  ¿niéve  aux 
forterefies  les  avantages  de  leur  lituation.  II  paroi't 
méme  que  la  ville  de  Cécrops  coníiftoit  prefque 
entiérement  dans  ces  retranchemens  de  paliífades 
qui  e.ntouroient  la  citadelle  , appeiée  ^cropo/e , 
AxjJttíXií,  ville  ñipérieure.  On  fait  Ies  ñineftes 
fuites  de  Récuivoque  occalionnée  par  ces  palif- 
fades._  Dans  la  guerre  des  Perfes , Roracle  ayant 
confeillé  aux  Athéniens  de  fe  retirer  dans  des 
murs  de  bois , le  plus  grand  nombre  skmbarqua 
fur  une  ílotte.  Mais  quelques-uns  ayant  cru  troaver 
Rexplication  de  Roracle  dans  les  retranchemens 
de  Racropole,  s’y  renfermérent  & furent  mafíi- 
eres  par  les  Per.ks. 

_ Gimen  , fils  de  Miltiade  , fubftitua  á ces  fra- 
gües paliífades  un  mur  trés-épais,  qui  défendoit 
la  citadeile  du  cote  du  midi , & cet  ouvrage  porta 
fon  nom  j mur  de  Cimon  , Le  cóté 

du  nord  avoit  été  depuis  piuíieurs  Iiécles  fortifié 
par  une  muraille  que  Ron  appeloit  le  mur  Pélaf- 
gtque  , , du  nom  des  premiers  habi- 

tans  de  la  Gréce,  auxqaels  on  en  attribuoi:  la 
conllruction.' 

Quoique  ce  dernier  mur  fút  auííi  appelé  E%r¿- 
á caufe  de  piuíieurs  petites  portes  dont  il 
étoit  percé , cependant  on  ne  faifoit  ufage  pour 
entrer  dans  la  citadeile,  que  d'une feule  porte  tres- 
grande  , á laquelle  on  montoit  par  des  degrés 
de  marbre  blanc,  & qui  étoit  Rouvrage  de  Pé- 
riclés. 

Lhntérieur  de  Racropole  ou  de  la  citadeile  > 
étoit  occupé  par  un  grand  nombre  d’édifices 
facrés  8c  profanes,  par  des  ftatues  & par  diíFé- 
rens  monumens  qui  retracoient  Rhiíloire  des  pre- 
miers Iiécles  ¿L  Athxnes.  On  y trouvoit,  á droite 
en  entrant,  un  temple  de  Minerve-ViBorieufe,  batí 
en  marbre  blanc  ; & au  milieu  le  Parthénion , ce 
temple  de  Minerve  íi  célebre  que  les  Perfes  brú- 
lérent,  que  Périciés  rebatir  fomptueufement,  & 
que  des  ruines  coníidérables,  converties  eñ  mof- 
quée , tetracent  encore. 

Neprune  avoit  dans  Racropole  un  temple  quí 
communiquoit  á un  plus  petit,  dédié  á Minerve, 
fous  le  nom  de  proteélrice  de  la  ville,  líaXtcií.  On 
en  voit  encore  des  relies  avec  des  colonnes  ioniques* 
cannelées.  Le  tréfor  public  & Ies  rabies  fur  lef- 
quelles  étoient  écrits  les  noms  des  citoyens  que 
ce  tréfor  nourriífoit  , oceupoient  le  fo.nd  du 
temple  de  Minerve-Poliade.  L'acropole  renfer- 
moit  encore  de  petits  édifices  confacrés  á Júpiter- 
Sauveur  , á Minerve -Confervatrice  , á Minerve 
fous  le  nom  d’ Agraule  ,-  filie  de  Cécrops ; á V énus 
enfin,  fous  le  nom  á^HippoIytée. 

La  ville  proprement  dite,  c'eíl-á-dire  , la  vine 
inférisure,  qui  comprenoit  k cháteau  deMunychia 


A T H 

Se  Ies  portes  de  Phalere  & de  Pyrcej  étoit  en- 
touree  d'nne  forte  murailiej  dont  les  deux  par* 
ties  qui  joignoient  le  Pvrée  á la  ville  j,  s’appeloient 
les  iongues  nrurailles  , Max-fa  níx’;-  Péneles  avoit 
batí  ceile  qui  regardoit  le  nord^  & Ihemiítocle 
celle  du  midi,  appeiée  raiirs  tíe  Phiiere , a caufe 
du  pont  de  ce  nom  ; le  mur  qui  joignoit  le  cha- 
reau  de  ííunychia  au  Piree  s'appeioit 
La  longueur  entiére  de  ces  murs  étoit  oe  cent 
foixante-dix-huir  ftades , évalués  á vingt-deux 
milles  romains  anciques. 

On  comptoit  parmi  Ies  pías  beaux  édifices  de 
la  ville  á' Aikin.es  , le  temple  de  Tbéfee . qui 
fubíiíle  encore  j mais  convertí  en  une  églife  dé- 
diée  á S.  Georges ; le  temple  de  Jupiter-Olym- 
pien,  qui  avoit  quatre  lindes  de  circuito  & qui:, 
commencé  par  Piíiítratej  continué  avec  une  ma- 
gnificence  fans  égale  par  diíFérens  empereurs 
romains , ne  fut  achevé  que  par  Hadrien  5 le 
temple  confacré  á toutes  Ies  divinités  fous  le  nom 
de  Pantkéon  , orné  de  cent  vingt  colonnes  de 
marbre  ^ qui  fubfiftoit  encore  en  lóyj  j le  temple 
des  huir  Vents,  de  figure  ociegone  j orné  de  leurs 
repréfentations  en  bas-reiief  j & qui  eíl  encore 
entierj  les  portiques  ^ dont  le  plus  célebre  étoit 
orné  de  tableaux  de  Polygnote  ^ de  Mycon  , &c. 
qui  donna  fon  nom  général  portique,  sax,  á la 
fede  de  Zénon  , & dont  le  nom  propre  étoit 
Uo¡!cíXt¡  y le  mufaum  i fmníov , enároit  fortifie  pres 
de  la  citadelie  ; Yodeum,  , ou  théatre  de 

muíiquej  batí  par  Périclés,  décruit  dans  la  guerre 
de  Mithridate,  & relevé  avec  la  plus  grande  fomp- 
tuofité  par  Hérode  Atticus. 

Les  deux  Céramiques  fe  faifoient  remarquer. 
lis  avoient  pris  tous  deux  leur  nom  de  Céramus  , 
fils.de  Bacchus  & d^Ariadne,  ou  plutót  des  fours- 
a-potier  j ¿s-'o  ríj  x.istt¡xiitr,s  Tf/vni de  l’art  de  tra- 
vaiiier  en  terre  cuite,  L’un  étoit  renfermé  dans 
la  ville , & comprenoit  dans  fa  vafee  enceinte 
des  maifonSj  des  temples,  des  théátres,  des  por- 
tiques , des  jardins , Sec.  Place  dans  Ies  faiix- 
bourgs , I’autre  fervoit  de  cimetiére  pablic  , & 
renfermoit  des  maifons,  entre  lefquelles  on  re- 
marquoit  f académie. 

Dans  le  premier  des  céramiques  étoit  I'ancien 
foram  ou  marché  , qui  fervoit  á teñir  les  aflem- 
blées  du  peuple.  Le  nouveau  forum  étoit  prés 
du  portique  de  Zénon.  Les  marchands  avoient 
encore  d'autres  lieux  d’aíTemblée , appelés 
Tí-'ííse  ou  Curies.  C'étoient-lá  oú  ils  traitoient  lears 
affaires  & lears  intéréts,  fous  la  proteílion  des 
loix  3 qui  3 bien  loin  d^aviiir  le  commerce  & les 
négocians , les  honoroient  au  contraire  , & veil- 
loient  á leur  fúreté. 

Les  Romains  donnérent  aux  Athéniens  le  goút 
pour  ces  aauéducs  immenfes  qui  fubíiftent  en- 
core en  partie.  Avant  eiix  , on  ne  buvoit  á Alheñes 
que  de  f eau  de  puits , parce  que  TEridan  n’offroit 
Cu  une  boiflbn  trouble  & faamátre.  Hadrien  fit 
commencer  un  bel  aquéduc,  dont  on  voit  encore 


A T H 343 

des  colorirles  ioniques  qui  fappcrtoient  le-  cha- 
teau-d'eau,  & qui  fut  achevé  par  Antonin. 

Les  Lacédémoniens  bátirent  les  premiers  gym- 
nafes , & ces  établiíremens  furent  imites  bisntót 
apresdans  toutela  Gréce  8e  dans  T Empire  .Romain. 
Ce  4étoient  pas  des  édiíices  particuliers,  mais 
la  reunión  de  plufieurs  batimens  , jardins  & por- 
tiques capables  de  renfermer  piuíieurs  miüiers 
d'hommes.  Les  phiiofophes.  Ies  rhéteurs,  tous 
ceux  qui  enfeignoient  les  fciences  ou  les  arts  libé- 
raux,  leslutteurs,  les  fauteurs,  en  un  mot  tous 
les  athletes  alfembloient  fucceíTivement  pour 
donner  & pour  recevoir  des  le^ons  publiques. 
Les  plus  fameux  á‘ A.t hiñes  , étoient  le  lycée, 
facadémie  & le  Cynofarge.  Ceñ  dans  le  pre- 
mier, commencé  par  Piíiírrate,  achevé  par  Pé- 
neles & orné  par  Lycurgue,  quCAriñote  enfei- 
gnoit  fa  philofophie,  en  fe  promenant  avec  fes 
diíciples.  L’académie  étoit  renfermée  dans  Pen- 
ceinte  á'Atkines  , & Platón  y avoit  développé 
fes  fublimes  conceptions  á fon  école.  Dans  Ies 
fauxbourgs  auprés  du  lycée  , on  voyoir  le  cyno- 
farge ou  le  chien-blanc.  On  jugeoit  dans  ce  gym- 
naíe  les  caufes  de  bátardife.  1Í  renfermoit  plufieurs 
temples  dédiés  á Hébé,  á Alcméne , á Jolaüs,  &c. 
& il  fut  le  berceau  de  la  feñe  des  Cyniques. 

Les  trois  ports  Ól  Alheñes  étoient  le  Pitee  , 
Munychia  & Phalére.  Les  noms  particuliers  des 
théátres  de  cette  ville , ne  font  pas  parvenus 
jufqu'á  no  US.  9 

Athenes.  (médatlles  d’)  A©e  & A0Hnaií2>t. 

Le  P.  Hardouin  a dit  fauíTement  qu'aucune 
médaiile  ^ Aihims  n’ avoit  été  frappée  avant  le 
régne  de  Phihppe  de  Macédoine  5 car  il  s°en  trouve 
d'un  coin  trés-difforme  & trés-antique. 

On  volt  dans  le  cabinet  Farnefe  du  roi  des 
deux  Siciles  , un  quinaire  d'or  Íl  Achines.  Du  terns 
de  M.  deBoze,  on  ne  trouvoit  point  de  médaiiles 
en  or  de  cette  ville  célebre. 

Les  médaiiles  autonomes  de  cette  ville  font : 

P1.RP..R.  en  or. 

C.  en  argent, 

C.  en  bronze. 

Son  fymbole  étoit  la  chouette  5 on  en  voit 
fur  fes  médaiiles  quelqiiefois  deux,  & quelque- 
fois  une  feule  avec  deux  corps. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médaiiles  impe- 
riales grecques  en  Phonneur  de  Vefpafien  Se  de 
Commode. 

ATHÉNIENS.  Nous  ne  parlerons  dans  cet 
arricie  que  de  deux  objets  , qui  appartiennenc 
néceflairement  aux  antiquités  & aux  monumens  j 
Pun  eíl;  Phabillement  des  Aikéniens , & Pautre 
leur  fuperftition  exceíEve. 

lis  pouffoient  fi  loin  cette  derniére , que  , 
malgré  le  nombre  inñni  de  temples,  d4ute!s  Ser 
de  fiat'ues  qu’ils  avoient  confacres  aux  dieux  dans 
Penceinte  de  leur  ville,  iJs  g^verent  encore,  par 
le  confeil  d^Epéménide , un  autel  parcicuiier  á 


s44  ^ 

tous  !es  dieux  des  trois  parties  da  monde  comiu. 
En  voící  rinlcription  ; 

eEOIS  ASIAS  KAÍ  EYPCnHS 

Kai  aybths 
esa  Ár^nzrai 

KAI 

EENÍ2I 

« Aux  dieux  d’Aíiej  d’Europe  & de  Lybiej  au 
díeu  incoiinu  Se  étranger.  » 

Les  Athéiúens  , comir.e  Tobferve  Xénophon  j 
{de  Repuh.  Ath.)  célébroient;,  dans  le  courant 
de  chaqué  année  ^ deux  fois  plus  de  fétes  que 
tout  autre  peuple  de  la  Gréce,  & le  nombre  de 
ces  féres  ne  faiídit  rien  diminuerdeleur  fplenderir 
& de  leur  pompe.  On  fermoit  pendant  leiir  cé- 
lébration  les  atcéliers  , les  magafins^  & les  tribu- 
r.aux ; on  quittoit  méme  les  habits  de  deuil , afin 
que  ríen  de  triñe  ou  de  lúgubre  ne  profanar  la 
fainteté  de  ces  jours.  La  joie , les  feftins  & les 
danfes  oceupoient  feuls  tous  les  citoyens. 

Cétoit  le  tréfor  public  qui  foumiflbit  aux  dé- 
penfes  du  cuite , quí  lui  étoient  fort  á charge  j 
& pour  le  foulager  , on  condamnoit  les  citoyens 
riches  ou  puiíTans  , dont  on  craignoit  rinfluence 
dans  le  gouvernement  j á fupporter  ces  fpis 
¿normes.  Quelque  onéreufes  que  fuíTent  ces  im- 
poiidons íls  étoient  obügés  de  s’en  charger  avec 
les  apparences  de  la  joie  & de  la  reconnoiíTance  , 
cuoiqu’elles  fuíTent  établies  á Vinfiar  de  l’oftra- 
cifme.  ^ . 

Les  Átkéniens  portoient  á la  guerre  des  tüni- 
ques  ou  furtouts  de  lin  qui  leur  fervoient  de 
cuiraíTe.  ( On  parlera  des  cuiraiTes  faites  de  plu- 
fieurs  toiles  de  lin  piquees  enfemble  , á leur  ar- 
ticle.  ) Peu  de  temps  avant  Thucydíde  j qui  nous 
Fapprend  , ils  quittoient  ces  tuniques  & leur 
srmure  pendant  la  paix;  car  jufqu’'alors  les  Grecs 
¿toient  toujours  armes.  Ils  portérent  alors  des 
habits  de  laine  8c  non  de  lin  ^ comme  Pollux 
(7.  16.)  PaiTure  fans  fondementi  en  ajoutant 
que  ces  tuniques  de  lin  defeendoient  jufqu’aux 
talons  On  fait  politivement  que  les  femmes  feuies 
portoient  & des  tuniques  de  lin , & des  tuniques 
de  cette  longueur  ; ce  qui  eft  confirmé  par  le 
récit  fuivant  de  Paufanias.  Théfée  étznt  venu 
{lió.  I.)  á Athénes^  & nevoulant  pas  y erre  re- 
connu,  prk  une  tunique  flottante  fur  les  talons 
^íTc¿ycc  > non  la  pullo.  3 comme  1 a traduit 

un  interprete  5 & ffifa  élégamment  fes  cheyeux. 
Ceux  qui  le  rencontroient  ainfi  déguifé  , lui  de- 
mandoient  pourquoi  une  jeune  filie , comme  il 
paroiíToit  Pétre  3 alloit  toute  feule  dans  les  mes. 

EHen  {Uh.  4.  za. ) dit  aulfi  quiis  portoient 
des  tuniques  de  couleur  pourpre  fans  mélange  j 
¿?.;;ey7. . . . ¡ftá-na,  8c  des  tuníqucs  rayées  ou  de 
¿ifférentes  coiileurse,  woíkíAsíí  g;/rS»ctí.  Le  fait 
parpít  dciiteux  , car  Ies  rois , Ies  empereurs  ¡ ief 


A 1 H 

s.fiarques  dans  leurs  fonflions  publiques , &:c. 
portoient  feuls  des  vétemens  teints  en  pourpre 
vif,  c'eít-á-dire  3 fans  mélange.  f^oye:^ 

D'ailleurs  cet  ufage  étoit  fi  peu  requ  a .4thénes , 
que  Plutarqiie  raconte  qu'Áícibiade  futblámé,^- 
parce  qudl  uvoií  le  luxe  le  plus  recherché,  & qu‘ii 
portoit  des  kubits  précieux  & teints  en  pourpre. 
Luden  dit  aufli  que  Ton  y reprochok  comme 
un  luxe  afiatique  Ies  habits  teints  , & que  Ton 
défigna  par  le  nom  de  paon  , un  étranger  qui  fe 
montroit  dans  la  ville  avec  des  habits  tüTus  d’or 
& de  pliilieurs  couleurs. 

Les  jeunss  Athénitn.s  qui  fe  préparoient  aux 
emplois  milkaires  en  veillant  á la  süreté  de  la 
ville  3 portoient  une  chlamyde  3 ou  manteau  noir. 
Cette  couleur  ne  fut  changée  que  dans  le  llécle 
d'Hadríen  3 oü  le  célebre  Hérode-Atticus  leur 
donna  des  chlamydes  blanches. 

On  ne  bruloit  point  les  corps  á Athénes ; mais 
on  les  enterroit  dans  le  céramique  des  fauxbourgs, 
8c  les  funérailles  devoient  fe  faite  avant  le  lever 
du  foleil  3 fuivant  une  des  loix  de  Solon.  Lorfquc 
le  mort  avoit  été  aíTaíTmé , tous  ceux  qui  aíTif- 
toient  aux  funérailles  juroient  qu’ils  n’étoierit 
pas  coupables  de  ce  meurtre  3 & Ton  plantok 
une  lance  fur  fon  tombeau  3 ou  on  la  renfermoit 
au-dedanSj  pour  annoncer  aux  meurtriers  la  ven- 
geance  que  leur  préparoient  les  loix.  C’eft  á cet 
ufage  que  fait  allufion  la  onziéme  déclamation  de 
Quintiíien  : Mifer  ego  ! nec  ad  fuñera  accejjl , nec 
licuit  fuper  ipfa  corpora  proclamare,  KtíN  reci. 

ATHÉ-\0D0RE3  roi  de  Palmyre.  OTABAA- 
AAGOC.  A0HNO.  Y.  AYT. 

Les  médailies  ou  il  eft  gravé  avec  Aurélien , 
font ; 

RRRR.  en  bronze, 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

ATHISSEE3  féte  que  Ies  Lybiens  célébroient 
en  Thonneur  de  Minerve.  Voye^  MineRVE. 

ÁTHLÉTES  3 hommes  courageux  8c  robuftes> 
,qui  faifoient  leur  unique  oceupation  des  exercices 
du  corps  3 de  combatrre  á la  courfe  , á la  lurte, 
& á d'aurres  jeux  femblables,  pour  lefquels  les 
anciens  avoient  établi  des  prix.  Nous  les  diínn- 
guerons  foigneufement  dans  tout  cet  arricie , des 
Gladiateurs  3 dont  nous  parlerons  fort  aa  long 
aiüeurs. 

L'art  des  athlétes , felón  la  remarque  de  Ganen, 
avoit  commencé  á fe  former  un  peu  avant  le  liec-e 
de  Platón.  Lyeaon  inftitua  le  premier  ces  jeux  en 
Arcadie,  8c  Hercule  ceux  qui  renditent  Oiympie 
íi  fameufe.  11  paroit,  parle  rémoignage  d Homere, 
{lliad.  23.  V.  629.)  qu'avant  la  guerre  de  Troye 
on  avoit  coutume  de  célébrer  ces  jeux  pour  ho- 
norer  les  funérailles  des  grands  honames , & de^ 
lors  Neftor  sV  étoit  diftingué.  Mí 
coup  d'apparence  qu’alors  ces  jet 
point  une  profeíTion  á pare  , 8c 
.exercices  milijaires.  Cpuime  les 


A T H 

plus  fages  fe  corrompent  infeníiblement , il  ifrira 
que  tout  ce  qui  n’étoit  au  fond  qu'un  aiguiüon 
pour  réveiller  la  valeur  & difpofer  les  guerriers  á 
fe  procurer  une  gloirc  plus  folide  en  gagnant 
des  vidloires  plus  importantes devint  fuñique 
but  auquel  afpira  la  vanité  des\atk¿et:es.  Ainli  ce  ne 
futplus  qu’á  des  couronnes  & des  palmes  jointes 
aux  éloges aux  acclamations  8c  aux  autres  hon- 
neurs  dont  on  les  accompagnoit , qu  ils  rappor- 
térent  leurs  talens^  leur  genre  de  vie  & leurs  oc- 
cupations  les  plus  férieufes.  Le  retour  fréquent 
de  ces  jeux  établis  daos  la  plupart  des  villes  de  la 
Gréce , fut  done  ce  qui  contribua  le  plus  á mettre 
en  crédit  la  gymnaítique  des  athletes  ^ & á leur 
mériter  les  fuíFrages  du  peuple  , tandis  que  les 
phüofophes  Ies  méprifoient  ordinairement. 

Les  athletes  avoient  un  régime  particulier.  Leur 
nourriturcj  dans  les  premiers  temps^  s’il  en  faut 
croire  Pline  , Oribafe , Paufanias  & Diogéne 
Lacree  , n’étoit  que  des  ligues  feches  ^ des  noix 
8c  du  fromage  mou.  Selon  Pline  , un  fameux 
maitre  de  Paleílre  , nommé  Fythagore , con- 
temporain  du  philofophe  du  méme  nom  , ñu  le 
premier  qui  leur  accorda  Tufage  de  la  viande ; & 
le  premier  athlete  qui  en  mangea  s’appeloit  Eu- 
rimene  : Diogene  Lacree.  (1-8.)  Certainement  au 
temps  d’Hippocrare  ils  en  mangeoicnt,  comme  il 
paroít  par  fes  épidémies  , ( /.  f.  ) lis  n’ufoient 
pas  indifféremment  de  toute  forte  de  viandes. 
La  plus  folide  3 8c  par  conféquent  la  plus  capable 
d’occuper  long-temps  leur  eñomaC:,  & de  fournir 
iine  nourriture  forte  8c  ahondante,  étoit  préférée 
á toute  autre.  Le  boeuf , le  cochon  , affaifonnés 
d'aneth,  avec  une  forte  de  pain  fans  levain  fort 
groíSer , fort  pefant , pétri  avec  le  fromage  mou , 
appelé  colipkium , , cofd^foient  leurs 

repas.  Ils  mangeoient  ces  viandes  plutót  róties 
que  bouillies  5 8c  c’eíl  ce  régime  que  quelques 
auteurs  ont  appelé  'i>]foipx-/'ía,y  , xéropkagie , nourri- 
ture seche.  Ils  fe  chargeoíent  ordinairement  d’une 
quantité  énorme  de  cette  nourriture  : Galien 
aíTure  qu’un  athlete  paíToit  pour  avoir  fait  un 
repas  tres  - frugal , lorfqu  il  avoit  mangé  que 
deux  mines  ou  deux  livres  de  viande  , & du  pain 
a proportion.  Milon  de  Crotone  étoit  á peíne 
rafialié  avec  vingt  mines  de  viande,  autant  de 
pain , & trois  conges  ou  quinze  pintes  de  vin. 
On  fait  qu’une  fois  ayant  parcouru  toute  la  Ion- 
gueur  du  ftade , portant  fur  fes  épauies  un  tau- 
reau  de  quatre  ans  , il  Falfomma  d’un  epup  de 
poing  , & le  mangea  tout  entier  dans  la  journée. 
Théocrite  parle  de  Y athlete  Egon , qui  mangeoit 
iui  feul,  fans  s'íncommoder,  80  gáteaux. 

Ils  étoient  auffi  grands  dormeurs  qu’iis  étoient 
grands  mangeurs.  Voye^  Platón,  de  Rep.  l.  3. 
Galien  ,*  ad  Thrafyb.  c.  jy.  & in  protrep.  c.  %. 

Malgré  les  excés  de  nourriture  qu’ils  faifoient , 
Saint  Paul  Ies  anciens  s’accordent  á louer  leur 
temperance  ,1°.  parce  qu’on  les  contenoit  dans 
Hne  exaéte  tempérance  á Tégard  du  vin  & des 
Arj-tiquités  , Tpme  J, 


A T H 345 

femmes.  i®.  Peut-étre  auíC  á raifoa  de  la  íimpii- 
cité  dans  le  choix  de  la  préparation  des  alimens. 

5 Enfin  , á caufe  de  I'ufage  modére  qu'ils  en  fai- 
foient lo  rfqifils  étoient  fur  le  point  d'entrer  en  licc. 

ils  étoient  d’une  patience  opiniátre  á fupporter 
les  fatigues  & les  coups,  (“'Séneque,  Ep.j8^ 
80.)  L'un  d'eux,  au  rapport  d'Elien, 
hiji.  l.  10.)  ayant  eu  quelques  dents  fracaíTées 
dans  un  combar  du  ceñe , les  avala  pour  en  dé- 
rober  la  connoiífance  á fon  adverfaire  , & le 
vainquit.  Les  chaleurs  qu'il  leur  falloit  eíTuyer  , 
ne  metíoient  pas  leur  patience  á une  moindre 
épreuve , ( Cic.  de  ciar.  orat.  JElian.  var.  kijf, 
l.  á^.  c.  15.  ) II  y avoit  cependant  des  athletes 
délicats  qui  fe  contentoient  de  s’exercer  á couvert 
dans  les  gymnafes  & dans  Ies  paleífres. 

La  nature  des  exercices  athlétsques,  la  cha- 
leur  du  climat , & la  faifon  oú  fon  céiébroit 
ces  jeux , les  obligeoicnt  de  combattre  nuds.  lis 
avoient  néanmpins  une  efpéce  de  ceinture , de 
tablier  ou  d’écharpe  appeléeZa-^,  donton  attri- 
buoit  finvention  á Paleftre  , fils  de  Mercure.  O» 
voit  cet  ufage  dans  Homére , lliade  23.  v.  685- 

6 Odyjf.  l.  68.  V.  65.  ) Cet  ufage  , felón  Denys 
d'Halycarnaííé , l.  4. 7.,  ceíTa  chez  les  Grecs  vers  !a 
quinziéme  olympiade,  tenis  oulesLacédémoniens, 
felón  Thucydide  , commencérent  á s’affranchir  de 
cette  fervitude.  L^écharpe  d'un  certain  OrCppe 
s’étant  déliée  au  milieu  de  fa  courfe,  fes  pieds  s’y 
embarrafsérent ; il  tomba  & fe  tua , ou  du  moins 
il  fut  vaincu ; ce  qui  donna  lieu  de  régler  qu’á  f 
venir  les  athletes  combattroient  fans  echarpe. 

La  nudité  des  athletes  facilitoit  f ufage  des  onc- 
tions  deílinées  á communiqueraux  parties  du  corps 
toute  la  foupieffe  qui  leur  étoit  néceíTaire  , 8c  i 
foulager  la  laflltude.  On  employoit  d’ordinaire  a 
ces  ondlions  , f huile , ou  feule  , ou  mélée  avec 
une  certaine  quantité  de  cire  8c  de  pouífiére  , ce 
qui  formoit  une  efpéce  d’onguent  appelé  ceroma, 
On  donnoit  auffi  quelquefois  ce  nom  au  lieu 
méme  ou  les  atktetes  fe  faifoient  oindre  , 8c  qui 
étoit  appelé  communément  Eleothtfion,  Alepterion. 
8c  Unciuarium  , (^Plin.  kifi.  nat.  l 35,  c.  2.)  Ceí 
onciions  étoient  dffifage  particuliérement  pour  les 
Lutteurs  & les  Panera tiaítes.  lis  fe  faifoient  oindre 
par  les  officiers  ou  valets  de  Paleftre  , nommés 
Alipts.,  unSores , 8c  quelquefois  ils  fe  rendoient 
eux-mémes  mutuellement  ce  fervice.  Pour  que 
ces  onétions  ñiífent  plus  efficaces,  on  confeiiloit 
aux  athletes  qui  fe  faifoient  huiler  & frotter , 
d'oppofer  au  mouvement  de  la  main  dii  frotteur, 
toute  la  forcé  & toute  la  roideur  de  leur»- 
mufcles,  en  retenant  leur  haleine.  {Plutarque.) 
Les  athletes , aprés  s’étre  huilés , s'enduifoient 
quelquefois  de  la  boue  qui  fe  trouvoit  dans 
la  paleftre.  Le  plus  fouvent  ils  fe  couvroient  de 
fable  & de  pouffiére , foir  en  s’y  roulant  eux- 
mémes  , foit  en  fe  faifant  faupoudrer  par  un  autre, 
dans  le  lien  appelé  pour  cette  raifon  Ksvirf»  ou 
On  croit  qu  ils  ne  fe  couvroient  ainíi  de 


54'^ 


A 


^ TT 

i m 


i 


H 


pouffiére  , que  pour  aonner  plus  de  prlfe  á leurs  | 
antagoniltes  ^ te  que  de -la  cette  pouíSére  avoit 
priste  nom  d’af’ií^qui  íignifie  l’action  de  prendre, 
de  faiíir  j d^empoigner  ^ de  happer.  Cétoit  un 
préliminaire  fi  efíentiei  á la  lutte  & au  pancrace  , 
que  les  Grecs  difoient  d’un  athl'cte  qui  gagnoit 
le  prix  fans  combattreo  qu'il  avoit  vaincu  fans 
pouiTiérC;,  c’eít-á-direj  fans  travail , fans  peine- 

Au  fortir  du  combar on  frottoit  Ies  atkletes 
Zí  on  les  huüoit  de  nouveau.  lis  preneient  auíTi 
le  bain  pour  fe  déiaíTer^  & pour  réparer  leurs 
forces  , que  ces  exercices  violens  épuifoient. 
Ces  nouvelles  frictions  s’appeloient  ¿T^dh'^aTT'na , 
j:anfement  poftéríeur , ou  qui  ¡accede  aux  exercices. 

Pour  erre  admis  aux  combats  publics  & folem- 
nels  des  jeux , il  falloit  s’enróler  fous  la  conduite 
des  mairres  de  Paleftre  ^ pour  y obferver  ^ pen- 
dant  dix  mois  confécutifs  ^ les  loix  athlériques  ^ 
& fe  perfeéiloncer par  -un  travaii  aíTídu , dans 
tous  les  exercices  qui  devoient  njériter  aux  vain- 
queurs  le  prix  qif  on  leur  deílinoit.  Ces  exercices 
prélitninaires  fe  faifoient  dans  Ies  gymnafes  pu- 
blics , en  préfence  de  tous  ceux  que  la  curioíité 
■©u  Toiliveté  conduifoita  cette  forte  de  fpeclacle. 
Lorfque  la  célébration  des  jeux  olympiques  ap- 
prochoit , on  redoubloit  Ies  travaux  des  atkletes 
qai  devoient  paroítre  , & . on  les  exercoit  dans 
Elide  méme  pendant  trente  jours.  Voye^  Fierre 
Dufaur^dans  fon  AgoniftiquCj  (Jiv-  i.  c.  32..  /¿v. 3. 

10.  II.  & 15. ) _ 

Les  ofEciers  qui  avoient  le  gouyernement  des 
ethletes,  étoient  le  Gymnaíiarque  , le  Xiílarque  , 

' les  Epiftates  ^ le  Pítdotribe  , le  Gimnaíte  , les 
Aliptes  & Jatraliptes  ^ noms  que  nous  explique- 
rons  chacun  en  lenr  place. 

Les  étrangers chez  Ies  Grecs  j n^’étoient  point 
^equs  parmi  les  atkletes  , ainíi  que  les  gens  d’une 
naiiTance  obfeure  ou  éqiiivoque  ^ & ceux  dont  les 
anoeurs  n'étoient  pas  honnétes.  II  falloit  auíE  erre 
libre  & les  efclaves  étoient  exclus  des  jeux  : 
c’eíl  le  fentiment  de  Dufaur  dans  fon  Agoniftí- 
que,  ( l.  3.  c.ij ).  .Mercurial  (dans  fa  Gymnaf- 
tique,  l.i.c.  5.5  é’  /.  2.  c.  10.  ) prétend  que  les 
efclaves  n’éroient  pas  abfolument  exclus  de  tous 
les  combats  gymniques,  & qu’on  leur  permettoit 
de  difputer  le  prix  de  ia  courfe  á pied.  Les  Ro- 
mains  le  leur  permirent  au  moins  fous  les  empe- 
' reurs.  Les  Grecs  fe  relachérent  auffi  alors^,  & ils 
y admirent  Ies  affranchis.  Au  relie  des  rcrigine 
Kiéme  de  ces  jeux  , il  ne  fut  pas  néceíTaire  d erre 
•d’un  rang  illuílre  pour  entrar  dans  la  lice.  P-ourvu 
qu  un  athiete  fut  né  d’honnétes  parens  , la  plus 
vüe  profeflion  ne  Texcluoit  point ; & Corébe , le 
premier  qui  combattic  aux  jeux  olympiques^  n’étoit 
qu’un  íinaple  cuiíirier , au  rapport  d’ Athenée  ( 4 9. 

Ceux  qui  faifoient  les  perqusílttons  néceíTaires 
pouT  s’aíTurer  de  la  najílance  & des  raoeurs  des 
Atkletes  , étoient  ceux  qu’on  appeloit  Agonotketes, 
Axhiothetís  S; Hellunodiques.  Ces  juges  expofokjit 


aax  atkletes  Ies  conditions  fous  lefquelles  on  Ies 
admettoir  > aprés  cela  on  les  paíToit  en  revue.  Un 
heraut  élevant  la  main  pour  impofer  filence  au 
iuplcj  la  pofoit  enfuite  fur  la  tete  de  chaqué 
■klete  j & le  promenant  dans  toute  Tétendue  du 
ftadej  il  demandoit  a haute-voix  íi  quelqifun  ac- 
cufoit  cet  athiete  de  quelque  crime  s’il  étoit 
nréprochable  dans  fes  maurs  , s il  n étoit  ni  ef- 
ciave  ni  voleur , &c.  De  plus  , á Olympie  on 
faifoit  préter  ferment  aux  atkletes^  , & jurer  , 
1°.  qu'ils  s’étoient  foumis  pendant  dix  mois  á tous 
les  exercices  & á toutes  Ies  épreuves  de  f inftitution 
athlétique  : 2°.  qu’ils  obferveroient  trés-reíigieu- 
fement  toutes  les  loix  preferites  dans  toute  forte 
de  com-bats  , & qu’iis  ne  feroient  rien  contre  le 
bon  ordre  & la  pólice  étabüs  dans  Ies  jeux.  Ce 
ferment  fe  prononcoit  devant  la  ñatue  de  Júpiter, 
érigée  dans  le  sénat  des  Eiéens.  _ Les  Kellanodi- 
cues  faifoient  encore  jurer  en  particuüer  le  fecond 
arricie  aux  peres  des  athlctes.  Les  Agonothétes 
écrivoient  íe  nom  & la  patrie  des  atkletes  qui 
s’engageoient,  & a I’ouverture  des  jraxiin  héraut 
lifoit  publiquement  ces  nonas.  On  faifcit  la  mé-me 
chofe  DGur’ceux  qui  difputoient  les  prix  de  muíi- 
fique.  ‘Les  athietes  de  réputation  n’étoient  pas 
obligés  de  fe  trouver  préfens  pour  fe  faire  inf- 
eriré : il  fufEfoit  pour  eux  d’avertir  les  Agono- 
thétes par  lettres  011  autrement  5 mais  il  falloit 
qu’iIs  fe  trouvaíTent  exacíement , comme  Ies 
autres  j au  rendez  - vous  á certain  jour  marqué, 
fans  quoi  on  leur  donnoit  l’excluíion.^ 

Le  jour  des  jeux  , quand  les  atkletes  etoient 
aíl’erablés , & aprés  qpe  le  héraut  avoitproclame 
leur  noüi , on  r-égloit  au  fort  le  rang  ae  cnaciia 
des  atkletes  qui  devoient  concourir  piuíieurs  en- 
femble  , comm.e  dans  la  courfe  á pied  & la  coune 
des  chars,8rc.  Dans  la.Iutte,  le  piigüat  &Jepán- 
crace,  oú  Ton  ne  combatteit  que  deux  ádeux, 
on  apparioit  les  combattans  au  ^fpr-;  Quand  le 
nombre  étoit  impair  , celui  qui  n’ avoit  pas  d an- 
tagonifte  s’appelóit  IpsApoí,  éphedres  & 
fervoit  pour  combattre  le  vainqueiir.  Süy 
piuíieurs  couples  de  combattans,  on  ne  fair  point 
précifément  quel  étoit  le  vainqueur  que  i ep.ne-- 
dre  com-bartoir  : peut-étre  le  tiroit-on  au  fort? 
peut-étre  étoit-ce  celui  dont  la  lertre  approcho^ 
plus  de  celle  qu’ avoit  tirée  l’éphédre ; peut-étre  au* 
les  vainqueurs  combattoient-ils  les  uns  conyre  e.s 
autres  , jufqu’á  ce  qu’un  d’eux  rellát  viftorieux, 
& que  c’ étoit  ceiui-íá  qui  combattoit  contre  í -o 
phédre.  ' . 

Aprés  avoir  tiré  les  atktetes  au  fort,  qn  les  i 
courageoit  par  quelque  exhortation  vive  , 
i eur  faifoient  les  agonothétes  ou  les 
Cette  coutume  étoit  fort  ancienne 
trouve  quelques  veftiges  dans  Homére , C f ' 
V.  Ó81.  ) Aprés  cette  exhortation  on  donnoi 
Égnal  des  combats  , & les  atkletes  entrqiem  ^ 
lice.  La  fraude,  l’artifice , la 
viokxice  Qiitrée  éteient  baiiuies  de  ces  coni'  * 


mais  TadreíTej  la  fubtilité,  la  fíneíTe  ,,  rinduflríe 
Y éroient  permifes.  On  puniíroit  févérenient  ceusc 
qai  contrevenoient  aux  loix  athlétiques.  Cétoit 
TofEce  des  Malligophores  ou  Porte- vergeSj  qui , 
par  Pordredes  Agonothétes,  ouméme  á la  priére 
du  peuple,  frappoient  de  vergas  les  contrevenans. 
La  collulion  entre  les  combattans  étoit  fur-tout 
févérement  réprimée.  Dans  Homére , les  com- 
battans  invoquent  Ies  Dieux  avant  le  combar } 
on  en  infere  que  c’étoit  une  coutume  introduite 
plutót  par  le  defir  de  vaincre , que  par  la  loí. 

Les  récompenfeSj  dont  Pefpoir  íbutenoit  les 
atkletes  dans  les  travaux  pénibles  & rebútaos 
auxquels  ils  s'aíTujettiíroient  j étoient  d'abord 
les  acclamations  dont  Ies  fpediateurs  hono- 
roient  leur  vióloire , lígnal  qui  leur  aitnonqoií  le 
prix  mérité  & Phonneur  qui  les  attendoient ; 
enfuite  _ces  prix , qui  ont  varié  felón  Ies  temps 
& Ies  lieux.  Cette  diveríité  de  prix  introduiiit 
chez  Ies  Grecs  la  diftinélion  genérale  qu'ils 
faifoient  entre  Ies  jeux  appelés  h^íany-ac  ou 
fírag  áyáya;  , & ceUX  qifüs  appeloient 

Dans  Ies  premiers  on  propofoit  pour  prix  di- 
irerfes  chofes  qui  pouvoient  s’échanger  pour  de 
l’argent  j dans  les  derniers  on  ne  dillribuoit  que 
des  couronnes.  On  donnoit  des  jeux  de  la  pre- 
iiiiére  efpéce  dans  plufieurs  lieux  de  la  Gréce,  au 
rapport  de  Pindare  j comme  á Lacédémone , a 
Thébes  5 á Sicyone , á Argos,  á Tégée  , &c. 
II  femble  méme  que  les  plus  anciens  jeux  dont 
nous  ayons  connoiíTance , ont  été  de  cette  efpéce, 
Tels  furent  ceux  qui  accompagnérent  les  funé- 
railles  de  Patrocle  & d’Anchife  dans  Homére  & 
dans  Virgile.  Les  ptix  propofés  dans  ces  jeux 
coníilloient  en  efclaves , en  chevaux , en  inulets  ^ 
en  boeufs,  en  vafes  d'airain  avec  leurs  trépieds , 
en  coupes  d’argent , en  vétemeos , en  armes  & 
en  argent  monnoyé.  II  y avoit  deux  ou  trois  prix 
par  chaqué  exercice  5 & dans  Homére  Pon  en 
voit  autant  que  de  combattans  , á Pexception  du 
difque , de  forte  que  Ies  vaincus  méme  ayoient 
une  récompenfe. 

Les  jeux^  ou  il  n’y  avoit  qiíé  des  couronnes  á 
gagner,  étoient  les  plus  célebres' deda  Gréce  , & 
ceux  qui  acquéroient  aux  atkletes  le  plus  de  ré- 
putadon.  Aux  jeux  Olympiques,  les  vainqueurs  - 
remportoient  une  couronnne  d'olivier  fauvage ; 
une  de  pin  au  Ifthmiques.,  une  d'ache  aux  Né- 
méens  ; aux  Pythiens  , une  de  laurier.  Mais  il  y 
cut  en  cela  des  changemens.  Muret  (rar.  leií. 
^5-  f-  7-_)  foutient  qu'áux  jeux  Olympiques  on 
diftribuoit  autrefois  des  couronnes  d’or,  ce  quil 
prouve  par  Pindare,  Olyrnp.  7.  flr.  i.  , & par 
Corneiius-Xepos  , dans  la  vie  d'’A!cibiade.  Dans 
ces  mémes  jeux  les  couronnes  deílinées  aux  vain- 
queurs étoient  expofées  fur  des  trépieds  de 
brqnze , dans  la  fiiite  fur  des  rabies  d'or  & dd- 
■''■ture.  Se  fur  des  baíTins  que  Pon  gardoit  encore  du 
tetnps  de  Paufanias  dans- le  rréfor  d’Olympie:  cela 
ís  voit  auíTi  fur  plufieurs  médaiiies.  Aux  jeux 


I lílhmiques  on  paíTa'  des  couronnes  de  pin  a celies 
d'ache  fec , que  Pon  quitta  pour  reprendre  les 
premjéres.  On  employa  d^abord  aux  jeux  Pythiens 
les  couronnes  de  chéne,  sdl  en  faat  croire  Ovide, 
Met.^  I . V.  4-18  ; Luden  ne  parle  cependant  que 
dp  fruits  confacrés  á Apollon.  Saint  Chryfoflómc 
dit  qu'aux  jeux  Olympiques  on  couronnoit  de 
laurier  les  atkletes  viótorieux  ; mais  ou  il  étoit 
mal  inñruit,  ou  il  s’eft  gliffé  quelques  fautes  dans 
fontexte,  comme  Pa  remarqué  Dufaur_,  (Agoniji. 
liv.  z.  c.  22.  ) 

C’étoit  ordinairement  PAgonothéte  qui  diftrf- 
buoit  Ies  couronnes  : un  héraut  les  plaqoit  fue 
la  tete  des  atkletes  vi&orieux  , & cela  fe  faifoit 
daps  Pendroit  méme  oú  Pon  avoit  combartu. 
Quelquefois  le  vainqueur  enlevoit  la  couronne  du 
lieu  oú  elle  étoit  fufpendue  , & s’en  couronnoit 
lui-méme.  On  voit  fur  plufieurs  monumensHer- 
cule  fe  couronnant  Iiii-méme.  Quelquefois  certains 
atkletes  étonnoient  teliement  par  leur  exrérieur 
avantageux,  que  faute  d’antagoniñei  ils  étoient 
couronnés  fans  combatiré.  En  certaines  occafions 
on  accordoit  cet  honneur  aux  atkletes  méme 
vaincus  ou  morts  dans  le  combar.  F'oye^  Pau- 
fanias (Arcad,  c.  40.} , Philoílrate,  ( Icón.  1.  2.  6.) 

Les  couronnes  que  Pon  diftribuoit  aux  atkletes 
vainqueurs  , éroient  accompagnées  de  palmes  , 
qu’ils  portoient  de  la  main  droite.  C’étoit  ua 
fecond  prix  qui  fe  donnoit  dans  tous  les  jeux 
de  la  Gréce  5 & Pon  voit  en  effet  des  palmes  fur 
les  médaiiies  qui  repréfentent  des  jeux.  Elles 
étoient  expofées  fur  la  rabie  dont  nous  avons 
parlé  , dans  une  efpéce  d’urne. 

Comme  un  athlete  pouvoit  étre  viclorieux  píus- 
d’une  fois  en  un  feul  jour , il  pouvoit  y remporter 
auíTi  plufieurs  couronnes  & plufieurs  palmes.  Pau- 
fanias, {JEliac.  l.  2.  c.  2j-.)  fait  mention  des 
atkletes  qui  avoient  eu  cette  gloire. 

La  diíliibution  des  couronnes  & des  palmes 
étoit  une  des  principales  fonéíions  des  magillrats 
prépofés  aux  jeux.  A Olympk  fur-tout , les  Hel- 
ianodiques.  fe  piquoient  d'une  intégrité  á toute 
épreuve.  Néanmoins,  quelque  déférence  que  Pon 
eut  pour  leur  jugement,  ií  arrivoit  quelquefois 
tel  incident  qui  obligeoit  les  athletes  d’en  appeler 
au  fénat  d’Olympie , qui  jugeoit  fouverainement 
les  difputes  agoniftiques.  Paufanias,  {Eliac, 

l.  z.  c.  ¡I-)  _ , _ 

Auíii-tot  que  Yathlete  viélorieiíx  avoit  recu  I3. 
couronne  & la  palme  , 8e:  qu’il  s’étoit  revetu 
d’une  robe  á fieurs , un  héraut  , précédé  d’un 
trompette  , le  conduifoit  dans  tout  le  ítade,  & pro- 
ciamoit  á haute  voix  fon  nom  &c  fon  pays.  Les 
ípedlateurs  redoubloient  ieurs  acclamations  ; ils 
jetoient  des  fieurs  au  viclorieux,  & iui  faifoient 
de  petits  préfens  , pour  luí  montrer  la  part  qu’ils 
prenoientá  fa  vicíoire,  fele  gré  qu’ils  luí  favoient 
du  plaiíit  qu’il  venoit  de  leur  áonner.  Ces  pré- 
fens confiítoient  en  chapeaux  , en  ceintures  ou 
echarpes,  quelquefois  en  argent,  & en  toute  auaa 


34S  A T H 

chofe ; mais  ces  gratifications  n’étoient  jamais 
capables  de  Ies  enrichir. 

Ce  premier  triomphe  étoit  fuivi  de  celui  qui 
les  attendoit  a leur  retour  dans  leur  pays.  Le  vaia- 
queur  étoit  re^u  aux  acciaraations  de  fes  compa- 
triotes  qui  venoient  au-devant  de  lui.  Revétu  des 
marques  de  fa  vióioire  , & monté  fur  un  char  a 
quatre  chevaux  , il  entroit  dans  la  ville  , non  par 
la  porte , mais  par  une  breche  que  Ton  faifoit  au 
lempart.  Onportoit  des^ambeaux  devant  luij  & 
il  étoit  fuivi  d’un  nombreux  cortége  qui  honoroit 
fa  pompe.  Les  jeux  qui  procuroient  cet  bonneur 
étoient  appelés  Iselastiqües.  Vojez  ce  mot.  ^ 

La  cérémonie  du  triomphe  athlétique  fe  termi- 
noit  prefque  toujours  par  des  feftins.  li  y en  avoit 
de  deux  fortes  ; Ies  uns  fe  faifoienr  aux  depens  du 
public  les  autres  aux  dépens  des  patticuHers,  Les 
premiers  étoient  en  ufage  á Olympie  , ou  les 
(Lthletes  viétorieux  étoient  anciennement  traites 
dans  le  Prytanée , ou  hotel- de-vi!le  tout  le 
Teñe  du  temps  que  duroient  les  }eux  Olympiques. 
Voyei^  Paufanias  , (^Eliac.  l.l.  c.  15.)  Athenée  ^ 
(Deipn.  l.  6.  c.  8).  Les  particuliers  qui  traitoient 
Yatklete  vidtorieux  étoient  fes  amis.  Les  athletes 
de  diftindlion  & qui  fe  piquoient  de  générofité, 
regaloient  á leur  tour^  non-feulementleurs  parens 
& leurs  amis  mais  fouvent  une  partiré  des  fpec- 
tateurs.  Alcibiade  & Léophron  régalérent  méme 
toute  PaíTemblée. 

Un  des  premiers  foins  des  athletes  , aprés  leur 
viétoire  , étoit  de  s'acquitter  des  voeux  qu  ils 
avoient  faits  aux  Dieux  pour  Pobtenir , & de  con- 
facrer  dans  leurs  temples  des  ñatues  j des  bou- 
cliers  &:  d'autres  offrandes  de  prix- 

lis  avoient  de  grands  priviléges  dont  ils  jouif- 
foient  aprés  leur  vicloiré : 1°.  la  préféance  aux 
jeux  publics- 1° . Chez.  les  Lacédémoniens  ils  com- 
battoient  aux  cócés  du  Roi  dans  les  expédinons 
militaires.  3*’.  lis  étoient  noürris  le  reñe  de  leur 
■yie  aux  dépens  de  leur  patrie  (Dionyf.  Halicar. 
hort.  ad  atklet.').  Soion  avoit  aíTigné  yoo  drachmes 
de  penlion  á chaqué  atklhe  viéiorieux.  4°.  Ils 
étoient  exempts  de  toute  charge  & de  toute  fonc- 
tion  civile.  5°.  On  écrivoit  leurs  noms  dans  les 
archives  publiques  : ,on  délignoit  les  Olympiades 
par  le  nom  du  viélorieux.  Les  Poetes  faifoient  des 
piéces  en  leur  bonneur  ; on  leur  érigeoit  ^ des 
ñatues  ^ & on  gravoir  des  infcriprions  pour  éter- 
nifer  le"  fouvenir  de  leur  viéloire.  6^.  Eníin  on 
leur  prodiguoit  méme  les  honneurs  divins.  Tous 
les  foins  des  Hellanodiques  ne  fuíEfoient  pas  pour 
réprimer  ces  excés  & Pextréme  penchant  que  les 
peuples  avoient  á mettre  au  nombre  des  Dieux  les 
athletes  vainqueurs ; ce  qui  étoit  le  comble  de 
la  gioire  athlétique.  Hérodote  en  rapporte  un 
exemple  j ( l,  j’_,  c.  ápj.)  5 on  en  trouve  un  fecond 
exemple  dans  Fline  ( hifi.  nat.  L 7.  c.  47.)  5 un 
troiíiéme  dans  Paufanias  (Eliac.  /.  2.  c.  ii.  )j  Sr 
Poracle  méme  de  Delphes  contribua  au  fecond 
exemple. 


A T H 

Ce  n'étoient  pas  feulement  des  hommes  faits 
qui  cntroient  dans  la  lice : des  la  trente-fepiiéme 
olympiade  , on  avoit  établi  á Olympie  des  prix 
pour  la  courfe  & la  lurte  des  enfans-í2téZ«ej ; ce 
qu  on  étendit  au  Pentathle  dans  la  trente-huitiéma, 
auFugilatdans  la  quarante-uniéme & au  Pancrace 
dans  la  cent  quarante-cinquiéme  5 mais  les  Eléens 
retranchérent  bientót  ce  dernier  combar , & le 
Pentathle  aux  enfans.  11  étoit  tare  de  voir  ceux 
qui  avoient  remporté  le  prix  dans  leur  jeuneíTe , le 
remporter  encore  étant  hommes  faits.  Ariftote 
remarque  ( Volit.  l.  8.  c.  4.  ) qu  a peine  en  pou- 
voit-on  comptet  deux  ou  trois  a qui  la  nature  eut 
accordé  cet  avantage.  , ^ ^ 

Le  mot  atklete  , «íXíníV , vient  d «áxe»  , je 
lutte ; il  étoit  donné  par  les  Crees  a tous  ceux 
qui  combattoient  pour  les  pnx  dans  ^les  jeux  pu- 
blics  j de  quelque  maniere  que  ce  put  erre.  ( On 
excepte  de  ce  nombre  les  Poetes  ^ les  Hiñoriens 
& les  Muficiens. ) A Rome,_  il  défignojt  propre- 
ment  les  lutteurs  8e  ceux  qui  combattoient  au  Pu* 
silat ; car  tous  les  autres  athletes  avoient  des  noms 
particuliers.  On  en  pourroit  conclure  peut-etre 
que  les  Romains  eurent  de  tout  temps  ces  derniers 
athletes , quhls  défignérent  par  des  noms  propresf 
tañáis  qu’ils  requrent  plus  tard  ceux  qu  iis  nom- 
mérent  proprement  athletes  , en  adoptant  le  nom 
grec  avec  leurs  exercices. 

Cette  adoption  fut  faite  fous  la  diélature  de  Sylla, 
comme  nous  Papprend  Appien , ( Bell,  civil.  ) 

« Vers  la  fin  de  la  175'.  olympiade  ^ ij  n y eut 
plus  á Olvmpie  d'autre  exercice  que  la  courlc 
dans  le  ftade } car  Sylla  avoit  tranfporte  a Rome 
les  athletes  & tout  ce  qui  fervoit  aux  jeux,  mus 
le  prétexre  de  délaffer  le  pcuple  des  fatigues  qu 
venoit  d'effuver  dans  la  guerre  civile  & dans  ce 
de  Mithridate.  « Berañd  olympiade  y]  ^ apa 
Gmeos  : quo  tempore  nallum  in  Olym.pia  aertam 
prater  curfum  in  fiadio  fupererat.  . 

c&teraquc  ludiera  univerfa  in  urbem  byila  ■ 

datici  belU  atqiie  civüis  occajione  yanj  u e > 
cauCam’ pr&texens  3 quod  populum  pofi  tot  d 
recreare  cuperet.  Ils  combattirent  d awr  „ 
grand  cirque;  & on  les  y conduifoit  | 

pompe  du  capitole  au  travers  du  forum.  _ - • 
exercices  s’érant  multipliés,  on  batit  des  P - 
théátres  particuliers  & des  gymnafes  del  m 
quement  aux  excercices  des  athletes- 

Les  Romains  élevérent  comme  les  orj.c> 
ñatues  aux  athletes  célebres ; & la  viUe  - ^ 
rerrferme  une  de  marbre  noir  > qui  jj.g  5^ 

atklete  tenant  un  ílacon  d'hude  ppur  s 01 
fe  difpofer  au  combar.  Elle  o» 

cienne  ville  dh4ntium,  des  fouilles  de  laq 

^ ^AThLoTHÉTE  étoit  le  méme  que  1 eigano- 
thete.  Foyer  ce  mot.  , 

ATHOR  , Athyr  & Atar  , 
rentes  dénominations  que  les  Crees  u h, 
á une  divinité  égyptlennc  , en  traduiian 


A T H 

Bom  dans  leur  langue.  Elle  s'appeloit  prcprement 
Athor  5 & les  Grecs  voulant  rapporter  toutes  les 
théologies  á celle  de  leur  nation  , la  reproduiíi- 
rent  quelqnefois  fous  le  nom  de  Junon,  mais  or- 
dinairement  fous  celui  de  énus-célefte  ou  Urame. 
Les  Egyptiens  avoient  donné  fon  nom  Atkyr  au 
troifiéme  mois  de  leur  année  vague , qui , <kns 
Tannée  fixe  introduite  en  Eg}'pte  fous  Auguíte , 
répondoit  au  mois  de  novembre  des  Romains , 
comme  nous  I'apprenons  du  grand  Ethymologiíte 
& d’Hefvch'ius.  Ce  dernier  ajoute  qu’^íAyr  etoit 
auíTi  le  nom  d'un  bceufs  & le  premier  dit  er.core 
qn  Athor  des  Egyptiens  étoit  V énus  , adoree  a 
AtarbechiSj  felón  Hérodote. 

Dans  quel  fens  & fous  quel  rapport  Atkor 
avoit-elje  pu  étre  repréfentée  par  Venus  ? Geft 
un  pqint  de  critique,  tres  - bien  éclairci  dans  le 
Panthéon  de  Jablonski  ^ d’oú  nous  tirons  cet 
arricie.  Obfervons  d’abord  que  la  Venus  nee  de 
l’écume  de  la  mer  , & célebre  par  les  profti- 
tutions  qui  formoient  fon  cuite  > n’avoit  point 
été  connue  des  Orientaux  & des  Egyptiens 
Ceux-ci  délignérent  fous  le  nom  que  les  ^ Grecs 
ont  rendu  par  celui  de  énus , une  divinite  toute 
célefte  , un  phénoméne  de  la  lumiére  ¡ Scc.  De-la 
vint  que  pour  mieux  exprimer  cette  partie  de  la 
Théologie  Egyptienne  ,,  les  uns  créérent  une 
Vénus-Uranie  ou  célefte  j & dautres  1 appele- 
rent  la  Junon  Egyptienne  {M-anethon  , Diodore  , 
Horapollo , é-c.  ) Mais  tout  ce  qu  iís  ont  dit  de 
cette  Junon  fe  rapportant  avec  rigueur  a Atkor , 
ou  á Vénus-célefte  , nous  ne  parlerons  que  de 
cette  derniére. 

Les  Orientaux  & les  Egyptiens  déíignoient  par 
cette  Vénus  la  puiffance  qui  a tout  produit  dans 
Funivers-  Plutarque  le  dit  expreíTément  dans  la 
viede  CralTus,  enparlant  de  laDéelTe  des  Syriens, 
adorée  á Hiérapoiis , & qu'il  reconnoit  pour 
Vénus  ou  Junon.  Proclus,  le  Paraphrafte  de  Ptq- 
lémée  (/í¿.  2..  y aíTure  poíltivement  que  les  habi- 
tans  de  la  Syrie^  de  la  Phénicie  & de  lAfie- 
Mineure  adoroient  la  planéte  de  Vénus  , comme 
la  mere  des  Dieux  , & qu  ils  luí  donnoient  plu- 
fieurs  noms  fyriens  & étrangers.  Cette  doñrine 
eñ  expofée  dans  les  veis  fuivans  des  falles  d'Ovidej 
( llb.  4.  V.  91.) 

Illa  (Venus)  totum  dlgnljjima  t emper at  crhem. 
Illa  tenet  nullo  regna  minora  Deo  ; 

Juraque  dat  coelo  , ttrrs,  , natalibus  undis  , 
Pirque  fuos  initus  continet  omne  genus. 

Illa  Déos  omnes  (^longum  enumerare')  creavit ^ 
Illa  fatis  caufas  arborlbufque  dedit. 

•*  Vénus  gouvernc  Funivers  > fon  pouvoir  eft  au- 
deíTus  de  celui  de  tous  les  autres  Dieux ; elle  com- 
mande au  ciel  5 fur  la  rerre^,  & dans  la  mer  qui  Fa 
produite  : elle  a créé  toute  la  longue  fuite  des 
Dieux  : elle  a produit  Ies  germes  Seles femences.« 
Les  Grecs  j en  adoptant  cette  théogonicj  la  cor- 


A i n 349 

rompirent.  Se  nrent  de  Vénus-céíene  j une  dé- 
bauchée  & une  femme  perdue. 

Vénus  j méme  Vénus-célefte  j n’étoit  que  Fem- 
bléme  de  la  divinité  appelée  Athor  fur  les  bords 
du  Nil oú  ce  motj  interprété  dans  le  cophte  , 
anclen  idióme  des  Egyptiens  ^ déíigne  la  nuic. 
L’article  K üit  de  ce  Diétionnaire , fera  voir  en 
détail  que  toute  !a  puiíTance  artribiiée  ci-deíTus 
á Vénus  j Fétoit  auííi  en  Egypte  & chez  les  plus 
anciens  Grecs , á cette  divinité.  D'un  autre  cóté  , 
des  témoignages  précis  atteñent  Fidentité  de 
Vénus  8c  á‘ Athor-,  il  eft  done  évkient  que  par 
Atkor  \ts  Egyptiens  déíignoient  la  ¡mit,  á laquelle 
ils  avoient  élevé  un  temple  j felón  Héfychius 
( vox  fous  le  nom  de  V énus-téné'preuf^ 

Eníin  j Fhymne  á la  Kuit  que  Fon  attribue  a 
Orphée  j commence  par  ces  deux  vers  : Je  chan- 
terai  la  Nuit,  mere  des  Dieux  & des  hommes  , 
Forigine  de  toutes  chofes , que  nous  appéUerons 
auííi  Vénus.  « 

NíiK¡a  ©sSí  yiÚTíitct')  éli  x.«i 

, kv  }c,ti,XiTcí^iy9. 

Sous  le  nom  ¿l  Athor  ou  de  Nuit^  Ies  Egyptiens 
déíignoient , dans  íes  premiers  temps  , la  faifon 
oú  le  foleil  parcourt  les  íignes  d'hiver  , Se  femble 
plongé  dans  Fhémifphcre  inférieur.  Horapollo  , 
(,  Jíierogly.  lib.  c.  1 1 . ) dit  expreíTément  que 
Minerve  oceupoit  en  Egypte  l’hémifphére  fupé- 
rieur  ou  le  ciel  j Se  Junon  Fhéraifphére  inférieur. 
Nous  avons  vu  plus  haut  que  cette  Junon  n’ étoit 
autre  chofe  que  Vénus  > ou  Athor,  c’eft-á-dire  , 
la  Nuit.  Ce  dogme . trop  relevé  pour  le  peuple 
de  FEgypte , fut  bientot  changé  dans  le  cuite 
matériel  de  la  portion  des  vingt-quatre  heures 
oú  le  foleil  n'éclaire  plus  FAfrique,  de  la  Nuit 
proprement  dite.  On  ne  s arréta  pas  encore  á ce 
phénoméne  célefte ; on  reconnut  pour  Atkor  la 
planéte  qui  éclaire  pendant  la  nuit,  la  Lune;  8c 
cette  divinité  fut  déíignée  par  Diodore  de  Sicile  , 
(7/Ó.  I.)  fous  le  nom  d'Hécate-ténébreufe. 

La  derniére  métamorphofe  di  Athor  femble 
avoir  pu  fe  juftifier  aux  yeux  de  la  populace 
grofliére  , par  Fefpéce  d’animal  qui  lui  feryoit 
d'embléme.  C'étoit  la  vache  , dont  la  reunión 
des  comes  lui  paroiíToit  étre  la  repréfentation  de 
la  Lune  dans  fa  premiére  phafe.  On  adoroit,* 
felón  Elienj  ( de  anim.  lib.  ii.c.  27.)  a Chufas, 
bourg  du  nóme  d'Hermopolis , Venus-celefte  ; 
Se  une  vache  partageoit  ce  cuite.  Strabon  parle 
de  la  vache  facrée  qui  repréfentqit  V énus  a Mo- 
memphis,  comme  les  bceufs  Apis  Se  IVinevis  re— 
préfentoient  le  Nil  Se  le  Soleil  á Memphis  Se  á 
Héliopolis.  I!  nous  apprend  d'aillcurs  que  cette 
vache  étoit  blanche  , ce  qui  éclaircit  le  paífage 
d'Héfychius , rapporté  plus  haut , oú  il  eft  dit 
qa  Atkyr  { ou  Athor ) délignoit  es  Egypte  un 
certjin  mois  Se  une  vache. 


Sfo  ATI 

ATHOTHES  , roí  d’Egypte.  Voye^  Thoth. 

ATHRIBITES  dans  l’Egypte.  AePiB. 

Cette  ville  a fait  frapper  une  médaille  impériale 
grecque  en  Fhonneur  de  Plauálle. 

ATHOUS  Júpiter.  Héfychius  appelle  de  ee 
nom  Júpiter,  parce  qu’il  avoít  un  autel  fur  le 
fogamet  du  Mont-Achos. 

ATHYR,  mois  & divinicé  des  Egypriens. 
Koyei  Atkor. 

ATHYRI.  Píutarque  {de  Ifide'j  dir  que  Ies 
Egyptiens  donnoient  á Ifis  ce  furnom  , qu  il  rend 
par  Ííxav  si'fn  rÁTKtn , la  maifon  d’Horus  dans  ce 
monde.  II  étoit  rélatif  á la  naiffance  de  ee  Dieu , 
■§u’ÍÍ!S  avoit  con^u. 

ATHYTE,  «éBTOv,  fans  víaimes.  Ce  mot  eñ 
formé  de  F«  privatif,  & de  lia , j’immole.  íl 
déíignoit  les  facrifices  des  pauvres_  qui,  n'ayapt 
pas  de  víélimes  a immoler,  offroient  des  fruits 
¿u  des  gáteaux.  Luden  les  appelle  ¿xaaofi'S-ura , 
facrifice»  fans  fumée. 

A T I A , famille  Romaine  dont  on  a des  mé- 
dailles  : 

RRRR.  en  argent.- 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Les  fumoms  de  cette  famille  font  Balbüs, 
Labienus. 

ATILA.  Voyei  AttilA. 

ATILIA , famille  Romaine  dont  on  a des  mé- 
áaiües  : 

■ R.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font  Bulbus, 
CaÍATIÍíUS  j Regulus  , Seranus. 

Goltzius  en  a publié  quelques  médailles  incon- 
Bues  depuis  lui. 

ATINUM,  en  Italie.  oinita. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  viUe  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argenr. 

ATLANTES  , figures  d’hommes  qui  tiennent 
Leu  de  colonnes  ou  de  pilaftres  dans  1 architec- 
fure  pour  fupporter  des  faillies.  Ce  font  elies  que 
I’on  appelle caryatides  lorfqu  elles  reprefentent  des 
femmes  dans  la  méme  attitade.  Les  Romains  Ies 
appeloienr  auííi  TelamoUs-  ce  mot. 

On  a vu  expofé  pendant  deux  íiecles,  dans  la 
cóur  du  palais  Farnéfe,  un  atlante  de  marbre,  qui 
portoit  un  panier  fur  fa  tete.  II  ctoit  enoommage 
parlabas,  & les  jambes  manquoient  abfolumenc. 
Sa  hauteur,  lorfqu  il  étoit  ent:er,  etoit  ae  feize 
palmes  romaines  (environ  neuf  pieds).  Winkel- 
irraníi  a cru  lé  reconnoirrs , d'apxés  ces  propor- 
ííons , pour  -un  áe  ceux  qui  ornoíeOt  le  panthéon ^ 


ATI 


avant  qii’íl  edt  été  brúlé  & rétabli  comme  on  fe 
voit  auiourdT.ui. 

La  ville  Albani  renferme  quatre  atlantes  anti- 
ques , plus  granas  que  le  naturel , & d’un  beaa 
travail  j ils  portear  fur  leürs  épaules  un  baífin 
de  granit. 

ATLANTIDES  (Ies  ) étoientles  filies  d’ Atlas, 
nommées  Mata  , Eledre  , Taygéte  , Aftérope, 
Mérope,  Álcyone  & Céléno.  Leurs  talens  & 
leiir  adreíTe  Ies  firenc  regarder  comme  des  déeffcíS 
aprés  leur  mort,  & Ies  firent  placer  dans  le  del, 
fous  le  nom  de  Pleiades.  Voye-^  Hespérides. 

ATLAS,  fils  de  Júpiter  & de  Clyméne , frére 
de  Prométhée , régnoit  dans  la  Maurkanie.  ÍI 
furpaíToit  tous  Ies  hommes  par  Fénormité  de  fa 
taille  ; elle  étoit  fi  balite , qu  il  portoit  le  cieí 
fur  fes  épaules.  Atlas  avoit  un  nombre  infini  de 
troupeaux  í fes  jardms  étoient  remplis  darbres, 
dont  les  feuilles , les  branches  & les  fruits  étoienr 
dfer ; mais  un  oracle  de  Thémis  1 ayant  avertf 
que  íes  fruits  précieux  feroient^  enleves , & qu3 
cette  conquere  étoit  réfervée  a un  fils  de  Júpi- 
ter , il  fit  environner  fes  jardins  de  fortes  mu- 
railles  , & en  confia  la  garde  á un  affreux  dragón. 
A toutes  ces  précautions,  il  avoit  ajoute  celle  de 
ne  recevoir  aucun  étranger  dans  fes  etats. 


Perfée  demanda  un  jour  Fhofpitalite  a Atlas  , 
qui  lui  ordonna  de  fe  retirer , Se  fe  mit  en 
devoirde  le  chaíTer.  Le  fils  de  Júpiter  & de  Danae 
n’ofantpas  Fattaquer  a forcé  ouverte,  eut  recours 
á la  tete  de  Médufe.  Atlas  neut  pas  plutot  jete 
Ies  yeux  fur  ce  manñre , qu’il  fut  ehange  en 
une  maíTe  enorme  de  rochers , qui  foutient  le 
ciel.  Ethra,  fa  femme  , Favok  rendu  pete  des 
Atlantides.  V.  ce  mot. 

Diodore  de  Sicile  (/.  5,  c.  6.),  & S.  Auguítin 

(de  Civ.  dei.  Z.  18,  c.  8.) , expliquent  cette  fab.e, 

en  difant  que  le  roi  de  Mauritante  avoit  ete^  un 
grand  añronome;  quil  avoit  menK_  invente  la 


nventeur  de  la  fphére  j ainíi , fon  ne  cioit  e - 
endre  la  découverte  ¿’ Atlas  que  de  .a  fp.bencite 
pparente  des  cieux.  . , 

Hercule  foulagea  pendant  auelques  initans  - 
nalheureux  Atlas  ; & les  architectes  apciens  re-^ 
racérent  fes  fonélions  dans  ces  figures  d hommes 
[tii  fupportoient  des  faillies  de  bátimens. 

Winkelmann  a reconnu  A-tlas  fur  une  corna 
ine  antique  du  barón  de  Stofeh.  On  y Ygk 
iomme  nud  avec  de  la  barbe,  affis  fur  une  umn 
agne  , adoífé  contre  une  coloone^,  ayant  m. 
toile  devane  & une  fecunde  derriére  luí.  -y 
leíTus  de  la  colonne,  on  obferve  un  long  mot- 
ean de  bois , orné  de  deux  trayerfes,  q_iu 
oit  étrcun  inftriimerrt  appelé  aujourd  huí 
\eJacoh  par  les  pilotes,  & qui  fervoit,,aut.ero-  j 
í!  íVrr  nr>«  iCíllfS  ..  ¿ ¿CtCríTlínv*  ÍS- 


teuj  de5  aítrés. 


A T R 

A’toxi'a.  Les  anciens  écrivains  latins  appelíení 
de  ce  nom  le  chant  des  pleureufes^  príficarum , 
•que  Ton  payoit  pour  les  funéraiiles.  Ce  nom  eft 
relstif  aux  fons  bas  & enrre-coupés  qui  carafié- 
ícient  cette  Ingubre  mélodie. 

AIR  ACIDE.  -1  ^ 

ATRACIS.  í 

ATRATINUSj  furnom  de  la  famlll-e  Sem- 
PROXIA. 

ATRAX  Gu  AtraciA-í  e'toit  une  ville  de 
TheiTalie , lituée  fur  le  Ptnéc.  Elle  tirok  fon 
rom  á’Atrax , fon  fondateur  ^ fils  de  Fénée  & 
de  Bura.  II  faíloit  qu'elle  fút  co-níidérable  ^ puif- 
que  les  poetes  fe  font  quelquefois  fervis  de  f épi- 
théte  Atracien,  pour  dire  TheíTaüen.  Ovide  ap- 
pelie  Atracide  CcnéüSj  qui  fut  tué  aux  noces  de 
Pirithoüs  j dans  le  combar  des  Centaures  & des 
Lapirhes.  Le  poete  n'a  pas  voulu  dire  qu'il  fut 
fils  yitrax  ¡ puifque  peu  aupa.ravant  il  favoit 
dir  fiis  cFElatus  ; mais  il  a voulu  dire  en  general 
qudi  étoít  de  TheiTalie.  Le  tnéme  poete  nomme 
fimplement  la  femme  de  Piritho.üs  Atraéis;  mais 
ailieurs , il  la  nomme  Hippodamie , S>c  y joint 
Pépithéte  Atraéis.  On  a encore  nommé  ía  magie 
Ars  Airada  y mais  c'’eít  dans  )e  méme  fens  qui Ars 
Tkejfalica , qui  fignifie  en  général  la  magie ; 
.parce  que  les  magiciennes  de  TieiTalie  étoient 
fameufes. 

Atrax  , en  TheiTalie.  at.  en  -monogramme 
Se  A'TPATI£2N. 

Pellerin  a publié  une  rnédaille  autonome  d’ar- 
gent  de  cerré  ville.  . 

Hell  & M.  Eckheí  luí  en  attribuent  de  pa- 
xeilles.  II  n’y  en  a point  d’or  ni  de  bronze. 

ÁTRE  j étoit  une  dtvinité  des  anciens  Saxons ; 
ais  le  regardoient  comme  un  malin  efprit ; aufli 
ne  Thonoroient-iis  que  par  la  crainre  du  mal  qu’il 
pouvok  leur  Taire. 

ATRÉE  5 étoit  fils  de  Péiops  & d’Hippodamie. 
Ríen  n’eft  plus  connu  que  fa  haine  pour  fon  frére 
Thyefte  ^ ¿e  les  crimes  affreux  auxquels  elle  donna 
lieu.  Le  commencemenr  de  .cetre  haine  vint  de 
•ce  que  Thyeíle  avoit  enlevé  á fon  frére  une  toiíbn 
-d’or  ou  une  brebis  dorée  ^ que  celui-ci  regardoit 
•comfne  le  gage  du  bonheur  de  fa  fasiilie.  Thyeíle 
av oit  fait , dit-on  3 ce  larcin  par  le  moy en  d’Erope  3 
'filie  d’Euriílhée,  rol  d’ Argos,  & fcmtne  di  Arree. 
La  trahifon  d’Erope  étoit  la  faite  du  commerce 
inceftueux^^qu’clle  entretenoit  avec  Thyeíle,  fon 
fceau  frére,  dont  elle  eut  deux  enfans.  Aeree  ayant 
idecouvert  cetre  horrible  intrigue.,  chaíTa  fa  femme 
■&  fon  frére  de  fa  cour.  Mais  il  ne  crut  pas  fon 
•affront  fufEfamment  vengé  par  cer  exil  5 il  fei- 
■ gnit  de  vouloir  fe  réconciüer  avec  fon  frére  , 
& le  rappeia.  Pour  mieux  fceller  la  réconcilia- 
*1°^/  prepara  un  banquet  folemnel , dans  lequel 
Airee  fit  fervir  les  membres  des  enfans  que  Thyeíle 
•ayoit  eus  deia  leine.  Le  foleilj  difent  les  poetes. 


A T R 35  i 

retouma  Tur  fes  pas,  aSn  de  ne  pas  éclairer  un  £ 
exécrab'e  feílin.  Thyeíle,  qui  reconnat  la  narure 
des  mets  qu  on  lui  íervoir , craignanr  que  la  fareur 
ae  fon  fré^  ne  s’étendir  juíqii’á  lui  , prit  la  faite  , 
& fe  fauva  á Syeione. 

Tnveíte  avoit  eu  une  filie  nommée  Pélopée  i 
& un  oracie  liu  avoit  prédit  qu’il  feroit  vengé 
des  cruautés  de  fon  frére  par  un  fils  do.nt  il  feroit- 
rendu  pére  par  fa  propre  filie.  Pour  éviter  la 
crime  qui  devoit  dónner  la  naiíTance  á ce  fils, 
Pélopée  fut  élevée  loin  de  iui,  & confacrée  á 
Syeione,  au  nombre  des  prctreíTes  de  Minsrve- 
Ihyeílela  rencontra  dans  un  bois  déla  déeíTe, 
lui  fit  violence  fans  la  connoitre,  & la  rendit 
mére  d’Egyíle.  Airée , qui  pourfaivo-it  fon  frére, 
rencontra  Pélopée , -ía  niéce , en  devint  amoo- 
reux  & 1 epoufa.  Elle  accoucha  peu  de  tems  aprés, 
de  Tenfant  qu’elle  avoit  concu  du  crime  de  fon 
pére , & le  fit  expofer.  Quelques  hergers  en 
prirent  foin , lui  donnérent  pour  nourrice  une 
chévre  ; & c’eíl  d’iil,  ihévre.,  qu’il  fut  nommé 
Egyíle.  II  fut  rendu  á fa  mere  5 & elle  lui  remit 
une  épée  qu’elie  s’étok  fait  donner  par  Thyeíle, 
lorfqu’il  la  deshonora  y a-fin  , luí  avoit-elle  dit , 
que  Tenfant  qui  naitrok  de  ce  exime , poiléuát 
qoelque  partie  des  biens  de  fon  pére. 

Egyíle  fiit  elevé  dans  la  maifan  d’Atrée,  qui, 
tqujours  oceupé  de  la  vengeance  qu’il  vuuloit 
-tirer  de  fon  frére , envoya  Agamemno.n  & Mé- 
néks,  -fes  fils,  avec  Egyíle,  pour  arr.éter  Thyefte^ 
ils  le  furprirent  dans  íe  temple  de  Delphes,  & 
I^emmenerent  á Atrée^ , qui  Tenferma  dans  une 
étroite  prifon.  Ce  frére  barbare  charge.a  Egyíle 
de  i’y  tuer  ;^.S¿:  pour  lui  obéir,  Egyíle  ailok  em- 
ployer  .Tép.ée  qu’il  avoit  reque  de  fa  mére  : á la 
v!^  de  cette  épée,  Thyeíle  reconnut  fon  fils.. 
Pélopée  furvint  au  moment  de  cette  reconnoif- 
fance  5 &• , inílruite  alors  de  fon  incefte  avec  foa 
pére,  elle  fe  perqa  de  cette  arme  fatale.  Eaylle  la 
retira  toute  Tangíante  du  fein  de  fa  méreT  & la 
porta  á Airée  , qiü , fe  croyant  aíTuré  de  la  ir.ort 
de  fon  frére , alia  fur-le-champ  offrir  aux  dieux 
un  facrifice  d’aétions  de  graces.’Mais  alors  Egyíle 
le  tua  lui-méme,  mit  fon  pére  en  liberté,  (k  le 
lit  monter  fur  le  troné  d’Argos.  Veye^  la  -fuite 
des  crimes  de  cette  familia  célébre , -aux  mots 
Agamemnok,  Cettemnestre.,  Egy.sje^ 

OE.£STEj  TA'NTALE. 

Airée  eut  trois  fils,  Aléon.,  Mélampus  & Eu- 
molus,  que  Cicerón  nomme  -Diofeures.  Voye^ 
Dioscures. 

On  vok  au  palais  Farnéfe  a Rome  , une  figure 
héroique  , qui  porte  fur  íes  épaules  un  ;et!n,e 
homme  tué.  Quelques  ant'iquaires  ont  cru  y re- 
connoít-re  Commode  , fous  la  figure  d’un  glaáia- 
teur;  parce  que  la  tete,  qu!  eíl  moderne,  8c  quí 
offre  des  traits  de  cet  empereur , a été  fuppofée 
antique.  Cette  -ítatue  fut  gravee  dans  un  recueij 
de  ftatues  j fait  á Rome  en  lézj  ; .8c  quelqu’un, 
fur  ce  mauvais  deffin  , j vic  Airée  pertant  le  áls 


35X  ATR 

fon  frere  Thyefte , qu’il  a mis  a mort  pour 

fervir  dans  le  fatal  banquet.  Jacques  Grono- 
vius  „ quoique  poñérieur  á ce  témoignage , fe 
^lorifie  cependant,  dans  fes  Antiquites , d’avoir 
fait  la  méme  découverte  j que  Winkelmann  a 
étayée  de  fon  précieux  fuffrage. 

ATRIAj  en  Italie.  kat. 

Hunter  pofledoit  trois  médailles  autonomes  de 
bronze , avec  des  types  áifférens , que  M.  Combe 
attribue  a cette  ville. 

ATRIARIUS.  Ulpien  parle  de  cet  efclave , qu  il 
affimile  au  focarius  , & aux  autres  domeftiques  em- 
ployés  aux  fondtions  les  moins  relevées.  Onpeut 
conjeólurer  qu^il  étoit  charge  du  foin  de  net- 
toyer  Xatrium , 8c  qu’il  fe  tenoit  a la  porte  exte- 
rieure  de  cette  piece. 

ATRIDES ; c’eft  le  nom  qu  on  donne  á Aga- 
memnon  & a MénélaS:,  comme  fils  d’Atrée:, 
quoique  pluíieurs  croyent , avec  quelque  raí  fon , 
qu’ils  n’étoient  pas  fils  de  ce  prince,  mais  de 
Plifténe  , fon  frere.  Comme  les  aélions  de  ce 
dernier  n’avoient  pas  mérité  une  place  honorable 
dans  rhiftoire,  Homére  voulant  honorer  la  mé- 
moire  du  chef  des  Grecs  & ¿e  fon  frere a pris 
foin  de  les  faire  croire  fils  d’Atree,  & de  les  nom- 
mer  par-tout  les  Atrides. 

ATRTENSIS,  en  fous-entendant^rvM,  étoit 
Tefclave  prépofé  á la  gard?  de  V atrium , ic  <^di 
ávoit  le  foin  des  images  illuftres  dont  il  étoit 
erné.  Son  ertiploi  étoit  plus  relevé  que  celui  des 
autres  efclaves  ^ fur  lefquels  il  avoit  autorité. 
On  le  volt  dans  la  fcéne  quatriéme  du  fecond 
aéle  de  V Afinaría  de  Plaute , oú.Saurea,  qui  étoit 
tíírienfis  j traite  durement  & avec  hauteur  un 
de  fes  camarades.  Dans  la  feconde  du  méme  aóle  j 
ün  efclave  voulant  donner  une  bonne  opinión  de 
iin , fe  dit  étre  atríenfis , 8c  affeéie  un  beau  lan- 
gage  & des  manieres  recherchées , pour  le  per- 
fuader : 

Extemplo  fado  facetam  me  ¡,  atque  ma^ificum 
•viram  , 

J)lco  me  ejfe  atrienfem. 

Phédre  2.)  dépeint  ainfi  un  atríenfis  : 

Ex  alticinñls  unas  atrienfibus , 

Cui  tundea  ab  humeris  Linteo  Eelufio 

Eral  defiricía  , dmis  dependentibus 

Cette  defeription  eft  expliquée  par  les  réflexions 
fuivantes  du  comte  de  Caylus,  fur  un  mqnument 
qu’il  a publié  dans  fon  Recueil  d’Antiquités  3 
tome  2,  pl.  84^  n.  I & 2. 

« Ce  fragment  d’une  petitc  figure  de  bronze , 
inérite  quelque  confidération  par  le  genre  ^ de 
fon  habillementj  le  goút  de  fon  exécution,  l’ar- 
rángement  des  cheveux  & les  plis  du  manteau, 
princfpa’ement  dans  la  partie  du  derriére.  Au 
preáiiár  afpeílj  ón  prend  cette  figure  pour  uri 


ATR 

prétre  de  Cybéle  j mais  je  fuis  perfuadé  qu* 
c eft  un  atríenfis.  En  effet  ^ je  crois  voir  un  de 
ces  efclaves  deftinés  pour  Ies  appartemens^  & 
qui  j felón  queiques  auteurs,  portoicnt  une  robe 
de  toile  de  Pélufe  ^ arretée  par  une  ceinture  au- 
deíTous  des  épaules , & garnie  de  franges  (ou  de 
poils)  qui  pendoient.  Cette  conjeéiurej  qui  ren- 
droit  ce  morceau  plus  agréable  & plus  intéref. 
fant^  eft  autorifée  par  Thabillement  & la  parure. 
La  defeription  que  Phédre  donne  de  ces  fortes 
d’efclaves,  convient  parfaitement  á cette  figure, 
& j’ai  été  frappé  de  tous  fes  rapports.  On  ne  voit 
point , á la  vérité , de  franges  , mais  on  faic 
qu’elles  n’étoient  placées  que  dans  les  partíes  qui 
font  ici  détruites.  » 

ATRIUM  exprimoit , chez  les  Romains , une 
partie  des  bátimens  fur  laquelle  les  interpretes 
ont  varié.  lis  s’accordent  feulement,  en  général, 
á reconnoitre  Xatrium  pour  un  lieu  qui  étoit  place 
au-dedans  & á I'entrée  des  maifons.  Etoit-ce  une 
falle  d’entrée,  une  cour  entourée  de  portiques, 
ou  une  place  devant  la  principale  porte  du  báti- 
ment  ? C’eft  ce  que  nous  allons  chercher. 

Plufieurs  auteurs  anciens  confondoient  Xatrium 
zvtc  le  veñibule.  Martial  , par  exemple,  dit  que 
l’endroit  ofi  Fon  voyoit  de  fon  tems  le  gr^d 
coloíTe  & les  pegmata  ou  Ies  machines  de  théátre 
Sí  d’amphithéátre  , étoit  Xatrium  du  palais  de 
Néron.  Ü s’eft  fervi,  pour  exprimer  cetendroit, 
de  rexpreíííon  atria  regís.  Mais  Suetonc  place 
toutes  ces  chofes  dans  le  veftibule  du  menre 
palais  : Vefiibulum  ejus  fuit  in.  quo  cqlojfus,  lie.  Ls 
poete  eft  moins  á croire  ici  que  l’hiftonen;  car  ¡I 
paroít  conftant  que  le  veñibule , vefiibulum,  etoit 
une  petite  place  vuide  qui  étoit  dans  la  rué  devant 
la  porte  des  maifons.  Se  que  Ton  appeloit  pro- 
prement  area  , lorfqu’clle  fe  trouyoit  au-nevant 
d’un  temple.  XJatrlum , au  contraire , etoit  en? 
dedans  des  maifons. 

Vatrium  différoit  des  íimples  cours,  implavia, 
en  ce  qu’il  étoit  couvert  5 comme  il  paroit  evi- 
dent  par  la  defeription  que  fait  Pline 
de  fa  maifon  de  campagne  (Epifi.  lH- 
Cujas  in  prima  parte  atrium  frugi  nec  tamenjqr  i 
dum ; deinde  porticus  in  O liters,  fimilitudtnetn 
drcumachsL  3 qaibus  párvula  , fed  fe fiiya  area  ^ 
ditur.  ce  On  trouve  d’abord  ( c’étoit  une  ° 
de  campagne  , qui , par  conféquent n avoir  p 
au -devant  d’elle  un  terrein  vuide,  appeft 
bulamj  un  atrium  propre  , quoique  fimple  j en 
deux  portiques  forment , par  leur  réunion , 
ovale  , dans  lequel  eft  enfermée  pne  aire,  P 
á la  vérité  , mais  agréable.  » 

On  peut  done  aíTurer  que  Xatrium  etoit  la  pts^ 
miére  piéce  par  laquelle  on  entroit  dans 
maifon  , & qui  précédoit  Ia_  cour , la  íans  1 
trée  proprement  dire.  C’étoit-lá  que 
les  images  des  ancétres , appelees  pat 
fSat.viJul.)'.  ' 


A T R 


Fumofos  eqjiitam  ciiw.  diñatort  maglfiros , 

Ies  images  enfumées  des  maítres  de  la  cavalerie. 
II  les  défigne  par  Tépitliéte  á‘en.famées , pour  expn- 
mer  leur  anciennetéj  ainfi  que  les  brafiers  ou  tré- 

Í)ieds  avec  lefqueis  on  échaufioit  Yatrium , & 
es  domeftiques  ou  efclaves  qui  s'y  tenoientj  en 
atcendanr  Ies  ordres  de  leurs  maítres. 

C’étoit  auífi  dans  Yatrium  que  les  méres  de 
famiile  vigilantes  travailloient , & qu  elles  veil- 
loient  aux  travaux  domeftiques.  Arnobe  le  dit 
expreíTément  ( j/.  j:.  91.)  : Matres  famili&  vefir& 
in  atriís  operantur  domorum  , indufirias  tefiificantes 
fuas.  Cet  ufage  remonroit  aux  premiers  tems  de 
la  république. . ..  Interque  telas,  qua.  ex  vetere 
more  iii  atrio  texebantur , dit  Afconius  en  com- 
mentant  Cicerón.  Pour  cette  raifon , il  y avoit 
de  grandes  armoires  qui  renfermoient  les  habits. 

Uatrium  fervoit  de  falle  á manser.  Servius 
(zra  Mtieid.  I.  730.)  rapporte  un  mot  de  Catón  ^ 
qui  rappelle  cet  ancien  ufage  ^ & la  frugalité  des 
repas  que  les  anciens  Romains  faifoient  dans 
Yatrium  , avec  dcux  fervices  feulement  ; Nam , 
ut  ait  Cato  , & in  atrio  & duobus  ferculis  epula- 
iantur. 

Ün  général  célebre  par  fes  viñoires,  déco- 
roit  fon  atrium  des  enfeignes  des  vaincus  Se  de 
leurs  dépouilles.  Les  proconfuls  enrichiffbient 
les  leurs  des  plus  beües  ftatues  & peintures  de  la 
Gréce  , qu’ils  couvroient  foigneufement , pour 
Ies  conferver  dans  leur  fraicheur. 

De  hautes  colonnes  porroient  les  plafonds 
de  Yatrium.  IClaudian.  in  Ruffn.  il,  IJJ.): 

Quid  purpuréis  fuffulta  columnis. 

Atria. 

Ces  plafonds  mémes  étoient  couverts  avec  des 
tapis  de  pourpre^  qui  formo icnt  un  fecond  ciel. 
{firippus  , iil. ) : 

Clara  fuperpofitis  ornahant  atria  velis. 

Les  em.pereurs  grecs  donnoient  audience  dans 
Yatrium  aux  arhbafTadeurs  des  princes  étrangers. 
Cette  falle  étoit  parée  alors  de  tous  les  orne- 
mens  d’or  & de  foie  dont  elle  étoit  fufceptible  , 
comme  nous  Tapprenons  de  Corip-pus , qui  le 
dit  en  parlant  de  la  réception  que  fit  i’em.pereur 
Juftin  aux  envoyés  des  Avares  : 


A T R 353 

L’anniverfairc  de  fon  inauguration  fe  célébroit 
le  jour  des  ides  dC4vriI.  Owiáe  -(Fafi.  iv. 

Hac  quoque , ni  fiillor  , populo  dignijjtma  nofiro 
Atria  Libertas  coepit  habere  fuá. 

Les  cenfeurs  y tenoient  leurs  aíTemfalées^  & y 
confervoient  Ies  acles  de  leur  tribunal.  La  loi 
contre  les  veftales  coupables  y étoit  gravee  fur 
des  tables  de  bronze,  ainíi  que  pluíieurs  autres; 
mais  elles  périrent  dans  Tincendie  qui  détruiíic 
cet  atrium.  Aíinius  FoIIicn  le  rétabiit  dans  un 
nouvel  éclat , Se  Taccompagna  d'une  cour  en- 
tourée  de  portiques  j ce  qui  le  fit  appeler  par  p!a- 
íieurs  , tantót  impluvium , & tantót  periftylium. 
On  y placa  une  bibliothéque  publique  , don" 
parle  Ovide^  (Frifi.  3.  éleg.  i.  v.yi.)  & qu  il 
nomme  la  premier e : 

Ne:  me,  qua  doBis  patuerant  prima  tibellis 
Atria  , Libertas  tangere  pajfa  fuá  efi. 

YJ atrium  Matuta  étoit  á í’entrée  de  foñ  ades  , 
íituée  fur  le  mont  Aventin  ^ dans  la  treiziéme- 
région. 

U atrium  de  Minerva  touchoit  fon  temple  du 
forum  Romanum  , au-deífous  du  capitole. 

TJatrium  de  Néron  formoit  Tencrée  dé  fa  mai- 
fon  dfor ; il  étoit  accompagné  de  vaftes  pord- 
ques  j au  milieu  de.fqueis  s'élevoit  fon  coloíTe. 

U atrium  du  palais  des  Céfars  avoit  été  con- 
facré  par  Ies  augures ; on  y faifoit  des  facrifices  , 
dans  lefquels  les  béliers  fervoient  de  vidimes  , 
8c  le  fénat  sV  affembloit  fouvent. 

Uatrium  de  Pompée  étoit  dans  la  neuviéme 
región.  Blondas  a cru,  mal-á-proposj  en  recoii- 
noitre  l’ancien  lite  dans  rendroít  appelé  S atrio , 
& il  a été  trompé  par  une  faulTe  reflemblance 
de  nom. 

Yl atrium  publicum  étoit  fur  le  capitole,  dans 
Tendroit  oú  eft  aujourd'hui  le  palais  du  fénateur. 
II  fot  brúlé  par  le  tonnerre.  Tite-Live , 29.  10. 

ATROPOS  j une  des  Parques.  Son  nom  ex- 
prime 1 infiexibilité  de  ces  déeíTes  infernales  5 car 
il  eft  compofé  de  Va  piivatif  & de  -Tfí's-a , fe 
change.  Stace  luí  -donne  répithéte  alba,  qui  eír 
relative  á la  blancheur  des  cheveux  de  ces  áivi- 
nités  antiques.  C'étoit  Atropos  qui  coupoit  le  ftl 
de  la  vie  que  les  Parques  íiloient , felón  ce  vers  íi 
connu : 


Atria  praclaris  extant  alti(p.ma  teais , 

Solé  metallorum  fphndenüa  , mira  parata. 

Jet  facie  plus  mira  loci , culcuque  fuperba  , 
Ftobilitat  medios  fedes  Augufi a penates. .. . 
Mira  pavimentis  , firatifque  tapetihus  ampia 
Flanities  , longoque  feditia  compta  tenor e 

de  la  Liberté , oui  étoit  un  des  plus 
Sétnarquables  de  Rome , étoit  fitué  fur  le  mont 
Aventin , á l’entrée  du  temple  de  ia  raéme  déeíTe, 
Anticpiitis  , Tome  L 


Clotho  colum  retinet,  Lackefis  net.  Atropos  otcat. 

Dans  rallégorie  qui  remplit  le  dixiéme  livre  de 
la  République  de  Platón,  Lachéfis  chante  les 
événemens  palfés , & Tavenir  eft  le  fufet  des 
chants  i’ Atropos.  Cette  derniére,  vétue  de  noir, 
tient  des  cifeaux  avec  lefaueís  elle  fe  prepare  á 
couper  les  íüs  qui  garn^nt  des  pelotons  , en 
plus'  oa  moindre  quantifeé  felonía  longuear  ou 
ia  briévecé  de  la  vie  accoxdée  á chaqué  mortei. 

Y r 


^54 


T T 


Auffi  lai  attrlbuoit-on  aíTez  génerálement  une  iii- 
fíuence  particulií^re  Tur  la  duree  de  nos  jours. 
Stace  {Sylv.  Uh.  4.) : 

tu.  ¡ fi  longí  curfurtt  dablt  Atropos  e.vi. 


C’eñ  Atropes  qui  promit  á Méléagre,  au  mo- 
fnent  de  fa  naiflance , une  vse  auíTi  longae  que  la 
«íurée  du  tifón  offert  par  hafard  á fes  yeux. 
Ovide  {Métam^  lib.  8).  C"eft  á elle  auffi  quinte 
mere  affligée  reproche  ía  morí'  de  fon  ftls  enleve 
dans  la  fieurdes  ans.  {Gruter „ Thef.  ínfcr,  Grttv. 
6^1.  10.)  : 

C.  LAELIG.  C.  F.  IV 

MAGNA-.  OMNIUM.  EXPECT ATIONE.  GENITO-. 
EX.  DECIMO.  OCTAVO.  AETATIS.  ANNG 
AB.  IMMANI.  ATROPO.  E.  VITA.  RECISO 
FUSCA.  MATER 

AD.  LUCTUM.  ET.  GEMITUM.-  RELICTA. 
EUM.  LA.CRIMIS.  ET.  OPOBALSA.MO.  ÜDUM 
HOC.  SEPULCRO.  CONDIDIT 


ATROPüS , rnñrument  de  muííque  des  Grecs , 
dont  nous  n’avons  aucune  defcription.  Son  nom-^ 
qui  fignifie  ímmiiahle  ^ annonce  un  rnñrument  qui 
confervoit  toujours  le  méme  ton  ^ comme  ces 
lames- d'acierélañiqueSj  appelées  Lt-mi-la 
muíiciens  franqois. 

ATTA  , roí  ineonntR 
Ses  médailles  font  t 
RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze.  (Pellerín)^ 

ATTABUR.íiA  ,,  dans  la  Phcenieíe.  ATTABT- 
TAILiN. 

Cette  vilie  a fáit  frapper  des  medailí'es  impe- 
riales grecques , en  Phonneur  -de  Diaduménien. 
ATT^A  , en  Phrygie.  attaitqn. 

Les  médaiiles  autonomes-  de  cette  vüle  ídnt  t 
RRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Cette  ville  a fart  frapper  des  médailles-  impé- 
jiaíes  grecques  en-Phonneur  deTrajan,  de  Sepr.- 
SevérCj  de  Géra.,  de  Commode.  Vaillant  les 
avoit-  attribuées  á Att&a  de  L-aconie;,  mais  Pel- 
ierin  les  a reftituées  a A.tt&a  de  Phrygie. 
ÁLTALE  j tyran  fous  Honorius. 

Przscus  Attalus  Augustus^ 

Ses  médailles  font-:.  ' 

RRR.  en  or. ' 

RRR.  en,  argenr. 

RRR.  CH  P.  B. 

ATTALIA^  en  Lydíe.  attaaeost. 

Les  médailles  auronomes  de  cette  ville  font  r 
RRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Sís  types  foat  relatift  aii  caite  de  Bacchus^ 


ATT 

diftinguení  fes  médailles  de  celies  aAttafia  en 
Pamphyüe. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
riales  grecques  , avec  des  noms  de  magiftratSj  en 
Phonneur  d’Hadrien  avec  Sabine , de  Sep.-Sévére,, 
de  Car-acalla,  d’Anronin  , de  M.-Aaréle,  de  rhi- 
lippe  jeune. 

Attalia,  dans  ía  Pamphylie.  attaaesjm. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
riales  grecques  , fans  noms  de  magiñra-ts  , en 
Phonneur  d’Auguñe  , de  Libére,  d’Hadrien,  de 
Commode^  de'Sévére,  de  Caracalla,  de  Valé- 
rien. 

Elle  avoit  fait  frapper  autrefois  des  médailles 
autonomes  , avec  des  attriburs  de  Neptune  , qui 
les  diñinguent  des  médailles  & Attalia  en  Lydie. 
Elks  font  t 

O.  en  or, 

O.  en  argent. 

RRRR.  en  bro-nze.. 

ATTAISITES , efpéce  de  gáteaux  des  anciens-y 
dont  nous  ignorons  la  conipofition ; leur  nona 
aTr&iirai  , venoic  de  y poeU.  Saumaife  y 

fur  Solin. 

ATTANULUM,  dans  les  Giofes  d’Iíidorey 
défigne  un  vafe  de  terre  cuite , dont  les  pretres 
fe  fervoient  dans  Ies  facrifices.  II  eft  auái  appeié 
attanuvium, 

ATLETA , famiRe  romaine.  dont  Goltzius  a 
publié  íéul  des  médailles. 

ATTELER.  On  croit  que  Part  ^^attdtr  des 
chevaux  ne  fut  introduít  dans  ía  Crece  que  vers 
le  tems  de  Bellérophon , treize  ou  quatorze  cens 
ans  avanr  J.  C. felón  le  P.  Petau^L  opinión  la- 
plus  genérale  en  fait  honneur  a trichthon  ou 
Erechthée , roi  á’Athénes.  ^ 

Eés'  anciens  atteloient  leurs  chevaux  de  fren,-, 
& prefque  jamais  á la  queue  Ies  uns  des  autres. 
lis  atteloient  ordinaircment  les  boeafs  par  le  coJ. 
Nous  ne  nous  rappelons  aucun  monument  íar 
lequel  les  boeufs  foient  attelés  par  Ies  coiiies.  ^ 

Les  m-ythologues  donnent  á quelques  diviffltes 
des  chass  attelés  de  différens  animaux.  Des 
vaux  trainent  ceux  du  Soteil , de  la  Lune , de  ^ 
Nuit,  de  PAurore , de  Mars  , de  la  \ isSoire, 

On  voit  des  paons  attelés  á celui  ue  Junon , es 

coPombes  á celui  deVénus,  des  cygnes  a ce  ur 
d’Apollon  , chef  des  Mufes  , queiquefois 
dragons  á ceux  de  Cybéle  & de  Medee , 
chevaux  marins  au  char  de  Neptune  y des  pa» 
theres  á celui  de  BaccPius,  des  lions  a ce  m 
Cybéle , queiquefois  des  griífons  a celui  P 

Ion,  &c.  , L, 

ALLI  A y famille  romaine  donton  a.  des  me. 

drilles  !-  , 

RRR.  en  bronze,  appartenant  á Néron. 

O.  en  or. 

ATTICuirfurnom  de  la  ManliA. 


A T Y 

ATTILAj  roí  des  Kuns. 

Ateola  ou  Atiia. 

Ses  médailles,  qui  peuvent  fe  ranger  dañs  .a 
faite  impériale , font : . , 

C.  en  otj  de  la  forme  du  quínaire. 

C-  en  arsent. 

RR.  en  B. 

II  y cependant  des  antiquaires  qui  doutent 
encore  que  les  médailles  fur  lefqueiles  on  iit  le 
nom  d’AxEULAj  appartiennent  á Añila. 

ATT  INI.  Muratori  (1980.  7.  Tkef.  infcr.'} 
rapporte  rinfcription  d’un  Taurobole , dans  la- 
qiieüe  on  lit  Attini  pour  Attidi  ¡ a Attis.  On  lie 
daos  la  méme  colleítion  j fur  un  autre  marbre , 
Attini  Aug. 

ATTJS.  Voye^  Atys. 

ATTONITUS  délignoit,  dan s le  langage  des 
prctres  , celui  qui  avoit  vu  tomber  la  foudre , 
& qui^  avoit  été  froiiTé  de  la  commotion  de  f air 
occalionnée  par  ce  météore.  Pétrone  {c.  61.); 
Intremui  poft  hoc  fulmgn  attonltus, 

ATTRIBUTUM.  C'étoit  le  nom  de  Targent 
que  les  tribuns  aííignoient  au  quefteur  pour  four- 
nir  aux  dépenfes  civiles , & aux  tribuns  du  tréfor 
pour  payer  les  foldats.  Son  nom  venoit  d tributo. 
Varron  (ae  Ling.  Latín,  ir.  36.)  : A tributo 
FTCUKiA  qui,  ajjignata  erat , attributum  diclum: 
eb  eo  queque  quibus  attributa  erat  pecunia  , ut  militi 
reidant , tribuni  irarii  dicli  : id  quod  attributum 
erat , is  militare. 

ATTUDA  , en  Phrygie.  ATTOYAeíjií. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales grecques  en  Thonneur  de  Caracalla  , de 
SalomnCj  de  Domna. 

ATYS  , étoit  Tun  des  prétres  de  Cybele , Se 
Tobjet  des  foins  les  plus  tendres  de  la  déeíTe  j 
mais  ce  jeune  homme  la  facrifia  á la  nympbe  San- 
garide  , filie  du  fleuve  Sangar.  La  déefíe  Ten 
punit  dans  la  perfonne  de  fa  maitreíTej  qu  elle  fit 
périr.  Atys  , au  défefpoir  d’avoir  perdu  Sanga- 
ride,  porta  fa  rage  jufqu’a  fe  mutiler  lui-méme. 
11  fe  feroit  oté  la  vie , íi  Cybele  ne  Teut  méta- 
morphofé  en  pin.  II  y a des  auteurs  qui  difént 
Atys  étoit  un  jeune  berger  de  Phr}^giej,  dont 
Cybéle  devint  amoureufe  > mais  quoiqu’elle  fiit 
la  mere  des  dieux , il  la  méprifa  pour  une  jeune 
beauté.  Cybéle  , apprenant  cette  paílmn  qui  con- 
trarioit  fes  deffeins , courut  furieufe  au  lien  oú 
étoient  les  deux  amans,  & ayant  trouvé  Atys 
caché  derriére  un  pin  ^ elle  le  fit  mutiler  aux  yeux 
de  fa  rivale,  qui  fe  tua  de  défefpoir. 

Catulle  dit  qaAtys  fe  mutila  lui-méme,  par 
jé  ne  fais  quel  traníport  de  rage , 5c  que  Cybéle 


ATY  3J5 

le  mit  alors  au  nombre  de  fes  prétres.  Ce  qu'il  y 
a de  vrai , c^eft  que  les  prétres  de  Cybéle  fout- 
froient  volontairement  la  fupplice  á'Atys  , Se 
dans  leurs  .fétes , méloient  des  cris  & des  hur- 
lemens  , pour  pleurer  la  mort  de  ce  jeune  phry- 
gien,  dont  rÁrchigalle  portoit  Timage  enlacée 
dans  fa  couronne  Se  pendue  á fon  col ; ainíi 
qYon  le  voit  au  bas-relief  du  capitole , fur  lequel  ■ 
ce  premier  prétre  de  Cybéle  eft  fcuipté  avec  fon 
bizar.''e  accoutremenr. 

Au  refte  , la  fable  varié  beaucoup  fur  la  naif- 
fance  & fur  les  aventures  Á‘Atys  ; car  on  a écríí 
encore  qu’il  avoit  enfeigné  le  premier  a célébrer 
les  myftéres  de  Cybéle  á Peífina.nte , ville  de 
Phrygie,  auprés  de  laqüelle  il  gardoit  les  trou- 
peaux.  Ayant  manqué  á la  promeíTe  qu’ii  avoit 
faite  á la  déefle , de  n’aimer  aiicune  mortelle , & 
cel!e-ci  ayant  fait  mourir  Sangaride  , f objet  de  la 
paffion  5 il  fe  mutila  avec  un  couteau  de  piarre 
ou  avec  un  telTon,  felón  Juvénal  {Sat.  ir.  514.) : 

Mollia  qui  rupia  fecuit  genitalia  tefld. 

Ceíl:  aprés  cette  mutüation  qu  il  eft  cenfé  dire 
de  lui-méme,  dans  Catulle  (6^.75.)  : « Queile 
forme  n ai-je  pas  reque ! j'ai  été  femme  , j"ai  été 
adolefeent , homme  méme  8c  enfant  » : 

Quod  genus  figun  efi  , quod  ego  non  hahuerim  7 
Ego  mulier,  ego  adolefceas , ego  ephebus egopue-r. 

La  maniére  dont  Atys  eft  repréfenté  fur  les 
anciens  raonumens  , eít  relative  á cette  forme 
ambigüe  qui  participe  des  denx  fexes.  On  lui 
donne  un  embonpoint  remarqiiable,  8c  fa  tunique 
eft  , contre  rordinaire  , ouverte  fur  le  ventre  , 
afin  que  Ton  en  voye  le  renflement  ou  l’élévation  , 
qui  cara&érife  le  fexe  féminin.  II  eft  coéffé  avec 
le  bonnet  de  Phrygie  5 il  porte  les  longues  chauíTes 
du  méme  pays , 8c  rient  le  pedum  ou  báton  pafto- 
ral , la  fyringe  ou  ñute  á plufieurs  tuyaux,  8c 
quelquefois  le  tympanum  de  Cybéle. 

Aíartianus  Capella  nous  apprend  qn  Anys  étoit 
un  des  emblémes  fous  lefquels  le  foleil  étoit 
adoré  par  les  différens  peuples  de  TOrient,  (Nupt. 
Fhilol.  lib.  z.)  : 

Te  Serapim  Nilus , Mempkis  veueratur  OJirlm  , 
Dijfonafacra  Mitram,  Ditemque  ,ferumque  Typka- 
nem. 

Atys  puzchtr,  item  curvi  & pucr  almus  aratri: 
Ammon  & arentis  Lybies  , ac  JSiblius  Adon. 

Sic  vario  cunüus  te  nomine  convocal  orbis. 

Cette  doétrine  feroit  prouvée  par  Ies  infcriptlons 
fuivantesT'dans  lefquelles  Aíyí  eft  appelé  Mbxo- 
TYRAYxus  , du  grec  tíTTííiTÚfaírns  , contraéiion 
de  í-úfííTísí,  roi  des  mois  ,•  li  c'écoit  au  fokii 

y y ij 


3 5^5  A ü C 

p’utóí  qu’á  la  lime  qii  rl  fallát  attiibuer  ía  dlvi-  | 
íion  de  Fannee  en  douze  parties : 

M.  0.  M.  I {' matri  deum  magna,  lita). 
ET.  ATTIDI.  SANCTO 
MENOTYRANNO. 

Et MATRI.  DEUM.  MAGNAE 

IDAEAE,  SUMMAE.  PA 
RENTI.  HERlvíAE.  EX.  ATTIDI 
MENOTYRANNO.  INVICTO 

On  retrouve  dans  plufienrs  infcriptions  recuerl- 
Jíes  par  Gruter  ce  furnom  , corrompu  en  celui 
de  MíNOTAURus&'de  Minotauranus.  Voys^ 
Lunus  & Men.  Le  rvom  ¿dAtys  eft  ordinaire- 
nient  joint  á celui  de  Cybéle  fur  Ies  monumens. 

Non-feulement  fa  perfonne  entiére  n’étoit  qu'un 
eíTibléme  phyíique,  mais  les  parties  mémes  de 
fon  corps  > qu'il  coupa  dans  fa  colére.  Eufébe 
{Prap.  Evang.  ni.  3.)  dit  qu‘ A tys  , mort  dans  fa 
jeiinefíe , étoit  Timage  des  fleurs  qui  périíTent 
avant  dAvoir  produit  des  fruitSj  parce  quelles 
peporrent  point  de  femences  iorfqifelles  fe  fanenr 
avant  le  tems.'  S.  Auguftin  feftreint  cette  opinión 
d’Eufébe  aa  feul  objet  de  la  fareur  á’  A tys. 

AVAN  TÍA  étoit  la  principale  divinité  des 
Helvétiens. 

AYANT-SCÉNE.  Fbyep  Proscenium. 

AVARICüMj  dans,  Íes  Gaules. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  viile  font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent,  (Pelhrin). 

AUCTION.  Voyei!¡_  Encan. 

AUCTORATI.  Les  Romains  appeloient  de 
ce  nom  ceux  qui  fe  louoient  á un  lanifta  , chef 
de  gladiateurs ou  á celui  qui  vouloit  donner 
au  peuple  un  fpedtacle  de.  gladiateurs  : ils  de- 
voient  combatiré  en  public,  felón  Ies  conditions 
de  leur  marché ^ & ménne  quelquefois  jafqua  la 
mort.  Maniíius  {iv.  225.)  • 

Nunc  capul  ín  mortem  vendunty  & funus  arena. 

lis  s’engageoient  auflí  á combattre  les  bétes  fé- 
roces  dans  Ies  amphithéátres. 

Quintilien  a donné  pour  titre  á fa  502'^  décla- 
mation  ces  motS  : Aucloratus  ad  Jepelzendum  pa~ 
trem.  C’eíl  un  plaidoyer  en  faveur  d'un  romain  ^ 
qui:,  n’ayant  pas  de  quoi  fournir  aux  dépenfes 
des  funérailles  de  fon  pére,  s'étoit  loué  á un 
chef  de  gladiateurs,  añn  de  gagner  cette  fomme. 
Ce  chef  avoit  promis  á un  citoyen,  des  gladia- 
teurs pour  un  fpeétacle  public  que  celui-ci  de- 
voit  donner.  U auBoratus  fut  done  obligé  de 
combatiré ; il  le  fie  ¿bine  maniere  íi  agréable  au 
peuple  , qu’on  luí  rendir  , par  fon  ordre  , la  li- 
bertéi  en  le  décorant  de  í’épée  appelée  rudí¡. 


AVE 

Quelque  tems  aprés  il  fe  trouva  avoir  un  pj. 
trimoine  auíTi  confidérable  que  la  loi  Texigeoit 
des  chevaliers,  & H voulut  prendre  place  parmi 
eux;  mais  ceux-ei  le  repoulíérent  avec  dédain 
parce  qubl.  étoit  defeendu  dans  Paréne.  La  no- 
bleíTe  du  motif  qui  Fy  avoit  conduit , pouvoit 
feule  lui  fervir  d’excufe  ; &!  cYft  ce  qui  fait 
la  meilleure  partie  de  fa  défenfe  & du  plai- 
doyer. 

AU CTORIT AS  fenatús.  Dion  Caffius  {liL  3.) 
nous  apprend  que  Fon  donnoit  ce  nom  aux  dé- 
crets  du  fénat  rendas  par  les  fénateurs  affemblés 
en  moindre  nombre  que  ne  Fexigeoit  le  fénatus- 
confulte.  Ce  nom  fe  donnoit  encore  aux  décrets 
du  fénat  qui  avoient  été  rendas  dans  un  autre 
líeu  que  celui  oii  il  s'aíTembloit  ordinairement, 
ou  dans  un  Jour  qui  ne  permettoit  pas  de  le  con- 
voquer  , ou  enfin  avec  des  circonñances  quel 
conques  , par  lefquelles  ils  différoient  des  fénatus- 
confultes  legitimes. 

aUDITORIUM.  Ce  mot  défignoit  un  lien 
d’alTemblée  dans  lequel  les  poetes.  Ies  rhéteurs 
& les  orateurs , déclamoient  leurs  produftions 
ou  donnoient  des  lecons.  II  y en  avoit  un  cé- 
lebre dans  le  palais  des  Céfars.  Pline  le  ;eune 
{epjft.  I.  13  ).  Mais  le  plus  fouvent  ceux  qui  áé- 
clamoient,  en  louoient  ou  en  faifoient  conftruire 
á leurs  frais,  & Fon  y placoit  des  bans.  Domum 
mutuatur , dit  Fauteur  du  Dialogue  de  Forateur 
(c.  5.  §.  é.  ),  U auáicorium  extruit , & fubfeliia! 
conducit  , & libellos  difperglt. 

llaudhoire  des  juges  étoit  d’una  autre  forte- 
C’ étoit  dans  le  paíais  des  Céfars  un  falle,  dans 
laquelle  ils  rendoienr  une  iuftice  expéditive , fans 
Fappareil  du  tribunal  qui  défignoit  uíi  jugement 
folemnel , & fans  le  miniftére  des  avocats.  Les 
juges  fupérieurs  avotent  auíTi  un  auditoire  diffe- 
rent  du  iieu  oú  ils  fiégeoieut  pour  rendre  les  juge- 
mens  folemnels.  ^ 

AUDITORII  facri  cognítor.  Ce  titre  ^ qu!  fe 
trouve  dans  une  inferíption  rapportée  par  Gruter 
(344.  2.),  défignoit  un  magiftrat  du  paladees- 
empereurs  , qui  faifoit  anprés  d’eux  les  fonctions 
attribuées  de  nos  jours  aux  rapporteurs. 
AüDOLÉON,  roi  de  Péónie.  ATA- 
Ses  médailles  font  t 
RR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

AVE , chez  les  Romains  j,  étoit  le 
& on  le  diftinguoit  de  Jalve , qui  ét®it 
foír. 

AVENIO  , dans  les  Gaules.  aOYE.  ^ 

Les  médailles  autonomes  de  cette  vñle  font. 
RRR.  en  argent. 

O.  en  or.  ^6, 

Hunter  en  poíTédoit  une  de  broaze  avec 
AVENTIN,  fils  d’Hercule  &c  de  la  ptétxcüs: 


AVE 

Rhéa.  Ce  héros  étant  venu  en  Itaüe  íur  Ies  bords 
du  Tybre  j devine  amoureux  de  cette  prétreiíé, 
qui  faifoic  fa  demeure  fur  une  montagne  voiíine  ^ 
8c  de  cet  amour  naquit  Aventin. , qui  fut  elevé 
par  fa  mere  au  méme  endroit.  II  fe  vetit , comme 
fon  pére  , d'une  peau  de  lion  j & porta  gravee 
fur  fon  boucüer  fhydre  de  Lerne  á cent  tetes, 
pour  faire  fouvenirde  fon  origine.  C'eft  csxAven- 
tin  qui  avoit  donné,  difoit-on,  fon  nom  á la 
moritagne  de  Rome.  On  croit  le  reconnoitre  dans 
une  ftatue  grecque  de  marbre  noir,  qui  efl:  au 
iHuféum  du  capitole. 

Aventin,  une  des  fept  collines,  & la  qua- 
torzíéme  región  de  Rome.  Cette  región  s’étendoit 
au-delá  de  la  colline  de  ce  nom.  Ses  limites  font 
á _ gauche  le  mont  Palarin , le  grand  cirque,  la 
pifeine  publique  & les  murs  de  la  ville ; á droite  , 
í'école  gfecque , le  prieuré  de  Malte , le  Tibre  , le 
mont  Teftaceo  , la  pyramide  de  G.  Ceftius  , la 
porte  de  Saint-Paul  8c  celle  de  Saint- Sébaftien, 
sutrefois  porte  Capéne.  C’eft  aujourd'hui  le  mont 
de  Sainte-Sabine. 

La  rué  qui  va  de  la  porte  d’Oílie  á Pamphi- 
théátre  ou  colifée  , partage  V Aventin  en  deux 
fommets , qui  Pont  fait  appeler  bíceps  , 8c  fur 
lefquels  étoient  bátis  des  temples  célebres.  L^’un 
étoit  confacré  á Diane , 8c  fit  nommer  le  mont 
Aventin  la  coliine  de  Diane.  Martial  {xii.  i8.  3.)  : 

Aut  collem  domiriA  teris  Dians,. 

Ibidem  (vrr.  72.  I.): 

Domus  eft  tibí  calle  Dians,. 

On  croit  que  Péglife  de  Sainte-Sabine  a été  bátie 
fur  les  ruines  de  ce  temple  de  Diane,  qui  étoit 
méme  avant  la  fondation  de  Rome,  déjá  célebre 
panni  les  Latins.  C'étoit  auprés  de  cet  édi.dce 
facré  , que  Rémus , frére  de  Romulus,  confuirá 
le  vol  des  oifeaux  , pour  favoir  lequel  des  deux 
tréres  donneroit  fon  nomá  la  nouvelle  ville.  On 
l'appela  Rémurla , 8c  cet  endroit  rendir  toute  la 
colline  de  mauvais  augure , jufqu'á  ce  que  le  roi 
Ancus  la  renferma  dans  Penceinte  de  Rome. 

U Aventin  fut  appelé  quelquefois  Murcius  , á 
caufe  d’un  petit  temple  confacré  á la  déeíTe  de  la 
pareífe.  Murcie,  qui  étoit  placé  fur  cette  mon- 
tagne. 

Af^ENTINENSIS , furnom  de  la  famiüe 
Genuccia  , qui  délignoit  Pendroit  de  Rome 
qu  elle  habitoit. 

AV  ERNE,  lac  d’Italie,  auprés  duquel  les  poetes 
placoient  Pentrée  de  Penfer.  Oeíl  une  cáveme 
^és-profonde  , dit  Virgiie  , d’oú  il  fort  des  tour- 
billons  de  vapeurs  empeííées  , qui  fuffoquent  , 
au  milieu  de  Pair,  les  oifeaux  qui  ofent  voier  á 
travers  ces  noires  exhalai.fons.  De-lá  vient  le  nom 
d Averne  , que  les  Grecs  lui  ont  donné  d’Acprk  , 
fans  oifeaux,  compofé  de  IV  privatif  8¿  á’hyef, 
oikiu. 


AVE  357 

Les  poetes  ont  auífi  defigné  les  enfers  fous  le 
nom  d^Averne.  Lucain  dit  que  ce  lac  étoit  íi  pro- 
fond,  qiPune  haute  montagne  s'y  feroit  enlgloutie. 
II  eñ  auprés  de  Rayes,  Se  sVppelIe  lugo  di  Tri- 
pergola.  Les  oifeaux  voíent  aujourd'hui  fans  aucun 
danger  fur  les  eaux  de  ce  lac.  Strabon  raconre 
que  fa  puanteur  avoit  été  en  partie  caufée  ptr 
les  grands  arbres,  qui,  panchés  fur  Ies  bords, 
le  couvroient  & Penvironnoient.  II  ajóme  que 
ces  bois  avant  été  coupés  par  Pordre  d'Au  gufte, 
Pair  y devint  pur  , & ceíTa  de  caufer  des  airees 
dangereux. 

AVERBUNCJ.  7 

AVERRüxNQÍJES.  f Cétoit  un  ordre  des 
dieux  chez  les  Romains,  ainfi  appelés  parce  que 
leur  oíEce  étoit  de  détourner  {averruncare , vieux 
mot  latin)  Ies  maux. 

Les  Grecs  appeloient  ces  dieux  A’ Míhcax-tt  ou 
, 8c  leur  Féte  , cu  enííu 

ATToIscsraim.  C'étoient  Hercule  , Apoüon , les  Diof- 
cures  & Júpiter.  Les  Egyptiens  avoient  amTi  ¡eurs 
dieux  Averrunques  , fi  Pon  en  croit  le  P.  Kirker. 
lis  les  repréfentoient  avec  un  vifage  & un  gefte 
mena^ans , avec  des  fouets  & des  croes  á la 
main , &c.  II  y a des  ílatues  qui  les  reprefentent 
debout  ou  á genoux , quelques-uns  avec  des  tetes 
d'ardmaux  ou  monftrueufes , d'autres  avec  des 
tetes  humaines.  líis  étoit,  felón  lui,  une  divinité 
de  cette  efpéce.  Kirker  {(Sdip.  uEgyp.  ,p.  4S). 
Tout  cet  appareii  menacant  s’évanouit  cependant, 
íi  Pon  reconnoít  dans  ces  fouets  ou  croes  pré- 
tendus  , Pembléme  de  la  charrue  dont  les  Egy'p- 
tiens  faifoient  Oíiris  inventeur.  Voye-!^  Charrue 
& Fouet. 

ATERSA,  7 

A YERTA,  f valifes  des' cavaliers  dont  íl  eft 
parlé  dans  le  Code  Théodolien  , qui  en  régle  le 
poids. 

AVEÜGLEMENT.  Depuis  Diódore  de  Sicile 
(l.  21.)  jufquVu  confuIMaillet  (Defe.  de  1‘Egypte, 
I.  18.),  tous  les  écrivaius  qui  ont  parlé  des 
Egyptiens,  ont  remarqué  que  les  ayeugles  étoient 
en  trés-grand  nombre  parmi  euxj  au  point  que 
Grangier  (Relat.  da  voy.  tnEgypte ,p.xi.')  n'hé- 
íite  pas  á appeler  leur  pays  la  terre  des  aveugles. 
Cet  aveuglement  tenoit  Se  tient  fans  doute  encore 
á des  caufes  locales,  a des  vices  de  terroir  ou  de 
régime,  Scc.  Mais  les  anciens  Egyptiens,  fuperf- 
titieux  á Pexcés , attribuérenr  cette  ínfirmité  s 
la  colére  dTfis  , qu’iis  délignoient  fous_  le  nom 
de  Tithrambo  ou  d'Hécate,  Ainfi  penfoit  le  par- 
jure  que  Juvénal  fait  parler  dans  fa  I3^fatyre, 
vers  91 : 

líic putat  efe  déos,  & pejerat , áteme  ita  fecum  f 

Decernat  quodeumque  volet , de  corpore  nofiro 

Ifis  , & irato  ferias  mea  lamina  fiftro  , 

Dammodh  vel  coscas  teneam,  quos  abnegó,  nummos, 

« Eb  l que  ro'importe  qulíis  iriités  mVveugle 


35§  A U G 

avec  fon  fiftre  pour  punir  mon  parjure , p®’J«;a 
queje  conferve,  aprés  mon  aveaghment , ce  depot 
que  j’aurai  nié.  » Ovide  {de  Ponto_  i.  epift.  i- ¡i-) 
parle  de  la  méme  Opinión  fuperftitieufe  ; 

Vidí  ego  linigerí  Numen  vtolajfe  fatentem 
Ifidís  , Ifiacos  ante  federe  focos. 

Jllter  ob  hule  fmilem  przvatus  lamine  culpam  , 
Clamahat  media  , fe  meruijfe , vid.' 

Taha  cceleftes  fieri  pr&conia  gaudent , 

Ut  fuá,  quidvaleant,  numina  tefe  prohent. 

« J’ai  vu  un  malheureux  étendu  devant  le  temple 
á’Ifis , avouer  que  fes  infirmités  étoient  la  puni- 
tion  du  parjurc  qu’il  a-voit  commis  au  nom  de 
eette  dsvinité.  Un  autre,  prive  de  la  vue , crioit 
dans  le  milieu  du  chemin , _qu  il  avo-t  ere  puní 
pour  le  méme  crime.  Les  dieux  fe  plaifent  dans 
ces  aveux , qui  apprennent  aux  morteis  Tétendup 
de  leur  pouvoir  & de  leur  vengeance.  » _ 

On  croiroit,  d’aprés  une  épigramme  de  Lucr- 
lius , {Jntkolog.  z , cap.  ZZ , nf.  4.)  que  les  Egvp- 
tiens  attribuoiení  aufli  le  méme  pouvoir  á Har- 
pocrate.  ce  Si  vous  íiycx  un  ennernij  n.e  l£ 
pas  dans  vos  imprécations  5 mon  cher  Denys  3 a 
Jlis  3 á Harpocráte  ou  á quelqu  aiitre^  divinité 
qui  aveijgle  les  morte!s3  mais  livrez-le  a S'.mon  . 
vous  connoírrez  bientót  que  ce  medecin  eíl  plus 
tedoutable  que  les  dieux  ” : 

H’í  AiáJM'íf  3 fm  zuTetfámí 

Ttnf  iVív  TK-r»  3 '■  rm  X’utpix^iceTti 

JAfií^'iiTK  TvtpXés  .sctH  B-íov.  2¡'«a>íS 

Kai  ?)  S-sWj  «.  Si'waí  ¿lyuTíel. 

AUFANIIS  matronis.  Gruter^  (90.  II.)  rap- 
porte  une  infeription  trouvée  a Lyon , dans 
laquelle  on  lir  ces  mots^  qui  fe  rapportent  au 
cuite  des  Déesses  meres.  Voyei  leur  arricie. 
Aufanüs  déíigne  fans  dome  un  endro-r  dans 
les  Gaules  , célebre  par  leur  cuite.  Muratori 
(loSy.z.)  apubiié  une  infeription  avec  les  mémes 

roots.  . , j 

AUFIDIA,  famille  romaine  dont  on  ades 

médailles : 

RRRR.  en  argent. 

RR.  en  bronze  de  Golonie.  ■ 

O.  en  or. 

Les  furnoms  de  eette  famille  font  Oe.rsTEs , 
Rústicos  , fur  les  médailles3  & Lurco. 

' Goltzius  en  a publié  quelques  médailles  in- 
connues  depuis  lui. 

AUFIDÍUS  Lurco  engraiíTa  le  premier  des 
Paons  (jíoyej  ce  mot)  a Rorne  3 & gagna  de 
grands  biens  par  eette  pr?.tique. 

AUGE,  filie  d’ Aldus 3 ayant  eu  un  fils^Her- 
fiile  3 le  fit  expofer  auííi-tór  aprés  fa  nailiance; 
Kiais  fon  déshonneur  étant  devenu  publicj  elle 
s’snfuit  pour  éviter  la  cplére  4^  fon  pére,  & fe 


^ A U G 

retira  cíiez  Theutras  3 roi  de  Mylie  3 qui , n’ayant 
point  d'enfans  3 l’adopta  pour  fa  filie.  Ce 
prince3  quelques  années  aprés  3 eut  une  guerre 
á foutenir3  & promit  de  donner  fa  filie  Aagé  , 
& fa  couronne  á celui  qui  le  délivreroit  de  fes 
ennemis.  Téléphe  3 le  fils  ayi  Auge  avoir  eu  d'Her- 
cuíe  3 deja  grand  3 étoit  venu  á la  cour  de  Myfie  , 
par  ordre  de  Toracle,  poury  chercher  fes  parens;. 
il  accepra  loffre  du  roi 3 le  déíit  de  fes  ennemis, 
8í  demanda  la  princeífe.  On  celebra  le  mariage; 
mais  Auge,  par  un  fecret  preírent!ment3  ditHygin 
qui  raconte  eette  fable  , ayant  voulu  tuer  Telephe 
la  nuit  de  fes  noces  3 les  dieux  envoyérent  un 
dragón  pour  les  féparer.  Alors  Auge  ayant  im- 
ploré le  íecours  d'Hercule  3 reconnut  fon  fils, 
&:  retourna  avec  lui  dans  fa  patrie.  _ 

Winkelmann  a reconna  Auge  qui  remet  fon 
fils  Téléphe  emmaillotté  a une  autre  femjne , fur 
un  bas-reliefde  la  viile  Borghéfe_3  _qu  il  a publié 
dans  fes  M-onumenti  antichi  inediti  , n°.  ~¡\.  Auge 
eft  repréfentée  fans  ceinture  3 comine  une  femme 
qui  vient  d’accoucber.  Elle  eft  aflife  & a fes  pieds 
pofés  fur  un  marche-pied  : c'éíok,  chez  les  an- 
ciens  fculpteurs  3 une  marque  a laquede  on  re- 
connoifíbit  les  perfonnes  d’un  rang  diftingue.  On 
apper^oit  fous  fon  fiége  la  ^she  qui  nournt 
Téléphe, 

AVGERI  kofiie,  C’étoit  une  de  ces  expreffions 
barbares  propres  aux  facrificeSj  dont  les  preties 
affeaoient  de  fe  fervir.  Elle  défignoic  les  nou- 
velles  victim.es  que  Ton  immoloit3  lorfqu  on  n a- 
voit  pas  trouvé  dans  les  entrailles  de  k premiere, 
des  lignes  favorables  a ceux  qui  offroieiu  le  ía- 
criiiee.  On  demandoit  alors  d autres  victimes . 
Augebatur  koftiarum  numerus  , augebantur  koftu. 
Lorfqu  on  découvroit  le  figne  favorable  3 onacber 
voit  le  facriSce  , litahat  koftia.  Paul  Emile 
immoler  jufquá  dix-peuf  viftimes  ay?mt  de  le 
découvrir3  & il  ne  parut  qu  á la  vingtieme. 

AUGES.  Les  auges  étoient  le  fuppbce  auquei 
les  OrientauK  condamnoient  les  plus  grands  cer 
lérats.  lis  attachoient  le  criminel  aux  quatre  coins 
d'un.e  auge,  & ils  couvroient  fon  corps  dun 
autre  auge  qui  laiíToit  paroitre^la  .j- í 

pieds  par  des  ouverrures  pra tiquees  a ce  deUei  . 
Pans  eette  pofture  douloureufe  3 on  ne  lUi  re^ 
foit  rien  de  ce  qui  pouvoit  prolonger  la  Vie> 
de  prolonger  fon  fupplice;  & méme  on  íor?ou 
ceux  qui  étoient  fatigues  ce  ce  prep 

de  la  nourriture.  On  tempéroit  la  foif  qui  /u 
le  criminel  avec  du  miel  délayé  dans  du  ’ 
lui  en  frottoit  le  vifage,_qui  étoit  expo  e 
rayons  du  foleiL  pour  attirer  les  iii4«cneS3 
les  piqúures  douloureufes  augmentoient  les  _ 
mens.  Hs  duroient  jufqu  a ce  que  les  vers  eng  _ 
drés  dans  fes  excrémsnsj  lui  rongpnen  f . , 

trailles ; eette  durée  a eré  quelqueto^  de  q 
3c  de  vingt  jours.  Artaxercés  fit  fouftrir  ce 
fuoplice  á Teunuque  Mithridate. 

^ AUGÉUS  fut  pére  d’AGAMEUS.  F.  ce  moí, 


A U G 

AÜGIAS,  ro!  d’EIidej  fut  un  des  Argonautes; 
íl  avoit  une  fí  grande  quantité  de  troupeaux , & 
il  Y avoit  íi  long-tems  que  fes  étables  n'avoient 
cté  nettoyées  , que  les  exhalaifons  qui  en  for- 
toient , empeííoiént  le  payS  3 & Ton  fegardoit 
comme  un  ouvrage  au-deíTus  des  torces  hunaaines^ 
de  les  vuider.  Hercule  rentreprit:,  a condition 
c^Augias  luí  donneroit  la  dixiéme  patrie  de  fes 
beíliaux.  II  réuíEt:,  en  faifant  paffer  le  fieuve 
Alphée  au-travers  de  ces  étables.  Augias  refufa 
le  falaire  promis5  alors  Hercule  letua^,  & plaqa 
fur  le  troné  Philée , fon  íils  3 parce  que  ce  jeune 
prince  ayant  été  pris  pour  arbitre  du  différend 
avec  Augias  j avoit  exhorté  fon  pére  á lui  teñir 
la  parole  qtfil  avoit  donnée.  Mais  cette  fable 
eft  rapportée  diíFéremment  par  différens  auteurs. 
Elle  a donné  ¡iea  á Tancien  proverbe,  nettoyer 
Ies  ¿caries  d‘ Augias,  pour  exprimer  Tentreprife 
d’une  chofe  impoffible. 

AUGILES^-j 

AüGILITESj  j peuples  d’Afríqae  qui  habí- 
toient  la  contrée  par  laquelle  les  Garamanres 
ctoient  féparés  des  Troglodites.  Pomponius  Mela 
dit  de  ces  hommes  fauvages  j qudls  ne  recon- 
noiffoient  d’autres  dieux  que  les  manes  de  leurs 
ancétres.  Ríen  ne  fe  décidolt  dans  les  aíTem- 
blées  nationaíes  & dans  la  vie  privée qu'aprés 
leur  invocation  & des  fermens  faits  en  leUr  nom. 
Les  Augiles  fe  couchoient  fur  les  tombeaux ^ pour 
y recevoir  des  infpirations  qu'ils  prenoient  pour 
regles  de  leur  conduite-  Leurs  mariages  fe  reífen- 
toient  de  leur  barbarie  3 car  Pépoufée  devoit  ac- 
corder , pendant  la  premiére  nuit  des  noces , fes 
faveurs  á toas  ceux  qui  Ten  follicitoient  & lui 
donnoient  des  préfens.  Les  femmes  attachoient 
une  gloire  au  grand  nombre  d’aroans  qu’elles  re- 
cevoient  cette  nuit-lá.  D’ailleurSj  ajoute  Pona- 
ponius  Mela  (i.  8-):.  ches  étoient  d’un£  fageíTc 
& d’une  retenue  dignes  d’éloges. 

AU GITES ¡ pierre  précieufe  doiii .parle  Pline^ 
&■  dont  le  nom  étoit  formé  de  aiyi , éclat.  On 
croit  qu’elle  eft  la  méme  que  la  pierre  appelée 
culla'is. 

AUGURACULUM , étoit  la  méme  chofe 
qu" Arx , c eñ-z-diic  , un  terrein  confacré  unique- 
ment  á prendre  les  aufpices.  II  devoit  étre  ren- 
fermé  dans  le  pomoerium  , poux  Ies  aufpices  appelés 
urbana. 

AU GURALE , endroit  deftiné  dans  Ies  camps 
a prendre  les  aufpices  , & á confulter  Ies  poulets 
facrés.  Ir  étoit  toujours  place  a la  droite  du  pré- 
tqire,  comme  nous  Papprenons  d’un  paíTage  d’Hy- 
gin,  corrigé  par  Rutgers  {Variar.  ItS.  iiL  20.)  : 
Auguratoriurfi  parte  dextera  pr&torii. . . . Car  on 
1 appeloit  auffi  Augur atorium.  Tacite  {Annat.  il. 
13-)  le  nomme  Augúrale  : Nocle  ceeptd^  egrejfus 
auguran. 

AUGURALES  libri.  Ies  livres  des  Augures  , 
Qui  patoiííent  avoir  été  les  mémes  que  les  livres  i 


A U G 159 

des  Pontifes,  Pontificales  libri.  Prifcien  {lib.y 
& 8.)  dit  que  Jules-Céfar  avoit  compofé  des  livrss 
^augures. 

AU GU RAE GRIU M. , la  méme  chofe  quAu- 
guraculum-  & Augúrale.  II  eft  fait  mention  d;s 
bátimens  , ou  des  portiques  j ou  des  murs  cui 
1 entouroient  dans  Tinfcription  fuivante , rappoi- 
tée  par  Gruter  {Thef.  inficr.  novas,  128.  4.)  : 

IMF.  CAESAR.  DiVI.  TRAJANI 
PARTHICl.  F.  mVI.  NERVAE.  K. 

TRAJANUS.  HADRIANUS 
AUG.  PONTIF.  MAX.  TRIE.  POT.  XS. 

IMP.  II.  eos.  Ilí.  P.  P. 

AUGURATORIUM.  DILAPS 
A.  SOLO.  P IT 

AUGURE.  On  appeloit  de  ce  nom  ceux  qui 
prédifoient  Pavenir  par  Pinfpeftion  des  oifeaux  ^ 
des_  animaux  & des  météores*  Le  mot  ¿augure 
déíignoit  auífi  le  préfage  qu’ils  tiroient  de  cette 
infpeéiion. 

Acures  gRegs.  Leur  art  fut  inventé , 
felón  quelques  - uns  , par  Prométhée  ou  par 
Mélampas  fils  d’Amytbaon  & de  Dorippe. 
Pline,  ( Hb.j.  c.  yj.  ) dit  que  Cares  ^ dont  la 
Carie  porta  le  nom ^obferva  le  premier  les  oifeauXj 
& Orphée  les  autres  animaux.  PaufaniaSj  (Pkocic.') 
attribue  la  premiére  obfervation  faite  fur  le  voí 
des  oifeaux  á ParnaíTus , qui  donna  fon  nom  au 
mont  Parnaífe.  S.  Clément  d’Alexandrie  en  fait 
honneur  aux  Phrygieas.  Voilá  tout  ce  que  noqs 
apprennent  les  annales  des  Crees'.  On  fait  d’ail  ■ 
leurs  á n’en  point  douter  j que  les  Chaldéens  & 
íes  Alianques , que  les  Egyptiens  eux-memes  ^ 
s’adonnérent  les  premiers  á cette  divination  5 & 
S.  Clément  femble  avoir  connu  cette  origine  ^ en 
Pattribuant  aux  Phrygiens.,  peuple  de  rAíis- 
Mineure. 

Les  oifeaux  paroijfTent  tout  voir  par  la  hau- 
teurj  Se  fe  porter  en  tout  lieu  par  la  variété  de 
leur  vol  5 c’eft  pourquoi  on  leur  attribuoit  la 
connoiíTance  des  chofes  paíTées  Se  futures.  De-lá 
vint  le  proverbe  dont  Ies  Grecs  fe  fervoient  pour 
dire  que  tout  le  monde  ignoroit  une  chofe  3 per- 
fonne  , difoient-ils n a vu  ce  que  nous  avons  fait, 
excepté  peut-étre  quelque  oifeau.  Ariftophane  fait 
dire  á ces  volátiles  , dans  la  comedie  qui  porte 
leur  nom  : nous  fommes  á vofre  égard  autanc 
que  íes  oracles  d’Ammon  , de  Delphes de  Do- 
done  autant  qu’eft  Apollon  lui-méme : 

Eqiísv  ^¿i^os  ATschAííVt 

Les  Augures , chez  les  Grecs,  étoient  vétus 
de  blanc  , 8c  portoient  une  couronne  d’or  pen- 
dant qu’ils  exerqoient  leurs  fonétions.  lis  avoíenc 
un  endroit  parüculier  deftiné  á ccc  ufage  , appelé 


:?oO  A O i? 

en  Í4V  & B'c'.icsg  OU  ^:ix.6g  j «.íl" 

b!es  fur  lefqueües  étoient  écrits  Ies  noms  des 
oiieaux , ceux  de  leurs  diíférentes  efpéces  de  vol  ^ 
tout  ce  cui  concernoit  enfin  la  fcíence  ats  Augures. 
Lorfqu  íls  obfervoient , ils  regardoient  le  Nord , 

Se  tenoient  pour  heureux  toiis  les  augures  qui 
venoient  du  cote  droit;  ceux  dii  cote  gauche 
étoient  milheureux. 

L'efpéce  d'oifeaux , le  cote  d’oú  ils  preno^ient 
leur  %'ol  j & la  maniere  dont  sis  voloient  ou  dont 
ils  chantoient;;  rendoient  Ies  augures  favorables 
ou contraires;  caries  mémes  osfeaux  prefageoient 
des  chofes  oppofées  dans  des  circoníiances  diue- 
rentes.  Mais  en  général  leur  vol  par  cornpagnie 
étoit  d’un  bon  augure  ; c'eft  ainfi  qu  ü préfagea  , 
felón  Diodo  re  de  Sicile,  a Gordius , fimple  par- 
ticaüer  , fon  élévation  au  tróne_  de  Phrygie. 
Quant  aux  augures  que  fourniífoit  chaqué  ef- 
péce  d'oifeau,  AiglEj  YautouRj 

Epervier  > Hírondelle  , ChouettEj  Co- 
tOMBE  , CoRBEAU  _&  COQ. 

Les  oifeaux  n’étoient  pas  Ies  feuls  atumaux 
dont  on  tiroit  des  augures.  On  obfervoit  les 
Fourmis,  íes  AbeIlles;  ( Voyei  ces  mots;  ) 
ia  fauterelle  verte , felón  Suicas  , les  crapauds 
qui  étoient  d’un  heureux  préfage  , les  ferpens  , 
!e  liévre  & le  fanglier,  dont  la  renccntre  & tous 
íes  préfages  étoient  funeíles. 

Les  Augures  confidéroient  avec  un  foin  par- 
ticuüer  les  météo^es  ^ non  pas  comme  les  Aílro- 
]o2ues , pour  prédire  f avenir  par  leur  infpeClion, 
mais  pour  en  tirer  des  préfages  re'atifs  au  rrto- 
ment  préfent.  De  ce  nombre  étoient  Ies  cometes 
& les  éclipfes  de  ícleil  & delune,  q^uieffrayérent 
tañí  de  fois  des  armées  , & qui  cauferent  prefque 
la  mort  d’Anaxagoras , parce  que  ce  philofophe 
en  avoit  donné  des  explications  naturelies  & phy- 
íiques.  La  connoiífance  des  éclairs  & des  ton- 
■nerres  , ( t'o_y£p  ce  mot  ) taifoit  une  grande 
partie  de  la  Ccience  des  Augures,  Ies_  vents  mémes 
éícient  pris  pour  augures , Stace  ( i kebdide  nJ.)  : 

Kentis  , aut  alite  vzfd 
Bellorum  proferre  áiem. 

On  regardoit  fur-tout  corrsme  un  funeífe  prcp 
Tace  les  tremblemens  de  terre.  On  faenfioit  á 
fveptune  que  Pon  en  croyoit  l’auícur  , ^ afin 
■de  Pappaifer ; 8e  s’il  avoit  fait  entrduvrir  la 
terre,  on  précipitoit  dans  ces  trous  oes  meubles 
prt  cieux.  Midas , roi  de  Phrygie , y jeta  fon 
íils  5 & Curtius  , Romain  , sV  precipita  tout 
armé. 

Les  fetrx  follets  étoient  interpretes  favorable- 
iKetít  par  les  Augures  , fuivant  leur  nombre.  Pa- 
roiífoient  - ils  fous  deux  ñammes  diftinéles;  on 
etoyoit  y reconnoítre  Cañor  & Pollux  , & les 
matelots  en  augoroietit  le  retoar  du  calme.  Une 
Leule  flamme  étoit  appelée  Héléne , & on  la 
■jeedoateit  lorfqu'’elle  fuccédoít  -aux  Diofeures , 


A U G 

qu  elle  fembloit  chaíTer.  Cette  fiamme  paroiiToit- 
elie  s'attacher  á_  la  tete  ou  aux  pas  de  quelauc 
inottel  5 elle  lui  préfageoit  le  bonheur  le  plus 
complet.  Tel  fut  Servius  Tullius,  roi  de  Romej 
tel  avoit  été  le  jeune  Afcagne  au  déparr  de  Troye, 
felón  Virgile. 

Quoique  les  Grecs  n’entrepriíTeut  aucune  affaire 
importante  fans  avoir  confuiré  les  Augures, 
quelques-uns  cependant  tPont  pas  craint  de  s'eti 
moquer  ouvertement.  Euripide  , entrautres,  fait 
dire  a Théfée  , qui  condamne  Hyppolite  fans 
confulter  les  Amagures  : La  lettre  de  Lk'edre  efi  U 
témoin  qui  le  couaarfine  ; quant  au  vol  des  oifeaux  , ■ 
je  récufe  ce  témoignage  trompear. 

Augures  romains.  Les  Romains  empruntérent 
des  Etrufques  ia  fuperftition  des  augures , que 
ceux-ci  avoient  regus  des  Grecs.  Romulus  en 
exer-pa  les  fonótions  le  premier,  lorfquil  obferva 
le  vol  des  oifeaux  avec  fon  frére  Rémus,  pour  fa- 
voir  leouel  des  deux  donneroit  un  nom  á Rome. 

Mais  Ies  Romains  changérent  Petar  du  ciel 
ctabli  par  les  Grecs.  Les  premiers  Pobfervérent 
tournés  vers  le  feptentrion  , & les  P.omains  fe 
tournérent  vers  le  midi ; de  forte  que  la  droite 
& la  gauche  de  ces  deux  peuples  étant  oppofées 
dans  le  temps  de  Pobfervation  áes..Aiugu^es , & 
leur  droite  préfageant  les  chofes  heureufes  , 
comme  les  malheurs  étoient  annoncés  par  les 
Augures  de  la  gauche  , les  réfultats  des  uns  8c 
des  autres  étoient  diamétraiement  oppofés. 

Les  Romains  étendirent  Pinfpeéiiqn  des  Au- 
gures á un  plus  grand  nombre  d'ohjets  que  les 
Grecs.  Ils  les  rapportoient  á douze  points  capi- 
taux  qui  par  leur  nombre,  fe  rrouvoient  analogues 
aux  douze  íignes  du  Zodiaque.  lis  tiroient  des^aa- 
eures , 1°.  de  Pentrée  extraordinaire , mais  voíon- 
"taire,  d’une  bére  fauve  ou  privée  dans  la  maifon 
de  quelqu  un  ; z de  la  rencontre  d''une  béte  feroce 
fur  un  chemin  ; 3°.  du  feu  qui  fe  comraumquoit 
fubiteinent  aux  habits , & par  ana!ogie,_de  la 
foudre,  des  éclairs,  & de  Pincendie  des  mai.ons; 
df.  de  la  corrofon  d’un  iivre , ou  de  queiQU'- 
meuble  agréable,  par  des  fouris , & parana.02i-j 
d’un  loup  dévorant  un  bcEuf  ou  un  cheva! , d ua 
chieñ  ou  d’un  renard  déchirant  des  poales  oU 
des  oies;  5°.  d'un  bruit  entendu  dans  la  mai.on  , 
&c  que  Pon  crovoit  produit  par  des  lémures  oa 
efprits ; 6°.  de  la  prife  d'uri  milan  qui 
entre  les  jambes  des  voyageurs , de  la  prile 
oifeaux  qui  entroient  par  hafard  dans  les  mai  on  j 
par  analogie,  du  croaffement  fubic  des  crapau^  ^ 
du  chant  des  corneilles , &c. ; 7°-  de  ■ 

i-nattendue  par  quelque  trou,d'un  chat  q'j  . 
qu'autre  quadrupéde  ; 8^.  de  Pextinélion  ‘ 
dMn  flambeau  , que  Pon  attribuoit  a ou  - 
efprit;  9°.  d’un  bruit  léger,  mais  exrraordina^  ^ 
produit  par  un  braíier,  que  Pon  prenoit  P°  _ 
Oracle  de  Vulcain  ; 10°.  d’un  grand 
dinaire  produit  par  le  feu , ainfi  que  de 
celies;  ii“.  des  mouvemens  oa  expiolioas  . , 


A U G 

de  la  ñatnme,  que  Ton  croyoit  étre  agitee  par 
Ies  Lares;  12°.  enfin  d’une  trnleiLe^üibite , invo- 
lonraire  caufée  par  bapparition  d’un  fantome  ^ 
ou  par  qtieJqu  objet  furprenant. 

üne  des  chofes  qui  occupoient  le  plus  fouvent 
Ies  augures  romains , étoit  binípeftion  des  poulets 
facrés.  On  nourriflbit  dans  Íes  tempiss.,  & 1 on 
porcoit  á la  faite  des  armées  & des  légions,  des 
poulets  renfermés  dans  des  cages.  Lorfque  1 on 
<levoit  délibérer  íur  quelqu’objet  important,  ou 
livrer  une  bataillej  on  confultoit  ces  oiieaux 
facrés.  Les  miniílres  appelés  Pullariz,  ouvroient 
la  cage  & préfentoient  de  la  nourriture  aux  pou- 
lets. Si  les  oifeaux  ne  vouloient  ni  fortir , ni 
manger , ou  s’ils  prenoient  la  fuite , c’étoit  un 
augure  des  plus  funeftes;  & fon  attribua  la  de- 
faite de  Publius  Claudius,  dans  la  premiére  guerre 
Fuñique , au  mépris  qu’il  en  avoit  témoigné. 
Mais  ñ les  poulets'  mangeoient  avec  avidité , ¡‘au- 
gure étoit  favorable  j il  s’appeloit  tripudium  ; & 
s'üs  firappoient  plufieurs  fois  la  terre  avec  le  bec , 
pour  ranaaíTer  les  grains  qui  leur  étoient  échappés 
(ce  que  Pon  appeloit , Y augure  étoit  des 
pl'tis  heureuXj  & fe  nommoit  tripudium  folifti- 
mum.  Les  augures  obfervoient  avec  un  foin  pref- 
qu’égal  la  démarche  ou  le  vol  des  oifeaux,  & 
leur  chant. 

Les  augures  romains  exerqant  leurs  fonéiions  , 
étoient  revétus  de  la  prétexte ; car  Cicéron  dit 
{^pro  Sezetio)  du  fils  de  Lentulus  Spinther , que  le 
peuple  avoit  nommé  augure  dans  Pannée  méme 
Olí  il  avoit  pris  la  robe  virile  ; Cui  fuperior  annus 
Ídem  & virilem  patris  & prstextam  populi  judicio 
dedit.  Quelques  auteurs  ont  cru  , d'aprés  des  paf- 
fages  d'écrivains  romains  corrompus  ou  mal  in- 
terprétés  , oue  Ies  augures  portoient  la  trabea 
teinte  deux  fois  en  pcurpre ; mais  il  paroit  plus 
vraifemblable  que  leur  prétexte  étoit  feulement 
ornée  de  bandes  de  pourpre.  lis  portoient  auíli 
une  couronne. 

Lorfque  les  augures  devoient  examinar  le  yol 
des  oifeaux,  ils  choififfoient  le  milieu  de  la  nuit , 
un  tems  ferein , fans  nuages,  fans  vent,  & un  ef- 
pace  elevé  & décou'vert  ,qufiIsappeIoiencc?-;v.  La, 
ils  fe  voiloient  comme  Ies  facrificateurs,  c’eft-a- 
dire  , en  ramenant  leur  prétexte  fur  le  derriére 
& le  haut  de  la  tétq.  lis  fe  plaqoient  enfuite  en 
demi-cercie,  s’aíieyoient , tracoient  en  Lair  avec 
le  rlituus  refpace  dans  lequeí  ils  vouloient  ob- 
ferver , & que  Pon  nommoit  templum.  Ayant 
appercuquelque  \>oxi  augure  ^ ils  bannonqoient,  & 
attendoienc  qu’un  fecond  vínt  confirmer  ce  pre- 
Baier.  Virgile  {Mneid.  il.  691.)  : 

Da  deinde  auxilium patet,  aique  hic  omnia  firma. 

Ceux  que  Pon  élifoit  magiñrats  , prenoient 
uux-memés  Ies  augures  dans  la  nuit  qui  précédoit 
^£ur  inauguration  , hors  de  la  ville  , affis , Sr 
dans  un  endroitconfacré  acette  cérémonie.  C'étoit 
■Antiquités  , Tome  1. 


A U G 3^1 

une  efpéce  dfi auguraculum  ou  á’auguratorium.  Le? 
augures  publics  les  aííiíloient , & leur  difoient 
qu’iis  venoient  d’entendre  tonner  á gauche.  Quoi- 
qu’ils  n’euíTent  rien  enrendu  eux-mémes,  les  ma- 
giíirats  prenoient  ces  paroles  des  augures  pour 
le  préfage , & s’en  retournoient  fatisfaits. 

Tite-Live  décrit  fort  au  long  (i.  18.)  la  ma- 
niere dont  on  prit  Ies  augures  pour  Péleélion  de 
Numa.  \J augure  le  conduilit  dans  Peíbace  appelé 
arx  , Py  fit  aíTeoir  fur  une  pierre , fe  voila  & 
s’affit  á fa  gauche , tenant  un  báton  recourbé  , 
fans  nceuds , appelé  lituus.  Aprés  avoír  confidéré 
Rome  & la  campagne  , adreíTé  des  priéres  aax 
dieux , Y augure  détermiiia  les  régions  céleíles  de- 
puisPorient  jufqu  á Poccident  , asTignant  la  droite 
au  midi  & la  gauche  au  feptentrion,  & fixanr 
Pefpace  des  préfages  auíE  lom  que  la  vue  pouvoit 
s’étendre.  II  prit  alors  fon  lituus  de  la  main  gau- 
che, pofa  la  droite  fur  la  tete  de  Numa,  & dit:' 
« Júpiter,  pete  des  dieux , s’il  eíl  permis  á Numa 
PompiPus,  dont  je  touche  la  tete,  d^étre  roi  ds 
Rome,  faítes-le  mol  connoitre  par  des  fignes  cer- 
tains  dansPffpace  que  j'ai  déterminé.”  II  annonc» 
les  préfages  quhl  defiroit.  Des  qu  ils  eurent  paru, 
Numa  fut  déclaré  roi  par  Yaugure  , & il  fortit  de. 
Pefpace  confacré  aux  augures. 

Les  magiftrats  obfervoient  les  préfages  ainfi 
que  les  augures  , mais  avec  quelque  différence. 
Les  derniers  les  obfervoient  pour  ordonr.er  ou 
pour  défendre  quelqu'aélion  ; Ies  magiftrats  ne  le 
faifoienr  que  pour  empécher  oii  pour  ro.mpre 
les  comices.  L’aíEftance  des  premiers  étoit  nécef-  ' 
faite  ; les  derniers  n obfervoient  que  librement , 
&c  quand  ils  le  vouloient.  11  falloit  Pobfervatio^ 
de  trois  augures  pour  la  promuigation  d'ane  loP; 
cclle  d'un  feul  magiílrat  rompoit  les  comíces, 
quoiqu  il  ne  fút  qiPobferver,  fans  connoitre  les  ■' 
conféquences  de  fon  obfervation.  Yoici  les  pa- 
roles confacrées  pour  commencer  cette  céreirro-  - 
nie  : Jovis  pater,fi  miki  es.aucíor , urbi  populoque 
romano  Qtiiritium,  hec  fiane , fartéque  ejfe , ut  tu 
nunc  miki  bene  fponfis  y beneque  volueris.  Ce  fonc 
á-peu-prés  les  mémes  que  celles  prononcées  á 
Pinauguration  de  Numa. 

Romulus  compofa  le  coüége  des  augures  de 
trois  feulement,  tires  des  trois  tribus  de  Rome, 
qui  exiftoient  alors.  Ce  coüége  s'accrut  enfuite 
d’un  augure  de  plus  ; & i la  fin  de  la  répubiique  , 
il  é’'oit  compofé  de  cinq  plebeiens  & de  cuatrc 
patriciens.  lis  fe  choifirent  long  terns  des  col- 
légues  ; mais  le  peuple  s’attnbua  depuis  ce  drait, 
& il  appartint  enfuite  aux  empereurs  jufqu’au 
chriftianiftne.  Le  plus  anden  du  college  en  etoit 
le  préfidenc  , & fe  nommoit  magifter  collegn  au- 
gurum.  Leur  office  étoit  perpétuel ; & quoique 
les  prétres  & les  pontifes  condamnés  pour  quel- 
auecrime,  fuíTent  deítitués  fur-le-champ , les  |oix 
confervoient  aux  augures  leur  dignitc  iiifqu’a  la 
jjjort.  11  y avoit  de  plus  une  loi  des  douz,e  Tablsfr 


3<32  A U G 

qiii  défendoit , fous  peine  de  la  vie , de  ieur  ¿é- 
fobéir. 

On  les  confond  fouvent  avec  Ies  arufpices 
qui  n’examinoient  que  les  emraiiies  des  victimes  ^ 
íandis  que  les  augures  ne  s'occupoient  en  aucune' 
maniere  des  facrifices.  Les  arüfpices  expliquérent 
cependant  auiTi  quelquefois  les  tonnerres  & Jes 
autres  prodiges  céleñes  5 de  maniere  qudi  eñ  diíE- 
cile  de  déterminer  avec  précilion  les  limites  des 
fondlions  des  arufpices  ^ des  augures  & des  auf- 
pices.  La  plupart  des  écrivains  latios  Ies  nomment 
indifféremment  les  uns  pour  les  autres.  Audi  leur 
applique-t-on  á toiis  Ies  trois  collefiivement,  ce 
que  difoit  Cicerón  des  augures , qu^il  s’étonnoit 
comiñent  deux  d’entdeux  pouvoient  fe  rencon- 
trer  & fe  regarder  fans  rire.  Des  les  plus  anciens 
tems  de  Rome  , quelques  poetes  penfoient  de 
méme ; car  on  trouve  dans  Yarron  {de  Ling.  lat.) 
ee  fragment  d’Attius:. 

Nikil  credo  augurihus  , qui  aures  verhis  devitant 
Alienas , fuas  ut  auro  locupletent  domos. 

On  voií  fur  pluíieurs  médailles  des  familles 
lomaineSj  8¿  fur  une  fardoine  érrufque  de  Stofch  j 
un  augure  Á&hoMZ,  fans  barbea  tenant  le  limas 
de  la  main  droite.  Les  anneaux  qui  font  aux  doigts 
de  prefque  toures  les  ñatues  de  bronze  des  empe- 
reurs  , trouvées  á Herculanum  ^ portent  pour 
gravure  un  lituus , & déíignent  ieur  dignité  de 
fouverains  .chefs  de  la  religión. 

■Les  Gaulois  furent  auífi  adonnés  aüs  vaines 
pratiques  des  augures , que  les  Grecs  & les  Ro- 
mains. 

Augarium  cxltfle  étoitj  felón  PaalluSj  réclair 
ou  le  tonnerre. 

Augarium  coaBum,  augure  extorqué  en  laiííant 
jeuner  les  poulets  facrés. 

Augufium  impetrativurn  , préfage  deliré  3 que 
Ton  ne  pciivoit  refuferv  . 

Augarium  nauticum  , étcit  Tapparition  des  cygnes 
que  les  marelots-  croyoient  erre  d’un  bon  augure ^ 
parce  qu  ils’  ne  s’enfoncent  jamais  dans  Tonde. 
j^oye:¡'  Cygnes. 

Augarium  oblativum,  augure  fortuit,  que  l’on 
pouvoit  accepter  ou  refufer. 

Augarium  falutis , efpéce  de  divination  par  la- 
quélle  on  cherchoit  á connoitre  íi  les  dieux  accor- 
deroient  la  demande  qu’on  leur  vouloit  taire  pour 
le  bonheur  & le  falut  du  peaiple  romain.  On  lui 
confacroit  chaqué  année  un  jour  ^ dans  lequel 
aucune  armée  n’étoit  fortie  de  Rome  pour  com- 
batiré fes  ennemisj  & ne  Ieur  avoit  livré  de  com- 
bar. Lorfqae  Finfpection  des  viélimes  ne  pro- 
mettoit  rien  d'facureux  , on  ne  célébroit  pas 
Y augarium  falutis  ¡ & Fannée  entiere  s'écouloit 
quelquefois  fans  que  Fon  put  trouver  un  jour 
favorable.  Augufte  étant  conful  pourlacinquiéme 
fois  avec  Sextus  Apuleius  rétabiit  cetce  pratique 
religieufe , qui  avoit  ité  iíitefxoiapue  peadant 


A U G 

quarante-quatre  ans^  depuis  le  confulat  de  Cice- 
rón & dC4ntoine.  On  la  négügea  encore  aptés 
cet  empereur;  car  Tacite  {Annal.  xii.  23.)  dit 
que  Claude  la  rétabiit  de  nouveau. 

Pour  rendre  cet  article  completa  Arus- 
PICES  8c  Auspices. 

AVGURINVS  ¡ furnom  de  la  famille  Mi- 

SÜTIA. 

A.UGL‘STA.  Ce  nom  fut  donné  aux  princeíTes 
du  feng  des  Auguftes  des  le  Haut-Empire.  On 
trouve  fur  Ies  médailles  Julia  Augufta , Antonia 
Augufia  j,  Agrippina  Augufla  : ce  nom  fe  lit  fur 
les  médailles  des  princeíTes  mémes  qui  ne  furent 
jamais  femmes  d’empereurs  ^ relies  que  JuliaTiú, 
Marciana  , Matidia  , 8cc. 

Le  moyen  age  conferva  cet  ufage ; car  Herric 
ou  Henri  ^ dans  le  prem.ier  livre  des  miracles  de 
S.  Germainj  appelle  indifFéremment  Chrotéchilde 
femme  de  CioviSj  ou  Reine,  ou  Augufte.  . 

Augusta  en  Cilicie.  AYroYCTA?sí2N. 

Les  m.édaiiles  autonomes  de  cette  viile  foat: 

RRR.  en  bronze.  (PellerinJ. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  viile  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales grecques  > avec  fon  époque , en  Fhonneur 
d'Auguíle  j de  JNéronj  de  Gordien , de  Valé- 
rien. 

AUGUSTALE.  On  donnoit  ce  nom  a la  tente 
de  Fempereur , qui  étoit  dreíTée  dans  Fenceinte 
appelée  Prétoire, 

Aüg  UST ALE  , ( R'vyssg-e;  , Suidas)  étoit  un  ter- 
rein  confacré  dans  les  Colonies  á Augufte 8c  fur 
lequel  les  préfets  & les  gens  prépofés  au  cuite 
de  cet  empereur  s'aíTembloient , 8c  formoient  des 
danfes  religieufes.  C’eft  ainfiqu’on  en  fornion  dans 
le  forum  des  comeftibles  ^ obfoniorum  j en  1 hcn- 
neur  de  Tibére. 

AUGüSTALES^  Auguftalia,  fétes  établies  en 
Fhonneur  d’Auguíre.  Aprés  qu’ü  eut  termine 
toures  les  guerres  de  FEmpire , & reglé  les  aftaires 
de  SicÜe,  de  Gréce^  d’ Afie,. de  Syrie  8c  aesPar- 
thes , on  établit  les  Auguftahs ; le  nom  d Au- 
gufte fut  inféré  dans  les  falles  de  Rome  aa  4^“®* 
ides  d’octobre  ; iV.  eid.  octob.  august.  5 c elí- 
á-dire,  Augustalia.  Ces  honneurs  lui  .urent 
décernés  Fan  de  Rome  735,  fous  le  confulat  de 
Saturñinus  8c  de  Vipfanius.  Huir  ans  apres , uji 
fénatus-confulte  établit,  á la  méme  époque , d-s 
jeux  púbücs , que  Fon  appela  de  fon  nom- 
fiatterie  fit  renouveler  les  mémes  honneurs 
chaqué  fucceíTeur  d’ Augufte ; 8c  les  jeux  eta  jIS 
en  leur  honneur,  que  Fon  appela 
font  répétés  fréquemment  fur  les  medaiiles 
villes  grecques.  / ' v . 

Gruter  a publié  une  infcription  trouvee  ® ‘ 
bonne , fur  laquelle  on  voue  un  facrifice  a . 
gufte , au  jour  anniverfairc  de  fa  EaiffaBce , Q 
eft  ainfi  expri^ée ; 


A U G 

VIII.  K.  OCTOBR.  QUA.  DIE.  EÜM.  SSCÜI.I 
FELICITAS 

ORBI.  TERRARUM.  RECTOREM.  DEDIT. 

AUGUSTALES.  Augustaux. 

AUGUSTAI.ICL  Muratori  (zoi6.  6.  Tkef. 
infcr.)  rapporte  une  épitaphe  dans  laqueüe  on  lie 
Aügustalicis  ¡ probablemenr  pour  Augusta- 
LIBUS. 

AUGÚSTANI ^ nom  des  foldars  d'une  legión 
que  forma  Nerón & qui  étoient  au  nombre  de 
cinq  miile.  (Tacit.  AnnaL  xiV'.  ij).  IIs  étoient 
chargés  d'applaudir  ^ iorfqudi  chantoit  ou  jouoit 
des  inílrumens  dans  les  jeux  publics.  Par  la  fuite  ^ 
un  des  comtes  d' A frique  en  eut  un  corps  fous 
fes  orares.  On  Ies  reconnoiífoic  á un  bouclier 
rouge  j avec  un  globe  blanc  ¡k  qtiatre  cercles  de 
couleurs  différenteSj  qui  lui  fervoient  de  bor- 
dare. 

AUGUSTATICUM , largeíTe  des  empereurs 
greesj  appelée  anciennement  congiaire. 

AUGUSTAUX  j Augufiales , Aagufialis.  Ces 
nonas  j qui  fe  trouvent  naille  fois  dans  les  recueils 
d'infcriptions  ¡ dé.íignoienc  piufieurs  fortes  de 
perfonnes. 

1°.  Ceux  qui  conduifoient  les  premiers  rangs 
de  l’armée  j comme  le  ténaoigne  Végéce  (i?£i 
milit.  il.  c.  7). 

1°.  Les  préfets  de  PEgvpte,  établis  par  Augufte 
aprés  la  défaite  d'Antoine  Se  de  Cléopátre.  11  en 
eñ  fouvenr  fait  mention  dans  les  ííiftoriens  de  la 
By^antin.e ; ils  réíidoient  a Alexandrie. 

3°.  Tous  les  officiers  du  palais  des  empereurs. 

4°.  Selon  Alciat,  A'elfer^,  Reineíius  & d'autresj 
un  ordre  diñingué  de  citoyens  dans  Ies  Colonies 
Se  Ies  MunicipeS:,  qui  tenoient  le  milieu  entre  Ies 
décuiions  Se  le  peuple.  Les  inferiptions  des  Colo- 
nies dirtinguent  fouvent  ces  trois  ordres,  en  ces 
termes  : ordo,  decurionum.  augustalium. 
ET.  PLEBS.  UNIVERSA  5 OU  ORDO.  DECURIO- 

NUM.  ET.  AUGUSTALIUM Les  décurions  les 

choiíiíToient....  c.  vi.  viR.  augustalis.  qui. 
INTER.  PRIMOS.  AUGUSTALES.  A.  DECURIO- 

eíibus.  augustalis.  factus.  est.  IIs  deve- 
noient  quelquefois  décurions  5 car  on  trouve  ce 
titre  joint  á celui  ^ Augufial,  augustalis.  et. 
iiEcuRio.  Sans  erre  décurions , ils  obtenoient 
quelquefois  la  permiííion  d'en  porter  les  orne- 
naens  diftinclifs  5 comme  Ies  généraux  romains 
qui  s’étoient  illuílrésj  obteaoient  des  empereurs 
la  permiíTion  de  porter  les  ornemens  confulaires. 
L.  Aurélius  Viclor^  affraiichi  de  Lucius  Vérus^ 
eft  nommé  fur  une  infeription  sacer.  prim. 

CORP.  AUGUSTALIUM.  ORNAT.  ORNAM.  DECU- 

Rionalib. 

Ces  auguftaux  des  provinces  étoient  peut-étre 
confacrés  au  culta  d'Auguñe,  comme  ceux  de 
Home.  II  efi  certain  du  moins  qu  ils  jugeoient 
íes  affaíres  relatives  á la  reiigionj  aousl’apprenons 


A U G 3^3 

d’une  infeription  trouvée  á Alcántara  ^ dans  la- 

quelle  celui  qui  parle  dit ouod.  eis.  me. 

VIVO.  TRADIDI.  CANDELABRA.’eT.  LUCERNAS. 
BILYCHNES.  arbitrio.  A-UGUSTALIUM.  quo. 
FACILIUS.  STRATI.  _JUS.  PUBLICUM.  OBIRE. 
POSSiNT.  IIs  avoient  rmfpection  des  jeux  facrés. 
Leur  nombre  fiit  d’abord  ñxé  á íix  comme  celui 
des  augufiaux  de  Rome.  Mais  Tadulation  le  fit 
augmenter  au  point  qu'il  falint  en  diítinguer  plu- 
íieurs  ordreS:,  auxqueis  préfidoient  les  févirs  au- 
guftaux  s car  nous  avons  vu  plus  haut  facerdos 
prTmi  corporis ^augufiaUum,  &<:.■  L’honneur  d’étre 
févir  s’achetoit  dans  certaines  provinces , ainli 
quon  peut  le  conclure' de  rinfeription  fuivante, 
rapportée  par  Smérius. . . : hic.  pro.  seviratu. 
iN.  REM.  p.  DEDIT.  H-s.  oo  oo.  Une  feconde  ^ du 
méme  Smétius  montre  qu’on  faifoit  quelquefois 
la  remife  de  cetre  fomme : huic.  ordo,  de- 

CURIONUM.  OB.  MERITA.  EJUS.  HONOREM. 
AUGUSTALISTATIS.  GRATUITUM.  DECREVIT. 

Une  troiíiémé  porte : iiiiii  viRO.  A.ugus- 

TALi.  GRA.TÜITO.  D.  D.  - . . & UD.e  quattiéme 
donné  á entendre  que  le  févirat-augufial  n’étoit 
pas  perpétuel  > & que  Fon  pouvoit  en  étre  de- 
coré pluíieurs  fois.... : faustus.  tutus,  libe- 
ralis.  VI.  VIR.  AUG.  ITER. 

5°.  Enfin  Ies  augufiaux,  appelés  plus  fouvent 
flamines-auguflaux  ou  confreres- augufiaux  , fodales 
augufiales.  C’étoient  des  prétres  confacrés  dans 
Rome  au  cuite  de  Tempereur  Augulle.  Ce  fut 
Tibére  qui  inftitua  ce  collége  de  prétres,  pour 
offrir  des  facrifices  á Augufle  dans  le  temple  qu’il 
lui  bátit  j & qui  aííigna  des  fonds  pour  leur  fub- 
íiftance.  II  ne  dédaigna  pas  d’étre  du  nombre  des 
augufiaux , ainíi  que  Drufus,  Claude  & Germa- 
nicus ; Ies  autres  , qui  forméretit  le  nombre  d-e 
vinge-un , furent  choiíis  au  fort  parmi  les  citoyens 
des  premieres  maifons  de  Rome.  L’infcription 
fuivante , confacrée  á Néron , fiis  de  Germanicus  , 
réunit  fur  fa  tete  tous  les  diíférens  tiíres  des 
prctres  augufiaux  : 

NERON!.  CA.ESARI 
GERMANICI.  E. 

VTI.  AUGUSTI.  N.  DIVI.  AUG, 

PRON.  FLAMINI.  AUGUSTALI 
SODALI.  A-ÜGÜSTALI 

L’un  d’eux  portoit  le  furnom  de  Tdhularlus , qui 
défignoit  fon  emploi  particulier.  Sextus  Apufius 
Biebius  VI.  VIR.  augufial  I’avoit  exercé....  tabu- 
LARis  ( peut-érre  pour  tabularius ) sacr.  au- 
gustalium. , 

Les  autres  colléges  de  pretres  mñitues  en  i hon- 
neur  des  fucceíTeurs  d’ Augufte,  qui  furent  déi- 
fiés  comme  lui  , portérent  le  nom  génériqus 

di  augufiaux.  - 

AU  GUSTE. 

IzíPEB-ATOa  CjSSAS-,  BT-rz  TILIUS,  AlZGVS^. 

3 fils  adoprif  de  Jules-Céfar,  fon  onde. 

Z i ij 


TUS 


3^í4  a U G 

Ses  méáailles  font : 

C.  en  or. 

íl  y a des  revers  R. 

RRR.  reftituées  par  Trajan.^ 

Gn  a trouvé  un  médaillon  d'or  á’^ugufie  , dans 
les  ruines  d’HercuIanum.  Le  P.  Khelí  l’a  publie. 
C.  en  argent. 

II  y a un  grand  nombre  de  revers  rares  de  ce 
prince  j & on  peut  en  former  une  fuite  de  deux 
cent-cinquante  médailles  d’ argent. 

RRR.  reftituées  par  Traían. 

II  y en  a une  dans  le  cabir.et  du  roí  d’Erpa- 
gne , & une  autre  á París  j dans  le  cabinet  d un 
particuiier. 

RR.  en  médaillons  d^'argent. 

R.  en  G.  B.  de  coin  romain. 

Liles  ne  font  ni  raies  ni  communes  en  G.  B. 
fans  k tete  á’JuguJie,  avec  des  noms  de  iii  virs 
Monétaires. 

C.  en  M.  B.  de  coin  ronaain,  & RR.  au  revers 
de  Tibére.  ^ j 

R.  du  méme  module , reftituées  par  Claude , 
rieron,  Titus,  Domitien  , Nerva  & Trajan. 

Liles  font  rapportces  dans  Oifelius.Sc  Vailiant. 
C.  en  P.  B.  de  coin  romain. 

RR.  en  G.  B.  de  Colonics. 

C.  en  M.  B.  & R.,  au  revers  de  Tibére. 

C.  en  P.  B. 

RRR.  en  G.  B.  grec. 

C.  en  M.  B.  & RRR.,  avec  fa  tete  feule,  ou 
avec  celle  de  Livie ; & au  revers  la  tete  de  Rhé- 
métalce  > roi  de  la  Thrace , feule  ou  accompa- 
gnée  de  celle  de  fa  femme. 

C.  en  .P.  B.  grec. 

R.  en  G.  B.  d’Egypte. 

II  y a des  médailles  de  cet  empereur  en  M.  & 
P.  B. , avec  des  caraétéres  puniques. 

Les  portraits  ¿’Augujle  font  auíTi  communs  que 
fes  modeles.  La  ñatue  du  Capitole  , qui  le  repré- 
fente  debout  , dans  la  fleur  de  Táge , avec  un 
gouvernaii  a fes  pieds  , & qui  fait  allufion  á la 
baraille  d'Aélium  , eñ  d’un  travail  mediocre.  La 
prétendue  ftatue  aíEfe  avec  la  tete  á‘Augufie  , qui 
eñ  dans  le  méme  Jíuféum  , nkuroit  pas  du  j fe- 
lón Winkelmann  , étre  méme  citée  dans  la  def- 
cript'on  de  ce  cabinet.  Maffei  (Gerona  illuftr.')  par- 
íant  d^une  tete  d*  Augiifle  , omée  d*une  couronne 
de  chéne  , couronne  civique  , & .confervée  dans 
le  cabinet  de  Eévilaqua  á Vérone , doutoit  que 
Pon  en  pát  trouver  ailleurs  une  p^reille.-  Mais  on 
fait  qu'il  y en  a une  femblable  dansla  bibliothéque 
de  Saint  Marc  a Veiiife.  La  viüe  Albani  feule  of- 
fre  trois  diSérentes  tetes  SAngufie  , couronnées 
toutes  trois  de  feuilles  de  chéne.  _ 

On  voit  dans  le  cabinet  de  Pornci , un  beau  buf- 
te  deLront.e , repréfentant  un  jeune  homme  avec 
des  oreillesde  Parzcrútiajie  , (yoyezOREiLLE)fous 
la  forme  dkn  bermés  , & portant  le  nom  de  Tar- 
tifte  Apollonius  , fils  d’Archias  athénien.  11  a été 
pris  maí-á-propos  , felón  Winkelmann  j,  pour  rem- 


A U G 

pereur  Augufte  dans  fa  jeuneíTe  > ce  n’eft  probable* 
ment  qu  un  lutteur. 

Combien  Diofcoriden’avoit-il  pas  gravé  de  por- 
traits de  cet  empereur  fur  des  agathes  & d'autres 
pierres  précieufes  , puifqu’il  noivs  en  refíe  un  fi 
grand  nombre  ! Buonarroti  (Ojf.  jop.  ale.  med.  p. 
45y'  a pubüé  une  téte  Augufte  de  la  plus  grande 
beauté  , qui  eft  confervée  a la  bibliothéque  du 
Vatican.  Cette  téte  eñ  gravéefur  une  caicédoine, 
& a pies  de  qiiatre  pouces  de  hauteur. 

La  colleétion  des  pierres  gravées  du  Palais-Royal 
renferme  une  belle  téte  du  méme  prince , & fon 
portrait  au  pied  , avec  la  foudre  & Pégide , em- 
blémes  de  Júpiter.  Mais  ces  deux  morcéaux  font 
éclipfés  par  un  autre  portrait  Augufte  de  la  miéme 
colledion.  I!  repréfente  cet  empereur  jufqu  aux 
hanches  ; & le  travail  en  eñ  traite  par  mépkts  , 
genre  que  Diofeoride  femble  avoir  affeélé  , felón 
Mariette.  Cet  ónix  a plus  de  trois  pouces  de  hau- 
teur. Le  tréfor  de  Saint  - Denis  en  France  fournit 
un  pendant  de  méme  hauteur  a ce  bel  ónix ; & c eft 
auíTi  une  téte  Augufte  dont  les  connoiffeurs  s'ac- 
cordent  a faire  honneur  au  fameux  Diofeoride. 

üne  téte  á’  Augufte , gravée  par  cet  artiñe,  qui 
appartenoit  á la  maifon  Maffimi , mais  qui  fut  bn- 
fée  en  trois  morcéaux  , étoit  remarquable  par  une 
barbe  courte  que  n^’ont  pas  les  autres  reres  de  cet 
empereur.  Cette  particularité  pourroit  indiqtier  , 
felón  Winkelmann  , la  défaite  des  trois  kgions 
de  Varus  , dont  Augufte  fut  fi  affligé  ,qu  il  lailla 
croitre  fa  barbe.  On  remarque  encore  cette  barbe 
courte  á une  té^e  d’Othon  de  la  ville  Albani. 

Auguste  Ce  titre  d’honneur  fut  donne  C, 
Jules-Céfar  Odtavien  par  un  décret  du  fénat,  1 an  de 
Romeyió  ,aux  ides  de  janvier.MunatiasPlancus, 
voyant  que  plufieurs  fénateurs  vouloient  lid  don- 
ner  le  furnom  de  Romulus  , comme^  a un  fecond 
fondateur  de  Rome  , propofa  de  Pappeler  AUt 
GUSTE , nom  qui  défignoit  un  endroit  ou  un  per- 
fonnage  confacré  par  quelque  augure , ou  par 
quelque  cérémonie  de  religión.  Son  avis  futfmvi, 
& on  donna  áentendre  que  Pempereur  avoít  mente 
ce  glorieux  furnom , en  foumettant  au  joug  ^ 
Rome  tout  Punivers  connu.  Cvide  nous  en  dona 
cette  raifon  dans  fes  Lañes  (i.  jSj*)' 

Idibus  in  magnis  caftus  Jovis  tde  facerdos 
Semimaris  fiammis  vlfieru  lihat  ovis- 
'Reddhaque  eft  ornáis  populo  prov'-ticia  noftroS. 

Et  tuus  Augufto  nomine  diñus  evus^ 

Et  fv.  600.J : 

' Sancía  vocant  Augufta paires  ‘Augufta  vocantier 

Templa  ^facerdotum  rite  dicata  manu.  _ 
Jíujus  & augurium  dependet  origine  verbi  , 

Et  quodeumque  fuá  Júpiter  auget  opi- 

Les  Grecs  rendirent  íe  nom  S Augufte  par  cJi|_ 
de  SEBASTOS  , & le  donnérrnt  á tous 
{^xíx&ói Augufte  j a Texemple  desRoBiains>eP 


A U L 

KVLimperturSzAuguñe  devinrentfvnoíiymes.Marc- 
Aureie  psrtagea  ce  tirre  avec  LuciusV  eruSj  qu  li  af- 
focia  á i empire.  On  vit  aiors^pour  Ja  premiérefois, 
deux  Augufies  en  méme  - tenas  ; & Ton  marqua 
cette  année  i6i'=  dans  Ies  Faltes  ,par  ie  confulat 
des  deux  Augufies.  ^ ^ 

Les  fucceííeurs  des  empereurs  délígnes  ou  aíio- 
ties  á l'Empire^étoient  d'abord  crees  Cefars  , en- 
fuite  nommés  Augufies.  Le  Fére  Pagi  a cependant 
íoutena  , contre  ropinion  communej  qu  il  falioit 
avoir  été  Augufie  pour  por.voir  etre  nomme  Cefari 
& 51  le  prouvoit  par  Texemple  de  V alentinien  I ^ 
qui  proclama  fon  frére  \ ¿lens  ^ ugufie  ^ avant  que 
de  I'avoir  creé  Céfar.  Mais  ce  fait  ell  le  feul  de  ce 
genre , 8c  nc  doit  former  qu’une  exception  á Tu- 
fage  ordinaire. 

Les  peuples  qui  fuccédérentaux~Homains,  don- 
nérent  auffi  á leurs  Souverains  le  nom  Augufie, 
comme  on  le  voit  par  d’aneiennes  monnoies  de 
Childebert  j de  Clotaire  & de  Clovis. 

Auguste.  (princeííe)  Augusta. 

Auguste.  (papier  d’)  V.  Papier  & Papyrus. 

Augüste.  (maufolée  d’)  V.  Maüsolée. 

Af^IARIVS.  On  trouve  dans  Muratori  {Thef. 
znf.  poó.)un  affranchi  d’Augufte  dont  Poffice  ^ dans 
la  maifon  de  cet  empereur  , étoit  d’aroir  foin  des 
voliéres.  II  eft  appelé  aiileurs  Altiliarius  {ih.  937). 
On  en  trouve  un  chargé  du  méme  foin , appelíé 
Aviarius  ; & un  troiíiéme  reunir  ces  deux 

noms  dans  Finfcription  fuivante  : 

D.  M. 

OLO.  PLUTIO.  SUCCESSO. 

Priscus 

L.  VARI.  AMEIBOLI. 

AVIARIUS.  ALTILIARIUS. 

AF7SPEX  extifpzcinus.  On  trouve  un  aruf- 
pice  déíigné  fous  ces  deux  noms,  dans  une  inf- 
cription  du  Tréfor  de  Muratori  ( 171.  7). 

AVITE,  tyran  fous  Marcien. 

Marcius  Mjecjlius  Avjtvs  Augvstus. 

Ses  médailles  font : 

RP.R.  en  or. 

RRR.  en  argent. 

RRR.  en  P,  B. 

AVIUM  fartor.  Gruter  (580.  15.  Thef.  infcr. 
Gr&vii)  rapporte  Tépitaplie  fuivante  : 

ANTIGONUS.  DRUSI.  CAES 
AVIUM.  FARTOR. 

PRIMILIA.  FECIT 

conjugI.  B.  M.  - 

Cétoit  fans  doute  le  méme  que  TAviarius. 
^ • ce  mot. 

AULA,  ¿vx?s  dans  Homére.  Athénée  (v.) 
dit  que  c'étoit  un  efpace  découvert.  Cependant 
les  écrivains  qui  ont  employé  ce  mot  aprés  ¡e 


A V O 3^5 

prince  des  poetes,  ent  délrsné  de  grandes  falles  , 
des  falles  á manger  en  particuiier , le  palais  des 
princes,  Stc. 

Auiu  Ador.idis.  Voyez  JaRDINS. 

Aula  Augufiana.  V.  PalatiUM. 

AULMU M..  V.  Tapisseries  & Toile  de 
tkéátre. 

AULERCI,  dans  Ies  Gaules.  aulirco. 

Les  médaffies  autonomes  de  ce  peuple  font : 

RRRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

AULIDE , lieu  fameux  dans  rhiíloire  ancienne , 
par  Pembarquement  des  Grecs  pour  la  guerre  de 
Troye  , & par  le  facrifice  d'Iphigé.nie.  C étoit 
un  port  de  la  Béotie,  fur  le  détroit  qui  fépare 
du  continent  Tiñe  d'Eubée,  aujourd'hui  Négre- 
pont. 

AULIS , filie  d’Ogygés  , fqeur  d’Alalcoménie  , 
& Pune  des  nourrices  de  Minerve.  Alalco- 
MÉNIE. 

AULON  , arcadien  , un  des  héros  á qui  la 
Gréce  eleva  des  monumens  héroiques. 

AT’Aíi'niS,  cafque  alongé.  II  étoit  pointu 
en  forme  de  cóne  , orné  dLn  grand  panache  , 
avec  des  joues.  Tei  étoit,  felón  Homére,  celai 
de  Dioméde. 

AULUS.  Ce  prénom  eft  ordinairement  dé 
íigné  fur  les  marbres  par  un  A.  On  le  trouve  écrit 
tout  au  long  dans  Finfcription  fuivante  de  Gruter, 
oú  il  eft  ñom  propre : 

PRO.  SA 

ANTONINI.  AU.  PII.  F. 

P.  AULUS.  P.  F.  PALATINA 
POSTüMIUS.  ACILIANUS 
PR.ÍEF.  COH.  I.  DELMATAR 

AVOCATS.  Les  Romains  les  appeloient 
Advocatí , caufidici  ou  cmifarum  añores  , 8z  cogni- 
tores.  Leurs  fonéiicns  etoient  difünguées  de  celles 
des  jurifconfultes  , juridid , qui  ne  plaidoienc 
point,  mais  qui  faifoient  feuls  des  confultations, 
& exer^oient  une  efpéce  de  magiftrature  privée. 
Les  avocats  ne  devenoient  point  jurifconfultes  , 
& chacune  de  ces  deux  ciaffés  étoit  toujours  dif- 
tinguée  de  Fautre. 

Les  Romains  avoient  beauconp  de  confidéra- 
tion  pour  les  avocats.  Lesliéges  du  barrean  de  Ro- 
me'étoiént  occupés  par  des  confuís  & des  féna- 
teurs  , QLí  fe  renoient  honores  déla  qualité  áAvo- 
cat.  Les  mémes  voix  qui  commandoierit  aux 
peuples  , étoient  auffi  employées  á les  défenare. 
Ceft  pourquoi  Ies  empereurs  préférant  la  robe, 
á Fépée  , donnoient  aux  avocats  le  titre  de  com- 
tes  & de  clariffimes.  On  les  appeloit  auffi  Bono- 
rati  & Patroni.  Ce  dernier  nom  exprimoit  la  recon- 
noiíTance  que  lescliens  devoient  avoir  poureux, 
& qui  devoit  égaler  celle  des  afi&anchis  pour  ieurs 


3^^  AYO 

andens  maítres  pour  Ituxs  patrcns.  Enfin  I Ernpe- 
reurThéodoíe  , aprés  avoirréunidaus  fa  Kovelle  , 
de  fofiulando  , tous  les  éloges  imaginables  pour 
les  avocats  , conclut  que  Ies  priviléges  quil  leur 
accorde  font  peu  de  chofe  pour  un  ordre  auíTi  no- 
ble & auíli  néceíTaire- 

La  profeíTion  A’avocat  s’aviiit  á Roir.e  dans  la 
fuite  pendant  le  temps  de  la  répabüque.  Ceux  qui 
afpiroient  aiix  charges  & auxhonneurs  ,plaidoienc 
■gratuitement  , pour  acquérir  la  bíenveillance  du 
peuple  , & pour  fe  faire  des  cliens.  Alors  les  fé- 
* nateurs  eulTent  eu  honre  de  rendre  leur  éloquence 
vénale  ; ils  ne  cherchoient  que  la  gloire  &:  la  ré- 
putation.  Mais  depuis  que  la  faveur  du  peuple  ne 
fervit  plus  á parvenir  aux  d'gnités , & que  les  avo- 
cats ne  furent  plus  récompenfés  par  les  charges  , 
ils  devinrent  mercenaires.  Ils  vendirent  leur  zéle 
& leur  colére.  Ils  ranqonncrent  tellement  leurs 
parties , que  le  tribun  Cincius  fit  une  loi  appelée 
de-  fon  notn  Cincia  , pour  cornger  cet  abus  ; ede 
défendoit  aux  avocats  As.  rienexiger  de  leurs  cliens. 
L’empereur  Augufte  ajouta  une  peine  á cette  de- 
fenfe  5 8c  Claude  regardoit  comme  un  exenaple  de 
fageffe  , la  loi  par  Tlaquelie_  ü ne  leur  permit  de 
prendre  par  caufe  que  dix  mille  fefterces  j c’eft-a- 
dire  2232  ou  19  3 3 liv.  felón  M.  Pauclon. 

Dans  les  caufes  d'appareil , les  avocats^  ne  par- 
loient  que  revetus  de  la  toge  , ce  qui  rendir  le^mot 
de  toge  fynonyme  á ceux  de  Barreau  & d élo- 
quence. Saumaife  ( in  Tertull.  de  pali.  p.  79.)  dic 
qu  ils  plaidoient  quelquefois  avec  la  pínula,  man- 
tean de  voyage  : peut-étre  á f époque  oú  cet  ha- 
billeir.ent  deftiné  á défendre  de  la  píuie  & du  froid 
devint  (f  un  ufage  commun  dans  la  vüie  méme. 
Les  avocats  plaidoient  debout  auprés  des  fiéges 
des  juges  ; mais  pendant  que  Taceufateur  plaidoit  ^ 
Vavocat  de  l'accufé  reltoit  aíTis  fur  le  méme  bañe  , 
& confondu  avec  les  autres  avocats  qui  affiftoient 
á Faudience  j afin  quildemeurát  inconnu  jufqu'á 
rinñant  de  plaider.  Cicéron  fait  mention  de  cet 
ufage  dans  fa  harangue  pour  Rofcius  ^ c.  22.  & 
c.  21.  • 

Lorfqu’un  accufé  étoitammené  fubitement  de- 
vant  le  tribunal  du  juge  il  avoit  droit  de  lui  de- 
mander  un  avocat , s’il  ne  vouloit  pas  fe  défendre 
lui- méme ; ce  qui  s’appeloir  advocatorem  petere.  Le 
c préteur  lui  en  affignoit  iiu,  Cicéron  nous  a con- 
fervé  le  bon-mot  d’un  Sicilien  , {de  orat.  il.  6^.J 
á qui  le  préteur  Scipion  avoit  afligné  pour  avocat 
fon  bóte , homme  d'une  naiiTance  diftinguée , mais 
d’un  efprit  trés-borné  ; donnez-le  ^ jevousprie  j 
dit-il  au  préteur , á mon  adverfaire  ; enfuite  ne 
m’en  aflignez  point : qusfo  , pretor  j adverfario 
meo  da  ifiuTTipatroniiTn  : deinde  mihi  neminem  de- 
deris. 

Hadrien  nomma  le  premier  un  avocat  du  fife  : 
i!  en  eft  fait  mention  dans  le  recueil  d’infcriptions 
• de  Gruter  , fous  le  nom  de  advocatas  fifei.  On  y 
trouve  auíIi  cdvocatus  reip.  & dans  Muratori  ad~ 
•pecatiís  de  fngularibus.  Les  Jingulares  OU  Jingularii 


A U R 

étoient  des  foldats  ou  des  fergens  attachés  á tel 
ou  tel  juge  parciculier. 

AVOINE.  ce  Chez  les  anciens  Romains  ^ 
Vavoine,  avena,  bromos , ne  faifoit  pas  un  grani 
objet  de  culture.  On  la  femoit  dans  i’automne^ 
avec  les  autres  bíeds  d’hiver.  Au  printems,  oa 
la  coupoit  pour-Ia  donner  en  verd  aux  beíliaux, 
ou  bien  on  la  faifoit  fécher  pour  faire  du  foin. 
On  fe  contentoit  d’en  lailfer  mürir  ce  qu’ií  ea 
falioit  pour  la  femence.  Mais  les  Germains  en 
faifoient  une  culture  plus  férieufe } ils  en  tiroient 
leur  nourriture  ^ & en  grande  partie  ils  vivoiení 
de  gruau  ou  de  bouillie  avoine.  Pline,  aprés 
avoir  rangé  le  bromas  dans  la  claíTe  de  la  t^ea, 
le  range  aillears  dans  celle  de  'iayoine;  il  dit 
que  cette  plante  porte  un  épi  qui  reíTemble  a 
cehii  de  I’herbe  ou  du  gramen  ; que  fa  rige  & 
fes  feuilles  ont  beaucoup  de  rapport  avee  celles 
du  triticum mais  que  fes  femences  pendent  des 
fommités  de  la  rige  en  forme  de  locules^  ou  de 
petites  bourfes  ; ce  qui  déíigne  parfaitement  l’a- 
(M-étrol.  de  M.  Paucion). 

AURaRIA,  mine  d’or.^F.  Mine. 

AURAB.II , étoient  les 'ouvriers  qui  travail- 
loient  Por.  Muratori  rapporte  dans  íonTkefauriis , 
I répitaphe  d’une  femme  appelée  Auraria  Sc 
Alargaritaria.  Les  perles  faifoient  partie  de  foa 
commetce , ainíi  que  Por. 

ATJRATüRIS  (as)  Aiigufti: 

‘ D.  M. 

■M.  tJLPIO.  AUG,  LIB.  DIONYSIO 
QUI.  FUIT.  AB.  AüRATURIS.  &C. 


(Fabret.  infer.  c.  lo.p.  jij).  Ce  Dionylius  étoií 
fans  doute  un  affranchi  oceupé  a Pentretien  des 
vafes  d’or  ou  dores  du  palais  d’ Augufte. 


AUREA,  furnoih  de  Venus. 

Aurea.  (R.oma)  Yoysz  Aureus. 

Aurea  étoit . felón  Feftus  ^ un  mots  qui  le 
fixoit  auprés  des  oreilles  du  cheval. 

AURÉLE,  (Marc)  adopté  par  Antonin. 
Marcos  Aurelios  Antoninus  Augüstcs» 
Ses  médailles  font: 

C.  en  orj  quelques  revers  font  R. 

C.  en  argent;  il  y en  a trés-peu  de  tares- 
R.  en  médailles  grecques  d’argent. 

C.  en  G.  B.  de  coin  romain. 

RR.  au  revers  de  Fauftine. 

RRR.  au  revers  de  V érus. 

II  y a beaucoup  d’autres  revers  rares. 

C.  en  M.  B. 


RRR.  en  G.  B.  de  Colonies. 

R.  en  M.  B.  & RR..  avec  fa'téte 
Vérus. 

RR.  en  P.  B. 


celle  de 


R.  en  G.  B.  grec. 

C.  en  M.  B.  &:  RR. . 


avec  la  tete 


du  roíAq# 


gare. 


A ü R 


C.  en  P.  B. 

C.  en  médailles  de  broaze  d’Egypte. 

II  }•  a un  grand  nombre  de  mtdaiilons  de  bronze 
latins  & grecs  de  ce  prince. 

Marc-Aiirele  fixa  á Ficulneum,  bourg  ficué  jadis 
prés  de  Rome  j des  revenus  pour  fournit  aux 
frais  de  Téducation  d’un  certain  nombre  d'enfans 
de  Tan  & de  Tautre  fexe.  F".  au  mot  AliMsx- 
TARiij  l’infcription  quien  faitfoi. 

Un  grand  nombre  de  portraits  de  ce  bon  prince 
font  venus  jufqu  á nous.  Mais  le  plus  célebre  de 
ces  monumens  , eít  la  ftacue  équeílre  de  bronze 
qui  eil  élevée  Air  le  Capitole  devant  ie  palais  du 
fénateur.  Elle  fut  placee  d’abord  devant  i'eglife 
de  S.  Jean  ^e  Latran  ^ parce  que  la  maifon  ou 
cpit  né’cer  empereur  ^ fe  trouvoit  dans  cette  re- 
gión. La  ftatue  qui  montoit  alors  le  chaval  ^ a 
probabletne.n.t  été  enfevelie  fcus  les  ruines  de 
Rome  dans  ie  moyen  age  j car  dans  la  vie  du  fa- 
meux  tyran  Coló  diRzen^o  ^ il  n'eft  parlé  que  du 
chevai  appelé  á cette  époque  le  cheval  de  Conf- 
tandn.  Lorfqudl  j avoit  á Rome  des  réjouiiran- 
ces^  pendant  le  féjour  des  papes  á Avignon  , on 
faifoir  couier  pour  le  peuple  du  vin  Se  de  Teau 
de  la  tete  de  ce  chevai  : du  vin  rouge  de  la 
narine  droite  , & de  Teau  de  la  gauche  ; car  alors 
on  ne  buvoit  d’autre  eau  que  celle  du  Tibre  ^ 
les  aquéducs  étant  détruits  ; & on  la  vendoit 
dans  les  rúes  de  Rome  ^ comme  on  le  pratique 
encore  á Paris. 

_ Ayant  vu  dans  le  trefor  de  Tabbaye  de  S.  De- 
nis-en-France  une  ftatue  équeftre  d'argent  doré 
en  partie  , qui  fert  de  burette  aux  grandes  folem- 
EÍtéSj  nous  la  reconnúmes  auííi  tót  pour  une  co- 
pie de  Fancienne  ftatue  équeftre  de  Marc-Aurele  5 
copie  que  Fon  emploie  encore  au  mésae  ufage 
auque!  on  faifoit  fervir  autrefois  Foriginai  dans 
les  fétes  publiques 

Le  fénat  de  Rome  donne  chaqué  année  un 
bouquet  de  fieurs  au  chapitre  de  S.  Jean  de  La- 
tran 3 comme  unhommage  parlequelil  reconnoít 
Fancien  droitde  cette  églife  fur  la  ftatue  de  Marc- 
Aurele.  Lorfq’Aelie  fut  transportée  au  Capitole  , 
en  créa  un  office  public  j qui  rapporte  dix  écus 
lomains  par  niois  , 8c  ceiui  qui  en  eft  pourvu 
Sáppeile  Cuflode  del  Cavallo.  Cet  office  en  rap- 
peiie  un  autre  de  Rome  plus  ancien  encore  ^ auífi 
inutiíe  j mais  plus  lucratif.  On  Fappelle  Lettura 

Tito  Lzvlo.  I¡  rapporte  annueliement  5C0  écus 
Tcmains  alfignés  fur  le  grenier  á fel.  Ces  deux  pla- 
ces 5 a la  nomiuation  du  pape  , font  affeétées  á 
de  certaines  maifons  de  la  plus  ancienne  nobleíTe 
de  Rome.  La  maifon  de  Conti  oceupe  toujours 
I3  derniére  , lors  ménie  qu’aucun  membre  de 
cette  famille  n'auroit  vu  ni  connu  Fhiftoire  de 
Tire-Live. 

M.  Falconnet,  fculpteur  célebre,  qui  a fait 
le  modéle  de  la  ftatue  équeftre  dn  Czar  Fierre, 

* jngé  le  cheval  de  Marc-Aurele  avec  une  févi- 


A U R 3Í7 

rite  qui  paroit  outrée  & deplacée  dan$  un  cri- 
tique, dont  le  jugement  n’a  porté,  de  fon  propre 
aveu,  que  fur  áes  plátres.  Ldüuftre  Winkelmann  , 
qui  nous  fournit  une  grande  partie  de  cet  arri- 
cie, & quiaveit  vu  & étudié  irdíle  fois  le  chevai, 
en  a jugé  pius  favorabiement.  En  convenaat  de 
quelques  défaats  de  cette  ftatue , qui , ayan:  été 
renverfée  & enfouie,  a du  néceífairement  fouf- 
frir  des  altérations,  il  dit  expreffement  que  la  tete 
du  cheval  de  Fempereur  Marc-Aurele  , ne  fauroic 
étre  mieux  tournée,  ni  plus  fpirituelle.  U.i  cheval 
auífi  défeclueux  que  ceiai  qu  a critiqué  M.  Fal- 
connet , n'auroit  certainement  pas  excité  Fen- 
thouíiafme  du  célebre  Fierre  de  Cortone,  au 
point  de  iui  faire  diré  : Marche  done ¡ ne  fais-tu. 
pasque  tu  es  an/W.r  paroles  qu'ii  adreíTa  cependant 
au  cheval  de  Marc-Aurele. 

11  y a peu  de  colleclions  d'antiques  dans  lef- 
queües  on  ne  voye  des  copies  de  la  ftatue  équeftre 
de  Alare- Aurele.  Le  cabinat  de  Sainte-Genevieve 
en  renferme  deux  : Fuñe,  qui  a fept  pouces  de' 
hauteur , eft  évidemnient  moderne,  mais  ancienne 
de  plus  de  cent  ans5  Fautre  n’eft  haute  que  de 
trois  pouces  &c  demi  avec  fon  piédeñal,  & elle 
paroit  antique.  li  faut  appliquer  á ces  nombreufes 
copies  les  réflexions  qu  a faites  le  comtc  de  Caylus 
fur  celle  qu'il  poíTédoit. 

Peut-étfe,  dit-il , les  Romains  ont-ils  voulu 
rendre  hommage  á la  vertu , en  reproduifant 
pluíieurs  copies  , & de  différentes  grandeurs , 
de  Idmage  d"un  prince  qui  avoit  fait  Ies  délices 
de  Fhurnaniré.  Les  Italiens  eux  mémes  ont  fa- 
briqué dans  les  premiers  tems  , oú  Fon  étoit 
moins  éclairé  & moins  en  garde  contre  la  fur- 
prife  , pluíieurs  copies  de  cette  ftatue  , une  de 
celLs  quon  a retrouvées  les  premieres,  pour 
flatter  les  étrangers  , fur  qui  Cette  figure  faifoit 
toujours  plus  d'iiripreífion  , parce  qu’elle  íeur 
rappeloit  un  prince  auífi  fage  & auífi  bienfaifant. 
Quoi  qu’il  en  f&it,  on  rencontre  difficüement  de 
ces  bronzes  en  petit,  dont  on  ne  puiífe  révoquer 
en  doute  Faurhenticité. 

Ceiui  dont  je  vais  parler  , mérite  une  excep- 
tion  á cet  égard  5 car  il  eft  inconteftablement 
antique.  La  figure  de  Alare- Aurele  eft  bien  deífi- 
née  , bien  réparée  , & tres- bien  á cheval.  La 
tete  du  prince,  infiniment  reffemblante  , & tra- 
vaillée  avec  le  pías  grand  foin,  eft  dorée  du  tems, 
ainíi  que  Ies  bras  & les  jambes.  Ces  bigarares 
plaifoient  beaucoup  aux  anciens  ; les  Grecs  en 
avoient  donné  Fexemple  aux  Romains.  Les  mar- 
bres  de  couleur,  For,  Fivoire,  le  bronze,  fe 
trouvoient  fouvent  alliés  dans  leurs  ouvrages  de 
fculpture  en  ronde-boffe.  Nous  avons  heureufe- 
mentbanni  céttefauííe  magnificence,  qui  diminue, 
i.nterrompt  Feífet,  8c  ne  produit  aux  yeux  qs'un 
papillotage  dégoíitant.  (B.ec.  d’Ant.  il.p.  299). 

La  fage  défiance  que  témeigne  ici  le  comte  de  ' 
Csylusj  n’a  pas  dicté  i’infcription  qui  eft  ¿trice  . 


3ÍS  A U R 

au  bas  de  la  gravure  d’une  ñatue  équeftre  appir- 
tenant  au  comte  de  Pembrokj  confervée  á Wil- 
ton  en  Angleterre.  (_Defcr¿iione  ddle  Pitture,^c. 
Firen-ie,  1754-  fiama  i).  Lavoici : «Premiére 
» ftatue  équeílre  de  Marc-Aurcle , qui  valut  au 
53  méme  fculpteur  d'étre  employé  pour  faite  la 
» grande  ñatue  de  ce  prince,  done  le  cheval  différe 

de  celui-ci.  ^ 

La  maifon  de  Carpegna  poílede  á Rome  une 
ñatue  armée  á la  romaine  , á laquelle  on  a 
adapté  une  tete  át i'Aarc-Aurele.Yúyxttú,  jugeant 
de  ce  monument  Se  de  fon  pendant  par  l’infcription , 
M.  MüMMius  c©S.  qui  eft  fur  les  deux  bafeSj 
a cru  qifiis  étoient  un  travaii  grec  , & que  le 
conful  Mummius  les  avoit  anportes  a Rome  apres 
le  fac  de  Corinthe.  Mais  le  deftrudeur  de  Corinthe 
s^’appeioit  Lucius  ¡ d^ailleurs , Parmure  dont  les 
deux  figures  font  revétues , eft  du  tems  des  em- 
pereurs ; & enfin  les  bafes  actuelles  ne  font  pas 
celles  qui  Ies  portoient  autrefois , puffque  Pon 
voit  des  pieds  nouveaiix  fur  ces  bafes  nonvelles. 

Cn  connoit  pluíieurs  buftes  en  marbre  de  Marc- 
Amele , trois  entr’autres  á la  ville  Borghéfe  3 une 
tete  de  marbre  du  méme  empereur  dans  le  ^abinet 
de  Sainte-Geneviéve  de  París  ^ une  tete  coloíTale  á 
la  ville  Ludovifi,  qui  eft  peut-étre  la  feule  de 
bronze  qui  nous  refte  de  Marc-AmeU. 

AURELIA,  famille  romaine  dont  on  a des 
médailles : 

C.  en  argent.  . 

RR.  en  bronze. 

p.  en  or. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font  Cotta, 
Or^stbs  , Rufüs,  Scaurüs. 

Golttius  en  a publié  des  médailles  inconnues 
depuis  lui. 

Aurelia  aqua.  Voyez  AquÉDUC. 

Aurelia  porta.  V.  PoRTE. 

Aurelia  vía.  V.  VoiE. 

AURÉLIEN. 

Lucius  Doaíitius  Aureliaxus  Augüstus. 

Ses  médailles  font : 

RR.  en  or. 

II  y en  a qui  font  trés-rares,  á caufe  des  revers. 

RRRR.  en  médaillons  de  méme  métal. 

II  Y a un  petit  médaillon  d'or  de  cet  empereur 
dans  le  cabinet  du  Roi_,  & dans  ceiui  de  Sainte- 
Geneviéve. 

R.  en  argent  bas  oa  potin. 

R.  en  petirs  médaillons  latins  de  bronze  , au 
revers  de  Sévérine. 

RRRR.  en  petits  médaillons  d’Egypte  ^ oú 
Auréiien  eft  en  regard  avec  la  tete  d’Athénodore. 
H eft  au  cabinet  du  roi , & Pellerin  en  a publié  un. 

C.  en  M.  B.  latin ; RR.  du  méme  module  ^ avec 
la  tete  du  foleilj  & la  Icgende  fol  domlnus  im- 
■perii  romani,  au  revers  Auréiien  qui  facrifie  devant 
■iin  autel. 

C,  en  P,  B,  latin  & d’Egypte. 


A U R 

AURÉLIOPOLTS,  dans  la  Lydie.  atphAíO- 

nOAITON  & AYPHAlOnOAlTAIC. 

Cette  ville  a fait  frapper fous  rautetité  de 
fes  préteurs,  des  médailles  imperiales  grecqiies 
en  I’honneur  de  Commode , de  Gordien-Pie. 

M.  Eckhel  en  a publié  une  médaille  autonoiiw 
unique. 

AEREOLE,  tyran  fous  Gallien. 

Maxius  Acilius  Aureolus  Augustos. 

Ses  médailles  font: 

RRRR.  en  or. 

Elles  font  rapportées  par  le  P.  Banduri.^ 

O.  en  argent. 

RR.  en  P.  B. 

li  y a un  coin  faux  de  ce  tyran.  • 

AUREUS.  L’empereur  Othon  III  introduilit 
dans  les  feeaux  fexpreiüon  roma:  au  re  a,  ceft- 
á-dire , princeps . Cette  formule  a ere  marquee 
non-feulement  fur  les  bulles  de  plomb  des  em- 
pereurs  plus  .réceos  , mais  encore  fur  celles  de 
piufieurs  papes.  Les  uns  8c  les  autres  ont  voulu 
faire  entendre  par-lá  qu  ils  étoient  maitres  de  U 
ville  de  Rome,  capitaie  du  monde.  ^ 

Dans  le  moyen  age,  on  a nommé  aureum  touc 
ce  qui  tenoit  lé  premier  rang.  C'eft  ainli  que  1 ab- 
baye  de  Corbie  enFrauce,  a été  appelée  par  les 
anciens  Corbzia  aurea , pour  la  diftinguer  de  1* 
nouvelle  Corbie  ou  Corvey  en  Saxe.  On  lit  dans 
Ies  annales  de  ce  monaftére  : Chryfofiomus  nojler 
ahiit  ad  Corheiam  auream  in  Francia.  Ceít  danS 
le  méme  fens  qu  on  a appelé  xMayence,  Mogmtta. 


aurea.  , , 

Aureos ,momo\e  d’or  des  Romains,  appeice 
luífi  folidus  , la  méme  que  les  médailles  conlu- 
laires  Se  imperiales  d’or.  ils  n’en  frapperent  qu  a- 
prés  Pan  544  de  Rome.  _Sa  valeur  fut  c ange 
trois  fois  : voici  révaluation  que  M.^Pau  0^ 
a donnée  d'aofés  fes  confiderations  lur  au.  c , 
que  Pon  trouvera  á Particie  Or  des  r 

Vaureus  valut,  depuis  Pan  de  Rom.e  544  I»' 
qu^á  Pan  5Ó0,  30  iivres , raonnoie  actu- 

ll  valoit , en  monnoie  ancienne  des 
3 i onces  d’argent,  ou  zo  deniers,  ou  4 4 
naires,  ou  So  feñerces,  ou  320  as.  ^ 
Uaureus  valut , depuis  l an  de  ¿g 

qu’a  Pan  58Ó , 36  Iivres,  monnoie  attu.. 

li  valoit  alors,  cn  monnoie  des 
4 onces  d'argent,  ou  24  deniers,  ou 48  q 
ou  9Ó  fefterces,  ou  3S4  as,  ° ' gg  iuf- 

L’aureus  valut,  depuis  Pande 
qiPau  régne  de  Ciaude  ou  de  Néron  , ü 
monnoie  aétuelle  de  France.  ^ Unmains  ^ 

II  valoit  alors , en  monnoie  des 
3 I onces  d’argent,  ou  24  deniers , ° ¿t 

naires,  ou  9Ó  fefterces,  ou  192  onces  _ 
cuivre,  ou  584  as.  , rUiiás 

l/aureus  valut , depuis  le  regus 


A ü R 

de  Nerón  jufqu’á  Conflantin,  19  liv.  &:  f??  naon- 
noie  aéluelie  de  France. 

II  valoit  alors en  monnoie  des  Romains , 
3 I onces  d’argent,  ou  25  denierSj  ou  50  qui- 
iiaireSj  ou  100  fefterces  ^ ou  400  asj  ou  4800 
onces  de  Tas. 

Actreus  , poids  & monnoie  des  Grecs.  Voye^ 
Statére  d'qr. 

AURIBUS  s.  D.  D.  Gruter  (89.  ó.  Thef.  infcr. 
Grs.vii ) rapporte  rinfcription  fuivante  , done  il 
explique  ainíi  les  figles  B.  D.  d.  , auribus  hons. 
de&  dicavit : 


AURIBUS 
B.  D.  D. 
PETRUSIA 
PROBA 
MAGISTRA 
G ALGESTI 
HERMEROT 


A U R 

21 ; les  fecondes  Agonales  le  22  > Ies  Robigales  le 
2j  5 & les  Florales  le  28. 

Avril  étoit  le  fecond  mois  de  Tannée  de  Ro- 
muluSj  qui  commenfoit  par  mars , & il  avoit 
30  jours.  \Numa  le  réduilít  á 29  , ge  Céfar  lui 
en  rendir  30.  Les  nones  étoient  le  5 , & les  ides 
le  13.  C'eft  á Vénus  que  les  anciens  Romains 
ravoient  confacré ; mais  les  Grecs  ^ fuivant  Suidas , 
rayoient  mis  fous  la  protedion  d’ApolIon. 

AUPAPIGMENTUM.  Voyez  Orpiment. 


AUPO  potorio.  (ab^ 
Auro  efeario.  (¡zb) 


"|Ces  deux  expreflions 


défignent,  dans  des  inferiptions  rapportées  par 
Gruter  & par  Muratori , des  ofEciers  de  la  maifon 
d'Augufte , chargés  du  fpin  de  la  vailTelie  & des 
vafes  d’or. 

Auro  gemmato  (ab).  L’ofEcier  de  la  maifon 
d'Augufte  j défigné  par  ces  mots  dans  une  inf- 
cription  du  Tréfor  de  Muratori,  pag.  883,  n°.  j , 
étoit  prépofé  á la  garde  des  vafes  á boire  ornes 
de  pierres  précieufes.  Martial  parle  de  ce  luxe, 
{xiv.  IC9.): 


C’eíl  ainfi  que  Jules  Capitolin  dit  qu’Alexandre- 
Sévére  coníacra  deux  perles  pour  les  oreilles  de 
Vénus  : auribus  Veneris  eos  dicavit. 

AURICHALCUM.  Voyez  ORicitAzcujif. 

AURI C O CTOR.  Muratori  (97(3.  6.  Thef, 
infcr.')  rapporte  une  infeription  dans  laquelle  on 

lit  ce  mot  : c.  selius.  alex auricoc- 

TOR &c.  Cétoit  un  affineur  de  l’or.  Aurum 

coquere,  dans  le  Code  Théodofien  fignifie  aifiner 
Tor  par  le  feu.  On  y voit  auífi  aurum  coBum  pour 
obri:^um.  Voyez  Affinage. 

AURIFEX.  On  trouve  dans  Muratori  aurifex 
Aug. , Augufis. , Cef.  , Ti  C&faris  , aurifices  Livis 
Augufléi,  &c.  Leurs  fonétions  étoient  de  fabriquer 
des  anneaux  & des  vafes  d’or , comme  nous  Tap- 
prenons  d'une  infeription  rapportée  par  .Spon, 
{Mifcel.  Erudit.feB.  6.)  LnOVERAT  HIC  DOCTA 
FABRICARE  MONILIA  DEXTRA  ET  MOLLE  IN 
VARIAS  AURUM  DISPONERE  GEMMAS. 

AURIGA.  Voyez  Cocher. 

AVRIL;  ce  mois,  qui  fe  trouve  toujours 
dans  le  commencement  du  printems , étoit  con- 
facré á Vénus.  II  eft  figuré  par  un  homme  qui 
femble  danfer  au  fon  de  quelqu  inftrument.  Au- 
fone  dit  : « Avril  rend  fes  honneurs  á Vénus 
“ couronnée  de  myrte.  En  ce  mois , on  voit  la 
* lumiére  mélée  avec  la  fumée  de  Tencens , pour 
^ féter  la  bienfaifante  Cérés.  Le  flambeau  placé 
>•>  auprés  di  Avril.,  jette  des  flammes  mélées  d’o- 
” deurs  fuaves.  Les  parfums , qui  fuivent  tou- 

Jours  la  déeíTe  de  Paphos,  ne  manquent  pas 
’=  ici.  » Les  fétes  de  ce  mois  étoient  les  jeux  Mé- 
galéfiens  , qui  commenqoient  le  4 , & durcient 
nuit  jours ; Ies  Cereales  & les  jeux  du  Cirque 
^ lo  ó les  jeux  en  Thonneur  de  Cérés  le  12;  Ies 
■tordicides  ou  Fordicales  le  15  ; les  Paliliennes  le 
Aníiquítés , Tome  I. 


Gemmatum  fcythicis  ut  luceat  ignibus  aurum. 

Pline  fait  mention  plufieurs  fois  de  cette  pro- 
digalité  , (AV.  37.  2.)  : Quinimb  etiam  jus  vide- 
mur  perdidijfe  corripiendi  gemmata  potoria  ; & 
Eb  ufque  procedente  luxu , utmulti  gemmas  digitis 
detrañas  poculis  infererent. 

AURORE.  Héfiode  dit  que  V Aurore  étoit  filie 
de  Théa  & d’Hypérion  , & fteur  du  Solei!  & de 
la  Lune ; qu’ayant  époufé  Perfé , elle  eut  pour 
enfans  les  Venís,  les  Afires  & Lucifer;  que  de 
Tithon , fon  fecond  mari , elle  eut  Memnon  , roi 
d’Egypte,  &Hermathion;  Se  de  Céphale,  fon 
troifiéme  époux,  Phaéton , qui  fut  fi  cher  á Venus, 
U Aurore  eft  repréfentée  avec  un  grand  voile  , 
montee  fur  un  chara  deux  chevaux,  de  couleur 
de  rofe , qu’Homere  noinme  Lampus  & Phaéton : 
le  voile  qu’elle  a fur  la  tete  eft  fort  reculé  en 
arriére,  pour  marquer  que  la  clarté  du  jour  eft 
déjá  aííez  grande , & que  Pobfeurité  de  la  nuit 
fe  diílipe.  Uoye^  Céphale  , Memnon  , Orion  , 
Tithon. 

Apollodore Faccufe  du  rapt  d'Orion,  qui,joint 
á ceux  de  Tithon  & de  Céphale , font  les  trois 
dont  la  Mythologie  a chargé  la  déeffe  aux  doigts 
de  rofes.  Au  reñe  , ces  rapts  ne  font  peut-étre 
que  des  allufions  íngénieufes  aux  noms  de  ces 
amans.  Orion,  par  exemple,  exprime  en 

grec  les  limites  des  conftellations ; & Pon  fait  que 
y aurore  les  fait  difparoitre  ou  íes  enlev'e , dans  le 
langage  poétique. 

On  voit  cette  déeííe  conduifant  un  bige  fur 
la  pierre  44=  du  Pahis  Royal.  Par  un  accidenr 
trés-heureux,  I Aurore  & les  deux  chevaux  y font 
a-peu-prés  de  la  méme  couleur  que  tous  les  poetes  - 
s'accordent  á leur  donner.  On  fait  que  la  couleur 
des  pierres  déterminoit  fouvent  les  ardiles  á j 


370 


A U S 


iepréfenter  certaincs  dívinkes  preíerablefHent  a 
d'autres. 

AUSIA , nympne  que  Protée  rendit  mere  de 
Mera. 


AUSES , peup'e  d’Afrique  dont  parlent  Héro- 
dote  Ser  Pomponius-Méla.  IIs  difent  que  Ies  filies 
de  cette  contrée  fe  battoient  tous  les  ans  entre- 
elles  avec  des  piertes  & des  batons  j en  1 non- 
neur  de  Minerve.  Ceiles  qui  niouroient  de  leurs 
bleíTures laiífoient  une  réputation  de  fageíTe  tres- 
equivoque.  Mais  Pon  eélebroit,  au  cqntraire , 
avec  poíTipe  le  triomphe  de  la  filie  vidtorieufe  ^ & 
on  la  promenoit  dans  un  char  autour  du  lac  Tri- 


tonjen. 


AÜSPICES.  C etoit  dans  Porigine  une  claffe 
d’homrr.es  qui  prédifoient  Pavenir  par  1 infpedtion 
da  vol  des  oifeauXj  comme  les  arufpices  par  celie 
des  vidiimeSj  8¿  les  augures  par  ie  chant  de  ces 
mémes  oifeaux.  Plutarque  dit  {QuaJI.  Rom.  72-) 
que  ces  diftinclions  furent  oubliées  par  la  fiutej 
& que  Pon  étendit  le  ncm  des  augures  a ceux  qui 
dans  Porigine  avoient  éte  nommes  aufpices.  De 
forte  que  les  articles  Aruspice  & Augure  doi- 
vent  étre  reunís  á celui-ci  j pour  Paire  une  expoíi- 
lion  complette  de  cette  fuperfiition  des  anciens , 
dont  Euripide  fe  moquolt  deja  dans  la  Gréce. 


Servias  voulut  établir  des  I’gnes  de  feparation 
entre  les  aufpices  & ¡es  augures.  En  voici^  les 
principaux  points.  1°.  Les  augures  examinoient 
Ies  chants  des  oifeaux  , & leur  vol  etoit  feul  etu- 
dié  par  les  aufpices.  2°.  Teus  les  obiets  íeníibles 
fourniíPoient  matiere  aux  obfervations  des  augures ; 
les  oifeaux  feuls  occupoient  les  aufpices.  3°.  On 
ne  pouvoit  exercer  les  fonélions  ¿ augure  que 
dans  fon  pays  natal : ce  n’étoit  pas  la  méme  chofe 
pour  les  aufpices  : aufpicari  cuivis  etiam  peregre 
licet  y augurzum  agere  , nifi  in  patriis  fedibus  , non 
Ucet.  4^.  Enfin  , le  nom  ¿'aufpices  etoit  confacré 
particuliérement  aux  obfervations  religieufes  des 
confuís,  des  genera ux  & de  tous  ceux  qui  tiroient 
des  préfages  hors  de  Rome. 

On  n’aíTembloit  point  le  peuple  romain  , on  ne 
livroit  pas  une  bataille  á fes  ennemis,  fans  avoir 
pris  les  aufpices.  C’étoit  la  mémeluperftition  dans 
Pintérieur  des  tnaifons ; & les  aufpices  afliíloient 
á tous  les  mariages.  Juvénal  en  parle  comme  de 
miniftres  auíli  néceffaires  pour  les  fian^ailles  que 
les  témoins  {Satyr.  x.  33Ó.)  : 


Veniet  cumfignatorihus  aufpex. 

La  dot  etoit  comptée  en  leur  préfence.  Suétone 
voulant  exprimer  en  détail  le  markge  de  MeíTa- 
line  avec  C.  Silius , du  vivant  de  Claude  fon  mari , 
dit  : quam  citm  comperiffet  C.  Sillo  etiam  nupjtffe  , 
dote  Ínter  aufpices  confignatá. 

Les  magiftrats  plébéiens  n’étoient  pas  créés  ou 
élus  aufplcato  , c'eít-a-dire  , aprés  que  íes  aufpices 
SYoient  éte  pris.  Les  magifixats  patriciens  skrro- 


A U S 

geoient  ce  droit  exclufiveinent,  comme  fious  Pap. 
prend  Appius  dans  Tite-Live  (vi.  41.). 

On  ne  prenoit  les  aufpices  que  dans  un  endroit 
public  5 & nous  voyons  dans  Dion  (xli.)  que  les 
confuís  a Antioche,  & deux  cens  fénateurs  avec 
eux,  ayantvoiilu  prendre  les  aufpices,  achetérent 
aux  dépens  du  fife,  pour  cette  cérémpnie , un 
terrein  qui  demeura  public  depuis  cet  inftant. 

Toas  ¡es  ordres  de  PEmpire  Romain  prenoient 
les  aufpices  le  premier  iour  de  chaoue  année, 
pour  faVoir  fi  elle  feroit  heureufe.  Ovide  Pattefte 
dans  Ies  Falles  (i.  167.) ; 


Témpora  commiji  nafeentia  rebiis  agendis , 
Totas  ab  aufpicio  ne  foret  annus  iners. 
Quifque  fitas  artes  ob  ídem  ddibat  agenda  ^ 
Nec  plus  quam  fiolitum  teJKfcatur  opus. 


Columelle  (xr.  2.)  dit  que  les  habirans  de  la  cam- 
pagne  prenoient  auffi  Ies  aufpices  aux  calendes  det 
janvier‘,  en  ébauchant  toutes  Ies  diverfes  efpéces 
de  leurs  travaux.  Les  empereurs  imitérent  cette 
pratique  reiigieufe,  & ils  prenoient  aumémejour 
les  aufpices  pubiiQuetnent,  au  nom  de  tout^i  Em- 
pire.  Cet  ufage  dura  jufqu  á Trajan.  Q.  Meteílus 
étant  devenu  fouverain  pontife  , ^ defeneit  de 
prendre  des  aufpices  apres  le  mois  fextilis  oi 

d’aoút.  , 

Les  aufpices , ázns  une  armée  & dans  une  expe- 
dition , fe  rapportoient  uniquement  au  general 
ou  au  chef  de  Pentreprife.  Les  fubalternes  ne 
combattoiení  & n agiíToient  que  fous  fes  aujpices;- 
méme  lorfque  le  general  avoit  eté  rf 
maladie , Se  nkvoit  pu  affifter  á 1 aftion.  e 
Dourquoi  on  n accordoit  ni  le  titre  dimperator, 
ni  le  'triomphe  , ni  Povation  á un  commandanc 
en  fecond , quoiqu  il  eút  remporté  ' 

On  la  rapportoit  toiite  entiére  _au  chet  lous  íes 
aufpices  duquel  il  étoit  cenfé  avoir  combattu. 
chef  prétoit  á fes  fubalternes  fes  aufpices  o ^ 
bonheur , fi  Pon  peut  fe  fervir  de  cette  ^ P. 
fion  Dour  mieux  peinare  Popinion  des  Ro  • 
De -la  vient  quHorace  dit  d’Augufie  ( 

14.  33.): 

Te  copias,  te  conflium , é"  ^tios 

Prsbente  divos. 

Et  Suétone , du  méme  empereur : DomuR 
ducluj  partim  aufpiciis  fuis. 

/»nínn  (T'rrfi.  jT. 


Per  quem  bella  geris  , cujas  nunc  corpore  - 

Aufpicium  cui  das  grande  , deojque 

íf“C- 

Tous  les  mtniñres  de  la  religión 
toient  un  idióme  particulier  pour  ^ jj,otS 

cérémonies  , & ils  conferyoient  mus 
furannés.  Les  aufpices  avoient  aufli  ui 
confacré  , dont  nous  alions  expUquer  u * 
partie. 


A U S 

Aufpicium  facere , fe  difoit  des  oífeaux  lorfque 
íeur  augure  étoit  farorable,  & qu’il  encourageoit 
á former  quelqu^entreprjfe.  C'eft  dans  ce  fens 
qu’Horace  dit  que  la  paflion  confeille,  aufpicizim 
facit,  comme  íi  elle  étoit  un  oifeau  de  bon  augure 
(EpS/.  II.  8s-): 

......  Jl  vitiofa  libido 

Fecerit  aufpicium 

Aufpicium  turbare  ou  vitiare , annoncer  que  les 
aufpices  ne  font  pas  favorables. 

Auf  'icium  dirimere , troubler  les  aufpices.  On 
attribuoit  cet  eífet par  exeinple , á rapparition  ou 
au  cri  des  fouris.  {Plin.  8.  57.)  : Soricum  occentu 
dirimi  aufpicia,  anuales  referios  kabemus. 

In  aufpiciis  filentium,  déíignoit  un  aufpice  fans 
aucun  vice  irritant.  Uaugure  demandoit  de  quelle 
nature  étoit  V aufpice  des  poulets,  par  exemplej 
le  pullarius  répondoit  filentium  fibi  videri  , qu'il 
ne  voyoit  ríen  de  contraire  á V aufpice  que  í’on 
deliroit.  Cette  réponfe  n’étoit  pas  un  préfage , 
mais  un  préparatir  néceíTaire  au  préfage. 

Aufpicium  ex  acuminibus.  Cicéron  parle  en  deux 
endroits  de  cet  aufpice , qui  n’étoit  en  ufage  que 
dans  les  camps  & les  places  d armes.  Quelques 
interpretes  n'ayant  pu  découvrir  l’efpéce  de  cet 
aufpice,  ont  corrige  le  texte  de  Cicéron,  & ont 
Voulu  lire  ex  agminibus  , au-lieu  de  ex  acuminibus. 
Mais  cette  correñion  devient  inutile , aujourd'hui 
que  la  connoiíTance  des  phénomenes  de  f éleélricité 
a mis  á portée  d’expliquer  Y aufpice  ex  acuminibus . 
11  fe  tiroit  des  étincelles  , ou  plutót  des  aigrettes 
de  lumiére  que  l’on  vmyoit  btiiler  á la  pointe 
des  lances,  lorfque  le  tems  étoit  difpofé  á fo- 
rage. 

Aufpicium  eaducum  , aufpice  tiré  d’une  chute. 
On  tiroit  un  préíáge  lorfque  le  hafard  faifoit 
tombe'r  un  chapeau,  une  couronne , une  robe, 
un  cheval  ou  fes  harnois.  Plutarque  rapporte  dans 

vie  de  Brutus  deux  aufpices  de  ce  genre,  quí 
préfageoient  la  défaite  des  vengeurs  de  la  liberté. 
Le  premier  fut , felón  lui , de  voir  lé  liéleur  pré- 
fenter  á Caflius  une  couronne  renverfée ; & le 
fecond  fe  tira  de  la  chute  de  celui  qui  portoit 
une  viéloire  d^or  de  CaíEus,  & de  la  chute  de 
•cette  méme  ílatue. 

Aufpicium  clive  , aufpice  qui  empéchoit  de  for- 
ffier  quelqu'entrepri-fe ; car  Feftus  dit  que  les  Ro- 
tnains  appeloient  clivia  toutes  les  chofes  diíE- 
cfies. 

Aufpicium  eoacíum.  Voyez.  Augurium  coaElum , 
au  rnot  Augure. 

Aufpicium  juge , étoit  la  rencontte  de  deux 
cu  de  plufieurs  animaux  attelés ; ce  préfage  étoit 
runefte.  Reftus  aopelle  auíll  aufpicium  juge , celui 
que  Ton  tiroit  á la  vue  d’un  animal  attelé  qui 
íendoit  fes  excrémens. 

AufpicÍ!¿i^  liquidum  , aufpice  clak  Zc  précis , 
dans  un  moment  oü  Je  ciei  pur  & íérein 


A U S 371 

ne  jetoit  aucun  doute  fur  robfervation.  Cet  aaf- 
pice  fe  trouve  joint  ordinairement  a avis  finifira 
dans  ¡es  aurears  latins , chez  lefquels  les  préfages 
heureux  étoient  tous  tirés  du  cóté  gauche , le 
tonnerre  feul  excepté.  Píaute  (Epid.  il.  t.  i.)  : 

Liquido  exeo  foros 

Aufpicio , avi  finiflrd, 

( Pfeud.  il,  4.  72.)  : 

Avi  finifird,  aufpicio  liquido  , atque  ex  fententid. 

Aufpicium  majas  & aufpicium  minus.  Cette  dif- 
tinéiion  portoit  fur  Pefpéce  de  tnagiftrature  dont 
étoient  revétus  ceux  qui  prenoignt  les  aufpices. 
Elles  étoient  divifées  en  grandes  & en  petítes 
magiítratures;  8cl.es aufpices  étoient  auái  de  deux 
fortes. 

Aufpicium  nauticum,  aufpices  ou  oifcaux  que 
confuítoient  les  marins  avant  de  s'embarquer. 
Horace  fait  fouvent  alluílon  á ces  préfages.  {Epod^ 

X.  I.)  : 

Mala  fotuta  navis  exit  alite. 

(^Epod.  XVI.  24.)  : 

Ratem  occupare  quid  moramur  alite  f 

Claudias  Pulcher  & Flatr.inius  fiirent  punís, 
difoit-on,  pour  les  avoir  máprifés. 

Aufpicium  pedeftre , augure  que  l’on  tiroit  de 
la  rencontre  d’un  animal  terreftre,  tel  qu’un  re* 
nard,  un  loup,  &c. 

Aufpicium  perenne.  Cet  aufpice  étoit , feloíl 
Feftus,  celui  que  i’on  prenoit  en  traverfant  un 
ñcuve  ou  un  ruiffeau  dont  les  fources  étoient 
facrées.  Pour  prendre  cet  aufpice , Ies  magiftrats 
romains  traverfoient  l’qau  Petronia  , lorfqu’ils 
alloient  &irfi  quelques  fonciioas  dans  le  chasnp 
de  Mars., 

Aufpicium  peftiferum.  On  donnoit  ce  nom  aux 
aufpices , lorfque  i’on  ne  troiivoit  point  de  coeur 
dans  une  vidinie  , ou  lors  que  la  tete  de  fon  foie 
manquoit. 

Aufpicium  piaculare , étoit  celui  qui  fe  nroit 
d’un  événement  funefte  arrivé  penáant  le  facri- 
fiee,  tel  que  la  fuite  de  la  riaime,  fon  mugiiTe- 
ment  a l’inftant  de  l’immolation , fa  chute  fut  un 
cóté  réputé  finiftre , &c.  Virgile  en  parle  {uEneid, 
//.  224. } ; 

....  Qualis  fugit  cum  faudas  aram. 

Taurus , & incertam  excujpt  cervice  fecurim. 

Aufpicium  prstermine.  On  donnoit  ce  nom  auS 
aufpices  que  Pon  prenoit  en  paíTant  des  ierres  du 
peuple  romain  fur  ceiles  d'une  autre  nation. 

Aufpicium  finifirum.  Bon  augure  poar  íes  Ro- 
mains,  Qui  re^atíioisnt  coinnic  avantagcux  tous 
les  prodiqes  opérés  du  cóté  deleur  main  gauche  : 
en  quoi  ils  étoient  diamétralement  qppofés  aux 
Crees-  Varron  {Ling.  Latín,  vi.')  dit  que  Pon 
fufpendoit  aa  cau  des  enfans  ¿es  reprefeutadoa» 

A 3 a. 


371  A U S 

obfcénes,  pour  empécher  que  ríen  ne  pútdétnure 
Feífet  des  ¿tufpices  de  la  main  gauche,  ne  quid 
ohfít  bonsL  fcsLv&  caufa  : de-la  vint  le  furnom  de 
fc&vola. 

Aufpicium  viule , toute  rencontre  funefte.  Si, 
par  exemple , une  beíette  traverfe  le  chevnin , un 
1 uperílitieux , dir  Théophraíle , ne  continuera  pas 
fa  route  íans  avoir  fait  paffer  avant  lui  quel- 
qu  autre  perfonne,  ou  fans  avoir  jeté  trois  pierrÉS 
au-delá  du  chemin. 

Aufpiclám  urbannm,  aujpice  que  les  maglítrats 
appelés  ZJrhani  prenoient  dans  la  ville,  &c. 

AÜSTER  étoit,  conime  les  autres  vents,  fils 
d'Aítrée  & d’ Aurore  : c'étoit  le  vent  du  midi. 
Voici  comment  Ovide  le  reprefente  ; ce  il  volé 
avec  les  ailes  mouillées,  le  vifage  couvert  d un 
nuage  épais  & obfeur , & la  barbe  chargee  de 
» brouillards.  Les  nuées  aíTemblées  fur  fon  firont, 

» font  couler  l'eau  de  fes  cheveux,  de  fes  ailes  & 

» de  fon  fein.  Des  que  ce  vent  orageux  a raffem- 
33  ble  les  nuages  , & qu’il  les  a entaffes  les  uns  fur 
33  les  autres , on  entend  un  grand  bruit , & la 
>3  piule  tombe  en  grande  abondance.  33  ^ 

Le  vent  du  inidi  eft  brulant  en  Italie;  il  d^f- 
féche  Ies  campagnes  & les  parterres.  AuíS  \ir- 
gile  dit-il  {Eclog.  1.  V.  j8.): 

Ekiul  quzdvolui  mlfero  miki?  tlorihus  Auflrum 
Perditus immifi 

Et  Stace  (A  j./Z-v.  v.  129.): 

Pubentefque  rofí  primos  morluntur  ad  Aufiros. 

UAufier  étoit  auíTi  nuifible  aux  hommes  qu  aux 
végétaux;  c’elt  pourquoi  Horace  dit  de  lui  (^Od. 
14.  lib.  2.)  : 

Frujira  per  autumnos  nocentem 

Corporibus  metaemus  Auflrum. 

Un  autre  écrivain  Tappelle  plúmbeas  Aajler,  á 
caufe  de  la  laffitude  que  Fon  éprouve  pendant 
qu'il  foui3e. 

AUSTERUS  color  ^ étoit  chez  Ies  Romains 
une  couleur  quelconque  trés-foncée.  Pline  (/x. 
c.  380  dir  de  la  belle  pourpre  : Nimiaque  ejus 
nigrities  dat  auflerhaiem  illam  nitoremque  qui  qu&- 
ritur  cocci. 

ALTEL.  Hérodote  (//v.  2.  c-A-)  dit  que  les 
Egyptiens  font  Ies  premiers  qui  ayent -confacré 
aux  dieux  des  temples , des  ftatues  & des  autels, 
Ceft  pourquoi  nous  commenqons  cet  arricie  par 
les  autels  egyptiens , auxquels  on  pourra  rappor- 
ter  ceux  des  Perfes. 

Autels  egyptiens  et  des  akciens  Grecs. 
Eaufanias  , décrivant  Vuutel  de  Diane  á Elis,  ob- 
ferve  qu’il  reíTembloit  aux  autels  égyptiens,  en  ce 
qu’il  alloit  en  s’élargifíant  de  la  rabie  fupérieure 
iufqu’á  la  bafe.  Dans  un  deíTm  rapporté  de  la 
Haute-Egypte  par  Paul  Lucas , on  volt  quatre 
prétres  facrifiant  une  oie  qui  eft  placee  fur  un  autel 
formé  par  une  colonne  que  fupporte  une  bafe 


A U S 

s'élevant  en  dimiuuant  de  largeur,  & terminée 
par  une  bafe  femblable  , mais  plus  petite  & ren- 
verfée,  fervant  de  table  ^ autel.  Si  Fon  ajoute  a 
ces  deux  monumens  X autel  égyptien  décrit  par  le 
conite  de  Caylus  ( Rec.  d‘ ant.  i . 67. ) , on  aura 
une  notion  précife  des  autels^  de  ce  peuple,  & 
Fon  verra  que  leur  caraéiére  diftmétif  eft  de  s ele- 
ver  en  diminuant , pour  s’élargir  enfuite  vers  la 
table-  Voici  fes  paroles: 

« Ea  hauteur  générale  de  cet  autel  égyptien 
eft  de  deux  pieds  neuf  pouces  trois  lignes , & 
dans  tomes  fes  parties  il  eft  exaélement  roña  fur 
fon  plan;  mais  comme  il  va  en  diminuant  depuis 
le  pied  jufqu’á  Fendroit  qui  dans  la  partie  fupé- 
rieure prend  la  forme  d’une  gorge,  ce  monument, 
qui  avoit  quatorze  pouces  de  diarnetre  dans  la 
partie  qui  pofe  á terre  (n°.  4)  --  uen  a que  £x 
& demí  á Fendroit  le  plus  étroit , déterminé  par 
une  banuette  ou  moulure  ronde  d un  pouce  de 
haut ; & commenqant  de-lá  a s’élargir , il  s’évafe 
jufqu’á  la  hauteur  de  cinq  pouces ; de  fa^on  que 
le  deílus  du  monument  dont  je  donne  le  plan 
au  n°.  5 , fe  trouve  avoir  cinq  pouces  de  dia- 
métre.  Cette  partie,  creufée  dequelques  pouces, 
repréfentc  aíl'ez  bien  une  efpece  de  plat  ou  de 
patere , & il  s’y  trouve  au  centre  un  trou  d’en- 
virón  trois  pouces  de  profondeur  ^ dont  je 
donnerai  plus  bas  Tufage.,  II  dimaginer 

que  Fautre  trou  de  pareille  prorondeur  qm  eu 
fous  le  monument,  n’y  a été  pratique  que  pour 
Farréter  & le  fixer  fur  le  pavé  da  lieu  ou  il 
-étoit  anciennement  placé.  II  eút  eu  mpvaue 
srace  , fi  fon  contbur  fút  venu  mounr  cru- 
ment  fur  ce  pavé , & c’eft  ce  qui  ma  engage  a 
élever  le  monument  fur  une  plmte  ou  mouUire 
carree  de  deux  pouces  dix  ligues  de  haut.  “ 
cc  Malgré  fa  grande  antiqmte , & les  dan  e.s 
qu’il  a dú  courir  dans  le  tranfport , n elt  en- 
dom.magé  qu  en  quelques  endroits  ; , 

fraélures  n’empéchenr-elles  pas  qu  on  J , 
ce  qu’il  étoit  avant  qu’il  eát  fouuert  ces  t 
tions.  Les  hieroglyphes  dont  il  eft  enne  , 
aníTi  entiers  que  s’ils  fortoient  des  “ a , 

veur ; & Fon  ne  fauroit  aíiez  admire 
gance  & la  fineíTe  avec  lefquelles  lis  font 
vaftlés.  33  , \ 

«Je  fuis  perfuadé,  í 'Aoa’on 

que  celui-ci  eft  un  autel  égyptien,  & ) p P ■. 
en  fera  convaincu  par  les  raifons  Luvute 

fer.  Paul  Lucas  avoit  deffine  aans  la 
un  monument  oü  Fon  voit  O.uatre  pre 
au  facrince  d’une  oie.  autel  w ' pgjuj 

mal  paroít  deja  immolé,  eí.-  11  fem  lam 
que  j’ai  fait  graver,  que  ce  ' raoports 

pour  décider  la  queftion ; mais  a ant 
rendent  encore  la  chofe  plus  «yens  le® 

que  les  Grecs  ont  emprunte  des  ¿g-lá 

cérémonies  religieufes.  On  peut  conciure  ^ 
qu’ils  en  avoient  reiju  1 u.age  ¿A  ■ g Jes 
autels  j & ilne  s’agit  plus  que 


premien  autels  des  Grecs  avoient  quelque  reflem- 
blance  avec  ceiui  que  /ai  d'abord  décrit.  ” 

Parmi  Ies  monumens  que  M.  l’abbé  Fourmont 
avoit  fait  defiicer  dans  fon  voyage  du  Levant  ^ 
entrepris  par  orare  du  roí  j il  s^eíi  trouvé  cinq 
autels , que  je  mets  fous  les  yeux  du  leíteur  j afin 
qu'il  foit  en  état  de  les  copaparer  avec  celui  que 
j'attribue  aux  Egyptiens.  LTautel  du  n°.  auroit 
fuffi  pour  établir  cette  comparaifon  5 inais  les 
autres  nou';  apprennent  que  les  Grecs  ont  mis 
plus  de  variété  que  les  Roinains  dans  la.  forme 
de  leurs  autels.  M.  Fourmont  m"a  aíTuré  que  les 
cinq  autels  gravés  dans  certe  planche  ^ font  un 
peu  évuidés  fur  leur  furface  fupérieure  j que  dans 
le  milieu  de  cette  méme  furface , on  voit  un  trou 
de  quelques  pouces  de  profondeurs  & qu’enfin 
il  y en  a deux  quí  font  percés  fur  Ies  bords  de 
quelques  autres  trous  plus  petits,  dans  lefquels 
ií  avoit  trouvé  du  plomb  & des  relies  de  fou- 
dure.  Je  croirois  que  les  trous  ont  été  faits  pour 
arréter  & fixer  une  baíEne  de  cuivre,  cu  pour 
aíTeoir  plus  aifément  la  viélime , ou  plutót  afín 
den  recueiüir  les  cendres  avec  m.oins  de  peine. 
II  y avoit  aufli  des  fiches  ou  des  pointes  de  métala 
auxquelles  on  attachoit  la  viélime.  » 

Autels  des  Grecs  depuís  la  guerre  de  Troye 
Autels  des  Romains.  Les  différences  qui 
peuvent  exiíler  entre  Ies  autels  de  ces  deux  na- 
tions , dont  le  cuite  fut  á-peu-prés  le  méme  , 
font  prefque  nuiles ; c’eñ  pourquoi  nous  les  réu- 
niíTons  dans  le  méme  arricie. 

ün  autel  étoit  une  élévation  deftinée  á offrir 
des  facrifices  á quelque  divinité.  Les  Grecs  lui 
donnoient  le  nom  général  ¡¡¡ípel;  , mais  Ies  Latins 
créérent  ceux  á’ara  & ¿‘alzare.  lis  donnérent  le 
dernier  nom  aux  autels  fur  lefquels  on  facrifioit 
aux  divinités  fupérieureSj  & ils  dérivérent  altare , 
ah  altítuilne.  Ara  défígnoit  indiñinélement,  chez 
Ies  Latins  ^ les  autels  des  dieux  fupérieurs , 8c 
ceux  des  divinités  inférieures. 

Les  Grecs  admettoient  une  diftinéiion  plus 
fortement  prononcée  entre  les  diverfes  efpéces 
á’ autels.  Les  uns  étoient  tres  - hauts  j celui 
de  Jupirer-Olym.pien  iPaufarJas , Eliac.)  entre 
autres étoit  elevé  de  vingt-deux  pieds  grecs;  on 
Ies  confacroit  au  cuite  des  dieux  du  ciel , appelés 
Gííl  ¿final.  Les  dieux  terreftreSj  reís  que  Veíla  , 
laTerre,  la  Mer , &c.  & lesHéros,  n’avo’ent 
que  des  autels  peu  eleves , appelés  í!ryji¡a.; , des 
foyers.  On  creufoit  des  foiTes  ^ y.íx.y.as , pour 
facrifier  aux  diviaÍKs  infernales  , fouterremes  j, 
ly.cyjailaig.  Potphvte  ajoute  á ces  trois  efpéces 
¿l autels , les  endroits  confacrés  paTticu'iérement 
au  cuite  de  l’univers  & des  nymphes  ;■  c’écoient 
des  antres  obfcurs.  Mais  toutes  ces  dillinétions 
fe  pe rdirent  dans  la  fuite  ^ 8e  on  les  confóndit 
ordinairemern.  les  uns  avec  les  autres. 

Gn  placoit  ordinairement'  les  autels  du  coré 
oe  rori.ent  , á J’entrée  des  temples  , & devant 
í-s  ílatues  des  divinités  j qui  en  occupoient  ordi- 


* i V..  i p / p 

nairement  le  centre.  Lorfque  le  tnoment  du  fa- 
crifice  étoit  venu , on  ouvroit  les  portes  du 
temple  , afin  que  le  peuple , rafíemblé  fous  les 
portiqaes  ext-írieurS:,  pút  voir  Y autel  & la  vic- 
tíme  ; car  les  prétres  feu!s,&  quelques  perfonnes 
priviiégiées  ^ entroient  dans  la  celia  , c’eft-á-dire  , 
dans  rintérieur  des  temples ; tout  le  peuple  prioit 
fous  les  portiques  extérieurs  : c^eít  pourquoi  Ies 
temples  antiques  en  font  ornes  fur  le  devant , & 
quelquefois  fur  leurs  quatre  faces. 

Les  premiers  autels  ne  furent  faits  qu'avec  da- 
gazon  ; & les  poetes  les  rappellent  toujours , 
■lorfqudls  veulerst  peindre  la  fimplická  des  pte- 
miers  rems.  Ovide  (Fafi.  i.  341.)  : 

Ante  déos  homini  quod  .concillare  valeret , 

Far  erat y & puri  lucida  mica  falis.... 

Ara  dabat  famas  herhis  contenta  fahinis..  ‘ 

Tertullien  les  appelle  temeraria  altarla  (Apolog, 
c.  ZJ.)  : Frugi  religio  , & pauperes  ritus , & nulla^ 
Capitolia  certantia  cáelo  , fed  temcrakis  de  cef- 
pite  ALTARIA.  Ges  autels  de  gazon  font  défignéS' 
dans  Virgile  fous  le  nom  ¿z  graminee.  ar&.  {Mneid.. 
XII.  II 8.)  : 

In  medíoque  focos , & dís  communíhus  aras 

Gramíneas 

On  les  élevoit  fous  des  arbreS:,  ou  on  les  cou- 
vroit  des  rameaux  de  Tarbuíle  confacré  á la  divi- 
nité que  Ton  vouloit  honorer^  de  chéne-vcrd  pour 
Júpiter  , de  laurier  pour  .4polÍon  , de  myrte  pour 
Vénus^  de  peuplier  pour  Hercule,,  de  íierre;,  de 
pampre  & de  figuier  pour  Bacchus , de  pin  pour 
le  dieu  Pán  , de  cyprés  pour  Pluton  & pour  Syl- 
vain , &c.  Ces  rameaux  étoient  défignés  ordi- 
nairement par  Ies  Latins  ^ fous  le  nom  gé'nérai' 
vERBEirzs  j qui  étoit  cependant  celui  de  la  ver^ 
veine.  Horace  (Od.  i.  i^.  13.): 

. Ric  viuum  mikí  cefpitem  , htc 
Verbenas  y pueril  ponite. 

Ces  monceaux  de  gazon  ^ quoique  confacrés 
fur  le  fommet  des  m.ontagnes  aux  divinités  fupé- 
rieures,  & aux  inférieures  dans  les  vaIléeS;,*ne 
portoienr  pas  toujours  le  nom  ¿í  autel ^ car  Héfy- 
chius  & Fhavorin  appellent  les  facrifices  que  Poa 
y faifoit , ÍTvtrlce.t  íneZaifAft , offrandes  fans  autel.  . 

Les  pierres  remplacére.nt  le  gazon  ; 8c  ron 
voyoit  encore  un  autel  de  cette  maciére  dans  le 
ítade  d’OlympiCj  confacré  á Hippodamiej  felón 
Paufanias.  La  frique,  le  marbre  & les  métaus 
précieux  fuccédérent  aux  limpies  pierres. 

On  fe  fervit  mime  de  cendres  pour  fabriquer 
des  autels  , qui  n’itoient  alors  qu'un  monceau  de 
cendres  cimenté  par  le  fang  des  viélimes.  U autel 
de  Jupiter-OlympieD,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  & qui  avoit  vingt-deux  pieds  grecs  d'élé- 
vation  j II  étoit  fait  q’f  avec  Íes  cendres  des  victimes- 


i 74 


A U T 


brálées  en  i’honnear  du  dieu.  Faufanias  decrit 
8n  fembiable  íiiiul  d’ApoIlon  de  cendres, 

á Thébes. 


Les  anciens  mettoient  au  nombre  des  fept 
merveüles  du  monde,  un  antel  fait  ayec  des 
comes  d’animaux  entaífées.  On  le  voyoit  á De-os; 
& Fon  difoit  qu'ApolIon , age.  de  quatre  ans  .eu- 
lement,  Tavoit  fabriqué  avec  les  comes  des  che- 
vreuils  tués  par  Diane  , fa  fceur , fur  le  mont 
Cinthius-  Piutarque  l’avoit  vu , & difoit  qu  il 
avoit  admiré  la  forcé  de  fentrelacenient^des  cer- 
nes, qui  form.oient  feules  Xantel,  fans  ^re  lices 
par  aucun  ciment  ou  corps  étranger.  Eu-tathe 
( IViad.  0. ) place  cet  autel  á Ephéfe ; ce  qui  prou- 
veroit , sdl  n’y  a pas  erreur  dans  le  texte , que 
ion  avoit  fabriqué  deux  femblables  aatels.Osíáí 
en  parle  comme  d’une  chofe  merveilleufe  {Heroi  ■ 
XXI.  99.)  : 


M-iror  & innumeris  firnñam  de  cornibus  aram. 


II  ne  faut  pas  confondre  ces  comes  de  che- 
vreuils  as'ec  celles  dont  on  ornoit  íes  angles  des 
autels  carrés.  Les  écrivains  grecs  & latins  e,n 
parlent  fouvent.  Nonnus  (Dyonifiac.  lib.  ^.96.)  . 
¿it  qu'Agavé  voulant  accomplír  1 orare  de  f-ad- 
mus,  monta  fur  une  montagne  élevée,  & oftnt 
une  brebis  fur  un  autel  orné  de  belles  ^rney, 
On  négligea  par  la  fuite 
de  íTsettre  de  véritables  comes  aux  autels  ^mais 
en  les  fi^uroit  fouvent  par  quatre  parties  aigues 
Se  faülantes  qui  s'élevoient  au-deffus  de  la  rabie 
de  Vautel.  Les  tnédailles  romaines  nous  offrent 
cuelquefbis  des  auiels  avec  des  comes  d animaux , 
mais  le  plus  fouvent  avec  ces  comes  fadiiees , 
qui  fe  retrouvent  aux  autels  antiques  des  collec- 
tions  de  Rome. 

Les  autels  ét.oient  diílingués  en  dqux  efpeces , 
lelativement  a leur  ufage.  Les  premiers,  fur  leE 
quels  on  ne  brúloit  point  de  viñjmes  , s appe- 
ioient  ou  a'taí^Aic'eoí , fans  fcu  ou  jamais- 

enfanglantés-  , brulant-,  etoit  le  ncm  des 

autels  fur  lefquels  on  confumoit  les  animaux. 
Lacree,  dans 'la  vic  de  Pythagore,  parle  ^ d"un 
autel  de  l,a  premiere  efpece , dedie  ^ Apoilon  , 
que  r.on  voyoit  a Délos , aupres  du  lameux  autel 
fabriqué  avee  des  comes.  Ce  p’niiofophe  le -falúa 
ayec  refpeíl , conformément  a fes  principes  5 
’ parce  qu^on  n^y  offroit  que  du  bied  , ac  1 orge 
& des  gáteaux,  fans  y ailumer  jamais  de  feu  pour 
brúler  des  vidtimes.  Jupiter  trés-grand , 
avoit  de  méme  un  autel  ( Paufanias  , Arcad. ) , 
fat  lequel  on  n’cffroit  rien  qui  eút  eu  yie.  Cecrops, 
roi  d’Athénes  , f avoit  ainfi  ordonné,  & ron  ny 
peuvoií  p.réfentercue  des  eiteaux  appeiés  irsXasaí. 
Tacire  parle  d'uu  autel  dédié  a \ énus-Paphienne , 
fui  lequel  on  n'offroit  point  de  vidfim.es ; rnais 
©a  V faifoit  brúler  des  parfums , folis  f recibas 
igr.e  puro  adolebant.  ( Hif!:.  ll)-  Quoique  cet 
suíel  fúí  a ^n  ne  ppuvoit  eependant 


A U T 


pas  l’appeler  ; il  formok  une  troiílémc 

efpece. 

On  confacroit  les  autels  avec  beaucoup  de 
folemnité , ainfi  que  les  temples.  ( Voye-^  Con- 
secration).  Pour  en  perpétuer  la  mémoire_,  on 
aravoit  fur  les  autels  les  noms  ou  Ies  attributs 
des  divinités  auxquelies  ils  etoient  ^ dedies  , les 
noms  de  ceux  qui  Ies  avoient  fait.  elevar , & la 
caufe  pour  laquellecils  avoient  ete  faits.  Les 
Recueils  d’Antiquités  du  comte  de  Caylus  ren- 
ferment  deux  autels  dedies  a la  dteffe  Onga , 
apportés  en  Erance  par  Fourmont,  & qui  font 
dépofés  parmi  Ies  marbres  de  I academie  des  inf- 
criptions  & belles-letrres.  Le  premier  eft  un  autel 
fur  lequel  on  lit  : KAEOAAMA  OFAI,  Cleodama  a 
Onga  y ou  Cléodama  a confacré  cet  autel  á la 
déeffe  Onga.  L’infcription  eíl  en  boufirophédon, 
c’eft-á-dire,  que  Ies  deux  lignes  vont  alternative- 
ment  de  droite  a gauche,  & de  gauche  ádroite. 
II  XI  y a qif  un  gamma  dans  le  mot  OTAi , parce 
que  Fufage  étoit  alors  de  fupprimer  lesjettms 
doiibles.  Enfin  , Finfeription  étant  en  üialeae 
dorique,  le  darif  du  mot  oFA  a dü  fe  terminer 
de  méme  en  A,  & on  y a joint  un  I,  qui  ancien- 
nement  caradlérifoit  ce  cas,  & quon  a remplace 
depuis  par  un  I foufcrit.  Cet  autel,  cui  el.  tres- 
ancien,  eft  de  pierre  noire;  il  a deux^piedy  Sr 
demi  de  hauteur.  Le  fecond  eft  de  meme  hau- 
teur  que  le  premier , d’une  meme  qualite  de 
nierre',  & s'eft  trouvé  dans  le  méme  endroir. 
L’infcription  rFeft  pas  entiére  5 & les  deuxynots 
qui  reftent  font  croire  que  cet  autel  avoit  ete  au.u 
confacré  á la  déeíTe  Onga  par  Démetna  , qui 
peur-étre  étoit  une  prétreffe  de  fon  tempie. 

Les  Romains  avoient  le  méme  ufase.  Ori  en 
trouve  mille  exemples  dans  les  Recueils  m - 
criptions  5,  & nous  .n’en  rapporterons  qu  un  leut 
pris  d’un  autel  trouvé  á Rome: 


c.  JUNIUS.  ANICF.TUS 
SOLI.  DIVIKO.  SUSCEPTO.  VOTO. 
ANIMO.  LUBENS.  D.  D. 

Les  anciens  élevoient  des  autels  pour  des  caufes 
res-difterentes  Ies  unes  des  autres.  Ls  en  avoie-* 
neme  de  trés-petits  dans  kurs  laraires  , 
mmtifs,  qu’ils  appeloient  folubilcs,  yonx  ^ 
myages.  On  dreíToit  á volonte  ces  petits  auMs, 
íc  Faufanias  (//é.  é.  ) parle  de  pluueurs  ■ 
lortatifs  que  Fon  dreíToit  fous  ae  F j. 

iques  dédiésá  .Júpiter,  & qi*®  . 

:ement , parce  qu’ils  etoient  faits  de 
aífées  fans  beaucoup  de  recherche. 

On  élevoit  fouvent  des  autels 
:iéres  d’un  pavs,  afin  d’en  rendre  h®  “ 

:rées  & inviolables.  Ces  frontieres  dailleur^ 
n’étoient  fixées  quelquemis  qu  apres  . ^ 

8c  des  traites  de  paix.  Les  auiels  qui  a\  ‘ 

ácesrraités&iauAfermensquiIe-saccosxip  Z,  ■ 


A U T 


ea  devenoient  des  témoins  roujours  fubíiftans. 
Alexandre , revenu  de  rexpédinon  des  ludes  , 
voulut  imiter  Hercule  Se  Bacchas^  difent  Strabon 
& Quinte-Curce ; ii  fin  conítruire  douze  autels 
avec  des  pierres  taillées,  pour  conferver  ia  mé- 
moire  de  fes  conqueres.  11  ne  faut  pas  les  con- 
fondre  avec  les  autels  confacrés  aux  douze  grands 
dieuxj  que  le  meme  conqaérant  avoit  déja  élevés 
a Tentrée  de  TAfiCj  felón  Juñin  (/i¿.  il-  c.  y.)j 
ni  avec  ceux  qu  il  áreífa  á fon  départ  d’Europe  , 
en  fhonneur  de  Jupirer-Deícenfear^  de  Minerve 
Se  d’Hercule.  Les  hiftoriens  Se  les  géographes 
nous  foiirniflent  un  grand  nombre  d’exemples 
de  cet  ufage*,  qui  éroit  a ia  fois  politique  Se  reii- 
gieux. 

Nous  avons  vu  á rarticle  Asile  ^ que  les  autels 
fervoient  chez  toutes  les  nations,  meme  chez  les 
barbareSj  de  refuge  aux  malheureux , aux  efclaves 
Hialcraités  Se  aux  fuppiians.  Ceux-ci  fe  réíugioient 
auprés  des'aaíí'/jj  s'aííeyoient  fur  Icurs  degres.  Se 
gardoient  un  profond  filence.  Leur  attitude  expri- 
moit  leur  douleur,  leur  deíir  Se  leur  demande. 
Ceft  ainíi  que  dans  fOdyfleeAH.  i)}-) , L'lyíie 
s’aífied  fur  la  ierre  aupres  des  Lares  du  roi  Alci- 
noüs , dont  ii  venoit  implorer  la  proteciion. 
Thémillocle  s'étant  refugié  chez  les  Moloffes, 
s’aíEt  de  meme  chez  Admete , aupres  des  Lares 
ou  du  foyer  qui  leur  éroit  confacré  Se  leur  fer- 
voit  dlautcL , pour  émouvoir  ia  pitié  de  ce  jeune 
roi. 

Ceux  qui  offroient  un  facrifice  devoient  tou- 
cher  Vautel , & répérer  avec  le  prétre  les  paroles 
facrées  ; fans  quoi  Ton  croyoir  que  les  dieux 
refufoient  leurs  hommages.  Les  loix  de  Niima 
défendoient  aux  concubines  de  toucher  les  au- 
tels, parce  qu'eÜes  les  auroient  fouiliés.  Lorfque 
ce  facrilége  avoit  été  commis  j la  concTibine  de- 
roic  le  réparer  en  immolanr  un  agneau,,  en  laif- 
fant  íiotter  fes  cheveux  au  gré  des  vents  j Se 
pendant  cette  offrande , le  prétre  ^ tourné  vers 
l’onent,  répétoit  trois  fois,  á voix  haute,  une 
priére  conque  dans  des  termes  furannés , qui 
étoit  confervée  dans  les  livres  de  Numa. 


Oii  faifoit  auffi  toucher  l’autel  a ceux  qui  pré- 
toient  ferment.  Virgile  a exprimé  cette  cérémo- 

nie  {^JErieid.  XII.  201.)  : 

Tango  aras  , medlofque  ignts , é?  numina  teflor. 


Le  poete  a parlé  leí  d'une  maniere  conforme  aux 
uuges  de  Tantiquité  la  plus  reculée.  Car  Théon, 
interprétant  Aratus , nous  dit  que  dans  la  guerre 
des  Titans,  tous  Ies  dieux  fe  liérent  enfemble  par 
un  ferment  redoutable  prononcé  autour  d'un 
cüíí/ cui  devint  depuis  une  conífellation , Se  qui 
fit  naitre  l’ufage  de  toucher  Ies  autels  en  prétant 
ferment ; cet  ufage  étoit  exprimé  par  les  mots 
fuivans  5 aras  tangere , lorfque  Ton  juroit  de  bonne 
fot  5 mais  íi  Ton  fe  parjuroit,  on  fe  fervoit  de 
1 ^^^teSionjlagt liare  aras  ¡ parce  que  j felón  Perfe 


A U T _ 375 

(Suíyr.  ir.  48.) , celui  qui  faifoit  un  faux  fer- 
ment paroiijoit  frapper  á coups  redoablés  la 
divinité  done  ü infuiroit  Ies  autels  par  fon  crime. 

Ceux  qui  étoient  prés  de  mourir,  embraíToieiit 
anfli  les  cuicis.  C’eft  dans  ce  fens  que  fon  d¡t 
dansTííercule  furieux  de  Séneque  QI.  1.  yol-): 

Conjugia  quor.iam  pervicax  nojira  ahnuis , 
Regemque  ierres  : feeptra  quid  pojlra  , Jcies» 
CompleBere  aras  j nullus  cripiei  deus 
Te  mihi. 

« Lmbraííe  les  autels , fi  tu  veux ; mais  aucune 
divinité  ne  pourra  te  foufiraire  á mes  coups.  =3 
On  élevoit  fouvent  des-  autels  aux^morts  & 
aux  dieux  Mines.  La  plupart  des  tombeaux  portent 
en  abrégé  la  formule  Diis  manibus  ou  d.  m.  , 
qui  en  faifoit  des  efpéces  a autels  confacrés  aux 
divinités.  D'ailleurs  , on  leur  élevoit  des  autels 
proprement  dits  fur  íes  fépultures.  Nous  en  don- 
nons  au  mor  Asci^  un  exempíe  pris  entre  milis. 
Suétone  le  témoigne  dans  la  vie  de  Nerón  j ií 
dit  que  Pon  plaqa  dans  un  tonibeau  un  feuii  de 
porphyre , furmonté  d'un  autel  de  marbre  de 

Luna In  eo  monumento  folium  porphyretici 

marmoris  fuperftante  Lunenfi  ara....  Et  Siiius  Iia- 
licus  (xrx.  309.)  : 

....  Odorzferís  adfpergens  f.orihtts  aras  , 
Tum  manes  vocat  excitos. 

Les  cendres  des  morts  tfétoient  pas  nécef- 
faires  pour  Péreétion  des  autels.  On  en  élevoit 
á leur  mémoire.  C’eft  ainíi  que  Virgile  peint 
Andromaque  facrifiant  fur  le  cénotaphe  d'Hedios. 
(r/L  305.): 

íihabat  clneri  Ándromache , manefque  vocabai 
üecloreum  ad  tumulum  , -viridi  quem  ce [pite  inanem 
Et  geminas  , caufam  lacrymis facraverat  aras. 

Se  (//¿.  6.  177.)  les  Troyens  faifant  des  funé- 
railles  fur  le  cénotaphe  de  Palinure  : 

Haud  mora  j fefiinaní  Jlentes , aramque  fepulcri 
Congerere  arberibus , cceloque  educere  tentant. 

Tache  peignant  la  douleur  des  habitaos  de  ITtalie 
á ia  vue  des  cendres  de  Germanicus,  parle  des 
autels  qu'ils  élevoient  fur  leur  paíTage  {Anual, 
iil.  2.  ) : . . . Etiam  quorum  diverfa  oppida  , tamen 
obvii , ií  viciimas  , atque  aras  diis  manibus  fia- 
tuentes  y lacrymis  & conclamationibus  dolorem  tefia- 
bantur.  Gerir.:;niciis  lui-méme  conduifant  les  lé- 
gions  romaines  contre  les  Germains  , rétablit  Y autel 
confacré  á Drufus,  que  les  barbares  avoient  ren- 
verfé  {Annal  il.  7.  3.)  : Veterem  aram.  Drufo 
Jitcm  disjeeerunt  ¡reflituit  aram.  Cependant  le  corps 
de  Drufus  avoit  été  rapporté  á Rome.  Suétone 
dit  encore  de  ce  frére  de  Tibére  {Claud.  c i.  n.j.') 
qu'a  fa  mort,  arrivée  dans  la  Germanie,  Parméc 
qu'iJ  commandeit  Itú  eleva  un  tombsau  fait  a la 


3-6  A ü T 

háte , autour  duquel  chaqué  année  Ies  troupes 
rotr.air.es  devoient  faire  des  évolutionSj  & les 
députés  des  confédérations  gauloifes  devoie.ut 
faire  ¿zs  fuppLications. 

Dans  les  camps , íes  autels  étoient  places  devaBt 
la  tente  des  empereurs  ou  des  généraux.  Cette 
pofition  étoit  conforme  aux  rites  facrésj  caril 
falloit  que  le  facrificateur  fat  tourné  du  cote  de 
Torient , Se  , li  la  chofe  étoit  impoffible  j vers  un 
fíeuve  ou  vers  un  chetnin.  On  fait  que  la  prin- 
cipale  rué  du  carap  étoit  alignée  fur  la  tente  d_u 
chef ; de  forte  que  le  facrificateur  fe  trouyoit 
placé  vis  á-vis  de  farmée  & de  la  porte  Preto- 
rienne^  qui  étoit  toujours  tournée  du  cóté  de 
Torient  ou  de  Pennemi. 

En  s’embarquant,  on  ne  manquoitpas  d’élever 
des  autels  aux  divinités  de  la  mer ; on  immoloit 
un  taureau  á Neptune  & a Apollon , des  brebis 
noires  a la  Tempéte,  & des  blanches  aux  Zéphirs : 

Üigram  kyemipecudem  , Zephyris feliclbus  albam. 

L’on  jetoit  leurs  entrailles  dans  les  flots,  & Pon 
re  levoit  point  Pancre  fans  s etre  aífiiré  de  la  pro- 
teétion  des  dieux. 

Quoique  chacun  eút  de  petits  autels  dans  fa 
maifon,  pour  y facrifier  aux  Lares,  aux  Génies, 
aux  Junons  & aux  divinités  protectrices  de  fa 
famille  ; prefque  tous  les  adíes  importans  de  la 
vie  civile  fe  faifoient  devant  les  autels.  C'étoit 
aux  pieds  des  autels , comme  nous  Pavons  vu  , 
que  Pon  ratifioit  les  traites  pour  les  rendre  invio- 
lables , que  Pon  prétoit  ferment , que  Pon  célé- 
broit  íes  noces,  que  Pon  fe  juroit  une  amitié 
étroiteí  c' étoit  enfin  autour  des  autels  que  Pon 
donncit  les  feftins  publics  8c  religieux. 

On  élevoit  des  autels  pour  obtenir  des  dieux 
des  bienfaits  perfonnels , ou  pour  les  remercier 
des  graces  que  Pon  avoit  obtenues  non-feulernent 
pour  foi-méme  , mais  encore  pour  fes  parens , 
fes  a.mis,  fes  patrons  8c  pour  les  .4uguftes.  Les 
Recueils  dfinfcriptions  Patteílent  á chaqué  page. 
Suétone  dit  d’ailleurs  dans  la  vie  de  Caligula, 
(c.  8.  n.  j.)  pour  indiquer  le  lieu  de  fa  naiffance, 
que  Pline  Pancien  aíTure  dans  fes  écrits  que  cet 
empereur  étoit  né  dans  le  pays  de  I reves,  dans 
un  endroit  oú  Pon  voyoit  des  autels  avec  cette 
líífcription : 

OB  AGRlPPINAp 

PU  ER.PERI  U M 

Lorfque  Pon  vouloit  honorer  quelque  diví- 
nité , on  entouroit  fon  autel  des  rameaux  de 
Parbufte  qai  luí  étoit  confacré.  On  en  faiíbit  des 
^uiriandes  dont  on  entouroit  Ies  autels  ,•  c'’eíl 
pourquoi  Virgile  les  appelie  des  colliers , torqaes 
(^Georg.  IV.  176).  On  les  couvroit  aufli  de  fleurs, 
& Stace  a réuni  ces  deux  circonílances  dans  Ies 
vers  fuivans  (Tkeh.  8.  298-)  : 


A ü T 

. Geminas  ergo  ilicet  aras 

Arboribus  vivís  & multo  cefpite  texi 

Inzperat  ,-  itinumerofque  des.  fuá  muñera  fiares 

Áddit. 

Ovide  dit  auífi  (Trifl.  iil.  13.  15.)  de  ces  guir- 
landes : 

Fumida  cingatur  fiorentibus  ara  coronis. 

On  entrelaqoit  ces  fieurs  de  bandelettes  de  laine 
teinte  en  diverfes  couleurs.  Properce  appelie  une 
de  ces  bandelettes  laneus  oráis  {ir.  6.  6.) : 

T erque  focum  airea  laneus  orbis  eat. 

Quelque  refpecl  que  Ies  anciens  témoignaíTent 
pour  leurs  autels  , on  les  vit  cependant  Ies  ren- 
verfer  quelquefois.  C'étoit  la  marque  d^une  dou- 
leur  amére , d'un  défefpoir  violent,  8c  une  efpéce 
de  vengeance  qnfiis  exercoient  contre  Ies  dieux. 
Arrien  {il-  22.)  nous  en  a confervé  un  exemple 
mémorable  ; celui  d'AIexandre , qui  fit  renverfer 
les  autels  8c  bráler  les  temples  d’Éfculape,  parce 
que  tout  Part  des  médecins  n'aveit  pu  arracher 
fon  ami  au  trepas. 

Enfin,  parmi  les  excés  que  Ies  vainqueurs  com- 
mettoient  dans  les  villes  prifes  d’aiTaut  8c  dans  les 
pays  conquis , on  regardoit  comme  les  plus  graves 
le  renverfement  des  autels.  Phiíippe  V fiit  puni 
par  les  Romains  de  ce  facrilége.  Florus  (/L  7.) 
dit  que  les  Athéniens  implorérent  Paífiílance  des 
Romains  contre  ce  roí  de  Macédoine,  qui,  aprés 
les  avoir  vaincus , avoit  renverfé  les  autels  8c  les 
temples  des  villes  de  leur  domaine.  Cette  accufa- 
tion  fervit  aux  ambitieux  defeendans  de  Romulus, 
de  pretexte  fpécieux  pour  dépouilier  ce  monarque 
d’une  grande  partie  de  fes  états  & de  fes  con- 
quétes.  ' 

La  forme  des  autels  anciens  varioit  a 1 inhni. 
On  en  trouve  de  ronds,  dont  la  hauteur  a le  P-us 
fouvent  deux  fois  8c  demie  leur  épaiííeur  ou  a»a^ 
métre.  D’autres  font  carrés ; plufíeurs  ourem  a 
la  vue  un  catre  long.  Leur  hauteur  vane  commu 
nément  entre  deux  8c  trois  pieds.  Nicorr.aque  ne 
Gérafe  {Arithmet.  l.  2.  p.  j6-)  éit  que  Ies  p 
anciens  autels , 8c  fur-tout  les  ioniques , lOXjt  ¡a  u 
hauts  que  larges,  8c  que  la  bafe  n eílpas^ega|e 
la  corniche.  Saumaife  a parlé  d"une  maniere 
générale , en  difant  que  les  autels  des 
étoient  ordinairement  carrés  ou  de  forme 
-que;  car  on  en  trouve  beaucoiip  de  ron  s.  , 
en  volt  auífi  quelques-uns  triangulares , 
ont  été  confondus  fouvent  avec  des  cande  ^ 
de  méme  figure;  8c  réciproquement  les  ^ 

labres  ont  été  appelés  auífi  imprcpremen 
autels.  . . 

L’erreur  de  Saumaife , qui  a eté 
grand  nombre  d’antiquaires  , eñ  venue 
Pona  pris  fouvent  pour  des  autels  les 

Pon  plaqoit  fur  Ies  tombeaux.  Cette  err,,uri 


pas  eu  Heu  ^ íi  Ton  avoit  rencontré  plus  rouvent 
le  caradlére  diftincftif  fuivant. 

Quelques  autels  antiques  font  creufes  en-deíTus 
&:  percés  de  cote  ^ pour  recueillir  & iaiffer  écouler 
enfuite  les  libations.  On  en  volt  cinq  pareils  fur 
Ies  vafes  étrufques  de  la  bibliothéque  du  Vanean. 
Le  P.  Montfaucon , qui  a fait  deífiner  deux  fem- 
blables  autels  d’aprés  des  vafes  antiques  , a pris 
le  trou  lateral  Se:  le  fiuide  qui  s’échappe  par  cette 
ouverture  ^ pour  des  bandelettes  Se:  d’autres  orne- 
mens.  Mais  il  a écé  repris  par  VVinkelmann , qui 
á fait  deííiner  un  de  ces  vafes  du  V'^atican  dans  fes 
Moriumenti  antichi  inediti , l8l. 

IVous  alicns  faire  connoitre  quelques-uns  des 
autels  les  plus  célebres , dont  il  eít  fait  mention 
dans  Ies  écrivains  grecs  & latios. 

JJautel  dlAcca  Laurent'ia  étoit  placé  á Rome 
pres  du  forum  Boarium  , dans  le  Yélabre. 

U autel  £ Adoptior.  étoit  le  moniinaent  elevé 
par  Ies  Romains  Con  ignore  dans  quelle  región)  ^ 
pour  conferver  le  fouvenir  de  f adoption  de  Livie 
dans  la  famille  Julia.  Tibére,  fon  fils,  le  dé- 
truilitj  étant  jaloux  des  honneurs  rendus  á fa 
mere.  Tacite  {Ánnal.  i.  14). 

U autel  d‘ Alus  Locutius  fe  voyoit  dans  le'quar- 
tier  appelé  la  rué  Neuve  , qui  appartenoit  la 
huitiéme  région.  On  Tavoir  élevé  dans  Tendroit 
oú , pendant  la  nuit , une  voix  inconnue  avoit 
annoncé  Tarrivée  des  Gaulois. 

U autel  de  V Amiúé.  Tacite  {^Annal.  jv.  74.  2..) 
dit  que  le  fénat  voulant  éterniferramitié  deTibere 
pour  Séjan,  réfolut  d'élever  un  autel  3 TAmitié, 
orné  de  leurs  portraits.  On  ignore  la  place  oü  il 
fut  dreíTé. 

U autel  £ Anchuras.  Sous  le  régne  de  Midas  , 
-la  Phrygie  fut  ébranlée  par  des  tremblemens  de 
terre , qui  firent  entr’ouvrir  une  cavité  vafte  Se 
profonde.  L’oracle  avant  été  confalté  fur  cette 
ouverture  , répondit  qifelle  fe  fermeroit  aprés 
qu’on  y auroit  jeté  la  chofe  la  plus  précieufe  de  la 
Phrygie.  Anchuras , fils  de  Midas penfa  que  rien 
ire  fauroit  étre  plus  précieux  que  la  víe  d’un 
homme.  II  monta  auíTi-tot  á cheval , embraíTa 
tendrement  le  roi  fon  pére  8c  fon  époufeTiino- 
thée , & fe  précipita  enfuite  dans  le  goufrre.  La 
terre  s’étant  refermée  fur  lui.  Midas  fit  drefíer 
un  autel  au  méme  endroit  ^ qu’il  confacra  á Júpiter 
du  mont  Ida.  Plutarque , dont  nous  apprenons  ce 
fait,  ajoute  que  cet  autel  étoit  doré.  Ovide  Ta 
chanté  dans  fes  Métamorphofes. 

U autel  £ Apollan  fut  confacré  par  les  Athé- 
nlens,  afin  quhl  les  délivrát  de  la  peñe.  L’oracle 
de  ce  dieu  ayant  été  confuiré,  répondst  que  pour 
arréter  ce  íléau , il  falloit  lui  élever  un  autel 
áouble  de  X autel  cubiaue  qui  lui  étoit  deja  con- 
facré. 

XJ autel  d' Apollan  , générateur , fe  «ovoit 

3 Délos.  On  nV  immoloit  jamais  de  victimes. 

Aailquitís  ^ Totne  1. 


Les  prioras  feules  fervoient  d’offrande.  C’eñ  celui 
que  Pythagore  falúa  avec  refpect,  comme  nous 
Tavons  dit  plus  haut. 

U autel  d‘ Apollan  , oblique  ou  étoit  placé 
ordinairement  chez  Ies  Grecs,  dans  Ies  rúes,  á 
coré  de  la  porte  des  maifons. 

X,  autel  d Apollan  Spodius  , de  Cendres,  étoit 
a Thébes.  Paufanias  en  parle  ( Beotíc.  rx.) , Sc 
nous  Favons  décrit  plus  haut. 

XJ autel  des  Apotkéofes.  On  voic  fur  plulieurs 
médaüles  imperiales  cet  autel , que  Fon  portoit 
dans  la  cérémonie  de  Fapothéoíe  des  Auguftes, 
II  y a ordinairement  du  feu  fur  cet  autel , & des 
aigles  qui  ornent  la  bafe.  On  lit  autour  felix 
MEMORIA  8c  coNSECRATio.  Le  demíet  mot  a 
fait  appeler  ces  médailles  des  Consécratigns. 

XA  autel  de  Carmente  étoit  place  au  bas  du  Capi- 
tole , prés  de  la  porte  Carmentale. 

XJautel  de  Confus  étoit  áans  un  petit  temple 
fouterrein,  auprés  des  bornes  du  grand  Cirque. 
On  n’ouvroit  les  portes  de  ce  temple  que  pendan* 
Ies  jeux  facrés  du  cirque. 

XJautel  de  Come  á Délos  a été  décrit  plus 
haut. 

XJautel  de  Diane  appaifée  , Diana  placahilis , 
étoit  dans  la  Tauride  , auprés  des  Palus-Méo- 
tides  j ce  quí  Fa  fait  appeler  Méotide  par  Juvénal 
(^Satyr.  ij.  iif).  I!  étoit  dédié  á Diane,  qui  ne 
voiifoit  plus  de  viélimes  humaines , Se  que  Fon 
nommoit  ácaufe  de  cela,  Diane  appaifée.  Ce  fut 
auprés  de  cet  autel  qu’Efculape  rendir  la  vie  au 
malheureux  Kippolyíe. 

XJautel  de  Bacckus  étoit  placé  fur  la  partie  du 
théátre  des  Grecs,  qu’iís  appeloient  tkymelé  ou 
le  lieu  des  facriíices. 

XJautel  de  Fluían  & de  Proferpine  étoit  placé 
dans  le  champ  de  Mars.  O.n  ne  !e  découvroit  qu’á 
la  célébration.  des  jeux  féculaires , 8c  Fon  y 
facrifioit  pendant  trois  nuits  confécutives.  II  en 
fera  parlé  plus  au  iong  dans  les  Jeux  sécu- 
LAIRES. 

XJ autel  divarum  Cornifearum  étoit  dans  lí  14'^ 
région.  Panvini  raoporte  Finfeription  fuivante  d’un 
femblable  autel  : 

DEIVAS 

CORNISCAS 

SACRUM 

Feííus  efit  qah’I  y avoit  au-delá  du  Tybfe  un  en- 
droit  confacré  aux  corneilles , parce  qu’on  croyok 
que  Junon  protégeok  cene  efpéce  de  corbeaux. 

UJftel  de  ¿>rufus  , frére  de  Tibere , fut  éloié 
fur  les  bords  du  Ehin.  Nous  en  avons  parlé  pías 
haut. 

XJautel  d’Evandre  étoit  fur  le  mont  Aveniinj 
prés  de  la  porte  trigémina. 


B b b 


37®  A U T 

' Ucutel  des  Euménides.  Pauúaias  en  parle  dans 
íes  Achaíques. 

Uautel  de  la  Fievre.  Cicerón  {de  Nae-ur.  Deor. 
jI.  il.)  dit  qudi  j avoic  far  le  mont  Palatin  un 
sncien  auttl  confacré  á la  Fiévre  : Ara  vetas  flat 
in  Palatía  Fehris. 

iJautel  de  la  Fortune  contraire  ctoit  fur  la  col- 
ime des  EfqailieS:,  dans  la  15*=  región.  Cicéroii 
{de  Fíat.  Deor.  il.  jJ.}  dit  : Ara.  vetas  fiat  in  Efqai- 
liis  M.al&  ForturtcL. 

Tuaatet  de  da  Fraude  étoir  pdacé  á RoniCj  dans 
un  bois  obfcur.  C'étoit  anprés  de  cet  aazel  que 
les  voleurs  partageoient  leurs  rapiñes. 

Daatel  ¿‘Mércale  vainqumr  de  Cacus , étoit 
place  au  pied  du  mont  Aventin aupres  de  la  cá- 
veme de  Cacus. 

ííautel  d‘ Hercule  , é*  des  Mufes.  Cet  aatel  leur 
avoit  eré  confacré  en  commun  par  les  Romains 
parce  que  , felón  Plutarque,  Kerciile  avoit  inítruit 
LVandre.  Le  rhéteur  EusTiéne  en  aonne  une  autre 
raifon ; c^étoic  paur  apprendre  que  Ies  Mufes  ont 
befoin  de  la  protection  d^ílercuie  ¡ & que  les  hauts 
faits  d’fíerciile  ont  befoin  d’ctre  célebres  par  la 
bouche  des  Mufes. 

Uautel  de  ÍHonneur  étoit  place  á Rome  hors 
la  poste  Colline  , dans  Tendroit  oú  Fon  trouva 
dans  l’avant-íiernier  íicclej  une  lame  de  bronze 
avec  cetre  mfeription  ; domína  honoris. 
{Guther , de  jure  Man.  il.  33). 

Uautel  de  Júpiter  - Confsrvateur  fut  élevé  á 
Athénss  par  Démofíhéne , apres  fon  rappel.  Le 
fénat  en  íit  les  frais.  Dominen  apant  échappé 
aiix  fureurs  des-  foldats  de  Virellius,  éleva  far  ie 
Capitole  tm  aatel  avec  un  petit  temple  a Jupiter- 
Confervateur , en  mémoire  du  péri!  qu71  avoit 
couru  , & ii  íit  graver  cet  evénemenr  far  le 
ra-arbre.- 

Uautel  de  Jupiter-EP.cias  avoit  été  batí  fur  le 
'is-ont  Aventi.n  par  Mama. 

Iíautel  de  Júpiter -Fulminant.  Paiífanias  parle 
de  cet  autel  éievé  dans  la  Crece  {Eliac.  j.j¡  & 
Plutvque  CParall,  n.  39.).d’ua  femblable-j  éleyé  á 
Rorae. 

Uautel  Jovls  inventoris  fut  élevé  par  Hercule 
en  rhonneur  de'  Júpiter , qni  lui  avoit  fait  dé- 
co-u-yrit  fes  troupcaux",  aiipres  de  ia  porte  Trigé- 
mina & de- la  eaverne  de  Cacus. 

Uautel  ie  Júpiter  Sty-gius  ou  Latiaris , étoft 
placé  dans  le  miüeu  de  l'’amphithéátre  5 & fur 
cet  aur-el  on  ofíroit  des  facriSces  a !a-divinité' en 
i'honneur  de  laqueile  on  célébreit  les  jeus. 

Daatel  de  Jupiter-BauLangcr^-  Jovls  Pifiorís  , 
étob  fur  le  Capitole.  On  élera  cst, ^utei  * mé- 
iTioire  du^  ítratageme  dont  on  avoit  ufé ’orfqtie 
les  Gaulois  aJitgeoient  cette  fortereífe  j en  ;e-tant 
des  pain^dans  ieur  camo  ^ pour  leur  perfuader 
que  Ies  auiegcs  ne  manquoient  pas  de  noarriture. 


A ü T 

Ovide  parle  de  cet  autel  dans  fes  Fáñes  {vt.  349.); 

Nomine,  quem  pretio  celthratior  arce  Tonantis, 
Dicam  Pijiaris  quid  velit  ara  Jcvis. 

Uautel  de  Jupiter-Sauveur  í.yo\t  été  coníiruitea 
mémoire  de  la  levée  du  íiége  de  Rome  par  les 
Gaulois. 

Uautel  de  Jupiter-Vimineus  étoir  place  dans 
un  bofquet  fur  le  mont  Viminalj  dans  Templace- 
ment  qui  fe  trouve  aujourd'ísui  entre  les  tbermes 
de  Dioclétien  & ia  ville  Peretti. 

Uautel  de  la  Jeunejfe  étoit  fur  le  capitole  ^ dans 
le  petit  temple  de  Minerve  j comme  celui  du  dieu 
Terme  étoit  á l’entrée  de  ce  meme  temple.  On 
conferva  ces  deux  anciens  autels , parce  que  ces 
deux  divinités  n'avoient  pas  voulu  quitter  le  Ca- 
pitole  j lorfqifon  le  rebatir  foas  Tarquín  ran- 
cien» 

Uautel  de  JunorJJuga , qui  faít  les  mariageSi 
étoit  dans  ¡e  quartier  Jugarlas , auquel  il  avoit 
donné  fon  nom. 

Uautel  de  Janon-Saroria  fut  élevé  par  Horace, 
pour  expier  le  meurtre  de  fa  feur. 

Uatctel  des  Lares  étoit  placé  aupres  des  bornes 
da  Cirque. 

Uautel  de  Láveme,  qui  donna  fon  nom  á I3 
porte  Lavernale , étoit  placé  fur  le  mont  Aventin. 

Uautel  de'-Mars  avoit  donné  fon  nom  au  champ 
dans  lequel  il  étoit  piaeé.  C’étoit  aupres  de  cet 
autel  que  les  cenfeurs  quittoient  leurs  fonétions, 
les  chaifes  eurules,  marques  de  Ieur  digniréj  & 
qu'ils  receyoient  les  applaudiffemens  du  peuple. 
Tire-Live  {xl.  45'.}  dit  ; Comitiis  confeclis , ut 
traditum  anticuitiis  efl , cenfores  in  campo  ad  aram 
Martis  fellis  curulibus  confederunt  ¿ quo  reventó 
principes  fenatoram  cum  agmine  venerunt  Cívi~ 
tatis, 

Uautel  appelé  Aíro  Maxima  étoit  placé  aupreS' 
¿u  cirque,  dans  \t  forum  Boarium  , comme  nous 
Papprenons  d'Ovide  (Fafi.  i.  r,§i.); 

Conftituitque  tib-i , apis,  maxima  dícitur  ara  , 
Hic  ubi  vars  urbis  de  bove  nomen  habeU 

II  étoit  confacré  á Hercule , dont  oa  p voyoit- 
ane  ñame  avec  h tete  couverte  á’une  drspene- 
Ceax  qui  faerifioieat  fur  cet  autel,  devoient  avom^ 
contre  rufigs  ordsnaire  , la  tete  découverte  > ann  . 
qifaucun  mortel  ne  reíTenablát  á la  divinité  du 
lieUj  felón  Macrobs  {Saturn.  ni.  6.)  : CuJioA'-nr 

in  eodem  loco  ,.ut  omnes  apeno  capíte  jacta  fatiant. 
Hoc  jit , ne  quis  in  sde  dei  kabltum  e]us  imMp-ttj- 
nam'  ibi  apeno  ipfe  cizpite  eji.  Cvide  & rirg** 
{JEneíd.  8.  difent  quTIercule  fe 

era  a lui-méme  cette  ñame  apres  la  defairs  ce 
Cacus- 

Ser'vius  dit  que  Yara  -maxima  fubnitoif  enesre 


A U T 


A ü T 379 


de  fon  tems,  & que  cet  autel  étoit  fort  granu  , 
d’oü  lili  étoit  venu  fon  notn  : Revira,  mcgaa 
& ingens  , ficat  videmus  hodieque.  C etoít  auái 
'^auttL  le  plus  redouré  pour  les  fermens,  comme 
íe  dít  Denis  d’HalicirnaíTe  {lih.  i).  Une  ancienne 
tradition  portoit  les  ruperftineux  & les  ambitieu-t 
i ofFrir  fur  ce  monument  !a  d'XíTíe  de  leurs  ® 
Herculej  parce  cue  ce  dieii  y avosr  facrifie  la 
dixicme  parné  de  fes  boeofs,  & qifil  avost  promis 
une  vie  heureufe  áceux  aui  ímireraíenr  fa  eenero- 
fité.  Svlla.  Lucullus  & M.  CralTus  luí  confacrérent 
la  ¿ixieine  partie  de  leurs  richeíles  ; & elies  s ac- 
crúrent  á un  point  dont  rhiíloire  des  autres  peu- 
ples  offre  peu  d'exemples. 

Hercule  défendit  aux  feirsmes  d’approcher  de 
Xara  maxima  , & de  coucher  á aucune  des  chofcs 
qui  Y auroienr  éte  oftertes  Aulugelle  (rt.  6.)  en 
donne  cetre  raifon  : Hercule  em:i!enant  au-travers 
de  ritalie  les  bcrufs  de  Géryon  , fut  preíTé  par 
la  füif;  il  demanda  á boire  á une  lennae  , aui 
refufa  de  luí  donner  méme  de  I’eau  , parce  qu’elle 
célébroit  la  féte  de  la  bonne  deeífe  , psndant 
laquelle  les  hommes  ne  pouvoient  ríen  toucher 
de  ce  que  les  femines  avoient  preparé  ou  apporté. 
le  héroS;,  irrité^  fe  vengea  par  une  femblable 
défenfe. 

U autel  de  Mercure  étoit  placé  auprés  de  fon 
tan,  á laquelle  il  donnoit  fon  nom.  V.  Aoueduc. 

\J autel  de  M.¡aucius  étoit  placé  auptés  de  la 
porte  á laquelle  il  avoit  donné  fon  nom. 

V autel  de  Murcie  , ancien  monument étoit 
placé  au  pied  du  morí  Aventitíj  prés  du  forum 


U autel  de  Neptum  étoit  placé  dans  le  cirqac  de 
Flaininius , afin  que  ce  dieu  protégeát  les  chevaux 
des  courfes. 

U autel  d‘Ops  & de  Céres  étoit  dans  le  quartier 
Jugarius. 

U autel  de  la  Paix.  Les  Athéniens  élevérent  les 
premiers  un  autel  á cette  divinicé  bienfaifinte , 
aprés  la  défaite  des  Lacédt'-noniens  par  leur  géné- 
ral  Timothée.  Plutarque  dit  cependant  que  cet 
autel  ne  fut  élevé  oii'aprés  la  viéloire  de  Cimon 
fur  les  Petfes.  Peut-étre  ne  vcut-il  pirlerque  d'une 
reftauration.  Augufteayant  pacifié  l’univers  , éleva 
fin  autel  á la  Paix , dont  Gvide  a parlé  {Fafi.  i.  709)  : 

Ipfutn  nos  carmen  deduxit  pacis  ad  arara  , 

M&c  erit  d metifis  fine  fecunda  dies. 

On  croit  le  reconnoitre  fur  des  médailies  de  Libére 
frappées  en  l’honneur  d'Auguíle,  avec  cette  ié- 
gende ; 

PACE  AUGUSTI  perpetua. 

Sur  une  -médaiHe  de  Néron  , qui  porte  cette  lé- 
gende-: 


Sur  une  autre  du  méme  empereur,  ou  en  iit : 

KERO.  CTÁUDIUS.  CAESAR.  AüG, 

P.  M.  TR.  P.  IM-P. 

P.  P.  ARA.  PACIS. 

Claude  ayant  vaincu  les  Bretons  Tan  47  de  .T.  C-  , 
fit  auífi  élever  un  autel  de  la  Paix  , corr.ntc  en 
peut  le  cenjecturer  d’aprcs  une  de  fes  saédaiiles, 
fur  laquelle  on  Iit : 

TIB.  CLAUD.  CAES.  AUG.  P,  M.  TR* 

P.  VI.  IMP.  VI. 

PACI.  AUGUSTAS. 

"IJ autel  Palatin,  ara  Palatina,  étOít  place  de- 
vant  le  palais  ou  dans  le  veftibule.  C'étoit  fur  cet 
autel  que  les  empereurs  avoient  coutume  de  íá- 
crifier. 

Uautel  de  la  Pudicité  P liheienne  fut  élevé  par 
Virginie,  filie  d’AuIus  Yirginius  j dans  íe  quartier 
long , ou  elle  demeuroit. 

\J autel  de  Saturne  avoit  été  élevé*  difoit-on* 
par  les  Épéens  qui  avoient  accorepagné  Hercule 
en  ítalie.  11  étoit  placé  au  bas  de  la  montée  du 
capitoie  * auprés  áxíforum. 

U autel  Septimien  étoit  dans  la  región  Tranfii- 
bérine,  auprés  de  la  porte  du  méme  nom. 

U autel  du  Soleil  étoit  placé  a Conñantinople 
en  plein  air*  comme  fa  ftatué  dans  le  cirque  de 
Rome. 

U autel  du  dieu  Terne.  Yoyez  plus  haut  Y autel 
■ de  la  JeuratjTe. 

U autel  de  Tuteline.  {V oyep^  ce  mot)  étoit  dans 
la  treiziéme  región  de  Rome. 

U autel  de  Venus  vulgaire.  Ménandre  dit  que 
Ies  courtifannes  de  la  Grece  élevoient  cet  autel 
dans  un  endreit  partícuiier  de  leur  maifon  * & 
qu  elies  y facrifioient  tous  Ies  jours  á leur  divimté 
tutélaire.  Celles  de  Rome  Ies  imirérent ; cardaos 
le  Carculiü  de  Plante  (i.  i-  71.)  , on  parle  d'ua 
autel  de  Venus  placé  devant  la  porte  des.mar- 
chands  de  courtifannes*  lenonum  n 

Num  ara  Veneris  h&c  efi  ante  korum  fores,  - 

U autel  de  Vefia  fut  élevé  par  Numa*  auprés  de 
Y afile  , oii  Ton  célébroit  les  mvíferes  de  la  bonne 
déeíTe.  Boilfard  croit  reconnoitre  cet  autel  & le 
petit  temple  qui  le  -enferma  depius , dans  la  petire 
eglife,  d'one  architedeure  femblable  a celle  da 
Panthéon*  qui  étoit  appelée  autrefois  S.  Stefar.o 
alie  Carrops^i  * & qui  fe  nomme  aujsurd’hui 
S.  Maria  di  Sale. 


ARA  PACIS-  S.  C. 


E b ij 


3§o  A U T 

U aiítel  de  la  Viñoire , dont  Syfnmaque  d^plo- 
rcií  íí  ¿ioquemment  la  deítraítion , avoit  éte  p’acéj 
par  Augafce:,  au  miiieu  de  la  cüÚQ  Julia,  rebatie  á 
la  place  de  ia  curie  d’Hoftilius. 

Autel.  Un  autel  a fur  les  médailles  plañeurs 
íisnifications  dííFérentes.  Sur  les  imperiales  latines, 
il  déíigns  Taporheofe  du  prince , &c  les  fair  appeler 
des  CoNSÉcRATiONS.  Vovez,  Yautel  de  V Afo- 
tkéofe. 

On  voit  fouvent  au  revers  des  médailles  des 
Colonies  un  autel,  & un  étendard  place  au-üeíTus. 
Ceíl  le  fymbole  des  Colonies , parce  que  la  pre- 
miére  chofe  que  Ton  faifoit  en  les  étabíiííant , 
étoit  d’éleyer  un  autel , & d’y  offrir  des  facrifices. 
L'étendard  déíignoit  la  legión  ou  la  cohorte  que 
Ton  y íixoit.  Une  médaille  de  SaragolTe  ( C&farea- 
Augufta)',  frappée  en  l'honneur  d’Auguñe,  fon 
fondateur , offre  trois  autels.  Sur  celui  du  miiieu , 
qui  eft  plus  élevé  que  Ies  autres  , on  voit  un  éten- 
dard , & fur  les  deiix  petits , des  boucliers  fixés  á 
des  lances  en  guife  d'éteudard. 

Un  autel  allumé  déíigne  ordinairement  les  mé- 
daiües  d'Aníioche  de  Sytie,  de  Srnyrne,  ou  de 
Mopfueíte. 

Autel.  II  y a une  conftellation,  une  des  quinze 
meridionales,  qui  eíl  appelée  1’¿zí'£í/.  Les  poetes 
difent  que  c'eft  V autel  fur  lequel  les  dieux  pre- 
térent  ferment  de  fidélité  á Júpiter , avant  la 
guerre  contre  les  Titans , & que  ce  dieu  le  plaqa 
parmi  les  aílrss  aprés  fa  vicioire.  D’autres  difent 
que  c'efi:  Y autel  fur  lequel  le  centaure  Chiron  im- 
naola  un  loiip , dont  la  corifteliatioa  eft  dans  le 
ciel,  proche  de  Y autel, 

Manilius  & Aratus  ont  chanté  cet  autel  dans 
leurs  poemes  aftronomiques.  lis  difent  qu’ii  fut 
fabriqué  par  les  Cyclopes , & au  ils  le  garnirent 
d"un  couvercle  ou  chapeau,  afin  que  Ies  géans 
ne  piiíTent  pas  appercevoir  le  feu  de  la  foiidre  qui 
y étoh  allumé  pour  recevoir  le  ferment  des  dieux. 
Les  pilotes  regardoient  le  lever  de  cette  conftella- 
tion  comme  un  tems  favorable  pour  la  navigation. 
Elle  fe  levoit  avec  une  partie  du  Scorpion. 

AUTEPSA  ou  Authepsa  , en  grec  ¿’jB-í-Y>íí , 
poele.  Cicerón,  dans  fon  Plaídoyer  pourRofeius, 
parle  d'une  poele  de  cette  efpéce , vendue  íi  chére 
dans  un  er.can , que  fon  croyoit  entendre  la  criée 
d’un  hérirage  entier.  Elagabale , felón  Lam- 
pnde,  fut  le  premier  qui  eut  des  poeles  d'ar- 
gent. 

AUTEUR  comique.  Le  comte  de  Caylus  a cru 
en  reconnoítre  un  dans  un  bronze  qu’ií  a publié 
{Rec.  d ara.  il.  pl.  8°.  n®.  y).  « Cette  petite  figure 
romame  me  paroít , dit-i!,  repréfenter  un  jeune 
auteur  comique  ; du  moins  c'eft  Tidée  que  me 
donne  le  mafque  qu  il  tient  fur  fa  main.  íl  eft 
’rra!  qu  on  pourroit  auíu  ¡g  regarder  comme  fin 


A U T 

' aíleur  qui  porte  !e  maíque  fou5  lequel  i!  repré- 
fentoit  ordihairement ; mais  la  plupart  des  acteurs 
étoient  des  efclaves  5 Sz  la  robe  & le  maintisn  de 
cette  figure  indiquent  un  homme  libre 

ATTOXEIFE2.  Voyer^  SuiCIDHS. 

_ AUTOCHTOÍNE  , , Une  des  tribus 

d’Athénes,  ainíi  nommée  d’un  roi  que  fon  croit 
avoir  régné  dans  une  partie  de  f Attique  avant 
Cécrops  ; ou  plutot  á caufe  du  furnom  ¿‘Autoch- 
toues  qu’affecloient  de  prendre  les  Athéniens, pour 
faire  entendre  que  leur  ville  ne  venoit  point  d'une 
colonie  : ce  qu'exprime  le  mor  grec  Abrlgya, , né 
dans  le  lieu  que  ion  habite. 

AüTOCHTONES.  P'oye:^  farticlc  précédent 
& Aborígenes. 

ÁÜTOLEON,  général^des  Crotoniates,  cora- 
battant  contre  les  Locriens  d'Opuntium , fut  bleffé 
par  le  fpe&e  d’Aiax,  que  fon  croyoit  comman- 
der  une  partie  de  farmée  Locrienne  & il  ne  fut 
guéri  qu’aprés  avoir  appaifé  les  manes  de  ce  héros. 
JC  Ajax,  Leucé. 

ÁUTOLíCUS  , ayeuí  marernel  d’UlyíTe,  étoit 
fils  de  Chione  & de  Mercare  . dieu  des  voleursj 
íi  naquit  de  la  méme  mere  & le  méme  jour  que 
Phíiainmon  , fils  d* Apollen  , duquel  on  le  dif- 
tingua  par  íes  inclinations.  La  fiable  dit  qu’íl 
avoit  appris  de  fon  pére  á prendre  diverfes 
formes  & á en  donner  á fes  larcins.  Son  grand 
talent  étoit  de  dérober  Ies  troupeaux  de  fes  voi- 
íins , & d'eSacer  habilement  les  marques  des  trou- 
peaux  volés  , en  leur  en^mprimant  d'aurres , ou 
en  les  chingeant  de  poil,  de  maniere  qu’il  n’étoit 
plus  poflible  de  les  reconnoítre, 

II  trouva  cependant  quelqu’un  plus  adroit  que 
lui,  Sifyphe  fe  doutant  de  quelque  fupercherie , 
s'avifa  d imprimer  á fes  troupeaux  une  marque 
au-dedans  de  la  come  du  pied  , ce  quAutoheus 
ne  put  prévoir  ; en  forte  quhl  fut  convaincu  de 
vol.  Sifyphe  enleva  fa  filie  Ánticlie  , & la  rendit 
mere  d’Clylfie.  On  dit  qa  Autolicus  apprit  a 
Hercule  a conduire  les  chariots.  PC  Anticlie  , 
Chione  , Philammon, 

AUTOM.4LA , dans  la  Cyrénaique.  ATTO  & 
ATTOMAAHC. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font ! 
RRR.  en  bronze, 

O.  en  or. 

O.  en  argent, 

Cette  ville  a fait  frapper  une  médaiüe  imperials 
grecque  en  fhonneur  d'Alex.-Scvére , felón  Y au* 
lant  & Gori;  mais  Pelierin  & Ai-  Eckei  ont  de-» 
montré  la  fauffeté  de  ce  monument. 

AUTOMATARIUS  clepfydartus.  _ Muratoti 
(935.  B.Tkef.  infer.  ) lapporte  finfeription  u*** 
Yante : 


A ü T 

CJS.  MANJBVS 
sAcayM 

P.  AELIO.  ZENONI 
AUTOI.IATARIO 
KLEPSYDARIO  * 

AELIA.  FORTUNATA 
EENE.  MERENTI 
FECIT. 

Ce  Zénon  faifoit  des  clepfydres  ou  horloges  á 
eau , dans  lefquelles  on  voyok  fe  mouvoir  de 
perites  figures  ou  automates.  Vitruye  en  décrk  de 
pareilies. 

AUTOMATE , áariftaTóy  j qu!  (e  meut  de  íbi- 
méme.  Ce  mot  eí’t  compofé  de  foi  -mime  , 

& de  , je  fiús  excité.  Telie  étók  la  colombe 
volante  d'Aichitas. 

AUTOM ATIA , déeíTe  du  hafard  , furnom  de 
la  Fortune  , á qui  Timoléon^  fameux  géne'ral  des 
Coriuthiens  eleva  un  temple,  croyant  devok  au 
faafard  une  partie  de  fa  gloke. 

AU TOMNE.  On  repréfente  ordinakement ' 
cette  faifon  fousla  figure  d’une  femme  couronnée 
de  pampres  Se  de  grappes  de  raifins ; elle  eft  dé- 
couverte  dans  la  partie  du  corps  qui  regarde  Teté, 
&:  vétue  dans  celle  qui  répond  á Fhiver.  Son  hábil - 
lement  eíl  couvert  de  fleurs  , comme  la  robe  de 
Bacchus. 

Winke!mann,'dafís  fes  Monamcntl  ined. , n°.  5 , 
a pubüé  un  bas-reliefde  la  ville  Albani,  qui  vient 
d’un  tombeau  antique,  & qu'ii  croit  repréfenter 
les  noces  de  Thétis  & de  Pelée.  Toutes  les  divi- 
nités  de  l’Olympe  viennent  leur  offrir  des  préfens. 
On  voit  au  nombre  des  faifons  Vautomne , tenant 
une  chévre  par  la  jambe , & portant  une  corbeille 
pleine  de  fruits, 

AÜTON  OE,  quatriéme  filie  de  Cadmus , 
époufa  Ariftée , & fut  mere  du  malheureux  Adlénn  , 
dont  la  mort  funefte  lui  caufa  tant  de  chagrín, 
qu'elle  abandonna  le  féjour  de  Thébes,  & alia 
s'établir  dans  un  bourg  de  la  dependance  de  Mé- 
gare , ou  l'on  voyoit  encore  fon  tombeau  du  tems 
de  Paufanias.  Comme  elle  avoit  contribué  avec 
fes  foeurs  á Péducation  de  Bacchus,  elle  parti- 
cipa aux  mémes  honneurs  qu'elles  : les  quatre 
fceurs  ont  été  reconnues  déelFes,  & ont  eu  des 
autels.  Agave  , Ino,  Penthee  , Semélé. 
AüTONOMÉ  , une  des  cínquante  Néréídes. 

^ yyei  NÉRÉitDES. 

AUTONOiVIES  , a.ÍTÓítfi<¡t , ceux  aui  fe  gou- 
vernent  par  leurs  loix.  Ce  mot  eft  compofé 
de  a'jí-íf  méme  , & de  vÓu¡í  , loi.  II  défigne  les 
villes  ou  Ies  peuples  auxquels  les  Romains  per- 
nairent  , aprés  la  conquéte  , de  jouir  du  privilége 
*ppele  Autokomie.  V^oye^  ce  mot. 

Aütonomes.  On  donne  ce  nom  aux  médaiües 
due  les  peuples  & les  villes  ont  fak  fabríquer 
pour  leur  ufage  particulier  Ce  nom  fert  á les 
n inguer  de  celles  que  plufieurs  de  ces  villes  fai- 
loient  frappet  avec  Ies  teces  & les  noms  des  em-  i 


A Y T 3S1 

perauTS  romains , lefquelles  font  mifes,  par  cette 
railon  j au  rang  des  imperiales . On  donne  ainíi, 
par  antonomafe  aux  médaiües , le  titre  d'ui:- 
tortomes  , lequel  appartenoit  aux  villes  qui  jouif' 
fojent  de  leurs  loix  particulieres  , qui  fubfiftoient 
dans  une  forre  d’indépendance  5 & par  exteníion, 
á toutes  Ies  médarües  qu’elles  ont  fabriquées 
depuis  leur  fondation , lorfqu on  ay  vok  poiat 
de  rois  répréfentés. 

II  faut  obferver  cependant  que  certaines  villes 
autoTiomes , relies  que  plufieurs  villés  de  Lydie, 
faifoient  réprefenter  fur  leurs  médarlles  les  empe- 
reurs  qui  régnoient  alors.  Se  méme  les  impéra- 
trices  , mais  fans  y mettre  leurs  noHis.  C’étok  ap- 
paremment  pour  fe  les  rendre  favorables , qu’elles 
employoient  cette  efpéce  de  flatterie.  V,  Peuples 
ET  Villes  (^médailles  de  ) 
a’ttonomi'as.  > , ^ 

a’ttonomeí'n.  5 Autonomie.  On  trouve 

fréquemment  ces  mets  dans  Poiybe  , Thuey- 
dide  , Diodore  , Denys  d'HaiycarnaíFe  , Dion, 
Appien  & autres  écrivains  , pour  exprimer  la  fa- 
culté de  fe  gouverner  par  fes  propres  loix. 
Quoiquece  privilége  fok  devenu  plus  fréquent  de- 
puis  les  Conqueres  des  Romains , on  le  trouve 
cependant  empioyé  dans  le  tems  des  républiques 
grecques & dans  les  traités  de  paix  qu’elles  fai- 
foient  entre-elles  ou  avec  les  rois  barbares.  Mais 
les  politiques  & Ies  antiquaires  ne  s’occupent  pro- 
prement  de  V autonomie  , que  depuis  le  moment 
oú  la  Gréce  & l’Afie  furent  foumiíes  au  joug  de 
Rome. 

Lorfque  les  Romains  les  eurent  conquifes , iís 
donnérent  á chaqué  peuple  & á chaqué  ville,  des 
magiftrats  romains,  quides  gouvernoient  en  partie 
felón  Ies  loix  de  Rome  , & ils  en  firent  par  con- 
féquent  des  Municipes  (PC  ce  mot).  Si  quelques- 
unes  de  ces  villes  s’étoient  livrées  de  plein  gré 
aux  généraux  romains , ou  éroient  demeurées 
fidelles  aux  mémes  généraux,  pendant  que  d’autres 
ayoient  pris  le  parti  des  ennemis  de  Rome,  on  le* 
récompenfokj  en  leur  permettant  de  fe  gouver- 
ner  felón  leurs  anciennes  loix,  de  ne  point  payer 
de  tributs,  8c  de  fe  creer  des  magiftrats  feloa 
l’ancienne  forme  de  gouvernement , fous  la  pro- 
tedtion  du  peuple  romain.  Ce  peuple  employoit 
le  mot  de  liberté  pour  exprimer  cette  exemptioa 
d’obéiíTance  aux  magiftrats  qu’il  envoyoit  dans 
les  pays  coiiquis  , & les  Grecs  la  défignoient  fur 
leurs  médailles  par celui  d’uafo/iom/e  & Á‘aMonome, 

Les  villes  décorées  As  Vautonomte  sffeékoieat 
de  s’en  parer  fur  leurs  médaiües  , & de  la  joindre 
aux  autres  titres  qui  Ies  diftinguoiept  des  villes 
ordinaires.  Elles  comptoient  de  nouvelles  eres 
depuis  l’année  ou  elles  avoient  été  déclarées  Ubres 
ou  autonomes.  L’époque  de  l’ére  que  Ton  voit  fur  ^ 
la  plupart  des  médailles  des  villes  de  Syrie  , eft  la 
conceífion  de  1‘ autonomie  que  Pompée  ieuf  avoit 
faite. 

Les  empercurs  dcpouiiiéreat  quelquefeis  les 


3 S 2 ^ ^ 

villes  aatonomes  de  leur  liberte,  pour  Ies  panir 
de  quelque  fédition.  Nerón  avoit  etendu  á toutes 
íes  viüés  de  TAchaie,  autonomie  accordée  par 
Áu~ufte  á cede  de  Patras  feuletnent;  & Vefpaíien 
Ies  "en  déponilia  a caufe  d'une  révolte , en  difant 
que  ¡es  Grecs  avoient  díPaporis  á fe  fervir  de  la 
liberté.  Philoílrate , ( vii. v- 

AUTOPSlE-  Ceít  Tétat  dans  ¡eque!,  fuívant 
les  Payens , ou  avoit  un  commerce  intime  avec 
les  dieux  : on  fe  croyoic  reverá  de  toute  leur  puif- 
fance  & on  étoit  perfuadé  quil  n’y  avoit  plus 
rien  ddmpoíSble.  ( The u rgie ).  Cétoit  la 
derniére  initiation  des  myñéres  d'Eleulis  & de 
-Samothrace,  dans  hque'lle  on  apprenoit^  aux 
adeptes  les  efeofes  fecrettes,  qui,  felón  Cicerón, 
n'étoient  que  des  chofes  tres- limpies,  des  principes 
de  morale'  & des  vérirés  phyfiques. 

AUTORITATE.  (abj  Or  trouve  dans  Gruter 
ab  autoritate  ‘-vis. , mtiortíim  kered.  On  en  peut 
con’edturer  que  le  mot  aacloñtas  & rexpreífion 
ab  aucioritate , s’appliquoientá  d'autres  qu  aux  fé- 
nateurs. 

AUTRONIA , famille  rpmaine  dont  on  n’a 
des  médailles  que  dans  Gqltzius. 

AUTRXJCHE-  Lampride  dit  qa’EIagabale  fit 
fervir  dans  un  feuí  repas  les  tetes  de  íix  cents 
autruckes  pour  en  manger  les  cervelks.  On  en 
láchoit  dans  le  cirque  pour  combattre  avec  les 
gíadiateurs-  Flaute  appelle  une  autrache , -paffer 
marinus,  parce  qu’on  les  apportoit  de  l’Afrique 
en  Italie. 

A S fenatorum.  Muratori  (y  1 6. 6.  Tkef.  infer.) 
rapporte  Einfeription  fuivante,  oú  on  lit  ce  titre; 

L.  GABINIO.  ARUNCUtEIO.  TALERI 
ANO.  V-  E.  EQ.  R.  SACERD.  . . E.  PRINCIPAL 

OMNIBUS.  HONORIBÜS.  FUNCTO.  PATRI,£, 
AVO-  SENATOR.  CURATOR.  SUO- 
et  patrono.  OB.  MERITA 
COLE,  FABR.  ET.  CENT. 

Xi*  D*  £)• 

AüXÉSIE.  Vpyei  Lamje. 

auxilia,  ^ 

AUXILIA.RES , > Les  Romains  défignoienj 

jíUXILlARII , ^ fous  ces  diíférens  noms  les 
íronpes  aux'Aiaires.  Elles  différoient  des  légions 
(Végece  jI.  a-)  ce  que  celles-ci  n'étoient  com- 
pofées  que  de  citoyens.  Se  que  les  troupes  étran- 
géxes  ne  formolent  jamais  que  des  troupes  Iteres. 
Cependant  les  empereurs  ayant  adrnis  des  ctran- 
gers  dans  les  légions  , on  appela  celles  qui  en 
étoient  compofées  Aájutrices , parce  qu  ils  étoient 
thoifis  parmi  les  auxlluiires. 

Les  troupes  auxiliaires  n’étoient  qu’une  réu- 
aion  de  peupks  abfolument  diíférens  par  les 
jnceurs  St  la  difcipíinc  militaire,  doat-ie  nombre 


colliers  áor  (PEnej^.  z.),  tandis  Qu’on 
cordoit  aux  íegionnaires  que  des  colliers  d’ar " 
auxquels  on  joignoit  quelquefois  des  braí¿!®.?^ 
des  couronnes  d'or.  ^ 


II  y avoit  une  grande  différence  entre  ¡es  a’n  V 
du  peuple  romain,  & les  auxiliares  cni  fer-o^n! 
.dans  ces  armées.  Les  alliés  faifoient'h 
leurs  dépens,  ne  recevant  des  Romains  que"]! 
bledj  8c  les  auxiliaires  étoient  foudoyés  par  eux 
Ceux-ci  ne  prétoient  pas  ferment  entre  les  mrns 
du  general  romain  : ce  que  faifoient  les  aííiés 
Dion  fait  remarqueren  effet  {lib.  i ) comme  un* 
preuve  de  racharnement  & de  Idntérét  que  moát 
trérent  a la  bataille  d’Aélium  Octavien  & in- 
toine,  le  ferment  que  ces  deux  romains. exigérent 
de  leurs  troupes  auxiliaires. 

LRtalie  entiére  ayant  obtenu  le  droit  de  cité 
on  ne  conniit  plus  dans  les  armées  romaines  que 
• des  auxiliaires  tirés  de  toutes  les  'provinces  de 
EEmpire,  qui,  environnés.de  légions,  fervoient 
d’ótages , & répondoient  de  la  íidélité  de  leurs 
compatriores.  Un  des  Antonins  ayant  étendu  ce 
droit  de  cité  a toutes  les  provinces  de  TEmpire. 
on  ne  vit  plus  alors  de  véritabJes  auxiliaires.  Ce 
ncm  fut  donné  aux  troupes  légéres  dont  la  difei- 
pline  étoit  moins  réguüére , le  fervice  raoins  fati-- 
guant,  & l’avancement  plus  prompt  que  dans  les 
légions  : ce  qui  fit  choiíir  ce  fervice  de  préférence 
á celui  des  anciens  corps.  Végéce  compre,  avec 
raifon , cette  liberté  de  choix  entre  les  caufes 
de  la  décadence  des  légions. 

AüXO  &:  Hégémone,  étoient  Jes  deux 
feules  Graces  que  les  Athéniens  connuíTent.  V 
Graces. 

AXAMENTA , nona  des  hymnes  que  Nums 
avoit  compofés  pour  étre  chantes  par  les  Salieni 
On  les  confervok  encore  du  tems  de  Cicerón, 
Quoique  les  changemens  furvenus  dans  la  langue 
latine  les  euíTent  rendus  inintelügibles  pour  les 
Saliens  eux-mémes,  comme  EaíTure  Quinuuen. 
Cette  obfeurité  les  avoit  fait  paífer  enproveroe; 
& lorfqa’on  vouloit  défigner  a Rome  un  de  ces 
horr.mes  qui  affeéient  d’employer  dans  leur  En- 
gage  des  mots  furannés , on  difoit  qu  il 
la  langue  des  axamenta.  Horace,  (epifi- 

Jam  Sallare  Nuntét,  carmen  qui  laudat,  & 

(¿uod  mecum  ignorat , folus  vult  feire  vidiA. 

Sytnmaque  íé  fert  de  la  méme  comparaifon 
reprochen  á quelqu’un  fon  arcka'ipne, 

44^)  : Si  tibí  vetuftatis  tantas  efi  amor,  ^ 
in  verba  prifea  redeamus  , quibus  Salii  canuP- 

Le  nom  ^axamenta  venoit  d axes , ’ pjg, 

lefquels  on  a^oít  gravé  ces  hymnes  dans  e r 
miers  tems. 


A X o 

AXEARIVS. 


M.  SERGIUS.  M.  L 
■EÜTYCHUS 
AXEARlUS.  SIBI.  ET 


M.  SERGIO.  M.  1. 
PHILOCAEO 
AXEARIO  PATRON 


Cette  épiraphej  qui  efí:  dans  le  mufeutn  de 
Florence  fait  mención  d’un  art  ou  métier  , done 
aucun  anclen  écrivain  n’a  parlé  : exearius.  Ce 
mor  peuc  avoir  deux  fignificacions  ; Tune  d'ex- 
primer  le  métier  de  celui  ciü  fair  des  eíiieux , 
dxes  : la  feconde  eíl  plus  vraifembiable,  elle  dé- 
íígneroit  un  marchand  de  planches  ou  d^’ais , 
3 3c  £2xes,  Piinej  (/r¿,  ^6,  c.  J.)  ; (^uer- 

njfque  AX13US  contahalare.  Coíumelle  dit  roho- 
reas  axes  & axiculoi.  On  trouve  auíli  dans  Virruve 
(oaxatzonem  & coajfationem  indiíFéremm.ent. 

AXES,  ais,  planches.  \ oytT.  Axxarius, 

en  Locride  ouen  Crece,  as  8c  pahígn". 

Les  medaiiles  auconomes  de  cette  ville  font: 

RRRR.  en  argent.  (Darens). 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Son  Rumbóle  ordinaire  eñ  un  trépied. 

AXILLA  etoir  un  furnom  des  Servius. 

-^XIL^ARiS  túnica , , tunique 
de  fernmes,  aveedes  efpéces  de  manches  qui  déf- 
cendoient  prefque  jufqu’aux  coudes.  C’étoient  de 
imples  proLongemens  des  deux  parties  du  haut  de 
la  tunique  5 fíxes  par  un  ^ deux^  Se  méme  cinq 
boutons  placés  fur  le  bras  en-dehors,  depuis  le 
haut  de  Tépaule  jufqu’auprés  du  coude.  Les  mo- 
nmr.ens  antíques  en  foüniiíTení  un  grand  nombre 
e exemples. 

^XjisOMANTIE , efpéce  de  divination  en 
ufage  chez  les  Crees  & les  Romains,  dans  la- 
quene  on  employoit  une  hache  ou  unecoignée, 
On  la  iancoit  contre  un  tronc  dArbre  brut,. 
de  maniere  qu’elle  ne  penchár  pas  plus  d'un  coré 
que  de  Pautre  j aprés  cela , on  prononcott  des 
ronnu.es  de  priéjes  qui  étoient  fuivies  du  nom 
oes  accufés.  Ceiui-lá  étoit  déclaré  coupable^  qui 
voyoit  tomber  ia  hache  pendant  que  Pon  pronon- 
?oit  fon  nom. 


ícholiaíled’Apoironias  dit 
que  Leres,  chez  les  Fhéniciens,  étoit  Axieros,  Pro- 
rerpine  Axiokerfa,  8c  Pluton  Axfokersh.  Bochart 
t hunaan..  i.  cap.  iz.)  déríve  ces  noms  de  ía  racine 
oommune  Axi  ou  Acka^i,  ma  poff¿jf.on¡  & il 
jointá  cette  racine  la  more  ksres , pour  compléter 
celm  de  Pluton.  - 


á a'tones.  On  appeloft  de  ce  ñor 

A.nenes  des  poreaax  équarris,  fur  lefqüels  o 
oit  gravé  les  loíx  de  Solon  , felón  le  gran 
^po.ogiiPe  & AülugeP.e.  Mais  PoiluAdit  qu°il 
oteiR  cíe  bronze  j 


A Z U 3S? 

I _ AXSIA,  ñmiile  romaine  doat  m a.  des  mé* 
daiiles : 

RR.  en  arge.nt. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Le  furnom  de  cene  familie  efi  Naso. 

AXSIENNE.  ( pierre  ) Voye-^  Assivs, 

AXLR  ou  Anxur,  furnom  de  Júpiter,  qui 
íignifie  fans  barbe j felón  quelques  iucerprétesj 
parce  que  Júpiter- Xsiar  étoit  repréfenté  jeunc 
& fans  barbe.  D’autres  tírent  ce  nom  de  la 
ville  ¿"'Aiixur,  dans  le  Latium  ^ ou  il  étoit  parti- 
culiéremsnt  honoré.  Cette  derniére  étymologie 
eft  d'  autant  plus  vraifemblab!e_,  quAxíur,  dans- 
la  langue  phénkienne,  fignifie  rocher ; 8c  que  le 
temple  de  Jupiter-^au¿r  étoit  licué  fur  un  rocher 
efearpé,  dans  le'  Latium. 

AZAN  j fiis  d’A.rcas , roí  d’Arcadíe,  fur  la 
premier  pour  qui  on  célébra^  dir  Paufanias  j des 
jeux  fúnebres  aprés  fa  more. 

AZETIXI , dans  PAttique.  azetiníin. 

Les  médailles  autonames  de  ce  peuple  fom : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argenr, 

Leurs  types  fom  une  chouette  fur  une  coronne^ 
& un  épi  de  bled. 

AZIZUSj  furnom  de  Mars,  adoré  á Édeífe. 
Ce  m.ot  veut  iré  fort^  & vient  du  fyrien  eri?  j 
/arce.  ^ *■ 

A Z O N E S.  Les  dieux  Airones  font  ceux  qui 
ne  font  point  fixés  á un  pays  particii'ier , ni  ré- 
vérés  par  certains  peuples  feulem.ent  j mais  ce 
font  des  dieux  reconnus  en  tout  pays  , & adores 
par  tous  les  peuples.  Ces  dieux  Abones  étoient 
placés  au-deíTus  des  dieux  vifibles  & feníibles,. 
que  les  Romatns  appeloient  dii  communes. , qui 
habiroient  les  patries  vifibles  dn  naonde,  8c  he 
fortoient  point  du  qnartier  ou  de  la  zone  quüeur 
étoit  attrrbaée.  Les  dieux  Abones,  chez  les  Egyp- 
tiens,  étoient  Sérapis,  Baechus,  & Ofyris?feIon 
Pfellus.  Ce  mot  vient  de  Pá  privatíf 8c  de 
zone  , pays , contrée. 

AZOTÜS,  dans  la  Phénicie.  ACí2TiC?r. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  miédailles  impe- 
riales grecques  en  Phonnaur  de  Sept.-Stvére,  de 
Domna. 

AZUR.  Les  Egyptiens  fe  fervirenr,  feíon  Pline^ 
du  /apis  8c  de  la  pierre  d'Arménie  pour  faire 
PíTijar  qui  brille  eneore  dans  leurs  pemrures  8c 
dans  la  couverte  de  leurs  ido'es  de  porcelaiae  , 
jufqUá  ce  qkun  de  leurs  eoís  déeouvnt  une  tetra 
bier.e  dont  il  ura  un  a^ur  plus  vif  & plus  du- 
rable. Etoit-ce  ana  terre  miélée  de  cobalr,.  un 
fir.alte  produit  par  quelque  volcan.^  La  quellioa. 
eít  décidée  depuis  l’eíiai  q.ka  fait , á notre  priere  3, 


S4  A Z U 

M D«rcct.  cWmifte  célebre,  de I*académje  des 
tóenees,  furun  Ofiris  du  cabmet  de  Sainte-Gene- 
vscve,  & dans  lequel  il  a reconnu  le  cobak.^Le 
téfultat  de  fon  effai  eft  expofe  dans  le  meme 

A,  a.  L’A  Sc.ra  paroiffent  fonvent  fur  ies  aa- 


A Z U 

cíennes  monnoiesdeFrance,  dans  les Inferiptlens, 
á la  tete  des  chartes , & dans  les  fignatures.  Des  les 
premiets  íiécles  du  chriftianifme , ces  deux  lettres 
ctoient  en  ufage  pour  exprimer  le  nom  de  J.  C. 
On  fait  qu’il  a dit  de  lui-méme  : Je  fuis  ralpha 
& r&TTie^íí , prijicipe  ^ de  ZQUtes  chüfes^ 


♦ 


B 


o N peut  partager  les  B qui  fe  trouvent  fur 
•Ies  anciens  monumens  & dans  íes  chartres,  en 
<liux  grandes  feries  de  lettres  majufcules  & 
minufcules.  La  premiére  fe  divife  en  neuf  fous- 
féries ; i°.  de  B ordinaires  , ou  á panfes  .défu- 
nies  i qui  annoncent  les  bas  tems  5 z°.  de  B 
aigus  au  moins  par  un  bout ; 3^.  prefque  trian- 
guiaires  par  le  haut^  les  uns  & les  autres  de 
la  plus  haute  antiquité  ; 4°.  de  B en  forme  de 
-p  coupés  horizontalement  depuis  le  huiticme 
jufqu'au  onziéme  fiécle  ; j®.  de  B ouv^erts  par 
le  haut , au  quatriéme  5 6°.  á trait  proiongé  en 
deííus  ; 7'^.  ouverts  du  ’moins  par  le  baS:,  á haíte 
quelquefois  raccourcie , antérieurs  au  dixiéme 
fiecle  ^ ainfi  que  ceux  de  la  fuivant&j  8^.  á 
haíte  excedente  par  un  ou  deux  de  fes  bouts  ; 
9®.  au-deíTus  du  quatriéme  fiécle  , á panfe  fupé- 
rieiire  arrondie  j d'oú  les  b minufcules  tirent 
leur  origine. 

La  deuxiéme  grande  férie  p^eut  reculer  fes 
deux_premiéres  fous-féries  au-delá  du  neuviéme 
fiécle  j fans  toutefois  Texclure du  moins  en  ce 
qui  regarde  la  feconde.  Tous  ^ ou  prefque 
íous  fes  b j n'ont  au  plus  qu  une  panfe.  Les  b 
de  la  premiére  fous-férie  fe  terminent  par  le. 
haut  en  courbe  , 8c  ceux  de  la  feconde , par  une 
dioire  quelconque.  La  troifiéme  , qui  eft  gothique 
dans  prefque  tous  fes  caracteres  , degenere  fou- 
vent  en  figure  á’v.  La  quatriéme , beailccup 
plus  anciennej  fe  traveíHt  en  d.  ( Nouv.  Diplo- 
maúque  il.  p.  216.) 

Que  le  beta  des  Grecs  vienne  du  Beta  des 
Orientaux^  ou  qu'il  foit  rimitation  du  cri  des 
agneauxj  ainfi  qu'Eultathe  le  croyoir^il  eil  certain 
qu  il  do!t  étre  prononcé  fortement  j beta  , 8c  non 
bita  cu  vita  ; car  les  Orientaux  le  prononcent 
amfi  ,,  8c  ti  n'eii  point  le  bélement  des  moutons. 

Ii  eít  cert.aia  d'ailleurs  que  les  Latins  lai  do.i- 
Hoient  un  fon  fort  j car  Jii?énal  dit : 

• Hoc  dijcunt  omnes,  ante  alpka  & beta,  puella. 

Le  B prend  fouvent  dans  les  knfcriptions  la 
lace  de  quelques  autres  lettres  &:  lui-mérr.e 
fon  tour  eít  fouvent  remplacé  fur  les  marbres 
par  rv. 

y Tnntot  ^ le  B & le  C ou  le  K des  Grecs 
Tun  á Tautre.  Les  Grecs  difoient 
&r  Kmy-vUyijyi  cc  les  Latins^  Bufo  8c 

Cafo. 

i^antóc  j Je  B & le  D prennent  la  place  L’un  j 
de  i autre.  Quintilienj  infitut.  Grai.  i.  4.  } | 

■Ántiquués  , Tome  2. 


Necnon  eadem  fecit  ex  duello  bellum  ; zinTe  Duet- 
lios  quídam  Bellios  dicere  aufi.  Cícércn  , ( de 
Orat.  c.  43.  : Ut  duellum  bellum  , & dais  bis j 

fe  DuelLium  , eum  qui  Paenos  clajfe  devicit , 
Bellium  nominaveruv-t. 

Tanrótj  le  B remplacoit  le  <p  des  Grecs  & 
TF  de»  Latins.  Les  premiers  difoient  quelque- 
foís  Bí^fars-ísí  pOUt  q>ÍX¡7:-s<iy.  DeuX  fréres  QUI 
avoient  écrit  fur  Tagriculfare  , fuivirent  Ti- 
diome  des  Syriens  chez  qui  ils  vivoient , & ap- 
pelérent  Pifada  un  fruit  á amande  ; ¡Xicandre 
dans  fes  Géorgiques  le  noilima  Pkiftacia  ■,  8c 
Poíidonius  , Bifiacia.  On  !it  ohrendarium  dans  une 
inícription  rappoitée  par  Grutei-j  (^.  n.  16. j 
pour  ofrendarium  : 

D.  M. 

L.  PO'MPOMIUS  CLADUS 
ET.  CLAUDIA.  PARHESIA 
' EECERUNT 

SIBI.  EX.  SUIS.  POSTERISQUE 
EORUM.  ET 

M.  QUINTINO.  CLAUDIANO 

OLLARUAt.  N.  XII.  AB.  IMO 
IN.  SUMÍAO.  CUM 
OBRENDARIO 

Les  Eoliens  changeoient  le  B en  r , Tx¡ipapíi> 
pour  Bxí'pcc.poti  , 8c  yáxxyoí  pOUr  /¡cíXavos  , &C. 

Les  copiftes  latins  ont  fouvent  changé  le  B 
en  M , mafcauda  pour  bajeauaa  , cumum.  s pour 
cubabas,  ils  avoient  éré  précédés  par  les  Grecs 
dans  cet  ufage^  p.kTx.x.  pour  jSáí-xa ^Íp.cííl  pour 
&c. 

Le  B & le  P ont  fouvent  pris  la  place  Tiin 
de  fautre.  pour  luoaiicola 

pour  Poplicola.  Cicerón  dit  ; ( ae  Orat.  c.  48.  ) 
Burram  femter  Rtinius  , numquam  Pyrrhum  , ut 
patejecerunt  Bruges  . non.  Phryges. 

Le  changemer.t  ¿u  3 «n  V , & rédproqué- 
ment,  efe  le  plus  ordinaire.  Bidus  pour  dioius  „ 
cíbita  pour  Avita  , Abieniis  pour  Avienus-  , 
Vivianus  pour  Vibianus  , Biciorinus  pour  zc- 
torinus  , Tibia  pour  Hclvia  , Bzdua  pour  Vidua  y 
Urvafius  pour  Urbafus  , Vibius  pour  Vivios , 
Vrittiíz  pour  Briztid. , 8c  c.  Le  changemenc 
de  ces  deux  lettres  a do.nné  lien  a qu-e’ques 
jeux  de  nioís  , entriaurres  á*  eslui  c’Auréiien  , 
au  füjet  de  riuurpateur  isonore  , qui  pafreit  fa 
vis  á boire  ; Batas  efl  non  lU  vivat  , fea  ut  bikat, 

C c c 


3Sá  B A A 

B étoit  une  lettre  numérale.  íl  ílgniñoit  deux 
ehc;i  íes  G:ecs  ; auis  il  vaioit  trois  cents  chez 
les  Romaius  , felón  ce  vers  : 

Et  3 tcrcentum  per  fe  retiñere  videtur. 

Lorfquon  inettoit  une'iigne  au-deíliis  du 
il  vaioit  ^ccQ. 

E.  F.  Ces  deux  lettres  Initiales  , placees  á la 
í;i  des  Edits  on  des  Oruonnances , défignoient 
deux  niots  de  bon  augure , soízum  iactux. 
Piante  s'en  étoit  fervi  ironiquement  d-ans  le 
Pens.  ( Peen. prol.  n.  ló  : ) 

Bonum  fdcium  eji , cdicia  ut  fervetis  mea. 

Tertnilien  , ( de  Pudicit.  c.  i.  ) fait  alluíkm  a cet 
ufage  : O edidum , cui  aájeriji  non  potidt  , bo- 
num  fachim.  On  rendoit  ces  deux  mots  latins  , 
par  les  detix  mots  grecs  j KkAíí  ipti ; comme 
on  yoit  dans  Jofephe,  {Anúq.  Jad.  xir.  17). 

BAAL,  divinité-  des  B.  byloniens  ^ des  Sido- 
nier,5_,  des  Chaldíens  & des  ifraélites.  Les  Grecs 
ont  cru  le  reconnoitre  poar  leur  dieu  Mars  : 
c’eft  le  fentiment  de  lean  dLAntioche  , de  Cedre- 
nus  & de  Suidas.  Saint  Auguítin  le  prend  pour 
Júpiter.  Baal  veut  dire  feig  teur  j & c'eíl  d'aprés 
catre  íigniücation  que  Saint  A.uguftin  a penfé  qudl 
étoit  Júpiter ; c’elLd-dire , le  feigaeur  ou  le 
maitre  des  dieux  & des  hommes.  De  plus , 
c étoit  un  dieu  des  Sidoniens  j & Héfychius 
appelle  leur  grande  divinité  ^ Jupicer-Maritime  ^ 

Les  Chaldéer.s  regardoient  Baal  comme  le* 
créateur  de  1 univers  ; ils  appeloienr  enfuite  de 
ce  nom  le  foleil , regardé  par  les  Fhéniciens 
comme  le  feul  Dieu  du  ciel.  11  cít  vraiferoblable 
qu’ils  donnérent  ce  mérr.e  nom  á plufieurs  adres  ^ 
éz  a ditférens  rois  ou  perfonnages  célebres  , en 
Ies  déi.Sanr.  Déla  vinr  fans  doute  íe  grand  nombre 
de  Baal  ou  Baalim , que  Pon  adoroir  dans  la 
Chaldée  & dans  les  environs. 

Saint  Auguilm  dit  qüe  Baal  étoit  auííi  un  dieu 
des  Cartbaginois , que  Fon  fait  avoir  écé  une 
colcnle  des  Phéuiciens. 

Jean  d’A ntioche  dit  que  le  Baal  des  Baby- 
loniens  étoit  ’e  fucceíTeur  de  Aanus  ; cependant 
on  cróit  ordinairement  qu'il  étoit  fon  pére  ou 
fon  predéceíTeur 

Les  Chalüéensji  Fon  en  croit  Servias  fiir  TEneide 
( I.  753.  ) , d’autres  anciens , prononqoient 
Bel  pour  Baal } car  i!  íaut  lire  dans  cet  aureur 
Bal  iz  Bel,  Sí  non  pas  llal  & Píe/,  comme 
portoient  quelques  exemplaires  corrompas  , que 
Gira’diis  & d’autres  ont  faivis  De  ce  Bel  des 
Chaldéens,  les  Grecs  ont  fiit  BÍAm,  Bebas. 

Les  Orientaitx  donnérent  a Baal  diiPérentes 
dénominatíons  que  Fon  verra  aux  arricies  fui- 
Yans , ainfí  oue  les  Grecs  & les  Romains  en 
¿onno’ent  á Júpiter,  qu’ils  appeioient  Olympius , 
Capkolznus  , Latialis  , Pluvias  , <&c. 

Saáí  - Béíuxh,  Cé.;oh  le  «iie»  aíJqud  Ies 


B A B 


Canhagincls  , Se  avant  eux , les  Phéniciens 
adreíTcient  leurs  femtens  , & qu’ils  pranokas 
á rémoin  de  leurs  alliances.  Bcrith  ou  Bérutk  , 
íigniíie  alüance.  Tel  fiit  chez  les  Grecs  Júpiter 
Vengeur  des  fermens  violés , Ípz.-ií. 

Baal-Gad,  dieu  de  la,  forrare  & du  Iiafard 
chez  le  Syriens.  Gad  fignifie  fortune  dans  íes 
langues  orientales. 

Baal-Peor  , dieu  qu’adoroient  les  Arabes 
fur  la  montagne  de  Pécr  : on  croit  que  c'eíl  Is 
Friape  des  Grecs. 

Baal-semen,  feigneur  du  ciel  j le  foleil  que 
les  Fhéniciens  regardoient  comme  ie  preniier  des 
dieux. 

Ba.alt!S,  déeíTe  des  Phéniciens,  qui  étoit 
adorée  principaletnent  á Byblos.  On  la  croyoit 
fcEur  d’Añartéj  & feir.me  ele  Saturne  , dont  elle 
n’eut  que  des  filies.  C’étoit  peut-étre  ia  Dione  ¡ 
c’eñ-á-dire  , la  Venus  des  Grecs. 

BABBA , dans  ia  Kunaidie. 

C.  C.  I.  B.  Colonia  Campefiris  Julia  Babia. 
Cetre  colonle  romaine  a fait  frapper  des  iné- 
daiiles  latines  en  Fhonneurde  Livie  , de  Claude  3 
de  Kéron  , de  Galba. 

BABIA  , déeífe  révérée  en  Svrie  , fur^íout  3 
Damas.  On  croit  que  c^eft  la  déeíTe  de  la  jeuneííe. 
C’étoit  aufii  leur  Venus  qui  préiidoit  aux  amours 
& aux  mariages.  Comme  les  Syriens  , {Photkius 
Bibloth.  Cod.  242.  ) appeioient  les  enfans  au 
tnaiilot  Babia  , Seldeni  s a ccnjeclaré  que  Babia 
étoit  la  déeíTe  de  la  jeuneiie.  ( de  düs  Syris  3 


cap.  4 fynt.  il.  ) 

BABYLONE , « capitale  de  l’Aííyrie  & de 
Fempite  des  Perfes  , étoit  fituée  dans  une  grande 
plaine.  Cette  vüle  étoit  & vaíte  , li  belle  & 
bien  bátie  , que  jamaís  il  a en  a exilie  qu  on 
puiíTe  mertre  en  comparaílbn  avec  la  grande 
Babylone.  Elle  étoit  envirormée  de  foíTés  larges, 
orofonds  & toujoitrs  remplis  d’eaa.  Dans  léten- 
due  de  fes  murs  on  remarqiioít  cent  poitts  dai- 
rain.  L’Euphrate  la  traverfe  toute  cntiq^e  , dit 
Heredóte  , & la  divife  en  deux  patries.  Ce  fleuve 
e!I  grand , profond  & rapide  en  cet  endroit.  11 
y coule  en  ferpentant ; c’eíl  pourquoi  Ics^rnu- 
railles  de  brique  qui  le  bordent  des  deux  cotes, 
font  des  coudes  & des  íinuoCtés.  Les  naaifons 
y font  de  trois  & quatre  ét.iges.  II  y a beauc^oup 
"de  grandes  rúes  & d’r.utres  rues^de^traveries , 
QU!  vont  fe.rendre  au  fleuve  _ou  eiies  (e 
minent  par  de  peiites  portes  d’airain  , pranquees 
dans  la.maraille  qui  fa:t  le  qüai.^  Cette  rnuraicc 
eil  le  boulevard  qui  réíiíle  a 1 impetuofite  c 
Feau,  & il  7 en  a une  autre_  en  dedans , Q'-* 
n’eíf  guéres  moins  forte  , quoiqu  elle  n ait  pa 
tant  ¿'épaiíTeur.  .Au  m.ilieu  de  chaqué  . 

la  ville  , on  vok  une  enceinte  de  na’V”*  ^ 
premiére  enferme  le  palaís  du  rol  7 „ 

grande  étendue  & puiiTammentfortine  ; ex  a ^ 

contient  íe  temple  de  Júpiter  Belus, 
pones  font  d’aiíftin  > ü eft  de  figure  eaií' 


B A B 

su  iuiíisu  eíl  une  tcur  ^ fur  bqueüe  eft  une  antee 
toiir  ; fur  certe  feconde  encere  une  tcur  5 & ainíí 
il  y en  a jufqii'á  hak  les  unes  fur  íes  autres.  On 
monte  á chaqué  tour  par  des  degrés  qui  vont  en 
tournant  par  dehors.  Cet  édiiiee  a un  ftade  de 
li.uiteur  & atitant  d'épaiireur  i fa  bafe.  » 
ct  Anítote  ( Politíc.  lib.  III , cap.  iz.  ) com- 
p'.re  Babylone  ati  Ptlcponnéfe , íl  queiqu'un 
s'aviíoit  de  Tenferiner  de  -.T.uraiües.  Son  crendue 
éroit  telie,  que  - felón  luí  , tiois  jours  aprés.  avoir 
été  prife  j la  nouveüe  n’en  ctoit  pas  encore  par- 
Tenue  dans  tous  les  quartiers  de  la  viüe.  Eniin  , 
ii  confidere  Bahylom  plutóf  comme  une  pro- 
ylnce,  que  comme  une  ville.  « 

Selon  Heredóte  , Fhiloífrate  Apollonius  & 
Plihe  ^ la  vüle  cíe  Babylo  m formoit  un  carre 
paríale , dont  le  contour  étoit  de  480  ftades  nau- 
tiqueSj  qui  valent  ló  parafanges  qu  18  íiéues  de 
i)'  aii  degré  , ou  41  raüíes  pariílens  de  müle 
toiíes  diacun  5 d’oú  il  fuit  que  tout  le  terrein 
renfermé  dans  les  murs  de  cctre  ville  , étoit  de 
20  ~ lieues  carrées  , ou  de  78,505)  arpeos  de 
France.  Selon  Ctélias  , qui  avoit  lons-tems  ré- 
lidé  en  qualite  de  médeciii  á la  cour  des  rois  de 
Perfe,  dont  ¡i  aqoit  écrit  rhiíloire  en  trente 
Livres  ; felón  Diodore  S:  Fhilon  de  Eizance  , 
i’enceinte  de  cetce  ville  étoit  d'aurant  de  ftades 
que  les  Babjdoniens  comptoient  de  jours  dans 
Tannee  ; favoir  , 5Ó0  grands  ftades  afiatiques  ; 
Ies  anciens  Perfes  comprant  l'année  de  la  mois 
chacun  de  30  jours.  Ces  ftades  font  de  500  pour 
un  degré,  & les  300  valent  égalemenr  18  lieues 
de  trance.  Par-lá,  on  peut  juger  combien  eft 
ancien  l'ufage  de  ces  deinc  ftades  en  Alie,  puifque 
Sémiramis , que  les  Grecs  regardent  comme  la 
fondatrice  de  Babylone  , vivoit  2,000 'ans  avant 
Tere  des  chrétiens.  Clitarque  , qui  accompagna 
Alexandre-le-Grand  dans  fon  expédition  en  Perfe, 
ayant  appris  que  Babylone  avoit  de  circuit  autant 
de  ftades  qudl  y a de  jours  dans  Pannée  , en 
fait  Tenceinte  de  365  ftades,  parce  qftii  com- 
ptoft  3^5  jours  dans  I'année.  Strabon  evalúe  le 
perimétre  de  Babylone  á 385  ftades.  Se  Quiryre- 
Curfe  á 368  : ce  font  des  mefuragqs  défeécueux 
faits  par  des  voyageurs.  » 

« La  hauteur  des  murs  étoit  de  2co  coiidées 
royales  , felón  Heredóte ; ce  que  Pline  a rendí! 
par  200  pieds.  Ce  font  les  50  orgies  de  Ctéíias  , 
& ce  font  ces  50  orgies  que  Strabon , Philon 
de  Byzance  & d'autres  ont  rendues  par  j’O  cou- 
dees.  Quinte-Curfe  eft  feul  de  fon  avis ; la  haii- 
teur  des  murs  eft  , felón  lui  , de  100  coudées ; 
leur  hauteur  étoit  de  50  orgies , faifant  200  cou- 
dées babyloniennes , & 256  * pieds  de  France. 
Ainíi,  les  murs  de  Babylone  étoient  plushauts  que 
Ies  tours  de  Notre-Dame  de  París , qui  n'ont  que 
io¡4  pieds  d’élévation ; mais  ils  étoient  moins 
hauts  que  le  clocher  de  Péglife  de  Sainr-Paul  de 
Londres  , lequel  avant  rincendie  avoit  yap  pieds 
»Jglois,  qui  ea  font  de  France,  Se  moics 


B A B %%'j 

erícore  que  le  clocher  de  íi  cithédrale  de  Straf- 
a 445  pseds  de  hauteur.  » 

L épaiíTeur  des  murs  éte-ir , felón  Hérodote, 
de  50  coudees  royales  ; ce  font.  les  50  pieds  de 
Pl^ae.  Strabo.n  6Í  Quinte  - Curfe  ne  dcnnenc 
d épaiíTeiir  á cés  murs  que^  32  pieds  ; il  faut  lire 
32  couüees.  Herodote  cbferve  q'Fon  avoit  faic 
conftruire  fur  les  muradles  ce  petires  íoges  ou 
piérices,  les  unes  vis  a-vis  des  autres,  entre 
Isfquelles  on  avoit  iaiffé  autant  d'efpace  cudi  en 
faut  pour  faire  toumer  un  char,  S:  ápparemmer.t 
que  ces  logas  oceupoient  chacune  neaf  coudées 
de  la  largeur  dn  rempart.  Et  voüa  d’ou  viene 
que  les  aureurs  ne  font  pas  á’accord  fur  la  lar- 
geur de  ces  murs.  Selon  les  uns  , íix  chars  atte- 
lés  de  cuatre.  clievaux  pouvoient  y conrir  de 
frent  , & felón  d'autres  , rrois  chars  feulement 
pouvoient  y paffer’á  cote  Ies  uns  des  autres, 
Ces  murs  -avant  jo  coudées  royales  de  largeur  , 
avoient  64  f pieds  de  France.  .Air.fi  , l’efpacc 
d’u.n  char  tiré  par  auatre  chevaux  de  froat , 
eft  eftimé  ici  de  10  ~ pieds  de  roi , & daus  ce 
caicu!  je  n'ai  rien  rabattu  pour  les  banquettes 
qui  devoient  régner  tout  le  long  du  mur  des 
deux  cotes.  Par  - Li  on  voit  que  la  largeur  des 
murs  , donnée  par  Hérodote  , ne  peut  étre  exa- 
érée.  Leur  hauteur  ne  fer.apas  outrée  non  plus. 

Fon  coníidére  que  ces  murs  paiToient  pour  une 
des  fept  merveiíles  du  monde , & qu’ii  exifte 
encore  aujourd'hui  une  murailie  de  brique  de 
plus  de  500  lieues  de  25  au  degré,  de  long  , 
entre  la  Chine  & la  Tartarie  ; que  cette  murailie, 
qui  fubíiñe  depuis  prés  de  2,oco  ans  , eft  for- 
tifiée  de  tours  de  diftance  en  diftance,  a de 
-hauteur  prés  de  30  pieds  de  roi  , & eft  aííés 
iarge  pour  que  lix  chevaux  y marchent  de  front , 
ayant  de  largeur  jufqu’á  15  pieds  environ.» 

ct  Les  muraiiles  ce  Babylone  étoient  fianquées 
dé  250  tours.  Leur  hauteur  étoit  de  ío  coudées 
felón  Strabon;  & Quinte-Curfe  dit  que  les  tours 
étoient  plus  hautes  de  10  pieds  que  les  muraiiles. 
Les  tours  avoient  60  orgies  dé  hauteur  , & ex- 
cédoient  de  10  orgies  la  hauteur  des  murs  ; en 
forte  que  ces  tours  avoient  308  | pieds  de  roi 
de  hauteur , ce  qui  eft  bien  moins  que  la  han- 
reur  ¿es  clochers  de  Strasbcurg  Se  de  S.  Paul 
de  Londres. 

“ La  diftance  tout-au-tour  de  la  ville  entre  Ies 
murs  & les  édihees , étoit  de  deux  piéthres , 
felón  Diodore  , ou  d'un  plethre  feulement  , 
felón  Quinte-Curfe,  28.  534,  ou  14.  267  toif. 
de  Paris.j^ 

La  largeur  du  fíeuve  , dans  Fendroir  ou  il 
eft  le  plus  étroit  , Se  ou  Sémiramis  avoit  fait 
conftruire  un  cont , étoit  de  cinq  ftades  felón 
Diodore.  Strabon  ne  fait  cette  largei^r  que  d’un 
ftade,  ce  qui  ne  paroít  pas  croyable  , parce  que 
FEuphrate  eft  un  trés-grand  fleuve.  Le  pont- 
rovai^  a París,  a 75  toifes  de  longueur  , & ic 
pont-neuf  ea  a i jo-  La  ftade  grand  'eft  quq 


jgg  B A B 

¿e  114.  I toif.  cinq  ftades  feroiení  570  | toif.  « 

« La  longueur  du  fleuve  dans  la  ville  , n au- 
roit  du  erre  que  de  i20  ftades  nautiques  ou  90 
grar.ds  ftades  , s'il  avoit  coulé  en  droite  iigne  ; 
Eiais  il  7 faifoit  plufieurs  finuoíités  ^ en  forte 
qui!  7 parcourok  ;éo  granas  Hades  felón  Dio- 
¿ore  j & les  quais  qui  bordoienf  le  fleuve  de 
part  Se  d'autre  , étoient  prefque  auíE  larges  que 
Ies  murs  de  la  ville.  ”, 

cc  Le  palais  du  roí fttué  dans  la  párele  occi- 
der.rale  de  ia  ville  ^ avoit  60  ftades  de  tour.  Un 
sütre  palais  firué  ce  l'autre  cóté  du  fleuve  & aans 
la  partie  oriéntale  de  la  vilie , avoit  jo_  ftades  de 
tpur,feíon  le  méme  aureur.  Dans  fenceinte  de  ce 
dernier  palais éroit  le  temple  de  Bélus  qui 
avoit  2 ftades  en  carré , ou  4 ftades  catres  felón 
Hérodote  ,- & au  miiieu  étoit  une  tour  i bafe 
earrle,  d'une  ftade  fur  cbaqtie  coré.  La  hautear 
de  cette  tour  étoit  également  d'un  Hade  nau- 
tique,  ou  de  J13  -r  pieds  de  París.” 

« Les  iardins  fufpendus  avo’ent  quatre  ple- 
thres  en  carré  j ou  feize  aroures  de  fujjerfi-ie 
felón  Diodore  & Strabonj  ce  qut  revient^  á 
I.  924  arpeos  5 ou  deux  arpens  de  France  moius 
«n  dix-éme.  Sejon  Quínte-Curfe  toute  Taire  de 
la  ville  n’ étoit  pas  bátie  ; car  outre  que  les  mai- 
íbns  étoient  a une  cettaine  diftance  des  murs ,,  il 
n V avoit  des  édifices  que  dans  Tefpace  de  90 
ftades  , & encore  les  bátimens  ne  tenoient  poinr 
les.uns  aux  autres  , ce  que  Ton  avoit  fait  acaiife 
eu.  feií.  Les  habitans.  labouroient  & enfemen- 
qoient  tout  le  teñe , afín  que  sdl  leur  fúrvenoit 
un  fiége  , ils  puíFent  fe  no.urrir  de  ce  qui  prove- 
Eoit  de  ce  fonds.  ” 

cc  11  faut  done  confidérer  ce  qu  on  appelle 
raite  4e  Babylone  , comme  un  grand  pare  fermé 
de  grands  & puiííans  murs  ñanqúés  de  tours  , 
dans  lequel  étoient  contenaes  des  terres  labpu- 
lables  & une  grande  ville.  L aire  de  la  vftie  , 
proprement  dite  , n étoit  que  cíe  90  ftades  lelort 
Ouinte-Curfe.  Comment  faut  - ü entendre  cet 
aureur  ? 11  ne  s'agit  pas  ici  de  90  ftades  carrés 
cet  efpace  feroit  trop  petit : il  ne  sagit  pas  non 
plus  d°un  efpace  catre  dont  chaqué  cote  auroit 
été  de  90  ftades  j car  il  paroít  que  la  mefure  de 
Tauteur  eíl  le  grand  ítade  aíiatique  , & chaqué 
face  des  murs  n’en  contenoit  que  ce  nombre.  11 
eft  done  queñion  ici  d'une  cncemte  de  90  gramis 
ftades , qui  valenf  4 | lieues^  de^  25  au  de.gre. 
Mais  cet  efpace  étoit-il  curviligne  , ou  avoit-il 
une  autre  figure  ?;  Si  Tenceinte  de  la  ville.  étoit 
curviligne , la  forme  circulaire  donnera  la  plus 
■ grande  fuperficie ; Ta  ville  aura  644.  6 grands 
Hades  carrés,  ou  6.247  arpens  , & ne  fera  gaeres 
qu’égale  á París.  Toute  autre  foyne  curviligne 
donnera  m^ins.  Mais  il  efí  plus  probable^que  le 
terreiñ  de  la  ville  étoit  reéiiiigne ; alors  s il  étoit 
carré,  tout  Templacement  des  édifices  avec  les 
rúes  , n' étoit  que  de  i ||  lieue  carree.  Si  cet 
cjíiplacement  nlétoit  point, carré,  8c.  qudl  eút. 


B A B 


toute  autre  forme  reétiiigne  , il  étoit  encore 
moindre  : d'cu  ii  faut  conciure  que  le  máximum 


de  la  grandeur  de  Bab-jloTit , conndérce  com.ma 
un  plan  reótiiigne  , étoit , felón  Qumte-Curce  , 
d'une  lieue  cartée  plus  || , compris  le  lit  du 
fleuve  , les  palais  , les  rúes , &c.  ;^ce  qui  revient 
á 4,907  arpens  de  France.  Paris  dans  fes  rem- 
parts  nen  oceupe  que  2,343  , mais  en  com- 
prenant  fes  fauxbourgs  ii  en  oceupe  6,  iSiS  : li 
feroit  done  d'environ  un  tiers  piiis  grana  que , 
B^byloiie.  ” 

cc  Si  á préfent  on  fait  attemion  que  toute  b 
fuperficie  du  terrein  renfermé  dans  les  murs  de 
Baiyloiie  , étoit  de  7^^109  arpens,  on  en  con- 
clura  que  les  terres  labourabies  contenues  dans 
Tenceinte  de  cette  vilie,  fe  montóle nt  a 73,,éoi 
arpens  , fur  quoi  pourtant  il  faut  defalquer  la 
fuperficie  des  remparts,  qui  eft  d'environ  60  itad. 
nautiques  catres  , ou  de  327  arpens  : refte  done 
73,273  arpens  que  Ton  pouvok  labourer^ 
qu  hérodote  & Strabon  difent  de  la  fertiiité 
des  terres  de  la  Babylonie  eft  vrai  un  arpent 
de  terre  dans  ce  pays  pouvoit  produire  du  bled 
pour  la  fubíiñance  annueile  de  foixante  ^ per- 
foanes : d'oü  il  fuit  que  dix  miile  arpens  leuie- 
ment  pouvoient  produire  du  bled  fuffiiamment 
pour  la  provifion  de  fix  cents  mille  ames  j & 
c'en  eft  peut-étre  plus  que  Babylone  n en  conte- 
noit  , au  moins  á en  juger  par  un  récit  vague 
d’Hérodote.  ( Llb.  1:1.  cap.  cj.jx.  ) « Lorfque 
» les  Babyloniens  eurent  pns  la  refolucion  de  fe 
” révoiter  contre  Darius  , fils  d Hiftaspes  , ils 
firent  íortir  de  leur  ville  toutesles  femraes  qur 
” avoient  eu  des  enfans  , s'en.  réfervant  une 
” feulement  quí  favoit  faite  du  pain ; & 1 on  fit 
” aflembler  toutes  les  autres  en  un  endroit  ou 
” elles  furent  étranglées  , afin  qu  ellos  ne  con- 
” fommaíTent.  pas  les  vivres  dont  ils  avoient  fait 
” provifion.  Darius  s'étant  empate  de  la  t'l 
=»  par  le  mayen  de  Zopire , fit  empaler  trois  milie 
» hommes  des  principaux  citoyens  ; m^is  il  pe^ 
” mit  aux  autres  de  demeurer  dans.  la  ville  , ex 
” voulut  qu  ils  priíTentdes  femmes  pour  en  avoir 
” Ses  enfans,  II  ordonna  done  aux  peuples  voilms- 
<l^envoyc.r  3.  Bü.hylone  un  certaín  notubrc  £ 
=0  femmes ; & enfin  on  en,  fit  entrer  cinquante 
« mille  , dont  les  Babyloniens  d'aujo-urd  huí  ípnt 
“ defeendus.  ” 11  me  fembls,  qu  on  peut  in 
de-iá  quil  n’y  avoit  ¿zns  Babylone  quo55,oc 
homm.es  adultes  ; li  done  nous  donnons  a c aque 
homme  déux  femmes  , & á chaqué  femme.  e 
enfaps , nous  trouverons  par  ce  calcul 
population  dé  Babylone  ne  devoit  pas  pa 


371,000  ames.  ” . ^ 

«Cette  fameufe  ville  fut  Pífela  pretnieref  oís 
par  Cvrus  , qui  la  conferva  & Tembellit : s 
révoltée  fous  Darius  , elle  fue.  prife  une. 
fois  par  ce  prirxe  , qui  en  fit  rafer  les  m 
& abattre  les  portes.  Je  ne  fais  m 
coffiiueut:  fes  mars  furent  rebstis  } niais 


B A B 

toríens  d’Alesandíe-le-Grand  parlent  6.e.BMylone 
eomme  d'ui'.e  íubUiiknt  erxore  üar'.s  toure  la 
fplendeur.  Eenjanda  ¿e  i udeae  ¡ qiii  vivcic  au 
¿ouziéme  íiécie  , rapporte  dans  fon  uináraira  ^ 
cifon  _ny  vovoit  que  quelques  ruines  j & qu  on 
ri^ofoic  en  approcher , í caufe  oes  ferpens  & 
ces  icorpions  dont  eiíes  étoient  pleines  ; ce  qui 
efe  parfaicement  cotiforaie  á ce  qu  en  a écnt 
KouVv'oifj  voyageiir  Aiiemand  , qiupaíia  vers  ces 
ruines  en  is74-  S“’od  Texeira  on  Aen  trouve 
plus  aujourd^hui  que  des  traces  ^ 8c  il  n y a pas 
dans  toute  la  contrée  ^ de  lieu  moins  frequenté, 
que  le  terrein  qu'elle  oceupoit  autrefois.  11  ele 
íítué  pres  d'Hella  , aa  fud-oueít  de  Bagdad  ^ fur 
rEuphrate.  53  ( Métro'ogie  ae  M.  Paucion.  ) 

Eabylone.  ( Tapis  de  ) Voyey_  Tapis. 

EABYLONICA.  Voyei  Tapis. 

BABYLONIE.  « La  contrée  la  plus  fertüe  du 
monde  , fuivam  le  témoignage  des  anciens  , étoit 
la  Bahylomc  , & en  general  les  bords  de  FEu- 
phrate  & du  Tigre  t auíll  la  viüe  de  Babylone 
étoit-elleft  pías  grande  & k plus  riche  qui  ait 
exjíté.  La  fécondité  de  fon  territoire  étoit  la 
foürce  de  fa  puiíTance  ; on  s’en  convaincra  par 
ce  qui  fuit.  Comme  toutes  les  provinces  de  la 
domirtation  du  roí  de  Perfe  étoient  obligées  de 
fournitj  par  des  tributs  ^ á toutes  les  dépenfes  de 
fa  cour  & de  fes  armées  , Fempire  entier  contri- 
buoit  á cette  dépenfe  pour  huir  mois  de  l'année, 
& la  feule  Babylonie  étoit  obligée  de  remplir  le 
vuide  des  qiiatre  autres  mois ; de  forte  que  ce 
petit  pays  étoit  réputé  valoir  le  tiers  de  FAÍie 
entiére.  Tritechme  , fils  d'ArtabafCj  qui  en  étoit 
fatrape , & qui  y levoit  les  tributs  pour  le  roi , 
en  tiroit  chaqué  jour  un  artaba  rempü  dkrgent. 
Cette  mefure  ^ comme  Hérodote  en  fait  !a  re 
marque  , étoit  plus  grande  de  trois  chénices  que 
le  médimne  attique , qui  en  contient  quarante- 
huit ; de  maniere  qu’en  la  fuppofant  rempiie  de 
piéces  d’argent , rondes  & rnifes  en  piles  les  unes 
á cote  des  autres  ^ on  troiive  par  le  calcul  que 
les  impoíitions  de  ce  gouvernement  montoient 
par  an  á environ  trente-trois  mHlions  de  norre 
monnoie ; on  peut  au  moins  compter  trente 
JnilIionSj  c'eft  le  riers  des  quarre-vingt  dix  mü- 
lions  que  l’on  croit  avoir  été  la  totaiité  des  re- 
tenus  de  Darius  , fils  d’Hiilafpes.  =3 

“ De  plus,  la  Babylonie  nourriíToit  pour  le  roi  ^ 
cutre  des  chevaux  Je  guerre , un  haras.de  huir  cents 
chevaux  males  & defeize  mille  cávales  j á raifonde 
vingt  cávales  pour  un  cheval.  Elle  nourriíTo’tauíft 
pour  le  roí,  une  fi  grande  fnultitude  de  chiens 
d'inde  , quhl  y avoit  quatre  villes  exemptes  de 
toutes  impofitions,' a condition  qu'elles  feroient 
chargées  de  leur  entrenen.  Ce  pays  & toute 
FAÍ  fyrie  font  rarement  arrofés  des  pluies  du  ciel. 
Les  grains  que  la  terre  v"  produit ne  font  rafraí- 
ehis  que  par  les-  eaux  du  ñewe- ; non  qu’il  íe 
«ébarde  de  iui-méme  fur  íes  canspa^ies^^  comme 


B A B 


55^ 


3 mais  Finduítríe  des  hab'rari; 
SEppiique  -a  e.n  diriger  les  eaux  par  des  foíTés  , 
des  canaax  & des  ngoles  qui  coupent  & civifeni: 
toutes  les  lAines.  Le  plus  grand  de  ces  canaux 
portoíL  navire  5 ti  étoit  tourné  vers  le  foiftice 
diiivCi  j & le  renüoit  de  I'Euqltrate  dans  le 
Tigre.  33 

autres  pavs  en 

prcducti-ons  d arbres  iruitiers  ^ comiiie  le  íiziiier  ^ 
i'oüyier  & la  vigne  5 ntais  par  - tou:  la  rene  v 
produit  d'ellc-méme  des  palmiers  ^ qui  prelque 
Tous  portent  du  truit  dont  on  fait  du  pafn  , ’du 
vin  & du  miel.  lis  fe  eultivent  comme  Ies  fiauiers. 
Les  Crees  diínnguent  ces  arbres  , eomme  piu- 
fieiu-s  autres  , en  males  & femeiles.  Or.  attache 
le  fruir  des  males  á la  datre  que  portent  les  fe- 
meüeSj  c'eñ  parce  que  les  paiiniers  mál-e.s  con- 
tiennent  dans  leur  frait  des  moucheronS:,  cemme 
le  %uier  fauvage  , iefqiiels  entrant  dans  la  datte 
du  iiguier  lemelle , la  font  murir  en  la  pénétrant  : 
autrement  elle  tombe  fans  erre  bonne  k manger. 
On  y voit  une  plante  qui  ne  croit  que-  fur  des 
opines  ; elle  a quelque  rapport  avec  le  gui  ^ que 
i’on  voit  par-tout  fe  produire  fur  coates  fortes 
dkrbres  ; mais  la  plante  doñr  il  s'agft  ici  ne 
vienr  que  fur  Fépine  roy-ale.  On  la  séme  vers  le 
tems  du  lever  de  la  eanicule  ; & ce  qui  étonne  > 
c’eíl:  qu'elle  germe  le  jourméme  qu'on  la  sémre  , 
& que  bientót  aprés  , fon  feuillage  oceupe  toar 
celui  de  Farbre  qui  la  porte.  On  en  fait  ufage 
pour  préparer  certains  vins  j.  & c'eíl  pour  cela 
qu'on  la  cultive  33 

« Les  térras  font  reffibles  dans  la  Babyl'onle  ^ 
8c  elles  produifent  chaqué  année  jufqu  á trois 
récoltes  3 ( Plin.  18.  , 17.  ) mais  la  troiíiéme  ne 
parvient  pas  á maturité  5 on  la  coupe  en  verd  pour 
la  nourriture  des  beftiaux.  Hérodote  dit  que  cette 
contrée  étoit  pour  le  bled  la'  meilleure  & ¡a. 
plus  féconde  que  Fon  connút  de  fon  tems-  La: 
terre  y rend  communément  deux  cents  pour  unj 
& quand  les  années  font  bonnes , & cVelle  fe 
furpaíTe  e!le-méme  par  fa  fécondité ¿lie  rend 
jufquk  trois  cents  pour  un.  Les  feuiJles  Ju  bled 
& de  Forge  y ont  quatre  doigts  de  largeur;  & 
quoque  je  fache  , dit  cet  hiñórien  ^ que  le  miller 
& le  féfame  y viennent  auíE  granas  oiie  des  arbres,. 
je  m'abtiiendrai  d'en  parler  ^ dans  la  crainte  que 
ceux  qui  n'ont  pas  vu  ce  pays  comme  nous , "ne 
sTmaginent  qu'on  leur  raconre  des  fables.  On  ny 
fait  pas  ufage  d'autre  huile  que  de  celle  de  fé- 
fame.  Strabon , ( ¿ib.  xvi  ,p.  yii.  ),  affiire  auííi 
que  la  Babylonie  rend  trois  cents  mefures  d’orse 
pour  une  de  femence.  Ce  prodiaieux  produit  eít 
fans  doute  la  fomme  des  deux  récoltes  mention- 
nées  par  P4ine  : ce  qui  fert  á le  prou-ver  , c’eiL 
quT!  ajoute  immédiarement  aprés  , oue  c'eíí  eu 
mukfDliant  les  moiíTons  dans  les  mémes  terres  , 
qu'on  fait  rendre  aux  plus  mauvaifes  , einouante 
& jufqaá-  cent-cinquante  pour  un  , lorfcue  !e 
laboureuíT  eft  laborieux  St  Hirelligent.  Quoiqu'ü 


B A C 


en  , un  arpent’ús  rerre  pouvoí:  pvccursr  k 
íub;l:ibnce  i 'ibixsnte  perionnes  aau-tes  aans 
cec:e  résion  favorifée  üS  ia  iiatu^  La 
¿■J  b'-sá  dins  la  Bahylo  -il:  ne  áeir.aMoít  pas  pius 
da  travail  , mais  !e  proaiiít  y éroit  coníidera- 
bíe;nenr  plus  gran-A  qi:e  daris  les  ierres d’Egyp te-” 

( Iditrologie  de  M.  Paufton.  ) 

BABELONIENS.  Lcurs  ch  efs  portoient  la 
pourore  & Tor  coinme  les  autres  Aiiariques , urse 
efpcce  ds  Fr4cex^2  ou  ác  'Trahea  corunis  -iCS 
Eo‘.r¡ains , & des  couronnes  d’or  ou  cié  branches 
fi’arbres  _ , 

lis  comptoient  les  jours  depuis  un  isvei  du 
foleií , jufqu'á  i’autre  lever- 

Aíhénée  ^xiv.)  rapporte  un  paíTage  des  livres 
¿e  Eérofe  j confirmé  par  Créfias  dans  fes«écrirs 
far  les  Perfes  , diiquel  on  ptut  conclure  que  íes 
BaíylorJcra  avoient  inventé  les  faturnales  : car 
lis  avoient  établi  cinq  jours  de^  féte  ^ appeles 
facées  j pendant  ieíquels  Íes  efciaves  comman- 
doienc  aux  maicres.  V'oye:^  Assye.ie>;s. 

BÁBYS.  VoyeiCtoK. 

BABÍS  & BEBON.  Les  Egyptiens  déíignoient 
par  ce  furnom  de  Typhon  , un  vent  violent  ren- 
ferrr.é  ¿ans  les  cavernes.  Babz  ou  Behi , veut 
dire  en  langue  Cophte  ^ felón  Jablonskij  une 
cáveme  dans  laqueile  on  peut  renfetmer  -ou 
cacher  quelque  chofe-  Typhon  étoit  le  ^vent  qui 
iouíííoit  fur  ia  terre , & qui  retardóse  1 neureuíe 
inondation  du  Nil ; Babys  défignoit  Typhon^ns 
acíion,  ou  renfermé  dans  les  cavernes.  Oeia 
\-int  dans  'Homére  la  fable  d Eole  8c  de  fa  cá- 
veme^ répétée  par  Virgiíe. 

B ALARIO  , efpéce  .d'aiguiére  armée  d’une 

Icngiieanfe,  & appelée  aufli  rreZ/iz-  Lesvaiets  des 

bains  s’en  fervoient  pour  puifer  de  Feau,  & pour 
la  verfer  fur  le  corps  d$  ceux  qui  fe  baignoient. 

BacaIsIO  devint  le  nom  de  ces  vaietsmemesj 
qui  fervoient  Ies  femmes  publiques  dans  leurs 
bains  Les  Glofes  expliquent  le'mct  Bacana  ^ en 
ajoutant  le  mot  grec  nsavíthéiiívíí. 

BACCHAE.  Ce  mot  défignoit  'es  Bacchantes ; 
snals  il  défignoit  auíTi  Ies  couronnes  de  lierre  que 
fon  portoit  dans  les  fétes  de  Bacchus  , pour  iir.i- 
ter  ce  Dieu. 

BACCHÁNALE,  endroit  oú  Fon  célébroit  les 
myftéres  de  Bacchus.  Piaute  s’eíl  fervi  de  ce  mot 
( Aidiil.  iiL  1.3.): 

ybcQue  ego  unquam  , nijl  kodie  j ad  Baccaas  veni 
iíl  ^CCchuTKzl  CO^UlTLÍltUTn»  ^ 

Les  glofes  dTíidore  en  donnent  la  «meme  defi- 
Bitlon  : Bacchanal  , facrarium  Liberi  P atris. 

BACCHANALES  , fétes  & myftéres  célébrés 
en  Fhonneur  de  Bacchus.  Hérodote  Ies  fait  naítre 
en  Egypte,  oá  ellts  étoient  connues  fous  le  nom 
ds  myftéres  dlüs  8c  d’Oriíis.  Melampus  les  ap- 


B A C 

pnm  en  Grece,  ou  elles  ú-rent  acaieílHes  av.^ 
fureiu  j priricipalerr.ent^.  Athents.  Cette  viiie  £¡^ 
regardoic  ia  célébration  córeme  un  objet  fi  im- 
pcTrcanc  , ctfel'e  comptoit  ¡es  années  par  les 
Bacchunales  , comme  elle  les  compra  depuis  par 
fes  Archontes- 

Un  Archonte  en  régloit  a Amenes  la  lorme  & 
Fordonnance.  On  les  célébroit  dans  le  mois  de 
novembre  , & tous  les  gentes  de  dtbauche  & cié 
’d'íToiution  y étoient  admis.  Les  femmes  ou  Bac- 
chantes  couroient  dans  Ies  rnes  rraveities  ea 
nymphes  & en  htroines ; enes  ctoicui.  fUiV:£sdes 
licmmes  demi-nuds  , couvertsde  peaux  de  betes, 
& déguifés  enfaunes  ou  en  fityres.  Les  lons  de 
la  fiúce  ¡es  animoienc  á iormer  oes  danfes  lal- 
cives  & itr.pudiques.  ^ ^ 

De  la  Crece  , ces  fétes  imputes  paiserent  cíans 
I’Etrurie  , & de-lá  a Tome ; nnais^Fauñénté  des 
moeurs  república! oes  fat  offenfee  dune  Ucence  ii 
effrénée;,  & le  fénat  rendit^ 
donnance  cui  en  défendoit  la  c.;-lébraaon.  Cette 
fage  ordonnance  n’eut  cu  un  effet  ru^ínentaiié  ^ 
& Ies  Bacchanales  furent  célébrées  fous  les  Enrpe- 
reurs  avec  encore  plus  de  hcence^  pem  - erre 
qu’elles  ne  Favoient  été  dans  la  Crece.  On  leur 
fixa  d’abord  trois  époques  dans  1 annee  ; le 
libertinage  fit  renouveler  tous  les  mois  ces  retes 
imputes.  Voye:^  DioNvrsiES 

Bacchanales  inílitués  ea 

B A TC  X E I A j j " 

Fhonneur  de  Bacchus.  F'oye^  Dionysies. 

BACCHANfS,  \ horj-jjiies  8c  femmes  quí 
BACCHANThS,  j .■  ] 

fuivirent  Bacchus  dans  fon  expedition  ae  linde, 
armes  de  thyríes  & chantant  fes  viéloires.  Ce 
nom  fur  donné  depuis  aux  hommes  & aux  femmes 
qui  célébroient  les  Bacthanaies-  Les  myíferes  de 
Bacchus  furent  principalerTsent  co^íle^  auxfemmeSj 
& dans  les  anciennes  Bacchanales  de  FAtnque, 
ces  prétréíTes  étoient  au  nombre  de^  quatorze. 
L’a.nriquké  fait  mention  cepenáant  á’un  grand- 
prétre  de  Bacchus^  ii  refpeíté  de  tout  le  peuple, 
qu  on  lui  donnoit  la  premiére  place  dans  les 
fpeólades. 

Les  bacchantes  couroient  pendant  la  nuit 
demi-raies  , couvertes  feulement  de  peaux  ae  ti- 
gres ou  de  panthéres  légérement  attacnees  lur 
íeiirs  reins  avec  des  ceintures  de  pampre  ou  de 
lierre.  DLutres  , échevelées,  portoientdesfiam- 

beaux  aüumés  ou  des  thyrfes , crioieat  _&  pouíloien 

des  hurlemens  affteux.  Elles  repetoient  fouve»- 
ces  mots  : EbT  _oii 

ou  la  A leurs  cris  fe  méloient  Ies  lO» 

des  cymbales,  des  tambours,  des 
des  clochettes  attachées  á leurs  habits.  - 
hommes,déguifés  en  fatyres&  en  faunes/mvoien^ 
les  Bacckap.tes , Íes  uns  a pied,  íes  au'.res  , 
fur  des  ánes  , trainant  apréseux  des  Iwucs  o 
de  guiríandes,  pour  íes  immoler  ^ ‘ 

d furent  les  Bacchantes  qui  déchirere»s  « 


B A C 


B A C 

chantre  c-e  la  Thrace  Se  le  malheuríux;  Penthée. 
Eiiripide  a pris  pour  fajet  d’uae  de  les  rragídies 
h inort  de  ce  ¡_ tinca. 

Les  principaex  objets  Ja  cu’ta  Jes  3-;cckaríi¿s 
étoient  !e  'tkaLUs  , le  Van.  lacré , ce  ia  C¡fi; 
mvíiirae  renfermant  un  ferpeiU.  Voye‘:^ct^  ntats. 
Lear  habit  dirdncíir , iorfqu’eiies  idéro'cnt  pas 
couvertes  de  peai'.x  de  tigres  , ét&ient  la  iS.iJyts, 
ou  turdque  trainaate  , & la  crocote  ; cetra  der- 
niére  écoit  faite  avec  ¡a  foie  & traníparente  , teñe 
á-ptu-pres  que  nos  g-aes  Brechas  paroic  íur 
les  ir.onuntens  a\‘ec  ia  crocote , qiii  íut  depuis 
adoptée  par  Jes  Hiiioions. 

Les  monamenti  i,iedíti  de  V'  inkel'.nann  nous 
ofFrentíeptá  huir  bas-reliefs  repré'entanfdes  Bac- 
chantes  & des  Bacchar.a-es,  On  en  volt  -íur  Je 
beau  vafe  d'acare  dii  tréfor  de  f Abbaye  de  ¿aint- 
E’erds  en  Fraace-  La  Bacch..iútc  de  ia  vi!!e  Vía- 
dame  , porte  une  ceinrure  large  comme  ceile  de 
Meipoméne. 

Au  ¿ui  iiom  de  Bacchantes  rimagination  des 
artiftes  s'cnua;nme  ; sis  ne  croient  larnais  tendré 
avec  aíTez  de  forcé  ¡a  fnreur  8c  1 ivreíie  de  ces 
feir.mcs  perdues  de  iuxiire  & de  vin ; & ils  don- 
nent  á leurs  vilages  des  traits  áiuTi  torces  que 
le  font  Ies  attitudes  de  leurs  corps.  Wi,:ke!mann 
leur  apprendra  que  ces  caricatures  font  cpnrraires 
á I’idce  de  !a  joie  cue  les  ancier.s  excrimeient  Idr 
les  ir:oniiu;ens.  Elle  n’ctoit  jainais  éclatante  ; 
c’etoit-  i'expredlon  íiinple  & üouce  da  conreate- 
ment  & de  la  férénité  de  Lame.  Sur  le  vifage 
A'urtfBacchun.íe  , dit-il , on  ne  voit  brií-er  j pour 
ainíi-dire,  que  i aurore  de  la  volupté.. 

Les  anciens  donnoienr  aux  vifages  des  3ac- 
ckantes  . !e  c.iractcre  de  la  grace  comique  , propre 
aiixFaunes,  qui  coníiite  le  plus  fouvent  dans  un 
fourire  de  gaieté  , exprime  par  les  angies  de  la 
bouche  , tires  en  haut.  On  voit  entre  autres  á 
la  viile  Aibard  ^ ii-.e  rete  de  Bacchantt  de  la  plus 
parfaite  confervation  , qui  ne  peut  pas  erre  prife 
pour  un  portrait , mais  qui  doú  étre  placee 
dar.s  la  claífe  des  béautés  idiiles.  Filie  a le  proíil 
applati  , Ies  yeux  élevés  comme  Ies  i aúnes  , Sr 
les  angies  de  h bouc’ne  tires  en  haur.  On  voit 
que  les  anciens  artiifes  ont  cherché  á imprimer 
aux  figures  des  '¿aechantes  , c'eü-a-dire  aux  figures 
idéales  des  '¿aechantes  ¡ la  grace  des  Süénes  & 
des  Faunes 

La  colleclion  du  barón  de  Stofeh  oítre  plus 
de  trente  p'erres  gravées  avec  des  Bacchantes. 

BALCnUS.  Les  anciens  connoi/Toient  plu- 
fieiirs  iía.-c/zcí  , oui  rjétoient  petit-écre  toas. que 
des  modincations  ¿a  mem.e,  reiatives  au  cuite 
de  chaqué  pivs.  Les  recherches  de  M.  Dupuis  , 
Profeffear  de  Rhétorique  au  coH-tge  de  Lifieux  y 
démontreront  cecre  conjeócure.  IMous  allons  íes 
donner  ici  ielles  quhl  les  a fait  inférer  dans 
i’Añronorr.ie  de  M.  ds  ia  Laude  j édition 
deraier  volr¡me. 


591 

Expiicatiok  dh  cxrrí  divixité  ^ S210M 
Ai.  Dorun  E-E  Lisieu;-:. 

vovage  de  Bacchus  , dr'cri:  dans  les 
Djctiyjtcques  de  INpnnus  ^ conttent  d’une  ma- 
ntel e Deaucoup  plus  fuivie  Sr  plus  ccmplets 
que  les  ¡ambeaux  qui  nous  redent  des  poemes 
tuiuS  fui  Hercule  , la  tUeoiogie  aícronomiGiie  des 
arxiens  , Se  nous  adons  voir  Bacckus  vovsqer 
comme  le  iils  d -Aicmene  dar.s  le  zodiaqiie  , aux 
-équinoxes  Se  aux  folílices,  d'une  mi.niere  á ne 
xürer  aucun  doiire.  Ce  poeme  de  Monnus,  connii 
idus  le  nom  ¿'aventures  & dé  voyages  de 
¿aechas  , ou  de  Diony.fiaques  j eft  écrit  en  grec, 
& diltribué  en  quarante-huit  chants  , qui  ren- 
ferment  prefque  tciit  ce  que  la  Mytholcgie  an- 
cienne  a de  plirs  intéreíTanr  dans  plus  de  vingt- 
un  mide  vers.  L'auteur  de  ce  poéme  étoit  Egvp- 
uen  , & , felón  Suidas  , vivoit  dans  ie  cinquiéme 
liécle.  II  travailia  fur  Ies  mémes  matériaux  que 
les  grecs  & les  latins  ; & cuoicue  fon  poéme 
ne  fut  qu'une  imitation  des  anciens  poémes  fiir 
Olíris  ou  Bacchus  , il  eft  p-récieux  par  la  fume 
qu'ont  entre-elies  les  ailégories  aiíronomioues 
& les  traditions  facrt'es  qui  y font  beaucoup 
mieax  confervées  que  dans  aucun  poéme  des 
anciens.  >:> 

£<  Baech.-us  fut  une  divinité  théologique,  de  !a 
méme  nature  que  Júpiter  en  Gréce  , An  & 
Oíiris  en  Egypte  ; que  ¡'Hercule  Thébain  ; c'é- 
ttíit  i'ame  du  monde  & !e  [piritas  mcreur  des 
fpheres  , peint  avec  les  átrributs  du  taureau  cé- 
kite  & du  ligue  équinoxial  du  prinremps  , dans 
ieqiiel  s'incaruoit  le  dieu  de  la  lumiére  , l ame 
du  foleil  & du  monde  , quand  la  nature  recevoit 
le  germe  de  la  fécondicé  que  luí  commaniquoit 
Y JEtker.  Macrobe  nolis  cit  cue  dans  la  thcole- 
gie  d’Crphtej  Bacchus  paíTcit  pour  étre  la  forcé 
qui  sneut  la  matiére , l’inteiügence  qui  l’orga- 
nifej  8c  cene  ame  qui  fe  diftribue  dans  teutes 
fes  partíes:,  & qui  divifée  dans  fes  efrets  ^ -fes 
agenSj,  eñ  pne  dans  fon  principe.  « « Ipfam  au- 
=3  tem  liherum  patrem  Orphaici  riís  ai.ix.ot  fafpi~ 
33  carr.ar  inteíLigi  ; qui  ah  illo  individuo  na- 
33  tus  5 in  Jingulos  ipfe  díviditur.  Ideo  in  illcrum 
33  facris  traditur  Titanio  furaré  in  membra  dif- 
X cerptus  & frufiis  ftpultis  , rursus  uhus  & inte- 
33  ger  emerjijfe  y quza  tzee  y quem  diximus  mentem 
33  vocari  y ex  individuo  prebendo  fe  ázvtder.d.zm  , 

30  & rurszis  ex  divifo  ad  individuum  revertendo  y 
33  C¡  mundi  implet  off.cia  , & r.ature  fie  arcana  non 
33  deferh  33  ( Somn.  Scip.  c.  l i ''¡  Cette  Hyle  , ob- 
ferve  tres-bien  M.  Freret,  eft  ¡a  matiere  pre- 
miére,  la  natnre,  receptacul  m om.ni  - formi am 
fpecierum.  ( Défenfe  de  la  Cbron-l.  p.  367). 
C'eft  eífedivement  ainíi  que  l'expiicue  Macrobe. 
íls.c  efi  autem  Hyle  que  omne  corpas  mundi  y 
ouod  ubicumQue  cerr.ímús  , ideis  impreffh  formavit. 
Bacchus  eft  done  1 inte! ligeree  oai  préílde  á la 
matiére  j a i'arrangement  & á rorganifaiion  «k 


39i 


B A C 


íes  psrtíes  j Is  rneiit  & i aniíne  j & ímprii'ns^^ette 
xorcs  hxrmoriíoiie  su  cíeí  sux  íept  fpheres  j 
don:  Taction  combiníe  produit  avec  Íes  éiémens 
coas  Í£S  efrets  fiiblunaires.  Bacchus  ^ ou  le  áieu 
1 aureau  des  anciens  , n'eíl  done  qu'une  forme 
parícuiiére  de  i'ame  iiniverfelle  & de  1 intelügence 
derra-ourgique , & d’ane  des  métamorpholes  de 
pe  fpiritus  qui  p£r  omr.es  orbis  pervoHtJ.t  panes  ¡ 
corpuíqae  anímele  figarat , poiir  me  ferv’ir  des 
expreíiions  de  Manilsus.  Le  lavant  Freret  a tres- 
bien  faili  ce  graud  principe  de  la  théoiogie  an- 
cieDnej  mais  ii  a é_choué  comme  les  aurres  ^ dans 
les  explications  de  déraii  ^ faate  avoir  appli- 
qué  les  caraíteres  de  récriture  facrée  , ou  le  ciel 
dans  lequei  circuloít  la  forcé  morrnce  des  plus 
puiifans  agens  de  la  natura.  « Le  monde  ^ dic  ce 
Ijfavant,  étoitj  dans  la  tkéologie  des  anciens 
« Esyptiens  ^ comme  un  graná  animal  compofé 
deíprit  & de  matiére  ^ & qui  avoit  une  ame, 

3)  laqueiie  étoit  daos  un  mouvemenr  & une  circu- 
33  lation  continuelle,retnpiiírant  tous  les  étres&  fe 
33  méiant  avec  eux.  Elle  les  anime  tous  5 elle  le 
5,  principe  de  fame  Sedulentiment  dans  les  animaux. 

,3  Jambiique^  Apuiée  éc  Kermes  nous  apprennent 
=0  que  notre  monde  ¡ ou  plutoc  1 ame  & i intel- 
33  ligence  qui  fanime  , étoit  le  fecond  uieu  vi- 

¥ "fible  & feníible Fiinage  & le  ñls  du  Demi- 

33  om-gos.  : M.  Freret, _ p.  -568.  )33  II  dit  en  par- 
ticülier  d’Kercuie  & de  Bacciius , quns  eioient 
des  dieux  áu  premier  ordre , Fame  du  monde  , 
ou  du  tr.3Íns*des  atttibuts^  ou,  fuivant  notre  fyf- 
íéme,  des  formes  de  riníelligencedémi-ourgiques. 
(p.  JIT-  32-7-  ) 

cc  Ce'  que  ce  favant  penfoit  ¿'Herciue  Sr  de 
Bacchus , r.GUS  le  penfons  de  tous  les  grands  dieux 
di;  paganifme,  qui  fe  réduifent  tous  a la  feule 
forcé  raotrice  de  la  riature , & á rr.nn.e  du  monde, 
mulcip’e  feulement  dans  fes  noms  & fes  formes  ; 
& le  travail  que  Bous  avons  fait  jufquici  íur 
chaqué  divinite  , nous  ,a  toujours  donné^  en 
¿erniére  analyfe  , Tame  du  monde  & le  génie 
moteur  du  ciel  des  íixes  8c  des  ipheres.^La  conf- 
teiktion  dacocher  céieíle  fut  une  des  formes  de 
Famá  du  monde , connue  fous  le  nom  de  Pan  & 
de  Júpiter;  eeüe'de  Perfée  devint  tine  autre 
expreíiiGG  de  la  méme  forcé  , fous  se  nom  de 
Mercure  & de  Crene;  ceíle  du  grana  chien  fut 
Mercure  Anubis,  Orion,  Le  Satiirne  AíLusen  ;_le 
Tanreau  devine  Bacckus  Se  Ofiris  5 le  Serpentaire 
pro.áuifi?  Efculape,  Efmam  , Platón  & Sérapis  ; 
& ainfi  ¿es  autres  conftellations  auxquelies  cette 
ame  s’uniffoít  dans  une  rcvolution  loitíve.  33^ 

« D aprés  ces  principes  , Bacchus  glk  done  etre 
ia  forcé  univeríelie  ddiribuée  dans  les  corps^  ce- 
leítes  , dans  le  foleil , la  lune  & iqs  lept  plañeres, 
& Faraede  Fharíiionie  des  fpheres-  Cetíe  confé- 
qaenc-2  , oui  rifulte  du  principe  uruque  que  nous 
¿tabliíToíss  pour  bafe  de  notre  tbéorie  , eft  con- 
firmée  par  le  témoignage  des  anciens.  Dans  la 
feiolocie  d’Orphée  , Bacchus  étoh  cenfé  préíider 


B A C 

avec  Ies  mufes  au  mouvement  des  fpheres , 8c 
donr.er  á chacune  Fimp-uiiion  , á co-mmencerpar 
le  ciel  des  üxes , ou  le  huitiéme  ciei , fur  lequel 
Fame  da  moaae  exerqoit  fa  premiere  action,  juf. 
qu'au  ciei  de  la  lune.  =<:  In  ardmá  mundí , priorem. 
33  ■c'im  Baccham  ¿ribromium  próificiebant.  =3  ( LiLia 
Giralai , tom.  I,  5’33.  ) Dans  la  théoiogie  égyp- 
tienne , Ofiris  , le  méme  que  Bacckus  , étoit  auífi 
accoinpagné  des  Mufes  , ou  des  intelligcnces  des 
fpheres.  L’union  de  Bacckus  aax  Muíes  eíl  aaíu 
atteííée  par  flutarque  : >3=  Fon  inepta  apud  nos 
33  In  fefiis  mulleres  Bacckum  requirunt  tanquam  fu- 
gitívitm  y deinde  pnejTL  qu&rendi  faciutiz  , dicuait~ 
33  que  eum  ad  Mapas  confagijfe  , apud  eas  latere 
33  occultatum.  (^Sympos.  l,  VIII , prob.  I.  ) Et  les 
Mufes,  fuivant  le  meme  auteur  , cefunt  ocio  in 
33  globis una  prope  terram  locum  fortitur.  Qus. 
33  o3o  fphirarum  revolutionibus  prsfura  , e&  erran-- 
33  tium  flellqrum  adversiis  inerrantes  & ipfarum. 

=3  invicem  confervant  harmomam Uraniam  Mu- 

33  fam  e cxlo  nomtn  kabet.  =3  ( l6.  L FK.prob.  I4.) 
Macrobe  étabüt  la  méme  thtorie  fur  Tharmome 
produke  par  Fame  univerfeüe  : ^ inejfe  mandaná, 

33  anim&  caufas  muíles, cxlefiis  anima , qua  ani- 

33  matar  univerfitas , orighiem  fampfit  e mufica  : 
33  kac  durn  ad  fph&ralem  motum  m.undi  corpas  im-~ 
33  pellit  , fonum  efEcit.  ( Som.  Scip.  l.  il , c.  3.  ) 
II  reconnoí"  égaleir.eat  neuf  intelligences , qui 
préíident  au  mouvetnent  de  chaqué  fphere , fous 
le  nom  de  Mufes.  II  donne  auíü  le  nom  d Lra- 
nie  a celle  du  ciel  des  fixes  : Und'e  Hefiodus , in 
33  Pud  zhcogoíiid  , ociavam.  lyitifam  Uraniam  vocat, 
33  Quia  poji  feptem  vagas  qa&  fubjecli,  funt , ’oSava 
3=  fiellifera  fpk&ra  fuperpofita  proprio  nomine  ccelum 
33  vocatur^  33  H donne  ceiui  de  Caliiope  a la  neu- 
33  viéme  qu'il  appelle  maximam , & ceíie  a íaquelle 
33  Hé-lode  ajjigaat  univerfitatis  nomen.^^  I!  donne 
au  chef  de  ces  intelligences  le  nom  d Apollon  , 
au-iiea  de  celui  de  Bacchus  ; mais  ceci  n eít  point 
contraire  á ce  cue  nous  établiíTons  fur  Bacchus  , 
puifquf4polIon  eíl:  une  divinite  de  la  meme  na- 
tura cua  Bacckus  , 8c  la  méme  ame  du  monde  , 
exprimée  fous  un  autre  embiéme  aííronomique  , 
comme  on  le  verra  lorfque  nous  aurons  occaíion 
de  parlar  d'Apolion  ; cette  identité  eft  reconnue 
par  Macrobe  lai-méme  : cc-AriJloteles-  qui  tkeolo- 
33  gúmena  Jcrippt  , Ápollinem  & Libcrum  patrern 
33  ua-am  eumdemque  effe  Deum  , mullís  argumentis 
33  cjferit.  (^Saturn.  l.  f.  c.  18.  ) =’ 

« Bacchus  fut  done  uni  aux  Mufes,  ou  aux 
intelligences  des  fpheres  auíTi  . naturellement 
cu  Apollon;  il  en  fut  de  méme  d'Hercaie  qui 
prit  ’auíTi  le  Rom  de  Mufagéces , ou  cher  ues 
Mufes,  parla  méme  ral  fon  quhl  fut  auíhiam- 
de  Fharmonie  univerielle-  Les  voyages  de  íoatcaus 
c-z  les  courfes  de  ce  Dieu  , ne-font  done  qu»-  u 
marche  progreírive  de  lame  da  monde  , & ^ 
paiticulier  de  Fia'cslligence  du  foleil  & du  te. 
dans  le  zociaque,  dans  lequel  voyageoit  le  J 
ame  viíible  ¿a  monde  , & Fageat  l£ 


B A C 

ée  !a  végctatian  annueüe  & cié  rorganifation  ele 
la  maticre : voilá  pourquoi  piufieurs  auteurs  ont 
confonda  ce  diea  avec  le  foleii  aaquel  il  eíl  uni. 
lVia;s  cetre  diveríité  d’opirdoas  ne  nuit  en  ríen  á 
nos  expácaticns  aitronomiqaes , paifeue  ces 
mémes  auteurs  fupporent  que  le  foicii  eít  ¡’ame 
da  monde  ^ & que  fa  forcé  devient  la  forcé  uni- 
veríelle  ^ qui  fe  répand  dans  toares  les  parties 
• de  la  nature  ^ qai  meut  les  fplieres  , & fubit  di- 
verfes  m^ramorphofes  dans  Ies  coníleíiations.  Auíli 
I on  eft— obligó  de  fe  repórter  au  ciel  des  fixes  , 
dans  lequci  notre  fyftéme  place  & fait  circuier 
la  forcé  motrice  de  ¡a  fphéra  du  foíeil  & des 
plañeres.  Soit  que  Tor!  falle  agir  i’ame  du  rr  onde 
immédíatement  fur  le  premier  mobile  , « ¿a  quo 
rCjidet  pruna  caufa.  ( vita  Pytkag.  photii.  Bibl. 
cod.  zya.  ) fur  ce  cercle  que  Cicéron  appelle 
fummiís  Deas , Sc  que  Macrobe  dit  ; « continere 
" virtutes  omnes  qas.  prims.  fíiminltatis  omnipoten- 
>5  tiam  feq-auntar-,  ==  ( Liv.  i.  c.  17.  ) ==  5 foit  qu’on 
le  place  dans  le  foíeil  pour  diílribuer  de-!á  fon 
aciiop  dans  toure  la  nature  5 c'eíb  toujours  dans 
le  zodiaque  qu  elle  circule  pendant  une  révolution 
annuelle  ; fa  marche , dans  fes  principales 
peques  j fera  toujours  fixée  par  Ies  aftres  ou 
Ies  genies  - etoiles  qui  déterminent  la  route  du 
foíeil  paríeur  iever  ou  leur  coucher  , & qui  font 
en  afpedl  avec  les  íignes  : ainfi , la  clef  aftrono- 
devient  néceíTaire  pour  expiiquer  les  voyages 
ailégoriques  dt  cette  forcé  perionniíiée  dans^le 
poeoie  fur  Tame  du  monde.  « 

^ « Bacckus  tfefi  done  point  un  héros  apothéofé; 
c*eñ  plutót  la  divinité  peinte  fous  les  traits  de 
í fiomme  ^ mais  d’un  conquérant  & d’un'  héros  : 
1^  forcé  eii  cebe  de  la  nature  5 íes  voyages^  la 
marche  meme  du  foíeil  qui  la  féconde  ; ainíi  Bac- 
ck-as  doir  partir  du  point  d'ou  le  foíeil  commence 
á fe  mouvoir  , lorfque  fes  feux  font  éclore  tous 
les  ans  un  nouveau  monde  ; accompagner  i’aftre 
du  jour,  féloigner,  s’arréter^  revenir  á lui  ^ 
& retourner  au  méme  endroic  ou  il  avoit  com- 
mencé  fa  carriére. » 

ce  Lorfque  le  Taureau  céleñe  étoit  le  premier 
ijgne  , & que  fon  fouffle  animoit  Tunivers  j 
l'amp  motrice  des  fphéres  & le  [piritas  qui  orga- 
nifoit  la  matiére  végétative  , emprunta  les  attri  - 
buts  d^  cette  conftellatiun  : auái  Ton  voit  Bac- 
ckus  partir  de  la  conñellation  du  Taureau  ^ pour 
y revenir  aprés  avoir  fait  le  tour  du  cíe!.  II  fut 
peint  avec  des  cernes  de  bceuf  ^ ou  méme  avec 
une  tete  & des  pieds  de  boeiif;  il  prit  !e  nom  de 
faint  Taureau , & fon  éducation  fut  confiée  aux 
Hyades  les  plus  belies  etoiles  de  cette  conftel- 
lation.  L ame  du  monde^  á cette  époque , repre- 
noit  fa  foudre  éteinte  pendant  l'hiver  , & le  nou- 
veau dieu  naiíToit  au  miüeu  des  feux  du  tonnerre.» 

“ Le  Serpentaire  qui  fe  trouve  en  afped  avec 
ce  íigne,  & qui  par  fon  lever  du  foir  nxoit  cette 
unportante  époque  de  la  nature,  fut  uni  natu- 
redement  au  figne  de  l'équinoxe  de  printemps  Se 
Aatiquités  , Tome  I, 


^ ^ B A C 395 

a B aechas , ou  au  dieu  Taureau.  Cette  coaíieüa- 
tion  s appe  Je  Caámus  , en  ailronomie  ! Cccíias  , 
P-  140.)  ou  VOrünta/e-,  & rhilloire  ás  Cadmas 
e .rouva  liee  a ceüe  de  Bacckus  , au.xi  néceííáí- 
rer.ient  que  la  conilellation  qui  eft  déíignée  foas 
ce  nom  ,x  étoit  au  premier  figne  , ou  au  Taurea* 
equiDoxial  , d ou  toute  la  machine  céleí’te  fem- 
bioir  partir  , & ou  fe  rapportoient  Ies  diverfes 
omites  des  plañeres.  C’eft  da  Taureau  ou  de  le- 
quinoxe  que  le  Zend-Aveña  fait  partir  tous  les 
aítres  : cette  pofition  de  la  fphére  le  jour  de  Té- 
quinoxe,  une  tois  déterminée  , coniidéí-ons  maia- 
tenant  le  poéme  de  Nonnus.  » 

« Le  poete  invitela  Mufe  á chanter la  foudre 
qui  étincelle  dans  ia  main  du  maírre  desdieux, 
dont  Texplofion  fait  accoucher  Sémélé ; la 
naiíTance  de  Bacckus  nt  deux  fois.  II  la  prie  de 
faire  paroitre  Protée , ce  dieu  fi  varié  dans  fes 
formes,  & dont  les  métamorphofes  renfermenc 
des  merveilles  moins  étonnantes  que  ceiles  de  1» 
vie  de  Bacckus, 

cc^  Cette  comparaifon  de  Bacckus  á Protée  , 
eíl  aes  plus  natureíies  , puirque  Bacckus  ou  l’ame 
du  monde  , eft  le  véritable  Protée  , qui  fubit  mii'e 
formes  variées  dans  la  matiére  qu’il  organife  , & 
aans  les  aftres  qifil  anime  & qu’il  meut.  Auíli  lui 
donnoit-on  le  tirra  de  Myriomorphos  , ou  de  die« 
aux  miiie  formes;  & dans  le  poéme  de  Nonnus, 
on  voit  ce  Dieu  fous  le  rom  de  Zagreus , prendre 
prefque  toutes  les  formes  de  Protée,  tantot  bcEuf, 
tantót  lion  , tantct  ferpent , &c.  fuivant  les  diaé- 
rentesconfteüationsdans  lefquellesl’amedu  monde 
circuloit.  » 

■ « Le  poete  entre  enfuñe  en  matiére,  en  racon- 
tan^  1 enlévement  d'Europe  par  Júpiter  déguife 
en  Taureau,  & les  courfes  de  CaJmus  pourcher- 
cher  fa  fcsiir ; ii  chante  poétiquement  cette  aven- 
ture. Júpiter  avoit  laillé  fa  foudre  dans  un  a.ntre, 
& Typhon  s’en  étoit  faiií ; mais  inutilement  ii  ea 
veut  faire  ufage-;  fon  bras  n’eñ  pas  aíTez  vigoureux 
pour.  en  foatenir  !e  poids.  Les  feux  du  tonnerre 
s’éteignent  dans  fes  mains,  & la  foudre  n’y  fait 
aucun  bruit.  Néanmoins  le  monílre,  fecondé  des 
aurres  ferpens  fes  fréres  , avoit  déjá  porté  le 
ravage  dans  totit  Punivers  , obfcurci  la  lumiére 
du  jour,  & faifoit  la  guerre  aux  etoiles  fixes. 
C’eñ  ainfi  que  dans  la  Cofmcgonie  des  Perfes  , 
on  voit  Typhon  , ou  Arhiman  avec  les  Dews  , 
attaquer  le  ciel  des  fixes.  ( ZsnB-Avefia , t.  zi. 
p.  3 54.  ) ■« 

« II  fait  avancer  dans  les  airs  fon  armée  de  íer- 
pens  , & va  fe  placer  lui-méme  fur  le  dragón  des 
Hefpérides.  Les  Heures  arment  contre  lui  leurs 
bataillons  intrépides.  Ii  atraque  enfuite  la  mer; 
& les  habitans  des  ondes  fe  cachent  á la  vue  de  fes 
ferpens.  Toute  la  nature  bouleverfée  eft  dans  TeíFroi. 

Cependant,  Júpiter  arrivé  fur  les  rivages  de 
Crete  , jouiíToit  de  fon  amourcux  larcin  , & Eu- 
rope  devenue  mere  , paíTe  entre  les  mains  d’Afté- 
tíon , candis  que  fon  amant  Taureau  brUie  dans 

D dd 


394  B A C 

íc  iignc  célcft^  j c^ui  porís  le  Toleil  íiu.  pniit£ffips  ^ 
ayant  le  Cocher  fur  fa  tete  3 & Orion  á fes  pieds. 
^ Nonnus  , liv.  1.  verf.  ^^6.  ) 

c£  Júpiter  accompagné  de  TAmour  & da  diea 
Pan  3 rencontre  Cadmiis  3 á qui  Pan  donne  fes 
l)oucs  & fa  ñute  j & Thabit  de  berget , afin  de 
tromperTypkon  &de  iui  reprendre  les  fo adres  quil 
a dérobées.  ££  Chante  3 dit  le  Maitre  des  dieiix 
» á Cadmus;  & la  paix  & la  férenité  feront  ren- 
» daes  au  del : fois  berger  pour  un  jeur  3 &:  que 
x>  cette  fliire  paíforale  rende  la  liberté  au  pafteur 
==  da  monde.  Tes  fervices  ne  feront  point  fans 
» récompenfe  ; tu  feras  le  génie  confervateur  de 
=>  rharmonis  de  i’univers  5 8c  la  belle  Karmonie 
» fera  ton  épouíe.  » Ainíi  parle  Júpiter  , & fem- 
blable  au  beeaf  arnaé  de  corneSj  il  avance  fur  le 
íemmet  duMonr-Taurus.  Cadtñiis  s apprue  conrre 
Hn  chéne3  & fait  répéter  aux  échos  les  fons  har- 
monieux  de  fa  íiúte  , qui  féduiíent  Typhon.  ^Le 
géant  aux  pieds  de  ferpenr,s’avancepour  lenrencrej 
& laiífe  la  foudre  áans  fon  antre.  Cadmus  feint 


¿""erre  eíFrayc  de  fa  vue  , & fe  cache.  Le  geant 
cherche  á le  raíuirerj  & l’invite  á continuer.  11  lui 
promet  méme  une  récompenfe,  & TaíTure  que  des 
qifil  íera  maitre  de  l'Olympe  , il  placera  fes  boucs 
& fes  chevres  dans  la  conilellarion  áu  cocíier,  fes 
taisreaux  dans  le  Taureau  céleíte  , & fa  flíite  dans 
la  coníiellition  de  la  lyre.  Cadmus  póurfint  3 8c 
tandis  que  ie  géant  fe  livreau  plaiíir  de  i entendre, 
fans  que  rien  puiffe  le  diítraire , Júpiter  fe  gdííe 
furtivemenr  dans  Fantre  du  geant , & reprend  fa 


foudre. « j t 

ccEientót  Typhon  s’appercoit  de  rartihce  de  Jú- 
piter Sr  de  Cadmus3  & furietix  d'avoir  été  trompé, 
il  asite  la  natura  oar  les  plus  violentes  recou!res,& 
ébranle  Funivers.il  déne'encore  Júpiter  au  combar. 
Le  maitre  dutonnerre,  accompagnéde  la  Vicroire, 
Fattend , fe  rit  de  fes  menaces  , & fe  prepare  á 
foutenir  les  affauts.  ki  eft  ladefcriprion  de  ce  ter- 
rible combar.  Typhon  enraíTe  montagnes  fur  mon- 
tagnes,  lance  des  arbres  & des  quartiers  de  rochers 
centre  Júpiter  , qui,  d’iin  coiip  de  toudre  , reduit 
sour  en  poudre.  Le  roí  des  dieux,  accompagne  de 
laTerreiir,  volé  au  haut  des  airs  , arme  de  la  pean 
¿e  la  chevre  Amaithée,  & porté  fur  le  charailé  du 
Tems.  La  vittoke  eíi  b.alancée;  mais  enfin,Typhon 
atraqué  de  toutes  parts  . tombe  brúlé  de  la  foudre. 
Júpiter  infalte  á fadéfaite,  & renfévelit  fous  les 
rochers  de  Stciie.  Le  comoat  finir,  oír  le  poete, 
avec  Fhiver.  ( Lib,  iir.  ver/*  i.y  La  paiX  cid  ren- 
due  a la  nature  , & Fordre  rétabli_  dans  Funivers. 
Júpiter  remercie  Cadmus  du  fervice  qu  il  luí  3. 
rendu  , & lui  dit  qudl  va  le  faire  gendre  de  Vé- 
Büs  Se  de  Mars  ; il  lui  donne  enfuite  quelques 
avis  , Se  entr'autres  celui  d'bonorer,  le  foir^,  1 O- 
phiuchus  célefte ; ( lib.  n , vers.  óyy  ) ; c eír-a- 
dtre  !a  conftellation  ou  il  eít:  place  , s veur 
éviter  la  métamorphofe  oae  lai  referve  le  defiin. 
Le  m-aitra  da  tonnere  retourne  au  ciel,  porté  fur 
í«n  char.  La  Viédoire  gtiide  fes  courfiers-,  les 


B A C 

Keures  luí  ouvrent  les  portes  de  FO’ynrpe  , & 
Théniis  , pour  eSrayer  ia  terre  qui  a donné  naif- 
fance  á Typhon , fufpend  aux  voútes  du  ciel  les 
armes  du  géant  foudroyé.  » 

££  Les  ptincipaux  perfonnages  qui  figurent  aans 
ces  deux  chants  , fon*  les  meir.es  que  les  génies- 
étoiles  3 qui  étoient  á Fhorizon  oriental  ou 
occidental  , á Féquinoxe  du  printernps , & qui 
par  leur  lever  cu  léur  coucher  , fi-xoient  le  paífage 
du  foiei!  aux  íignes  fupérieurs , la  fin  du  régne 
de  Fhiver  & de  ía  nuit , & les  limites  de  1 empire 
d'Oromaze  & d’Arhiman  ; on  y voit  Júpiter^  8c 
Typhon,  Earope,  Cadmus  8c  Pan.  Dans  la  ^here, 
on  treuve  a Fhorizon  occidental , le  cocher  ou 
Júpiter  yEgiochus  , Se  Pan  dans  notre_  fyfteme  , 
qui  fe  couchent , & par  leur  difparirion  lont 
lever  Cadmus  , c’eítá-dire  le  ferpentaire  , 8c  pres 
de  iui  le  dragón  des  Hefpérides  8c  le  ferpent,  qui 
foarnirent  les  attributs  de  ferpent  au  lyphon  8c 
aux  génies  des  ténébres.  « 

cc  Tous  les  Mythologues  conviennenr  que  le 
taureau  d'Europe  eíl  ceiui  de  nos  conftellations  j 
iNonnus  en  particuHer  Fy  place.  L avis  que  ce 
poete  fait  donner  á Cadmus  par  .Tupiter,  qui  luí 
dit  d^honorerla  nu’t  FOphiucus  celefte,  pour  pie- 
venir  les  iTiailieurs  de  fa  métamorphofe  , contiene 
une  alhiíion  marquée  á la  coníteilarion  qui  , ¡c 
foir  á Forienr  , étoit  en  afpeci  avec^  le  taureau  , 
8c  qui  porte  encore  le  nom  de  Cadmus.  Quant 
aux  géants  aux  pieds  de  ferpent  Se  a Typhon  , ce 
n'-ñ  pas  la  premiére  fois  que  nous  avons  étabü 
leur  identité  avec  le  ferpent  celefte,  genie  de 
Fhiver ; Sí  nous  aurons  encore  iseu  de  le  prou- 
ver  , de  maniere  qu’une  des  preuves^de  Ja^verite 
de  notre  fyftéme  , ckft  qu  une  divinite^  , 

une  fois  clétenninée  dans  une  table  particuhere  , 
fert  á expHquer  routcsles  fables  oú  ejie  entre. 1!  en 
eíl:  de  méme  de  Pan,ou  du  dieu  aux  pieds  8c  coinés 
de  bouc  , une  des  formes  de  1 ame  du  monde  , 
peinte  avec  Ies  attnbuts  de  la  chevre  & cíe  fes 
chevreaux  5 conílellation  qui , le  foir  par  fon  cou- 
cher , 8c  ie  matin  á fon  lever , fixoit  le  poiní 
éqiiinoxial , 8c  le  commencement.  de  i harmonie 
céieftetc’eíl  lui  qui  fournit  á Cad.mus  ou  au  ferpen- 
taire les  attributs  fous  lefquels  il  ceife  d étre  genie 
d’hiver  , 8c  devient  le  bel  Efmun  , comme  on  le 
yerra  mieux  á i'artic’e  Pluton.  Cadmus  devient 
alors  3 comtne -Pan  , Tauteur  de  1 hann o nie  ce- 
leñe  , & tient  Forgue  aux  fept  tuyaux  , ou  1 em- 
bléme  du  fpzritus  , 8c  du  fouffie  unique  , QUi  üi" 
vifé  en  fept  fons  , forme  Fharmonie  celeíle , en- 
fin 3 il  n’eíl  plus  ridés  d’hiver  niah  Famant^de 
la  mere  des  dieux,  qui,  au  fein  des  ter^O‘--S  3 
vient  faire  briüer  la  lumiere , fuivant 
cius  ”. 

" -La  théologie  oui  fair  le  fonds  de  cette 
gorie  poétique , eft  la  méme  que  nous 
étabiíc  comme  bafe  fondamentaie  des  • ¡v. 
nies  anciennes  , en  cxpdquanr  la  Cofmogon.ee 
i Perfes  , Fceuf  d’Oromaze  & ¿’ArhiiDan , 


B A C 

beau  raorsument  de  Mirhi'as  ^ Sí  que  :íou.s  retrssu- 
▼erons  en  traitant  Séraais  ou  Piaron.  » 

« Le  pc-ére  f.ippofe  que  peadant  riiiver  2e  dieu 
de  ’a  iumij  e n'avort  plus  de  fou.ires  ; qu’elíes 
etoient  entre  les  rnaias  du  génie  des  ténebres  , 
ou  de  i ijiver  . qui  n^en  pouvoit  taire  ufage  5 mafs 
tant  que  Júpiter  e.a  eft  privé^  fon  ennemi  boale- 
veríe  la  nacure  , confond  les  eiémens  répaiid 
fíir  !i  face  de  h terre  le  deui! , les  Cracbres  & 
la  nro’.t  ^ jufqu  au  lever  du  ferpentaire  , & au 
coacher  du  taureau  j époque  oii  le  dieu  d.i  jour 
reiiire  dans  tous  fes  droits  & rétablit  I’ordre  que 
*c  genie  dcí^ruCieur  2 troublc  Tur  la  terre.  Júpiter 
reprend  fes  foudres  par  l'artiSce  de  Cadmus , 
fous  i nabic  de  Pan  ou  du  cocher  céleftcj  le  méme 
qu  v^rus  5 alors  la  guerre  des  deux  principes  fir.it 
par  La  deilrtiGÜc.n  du  génie  des  ténebres  & 
ae  i iiiver  ^ & par  le  triomphe  du  Dieu  du  iour. 
^oiir^  va  renait-e;  la  terre  eíl  cmaülée  de  fieursj 
íes  zephirs  prennent  la  place  des  bruyans  aquilons; 
Jes  íieuves  enchainésreprennentleur  courSj&toute 
a nature  produrt.  C’eft  Lidée  qu^’amene  natiirel- 
lement  .e  triomp.he  de  Júpiter,  & c eft  précifé- 
ment  cene  oue  préfente  le  poete  au  comtr.en- 
cement  ae  fon  troííiéiiie  lívre.  53 

«Lhíver,  dita!,  fi.nir  zv:c  h eaerre  de  Ty- 
phon  contre  Jupirer;  le  Taureau  &:  Orion  fe 
levant  dans  un  cteí  par.  l e MaiTagete  ne  roule 
plus  fí  rabane  ambulante  fur  les  gkces  du  Da- 
nube  j 1 hironaeüe  & le  zéphír  ramenent  le  ptin- 
temps  , Sí^la  fleur  s ouvre  aiix  fucs  nourriciers  de 
la  iofee.  \oiia  en  fuDílance  les  qui.nze  prenv'ers 
vers  du  chant  qui  fuit  la  défaire  du  génie  de 
i mver  & des  renébres  ; & la  marche  du  poete 
^ abfolument  celie  de  la  nature  & de  la  fphére. 
Alors  Cadmus  qiuctant  les  fommets  du  Taurus, 
«es  les  premiers  rayons  de  Taurore  , s’emb.arque  , 

,7  va  en  Thrace  cherchar  la  beüe  Harmonie  , 
elevee  dans  le  ^paíais  d’une  Pléiade  nommée 
Liectre , & confaée  á fes  foias.  La  déeííé  de  la 
permaiion  l'y  inrroduit  fous  le^  aufpices  de  Vé- 

'Iml  íf  ‘ ’ defeription  du  palais 

«L-eCíre  , ou  vient  d’arriver  en  méme-tems  cue 
H Emathion  , ou  le  iour  , fils 

e bieccre  ^ fous  la_  forme  la  pías  agréable.  La 
pnnceiie  fait  fervir  á Cadmus  un  magnifique 
repas,  & I interroga  fur  le  .ftiier  de  fon  vovao-e 
& fur  fes  aventures  : le  héros  Ies  luí  raconte. 
tiectre  cherche  á le  confoler  par  fon  e.xemple, 

& íu!  dit  que  da.ns  fes  malheurs  elle  eft  rafíurce  i 
par  1 efpoir  d ’étre  unie  á fes  fesurs  , qui  formertt  I 
le  chcEur  des  Pléiades  , & qu  elle  fera  k feptiéme  1 
atlannde  aui  brülera  aux  deux  ; qu’ilpeut  égale-  ! 
^ent  fe  fiatter  qu’un  iour  le  deílin  pourra  luí  ' 
6tre  plus  favorable.  Cependant  Mercure  , dé- 
ployant  fesailes,  arrive  au  palais  dTleclre,  & 
ordonne,  déla  part  de  Júpiter,  de  mnrier  á 
admus  la  jeune  Harmonie  , filie  de  Venus  & 
lars  , qu’eüe  éléve  dans  fon  palais.  «=  Je  vous 
* »lue,  lui  ¿tr-il  la  pluj  heurettfe  dt  touses  les 


B A C ^ 

* itnsmes,  vous  que  Juuiíer  a homorée  de 

- couclíe  : votre  ibng  va  donner  des  loix  au 

- monde,  & voiis-meme  feraz  placee  dms  Ies 
» cieux  a cote  de  Maía  ma  mc-re  , & vous  ac- 
« cempagnerez  ie  char  du  íbleiL  Je  íais  ie  mef- 

- pger  oes  dieux,  qui  viens  vous  ardonner  de 
« pait  cíe  ..'upiter , de  donner  ia  ieure  Har- 

» naonie  en  mariage  á ce:  étrañaer  oui  dent  ds 
rendre  la  parx  & la  férénité  au  de!';  relies  fon<t 
« i^es  i.nrentions  de  Júpiter  , de  Mars  6^ 
"Venus.» 

«Apres  avoir  analyfé  ce  troifiéme  chant  áa 
poem.e,  fasfons  yeir  fes  rapp-orts  avec  la  fphére. 

fnants  precédeos  noiis  ont  donne  la  po'itioni 
ítu  ciel  le  foir  qui  précéde  le  jour  éqiiíhoxiai  » 
& les  afpeds  qui  préíide.nt  á la  derniére  nuit  d« 
regne  du  génie  des  ténebres.  Confukons  aótuel- 
lement  les  afpeóts  du  mattn  , Se  la  premiere  au- 
rore  des  beaux  jours.  Le  folei!  fe  léve  dans  le 
íigne  du  taureau  , fous  lequei  eft  Orion  , & pre- 
cede des  fept  Pléiades  , dont  Eledre  eft  une  ^ 
ainíj  que  de  Perfée , notre  Mercure,  fils  d'uné 
Pléiaie.  .Aucouchant  on  trouve  Cadmusoale  feí- 
pentairc  ,^qui  , aprés  avoir  para  pendant  toute 
la  nuit , defeend  ¡e  matin  au  fein  des  fiots , &: 
fe  trouve  en  afpect  avec  les  Pléiades  : alors  !¿ 
jour  reparoit.  C'eft-lá  le  fondem.ent  de  Pallego- 
rie^  qu!  fuppofe  que  Cadmus  s’embarque , 8c 
arnve  au  palais  d Eieélre,  ou  il  trouve  le  jeune 
Emathion,  ou  le  jour , fous  !i  figure  ¡.F un  ieuní 
homnae  qui  doit  fa  naiífanGe  á Éleétre  , & qiá 
va  bientór  régner  fur  Tunivers.  C'eft  égalemertt 
aux  premiers  rayons  de  Laurore  que  ie  poke  places- 
1 embarquement  de  Cadmus;. ce  qui  déíigae  clai- 
rement  foiT  conchar  du  matin  \ mutiLt-PuLs  ibat: 
Cadmus.  {Lia.  uj,  .^ers  ly.)  ; au-lieu  que  dans 
les  chañes  precédeos  , _ou  il  étoit  qtíeftion  des 
aipeñs  du  foir  , il  iai  dit : noaurnus  Ophii¿cku.m 
invoca.  On  voit  que  les  aéteurs  princioaux  qui' 
figurent  jufqu  ici_  dans  cette  allego  ríe  font  les 
afires  qui,  le  foir  & le  tnann,  ftxoient  !e  poinc 
équinoxial , & ie  cosnme.ucement  du  trroínphí 
du  jour  fur  la  nuit.  » 

« V énus , fous^  la  forme  de  Perfinoe  , ou  de 
la  perfuafipn  , déter.mine  l'Harmonie  á confentig 
á fon  mariage  avec  ce  jeune  érraaaer  , & á s'e.m- 
barquer  avec  lui.  Le  foufíle  du  zéphir  printa.nier 
enfle  les-voiles,  & Cadmus  arrive  á Delphes ; 
l’oracle  lui  dit  de  batir  une  viiíe  dans  le'iieu  oá 
une  vache  fe  repoíera.  Cadmus  arrive  dans  les 
lieux  oú  Orion  étoit  mort  piqué  d'un  feorpion, 

& apperqoit  la  trace  d une  vache  qui  s’ étoit  re- 
pofée  á terre  : il  l’iir.ínole,  & jette  les  fo.nde- 
mens  d'une  vilIe  qu'il  appeÜe  Thébes  , Srqui  re-  ■ 
trace  en  petit  tóate  Lharmonie  célefte.  ( Li'b.  y. 
verf.  6^.)  il  Y fait  ouvrir  íept  portes , donne  á 
chacune  d’elles  le  nom  d’une  planéte , & Ies  place 
dans  l’ordre  que  Ies  plañeres  ont  dáos  les  cieux ; 
il  y célebre  fes  noces  avec  ia  belle  Harmonie.  La 
Huií  futvieñc,  déji  íc  dragón  voiíln  de  Pousíb 

Ddü  ij 


35'í  B A C 

monte  fur  femble  préfager  a Cadmus 

ia  métamorphofe  5 mais  les  fiambeaux  ás  l'hv- 
irenée  forment  une  lamiere  égale  á celieda  jour. 
Toas  ¡es  ¿ieux  aífiíienr  á ia  féte  ^ & font  des  pré- 
íens  aiix  noiiveaux  époux.'  Harmoniedevient  mere 
ce  píiifieurs  enfans  ^ dont  le  poete  raconte  les 
svtntures  dans  ctielques  cliants  épifodicEes.  Cel'e 
oui  fixe  de  préférence  fon  attention  , eft  ia  beile 
Semélé,  mere  de  Bccchus , aux  comes  de  bceuf. 
( iib.  Y.  verf.  ) 33 

Arrérons  maintenant  nos  regards  fur  les  ta- 
bleaux  que  nous  prcfente  ce;  cinquiéme  livr: , 
Se  fuívens  le  fil  aÜéeorique.  Cadmiis  , ou  le  Ser- 
pentaire aprés  avoir  difparii  le  matin  au  fein  des 
ÉotSj  reparoit  le  foir  le  premier  jour  du  prin- 
temps.  Son  lever  fait  coucher  Orion  & le  fau- 
reau  áu  lever  día  feorpion  céleñe.  Ceft  le  fonds 
de  l’hiítoire  aliégorioue  de  cette  vache  qu’ap- 
percoit  Cadmus  pres  des  lieiix  ou  périt  Orion 
picué  par  le  feorpion  , de  cette  vacne  que  Cad- 
mus immole  , pour  jeter  les  fondemens  de  Thar- 
monre  céleíie  á kqueile  il  prélide  , & dont  fa 
viüe  eft  une  image  abrégée.  Le  poinr  équinoxial 
a¡-ojs  oceupé  par  le  taureau  premier  des  lignes^ 
rroit  cenfé  erre  le  poinr  de  départ  de  r harmonie 
univerfelie  des  fphéres,  & le  fondement  fur  le- 
quel  elle  eft  établie.  Le  nom  de  Thébes  pour- 
roit  étre  lui-méme  allégorique  5 en  Orient  c’efr 
je  nom  du  t^aifLeau  : ainíi  Fon  a peut-étre  voulu 
faire  allufion  au  vaifleau  céleíle  dont  les  plus 
belles  étoiles  fe  couchent  avec  Orion  & le  Tau- 
ou  plutot  on  a voulu  déíigner  Funivers 


reau  . 


lui-méme  ^ que  les  anciens  peignoient  fous  la 
forme  d'un  vaiíTea^u , dans  iequel  éteient  fept 
pilotes , & qu’ils  difoienc  reprefenter  Fharmonie 
Hniverfelíe.  Dans  la  théogonie  des  Pheniciens  » 
Crone  ^ ou  le  génte  de  Fannée  & du  tems , jette 
éga'ement  íes  fondemens  de  la  stille  deBybioSj 
la  pretniére  qudl  y ait  eu  en  Ftiérticie ; & cette 
fon'dation  eíl:  une  allégorie  du  méme  genre  , 
relativa  au  premier  figne  ^ & au  depare  des 
fphéres.  ’’ 

cc  La  circonftance  dii  lever  du  dragón  v.oiíin 
de  Lourfe , cui  á fon  lever  améne  la  nuit  ou  fe 
eélébrent  íes  noces  dTIarmonie  & de  Cadmus  , 
fixe  rnconteftab'cment  la  nuit  de  Féquinoxe  , 
puifque  le  foir  , cette  confteliation  fe  levoit  avec 
Cadmus  j & au  - deáfus  de  iui  , & rarr.enoit  ia 


auit.  « 


«Cependant  Fefpéce  humaine  avoit  eré  mfeues- 
lá  livrée  aux  foucis  rongeurs.  Le  vin  qui  les  dif- 
fipe,  dit  notre  poete  ^n'étoit  point encore  donné 
á Fhomme.  L'univers  avoit  été  dévaííé  par  le 
déluge,  & ce  ne  fat  qukprés  Finondation  uni- 
verfelle , que  naquit  le  dieu  du  vin.  .íEon , ou 
le  géníe  du  tems  aux  milla  fomieSj  tenant  en 
maín  Ies  clefs  des  générattons  y repréfente  á Jú- 
piter les  miséres  de  Fh-oname.  Ce  dieti  promet  á 
ía  terre  la  nauTance  de  fon  fiis  ^ qui  tioit  y ap- 
porter  use  iicuieur  auíu  douce  que  k ue^ar 


B A C 

des  dietiX.  L’iinivers  , dit  ce  dieu  , chantara  fes 
préfens  vainoueurs  des  Géans  Se  des  Indiens  ; ü 
briliera  dans  les  afires  , & lancera  la  foudre  avec 
moi.  ( L¿¿.  VII.  verf.  97.  ) Eiencót  ce  dicu  apper- 
qoit  la  filie  d'Harmonie , la  jeune  Sémélé  , au 
bai.n  : i!  en  devient  amoureux  , Se  la  rend  mere 
de  Bdcckus.  Cette  amante  imprudente  y victime 
des  confetis  perfides  de  Junon  y defire  voir  le 
maitre  des  dieux  dans  toute  fa  gloire  j & périt 
au  miíieu  des  feux  de  ía  foudre.  Le  jeune  Bac- 
chas  aux  comes  de  boeuf , (íb¿.  m , verf.  15  & 
27  ) y eft  confié  aux  íoins  des  nymphes  des  eaux  , 
qúi  deviennent  fes  nourrices.  Bacckus  eñ  e.nfuite 
tranfporté  en  Lydie  , Se  croit  fciis  ia  tntelie  de 
Cybéle  ; Se  ckftdá  qu’il  recoit  Fordre  de^  Júpiter, 
qui  lili  commande  d aller  combattre  les  itiQÍens  , 
de  faire  part  aux  Afiatiques  de  la  découverte 
du  vin.  =3 

« ¡1  n’efi  aucun  trait  dans  cette  aliegorie^qui 
ne  rentre  dans  notre  théone.  Ce  n eñ  qu’apres  le 
déiuge  que  nait  Bacckus  , & c'elt  ía  fouare^  de 
Júpiter  qui  luí  donne  naiíTance.  Les  tíéiuges  étoient 
les  pluies  violentes  de  Fniver  , qu;  cefiotent  au. 
moment  ou  le  régne  ham.ide  finifí'oir  8e  oii 
commencoit  le  régne  du  feu  , c eíl-a-dire , au. 
printemps , comme  on  le  vetra  pius  au  long  a 
Farticle  de  Pbaéton.  Alors  Bacckus-,  ou- .Fame 
du  monde  8e  du  jour,  sincarnoit  en  taureau,. 
attribiit  de  Bacchus  , dont  1 education  eit  connee 
á des  nvmphes  des  eaux , vraifemblablenierjt  les 
Hyades”  qut  font  au  front  da  taureau  ctieñe.  En 
effet  y la  fable  fuppofoit  qu'elles  furent  les  nour- 
tices  de  Bacchus  .*  país  Bdcchum  nuírijfc  putaut , 
dit  Ovide.  Une  d¡entre  -e!les_  port-e  le  nom  de 
Thione  , nem  ciie  le  poete  donne  tei  a-  Semele, 
& qa’il  dit  avoir  été  placée  dans  les  cieux.  Elle 
étoit  alors  abforbée  toute  entiere  dans  les  ¿eiix 
foiaires  ; Se  Aldébaran  , la  plus  bebe  des  Hyades, 
fut  vraife.mblabíement  Faftre  genie  défigné  pour 
Bacckus  y &■  auquel  Fame  du  monde^fiit  an:e.  » 
« Bacchus  accompasné  de  FaUy  s avance  á la 
tete  d’une  arméé  nombreufe  de  bacc.nantes  ,^da 
fatyres  Sc  de  centiures  . contre  Aftreus , générai 
des  Indiens  , campé  fur  les  bo-rdsdu  fieuve  Afa- 
cas y ou  Cáncer.  « - 

“ Les  Indiens-  font  battus-y.  & Bacchus  c.iange 
en  vin  les  eaux  du  fieuve.  II  traverfe  \ Afacas  ^ 
appercoit  dans  k forét  voifine  une  nymphe  nom- 
mée  Ñicé  , ou  YiSoire  , dont  il  a un^fes  au- 
quel il  donne  le  nom  de  Terme  , ou  de  1 m .j 
grec  & batir  dans  cet  endroit  la  viUe  de 

Nicée,  oude  la  Vifioire  y áu  nom  oe  cette 

I¡  fufStde  jeter  u-n  coup-d^oed 
pour  découvrir  le  fens  de  cette  aiiegct-e. 
triomphe  de  Famedu  monde  & du 

te-rme  de  fon  moavement  afeendant , & ^ ' 

toire  y eft  fon  arrivée  a-u  troné  fofftina- , a;  ^ 
au  premier  degré  da  Hon  céieice.  Buy 
Qu’en  traveifant  les  étoiles.  du  caucet , en  o. 


B A C 

•T'jiKSí'j  nom  que  confen^e  encore  cette  conf- 
telktion.  Le  nom  á’  ^'fireus  , donné  aa  general 
Indien  campé  fur  fes  bords , confirme  encore 
ralluiion  faite  aux  aítrcs.  Sa  viíioire  &:  le  terme 
de  fon  afcenfion  ^ foncici  déíignés  rousTembléme 
d’une  jeur.e  nymphe  , flDe  de  rAíricus  , a qui 
Bacckus  fait  un  amoureux  larcin , & d’un  jeune 
enfant  qui  en  eíl  le  fruir.  Ce  qui  achéve  de  dé- 
montrer  ia  vérité.de  Texplication  que  nous  don- 
aons  de  cetre  allégorie  , que  nous  regardons 
comme  I'embléme  de  la  viótcire  du  foleil  au  üon 
folíiiti.ai  , c’eíí  que  ce  poete  dit  formellement  de 
cerre  nymphe  ^ cif  elle  habltoit  fur  une  montagne 
tres  - élevée  ( ii¿.  xr.  verf.  ico)  , Sr  qu'un 
lion  apprivoífé  éroit  couché  á fes  pieds.  Bac- 
chiLs  vint  á bour  de  la  découvrir  á Taide  d'un 
chien  que  lui  avoit  donné  Pan , & á qui  il  pro- 
met  de  le  placer  dans  Ies  conífellations , prés  de 
Sirius  ( Lib.  XVI , verf.  ico).  C’etoit  eííectivement 
le  lever  de  Sirias  qiXi  dérerminoit  le  folftice  & 

1 entree  du  foleil  aii  l;on  céieíle.  Peat-étre  auííi 
ell-ce  le  petit  ch:en  qui  fixoit  la  méme  époqae  , 
& qui  fut  place  par  Bacckus  dans  les  conííella- 
tions , fuu'ant  les  Mythologues.  » 

« Tranfportons-nous  maintenant  á Féquinoxe 
d automne , qui  répondoit  alors  aux  étoiles  du 
fcorpion.  Lorfque  le  foleil  arrivoit  á ce  figne  , 
il  fe  trouvoit  en  conjonction  avec  les  étoiles 
du  loup,  placées  prés  du  point  équinoxial  , & 
qui  difparoiíToient  alors  dans  les  feux  folaires.  Le 
taareau  céieíle  defcendoit  le  matin  dans  Ies  fiots 
de  Pocéan , & fon  coucher  étoit  produit  par 
1 afcenfion  du  íoup  fur  Phorizon;  naais  le  foir  j 
le  loup  & le  foleil  couchés  laifibient  reparoitre 
á Phorizon  le  méme  taureau  , ou  Bacckus,  , ac- 
compagné  de  la  troupe  des  Hyades.  AuíTi  dans  le 
vingciéme  chant , le  poete  fuppofe  que  Bacckus 
arrive  chez  un  roi  feroce^  nommé  Lycurguej  fils 
de  Dryas  , ou  des  chénes  ou  des  foréts  ^ & def- 
cendant  de  Mars.  On  fait  que  Aax.<¡¡r  en  grec  , eíl 
le  nom  du  íoup  5 que  le  loup  eíl  Martium  ani- 
mal, fuivant  Virgile  ^ & que  ^ ou  Dryas  eíl 
le  chéne;  alluíion  aux  lieux  qiPi!  habite.  Letyran 
armé  de  l’aiguillon  du  bouvier^  pourfuit  Bac- 
chus  & fes  nourrices  , & le  forcé  de  fe  íeter 
dans  la  mer,  ou  Thétis  le  recoit  , & Nerée  le 
eonfole.  Lycurgue  eíl  puni  par  Júpiter  j qui  con- 
fent , á la  vérité  j á le  placer  parmi  les  immor- 
tels  ( lib.  XXI , verf.  153),  OU  dans  POlympe  ; 
mass  qui  en  attendant  ^ le  prive  de  la  vue.  Bien- 
tót  Bacckus  en  eñ  inílruit  par  Prbtée  ^ oui  lui  ap- 
prend  auífi  la  métamorphofed'Ambroific  ' v.  k^o.'), 
que  Lycurgue  avoit  fait  prifonniére , & aui  deja 
fe  léve  dans  le  ciel  avec  les  Hyades.  Ón  fait 
efrectivement  qu'Ambroifie  eíl  le  nona  d'une  éroüe 
de  cette  conftellatioa  (Hygl  ■ , lib.  ¡1.) , qui  fe 
levoit  alors  le  foir.  Bientor  li.icchus  reparoít  á 
la  tete  de  fon  armée  conílernée^  & luí  rend  la 
conSance.  ==  \ 

Le  poete  fuppofe  que  Bacckus  aprés  fes  ' 


B A C 


5?7 


conouetes  reprend  le  chemin  de  la  Ceses  , 7 

célebre  des  tetes ; que  Pendiée , ou  le  deuii 
perfonnifie,  s oppofe  á íeur  étabiifiement  ^ ác  veut 
faire  perir^  Baccr.us  ; mais  cue  lui-ir.éme  périt  des 
mams  de  fa  propre  mere  .qui  le  mécon.ñoit  fous 
la  fipre  aun  Iion  ( iib.  xivi , verf  17;.  y Le 
deuil  ou  r-e.ntftée  3 dont  triomphe  ic:  Bacckus  a 
fon  recour  , eíl  le  aeuu  de  la  nacure  , qui  fait 
place  á la  joie  qué  toas  ¡es  peuples  ont  rénioignée 
au  retour  du  foleil  vers  nos  régions.  On  fait  que 
Ies  Egyptiens  entre-autres  célébroient  des  fétes  á 
cette  époque Se  quittcient  le  deuil  ^ comme  ie 
prouve  le  paílige  d’Achilies-Tarin.s  ( c.  23  ) oue 
nous  avons  cité  en  parlan:  de  Porigine  du  zodia- 
que.  Le  Iion  dont  Pentliée  prend  la  forme ^ eft 
le  lio.n  céieíle  ^ qui  alors  par  fon  lever  du  foir 
Se  fon  coucher  du  matin  j fixoit  cette  époque 
aílronomique.  « 

, ce  Ce  qui  confirme  cette  explicationj  c'eíl  ¡aven- 
ture de  Bacckus , racontée  á cette  occafion  par 
Tiréíias  ( lib.  xlv  , verf.  120.).  On  y voit  hac~ 
chus  métamorphoíé  en  enfant  j que  des  pirares 
veulent  enlever  dans  leur  vailleau  : ils  Penchai- 
nentj  croyant  en  tirer  une  riche  rangon  5 maisle 
dieu  fe  préfente  aufli-tor  á eux  fous  la  forme  d'uti 
lion  reáoutable.  Les  máts  & Ies  cordages  du  vaif- 
feau  font  entortillés  d’aífreux  ferpens  & les  iS'au- 
toniers  faifis  d’efrroi  ^ fe  précipitent  dans  les  íiots 
fous  la  forme  de  dauphins.  “ 

cc  11  eft  itxpoflihie  de  méconnoitre  ici  une  al- 
légorie  aílronomique  fur  le  folílice  d'hiver.  En 
eíret , nous  favons  par  Macrobe  ^ que  les  anciens 
Egyptiens  repréfentoient  Bacckus  fous  des  formes 
difterenteSj  dans  les  diíFé.renres  faifons  de  Pannée, 
&_que  les  graduations  d'áge  par  lefqaeiles  o.n  ie 
■faifoit  paíTer , étoient  proportionnées  aux  grarlua- 
tioiis  de  la  íumiére  du  jour  dont  il  étoit  Pintei- 
ligence.  Au  folílice  d'hiver  , cil  les  joars  fonc 
Ies  plus  courts^  on  le  repréfentoit  fous  ¡a  forme 
d^un  enfant ; au  printemps  ^ fes  ílatues  avoient  les 
traits  de  Padolefcence  j il  étoit  homme  aa  folííke 
d'été  j &:  vieiüard  en  automne.  {Macrobe  , Su- 
turn.  lib.  i.  c.  18.  ) » 


cc  Nous  en  avons  une  nouvelle  preuve  dans 
PHarpocrate  égyptien  ^ fils  d lfis,  dont  on  fécoic 
la  naifí’ance  au  folílice  d hiver  ^ & qu'on  peignoir 
avec  Íes  triits  de  Penfance.  Enfin  ^ il  nous  refte 
encore  aujourd'hui  dans  la  fphére  , des  traces  de 
cet  anclen  ufage  de  pefncire  fous  Pembíeme  d'ua 
enfant  Pinte  ligence  foiaire  & la  Iumiére-  La 
fphére  des  Orientaux  repréfentoit  la  Víerge  allai- 
rant  un  enfant  ( Ceefius , p.  75.  ).  Ou  la  voíc 
ainfi  dans  ie  manuferít  da  la  bibliothéque  du  Roi^ 
N".  iiéj  : fon  afcenfion  a minai:  fixa  le  folílice 
dans  les  dernitrs  ages.  ” 

cc  Ainfi  j la  forme  d enfant  donnée  a Bacchus 
dans  fon  en'évementpar  les  pirares  , déíigne  une 
aventure  du  folfiice  d'hiver.  Cet  épifode  aiiU 
leurs  place  au  moment  de  fon  retoar  vers  nos 
régions  j confirme  encare  cette  ¿ótersiinatEeri. 


35?§  B A C 

Voy o!7s  aé^uetlemenr  queis  font  Ies  afpeíSs  céleftes 
qni  ont  fourni  le  forrd  de  rallégorie.  » 

cc  Le  foíñice  étoit  determiné  au  levant  par 
rafceníion  du  lion  j par  celle  de  Fhydre  & de  la 
cronftelíanon  du  vaifTeau  , dont  les  premieres 
étoiles  arrifoient  á í'horizon.  L'hvdre  méme  fem- 
fale  pbcée  Tur  le  mát  du  vaifTeaú.  Au  couchant , 
ia  conflellatton  du  áairphin  entre  dins  les  f¡ots  ; 
TC'tlá  le  fotrd  de  í énigme  afirotiomique  qui  fuppofe 
qrte  Bacckus  enfant  eft  rencontré  par  des  pirares 
ctii  le  chargenr  fur  leur  vaiíTeau  , que  ce  dieu  , 
ícus  la  forme  du  ¡ion  , les  eftraye  ; que  les  máts 
Se  les  cordages  deviennent  des  ferpens  , Se  que 
les  pirares  eux-mémes  fe  prícipitent  dans  la  mer, 
idus  la  forme  de  dauphins.  Ceci  nbft  pas  íeule- 
meíit  une  carcectureí  car  les  Mythologues  con- 
viení;ent  cax-mémes  que  le  danphin  céleíte  , aui 
me  fcrc  á expíjquer  cette  niétamorphofe  , eíl 
effe¿LÍverrrent  ceíui  dont  Ies  pirares  prirent  la 
forme  en  fe  précipitant  dans  les  fiots.  ( Hygin  , 
tiv-  il. ).  ” 

« Aprés  la  défaite  de  Penthée  changé  en  lion 
Bacckus  ( liv.  47. ) fe  rend  á Athénes , & y 
eft  recu  ch  ez  ícare  j qui  a pour  filie  Erigone.  II 
Ifenr  donne  du  vin  , & leur  aprend  á cultiver 
la  vigne.  Des  payfans  á qui  ícare  commurfique 
St  jus  di'.ún  ^ le  tuent  dans  leur  ivreffe.  Sa  filie 
cherche  fon  cadavrej  Se  fe  pend  de  défefpoir.  Son 
chien  íidéle  ne  Fabandonne  point  dans  fes  mal- 
Beuvs  , & erpire  prés  de  fon  tombeau.  Bacckus, 
«u  fuivant  d'a'utres,  Júpiter  les  place  dans  le  ciel. 

verf.  246.). Icare  áeviehí  le  bcotes^ Erigone 
is  Tierge  céleftej  &:  le  chien  ^ celui  des  conftel- 
Jstions  ; voilá  le  précis  de  Failégorie  qui  fuit  la 
eiort  de  Penthée.  » 

« Confukons  la  fphere  : aprés  le  coiicher  du' 
dauphin  Sr  le  lever  du  lion  , les  conftellations 
s fuccédent  á Forient  immédiitetnent  aprés 
iíon  , font  ¡a  vierge  céleft'e  8c  le  bootés  , Fun 
ícare  , Fautre  Erigone^  de  Faveu  méme  du  poete, 
& füivanr  le  témoignage  dUiginus  & de  Germa- 
fticus  , Fon  á Fárdele  du  Bootés  , Fautre  a Far- 
íicle  de  Síríus.  « Complures  Icarium  Booterñ  , 
» Erigoizem  Virgintm  nominaverur.t,quos  a Libero 
» paire  figúralos  ínter  fiaxra  dlcunt.  » ( H’Vgin.  ). 
Les  plus  granes  malheurs  accablent  bientot  aprés 
ícare  & Engone  , parce  qu'eíieédvement  leur 
coucher  du  matin  fuit  de  prés  Fépoqiie  de  ce 
lever  du  feir.  :■= 

'<  A la  ñute  da  lever  du  bootés  & de  la  vierge, 
V'ient  la  couronne  d' Ariadne  , ou  la  couronne 
boreale.  « ■lís.c  exifiimatur  Ariadns.  fuijfe  , a Li- 

bero  paire  Ínter  fidera  collocata.  ( Hygin.  liv. 
« . ) 5 elle  fe  léve  alors  le  foir  , & fe  couche 
le  matin  , peu  de  jours  aprés.  " 

_ ''  -4  ia  fuite  de  Faventure  d’Icare  Se  d’Erigone, 
vienner.r  dans  Nonnus  íes  amours  de  Bacckus  & 
éAriadne  ( hv.  xvi  , vers  272.  ).  Bacckus,  dit 
* enmite  á Naxe  , ou  i!  trouve 

Aiiadne  endcrmre.  Batck&s  entesd  fes  phinteSjSt 


B A C 

en  devient  amoureux,  lui  oiré  fa  main,  te  íuj 
promet  de  la  p!;jcer  dans  les  cieux.  ( verf.  451.  ) 
Aprés  cette  hymenée , Bacckus  veut  Feuimener 
avec  lui  á Argos ; m.ais  les  Argiens  & Perfée  i 
leur  tete  , refufent  de  Fy  recevoir.  Armé  de  fon 
harpé  & de  ia  tete  de  Médufe  , ce  liéros  com&at 
Bacckus  8c  pétrífie  Ariadne.  Bacckus  fe  récon- 
cihe  avec  Perfée , & fe  reunir  á lui  par  Ies  con- 
fetis de  Mercare.  >> 

« Toute  cette  aüégorie  roule  fur  Ies  afpe-íls  ¿u 
foir  & da  matin  de  ia  couronne  dhlriadne.  La 
circonñance  d’Ariadne  endormie  , déíigne  fon 
afpeci  du  foir  , fon  réveil  & fon  voyage  á Argos, 
fon  coucher  du  matin.  Le  nom  de  ]N'axos,a!Iufion 
a vjl,  oula  nuit,  qui  contrafie  avec  Apycsou  blar.c, 
Ihndique  aíTez.  D’ailleurs  , Fapparition  de  Perfée 
en  eft  une  nouvelie  preuve , piiifqublors  Perfée 
fe  léve  le  matin  avec  le  foleil ; & fon  afeenfien 
fur  Fhorizon  fait  difparoítre  au  couchant  la 
couronne  derriére  Ies  montagnes  : cette  petrifi- 
ca tion  eft  la  méme  que  celie  d’Atlas  ou  du  Bootés, 
comme  on  le  prouvera  á l’articlq  d" Atlas.  'Vclla 
done  trois  aventures  qui  fe  fuccédent  dans  le  méme 
ordre  cue  les  les  levers  des  cordlellations  qui  ont 
monté  le  foir  fur  Fhorizon  , depuis  le  {olííicc 
d hiver,  ou  le  retour  de  Bacckus  vers  nos  ré- 
gions.  » 

. « Aprés  la  couronne  , fe  lévent  le  ferpent  8s 
le  dragón  des  Hefpérides , qui  fourniffent  aux 
géans  Sr  á Typhon  , les  attríbuts  de  ferpent  , 
comme  nous  Favons  deja  prouvé  plufieurs  fois. 
Sí  le  feorpion  célefte  , ou  étoit  fixé  Fempire  de 
ce  chef  des  géans.  Nous  se  changeons  point  ici 
nos  déterminations  j Sí  le  combat  fuivant  va  les 
confirmer  encore.  » 

ce  Aprés  Faventure  d" Ariadne  , Bacckus  paíTe 
en  Thrace  ( /iv.  xlviu.^  , & Junon  fouiéve 
centre  lui  la  Terre  qui  arme  contre  Bacckus  tous 
les  géans.  Ce  dieu  les  combar  Sí  les  défait : oa 
voit  ici  un  combat  de  géans  qui  precede  Féqui- 
noxe  de  printemps  , ou  le  triomphe  du  dieu  de 
la  lumiére  , tant  á caufe  de  la  violente  crife  qu'é- 
prouve  la  nature  par  Ies  vents  équinoxiaux  , qu’á 
caufe  de  Fafeenfion  des  afires  qui  fembloient  les 
ramener.  Sí  qui  en  automne  fourniíToient  les 
attributs  du  mauvais  génie.  Ce  rapport  du  dra- 
gón célefte  avec  ia  guerre  des  géans  , eft  confirme 
par  Hyginus  á Farticle  du  Dragón  célefte.  ce  Non- 
» nulli  dixerunt  ku;ic  Draconem  a Giganlibus 
» í/linervá,  objectum  , ciim  eos  oppugnaret  .\Mi- 
» nervam.  vero  arreptum  Draconem  contortum  ad 
» fidera  jccijfe  , & ad  ipfium  axem  cceVi  fixijfe.  » 

cc  Le  poéme  finir  par  les  amours  de  Bacckus  & 
¿'Aura  , filie  de  Péribée  , jeune  nymphe  aula 
légére  á la  courfe  que  le  vent.  Daborti  il  foupue 
inutilement  pour  elle  , Sí  confie  fes  plaintes  aux 
zépnirs  du  printemps.  11  emploie  pour  la  tromp^ 
le  méme  ftrataeéme  qui  lui  a livré  ía  belle  Nice  , 
ou  Viftoire  : elle  boit , s’endort.  Sí  devient 
de  deux  eofans.  Bacckus  prie  Nicé  á’sn  cosiie>. 


B A C 

le  fo'rí  s 1 eiete  , de  crainte  que  la  mere  caris  fa 
fcreer  ne  les  décruife  tous  deax.  La  mere  tou- 
jciirs  furieufe  les  abandonne  aux  monitres  des 
forers  : une  panrhére  prend  foin  de  les  aiiairer  , 
Sebees  íerpens  les  entourenr  & les  défendent.  La 
mere  en  prend  un  & fe  precipite  avec  iui  dans 
un  ñeuve  , redoutant  la  lumiere  de  Taurore  ; 8c 
ej;e  eír  métamorphofée  en  fontaine.  Diane  prend 
1 autre  enfant , !e  donne  á Bacckus  , qui  le  met 
fur  un  char  & le  confie  á Pallas  , qui  luí  donne 
a fucer  la  mameile  qui  avoic  allaité  Ereéíhée  8c 
le  fait  chef  des  myítéres  d'EIeufís.  Athénes  Pho- 
Bora  commeun  troiíiéme  Bacckus.  Bacckus  ^ fon 
pére  ^ place  .4xiadne  dans  le  ciel  ^ & va  prendre 
place  lui-méme  avec  Apollon  & Mercure.  Ainíi 
nmt  le  poeme.  » 

« L'allégorie  fe  montre  mut-á-fait  a décou- 
vert  dans  cáete  denfére  fable.  Aura  efr  le 
hciH  uu  vent  qui  fouffie  aux  approches  du 
p^nntemps  Se  du  taureau  équinoxial , ou  arrivoit 
alofs  *e  ^foleil  : auíll  en  fáit-on  une  nymphe  lé- 
gere  , íiJe  de  Péribée.  Les  deiix  enfans  dont  elle 
deviene  mere  ,_élevés  par  les  ferpens  & la  pan- 
there^  & dont  i un  eft  rué  paria  mere  ^ qui  ePe- 
meme  eíl  changée  en  fontaine.  Se  Pautre  fauvé, 
beíles  étoiles  qui  fe  trouvent  alors 
a . íiorizon  occidental ; Puae,ia  belle  du  cocher, 

1 atiere  la  orillante  du  pied  d'Orion  , la  premíete 
du  fleuve  Eridan.  En  méme-tems  qu  eiles  fe  cou- 
cetii,  a I horizon  occidental  , les  ferpens  font  á 
1 nonzon  oriental  avec  le  Ioud  célefte , appe^é 
aufli  pantnére  ( Ccefius , p.  z%6. ).  La  belle  étoiJe 
d L^ion  5e  le  fleuve  dont  elle  fair  partie  , difpa- 
roiffenr  pour  ne  plus  reparoitre  íe  marin.  II  n'en 
Cii  pasdernéme  de  celle  du  cocher,  qui  le  len- 
demain  precede  le  char  du  foleil.  Se  furvit  á fa 
mere  & á fon  frere.  11  devient  le' chef  des  orgies» 

& íc  trouve  uni  á Bacckus  , puifque  c’eíl  Iui  quí 
íournit  les  attnbuts  de  Pan  , & á Bacckus  h bouc 
quí  1 accompagne  touioiirs  : il  fuce  le  méme  hit 
qu  Erecthée  , pulique  ce  nom  eíl  celai  du  cocher 
celeíte  , dont  cette  belle  étoile , ou  la  chevre 
faitparrie;  c'eíl-á-dire , du  cocher,  cu'on  fai- 
ío_!t  fils  de  Minerve.  Enfin  , Bacckus  fe  place 

^ Jdercure  & 

d ApoJon  ; or  , dans  notre  fyíléme  , Perfée  eft 
-«ercure,  & I on  fait  qrfun  des  gémeaux  porte  le 
nom  dApoilon  ; ainíi  le  taureau  équinoxial 
notre  SíaaAaf  , eft  piacé  entre-deux,  & i!  a dans 
a ipiicre  la  place  que  le  poerq  lui  aíllgne , & 
que  nous  aurons  plus  d une  fois  occafioxT  de 
oceupa.  On  voit  done  que  Nonnus , 
en  .uiihant  fon  poeme  , ramene  Bacckus  au  méme 
po-'iic  uu  cíe!  d’oü  ii  étoít  partí  , c’eft-á-dire 
au  taureau  éauinoxial  , par  ieauel  il  avoit  com- 
mence  en  raifant  rniftoire  dTurope  & de  Cadmas: 

^ travaux  reíFemblent  á ceux 
.^ercL'ie^  Sr  i'expücation  aftronomique  en  eft 
au.|  complete.  » M.  Duvuís  , de  LiScux. 

Bacckus  Egjptien  étoií  le  méme  diea  qá"0- 


B A C 


f;;  Ies  Crees,  en  adoptant 

iv.3  d.v.,utes  egyptiennes , donnérent  á Ofiris  le 
nom  de  bacckus.  Heredóte  le  dir  exprefíément 

^ Aíyví-Í.  Diodore 

de  .-icne  appuie  cette  aíTertion  (¿ib.  i.  r.  u ) fnr 
un  yers  ces  hynuies  d'Orpiiée  : ^ 

rhiK¿  usi  Kccxiuiri  Tí  Ai¿i^F<sy. 

IJs  Vappellent  Pkanéás  & Bacckus.  Les  Cre''S 
firent  cette  adeption  raythoiogicue  , parce  quhls 
trouverenc  des  rapports  entre  les  attributs  d'Oíiris 
qu  on  leur  faifoit  connoítre,  & ceux  du  Bacckus 
quns  adoroient.  Teis  étoient  ces  voyages  dans 
toures  ks  parties  du  giohe,  ces  expéditions , ces 
conqueres  entrepiifes  uniquement  pour  enrithir 
les  hornmes  de  découvertes  útiles  & de  pratiques 
nouYeÜes  d'agricukure.  Ces  attributs  communs 
ieur  firent  confacrer  á 1 un  & á lautre  des  myf- 
téres  8c  des  fétes  femblables.  Servius  nous  Iko- 
prend  dans  fon  Commentaire  fur  le  fixiéme  vers 
du  premier  l’.vre  des  Géorgiques.  « De-lá  vint  la 
« tradition  qui  enfeignoit  qu’ifis  porta  fur  un 
” cribie  ou  van , les  membres  d’Ofiris  déchftés 
” par  Typhon.  Car  Bacckus  eír  le  méme  diea  , 

» Se:  le  van  eft  aufli  confacré  dans  fes  mvíiéres,— 

==  parce  qu'Orphée  afilare  qu  il  fue  déch'iré  parales 
« géanes  =:>  : Riñe  eft  qitod  dlcitur , Oftridis  membra 
a Typkone  dilaniata  , !fis  crihro  fuperpofuijfc:  Nant 
ídem  eft  Líber  pacer  , in  cujas  myfteriis  vannus  eft, 
— quem.  Orpkeus  a gigantibus  dicit  cffe  difeerrtum. 
iviacrobe  {Saturn.  ¿ib.  1.  c.  iS.)  d’aiiIeurs,*noiis 
a appns  que  Bacckus  étoit  un  embléme  da.ídleii  ; 
nouveüe  conformltc  avec  Ofiris  : auili  pafíbitlil, 
comme  ce  dieu  éeypricn  , pour  fils  d’Amir.on,  ¿ 
pour  avoir  été  elevé  á IÑifa,  dans  FArabie  heu- 
reufe. 

Bacchiís  lüdien  étoit  le  fils  d'Ammon  elevé  3 
Nifa,  dev^enu  conenérant  Se  vainoueur  de  FJnde. 
Son^  t'aracíére  difttnéiif  étoit  une  longue  barbe  , 
d ou  Iui  vint  ic  nom  oe  Bacckus  hac bu  ou  iHuTa- 

Bacckus  des  Crees  ou  le  Tkébain. , fut  le  plus 
célebre  de  tous  ceux  dont  Diodore  de  Sicile  parle 
a ja.  fin  de  fon  troiíiéme  livre-  C’eft  luí  ou"Or- 
pnée,  felón  1 opinión  commune,  fit  connoítre  á 
la  Crece,  &qu  il  prit  dans  la  fimiile  de  Cadmus, 
lui  prérant  une  partie  des  attribus  d'Ofíris. 


Cicerón  ’^de  N.at.  Dear.  sil.  ajA  parle  de  cínq 
Bacckus  , 8c  en  ajoure  deux  aux  trois  de  Diodore 
2c  de  Philoftrate,  Le  plus  connu  eft  le  Thébáin 
ou  Je  Bacckus  des  Crees , 8c  ck-ft  iui  qui  noas 
oceupera  dans  le  refte  de  cer  arricie 

Bacckus  le  Thébain  étoit  fils  ds  Júpiter  Se  de 
Sémélé,  filie  ce  Cadmus,  le  fondateur  de  Thébe? 
en  Béorie.  Cette  princeíTe  ayant  prié  Júpiter  de 
iui  apparoítre  dans  route  fa  gloíre,  tel  qu’H  fe 
montroit  s Janon,  obrint  cette  grace  a torce 
d'importtínítés.  Elle  Iui  fot  fataie  , car  elle  périt 
dans  le  leptiéme  tnois  de  fa  groftefíe  , eS^yée 


400 


B A C 


P-  le  bruit  des  fbudres  & des  édairs.  Jupiar, 
aidé  d’un  certain  Stóazitis  t!ra  1 enUnt  du  íem 
de  Séméié  & le  renferma  aans  fa  cuiíte , >' 

nafler  les  deux  mois  qui  manquoient  á fon  entiére 
ídroíañon.  Ce  terme  étant  expiré , Júpiter  luí 
donna  le  jour  fur  le  mont  L'racanus.,  qui  e** 
touiours  couvert  de  nuages  , felón  Théocrita. 
(íd'/lle  ip.  ji).  De-iá  vint  á liacchus  le  iioni  ue 
, bis  natas  , né  deux  fois. 

Les  anciens  ont  donné  diverjes  explications  de 
certe  naiíTance  miracu'euíe.  lireiiís,  dans  les 
Bacchantes  d'ECripide,  i'explique  par  une  feconde 
fable.  Júpiter dit  il  ¡ vouiant  derober  cet  enrant 
aux  fureurs  de  la  jaioafe  Junon,  le  cacna  dans  un 
éoais  nuage  , oú  ¡i  le  mu  comme  en  depot. 
• ‘ Bacckus,  felón  Euítathe , í-t  nourri  dans  les 
Indes.  fur  le  mont  Méros.  Cr,  le  mot  grec 
fignifie  caiffe,  & , otage.  L'équivoque  du 

r.om  de  la  montagne  a fait  inventer  la  naiiiance 


fab'dleiife. 

Júpiter  le  donna  fur  le  chainp  a Mercare  potir 
le  porten  aux  nymphes  de  iSifa  & a les  noiirrices , 
qui  Télevérent  en  fecret  oans  les  cavernes  des 
montaanes.  D’autres  luí  aonnoient  les  tiyades 


pour  nournces. 

Apoilodore  <'íJ.)  dit  que  Júpiter  le  changea 
en  chevreaUj  pour  aíLurer  fon  tranfport.^ 

Bacckus,  devenu  grand,  fit  la  conquere  des 
Judes  avec  une  armée  coinpofee  d hommes , de 
femrv.es,  de  faunes,  de  faryres  & de  fon  nourn- 
cier  SilcuSj  portant  au  lisu  d armjís  aestíiyries  & 
tles  tambours.  Tout  ceda  a la  fureur  qu  infpíta 
cette  armée  rumultueufe.  Bacchus  fut  requ  dans 
toutes  les  contrées  comme  une  _ divinité,  parce 
qu  il  chcrchoit  moins  i.  conquerir  pour  impo^r 
des  ioix  aux  vaincus , que  pour  ieur  apprendre  la 

culture  de  la  vigne.  ^ 

II  combattit  avec  vigueur  & fucces  conree  les 
Qéans.  JuDÍter  ranimoit  fáns  ceífe  en  cnan^ : 
Évoké,  lÚ,  ceft-á-dire  .,  e¿  oh  bene  fit  illi.  v.e 
cri  devint  celui  des  Bacchantes. 

Cedieu  étoit  repréfenté  fous  les  traits 
les  ages , mais  le  plus  fbuvent  fous  ceux  de  1 ado- 
lefcence.  Quelques  monumens  1 oífrent  cependant 
larha  & vieux  ; c’eft  alors  le  Bacchus  Indien. 

Ses  attributs  áiítinClil's  etoient  les  pampres  de 
• vif^ne  & les  couronnes  de  lierre.  Ces  végetaux 
liu  éíoient  particuiiérement  confacrés , parce  qu  il 
av-oit  enfeigné  la  culture  du  premier , & que  le 
fecond  étant toujours  verds/emper  virens  , ofFroit 
im  embléme  de  la  jeuneílé  éternelle  de  Bacchus  ; 
peut-étre  auffi  parce  qu  on  croyoit  que  le  her^ 
étoit  un  antidote  contre  rivreíl'e.  Souvent  auíTi 
il  portoit  un  thyrfe  , ou  un  vafe  a boire,  queique- 
fois  une  come  deñinée  au  metne  uiage , appelee 
rhyúum.  II  étoit  traíné  par  des  panthéres  ou  des 
tigres  5 dont  les  peaux  fervoient  d habits  áux 
Bacchantes. 

Souvent  Bacchus  étoit  coetfé  de  la  mitre  , 

wúirsí^  e'fcíl-á-dire,  de  cette  bandelette  élevée  fur 


B A C 

le  Tront  5 qui  retomboit  fur  les  ¿pauses.  Prqperce 
déiiene  cette  coeífure  pour  fon  attnbut  dutinctif, 
(^Lib.  IV.  2.  3i.>: 

Cinge  caput  mitra  ; fpecíem  furabor  laccki. 

í^etre  bandelette  étoit,  felón  Diodore  cité  par 
Eufébe  Evang.  íl.  2 ),  un  préfervanf 

contre  les  douleurs  de  tete  occafionnées  par  íes 

fumées  du  vin.  ^ 

Des  comes  ornoient  quelquefois  fes  tempes, 
foit  pour  ¿éfigner  la  naíffance  quil  tenoit  de 
Júpiter- Ammon , foit  á caufe  des  bceUiS  qiiil 
avoit  appris  á lier  au  joug  des  charrues , foit  a 
caufe  de  la  foice  & de  la  fureur  que  fait  nait.e 
le  vin  dans  f ame  des  buveurs  , felón  Horace 
(Od.  il.  19-  29.),  foit  enhn  á caufe  des  comes 
qui  fervoient  aux  premiers  hommes  de  vafes-a- 

Les  rapports  de  Bacckus  avec  le  Scleil  QU  Fhé- 
bus,  luí  ont  fait  auiTi  donner  ces  comes , qui 
etoient  i'embiéme  des  rayons  de  lumiere.  C e,t 
pourquoi  el'ses  étoienc  d’or  ou  dorees.  Horace, 
\0d.  :L  19.  29.  ): 

vidit  injop-s  Cerherus  aiire^ 

Cornu  decomñt. 

Un  anclen  poéte  a peint  élégamment  les  raPports 
qui  exiitoient  entre  ces  aeux  divinues  ans  w 
vers  fuivans : 

SU  Apollo  , ddnde  Líber  fie  vídetur  ignifer ; 
Ambo  funt  flammis  cread , profattqae  ex  ignihus. 
Ambo  de  comis  calor em , & ambo  radios  conferunt : 
Nocíls  hU  r&mpit  tenebras  , kU  ttnehras  ptdoris. 

Eumolpe , cité  par  Diodore  (r . p.  7-  F.) , en  prfs 
dans  les  memes  termes  : Sidereum  Dionyjum  igrtí 

Tadicí'ite  corufeutn»  ^ 

C'eil  á caufe  ae  cette-  analogie  que  les  me- 
chantes  chantoient  dans  les  Orgies  Venfaiu  eter- 
nel  , quí  brille  au  kaut  du  firmam-ent.  Oviae , 
(Met.  iV‘  18.)  : 

Tu  puer  Aternus,  tu  formofijtimus  alta 
ConfipUeris  c&lo. 

Tibuüe  parle  de  la  longuc  chevelure  de  ces  deuí 
divinités,  (i.  4.^3.) : 

Solis  perpetua  efi  Phcebo,  Bacchoque  juventa; 
Nam  deceí  intonfius  criras  uterque  deum. 

Le  Parnaffe  Ieur  étoit  confacré  en  ^ohamun , Sr 
les  Mufes  les  fui'/oient  tous  les  deux  comme 
chefs.  Lucain,  (v.  73.): 

IdLans  Bromio  Phceboque  facer , cuinumiue  m ^ 
Delphica  Thebaní,  referunt  Trhteriía  Bac 


B A C 

La  ¿sfcente  de  BAc:h.<j.s  aux  enfers  rcpréfen- 
toit  le  coucher  da  íbleil;,  oa  fon  paiTage  dans 
Lh¿:r.:fpticrc  infcricur. 

On  donnoit  á Bacckas  les  deux  fexes , & il 
étoin  alternativement  homme  & femme.  Ariíb.de 
Taflure  en  propre  termes  (^Ora;.  in  Bacckum)-. 

Tccvt^  ¿&üa  Kcti  rs  xcíí  ¿ Ss-S"»  (pcanii. 

Cette  Opinión  j qui  s’étendoic  á la  plapart  des 
divinités^  felón  Servias  {Mneid,  il.  v.  633.): 
Locuitur  fecundum  eos  qui  diciint  utriufque  fexüs 
■participationsm  kaberc  numina  ¡ étoit  relative  aax 
propriétés  métaphyíiques  ou  phyílques  dont  on 
kur  faifoit  honaeur.  Elle  fera  expüquée  á l’article 
general  Dieux  & Déeffes.  Ceñ  ainíi  d’aillears 
qa’Ifis  eft  appelée  Myñonyme  oa  á mille  noms  ^ 
dans  l’infcription  fuivantCj  trouvée  üir  Ies  bords 
de  i’ífére : 

ISIDI 

MYRIONUMAE 

SACRüM 

Bacckus  ayant  appris  aux  hoinmes  a cultiver  la 
vfgne  j devint  le  dieu  da  vin  & des  repas  dont 
cette  liqaeur  fait  f agrément  j on  buvoit  en  fon 
honneur  le  dernier  coup. 

On  croyoit  aufli  qu’il  avoit  joui  le  premier  des 
honncurs  da  triomphe  á fon  retour  de  Tlnde. 

Sa  vidime  favorite  étoit  le  bouc  , parce  qudi 
ronge  & détruit  les  tendres  rejetons  delavigne. 
ítfartial  en  donne  cette  raifon  (x/jj.  39.) : 

Lafcívum  pecus  , & viridi  non  utzle  Baccko , 
Dat  pcenas  y nocuit  nam  tener  Ule  deo. 

Et  ( iil.  24. ) : 

V^ite  nocens  rofed  fiabat  moriturus  ad  aras 
Hzrcas  j Baccke  , luis  viciima  grata  facris. 

Philoftrate  ( Apollan,  vita  il.  4. ) dit  que  Ton 
fufpendoit  dans  fes  temples  en  forme  á‘ex-voto  , 
d’or  & d'argent,  des  ferpes,  des  paniers^  des 
prefldirs  & d'autres  inftrumens  néceíTaires  aux 
rendanges.  Souvent  une  colonne  entourée  de 
lierre  , ou  un  limpie  autel , fuííifoit  pour  fon 
cuite.  Les  recueib  d'infcriptions  nous  offrent  plu- 
lieurs  vcfux  faits  en  l’honneur  de  Bacckiis; 

LIBERO;  PATRI 
SANCTO.  SACR 
SEX.  CAELIUS 
PRIMITIVUS.  ET 
PUBLICIA.  antulla 
VOTO.  SUSCEPTO 
D.  D. 

Et  en  Efpagne , fur  un  rocher  prés  de  l’ancien 
Cafiulum  : 

SACRUM 
LIBERO.  PATRI. 

C.  CRESCENTIUS 
EX.  VOTO. 

ARAM.  D.  F.  D.  D. 

Antiquités  , Tome  I. 


Foye^  ces  mots. 


B A C 401 

Bacchus  Acratophore.  Foyer  ce  mot. 
Bacckus  -AdoneE.  Foyer  mOt. 

Bacchus  á! icSutTv.i , ayant  des  révcluticns  comtne 
1 annee.  Macrobc  Sat.  i.  iS.)  dit  que  Ton  repré- 
fentoit  Bacckus  fous  pluíieurs  formes  , enfant  j 
adolefcent  ^ avec  de  la  barbe  , &z  vieux.  Cette 
analogie  avec  k foleil  avoit  été  inventée  par  les 
Egyptiens,  qui  vouloient  repréfenter  par-lá  les 
quatre  faifons  ou  les  quatre  ages  du  foleilj  ,fup- 
pofé  un  étre  annue!._ 

BacchiLs  Arakius.  Voyez  ce  mot. 

Bacckus  Bacckep&an.  Ce  furnom  étoit  relatif  á 
celui  de  B&an , que  nous  expliquerons  á fon 
arricie.  Euripide  s’en  eft  fervi  dans  ce  vers  : 

tstTxdTa  (p¡XÍ¿'a.r>t( 

Bacckus  barhu.  Voyez  plus  haut  Bacchus  Indiett., 
Bacchus  BiMATER. 

Bassareus. 

■  BIFORÍ.11S. 

Briseus. 

Bromien. 

Corymbifer. 

Dionysius. 

DíTHYRAMBE.  i 

Edonus. 

Eleleus. 

Evan. 

■  ^ Evius.  Orphée  donne  ce  fiom  a Bae- 

cAlí  dans  I'hymne  á Dionylius  j Ekio»,  ¿-/«ó».  Perfe 
le  rappelle  dans  fa  premiére  fatyre,  vers  102 : 

Evion  ingeminat  : reparabilis  adfonat  Echo. 

Un  anclen  grammairien  dit  que  ce  nom  fut 
donné  á Bacchus  dans  la  guerre  des  dieux  & des 
géants , lorfque  Júpiter  ne  voyant  pas  revenir 
Bacchus  , & le  croyant  mis  á mort  par  les  enfans 
de  la  Terre,  s’écria  heu  ¡ il  ajoute  enfuite  ius , 
fiis.  Acron,  dans  fon  Commentairc  fur  Horace, 
en  donne  une  autre  étymologie.  Júpiter,  dit-il, 
voyant  Bacckus  transformé  en  lion  terraíTer  un 
géant,  s’écria  : ó le  bon  fils  ! lu  lie. 

Bacchus  HeBON.  “Í 

lACCHüS.  r 

— Ignigena , & chez  les  Grecs 

Ce  furnom.  étoit  relatif  aux  feux  céleftes  qui  em- 
braférentfa  mére'Sémélé.  Strabon,  (xrrj.  /1.432.) 
parlant  des  coteaux  brúlés  de  Catana , fi  fértiles 
en  vins  généreux , dit  que  Ton  faifoit  un  jeu  de 
mots  á ce  fujet,  fur  le  furnom  ^Ignigena. 

Bacchus  Len^us.  1 

p.BER.  l Foyer  ces  mots. 

Lyaüs.  ( 

Nyctelius.  » 

Oreos  y c’eft-á-dire , Bacchus  des  mon- 

tagnes  , comm.e  les  Oréades  étoient  les  nymphes 
des  montagnes. 

Bacchus  PhANACES. 


Psilas. 

S.abaziüs 


:} 


F oyer^  ces  mots. 
E te 


401  B A C 

Bccchiís  Tkyoneús.YÍQXZQi  {Od.  I.  17.  2.1.)  lui 
¿cr¡ne  ce  íuriiom  : 

Isksc  Scmchiiis 
Cum  Marte  conftindet  Tkyoneus 
Fraila. 

On  le  rrouve  auíS  dans  Stace^  (Tkd.  v.  265.); 

2 íinc  primlim  fefe  trepidis  fuh  noBe  Tkyoneus 

. D-etexit.^  ^ 

Diodore  de  Slcile  (///.  137.)  3 Phurnutus  {cap. 
t6.¡,  Héfychius , & Laílantius  commentareur 
de^  Stace  , dérivent  ce  furnom  de  Thyone,  fa 
mere,  qu!  porta  auííi  le  ñora  de  Sémélé.  Pour 
fendre  cet  árdele  de  Bacchus  complet , voye:^ 
ÁRTANE,  CoPvIOPSALES,  El-PiS,  ÉsYMNÍTE, 
Seméle  & Tritérides. 

Bacchus  porte  ordinairernent  une  chevelure 
blo.nde  ; il  efi  vetu  fouvent  d une  longue  tunique, 
liée  fous  !a  poitnne  avec  une  bandeletce  de  pour- 
pre ; Se  alors  il  reíTerable  á une  jeune  filie  dé- 
guífée.  Le  lierre  le  couronne  ordinairernent.  II  efí: 
fouvent  auíii'habillé  de  blanc. 

Bacchus  a queiquefois.  des  ailes,  & il  tient 
íuérne  !e  foudre  du  fouverain  des  dieux,  fur  une 
pterre  de  Stofeh  & fur  une  patere  ttrufque  de 
Derafter.  Ii  s’appuie  fouvent  fur  fon  génie  Am- 
pelas. 

Júpiter  le  transforme  en  rnouton  á Tinífant  de 
fa  naiíTance,  pour  le  dérober  aux  fureurs  de  Junon , 
& pour  le  taire  reraettre  en  fúreté  aux  Nymphes 
qui  devoient-  Télever.  Efchyle  {Eumémdes)  dit 
qu’il  fe  tnétainorphofa  auíE  en  liévre , pour  écluap- 
per  aux  pourfuites  de  Penthée. 

Bacchus  ne  fut  pas  toujours  une  divinité  paci- 
fique : un  auteí  de  la  villa  Albani  le  rnontre  armé 
de  deux  dards ; & les  Lacédérnoniens  lui  donnoient 
un  bouclier  au  lieu  de  thyrfe.  C'étoit  alors  fans 
doute  qu’oñ  fappeloir  A’fAíí,martia!,  ou  iio>áu.¡os, 
guerrier.  Ces  attributs  le  firent  auíü  confondre 
queiquefois  avec  Mars. 

Les  poetes  tragiques  érotent  fous  fa  protediion 
imrnédiare , & on  voyoit  fes  temples  Se  fes  auíels 
fur  la  fccne  tragique. 

Les  ñatues  & les  buíbes  de  Bacchus  offrent  la 
feconde  efpéce  de  jeuneffe  idéale  , ernpruntée  de 
la  nature  des  Eunnuques  , felón  Winkelmann  , 
c“eft-á-dire  , des  traits  méiangés  des  deux  feres. 
C'eft  íbus  cette  forme  que  oaroít  ce  dieu  dans  fes 
difrérens  ages , iurqa''au  déveiopperuent  entier  cíe 
fa  croiíTance.  Dans  fes  plus  belíes  ftatues  on  luí 
voit  touqours  des  membres  déíicats  & arronáis  , 
avec  des  Lanches  fáülantes  córame  celles  des 
femmes  > parce  que  Bacchus , felón  la  fabJe  , 
^Apollod.Bibl.  j.  p.  Sj-  B.')  , fut  elevé  fous 
dhabic  áhine  filie.  Plinc  fait  mentio-n  c. 
de  .a  ñame  ^d’un  faryre  qui  poríoit  une  figure  de 
Bacchus , vetas  en  Venus  5 ce  qui  Fá  fait  appe- 
Isr  par  Seneque  ^ (Káip..  vers  415;.),  une  vierge 


B A C 

déguifee.  Les  formes  de  fes  membres  font  íi  déli- 
cates  & íi  couiantes  , qu'on  les  croiroi:  produitei 
par  iin  foufSe  léger ; fes  genotix  fonr  córame  ceas 
desjtunes  garcons  & desÉunuques,  prefqaefans 
aucune  indication  d’os  ou  de  mufcle. 

Conforraément  aux  vers  de  Tibuile  , cités  plus 
haiit  5 & au.r  fuivans  des  mécamorphofes  d'Ovide 
( lib.  4.  vers  17.  ).  «c  Votre  jeuneífe  eit  toujours 
» nouvelle  ; vous  eres  un  adolefcent  éternel , 6c 

le  plus  beaux  des  habitans  de  FOiympe 

Tibí  enim  inconfumpta  juver.ta  efi  , 

Tu  puer  iterp-us  , tu  formojt0mus  alto 
Confpicerzs  ccelo. 

la  jeuneíTe  idéale'  efi:  le  caradtére  des  portraits  de 
Bacchus.  L^image  de  ce  dieu  eft  ceiis  d"un  beau 
jeune  homme  qui  entre  dans  le  printeraps  de  ía 
vie  & de  I'adolefeence,  qui  fent  Ies  premiers  mou- 
vemens  de  ia  volupté  , comme  Fon  voit  pou.ífer 
les  tendres  fommités  d’une  plante,  & qui,  enfeveli 
dans  une  reverle  ehchanterelTe,  entre  lefommeil  & 
la  veille  , cherche  á en  raíTembler  les  images 
éparfes,  8c  á les  réalifer.  Les  traits  de  ce  dieu  font 
pleins  de  dcuceur  ■■  mais  la  joie  de  fon  ame  ne  fe 
rt’pand  pas  entiéreraent  fur  fa  pbyfionomie. 

Quant  á cette  douceioie,  les  anciens  artiftes 
fe  font  attachés  á la  rendre  dans  toutes  les  figures 
de  Bacchus  , dans  ceües  méme  ou  il  eft  repré- 
fenré  en  héros  ou  en  guerrier  conquérant  de 
F|nde.  On  ¡a  voit  fur  une  figure  armée  de  ce 
dieii , gravee  fur  u.n  autel  de  la  vília  Albani. 
De-Iá  vient  fans  deute  que  ce  dieu  n eft  iamais 
repréfenté  avec  Mars  ; & c’eft  ce  qui  fait  dirá 
á Euripide  que  Mars  eít  ennemi  ¿es  mufes  & des 
fétes  joyeufes  de  Bacchus  {Pkcenif.  verf,  792), 
D’aiüeurs , Bacchus  R’eft  pas  du  nombre  des  dieux 
fupérieurs. 

Qaelques  ftatues  d’Apollon  offrent  une  reíTetn- 
blance  marquée  avec  Bacchus.  Tel  eft  FApolfoa 
du  capitoie , qui  femble  s’appuyer  nonchalam- 
ment  contre  un  arbre  , avec  un  cygne  á fes 
pieds.  Telles  font  encoretrois  autres  figures  d’u.ne 
grande  beauté,  de  la  ville  Médicis.  Auífi  Ies  con- 
fondoit-on  queiquefois  , & Fuñe  de  ces  diviniies 
étoit  fouvent  honorée  dans  .Fautre  ( Macrob.  Sa- 
turn.  lib.  /.  c.  i§ , Í9&21.).  On  voit  á la  villa 
Albani  un  Bacchus  reñauré  dans  la  patrie  fupe- 
rieure  > de  la  hauteur  de  neuf  palmes  , envirou 
foixante-trois  pouces  de  France.  Cette  figure- 
eft  drapée  depuis  le  miüeu  du  corps  jufqu  aux 
pieds,  ou,  pour  mieux  dire,  fa  draperie  oufon 
manteau  , defeend  jufqu’á  la  ceinture.  Cette  dra- 
perie large  8c  rrés-piiífée , eft  ramaífée  de  ma- 
niere que  la  portion  qui  trainoit  a terre,  eft 
jetée  aurour  de  la  branche  d'un  arbre  contre  le- 
quel  la  figure  eft.  appuyée.  Sur  cet  arbre  font  p.a^ 
cés  un  lierre  & uii  ferpent.  Aucune  figure  tx 
peint  mieux  le  verare  de  Bacchus  , cbáíiíé 
Anacréea» 


B A C 

Cspen-Jsnt  Bacchus  ne  fiit  pas  reprcfenté  fsu- 
lemenc  Toas  les  traits  de  la  jeuneíTe  5 ii  le  fut  aiiíli 
foas  ct'dx  de  Tage  viril.  Corr.nae.  cet  age  r/eíi 
iniiqaé  que  par  une  longue  il  eíl  arrivé 

que  ía  phviionomie  du  Bacchíis  barba  , cotiipofée 
des  trairs  les  pías  déilcats  & des  regards  les  plus 
dcux . nous  odre  encore  n.T.age  de  la  gaieté  qu! 
arnme  la  jéiineife.  B.tcckas  , difoit-on  ^ s°étanc 
laíiré  croitre  la  barbe  pendanr  fon  expédition  des 
Indes,  devoic  erre  repréfenté  fous  cette  forme 
quand  on  vouloit  caraítérifer  le  conquérant. 
Certe  figure  avoit  fait  concevoir  aux  anciens  ar- 
tiftes  1:1  forme  idéale  de  Táge  viril  combiné  avec 
la  jeuneífe & leur  fournilToit  l’occafion  de  mon- 
trer  leur  dextérité  dans  fexécution  des  poils  & 
des  cheveux. 

Les  plus  connues  des  tetes  de  Bacchas  vain- 
queur  des  Indes,  font  ccuronnées  de  lierre  , 
fur-toLit  celles  des  méJailles  d'argenr  de  lille 
de  NaxoSj  dont  le  revers  repréfente  Siléne  avec 
une  coupe.  On  en  voit  une  dans  le  palais  de 
Faméfe  j connue  tres -fauffement  fous  le  nom 
de  tere  de  Mithridate,  & fur  un  beau  carnee 
grec  du  cabinet  Farnéfe  de  Naples  , cu  elle 
eft  accolée  & debout  avec  ce'Ie  db4riane. 

Les  figu  res  entjéres  de  Bacckus  vaincueur  des 
Indes  , font  toujours  drapées  jafq'Faux  pieds  j & 
clles  fe  trouvenr  fur  toure  forre  de  rnonamens. 
On  en  voit  entre-autrés  fur  deux  beatjx  vafes 
de  marbre  ^ travaiilés  de  reiief  ^ dont  le  plus 
petit  eíl  au  palais  Farnéfe  ^ & le  plus  grand  au 
cabi.net  d Heiculaiiura,  Files  font  répétées  plus 
fouvent  fur  des  pierres  gravees  & fur  des  vafes 
de  terre_  cuite.  Dans  la  col’edion  des  vafes  de 
Pcrcinari  á Naples  , on  en  trouve  un  publié 
dans  le  premier  volume  du  recueii  d’Hamiiton  ^ 
fur  lequel  eílaflis  en  rriomphateur  Bucckas  barba  , 
CDurotmé  de  laurier  & véru  a une  robe  brodée 
tres-élégammenr. 

Le  comre  de  Caylus  a publié  deux  figures  de 
Bacckus  égyptitn : fuñe  eft  dans  le  troiliéme  vo- 
lara de  fea  recueii  d’Antiques  ^ planche  4^  nú- 
meros I & 2. 

“Ce  d-ieii,  trés-difiingué  d'Oíiris  peut  étre 
legarae  corrsíiie  le  Katapogon  , oa  le  Bacckus 
barba , dont  parle  Diodore  de  Sicile.  Ce  monii- 
ment , en  nous  faifant  voir  la  reprtfentation  de 
cette  ancienae  divinité  ^ nous  apprend  en  méme- 
tems  qu'ells  avoit  beiacnup  de  rapport  avec  le 
Siiens  des  Romains  , mais  cu'elle  étoit  coéffée 
£vec  des  plames.  Dioiore,  á la  fin  de  fon  troi- 
Éeme  Livrej  'tk.  au  commencement  du  auatriémej 
nous  i*ítru:t  de  tour  ce  qif  on  peut  fivoir  fur  les 
Bacenus ranticuité  : ainíi  on  ne  peut  reprocher 
aux  anciens  de  n'avoir  pas  parlé  de  ceiui-ci  en 
partjcuüerí  mais  on  eíl:  en  droit  d’accufer  les 
tnodernes  de  n’en  avoir  pas  connu  la  véritabie 
reprélentation  j d’aprés  la  defct'iptiondessnciens.’^ 

" cet  égard  nous  puifons  nos 

uruquemeot  ebez  les  auteurs  Orees 


B A C 


403 


& i.atins  , cui  par  leurs  contrariétés  ne  peuven 
lumiéres  incertai.nes?  Cette  excufe 
ek  íouvent  trés-jmte  , & doit  nous  rendre  refer- 
ves  íur  iCs  expljcations  5 mais  elle  nAfr  pas  re-  ^ 
C-vaüie  quand  les  anciens  s enor.cent  avec  rant 
de  Ciarte,  bans  pouílér  cette  digreíFon  plus  loin, 
contentons-nous  de  faire  obferver  combien  les 
preuves  de  íait  ^ données  par  les  moninviens  , 
iont_  Utiles  pour  rinrellige.nce  ¿es  écrivalns  de 
1 antioiuté.  « 

“ je  ne  diflunulerai  pas  qu’on  potitroit  regar- 
der  la  figure  de  ce  numero  , comme  la  repré- 
fentation  da  Bacckus  Indien  : cette  idée  fe  pré- 
fentc  naturellement  á Tefprit  j mais  il  ne  faur 
pas  oubüer  que  Séfoñris  porta  dans  l’índe  íe 
cuite  de  cette  aivinite  , qiu  par  confeqiier.t 
etoit  égypnenne  d origine.  Plutarque  veut  non- 
feulemenr  que  Dionyfius  ^ ou  Bacckus  , foit  ¡a 
meme  perfonne  qu  Ofiris  j opinión  qui  n^a  pas 
etc  inconnue  á Dio-dore  j il  ajoute  de  p!í¡s  , que 
Sérapis  ^ qu'il  identifie  avec  Oíiris  ^ eíl:  auíli  'le 
méme  que  Pluton.  De-lá  vient  que  le  modius 
convientauíii  i Bacckus  : telle  eíl:  Tobfeurité  qudi 
répard  fur  cette  matiére.  Diodore  lui  - méme  , 
aprés  avoir  diftingué  tiols.Bacckus  , dont  le  plus 
aheien  étoit  celui  de  Linde  ^ le  barba  , ne  laiífe 
pas  de  dire  enfuite  que  le  premier  de  tous  étoit 
fiís  d’Ammon  & d’Ámaithée  : d'oii  il  réfuke  qifil 
y a eu  un  Bacckus  partícuíier  á ITgypte  j le 
plus^  ancien  tie  tous , & quhl  ne  faut  pas  con- 
fondre  avec  Oliris.  =3 

6*  v^iceron  ( De  2'kat.  Deor.  /ib.  3.  ) nomme 
auffi  pjufieurs  Dionyfius  ^ Se  dit  que  le  fecond 
étoit  fiis  du  Tsii.  Que  celiii-ci  ait  pris  fon  nom 
de  la  Tille  de  Nyfa  , fituec  en  Arable  ^ cu  pour 
Lavoir  fondée^  ou  pour  y avoir  été  elevé,  comme 
le  prétendent  pluíieurs  auteurs , il  fera  toujours 
conñant  que  ce  dieu  étant  fiis  du  Nil  ^ eíl 
égyptien  , & trés-diíiigué  d’Oíiris.  « 

« II  ifeíl  pas  douteux  que  la  figure  rapportce 
par  le  cpmte  de  Caylus,  vol.  j,  planche  25'.  n°.  3, 
ne  repréfente. auíTí  Bacckus  égyptien.  : ce  dieu  a 
les  pjeds  pofés  fur  deux  lions  accroupis,  cotnme 
on  i’a  yu  pluíieurs  fois,  & principalement  dans 
le  quitríéme  volume  5 mais  il  a icí  une  parure  de 
col , á laqueüe  ^eíl  attachée  une  amniette  qui 
tombe  fur  fon  eítomac  : fon  dos  di  couvert  d''unc 
peal!  garnie  de  fon  poil  & de  fa  qiieue  , &:  cette 
cueue  indique  que  c'eíl  une  dépouille  de  lion. 

On  reconnoit  aife-ment  les  plumes  dont  ce  diea 
eíl  ordinairement  coéffé  5 elles  font  id  plus  lon- 
gues  que  je  ne  les  ai  vues  fur  aucune  repréfen- 
tation  de  cette  divinité.  » 

On  voyoit  auíE  dans  la  méme  collection  qui 
apparíient  au  roi  , un  petit  Bacckus  de  bronze  ^ 
de  deux  pouces  de  hauteur,  portant  une  couronne 
de  lierre  d'argent , & un  vafe  du  méme  métaL 
II  avoit  le  derriére  de  la  rete  couvert  d"une  partie 
de  la  draperie  qui  étoit  jetee  fur  fa  Doitrins* 
Cette  efpéce  de  voile  le  re.nd  trés-remarquable. 

E e £ ij 


404  B A D 

La  feule  coüeifnon  des  pkrres  gravees , du 
barón  de  Síofch  , oftre  jufqu  a trente  figures  de 
Bi-cchus  , depuis  rinírant  de  fa  naiiTance  j oú 
Mercare  le  porta  chez  Ies  nymphes  de  Kyfa  ^ 
jufqa’á  fa  décrépitude.  On  en  voit  plufieurs  dans 
les  monumenti  inediti  de  'Winkelmann. 

Bacchus  paroit  fur  les  médailles  d’Hiérapolis 
en  Phrygie  ^ de  Naxos  , des  Thafiens  3 8cC.  On 
voit  fes  attributs  fur  ceiles  de  Sardes. 

BACI3  j taureau  confacré  au  foleil  ^ qo’on 
adoroit  á Hertnunthis  ^ vüle  d’Egypte.  Macrobe 
d;í  qu’il  changeoir  de  couleur  á chaqué  heure 
du  jour  j & que  fon  poil  croiffoit  en  haut ; en 
forte  qu’il  étoit  toujours  hérifle , contre  l’ordre 
des  autres  animaux.  II  s’appeloit  auíu  Pacis  j 
OU  Pabacis  j ou  Onuphis. 

BACTES  , BABACTES  , furnoin  de  Bacchus, 
qui  fignifie  criará,  criailleur.  li  vient  de  BaTs;», 
erier  ¡ & il  fe  rapporte  aux  cris  & aux  éclats 
de  voix  des  gens  pris  de  vin. 

BACTRIANE.  Les  rois  de  Bañrians  dont  on 
a des  médailles , font  : 

Diodotus. 

Lucratides  , le  fils.  Voyei^  ces  mots. 

On  difoit  du  tems  de  Pline  , que  le  bled  de  la 
Baüriane  avoit  des  grains  auíTi  gros  que  les  épis 
des  autres  contrées. 

BACTRIASMVS , efpéce  de  danfe  trés- 
lafcive  , dont  parle  Pollux.  ( lih.  4.  ) 

BACTROPÉRATE  ou  BACTROPÉRÉTE , 
furnom  ironique  des  anciens  philofophes.  II 
fignifie  un  homme  á báton  & á beface  ; & il  eíl 
compofé  de  de  , bátan  , & de  •arfa  , be- 

face.  Saint  jetóme  expliquant  le  chapitre  X de 
Saint-Matíhieu , nous  apprend  que  Ton  appeloit 
autrefois  de  ce  nom  Ies  philofophes.  Du  Cange 
croit  qu’ií  fauí  lire  BraSopérítes^  & que  c’étoient 
des  voyageurs  portant  un  báton  & du  vin  dans 
des  outres  5 ainfi  que  Texplique  Papias. 

BACURDO  facrum.  Gruter  ( S6 , 9-,  1©.  ) 
Tapporte  deux  inferiptions  trouvées  á Cologne  , 
fur  lefquelles  on  lit  ces  paroles  qui  fe  rapportent 
a une  divinite  appeiée  Bacurdos  , partículiére 
au  pays  de  Cologne.  Elle  eft  d’ailleurs  abfolu- 
aient  inronnue. 

BADE  ( dés  de).  On  trouve  dans  Ies  cam- 
pagnes  qui  avoifir.ent  Bade  en  Allemagne  , un 
grand  nombre  de  dés  á jouer  , faits  d’os  comme 
les  nótres.  On  en  voit  au  cabiret  du  roi.  Les 
conjeñures  que  l’on  a faites  fur  la  caufe  qui  íes 
a multipliés  dans  ce  cantón  , font  affez  fHvoles. 
Les  uns  veulent  que  des  légions  romaines , cam- 
p>ées  dans  ces  plai.nes.  Ies  y ayent  apportés  pour 
jouer  5 d’autres  difent  qne  ces  dés  fervoient  a des 
fetes  d’líis  , ctablies  dans  ces  contrées. 

BADIt'S  color , OU  Baius.  Cette  couleur  eft 
celle  de  nos  chevaux  bais  , c’eñ-á-dire,  un  rouge- 
brun  plus  00  moins  foacé.  Les  anciens  l’appe- 


B A E 

loient  aufit  Fkoeniceus  , fpadix , , ¡Samr.  Les 

deux  derniers  mots  étoient  relatifs  a celui  de 
/Sainí  , qui  d^gnoit  un  rameau.  de  palme , une 
branche  de  pSmier. 

BADUELA , roi  d’Italie. 

Badüela  , Rex. 

Ses  médailles  font : 

O , en  or  & en  argent ; il  y a un  coin  faus 
dans  ce  dernier  module. 

RRR  , en  M.  B. 

R , en  P.  B. 

On  trouve  fon  nom  au  revers  de  plufieurs  mé- 
dailles d’Anaílafe  & de  Juftinien.  II  n'eíl  guéres 
poffible  de  dire  pourqiioi  le  nom  de  ce  roi  fe 
trouve  fur  les  médailles  d’Anañafe  , mort 
vint-trois  ans  avant  i’é’eéiion  de  ce  prince.  II 
faut  que  le  Badaela  d’Anaftafe  air  été  un  roi 
barbare  , qui  a vécu  fous  fon  régne  , ík  que 
rhiftoire  n’a  pas  nommé. 

Telle  eft  la  notice  que  Beanvais  a donnée 
dans  fon  ¡lifioire  des  empereiirs.  Mats  Pellerin 
dans  le  catalogue  des  médailles  de  rois  qui  ter- 
minent  le  volume  des  rois  de  fon  recueil , es 
diftingue  deux  comme  il  fuit : 

Baduela  í.  roi  des  Goths. 

D.  N.  BaDUILA  , RSX. 

Ses  médailles  font  i 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

Babüeia  II.  roi  des  Goths, 

Ses  médailles  font : 

RRR.  en  bronze, 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

BAEBÍA  , famille  romaine  , dont  on  a des 
médailles. 

RR.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Le  furnom  de  cette  famille  eft  Pomo. 

BAÉTIQÜE  , partie  de  l’Efpagne  anciepne, 
qui  renfermoit  l’Andaloufie  & une  pa''t3e  du 
royanme  de  Grenade.  Les  laines  de  cette  contree 
étoient  fort  célebres  3 & Tertulíien  (de  Paluo.  5.) 
dít  qu’elíes  étoient  naturellement  co-!orées^,  fans 
doute  parce  qu’elles  étoient  noires.  La  fertíiite 
de  cette  province  étoit  fi  grande  , qu’elle  rap- 
portoit , felón  Pline  ( ¿ib,  18.  c.  x.  ) , cent  pour 
un , com.me  les  terres  des  Léontins  en  Sicile  , Se 
les  plaines  de  i’Lgypte.  • 

BAÉTYLES  , 'ou  BÉTYLES  , píerres  in- 
formes que  les  Orientaux  adoroient  , & ^qu  nS 
croyoient  repréfenter  les  divínités  avant  I’age  de 
la  fcuíptare.  Les  Grecs  appelloient  boetyfc  Is 
pierre  avalée  par  Satume  , felón  Hefychius  Se 
le  grand  Etymologifte.  Celui-ci  dit  dans  un  en- 

dreit  corrompa,  qu’iifau:  corrigerpar  Phayorinusj 


B A G 

que  le  nioí  batyle  déíignoit  une  pierreformée  ou 
trouvée  dans  le  Liban  ^ prés  de  la  ville  du  Sole’d. 
Sanchoniaton  anime  ces  pierres.  11  dit  ( Eiífeb. 
Prcep.  iib.  i.  ) que  le  ¿ieu  Uranus  frabrica  des 
pierres  animées  appelées  btztyus.  On  trouve  la 
luéme  aíTercion  dans  Philon  de  Biblos.  DamafciuSj 
cité  par  Phoriüs  j & qai  écrivoit  fous  Juítinien , 
racontoit  qu’il  avoit  vu  une  des'  pierres  appelées 
'boetyles , fe  mouvoir  en  l’air  , & que  ce  mou- 
vement  éroit  aítribué  á un  démon  par  le  p'hiio- 
fophe  ílidore.  Selon  ce  méme  Damafcius,  ii  y 
avoit  pluíieurs  b-xtyles  confacrés  á des  dieux  dif- 
férensj  teis  que  Saturne , Jiipiter,  le  Solei!  , &c. 
Bochar"  ( ChanaarL  lib.  z.  c.  z.  ) 2.  cherché , fe- 
lón fon  ufage  ^ Forigine  de  cette  pratique  fuperf- 
tirieufe  dans  Fc-criture-fainte  ; & il  a cru  la  trou- 
ver  dans  la  pierre  appeíée  héthel , confacrée  par 
Jacob  apres  la  viíion  Féchelie  myítérieafe. 

BAGE  , en  Lydie.  EArHNON. 

Les  médailles  aatonomes  de  cette  ville  font: 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent.  • 

Cette  ville  a fait  frapper,  fous  Fautorité  de 
fes  archontes  j des  médailles  imperiales  grecques  , 
en  Fhonneur  de  Géta  , de  Néron. 

BAGISTAjMüS  , montagne  d’Aíie  , entre  la 
Medie  & Babylone  , confacrée  á Júpiter^  fuivant 
Je  témoignage  de  Diodore  de  Sicile. 

BAGNÉRES.  On  a trouvé  dans  cette  ville  du 
comté  de  Bigorre  , deux  infcriptions  qui  font 
mention  d’un  dieu  Aghon,  différent  de  Y Agón 
qui  préíidoit  aux  jeux.  II  eíl;  probable  que  ce 
dieu  Aghon  étoit  la  divinicé  de  la  fontaine  de 
Bagneres  , ville  appelée  autrefois  Aquenjis  vi- 
cus.  Muracori  ( Thef.  infcr.  Diatrib.  yó.  ).  Voici 
les  infcriptions  : 

DE  o 

....  GHONI 
....  AUEINI 
....  AURINI 
V.  S.  L.  M. 

BAGUE.  Voyei  Anneau. 

BAGUIER.  Les  Romains  confacroient  dans  les 
temples  des  baguiers  rempiis  d’anneaux.  On  fait 
que  les  ñames  des  dieux  portoient  des  anneaux  ; 
& Fon  peut  en  conclure  que  ces  baguiers  étoient 
deftinés  á renfermer  les  anneaux  des  ñatues  que 
Fon  changeoit  felón  les  feces.  Pline  nous  ap- 
prend  ( 371. ),  Forigine  de  cet  ufage  fuperíHtieux. 

” Seaurus,  beau-fiis  de  Sylla^  eut  le  premier  une 
“ coiledtion  de  pierres  précieufes  , appelée  du 
” nom  étranger  dacívHotkeca  , baguier.  Ce  fut  la 
” feule  de  RomCj  jufquá  ce  qua.  Pompée  con- 


AGONI 

DIO 

LABUSIDS 
V.  S,  L.  M. 


B A I 405 

’=  facrát  dans  le  capicole.  avec  d’autres  prtfers  , 
” celle^qu!  avoit  aprarttnu  á ?»íi:hriüate  ^ cc 
” qui^  étoit  beaucoup  pius  precieufe.  M.  Varron 
& les  autres  écnvains  du  méme  tems , nous 
” ce  fait.  Get^xemple  fut  fuivi  par 

” iC  díclateur  Céfar  , qui  confacra  dans  le  temóle 
'S'^^nus.-gen.itrzx  fept  baguiers.  Marcelius  . 
fils  q OétavíCj  en  confacra  un  dans  celui  d'^ApoI- 
lon-Palatin.  =*3  Gtmmas  piares^  puod  peregrino 
appeÍLznt  nomine  daíiyltothecam  y primus  omnium 
habuit  Roma  privignus  Sylla.  Securas.  Denique 
nulla  alia  fuit  , doñee  Pompeius  magnus  eam  qu& 
Mithridatis  regis  fuerat  , Ínter  dona  in  capitolio 
dicaret  y ut  Aí.  Parro  , aliique  ejusdem  atatis 
auciores  confirmant  , multum  prílatam  Scaurz.  Hoc 
exemplo  Cafar  aiciator  fex  daclyliotkecas  in  ade 
Peneris-Genitricis  ccnfecravit  : íAarcellus  Ociavid 
genitus  in.  Palatina  Apoliinis  ade  unam. 

BAIGNEUR  ^ balneator  y valet  des 'bains  chez 
les  ar.ciens.  On  en  trouve  un  norqmé  dans  une 
inferiprionj  anteros  balneator.  Athénée  dit 
que  les  haigneurs  avoient  une  chanfon  particuüére. 
Mais  s'il  Icur  étoit  permis  de  chanter,  il  n’étoit 
point  honnére  á ceux  qui  fe  baignoient,  de  les 
imiten  En  eífet  3 Théophrañe  faifant  la  peinture 
d'un  homme  groflier  y le  repréfente  chantant  dans 
le  bain. 

BAÍGNOIRE.  Burette  remarque  dans  Ies  Mém. 
de  VAcad.  des  Belles-Lettres  y ou'ii  y avoit  dans 
lesthermes  des  anciens,  deux  fortes  de  baignoiresq 
Ies  unes  fixesj  & les  autres  mobiies.  Parmi  ces 
derniéres  on  en  trouvoit  faites  exprés  pour  étre 
fufpendues  en  Fair,  dans  lefquelies  on  ¡oignoit 
le  plaiíir  de  fe  baigner^  á celui  d'cire  balancé  3 
& comme  bercé  par  le  mouvement  qu"on  im- 
primoit  á la  baignoire. 

BAILO  y en  Efpagne.  bailo. 

Hunter  po¡réáoit  une  rr.tdaille  autonome  ds 
bronze  de  cette  ville  3 felón  M.  Combe. 

BAIN.  Les  Egyptiens  brúlés  par  Ies  ardeurs  du 
tropique  ou  les  vents  du  midi , fe  baignoient  fou- 
vent  dans  le  INil  5 & ces  ablutions  facrées  fai- 
foient  méme  une  partie  de  leur  religión. 

Les  Orees  des  tems  héroiques  fe  baignoient 
dans  Ies  fontaines  & les  riviéres.  Pour  ce  qui 
eft  des  balas  chauds  que  le  luxe  inventa  dans  les 
ñecles  fuivans  , il  paroft  quhls  furent  deftinés 
d'abord  á réparer  Ics.forces  abattues  par  de  longs 
travaux  3 ou  de  violentes  fatigues.  Ainfi  Aga- 
memnon  3 au  retour  de  la  guerre  de  Troye , 
commenqa  par  goúter  les  doaceurs  du  bain  . pour 
y perdre  le’  fouvenir  de  íes  travaux  ; mais  on  fait 
combien  ce  bain  lui  fut  fanefte  : íl  y périt  par’ 
la  trahifon  de  Clytemneítre  fon  époufe.  Ceft  ainli 
que  Télémaque  & Pifiñrate  arrivés  chez  Ménélas, 
furent  conduits  fur  le  champ  aux  bains.  Diomede. 
Be  ülyfíe  étant  revenus  du  camp  des  Troyens,  qu’iis 
avoient  été  reconnoítre  3 courarent  fe  píonger 
daas  les  eaux  de  is  mer. 


40Í  B A I 

Les  h:¡ln.s  de  riviere  terminoient  Ies  excrcices 
du  Gymnafe  , & a Lacéciemone  Ies  hiles  y en- 
troienravec  íes  garcons.  Théocrite  iJdylL.  n.  v.ii.) 
a confervé  ía  mémoire  de  cet  étrazige  ufase ; 
mais  íi  en  a accorr^agríí  !a  defcription  du  mot 
á-.í:¡í!,  a La  ir.aniere  des  komrr.es  , pcür  faite 
vojr  quil  tenoic  á I éducit-on  male  que  i’on 
donncit  aux  filies  de  Lacédémone. 

On  regarda  peiidant  iong-rems  Tufage  At^bains 
chaiids  j comtne  la  marque  de  la  moIleíTe  & de 
la  corruptioiT  dus  moeiirs.  Homere  ’L^Odyff.)  dit 
des  Fheaciensqu’üs  n'aimoient  8c  ne  recherchoient 
que  le  laxe  des  liab'ts  ^ Ies  bains  chauds  Se  les 
beaux  íits  ce  rabie  ^ deíl-á-dire  ^ le  iuxe  des  feíHns  : 

‘Eipará  r >.lirda  rs  xai  tital. 

L'üfage  r/en  devlnt  général  Se  public  en 
Grécej  que  peu  de  tems  avant  Athénée,  GeH- 
á-áire,  vers  le  premier  íiécle  de  i'éie  chréíienne, 
(/7á.  I.  c,  14). 

Nolis  renverrons  á Larticle  des  Tkermes  fénu- 
sicrarion  des  différentes  patries  qiii  compofídenr 
cette  efpéce  de  bains  ¡ devenus  ñ vades  & íi 
magnifiques. 

Les  premiers  Romains  fe  baignoient  dans  le 
Tibre  aprés  les  exercices  du  champ  de  Mars. 
Bienrcr  iis  eurent  dans  leurs  maifons  des  bains 
particuHers , qufils  déíignoient  fous  le  nom  de 
iaheum.  Ceux  qui  n'avoienr  point  de  maifon  en 
propre  ^ aüoienr  á des  bains  publics  appelés  Bali- 
ces. , dont  la  limpiieité  étoit  bien  éloignée  de  ce 
laxe  étonnant,  qui  eleva  & decora  Ies  tkermts 
fous  íes  empereurs. 

Les  bains  publics  étoient  ordinairement  diíiri- 
buts  en  plufieurs  appartemens  qui  formoient  dif 
férens  bains.  Leur  prix  du  rems  d'Korace  éroir 
trés-modique  ^ un  liará  de  norre  monngie  aciuelle  j 
(ícr.  i.  3.  137.): 

Dum  te  quadrante  lavatum 
Rex  ibis. 

Les  enfans  ne  payoienr  ríen ; ce  qui  les  a fait 
¿éfisner  par  ceíte  exception  dans  une  faryre  de 

l'^ec  pueri  credimt , nijí  qu.i  nondhm  ¿ire  lav¡intu.r. 

Un  aa  ¡drens  éroir  le  prix  medique  régle  pour  la 
tr.uííirude,  qui  fe  baignoit , fc*frotroit  & s’ef- 
fuyeit  e!le-méme  3 fans  Taide  d’aueun  valer.  Mais 
il  y avoít  des  prix  plus  coníidérables  pour  les  per- 
fonnes  aifées  , qui  étoier.r  fervies  par  les  valets  des 
bains. 

¿tQít  pas  petmis  d’enrrer  dans  Ies  bains 
• puoi'.cs  á teutes  les  heures  du  jour  ; on  ne 
pouvoit  y entrer  qu’a  de  certaines  heures  an- 
noncíes  par  une  cloche  dans  les  rhenr.es.  Marcial 
pane  de  certe  doche,  (14.  103.  i.); 


B A I 

B.edae  pdam  ; jonat  is  tkermarum  ^ lúdete  veréis  f 
V v-gir.e  Vis  felá  Lotus  abite  ¿omum. 

Airruve  dit  en  générd  que  l'on  fe  baignoit  depuis 
m'dí  jufqu  aa  foir  : i 'emvus  lavanai  k meridie..g 
ad  vcfpetarr.  efl  co-fiitutam.  Hadrieo  défendir  dVa- 
vrír  les  bains  hors  les  cas  de  malaáie  , avanr  h 
huitiéme  heure  3 entre  deux  & trois  du  foir  : Jare 
odavam  koram  in  publico  , neminem  nifi  ugrúm 
lavad  jufium  ejfe.  Gerre  heure  varioit  cependart 
felón  Ies  faifons  : c’étoir  la  huitiéme  dans  i’été' 
Sr  la  nein  iéir.e  dans  Lhiver : Eft  autem  kyeme  norai\ 
eftite  oBava  3 dit  Pline  {epift.  iil.  i).  Comme  ie 
bain  prccédoit  ordinairement  chez  les  Romains 
le^  grand  repas  qu^’ils  faífoient  au  coucher  du  fo- 
le!Í3  & que  leurs  heures  étoient  plus  longues  ou 
plus  coartes  3 fuivant  la^longuear  des  jours  ou 
leur  brievetéj  Fheure  des  bains  devoit  erre  va- 
riable. On  peut  cependant  leur  aííigner  en  général 
la  neuviémej  entre  trois  & quatre  heures  da  foir. 
On  les  fermoit  au  coucher  du  foleil.  Lampriáe 
d;C  ; Cum  ....  ante  folis  occafum  clauderentut. 
Alexa.ndre-Sévére  permit  d’ouvrir  les  bains  pen- 
áant  les  nuirs  d'éré  3 & i!  fit  la  dépenfe  des  lamieres 
pour  Ies  éclairer. 

Commode  enrroit  fept  fois  par  jour  dans  Ic 
bain  3 & y mangeoit.  Les  plus"  fages  íe  conten- 
toient  d’un  feul  hain  par  jour  ; Se  d fuíEfoit  pour 
des  hommes  qui , ne  faifant  point  ufage  de  lirige , 
portoient  des  cuniques  (chemifes)  de  laine.  C'étóic 
ordinaire.ment  avant  le  repas  qu  ils  fe  baignoient. 
Les  gourmands3  qui  íéntoienr  leur  ellomac  trop 
cbargé  de  viande  3 y rerournoíent  quelquefois 
aprés  le  repas.  Juvénal  leur  reproche  cet  éxcés  , 
& leur  monrre  la  mort  fabite  eomme  la  juila  Se 
prompte  punition  de  cerré  recherche  voliip- 

P cena  tamen  pt&fens  3 cum  tu  deponis  amiñum 

Tutgidus  3 & crudum  pavonetn  in  balnea  portas. 

Hiñe  fubita  martes  , atque  inteflata  fenedus. 

Ceux  des  Romains  qui  vouloient  caprer  la  bien- 
veillance  de  leurs  concitoyens3  faifoienc  batir 
des  bains  publics  3 aíEgnoient  des  fonds  pour 
leur  enrretienj  & les  ouvroient  gratuitement 
au  peuple.  Mecéne3  felón  Diqn  3 batir  le  pre- 
mier bain  public.  Agrippa  feul  en  ouvrit  cent 
foixante-dix  ; & Ton  ne  doit  plus  erre  étonne 
aprés  cela  de  voir  dans  Pubiius  Viélor  quhl  y 
avoit  dans  Rome  jafqu'á  huir  cents  bains  publics. 
On  en  laiíLoit  á fa  v*i!!e  par  reílament ; & les 
junfconfultcs  romains  font  mentíon  de  cette  mu- 
nificence  de  Servóla 3 habitanr  de  Tibur.  {Lex 
P.-’TROítus  3c.  ultim.  de  Leg.^).  D'autres  Ies 
furpaiTérent  encore  & fondérent  des  bai.ts  gratmts 
pour  íes  étrangers  & Ies  voyageurs.  Les  d^ux 
mícripnons  fuivantes  en  font  íoi.  La  presruers 
eíl  á Romc  : • 


B A I 

t.  OCTAVIO.  L.  ?.  CAM 
RUFO.  TRIB.  MIL.  LEG.  lili 
SCYTKíC.^.  PR-A?.  FASR 
B!s.  euqmviro.  quixq.  ex 

S.  C.  EX  D.  D.  AUGURI.  EX.  D.  B. 

CREATO 

<¿üi.  LAVATIONEM.  GRATUITAM 
MUNICíPIEUS.  INCOEIS 
HOSPITIBUS.  ET.  AD VENTORIBÜS  .... 

Ls  fecoiiJs  í'e  trouve  dans  ZagaroIIus  : 

C.  AUR.UNCEIUS.  . . . 

COTTA 

COLORIS.  INCOEIS.  HOSPIT.  . . . 

adventoribos.  servisque 

EORUM 

LAVATIONEM.  EX.  SUA.  PECUNIA 
GRATUITAM.  IN.  PERPETüUM 
DEDIT 

Le  éarn  gratuk  étoit  au  nombre  des  largeíTes 
que  les  empereurs  faiíbient  au  peuple  dans  les  ré- 
jouiirances  publiques}  mais  auífi  dans  les  cala- 
mites publiques  j on  lui  retranchoit  catre  coni- 
modité , ainii  que  ¡e  plaiiir  des  fpedtacles. 

On  peut  aíTurer  généralement  qa^a  RomC:,  dans 
Ies  premiers  temSj  Ies  bains  des  hommes  étoient 
feparés  des  bains  des  femmes.  Varron  , {de  Ling. 
Latina  8.  4--)  • dbi  confedit , ubi  bina  cjfent  con- 
juncia ¿ídijicia  lavandi  caufá  : unum , ubi  viri , 
alterum  ubi  mulieres  Lavarentur  y 8c  Vitruye  , 
(í-  loO  • Ubi  caldaria  miiliebria  viriliaque  con- 
junBa  , é?  in  iifdem  regionibus  fint  collocata.  II  y 
en  avoit  cependant  qui  feryoient  alternatiyement 
sux  deux  fexes.  On  peut  le  conclure  d’un  difcours 
de  Gracchus , extrait  par  Aulugelle,  ( lo.  3.)  : 
LTuper  Teanum  Sidicinum  confuí  venit  : uxorem 
dixit  in  balneis  virilibus  lavari  velie.  Q^utíiori 
Sidicino  a Mallia  datum  efl  negotium , uti  balneis 
exigeren.tur , qui  lavahantur.  Tout  s’y  pafl'oit  alors 
avec  modeílie:,  & Ton  auroit  regardé  comme  un 
atrenrat  contre  Thonneteté  publique , de  voir 
Quelqu  un  paííer  dans  un  hain  deíliné  au  fexe 
different  du  fien.  Les  enfans  púberes  ne  fe  bai- 
gnoient  méme  p.mais  avec  leurs  peres  ni  les 
gendres  avec  leurs  beaux-péres.  Les  gens  qui  fer- 
voienr  dans  chaqué  bain,  étoient  du  fexe  auquel 
le  bain  étoit  deñiné. 

Mais  quand  le  laxe  Se  la  vie  voluptueufe  eurent 
banni  la  inodeílie,  & que  la  débauche  fe  fut 
gli.íce  dans  toute  la  vílle , les  bains  n'en  farent 
pas  exempts.  Les  femmes  s'y  mélérent  avec  les 
hommes  , & il  n'y  eut  phis  de  dlílinélioa  5 plu 
^surs  perfonnes  de  fun  ¡bz  de  Faurre  fexe  ny 
ahoient  méme  que  poar  fatisfaire  leur  vae^  ou 
pour  cacher  leurs  intrigues  : ils  y snenoisnt  des 


B A I 407 

erdaves  ou  des  rerv.rnres  pour  garder  les  habits. 
Les  mairres  aes  bains  en  louoienr  a ceux  qui  n en 
avoicnt  pas  amené  5 Se  i.s  s^efíorcoient  d’en 
avoir  ae^pi'js  oeiles  que  les  aurres  maírres  de 
bains ^ aun  d attirer  'a  foule  chez  eux.  Tout  ce 
magiítrars  purenr  oppofer  d^abord  á ce 
derégiementj  fat  la  defenfe  de  fe  fervir  de  femmes 
ou  de  niies  pour  gsrder  les  habirs  ou  cour  re-'ka 
Ies  aurres  fervices  aux  bains , fous  peine  d etr* 
noté  ddnfamie.  Mais  Fempereur  Hadrien  dé- 
fenaitrigoareiifemenrce  méiange  honreux  d'hom- 
& de  femmes.  11  íir  feparer  Ies  bains  pour  les 
deux  fexes  ; lavacra pro  fexibus  feparavit , dir  Spir- 
nen  5 c'eíl-á-dire  , quhl  leur  aíijgna  desbazMí  dans 
des  bátimens  ou  des  quartiers  feparés. 

Ce  régiement  fur  de  f>eii  de  durée;  car  Tríarc- 
.Auréle  rétablit  la  diñincticn  oes  bains , Livacra 
mixta  fummovit.  On  vir  fubíifter  cette  loi  fage 
juTauMu  liixurieux  Elagabale  , qui  permit  aux 
deux  fexes  Fiifage  des  mémes  bains.  Mais  Alexan- 
dre-Sévére  rétablit  de  nouveau  i'ordre  & U dé- 
cence;  Se  Fon  ne  trouve  plus  depuis  de  régiement 
relatif  aux  bains. 

Les  bains  des  particuüers  devinrent^  fous  les 
empereurs , des  obiets  de  luxc  & de  recherches  , 
ainíi  que  les  thermes.  Lesftatues^  les  colonnes 
n'y  étoient  pas  épargnées.  Sénéque  {epifi.  S6.)  : 
ijuid  ciirn  ad  balaca  Izbertinorumpcrvenerc?  Quan- 
tum fiatuarum  efi , quantiim  coLumnarum  eji  ¡ nlhíl 
fufinentiam  , fed  in  ornamentum  pofitarum  Or  i'ri- 
penf/í  caufá  I On  en  couvroit  les  murailles  de  pein- 
tures  précieufes,  de  marbres  tares  ^ Be  méme  de 
mofaiques.  Sénéque  reproche  encore  ce  liixe  á_ 
fes  concítoyens  j (^ibid.  ) ; Lauver  fbz  Videtur  ac 
fordidus  , nip  pañetes  magnis  Ci  pretiops  orbihus 
refulferunt  i nip  Alexandrina  marmora  ILumidicis 
crupis  fipinña  funt  ^ nip  illis  undique  operofa  & iti 
piñurs,  modum  varíala  circumlitio  pruexitur, 
Symmaque  ( epip.  6.  po. ) : In  minoribus  balneis 
pijcinalem  picluris  potius , quám  mupvo  excoli 
non  probavi.  U Antiquité  expliquée  du  P.  Mont- 
faucon,  & fon  Supplérr.ent , nous  oíFre.nt  des 
reftes  de  bains  qui  juílifient  ces  piaintes  de  Senc- 
que  & de  Symmaque.  Ils  ont  , a !a  vérité  . appar- 
tenu  aux  Aiigiiftes  , puifquhls  font  litiiés  fu’r  le 
mont  Palatin ; mais  on  fait  que  ceux  des  ric.hes 
citoyens  ne  leur  cédoient  point  en  m.agniíieence. 
Les  femmes  s’y  fervoient  de  íiéges  dMrgent  & de 
baignoires  de  méme  méta!  : Argento  femins.  la- 
vantur  , ií  nip  argéntea  folia  fafidiunt.  rline  ^ 
(33.C.  2).  ^ ^ 

Les  Romains  repandirent  dans  toute  I'Europe 
ce  godt  pour  Jes  bains  8e  pour  les  mofaiques  j 
auquel  nous  devons  ces  reftes  précieux  que  Fon 
trouve  journdlement  dans  prefque  toutes  les  villes 
anciennes,  dms  celles  d’Angleterre  méme. 

Pendant  que  Fon  prenoit  le  bain , on  fe  tenoit 
dans  im  repos  parfair.  Quelques  écrivains  médi- 
toient  alors  leurs  compoíInonS.  Suétone  {Aug-.. 
c,  8f.  s.  j. ) parís  a un  peút  recueil  d’épigram53ics 


4oS 


B A l 


qii'AuOTÍte  zvnk  cornroíe  dans  íe  ¿jw?.  PUne  le 
jer.ne  ík  cue  iba  onde  cüccoÍe  cu  écoucoit  des 
lechires  útiles  pendan:  qdoa  ie  íroícoic  & qii'on 
rcíTuroi:  hors  da  éa¿íi, 

Aprés  s'étre  baignés  8¿:  laves,  les  anciens  fe 
faifoient  racier  la  pean  avec  des  lames  élaíliques, 
de  cuivre  ou  d'argent  , pour  enlever  la  craíFe.  Oii 
Ies  frottoit  enfuite  avec  des  parfams  & des  nuiles 
cdoriférantes.  Eiagabale  ne  fe  baignoit  mérae 
que  dans  des  eaux  parfumées  av'ec  du  fafran  & 
d'autres  plantes  arcmatiques- 

Pour  la  difpoíition  des  piéces  qui  formoient 
les  bains , voyez  Therí.íes. 

On  chauuoit  les  bains  pablics  avec  des  boules 
de  matiéres  ccmbuftibles  endnites  de  poíx. 

Les  biins  dbAbafcantus  étcient  íitués  dans  la 


premiére  región,  Rufus  & Viclor  feuls  en  fon: 
ntention.  On  ne  connok  point  ce:  Abafcanrus 
aUQuel  les  Romains  en  étoient  redevables, 

Les  bains  d'Agrippa.  ') 

de  Novatus.  > Voye-^  Thermes. 

d’Olympias.  y 

Les  kains  d'Agrippine.  Viílor  Ies  défigne  par 

le  mot  lavacmm ; de  maniere  qu’on  ne  peur  les 
confondre  -.avec  une  fontaine.  Hs  étoient  íitués 
dans  le  Viminal,  la  cinquiéme  région.  Les  anti- 
quaijes  s'accardent  tous  á placer  ces  b.ains  de 
la  mere  de  Néron  fur  la  colhne  qui  fai:  face  a 


réglife  de  Saint-Vital.  On  aíTure  que  des  oiivriers 
y trouvérent  dans  des  fouüles  deux  flatues  de 
Bacchus,  avec  rinfcriptioa  fuivante  ? iN  lava- 
cro AGRiPPiNAE.  II  paroit  d'aprés  cette  infcrip- 
tion,  que  c'étoit  un  bain  particuüer,  lavacrum, 
& qu  ií  faifoit  partie  de  la  maifon  d’Agrippine. 

Les  ¿a/aídi'Alexandre-Sévére  ttoien:  en  grand 
nombre ; car  cet  empereur  en  nt  conftruire  dans 
tous  les  qitartiers  de  Rome,  felón  Lampride,  & 
plulieurs  portérent  fon  nom. 

Les  bains  d'Ampélis  ou  d'Apellis  étoiept,  felón 
Víctor,  dans  la  quatorziéme  région  au-delá  du 
Tibre.  On  ignore  quei  étoit  cet  Ampélis  ou  Apel- 
lis;  mais  des  bafíins  de  marbre  trouvés  auprés  de 
la  porte  Settimiane , ont  renouveié  le  fouvenir 
de  ces  bains  on  de  ceux  de  Prifcillianus  , auxquels 
ils  ont  certainement  appartenu. 

Les  bains  de  Bolanus  & de  Mamertinus  étoient 
places  dans  la  premiére  région.  Ces  deux  Romains 
n'ont  joué  aucun  role  remarquable  dans  les  an- 
nales  de  leur  ville. 

Les  bains  du  diélateur  Céfar  étoient  de  forme 
ovale  , terminés  par  quatre  demi-cercles.  Oeñ 
ainfi  qtfon  Ies  voit  figures  fur  un  ancien  plan 
de  Rome  publié  par  Eellori. 

Les  bains  de  Claudius  Hétrufcus  font  connus 
par  Ies  vers  de  Stace  (5y/v.  i.  y.  3,0  Se  de  Mar- 
tial  (vi.  42.  8).  On  ignore  cependanr  I’endroit 
oú  les  avoit  conftruits  cet  affranchi  de  Claude. 


On  fait  feulement  qu'iis  étoient  recommandables 
par  la  variété  & le  prix  des  marbres  , par  la  gran- 
neur  & la  belle  proportion  des  appartemens,  & 


B A I 

enfin  par  les  canaux  & les  robinets  , qui  étcient 
d’argeat  n-.vhf. 

Les  bairís  de  Daphr.is  fe  trcuvoient , felón 
Rufus  & Víctor,  dans  la  quatriéme  région;  ceiis 
du  temple  de  la  Paix.  Pancirolle  croit , avec  aíléz 
de  vraifemblance  , que  leur  nom  venoit  d‘ua 
petít  bois  de  iaurier,  auprés  duquel  ils  étoient 
litués. 

Les  bains  de  Narciífe  , affranchi  de  Claude, 
étcient  fitués  auprés  de  la  Baíiiique  de  Murcien. 
y^oye^  Basilique. 

Les  bains  de  Néron  faifoient  partie  de  f& 
maifon. 

Les  bains  Palatins  prenoient  leur  nom  de  la 
msntagne  fur  laquelle  ils  étoient  batís.  On  en. 
voit  encore  aujourd'hui  de  précieux  reftes  ornes 
de  peintures,  d’arabefques , de  mofaiques,  de 
dorurc,  &c.  Ils  fervoient  aux  empereurs,  8c  re- 
cevoient  une  partie  de  Teau  Claudia  , qui  y étoit 
conduite  par  des  aquéducs  qui  fubfiftent  encore 
en  partie.  • 

Les  bains  á&  Paullus.  Rufus  8c  Viétor  les  placent 
dans  la  région  du  haut  Sentier.  On  croit  qu  ils 
étoient  fitués  auprés  de  la  tour  de  Conti , 8c 
qu  ils  ont  fait  donner  á cette  petíte  élévation  le 
nom  de  BagnapoH  ou  Miagnapoli  , comme  le 
peuple  Tappelle  aujourd’hui.  BagnapoH  veut  dire 
bains  de  Faulus.  Donatus  refufe  de  reconnoitre 
les- reftes  de  cts  bains  dans  unportiquefouterrein, 
qui  eít  orné  de  colorines  de  briques , 8c  qui  eft 
circulaire  comme  une  portion  de  théátre. 

Les  bains  de  Poycléte  étoient  placés  auprés 
de  i’école  du  gladiateur  ^milius  Lepidus. 

Les  bains  áe.  Suja.  Auréiius  Víctor,  {epift-  c.  15. 
n.  6.)  dit  que  Trajan  eleva  des  bains  en  l’honneur 
de  Sura , qui  lui  avoit  procuré  l’empire.  On  peut 
conjeólurer  d’aprés  Pubíius  Viétor,  qu’iis  étoient 
fitués  fur  le  mont  Aventin ; car  q’étoit  la  qu’avoit 
fa  maifon  L.  Licinius  Sura  , confui  fous  Nerva 
Se  fous  Traían.  Dion  «fit  batir  un  gymnafe 

á fes  frais.  Sur  I’ancien  plan  de  Rome , publié  par 
Bellori,  on  voit  des  portiques  8c  d’autres  báti- 
mens  qui  ont  pu  fervir  á fes  bains  ^ fur  le  mont 
Aventin, 

Les  bains  de  Torquatus  étoient  fitués  auprés 
de  fes  jardins.  F".  Jardins. 

« Les  arts  ont  répété  Se  répéteront  toujours 
la  repréfentation  des  objets  que  les  hommes  ont 
le  plus  fouvent  fous  les  yeux  : ainfi  les  Romains 
ont  fréquemment  repréfenté  les  ficuations  qui 
avoient  rapport  á leurs  bains.  L’ufage  du  bain 
leur  étoit  prefque  néceífaire , pour  fuppléer  au 
défaut  du  linge , 8c  utile  pour  la  fanté ; mais  ce 
qui  les  flattoit  plus  encore,  c’eft  qu’il  fervoit  a 
leur  volupté.  Auffi  ont-ils  repréfenté  plus  fouvent 
des  femmes  , ou  lorfqu’elfes  étoient  dans  les 
étuves , ou  dans  les  momens  auxquels,  dépouil- 
iées  de  tout  vétement,  eiles  entroient  dans  le 
bain  , ou  s’eíTuyoient  aprés  en  étre  forties.  Le 
plus  grand  nombre  de  ces  figures  ne 


B A J 

sücun  atír.'but  de  Vénus ; cipencant  les  modsrnes 
font,  gentralement  pirlar.t  ^ ¿ans  í'hahitude  de 
les  recarder  ccmme  des  recrérentatioiis  de  cerre 
¿áeiTe , & coniVqueiament  de  leur  ¿onner  ion 
rioin.  Four  m'éievea  contra  cetabus,  je  rapporte 
certe  figure^  & je  !a  donne  pour  exe.Tiple  : e’Je 
jr.eparcit  ne  renráfcater  qn'ur.e  ferr.me  ordinaire; 
& j'a;iro:s  eii  un  grand  nombre  d'aiitorités  pour 
en  raire  une  déeirc". 

» L'’objet  cae  cette  femme  tient  dans  fa  main 
fermée,  n elt  poin:  aíTez  apparent  pour  erre  re- 
connu.  La  dirpcíiricn  de  cette  figure  crt  froidej 
& le  rravaii  eíl  auai  commun  que  peu  agréable». 
Cavias  3 - //.  44.  n°.  I. 

EAISA.uFSA  , prés  du  golfe  Arabique. 

Gofizius  feui  atcnbue  a cette  viüe  des  méáailies 
impén'ales  greccues 

BAÍS.dH.  i^oysz  EmBRASSEIiIENT. 

BAJLXEj  nona  d’un  office  de  la  cour  des  erri- 
pereurs  grecs.  Les  íajales  étoient  les  précepteiirs 
des  princes.  II  y avoit  le  grand  éajuU  & les  hajaus ; 
le  grand  t'roit  le  précepteur  en  chef,  &ies  bajuies 
étoient  les  fous-précepteurs.  On  trouve  le  mot 
bajulas , fialsí.c; , dans  le  fchoÜafte  de  Sophoclej 
{^la  Jíjace  íorartu')  : Uatib'Uyaiyos  jíuí  3 

i Xiyiutvas  ,S«ís>¡)?..  ün  manufcrit  de  Théophane  , 
qiu  eíl  á la  bibüothéqua  duRoi_,  porte /SbycAiJ ; 
mais  c’elt  la  prononciation  tnoderne  des  Grecs 
qui  a caafé  cette  erreur  : car  i!s  pronor.cent  le 
r comme  I ; ii  faut  reítituer  ¡¡.on  rov  fsalHXn  ai-ri. 

Le  premier  bajule  que  Fon  trouve  dans  l hif- 
toíre  Byfantine  j elt  fous  Théodofele  jeune,  quij 
felón  Cedrenus , établit  Antioc'nus  intendant , 
patrice  8e  fon  bayuíe  3 xxí  ra?  Depiiisj 

cer  ofScier  fut  appelé  grand  bajale.  G'efi:  d'aprés 
cet  ufage  des  Grecs,  que  les  Itaüens  ont  appelé 
hajuLe  d’un  royaume , celui  que  Ies  Anglois  ont 
Eommé  yroteéiear.  On  vouloit  exprimer  par  ce 
mot  le  foin  cue  doit  avoir  d un  prince  fon  pré- 
cepreur.  i!  doit  raimer  comtne  le  nourricier  chérit 
Tenfant  qufi!  a porté,  bajulavit , dans  fes  bras. 

L’auteur  de  la  vie  de  Louis-le-Débonnaire,  dit . 
que  Charlemayne  donna  Arnoud  pour  bajale  á 
ce  prince;  c'efi-á-dire,  pour  confeil,  pour  mi- 
Hiftre.  Híncmar  {ep.  z.  c.  z.j  décrit  au  long  les 
quaütés  des  bajules.  Balfamon  dit  (//i.  7.  medit.) 
¿ans  Leuoclavius  , que  fon  appelle  en  general 
hajules  les  pfécepteurs  des  enfans.  Grégoire  de 
Tours  par.e  en  effiet  (yies  des  Peres,  c.  6.)  des 
bájales  de  S.  Gal,  qui  n’étoit  pas  fi!s  de  roi.  Quel- 
qaes  auteurs  modernes  ont  dérivé  du  mot  bajale 
eeiui  de  hailli,  ballívas. 

BALA,  furnom  de  la  famille  Mzja. 

Balance.  Cer  ínltrument  ne  paroít  point 
parmi  les  hiéroglyphes ; & Ies  feuis  monurnens 
égyptiens  fur  íeiquels  on  puiíTe  ie  voir,  font 
Une  des  momies  expliquées  par  .Alexandre  Gor- 
don,  & un  fcarabée  de  fardoine  de  Stofeh. 

Dans  routes  les  découvertes  dGntiquités  faites 
STant  ceüe  d'HercuIanum  , oa  n avoit  troavé 
Anti^iiítés  ^ Tome  J. 


BAL 

qu  une  feule  efpéce  de  bala-ice,  ce'les.ci!:  reGe.m- 
bjeiit  a nos  pejons  ou  romahus',  c^eil  - a- cire , 
qu  enes  font  formees  par  une  verge  ou  fiéau, 
air  lequel  le  poids  augmente  á propertion  qa'ii 
s approcíie  ae  fon  extrémité.  Ce  poids  a aífez  of  di- 
i;airemei,t  la  figure  d un  petic  bulle  de  divinité. 
A une  des  balances  cu  on  voir  dans  ie  cabi  ^et  de 
Pomcí,  eíl  íaípendue  ¡3  tete  de  FAfriaue,  teüe 
qu  on  !a  trouve  fur  des  médaiiies.  Gn  lit  iur  un 
autre  fieau  : xr.  claud.  exa.ct.  cura  aedil. 
Ces  balances  d'HercuIanum  ont  toutes  un  baíTia 
a la  p.ace  du  crochet  ou  crampón  qae  nous  met- 
tons  á celles  de  la  meme  efpéce  dont  nous  faiíbns 
ufitge^:  fi  tien:  par  trois  ou  quatre  chaines  biea 
travailiées  & paífees  dans  une  plaque  ronde , qui 
donne  la  facfiité  de  les  reílerrer  plus  ou  moins. 

Le  cabinet  de  Sainte-Genevieve  renrerme  ua 
de  ces  bulles , qm  fervoit  de  poicls  á une  roniaine 
ancienne.  M.  Je  duc  de  Chaulnes  po.fféde  un  fléas 
antique  de  romaine , long  de  plus  de  trois  pieds. 
On  peiit  conjeclurer  que  ia  piupart  des  bulles  de 
divinités  antiquesqui  ont  une  béiiére  ou  anneau, 
ont  fervi  de  poids. 

Herculanum  a enfin  donné  aux  antiouaires-quel- 
ques  balances  avec  deux  baífins,  relies  qa’on  Ies 
%'oit  repréfentées  fur  les  médaiiies  & fur  d'’autres 
monumens.  II  y en  a de  íi  petires,  qu’on  pourrok 
croire  qu’elles  ont  fervi  de  trébuchets. 

Mercare  préíídoit  aux  balances  Ik  aux  poids. 
(F” oyey  Mercüre).  C’eít  pourquoi  fa  tete  & fom 
bulle  fervent  de  poids  á pluíieurs  balances  des  mu- 
feum  de  Florence  & d 'Herculanum.  On  voit  fur 
une  cornaiine  du  barón  de  Stofeh  ce  dieu  debout. 
tenant  de  la  main  droite  le  caducée  , & de  la 
gauche  une  balance.  Devant  lui  eíi  piteé  le  cán- 
cer; les  peiíTons  & !e  feorpien  font  derriére  lui. 
La  pofition  de  ces  fignes  du  Zodiaque,  graves  fur 
cette  pierre,  eíl  exprimée  par  ces  vers  de  Ma- 
nilius : 

JEq-aata  tum  Liska  , dze  cum  tetnpore  nocíls 

Attrahit  arientí  falgentem  Scorplcn  ajero. 

On  retrouve  encare  dans  la  máme  colleflion 
une  cornaiine , fur  laquelle  Mcrcure  porte  u.ne 
balance.  Ce  dieu  n'y  a d'autre  attribut  que  Ies 
talonniéres. 

Les  poetes  difoient  que  ce  ílgne  du  Zodiaque 
étoit  la  balance  d'Aílrée , retirée  dans  le  ciel  á 
répoque  du  fiécle  de  fer-  Virgüe  voulant  faire 
Féloge  de  Fequité  d'Augufte , Falíure  qa'aprés  f* 
mort  ii  ira  demeurer  dans  le  fisne  de  la  balance. 

La  balance  eíl  Tartribut  ordinaire  de  Thétr.is  & 
de  rEquité.  On  la  voit  auíli  fur  les  médaiiies  dans 
les  rnains  des  femmes.  qui  repté fentent  la  déeífe 
Maneta.  Eües  font  quelquefois  au  nombre  de 
trois ; peut-étre  á caufe  des  trois  métaux  era- 
ployés  par  Ies  Romains  á fervir  de  monnoie. 

BALAN  E,  une  des  huir  filies  d'Oxilius  & ds 
la  nrmplie  Karsadryade.  V.  Hamadryade, 

' Fff 


410 


BAL 


BALANEA  , en  Syrie.  SAAAtíEnN, 

Les  médallles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  bronze.  (PellerLi^,. 

O.  en  or. 

&.  en  argent. 

Cette  vüle  a fait  frapper  une  médaiile  impériale 
grecque  j non  en  Thoiineur  d\4’aguíle  ^ comrne  i'a 
crii  Vaiilant^  ce  qai  eíl  plus  que  douteux ; naais 
en  rhonneur  de  Marc-Antoine,  comme  Ta  fait  voir 
-M.  Pelleriii. 

BALANTION , monnoie  des  Romains.  Voyiz 
Phollis. 

BALAUSTIUM  , fletir  dii  grenadietj  que  les 
anciens  employoient  pour  la  teinture  de  pourpre. 
Le  fameux  Gobeün  s’en  fervit  á París  fous  Fran- 
50ÍS  í:,  pour  faire  Técarlate. 

Ceux  qui  prennent  Doiir  le  balaujiium  la  fleur 
que  Ton  volt  fur  les  médailles  de  Rhcdes,  Vy 
reconnoiíTent  pbur  Fembléme  du  grana  commerce 
que  faifcit  cette  ille  d'étoíFes  teintes  en  pourpre. 

M.  d\4ubenton  a reconnu  la  ñeiir  qui  eíl  fur  les 
sne'dailles  d'argent  de  Pifie  de  Rhodes,j  pour  celle 
de  la  rofe  íimple. 

BAiLATEUR  des  temples.  Voyei  Néocore. 

BALBEK.  L’hilioire  fumt  á tous  Ies  íieclesj 

les  hommes  croient  en  conféquence  immor- 
íaliier  les  faits  qudls  lui  confiení.  Souvent  sis  ont 
£u  á s’appiaudir  de  cette  ccnfiance-  II  ne  reíle 
pas  aujourd'hui  une  feule  pierre  qui  nous  indique 
Éendroit  pr-écis  011  étcient  íitaées  Jroye,  3aby- 
lone  & Memphis ; & cepeadant  rhiftoire  nous 
entretiení  depisis  deux  ou  trois  mille  ans  des 
snerveilles  qu’eües  renfermoient.  Nous  trouvons 
au  contraire  des  mines  de  vilies  anciennes  , done 
elle  fait  á pesne  mentron.  II  en  exifte  entre- autres 
de  íi  riches  & de  fi  précieufes  pour  la  fcuipture 
&:  Tarchitedlure  ^ que  les  monurnens  dont  elles 
atteftent  Texiftence , ont  été  les  plus  beaux  qai 
foient  jamais  fortis  des  mains  des  hommes.  Pal- 
myre  & Balbek , Tancienne  Héiiopolis  de  Syrie  ^ 
n^offroient  depuis  long-tems  cas  débris  refpec- 
tables  qu’á  des  Arabes  ignorans  . ou  á des  T ores 
fuperftitieux  ; lorfqiAen  1678  des  commercans 
anglois  j qui  fe  trouvoient  a Alep  ^ eurent  la  cu- 
lioíité  de  vérifier  les  récits  des  Árabes.  L'hyper- 
bole  fi  familiére  aux  Orientaux  ^ pouycit  facile- 
ment  avoir-  exageré  les  faits  dans  lears’  boliches ; 

Famour  de  la  vériré  , appanage  des  peuples 
ÉCiairés,  devoit  cherchera  diííiper  le  meryeilleux 
& á éloigner  les  fables.  Les  premiers  effbrts  de 
ces  marchanás  furent  infruétueux,  parce  qu'ils 
furent  pilles  par  les  Arabes  5 mais  leur  zéle  ne  fe 
refroidic  pas.  Treize  ans  aprés  ils  firent  une  fe- 
conde  teiitanye  ^ & pafsérent  quatre  jours  á 
Paimyre 

De  quel  étonnement  ne  dúrent  pas  étre  frappés 
les  favans  d Europe  j en  lifant  dans  lesTranfac- 
íicns  Fnuofophiques  ^ la  relation  de  ce  voyage  ^ 

la  ¿eicíiption  des  Kionumeas  qiii  fj^íiívvst 


BAL 

encore  en  partie  I Pouvoient-ils  croire  qiFon  edt 
ignoré  depuis  Zenobie , le  climat  ou  arak  exilié 
la  capitaie  ce  fon  empire  5 & qu’une  viKe  auríl 
ayantageufement  fituée  pour  le  commerce eúc 
été  entierement  effacée  de  la  mémoire  des  hommes  l 
Placée  en  effet  entre  le  Ty gre  & FEuphrate  , 
entre  Séleucie  & Antioche  ^ fur  les  frontiéres  du 
royanme  des  Parthes,  á cinq  journées  de  la  Mé- 
diterranée,  elle  fut  fous  Ies  Séleucides  & les  eir- 
pereurs  romains , Fentrepdt  du  commerce  de 
FEurope  & des  Indes.  Cepenaant  on  en  ignoroit 
abfolument  la  pofition  ; Se  quelques  favans 
jetérent  des  doutes  fur  Fauthentícité  de  la  relation 
publiée  par  les  commercans  anglois.  Les  chofes 
reílérent  danscet  état  á'incertitude  jufqu'en  1751, 
que  MM,  Dawkins  & Wood  nous  donnérent  la 
defcriptioii  des  monumens  qu  il  avoient  trouvés 
& deííinés  á Palmyre  & á Balbek,  fous  la  pro- 
redtion  de  la  Porte  & des  hachas  de  Syrie.  A ¡a 
beauté  des  deíTins  ils  ont  joint  des  recherches  fur 
F état  ancien  de  ces  deux  vides  , & ils  femblent 
avoir  épuifé  cette  matiere.  Quant  aux  inferiptrons 
palmvréniennes  , grecques  & latines  qu’ils  ont 
rappórtées  ^ toute  FEurope  favance  ■ connoít  le 
travail  de  ?>í.  FAbbé  Barthélemy  ^ & fait  qiFil  3 
retrouvé  Falphabet  paltnyrénien  , á Faide  duquel 
il  Íes  a toutes  expliquées.  Cette  découverte  pré- 
cieufe  pour  Finteiligence  des  langues  orientales  , 
peut  conduire  un  jour  a quelqiies  vérkés  impor- 
tantes ^ & á des  faits  dont  Figaorance  jette  peut- 
ecre  de  grandes  obfciirirés  fur  Fhsíloire  an- 
cienne. 

Envíronnées  de  déferts  ^ Palmyre  & Balbek 
ont  confervé  beaucoup  plus  de  reftes  de  leuf 
ancienne  fpleadeur  , q’Aaucune  autre  viiie  an- 
cienne  5 parce  que  "Favidité  des  Árabes  rfa  p_u 
trouver  aiicun  etnpioi  de  leurs  ruines.  II  atuoit 
été  trop  difpendieux  de  les  tranfporter  jufqu'aux 
vilies  les  plus  prochainesj  & le  nombre  des  habi- 
tans  qai  vivent  au  milieu  de  ces  débris  , eíl  trop 
petit^,  pour  quhls  ayent  pu  les  diífiper  ennérement. 
D'aiiieurSj  la  beauté  du  climat  fous  lequel  il  ne 
pleut  prefque^’amaisj  Sé  la  dureté  des  matériaux^ 
qui  font  tous  de  marbre  & de  granit ont 
beaucoup  contribué  á lear  confervation.  Entre 
autres  débris  de  temples  qu’ofire  Palmyre^  ceux 
da  temple  da  Soleil,  qui  eíl  confervé  en  grande 
partie , font  dignes  des  plus  beaux  íiécles  dq  1 ar- 
chitedlure  grecque  5 & le  périílyle  qui  Fenvironne 
femblcrcit  avoir  fen-i  de  modéle  á !a  colonade 
du  Louvre  fi  Perrauít;,  cui  s’eíl  immortaiiié  par 
ce  ñiperbe  moniimen&j  en  avoit  pu  prendre  con- 
noiíTance.  Tant  i!  eil  vrai  que  les  proportions  des 
anciens  ordres  renferment  toutes  les  beaurés  de 
Farchite¿lare/&qiie  les  artilles  hábiles  qui  faujoat 
les  méditer  & les  combi.ner^  en  cireront  Íes  memes 
réfaltars.  A queilc  autre  caufe  en  effer  pourroic- 
on  attríbuer  une  reSemblance  auííl  p^ar£«te 
deux  édifices  conftruits  á pres  de  miile  ¡ieue^ 
Se  deus.  jrdlk  sns  de  diíiance  Fu»  ^ ^ ^ 


BAL 

fans  aacane  comtn'ankaíion  entfe  Ies  nioñamens 
& les  architeétes  ? 

Les  íávans  anglois  tro-avcrent  á Balhek  un  plus 
grand  líombre  de  monumsns , aíiez  bien  confervés 
pour  pouvoir  iuger  de  Jeur  enfemble  , & reftisuer 
iians  Ies  deffins  Ies  parries  que  le  tems  a con- 
fuméeSj  ou  que  les  Ottomans , peuple  né  pour 
erre  le  fléau  des  fciences  & des  arts  j ont  abattues. 
Les  dimeníions  du  grand  temple  étonnent  par 
leur  grandeur  : un  fuperbe  portique  conduiíoit 
par  deux  bra  oches  égaíes  au  temple  proprement 
dit , auquel  on  montoit  par  un  efcalier  dont  la 
longueur  des  marbres  pouvoit  foutenir  huir  per- 
fonnes  de  front.  Des  colonnes  corinthiennes  can- 
oelées^  de  qiiatre  pieds  anglois  de  diainétre,  & de 
trenre-fix  d’élévation  , portenr  une  voúte  divifée 
en  compartimens  ículptés.  On  oe  fait  lequel  ad- 
inírer  le  plus^  de  la  hardieíTe  de  Tarchiteélure  j 
ou  de  rélégacce  du  fculpteur.  Les  foffites,  les 
architraves , les  frifes  & les  frontonS'  de  Palmyre 
& de  Balbek  font  ornés  de  fculptures  recherchées 
avec  le  plus  grand  foin  j & variées  á Finfini.  Le 
milieu  des  deffins  eft  rempli  par  des  figures  en 
bas-relief.  Heureux  MM.  Dawkins  & Wood,  qui 
íe  font  promenés  fur  ces  précieufes  ruines  ^ qui 
en  _ oiit  vu  une  partie  braver  la  fureur  du  tems 
qui  devore  tout  ^ & qui  ont  fu  rétablir  ¿ans  leurs 
planches  ces  temples  auguíles ! Bientót  la  barbarie 
«ttomane , & Favidiré  des  hachas  d’Alepj  qui 
brifent  les  colonnes  pour  enlever.jp  fer  qui  les 
aíTemble , n'y  laifiTeront  pas  fubfiñer  le  moindre 
débris  j & le  voyageur  curieux  ne  trosvera  bien- 
tór  plus  de  veíliges  de  ces  magnifiques  bátimens. 
Faris  nous  offre  un  motifde  confolation : le  temple 
dédié  á la  patrone  de  la  France  s" eléve  au  milieu 
.des  églifes  gothiques  que  cette  capitale  renfermej 
comme  le  chcne  majeílueux  aii-deíTus  des  hum- 
bles  arbriíTeaux.  II  offre  á nos  regards  ¡a  hardieffe 
des  Gorhs  réunie  á Félégance  des  Grecs.  Balbek 
& Palrnyre  revivent  dans,  cet  augufie  monument. 
La  richeffe  & Félégance  des  fculptures  les  re- 
tracent  á nos  yeux.  Helas!  pourquoi  Souínotj  cet 
babile  archireéte:,  ffa-t-ilpu  acheverfon  ouvragej 
jouir  de  Fadmiration  de  la  France  étonnée,  & 
voir  Ies  cris  de  Fenvie  étouffés  par  les  louanges  & 
Ies  applaudiffemens  de  FEurope  entiére ! 

BALBIN. 

Deciilus  CXLIÜS  Balbimus  Augustvs. 

Ses  médailles  font: 

RRRR.  en  or. 

R-  en  argent  j 

II  y a plufieurs  revers  RR. 

RR.  en  médaülons  de  potin  d’Egypte, 

R.  en  G.  B,  de  coin  romain; 

II  y a des  revers  plus  rares  : la  libéraüté  de 
plufieurs  figures  eft  RR. 

RRR.  en  M.  B. 

O.  de  colonies , & de  G.  B.  grec. 

RRR-  en  médailloas  grecs  de  bronzc. 

SR.  en  M.  B. 


BAL  4.1  j 

Rit.  en  M.  B.  d’Eavpte. 

£-4.1312,  , 7 

BALBIS , f ) í'acéc 

G.ans  Ies  cirques  devant  les  carceres , p-nur  ren- 
tc.mer  fur  un  efpace  determiné  les  athletes,  les 
caiaiieiS  & les  chars  qui  difputoient  íe  pr:x  de 
la  courie , jufqu’au  moment  oú  le  préíident  des 
,^ux  leiir  donnoit  le  fignal.  Un  héraut  ■veilloit 
lans  ccíle  Tur  eux  ^ 8c  les  avsrtiiioit  de  ne  0*s 
avancer  au-delá  de  cette  ligne , en  ieur  criant  ; 

ítoíFíjc  Trapa  ^ linea.Tz  redde  ^ 
Bneam  pedem  pone  i' ¿écomrtT.  \z  ligne,  anpro- 
chez  v'cs  pieos  de  la  ligne.  Tertullien  a pris  de  cet 
üfage  un  grand  nombre  d’expreffions , relies  que 
linee,  infifiere , ad  lineam  dimicare , intra  lineas 
gradum  colligere,  &¿.  Quelqu'un  voyant  un  ora- 
teur  s’agiter  avec  trop  de  váhémence,  & fairc 
de  trop  grandes  digreffions , demandoit , felón  le 
récit  de  Quintilien,  que  le  héraut  fit  la  procla-. 
marión  ordínaire,  gayAA'  aTri^^os, 

La  balbis  étoit , felón  Harpocration  , une  corde 
que  Fon  abaiffoit  fous  les  pieds  des  chevaux  t 
Balbis  dicitur  linea  qu&  efl  fub  repagulis  ^ qubd. 
curfores  fu-per  eam  gradiantur  in  fiadium  procur~ 
rentes.  Selon  un  interprete  d’Ariñophane , cktoic 
un  m.adrier  que  Fon  enlevoit  j & il  confond  la 
balbis  avec  les  repagula,  les  barrieres,  {Equit.  iv. 
1.9.)  : Balbis  .¡feu.  valva,  efl  lignum  quod  ex  tranf- 
verfe  in  principio  curriculi  pojitum  efl , quofziblato.p 
v-bi  pgnum  datum  efl  , mzttunt  in  cnrfum  car  flores. 

Les  Grecs  appeloient  ^aAZtg  le  íommencement 
8c  la  fin  de  la  courfe  j parce  que  les  coureurs  re- 
venoient  au  méme  endroit  d’ou  ils  étoienr  partís", 
& y recevoient  leurs  couronnes.  Poilux  nous  fcrc 
detémoin  (ni.  30.)  fle 

T'P/íiií.  xcci 

BALBUS,  bégue,  furnom  qui  annonqoit  une 
difficulté  dans  la  prononciation,  d balando  potiiis 
qudm  loquendo  , dit  Ifidore  , ( x.  ).  II  fut  donné  ¿ 
plufieurs  familles  de  Rome  dont  nous  avons  des 
médailles ; aux  familles  -4cilia  , Atia  , Anto- 
nia, Cornelia,  N^evia  & Thoria. 

BALDER  étoit,  dans  la  théologie  des  peuples 
feptentrionaux , fils  d’Odin.  On  le  repréfentoit 
fage  , élóquent , & doué  d’une  majefté  fi  frap- 
pante , que  fes  regards  étoienr  refplendiffans.  Éa 
un  mot , c’étoit  FApoIion  des  Grecs.  f^oye:^ 
Tyr. 

BALEARES.  Lcr  hábitans  des  iíles  Bailares 
inventérent,  difoit-on,  les  frondes,  & íe  ren- 
dirent  redoutables  par  Ieur  habileté  á s*en  fervir. 
On  aíTure  que  pour  formar  les  jeunes  gens  á cet 
exercice  militaire , les  méres  placoient  á upe  cer- 
taine  diftance  Ieur  noarriture  , & ne  la  iaiíToient 
prendre  qu’aprés  la  Ieur  avoir  vu  abattre  á coup 
de  fronde.  La  fronde  des  iíles  Baleares  devint 
célebre  chez  les  Romains.  Virgile , (Georgic.  i. 
309.)  : 

St/ippea  torqueniem  Balearis  verbera  funde, 

F f f jj 


4 ' 2^  BAL 

Et  Ovid;  j {Met.  zl.  727. ; :• 

Nor^  feclís  exarjlt^  qaam  cum  Baleárica  plumhum 

Funda  jacit  ; volat  illud , & incandefeit  eiuido. 

Srrabon  (rrJ.  p.  1 16.')  8c  Euftathe  (in  DIonyJsum) 
¿ííenr  que  les  habitaiis  de  ces  iíles  portérent  les 
premiers  des  Laticlayes.  F"oye^  ce  mot. 

BALEARICUS,  furnom  de  la  famiile  C^- 

eZLIA. 

BALEINE.  Laomédon  ayant  refufé  á Neptune 
une  lécompenfe  qu’il  luí  avoic  prornife  ^ fut 
obligéj  pour  l’appaifer,  de  lui  irrunoler  fa  filie 
Kéiionc  3 & de  l'expofer  á un  monír  e marin  qui 
¿evoit  la  dévorer.  He.cule  délivra  cecte  infer- 
tunée  princeíTej  & le  moníire  envoyé  par  Nep- 
tune  fut  place  dans  le  cíe!,  ouii  forme  la  conf- 
tellaiion  de  la  haleine.  Mela  rapporte  férieufenjenr 
que  Ton  montroit  de  fon  tems  á Joppé^  en  Syrie  j 
le  fquélette  du  prétendu  monfire  qui  devoit  fervir 
le  reirenríment  de  Neptune.  Ce  fquélette  fut  ap- 
porté  á Rome  par  M.  Scaurus  {'PUn.  ix.  , qui 
amufa  pendant  fon  édilité  la  curiofité  du  peuple 
avec  ces  enormes  reífeSj  dont  les  cotes  furpaf- 
foient  en  longuear  la  hauteur  des  éiéphans  de 
rinde. 

BALIOS;  c’eít  le  nom  d'iin  des  chevaux  im- 
inortels  d’ Achirle  3 né  du  Zéphyre  8c  de  la  jument 
Podirge.  Son  ñora  grec  BaÁÍis , veut  diré  ca- 
che té. 

B ALT STARIU S.  f magister  ) lííurato-ri 
(774.  2.)  rapporte  une  fnfeription  fépulcrale 
gravee  en  rhonneur  d’un  rnilitaire,  dont  le  grade 
eíl  exprime  par  ces  deux  mots.  !l  étoit  fans  doute 
prépofé  á la  garde  ék;  á la  conduite  des  baüíles. 

Les  balíflaires  étóienc  cornpris  dans  le  nombre 
des  troupes  armées  a la  légére.  Végéce  (,-2.  2.)  : 
Item  Uvera  armaturam  , id  efi  , fer  entari  os , frtgit- 
tarios  ^ fiL’idito'-es  , baíiflarios.  ón  croit  aue  ce 
méme  nom  dííignoit  des  fb’dats  armes  d’arba- 
létes,  qui  furent  introduits  dans  les  armées  ro- 
maines  vers  !e  tems  de  Conílantin.  Sous  ce  der- 
nierrapport3  les  balijiaires  étoient  encore  appeits 
maaubalUflá,  OU  arcubailifií,  & en  grec  x-i-¡Aa7.- 
.7.Lus.i. 

B.ALÍSTE.  Machine  de  guerre  dont  les  anciens 
fe  fervoient  pour  lancer  des  traits  d'une  longueur 
& d^un  poids  furprenant  : elle  chaíToit  aaíli  ¿es 
bailes  OU  boirlets  de  plomb  tgaux  en  poids  aux 
gros  traits  qa’elle  lancoit.  Céíf  ii  dénnition  que 
donnent  de  la  ha  'ifier  ceux  qui  3 a Texemnle  de 
pluneurs  écrívaitis  de  rantiqui:é3  la  co!zfondent 
avec  la  citaoLte.  Mais  le  chevalier  de  Fo'ard3 
cmt  a fait  de  nombreufes  recherche^  uir  les  ma- 
chines de  guerra  des  anciens  , & aui  en  a r acé 
des  ddlirs  précieux  Dar  íeiir  exaétrudej  crott 
que  ía  b alile  lar-coit  des  pierres,  8c  la  catapu'te 
des  traits  on  des  dards.  Végéce  8c  .Ammien  Mar- 
CclKn  nolis  ont  laiffé  dVimpIes  deferiptioQS  de 
#£S  machines  meurtriéres. 


bal 

^ Qaoique  le  nom  de  balifie  foit  grec  3 8c  qa''fl 
vienne  de  , jeter  , il  nefí  pas  certain  qu- 

les  Crees  s'en  foient  fervis.  11  parok  méme  gu- 
les Rornains3  jufqkau  tems  de  Céfar3  ne  i’em- 
ployérent  quá  lancer  des  pierres;  ou  peut-étre 
en  donna-r-on  depuis  le  nom  indifféremment  á la 
catapulte  3 qui  lanqoit  des  traits.  Les  pierres  que 
lancoit  la  balifie  pefoient  quelquefois  jufqká  cent 
livres  romaines  (de  douze  onces).  Virruve  parle 
de  pierres  pefant  plus  de  trois  cents  livres  (x.22.); 
pondo  cccLX  , jetees  par  les  balifies. 

Les  ravages  produits  par  ces  maíTés  enormes 
étoient  terribles  3 8c  ne  peuvent  fe  comparer  qka 
ceux  de  nos  bouíecs  8c  des  bombes.  En  voici  la 
defeription  prife  dans  Lucain  3 (ni.  469.)  : 

At  fdxum  qiLoúes  ingenti  ponderis  iciu 

í-xcuzitur ^ q'ualis  rapes , qaam  verdee  mentis 

AAficidit  imvLLÍfii  ventorum  adjuta  vetafias  , 

Frangí!  cuneta  ruens  : nec  tantiim  corpora  prejfa 

Exanimat ; tocos  cum  fangulne  di¡ftpat  artas, 

LVuteur  á’une  guerre  des  Jaifs  , attribuée  a 
Hégeíippe3  parle  (i/i.  12.)  d'une  teté  fracaíTée 
6c  portée  á trois  ñades , d’un  enfant  arracné  du 
venere  de  fa  mere  3 & jeté  á un  demi-ftade  par  la 
vioience  des  pierres  que  iancoient  les  balifies. 

On  en  atrribuoit  rinvenrion  aux  Phéniciens. 
Piine  (vii.ciG'). 

BAL1STE3  tyran  fous  Gallien. 

Ser  ríe- US  Art’cius  Bal  sT. 4 Aug. 

Ses  rnédaiües  ne  fe  trouvent  point  dans  les 
cabinets , 8c  ne  fent  coiinues  que  dans  le  recueil 
ííe  Goítzius. 

BALLcEL'S.  On  le  croit  roí  d'íllyne. 

Ses  médaiHeS3  avec  £-a2IA£í2X.  baaAAIOY.j, 
font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  Oi. 

O.  en  argent, 

BALLATORES  CyheU.  Muratori  (iSy-  4-  > 
rapporte  une  infeription  dans  lacuelle  il  eíl  íait 
nitntion  des  fodales  ’ballatores  Cybelí.  11  croit , 
avec  fondement  3 que  ballatores  eíl  derivé  ici  ¿U- 
grec  euX/Jl'a , danfir,  8c  qVil  eíí  fynonyme  de 
Galli  8c  de  Carybantes.. 

BALLE.  Foyei  Pauxíe-. 

Baúles  de  p'omb  3 glands  de  plomb.  « J'ai  en- 
de la  peine  a imaginer  3 dit  le  ccmte  de  CaViU-s  3 
{R.c.  ¡I.  pl.  03.  ri°.  3.)  Tufage  auquel  étoient 
empioyés  ces  deux  plombs  formes  en  olives 3 & 
chsrg-és  3 fun  de  caracteres  grecs3  Fautre  de  carac- 
teres latíns.  Je  les  reccimorífois  poiir  annque?.) 
& ii  étoit-'  facile  de  jugerqu'ils  n'avotent  -pas  ete 
fabriques  fan*;  deFein  J’avois  fait  tsop  pe'-t  ■!  at' 
tention,  en  IFfant  les aüteurs  anciens.  ¿axendrous 
qui  pouvoient  me  dosner  des  éclairciífemen-  )• 
er.fei  3 j'avoue  que  je  ne  goutois 


BAL 


l'objet  de  ces  erpéces  de  bolles.  Je  trouvaí  par 
hiiard,  dar.s  la  traJadion  írancoife  que  nous  a 
donnée  Baiidelorj  des  remarques  de  Faber  fur 
Íes  porcraks  des  homaies  iiiuiires  ^ du  cabinet  de 
Faiv;üs-Lríinus  ipag-  IC4.)3  ce  qui  luit  ; «Sur 
» un  gland  de  plomó,  aiidque  néanmoíns,  que 
» peut-etre  ies  írond-urs  de  Tarméc  de  Céfar , au 
«combar  de  Fhana'e,  avoient  j-ré  , on  jit  ces 
» mocs  ; Frappe  t'ompee  ».  Ce  paíTage  réveiila 
mes  i'.iées  ; & quoique  iú..Baudeioc  r¡e  cite  aucun 
auteur , je  me  ¡ivrai  a des  recnerches,  & je  fus 
btentóc  convaincu  que  mes  plomos  avoient  Icrvi 
auA  aiiciens  daos  les  comoars  «. 


_ ce  En  eííet.  Ies  í'ronJeurs  jetoient  autrefois  des 
pierres  5 car  Xénopnon  dlt  ; Jujn  funaitores  lapi- 
dum  píe, IOS  kabere  ¡ííccuIos-  Mais  il  n’écoir  pas 
naturei  que  ces  foidars,  doiit  Ies  atraques  éroicnt 
importantes , & quelquerors  déciíives  dins  les 
commencemens  d une  bataiUe,  rdeulícnr  pas  des 
bailes  d'une  cgalité  conííanre , d'un  poids  & edune 
forme  convenables.  Les  pkrres  ctoient  ibuveüt 
difficúes  a trou'.  er,  & la  vatírté  ce  íeur  figure  & 
de  !eur  groífeur  pouvoir  rmire  á reífet  qu'on.en 
attendoit.  Les  auciens  avoient  done  ¿es  bailes  de 
plomb  dans  les  aríenaux  ; iis  leur  donnoienr  le 
nom  de  g'and,  & leur  faifoient  fouvent  poner  des 
caraci:  res  relanfs  aux  circoníla;  ces  «. 


“ Avant  que  de  mettre  en  ceuvre  les  autorités 
des  écnvains  latins , je  irdarréte  á examiner  le 
fentíment  d'un  auteur  moderne,  dont  ie  récit  eít 
capable  feui  d’établir  une  cercicude  Tur ‘ cene  ma- 
tiére  «, 

« Torgroni  Tozzett!  (i),  dans  la  relation  de 
fes  voyages  enTofeane,  aííure  que  Ton  trouve 
depuís  íong-tems  dans  le  voiíinage  de  Pife , & 
dans  un  heu  litué  fur  des  montagnes  dépendantes 
de  cette  rille  , des  glanos  de  plomb  : Di  vefo  de- 
nari  11  , e an.co  d‘ un  oscia  ¿‘ana  6?c.  , formes  en 
olives,  & reíTemblanr  a des  pierres  judaíques.  lis 
fervoient  anciennenienr  , dit-il , aux  frondeurs ; 
& il  renvoie  fes  leelears  á Jtrñe-Lipfe  de  Milit. 

& a l lyíTes  Aldovrandus,  ¡flétall.  ij6. 
M.  1 ozzetri  fir  chercher  de  ces  bailes  dans  ia 
pente  de  cette  montagne,  & ne  put  en  trouver 
que  ceux,  cui , apparerriment , n'avoienr  point 
de  caraétéres  ; car  tí  cite  celles  nu'il  a vues  á 
r icrence , dans  !e  cabinet  du  marqnis  Capponi , & 
fur  lefcuílí  í,  on  s^appercevoít  cifilv'avoir  eu  des 
lettres  erfermées  dans  un  catre  marqué  par  des 
lignes  cteufes.  í .e  nom  de  Cabellare , & la  íirua- 
tion  avantageufe  de  cette  montagne,  qui,  fans 
erre  commandée , commande  á toas  les  environs, 
íu!  per'uadenr  cu’ancíennement  i!  y avoit  dans 
eet  endreit  unfortcui  cok  avoir  fiibíiíté  jafeu^á 
1 des-  Strbares ; mais  il-  convient  cu  on 

n y i-o!t  au'curd'hui  aucun  veftíge  de  bárfment. 
LespfoíTibs  dont  i!  parle  augmentent,  felón  luí. 


■r)  Pa 
jdai 


'^■e  23!,  zom.  I á-ílle  d^clcuní  Fiaggi 

uívafa  puru  ¿ella.  Tofcsr.sk  Firm-je  1-750» 


bal  413 

' cette  conie:5:ure  : il  fuppofe  qu’on  a pu  Ies  tirer 
I l'd  ‘i=iÉnfe_ou  - atraque  de  cette  place,  Sr 

, il  appuie  Ion  opinión  fur  cet  enároit  oa  v irgiie, 
I pariant  des  foldats  d Agnani  & de  faieitrine,  oui 
vmrent  au  fecours  de  lamas,  dic  {JEneia.  rh. 
6b6.} : 

Peirs  maxima  glandes 
Liverais  vlambi  fpargit. 


« Juñe-Lipfe,  cité  en  preuve  par  M.  Tozzettí, 
; rapporte  , non  dans  te  í raité  de  ia  Milice  Ro- 
niaine,  mais  dans  ie  fo,iocerticon,  cinq  de  ces 
I plomos  , dont  trois  ont  d.-s  caraétéres.  On  trouve 
íur  ceiui  qui  a le  plus  de  reirei-iiblance  avec  le 
rrdeii , rUGirivi  PEicins,  & fur  ies  deu.x  autres» 
qui  füiit  d'une  íurme  un  pea  différenre,  ital.  <¡c 
GAL.;  ce  qui,  je  crois,  veut  dire  Itali  & Galli  «. 

cc  Aldovrandi  en  a fai:  gravet  deux , e-xadeement 
conformes  aux  rníens.  On  ht  fur  le  pretriier  f IIL. 
de  reiiei,  & á rebours,  par  finattention  du  gra- 
vear; i autre  n eít  traverí-é  dans  fa  longueur,  que 
par  un  trait  qui  peut  venir  du  rr.oule  , au  fortir 
duqiiéi  on  n^a  pas  ébarbé  le  morceau.  L'antiqaité 
n eií  point  i'objet  de  cet  auteur  j íi  n en  parle  que- 
par  rapport  á leur  matiére  «. 

« Ces  g'acds  étoient  done  deja  connus.  Sé  oa 
ne  doit  pas  doULer,  aprés  ces  témoignages,  de 
i empioi  auquei  ils  étoienc  dcltinés.  Je  pourrois 
y joindre  des  autor-tés  fans  nombre,  que  me  four- 
niroient  les  andens  auteurs.  Je  ne  préíenterar 
que  quelquss  paílages,  & ceux  qui  me  paroírronc 
les  plus  déciíiiS  , pour  ne  pas  fatiguer  les  lecteurs 
par  toares  les  citadons  ckil  feroic  faciie  de  tuf- 
fembler  «. 

ce  Tite-Live  dit,  en  pariant  de  la  viéloire  que 
les  Romairis  remporrérent  fur  Ies  <Jailo-Grecs, 
{Edk.  V ariorum  1664,  pag.  4J4.  Tom.  3 , /.  3b.)  ; 
Confuí^  qui  a non  Cúminiis  pugnam,  jta.  procul^  Locis 
oppiignan.a.is  futuram  praceperat  animo  , irtgentem 
vim  pilarum  , velitariam  y hafiarum  ^ fagicearum  , 
glandifq  ue  & TTiodicoxiLTíL  qiiz  J^unaá  Tnitíi  poffeat 
lapidum  paraveraí.  Et  plus  bas , {pag.  456.)  : 
Sagiitis  ^ glande  j aculis  incauti  , ab  crntii  partí 
configebantur  «. 

ccSaluíie  dit  des  Romains  , qui  combattoienc 
contre  les  Mumi  jes  {esait.  Farior.  deBellojugurt. 
p.  zpS. ) : Komani  pro  ingenio  quif^ue  rars  eminiis 
glande  aut  lapiáibiis  pugnare-  ft  Céfar,  dans  fes 
Commentaires , (tiv.  7,  p.  ;6o.)  r Fundís  ac  glan- 
dibus  Gallos  pert erren! 

“ Les  poetec  ont  au'í’  fouvent  fak  mention  de 
ces  glanos  de  plomb , ¡aucés  nar  Ies  frondeurs 

Lucréce>  {iib,  6.  )»i77.  )-•■ 


Plúmbea:  •oero 

Glans  etlam  tongo  curfu  -volvtnda  liquefcít^ 
Et  plus  bas,.  {v.  3oy.)  r 

Plúmbea  fipe 

Férvida  fit  glans  itz  curfu  ^ ciim  multa  rí gorda 
Lorpora  aisuttens ^ ignem  concepit  ia  auríst 


BAL 


les  accidens  qui  auroient  pu  réfulter  de  leurs  : 
chutes  frénuentes. 

BALLUCA  , rnot  ui:té  dans  Ies  mines  d’Ef- 
pjaae,  derivé  dii  grec  .íkAaL-v,  jeter.  li  déíignoit 
dans  les  mines  d^or  ie  fable  que  Fon  jetoit  au  vent  j 
póur  tirer  les  petires  parties  de  métal  quh!  pou- 
voit  contenir.  Piine  ( 35.4.)  : lidem  quod  minutum 
ejl , haliicam  vocant. 

BALNEARIUS  fur.  En  entrant  dans  les  bains  i 
publics^  on  dépofoit  íes  habits  dans  Yapodytcre ; 
ou  on  Ies  donnoit  á garder  á un  efclave  des  bains 
pour  une  fomme  medique.  Le  grand  nombre 
¿'habillemens  qui  sy  trouvoienr  entaíTés^  facili- 
loientie  vol  5 c"éft  pourquoi  il  eft  parlé  íi  fouvent 
dans  Ies  auteurs  latins  des  voUurs  de  bains ¡ fares 
halinearii.  On  regardoit  cependant  cette  efpéce  de 
larcin  comme  un  facrilége,  parce  que  Ies  bains 
éroient  des  bitimens  facrés.  La  morí  étojt  leur 
fupplice  íixé  par  les  loix ; tandis  qu  un  volear 
ordinaire  n'étoit  condamné  qu^á  la  reñitution  du 
double  de' la  chofe  volée.  Cette  rigueur  rendoit  | 
les  voleurs  de  bains  trés-induílrieux ; & il  étoit 
diíEcüe  de  n’en  étre  pas  la  dupe.  Plante  lé  dit 
(Rxd,  iJ.  4.  31.)  : 

Qui  it  la-vatum 

Jn  balineas , ibi  ciim  feiulo  fuá  vejiimenta  fervat , 

Tamtn  furriviuntur. 


Les  citovens  aifés  menoient  .aax  bains  j des 
efclaves  pour  garder  leurs  habits. 

BaLTEARIUS  , oíScier  prépofé  dans  Ies  !é- 
gions  á la  garde  des  baudriers  Se  des  ceinturons  5 
«u  peat-étre  celui  qui  les  fabriqaoit.  On  lifoit  á 
Rome  hors  la  porte  Pinciane  Finferiptien  fui- 
vacte  3 rapportée  par  Spon  (Mifeeí.  Antia.  feS, 
7-  4- ) : 

M.  CRITONIUS.  M.  í. 
ADOLLONIUS 
MUES.  EX.  ARMAMEN 
TARIO.  AUGUSTORUM 
BALTEARIUS. 

balteum.  'j 
báltzus.  í 

Balteus  & praciañio.  On  appeloit  de  ce  nom 
d^ns  les  amphithéátres , undegré  ou  gradin  plu; 
large  & plus  h^uj-  qug  jgj  autres  3 & qui  fervoit 


Baüdrier. 


{?-e  Stpeéi.  c.  3.)  ; Vías  vocant  cardines  balteorum 
per  amliztum.  Yicruve  en  donne  les  dimenfions , 
^ nit  que  leur  largeur  doit  étre  égale-  á leur 
Ueur  ; Pracinclionas  ad  altitudines  tkeatrorum 
?ro  rata  parte  facienda  videntur  : ñeque  altiores 
V^^Aticiionis  itineris  f.t  latitudo. 
ün  ^ obfervé  dans  Famphithéátre  de  Vérone 
dsgré  oa  gradia  qui  sil  su  ¡nilieu  de  toas  ks 


B A N 4ij 

autreSj  3c  qui  a deiix  pieds  lix  pouces  (de Vérone) 
de^  haiiteur,  tandis  que  les  autres  degrés  n’cinE 
qu  un  pica  & aeux  pouces.  Virruve  apoclle  ces 
baitei:,  ¿iaqomata,  céintures,  S-iíía,feurcc\ 

Balteus.  Les  Romains  défignoient  par  ce  mot 
les  plis  que  faifoit  leur  toge  fur  la  poitrine  & 
1 eÍLomac  , lorfqu  ils  relevoient  fous  le  bras  dreit 
la  pornon  de  ce  vañe  habillementj  qui  defeendoit 
de  1 epaule  gauche  3 & couvroit  le  bras  du  menie 
COie.  Quilitiiieü  (xr.  3.)  ; lile  qui  fub  humero 
dexíro  ad  finifirum  ohlique  ducimr  velut  4>alteus  , 
nec firangulet , ncc  fluat.  La  grace  de  Fhabillement 
coniilioit  en  grande  partie  á donner  á ces  plis  une 
forrne  agréabie,  ni  trop  ferrée  ni  trop  Hottante. 
Curius  {iil.  p.  ~8.)  skxprime  fur  cet  objet  comme 
Quintilien  : Quid  in  umbone?  nec  flux e , nec  adf- 
triñe.  On  déíignoit  auííi  par  le  mot  umbo  cette 
maíTe  de  plis  qui  formoit  une  éiévation  fur  la 
poitrine  3 com.me  Y umbo  fur  la  furface  du  bou- 
clier.  Les  Ííatues  drapées  antiques  feront  rnieux 
connoitre  le  balteus , que  Ies  plus  longues  def- 
criptions  ne  faaroient  le  faire. 

íl  faut  obferver  que  vers  le  tems  d’AIexandre- 
SevérCj  & fous  les  empereurs  aui  le  fuiyirent  3 on 
exagéra  ridiculement  cette  maífe  de  plis,  comme 
on  le  voit  fur  les  bulles  de  cet  age.  Ces  plis 
étojent  alors  £ larges  & fi  maíTifs,  qu’on  poiivoit 
les  prendre  pour  une  planche  recouverte  de  drap. 
Quelques  modernes  confondent  ce  balteus  exagéré 
avec  le  Latxclayp.  Voyeq^  ce  mot. 

BALTHEUM  Keneris.  V.  Ceste  de  Venus. 

BANDAGES.  La  connoiiTance  des  bandages 
les  plus  favorables  á chaqué  operation  , dans 
laquelle  les  chirurgiens  francois  ont  la  répiitation 
d’écre  les  plus  favans  , fe  retfouve  chez  Ies  an- 
ciens.  Ils  la  poííédoient  á un  tei  degré  de  períec- 
tion  , que  les  modernes  ne  peuvent  pas  fe  flatter 
d'avoir  beaucoup  ajouté  á Fexceilent  Traite  que 
Gallien  a compofé  fur  ce  fujet. 

BANDEAU  royal  3 íe  véritable  diadéme  des 
fouverains.  C’étoit  une  fimple  bandelette  5 ce  q'ui 
le  diílinguoit  du  prétendu  diadéme  ■ terminé  en 
pointe  au-deífüs  du  front,  qui  étoit  Fattribut  de 
Junon,  des  reines  3c  des  princefles  du  fang  ropL 
Les  antiquaires  & les  artilles  ont  affeclé  á celui- 
ci  le  mot  diadéme.  _ • 

Le  bandean  roya!  que  portoir  fur  fa  thiare 
Phraate , roi  d’Arménie  3 étoit  blanc. 

Bacchus  le  portoit  de  coulear  de  pourpre. 

Wilde , Spanheim , & d'autres  ont  aiTuré  qu  A- 
lexandre , le  premier  des  Grecs  & de  toas  les 
rois  de  Macédoine  , avoit  porté  le  bandean  royal , 
pour  imiter  Barius.  On  voit  cependant  cet  orne- 
ment  fur  Ies  médailles  TArchélads  IL  Ces  favans 
nont  pas  diílincué  bandean  roy'al  des  Perfes 
de  celiii  des  .Macédoniens ; & c’eíl  de  íá  que  vient 
leur  erreur.  Le  dernier  avotc  tou)oürs  été  en 
ufase  dans  la  Macédoine  : le  premier  feul  ny  fut 
incrodtiit  qu  aprés  k dáfaits  Dgtius.  Dw¿or« 


4i(í 


B A N 


de  Síci'e  & Quinte-Curce  le  difent  formellement. 
Alexindre  pn: , felón  ie  premier  kiítorien  ^ ie 
¿iaacme  dcs  t'trfes  ¡ 8c  fe^on  Qui.ire-Cürce  ^ le 
¿iaGcme  ¡ourpre  orné  ce  blanc.  Le  diadéme,  OU 
pimót  le  bandeen  royal  ordinaire  , étoit  done 
blanc  5 & celui  des  Perfes , que  le  viinqaeur  de 
Daruis  y joignitj  étoir  de  pourpre. 

Le  bandean  re  val  j appelé  órdinairemenr  diade- 
ír.e , étoit  une  bandelerte  tilPae  tíe  íiis  de  lame  ou  de 
foie  j dont  les  extrémités  noiiées  derncre  la  tete , 
tomboicRt  Dr  !e  coi  fur  ¡es  épauies.  Les  roís 
s'en  ceigr.irent  dans  les  premiers  tenr¡s , & avant 
<3ue  de  porter  Ies  couronnes.  II  étoit  limpie  , 
tSanc  j pourpre , ou  vioiet.  La  coulcur  bíanciis 
y paroiííoit  cependant  aífesííee  d une  maniere 
plus  fpéciale  i car  Fline  (^vui.  ai.}j  vo.uiant 
déíisner  des  marques  blanches  qui  éíoient  em- 
preintes  fur  ia  téce  d’un  ferpen:  de  la  Cyrénaique , 
les  compare  aii  bandean  royal  : Candína  hi  capite 
macula  , ut  quodam  diademate  ¡ znjlgnemj  & aii- 
leurs  (xr.  l6.)  : In  fronte  macula  quodam  diademate 
candicans. 

Le  kcndsau  royal  étoit  quelquefois  pliíTe,  non 
dans  le  fens  de  fa  longueur , mais  dans  le  fens 
oppofé  j tel  que  l’offrent  d’une  maniere  exagérée 
quelquts  figures  ésvpnennes.  Tacite  fait  mention 
de  c¿s  piis  ou  ride“s'  lAnnal.  vi.  37.  Z.)  : Nnntia-- 
vere  accol&  , Euphmtem  milla  imbrium  vi /ponte  in 
im.menfum  attolli  fimul  inalb entibas  fpum.is  , in 
tnodnm  diadematís  ^ flnnare  orbes.  Sapor^  roi  des 
Perfes,  portoit,  en  guife  Át  bandean  royal,  une 
repréfentation  de  tete  de  bélier  d or , ornee  de 
pierreries  ( Ammian  xix.  I . ) : Aurenm  capitis 
arietini  figmentum  , interfiinUnm  lapillis  pro  dia- 
demate geftajfe  Saporem.  Les  empereurs  grecs  le 
charsérent  de  broderies  d cr , de  pierres  pre- 
cieufes  & de  perles.  ( Curopalate  de  Offic.  anís. 
Confiantinop.p.  lOo).  Onlepiacoit  ordinairement 
fur  les  cheveux,  de  maniere  á iaiíTer  la  front  & 
la  naiíTance  méme  des  cheveux  découverts. 

Les  rois  perfes  ajoutérent  le  bandean  royal  á 
leur  cidaris  &r  á leurs  thiares ; comme  on  rajouta 
depuis  aiíx.  couronnes.  Les  rois  parches  qui  fe 
faifoienr  appeler  rois  des  rois,  porterent  un 
deau  roval  double-  Les  rois  de  Macédoine  le  por- 
térent  blanc  jurqu'á  Alexandre,  ( Luden , ¿¿¿2/. 
Diogen.  6’  Mexl)  qui  y ajoura  le  bandean  pourpre 
de  Darius.  Ón  volt  ie  bandean  royal  fur  les  m.c- 
daiiles  des  rois  de  Syrie,  d’Egypte,  du  Pont,  de 
Bithynie,  de  Thrace  &-des  autres  rois  d’Afie. 

Sur  h médaiüe  de  Trajan,  qui  porte  pour  lé- 
gende  regna  adsignata  , cet  empereur  donne 
le  bandean  roya!  au  roi  d’Arménie. 

Les  reines  portoient  aufíx  ie  bandean  royal.  La 
tete  de  Jotapé  en  eft  ornee  fur  les  médailles  de 
Cornmagéne.  Ce  fur  avec  fon  bandean  roya!  que 
la  vertiieufe  epoufe  de  Mithridate,  MonimCjeíTaya 
«e  fe  donner  la  mort. 

La  haine  que  les  Romains , du  tems  de  la  ré- 
|subiique,  aveieat  pour  le  nom  de  roi,  s'étesdit 


B A 

jufqu’a  la  marque  de  la  royauté,  le  bandean  roraí. 
Ln  certain  Favorin  reprochoit  á Pompée  de*  cé 
qu  i;  portoit  autour  des  cuiiTes  des  bazídes  blan- 
Ci'.es  qai  reíTembioicat  au  bandeen  royal  : ii  n im- 
pone , difoir-il , ( A al.  Max.  VI.  27. } fur  quelic 
parte  du_corps  cctre  binde  foir  placee  5 c'eft  toa- 
}Ours  un  banaeau  rojú  : rion  referí  qua  in  pane 
corporis  j.t  aiidema.  Quoique  Pompée  alléauát 
pour  excu  fe  une  bieilure  qaií  avoic  a !a  cuTífe, 
ceper.íiaüt  Cicéron  avuuoit  dans  une  iettre  á 
Atcicus  (A.  3.) , que  fes  yeux  étoient  choques  de 
certe  afreciition  de  la  ro3’auté:  Eterdm  mihi  ajas 
caligd  , ve¿  fafezÉ  creiat&  non  placebant. 

Les  preraiers  empereurs  romains  évitérent  foi- 
gneufement  de  porter  urn  ornement  dont  ¡a  vue 
bleíToit  les  yeax  de  ieurs-  fujets ; ils  fe  couroa" 
nérent  íimplement  de  laurier.  Caliguia  eut  envíe 
d en  ceindre  fa  tete  ; mais  on  voir  dans  Suétone 
{c.ii.a.  3.)  que,  mieux  confeiilé,  ii  Aexécuta 
pas  ce  dangereux  deíTein.  Elagabale  s°en  paroit 
quelquefois  dans  Tintérieur  ¿e  fon  palais , comme 
Céfar  Tavoit  fait  pendant  les  Luperciles  (Dion, 
44^^;  jamais  cependant  il  Aofa  le  potter  en  pu- 
blic.  Auréiien  fat  le  premier  {Anrel.  Víctor.  Epit. 
c.  35’.  n.  y.)  qui  parut  en  public  avec  le  bandean 
royal , & un  habit  tiüu  entiérement  d'or  & de 
pierres  précieufes,  comme  ¡es  rois  des  Barbares: 
Ifie  primas  apnd  Romanos  diadema  capiti  innexnit, 
gítnmifjue  & anratá  omnl  vefe  ufas  efi  ; quod  adkuc 
fer'e  intognhnm  romanzs  m.oribns  videtnr.  Ses  fuc- 
ceíTeurs  Timitérent  prefque  tous  ; cependant  cec 
ornement  roya!  ne  devine  co.mmun  &:  •ordinaire 
que  depuis  Conftantin.  On  voit  fur  Ies  médailles, 
depuis  cette  époque.  Ies  empereurs  & !es  impé- 
rarrices  parés  da  bandean  roya!  orné  de  perles, 
de  diamans , méme  á doubie  rang. 

Ces  princes  le  porrerent  quelquefois  n’étant  que 
Céfars.  Eufébe  rattribue  á Conftance-Chlore , 
lors  méme  qu  il  étoit  encore  Céfar.  On  le  trouye 
fur  quelques  médailles  de  .Tuiien-Céfar,  quoiqu  il 
ne  le  portát  pas  toujours  depuis  , étant  devenu 
empereur. 

Piine  {vil.  y6.)  attribue  á Bacchus  rinventioa 
du  bandean  royal  ou  diadérae  : Liher  Pater.... 
ídem  diadema  Regum  infgnt  invenit.  Voyez  DlA- 
DÉME. 

BANDELETTE.  Les  bandelettes  placees  fur 
le  front  & autour  de  la  tete  des  ftatues,  ne  de- 
fignent  pas  toiiiours  des  rois.  Si  Ton  en  pourort 
diftinguer  la  couieur,  & la  reconnoitre  pour  la 
couieur  pourpre,  aífeciée  au  diademe  des  princes, 
la  queílion  feroit  décidée.  C’eft  de  cette  couiCur 
qu  étoit  le  bandeau  royal  óíFert  par  Minerve  a 
París,  pour  ¿éfigner  la  fupréme  puiíTancc  queJe 
lui  oífroir. 

On  ceignoit  le  front  des  vainqueiirs  aux  ’£ii- 
Olympiques,  d’une  bandelatte  rouge-  La 
que  portoit  fur  fa  main  droíte  la  ftatue  de  Jupi-yr 
Olympien  en  Elide,  ouvrage  de  Phidsas, 
feloa  Paufaaias,  une  couronne  & une  ¿ande 


B A Ñ 

Ei'í  tcr.oít  lássdoute  cetts  h^indsUue.  Le  mSine* 
aütenr  ; anecie  Ja  fiatue d’nn vainqueur  auxjeux 
OJympíques , qui  avoit  auí5  dans  la  main  une 
ixíTiaelezte  ; & cíe  Ja  ftatae  d’Hippodamie  , placee 
dans  le  Hade  d'Elís,  cfui  tenoit  une  banddnte  ¡ 
ccmrrie  pour  en  ceindré  Pcbps. 

Bandelette.  H faut  bien  diftinguer  du  ban- 
dean royal  cette  bandelette  que  Ton  volt  fouvent 
íur  la  tete  des  philofophes  & des  poetes ^ fans 
qu  on  J-a  tronve  jamais  ílir  ce  grand  nombre  de 
tetes  d'ei-npereurs  qui  fubíiñent  encore.  Les  édi- 
teurs  des  raonumens  d'HercuIanum  l’ont  reconnue 
«n  confequence  pour  un  attribut  des  littérateurs 
& des  philofophes.  Un  tombeau  étrufque  (Maf 
tom.  tav.  44. ) nous  oflFre  une  ¿colé  de 
pmJofophes  qui  portent  cette  bandelette  pour  la 
plüpart.  V oyei  Diademe  & Bandeau  roya!. 

P®dtes  Gut  fouvent  fait  dans  leurs  vers 
a..Uiion  a ces  bandelettes  blanches » qui  fembloient 
¿tre  leur  attribut  diíiinaif.  Stace  {Sylv.  i7.  i . 26.) : 

. Et  nzinc  , neul  vzttis  & frontis  honor e Joluto, 
Infaufiiis  vates. 

Le  méme  poete  dic  dans  l'AckllUide  (i.  2.)  : 


B A N 417 

■Horace  COJ.  tii.  14.  j.) ; 

Unico  gaiidens  mulier  ntarit» 

Prodeat , jufiis  operata  divis  í 
Et  foror  clari  ducis-,  & decore 
Supplice  vitta. 

On  cntouroit  de  oandelettes  Ies-  autels  (Poye*' 
Autel.  ) &:  Ies  portes  des  temples.  Properce 
{_iv.  10  26. ) : ^ 

Impune  & nullis  fuera  reteSld  virls  , 

Devia  punicee  velabaní  limina  vitte.  \ 

Les  vid'.mes  que  I’on  ofFroit  aux  dieux  étoieat 
ornees  de  bandelettes.  Stace  (^AchiLldd.  il.  300.) : 

Ulttata  genitrzx  pla-tata  jitvtnca.  ef. 

\ irgüe  {^JEneid,  il.  I JÓ  ) : 

Uittaque  deúm  ^ quas  hofiia  gejf. 

Dans  le  deuil  & la  doulear  ^ les  prétres  & 
tous  ceuxqui  portoient  ordinairement  des  bdnde- 
Uttes  ¡ les  arrachoient.  Stace  {Sylv-  il.  1. 16.)  i 


2^ ec  mea  nunc  przmzs  albefeunt  temoora  vzttis. 

On  confondlt  dans  les  premiers  tems  les  poetes 
& les  devins  , 011  interpretes  des  dieux^  vates  q 
mais  ces  derniers  étoient  couronnés  de  laurier  & 
de  bandelettes  entortiüées  autour  de  leurs  cou- 
íonnes.  Stace  {Theb.  ni.  466.)  : 

Huc  gemirzi  vates  fanSam  canentis  olive 
Fronde  comam,  íi  niveis  ornad  témpora  viitzs. 

■'\'irgile  (Aineid.  iil.  So.)  ; 

Rex  Ardas ^ rex  ídem  hominum  ^ Fhoebiquefacerdos 
Flttis  y & facra  redimitus  témpora  lauro. 

Les  pretreffes  étoient  aufii  couron-nées  de  bande- 
leitcs.  Juvénal  {Sat.  vi.  cq.)  parle  de  celles  des 
prétreíTes  de  Cérés; 


Et  nzznc  ^ heu  í vzttis  frontis  honore  foluto  ^ 
Infauflus  vates  vexo  mea  peSora  tecum. 

Le  méme  poete  dic  (Jlhebaid.  xi.  ~6o.)  : ■ 

Sed  vittzs  exuta  comam,  fraternaque  bella,- 
Cea  foror  infelix  pugnanzúm  , aut  anx.a  mater.: 
Defkbat. 

Les  bandelettes  íácrées  des  pretres des  víctf- 
m^j  &c.  ne  doivent  pas  étre  confondues  avec 
celles  qui  fervoient  ordinairement  aux  femmes- 
á relever  8r  á nouer  leurs  cheveux.  Martianus 
Capella  derive  leur  nom  vitu  de  cet  ufaqe  de  lier 
ks  cheveux  : Uztte  fint , que  crinibus  inneéiuntur, 
-quibus  flueraes  relzgantur  Capzlli , & vittedicie, 
qubd  vinciunt.  Les  filies  portoient  des  bandelettes 
trés-fimples  {Valer.  F laceas  riii.  6.)-. 


Pauce  adeb  Cereris  vittas  contlngere  iigus. 

II ^ faut  diíHnguer  Ies  bandelettes  des  prétres  de 
ínfula , qui  s’attachok  avec  des  bandeleties. 

Les  ftatues  des  dieux  étoient  ornees  de  ban- 
delettes.  Virgiie  {^Georg.  il.  168.)  : 

forripuere  faersm  efigiem  , manlbufque  crueníls 
Virgíneas  aufe  dive  contingere  vittas. 

_ Les  fupplians  portoient  dans  leurs  mains  des 
dandelettes,  comme  ceux  qui  demandoient  la  paix 
portoient  des  rameaux  dblivier.  Virgüe  (Mneid. 
23Ó.); 


Ultima  virgineis  tune  fens  dedlt  ofcula  vittzs. 

Stace  dit  quX'lyífe,  déeuifé  en  marchandj  pré-' 
fenta  , entr'autres  ornemens  de  filies,  des  bande- 
lettes á Achille  deguifé.  Le  méme  poete  parle' 
{ÁchzlL  I.  él  I.)  d’une  jeune  Fdle  qui  ’reievoit  fes 
cheveux  avec  une  bandelette  de  poiirpre  ; 

Cinxit  purpuréis  faventia  témpora  vittis. 

Les  femmes  m.ariées  portoient  fans  doure  des 
bandelettes  plus  larges,  plus  riches  8c  plus  ernées ; 
car  elles  fervoient  á les  faire  dlfcinguer  des  filies 
{Tibull.  i.j.)-. 


_ I'Te  temnt , quod  ultra 

Pref, rimas  manibus  vittas  , ac  verba  precantum. 
Antiqzutés  , Tome  E 


Sit  modo  cafa  doce , quamv'is  non  vitta  ligatos 
Impediat.  crines. 


G.g.g, 


4íS  B A N 

Piaute  C3Í//.  iil.  I-  96.): 

TJcque  eam  htc  omatam  addacas  matronnULm  modo  .* 
Capite  compto  crints  vitíafque  habeat , aJpmiUtque 

fe  tuam  effe  uxorem. 

Yirgüe  {_jEneid.  vii.  403.): 

lo  matres  audite  , ubi  queque  Latinít , 

Solvite  crínales  vinas. 

Les  femmes  fe  paroient  de  bandelettes  des  ie 
jour  de  leur  mariage.  Properce  {ir.  3.  13.)  ; 

Qun  mihi  dedurís  fax  ornen  pruulit , illa 
Traxit  ab  everfo  lamina  nigra  rogo. 

Et  f.ygio  fam  fparfa  lacu,  nec  recia  capilhs 
Vina  data  efl  : nupfi  non  comitante  áeo. 

Quekjues  commentateurs  ont  aiTuré  qae  les 
ÍOes  ne  portoient  qii'une  ítw'iQ  bandelette , niais 
que  les  femmes  en  portoient  deux.  iis  citent  en 
preuve  ces  versde  Properce  {ir.  iz.  33.): 

. Max  ubi  jam  facibus  ce0t  pr&texta  maritis  , 
Vinxit  Sí  acceptas  altera  vina  comas. 

Le , fénar  leur  avoit  acordé  , felón  ces  philo- 
logues , cette  prérogative  avec  quelques  autres  ^ 
en  rhonneiir  de  la  mere  & de  Tépoiife  de  Ca- 
miile  : Vetufiijque  crinlum  irfgáibus  novem  vitt& 
difcrímen  adjecit  {Valer.  Maxim,  v.  II). 

íl  étoit  peut-étre  défendu  aux  courtifannes  á 
Eome  de  porter  les  bandelettes  comme  les  femmes 
¿es  citoyens ; car  on  leur  avoit  inrerdit  tout  ce 
qiii  fervoit  á diílinguer  ces  derniéres  , Matronalia 
decoramenta  , dit  'Fertullien  {de  Cult.  Femin.  c.  12). 

Les  bandelettes  entortiüées  autour  des  cuiíTes 
fúrent  en  ufage  á Rome  dii  tems  de  Cicerón , & 
elles  tenoient  liea  de  chauffes.  Nous  avons  vu 
aiileurs  (Bandeau  royal)  les  reproches  que  la 
couleur  blanehe  de  celles  de  Pompée  lai  attira, 
a caufe  de  rañéíiation  de  ¡oyauté  que  fon  croyoit 
jeconnoitre  dans  le  choix  de  cette  couleur. 

Les  bandelettes  faiícient  l'ornement  des  lits, 
«u  des  chambres  á coucher.  Cicerón  {deDivin.  il. 
éy.)  : Dcfert  ad  conjectorem  quídam  , fomniafe  fe 
m>um  pendere  ex  fafiá  leüi  fui  cubicularis. 

La  ceinture  aue  les  femmes  & les  filies  por- 
toient  immédiatement  ati-deiroas  du  fein  , eíl: 
•appelée  quelciaefois  bar.ddette  da  fein,  fafcla  ma- 
ynill.ris.  Ifidore  (x/a".  53.)  ; Fafcia  efi  quá  tegitur 
pttlus  , Sí  papilla,  camprimuntur , atque  crifpante 
tíngalo  anguftlus  peclui  arctatur.  Ovide  {Remed. 
Amor.  n.  337.} : 

Omne  papilla 

Pecíus  hahent  túmida.  ¡ fafcia  nuila  tegat. 

Et  ídartial  {xiv.  134.  i.)  r 

Fafcia.  crefeentes  domina  compefee  papillas. 

Les  aRciens  s envelcppoient  Ies  jambes  & les 


B A P 


pieds  dans  des  iandelenes.  Tantót  elles  fervoiettt 
á alTujettir  la  chaulTure ; c^eft  a eiles  que  les  ir.o- 
dernes  donnent  ie  nom  de  brodequin,  & par 
corruption  celui  de  cothurae  : tantót  eiles  fer- 
voient  á couvrir  Ies  pieds  & á les  défendre  de 
rinjure  des  faifons.  tipien  {lib.  z.y.  §.  fafcia  de 

auro ) : Fafcia  crurales  , pedulefque  Sí  impíLia. 

loco  vefiium  fant. 

On  voit  un  rang  de  bandelettes  autour  de  la 
jambe  de  quelqtxes  ifatues  de  femmes.  V . Peris- 
CELIDES. 

BANDES  fur  -Ies  habits.  V.  Bokdüre. 

BANDIARBA.  Muratori  (ico.  ^.Thef.  infer.) 
rapporte  Finfeription  fuivante  trouvee  pies  ds 
Lisbonne : 

AMMINUS 
ANDIATTIAE.  F. 

BANDIARBA 
RIAICO.  VO 
TUM.  L.  M. 


On  ignore  quelle  eñ  cette  divinite  appelee  Bafp> 
diarbci. 

BANNISSEMENT;,  ipsyl..  Cette  pumnon  dif- 
féroit  de  Fofrracifme.  Elle  éloignoit  le  coupable 
pour  tbute  fa  vie  , fans  aiitre  efpoir  de  retour  que 
de  fe  voir  rappeler  par  ie  meme  tnagiñrar  qui 
Favoit  condamné  au  banniffetnent.  On  yendoit  a 
Fencan  les  biens  des  bannis.  L’oftracifrne  ne 
s'exer^oit  que  pour  díx  ans  , apres  lefquels  i exae 
revenoit  á Áthénes  , rentroit  dans  toas  tes  droits 
des  citoyens  & dans  fes  biens , qni  avoient  ere 
mis  en  féqueílre  pendani  fon  abfénce. 


BANQUIER.  V.  Changeur. 

BAPíIIA.  Ce  motj  dérívé  de  , teinture  3 
défignoit  dans  F Empire  Rorrtain  des  attetier^u 
Pon  teisnoit  en  poarpre  ou  en  jaune  Ies  etoffes. 
Les  chefs  de  ces  attehers . procuratores  , fotit  mis 
fous  Finfpedion  du  comte  des  Largeíies->  dans  la 
Notice  de  FEmpire. 

BAPHIARIJ,  teinturiers.  lis  ne  pouvoient^ 
dans  FEmpire  Romain  3 qaitter  leur  profeflionj 
& leurs  enfans  éroient  obhgés  d exercer  ® 

leurs  peres.' (Co¿.  xr.  7.  §.  iF)  •'  Murilegu 
dereUño  atque  defpeSio  propria.  condiuonis  ep'-ie» 
vetitis  fe  infulis  dignitatum  Sí  cingulis  _ penitus 
denegatis  munijfe  dicuntur  y adpropria  artis  ü on- 
ginis  vincula  revocentur.  ■ 

B APEES 3 prétres  de  la  de'ere 
étoient  regardés  á Athénes  3 avec  raiion  3 c 
Ies  derniers  de  tous  les  hommes  , a ca  - 

infamíes  dont  ils  fe  fouilíoient  immnemenc  U 

falloit  en  effet  qu  ils  pouiraíTent  la  deba  ~ 

íoin  3 puifque  Juvénal  dit  qiuls  foiguoient  isBÍ 

déeíTe  elie-méme  {Sat.  2.  9Z.)í 


Talla  fecretá  coluerunt  orgía  tadé,  . 
Cecropiam  fííFi  Bapta  lasare 


T 


B A P 

Leur  nom  de  Baptes  venoit  du  mot  ¡SÁT/íí.-y , fe 
bíígner,  pioneer;  parce  eu'ils  plongeoient  dans 
l’eaa  tiede  ceux  qu'ils  initioienr  á leurs  honreax 
myíreres  Lupolis  les  ioua  fur  le  théatre  d’Athé- 
nes,  dans  fa  comedie  inritulee  : Ies  3-i/  tes  ou 
les  Plon.geurs.  Aíais  iis  s’en  ver.gérent  en  le  plcn- 
geant  dans  la  mer , oú  il  péric. 

BAPTíSTÉRE.  On  trouve  auprés  de  Rome 
Eur  la  voie  Nomentane , hors  de  la  porte  Pie,  un 
bánrnent  rond  antique  ^ auquel  on  donne  com- 
munément  le  nom  de  temple  de  Bacchus.  li  ren- 
ferme  un  grand  farcophage  de  porphyre,  dans 
lequel  étoit  dépofé  le  corps  de  fainte  Conftance. 
Sur  ce  farcophage  font  i'epréfentés  la  vendange 
& le  preíTurage-  Les  métnes  fujets  fe  trouver.t 
executes  en  mofaique  fur  le  plafond  de  la  galerie 
extérieure  de  cet  édifice avec  cette  diíFérence 
légerCj  que  fur  le  farcophage  ce  font  de  petits 
génies  ailes  qui  travailient  á la  vendange,,  & des 
fsunes  fur  le  plafond.  Ces  deíiln?  ont  fait  donner 
a 1 édifice  le  nom  de  temple  de  Bacchus.  Muís 
nous  favons  que  fous  le  régne  de  Conftantin, 
la  religión  chrénenne  n'étoit  pas  encore  dépouüíée 
entierement  de  toutes  les  pratiques  qui  tenoient 
au  paganifme  j & qu’on  ne  craignoit  pas  de  méler 
le  facré  & le  profane.  On  retrouve  á’ailieurs  fur 
pjuíieurs  fépultures  chrétiennes  des  raifins  ^ des 
vignes  & d'autres  attributs  relatifs  á !a  ven- 
dange,  que  Pon  peut  expliquer  par  de  pieufes 
allegories.  (Roma  fotterranea  Bojfi).  Cet  édifice  a 
été  connu  plus  anciennement  fous  le  nom  de 
Baptiftere  de  fainte  Conftance,  á caufe  de  Purne 
de  porphyre  que  Pon  croyoit  avoir  fervi  aux 
cérémonies  du  baptéme  de  cette  fceur  de  Conf- 
tantin. 

Le  farcophage  de  porphyre  qui  eñ  place  dans  le 
cloítre  de  Saint-Jean  de  Latran,  Se  qui  renfermoit, 
dtt-on,  le  corps  de  fainte  Hélc-ne,  mere  de  Conf- 
tantin , annonce , par  fon  genre  de  travail , le 
meme  fiéclS  que  le  précédent.  Au  üeu  d’attributs 
de  vendanges , i!  eít  orné  de  cavaüers  qui  com- 
battent , & deprifonniers  places  au-deíTous  d’eux. 
Aupres  de  ce  cioitre , eft  Pédifice  appelé  le  Bap- 
zifiere  de  Conjiantin. 

BAPTISTERIUM , , étoit  un  ré- 

fervoir  d’eau  froide  , dans  lequel  Ies  Romains 
fe  baignoient  & nageoient  méme.  Sidoine  (epift. 
ll.  I.)  : Pifcina  forinfecics  , feu , fi  Grucarz  mavis  , 
haptifieriura.  Pline  le  je  une  en  avoit  un  dans  fa 
Jíiaifon  de  campagne  (epift.  il.  17.  ii). 

On  appeloit  du  méme  nom  les  baignoires  por- 
tatives ; & les  CHrétiens  défignérent  auííl  par  le 
nom  de  baptifterium , les  baílins  dans  lefquels  on 
adminiñrojt  le  baptéme,  ainfi  que  les  édifices 
dans  lefquels  ces  baffins  ou  fontaines  étoient 
pratiquées.  . 

B AR  JE  C O.  Muratori  (100.  4.  Tkef.  infcr.') 
rappórre  Pinfcription  fuivante  troavée  dans  la 
Cálice , ou  il  eft  fait  mention  de  ce  dieu  inconnu ; 


BAR  Aíf 

REUVEANA 
BAR.AECO 
AFER.  ALBIMI 
F.  TURCLUS 

V.  S.  L.  M. 

BARAICUS.  Voyez  Ban^icas. 

BARANGE,  Barangus.  C'écoit  le  Hom  de 
certains  oíBciers  chez  Ies  Grecs  cu  Bas-Empire. 
Leurs  fonctions  etoienr  de  garier  les  clefs  des 
portes  de  la  viile  oü  fe  trouvoit  Pemoereur. 
(Caatacaz.  líB.  I.  & Ccdznus  d¿  oftic.  Coriftam.  c.  y, 
't-  45 , C e dcrnier  dit  que  les  haraages  étoient  des 
oíficiers  qui  fe  tenoient  á la  porte  de  la  chambre 
de^l  empereur , & a celie  de  fa  falle  á manger.  Le 
rnéme  Codinus , Nicétas  & Curopalate  , con- 
viennent  que  le  nom  de  larange  eft  anglois,  que 
ceux  qui  le  portoient  Pétoient  auííi.  Anne  , Com- 
né.üe  aíTurent  qu'on  les  faiibic  venir  de  Pifie  de 
Tkalé;  leur  arme  ordinaire  étoit  une  hache.  Les 
bara.zges  étoient  celtes,  fi  Pon  en  croit  Jean  Scy- 
litzes.  Se  a!  emands , felón  Nicéras  da.ns  ¡a  vie 
d'Alexis.  íl  parok  par  Cedrenus,  qu'ií  y avoit  á 
la  ccar  de  Conftantinople  des  barariges  des  le 
tems  de  Michel  le  Piphlagonien  ; mais  iis  ne 
fortnoient  alors  qftun  des  corps  de  la  milice , 
& r/étoient  pas  encore  des  gardes-du-corps'  de 
Pempereur.  Leur  chef  s'appeloit  AxaAsSsr , c'eft- 
á-dire,  celui  qui  accompagne  toujours  le  prince. 

\ ers  Pan  1 5CJ  , fous  Peinpire  de  Michel  IV,  un 
harange  ayant  vouiu  faire  viole.nce  á une  femme 
thrace , elle  fe  fai'it  de  fon  épée , & lui  perqa 
le  coeur  : tous  les  Baranges , Poin  de  pourfaivre  la 
mort  de  leur  camarade , donnérent  toute  forte 
de  louanges  á cette  vertueufe  femme,  lui  mirent 
une  CüUrpnne  fur  ’a  téte  , & le  harange  tué  fut 
privé  de  la  fépulcure. 

BARATHRU JA , , goiiSre  trés-profond 

de  PAtnque  dans  la  tribu  Hippothoontis , oii  Poa 
avoit  coLitnme  de  précipiter  les  fcéiérats.  11  étoit 
revém  de  pierres  de  railles,  en  forme  de  puics; 
& dans  le  revéti.ftement  on  avoit  ícellé  des  cratn- 
pons  de  fer  crochus,  dont  quelqiics-uns  avoient 
la  pointe  en  haur  & d'autres  de  coré,  pour  accro- 
cher  & déchirer  les  criminéis  dans  Liir  chute. 
Les  Grecs  donnérent  par  extenfion  , le  nom  de 
baratare  a touce  forte  de  gouffres  , de  cavités  ; & 
paranalogie,  aux  avares  & aux  débauchés.  dont 
ríen  ne  peut  fatisfaire  Pavidité.  Les  écrivains  ro- 
mains Pemployérent  aufli  dans  le  méme  íéns. 
Martial  donne  ce  nom  á ¡a  cavité  de  í’eícomae 
(i.  epzgr.  88.  V-  4-): 

Extremo  ruciiis  J?  venít  d baratkro. 

Horace  le  donne  á un  gounnand  (i.  ep.  i p.  31,): 

PerrJdes,  & tempeflas , barathrumque  macelli , 

Quddqziid  quíperat , ventri  dottabat  sv.iro, 

G g g ij 


410  BAR 

Baratkrwn  áéfígm  , ¿aas  Plsuíe  , {Baccrtid.t, 
Z.  44-}  une  courtifanne ; 


B A R 

Saréarus  hic  ego  f:,m  ,•  quia  imelíigor  «?//  , 
riacnt  Jiolici  xerbn  Latina  Gctt. 


O haratkrurn  uhi  nunc  es?  ut  ego  te  ufurpem  lihensl 

TI  n e;t  pas  eronnant  de  retrouver  auíS  dans  Ies 
Ci.iivaiiis  iatins  cette  accepdon  dérournée  du  mor 
biratkrt;  paifque_  les  Romains  le  dor.norent  par 
exteníioj^  a :a  priion  de  Romej  apnlée  Tollia- 
’NüM  (Pcj?^-c3  ^rnot)  j 8c  en  parriciilier  á l^en- 
■tíioit -éieve  dcu  on  précipitoit  les  criminéis. 
•Jugurnna  fur  renrermé  aprés  le  triomphe  de  Marius 
flans  le  haratkre  , & sV  laiña  moiirir  de  faim^ 
íeion  F'utarque. 

_ baJ’atpos.  ííéfychiiis  dop.ne  ce  nom  a des 
lacras  que^i  on  ceicbroir  dans  la  Thefprotie, 
& dans  lefquels  on  ccuronnoit  le  plus  fort  &:  ie 
piüj  roDuPce  des  combattans. 

ísARbARES.  Les  Grecs  appeloient  Barbares 
tous^ics  peupics  qtii  ne  parloient  pas  leur  langiie  j 
ou^  Aii  moins  qui  ne  ia  parloienr  pas  auili  bien 
cu  eux.  lis  n'en  exceptofent  pas  méme  Ies  Egyp- 
tienS;,  chez  lefquels  i!s  avouoient  poui'tant  que 
ieuis  phiiofcpnes  8e  leiirs  légiílateurs  avoient 
vo/dge  p^ours  initraire.  Les  Grecs  appeloie.nt  plus 
^•aiLíciiliereinent^  Barbares  , les  Phrygiens  ; íans 
coate  á caufe  des  anciennes  haiaes^qui  fubíif- 
roient  encr’eux  depiiis  la  guerre  de  Troie  : on  le 
^ Ocqíí  d tiiripide  , & dans  les  fcholies 
iur  lAJax  Maftigopkore  de  Sophocle.  C'ed  dans 
j Grecs  que  Plaute^  parlant  d’une  tra- 

duaion  latine  ^ {A fin.  proL  n.  ii.)  Isppelle  bar- 
bare : 

M.arcus  vertzí  barbare. 


L acception  du  nom  de  Barbares  que  les  Grec 
áonnoientaux  étrangers.  fe  reíTerra  par  la  fuite' 
Ls^  ne  s en  fervire.nt  plus  que  pour  marauer  lex- 
treme  cppofidon  cu:  fe  trcuvoit  er-tr’eúx  & le' 
aufres  natíons.  Ceües  ci , en  eífet , ne  s'étoient 
point  encore  depouiiíées  de  la  rudeíTe  des  pr-- 
miers  (léeles 5 tandis  que  les  Grecs,  plus  mó- 
dernes  que  la  plupart  d entEélles  , avoient  per- 
íeaionne  leur  goilt  & contribué  beaucoup  aux 
progres  de  x efpnr  hiimam.  Ainíi  toutes  les  nitions 
eToient  répmées. barbares , parce  qu'eiles  n avoient 
ni  la  pohreík  des  Grecs,  ni  une  iangne  auíTi  pare  , 
auiíi  feconde,  auíTi  harmonieufe  que  celle  de  ce 
peuple  célebre. 

Les  Grecs  fiirent  imites  en  cela  par  les  Ro- 
matíis,  qui  appelérent  aufli  barbares  tousfes  autres 
peup.es,  alexcept-on  des  Grecs,  cuils  recen- 
noiiloient  pour  une  nation  favante‘&  polfeee. 

paroit  que  les  autres  peuples  payoient , qaoi- 
quavec  moins  de  r^ifon..  Ies  Romains  du  méme 
qui  paíToit  a Rome  pour  un  cour- 
Lp  ^ ” aimable , étoit  traité  dans  fon 

its  fcf.  r Gétes,  qui  n entendoient 

pas  fon  langage,  ridiome  de  Rome  {Tr^.  r. 


Cuaque  peuple  donna  auffi  le  nom  de  barbares 
U ^fablirent  dans  fon  pavs , foii$ 

le  cas-^rr.pire.  Les  Bourguignons  & íes  Frares 
qui  le  íixerent  dans  les  Gauks  , y furent  aonelés 
wbares.^  On  donna  ce  nom  en  Lalie  aux  Goths. 
j ^ppejcic  dans  les  Gaules  langue  barbare^  cede 
des  ieutons.  Grégoire  de  Tours  défigne  le  plus 
fouvent  les  Fayens  par  le  nom  de  barbares.  Le 
fiy  canon  de  Téglife  d'Afrique  oppofe  la  Mauri- 
tanie,  province  de  rEropire  Romain,  rfe^aiZa- 
f‘r-zí , aux  pays  dGl  frique  qui  ify  étoient  pas 
íoumis,  8e  qud!  appelle  á caufe  de  cela  Barba- 
fiques  ¡ _céít-á-dire  , hors  de  rEmpire,  étrarigers 
a i Empire. 

Bas.bares  (coñume  des).  On  peurra  con- 
fuiter  1 attribut  de  chaqué  peuple  barbare  , pour 
en  connoitre  le  coñume  particulier.  Quant  au 
general , on  obfervera  que  les  Barbares , 
c eñ-a-cire , les  peuples  qui  n’étoient  point  Grecs 
ou  Romains,  portent  conñamment  fur  les  monu- 
rnens  fculptés  ou  peints  par  ces  deux  nations,  des 
cnaulíes  longues  comme  le^  pamalons  ^ nouées  au- 
delfus  de  la  cheviile  du  pied  ou  elles  finilTent , des 
manches  étroites,  ferrées  vers  le  poigner  oü  elles 
fe  terminenr,  de  longs  cheveux,  une  barbe  droita 
& roiae,  & des  bonnets  recourbés  quelquefoís 
comme  celui  des  Fhrygiens.  Thoas  conduifant 
Orefíe  & Pylade  enchames,  fur  un  bas-relief du 
palaisAccoramboni,  publié  dans  FHiñoiredei’Art 
de  Ví'inlcelmann  j lesTroyens  des  difícrens  bas-re- 
liefs_  dont  les  fujets  font  relatifs  á la  guerre  de 
Trole , publies  dans  les  Monumemi  antichí  du  méme 
aureury  les  roís  esptifs  du  capitoiej  les  barbares 
de  la  colonne  Trajanej  les  captifs  de  l'arc  de 
c-onftantin,  &c.  8cc.  pourrant  fervir  de  modéle 
aux  artiítes. 

BARBARICA  apera.  II  eñ  parlé*  de  ces  o«- 
yrages  dans  la  Kotice  de  l'Empire,  & cueíques 
interpretes  onr  eru  qudls  v déíignoienr  des  011- 
vrages  faits  par  Ies  barbares  ; céfi-a-dire  , par  les 
peuples  qui  nTtoient  pas  foiimis  a la  dominatica 
des  Ro.Tiains.  D^autres  penfent  , avec  plus  de 
raifon,  que  ce  mot  eít  une  conrradtion  de  celui 
de  barbaricariai'S^ oyei.Yzrú.cx&A'Aí'i'av'X. 

barbara CARI  A opera.  Strabon  {_l¡b.  14- 
appelle  carica  Ies  ornemens  des  eafques- 
& des  boiicliers. 

BARB  ARIC  ARIV  S miniflrator.  lUuratorí 
(571.  g.Tkefi.  inficr.)  rapporte  Fínfeription  íu¿- 
vante ; 

D.  M. 

PLAETORIAE 
AUGAENI  conjugi 
E.  Xí.  Q.  V.  A.  XXIX 
FECIT 

KERMES  BA.RBARÍCARIUS 
5Iik;strat&r-l, 


H 

% ar^-t  <^e  c£í  trtíftjn  <í;tii.<5k  Ur.  -cts-Ts^  &'  Les 
catres  írrnes  avec  tíes  fiieís  si' oí  cu  ¿‘arseur^  cy 
ou  avec  tíes  fi  ets  dores  ii  formoir  dcs  .dviHu.s 
«’homires  S"  a aniinaux  , comir.c  ¡es  camaliju:- 
Eeurs  modernes. 

On  de'fignoic  auífi  par  le  mor  b.irhariz::ril , !es 
íoídats  qui  portoieíir  des  cafques  & des  boiicliers 
ü-níl  ornes  ou  damafquinés. 

EAR3ATA,  barbue furnom  de  Venus  chez 
lís  Rornains.  On  ia  repráfenro.-t  quclq-iefois  avec 
de  ii  sarte , parce  qu'on  lui  cionnoir  ¡es  deux 
feses;,  comme  aux  autres  ciivinités,  felón  Servius 
iJEneia.  //.  632.)  : Loquhur  fecundhrn  eos  aoz 
¿icuru  utri-j.fjue  fexás  partícipadonem  habtre  nu- 
nuna....  efl  etiam  i:i  Cypro  Jimalucrum  barhats, 
y eneris.  Ce  paílage  de  Servius  nous  apprend  cue 
V enu>  avcíit  tísns  Tifie  de  Clisasre  une  ílatue  oui 
“ barbe-  Ce  feroit  done  chez  íes  Crees 
qu  ii  raudroit  chercher  Texplicanon  de  cette  allé- 
gorse  bizarre. 

&!das  ! 3 pnfe  chez  les  Ros-nains.  Les  femmes 
de  Home  ayant  été  arcaquées  d'nne  maladie  cu- 
' ranee,  appeiée  xy/cpy,  par  Jes  Crees,  virent  toniber 
toüs  les  poiis  de  leurs  corps.  Cetre  diíTormiré 
Jes  avant  afíligées,  elJes  implorerent  ¡es  lecours 
de  V enus,  qui  ecoura  favorablemenr  Jeurs  vceux. 
Fenetrees  de  reconnoiííance  , elles  firer.c  élever 
a V enus  une  ftarue  qui  avoir  de  la  barbe,  & 
CU!  cenoir  un  peigne. 

BARBATUS,  furnom  de  la  famiüe  Antonia. 

^ BARBE.  Lesprétres  égyptiens  fe  rafoienr  la 
tete,  le  nie.ncon  & tout  le  corps.  La  plupart  des 
ngures  egyptiennes  n'onr  point  de  barbe ^ car  li 
plante  perfea  qu'eiles  poitent  fouve.nt  attachée  au 
jnenton , ne  peut  erre  confondue  avec  la  barbe  ■ 
on  en  pourroir  conclure , avec  affez  de  fonde- 
ment,  que  les  Egyptiens  fe  rafoknr  habitaeüe- 
ment  Herodore  aíTure  d'aüleurs  pontivement  aue 
cans  ie  opii , Ies  Egyptiens  laiiToisnt  croitre  leur 
iarbe  Sc  ieurs  cheveux. 

1 portoient  de  lon^ues  barbes  ; car 

Jes  hrdonens  _ obfervenr  que  leur  roi  Sardana- 
pa.e  II  j ie  faifoit  rafer  tous  :cs  /ours. 

Les  rois  de  Ferie  e.ntortilloient  de  fiis  cTor 
Jeurs  longues  á^z¿cí,_fe¡on  S.  Chrví'oíW.e. 

-.-es  Arricains  porroient  ¡a  barbe  longue , conime 
on  le  voit  fur  les  médailles  de  Juba. 

Les  héros  gi'ecs  font  re'réfentés  fur  Ies  mo- 
nnmens  antiques^  avec  une  barbe  courte  ge  frifée. 
li  depuis  les  terc-s  héroiqaes 

Ja  ¿arbe  longue  , au  moins  ñ Ton  en  croít  la 
tradition.  Cedrenas  nous  dír  en  eSer  aue  Ton 
^oyojt  a Conñantinople  , dans  les  thermes  de 
^uxippe^une  ílatue d'Komére  , avec  une  longue 
-■z¿e.  Ar.hénde  obferveque  les  G^cs  necommen- 
cerent  a fe  rafer  la  barbe  qae  da  tems  d'Alexandre- 
^ íeprerruer  qui  fe  la  fit  couper 
- Athenes,  fut  furnomtné  , tonda.  II  y a 

ntanrnoins  .apparence  c-u’Atbénée  , ou  -plurót 
’uaryiippe^  dans  Touvrage  de  qui  AthJnce  avoir 


S A R ¿a  £ 

ce  siñí  dit  2 ce  fujct  difis  fon  ír-eíviéars 
.,*2.^1^’  ^p'C'Rppe  5 fi-s-jc,  r.e  ■jarlcit'v’iue  da 
peu]^e  ec  aun  uúge  genéraí  cu  parcículCr 
5 c-ir^^non-feulcmenr  Alexandre,  .n-.ais 
Pnnnppe  fon  pere,  Arnynras  S:  ArchCaíis  fes 
prcuceexleurs  , font  repréfentés  fans  barbe  fui 
roeanii-es,  n toutcíois  on  v retrouve  ieurs 
ventables  portrajts.  Pintarque  cit  exnreílen-.e.-s 
qu  Arexanare  ordonna  aux  Macédonie-'s  de  O 
pfer  ele  pearque  les  ennemis  ce  les  fair:íler.í  n'r 
leur  ^ 

Les  Crees  continuérent  depuis  á fe  faire  rafer 
la  barbe  jufqu’á  l’empire  de  Juílinien,  fous  JequeJ 
Jes  longues  ¿aré fj  reprirer.t  faveur.  Elles  durerent 
jafqu  á la  prife  de  Conftantinople  par  les  Tures. 

Les  philofophes  grecs  cu  au  mciris  ceux  qui  en 
aíFeñoient  les  airs  & Ic  coftume,  cherchc'rent  á 
fe  ddbnguer  du  vulgáire  en  porcanr  de  longues 
barbes. 

Antifinene  jut  {La'érce  , lib.  G.')  le  Drcrr.ier  des 
phiiofophes  qui  laifia  crcitre  fa  barbe.  Qaoique 
la  barbe  devine , felón  Topinion  corr.mune , 
Tattribut  diñindif  des  phiiofophes , elle  re  i'éroit 
ceperdanr  pas  fans  exception.  Le  fcholiafte  d'Arif- 
tophare  (aab.  izo.)  prétend  meire,  fans  reílric- 
tíon  , que  Its  anciens  phiiofophes  fe  rafoierí 
la  barbe , nonobílant  lesexemples  contraires  cu’oíi 
peutalléguer. 

Les  phiiofophes  romains  aítedtoient  de  coií- 
ferver  Jes  mémes  caracteres  diílindiifs,  ie  man- 
tea u & la  longue  barbe.  H orace  les  dccrit,  pour 
defigiier  un  pbilofophe  <^Sat.  il.  3.  ; 

Tempere  quo  me. 

Solatus.  jujíit  fapier.tem  pafeere  barbeta. 

^Aulugeüe  {N.  A.  IS.  2.)  & Lucien  (JearoMenipr^ 
sTxprimént  de  la  tTíéme  maniere. 

ün  peut  croire  que  les  Siciüens  faivirent  Ies 
irfages  & les  eoítumes  des  Grecs  ; car  il  efi:  fait 
n'.enpon  de  barbier  dans  la  vie  ce  Denis-le-l'vrai?. 
Les  rrédaiiles  ficiiiennes  nous  merrrent  d'aiíleiits 
les  rois  de  cetre  iíle  fans  barbe.  Ce  fut  en  fin  de 
■iaSiciIeque  vinrenrá  R.vme  les  premiers  barbiers. 

Les  Etrufqnes  paroiCenr  avoir  fuivi  Íes  Grecs 
pour  Tufage  de  porter  00  de  quitter  barbe.  IJs 
rejrrefentoient  toares  ieuis  divirdtcs  avec  de  la. 
baile,  excepté  Vulcain,  qui  nten  porte  c.as  ordr- 
nairenienr  fur  íes  tr.onurr.ens  de  cetra  nation.  ¡Víais 
ils  ea  donnoienr 'a  Mcrcure  une  pcintne  í-t.  re- 
.courb'ée  en  avant  , co-mme  eeli'e  des  pantaícns 
d’íralie. 

Les  Romains  pertérent  long  terr.s  la  barbe  Se 
les  cheveux  longs.  Cicerón  parle  dans  i'Oraifon 
pour  Cceiius  ( e.  14.),  defs  barbes  longues  Sr 
épaiiTes  oue  porroícnt  les  premiers  Ro.T-ai.ns  5 
barba  Hórrida  , quavz  iñ  flaCíiis  antic/als  & imapl- 
rdbus  zddemus.  Tire-L!\e  ( í.  yi.';,  parlar.t  des 
fénateurs  c :i  reíLérent  feuls  dans  Rome  apres  Ten- 
rrée  des  í^.nilcis,  dr  cue  tcns  portoient  aíors  la 
carée  fort  .ongue  ; liartam. , uz  zura  ómnibus proni.¡¿n 


4it 


BAR 


trat Scipion  rAfricain  portoit  de  longs^  clie- 

veux  dans  fon  emrevue  avec  MaPñniffa.  De-lá_\dnt 
le  furnonj  intonfi,  par  lequei  Ovide  défigne  iFcfi. 
jI.  i6.)  les  premiers  Romains : 

JIoc  asud  intonfos  nomen  kabebat  avos. 
Juvénal  Ies  a peines  de  la  mérne  maniere  {Sat.  i &.) : 

Et  credam.  di^rtum  barca,  dl^numqae  capillis 

Iiídjoram. 

Vers  Tan  45'4  de  la  fondation  de  Rome , c'eír-^ 
á-dire , dans  la  cent-vingtíétrre  olympiadej  P . Tit'.ns 
Mena  revenanc  ce  Sicíle  , amena  a Rome  íes  pre- 
miers barbiers  que  Fon  y ait  vus.  La  nrode  vííit 
alors  de  fe  faire  rafer  Scipion  1 Africain  le  jeune 
Ladopta  fur-!e-charr¡p  , & fe  fit  rafer  chaqué  ;o'jr; 
de  forte  qu’excepté  íes  cítoyens  aífliges  ou  ac- 
cufés  de  grands  ernnesj  & res  jeunes  gensj  per- 
fonne  ne  porta  plus  la  barbe  dans  Kome.  Les  ph:- 
iofophes  feuls  aírecíérent  de  la  conferver  habí- 
íuellement}  Se  íes  miiicaires  la  portérent  toujours 
aíTez  coiirte  8c  fdfée , Gomme  nous  le  voyons  fur 
les  arcs-de-triomphe  & les  autres  monumens. 

Ceiix  qui  étoienc  plongés  dans  la  donleur  8c 
raSBiíiion  ^ laiñbient'  croítre  leur  barée^  & ¡eurs 
cheveux.  Le  confuí  M,  Livíus  s etant  eioigne  de 
Rome  pour  quelque  fujet  de  mécontentementj 
fe  retira  á la  campagne , ou  ii  laiíTa  croitre  fa 
barbe  3c  fes  cheveux.  Apres  la  defaite  de  Varus  ^ 
Augnfte  fut  íi  penetré  de  douieur^  qu  il  imita 
pendant  plufieurs  jours  le  conful  M?  Livúus.  C eft 
Dei't-étre  pour  une  femulable  raifon  que  i on  voit 
une  barbe  pourts  á une  tqte  df  Othon  ¿e  la  villa 
Aibani. 

Les  fucceíTeurs  d’Auguñe  Fimitérentlong-tems^ 
& ne  portérent  point  de  barbe.  Caligula  feul  laif- 
foit  quelquefois  croitre  la  fienne  j conire  Fufage 
de  fon  tems. 

Les  premiers  empereurs  repréfentés  avec  une 
barbe  longue  & épaiíTe , furent  Hadrien , Antonia- 
Pie  & Marc-Auréle.  Spartlen  nous  dit  que  le  pre- 
mier laiffa  croitre  fa  barbe  pour  caeber  des_  blef- 
fares  (peut-érre  des  écrouelles  ) qu’il  avoit  au 
vif.'.ge  : TJt  vulnera  , qus.  in  facie  naturalia  crant  , 
tegeret.  Les  deux  atures  la  portérent  en  qualité  de 
philofophes.  lis  furent  imités  par  quelqaes-uns  de 
leurs  fucceíTeurs  qui,  voyant  combien  les  Ro- 
luains  avoient  conqu  á’attachement  & de  venera- 
tion  pour  les  Antonins , crurent  apparemment 
qu’en  prenant  leur  nom  &'  portanc  la  barbe  comme 
euxj  iis  fe  rendroient  éplement  refpedables  par 
ces  marques  de  reífemblance.  Caracalla  prit  le 
nom  facré  d’ Antonio , & laiíTa  croitre  fa  barbe 
auííl-tot  qu’ii  eut  été  declaré  Augufte;  & Géta 
fuivit  fon  exemple. 

11  femble  done  , difent  les  auteurs  de  Fexpli- 
cation  des  pierres  gravées  du  palais  royala  qii^une 
barbe  épaiíTe  étoit  regardée  alors  comme  un  attri- 
but  qui  d^voit  cgncilisr  aisx  empereurs  le  refpedl 


BAR 

& la  vé'nération  des  peuples ; c’efl:  poerquei  oi 
peut  conjeCTurer  que  les  monéíaires  aSeclnient 
de  les  repréfenrer  avec  une  barbe  plus  épaiíTe  Sr 
plus  toumie  qii'elle  ne  Féto.t  en  eííet.  Cette  autre 
conjeefure  efí  fondée  fur  un  exemple  : c'eft  la 
maniere  dont  Macrin.  fucceíleur  de  Caracalla  j 
eíi:  recrefenté  fur  fes  médaiíleSj  luí  qut  ntat-étre 
ne  portoit  point  de  barbe  avant  fon  avénement  á 
remoire-  O'n  le  voir  fans  barbe  í'ar  quelqiies-unes: 
il  rfén  a qu’une  tres  - courte  fur  ía  piupirt  des 
autres  , mais  une  longue  & épaiíTe  fur  pluíieurs 
■de  grand  brenze.  íl  n'eít  cependant  pas  vraifetii- 
biable  qu’elle  ait  pu  prendre  autant  de  croiíTancc 
pendant  ía  courte  durée  de  fon  régne  , qui  n'a 
été  que  de  qaatorze  mois  enriers  & i!  n'y  a pas 
líeu  de  douter  que  fon  portratt  n'aic  été  chargé 
en  partie  par  les  artilles  monetaires,  ^ 

Les  fucceíTeurs  de  Juílinien  recommencétent  d 
portel  ia  barbe,  Sc  les  derniers  empereurs  grecs  la 
portérent  d^une  longueur  extraordinaire. 

Les  Eretons  du  tems  de  Céfar  {Bell.  Gall.l.  f. 
c.  14.)  fe  rafoient  le  mentón^  & confervoient  une 
fimple  mouftache  : Capillos  ac  barham  radtre  pra- 
ter  capul,  é’  labrum  fuperius. 

Di  odore  de  Sicilé  & Tacite  aíTarent  que  Ies 
Germains  fe  faifoient  rafer  la  barbe.  Les  Goths 
8¿  les  Franes  ne  portoient  qu^une  mouftache  ^ 
appelée  par  Plutarqiie  p,brux.a  , 8c  crifia  par  Jes 
Latins.  Clodien  ordonna  aux  Franes  de  laiíTer 
croitre  leur  barbe  8c  leurs  cheveux^  pour  les 
diítinauer  des  Romains. 

Le  nom  des  Lomhards , Longabardi , vint  üs 
leurs  longues  barbes. 

Barbes  de  nos  reís  fur  les  feeaux. 

(X  Od  ne  voit  de  barbe  fur  les  feeaux  des  Me- 
rovingiens  qu’á  Cbildabert  III , & á Chilperic- 
Vianul.  Mais  D.  Mabillon  a prouvé  que  íes  autres 
rois  de  lámeme  race  laiíToient  croitre  \t\sx  barbe, 
a Fexemple  de  Fempereur  Hadrien  Sc  des  empe- 
reurs grecs  depuís  .íuftinien.  Cependmt  h farbe 
¿es  prances  Mérovingiens  n'étoit  que  médiocre- 
ment  longue  > elle  coavroit  tant  foitpeu  les  levres 
& le  mentón,  d’oü  elle  pendoit  comme  un  petit 
bouquet.  C'eft  Fidée  quen  donne  Eginhart^au 
cominencement  de  la  vie  de  Charlemagne,  ou 
dit  que  Ies  rois  Mérovingiens  étoienr  crine  pro- 
fufo , barba  fubmijfá 

« Charlemagne  & fa  pioftérité  femblent 
fuivi  la  mode  des  Romains  & de  Fempereur  Juíti- 
nien , qui  fe  faifoit  rafer  le  mentón.  Du 
eft-il  certain  que  Charlemagne  avoit  tant  d nor- 
reur  des  grandes  barbes,  qu  il  n accorda  aux  Bené- 
ventins  d’avoir  Grimoald  pour  duc,  qua  coji- 
dition  qu  il  obügeroit  les  Lombarís  de  f 
rafer  á la  fran^ife.  Tous  les  feeaux  de  Cnane- 
maune  cirés  par  D.  Mabillon  & Hmeccius, 
excepté  celui  de  .Maximien  de  Tréves, 
á ce  prince  une  barbe  courte  Sc  tres-<3ro!te_. 
empereurs  , Louis-le - Débonnaire,  . 

Chdries-k-CbauYe . en  poxtéreac  de  femulsbies  1“* 


BAR 

fes  Joues  Sr  au-deíTus  des  ievres.  Cíiarles-Ie-Smiple 
& queiques  aurres  rois  de  la  fia  de  la  feconie 
race,  paroifíent  ízni barbe  fur  leurs  fceaux,  quoi- 
que  probablement  ils  en  ayent  porté». 

« Deptiis  Hugues-Capet , les  rois  de  la  troiCéme 
race  avant  Philippe-Augufte , font  plus  ou  moins 
barbus  fur  leurs  fceaux.  On  croit  que  du  tems 
de  Phiüppe  I ^ qu:  fuccéda  á Henri  fon  pére  Tan 
•=  ic6o , on  ne  portoit  en  France  ni  barbe  ni 
» mouñaches;  & qu'en  Angleterre,  tous,  hors  les 
» prétres  , avoient  une  moullache  ».  Cependant 
Fnilippe  1 eír  repréfenté  fur  fon  fceau  avec  une 
barbe  plus  que  mediocre.  Maisdepuis  Phiüppe  II  ^ 
les  rois  ne  portent  plus  de  barbe,  comme  il  pa- 
roit  par  les  fceaux , les  ftatues  & les  portraits 
qui  nous  rellene  de  ces  tems-lá.  Des  le  régne  de 
Phiüppe  de  Valois , qui  monta  fur  le  troné  en 
1328,  revmt  la  mode  des  longues  barbes , avec 
des  habits  fort  courts.  Franqois  I porta  une  barbe 
aífez  longue  , 8e  en  rendir  Fufage  cotnmun  en 
France.  En  voilá  aíTez,  & peut-écre  trop,  fur  la 
barbe  de  nos  anciens  rois  ».  Nowvelle  Diplomatzque. 

Barbe  (Ufages  relatifs  á la).  Nous  avons  vu 
que  les  rois  de  Perfe  faifoient  palTer  des  fiis  dfor 
dans  leur  barbe q & nos  rois  de  la  premiere  race 
imiterent  ce  luxe  ridicule.  C’étoic-lá  fans  doute  ce 
que  Fon  appelioit  alors  une  barbe  d’er,  telle  que 
Monílrelet  en  donne  une  au  duc  de  Lorraine, 
Jorfqu  il  vine  rendre  les  honneurs  fúnebres  á 
Charles,  dernier  duc  de  Bourgogne.  Au  refte, 
cet  ufa^ge  a pu  , dans  quelqufoccafion  finguüére  & 
rare,  étre  pratiqué  auífi  par  les  Crees  & les  Ro- 
mains.  En  efíet , on  volt  á Portici  une  tete  d'homme 
qui  a la  barbe  retrouiTée  & nouée  fous  le  mentón; 
bizarrene  qui  fe  remarque  auífi  á une  tere  placee 
dans  les  galeries  du  capitole.  Peut-étre  cette  lin- 
gularité  n’a  t-eile  aucun  rapport  avec  lestiíTus  d’or 
dont  les  barbes  ont  été  quelquefois  entorrillées ; 
elle  nous  montreroit  feulement  alors  la  maniere 
dont  on  aiTujettiííoit  fa  barbe  lorfqu’on-Fe  cou- 
choit,  lorfqufon  faifoit  quelqufoxercice  violent , 
ou  enfin  lorfqufon  cachoit  fon  vifage  fous  la  vi- 
fiére  d'  un  cafque. 

On  ne  fe  contentoit  pas  de  peigner  & de  laver 
fa  barbe  ; on  la  parftimoit  encore  en  la  'ftottant 
avec  des  halles  odonférantes.  Pollux  ( x.  26  ). 
Juvénal  (r7.  41.) : 

Hirfuto  Jpirent  opohalfama  eolio 

Qu&  tibi? 

Et  Properce  (r.  2.  3.); 

Aut  quid  Oronteá  crines  perfundere  mirrhá. 

L ufase  de  toucher  la  barbe  & le  mentón  de  celui 
auquel  on  ^demandoit  que'que  grace  , fe  retrouve 
«ans  Homére  {lliad.  4f4).  Piine  dit  auífi  que 
les  anciens  Crees  avoient  la  courume  de  toucher 
. de  celui  dont  ils  voaloient  excirer  la 

Jltic  (j/.  4j.)  ; Anliq  ais  GtaÜs  in  fa.pplicdr4.d0  { 


BAR 


425 


mentum  attingere  morem  fuijfe.  Le  fnenton  eíl  icf 
mis  pour  xa  barbe  de  méme  que  dans  le  vers  200 
ae  1 yrejíe  a'Euripide,  & dins  Hécube,  oú  Fon 
lupphe  quelqu  un  par  fon  mentón  &:  par  fa  barbe. 
comme  on  xc  ppnque  pour  des  objets  chéris. 

L o.n  fuppiioit  par  la  barbe  ; & lorfqu  au  con- 
tra.re  on  vouloit  mfultcr  quelqu  un , on  lui  tiróle 
& arrachoit  la  barbe 

Les  philofophes  íloiciens  & cynioues  affec- 
toient  a erre  infenfibles  aux  injures,  & en  fai- 
foient  parade  en  public.  Le  peuple,  & les  enfans 
en  partícuiier  , fe  permertoient  de  mettre  leur 
patience  a Fépreuve.  Les  uns  leur  difolent  des 
injures,  d'autres  leur  lanqoient  des  épigramm^s- 
ceux-ci  les  tiroient  par  leurs  habits  ; & Je  plus 
grand  nombre  leur  failiífoit  la  barbe  & en  arra- 
choit des  polis.  Socrate  ne  fut  pas  exempt  de 
cette  perfécudon,  comme  nous  Fapprend'Dio- 
gene-Laerce  {n.  21 ),  Horace  dit  á un  ftoícien- 


Lafeivi  puerz. 


F* tllunt  tibí  barbazzi 


Et  Perfe  (Sat.  i.  133.): 

Si  cynico  barbam  petulans  nonaria  vellat. 

Le  méme  fatyrique  peint  Júpiter  offrant  lui-méms 
á iy£nis-je-Tyran  ía  barbe  á arracher; 

Idcircb  flolidam  pr&bet  tibi  vellere  barbam 
Júpiter, 


On  ne  peut  fixer  avec  précifion  l’áge  oú  Ifoa 
coupoit  la  barbe  aux  jeunes  romains  pour  la  pre- 
rmere  fois.^  Macrobe  'Somn.  Scip.  i.  é.)  dit  que 
c étoit  aprés  le  troifiéme  fepténaire  écoulé , á 
vingt-deux  ans.  Auguñe  fe  fit  rafer  pour  la  pre- 
miere  fois  a vingt-cinq  ans.  Jufqu’á  cette  épioque, 
les  jeunes  gens  coupoient  avec  des  cifeaux  leur 
barbe  naiffante,  fans  fe  fervir  derafoir:  on  J'ap- 
peloit  alors  barbula  , & ces  adolefoens  barbatuÜ  - 
3c  Ju\  enal^defigne  par  I expreifion  barbam  metere. 
cette  maniere  de  coupcria  barbe.  Leshommes  faits 
fe  ferv^oient  fouls  cu  rafoir  : de-lá  yient  cette  ex- 
prelfion  de  IVIanial  (x/.  40.)  , 

Jam  mihi  nigrefciint  tonfá  fadaria  barbó, 

pour  dire  quül  nfotoit  plus  un  j'eune  homme;  & 
la  fuivante  de  Jnvenaí  (vr,  icp.)  \ TLadere  guetur 
coeperatq  cfoft-á-dire  , Sergiolus  avoit  atteint  Fáge 
viril.  ® 

Le  jour  oú  Ifon  coupok  la  premiere  barbe  d’an 
jeune  homme,  étoit  chez  les  Crees  3c  les  Romains 
un  jour  de  fére  pour  toute  fa  familíe;  on  faifois 
3c  Ifon  recevoit  des  vifites  de  céréraonie;  on  fe 
donnoit  réciproquement  des  préfens  & des  fefiin.s. 
Juvénal  parle  des  gáteanx  que  Fon  sfonyoyoit  ¿ 
cette  occafion  {Sat.  ni.  i8¿.): 

lile  metit  barbam  , crinem  klc  deponit  amati  í 

Elena  domas  Ubis  geniolihas. 


4^4  BAR 

Les  jcar-es  gens  riches  enfermoíe'nr  cate  prc- 
íir’áre  barbe  dins  ene  l etite  bojte  d'or  gu  d'argent 
■qj.  US  coofacroisnt  a queiqiifi  diviníté  , ordinaire- 
iyient  aüx  dieux  Lares  , comaáe  Pérrone  nous 
íbippren.d  de  Trimaicioii  (r.  ip-}  : PríCere'x grande 
armarium  vidi  in  ángulo  ^ in  cujas  edlciil-i  Lares 
argentei  pojiti  , y'enerifque  f.gnum  marmoreurn.  , 
Cí  pyxis  aiLíea  non  pujllca  , ín  qaa  barham-  eras 
codaiccm  dicebant^  Isér.ori  offrir  á Jupiter-Capitoiin 
ía,  premiére  barbe  , renferníée  - dans  ua  coíFret 
d’or  , enrichi.  de  perles  tres-prédeufés.  Suétone 
(yd^r.  c.  i z..)  '.  Barbam.pKmasn  poJ:Jt , tí  conáitam  - 
i;i  auream  pyxidem  , & pretiofijílmis  margaritis 
g-dornatam  J ovi- C api to lino  confecra'vit.  J-lllius  Pol- 
fiix  díi  que  les  jeuses  grecs  c-onfacroient  auííl  ieur 
premiere  barbe  aux,d'eux  , a Apollori  en  particu- 
per,  & aux  i'íeuves. - 

. Les  perldnaes  diítrnguées  Eiifmenc  cotíper  la 
fremiérp,  harke  dé  leirrs-  enhijis-  par,  des  hommes 
dü  méme  rang  qa’euxs  &:  ceux-ci  devenoient  par 
¿retre  ccrémonie  íes  fecohds  peres  ce  ces  enfans ; 
,oii  j comme  nous  difons  aujourd’íia-i , leurs  par- 
rains.  Car  une  des  maniétes  dddcqaterj  étoit  de 
srecevoir  ou  de  roiicher  en  cérémonie  a barbe 
dexelui  doEt  on  vonloit  devenir  pere.  Ceft  ainfi 
que  dans  un  rrairé  ¿e  paix  concia  enn=e  Alario 
ÓcAns,  «n  régle  'que  le  prernier,  toucheroit  !a 
barbe  du  fecond^  añil  cn'irdevíat  fon  pére  adop- 
í¡i.  Ung  feconde  époufe  coupok  elie-ineme  chez 
Íes  Rcmains  la  barbe  & les  cheveux  aux  enrans  de 
fon  mari , poiir  annoncer  qu'elle  les  adoproit. 
^íartkl  a dir  daris  ce-  fens  (rJ.  79.  4,) ; . 

Tondebit  pudres  jdm  nova . rtupta  tuos, 

■Les ‘Grecs  faifoient  entrer  Toaveñí  pluíleurs 
«latieres  difFérente.s  dans  ¡a  ccrñpóíition  de  leurs 
fiatues  j felles  que  l’or  , Livoire,  le  marbre,  &c. 
Cette  bigarrure , qui  cboqueroit  aujourd'hui  íes 
yeuXj  ne  Ieur  déplaifoit  pas.  On  ne  fera  done  pas 
étonné  de  voir  en  Sicile  une  barbe  d'or  á une  ñatue 
¿Tfculape.  Elle  fot  enlevée  par  Derds,  quí  ne 
voalut  pas  laiffer  une  grande  barbe  3 ce  ’dípu  , 
pendant  qu’Apoilon  ^ fon  frere  ¡ n'en  po’rtoit 
point. 

B-4dlBIERS.  II  n’y  eut  des  harhiers  3 Sorne  que 
i’an  4f4  de  fa  fondaíion.  Ticinius  Mena,  felón 
yarron , y amena  les  premiers  de  Sicile.  La  bou- 
jiqne  des  harhiers  devint  bienrót  !e  rendez-vous 
des  dé.fdeuyrés  & des  babiilards  : c'eíl  pourquoi 
líorace  dit  que  tous  les  harhiers  faventune  chofe , 
poLir  expriaier  quelle  eít  publique  : 

Omnibus  & lippis  nptum  & tonforibus  ejfe. 

Ceux  c'ii  éroíent  jaloux  d'avoir  une  ebevelure 
bien  pemnée,  coupée  avec  foin,  ai.nfi  que  la  barhe^ 
ímployoient  'une  partie  de  la  iournée  chez  les  bar- 
oiers^  á ces  cccupaticns  frivoles  & ridiciiles.  Séné- 
yue  i.is  peint  energiquemerjt  (¡¿>  Sf-evif.'v/ca  c'.  iz.'j: 
Quid?  íleos  oeiofes  yacas  ^ quihuf  apjid.  tonjírem 


BAR 

I muUe  hora  Ifanjtntitantur , dum  decerpit-jr , fi  duíd" 
I próxima  noae  fugertvit , aum  de  jsngulis  capiliis  in 
i confiiiurn  itur , dura  aut  disjecia  coma  reftituitur  ^ 
aut  -dejiciens  kinc  atguc  illinc  in  frop.ttm  compelii- 
tur.  Qiiomodo  irafcunlur,  fi  tonfor  paulih  negli- 
geatior  fieit  ? tanquam  virum  tonderet.  Quor.wdo 
excandefeunt  , js  quid  ex  juba  fuá  decifum  eft  , fi 
quid  extra  oraznem  jacuzí , niji  omnia  in  annulos 
juos  reciderunt  ? 

■ Les  oariiers  ne  coupoient  pas  íéulement  les 
cheveux  & la  . b-arbe , mais  encore  les  cngles. 
Piaute  {AiiiuL  ¡I,.  4.  3 5 .)  : 

Quin  zpf  prddem.  torfor  ungaes  demferat, 
Tibuile  (1.9-  II.): 

Quid  unguts 

Arúf.cis  doña  fabfecuijfe  mana  í 

Les  pauvres  qui  pfavoient  pas  de  quoi  payer  les 
harhiers , fe  ccupoient  eux-mémes  les  ongles. 
Horace  {epifi-  1.  7.  49.) : 

Confpexit , ut  aiunt  , 

Abrajum  quemdam  vacua  tonforis  in  umbra. 

Culteiio  proprios  piirgantem  Itrdter  ungues. 

BARBÍLLÉENS.  (jeux)  On  lit  fur  un  marbre 
rapportéparFourmont : bapsiaaha  sn  e<í>esq, 
les  jpux  barhilléens  d Épkefe.  Cette  efpéce  de 
jeux  étoit  déia  connue  par  les  marbres.  Ln  fnig-- 
meijt  de  Dion  { brlarm.  Oxon.  pare.  I.  pag.  50. 
— Exc.  Vale ff  , recueilli  par  M.  de  Valois 
nous  ,apprend  que  Tempereur  Vefpaíien  perrnit 
aux  Ephéíiens , en  confidération  d'un  certain 
Barbiüius,  aítrologue , ¿bi  T,aísdKicj , de  célé- 
brer  un  jau  facré;  faveur  oud!  n’accorda  a aucune 
autre  vilie.  ii  eít  bien  probable  que  les  Ephéíiens 
donnérerit  le  nom  de  Barbiiliiis  á cette  efpéce  de 
jeux,  qudls  continuerent  de  faire  célébrer  apiés 
la  morr  de  yefpalien.  Caylus , 1,  p..  2x9. 

BARBITOS  ou  Baksutos  , i-nílrument  a 
corda  des  anciens , confondu  par  les  niodernes 
foiis  ie  nom  de  l'yre,  ayec  les  inltrumens  appelés 
ckelys  , lyra  & citkara,  Políux  rappelle  aufli  bary- 
mitos ; c’eít-á-dire  , á eroiles  cordes.  Le  feho- 
haíte  d’Eiiripide  (Á/c.  843.)  défigne  de  méme  le 
barbitos  , i)¿o^  rus  . Qui  a de  groíTeS 

cordes.  -On  peut  done  donner  pour  caractére  du 
barbitos  , les  cardes  gro’Tes , graves  & longaes  ea 
proportion.  Ainfi  ¿aríLos  fera  la  grande  lstREj 

& CHELTS  ou  CITHAKA  OU  LYRA,  la  petíte  hjtt. 

( V oyeg_  ces  mots)  On  peut  ajouter  encore  un  ^ 
caractére  diítinélif  aíísz,  .bien  prononcé  dans  les 
premiers  tems  de  la  Gréce,  quoique  fufceptible 
de  quelqiies  exceptions  pour  les  tems  poílétieurs: 
c’eit  que  Ton ’oaoit  du  foni/íoa  avec  un  plcñrum, 
t.andis  que  pour  Lordinaire  on  pincott  avec  le* 
doigts  la  -ckeJ.ys  , ou  lyra  ou  citkara,  Atheaee  fait 
4Qnneur  de  rinyentioa  liu  barbitos  j,  qu’ilsppC'A 


BAR 

aufli  harmos , a Anacréon  j Horace  la  donne  á 
Alcée  (^Qd.  I.  I.) ; 

Barbite  3 

Lesbia  pritmim  ir.odu.late  civi. 

D autres  rattribuent  á Terpandre.  On  faifoit  une 
efpece  de  concert  avec  le  barbitos  8c  le  fectís 
des  Lydiens.  F"oye:¡-  ce  mot. 

La  ftarue  d’une  naufe  qui  eíl  au  palais  Bar 
berini  á RomCj  tíent  une  tres-grande  íyre , un 
véritable  barbitos  3 tel  qu’iiparok  entre  Íes  main 


d Apollen  dansune  peintured^Herculanum  (T.  z. 
ttv.  i).  Cette  lyre  eíl  beaucoup  plus  grande  que 
la  lyre  de  Terpiíchore  d^une  autre  peinture  d’Her- 
culanum  (T.  1.  tav.  , ou  on  lit  cette  infcn'p- 
tion  : TtF'i'ixoFH  ATPAN , & que  la  lyre  d’un 
Mercure  de  la  villa  Negroni. 

BARBL LA , furnom  de  la  fatniile  Emilia. 

BARCA.  Voyez  Barque. 

dans  la  Cyrénaiqiie.  bapkai  8c  bap. 

Les  medailles  autonomes  de  cette  viiie  font ; 

RR-  en  argenr. 

O.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Leur  type  ordinaire  eíl  le  íllphiuTn. 

C eíl  des  ruines  de  cette  viiie  que  Louis  XIV 
fit  t:rp  ¡es  beaux  marbres  antiques  dont  VerfaíIIes 
CiL  decore ; en  parnculfer  ¡es  belles'colonnes  de 
la  gaierie  du  cháteau,  celles  du  grand  Trianon , 
& une  ííatue  de  femme  de  marfare^  que  "on  croit 
«re  une  veíiale. 

BARDAICUS.  Voyez  Bar  DOCUCILLLUS, 

^ BARDARIOTE, 

Les  bardariotes 

etoient  des  foldats  deja  garde  de  lempereur  de 
Conítantinople  5 ils  étoient  armés'de  bátons  8c  de 
baguettes,  pour,ecarter  le  peuple  quand  Tempe- 
reur  paíToit  j ils  portoient  á leur  ceinture  des 
róuets  poLir  punir  ceux  qui  étoient  coupables. 
lis  gardoient  les  portes  du  palais.  Dans  ¡es  caval- 
eades  que  faifoit  rempereur,  ils  marchoient  de- 
vatit  luí  , le  báton  haut  ^ & faifoient  ranger  le 
peupie.  Les  bardariotes  étoient  perfans.  Un  eni- 
peieutj  que  Codin  ne  nomme  point,  les  avoit 
tranfportés  d un  village  de  Perfe  íitué  fur  le  Setive 
^ardanus,  dfou  ils  avoient  pris  leur  nom.  Nicétis 
e->  appeLe  auiii  V r porte-verges  on  porte- 
, Se  Mu¡¡cXxoi-rscí 3 rnanclavites  , dil  nom  gréc 
- vUri  vciges  ou  batons 3 p.a.~y.>.l:t¡íi.  A Parmée  , 
ieur  Dofte  étoit  au'  nord  de  ¡a  tente  impériale , 
aupres  _ae  laquelle  ils  faifoient  fentinelle.  Codin 
Qit  qu  lis  obehroient  au  primicerias  de  la  cour. 
l-e^renus  appelle  cet  officier  yJtr-.;,  K.ly.y,Tu  3 le 
e-omte  de  [a  cour 3 8c  marclabiie. 

Les  bardariotes  étoient  vétus  de  rouge 5 & por- 
íOient  un  bonnet  a ¡a  perfanne  „ nommé  augurot  3 
rebord  ou  de  retrouíTís , étoit 
orde  d'un-  drap  de  couleur  de  citrón.  Codin;,  (de 

OCAtt.DfXA, 

^fitiquité^  3 Tome  I, 


Bar 

ARDES  3 ^üíci!,  bardi  3 mirdfires  de  la  reli- 
g-on  cnez  les  ancier.s  Gauloisj  qui  habitoient 
^ la  Bourgogne  3 oú  ils  avoient  ua 
fonctions  étoient  de  compofer 
If  s acíions  glorieufes  des  héros  de 
leur  na..on3  & de  ¡esenanter  au  fon  dun  inilru- 
ment  qut^  reífombloit  aflez  á la  lyre.  Lucain  a 
pane  des  sardes  dans  fa  Pharfale  : 

ros  queque  qui  fortes  ardmas  3 belloque  peremptas  . 
i^udibus  in  iOTigum  vates  dimitzitis  svurr.  3 
B lurima  fecuri  fudiflis  carmina  bar  di. 

Les  prdes  81C  Ies  druides  différoient  en  ce  que 
ceux-c!  étoient  les  prétres  &:  les  doñeurs  de  la 
nationj  & que  Ip  bardes  n" étoient  que  poetes  oíi 
ciianures.  Cependant  Pautontédes  premierSj  quoi- 
qu  inférieure  a ceile  des  druides,  étoit  íi  refpedce 
des  peupies,  qu  ds  avoient  fait  quitter  les  armes 
a des  armées  prétes  á fe  charger.  Larre73  Pafquier 
Sc  Bodin  3 leur  donnent  le  titre  de  prétres  & de 
philofophes3  & Cluvier  y ajoute  celui  d’orateurs; 
mais  fans  fondement.  Strabon  3 plus  voilia  da 
tems  auquel  o.nt  vécu  les  bardes  3 compre  trois 
parmi  Ies  Gauiois , les  utuides  3 les  bardes 
8c  Ies  évates.  Les  bardes , felón  Iui  _3  font  chánf  es 
& poetes  i les  évates 3 prétres  & phiiofophes  j 8c 
les  druides  ajoutent  la  fcience  des  moeurs  á I3 
philofophie  naturei'e ; c’eñ-á-dire3  á la  Phyíique. 
Mais  Hormiüs  réduit  ces  fedes  á deux  dañes.  Ies 
baraes  & les  druides  5 d'autres  méme  den  font 
qu  un  corpSj  fous  le-nom  générique  de  druides. 
Cluvier  3 fonda  fur  ce  que  Tacite  décrivant  Ies 
rnoeurs  desanciens  GermainSj  faitmention  deleurs 
cnants  & ae  ieurspoémes  hiiloriques3  veutque  ces 
peiiples  ayent  eu  auffi  des  poetes  nommés  bardes. 

B ARÓO CU CULLUS  ou  B.^rvaicvs  cucul- 
las 3 partie  du  vétement  des  Gauiois  de  Saintonge 
& de  Langres._  Martial  (xir.  138.)  rappelle  San- 
tonicus  3 de  Saintes : 

Galilea  Santordeo  vefiit  te  hardocucullo  p 
Cercopitkecoru'Ti  penula  nuper  erat. 

C’eñ  le  méme  fans  doute  que  Juvénal  déíigne  par 
les  mots  cucullas  Santonicus  (vi  11. 

Si  nociurnus  adalter 

Témpora  Santordeo  velas  adoperta  cuculla. 

Dans  un  autre  endroit3  Martial  Tapoelle  bardo~ 
callas  Liagonicus  3 de  Langres  (t.  54.  4.)  : 

Sic  iiíterpoíitus  vlllo  cor.taminat  unció  ^ 

Urbica  Lirtgonicus  Tyrianthina  bardocucullus. 

Ici  Martial  met  en  oppoíitisn  le  bardocucullus 
des  Gauiois  avec  les  riches  manteaux  de  pourpre 
que  pertoient  les  Rornains  dans  la  ville  ; ce  qui 
fuffit  pour  nous  le  faite  regarder  comme  iin  man- 
tean fait  d'une  é'coíFe  trés-groínére.  11  étoit  auíS 
trés-court,  cotaaie  le  fugum  du  méme  peuple  i 

H kk 


/26  BAR 

car  ^'artial  ¿it  qa'il  P’*  nranreau 

2 des  iínres,'  cercopnkicoram  per.u¡a¡  Sc  auieurs 

Í:-93-7-)- 

jyilTzídlcfí^UC  nü.t£S  GdlllCd  pülíil  t£git. 

Le  hardocv.cu.llas  étant  le  méme  tnanteau  que 
ie  bardaicus  cucuLlus  des  foidats  6c  des  tribuns,^  - 
ainíi  que  ie  penfefit  Cafauborij  terrari  & cl  autres 
phüologues  j on  peut  aíiurer  qa  il  étoit  veiU  j i 
c’eft-á-direj  garni  de  íongs  poíis.  En  eiret . juve-  | 
Bai  appelle  un  centanon , kirfutum  capeLam ; ; 
£t  Cbadien  pellitusjudex  {in  Rujin.  :1.  8j;.  Certa  | 
<ier;;iére  expreílion  pourrcit  faire  croire  que  ie 
bardocuculliis  étoit  fait  de  peaux  garnies  de  rous 
leurs  poils. 

Sa  forme  eíl  mieux  connue  que  fa  matiere  ; car 
on  convient  qii’il  confiífoit  en  un  capuciion  que 
Ton  attachoit  á un  mantean  ^ cu  en  un  capuchón 
& un  manteau  5 comme  les  mots  ae  cucullvs , de 
palla  & de  penula  le  dcfignent.  Ce  capucuon  “toit 
pointu ; & la  pointe  qui  u’ étoit  pas  foutenue.  lorf- 
qu^on  ramenoxt  fur  ia  tete  ie  bardocucuUus  fe 
repiioit  & formoit  un  crochet.  Marital  exprime 
ce'tte  poíition  par  le  mot  uncus  dans  ie  vers  fm- 
vant ; 

Sic  interpojitus  vilt^-s  coniatninat  unco. 

Des  bas-reliefs  antiques  trou-.'es  a LangreS:, 
BOUS  montrent  un  gaulois  vetii  du  bardocucullus  ¡ 
ou  manteau  a capucnon.  On  en  voit  dans  un 
deffin  de  Peirefc  publié  dans  le  Suppiément  de 
IMontfaucon  5 & fur  un  bas-relief  de  Spen  ^ oü 
des  payfans  cueillent  des  fruits.  Quoique  !a  dou- 
ceur  du  climat  de  Rome  ne  femble  pas  demander 
Lufage  d'un  manteau  auffi  groíTier  , & dans  lequel 
la  tete  & le  corps,  jufqubux  cuiffes  ^ étoient  en- 
tiérement  cachés^  le  bardocullus  y devint  cepen- 
dant  d’un  ufage  aíTez  corrimun.  II  favorifoit  le 
déguifement  3 & par  une  fuite  ordinaire  , la  dé- 
bauche  des  jeunes  Romains ; cbft  pourquoi  ils 
Tadoptérent  avec  complaifance.  Juvénal  le  teur 
reproche  dans  les  vers  de  la  fatyre  8 ^ cités  plus 
haut.  T^oye:^  Cucullio  Se  Crcuzzis. 

BARGASA  3 en  Carie.  BAPrACHNON. 

Les  médaüles  autonomes  de  cette  viiie  font ; 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  viüe  a fait  frapper  des  médailles  irupé- 
riales  grecques  en  Thonneur  de  Marc-Auréle  , 
de  Commode  3 d'Alex.-Sévére . de  Maximiiij  ce 
Gordien-Pie3  de  Gallienj  de  Saionme. 

BARGYLIA  , dans  la  Carie.  BAPrYAiHTaN. 

Cette  ville  a fait  frapper , fous  Pautorite  ce 
fes  prét'eurs3  des  médailles  impértales  grecques 
en  Thonneur  de  LuciOe  3 de  Commode  , de  Cara- 
calla  3 de  Titus3  de  Marc-Auréle. 

BARIPYCiSl.  Les  anciens  acpeloient  ainfi  cinq 
¿es  huit  fons  ou  coráes  Sables  de  Icur  fyftlms 


B A R 


cu  dkgrr.mme ; ravoir3  i’hypaté-hypaton , Thy- 
paté  rumen  3 la  mefe  3 la  páramele  & la  néfe- 
diezeugménon.  f^oye^  Fvexij  Son  3 Tetra- 

CORDE. 

BJRIS , ^í-As,  efpéce  de  navire  dont  parlent 
Hefychius  & Suidas.  Les  Crees  emprunterent  ce 
nom  des  barbares  3 en  adoptara  !e  bátiment;  cbft 
pourquei  Eunpide  Ies  appelle  py.píapyc  .eáfiL;;.  II 
paroit  que  cette  efpéce  de  navtre  étoit  venus 
d’Egt'pte  5 car  Hérodote  3 dans  l’Eutcrpe  de  fon 
hiíloire  3 ayant  parlé  dMn  navire^  égyptien  3 8c 
l'avant  appelé  Bxcív,  aioute  que  c’étoit  fon  nom. 
Properce'3  qui  sbft  fervi  peut-étre  feul  er.tre  les 
écrivains  latios , du  mot  baris  3 le  donne  au  vaif- 
feau  d'une  reine  d'Egypte  {ni.  9.  44.) : 

Baridzs  & coráis  rofira  Liiurna  fcqui. 


Baris  3 en  Italie.  eapínqn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font ; 

RRR.  en  bronzs. 

O.  en  OT. 

O.  en  argent. 

BARMÓS.  Voyez  Bareztos. 

BÁRQÜE3  barca,  petit  bátiment  en  ufage  fur 
les  riviéres  3 8c  meme  fur  la  mer  le  long  des 
cotes  j Se  le  premier  3 felón  toute  apparence , que 
les  hommes  ayent  conftruit.  líidore  (xix.  i.) : 
Barca  tfi  , qu&  cunBa  navis  commercia  ad  Litas 
portat.  Hs.c  merces  ia  velago  propter  rumias  nadas 
fuo  fufeipit  gremio.  Ubi  autem  appropinquaverit 
portas  , reddit  vicem  barca  navi , quam  accepit  ia 
pelago.  Geíl  ie  canot  des  vaiíTeaux  modernes. 

Gn  navigua  anciennement  fur  des  radeaux ; 
dans  la  fuite , on  borda  Ies  radeaux  de  claies  faites 
d’ofier  ; relies  étoient  les  harques  d’L’íyíTe3  relies 
étoient  celles  des  habkans  de  la  Grande-Bretagne  , 
au  tems  de  Jules-Céfar  : lis  foat , dit-il  3 des 
carenes  de  hois  léger ; le  rejie  efi  de  cíaies  d ojier, 
couvertes  de  cuir.  Le  cuir  étoit  coufu  5 & ces 
coutures  expliquent  le  cymba  fatilis  de  Virgile- 
Strabon,  dontia  bonne  foi  eít  reconnue3  dit  que 
lés  Egyptiens,  avoient  des  harques  de  terre  cuite ; 
íi  parloit  d'un  fait  qui  fe  palToit  fous  fes  yeux,  & 
fur  lequel  i!  auroit  pu  étre  démenti  par  cent  mme 
ré.noins-  Ces  harques  égyptiennes  font  croire  aux 
harques  de  terre  cuite  que  les  Agathvrfes, 
delaSarmatie  Européennej  conduifoient  avec  des 
..raines  peintes3  felón  Juvénal;  & eiles  expuquent 
une  fiáiion  des  anciens  3 felón  laquejle  Hercuic 
ayoit  traverfé  la  mer  fur  un  vafe  á borre.  ^ 

Les  Egyptiens  faifoient  plus  encore 
truifoient  des  barones  légéres  avec  des  iCTi  - 
áepapyrus ; & Plutarque  raconte  dans 

ddíis  Sr  d"Oíiris3  que  ¡es  crocoddes  refpeoto.e^^ 

cts  barquee  &c  ceiix  qui  Ies  montoient,  en  me 
moire  d’Iíis,  qui  avoit  navigué  fur  un 
de  cette  efuéce.  A u relie  3 le  P-  Montfauc^^i 
jugé  3 db.prés  la  forcé  des  feudles  de_p-‘pL.'^  ’ 
fur  lefqueiles  font  écrits  danciecs  iuanux^,!— > 


f 


BAR 

C'/of*  pouvoít  j en  "es  coalart  Se  íes  poiíTantj  en 
faire  áe  petites  iranJníúribles  1 i’eaa. 

PiuiíeLirs  aiiteurs  nous  aíiuren:  que  Ton  conf- 
traiíbit  dans  les  índes  une  harcue  avec  un  feul 
rofeau  á nceuds  & vuide  en-aeda-ns ; mais  5 gros , 
dir  Héliodore,  qu^’en  prenanc  la  ionguear  d"i¡n 
nceud  á un  autre  ^ & le  couDant  en  deux  dans  !e 
feiis  de  fa  iongueur,  on  en  formoit  deax  barques. 
Ce  témoignage  d'Héliodore  eit  modifié  par  ceux 
de  Diodore  & de  Quinte-Curce , guí  nous  font 
entendre,  non  pas  que  Totl  fit  deux  bateaux  avec 
un  feul  morceau  de  rofeaUj  mais  un  batean  avec 
pluíieurs  moiceaux  de  jone. 

Les  Ethiopiens  avoient,  felón  Píinej  des  bar- 
qtics plíubles , qifiis  chargeoient  fur  leurs  épaii'es. 
Se  qifiis  porto:ent  au  bas  des  cataraíres  dii  iNiij 
pour  íes  remettje  fur  le  fleuve  & pour  s’y  embar- 
qaer.  SchefFer  croit  que  c’étoienc  des  peaux  teu- 
dues  lur  des  ais  circuiaires,  fans  poupe  ni  proue. 
K'eft-il  pas  plus  naturel  de  penfer  que  c'étoient 
des  cutres  que  fon  enñoit  ou  vuidoit  a volonté  ? 
Les  Romains  connurenr  cette  maruére  de  naviguer 
& de  trayerfer  les  riviéres ; ils  dotmoient  le  ñora 
a utriciilarii  aux  bateiiers  qui  Ies  conduifoient  ^ 
comme  on  fapprend  d’une  infeription  troiivee 
a Lyon^dans  i' iíle  Barbe^,  & d’une  aut-re  trouvee 
a Cavaiilon,  oú  ii  y avoit  un  collége  des  frhes 
utrlculaires ¡ c'eil-á-dire  j des  gens  prepofes  pour 
faire  traveríer  la  riviére  fur  des  peaux  de  bouc. 
Voye-^  UTs.ictrx.AB.zi  & la  diíTertation  de  M.  Cal- 
Vet , fur  un  monument  fngulier  des  uti  iculaires  de 
Cavaillon  ; d Avignon,  che^  Niel,  Ín-8“.  1766. 

C’étoit  en  Egypre  un  fymbole  de  Tacothéofe  ^ 
que  d étre  repréfenté  fur  une  barque  ou  fur  un  na- 
V!re.  Auííi  voit-on  qiielquefois  des  empereurs 
aííis  fur  des  barqu.es.  Les  'pierres  gravées  ég^^p- 
tiennes  ofFrent  fouvent  des  divinités  dans  cette 
aidtiide.  Les  Egyptiens  j felón  Porphyra  > ne 
croyoient  pas  qu'il  convint  aux  dieux  de  mar- 
cher  fur  la  rerre  ; c^eft  pourquoi  ils  Ies  repréfen- 
toient  fur  des  baraues. 

V/inkelmann  a publié  dans  fes  Nlonum.  inediú  , 
un  vafe  de  terre  cüite  du  Vaticano,  oü  le  folcü 
& la  lime  paroiífeut  montes  fur  une  barque  ayant 
la  forme  d un  dauphin, ainíi  que  leur  char  &Ieurs 
chevaux. 

BARREAU.  Voyez^  le  Didiionnaire  de  Gram- 
maire  Sr  de  Littérature. 

barril.  V oye-^  Dolium.  j 

BARUJTUS  ^ cri  des  gens  de  guerre.  L’ufage 
de  -eter  de  grar;ds  cris  en  allant  á la  charge , fe 
tro'jve  chez  tous  Ies  peuples  fauvages.  Tacire 
(Cerro,  c.  j.  a.  i.)  en  parle  dans  les  Maeurs  des 
Germains ; & A^mmien-Marcellin  dir  que  le  nom 
de  barritas  donné  á ces  crisj  venoit  des  barbares 

(■Xrr.  quam.  gentiiitate  appellant 

berntum.  Les  Romains  adrr.irent  cec  ufage  dans 
leurs  armées;  & Vegéce  (r:J.  18.)  leur  recorrí- 
^■inde  de  ne  pas  faire  entendre  le  cri  appelé  I 
tiritas  , ayaat  la  jonátion  des  deux  artnées : 


BAR  41- 

Clanror ^ qmrr.  bc'ritum  vocant , non.  przhs  debet 
. j quam  aezes  atraque  fe  janxerit. 

_e  oarrztus  commencoit  par  un  léger  mur- 
mure qui  groniiioit  feníiblernent , & devenoit 
ep  un  inuanc  un  bruit  confus  & déchirant.  C'eii 
ainíi  que  le  décrit  Ammien-AIarcelIin  {XVT^  12.)... 
Barritwn  civére  vel  máximum  : qui  clamor  ipft 
fervore  certaminum  a tenui  fufirro  exoriens ,,  paai- 
íUi.mque  adolejeens  j rita  extollitur  fucluum  caa- 
tijus  tllzforum. 

Teile  fue  chez  les  premiers  Franqois  la  chanfoa 
dc  BolIandj  qui  étoit  entonnée  par  douze  fortes 
voix  au  moment  de  la  charge,  & continuée  par 
toute  rarmée. 


BARYMITOS.  Noyez^  Basbitos, 

BARY'í  on  , forte  de  voix , entre  la  taille  ñc 
h b¿‘Te.  V.  CoNcoP-DANT. 

BASALAS.  fL  Melampyge. 

_ BASALfE  , bafaltes  8z  bafanites  lapis  deS  cha* 
pitres  20  & ’2  du  3(5<=  livre  de  Rline. 

Les  anciens  , qui  n’avoienc  pas  une  notuencla- 
ture  des  pierres  auui  diítiníte  que  noiiSj  faifoienr 
deux  efpeces  du  bafalte  & de  la  pierre  de  touche. 
Ils  croyoient  quhl  ny  avoit  qif une  feule  efpécs 
de  pierre  dont  on  put  fe  fervir  pour  eíEiyer  Ies 
metaux;  & il  paroit  dYprés  leurs  deferiptions , 
qupls  employoient  a cer  ufage  le  trapp  des  Sué- 
dois  j ou  Tefpéce  de  bafalte  qui  n'eíl  point  le 
produit  Jes  voicans , rnais  que  Ton  trouve  dans 
íes  montagnes  en  maíies  compaéles  ou  en  cou- 
chesj  comme  Ies  .hthiftes.  C'eít  a cette  pierre  quh’s 
donnoient  le  nom  de  lapis  Lydias  & de  bafanites 
lapis.  Elle  eít  plus  noire  que  le  bafalte  des  vol- 
cans  3 & a le  grain  plus  ñn.  Les  Egyptiens  la 
tiroient  ce  f Ethicpie , & en  faifoient  defeendre 
par  le  Nil  des  blocs  é.norrnes.  lis  en  troavoient 
auffi  dans  cette  partie  de  I’Egypte  3 qui  eft  entre  le 
Nil  & la  mer  Rouge,  á laquelle  on  a donné  quei- 
quefois  le  nom  d'Arabie. 

On  peut  croire  cependant  que  Ies  anciens  ont 
appelé  bafanites  lapis  ou  pierre  de  touche  ^ le 
bafalte  méme  des  voicans , & d’autres  pierres 
argüeufes  tres  - dures  & á grains  fi.ns  ; car  les 
qualités  requifes  pour  fervir  de  pierre  de  touche 
font  trés-générales  3 & peuvent  convenir  á piu- 
íieurs  fubftances  difrérentes  3 comme  on  va  le 
voir.  11  faut  que  la  pierre  foit  añéz  dure  pour 
réíiíler  á la  lime  3 qu'elle  .ne  foit  pas  attaquable 
par  les  acides,  & qu’elle  ait  un  grain  fin.  Pluíieurs 
fubftances  argileufes  & volcaniques  differentes 
ont  ces  qualités , 8¿r  ont  pu  étre  employées  dés- 
lors  comme  pierre  de  touche. 

Nous  rapporterons  cependant  toat  ce  que  les 
anciens  ont  dir  du  bafalte  Se  du  bafanites  lapis  ^ 
ou  lapis  Lyáius , ou  pierre  de  touche  , & touc 
ce  que  nous  avons  á dire  des  anciens  momimens 
qui  font  de  ruñe  ou  de  faut  re  fubftance  , aux 
deux  efpeces  de  bafalte  connues  aujourd’hui ; le 
'¿fl/iz/re  volcanique  & le  bafalte  de  roche;  c’eft-á- 
diíe,  cette  fabílance  argileufe  de  la  natuie  dí 

Hkh 


4-S  B A S 

^ hafj^lte  volcanique  ou  da  travv  des  Suéáois:,  qui 
fe  trouve  dans  les  montagnes  en  maíTes  non  feuil- 
íerées. 

Le  hafalte  des  Egyptrens  reííemble , feloii  Win- 
kelmar.n  ^ á la  lave  da  ^'tfave  dont  Kaples  efí 
pavee  j aux  paerres  qui  formen:  dans  ritalie  Ies 
yoies  rcmaines  : c'eítj  en  un  mot  j une  lave  d'une 
teinte  égaie.  Ce  bafaite  eít  de  deux  cculeurs  ou 
Biiances  > il  y en  a de  noircui  eft  le  plus  communj 
& de  verdátrc  qui  eíl  le  plus  rare.  11  refte  á Rome 
pluíieurs  anirr.aux  de  hafalte  noir  j les  lions  de  la 
moncée  du  capitoie_j  & Ies  fphynx  de  la  villa 
Eorghéfe.  Les  deux  grandes  ftatues  égyptiennes 
du  ppitolej  faites  dans  le  ñyle  ddmiration & 
queiques-anes  des  plus  petites  de  la  méme  collec- 
tioHj,  fon:  de  hafalte  noír. 

Le  hafalte  verdatre  fe  trouve  de  ciíférente 
tenate;,  ainíi  que  de  diferente  dureté  : les  artilles 
égyptiens  & grecs  fe  font  efforcés  á Tenvi  de  tra- 
vailier  cette  pierre.  Entre  les  ouvrages  des  pre- 
miers en  voit  un  petit  Anubis  affis  au  cabinet 
du  capitole  j des  cuiíTes  & des  jambes  entrela- 
cées  a la  villa  Aitieri.  On  voit  auíé  une  belle  bafe 
avec  des  biéroglyphes  & les  pieds  d'une  femme  ^ 
au  tréfor  du  collége  Romain.  Les  villa  Albani 
& Aitieri  renfermcnt  pluíieurs  tetes  du  méme 
hafalte.  On  s'en  eíi  fervi  dans  les  teros  poñériears 
pour  imitcr  les  ouvrages  égyptiens,  & les  canopes 
en  parriculier. 

Les  fculpteurs  grecs  ont  cherché  a sdlluflrer 
coranie  les  égyptienS;,  par  des  ouvrages  de  hafalte 
Eoir  & vera.  On  ne  connoit  cependant  d'eux 
qu'ane  feule  ilatue  entiére  de  hafalte  noir : c’eft 
un  Apollon  plus  grand  que  nature  5 & d’un  tra- 
vaü  mediocre.  Une  ancienne  gravure  repréfente 
cette  figure  comme  un  hermaphrodite;,  ce  oui  a 
trómpele  comte  de  Caylus  fB.ec.  ¿Antiq.  T.  3. 
p.  120).  La  Villa  Médicis  renferme  le  torfe  d’une 
iratue  d'homme  de  grandeur  naturelle;,  de  hafalte 
verdatre.  Ce  précieux  relie  nous  montre^  felón 
Winkelmann,  une  des  plus  belles  figures  de  fan- 
tiquité  que  Fon  ne  fauroit  voir  fans  admiration , 
tant  pour  Tétendue  de  la  fcienee  que  pour  la 
fineííe  du  travai!. 

Les  tetes  de  hafalte  échappées  aux  ravages  du 
tew.&,  font  croire  qu'il  r/y  avoit  que  les  artilles 
habüe  s qui  travaiüaiTent  cette  pierre  : car  eíles 
font  co.nques  dans  la  plus  beau  ílyle ^ & rerminées 
avec  la  plus  grande  fineíTe.  11  y avoit  au  palais 
Verofpi  la  tete  d'un  ieune  héros-,  qu'’a€heta  feu. 
M.  de  Breteuil ambaiTadeiir  de  Malte  en  France. 
Winkelmann  a cru  y reconnoítre  un  kiteur  ^ á fes 
oreilles  de  pancratiaíle.  On  trouve  á la  villa  Albani 
une  tete  idéale  de  femme  , pofée  fur  un  bulle 
amique  de  porphyre.  'Winkelmann  poíledoir  une 
tete  de  jeune  homme  de  grandeur  naturelle  , de 
hafalte  dont  la  chevelure  étoit-  agencée,  d'une 
nianiére  finguüére. 

On  voit  a la^ villa  Albani  une  tete  de  Pluíon  ou 

Sérapis  j quí  eíl  hafalte  vertj  & dont  on  n’a 


B A S 

pas  reílauré  le  mentón , parce  qu’on  n’a  pu  trouver 
un  morceau  de  hafalte  de  la  méme  nuance.  Le 
palais  Giuítiniani  & la  villa  Mactei renferment 
chacune  une  tete  de  ce  méme  dieU;,  de  hafalte 
noir.  i!  y a á la  villa  Albani  une  téte  de  feinme 
plus  grande  que  nature,  de  hafalte  verdatre. 

Le  cabinet  du  capitole  renferme  une  tete  de 
Caligula  de  hafalte  noir.  On  voit  au  palais  Rofpi- 
glioíi  un  bulle  de  baftlte  verdatre , dont  la  valeur 
furpalLeroit  de  beaucoup  ceüe  de  tous  les  autres 
monumens  de  hafalte , sfii  repréfentoit  le  héros 
dont  on  iui  donne  ordinairement  le  nom  : c eíl  le 
premier  Scipion  rAfricain.  f^oyez  fon  articie.  Le 
plus  grand  nombre  des  canopes  que  i'on  trouve 
dans  les  coiledions  de  Rome , font  de  bafalu. 
Les  deux  que  Fon  voit  dans  le  cabinet  áu  caoi- 
tole , font  de  hafalte  vert ; ainíi  qfeun  trés-beau  , 
publié  autrefois  avec  les  curioíités*  de  Borioni. 

Dans  la  cour  du  palais  Mattel , on  admire  uu 
bas-relief  de  hafalte  xtrt  du  ílyle  imité,  repréfen- 
tant  ia  proceíiion  d'iin  facriíice.  Ldíis  qui  y eíi 
repréfentée  eít  aüée ; & fes  ailes  attachées  au- 
de flus  des  hancbes  , couvrent  & enveioppent  fes 
cuiíTes  & fes  jambes  j comme  les  figures  ailées  des 
médailles  de  Malte. 

Le  monument  le  plus  extraordinaire  de  hafalte 
qui  foit  á Rome  , eíl  dépofé  au  capitole.  II  repré- 
fente un  grand  finge  afíis  & fans  téte , dont  les 
pieds  de  devant  repofent  fur  les  genoax  des  jambes 
de  derriére,  avec  les  mots  grecs  fuivans  gravés 


fur  la  bafe  de  cette  figure  : “ Phidias  & Ammo- 
nius,  fils  de  Phidias , ont  fait  ce  monument 

Cfetoit  de  hafalte  ^ & de  hafalte  SOír  , fans 
doute , qu'étoit  faite  la  ilatue  de  Pefcennius  Niger^ 
que  Spartien  dit  avoit  été  ce  pierre  noire-,  & en- 
voyée  á cet  emipereur  par  un  roi  de  Thébes.  Oa 
la  voyoit  encore  au  tenis  oú  écrivoit  Spartien,- 
placée  au  faite  de  la  maifon  de  ce  prince  á Rome, 
& accompagnée  d'une  infcription  grecque.  La 
CQuieur  de  la  pierre  étoit  une  alluíion  au  nom 
de  Niger.  Du  relie,  FEgypts  n’avoit  pointalors- 
de  toi,  & Fon  ne  peut  entendre  ee  paíTage  que 
d'un  gouverneur  romain  , qai  rélidoit  á Theoes 
comme  vice-roi. 

Le  plus  gros  bloc  de  hafalte  qufea  ait  jamais- 
vu,  felón  Pline , fut  place  par  Vefpaíien  dans  1& 
temple  de  la  Paix.  C^étok  Foriginal  de  la  ftatue 
du  Ni! , que  Fon  voit  en  marbre  dans  la  eour  du- 
capitole.  Cette  belle  copie  antiqiie  nfeíl  que^de 
marbre  , ainíi  que  la  copie  moderne  que  1 on 
admire  á París  dans  le  jardín  des  Thuillerks.  La- 
ilatue  de  Memnon , placee  dans  le  temple  de  Se- 
rapis  á Thébes,  étsk  auffi  de  hafalte.  _ 

La  colledtion  des  antiques  du  roi  renrerme- 
pliifieurs  petites  ílatues  égyptiennes  ¿t  hafalte^ 
L'on  voit  auíTi  dans  le  cabinet  de  Sainte-Gene- 
viéve  une  Ifis  áe.- hafalte  noir-,.  & un  mufle  de  hort 
antique  de  hafalte  vert.  , 

B AS  CAUDA.  On  trouve  te  mot  barbar? 
Juvéoai  (Sai. 


B A S 

^¿de  hafcaiiias , & rrúlle  ef caria, 

L-n  anclen  :p;hoI:aí?:e  de  ce  poete  . dit  cue  Ies 
hafcaíidí  étojent  des  bafilns  dans  lefcnelson  lavoic 
les  \ cíes  a íaoire  : Sajcauca  ^ vaja  ubi  cálices 
lavaaantur^,  Ó cacahus-  Martiai  nous  apprend  que 
le  '¡Tíoz  bafcaudc  éíoit  bretón  {x:v.  pp)  , & qu'il 
£Voit  écé  adopté  par  les  E-cmains : 

Barbara  de  piciis  venit  bafcauda  Britannis 
Sed  ule  j aui  uiavult  dicerc  Bouia  Juauz, 

BASE.  Les  ñatues  fiirent  placees  fur  des 
Gcs  1 enfLnce  tie  la  Scu;ptiire  5 aíin  de  détacher  du 
plan  de  Tédilice  ou  da  terrein  ia  fratiie  ^ quí 
aaroit  paru  trop  coarte,  fi  elle  avoit  été  poíée 
immediatement  fur  la  terre.  Les  Egrptiens  pla- 
toujours  leurs  ítatues  fur  des  bafes.  !!s 
afíecterent  ir.éme  quelquefois  de  donner  á ces 
une  profondeur  ñ grande  relativement  á 
leur  largeur  & á leur  hauteur,  qu'elles  forment 
encore  aupurd  huí  un  caraólere  diítinaif  des 
fculpi.ares  de  ce  peuple.  Cet  alongement  fe  volt 
piincipa.ement  dans  les  bajes  qui  fuDportent  plu- 
iears  ítatues  égyptiennes  placees  Ies  unes  devant 
Jes  autres.  Les  Recueils  d'antiquités  du  comte  de 
Cay.us  en  renferment  plufieurs  de  cette  efoéce. 
Les  bafes  des  ñames  grecques  & latines  furent 
conítamment  cubiques  ou  rondes.  • 

1 ordinaírement  Ies  inferiptions  fur 

Jes  bafes  des  ítatup,  afin  qu  elles  fuííent  plus  rap- 
proenees  de^  i’ceil.  Les  ÉgyptieiiS  les  ornérent 
louvent  d hieroglyphes.  Les  artiñes  grecs  v écri- 
■ noms,  comme  o.ii  le  voit  fur  la  bafe 

du^ngede  bafalte  qui  eíl  au  capitole,  & fur 
I^lUiieurs  nrionumens  grecs.  II  faut  obferver  cepen- 
dant  que  les  premiers  arriñes  grecs,  & les  étruf- 
ques  leurs  fidéles  imitateurs,  n’écrivirent  pas  les. 
infcnptions  fur  les  bafes , mais  fur  les  cuiífes  ou 
jes  jambes  des  ñatiies..  Cette  bizarrerie  rompoit 
1 enfemble  de  la  figure ,,  & en  interrompoit  Thar- 
rnome. 

L ufage  de  graver  les  inferiptions  fur  les  bafes 
des  figures,.  _ne  fut  pas  conftant.  On  fe  contenta 
dans  le  déclin  ^ de  la  Sculpture , fur-tout  quand 
fiatues  étoient  élevées  , de  fufpendre  á ces 
íz/ej  des  tablettes  fur  lefquelles  on  écrivoit  avec 
oM  minium y.le  nom  des  héros  qu'elles  repréfen- 
toient,  celiii  de  leurs  peres,  & les  guerres  ou  les. 
^ploits  qui  les  avoient  rendus  célebres.  S.  Chry- 
foftome  parle  de  cet  ufage  (i/z  Pfalnz,.  xiii.)  j & 
Juvenal  y avoit  fait  alíufion.  par  ces  paroles  t 
■Langa  atque  injignis  honorum  pagina  (x.  jy.)  , que 
fon  fcholiañe  explique  par  ces  tablettes  énoncia-. 
tives  des  honneurs  & des  dignités  du-  héros. 

Lorfque  les  peuples.  irrites,  renverfoient  & brÜ- 
fcient  íes  ñames  de  leurs  opprefleurs  , ils  en  laif- 
“lent  quelquefois  fubliíter  les-bafes-s.  afin  qu- elles 
sppriiTent  á la  poftérité  leur  haine  & leur  ven- 
C'eñ  aúiJi  que  ie&  anciens  bahátans  de 


B A S 429 

Jacrmini  ^p  Sicile,  avant  oré  de  Itar  fbram  !a 
.ame  de  ; aviüe  erres,  e.n  iaiilcrent  fubfiiter  la 
pen:a;:t,  dit  Cicerón  il.  66.)  , qñi¡s 

accaoieroient  pms  furement  de  honre  ce  décré- 
a.ear  ,40^  ^pprenant  á leurs  defeend-ans  q-fils 
atoient  crue  la  ñafae,  qu’en  Lar  lahiant  iqnorer 
íi  jamais  on  Im  en  avoit  elevé  : Qubd  gavias 
in  ipu-m  fore  patabane  , f feireat  homines  Hataam 
ejas  a J aiironntanis  ejfe  dejeñam  ^ qnizm  J¡  nalíaui 
Jfsuam  pojitam_  arbitrarcntur.  Les  habitaos  de 
lyn^arus  les  imitérent , & laifférent  rubílfrer 
dans  leq-foram  le  cheva!  qui  avoit  porté  la  íLtue 
de  \ erres. 

^ Toutes  les-  bafes  miangulaires  qui  fe  trouvent 
aans  _ les  ^colle&or.s  d'antiques  , n’ont  pas  fervi 
de  pied  á des  candélabres,  ainfi  qu’on  le  penfe 
généraJement.  On  en  a trouvé  une  dans  les  fouilles 
d Otncoli , qu!  eñ  ternunée  par  une  cuvette  du 
méme  morceau,  de.ñinée  fans  doute  á fervir  d'au- 
j non  pour  bruler  les  viétirnes,  mais  pour  rece- 
voir  les  parfums  , les  libations  de  vin , de  iaic 
& ae  fang,  qui  fe  raifoíent  dans  les  factiñces  pou£- 
les  morts,  appelés  infaris. 

BASILE,  empereur  grec. 

Bas  XLIUS  Augustvs, 

Ses  médailles  font  i 
RR.  en  or. 

RR.  en  argén r, 

R.  en  B.  ' 

Basíle  II , fils  de  Romain  IL 
Basíjcius  -Augustus, 

Ses  médailles  fontt 
RR.  en  or. 

C.  en  bronze. 

O.  en  argent, 

BASILEE,  filie  d’üramis  & de  Titee,  Se  foeiír 
de  Rhéa  Se  des  Tiraos , paíToit  chez  les  habitans. 
de  í'Atlannde  pour  la  plus  fage  de  tous  les  enfans 
d’Uranus,  á qui  elle  fuccéda.  Elle  époufa  Hypé- 
rion,  celui  de.  fes  fréres  qu’elle  aimoit  le  pliis,, 
dont  elle  eut  un  fils  Se  une  filie.  J^oyei  Helius- 
8e  SÉLÉNE.  Les  Tirans,  fes  fréres,  ayant  fait: 
périr  les.  deux  enfans  de  Bafilée , elle  entra  ea 
fureur , courant  á travers  les  champs  , en  danfant, 
les  cheveux  épars,  comme  elle  aiiroit  fait  au  fon 
des  tambours.  Se  excita  la  compaffion  de  tous. 
ceux  qui  ia  voyoient.  On  fe  mit  en  devoir  de 
rarréter;  mais 'auíE  - rót  il  tomba  une  grande 
pluie.,  accompagnée  dTorribles  éclats  de  ton^ 
nerre,  pendanrlefquels  Síz/z/ée  difparut.  Le  peuple 
changeant  alors  fa  douleur  en  venération,  eleva, 
des  autels  á fa  reine , Se  lai  offirit  des  facrifices  au. 
bruitdes  tambours  Se  des  tymbales,  á Fimitatioa 
de  ce  qu  on  lui  avoit  vu  faire.  Cette  Bafilée  efir 
peut-étre  la  méme  que  Cybéle  5 Se,  felón  Selden,- 
que  rAmi’ca  S¿  la  déeíTe  céleñe  des  Carthaginois.- 
BAZIAEIA , féres  annuelles  célébrées  á Lébadée 
en  Bébtie,  fdoa  le  fcholiañe  de  Findare  {Olym^^ 
od.  yji-fi 


4’ o 


BIS 


EAi.'ASrS.  Voyez^  Ab,chonte-p.oi. 

BA2IAEYS.  Les  Grecs  onr  donné  quelquefois 
le  nom  ¿e  aux  jeur.es  céiars quoiqii'íls 

ne  ieur  avent  ianaais  donné  celai  de  ; témoin 
une  tr.édaiüe  du  jeune  Caracalla,  de  Vaillant,  fur 
lacueüe  on  lifoit  antgneinoc  Baci.  Mais  tous 
les  antiquaires  ne  convenoient  pas  que  cet  Anto- 
nia fút  Caracalia.  Le  P.  Jobert  cite,  á Fappui  de 
fon  Opinión,  que  nous  venons  d’expofer , Hanni- 
baiiien , que  GoníLantin  fit  appeler  rex.  Mais  le 
barón  de  la  Baftie  dit  que  le  P.  Jobert  avoit 
nai  choiíi  cet  exemple ; Hanniballien  n'ayant  ja- 
rr..’.!S  été  rd  imperator , ni  c&far.  Son  onde  luí 
donna  la  Cappadoce  & FArménie  , avec  le  íitre 
de  rex. 

Entre  Ies  médailles  de  rois  grecs  rapportées 
par  Spanheim,  on  en  trouve  une  de  Tryphon  & 
une  de  Tigranes . fnr  leíquelles  on  voit  réiinis  les 
deux  ritres,  bacíaetc  '&  ai'tokpato?. 
BASiLIA.  Fbyt?  Basilée. 

BASILICUM , regale.  Ces  deux  mots  étcient 
eniplovés  par  Ies  ccrivains  iatins,  pour  déíigner 
quélcue  chofe  de  magnifique  & de  riche.  C'eft 
ainíi  que  Plaute  appeilé  un  homme  vétu  de  riches 
habits,  hafilice  exornams  (Peen.  ul.  1.^74.)}  & 
haflliciLs  (Jiiidt  il.  4.  18.)  un  homme  célebre.  Le 
méme  écrivain  déíigne  encore  {Pfeud.  i.  j.  43.)  , 
par  le  mot  hajilicas , Fétat  le  plus  heureux  de  la 
vie.  Bafiiice  je  ge  ftjfe , défigne,  dans  Perfe  (j.  2. 
zí-)',  un  irdme  qui  avoit  joué  parfaiteir.ent  fon 
role. 

BASILICUS.  Les  anciens  défígnoient  par  ce 
mot  le  coup  de  dé  le  plus  avantageux  que  Fon 
pouvoit  anaener , en  tirant  au  fort , pour  élire 
un-  rol  da  feftln , arbiter  bibendi.  Comme  les  Grecs 
appeloient  ce  roi  /Sas-íAs-s-,  i!  eít  naturel  de  penfer 
qli’e  haplicus  devoir  déíigner  le  coup  de  dé  auqiiel 
il  deróit  fa  royauté  On  fait  que  c'étoit  le  méme 
coup  qui  portoit  ordinairement  le  nom  de  Venus; 
c'eíí-aédire , le  coup  qui  amenoit  des  pcints  ditré- 
rens  fur  Ies  quatre  des 

Cette  explication  eíL  de  Lipfe,  qui  s’en  fert 
pour  interpréter  naturellement  Ies  vers  fuivans 
de  Plaute  ( Cure.  il.  5 . 79.)  ; 

Palos  arrzpío  , invoco  almam  meam  natriceT/i  Jper- 
culem  , 

laño  bafilicum. 

Le  paraíite  , qui  fait  ce  récit  appelle , avec  raí  fon 
ie  íils  d'Alcméne  nutriccm  meam  , fa  nourrice  ; 
parre  que  les  anciens  confacrant  quelquefois  á 
ce  dieu  la  dixme  de  leurs  biens,  donnoienr  cans 
fon  temple  un  repas  public,  auquel  Ies  paraütes 
aífiftoient  trés-exañement. 

Turnebe  a pondlué  autrernent  ces  vers,  & a 
joint  Jierculem  avec  hafilicum  ¡ croyant  qu’ils  dtli- 
gnoient  un  herculc-roi  ^ ou  paré  des  ornemens  de 
la  rovauté  j chofe  inconnue  á toute  Fantiquité. 
BaSÍLINDEj  fétes  que  Fon  célébroit  en 


B A S 

Fhonneur  de  Venus  á Tárente.  Pollux  {llh.  5.) 
dit  que  ce  nom  défignoit  un  jeu  des  Grecs,  oú, 
celui  que  le  fort  avoit  fait  roi , commandoit  a fes 
camarades. 

BASÍLIQüE  , Basílica.  Les  Romains  déíi- 
gnoient  par  ce  mot  un  bátiment  fomptiieux , 
dans  lequel  les  magiftrats  rendoient  la  juftice  á 
couverc  5 ce  qui  le  diftinguoir  du  foram  , ou  les 
magíílrats  tenoient  leurs  féances  en  plein  air. 
Vitruve  décrit  fort  au  long  les  bafiliaaes , & Fon 
peut  conclure  de  fa  defeription , que  ces  báti- 
mens  confiftoient  ordinairement  en  une  vañe  falle 
tournée  vers  Forienr , comme  tous  les  édiñces 
publics  des  anciens , & partagée  en  tro:s  parties 
par  deux  rangs  de  coíonnes.  La  partie  du  milieu 
étoit  terminée  d'un  coré  par  la  porte  principale, 
& de  Fautre  par  une  vafte  niche  ou  renfoncenient 
áemi-circulaire , dans  lequel  on  plaíjoit  les  íiéges 
des  magiftrats  qui  rendoient  la  juíbee  dans  la  bafi- 
/Ijüe.F.  Chalcidicum.  Les  deux  parties  laterales 
ou  Ies  deux  alies  ifavoient  pas  la  méme  élévation 
que  celie  du  milieu  ; elles  étorent  traverfées  par  un 
plat-fond  qui  fupportoit  des  galeries  ou  des  falles 
liantes,  ayant  leurs  ouvertures  fur  la  partie  du 
milieu , afin  que  Fon  p-út  voir  les  magiftrats  de 
tous  les  points  de  la  bafiLique.  Ces  gaieries  for- 
tnoient  un  étage  fur  les  ailes : des  juges  inférieurs 
y terniinoient  les  différends  de  moindre  impor- 
tance;  le*  avocats  y donnoient  leurs' con fulta- 
tíons.  Se  les  jeunes  orateurs  s’y'  exercoient  quel- 
Quefois  á la  déclamation.  Les  ailes  étoienc  fouvení 
accompagnées  de  falles  exr-érieures , femblables  aux 
chapeües  placees  autour  des  bas-cótés , dans  les 
égli'fes  gothiques , & qui  font  ¡es  copies  de  ces  ailes. 

Dans  les  moindres  bajlliques , Íes  aiies  étoient 
oceupées  par  des  boutiques  de  marchands,  & on 
les  échauffoit  en  hiver,  á caufe  de  ces  négo- 
ciaiis.  A'itruve  (v.  i.)  : Bafdicarum  loca  adjunda 
foris  quam  calidijjimis  partibus  eportet  confiitai , 
ut  per  kyemem  fine  molefiia  tempeflatum  fe  con- 
ferre  in  ea  negcúatores  pojfent. 

Dans  Ies  fouiiles  faites  á Gtricoli , fous  le  pape 
Pie  ly,  on  a-  découvert  une  hafilique.  11  étoit 
impoíTible  de  la  confondre  avec  un  temple , parce 
que  ceiui-ci  a pour  Fordinaire  des  coíonnes  tout 
autour  de  la  celia;  tandis  que  cette  hafidique^  eft 
renfermée  par  un  grand  ir.ur  plein  Se  dénué  a or- 
nemens. Elle  eít  comme  divifée  en  trois  parnés 
par  deux  rangs  de  coíonnes , & entouree  de 
chambres  ou  falles  particuliéres.  La  porte  eít  nue ; 
on  fait  que  celle  des  temples  étoit  fort  ornee. 
A Foppoíite  de  la  porte  eft  un  enfoncement  cir- 
culaire , dans  lequel  on  plapoit  fans  doute  le  tri- 
bunal. 

L'églife  de  Saint-Fhilippe  du  Roule  a París , 
offre  la  méme  conftruclion  intérieure , Ies  galenes 
exceptées.  ^ 

Publius  Viélor  comptoit  de  fon  tems  dix-neu 
bafiliquts  dans  Rome , & Fon  fait  qu  il  en  eto.t 
tombé  deux  avant  le  tems  oú  il  écfivoit.  Le 


B A S 


nombre  ne  doi:  pis  étonnerj  parce  qii'i!  y avoít 
une  ^^iHiquc  joinre  á chaqué /¿rü.T?  ^ aSn  que  Ies 
inar.íh-árs  puílént  s^y  re'tirer  pendant  Ies  tems 
plavieux.  Le  nom  de  hafilique  remplaca  méme 
que'quefbis  celii!  At  fori¿-n  ; de  maniere  que  par  la 
vajiLique  de  Kerva^  de  Trajanj  Scc.  c’eft  leurs 
fcrum  qa’il  faut  entendre.  11  ne  paroit  pas  que 
je  contraire  íoít  jamais  arrivéj  c'eíl-á-dire , que 
Ton  ait  déflgné  quelcue  hafilique  par  le  nom  de 
forum. 

C'étoit  dans  Ies  bafiliques  que  Ies  centumvfrs 
& les  tribuns  rendoient  la  juílice.  Fline  ie  jeune 
nous  a confervé  la  maniere  dont  on  étoit  place 
dans  ces  bátimens  immenfes.  Les  juges  fe  par- 
tageoient  en  quatre  compagnies  ou  tribunaux  ; 
autour  d’eux  fe  piaqoienr  les  jiirifconfulres  &:  les 
avocarsj  & de  nombreux  auditoires  les  entou- 
roienr.  Le  reíre  de  la  hafilique  & récage  fupé- 
rieur  étoient  remplis  d’hommes  & de  fesmes, 
qui  re  pouvoient  que  voir  rendre  les  jugemens  ^ 
étant  rrop  éloignés  pour  Ies  entendre  {epifi.  vi. 
33-  3.)  : Sedebant  judices  centum  & o Bogiata  q tot 
enim  quatuor  confiliis  conficribumur  q ingens  atraque 
advocatio  ^ & numerofa  fukCeUia  q pr&tered  derfia 
circumfiantzum  corona  latijfimum  judicium  multi- 
pl::¿  Circulo  amhibat.  jld  hoc  fiipatum  tribunal  ¡ 
a'que  etiam  ex  fuperiore  hafiUcs. parte , qudfKmin.&  ^ 
qua  viri  , & audiendi  , quod  erat  dificile  ^ quod 
fiadle  , vzfiendi  fiudio  imminebant. 

Le  nom  de  hafilique  a eré  confervé  parles  Ro- 
mains  modernes.  lis  ne  le  donnent  plus  á des 
falles  de  juíliccj  mais  aux  principales  églifes  de 
ieur  ville. 


par 


La  hafilique  de  Sainte  - Agnés  fut  bárie 
Ccnilantsn  ^ hors  de  Fenceinte  du  Vimina!. 

ÍjZ  hafilique  Alexandrine  fut  bárie  par  Alexan- 
dre-Sévére  3 ^ntre  le  champ-de-Mars  & les  fspta 
ü'Agrippa.  Elle  étoit  longue  de  müie  pieds  ro- 
mains  anciens^  large  de  cent  pieds  , &:  portée 
entiérement  fur  des  colcnnes.  La  mort  trop 
' prompte  d'Alíxandre  empécha  de  la  voir  finir. 
Lampride , ( Akx.-Sév.  c.  16 ■ ) 

La  kafij.ique  Antonine  étoit  placee  j felón  Yic- 
tor  ^ dans  la  neiíviéme  región  appelée  le  cirque 
de  riam'.mus.  On  croyoit  autrefois  que  la  douane 
de  terre  étoit  conítruite  fur  fes  ruines  ; mais  Kar- 
dini  a refuté  victorieufemenr  cette  opinión  j & 
il  affure  que  c’étoit  un  temple  d'Anronin  j & 
non  Ta.  ha^lique. 

La  bnpblique  des  Orf  hvres  ^ hafilíca  argentaría, 
On  en  ignore  la  iituation.  Paullus  ( leg.  32  , í.  4. 
de  aur.  leg.  ) en  fait  mention.  Cétoit  un  báti- 
ment  vouté,  foutenupar  des  colonnes  & entoiiré 
de  boutiques  d'orfévres. 

La  hafilique  Bafiellaria.  Viélor  Tappalle  vaCed- 
earfi,  d’autres  vdfiellaria.  On  en  ignore  la  íi- 
tüation. 

fifi-p.  hafilique  de  Calus  & de  Luciiis  , fils  adop- 
tus  d Auguíle  , fut  bátie  en  Ieur  honneur  par  ce 
prmee , ainf  que  fon  portique.  Queiques  - uns 


B A S 431 

veu.ent  la  reconr.oítre  dans  les  ruines  d’un  báti- 
vqúté  qui  font  placees  entre 
1 ega.e  de  fainte-Eibiane  j & les  inurs  de  Rome. 
L^ríi.ni  n eít  pas  ce  cet  avis  j paree  que  ces  ruines 
n ont  aucune  analogie  avec  ia  delrription  que 
\ icruve  nous  a lailfée  des  bdfiliques  q S¿  il  croit 
qud^faut  la  chercher  plurót  dans  Ies  reftes  du 
temple  de  la  fortune  virile  ^ auorés  de  laoueíie 
on  a trouvé  Ies  inferiptions  fuívantes  v sravées 
fur  des  pierresde  r'efpéce  appelée  rravírtM 

C.  CAESARI.  AXJGUSTí.  F 
PONTIFICI.  eos.  DESIGNATO 
PRINCIFI.  JÜVENTÜTIS. 

Et  Tautre : 


í.  CAESARI.  A-ETGUSTI.  F 
AUGURI  eos.  DESIGXATO 
PRINCIPI  JÜVENTÜTIS. 

La  hafilique  de  Conftantin  fut  bátie  par  cet 
empereur  ^ dans  la  quatriéme  région  appelée  du 
temple  de  la  paíx.  On  la'nómma  depuis  ia  éafi- 
lique  du  Sauveur  , & elle  a été  remplacée  par  la 
hafilique  de  S.  Jean-de-Latran. 

_ La  hafilique  de  la  Croix  fut  bátie  par  Conílan- 
tin  5 á rextrémité  de  la  colline  des  Efquilies. 

La  hafilique  Flofcellaria.  Viñor  r.appelle  fdíi- 
celli  d'autres  fiofcelli  q Se  c'eíl  tout  ce  que 
Ton  fait  de  cette  hafilique. 

La  hafilique  Fulvia  fut  bátie  par  le  confuí  Paul- 
las  ^ fur  le  forum  ^ s roppoíite  de  fendroit  oa 
fut  depuis  conñruite  la  hafilique  Julienne.  Elle 
étoit  magnifique,  & avoit  coúté  1500  talens 
envoyés  des  Gaules  par  Ctfar. 

La  hafilique  de  faint-Jean  dans  le  palais  de 
Latran  , fut  bátie  par  Coníiantin , fous  ñora 
de  hafilique  du  Sauveiir.. 

La  hafilique  Julienne  étoit  bátie  fur  ¡e  forum  , 
auprés  de  la  ílarae  équeílre  de  Dominen,  qui, 
placee  dans  le  milieu  de  cette  place  célebre /re- 
gardoít  le^palais  des  Céfars,  au  bas  duque!  cette 
hafilique  étoit  bátie.  Vitruve  qui  en  avoit  été 
Tatchite-fie , nous  en  a laiífé  ía  deferipdon  (v.i.). 
Les  centumvirs  y jugeoient  les  caufes  qui  étoient 
de  Ieur  reifort.  Pline  {epifl.  v.  11.).  Defcende- 
ram  in  Bafilicam  Jaliarn  auditurus  , qaibus  pró- 
xima comper endinatione  refpondere  deberem.  Sede- 
hant  judices  , Centumviri  venerant  , obfervaban- 
tur  advocad.  Les  magiilrats  qui  rendoient  la 
juítice  dans  cette  hafilique , fe  divifoient  en  quatre 
comités  ou  tribunaux,  comme  nousPavons  vu 
dans  un  paíTage  de  Pline  , cité  plus  haut.  ■ 

La  hafilique  de  S.  Laurent  fut  bátie  par  Conf- 
tantin , hors  de  la  porte  des  Efquilies. 

La  hafilique  ce  híarciane  , foeur  de  Tra;an  , 
fut  élevée  par  cette  princelfe  , dans  la  neuviéme 
région  appelée  le  cirque  de  Flaminius. 

On  vovoír  dans  la  méaie  région  une  hafilique 
de  Maíiüíe , niece  de  Trajan,  & filie  de  Jíarciane. 


43  s 


B A S 


La  bafdlque  de  Neptune  prit  fon  notn  d’un 
temple  j ou  d'une  ftatiie  de  ce  dieu. 

La  bafilique  d’Opiinius  étoit  dans  le  forum  ; 
les  centumvirs  y jugeoient  des  caufes  de  peu 
d’imoortance. 

La  bajilique  de  Paul-Emiíe  j eft  la  méme  que 
celieappe'éeplus  hant  Fulvia. 

Les  bafiliqucs  ái.  S-  Fierre  & de  S.  Pauí_,furent 
báties  pSr  Conilantin  , toutes  Ies  deux  hors  de 
Rome ; i’une  fur  le  Vadean  ^ 8c  Tautre  fur  le 
chemin  d'Oí'tie. 

La  bafiUqae  Porcia  etoit  contigue  á la  Curie  j 
& elle  fouffrit  beaucoup  dans  rincendie  qui  con- 
fuiría ia  Curie  j,  lorfqifon  brula  le  corps  de  CIo- 
diüs,  dans  le  forum.  Les  tribuns  du  peuple  y 
teacient  lears  féances.  Le  nom  de  Porcia  luí 
fut-donné  á caufe  du  confuí  L.  Porcius,  qui  la 
bátit  avec  fon  coüégue  P.  Claudius  , Tan  yéó  de 
Rome.  Elle  touchok  á la  Curie  j mais  elle  étoit 
fituée  fur  un  terrein  plus  bas. 

hzhajíliqüe  du  Sauveutfut  batiepar  Conñantin;, 
dans  le  palais  de  Latran. 

La  bafilique  Sempronienne  étoit  placee  á Toc- 
ddent  du  forum , dan.s  Tinterfedion  de  la  rué 
apoelée  Thufeus  8c  du  Vélabre.  Elle  prit  fon  nom 
de  T.  Sempronius  qui  la  íit  batir  fur  le  terrein 
de  Fancienne  maifon  de  P. •Scipion  FAfricain. 
Comme  cette  bafilique  étoit  entourée  d’ouvriers 
en  laine  & de  marchands  , on  y jugeoit  les  cau- 
fes rélatives  au  négoce. 

La  bajiliqae  Sejforietim  devint  Féglife  de  Sainte- 
Croix  de  Jérufalem. 

La  bafiiique  de  Sicinius  étoit  placee  dans  la 
cinquiéme  pégion  , ceile  des  Efquilies.  On  voit 
que  Féglife  de  Sainte-Marie-Maíeure  en  a pris 
la  place.  Comme  il  y avoit  une  boucherie  ( ma- 
cíllum')  fur  la  colline  des  Efquilies,  on  peut 
croire  que  cette  bafdiajie  étoit  deítinée  aux  juges 
des  caufes  relatives  á cet  établiíTement  pubiie. 

.La  bafiiique  de  Trajan  étoit  bátie  fur  fon 
forum,  Lampride  en  parle  dans  la  vie  de  Commode. 

BASILISQüE  , empereur  grec.  Basiliscüs 
Augustus. 

Ses  médailles  font: 

RR.  en  or,  8c  RRR.  avec  fa  tltej  fon  nom 
P-  celui  de  fon  íils. 

RRR.  en  argent. 

O.  en  B. 

EASILISSA  , reine  : nom  fous  lequel  Venus, 
étoit  honores  par  les  Tarentins. 

BASQUE.  ( tamboiir  de  ').  C’eft  le  tym-panum 
des  anciens  , celui  que  portent  ordinairement 
Cybéle,  les  Bacchantes  8c  les  danfeufes  des  pein- 
íures  anriques-  11  eíl  piat,  garni  d’une  feu'e  peau ; 
Zí  Kois  qui  la  porte  , a trois  ouquarre  pouccs 
de  hauceur.  V oyeq_  Tameojjr.. 

BAS-RELIEFS.  Voye^  Reíiefs  ( has ). 
BaSSARá.  Bassae.ís. 


BAS 

BA.SSAREUS , furnom  de  Bacchus,  pris,  felón 
les  uns , de  Baffarus , boiirg  de  Lydie  , oü  ii 
avoit  un  temóle  j ou  felón  d'autres , d"une 
forte  de  robe  .iongue  , appelée  bajfara  &'  bafaris^ 
que  Eacchus  avoit  couturae  de  porter  dans  fes 
voyages.  DVurres  philologues  dérivent  ce  nona 
du  mor  gctc  jsbCjív , crier;  á caufe  des  hurle- 
mens  8c  des  cris  que  faifoient  entendre  fes  prc- 
tres  Se  fes  fuivans. 

BASSARIDES , nom  q^on  donnoit  aux  Bac- 
chantes,  comme  prétreíTes  áeBícchns-BajTarus  ■ 
elles  étoient  alors  vétues.de  longues  robes,  faites 
de  peaux  de  loups , de  renards  , de  iinx  ou  de 
panthéres.  On  a voulu  dériver  auffi  ce  nom  d’une 
efpéce  de  chauffure  des  Lydiens,  qui  fe  fabri- 
quoit  a Bajfarium  , ou  Baffarus , ville  de  ieur 
contrée. 

BASSARIS.  Robe  longue  que  Eacchus  avoit 
portée  dans  fes  voyages , Se  que  les  Bacchantes 
portoient  á fon  imitation.  Stace  la  décrir  comme 
une  robe  tres- ampie  8c  traínante  , ornee  de  filets 
ou  de  fleurs  d’or.  ( Ackill.  i.  i6i.  ) ; 

Si  decet  auratá  Bacchum  vefiigia  palla 
Verrere. 

Eacchus  paroít  fouvent  vétu  de  Izlaffaris , fur 
Ies  monumens  antiques.  On  le  voit  ainíi  habillé 
fur  un  beau  vafe  de  marbre  du  palais  Earnéfe  , 
& fur  un  plus  grand  de  la  méme  matiére , con- 
fervé  au  cabinet  d’Herculanum.  II  paroít  méme 
plus  fouvent  de  cette  maniere  fur  les  pierres  gra- 
vees Se  fur  Ies  vafes  de  terre  cuite.  Lepluspré- 
cieux  de  ces  derniers , eíi  gravé  dans  la  coüec 
non  d’Hamilton  , & efi:  confervé  dans  le  palais 
de  Porcinari,  á Kaples.  'On  y voit  Bacchus  avec 
de  la  barbe  , couronné  de  lauriers,  8c  vétu  d’unc 
robe  élégamment  brodée. 

B A S S I N , fiagnum.  II  paroít  que  le  balfn 
d’Ágrippa  étoit  dans  fes  jardins,  plutót  qu’au- 
de!á  du  Tibre,  oú  le  placent  quelques  écrivains 
modernes.  G’eíl;  fur  ce  bajfir,  que  Nerón  fit  conf- 
truire  un  radeau,  qui  portoit  une  rabie  fervie 
avec  des  convives , 8c  que  d’autres  bateaux  trai- 
noient  pendant  le  repas.  Tacite  {Anual,  xr-,  37. 2.). 

Nerón  fit  conñruire  un  bafiu  ou  une  nauma- 
chie  auprés  de  Famphirhéátre  de  Flavius;  peut- 
étre  dans  le  terrein  bas  qui  fe  trouve  entre  cet 
amphithéátre , Ies  Efquilies  8c  la  parné  fepren- 
trionale  du  mont  C csliiis.  I!  en  fit  conítruire  un 
autre  dans  ia  valiée  du  vatican.  Tacite  (Anu.  xir- 
14.  3.) 

B AS  SUS  , furnom  des  familles 
8c  Ueíztivia. 

EA-STA , en  Italie.  rYBASTEiNí2M.^  ^ 

Les  médailles  autonames  de  cette  ville  font: 

RRRR.  en  bronze.  (Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  argeat. 


Bástago 


B A S 

BASTA  G A.} 

B A S T A G -ff.  ^ On  déíignoit  dins  !e  bas- 

BASTAGARII.y  Empire  un  poids  , une 
charge,  par  !e  mor  bafijiga.  Herychius  dit, 
fiíics.  Baftags.  défignoir  une  charge  ou  impoíi- 
tion  publique  , par  iaquelle  on  écoit  contraint 
de  tranfporter  des  eíFets^  des  fardeaux des 
grains  ^ &c.  deftinés  pour  l'empereur  , ou  pour 
quelque  approvifionnement  public.  ( Cod.lcg.  3. 
He  C ohortalibiis  ).  Perfonne  n'en  étoit  exempt  ^ 
ni  ¡es  oíBciers  de  Pempereurj  ni  les  ecdéñaf- 
tiques.  {Ibid.  leg.  3.  ).  Ceux  qui  faifoient  ces 
tranfports  , s^’appelo'ent  bafiagiarii.  lis  étoienc 
fous  Ies  ordres  de  cinq  chcfs  qui  obéiíToien!:  cux- 
mémes  au  comte  des  LargeíTes.  Uofficier  appelé 
Tertiocerius  ^ indiquoit  Pordre  & la  nature  de 
ces  tranfports  ^ & Pefpéce  des  chofes  qudl  fai- 
loit  tranfporter , telles  que  le  bled  pour  I'appro- 
viuonnement-  de  Confian tinople  , ou  l’argent 
du  íifc. 

BASTERNEj  hafierna,  vient  du  grec  je 

porte.  Cétoit  une  voiture  dont  fe  fervirent  les 
dames  romaines , comrae  elles  avoient  fait  da 
carpentiLm  , ou  chatiot  couTert.  Le  fcholiañe  de 
Juvénal  (ir.  zi,),  nous  dit  qu'ellc  fembloit 
étre  réfervée  aux  femmes  feules  : efi  bafierna  ve- 
hiciilum  unde  fpeculabaiitiír  matrons..  On  ne  peut 
donner  une  meilleure  idée  de  la  baflerne , qu'en 
la  comparant  á nos  lideres,  voici  la  defcription 
qu'en  fait  un  anclen  poete dans  une  épigramme 
de  la  colleétion  de  Pithou  , ( i.  edit.  Lugd.  ) : 

Aurea  matronas  claudit  Basterna  púdicas  , 
Qua  radians  patulum  gífiat  utrumque  latas  : 
Hanc  geminas  portat  duplici  fub  robore  burdo  , 
_ Provekit  & módica  péndula  fepta  grada. 
Provzfum  efi  cante  , ne  per  loca  publica pergen^ 
Facetar  vijis  cafla  marita  locis. 

On  volt  par-lá  qu’elle  étoit  portée , & non 
trainée  par  deux  mulets  appelés  burdones  ou 
manni.  De-lá  vient  qu'il  faut  lire  dans  les  glofes 
d’Iíidore  : Bafierna  teña  mannalis  , & non  ma- 
naalis.  Cette  derniére  lefon  feroit  confondre  la 
bafierne  , avec  la  chaife  á porteur  des  anciens  , 
leclica , qui  étoit  portée  par  des  homines. 

La  bafierne  étoit  fermée  entiérement  , ce  qui 
la  fit  appeler  cavea.  S.  Jérome  , ( ep.  zz. ) : prs- 
cedit  caveas  baflernarum  ordo  femi-virorunz.  Elle 
étoit  garnie  de  couffins  , mollibus  ftramenvs  com- 
pofita  3 dit  Ifidore.  Ses  ouvertures  étoient  fermées 
avec  des  feuillets  de  la  pierre  appeiée  fpécu- 
laire  3 le  tale  j ce  qui  les-  faifoit  briller  á la  lu- 
miére  , radians  latas. 

BASTONADE.  C’étoit  la  peine  des  efclaves. 
Elle  étoit  auffi  en  ufage  dans  les  camps  , oü  les 
Centurions  portoient  un  báton  de  vigne , pour 
Karque  de  leur  dignitéj  & ca  frappoieat  Ies 
Antiquicés  , Tome  I. 


-Oi3.ats  ¡ents  ou  pareíTeux.  Ce  chátiment  ne  déf- 
honoroit  pas  , cotnme  le  dit  exprelTément  Pline 
1 apelen  (xir.  1.  y ; Centarionam  in  mana  vitis , 
opirno  premio  tardos  ordines  ad  lentas  perducit 
aquilas  : atque  etiam  in  deliciis  peenam  ipfam  ko- 
norat.  On  doit  foigneufement  diílinguer  cette 
bafionade , du  fupplice  des  bátons  , fuflaarium  , 
qui  étoit  infamant  & qui  emportoit  la  mort  da 
loldat  coupable.  Voyeq^  Eaton  ; Se  du  fupplice 
des  verges  ou  du  fouet , fafligatio , qui  étoit  la 
punition  propre  aux  efclaves. 

BATALES.  Nomd’un  joueurde  flúted’Ephéfe3 
qui  fe  fervit  le  premier  fur  le  théátre  d'une  chauf- 
fure  de  femnie.  II  exercoit  d’ailleurs  fon  art  d’une 
maniere  molle  & efféminée  ; de  - lá  vint  qu’oit 
deíigna  par  fon  nom  Ies  hommes  de  ce  caraáére. 
Les  ennemis  de  Démoílhéne  lui  prodiguoient  les 
injures3  & en  particulier  le  reproche  de  molleífe, 
en  Pappelant  Batalas. 

BATARD.  Voyeq^  le  Di(3;ionnaire  de  Jurif- 
prudence. 

BATARDEAU-  Nous  voyons  dans  Vitruve 
3.)3  que  les  Romains  conftruifoient  des 
batardeaax  pour  fonder  des  piles  de  maqonnerie 
ou  des  digues.  lis  formoient  dans  l’cau  une  en- 
ceinte  de  pieux  qu’ils  entouroient  de  fortes  plan- 
ches 3 St  ils  épuifoient  enfuite  l’eau  qui  étoit  ren- 
fermée  dans  cet  efpace.  Ils  les  appeloient  ares, 
aquariñ. 

BATEAU.  Voyei  Barqüe. 

BATELEUR.  Voyeq_  CHARLATAN. 

BATELIER  3 celui  qui  conduit  des  bateaux 
fur  les  riviéres.  II  y avoit  á Rome  une  com- 
pagnie  de  bateliers  pour  la  navigation  da  Tibre  , 
collegium  nautaram  Tiberis.  Paris  avoit  un  pareü 
établilTement  3 comme  ii  paroit  par  un  monument 
du  tems  de  Tibére  , trouvé  en  creufant  , vers 
le  commencement  de  ce  ílécle  3 Ies  fondemens  du 
maitre-autel  de  i'églife  de  Notre-Dame  j fur  le- 
quel  on  lit  ; naate  parzjiaci. 

BATH  3 mefure  de  capacité  de  TÁÍie  & de 
I’Egypte.  Voyeq^  Ephad. 

B.ATHIM  3 mefure  de  capacité  de  rA.5e  & de 
l’Egypte.  Voye-^  Mstretes. 

BATHOS  3 vallen  d’ .Arcadle  3 íirué  aux  envi- 
rons  & á la  gauche  de  l’Alphée.  C’eíl  ainíi  que 
Paprelcient  Ies  gens  du  pays.  Ils  y célébroient 
tous  les  trois  ans  les  myitéres  des  grandes  df  effes. 
On  y vovoit  la  fontaine  Olympias  3 qui  3 difoit- 
on  3 étoit  á fec  de  deux  années  Pune  3 & dans 
levoifinage  de  Iaquelle  des  tourbillons  de  ftarame 
fortoient  de  terre.  Ce  fur-lá  3 fe'on  les  Arca- 
diens , & non  auprés  de  Pelléne  en  Thrace  , ove 
les  géans  conibattirer.t  conrre  les  dieux.  C’eit 
pourquoi  ils  facriSoient  aux  rempétes  , aux 
éclairs  8E  aux  foudres.  La  ville  de  Baíllie  éroit 
íituée  á dix  Hades  de  ce  vallen. 

B ATURA CISMUS.  Bulcngerus  , dans  foa 

li  i . 


434  B A T 

Traite  des  théátres  des  ancienSj  dit  que  !e  ha- 
thracifmas  étoit  une  partie  de  ia  !yre  ^ qui  imi- 
toit  le  chant  de  la  grenouille  , appelée  en  grec 
piiis  vraifemblable  que  c’étoit 
une  maniere  particuliére  d’en  pincer  les  cordes. 

ba©y'maaaos  , lame  épaifíe  ot  coiirte. 

SAGYSTAOTNTESj  vétus  de  robes  icngues  V. 
Thessaliens. 

BATHYlLüS.  Alexandrin  célebre  parle  haut 
degre  de  petieítion  oü  i!  porta  Tart  de  la  pan- 
tomicne.  ií  vivoit  lous  Auguite  , & étoit  cheri 
ce  .Mécéne.  Le  détaii  des  fujets  de  fes  pan- 
tomimes  embraíToit  tout  ce  que  la  nature  ^ ¡a 
fable  & i'hiíloire  renfermoient  ; témoins  les 
amours  de  Leda  & da  Cygne  : ce  qui  furpaífe 
ioute  croyance. 

BATHYLLICA.  II  y avcit  une  danfe  de  ce 
nom  , exécLitée  par  des  hommes  & des  femmes , 
en  i'honneur  dApsilon  & de  Diane. 

EATL4CE  j vafe  á boire  , en  ufage  chez  Ies 
Feries.  Uiphilas  i’appelle  ^c.TiáK-^  & fhilémon  ^ 
sité  par  Athenée  ( .yj.  &■.  484.  ) ^uTt¿<,>uci.  Arif- 
tote  , dans‘  fon  Recuei!  irititulé  dz  MirabUlbus  , 
dit  qu'ii  y avoit  dans  Jes  índes  une  efpéce  de 
ctuvre  íi  bríllant  ^ íi  pur  & íi  exempt  de  rouüíe  j, 
qu'on  ne  pouvoit  le  diñinguer  de  For  par  la 
eoüleur  feuíe.  II  ajoure  que  le  tréfor  de  Darius 
renfermoic  pluíieurs  vafes  de  ce  métal  appelé 
batiace  , Se  qu’ii  étoit  iinpoffible  de  le  diñinguer 
de  For , autrement  que  par  Fodeur. 

Cette  efpéce  de  cuivre  dont  étoiení  fabriqués 
les  batiaces  , avoit  la  méme  couleur  que  For  ^ & 
E°en  diíféroit  que  par  Fodeiir  ^ c’eñ-a-dire,  par 
ceüe  qai  accompagne  touioars  le  cuivre.  11  eñ 
facíle  aprés  cela de  la  déterntiner.  On  fait  que 
For  des  anciens  étoit  plus  pile  que  le  notre  j 
parce  qiFüs  Fallroient  avec  Fargent  qui  le  blan- 
chit  j & qiFau  contraire  c'eñ  avec  du  cuivre 
que  nous  faifons  cet  ailiage  ; d’oú  vient  a notre 
©r  fa  couleur  rougeátre.  Arnii  , ce  cuivre  étoit 
d'an  jatina  palé,  Sr  confervoit  fon  odeur  propre. 
A ces  deux  caractéres  on  peut  reconnoitre  le 
laiton  , ou  le  cuivre  melé  de  zinc.  Le  hafard 
avoit  peut-étre  ftít  rrouver  dans  les  Indes  une 
mine  de  cuivre  accompagnée  de  calamine  ou 
chaux  de  zinc  ; 6c  de-!á  fertoient  les  batiaces. 

^ BATILLUS  , efpéce  de  réchauJ  poftatif  fur 
lequel  on  bruloit  des  parfurnsg  Se  que  Fon  por- 
toic  par  honneur  devant  les  magiñrats  de  Rome. 
Horace  ( i.  Sat.  j.  v.  34.  ) fe  moque  du  gref- 
fier  de  Fondij  AuHdiiis  Lu.ñus  , qui  étaloit  cians 
cette  petíte  ville  les  mémes  honneurs  que  Ies  pre- 
tniers  magüínts  de  Rome  : 

Fundos  Aufidio  Lufeo  Pri-lore  lihenter 

Linquimus  , i.-.fa.ii  ridentes  -pr&mia  fcrlhsL  ^ 

Fr&textam  & latUTyi  cla.'vum  j^ruTi&Qiie . hatzllum, 

BATIOLA  1 vafe  a boire  qui  étoit  queiqus- 


B A T 

fois  d’or.  Plaute  {Sdck.  v.  4.  12.  ) batloús  bt~ 
bunt  : & Flautus  Colace  dans  Monnius  (xv. 
batiolam  auream  oño  pondo  kabuit... 

BATIMENT. ")  Voye^  le  Diciionnaire  d’ar- 

B A T IR.  j chiteéfure. 

BATO.  Voyez  GL.ADiATEüR-Pamjf/L 

EATON  5 écuyer  d’Ainphiaraüs  ^ qui  fut  en- 
glouti  avec  fon  maítre  ; on  lai  rendir  un  cuite: 
dans  le  temple  de  ce  demi-dieu.  P".  Aivíphia- 
RAUS. 

Bato  x.  La  peine  du  báton  , fiifiuafium ,, 
n’étoit  en  ufage  que  pour  ¡es  foldats  & dans  les 
camps.  Poiybe  la  décrit  ainíi  ( 3,r.  ) « Le 

tribun  faiíit  un  báton.  & en  frappe  légérement  le 
coupable.  A Finñant , tous  ceux  qui  font  dans 
le  camp  tombent  fur  lui  armes  de  bitons  & de 
ierres , & FaíTomment  le  plus  fouvent  dans 
enceinte  du  camp.  Si  quelque  coupable  parvienc 
á s’échapper  8c  á franchir  Ies  limites  du  camp , 
il  n'en  eíl  pas  moins  miférable  : car  il  ne  lar 
eñ  pas  permis  de  retourner  dans  fa  patrie  ; 8c  ¡i 
eñ  défendu  aux  íiens  de  le  recevoir  dans  leurs 
maifons ; de  maniere  qu'on  doit  regarder  comme 
morts , tous  ceux  qui  font  condamnés  au  fup- 
plice  des  bátens.  Les  hiñoTÍens  romains-  nous 
fourni|íent  pluíieurs  exemples  de  foldats  punís  de 
la  forte.  Hirtius  ( de  Bello  Hifpanico  , c.  zj.  ) , 
parle  dñm  foidat  qui  périt  fous  Ies  hátons , 
pour  avoir  affaíGné  fon  frére  dans  le  camp, 
bolabella  , foas  le  régne  de  Tibére condamna 
chaqué  dixiéme  foidat  déune  legión  déshonorée, 
á rnourirpar  ce  fiippüce.  Tacite  Anual,  til., 
zi.  I.).  11  V avoit  cuatre  crimes  principaux  pour 
lefaLTels  on  faifoit  rnourir'  fous  fes  hátons.  Cé- 
toient  1°.  le  vol  dans  le  camp;  2° Je  faux-té- 
moígnage  ; 3^’.  le  défordre  des  moeurs;  4°.  une 
faute  deja  pirnie  légérement  trois  fois. 

Eaton  coiirbé  des  bergers.  ") 

des  divinités  champétres.  % U Pedum, 

des  acteurs  comiques.  3 

Baton  augural.  Vbyeq_  Lixocs. 

- Baton.  Les  chantres  qui  parcouroient  la 
Gréce  en  répétant  les  poemas  d’Hoinere  , fu- 
renr  appelés  Va-\>ah¡,  ou  r.ipfjdcs ; parce  qu'ils 
portoient  un  báton  rouge  en  chantanr  Filiade  , 
Se  un  jaune  en  chantant  FOdyíTée. 

Le  báton  noueirx  & la  befaca  devinrent  Ies 
attributs  diftínétifs  des  philofopiaes  grecs  & ro- 
raains , 8c  des  Cyniques  en  particuüer. 

Batons  ( divmation  par  les)  Voyeq_  Rabdo- 
MAiNTIE. 

Batons  (fétes  de.s).  La  féte.des  hátons , qu  ou 
avoit  nxée  en  Egvpte  á Féquinoxe  de  ¡ automne, 
étoit  probablement  ía  méme  que  ceile  de  Papre- 
mis  dans  le  Delta,  ou  Ies  dévots  fe  livroient 
une  efpéce  de  combat  avec  des  perches  ou  des 
hátons.  Hérodote  dit  en  avoir  eté  témoin  ;^mais 
oíi  iui  aífura  quil  iFy  avoit  jamais  eu  pcriCPOC 


B A T 

cene  folie,  quelque  grande,  quelque 
reprei.eníjole  qu  elle  ait  écé  , ne  doit  cependant 
point  erre  miie  en  ^ parallele  avec  les  combats 
de  g¡adiateurs  romains.  Pav/  ( Recher.  íur  les 
^SJP^-  Iss  Ckinois  , il.  p.  i8j. 

, dans  la  Marmatique. 

j^ctre  ville  a fair  frápper  una  médaille  impé- 
tiaiC  grecque  , en  1 honneur  d Hadrien  , avec  une 
cpoque,  mais  fans  nom  de  lieu.  On  la  reconnoít 
feulemenc  á la  grenouiile,  qui  fert  de  type. 

^ SroaartJj, LacédémonienSjfurent, 
felón  Fiine  (/.lé.  c.  j.)  ^ deux  hábiles  architeñes 
fous  ,e  d Auguíte.  lis  conííruilirent  entre- 

aarres  édínces  , -un  temple  confacré  á Oéiavie  , 
& enti-uré  de  poruques.  On  ne  leur  permit  pas 
de  inettre  leurs  noms  á leur  ouvrage.  Ñe  voalant 
pas  cependant  perdr-e  la  gloire  de  cette  conirruc- 
-tion  lis  placéi-enr  dans  diíférentes  parties  du 
temple  un  grenouille  & un  lézard  , qui  les  dé- 
iígnoient  par  une  ailuíion  J leurs  noms  grecs  j 

/é:^ard. 

Winkelmann  ayant  vu  ces  deux  fymboles  fur 
la  voiute  d un  chapiteau  ionique , á S.  Laurent  , 
fiors  des  murs  de  Rome,  le  reconnut  poiir  un 
ouvrage  de  ces  deux  célebres  architecies.  Mais 
on  a trouvé  depuis  lui,  dans  les  fouilles  faites  á 
Jivoh  par  ordre  de  Pie  V;i,  une  rofaíTe  dune 
beile  execution  , fur  laquelle  on  voit  un  lézard 
avec  une  grenouille  & une  abeiile  , embiémes  des 
deux  architeéles  Lacédémoniens;  ce  qui  nousap- 
prend  qu  ils  travaiüoient  auiTi  á la  maifon  de 
campagne  de  Caflms,  ddú  on  a tiré  la  rofaíTe  ; 
& que  la  défen:e  de  mettre  leurs  noms  ■ fur 
leurs  ouvrages,  nétoit  quune  fable  pooulaire  , 
puifqu  lis  n’auroient  pas  cherché  a les  remalacer 
par  des  fymboles,  fur  un  bádment  daaCi  ca- 
tite importance. 

BATTERIES  des  anciens.  Voye:^  Agger.  La 
colonne  Trajane  nous  en  montre  pluíieurs'  qui 
reflemblent  a nos  batterles  de  canon.  L'épaule- 
ment  ou  les  merlons  étoient  beaucoup  plus  ele- 
ves que  ceux  des  nótres  ; parce  que  la  charptnte 
de  quelques-unes  des  machines  empioyéeí  aux 
lieges  & que  Ton  renfennoit  dans  ces  aggeres 
etoit  fort  baute.  lis  y pratiquoient  auíTi  des 
embrafures  , comme  ou  le  voit  íur  cette  méme 
colonne. 

BAxTOLOGIE.  Battus. 

BATTRE  la  mefure.  Les  andens  , ditEurette 
battoient  la_  mefure  de  pluíieurs  manieres.-  La 
plusxirdinaire  ccníiftoit  dans  le  mouvemenr  du 
Díed  , qiii  s'élevoit  de  ierre  & la  frappoit  alcer- 
naaveme.nt,  felo^n  la  mefure  des  deux  tems  égaux 
ou  megaux.  Gétoit  ordinairement  la  fonclion 
QU  maitre  de  m'dÜQne  , zpptU  Corypkée^Yi,, véceles, 
parce  quil  étoic  place  au  milieu  du  choeur  des 
muiiciens  , & dans  une  fituation  éleyée  , pour 
erre  vu  & entendu  plus  faciiement  de  toute  la 
íioupe.  Ces  batteurs  de  mefure  fe  nommoient  ea 


B A V 


455 


^ ^ £ caufe  du  bruic  de 

k-  í;  ^ , á caufe  de  Tuniformic-é  , 

3 de  li  monotonie  da 
lis  ^-‘■íoient  toujours  a deux  rems. 

Es  sappeiOient  en  latín  pedsrli , podurii  , pedi- 

g^X'  /'X”  ordinairement  diar- 

ou  de  X Ta-  cu  í-andales  de  bois 

mínv  ! a rendre  la  percuíFion  rvíh- 

m que  plus  eclatante , nommées  en  grec  ,ofoí,etZt^. 

& en  latín  pedicula , J'ca- 
beha,  Sca-eiiium  ( ce  mot.  ),  parce 

qu  i.s  reíLmoIoient  á de  petits  marche-pieds  , 
ou  a de  petices  efcabelles.  e ^ 

Le  ancie.ns  battoier.t  la  mefure  non-feulement 
avec  le  pied  , mais  auíTi  avec  la  rnain  droite  . 
Gont  US  reunuToient  tous  Ies  doigts  pour  frapper 
üans  le  crep  de  la  main  gauche;  & celui  Xi 
marquoit  ainíi  le  rythme , sappeloit  manuduc- 
tor_.  Olí  manudoBor.  Outre  ce ‘claquement  de 
mam  & le  bruic  des  fandales  , ils  fe  fervoient 
encere  pour  battre  la  mefure  , des  coquilles  , des 
^CaiLes  Q buitres  & des  oífemens  d’animaux , que 
on^trappoit  les  uns  centre  Ies  autres,  comme 

‘'o  j>''  des  caííagnettes  , du  trian  - 

gle  & d autres  fembkbles  iníímmens. 

BATTUS  , vieux  berger  de  Kélée.  Mercare 
ayant  vme  Ies  otEufs  d’ApoIlon  , Batms  feu!  vit 
xaire  ce  larc!n,&  <1  promit  de  n'en  ríen  dire,en  re- 
cevant  une  petite  récompe.nfe.  Mercare  , pour 
eprouver  la  ndelité,  fit  fembíanr  de  s'éJoigner  j 
& ctant  revenu  un  moment  apres  fous  une  autre 
ngure  , mi  demanaa  des  nouvelles  du  vol , ea 
lu!  offrant  une  plus  grofle  récompenfe  : Battus 
reveía  le  fecret , & il  fut  changé  en  pierre-de- 
touche,  qui  porte  le  caradlére  de  ce  fourbe  • 
car  aucun  meta]  ne  peut  la  toucher,  qu’elle  né 
decouvre  auííi-tot  ce  qu’il  eíL' 

Sattus  vé^étz  jufqifá  deux  fois  á Mercure 
degul. e , le  nom  de  1 endroit  oú  ce  dieu  avoir 
retire  Ies  boeufs  volés  : de-lá  vint , dit-on  , le 
nom^de  _Wípo-zí  donné  aux  difcours  remplis 
de  repetitions  mutiles  & de  fuperfluicés. 

■ ^"/Tus,  forti  de  Tifie  de  Théra , auprés  de 
j une  colonie  dans  cette  patrie 

de  l Afnque,  appelée  depuis  la  Cyrénaique  , & il 
V fonda  le  royaume  de  Cyréne.  Les  peuples 
de  Ja  ^yre.naíque  luí  rendirent,  aprés  fa  morr 
les  honneurs  divins  & lui  élevírent  des  tem.plest 
Battus  , roí  de  la  Cyrénaique.  ea. 

Ses  médailles  font: 

RRRR.  en  or. 

RRR.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

E.-iY  ( Epifemoti  ).  V -yyeg^  EpisEMES. 

BAVAY,  ville  da  Hainaut,  trés-ancienne  & 
celebre  par  fes  beaux  reftes  dknti-uités  Les 
prmcipaux  font  ia  pierre-a  iept-coins,  les  chauíTées 

I i i ij 


43  ó B A V 

Eiilitaires les  aqueducSj  les  tnertneSj  les  cloa- 
ques  , les  cirques Ies  amphithéátres  , les  tem- 
ples/les palais , le  champ  de  Mars,  les  tom- 
beaux:,  les  épitaphes  , les  puics  ^ les  fouterreinSj 
les  llames  j les  médailles , &c.  ; tout  prouve  que 
cette  ville  j aujourd’hui  fbrt  petite  ^ écoit  aucre- 
fois  auffi  éteudue  que  florilTanre , & que  fon 
origine  remonte  á la  plus  haute  antiquité. 

La  pierre  á fept  coins  pofée  aujourd’hni  au 
milieu  de  la  place  j fut  fubíliruéc  dans  le  trei- 
zieme  íiécle  a une  aurre  plus  ancienne  & d une 
clévation  extraordinaire.  A cette  pierre  corn- 
mencent  ou  viennent  aboutir  fept  chemins  rrd- 
licaires  ^ vulgairement  appelés-  ckaufjées  Brunekaut : 
le  premier  fe  dirige  vers  la  ville  de  Mons , au 
nord-eíl : le  fecond  vers  celie  de  Tongres  , ou 
vers  Ies  peuples  Aduatiquef  , á f orient  ; le  ttoi- 
liéme  vers  Tréves au  fud-eít  : le  quatrieme 
vers  Rheims  , au  midi  : le  cinquicme  vers  Soif- 
fons  j au  ñid-oueft  : le  fixieme  vers_^Cambrai  ^ 
ehez  \cs- Morí n.s , á Foueíl;  & le  feptieme  enfin  ^ 
qui  fait  une  fourche  , vers  Gand  & Tournay  j 
au  nord. 

Les  habitans  de  Bavay  appellent  murs  des 
Aldus  , les  relies  du  bel  aquéduc  qui  amenoit 
de  Feau  de  ciiiq  lieues  de  diílance  , depuis  Fiour- 
£e  & Avefne.  Elle  paíToit  fous  la  Sambre  ^ re- 
iRontoit  par  des  tuyaux  de  plomb  ^ dans  un  chá- 
leau  d’eau  ^ & couloit  ainfi  fur  des  colonnes  maf- 
fiv'es  j appelées  vulgairement  les  tourndles  , qui 
fe  communiquoient  Feau  les  unes  aux  autres  , 
par  le  moyen  d'une  voúte  fupérieure  ^ fur^laquelle 
ctoit  le  canal  pavé  de  terre  cuite.  A Fembou- 
chirre  de  cet  aqueduc,  on  remarque  encore  les 
veíliges  des  bátimens  fpacieux  & magnifiques  qui 
fermoient  les  thermes.  Les  bains  étoient  pavés 
de  pierres  bleues  trés-polies  & d’une  gmndeur 
extraordinaire.  Les  cloaques  qui  formóient  les 
décharges  des  eaux  de  ees  bains  ^ fervent  aujour- 
d’hui de  caves  au  habitans  de  Bavay. 

11  y avoit  dans  Fenceinte  des  vieux  murs  ruines 
de  cette  ville  j un  fuperbe  monument  erige  en 
Fhonneur  de  Tibére^  lors  de  fon  arrivée  á 
Bcvijy  : les  ftatues  de  cet  em^ereur  &-de  Liyie 
fa  mt-re^  en  niarbre  blanc  ^ y étoient  placees 
avec  Finfeription  fuivante  : Tiberio  Csfarz  , Au- 
gujii  filio  5 divi  nepoti , adventui  ejiis  , facrum  koc 
Cnciis  Liciniiis  caravit fi.eri  voluntarios  navos  (pour 
voluntarias  navas  ).  Cette  infeription  eiTcaílrée 
dans  la  muraille  qui  enmure  la  raaifon  des  Ora- 
toriens , ainlí  que  les  deux  ílatues  placees  aux 
cotes  de  la  grille  , atteílent  Fentrée  trioraphante 
de  Libére  ^ Bavay , vers  Fan  12.  de  Fére  ehré- 
tienne.  Car  1°.,  Libére  dans  cette  infeription  , 
n’eft  poinr  aor-elé  Tiberius  Claudias  Tí  ero,  mais 
Tiberius  Cafar.  Ainfi , ce  fut  aprés  fon  adoption 
par  Auguíle  , & conféquemment  aprés  la  mort 
de  Caius  8e  de  Lucius  Céfar  , fiís  d’Agrippa  , 
cui  avoienr  été  adoptes  avant  lui.  z®.  Córame 
ji  n-’eñ  poinr  nommé  Augafie  , mais  íeulenaear 


B A U 

Céfar,  on  a droit  de  conclure  que  c’étoit  avant 
Fan  14  ou  ce  prince  paivdnt  á Fempire.  3®.  enfin, 
Finfeription  n’eíl  poinr  Divi  filio  , mais  Aagujii 
filio  : ainfi  , Fépoque  de  Fentrée  de  Libére  á 
Bavay,  doit  tomber avant Fapothéofe  d’Augufte  : 
en  eífet,  on  voir  conllawiment  fur  les  médailles 
de  Libére , aprés  cette  aporhéofe , Tiberios  Cafar, 
divi  A.M.gafti  filias  Augiiftus. 

BAUBO.  Voye'^  Stele. 

BAUCALIS.  \ 

BAUCALIUM.  f 

BAUCIS.  La  fable  de  Philémon  &c  de  Baucis 
étoir  un  de  ces  événemens  que  les  anciens  ra- 
contoienr , pour  prouver  que  la  yertu  de^  1 hof- 
piraiité  étoir  toujours  recompenfée.  Júpiter  & 
Mercare  parcourant  la  terre  lous  la  figure  hu- 
maine  , f.irent  rebutes  par  tous  les^  habitans  d un 
village  de  la  Phrygief  ou  ils  pafserent;  la  feuie 
cabane  de  Baucis  8c  de  Philémon_  leur  fut  _ou- 
verre  : c'écoienr  de  vieux  epoux  quicompoioient 


feuls 


toute  leur  famille  & tout  leur  domeilique  , 
& qui  vivoient  heureux  cians  leur  pauvrete.  lis 
firent  aux  dieux  le  meiileur  accucii  dont  ns  fu- 
rent  capadles , fans  reconno'itre  leur  dignité.  A 
la  fin  du  repas,  les  hotes  s’annoncérent  comme 
des  dieux.  íls  emmenérent  enfuite  les  vieillards 
fur  une  haute  mentagne  voifine  du  hameau  , 8c 
leur  dirent  de  regarder  derriére  eux.  Pnileraon  8c 
Baucis  virent  tout  le  village  fubmerge  , excepte 
leur  maifon  , qui  fe  changea  en  un  magnifique 

temple-  . ,•!  j r • 

Júpiter  ayant  voulu  favoir  ce  qu  t.s  deiiroient 
pour  récompenfe  de  leur  fidelité  , i_U_ne  deman- 
dérent  autre  chofe  que  d’étre  les  minnires  de  ce 
temple  , & 'de  ne  pas  fe  furvivre  Fun  a I aurre. 
Leurs  voeux  furent  exaucés  : lorfqu  ils  rurCiit 
parvenus  á une  extréme  vieilleiTe  , ils  nirent  me- 
tamorphofés  en  méme  tenas , Baucis  en  tilíeul» 
& Philémon  en  chéne. 

La  vieüleífe  de  Baucis  paíTa  en  proverbe  , « 
Perfe  fe  fert  de  fon  nom  ( Sat.  4.  v.^l■  ) , 
déígner  une  vieiile  marchande  de  plantes. odo- 
férantes  ; 

Dum  ne  deterius  fapiat  pannucea  Baucis  , 

. Ciim  bene  difcincio  cantaverit  ocyma  veras.. 

BAUDOUIN  , premier  du  _ nom  & premier 
empereur  fran^ois  á Conílantinopie. 

On  ne  connoít  poinr  de  médailles  de  cet  e . - 

^ Baudouik  II.  Cinquiéme  & dernier  de* 
empereurs  francois  á Conílanti.nople.  ^ , 

11  ne  paroit  pas  que  Fon  ait  frappe  de 
daillcs  pour  Baudouin  II. 

BAUDPLER  , balteus  & cingalum  ; 
confondit  dans  les  tems 
mors,  qui  défignoient  deux  parnés 
Farmure  des  foldats.  Les  figures  grecqu 


B A U 

íeprérentent  des  perfonnages  que  Toa  fuppofoit 
av’oir  vécu  dans  ies  tems  héroiques  , portear 
leurs  épées  fufpendues  par  une  courroie  fem- 
biable  aa  baudrier  moderne  , mais  plus  courte. 
Céroit  fans  doure  le  , trés-diíFérent  du 

ceinturon  , Zí',k¿  , qui  fe  aiettoit  autour  des  han- 
ches  , des  reins  áe’  du  ventre.  Cette  diftinaion 
sVyanouic  bientót^  & Ton  ccnfondit  fouvent 
le  biiudrier  & le  ceinturon. 

Virgilej  qui  cherchoit  á peindre  les  mceurs  des 
tems  héroiques , Fa  confervée  dans  quelques 
endroits  de’FEnéide  ( viii.  ) : 

Tum  lateri  atque  kumeris  Tegtí.um  fiibligat  cnftm. 
Et  ('  xiu  941. 

Humero  cum  apparuit  alto 
B alteas , & noús  falferant  cingula  ballis. 

Ce  versfemble  calqué  fur  le  cent  trente-cincuiéme 
du  il.  Livre  de  Flliade  , ou  Homcre  parle  d'une 
épee  qui  étoit  fixée  aupres  des  ¿paules  a une 
courroie  , avec  des  cloux  argeatés.  Déla  vient  que 
les  épées  font  appelées  par  Yirgiie  ( S.nei¿.  x. 

496.): 

Immanis  pondera  baltei. 

Au  tems  ou  écrivoit  líidore  j on  ccnfondoit 
\tbaiidrier  & le  ceinturon  : cari!  áonne  le  premier 
nom  indiñinftement  aux  deiix  parties  de  Far- 
mure  qui  foutenoit  les  épées.  (x/x.  53.  ): 
Balteus  diciiar  non  foliim  quo  cingimar , fed  ctiam 
a quo  arma  dependent.  Dans  le  méme  endroit  íi 
dit  expreíTément  que  le  balteus  ctoit  appelé  cthi- 
turón  du  foldat:,  á caufe  des  marques  .partica- 
liéres  qui  y étoient  placees  , & qui  déíignoient 
entre  les  nombres  fix  mille  lix  cencSj  qui  formoient 
la  légion , celuí  du  Toldar  : balteus  dngulum  mili- 
tare efl  dicius  , propter  quod  ex  eo  figna  dcpen- 
dent,  ad  demonflrandum  legianis  militaris  fummam, 
id  eft  , fex  m.iUium  fexcentorum  ex  quo  numero 
il  i -.fi  confifiunt. 

Le  baudrier  étoit  de  cuir  de  bísuf  dans  Fori- 
gine  j comme  le  dit  Properce  ( iv.  il.  i-j.  ). 

Pr&bebant  ctji  haltea  lenta  boves. 

On  Fornoit  avec  des  cloux  bullis , & des 
plaques  de  diíférens  métaux  & de  diverfes  cou- 
leurs.  Winckelmann  cite  á ¡a  pag.  ii  de  la  Pré- 
face  de  fes  M-onumenti  incditi , ie  baudrier  d’une 
figure  peinte  ^ dont  Ies  cloux  ou  les  plaques 
étoient  de  couleur  jaune. 

Une  longue  chaine  formoit  quelquefois  le 
baudrier.  Nous  avons  fous  les  yeux  le  deííin 
d’une  femblable  chiine  de  bnnze  , trouvée  au- 
tour d un  fquélette  , prés  de  Sainr-Fiorenrinj  dans 
la  ParoiflTe  d’Avrolle  , diocéfe  de  Seos;  appar- 
tenant  á M.  le  curé  de  Chimplofi:  . voifín  de 
cette  paroilFe.  C'cíi  une  cbaine  de  cinq  pieds 


B A X 437 

de  longueur , terminée  d’un  cote  par  un  cro- 
chet qui  fe  fixoít  dans  la  chame  á diíférente 
hauteur , fuivant  l’épaiíTeur  du  corps  de  celui 
qui  la  portoit  A Fautre  extrém'.té  3 eft  un  or- 
nement  du  méme  métala  carré  fur  trois  cótés, 
& arqué  fur  celui  oú  eft  rivé  le  bout  de  la 
chaine.  De  cet  ornement  partent  trois  petits  bou- 
tons  attachés  par  trois  courtes  chalñes.  Trois 
femblables  boutons  plus  courts  , font  ifolés  dans 
Fornemení  , comme  pour  former  une  petire  ba- 
luñrade ; & fur  les  deux  bandes  qui  forment  la 
bafe  & l’appui  de  cette  baluñrade  , font  gravés 
trois  cinq  ou  trois  V renverfés  , correfpondans 
á de  femblables  V , femblablement  gravés  au 
revers.  Ces  V j ou  ces  X ( en  réuniíTant  ceux  de 
Fendroit  avec  ceux  du  revers),  exprimeroient- 
ils  le  nombre  occupé  par  le  foldat  dans  fa  le- 
gión ? Les  trois  boutons  pendans  , déíigneroient- 
i!s  le  rang  occupé  par  fa  cohortePOn  peut  le  croire 
d’aprés  le  paffage  d'Iíidore  , cité  plus  haut. 

Nous  ferons  obferver  encore  que  les  épées  des 
foldats , fculptées  fur  ies  colonnes  Trajane  & 
Théodofienne,  font  attachées  aux  ceinturons,fans 
que  Fon  voye  aucun  baudrier  ¡ tandis  que  celles 
des  chefs  pendent  de  Fépaule  gauche  , & font 
portees  par  un  baudrier. 

Le  fculpteur  qui  a réparé  le  prétendu  gladiateur 
mourant , du  muféum  Capitohn , a fait  une 
grande  faute  , non-feulement  dans  la  forrñe  de 
Fépée  , dit  vVinkelmann  , mais  encore  dans  le 
baudrier  qu’il  a lié  á la  moderne  avec  une  boucle. 
Ón  volt  fur  les  monumens  qui  repréfentent  des 
ftatues  héroiques  , la  vraie  forme  des  baudriers , 
( TíXaiífflvEs-).  C’étoit  touiours  une  íimple  cour- 
roie , pareille  á celle  du  baudrier  qu'Achiile 
donna  á Dioméde  avec  une  épée.  Cette  courroie 
étoit  liée  au  fourreau  vers  fon  ouverture  , paíToic 
fur  la  poitrine  & fur  Fépaule  droite  , d’oü  elle 
tombeit  en  traverfant  Ies  reins,  & s’attachoít  á 
la  pointe  du  fourreau.  Sur  une  ftatue  héroique 
de  !a  villa  Albani,on  apperqoit  trés-diftincteraent 
cet  agencement  du  baudrier , Sí  méme  les  franges 
qui  en  accompagnent  les  deux  bouts. 

Cet  ufage  de  lier  le  baudrier  á Fépée , en  lui 
faifant  faire  pluíieurs  tours  fur  le  fourreau  , ap- 
pártient  aux  tems  les  plus  reculés  ; & ce  n’eft 
que  dans  les  íiécles  poftérieurs  á la  guerre  de 
Troie  , que.  Fon  attacha  au  fourreau  des  anneaux 
pour  recevoir  le  ceinturon  , comme  on  les  volt 
á la  bafe  de  la  colonne  Trajane. 

Pour  rendre  cet  anide  complet  , voyei  Cein- 
turon. 

Baudrier,  balteus  , devint  par  exteníion  le 
nom  de  cette  courroie  , qui  paíTant  fur  Fépaule 
droite  des  muficiens  & fous  leur  bras  gauche  , 
comme  les  baudriers  modernes,foutenoit  la  grande 
lyre  garnie  da  magas  , appelée  par  Apuiée  ^ 
cithara  apta  haltheo. 

BAXEd,  efpéce  de  chaaíTure  qui  s^attacboít 


43?  B E C 

íur  le  pfed  avee  des  bandes^  fans  le  couvrír  entié- 
rement.  Flauteen  a parlé  (Me;’,  il.  5.  40.): 

Qu¿s  eji  ifie  peniculus,  qui  extergen.tu.r  haxe&l 

Apulee  nous  en  donne  une  idee  plus  diílinéle,  & 
nous  apprend  que  les  Laxes,  étoient  une  chauíTure 
particuhére  des  philofophes , auffi  connue  que  la 
barbe  j le  manteau  & la  beface  (Mee.  xiS)  : Nec 
deerat , qai  pailio  , bacaloque  , & s.ixsis,  & kir- 
cino  barbitio  philofopkum  fingeret.  Tertulíien  par- 
knt  d’Ariflippe.  qui  joignoit  les  recherches  da 
laxe  aux  livrées  de  la  philofophie , demande  pour- 
quoi  il  ne  faifoit  pas  teindre  en  pourpre  íts Laxes, 
comme  fon  manteau  {de  Pailio,  c.  4.)  : Si  pki- 
lofophus  iti  purpura  , cur  non'íí  in  baxea  Tyria 
Calceare  ? 

On  en  portoit  qui  étoient  faites  avec  des  feuilles 
de  palmiet:,  felón  Apulée  {Mét.  l.  xi.)  : Juvenem 
pedes  palméis  Laxéis  induturn.  pr.oducit  in  mé- 
dium. 

BEBON.  Voyeq_  Babis. 

BÉBRYCES,  peupie  des  plus  anciens'de  la 
Bithynie.  lis  l’habitoient  deja  lorfque  les  Argo- 
nautes  s'embarquérent  pour  la  Colchide.  Etienne 
de  Byfance  rapporte  llorigine  des  Bébryees  á un 
certain  Bébryx , dont  aucun  autre  écrivain  ne  fait 
mention.  Maisíil'on  en  croit  Eultathe  (i:;^ion.), 
c’eíf  de  Eébryce , filie  de  Danaüs , que  ces  peuples 
avoierit  emprunté  leur  nom.  II  affure  que^  malgré 
les  ordres  de  fon  pére^  elle  conferva  la  vie  á 
celui  des  enfans  d’Egyptus  qifon  lui  avoit  donné 
en  mariage.  Craignant  que  Danaüs  ne  la  facriíiát 
a fon  reíTentiment , elle  alia  chercher  un  afyle 
dans  Ies  contrées  de  l-Aíie,  oceupées  alors  par 
des  peuples  barbares.  Apoilodore  dit  aufli  qudi 
y eut  deux  Danaides  affez  généreafes  pqur  fauver 
íeurs  maris.  Pindare  cependant  {Nem.  ig.)^  & 
Horace  (/.  3.  od.  2.  v-  §>}■),  ne  parlentque  d'Hy- 
permneñre  feule. 

BÉBRycE  , filie  de  Danaüs.  Voye^  Bébryces. 

BEC-ítiguEj  ficedula.  Les  Romains  faifoient 
un  grand  cas  de  cet  oifeau.  lis  le  regardoient 
comme  un  aliment  ires-fain , á caufe  des  raifins 
& des  figues  dont  il  fe  nourrit.  Martial  fait  allu- 
íion  á cette  nourriture  (xixi.  48.)  : 

Cum  me  ficus  alai  , cum  pafcar  dulcihus  uvis , 
Cur  potius  nomen  non  dedit  uva  mihi  ? 

Cet  aliment  eíi  trés-ágréable  dans  Tautomne,  faifon 
de  la  maturité  des  fruits  dont  Toireau  fe  nourrit. 
C’eít  pourquoi  Juvenal  compre  les  bec-figues  au 
nombre  de  ces  mets  recherchés  des  gourmands  j 
& il  nous  apprend  qu  ils  Ies  faifoient  cuite  avec 
des  truffes  & des  champignons  (xrr.  7.)  ; 

Qui  radere  tubera  terrs. , 

Boletum  candiré , & eodem  jure  natantes 

M-ergere  ficedulas  diiicif  nebulone  párente. 


BEL 

Les  gourmets  de  Rome  crovoient  ou'il 
avoit  ce  bon  6e  de  dehcat  á man<íer  d-'ti'  ' ^ 
oifeaax , que  les  cuiíl'es  & la  moitfé  ¡nférí-.'^ 
du^corps^  CétoK,  fticn  eux,  n'avoir  poin^de 
gout  & de  deRcatelfe:,  que  de  manger  Ies  -il- 
& la  patrie  fupérieure  du  coros  dis 
Les  bec-figues  feuls  faifoient  exception  , & oii7e- 
fervoit  tout  entiers.  * 


Nous  trouvons  dans  le  repas  de  Trimalcon 
{Petron.  c.  33.),  une  aiitre  maniere  dappréVr 
íes  bec-figues.  On  renfermoit  dans  une  coquiiíe 
.d'ceut  un  bec-fi.gue  entonté  de  jaunes  d’oeuf  aíTai- 
fonnés  de  poivre  : Perfecutus  vutamen  mana,  viZ 
guzjfimam  ficedulam  inveni  piperato  vitellio  pipe, 
ratam. 


. SLCHE.  On  trouve  gravee  fur  le  tombeaudua 

chrétien  des  trois  premiers  íiécles  {Fahretti,  Infcr. 
Ay  574')  3 h bécLe  des  anciens.  Elle  différe  des 
nortes  j en  ce  que  fon  manche  eíl  garni  d'une 
traverfe  ^ á trois  ou  quatre  pouces  du"  fer.  Cette 
traverfe  ou  croix  fervoic  á appuyer  le  pied  pour 
enfoncer  la  biche  dans  la  terre ; & pennettoit 
de  Tenfoncer  de  toute  la  longueur  du  fer. 
BÉEL-PHÉGOR.  Voye^  Baal-Peor. 

BÉELZÉBUT  , d:eu  des  Accaronites  5 fon 
nom  íignifie  dieu-moucke , ou  le  prince  des  mou- 
ches  : on  le  nommoit  ainíi , ou  parce  que  fon 
temple  étoit  exempt  des  mouches,  & qu'il  avoit 
le  pouvoir  de  les  chaíTer  des  iieux  qu'eiles  fré- 
quentoient;  ou  parce  que  fa  ftatue,  touioars  Tan- 
gíante , étoit  toujours  couverte  de  mouches. 
Béelt^ébut  étoit  une  des  principales  divinités  des 
Syriens,  puifque  dans  récriture  il  eft  appelé  le 
prince  des  démons.  Les  Grecs  adoroient  auíE  un 
dieu  chaíTe-mouche  5 Mya.grus.  V.  ce  mot. 


BÉELrZÉPHON,  V,  le  Dictionnaire  de  Théo- 
logie, 

BEÍZATH  j monnoie  d’or  des  anciens  Perfes, 
du  poids  de  quarante  dragrr.es.  Calmet  prétend 
que  c'eñ  de  ce  mot^  & non  dé  la  ville  de  Byfance , 
qu’étoit derivé  le  w.oibefam  ou  befar,  nom  d’tine 
autre  monnoie  d"or  ^ en  ufage  autrefois  dans 
FOrient.  Ce  befiam  valoit  deux  dinars , & chaqué 
diñar  vingt  ou  vingt-cinq  dragmes, 

BEL  5 étoit  le  grand  dieu  des  Chaldéens-^H  7 
avoit  eu  un  tems,  difóient-ils , oü  tout  rlétoit 
que  ténébres  Se  eaii , & cette  eau  8c  les  ténébres 
renfermolent  des  animaux  monñrueux.  Bel  ayant 
formé  le  ciel  & la  terre , clonna  la  mort  á tous  ces 
monítres , difílpa  ies  ttnébres , fi'para  ’a 
á’avec  le  ciel,  8c  arrangea  l'univers.  EnCyJtej 
voyant  le  monde  défert,'i!  ordonria  á un  des  üieux 
de  iui  couper  la  tete  a lui-méme,  de  méier  fon 
fang  avec  de  la  terre,  8c  d’en  formar  les  homtnes 
Se  les  animaux  ; aprés  quoi  il  acheva  la  produc- 
tion  de  tous  les  autres  erres  cui  ornent  l'univets* 
Foye^^  BaAL,  BÉLUS^  DÉMOGOR-GO^í 
Omorca. 


BEL 

BELATUCADRUS.  Divinité  adorée  autre- 
fois  en  Ang'ererre , dont  i!  eft  fait  mention  ¿ans 
une  infcription  antique  trouvée  ¿ans  la  rnaifon 
de  Thomas  DikeSj  da::s  le  cointé  de  Cumberiand. 
Oa  y lit : 

EEO 

SANCTO  BELA 
TUCADRO  AXJRELIUS 
DIATOVA  ARAM 
EX  VOTO  POSÜIT 
LL.  MM. 

Le  méme  comté  a fourni  encore  les  deux  fui- 
Y^tes : 

DEO  BELATUCÁD 

RO  LIB.  VOTU 
M FECIT 
lOLUS. 

. EELATÜCADRO 
lUL.  CiVILIS.  OPT 
V.  S.  L.  M. 

Selden  aíTuroit  daos  fon  oiivrage  ide  DHs  Syris)  , 
que  ce  Belatucadrus  étoit  le  méme  que  Belenas  & 
Abellion  , honores  par  les  Gauloís.  Gérard-  Jean 
VoíEus  {de  Orig.  & Progr.  Idolol.  l.  2.  c.  17.)  eft 
du  méme  fentimentj  & croir  que  Belatucadrus 
étoit  le  Soleil  ou  Apollonj  adoré  fous  les  noms 
de  Behnus  8c  di  A.beUion.  Mais  on  volt  dans  Mu- 
ratori  {Infcr.  Tkef.  43.  I.)  une  infcription  trouvée 
dans  le  méme  comté  ^ fur  iaquelle  on  lit : 

DEO  MARTI 
BELATÜCACRO 

On  ne  peut  douter  apres  cek  que  cene  divinité 
ne  fut  le  Mars  des  Bretons;  Ckft  poiirquoi 
Thomas  Gale  derive  fon  nom  des  racines  an- 
gloifeSj  cizdj  cader , cadr ; combit,  camp , fort. 

BELBUCH  & Zéomebuch  étoient  regardés, 
chez  les  Vandales,  comme  le  boa  & le  mauvais 
génie.  Beibuch  ligniñoit  le  dieu  blanc,  & Zéo- 
mebuch le  dieu  noir  ; on  leur  rendoit  les  hon- 
neurs  divins. 

HELENOS , ou  Beliit,  011  BEZtENus , divi- 
Dite  des  Gaulois.  Jules  Capicolin  noas  apprend 
que  cVtoit  le  méme  dieu  que  TApolIon  des  Grecs 
8c  (Ies  Romains  {Maxímin.  c.  11).  : Deum  Bels- 
num  per  arufpíces  fpopondijje  , jAaximinum  ejfe 
vir-ceridum.  Vn.de  etiam  pofied  Maximini  milites 
jacíaíft  dicuraur  , ApoLlinem  contra  fe  pugnajft.  On 
ht  Belin.,  dans  le  paíTage  d'Hérodien  (/.  8. 

?•)  '.Belin  vocant  indlgens. , magniQue  eum  reli- 
gione  coLunt , Apollir.em.  interpretantes.  Jtlais  Sau- 
maue  foutient  dans  fes  iNbtes  fur  Capitolin , qii’il 
y á une  faure  de  copifte , & que  i’cn  doit  lirs 


BEL 

BsAíüíf.  Belenas  eft  appelé  aníTi  Apollen  dans  ies 
infcnptions  trouvees  á Acuilée  ; apcllini.  be- 
leño. AUG.  IK.  HONCREM.  C.  PETT.,  & APOL- 
LINI.  BELEÑO.  C.  AQUlLEIENS.  EEL;X. 


Belenas  éto:t  honoré  d'un  cuite  particulier  á 
Aqunee,  fous  la  figure  d’un  jeune  homme  fans 
barbe,  avec  des  rayons  autour  de  la  tete,  & avec 
une  grande  bouche  ouverrepour  rendre  des  oracles. 

étoit  proteéleur  d .Aquilée ; i!  y ayoic  des  aruf- 
pices  qui  rendcient  des  oracles  en  fon  nom, 
(Capitolin,  cité  plus  liaut).  Hérodien,  déjá  cité, 
dit  auííi  quhi  avoit  un  oracle , appelé  l’oracle  du 

dieu  de  la  patrie  , ¡^i;^apií!. 

Aü  refte  , Belenas  n'étoit  pas  honoré  feule- 
ment  dans  la  Gauie  Cifalpine  , il  l’étoit  encore 
dans  les  Noriques.  Tertuilien  (Apolog.  c.  23.); 
Unicuique  etiam  provincia, , & civitati  faus  deas 


efi , at  Syria  Afiartes , ut  Arabia  Difx-es , ut 
Norici  Belenas.  Saumaífe  ajoute  aux  Noriques 
illlyrie,  qui  en  étoit  voifine.  L’on  voit  dans 
Vopifcus  (^Aarelian.  circo,  init.) , que  la  forme  & 
les  orneínens  de  Belenas  , chez  les  Illyriens , 
étoient  les  mémes  que  ceux  du  mithra  des  Oricn- 
taux ; nouvelle  preuvs  de  Fidentité  d'ApolIon  & 
de  ce  dieu. 

Chorier,  dans  fes  Antiquités  de  Víenne  dans 
les  Gaules  , dit  que  Belenas  ou  Belinus  y étoit 
auíTi  adoré. 

Aufone  a parlé  deux  fcis  de  Belenas  comme 
d’une  divinité  gauloife.  Dans  fes  Profejfeurs  de 
Bourdeaux  , il  dit  que  Patera  étoit  de  Bayeux, 
de-  la  race  des  Druides , qui  fervoient  Beleños 
dans  fon  temple  (4.  7.)  : 


Tu  BagocaJJis  Jlirpe  T/ruídaram  fatus  , 
Si  fama  non  fallit  fidem  , 

Beleni  facratum  dacis  e templo  genos, 
Et  inde  vobis  nomina  : 

Tibi  Patera  (fie  miniftros  nuncupant 
Apollinaris  myfiici ) 

Fratri,  patriqae  nomen  a Pkcebo  datum: 
Katoqae  de  Delpkis  too. 


Dans  la  dixiéme  piéce  de  ce  méme  livre,  il 
parle  encore  d'un  nommé  Phoebicius,  de  la  race 
de  Druides,  qui  étoit  prétre  (adituus)  de  Be- 
lenas  : 

Nec  reticebo  fenem 
Nomine  Pkcebitium  : 

Qui  Bileni  edituus  , 

Nil  opis  inde  tullí. 

Sed  tamen  , ut  piacitam , 

Stirpe  fatus  Druzdam  , 

Gentls  Aremerzea 
Burdigala  catkedrcm 
Nati  opera  oltinuit. 


Joreph  Scaliger  (Aufor..  Teñ.  l.  r.  c.  9.)  dit  que  | 
de  cette  identité  d’Apoüon  Se  de  Bdenv.s  , venoit 
íe  nom  de  Bele.úam , donné  par  les  Gauíe:s  á 
rherbe  dent  ils  froctoient  ieurs  fleches.  Cette 
méme  herbe  efl;  appelée  Ies  refies  de  Belenus  ^ 
^íÁififiTíxí  dans  Diofeoride. 

Elias  Schedius  ^ perfuadé  conlme  les  autres , 
que  Belenus  étoit  le  foleil , a cru  que  ce  nom 
étoit  qu'un  aíTemblage  de  lettres  numérales , 
qai  expriment  le  nombre  de  jours  que  le  foleil 
«i'uploie  á faire  fá  révolution : 

B H A E N O 2 
S,  5,  JOj  70,  200. 

Ces  chrifFres  pris  enfemble  valenr  365.  Mais  eft-il 
certain  que  OZ  ou  us , appartiennent  au  nom  gau- 
lois , & que  ce  ne  foit  pas  plutót  une  terminaifon 
grecque  ou  latine  ^ ajoutáe  au  mot  gaulois^  illy- 
rien  ou  phénicien  ? 

BELETTE  oa  Fouíne.  Les  peuples  qui  ha- 
bitoient  laThébaidej  adoroient  cet  animal.  On 
ignore  la  raifon  de  ce  cuite  j que  les  ThelTaliens 
íui  rendoient  auíG  j felón  Plutarque.  La  belette 
tranfporte  avec  la  gueule  fes  petitSj  lorfqu’elle 
veut  les  mettre  en  fureté  j ce  qui  a fait  croire  á 
Ovide  quelle  met  bas  par  la  gueule , & van- 
ter  f amoar  qu’elle  a pour  eux.  Feut  - erre  dut- 
eüe  á cet  amour  prétendu  j le  cuite  dont  elle  fut 
honc'rée. 

Tous  Ies  Crees  ne  voyoient  pas  la  belette^  du 
méme  oeil  que  les  TheíTaliens;  car  ils  regardoient 
en  general  fa  rencontre  cotnme  un  trés-mauvais 
augure  ( Caract.  c.  17).  cc  Lorfqu^cn  en  voyoit 
==  une  traverfer  fon  chemin , on  ne  devoit  pas 
» continuer  fa  route , fans  qu’un  aurre  voyageur 
yy  eút  paffé  le  premier  , ou  fans  avoir  jeté  trois 
>5  pierres  au-de!á  du  chemin 

Belette.  On  voit  dans  la-^illa  Albani  une 
petite  ftatue  de  Júpiter,  fur  le  focle  de  laqiielle 
eíV placee  une  belette.  Aucun  auteur  ne  donne  cet 
animal  pour  fymbole  á Júpiter ; á moins  qu  il  ne 
faíTe  ici’alluíion  á Galanthís,  efclave  d’Alcméne. 

BELGES , BelgíL  j anciens  peuples  des  Gaules. 
lis  habitoient  au  nord  des  Celtes,  dont  ils  étoient 
féparés  parla  Mame  Se  la  Seine,  comme  dit  Céfar 
dans  fes  Commentaires.  II  ajoute  que  \e.%Bclges 
étoient  les  plus  braves  des  trois  nations  qui  oceu- 
poient  la  Gaule.  Les  Belges  étoient  les  inventeurs 
du  char  appelé  EJfedam  , comme  le  téinoigne 
Virgile  \ Georgic.  iil.  104.)  : 

Bélgica,  vel  molli  melíus  feret  effeda  eolio. 

Ils  s’occupoient  a faire  paítre  de  nombreux  bef- 
liaai;  c'e'ft  pir-iá  que  les  déíigne  Claudien  ; 

Pafcaí  Belga  pecus . . 


BEL 

BELIDESj  furnom  des  Dana'ídes,  qijí  étoient 
petites-fllles  de  Eel , furnomme  Tancien  , pérg 
de  Danaüs , roi  d' Argos , dont  elles  étoient  filies. 

Virgile  {JEneid.  il.  81.)  appelle  aufll  Palamédc 
Bélides  i parce  qu'il  étoit  de  la  méme  race. 

BÉLÍER.  Les  habitans  de  Thébes  en  Egypte, 
ne  tuoient  point  les  béliers.  Ils  leur  rendoient  un 
cuite,  á caufe  de  Júpiter- Ammon , oui  étoit  re- 
préfenté  avec  une  tete  de  bélier.  Ils  difoient  encore 
que  dans  le  combar  des  dieux  contre  Júpiter, 
celui-ci  prit  la  forme  d’un  bélier,  8c  les  chaíTa 
de  ITgypte. 

Les  Lgyptiens  qui  habitoient  le  Nóme  de  Sais, 
rendoient  aufli  un  cuite  á cet  animal ; parce  qu“ils 
favoient  confacré  á leur  divinité  particuliére , 
Neitka  , Minerve  des  Grecs.  Elle  préfidoit  á 
fhémifphére  íupéricurde  l’univers, comme  Junon 
á rhémifphére  inférieur;  c"eft  pourquoi  ils  lui 
avoient  confacré  le  ligne  du  zodíaque,  qui  eft 
le  premier  de  fon  hémifphére , le  bélier. 

C'étoit  á ce  íigne  que  le  rném.e  peuple  rap- 
portoit  les  affeélions  pathologiques  de  la-  tete  , 
comme  il  le  pratiquoit  envers  tous  les  íignes  du 
zodíaque , pour  les  autres  parties  du  corps ; de 
maniere  que  fl  Ton  reíTentoit  quelqu’affeftion 
extraordinaire  ou  douloureufe  á la  tete  pendant 
que  la  lune  fe  trouvoit  dans  le  bélier,  les  devins 
annonqoient  dans  ce  cas  un  proces  á venir , ou 
une  fauife  accufation. 

On  voit  dans  le  Recueil  d'antiquités  du  comte 
de  Caylus  (iI.  pA  3.)  une  figure  de  terre  cuite 
avec  une  tete  de  bélier.  II  eft  difíícile  d expliquer 
cette  fuperltition  ; á moins  qu  on  ne  la  rappbrte 
a Jupiter-Ammpn.  Au  reñe  , elle  a un  trou  entre 
les  épaules  5 ce  qui  doit  la  faire  placer  au  rang 
des  amulettes. 

Les  Grecs  confacrérent  le  bélier  á Mercure.  On 
a donné  pluíieurs  raifons  de  cette  confecration. 
Les  uns  difent  que  Mercure  prit  la  forme  dun 
bélier  pour  jouir  dé  Pénélope  , & que  depuís  on 
flt  de  cet  animal  un  de  fes  attributs.  Paufanias 
( il. ) en  donnoit  pour  raifon  le  foin  que  Mer- 
care prenoit  des  troupeaux  ; & il  ajoute  qu  iI 
favoit  des  particuiarirés  fur  Mercure  & \tbelier, 
relatives  aux  myftéres  de  Cybéle  ; mais  qu  il 
n’ofoit  les  révéler.  On  pourrott  conjeólumr  de 
ces  paroles , que  le  bélier  avoir  , chez  les  Egyp- 
tiens , quelque  rapport  avec  Ifis;  car  on  fairque 
Cybéle  étoit  chez  Ies  Grecs  une  transfot metion 
de  l'époufe  d’Oíiris. 

On  ctoyoit  dailleurs  que  Mercure  avoit  en- 
feigné  aux  hommes  á tonare  les  ’orebis  ; nousei  e 
raifon  pour  lui  confacrer  le  bélier , qui  1 accom 
pagne  íi  fouvent  fur  les  pierres  gravees-  Sur  un 
améthyfte  du  barón  de  Stofeh  , Mercure 
monté  fur  un  bélier , 8c  tenant  fa  bagueti.e.  f , 
chyus  ('Enioémpt)  dit  que  les  fiis  des  rois  f. 
voient  de  bélier  pour  monture ; 8c  cette  amet  y ^ 
explique  les  paroles  dií  lexicographe.  La 
coileétion  de  Stofeh  nous  montre  escore 


BEL 

ibis  Mercare  ainíi  monté.  On  y \roit  auíll  ce  ¿sea 
debout  dans  un  char  tiré  par  quatre  bcllers  / & 
fur  d'auti  es  pierres  il  porte  á la  main  une  tete  de 

iélUr. 

Les  rois  de  Macédoine,  de  Thrace  Se  de  Syricj 
portérent  qaslqiiefois , depuis  Alexandre,  des  cor- 
nes  de  íéíier,  atcachées  á leur  diademe.  Etoit-ce  en 
mémoire  de  Jupiter-Ainmon  , dont  Alexandre  fe 
difoit  fiis  ? Etoit-ce  comme  un  embléme  de  la 
forcé  ? Au  reíte , Sapor,  roi  des  Perfes  , renouvela 
cet  ufage,  & portoit  fur  fa  tete  un  orncment  tiflli 
d'or,  repréfentant  la  tete  d’un  bélier. 

Les  rois  de  Perfe  s'’amuroieat  á veir  combattre 
des  béUtrs , & ils  faifoient  des  gageures  relatives 
a la  vigueur  des  combattans. 

Lorfeue  les  Romains  déchroienr  la  guerre  a 
leurs  voiíinSj  lehéraiit  appelé  Fecialis  conduifoit 
un  hilier , & !e  ckaflbic  fur  leurs  tenes;  pour 
marquer  j felón  Ies  uns  , que  ces  terres  alloient 
devenir  des  páturages  pour  les  troupeaus  des 
Romains  ; iz , felcn  dVatres , á caufa  de  Juoiter- 
Vengeur-des-Traités , auquel  on  immoloit  un 
helier.  La  femme  du  Flamine-Diaie  lui  en  immo- 
loit a Rome  un  á chaqué  foire  ou  marché. 

Bélier  marln.  On  voit  fur  un  tombeau  deíílné 
par  BoifTart  (r.  3.  8z.)  , des  amours  quEmenent 
en  leíTe  des  monftres  marinSj  parmi  iefqueís  on 
remarque  des  héliers  marins ; c'eíf-á-dlre  , des 
béliers  terminés  en  queue  de  poiíTon. 

Bélier  couranr  & retournant  la  tete  ^ fur 
les  médailles  d'Andoche  de  Syrie.  — Tete  de 
bélier  fur  les  médailles  de  Céphalénia,  d'Eíyrufej 
de  Malte.  — Bélier  pofé  fur  les  médailles  de  Cla- 
zoménCj  de  Salamis^  de  Samé. 

Bélier  , machine  de  guerre , dont  fe  fervoient 
les  aíllégeans  pour  percer  & détruire  Ies  murs 
d’une  ville.  Pline  {yii.  59.)  qiattribue  l'invention 
3 Epéus  pendant  le  íiége  de  Troie  ; Equum , qui 
uunc  Arles  diciíuf  iii  muraHirÁS  machinis , Epeum 
invenijfe  ad  Trojam.  Mais  Horr.érc  ni  aucuti 
anclen  écriyain  grec , ne  parient  du  bélier.  íl  faut 
done  en  croire  plutót  Vitruve  (x.  19.)  ^ qui  fait 
honneur  de  cette  invention  aux  Carthaginois , 
pendant  qiuls  aíSégeoient  Cadix  , 8c  á un  Tyrien 
de  leur  armée  , appelé  Péphafménon.  Tertullien 
eíid’accord  fur  ce  point  avec  Vitruve  j & en  parti- 
cuüer  fur  le  bélier  fufpendu  {de  Fallió,  c.  I.): 
Arietem  rumini  adkuc  libratum  illa  dicitur  Car- 
tkago , ¡iudlis  afperrima  belli , prima  omnium  ar- 
majfe  in  ofcillum  pendali  impetús , commenta  vim 
tormenti  de  hile  p ecoris  capite  virídicantis. 

II  y avoit  trois  efpéces  de  bélier  j l’un  que  l’on 
fufpendoit  á des  cordes  , & que  Ton  appelle  géné- 
ralement  bélier  fufpendu;  l’autre  qui  couloit  fur 
des  roaleaux  ou  cylindres ; le  troiíiéme  étoir  porté 
par  ceux  qui  le  faifoient  jouer.  Ces  trois  efpéces 
n'écoient  ^ comme  on  le  voit , que  différentes 
manieres  de  faire  agir  le  bélier  proprement  dit , 
oUj  comme  Tapoeloient  nos  ancétres,  la  poutre 
belitre. 

Antlqultés  j Tome  I. 


BEL  441 

Le  £!om  de  bélier , arles , lui  fut  donné  , parce 
qu  on  garmiroit  rextiémité  de  la  poutre  qui  de- 
voit  frapper  la  muraiile,  d’une  tete  de  fer  ou  de 
bronze  , proportionnée  aux  eíForts  que  devoit 
fáire  tóate  la  machine,  & íondue  fous  la  forme 
de  cc-.e  dan  béher.  Pour  donner  uns  idee  du 
poids  Sr  ¿u  volume  que  l’on  donnoic  qtielquefois 
a cette  tete,  nous  en  décrirons  une  que  Veípafisa 
fit  fondre  ^our  abattre  les  murs  de  Jérafalem. 
Cette  tete  égaloit  en  groíTeur  dix  hommes;  elle 
étoit  armée  de  vingt-cinq  comes,  écartées  Pune 
de  I'autre  de  la  diftance  d’une  coudée , Se  groíiés 
comme  le  corps  d'un  homme  ordinaire.  La  maífe 
qui  fervoit  de  contre-poids  á cette  tete , cefoit 
qusnze  cents  talens.  LorfquVlie  étoit  fimplement 
détachée  de  la  poutre,  fans  qu'aucune  de  fes 
parties  fút  démontée,  cent-cinquante  paires  de 
boeufs,  ou  trois  cents  paires  de  chevaux  ou  de 
malets,  pouvoient  á peine  la  traíner.  Quinze  cents 
hommes  ne  fufEfoient  prefque  pas  pour  pouíTer 
ce  terrible  bélier  contre  Ies  muraiües. 

On  faifoit  jouer  le  bélier  fous  une  galerie,  a 
laquelle  on  donnoitle  nom  de  tortas , tefludo  , oit 
dans  une  tour  de  bois  deftinée  á cet  eíFer. 

Voici  la  deferipuion  du  bélier  fufpendu  , fuivsnt 
le  chevalier  de  Fokrd.  11  étoit  compofé  d'un  feui 
brin  de  bois  de  chéne,  femblable  á un  mát  de 
navire,  d’une  longueur  & d’une  groíTeur  prodi- 
gieufe,  armé  d’une  tere  ác  bélier  faite  de  metal 
fondu.  Tous  ceux  que  Ton  voit  fur  Ies  monurnens 
grecs  & romainSj  paroiíTent  fous  cette  forme. 

On  conferve  á Haguenau  & á Morvedro , ea 
Efpagne  , ¡’ancienne  Sagonte  , deux  béliers  ovL 
poutres-bélieres.  La  tete  de  celle  d’Haguenau  eñ 
armée  d’un  fort  talón  de  fer  carré  & tout  uní. 
Mais  la  tete  de  fer  de  lapoutre-béiiére  de  Sagonte  , 
eñ  faqonnée  en  tete  de  bélier , & femblable  á celle 
quon-voit  dans  le  bas-relief  de  Tare  de Sévére,  á 
Rome. 

La  tete  du  bélier , dit  Vitruvm,  portoit  quatre 
bandes  de  fer,  iongues  environ  de  quatre  píeos, 
par  lefquelles  elle  étoit  attachée  au  bois.  A Tex- 
trémité  de  chacune  de  cés  bandes , il  y avoit 
une  chaíne  de  méme  metal , iiée  á un  cable.  Ces 
cables  étoient  aíongés  le  long  de  la poutre-béliére  , 
liés  tous  Ies  quatre  enfemble  avec  une  corde,  qui 
¡es  tenoit  toujours  rendas  par  cette  ligature ; Se 
ils  aboudfíbient  tous  á un  méme  cordage. 

La  poutre-béliere  devoit  étre  d’une  groíTeur  pre- 
portionnée  a fa  longueur;  Vitruve  ¡ui  donne  quatre 
müle  talens  de  pefanteur,  á-peu-prés  quatre  cents 
quatre-vingt  mllle  de  nos  üvres;  ce  qui  n’eñ  pas 
exorbitant.  Cec?e  terrible  machine,  comme l’ap.- 
pelle  Jofephe , étoit  balancée  en  équiübre  comme 
la  branche  ou  le  ñéau  d’une  balance,  avec  une 
chaíne  ou  de  gros  cables^,  qui  la  tenoient  fufpea- 
due.  On  fixoit  cette  chaíne  ou  ces  cables  doubles 
au  miüeu  d’une  forte  poutre  niife  en  travers , afin 
de  teñir  fufpendue  une  mafíe  ñ prodirieufe.  La 
poutre  étoit  fupporréepar  un  carré  lor.gde  trente 


442. 


BEL 


OU  quaranre  píeos,  & quelquefois  davantage , 
für  une  largeur  proportionnée  á la  iongueur  de  la 
poutre.  ^ 

Cn  élevoit  fur  les  deux  cotes  de  cette  bafe  díx 
gros  poteaux  de  vingt-cinq  á trente  pieds  de  haut, 
fans  le-s  tenons , dont  quatre  faifoient  les  enco- 
gnures.  poteaux  etoient  joints  en  haut  par 
CiiaLte  labiieres  pour  recevoir  les  boiits  des  po- 
teauXj  de  mérne  qu  üs  I etoient  par  en-bas  ^ avec 
les^poutres  qui  fa:fo:ent  le  premier  chadls  ou  la 
bdie.  Surcet  aíTemblage  de  montans,  de  traverfes 
.&  des  laDiicres  qui  ailoient  de  chacun  des  po- 
te¿ux  a 1 autre  oppofé , on  plafoit  la  poutre  de 
íufpeníion , pofée  entre  deux  coíñs  de  bois  de 
Ciiaque  cote  , traverfée  de  fortes  cheviües  de  fer 
& de  puiflantes  équerres,  qui  reíTerroient  & aífa- 
pttdioient  fcrtement  cette  poiirre.  traverfante , á 
nquelle  étoit  fufpendue  \z  poutre-béliere. 

Toure  ^cette  charpente,  quí  prenoit  íbuvenr 
le  nom  de  tortue-beLiere , tefiudo  arietina , étoit 
couverte'quelquefois  d’un  comble  piat,  le  plus 
íf^yent  d un  comble  aigij,  fuivant  les  forces  des 
auiegés.  On  Tenveloppoit  cuelcuefois  d’un  tilia 
■ enduit  de  terre  graííe,  8:  recouvert 

d t!n  rideaii-de  peaiix  fraichement  éccrchées,.que 
í on  doubloit  d'autres  peaux,  entre  lefcuelles  on 
ir.etcoit  de  l’herbe  marine,  piquee  co'mme  nos 
mateias,  ou  de  la  mouíTe,  le  tout  trempé  dans  le 
yinaigre,  aíin  que  cette  couverture  fútálepreave 
des  pierres  & des  dards.  Oes  rideaux  matelaiTes 
ou  mantekts  étant  fufpendusá  un  pied  de  difíance 
en  avant  de  !a  charpenre , rompoient  la  forcé  des 
cqups  des  machines  ennemies.  Lorfque  ces  der- 
meres  etojent  pn  tres-grand  nombre , on  garnif- 
iOít^  auffi  les  cores  de  la  charpente  avec  de  forts 
madners , indépendamment  des  mantelets  du  de- 
vant. 

^ Comme  le  comble  rouífroir  le  plus  des  mafles 
enoimes  chaíTees  par  les  groíTes  catapultes,  qui 
laJoient  aurant  de  ravage  que  nos  bombes,  on  le 
couvroit  de  madriers  revetus  de  claies  enduites 
de^mortier  ou  d’argüe  ,45étrie  avec  du  crin  & de 
■la  Dotirre. 

« II  y-  a peu  de  favans  qui  n aycnt  traite  de  chi- 
stere  le  belzer  non  fufpenda  ,•  les  méchaniciens 
1 ont  regardé  com.me  une  chofe  impoffible  , parce 
qu  US  ne  1 ont  pu  cqmprendre.  Cependant , pour 
peu  que  ron  examíne  avec  attention  le  bélier  á 
torrue , que  1 on  voit  fur  les  marbres  & tes  mo- 
Eumens  antigües,  on  aura  de  la  peíne  á fe  per- 
luader  que  cette  machine  fút  fufpendue.  Végéce 
prctend  cue  la  tortive  a prís  fon  nom  du  bélier 
dont  ia  tete  fort  de  cette  macfíine , Se  y rentre 
encuite,  comme  la  téte  de  la  tortue  fort  de  fon 
ecaiLe  , Se  y reatre  aprés ; tnais  ce  nom  convíent 
^ ■?  torrue  a héíier  non  fufpendu,  qu^^au 
be..icr  a viorations.  I!  paroft  aue  Vécéce'dif- 
tmgue  In  rortue  qu'ií  appelie  ¿ faux , de^celle  oú 
un  béher  en  batterie.  Dans  la  pre- 
Riiere  , li  y avoit  une  poutre  fufp'eadue  qu’on  , 


BEL 

balancoit  en  avant,  ao  bout  de  laqueüe  étoit  une 
efpcce  de  faulx,  ou  de  fer  courbe  en  grappia, 
ayec  lequel  on  tiroit  á bas  les  pierres  de  la  mu- 
raille  que  le  bélier  avoit  ébranlées.  Voye:^  Cor.- 
EEAU  A GRIF5ES 

“ La  ílructure  des  tortues  a béHcr-Ci.frendu 
étoit  toüte  autre  que  celle  du  bélier  non-fufpendu* 
dans  la  Iongueur  comm.e  dans  le  combte.  II  étoit 
piar  dans  celles-ci,  qui  éto:e¡it  encore  rres-ion- 
gues , 8'  en  faqon  de  galerie  á comble  aigii.  Les 
autéiirs  difent,  á la  véiité,  qu’ily'  avoit  u;i  bélier 
ou  les  foidats  qui  le  feryoient  étoienr  á couverc 
des  traits  & des  machines  des  afíiégcs.  Cela  fe 
concoit  aíTez  a Tégard  du  hélier-fufpcndu. , oii  les 
hommes  qui  le  baiancoient  agiíToient  au-deU  de 
ia  tortue,  ,á  fabri  des  paral'éles  Ies  plus  proches 
du  bcrd  du  fofl'é ; cette  tortue  devai3t  erre  toute 
ouvérte  pardevant,  pour  donner  refpace  nécef- 
faire  ati  cable  auquel  la  poutre  étoit  fufpendue. 
Mais  á Tégard  des  tortues  á comble  plat  &:  á 
centre- fiches , je  ne  puis  croire  qu’il  fárfurpenda; 
car  pour  le  fufpendre,  il  eutfaüu  elevar  le  comble 
de  la  tortue  á une  haureur  prodigieufe ; ce  qui  ne 
peiit  s’accorder  avec  les  proponions  que  les  an- 
ciens  donnent  a ces  tortues  , qui  font  trop  baíFes 
pour  que  le  bélier  píit  erre  balancé  de  maniere 
á prodiúre  queiqu’efFet.  li  fuit  de-íá  que  ces 
tortues , outre  qu’e'Ies  etoient  fermées  pardevant , 
á la  réferve  de  fouverture  ou  paíToit  la  tere  du 
bélier , ne  fervoient  que  pour  íes  poiitres  non  fuf- 
pendues 

«Ce  qui  d-émontre  plus  partictiüérement  que 
Ies  béliers  des  tours  & des  tortues  n’étoient  pas 
fufpendus,  c’eft  qu’eües  etoient  fermées  parde- 
vant, 8r  cela  ne  pouveit  étre  aurremenr;  c’di 
ce  qu’on  remarque  fur  les  marbres,  ou  l’on  ne 
voit  atix  tenues  quítine  ouverture  en  long,  avec 
un  auvent  p.ardeíTus  pour  le  jeu  du  bélier , au-heu 
qu’il  auroit  faliu  falte  le  devant  tout  ouvert  de 
bas  en  haut , comme  par-derriére  , íi  ia  poutre 
avort  été  fufpendue  en  équilibre  , pour  íaiífer  de 
refpace  & fes  vibrations  libres 

“ Vitruve  parle  d’une  tort¡:e  dans  laqtielle , 
dit-íl  , on  plaqoit-ia  machine  á bélier , qai  ell  ap- 
pelée  en  grec  criodochée , Kfiódlxn,  dans  iaquelle 
on  placoit  un  rouleau  exaefement  arrondi , qui 
portoit  ie  bélier  : on  tiroit  celui-  ci  avec  des  cables, 
il  aüoit  Se  S'enoit  de  cette  maniere  , & produifoit 
un  grand  eíFet.  Cet  écrivain  parok  s’étre  mal 
expliqué  , 8e  voici  comme  il  faut  rérabhr  le  pif- 
fage  ; il  y avoit  dans  ie  müieu  de  la  machine 
fur  des  montans , un  cana!  pareií  a celui  des  cata- 
pultes & des  ba’ifte.s.  Au-travers  ce  ce  cana!,^pn 
mettoit  un  mouíinet , & fon  fixoít  des  pouiies 
au-devant  du  bélier,  á droite  & á gauche.  Cá 
moiilinet  faífoít  tendre  íes  cordes  qui , en  par- 
fant  dans  ¡es  poulies,  ramenoient  le  hél:er  tn 
arriére,  ou  le  faifoient  couler  en  avant  far  des 
rouleaux  , pour  battre  avec  violence  les  remoarts 
eanetnis.  Ón  conítruifoic  au-deífus  de  ce  béü^ 


BEL 

ncn-fufpendu , ure  voúte  cui  !e  courroir  j &r  cui 
f^utencit  les  peauK  crues  donr  L tonr  étoic  enve- 
loppée  ».  _ ■ 

íel’er  non.-fiifpen.du  agir  avec  plus  de  forcé 
2c  de  violence  cue  ie  ¿éiier-fujpendu. , quoiqu'avec 
une  puiiiance  tres-iimp'e  ; parce  que  íes  coups  du 
dernier  font  obiiqueSj  au  lieu  que  ceux  du  pre- 
mier font  directs  & plus  fouvent  redoublés  : il 
faut  méme  une  moindre  forcé  pour  le  poufíer 
en  avant  & en  amére.  De  plus,  la  prerdo.n  de 
li  poutre  fur  les  cvündres  , augmente  fa  forcé 
2c  fon  inouvemeritj  tandisque  ia  forcé  du  bélier- 
fufi  endu  ne  viene  que  de  fon  balancemcnt  & de 
fon  propre  poids,  qui  fait  plus  ou  moins  d’eífet , 
felón  rétenlue  de  fes  vibrations;  ce  qui  rend  les 
coups  plus  obiiques.  Ceux  qui  font  jouer  ce  der- 
rier  ne  le  pouífent  point  dans  fon  choc  ^ &:  ils 
n emploíent  ¡eurs  force,^ue  dans  fon  mouvement 
de  retraite;  le  bélier  non-fufpendu  ajoute  de  plus 
a ce  poíds  la  forcé  des  homenes;  cutre  qudl  en 
faut  beaucoup  moins  pour  le  ramener  ■». 

\ itruve  n'eftpas  le  feulqui  ait  parlé  <áes  béliers 
non-fufpendus  j Hiéron  dit  formellement  qudl  y 
avoit  des  béliers  pofés  fur  descyli'ndres.  Le  pete 
Daniel  en  fait  mention  dans  fon  Hifioire  de  La 
Mílice  Franfoife.  ( Cet  anide,  pris  dans  le  Sup- 
piement  de  l' Encyclopédie  , ejí  marqué  de  la  lettre 
( V.)  ; Víiuteur  eJl  meonnuj. 

les  affiégés  employoient  divers  moyens  pour 
détruire  reífer  de  ces  terribles  machines.  Tantót 
ils  leur  oppofoient  des  mátelas  ou  des  facs  rem- 
plis  de  paiile ; tantót  ils  defeendoient  des  cordes 
terminées  par  des  nceuds  coulans,  avec  lefqueis 
ils  s eíforcoient  de  faiíir  la  téte  du  béher  8e  de 
l’éiever,  pour  rómpre  fa  directicns  tancór  ils 
táchoient  de  le  furprendre  avec  des  corbeaux  á 
grifes,  ou  de  longues  & fortes  tenailíes  da  fer5 
tantót  enfin  ils  précipitoient  fur  la  tete  du  hélier 
pour  le  fracaifer,  des  pierres  énonues,  des  tron- 
?ons  de  colonnes  Se  de  ftatues , comme  le  prati- 
Quérent  les  Romains  dans  la  défenfe  du  mole 
d'Hadrien  centre  Ies  Gochs , Se  des  maíTes  de 
plomb. 

BÉLIÉRES.  Le  comte  de  Caylus  avoit  cru 
loag-tems  que  les  tetes  fur  lefquelles  on  trouve 
des  béliéres  , avoient  été  des  offrandes  ou  des 
ex-voto.  lí  penfoit  auííi  avec  Gori  {Muf  Etrufe. 
r.  II.  p.  180.) 5 qu’on  pourroit  quelquefois  ieur 
attribuer  une  aiitre  deífination  , & les  regarder 
comme  des  ornemens  que  Ies  miniílres  des  dieux 
fuípendoient  i leur  cou , ou  plaqoieut  fur  leur 
poitrine.  « J’étabhs  , difoit-i!,  cetre  cónjeélare 
fur  la  figure  gravée  dans  la  planche  Lxxxiv  (¿1 
premier  voi.  de  fon  Rcc.  d' antiqé)  , que  y¿i  tirée 
d’un  Recueil  de  deírin,s  qui  appartient  á M.  Falcon- 
liet,  de  l’académie  des  beiies-Iettres , & qui  a été 
fait  par  Etienne  Duperac-  II  étoit  peintre , avoit 
demeuré  long-tems  en  Italie;  S:  les  amateurs 
dantiqiutés,  qui  éfoienrpour  lors  en  grand  nom- 
j ravoienr  fouvent  employé  á ceilliier  íes  - 


BEL  443 

monumens  Ies  plus  curieux,  á mefure  qu’on  ea 
iuiioir  .a  aícouverre.  Son  Recueil  condent  beau- 
coup  ce  ítatues  &c  de  bas-relieís  Qui  nous  font 
connus  5 & ía  fidé^té  avec  laquelie  ils  font  def- 
in>.s,  eít  un  garant  de  rexactitude  de  tout  ce 
cu:  compofe  ce  mém.e  Recueil 

“ j-ilais  pour  prouver  que  le  monument  ran- 
porte  dans  cette  planche  fur  la  foi  de  ce  deííi- 
nateur,  a exiUé  , & que  ce  n’efi:  point  un  fruir  de 
l imagínMon  du  peintre,  c’eíl  qu  il  fe  trouvoir 
aufli  aeíli.né  dans  un  manuicrit  de  Bagari , que 
Spon  (Mifcel!.  erad,  antiq.  p.  i jo.)  avoit  con- 
^ & d’aprés  lequel  il  la  publié  avec quelques 
diñerences  qui  m cnt  engañé  á le  faire  graver  de 
nouyeau , non-feulement  pour  mieux  établir  morí 
fentiment , inais  parce  qu’áutant  que  j’en  puis 
jugar,  le  deíiin  de  Duperac  eíl:  plus  exaíl.  Spoa 
dic  que  ce  monument  étoit  de  marbre ; & pour 
l’exphquer,  il  rapporre  un  paiTags  de  Denis  a Ha- 
lycarnaíle , ou  li  (^Antiq.  Rom.  l.  ii.  c.  ip.)  dit  que 
le  pretre  ou  ¡a  pretreíle  de  Cybele  portoient  des 
liqulacres  fufpendus  á leur  cou.  Suidas  (in  voce 
Táx>.a.)  dit  la  méme  chofe,  Sz  Ficoroni  {la  Boll.t 
d‘Oro , p.  8.)  a npporté  une  bulle  á laquelie  eft 
atrachee , avec  une  chaíne  d’or,^rimage  d’une 
figure  Panthée.  Je  crois  qu’aprés  de  pareils  té- 
moignageSj  on  n’héíitqra'pas  á regarder  plulieurs 
de  ces  tetes  garnies  de  béliéres  , comme  des  mo- 
numens  que  les  minifires  des  ¿ieux  fufpendoient 
á leur  cou  Caylus  1.  209. 

Mais  dans  un  autre  endroit,  le  méme  favant 
reconnoit  pour  des  poids  ces  tetes  ou  bufles  qui 
ont  des  bélieres.  Ce  bulle,  dit-ii , a une  béliére  fur 
la  téte  , parce qu’il  a fer\fi  de  poids  á une  balance, 
ce  1 efpéce  de  cel!e  que  nous  connoiíTons  foas  ’e 
nofíi  de  romaine.  11  dit  encore  ailleurs  {Rcc.  6. 
pl.  84.  n.  I.)  : cc  Ce  baile  de  Mercare  péfe  encore 
aujourd’hui  trois  livres  une  once.,  poids  de  Faris, 
Se  prouve  en  faveur  de  la  deitination  que  je  lili 
fuppoíe  (d’avoir  fervi  de  poids) ; d'autant  que  le 
lecieur  étant  convaincu,  par  l’exemple  des  mo-' 
numens  épars  dans  mes  Recueíls,  que  pluíieurs 
bulles  de  dívinités  cu  d’empereurs,  (ce  qui  eíl 
íynonyme  á i’égard  des  Romains)  ont  fervi  á ce 
méme  ufage  5 ceux  de  Mercare  doivenr  avoir  été 
plus  fréquemment  employés  par  les  marchands 
Voyeq^  MeRGURE  & BALANCE. 

On  volt  dans  ie  cabinet  de  Salnte-Géneviéve, 
un  bulle  de  bronze  rempli  de  plomb,  dont  iá  teri 
eíl  gamie  d’un'e  forte  béliére  & d’un  crochet.  La ' 
fonction  de  ce  crochet  étoit  éviiemment  d’em- 
bralTer  le  fiéau  d’une  romaine. 

Quelques  autres  pstites  figures  de  bronze  ont 
des  béliéres  ñxéts  entre  les  deux  épauless  Se:  alors 
on  peut  croire  qu’elles  ont  fervi  á les  porter  fuf- 
pendues  au  cou  en  guife  d’amulertes  , ou  d’atrri- 
bitts  particuliers  des  pretres  confacrés  au  caite  de 
quelque  divinité.  Ceñ  ainíi  que  l’Archigalle  qui 
eíl  fcüipté  fur  un  tombeau  du  capitoie , porte  Is 
buiíe  d’Atys,  fufpendu  fur  fa  poitrine. 


444  BEL 

B E L J S AI  R E.  On  voi-  a Rome  s la  viüa 
Borghefe j une  ílatiie  aíSfe  j plus  petite  que  nature , 
que  Fon  a prife  n-.al  á-propos^  felón  Winkelmann 
quinoüs  fournit  cet  articlej  Bélifúre  deman- 
dant  Faumóne  j parce  que  fa  maiii  droite  repofe 
fur  fon  genou.  Cette  main  eñ  creufe , & paroit 
deítinée  á recevoir  quelque  chofe.  On  pourroit 
dire  que  cette  ftatue  repréfente  une  des  perfonnes 
qui  demandoient  Faumóne  pour  Cybele,  & á qui 
feaies  Íes  ioix  des  douze  Tables  permettoicnt  de 
mendier.  Elles  étoient  appelées  nom 

derivé  de  Cybéíe,  & de  ¿yjfTi¡í , collec- 

teur  j ou  M!¡yayvira.¡,  dérivé  de  Mh , mois  j Se  du 
méme  5 parce  qu’elles  avoient  un  joar 

marqué  dans  chaqué  mois  pour  demander  cette 
aumóne. 

II  paroit  cependant  que  cette  ftatue  repréfente 
quelque  perfonnage  plus  relevé.  Nous  favons  que 
Fempereur  Auguñe  s'abaiffoit  au  vil  état  de  men- 
diant  un  jour  de  chaqué  année>  & qu'il  tendoit 
aux  psííans  une  main  creufe,  cavam  manum,  pour 
recevoir  Faiimone.  Les  fuperftitieux  pratiqúoient 
cette  hamiliation  p-2-ar  appaifer  Néméfis^  quf  fe 
plaifoit,  felón  Fopinioh  vulgaire,  á abaiiTer  & 
hurailier  les  grands  {Cafaub.  Animad,  in  Sueton). 
Dans  les  meines  vues^  on  attachoit  aux  ch-ars  de 
triomphe  des  fouets  & des  fonnettes,  qui  étoient 
íes  attributs  de  cette  divinité  veagereíTe,  comme 
cu  le  voit  á une  belle  ftatue  de  Néméíis  placee 
dans  les  jardins  du  Vatican  ; aSn  de  rappeler  aux 
triomphateurs  que  leur  pompe  étoit  paflagére,  & 
que  la  vengeance  des  dieux  devoit  fondre  fur  eux, 
s'ils  fe  üvroient  á Forgueil  & á la  vanité.  Ceíl 
peut-étre  á ce  deííein  qu'on  aura  tenu  ouverre  la 
main  du  prétendu  Bélifaire  , comme  préte  á rece- 
voir Faumóne;  & on  peut  croireque  cette  ftatue 
nous  montre  Áiigufte  dans  Fattitude  d'un  ir.en- 
diant. 


BELISAME,  -5 
BÉLIZAA’A , 5 


nom  que  les  Gaulois  don- 

Boient  á leur  Minerve,  ou  á la  dteíTe  inventrice 
des  arts.  On  la  trouve  repréfentéeavec  uncafque 
«roé  d’üne  aigrette;  elle  cft  revétue  d’une  tuniqae 
fans  manches,  recouverre  par  le  manteau  appelé 
feplum.  Elle  a les  pieds  croifés,  & la  rete  panchée 
fur  fa  rnaio  droite  : fon  atticude  eft  celle  d’une 
perfonne  qui  reve  profondénaent.  On  ne  lui  voit 
point  d’égi-de.  Des  viíiimes  humaines  étoient  im- 
molées  fur  fes  autels.  Une  iafcription  antique 
Koavée  á Conferans,  porte  : 

JÍINEaVAE 
BEEISAMAB 
Q.  VALERIUS 
MONÜM.  ... 

SELLARIA.  Les  Romains  exprimoíent  par  ce 
.mor  générique  les  pitiueries  , les  con.*irures  au 
»iei  , & Íes  au:res  friandifss  qui  ceniunoieni  ks 


BEL 

repas.  Les  fruits  n’étoien:  pasconapris  fous  le 
génértque  b Alaria.  On  fervoit  avec  ¡es  helUrU 
des  feuüles  de  laurier,  que  les  convives  ntá- 
choient , pour  ne  pas  fentir  I'odeur  da  vin.  Martiaí 
(v,  4.):‘ 

Fxtere  multo  Myrtale  folet  mero  ¡ 

Sed  fallat  ut  nos , folia  devorat  laurí. 

peut-étre  auíft  parce  qu’ils  étoient  dans  ¡'‘opinioa 
que  le  laiirier  contribuoit  á la  fanté,  {Ctopon.xi.') 
lauras  facit  fanilatem. 

Les  Grecs  mangeoient  des  hdlaria  pendant  Ies 
jeux  & les  fpefiacles. 

BELLEROPfíOÑ,  étoit  fils  de  Ñeptune  ou 
de  Glaucas,  roi  d’Epire  ou  de  Corinthe,  & de 
Mérope-  11  fut  obiigé  de  quitter  fa  patrie , parce 
qu’il  avoit  tué fon  frére  , ^ il  fe  retira  á la  cour  de 
Proétus  , roi  d’Argos,  qui  lui  fit  un  trés-bon 
accueil.  Sténobée  ou  Ancée,  fenime  de  Proétus, 
étant  dcvenue  amoureufe  du  jeune  prince,  & 
Fayant  trouvé  infeníible , Faccufa  devant  fon 
mari  d’avoir  voulu  la  féduire.  Le  roi , pour  ne 
pas  vio'ler  les  ¡oix  de  Fhofpitalité  , i’envoya  chez 
lobate  , roi  de  Lvcie , pére  de  Sténobée  , en  le 
priant,  dans  une  Jettre  dont  Belléropkon  fut  lui- 
méme  le  portear,  de  s’en  défaire.  Jobate  réfoia 
de  faire  périr  Belléropkon  , lui  ordonna  d’aller 
combatiré  un  monftre  épouvantable  , appelé  la 
Chimére.  Belléropkon  vainquit  le  monftre  , & es 
délivra  le  pay's.ll  St  encorc  la  guerre  pour  lobate  aux 
Solymes  & aux  Amazones  , & revJnt  vittorieux 
de  toas  les  ennemis  du  roi.  Ce  fut  alors,  dst 
Hcmére,  que  lobate,  connoiíTanr  á fes  grands 
exploits  que  ce  prince  étoit  de  la  race  des  dieux  , 
lui  donna  Achémone,  fa  filie,  en  mariage,  & 
le  declara  fon  fuccelTeur.  Achémone  le  re.ndit 
pére  de  Laodamie , qui  fut  une  des  maitreíTes  de 
Júpiter. 

Sur  la  fin  de  fes  jours,  Belléropkon  s’étant  ature 
la  haine  des  dieux,  dit  encore  Homére,  fe  livra 
auné  fi  noire  mélancolie,  cu’il  erra  feul  dans  les 
déferts,  rongeant  fon  coeur,  & évitant  la  rea- 
contre  des  hommes. 

Hygin  & Plutarque  racontent  différemment 
l’hiftoire  de  ce  héros.  Minerve  lui  donna , d_ít 
Hygin,  le  cheval  Pégafe,  pour  combattre  la  Chi- 
mére -y  le  prince  , monté  fur  ce  cheval , ayant 
voulu  s’élever  jufqu’au  ciel,  un  taon  piqua  le 
cheval,  & caufala  chute  du  héros,  qui  fe  tuaen 
tombant.  Plutarque  aioure  encore  cene_  faoie  , 
Belléropkon  y mécontent  de  lobate  qui  I ayoit 
expofé  á tanr  de  pérüs,  pria  Neptune,  fon  pére, 
de  le  venger.  A fa  priere,  les  flots  de  la  met  ^ 
foulevérent  Se  inondérent  roi^t  le  pays  Les^L vxiens 
fe  voyant  jaerdus,  le  fuppliérent  d’appauer  ^ep- 
tune,  mais  en  vain.  Les  dames  fe  préfentere^ 
devant  lui,  d’une  maniere  peu  decente,  & 
fléchirent : ilfe  touma  vsrsia  mer,  & en  fit  retirer 
Ies  fiots. 


BEL 

Tiine  attríbue  a ce  héros  fabuleus  {l-j.  e.  ^6.) 
á’avoir  enfeigné  aus  hommes  á dompter  les  che- 
vaux. 

Les  lettres  de  Bellérophon  , ra 

, pafíerent  en  pro  verbe  chez  les  anciens , 
pour  défigner  de  fáuíTes  lettres  de  recommanda- 
tion  j qui  étoient  écrítes  contre  le  portear  de  ces 
jnémes  lettres- 

On  voit  Bcllérov-kon  monté  fur  Pégafe , &■  cona- 
battant  la  Chimére  , dans  prefque  toutes  les  col- 
leñions  de  pierres  gravees. 

BELLIA,  famiik  romaiúe  dont  on  a des 
jísédiüles : 

E.R.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

BELLICA.  Voyez  Bellone. 

BELLICREPA  jdltatio.  V.  Danse. 

BELLINÜS  ; c’eíl  ainfi  qu’on  nommoit  dans 
l’Auvergne  BélénuSj  que  toutes  les  Gauies  ado- 
roientj  mais  qui  étoit  beaucoup  plus  honoré  par 
les  Auvergnacs,  que  par  toas  les  autres  Gaulois. 
Voyei  BÉLENUS. 

BELLONAIRES.  Ce  forft  les  prétres  de  Bel- 
lone j qui  étoient  initiés  á fon  facerdoce  en  fe 
faifant  des  incifions  á la  cuiíle  ou  au  bras,  en 
lecevant  leur  fapg  dans  la  paume  de  la  main  , pour 
en  faire  une  libation  á leur  déeíTe.  Mais , dans  la 
fuite,  cette  cruauté  ne  fut  plus  que  ílmuíée ; puif- 
que  le  cruel  Commode  {Lamprld.  c.  cj.)  les  obligea 
fe  déchirer  effeclivement  les  bras.  Ces  prétres 
étoient  des  fanatiques  , qui , dans  leur  enthou- 
íiafmc  j prédifoient  la  prife  des  villes  ^ la  défaite 
des  ennemis  , & n’amionqoient  que  fang  & car- 
Bage.  f^oye^  Fanatiques. 

Le  grammairien  Acron , Se  Tancien  fcholiafie 
de  Juvénal  j fe  font  fervis  feuls  du  mor  Bello- 
narii,  nom  de  ces  farieux.  Le  fecond^  expliquant 
le  109'^  vers  de  la  6^  faryre  de  Juvénak  dit ; Ser- 
giolíim  nomine  ex  gladiatore  amavit , qai  & Ludor 
dictas  eft.  Qiii , ut  réquiem  gladiiUurs.  haberet , 
SBLLONARiuM  fe  ftcerat  ,quibus  mos  efi  in  talibus 
lacertos  fuos  focare. 

BELLONE  j filie  de  Phoreys  & de  Céto  , 
étoit  fceur  de  Mars  5 ou,  felón  quelques-iins  ^ 
fa  femme.  On  la  dépéint  cooime  une  divinité 
guerriére  ^ qui  preparoit  le  chariot  & les  che- 
vaux  de  Mars  , lorfqufil  partoir  pour  la  guerre. 
Armée  d’un  foiiet  ou  d’une  torche , & les  che- 
veux  épars  , elle  excitoit  les  guerriers  dans  les 
combats.  Bellone  avoit  un  temple  a Rome  , prés 
de  la  porte  Carmentale.  (Fbye? /Fdes.  ),  dans 
lequel  le  fenat  donnoíc  audience  aux  ambafla- 
deurs  : á la  porte  étoit  une  pe  ira  coionnequ’on 
nommoit  la  guerri'ere  , belLíCA  , & contre  la- 
b-elle on  jetoit  une  ¡anee  toutes  les  fois  qu'on 
décl.-roit  la  guerre. 

Certe  déefie  étoit  regardée  comme  ésale  e.n 
pmffance  á Mars.  On  Thonoroit  dfiin  cuite  p?.r- 
íiculier  dans  deus  viücs  nomméÉS  Comane^  dont  1 


Bel  44^ 

1 ¡;»e  étoit  en  Cappadoce , & Tautre  dans  le 
royanme  du  Pont  : le  cuite  v étoit  a-peu-prés  le 
tncme , Se  avoit  été  étabü  dans  celle  de  la  Cap- 
paaoce  par  Oreñe.  Dans  chacune  de  ces  deus 
Viíies,  le  temple  de  la  déeffe  étoit  doté  de  beau- 
coup  de  terres  , & deíTervi  par  un  grand  nombre 
de  perionnes  , fpus  1 autorité  d’un  pontife  qui 
ne  reconnoiffoit  que  k roi  au-ddTus  de  luí ; fa 
dignité  étoit  a vie , Se  lui  áonneit  le  droit  de 
cornmander  aux  fujets  du  roi.  Ere  partie  des 
fonétions  des  prétres  de  Bellone  , eonfiííoit  á 
-contrefaire  les  enthoufiaííes  & a fe  décbirer  ’e 
cerps  jufquku  fang.  Les  étrangers  fe  rendoient 
en  fouie  a la  féte  de  la  déeffe  ^ & pouvoient  7 
étre  atcirés , pour  la  plupart , par  ¡es  femmes  de 
mauvaife  vie  ^ qui  étoient  confacrées  aa  cult* 
de  Bellone. 

Les  poetes  Se  les  artiftes  confondoient  foavent 
Bellone  avec  Pallas. 

A rég|de  &r  la  chouette  prés , on  repréfentoit 
Bellone  Se  Pallas  Tune  comme  Fautre  : on  ffavoit 
pas  méme  encore  découvert  avant  ce  fiécle  une 
figure  de  Bellone  , que  Fon  púc  reconnoítre  pour 
teiie  fans  aucune  reitriclion  5 car  Ies  voyageers 
affurent  que.  Minerva  , fur  le  frontón  de'”  fon 
temple  á Athénes,  paroit  fans  caique  ni  bou- 
clier  j comme  onrepréfente  la  déeffe  déla  guerre. 
Le  feu!  monument  oú  Fon  voye  indubitablement 
Bellone  , eíl  le  fragment  d^un  grand  farcophage 
de  la  villa  Albani.  Certe  déeffe  y efi;  placée  fur 
un  piedéfial  elevé,  tenant  la  pique  de  la  main 
droite , & le  bouciier  foiis  le  bras  gauche,  comme 
on  pone  aujourd'hui  les  ch?peaux.  Devant  eüe 
une  vieiüe  prétreffe  tient  un  coq  au-deffas  da 
feu  d’uri  autel.  De  Fautre  cote  de  Bellone , eít 
affss  tout  nud  un  de  fes  prétres  appelés  Fanaüci  , 
qui  porte  une  grand  bouciier  au  bras  gauche  , 
& paroit  vouloir  fe  donner  des  coups  avec  une 
épée. 

On  immolóit  le  coq  a Bellone  p Se  Arnobe  Is 
compte  parmi  les  divinites  infernales.  Lorfqu'ors 
la  regardoit  comme  Fépoisfe  de  Mars,  on  Fap- 
peloit -ZvV/'/e.’re.  Aulu-Gelle  {Noli.  Attic.  13.  zi.). 
Plante  skfi  fervi  du  rn-éme  nom  {Truc.  il.  6.  54.)- 

Mars  peregre  advenlens  falumt  Merienem 

Uxorem  j'uam. 

Au  fonet  Se  aux  torches  qne  porte  ordinaire- 
ment  Bellone  y Clan-dien  ajoute  une  faulx  (L'üírop, 
il.  244.  ) 

Quid  dudiim  inflare  moraris 
Tartaream.Bellona,rubam?quid  flringere  falcem? 

Les  Bellonaires  célébrcient  fes  féres  la  veille 
des  nones  de  Jnin , & le  neuf  des  calendes 
d'Avrii-j  lis  máchoíent  une-plante  appelée  Bel- 
]onaria,qu¡  les  faifoir  entrer  en  firreur,  & les  dii- 
p jfoit  aux  coups  Se  aux  plaies  qui  caradtérífoiem 
ces  fétes. 

Hygin  {Fab.  274.) , dit  que  Btllons  avoit  inventé' 


BEL 


raieunie  á couo’re  , v.tvt\¿e  en  pe 

GU¿'  ¿e:á  ñit  formé  fon  nom  : abus  cíAident  de 

^ ^"b^LLUTÚS  3 furnom  de  L.  Sicmius  , pre- 
mier tiibun  du  peuple.  FeíVas  le  rend  par 
pmílis  j femblabie  a une  béte» 

B É L O M A N C E , \ Biy^tc-aniset , divination 
BELOMANCIE,  S ,,  , , 

par  les  fleches.  Ce'mot  eft  compofe  oe 
. ñecke  , & de  y^yrítot , divination.  La  belonuzn- 
cie  éroit  pratiquée  par  les  Orientaux  & pa.r  >-S 
Arabes  en  particuber.  11  y en  avoitue  deux  lót-^s- 
1°.  On  marquoit  des  fleches  & on  les  mettoir  dans 
un  fac  , au  nombre  de  onze  ; on  les  prenoit  en- 
füite  ; & felón  les  marques  j on  tiroit  des  conle- 
cuences  nourravenir;  on  ne  fe  ¡ervoit  q_u>, 
de  trois  fleches,  fur  fuñe  defquelles  on  ecnvoit, 
Diea  me  l’ordonne  ; fur  une  aurre,  Dieu  me  le 
défend  5 & Fon  n écrivoit  ríen  fur  la  troiíieme. 
Aprés  Ies  avoir  renfermées  dans  un_  carqums  , 
on  en  tiroit  une  au  hafard  : II  c étoit  la  fleche 
fur  laquelle  étoit  écrit , Dieu  me  Fordonne  on 
faifoit  la  chofe  pour  laquelle  on  confmtoit  le 
fort.  Tiroit-on  la  fleche  qui  portoit  Eueupe 
le  défend  , on  ne  la  faifoit  pas.  Sí,  la  troilipne 
enñn  fortoit  la  oremiére  , on  recomtnenqoii.  la 
divination.  Les  .\rabes  appellent  cette  divmation 

On  a quelquefois  cotifondu  la  divination  par 
les  bapuettes  j avec  la  bílomancie  ; mais  c eft  a 
tort  : elle  apcartient  á Fárdele  Rabdomancie. 

BELFHÉGOa.  Foyer  Baal-Peor. 

BÉLUS,  principale  áivinité  des  Babyloniens. 
Bien  n’étoit  aitíli  riche  rd  auíii  magnifique  que 
le  temple  quhl  avoit  á Babylone.  Les  rois  de_Ba- 
bvlone  s’attacbérent  fucceflivement  á 1 embeilir  & 
á'  Fenrichir  ; en  forte  qu  il  y avoit  des  tréíors 
immeníes  ^ lorfque  Xerxes , au  retouir  ue  la 
heureufe  expédidon  de  Gréce  - Is  pilla  óc  it  de- 
moüt  entiéremenr.  Hérodote  en  fait  une  bel.'e 
defeription  dans  fon  premier  Livre.  Dans  1 en- 
droit  !e  plus  elevé  du  temple  , celai  pouj  leqiiel 
on  avoit  le  plus  de  vénératícn  , i!  y avoit  un^  lit 
magniílque  . ou  couchoit  une  femme  de  la  yille  , 
que  le  prétre  de  Bélus  choniíToit  chaqué  jour  , 
lui  faifant  accroire  qu*elie  y étoit  honoree  qe  la 
préfence  du  dieii. 

Bélus  étoit  le  folei!  ou  .Tupiter , ou  la  nature 
elle-méme,  qu’pn  adoroit  fous  ce  nom.  Dans  la 
liiite , le  premier  roi  des  Afll/riens  , a qui  on 
donna  par  honneur  le  nom  de  heius^  , ayant  ete 
mis  aprés  fa  moit  au  ranq  des  dieu-x  , u fut 
confondu  avec  la  grande  divinité  ces  Affyriens. 
11  y a eu  plufieurs  autres  priaces  de  ce^  nom. 
Cicéron  , entre  pliilieurs  Hercules  qu  il  diñingue, 
dit  que  le  cinquieme  étoit  Bélus  ¡ ou  Hercuie 
FIndien.  ' 

BÉtus  3 roi  de  Tyr  8c  de  Fhénicic  , fut  pére 
de  Pygmaüon  & d'Eliüa^  furnommée  Didon. 
Verje-^  Didon, 


B E N 

Bktvs , pere  de  Danails  3c  á’Egyptus  3 eft  le 
Júpiter  égyptien. 

EEMBiiSE  (rabie).  Voyei  Isiáqde  (table). 
BÉME-aploun  3 pas  Ampie  de  vojageur , 
mefare  linéaire  & hinéraire  de  Fa1i^&  de 
FEgypte.  Ede  valok  15  pouces  & -33  ce  r ranee. 

Béme-diploun  3 ampelos  3 mefure  linéaire  Se 
itinéVaire  de  FAfie  & de  FEgvpre  ; elle  valoit 
n pouces  & 4oa  de 

fures  anciennes  des  memes  pays  3 deux  bcmts- 
aplom. 

BEMILUCIOVI  ou  B-emiíuc.  JovL 
Mutatori  (ijSfo  6.),  rapporte  Finferiptios 
fui  Y ante  ; 

DEO  BE 

MIEUCIO 

VI. 

que  Montfaucon  croyoit  devoir  iire  deo  bemi- 

LUC.  ( bimiluciano  ) JOVI.  F.  B-MILDCIUS. 

BÉMÍLUCIL'S,  furnom  de  Júpiter  , adoré 
dans  la  Bourgoenc  ^-prés  Fabbaye  de  tlayigni, 
oú  ce  dieu  avoit  des  aurels.  On  y a rrouve  une 
ftatue  de  Júpiter  Bémilucius  , ou  n eL  repre- 
fenté  jeune  & fans  barbe, 

BENDID1ES  3 fétes  qui  fe  célébroient  dans 
le  Pyrée  d’Athenes  , le  19  ou  le  20  du  raois 
Thargelion  , en  Fhonneur  de  Diane,  furnommee 
Bendís.  Ces  fétes  reíFemblolent  un  peu  par  ieur 
licence  aux  Bacchanales. 

BEADIS  ; c'eft  le  nom  que  Ies  Thraces  don- 
noient  á leiir  Diane,  ou  plutot  a la  lune,  felón 
Pal'-Ephate  ( c.  32.  ) & Suidas-  Strabon  9-> 
& Proclus  (lib.  I.  in  Tim.  Plato. 

¡es  fétes  célébrées  en  fon  honneur  , etoient  tort 

bravantes.'  Le  cuite  de  Bendis  fut  pone  a 
Athenes  par  des  m.archands  qui  frequentoieHc 
les  cotes  de  la  Thrace. 

BENÉ.  Les  Romains  employoient  ce  mor 
iorfquflls  büVG’ent  á'  la  iante  íes  uns  des  aun-s. 
Toxilus.dit  dans  Plaute  ( Perj.  v_.  rao.  y ■ “ ) 
33  bois  á ma  fanté , á la  votre  8c  a qeue  de  m 
>3  aroie. 

Biné  miki  3 biné  vohis  , lene  amíct  mU. 

Lemniféiéhe  répond  á To_xilus_:  “^lous  vous  n 
33  mercions  de  vos  fouhaitsi  ils  nous  íom 
33  agréables.  33 

Tuáfañum  apera  : biné  ortinihiís  nolis. 

Dans  le  memg  poete  ( Stloh.  5.  4,  ^7-  ) ^ 
encore  : 

Bine  vos  3 heni  nos  , htm  te  , lene  me  , 
noflram  etium  Stepkinium. 

Cette  formule  bené  régiSbit  FinfinitL 


B E N 

heüénirmequi  faifoit  fons-:ntenáre  pr^íor:  comme 
Ü I'on  eiít  d:t  , precor  lene  nos  vivere  & vslere. 

BÉNÉFICE.-)  . - , 

BENEFICIUM.  5 expnmoit  c^.ez 

les  Romains  diííérenres  efpeces  de  concefíions  j 
mais  particulicremen:  les  concedions  des  terres 
faires  aax  foldats  véterans  , qui  fe  perpétuérent 
fous  !e  goiivernemeni:  féodai  , & f’urent  appelées 
íénéf.ces  miiitcires. 

Be.iíficium  déíignóit  un  avancement  dans  la 
m:i;ce  , done  r.cíKcier  oi:  ¡e  foidaí  proinu  , avoit 
robhgation  á un  general  oa  á un  emperear.  On 
trou'/e  ¡e  mor  óempcluni  pris  dans  cette  accep- 
tion  dans  V'alcre- Máxime  ( ir.  7.  p.  ) : Áamoc^um 
híirníii  loco  iiaTus  , aá^equefirem  orc'niein,  ü’/píCn- 
didn  mihñd  jtípendia  P.  í.oü:i  benepcio  perveneraZ; 
Sf  dans  iuetone  ( 1 ib.  c,  12.  n.  q.  ) : venit  etiam 
zr  fppizionem  per  cuojáaoi  her.vfícíi Jííí  centuriones. 
Pendant  que  ía  république  fubñftoit , ct%.  bene- 
ficia accordés  par  ies  rnajiítrats  qui  gouvernoient 
ks  provinces  5 n’avoient  d'eífer  que  trente  jours 
aprés  que  ces  rmgiítrats  les  avoient  fait  inferiré 
a Rome  far  les  regiilres  du  tréfor  piibüc  , ce 
qai  S appelo;t  ad  urcriiím  referre.  Cicéron  dit  : 
( pro  Arck.  c.  ) aáíit  ha,  editates  civiam  Ro- 
mar.urujn,  & in  beneficiis  ad  arariain.  relatas  efi. 

Le  general  & depuis  , Pempereur  infcriv'oit 
fur  les  regiílres  du  tréfor  pubiic  j au  chapitre 
des  béncfices  , ceux  qui  avoient  fervi  dans  la 
cohorte  prétorienne.  Comme  on  ne  pouvoit  en- 
trer  dans  cette  cohorte  íans  étre  citoyen  romain  , 
Cicerón  prouve  ouefon  client  Archias  iouiíToit 
du  droit  de  cítoyen  3 puifqu'il  étoit  inferit  fur 
Pétat  du  tréfor  pubiic  , aa  rang  des  foldats  pré- 
tonens  (pro  Arck.  c.  y.  ) lis  temporibus  ana  tu 
eriminaris  , m zpjias  qaideni  jadicio  in  civiam 
Romanoram  jure  ejje  yerfatam  , in  beneficiis  ad 
trariam  delatas  efi  a L.  Lucullo  pratore  & ccnfule. 
Ceux  qui  étotent  infents  de  la  forte  , pouvoient 
pofféder  des  bénéfices.  Les  jeunes  gens  qui  ac- 
compagnoient  les  magiídrats  dans  les  provinces  , 
deíiroient  eux-!Tiémes  d'étre  inferits  conirae  s’ils 
fuílent  fortis  de  la  cohorte  prétorienne ; non 
pour  devenir  foldats  - bénéficiaires  j mais  pour 
obtenir  desexemptions  particuliéres,  & parce  que 
cette  infeription  les  rendoit  plus  recomman- 
dables. 

On  donnott  auííi  le  nom  de  hh.éñce  ¡ bencficium, 
a certains  priviléges  , tels  que  des  exenvations 
de  charges  , des  perrr.iííions  de  preñare  une 
quannté  d'eau  dans  les  aqueducs  publics , &c. 

Le  nom  de  beneficlum  s’étendoit  encore  á tout 
ce  oue  le  prince  détachoit  .de  fon  domaine  pour 
e.n  hire  des  largeiTeSj  foit  que  ce  mffent  des 
biens  meubles  ou  des  immeubles;  comme  on  ie 
''ou  dans  ie  code  de  Juítinien.  Ces  bénéfices 
donnés  avec  des  reíirittioDS  , ou  fous  des  condi- 
tions  particulicres  3 formérent  depuis  ies  f.efs 
«es  laics  S:  des  (¿liícs. 


B E N 


BÉNÉFICIAIRE.  ^ • a 

BENEFICIARIUP.  f Ce  mor  dehgnoit  dans 

la  miiice  , des  foldats  ou  des  ofSciers  eleves  á 

ys  grades  fupérieurs  . par  ies  tribuns  ou  par 
ti  autres  magiítrats  Vegece  ( il.  J : Beneficiara 
ab  eo  appeltati , quod  promoventar  beneficio  tri- 
bunorum.^  Tlte-Live  ( 7X.  50.  ) Ut  tribuni  mili- 
tum  fieni  deni  in  apaatuor  legiones  h.  populo  crea- 
.rentar , qaa  antea  perqaam  paucis  fuffragiis  po- 
puli  reliáis  loéis  , ailiatorum  & conjulum  ferme 
fucrant  beneficia.  Ceiui  qui  avoit  eré  ainíi  favo- 
rifé  par  queique  magiftrat , ajoutoit  le  nom  ds 
fon  bienfaiteur  au  titre  de  oéaéficiaire  ¡ ckft  pour- 
quo:  nous  iifons  fouvent  dans  les  inferiptions  , 

BeSSTICJ  AS.IUS  COSSULIS  3 pROCOerSOZIS  , 
pRIETontS. 

Les  ioldats  qui  avoient  obtenu  un  congé  hp- 
norab'e  , konefia  mijjio  , & les  volontaires  , 
étoient  auíii  appelés  bénéficlaires.  Feílus  : ñene- 
jiciarii  dicebantur  milites  , qui  vacant  manere  , du- 
cis  beneficio.  Catfar  (^  Bel.  Civ.  ni.  SS  ) .•  Evoca- 
torum  circiter  dúo  millia  , que.  ex  beneficiariis  fiu- 
periorum  exercicuum  ad  eum  coafiuxerant. 

On  déíignoit  par  le  méme  mor  beneficiarius  , 
l'oíHcier  pablic  qui  coiifervoit  ¡e  regiilre  des 
bénéfices  , Sz  qui  en  dreífoit  Ies  acles.  Ce  nom 
déíigna  aufli  les  colledleurs  des  droits  & des 
iinpóts.  Tertuliien  en  fait  mention  dans  fon 
Traité  de  tug.  & Perfec.  ( c.  15,  oii  il  reproche 
aux  chrétiens  timides  , fargent  quhls  payoienc 
aux  bénéfiezaires  , pour  empécher  de  les  dénon- 
cer  ; comme  en  ufoient  ceux  qui  exerqoient  des 
profeflions  honteufes  ou  défendues  par  Ies  loix  : 
Nejado  dolendum  an  eruheficendum  filt , cum  in  ma- 
tricibas  btnefi.ciariorum  , & curioforum  ^ Ínter  taber- 
narios & Linios  3 bi  fiares  halnearam  , & aleones  , 
& lenones  Ckrifiiini  r-noque  vecUgales  conúnentar. 


447 


BENEFICIORUM  líber.  Du  tems  de  la  ré- 
pub!ioue3  les  Romains  donnoienr  ce  nom  au 
regiilre  du  tréfor  pubiic  , fur  lequei  ies  gouver- 
neurs  des  provinces  rentrés  dans  Rome  , 
faifoient  inferiré  les  tribuns  militaires  3 Ies  cen- 
turions  Se  les  jeunes  citoyens  de  leur  cortége  qu'ils 
avoient  promus  á queique  dignité  : ad  erariam  in 
beneficiis  deferebant. 

Augfiíle  ayant  entrepris  le  dénombrement  ge- 
neral de  l’empire  romain  . on  appela  heneficiorarn 
líber  3 le  regiPtre  particulier  fur  lequel  on  écri- 
voit  ¡es  noms  des  bénéfiiei aires  auxqaeis  on  avoit 
diítribué  des  terres  3 & ce  qui  reíloit  encore  de 
terres  á donner. 


BENE VALETE  , foyez  heureux  , ou  portez- 
vous-bien.  Les  comédies  finiifoient  á Rome  pii 
ce  fouhiir  adreílé  aux  ípedlareims  , Se  par  une 
invitation  a applaudir.  Piaute  C Tracal,  extr.  ) : 

Speciatores ¡Ezz; er Azzr z jplaudzte  azque  exfurgite. 

Les  papes  fini/Tcient  autrefois  leurs  lettres  par 
ce  monogrjinine  bte  3 qui  íIgnLiii:  szízevazzzs. 


44^ 


B E O 


EE^iNA  , .mot  eau'iois  ac^^pt^  p*r  !es  Ro- 
mains  , pour  déügner  un  íeger  tombereau  termé 
par  des  claiss  d'oíier;,  & porté  íur  deux  roaes. 
Feílus  ; ien.na.  ¿znguá  Galilea  geaus  vekieuli  ap- 
pcllatur  y unde  vocantur  conbennones  in  eMem 
benná  fedentes.  Catón  a employé  ce  mor  ‘ dans 
íe  vingt-troifiénie  chapitre  de  fon  Traite  de  Re 
Rufiicá  : berMí  emantu-r. 

BEOTARQUE  , chef  des  Béotiens  , leur  pre- 
mier magiferat.  Les  Bíotarques  exerijoient  á 
Thébes  Íes  menies  foaílions  que  Ies  Archontes 
á Ath  enes.  Le  mot  béotarque  elt  compofé  du  nom 
de  la  province  , & de  afxir» , commander. 

BEOTIE.  On  a donné  plufíeurs  étymologies 
myíhologiques  du  nom  de  cette  contrée,  dont 
Thébes  étoit  ia  capitale-  Quelques-uns  le  dérí- 
vent  de  Béotas  , fiis  , felón  les  uns  , d’ítonus  j. 
& petk-fiis  d’Amphyciion  j le  plus  jeune  des 
enfans  de  Deucalion  & de  Pyrrha.  Ce  Béotas 
étoit  j felón  d’autres  écrivains  , füs  d'Arne  Se  de 
ÍS’eptune  j c'eít  pourquoi  ce  dieueft  fouvent  place 
fur  les  médaiiles  des  Béotiens  ; il  elt  cependanr 
plus  raifonnable  d'attribuer  aux  ports  des  Béo- 
tiens j ce  type  qui  eíl  commun  á beaucoup  de 
provinces  maritimes.  Béotas  fut  ainíi  appelé 
da  mot  , boeuf  j parce  que  fa  mere  le  cacha 
dans  du  ñimier  de  beeufs  , pour  en  dérober  ia 
connoiiTance  á fon  pere.  Une Teconde  étymologie 
dérive  le  mot  Béoñe , direóiement  de  b'k  , besur  j 
parce  que  Cadmus  fut  conduit  par  un  de  ces 
animaux  á fendroit  ou  il  bátit  Thébes.  Au  teñe 
la  racine  |3i-í  ^ paroit  avoir  fait  imaginer  aprés- 
coup  ces  vaines  érymologies,  ainíi  que  ia  troi- 
líéme  , qni  eíl  fondée  fur  la  pefanteur  de  Fefprit 
¿es  Béotiens. 


BÉOTÍEN.  l es  Béotiens  paíTosent  dans  la  Gréce 
pour  un  peuple  lourd  & ftupide.  Pindare  & PIu- 
tarque  , qui  étoient  Béotiens  & qui  faifoient  Une 
exception  trés-remarquable  , conviennent  de  la 
vérité  de  cette  opinión.  Homere  , long  - ternps 
avant  eux , difoit  que  les  Béotiens  étoient  lourds 
& pefants  ; de  forte  que  la  Béotie  & les  Béotiens 
fervoient  toujours  de  point  de  comparaifon  aux 
Grecs  & méme  aux  Latins  , lorfqu’ils  vouioieat 
taxer  quelqkun  de  bétife  , ou  quelque  chofe  de 
fnauvais  goút.  Une  chanfon  béotiene  dans  ^riílp- 
phancj  des  énigmes  béotiennes , &c.  Horace 
s'exprime  de  meme  (Epiji.  jJ.  i.  244.); 


Bxoturrt  in  crajfo  jurares  .aere  natum. 


P P í? 

■ij  L.  n. 

Esotien.^  ( le  bouclier ) étoit  ovale  & echan, 
eré  fur  les  córés.  On  íe  voit  fréquemment  fur  ej 
médaiiles  de  Béotie. 

Beojiens  j BOinTON. 

Les  médaiiles  auíonomes  de  ce  peuple  font; 

C.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

O.  en  OEv 

Leurs  types  ordúiaires  font : la  bouclier  héo~ 
den.  — Nepmne  debout , le  pied  droit  appuye 
fur  une  proue  de  vaiíTeau.  — U.n  vafe. 

Les  vilíes-  de  la  Boétie  ne  plaqoieat  ordinaire- 
ment  fur  leurs  médaiiles  ^ que  les  premieres 
lettres  de  leurs  nonas. 

BERCEAÜ. ) 

BERCER-  > ün  bas-reüef  de  la  villa  Bor- 
BERCEüR.  3 

ghefe,  qui  repréfente  Téléphe,  Fds  d’HercuIe  , 
Augé  fa  mere  , avec  la  biche  fa  nourrice  , ainíi 
que  pluíieurs  médaiiles  , noiis  font  voit  que  les 
anciens  avoient  Fufage  funeíle  d'emmaiiiotter  les 
enfans  avec  des  bandelettes  í ils  renfenuoient  auíll 
les  bras  fous  ces  enveloppes  redoubiées  ^ qiF iis 
appelioient  cunahula  & incunahula.  Quelques 
philologues  onr  avimis  une  diílinaion  entre  ces 
deux  ir.ots’,  ils  ont  ñxé  le  fecond  pour  íes  langes 
& le  maillor,  & réfervé  le  premier  pour  les  ban- 
des  avec  lefquelies  on  ñxe  les  enfans  emmaiüottés 
dans  le  berceau.  Lhm  & Fautre  cependant  ontété 
pris  indiíFéremment  pour  déíigner  la  plus  tendre 
enfance.  Thétis  dit  dans  FAchilléide  de  Stace 
(1.3S.)  ; pourquoi  ai-je  confié  la  premiére  éducation 
de  monfiis  au  centaura  Chiron?  Pourquoi  le  mont 
Péiion  & Fantre  d'un  centaura  lui  ont-ilsfervi 
de  berceau  ? 

- Quid  enim  cunahula  parve 

, Pelion  j,  & torvi  commijimus  antra  magijfirz  t 

Suétone  voulant  dire  que  A^eípaílen  fe  rendoit 
fouvent  dans  Fendroit  ou  Fon  éievoir  des  enfans, 
s’e.xprime  en  ces  termes  ( c.  2.  n.  i.)  : Princeps 
locum  incunabiilorum  ajpdue  freqüentavit. 

Les  anciens  avoient,  ainá  que  les  modernes, 
Fufage  pernicieiix  dii  ipaillot , & Fufage  plus 
dangereux  encore  de  hercer  les  enfans.  Les  ber- 
ceurs  ou  berceufes  étoient  appelés  CuNARiUS  Sí 
Cunaría.  Gruter,  pag.  3UjrapporteFépitapi'5e 
d’une  berceuft  : 

D.  M. 


Etienne  de  Byzance  dít  que  Ies  Béotiens  étoient 
les  plus  hábiles  des  Grecs  pour  ia  gymnaílique. 

Beotien.  ( mode  ) Pollux  ( rv.  p. ) met  ce 
mode  au  nombre  de  ceux  qui  tiroient  leur  nom 
de  la  nation  chez  laquelle  ils  avoient  été  d’abord 
en  ufage,  II  ajoate  que  c étoit  un  des  modes  oa 
nomes  dont  fe  fervoitTerpandre  ; par  conféquent 
le  nom  Béotun  étoit  propre  aux  cithares. 


TEIAE.  TREPTAE.  SO 
ROR.  PUSSIMAE.  CUNA 
. RtAE.  RUFINA,^.  V.  T. 

etyPTUS.  FRATER.  QUI 
EX.  FELIX.  VfCoS.  VIVAE 
POSUIT. 

Martia!  témoígne  ( xi.  4C.  ) que  Fon  donnoft 


B É R 

au  lerzeau  des  enfans  ]e  rr.iv.t  ms-iivcment  íl 
^ contraire  á lenr  fanté  j q-.ie  Ies  nourrices  le'Jr 
imprimenr  encore  aujourd’hai  : 

Cup.aruni  fueras  motor  ¡ Cnarideme  ^ meariim. 

Quant  á la  forme  des  berceaux , elle  varia  fe- 
lón les  pays  Sr  les  inodes  ; tantdt  ce  tut  un  petit 
lie  j tantdt  un  van  ^ tantdt  un  boucüer  concave  , 
tantdt  enfin  , une  petite  barque  ^ qui  conlerva 
chez  Ies  Grecs  fon  nom  propre 
BÉRÉCÍXTHE.  ^ 

BÉRÉCINTHIE-  > la  mere  des 

dieux  3 pris  de  la  montagne  de  Bérídnthe  , en 
Phrygie  3 oü  Fon  difoic  qu  eüe  étoit  née.  Le  cuite 
de  Bérécinthie  étoit  fort  célebre  dans  les  Gaules, 
& Ton  voitdans  Grégoire  de"  Tours,  quil  rub- 
fiftoit  encore  au  quatrieme  íiécle.  On  promeaoit 
á trayers  les  champs  & les  vignes  3 Bérécinthie 
fur  un  cliar  traíné  par  des  bceufs  3 pour  la  con- 
fervadon  des  biens  de  la  terre  ; & le  peuple 
fuivoit  en  foule  , en  chantant  & danfant  devant 
la  ílatue.  Voye^  Cybéle. 

Héfychius  parle  d’une  flúte  bérécintkienne  3 Se 
Horace  (i.  od.  18.)  d’une  trompette  ou  d’un  cor 
bérécinthien  , ainíí  nommés  3 parce  qu’ils  étoient 
OI  ufage  dans  les  fétes  de  Bérécintke. 

BÉRÉNICE  premiérc  3 femme  de  Ptolémée 
premier  roi  d'Egypte.  bassiAISSHS  befenikhs. 
Ses  médailles  font: 

RRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

Bérénice  3 femme  de  Ptoléinée  dixiéme3  roi 
d’Egypte. 

Ses  médailles  font : 

RRR.  en  or. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

Berénice  3 reine  d’Egypte  3 epoufe  de  Ptolé- 
Biée- Evergéte  3 promit  aux  dieux  le  facrificede 
fes  chet^eux  3 íi  fon  mari  revenoit  viélorieux  de 
fon  expédition  de  Syrie.  Le  vceu  fut  exaucé  , & 
la  Frinceífe  fe  dépouilla  de  cet  ornement  de  fa 
tete  3 pour  le  confacrer  dans  le  temple  de  Mars. 

A peine  ía  chevelure  y fut-elie  depofée,  qifelle 
difparutj  & Conon,  célebre  aftronome  de  ce 
tetns-Iá3  pour  confoler  Béréráce , 011  pour  la  flat- 
ter  3 vouiut  luí  perfuader  que  fon  facrifice  avoit 
été  íl  agréable  au  Dieu  Mars  3 qu’ii  avoit  place 
fa  chevelure  parmi  les  añres.  L’aftronome  mon-  ■ 
ira  méme  dans  le  firmament  un  lieu  voiíin  de  la 
grande  ourfe , oú  Ton  voit  une  maltitude  de 
petites  étoiies  un  peu  obfeures 3 accumulées,qu'il 
donna  pour  cette  chevelure , dont  on  a fait  de- 
puís  une  conñellation.  Le  poete  Callimaque  coen- 
pofa  3 fur  I’enlévement  de  cette  chevelure , un 
poéme  que  Catuí'e  traduiíit  en  latín. 

Bes.£nice.  Les  éditeurs  des  monumeas  d’Her- 
■Aitiq^uités  y Tome  I. 


EER  43, 

c. -a.ium  ont  donn.  á un  bude  de  bronze  reoré- 
-e.ntant  .3.poúon  coerfé  3 felón  ruE  ve  anticua  3 

^ec  le  corymbas  des  ieunes  filies  3' le  no¿  de 
parce  que  les  médailles  de  cette  coauíe 

d.  J^03emee-Lagus3  portent  une  téte  de  femme 
coence  ce  la  meme  maniere.  Quoiriie  Fcn  li'e 
e nom  ae  Bérénice  .aurour  de  certe'tice  . V'i;;- 
ií^ann  croit  y recbnnoitre  Diahe  ; & le  buííe 
üHerculanum  repréfe.nte  Apollen. 

Berénice  3 foeur  a Agdppa  II  , tétrarque  de 
Oalitee  3 rut  foupeonnee  d un  commerce  honteux 
av'ec  ce  pnnee  3 á caufe  d’un  diamant  quhi  lui 
avoit  donné;  tant  on  prifoit  alors  cette  tare 
fubílance  j Le  mordant  Juvénal  nous  a confetvé 
¡e  fouvenir  ae  ce  fait  hiftorique  3 relatif  á la  mi- 
néralogie  ( Sat.  6.  1 jd.  ) : 


Deinde  adamas  notifimus  , & Berenices 
Zn  dígito  faclus  pretiofior  : hiir.c  dedil  olim 
Barbaras  incefis,  , dedil  hunc  Agrippa  forori  ¡ 
Observant  ithi  fejia  mero  pede  fabhata  reges  3 
Et  vetas  indulget  fenibus  clementia  porcis. 


BlaRGERS.  On  a dit  trop  généralemenr  que 
Ies  Egyptiens  avotent  Ies  bergers  ‘ e'n-  horrelir  j 
puífque  Hérodete  & Diodore  les  comptent  parmi 
les  fept  claíTes  dans  lefquelies  ce  peuple  étoit- 
divifé  ; que  d'adleurs  les  habitans  du  Nóme  de 
Mendés  avoient  beaucouD  de  coníidératioii  pouc 
ceux  qui  gardoient  les  chévres  ; & qu^enfin 
Plérodote  dit  poíitivement  que  les  gardeurs  de 
cochons  étoient  feuls  regardés  avec  horreur.  lí 
faut  reftreindre  cette.  propoíition  aux  bergers- 
étrangers  3 voiíins  de  PEgypte.  Comme  ils 
tuoienr  indtfieremirient  les  aniniaux  que  chaqué 
Nóme  de  l’Egypíe  honoroit  d’un  rculce  particu- 
lier  3 il  étoit  naturel  que  Ies  Egyptiens  détef- 
taíTent  les  meiutriers  de  leurs  divinités..  Ceíl 
rdpinion  de  Jablonski  3 qui  paroit  véritable. 

Les  Grecs  & les  Romains  repréfentoient  foug 
vent  ¿S.S  bergers  fur  Iturs  monumens,  parce  que 
ces  habitans  des  champs  étoient  fouveoc  rap- 
peiés  dans  Ies  dogmes  mythologicues.  On  Ies  y 
reconnoit  facilement  á l’un  des  trois  attribats 
fuivans3  & quelquefois  á tous  ' les  trois  : la  pa- 
netiére , le  báron  courbé  appele  pedum  , Se  la 
flúte  foit  droite  ou  obligue  3 foit  á plulieurs 
tuyaux  3 appelée  ffala , ou  fyringe  de  Pan.  Oa 
y voit  jointes  quelquefois  Ies  peaux  des  bétes 
qui  fervoient  á les  couvrir  , & les  vafes  dans  lef- 
quels  ils  buvoJent3  ou  quiíérvoient  á traite  leurs 
vaches.  Lorfque  Daphnis  f Long.  pafior.  iv.  ) 
quitta  la  profeíEon  de  ierger  3 il  raíTembla  teus 
Ies  meubles  qui  lui  avoient  fervi  , & Ies  ofrrit 
aux  divinités  des  champs.  II  confacra  fa  peau  de 
lion  & fa  paneriére  á Bacchus  3 fa  flúte  & fa 
fyringe  á Pan 3 & aux  nymphes  fon  bátóh  courbé  . 
avec  fes  vafes  de  berger.  Les  poetes  font  fouv'enc 

LII  = 


BES 


450 
mention 
á-  ^9-)- 


B É R 

de  femblabíes  offrandes.  TibuIIc  (iJ. 


'Pendehatque  vagi  psftoris  in  arbore  votum  , 
Gárrula  fylvefiri  fiflula  facra  dio. 


Et  Virgüe  ( 'Bel.  7.  24. ) : 

Hic  argüía  facra  pendebil  fiftula  plnit. 

BERGIMUS  , divinité  particuliére  des  habi- 
tans  de  Brefcia  en  Italie  qui  luí  avoient  confa- 
cré  un  temple  & une  prétreíTe.  On  voit  encore 
chez  eux  un  monument  fur  lequel  Bergimus  eft 
repréfenté  avec  des  habits  romains. 

Gruter  (1159.  4.  ) ^ rapporte  rinfeription  fui- 
vante  trouvée  á Brefcia  : 


BERGIM 
M.  NONIXÍS 
M.  F.  FAB 
SEVERIA.NUS 
Y.  S. 


Mufatori  (97.  3.  4.  5.  & 297.  4.  Thef  infir.)  , 
& Spon  ont  auffi  rapporré  pluíieurs  infcrrptíons 
en  rhonneur  de  Bergimus.  Ce  dieu , particuher 
au  pays  de  Brefcia , eft  d’aiileurs  inconnu-  On 
croit  ciue  c’éroir  un  dieu  des  montagnes , parce 
que  berg  en  celtique  fignifie  montagne. 

BÉRIL.  Voyei  ÁIGUE-MARINE. 

BERNER.  Voyei  Sagatiq. 

BÉROEA,  en  Macédoine.  bepaiqh. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  bronze.  IfBellerin'). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

On  diftingue  les  médailles  des  deux  Berhees  j 
par  la  maniere  dont  leurs  noms  font  ecrits. 

Béroea  j en  Syrie.  bepoia  , & beppoia  , & 

BEPOH. 

Hunter  en  poííedoit  une  médaille  autónoma 
de  bronze  , avec  la  légende  fupérleure  & un 
dauphin  entortiiié  autour  d’un  trident  ^ felón 
M.  Combe. 

Cette  ville  a fain  frapper  des  m.édaiiles  impe- 
riales grecques  en  rhonneur  deTrajaiij  d"Ae- 
lius  5 dCAntonin  , d’Hadrien. 

BÉROÉ  j une  des  nymphes  que  Virgile  donne 
pour  compagne  á Cyréne  , mere  d’Ariñée.  La 
nourrice  de  Sémélé  portoit  auííi  ce  nom. 

BÉRUTH  femme  a Hypfiñus  j mere  d'üranus 
& de  Gé. 

BÉRYTEj  en  Phénicie.  BHPYTinN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font ; 

RRRR.  en  or.  ( Peller.iti  ), 

C.  en  bronze. 


O.  en  argent. 

Cette  vilie  a fait  frapper  quelques  médaille* 
impériales  grecques  , felón  le  P-  Hardouin. 

Devenue  colonia  romaine  ^ Béryte  a fair  frapi. 
per  avec  la  légende  col.  fel.  ber.  Colonia 
Félix  Berytus  , des  médailles  latines  en  i'honneur 
de  Céfar  , d^Augiifte , de  Tibére  , de  Claude  , 
de  Dominen  ^ de  Nerva  , de  Tra]an  , d'Hadrien^ 
d’Antonin  i de  M. -Auréle,  de  Commode,  de 
Sévére  , de  Domna  , de  Caracalla , de  Macrin  ^ 
deBiaduménien  , d'Eíagabale  , dCLonia-Fauítina^ 
de  Gordin-Pie  5 de  Valérien  , de  Galiien,  de 
Salonine  , de  Matfa , de  Tranquilline  , d'Hofti- 
lien. 

BES  , Bejjts  , Des , diviíion  de  l’ancfenne  Üvre 
romaine , valoit , en  poids  de  France  , 4Z0S 
grains  j valoit,  en  poids  anciens  , i 2 feptunx  , 
ou  I jfexunx,  ou  i | quincunx,  ou  2 triens , 
ou  2 7 quadrans  , ou  4 fexrans  , ou  8 onces. 

Bes  j Bejjls , Des  , mefure  linéaire  des  anciens 
Romains.  Elle  valoit  7 pouces  -jflj-  de  France. 
Elle  valoit  , en  mefures  anciennes  des  Romains  , 

I -í  feptunx  j ou  i y fexunx , ou  i } quincunx, 
ou  2 tríeos  j ou  2 I quadrans , ou  4 fexrans  » 
ou  8 onces. 

Bes  j monnoie  de  compre  des  anciens  Ro- 
mains; elle  étbit  répréfentée  par  ce  figne,5=^. 

Elle  valoit  8 onces,  ou  ló  femi-onces , ou 
24  duelles  j ou  32  íiciiiques , ou  48  fextules, 
ou  192  fcripule?. 

Bes  , monnoie  effeéiivc  des  anciens  Romains. 
Voye^  Bessis. 

Bes  , mefure  de  capacité  pour  Ies  liqueurs  des 
anciens  Romains.  Foye^  Bessis. 

Bes  , mefure  gromatique  des  anciens  Romains. 
Foyei  Bessis. 

BESA  divinité  particuliére  de  la  ville  d’Aby- 
dus , dans  la  Thébaide.  Ammien-Marcellin  en 
parle  dans  fon  hiíioire  ( lib.  19.  ).  La^  maniere 
de  coníulter  Toracle  de  Befa  , étoit  dYcrire  fes 
demandes  dans  des  hiüers  cachetes que  jes  pr^ 
tres  portoient  dans  le  fanéluaíre  du  dieu  , . cC 
auxquels  iis  rapporcoient  des  réponfes.  , . . , 

Ifaac  Cafaubon  a cru  feuí  que  cette  diyimtc 
étoit  adorée  á Andnoils  ou  Antinopolis  , d apres 
un  paffage  ele  la  bibliothéque  de  Photius 
oü  cet  écrivain  dit  quHelladius  auteur  celcbiC 
dans  fon  íiécle  , étoit  Egyptien  & á’Antinous  , 
ou  , comme  il  le  difoit  lui-méme , de  Befantinous. 

BESSALIS  , nom  qui  défignoit  á Rome  des 
briques  de  huit  pouces  romamsdans  toutes  leurs 
dimeníions.  Yitruve  ( v.  10.  1 r Fx  altera j>artt 

beffülibas  latercuUs  pils.  fruantur.  Cette  efpece  S 

brique  devint  fans  doute  de  l’ufage  le  plus 
mun ; car  fon  nom  bejfalis  , dtíigna  par  la  iu-'- 
toute  efpece  de  brique  en  général  chez  íes  . o 
mains,  aiaíi  que  SuVaAo»  chez  Ies  Crees. 

BESSIS  3 Bes  3 Des  3 monnoie  s.cs  — 


BES 

Roraaíns  ; eüe  valut , dapuis  li  foníkrion'  dc 
Rotr.e  iufqu'á  Tan  485 ,15  fols  4 deniers , 
monnoie  aíftuelle  de  France. 

Elle  valoit  alors  en  monnoie  des  Romains  , 
I I feptunx  j ou  I f fetnis  j ou  8 onces. 

Bessis  , Bes  , Des  , tnefure  de  capacité  pour 
les  liqueurs  des  anciens  Romains ; elle  valoit 
13  roquilles  & de  France.  Elle  valoit  en  me- 
fare  des  Romains  i §■  feptunx ou  i f fexanx , 
cu  I Y cuincunx , ou  2 triens  ^ ou  2 f quadrans  ^ 
<3U4fextanSj  ou  S onces. 

Bessis  , BeSj  Des  , mefure  gromatique  des 
anciens  Romains ; elle  valoit  4^2  toifes  carrees 
“ de  France. 

Elle  valoit  ^ en  mefure  des  Romains , fsp- 
tunx  j ou  I f fexunx  , ou  i | quincunx , ou  2 
triens  ^ ou  2 i quadrans  , ou  4 fextans,  ou  8 
onces. 

Bessis  , mefure  linéaire  des  anciens  Romains. 
Voyei¡^  Bes. 

Bessis  , diyifion  de  la  livre  romaine  de  poids. 
V^oyer  Bes. 

BESTIA  , furnom  dc  la  famille  Cal- 
PURNlA. 

BESTIAIRE  3 Befiiarius , celui  qui  combar 
contre  les  bétes  , ou  qui  y eft  expofé.  Les  Grecs 
les  appeloient  ¡ 3 

Caffiodore  dit  v.  42.)  , que  les  Athéniens 

avoient  introduit  Ies  premiéis  , dans  leurs  villes  ^ 
ces  combatS  ; Hunc  ludum  crudelem  Atkenienfes 
primum  ad  civitatis  fus.  produxere  culturam.  Lu- 
cien  ( in  Toxari  ) fait  mention  de  ces  combats 
établis  á Athénes  des  le  temps  de  Solon  & 
d’Anacharíis. 

On  diffinguoit  communément  dcux  fortes  de 
hefliaires.  Les  premiers  étoient  condamnés  aux 
bétes  j parce  qu'ils  avoient  été  pris  á la  guerre  , 
ou  parce  qu’iis  avoient  commis  quelque  crime 
capital  ^ ou  enfin  , parce  qTétant  efcíaves , ils 
s'étoient  rendus  griévement  coupables  envers 
leurs  maítres.  Cette  premiére  claíTe  de  beftiaires 
étoit  expofée  aux  bétes  j fans  armes  & fans  dé- 
fenfe.  11  ne  leur  fervoit  de  ríen  de  vaincre  la 
bete  & de  la  tuer  5 on  en  láchoit  toujours  de 
nouvelies  contre  eux , jufqif  á ce  qufiis  euíTent 
été  mxis  á mort.  Mais  il  étoit  rare  qu’il  falíút  la- 
char deux  bétes  contre  le  meme  beflaire  ; une 
feule  oráinairement  en  tuoit  plufieurs  3 Se  Cicé- 
ron  parle  dans  FOraifon  pour  Sexdus  3 d'un  lion 
qui  avoit  tué  lui  feul  deux  cents  beftiaires. 

La  fecor.de  efpéce  de  beftiaires  étoit  compofée, 
dit  Stnéque  ( epift.  jo.  ) , de  jeunes  gens  qui  3 
pour  s'exercer  au  maniement  des  armes  , com- 
battoient  tantót  entre-eux3  tantót  contre  les 
bétes ; & de  braves  qui  3 pour  faite  parade  de 
leur  courage  & de  leur  adreíTe,  s’expofoient  á ces 
dangereux  combats.  Auguñe  fit  defeendre  dans 
1 arene  j des  jeunes  gens  de  la  premiére  noblelTe.  i 
( Suet.  in.  Aug.  43. ).  Néroa  %y  expofa  lui-méme  ¡ 


B E T 451 

8c  c’étok  pour  avoirtué 
ci,es  bétes  dans  raEnphithéátre  ^ que  Commodc 
Te  n,t  appelgr  / Hercule  Rotnain. 

On  peut  faite  une  troifieme  claiTe  de  beftiaires  , 
de  ceux  qui  exercoient  ce  dangereux  & vil 
metier  pour  de  largent.  On  Ies  louoir3  1°.  pour 
combattre  aux  funérailles , ainfi  que  les  gla- 
diateurs ; 2°.  pour  amufer  le  peuple  dans  les 
fpcctacles  ; dc  3®.  pour  aflbuvir  la  barbare 
cruauté  de  quelques  empereurs , tels  qu’Eiaga- 
ba'Cj  qui  ( Lamprid.  c.  zy  ) fe  plaifoit  á man- 
gar dans  un  falon  élevé  3 d^’ou  il  pouvoit  voir  , 
fans  forrir  de  table  , ks  combats  des  beftiaires  : 
Stravit  jibi  tricliriium  in  fummo  luforio.  Et  dunt 
pranderet , noxios  •S’  venationes  ibi  exkibuit. 

La  premiére  Se  la  troifiéme  claíTe  des  beftiaires 
étoíent  déclarées  infames  par  les  loix  5 & Ton  ne 
pouvoit  condamner  un  cito7en  romain  á ce  fup- 
plice  : les  chrétiens  perdirent  feuls  ce  privilége, 
II  y avoit  des  écoles  od  les  beftiaires  etudioient 
íes  fineíTes  de  leur  vile  profefíion.  Tertullien  en 
parle  dans  fon  Apologie  {c.  33.)  ; Teftis  & Tibe- 
ris  3 & fckols  befiiariorum.  Lorfque  les  jeux  du- 
roient  pendant  un  jour  entier  3 011  appeloit 
les  beftiaires  qiii  fuccédoient  aux  premiers  , me- 
ridiani  ceux  qui  nktoient  expofés  que  Taprés 
midÍ3  & irx.ctraí^  ceux  qui  terminoient  le  fpeélacle- 
Quelquefois  on  faifoit  combattre  plufieurs 
hommes  armes  tout-á-la-fois  contre  plufieurs 
bétes.  Ce  fpeélacle  étoit  appeié  Venatio  ^ 
chaíTe ; ainfi  que  celui  ou  l'on  abandonnoii  á 
tout  ie  peuple  un  grand  nombre  de  bétes  fau- 
vages  3 pour  les  pourfuivre  & les  tuer. 

BETERR.-E  3 dans  les  Gaules.  bhtappA. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  vüle  fonr: 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

BÉTES  ( combar  des  )•  Voyej^  Animaux  & 
Bestiaires. 


BETH-CAB  3 mefure  géodéfique  ou  groma- 
tiqae  de  TAfie  dc  de  FEgi^pte  5 elle  valoit  3 en 
mefures  anciennes  des  mémes  pays  3 4 beth-roh, 
ou  16  Y décapodes  carréeSj  ou  4i<5  f-  coudées 
facrées  carrées  j ou  1666  f pieds  géométriques 
carrés. 

Elle  valoit  3 en  mefure  de  France  3 yÚzc  dkr- 
pent. 

BETH-COR  3 mefure  géodéfique  3 ou  groma- 
tique de  FAfié  & de  FÉgypte ; elle  valoit  3 en 
mefures  anciennes  des  mémes  pays3  2 ¿eté-lether, 
ou  30  aroures3  ou  60  focarions3  ou  180  betk- 
cab  3 ou  720  beth-Toh  , ou  3000  decapodes  car- 
rées 3 ou  75,000  coudées  facrées  carrées  3 ou 
30O3OC0  pieds  géométnqnes  catres. 

Elle  valoit , en  mefares  de  France , 4 arpen? 
8c 

lOOO* 

BETH  - l ETKER  3 mefure  géodéfique  ou 
gromatique  de  FAfie  Si  de  FEgypte  , eüe  valoit, 

L 1 1 ij 


45“  B I A 

en  rrierares  arxiennes  aes  meir.es  paySj  I J afonr- 
íes  , plethres^  verfes  ^ íííA-féah  ^ modios  ^ ou 
rccai'ion  _>  ou  90  beth-cik)  3 ou  3^©  óeth-io^  3 
ou  I peo  décapodes  carrees  , ou  37.ÍCO  coudées 
facrées  carrees  ^ ou  i ^o^coo  pieds  géométriques 
carres. 

Eiie  va’oir  ^ en  mefures  de  France  3 1 arpens 

1 o o i - - • 

■ BETK-ROB  j mefiire  géodéfique  ou  groma- 
tique  de  TAfie  & de  FEgypte ; elle  valoit  , ^ en 
mefures  anciennes  des  mémes  paj’s  j 4 ? déca- 
podes  carrees ou  IC4  | coudées  carrees  , ou 
41  ó I pieds  géométriques  carrés. 

File  vaioit  p en  mefures  de  France  ^ d'ar- 
pent. 

BETH-SEAH  3 mefure  géodéíique  ou  'groma- 
tique  de  TAíie  Sr  de  TEgr-pte.  Fi  Aroure. 

BETILIENA , famiüe  romaine  doní  on  a 
des  médaiíies: 

RR.  en  brenze. 

O.  en  or. 

- O.  en  argenr. 

: Le  furnom  de  cette  famille  eft  Bassvs, 

BÉTYLE.  Foye^;  Bétíle. 

B EUR  RE.  Les  Grecs  n’ont  prefque  point 
connti  le  beiúrre , ou  ne  Tont  connu  que  fort 
tard.  Homére  3 Théocrite  , Euripide  & toas  les 
autres  poetes  parlent  fouvent  de  lait  & de  fro- 
mage ; mais  ils  ne  font  jamais  mention  du 
beurre.  Ariñote  a recueilli  dans  fon  hiíloire  des 
animaux  {lib.  3.  c.  ao.  &.zr.),  pluíieurs  obfer- 
vations  rerriarquables  fur  le  iait  & le  fromage  ^ 
fans  faire  la  plus  légere  mention  du  beurre.  Les 
nations  barbares  le-connoifioient  au  tems  de 
Pline  ( lib.  38.  c.  o.  ) ; mais  c'étoit  un  méts  trés- 
recherché  parmi  elles3  & dont  Tufage  diííinguoit 
les  riches  des  pauvres.  Les  Romaíns  ne  s’en  fer- 
voient  que.  pour  faire  des  remedes  3 & en  par- 
ticuiier  pour  guérir  les  ulceres.  Les  premiers 
enrétiens  d’Eqypte  dit  Clément  d'Alexandrie  3 
( P Magos,  lib.  I.  c.  6.  ) 3 fe  fervoient  de  beurre 
au-'ieu  d huile  pour  Ies  lampes. 

BEZA.  Voye-^  Besa. 

BIANOR  3 roí  des  Etriiriens , étoit  fiis  du 
Tibre  Se  de  Manto  la  devinereíTe  : il  fonda  , 
dit-on  3 la  vilie  de  Slanroue  , & luí  donna  le 
ncm  de  fa  mere.  Son  tombeau  fe  voyoir  encore  3 
áii  térns  .de  Yirgile  3 le  long  du  grand  chemin 
tíe  Ronie  á 'Mantoue-  II  fe  nerdmok  aaífi  Oé- 
Eus.  V-y)-ez  Manto. 


BTyRQt^S'  5 officíers  des  empereurs  as 

ConfenrinoDle.CYtoient  ¿es  in.ter.ians  des  vivres. 
comme  i'indique  leur  norn  co’riUofé  de  S W 3 rie  3 
vivre  3 & As  3 ckef.  Les  Latins  appeloient 
un  desees  off.ciers  Príficias  Anrons..  S.  léveme 
en  parle  dans  fa  lettre  á Pammacbius  3 ée  maroae 
le  rang  qil  ii  Gccupoit  : Sed  ante  3 Primicerius  s 


B I B 


deínde  Senator  3 Ducenarius  , B iarchus  , czVc/- 
toT  3 eques  3 ¿einde  Tyro.  On  appeloit  leur  charge 

BlAS.CH  JA. 

BIAS  3 ífére  de  Mélampus.  V.  ce  mot. 

BIATEC  3 roí  ínconnu.  biatec  & biat. 

Ses  médailles  font : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bro.nze. 

ünique  en  or.  . . . . NeummAN. 

Ce  favant  penfe  que  ce  roí  ou  tyran  a régné  dans 
la  Dace , parce  que  Ton  y trouve  fes  médailles 
ordinairemenr. 

On  les  aYoit  crues  Efpagnoles  5 mais  Florez 
n’en  fait  aucune  mention. 

BIA©nNATOI.  Foyei  SUICIDES. 

BIBACE.  LYpirhéte  de  bihace  , que  les  Ita- 
liens  donnent  á Hercule  lorfqu’il  tient  un  vaíe 
á boire  , eft  plus  éíégante  que  celle  de  buveur. 
Cette  derniére  n’eft  pas  plus  fonore  que  noble  , 
dit  le  comre  de  Caylus  5 & elle  doit  étre  rem- 
placée  par  le  mot  bihace. 

' Bieace  ( Hercule  )'3  eft  repréfenté  fur  les 
médaiíies  de  Crotone  3 de  Smyrne. 

íl  y a dans  FAnthologie  grecque  une  jolie 
épigramme  fur  Hercule  bihace  ¡ & Ton  volt  aans 
un  grand  nombre  db'nfcriptions  recueillks  par 
Gruter  8c  Odérici  3 que  Fon  confacroit  á_  cette 
divinité  des  coupes  & d'autres  vafes  a boire. 

BIB,4S1S.  Danfe  bachiqucj  dans  laquejle  on 
éíevoit  les  talo.ns  jufqu’aux  cuiíTes.  Les  peintures 
d’Rerculántirr.  Seles  pierres gravees nous en^offrent 
cent  exempies.  Les  Grecs  rappeioient  bÍmitís. 

BIBERUJS  mero.  Lkmpereur  Tibére  sYppe- 
loit  Tiherius  Ñero.  Les  courtifans  voulant  fe 
moquer  de  fon  ivrognene , le  nommoient  bibenus 
Mero  3 par  alíiifion  aiix  mots  bibere  3 boire  j & 
merum  , vin. 

BIBÉSÍE  8c  Edésie  3 étoknt  Ies  déeíTes  des 
banquets  á Rome  : Tune  préíidoit  au  vin  3 & 
Fautre  á la  bonnne-chére. 


BIBLIOTHÉQCE.  Les  peuples  pólices  qui 
renr  Ies  premiers  des  livres  3 eurent  aidb 
imiers  des  bibliotheques.  . 

Ofymandias  3 roí  d’Egypte  3 contemporain^  e 
fam  roí  de  Troye , 'fit  conftrture^3 
odore  de  Sicüe  3 une  hibliottúque  aans  ion 
lais  3 & il  y mit  pour  infeription  ces  mots  3- 
yíV  ÍÍTHtaí  3 médecine  de  V ame.  El  y sn  e'aX 
e depuis  dsns  le  méme  pays  a 
elle  étoit  placée  dans  le  temple  ae  v uXai.- 
foít-lá  qiFHoméFe  avoit  dérobé  , ff'®" 
T.niateiiT  Naucratés  3 Flhade  & l_^Oü;.  .-££3 
ur  s’en  parer  comme  de  fes  productions.^^ 

II  y avoit  á Suze  , fous -ks  rois  -e , 
e biblicthéque  confidérable  3 ou 
oit  confiüté  les  annaks  de  cette  ?iíom;iC  j-C  > 
ur  en  écrire  fhiltoire.  Diodore  parle  ae 


B I B 

iibliotk'eque  ; on  croit  cependanr  qu’elíe  renfer- 
moit  peu  de  iivres  de  fciences  , mais  pluiór  une 
collecdon  des  ioix  ^ des  qrdonnances  & des  re- 
venus des  rois.  C’éroit  oroba'blement  un  dépór 
femblabie  á nos  chambres-des-comptes. 

Strabon  ( lio.  17.  } ^ dir  qu'Ariítote  fut  le  pre- 
mier des  Grecs  qui  forma  une  blhuotkeaiiz.  Mais 
i!  eif  conñant  que  !ong-:ems  avant  ce  prniofophej 
piiiítrate  en  avoic  lait  une  á Alheñes  , que  Xer- 
cés  tranfporta  en  Pcrfe  , & que  Séleuciis  Ni- 
canor fit  repórter  á Arhenes  j felón  Auiu-Gelle 
( lib.  6.  c.  17.  ). 

Zwinger  aíTure  qu'il  y avoit  une  bibliotkcque 
rnagnifi'que  dans  i’ifle  de  Cnidos  , une  des  Cy- 
clades  j,  & qu’elle  fut  brúiée  par  l'ordre  d’Hippo- 
crate-Ie-Médedn  ^ parce  que  les  habirans  refa- 
férent  de  fuivre  fa  dodrine.  Ce  fait  ^ au  refte  ^ 
n'eft  pas  trop  avéré. 

Cléarque  j tyran  d^Héraclée  ^ difciple  de  Platón 
&■  d’Ifccrate  ^ fonda  une  bibliotheque  dans  fa  ca- 
pitale  ; ce  qui  iui  attira  Teftime  de  fes  fujets , 
málgré  les  excés  oú  il  fe  porta- 

La  plus  grande  & la  plus  magnifique  biblio- 
theque des  Crees  fut,  fans  contredit,  celle  que 
formérent  les  Ftolomées , d Alexandrie.  Elle  fut 
coinmencée  par  Ptolomée  Soter,  & compofée 
par  Íes  foins  de  Démétrius  de  Phalére,  qui  fit  re- 
chercher  á grands  frais  des  Iivres  chez  toutes  les 
nations.  Ce  prince  acheta  de  Nélée,  á des  prix 
exorbitans,  une  partie  des  ouvrages  d'Ariílote. 
Un  de  fes  fucceíTeurs,  Ptolomée  Phifeon  , prince 
d’ail'eurs  tres-cruel , ne  témoigna  pas  moins  de 
zéle  pour  enrichir  la  bibliotheque  d’Alexandrie. 

Pendant  la  guerre  de  Céfar  & de  Pompée , Ies 
Alexindrins  virent  bráier  une  des  bibliotkiques 
que  les  Ftolomées  avoient  formées  dans  leur  vdle. 
Celle  da  Sérapéon  ne  fut  point  enáommagáe , 
& Ciéopátre  y dépofa  vraifemblablemenr  les 
deux  cents  mille  volumes  de  Pergame , dont 
Marc-Antoine  lui  fit  préfent.  Cette  addition  & 
Ies  autres  qui  y furent  faites  *en  differens  tems  , 
la  rendirent  la  plus  nombreufe  des  bibliotkeques 
qui  ayent  jamais  exifté  avant  celle  du  roí  de 
France.  Elle  fouftrit  quelques  dommages  fous  Ies 
etnpereurs  payens ; mais  ils  furent  trés-légers  , 
compares  á ceux  que  luí  cauía  le  zéle  mal  régle 
d’un  patriarche  dU4Iexandrie.  Voulant  détruire 
entiérement  I’id-olátriedansla  capitale  de  PEgypte, 
Théophüe  obtint  de  Pempereur  Théodofe  , en 
Bj-o  , un  édit  qui-  lui  permettoit  de  démolir  tous 
les  temples.  Ceiiii  de  Sérapis  ne  fut  pas  épargné  j 
la  réfiítance  des  payens  qui  s’y  retirérent  & fou- 
tinrent  un  fiége  , le  zéle  du  patriarche  qui 
s'étendoit  iufuu'aux  ouvrages  de  mythclogie  . 
caasírent  ia  deftruction  de  la  plus  grande  partie 
des  hvres  qui  y étoient  conferve-s-  Orofe  étoít 
a Alexandrie  vinst  ans  aprés  l’expéditíon  de  Théo- 
phile,  & il  vit  les  relies  échappés  au  pil'age  , | 
les  tablettes  memes  viiides  ou  brifées  , armaría 
lioToram  ex-inanits^  Cette  blbliotheqtie  fe  rélabHt  i 


E I B 453 

I eependant  apres  I’crage  5 les  favass  que  la  perfé- 
j cunon  avojt  diiperiés  fe  raflemblérent,  & Pon  en- 
. feignoit  encore  á Alexandne,  au  feptiéme  íi-éc'e, 

la  phiiofophie  , k géometrie  , Ikftronomie  , k 
grammaire  & la  jürifpriiílence. 

Des  quek  capitale  dePEgypte  fut  tonsbée  fous 
Ja  dommanon  des  Sarrafins , le  bon  aénie  cui 
fembiOit  avoir  veülé  iufquklors  á k conferva- 
tion  de  la  bibliotheque  des  Ptoloméesd’abanáonna 
cunérement.  Jean  le  Grammairien  demanda  les 
Iivres  qui  traitoient  de  ¡a  phüofopie  , au  général 
Amri , qui  avoit  pris  Alexandrie.  Celui-crécrlvit 
au  caiif  Ornar  , pour  le  confu'ter  fut  la  demande 
du  Grammairien.  La  réponfe  d’Omar  fut  des  pies 
laconiques.  « Si  ces  Iivres  ne  contiennent  que 
des  chofes  conformes  a k doctrine  de  PA'co- 
« ran  , iis  font  inútiles  ; mais  s i!s  traitent  de 
” chofes  étrangéres  au  iivre  de  Dieu , ils  font 
dangereux  : otdonne  done  qifon  s’en  défaíle  ab- 
" fciument,  & qu’il  n’en  foit  plus  parlé.  » Cer 
ordre  bizarre  & fuperílitieux  fut  exécuté  avec  k 
!us  grande  pondualité.  Amri  fit  diftnbuer  les 
vres  de  ia  bibliotheque  dans  les  b.ains  d’AIexan- 
drie  , q-a'iis  chaufferent  pendant  íix  rnois. 

On  peut  quger,  par  k quantité  des  bains  dans 
lefquels  on  Ies  diftribua  , qui  furpalíoient  qua- 
rante  mille  , & par  le  tems  employé  á Ies  con- 
fumer , du  nombre  - prodigieu.x  des  volumes 
du  Sérapéon.  Ne  le  cornparons  pas  cependant  á 
celui  des  Iivres  que  la  munificence  de  nos  rois 
raíTemble  depuis  un  iiécle  ; quoique  des  auteurs 
célebres  ayent  alTuré  qa'on  en  comptoit  fept 
cent  mille  á Alexandrie.  Les  métamorphofes  SÓ- 
vide  formoient  alors  quin-ze  volumes , ekíf-á- 
dire  que  chaqué  volume  renfermoit  un  feul 
Iivre.  Nous  apprenons  aufii  d’Origéne  , cu’un 
certain  Dídyme  d'Alexandie  avoit  compofé  , du 
tems  de  Jules-Céfar,  fix  mille  volumes  ; nombre 
prodigieux  réduit  avec  plus  de  vraifemb'ance  i 
quatre  mille  par  Sénéque , & á trois  mille  cinq 
cents  par  Athénée.La  vie  entiéred'un  feul  homme 
ne  pourroit  fuffire  á compofer  un  pareil  nombre 
de  volumes  , méme  du  plus  petitde  nos  formats. 

II  faut  done  reñreindre  cette  idee  de  volume  á 
celle  de  k capacité  d’un  feul  rouleau  de  parche- 
min,  ou  de  papyriis  ; & ces  cent  miüe  volumes 
fe  réduifent  réellement  á moins  de  cinquanre 
mille  in-iz.  trés-petits,  ou  á vingt-quatre  mille 
é.'z-4°.  La  capitale  du  royaume  de  France  ofFre 
des  bibliotkiques  de  pardcif'ers  beaucoup  plus 
nombreiifes  , &c  dont  la  formation  n“a  jamais 
été  á charge  á leurs  concitoyens  - ou  aux  étran- 
gers  ; éloge  que  ne  mériroit  pas  celle  des  Ptolo- 
mées.  Tolis  les  Iivres  qui  entroient  en  Egypte, 
étoient  faiíis  par  kur  ordre  & dépofés  dans  le 
Muféum  , oú  des  copiítes  ks^tranferivoient,  pour 
remertre  enfuite  aux  propriétaires,  non  les  ori- 
ginaux,  oiii  reítoient  á k.  MhUetheque  , mais  Ies 
copies  fidéíes.  Ckft  air.fi  que  Ptolomée-Fhifcon 
ü xendit  maítre  des  ongmaux  de  Sophocle , 


^.54 


B I B 


d’Euripide  &r  d’Efchyle , malgré  la  promeíTe  fo- 
Jemneíle  qu  il  avoit  fo'te  de  les  rendre  aux  Athé- 
niens  ^ aprés  en  avcdr  fimplement  tiré  des 
copies  pour  fa  bibliotkeque.  Ce  prince  regardoit 
fans  doute  les  livres  comme  les  conquérans 
regardent  les  royaumes  qui  fe  trouvent  á,  leur 
bienféance.  Nous  avons  vu  en  1709  y les  Etats- 
GénérauXj  fe  montrer  plus  nobles  Se  plusdéfinté- 
reiTés;  ils  obligérent  un  nommé  Aymon  de  refti- 
tuer  á la  bibliotheque  du  roi  de  France , un  manuf- 
crit  précieux  qu’ily  avoit  dérobé  que  le  z^c 
pour  leur  opinión  religieufe  auroit  pu  leur  faite 
regarder  comme  de  riches  dépouilles  enlevées  áux 
ennemis  de  leur  cuite. 


La  bibliotheque  des  rois  de  Pergame,  dont  nous 
venons  de  parler,  fut  formée  par  Euméne  Se 
Attalus.  Animes  par  un  efprit  d’émulation , ces 
princes  firent  tous  leurs  efcrts  pour  égaler  la 
grandeur  Se  la  magnificence  des  rois  d."Egypte 
fur-tout  en  amaffant  un  nombre  prodigieux  de 
livres  j que  Plutarque  fait  monter  á plus  de  deux 
cent  miíle.  Une  partie  fut  brúlée  a la  prife  de 
Pergame , Se  Mate  - Antoine  en  donna  felón 
Pline,  un  grand  nombre  á Cléopátre.  II  en  relia 
cependant  encore  á Pergame;  car  Strabon^  qui 
écrivoit  fous  le  régne  deTibére  j parle  de  la  biblio- 
tkeque  de  cette  ville  comme  d'un  monument  qui 
fubfiíloit  de  fon  tems. 

Les  Romains  puiférent  chez  íes  Grecs  le  goút 
pour  Ies  bihliotheques  publiques  Se  particulieres. 
Ils  firent  préfent  aprés  la  prife  de  Carthage , á la 
famille  de  Réguius^,  de  tous  les  livres  trouvés 
dans  cette  ville  ^ au  nombre  defquels  étoient  vingt- 
buit  volumes  de  Magon  Carthaginois  ^ fur  Tagri- 
culture. 

Plutarque  aíTure  que  Paul  Emile  diílribua  á fes 
enfans  la  bibliotheque  de  Ferfée , roi  de  Macé- 
doine,  mené  en  triomphe  á Rome.  Mais  Ifidore  dit 
expreífément  qu’il  la  donna  au  Public.  Plutarque 
parle  auffi  de  la  bibliotheque  de  Lucullus  comme 
d'une  colleélion  trés-nombreufe , auíTi  précieufe 
d’aiileurs  par  les  riches  ornemens  dont  elle  étoit 
décoréej  que  par  les  fuperbes  portiques  oú  les 
ledeurs  Se  les  Grecs  eux-mémes  ^ quoiqu'étran- 
gerSj  pouvoient  fe  livrer  commodément  á i'étude. 

Aíinius  Pollion  fit  encore  plus.  Ayanr  formé 
une  riche  bibliotheque  avec  les  dépouilles  des 
ennemis  qif  i!  avoit  vaincus,  & avec  denombreufes 
acquiíitions,  il  en  aííura  par  des  aéles  authenti- 
ques  la  jouifíance  au  public.  II  Poma  des  portraits 
des  hommes  favans  morrS:,  Se  de  celui  de  Varron 
vivant  j le  célebre  bibliothécaire  de  Céfar.  La 
bibliotheque  de  Pollion  étoit  placée  fur  le  mont 
Aventin  , dans  Yatrium  de  la  Liberté , comme 
nous  Tapprenons  des  vers  fuivans  de  Martial 
(12.  3.  y. ) 3 dans  lefqaels  il  parle  des  livres 
f reres  , c’elí  - a - dire , femblables  aux  fiens  , qui 
étoient  gardés  dans  Tancienne  habitaúoa  de  Ré- 
Bias , Oír  le  mont  Aventin ; 


B I B 

Nec  temen  kofpes  eris , neo ']am  potes  advena  diei^ 
Cujus  habet  fratre'i  tot  domas  alta  Remi. 

Ovide  la  défigne  avec  encore  plus  de  préci- 
fion  dans  les  vers  fuivans  ( Triji.  3-  i.  ) : 

Nec  me  que.  doBis  pataerant  prima  libellis , 
Atria  Libertas  tangere  pajfa  fuá  e¡i. 

Auguíle  forma  dans  Ies  bátímens  du  temple 
d’Apollon-Palatin  5 une  bibliotheque  grecque  & 
latine  j dont  parle  Horace  (r.  epift.  3.  17.); 

Scripta  Palatinas  quscumque  reponit  Apollo. 

Gn  íit  á Rome,  auprés  des  thermes  d’Agrippa, 
l’infcription  fuivante , qui_  contient  le  nom  d"ua 
garde  de  lí  bibliotheque  ííúns.  á’Apolion-Palatin: 

SÜLPICIAE 

thallusas 

ANTIOCHUS.  TI.  CLAüDII 
CAESARIS.  A.  BYBLIOTHECA 
LATINA.  APOLLINIS 
CONJUGI.  SÜAE. 

BENE.  MERITAE 

Gruter  a fait  connoítre , dans  finfeription  fui- 
vante,  le  nom  d'un  garde  de  la  bibliotheque  grecque ; 

- C.  JÜLIUS.  C.  L.  PHRONIMÜS 
A.  BYBLIOTHECA.  GRAECA. 

Ovide  fait  auffi  mention  du  garde  de  la  bihlie- 
tk'eque  d'ApolIon-Palatin  {Trifi.  iil.  1.67.): 

Qusrentem  fruftra  cufias  , & fedibus  lilis 
PréLpofitus  j fancio  jujpt  abire  loco. 

On  croit  que  cette  Mbliothlque  a fubíiílé  jufqu  aii 
fixiéme  íiécie;  c’ell-á-dire , iufqnau  pontificar  de 
S.  Grégoire , qui  la  fit  bruler.  Jean  de  Salisberi  le 
dit  expreífément  ( Polycrat.  jI.  26. ) : Doctor 
fartñiíftmus  Gregarias  non  modo  mathefin  jujpt 
ab  aula-,  fed , ut  traditur  a majoribus , incendio 
dedit  probáis,  leñionis 

Scripta  Palatinas  quscumque  tenebat  Apollo. 

Auguíle  confacra  une  feconde  bibhothea^e  % 
l'utilité  publique  dans  les  portiques  d Oc.av.e 
fa  foeur,  & prés  du  théátre  de  Marcellus  lon 
neveii.  Ovide  Fappelle  templa  dans  les  vers  fuivans. 
{Trifi.  iiL),  á caufe  que  ces  portiques  entou- 
roient  un  temple  de  Junon : 

Altera  templa  peto  vicino  junBa  theatro  ■ 

Use  quoque  erant pedibus  non  adtunda  mei 

L’exemple  d’.Auguñe  fut  fuivi  par  Vefpafi^ » 


B I B 

cui  raffembla  une  nombreufe  hibilotV'equt  dans  le 
temple  de  la  Paix.  Auiu-Gelle  {xví.  8.)  & Ga’lien 
{de  Compof.  medicam.  il.  ij.)  en  font  mention. 

II  y avoit  auííl  une  bibliotJúque  confidérable 
dans  le  capitole  j qiii  brála  fous  le  régne  de  Do- 
minen. Mais  la  plus  magnifique  de  toutes-  les 
hííliockiques  de  Tandenne  Rome,  étoit  celle  de 
Trajan,  appelée  JJlpienne  de  fon  notn.  Elle  ren- 
fermoir  le  recueii  des  édits  des  préteurs,  écrits 
fur  des  tobes  & fur  des  tablettes  d''ivoire,  On 
croitque  Dioclétienla  tranfporta  dans  fes  thermes. 

Conftantin  forma  une  -nombreufe  bibUoth'eque 
dans  fa  nouv’eíle  ville.  Théodofe-le-Jeune,  un  de 
fes  fucceíTeurSj  Tayant  trouvée  compofée  de  fix 
mille  volumes,  en  porta  le  nombre  jufqu  á dix 
mille.  Elle  fiit  ainfi  augmentée  fucceflivement  par 
les  autres  empereursj  de  forte  qu’á  Eépoque  oú 
León  nfaurien  la  fit  bruier,  eüe  contenoit  trois 
cent  mille  volumes.  On  aíTuroit  que  lliiade  & 
l’Odyffée  y étoient  écrites  en  lettres  d or  fur  Ies 
boyaux  d"un  ferpeat. 

Les  Romains  embelliíToient  leurs  bibUotheques 
publiques  &c  particuHéres  avec  toas  Ies  ornemens 
du  luxe.  Les  intervalles  qui  n’étoient  pas  remplis 
par  les  arrr.oires , étoient  incrufiés  de  plaques 
dfivoire  & de  verre  coloré  diverfement.  Boéce 
parle  de  ces  ornemens  ( Confolat.  prof.  q ) : Nec 
hibLiotheCA  potiiLS  comptos  ebore  , acvitro  parietes  , 
quam  tiií,  mentís  fedem  reqairo.  On  y placoit  auffi 
les  portraits  8c  les  ftatues  des  favans  & des  hom- 
mes  célebres  j comme  nous  Tavons  vu  plus  haut 
á Tarticle  de  la  bibtiotheque  formée  par  Afínius 
Poilion. 

BIBLIS  & Caunus  étoient  enfans  de  Milet  Sr 
de  la  nymphe  Cyanée.  Voyeq^  Milet.  Biblis  ayant 
con^u  pour  fon  frére  une  flamme  criminelle  , 
chercha  ^ par  toute  forte  de  mcyens , de  le 
rendre  fenfible.  Caunus  ne  paya  tous  les  empref- 
femens  de  fa  fceur  que  d'indifférence  & de  mé- 
pris ; & fe  voyant  fans  ceíTe  perfécuté  > il  alia 
chercher  en  des  lieux  éloignés  une  tranquiliité 
qu’si  ne  troUYoit  plus  dans  la  maifon  de  fon  pére. 
Biblis  ne  pouvant  vivre  fans  lui vola  á fa  pour- 
fuite;  & aprés  Pav.oir  cherché  long-tems  inuti- 
lement,  elle  s’arréta  dans  un  bois^  oú,  pleurant 
continuellement,  elle  fondit  enfin  eniarmes,  & 
fut  changée  en  une  fontaine  intariíTable  , qui 
porte  fon  nom.  Paafanias  dit  qu’on  voyoit  encore 
de  fon  teros  la  fontaine  de  Biblis. 

Ceíl:  ainfi  qu  pvide  raconte  cene  hifloire  j 
tnais  d^aurres  auteurs  la  racontent  diverfement. 
Les  uns  difent  que  Biblis  ^ recherchée  en  mariage 
par  de  grands  partis,  les  méprifa  tous ; & que,  ne 
pouvant  réfifter  á I’amour  qu^elle  avoit  pour  fon 
frére,  elle  étoit  préte  á fe  jeter,  de  défefpoir, 
du  haut  d’une  montagne,  lorfque  Ies  nymphes, 
touchées  de  compaffion , Ten  empéchérent.  Elles 
firent  plus  : elles  rendor.mirent  profonáément , la 
changérent  en  nymphe,  & l’appelérent la  nymphe 
Haniadryade  Biblis,  D' autres  ont  dit , & Ovids  ; 


PaíTure  dans  un  autre  endroit,  que 
, chagrín  de  n'avoir  du  vaincre 

la  reuilance  ce  fon  frére,  & de  Eavoir  mis  dans 

e CaS  de  sexpatrier.  Quelques-uns  ont  encore 
ecrn:  que  ce  tut  Caunus  qui  devint  amoureax 
de  la  ; que  n ayant  pu  vaincre  la  réliftance 
de  cette  jeune  hue,  il  s'expatria.  Bi¿Iis  parcouran 
p;uíieurs  contraes  pour  le  ciiercher,  & ne  Pavant 
pas  trouvé,  elle  fe  pendit.  iinSn,  les  plus  mo- 
deres racontent  que  Caunus  ne  pouvant  vaincre 
1 ámour  qufil  avoit  pour  fa  foear  , voulat  Ce  suérir 
par  Pabfence  j & que  Biblis  , aífiigée  de  Péloic^ne- 
ment  de  ion  frére  , fe  boma  á pleurer  ábondanv 
ment.  Koyeq  Caunus,  Milet. 

BIBRACTE,  ancienne  ville  desEduens,  que 
1 on  croit  étre  Autun.  Elle  fut  mife  au  nombre  des 
déeíTes  j car  on  a trouvé  á Autun , en  creufant  le 
puits  du  féminaire,  une  pierre  fur  laquelle 
étoient  écrits  ces  mots  ; A la  déejfe  Bibracie , ■ 

DETE  BibraCTI. 

BIBULUS,  furnom  de  la  famille  Cal- 

EVRN'IA. 

BICESSIS , monnoie  des  Romaias.  Voye^ 

y'jCESSIS. 

BICjiRRES  vejies  ou  Bi cirp,es  , en  grec 
x.¡ó<pc-aTci) , vétemens  ornés  de  houpes,  ou  de  glands 
appelés  x-fótri-ói.  Tels  étoient  les  manteaux  des 
Crees  & des  Romains.  fC  Houpe. 

BICHE  5 cet  animal  eñ  le  fymbole  de  Jiinon 
confen-atrice , parce  qu  elle  fauva  la  cinquiéme 
des  biches  á comes  d’or,  & plus  grandes  que  des 
taiireaux,  que  Diane  pourfuivit  á la  challé,  dans 
la  TheíTalie , & dont  elle . attela  quatre  á fon 
char.  La  biche  aux  pieds  d'airaín  & aux  cornos 
d'or  , du  mont  Ménale  , étoit  confacrée  á Diane ; 
c'eíl:  pourquoi  il  n’étoit  pas  permis  de  la  tuer : 
cependant  Euriñhée  commanda  á Hercule  de  la 
lui  amener.  Aprés  Pavoir  pourfuivie  pendant  un 
an  , Hercule  Tatteignit  enfin  fur  Íes  bords  du 
Ladon,  la  faiíit,  la  chargea  fur  fes  épaules,  & 
la  porta  á Mycéne.  On  luí  donne  des  comes  d"or  , 
quoique  les  biches  n’ayent  point  de  bois.  C'eft  le 
quatriéme  des  travaux  d'Hrcule. 

BICLINIUM ^ lit  de  rabie  deíHné  pour  deux 
perfonnes,  comme  le  triclinium  fervoit  á trois. 
Plaute  en  a fait  mention  deux  fois  ( Bacck.  ir. 
4-  h-)- 

Ubi  efl  biclinium  vobis  Jlnzíum  ? 

Et  10-2  ; 

Jam-  facile  in  hzclinio 
Cum  amicá  fuá  merque  accubitam  entls. 

Les  bas-reüefs  des  anciens  tombeaax  repréfentent 
fouvent  deux  perfonnes  aífifes  fur  le  biclinium, 
autour  d’un  trépied. 

BICONGE,  mefure  des  Romains,  qui  coa» 
tenoit  deux  conges  ou  douxe  fetiers. 


45 B I D . 

BÍCORXIGER,  furnom  de  Bacchus,  qu’on 
trouve  repréfencé  queiquefois  avec  des  comes, 
í\-n',boles  des  rayons  du  foleil , ou  de  !a  forcé 
que  donne  le  vin. 

Les  Arabes  donnerenr  ce  furnom  á Alexandre- 
le-Grand , pour  déíigner  Tempire  d'Orient  qii'il 
avoit  ajoaté  á celiii  d'Occident,  ou  pour  fairc 
ai'ufion  aux  médaiiles  fur  lefqueües  il  efr  repré- 
fenté  avec  des  comes,  en  fa  qualité  prétendue 
de  fils  d'Ammon.  (^Muhamed  Aijergan). 

BlDElsT AL  , endroit  frappé  de  la  foudre. 
C^éioit  un  point  de  religión  chez  Ies  Romains , 
de  confacrer  aux  dieux,  & á Jupder  en  particu- 
lier,  les  lieux  oú  !e  tcnnerre  étoit  tombé.  Un 
arufpice  les  expioít  par  le  facrifice  d’une  brebis  de 
'deux  ans,  appelée  bidens  ^ d'ou  vintle  nom  biden- 
tal.  11  Ies  confacroit  enfuite  5 ce  qui  en  formoit 
un  ttmph , templiLm , felón  le  ftyle  des  livres  pon- 
tificaux,  & il  les  faifoit  entourer  de  inurs  ou  de 
paliífades.  Lucain  décrit  cette  cérémonie  dans  fa 
Pharfale  '^i.  606.)  : 

Difperfos  fulminis  ignes 

ColUgit,  & tacho  ttrrd  ciim.  murmure  condit , 

Datque  locis  nomen. 

Cétoit  un  crime  capital  danfulter  un  bidental , & 
Horace  le  met  en  paralléle  avec  la  plus  grande 
infulte  que  puiíTe  faire  un  homme  á la  mémoire 
de  fon  pére  ( An.  Poet. ) : 

utriim 

Minxerzt  in  patrios  ciñeres , an  trific  bidental 

í/loverit  inceflus. 

La  fimerílition , dont  le  caradére  eft  d’étendre 
fans  cede  fon  empire , fit  creer  un  ordre  de  pré- 
tres  deftinés  aux  feules  fondions  de  confacrer  les 
lieux  frappés  de  la  foadre.  Koyei  Bidentales. 

Bidestal.  On  donna  par  exteníion  ce  nom  á 
la  foudre  elle-merrse  , comme  on  le  voit  dans 
Columelle  ; & aux  hommes  écrafés  par  le  ton- 
aerre  {^Perf.  2.  v.  27. ) ; 

Trifte  jaces  lucis  , evitandum  que  bidental. 

BIDENT ALES , prétres  établis  chez  Íes  Ro- 
mains  pour  expier  les  lieux  frappés  de  la  foudre  , 
& claífés  par  décuries.  On  a trouvé  á Rome , dans 

■ rifle  Saint-Barthéiemy,  oú  étoit  autrefois  le  tem- 

■ pie  dTfciilape , rinfcriptíon  fuivante  , qiá  fait 
Hiention  d’un  bidentalis  ; 

SEMONI 
SANCTO 
DEO.  PIDIO 
SACRUM 

SEX.  POMI'EIUS.  SP.  F 
COL.  IvíUSSIANÜS 
QUINQUENNALIS 
DECUR 

bidentalis 

I>ONüM  DEDíT. 


B I E 

II  en  eñ  parlé  encore  dans  rinfcriptíon  flaivart» 
qui  étoit  confervée  á Rome  dans  la  ma'Ton'V 
Fuhius  UrCnus : ‘ 

SANCTO  SANCO 
SEI.ÍONI.  DEO.  FIDIO 
SA.CRUM.  PECUNIA 
SACERDOTÜM.  EIDENTALIüM 
RECIPERATIS 
VECTIGALIBUS 

Le  Lénat  chargeoit  quelquefois  d’autres  pon- 
tifes  que  Ies  bidentales , du  foin  de  fes  eFpía- 
tions  5 comme nous  fapprennent  Tite-Live  (/. 
parlant  du  temple  de  Proferpine,  frappé  de  is 
foudre , & rinfcriptíon  fuivante : 

JOVI 

FULMIN.  FULG.  TONAKTI 
RUSTIUS.  L.  F.  AEPIO.  PONT 
EX.  SC.  DEDICA VIT. 

BIERRE.  La  défenfe  abfolue  de  boire  du  vin 
avoit  fait  recourir  les  Egyptiens  á une  boiflon 
fadice , dont  il  eft  beaucoup  parlé  dans  fiiiftoire 
fous  les  noms  de.  lytkum  & de  curmi , & dont  on 
attribuoit  rinvention  á Ofirisj  c'eft-á-dire,  qu  on 
n'en  connoiifoit  pas  Firiventeur  (Diodore , /.  i). 
C étoit,  dit  M.  PaW  {Recherckes  fur  les  hgyptiens 
r.  140.)  une  forte  de  hierre  compofée  dforge, 
& qui  pouvoit  fe  conferver  long-tems  fans  fe 
corrompre ; car  au-lieu  de  houblon , abfolument 
inconnu  dans  cette  contrée , on  y ajoutoit  une 
infuíion  amére  de  lupin  : 

Jam  Pifer  A^fyrioque  venit  qua  femine  radix  ¡ 

Señaque  prabetur , madido  fociata  lupino  , 

Vt  Pelufaci  proritet  pocula  ’^thi. 

CoLU MELLA  , de  Cultu  hoTtorum. 

Ondevroit  eíTayer  en  Europe  fí  le  houblon  pour- 
roit  erre  remplacé  par  le  lupin , fans  une  altéra- 
tion  conlidérable  des  qualités  de  la  liqueur.  Les 
Egyptiens  y faifoient  entrer  encore  de  la  graine 
dh^íTyrie,  8e:  probablement  d'aurres  plantes  aro- 
matiques , chacun  fuivant  fon  goút  particulier : 
car  Strabon  obferve  que  chez  eux,  la  maniere 
de  braíFer  varioit  beaucoup.  Mais  le  procede  dont 
on  vient  de  parler  a été,  le  plus  généra'ement 
employé  pour  faire  le  qythum  dans  la  BaíTe- 
Egypte , oú  on  le  convertiíToit  tout  comme  la 
¿¿erre  ordinaire  , en  vinaigre  ,‘que  les  marchands 
grecs  d’Alexandrie  tranfportoient  dans  les_  ports 
de  FEurope.  Les  Arabes  & les  Copres  ne  favent 
plus  aujourd’hui  faire  cette  liqueur  comme  les 
anciens  habitans  du  pays;  & leur  boujac  ¡ fiiítc 
de  contenir  une  infufion  amére  , s’aigrit  au  bouc 
de  quelques  jours. 

11  eñ  trés-éronnant  que  Diofcoride  ait  foatenit 
que  la  lépre  ou  V éléphantiafis  proprement  dite,  etoit 
eiagendrée  par  le  s^tham  ij.  il.  c,  97 .)  j erreurqu  on 


B I F 

troiíva  rsproduife  fous  différentes  forme»  dans  [ 
¿es  Dictionnaires  á ia  fuire  áa  ce  mor.  II  eit  conrre  i 
ia  vraifembiance»  que  Ies  Egyptiens  fe  fuiTenr 
opiniarrc-s  pendant  des  milliers  d'années,  á fe 
fen  ir  d’une  boilfon  ernpoifonnée , dont  ils  con- 
iioilfotent  certainement  mieux  la  vertu  que  ce 
iriédecin  grec^  qui  écrivoit  des  livres  fur  la  ma- 
tiére  médicale  en  Cilicie. 

- jEtius  & Paul  d’Egsne  parlent  auíli  du  rytkum. 
comme  d"une  liqueur  mal-faine;  fnais  i!s  ne  con- 
viennent  pas  qu'eüe  engendroit  Yélépkantisfts. 

L'ufage  de  ¡a  hiere  ne  tarda  pas  á étre  répandu 
dans  les  Gaules^  ou  le  vin  étoit  peu  connu  avant 
Probus  5 & ce  fut  pendant  iong-tems  la  boiffon  de 
íeurs  habitans.  L'empereur  Julien,  gouverneur 
de  CCS  contrées , en  fait  mention  dans  une  épi- 
gramrne.  Au  tems  de  Strabon  , la  hiere  étoit  déjá 
comip.une  dans  les  provinces  du  Nord,  en  Flan- 
dres  Sr  en  Angleterre.  Céfar  dit  auffi  dans  fes 
Conamenraires  j que  les  anciens  Bretons  avoieat 
beauccup  de  vignes  ^ mais  qudls  n'’en  faifoient  cas 
que  pour.orner  Ieurs  jardins,  8c  qu’ils  préféroientj 
comme  plus  falubre » le  vin  des  grains  á celui  des 
raiíins. 

11  rfeíl:  pas  vraifemblable  que  Ies  Grecs,  dont 
les  vins  étoient  fi  renommés  dans  Pantiquité, 
ayent  penfé  de  méme.  Cependant  Ariftote  parle 
de  la  hiere  Se  de  fon  ivreíTe ; Théophrafte  Pappelie 
élsó;  3cc¡5-y;j,  Efchyle  & Sophocle  OjS-cs  ¡¡¡¡¿to’J. 

Les  Efpagnols  buvoient  auffi  de  la  hiere  dans 
le  tems  ou  Polybe  écrivoit. 

BIFORIS  cantas.  Virgile  dit  {JEneid.  9.617.)  ; 

Ite  per  alta 

Dindyma  ^ ahí  adfaetis  hiforem  dat  tibia  cant-im. 

Serv’ius  expliquant  ces  vers»  dit  que  biforis  cantas 
déíigne  ici  les  ñutes  phrygiennes.  Ces  ñutes  étoient 
iñégales  en  diamétre ; de  forte  qu’en  fouíHant 
dans  deux  ñutes  phrygiennes  en  méme-tems  ^ on 
faifoit  entendre  deux  fons  á Poétave  Pun  de 
PautrCj  ou  peut  étre  méme  en  accord.  Voici  le 
paíTage  de  Servius  : Biforem  dat  tibia  cantum  bife- 
aum  j imparem.  Et  fervavit  eis  tibiaram  fuarum , 
id  efi , pkrygiaram  , naturam.  Tibia  aut  jerrana  di- 
cuntur  3 quA  funt  pares  ^ & aquales  hahent  cavertias  : 
aut  ThrygiA , quí  impares  funt  & in&quales  kaber.t 
cavernas.  Ergb  biforem  , dijfonum  diífmilemque ; 
non  funt  parí  modulaúone  compofte.  Ut  enim  ait 
M.  Varro  : Tibia  Phrygia  dextra  anum  foramen 
hahet  3 fniíird  dúo.  (Quorum  ununz  acutum  fonum 
habet , alterum  gravem  , (ic. 

BIFORMISj  ¿'(icoípó; , furnom  oui  fut  donné 
á Bacchus , cu  parce  qu’on  le  reprefentoit . tantot 
comme  un  jeune  homme , & tantot  comme  un 
vieiilard  ; tantbt  avec  de  ia  barbe  , & tantot  n en 
ayant  point : ou  bien  parce  que  le  vin , dont  ii  eft 
le  fymbole  , rendaiit  les  uns  tníies  &c  f uneux . les 
«utres  gais  & de  belle  haineurj  caufe  des  efféís 
Aniiquitél , Tome  I. 


B I G 457 

cout  contraires  dans  le  corur  de  ceas  qui  en 
boívent  avec  excés. 

B It  iíO  i'i  S 3 a.  deux  sufages.  Cn  donnosc  ce 
furnom  & ce  couble  vrfage  á JanuSj  parce  cu  on 
le  croyoit  inñiui:  de  Pavenir  & du  paffé;  tradi- 
tion  faDuieuie  fondée  íat  fa  grande  expérience 
dans  les  travaux  de  Pagriculture  , qu'il  avoit  ea- 
feignée  aux  habitans  du  Latiuro.  Ovide  Se  Varron 
en  donnent  une  autre  caufe;  ils  affiirent  que  ce 
doubie  vifage  étoit  Pembiéme  du  couchant  & da 
levant.  C.  BaíTuSj  cité  par  Macrobe  {Satura.  1.  1. 
c.  9.) , reconnoit  Janus  pour  le  portier  des  cieux 
& des  enfers  j & veut  que  fon  doubie  vifage  fok 
Pembiéme  de  fa  doubie  fonñion.  Koye:^  Janus. 

BIGARIU S , celui  qui  conduk  un  bige  oit 
char  á deux  chevaux.  On  lit  á Saint- Grégc  iré  , 
au  mont  Ccelius,  Pépitaphe  d’un  jeune  enfant, 
qui  s’ étoit  tué  en  conduifant  un  bige : 


FLORUS.  ZGO.  HiC.  JACHO 
BIGARIU3.  INFANS.  QUI.  CIT9 
DUM.  CÜPIO.  CURRUS.  CITO 
DECIDI.  AD.  UMBRAS 
JANUARIUS.  ALUMNO.  DUICISS 

BIGATI  nummi , monnoie  du  tems  de  la  ré- 
publique  romaine  , fur  laque!  le  on  voyoit  un  bige 
& un  Janus  á doubie  vifage.  La  collection  des 
médaiUes  de  familles  en  renferme  plufieurs. 

BIGE char  trainé  par  deux  chevaux.  Püne 
{vil.  56.)  en  attribue  Pinvention  aux  Phrygiens  : 
Bigas primhmjunxi t p hrygum  natío.  IfidcreDOrr.me 
un  inventeurj  Cyrifténe  de  Sieyone  {tcvii.  3j.): 
Juso  primas  Cyriftenes  Sicyoniits  equos  jugavit : 
eofque  fingulos  ex  atraque  parte  fmplici  vincula 
applicavit  3 quos  Grsci  Seirophores  , Latini  Fanales 
vocant  3 d genere  vinculi  quo  priiis  alligahantur, 
Dexterioris  vero  bigs.  viciar  Marti  immolare  fo- 
lebat. 

Quoi  quh!  en  foit  des  inventeurs.  i!  eft  certain 
par  les  vers  d'Héfiode  & d'Homére  » que  Poa 
coraba ttoit  fur  des  higes  á la  guerre  dé  Troie  & 
dans  les  tems  héro'íques.  On  introduiíir  les 
biges  dans  les  jeux  olympiques  la  xciii'  olym- 
piade.  II  paroit  cependant  que  les  héros  grecs 
quí  célébrérent  les  premiers  jeux  Néméens  ea 
Phonneur  d’Archémore étoient  montes  fur  des 
biges. 

La  lune  paroit , dans  les  anciens  monumeas  , 
montee  fur  un  bige  3 comme  le  foleií  fur  un  qua- 
drige'.  Sénéque  {Agsmemn.  ix.  S 17.)  : 

Et  tuas  lente 
Remeare  sigjs  3 pallida  Pkcehe. 

La  Viéioire  eft  montee  fur  un  bige  auffi  fourent 

que  íur  un  qaadrige;_  mais  i!  ya  fur  ce  point  pías 
de  variadons  dans  Íes  monu.mens  qa  e pour  la 


M m ni 


458'  B I L 

_ Bige  Tur  íe<  médaíUss ; tj-pe  ordmaire  d’^fer- 
nium  en  Italie^,  de  Catane^  de  -Syracufe^  des 
Confulaíres,  &c.  &c. 

BmGLM  , Tolciats  dont  il  eft  parlé  dans  Tar- 
ticle  fuivant. 

BIGLIATICUM , folde  des  gardes  appelés 
Bíglxy^cüx  veilloient  pendant  la  nuic  á la  fureté  de 
Conítantinople  fous  les  etnperears  grecs. 

BIGOIS.  Voye^  Bygoís. 

EILBILISj  dans  fEípagne.  biibiiis.  itálica. 
MV.  M-unicipium. 

Certe  vslle  a fait  frapper  des  médailles  latines 
en  j honneur  d Auguíie de  Tibére  ^ de  Caligula. 

Elle  étoit  la  patrie  de  Marttalj  qui  a chanté  fes 
íorges  & fon  acier  (jy.  ; : 

Si.vo  BiLbilin  optimam  rmtalLo 
Qus.  vincit  Ckalybefque ^ Noricojque  ¡ 

Et  fes  chevaux  {lih.  i.  jo.) : 

Videhls  altam  , Liczniane  ^ Bílbilim 
Equis  & armis  nobilem._ 

BILE.  Dans  les  facrifices  qui  précédoient  & 
accompagnoient  les  mariages,  on  ne  méloit  ñas  la 
hile  des  viaimes  avec  les  autres  portions  dcíeiirs 
corpSj  majs  on  ¡a  faifoit  couler  foigneuíement  á 
eote  de  1 autel.  C étoit,  difoit-on,  pour  apprendre 
3UX  epoux  que  la  colere  doit  leiir  étre  inconnue. 

BILIBPdS  , áü  poids  de  deux  livres.  C'étoit 
le  poids  des  poiílons  appelés  mulli,  íí  recherehés 
des^  gc)urmands  de  Rome,  lorfqu^iis  étoient  ar- 
riyes  a ce  volurne.  Martial  en  parle  foiivent 
(x/.  JO.): 

Nunc  ut  emam  gr andemve  lupum , zniillumve  bllihrem. 
Et(/7j.  4j).  : 

ISolo  mihi  parias  rhombum  , rrtuUamve  iziihrrm. 

Elagabale  íit  frapper  des  pieces  d or  íi  un  poids 
extraordinaire  , de  deux  livres  , formas  binarias  y 
& pius  j qu'Alexandre-Sévére  décria  riuoureu- 
fement. 

tritici  y mefure  des  folides  de  TAíle 
& de  rbgypre.  V oyez;_  Chénics. 

BffJsy-is  triticz  y mefure  des  liquides  de  rAlíe& 
de  1 i:,gypte.  ^qyc-r  Chéntce-. 

BILiu S sA  ¡e  meme  que  lÁuilius,  qui  fit  éleYer 
ía  colonne  roñrale  aprés  avoir  détruit  la  flotte 
aes  Carthaginois.  C'étoir  randenne  orthogranh'* 
des  Romains.  = y - 

BILLETS  de  fpeaacle.  Voyeq^  Tesséres. 
BILLON , compofe  de  métaux  précieux  & 
á atures  qui  le  font-  moins,  dans  lequel  k quan- 
tite  tíu^  metal  précieux  eÜ:  beaucoup  plus  petite 
we  cene  Liss  autres  métaux.  Les  auteurs  qui  ont 
ecrit  lar  la  fcíence  N umifmatique , fe  feryenrd’a 


B I P 

! mor  Siiion  pour  déíigner  des  mááailles  de  cutvre 
: alíié  d’une  infiniment  petite  quar.tité  ákrqent.  lí 
íaut  bien  les  diftinguer  des  mé'dailies  Saucee's  & 
Fourrées.  P^oyei  CCS  mots  & farticle  Argent. 

BIMATER,  furnom  de  Bacchus , ce/ü¿  qui  a eu 
deux  meres ; parce  que  Júpiter  Favoit  porté  deux 
mois  dans  fa  cuiíTe , aprés  la  mort  de  Sémélé  fa 
mere. 

BIOCOLYTHES,  formé  de  gla,  yj-olence,  & 
y-eiÁOa y jempéche.  On  appeloit  de  ce  nom,  dans 
lempiregrec,  des  officiers  & des  foMats  chargés 
du  foin  d'empécher  les  violences  qui  fe  commet- 
toient  dans  fes  valles  provinces.  lis  faifoient  les 
mémes  fonélionsque  les  maréchauíTées  raodernes. 
Juftinien  fupprima  Ies  biocolythes. 

BIPEDA,  brique  & tulle  de  deux  pieds  ro- 
tnains  anciens  de  longueur.  Palladiiis  (/.  vi.  c.  2.) 
a appeié  de  ce  nom  particuüer  toutes  les  tuiles  en. 
general  : Bipedas  qu&  per  omnia  latera  ccnali- 
culós  kabeant  digitales  jungemus.  Mais  Fabrettr 
{Infcript.  pag.  jii.)  a trouvé  une  brique  de  deux 
pieds  romains  de  longueur , fur  laquelle  étoient 
gravees  a rebours  ces  trois  lignes  5 entre  la  pre- 
miére  & les  deux  autres,  on  voyoitiine  tete  de 
Mercure ; 

CRESIM-I.  L.  M.  CL 
( tete  de  Me  reare ) 

FUNDUS.  CRIS 
PINIANI  BIPEDA 

On  voyoit  a Rome,  du  tenas  de  Fabrettr,  les 
voútes  d'un  anclen  portiqtie  íitué  entre  régiifs  de 
Sainte  - Marie  de  Pianciu , & cel’e  de  norre- 
dame  in  Canaberis  , formées'  de  briques  de  deux 
pieds,  bipeds,,  & de  briques  d'un  pied  & demi. 
Files  étoient  réanies  par  leur  extrémité,  & for- 
moient  une  épaiiTeur  de  trois  pieds  & demi.  La 
premiére  affife  comme.n^oit  á Yintrados  par  la 
bípeda , & fe  terminoit  á Y exradas  par  la  brique 
d’un  pied  & demi  5 la  íéconde  commencojt  á Yin- 
trados par  la  brique  d’un  pied  & demi , 8c  fe 
terminoit  á Y extrados  par  la  bípeda  ; Sc  ainfi  de 
fuite  alternatiyement. 

BlPEIsNE , hipennis  ; ceíl  le  nom  que  Fon 
donne  communément  á la  hache  double , 4 

celle  des  Amaxones  en  partkulier.  On  en  yoit  dé 
plufieurs  fortes  dans  les  monumens.  Lef  unes 
reíTemblent  des  deu-x  cotes  a un  marteau ; d au» 
tres  font  formées  en  hache  d’un  coré,  & de  l’autr4 
en  marteau  pointu.  li  y en  a en  double  hache 
égaie  ; quelques-unes  de  celle-ci  eaíin , ont  la 
double  hache  plus  étroite  auprés  du  manche  que 
vers  le  trancharxt , 8c  reífemblent  a deux  boucliers 
d’Amazones  joints  enfemble.  Batnes  fart , dans 
fes  notes  fur  Euriptde  , une  elegante  de.lcription 
de  ces  der.niéres. 

On  voit  fouvent  dans  les  fcutpíures  & Ies  pem- 
tures  étruíqaes , la  premiére  efpéce  de  bipejim- 


B I R 

La  feconde  psroít  foavent  dans  Ies  mains  des  | 
TacriÉcateurs;  c'eft  eüe  qui  eíl:  déíignée  par  íes  j 
poetes,  lorfqa’il  parlenr  des  facrifices.  Valérius  i 
Flaccus  (i.  193.): 

iSTos  zV/t)  certior  alttr 
Ping-ia  letkiferá  perfiringen.s  colla  bipenni. 

Cette  méme  efpéce  de  bipenne  étoit  en  ufsge 
fur  les  vaiííeaux  armes.  Elle  fervoit  á couper  les 
cables  qtii  lioient  !e  gouvernaii , & á percer  lesñancs 
des  na  vires  ennemis.Végéce  en  parle  en  ces  termes; 
Biperir.ís  eji  fecaris  habens  ex  atraque  parte  latif- 
Jirnum  & acuújftmum  ferrum.  Per  has  in  medio 
ardore  pugaandi  perztijjlmt  nautí,  vel  milites  ¡ cura 
minonbus  fcaphulis  fecretb  incidunt  funes  , quilas 
adverfariorum  ligata  funt  gubernacula. 

Les  guerners  portoient  des  hipennes  de  teutes 
Ies  efpéces.  Théfée  combattant  Ies  Centaures  fur 
Íes  b;s-reliefs  du  temple  de  Júpiter  á Eiis , étoit 
armé  d’une  b¡venn.e.  {Pauf,  Eliac.'). 

La  qu  jtriéme  efpéce  de  bipenne  paroiíToit  afrec- 
tée  plus  particuliérement  aux  Amazones  ; c’eft 
pourquoi  on  la  voit  pour  fymbole  fur  les  médailles 
des  villes  qui  fe  glorifioient  d’avoir  été  fondees 
par  quelques-unes  de  ces  guerriéres  célebres. 

Bipekne  fur  les  médailles,  fymbole  des  mé- 
■dailles  de  Tifie  de  Ténédos. 

On  la  voit  encore  fur  celles  de  Thyatire  & de 
Mylafa.^ 

BIREME  , biremis  , 8c  dicrota.  Les 

Latins  empruntérent  le  nom  grec  des  b tremes , 
■qu’ils  confervérent  dans  leur  langiie.  Cicerón  & 
Hirtius  s’en  font  fervis.  Le  premier  dit  ^ad  Attic. 
XV 1.  ; Ipfe  Demitius  bona  plañe  habet  dicrota  ¡ 

8c  le  fecond  (de  Bello  Alex.  c.  47.)  : Capte  ex  eo 
prslio  penterem  unam  , triremes  duas , dicrotas 
ocio. 

Le  mot  de  blr'sme  avoit  deux  íignifications : 
tantót  il  délignoit  une  barque  ou  un  efquif  á deux 
rames , Sé  tantót  un  navire  á deux  rangs  de  rames. 
Ilparoít  démonrré  par  quelques  endroits  de  Thii- 
cydide,  que  les  bb  'émes  n’étoientpas  connues  au 
tems  de  !a  guerre  de  Troie.  Pline  dit  que  Ies 
Erythréens  ajoutérent  un  fecond  rang  de  rames 
au  premier,  qui  étoit  alors  en  ufage  (vii.  yó.)  ; 
Biremem,  Erythr&i  fecerunt. 

Les  favans  ont  été  partagés  Iqng-tems  fur  la 
poíition  de  ces  deux  rangs  de  rames.  lis  paroiíTent 
cependant  aujourd’hui  s’accorder  á Ies  placer  les 
uns  au-deíTus  des  autres ; & la  vue  des  monu- 
mens  antiques  les  a réunis  fur  ce  point.  Tel  eft 
en  particuüer  le  navire  a pluíieurs’ rangs  de  rames 
dont  Herculanum  a ofiert  la  peinture  ; ces  rangs 
font  places  les  uns  au-delTus  des  autres , comme 
aux  biremes  de  la  colonne  Trajane  & á celles  qu’a 
^ publiées  le  P.  de  Montfaucon  dans  le  quatriéme 
tome  de  fon  Antiauicé  expliquée. 

BmOTUM  f ^ 

Ion  atteloit  de  uois  mulets,  de  fur  lequel  on 


BIS  ■4)9 

ne  pouvoit  charger  que  deux  quintaux,  feloa 
* o^onnaace  de  Conftanrin.  Valentiaien  regla 
aiíiii  que  la  birota  ne  pourroit  porrer  que  deux 
ou  trois  perfonnes  au  plus.  Pandrol.  Notit.  Imp. 
Orlent. 

BIRRETUS , efpéce  de  bonnet  noir  Se  pointu  ' 
que  portpient  les  Grecs  du  Bas- Empire.  Ñicétas 
dit  á la  fin  de  la  vie  d’ Alexis  Comnéiie , qu  Ati- 
dronique  Comnéne  ayant  été  élu  empereur , oa 
oca  de  deíTus  fa  tete  le  bonnet  noir  & pointu  en 
forme  de  pyramide,  qu’il  porcoit  ordinairement. 
Se  qu’on  mit  á fa  place  une  mitre  rouge  ou  pour- 
pre.  Le  m.éme  hiftorien  racontant  Tentrevue  de 
Baudouin  & de  Richard  , chefs  des  croifés  qui 
avoienr  été  faits  prifonniers,  avec  Tempereur  Ifaac 
Lange , dit  qu’ils  ótérent  leurs  birreti , que  Ton 
appeloit  pilei,  pour  faluer  Tempereur. 

Ce  bonnet  étoit  fait  de  lin  5 il  étoit  étroit  Se 
ferroit  la  tete.  Les  papes  en  firent  auííi  ufage  , 
comme  nous  Tapprenons  d’une  bulle  de  Boni- 
face  VIH ; & les  doéleurs  des  Univeríités  Tadop- 
térent  depuis,  comme  un  des  attributs  de  leur 
dignité. 

BTRRVS,  /Sífís-;  vétement  plus  court  & moins 
emibarralfant  que  la  toge.  II  y fut  fubfiitué  dans 
Ies  mémes  ternas  que  les  lacernes,  c’eft-á-diíe, 
fous  les  empereurs.  Peut-étre  méme  (ce  qui  eft 
plus  vraifemblable ) le  birrus  ne  différoit-il  que 
par  fa  couleur  rouge,  de  la  láceme  qui  étoit  noire 
ou  bruñe.  C’eft  Topinion  de  Saiimaife  (in  TertulL 
de  Palito'^. 

B iRRus  fut  auJi  le  nom  d’un  bonnet  ou  diine 
efpéce  de  capuchón.  Le  fchcliafte  de  Juvénal 
expÜquant  le  145=  vers  de  la  fatyre  viiC,  dit 
QUe  la  Santonicus  cucullas  étoit  le  birrus  des  Gau- 
lois , qui  fe  fabriquoit  á Saintes.  On  voit  auílx 
dans  le  livre  troiííéme  de  Fulgence  contre  Mo- 
nimus,  que  le  birrus  étoit  d’ ufage  en  Afrique,  5c 
qiTii  fe  mettoit  fur  la  tete. 

BÍSALTL4,  en  Macédeine.  biJaatikon  Sc 

BISAATIGN. 

Hunier  poííédoit  deux  médailles  autonomes  de 
bronze,  avec  ces  légendes  Se  des  types  différens  , 
que  M.  Com.be  attribue  á cette  ville. 

BISALTIS,  fut  aimée  de  Neptune  , qui,  pour 
la  tromper,  fe  changea  en  bélier.  Ovide,  (Mct. 
lih.  ó). 

BISANTíIE , dans  la  Thrace.  bisangknok. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

RRR.  en  bronze.  (Pellerin). 

O.  en  or. 

O.  en  aruent. 

' Cette  vilíe  doit  étre  diílin.guée  de  Byfance  , 
qui  fut  depuis  Co.nftannnop  e. 

BISELLARIÜS.  } 

BISELLEARJUS.  f 

BISELLIARIUS.  > Le  mor  bifdUum  ne  fe 

BISELLll  (konor).í  trouve  dans  aucun  au- 

BISELLIUM.  A teur  latín  avant  J'arroa 

(de  Ling.  Lat.  ir.  28).  C’eft  ainfi  qu’ii  Texpliqae ; 

M íTi  m ¡i. 


4oo  B i S 

Ai  fedendo  appillar.zur  fcdes  , fedlle. Uhi 
in  cjufhzodi  {s:ej:la)  dúo  bifdlium  diBiLm.  On 
fop-entend  aprés  cao,  ]e  mot  fedent ; & Ton 
To:t  que  b-ifclHum  éioii  une  chaife  oii  iiége. tres- 
ampie  ^ fur  iaquelle  deux  perfonnes  pcuvoient 
Szaíleoif  a la  fois.  C eí^  ainíi  que  Ton  appela 
hicliizium  un  lit  de  table  qui  fervoit  á deux  con- 
vives. 

Honor  blfzUli  étoit  !a  permiffion  de  fe  fervir 
<f  un  femblable  íiége  aux  fpedlaclesj  aux  théátres 
& dans  les  aacres  endroits  publics.  Cette  diítinc- 
lio.n  etoit  analogue  á celle  que  nous  appeions 
droit  de  fauteuil.  Se  qui  forme  en  certaines  occa- 
lions  d éclat , une  claíTe  feparée  de  celle  qui  ne 
peuc  s aíléoirj  ou  qui  ne  peut  le  faire  que  fur  des 
taboarets  ou  des  pliants,  Feíius  dit  aue  le  peuple 
accorda  le  droit  d'avoir  une  chaife  enrule  dans 
lecirqueau  diaareur'Valérius,  & á fapoílérité; 
5c//<-2  curulh  in  circo  ¿ocus  datus  efi  Valerio  dioia- 
tori  , pofierifque  ejus , konorls  caufá.  De  mérae  on 
lit  fur  une  infeription  trouvée  á Tarxienne  Suejfa  , 
dans  la  Campanie,  rapnortée  par  Gruter  (v,  475-. 
n-.i): 

C.  TITIO 

GHRESIMO  AUGUSTO.  LI 
HUIC  ORDO  DECURIONUM 
QÜOD  PRO  SALUTE  ET  INDUl- 
GENTIA  IMPERAD.  AKTONINI  PII 
TELICIS  A*UG.  ET  EX  VOLUNTATE 
POPULI  MUNUS  FAMILIAE  GLA- 
DIATGRIAE  EX  PECUNIA  SUA  DIEM 
PRIVATüM  SECÜNDUM  DIGNITA 
TEM  COLONIAE  EDIDERÍT  HONO- 
REM  BIS  ILLI.  (Leg.)  BISELLI,  &C.  &C. 

Ceux_  auxquels  le  peuple  ou  les  magiflrats 
accordoient  catre  diftinclion  ^ konorem  bifellii , 
ctoicnt  appelés  bifellearii  ou  bifelliarii.  Scaliger 
faifant  dans  le  dernier  fiécle  Yindex  du  grand  re- 
cueil  d’infcriptions  de  Gruter,  plaqa  les  bifelliarii 
dans  la  claffe  des  artifans;  c’eft-á-dire , qu'il  ¡es 
regarda  comme  des  ouvriers  qui  faifoient  des 
bifdlium.  11  ne  fit  pas  attention  aux  titres  d'hon- 
neur  qui  étoient  joints  á celui  de  bijfdliarius  dans 
Ies  infcnpnoíis  rappertées  par  Gruter  ; & il  de- 
grada trop  les  bijfellarii.  Mais  on  les  releva  trop 
depuis  íui. 

Chímente!,  dans  fon  Traite  de  konore  Bifellii, 
dit  que_  cet  honneur  n'appartenoit  qu’au  premier 
des  féyirs-auguftaux,  & que  c étoit  une  décora- 
tion  dépendar.te  de  ces  dignités.  Mais  Muratori 
frai.  I.)  a rapporté  deux  inferiptions  dans  lef- 
quehes  on  lit  : Bifdlarius  coUegii  fibrúm ; hifd- 
larius  dendrophororum  ¡ 6’  decurio  libertorum  dignus 
konore  bifeilz. 

^A'J  reüe  , ;e  fiege  doubie  appélé  bifdlium  étoit 
tres-erne,  comme  nous  i’apprenons  d’Hcfychius, 


B I S 

1 le  déügfíe  fous  le  nom  grec  isfJca.Sop.  carac- 
' tere  diítinólif  étoit  d’offrir  un  vuide  double  de  celui 
qne  formoient  les  bras  de  la  chaife  curule.  Geft 
á cette  largeur  que  fait  alluíion  Sénéque  dans  fe 
paíTage  fuivant  {de  Confi.  Sap.  c.  14.)  : Quid  refen 
quantum  kabeat , quot  lecácarios , quam  oneratas 
aures , quam  laxam  fdlam  ? 

BISMUTH.  íl  paroít  que  les  anciens  n’ont  pas 
connii  ce  demi-métalj  car  i!s  Taurcient  confondu 
avec  le  plomb,  ainli  quhls  ont  fait  pourrétain, 
en  ajoutant  au  mot  plomb  un  adieftif  qui  en  expri- 
mir ia  couieur  diílinétive.  Or,  ils  ne  parlent  que 
du  ploRib  hXúTíC , plumbus  albas  f Y étún  i Se  du 
plomb  noir,  plumbus  ñiger , le  plomb  pronrement 
dit.  Agrícola  méme  ne  connoiífoit  pas  encore  le 
hifmuth  ,•  Se  il  Fa  confondu  avec  une  mine  de 
plomb  quTl  appeloit  viriles  plumbi  cinereus. 

BISOMÜM  & Bis  OMATON  , tombeau  ou 
urne  dellsnée  á recevoir  les  reíles  de  deux  per- 
fonnes. Les  anciens  ne  placoient  jamais  un  ca- 
davre  imméaiatement  fur  un  autrej  pluíieurs  con- 
ciles , ¡es  ftatuts  de  S.  Bordface  archevéque  de 
Mayence  , & les  Capitulaires  de  Charlemagne 
{lib.  6.),  défendent  fouvent  cette  pratique,  mor- 
tuum  fipsr  rr.ortaum  poní.  On  llt  le  mot  bifomum 
dans  pluíieurs  épitaphes,  relies  que  la  fuivanre, 
trouvée  á Eénévenr  : p.  p.  aelius  venerianus 

HOC  VAS  BISOMUM  SIBI  ET  EELICITATI  SUAE 
POSUIT  ET  TRIBUNAL  EX  PERMISSU  PONTIF. 
PERF.  Ssc.  &rc.  On  trouve  méme  trisomum  & 
QUADRisoMUM.  Ces  mots  font  des  compofés 
de  trifutt , redes  des  morís. 

BISSEXTE.  1 r r , ; ■ r 

BissfxT^LE  í foleil  ne  termmant  pas  la 

courfe  annuelle  dans  Fefpace  juíle  de  ydj  iours; 
mais  y employant  á-peu-prés  lix  heures  de  plus, 
il  étoit  impoíTible  de  former  toutes  les  annécs 
égaies.  Jules-Céfar  voyant  dans  quel  défordre 
etoient  tombées  les  années  de  Kuma  & des  Grecs, 
parce  qiFon  avoit  négligé  ces  íix  heures,  réfoiur, 
en  réform.ant  le  calendrier,  d'en  teñir  compre. 
Ce  grand  hemme , auffi  habile  dans  Féco- 
iiomie  poücique  que  dans  la  guerre,  imagina 
de  form.er  tous  Ies  quatre  ans  un  jour  entier  ce 
íix_  heures,  dont  la  véritable  année  folaire  excé- 
doit  Fannée  civüe  de  365'  jours,  & de  Fajouter 
au  mois  de  février ; de  forte  que  Fon  compreroir 
de  quatre  en  quatre  áns  un  jour  de  plus  dans  ce 
mois.  Pour  ne  rien  changer  au  nom  des  jours, 
on  fixa  celui  que  Fon  ajouroit  au  lendemain  du 
íixieme  jour  avant  Ies  calendes  de  mars,  & ] 
répéta  la  dénomination  fexto  calendas  martias , 
avec  Faddition  du  mot  bis.  De-lá  vint  au  jour 
intercalaire  le  nom  de  bijfextum , bifexte ; 8e  a 
chaqué  quatriéme  année,  le  nom  de  bijfextdis , 
bijfextile.  ^ , 0 

Les  íix  heures  dont  Fannée  folaire  excéae 
Fannée  civüe  ^ 3<Jy  jours,  ne  font  pas  enticrcs; 
il  s’en  faut  opze  munures,  qui,  répétees 
quatre  ans,  font  44  minutes  de  dirrérence- 


B I S 

minutes  accumulées  pendantquinze  fíceles , avoient 
tellement  troublé  i’ordre  des  faifons  fous  ie  pon- 
tilicat  de  Grégoire  Xílí,  qu  li  failut  réformer  le 
caler.drier  Julien.  On  regla  lors  cic  cette  réforme  , 
que  i'oii  fupprimeroít  troís  années  bijfexaies  dans 
refpace  de  400  ans,  aiiii  d'obvier  par  la  fuite  á 
cette  erreur  : de  iTianiére  que  de  quatre  annees 
fécuiaires  , trois  feuiement  íeront  biffcxtiles. 

La  cor, flanee  que  les  anciens  accordoient  a 
rAítroIcgie,  fit  naitre  deiix  erreurs  finguliéres  re- 
latives  aux  années  biffcxtiles  Sr  aux  biffextes , qui 
duroient  encore  au  commencement  du  dernier 
liécle.  On  croyoir  d'abord  que  les  faiíons  reve- 
noient  Ies  mémes  tous  les  quatre  ans ; & enfuite 
que  les  années  biffcxtiles  & les  biffextes , étoient 
¿es  époques  funeíles  pour  les  morteis. 

Quant  au  premier  préjugéj  Fline  (/L  47  )_& 
Columelle  feront  nos  garants.  Le  premier  dit : 
Omniumredire  eafdem  vices  , Sí qziadriennío  exacto  , 
non  ventorum  modo , vcrtim  '&  reliquarum  tempefia- 
tnm  magna  ex  parte-  Et  effe  principium  luftrz  ejzis 
Jemper  intercalari  anno , caniculs- ortu-  Le  lecond 
foutient  (rrJ.  6.)  que  les  vignes  fourniíTent  tous 
les  quatre  ans  des  vendanges  íemblables  : Vbi  plu- 
rlmis  velut  enteritis  annorum  ffiptndtis  fines  fur- 
culo  cop.fiitit , nihil  dubitandum  efl  de  ficecunditaíe  : 
nec  tamen  ultra  qaadrtennium  talis  extenditur  in-^ 
quijltio.  Id  enim  tempus  fere  -virentium  generofita- 
tem  declarat , quo  fiol  in  eamdem  partem  jignifieri  , 
per  eofidem  números  redzt , per  quos  curjus  fui  prin- 
cipium cceperat  : quem  circuitum  meatus  dzerum 
integrorum  mille  quadringentorum  fiexaginta  unzas 
e&rroKííToírmrt')  vocant  fiudíojl  rerum  ccetefiium-  Am- 
mien-Marceüin  raconte  que  Tempereur  Valeati- 
nien  ne  voulut  point  fortir  de  fon  palais,  un  jour 
de  biffexte , parce  qu’il  le  croyoit  malheureiix 
{xxvt.  I.)  ; Nec  prodire  in  médium  voluit , bzffcx- 
tum  ■vi'.ans  fiebruaril  menfis  , tune  illuccficentis  : 
quod  aliquoties  rei  Romana  fiuiffe  cognorat  infiefiitm. 

Baptiíle  Mantuan  a chanté  ces  deux  préjagés 
dans  les  Faites: 

Nec  mirum  eft,  quod  fiama  refiert , kunc  ficilicet  annum 
Omdnis  effe  malí,  fioliturnque  offendere  firuges  : 
Atque  hominum  varios  infortunare  labores. 

Tum  mate  depangi  vites , male  femina  fulcis 
Rura  putant  credi , pécaris  male  pignora  nafci  : 
Semina  pomorum  pedibus  converja  fupznis  , 

Et  capite  in  terram  memorant  adoleficere  miffo. 
Sspius  audivi , cum  quis  daré  rebus  agendis 
Rrincipiuzn  vellet , dici  , meliora  recuire 
E empora  , hyperbolico  firufira  conahetis  anno, 

BISTAPIJ.  Voyez  Etrier. 

BISTCN,  fils  de  Mars  & de  Caliirhoé, ibnda 
la  viüe  de  fon  nom  en  í'hrace ; de-la  vint  que  iss 
Thraces  furent  appelés  Bzfionii. 


B I T 


4(3  í 


BISTUA'IüM,  dans  ritalie.  SiXTwls. 

Mazochi  & Tseumann  ont  publié  quelcues  mé- 
daiiles  d’argent  en  petit  nombte , cu  ils  attri- 
buent  á cette  ville  litaée  prés  de  Pafiam. 

BITHIES,  peuples  de  Thrace  , ainfí  nommés 
de  Bitkis , fils  de  Mars  & de  SétCj  ou  plutót 
du  fieuve  Bitkys.  Pline  (7.  c.  a.)  rapporte  une 
ancienne  fab'e  qui  donnoit  deux  pruneíles  á chaqué 
oeil  des  femnles  de  cette  contrée.  Eiles  tuoient 
par  Iqurs  regards.  Ovide  avoit  fait  allufion  á cette 
merveille  fabuleufe  „ en  parlant  d'une  magicienns 
(^Amor.  I.  8.  13-): 

Sufpicor,  & fiama  efi  , oculis  quoque  vapula  dúplex 

Eulmlnat , Sí  gemiaum  lumen  ah  orbe  venit. 

Les  Crees  expritnoient  cette  double  prunelle  par 
le  TOOt  s/r-otr,,  & ils  donnoicnt  le  notn  de  ¿íx.osat 
áceuxqu’iiscroyoientravoir.  Cependanton  expli- 
que le¿urnom%h'xo¡!5s:  de  Tempereur  Anañafe  I, 
par  la  différence  qu'il  y avoir  pour  la^couleur 
entre  fes  priineüeslNe  feroit-ce  pas  le  mémephé- 
noinéne  qui  auroit  fait  imaginer  la  fable  de  la 
double  prunelle  ? 

Qiunt  au  cheval  que  Pline  dit  avoir  été  peint 
fur  la  prunelle  á&siPkibies , femmes  qui  habitoient 
une  contrée  du  Pont , d eft  difficiie  de  pouvoix 
ríen  en  dire  meme  de  vraifemblable. 

BITHYNlARQUEj  fouverain  pontife  & pre- 
mier naagiftrat  de  la  Bithynie.  Sa  dignite  etoic 
analogue""  á celles  des  béotarques , des  afiar- 
quesj  &c. 

BíTHYME.  Les  rois  de  Bitkynie  dont  on  a 
des  médaiiles , fonr  : 

Nicomíde  i. 

P R U S 1 A S I. 

PRUSIASII. 

N I C O M E D E II. 

N ÍCOMÉDE  III. 

M.  Eckhel  ajoute  á ce  nombre  deux  princeíTes, 
Oradaltis  & Musa-  Voyei  leurs  ameles. 

La  Bitkynie  ayant  été  réduite  en  province  ro- 
maine,  fit'frapp.er  des  médaiiles  imperiales  grec- 
ques  en  fhonneur  d’-fíadnen  , de  Sabine , d An- 
tinoüs ; avec  la  légende  BEiaíNiAC. 

Sur  Ies  médaiiles  aHadrien,  qui  ont  pour  lé- 
gende Refthutori  BithynU , on  veit  une  femme 
qui  tiene  une  tefis'ere  de  /¿¿émt.rr  Seroit-ce  le 
¿mbole  de  la  Bhhvnie , ou  plutót  1 annonce  des 
largeffes  que  lui  fie  cet  empereur  , pour  releverfes 
vüfes  abattues  par  un  tremb»ement  ue  terre  . 

BíTHYNIUM;,  dans  la  Bithynie.  BF.istxieíin. 

Cme  ville  a fait  frapper  des  médaiiles  impé- 
i ríales  grecQues  en  l'honneur  d’Annnous , ce 
M.-iuréle,  de  Comrr.oác,  de  Sept.-eevere ^ cíe 
Pauía;,  dLAlex.-Severe. 


4íi  B L A 

BIT-ON  & Cléobis,  deux  fréres  recomman- 
dables  par  leur  piété  envers  Cydippe  ieur  mere , 
& qui  méritérent  par-lá  Íes  honneurs  héroiques. 
Solon,  dans  Hérodorei  rácente  ainíileur  hiitoire 
á Crélus  : cette  mere  devant  alier  au  temple  de 
Junen  á Argos  Tur  un  char  trainé  par  des  bcEufs , 
Se  n’ayaut  pas  ces  animaux  prés  d'elle>  fes  deux 
iiis  fe  mirent  fous  le  joug>  & tirérent  le  cha- 
riot  l’efpace  de  quarante-cinq  ftadeSj  jufqu’au 
temple.  Tout  le  monde  félicirant  cette  femme 
d'avoir  de  tels  enfans^  elle  pria  la  déeíTe  de  leur 
donner  ce  qu  un  homme  pouvoit  fouhaiter  de  mieux:. 
Apres  cette  priére , ils  offrirent  le  facrificcj  prirent 
leur  repas , s'endorrairent  dans  le  temple  méme 
& ne  s’éveillérent  plus.  La  déeíTe  leur  avoit  en- 
vújé , pendant  le  fommeilj  la  mortj  comme  le 
plus  grand  bien  qui  puilTe  arriver  á Thomme.  Les 
Argiens  leur  firent  élever  des  íiatues  dans  le 
temple  de  Deiphes. 

BITOVIüS,  rol  de  Galatie-  bitotío.... 

I T S • 

Ses  médailles  font: 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

BíTüME.  Par  ce  mot  générique  il  faut  en- 
-tendre,  dans  les  écrits  des  ancieiis^  FAsphalte. 
Voye.^  ce  mot.  lis  remployoienr  en  guife  de 
’cimentj  ou  melé  avec  leur  ciment;  & Fon  afíu- 
■roit  que  les  miirs  de  Babylone  étoient  batís  avec 
ce  bitume.  Ils  s'en  fervoient  auíTi  pour  les  embau- 
memens.  V.  Momie, 

BITüCüSj  roi  de  Galatie,  bitotícoc. 

Ses  médailles  font: 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

RR.  en  argent. 

BIF'IIS,  Trivtts  , Quadrit^its.  Gruter 
(84.  y.  & 1015.  I.)  rapporte  des  inferiptions 
gravees  en  Fhonneur  des  divinités  qui  préíidoient 
aiix  carrefours  ^ fous  ces  différentes  dénomina- 
íions. 

BÍZYA , en  Thrace.  BizyANfiíí  & bisy. 
Hunter  poíTédoit  deux  médailles  autonomes  de 
■bronze  avec  les  légendes  precedentes , 8c  des 
types  différens^  que  M.  Combe  attribue  á By^ia  ¡ 
M.  Neumann  en  a publié  une  troifíéme. 

Cecte  vilíe  a fait  frapper , fous  Fauterité  de 
fes  préteurs,  des  médailles  impériales  grecques 
en  Fhonneur  d'Hadrien , d'Antonin.^  de  Marc- 
Auréle^  de  Fauñine  jeune  j de  Sept.-Sévére,  de 
Caracalla , de  Gordien-Pie  , de  Philippe  pére. 
BLMSUS , furnom  de  la  famiile  Semfrosia. 

_ BLANC.  Les  Thraces  ont  été  Ies  premiers  á 
diftingiier  les  jours,  en  jours  heureux  & mal- 
heureux.  Bs  défignoient  les  premiers  par  des 
caiiloux  hiancs , & ¡es  feconds  avec  des  noirs. 
De-la  vinrent  chez  les  Grecs  & les  Romains, 
piunears  locutioas  relatiyes  aux  jojurs. 


Chez  les  Egypriens,  les  Grecs  & les  Retnvas 
^ pr^es  etoient  Uabillés  de  ó/.ac 
L e/r.  heór.  ¿.  i.  c.  6).  * 

^ Les  fernines  , qui  avoient  toujours  porté  I,- 
neuil  en  nabits  noirs  comme  Ies  hommes  ch.“z 
les  Grecs  & les  Romaíns  ^ changérenr  cet  ufaee 
fous  íes  empereursj  & le  portérent  en  haWts 
éiancs  , avec  des  bandeiettes  blanches.  (AVij 
Ce-at.  Pifan,  p.  ^cy).  (Hércd.  Hilt.  1.  4.  c.  3^. 

Ceux  qui  briguoient  les  magiilratures  á Rome 
portoienr  des  toges  blanches  y d’ou  leur  vint  le 
nom  de  candidats. 

La  couleur  blancke  étoit  fouvent  le  figna  dé  la 
jóle;  8c  dans  Ies  feítins.  Ies  anciens portoient des 
habits  de  cette  couleur.  Les  foldats  en  portoient 
quelquefois  dans  Ies  camps  j c'étoit  méme  autre- 
fois  un  caraclére  diftindíif  des  généraux  & des 
roiSj  comme  la  couleur  pourpre  le  devint  enfuite. 
Le  bandeauroyal  étoit  originairenient  blanc¡  de-lá 
Tintqu'on  reprochoitá  Pompée  d’affeéler  la  royauté 
en  enveíoppant  fes  cuiíTes’  avec  des  bandeiettes 
blanches , qne  Fon  afllmiloit  au  diadéme. 

L’habit  blanc  étoit  le  fymbole  de  la  bonne  foi 
& de  la  candeur.  C'eíí  dans  ce  fens  que  Virgilc 
appel'e  blancke  la  bonne  foi,  canafides.  Hotace 
sYxprime  plus  clairement  {Od.  i.  35-.  2j.)  : 

Te  fpes  , & albo  rara  fides  colic 
V elata  panno. 

Symmaque  le  dit  en  propres  termes  ( epjjl.  viu. 
47.)  : Alba  velamina,  non  fegmentati  amicius  fidem 
•veftiant. 

Ce  paflage  de  Symmaque  feroit  diíScile  á en- 
tendrcj  íi  Fonignoroít  que  ¡es  Romains  mettoient 
une  tíiiíérence  entre  color  albas  8c  color  candidus. 
Albas  dt.lignoit  feul  la  couleur  blancht  naturelle 
de  certaines  laines  5 álbum  natura  , candidum  cura 
fit , ifronto.  x').  ííidore  dit : Candidas  quafi  candor 
datas.  Stuaio  emm  accedit  candor.  Nam  álbum 
vocari  natare.  efl  ■ de  forte  que  candidus  color  ¿é- 
lignoit  le  luítre  que  Fon  donnoit  aux  étoítes  blan- 
ckes,  foit  en  les-.paíTant  par  une  efpéce  de  calen- 
dre,  foit  en  les  impreignant  de  craie . cretats.  vsfies. 
Le  luíire  ou  le  briliant  étoit  íi  bien  indiqué  par 
les  mots  candidas  8c  candens , qu’ils  furent  appii* 
qués  á des  étofres  de  pourpre,  qui  certainemeiic 
étoient  d’une  autre  couleur  que  la  blancke.  Horace 
{Sat.  il.  6.  107.)  : 

Rubro  ubi  coceo 

Tiñóla  fuper  léelos  canderet  ve/lis  eburnos. 

Et  Y.  led : 


Ergo  ubi  purpurea,  porreclum  in  y efte  locavit. 

Csftlus  color  ou  cificius  , exprimoit  auí5  un 
de^é  de  blanchsur  que  Fart  feul  pouvoit  donner ; 
& il.devoit,  fous  un  certain  rapport,  étre  fysa- 
nyme  de  candidas.  Plaute  {Epid.  lE  2.  4Ó.)  • 

Tmioam  rallam¡  mnic&m fpijfam^ Utueoluna c&fu'nisti. 


B L A 

Nonius  (xi^.  17  ) ¿íz  que  ce  linge  eñ  árpele 
csjitium , ou  parce  qu  ii  crcit  devenu  blarx  par 
Tart  du  blanchiffeur , qui  ie  battoit  á pluüears 
rerrifes,  a c¿dendo  j ou  parce  que  les  bords  en 
étoient  découpés  : C&fitium  ¿ichar  linteoliim  pu- 
rum  & candídum , a c&dendo  ^ quod  ha  hd  cando- 
rejyi  pefvcniat  , vel  jquod  oras  circumdfas  ha’oeat. 

BLANDUS  8c  lánguidas  color , font  oppofés 
d.;ns  Fline  ( 57.  c.  7,  ) á color  aufieras  & vegetas. 
II  déíigne  par-lá  une  teinte  légere  , qu  il  oppoíe  á 
la  teinte  foncée  ; comme  blandas  & aufieras  font 
les  deux  faveurs  oppofées  du  goút. 

Blasbus ^ furnom  de  la  famille  Rubxzlia. 

BLASON.  Quoique  Ies  anciens  ayent  adopté 
des  fymboles  particuiiers  ponr  Ies  individus  teis 
que  le  dauphin  du  boucüer  d’UlyíTe ; comme  ils 
ne  Ies  ont  pas  aíTujettis  á des  regles  & á des  prin- 
cipes 5 on  ne  fauroit  dire  qu'ils  ayent  connu  le 
blafon.  Scus  ce°point-de-vue  , on  doit  le  regarder 
comme  une  invention  moderne.  íl  y en  a un  dic- 
tionnaire  particulier  dans  cette  noavelle  Ency- 
clopédie. 

BLASIO , furnom  des  famiües  Cozícelia  & 
Ííf.lvia. 

BLATTA.  1 

BLATTJEUS.  f t r.  • j 

BLATTIARI  US.  f Bomams  don 

BLATTOSERICUM.^  nérent  aabord  le 
nom  de  blatta  aux  infeéles  & aux  coquillages  en 
général.  De-Iá  vint  qu'ils  en  firent  depuis  une 
application  particuliére  au  marex , cette  efpéce 
de  coquiilage  qui  leur  ferv'oit  á teindre  la  pourpre. 
Les  étofres  ainS  colorees  portérent  alors  le  nom 
de  blatta,  la  couleiir  pourpre  celui  de  color  hlat- 
tsas  , les  teinturiers  en  pourpre  cclxiiáchlattiarii  ; 
8c  enfin  une  étoffe  de  foie  teinte  en  pourpre  , fut 
appelée  blattofericam. 

Lampride  dit  qu'Elagabale  fit  préparer  des 
cordages  entortillés  de  pourpre^  de  foie  8c  de  ban- 
delertes  teintes  avec  le  kermes  (c.  32  ) : Raraverat 
fanes  szátta  , ti  ferico  & coceo  intortos.  Caíiio- 
dore  demande  á fon  ami  le  préfent  de  pourpre 
qu’il  lui  faifoit  tous  les  ans  (¿pifi.  t.  2.)  ; Cam 
blatta,  qaam  nofiro  cubícalo  daré  fingulis  anrás 
confuevlftl , venire  fefiina.  Blatt&us  déCgnoic  de.s 
matiéres  teintes  en  pourpre.  Eutrope  {yii.  14.)  ; 
Inufitats,  laxaria  exemplum , at  qui  exemplo  Cali- 
guia  rzúhas  aurcis  pifearetar p qaz  slattfis  fu- 
aibus  extraheret  q 8c  Vopifeus  {Aarel.  c.  ¡¡¡6.'): 
Co-ceJJlt  ut  SLATTS.íS  matrons.  túnicas  kaberent. 

Blaitea  déligne  aníE  (glt’jfd)  un  caillot  ou  une 
bulle  de  fang  . blattea  , Ü-dpSo;  «¡/mt-íj.  Biatta 
£to:t  par  analogie  le  nom  prepre  de  la  pourpre 
rouge.  Voye-q_  Pocrpre. 

\ opifeus  appelle  hlattiofericam  un  manteau  de 
foie  fans  mélange  daurre  fil,  8c  teint  en  pourpre 
iAarelian.  c.  4J  tel  que  l’époufe  d'Auréiie:>  iui 
demandoit  la  permílnon  d'eii  porter  un.  A díeu 
plaiiej  luírépondii  iempereurj  queje  paJ'C 


BLE 

du  fil  au  peids  ce  Tcr  ! Tei  ¿toit  alors  le  prix  de 
la  foie. 

BLALNDOSj  en  Phrygie.  EAATKAEGM. 

Les  medailles  autonomes  de  cette  ville  font; 

RRR.  en  brooze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  ville  a fait  frapper,  foiis  rauíorité  de 
fes  archonteSj  des  rriédanies  imperiales  greccues 
en  Fhonneur  de  Néron.  d'Antonin,  de  Marc- 
Aurélej  de  Caracaihj  de  Fhilipoe  íiis  . ds  Yolu- 
ííen. 

BLAUTM,  ^ ^ 

BL  dU'^TA  t efpéce  de chauíTiiretrés-íimple 

8c  tres-  haíTe.  Les  philofophes  etmiques  , enne- 
m.is  du  luxe  & du  fuperfln^  n’en  portoient  pas 
d’autre.  De-lá  vint  que  le  báton  & les  hlauts, 
furent  ¡e  fymbole  de  la  Philcfophie  cynique , 
comme  il  paroir  par  une  épigramme  de  Leónidas, 
rapportée  par  Suidas  au  •ta.oz  , dans  laquelle 

Poíocharis  le  cynique  confacre  a Venus  fon  báton 
& fes  blautia  , rdúrcí  xa  g>.aixta. 

Les  Grecs  s’eri  fervoient  dans  leurs  maifons 
comme  les  modernes  fe  fervent  de  pantouEes. 
C’eít  ainíi  que  Ton  voic  dans  Anllophane  (Equis, 
il.  4.  54,)  des  convives  preiTés  de  fortir  de  table 
par  quelques  befoins  , defeendre  des  lits^  &: 
prendre  pour  cet  inítant  les  blautia  qui  fe  trou- 
voient  á leurs  pieds.  Le  célebre  peintre  Parrha>- 
íiiis  portoit  en  publie  des  blautia  (JEUan..  variar, 
kifi.  IX.  ) j qu'íl  attachok  avec  des  bousles  ou 
fibules  d‘or. 

II  paroít  que  la  fimplicité  de  cette  chauíTure 
avoit  determiné  les  cyniques  dans  leur  cboíx  s 
c eíb  pourquoi  S.  Clément  d'Alexandria  (Piiagog. 
iil.  II.)  recommande  aux  Chrétiens  qui  nepou- 
voient  pas  marcher  fans  chauíTure  , de  ne  porter 
que  des  blautia. 

BLED.  Sous  ce  nom  générique , noiis  com- 
prenons  pluíieurs  efpéces  de  plantes,  avec  les 
grains  defquelles  on  peiit  faire  du  pain  ou  de  la 
bcuilh'e.  Les  anciens  fe  fervoiens  de  méme  du 
nom  coiiectif  frumentum p 8c  c'eft  a en  diitinguer 
les  diíFérentes  efpéces  que  les  modernes  ont  tra- 
vaiilé.  Béguillet  a fait  fi:r  cet  obiet  les  recher- 
ches  fiiívantes,  qui  méritent  d étre  connues. 

ce  Les  Romaíns  deíígnoicnt  fous  le  mor  géné- 
ricue  frumentum  , plufieurs  efpéces  de  bleas.  lis 
en  diífinguoiení  ¿eux  genres  princip^ax  ; ceiui 
qifüs  nommoient  far  ou  ador , & le  fromenc 
qa'iis  appelloienr  trideum.  On  peor  vo:i-  cette 
diítrnclion  dans  ColumeOe.  Vírgile  femble  K'in- 
diquer  dans  fon  immcrtel  ouvrage  des  Géor- 
giqaes  t 

Arji  trideeam  In  Tnejfem  rslufiaqne  farra. , 
Exercebis  kwnum. 

Mais  íi  yons  áiípoSei;  la  ierre  par  des  Isbeurs  s 


pesutr^ 


4^4 


B L E 


B 


t 

L. 


.portcr  une  moiHOA  tU"  irou.ci':t 
robuíie,  cú  de  Toríe 


01!  iji 


da  Torga  d'hiver. 

“ Les  Origines  dilidore  & \'arron  dérivent 
]e  inDt  far  , a frangcnáo  , quia  ante  molarum  ufum 
píiit  fr^tngi  foleat  ¡ d’autres , du  mot  férre  , 
qaód  illud  ferat  tara,  Mais  ces  étynioiogies  incer- 
taines , & qui  convíennent  également  aiix  autres 
grains,  ^ rie  nous  apprennent  rien  fur  la  natura 
pafticuiiére  du  far , done  les  latins  ont  formé 
leur  rnot  fariña  , felón  Plir.e  , farinam  a farre 
diciam  nomine  ipfo  apparet.  ( iiv.  xriii.  c.  9.  ) » 
« Le  far  fut  diez  - les  -Romainsj  comme  Torge 
chez  les  Grecs , le  ¿ied  le  plus  connu  & le  plus 
anden  > c eíf  pourqiioi  on  le  préféroit  aux  autres 
¿ieds  dans  les  facrifices  & dans  la  cerémonie  du 
mariage  que  Ton  appeloit  de  fon  nom  confirréa- 
tion  y ge  ie  divorce  de  cette  derniére  efpéce  de 
mariage  ¡ s’appeloit  dijfarréation  , parce  qu’on 
faifoir  ufage  dans  ces  cérémonies  de  gáteauxfaits 
de  farine  de  far.  On  appeloit;  auñi  le  far  eior  , 
felón  Feíl’US  , ah  edendo  , & qubd  ■vu.lgatijfmum 
effet  cibi  genus  ¡ ou^  felón  d’autres,  ador,  ah 
adurendo  , parce  qu'on  le  faifoit  brúler  en  bolo- 
caufre  daijs  les  facrifices.  Auíii  a-r-on  fait  A’ ador 
- un  adjcd:ifj  qu’on  joint  ordinairement  au  mot 
far , far  - adorevM.  Si  nous  en  croyons  Pline,  ce 
fut  Kiima  qui  imagina  de  faite  rótir  ie  far , non- 
feulement  parce  que  cela  le  rendoit  plus  fain  , 
mais  encere  parce  qu’il  devenoit  plus  facile  á 
erre  brifé  fous  le  pilón  des  efclaves  ^ avant  Tin- 
vention  des  meules.  Le  religieux  Numa  ne  man- 
cua  pas  de  confacrer  cette  utile  invention  par 
h reiiglon  ^ en  faifant  brúler  du  far  dans  les  fa- 
crifices. Le  far  étoit  le  principal  aliment  des  an- 
ciens  Romains  ^ qui  le  mangeoient  en  bouiliie  j 
car  iis  furent  iong-téms  fans  connoítre  Tufage 
du  pain ; ce  qui  les  fit  appeler  par  les  autres  na- 
tions,  mangeurs  de  bouiliie;  i!s  avoient  méme 
encore  ce  fobriqiiet  du  tems  de  Pline  , & vulmen- 
tarii  hodieque  diczintur,  íiv.  xvxij.  c.  8.)  ail- 
leurs  il  les  appelle  lui-méme  pulthhagos.^^ 

« Quant  au  far , cMtoit , felón  Pline  ^ celui  dg 
tous  les  bleds  qui  réíiftoit  le  mieux  au  froid  des 
liivers ; on  le  femoit  en  automne  ; il  fe  plaifoit 
dans_  Ies  fois  crayeux  & humides  5 roais  il  réuG 
íflbit  également  bien  dans  les  lieux  chauds , fecs 
& arid^es  5 les  terrtins  les  plus  froíds  Se  les  plus 
mal  cultives  ne  Tempechojent  pas  de  venir.  Ex 
Omni  frumentorum  genere  dariifTnum.  far  & contra 
kiemes  firmifimum  femen , ideo  hibernum  , au- 
tumnoferitar;  cretofo  folo  & ulighiojo  gaudet  , pa- 
titur  fimul  frigidijjlmos  locos  & rni-ius  fuhaBos,  'vel 
&ftuofos  fitientefqae.  ( Plin.  lee,  cit.  ).  ColumeÜe 
compte  quatre  efpéces  át  far  celui  ¿tclufiam  , 
qui  étok  plus  bijnc  Se  plus  éclatant  5 le  venueu- 
lum  álbum , le  venuculum  ruhriim  ^ ge  le  far  tré- 
mois^  quii  appele  alicafirum  , 8e  qui  Tempor- 
toir  en  bonte  & en  poids  fiir  les  rrois  premieres 

.efpéces.  33 

« La  feconde  forte  de  h¿ed  connu?  des  Ro- 


{ cam 


' i 

íL  tí  i 


- , , , •>  qu  on  le  uépouilicic  de 

la  oai.e  en  iC  broyant.  Columeiie  diñingue  uok 
eípeces^de  froment  ; ia  premiére,  quil 
rc'bus,,  íoit  á caufe  de  fa  coaleur  rouge ^ foit'darce 
quil  étoit  meilieur  Se  plus  loard  que  Ies  autres; 
la  ^íeconde_  eipéce  , qu’il  nótame.  ¡Higo , parce 
quelle  étoit  blanche.  Se  d''un  grain  plus  net  Se 
plus  choiíi,^  étoit  celle  qu’on  employoit  prin- 
cipalement  á faire  le  pain , qui  en  prenoit  le  .nom 
de  pañis  filigineus.  On  pourroit  rapporter  la  pre- 
miére  efpéce  de  ces  fromentsá  celui'aueles  mar- 


chands  appelíent  mále , qui  eíl  plus  rou<^e,  dIus 

crro.c  «r  ,,1',,.-  ' I.  ° F 


que  ce  ne  foit  Tefpéce  paiticuliére  de  bled. 
blanCj  qu’on  Domme  blanchée  en  quelques  en- 
droits,  ge  aiileurs  to-aqelle  ou  bled  touzet , parce 
que  fon  épi  ell  ras  Se  íans  barbe.  Au  refte^  Piine 
8e ^Columeiie  remarquent  que  Tefpéce  n’eft 
qu’un  ¿/eádégénéré  de  roiits , ge  qu'aVdeiá  des 
Alpes , le  rebus  degenere  en  fiUgo  á ia  feconde 
ou  troiíiérae  récolte.  C’e.fi:  comme  íi  nous  com- 
parions  ie  bled  de  Barbarie  á celui  de  Poloene : 
le  premier  eíf  plus  gros plus  longé,  d’une  cou- 
leur  plus  foncéc;,  8e  bien  plus  lourd,  ayant  la 
farine  plus  compade ; ce  qu’il  faut  attribuer  á la 
chaieur  du  climatj  ge  non  pas  á ¡a  diverílté  de 
Tefpéce.  Cette  dégénération  des  bleds  en  a fait 
multipiter  les' efpéces  par  les  anciens  8e  par  les 
modernes. » 

« La  derniére  efpéce  de  froment  citée  par  Co- 
luntellej  eíl  le  tremas  triticum  trimefire , bled  áe 
mars , dont  Tufage  n’eft  point  aífez  répandu , parce 
qu’il  pourroit  lemplacer  les  froments  qui  ont  été 
la  victime  des  hivers  ; ce  fut  cette  eípéce  de  fro- 
ment qui  fut  le  falut  de  la  France  en  1709.  ” 

« On  peiit  juger  par  ce  que  ie  viens  de  djre 
d’aprés  Pline  & Columeiie , que  le  bled  far  aio- 
reum  étoit  un  gente  bien  diíiérent  du  bled  froment 
triticum.  Piine  ajoute  que  le  chaume  du  froment 
a quatre  ncEuds^  & que  la  paille  du  far  adoreum 
en  a fix.  Le  froment  eft  fépare  de  fa  baile  dans 
la  grangSj  8c  on  en  féme  íe  grain  dépouülé  de 
fon  enveloppe  : le  far,  au  contraire,  ne  pouvoit 
étre  dépouillé  de  fa  baile  qu’en  le  faifant  rotir , 
8c  on  le  femoit  avec  fes  enveloppes  ou  follicules  > 
comme  Torge  & Tavoine.  Les  Gaulois;,  qui  re- 
cueilloient  le  plus  beau  far  de  TEurope  ^ Tappe- 
loient  , Be  ils  nomnioient  le  froment  arinca. 

Le  far  réuíTiiroit  par-tour  j & ie  froment  veut 
une  terre  graiTe  , bien  préparée  ^ ge  un  cliinat 
temperé  : le  far  fe  femoit  dés  ie  mois  de  feptetn- 
bre  5 & la  froment  au  mois  de  novembre 

« II  eft  d’autres  différences  entre  le  far  Se  le 
froment  ^ fur  lefquelles  on  peut  coníulter  les 
cuñares  reí  rufiies, ; mais  il  fera  toujours  íncertatn 
á quelle  efpéce  de  nos  grains  modernas  il  faut 
rapporter  le  far  des  anciens. 

« Quelques 


BLE 

, ct  Qüsiquas  autsurs  prennent  le  farpoTiz  I’épaAU- 
tre  ou  bled  lociilar , ainíi  appslé  á cauíe  de  !a' baile 
ou  giume  qu:  recouvre  ce  grain_,  cui  a d’aüleurs 
les  memes  proprieíés  que  le  en  ce  qu’ii  viene 
par-toutj  qu'il  réíiíle  aux  hivers  les  plus  rudes^ 
qu’il  réuffit  dans  les  lieux  fecs  comme  daas  Ies 
fonds  marécageux , & qu'on  en  fai:  en  Allemasne 
& en  SuüTe  d^excellentes  fromsntées  , comme  les 
Romains  faifoient  leur  bouillie  avec  Ic^far  : mais 
Tépeautre  étoic  également  connu  des  anciens;  les 
Grecs  Tappellent  , & Püne  rdeútpoLnt  manqué 
de  robrerver,  íi  c’eut  été  le  méme  bUd,  Diofco- 
nde  diítingue  deux  efpéces  d'épeautre  que  nous 
avons  encore  : la  premiére qu"il  appelle  meno- 
coccon,  parce  qu’elle  n'a  qu’un  grain  dans  chaqué 
baile  ifoiée  j & l’autre  dicoccon  ^ parce  qu’il  y a 
deux  grams  fous  une  enveloppe  commune.  L’é- 
peautre  que  Ies  Latios  appeloienr  ^ fe 
cukivoft  principalement  dans 'la  Campanie,  ou 
I on  faifoit  1 alica  , efpéce  de  potion  ou  de  bouil- 
lie tres-nourriíTante  ^ d^ou  elle  avoit  pris  le  nom 
¿"alica  ab  alendo.  Quoique  le  far  8c  Tépeautre 
fuíTent  des  grains  de  méme  genre , Pline  ne  man- 
que pas  d’en  fa're  fennr  la  diíFérence ; car  il  dit 
que  !e  far  étoit  réferve  pour  Ies  homm.es  ^ & que 
l'épeautre  & l’orge  étoient  deílinés  aux  chevaux; 
cependant  comme  il  y avoit  quelques  peuples  qui 
vivoient  d’épeautre  j Pline  ajonte  que  c’eíl  faute 
dsfar,  qui  yed  utuntur,  non  habent  far.  Lív.  XVII. 
c-  8 1 . « 

« Ceux  qui  confon  Jent  le  far  avec  le  feigle^  fe 
íTompent  également,  puifque  le  feigle  étoit  auíH 
connu  des  anciens,  <k  que  Pline  le  diífinguenommé- 
ment : on  ne  culnvoir  le  íeigle  en  Italie  qu’en  le  fe- 
mant  avec  de  i’orge,  des  vefees , ¿ufar,  & d’autres 
grains,_pour  procurerau  bétail  un  fourrage  que  Ton  ■ 
appeloit /urrzzg-o,  á caufe  de  ce  mélange.  Pline 
ajoute  cependant  qu’on  cultivoit  le  feigle  en  quel- 
ques lieux  des  Alpes,  pour  en  faire  un  pain  détef-  ■ 
table,  qui  n’ étoit  propre  qu’á  app'aifer  la  faim 
canine  de  ees  mentagnards,  dénués  des  mopens 
de  fe  precurer  de  mciüeur  bled ; i!  remarque  méme 
que  Ies  plus  aifés  méloienr  un  peu  de  far  avec  le 
feigle , pour  en  corriger  Famertume  & rendre  le 
pam  moins  noir,  comme  nous  mélons  du  froment 
avec  le  feigle  dans  la  méme  vue ; 8c  ií  ajoute  que 
ceh  n’empéche  pas  le  pain  oü  il  y a du  feigle  de 
lácher  le  ventre,  & d’étre  auffi  mauvais  qu’indi- 
geñe.  Je  ferois  done  porté  á croire  que  le  far 
cdoreum  des  anciens  n’ert  autre  chofe  que  notre 
orge  dhiver,  connu  fous  le  nom  á’écourgeon, 
qu  Oiivier  de  Serres  met  mal-á-propos  au  nombre 
des  froments.  L’aureur  de  la  Mai/on  ruftique  Fap- 
pelle  fecourgeon  , comme  qui  diroit  fecours  des 
gens  ; parce  qu’étant  hátif , il  eft  d’un  grand 
fecours  aux  pauvres  gens  qui  n’ont  pas  de  bled 
pour  y.vre  jufqu’á  la  nouvelle  récolte.  Se  qu’on  j 
If  ie  premier  j raifon  pour  laquelle  on  I 

í °cgc  de  prime.  Les  Flamands  en  font  de  i 

la  biere  comme  les  Romains  faifoient  leur  alica  : j 
■^aiiquités  ¡ Tome  1, 


4^5 

"far;  fon  chau: i.e 


BLE 

n Ce  feme  en  leprembre  comme 
a^ux  noeads  comme  le  far;  ii  eft  plus  haut  que 
de  . orge  commun.  Ii  donne  rrodigieufe- 
ment  ce  grains,  &.  ii  a toutes  Ies  quaíités  que 
-me  a-ariDue  zu  far.  Comme  c’étoit  Fefpéce  de 
6led  que  les  anciens  cultivoient  de  préference , 
Ii  ne  feroit  pas  etonnant  que  la  culture  en  eút 
multiplie  les  e.pecesj  Se  ce  qui  me  confirme  dans 
mon  opinion  fur  Fidendté  áu  far  8c  de  l’écour- 
geon  ou  orge  deprime,  c eíl  que  Pline  remarque 
qu  II  y avoit  un  far  pnntanier,  comme  nous  avons 
nos  orgesde  mars.  Se  que  Ies  gladiateurs  fe  nom- 
moient  kordearii,  parce  qu’ils  ne  mangeoient  rien 
autre  chofe  du  tems  de  Piiiie , que  des  bouillies 
d'orge  Se  de  far.  » 


M.  Pauélon  a confacré  une  partie  áu  dixiéme 
Métrologie,  á établir  descaradléres 
diítindtifs  entre  Ies  difterens  hleds  des  anciens. 
On  les  trouvera  détaillés  aux  mots  .Ador  , Mil- 
let,  Orge,  Seigle,  Sesame,  Siligo  Se  Tai- 
Ticu-Vi.  ¡N’ous  donnons  ici  les  réfultats. 


Le  tritlcum,  ¿ isufilsj  étoit  notre  froment  barbu  j 
Izf  ligo,  í-iau'VKíí , étoit  notre  froment  commiun 
fans  barbe,  celui  que  Fon  cultive  ordinairement 
en  Francej  edor , ador,  adoreum  , far , arinca, 
fandalum  , kalicafirum  , femen  , ye  a , , 

¿Xbih,  ífoja,  olyra  , oryxa  , tipke  , bremos  8c  tragos  , 
etoient  le  riz  j kordeum  galaticum  ou  dlflickum, 
étoic  l’orge  á deux  rangs  de  grains,  notre 
orge  commun ; kordeum  kexafticum  ou  cantkerinum  , 
orge  á íix  rangs  de  grains  , qui  fervoit  ordinai- 
rement á noürrir  les  chevaux;  avena,  Favoine 
commune;  Xafia  des Tauriniens dans  Pline,  étoit 
notre  feigle  ; le  milliam  enfin  8c  le  panicum , 
étoient  notre  millet  Se  notre  pañis. 

On  ignore  Fépoque  á laquelle  les  hommes  com- 
mencérent  á cultiver  le  bled  que  la  nature  leur 
offreit  melé  avec  les  plantes  fauvages  ; ainíi  qu’on 
l’a  trouvé  de  nos  jours  fur  le  grand  plateau  de  la 
■Tartarie , Se  en  Sicile  dans  le  pays  des  Léontinsi 
Voici  les  traditions  fabuleufes  des  Grecs  fur  ce 
fujet.  Cérés,  felón  les  uns,  fie  connoítre  le  bled 
aux  hommes  : c’eft  pourcette  raifon  qu’ils  la  p!a- 
cérent  dans  Folympe.  Triptoltme,  fils  de  Céléus, 
roi  d’Eleuíis,  fit,  felón  d’autres,  ce  préfent  aux 
mortcis.  Quelques  - uns  veulent  que  Triptoléme 
n’ait  appris  aux  hommes  qu’á  femer  8c  á cultiver 
le  bled  que  Cérés  avoit  déjá  montré.  Diodore  de 
Sicile  tranfporte  á ííis  ce  que  Fon  dit  ici  de 
Cérés;  Se  il  affure  qu’Oíiris  inventa  F.Agriculcurc, 
dont  le  bled  eft  un  des  principaux  objets. 

íl  eft  aíTez  vraifemblable  que  le  bled  fut  cul- 
tivé d’abord  p-ir  Ies  Egyptiens.  Cependant  les 
Athéniens  revendiquoient  cette  priorité,  qui  leur 
étoit  difputée  par  les  Crétois  , 8c  fuy  tout  par  les 
Siciliens.  Car  Cérés  avoit  fait  connoítre  á ceux  ci 
le  bled  avant  cue  de  paíTer  dans  F.Attique.  Servia* 
Se  Macrobe  difenr  que  Saturne  rendir  ce  fervice 
aux  habitans  du  Latium. 


M n n 


BLE 

Les  Grecs  & Ies  Romains  confervoient  le  hled 
dans  des  greniers  5 mais  les  Africains  Tenfcuif- 
foient  dans  la  terre ainli  qu’ils  le  pratiquent  en- 
coré. lis  appellent  matamors  les  trous  dans  lefquels 
ils  le  reníerment. 

Quant  aux  proportions  de  la  femence  que  les 
anciens  employoient  pour  les  différens  bleds , & 
aux  produits  des  diíFérentes  contrées , voye^  Fer.- 
TILITÉ  & SeXíAILLES. 

La  coutume  de  dillribuer  du  bled  á bas  prix 
au  peuple  romain étoit  auffi  ancienne  que  !a 
république.  Pline  en  rapporte  le  commencement 
árédileplébéien  Manius Marcius  i i8.  Manías 
Marcias,  &diLis  pLehis,  primum  frurnentum  populo 
in  modios  ajfthus  donavit.  Minutius  rimka  & diftri- 
b«a  de  méme  aii  peuple  le  oled  qu’avoit  amaíTé 
Spurius  Mcelius,  pour  capter  la  bienveillance 
des  Romains  qu'il  voulcit  afíervir.  Les  empe- 
reurs  renouvelérent  fouvent  ces  diñributions  de 
lled  qu’iis  donnoient  á bas  prix,  & méme  quel- 
quefois  fans  rien  exiger  de  ceux  qui  le  recevoient. 
On  en  voit  des  témoignages  fréquens  far  les  mé- 
dailles  qui  en  ont  pris  les  noms  de  Libéralites 
OU  de  CONGIAIRES. 

Oii  ne  trouve  rien  de  précis  avant  Ies  empereurs 
fur  le  nombre  de  ceux  qui  avoient  part  á ces  diftri- 
butions , & que  l'on  appeloit  Framentantes.  Sué- 
tone  dir  que  Céfar  le  réduifit  á 150,000,  de 
320,000  qu'il  étoit  auparavant.  Auguñe  (P/o. 
55.)  le  porta  á 2cc,oco,  & Tibére  (Tadt,  Annal. 
é.  13.)  Taugmenta  encore. 

Quels  étoient  ceux  qui  avoient  part  aux  diílri- 
butions  de  bled  ? Cétoient  les  citoyens  pauvres 
(^Senec.  de  Ben.  4.  27. _)  : Frumentum  publicum  tam 
far  , quam  perjuras  , & adulter  accipiunt  : í'  fine 
deleita  morum  . quifiquis  cívis  efi.  Les  affranchis 
étoient  compris  dans  cette  difttibution ; le  fcho- 
liaíle  de  Ferié  expliquant  le  73®  vers  de  la  fatyre 
5*^ , le  dit  expreíTément  : Roms.  erat  confiuetado , 
m qui  ex  manumijfione  cives  efficiebantur , in  nu- 
mero civium  romanorum  frumentum  publicum  acei- 
^ertnt.  On  y comprenoit  auíTi  les  enfans  , comme 
Ú paroit  par  ces  paroles  de  Piine  (jPaneg.  c.  2(5.) : 
Tu  ne  rogari  quidem  fuftinuijti  , éc  quanquam  letif- 
fimum  oculis  tais  effet  confpeñu  romam  fobolis 
impleri , omnes  tamen  antequdm  te  viderent , adi- 
rentve  , recipi  incidi  jaffifli  : ut  jam  indi  ah  in- 
famia parentem  publicum  muñere  educationis  expe- 
rirentur. 

11  paroit  qu’avant  le  régne  d’Augufte  , les 
laboureurs  & les  marchands  étoient  exclus  des 
diftnbutions  de  bled ; car  Suétone  rácente  (^Aug. 
t.  42.)  qub'l  les  y comprit  : Arque  ha  poji  hanc 
rem , (frumentationem)  ha  temperavit  , ut  non 
-tninorem  aratorum  , ac  negotiantium , quam  populi 
rationem  deduceret.  Les  nobles,  ceux  qui  avoient 
oceupé  les  grandes  dignités,  & les  fénateurs, 
avoient  part  de  droit  aux  diÍLtibuticns  de  bled. 
Cic  ron  {Tufe,  queftion.  ni.  20.)  raconte  que 
Giacchus  veyant  PifoníVtí^'i,  ancien  magiftrat. 


BLE 

approcher  pour  participer  á la  diftribution  de 
bled,  lui  demanda  devant  tout  le  peuple,  com- 
ment  il  pouvoit  prendre  part  á une  chofe , aprés 
s’étre  oppofé  á la  loi  {frumentaria')  qui  Pordon- 
noit.  Hadrien  {Spartian.  c.  7.)  aíTura  des  diñribu- 
tions de  bled  aux  fénateurs  dont  le  patrimoin« 
étoit  diíTipé  , afin  que  leurs  enfans  puffent  jouii 
un  jour  du  revenu  néceíTaire  pour  entrer  dans  la 
clafíé  des  fénateurs. 

Les  foldats  recevoient  tous  les  mois  la  portion 
de  bled  qui  devoit  les  nourrir.  Cela  kempéchoit 
pas  que  dans  des  circonñances  particuliéres,  on 
ne  leur  en  fít  des  largeífes.  On  ieur  donnoit  leur 
nourriture  en  bled  plutót  qu’en  pain , parce  qu  il 
étoit  plus  léger  d'un  tiers  : Lex  certa  nature  efi , 
dit  Pline  (XVIII.  7.),  ut.  in  quocumque  genere  pañi 
militari  tenia  partió  ad  grani  pendas  accedat ; 8c 
parce  qu'en  outre  ils  le  mangeoient  fouvent  en 
bouillie  ipuls)  j que  les  Romains  aimoient  beau- 
coup  , ou  en  pátes  cuites  légérement  fous  la 
cendre. 

Les  ediles  furent  d’abord  chargés  de  ces  diliii- 
butions;  mais  elles  furent  attnbuées  eníuite  au 
préfet  de  Pannone , prefeBo  annona , qui  comman- 
doit  mx  frumeraarü , cííiciers  prépofés  au  recou- 
vrement  des  bleds  que  devoienc  á Rome  les  pro- 
vinces  frumentaires  , &c  aux  gardes- magafins  , 
menfores.  Les  ediles , le  préfet  de  Pannone , Jes 
empereurs , les  généraux,  tous  ceux  enfin  qui  íai- 
foient  les  diñributions  de  bled,.  donnoient  á cha- 
cun  de  ceux  qui  fe  préfentoient  un  bilíet  ou  teífére, 
fur  lequel  étoit  raarquée  la  quantité  de  bled  qui 
formoit  la  liberalité  ou  le  congsaire.  On  portoit 
enfuñe  cette  teffére  aux  gardes- magafins , qui 
étoient  chargés  des  greniers  pubhcs , & Pon  rece- 
voit  la  quantité  de  bled  marquée  fur  la  telare.  ^ 

P.  Viétor  porte  á trente-neuf  le  nornbre  des 
greniers  publics  que  renfermoit  Rqme  dans  fon 
enceinte.  Quelquefois  on  diñribuoit  du  pain  au- 
lieu  de  bled_.  Ces  diñributions  fe  faifofent  depuis 
Gracchus  dans  íes  premiers  jours  de  chaqué  mois  j 
ce  qñAppien  appeüe  {Bell.  Civil,  r.  p. 
(riTr^siruiv  Suidas  nous  apprend  que  c 

aujour  desNones  ¿s  «»«  ra;  ¿'(¿'agdiiu;.  Augulte 
voulut  réduire  á trois  jours  de  Pannee  ces  diftn- 
butions , afin  de  déíourner  moins  feruvent  le  peup.e 
de  fes  oceupations ; mais  ks  follicitations  de  ce 
méme  peuple  Pen  détournérenr.  Suet.  V' 

Neplebs  frumentatzor.um  caufífrequentius  a nego- 
tiis  avocaretur , ter  in  annum  quaternim  menfum 

tejferas  daré  defiinavh  : fed  defitderanti  confuetudi- 
nem  veterem  concejjit  rursics  , utfui  cujufque  menfis 
acciperet.  , 

Folvbe  {vi.  37.)  nous  apprend  que  i on  aoir- 
noit  par  mois  á chaqué  fantaífin  deux  tiers  de  m^ 
dimne  attique  de  froment , Sz  pyt 
boiíTeaux  de  París  (ce  qui  ne  paroit  pas  fufritanc;, 

& aux  cavaliers  fept  médimnes  d orge,  vi^^ 

quatre  boiíTeaux  de  París  par  mois,  8e  . J;', '4^ 
dimnes  de  bled  par  mois,  ce  qui  feroit 


BLE 

Bcroyable)  cuatre-vingt-quatre  boiíTeaux  par  an. 
Les  Romains  donnoient  cette  quantité  de  hUd 
appelée  menfiruam , gratis  aux  alliés  j mais  aux 
foldats  romainsj  en  déduction  de  leur  folde  accou- 
tumée  (Polyíius , ihiderri).  Les  tribuns  veilioient 
á ces  d’ñributions , examinoient  Tétat  des  greniers  , 
la  qualité  da  hled , & Temploi  qtfen  faifoient 
Ies  foldats;  car  il  étoit  défenda  á ceux-ci  de  le 
vendre.  Nous  v'oyons  dans  Sallufte  {Bell.  Jag.') 
qu’une  des  marques  de  la  corrupción  d'une armée, 
étoit  d'y  vendre  publiquement  le  lled  des  ra- 
tions  : Frumerstum  piíblice  datum  vendere  , panem 
ík  dies  msreari.  Galba  ( Saet.  c.  7.  n.  4. ) ayant 
appris  qa’un  foldat  avoit  éconamifé  une  mefure 
de  oled  { modlum  ) fur  fa  ration  , & qif  il  Tavoit 
vendue  cent  deniers,  défendit  á tout  le  monde  de 
lai  donner  de  ¡a  nourriture ; de  forte  qudl  mourut 
de  fáim. . . . : Milíti  qui  per  expeditionem  amona 
arSliJíimá  rejiduum  cihariorum  tritio  i modium  centum 
denariis  vendcdilfe  arguehatur  ^ vetuit , fimul  atque 
indigere  cibo  ccepijfet,  a qaoquam  opem  ferri,  atque 
is  fame  extahait.  Cependant  on  donnoit  pour  ré- 
cornpenfe  á des  vétérans  ou  á des  foldats  qui 
s.etoient  diííingués  dans  quelques  ©ccaíions,  une 
double  ration  de  bled';  d’oú  leur  vint  le  nom 
duplicara  y mais  ils  ne  pouvoient  le  vendre ; ils 
donnoient  leur  fuperflu  á leurs  camarades. 

Les  empereurs  ne  dédaignoient  pas  de  veiller 
eux-mémes  aux  diitributions  de  bleds  , & d’en 
cpminer  Ies  qualités-  Tel  fut  Hadrien ; laborahat, 
dit  Spartien  (c.  i.  ) pr&terea,  ut  condita  militaria 
diligenter  agnofeeret , réditos  quoque  provinciales 
folerter  explorans , ut  fi  alicubi  quicquam  deejfet , 
expleret.  Tel  fut  auíTi  Alexandre-Sévére  : annonam 
mihtum  , dit  Lampride  {c.  ly.)  diligenter  infpexit. 
De-1  á vint  Fufage  de  préfenter  aux  empereurs  ou 
aux  généraux  un  eíTai  du  hled  que  renfermoient 
Ies  greniers  militaires,  appelé  proba.  Ammien- 
Marcellin  (ai.  16). ; Vekiculis  infidenti  , ut 
prijzcipibus  falet , anaons,  militaris  offerebant  indi- 
cia , ut  ipfi  nominant,  proba. 

Frumentum  sfiimatum  étoit  la  quantité  de  hled 
que  recevoient  les  magiílrats  romains  dans  les 
provinces , pour  Tentretien  de  leur  maifon  ( in. 
eellam)  q & qu^ils  prenoient  quelquefois  en  ar- 
gent.  Ces  magiftmts  fixoient  eux-mémes  la  quan- 
tité du  frumentum  in  cellam  , & cette  ordonnance 
s*appeloit  sfiimatio.  Cicéron  {Verr.  iij.  81) ; Citm 
ex  fdo  & ex  legibus  frumentum  ei  in  cellam  futnere 
liceret  : idque  frumentum  ita  fenatus  efiimajfet, 
quaternis  H-S.  tritici  modium,  hinis  kordei  : ifte , 
numero  ad  fummam  tritici  adjeño , tritici  modics 
fingulos  cum  aratoribus  ternis  afiimavit. 

. Frumentum  decumanum  étoit  la  dixme  des  bleds 
récoltés  que  draque  laboureur , dans  certaines 
provinces,  devoit  fournir  pour  rapprovifionne- 
ment  de  Rome  : Afeonias  in  Cicer.  : Sicilia  daaat 
decumanum  frumentum , quod  ab  aratoribus  exige- 
hatur  fine  pretio. 

Frumentum  emptum.  étoit  de  deux  eípéces  : eelai 


BLE  4<>7 

des  dixmes  que  l'on  payoit  quelquefois,  & une 
feconde  dixme  que  le  peuple  romain  exigeoit, 
en  payant , dans  un  tems  de  difette.  Les  préteurí 
etoienr  aurorifés  ¡jar  des  fenatus-confultes  á lever 
^^™cs,  & ils  étoient  chargés  de  Ies  payer. 
L infame  \ erres  avoit  retenu  le  prix  des  bleds 
feurnis  par  la  Sicile,  & Cicéron  fui  a reproché 
vivement  cette  concuíTion  {Div.  c.  10.)  ; Emptuik 
efi  ex  Jeto  frumentum  ah  Siculis  , pr Atore  F erre  ^ 
pro  quo  frumento  pecunia  omnis  foluta  jton  efi. 
Grave  efi  koc  crimen,  in  Verrem. ... 

Frumentum  konorarium  étoit  une  quantité  de 
bled  que  les  provinces  fourniíToient  de  plein  gre 
aux  magiftrats  romains  , au-delá  du  frumentum. 
afiimatum.  Cicéron  {in  Pifan,  c.  JJ.)'  Q_ui  modas 
tibi  fuit  frumenti  tfiimandi , qui  honorariil  Siqui- 
dem  potefivi  & metu  extortum  konorarium  nomiitari, 

Bled  fur  les  m.édailles.  On  en  voit  trois  grains 
fur  celles  d’Himére.  Tous  Ies  épis  ou  les  grains 
de  bled  qui  font  fur  les  médailles,  appartiennent 
au  bled-barbu. 

BLEMYES  ou  Blemmyes,  peuples  de 
rEthiopie  aux  confins  de  FEgypte,  qui  furent 
domptes  par  Flórus  , lieutenant  de  Marcien , l’an 
de  J.  C.  450.  Ils  facrifioient  des  hommes  au  foleii. 
II  en  eíl  parlé  dans  Théocrite  , dans  Nonnus, 
dans  Paufanias  & dans  Denys  Périégéte,  On  difoit 
que  ¡es  Blémyes  rfaveient  point  de  tete  , & que 
leurs  yeux  & leur  bouche  étoient  places  fur  la 
poitrine.  Quelques  auteurs  croient  que  cette  fable 
a pour  origine  Fufage  oú  étoient  les  Blémyes  , 
d^enfoncer  leur  tete  dans  ¡es  épaules , .qu’ils  éle- 
voient  beaucoup  , & qu^ombrageoit  leur  vaíle 
chevelure.  Cette  explication  paroit  trés-vraifera- 
blable , fur-tout  lorfqu'on  jette  un  coup  d'oeil  fur 
les  Bacchus  égyptiens  ou  barbus,  dont  la  tete  eü 
enfoncée  dans  la  poitrine. 

BLESSURES.  L^ait  de  guérir  Ies  blejfures  , 
celui  auquel  toutes  les  autres  parties  de  la  Chi- 
rurgie  doivent  céder , n"a  fait  prefquaucun  pro- 
gres  depuis  les  anciens.  De  plus,  ceux  des  mo- 
dernes  qui  ont  écrit  le  plus  judicieufement  fur 
Ies  blejfures  á la  tete , ont  cru  ne  pouvoir  rendre 
un  plus  grand  fervice  á leur  fiécle  & á la  poíic- 
rité , que  de  commenter  le  livre  admirable  qu’Hip- 
pocrate  a compofé  fur  ce  fujet. 

BLEü  , cyaneus  8c  laqurios  color  des  GrecS  , 
cceruleus  &c  venetus  des  Latins.  Les  Egyptiens  fe 
fervoient  dans  les  premiers  tems  du  lapis  latydt 
pour  faire  du  bUu  , jufqu  á ce  qu’un  de  leurs  rois 
fit  connoitre  une  chaux  de  cobaít  {voye^  Azur), 
qudls  appeléreht  cyaneus  lapis  oü  pulvis. 

. La  nuancedu  ¿Aa  des  anciens,  color  cceruleus  ^ 
étoit  celie  d’un  béau  ciel  fans  nuages , appelé  paz 
Ennius  , 

Cceli  cxrulea'  templa. 

Ovide  Fa  décrite  {Art.  til.  12.  12.): 

A'éris  ecce  color  tum  cum  fine  nuhihus  aér  , 

Nec  tefidus  pluvias  concitat  aufier  aqucí. 

N s H q 


•4^8  B O E 

Cette  méme  nuance  du  de!  répétée  par  les 
«aux  tranquilles  de  la  mer  j lui  firent  donner  l’épi- 
théce  exruleum.  Cicerón  (^apud  Non.  il.  717.): 
Quid  Tnare , nonne  cceruleum  ? De-lá  vint  que  Ton 
enveloppa  quelquefois  Tlliade  dans  une  peau  teinte 
en  rouge , á caufe  du  fang  répandu  dans  Ies  com- 
bats  dont  le  récit  fait  la  matiere  de  ce  poéme ; & 
rOdyíTée  dans  une  peau  hleue,  qui  deíignoit  les 
voyagesd'UlyíTefurlesmers.  Les dieux  marinsfont 
appelés  cxrulei  par  Ovide  (Pone.  iv.  lá.  aa.)  : 

Carmina  coeruleos  compofuijfe  déos. 

Le  olea  des  dieux  marins  fe  confond  facilement 
avec  le  vert-de-mer  ou  le  céladon  , efpéce  de 
Verr-pále.  C'étoit  la  couleur  des  draperies  dont 
on  habilloit  les  Néréides;  c'étoit  la  couleur  des 
bandelettes  (Val.  Flac.  Arg.  i.  189^)  que  por- 
toient  les  vidimes  ofrertes  aux  dieux  marins ; 
c’étoit  auíii  dans  les  peintures  antiques  celle  des 
habillemens  des  Nymphes  , parce  que  leur  nom 
yient  de  Yeau.  Junon,  déeífe  de  Tair;,  peut  erre 
vétue  de  bleu-célefie. 

A Rome,  le  general  de  la  cavalerie  prenoit  un 
étendarr  bleu , pour  annoncer  fa  dignité ; parce 
que  Neptune  avoit  produit  le  cheval.  Ceux  qui 
avoient  faitquelque  belle  adtionfur  mer^  étoient 
récompenfés  par  le  don  d'une  enfeigne  bleue. 
Dans  les  jeux  du  cirque , une  partie  des  combat- 
tanSj  c"eít-á-direj  une  des  quatre  fañions , étoit 
habillée  de  bleu,  pour  défigner  la  raer  ou  la 
faifon  des  pluieSj  ainíi  que  les  autres  déíignoient 
le  printems Teté  8c  Tautomne. 

BLOND.  Voye-^  Roux. 

BLUTEAü.  V.  Rain  des  anciens. 

BOAPMIA.  Les  Béotiens  donnoient  ce  nom  á 
Pallas,  parce  qu'ils  croyoient  qu  elle  avoit  attelé 
la  premiére  des  bceufs  á la  charrue. 

BOCALj  baucalium  , g,a.ax.kM6t , vafe  de  verre 
3 col  long  8c  étroit.  F.  Canope. 

BOCCA  I3XI.LA  YERiTA.  On  appelle  de  ce 
soín  á Rome  une  tete  antique  qui  a la  bouche 
ouverte  : elle  elt  auprés  de  fainte  Marie  en  Cof- 
médine.  Le  peuple  raconte  á fon  fujet  une  fable 
trés-extraordinaire.  Les  femmes  des  Romains 
foupconnéés  d'infidélité,  mettoientla  main  dans 
cette  bouche  béante  pour  détromper  leurs.marisj 
& la  bouche  fe  fermoit , quand  leur  innocence 
n’étoit  pas  avérée. 

BOEA,  en  Laconie.  BOiATaN. 

On  a des  médaüles  imperiales  grecques  de 
eette  ville  , frappées  en  Lhonneur  de  Julia  Domna , 
de  Caracalla  , de  Géta. 

BOEDROMIES  , fétes  qui  fe  célébroient  á 
Athenes  cians  le  inois  Bo'édromion.  Karpocratícrt 
dit  qu  on  les  avoit  iníHmées  en  mémoire  du 
íecours  que  donna  fous  le  régne  d'Eredlce  un 
Júpiter  j fiis  de  Xuthusj  aux  Athénicns,  contre 


B O E 

Eumolpe.  II  ajoute  que  leur  nom  vint  de 

courir  en  criant , fynonyme  de  /SsíS-íTv,  ¿ 
forme  de  ^¡¡-a  , crz , Se  de  je  cours  ¡ parce 

qu’on  alloit  á la  charge  en  courant  8c  en  jetant 
des  cris.  Plutarque  donhe  une  autre  origine  aux 
Boédromies , dans  la  vie  de  Théfée  : c^étoit  la 
vidtoire  de  Théfée  fur  Ies  Amazones , remportée 
dans  le  mois  Boédromion. 

BOÉDROMION , mois  des  Athéniens , qui 
étoit  plein  ou  de  trente  jours,  & le  troiíiéme  de 
l’année,  pendant  lequel  on  célcbroit  les  granjs 
myñéres  & Ies  Boédromies. 

BOETICUS  color.  Yoyez  Roux. 

_B(EUF  ou  Taureau.  Les  Egyptiens  ren- 
dirent  Ies  premiers  aux  boeufs  Se  aux  vaciles  un 
cuite  religieux  i dont  on  retrouve  des  traces  dans 
la  Mythologie  grecque  , & dont  ITnde  nous  offre 
un  exemple  encore  fubliílant.  L'origine  de  ce 
cuite  ne  doit  pas  erre  cherchée  dans  Ies  fecours 
que  tirérent  des  boeufs  les  agrieulreurs,  puifque 
TEgypte  adora  auííi  un  grand  nombre  d’aniiiiaux 
inútiles  & méme  nuiíibles.  II  faut  reconnoitre 
!ci  le  génie  des  Egyptiens,  qui  leur  faifoit  adorer 
dans  chaqué  animal  une  divinité  dont  i!  offroit 
quelque  léger  attribut  á leur  efprit  fuperílirieux. 
On  en  verra  les  preuves  détaiilées  aux  arricies 
Apis,  Mnévis  &"  Onuphis. 

Les  Orees  requrent  des  Egyptiens  ce  refpeé^ 
religieux  pour  les  bceufs  ; mais  i!s  en  méconnurent 
ou  en  déguiférent  "origine,  lis  y en  fubftiruérent 
une  fondée  fur  les  fervices  que  le  ¿«a/rend  au 
¡aboureur.  De-lá  vint  que  dans  Ies  premiers  tems 
de  la  Gréce  , on  nrimmoioit  aux  dieux  que  de 
jeunes  taureaux  dont  le  col  tfavoit  pas  encore 
fléchi  fous  le  joug.  Nous  Tapprenons  du  feho- 
liañe  d’Aratus  (zVz  Phienom.  p.  19.  eait.  Oxon.)  , 
qui  cite,  á Tappui  de  fon  Opinión,  ce  vers  d'Ho- 
mére  {Iliad.  K.  293-) : 

Ái^ptATAf  ív  úorce  bAo  íjyísysj»  uvAf* 

« GenilTe  indomptée,  que  Thomme  n’a  pomt  eís- 
Gore  liée  au  joug  ». 

Ce  méme  feholiañe  dit  que  les  Athéniens  fureot 
Ies  premiers  á faite  fervir  á leurs  repas  les  bceufs 
qui  avoient  miné  la  charrue , rav  SWv  afór-A^-  Cypen- 
dant  Elien  affure  que  ce  méme  peuple  avoit  fait 
une  loi  qui  défeíidoit  de  tuer  le  bceuf-lahoureur. 
Oh  peuf  fauver  la  contradiétion  , en  rapportant  la 
loi  aux  habitans  de  T Attique  , 8c  aux  AtheniCT^  la 
pratique  fanguinaire-de  fe  nourrir  de  la  chair  des 

bceufs,  ou  plutot  des  taureaux  indomptes.  ^ 

Au  relie,  on  trouye  chez  les Romainsla 
marche.  Dans  le  premier  age  de  Rome,  ils  s ao,- 
tinrent  de  faite  mourir  le  bceuflaboureur.  “V  arron 
Lappelle  le  compagnon  de  fagrkulteur , & 
miniftre  de  Céres  (de  Re  Rufiie.  il.  5 •)  : 

h'ominum  in  rufiieo  opere  , (d  Cererls  minifier.  r^jDe 
(vil!.  43.)  raconte  que  le  peuple  romain^con- 
damna  á l’exil  «a  laboursur  pour  aveir  uo 


B (E 

hcen-f,  comme  s’il  eut  oté  la  vie  á fo-n  garf  on  de 
che.rru.e  , tanqu  'ám  colora  fuo  Ínter emjito. 

La  traáition  mytliologique  portoit  que  les 
hommes  n’avoient  commencé  á fe  nourrir  de  la 
chair  de  boeitfs-laboureiírs , que  dans  le  liécle  de 
íér.  Ara  tus  le  dit  expreílément  {Pkoenom.  n.  1 3 3.)  : 

....  rr;Sr5¡  ¡Tí  jSsS»  íS'éj'ííír 

Ce  vers  a été  rendu  ainfi  par  Cicerón : 

Et  gufi are  maniL  victiim , dotrdtumque  j-avencum. 

Et  mieux  par  Germanicus  : 

Polluit  & tazirus  menfas  ajfuetus  arctro. 

Dé-lá^  vint  que  Ton  n’immola  prefque  jamais  de 
boeuf\  Cérés.  Ovide  (Fafi.ir.  413.)  : 

a4  hove  fuccinchi  c nitros  removete , minijlri  ! 

Bos  aret  : ignavam  facrificate  fuem. 

Apta  jugo  cervix  non  efl  ferienda  fecuri  : 
Vivat  ¡ & in  dura  fdpe  Lahoret  humo. 

Les  Lacédémoniens  immoloient  un  boeuf  a 
Mars  3 lorfqifiis  avoient  vaincu  leur  ennemi  par 
la  tufe , & un  coq , lorfque  c’étoit  á forcé  ou- 
verte.  On  doroit  fouvent  les  comes  des  boeufs  qui 
devoient  fervir  de  vidtimesj  fur-tout  pour  les 
auteis  de  Júpiter.  Tertuilien  (de  Coran,  mil.  c.  12.) : 
Ecce  annna  votorum  nuncupatio  quid  videtur  ? 
JLccipe  pofi  loca  & verba  : hunc  tibí  ^ Júpiter,  bovem 
cornibus  auro  decoratis  vovemus  ejfe  futurum.  Le 
nombre  de  ces  victimes  étoir  quelquefois  de  cent  j 
& ce  facrifice  s’appeloit  un  hécatombe.  On  voit 
cependantque  dans  certaines  occafions^  ces  boeufs 
offerts  aux  dieux  n'étoient  que  des  figures  de 
páte.  Ce  fubterfuge  devint  néceíTaire  pour  con- 
íerver  la  race  d'animaux  íi  útiles^  que  la  fuperf- 
tition  détruifoit  journellement.  Tel  fútfans  doute 
le  principe  qui  fit  défendre  par  Dominen  de  facri- 
Éer  des  boeufs.  Suétone  (c.  9.  n.  i). 

Les  généraux  romains  qui  triomphoient , im- 
moloient  pluueurs  boeufs  á Jupiter-Capitolin.  lis 
devoient  erre  blancs  & nés  dans  rOmbrie^  fur 
les  bords  fértiles  du  Clitumne.  Virgile  en  fait 
Biention  {Georg.  il,  146.)  ; 

Hiñe  albi,  Clitumne , greges  , & máxima  taurus 
Victima  j fepe  tuo  perfujl  fumine  facro  , 
Romanos  ad  templa  deúm  duxere  triumphos. 

Claudien  a chanté  auífi  les  taureaux  blancs  da 
Clitumne  [vi.  Conful.  Honor,  n.  506.)  : 

Quin  & CUtumnl  fueras  viciorihus  undas  , 
Candida  que.  JLatiis  prAaent  armenia  triumphis , 
Vi f ere  cura  fait.  I 

Ees  anciens  atteloient  Ies  hesufs  á la  ckarrue  $c 


B (El  4*^9 

aux  chars  qui  portoient  les  divinités  dans  les 
pompes  facrées.  Mais  attachoient-iis  le  ioug  á 
eurs  ccirics  ou  fur  leur  col  ? Si  Ton  confuiré 
Ls  marores.  Ies  bronzes  & Ies  médaiües^  cette 
quemón  lera  bientot  réfolue.  Quelqaes  recher- 
ches que  nous  ayons  pu  faire  fur  cet  cb-et . nous 
n avons  vu  aucun  monument  oú  les  bceúis  fuiTenc 
at:e:es  autrement  que  par  les  épauies  & par  le 
col.  Cicerón  {hb.  ti.  de  Natur.  Deor.)  dit  que  la 
torce  Scla  largeur  des  épauies  du  taureau,  an- 
noncent  qa  edes  font  deítinées  á tramar  la  char- 
rue  5 fon  coL  ajoute-t-ilj  montre  qufil  eft  né 
pour  le  joug,  & fes  reins  concaves  difent  aífez; 
qu'il  ne  doit  pas  porter  des  fardeaux  ; Boum  ipfa. 
terga  declarant , non  ejfe  Je  qd  onus  aceipiendunz 
pgu.raia.  Cervices  autem  nat&  ad  jugum  : tzim  vires 
humerorum  latitud.nes  ad  aratra  extrahenda. 

C elt  d apres  les  cauies  finales  que  raifonneict 
.e  celebre  orateut  romain  : mais  un  agriculteur 
ec-aiie^  ne  devoir  pas  le  contenter  de  ces  vaines 
analogies.  qui  induifent  fouvent  en  erreur.  L"ex- 
périence  feule  peat  lui  fervir  de  flambeau  ; auili 
3”t"^h2  dicte  á Columelle  le  paííage  faivant,  qui 
decide  parfaitement  la  queflion  dont  nous  fommes 
oceupes  dans  cet  inítant.  «La  pratique  d'atteler 
» ¡es  bízufs  par  le  col  & les  épauies . a été  re- 
connue  ia  meilleure.  Car  la  plupart  de  ceux 
“ qui  ont  écrit  fur  Tagriculture  ont  rejeté , avec 
” raifon  ^ la  pratique  établie  dans  quelques  pro- 
” vincesj  de  lier  le  joug  aux  comes  ¿&sboeufs. 

= Ces  annnaux  peuvent  produire  de  plus  granas 
” effets  avec  le  col  & le  poitrail , qu’avec  les 
» comes.  Par  le  premier  moyen  ^ ils  fbnt  eíFoit 
” avéc  tout  le  poids  de  toure  la  largeur  de  ¡eurs 
" corps  j rnais  par  le  fecond  ^ ils  font  tourmentés 
" fans  ceñe  en  portant  leurs  tetes  courbées  & 

” leurs  cois  repliés ; de  maniere  qu’á  peine  ils 
“ écorchent  la  rerre  avec  la  pointe  du  plus  léger 
" foc.  De-lá  vient  qu  on  ne  peut  les  atteler  par 
» les  cornes  qa"á  de  petires  charrues  j incapabies 
" d’ouvrir  profondément  Ies  terres  repofées 
ijib.  2.  c.  2). . . . Hoe  enim  genus  junciurs  máxime 
probatum  eft,  Nam  illud,  quod  in  quibufdam  pro- 
vinciis  ufurpatur,  ut , cornibus  ilUgetur  jugum, 
fere  repudzatum  eft  ab  ómnibus  qui  prscepta  rufticis 
confcripferunt  ¡ ñeque  immeritb.  Plus  enim  queunt 
pecudes  eolio  & peñare  conari , quam  cornibus. 
Atque  koc  modo  tota  mole  corporis  , totoque  pon- 
dere nituntur  : at  illo , retrañis  & refipinis  ca- 
pitibus  excruciantur , Agreque  terrs  fummam  partenz 
levi  admodum  vomere  fauciant.  Et  ideó  mincribus 
aratris  moliuntur , qui  non  valent  alte  perfojfanz 
nqvalium  terram  refeindere. 

Nous  voyons  dans  les  recueils  de  loix  des  em-' 
pereurs  romains  j.  que  Ton  faifoit  tirer  les  cha- 
riots  appelés  angaria,  piT  deux  boeufs ; 8c  que 
c^’étoit  une  descharges  publiques  ^ de  fourn’ir  Ies 
animaux  pour  voiturer  les  officiers  du  prince  ^ fes 
provifio.ns,  ceiles  des  armées,  &c.  Mais  il  ésoft 
féyéreiBSBí  défenda  d’employer  3 cet  ufage  ks 


470  B (E 

hosufs-laboureurs.  Cet  ufage  fjt  aboü  par  I'em- 
pereur  Julien , qui  ne  permit  plus  aux  voitures  du 
fifc  de  fe  fervir  de  bceufs. 

Les  andens  faifoient  ufage  des  comes  de  hceuf 
dans  pluíieurs  arts ; & ils  s"en  fervoient  fur-tout 
poiir  boire  dans  !es  feftins.  On  affuroit  méme  que 
cetoient  les  premiers  vafes  á boire  que  les  hom- 
mes  euíTent  employés.  Pour  en  perpécuer  le  fou- 
venir,  on  dcnna  aux  vafes  qui  remplacérent  les 
comes,  la  forme  de  cel!es-ci.  Rhytium- 

Les  peuples  du  nord  choiíiiToieni;  de  préférence 
pour  boire  les  comes  du  hceuf  appelé  Vras , a 
caufe  de  leur  vafte  capacité.  Elle  étoit  íi  grande , 
qu'il  falloit  deux  urnes  de  vin  pour  remplir  deux 
de  ces  comes.  Pline  (-vr.  57.)  ; Urorum  cornibus 
barbari  feptriontaíes  potant  : urnajque  binas  ca- 
piüs  uniiLs  cornua  implent ; trente  pintes  de  France 
& — 

Les  artilles  anciens  repréfentérent  Bacchus 
& Isis  avec  des  cornés  de  hceuf.  Voyez-en  la 
raifon  á leurs  articles. 

Ils  repréfentérent  fouvent  aufll  les  fleuves  fous 
la  forme  de  hceuf  ou  de  taureau,  peut-étre  par 
imitation.  Car  c’étoit  ainíi  que  le  Kil  paroiííoit 
chez  les  Eg'.-ptiens , dont  les  Crees  ont  emprunté 
tant  de  chofes.  On  trouvera  d’autres  motifs  á 
rarticle  Fleuves. 

On  voyoit  á Delphe  & á Olympie  des  bíeufs 
d'airain,  & Ton  connoit  la  vache  du  célebre 
fcuipteur  Myron.  II  y avoit  á Rome  un  ¿«a/d'ai- 
rain tranfporté  de  f ifle  d’Egine  dans  le  forum 
boarium.  Pline  (34.  2). 

Les  arebiteétes  anciens  placoient  dans  certains 
édifices  destetes  de  hceuf  be  de  bélier  écorchéeSj 
& en  faifoient  un  ornement  de  la  frife.  Ces  tetes 
dépouillées  de  leur  peau  , avoient  un  yapport 
direét  aux  facrifices  des  anciens,  il  s’y  joignoit 
encore  une  idee  fuperílitieufe  5 car  on  croyoit 
quelles  fervoient  á écarter  le  tonnerre  ^Arnob. 
adv.  gentes , Ubi  j.  I 37.  edit.  Lugd.  lóyi.  in-4°.)  , 
& Numa  prétendit  méme  avoir  requ  fur  cela  un 
ordre  particulier  de  Júpiter. 

Les  anciens  marquoient  les  besufs  pour  les 
diflinguer  dans  les  troup>eaux  nombreux.  On  voit 
dans  la  colleaion  du  barón  de  Stofeh  Fempreinte 
d’une  pierre  gravée  antique,  fur  laquelle  paroit 
un  bxuf  marqué  d’un  kopk  9 fur  la  cuiííe  gauche  , 
Se  dhin  E fur  Pépaule  gauche  du  méme  cóté. 

Boeüf  ou  Taureau  fur  les  médailles. ^On 
en  voit  fur  celles  de  Chalcédon,  á'Erétria , d’Eu- 
bée,  de  Géla,  de  Gortyna,  dlñisa,  d’Obulco, 
de  Parium,  de  Pella ^ dé  Périnthus,  de  Phaeílus, 
de  PoEdonia  , de  Sybaris,  de  Tauroménium , de 
Theííálonique,  de  Thurium,  d’Aradus. 

On  voit  u»e  tete  de  taureau  fur  les  rnédailies 
de  Corcyre , d’AíTus , d^Eubée , d’!fti*a , de  Panti- 
capaEümi  des  Phocéens,  de  Lucéria,  de  Salamis. 

BgEU?  ouT  frappant  de  la  come.  On 

le  voit  fur  les  rnédailies  de  Thurium  d^Alon- 
siiiuiu,  d’Arpi,  d’Eubée,  de  híagnéfia  en  lonie. 


B d 

de  Marfeille,  de  Panticapsum,  de  Pofidonia,  de 
Praefus,  de  Syracufe,  de  Tauroménium. 

Bqeuf  a tHé  humaine.  On  le  voit  fur  Ies  mé- 
dailles  de  Caléno , de  Géla , d'Himére,  de  Nolaj 
de  Néapcüs  en  Italie,  d'Oéniadxj  de  Taiiromé- 
nium^  de  Téanum,  d’Urina,  de  Mégara  en  Si- 
cile. 

« Ce  monftrueux  affemblage  d'une  face  humaine 
& d'un  corps  de  hceuf,  a occafionné,  difent  Ies 
auteurs  de  TExplication  des  pierres  gravees  da 
palais-royal  j prefqu’autant  d’erreurs  qu’il  a fait 
naítre  de  conjeélures.  Perfonne , jufqu’á  préfer.t, 
n^a  expliqué  clairement  cette  énigme  : Pigkius  8c 
Carrera  feuls  en  ont  foupconné  le  vrai  fens.  Li 
plupart  y ont  reconnu  le  lleuve  Achélo'ás  ¡ mais 
fon  peut  voit  á fon  arricie  combien  cette  expli- 

cation  eñ  erronée Plufieurs  antiquaires  ont 

pris  un  autre  partí.  D’aprés  deux  paíTages,  Fuá 
de  Virgile  & l’autre  dOvide,  ils  ont  vu  le  Mino- 
taure  dans  le  boeufz  face  humaine.  Mais  ils  nbnt 
pas  été  plus  heureux  que  Ies  premiers.  Fbyej 
Minotaure.  Ce  ¿«zi/.extraordinaire  des  mé- 
dailies  de  Naples  & ceíui  d’un  camée  du  palais- 
royal  {Defeript.  I.  izy.),  ne  peuvent  done  étre 
regardés  ni  comme  le  tteuve  Ackéloüs  , ni  comme 
le  Minotaure.  Táchons  maintenant  dTxpofer  le 
vrai  fens  de  cette  allégoric 

« Les  rnédailies  qui  ont  pour  type  le  bxuf  ea 
queñion,  font  prefque  toutes  de  la  Campanie  ou 
des  contrées  voifines  : le  fol  de  ce  beau  pays, 
fécond  de  lui-méme , Fétoit  encore  dayantage 
par  les  travaux  de  Fagriculture ; il  eft  done  alTez 
naturei  de  croire  que  pour  exptimer  leur  recon- 
noiffance.  Ies  habitans  avoient  adopté  le  fym- 
bole  du  bxuf  á face  humaine  »• 

«Varron  qualifie  le  Ixuf  de  compagnon  de 
Fhomme  dans  les  travaux  de  Fagriculture , & il 


d’un  bxufcfiz  celle  d’un  homme.  Elien  & Stobee, 
Pline  & Valere-Maxim.e,  citent  des  exemplesde 
punitions  infiigées  pour  avoit  tué  des  bceufs.  Ce 
qui  prouve  fur-tout  combien  le  hceuf  ^ok  en 
rénération  chez  les  anciens  Rontains  , c eft  qu  il 
n’étoit  pas  permis  chez  eux  de  Fimmoler  a Ceres, 
loiqui  ne  fut  pas  toujours  obfervée.  Si  Fon  avoit 
done  voulu  préfenter  le  fymbolede  FAgricu.ture, 
& faire  connoitre  en  méme-tems  la  patt  que  le 
bxuf  y av'oit , convenons  qu’on  ne  fe  feroit  pas 
éloigné  de  l’efprit  de  Failégorie  en  reprefentant 
un  bxuf  á tete  humaine ; & voila  vraifembxaWe- 
ment  le  motif  qui  aura  determiné  Ies  hpitans  e 
Kaples , ceux  de  Nole  & d’autres  villes  de  la  Cam- 
panie, á choifir  le  méme  type  pour  leurs  mon- 
noies.  Ce  bxuf  á face  humaine  peut  done  et 
apnelé  le  fymbole  de  V Agriculture.  ” 

*Quand  les  taureaux  des  rnédailies  font  , 
ou  arteles,  & condiiits  par 'un  homme  voJ  j 
ils  défignent  les  colonies , dont  on  trafou  1 
ceinte  avec  une  charrue.  lA . Colonies- 


B O I 

Basu?  forda.  Toyez  Pordicidia. 

Bceuf  iuc^.  V.  Elephant. 

BQHUF  fefceyuir.  V.  SeSCENAR. 

Boeüf  ród , cérémonie  en  ufage  chez  les  Scy- 
thes.  Voici  ce  qu  en  dit  Lucien  au  dialogue  inti- 
tulé : Toxaris  ¡ ou  de  1’ Amidé,  Lorfqu’un  des 
anciens  Scythes  avoit  recu  queiqu  injure  j S-  qu'il 
étoit  trop  foible  par  lui-méme  pour  en  tirer  ven- 
geance , il  faifoit  rótir  un  bmuf , le  coupoit  par 
piéces^  & les  mains  liées  derriére  ie  dos  comme 
un  prifonnier  j il  s'affeyoit  fur  la  peau  au  míüeu 
de  tout  cet  amas  de  viande.  Ceux  qui  paíToient 
aupres  de  lui,  & qui  vouloient  le  fecourir , en 
prenoient  un  morceau^  Se  s'engageoieFit  á luí 
anaener^  l’un  cinq  cavaiiers , Fautre  dix  ^ chacun 
felón  fon  pouvoir  5 & ceux  qui  ne  pouvoient  dif- 
pofer  que  d’eux-mémes  ^ promettoient  de  venir 
en  perfonne.  Par  ce  moyen,  ils  aíTembloient  des 
troupes  plus  confidérables  encore  par  la  valeur 
que  par  le  nombre;  Tamitié  étoit  intéreífée  dans 
leur  vengeance^  de  ia  religión  du  fermeiit  la  ren- 
doit  terrible. 

BOiA collier  ou  anneau  dans  lequel  on  ref- 
ferroit  le  col  de  Ies  mains  des  prifonniers  ; il 
étoit  de  bois  ou  de  fer.  Feñus  : BoU^  id  eft , 
genus  vinculorum  .,  tam  lignes, , quam  f erres,  dicun- 
tur.  Les  anciennes  Glofes  appliquent  particulié- 
rement  le  mot  bola  á celui  de  carean  ou  collier : 

PlautCj  qui  s^’eft  fervi  plulieurs  fois  de  ce  mot  3 
nous  met  fur  ia  voie  d’en  trouver  récymologie. 
Dans  les  Cavdfs  {iv.  1.  108.)  ii  dit  d’im  gauíois 
qui  vivoit  habituellement  avec  une  femme  de  fa 
nation  : Bozas  eft  , Bolas  boiam  terlt.  Les  Boiens 
éioient  des  Gauiois  defeendus  des  Sénonois ; de 
forte  que  Plaute  fait  ici  aliuñon  au  carean  , bola, 
& au  gauiois , bolas.  On  fait  que  ces  peuples 
aimoient  á porter  des  coiliers  brillans , tel  oue 
celui  qui  fut  le  prix  de  la  viétoire  de  Manlius 
Torquatus;  de-lá  vint  fans  doute  ralluíion  du 
Gollier  gauiois j bola,  au  carean  des  criminéis. 

EOIRE.  \ r II 

Boire  á la  fanté.  Ce  que  nous  allons  dire 

des  anciens  dans  cet  arríele , ne  regardera  que  Ies 
Grecs  Ser  les  Romains ; car  les  anciens  Egvptiens 
ne  bavoient  ^o'mt  de  rinj  ou  du  moins  en  buvoient 
rarement. 

Les  anciens  ne  buvoient  pas  pendant  Ies  repas; 
lEais  aprés  que  Ton  avoit  deíTervi  les  mets,  on 
appo-rtoit  le  vin,  & on  buvoit  á Tenvi.  Virgile 
fait  alluíion  á cet  ufage  dans  PEnéide  (i.  727-) : 

Boflquam  grima  qides  epalis  y men.fsque  remats  ^ 

Cráteras  magnos  ftamunt. 

lis  ne  buvoient  naéme  pas  avant  leur  déjeúner  ou 
leur  premier  repas.  Sénéque  biáme  ceux  qui  agif- 
fosent  autrement  {evift.  122.}  t Non  videruur  dbi 
centra  nataram  vi^ere  qui  jejani  bihunt  ^ qui  ftiruan 


B O I 


471 


recigianx^  inanzbus  -verás  ^ & ad  elbam  ebrii  tran- 
Piutarque  met  au  nom.bre  des  caufes  des 
maiadies  I ufage  de  boire  avant  les  repas.  {Quíft. 
convzv.  vil!.  9).  «Les  anciens,  dit-il,  r.e  buvoient 
pas  meme  de  1 eau  avant  de  manger : aétuellement 
on  fe  remplit  de  vin,  8c  Pon  entalTe  enfuite  les 
mew  dans  un  eñomac  déjá  piein  de  liquide  5=. 

Dans  les  teiM  héroiques,  on  fervoit  á ceux 
que  i on  vouloit  bonorer , un  vafe  de  vin  beau- 
coup  plus  grand  qu’aux  autres  convives,  ainñ 
qu  une  plus  grande  quantité  de  mets.  Athénéa 
(¿im  y c.  4;.  Cette  courume  eft  rapoelée  pluCeurs 
fois  dans  Plliade  (A.  261  Sr  e.  161,  &c.‘) 

Les  anciens  buvoient  fouvent  á la  fanté  les  uns 
des  autrp,  & cet  ufage  étoit  de  la  plus  nauta 
antiquite.  On  doit  obferver  cependanr  une  légére 
différence  dans  cette  pratique  entre  les  Grecs  8c 
les  Romains.  £es  premiers  envoyoient  ordinaire- 
ment  á celui  qubls  faluoient  une  coupe  vuide  , 
propinabant  pateram  ,•  les  derniers  envoyoient  la 
coupe  remphe  de  vin  , prorinahant  mufto  plenam  r 
dc-lá  vint  Pacception  particuliére  du  mot  propi- 
nare, qui  fe  trouve  dans  plulieurs  auteurs  latías, 
pour  íignifier  oftrir. 

En  buvanr  á la  fanté , Ies  Grecs  commenqoient 
par  1^  perfonnes  Ies  plus  diñioguées.  Celui  qui 
buvoit  difoitau  convive  qu"il  faluoit,  -rrfozr'ha  s-a 
x-aXas , je  vous  fouhaite  toute  forte  de  profpérité  ; 
& on  luí  repondoit,  Xay.e.a^w  aso  cris  y } ac— 
cepte  vos  fouhaits  avec  reconnoiíTance.  Le  plus 
fouvent  on  diíbit  limplement  %cc7pí , je  vous  falae. 
En  prononcant  ces  paroles , celui  qui  portoit  la 
fanté  j buvoit  une  partie  du  vin  qni  étoit  dans  ía 
coupe  , & envoyoit  le  relie  au  convive  qu'il 
laluoit.  I!  la  lui  préfentoit  de  la  maia  droite  , 
& lorfqu’il  buvoit  de  faite  á tous  les  convives  j 
& a la  ronde,  b xix.xa , il  commenqoit  toujouxs 
par  le  cóté  droit ; de'lá  vint  que  Pon  appela  ces 
fanrés  étliíSirEií.  On  dit  au  valer  du  feíiin,  dans 
Pépigramme  de  Cridas  fur  Anacréon  , de  porter 
les  coupes  & les  fantésá  tous  Ies  convives  j de 
droite  á gauche : 

Xluis  ¿'tascfíTisúrsj  ssposssnts  sis 


Les  Romains  exprimoient  Paéiton  de  boire  s I3 
ronde  par  les  mots  ab  imo  ad  fummum  , depuís  !e 
premier  des  convives  jufqu  au  dernier.  Biaute 
iPerf. 

Age  y puer  y 

A fummo.  féptenis  cyathis  committe  hos  ludos^ 

On  coramenqoit  a boire  dans  de  petírs  vaíes„ 
mais  enfuite  on  faifoit  apporter  de  larges  coupes; 
ce  qui  avoit  occaíionné  différens  ufages  enere 
les  peuples  de  la  Gréce.  « Les  babitans  de  Coto 
& deThafus,  dit  Athénée  (lib.  11.  c.  5.)  , boivenc 
les  fantés  par  la  droite  avec  les  grandes  coupss; 
les  Arbéniens  ne  commencent  pa^le  cc.té  <iroá; 
qa'ayec  les  petks  raíés ; íes  TüeSáiiens  beí?«3g: 


471  B O I 

Ies  fantés  dans  de  larges  coupeSj  fans  obferver 
aacun  ordre;  & les  Lacédémoniens  buvoient 
íitnplement  le  vin  qui  écoit  toujoars  verfé  daiis 
les  mémes  coupes  ».  Les  Romains,  en  adoptant 
le  luxe  des  Grecs,  prirent  d’eux  Tufage  des  petits 
& des  grands  vafes-  Cicerón  nous  fapprend  {Verr. 
I.  26.)  : M.ature  veniunt , dzfcumbitur , fit  fermo 
Ínter  eos  ¡ & invitatio , ut  Gr&co  more  bibtretur , 
kortatur  kofpes  , pofcunt  majorihus  voculis. 

Les  anciens , dans  les  grands  repas , portoient 
des  fantés  á tous  les  coups  qu'üs  buvoient.  On 
voit  en  effet  o'jdis  faluoient  d’abord  les  dreux, 
cnfuite  leurs  arrds  préfens,  leurs  maitrefles,  leurs 
amis  abfcnSj  Se  méme  chez  les  Romainsles  em- 
pereurs. 

Lorfqu’ils  buvoient  á leurs  maírrefles  oa  á 
leurs  amis  abíens^  ils  verfoient  un  pea  de  vin 
en  forme  de  libation^  pour  leur  rendre  les  dieux 
favorables , Se  enfuite  ils  les  nommoient-  Théo- 
crite  peint  cet  afage  dans  fon  Idylle  14,  vers  18. 
Horace  (r.  od.  27.  9.) ; 

Vultis  feveri  me  quoque  f amere 
Partem  Palerni  1 Dicat  Opuntla, 

Frater  M.eglU&,  quo  beatas 
Vulnere  ¡ quá  pereat  fagittá, 

EtTíBulle  (íJ.  I.  31.): 

Sed  bene  Mejfalam  fuá  quifque  ad  pocula  dicat , 
Nomen  & abfentzs  Jingula  verba  fonent. 

Fluíieurs  anciens  mettoient  leur  gloire  á hoire 
plus  de  vin  que  tous  les  autres  convives.  Alexandre 
liii-méme,  fiFon  en  croit  Athénée  {lib.  10.  c.  9.), 
eut  cette  ridicule  ambitioO;,  & il  en  fut  la  vic- 
íime.  “ Ce  roí  ayant  pris  une  coupe  qui  tenoit 
deux  conges  (prés  de  huir  pintes  de  France), 
porta  une  fanté  á Protée , le  plus  grand  bm^eur 
¿es  Macédoniens.  Celui-ci  Faccepta,  fit  du  roi 
un  grand  élogC:,  auquel  applaudirent  tous  les  con- 
vives, &vuida  la  coupe.  íl  la  redemanda  enfuite, 
Se  la  but  une  feconde  fois  en  portant  une  nou- 
velle  fanté  á Alexandre,  qui  rendir  cette  fanté  Se 
but  la  coupe  de  Protée.  Mais  ne  pouvant  fou- 
íenir  cette  enorme  qiiantité  de  vin  , il  fe  pen-cha 
íur  fon  couífin  , laiiTa  tomber  la  coupe,  & fentit 
les  premiers  fymptomes  de  la  maladie  qui  le  pré- 
cipita  dans  le  tombeau  >=. 

Le  vainqueurdes  Pevfes  encou-ageoit  ces  excés. 
II  propofa  des  prix  fur  le  tombeau  de  Calanus 
pour  les  combats  gymniques,  pour  ceux  des  mu- 
íiciens,  & enfin  pour  les  plus  forts  buveurs.  Le 
premier  de  ceux-ci  devoit  gagner  un  talent,  le 
fecond  trente  mines,  & le  troifiéme  dix.  Trente- 
cinq  d'entr'eux  moururent  fur-le-champ , fix  autres 
expirérent  qnelques  heures  aprés  5 & la  viéloire 
reña  á Promachus  , qui  avoit  bu  quatre  conees, 
prés  de  feize  pintes  ».  Denys-le-Tyran  propofa  un 
isrphhble  défi  dans  un  feñin , avec  une  couronne 


B O I 

d’sr  pour  le  vainqueur ; le  phiiofophe  Xénocr^te 
ia  gigna. 

Les  convives  témoignoient  par  des  applau  üile- 
iTiens  réitérés,  leur  admiration  pour  ce'lui  d’en- 
tr’eux  qui  buvoic  le  plus;  fur-tout  lorfqudrne 
reprenoit  point  fon  haieine  ; ce  que  les'  Grecs 
exprimoient  par  le  mot  ¿uDr¡,fans  interrupúon. 
Mais  ils  renvoyoient  impitoyablement  ceux  qui 
ne  pouvoient  boire  la  quantité  de  vin  preferiré  par 
le  roi  du  feñin , arhiter  biberzdi  , & á Athénes 
cl;íi7rrr¡;  , en  leur  difant  , H Tzl^í  , ? , quzl 

bozve  , ou  qu‘il  forte. 

Tibére  choiíit  pour  quefteur  un  homme  nou- 
veau  8c  inconnu,  qu’il  préféra  á des  candidats  de 
la  plus  haute  nobleíTe,  parce  que  cet  homine 
avoit  bu  une  fanté  qadl  lui  avoit  portée,  de  la 
valeur  d'une  amphore , c'eñ-á-dire , environ  trente 
une  pintes.  (^Suétone'). 

Les  plus  fages  des  Romains  fe  livroient  habi- 
tuellement  aux  plus  grands  excés  ddvroenerie. 
Plutarque  , & plufieurs  autres  écrivains  dignes  de 
foi , racontent  que  Catón  d'Utique  s’enivroic 
toutes  les  nuits.  Horace  le  dit  expreíTémenr  ( 3. 
od.  21.).: 

^ Fbarratur  & prifei  Catonzs  , 

S&pe  mero  incaluijfe  vinas. 

Sénéque,  ce  grave  ftoi'cien,  difoit  que  Fon  peut 
boire  quelquefois  jufqu'á  perdre  ia  raifon,  pour 
foulager  fes  peines. 

Ces  excés  trouvérent  cependant  des  cenfeurs 
dans  Fantiquité ; Se  des  légiílateurs  les  proferivirent 
avec  févérité.  Les  gens  fobres  & retenus  ne  bu- 
voient que  trois  fois , comme  le  dit  Eubulus  dans 
Athénée  {lib.  rJ,  ineurae)\  la  premiére  pour  la 
fanté  , la  feconde  en  Fhonneur  de  Famour  Se  de 
ia  voliipté.  Se  la  troifiéme- en  Fhonneur  du  fom- 
meil.  lis  fe  retiroient  enfuite  , Se  laiífoient  boire^ 
une  quatriéme  8c  plufieurs  autres  fois , ceux  qui 
vouloient  fe  permertre  des  excés.  C'eñ  ainfi  que 
Panyafis  buvoit  auífi  crois  coups  feulement;  le 
premier  en  Fhonneur  des  Graces , des  Saifons  & 

‘ de  Bacchus ; le  fecond  en  Fhonneur  de  V énus  & 
Se  de  Bacchus,  le  troifiéme  enfin  en  Fhonneur  de 
la  pémlance  & de  Finfulte.  Les  Lacédémoniens 
avoient  en  horreur  ces  mémes  excés ; iis  ne  bu- 
voient point  á la  fanté  les  uns  des  autres ; & 
leur  iégiflateur,  le  févére  Lycurgue,  ne  perrnet- 
■ roit  de--  boire  que  pour  étancher  la  foif.  Solon 
les  avoit  regardés  du  meme  ceü  , Se  1 on  vmt 
dans  fa  vie  écrite  par  Lacree , qu’il  vouloit  qu  uu 
archonte  pris  de  vin  fút  puní  de  mort,  &_que^.  on 
chaíTát  de  Faréopage  ceux  qui  étoient  fu;ets  a cet 
excés  Pi tracas  , tyran  de  Mytdéne,  craignajit 
que  Fabondance  des  vins  de  Lesbos  ne  rendir  iss 
fu’ets  enclins  á Fivrognerie , fit  une  ioi  qui  con- 
damnoit  á une  doable  peine  celui  qui  fe 
rendu  coupablc  de  queique  crime  étant 


B o I 

I e nombre  de  trois  cvathes  ( ~ de  pinte , PH 
trois  de  nos  pecits  verres  á liqueur ) , auquel 
s etoient  réduits  par  retenue  Ies  gens  fobres  dont 
nous  venons  de  parler  3 fuffifoit  rarement  aux 
débauchés.  lis  s'v  bornoient  queíquefois  en  Thon- 
near  des  Graces  5 mais  pour  l'ordinaire , ils  le 
mult-'püoient  par  trois  en  Thonnear  des  neuf 
jMufes  : temoins  les  vers  fuivans  d'Horace  & 
d’Aufone.  Le  premier  (zil.  od.  15».)  <üt: 

......  Triéss , aut  novem 

Mifcentur  cyathis  fócala  commodis  / 

Qui  Mafas  amat  impares  , ■ 

Temos  ter  cyathos  attoaztus  petet 
Trates  : tres  prokibet  fupra 

Rixantm  metuens  tángete  Gracia  ^ 

Nudis  junña  fororibus, 

Et  Aufone  {Idyll.  xi.  i .) : 

Ter  hihe,  vel  toties  temos  j fie  myfiica  íex  efi , 
V el  tria  potanti , vel  ter  tria  multiplicanti , 
Imparibas  novies  ternis  contexere  cubum. 

Ee-Iá  vint  le  proverbe  latín  : Aut  ter  bibendum  3 
tiut  novies. 

Les  anciens  b.uvoient  autant  de  cvathes  _(|j  de 
pinte)  qu’iis  fouhaitoient  á'années  á celui  dont 
ils  portoient  la  fanté ; fur  quoi  Ovide  dit  piai- 
famment  que  les  grands  buveurs  fouhaitoient 
fouvent  á leurs  amis  les  nombreufes  années  du 
rieux  Neílor  & des  Sybilles  {Tafi.  iil.  531.)  : 

Solé  tamen,  vinoqae  calent,  annofque  pre cantar, 
QiLOt  famunt  cyathos  , ad  numerumque  bibunt. 
Inveráes  illic  qui  Nefioris  ebihat  annos , 

Qa£  fit  per  cálices  facía  Sibylla  tuos. 

Kous  voyons  dans  Plante  {Stich.  v.  4.  24.)  un 
buveur  qui  avale  autant  de  cyathes  quhi  a de 
doigts  á la  main  : 

Vide,  qaot  cyathos  hibimus.  ST.  tot , quot  digiti 
funt  tibí  in  maniu 

Cantío  efi  Greca  ¡ h tzíiti  ■¡sly  , ? rfis  w,  « fk 

Tírrcc^ci, 

Leur  ufage  le  plus  ordinaire  étoit  de  boire  autant 
de  cyathes  qu’il  v avoit  de  lettres  dans  le  nom  de 
leurs  maitreíTes  oude  leurs  amis.  Mart.  (i.  72.  i)  : 

Nevia  fex  cyatkis  , feptem  Jufiina  bibatur. 
Quinqué  Lycea  , íyde  qaatuor,  Ida  tricas. 
Omnis  ab  irfufo  nameretur  amica  falerno. 

Le  méme  poete  encliérit  fur  1 ufage  ordinaire  3 
Antiqaités  , Tome  I. 


B O I 475 

car  il  ajoute  aiix  cyathes  qu  il  reut  faite  boire  su 
Phonneur  de  Dcmitien  , autant  de  rofes  & de 
baifers  (/x.  pj.  3.)  ; 

Ruñe  miki  dic  , quis  erit,  cui  te,  Calatijfe  , deorum 

Sex  jabeo  cyathos  fundare  ? Csfar  erit.  ( C&far^ 
Sutilis  aptetar  decies  rofa  crinibus  , ut  fit 

Qai  pofaiz  facrt  nobile  gentis  opas.  fiDomitianasi^ 
Ruñe  bis  quina  miki  da  fuavia  , fiat  ut  illud 
V^iSorab  Odryfio  qaoddeus  orbe  tulit.lJD almaticus^ 

Les  anciens  croyoient  que  les  ombres  des  dé- 
funts  fe  repaiíToieut  des  mets  quhls  dépofoient 
fur  leurs  tombeaiix  & des  libations  dont  ils  les 
arrofoient.  Une  urne  ronde  de  la  villa  Matte'i 
nous  apprend , par  fon  inferiprion  , quhls  éien- 
doient  encoré  cette  idee  confolante  3 & quhis 
croyoient  les  manes  capables  de  boire  á la  fanté 
des  amis  quhls  avoiept  laiffés  fur  la  terre.  On  lit 
fur  cette  urne  : have.  ARGenti,  tu.  nobis. 
BíBES. 

BOISj  matiére  employée  par  les  anciens  ar- 
tilles. 

L'hiíloire  de  PArt  de  Winkelmann  nous  fournit 
cet  article  ; 

« L'on  fabriquoit  des  ílatues  de  bois  avant 
qu^’on  en  fít  de  pierre  & de  marbre.  II  en  fut  de 
méme  des  bátimens  des  anciens  Grecs,  8c  Polj  be 
nous  apprend  que  Ies  paíais  des  rois  de  Í.Iédie 
étoient  de  bois.  En  Fgypte  3 on  trouve  encone 
aujourd'hui  d’anciennes  figures égypnennes3  faites 
de  'bois  de  fycomore  ; Se  en  Éurope  3 piulieurs 
cabinets  oífrent  aux  curieux  de  ces  fortes  d'an- 
tiques.  PaufaniiS  rapporte  les  noms  des  d’.fférens 
bois , dans  lefquels  les  ar.ciens  artilles  taiiloient 
leurs  figures.  Le  figuier  fut  préféré  3 felón  Plinei 
aux  atures  efpéces  de  bois  , á caufe  de  fa  mol- 
lefíe.  Au  liécle  de  Paufanias,  on  voyoit  encore 
des  ñatues  de  bois  dans  les  íieiix  les  plus  renom- 
més  de  la  Gréce-  Telles  étoient  entr’autres  les 
figures  qui  fe  trouvoienr  á Mégalopchs  en  Arca- 
dle j une  Junon,  un  Apollen  8c  les  Mufes;  de 
plus  3 une  Venus  S:  un  Mercure  de  la  main^de 
Damophon,  un  des  plus  anciens  artilles.  L’on 
fait  méme  que  la  ñatue  de  PApoIIon  de  Delphe  3 
envoyée  en  préfent  par  les  Crétois , étoit  de  bois  , 
8c  tailiée  dans  un  feul  tronc  d’arbre.  Dans  k 
nombre  de  ces  ñatues  3 ü faut  remarquer  á Thé- 
bes,  Hilaire  8c  Pho:bé3  femmes  de  Caílor  & de 
P0IIUX3  avec  les  chevaux  de  ces  deux  fréres  en 
ébéne  8c  en  ivoire,  de  la  main  de  Dipoéne  8c 
de  Scyllis  3 difciples  de  Dédale  : á Tégée  en  Arca- 
die  3 une  Diane  d’ébéne  des  premiers  tems^  de 
í’art  • á Salamine  une  ilatue  d’Aiax  du  méme 
bois.  Paufanias  croit  qu’il  y avoit  déjá  des  ñames 
de  bois  nommées  Dedales  avant  le  tems  de  i aí- 
tiñe  de  ce  nom  »- 

cc  4 Sais  & á Thébes  en  Egypte3  il  y avou 
auíii  des  ñames  coloñaies  fculptées  en  bois.  Roas 

O o o 


744  B O I 

troüvons  que  Ton  érigecit  encore  des  ftatues  de 
la  méine  matiére  aux  vainqueurs  des  jeux  publics 
de  la  Gréce  dans  !a  ibixante-uniéme  olympiade  j 
au  íiécle  de  Piiíítrate , & que  méme  le  célebre 
Myron  fir  une  Hécate  de  bois  pour  les  Eginéres. 
Le^  philolophe  Diagoras , á fameux  parmi  les 
Athées  de  Fantiquité , manquant  an  jour  de  hois , 
appréta  fon  díner  avec  une  ftatue  de  bols  qui  re- 
préjentoir  Hercule.  Dans  la  fuite  , on  introduifit 
I iuage  de  dorer  ces  ílatues  chez  les  Egyptiens  & 
chez  íes  Grers.  Gori  poíTédoit  deux  figures  égvp- 
ti^ines  qu!  avoient  eré  dorées.  Quoique  le  hois 
fut  par  la  fuite  proferir , pour  ainfi  dire , par  la 
fculpture , ce  fut  toujours  une  matiére  dans  la- 
quelle  dfhabiles  ouvriers  cherchérent  á montrer 
leur  talent.  Nous  troüvons  ^ par  exemple,  que 
Qir#tus , frére  de  Cicerón , s’écoit  fait  faire  un 
lychnuchum  ou  candélabre  á Saraos  j par  un  habile 
artifte  dans  ce  genre  d'ouvrage  ». 

Plüfi  eurs  cabinets  de  curiolité  confervent  des 
figures  de  hois  égyptienHes , terminées  dans  le 
gout  des  momies  j celui  de  Sainte-Géneviéve  en 
renferme  trois. 

o I s facré  ^ liicus.  Les  hois  ont  ¿té  les  pre- 
miers  lieux  deítinés  au  cuite  des  dieux.  Dans  Ies 
premíers  tetns  ou  les  hommes  ne  connoiíToient 
ni  vüles  ni  maifons , & lorfqu'ils  babitoient  Ies 
bois  ou  les  cavernesj  ils  choiíirent  les  lieux  les 
plus  e'cartés  , les  plus  fombres  j les  foréts  impe- 
netrables aux  rayons  du  foleil , pour  oífrir  des 
facrifices  j ils  y élevérent  des  autels  & des  tem- 
ples. Pour  retracer  depuis  cette  ancienne  cou- 
tume , on  plantoit  toujours , lorfqiFon  le  poavoit ^ 
des  bois  autour  des  temples^  & les  bois  étoient 
aufí)  refpeétés  cae  les  temples  mémes.  Ces  bois 
facrés  furent  trés-fréquentés  5 on  s’y  aiTembloit 
aux  jours  de  fétes  : aprés  la  célébration  des  myf- 
téres  j on  y faifoit  des  repas  publics  , accom- 
pagnés  de  danfes , & de  toutes  les  autres  marques 
de_  !a  plus  grande  joie  ; & on  y fufpendok  les 
oíffandes  avec  proftifion.  Couper  des  bois  facrés  ^ 
étoit  un  facrilége  enorme;  il  étoit  cependant 
permisdeles  éiaguer,  de  íes  éclaircir,  & d’abattre 
íes  efpéces  d’arbres  qile  Fon  croyoit  attirer  le  ton- 
íierre. 

Elien  dit  qu'il  y avoit  dans  Fifle  de  Claros  un 
bois  facré  d' Apollen  ^ dans  íequei  il  n'entroit 
jamáis  deberes  venimeufes;  il  ajoute  qu'aux  envi 
rons  on  voyoit  beaucoup  de  cerfs  ; quand  les 
fhaíTeurs  les  vculoient  prendre  , ils  s’eñfuyoient 
daps  le  hois  facré  d’Apollon  : les  chiens  cou- 
roiynt  aprés  eux  ; mais  repouíTés  par  la  vertu 
puiíTante  du  dieu,  ils  n’ofoient  y entrer^  & 
aboyoient  toujours,  tandis  que  les  cerfs  tran- 
qaiües  broutoiern  Fherbe  dans  le  bois , fans 
au^ine  apprébeníton  Efculape  avoit  un  bois  facré 
pres  d Epidaure , dans  leque!  il  étoit  défendu  de 
Jaifler  naitre  ou  mourir  perfonne.  On  préfume 
bien  que  lebut  de  la  Médecine  étant  d'empécher, 
autant  quelle  peutj  les  hommes  de  .mourir,  il 


B O T 

étoit  de  Fhonneur  du  dieu  de  la  Médecine  Que 
perfonne  ne  mourut  dans  fon  bois  facré;  mais 
pourquoi  ce  dieu  s’oppofoir-il  á la  naiíTance  des 
hommes  dans  fon  bois  ? C'eft  ce  que  Fon  ne  fau- 
roit  deyiner , a moins  que  Fon  ne  recoure  á Fim- 
mortaiité  promife  par  Ies  médecins,  & fi^urée 
par  Fabfesce  de  la  naiíTance  & de  la  mort.  ° 

Les  écrivains  de  Fantiquité  parlent  fouvent  du 
refpedi:  dont  les  peuples  étoient  pénétrés  poar 
les  büis  facrés.  Ovide  (Fafi.  lib,  ni.) : 

Lucus  Aventino  fuberat  niger  ilicis  iimhrá , 
Quo  pojjis  vifo;,  dicere  ¡ numen  inefi^ 

Ils  croyoient  qrre'le  fiíence  des’¿o/j  , Se  leur  obf. 
curité , annoncoient  la  préfer.ce  des  divinités. 
Sénéque  le  dit  exprelíément  {lib.  j.  epifi.4^.). 
Si  tibí  oceurril  vetuftis  arborihus  , & folitam  alti- 
tudinem  egrejfts , frequens  lucus  , illa  proceritas 
filvs.,  & fecretum  loei , & admiratio  umbra.  fidem 
Numinis  facit.  On  trouve  les  mémes  idées  dans 
Pline  Fancien  (xrr.  I.)  : Hac  fuere  numinum  tem- 
pla , prifeoque  ritu  ftmplicia  rura  etiam  nunc  deo 
pr&cellentem  arborem  dicant.  Nec  magis  auro  ful- 
gentia  atque  ebore  fimulacra,  quam  lucos  ^ in  lis 
filenüa  ipfa  ador&mus.  De-Iá  vint  cette  terreur 
fuperftitieufe  dont  les  anciens  étoient  failis,  lorf- 
qu'ils étoient  forcés  de  couper  les  bois  facrés ; 
lis  s’attendoíent  á voir  les  haches  rebondir  centre 
eux-mémes,  ainfi  que  la  hache  du  roi  Lycurgue. 
Ce  ros  j difoit  la  fable  , ayant  eu  la  tém.érité  facri- 
lége  de  couper  lui-mérrve  les  vignes  confacrées  á 
Bacchus,  fut  puni  de  cet  attentat  en  fe  coupant 
Ies  cuiiTes , que  fon  aveuglement  lui  fit  prendre 
pour  des  trones  de  vigne.  Lucain  a fait  de  ces 
traditions  fabuleufes  une  application  heureufe  aux 
efclaves  de  Céfar  {Pharfal.  uI.) ; 

Sed  fortes  tremuére  manus , motique  vereniá 
Majefiate  loci , fi  robora  facra  ferirent , 

In  fuá  credebant  redicuras  membra  fecures. 

II  y avoit  a Rome  & dans  fes  environs  ces 
bois  facrés  dont  on  appeloit  lud  les  plus  refpeñés, 
& nemora  ceux  pour  iefqueis  on  avoit  une  tnoin- 
dre  vénérarion.  Voici  les  principaux. 

Le  bois  d’Anna  Perenna  étoit  hors  de  Roine  ^ 
prés  du  mont  facré,  entre  le  confluent  de  FAnio 
& le  pont  Milvius. 

Le  bois  de  Caius  Se  de  Lucias  étoit  fur  la  £oI- 
line  des  Efquiües. 

Le  bois  des  Camines , des  Mufes,  étoit  íitue 
a quinze  milles  de  Rome,  hors  de  la  porte  Ca- 
péne  , fur  la  voie  Appienne , prés  de  la  fontaine 
d'Egérie.  Les  Juifs  du  tems  de  Juvénal  {Sat.  nP 
1 1 .}  y faifoient  leur  demeure : 

Suhflitit  ad  veteres  arcus  , madidsmque  Capen^^  • 

. Hzc  , ubi  noclurna  Numa  cenftitueba-t  amia  : 


B O f 

2',  une  facri  fontis  nemus  , & ¡feluín  locar. tur 

Jitda.í.s  . Quorum  cophmus  ^ focjiiim^ue  J'iípellex. 

Gmrüs  enim  populo  mercedem  penderé  jujfa  eft 

Arbor  j & ejeñis  mendicat  fylva  Camaenis. 

Í.S  hois  de  Diane  etoit  Tur  le  chemin  d Aricie. 
Manius  Egerius  le  lui  avoit  dédié,  felón  Feílus. 
Caten  j cité  par  Prifeien  (jk.)  ^ appelle  ce  prétre 
Fgérius  ^xbius  j & ií  ajoute  Gue  le  dióíateur 
Lannus  íit  la  confécration  de  ce  bois. 

jue  bois  confacré  par  Augufte  aux  dieux  Manes 
'.  v'-ndok  íur  jes  colimes  voiíines  des  murs  de 
P.cijje.  áepuis^la  place  ot'i  eft  Sainte-Marie-du- 
Pcup.e  , jufqn'á  celle  de  la  Trinitédu-Mont. 

__  Fe  bois  ü Egérie  éroft  firué  fur  la  voie  Appienne ; 
ii  íur  confacré  par  Numa  aux  Caménes.  Voyez 
plus  haut  fon  arricie. 

Le  bc-is  des  Efqudies  étoit  íítué  fur  la  colline 
de  ce  nom. 

Le  bois  Fagutalis  n’étoit  pas  éloigné  de  la 
place  qu  oceupe  Sainr-Pierre-aux-Liens. 

Le  bois  ¿ts  P'unes  , Lucus  Furinarum  , dans 
leque!  périt  C.  Gracchus , étoit  lltué , felón 
Vidor  ^ au-deia  du  Tybre. 

X.,e  bois  Ileruus.  A'ovez  Htíerna. 

Le  bois  de  Junon-Lucine  oceupoitj  á ce  que 
ion  croitj,  le  terreia  fur  iequel  eíí:  bátic  Sainte- 
Mane-Majeure.  Ovide  dit  qu'’il  étoit  fur  le  pen- 
chant , ou  aii  Das  de  la  colline  des  Efquilies 
iFízJl.  il.  43  j.)  : 

Monte  fub  Efquilio  multis  inciduus  annis 
Junarás  magn&  nomine  lucus  erat. 

Et  (ibidem.  449.)  •• 

Gratia  Fucins,  : dedil  k&c  tibí  nomina,  lucus. 

Le  bois  des  Lares  étoit  litué  entre  les  monts 
Ccelius  & Palatin;  quoiqu’on  pourroit  conclure 
du^paííage  fuivant  de  Varron  {de  Ling.  Lat.  /r.  8.) 
qn  il  étoit  pías  prés  des  Efquilies  {luci  Mepkitis 
& Luana)  : Item  lucus  Larum,  & Q_uerquetulanum 
facellum. 

Le  bois  de  Láveme  étoit  fitué  prés  de  la  voie 
Salaria.  Ü étoit  .toufra  & trés-obfcur ; ce  qui  le 
ít  choiíir  par  les  voleurs  pour  7 panager  leur 
butin. 

Le  bois  de  Mars,  dent  Rufas  feul  a parlé, 
on-iDrageo't  fans  doute  Pautel  que  ce  dieu  avoit 
dans  le  chtmp  appelé  de  fon  nom. 

Le  bois  confacré  á Mepkitis  , la  puanteur , 
etoit  au  bas  des  Efquilies  ^ auprés  du  quartier 
Patricieii. 

Le  bois  Peetilinus  étoit  fitué  hors  Sr  prés  de 
la  porte  Numentane , fur  le  mont  Viminai.  Nar- 
dini  j qui  le,dit , fait  une  légére  correélion  dans  ie  i 
texte  de  Tite-Live  , oú  i!  en  eft  parlé  (rt.  10. 1: 
roduüd  ¿ie  in  Pceúlinum  lucum  extra  partsm 


B O I 4-y 

Fiumentanam^  (i¡  lie  ici  avec  beaucoup  de  vrai- 
fembiance  Numcnta.nam)  , und'c  confreáus  ir.  Ca- 
pitoLium  non  eífet , conciiium  populi  'i^aiñum  eft. 

Ec  kois  Querquetulanus  étoit  fitas  fur  le  pen- 
chant  d«  Efquiiies,  auprés  de  la  porte  de  fon 
nom , & de  la  piace  cu  oceupe  Sainte-Croix-de- 
Jerufaiera. 

Le  boís^  de  Rémus  couronnoit  le  mont  At'entin. 

déeffe  Rubigo  étoi#hors  de  la 
porte  \iminale.  C'étoic  dans  ce  b^ts  que  Pon 
immoloit  chaqué  année,  a la  fin  d’avril,  un  chien 
a ¡aCarucuie,  afin  qu'eile  ne  brúlátpas  lesmoiftons, 
St  une  brebis  a la  deefíe  Rubigo  (rouilie  des  bleds), 
afin  quelle  ne  verfát  pas  fur  elles  fes  funeftes 
inftuences. 

Le  bois  de  A eña  étoit  fitué  au  piad  du  mont 
Paiatiii , du  coré  de  la  rué  Neuve.  Cicéron  ea 
parle  {ae  Divin.  I.  41.)  : F luco  V^efta  , qui  a Pa- 
latii  radice  in  novam.  viam  , cuftodiamque  facroru-m 
devexus  eji. 

BOISSEAL , mefure  de  capacité  des  anciens, 
Modios  & Aíooius. 

. Boisseau.  On  voit  fouvent  fur  les  médaiiles, 
les  marbres  &les  autres  monumens  antiques,  des 
hoiffeaux.  Sérapis  en  porte  ordinairement  un  fur 
fi  tete  , comme  un  fvmbole  de  la  fertiiité  que  le 
Ndi  ou  fon  image  , Sérapis-du-Nil , procuroit  á 
i iogyptc.  Le_  boijfeau  paroit  auííi  fur  les  médaiiles 
tantót  rempli  d'épis,  tantót  fans  épis.  11  défigne 
alors  la  fertiiité  d’un  piys  ou  les  fecours  de  bleds 
que  les  empereurs  7 avoient  envovés.  Le  boijfeau 
de  Sérapis  & celui  du  reveis  "des  médaiiles, 
préfentent  dans  leur  forme  une  différeace  que 
noas  devons  faire  obferver. 

Sur  la  tete  des  dieux  il  eft  évafé  par  le  haut, 
& fans  pieds. 

Sur  les  médaiiles,  lorfqifil  repréfente  Tabón- 
dance,  & lorfqu'il  renferme  des  pavots,  il  a des 
pjeds  catres  faits  comme  des  créneaux;  il  eft 
d'aiiieurs  généralement  conique.  Cependant  M.  de 
Non  en  a apporté  un  de  la  grande  Grece , 
qui  eft  cylindrique,  de  bronze,  avec  deux  petits 
cercles  ou  moulures  vers  le  haut,  & des  pieds 
catres  , de  la  hauteur  de  fept  á huir  pouces. 

BG'ISSON.  Les  anciens  buvoient  ordinairement 
chaud , dans  Ies  repas  fomptueux  on  recherchés. 
On  7 fervoit  á la  vérité  de  Teau  froide  & de  Teau 
chaude.  Athénée.  prouve  que  les  Grecs  faifoient 
fouvent  ufase  de  la  feconde,  fur-tout  pendast 
Thiver  & le  printems  {ti.  p.  45’.  & irl.  p.  113). 
Les  témoignages  de  Juvénal,  de  Marcial  & de 
Sénécue,  nous  apprennent  la  méme  chofe  des 
Romains  voluptueux.  Le  premier  dit  (Air.  r.  60.) : 

Quando  vocatus  adefi  calida  gelids-que  minifier  ? 
Martial  {viu.  C-j.  S.)  : 

Caldam  ~ofcis  a juam , fed  íiondiim  friglda  venzti 
Alget  adhuc  nudo  claufa  culina  foco. 

O o o ij 


1 


47^  BOL 

Et  {xir.  isf.) : 

Frígida  non  dtjit ; non  deerit  calda  petenti. 
Sénéque  {de  Ira  i.  ix.)i 

Idem  faciunt , Ji  calida  non  hene  pr&heatuf. 

lis  buvoient  auífi  le  vin  chaud  dans  Ies  parties 
de  débaudíe  j car  Plaute  le  dit  expreíTément 
iCur.  il.  3.  ij.)  calido  inehriatos.  De-lá  naic  une 
partie  dii  fei  que  renferine  le  jeu  de  mots  fuívant. 
On  appeloit  par  dérifion  Biíerius  Caldius  Mero, 
Fempereur  l'ibere  dont  le  nom  étoit  Tihtrias 
Cla.udliis  Ñero.  Le  naot  caldius  défigne  iei  la 
hoijfon  chaude.  Au  refte , nous  ferons  moins 
étonnés  de  Tartrait  qu  avoient  pour  les  anciens 
ks  boijfons  chaudeS:,  lorfque  nous  verrons  que 
tous  Ies  Orienraiix  ont  encore  le  méme  gout  pour 
EÜes. 

Ce  gout  régnoit  a Rome  méme  dans  les 
moyennes  & derniéres  claíTes  des  cítoyens , & il 
y avoit  pluíleurs  maifons  oü  Ton  vendoit  au 
public  des  boijfons  chaudes.  Claude  les  fit  fermer 
& punit  févérement  les  propriétaires  de  ces  mai- 
fons qui  contrevinrent  á fon  ordcnnance  {Dio. 
íx.p.  66^').  Eíles  avoient  deja  étéfermées  par  les 
crdres  de  Caügula  3 8c  pendant  le  deuil  de  fa 
foeur  Druíüle.  Ce  farouche  empereur  fit  metrre 
á mort  un  homme  qui  avoit-  vendu  l'eau  chaude 
pendant  ce-  deuil  5 comme  sfil  fe  fut  rendu  cou- 
pable  du  crime  dhmpiété  emers  cette  nouvelle 
divinité. 

BOITEUX.  Les  Romains  avoient  la  foibleíTe 
de  croire  que  les  hoiteux  ou  leur  reneontre  pré- 
fageoient  des  malheurs. 

BOLATHEX  ScXaS-ky.  C’eiV  un  des  noms  que 
ks  Phéni'ciens&  les  Syriens  donnoie.nt  á Saturne^ 
au  rapport  de  Damafcius,  dans  ta  vie  du  philo- 
fophe  ifidore  {Pkotii  bibliot.  cod.  24}. 

B OLE  TA  R , vafe  de  tabla.  II  avoit  fer-vi 
d^abord  á faire  cuire  8c  fervir  les  champignons  3 
holeti , d^oú  luí  vint  fon  nom  propre.  Mais  Fac- 
ception  du  mot  boletar  sktendic  par  la  fuite.  á des 
vafes  largas  & profonds,  Martial  nous  apprend. 
ge  détail  gtammatkal  {xiv.  iqi.) 

Ciím  miki  holeti  dederint  tam  nohll-e  nomen  , 
Prototomis.s  pudec  keu  ! fervio  cauliculis. 

Le  poete  a donné  á la  piéce  d’oii  ces  vers  font 
sirés  le  nom  méme  de  Boletaria. 

Les  boletaria  étoient  cifelés  avec  foin , 8c  Fon 
conferve  une  ancienne  épigramme  faite  fur  un-, 
boletar  dont  la  nym.phe  Calatée  faifoit  lornement 
du  fond : 

Indere  fueta  vacSs  priv.ato  nympka.  natatit 
Exorrmt  menfas , membra,  venujia  movens. 

Comptas  nolo  ñapes  j vacuum  mihipons  bolepar^ 


B O M 


BO/ilS,  holfs , fonde  des  marins.  La  defcrlp- 
tion  que  nous  en  donnent  les  Glofes  3 nous  raonúe 
qu'elle  reíTembloit  parfaitement  a la  fonde  mp- 
derne. 

BOLOMANCíE  3 efpece  de  divination  qui  fe 
faifoit  en  entremelant  des  fleches.  Ce  mot  eíl 
Gompofé  de  ,áoA>! , fleche  3 & de  p.a->r¿iíí , divi- 
nation. Fc>ye:[  Beíomakcie. 

B OLIT E S lapis  3 concrétion  alumineufe. 
Woye-^  Aí-UN. 

BOLUS,  coup  de  filet3  & coup  de  des.  Les 
Romains  fe  fervoient  fouvent  de  ce  nom  dans  le 
dernier  fens.  Dans  le  Curcullo  de  Plaute  {v.  2. 
1 3 .)  3 un  interlocuteur  propofe  á Fautre  de  jouer 
fa  chlamyde  en  trois  coups  de-  des ; 

Q^aid  ais  ^ bone  vir  ? audeo  y 
Si  vis  3 tribus  bolis  vel  in  chlamidem. 

Dans  k Rudens  du  méme  comique  {il.  5.  5,o.)3 
un  interlocuteur  joue  plaifamment  fur  les  deux 
fens  du  mot  bol$s  , en  skdreffant  a iSeptune» 
qui  avoit  englouti  dans  les  fiots  un  marchand 
dkfclaves : 

O Neptune  lepide.  , falve. : 

Nec  te  aleator  ullas  eft  favimtior  profe Hb  ; 

Nirrás  lepide  jecifti  bolum  : perjurum  perdidifil. 

B 0 MB  US  y bourdonnement  des  abeilles- 
Uoyei^  ApPLAumssEMEríT.  On  donnoit  ce  noru 
au  bruit  fourd  8c  prolongé  que  rendent  quelquss 
fois  ks  trompetees.  Catulle  (64.  263.) : 


Multis  raucifonas  effahant  cornua  bombos. 

Nerón  Favoit  employé  dans  le  meme-  fens  en  par- 
lant  des  cors  des  Bacchantgs  {P'erf.  r.  99.)  :■ 

Torva  Mimallonets-  implerunt  cornua  bomhise. 


BOMBYCES.  \ ^ c- 
BOMBYCINA.  f ^ 

BOMBYLEUMATA.  Héfychius  explique  ce: 
mot  par  ceux  etj  rá  ftaxatma  ct(T¿feaTsí  , prepaus 

avec  foin..  „ ' x* 

BOMBYLIUS,  vafe  a boire  long  8c  etroít^ 
d’od  la  liqueur  tomboit  goutte  á g0Utte3  £»  fo/e- 
SoMi  -ráceme.,,  & rcndoit  un  fon  eu. 

chaíTant  Fair  par  Fouverture  étroite-3 

^^BOMBYX,  efpéces  de  chevilles  creufes  ua 

’ ■ cornets  qui  entrene  dans  les  trous  de. 

. ® ^ r.:!Ur>t-2»c  a Vtreneu-r* 


. reponí 

tu  cornee  de  Caylus.  . , , ■ ^ 

ce.  Les  clavetees  que  vous  croyez  avoir  > 
’inées  pour  étendre  les  fons  étrangers 
jiFon  fe  preferivoit  dans  relie  ou  relie  _jje 

Tie  paroiifent  faites  3 au-contrairej^pout  ^ 7^,^ 
knergie  de  rinfiniment..  Cesflutes,  -ít^ws 
,ercé¿  qifá  uois  ou  cuatre  trgus,  ns 


B o N 

p-.s  d’ér-e  propres  aux  chants  les  plus  étenái'S  Sr 
les  pías  varíes  ; au  moyen  de  certahis  rd-.ix  troas 
árceles  paratrypcrms  ^ aars  lefqrtls  étoient  ir¡- 
lerés  de  pedts  cornets  percés  eux-rr.émes  & oii- 
verts  par  le  boat.  Eües  devenoient  fafcepables 
d'ure  infinité  de  variétésj  chacan  de  ces  trous 
équivaloir  á une  coráe ; & par  le  degré  de  pref- 
íion  & d^abajffement  de  ces  pedts  cornets,  on 
donnoit  á cette  corde  toutesles  nuances  poilibles. 
La  preuve  que  ces  clavetees  étoient  des  plus , & 
non  des  moins , qu’elles  étoient  fonores  en  un 
mot  j c'eñ  qu’elles  font  appeíées  bombicier.es , da 
motgrec  qui  Sgnifie  le  bruit  des  abeilles”. 

Ces  c'avettes  ccoient  appeíées  -Áfas  ou  fisuiA. 
On  en  ignore  le  méchanifme.  Peut-étre  les  éle- 
voit-on  par  le  moyen  d"une  longue  queue,  Sxée 
3 ces  efpéces  de  chevilles.  C’eíi  ainii  qu’eft  re* 
levée  la  plaque  de  metal  doublée  de  cuir , qui 
boliche  le  trou  des  notes  diéfes  dans  les  flutes 
traveríiéres. 

B o M sY s , cbalumeau  des  Grecs  fort  diffi- 
ciie  á jouer,  á caufe  de  fa  longueur;  on  le  con- 
noiffoit  déjá  du  tems  d'Ariítotej  car  ce  phüo- 
fophe  en  parle.  Le  bombyx  étoit  fait  d’une  efpéee 
de  rofeaii  appelé  en  latín  calamus , d'oü  eft  venu 
probablement  le  mot  francois'  ckalumeau.  Bar- 
tholin  j au  chapitre  V de  fon  Traité  de  l ibils 
veterum  , & d'autres  écrivains  explique  nt  le 
paíTage  de  Y O.iomafiicon  de  FoiluXj  relatif  a la 
fiiite  appelée  bombyx , dans  le  fens  que  cette  flúre 
avoit  deux  patries  de  plus  que  les  autres;  favoir  ^ 
Yelmos  & Y euvholmie.  La  premiére  íignifioit  appa- 
remment  la  boache  ou  Tembouchure ; la  feconde ^ 
la  partie  de  la  flúte  qui  eft  au-defloas  de  la  glotte ^ 
& la  glotte  rr.éme  , fuivant  Héfychius.  Cette  con- 
jeélure  paroít  faiiííe  j commenten  effét  sdmaginer 
que  les  autres  ñutes  n'eulTent  ni  embouchure  ni 
glotte  ? 

Quelques  écrivains  prétendent  que  le  homhyx 
étoit  une  efpece  de  rofeau  fcmelle  dont  on  faifoit 
les  giottes  ou  anches.  {F.  D.  C.) 

BOMONIQüES.  Les  Lacédemoniens  dbn- 
noient  ce  nom  aux  ieunes  gens  de  leurnation, 
qui  faifoient  gloire  de  fouflfrir  conñamment  les 
coups  de  fouet  qfton  leur  donnoit  dans  Ies  facri- 
fices  de  Dtane.  lis  fe  défioient  les  uns  les  autres  a 
qui  fupporteroit  plus  long-tems  cene  efpece  de 
fiipplice  : cuelques-uns  le  foutenoient  une  journée 
toute-entiére  , Se  Fon  en'voyoit  fouvent  expíret 
avec  joie  fous  les  verges,  Leurs  méres  étoient 
préfentes  áces  défe,  & eiles  Ies  encou-ageoient 
par  des  exhortations  & par  des  chants  d’alégreíTe. 
On  croit  que  íes  Laecdémoniens  avoient  eu  en 
vue  dans  cette  ihftitution , de  rendre  la  jsuneíTe 
infeníible  aux  douleurs  ^ & de  l'endurcir.  aux  fati- 
gues de  la  guerra.  Le  nom  bomoniques  vient  de 
autel , & de  r'y.t;  , viBoire  j viclorieux  a 
llautel  de  Diane. 

hon.  Les  ancisns  donnoiení  ceits. 


B o N 477 

epithete  aux  divinités  qu’iis  croyoient  leur  étiie 
favorables  j ou  qu'ils  vouloienr  fe  rendre  relies. 
On  Ies  trouvera  á leurs  arricies  refpeiftifs. 

Bon,  ( le  dieu  ) ¿yaí  , avoit  un  temple 
fur  le  chemin  de  Mégalopoíis  en  Arcaüe  au  mont 
Menaie.  Paufanias  croit  que  ce  titre  déliqnoit 
éminemment  Júpiter,  auteur  des  biens  Se  des 
maux. 

Bon  évér.ement.  Voyez  Boícus  ever.tus. 

BONI.  Les  Romains  délignoient  par  ce  nom 
Ies  gens  pieux  qui  s'occupoient  des'funérailles. 
Ennius  dit : 

Tarquinli  Corpus  bona  femina  lavit  & unxit. 

BOrsNE  déejfe , bena  dea,  divinité  my-ftérieufe 
dont  Ies  hommes  ignoroient  le  nom.  Í1  n’étoit 
connu  que  des  femmes.  On  croit  que  ce  nom  dé- 
fignoit  Cybéle  ou  la  Terra,  comme  la  fource  de 
tous  les  biens.  Flutarqae  la  confond  avec  Flore. 
Varron  prétend  qu'eile  fut  femir.e  de  Faunus,  & 
quTlIe  porta  íi  loin  la  chafteté  , que  jamáis  elle 
ftenvifagea  d’autre  homme  que  fon  mnri.  Lac- 
tance  , au  contraire  , dit  que  cette  femme  de 
Faunus  ayant  bu  du  vin  , eontre  la  coutume  de  ce 
tem$-iá , fut  fouettee  par  fon  mari  jufou'á  la 
mort,  avec  des  vergas  de  myrrhe  5 que,  dans  la 
fuite,  Faunus  regrestant  fon  époufe,,ia  plaqa  au 
rang  des  dienx. 

On  célebroít  tous  les  ans  la  féte-  dé  la  Eonre 
détííe  , au  premier  jour  de  mal;  on  ornoit  á grands 
frais  la  maifon  ou  la  féte  fe  sélébroit;  & comme 
on  choifiíToit  la  nuit  pour  cette  cérémonie , une 
infinité  de  lumieres  en  éclairoient  les  apparte- 
mens.  Les  Veftales-  fe  tfanfportoient  dans  la  mai- 
fon dii  foaverain  oontife , cu  d'im  des  premiers 
magiftrats  : mais  on-  avoit  grand  foin-  de  n'y  ad- 
mettre  que  des  femmes-;  pour  cela,  on  faifoit 
fortir  de  la- maifon  oufe  célébroient ces  myftéres, 
non-feuJement  tous  les  hommes,  mais  auíft  tous- 
les  animaux  maless  Le  fcrupiile  étoit  porté  jufqu'á 
couvrir  les  tableaux  oü  il  y en  avoit  quelques- 
uns  repréfentés.  Enfin  , on  croyoit  fermemenr 
qftun  homme  qui  auroit  vu  ces  myftéres,  méme 
par  hafard  & fans  deíTein,  feroit  devenu  aveugle. 
Mais  ¡'aventure  deClodiusdéfabufa  tout  le  monde  :■ 
il  s'introduifit  dégiiifé  dans.  la  maifon  de  Céfar„ 
ou  Fon  célébroit  les  myftéres  de  la  bonne  détjje ,, 
& vit  impunémenr  tout  ce  qui  s'y  paíToit; 

Clodius  aimoit  Mucia  , époufe  de  Céfar,  qui 
étoit  á cette  époque  fourerain  ponrife  , Ser  chez 
íequel  on  céiéb.'-oit  á ce  titre  les  myftéres  de  ¡a- 
bokiie  déejfe.  II  fe  déguifa  en  femme , & profita, 
du  défordre  de  cette  cérémonie  pour  s’introduire 
auprés  de.  fa  maíuefle;  mais  il  ftit  reconnu  par- 
une  fervante  qui  répandit  Falarme  par  fes  cris^r 
& il  fut  chaífé  ignominieufement.  Gicéron  plai- 
dant  pour  Milon  centre  Clodius,  parle  fo-uvenc 
de  cer  attentat  facrilége  , pour  rendre  fan  adyeii- 
faire.  edieux  au  peupie,. 


47S  B o N 

Piuíieurs  écrivains  romains  fe  fonr  recríes 
contre  la  licence  & rimpudícité  de  ces  myñéreS;, 
appelés  par  excellence  Its  myftires  romains,  & 
qui  fe  célébroíent  !e  4décembrej,  tandis  queceux 
de  Cybéie  fe  célébroiení-j.u  premier  de  inai.  Le 
myrthe  ne  fe  trouvoit  jamais  dans  les  facrifices 
de  la  bonne  déejfe  , á caufe  du  fapplice  que  luí 
avoít  fait  fciiíFrir  fon  mari  Faunus  j 8c  le  vin  y 
pcrroií  le  nom  de  miel  par  la  méme  raifon. 
i^ídacrcb.  Sat.) 

Tout  étoir  myñérieux  dans  ces  cérémonies. 
Le  facriíice  étoit  appelé  Damzam  , la  bouteiile 
mtllarium  y la  bonne  désjje  étoit  noinmée  tantct  ■ 
Fauna , rantór  Ops , & queiquefois  enfin  Fatua. 
Malgré  la  licence  de  fes  orgies,  cette  déeíTe  eñ 
appelée  fainte  dans  une  inícription  rapportée  par 
GvMtT^pag.  %Z,n.  I.)  : BONAE  DEAE  SANCTAE 
S.ACP.UM,  &C. 

Lucréce  ( il.  598.  ) dépeint  la  bonne  déeffe 
portant  une  couronne  múrale  & trainée  dans  un 
char  par  des  lions.  On  la  trouve  ainC  repréfenrée 
fur  des  médailles  de  fempereur  Fhilippe. 

Les  Grecs  avoient  leur  bonne  déejfe  , qa*íiS 
appeloient  la  déejfe  des  femmes  y 8c  les  Cartha- 
ginoís  rendoient  aufli  un  cuite  á une  bonne  déejfe 
cilefte , que  l’on  croit  écre  Junon. 

Bonne  efpérance  , lona  fpes.  üne  infcription 
andque  {Gruter.  pag.  lo-j.  n.  i.)  porte; 

lONAE  SPEI 
AUG..  VOT. 

PP.  TR 

On  ne  fait  íi  c’éíoit  la  méme  divinité  que  í’Ef- 
pérance , á laquelle  les  Romains  donnoient  divcrs 
scmsj  ou  une  divinité  particuliére. 

Bonne /bríane.  On  invoquoit  la  bonne  fortune 
comme  une  divinité  turélaire,  á la  tete  des  pfé- ' 
phifmes  ou  des  décrets  , & lorfqu’on  érigeoit 
quelque  monumento  par  la  foimule  ArA0HTTXH_, 
que  les  Romains  ont  rendue  par  une  formule 
prefque  femblablcj  QUOD  bonuaí  eelix  faus- 
TUMeXJE  SIT. 

Paufaniás  décrivant  les  cérémonies  uíitées  pour 
defcendrc  dans  fantre  de  Trophordus,  dit  que 
1 on  faifoit  piíTer  un  certain  nombre  de  jours  á 
rinitié  dans  les  temples  du  bon  génle  8e  de  la 
horine  fortune  avant  la  defcente  j & qu’on  I’y 
apportoit  aprcs  qu’ii  étoit  revena  de  cet  antre 
facré. 

BOFviíET  & Chapeau.  La  difiinclion  éta- 
biie  entre  ces  deux  mots,  qui  défignent  im  habil- 
lement  de  tht,  ne  porte  pas  fur  des  caraéiéres 
añf7.  forte  Tient  prononcés  , pour  que  nous  puif- 
lions  en  faire  une  appücation  exaíbe  aux  habil- 
lemens  done  les  anciens  couvroient  leur  tétq, 

C eñ  pourquoí  roas  renfermerons  dans  cet  article 
tout  ce  que  nous'  avons  a en  dire  (íi  fon  excepte 
le  Casque.  V oye^  ce  mor.)  ^ & nous  emgloierons  i 


BON 

! indíñinílemect  les  mots  de  bonnet  ou  de  ch<i> 
pean. 

_ La  forme  originaire  Sr  fpécifique  du  bonnet  eft 
circulaire^  Se  femblable  á la  partie  fupérieure  de 
la  tete  j parce  qu  il  eñ  deñine  á renveÍopD¿r  ea 
la  couvrant  pour  la  garantir  du  froid  ou  des  ’autres 
injures  du  tems.  Anciennement  la  plupart  d^ 
diverfes  fortes  de  ccéffures  ( s'il  eñ  permis  oour 
abréger  d’employer  ce  mot  en  parknt  des  hotnrnes) 
avoient,  comme  auiourd'hui,  pourfoud  le  bonnet. 
Ce  font  les  acceííoires  ou  orremens  qufon  7 
a;outa,  qui  leur  firent  donner  diverfes  déBomina- 
tions  relarives,  foit  á la  forme  différente  que  ces 
ornemens  produifirent  i rextérieur,  foit  á la  qua- 
¡ité  de  la  matiére  dont  chaqué  forte  de  bonnet  fot 
fait,  foit  á leur  deñination  pour  les  difrérentes 
faifons , 8c  pour  íes  autres  circonñances  oa  Ton 
en  cbangeoit , foit  enfin  aux  autres  varietés  oui 
faifoient  diíHnguer  la  dignité,  i'état,  la  condi- 
tion , la  proteíiion , & méme  le  pays  de  ceux  par 
qui  ils  étoient  portes.  Malgré  Ies  noms  particu- 
liers  qu  avoient  les  différenres  coéffures , celui  de 
bonnet  reña  encore  á piuíieurs.  On  appela  bonnet 
phrygien , la  coéffure  exhauíiee  & recoiirbée  par- 
devant , qui  étoit  d’un  ufage  commun  en  Fhrygie ; 
& bonnet  roya! , la  tiare  qui  étoit  la  coeffure 
propre  & díftinctive  des  rois  de  Ferfe , d'Ar- 
m.énie , d'Ofrhoéne  & des  Parthes.  F'oye?'  Liare  , 
CiDARis  & Mitre. 

Les  Egyptiens  avoient  ordinairement  la  tete 
nue , felón  Hérodote,  & fuiveient  en  cela  une 
coutume  oppofée  á ceíle  des  Perfes.  Cet  hifto- 
rien  obferve  que  long-tems  aprés  une  bataiíle , 
on  diñinguoit  les  cránes  des  Egyptiens  de  ceux 
des  Perfes , par  leur  extréme  dureté.  Quoi  qu’il 
en  foit  de  cette  aíTerrion,  les  figures  d’Egyptiens 
qui  nous  font  parvenúes  on&  la  tete  couverte , ou 
d^un  chapetón  ou  d'un  bonnet  y & ces  figures 
repréfentent  des  dieux , des  rois  ou  des  prétres. 
A quelques-unes  j le  chapetón  fe  termine  en  deux 
larges  bandes,  tantót  piares,  tantot  arrondies  en 
dehors;  8c  il  flotte  fur  Ies  épaules,  fur  le  dos, 
8c  queiquefois  fur  la  poitrine.  Le  bonnet  égyiRien 
reíTemble  par  fois  á une  mitre , 8c  d’autres  fois  il 
eñ  applati  par  le  haiit  , dans  le  gout  des  coéfi- 
fures  que  Pon  portoit  il  y a deux  cents  ans , & 
comme  le  bonnet  que  porte  .Alde-?»íanuce  le  pére, 
dans  les  portraits  que  nous  avons  de  ce  favant 
imprimeur.  Ce  bonnet  eñ  attaché  fous  le  mentó» 
par  deux  rubans , comme  on  peut  le  voir  á Rome 
au  cabinet  de  Roiandi,  á une  figure  aílifede  gramt 
noir,  8c  haute  d’enviren  trente  pouces  franfois. 
I!  s’élargit  par  le  haut , á-pemprés  comme  le 
boiífeau  qui  couvre  la  tete  de  Sérapis.  Cette  forme 
a donné  lieu  aux  Arabes  d’aopeler  kankal , ooif- 
feau , les  bonnets  des  anciens  rois  de  Perfe.  De 
femblables  bonnets  couvrent  les  figures  aíTifes 
placees  vers  la  pointe  des  obélifques,  cei;es 
que  Pon  voit  dans  Ies  ruines  de  Períépcl'.s-  Stu 
le  devant  du  bonnet  s^éléve  un  ferpent : e'eñ  arnsa 


E o N 

{•lie  les  medailles  de  íualre  nous  friontrerí  ce 
repti.e  pUcé  fur  le  front  des  ¿i\in:tés'pheni- 
ciennes. 

Les  figures  des  obéiiftues,  celles  de  la  table 
du  pra-n  BarDermi  &:  du  cabinet  Rolandi^  cnt 
leurs  oonnets  furmontés  de  Idfpéce  d^ornemert 
rué  artíiirton  croit  érre  le  perféa.  & cui  étoít 
k carañere  diílhiftif  de  la  ccdffure  des  rois  d’E- 
^ependant  comme  cet  orneinent  a encore 
plus  de  reíTemblance  avec  des  plumes , & comme 
Cneph,  cieucreateurderuniverschez  les  Esyc- 

tíens,  portoit  des  plumss  royales  . ckft-á- aíre  ^ 
teues  que  les  rois  avoient  courume  den  porter, 
¡!  y a grande  apparence  que  c'étoit  une  aigreae  de 
plumes.  Le  dieu  Cneph  eír  tres-pe  u connu  par  ¡es 
moimráensj  & Ies  figures  dont  nous  décrivons  la 
coe&ure , fe  trouvant  repétées  fur  tous  les  obé- 
Jiiques  , ¡¡  en  refulte  natureliemenr  quklles  repré- 
fentent  des  rois. 

Quelques  figures  de  femmes  égyptiennes , ou 
pour  mieux  dire  , quelques  ífis,  portent  un  ¿or^r^e! 
ou  une  parure  qui  reíTemble  á un  tour  de  che- 
veux  poüíches;  mais  !e  plus  fouvent  ^ & fur-tout 
a la  granee  Jfis  du  capitole , ce  tour  pa;oít  com- 
pofe  ae  plumes.  On  volt  méme  dans  les  Monu- 
menti  inediti  de  FlV^inkelmann  ^ que  nous  tranferi- 
vons  ici;,  une  Ifis  portant  fur'fa  coéfFure  une 
pouk  de^  IVmmidie dont  ¡es  alies  fe  rabattent 
fur  les  cótésj  & dont  la  queue  defeend  fur  le 
col. 

Les  anciens  Ferfes.  & probablement  auííl  les 
Orlenraux  leurs  voifins , attachoienc  en  guife  de 
honnet  {Stjab.  l.  i^.p.  734.)  une  toile  fine  aurour 
de  leur  tete , comm.e  les  Órientaux  le  pratiquent 
encore  aujourdf  huí  pour  leurs  turbaos.  A la  guerre 
ils  portoient  ordinairement  un  ckapeau  taillé  en 
forme  de  cylindre  ou  de  tour  {ihidem).  On  leur 
volt  aulIi  fur  Ies  marbres  de  Perfépolis  Se  fur 
despierres  gravees  ^ des  bonnets  garnis  d'un  bord 
retrouííe  comme  celui  de  nos  bonnets  fourrés- 
Quantaux  xMedes^  aux  AíTyriens  j aux  Armé- 
nienS;,  aux  Parthes,  voye:^  Mitre  ^ Tiare  Se 
Cid  AH.ÍS. 

Le  cnapeau,  petafus , large  & platj  du  m'Iieu 
fluquel  fort  cuelquefois  une  pointe  ^ fervoit  aux 
s aux  cbaííeurs  grecs  & romains  5 
US  i attacho’ent  avec  des  courroies  fous  le  men- 
tón j & Jorfqu  ils  vouloient  fe  découvrirj  lis  le 
|etoient  derriére  leurs  épaules  ^ fans  dctacher  ' 
les  courroies.  Ckíí  ainfi  qu’on  Je  volt  á Zéthus 
% deux  bas-reliefs  de  la' villa  Albatii  & de  la 
y*'  ® ^Oí§heCc  , á un  héraut  fur  un  vafe  étrufque  , 
a plufieurs  ftatues  de  Alercure,  dLApoilon,  & á 
leleagre  fur  plufíeurs  monumens.  Ce  cnaíTeu»- 
ceJeore  !e  porte  furia  tete,  fur  les  médailles  des 
-t-toiiens. 

^En  chapean  fufpendu  & confacré  á Hécate  , 
espnmoit  le  voeu  d’un  voyageur  ou  aan  tntña- 
§sr.  Les  maitres  de  Gymnafe  metro .'ent  Je  chapean 
nombre  de  leurs  attributs  particuliers. 


B o N-  4-5 

Les  Macidoniens  sen  fervoícnt  auíli  ^ Se  ks 
sppeicient  xay^r  , tn  latín  caaíía. 

Les  i-acéde'moniens  portoient  touiours  des 

‘‘=  ■'  ■*“  > 

Les  Athé.niens  dans  Ies  rems  les  plus  recules, 
portoient  a xa  vi.xe.  ainfi  qtfá  ia  campagne  . des 
cnapeaux  ou  bonnets.  Au  moyen  des  rubans  dort 
i:s  etoient  garms.  en  pouvoit  les  attacher  fous  ¡e 
comme  nous  le  voyons  á la  figure  de 
deflinée  fur  un  vafe  de  terre  cuite  de  la 
bibhotheque  du  Vatkan. 

_ Heiiode  (Ery.  v.  545.)  faíc  eiitendre  que  ces 
ckapeaux  grecs  étoiént  de  laine.  Cn  les  poitoitaux 
fpectacies  dans  la  Crece  5 car  on  fait  que  ¡es  Egi- 
nétes  accablérent  fous  lepoids  de  leurs  ckapeaux, 
rancien  légifiareur  d'Arhénes.  Dracon.  au  mo- 
ment  que  place  fur  le  théatre.  il  lifoit  á haute 
voix  les  loix  qu’il  leur  deílinoit. 

^ Denys  d HaiiearnaíTe  dit  que  les  depures  du 
fénat  trouvérent  Cincinnatus.  qu  ils  aUoient  re- 
vetir  de  la  puiffance  de  didlateur  . labourant  avec 
fa  charrue  & ayant  la  tere  couverte  d’un  cha- 
pean. Auguíle  ne  fortoit  iamais  de  fon  palais. 
felón  Suétone , pour  traverfer  quelqu'endroit  ex- 
pofé  au  folei-l.  qudi  ne  portar  un  chapean.  Sous 
Ies  emperetirs.  Ies  Romains  fe  couvrirent  avec  des 
chapeaux  dans  les  fpeótacles  . á Texempíe  des 
Grecs. 

Le  plus  fouvent  ils  fe  couvroient  la  tete  avec  ‘ 
un  pan  de  leur  rege . que  les  antiquaires  dn  íiécie 
‘^Jtnier  avoient  pris  pour  un  voik  ou  chaperon. 
xMais  ils  éroient  dans  Tafage  de  paroítre  avec  la 
rete  dekouverte  devanr  Ies  perfonnes  auxoueües 
ils  vouicient  rémoigner  du  refpedl.  De-lá  viñt 
qu’iis  regardérent  comme  une  grande  incivilité 
de  garder  fur  la  tete  . dans  ces  occaíions . 
rhabilkment  dont  on  h convroit  ordinairement. 
{Plntarch  Pomp.  43.1169).  Plutarque  nous  dit 
encore  poíitivement  {Queji.  Ploman-.  10.)  que  Ies 
Romains  rencorrtranr  des  perfonnes  pour  lefquelles 
ils  avoient  du  refpeól  Sr  de  la  coníidération  . fe 
découvroient  la  tete,  lorfqtfelk  étoit  par  kafard 
couverte  avec  une  partie  de  leur  habilkment  exté- 
rieur. 


^ D'aprés  ce  texte  de  Plutarque,  d’aprés  celui 
d Euítathe  (^Odyíf,  i.},  que  les  Romains  avoient 
pris  ¿es  Grecs  1’ ufage  d'avoir  la  tete  nue , & d’a- 
prés ks  marbres  &:  les  médailles,  on  peut  afiiirer 
qu’crdir;r.iremer!t  les  Romains  ne  fe  couvrcient 
point  la  tete.  II  eil  ceperdant  quefíinn  dans  íes 
auteurs  latins  áupileus  , du  galeras  & áu  petafus ; 
Sr  nous  ¿evons  fiire  mentioK  de  ces  exceptions  de 
la  régle  genérale. 

Le  honnet  appelé  petafus  étoít  le  chapean  á. 
large  bprd  dont  nous  avons  dit  plus  haut  cue  fe 
fer-.-ofent  les  vovareurs  pour  fe  garantir  du  fok-íl, 
& ou’iis  ¡eieto’ent  fur  leurs  épaules,  lorfqu’ils 
vouíoienr  deccjvrir  leur  tete,  ainfi  cue  le  pra- 
tiquent les  payfannes  du  Languedoe  & de  ia 


4So  SON 

Provenes.  Fiante  parle  fouvent  du  dcs 

vovaseurs  Petase. 

‘C’eir  le  filens  ou  mleolus  dont  il  eft  fait  inen- 
íion  ie  plus  fouvent  dans  les  écrits  des  Romains; 
c etoitlui  qui  étoit  robjetdes  vceuxque  formoient 
les  efclaves , parce  qu’il  étoit  le  ígne  de^  leur 
afFranchrffement  & le  íymbole  de  la  liberte.^  On 
volt  fur  les  médailles  de  ErutuSj  PalTaflin  de  Ceiarj 
le  yiUiis  place  entre  deux  poignards.  Ce  bonnet 
eft  rondj  fans  bords  d'aucune  efpéce^  & ü tef" 
femble  aíléz  á la  moitíé  d'un  globe.  II  n eft  ter- 
miné ni  par  un  bouton  j ni  par  une  pointe,  carac- 
tere  qui  le  diílinsue  du  bonnet  des  Diofeures  & 
du  bonnet  phrygien.  Ceux  d’LlyíTe  & de  \ulcain 
ont  beaucoup  d’analogie  avec  luij  & üir  des  mo- 
niirnens  dont  le  travail  ne  feirci:  pas  terminé  avec 
foin  , on  pourroit  Ies  confondre.  A la  mort  de 
Piérorij  les  Romains  paTurent  dans  les  rúes  avec 
le  fUeus , cornme  s’iis  euíTent  été  affranchis  de  la 
fervitude  par  cene  more.  {Xipkil.  63). 

Les  malades  & les  vieüiards  couvroient  auíB 
léur  tete  avec  \i. pileus.  Ovias  confeídant  a 1 aiTiint 
qu’ii  inñruit  {de  Art.  Amana,  i-  753-)  Peinare 
une  incommodité , une  langueur  ou  une  malaaie  3 
lui  recommande  de  couvrir  du  pileas  fes  blonds 
cheveuXj  afin  que  fon  exoye  fon  mal  reel : 

Arguat  & macies  animum  : nec  turpe  putarls 
Pileolum  nhidis  impcf/ijfe  comis. 

Varron  dir  dans  un-fragment  {de  Vita  Pop. 
Rom.  I .)  que  les  jeunes  Romains  avoient  la  tete 
nue  & les  cheveux  frifés  : Minores  nata  tapice 
aperto  erant ¡capillo pexo.  Les  vieillards couvroient 
done  la  leur  avec  le  pileus  on  avec  le  birrus , 
bonnet  pointu.  IN'icéphore  Grégoras  C 10.  extr.) 
raconte  quefous  le  régne  de  fempereur  Andronicj 
Ies  jeunes  gens  avoient  pris  I’ufage  des  vieillards  3 
&qu’ilsfe  couvroient  par-tcutcommeeuxde  longs 
honnets  pointus  3 birrz , dans  le  pakis  mente  de 
rempereur3  a la  vilie  & dans  les  champs, 

Nous  voyons  dans  Athénée  '6.  p.  Z74-)  que  Ies 
Romains  portoient  dans  les  repas  des  honnets  faits 
de  peaiix  de  brebis,  garnis  de  laine.  Lipfe  (<fe 
Ampkitk.  <7.  1 9 & 20.)  dit  avoir  v u á Padoue  un 
marbre  antique  3 far  lequel  étoient  fculptés  des 
convives  conches  autour  d"une  rabie  3 les  uns 
avec  la  tete  nue  3 & les  autres  couverts  d’une 
efpéce  de  pileus,  íi  plat  que  fon  pouvoit  le  com 
fondre  avec  des.bandelettes  ou  avec  un  bandean- 
Cet  ufage  explique  le  vers  fuivant  d’Horace  {epifi. 
I.  3.  ij.): 

Vt  cam  piloolo  foleas  conviva  tribidis, 

On  fe  couvroit  encare  la  tete  á Rome  dans  Ies 
théátres  & les  amphich'éátres  3 ou  fon  étoit  expofé 
aux  injures  de  faif,  lorfcue  1‘éditear  des  jeux  nc 
faifoit  pas  la  dépenfe  des  tapis  ou  voi'es  3 qui  les 
CDUvroisnt  qusiquefois,  ou  lorfque  la  forcé  du 


B O N 

v:nt  en  empéchoit  f ufage.  Marcial  eíl  ici  notte 
garant  (xtv.  29.)  : 


In  Pompejano  teclus  fpeciabo  tkeatro ; 
Nam  populo  ventas  vela  negare  foiet. 


II  paroí:  dkprés  deux  paíTages  de  Marcial  Se  de 
Staccj  que  le  pileus  des  Romains  étoit  fait  de 
feúcre  ou  de  laine  foulée,  de  méme  que  leurs 
lucernes.  Shl  eút  été  fabriqué  d'un  limpie  drap^  ii 
n''auroit  pu  les  garantir  de  ía  píuie  & de  f hu  nidité. 
Les  vers  de  Stace  annoncent  qu'il  étoitr  de  plu- 
fieurs  piéces  iiées  par  des  coutures.  Les  void 
{Sylv.  ir.  9.  25.)  : 

Vfque  adeo  ne  defaerunt 

Csjis  pilea  futa  de  lacernis  ? 

Martial  a dit  auíTi  (xir.  132.)  : 

Si  pojfem  3 totas  cuperem  mif.jfe  lacernas  : 

Nunc  tanturn  caplti  muñera  mltto  tuo. 

Le  pileus  pannonicus  étoit  en  ufage  parmi  Ies 
foldats  5 d'oú  lui  vint  le  furnom  militaris.  C'étoi: 
un  bonnet  fait  de  peaux  3 peuc-étre  de  peaux  d’a- 
gneau  3 cemme  ceux  dont  parle  FeftiiS3  & quil 
íppelle  pefeia.  Yégées  dit  qu  ón  obligeoit  les  fol- 
dats de  s'en  couvrir  toujours  la  tete;  de  peur  que 
s'iis  étoient  habitúes  á marcher  tete  nue , le  caique 
ne  leur  parut  trop  lourd  dans  les  bataiUes  (i . 20.) : 
Ofaue  ad  prefentem  prope  s.tatem  confuetuao  per- 
m.anfít , ut  otnnes  milites  piléis  , quos  pannonicos 
vocabant , ex  peUibus  uterentur  : quod  propterea 
fervabatur , ne  gravls  galea  videretur  in  prxdo  ko~ 
mini  qui  gefiabat  aliquid  femper  in  cápete. 

Le  pileus  Theffalicus  avoit  de  larges  bords  3 & 
reííernbloit  au  Petase.  Voye-z_  ce  mot._ 

Quant  aux  femmes  grecques  & romaines , enes 
avoient  ordinairement  la  tete  nue;  quelquerois 
auííi  elles  fe  fervoient3  comme  les  hommes,  ue 
leur  manteau  3 foit  pour  fe  la  couvrir  entieretMnt, 
foit  uniquement  pour  fe  voiler  le  vifage-^  ^ 
ainli  que  Valérius  Flaccus  nous  peint  junoa 
{Argón.  L l,  V.  132-) : 

Illa  fedet  dejecíá  in  lamina  palla. 


líete . 

VoiLE.  . r V/.  ik 

Les  femmes  ágées  portoient  unq  C 

bonnet,  dont  la  ñatue  d’Hécube  qui  eít  ^ 
miiféum  du  capito!e3  & que  fon  appeue  m. 
propos  une  Prcfica  , pieureufe  des  funer  - » 

peuc  nous  donner  une  idee. 

Hécube  le  porte  auííi  fur  un  .bas-reu>- 
villa  Borghéfe3  repréfentant  Ikrrivee 
zenes  au  fecours  de  Friam.  La  vieiÜe  i 

des  filies  de  Niobé  eíí  coéffée  avec  ce  meme  ■ ■ 

,,,  fci  « bís-idisfde  1» 


B o N 


repréfente  la  mort  das  enfans  de  cette  mere 
orgueilleuie.  Oa  peut  le  voir  encore  ñir  la  tete 
d'une  vieiüe  femme  qui  fe  détourne  pour  ne  pas 
étre  témoin  du  meurtre  de  Ftiam  ou  d’Agamemnon, 
qui  eítfculpté  fur  un  bas-reüef  du  palaisBarberini. 
Ces  trois  marbres  font  graves  dans  Ies  Mo.iu.menti 

intíitu 

Ce  bonv.et  n'étoit  cependant  pas  un  attribuc 
exclaíif  de  la  vieiüeíTe  ; car  on  !e  voit  á une  jeune 
bacchante  fculptée  fur  un  baíEn  de  marbre  que 
T/inkelmann  fe  propofoit  de  pubiier  dans  ¡e  troi- 
lléme  volume  de  fes  Momimens  £ arai quité.  Nous 
trouvons  encore  ce  bon.net  fur  un  ;eune  & beau 
mafque  tragique  du  peíais  Albinij  fur  un  pareil 
du  palais  Lancellotci , & fur  ía  tete  de  la  ny mphe 
(Enone,  la  premiere  maitrelíé  de  París,  qui  eíi 
placée  üir  un  bas-relief  de  la  villa  Ludoviíi. 

Lorfque  les  femmes  aüoieñt  en  voyage  , ou 
qu’elíes  étoient  expofées  au  foleil , elles  portoient 
le  vileus  tkejfalicus  , le  chapeau  theffalien , fem- 
blable  aux  chapeaux  depaifle  des  femmes  de  Tof- 
cane  & de  Provence.  Ces  chapeaux  avoient  trés- 
peu  de  fond  , & ils  étoient  ordinairement  blancs , 
ainfi  que  nous  Ies  Toyons  fur  plufieurs  vafes  peints 
(^Dempji.  Etrur.  tah-,  52).  Sophocie  (íS¿.  Colon. 
^06.)  donne  un  de  ces  chapeaux  á Ifméne,  la 
plus  jeune  des  filies  d'íSdipe,  lorfeu’elie  fe  fauve 
d'Athénes  pour  reioindre  fon  maiheureux  pére. 
Sur  un  vafe  qui  appartenoit  au  célebre  peincre 
■Mengs,  une  amazone  á cheva!  combatrant  contre 
denx  guerriers , portoit  un  femblable  chapeau  re- 
jeté fur  les  épaules.  Pallas  eíi  coéífée  avec  ce  cha- 
peau fur  un  grand  vafe  de  marbre  de  la  villa 
Albani  {Monumenti  inedzti  ^ ój.),  ou  elle  pa- 

í:oít  en  chaíTereíTe,  ainfi  qifelle  eíi  repréfentée 
dans  un  hymne  de  Callimaque  {Bailad,  v.  91.)  , 
dans  la  Thébaide  (/.  2.  v.  243.),  & dans  Ariítide 
{Orat.  M-inor.  p.  2y). 

On  fait  que  les  prétreíTes  de  Cybéle  avoient 
pour  aítribut  un  chapeau.  (Tertall.  de  T aillo,  c.  4. 

P- 

Ce  qui  paroit  enfin  n^’étre  qu’une  corbeiüe  fur 
la  tete  des  Caryatides,  pourroit  bien  avoir  écé  un 
bonnet  olí  une  coéífure  de  certains  pays  Crees  j 
rar  Ies  Egvptiennes  portoient  encore  íur  ieur  tere  , 
dansleíiécledernier,  une  femblable parure. 

Obferv.  l.  2.  c,  3 3 ). 

Pour  ce  qui  eá  des  enfans'Sr  des  efclaves , 
les  monumens  reprefentent  ordinairement  Ies  pre- 
iruers  avec  !a  tete  nue.  Quant  ?.ax  feconds , il  y a 
lieu  de  croire  d^’aprés  quelques  bronzes  antiques 
publíés  par  le  ccmte  de  Caylus,  & d’aprés  une 
-des  peintures  d’nerculaniim  , repréfentant  une 
place  publique  , oü  l'on  voit  un  homme  vétu 
d'une  tunique  courte  , fans  toge  ni  mantean , 
coerfé  avec  un  boiinít  plat  & rond , que  les  efclaves 
fe  coavroient  dans  les  maifons  & dans  les  champs , 
niais  qif  ils  paroidcieni  toajours  avec  la  tete  nue 
devant  les  magiftrats,  & dans  les  cércEionies  pu- 
liques. 

^ntlqulils  ¡ Tome  l. 


B O N 


481 


Bonnet  ph-yglen  cu  Cot.xo.  Ce  bonnet , ene 
portent  ordinairement  Paris  Se  lesTrovens,  étoit 
comque , & ayoit  la  pointe  repliée  en  avant  fur 
le  fommet  de  la  tete.  Les  honnets  de  laine  rouge 
ou  bleue  qui  font  en  ufage  en  France  parmi  les 
citoyens  de  la  derniére  claíTe,  font  faits  exaCte- 
ment  comrae  le  ¿o/i.icr  phiygien,  & Icur  pointe  fe 
replie  quelquefois  en  avant  fur  le  fommet  de  la 
tete,  comme  la  íknne.  Au  reíte,  le  bonnet  phrv- 
gien  n'étoit  pas  garni  de  pendans  ou  de  jones, 
pour  Pordinaire. 

cc  Le  buíie  que  préfente  la  planche  trente -uniéme 
du  volume  iil  des  Recueiís  d’antiquités,  eíi  du 
plus  beau  travai!  grec , Se  du  caraéiere  le  plus  in- 
réreffant.  Le  bonnet  ou  corno  qu’il  porte  , mérite 
d'autant  plus  que  Pon  en  conferve  la  difpoíition  , 
que  je  ne  me  fouviens  point , dit  le  comte  de 
Caylus , de  Pavoir  vu  fur  aucun  monument,  ni 
dans  aucun  Recueil  d'antiquités.  La  forme  & Ies 
détaüs  de  ce  bonnet  font  marqués  fi  clairenrent , 
8c  d’une  faqon  íi  dillinguée , que  je  Pai  fait  graver 
fous  trois  afpeéis , pour  rendre  le  tout  plus  fen- 
lible.  On  voit  par  les  plis  de  cette  coéífure  , qu’eüe 
étoit  d’une  étoífe  fouple  & obéiílante , vraifein- 
blablement  compofée  d’un  tiíTii  de  laine  ou  á’autrc 
mariére  femblable.  L’artiiie  paroit  trop  exad  , 
pour  n’avoir  pas  marqué  la  coutare  , fi  le  bonnet 
eut  été  formé  par  un  cuiir.  Les  deax  extrémités 
ou  pendans  de  cette  coéífure  , fe  rabattoient  fous 
le  mentón,  en  couvrant  les  oreiiies,  & fervoient 
á garantir  des  injures  de  Pair.  Lorfqii’elíes  étoient 
relevées , elles  accompagnoienc  agreablement  le 
vifage.  La  maniere  dont  on  Ies  voit  attachées  & 
renouées  derriére  la  tete,  prouve  que  Partiíie  a 
fuivi  la  natiire,  & copié  avec  exaditude  Piifage 
de  fon  tems  : ufage  répété  en  grande  partie  par 
un  grand  nombre  de  nations  m.odernes,  8c  quon 
doit  regarder  comme  une  mode  génerale  8c  carac- 
tériliique  des  Phrygiens,  puilqu’en  effec  ils  avoient 
reporté  furleurs  cafques  cette  extrémité  arrondie, 
quoique  tres-inutile  á cette  arme  defenfive  53.  Ce 
bonnet  phrygien , décrit  fi  exadement  par  le  comte 
de  Caylus , paroit  étre  une  mitre  phrygier.ne , a 
caufe  des  joaes  ou  fanons. 

Au  reíte,  toas  les  bas-relieft  antioaes  qui  re- 
préfentent  des  événemens  reiatifs  á la  guerre  de 
Trole,  oífrent  aux  ardites  le  bonnet  phrygien  , ou 
corno,  müle  fois  répété.  II  yen  a plus  de  cent  duns 
le  feul  volume  de  planches  des  M.onv.rn.enü  ineiitr 
de^Finkelmann  j parce  que  ce  bonnet  uevint  pa.uii 
Ies  artiñes  grecs'un  caradére  diíiindif  des  bar- 
bares , ainfi  que  íes  chautles  longues. 

Bonnet  ou  chapean  de  Meteure.  / eyex^  Pe- 
Bonnet -d’Ulvíle.  Athenee  di-  que  la.^  vtie  a., 
ce  héros  étoit  gravée  fur  le  cacnet  ¿e  ^a.ncrate  ; 
on  la  voyoit  fur  une  pierre  anticue  de  iaco.iecuon 
du  barón  de  Stofch  , & íur  une  autre  du  cabinet  c.ii 
urand-duc.  Une  des  ítatues  de  la  vigne  Pampma 
íepréfente  UlyíTe  tenan:  une  coupe.  Dans  ra  meme 

■ Ppp 


4ti  B O N 

vigne  eílun  monument  qui  le  repréfente  attaché  au 
venere  da  bélietj  au  fortir  de  Fantre  de  Poly- 
phéme.  On  connok  une  médaille  de  la  famiÜe 
Mamilia , ou  ii  paroit  fous  la  figure  d’un  voya- 
geur  j ou  piatót  d'un  mendiant^  s'appuyant  fur 
un  loñg  báton  ^ & recevant  les  carenes  d’un 
chien ; de  il  n’y  a pas  long-tems  que  M.Neumann 
a publié  une  médaille  d Ithaque , oú  l’on  vok 
d’un  cote  la  tete  d’Ulyííe  j & de  Tautre  un  coq. 
Snr  la  plupart  de  ces  monumens ülyíTe  porte  un 
bonnet  aífez  femblable  á celui  qu’on  donne  á 
Vulcain  , & méme  á celui  des  Dioícures  ; il  a la 
forme  d’un  ceuf  coupé  par  la  moitié.  ün  auteur 
jnoderne  {Soleras  de  píleo)  a era  que  c'étoit-lá  un 
titre  de  nobleíTe , & le  fymbole  de  la  liberté. 
Seion  deux  célebres  critiques  {Meurfius , Lacón. 
& Voffias  in  Catall.)  ce  bonnet  étoit  un  des  attri- 
buts  des  perfonnes  les  plus  diñinguées  de  Lacé- 
démone  ; & Ulyífe  le  portoh , parce  qu’ayant 
époufé  Pénéiope , lacédémonienne  j il  partageoit 
toui  les  droits  des  Spartiates ; mais  toutes  ces 
conjeétures  ne  font  fondees  fur  le  témoignage 
d’aiicuri  auteur  anclen. 

Seion  Euftathej  c’eit.Apollodore  qui  le  premier 
a repréfenté  UlyiTe  avec  un  bonnet ; & , íelon 
PlinCj  c’eíi:  Nicomaque.  Peut-étre,  dit  M.  l’abbé 
le  Biond  (Defeription  des  pierres  gravees  da  p a Lais- 
royal , tome  1.  ÜLYSSE.  faudroit-il  remonrer 
encore  plus  haut ; car  on  lit  dans  Tlliade  qu’Ulyííe 
avoit  un  bonnet  fous  fon  cafque.  [lliad.  A.  41). 

Sur  un  yafe  d’argent  d’Herculanum  ^ répréfen- 
tant  I’apothéofe  d’Homére , on  voit  une  femme 
coéffée  d’un  chapean  conique  fans  retrouflis  , 
comme  on  en  donne  a Ulyífe.  Elle  croife  une 
jambe  fur  l’autre  , porte  la  main  droite  á fon 
front.  Sí  paroit  occapée  de  penfées  profondes  : 
c’elt  l’Odyíféej  felón  Winketmann. 

On  trouve  dans  la  colledion  de  Stofeh  une 
páte  de  verre  antique,  fur  laquelle  eíl  gravée 
une  rete  de  guerrier  coéffée  d’un  femblable  bonnet, 
qui  defeend  jufqu’aux  fourcüs.  Par-deíTus  ce  hon- 
net  eít  place  un  cafqn.e  garni  de  joues  & d’autres 
pié  ces  qui  couvrent  la  nuque , la  plus  grande 
partie  du  col  & du  vifage.  Le  cabinet  Farnéfe  de 
Parme  renferme  une  pierre  gravée,  fur  laquelle 
en  aioper-coit  encore  plus  diñinélement  le  bonnet 
qui  íe  mettoit  fous  le  cafque  pour  empécher  que 
fon  poids  & fa  dureté  n’en  bleflaífent  quelque 
partie. 

Bonnet  de  Vulcain.  Ce  dieu  porte  fouvent, 
comme  Ulyífe,  un  bonnet  pointu,  recourbé  quel- 
quefois  en  avant,  te!  que  nous  voyons  le  bonnet 
phrvgien. 

Bonnet  des  Diofeures.  Cañor  & Pollux  font 
tonjours  diílingués  fur  les  marbres  par  leur  hon- 
net.  Le  poete  Lycophon  {n.  yoó. ) dit  que  ce 
bonnet  des  Diofeures  reífembloit  á la  moitié  d’im 
eeuf;  & les  bas-reliefs  antiques  font  d’accord 
avec  luí.  Les  médaiües  feiiles  ajoutent  fouvent 
des  étoiles  ajes  bonnets  célebres. 


B O N 


Feftus  nous  apprend  que  les  Diofeures  font 
touiours  repréfentés  avec  la  téte  com  erte , á caufe 
de  l’ufage  qui  régnoit  dans  la  Laconie,  leur  pa- 
trie. Les  Lacédémaniens  marchoient  toujours 
ainfij  fur-tout  dans  les  combats  : PiUa  Cafiori 
& Polluci  dederunt  anüqai  , quia  Lacones  fuerunt 
quihus  pileatis  pugnare  mos  efl. 

On  voit  un  bonnet  fur  les  médailles  des  Mamer- 
tins.  Quant  aux  bonnets  des  Diofeures  li  recon- 
noiííables  par  les  étoiles  dont  iis  font  ordinaire- 
ment  furmontés . voyez  plus  haut  leur  arricie. 

Bonnet  pontifical.  Voye:^  Apex. 

BONOSIUS,  tyran  dans  les  Gaales  fous 
Probas. 

Q^uintus  Bonosius  Ausustus. 

Les  médailles  de  Bonojius  ne  font  connues  que 
dans  le  Recueii  de  Goitzius. 


Bonum  faclum.  On  ajoiitoit  chez  les  Romains 
ces  deux  mots  á la  fin  des  édits , comme  étant  de 
bon  augure , & on  les  indiquoit  par  les  figles  b.  f. 

BONUS  Eventus  , bon  événement.  Nous  trou- 
vons  fouvent  fur  les  médailles  impériales  grec- 
ques  & latines  ce  dieu,  qui  eft  toujours  repréfenté 
de  la  méme  maniere  & avec  les  mémies  attributs; 
c’eft-á-dire j nud,  debout,  tenant  d’une  main  une 
patére  , & de  l’autre  des  épis  avec  des  pavots. 
II  fut  adoré  dans  la  Gréce  fous  la  dénomination 
de  diea  bon,  TON  a F AGON  5 comme  on  le  voit 
fur  une  médaille  frappée  á Ephéfe,  & rapportée 
par  Vaillant  {Num.  Gmc). 

Le  feul  monument  oú  ce  dieu  foit  repréfenté 
vétu,  eíl  une  médaille  de  Pefeennius  Niger,  rap- 
portée par  Patín. 

Le  dieu  Bonus  Eventus  annonce  par  Ies  fruits 
qu’il  porte  ordinairement , & par  la  come  d’abon- 
dance  qu’il  cient  fur  une  pierre  gravée  de  Stofeh, 
¡a  proteélion  qu’il  accordoit  aux  laboureurs  & 
aux  vignerons.  C’étoit  auífi  un  des  douze  dseux 
Confentes,  proteéleurs  des  habitans  des  campa- 
gneSj  felón  Varron  {de  Re  ruftied  i.  1).  Catón 
nous  a confervé  la  priére  qu’on  luí  adreífok  , & 
par  laquelle  on  le  íupplioit  de  faire  croítre  & prof- 
pérer  les  fruits,  les  grains,  les  vignes  8c  les  bois 

{de  Re  ruftka)  ; Uti  tu  fruges  , frumenta  , viñeta  , 
virgultaque  grandire  , beneque  tvenire  finas.  H 
roit  d’aprés  ce  paífage  de  Feñus  {Panibus^  redimi- 
bant  caput  equi  immoLati  idibus  oSohris , quia 
facrificium  fiebat  oh  frugum  eventum) , que  Ion 
facrifioit  dans  Ies  campagnes  un  cheval  au  metí 
Bonus  Eventus , le  jour  des  ides  d oclobre. 


II  recevoit  aufít  des  hommages  dans  Rome  , 
car  Pline  ( 34.  8. ) dit  que  Fon  y voyoit  une  de 
fes  ílatues  qu’Euphranor  , habile  fcuipteur  , y 
avoit  faite.  _ 

On  diftinguoit  la  Fortune,au  dieu  Bonus  Eventos, 
en  ce  que  celui-ci  étoit  uniquement  Fetnménie 
des  bons  fuccés;  tandis  que  la  Fortune  eioi»  r 
ponfable  des  bons  & des  mauvais. 


B o R 

BOOPIS,  Junon  ?toit  ainfi  appelée  á caufe  áe 
fes  grands  veux.  Boopis  eft  formé  de  fiSf,  bosuf. 
Sí  de  s regaré.  Sí  il  vouloit  dire  j déefíe 

aux  veux  de  bceuf. 

BÓOTES  Olí  le  Bouvier , confteUation  voiíine 
du  póle  aréirique  , au-deíTous  de  ia  grande  Ourfe. 

On  l’appelle  encore  Arciophylax , c’eñ-á-dire, 
Gardien  de  r Ourje ; parce  que  I’étoiie  principa'e 
de  cette  conílellation  fuit  Tourfe , comme  íi  elle 
ia  gardoit  á vue. 

Des  poetes  ont  dit  que  Bootks  étoit  Icare  , 
pére  dTrigone  ( Voye^  fon  arricie)  j que  Júpiter 
avcit  place  dans  le  cicl.  D’autres  le  prennent  pour 
Arcas,  fils  de  Calillo.  (Foyej  fon  arricie). 

BORDURE  des  habits.  Les  tuniques  & Ies 
jnanreaux  des  femmes  étoient  ordinairement 
chargés  de  bordares  qui  en  fuivoient  les  contours 
extérieurs , comme  Ies  galons  des  modernes.  Ces 
bordares  étoient  appe’ées  par  les  Grecs  xi^a. , 
jcaxAíí  , TCífmobr'út , , KíiácrnsJí»  ; & par  les 

Latins , fafcU , limbos . Leur  matiére  la  plus  ordi- 
naire  étoit  la  pourpre , qui  ornoit  auííi  Ies  habits 
des  hommes  chez  les  Etrufques  & chez  Ies  Ro- 
snatns  ( Buonar.  Explic.  ad  Demft.  Etr.  p.  6o. ) , 
{JEneid.  v.  2.J0.)  : 

ViHori  auratam  chlamydern , qu.a.m  plurima  circom 
Turpura. 

Suétone  dit  que  Caligula  (c.  17.  «•  J.)  dillribua 
des  bordares  de  cette  étoffe  aux  femmes  & aux 
jeunes  gens  levétus  de  la  prétexte  : Pueris  ac 
feminis  fafcias  purpura. , ac  conchylii  diftribuií. 
Soit  que  ces  bordares  fiiíTent  de  pourpre  ou  de 
toute  autre  étoífe  , elles  étoient  ordinairement 
d’une  autre  couleur  que  Fhabit  auquel  elles  fer- 
voient  d^ornement ; ce  que  Virgile  & Stace  ont 
exprimé  par  limbus  picius  dans  les  vers  fuivans 
{Maeid.  ir.  137.)  : 

Sidoniam  pillo  chlamydern  circumdata  limbo. 
ITheb.  rr.  367.)  : 

Et  pillo  difiinguit  peliora  limbo. 

Quelques  philologues  ont  cru  que  ces  bordares 
étoient  défignées  aulfi  chez  Ies  Latins  par  le  mot 
lacinia;  mais  on  verra  á fon  arricie  qu’il  exprimoit 
le  bas  ou  le  bord  de  la  toge  8c  du  manteau , fans 
aucune  relatton  á la  bordare. 

Les  liabiilemens  des  femmes  étoient  ornés  par 
le  bas  d’une  ou  de  pluíieurs  raies  (ou  bandes)  de 
diverfes  couleurs.  On  en  voit  une  feule  á une  des 
figures  peintes  du  tombeau  de  Cellius , & deux  a 
une  des  Mufes  de  la  TVoce  Aldobrandine.  La  robe 
de  la  figure  de  Rome  confervée  au  palais  Barberini , 
eíl  ornee  de  trois  raies  rouges,  chargées  de  fieurs 
blanches.  Qnelqnes  figures  dans  les  peintures 
¿’Herculanum  portent  des  draperies  décorces  de 
quatre  raies.  tne  llatue  de  Diane  du  plus  ancien 


B O R 4S3 

fiyle  , confervée  au  cabinet  d’Herculanum,  eíl 
couverte  d’ur.e  draperie,  fur  lacuelle  font  peintes 
pluíieurs  raies. 

pn  peut  dire  qu’en  général  I’ornement  ordi- 
naire  qui  formoit  la  bordare  des  habits  de  femmc 
8c  d homme,  ecoit  traité  d' une  maniere  tacile  & 
expéditive.  Quelques  vafes  étrufques  nous  ofifrent 
cependant  quelques-uns  de  ces  ornemens  des  bor- 
dares , qui  annoncent  un  travail  mieux  fini  & un 
goUt  plus  délicat.  Le  plus  agréable  de  ceux-lá 
paroit  avoir  éré  le  Méandre  dont  parle  une  épi- 
gramme  de  FAnthologie  [l.  6.  c,  8.  ep.  17.  18.), 
& qui  décore  aufli  le  vétement  d^’une  figure  étruf- 
que  de  bronze.  {Buon.  Ojf.  fop.  ale.  Medagl.  pag. 
98).  Les  bordares  des  habits  font  quelquefois 
chargées  fur  les  vafes  étrufques  de  petits  carreaux 
colorés  diverfement,  reís  que  ceux  d’un  damier, 
& quelquefois  aufli  d'enroulemens  formes  comme 
les  pampres  de  vigne.  Les  Monumenti  inediti  de 
Winkelmann  renferment  (n°.  99)  un  vafe  dont  le 
deffin  repréfente  Théfée  & Ariane.  Cette  prin- 
ceíTe  porte  une  draperie  bordée  depuis  le  fein 
iufquaux  pieds  d’une  bando  de  couleur  foncée, 
& chargée  dans  toute  fa  longueur  de  traverfes 
femblables  á des  boatonniéres. 

BOEÉADES,  noms  patronymiques  de  Zéthe» 
' & Calais , fils  de  Roréí.  Hvgin  (pé.  ditqtfils 
avoient  la  tete  8c  les  pieds  aiiés.  lis  portent  fira- 
plement  des  ailes  aux  épaules  fur  une  páre  antique 
de  la  colleélion  de  Stofeh,  oü  ils  chaíTenr  á coups 
de  fleche  les  redoutables  harpies.  "W'ilde  (tab.  7. 
n.  I.)  a cru  recoanoitre  la  tete  ailée  qui  eíl  gravee 
fur  une  médaille,  pourxelle  de  Calais. 

BORÉ ASMES , fétes  en  Thonneur  de  Boréc  ; 
célébrées  par  les  Athéniens  & les  Mégalopolitains, 
Voyez-en  Torigine  á rarcicle  Borée. 

BORÉE  eíl  pris  ordinairement  pour  l’nn  des 
quatre  vents  cardinaux  ; c^ étoit  un  dieu  fils  d'Af- 
trée  & d'Anrore.  Son  nom  déligne  toujours  le 
vent  du  nord;  & les  poetes  Grecs,  relativement 
á la  fituation  de  leur  pays,  avoient  fixé_  fon 
fiége  dans  la  Thrace.  Mais  les  Latins , qui  onc 
copié  les  Grecs  , n’ont  point  fait  attention  que  ia 
Thrace  eft  au  nord-eft  de  ITta!p,_8¿:  Rs  ont  tou* 
jcurs  donné  au  vent  du  nord  Fépithéte  de  Thra- 
cien. 

Borée  avoit  des  temples  & des  facrifices  réglés. 
Voici  les  différens  événemens  qui  occa fio nne rene 
ce  cuite-  Les  habitans  áeThurium  ay’ant  été  dé- 
livrés  dmn  stand  péril,  par  une  tempére  qui  ruina 
la  flotte  de  Denis-Ie-Tyran,  leur  ennemi,  oflFrirent 
des  facrifices  a Borée , qai  avoit  fait  ce  ravage , & 
lui  conférétent  la  bourgeoifie  de  leur  ville.  íls  luí 
aílianérent  une  maifon , avec  un  revenu  fixe  , & 
célébrérent  tous  les  ans  une  fére  en  fon  honneur. 
Lorfqu'Asis,  rni  de  Lacédémone,  aífiégeoit  la 
vs'le  des  MésalopoKtains,  fes  machines  battoient 
liVilie  avec  tañí" de  forcé,  que  la  breche  eut  fans 
doute  été  forr  grande  dans  l’efpace  d’une  niiit^  ü 
Borée  n’eút  renverfé  la  machine  de  ion  fouínc. 

?p  p 


4S4  B ó R 

Les  Mégalopolirains , en  reconnolííánce , lui  con- 
faciérent  un  temple  , ou  ils  iui  offroient  des  facri- 
Sces  un  certain  jour  áe  Tannée ^ appelé  Boréafrm; 
Se  il  n'y  avoit  p oint  de  diviqité  qu’iis  lacnoraíTear 
plus  que  lui.  Lorfque  Xeraés  marchoit  comre  les 
Giecs,  fa  flotte.  aborda  la  cote  de  Magnéíie.. 
L’'orac!e  ordonna  aux  Athéniens  d^appeler  leur 
gendre  á leur  fecoms;  iis  invoquerent  Borée , 
qui,  ayant  époiifé  Orithye  ^ filie  d'Eríchthéej 
leur  roi fut  dans  cct  iníiant  regardé  comme  leur 
gendre.  Ils  lui  adre'Terent  des  priereSo  luí  offiirent 
des  vjciüines & la  flotte  fet  diíTipée.  Ces  mémes 
A-th-'n^ens  P.rent  batir  un  temple  á Bo.  ée,  fur  les 
bords  de  i’íUiíFé  . riviére  de  TAttique.  lis  crurent 
que  le  meme  dieu  avoit  deja  fait  périr  la  flotte 
des  Perfes  , prés  du  morit  Athos.  On  juroit  á 
Aíhén.es.  p.tr  la  divinité  de  Borée  Pon  y célé- 
brott  fes  fétes^,  appelées  Borédfmes , avec  beau- 
coitp  de  folemnité  j & en  faifant  bonne  chere. 

Quoique  pere  des  frimats  & des  giaqonSj  Borée 
n^'en  étoit  pas  moins  feníiWe  aux  traits  de  Pa- 
mour.  II  aima  , difoií-on . les  cávales  dTrichtho- 
niuSj  fe  déguifa  fous  la  figure  d’un  chevalj  6c  en 
eut  douze  poulains  li  légers  á la  courfe^  qudls 
gaíopoient  fur  les  moiíTons  fans  les.endommager. 
li  enleva  Chlorisj  filie  d'Arclurus,  la  tran-fporta 
fur  le  mont  Niphate , appelé  depuis  le  iit  de  Borée  , 
8c  ii  en  e,ut  un  fiis , nommé  Haycax, ; d’autres 
diíent  que  ce  fut  une  filie-;,  nomrnée  Hyrpace.  Le 
mont  rs’iphate  fut  enfuite.  appelé  Caucafe.  f^oye^ 
Caucase. 

Ce  vene  étoit  furieux  quand  une  belle  lui  ré- 
fiftoit.  Epris.  un  jour  des  cbarmes  de  la  belle  Pi- 
thys  5 il  ñn  qa’'elle  lui  préféroit  le  dieu  Pan..  Jaloux 
de  cette  preférence^  & la  trouvant  feale  un  jour  j 
ii  l’enleva  & la  jeta  contre  un  rccher^.  avec  une 
t.elle  viole.ncp , qiPelIe  fut,  entiérement  brifée. 

Le  plus  célebre  de  tous  fes  exploits  ampureuxj 
eft  Peniévement  d’Orithye^  filie  dTreakée , roi 
d’Athénes.  II  en  eut  cínq  enfansj  dont  on  fait  Ies 
nomsjChione;,  Chtonie^  Cléopátre^  Zéthés  & 
Calais.  (Voye?  toas  ces  noms).  íiy  a des  autears 
qui  nomment  íes  trois  fflles  Aupis,  Loxo  & He.r- 
caerge ; 8c  ilsdifent  qu’eiles  portéfent  des  oíFrandes 
3 Pifie  de  Délos. 

L"en!éyeme.tit  d'Orythie  étoit  gravé  fur  le  fa- 
ínaux  coffre  de-  Cjpfelus  {Paufan.  JEUac. ) , Se 
Borée  y étoit  reprefenté  avec  des.queues  de  fer-. 
pent  au  lieu  de  jambes  & de  pieds.  On  voyoit 
auffi  fur-  ce  coffre. Phinée,.  roi  de  Thr-ace,  & ks 
lis  de  -Sor/í  chafíbient  Ies  harpieSj  qui-infeéloient 
íes  viandes  de  ce  roi.  Parmi  ¡es  vents  qui  font 
fculptés  a Athénes  fur  la  Tour-des- Vents  j,  on 
voit  Borée  repréfenté,  fous  la  figure  d’un  jeune 
biomme  avec  des  ailes,  des  cothurneSj  §e  enve-. 
ípppant  fa  tfte  dans  fa  draperie. 

BORGHESE  (Génie-).  V'oyez.  Génie. 

BORGION.  Vóyer  Albion. 

(íoy.  8.  TkeC.  infer.)  rap- 

porte  * infcnpuoa  üiivaíise  írouYée  á Bourbonne 


B O S 

en  France  ; il  y eft  fait  rrention  d’un  dieu  Borvo  ' 
cont  le  cuite  a pu  faire  nomir.ex  Pendroit  ofi  Pinf- 
cription  a été  trcuvée : 

BORVONI  TO 
MONAE.  C.  LA 
TINIUS  RO 
Í.ÍANUS  IN 
C.  PRO.  SALU 
TE  COCILIAE 
FIE.  C.  EX.  VOTO 

EORYSTHÉNE , nom  da  cheval  d’Hadríe&. 
Ce*  empereur  Parmoit  beaucoup;,  ne  fe  fervoit 
que  de  lui  pour  la  cbaíTe.  Aprés  fa  mort  il  lui  fit 
batir  un  tombeaU;,  8c  il  compofa  les  vers  fuivans 
a fa  louange : 

Boryflhenes  Alanus 
Csfareus  vtredus  y 
Per  &quor  & paludes 
Et  tumulos  Etrufeos. 

Volitare  qui  folehat 
P armonios  iii  apros  y 
Nec  ullus  infequentem 
Dente  aper  albitanti 
Aufus  fait  nocere  y 
Vel  extimam  faliva^ 

Sparfit  ab  ore  caudam  ^ 

Dt  folet  evenire  : 

Sed  integer  juventá  y 
Inviolatus  artus  y 
Die  fuá.  peremptiLs 
Hoc  fttus  efi  in  agro. 

BOSPHORE.  Les  rois  du  Boífkore  iontoQ 
a des  médailles  font;  ’ 

Afander. 

Sauromates  I.. 

Cotys  I. 

Sauromates  IL 
Cotys  II. 

Rhefcyporis  I. 

Rhoemetalces. 

Eupator. 

Sauromates  III. 

Rhefcyporis  IIL 
Thothorfes. 

Rhefcyporis  V.  Vóyey^  léurs  articíés. 

BOSTRA  y en  Arabie.  boctpac  & boctpíiw» 
Oh  a des  médailles  imperiales  grecques  de  cette. 
ville frappées  en  Phonneur  d'Augnite , de  Cqm- 
mode,  deCaracallaj  de  Sep.t.-Sévéiei,d'AníoxiiBa- 
de.  Fauftine  mere. 


B o T 


Devenua  colonia  romaina  fous  Alexandre- 
Severa;,  cetra  villa  fit  frapperdas  médaiüas  latines 
en  I honnaur  de  ce  princej  de  Mamée  , des  deux 
Philippes^  de  Trajan-Dece  , avec  la  légeade  colo- 
ría ROSTRA  & COLORIA.  R.  sosiRA;  coloiúa 
nova  , & non  nervic.  Boflra. 

BOTANO-ÍANTIE,  art  de  prédire  iavenir 
par  le  moyen  des  végétaux.  Ce  mot  eñ  compofé 
du  grec  ^¡rair,  j kcTbe  , & ae  j divinaúon. 

Pour  pratiquer  cetra  divination  ^ on  écrivcit  Ies 
noms  & les  queftions  de  ceax  qui  vanoient  con- 
fulter  Toracle  ^ fur  des  feuiíies  de  végétaux  expo- 
Tees^  au  vent.  Coríque  le  roufHa  das  zéphirs  en 
avoit  emporré  une  partie  ^ on  formoit  des 
jT.ots  avec  íes  lettres  qui  étoient  reítées  j & 
oes^  reponfes  avec  cas  mots,  Les  végétaux  qui 
étoient  empioyés  le  plus  foiivent  á cette  diví- 
nation,  étoient  la  bruj'ére  confitcrée  á Apolion  , 
qui  preíidoit  aux  oracles  j le  figuietj  qui  doana 
fon  nom  , á cette  efpéce  de  Botano- 

man-tie-,  laverveine,  la  lauge,  &c. 

BOTRYS  j dans  ia  Phenicie.  BOrPYH?í£2M. 


Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
nales grecqties  en  rhoiineiir  dTlagabale. 

EOTTES.  Uon  défigne  aujourd’hiii  par  ce 
mor,  une  chauíTure  qui  embraífe  le  pied^  la  jambcj 
& fonventauSi  le  genou.  Dans  ce  íéns , il  eír  im- 
poíTible  d’appeier  bcttes  ce  que  Ies  Grecs  nom- 
moient  , & les  Latins  ocfetí  ou  campagus. 

Les  Crees  ne  donnoient  ce  nom  qira  des  chauf- 
Lires^Csdl  eñ  permis  de  parier  ainíi)  de  méta!  3 
manére  qui  excluí  par  ía  dureté  & fonpoiaSj 
toute  couverture  du  pied  & da  genou.  Quant  aux 
ocreLÍz  au  campagus  des  Latins  ^ aucun  monu- 
ment  antique  aucun  texte  ancien  ne  nous  les 
oíFre  couvrant  a la  fois  le  pied  & la  jambe , & 
encore  moins  le  genou.  C'eñ  pourqiioi  Farticle 
des¿£)«eí\eñ  ici  remplacé  par  celiii  des  Bottines. 
Voy e^ct  mot. 

BOTTIENS  (les),  peuple  de  Tiñe  de  Cxhc, 
étoient  une  colonie  des  Athéniens.  íls  célébroient 
tous  les  ans  des  fétes  en  mémoire  de  ieur origine;, 
& les  filies  fe  difoient  ces  jours-la  Tune  á l'autre  : 
Allons  a Athenes , la'.tísv  th  AB-has.Ces  íétcs  étoient 
^PpfileeS  Semeetm  hfBi;. 

BOTTINES.  Nous  comprenons  fouscet  anide 
tout  ce  qui  peut  avoir  tena  lieu  de  bottss  aux  an- 
ciens.  Voyez-en  les  raifons  au  mot  Bottes.  Ces 
objets  peuvent  erre  claffés  fous  deux  chefs  diffé- 


rens : les  ¿oííi/zíj  ferméeS;,  que  nousappelons  au- 
jourd'hui  brodequlns ; & les  bottines  ouvertes  dont 
1 ufage  étoit  ordinaire  chez  Ies  foldats  Grecs  & 
Romains. 


Bottines  ferméeSj  Bro_dequ:ns  modernesi 
Cette  chauíTure  appelée  par  les  V-íúns-aluta,  étoit 
une  petite  botte  de  cuirde  cncvxt , pellis  caprs  , 
qui  couvroit  tout  le  pied  Se  fa  cheville  jufqdau 
sioiletj  ou  dle.íiniiTcit.  Ls.-noxn  d’tí/í»rij  exprúme. 


B O T 


485 


a maniere  dont  elle  tenoit  á la  jambe  par  fa  feale 
jupejje_^  fans  courroies.  Aluta  eñ  comoofé  de  i 3 
privatif  &^e  'Ao,  j'attache qui  fait  On  nV 
volt  en  eiret  aucune  courroie  ^ aucun  lien  , ñír 
les  monumens  antiques  ; les  acleurs  portoienr  de 
femolables  cnaufiures  , Se  les  foldats  aufíi,  comine 
on  le  volt  fur  la  colonne  trajanne.  OviJe  en  re-- 
commande  iuiage  pour  cacher  les  déíauts  d'u»- 
pied  mal  conformé : 

Pes  malus  in  nivea,  femper  aletur  aluta. 


Les  officiers  des  troupes  roraaines  portoient  des 
bottines  fermées,  qui  s'attachoient  avec  des  cour- 
roies croifées  fur  les  jambes,  appelées  campagus , 
6e^  qui  reíTembloient  parfaitemenr  aux  brede- 
quins  dont  fe  fervent  aujourd'hui  les  aéleurs  rra- 
giqu-es. 

Bottines  ouvertes- Armure  des  jambes,. 
Jamsarts,  CuissARTS,  Sec.  On- a donné  ces- 

divers  noms  a des  efpeces  de  bottines  que  por- 
toient les  cavaliers  Se  qu’iis  quitroient  avánt  d'en- 
trer  dans  ¡es  vilies.  Sidoine  en  parle  en  ces  rermes.í 
alii  explleandis  ocrcarum  nexibus  irnplicaatur.. 
(Lib.  5.  ep.  -■). 

Elles  confiftoient  en  une  plaque  de  m-érai  qui 
couvroit  le  devant  de  ia  jambe.  Se  s'attachoirpar- 
derriere.  1 elles  font  Ies  bottines  de  cartón  que  Fon 
met  aujoardhu!  peor  défendre  les  jambes  de  !a 
trop  grande  ardeur  du  feu  des  cheminées.  On  voit 
ces  bottines ^ fufpendues  á plufieurs  trophées  , ou 
elles  ont  été  pnfes  quelquefois  pour  des  bouciiers 
iongs.  Le  mufeum  de  Montemoüini  á Péroufe, 
en-  renferme  une  de  bronze.  M.  le  chevalier  de 
j _qui  a rapporté  d’Itaüe  en  France  une  belle- 
colleétioa  de  vafes  étrufques  avec  d'autres  anti-- 
ques  précieufes  , pofséde  deux  de  ces  bottines  ou- 
vertes de  bronze  , parfairement  relfemblantes  á-- 
celles  qui  pendent  aux  trophées. 

Le  comte  de  Caylus  regardoit  unecornaüne  de' 
fa  coiieétion,  córame  un  des  beaux  monumens"^ 
qui  nous  reñent  des  étrufques.  Gori  Favoit  fait 
graver  , ( Muf.  Etruf.  i.pl.  cxix.  n°.  i i.  ) mais- 
Fempreinte  quh!  en  avoit  pubüée,  n'étoit  pas- 
exaéte.  Elle  repréíénte  Achilie , dont  le  nom  eñ 
écrit  fur  la  pierre  en  caracteres  étrufques.  II  tie.nt- 
d'une  mainfori  bouciier,  & de  Faurre  une  efpéce 
áe  bottine  qui  ferveit  á couvrir  le  devant  de  la 
jambe.  II  eñ  certain  que  cette  piéce  entroit  dans 
Farmure  des  anciens-,  & qu'Homére  Fa  fouvent: 
défignée  par  un  tenue  que  les  traduileurs  rendent- 
ordinairement  parceluideraz/Tiv.  Ce  poete  voa- 
lant  peindre  Achiile  qui'  fe  prepare  á vengér  la- 
mort  de  Patrocle,  dit  que  ce  héros  prit  fa  beFe' 
ckaujfure  & Fattacha fur  ücs  jambes  avec desagraffes- 
d'argent.  Si  Fon  veut  jeter  les  yeux  fur  la  planche' 
XXXI.  n'^’.  I.  da  I.  voiame  du  recucil  pablié  par' 
ce  favant  comte,  on  remarquera  que  les  bottines^ 
étoient -efiecLvement  retenues  gar  des  coarrokf-j> 


4SÓ  B O T 

& fans  doiite  par  desagraíFes.  Ces  hottlnes  étoianr 
cccnmunément  de  cuir  de  bceufj  & quelquefois 
de  cuivre.  Voici  le  paffage  d'Homére;  f liv.  19. 
tradiLC.  de  Mme  Dacier. ) 

cc  Achiile , plein  de  rage  & d’imp^tience  ,-prend 
M les  armes  que  Yuicain  lui  a faites.  11  met  les 
cuijfarts , couvre  fa  poitrine  de  fa  cuirafle  étin- 
celante , prend  le  baudrier  d'oú  pend  fa  redoii- 
table  éfée , & charge  fon  bras  de  ce  bouclier 
impenétrable , qui  jette  une  ciarte  pareiilc  á 
» ceíle  de  Taítre  de  la  nuit. . . . Achille  s’eíTape 
" fous  fes  armes  pourvoiríi  elies  lui  fonc  propres, 
» Se  li  fon  .corps  fouple  conierve  toute  fa  li- 
3»  berté.  ^ 

ün  fcarabée  d’agathe  grife  , rayé  de  blanc  , de 
la  colleélion  du  méme  favant , {R.ccueíl.  il.  y/.  28.- 
4®.  5.)  repréfente  encore  Achille  ^ du  moins  felón 
les  carañéres  bien  conflammenr  écríts  du  temps. 
Ce  héros,  environné  de  fes  diferentes  armes  ^ 
prend  celles  qui  devoient  couvrir  fes  jambes.  C"eít 
précifément  le  méme  fujet  dontil  avoicfait  men- 
tion  dans  le  premier  volume , mais  la  compoñíion 
en  eíl  abfolument  différente. 

On  trouve  jufqif  á trois  fois , dans  la  feale  col- 
leétion  du  barón  de  Stofch , Achilie  qui  met  fes 
hottines  ou  fon  armure  des  jambes. 

Les  héros  grecs  commencoient  á s’armer  par 
ces  piéces , & c’eft  ce  que  pratique  Agamemnon 
dans  Tiliade.  (A  17.  i&’iT.  13X.)  Achilie  paroít 
dans  cette  attitude , fur  un  bas-reltef  de  la  vilie 
Borghéfcj  oú  un  efclaveagenouillé  lui  chauíTe  une 
feule  bottine.  Quoiqu’Homére  parle  toujours  da 
cette  partie  de  l’armure  au  nombre  pluriel,  {xr^iu.lé' -í) 
ce  marbre  eíl  conforme  á I'ufage  des  íiécics  pofté- 
rieurs  , ou  Ies  Romains  ( Arrian,  tacl.  p.  13.  ) Sí 
les  Grecs  eux-mémes  (Mízcroi.  Sízrarra.  liv.  5.  c. 
i8. ) ne  portoient  quhine  feule  bottine.  Les  Eto- 
liens , felón  le  Scholiafte  á’Euripide  , ( Brod. 
Mifcel.  liv.  3 . c.  8. ) la  plaqoient  á la  jambe  droite 
áe  les  Samnites  á la  gauche,  f Liv.  l.  9.  c.  40.  ) 

Le  tombeau  du  gladiateur  Eaton  , célebre  par 
Ies  funérailles  fomptueufes  que  lui  fit  Caracaila  , 
&qui  elt  placé  dans  la  ville  Panfiiij  repréfente 
cet  athléte  armé  d'une  épée , d’un  bouclier  Se 
d’une  feule  bottine  á la  jambe  gauche.  Cette  ar- 
mure eít  placée  fur  ledevant  de  la  jambe  , 8c  liée 
par  derriére  avec  des  courroies.  On  volt  une  fem- 
blabie  armure-,  placée  fur  lámeme  jambe,  aux 
figures  de  Caítor  Se  de  Pollux , ces  deux  héros  ii 
célebres  dans  la  gyinnaftique  , peinrs  fur  un  vafe 
de  terre  cuíte , Se  a celles  de  deux  giadiateurs 
peints  fur  une  lampe  de  méme  raatiere.  L’athléte 
avan(joit  le  coré  gauche  quhl  couvroit  avec  le 
bouclier ; mais  11  lalífoit  aiors  la  jambe  gauche  dé- 
couverte  ; ce  qui  motivoit  I’ufage  de  la  bottine. 
Quant  au  flanc  droit,  il  étoit  retiré  enarriére.  Se 
ía  jambe  droite  étoit  garnie  d’une  légéredéfenfe, 
beauconp  moins  forte  que  la  bottine  que  l’ou  ap- 
per^oit  au  gladiateur  Eaton. 

Les  hottines  ouvertes  par  derriére , font  tres 


B O T 

viíihles  á un  foldat  fculpté  fur  un  tombeau  ave* 
une  épitaphe,  dans  Murarori.  (dcccxl.  j.  ) 
il  ne  s’eít  confervé  á Reme,  qu’une  feu'.e  ftatue 
avec  ces  bottin.es  ; elle  eft  dans  la  viile  Borghéfe. 
Le  pare  de  Verfail'es  en  renferme  une  feconde 
qui  eft  placée  auprés  du  canal. 

Le  comte  de  Caylus  a pubiié  { Rec.  ni.  p¿.  xa. 
n°.  2.)  une  petite  figure  de  bronze^qui  porte  auííí 
des  bottines  ouvertes. 

Dans  la  colieétion  des  pierres  gravées  de  Stofch, 
on  en  volt  trois  fur  lefquel’es  i’amour  eft  repré- 
fenté  fe  mettant  les  hottines  ouvertes ; Se:  Énée  • 
paroít  dans  la  méme  attitude  , fur  une  prime  d’é- 
meraude  de  cette  riche  colleólion, 

Ces  monumens,que  nous  avons  recueillis  avec 
rant  de  foin  &c  que  nous  indiquons  avec  tant  de 
profufion,  étoient  néceíTaires  pour  entendre  les 
paíTages  des  anciens  écrñ'ains,  relatifs  á ces  bot- 
tines. Leur  nombre  a varié  : tantót  on  en  portoit 
deux,  & tantót  une  feule.  Homére  en  parle  tou- 
jours au  pluriei , KTapúSa  ,•  Tite-Live  dit  aufli : (L'á. 
I.  43.)  Arma  his  imperara  , galea  clypeus , ocres., 
lorica,  om.nia  ex  sre.  Pluíieurs  marbres  nous  ¡es 
montrent  toutes  Ies  deux.  Souvent  les  écrivains 
grecs  & latins  ne  font  mention  que  d’une  feule 
bottine  ; tei  eft  Foíybe,  ( Lih.  6. 21 .)  tel  eft  Yégece, 
( I.  20.)  P edites  feutati  etiam  férreas  ocreas  in 
dextris  crurihus  cogebantur  accipert.  Tel  eft  Tlte- 
Live  : ( 9-  40.  ) Sinifirum  crus  ocrea  teólum  , líe, 
Cette  ¿oíízYe  s’offre  auííi  quelquefois  feule  á nos 
yeux,  fur  Ies  marbres  Se  fur  les  pierres  gravées , 
& elle  y eft  placée  , tantót  fur  la  jambe  droite  , 
& tantót  fur  la  gauche. 

Quant  á la  matiére  de  ces  hottines , celles  dont 
parlent  Homére  Se  Héfiode  , ( Seat.  Hercul.  ) 
étoient  de  cuivre  ou  d’étain.  Végéce , cité  plus 
haut , fait  mention  de  bottines  de  fer ; Se  Virgiie, 
(Mneii.  vil.)  decrit  des  bottines  d’argent. 

L’étude  des  monumens  nous  apprend  une  par- 
ticularité  relative  á ces  bottines  o^ivertes , dont 
les  écrivains  ne  font  point  mention  : cjeft  ae  les 
voir  quelquefois  placees  fur  le  derriere  de  la 
jambe. 

Sur  une  fardo ine  de  la  colleclion  de  Srofcltí 
on  voit  Caítor  Se  Pollux  qui  ont  chacun  le  gras 
d’une  jambe  armé  d’une-  plaque  ou  bottine,  tun- 
dís que  ledevant  de  cette  jambe  eft  nud.  Un  fo-oat 
de  bronze  , d’iin  pied  de  hauteur,  qui  étoit  dans 
le  ca'oinet  da  collége  de  S.  Ignace  a'Rorne,  oiiroit 
la  méme  íingularité.  On  voyoit  par  derriére  ,1  «- 
mure  de  la  jambe  qui  reftoit  nue  par  devant.^ 
figure  étoit  venue  de  Sardaigne  avec 
bronzes  auííi  íinguliers  , qui  ornoient  la  mem 
colleélion.  ^ 

EOTTKEA , en  Macédoine  , bottaicS  « 
BOTTIAIfiN  & BOTTEATON.  ^ 

Les  médailles  autonomes  de  cette  viUe  ion 
BRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argenta 


BOU 

Leurtvpí  ordinaire  eñ  an  cheval  paiíTant. 

BOLC.  Ctt  animal  éroir  en  grande  venérarion 
chez  Ies  habitans  de  Mendés  en  Egypre ; & en 
general  Ies  Egyptiens  a'immoloienc  jamais  de 
houcs,  parce  qu’iis  reprcfentoient  íeur  dieu  Mendes 
ou  Pan,  avec  la  face  & les  jambes  de  houc.  Sous 
le  í'ymbole  de  cet  animal  lafcif , iis  adoroient  le 
principe  de  la  fécondité  repandu  dans  toute  la 
ñatiire  , & exprimé  par  le  dieu  Pan.  Mais  chez 
les  Grecs,  on  imriKjloií  le  bouc  á Bacchus,  parce 
oue  cet  anima!  ravage  les  v¡gne«.  Le  houc  éroic  , 
dans  !espein:ures,]a  montare  ordinaire  deVénns. 
La  V enus  popuíaire  étoit  rcprcfi.  ntée  montee  fiir 
un  bouc  terreílre,  dit  Paufanias,  Se  la  Venus  ma- 
rine le  faifoit  porter  fur  les  ondes  par  un  bouc 
marin. 

Le  bouc  étoit  la  vicíime  que  Ton  promenoit 
autour  des  vignes,  des  preífoirs,  & que  Pon  im- 
moloit  au  dieu  du  vinj  & comme  latragédie  naquit 
chez  les  Grecs  pendant  Ies  vendanges , le  bouc 
devint  la  récompenfe  du  poete  qui  méia  le  premier 
aux  louanges  de  Bacchus,  ceiles  deshéros.  Horace 
rappelle  , dans  fon  are  poétique  , ( k®.  220.  ) ce 
prixdécerné  au  plus  habile  des  poetes  rragiques: 
Carmine  qui  trágico  -vitem  certaviz  oh  h.ircum. 

Le  cifeau  des  artiftes  grecs  a renda  plulieurs 
houcs  célebres  On  voyoit  entf  autres  á Delphes  , 
dans  le  temple  d’ Apollen , un  bouc  d^airain  que  les 
bahitans  de  Cléone,  délivrés  dhine  makdie  pefti- 
lentielle  , y avoient  confacré  au  foleil  levant  par 
le  confeil  d’un  Oracle.  {Paufan.  PhocC)  Le  puláis 
Giuñmiani  deRome  en  renfermeun  trés-fameux  , 
dont  la  tete  eft  d'un  artifte  moderne.  On  vit  quel- 
quefois  dans  les  jeux  du  cirque  á Rome,  des 
enfans  portés  par  des  boucs  fellés  & brides  Lkn- 
thologie  ( I.  c.  23.  ep.  28-  ) en  fait  mention  , & 
des  bas-reliefs  antiqaes  les  reprefentent  encore. 

Bouc  ( on  voit  un  ) fur  les  médaiíles  dbEnus 
en  Thrace,  de  Paros,  de  TheíTalonique,  de  Célen- 
dris , de  Syros , de  Pharus. 

Deux  bonos  fe  battent,  fur  Ies  médaiíles  de 
TheíTalonique. 

BOÜCHE.  La  bouche,  dit  Winkelmann  de  qui 
nous  empruntons  cet  arricie,  & les  yeux,  font 
Ies  deux  patries  du  vifage  les  plus  fufceptibles  de 
beauté.  Celle  qui  eft  propre  a la  boucke , eft  íi 
cqnnue  , qu’on  ne  fe  propofe  pas  de  la  rappeler 
ici ; on  va  faite  feulement  quelques  obfervations 
relatives  aux  monumens  antiques. 

La  lévre  inférieure  doit  étre  ordínairement  plus 
pleine  que  la  lévre  fuptrieure , aíin  de  produire 
I inflexión  feníible  qui  donne  au  mentón  un  ar- 
rondilTement  doux  & agréable.  L'artifte  oui  a 
fculpté  une  des  belles  ftataes  de  Palias  , confer- 
vees  á la  Villa- Albani  ^ a donné  á fa  lévre  infé- 
rieure  une  failüe  ttés-fenfible , afin  de  mieux  ren- 
dre  Tair  de  gravité  qui  doit  la  caraCtérifer.  Les 
levres  des  figures  humaines  de  Tancien  ñyie  font 
clofes,  mais  elles  ne  !e  font  pas  entiérement  aux 
figures  divines  de  Pun  6e  de  Tautre  fexe.  Les  tetes 


B*0  U .4S7 

de  \ emis  ont  ordínairement  les  leurs  dem.i-clofes 
pour  expnmer  la  langueur  & le  defir.  On  obfervé 
aum  cette  demi-ouvenu.  e aux  figures  héroíaues  , 

^ PO“r  peindre 

cciic  des  ievres  de  1 Apollon  palatin. 


Hic  equidem  Phcebo  vifus  miki  pulcrior  ipfo 
^íarmoreus  zacizá  carmen  tizare  b^rd 


Quant  aux  teces  qui  font  des  portraits,&  oa 
Fon  ne  reconnoit  pas  le  beau  ideal , teües  que 
ceiles  des  empereurs  , les  lévres  font  toujoísrs 
fermées. 

Le  bord  des  lévres  de  quelques  tetes  du  ñyle 
ancien  , eft  exprime  par  une  ligne  tranchante ; 
d autres  fois  ce  bord  a une  élévation  infen- 
fible&  paroit  haché  avec  le  cifeau.  On  employoit 
fans  doute  ce  procédé,  pour  faire  reíTortir 
davantage  le  trait  des  lévres  , lorfque  les  figures 
étoient  placées  á une  certaine  diftance. 

On  trouve  rarement  des  figures  qui  ayent  les 
dents  viíibles,  méme  pour  exprimer  íe  tire,  II fon 
excepte  les  fatyres  & Ies  faunes.  V''inkelrr;aBn  ne 
connoiíToit  qu’une  feale  divinicé  du  ítyia  anrique  , 
ainíl  repréfentée  ; c’eft  FApollon  du  paiais  Conci. 


Ces  établiíTemenSj  deftinés 


BOUCHER.  ■> 

BOÜCHERIES.  f 
a la  vente  de  la  viande^  n’étoient  point  repréfentés 
par  le  mot  macellum , (Voyeq_  ce  mor.)  parce 
que  celui-ci  défignoit  un  marché  dans  lequei  on 
vendoit , non-feulement  de  la  viande , mais  du 
poiíTon  & dkutres  comeftibles. 


II  ne  paroit  pas  qu  il  y ait  eu  chez  les  Grecs 
á&s  bouckers  Sc  des  boucheries  dans  les  .tetnps  hé- 
roiques  & du  temps  dLLgamemnon  j car  les  héros 
d'Homére  dépécent  & font  fouvcnt  cuite  eiix- 
mémes  leurs  viandes.  Divers  palíages  d^’écrivains 
grecs  nous  apprennent  en  general  , qu’il  y a eu 
depuis  des  bouchers  dans  la  Gréce  , & qu'iis  ven- 
doient  la  viande  au  poids. 

Nous  fommes  plus  iníiruits  fur  ceux  de  Rome. 
II  y en  avoit  deux  corps  ou  colléges  ; il  tfétoit  pas 
permis  aux  enfans  de  ces  deux  elaíTes  de  bouchers  , 
de  quitter  la  profeffion  de  leurs  peres  , fans  aban- 
donner  á ceux  dont  ils  fe  féparoient,  la  parné  des 
biens  qubls  avoient  en  commun  at'’ec  eux.  Ils  éü- 
foient  un  ebef  qui  jugeoit  leurs  différends  > ce  tri- 
bunal étoit  fubordonné  á celui  du  préfet  de  la 
ville  , pr&feBo  urbis. 

L’un  des  colléges  oes  bouchers  ne  s’occupa 
dkbord  que  de  Tachat  des  pores  } de  la  vine  fon 
nom,  fuani,-  Tautre  achetoit  Sc  vendoit  les  boeufs. 
Ies  vaches,  fes  veaux  & les  moutons  j ceux-cí 
furent  appelés  boarii  Sc  pecuarii.  Mais  ils  furent 
réunis  par  la  fuite  en  un  feul  collége.  Les  mar- 
chands  de  viande  ou  bouchers  avoient  feus  eux 
des  gens  appeiés  laniones , lanii & meme  cemi- 
fices , dont  Templo:  étoit  de  raer  les  befiíaux, 
de  Ies  habiiler,  de  couper  Ies  chairs  dans  les 


48S  B 0*U 

tueries , in  ’lanhnis , & de  Íes  ir.ettre  en  vente  dans 

les  marches,  inraizccA'ij.  _ _ . , 

On  lit  au  vatican  rinfcription  fuivante , graves 
fur  une  tabis  de  marbre  blanc  : 


EX  !p  AUCTORITATE  i 

TURCI  !p  APROXIAXI.  Y.  C.  ; 

PRAEFECTÍ.  URBÍS  | 

RATÍO.  DOCUÍT.  UTILITATE.  SÜA  ^ 

dente.  CONSUETUDINE.  mi  i 

CANDI.  SUMMOTA.  SUB.  EXAGIO  , 

POTIUS.  PECORA.  VENDERE.  QUAJÍ  í 

DIGITIS  CONLUDENTIBUS.  TRADE 
RE.  ET.  ADPENSO.  PECORE.  CAPITE  ; 

PEDIBUS.  ET.  SEVO.  LACTANTE.  ET 
'SDBJUGULARI.  LANIO.  CEDENTIBUS 
RELIQUA.  CARO.  CüM.  PELLE.  ET.  INTE 
RANEIS.  PROEICIAT.  VENDITORI. 

SUB.  CONSPECTU.  PUEIICO.  PIDE.  PON 
DERIS.  CONPP..OBATA.  UT.  QUANTUM 
CARO.  OCCISI.  PECORIS.  ADPENDAT 
ET.  EMPTOR.  NORIT.  ET.  VENDíTOR 
COMMODIS.  OMNIBUS.  ET.  PRAEDA 

damnata.  quam.  tribunos.  OFEI 

CIUM.  CANCELLARIÜS.  ET  SCPaBA 
DE.  PECÜARIIS.  CAPERE.  CONSUEVE 
RANT.  QUyE'.  FORMA.  INTERBICTI  j 

ET.  DISPOSITIONIS.  SUB.  GLADII.  PE 
RICULO.  PERPETUO.  CUSTODIEN 
DA-  MANDATUR. 


Cette  óráofinance  d’Apronianus  peut  étre  zmfi 
traduire : « La  raifon  S¿  Texpérience  ont  appris 
=»  qu  il  eft  de  ruriÜté  publique  de  fupprimej  !’u- 
5»  fage  de  la  mlcation  dans  !a  vente  des  beítíaiK , 
=5  S¿r qu  il  eft  plus-á-ptopos  de  la  faire  ati  poids  , 
que  de  Tabándonner  aux  jeux  des  d^oigts.  C’eft 
53  pourauoi , aprés  que  ranimal  aura  été  pefé , la 
55  tere  /les  pieds  & le  fuif  appartiendront  au  hou- 
55  cher  qui  l’aura  tué , habillé  & découpé  j ce 
»5  fera  fon  falaire.  La  chair  , la  peau  & ks  en- 
53  trailles  feront  aiimarchand-kzic/kr-vendeurqui 
55  en  doit  raire  le  debit.  L exabtitude  du  poids  8e 
=5  de  la  vente  av'ant  été  ainfi  conftatee  aux  yeux 
Í3  áu  publk  , facheteur  & le  vendeur  fauront 
5»  combien  péfela  chair  mife  en  vente,  & chacun 
55  y trouvera  fonavantage.  l^zibouckers  ne  feront 
35  dIus  expofcs  aux  extoríions  du  trlbun  & de  fes 
53  officiers  ; & nousvoulonsquecetteordonnance 
33  a-it  lieii  a perpétuké , feus  peine  de  jnort-  55 


BOU 

Nous  apprenons  de  ce  monurr.ent  précieux 
unecoutume  ünguiiére  des  Romains  pourihchat 
& la  vente  de  beftiaax  & de  la  viande.  Avant 
Tordonnance  d’Aprcnianus , ces  marches  r.e  fe 
faifcient  pas  au  pcies  & á la  livre,  comme  chez 
les  Grecs  - mais  par  la  mication.  On  donnoit  ce 
nom  au  jeu  bizarre  qui  eft  appelé  moarí  en  Itaüe 
& dans  nos  provinces  meridionales.  Ceux  qui 
jouent  a lú  moure  , cacrient  une  mam  ferrr.ée  fous 
leurs  véteraens , & la  fortentTubkement  teus  Ies 
deux  á-la  fois , ou  fermée , cu  avec  piuíieurs  doigts 
leves : tous  les  deux  difent  un  nombre  qnelconque; 
& celui-lá  gagne,  dont  !e  nombre  exprime  á-!a- 
fois  celui  de  fes  doigts  leves , & celui  des  doigts 
leves  de  fon  adverfaire. 

On  croit  communément  que  la  mication  fe  pra- 
tiquoit  avec  une  légére  diíFérence  dans  les  marches 
á viande:  íi  la  fomme  des  doigts  leves  éroit  paire, 
le  vendeur  mettoit  á fa  marchandife  le  prix  quhl 
vouloit ; & íl  au  contraire  elle  étoit  impaire,  ce 
droit  appartenoit  á l'acheteur.  D'autres  penfent 
encore  qu’un  feul  des  deux  contractanslevoit  fubi- 
tement  les  doigts , & que  Taiitre  devoit  en  de- 
viner  le  nombre , pour  avoir  le  droit  de  íixer  le 
prix  de  la  marchandife.  De  combien  de  différends 
& de  querelles  une  maniere  de  contracler  aufii 
bizarre  ne  devoir-elle  pas  étre  la  foarce  ? Aufla 
croyons-nousqifil  faut  chercher  une  autre  efpece 
de  TnicdiioTi  ¡ qui  ne  laiíie  aucune  inñuence  au  fort, 
8¿r  qui  cependant  puiíTe  étre  pratiquee  a l.aice  des 
doists  y dzgitís  cGTííiidtTitibiLs : nous  la  troiivons 
chez  les  Arabes  & dans  toutes  les  Echeiles  du 
Levant.  Les  deux  conrraclans  fe  prennpnt  une 
main  , la  cachent  fous  un  pan  de  ieur  habit , pour 
dérober  la  connoiffance  de  ieur  marche  aux  ípec- 
tateurs , fe  touchent  réciproquement  un  certam 
nombre  d’articulations  des  doigts  & un  certam 
nombre  de  fois  ; jufqu'á  ce  que  l'un  & 1 autre 
foient  fatisfaits  des  fommes  repréfentées  paj  ces 
attouchemens.  Une  pareille  micatlon  ne  d!..ere  de 
la  maniere  ordinaíre  de  contraéter  par  la  parole, 
qu’en  ce  qu  elle  remplace  celle-ci  par  k touener. 
Elle  convenoir  mieux  á des  marenésrépetes  miiie 
fois  par  jour  dans  Rome  , que  teute  autre 
de  micatlon  entiérement  dépendante  du  fort.  ¡Nous 
foumettons  cette  conjeifture  au  jugement  ues 

leéleurs.  ,.  • 

BOüCLE.  Les  antiquaires  donnent  ordínai.e- 
ment  aux  boucles  antiques  le  nom  ae  p 3 
imité  du  mot  latín  fibuLa  , qui  deíignoR^piUi-e 
ufteníiles  & inñrumens  com’pris  aujoura  hm  m 
celui  ¿z  boucles.  Foyci  pour  la  plupart  -e  mot 
Fibules.  Nous  ne  ferous  mention 
boucles  dkreilles , & de  ceiles  que.  ! on  pa^-o 
dans  les  natines  des  animaux  pour  les  con 
Boücle  des  narines.  Les  anciens  Pj 
anneau  dans  les  narine.s  des  taureaux  &.  des  ' í 
pour  les  conduire  & pour  fe'’''^'' u®  , 
feuvent  parlé 'de  ces  Boucles  dans  .es  ecr. 
Oíieatauxj  & l'ufage  sen  eft  encore 


BOU 

¿hct  ks  Indiens  & dans  quslques  cóntréeS  d‘I- 
taiis. 

Boucles  d’oreilles.  Les  femmes  de  tous  les 
peuples  anciens  ene  porté  des  boucles  d'creilies  ; 
rnais  les  hommes  ne  le  font  parés  avec  cet  orne- 
ment , que  raremenr  & par  une  recherclie  de  laxe 
que  Ies  gens  fages  ont  toujours  b'ámée.  Piine  dit 
feulement  ^ ( xi.  37. ) que  dans  TOrient  ^ Ies 
hommes  8c  Ies  femmes  portoient  des  boucles  d'o- 
reillesj,  úus  que  Ton  trouvár  cet  ufage  plus  indé- 
cent  chez  un  fexe  que  chez  Fautre : In  Úñente 
quidem  & viris  aurum  gefiare  eo  loci  {auribus)  decus 
exiftimatur. 

Arrien  vient  á Tappai  de  Piine , ( vi.  p.Vfjé.  ) 
en  difant  que  Fon  dépofa  dans  le  tombeau  de 
Cyrus,  les  chofes  qui  avoient-  lérvi  á ce  prince^ 
tdles  que  des  coUiers  j des  fabres  , des  boucles  d‘o~ 
reilles  d’or  6 de  pierres  précieujes. 

L’ufage  en  fut  trés-rare  parmi  Ies  hommes  de 
2a  Gréce  & de  Fltalie.  Apulée  parle  á la  vérité 
de  boucles  d'oreilles  que  portoient  de  jeunes 
hommes ; Achilie  en  porte  auííi  fur  un  vafe  de 
terre  cuite  du  vanean ; & Platon.fait  mention  dans 
fon  teílament  , ( Diogen.  Laert.  1.  }.fegm.  42.  ) 
de  boucles  d'oreilies  d'or.  Mais  Xénophon  ( ibid, 
l.x.ftgm.  ^o.J  reprochoit  á Apollonide  ddvoir 
Ies  oreilles  pereces.  Alexandre-Sévére  tfXízmprid. 
e.  41.  ) défendit  rigoureufement  aux  hommes 
I’ufagc  des  boucles  d^oreilles,  que  Fhiñorien  dé- 
ílgne  par  le  mot  gemm& , á caufe  des  pierres 
précieufes  dont  on  Ies  ornoit : Dicens  gammas 
viris  ujui  non  ejfe.  Enfin  S.  Augufiin  {Epifi-  lE 
s’eft  elevé  avec  fon  zéle  ordinaire  centre 
l’ufage  que  faifoient  des  boucles  d'oreilleSj  les 
Lommes  de  fon  liécle  , inaures  virorum. 

Tout  ce  que  nous  alfons  dire  fur  les  boucles 
á’oreiíles  dansle  rede  de  cet  anide  , ne  regardera 
que  celles  des  femmes.  Pocoke  ( r.  ,1.  tabl.  ói.  ) 
-a  pubjié  le  deffin  d'une  figure  égtptienne  qui  en 
porte : c'étoit  la  feuie  qne  Winkelmann  eút  vue  : 
avec  cene  parure.  Le  comte  de  Caylus  enapublié  ; 
•une  feconde,  dont  Ies  boucles  font  aiiifi  larges  ■ 
que  les  joues. 

''Je  n’avois  jamais  vu,  dit-iL  {Eiec.  1. 13-2.)  au-  ■ 
cune  repréfentation  égjptienne  ^ chargée  de  ces 
enormes  pendans  dForeüies  dont  celle-ci.paroit 
«mée  5 ce  foñt  les  mémes  dont  Plaute  difok  , en 
parlant  d'un  Carthaginois ; 

Videnl  homines  farcinatos  confequi? 

.Atque,  ut  opinar,  digitos  in  manibus  non  hdbent. 

Ag.  Quid  jam  ? iíAl.  Quia  incedunt  cuim  ^annulatis 

auribus. 

li  faut  convenir  que  jamais  un  aureur  n’a  eu 
plus  beau  jeu  pour  tourner  en  ridicule  une  mode 
d Afrique,  qui  détoit  poiat  recue  dans  .le  nays 
«lu  !l  habitoit.  - ‘ 

Quant^  aux  ftatues  gre’cques , on  fait  que  h. 
.eíadquités  , Teme  I, 


BOU  4^9 

V^cnus  de  Praxít.éle  ¡vjitoit  ces  boucles  íoreilíe's» 
1 es  filies  de  Ntobe , la  Venus  de  Mediéis  , Leu- 
cothoéde  la  \ üla-Aibani,  8c  une  beCe  tete  ideaie 
de  bufaire  verd,  confervée  au  mémeendroit,  ont 
les  oreides  pereces.  Deux  ftatues  antigües  ont 
sticoic  leurs  boucles  d’oreilles  travaillées  dans  le 
meme  marbre.  Ces  boucles  fo.nt  rondes  8c  reftem- 
b;ent  á celles  de  la  figure  égyptienne  de  Pocoke 
cité  plus  haut.^Une  de  ces  ftatues  eft  á.  la  Viüa- 
Négroni , & ekít  une  des  caryatides  qui  y font 
coníervées.  L’autre  eft  une  Pallas  que  ie  feu  car- 
dinal Paftionei  avoit  placee  dans  fon  hevmitage , 
chez  les  Camaldules  , prés  de  Frefcati,  & qui 
eft  pañee  en  Angleterre  aprés  fa  mort.  On  voyoit 
auffi,  á'latnaifon  de  campagne  du  comte  Féde, 
dansia  ville  d'Hadrien,  deux  buftes  de  perre  cuite, 
avec  des  boucles  d’oreiües  femblables. 

Buonarotti  ( Ojf.  fopra.  ale,  vetri.  p.  1 34-  ) aíTu- 
roit  que  dans  les  tnonumgns  antigües,  les  áivmirés 
feules  avoient  des  boucles  d'oreilies  011  les  oreilles 
pereces.  Mais  cette  aflertion  eft  áémentie  pat  Ies 
'buftes  d'Ántonia , époufe  de  Drufus , d'une  femme 
ágee,  qui  font  dans  le  Mufeum  du  capitole,  & 
par  celui  de  Matidie  confervé  dans  la  Villa-Lu- 
doviíi.j  tous  íes  trois  ont  les  oreilles  percées. 

Le  contte  de  Cavius  ftiit  remarquer  avec  ratfoa 
les  tetes  des  n'^.  5 Se  8 des  planches  '77  8c  78  chí 
tome  I . de  fen  recueil  d'antiqukés.  Files  ne  pox- 
tent  qu’une  feule  boucle  attachée  a F-oreiüe  gauche. 
Aucun  auteur  n’a  parlé  de  cette  fingularité  , qui 
eft  atteftée  ici  par  deux  monumens' bien  coa- 
fervés. 

_ La  mariére  des  boucles  d’oreilles  les  plus  pré4 
cieufes  étoit  i’or , dans  legue!  on  encháiToit  dqs 
.pierres  précieufes  & íur-tout  des  perles.  Le  temps 
a refpeéié  plulieurs  boucles  d’oreiües  ornees  de 
pierres  : en  voici  les  deferiptions  qui  pourroat 
fervir  aux  artiftes. 

Les  deux  boucles  á‘<yctW\cs  o.’Herculanum  , def- 
finées  au  n°.  3 de  la  38«rae  planche  du  3«me  re- 
cueil d’antiquités  publié  par  le  comte  de  Caylus, 
fo.nt  remarquables , fur-tout  á caufe  de  la.branebe 
oupoim^on  qui  décrit  une  fpirale,  & qui,  placee 
dans  F-endroit  oú  Foreiile  ¿roit  percée , y fixou  ia 
boucle  Tz  F.y  tenoit  attachée  II  faut  convenir  que 
cette  partiré,  étoit  en  sureté  Se  qu’elle  ne  pouvoit 
fe  perdre  ; mais  aiiíTi  la  pointe  & le  crochet  ^de- 
voientétre  fort  embarrafians , & pouyoient  rnéme 
piquer  celle  que  la  mode  aíTuiettiíTcit  á fa  bizar- 
rerie.  Pour  remédier  'á  cet  inconvénient , on  pou- 
voit  couvrir  avec  de  la  cire  cette  poinre  ,_quand 
elle  étoit  placee ; mais,  fok  que  Fon  ait  pns  cette 
précaution , foit  gu’on  en  ait  pris  une  autre  , il 
eft  certain  qu’ii  étoit  néceíTaire  de  recourir  á 
quelqu’une. 

Un  grenat , taille  en  poire  Se  monte  en  or  , 
fait  le  plus  grand  ornement  de  ia  boucle , qui 
porte  une  pandeloque.  , , ^ 

L’autre  a la  forme  d'une  feve  íres-epanie  ou 
d’un''<^Í3nd  d’or  rnaflif ; Se  comme  teut  eft  de 

Qft<i 


45®  BOU 

inode  dans  les  parures  des  femmes  , ii  faut  croire  i 
ournit  boucle  áont  la  forma  r/s  ríen  d'attrayant;, 
ti  dont  le  poids  devoit  ctre  íorc  incommode  , 
puifqu’elle  porte  prés  d un  pouce  & demi  de 
hauteur,  flattoit  néanmoins  la  vaniré  de  eslíe  qui 
en  faifoit  ufage.  Les  Napolitaines  des  environs 
dei  Portici  fe  fervent  encorc  aujourd'hui  defem- 
blables  bouclcs  d’oreílles. 

Le  comte  de  Caylus  a donné  auííi  dans  le 
Tolume  fecond  oe  fon  recueil , au  numero  quatre 
déla  planche47-  , le  deíTm  d’une  boucle  d’oreilles. 
Cette  petite  antiquité , chargée  d’une  vermeille 
taillée  en  cabochoiij  tres-bien  ferticj  paroit,  dit- 
il avoir  fervi  de  pendant  d’oreilles.  Le^petit  tra- 
vail  dont  elle  eft  ornee  , eft  de  bon  goutj  on  1 a 
repréfentce  des  deux  cotes. 

On  voit  dans  les  Monummti  anticki  de  M. 
Guactani,  année  1784,  deux  bouclcs  d’oreilks 
trouvées  avec  un  collier  & une  aiguille  de  tete 
dans  un  tombeau  j hors  de  la  porte  S.  Laurent  á 
Rome.  Elles  font  ornées  chacune  d’an  grenat 
& d’un  faphir. 

Pour  ce  qui  eft  ¿tsboucles  d’oreilles  garnies  de 
perles^  ü ne  nous  en  refte  aucune, parce  que  les 
acides  attaquent  cette  fubñance , en  partie  ani- 
fnale  & en  partie  calcaire  ^ ayec  la  plus  grande 
énergie.  Mais  les  écrivains  latins  nous  ont  con- 
fervé  le  fouvenir  des  excés  de  prodigalité  que 
ces  vains  ornemens  ont  fait  commettre.  Suétone 
raconte  ( c.  ye.  n°.  3. ) que  Céfar  aima  Servilie 
mere  de  Brutus , & qu’il  lui  fit  préfent  d’une 
perleachetée  d^ooo^coo  fefterces  j 1^3  yojcco  liv. 

( évaluant  á cette  époque  le  fefterce  avec  M. 
PauétoUj  á 4fols  6 deniers.)  1 Ante  alias  dilexit 
M.  Bruti  matrem  Serviliam  , cui  & próxima  fuá 
fonfulatu  fexagies  feftertio  margaritam  mercatus 
eft.  De-la  vinrent  les  plaintes  de  Pline  & de  Sé- 
néque.  Ce  dernier  parle  de  boucles  d’oreilles  or- 
nées  de  pl ufieurs  perks  d’un  ii  grand  prix , qu’elles 
abforboient  chacune  la  valeur  d’un  riche  patri- 
moine  : ( De  vit.  hmt.  c.  17. ) Quare  uxor  tua  lom- 
fletis  domüs  cenfum  auribus  gerit  ? & (de  Benef. 
Til.  9.  } ; Video  uniones , non  fingulos  Jingulis 
auribus  comparatos } jam  enim  exercitats  aures 
funt  oneri  ferendo : junguntur  Ínter  fe  y tí  infuper 
alii  binis  fuperponuntur.  Non  fatis  muliebris  in- 
fania  viras  fubjecerat , nifi  bina  ac  terna  patri- 
monia  auribus  perpendiftent.  Pline  eft  encore  plus 
énergique  dans  fes  plaintes  que  Séneque , & il 
nous  apprend  que  les  dames  romaines  appeloient 
traíales , ces  boucles  d’oreilles  garnies  de  perles 
en  pandeloques , qu’elles  leur  donnoient  ce 
nom  á caufe  du  bruit  qu’elles  faifoient  par  leür 
choc.  ( 7x.  33-)  : Dos  , uniones  ydigitis  fufpen- 
dere  , & binas  ae  ternas  auribus , foeminarum  gloria 
eji.  Subeunt  luxafis,  ejus  nomina  y & tedia  exquiftta 
perdito  nepotatut  fiquidem  eum  id  fecere  , crotalia 
appelLant  y ceu  fono  queque  gaudeant  ^ & collifi 
ipfo  margaritarum. 


BOU 


Les  femmes  du  peuple  portoient  des  bouehs 
(foreilles  de  bronze,  relies  que  nous  en  ofre 
le  cabinet  de  Sainte-Géneviéve,  & relies  que 
Pignorius  C defervis  p.  410. ) en  décrit  une  garnie 
de  vertes  colores  oü  de  pierres  fauíTes. 

Boucles  de  cheveux.  Voyeq^  Cheveux.  Nous 
ferons  obferver  feulement  ici  que  les  femmes  bar- 
bares font  repréfentées  ordinairement  fur  les  mo- 
numens  antiques  fans  boucles  , & avec  des  che- 
veux unis  & üffes.  II  faut  y remarqiier  encore 
que  les  jeunes  hommes  portent , comme  les  jeunes 
filies  j des  cheveux  courts  & frifés,  mais  fans 
boucles  autour  des  oreilleSj  ainfi  qu’on  le  voit 
aux  derniéres. 

BOUCLIER.  Cette  arme  défenfit^  eft  , avec  le 
cafque,  la  plus  ancienne  dom  il  foit  fait  mentioa 
dans  íes  écrivains.  Elle  paroít  fur  les  marbres  & 
le  bronze  dans  les  fujets  des  temps  héroiques} 
les  héros  mémes  n’y  portent  ordinairement  d’au- 
tres  armes  que  le  caique  , le  bouclier  & l’épée.  Les 
premiers  boucliers , dont  fe  fervirent  les  Grecs  £í 
qui  furent  portés  par  Proetus  Sr  Acrifius  , ( Pau- 
fan.  Corintk. ) furent  trefles  avec  de  l’ofier  5 de-!á 
vint  le  nom  hía  que  leur  donne  Hefychius.  Vir- 
gile  parte  de  ces  claies  fa^onnées  en  houcliers: 
( JEneid.  lib.  vii.  v.  632. 

Bleñuntque  falignat 
Vmbonum  trates. 

On  y fubftitua  des  ais  de  bois  léger , teis 
que  le  figuier , le  faule  , le  hétre  j le  peupher , &c. 
comme  nous  l’apprend  Pline  ^ ( ri.  c.  40.  ) Mais 
la  matiére  la  plus  ordinaire  des  boucliers , fut  k 
cuir  de  boeuf ; ce  qui  les  ñt  appekr  boucliers^  de 
cuir  de  boeufs  , ¿ensíbcí  ^íuat.  On  afíembloit  a 
cet  effer  plufieurs  cuirs  avec  de  lames  de  bronze. 
Le  bouclier  d’Ajax  (lliad.  D.  222.  ) étoít  fait  de 
fept  cuirs  de  boeuf,  couverts  d’une  lame  de 
bronze.  Celui  du  fils  de  Thétis,  ( Wfd.  r xyo. } 
formé  de  plufieurs  cuirs,  étoit  fortifié  de  deux 
lames  d’airain , de  deux  lames  d’étain  , & d une 
cinquiéme  dbr. 

Le  miiieu  du  bouclier  y ¡ftípaÚ;  y 
umbo  y étoit  garni  d’une  plaque  de  metal  , {P°  y 
TI.  21.)  capable  de  réfifter  aux^rmes  des  entre- 
mis.  Cette  plaque,  appetée  kro,K(piAiíi>  par  » 
Grecs,  & proprement  umbo  par  les  Latins,  ero 
relevée  en  boífe , & fervoit  á repouíier  les  co 
battans  ennemis.  ( Martial ) : 


In  turbam  incideris  y cunUos  umbone  repellet. 

Souvent  on  garniiToit  Vumho  de  fils  de 
rurnés  en  cercleou  en  fpirak  ; c eíi  poii-ft'*  . 
n trouve  dans  Ies  anciens  camps  r 

ifScile  d’aífigner  á ces  cercles  un  autre  □ 
ixés  au  bouclier  y i!s  rompoient  les  coi-p 
pees  & en  émoufioknt  le  trancbant. 


B o 

Le  tinca  s’empata  bientoráe  Vunéo,  & lüitianKa 
¿iverles  6gures;  nous  en  parlerons  plus  bas,  en 
faifant  fénuméradon  des  fymboles  qu  elles  repre- 
fentoient.  La  premiére  matiére  de  inmoo  tuc  le 
fer ; enfuite  on  le  fie  d'argent  & d'or.  \ irgile  , 
{Mnúd.  X.  zji.)  : 

f^afios  ambo  vomzt  áureas  ignes. 

De-la  vinrent  Ies  dénotninarions  des  troupes 
qui  portoient  des  boucHers  couverts  de  ces  mé- 
laux  J Argyrafpides  & CkryfoaJ'pzdes. 

Les  bozzeliers  ordinairement  deux  ef- 

péces  d’anfes  dans  leur  concavité  : bune , plus 
grande  au  milieii , fervoit  á pafíer  le  bras , & 
Tautre  , plus  petite  vers  le  bord  áu.  houclzer , fer- 
roit  á paífer  la  main  pour  le^  reteñir.  Les  Grecs 
les  appelérent  ou  o' > mets  qui  ne 

fe  trouvent  point  dans  Homere.  On  peut  con- 
clure  que  ces  anfesj  ou  au  moins  la  plus  grande ^ 
ctoient  alors  inconnaes. 

Les  guerriers  fufpendoient , avant  l invcntion 
de  ces  anfes  ^ leurs  houclitrs  au  cou  , avec  une 
longue  courroie  oü  une  lame  de  bronze , appelees 
nopjral  ou  j par  ce  moveii  ils  pouvoient 

rejeter  leurs  boucLiers  lur  le  dos  lorfqu  ils  mar- 
choient , ou  meme  les  porter  fous  le  bras  , fans 
délier  cetre  courroie  qui  étoit  fort  longue , & 
qui  parott  fouvent  fur  Ies  monumens  etrufqucs- 

On  voic  dilHaótement  ces  deux  anfes^  fur  un 
tombeau  du  capitole , dont  le  bas-reliet  repre- 
fente  un  fantaffin  combattant  une  anaazone  á 
ch  “vsl. 

Lorfqu  on  fufpendoit  aprés  la  guerre  les  bou- 
flzers  aux  voutes  des  temples  j on  en  detacnoit 
les  anfes , de  peur  que  dans  une  fédition , le 
peuple  ne  s'en  faisil  pour  s’armer  & fe  defendre. 
f^oyez  AnSA- 

On  voit  dans  Efchyle  que  les  guerriers  atta- 
choient  quelquefois  des  fonnettes  a 1 anfe  de 
leur  boudier,  añn  d^efifrayer  les  ennemis  par  ce 

bruit  imprévu.  . • a 

Les  boucliers  des  Argiens  etoient  ronds  ; c elt 
á quoi  on  reconnoic  Dioméde  leur  rol  , fur  les 
pierres  gravées-  Virgile  ( Mneid.  iiL  636.  ) com- 
pare foeil  rond  de  Polyphéme  au  boucher  des 
Argiens : 

Telo  lumen  terebramus  ezcuto  ' 

Irigens,  quod  torvd  fol'umjub  fronte  ¿atebat , 
Argolzci  clypcz. 


Les  Amazonas  ne  portent  pas  traujours  fur  les 
marbres  leur  pelte  ou  boucher  courbe  en Jauix. 
Elles  font  armées  d’un  boucher  rond,  fur  un  bas- 
relief  de  la  Villa-Albani , qui  reprefente  un  com- 
bar de  ces  héro'ínes.  ^ 

Les  Grecs  portoient  egalement  le  boucher  fur 
l’un  oa  rautre  bras.  Heftor  etant  íur  le  de 

combaitre  contre  Ajax , fe  vafite  decette  adreíi-. 


BOU  4.91 

On  Toyoit  dans  une  peir.ture  antique,  dónele 
csrQinal  Aibini  confervoii  le  detí.n,  un  giadiateur 
de  reípéce  des  ¡riirmiilons,  qui  portoit  fon  bou- 
etzer  fur  le  bras  droit.  Un  autre  giadiateur  qui 
combar  un  oiirs  fur  une  pierre  gravée  du  barón 
de  Stofeh  , porte  le  bouclie’-  de  la  meme  mtinicre» 
Opoofée  á f ufage  ordinaire , cetre  maniere  de 
s’en.  fervir  pouvoir  marouer  ici  radreffe  avec 
laqueilc  le  giadiateur  faifoit  paífer  fes  armes  d’une 
main  dans  f autre. 

Les  anciens  avoient  coutame  d'orner  leurs  Bou- 
clzers  de  fymboles  ou  figures  allégoriques  , qui 
indiquoient  les  qualités  qui  leur  étoient  propres;, 
ou  qui  attertoieiK:  l’ancienneté  de  leur  origine  Se 
la  valeur  de  leurs  ancétres.  Hérodote  dit  C/i¿.  i. ) 
que  cet  ufage  fiar  introduit  par  les  Cariens. 

Le  boucher  étoit  l'arme  la  plus  diftinguée  , & 
Ies  poetes  anciens  fe  plurent  á détailler  Ies  de- 
vifes  qui  ornoient  le  boucher  de  leurs  héros.  Oit 
connoít  la  defeription  du  boucher  d’Achille  pac 
Domcre  , du  boucher  d’HercuIe  par  Héfiode  , 8c 
de  celui  d'Enée  par  Virgile  : il  eft  vrai  que  ces 
deferiptions  font  en  grande  partie  fouvrage  de 


l’imagination  des  poetes.  Le  boucher  d’AchilIe 
offroit  aiileurs  un  cheval  marin , _ pour  indi- 
quer  Torigine  du  fiis  de  Thétis.  Cétoit  une  Gor- 
gone  lan^ant.  des  regards  effroyables  , quoa 
voyoit  fur  le  boucher  dUAgamemnon  t celui  d E- 
téocle,  l’un  des  fept  héros  de  l’expédition  contré 
Thébes , préfentoit  un  homme  efeaiadant  les  murs 
d’une  villej  la  devife  du  boucher  de  Parthenopee, 
l’un  de  ces  fept  héros  , étoit  un  fphinx  tenant  un 
homme  entre  fes  partes : un  amour  armé  de  la 

foudre,  ornoit  le  boucher  S IT hut.  zit 
Álczhizzd,  p*  ^^9"  ^ * Aléñelas  avoic  un  dragón 
(Pdufan.  Pkoc.')  fur  le  fien;  Hedor  portoit  u» 
lion  , Idoménée  un  coq , Epaminondas  un  dra» 
gon , Amycus  une  écrevifle  de  mer,  fymbole  dé 

la  prudence.  . 1 

La  devife  du  boucher  d’Ulyíie  etoit  un  dau- 
phin,  fymbole  qui  lui  étoit  fi  particuber  , que 
Lycophron,  fans  nommer  ce  héros , croit  le 
défigner  d’une  maniere  affez  caradériftique  par 
répithére  de  b.o.cptt  '<¡<¡-r¡p.K.  Cetre  denominación  > 
donnée  á UlylTe  par  Licophron  , ell  junifiee 
par  le  témoignage  de  Plutarque  , qui  rapporte  la 
mPon  de  ceVhoix.  Une  tradition  reque  parmi  les 
habitans  de  fifle  de  Zacynthe,  portoit  que  Tele- 
maque étant  tombé  dans  la  mer  & ayant  ete 
faiivé  par  des  dauphins , fon  pete  aymt  vouiu 
par  reconnoiffance,  qu’un  de  ces  poiíTons  fut 
gravé  fur  fon  cachet  Se:  repréfenre  fur  ion  oou- 

""^'seul  entre  les  fepr  héros  ennemis  de  pébes  ^ 
Amphvaraiis  ae 

fon  boucher  ,x>2Xct  que,  ds.ent  E.chyie  8e:  Eun- 
pide , i!  fe  coñtentoit  a erre  courageux  U brave  , 

fans  ea  faite  parade.  , . . . , , 

Les  Tuiets'  de  Romulus  fe  fervoient  ¿tz  hou. 

clier  rond  des  Argiens , r¿r7Z!s  propremeat  oit  , 

Q q a 


45^  BOU 

Sí  íe  véritable  clypeus  dont  il  efí:  ñ fbiiyent 
parlé  dans  Ies  poetes  latins.  Nous  avons  vu  plus 
haut  Virgile  comparer  du  géant  Poly- 

phéme  au  bouclier  rond  des  Argiens  i nous  allons 
Yoir  le  chantre  des  métamorpho fes- (jrrz/.  851.  ) 
l'appeler  clypeus  ; de-lá  on  peut  conciure  que  le 
teucHer  rond  étoit  celui  que  délienoit  le  met 
flypews. 

Unum  efi  in  media  lumen  mihi  fronte  ,fei  inflar 
Ingentis  clypei. 

D’ailleurs  le  poete  Attius  { in  Agamemirone ) 
fc  comparou  au  ciei  ^ pour  exprimer  fa  roton- 
: In.  aLtijflmo  cceli  clypeo  temo  fuperat  flellas., 
Virgüe  dit  auffi-  (^JEneid.  il.  xzj.  ) 

Clypeique  fib  oroe  teguntur,, 

Quanr  á la  grandeur  du  clypeus  ^ on  fak  qu’il 
^uyroít  prefque  tout  le  corps  , c’eñ-á-dire^  les 
¿pauleSj,  le  tronc  ^ les  cuides  & les  jambes, 
comme  les  coiivrit  depuis  le  bouclier  quarré- 
long,  ScuTüM.  Voye-p_  ce  mot.  Toufe  la  diff'é- 
rence^  quil  y eoc  depuis  entre  le  clypeus:^  le 
IsQuclier  rond.  de  !a  cavalerie  romaine  , appelé 
Parií  a,  ( V cyes¡_  ce  mot  ) confifia  dans  la  gran- 
deur du  premier  j & dans  la  petiteíTe  jointe  á 
Ja  légéreté  du  fecond. 

_ Romulus  , ayant  reuní  3 fon  peuple  les  Sa- 
Mns  , adopta  , comme  nous  l’apprend  Plutarque, 
^Romul.  ) Igiirs  boucUers  quarrés  - longs , _/cafi2 
Sff^^rLa  y 8c  ils  devinrent  Parme  de  Finfanteríe. 
Tantot  le  fcutum  étoit  plat  ^ & il  repréfentok 
alors  le '/£^/ay  des  Grecs;  tantot  ü étoit  courbé  en 
forrne  de  tuile  ou  de  canal  , & c’étoit  alors 
celui  que  les  Grecs  appeloient  hfths 

Voici  la  defcription  que  Polybe  nous  donne 
des  boucUers  romains,  tant  pour'la  cavalerie,  que 
four  Finfanterie.  ( Ub.  6.  c.  4.  trad.  de  Tkuillard.  ) 

« Les  haftaires  plus  avances  en  age , onr  ordre 
de  porter  Farniure  complette,  ckft-á-dire  , un 
as  bouclier^  convexe,  large  de  deux  pieds  & demi, 

» ( roraains ) & long  de  quatre  pieds.  Le  plus 
a?  \ovi%  fcutum  n’a  environ  que  quatre  pieds  & une  i 
* palme ; il  efi  fait  de  deux  planches  collées  en- 
*>  femóle  8c  ú efi  couvert  par  dehors  jpremiére- 
» ment  d un  iinge  , & par-delTus  d’ün  cuir  de 
» veau.  Les  bords  en  haur  & en  bas  font  garnis 
» de  fer  pour  tecevoir  les  coups  de  taiíle  , & 

» pour  etnpecher  qufils  ne  fe  pourriflenE  contre 
=5  térra.  Le  con-vexe  efi  encore  couvert  d'une 
=“  plaque  de  íér , laquelle  pare  íes  grands  coups , 

“ comme  de  pierres,  defarifies  & de  tout  aiitre 
» trait  vioíent.  «> 

“ Les  boucUers  de  la  cavalerie  ( parma  ) étoient 
« fait  de  cuir  de  bísuf,  & affek  femblables  á 
« ees.  gateaux  donr  on  fe  fert  dans  les  facrifiees. 

^^“'^^■'^'^^^dtoit  d'aucunedéfenfej.  , 
^ & s u n éioii  aaaak  aSkz  fsnne  nour  réiifier  | 


BOU 

« ir  Fétoit  beaucoup  moins  lorfque  les  pluíe. 
“ 1 avment  amolíi  & gáté.  « ^ * 

Ce  paflage  indique  la  raifon  pour  laquelle  nn 
ne  trouve  point  de  boucUers,  dans  Ies  mo>m 
mens  mdans  les  ruines;  quand  méme  ils  auroknt 
ete  abfolument  formés  de  cuivre  ^ ainfi  qu  on  Fa 
pratiqué  _ pendant  quelque  temps  & chez  quel. 
ques  nations.  Qts  houdiers  , touiours  mateíaíTés 
dans  Finténeur,  n cnt  jamais  eu  affez  d épaiífeur 
ni  affez  de  coníífiance  pour  fe  conferver  jufqff^ 
nous;  Ceux  qui  ont  été  fabriqués  avec  plus  de 
folídite,  ont  fer  vi  de  modele -aux  boucUers  vo- 
tifs,  que  la  fuperfiition  & la  vanité  des  hommes 
ont  fourent  répétés,  Leur  matiére  a réfifté  aux 
outrages  du  tepips  , parce  que  ne  devant  point 
etre  employés  á la  guerre  ^ on  ffen  a ménaíé  ni 
le  poids ni  Fépaiffeur.  “ 

A Fégard  du  fer  done  parle  Polybe je  ne  doute 
pas  que  les  boucUers  de  fon  temps  ne  fiiffent 
garnis  de  ce  metal , ni  que  leurs  formes  & leurs 
proportions  ne  fulíent  conformes  á celles  qufil 
décrít,  Mais  comme  il  efi  conñant  que  fur  ces 
pomts  méme,  ily  a eu  de  tres-grandes  varietés, 
on  doit  croire  que  Fon  a fait  aulTi  ufage  du 
cuivre^  dans  les  pays  ou  il  étoit  plus  commun. 
Ce  metal avoit  lámeme  utilité  que  Fauteur  donne 
au  fer  ^ & Ies  lames  en  étoient  plus  légéres. 

Si  les  cercles  de  metal  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut,  ont  fervi  chez  les  romains  á décorer 
les  boucUers  ou  á leur  donner  plus  de  défenfe  , 
il  n á pas  été  poílible  de  les  employer  autremenc 
que  pour  marqiier  le  milieu  de  la  partie  convexe  , 
fur-tout  dans  les  pays  ou  les  arts  moins  connus 
ne  donnoient  pas  la  facilité  de  charger  les  bou- 
clier s éz  peíntures  ou  d'autres  ornemens  plus  &- 
yans.  II  efi  au  moins  confiant  qa'on  les  embel- 
liffok  d"  an  cuivre  tres-minee  6c  trés-léger . comme 
plufieurs  boucUers  repréfentés  dans  des  bas-re- 
hefsj  Sí  fur-tout  fur  le  pié-dkftal  de  la  colonne 
trajanne , fembleat  Findíquer.  ( Caylus  x.  pl.  pj. 
««.3.) 


11  ne  paroít  pas  que  les  Romains  ayent  adopté 
la  Pelte  des  GrecSj  . V'oye^  ce  mot)  ce  bouclier 
.courbé  en  forme  de  croi&nt  ou  de  faulx  , qui 
efi  un  des  attributs  paincipaux  des  Amazones. 
Les  troupes  auxiüakes  tirées  de  la  Crece ; de 
1 Efpagne  & de  FAfrique  , confervérenr  feules 
dans  les  camps  romains  Fufage  de  cette  arme 
particuliere.  Qnant  au  bouclier  couvert  de  peaux 
garnies  ne  poils  , appelé  Xxxrluót  par  Homére 
{lUad.  E.  4J2.  ) j il  iFen  eff  fak  ascune  mea- 
tion  dans  Ies  auteurs  latins.  C^étoit  f'ns  doute  un 
relíe  des  armes  grefliéres  qu’etnployoient  encore 
Ies  Grecs  au  ñecle  de  la  guerre  de  Trove. 

Les  Romains  rcijurent  des  Grecs  Fufage  de 
charger  les  boucUers  de  fvmboles  8c  d’ornefnens. 
Comme  eux , ils  y gravéreut  Ies  haiits  faits  de 
iesjrs  ancétres.  Virgik  skft  conformé  á cette  pM- 
tique  dans  la  defcription  d’ua  bouclier  (Mtndá^ 

7.  ■ 


BOU 

Clypeoqus  iíijigne  paternum  , 
Centiímangues ¡ cinñamqui gerit  ferpentiius  hydram, 

Souvent  on  voyoit  brüler  fur  leurs  boucliers 
les  images  de  leurs  ancétres.  Silius  le  dit  du  bou- 
tlier  de  Scipion  rAfricain  ( 17.  401.  ) : 

Terribílem  ofientans  clypeum  , quo  patris  & una 

Cílarat  patrui  [pirantes  pr&lia  dirá 

Efigies. 

lis  y faifoient  graver  aufli  leurs  propres  exploits. 
Hirtius  (Bell.Hifpan.  c.  2.5.)  : Ciim  ad  dimicandum 
in  planitiem  fe  contulijfent  , fcutorumque  laudis 
infgnihus  pr&fulgens  opus  c&latum.  Ils  y attachoient 
les  chaínes  d'or  8e  les  autres  dons  militaires  qu'ils 
avoient  requs  de  leurs  chefs. 

Chaqué  legión  portoít  des  boucliers  peints  , 
d’une  couleurparticuliére,  & chargés  de  fymboles 
qui  fervoient  á faite  diltinguer  fesdégídnnaires  de 
ceux  des  autres  légionSj  reís  que  le  foudre^  une 
ancre  3 un  ferpent , &rc.  On  ajoucoit  a ces  fym- 
boles les  íignes  diíiindtifs  de  chaqué  cohorte  , Ies 
noms  dii  général , du  centurión  '&  du  foldat  au- 
quel  appartenoit  le  bouclier.  (VégecCj  il.  17). 
¿es  marques  étoient  néceiTaires  pour  que  chaqué 
foldat  pút  reconnoítre  fon  bouclier  au  premier 
iignal ; car  on  les  dépofoit  dans  une  tente-,  ou 
dans  un  magaíin  particulier  ^ d’oú  il  étoit  défendu 
d’en  fortir  aucun  fáns  f ordre-  exprés  des  chefs. 
De-lá  vient  que  les  écrivains  latins  ayant  á peindre 
un  camp  & une  troupe  fu^pris , difent  toujours 
que  les  foldats  étoient  fans  boucliers  & fans 
épée. 

Lorfque  les  anciens  étoient  atraques  dans  un 
moment  oú  ils  n’avoient  point  de  boucliers , ils 
rouloient  autcur  de  leur  oras  gauche,  les  foldars 
}eur  habit  des  camps  , fagum , les  citoyens  leur 
toge;  &c  ils  roppofoient  comme  un  bouclier  ray. 
coups  des  ennetnis.  Tacite  (iízjf.  lu  32.  5-;.  Tite- 
Live  16)  Céfar  {de  Bell.  Civil.^  i.  73.)  rá- 

cente auiTi  que  fes  foldats  ayant  été  fans  arme 
dans  le  camp  d’Afrantas  pour  une  eonference, 
fe  virent  atiaquer  en  trahifon  par  la  cavalerie 
d’Afranius,  Se  qu  alors  i!s  ótérent  Xt'xzfag-im  pour 
s’en  former  autour  du  bras  une  efpéce  de  oou- 
cUer  : Dextras.  in  reperúao  pe  iculo  fugis  inyol- 
vijfe , atc.ue  ita  glaúiis  j-j}  '’3is  jé  a cetratis  [i 
equitibus  Afranii  defenuzjfe.  C elt  ce  rue  Nonius 

(iI.  147.)  appeloir  clupeare  brackium  chlamyde. 

Les  peintures  & les  autres  ornemens  des  bau- 
cliers  exiseoient  un  foin  particuher  pour  leur 
confervarion.  Cdeít  pourquoi  ¡orfeue  les  foldats 
étoient  dans  le  camp  , ils  les  couvroíent 
des  étüís  de  cuir,  qui  Ies  mettoient  a 1 abn  des 
chocs  & des  frottemens. 

Ces  foins  pour  la  confetvation  díXí bouclier  naif- 
foient  encore  d’un  aiitre  principe  plus  ^releve. 
Cétoit  ''opinión  commune  es  (íiees  ic  ues  B.o- 


B O U 405 

tnains  j qu*un  foldat  etoit  deshonoré,  lorfqu’il  le 
eniever  ou  loriqu'ii  abandonnoit  fon  bcu- 
ciier  fur  le  c.namp-de-bataille.  ifocrate  ncus  l’at- 
teue  dans^  fa  iaarangue  fur  la  paix.  Cetre  raute 
rnilitaire  étoit  punie  de  mort  chez  certains  peii- 
pies  de  la  Crece  5 Se  Ies  Lacédemouiens  chaííerent 
Qe  leur  vilie  le  poete  Archiioque,  parce  quhl 

aVOlí  Ciit  GEnS  IvS  VCTS  V2,Ícit  TGlwUX 

fes  armes  que  la  vie.  Horace  avoue  {Od.  il.  7.  9-) 
quii  avoit  honteuiement  abandonné  fon  bouclier 
pour  fuir  á la  bataille  de  Pniiippes  avec  Pómpelas 
V^arus ; 

Tecum  Phillppos  & celerem  fugam 
Senfi  relicta  non  berde  parmula; 

Cum  [raña  virtus  , mincces 
Tiirpe  folum  tetigere  mentó. 

Les  Lacédémoniennes  faifant  leurs  derniers 
adieux  á leurs  fds  prés  de  combattre  les  enne- 
mis , les  armoient,  & en  leur  donnant  le  bou^ 
clier , eiles  leur  difoient  , í'  rav  , í Iti'í  tos  : rap- 
porte  cette  arme  ¡ ou  [oís  rapporté  fur  elle.  Apoph- 
tegme  qu'Aufonne  a délayé  dans  ce  diltique, 
(Epigr.  24.  L.)  : 

Mater  Laesma  cliypeo  oharmans  flium  ^ 

Cum  hoc  , inquit , aut  in  ko.c  redi. 

Pour  entendre  cette  exhortation  laconique , il 
faut  connoitre  & le  préjugé  fur  Tabandon  du 
bouclier  que  nolis  venons  d’expofer,  & Fufage  oii 
étoient  les  anciens  d'empo.rter  du  champ-ds-ba- 
taille  les  morts  fur  leurs  boucliers. 

C'eíl,  ainli  que  le  corps  de  Laufus  eíl  rapporté 
dans  FEneide'C-x.  841.)  : 

At  Laafum  focii  exanimem  fuper  arma  ferebant. 

Ainíi  eíl  rapporté  Atj^s  mourant,  dans  laThé- 
. balde  ( VIH.  637.  ) : 

Talla  fañabant : [ahito  cum  pigra  tumulta 
Expavit  domas  & multo  [adore  receptas , 

Fertur  Atys  ,[ervans  animamjam  [angaine  nullo  , 
Ciü  manus  in  plaga  , dependet  lánguida  cervix. 
E.xterior  clypeo. 

Boucliers  votifs  avec  ou  fans  postran.  L'hon- 
neut  que  les  anciens  attacíioient  a ^ confets^er 
leur  bouclier , les  a d aborü  engages  a pre-enrer 
cette  atmure  défeníive  a la  oivínite  , aprés  en 
avoit  dépoiiiilé  l ennemi.  Cette  arme  étoit  d'ail- 
leurs  la  plus  .'pparente  , quand  ehe  Ci-oit  appen- 
dúe  dans  les  temples  ou  dans  les  üeux  pubíics. 
Il  n eft  done  pas  etonnant  que  cet  ufage  ait  été- 
il  long-temps  praticue , & que  les  íl®naains 
Fayent  err.pruntí  des  Crees.  ^ 

La  vanité  & la  fuperí.ition  s'emparerent  en- 

üike  de  cette  piaribus  ^ la  fQ-a.Ti¡i;ept  a k-uts- 


45.4  BOU 

rravers.  hint  conierverén:  qu’á peine !e fonvenir  i 
de  fon  premier  principe.  Les  boucliers  qu’on  ; 
oft'iir  cansía  fuire'  des  temps,  confervérear , ii 
eil  vr^i , la  forme  circulaire  j ils  etoienr.  com- 
poíés  des  plus  riches  métaux^  &:  travaiüés  avec  le 
plus  grand'foin  ; mais  Fennenrii  ne  Ies  avoit  ja- 
máis portés-  Ii  paroit  que  le  marbre  a été  ein- 
ploré  a ce  méme  ufagej  mais  Ies  boucliers  votifs 
de  certe  matiére  font  trés-rares,  méine  avec  des 
bulles  oij  des  portraics.  V oyei^  Clupeum. 

On  appendoit  les  boucliers  votifs  dans  les  en- 
droits  publics  & dans  les  édifices  confacrés 
dicux,  foit  qifils  fuíTent  publics  j foit_  qu  ils 
fiíTent  partie  des  édifices  particuliers.  Pline  dit 
qu  Appius  Claudias  confacra  le  premier  á Rome 
des  boucliers  votifs  , Tan  259  de  Rome;  Saorum 
clyveos  in  fuero , vtl  publico  loco  privatim  dicare 
primus  lUfiltuit  jáppius  Cluudius y g^uí  confuí  cum 
Servilio  fuit,  anno  ah  U.  C.  259.  Pofuit  enim 
in  Belloní  sde  majores  fuos  y placuuque  in  excelfo 
fpectari , & títulos  konorum  legi.  Decora  res , 
utitpte  f liberorutTi  turba  parvulis  imaginibus  ceu 
nidum  aliquerfi  fohoiis  pariter  ofiendat  : quales 
íiypeos  nano  non  gaudens  favensque  afpicit.  (3J. 

3.  ).  Par  les  mots  titulas  konorum  , Pline  indique 
les  inferiptions  que  Pon  pla^oit  fur  les  boucliers 
votifs  ou  au-deíTous  , & qui  apprenoient  les 
aoms  de  ceux  qui  les  offroienty  & de  ceux  en 
l’honneur  defqueis  on  les  confacroit.  C eft  ce 
que  nous  apprend  ( de  legut.  ad  Caium,  p.  ) 

Fhilon,  lorfqu  il  décrit  les  boucliers  votifs  offerts 
par  Pilare  en  Thonneur  de  Tibére  dans  le-  palais 
d’Hérode  , & qui,  fans  étre  chargés  d'aucun  por- 
trait , étoient  accompagnés  d’une  infeription  ap- 
peiée  tituLus  par  les  Latins.  ^ ^ 

Les  ediles  P.  Claudias  & P.  Sulpitius  Galba , 
fireiit  fabriqiier , avec  1 amende  á laquelle  ils 
avoient  condamné  les  marchands  de  bled  mo- 
nopoleurs  y douze  boucliers  dores  , & les  pla- 
tférent  dans  le  capitole.  Ge  fut  auffi  dans  le  tem- 
ple du  capitole,  au-deíTus  des^portes , que  Q. 
Marcius  attacha  le  portrait  d Afdrubal  ^ qu  il 
avoit  trouvé  parmi  les  depouilles  des  Cartha- 
ginois  vaincus  en  Efpagne.  Ce  boucUer  votif 
périt  dans  le  premier  incendie  du  capitoje.^ 

Ces  confécrations  des  votifs  ctoíent 

accompagnées  de  cérémonies  religieufes,  de  jeux 
& de  fefrins  publics.  Nous  Tapnrenons  de  plu- 
íieurs  inferiptions  a-ntiques,  & fur-tout  de  la 
füivante  ( Gruter.  441.  n.  y.): 

Í-IESTORI 
AUG.  NEPETE 
HIC.  lUDOS.  FECIT. 

’ £T.  DEDiCATIONE 

STATUAE.  PATROMI 
QUA.M.  IPSE.  POSUIT 
BT.  CLYFEí-  SUI.  ITERÜM 
MUNICIP13US.  NEPESINIS 
EPULU.«.  DEDIT. 


BOU 

Ce  feroit  ici  le  üeu  de  parler  du  bouclier  d» 
SciPiON  y ( Voye:^  ce  ¡r.ot.  ) qui  eíl  cenfervé  á !a 
bibüo  cheque  ;du  Roi.  il  feroit  un  véritable  bcu- 
clier  votif,  s'il  repréfentoit  la  continence  de  ce 
héros  ; Winckeimann  refufe  d'y  reconnoitre 
beau  traít  de  la  vic  de  Scipion.  C’eíl  pourquoi 
nous  n en  ferons  meiition  qu’a  fon  amele  parti- 
culier.  Nous  n’avous  pas  la  méme  raiíon  pour 
taire  un  fecond  bouclier  de  la  meme  coíieclíon , 
qui  eít  d’argent  & prefque  de  la  méme  grandeur. 
Ce  bouclier  paroit  étre  votif.  Il  efl:  ^rond  & ne 
porte  d’autres  figures  que  celles  _ d’un  lion  & 
d'un  palmier  fculpté  dans  fon  vaiWtn  , in  umbone. 
Le  rdle  du  champ  eíl  rempli  par  des  traits  d’or- 
nemens  vagues  & ináéterminés. 

Voici  u»  exemple  de  Fufage  des  boucliers^  vo- 
tifs , coniervé  en  Angleterre  long-temps  áprés 
les  Ron?;.:ns.  Aedu-wen  mea  gageky.  O Drihten 
drikten  kt^e  a W'xrie  tke  me  kire  oet  ferie  buton 
hyomefellt  kire  agenes  willes.  Cette  infeription 
danofaxone  eíl  gravée  fur  !a  circonférence  d'ua 
bouclier  d’argent  j Hickes  ( Diferí,  epiftolaris. 
p.  187.  i88.)  Fa  traduite  ainli  en  latin  : O Do- 
mine , domine , illum  femper  dtfende  , qui  me  fecum 
circumgejiaverit  .*  ilit  vota  fuá  conceue.  Ce  ¿avant 
Anslois  nrend  ces  paroles  pour  une  forre  d en- 
char.tement  magique  , & avoue  qu  il  n entend 
pas  les  trois  premiers  mots.  Mais  en  Ies  rappro- 
chant  de  ce  qu  il  dit  dans  fa  grammaire  ( voL  i. 
p.  95.9  francothéoílique,  on  peut  leur  faire  figni. 
íier  ; Pduven  m a gagne  dans  le  combat- 

Ce  bouclier  fut  découvert  en  Angleterre  fur 
la  fin  du  demier  íiécle  , avec  cinq  anneaux  d ot 
d'un  grand  prix  , cent  piéces  d argent^  frappees 
fous  le  régne  de  Guillaume-le-Conquerant,  & 
un  plat  de  méme  métal.  Hickes  conjeélure  que; 
ce  tréfor  aura  été  caché  en  terre  par  quelqu» 
feigneur  Angiois  qui , fouSfant  impatiemment  I» 
domination  du  monarque  normana,  fe  fera^^re^ 
tiré  dans  les  marais  de  Fiíle  d'Eü  , apres  s «tre 
revoleé  contre  fon  fouverain. 

Les  Romaias  appeloient  clupeum  m 
en  bronxe  ou  autre  métal , qui  étoit  roña , K 
que  Fon  confacroit  dans  Ies  temples.  TI  faut  !• 
diftinguer  du  clypeus , lorfque  celui-ci  fignifie  ua 
bouclier  dont  il  avoit  la  forme.  Les  portraits  des 
empereurs  qu^’on  attachoit  aux  _ ^ * 

taires  depuis  la  poinre  jufquau  milieu  de  lahalte, 
étoient  des  clupeum.  On  convient  cepenoant  q^ 
Fon  confondit  quelquefois  les  ae-ax.mots., 
qu’ils  furent  employés  indifferemrr.ent  pour  ex 
primer  ces  efpéces  de  médaillons. 

On  trouve  dans  Ies  magaíins  du  cabinet  de 
Porticiy  une  grande  quantité  de  petits  buíres  ea 
bas-reiiefsy  appliqués  fur  des  champs 
comme  le  feroit  celui  ¿Lun  bouclier : ces  ^ 
pouvoient  étre  attachés  centre  "un  ^ 

quelqa’autre  endroit , par  le  moyren  dan  cr^"^ 
pon  qui  y étoit  fcellé  ; & leur  reffernbiar.ee  av 
la  figure  d’un  bouclier  les  faiioit  appeler  clupe- 


BOU 

Oh  en  tronre  qai  repréfentent  des  tetes  d’empe- 
reurs  & d’ircpérstiices ; & Ton  en  voit  áeax 
enrr’autres , mais  en  rrrarbre  & de  grandeur  na- 
tureüe , dans  la  vigne  Altien , & ua  dans  le  ca- 

Une  infcription  grecque  nous  apprend  que  Ton 
faifoit  graver  fur  des  médaillons  les  portraits 
de  ceux  que  Ton  vouloit  honorer.  On  j lit  : 

TPAnTANTE  EN  OINQ  EN  KPISQj  un  porírazt 
pelnt  oa  gravé  fur  une  arme  en  or.  Cette  arme 
devoit  étre  un  beuclier , fcutis  , dit  Pline(  3 5. 
í.  3.)  qualibus  cpud  Trojam  pugnatum  efi , con- 
tinebantur  imagines  i jinde  & nomen  habuére  cly- 
peorian. 

Les  Romains  adoptérent  cet  ufage  ; le  Sénat 
décema  a Claude-le-gothique  un  bouclier  d’or, 
fur  lequel  étoit  gravé  fonportrait,  dit  Trebellius 
Pollion : Clypeum  aureum  Senatus  toíius  judicio 
in  romartd  curia,  collocatum  efi  ^ ut  etiam  nunc  -vi- 
detar  exprejfa  thorace  vultús  ejus  imago. 

Macrobe  {Sat.  I-  3- ) appeloit  ces  portraits 
fur  des  médaillons  , clypeats.  imagines  & il  rap- 
portc  á leur  fujet  un  bon-ttiot  de  Cicerón  qui , 
vovant  dans  une  province  un  grand  portrait  en 
bulle  de  fon  frére  Quintus  qui  en  avoit  été  gou- 
yemeur , & dont  la  taille  etoit  au-deflous  du 
mediocre  , s’éctia  : la  moitie  de  mon  frere  eft  ici 
plus  grande  que  ne  1 eíl  fa  perfonne  entiere  : 
Ciim  in  ea  provincia  , quam  Q.  Cicero  frater  re- 
xerat , vidifiet  clypeatam  imaginem  ejus  j,  ingen- 
tibus  lineamentis  ufque  ad  peñus  ex  more  piBam 
< erat  autem  Quintus  ipfe  fiatura  parva)  ah  : 
frater  meus  dimidius  major  efi  quam  totus, 

Bouclier  de  Scipion.  Voye^  Scipion, 

Bouclier  fur  les  médailles. 

Les  peuples  du  Péloponéfe  gravoient  fur  leurs 
loucliers  la  premiére  lettre  de  leurs . noms , afin 
de  fe  diftinauer  dans  Ies  combats.  lis  ont  fuivi 
cet  ufage  fur  leurs  médailles , car  on  n p voit 
fouvent  qu’um  monogramme  formé  par  les  deux 
premieres  lettres  de  leurs  noms. 

Bouclieh  Béotien  far  les  médailles.  Ce  bou- 
dler  eft  oval  , avec  deux  échancrures  vers  le 
milieu.  On  en  vO'it  un  fculpte  dans  íes  ridnes 
du  temóle  d’ApoIlon  a Amyclee  ; il  eíl  grave 
for  les  médailles  des  Béotiens  ^ des  Thebains  ^ 
de  Tanagra  , de  Thefpis- 

Bouclíers  fur  les  fceaux. 

Dans  les  médailles  poílérieures  aiix  Antenms  ^ 
lien  de  plus  ordinaire  que  de  voir  des  empe- 
reurs  teñir  de  la  mafti  gauche  un  boucher  orne 
de  diverfes  Saures  , & du  monogramme  de 
J.  C.  depuis  Conltantin.  Le  boucher  marque  ici 
la  oroteclion  que  les  princes  doivent  a leurs 
fuj¿ts.  il  fut  place  par  la  mema  raifon  fur 
cuélqiies  fceaux  de  Louis- le- debonnaire  j,  de 
CharUs-le-gros  & de  Loáis  VIL  On  le  volt  or- 
dinairement  dans  les  fceaux  des  empCiCurs  --íí- 
lemagne  , depuis  Conrad  I jufqu  a Othon  i , & 
dans  ceux  des  grands'feigneurs  de  Languedoc  , 


BOU  405 

de  Bretagne  Sr  de  Lorraine.  Heineccius  a décrB 
les  diíxérentes  formes  de  cette  arme  défenfive- 
Ce  favant  obferve  qu’on  l’attachoit  au  cou  avec 
une  chaine  on  une  courroie  j pour  ne  le  pas 
perdre  dans  le  combat.  II  ajoute  que  la  variété 
des  images  Se  des  peintures  dont  le  bouclier  étoit 
orné,  a donné  naiíTance  á Técu  dans  les  ar- 
moiries  & á tout  i’art  héraldique.  ISouvelle  diplo- 
matique. 

BOUGIE.  Quoique  les  anciens  fe  ferviífent 
habituellement  d'huile  cour  s'éciairer  pend.’nr  la 
nuit , comme  nous  ratteílent  rimmenfe  quantité 
de  lampes  antiques  découvertes  en  tous  Iieiix, 
& les  beaux  candélabres  d'HercuIanum  deftinés 
a porter  ces  lampes ; il  eíl  cependant  certain 
qu’iis  employoient  auíG  la  cire  au  méme  ufage  , 
& qudls  fe  fervoient  de  bougies.  Plante  y faic 
allufion  ( CurcuL  i.  15?.  ) • 

Tute  tibi  puer  es  , lautus  luces  cereum. 

Martial  en  fait  une  mentioa  expreffe  dans  le 
vers  fuivant  ( xix.  42. ) r 

Hic  tibí  nochurnos  prsfiahit  cereus  Ignes. 

Plutarque  ( Qusfi.  román.  3.)  dit  que  les  fiam- 
beaux  portés  dans  la  cérémonie  du  manage 
par  des  enfans  ayant  pére  & mere  , étoient  de 
cire.  Les  flambeaux  qui  bruloienr  dans  les  facri- 
fices  & autour  des  cadavres,  étoier.t  auifi  fairs 
avec  de  la  cire  étendne  fur  des  cordes  cu  fur 
des  feuiiies  de  papyrus.  Kous  1 apprenons  de 
Servius  ( JEneid.  v.  731.  ) ; Funalia  a funibus  , 
qui  intra.  ceram  funt : kos  ante  ufum  papyri  cera 
circumdatos  habebant.  Suetone  { 3ul.  84*  n.  6,  ) 
dit  que  deux  faélieux  brálcrent  un  cercufil  avec 
Ies  torches  allumées  qui  l’entouroient : Lehum 
repente  dúo  quidam  giadiis  fuccincti  fuccenderuut 
ardentibus  cereis.  Mais  ce  n’étoit  pas  feulement 
des  torches  de  cire’  dont  on  faifoit  ufage  dans 
les  funérailles  , .on  y pcrtoit  auíli  des  tOiChes 
de  bois  réíineux  , appeiées_  proprement  faces. 

pourc|Uoi  Sénéciie  rcunit  tou)ours  ces  deux 
combuílibles , cerei  &c  faces  , lorfqa  il  parle  ¿es 
funérailles  ( Epifi.  122.  ) : Ifii  miki  defunBorum 
loco  funt : quantulum  enlm  d Junere  abjunt  , 
auidem  acerbo^  qui  ad  faces  G?  cercos  vivuntl  12 
c de  Tranquill.  c.  il.  ) toties  in  vicinia  mea  con- 
clamatum  efi  i teñes  xrsterjimen  immaturas  ex- 
feauias  fax  cereujque  prsc-gi:.  Jtt  {de  Brevit.  vií. 
c ^20  I ut  mehercule  zfiorum  fuñera  , tanquam 
minimim  vixerlnt  , ad  faces  & cercos  ducenda 

■^^  Le  cruel  Néron  aioutoit  a la  rigueur  des 
ruppikes  cuii  faifoit  infiiger  aux  cnmj^e.s  , .a 
dériílon  la  plus  revolante,  lí  le  Icrvoit  ee  ces 
malheureux  pour  s’édairer  pena.ant  p^nuit  ea 
vuife  de  torches  ; ckíl-a-d;re  , qu  aprej  ;es  ..vo.. 
doués  áuíJ  poteau,  on  les  revetüioií  done 


49<^  ■ B o U 

tunicue  de  ’papyrus  endaite  de  ore  , á laquelle  Ófl 
metroit  !e  feu.  Tache  nous  a tranfinis  le  fouvenir 
de  cette  horrible  cruauté  ( AnncL  xv.  447.  } : 
p creanúhus  addita  luáibria  , ut  ferarum  tergis  con- 
teñi  , la?izdtu  canum  interirent , aut  crucihiis  ajfixi , 
aut  jiammandi  , atque  ubi  defecijfet  dies, , in  ufum 
nociurni  luminis  uterentur.  Ce  farouche  tyran 
édaira  un  jcur  !e  peuple  romain  aíTemblé  dans 
un  amphithéátre  avec  ces  feux  abominables , 
comnie  nous  Tapprend  Fancien  rcholialle  de  Ju- 
vénal  {Sat.  l.  jj.  ) : Tigellinum  Ji  Uferis  , vivas 
ardcbis  ; qumadmodum  in  muñere  Neronis  vivi 
'arferunt , de  quibus  Ule  jujferat  cercos  fieri , ut 
lucerent  fpeñatoribus  , cam  fixa  ejfent  illis  gut- 
tura , ne  fe  curvnrent.  Ñero  maléficos  hom.ines 
teda  , & papyro  , & cera  fuperveftzebat  , & fe  ad 
ignem  admoveri  juhebat  ^ ut  arderení. 

■ Les  Romains  s’enroyoient  en  préfent  pendant 
les  faturaales  , des  bougies  que  Fon  allumoit  fur 
les  autels  de  Saturna.  Ces  bougies  tenoient  lieu 
des  vióiitnes  humaines  que  les  premiers  hommes 
oírroient  au  pére  de  Júpiter  , lorfqu  Hercule  leur 
expliqua  Foracle  fuivant , par  lequel  i!s  croyoient 
que  ces  aíFreux  facrifices  leur  ¿toient  com- 
mandés : 

K«í  aa'-j  ^ tZ  xarfi  ■xig.iftxz  q&rct. 

Le  héros  leur  fir  entendre  que  le  mot  qtlrx , déíi- 
gnoit  des  ainíi  cue  ¿es  korr.mes  ¡ & que 

par  conféquent  ils  pouvoient  fubftituer  la  pre- 
miére  oíFrande  á lá  feconde.  Macrobe  ( Saturn. 
I.  -j,  & u.  ).  . 

BOVIANUM,  dans  le  Samnium^  aujourd’hui 
Bo'iano. 

M.  Pellerin  atribue  á cette  ville,  deux  iiié- 
daHles  -d’argent  avec  des  legendes  étrufques , & 
an  boeuf  couché  aux  pieds  á’un  hommé  cafqué 
& armé. 

BOLTLLOIRE.  On  volt  au  cabinet  d’Hercu- 
lanum  un  vafe  de  cuivre  deñirié  á faite  bouillir 
del’eau^  lequel  reíTemble  beaucoiip  á nos  bouil- 
loires  á thé.  Au  dedans  du  vafe  , il  y a un  cylindre 
d’environ  quatre  ponces  de  diamétre  , avec  un 
couvercle  mobile  , dans  lequel  on  jette  du  char- 
bon  ; de  maniere  que  la  cendre  peut  tomber 
par  des  trous  pratiqués  dans  le  fond.  Dans  Fef- 
pace  réfervé  autour  de  ce  cylindre  ^ on  faifoit 
paíTer  Feau  par  le  moyen  d’une  efpéce  de  perit 
entonnoir  cui  s’y  trouve  foudé.  On  a auífi  trouvé 
de  fembhbles  vaiSeaux  brifés,  dont  le  cylindre 
étoit  garni  par  le  bas^  d'une  grille  dañinee  á laiífer 
pafferla  cendre & faite  de  maniere  que  les  barres 
du  gril  font  creufes , afin  que  Feau  ¡ par  ce  moyen 
puiíTe  csrculer  toüC  autour  du  cylindre.  Le  robinet 
de  ces  iouilloires  eíl  un  peu  élevé  au-deíTus  du 
niveau  ou  plan  fur  lequel  on  les  pole^  dans  le 
deíleín  de  reteñir  Feau  lorfquTlle  a fait  un  dépót. 
Le  liiTiori  blanc  ateaeñé  aux  patois  de  ces  vaif- 
íeauS;  eít  une  preiive  de  Fufags  aaquei  lis  c-nt 


BOU 

fervi ; 8z  Fon  fait  qu'il  y avoit  á la  cour  d’AuguSe 
une  perfonne  deíhnée  umquement  á avoir  foin  de 
la  boiíTon  faite  avec  de  Feau  chaude.  ( Spon. 
MifceL  p.  2c6). 

BOULANGER.  FbyeyPAiN  des  anciens. 

eotah'  fur  Ies  médailles  des  villes  , en  dé- 
figne  le  confeil  ou  le  magifirat , comme  on'Fa|>. 
peüe  aujourd'hui  dans  plaíiears  provfinces.  Mais  il 
ne  déílgne  pas  le'fénat  de  RomCj  qui  eft  appelé 
s-3ix.>Ar«r  fur  les  raédaiíles. 

BOrAEYTAi'j  fénateurs  des  villas  (Rotne  escep- 
tée)  ou  decurión.  Lucien  f Gymnaf.)  appelle  ainíi 
les  aréopagites ; & ce  nom  fut  donné  auíTi  aux 
decLirions  qui  formoient  le  confeil  des  viiles  mu- 
nicipales. Ce  nom  ne  déügna  jamais  chez  les 
auteurs  grecs  un  fénateur  romain,  <r'j'/x?,>¡Tíx'> y 
mais  toujours  un  áécurion  des  villes  municipales, 
qui  faifoienr  les  mémes  fonóiions  dans  ces  villes 
que  les  fénateurs  á Rome. 

botaetth'pion , ou  'Zaúacísr , curie,  lieu d’af- 
femblée  du  confeil  municipal.  Cn  a quelquefos 
déílané  aufli  par  ce  nom , la  baíilique  ou  les 
juges  d'une  ville  rendoient  la  juñice  au  peuple. 
C'eft  dTin  bátiment  de  cette  efpéce  que  parle 
Pline  ( 36.  c.  15.),  fous  le  nom  de  Buleutirion. 
On  le  vovoit  á Giziaue , & il  .tfentroit  que  du 
bois  dans  fa  conñruéiion  , fans  aucune  piéce  de 
-fer  y enforte  que  Fon  pouvoit  en  réparer  une 
partía  fans  déranger  les  autres : Cyfici  & huleu- 
teriQp.  vocant  sdificium  ampLum  ,fine  ferreo  clavo  y 
ita.  difpofitá  contignatione  , ut  eximantur  trabes 
fine  fulturis  , ac  reponaníur. 

BOULJANUS.  C’étoit , felón  le  pére  de  Lon- 
gueval  , Í-Hifioire  de  ¿’églife  gall.  I.  p.  “Ue 

divinité  adorée  a Alantes  en  Ereragne,  ou  elle 
avoit  un  temple  fameux  qui  fut  abitta , comme 
on  le  croit,  vers  Fan  319,  fous  le  régne  8c  par 
Fautorité  du  grand  Conftantin.  “ II  y quelque 
” temps , dit  ce  Pére  , que  Fon  trouva  á Nantes 
» une  infeription  en  Fhonneur  de  cette  divinité, 

” conque  en  cés termes;  ” numini  aucustor» 
DEO  EOOLJANO  M-  GEMEL.  SEGUNDOS  ET  C; 
SEDAT.  FLOROS  ACTOR.  VICARIOR.  PORTENS. 
TRiBüNAL.  C.  M.  LOCiS  EX  STIPE  CONLATA 
posüERüHT.  « Cene  infeription  a beaucoup 
” tourmenté  nos  favans.  Nous  croyons  que  ce 
53  dieu  Buuljanus  eft  le  méme  que  le  dieu  lanas 
" des  Latins,  au  nom  duquel  on  ajouta  le  non* 

” celtique  ¿oa/,  qui  íignifie^Téir.  Ainíi  Bouljanus 
3»  fera  le  Janus  du  monde.  On  aftiire  en  effet 
’3  qu'une  ancienne  figure  de  ce  dieu  le  repre- 

” íentoit  á trois  faces  j.pour  íigrdfier  fans  doute 

33  les  trois  parties  du  monde  qui  étoient  alors 
» connues.  Bou!  íigni'fie  encore  chez  les  Brerons 
==  un  giebe.  33 

Toute  cette  explícation  du  P Longueval, 
malheureufement  fur  une  infeription  mal  copiee  i 
& le  dieu  Bouljanus  eft  un  dieu  imaginaire.  Aoici 
ia  vérirable  infeription:  numinibos.  aijgüstor- 

DEO« 


BOU 

D£0.  VOt.  JANO.  M.  GEMEL.  SECUNEUS.  ET  C. 
SEDAT.  FLORüS.  ACTOR.  VICAKOR.  PORTENS. 
tribunal.  C.  M.  LOCiS.  EX.  STIPE.  CONLATA. 
posuERUNT.  Elle  fut  faite  pour  apprendre  á 
la  poílérité  que  les  habitans  de  Nantes  avoient 
confacré  leur  tribunal  aux  dieux  des  empereurs^ 
c’elt-á-dire  j á Júpiter  & á Apollen  , máis  aprés 
avoir  invoqué  Janus  , felón  Tufage ^ afin  que  leur 
■oftrande  parvínt  par  fa  médiation  aux  dieux  de 
l’empire.  ==  Aux  dieux  des  empereurs  : de  Tagré- 
nient  du  dieu  Janus  : M.  Gemellus  fecundas  & 
C.  Sedatius  Florus  ^ avec  Targent  de  la  contri- 
bution , ont  bád  dans  la  place  du  commerce  le 
tribunal  des  habitans  du  port”.  {Alémoire  de  Lia. 
du.  P.  Defmolets.)  » 

BOURDON.  Notre  bourdon  ou  balTe  répond 
á la  note  que  les  Grecs  appeloi  Snt  'srpoo’Xa.uQcí'ic^AifG?. 
cc  Cette  efpéce  de  bowaon  des  anciens  foutenoit 
le  chant ^ en  faiiant  fonner  roécave  Sr  la  quinte. 
La  quarte  s’y  trouvoit  aufli  par  la  fituation  de 
la  corde  du  miiieu , comme  on  Tapperqoit  aifé- 
Hient.  Au  refte  les  anciens  ne  nous  ont  rien  laiílé 
par  écrit  fur  ces  bourdons.  n M..  de  CaftilLon 
fils. 

BOLRGEOIS.  yoye^  Citoy^n. 
BOÜRGEOISÍE.  Cité. 

BOURREAü.  Voye^  Exécuteur  déla  haute- 
juftice. 

BOüRSE  d'argent.  Voye:^  Follis. 

BOURSE  , lieu  oú  s’alTemblent  les  marchands 
pour  traiter  des  aíFaires  relativos  áu  négoce.  II 
y avoit  á Rome  des  baliliques  deftinées  á cet 
ufage.  On  a été  plus  loin : on  a cru  & affuré 
qu  ils  y avoient  une  bourfe  proprement  dite  , 
bátie  Tan  259  de  la  fondation  de  Rome,  fousle 
eonfulat  d^Appius  Claudius  & de  Publius  Servi- 
lius.  Ceux  qui  ont  eu  cette  Opinión  , ajoutoient 
que  les  reítes  de  cette  bourfe , appelée  collegium 
mercatorum,  formoient  une  partie  de  la  Loggia 
moderne,  la  loge  íituée  aupres  de  la  place  de  S. 
George.  Ils  fe  fondoient  fur  le  paíTage  fuivant 
de  Tite-Liye  : certamen  confulibus  inciderat  uter 
dedicaret  Aíercurii  ídem.  Senatus  a fe  rem  ad  po- 
pulum  rejecit  : utri  eorum  dedicado  jujfu  populi 
data  ejfet , eum  precjfe  annons. , mercatorum  colle- 
gium inflituere  juffit.  Faifons  remarquer  ici  que 
dans  la  bonne  latinité , collegium  n’a  jamais 
déíigne  un  édifice,  mais  une  communauté  d'ar- 
tifans , un  ordre  de  prétres , &c.  de  forte  que . 
Ion  ne  peiit  ici  lui  faite  lignifier  une  bourfe.  Le 
fens  de  ce  paífage  eft  done  que  les  negociaos 
fcent  incorporés  & formes  en  compagnie  fous 
ja  proteclion  de  Mercure  , & que  Y&des  de  ce 
dieu  fervit  aux  facrifices  particuliers  de  cette 
Corporation. 

B O U S T R O P H É D O N E.  Commencer  les 
’gnes  de  droite  á gauche , & les  conrinuer  alter- 
hativement  de  gauche  á droite ; voila  ce  que 
Crees  appelo’enr  écrire  /SíVffifíJo?,  Cette 
‘áütiq^uités  ¡ Tome  I, 


BOU  497 

expreííion  caraéicrife  parfaitement  bien  une 
ecTiture  dont  le  propre  eíl  d'imirer  Paílion  du 
laboureur  qui , apres  avoir  tracé  fon  premier 
lillon,  en  forme  un  autre  á cote,  & pourfuit  de 
la  íqrte  fon^  travail , jufqu  a ce  qu^il  ait  achevé 
fa  tache.  Ainli  les  lignes  impaires  de  cette  écri- 
ture  font  dirigées  vers  la  gauche,  & l¡s  paires 
fe  portent  vers  la  droite  5 ou  bien  on  fait  préci- 
fément  tout  le  contraire. 

Paufanias,  (Aó  y.)  decrivant  les  monumens 
érigés  á Oiympie  par  Ies  Cypfélides  , en  repré- 
fente  Ies  inferiptions  comme  écrites  en  lettres 
antiques,  dont  les  unes  vont  tout  droit.  ra 
‘-'•‘drc!  k'jrii  %xi¡  xiifara  i les  autres  font  ea 
écriture  quon  nous  permettra  de  nommer 
bouftrophédone , pour  éviter  les  périphrafes, 

ahXa  'ysafiÍTm  Mue-fiíp!¡¿'c)  xaAaoj-i» 

Dans  cette  écriture,  on  commence  la  feconde 
ligne  au  bout  de  la  piemiére  , ¿í'77<>  Tfly 

TgÚ  £55-íiyí*  fTTCiit  TO  LcS  IoÍX 

de  Solon  {Suid.  Harpocr.)  furent  ainli  écrites. 
Tel  étoit  Parrangement  qu^on  donnoit  pour  l’or- 
dinaire  aux  lettres  des  plus  anciennes  inferip- 
tions. 

I.  Que  Ies  Grecs , avaht  rinvention  de  leur 
écriture  alternative  , ayent , á la  maniere  des 
Orientaux,  formé  toutes  leurs  lignes  de  droite 
á gauche  i c'eft  une  opinión  tres-probable , & 
qui  s^accrédite  de  plus  en  plus  parmi  les  anti- 
quaires.  Si  Pon  en  croit  Spanheim  dans  la  pre- 
miére  partie  de  la  feconde  {Edit.  Londin.p.  no.) 
de  fes  differtations  fur  Pexcellence  des  médailles, 
les  SiciÜens  avoient  appris  des  Phéniciens  á écrire 
de  droite  á gauche  ; c’eíl  un  ufage  qu'ils  ob- 
fervérent , & dont  il  refte  encore  divers  monu- 
mens. Piuíieurs  de  leurs  médailles  ont  les  inferip- 
tions tournées  de  droite  á gauche , & méme 
queiquefois  des  lettres  renverfées  de  haut  ea 
bas.  La  Sicile  fut , nous  dit-il , oceupée  li  long- 
temps  par  Ies  Carthaginois  defeendus  des  Phéni- 
ciens, quhl  n’eít  poinr  de  pays  oü  Pon  découvra 
plus  de  veíliges  littéraires  de  cette  nation.  II  cite 
tout  de  fiiite  une  médaiüe  d'Ephéfe  , dont  Pinf- 
cription  eft  difpofée  dans  le  méme  fens  q.ae 
celies  des  monnoies  íiciliennes  apportées  ea 
preuves.  Comme  il  eít  sur  qu'au  íiécle  oü  cette 
médaille  fut  frappée  , Ies  Ephéíiens  n’écrivoient 
pas  de  gauche  á droite',  il  en  prend  occaíion 
d^avouer  que  ces  renvetfemens  de  lettres  ont  pu 
arriver  par  la  faute  des  monétaires  , & que  de 
célebres  antiquaires  , comme_  Trillan  , fe  font 
trompes,  pour  n'avoir  pas  fait  cette  attentioa. 
Mais  la  méme  folution  étoit  appncable  aux 
monnoies  de  Sicile  5 &,  pour  cqnftater  1 ufagq 
ou  Pon  étoit  áy  écrire  de  droite  á gauche, 
il  faudroit , ce  femble  , des  monumens  d une 
autre  efpéce  que  des  meáailles.^ 

Q'uoique  certaines  légendes  des  médailles  de 
Siciie  tournées  de  droite.  á gauche  , ne  foient  pas 
des  garaas  súrs  de  Pufage  014  Pcii  étoit  d'y  dü 

B rí 


438  BOU 

porei  ainí  récránte,  d'.es  oíiiront  «P;"  .*”' 

quelques  degrés  de  vraifembiance  en  la 

M.  Muraron!  en  adoptant  {ISov.Tkef.  L i-  Jl'- 
les  notes  du  barón  de  la  Baftie  , eft  cení 

adopté  ce  fentiment.  ...  . rnutient 

Mais  quand  racadémicien  framjois  / 

(ibid.  col.  que  cette  maniere  d’écrire  - 
fiftoit  encore  aprés  le  íiége  de  Troye  ^ ^ 
le  nom  d'Agamenuion  étoit  écrit  de  * 
gauche  au  bas  d'une  de  fes  ftarues  5 jgj._ 

eonféqilence  quhl  n'eíl  pas  fi  facile  d <i  Q^=Qn 
Comment  en  eífet  conclure  d’un  feul  mot  » 
ccriv'oit  encore  de  la  forte  des  pieces 
ou  méme  des  inftriptions  de  pluueurs  ^ 

dans  un  temos  auquel  Técnture  /r¿g  gj! 

comraen^ant  de  droite  á gauche , etoit  p»  ja 
coutume  ? Une  infcription  d’iin  mot  “ J" 

ligne  pouvoit-elle  dans  ce  cas  partir 
que  de  la  droite  ? Si  le  fcuspteur  avoit 
feconde  ligue  á graver  , il  l'auroit  fornae^  - 
un  fens  oppofé.  Pour  que  le  raifonnerne  - 
des  naroles  de  Paufanias  eút  quelque  : 

faudroit  done  d’abord  démontrer  que  } 
houlirophédone  n^’avoit  pas  encore  ete 
Or^c  eft  ce  qu  on  na  pas  méme  tente  de  *aue. 

Mais  il  réfulte  trés-natureüement  du 
aUégué  ci-deffus  ^ que  Heriture  ioufiropbMe 
commenyant  par  la  droite,  connima  d e^ 
üfage  aprés  le  íiége  de  Troye.  Ede  £ ^ 

iíiconteñablement  la  plus  ancienne  écritur 

en  eft  une  fecorde  efpece  égalenaenr  qua- 
lifiée  boiiftrophédone  , dont  Ies  lignes  fiarían  t 
gauche  á droite,  reviennent  de  droite  a ' 

pour  continuer  de  la  forte  á Palternative-  ‘ ^ 
écriture  eftbeaucoup  plus  coonué  des  favapsque 
la  precedente  , fur-tout  depiiis  la  publ  catión  ae 
rinferiotion  de  Sigée  dans  les  antiquites  a la- 
tiques  ‘de  Chishull , & dans  pluíicurs  autres  ou- 
vrages.  L’infcription  donnée  par  M.  Muritori, 
au  premier  tome  de  fon  nouveau  Tréfot  des  an- 
ciennes  inferiptions,  eft  difpofée  de  mem^- 

Sftl  n en  a point  para  iufqu  á 
commenqat  de  droite  á gauche  , ce  n eft  P^s  M n 
n en  exiftát  un  nombre  plus  grand  que  de  la  e- 
conde  efpece  , comine  il  paroít  d’apres  le  cur  e x 
recueil  de  la  bibliothéque  du  ron  Mais 
voyage  de  1 abbé  Fourmonr  en  Crece,  perionne 
n’avoit  vu  de  monument  écrit  de  cette  maniere  , 
& Pon  n’ayoit  pas  méme  dhdées  bien  nettes  lur 
la  diftinaion  de  ces  deux  efpéces  d’écntures. 

III.  On  feroit  obligé  d’en  admettre  une  troi- 
fieme,  fi  l’idée  d’un  favant  Anglois  s’étcu  trou- 
vée  vérifiée  par  les  monumens  antiques.  ■’ 

au  premier  livrede  Con  Arck£ologia  grAca,cn. 

avoit  conqu  que  cette  écriture  deyoit  ette  amn 
diípofée ; 

E K A I o s A p 


BOU 

Du  moins  eft-ce  ainfi  quhl  la  repréfente.  Mais 
comme  de  fon  temps  on  n’en  n’avoit  jamais  vu 
d’exemples , & qu’alors  elle  étoit  uniquement 
connue  par  les  textes  des  anciens , on  ne  doitpas 
étre  fort  étonné  de  fa  méprife.  II  ne  l’appuye 
d’ailleurs  d’aucune  raifon  ni  d’aucune  autorité. 
II  na  pas  méme  imaginé  que  l’écriture  houfiro^ 
pkédone  put  he  pas  avoir  fes  lignes  akernative- 
ment  renverfées.  Certe  idée  ne  paroít  pas  néan- 
moins  s’accorder  avec  celle  que  nous  avons  du 
labourage.  Si  au  premier  íillon  la  charrue  porte 
la  terre  vers  le  nord , au  fecond  elle  ne  la  ren- 
verfe  pas  vers  !e  midi , mais  elle  continué  tou- 
jours  ne  la  pouffer  du  méme  coté.  II  fuiSt  done 
pour  que  l’écriture  foit  boufirophédone , que, 
recommenqant  au  bour  de  la  ligne,  elie  difpofe 
fes  lettres  dans  le  fens  contraire  á celui  qu ’elles 
avoient  auparavant , fans  néanmoins  les  renverfer 
de  haut  en  bas.  On  nous  oppoferoit  en  vaiu 
quelques  exemples  d’une  écriture  telle  que  Fotter 
se  l’eft  figurée  ; car  quelles  bizarreries  ne  trouve- 
t-on  pas  en  fait  d’écritures  ?_  Nous  fommp  feu- 
lement  perfuadés  que  celie-ci  ne  fut  jamais  d’un 
ufage  ordinaire  , ni  méme  &équent.  Nous  n in- 
líftons  fur  ce  fvjet , que  parce  que  des  antiquaires 
trés-favans  nous  ont  paru  fouhaiter  qu’oa  ré- 
pondit  á l’autorité  du  dobte  Anglois. 

IV.  Les  écritures  á marche  & á contre-marcha 

ne  fe  trouvent  en  ufage  que  chez  les  Crees  & 
les  Érrufques.  E’les  le  furent  auffi  chez  les  Gau- 
lois,  li  l’on  en  croit  un  rnoderne  {Relig.  des  Gau^ 
lois.  1.1.  c.  jj.'ñ.  y.)  d’une  érudition  peu  com* 
muñe.  On  Ies  découvrc  felón  lui  dans  íeurs  inf- 
eriptions (Jbid.  l.  3.  chap.  4.):  non-feiílement  , 
dit-i! , aux  temps  les  plus  recules  , mais  encore 
dans  les  temps  pofitrieurs.  Les  lix  medailles  ap- 
portées  en  preuve,' nous  offrent  Se  des  écritures 
á rebours  , Se  des  lettres  renverfées  en  pluíieurs 
fens  contraires.  Ces  bizarreries  ne  pourroient- 
eües  point  étre  rejetées  fur  le  peu  dhabilete  ou 
fur  i’inatrention  des  monétaires , ou  fur  qiie.ques 
ufages  particuliers  á certaines  viües  dans  ia_ra- 
brique  des  monnoies ; ufages  qui  n inflaoient 
nullement  fur  les  autres  écritures  ? Il  n eft  point 
de  villes  oú  cette  mode  ait  été  alors  plus  .uivie, 
que  dans  celia  de  Marfeille;  Se  toutefois,  a pt® 
prement  parler,  Marfeille  n’étoit  point  u.ne  vu  e 
gauloife.  - 

Pareilles  méprifes  on  courames  fe  remarqu 
fur  'es  médailles  des  Romains,  des 
Se  nommém¡ent  fur  cebes  du  roi  Offa^C- 
Anglo-Saxon.  D.  Fountain.)  5 fanS  ®n 
en  conclure  que  i’écriture  boufirop^-cdone 
uíitée  parmi  eux.  Cn  jugeroit  plus  surement  p ^ 
de  fimples  inferiptions , fi  Lécnture  oe_  ga>^  • 
á droite  avoit  en  cours  chez  Ies  Gau-ois 
premiers  Francois-  Malheareufement  on 
connoít  point  de  cette  cfpéce. 

V.  Lorfque  Dom  Bernard  de  Montfaucon  c m 
pofa  fa  Paléographie  j ii  croyolt  qu  n n en 


B O ü 

píS  mán^.e  (V aUogravh.  lív.  1-  ckap.  I .p.  ll?.) 
¿í  ia  íT.ain  des  Grscs,  lAús  {Antiq.  AJlst.  p 4.) 
Edmond  Chishul!  pubija  en  1728  deux  infcrip- 
lions  de  ce  genre  , tróuvées  fur  Ies  ruines  de 
Sigéej  ancienne  viüe  de  Troade.  Quoiou  elles 
ne  remonrentpaS:,  á fon  a vis,  aux  temps  oú  cette 
écriture  éroit  ordinaire , & qu  il  ferabie  qu'eües 
avene  été  gravées  daos  des  conjondlures  oü  Ton 
aítedioit  de  rappeler  les  ufages  antiques  ; elles 
devancent  néanmoins  Tere  ebrétienne  de  plus  de 
cinq  cents  ans.  Au  refte  il  fuíEt  qu'elles  ayent 
été  copiées  fur  des  modeles  plus  anciens  qui 
devoient  écre  alors  encore  aífez  communs  , poar 
que  no  US  y reconnoiíEons  la  feconde  efpéce  d'é- 
criture  bcujiropkédone.  L'infcription  de  Sigée 
commence  done  de  gauche  á droite,  &c  revient 
de  droite  á gauche.  Les  lettres  que  Ton  ponrroit 
dire  n etre  pas  mifes  de  face^  maisde  proSl,  y 
font  dífféremment  tournées  ^ fuivant  que  la  ügne 
eft  de  droite  á gauche  , ou  de  ganche  á droite. 
Un  coup-d'ceil  fur  ces  fortes  d’infcriptions  ^ en 
donnera  une  idee  plus  jufte  que  nc  feroit  un 
long  difeours. 

Le  P.  de  Montfaucon  requt  d’Angleterre  une 
aatre  infeription  en  écriture  boufiropkédone , 
pour  étre  ínférée  dans  fes  colleftions  d'anti- 
quités  profanes.  Mais  comme  elles  fe  trouvérent 
íinies  j cette  piéce  ne  put  y trouver  place.  Elle 
ne  fut  pas  néawnoins  perdue  pour  le  public  5 
le  barón  de  la  Baílie  entreprit  de  I’éclaircir  par 
un  favant  commentaire  ; & ^ pour  faire  honneur 
á celui  de  qui  il  la  tenoit  ^ il  la  qualifia  par-tout : 
Infeription  Montfauconienne.  II  en  Rxa  {Murat. 
Nov.  Thef.  t.  I.  col.  48.)ráge  entre  Tan  yoOj  & 

1 an  4(joavant  J.  C.  & il  la  fie  un  peu  plus  récente 
que  Finfeription  de  Sigée. 

L’abbé  Fourmont  fut  encore  plus-heureux  que 
íes  Angiois , puifqifil  rapporta  de  fon  voyage 
de  Gréee^  des  (Jdémoir.  de  littérat.  de  Vacad,  des 
inferip,  tom.  ij.  p.  400.  410.)  infcriptions  de  ce 
genre  ^ de  plus  de  mille  ans  avant  J.  C.  Elles 
fent  confervées  précieufetnent  parmi  ceiles  qu’on 
garde  á ¡a  bibliothéque  du  roi. 

Si  Fécriture  houfvrophédone  ayoit  quelqu’avan- 
tage  fur  Ies  atures , *ei!e  avoit  auffi  fes  incom- 
modités  5 ne  fut-ce  que  la  contrainte  oú  Pon 
étoit  á chaqué  ligue  de  former  les  leccres  dans 
un  fens  contraire.  A la  vérité  ceux  qui  ajoutérent 

2 Falphabet  des  Grecs  diverfes  lettres , ieur  don- 
sérsnr  á cet  égard  une  figure  invariable.  Elles 
ne  regardoient  pas  plus  la  droite  que  la  gauche. 
On  réduifit  auífi  á cette  forme  les  anciennes 
lettres  jA,  a , a,  M.,ti  ,r  , qui  étoient  aupa- 
favant  tournées,  tantót  vers  la  gauche,  tantót 
vers  la  droite. 

Cependant  les  Grecs,  tnéme  dans  les  derniers 
tems  oü  ils  fe  fervirent  d'écriture  hoiLflropkédone  ¡ 
ne  laifsérent  pas  de  tourner  en  des  fens  oppofés , 
«urs  A,  leurs  n , Se  peut-étre  d’autres  iettres. 


B O L'  49** 

fuivant  que  leurs  lignes  procédoient  de  droite  a 
gauche , ou  de  gauche  á droite.  II  refioit  d'ail- 
^finrs^bien  des  caraéleres  done  la  figure  deveit 
neceilairement  changer  á chaqué  ligne  , parce 
que  leur  tournure  étoit  déterminée  plutór  d un 
coré  quedeFautre.  Telles  étoient p£  , leK,  leP, 
le  2 j &c.  Le  méme  inconvénient  fe  fit  done 
toujours  fentir.  AuiTi  les  Grecs  abandonnérent- 
ils  infenfiblement  leur  double  écriture  houftro- 
pkédone , pour  s’en  teñir  á Puníque  maniere 
d'écrire  que  nous  fuivqns  encore. 

L'écriture  boufiropkédone  fembla  toucher  a 
fon  dernier  période,  depuis  qu’elle  commen^i 
de  gauche  á droite.  II  ell  conforme  a la  raifon  , 
(c  eíl:  ainíi  que  parloit  le  barón  de  la  Baílie)  de 
regarder  les  infcriptions  boufirophidones  comme 
plus  anciennes  que  ceiles  dont  les  lignes  font  dif- 
pofées  felón  notre  maniere  ordinaire  d'écrire. 
Mais  quoique  les  infcriptions  écrires  de  droite  i 
gauche , fuivant  la  coutume  des  Orientaux  , 
doivent  paffer  pour  les  plus  anciennes , & les 
bouftrophédones  en  généraí  étre  jugées  antérieures 
á ceiles  qui  font  en  écriture  vulgairc  ; il  ne  faut 
pourtant  pas  nier  quhl  ne  puiíTe  s’en  trouver  de 
bouftrophédones  poítérieures  á quelques  infcrip- 
tions en  écriture  commune ; parce  qu’á  Pépoque 
ou  cette  écriture  commenfa  d^étre  en  ufage  , 
Pancienne  maniere  d'écrire  ne  put  pas  étre  tout 
d°un  coup  par-tout  abandonnee  de  tout  le 
monde. 

Les  motifs  qui  faifoient  conclure  air  barón  de 
la  Baílie  que  Pécrimre  {Nov.  Thef.  col.  59. J bouf- 
trophédone  zvoit  dú  ceffer  avant  la  guerre  du  Pélo- 
ponnéfe  , étoient  tirées  de  ce  que  le  marbre  de 
Nointel,  dont  il  fixe  {Ibid.  p.  a^.)  Pépoque  á Paa 
4^7  avant  J.  C. , eíl  entiérement  écrit  de  gauche  á 
droite , & qu’il  en  eíl  de  méme  de  ceux  qui  appro- 
chent  de  fon  áge , ou  qui  ont  été  graves  du  temps 
d'Alexandre-le-Grahd. 

Le  barón  de  la  Baílie  dut  étre  bien  furpris  aprés 
cela  , quand  Pabbé  Fourmont  lui  fit  voir  des  inf- 
criptions  écrites  uniformément  de  gauche  a droite, 
quoique  de  trois  cents  ans  plus  anciennes.  Telles 
font  {Mémoire  de  Vacad,  des  infcriptions.  tom.  ly. 
p.  397.)  les  trois  qui  concernent  la  guerre  des 
Lacédémoniens  contre  íes  MeíTéniens,  tróuvées 
fous  les  ruines  de  trois  villes  différentes.  Nou- 
velle  Diplomatique. 

BOÜTON.  On  peut  établir  pour  principe  ge- 
nera! dans  Pétude  des  monumens  antiques , 
que  Ies  anciens  ne  fe  fervoienr  pas  ordinairement 
de  boutons  dans  leurs  habillemens.  Les  excepticns 
font  fi  rares  , qu  elles  ne  d.érogent  pas  au  prin- 
cipe : les  voici  Lapartie  destuniques  des  femmes 
qui  couvroic  Pépaule  & le  bras  , en  guife  de 
manche  trés-courte,  étoit  aflujétie  par  quelques 
boutons.  C’étoienr  auífi  deux  boutons  qui  aíTem- 
bioient  auprés  du  col , les  deux  piéces  quarrées 
dont  étoient  fouvent  farmées  ces  tuniques. 

R r I ij 


500  B R A 


Les  hommes  attachoient  auíli  avec  iin  houton 
fúT  une  épaule , (ía  droite  pour  Tordinaire)  , leur 
chiamyde,  leur  paludament  ou  leur  tiianteau, 
Ces  éoutorzs  ézohm  de  bronze  chez  le  peuple 
& parmi  les  foidats ; i!s  relTembloient  parfai- 
temens.  aux  boutons  des  breteües.  Comme  on  en 
trouve  beaucoup  dans  les  anciens  camps  romains^ 
©n  peut  les  placer  dans  la  claííe  des  parares  mi- 
boutons  étoient  fuppléés , dans  les 
habiilemens  des  feinmes  & des  hommes,,  par  des 
fbules  ou  agraffes  poinrues.  Heredóte  (//¿.  j.) 
eit  que  les  femmes  dL4rgós  & d’Egine  portoient 
cts  agraffes  beaucoup  plus  grandes  que  Ies  Athé- 
niennes.  Le  comte  de  Caylus  iRecueil.  j.  p¿.  91. 
n.  y.)  a publié  le  deííin  d'un  bouton  ou  agraffe  an- 
tíque  d une  grandeur  estraordinaire , & orné  d^un 
bas-relief. 


BRABEUTES,  , dlffributeurs  de  prix. 

Ce  nom  eñ  derxvé  de  ^ récomoeníe.  Les 
érabeuíes  étoient  chez  Ies  Grecs  des  oíficiers  pu- 
biics,  qui  prélidoient  ordinairement  aux  ieux 
folemneis,  & en  particuüer  aux  jeux  facrés. 
Cette  charge  , qui  étoit  une  efpéce  de  masirtra- 
ture  créée  pour  juger  ceux  qui  remportoient  le 
pnx^  a la  courfe  ^ á la  lutre  j &c.  étoit  fort  con^- 
derée,  non  - feulement  chez  les  Grecs,  mais 
encore  parmi  les  Perfes.  Les  rois  eux  - mémes 
i exercoient ; 8c  c^’étoit  au  moins  dans  les  pre 
miéres  famüles  de  la  Gréce  , que  Pon  choififfoit 
ces  arbitres.  Phihppe  de  Macédoine  s’étoit  fait 
nommer  Brabeuts  , & il  commettoit  un  de  fes 
officiers  pour  en  remplir  les  fonélions  , lorfqffil 
pouvo’t  y affifter  lui-méme  ; ce  que  Démof- 
thene  regardoit  comme  un  attentat  contre  la 
Jiberte  des  Grecs. 


Lorfque  les  Brabemes  devoient  exercer  leur 
Charge  pour  la  premiére  fois , on  les  faifoit  entrer 
dans  une  encemte  partieuliére  , oú  ils  aílliroient 
avec  ferment  qu -!s  jugeroient  toujours  avec  la 
plus  grande  impartiahté.  Aprés  ce  préliminaire  , 
lis  paroiiToaent  revétus  d’mi  habit  de  pourpre 
portant  une  couronne  & une  baguette  pour 
marques  de  leur  autorité.  Ils  ailoient  enfuite  s’af- 
feoir  dans  un  endroit  _ diílingué  , appelé  , 

pletkrum  & qui  etoit  regardé  comme  un  afyle 
inviolable.  La,  ils  prononqoient  leurs  iugemens 
avec  un  pouvoir  abfolu ; ils  décernoient  des  peines 
contre  les  athlétes  qui  avoient  enfreint  les  ioix 
de  la  gymnaíhqiie,  & difrribuoient  des  récom 
penfes  aux  vainqueurs.  Ces  rééompenfes  étoient 
des  priXj  ou  des  couronnes  appelée  B-iul 

ceíl-á-dire,  treffées  par  la  déeíTe  de  la 
jultice  elle-meme  , par  Thémis. 

Le  nombre  des  Brabeutes  n'étoit  point  ñxé  • 
Queiquefois  il  n y en  avoit  qu'un  ; mais  ordinai- 

^ept  ou  neuf.  Euftate 
&.)  paroit  Ies  confondre  avec  Ies  Arí^o- 
nothetes  Sr  avec  les  Athlothétes.  lis  étoiení  aSi 
appe.vS  Epoptes.  On  peut  conclure  , d aprés  im 


B R A 

paíTage  de  Suétone,  fNer.  c.  13.  12.  a\  , 
Brabeutes  etoient  affis  au  niveaii  de  rarén-"  a^n 
de  pouvoir  examiner  de  pJus  prés  les  athléte^' • 
Brabeutarum  more  zn  ftaázo  huzzzi  ajftdens. 

BR.ACARA  Augufta  , dans  la  Luíitanie. 

_ Cette  ville  a fait.  frapper  des  médailles  impé 
nales  latines  , felón  le  P.  Hardouin.  ^ 


BRACCA.  -X 

BRACCARIL  > V oyei  Chausses  longues 
BRACCATA.  3 

BRACELETS.  Nous  donnons  ici  le  nom  de 
hracelets  , & á cet  ornement  que  Fon  place  au- 
defius  du  poignet , & par  extenlion  á celui  que 
Fon  a porté  queiquefois  au-deffus  du  conde.  Le 
dernier  mériteroit  plus  particuliérement  le  nom 
de  bracelet  , armilléz,  á caufe  ¿í  armus  , épaule  ou 
le  haut  du  bras ; mais  Fufage  contrairé  a pré- 
valu  j 8c  le  mot  bracelet  ne  déligne  aujourd'hui 
que  Fornement  placé  au-deffus  du  poignet.  Nous 
y dérogeons  dans  cet  árdele,  afin  de  nous  expli- 
quen pías  fuccinétement. 

_ La  prétendue  Ifis  de  granit  noir  qui  'eft  au  ca- 
pitole,  porte  des  hracelets  , non  pas  au-deffus  du 
coude^,  mais  au-deffus  du  poignet.  C’étoit  peut- 
étre  Fufage  ordinaire  des  femmes  de  FEgypte  5 
au  relie  nous  ne  pouvons  pas  citer  d'autres  mo- 
numens  pour  Fattefter  ou  pour  le  démentir. 

Les  femmes  Grecques  ffavoient  pas  un  ufage 
conílant  & uniforme  fur  Ies  hracelets.  Tantót 
eíles  les  portoient  fur  le  haut  du  bras  j & ils  s’ap- 
peioient  alors  'zs^ú  oZpíts , ferpetis  roiilés 

autour  des  bras.  On  volt  en  effet  des  hracelets 
terminés  en  tetes  de  ferpens  qui  font  entortillés 
autour  des  bras  de  deux  nymphes  endormies , 
au  vanean  & á la  Villa-Médicis,  & auxquelles 
ces  ferpens  ont  fait  donner  mal  - á - propos  le 
nom  de  Cléopátre.  C’éroient-lá  de  véritables  hra- 
celets puifquils  fe  plaqoient  fur  le  bras , au- 
deffus  du  coude. 

On  vit  aulli  Ies  femmes  grecques  oorter  ces 
mémes  ornemens  au-deffous  du  coude  & immé- 
diatement  au-deffus  du  poignet,  comme  lesdames 
les  portent  aii’ourd'hui.  Ces  ¿racelets  figurés  en 
ferpens , formoient  plufieurs  tours  & s’appeloient 
iTziKaf-níai  óZpti;  , ferpens  autour  du  poignet . OU  íim- 
plement  £5!-<xíip.OT«.  C^eíl  ainfi  que  les  porte  une 
des  Caryatides  de  la  villa  Negroni.  Les  artiftes 
transformérent  ces  hracelets  en  veritables  fer- 
pens , autour  du  bras  des  Bacchantes.  Ces  reptiles 
avoient  Fair  de  mordre  leur  queue,  & meme 
de  fe  déchirer  Fun  Fautre  , lorfque  les  extre- 
mités  du  bracelet  étoient  travaülées  en  tetes  de 
ferpens.  Les  crochets  des  cei.ntures  étoient  for- 
més  de  méme , comme  nous  Fapprenons  d un 
vers  des  Argonautiques  {lib.  3.  v.  150.),  renda 
ainíi  en  latin 


Balteus  & geznini  commzttunt  ora  leones. 


B R A 


On  voit  á Portici  des  bracelets  de  oronze  & des 
hraceUts  qui  to'js  onti3  forme  d'un  ferpent. 
11  en  a un  d'or  entre-auaes  , qui  cit  du  plus 
psrrair  travaii.  « Le  cizeiec  , úit  le  comte  de 
Cayíus.  ne  peut  aüer  plus  ioin.  Le  corns  du  bra- 
celit  efe  formé  i art  un  ferpent  oui  fe  replic  en 
cercle  j Se  retourne  ceux  io  s fur  .iui-meine.  Ce 
gente  d'ornement  a eté  i¡  fort  du  goút  des  an- 
cienSj^  qu'il  fe  trome  fi-équemnient  repété.  La 
richefié  de  la  matiére  ^ & la  beauté  de‘  i exécu- 
tion  periuaderoient  que  cette  parure  doit  avoir 
été  ceüe  d'une  femme  conlidérable  5 & ii  Ton  ne 
veut  pas  s ¿cárter  de  fidée  d'efclavage  attachée 
au  braceUt  il  faudra  dire  que  fefclave  qui 
portoic  cet  ornement  j étoit  jeune  & «favoritel  » 
Les  braceUts  écoient  appelés  f/isirTfí , quand 
i!s  étoient  ronrés  par  des  treífes  de  métaf.  On 
en  volt  un  de  íiis  d’argent  treífés  enfemble  dans  le 
cabinet  de  Sainre-Génevieve.  li  y en  a un  de  bronze 
dans  la  menae  coiledlionj  qui  fe  placoit  au  haut 
du  bras.  L empereur  Maxiinin  étoit  d'une  taille  íi 
extraordinaire  que  le  hracelet  de  fa  femme  lui 
feryoit  d anneaupour  mettreau  oouce.Les  femmes 
íirent  des  bracelets  un  obiet  de  luxe  & de  dépenfe 
extraordina’re.  Tantót  ils  étoient  d’or  , tels  que 
i on  en  a trouvé  á Herculanum  5 tels  auffi  que  celui 
dont  parle  Plaute  ( Men.  ni.  3.  3.  ) : 

.....  Ut  addas  aurl  tu  pondo  unciam , 

Jubeafqut  novum  fpintker  reconcinnarier. 


Spintker  déíigne  ici  une  efpece  de  bracelets  par- 
ticuüére.  V.  Spinther. 


On  y^employoit  auifi  Tivoire  ^ comme  nous 
i apprena  Scylax  dans  fon  Péríple.  Pétrone  fait 
menrion  (cap.  32.)  de  cercles  d'ivoire  qui 
fervoient  de  bracelets.  La  fuperñirion  s'em- 
para  de  cet  ornement,  comme  de  tous  les  autres 
dont  fe  paroient  Ies  anciens.  lis  croyoient  dé- 
tourner  les  funeíies  influences  des  regards  que 
leur  lancoient  les  envieux,  ou  les  fouhaits  malfns 
quiis  formoient  conrre  eux,  en  humeclant  de 
falíveune  datte,  & la  liant  au  braceUt.  IVlartial 
pane  de  ce  talifirsan  ridicuie  ( vin.  33.  j-r.  _)  que 
les  pauvres  envoyoient  au  premier  jour  de  jan- 
yízc  , avec  un  aSj  en  forme  d'écrennes  á lears 
patrons  : 


Hoc  Imitar  fputo  Jani  caryota  kalendis  , 
Qaam  fert  eum  parvo  fordidus  ajfe  cliens. 

Quelques  ebens  plus  génereux  couvroient  cette 
«atte  avec  une  feuiiie  d’or.  Martial  fair  mención 
oe.  cette  recherche , qui  laidoit  cependant  la 
• nombre  des  préfens  oíFerts  á la 

iiGheíít  par  la  pauvreté.  ( xiii.  27.  ) : 


■Aarea  porngitur  Jani  caryota  kalendis  j 

Sed  tamen  hoc  munus  pauperis  ejfe  folet. 


^ B R A 

-es  femmes  portérent  á- 
^^^.s  pmíi^rs  efpéces  de  bracells  , á celui 
S;  f bracelets  de  méme  forme 

r,,.  .^orr'Lpnr  ’ 3.  ceini  ou  eiies 

^ortcrenc  qu  une  feul  braceht  tantót  au  bras 
d.o.L  , taniot  au  bras  gauche  5 on  ne  peut  Lea 
cure  de  precis.  On  faic  poíitivement  qu  ePe*  vou- 
o ent^quelqueíois  étre  enrerrées  avee  cene  pl 
rure.  ..ctevola  (%.  40.  §.  ¿e  aur.  q?  arrr  /L ) 

nou^a  conferve  Jadifpoíition  telWrtaire  d une 
femme  qm  voulut  erre  portée  au  tombeau  avec 
-ts  bracelets  d emeraiuie  : Funerari  me  arbitrio 
viri  mei  volo  , & inferri  mihi  quacumque  fepul- 
tara  mes.  caufa  jeram  ex  ornamentis  , lineas  daas 

_ Diodore  de  Sxile  dit  que  Ies  Gaulois  trouvent 
anondamment  ae  1 or  dans  ieurs  riviéres  j qu  üs 
i purent  par  le  moyen  du  lavage  , pour  fem- 
pioyer  a la  parure  des  femmes , & méme  á celle 
des  hommesj  car  , ajoute-t-ii  ^ üs  en  font  non- 
l.ulemenrdes  anneaux.ou  plucót  des  cercles  qu’üs 
porrent  auxdeux  bras  & aux  poignets,mais  encore 
descoliiers  extrémement  mafíifs.  Se  méme  des 
^uiraues.  (/.  v.p.  231.  ¿>232.  Tradua.  de  V Abbé 
J.  errajjon. 

Le  comte  de  Caylus  (B.ec.  2.  pl.  47.  rF.  i.  ) 
a donné  le  delfín  d’une  Venus  de  bronze,  dont 
.e  bras^droit  étoit  enrouréd’un  braceUt  d’argent 
arge  o environ  trois  iignes , & orné  fimolement 
d un  douole  trait.  ‘ 


Bracelets  des  hommes,  Armilh  militares 
viris,calbei.  II  eftfai:  fouvent  mention  deces 
Uts  cans  Jes  éenvains  latins  ; mais  rarement  ou 
peut-etre  jamais  dans  les  anciens  écrivains  erees. 
On  en  peut  conclure  avec  cuelque  vraifemblance 
que  ce_s  bracelets  furent  un  ornementparticuiier  des ' 
Komains  5 d autant  plus  qu’iis  paroiifent  i'avo'r 
adopte  avec  Íes  autres  coutumes  & les  autres 
ufages  des  Sabins.  Tice-Live  dit  que  ce  peuple 
airnoit  a fe  parer  de  bracelets  d'or  trés-pefant  , 
quüs  portoit  au  bras  gauche  ( i.  2.)  Sabini 
áureas  armillas  magni  ponderis  brackio  Isvo  ka- 
buerunt. 


Lesgénéraux  romains  ¿.iftúhuoztnt  ces  bracelets, 
armilU  , á Ieurs  foldats  aprés  une  vidloirej  & ils 
étoient  un  gage  de  leur  vaieur  (Ifidor  , xix.  31.): 
Armzjls  ^ proprie  virorum  fura  , collats  vicloris 
caufa.  militibus  ob  armorum  virtutem.  Les  foldatS 
¿rrangers  ne  participoient  pas  á ces  récompenfes 
C PUn.  33*  a.  ^ 1 Armilías  czvibus  dedere  , qaas 
non  kabera  externi.  Ces  bracelets  formoienr  avec 
les  colliers  avec  les  ornemens  des  cafques  appelés 
cornicuU  , 8c  peut-etre  auíB  avec  des  médaillons , 
les  dona  militaría.  Equites  omnes  , dit  Tite-Livs 
(5-  -H-)  > ob  infgnem  multis  locis  operam , cor-  - 
niculis  armillifque  argentéis  donat. 

On  volt  ces  bracelets  graves  fur  fur  pluíieiirs 
tombeaux  de  foldats  Romains  , dont  les  dsíüm 
8c  les  épitaphes  ont  eré  pubHés  oar  Griitcr. 


B R A 

Loffqu-í  les  géisraux  romabs  ftifofent  leurs 
catrées  trioaiphales  ( Zorar,  Artnal.  l.  j)  , üs 
portoient  ordinairement  des  bracelets,^  Cependant 
on  n en  voic  ni  á Titus  , ni  a Marc  - Auréle  , 
qijoiqu  ils  foier.t  repréfentés  fur  leurs  chars  _d^e 
triomphe  j foit  parce  que  cette  coutume  n exif- 
toit  plus  fous  les  etnpereurs , foit  auffi  parce 
Gue  l'on  regardoit  cette  parare  comme  peu  con- 
venable j fur  une  monuraent  public  ^ á la  majeíle 
de  la  perfonne  & da  lieu. 

Le  comte  de  Caylus  ( Rec.  i.  pL  94.  ■ 3-  _) 

croyoit  avoir  trouvé  un  de  ces  bracelets  tni- 
iitaires. 

cc  Ce  bracelet  de  bronzc  , qui  me  paroit  , dit- 
il 5 un  de  ces  ornemens  que  portoient  les  fol- 
dats,  & qu’on  connoifloit  fous  le  nom  d'^r- 
milla  , ornement  qu’on  leur  donnoit  pour  fécom- 
penfe  de  leurs  bellas  adlions eñ  compofé  d un 
iseau  fil  de  latón.  Ii  ma  été  envoyé  d'Her- 
cuhnum.  » 

BRACHIALE  , bracelet  du  haut  dubras,  felón 
Bartholin  ( de  armillis  ). 

ERACHYGRAPHIE  , l’art  d’écrire  par  abré- 
viations.  Voye:^  ÁBRÉTIATIONS  & IVDTES  de 
Tirón. 

BRACTEA  j lame  ou  feuille  d ’or  qui  fervoit 
aux  hrañear'ú  á dorer  Targent  & les  autres  raetaux. 
V.  Dorer., 

ERACTEARIUS  inaurator,  Gruter  (i074' 
raopGrte  une  infcription  dans  laquelle  il  eft  fait 
mention  du  collége  des  doreurs  de  lames  de  metal, 
¿éíigné  par  la  dqnomination  fuivante,  Collsgium 
Mractearioj<üm  isaus.atos.um. 

ERACTEATI  nummi.  V.  Médaiile  Fourrée. 

BRACTÉATES.  Les  auteurs  qui  ont  écrit  fur 
Ies  médailles , ou  ( pour  parler  plus  exaélemení ) 
fur  les  monnoses  du  moyen-áge  , ont  déíigné  par 
ce  nom  derivé  du  latín  , des  m.onnoies  fabriquées 
groíP.érement  avec  de  légéres  feuilles  de  méta!  , 
& dont  le  relief  d'un  cote  eft  formé  ordinaire- 
ment  par  le  creux  de  Fautre.  Ellgs  reffemblent 
á ces  ornemens  de  metal  eftampés  & repouífésj 
dont  on  charge  le  haut  & le  devant  des  cafques , 
le  devant  des  ceinturons  des  troupes  légéres.  &c. 
L'.411emagne  eft  le  pays  qui  fournit  le  plus  de 
suonnoies  braSéates ; auííi  a-t  on  des  traités  fur  ces 
médailles  écrits  par  de  favansAllemands.  Lecabrnet 
de  Sainte-Géneviéve  en  renferme  quelques-unes , 
qui  font  placees  parmi  les  monnoies  étrangéres, 
Ont  croic  avec  raifon  que  le  mauvais  gout  des 
médailles  du  Bas-Empire , que  la  rareté  des  mé- 
taux  précieux  , & plus  encore  rignorance  de 
Tart  du  monnoyage , produiíirent  ces  monu- 
mens  de  barbarie. 

BR.4GE  étoit  dans  la  raythologie  d'Odin  , le 
protecteur  de  rélnquence  & de  la  poélie.  Sa 
fetr.me  íduna  avoit  la  garáe  de  cerraines  pommes 
dont  goútoknt  les  dieux  lorfq'Tíls  fe  fentoienr 


B 


R 


A 


yieillír?  psrcc  qu'eOes  avoleat  le  pourolr  de  les 
rajeunir. 

BRANCHIÁDE.x 

BR4NCHÍDES.  C Rt-anchus  étoit  filsde  Simé- 

BRANCHUS.  3 rus,  qui_,  ayant  été  abin- 
donné  a Milet  par  fon  pete  Démoclus,  y époufa 
une  filie  trés-riche.  Devenue  enceinte , la  femme' 
de  Simérus  rét^a  , felón  Varron,  que  le  folei!  en- 
troit  par  la  gorge  dans  fon  corps,  & p.  fottoit 
par  les  entrailles.  On  confuirá  les  devins  fur  ua 
reve  auíu  extraordinaire.  Ceux  ci  le  trouvérent 
d'un  bon  augure  pour  Fenfant  qu  Apollon  fem- 
bloit  avoir  recherché  avant  fa  naiíiance , & qu’iis 


firent  appeler  Br anchas  , du  mot  grec  , 

gorge.  Devenu  grand  , Branckus  fut  rencontré 
dans  une  foret  par  Apollon,  qui  Fembraffa , lui 
fit  préfent  d’une  couronne  & d'une  baguette , & 
ie  remplit  par  ce  feul  baifer  de  Fefprit  prophé- 
tique.  (Laciantius  ad  StatiiTheb.  8).  Le  dieul  en- 
leva enfláte , & les  loniens  joints  aux  Eoliens  luí 
rendirent  un  curte  particulier , lui  attribuerent  des 
oracles,  qui  paífoient  dans  toute  la  Grece  pour 
les  plus  véridíques  aprés  ceux  deDelphes. 
Bibliotk.') 

Ces  oracles  fe  rendoient  dans  un  temple  con- 
facré  á Apollon  dans  le  territoire  de  Milet.  De-U 
vinr  que  ce  dieu  fur  furnommé  Branckiade.  O.n 
donna  auffi  le  nom  de  Branckides  á la  famille  de 
prétres  qui  fe  dévoua  au  cuite  d’Apoííori-Sra,i- 
ckiade.  Lorfque  Xercés  fe  préparoit  á ravager  la 
Grece,  les  Branckides  lui  livrerent  le  temple  & 
Ies  richeífes  qui  leur  avoienr  été  eonfiées.  Aprés 
cette  impiété,  üs  fe  renrérent  dans  la  Sogdiane  , 
ou  Xercés  leur  permit  de  batir  une  vilie  pour 
qu’iis  puííent  étre  á Fabri  de  la  vengeance  des 
Grecs.  Mais  Alexandre  ayant  vaincu  Danus,  & 
s’étant  rendii  maírre  de  Fempire  des  Perfes , punit 
les  áefeendans  des  Branckides  de  Firreligion  ae 
leurs  peres.  11  rafa  ¡eurviile,  dit  Quinte-Cures, 
& fit  paíTer  tous  les  habitans  au  fil  de  Fépee.  ^ 

BRAS.  Les  foldats  Lacédémoniens  avolent 
coutume  de  üer  autour  de  leur  bras  gauche  une 
petite  tablette,  fur  laquelle  étoient  écrits^  leur 
nom  , leur  pays  & leur  age  5 afin  que  Fon  put  íes 
reconnoitre  , Vils  venoient^á  étre  raes  dans  -es 
com.bats.  Les  foldats  romains  portoient  .ur  eux 
des  marques  plus  durables.  On  leur  apphquoii.  ur 
le  bras  ou  fur  la  rnain  des  fers  chauds , fur  Isique 
étoient  gravées  en  relief  des  figles.  ISous  ignorons 
cc  que  déíignoienr  précifément  ces  wraaere 
abrégés;  mais  une  expreffion  de  S.  Auguftin  Z?y'’ 
fC>'',  qui  les  appelie  reglas  ckaraBer , peut  au 
croirequ’elles  étoient  Fabrégé  oule  mont^rarn 
du  nom  de  Fempereur.  Au  reñe  , il  eft  T 

bable  que  ces  marques  défignoient  la  legip 
laquelle  appartenoit  le  foldat  -.d 

fon  bras  ; car  les  empereurs  Arcade  & 

L t.  de  Fabric.)  ordonnérent  que  les 
attachés  aux  fabriques  des  armes,  pcrteroien 


B R A 

iís  Iras  les  marques  de  la  fí^brigue  á laquelle  ils 
éroient  attachés  ^ afin  que  i'on  púr  les  reconnoitre 
& les  rainener  á cet  attelier  ; comtne  on  le  prati- 
cuoit  pour  les  foidacs  nouveaux  : Stigmata , ho:. 

note.  publicA  fabricenfium  brachils  aá  imztatlo- 
nern  tyronum  infúgantur ^ ut  koc  faltem  modo  poJ¡tn.t 
lititantes  agnofci. 

Les  monumens  antiques  nous  font  voir  que  Ies 
femmes  & les  hommes  mémes  ont  porté  quel- 
quefois  au  haur  du  bras  des  Bb.ac£LETs. 
ce  mot. 

Lorfque  Ies  anciens  vouloient  montrer  une 
grande  douleur , ils  frappoient  á coups  redou- 
blés  leur  poitrine  & ieurs  Iras.  II  eíl  parlé  fouvent 
daiís  les  poetes  de  ces  marques  de  douleur.  Virgile 
(iJEneid.  vii.  pcS.) : 

Silvia  prima  foror  , palmis  percujfa  lacertos  ^ 
Auxilium  vocal. 

Ovide  {Met.  IV.  137.)  : 

Sed  pofiqudm  rtmorata  fuos  cognovit  amores ^ 
Percutit  indignos  claro  plangore  lacertos. 

Et  Claudien  (¿e  Rapt.  Prof.  il.  247.)  ; 

Planciuqae  lacertos 

Verberat. 

Le  mantean  des  Grecs,  pallium , ainfi  que  la 
chlamyde  des  ftatues  kéroiqaes , s’agrafFoit  fu-- 
Tépaule  droite  ;,  & laiíToit  le  bras  dioit  entiére- 
ment  découvert.  La  rogé  des  Romains  étoir  beau- 
coup  plus  ampie  que  le  manreau  grec  : cependant 
elle  laiffoit  auíTi  la  liberté  Ue  découvrir  en  etiuer 
le  bras  droit  & Tépaule  á laquelle  il  eft  attaché. 
II  reíie  un  trés-grand  nombre  de  ftatues  qai  repré- 
fenrent  des  Romains  vécus  de  la  toge;  le  bras 
droi:  de  ces  figures  eft  prefque  toujours  dégagé  de 
la  toge  : ce  vétement  eñ  alors  abaiíTé  au-deíTous 
de  Tépaulé  droftej  il  paife  fous  le  bras  droit,  re- 
monte au-travers  de  la  poitrine.  Se  va  repaíTer 
fur  répaule  gauche,  d’ouii  étoittombé  par-der- 
riére. 

Cicerón  {pro  Ccelio , c.  j.)  rácente  que  Fufage 
des  Romains  qui  I’avoient  précédé  , étoit  danter- 
dire  pendant  un  an  aux  jeunes  gens  qui  venpient 
de  prendre  la  robe  virile , Tufage  du  bras  droit ; 
c’eft-á-dire , les  geftes  trop  violens  : Nolis  guidem 
anuas  erat  muís  ad  cohábendum  brachium  toga  confii- 
tutis , é?  ut  exercilatione  ludoque  campefiri  túnica 
uteremar  ¡ eademque  erat , fi Jiatim  mertri  fiipendia 
cceperamus , caflrenfis  ratio  & militaris.  Sénéque 
etend  cette  défenfe  aux  jeunes  gens  qui  fréquen- 
toient  le  barreau  nendant  la  premiére  année  ( Cont. 
V.  6.)  : Apud  pafes  noftros  qui  forenfia  fiipendia 
aafpi:  ah  antas,  w fas  putabatur  hrackium  extra  tógam 
exferere.  I]  ne  faut  cependant  pas  donner  á cette 
dtfeníe  une  auííl  gra.nde  éteadae  qu'elle  paroit 


B R A 503 

1 avoir  au  premier  coup-d’oeil.  On  nfiiiterdifoK 
aux  canuidats  que  le  gtíie  forcé  du  Iras  droit  qui 
iuroit  fait  rabartre  la  toge  & découvrir  l’épaule 
droite  avec  la  poitrine  : mais  il  leur  étoit  permis 
lans  doute  de  gefticuler  avec  modération  de  la 
main  droite , fans  dégager  de  la  toge  le  bras  en- 
tier. 

L’on  prenoit  & pofolt  fur  fon  cou , dans  le 
moyen  age  , le  oras  de  celui  par  qui  oa  étoit 
adopte  , ou  de  qai  Fon  fe  déciaroic  ferviteur  Se 
efclave. 

Bras.  Dans  Ies  monumens  antiques,  le  bras 
pofé  fur  la  tete  des  figures , exprime  Fétat  de 
repos.  Lucien  {de  Gymnaf.  tom.  2.  p.  887.)  nous 
Fapprend.  Dans  le  Gymnafe  d' Athenes , oii  s' exer- 
fozent  les  luteurs  & les  pancratiafies  , dit-il , on. 
voyoit  une  ftátae  d' Apollan  ayant  un  are  a la  main, 
& pofant  fon  bras  droit  fur  la  tete  , comme  pour  fe 
repofer  de  fes  grands  travaux, ... 

Du  relie , cette  attitude  n'eíl  pas  affeclée  excíu- 
fivement  á Apollon ; fouvent  Bacchus,  Hercule 
FHer.maphrodite  & le  Sommeii  font  repréfentés 
de  méme. 

Bras  plié.  fur  Ies  médaiiles- eíl  le  íymboíe 
d^Ancóne.  C’éroit  un  jeu  de  mot  fur  le  nóm  de 
cette  ville  , ou  plútór  c'étoient  (comme  Fon  s’eíl 
exprime  depuis)  des  armes  parlantes.  A’yx.uv  fignifie 
genou  ou  bras  plié. 

BRASIDAS,  un  des  plus  fameux  & des  plus 
courageiix  chefs  des  Lacédémoniens , fuccomba 
fous  les  coups  d une  troupe  d’Athéniens  fupé- 
rieure  á la  fienne  , aprés  une  longue  réliílance 
auprés  d’Amphipolis.  Les  habirans  de  cette  ville 
lui  élevérent,  au  miiieu  de  leuts  rnuraiíles , un 
fuperbe  tombeau  , Se  établirent  en  fon  honneuc 
des  fétes  appelées  Srafidées. 

BRASIDÉES  , fétes  & jeux  établis  á Lacé- 
démone  en  Fhonneur  du  vaiilant  Bralidas.  Pau- 
fanias  {in  Lacón.)  , j'hucydide  {lib.r.)  , &:  Suidas 
en  font  mention.  11  n' étoit  permis  de  difputer  Ies 
prix  dans  les  Brafidées  qu’á  des  Spartiates  libres; 
& Fon  condamnoit  á'  une  amec-de  ceux  qui  s^ea 
abfeníoienr. 

BRASIERS,  Trépjeds.  Les  maifons  des  ha- 
bitans  de  la  Gréce  & de  Fítaiie  avoient  rarement 
d’autres  cheminées  que  ceile  de  ia  caifine.  Lorf- 
qu'on  vouloit  répandre  de ' la  chaleur  dans  Ies 
appartemens , oa  fe  chauífer  pendant  Fhivér , on 
avoit  recours  ádes  brafiers , dans  lefquels  on  met- 
toit  des  charbons  allumés,  Comme  ils  avoient  la 
méme  forme  que  ceux  fur  lefquels  on  allumoit  le 
feu  facrédans  iestemp’es,  & qudls  éroient  portés 
de  méme  par  rrois  pieds  placés  en  triangle,  on 
donnoit  indiílinélernent  le  nom  de  fépieds  aux 
uns  & aux  autres.  On  en  fabriquoit  de  toas  les 
métaux ; mais  on  enJp'qyoir  le  bronze  par  préfé- 
rence,  & Ies  plus  grands  artilles  y faifoient  éclater 
1 leur  adreíTe.  Les  aiiteurs  anciens  en  onr  décrit  un 


504  B R A 

grand  nombre,  & les  fouilles  d^Herculanum  ont 
redonné  le  jour  á plulíeurs  ; on  verra  dans  la  plan- 
che 38  du  troiíiéme  volume  du  comte  de  Cayius  , 
les  deílms  des  deux  monumens  de  cette  efpéce , 
qai  fonr  les  plus  confidérabies. 

cc  Le  trepied  du  numero  i , dit  ce  favant  comte  , 
coníilíe  en  un  plateau  de  forme  ronde,  qui 
^ recevoit  le  feu  dans  un  renfoncement  ménagé  á 
ce  deíTeín  : une  frife  qui  decore  le  pourtour  exté- 
rieur,  eft  ornée  de  tetes  de  boeufs  décharnées, 
qui  lient  des  feñons  de  feuilles  de  myrte.  Trpis 
fphinx  de  la  plus  grande  beauté , foutiennent  le 
plate.au  par  la  pointe  de  leurs  ailes  éievées  á ce 
deíTein^,  & par  une  tige  fleuronnée  qui  palé  fur 
leurs  tetes  : ces  fphinx  font  affis , & ont  pour 
..  bafes  ou  fupports  des  pieds  de  biche,  difpofés  en 
mangle , fur  un  plateau  échancré  dans  fes  trois 
principales  faces.  De  l’endroit  ou  les  pieds  fe 
lient  avec  Ies  fphinx,  partent  des  rinceaux  d’or- 
nemens  qui  fe  joignent  au  centre  du  trépied,  y 

■ portent  un  cul-de-lampe , fur  lequel  on  voit  un 
petit  vafe  deíliné  fans  doute  á renfermer  les  par- 

• lums  qu  on  jetoit  dans  le  brafier , pour  corriger 
1 ooeur  du  charDon.  Ce  beau  brafier  ou  trépied  de 
brónzs  a deux  pieds  fix  pouces  de  hauteur 
- « L auíre  brafier  ou  trépied,  n°.  a,  égaíement 

de  bronze,  eft  plus  ccmpofé  , & beaucoup  plus 
-commode  pour  le  fervice  que  le  précédent.  II  elt 
porté  par  trois  fatyres  dont  les  jambes  fe  réu- 
niíTent,  & fe  terminent  en  un  feulpiedde  chévre. 
Ces  ñgures  font  placées  dos-á-dos  : leur  attitude 
,&Jeür  adtion  font  abfolument  pareilles;  c’ert- 
^a-dire,  qu'eiles  ont  une  main  fur  la  hanche,  & 
lautre  eít  élevée  comme  pour  empécher  de  les 
spprochp  de  trop  prés.  li  y a lieu  decroire  que , 
pour  evitqr  la  dépenfe , on  les  a jetees  dans  un 
íeiu  moiiie ; leurvifage  eft  riant,  & leurs  queues 
lervent  ’í  porter  un  anneau,  qui  vraifemblable- 
'ment  étoit  defticé  á fufpendre  íes  inftrumens  né- 
jceffaires -ppur  entretenir  le  feu.  Le  plateau  qui 
lervoir  á contemr le  ¿ru/íír  proprement  dit,  ou 
les  charbons , eíl  d’une  aíTez  grande  épaiíTeur, 

■ par  .la  néceftiré  de  fefpace  qu’exige  le  double 
fond  car  ii  eft  compófé  de  deux  piéces  : celle 
qui  eft  adherente  au  pied,  & q'ui  fait  coros  avec 

-iui,  porce  fur  fa  tranche  inférieure  trois  mains 
. qui  jouent  dans  leurs  charnieres,  & qui  fervent 
-a  falte  mouvoir  ie  trépied  avec  plus  de  facilité. 
Cette  piéce,  faite  en  maniere  de  cuvette , en 
recoít  une  autre  qui  ’eft  mobile  , & dd.ñt  le  bord 
- fe  termine  par  un  omement  á joUr  aílez  íingalier; 
jhgnoje  s’i!  a'roit  quelqu  ufage  pardcuiier  : ón 
voit  lenlement  que  leS  deux  nvaias  attachées  au 
gorps  de  ce  dernier  plateau,  aident  á le  foulever 
Se  a le  tranfporter.  La  hauteur  de  ce  brafier  ou 
trépied,  nu  des  derniets  décciiverts , qft  de  trois 
pseds «. 

depiijs,  en  íyér,  dans  un  temple 

é ,¿ere-Uiaai|m  j doat  I3  déceuverce  n’a  pas  été 


B R A 

achevée,  un  grand  érc/í.rcarré,  ou  un  foyer  d- 

DionzCj  feiiiDÍafc-le  a ceux  cjue  i on  place  en  ítalie 
dans  jes  granás  appartemens  pour  les  échauffer.  II 
eft  de  la  grandeur  d’une  rabie  moyenne  '& 
pofé  fur  des  partes  delion ; on  avoit  incnifté  avec 
art,  fur  les  bords  , des  feuiiiages  ; & Ies  matiéres 
qui  ont  été  employées  , font  ie  cuivre , le  bronze 
8e  f argent.  Le  fond  étoit  un  gril  de  fer  trés-épais 
mais  garni  & maconné  en  briques , tant  au-deíTus 
qu'au-deíTous  5 de  maniere  que  les  charbons  nc 
pouvoient  toiicher  le  deííiis  du  grii , ni  tomber  a 
rravers  par  le  bas.  Ce  beau  morceau  a été  tiré  de 
terre  en  pluíieurs  piéces. 

ERASSARDS.  On  croit  que  les  Crees  fe  fer« 
voient,  pour  défendre  les  bras  , d'une  armure 
diftéreñte  de  la  cüiraíTe.  C’étoient  de  vérita'oles 
brajfards,^  qui  fervoienc  á couvrir  á k fois  les  bras 
& les  mains.  Ces  derniéres  leur  firent  donner  le 
nóm  générai  Xeijt'fíí. 

BRAS  SE,  mefure  linéaire  & itinéraire  de 
TAÍie  & de  f Egypte.  Voye^  Orgye. 

Brasse  , mefure  itinéraire  desRomains.  Voyer 
Passüs. 

BRAT^IUM , Bceí°it<r/ , prix  des  ath'étes  &des 
gladiateurs ; les.  brabeutes  le  diftribuoient  ordi- 
nairement.  A Rome,  dans  Ies  coiirfes  des  chars, 
le  cocher  qui  avoit  fait  le  premier  fepr  fois  le 
toiir  du  cirque,  montoit  fur  la  fipina  pqur  y rece- 
voir  le  hravium  qui  lui  étoit  deftiné.  Properce 
(/I.  ip.  ój.)  en  fait  mention  ; 

Aut  priiis  infecto  depofeit  premia  curfiu. 
Séptima  quím  metam  triverit  ante  rota. 

BRALRON  , bourgade  de  l’Attique  , ou  la 
ñatue  de  Dianefut  apportée  de  laTauride,  & dé- 
pofée  dans  im  temple  bati  par  Orefte.  On  y célé- 
broit  tous  Ies  ans  la  féte  de  la  délivrance  d’Orefte 
& d’Iphigénie  j & on  appliquoit  légérement  une 
épée  niie  fur  la  tete  d'une  yiélime  humaine.  Quel- 
ques  gouttes  de  fang  répandues  en  fhonneur  de 
Biane,  y tenoient  lieu  de  facriñee.  Iphigénie  fut 
prétreíTe  de  ce  temple,  &,  aprés  fa  mort,  y re^ut 
les  honneurs  divins. 

BR.AURONIE.  v 

BRAURONIES  í On  appeloit  Bráaro.wVí  des 

fétes  céíébrées  en  Phonneur  de  Diane-Bra«- 
rojiie , dans  le  bourg  appelé  Branron.  Pendant  la 
feconde  giierre  Perfique,  Xercés  fit  enlever  la 
ftatue  de  cette  Diane  , qui  y avoit  été  apportee 
de  Tauride  par  Iphigénie-  (Paiifan  Attic.  & Arcad. 
Pqllux,  lib.  8.  c.  5).  ’Dix  f £cí5!-í7<!;  , OU  intendans 
des' chafes  facrées',  préiidoient  tous  les  cmq  ans 
á la  célébration  des  Brauronies.  Héfychius  dic 
que  l’on  y immo'oit  une  chévre,  & que  Toa  J 
’chañtoit  riiiade  d'Hornere. 

Le  plus  bel  ornement  des  Brauronies  étoiePt 
de  jeunes  ñlles  depuis  l’age  de  cinc  jufq'u  á ceiqi 


B R E 

áe  diXj  qui  7 paroifíbíent  vétues  de  robes  de 
couleur  de  fafran,  Kííkítsj.  Suidas  rapporte  ainíl 
I'origine  de  cei  ufase.  li  y avoit,  dit-ii,  dans  un 
bourg  de  l’Attique  un  ours  apprivoilé,  eonfacré 
a Diane,  qui  mangeoit  famiíiérement  avec  tous 
Ies  habitans . 8c  jouoit  avec  eux  fans  ¡eur  faire 
aucun  mal.  Une  jeune  filie  ayant  un  j'our  voulu 
badiner  avec  cet  animal  d'une  maniére  un  p>eu 
trop  familiére il  fe  jeta  fur  elle , 8c  h mit  en 
piéces.  Les  fréres  de  cette  filie  vengérent  fa  mort 
fur  le  meurtrier;  mais  leur  verrgeance  fut  fuivie 
d’une  peíle  horrible  qui  défok  toute  TAttique. 
Pour  faire  ceíTer  ce  terrible  fléau  j on  abandonna 
a Diane  , par  le  confeil  de  Idraclcj  plafieuts 
jeunes  filies  deftinées  á appaifer  la  colére  de  la 
déeffej  qu’avoit  irritée  la  mort  de  fon  animal 
chéri.  On  fit  méme  une  loi  qui  défendoit  á toutes 
Ies  filies  du  bourg  de  fe  marier  fans  avoir  fait  les 
fondlions  de  prétreifes  dans  íes  feces  de  Diane. 
De-lá  vint  qu’elles  affiíloient  routes  aux  Brauro- 
nies.  On  appeloit  A' fx.T(¡i , ■ ourfes  , ces  jeunes 
filies;  leur  initiation  fe  nommoit  Á'^y-raa,  ou^ 
felón  Ariñophane , AtxílA; , á caufe  de  l’áge  de 
dix  ans  qui  excluoit  de  ce  facerdoce  tranjltoire. 

BREBÍS,  ces  anrmaux  étoient  en  vénération  a 
Sais  en  Egypte ; apparemment  á caufe  de  leur 
utilicé. 

Les  généraux  Romains  ^ á qu-i  le  peuple  n’avoit 
accordé  que  les  honneurs  du  petit  triomphe  ou 
•de  V Ovación , n’offroient  aux  dieux  pour  victimes 
que  des  breáis  ; candis  que  ceux  qui  triomphoient 
immoloient  des  boeufs. 

B RE  BIS  dorée  , qui  caufa  raífreux  défordre 
d'Atrée  8c  de  Thyefte.  Voycci  Atrée. 

BreBIS  dorée  OU  TOISON  d’oR.  JASON. 

Brebis  couverte  de  peaux  , ovis pellit-a.  Varron 
{¿í  Re  Rufl.  il.  1.)  dit  que  les  habitans  deTarente 
& de  l’Attique  avoient  coutume  d’envelopper 
leurs  breáis  dans  des  peaux  préparées  j de  crainte 
que  leur  laine dont  la  fineíTe  & la  beauté  étoient 
trés-célébres  ^ ne  fút  cachee  dans  les  paturages 
par  quélqu’accident & qu’elie  ne  devine  plus 
difficile  á láser  ainíi  qu’á  teindret  Similittr  facien- 
dum  in  ovibus  péUitis,  qus,  propter  lans.  bonitatem, 
ut  furu  Tarentins.  , Atcicti  , pellihus  iuteguntur  ^ 
ne  lana  inquine t ar , qiio  minas  vel  znfici  redé  po(¡it , 
vel  lavari  , ac  parare.  Horace  parle  (o¿.  il.  ó.  lo.) 
auíS  des  brebis  de  Tárente  couvertes  de  peaux  : 

Dulce  pellitis  ovibus  Qalefi 
Flamen,  (J  regnata  petam  Laconi 
Rara  Vhalantho, 

Les  habitans  de  Mégare  avoient  pris  le  nieme 
ufa-ge  des  bergers  de  i’Attique  , leurs  voifins 
{Laert.  vi.  q.í.)  ; c’eft  pourquoi  Diogéne  les  rail- 
loit  ordinairement,  en  difant  qii’il  valoit  mieux 
ctre  la  breáis  d'un  Aíégarien,  que  fon  fils.  lis 

Antiquités  , Tome  L 


B R E 505 

laiflbient  en  cffet  leurs  enfans  tout  niids^  Se  ils 
couvroient  foigneufement  leurs  brebis. 

Ovis  adafia , vieil'e  brebis,  celle  que  la  mere 
■a  mis-oas  á fa  premiére  portée  ; ovis  vézala  , 
recentis  partís  , dit  Feftus, 

Ovxs  apica, 'breáis  qui  n’a  point  de  laine  fous 
le  ventre._  Ce  mot  eft  formé  de  Ya  privatif  Se  de 
íTsiaoí , laine. 

Ovis  delicula  , brebis  affoiblle  parl’áge  ou  par 
la  maladie.  Catón  {de  Re  Raje,  c,  l.)  dit  : VendaC 
armenia  delicula  , oves  deliculas. 

O VIS  mina  , la  méme  que  Vovis  apica  , comme 
le  dit  Varron  {de  Re  Rujl.  il.  2.)  : Uti  pecas  ovil- 
lam  , quod  recié  fanum  eji  , extra  lufeam  , furdam  , 
minam  , id  efi , venere  glabro.  Plaute  a fait  une 
plaifanterie  fur  les  deux  acceptions  du  mot  mina  : 
il  me  donne  , dit-il,  {Truc.  iil.  i.  8.)  vingt  mines 
{mina , monnoia  valant  á-peu-prés  ico  livres  de 
Trance' ;/e  les  refois  volontiers  , & les  mets  dans 
ma  bourfe.  Enfuite  il  s’en  va  de  fon  soté , & moi  je 
me  háte  di apporter  a la  ville  , dans  la  mime  bourfe  , 
les  vingt  MISAS  '(brebis  fans  poil ) quil  mía. 
donrtées  ■: 

Minas  vigircti  mlhi  dat  .•  accipio  lih-ens 

Cando  in  crumenam  tille  ahiit;  ego  prapere  minas 

Oves  in  crumena  hac  in  urbem  detuli. 

Ovrs  pafcaíis  on  pafzualis , brebis  qui  parque 
en  plein  air,  par  oppofition  á celle  qui  eíl  ren- 
fermée  dans  les  bergeries , & dont  la  laine  eft 
: plus  forte  &, plus  longue.  Lucillus  cité  par  Feftus 
au  mot  SoLox  .* 

Fafcali  pecare , ac  montano,  hiño , atque  folodt, 

Ovis  pecuUaris , brebis  qui  faitportion  du  pé- 
cule  d’un  fils  de  famille  , ou  d’un  efclave.  De 
méme  les  efclaves  étoient  appelés  peculiares  , 
lorfqu’ils  faifoient  portion  d’im  pécule  particu- 
lier  j d’un  certain  domaine  ou  bien  de  cam- 
pagne.  . 

O VIS  pufulofa  ou  pufiulofa  , brebis  attaquée  du 
claveau ; maladie  que  les  Larins  appeioienc  pufula, 
Columelle  {vn.  j). 

BRECCIA3')  . j r 

BRECHE  f pierre  compofee  de  rragmens 

d’autres  pierres , lies  quelquefois  par  un  gluten  de 
méme  natura,  relies  que  les  breches  calcaires  ou 
voiz'otcs-bréckes . Le  bianconero  tiene  un  rang  dif- 
tingué  dans  les  breches  czúcúics  antiques.  D’autres 
íois  les  fragmens  de  la  breche^  appartiennenc  i 
des  pierres  de  toutes  fortes,  liées  par  un  gluten, 
qui  eft  auífi  d’une  efpéce  particuliére.  Talle  eft  la 
breche  que  Winkeimann  {Mifi.  de  l’Art.  l.  2.  c.  2.) 
zv'ptWt  brécke-a  Egypte  , 8c  que  Ton  nomme  ordi- 

¡nairement  bré che- üniverf elle  , par  anaiogie  avec  le 
jafpe-univeifel. 


Síf 


50Í  B R I 

La  bigarrure  qu’offrent  les  diverfies  couleiirs 
& Ies  diíFérentes  formes  des  ffagraens  dont  les 
breches  fontmompofées , fembleroit  avoir  du  les 
faire  rejeter  par  Ies  fculpteiirs  anciens.  On  eñ 
eependant  affuré  du  contraire.  Peut-étre  ont-ils 
cru en  travaiilant  les  breches  dures  ^ fe  faire  un 
mente  de  la  diffifulté  vasncue.  Le  cardinal  Albani 
en^avoit  rairiaíié  plaíieurs  morceaux  dans  fa  rithe 
nous  cirons  n fouvent,  a caufe  de  la 
ct4ebnté  que  lui  ont  donnée  les  écrits  du  fa'rant 
Vi  lnkelmann.  On  y yoir  le  tronc  d un  roi  aífis  fait 
de  ¿rccAe-d'^Egypte  ou  verdátre.  Ce  torfe  eft  ha- 
biiié  comme  les  peuples  barbares ; & la  tere , les 
mains  & les  autres  extrémités  qui  lui  manqaent  j 
ctoient  peut-étre  rapportés  en  marbre  blanc-  Aux 
deux  cotes  de  cetce  ílatue  font  pofées  deux  co- 
lonnes  de  breche ^ & au-devant  eíl  placee  une 
tres-grande  jatte  ronde , de  dix  palmes  romains 
de  diamétre , á-peu-prés  fix  pieds  francois , qni 
eft  de  la  méme  matiére.  Une  baignoire  antique  de 
breche  fert  aujourd’hui  de  fonts  baptifmaux  dans 
la  cathédrale  de  Capoue. 

BRESCIA.  Muratori  (loo.  i.  Thtf.  injcr.') 
rapporte  Tinfcnprion  fuivante  trouvée  aux  envi- 
rons  de  Brefcía , & gravee  en  Thooneur  d’une 
divinité  inconnue : 

ALANTEDOBA 
SEX.  CORNELlüS 
PRIMUS 

V.  S.  L.  M. 

BRETTIUM.  Voyez  Brutth. 

BRIA,  grand  vafe  ou  Pon  mettoit  le  vin. . 
Arnobe  íytx.')  en  fait  mention  : Date,  qu^fo , 
immortalibus  diis  , bibant  ^ fcypkosq  brias  depro- 
rrziíe. 

BRIAREE,  géant  J íiis  du  Ciel  8¿  de  la  Terre  , 
avoít  cent  mains^  & cinquante  tetes ; ce  qui  le 
fendoit  redoutable  aux  dieux  mémes.  II  eutpour 
lemme  Cymopolia.  Briarée  eut  part  á la  guerre 
des  TitMS , contre  les  dieux  5 mais , dans  la  fuite 
if  rendit  un  gwnd  fervice  á Júpiter.  Homére 
1.405.)  dit  qucj  dans  une  confpiration 
Tornee  par  Junonj  Minerve  & rveptunej  contre 
le  fouveram  des  dieux  Briarée,  le  géant  aux  cent 
Biains  j monta  au  ciel  pour  fecourir  Júpiter,  á la 
friere  de  Thétis,  & s'aílit  auprés  du  marcre  du 
tonnerre , avec  une  contenance  fi  íiére  & fi  ter- 
rible., que  Ies  dieux  conjures  en  étant  épou- 
vantés,  renoneérentá  leur  entreprife.  Briarée  fut 
pris  un  jour  pour  arbitre  dans  un  difterend  entre 
le  Soleii  & Neptune,  au  fujet  du  territoire  de 
Gorinthe  ; ¡1  adjugeaPifthme  á Neptune,  Se  le  pro- 
Kioncoire  au  Soleii. 

Les  hommes  1 appeloient  Egéon , Se  les  dieux 
Briaree  O’J.  le  Fort , du  grec  Solfn  (c.  il.) 

étt  oue  Ies  Caryftieris  luí  rendoisnt  un  cuite  faus 


B R I 

fon  dernier  nom ; comme,  ¡es  Chalcidiens  lui  en 
rendoient  un  fous  celiii  d’EcEON.  F’.  ce  mot. 

Callimaque  ( ia  Lavacr.  Diand  ) aífure  que 
Briarée  fut  frappé  de  la  foudre  par  Júpiter  dans  la 
guerre  des  géans,  & enfeveli  fous  PEtna;  mais 
¡es  autres  écrivains  racontent  ce  fait  d'Eneé- 
kde. 

BRICO,  Briccit. ...  dans  les  Gaules. 

BRICCIT. 

Les  médailles  autonomes  de  ce  lieu  font : 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

BRIDE.  Les  premiers  hommes  qui  domp- 
térent  les  chevaux,  n’employérent  long-tems  pour 
les  conduire  que  la  voix..  lis  fe  fervirent  enfuite 
d’une  baguettej  & la  bride  fut  avec  Péperon  les 
derniers  moyens  inventes  pour  fs  rendre  entié- 
rement  maítre  de  ces  útiles  animaux.  Pluíieurs 
peuples  nómades  , & entr'autres  les  Africains , 
confervérent  long-tems  aprés  Pinvenrion  de  la 
bride , Pufage  de  les  conduire  au  fon  de  la  voix, 
& avec  une  limpie  baguettte.  Ckft  ainfi  qu'en 
ufoient  encore  au  tems  de  Lucain  les  Maífyliens 
(Pharf.  IV.  082-) : 

Et  gens  quA  nudo  refidens  Majfylia  dorfo. 

Ora  levi  fleñit  frenorum  nefeia  virgá. 

Némélien  , qui  écrivoit  pluíieurs  fiecles  aprés 
Lucain,  aífure  que  les  Maures  & les  Mazaques, 
peuples  africains , ne  fe  fervoient  point  encore  de 
bride  {Cyneget.  n.  264.) : 

Quhique  infrenes  , quod  liher  uterque ; 

iNam  jiecli  facilis  , lafcivaque  colla  fecutus, 

Paret  in  obfequium  lentA  moderanúne  virgAt 

Verbera  funt  pr Acepta  fug& , fanu  •verbera  freni. 

Les  Grecs,  jaloux  de  placer  dans  leurs  con- 
trées  Pinvenrion  de  toutes  les  chofes  útiles,  firent 
honneur  de  celle  de  la  bride  au  Lapithe  Pélétbron, 
felón  Pline  ^vii.  y6.)  : Frenos  , & ftrata  equorum 
Pelethronium  aiunt  iwvenijfe.  Virgile  reconnolt 
pour  inventeurs  de  la  bride  tous  les  Lapithes 
qu’ii  furnomme  Petethronii  {_Gtorg.  iil.  Ii  j.)  : 

Frena  Peletkronii  Lapitka,  gyfofque  deaere. 

La  bride  auroit  eu  pour  inventeur  un  habitant 
méme  de  P01ympe,íi  Pon  en  croyoit  le  feholiafte 
de  Pindare  (O/y.Tzp.  xm.  )6.),  qui  nommePabas. 
Cette  d.éeífe  , dit  - ¡I , ayaat  voulu  faifir  Pégafe 
pour  le  remettre  á Bellérophon,  inventa  la  bride. 
De-lá  vint , ajcute-t-il , que  ce  héros  lui  confacra 
un  temple  Se  des  fétes  íous  le  nom  de’Minerve- 
Hellotide. 

Pícus  sDprenons  de  Tite-Live  qus  le  cavahei' 


foníains  Stoietit  la  bride  á Ieursch;rau3f3  lorfqü’iis 
vouloient  fondre  avec  impétuofité  fur  Ies  ennemis  j 
3i:  vaincre  ou  périr  (/r.  55.)  : Maglfier  equitum , 

■ frenos  ut  detrakant  equis  , imperat : & ipfe  princeps 
cdlcaribus  fubditis  , evecius  effreno  equo  in  medios 
ignes  infercur  : & alii  caiícitati  equi  libero  curfu 
ferunt  equitem  in  hoftsm. 

« Les  Romains , dit  le  comte  de  Cavlus  (Rec. 
t.  pl.  123.  n°.  1.)  n’avoient  pas  Tufage  des  bran- 
chcs  pour  les  mors  de  leurs  chevaux.  lis  ne  leur 
mettoient  dins  la  bouchej  felón  tous  Ies  mo- 
numenS;,  que  ce  que  nous  appelons  un  filet.  Cette 
pratique  avoit  un  avanrage  fur  la  notre,  celui 
d'étre  plus  limpie.  Ces  íilets  étoient  plus  fáciles  á 
entrerenir  ^ & íujets  á moins  d’accidens , foit  dans 
les  marches . foit  dans  les  mouvemens  de  guerre. 
Tout  me  perfuade  que  ce  n°.  2 repréfenre  un  de 
ces  filets  anciens.  Le  mouvement  qui  fe  rencontre 
dans  í'e  miiieu  j eít  tres-bien  pris  & tres-bien  dif- 
pofé  pour  ne  janiais  pincer  la  langue  du  cheval. 
I es  tors  de  la  fabrique  font  convenables  pour  agir 
fur  les  barres  fans  les  offenfer.  Enfin , les  deux 
anneaux  qui  terminent  Ies  extrémités  j pouvoient 
fervir  á reteñir  ce  filet  par  la  téciére , 8c  i re- 
cevoir  Ies  renes.  La  confervation  de  ce  bronze 
ne  peut  étre  plus  parfaite.  Su  longueur  totale  eft 
de  quatre  pouces  cinq  ligues  ». 

Les  chev'aux  des  ñatues  cqueftres  qui  font  venus 
jiifqu'á  nous^  n'ont  abfolument  rien  dans  la  bou- 
che-  Les  Romains  ne  faifoient  ordinairement 
ufage  que  de  ce  que  nous  nommons  aujourd'hui 
un  filet-  II  paroft  cependant  par  un  autre  mors 
publié  dans  le  premier  Recueildu  méme  comte, 

( vog.  26  5 ) quh!  y en  avoit  qui  étoient  atronáis 
& non  brifés. 

BRIGUES,  ambitus.  Cétoient  chez  Ies  Ro- 
mains les  démarches  que  faifoient  les  afpirans' 
áux  charges  de  la  république,  pour  obtenir  ces 
charges.  Revétns  d'habits  blancs,  qui  leur  firent 
donner  le  notn  de  ca.ididats  , ils  parcouroient 
toute  la  vílle  & les  environs,  cherchant  du  crédit, 
des  amis,  de  Tautorité  parmi  les  grands,  follici- 
tant  les  fuffrages  du  peuple  dans  les  places  & 
dans  Ies  aíTembiées  publique-s.  De-la  vint  le  mot 
umbitiis  , compofé  de  Lancienne  prépofition 
autour , & de  iré,-  aller  : il  íignifie  proprement 
l’aclion  par  laquelle  on  environne  une  perfonne  , 
pour  avoir  fon  fuffrage  dans  Ies  éleélions.  Les 
candidats  prenoient  Ies  mains  de  ceux  dont  ils 
brigiioient  les  fuffrages , & les  appeloient  par  leurs 
noms , donr  ils  avoient  granó  foin  de  fe  faire 
inílruire.  Ils  les  embralToie-nt  ménrei  & ils  leur 
faifoient  tant  de  careffes  que  CraíTiis , marchant 
dans  les  mes  de  Roma  avec  Servóla  renommé 
pour  fa  fagefie,  le  quitta  brufquement  en  lui 
difant  : Vous  m'empéchez  d’obtenir  le  confuiat, 
parce  que  le  n'ofe  en  votre  préfence  fa;re  des 
fottifes.  CraíTqs  appsloit  ce  ce  nom  ces  care.Tes 
étudiées  ¿ont  les  candidats  accab’o'enr  des  gens 
aurquels  i's  pir'oicst  pour  la  premiére  fois,  & 


qu'üs  ne  fe  propofoient  plus  de  fréquenter  apréj 
la  nomination  aux  charges. 

On  appeloit  legitimes  , ambitus  conceffus , 

Ies  démarenes  dont  nousvenons  de  rendre  compte. 
Mais  ii  y avoit  une  feconde  efpcce  de  brigue  , 
ambitus  infamis , dont  on  faifoit  un  crime  aux 
candidats , & que  1 on  chercha  a réprimer  par 
plufieurs  loix,  par  de  fortes  amendes,  par  l'in- 
famie,  & par  la  tranfportation  dans  les  ifles  dé- 
fertes.  Lssbrigues  défendues  étoient  les  meaaces, 
la  forcé  ouverte , les  combats  des  gladiateurs 
donnés  aii  peuple  la  veille  des  élections,  & enfi.u 
les  largeíTes  extraordinaires.  Ce  dernier  moyen 
fut  employé  dans  les  derniers  tems  de  la  répu- 
blique , aveo  une  publicité  qui  paroit  incroyabie. 
On  avertifioit  pubiiquement  les  tribus  des  fommes 
d'argent  qifon  leur  prom.ettoit  pour  obtenir  leurs 
fuffrages5  & cela,  dit  Cicerón,  sappeloit  pro- 
nunciare in  tribus.  Les  candidats  fe  fervoient  pouí' 
ces  honteiix  marches  , de  trois  fortes  de  per- 
fonnes  , qu  ils  appeloient  coileétivemenr  inter- 
pretes : c’étoient  les  entremetteurs  , charges  de 
faire  agréer  les  offres,per  quos  pañio  inducebatur; 
les  dépofitaires  des  fommes  convehues , fequeftres ; 
& enfin  divifores  , ceux  qui  diítribuoient  les 
fom.mes  á chaqué  raembre  des  tribus.  Suetone 
nous  apprend  (c.  40.  n.  4.)  qu  Augufte  diftribuoit 
le  jour  des  comices  mille  Nujíjsus  (V.  ce  mot.) 
aux  membres  des  tribus  Pabia  & Scaptienfis , aux- 
quelles  il  appartenoit  : Fabianis  & Scaptie^fbus  , 
tribulibus  fuis,  die  comitiorum  fngula  millia  num- 
múm  a fe  dividebat. 

Dans  Tarticle  Brigues  de  TEncycIopédie , 
M.  Tabbé  Mailet  a écrit  que  !a  brigue  a codté 
pour  une  feule  tribu  jufqu  á 80,725?,  livres.  11  y 
avoit  trente- cinq  tribus;  on  peut  jugér.par  ce 
nombre  , des  fommes  immenfeS  que  coútoienr 
les  charges  á Rome,  quoiqu'elles  n’y  fuíTent  pas 
vénales. 

BRIMO  : c’eít:  un  des  noms  de  Froferpíne, 
qui  íigniíie  la  terrear , ¿wi  r£  ¡¡ituZ-í , a terreado ; 
parce  que  les  anciens  croyoient  que  les  terreurs 
noéiurnes  venoient  de  Proferpine.  Properce  a 
parlé  des  faveurs  que  Brimo  ou  Hécate  avoit  ac- 
cordéés  á Mércate  fur  les  bords  da  iac  Boébéis, 
en  Theífalie  (r2.  eleg.  2:)  ; 

píercurioque  facris  fertur  Boebeidos  undis 
Virgineum  Brimo  compofuijfe  latas. 

Cependant  Tzetzés  expliqu-ant  le  vers  1176  de  la 
Caífandre  &t  Lycophon  , dit  qu'elle  réílíla  au'fiis 
de  Maia;  & que  le  nom  Brimo  fut  donné  á Hé- 
cate dans  cet  inílant,  pour  exprimer  l’air  terrible 
avec  lequel  elle  regarda  cet  audacieux. 

J.iblonski  iPantk.  JEgypt.  ic6.)  a faít  voir  que 
la  déeífe  Brimo  des  Grecs  ctoit  la  méme  qiie 
Ti-.krdmbo  des  Egyptiens , & que  cette  derniére 
éto’t  Iñs-én-courroux  j aupelée  denü-s  Hécate. 

Sfíij 


5o8  B R i 


Pour  paríef  av«c  plus  d’exa<ftítu<!ej  il  faut  fe- 
connoitre  fous  la  dénomination  de  Brimo , une 
déeílé  en  courroux.  Ceft  pourquoi  nous  Tavons 
vü  plus  hauí  appliquéeá  Hécate^  qui  envoie  des 
terrcurs  noctiirnes.  Tzetzes  {loco  eitato)  donne 
auíK  fe  méme  nom  Brimo  á Proferpíne.  Enfin  , la 
tolere  dont  Cérés  fut  faifie  a la  vue  du  rapt  de  fa 
filJcj  fa  faíü  auíE  appeier  Brimo  par  ArnoJie  {adv. 
Gentes , lib.  v.p.  I70). 

BRIQUES.  Les  preraiéres  iriques  dont  on  fe 
feryit  dans  fOrient,  n'éroienr  pas  cuites  ati  four^ 
mais  _fimplenient  féchées  au  foleil.  De-lá  vint 
qu’elies  ne  réfíítérent  pas  long-tems  aux  intem- 
peries de  f air.  Quoique  le  ciel  des  pays  orientaux 
foit  qrdinairement  pur^  il  y a cependant  une  fai- 
íon  de  pluies ; Se  c°eíl  elle  quí , répétée  p'uíieurs 
miliiers  de  fois , a détruit  les  briques  -de  cette 
efpéce  j dont  étoient  fabriquées  les  murailies  de 
Ninive  , de  Babylone  ^ &c.  On  r/en  retrouve  au- 
cnnes  traces  parce  que  les  débris  mémes  de  ces 
muraiMes  ont  été  décompofés  par  fasTtion  aiter- 
native  de  feau  Se  de  fak. 


Cette  méme  action  fervit  en  pluíleurs  occa- 
fions  rapportées  par  Paufariias  {Ub.  8.  p.  614.)  ^ 
á faire  preñare  quefques  villes  grecques  báties 
ayec  des  briques  féchées  au  foleil.  Les  aífiégeans 
detournerent  des  rivieres,  en  dirigérent  le  cours 
centre.  Ies  murs,  des  aíliégésj  & réduiSirent  ces 
inaíies  de  briques  en  boue  délayée.  Les  Grecs 
avoient  báti  plufieurs  villes  & temples  avec  ces 
briques  féchées  5 Sr  Paafanias  nous  a donné  une 


notice  alTez  étendue  des  débris  quhl  en  avoit 
vifités.  C eíi  avec  ces  briques  qküs  avoient  conf- 
iruit  les  murs  deMantinée^  ceux  d^Eione-j  fitirée 
dans  la  Thrace  fut  les  bords  du  Strymon-j  deux 
temples  de  Cerés  dans  la  Phocide , un  périñile  á 
Epidaure^  & un  tombeau-dans  la.ville  détruite  de 
LépréoS;,  en  Elide. 

11  paroít  par  les  écrits de  Vitruve  ilib.  2.  c.  3.) 
que  la  plupart  des  anciennes  maifons  de  Rome  & 
des  enykons  étoient  conifruires  áe.br¡ques  féchées 
au  foleil ; & cet  habile  architeéte  n’a  pas  dédaigné 
d'en  enfeigner  la  fabrique. 


On  fe  cegouta  par.  la  fuité-  de  matériaux  qui 
avoient  une  íi  courte  diirée  5 & fon.  inventa  fart 
de  fz'nc  cuite  les  briques  dans  -des^  fours.  Cette 
operatíon.  paroiffoit  d'abord  plus  difpendieufe  , 
á caufe  da  prix  des  combuítibles;  mais  la  promp- 
íitude  du  travaii  .Se  ¡a  bnéveté  du  tems  faifoient 
plus  que  de  conipenfer  ces  prix. 

A la  terre  deítinée  á faire  des  briques  caires  , les 
Romains  rnéloicntdu  rik'piléj  connu  aujourd'hui 
en  Italie  fous  le  nom  de  fperone  , qui  eít  iaunátre., 
& qui  devient  rougeátre  dans  le  fea.  Cette  cou- 
Jeur  fe  retrouve  encore  dans  le  grain  intériear  de 
Izbrique.  Deíii.nees  á la  coniiruction ' des  murSj 
.es  briques  n^éto.'ent  pas  épaiíTeSj  mais  fort  ion- 
gues.  Leiir  épaiífeur  n'excédoit  pas  u.n  pouce  ^ 
(tiUit  ii¿nes  de  Fxance)  tandis  cti’elles  avoient 


B R I 

» 

jufqu’á  trois  8í  quatre  palmes  (deux  pieds  & deu* 
piedshuit  pouces  de  France)  de  fuperíicie.  Vitruve 
parle  de  ces  briques  longues  qui  fervoient  princi- 
palement  pour  les  voujfures.  Voyez  dans  ce 
Didionnaire  f arricie  Bípeda.  On  en.  voit  méme 
de  quatre  pieds  de  longueur. 

Prefque  toares  les  briques  tirées  des  conñruc- 
tions  antiques  j portent  des  figles  ou  lettres  ini- 
riales  de  quelques  noms.'  Le  comte  de  Cavlus 
iRec.  ni.  p.  253.)  en  a cité  une  , entrautres  éqiii 
luí  a fak  naitre  de  fages  réfíexions  fur  cet  ufage 
des  co.nítruéteurs  romains. 

« Ce  fragment,  dit-iE  préfente  la  plus  grande 
portion  d’une  brique  dont  le  inouie  portoit  une 
infeription  difpofée  de  méme.  Ces  attentians 
pour  des  m.atiéres  aufll  viles  en  apparence , 
trappent  néceíTairement  fefprit,  & me  conduifent 
á des  réflexions  que  je  ne  puis  mkmpécher  ce 
Gommurdquer.  II  eíl  conftant  qu  un  homme  cu- 
rieux  & fevant  feroit  á portée  , shl  habitoit  la 
viile  de  Romej  de  recueiüir  les  noms  qu'on  lit 
fur  ces  briques  , & de  raffembier,  par  ce  moyen, 
une  fuite  de  magiírrats  illiiñres^  par  les  foins 
& fous  les  ordres  defqueis  on  a coníiruit  ou  reparé 
plufieurs  monumens  célebres.  Leur  conífruétion, 
liée  á plufieurs  événemens  de  fHiítoire  Romainej 
rendroit  cette  fuite  d’autaat  plus-  iatéreflante , 
que  le  plus  grand  nombre  de  ces  bátimens  n'exifle 
plus  ». 

cc  On  li.t  fur  la  brique  qui  m^’a  conduit  á cette 
réflexion  2 

IM'C.€SNERTRAAtíS. 

EXIIGÍLMARCIANIS.. 

CCAL..  PAVOF-IS. 


If  faut  compléter  ainfi-  ces  figles  : iIvíperATOK 
C.$S.4.R  NERVA  TRAJANUS  AUGUSTUS  EX 
FIGEINIS  MARClANISe.  CALPURNII  PAVORIS. 

« Trajan  a fait  élever  & a reparé  un  fi.  grand 
nombre,  de  bátimens ^ que  fon,  ne  peut  dire  fi 
fon  nom  eíl:  mis  ici  comme  ceiuí  de  ferapereur 
régnant  j ou  comme  celui  du  prince  qui  ordon- 
noir.  II  paroít  feulement  que  la  fabrique  Mar- 
ciane  ^ ott  de  Marcianus , étost  recommandablcj, 
&c  que  Calpurnius  pouvoit  étreEdilcj  ou  chargé 
des  ordres  du  prince  , pour  fexécution  du  báti- 
ment  dont  on  voit  encore  cette  petite  partie.  De 
fembiables  inferiptions  pourroient  nous  donner 
des  lumiéres  fur  des  faits.plus  intéreífans.  Quoi- 
que  cette  brique  ne  préfehte  d’abord  qkun  objst 
de  pare  curiofité  elle  ne  laiífe  pas  de 
mettre  á portée  de  comparer  la  conduite  des 
anciens  avec  celle  des  modernesj  par  rapport^  a 
la  foüdíté  des  conífruétions  j qui  pour  1 orci- 
naire  ne  dépend  que  de  la  bonne  ou  de  la  mau- 
vaife  condition  des  matériaux.  _ 

LVttention  ckon  dónnoit  á la  fabrique , & 
prindpalement  á la  cuiííbn  de  la  brique , prouve 
la  fageíTe  des  anciens.  Le  fentinecnt  attache 


B R I 

idees  de  la  poñérité  , s'efi:  établi  dans  RomCj  des 
le  tems  de  fa  fondati&njparrexemplejle  fecours  S; 
les  impreüions  que  les  Étrafques  eii  ont  données 
aux  Romains  , mais  ces  pratiques  raii'onnables 
régrioien:  dans  le  monde  long-iems  avaii:  l'exii- 
tence  de  ce  nouveau  peuple.  J’a'i  rapporté  dans 
le  premier  volume  de  res  antiquicés une  brique 
égv’ptienne  tres-bien  conferv'ée  ^ & fur  laqiieüe 
on  a moulé  une  Fort  belle  tete  d’líis.  Un  pareil 
exemple  ^ á dire  !a  vérité  ^ ne  leroit  pas  a fuivre  3 
car  certa  magniñcence  eíl;  abfoluinent  en  puré 
perte  ; mais  les  ínfcriptions  dont  les  Romains 
prenoient  foin  de  les  cbarger  , nous  montrent 
que  l'utilité  publique  étoit  regardée  par  les  plus 
grands  perfonnages  de  REmpire  , avec  une  con- 
fidération  qui  les  empéchoit  de  fonger  á la  ma- 
riére , pour  ne  s'occuper  que  de  Tobjetj  c'eft- 
á-dire de  Tuti-lité.  » 

Le  recueil  des  ínfcriptions  pubiiées  par  Fa- 
bretti,  odre  des  recherches  précieuCes  fur  cet 
objet. 

Srrabon  dft  que  Ron  fabriquoit  a Pitané  en 
Mvfie  , des  briques  íí  légéres  qu  eües  nageoient 
fur  Teau.  On  pourroit  croire  qu'il  veut  parler 
ici  de  briqucs  cuites  d’aprés  Ranalogie  quhl  y 
avoit  entre-eiles  & les  barqucs  de  terre  cuite 
dont  fe  fervofent  encore  les  Egj'ptiens  au  mo- 
ment  ou  cet  écrivain  voyageoít  fur  le  iNil. 

BRIQUETA  GE  de  Marfal.  Ontrouve  en  fouü- 
lant  á une  certaine  profondeur  , á Aíarfal  en 
Lorraine  & aux  environs  ce  que  Ron  appeile 
communément  briquetqge.  C'eft  un  amas  de  mor- 
ceaux  de  terre  cuite  rougeátres  ^ femblables  pour 
la  maticre  aux  briques  cuites.  lis  r/ont  pas  été 
moulés  5 mais  on  leur  a donné  en  les  pétriíTant 
avec  les  mains  , tcute  forte  de  formes  bizarres  : 
les  uns  fonr  des  cyündres , d’autres  des  cones 
irrégü'ders , queiques-uns  approchent  de  parallé- 
lépiJédes.  On  en  voit  plaíieurs  oú  Rempteinte  de 
la  maia  eíl  parfaitement  marquée  on  obferve 
auíTi  fur  d’autres  les  empreintes  d’un  morceau  de 
bois  qui  a fervi  á battre  .Se  preíTer  la.  terre.  Les 
plus  aros  morceaux  de  ce  briquetage  ont  dix  á 
douze  ponces  de  circonférence  ; les  autres  d’iine 
moindre  groíTeur  , ont  toute  forte  de  dimeníions^ 
& quelqaes-uns  fonr  trés-petits.  Tous  ces  mor- 
eeaux  jetes  confufémenr  fur  les  marais  fans  mor- 
tier  ni  chaux  , avec  !a  cendre  Se  les  autres 
débris  qui  fe  trouvent  dans  les  fours  á briques  ^ 
forment  un  maílif  trés-foiide  fur  lequel  les  Ro- 
mains  avoieat  fondé  Marfal.  M.  d'Artézé  a dé- 
crit  avec  foin  cette  aneienne  & íinguliére  conG 
truclion. 

BRIS..  Le  droit  odieux.de  s’appropriér  Ies  effets 
des  malheureux  que  la  tempére  faifait  échouer 
fur  les  cotes  j étoit  exerde  par  Ies  Gáulois  , qui 
regardoient  tous  Ies  autres  peuples  comme  leurs 
ennetris , & qui  immoáoient  á lears  divinités  íes 
ctrangexs  jexés.  fur  leurs  borüs.  Les  Ronaains 


B R I 

j deyeniis  tniirres  des  Gau'es , abolirent  le  droit  de 
bris  q ma!s  les_  piiiages  que  les  pirares  Xormands 
e.tercoient  fur  les  provinces  maricímes  des  Gaules, 
le  firent  mt-abur.  La  reugrcn  chrétienne  contribuí 
daiiS  p.üíieurs  provínces  a ton  abolition  ^ comme 
nous  ! apprennent  les  aíres  de  quelques  conciles. 

BRiSitiS  j edfameuie  dans  i biíloirej.  poétiquej. 
par  Ramour  qu  elle  inipira  au  vale-ireux  Achiile. 
Son  véritable  noin  ctoit  Hyppodamie : Briféis 
étoit  ce  que  Ies  grammairiens  appellent  un  aom 
patronymique ; c'eíí-á-dire , formé  de  cebú  du 
pete.  Cette  ferrvnie  célebre  devoit  le  iour  a Bri- 
féus,  ou  Eriféis.  Suivant  Homére  , elle  ctoit 
femme  de  .Mynés  roi  de.Lyrneire  ; & elle  tomba 
au  pouvoir  d'AchüIe,  lorfque  ce  héros  eut  pris 
cette  ville^Sr  qu’ií  en  eut  rué  le  roi.  D'autres 
auteurs  difent  que  c’étoit  Faétion  qui  ctoit  roi  de 
LyrneíTej  &:  mari  d'Aftynomie  ^ filie  de  Chrvsés, 
quand  Achiüe  prit  cette  vüle.  I's  ajoutent  qn’a- 
prés  cette  conquere  ^ Achille  alia  attaquer  Pédafe, 
ville  des  Lélégons  , oú  regnoit  Brises  , & quhl 
prit  fíyppodamie  fa  filie. Quoi  quilen  foic3.A.chilIe 
l'emmena  dans  fa  tente  , & Raima  tendrement  : 
elle  s' étoit  m-eme  flattée  quhl  Retrunéneroit  ert 
Theílaiie  pour  Répoufer.  Mais  Agamemnon  Ren- 
ieva á Achiile  3 comme  on  le  dirá  au  mot  Chry- 
sÉis  j & cette  infulte  fut  caufe  qu’Achiüe  ceíTa 
de  cómbame  les  Troyens.  Ces  deux  héros  Grecs 
fe  réconciiiérenr  enfuitC:,  & Agamemnon  oírrit 
beaiicoup  de  préfens  á .Achiile  , luí  rendit  Brif-is^ 

& lui  jiir.t  folemnelleroent  qu'il  ne  luí  avoit  pas 
fait  partager  fa  couche.  Ovide  n'en  crovoit  rien  , 

& il  aíiure  qii'Agamemnon  sMtoit  confolé  avec  - 
elle  de  Rabfence  de  Chryféis.  Tous  Ies  auteurs  ont 
'pzxlé  ÓA  Brzfcis  com.me  d’une  trés-belle  íemme. 
On  nefait  ce  oTeiledevint  aprés  la  mort  dUAchilIe^ 
Voycq^  Achirle. 

BRISEUS  , Bacchüs  fut  ainfi  nommé , ou 
dü  nom  de  la  Nymphe  Briíis  , qui  fut  fa 
nourrice  ^ ou  de  Rufage  du  miel  & du  vin  qu’iB 
trouva  le  premier.  Car  bris  , en  Phénicien  ^ figni- 
fioit  doax , agréable  5 ou  parce  qu’il  avoit  un 
temple  á Brifa  , promontoire  de  Rifle  de  Lesbos.. 

Muraron  ( Thef.  infcr.  jjp.  3.)  rapporté  une 
mfcription  grecque  trouvée  á S.myrne  , dans  ia- 
quelle  Bacchus  eñ  déíigné  fous  ie  nona  de  Bac-- 
chus-Briféus. 

BRíSIS,  Nymphe  qui  fut  nournce  de  Bac’ 
chus  furaommé  Briféus  á caufe  d'’elle. 

BRITANNICUS^fils  de  Claude  & de- MeíTaline.. 

CL.a.uDius  Brita-n'nicus  C^ssar. 

Ses  médaiíles  font  : 

G.  en  or  & en  argent. 

RRRR , ou  peut-étre  unique  en  P.  B.  latin  ^ 
avec  la  qualite  d’Auguíte  j-  dans  ie  cabinet  de. 
Pellerini 

RRRR.  en  G.  B.  grec. 

On  en  connoít  ttois  revers  diíBrens» 

RRR.  en  TíL  B. 


5 IC3  B R I 

En  genera!  j fes  médailles  grecques  font  fort 
rares.  M.  l'Abbé  Jean-Bapdíte  Vifconti  en  pof- 
séiie  une  unique  en  broHze  latin^  avec  la  légende  ; 
Ti.  Claudiüs  Cyesar.  Aüg.  F.  Britannicus. 

Nerón  fit  détruira  foigneufement  tous  Ies  mo- 
numens  de  cet  infortuné  prince  : M.  le  Cheva- 
lier  Azara  de^  Rome  ^ pofséde  cependant  une 
Ifatue  de  marbre  échippée  á fa  fiireur.  Elle  a 
été  ^ouvée  pres  de  Tivolij  dans  le  défert  appelé 
les  tijons  i & elle  repréfente  Britannicus  en  Bac- 
chus  j comme  on  le  voit  gravé  fur  fes  médaiües 
grecques. 

BRITANNIQUE.  Soün  ( c.  24.  ) dit  que  Mi- 
Berve  portoit  ce  furnom  , parce  qu’elle  préiidoit 
aux  fontaines  de  la  Grande-B retagne. 

Plufieurs  empereurs  fe  font  fait  appelei  Bri- 
tannique , parce  qii’ils  avoient  porté  Ies  armes 
dans  la  Grande-Bretagne.  Commode  l’a  porté 
pour  une  raifon  contraire,  felón  Lampride  (c.  8.) : 
Appclld.tiLs  eñ  Commodus  etiam  Britannicus  dh 
actulatorious  , ciim  Britanni  etiam  Imperatorem 
contra  eum  deligere  voluerunt.  Sévére  fa  porté 
auíE  j & les  antiquaires  ne  le  lui  donnoient  pas 
avant  la  derníére  année  de  fon  régne^  Mais  Ba- 
telp  a pubiie  dans  fes  Anúquitates  Rutupins , une 
médaiüe  de  ce  prince  , oú  le  furnom  Britan- 
ntqae  eíl  joint  á ia  fcconde  puilTance  Tribuni- 
eienne. 

Caracalla  a- fait  mettre  le  méme  furnom  . fur 
une  de  fes  médailles  de  grand  bronze  qui  avoit 
appartenu  a de  Boze,  & que  fon  voit  au  cabinet 
^ Roí.  Elle  a pour  légende  autour  de  la  tete  : 
M.  aur.  Antoninüs  Plus  Aiíg.  P.  B.  G.  Max  : 

C eft-a-dire,  Perficus  , Britannicus  , Germánicas  ¡ 
idascimus.  On  lit  au  revers  , autour  d'un  beiíTeaa 
garni  d’épis , ^ternum  beneficiuiví. 

ÍBRITOMARTIS  j Nymphe  de  Diane,  qui  ha- 
bitoit  i ifle  de  Créte  j oü  on  iui  rendit  aorés  fa 
mort  un  cuite  religieux.  Voye^  Aphea.. 

. Gn  attribue  a Britomartis  finvention  des  filets 
dont^  fe  fervent  les  cliaíTeurs  ; & cette  invention 
lu!  íit  donner  le  furnom  de  Diélynne  , du  mot 
grec  o¡y.Tut> , filet.  Quelqaes  écrivains  confon- 
cent  j a 1 exemp  e d Heiycnius , Britomartis  avec 
Diane  de  Crete",  ou  Diáynne.  Solin  {c.  i-j ) Ies 
a fuivis.  Mais  le  Scholiaíte  de  Callimaque  , expii- 
uant  fhymne  tcoiliéme  compofé.á  la  louanse 
c Diane  , dit  que  Britomartis  eñ;  une  Nj'mphe 
a saafe  de  laquelle  on  honore  Diane  en  Créte  j 
fous  le  nom  de  Britomartis  méme. 

Le  Schoüaíle  d’Ariífophane  {Grenouil.  Acl. 
r.  Se.  zi)  fappelle  Bretimanis , & raconte  que 
cette  Nymphe  fe  rrouvantunjour  embai^raffée  dans 
des  .fiietSj^  fut  délivrée  par  Diane  , en  fhon- 
aeuTiz  qui  elle  bátit  un  temple  & créa  le  furnom 
ac  x^iciynne  , relatif  aux  niets. 

D;odore_  ae  Sidle  .me  que  le  premier  Minos  ^ 

^ rcii  j ait  bruie  pour  Britomartis  d’une 


B R O 

flamme  impura  ^ comme  nous  f avons  dit  a fat 
riele  Aphea.  Mais  VoiTuis  ( de  IdoL  l.  i.  c.\j 
& 1.  2.  c.  25.  ) a réfuté  Diodore^  & expliqué  le" 
fait  ^ en  diíiinguant  deux  rois  de  Créte  / du  nom 
de  Minos. 

Britomartis  figniSoit^felon  Solin  cité  plus  haut 
une  douca  vierge ; parce  qu'on  appeloit  une  vierte 
Alareis  dans  fancienns  langue  des  Crétois  ^ le 
Brito  ce  qai  eíl  doux. 

BRITOVIO  iAíarti). 

Gruter  ( fy.  10^.,)  rapporte  finfeription  fui- 
vante  trouvée  á Nrmes  5 

AUG.  MARTI.  BRITO 
VIO.  SALVIUS 
SECUNDI.  FIL 
EX.  VOTO 

BRIüLA,  en  Lydie.  bpiotaeitíin. 

Hunter  poífédoit  une  médaille  autónoma  de 
bronze  , avec  la  légende  ci-deffus  & Cybéle  au 
revers que  l^í.  Combe  attribue  \ Briula. 

. Cette  ville  a fait  frapper  quelques  médailles 
imperiales  grecques  , felón  le  P.  Jobert. 

BRIZO  , Déeffe  du  fommeil , qui  étoit  hono- 
rée  á Délos  , felón  Athénée.  Elle  préiidoit  aux 
fonges  5 c'étoit  elle  qui  Ies  propofoit  comme  des 
oradas.  Les  Déliennes  iui  offroient  , en  recon- 
noiíTance  , de  petites  barques  pleines  de  toute 
forte  de  préfens  ^ ¡es  poiRons  exceptés  ,~'pour 
obtenir  l'neurtux  fuccés  des  navigstions.  Son 
nom  vient  de  , dormir. 

BRIZO  MAN  CÍE méme  fiiperílition  que 
f EnhypniomaBcie  8c  fOnirocritique.  C’étoit  une 
divination,  p-rnTua , par  le  moyen  des  fonges  que 
le  fommeil  fait  naítre.  Ce  mot  vient  de 
dormir. 

BROCCHUS  j furnom  de  la  familia  Furia. 
BROCHES  de  Diane.  Diane  d’Ephéfe  eft  fou- 
vent  repréfentée  entre  deux  cerfs  j Se  ayant  íes 
mains  Rjutenues  par  des  appuis  que  Minutius 
Félix  appelic  broches.  On  peut  voir  dans  le  The- 
faurus  Brandehurgenfis  les  conjeclures  de  Béget 
fur  les  diviíions  globulaires , qui  forment  ces 
appuis ; & dans  les  Antiquités  Grecques  de  Cro- 
novius  (yom.  j.  v.  307.) , une  diíTertation  de  Hoif- 
ténms  fur  ces  broches  myílérieufes. 

BROCHET ; cepoiffon  étoit  fobjet  d’un  cailte 
religieux  á Oxirinque-en  Egypte. 

BRODEQUÍN.  Nous  dorinons  aujourd’hui  ce 
nom  á fefpéce  de  chauíTure  que  portent  Ies 
acleurs  tragiqaes , & á des  bottines  qui  ne  s’élévent 
pas.  au-deífus  du  gras  de  la  jambe.  EPés  repré- 
fentent  les  efpéces  de  chauííares  que  les  anciens 
appeloient  Campagus  , Cothurne & ceiies 
que  nous  avons  décrices  á fatticle  BottíHSS. 
y^oye^  ces  mors. 


B R o 

BROMALES.  Ce  nom  fe  trouve  expliqué  dans 
Théodore  Ealfamori  au  6i-  canon  du  concüe  de 
Conflannnople  , appelé  in  Trullo  , comme  sAI 
venoirde  Bromius,  Bromien  , furnom  de  Bacchus ; 
mais  il  faut  rexpliquer  par  les  Brumales  des 
Latios.  Voye-z^  ce  mot. 

BROMíENj'n 

BRGMTL'S  f donné  á Bacchus, 

oa  á c-aufe  du  branque  faifoient  les  bacchanres, 
ou  parce  quhl  naquit,  dit-on,  au  bruit  d'iin  coup 
de  tonnerre  qui  fit  accoucher  Séméié  fa  mere; 
ou  enfin  parce  que  les  buveurs  font  fiijets  á faire 
beaucoup  de  bruit.  Ce  mor  vient  de  , je 
frémis  , je  fais  da  bruit  ,•  ou  de  , bruit. 

Ovide  á chanté  ce  furnom  de  Bacchus  (Met. 
4.  II.): 

Thura  dabant  ^ Bacchumque  vocant , Bromiumque 

Lyecumque. 

BROMOS.  Voyez  Bled. 

BROISTEE  oü  Bronton,  machine  dont  Ies 
anciens  fe  fervoient  dans  leurs  théátres  pour  imi- 
ter  le  tonnerre,  appelé  Spotrí  en  grec.  Oétoit  un 
vafe  d airain , caché  fous  le  théátre,  dans  lequel 
on  faifoit  rouler  des  pierres.  Feñus  appeüe  cette 
machine  le  tonnerre  Claudien  , du  nom  de  Clau- 
dius  Pulcher , qui  Pavoit  inventée. 

BRONTÉS,  un  ¿es  Cyciopes  qui  forgérent 
la_  foLidre  dont  fut  armé  Júpiter.  11'  étoit  fiis  du 
Ciel  & déla  Terre,  felón  Héliode.  D'autres  luí 
donnent  pour  pére  Nepmue,  & Amphitrite  pour 
mere.  Son  nom  vient  du  mot  grec  .Sfsvr?,  ton- 
nerre. 

BRONTEUS  , furnom  qu  on  donne  á Júpiter 
qui  lance  le  tonnerre.  Ce  mot  vient  de 
tonnerre  , & il  eft  fynonyme  du  fuivant , bronton. 

BRONTON.  Gruter  a rapporté  plufieurs  inf- 
criptions  dans  lefquelles  Júpiter  eílappeléBro.vron, 
tonriant.  Muratori  rapporté  la  fuivante,  oú  cette 
divimté  particuliére  des  habitaos  d’Aquiiée  eft 
mal  nommée  Brotan 

BONO  DEO 

BROTONTI  (TAeji  infcr.  8.  8.) 

Bronton  , machine.  Voye:^  Brontée. 

BRONZE.  Par  le  mot  bronj^e  on  ne  défigne 
aujourd’hui  qn’un  allíage  de  cuivre,  d’étain  <k 
de  zinc  j employé  aux  ílarues  qui  décorent  les 
places  publiques  8f  les  temples.  Mais  Ies  anti- 
quaires  ont  donné  á ce  mot  une  acception  plus 
etendue ; ils  appeüent  brón-qes  tous  les  reíles  pré- 
cieux  de  Pantiquité  qaí  fent  de  cuivre  allié,  oa 
de  cuivre  pur;  de  forte  que  ce  metal  porte  toii- 
jours  le  nom  de  broniqe  dans  leurs  écrits.  Cet  ufage 
nou_s  oblige  á traiter  dans ' cet  arricíe  tous  les 
oujets  rela-tifs  á ía  conpoiiTarice  ^üe  áoit  avosr  dii 


ero  511 

cuivre  un  antiquaire  inftruit;  & nons  vapoellerons 
touioursiro.’i^e  le  méta!  méme.  L’aigreur  qui  refte 
encore  aux  ouvrages  de  ce  metal  que  nous  ont 
laiffes  les  anciens , en  nous  apprenant  quüls  ne 
favoient  pas  , ou  qu’i's  ne  vouloient  pas  le  fépa- 
rer  exaclerr^er.t  des  autres  métaux  & demi  métaux, 
juílifiera  aíiez  i emploi  que  nous  ferons  du  mot 
bronce. 

^ Les  armes  des  Egyptiens  Se  des  premiers  Crees 
étorent-elies  de  brontpe , comme  raíTure  poíirive- 
ment  Héfiode  dans  ces  vers  ? {Oper.  & Díer.  14.9  ) 
« Leurs  armes  éroient  de  bronqe  ; leurs  mailons 
” en  étoient  couvertes  ; ils  fabriquoient  leurs 
» ourils  avee  le  bron:¡^e  ; & le  fer  , ce  métal  obf- 
cur , n’étoit  pas  encore  employé  » ; 

ToTí  T h reUz'-l  j ;íéAK:s(  Js  ri 

XaAxS  T láxag  e'  éx.  nS'rfig  ; 

comme  Paufanias  a eííayé  de  le  prouver  par  un 
grand  nombre  d'exempies  dans  fes  LacoTiaues ; 
comime  on  peut  le  coniedurer  d’un  pafTage  de 
Plutarque  dans  la  vie  de  Théfée  , ou  ií  raoporre 
que  les  armes  de  ce  héros  trouvées  dans  i'ifle 
de  Scyros  Se  apportées  á Athenes  par  Ci.mon,  fiIs 
de  Aíiltíade , étoient  de  bronze. 

Ce  métal  étoit-il  fufceptible  de  k trempe , 
propriété  néceffaire  á un  métal  que  fon  deítine 
á faire  des  armes  tranchantes , épées  , poi- 
gnards , &c  ? Les  recherches  du  favant  comte 
de  Caylus  Pont  mis  plus  á portée  que  nons  ne 
pouvons  récre  , de  repondré  á ces  queftions. 
C'eñ  pourquoi  nous  allons  le  kiíEr  parler. 
« Le  cuivre , dic-il  dans  fon  Recueil  dkntiqaités  x, 
p.  239,  fe  tire  de  la  terre  avec  facilité,  & on  Py 
trouve  en  parties  fort  étendues.  11  fe  met  aifé- 
ment  en  fuñón  , & aucen  metal  ne  prend  mienx 
le  moule.  A.uíE  Phiííoire  nous  apprend  qu’il  a 
etc  le  premier  8c  le  plus  généralement  emplové. 
Le  fer  au  contraire  n’eít  point  du  tout  apparent 
dans  la  mine  ; on  ne  le  trouve  qu’en  trés-petites 
parties  , qifune  premiére  fonre  ne  fert  qifá  réa- 
nir.  .11  faa:  au  nioins  deux  fois  plus  d’opératicns 
pour  le  mettre  en  état  d’étre  mis  en  ceuvre  , 
parce  que  Fon  ne  peut  le  ierer  en  moule  que 
pour  des  ouvrages  groííiers.  II  faut  done  toiitours 
le  forger,  c’eft-á-dire  , le  travaíller  chaud  & au 
marteau.  Ainfi  , e.n  convenant  qu'il  étoit  conriu 
dans  la  Gréce , dans  PAíie  Se  dans  Pltalie , on 
doit  avouer  auíli  quril  devort  étre  fort  rare  & 
trés-cher  dans  tous  ces  pays.  » 

cc  Je  ne  Pai  iamaís  regardé  comme  inconna  aux 
anciens  : les  auteurs  atteílent  trop  fouveat  fe  con- 
traire , pour  que  nous  puiíTions  en  duucer  ; mais 
il  y a de  grandes  diítinctions  d faire  d cét  égará 
dans  Ies  aheiennes  híftofres  8c  je  fiáis  perfiraáé 
que  feilime  toujours  attachée  aux  choíéj  rares, 
a fouvent  engagé  íes  anciens  á parler  de  ce  métai 
par  métaphore,  & quetifin  üs  ont  ¿te  Tur  cít. 


Jiz  B R o 

j di  pluíisíii^s  occsílOils  ¡ pliis  clc^^sns 
qu  exacts.  Quoique  j’ayedir  avec  raifon  que  rem- 
pire  des  atts  avoi:  éprouvé  le  plus  de  révoiu- 
tions  j }£  ne  crois  pas  que  les  connoiffances 
íimpies  coir.me  ceües  des  métaux puiílent  qtre 
dans  le  méme  cas,  c'eft-ádire,  qu'eües  fe  per- 
dent  jamais.  11  faudroit  pour  ce!a_que  la  terre  fut 
boaleverfée  , ou  qu  un  pays  fút  ennérement 
détruir. 

« De  quelque  igncrance  que  les  plus  grandes 
iumiéres  Yoient  fuivies,  elle  ne  fauroit  devenir 
feníible  aue  fur  la  facen  de  travaüler  : mais  la 
mariére  une  fois  connue , a toupurs  exiíte , 
quoique  plus  ou  moins  bien  travaillee,  auífi  bien 
qu  en  diírérente  quantité  , dans  les  pays  civdifes 
qui  n ont  point  éprouvé  de  bouleverfement  ni  de 
dépeupiement  depuis  la  guerre  de  Troye.  11  faut 
done  arriver  par  les  idées  genérales  aux  confé- 
quences  du  detall , Se  dire  , par  exemple  : Ho- 
rñére  parle  du  fer.  Ce  grand  homme  eft  trop 
exadt  pour  avoir  peché  contre  le  coftume  le 
fer  exiftoit  done.  Mais  il  n’en  parle  que  bien 
raremenr ; done  ii  en  exiíloit  peu  de  fon  temps. 
Frefque  toutes  les  armes  qif  il  met  entre  les  mains 
de  fes  héros , font  de  cuivre  , Se  il  eft  conftant 
que  Ton  travailloit  alors  ce  métal  avec  toute 
rintelligence  poffible.  Je  n’en  veux  pour  exemple 
que  le  bouciier  d’Achille  , qui  me  paroir  tou- 
jours  le  chef-d'ceuvre  de  refi-rit  humain  du  cote 
de  la  compofition.  On  ne  peut  méme  douter  que 
Texécution  rfy  ait  répondu  , ou  que  du  moins  il 
ny  eút  alors  des  artilles  qui  en  fuííent  capables5 
car  le  poete  cotnrr.e  le  peintre  ne  peint  que  con- 
formément  á ce  qu’ü  voit  ou  á ce  qu’il  a vu.  ” 

ce  Si  Ton  defeend  plus  bas  qif  Homére  , on  lira 
des  faíts  fur  lefquels  je  pourrois  appuyer  mon 
fentiment.  Hérodote  ( lib.  i.  cap.  xxr.  ) dit 
qu  Alyatte  , roi  de  Lydie  , envoya  á Delphes  un 
grand  cratére  d^argent  Se  une  foucoupe  de  fer 
foudé.  II  ajoute  que  céiok  le  plus  admirable  des 
préfens  faits  au  temple  d’Apollon  , & qu’il 
a-voit  été  travaillé  par  Glaucus  de  Chío.  Paufa- 
nias  X.  c.  i6. ) parle  de  ce  méme  cratére.  II 
eft,  dit-ilj,  Pouvrage  de  Glaucus  de  Chio,  qui 
avoit  trouvé  le  fecret  de  fouder  le  fer.  La  bafe 
ou  foucoupe , continué  le  rnéme  auteur  , ne 
tient  pas  par  des  boucles  ou  des  agraffes,  ni 
par  des  clous.  Un  peu  plus  bas,  Paufanias  , á 
Poccaíion  d’une  fiatue  d’Herculc  en  fer  , obíerve 
que  ce  métal  étoit  fon  difficile  á mettre  en  oeuvre, 
quand  ii  s’agiffoit  d’en  faite  une  ftatue.  II  eft 
vrai  quftl  parle  aiileurs  d'une  ftatue  de  cuivre  , 
formée  de  plaques  rallemblées  Se  retenues  par 
des  clous  ; mais  il  ajoute  que  c’éteit  la  plus  an- 
cienne  que  Fon  connút  de  ce  métal.  Je  demande 
maintenant  s’il  n'eft  pas  clair  que  du  tems 
d’Alvatte  , c’eft-i-dire  , environ  6c©  ans  avant 
Jéftts-Chrift  , Part  de  fondre  le  fer  étoit  encore 
dans  fon  enfance ; Se  ce  que  pouvoient  étre  les 
;^mes  Se  les  auuss  ufteníiks  de  ce  métal , tra^ 


B R O 

vaillés  par  des  hommes  li  peu  éclairés  fur  ce 
point,  quftls  ignoroient  la  maniere  de  le  fouder , 
ou,  ce  qui  eft  la  méme  chofe  , d’en  rejoindre  Ies 
parties.  La  reconnoilTance  que  Fon  témoigne  á 
Glaucus  , mérite  bien  de  Fattention  j 8e  fa  fou. 
coupe  préfentée  au  temple  de  Belphes  , donne 
au  moins  une  idee  de  la  rareté  de  ce  métal , 8e 
du  cas  que  Fon  en  faifok.  Je  fuis  done  convaincu 
que  les  anciens  , non-feulement  dans  Ies  premiers 
temps,  mais  dans  les  fiécles  des  Romains  , nefai- 
foientufage  que  du  cuivre,8<:  qiFiIs  n’employoient 
pas  communsment  le  fer  j foit  qu  ils  ayent  fuivi 
les  pratiques  8c  les  ufages  établis  des  lors  dans 
le  monde  ; ce  qui  s'accorde  affez.  avec  leur  peu 
de  génie  pour  les  arts  , & par  conféquent  pour 
les  découvertes  5 foit  que  le  fer  ne  fút  pas  encore 
auíli  commun  qu'íl  Feft  devenu  dans  la  fuite  , 
par  le  foin  avec  lequel  on  skft  apphqué  á le.tra- 
vailler  dans  les  derniers  fiécles,  3c  principalement 
en  Franca. » 

« Quoi  qu  il  en  foit  , je  n'ai  vu  dans  le  nombre 
des  cabinets  de  FEurope  dont  jki  vifité  la  plus 
grande  partie , que  deux  lames  d’épées  de  fer 
que  Fon  puiíTe  regarder  comme  romaines.  Elles 
font  dans  le  cabinet  des  Jéfuites  de  Lyon ; il  n y 
en  a méme  quMne  qui  foit  entisre.  ( On  en  a 
trouvé  une  á Herculaniim  , que  1 on  voit  a Por- 
tic!.  ) Malgré  la  rouiile  & tout  ce  qui  contribue 
á détruire  ce  métal  , ii  eft  étonnant  que  du 
nombre  prodigieux  d'armes  que  les  Romains  ont 
fabriquées  pour  leur  ufage , il  ne  s en  foit  pas 
confervé  quelques  \'’eftiges  dans  les  lieux  fecs , 
& principalement  dans  un  pays  chaud  comme 
EEqypte , qui  fournit  tous  les  jours  tant  d anti- 
quités  de  toutes  les  nations , Se  ou  Ion  n a ja- 
máis trouvé  le  plus  petit  morceau  de  fer.  Tout 
eft  bron-^e  , pierre  , verre , ou  terre  cuite.  Ces 
raifons  feules  étoient  capables  de  me  confirmar 
dans  une  opinión  qui  deviendra  plus  claire  ) 8c 
qui  fera  démontrée  par  les  monumens  que  1 on 

découvrira.  ==  . >rr 

« En  attendant  de  plus  grands  éclairciliemens , 
je  n’ai  ríen  négiigé  pour  retrouv'er  la  trempe  du 
cuivre.  La  moüeíTe  de  ce  métal  > ou  la  faalite 
avec  laquelle  il  fe  caíTe , étoit  une  objection 
trop  foiide , & qui  me  faifoit  trop  de  peine,  pour 
ne  pas  chercher  les  moyens  de  le  rendre  tel  qaon 
en  puiife  faite  ce  quedes  anciens  en  faifoient, 
en  l’employant  á tout  ce  que  nons  executons 
avec  le  "fer.  L’expérience  eft  au-delTus  de  tous  e 
raifonnemens.  » . , '„i 

“ Les  recherchss  que  j’ai  fait  faúe  fur 
méme  , m’ont  donné  le  cuivre  trés-dur,  ton  u, 
forgé  , alíié  , trempé , fufcepnble  de  la  V 

enfin,  foumis  a toutes  Ies  propnetes  ^ 
vais  commencer  par  copier  le  detaii  de  i opy 
tion  que  M.  Geoffroi  le  fils  a bien  voulu  taire 
á ma  priére  ; 8c  Fon  jugera  des  foins  & 
fagacité  avec  lefquels  il  s’eft  prété  a ceti^ 
manoeuvre-  Au  reíte , toutes  les  experiences 


B R o 

il  eíl  parlé  dans  le  difcours  fuívant , ont  été 
faites  fur  des  armes  des  Romains  , & pour 
fabriquer  des  lames  pareiües  á celias  que 
Ton  a découverres  á Genfac  ^ ( village  íitué  fur 
la  frontiére  de  TAuvergne  & du  Bourbonnois) , 
S:  qui  font  dans  le  cabinet  des  antiques  du 
roi.  ” 

cc  Le  vcrd-de-gris.  qui  nefe  forree  qu  á la  longue 
•=  fur  le  bronce  , fert  á décider  á la  fimple  inf- 
» peílion  que  les  armes  anciennes  qu’on  m’a  fait 

voir  &c  qui  ont  été  trouvées  dans  la  terre  ou 
55  dans  les  ruines  , font  de  cuivre  pur  & fans 
55  alliage,  ou  que  s’il  y a de  ral'iage,  du  moins 
55  le  cuivre  eft  en  grande  quantité ; & c'eíl  á ce 
55  dernier  fentiment  que  l’on  doit  s''arréfer  , lorf- 
» que  fon  peufe  au  peu  de  folidité‘'&  de  durete 
55  que  le  cuivre  pur  peut  acquérir  par  récromf- 
55  fage  , ou  les  autres  moyens  qui  nous  font 
55  connas.  M.  le  comte  de  Caylus , qui  m’avoit 
55  engagé  á l’aider  dans  Texamen  de  ce  metal  , 
5=  exam.en  qui  eír  da  reífort  de  la  Chimie , m’a 
K communiqué  un  paíTage  de  Philon  de  By ranee 
55  {Matkem.vetcres),  qui  m’a  fourrd  le  fmet  de  mes 
■55 'premieres  expériences.  Levoici  tel  qu’il  me  i’ a 
5»  donné.  =5 

« Philon  j en  parlant  d’une  machine  qui  fer- 
55  volt  a lancer  des-traits,  & qui  ctoit  formée 
55  de  deiix  lames  de  cuivre  courbes  qui  avoient  du 
55  reiTort , dit  que  ces  lames  étoien:  faites  d’un 
55  cuivre  rouge  ^ purifié  & recuit  -pl-afieurs  fois  : 
55  on  méle  , ajoute-t-il , á une  mine  pefant  de 
55  cuivre  , trois  drachmes  d’étain  bien  purifié  ; 
55  & aprés  avoir  fonda  le  toiit  enfemblé  > on  en 
55  forme  des  lames  , on  leur  donne  une  courbe 
>5  légére , & lorfqu’elles  font  bien  froides  ^ on 
>5  ¡es  bat  peíidant  long-tems.  55 

cc  J’ai  fait  des  mélanges  de  cuivre  & d’étain 
55  fondus  enfem.ble , & ailiés  dans  diírérentes  pro- 
55  portions  : tous  ces  eíTais  m’ont  donné  un  cuivre 
55  plus  roide  Se  plus  dur  que  !e  cuivre  rouge  ; 
55  mais  ce  métal  allié  n’avoir  ni  le  grain  m la 
55  durecé  des  armes  dgs  anciens  , qui  m’avoient 
55  été  préfentées.  Au  teñe , ce  méral  eft  aigre  & 

55  difficile  á forger.  Je  croyois  que  puifque  l’é- 
« tain  communiquoit  au  cuivre  aílér  de  dureté 
55  pour  lui  donner  du  reífort je  pourrois  par- 
55  venir  par  ce  feul  alliage  a le  durcir  aífez  pour 
5»  en  faite  des  armes.  Aprés  quelques  tentative_s 
55  inútiles , je  cherchai  á tn’aífurer  s’il  y avoit 
5»  dans  ces  armes  antiques  uñe  porción  d etain 
55  feníible , & auííi  confidérable  que  dans  le  métal 
55  que  j’alliois.  Pour  cet  eífetj  je  mis  dans  un 
5»  baiii  de  plomb  fur  une  coupeíle  un  morceau 
55  de  mon  aliiage  , qui  auffi-tót  qu’il  commenca 
55  á fe  fondre , végéta , á caufe  de  Tétain  qu’il 
5»  contenoit.  J’ai  répéré  cette  expérience  fur  le 
“ métal  des  armes  antiques  ■,  3c  es  metal  n ayant 
53  point  vegété  , mais  étant  plus  difficüe  á fondr  e 
*'que  le  míen  3 je  fus  convaincu  que  ce  ifétoí: 

Antígultés ¡ Tome  I, 


ERO  51: 

=5  poir.t  I’étiin  qui  durciiToit  le  cuivre , qui  eft 
>5  le  méta!  principal  des  armes.  » 

« LadiSiculté  que  j’avois  trouvée  á fondre  ce 
55  metal  , me  íit  íoupqonner  qu’ií  contenoit  du 
55  fér  j & mon  foupcoa  fe  changea  prefque  en 
55  certitude  , lorfque  je  comparai  le  grain  de  ce 
55  métal  avec  celui  de  q-uelques  eífais  de  cuivre 
5=  ailiés  de  fer , que  mon  pete  avoit  faits  dans  le 
•5  tems  qu’il  donna  á i’ Academia  des  Sciences  un 
55  Mémoire  fur  le  tombac.  55 

« J’ai  cherché  á imiter  pour  la  dureté  8c  pour 
55  le  tranchanc , une  épée  romaine ; 8c  je  crois 
55  n’y  avoir  pas  mal  réuííl  dans  celle  que  j'ai 
55  remife  á AI.  le  comte  de  Caylus.  Elle  eft  faite 
55  avec  un  mélange  de  cinq  patries  de  cuivre 
•5  rouge  8c  d’une  partie  de  fer  fondus  enfemble  , 
55  puis  jetees  en  moule.  Elle  a été  réparée  8c 
5’  enfuire  affilée  fur  la  meule.  Le  fer  que  j’ai 
55  ajouté  au  cuivre  rouge  pur  j eft  du  fil-de-fer  : 
55  comme  i!  préfente  beaacoup  de  furftee  au  feu, 
55  il  eft  plus  facüe  á fondre  ; mais  il  a I’incon- 
55  vénienc  de  fe  bruler  facilement  , & de  fe  ré- 
55  duire  en  feories.  Ainíi  , je  crois.  qii’i!  feroit 
55  fort  difiicile  de  déterminer  la  quantité  de  fer 
55  qui  eft  méiée  au  cuivre  , attend'u  qu’on  ne  doit 
55  pas  compter  celui  qui  eft  changé  en  feories.  55 
«On  fait  qu’il  y a beaucoup  de  mines  de 
55  cuivre  ferrugineufes.  Ces  mines  fourniftent  á 
55  la.  fonte  un  cuivre  dur  Se  aigre  qui  a befoin 
’5  d’érre  raffiné  pour  étre  dépouillé  de  toutes  les 
55  parties  dé  fer  8c  de  foufre  qu’il  contient , & 

55  pour  devenir  doux  8c  facile  á trat'aiüer.Je  crois 
55  que  fuppofant  que  les  armes  de  cuivre  fuífenc 
55  communément  en  ufage  chez  Ies  anciens , le 
55  fentiment  le  plus  naturel  eft  de  croire  que  le 
55  cuivre  dont  iis  les  faifoient , étoit  ce  cuivre 
55  aigre  8c  dur^  tel  qu’il  eft  dans  de  certaines 
=5  mineS:,  Se  qui  eft  ce  que  nous  appelons  le  cuivrs 
55  noir.  lis  s’epargnoient  la  peine  de  le  dépurer : 

55  ce  qui  I’auroit  rendu  moins  propre  á í’ufage 
55  auquel  ils  le  deítinoient.  Comme  nous  avons 
55  encore  pluíieurs  mines  de  cuivre  qui  font  dans 
55  le  méme  cas  , relies  que  celles  du  Lyonnois  , 

55  de  la  baífe-Navarre  , Se  prefque  toutes  Ies 
55  autres  de  France il  ne  feroit  pas  impoifible  de 
55  vérifier  ce  fentiment  que  j’_ofe_  avancer  comme 
55  le  plus  vraifemblable ; mais  je  n ai  pas  eu  z 
55  Paris  Ies  facilités  néceífaires  pour  les  expé- 

55  riences.  55  _ . ^ , • j-  , ' 

« Aureñe  , je  crois  avoir  íimplemcnt  indique 
55  un  des  moyens  qui  pouvoient  fervir  á durcir 
55  le  cuivre  ; je  dis  un  des  moyens  , attendu  que 
55  je  crois  qu’il  y en  a pluíieurs  j & meme  qui 
55  produiroient  des  efifets  plus  feniioles.  ss 

« Cette  opération  fi  clairemenc  renJue  eft 
d’autant  plus*  curieufe  en  elle-méme  , que_  l’al- 
liase  de  ces  deux  meraux  , le  ter  8c  le  cmvre 
étoit  regardé  comme  impoíTible;  cette  opera- 
t'on.dis-ie/Gumet  ¿oac  le  cuivre  a mures  les  ara- 


514  B R o 

píiéiés  du  ler  : ce  qui  peut  mettre  dans  k fociété 
un  metal  qai  n’éprouve  ni  la  rouille  ^ ni  Ies  in- 
convéniens  de  la  longuear  des  travaux  du  fer. 
Cependant  il  faut  convenir  que  ce  procédé  ne 
eonne  guéres  de  reíTort  au  cuivre  ^ & le  rend  un 
peu  trop  caffant  5 mais  il  eft  poflibie  de  faite  des 
xeclierches’&  dkmployer  d'autres  voies^  & M. 
GeoíFroi  conviene  lui-méme  qu"il  imagine  d'autres 
anoyens.  Ríen  n’eft  plus  juñe  & plus  naturel  que 
cette  idee  j & fexamen  des  bron^^es  antiques  ma. 
prouvé  la  variété  iníinie  de  leurs  alliages ; ce  qui 
confirme  la  vérité  de  tout  ce  que  penfe  M.Geoffroi 
far  cet  árdele. 

«Cependant  la  voie  de  la  trempe  m'ayant  tou- 
jours  para  importante  pour  cette  petite  décou- 
verte  ^ & bien  des  gens  la  regardant  comme  une 
chofe  qui  nkvoit  jamais  exilié  ; jki  fait  travailler 
un  fimple  fondeur  ^ qui  ne  conneit  que  fa  forge 
& fon  métak  & que  j’emploie  depuis  long-tems 
a fouder  ^ percer  ^ enfin  reñaur'er  des  morceaux 
dkntiques.  Son  opération  léve  toutes  les  diffi- 
cultés:,  & répondj  ce  me  femble^  á toutes  les 
objedíions.  35 

« Voici  ce  que  jki  pu  tirer  d’uae  converfatjon, 
Gui  bien  loin  d’étre  elegante  ^ n’étoit  pas  méme 
fort  claire  5 mais  jkfpére  que  la  fimple  expoíition 
du  fait  fera  reque  fivorabiement , á caufe  de  Tuti- 
lité  qui  en  réfuítera. 

«Lkxamen  quei’ai  fait  des  bronces  antiquesjrrda 
» convaincu  que  les  anciens  avoient  le  fecret  de 
« tremper  le  cuivre  ^ & mk  engagé  á en  faire  !a 
>:>  recherche.  J'ai  done  trouvé  que  cette  matiére 
" étoit  aufli  fufeeptibie  de  ia  trempe  que  l'acier. 
M J’en  ai  méme  aífez  vu  pour  erre  perfuadé  que 
==  toutes  les  trempes  ne  fe  font  point  reílemblées, 
==  c’eít-a-dire  , qu’eiícs  rfont  point  été  uniformes  , 

Se  qukile's  ont  eu  des  variétés  dépendantes  des 
=•=  recherches  parricíilíéres.  Le  falpécre  & la  come 
3^  de  cheval  purifient  le;  méraux;  il  faut  done  en 
=■=  mékr  dans  ia  fuñón  du  cuivre  poGr  ¡e  rendre 
» plus  docile  au  moule  , & le  metire  plus  en 
==  état  de  recevoir  la  trempe. 

“ Mes  ouvrages  rfétoient  que  de  cuivre  jaune 
» pur  j & conllñaient  en  lames  d’épées  ^ en 
»=  coins  , en  couteaux  ^ & méms  en  ramirs.  Je 
» les  ai  dkbord  fondas,  travaülés  & termines  ; 
» enfuitc  je  les  ai  mis  au  feu  cerife,  & trempés 
•«>  tout  fimplement  dans  une  eau  du  ruiííeau  des 
=5  rúes  ou  de  boue  , nielée  de  faie  de  cheminée  , 

de  fe!,  d’ uriñe  & d’aii  j Se  je  puis  aíTurer  que 
» ces  morceaux  ont  acquis  toutes  Ies  propriétés 
^ que  la  trempe  donne  á Tacier.  » 

«\oici  la  proportion  de  la  trempe  que  j’ai 
« employée.  « 

" Sar  une  pinte  d’eau  du  ruiíTeau,  une  poignée 
» de  fel  tnarin , deux  fortes  poignées  de  fuie  de 
M cheininée  , une  chopine  d’uriae  ^ une  tete 
* dki!  pilé.  M 

M.  Monnetj  métallurgifie  célebre  aftribus  á 


B R O 

un  autre  aííiage  la  propriété  de  recevoír  la  tretnee 
qu’avoit  le  bronie  des  anciens.  H croit  que  c'étoit 
ikrfenic  qui  durciffoit  ainfi  le  cuivre.  Ce  de.mi- 
métai  accompagnant  fouvent  le  cuivre  dans  fes 
raines , Se  les  anciens  ne  fachant  pas  Ten  féna- 
rer,  felón  M.  Monnet,  il  étoit  trés-ordinaire‘ de 
voir  le  cuivre  difpofé-,  par  cet  alliage  naturel , a 
recevoir  la  treuipe. 

Fline  (//é.  34.  i.)  parle  des  efpéces  de  cuivre 
les  plus  renommées  dans  Tantiquiré.  II  nomine 
en  premier  lieu  le  cuivre  de  ihíli  de  Chypre , 
ou  il  prétend  que  fut  faite  la  découverte  de  ce 
méta!.  Se  ou  on  le  riroit  d’une  pierre  appeiée 
chalchls,  différente  apparemment  de  la  calamine. 
II  ajoute  que  le  prix  du  cuivre  de  fiíle  de  Chypre 
diminua  bientot,  parce  qu^on  en  rrouva  de  meil- 
leure  quaiité.  Le  cuivre  jaune  fur-touí  fut  pen- 
dant  long-tems  trés-recherché  pour  fa  beauté; 
mais  ¡es  mines  qui  !e  produifoient  s’étant  épui- 
fées,  on  en  tira  de  celies  done  Sailufte,  faVori 
d'Augufte,  étoit  propriétaire  dans  laTarentaife, 
& de  celies  que  Livie  , femme  dé  cet  empereur , 
pofiedoir  dans  ia  Gaule.  Du  tems  de  PÍine,  le 
cuivre  le  plus  efiimé  étoit  celui  des  mines  de  Cor- 
doue  en  Efpagne , que  Marius  avoit  autrefois 
fait  exploirer.  11  avoit  la  beauté  Se  í'éckt  du 
cuivre  jaune  ou  laiton.  L"on  en  fabriquoit  des 
feílerces  & des  dupondius.  A i'égard  des  as , 
on  ne  Ies  faifoit  que  de  cuivre  de  Cnypre  : Summa. 
gloria  nuTíC  in  Miarlanum  converja,  quod  & Cordu- 
benfe  dicitur.  Hoc  a.  Liviano  cadmiam  máxime 
forBet , & aurichalci  bonitattm  imitatur  i.n  fejiertiis 
diibondianijaue  y Cypro  Jao  ajlibus  contentis. 

Les  anciens  ne  redoutoíent  pas  autant  que  nous 
Ies  maijvais  eífets  du  cú'ftt ; car  on  trouve  á Por- 
tici  plufíeuts  de  leurs  couloirs  (pour  le  vín)  de  ce 
niétal.  M.  de  Non  en  a rapporté  un  de  la  grande- 
-Gréce  , qui  reífemble  aux  pajfoires  nioaeraes. 
Cependant  ils  ont  quelquefois  doublé  en  argent 
■ leurs  vafes  de  cuivre.  f-íercii’.anum  en  a fon'-"** 
pluíieurs  ainu  doublés  , pour  teñir  Jitu  dera- 
mage  ; & fon  en  a trouvé  de  femblables  kns 
piufieurs  endroits  des  Gaules  , fur-tout  aupres  de 
i-yon.  ^ ^ , 

On  peut  juger  par  un  crampón  de  ironre  deínne 
planche  99  , n°.  i du  fecend  Recueú  d'antiquués 
du  corare  de  Cavlus  ,■  de  Fattennon  des  ancicus 
pour  la  folidité  de  leurs  bátimens,  &^de  la  PJ®' 
férence  qu’iis  áonnoient  au  cuivre  ¡i'.r  4 aet. 
Outre  le  choix  & ¡a  condición  parfaite  des  pierres , 
la  íimplicité  de  leur  coupe , la  preciíionpie  lear 
trair,  & ia  juüeífe  de  leur  pofe,  sis  ^aeoie.nt 
crampons  oü  ils  Ies  jugeoient  néceiubes , po-- 
asTurer  encere  plus  la  durée  de  leurs  éds.ices.  ées 
crampons  étoient  de  cuivre , parce  qu'iis 
foient  Ies  propriétés  de  ce  méta!  aisfii 
le  marbre,  lorfqu’il  a pris  fon  veríl-ite-aiss_3 

lorfquhl  ndeíl  point  en  contaci  avec  des  mar.e.  ^ 

Gorrofives.  Nous  fommes  fort  éloignes  de 
tant  dé  précautions  pout  nos  édisces,  Ls  rer 


B R o 

nou3  employons  ajoute  aux  autres  caufes  de  def- 
truírson  : aufli  la  poftérité  ne  pourra  juger  de 
nos  magnificences  que  fur  des  récits  ou  fur  des 
gravares,  qui  rendent  prefque  toujours  Tobjet 
fans  vérité  Se  fans  agrément. 

I!  faut  dire  cependant  pour  la  gloire  des  artiñes 
qui  ont  báti  !e  palais  de  Verfaüles , que  Ies  ba- 
Juñrades  de  marbre  qui  en  terminent  les  terraíTes , 
fqnt  liées  par  des  crampons  de  bron-^e , dont  la 
plupart  font  encore  entiers,  au  momentoú  nous 
écrivons  cet  arricie;  c’eft-á-dire,  plus  d"un  íiéc'e 
aprés  leur  fonte.  PuiíTe  cct  exemp'e  erre  fuivi  par 
Ies  artirtes  modernes ! 

Les  anciens  avoicnt  I’arr  de  donner  au  cuivre 
un  tel  degré  de  blancheur,  qu'on  le  prenoit  au 
premier  coup-d’ceii  pour  de  Fargent.  Telie  eit , 
felón  'if.  Eranconi , (dans  íoa  A.-ahologij.  AomcLr.a) 
une  étriile  ou  gratoir,  qu’c-n  treuva  au  mois 
d'avnl  1779,  en  deíTéchant  Ies  marais  Pontins. 
Cn  y volt  le  nom  & ia  marque  de  Farriíle.  Le  nom 
eíí  écnt  íuivanr  la  méthede  dorique  , au  génitif, 
KF.-íKAlAA  , HeracLidis  i ¡a  marque  de  Fouvrier 
efi  une  vidoire. 

Le  bronzi  éroit  employé  a conferver  les  ades 
pubiics  á la  poftérité.  Un  incendie  arrivé  fous 
V efpaíien  fit  périr  trois  mi’le  rabies  de  ¿rouyí 
confervées  au  capitole.  £!'es  renfermoient  les 
ioix,  les  traites  Se  les  autres  monumens  'es  plus 
refpedables  dq  FEmpirel  Pclybe,  Cicéren 
Divin.  lib.  2.)  , Tite-Live  [Decad.'i.  1.  ^.Decad. 
4.  c.  57.)  , Fline  Fancien  (/¿¿.  34.  c.  9.) , & d'au- 
tres  { Jül.  Objsq.  Lik^ll.  de  proddgiis  cap.  lll. 
Cvid.  lio.  I.  Metam.'j , font  des  témoins  irrépro- 
chables  de  la  coutume  obfervée  par  les  Romains, 
d'imniortalifer  ieurs  !oix  ou  leurs  traites  de  paix 
ou  d'alliance,  par  ia  folidité  du  bronce  ^ qudis  cn 
faifoient  aíTez  ordinaireraent  dépofiraire. 

_On  ne  Fépargnoit  pas  méme  dans  les  ades  qui 
n’intérefl'oienr  que  des  cites  & des  villes  muni- 
cipales. Les  fociétés  , les  corps  de  métier  & les 
parriculiers , érigeoient  quelquefois  des  rabies  ou 
des  colonnes,  foit  de  marbre,  foit  de  bronqe,  pour 
perpétuer  la  mémoire  de  leurs  ítatuts,  privüéges , 
acquiíitions,  fur-tout  lorfque  leurs  prétentions 
& ceiles  da  public  pcuvoient , en  fe  croifant , 
leur  cau.^er  des  inquietudes. 

Quelques  - uns  prenoient  la  précaution  de 
{SiciilusF laceas  decondit.  agror.  edit.Turn.cb  p.lO. 
2.1.)  faire  écrire  & méme  repréfenter  les  con- 
fins  & les  limites  de  leurs  terres  fur  des  rabies 
de  bronqe.  On  ajoutoit  foi  á ces  rabies ; au  moins 
jufqu’á  contredit ; auquel  cas  on  avoit  recours 
aux  archives  de  Fempereur,  oú  la  forme  , les 
límites  & les  partages  des  tefres  étoient  référés 
dans  divers  livres  ou  regiftres,  & pour  i’ordinake 
figurés  fur  des  tablas  de  cuivre,  com.me  fur  nos 
papiers  terriers.  Hygin  nous  apprend  {de  Limitibus 
confiituendís , p.  132,  133,  134.')  comment  on 
taifoit  ces  partages , comment  on  écriyoit  fur 


B R O 5 r 5 

des  tables  de  Ironrc  Jes  portions  éebues  par  le 
fort , & comment  on  en  déíignoit  le  plan  & les 
bornes  fur  des  livres  isairain,  libros  sris , qu’oa 
dépofoit  enfuite  dans  les  archives  de  l'Empe- 
reur. 

Le  hronqe  que  les  anciens  regardoienr  comma 
pur  par  fa  nature,  ayant  toujours  éré  confacré 
aux  áieux,  pouvoit,  felón  eux,  {Sckol.  Tkéoc. 
layll.  2.  -i-,  36.)  par  une  vertu  fecréte,  chaifer 
les  fpectres  Se  les  efprits  impurs.  Cette  opinión 
eit  une  bonne  preuve  de  Fanriquité  du  cuivre, 
un  des  premiers  métaux  que  Fon  air  eir.ployés, 
& done,  par  cette  raiion.  Fon  avoit  continué 
de  fe  fcrvir  dans  les  cérémonies  religieufes. 

Ceft  pourquoi  les  magiciennes  fe  fervoient 
dhrjitrumens  de  bronce  pour  cueillir  les  barbes 
qu'eiles  employoieur  á ieurs  euchantemens.  {JEn. 
rv.  513.);' 

Falcibus  & me  fa,  ad  lucerji  quíruntur  ahexis. 

Pubeates  herbs.. 

Ovide  {Met.  Til.  iz6.) ; 

E:  placida  vartim  redice  revelllt  ^ 

Paríim  fucciait  curvamins  falcis  akens.. 

Elles  frappoient  auíil  ¿’apres  la  méme  opinios 
religieufe  fur  des  vafes  de  brcaqe  ¡■go-ai  chaffer  Ies 
manes.  Ovide  {Fafi.  v.  441.): 

Rursics  aquam  tar.git , Temefdaque  concrepat  ara  ^ 
Et  rogai  ut  teciis  txeat  umbra  fuis. 

On  chaíToit  de  méme  les  fpeétres  , les  terreurs 
nociurnes.  Les  prétres  n'employoient  auffi  dans 
les  temples  & les  facrifices , que  des  couteaux , 
des  haches,  des  patéres  & des  firapules  de  brenqe. 
En  un  tret , tout  ce  qui  fervoit  au  cuite  religieux, , 
devoit  erre  de  ce  metal  facré. 

FaíTons  aéluel'ement  aux  ouvrages  de  bronqe 
les  plus  célebres  que  nous  ayent  laiiTés  les  an- 
ciens : c'eft  des  ílatues  que  nous  youlons  parler ; 
& Winkelmann  fera  notre  guide  & notre  appui 
dans  tout  le  relie  de  cet  arricie. 

« Pour  ce  qui  regarde  la  fabrique  des  ouvrages 
.de  br^ij-qe  , je  communiquerai , dit  Fauteur  de 
l'Hiíloire  de  FArt  {6q.  4.  c.  7.)  qUelques  obfer- 
vations  fur  la  maniere  de  préparer  les  métaux 
propres  á la  Tohte  , fur  les  moules  & les  creux 
réparés  pour  recevoir  le  hronqe  flaide,  enfuite  fur 
art  de  fondre  & de.  raccorder  la  fonre.  Je  parlerai 
aufli  des  défeéluolités  de  la  fonte  , de  la  foudure 
& des  travaux  incrtiñés  en  bronrqe , ainli  que  de 
la  rouille  de  Vap.iiquité  , c'eíl  a-dire  , de  cet  eii- 
duit  verdátre  du  broaqe  antique , appeié  ordinai- 
rement  patine.  ” 

ce  Je  dirai  en  premier  lieu  que  le  bronce  fs 
préparoic  conuue  oa  fait  aujourd'hui  par  l’allisgí 

T 1 1 ij  ' 


B R o 


«je  fétain  avec  ce  métala  pour  luí  donner  plus 
ce  fltiidité.Quand  I etain  n eft  pas  affez  abondant, 
le  bronce  manque  alors  de  la  fíuidité  requife 
pour  couler  dans  toutes  les  partíes  ; & c’eft  ce 
que  les  Itabens  nomment  incantare.  Benevenuto 
CeUini , rameux  artiíle  ^ raconte  qu’avant  preparé 
la  fonte  d une  ñatue  , & ordonné  de  déboucher 
le  trou  di!  fourneaa  pour  faire  couler  le  metal 
dans  le  moulej  il  s^étcit  mis  á rabie  dans  Tinten- 
tion  de  ainer  pendant  ce  tems-Ia  ; mais  que  les 
ouv'iders  etant  venus  luí  dire  enfuire  que  la  fonte 
eroit  arretee  ^ i!  avoit  faííi  fur  le  chamarles  plats 
Se  ies  afflertes  d^étain , & les  aveir  jere's  dans  le 
^rdent ; ce  qui  avoit  renda  auíTi-tÓt  la 
lualfe  aíiez  fluide  pour  taire  réuffir  toute  bopéra- 
tion.  Par  cette  raifon  & oour  aíTurer  le  fucces 
de  la  fonte  ^ on  étoit  quelquefois  dans  1 ufa  ge  de 
fondre  des  ftatues  en  cuivre  pur.  Les  quatre  che- 
vaux  de  Venife  font  de  cuivre.  I!  parok  auífi  aue 
ks  anciens  le  choifiífoient  de  préférence  pour 
1 execution  des  llatues  del'tinécs  á étre  dorées  ; 
parce  que  q auroit  été  une  prodigaüté  hors  de 
faifori  j que  de  revétir  d’or  un  beau  bronce.  On 
fait  de  plus  que  le  cuivre  eft  plus  faciie  á dorer 
que  le  kronje.  » 

ailiage  de  1 etain  fa;t  que  le  bron:^e  , aprés 
Paítion  du  feu  jeft  percé  de  quan- 
tite  ae  petks  trous  ronds.  L^étain  , matiére  plus 
fluide  apant  éte  devoré  par  bardeur  du  feu 
rend  le  Bronce  plus  caílint  &-prefqfoauíri  pereux 
qu'une  pierre-ponce  ; de-  la  vient  que  cette  forte 
de  bronie  eíl  plus  lég'ére  de  poids  qu''á  bordinaire. 
Cette  diminution  de  poids  eñ  palpable  dans  les 
monnoies  que  les  antiqaaires appellent  méáaiüonsj 
qui  ont  éprouvé  baélion  du  feu : Jexpérience 
Eous  apprend  á Ies  eonnoitre  en  Ies  pefant  avee 

cutres , ou  en  les  examinant  au  roiieher.  Ces 
médaiilons  dépouillés  de  bailiage  de  bérain  , fe 
trouvent,  pour  ainíi-dire  ^ prives  des  parties  onc- 
tueufes  qui  leur  donnent  du  corps.  Quand  on  les 
tire  des  excavations  & qu’on  les  expofe  cuelque 
teins  a 1 ai-r  on  a i humidité  , il  s’y  forme  une 
craffe  veraatre  j qui  rouge  & qui  confume  le 
broncee  antique.  » 

« Secondement,  je  remarquerai  que  Ies  moules 
prepares  par  les  anciens  artilles  pour  jerer  leurs 
figures  en  fonte  ^ paroiffent  ditferer  de  ceux  des 
Eotres.  ^ Sans  entrer  dans  un  dét&il  étranger  a ce 
fujet  j je  remarquerai  bobfervation  quon  á faire 
fur  les  quatre  chevaux  antigües  du  portail  de 
SaiUt-Marc  > a Veniie  > favoir  y que  ces  figures 
©nr  été  fondues  chacune  dans.  deux  moules  qui 
s’adaptoient  dans  toute  la  longueur  de  ces  che- 
vaux  ; de  forte  qufon  rfavoit  pas  befoin  de  brifer 
fes  creux  aprés  I'opération  , comme  on  efl;  obligé 
de  le  faire  dans  fes  nouveaiix  procedes  ds  la 
lonte. " 

j fobíerverai  que  pour  ce 
qui  dt  de  1 art  de  fondre  & de  raccorder  la 
tente  ^ ix  femblé  que;  fes  anciens  fuivoient  uns 


B R O 


route  difl^rente  de  celle  des  modernes , & C:U’'iIs 
nfetoient  pas  dans  bufage  de  jeter  en  fonte  des 
machines  confidérables.  Au  teñe  , cette  obferva- 
. tion  nous  raméne  aux  premiers  eíTais  & aux  tems 
les  plus  recules  , dans  lefqueis  ^ au  rapport  de 
Paufanias,  les  figures  de  bron-^e  étoient  de  plu- 
lieurs  piéces  & jointes  par  des  clous.  Tel  étoit  ua 
Júpiter  de  Sparte  , fair  par  Cléarque  de  Rhegium 
de  bécole  de  Dipeene  & de  Scviils  ( 'Fcr- 
fan.  3. ) Tel  étoit  fans  doute  le  coloíTe  de  Rnu- 
ces.  Cette  maniere  de  fondre  les  llatues  fut 
encore  fuivie  dans  Ies  tems  poítérieurs  ^ comme 
il  paroit  par  les  fix  figures  de  femme  trouvées  á 
líerculanurri:,  trois  grandes  comme  nature  , & 
les  autres  au-deffus  de  cette  grandeur  : les  tetes , 
les  bras  Ies  jambes  font  fondus  féparément , 
& le  tronc  méme  nTít  pas  d'un  feiil  jet.  Les 
piéces  dans  leur  liaifon  font  jointes  par  des  at- 
. taches  que  les  Italiens  nommenr  code  di  rondine  , 
queues  d'hirondelie  á caufe  de  leur  forme.  Le 
manteau  court  de  ces  figures»  compofé  pareüle- 
ment  de  deux  piéces , de  cebe  de  devant  & de 
cebe  dé  derriére»,  eíl  joint  fur  les  épaales  oü  il 
eíl  repréfenté  boutonné.  » 

« En  fuivant  cette  rcure»  les  anciens  artilles 
fe  mettoient  á babri  des  fontes  manquées  , dif- 
^ ficiles  á éviter,  lorfqu  on  fond  des  llatues  entiéres 
& des  machines  confidérables.  Malgré»,ce!a  on 
remarque  encore  des  remplilTages  qu'on  a eu  foin 
dfindiquer  dans  la  gravure  des  chevaux  de  Ve- 
nife»  oú  bon  voit  que  les  piéces  ajoutées  ont 
été  iointes  par  des  cloux  des  fe  tems  de  leur 
fabrique.  Jepofséde  une  fonte  manquee.  Cemor- 
ceau  joint  avec  la  tete  de  grandeur  naturelle  j 
eíl  tout  ce  qui  sfefl  confervé  de  la  figure  d'un 
jeane  homme.  La  tete  de  cette  figure  étoit  au- 
trefois  dans  le  cabinet  des  Chartreux  á Rome 
( Monam.  a 'Bo-^ino  collecla  , 14.  ) » & fe 

trouve  maintenant  á la  villa  Albani.  Le  morceau 
que  je  pofséde  ofire  le  fexe  qui  étoit  adapté  fé- 
parérnent  a la  figure  5,  & ce  qufil  y a de  remar- 
quabie  , c’eíl  que  du  coté  intériear  ^ á boppofite 
de  bendroit  du  poifo  qui  annonce  la  puberte , 
on  voit  trois  lettres  grecqueS;,  rrrx.  de  ¡a  lon- 
gueur d’un  pouce»  qui  ne  pouvoient  pas  étre 
viíibles  lorfque  lafigure  étoit  entiére.  Montfaucon 
a été  mal  informé  lorfqu'il  avance  fur  la  foi  dea 
antres , que  la  ílatue  équeílre  de  Marc-Aujeíe 
n’avoit  point-  été.fondue  ^ mais  qu’elle  étoit  faite 
de  piéces  de  platinerie.  ( Diar.  Italic.  p.  foq)  j- 
« Quatriémement  j.je  ferai  mention  en  peu 
mo-ts  3 de  la  foudure  dans  Ies  figures  des  an- 
eiens.  On  la  voit  aux  cheveux  & aux  boucles  de- 
tachées  qu’on  avok  coutume  d’adapter  aux  figures- 
par  ce  raoyen  ^ & dans  le  tems  le  plus  recule  de 
bart  j,  de  méme  qu’á  bépoque  de  fon  plus  beaiX' 
luílre.  L’ouvrage  le  plus  ancien  de_  ce  genre  » Ser 
en  general  un  des  monumens  de  la  plus  haute 
antiquité  j eíl  un  bulle  de  femme  ^ du  cabinet 
d’Hsiculanuts , ¿ont  fe  tete  efl  eoe&e  üit 


front  8c  jurqu'aux  oreiíles,  de  cinquante  bou- 
cles  travaiiiées  coinme  ¿u  íil  d’archal  ^ doñt  Té- 
paiffeur  égaleroit  prefque  celle  d’une  plume  á 
écrire.  Ces  boucles  font  foudées  fur  le  cóté  & 
rangées  Ies  unes  au-deflus  les  autres  , Se  ont  cha- 
cune  quatre  ou  cinq  anneaux.  Les  cheveux  de 
derriére  j formes  en  treffes  ^ circiilent  autour  de 
la  tete.  Le  méme  cabinet  renferme  un  autre  mor- 
ceau  auffi  curieux  avec  des  cheveux  íbudés:  c'eíl 
une  rete  de  leunefíe  & de  portrait^  qui  a foi- 
xante-huit  boucles  foudées , de  facón  que  ceiles 
de  la  nuque  du  cou  qui  ne  font  pas  détachées, 
ont  été  jetees  en  fonte  avec  la  tete.  Ces  bou- 
cles  reíTemblent  aíTez  á une  bande  étroite  de  pa- 
pier,  couiée  8c  tirée  enfuite  en  reíiort  fpiral  : 
ceiles  qui  defeendent  íiir  le  front  ^ ont  cinq  tours 
& davantage  5 ceiles  de  la  nuque  en  ont'juf- 
qu'á  douze  j 8c  toutes  font  marquées  de  deux 
traits  en  creux.  Rien  ne  prouve  mieux  que  cet  i 
ufage  étoit  introduit  dans  la  plus  belle  énoque 
de  fart  ^ qu'ane  tete  idéale  du  méme  cabinet  ^ 
connue  alTez  généralement  fous  le  nom  de  Pla- 
tón , & eílimée  un  des  plus  beaux  monumens 
en  bro¡i7;t  : cecte  tete  a pareiilement  des  boucles 
foudées  aux  tempes 

’ I 

« Cinquiémement  , je  dirai  quelque  chofe  ¡fes 
ouvrages  en  btorf:^e  incruftés.  II  s'eft  confervé 
quelques  morceaux  de  bronx^e  garnis  en  argent  ^ 
(Jiiioriar.  pref.  alie.  ojf.  Sop.  ale.  Med.  p.  I9.}  , 
comme  le  diadéme  d'Apollon  Ssuroctonos  de 
k villa  Albani  ^ & les  bafes  de  diíFérentes  figures 
du  cabinet  d'Herculaniim.  On  faifoit  auffi  quel- 
quefois  en  argent  les  ongles  des  mains  & des 
pieds ; ce  que  Pon  voit  á deux  petites  figures 
trouvées  á Herculanum.  Paafanias  fait  mention 
d’une  ftatue  avec  des  ongles  d'argent  C Paujdn. 

L I.  p.  57.  l.  3.  ).  Je  citerai  encore  ici  les  qua- 
tre chevaux  dores  que  le  fameux  Hérode  Atticus 
fit  placer  á Corinthe;,  8c  dont  les  comes  des 
pieds  étoient  dhvoire.  i^ldilL  lib.  2..  pag,  113. 

/.  2.  >.  » 

ce  Srxiémement;,enfin  je  parlera!  dela  coulenrque 
k main  du  tems  donne  au  bron-^e  , 8c  qui  releve 
la  beauté  des  ftatues  de  ce  méta!.  Cette  couleiir 
appelée  patine , eíf  une  teinte  verdátre  > répan- . 
due  fur  le  bronce  5 teinte  do-nt  la  beauté  eít  en 
laifon  de  la  finelTe  du  raétal.  Elle  skppeleit 
trago  cher  les  Romains  , 8c  Horace  dk : Nobilis 
trago.  Le  metal  de  Co^rinthe  prenoit  une  teinte 
de  verd  clair  ( Pauf.  l.  37.  p.  35.  } > qui  paroít 
fur  les  médailles  8c  fur  quelques  petites  figures. 
Les  íktues  & les  bulles  du  cabinet  d’Hercuk- 
itara  j.  ont  un  enduit  de  verd  fcncé  mais  il  eft 
faclice  : car  tous  ces  morceaux  ayant  été  trou- 
pes endomtnagés  & fracalfés  , 8c  ayant  paífé  par 
le  feu  pour  erre  reflbudés  Se  repares  , ils  ont 
perdu  leur  ancien  enduit,  8c  ils  ont  eré  recou- 
Xerts  paH  nn  nouveats  vernis.  On  convient  au 
fiirplas;  que  plus  un  bront^e  eíl  antiqus  , plus  fa 
sfikíe.  verte  eñ  belle  > máxime  fuivie  par  les  arr- 


E R O ^1-7 

ciens  , qui  d’aprés  cela  préferoient  Ies  ftata^* 
antiques  aux  modernes.  » 

. “ ftatues  de  bronce  furenc  dorées  , 

ainíi  que  noiis  le  vayons  encare  par  For  qui  s^eft 
conierve  íur  la  ftatue  equeftre  de  ^Íarc-A.u.ré'e  ^ 
fur  les  débris  des  quatre  chevaux  íz  du  char 
piaCes  au  frontón  du  theátre  d^Herculanum  , Sr 
en  paicículier  fur  1 Hercule  du  Capnole  > 8c  fur 
les  quatre  chevaux  de  \ enife.  La  confervaticn 
ae  la  dorure  des  ílatues,  qui  ont  été  enfeveües 
fous  terre  pendant  tant  de  íiécles  , ne  peut  étre 
attribuée  qu’á  lepailfeur  des  feuiiles  d'or  : il  s'en 
falloit  de  beaucoup  que  les  anciens  euffsnt  Fin- 
duílrie  de  réduire  for  en  feuiiles  aulil  minees 
que  le  font  les  modernes  5 Sz  Euonarotti  fair 
voir  la  difFérence  de  k proportion.  (Mafei, 
fiat.  n.  20.  ). 

Aprés  avoir  décrit  les  opérations  de  k fonte  Sc 
de  la  réparation  des  bronjes , nous  allons  faire 
connoitre  les  principaux  bronces  de  chaqué  na— 
tion  dont  les  écrivains  ont  parlé , 8c  eeux  qui  font 
encore  aujourd'hui  l’ornement  des  mufénm.  Les 
morceaux  de  ce  genre  les  plus  volumineux  qui 
nous  atceílent  ia  perfeftion  de  cet  art  chez  íes 
Egyptiens,  font  k Tasle  Isiaque  da  cabinet 
de  Turin  {pjo’ye-^  ce  mot)  , un  vafe  avec  une  anfe, 
employé  dans  les  facrifices  en  Eg3  pte  , 8c  appelé 
fitula  par  les  écrivains  ktins  (voyei  ce  mot)’^  8c 
une  petite  bafe  de  forme  carrée-alongéc;,  avec 
des  figures  8c  des  emblémes  incruílcs.  Cette  bafe, 
que  Ton  voir  au  cabinet  d'Herculanum,  a enviroii 
un  pied  de  longueur  5 &z  fa  forme  nous  oífre  uit 
modéle  de  cette  diminution  fimple  qid  caractérife- 
les  bafes  & les  édifices  des  Egypriens.  Sur  k face: 
principale  de  k bafe  du  cabinet  d’ííercuknum  , 
on  voit  un  bateau  long  de  jone  d'Egypte  entre-- 
lacé,  au  mílieu  duque!  eft  un  gra-nd-  oifeau.  Une 
figure  efl  affife  á plat  au-devant  de  ce  bateau , 
qui  eft  conduit  par  un  Anubis  á tete  de  chien- 
Sur  les  deux  cotes  dr  la  bafe  font  aíGfes-  deux 
femmes  qui  ont  des  ailes- étendues^  attachées  fur 
Ies  hanches  8c  rabattues  jufqukux  pieds  ; comme 
en  offrent  les  médailles  de  Malte  & k rabie  liiaque. 
Pou-r  ce  qui  eft  de  petites  ftatues  égypriennes  de 
bronce  , on  en  a trouvé  une  grande  quantité  dans 
le  remple  dTíis  déeouvert  a Pompek.  Le  eorarer 
Hamüton  en  avoit  une  dont  le  creu-x  étoit  remplt 
de  plomb , dans  le  defiein  de  la  faire  teñir  debour. 
La  plus  grande  des- ftatues  égypriennes  deártraze,, 
eft  une  líis  tenant  Horus  fur  fes  genouxg  qui 
appartenoit  au  comte  de  Caylus  3 on-  en  v^oir  une 
á-peu-prés  fembkble  au  cabkist  de  Sainre-Géne- 
viéve  , avec  un  prétre  dé  bronce  d'un  grand  vo- 
lume.  ün  petit  Ofiris  du  méme  c&mre  nous  a kit 
voir  que  les"  Egvptiens  doroíent  quelquefok  un: 
enduit  de:  piarte  dont  ils  recouvroient  kurs- 

bron-^es. 

Pasfanias  dír  que  Eltalie  etrt  des  ftsines  rfe 
bron\e  long-tems  avant  k Grécej  dkilleurs  lets 
Etíuiqqes  eurentdesr?ppoít5d’uíhges- 


51  s 


B R O 


avec  les  Pélafees  ou  anciens  Grecs:  c’eft  pourquoi 
nous  aüons  dccrire  lears  oavrages  de  bronce  avant 
ceux  des  Grecs  proprement  dits.  Faifons  obferver 
ddabord  deux  caradtéres  orcinaires  des  bron^^es 
étrufques  : le  premier  ell  d'étre  fondas  maülfs , & 
le  fecond  d’avoir  les  pieds  percés.  Le  fecond  ca- 
ractére  tenoit  á une  fuperfiition  particuliére 
Pieds),  Se  !e  premier  a I’enfance  de  Tart-  On 
connoit  deux  ñames  de  hro-n^e  qui  font  de  fabri- 
que étrufcue.  Se  une  troiíieme  que  Fon  aííure  en 
erre  auíli ; rr.ais  les  deux.  premieres  en  ont  feules 
des  caradteres  évidens.  L'une  , qui  eñ  hauted'en- 
viron  trente  pouces,  paroít  repréfenter  un  Génie  5 
ce  qui  iui  a fait  donner  pour  attribut  une  come 
d’abondance  par  !e  reñaurateur  moderne  : on  la 
voit  á Home  au  palais  Barberini.  L’aiitre  eñ  a la 
galerie  de  Florence  5 c’efí  un  prérendii  Arufpice 
vétu  en  fénatsur  romain  , & couve  rt  d’un  man- 
teau , ñir  Je  repli  duquel  font  gravés  des  carac- 
teres étrufqües.  11  faut  rapporter  la  premiére  de 
ces  ñatues  aiix  premíers  tems  de  la  fculpture  dans 
rEtrurie.  Quant  á la  feconde , elle  appartient 
á des.  tems  poftérieurs , comme  fon  travail  & 
fon  mentón  fans  barbe  le  font  conjeclurer.  Si, 
en  eífet , cette  ftatue  , qui  paroit  erre  faite  d’aprés 
la  nature,  & repréfenter  un  portrait,  appartenoit 
aux  premíers  tems,  elle  auroit  de  la  barbe,  puif- 
que  les  anciens  Etriifqaes  la  portoient  5 en  quoi 
ils  furent  iirdtts  par  les  premíers  Romains. 

Gori  a pub'ié  dans  fon  Mufeum  Etmfcum,  tah. 
I r ) , la  troiíieme  ftatue  de  bronce  yqp!'ú  dit  repré- 
fenter un  Génie';  c’eíl  le  portrait  d’un  jeiine 
homme  de  grandeur  naturelle.  Elle  a été  crouvée 
en  15-80  áPéfa-ro,  fur  les  cotes  de  la  mer  Adria- 
tique;  d'od  ron  peut  conclare  déjá  contre  Topi- 
pion  de  Gori , que  cette  ¡tatué  eir  un  ouvrage 
grec , & non  étrLrfque  ; Péfaro  ayant  été  habité 
aiitrefcis  par  une  coionie  grecoue.  Ce  favant  croit 
"reconnoirre  le  gout  des  Étrufqiies , á la  maniere 
dont  les  cheveux  font  travaillés ; c’eñ-á-dire,  en 
boucles  applaties,  qudl  cotTipare  aiTez  impropre- 
ment  a des  écaüles  de  poiíTon.  Mais  on  peut  luí 
objeérer  quelques  tetes  de  Reme  en  pierre  dure 
& _en  ¿roaje,  & quelques  buítes  d'Herculanum , 
qui  font  travaillés  de  meme  , quoiqudis  foient  un 
ouvrage  grec.  Aii  reñe,  cette  ñatiie  de  bronie  eíí, 
felón  Winkelmann,  un  des  plus  beaux  reñes  de 
rantiquité. 

Nous  avons  deja  cité  Paufanias,  dans  les  écrits 
duquel  on  !it  que  les  habitans  de  i’Italie  eurent 
des  ñatues  de  bronce  avant  les  Grecs.  Cet  écrivain 
ncmme  comme  Ies  premíers  ñatuaires  grecs  dans 
ce  gente  de  fculpture,  Phcscus  & Théodore  de 
Samos.  La  fameufe  pierre  gravee  de  Polycrate, 
tyran  de  Samos , étoit  l’o'avrage  de  ce  Théodore  , 
qui  avoit  aufil  cifelé  la  grande  ebupe  d'argent 
de  la  capacité  de  fix  cens  mefures,  envoy ée  en 
a Delphes  par  Créfus , roí  de  Lydie.  A 
la  meme^  époque , les  Spartiates  firent  fondre  un 
VT;  d?  ia  capacité  de  trois  cens  mefures , orné 


B R O 

detoute  forte  de  figures  d’animaux,  pour  en  fahe 
préferít  au  méme  Créfus.  Antérieurement  á cette 
époque,  & avant  la  fondation  de  Cyréne  enAf-b 
que  , ii  y avoit  déjá  á Samos  trois  figures  de 
¿/-o,7?í,  chacune  de  ia  hauteur  deneuf pieds  grecs'” 
qui  etoient  agenouillées  & qui  tenoienc  un  grand 
baíiin.  Les  Samiens  avoient  employé  á la  fonte 
de  ce  monument , la  dixiéme  partie  du  profit  que 
leur  apportoir  le  commerce  de  mer  qu  ils  faifoiént 
avec  Tarteffe.  Enfin,  les  Athéniens  firent  étiger, 
aprés  la  mort  de  Fiíiñrate  , c"eñ-á-dire  , aprés 
la  63=  oiympiade,  & placer  devane  le  temple  de 
Pallas , le  premier  char  á quatre  chevauxde  bron:^e 
dont  les  anciens  écrivains  faíTent  mention.  (PaL 
f ardas , lib.  j). 

Der.isd’HalicarnaíTe  (Antiq.  Román.  Li.)  afíure 
cependant  que  Romu’us  avoit  déja  fait  placer  fa 
ftatue  couronnée  par  la  Viótoire  fur  un  char  attelé 
de  quatre  chevaux.  Le  monument  entier  étoit  de 
bron:^e , & le  char  Se  les  chevaux  avoient  été  en- 
levés  de  la  ville  de  Camérinum.  Les  hiftoriens 
fixent  cette  époque  á la  huitiéme  olympiade , á 
la  feptiéme  anñée  du  régne  de  Fiomu’us,  & aprés 
fon  triomphe  fur  les  Fidénates.  Plutarque  (is 
Romulo)  ajoute  que  l'infcriprion  de  ce  monument 
étoit  compofée  de  lettres  grecques  ; mais  comme 
les  caracteres  roraains  de  ce  tems  refíembloient, 
felón  Denis  d’Halycarnaííe , aux  anciens  caraíteres 
grecs  j on  peut  conclure  que  le  monument  de  P,p- 
mulus  étoit  l’ouvrage  d’un  artiñe  étrufque.  Denis 
fait  encore  mention  d’une  ftatue  de  bronce  d'Ho- 
ratius  Coclés  , & d'une  ftatue  équeftre  érigée  á 
la  courageufe  Clélie , au  commencement  de  la 
république.  Le  fénat  ayant  puní  de  mort  Spurius 
CaíTuis , qui  afpíroit  á la  royauté  , au  troifieme 
íiécle  de  Rome , employa  fes  biens  qu  il  avoit 
coníifqués  á faire  fondre  des  ñatues  de  bron:^e  en 
rhonneur  de  Cérés. 

Avant  de  parler  des  grandes  & moyennes  fta^ 
mes  antigües  de  bronce  , qui  font  a-ujourd'hui 
rornement  des  muféum  & des  palais , nous  fe- 
rons  connoitre  Fufage  auquel  étoient  deftinées 
les  petites  ftatues  du  ir  eme  ir.étal  que  Fon  trouve 
n fouvent  dans  les  fouilles  des  anciennes  villes. 

■ La  pliipart  fervoient  á remplir  les  laraires  ou  ora- 
toires  particuüers.  Quant  á celles  dont  ia  hauteur 
n'excéde  pas  deux  pouces  , on  fait  q'üe  les  anciens 
les  portoient  avec  eux  dans  les  voyages , fouvent 
fur  eux-mémes  , & quelquefois  appliqnées  imme- 
diatem.ent  fur  ienrs  corps.  C'eft"  ainíi  que  Syila 
avoit  une  petite  ftatue  d’or  d’ApoIlon-Pythien, 
qu  il  porteit  fur  fon  fein  dans  toutes  fes  expe- 
ditions , & qu’il  baifoit  fouvent.  ( Plutarckí 
Sylla ).  ' 

On  fait  qu^’entre  tous  les  monumens  antigües  , 
ceux  de  broni^e  font  les  plus  rares ; on  ne  croit 
pas  faire  une  chofe  fuperflue  en  donnant  une 
notice  des  morceaux  Ies  plus  curieirx  de  ce  mer 
tal  qui  fe  foient  confervés.  Le, nombre  en  auroit 
toujours  été  peu  aondérable , fans  les  decoU' 


B R o 

yerres  qu’on  a faites  dans  Ies  endroits  enfevelis 
fous  tes  laves  du  ^ éfiive.  Motre  deJein  n'eli  pas^ 
& ne  peur  pas  erre  d'iadiquer  toares  Ies  décou- 
vertes  carieufes  dans  ce  genre  , du  cabinet  d'Her- 
cuianum.C’eñ  ce  que  comprendront  aifémenr  ceux 
qui  ont  une  idée  de  cet  amas  d’antiquités , dont 
les  monumens  de  bron-^e  fortnent  la  principale 
richeíle.  Nous  nous  bornerons  á en  ¿aire  con- 
noirre  quelques  - unes  des  principales  ftatues  de 
arandeur  naturelle.  Mais  comme  on  fait  qu'á 
Rome , & encore  plus  dans  les  autres  concrces  , 
les  antiques  de  bron:^e.  font  d’une  plus  grande 
rareté  ^ on  citera  auíii  toutes  les  teres  8¿  toares 
les  ftatues  qui  font  un  peu  connues  de  forte  que 
toutes  les  pecites  figures  dont  nous  ne  parlerons 
pas  j font  celles  qui  n’excédent  pas  la  hauteur  de 
dix  pouces  franqois  pour  ce  qui  eíl  de  ces  petites 
figures  j & fur-tout  de  celles  qui  font  étrufques  , 
il  s'en  troiive  une  grande  quantité.  Cependant 
on  fera  une  exception  en  faveur  de  quelques 
petites  figures  qui  ne  paíTent  pas  dix  pouces  , 
parce  qu'elles  font  de  fabrique  grecquc  & d’une 
grande  beauté. 

Entre  Ies  ftatues  grandes  comme  natura  , du 
cabinet  d^Herculanum  ^ les  plus  remarquables 
font  un  jeune  fatyre  afids  & endormi  , qui  a le 
bras  dioit  pofé  fur  la  tete  , & le  bras  gauche 
pendant  5 un  vieux  fatyre  ivre , couché  fur  une 
cutre  , fous  laqueile  on  voír  érendue  une  peau 
de  lion  : appuyé  fur  fon  bras  gauche  , il  a la 
main  droire  levée  ^ &c  en  figne  d'alégreífe  , il  fait 
claquer  l’index  avec  le  pouce.  C’eft  ainfi  qftétoit 
figiirée  la  ítatue  de  Sardanapale  d'Anchiale  en 
Ciücie  ( S trabón.  , 1.  140.  672.  A.  Plutarch.  de 
forút.  Alex.  11.  v.  699,  1.  19.  ) :>  & c’eñ  ainfi 
qif  on  fait  encore  claquer  Ies  doigts  dans  quelques 
danfes.  Mais  la  figure  qui  réunit  le  plus  de  í’uf- 
frages  , eft  un  Mercure  aíils,  le  corps  incliné  en 
avant,  fe  la  jambe  gauche  tirée  en  arriére  j i! 
s’appuie  fur  fa  main  droire & tient  dans  fa 
main  gauche  un  bout  de  fon  caducée.  Indépen- 
damment  de  fa  beauté cetre  ftatue  eft  remar- 
quable  par  une  agraffe  en  forme  dhine  petite  rofe  , 
qui  eft  attachée  au  milieu  des  femelles  & fous  le 
pied  5 aux  courroies  qai  aílujettiñent  les  talo- 
niéres  : ce  qui  feinble  indiquer  que  ce  Mercare 
ainfi  cbauíTé , & ne  pouvant  appuyer  le  pied  fans 
shncommoder  j n’eft  pas  fait  pour  marcher , mais 
pour  yoler.  Quant  au  mentón  de  cetre  figure,  qui 
eft  creufé  dans  la  partie  inférieure , ce  que  nous 
appelons  encore  une  fofíetre , nous  en  parlerons 
aiileurs. 

La  découverte  de  ces  trois  ftatues  a précédé 
celle  des  deux  jeunes  iurteurs  nuds  , pareiliement 
de  grandeur  naturelle  : ces  figures  , faites  pour 
erre  placées  vis-á-vis  Tune  de  Tautre  , font  repré- 
fentées  les  bras  étendus  & chacune  dans  fatti- 
tade  de  failir  avec  avantage  fon  adverfaire.  Elles 
font  placees  á Porrlci  , chacune  dans  un.e  cham- 
bre léparée  j & eiles  peuvent  erre  mifes  a jufte 


B R O 


519 


utre  au  rang  ¿es  plus  grandes  curioíites  de  norte 
ñccie.  ii  e.i  cit  de  mérr.e  ccS  cuacre  ou  cinq  figures 
¿e  temmes , repréfentées  danfantes  , Se  rangées 
fur  1 eícaiier  qui  conduit  au  cabinet;  ainfi  que 
des  ftatues  impériales  , de  Fun  Se  de  Fautre  fexe, 
qui  font  plus  grandes  encore  que  les  premieres  , 
& qu  on  a loin  de  reparer  infenübiemenc.  Entre 
Ies  ftatues  de  ce  cabinet , nous  ne  citons  que 
celles  qui  font  de  grandeur  naturelle  ; nous  paf- 
ferons  done  fous  lilence  le  pretenda  Alexandrej 
& une  Amazona  , toas  deux  á chevai  & de  la 
hauteur  de  deux  pieds-francois.  iÑous  n'entrerons 
pas  non  plus  dans  aucun  detall  fur  un  Hercule  , 
ainfi  que  fur  plufieurs  Süénes  pofés  dans  diverfes 
attitudes  fur  des  cutres  deftinées  á fervir  de  fon- 
taines;  Se  d’une  infinité  d’aurres  figures  de  dif- 
férentc  grandeur.  Nous  ne  dirons  rien  non  plus 
ce  vingt-quatre-  biiftes  , tant  de  grandeur  natu- 
relle qu’au-deíTus  de  cette  mefure  , ainfi  que  de 
plufieurs  autres  plus  petits , qui  ont  été  publiés 
tous  enfemble  dans  le  cinquiéme  volume  du  ca- 
binec  d’Herculanum. 

Winkelmann  n'ofoit  décider  fi  tous  les  palais 
& cabinets  de  Rcm.e  renferm.oient  un  tréfor  auíS 
riche  en  figures  antiques  de  hront^e , que  celui 
d’Herculanum  feul;  au  moins  eft-ilcertain  que  cette 
’colleétion  mérite  le  premier  rang  , quand  ií 
n'eíi:  queftion  que  de  ftatues  de  métal.  Yoici 
Fénumération  des  monumens  de  bronr^e  les  plus 
remarquables  de  cette  fameufe  capitaie  , en  com- 
menqant  par  le  Capitole.  Sans  parler  de  la  ftatue 
équeftre  prefqte  coloiTale  de  Marc  - Auréle , 
fur  la  place  méme  du  Capitole , on  volt  en  en- 
trant  dans  la  corr  intérieure,  á droire  , une  rete 
coloiTale  , crue  fiuíTement  une  tete  de  Fempereur 
Commode  , avec  une  main  qui  fait  croire  par  fa 
proportion  , qu^elle  appartient  á la  ftatue  dont 
cette  tete  faifoit  partie.  Dans  Fappartement  des 
Confervateurs  de  ce  méme  palais  , il  fe  trouve  un 
Hercule  forr  connu,  pías  grand  que  nature  , qui 
conferve  encore  toute  fa  dorare  antique  , avec  Ja 
ftatue  ¿'un  jeune  viétimaire , qa'on  nomme  un 
Camiilus  , véu!  de  la  fimpie  tunique  retrouíTée  ; 
il  eft  ajufté  comme  le  font  tous  les  Camiilus  fuv 
différens  bas-reiiefs.  Dans  la  méme  chambre  ou 
eít  cette  figure  , on  voit  un  jeune  homme  aflis  , 
qui  fe  t.re  une  épine  du  pied  : ces  deux  ftatues 
ont  la  grandeur  de  ieur  age.  Outre  ces  figures  , 
on  y trouve  la  Icuve  étrúíque  , avec  R'émus  Se 
Romulas  , Se  un  buíte  coiinu  fous  le  nom  de 
Brutus  ; deux  oies  , ou  , pour  mieux  dire  , deux 
cacaras  autrefois  dores.  Gn  yoit  dans  le  cabinet 
du  Capitole,  qui  eft  vis-a-vis  de  ce  palais,  une 
Diane  triformis  , autrefois  ¿orée , qui  n'ayant  pas 
plus  de  huit  pouces  de  hauteur,  ne  doit  pas  troa- 
ver  place  ici.  A ces  ouvrages  de  éroejí  , j'ajou- 
teraí  deux  paons  jaáis  dores.  Se  piacés,au  tems  o!Í 
écrivoit  VvftnkeJmann , dans  ie  palais  du  Vanean, 
avec  la  groíle  pomme  de  pin  en  bront^e  , qui  parr-it 
avoir  orné  le  fommet  du  fépúkre  d’Hadrien,  Se 


^ zo  B R o 

cui  a été  trouvée  cffeCtivement  dans  la  tombeau 
de  ce  prince.  _ _ _ 

A réeard  des  autres  gasenes  & rnaiíons  de 
Some^elfés  ne  renferment  que  trés-peu  de  bronces, 
parmi  lefquels  ia  ítame  de  Septime  Sévére  , du 
palais  Baiberini , eít  ¡a  plus  connue  ; mais  les  bras 
& les  pieds  font  modernes.  C’eít  aiiífi  dans  ce 
palais  que  fe  trouve  la  figure  étrufque  , qui  tient 
dans  fes  mains  une.  come  d'abondance  moderne. 
Dans  le  cabinetde  ce  méme  palais,  on  conferve 
encore  un  trés-beau  bnfte  de  femme. 

A l’exception  dii  palais  Barberini,  on  ne  connoit 
Tenceinte  de  Rome  que  le  feul  cabinet  des  an- 
ciens  ■ jéfukes , qui  renferme  _des  ouvrages^  de 
bronce  , &:  cela  en  grande  quantité  5 mais  on  n en- 
trera' dans  aucun  détail  fur  ces  bronces , parce 
que  la  plupart  font  de  petites  figures.  Les  plus 
grands  morceaux  font  un  enfant  & un  Bacchus 
qd  ont , avec  leurs  focles  aotiques  , un  pea  plus 
de  vingt  pouces  franqois  de  hauteur  ; une  belle 
tete  d’ApoÜon  , de  grandeur  naturelie  , avec  la 
Béte  dorée  ákin  leune  homme  , plus  grande  que 
nature.  II  ne  refte  plus  á faire  remarquer  que  la 
figure  d’un  jeune  garqon  repréfenté  courant , & 
ddnviron  trente  pouces  de  hauteur.  Cette  antique 
appartenoit  autrefoisá  M.  Sabbattini , fameux  an- 
ííqiiaire  : BcUfario  Amides , négociant , en  fit  ' 
depuis  Facquiíidon  pour  la  fomme  de  3 30  écus 
romains. 

Pour  ce  qui  regarde  les  villa  qui  confervení  des 
bronces , on  den  remarquera  que  trois  , ceües  de 
Ludovifi , de  Mattel  & íAlbani.  Dans  la 
premiére  , il  fe  trouve  une  tete  cololTale  de  Marc- 
Auréle  , & dans  la  feconde  , -une  prétendue  tete 
de  Galiieii  , Fort  endommagée.  Pour  la  villa  Al- 
bani , elle  renferme  , aprés  le  Capitole  , ia  plus 
riche  eolleñion  de  figures  en  bron-^t ; colledion 
toute  formée  par  le  Cardinal  AÍexandre  Albani. 
il  y a deux  tetes  de  grandeur  naturelie  : Pune 
repréfente  un  Faune  , & Fautre  paroit  offrir  un 
ieune  héros  á qui  i’on  a donnéfauffement  le  nom  de 
Ptolomée,á  caufe  qu  il  ale  front  ceint  du  diaceme. 
Ces  deux  tetes  font  pofées  fur  un  bufte  moderne. 
En  fait  de  ftatues,  il  s'en  trouve  cinq,  dontdeux 
font  entierement  de  broif^e , tandis  que  les  deux 
autres  n’ont  que  la  tete , Ies  mains  & les  pieds 
de  ce  metal , la  draperie  étant  d'albátre pendant 
que  la  cinquieme  , d’une  confervation  parfaite  , 
eft  la  plus  grande  & la  plus  belle  de  toutes.  Les 
deux  premieres,  placees  fur  leur  piinthes  antiques 
de  bronce  , font  á-peu-prés  de  la  hauteur  de  deux 
pieds  franqois  : Fuñe,  qui  repréfente  un  Kercule 
reíaemblant  á celui  du  palais  Farnéfe  , fut  adjugée 
au  cardinal  dans  une  vente  publique  , pour  cinq 
cens  fcudis  : Fautre,  qui  eíl  une  Pallas,  & qui 
faifoit  partie  des  :antiques  de  la  reine  Chriñine , 
fut  payée  par  le  méme  cardinal  Seo  fcudis.  Les 
deux  aurres  figures  qui  font  compoféesde  pluíieurs 
¡rorceaux,  offrentune  Minerve  Se  une  Diane. 

L|  íiiíquiéms  ftatue  de  bronce  de  la  villa  Albani , 


B R O 

eft  le  bel  Apoilon  Sauroñop.os  ou  Guettant- 
un-Lczard.  Cette  ftatue  , avec  fa  plinthe  anti- 
que , eft  hau:e  de  trois  pieds  & demi  de  France 
& a été  découverte  par  le  cardinal  lui-méme 
qui  avoit  fait  fouiller  dans  une  vigne  au-def- 
fous  de  Fégüfe  de  Sainte- Balbine , bátie  far 
le  mont  Aventin  de  Rome.  Ceax  qui  connoiíTent 
les  Verrines  de  Cicerón,  oú  il  rappelle  aux 
iuges  qua  une  vente  publique  une  figure  de 
bronce  de  médiocre  grandeur,  fignum  meum  non 
magnum  , avoit  été  payée  HS.  CXX. , millibus, 
c’eft-á-dire,  trois  mille  ducats  ou  zecchini,  envi- 
ron  1 5,000  livres  de  notre  monnoie  , ne  trouve- 
ront  ríen  moins  qu’exceSif  les  prix  des  ftatues  ea 
queftion.  De  ce  texte  de  Forateur  romain,  il  ré- 
fiilre  que  jadis  les  ftatues  & les  figures  antiques, 
malgré  leur  nombre  incroya'ole , étoient  payées 
un  prix  beaucoup  plus  haut  qu  aujourd’hui,  ou 
elles  font  cepe.ndant  d’une^fi  grande  rareté.  D'aprés 
cette  citation  , on  peut  juger  de  quel  prix  eft 
F Apoilon- Albani , puifqufil  furpaíTe  la  mefure  des 
figures  que  Cicerón  nomme  fign^  non  magna.  ,11  eft 
exécuté  de  grandeur  naturelie,  & a la  taflle  d’un 
jeune  garqon  de  dix  ans. 

Aprés  Rome,  la  galerie  du  grand-duc  á FIo- 
rence , renferme  la  plus  riche  colleftion  en  bronces  : 
cutre  une  quantité  de  p>etites  figures , il  s’y- 
trouve  deux  ftatues  grandes  comme  nature,  d’une 
bonne  confervation.  L’une  eft  un  perfonnage 
vétu  á la  romaine  , mais  ayant  des  caraeleres 
étrufques  fur  la  bordure  de  la  draperie;  Fautre, 
qui  eft  une  figure  nue  découverte  á Péfaro,  au 
bord  de  la  mer  Adriatique,  paroit  repréfenter  ua 
jeune  héros.  La  Chimére,  monftre  compoféá’un 
íion  & d’une  chevre , dans  la  proportion  de  ces 
animaax , eft  pareillement  caraótérifée  par  des 
lertres  étrufques  ; c’eft  un  morceau  remarquable; 
fans  parler  d’iine  Pallas  de  grandeur  naturelie, 
& trés-endornmagée , mais  dont  la  tete  eft  belle 
& bien  confervée. 

On  fera  peut-étre  défapprouvé  par  quelques- 
uns  d’avoir  rangé  Venife  aprés  Florerce  , fur-tout 
par  rapport  aux  quatre  chevaux  de  cusvre  autre- 
feis  dores,  qui  font  places  au  deíTus  de  la  grande 
porte  de  Fégíife  de  Saint-Marc.  Les  Vénitiens  le 
trouvant  maitres  de  Conítantinople  au  commen- 
cement  di;  treiziéme  fiécle,  firenp  rranfponer  ces 
chevaux  pour  en  décorer  leur  capitale.  Mais  á ! exr 
ception  de  ce  feul  m.onument , Venile  ne  renferme 
ríen  de  confidérable  en  grandes  figures  de  bronce: 
car  pour  les  tetes  qu’on  dit  étre  dans  la  maifon  de 
Grimani , Winkelmann  ne  les  avoit  pas  yues , & 
il  n’ofa  en  parler  fur  le  rapport  d’autrui.  Quant 
aux  petites  figures  du  cabinet  de  NaW,  elles  n en- 
trent  pas  dans  notre  nctice.  _ , . 

A ÍS’apIes  , dans  la  cour  intérieure  du  paiai* 
Celobrano,  on  admire  la  belLe  tete  d’un  chevai, 
morceau  attribué  fauflemenc  parVafari  a 
relio  , fculpteur  florentin.  Le  cabinet  fof" 
néfe  reafeíme  un  gcar.d  nonr-bre  ds  petites 


B R o 

de  órg-^e,  mais  dont  !es  pardes  Ies  plus  conGdé-. 
rabies  íont  fouvent  des  reftaurations  modernes. 
II  en  faut  dire  aurant  de  ia  colicfcor!  de  ii  it.'.íIoíi 
de  Porcinari  : le  plus  grana  morceau  qu;  s^ 
troiive  j c!l  un  enfant  de  la  hauteu'  d’environ 
deux  pieds  francois^  d’une  exécution  aí^^  foible. 
La  figure  la  plus  remarquable  eft  un  Fíercule  ce 
Ja  hauteur  d’eu¥;r»n  fept  pouces  francois:  ií  síí 
repréienté  !e  bras  gauche  enveloppá  da  la  peau 
de  üon , & paroit  erre  de  fabrique  étru-fqiie. 

H y a en  Efpagne  une  tete  deux  fois  plus  grande 
que  le  naturei  j repréfenrant  un  jeune  homine  in- 
connu.  Cette  tete,  qu’on  voit  á Sainte-Iidefoafe , 
vient  du  cabinet  d’ódefcalchi,  que  la  feae  reine 
de  la  maifon  de  Parme  avoit  achetée  pour  la 
fomme  de  cinquante  müle  feudis  romains. 

Les  bromáis  répandus  en  Allemagne  na  fonr 
pas  nombreux.  A SaIz.bourg  , il  y a une  ílarue 
dont  nous  parierons  en  détail  a Partióle  de  M.é- 
léagre.  Le  roi  de  PruíTe  poííede  une  figure  nue , 
au!  regarde  en  haut,  les  mains  levées;  attitude 
íinguüére reíTeinblante  á celle  d'une  ñame  de 
marbre  & de  grandeiir  naturelle,  pareiüement 
aue , qui  fe  trouve  au  palais  Pamphili  de  la  place 
Navone.  On  peuteiter  encore  la  tere  d’une  Venus 
un  peu  au-delTous  du  raturel,  pofée  furun  buñe 
tntique  d'un  bel  albátre  oriental;  morceau  que  ie 
prince  hérédiraire  de  Brunfwik  re^ut  en  préfent 
dü  cardinal  Albani. 

En  fait  de  monumens  de  bron'^e  qui  ponrroient 
fe  trouver  en  Anglererre,  on  ne  conncit  qu'un 
buñe  de  Platón,  que  le  duc  de  Devonshire  avoit 
repu  de  la  Gréce  il  y a quarante  á cinquante  ans  : 
Pon  aflure  que  les  traits  de  ce  buñe  reñernblent 
parfaitement  au  vrai  portrait  de  ce  philofopbe  ¡ 
avec  le  nom  antique  gravé  fur  !a  poitrinej  mor- 
ceau qui  , ayant  été  embarqué  á Rome  , pour 
PEfpagne , á la  fin  du  íiécie  paíTe  , périt  dans 
un  naufrage.  Un  Hennés  du  cabinet  du  Capiroie , 
rangé  dans  la  claíTe  des  figures  inconnues  , eñ 
parfaitement  reíTemblant  aux  deux  tetes  précé- 
áentes- 

Bronze  (médailles  de).  Le  cuivre  eñ  appelé 
hrorae  , quand  on  parle  des  médailles  , comme 
pour  tous  les  aatres  monumens  antiques  de  ce 
méta!.  La  matiére  des  médailles  de  bronze  n’eñ 
pas  toujours  la  méme.  On  voit  des  médailles  de 
cuivre-rouge  áhsle.  tems  d'Auguite,  particuliére- 
ment  dans  le  moyen  bromee.  Le  grand  & le  moyen 
hronz^es  en  renferment  aiiííi  de  cuivre-jnune  des  ¡e 
méme  tems.  Le  cére  Jobert  croyoit  en  avoir  de' 
bronze  de  Corinthe  : mais  nous  ¿étruirons  plus^- 
-bas  fon  opinión,  á Particle  de  cette  efpéce  de 
bronce  tant  célébre  par  íes  auteurs  latins. 

II  V a enSn  des  médailles  faites  avec  diff.-rens 
cuivres  qui  ne  fent  point  alliés  , mais  dont  I un  eft 
cnchálfé  ou  nluto:  encaitré  dans  Pautre-  Ces  mé- 
dailles foiit  franpécs  avec  i?  méme  coin  fur  les  deux 
Ciiivres  ; cels  fibircaelques  médailles  de  Commode, 
d’Hadrien  , íce.  reís  auSa  d’autres  m.edaiiioas , 
'*■’  r?  !U¿s/s  » Ton*:’  T. 


B R o 52T 

I oui  ne  ferorent  que  de  grand  ou  de  mayen  bronce 
i fans  cet  encañrement , & quelcues  conrorr.iate''. 
I Les  caraiñéres  de  la  légende  morJent  quelqueíois 
I fur  les  deux  méraux  ; d^autres  fois  ils  ne  fínt 
j piacés  que  ítir  le  méta!  intériear. 
j L3  grande  quannté  de  médailles  de  ¿ronpe  , 
j qui  nous  font  reñées  des  empereurs  romains  & 

' ñibinguer  en  trois  faites  relatives 

a leurs  formes j le  grand,  le  moyen  & le  petit 
bronce.  On  juge  du  rang  dans  lequel  on  doit  les 
placer,  par  leur  volume,  qui  comprend  PépaiíTeur, 
par  I'éteodue  de  la  médaille,  la  groíTeur  & le  relief 
ía  tétcj  de  forte  que  telle  médaiile  ayant  Pépaif- 
feur  du  grand  bronce  , mais  ne  portant  qu’une  tete 
du  moyen,  ne  fera  que  de  la  feconde  grandeurj 
& telle  autre  dont  Pépaiffeur  eft  trés-foible , mais 
dont  la  tete  eft  affez  groffe,  fera  rangée  parmi 
ceües  de  la  premiére  grandeur.  Le  goút  particu- 
her  de  ceux  qui  font  une  col’eéHon  1 influe  beau- 
coup  fur  cet  arrangement ; car  ceux  qui  préférent 
!e  grand  bron'^e  au  moyen  , y font  entrer  beau- 
coup  de  médaiües , qui , dans  la  realicé  , n’appar- 
tiennerit  qu'au  moyen.  Ceux  qui  préferent,  au 
co.ntraire,  le  moyen  bronz;e , y placent  des  mé- 
dailles qui  devroient  étre  mifesdans  !e  grand,  pour 
avoir  des  tetes  rares  qui  fe  trouvent  difficüement 
dans  toutes  les  grandeurs.  Oeft  ainfi  que  1’  Otkoit 
ie  moyen  bron^^c  , YAnton.ia , le  Drufus  8c  le  Ger- 
manicus , fe  niettent  dans  le  grand  bron-:^e , Se  que 
d’aucres  tetes  de  petit  bronze  fe  placent  dans  le 
moye.n. 

Chacune  des  trois  faites  de  hron-^e  a fon  mé- 
rite  particuüer.  La  premiére,  c'eft  - á- dire,  le 
granel  bron:^e . ex'celle  par  ia  délicateíTe  & ¡a  forcé 
du  relief,  ainfi  que  par  les  monumens  hiñericaes 
dont  les  revers  font  chirgés  , &:  qui  y paroifiént 
dans  toute  leur  beauté.  La  feconde  , ou  le  movea 
broni^e , eft  précieufe  par  la  multitiide  & par  la 
rareté  des  revers  ; fur  - tout  en  y réuniffant  le» 
médailles  des  villes  grecques  & latines,  que  Pon 
ne  trouve  prefque  iamais  en  grand  bronce.  La 
rroifiéme  , ou  ¡e  petit  bron-^e  , n’a  qu’un  fetil  mé- 
rke,  celui  d’offrir  les  monamens  du  Bas-Empire  ; 
époque  ou  le  grand  & le  moyen  bron-^es  maa- 
quent  aux  antiquaires , & oü  í’un  & Pautre 
paíTent  pour  raédaiilons , lorfque  le  hafard  en 
fait  déconvrir. 

La  fuite  complette  da  grand  bronz^e  ne^va  pas 
au-dela  des  pofthumes;  parce  qu  ii  eít  míiniment 
rare  de  trouver  dans  le  Bas-Empire  des  médailles 
ce  ce  volume.  Cebes  cu;  fe  rencontrent  depuis 
Anaftafe  , n ont  ordinairement  ni  j'épaííTeur , ni 
le  relief,  ni  la  croiTeur  de  tete  fuffifante.  Cepen- 
dant  on  peut,  fans  pafter  les  pofthumes  , com- 
pofer  le  grand  bronz^e  de  plss  de  trois  mille  mé- 
dailles. 

I!  eá:  plus  aiíe  de  Eormer  une  fuite  de 
raoven  bronze.  Ceft  la  ulus  complette  des  trois; 
parce  qu’eilé  va  r.on-feulement  iufqii’aux  pof- 
thumes , mais  encore  jufquá  la  décadence  de 

Y V V 


B R o 

i Ersíjire  Korr.ain  en  Orridenc,  Sc  fnéffle  jiifqu  aux 
Faic-óicgses  pour  TOnent.  11  eíi;,  á la  venté, 
QÍíiici;e''<ie  trouver  routes  ces  médailles  depuis 
KéraciiüS , & on  eíl  forcé  cfen  interrompre  la 
füiíe  ; non  cas  que  les  empereurs  réayent  plus 
fait  frapper  de  moyen  bron-^' , mais  á caufe  du 
peu  de  foin  que  Ton  a eu  de  les  cor.ferver  : ces 
arédaüles  étant  íi  grofíléres  & fi  informes,  que 
íe  coin  fembíe  avoir  á peine  eíHeuré  le  métaL 
Le  moyen  peut  comprendre  jufqu’á  fcpc 


sn: 


lile  médailles. 


La  fuite  de  petit  hron'^e  eñ  aiféz  aifée  a former 
eans  le  Bas-Empire ; puilqu^on  en  a des  médailles 
depuis  les  poílhumes  jufqu'á  Théodcfe-  Mais 
depuis  Jules-Céfar  jufqu'aux  poílhumes  , i!  eft 
erés-diíEcile  de  remplir  certe  fuite;  la  chofe  eil 
mérút  impoííible  dans  Tefpace  de  tems  qiii  s’eíl 
écoulé  entre  Théodofe  & les  Faléologues,  qui 
ont  vu  finir  FEmpire.  Malgré  ces  interruptíons  , 
le  petir  bren^  pcurroit  alier  pafqu’á  vingt  mille 
médailles.  On  en  jugara  par  celles  de  Probas  feui, 
qai  paílbient  mille  huir  cens  dans  le  cabinet  de 
Fabbé  de  Rotheli.n , quoique  cet  .empereur  n air 


régné  que  íix  ans. 

Le  nombre  des  médailles  de  bronce  des  trois 
grandeurs  s’éléve  aii-defius  de  trente  mille  dans 
une  riche  colleéiion.  Malgré  cela  , il  ne  faut  pas 
efpérer,  comme  nous  Favons  deja  dit , d’avoir 
aucune  des  trois  faites  de  broni^e.  coroplette ; ce 
qui  n’empéche  cependant  pas  de  les  féparer.  On 
permet  feolemenc  a eeux  qui  veulent , a la  rigueur , 
une  des  trois  fuites  complette,  de  melerie  petit 
bronr^e  avec  le  moyen;  afin  d'étre  conduits  fans 
aucune  interruption  confidérable  depuis  la  répu- 
blique  romaine  anéande  fous  Jules-Céfar,  juf- 
qu  aux  derniers  empereurs  grecs  détronés  par  les 
Tures  en  14J3.  Ces  deux  fuites  combinées  re- 
préfentent  Fhifloire  de  plus  de  quinze  fiécles 
ílicceffifs. 


Bronze  de  Corinthe,  airain  & cuivre  de 
Corinthe. 

L,  Mummius prit  cette  ville  Fan  deRotne 6c8, 
la  troifiéme  année  de  la  158'  olympiade;  époque 
célebre  d’ailleurs  par  la  prife  de  Carthage.  Les 
R'omains  détruilirent  par  le  feu  cette  ville,  qui 
étoit  devenue  Fémule  d'Athénes  & la  fec'onde 
patrie  des  arts.  Une  opinión  aíTez  étrange  s^éta- 
©lit  aprés  cet  incendie  affreux  : on  crut  que  For, 
Fargent  8c  le  cuivre  fondus  par  les  flammes  , 
s^étoient  mélés  enfemble,  & avoient  formé  un 
alliage  trés-riche  & tres  - précieiix , auquel  on 
donna  le  nom  de  broncee  de  Corinthe.  Cette  opi- 
nión n’eut  peut-etre  d’aiitre  fondement  que  Favi- 
<iité_  des  marehands  d'annques  établis  á Rome; 
car  ii  y en  avoit  deja,  comme  nous.Fapprennent 
clui  leurs  textes  des  écrivains  latins.  EÍie  fut  ce- 
pendant adoptée  par  ces  mémes  écrivains , teis 
que  Florus  & Pline,  Yoici  les  paroles  du  premier 
^ií.  16,  Qjííintas  opa  d’  g¿fi¡c¿_er  ^ csmn: 


B R O 

veril , hnefeias  , qubd  quidquid  Corintkii  iris  tote 
orbelaudatur,  incendio fuperfui fe  comperimus.  Nani 
& CTíS^  notcm  pretiejiorem  ipfa  opuhntiíp.msL  urhis 
fecit  injuria  : quia  incendio  permiftis  ptrmuhis 
fiatuis , atque  fimulacris , iris  , auri  , ar^enúcu' 
venéí  hi  commune  f.uxere.  Pline  {xxy.iv.  2.)  ^^tx- 
plique  de  méme  : Ex  ilU  autem  antigua  gloria 
Corintkium  máxime  laudatur  : hcc  cafas  mifeuit 
Ccrintko,  ciim  caperetur,  incer¿fá.  Plutarque  crovoit 
cette  rabie  , & il  cherche  á Fexpliquer  {de  Pytk. 
crac.): « Les  uns  penfent , dit-il , que  le  feu  ayant 
” confumé  une  maifon  de  Corinthe,  dans  laqúelle 

fe  trouvoit  une  petite  quanuté  d'or  8c  d’argent 
“ avec  beaucoup  de  cuivre , ces  trois  métaux  s’al- 
” iiérent  par  la  fufion  , 8c  qa  on  leur  donna  !e 
» noHi  de  bronze  de  Corinthe,  á caufe  du  métal 
“ qui  dominoit  dans  Falliage.  D'autres  racontent, 
>■  ajoute  le  méme  écrivain  , quTm  fondeur  de 
“ Corinthe  ayant  volé  une  caíiette  pleine  d^or, 
” 8c  que  rdofanc  s"en  défaíre  ouvertement , de 
” crainte  d’éveiiler  les  foiipqons , il  alüa  cet  or 
=3  en  trés-petite  quantité  avec  un  grand  volume 
» de  cuivre  ; alliage  qui  porta  le  nom  d'airain  de 
” Corijithe,  & qui  íít  gagner  au  fondeur  des  ri- 
” cheffes  immenfes 

D'aprés  ces  textes  précis , on  peut  juger  que 
Fexilrence  du  précieux  bronqe  de  Corinthe  étoit 
avouée  á Rome  par  le  plus  grand  nombre.  On  l’y 
payoir  plus  cher  qu^un  pareil  volume  d'or , comme 
nous  Fapprend  Stace  {Sylv.  il.  x.  ó8.) : 

JEraque  al  Jfikmiacis  auro  potiora  favHlis. 

Ceux  qui  vouloient  paíTer  pour  de  fins  connoif- 
feurs  , prétendoient  le  reconnoítre  á Fodeur ; te! 
étoit  ce  Mamuxra  dont  fe  moque  Martial  ( xx. 
60.  II.)  : 

Confuluit  nares  , an  clerent  &ra  Corinthum ; 

Culpavit  fiamas  & ^ Polyclete  , tuas. 

Ce  n’étoit  pas  alTez  de  tr^uver  le  mérite  de  la 
matlére  au  bromee  de  Corinthe  ; on  croyoit  encore 
quhi  fe  terniíToit  plus  difficilement  que  le  hronqe  . 
ordinaire  ; qu  il  contraéioit  beaucoup  plus  tard  le 
verd-ce-gris  , 8c  qu’on  Fen  dépouilJoit  plus  faci- 
lement  : Cicerón  Fexprime  ainii  ( Tufe.  Quefi. 
IV.  ja.  ) : Inter  acutos  é*  hebetes  koc  intereft , 
'‘qubd  ingeniofi , ut  is  Corintkium  in  Aruginem  , (¡e 
illi  iii  morbum  & incidunt  tardtus , & rtereantur 
ceyus. 

On  cToit  que  ce  prétendu  metal  de  Corintne 
étoit  Taime,  8c  qu’il  reífembloit  au  laiton.  II J 
en  avoit  cependant  une  feconde  efpéce , qui  etoií 
appelée  argent  de  Corinthe  , 8c  qui  deveit 
bler  á notre  tombac  b'anc.  On  Femployoit  á dw 
vafes  comme  le  bronqe  de  Corinthe.  II  eft 
mention  dans  deux  inferiptions  rapportees  par 
Gruter  (xivzxj.  i.)  & par  Gudius  {xxxu-  %■) r 
de  deus  coypes  argent  de  Corinthe  confacis*®' 


B R o 

1 Hercule  ; cratePw4.3.{:  argyro  cgristhíam 

CVU  BASI  SCA  EX  HX-pOEASI  2.ÍARMOREA. 

rsous  avons  fuppofé  jufqu’á  préfent  rexiñence 
du  bror^is  ¿e  Corintha  réeile  ^ fcus  le  rapport 
d'un  efret  du  hafard;  nous  avons  feulement^  fait 
entrevoir  qu’il  pouvoit  étre  piutót  un  produit  de 
l'art  decoré  par  les  marchands  d'un  nom  pom- 
peux.  Pline  !e  donne  á entendre  dans  Tendroit  oa 
il  dit  qus  plui  d un  JíécIí  arvj-p.l  la  p'ifc  de  Corin- 
tke  j on  avoit  vu  fe  pendre  la  faccejfíon  de  ces 
fondeurs  célebres  dont  les  ouvrages  porter.t  le  nom 
de  bronzes  de  Corintke  : uno  ante  Corintkum  cap- 
tam  fcculo  dejlijfe  nohilts  illas  ficiores  , quorum 
omnia  íigaa  ¡fia  Corintkia  appellantur.Yl&i'íX.CfiS.  ^ 

cité  plus  haut^  ne  donne  pas  non  p’iis  pour  époque 
á fon  récít  ia  prifc  de  Connthe.  Cona^ent  d'ail- 
leurSj  li  un  fait  aufli  furprenant  eút  été  véritable  > 
n en  feroir-il  pas  fait  la  plus  légcre  mention  dans 
Strabon , qui  a parlé  íi  au  long  de  CorinthCj  dans 
les  Ifthmiques  d’Ariftide , dans  Ies  Coríntkiaques 
de  Paufanías,  & enfin  dans  le  trente-feptiéme 
difcours  de  Dion  Chryfoílomej,  qu!  eft  ecnt  tout 
entier  á la  louange  de  Connthe  ? 

Quelques  antiquaires  ont  cru  trouver  dans  Ies 
médailles  antlques,  du  bronce  de  Corinthe^  & le 
pete  Joberc  fe  flattoic  d’en_  pofleder  quelques- 
unes.  Telles  étoient  ^ felón  lui^  une  Livie  fous 
rimage  de  la  Piété,  une  Antonia  & un  sladñen. 
Mais  on  eíl  certain  qu’aucun  des  auteurs  qui  ont 
parlé  du  bronqe  de  Connthe,  n a dit  qu  qn  s en 
fiit  ferví  pour  la  monnoie  ; üs  ne  font  mención 
que  de  flatues  , de  vafes  & d^autrcs  o^avrages  fan- 
dus.  D'ailleurs  Savot,  qui  a traite  fi  favasr.ment 
ia  partie  rr.échiaique  de  Pare  nunuiniatique  , 
aílure  , apres  avoir  fast  pluíieurs  e-a.is  fur  les 
médailles  que  Pon  croyoi.t  étre  de  bron'^e  de  Co- 
rinthe,  aue  Pon  n’en  avoit  jamais  obtetiu  un  feul 
grain  d'or,  ni  par  la  coupeliation,  ni  par  ! eau 
de  départ. 

Le  pére  Jobert  n’avoir  pas  fait  aílez  d'attention 
au  texre  de  Püne,  qui  parle  du  hron-i^e  de  Corai- 
the  coname  d^un  ailiage  depuis  loíig-tems  hors 
d’ufage  ; Aidebaue  exslev.t  fundendi  &ris  pret'-ojl 
rallo  , lit  JAM  Diu  ne  fo^’t-ana  qiiidem  la  are  j'us 
sirtis  habeat.  L''hiíiarien  de  la  natiire  rPauroit  eu 
garde  de  sfexprinier  de  ia  forte,  íi  le  broni^e  de 
Corinthe  avoit  été  employé  pour  íabriquer  des 
médailles  de  hlvle  cc  a Antonia , qui  ont  éte 
frappées  aii-plutot  fous  le  regué  de  Caiigula.  C^ 
tems  n'étoit  pas  aílez  éloigné  de  celui  ou  ecrivoit. 
Pline , pour  qufi!  eút  pu  fe  íervir  des  inots Jíim 
diu  ¡ 8c  comme  ce  bronrj  n’étoit  plus  en  ufage  ae 
fon  tems , üeit  encore  moins  vraiíembkbls  qu  on 
1‘ait  emplové  fous  iícaríV;:.  D’aiilea-rs,  en  natro^-. 
duifant  ce  bronce  daiis  les  monnoies  , on  y auroi: 
cus  une  confuíion  pernícieufs  j puiiqu  alors  il  y 
auroir  eu  réeliement  une  diiréreiice  ue  vaíeardans 
j^es  piéces  de  mime  graaceut  '8c  de  rneme  poiás; 
ce  Cüiai’.roit  expofé  á toare  forte  ae  írauaes  cc  cíe 
erc-mperies.  On  yaeiit  áoac  afcjíeí  h.ái;4¿ 


B R U HI 

le  pére  Jobert  Se  les  autres  antiquaires  cnt  ’pris^ 
pour  du  bronye  de  Corinthe , des  ruédaiiles  de' 
cuivre  ordinaire,  qui  avoiént  été  dorées.  . 

BROi  fíÉE,  fils  de  Vulcaiii  cc  de  Minerve» 
étoit  íi  laid,  qu’ü  devine  l’cbjet  des  plaifanteries 
de  tous  fes  conremporains.  Ii  fe  precipita  de  ¿épiE 
dans  les  fiammes  qui  le  coniumérent.  Ovide  le  dic 
(Í7i  Ibin.  V.  JIJ-)  : 

Quodque  ferunt  Bratheum  fccijfe  cupldlne  monis  f 
Des  tua  fuccenfo  memhra  Cremar.da  rogo.  , 

BROTON.  Fbyf:j  Bronton. 

BROUETTE.  On  ne  peut  pás  aíTurer  que  les 
ancicns  agrículteurs  ayenc  conñu  la  brouette.  Hy gin 
{ti.  14.)  parle,  á la  véricé  , d’une  voiture  á une 
feule  roue . una-rota mais  comme  il  s’agit  dans 
cet  endroit  du  voyage  entrepris  par  Tríptoicme, 
pour  enfeigner  aux  homir.es  l’agrícaicure,  on  peut 
croire  que  la  voiture  appelée  una-rota  yitoM  ceile 
qui  le  portoit , & non  la  brouette  des  cham.ps. 
Quelques  écrivains  modernes  font  honneur  de 
I’invention  de  cette  derniére  au  célebre  géométrc 
Pafcai. 

BRULER.  Les  anciens  terminoient  Ies  funé- 
railles  en  brálant  les  cadavres  ou  en  Ies  enterrant. 
Nous  ne  traiterons  dans  cet  amele  que  du  pre- 
mier ufage,  8c le  fecond  formerai’arttcle  Enter- 
RER.  Voyej_  ce  mor. 

Hérodote  dit  que  les  Perfes  ne  brúlolent  pas 
les  corps , parce  qu’iis  regardoient  le  fea  comme 
une-divinité.  Les  Egyptiens  croyofent  qu  il^  n e- 
toit  pas  penáis  de  les  donner  á dévorer  á des 
animaux ; & ils  regardoient  le  feu  comme  un 
efpéce  de  hete  inanimée  : ces  deux  confidéradons 
Ies  empéchoient  de  bráler  les  cadavres. 

Quanr  aus  opinions  & aux  pratiques  ces  Grecs 
relatives  aux  funéraiiles,  1!  eíl  tres- diíEcile  os 
favoir  s’ils  ont  bridé,  les  corps  avant  le  temps  cii 
ils  Ies  enterrérent ; ou  íi  cette  derniére  pratique  a 
précéüé  Pautre  chez  eux.  Ge. que  Ton  peut  aíTurer 
de  plus  vraifemblable , c'eíl  que  ces^-  deux  pra- 
tiques ne  fe.  font  jamais  exclues.  Pune  Ikiitre 
chéz  les  Grecs,  quoique  Pune  des  deux  ait  éte 
adoptée  prefque  générilement.  Au  refte  , cette 
obfervation  s’appiique  auííi  aux  Romains,  dont 
nous  parlerons  ci-apres. 

Si  Poli  en  croit- Cicerón  Begií.rl-  y.  Ies 
Athéniens  ne  brúlolent  pas  encere  les ' morts  au 
ferps  Je  CécrocS-  Le  íchaliafte  d’tídmére  07.  A.) 

¡Seque  ruáge-dOnterrer  Ies  corps  a précédé 
de  beauedup  ceiui  de  les  ¿/TÍfer^.dont  2I  attrmue 
le  co.m.raencemei'it  a Hercule.  Ce  iicrcs  e....ut 
pour  afiiéger  Ilion  , avec  une  4:1:^=,  cbn  ae 
pu.nñ’ le  paruiíe  Laoitiedcn,  cu.  rc.uiO.L  ce  cji 
donner  les  chevaux  ddtirés  c fervtr  de  recom- 
penfe  au  libérarcur  -crHcíicne  , venint  fe  taire 
accomeagaer  par  le  jeune  Algias.  ^lais^Uc:^- 
alu-,  déte  4 Atgius , craignaut  pour  ce  ms  ;e  ^o.t 
^ ' y vy  li 


B R U 

qu’avoit  déia  éprouvé  Taíné  de  fes  enfans , qíi  il 
avoir  confié  a Hercuie  dans  un  voyage  que  ce 
héros  avoit  fait  á Lacédémone , & qui  y étok 
mort:,  refiifa  de  le  laifiér  partir.  H erciile  promit 
alors  5 avec  ferment  ^ de  le  ramener  lui-méme. 
La  mort  d'Argius  mk  le  héros  dans  rimpoíSbfiité 
d’accompür  fa  promeíTe  , d^’une  autre  maniere 
Gu'en  brúlant  le  corps  du  jeune  Somme , & en 
rapportant  fes  cendres. 

Quoi  qifi!  en  foit  de  ce  réck  dn  fcholiaíle , il 
eñ  certain  par  le  témoignage  d'Homérej  que  fon 
brúloit  les  corps  a i’époque  de  !a  guerre  de  'rroie , 
& que  cet  ufage  devint  général  parmi  les  Grecs. 
lis  crurent  que  le  fea  co.nfumok  tout  ce  qu’i!  y 
avoit  d'impur  dans  le  corps  humain.  Euripide  le 
dit  de  Civteinneílre  (Or£/?.  40.)  : « Son  corps  fut 
puriSé  par  le  fea  « ; 

Eojii  x.a^iíyytcat 

íls  penférent  «ncore  que  fama  dégagée  de  la 
ínatiére  par  le  feu  , montok  plus  vite  aux  célelfes 
régions ; c’étok  prefque  le  premier  degré  de  f apo 
théofe.  r’eíl  pourquoi  Hercuie  fe  prúía  fur  le 
mont  Oera;  ckñ  pour  cela  que  les  philofophes 
indiens,  tels  que  Galanus  du  rems  dGflexandre, 
terniinoie.nt  par  le  feu  leur  vie  lorfqu’elle  leur 
deyenoit  á charge.  Les  philofophes  grecs  étoient 
partagés  d’opinion  fur  f ufage  de  iráler  les  cada- 
vres.  Ceux  qui  regardoient  le  corps  humain  comme 
un  compofé  des  quatre  élémenS:,  vouloient  qu’on 
Je  rendir  a la  terre ; mais  Hérachte  & fes  feóla- 
leurSj  qui  regardoient  le  feu  comme  le  principe 
univerfel , préféroient  I’ufage  de  brúler  ies  corps  , 
afin  de  les  réfoudre  plus  vite  dans  léurs  élemens 
primitifs. 

Les  Etrufques  ne  brúloient  pas  les  cadavres  ; 
comme  ii  paroit  par  les  fquélertes  que  fon  trouve 
lenfermés  dans  les  tombeaux  avec  les  vafes  ap- 
pelés-ordinairemeiít  etrufques. 

Les  premiers  Romains  j dk  Pline  (y-tr.  5-4.)  , 
»e  hrúloient  pas  ies  cadavres  ^ mais  ils  les  erater- 
roient  : Ipfam  crertrare  apud  Romanos  non  fuh 
•veteris  inflhuti  : térra,  eondebaraur.  Cet  écrivain 
dit  cependant  aillenrs  {xztj.  11 ) que  le  roi  Numa 
áéfendit  d^arrofer  de  vin  Ies  buche rs  : Rogumvino 
afpergi.  G’eíl  á ce  dernier  fentiment  qu’il  faut 
í.*arréter.  Kous  voyons  en  effet  le  méme  Numa 
(/.“  Plutarcko') , défendre  dans  fon  teñament  de 
hrúler  fon  corps,;  ce  qui  annonce  un  ufage  géné- 
ralement  recu  alors  <fens  Rome.  On  apprend  la 
»¡éme  chofe  d’ntie  loi  des  douze  TabíeSj  qui  dé- 
íand  de  brúler -on  d’enterrer  dans  les  viües. 

Pline  (..oto  chato primiim)  8c  Cicerón  (^de  Legib. 
il.  22.)  nous  ferviront  á expüquer  cene  _ alterna- 
íive  indiquée  par  la  loi  des  douze  Pables.  Ils 
cifent  que  malgré  f ige  general  de  brúler,  quel- 
qaes  fanrliles  de  Rome  enterrérent  touiours  leurs 
corps  ^ & eutr'autres  , la  famiile  Cornelia  Mais 


B R U 

en.fn,  L.  rornélms  Sylla  ordonna  en  moiirantde 
brúler  le  fien  , de  peur  cifon  ne  le  déterrat  pour 
le  jeter  dans  le  Tybre,  ainfi  qkii  y avok  precipité 
les  relies  de  fon  redoutable  adverfairCj  le  célebre 
Marius. 

L'ufage  le  plus  général  des  Romains  étoit  de 
brúler  les  corps , comme  ii  paroit  par  la  diílinc- 
tion  qu  a fondée  fur  cet  ufage  Diogéne  Lacree 
entre  ies  Romains  & lesEgyptiens.  Les  derniers, 
dit-il  (r.x.84.)  5 embaument  & enterrent  les  corps; 
mais  les  Romains  ies  btúlent^-.  Tacire  s'exprinie 
de  méme  en  pjrlant  de  Poppée,  époufe  de  Nerón  , 
dont  le  corps  ne  fut  pas  brúlé , centre  fufage  des 
Romains  de  ce  temps  {Anual,  xvj.  6.  3.) ; Corpus 
non  igne  ebolitum  , ut  Romanus  mos, 

Cet  ufage  daroit  encore  fous  Aiexandre-Sévére, 
comme  on  peut  le  conchare  des  cendres  de  Cai- 
purnius  Quadratus  Settiaous  , proconful  fous  fon 
régne  j trouvées  dans  une  urne  auprés  de  la  voie 
Latine  j & reconnues  pour  relies  á l’infcription 
que  portoit  Turne  & á une  médaille  du  méme  em- 
pereur^  qu’elle  renfermoit  avec  les  cendres.  Peut- 
étre  duroit-il  encore  fous  Cornéüus  Saionin;  car 
on  voit  un  bucher  au  revers  d’une  de  fes  mé- 
dailles. 

Macrobe , qui  vivoit  fous  Théodofe-le-jeune , 
dit  que  Tufage  de  brúler  Ies  corps  avoit  ceñe  de 
fon  tems  {Sat.  rrr.7.)  : Delude  lic'et  urendi  corpora. 
defunclorum  ufus  noflro  feculo  nullus  fit.  La  reli- 
gión Chrétienne  contribua  beaiicoup  á fubllituer 
fufage  d’enterrer  á ceiui  de  brúler  ¡ & la  crainte 
de  voir  confumer  par  le  feu  les  reíres  de  quelqaes 
faints  perfonnages  qui  pouvoient  devenir  des 
reliques  , fut  le  motif  qui  guidaies  Chréue.ns  dans 
certe  fubftitution. 

Pour  ce  qui  eñ  des  Gaulois  & des  Efpagnols, 
i!  parok  par  ies  urnes  remplies  de  cendres  que 
fon  découvre  dans  les  provinces  fournifes  aux 
Romains , qiTils  fuivoient  fufage  de  leurs  vain- 
queurs.  Les  fqaélettes  & les  ollemens  enners  que 
Ton  trouve  dans  les  autres  provinces  . aktfi  que 
dans  les  pays  du  nord  de  TEurope , annoncent 
que  Ton  y enterroit  Jes  cadavres, 

Quant  aux  .Africainsj  íi  Ton  en  croit  les  au- 
teurs  iatins , ils  hrúloient  ies  corps.  V , BucHEít , 
EnTERRER  & USTRINUM. 

Brúler  Ies  criminéis-  Ce  fupplice  a eré  conna 
des  anciens  ,•&  noas  en  avons  une  defeription  re- 
voltanre  dans  la  vie  d'Avidris  Cafílus^  écrite  par 
Vukati'js  Gaiiicus  Cet  écrivain  dit  qu’on  ayoit 
elevé  un  bucher  haut  de  cent  quatre-yingt  pieds 
romains j fur  iequel  o.n  avoit  attaché, 
rentes  hauteiirs , les  hommes  condamnés  a penr 
par  le  feu  {c.  4.)  : Priúius  etiam  id.  fupplicii  genus 
invenit , ut  Jiiphcní  grandem  poneret  peaum 
ginta  & ceutum , id  efl  , materiam  , & d fummo  upqut 
ad  imum  damnatos  ligaret  : & ab  irno  ^curn  appo- 
neret . incenfiTque  apis  fumo  ru-t-^tos  , tíiam  A- 
mof^e  , necerít. 


B R U 

BRUMALES  ^ fétes  des  Romairs ; elles  díi- 
soi-tnr  an  mois  , & CQmmen<joier.t  au  24  novem- 
bre.  £l!es  furent  inllituées  Dar  Roir.u!us , cui 
avoit  coatume,  duranc  tout  ce  tems-lá  j de  don- 
ner  á manger  au  fénat.  Suidas,  cin  n'étoit  pas 
trés-habile  dans  les  antiquités  latines , & quel- 
«ues  écrivains  qui  Tont  fuivi,  aíTurent  qué  ces 
fétes  étoient  inílituées  en  Thonneur  de  Bacckus- 
Bromien  des  Grecs  : mais  on  fait  que  jamais  les 
Grecs  n ont  appelé  ce  dieu  z fifias.  Son  vérirable 
fui'nom  , reí  qu'on  le  trouve  dans  Oipbée,  eít 
Sfcfcicí-  d’oú  Ton  avoit  fait  brómales. 

BRü N-foncé.  Cette  nuance  étoit  appelée 
tolar  niger  par  íes  Romains.  V.  ie  mot  At^r. 

BRÜNDISÍUM,  en  Italie.  erun. 

Les  médailles  autónomas  de  cette  Tille  font : 

RR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Leur  type  ordinaire  eft  un  homme  nud , á 
chevai  fur  un  dauphin. 

BRUTIENS.  -v 

BRÜTTIANl.  > Ce  peuple , qui  habiroit  la 

BRUTTII.  j pointe  de  Tltalie  , appelée 
aujourd^hui  la  Calabre,  fut  le  premier  de  lítalie 
á fe  révolrer  contre  les  Romains , & á s^attacher 
á Annibai.  Les  Romains  ne  léur  pardonnérent 
jamads  cette  défertion  5 8c  pour  en  éternifer  la 
mémoire  , ils  refufcrent  de  les  recevoir  dans  leurs 
armées , fous  quelque  nom  que  ce  pik  erre.  De 
plus , ils  les  condamnérent  á accompagner  les 
prcconfuls  Se  les  autres  magiftrats  qui  alloient 
commander  dans  les  provinces , & á leur  fervir 
de  yalets  8e  de  bourreaux , fous  le  nom  générique 
Bruttianz.  Aulu-Gelle  (N.A.  x.  j.)  nous  a eon- 
fervé  cette  tradition. 

Les  médailles  autonomes  de  ce  peuple , avec 
la  iégende  bpett!í2M,  font: 

RRRR.  en  or.  (Maguan.  ¿t  Hunter ). 

RR.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

Leurs  types  ortlinaires  font : 

La  Vióloire  couronnant  un  írophée.  — Pallas 
tnarchant.  — Mars  nud,  marchant.  — ün  aig'e 
pofé,  retournant  ¡a  tere.  — L'écreviffe  de  mer. 
■^Júpiter  dans  un  bige  j ou  debout.  Ies  bras 
étendus. 

BRUTUS.  (Marcas  Junius) 

MaRCUS  BrUTUS  IMfERATOH-, 

Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  or. 

RRR.  en  argent. 

O,  en  bronz*. 

Brutus,  furnom  de  la  famille  ; il 

défignoit  ordiuairement  un  ítírot , depuis  qxie 
L.  Janius  Brutas  eut  conrrefait  Tinfe.nfé  Dour 
venir  á bout  de  chaiié  les  Tarauins. 


B U B 


5M 


BRLZUS,  dar.s  k Fhrvgie.  epOTZKní2m, 

Cette  viLie  a fait  ir.  pper  des  médailles  impe- 
riales grecques  en  Thonneur  de  M.-Auréie , de 
Commode,  de  Sévére,  de  Caracalla , de  Maxi- 
niin , de  Máxime  & de  Gordien-Fie. 

BUBALL.  Anítide  paríanc  du  búhale  , dit  qu'il 
reliembie  au  cert  5 Pline  le  compare  á la  fois  á un 
cerf  & á un  veau.  Oppien  affure  que  fes  comes 
font  recourbées  en  amere.  Cette  particuiarké 
forme  fans  doute  la  relTemblance  qu“on  luí  rrou- 
voit  avec  le  cerf.  Aldrovande  , aprés  avoir  difcuté 
les  témoignages  des  anciens  fur  le  búhale  , croyoit 
le  retrouver  dans  la  vache  de  Barbarie , efpéce  de 
bifon.  M.  de  BufFon  le  prend  pour  une  gardle. 
Au  relie  3 Martiai  IkíTocie  & raflimile  au  bifon 
dans  ce  vers  ( l.  Specl.  epigr.  23.  v.  4.)  : 

lili  celjlt  atrox  búhalas  , atque  bifon. 

Lkpparition  fubite  du  búhale  dans  les  viíles, 
étoit  regardée  comrae  un  facheux  préfage  ; on  le 
voit  dans  Kicétas  , lorfqu’il  parle  du  haitiOme 
concüe. 

BUBASIS.  Le  grand  étymolcgifie  feiü  parle 
d’une  divinité  & d'une  ville  égyptiennes  de  ce 
nom.  II  dit  que  la  malheureufe  filie  d’ínachus , 
lo 3 métamorphofée  en  vache,  aborda  á la  nage 
aux  cotes  de  lEgypte,  prés  des  bords  da  Ni!  ; le 
fouverain  de  cette  contrée  ayanr  apperqu  fut  !c 
limón  les  traces  de  fes  pieds  de  devant,  qui  ref- 
fembloient  á la  lertre  i,  & celles  des  pieds  de 
derritre  a ¡a  lettre  , en  forma  le  nom  10  , donné' 
depuis  á cette  vache  célebre  5 Sí  celui  de  Bubafis 
que  porta  i'endroit  oú  elle  avoit  abordé.  On  verra 
á i'article  ¿‘lo  que  c’étoit  la  ménie  divinité  qif  iíis 
& que  ia  Lune  ; auíTi  Jablonski  traduit-ii  le  mot 
égyptien  ou  cophtique  qui  répond  á Bubafs,  par 
celui  de  téte-de-vacke.  On  donnoit  en  Egtpte 
pour  coéíiure  á ifis,  les  comes  de  lavadle;  & 
le  furnom  de  Bubafs  défignoit  fans  doute  cette 
coéfFure  fymboiique  , de  meme  que  celui  de 
Tau.lfio.0o; , face-de-taureaa , défignoit  les  comes 
du  Bacchus  des  Grecs. 

EÜBASTE.  Les  Grecs  fubíiituérent  deax  de 
leurs  divinites,  Diane  & Üithye  , á celle  que  les 
Egyptiens  appeioient  Bubafie  , Se  qufils  heno- 
roient  tfun  cuite  particulier  dans  la  viile  de  ce 
nom,  íituée  dans  la  Bafi'e-Egypte,,  fur  un  des 
bras  du  Nil.  Hérodote  (lib.  jI.  c.  1 37.)  dit  expreC- 
fément  que  Bubafie  étoit  appelée  Diane  chez  les 
Grecs , Se  il  décrit  fort  au  iong  ie  temple  fuperbe 
qui  lui  éroit  confacré  dans  ia  ville  de  fon  nom. 
Dans  le  méme  livre  ( r.  ij^. ) Kérodote  nous 
apprend  que  Ies  Egyptiens  donnoient  á Apollon 
Se  á Diane  Bacchus  pour  pére  , Se  iíis  pour 
mere  ; il  aioute  que  cet  Apollon  étoit  THoras 
des  Egyptiens ; comme  Cérés  étoit  ieur  líis  , Se 
Diane  leur  Bubafie.  Au  tenas  oú  vivoit  cet  hiiíc- 
rien  célebre  , toute  TEgypre  defeendoit  par  >e 
Kii  á Buhare  t pour  7 célébrsr  les  fétes  de  la 


51^  B U B 

déeíTe  as.  ce  nom ; Se  ii  afíure  que  le  nombre  de 
ces  adorateurs  aíloit  iufqa’á  fept  cent  míile.  Pen- 
dañe  les  jouts  cui  précedoicnt  ces  fetes  j & 
pendsüt  leur  céiébration  ^ le  Nii  écoit  couvert 
de  barques  richement  ornees  ^ 8c  chargées  de 
vovageurs  Se  de  muilciens  dont  les  chants  & les 
inítrumeos  faifoient  retentir  jour  & nuit  les  deux 
rives  du  fleuve.  Toure  la  ville  étoit  confacrée  au 
cuke  de-  la  déeiTe , 8c  tous  les  habitans  y étoient 
employés  ; de-Iá  viene  qirOvide  Vzppsllsíar.aa 
Babafiis  ( Mer.  lA'.  687)  • Le  changenient  de  domi- 
nation  put  fea!  faire  ceíTer  ce  concours  tan:  célé- 
bré  par  Ies  Grecs;  & nous  voyons  qu'aprés  la 
rédutiion  de  TEgypte  en  province  romaine  , á 
Tépoque  ou  écrivoit  Juvénaí,  Dianéj  c'eft-á-dire  j 
Bubaftc , K étoit  plus  adoree  : 


O f pida,  tota  cancm  venerantur  , nemo  Dianam. 

Strabon  / qui  écrivoit  avant  le  fatyrique  ^ & 
cinquante  ans  aprés  cette  réduétion  , nomme 
{xYii.p.  353-)  la  ville  de  Buhafte , fans  faire  aa- 
cune  mentíon  de  fon  temple ^ autrefois  íi  fameiix. 

Qaelle  étoit  cette  Buhafte  des  Egyptiens,  ou 
de  quelie  divinité  égyptíenne  repréfentoit-elle  un 
attribiit?  Jablonski  n'h-éíire  pas  a ¡a  reconnoítre 
pour  un  attríbut  d'IíiSj  cette  déeíie  que  le  prétre 
Chérémon  {iti  Porphyr.  epift.  ai  Anebonem  ) dé- 
clare  aveir  été  prife  par  les  précres  de  TEgypte , 
pour  le  fymbole  ou  la  repréfentation  de  la  iune  & 
de  fes  phafes.  Cependant  nous  avonsvu  plus  haut 
que  Diane  étoit  filie  d'ííis;  ií  paroít  done  con- 
traáicloire  de  i’égaíer  á líis?  Mais  cela  s'expüque 
tout  naturellement  parda Mythoiogie  égyptienñe^ 
dans  laqueile  nous  voy-ons  Horus  ou  le  Soleii  étre 
appelé  fils  d’Oíiris,  qui  écoit  lai-meirse  le  génie 
du  foleil.  L“expreíEon  de  fils  n’annonqoit  pas  dans 
le  langage  embíématique  des  Efeyptiens^  le  rap- 
port  de  génération:,  mais  celui  dateribut  particu- 
íier  ou  tbérnanadon. 

Dioáore  de  Sicile  {lii.  i.  p.  24.)  dic  que  Fon 
€onfervoit  encore  de  fon  tems  une  trés-ancienne 
infeription  égyptíenne.  dans  laqueile  on  difoit;,  á 
ia  iouange'd'iíis que  ia  vil'c  de  Buhafte  luí  étoit 
confacrée , & avoir  eré  bárie  en  fon  honneur.  La 
tíéeíTe  que  Tony  revérok  étoit  done  Ifis  ou  ia 
Lune,  cnyifagée  fous  un  certain  rapport.  Ce  rap- 
port  é-coit  fondé  fur  Ies  phafes  de  certe  plañere. 
Se-lávintj  felón  jablonski  j le  nom  égyptien  oa 
cophúqus,  changeant  la  forme  de  fon  vifiage  cu 
Bubafti  , qui  füt  donné  á ce  rapport,  erige  depuis 
en  divinité  fous  le  méme  nom.  S.  Jéróme,  qui 
n'ignoroit  pas  la  langue  égyptíenne  , dit  expreíTé- 
mení  (rr.  in  Eyetk.  Opv.  tom.  til.  col.  91Ó.)  'que 
Buhafte  fe  traduifeit  dans  cette  langue  par  le  chan- 
'gemen:  ¿c  'ofiage  : Bxbjftus  juxta  linguam  ígyp- 
tia:.a;n  , interpretufur  cris  experimentum. 

C'eft.  d.ís  expücations  fauíFes  des  Grecs,  & des 
raprorts  obicurs  de  leur  Mvtho'ogie  avec  celle 
des  Egyptiens , que  nous  tircroas  3 i’aiáe  » uae 


B U B 

fag-e  critique,  deslumiéres,  pour  reconnoítre!* 
phafe  de  la  noave'fle  iune  & du  croiírant  dins 
Buhafte.  Ilfautoifolier  ici  Diane-Criafferefre , pour 
r.e  voir  que  cette  vierge  célebre  par  fa  chafíeté  , 
& chargée  da  foin  des  accouchemens  fous  Ies 
nonas  de  Lucine  & d’íiithye.  Buhafte  rfavoit  ni 
époux  ni  enfans;  de-iá  vint  qu'Ovide  liu  áonna 
le  farnona  SanBa , fynonyme  de  cafta  ; ckñ  á cela 
auili  qu^’a  rapport  !a  pnsre  que  Irait  a Júpiter  Diane 
dans  fon  hymne  (^Callimach.i')  ; « Accoráez-moi, 
mon  pére,  une  virginité  écernelle”  : 

A¿í  fííi  «ísfis?  oAaers-eíp. 

Cicerón  nous  dir  expreíTément  que  la  Luna  étoit 
Diane  chez  les  Grées  (^Namr,  Deor.  ni.  20.)  : 
Lunam  Grs.ci  Dianam  putatit  : aufll  en  portoit- 
elie  le  croiíTa.nt  fur  le  front ; ce  qui  défignoit  k 
phafe  patticuliére  á laqueile  eue,  ou.  Buhafte  y 
avoit  répondu  dans  Forigine. 

Sous  le  nona  'B'iXr.éíua , Ilithye , les  Grecs^re-. 
connoiíToient  Diane  proteélnce  des  fetnmes  pretes 
d^accoucher  j & los  Ronaains  lui  fuDÍlituerent 
dans  cette  fonéiion  une  divinité  qu  lis  creerent 
exprés,  & qu  i's  appelérent  ^Lucine.  Horace  , 
cependant,  invoque  conformément  á_!a_  Mytho- 
logie  gríCQue , Diane , cotnnae  ia  divinite  des 
accouchemens  ni-  11.) : 


Montium  cufitos  nemorumque  virgo  , 

Qud  laborantes  útero  paellas 
Ter  vocata  audis  , adimifique  uth» 

Diva  trifiormis. 

'■'^ous  n’ajouterons  plus  qu  un  feul  tenioignage 
Fécrivain  erec  , pour  pfouver  que  Buhalie^  etoit 
lithve  , Sr  préfidoit  aux  accouchemens.  rsicearque 
Antholog.'i.c.  72.  epig.  3.)  parlant  d’une  fename 
iui  étoit  accoüchée  heureufement  laus  fage-  emm 
k fans  aucun  feceurs , dit  ; « Cet  h^uicux  2 
'ard  détruit  le  cuite  de  Buhafte.  Car  fi  toutes  .es 
'emmes  peuvent  .accoucher  comnae  fhilenium  , 
raí  eít-ce  qui  prendía  la  peine  d’invoquer  ceue 
iéefie  ? 

OaV¡a  Eísairíí  aaraA'iera/  tí  yap  £»«?* 

Ttítrai  ¿í  ¿arrj  , ti{  ^ti 


Les  Egvptiens  trouvoient  plufieurs 
entre  le  chat  & la  lime , comme  o_n  le  veaa 
Farticle  de  cet  animal  ; c'éñ  pourquoi  i s -e  * 
facroient,  & ( fuivant  la  marche 
leur  théo'ogie)  ils  le  donnosent  pour  } na 
IfiS  & á Buhafte  en  parriculier. 

Feur  ce  quieft  des  l i&uies  humaines  qu-- 
ciens  écrivains  onr  dir  avoir  éte  ^ 

bafte , qui  étoit  ia  méme  ville  qu  Iii;.*ye  , oí  * 
liopciis , voyez  Fart'cle  Araeís. 

Buhaste  j dans  FEgypte.  hoybac» 


B U C 

Cette  ville  a fair  frapper  une  médaiüe  im- 
périale  grecque  en  Thonneur  d’Hadrien. 

BUBOrs  A , déeíTe  qui  étoit  chargce  chez  Ies 
Romains  du  fcin  des  boeufs  , & que  Ton  invo- 
quoit  pour  leur  confervation.  Saint  Auguñia  feul 
{ Civit.  Dez.  IV.  34.)  en  fait  mention. 

BL'BULCUS;,  furnom  de  la  famille  Junia  , 
áont  Püne  attribue  1 origine  auxfoins  particaliers 
qu’avoit  de  fes  bceufs  un  membre  de  cette  fa- 
IBÜle  (.tr/íz.  3.):  Jardorum  familia  a.  bahalco 
norr.en  irjven.it , qui  bitius  optime  utebatur. 

BüCA  furnom  de  la  famille  zEmilia. 

BUCCA  j boutfon^  paraíire  ^ Sec.  Ies  Grecs 
donnoient  ainfi  que  les  Latins  le  nom  de  finay-íaní 
á ces  gens  qui  payent  ¡eurs  repas  avec  des  bons- 
mots  j ou  ayec  des  récits  apprétcs  8c  ampoullés. 
Jovénal  les  a défignés  daas  le  vers  34  de  fa  on- 
ziémefatyre  : 

Orator  vekemens  , an  Curtías  , & Matko  Buces.. 
L’étymologie  de  leur  nom  Bucea  ^ eíl  relative  au 
mot  bucea  , ou  buccella  , bouchée  ^ indicatif  de 
Vétat  de  paraíite  ; & á celui  de  buces  ^ joues  en- 
flées  j qui  déíignoit  leurs  vains  propos, 
BUCCELLA.  \ 

BUCCELLARIUS.  f 

BUCCELLAIRE.  > Buccdlus  8c  Buccella 

BUCCELLATUM.C  déíignoit  chez  les  Rd- 

EOTfKKEAA APIOS.  ? mains  un  petit  pain  oa 
un  petic  gáteau  , dont  on  pouvoit  faire  une  feule 
bouchée.  Le  pain  de  munition  delliné  á de  longues 
routes,  & cuit  par  conféquent  deii'x  fois  , étoit 
appeilé  Buccellatum  ¡ c’ étoit  ce  qui  le  diftinguoit 
du  pain  ordinaire  ^ pañis.  Lampride  (e.  ic)  ra- 
contant  les  réformes  que  fit  Pefeennius  Isiger  j 
parmi  Ies  foldats  j dit  qu'ii  renvoya  du  camp  les 
marchands  de  yin  & íes  boulangers  , 8e  qu  il 
obligea  les  foldats  á fe  contenter  du  vinaigre 
melé  dans  Feau  de  leur  boiffon  , & de  bifcuit : 
Vinum  & pifiares  a cafiris  removit , jujptque-  omzies 
aceto  & suceszz^To  contentos  ejfe.  . Amien- 
Marceliin  ( xvn.  8<)  dit  que  l’empereur  Juíien  il 
voulant  faire  une  marche  forcee  de  vingt  jours  , 
diítribua  á fes  foldats  leur  bifcuit  pour  tout  ce 
temps-lá  : Uiginti  dierum  frumentum  , ex  eo  qued 
erat  in  fedibus  confumendum , ad  ufus  diutumita- 
tem  excoctum , buccezzatum  , ut  vulgo  appel- 
lant  ^ kumeris  impofuic  libentium  militum. 

Ces  faits  nous  montrent  une  étymologie  na- 
turelle  du  nom  des  Buccellaires  ^ Buccellarii  , 
BisxKsAAaju'íi  j efpeces  de  foldats  que  Ies  empereurs 
grecs  entretenoient  dans  les  provinces  Se  dans  les 
campagnes.  L’empereur  les  nourfiíToitj  & dé- 
la vient  leur  nom.  lis  étoient  dans  les  provinces 
ce  que  font  aujourd’hui  les  commenfaux  de  nos 
rois.  Lorfque  l’empereur  marehoit  avec  l’armée  j 
les  Buccellaires  étoient  placés  devaat  8c  derriére 
lui ; ce  qui  Ies  fit  auíR  appeler  feurrs  , bouifons 
ou  Daraiites  ; parce  qu’ils  tenoient  auprés  du 
prince  une  place  ou  étoit  oceupée  oidinajreinent 


B ü C 517 

par  cette  claiTe  d’oiñfs,  L’err.oereur  fs  fervoit 
quelquefois  des  Bucccliaires  pour  mettre  á raort 
ceux  QU  il  y condamneit;  ce  fut  aiiu;  un  Bu~~ 
cehaire  qui  rúa  V aler.dnien.  Souvenc  on  les  en- 
voyoit  en  garr.ijoTt  chez  des  particaliers  que  ron 
vcuioit  punir,  St  qui  croient  obligcs  de  les  nour- 
nr  : le  loixantierr.e  livre  des  Baíilicues  derive 
leur  nom  de  ce:  ufage. 

On  appela  Buccellaires  fous  Conílantfn  Por- 
phyr-'.genece,  desjGrecs  de  Galacie  , qai  fournií- 
foient  le  pain  aux  foldats. 

Le  nom  de  Buccellaires  requt  en  Gccident  une- 
extenllon  encore  plus  gra.ndej  car  il  íignifia  un 
Client , ou  un  homme  dévoué  entiérement  á un 
pnnee  ou  á un  grand.  C’eft  dans  ce  fens  qu’il  eít 
employé  dans  les  loix  des  Viíigoths,  recueillies 
par  Papias.  Grégoire  de  Tours  (jlifi.  Franc.  2.  S-) 
appelle  auíli  de  ce  nom  un  émifí'aire  d’A.éLÍus. 

BUCCÍN.  Les  anciens  fe  fervoient  d’une  efpéce 
de  cette  nombreufe  famüie  de  coquillage,  pour 
faire  la  pourpre-marme.  La  Sociéte  royale  de 
Londres  a retroiivé  fur  les  cotes  d’Angleterre 
une  efpéce  de  Buccin  qui  donne  ia  msme  cou- 
leur  i & de  Réaumur  a fait  la  méme  dtcouverte 
fur  les  cotes  de  l’Aunis.  On  peut  voir  le  détail 
des  recherches  du  dernier , dans  les  Pfíémoires 
de  l’Académie  des  Sciences. 

BÜCCINA,  trompette  recourbée  , ou  efpéce 
de  cor  dont  fe  fervoient  les  anciens.  On  voit 
fouvent  fur  les  moniimens  an'tiques  des  trom- 
pettes  courbées  comme  un  C renverfé  fur  la 
partie  convexe.  El'es  font  termínées,  ainti  que  les 
cors  modernes  , par  un  large  pavilion ; & les 
deux  branches  font  iiées  par  une  traverfe  qui  fer- 
voit á les  foutenir  élevées  lorfqu’on  les  embou- 
choit.  Cette  courbure , qui  étoit  légere  en  com- 
paraifon  de  celle  du  lituus , fervoit  á i’en  diííin- 
guer  j ainfi  que  fon  long  pavilion.  La  bucema  eíl 
appelée  cava  Se  rauca  , á caufe  de  cette  cour- 
bure & du  large  pavilion  qui  lui  faifoit  rendre  des 
fons  bas  8c  pleins.  Le  lituus  étoit  plus  courbé  8c 
n’étoit  point  terminé  par  un  pavilion  : auí5  Ies 
fons  qu’ii  rendoit  étoient-ils  asgus  & íifHans. 

L’airain  étoit  la  matiére  de  la  buccina  des  ar- 
mées  roBiaines.  Ovide  nous  a confervé  fes  deux 
caracléres  diftindlifs ; la  courbure  qui  la  difdn- 
guoit  de  la  tuba  , trompette  droite  5 & le  pa- 
vilion plus  large  que  celui  de  la  méme  trompette. 
{Met.  1.  333.  ) : 

Cava  buccina  fumitur  illi 
Tortilis,  in  latum  qus  turbine  crefeit  ab  imo, 

On  fe  fervoit  de  la  buccina  pour  annoncer  l iiiG 
tant  de  relever  les  fentinelles.  Properce  (zr.  4. 6z.)z 

Et  jam  quarta  canit  venturam  buccina  lucem. 

De-la  vint  que  plirSears  écrivains  exprimérent 
i®s  différentes  veiJIss  des  esnaps  oaí  ces  mois 


5iS  E U C 

‘^d  primam , ad  fecimdam  , &c.  huccinam.  Elle  aliV 
Honcoic  encore  les  heures  cíes  repas  dans  les  samps. 
Tacice  (^Arinal.  xv.  3c.  I.)  : Inuia  vigiliarum  per 
centurionem  nuntiari , cov.viviurji  buccirid  dimitti. 

Sous  les  rois  enñn,  on  aíTembloit  le  peuple  ro- 
main  au  fon  de  la  bucci;za , comme  nous  Tappre- 
nons  de  Properce  (^iv.  1. 13.) : 

Buccina  cogehat  przfcos  ad  verba  Qiiirites. 

BüCCíNATOR  nominum.  Gruter  ( iiiG  4.) 
rapporte  une  infcripdon  dans  laqueüe  un  fervi- 
teur  des  magiítrats  eíc  déíigné  par  ces  mots  qui 
peuvent  étre  f/nonymes  de  celiii  de  nomenclátor. 
11  nommoit  peur-étre  au  magiíirat , ¿e  appeloic 
enfuite  á haute  voix  ceux  que  le  rnagiílrar  dtoit 
á fon  tribunal  : peut-étre  auffi  n’étoit-il  qu'un 
limpie  aboyeur. 

BÜCCULA.  Ce  mot  a été  traduit  Je  deux 
manieres  entiérement  oppofées  par  Ies  phiioio- 
gues  : nous  croyons  cependant  quril  a pu  avoir 
ces  deux  acceptions  en  rnéme  tems-  Turnébe 
(Adv.  IX:  1(5.)  & plaíieurs  autres  ont  cru  que 
huccula  déñgnoir  cette  partie  du  cafqiie  qui  coiivre 
les  joues^  le  mentón  & la  bouche,  & que  Pon  a 
appeiée  depuis  les  joues  & la  mentonniére.  lis 
citent  en  leur  faveur  un  texte  de  Tite-Live  {xliv. 
34.) , dans  lequei  buccala  eft  jointe  immédiate- 
ment  aux  caiques , galeas  bucculafque  tergere. 
L^cn'mologie  les  favorife  encore  davantage  j car 
on  trouve  dans  Suétone  & dans  Apulée  le  mot 
baccula , déíignant  la  bcuche  & ¡es  parties  qui 
Pavoiíinent. 

Mais  les  glofes  d’iíidore  donnent  le  nom  de 
huccula  á ¡a  partie  áu  bouclier  que  les  Grecs 
«ppeloient  0’«^«aW  , Se  les  Latins  ambo.  On 
llt  dans  ces  glofes  ; Angla  , ferrum  huccula.  fcuti  , 
& ancile  , fcuti  huccula.  Ce  nom  fut  doffné  fans 
fans  doute  á Vumbo  ^ á caufe  des  tetes  de  bétes  ou 
d'hommes  ^ teiles  que  des  tetes  de  Médufe  Se  de 
lions  á gueule  beante , dont  cette  partie  du  bou- 
clier  écoit  orníe.  Buccula  déíignoit  auíS  le  bou- 
clier entier;  c'eíl'dansce  feas  qu’eile  eitemployce 
dans  le  Code  Théodofien  {Icg.  i.  de  Fabriccn.f. ) : 
Ocio  apud  Artiochíam  cajjldes  , totidemque  buc- 
euLis.  Juvénal  faifant  ia  defcription  d’un  tropbée, 
peint  les  déb  ris  d’un  bouclier,  ou  la  huccula  atta- 
diée  au-deffus  du  cafque  (x.  133.)  : 

Bellorum  txuvii^  truncis  cc^,xa  trepáis , 

Lorica  & fraña  de  cajíide  huccula  pendens. 

BUCENTAURE,  efpece  de  centaure  qui  avoit 
íe  corps  ü’un  bsruf  ou  d’un  taureau,  tandis  que 
les  centaures  font  ordinairemenr  repréfentés  avec 
íe  corps  d’un  cheval  : il  y en  avoit  auíTi  dont  le 
corps  ¿toit  celiii  d’an  ánc.  F.  OMOCENTAnRE. 
fiaus  avons  des  monumens  qui  repréfenterr  Her- 
«t'.ie  cemoattant  un  buccntaure  : le  héros  n’a 
pfiiíiZ  ét  taiíTue  , ni  aaicune  autre  efpéce  d'armcj 


BUG 

i mais  il  embrañe  le  buccntaure  par  le  tnilieu  du 
corpSj  8e  femble  i'étreináre  pour  Pétoauer. 

BUCÉPHALE,  Ce  nom  eñ  com- 

pofé  de  B'üí , bccuf,  &:  de  tete.  Les  anciens 

avoient  coiitume  d’imprimer  diíPérentes  marques 
fur  les  cuiiTes  ou  far  la  croupe  des  chevaux.  Les 
plus  communes  écoient  un  2 , figttta , 8e  un  k , 
kappa  : ceux  qui  portoient  la  premiére  marque, 
étoienr  appelés  1 , & xas-aaTA;  ceux  qui 

portoient  la  feconde.  Quelquefois  on  imprimoit 
au  üeu  de  iettres  , une  tete  de  bceiif ; & les 
chevaux  fur  lefquels  on  voyoit  cette  marque , 
s’appeloient  /SsxlipaAí;.  Tel  fut  celui  d’Alexandre. 
Le  fchoiiafte  d’Ariítophane  {Nub.  i.  i.)  & ííéfy- 
chius  nous  ont  confervé  cette  érymologic  limpie, 
du  nom  que  portoit  le  cheval  favori  du  vainqueur 
de  Darius. 

Quelques  écrivains  anciens  ont  donné  une 
autre  étymologie  au  nom  de  Bucéphale  ; Ies  uns 
íe  dérivent  de  la  forme  de  fa  tete  , qu’üs  difqnt 
avoir  refl'emblé  á celle  d’un  boeuf , & qu’íls 
comparent  á celle  des  Jumards  ; les  autres  le  dé- 
riveat  de  fon  air  farouche.  L’ étymologie  du  feho- 
lisfte  d’Ariñophane  eñ  la  plus  limpie  & ia  plus 
natureile.  L’hilfoire  du  cheval  d’Alexandre  ne 
doit  pas  entrer  dans  ce  diétíonnaire  , mais  nous 
devons  chércher  á fixer  Pévaluation  des  treize 
talens  qu’i!  avoir  coúté , felón  Püne  ( vm.  41-)  j 
& des  feize  talens  auxquels  Au!u-Gel!e 
Pa  apprécié.  M.  Pauélon  porte  á (5,ooo  de  nos 
livres  le  talent  ordinaire , & a 60,000  livres  Ic 
talent  d’or  ( Métrologie  ) : ce  qui  donne  par  la 
premiére  évaluation  78,000  liv.  pour  le  texte  de 
Püne  , & 96,000  liv.  pour  celui  d’Aulu-Gelle.  La 
feconde  évaluation  de  M.  Pauélon  donneroic 
780,000  liv.  & 960,000  liv. 

Le  fameux  Lyíippe  fit  en  bronze  le  portrait  de 
ce  fameux  cheval  5 comme  nous  Papprend  Stacc 
( Sylv.  1 . 1 . 84.  ) 

Cedat  equus  , Latia  qui  contra  templa  Bionts 
Cafarei  fiat  fede  fori  , quem  trader e ts  aufus 
Pcllao  , Lyfppe  , duez. 

BUCHER  , pyra , bufium  & rogus.  Senrius^a 
voulu  aíligncr  une  différence  eíientielle  entre  ces 
mots ; mais  il  s’eft  contredit  fur  cet  objet  en 
deux  endroits  de  fon  Commenraire  ( JEneii.  n 

& Xí.  ). 

On  choiíBíroit  pour  former  Ies  íuckers  8c  con- 
ñimer  les  cadavres , les  bois  réíineux , tels  * 
pin  , le  fapin  , Pif , le  cyprés  , _8fC.  Le  dermer 
fur-tout  étoit  eniployé  á faire  Pinceinte  du^  ou 
cker ; afin  , dit  Servius  ( JEnetd.  vi.  2.1  y ) • 
Gue  les  aÜiÍTans  ne  'fuírent  pas  incommocivS  ^ ^ 
Podeur  qui  d’exhalok  : Farro  aicit 
cztprcjfo  circumdari  folitas  , propter  grevetn^  ^'*,7 
odorcm.  Voici  íes  vers  de  Airgile,  fur  ieiq-eo 
Servius  fait  cette  obfervation  : ) 


B U C 

Inger.tem  fvruxtrs  pyrar.i  , caz  frorjíí-js  ¿¡iris 
Ir.uxunt  latera  , & ferales  ante  cuprejjos 
Confituiirtt. 

Les  bois  que  Ton  employoit  á fa.lre  des  bückers^ 
éto'ent  brats  j & foavent  cétoient  des  troncs 
d'srbres  garnis  de  leurs  branches  , comme  nous 
vcnons  de  le  voir.  Mais  le  luxe  s^’empara  bientót 
de  ces  triftes  conílruc^ions  5 '&  Ies  loix  des  XII. 
rabies  s’oppcsérenc  á fes  progrés  , en  défendant 
pour  Ies  búchers  i'ufage  des  bois  polis  & travaiilés : 

HOC  PLUS  LtE  F AGITO.  RoGUJA  ASCIA  2LE  POLZTO. 

Catre  íoi^  ne  prodiiiílt  pas  un  grand  eíret  j car  on 
vir  bientót  Itsbúckers  reprcndre  leur  anclen  édat. 
On  Ies  conílruilit  avec  de  beiles  & grandes  charpen- 
res  > on  les  chargea  de  ftarues  & on  les  orna  méme 
de  peinturcs.  Fline  eft  garant  de  ce  dernier  exeas 
( XXXV.  J.  ) : Quordara  & pericula  expzr.gimas  , 
ne  quis  miretur  tí  rogos  pir.gl. 

Les  loix  romaines  défendoient  de  conñruire  un 
bucker  plus  pres  des  maifons  habitées  , que  de 
foixante  pieds  ( Cicer.  de  legzh.  :1.  Zjj..  ) : Rogum, 
buflamve  novum  vetat  propius  fexaginta  pedes  ad- 
jiei  sdes  alienas  invito  domino  : incendium  vert- 
tur  acerbiim.^  L'ineendie  de  la  Curie  & de  la  ba- 
ílique  Porcienne  , caufé  pir  Ies  flammes  du 
bucker  que  Ton  dreíTa  á Clodius  dans  Ja  place 
publique , ñt  connoitre  la  fageíTe  de  cetre  ¡oi. 
Auffi  y avoit-il  dans  chaqué  viile  un  eípace  en- 
toiiré  de  murs  , appelé  Úfirinum  , qui  íervoit  á 
brller  les  corps  des  pauvres  qui  ne  iaiíToient  pas 
afl'éz  de  bien  pour  avoir  les  honneurs  d'un  búcher 
part'.cuher.  On  en  a trouvé  un  dans  les  foailles 
de  Pómpela.  Voyey_  Lstrinum. 

^ Les  búchers  des  riches  étoieiit  de  forme  car- 
ree. Cependant  Xiphilin  rapporte  que  Ton  donna 
acelui  de  Pertinax  une  forme  ttiangulaire.  Quatre 
étages  ornes  de  graclins partageoient  le  búcher. 
Le  premier  renfermoit  lesmatiéres  combullibles  ; 
le  fecond  étoit  chargé  de  fleurs ; le  troifié.me  ^ 
de^  réfine  & d’aromates  précieux  ; fur  le  qua- 
trieme  enfin  , étoient  entaíTés  des  étoffes  riches 
des^  habits  de.  pourpre.  Voici  la  defeription 
qu’en  fait  Siace  dans  la  Thébaiide  k.'^i.  56.)  : 

Ima  virent  agrefii  ftamina  culta. 

Próxima  gramineis  operojlor  area  fertis  ¡ 

Et  plBuratus  morituris  floribus  agger. 

Tenias  ajfurgens  Arabum  ftrue  tollitur  ordo 
¿toas  complexas  opes  , incanaque  glebis 
Thara  , (í  ab  dntiquo  durantia  cinnama  Pelo  j 
Summa  cAepant  auro. 

Le  feu  étoit  mis  au  búcher  par  les  parens  le? 
plus  proches  du  mort,  qui  détourncient  la  tete, 
pour  témoigner  quhls  lui  rendoíent  á regret  ce 
dernier  fervice.  Dans  Plliade  (^xxiii.  193.),  on 
veit  Achiíle  jeter  ¿ir  le  búcher  de  Patrocle  des 
Ar.tiquités  j Tome  I, 


B U C 

boeiífs  j des  rnoutons  ^ des  chevaux  & des  chiens , 
ce  prnnee  malheureuxavoittendremer.c  aimés. 
yueiquefois  on  y jetoic  auíS  les  corps  des  pri- 
íonniers  de  gutrre^  que  I on  immoloir  aux  manes 
..es  heros.  On  vit  meme  des  vi^irr.es  volontaires 
fe  ]eter  dans  le  búcher,  afin  de  ne  pas  erre  fépa- 
rees  de  leurs  amis.  Tel  fut  ííheftée,  l'afFranc.hí 
d'Agnppine qui  fe  tua  fur  fon  búcher.  Tels  furent 
des  foidats  d Othon  , oui  íe  pcrcérent  fur  les 
relies  de  ce  malheureux  "emperi>ur  ; relies  furent 
enfin  piufieuts  veuves  célebres  dans  l’antiquité. 

Cn  précipitoit  dans  Ies  fiammes  tous  les  habits 
& tous  Ies  meubles  dont  le  mort  s’étoit  fervi ; & 
Ies  affiílans  y jetoienc  auffi  á Penvi  dcs.préfens  , 
des  parfums.  Aux  funérailles  de  Céfar  ^ les  vété- 
rans  dépoíérent  leurs  armes  fur  le  ¿¿íAer.  Afinílant 
oú  Ies  parens  avoient  allumé  le  feu  du  búcher , on 
Parrofoit  avec  de  I'huileSr  des  parfums,  afin  de 
háter  l'eft'ec  d u feu.  On  adreíToit  méme  des  priéres 
aux  vents , pour  qu’iis  donnaifent  plus  de  vivacité 
aux  fiammes.  Achiile  invoque,  á cet  eífet,  dans 
l'lliade  (xxiii.  1^5.)  Borée  & Zéphire,  & leur 
promet  des  facritices. 

Aíacrobenous  a confervé  un  ufage  paniculier 
aux  búchers  deítinés  á pluíieurs  corps  : c^étoit  de 
méier  le  corps  d'une  femme  á celui  de  dix  hom- 
m.es , comme  un  véhicule  pour  le  feu  {Satum.  vii. 
193.)  : Si  quando  ufa  venirct , ut  piara  corpora 
fimul  incénderentur , falitos  fuiífe  funeram  miniflros 
denis  virorum  corporibus  fingulamaliebria  adjicere  , 
tí  unios  adjutu  , quajl  natard  flammei  , & ideó  ce- 
leriter  ardentis  , estera  fiagrabant. 

BUCOLIASiME , chanfon  des  pañeurs  ou  ber- 
gers  de  Tancienne  Gréce.  lis  la  chantoiexot  ea 
conduifant  le  bétail  aux  páturages,  felón  Athé- 
née  (/fí.  xiv).  Diomus,,  berger  de  Sicile,  com- 
pofa  la  premiére , & Epiclu-irme  en  avoit  fait 
mention  dans  i Alcyon  & dans  Ulyjfe  faifant  nau- 
fraga. Le  nom  de  bucoliafme  défignoit  auíTi  un  air 
de  danfe  que  l'on  jouoit  fur  la  ñute. 

BUCOLE.  ) 

BUCOLICI.  > Les  Bucales  étoient  des  con- 
BUCO1.LNI.}  trées  de  TEgypte  deílinées 
á ¡a  nourriture  des  beñiaux.  Ceux  qui  Ies  habi- 
toienr  étoient  fauyages  & farouches.  Jules-Capi- 
toiinlesappelleBii<roéici  [c.  21.):  Qaúm  per  £gyp- 
tum  Bucoiici  milites  gravia  multa  fecijfent , per 
Avidium  Cajílum  retuf  funt , qui  poftsa  tyrannidern 
arripuit.  lis  font  nommés  BucoUni  milites  dans 
ia  vie  de  S.  Hilarión , écrite  par  S.  Jéróme.  Ces 
trois  mots  viennent  de  ^ax-eXía , je  conduis  les 
bceufs  aux  páturages. 

BUCRANE,  SUCSAmtVM , séx.ixrai.  Proclus 
fe  fert  dé  ce  mor  dans  le  Traité  de  la  fphére.  II 
défignoit  quelquefois  chez  Ies  Grecs  un  cafque 
creufé  dans  une  tete  de  bceuf , ou  fait  en  forme 
de  tete  de  boeuf. 

Nous  propofons  aux  arcbiteéles  d'employer  ce 
mor  nouveau , pour  défigner  ces  tetes  de  boeuf 

Xxx 


530  B Ü I 

écordiées  & décharnées  qu  ils  placent  dans  les 
írifes.  Ce  rriOt  éviteroit  une  circonlocution , & 
feroit  par  coniequent  trés-utile  aux  écrivains  & 
anx  profeíTeurs.  fC  Bceuf. 

BUFFETS.  Dans  une  rr.aifon  de  Pompeí , on 
a trouvé  contre  un.  pan  de  mur  une  efpéce  de 
buffet  antique , au-deíTus  duquel  étoienr  piacées 
deux  tabletreSj  Tune  fur  Pai-tre,  pour  niettre 
¿esplats,  des  aíTiettes,  &:c.  Le  pied  étoit  fast 
¿"une  efpece  de  vepcrino , &:  portoit  une  rabie 
¿e  marbre  avec  des  boros  de  verd  annque.  Les 
rabies  étoienr  auSi  couvertes  de  marbre. 

Sur  un  grand  b.rs-reiief  de  la  villa  Albani,  qui 
a éré^détaché  d'un  tombeau  antique,  on  voit  un 
buffet  oa  garde-manger  renfermant  des  animaux 
éventrés  & pendus  á des  crochets , avec  'pluíieürs 
aurres  prcviíions  de  boliche.  Le  Recueil  des  pein- 
tiires  d’HercuIanum  nous  offre  le  deflin  d'un  fem- 
blabla  buffet. 

On  trouve  dans  la  riche  colleélion  des  pierres 
gravees  du  barón  de  Sto-Hah  une  pare  antique,  fur 
iaqueUe  eft  repréfentée  une  efpéce  de  buffet,  ou 
(comme  difenr  les  Italiens)  de  crédence , tres- 
íinguüére.  isous  aüons  la  décrire  , afin  de  donner 
au  leéleur  une  idee,  quoique  trés-foibie , des 
riches  buffets'  dont  parle  Athénée  (Deipnof.  xi. 
pag.  494,  497,  & JT'-.  pag.  142,  & V-  pag.  197, 
196,  é’c.),  & qui  briüoient  dans  la  pompe  ba- 
chique  de  Ptolomée  Fhiladelphe.  C’eíl  un  navire 
chargé  de  vafes  & de  ciíofes  qui  fervoient  dans 
les  feílihs.  Quatre  enormes  amphores  occupent 
le  poHt  aux  deux  cotes  du  mar.  Sur  la  proue  eft 
place  un  candélabre  portant  une  lampe , vers 
laquelle  une  fouris  s’efforce  de  monter  ; & fur 
la  pouppe  , on  voit  un  large  cantharus  ou  vafe-á- 
anfes-mobiles.  Une  grande  urne  tient  iieu  de  hune  j 
deux  coupes  de  Bacchus  occupent  les  extrémités 
de  Pantennes  8c  Íes  inrervalles  qui  reftent  entre 
elles  & Turne , font  remplis  par  deux  coiyles. 
Fluíieurs  meubles  enfin , font  fufpendns  á cetre 
antenne  ; J'on  y díftingue , enrr’autres , une  lampe 
& une  couronne  garnie  de  bandelettes. 

BUFONIES , fétes  qu’on  célébroir  a Athénes 
en  Thnnneur  de  Jupiter-Palien , en  lui  immolant 
un  bcEuf  5 d'oú  elles  ont  pris  leur  nom.  Voyet^ 
DlIPOllES. 

BUIS.  Les  ancie.ns  .faifoienr  un  grand  ufage  de 
Ge  bois  pour  divers  meubles  & ufteníües.  Le 
plus  connu  de  ces  empiois,  eft  d’avoir  fervi  á 
faire  les  flútes , & en  particulier  les  flútes  phry- 
giennes.  Properce  parle  des  flútes  de  buis  (4.  eleg. 
9.V.  13.)  : 

Natus  & ipfe  fuos  hreviter  concretus  in  arfas , 
JaBabat  truncas  ad  cava  huxa  manus. 

Stace  {Theb.  rm.  222.)  en  fait  auífi  mention: 

Gemina  sra  fonant  , Id&aque  terga  y 

Et  moderata  fonam  vario  fpiramine  buxum. 


B ü L 

Le  mérre  poete  en  parle  encore  {Theb.  1.  7.)  dans 
un  endroir  fur  iequel  Lutatius , fon  commentateur 
ancien  , appllque  á la  fois  le  mor  buxum  aux 
flútes  , & á la  fandale  de  bois  , fcaliüam  , quí 
fervoit  aux  muíiciens  á barrre  la  mefure  : Tibia 
vel  fcahellum  , quod  in  fatris  tihicines  pede  fcnare 
con fueverunt. 

L’ufage  des  flútes  phrygiennes  de  buis , que 
Ton  faifoit  dans  les.facri.fices  de  Cybéle,  mir  !e 
buis  fous  la  proteéiion  particuliére  de  cetre  déeííe : 
deúá  vint  Tépithére  Birécyntkie  que  lui  donna 
Uirgile  {^JEneii.  ix.  : 

Ite  per  alta 

Dir.dyma  , ubi  adfuetis  biforera  dat  tibia  cantum: 
Tympana  vos  buxufque  vocat  Berecyntkia  matris 
IdsLa. 

Les  tnyñéres  de  Bacchus  étoienr  célebres  ordf- 
nairement  avec  ceux  de  Cybéle;  c'eft  pourquoí 
Stace  appelle  (i.x.  479.)  bacchica  ces  mémes  flútes 
de  buis  : 

Citm  bacchica  mugit 

Buxas  , & infariA  maculant  trieterida  matres. 

BULBUS , furnom  de  la  farnille  Atilia. 

BULE.  Voyez  botah. 

BULEFHORE.  L'empereur  Conñantin  (/f^.  7. 
Cod. ) défigne  par  ce  nom  le  receveur-gtnéral  des 
droirs  du  fifc , appelé  ordlnairemeni:  Rationalis 
fummA  rei.  Ces  receveurs  étoienr  vétus  de  riches 
habirs  , comme  nous  Tapprend  le  paflage  fuivanf 
d'Am.mien- Marcellin  {xxii.  4.':.  L'empereur 
Julien  II,  dit-il,  ayant  fait  appeler  un  barbier, 
& voyant  entrer  dans  fa  chambre  un  homrEe 
richement  vétu,  lui  dit  avec  étonnement : je  nal 
pas  demandé  un  de  mes  receveurs,  mais  un  per- 
ruquier  : Evensrat  kis  diebus  , ut  ad  demendum 
imperatoris  capillum  tonfor  venire  prAceptus , m- 
troiret  quidam  ambitiose  vefiitus  ; quo  vifo  Julianas 
oijiupuií  : ego,  inqait  , non  rationalem  jujp. , fed 
tcnforem  acciri.  Ce  paíTage  fert  encore  a nous 
faire  trouver  Títymologie  de  hulépkore  , qui  veut 
dire , en  langage  corrompu  , porte-bulle.^  Cet  orne- 
ment  fur  en  effer  prodigué  par  les  derniers  empe- 
reurs  romains  , á des  gens  d'une  naiftance  peii 
relevée.  Uoye:^  Bulbe. 

BÜLEUTM.  Vovez  Boulxut .m. 

BULEVTERIOÑ.  V.  3ouzeutes.ios. 

BULEUTICON , C’étcit,  felón 

Pollux,  un  endroir  des  théátres  grecs  deft 
vieillards  Se  aux  magiftrats ; de  mér»e  que  i tp.ne- 
bicop.  étoit  deftiné  aux  jeunes  gens. 

BULLA,  étoit  une  marque  qui  diftinguoit  fu* 
Ies  calendriers  rcmairs,  les  jooirs  heureux 
jours  malheureux.  Bulla  défigna  peur-erre  au  -t 
parla  fuite  lecalendrier  lui-méme.Pérrone_eft 
des  écrivains  latins  qui  ait  parlé  ¡e pías  clairemá- 


B U L 

ác  cet  tlí^ge  50^-)  : -Eí  Jíí'"  be  ni,  ci-éíZS  \ 
ii-.corr^medi  ejfer^t , áijizngj.ente.  buUa.  r.ot^ia.iiur.  | 

BULLM.  Les  Romains  donnoient  ce  nom  á i 
á:s  cloiis  ¿car  !a  tete  étoit  travaillée  comine  Ies  i 
¿¿:¿¿es  que  i’oD  porcoit  pendues  au  cou  , ou  du  j 
niéiT.e  voiutne.  Cette  expücation  nous  a été  fug- 
géice  par  Texamen  des  clous  du  panthéon  que  j 
poiTédoit  ie  comte  de  Cayíus  : la  tete  de  Tun  1 
d'eux  a troís  pouces  ciaq  iignes  de  diamétre ; la  | 
tete  de  Tautre  n'a  que  deux  pouces  fept  ligues  j 
ge  la  bulle  trouvée  á Aix-en-ft:ovence  (que  nous 
tíécrirons  á i'arcic'e  Bulle)  a deux  pouces  troís 
Iignes  de  diamétre.  II  eft  tres-probable  que  cette 
relTemblance  delargeur:,  jointe  ala  relTemblance 
oa'ofrre  ¡a  convexicé  dés  clous  & des  bulles  , a 
fait  donner  aux  premiers  le  nom  des  fecondes. 

Cicéron  parle  des  clous  avec  lefqueis  on  forti- 
fioit  Ies  portes  des  temples  , & dont  les  groíTes 
tetes  dorées  formoient  un  bel  ornement  {Verr. 
IV.  56.)  : Bullas  omnes  aureas  ex  kis  vulvis  qus. 
eraut  mults. , & graves , non  duhitavit  auferre. 
Le  comte  de  Caydus  a donné  le  deflin  d’un  des 
vantaux  des  portes  du  panthéon  ^ & Ton  y voit  le 
bel  eíFet  que  produifoient  ces  clous  dores.  Nous 
lifons  dans  Plaute  {AJln.  jI.  4.  ac.)  que  les  par- 
ticuliers  en  faifoient  auíTi  garnir  les  portes  de 
leurs  maifons ; & que  Ton  avoit  un  grand  foin  de 
les  frotter  ¡ afin  de  les  tendrá  brillans  : 

Jufiin  in  fplendorem  dari  bullas  has  foríbus  nof.ris  ? 

Voyei  Clous. 

Bulz  JE,  ornement  des  baudriers.  Les  bau- 
driers  des  anciens  étoient  ordinairement  de  ciiir , 
& ils  les  forrifioient  avec  des  clous  dont  les  teres 
larges  & applaties  faifoient  un  ornement.  C'eít 
fans  doute  á ces  clous  qu  ils  donnérent,  pat  ana- 
logie  5 le  nom  bulU.  Varron  (de  Ling.  Latín,  ir. 
24.)  dic  que  le  baheus  efe  une  efpéce  de  ceinture 
de  cuir  c'hargée  de  clous  : Balteum,  cingulum  e 
cario  hullatum.  Virgile  décrivant  Idrmure  de  pal- 
laos fait  mention  des  bulU  de  fon  baudrier 
(Mneid,  xii.  942.)  : ^ 

jEí  nolis  fulferunt  cingula  bullts 
Ballanús  pueri. 

Aufone  £n  parle  auflfi  (Eidyll.  ri.  49.) : 

Et  aurasis  fulgenúa  cingula  bullís. 

Les  Romains  appeloient  bulU  des 

ornenrsens  qu'ils  portoient  pendus  a leurs  cous. 
Les  antiquaires  ont  traduit  ce  m.ot  par  celui  de 
halles,  que  nous  emploierons  á ieur  exemple. 
Nous  parlerons  d’abord  des  bulles-d  or  que  por- 
loient  les  enfans  des'patnciens  ^ & enfuite  des 
bulles  ás.  tbure  forte  de  miatiéres  qas  portoient  les 
feíKmes  & les  bomnaes  du_peaple.. 


B v>  L 5 3^ 

BuLiE-D‘cn.  Fline  {rrxjn.  I.'  d;t  que  Tcr- 
quia  rancien  ayant  vu  fon  iüs  age  de  quatorze 
ans  ttier  un  ennemi  dans  un  combar  livré  aux 
SabinSj  Thonora  d’un  éloge  devar.t  les  Romains 
aíTemblés,  & lui  donna  une  bulle- a" or,  & bulid 
aureá  dortavit.  II  ajoute  ceoeadint  cue  quelques- 
uns  ront  remonter  Porigine  des  bulles  d‘ or  au  fils 
d'HofluSj  appelé  depuis  Hojias  Hcftilius  , auquel 
Romulus  en  nt  porter  une , pour  conferver  íe  fou- 
venir  de  fa  naiífance ; car  il  étoit  le  premier  nc 
des  fabines  enlevées.  Macrobe  (5^í.  i.  c.  6.)  rap- 
portc  Popinion  commune  fur  la  pretr.iére  origine 
des  bulles-d‘or.  ce  Tarquín  Rancien  regla  , á ce  que 
Pon  croit  j que  Ies  jeunes  patriciens  Se  ceux  d'en- 
tr’eux  feulement  dont  ks  peres  auroient  exercé 
une  magiñrature  á laqueile  ferolf  annexé  le  droit 
de  chaife  enrule ^ porteroienc  une  bulle-d'or  avec 
la  robe-prétexte  Put-tnt  Prlfcum  irjii-luijfe  , ut 
patricii  bulLd  aareá  cum  toga,  cai  pnlexta  pre- 
texitur , uterentur  diaitaxat  illi , quorum  paires 
curalem  gefferunt  magijiratum. 

Ce  priviiége  fut  étendu  enfuite  a tous  Ies  leune^ 
gens  qui  portoient  la  prétexte  ^ felón  Feñus : 
Bulla  aurea  infigne  eral  puerorum  prítextatorum. ' 
L'ufage  en  commen^a  méme  á la  naiflance  de  ces 
enfans , qui  la  portoient  jufq’Ta  la  prife  de  la 
robe  virile  , ou  toge  ; c'eít-á-dir’e  , )ufqiPá  Pape 
de  quinze  ans.  Nous  Papprenons  de  ce , <veES  dg 
Plaute  (Rud.  4.  127.) 2 

Ee  bulla  aurea  efi,pater  quam  dedil  mihi  ñatah  die. 

Lorfque  les  .enfans  prenoient  la  toge  & quir- 
toient  la  bulle  de  PenfancC;,  ils  la  fufpendoient  au 
coa  des  dieux  Lares,  & leur  confacroient  leurs 
bulles.  Cet  ufage  fait«econnoítre  pour  des  Lares 
deux  Kermes  qui  font  dans  la  courdupalais  Itnpé- 
riaii  á Piom.e.  Maigré  leurs  couronnes  de  laurier 
& la  bulle  qui  pend  á leur  ccu , on  les  avoit  pris 
mal -á -propos  pour  des  Apollons  & pour  des 
Alexandres.  Perfe  fait  allufion  á ce:  ufage  (Sat. 
r.  21.): 

Cum  primím  p ávido  cuños  mihi  purpura  celftl, 

Bullaque  fuccirtciis  Laribus  donata  pependil. 

De -la  vient  Pépithete  hullati  que  Péirone 
donne  á des  fiatues  des  Lares  (c.  38.)  : Inter  hse 
tres  pueri  candidas  fuccintíi  túnicas  intraveruiit , 
auorum  dúo  Lares  bul  latos  fuper  menfam  pofueruní. 
íi  y a pluñeurs  exemples  de  ftatues  des  autres 
divinités  qui  ont  été  décorées  de  bulles-a  or.  Le 
* favant'de  Peyrefc  difoit  avoit  yu  une  bulle-d’or 
fufpendae  par  une  chame  cu  méme  metal  au  cou 
d'une  Nénus  de  mutbte  ttouvee  auptes  de  -.rmes. 
L^inícription  fuivante  rapportee  pat  Gtuter  Se 
confervee  autrefois  dans  .les  jardins  _da^  cardinal 
du  Bellei,  parle  d"une  bulle  confacrée  a Junos, 
avec  une  couue  Se  ua  trépied : 

‘ ^ * Xxx  Ij 


53^ 


BUL 

JUNONI.  PLACIDAS 
eOMSERVATRlCI.  AUGUSTAS 
CLAUDIA.  SABBATIS 
BULIAM.  D.  D. 

ADDIT.  £T.  SCYPHUM.  ET 
TRIPODEM.  FORTUNAE.  AUG> 

Ficoroni  a écrit  un  Traite  fur  une  bulle-i’ or 
írouvée  en  Itaüe , qii’il  a intitulé  Eolia  d'oro.  On  y 
trouve  une  defcription  & desdeflins  de  cet  órne- 
ment.  Voici  la  defcnption  d^une  autre  bulle-d’or , 
M,  le  préíidení  'de  Saint-Vincent  a fait  cou- 
noitre  á Tacadémie  des  infcriptions  & belks- 
íettres,  dont  il  eíi  memore. 

Le  9 aout  ijS6,  on  a trouvé  dans  la  tour  de 
rhorloge  du  paiais  d Aix-en-Provence^  que  ]'’on 
detruifoít,  une  bullc-d’ or , faite  en  forme  de  len- 
tiiie , de  deax  pouces  trois  iignes  de  diamétre  , 
& de  huit  Iignes  d'épaiíTeur  aü  centre.  Elle  étoit 
Éxée  auné  agrafíe  d"or  par  trois  crochets  de  méme 
méta! , qui  la  traverfoient.  Cette  agraffe  étoit 
píate  & large  de  deux  pouces.  La  bulle  s'ouvroit 
á chpniére.j  elle  étoit  pleine  d’une  fubílance 
humide  que  Fon  n"a  pas  examinée.  Elle  n’etoit 
compofee  que  d’une  feuille  d'or  tres-minee^,  unie ^ 
fans  aiicune  graVure  ^ fans  aucun  relief. 

Les  triomphareurs  porto  ient  aufli  la  balh-i’or 
pendant  la  pompe  du  triomplie.  Macrobe  en  eíl: 
garant  : Sulla  geflamen  erat  triumphantium , quam 
il  triumpko  J’¿  gerebant  (loco  citato).  C'étoit  j 
felón  Fopinion  commune  , un  talifman  contre 
lenvie. 

Bulles  de  toute  forte  de  matiéres.  Les  Grecs 
ne  portoient  poiat  de  bulles.  Cet  omement  n'ap- 
partient  quAux  Etrufques  & aax  Romains.  Les 
enfans  des  patnciens  portoient  feiiís  des  bulUs-d'or; 
inais  ceux  des  autres  citoyens  libres  ou  aíFraiichis 
en  portoient  de  diírérente  m.atiére.  Nous  Fappre- 
nons  du  feholiafte  ce  Juvéna!  {Sat.  v.  iby.),qui 
dit  que  les  bulles  étoient  le  fymbcle  de  la  liberté  ^ 
& que  les  pauvres  en  portoient  de  cuir  ou  pen- 
dues  á une  laniére  de  cuir  : Antiquitus  nobilium 
jpueri  bullas  áureas  kabebant  : pauperum  de  loris  , 
ygíiam  lihertatis.  Voici  les  vers  du  fatyrique  fur 
kfquels  le  fcholiaíie  s'exprime  de  la  forte  : 

Etrufeum  puero  Ji  contzgit  aurum, 

V el  nodiis  taatum  á?  fignum  de  paupere  loro. 

Ges  bulles  étoient  creufes  ^ & on  Ies  rempliííoit 
de  matiéres  auxquelles  on  artfibuoit  la  vertu  de 
détraire  les  iníluersces  de  Tenvie  ou  de  reílfter  aiix 
fouhaits  des  ennemis^  de  préferyer  des  maux  phy- 
Éques  & paoraux , Src-  Ceiies  que  Ton  conferve  - 
dans  le  cabiner  de  Sainre-Géneviéve  ont  peut-étre 
rentermé  des  parfums ; car  eiles  font  pereces  de 
plufieurs  trous,  comtiie  Ies  c-aíTorétes. 

L*s  femmes  grecques  ne  portoient  poinc  de 


BUL 

bulle  pendue  au  cou.  Cet  ornement  n’anpartieut 
qu’aux  Romains,  á la  grande  veftale  er/partica- 
lier.  Le  fculpteur  aneien  dhin  farcophage  de  la 
villa  Albani , qui  a repréfenté  les  amours  de 
Phédre  & les  dédaíns  dTiippolyte,  a donné  mal- 
á-propos  une  bulle  á cette  infortunée  belle-mére, 
ui  vivoit  dans  Ies  tems  héroíques.  Mais  Ferreur 
’un  peintre  chrétien  qui  en  a donné  une  á Éve 
fur  un  verre  peint  du  vatican  {Buonar.  ejf.  fep.  ale. 
vetr.  tav.  1.  p.  ii.),  eft  encore  plus  évidente. 

Le  cabinet  de  Sainte-Géneviéve  renferme  une 
petite  bulle  de  bronze  entiére,  & la  plaque  d’una 
íeconde  de  méme  metal.  La  premiére  eft  qvale; 
elle  a environ  dix  Iignes  de  loFgueur  & quatre 
d'épaifléiir.  Une  charniere  placee  au  fommet  de 
Fovale  que  préfente  cette  bulle  , en  réunit  les 
deux  parties.  On  voit  fur  la  plaque  du  deíTus  Ies 
tetes  de  Domitien  & de  Domitia  fon  époufe. 
Ces  deux  tetes  font  en  relief  d"un  coré,  & en 
creiix  de  Fautre  ; en  forte  qu"on  voit  évidemment 
qa'elles  ont  cté  repouíTées  avec  un  outii.  Sur'  Ij 
feconde  plaque  de  bulle  qui  eft  dans  le  mérae  cabi- 
net j Se  qui  rcffemble  en  tout  á la  premiére  par 
la  matiére  , Ies  dimenfions  & le  travaü,  on  a cru 
reconnoitre  Néron  enfant  dans  une  tete  de  jeune 
homme  qui  y eft  en  relief.  Derriére  cette  tete 
paroit  une  efpéce  de  foiiet,  & on  lit  au-deffou* 
ICALOS.  La  forme  de  Fovale  terminé  d'un  cote 
par  une  pointe  un  peu  émouíTée  qifoifrent  les 
deux  bulles  án  cabinet  de  Sainte-Géneviéve,  fert 
á expliqiier  le  paíTage  fuivant  de  Macrobe.  Cet 
écrivain  dit  (Saturn.  i.  6.)  que  la  figure  d'un  coeur 
expriraée  ívezh. bulle  des  enfans,  eft  deñinée  á leur 
appre.ndre  qu'ils  feront  hommes  lorfque  leur 
coeur  fera  formé  : Nonnulli  credunt  ingenuis  pueris 
attribuLum  , ixt  coráis  figuram  in  bulla  ante  pelius 
annecterent  q quam  znfpici entes  , ita  demum  fe  ko- 
mines  cogitarent  , fi  corde  pr&fiarent.  Macrobe  dc- 
fignoit  peut-étre  cet  ovale  par  les  mots  coráis- 
figuram q car  on  ifa  point  encote  trouvé  áe.. bulle 
qui  eút  la  forme  exaéfe  d’un  coeur. 

Le  comte  de  Caylus  a décrir  deux  bulles  qu’il 
pofíédoit.  Voici  fes  paroles  (Rec.  a’anüq.  i-e.pL 
í)0.  n.  l.x.  fi). 

« Gn  doit  mettre  dans  le  rang  des  amulettes 
les  bulles  de  Fefpéce  de  ceüe  que  préfente  ce 
numero,  & dont  la  matiére  étoit  de  méta!.  Leur 
forme  ovale  & pointue  á une  de  fes  extremites, 
étoit  afiez  agréable ; le  deííus  tencit  d’un  coté 
au  fondpar  un  mouvement  de  charniéréj  la  pointe 
étoit  árrétée  , & ne  s'ouvroit  qn'á  vo'tente.^  Le 
.numéro  3 rend  toutes  ces  circonñances  fenílbies  ; 
cette  efpéce  de  boíte,  dont  le  deíTus  ou  le  cou- 
vercle  étoit  orné  ce  toutes  les  figures  gravees  ou 
de  rehef  dont  on  vouloit  Fembellir,  rentermoit 
un  objet  de  fiiperftition  , & rr.ettoir  en  etat  de 
la  poner  commodément  fur  la  poitnne.  La  halle 
attacháe  á une  gance  -paíTée  autoiir  du  cou_, 
étoit  portée  comme  Ies  bulles-ct or  dont  on  pArO;' 
Ies  enfans  nobles.  Les  Romains  paroiíient  avoir 


BUL 

inventé  C£tte  forme  át  huJie-,  dn  moins  on  n’en 
trouve  pas  d exemples  oans  les  monumens  grecs”. 

11  dir  de  la  feconde  {isid.  ill.  pl.  Si.  n.  lO  : 
« Ce  morcep  ddvoire  eft  une  bulle.  Elle  íft  bien 
íieílinee  j bien  travaillée  , & díípofée  agréable- 
menr.  Elle  reprélente;,  fur  le  cóté  principal,  le 
bulle  d un  entanr  avec  des  anes  5 la  tunique  fe 
termine  autour  du  cou  en  efpéce  de  fraife  , Se  le 
bas  eíl  terirdné  par  des  pommes-de-pin  Se  d’autres 
fruíts.  On  \mit  au  revers  la  iettre  grecque  © , 
placee  au-delíiis  de  ces  caracteres  romains  viiii, 
qifon  ne  peut  expiiquer , ce  me  femble  , qa’en 
diiant  que  cet  enfant  eft  mort  á l'age  de  neuf 
ans.  II  eft  á préfumer  que  fon  pete  ou  fa  mere, 
coaduits  par  un  fentiment  de  tendreíle , avoient 
fait  fertír  cetre  petite  bulle  pour  la  porter  au 
GOU5  & qa’en  mourant,  ouaprés  s’étre  confolés  , 
ils  I avoient  dépoféc  tians  la  petite  urne  oii  on  l’a 
trouvée,  á Rome.  Cette  annquité  peut  erre  mife 
au  rang  des  monumens  que  Ton  trouve  rare- 
Kient 

Spoil  a pubüé  {hliCcellar..  Erudit.  antzq.')  pla- 
íeurs  dedms  de  figures  qui  portent  des  bulles. 
On  en  volt  une  mieux  exprimée  fur  un  bas-relief 
de  la  villa  Paruifili , que  Winkelmann  a pubhé  & 
expliqué  dans  fes  Monume/zü  inediti  , n°.  185). 

Bulles.  On  doana  ce  nom  aux  fceaux  da 
nioyenáge.  Fbyrj  Sceaux. 

Bulles  des  papes.  On  déíigne  Tous  ce  nom 
Ies  lettres  de  la  chanceliene  romame  , fceiiées  en 
plomb  , qui  réponder.t  aux  édits,  lettres-patentes, 
proviíions  & autres  orJonnances  des  priaces  fé- 
cuhers.  La  diíférence  qu’il  v a entre  les  bulles  , 
■íes  brefs  & les  autres  refcrits  apoíloliques  , eft 
que  ces  derniers  ne  font  fceiíés  qifeii  cire  & 
avec  l anueau  du  péehcur ; tandis  que  les  pre-  * 
mieres  le  font  toujours  en  plomb.  Comme  les 
¿ü/Zaj  des  papes  forment  ¡a  fuire  dadles  du  moyen 
2ge  , la  plus  longue  & la  plus  intérefírnte  qui 
exifte  par  rapport  á rHiíloire  & á la  Diploma  ■ 
tique  j nous  nous  croyons  obiigés  d'en  faire  un 
arricíe  trés-étendu.  Malgré  Jes  anathémes  lancés 
par  les  papes  contre  íes  íáuff’ji'es  qui  oferoient 
co.ntrefaire  ou  íaliífíer  leurs  bulles  , il  y a p'u- 
feurs  de  ces  adíes  que  les  Dipiomatiíles  onr  re- 
jetes  d’apres  certains  principes  & certaines  regles 
conyeiiues.  Nous  allons  inférer  ici  ces  regles  relies 
qa  eiles  ont  été  réformées  par  les  favans  £éné- 
difcXins , auteurs  de  la  aouvelíe  Dlplomutique. 

í'^oiivelles  regles  genérales  fur  les  bulles  des 
■papes, 

I- 11  .n’eíl  pas  vraifemblable  qrfil  exilie  encore 
£n  origina!  quUqu’ancienne  bulle  faulTe.  Vovez 
Rfexions  fur  les  regles  & 1' ufsge  de  la  Critique 
Honoré  de  Samte-Irlarie.  Tome  1.  vuees 
iSi.  Z83. 


BUL 


5^5 

oa  noint  de 


CorcUaire.  11  dcit  exiller  p; 
bulles  faulfes  en  original. 

II. _ Les  papes  fuppofent  & déclarent  méme 
dans  ieurs  W/ca  qa-il  eft  cráinairement  aifé  de 
diicerner  íes  faulfes  des  véritables  , & de  recon- 

”°iTT^  qu  on  y aiircit  commifes. 

ill.  ii  eu  Días  taciie  de  conilarer  la  taulleté 
des  buCes  anciennes  , que  de  ceües  aui  font  re- 
centes, lorfque  ceiles-lánontpas  été  fabriquées 
par  des  impoíteurs  conremporains. 

•iX'  '!  pas  diíEcile  de  ma- 

niteítcr  la  fauilete  des  bulles  , méme  recentes 

V.  Toutes  les  bulles  fauíTes  ne  font  pas  fup- 
poíees. 

VI.  On  ne  doit  pas  préfumer  le  faux  dans  Ies 

= , . accordant  que  des  graces  ordinaires, 

s obtiennent  aifément. 

f rb  n eft  poínt  de  bulle  íauíTe  qui  ne 
puiffe  ctre  convaincue  , foit  par  le  ílyle  , foit  par 
la  forme  de  récriture , foit  par  la  qualíté  du 
parcheTim. 

Vlií.  Le  fceau,  le  fil , le  parchemin  & le  ílyle, 
peuve.nt  également  proa  ver  ia  vénré  & la  fauíferé 
d une  bulle. 

IX.  Ce  n eíl  pas  une  régle  fúre  pour  tous  les 
ñecles  , que  les  évéques  foient  tonjoars  traites  , 
oans  íes  yraies  bulles  , de  fréres  par  les  papes  , 

que  ceux-ci  n’ufent  jamais  du  pluriel , en 
adreíTant  la  parole  á une  feuJe  perfonne. 

X.  Une  faute  gro .T¡ere  contre  la  bonne  latinité, 
peut  bien  rendre  une  bulle  nuile  5 mais  elle  ne  la 
convainc  pas  de  faux. 

_ XI.  Des  textes,  méme  de  l’Ecrirure-fainte,  maf 
cues  , ne  fuíñroient  pas  pour  prouver  la  faulfetc 
d’une  bulle. 

Xil.  Des  ^ bulles  pollérieures  aux  loix  qui 
prefcrivent  qu’on  y emploiera  ou  qu’on  n’y  mettra 
pas  en  ufage  un  certain  ftyle  , peuv'ent  erre  nuiles 
pour  s’érre  écartées  de  ce  ílyle,  ou  pour  ne  lavcir 
point  fuivi ; mais  d’en  prendre  occafion  de  les 
traiter  de  faulfes , c’eíl  queiquefois  un  partí  qui 
n’eíl  pas  foutenabie. 

Xlíl.  Une  bulle  qui  fe  trouve  dans  le  regillre 
du  pape,  dont  eüe  porte  le  nom,  doit  paíTer 
pour  inconteítable.  Giben  , Corp.  Jur.  Canon,  t. 

I.  p.  4651.  n.  9. 

XIV.  Les  bulles  inférces  dans  les  colleéllorts 
authentiques,  doivent  erre  repues  comme  authen- 
tiques  cües-mémes  , indépendamment  de  tout 
examen. 

XV.  On  n’eíl  point  en  droit  d’exiger  la  repré- 
fentadon  des  bulles  en  original,  & de  reieter 
leurs  copies  authe.ntiqaes  , fous  urétexte  qu’on 
ne  peut  verifier  fur  celles  - ci  les  regles  établies 
parles  confíitutions  pontificales , pour  faire  le 
difcemement  entre  les  bulles  vraies  & fauíles. 

Xr\’I.  L’anriquite  des^  privüéges  d’exemptioa 
accordf's  auxabbayes,  méme  fansaucune  réferve, 
rfeíí  point  un  moyea  legitime  ¿e  fufpicicn. 


5 34 


BUL 


XVÍI.  Une  bulh  dtcoree  des  priníéges  en  fa- 
veuT  á'un  monaítcre , fans  dérogation  au.  concile 
de  Chalcédoine  , ne  doic  paSer  ni  poar  fauíTe 
ni  poiir  fufpedie. 

XVÍÍÍ.  Des  hülics  qui  ne  font  rd  racléés , ni 
effjcées  en  partie  , qui  ne  laifíenr  voir  nul  défaut 
dans  le  parchemin  ^ le  ítyle  , le  fil  „ le  iceau  , & 
qui  ne  contiennent  rien  de  honteux  rd  ddnjufte  3 
doivent  erre  admifes  en  jaftice  fans  aucune 
dificulté. 

XIX.  C'eñ  une  fauiTe  régle  d’avancer  que  des 
bulles  3 quoique  datées  de  íiécles  différens , font 
l'ouvrage  d'un  iinpoíieur  ; lorfqu’on  y trouve  les 
mémes  phrafes  3 les  mémes  préanbules  3 .les 
mémes  mots  3 les  mémes  raifonnemens. 

XX.  De  toutes  les  preuves  de  fauíTeté  3 fur- 
tour  en  fait  de  bulles , celle  qui  établit  la  fauf- 
feté  des  dates  3 n’eft  ñas  la  plus  concIuante3  á 
moins  qudi  ne  foit  queíHon  d’originaux  3 & que 
kur  fauífeté  ne  foit  ordinairement  vérifiée  fur 
piuíieurs  dates  3 dont  Tetreur  feroit  intolerable  & 
mardfeñe. 

XXL  Queique  l’auteur  de  la  glofe  fur  les 
Decrétales  t!ennepourfau.x  tout  inftrument  dont 
iindiétion  eft  fautive  > cette  régle  eñ  fujette  á 
bien  des  méprifes. 

Corollaire.  On  peut  en  dire  autantj  á plu- 
íieurs  égards  3 des  autres  dates  3 & particuliére- 
nient  de  celle  de  rincarnation. 

XXIL  II  n'eít  point  vrai  que  les  bulles  datées 
de  Rome , commenqaíTent  toujours  Tannee  de 
rincarnation  á Noel  3 ou  bien  au  premier 
Janvier. 

XXÍII.  On  ne  doit  pas  conclure  qu’une  bulle 
eíl  fauífe  ou  fufpedte  3 parce  qu'elle  ell:  íignée  de 
queique  cardinal  qui  ne  fe  trouve  point  dans  les 
iiíles  imprimées. 

XXiy.  La  ’différente  orthographe  des  mémes 
nomSjen  diverfes  iignatures  faites  par  les  mémes 
perfonnes  3 eil  une  preuve  frivole  de  la  fauíTeté 
des  bulles. 

XXV.  Üne  bulle  devroit  erre  regardée  comme 
fauííéjíij  comparaiíbn  faite  de  fon  fceau  avec 
cenx  d'un  grand  nombre  de  piéces  originales  du 
HieTie  pape  , il  ne  leur  reíTembloit  prefqu  en  rien. 

XXVI.  Une  bulle  doit  paroítre  fufpecle  , lorf- 
que  fon  fceau  n'eíl  pas  égai  3 mais  plus  enfli  en 
quelques  endroits  3 & en  d'autres  plus  enfoncé. 

XXVII.  Des  points  oubKés  3 des  fceaux  mis 
de  travers  3 & autres  défauts  femblables  j ne 
prrouvent  rien , ni  contre  la  vérité  3 ni  contra 
Tautorité  d’une  bulle. 

_ XX VIH.  II  ne  faut  pas  rejeter  une  bulle  á 
cau.^e  d’une  date  ou  d’une  formule  unique  & fans 
exemple  3 dans  les  lettres  des  papes  ; pourvu  que 
cette  date  ou  cette  formule  ne  foit  pas  totale- 
ment  éloignée  de  l’afage  & du  génie  du  tems. 

XXIX.  Des  bulles  qui  feroient  accoider  par 
le-s  papes  des  droits  dont  on  feroit  fur  qa’iis  ne 


E U L 

s’aítribuoient  paS  enc’ore  la  difpoíirion  3 feroie.nt 
pour  ie  moins  trés-fufpeftes. 

XXX.  De  ce  qu’u.ne  h:ilU  eíl  conrradictoire 
d’une  feconde  bulle  da  mame  , ou  d'un  autrs 
pape  3 il  ne  s’enfuit  pas  qu’éiíe  foit  fanfíé. 

Corollaire.  Deux  bulles  contradicíoires  peu- 
vent  étre  vraics. 

XXXL  Deux  bulles  authentiques  peuvent  étre 
contradicíoires. 

XXXIL  Une  bulle  qui  a perdu  fon  fceau. 
mais  de  Texiftence  duquel  d'anciens  monumens 
rendenc  témoignage  3 ne  doit  rien  petare  de  fon 
audisnticité. 

Regles  parúculieres  fur  les  diferentes  ejpeces 
de  confitud-ons  ou  lettres  apoñoUques  ¡ & 


r. 


’ur 


l’écTÍture  6*  lefiyie  des  bulles. 


I.  Les  privüéges  & bulles  - pancartes  ont  des 
caraóléres  diíFéréns  des  limpies  bulles  3 ou  decré- 
tales j fur-tout  depuis  le  dixiéme  íiéclcj  jufqu’en- 
viron  ie  quinziéme. 

II.  Les  premieres  ne  doivent  pas  éíre  fufpeíles 
á cauíe  de  leur  antiquité. 

III.  Quelques  variations  qu’on  remarque  de- 
puis le  milieu  du  neuviéme  fiécle  jufqu’au  mi- 
lieu  du  onziéme  dans  les  bulles  , foit  pancartes 
ou  non  3 dans  leurs  d.ues3  leurs  formules  3 les 
titres  qu’y  prennent  les  papes  3 que  leur  donnent 
les  notaires  3 ou  que  ces  derniers  s artriouent  a 
eux-mémes ; rien  de  toar  cela  ne  peut  convaincre 
ces  piéces  de  fauX3  a moins  qu  elles  ne  renferme.it 
Ies  caraéíéres  des  íiécles  précédens  ou  fuivans  3 
ou  que  leurs  variations  ne  ptiiiTent  convenir  aux 
lettres  aDoíloIiques  d’aucun  age. 

IV.  Une  ¿a//e-pancarte , qui  3 depuis  le  milieu 

du  onziéme  liécle  jurqu  auquatorziéme  3_n’auroit 
ni  la  foufcription  , fervus  fervorum  Dei ; m Ja  , 
claufe  3 iu  perpetuv.m  ¡ ou  falutem  & Apopoli.afn 
henedidionem  ; ou  tdr/z  préfenúbus  quam  fturis^, 
&c.  3 ni  pour  le  moins  Ies  menaces  3 fon  de 
diétion,  foit  d’excotnímirjicatsGn  , foit  la  va- 
lere des  BB;  apdtres  Saint  Fierre  & oaint . auc, 
ni  la  conclufion  Amen  ; ni  la  faiutation 
lete  ¡ ni  une  ou  deux  formules  des  dates  -o 
la  premiére  feroit  de  la  faqon  d’un  notaim 
naire  ou  archiviile3  Scc.  > í’autre  3 du  ' 

caire  3 chancelier,  ou  vice-chancelier ..  vice-ca 

rier  3 &c. ; du  íiése  apoftolique_3  ou  de_  la  1 - 

églife  romaine  ; ni  la  date  du  lieu  , m 

jour  des  calendes , &c.  5 ni  l’année  du  p igj 

de  l’indiction  3 de  l’Incarnatíon  , ni  -es  les 

concentriques  , ni  la  fentence  ou  díviie,.  - 

lacs  de  foie  , de  cuir  ou  de  chanvfe  3 

diflférens  fiécles  5 ni  fur  le  fceau*,  la 

pape  3 ni  celles  des  apotres  S.  ’ ’ Uqu 

avec  leurs  tetes  ; une  pancarte  ,,  j 

déla  plupart  de  ces  carucléres, 

auquel  elle  feroit  attíibuée  3 parut-eJe  ■.>*  =** 


BUL 

ei!e  n en  devroir  pas  moins  paíTer  pour  faugé. 

\ . Ce^eroir  une  iníigne  rnépriíe  ^ que  de  rejc^ 
terdes  bulks  de  conceíEon  ou  de  cqnSrmation  de 
priyüéges,  país  non  en  forme  de  pancartes;  fous 
pretexte  qu’elles  feroient  dépourvues,  en  quelque 
retr.s  que  ce  foit,  de  cerclesj  de  monogrammés, 
de  fentences,  d'un  ou  de  pluíieurs  amen,  des 
dates  de  rincarnation  ^ de  Tindiction  ^ Se  méme 
du  pontificar  , jufqu  en  1 1 8S. 

VI.  Une  halle  non  expédiée  en  forme  de  privi- 
]ége  ou  de  pancarte,  & néanmoins  reyetue  de 
tnonogrammeSj  de  íignatures  5r  de  dates  d'année:, 
depuis  le  milieu  du  douzíéme  fiécle,  jufqu’aDrés 
la  mort  d'Alesandre  IIÍ , deYtoit  étre  regarde'e 
comsie  fauíTe ; rr.ais  fi  elle  ne  renfermo!tf"qifun 
de  ces  trois  caracteres  ^ il  fufEroit  de  la  conápter 
parmi  les  trés-fufpeíles. 

\íl.  Depuis  le  douziéme  fiecIe  irscluíivement, 
les  halles  plus  ou  moins  folemnelles  ont  des  ca- 
rafiéres  propres  & diírinciifs. 

Corollaire.  I.  On  ne  doit  ni  ccnfondre  ces 
halles , ni  edger  des  unes  les  caradteres  particu- 
liers  aux  autres. 

Corollaire.  II.  Il  eíf  abfurde  de  Ies  teñir  pour 
fauíTes  ou  rafpedteS:,  parce  qu'elles  ont  Ies  carac- 
teres qui  leur  font  propres  , Se  qu'elles  n"ont  pas 
ceax  qui  leur  font  étrangers. 

VIII.  On  ne  fauroic  diftinguer  au  douzieme 
íiécle  les  limpies  ¡ettres  des  papes  de  leur  halles 
juridiques,  que  par  leurs  claufes  comminatoires ^ 
dérogatoireSj  conditionelleSj  &c. 

IX.  On  n’a  pas  befoin  de  recourir  aux  titres 
originaiiXj  pour  s’affurer  qu’au  douzieme  íiécle 
Ies  bulles,  non  coníiftoriales  n'étoient  munies  d’au- 
cime  íignature,  & que  prefque  toutes  ne  por- 
toient  point  d’autres  dates  que  celles  du  lieu  & 
du  ’our  du  mois. 

Corollaire.  Quand  méme  les  halles  renferme- 
roient  quelque  priviiége,  on  ne  pourroitrien  con- 
clure  contfeiles  , ni  du  défaut  de  íignature,  ni  de 
kur  petit  nombre  de  dates , pourvu  qu'elles  ne 
fuílent  pas  revétues  de  la  forme  propre  des  pan- 
cartes. 

X.  La  fuppreffio.n  des  fignamres  des  cardinaux^ 
des  dates  de  rincarnation  & de  findiction  ^ des 
cercas  & des,  monogrammes , ne  fuíEt  pas  pour 
rendre  fufpecte  une  halle  coníiítoriaie,  mais  non- 
pancarte , ni  en  forme  de  privilége  : principale- 
tnent  depuis  le  milieu  du  treiziéme  íiécle  jufquku 
euinziéme. 

XI.  Des  brefs  revétus  de  toutes  Ies  formalités 
proores  de  ces  fortes  de  conñitutions  , Se:  parri- 
cuiierement  de  la  claufe  fub  annalo  pifeatorís , 
ieroient  trés'-fufpects  de’faux  avant  Eugene  IV  j ^ 
pourvu  qu’on  en  exce’pte  le  feeau  Se  le  commen- 
cement  de  la  fufeription. 

_ XIL  ün  bref  fab  figneto  fecreto  , OU  fub  ar.nulo 
P‘jcatoris  , fcellé  en  píomb  á la  maniere  de  ^halles , 
ktoit  pour  cela  feul  convaincu  de  faus 


BUL 


535 


Pie 


Xill.  Le  feeau  mis  á parr  , íes  brefs  dkvanr 


ne  feroien 


s ñifpedts  p.it 


qu  on  n 


auro;t  pas  obferv'e  ía  forme  dont  iis  font  commu- 
nément  revétus. 

XIV.  L’omiflion  de  la  formule  fab  annalo  pif- 
cdions , nkft  pas  fuffifante  pour  faite  furpeíter 
un  bref  noílérieur  á Fie  II. 


XV.  Une  halle  fceilee  du  feeau  da  pécheutj 
fur-tout  depuis  le  milieu  du  nuinzieme  iiécIe , 
feroit  fauiTe,  á moins  qub'l  n’y  fiit  declaré  poíiti- 
vement  qu"on  a aro  ir  été  obligó  de  s’en  fervir  pour 
quelque  raifon  importante.  Avant  cette  époque, 
une  femblable  halle  feroit  trés-fufpecte. 


XVI.  Les  cor.ñitutions  appelée’s  motús  -roprii , 
feroient  fufpeótes  avant  Je  milieu  du  quinziéme 
fiécle. 

XVJI.  Un  motas proprías  fcelié  , foit  en  plomo  , 
á la  maniere  des  halles,  foit  en  cite  rouse  avec 
l'empreinte  du  feeau  du  pécheur  á la  maniere  des 
brefs  j feroit  faux. 


Regles  fur  l’écriture  & h Jtyle  des  lettres. 

I.  Ti>es  halles , pour  étre  terites  en  tout  ou  en 
partie  avéc  des caraítéreslombardiaues ^ ne doivent 
pas  étre  fufpedtes  avant  le  milieu  du  douzieme 
fiécle. 

II.  L’écriture  gothique  eft  depuis  long-tems 
particuliére  aux  halles. 

III.  L’écritUTe  italique  eíi  la ,feule  qu!  foit  re^ue 
dans  les  brefs- 

iV^.  Quelqu’humble  & civil  que  íbit  le  ílyle 
des  halles  des  neufpremiers  fiécJeSj  on  rPen  peut 
riea  conclure  contre  la  vérité  de  celles  oú  íl  eft 
employé  depuis  cette  époque. 

V.  Lufage  du  plurieldans  les  lettres  des  panes 
ou  ils  ne  parlent  qu’á  une  feule  perfonne  , ne  dott 
point  rendre  ces  pitees  íufpecres  avant  le  milieu 
du  dóuziéme  íiécle. 

V'’I.  Depuis  le  cinquiéme  fiécle  jufqü’au  neu- 
viéme,  & méme  aii-delá,  une  lettre  dans  fequelle 
le  pape  5 adreíTantla  parole  aun  empereur^  n'ufe- 
ro’t  pas  au  moinsquelquefois  dupluriel , feroit  fuf- 
pecte  j fi  ce  nkft  qu’elle  fut  extrétnement  courte, 
ou  que  Tempereur  ne  fut  hérétique  ou  fchifma.3 
tiqne , ou  fauteur  de  fectaires  , 011  coupable  de 
quelque  crime  public  qui  lui  auroit  attiré  la 
correítion  du  pape. 

VIL  Depuis  le  milieu  du  dóuziéme  fiécle  juf- 
quku  pontificar  d'Innocent  III,  des  halles  oii 
Fon  parleroir  au  pluriel  á une  feule  parfonne  , 
devroienr  paíTer  pour  tres  - fufpecfes , & poui: 
fauíTes  depuis  fon  avénement  au  faint-fiége. 

VIIL  Le  nom  de  fils  donné  par  le#  papes  aux 
empereurs  avant  le  milieu  ¿u  cinquiéme  fiécle  ^ 
fercit  fufpecier  les  lettres  des  premiers. 

IX.  A compter  du  neavieme  fiécl*  jufquku 
douzieme  , la  denomination  de  fils  attribuée  par 
Ies  papes  aux  cvéques  dans  Ies  letiie  qu'iís  lear 


5 3 BUL 

éciirent,  n’efi;  peine  contr^elles  un  moren  lég:- 
time  de  fuí'penlion. 

X.  La  qualité  de  fils  appliquée  dans  Ies  lettres 
des  papes  á des  évéques  qui  n*aiiroient  point  cté 
de  leurs  difciples  ni  de  leur  clergé  j feroit  contre 
eües  un  moren  de  faux  durant  les  huit  premiers 
íiecies  8c  les  cinq  derniers. 

XI.  Les  titres  de  fontífes , de  mhrovoUtams , 
de  fouverains  prélats , áéférés  á quelqiies  évéques 
ciecertains  íiéges  diílinguésj  par  íes  papes,  méme 
lies  la  fin  du  quatriéme  fiécle,  ou  le  commence- 
ment  du  cinqiiiéme  , ne  fournifTent  contre  les 
lettres  de  ceux-ci  nul  pretexte  de  les  regarder 
comme  faulTes  ou  fufpeñes , pourva  que  ces  titres 
:ae  ídient  pas  renfermés  dans  la  fufeription. 

XII.  Le  titre  á’ arcktvéque  donné  á quelques 
prélats  au  fixienie  & au  fepriéme  íiécle , & méme 
des  la  fin  du  cinquiéme  , dans  les  lettres  des  papes , 
ne  doit  pas  les  rendre  íufpeéies. 

XIII.  Jufqu'au  treizieme  íiécle , nulle  bulle  ne 
doit  étre  réprouvée  parce  qii'elle  appliqueroit 
aux  évéques  i’épithéte  dilecíus  ou  d¡lecli0mus  ¡ 
mais  depuis  certe  époque,  ce  feroit  un  ligne  de 
faux. 

XIV.  Le  titre  de  tres-faint  déféré  aux  évéques 
par  les  papes,  méme  dans  la  fufeription  de  leurs 
halles , ne  peut  les  rendre  fufpeéies  que  depuis  !e 
onziéme  fiécle,  & les  convaincre  de  faux  que 
depuis  le  douziéme. 

XV.  Les  bulles  qui  ne  déíignentque  parla  pre- 
miére  lettre  de  leur  nom  les  perfonnes  á qui  ou 
Qoni  elles  parlent  , ne  font  pas  pour  cela  fuf- 
peñes.  . 

XVI.  Üne  - pancarte  qui  ne  feroit  pas 
terminée  par  un  ou  plufieurs  amen , aux  onziéme  , 
douziéme,  treizieme  & quatorziéme  liécles,  ne 
feroit  pas  á Tabri  de  tout  foupqon. 

XVIL  Qaoique  l'invocation  á la  tete  des  bulles 
foit  rare,  ce  rfeíl  pas  un  vice  qu’on  puiíTe  leur 
reprocher ; íi  ce  rfeíí  depuis  le  douziéme  íiécle. 

XVIlI.  \jp.t aballe  de  pape  qui  fe  qualineroit 
bulle , fur-toüt  avantle  treizieme  íiécle,  paroítroit 
fufpeéte. 

B.eghs  fur  les  titres  ou  fuferiptions  desbulles ^ 
fur  leurs  claufes  pénales  £’  commina- 

toires. 

I.  Ce  rfeft  que  plus  de  deux  cents  ans  aprés  que 
les  papes  commencérent  á ehanger  de  nom , qu'on 
pourroit  rejeter  leurs  bulles , s’iís  y prenoient  en- 
core celui  qu’ils  portoient  avant  leur  papauté. 

II.  Ce  ne  feroit  pas  un  moyen  de  faux  avant  le 
neuviéme  íiécle , ni  de  fufpicion  depuis , íi  Ies 
papes  marquoíent  dans  leurs  bulles  le  rang  qu’üs 
tenoient  parmi  leurs  prédéceííeurs  de  méme  nom. 

_ JII.  On  ne  doit  pas  teñir  pour  fufpeéls  aux  trei- 
aieme  Se  quatorziésns  íiécles , Ies  teferits  dont 


BUL 


les  faferiptions  commencent  par  le  nom  nroor» 
des  pontifes  romains,  fuivi  de'celui  du  oañe  ’U 
du  chiífre  ou  du  nombre  qui  denote  leur  rañ? 
parmi  leurs  prédécefl'eurs  de  méme  nom.  **  '* 

IV.  Depuis  la  fin  du  onziéme  lléele,  une  bulU 
oü  !p  nom  du  pape  feroit  placé  aprés  le  nom  de 
celui  en  faveur  duquel  elle  auroit  été  expédiée 
devroir  ordinairement  paífer  pour  trés-fufpefie.  * 

V.  On  ne  fauroit  rien  conclure  de  l’omiffion 
d’epifcopus,  méme  avant  fervus  fervorum  Del,  dans 
la  fufeription  d'une  bulle  antérieure  au  onziém- 
íiécle. 

VI.  De-la  en  avant  on  na  peut  ríen  inférer  non 
plus,  de  ce  que  le  titre  de  pape , ou  celui  d’éyéque , 
ferviteur  des  fervheurs  de  Dieu  , auroit  été  ómis  , 
lorfqueJ’un  fe  trouve  fubílitué  á Tautre. 

VIL  Le  titre  de  pape  pris  á la  tete  des  lettres  ou 
bulles  pontificales,  ne  fuíEt  pas  pour  les  enn- 
vaincre  de  faux  en  quelque  fiécle  que  ce  foit ; 
mais  il  pourroit  contribuer  á les  rendre  fufpeétes 
avant  le  milieu  du  quatriéme  fiécle. 


Vlil.  Les  titres  des  lettres  apoíleliques  des  fep- 
tiéme  ou  huitiéme  premiers  íiécles , ne  font  point 
fufpects  d’altération ; parce  que  le  nom  propre 
des  papes  y oceupe  le  premier  rang  , fans  étre 
fuivi  de  celui  de  leur  dignité. 

IX.  Une  bulle  oú  le  paoe  ne  fe  donneroit  point 
d^autre  titre  que  celui  d’évéque  de  la  ville  de  Réme  , 
feroit  rufpeéte , íi  elle  étoit  poftérieure  au  dixiéme 
fiécle  ; & communément  fauíTe  , fi  elle  fétoit  au 
onziéme. 

X.  Les  lettres  apoftoliques,  fok  antérieures  au 
feptiéme  fiécle  , foit  poíiérieures  au  onziéme , 
dans  lefquelles  le  pape  fe  qualifieroit  lui-méme 
apofiolicus  , feroient  trés-fufpeéies  av'ant  le  íixiéme 
fiécle ; aprés  le  miüeu  du  douziéme , eiles  de- 
vroient  étre  regardées  comme  fauíTes. 

XI.  Quoique  ce  titre  foit  fpécialemenr  propre 
au  dixiéme  íiécle , fans  exclufion  néanmoins  des 
deux  qui  ié  précedent,  & de  celui  qui  le  fuir,  il 
ne  fe  rencontre  pas  dans  le  plus  grand  nombre  des 
priviíéges  du  dixiénre. 


XII.  Les  bulles  ou  lettres  apoñoliques  des  fíx 
premiers  fiécles,  dans  lefquelles  les  papes  préde- 
ceíTeurs  de  S.  Grégoire,  fe  feroient  dits  ferviteurs 
des  fervheurs  de  Dieu  , nous  paroítroient  pour  le 
moins  trés-fufpefles. 

XIIL  Dans  Tintervalle  du  íixiéme  au  fept’.éme 

fiécle,  l'omiílion  du  titre  ferviteur  des  ferv¡teurs 

de  Dieu,  n’eft  jamais  un  moyen  de  fufpicion. 

XIV.  Aux  douziéme  & treizieme  fiécles,  ü 
teñir  pour  fufpecle  toute  conílitution  ou  decré- 
tale que  Ies  papes  ne  commenceroient  pas  pf 
’ leur  nom  propre  , fuivd  , ñaon  d’epif'opas  8c 
fervus  fervorum  Dei  tout  á-Ia-fois ; du  moinS  3 
cette  derniére  formule ; & qui , au  défaut  de  1 une 
& de  Tautre  , ne  prendroient  pas  le  titre  de 
avec  le  nombre  qui  marqueroit  le  rang  qu S 

oecupoiest 


BUL 

occupoient  parmi  les  prédeceiTsufs  3;  méme 
notn. 

XV  - On  ne  devroit  pas  balancer  á regarder 
comme  fauffes,  avant  S.  Grégoire-le-Grand , les 
lettres  apoltoliqaes  ou  les  papes  prendroient  le 
titre  de  íbuverains  pontifes  , ou  de  pontifes  uni- 
veríciS  : mais  aepiiis  le  fixiéme  fiécle  jufqu^au 
neuyic'-Tie , il  futEroic  de  les  teñir  pouitjufpecies ; 
8c  pour  trés-fufpedes  depuis  Grégoire  Vil. 

XVI.  Quoique  la  formule  falutem  & apofioll- 
«71  bencdiaionem  foit  affeéiée  depuis  le  onziéme 
fécle  jufqu  au  quatorziéme  , aux  limpies  bulles  , 
lettres  ou  décrétales  , & qum  perpetuum  le  foit 
aux  ¿a//«-paneartes  & priviléges ; on  ne  fauroit 
en  tirer  des  moyens  de  faux  ni  de  fufpicion  > 
contre  les  bulles  xevémts  de  la  forme  des  privi- 
léges , qui  j au  lieu  á‘in  perpetuum , porteroient 
fdlutem  & apofiolicam  benedtaionem  y ou  feulement 
tam  prsfentíbus  qudm  futuris , en  fupprimant  ia 
perpetuum  y ou  bien  in  perpetuum  memoriam.  I!  en 
feroit  de  méme  des  decrétales  ou  limpies  bulles , 
dont  la  fufcripnon  feroit  terminée  par  quelque 
formule  différente  de  falatem  , &c. 

^ XV^ÍI.  Depuis  le  onziéme  liécle  jufqu'au  trei- 
2:éme,  une  huUe  qui  ne  feroit  ni  pancarte,  ni  pri- 
vilége  5 ni  e.n  forme  de  privilége , & qui  porteroit 
néanmoms  la  formule  in  perpetuum , paroitroit 
fufpecie. 

Regles  fur  les  claufes  pénales  & commina- 
toires  des  bulles. 

I,  Les  claufes  des  bulles  qui  impoferoient  aux 
contrevenans  une  peine  pécuniaire  avant  le  fixiéme 
Éccie  , convaincroient  ces  piéces  de  faux , répan- 
droient  de  violens  fouppons  fur  celles  qui  précé- 
deroient  le  commencement  du  huitiémej  mais 
depuis  cette  époque  jufqu  aux  célebres  donations 
faites  aux  papes  par  les  rois  de  France,  ces  claufes 
ne  rendroient  que  fufpedes  les  bulles  ou  elles 
feroient  énoncées. 

II.  Depuis  le  quatriéme  fiécle  révolit  jufqu'á 
Grégoire  Vil , les  imprécations  & malédiétions, 
loin  de  convaincre  de  faux  les  bulles  des  papes^ 
n'y  répandent  pas  méme  le  plus  léger  fouppon. 

líl.  Aprés  félévation  de  Grégoire  Vil  fur  le 
faint-liégej  les  im.précations  feroient  une  preuve 
de  faux  ^ ou  tout  au  moins  formeroient  conrre 
une  bulle  de  violens  fodpponsj  fi  ce  n"elf  que  fex- 
ception  a cette  régle  ne  fút  appuyée  fur  des  mo- 
numens  particuliers  & inconteftables. 

IV*.  Les  claufes  de  malédiétion , d’imprécation 
& d'anathéme  , font  le  ftyle  ordinaire  des  bulla- 
privüéges  depuis  le  feptiéme  fiécle  jufques  vers  la 
fin  du  onziéme. 

V'’.  Les  claufes  comminatoires  des  ¿aZ/cr-privi- 
léges  , ne  peuvent  ’eur  poner  aucun  préjudice , ni 
par  leur  trop  grande  anciquité  , ni  par  kurs  varia- 
Ámiquítés  y Tome  I.  \ 


BUL  537 

tmns  Se  leurs  diíférences  d’avec  celles  du  méme 
rems;  particu'iérement  qua.nd  cette  diverfité  ne 
roule  que  fur  des  termes , ou  fur  le  plus  ou  le 
moins  de  menaces  , de  malédictio.ns  & d'ana- 
t-hémes. 

^ l.  Quoique  la  claufe  qui  défend  aux  empe- 
reurSj  princes,  feigneurs,  évéqiies  , d'enffeindre 
les  priviléges  émanés  du  faint-fiége,  ne  fút  pas 
encore  palTée  en  ftyle  au  tems  de  S.  Grégoire-le- 
Grand  , elle  ne  doit  pas  rendre  fufpeítes  celles  oá 
elle  fe  rencontre. 

V II.  La  méme  daufe  expreíTément  appliquée 
aux  rois  depuis  le  douziéme  liécle , fourniroit  un 
foupeon  legitime  contre  les  bulles  oú  elle  feroit 
inférée. 

VIÍL  Une  bulle  ne  feroit  pas  fufpeóie  , quand 
m.éme  fon  auteur  défendroit  á fes  fucceíTeurs, 
fous  peine  d’anathéme  , d’y  donner  atteinte  i 
pourvu  qu’elle  ne  fut  pas  poftérieure  au  douziéme 
fiécle. 

IX.  Les  claufes  : Decernimus  y &c.  Si  que.  , &c. 
Cunñis , 8íc.  renouvelées  ou  renvoyées  aprés  Ies 
dates  y pourroient  faire  foupeonner  les  bulles 
antérieures  au  commencement  du  dixiéme  fiécle, 
ou  poítérieures  á la  fin  du  onziéme ; mais  depuis 
le  douziéme,  elles  deviendroient  des  moyens  de 
faux. 

Corollaire.  La  tranfpofition  ou  réitération  de 
ces  formules  ne  feroient  pas  des  caraóléres  défa- 
vantageux  aux  dixiéme  & onziéme  fiécles. 

Regles  parxiculíefes  fur  les  dates  des  bulles. 

L Les  bulles  ont  prefque  toujours  exaélement 
marqué  la  date  du  jour  du  mois , quoiqu’elle  foit 
plus  rarement  confervée  dans  les  copies  des  an- 
ciennes  lettres  des  papes. 

II.  Pendant  les  cinq  á fix  premiers  fiécles,  k 
date  du  jour  s’exprimoit  par  les  calendes  , les 
nones  & les  ides. 

III.  Depuis  environ  la  fin  du  fixiéme  fiécle  , 
jufques  vers  celle  du  onziéme  , ii  ne  faat  pas 
avoir  pour  fufpetles  des  bulles  qui  fe  fsrvent 
fimplemefet  du  quantiéme  du  mois,  au-lieu  des 
calendes , &c. 

IV''.  La  répétition  du  jour  du  mois  á la  fin  de  la 
principale  des  deux  formules  de  dates  qu’on  em- 
ployoit  autrefois  dans  les  priviléges  , rendroit  une 
bulle  fufpeííe  aprés  le  commencement  du  dou- 
ziém.e  fiécle,  & fauíTe  aprés  fa  révolution. 

V''.  Les  brefs  poftérieurs  á Pan  1450 , doivenc 
étre  dates  du  quantiéme_  du  m.ois ; la  date  du  jour 
des  calendes,  nones  & ides,  étant  deformáis  ré- 
fervée  aux  bulles. 

VI.  Une  pancarte  ou  bulle  en  forme  de  privilége 
n’eft  pas  rufpeCte,  fur-rout  dans  le  moyen-age, 
pour  avoir  été  dreffée  &í  datée  en  différens  jours. 

Y Y Y 


53?  BUL 


BUL 


VIL  Des  le  cinquiéme  fiécle , les  papes  ont 
varié  dans  la  aianiére  de  darer  ou  de  ne  pas  datar 
leurs  lettres  d'un  ou  de  deux  confuís , de  celui 
d’Orient  ou  d'Occident. 

VIH.  Toute  bulle  d’un  pape  poftérieur  au  com- 
mencement  du  feptiéme  iiécle  j portant  la  date 
d’un  ou  de  deux  confuís^  autres  que  les  enape- 
reurs^  doit  étre  déciarée  fauffe. 

IX.  L’omiííion  de  la  date  des  empereurs  dans 
Ies  bulles  , méme  depuis  le  milieu  du  fixiéme 
fiécle  jufqu’aa  miíieu  du  onziéme , ne  doit  pas 
ctre  envifagée  comme  un  moyen  de  faux  ni  de 
fufpicion. 

X.  Une  bulle  plus  récente  que , le  cornmenee- 
Snent  da  neuviéme  fiécle  j feroit  au  moins  trés- 
fufpeííie fi  eile  portoit  la  date  des  empereurs  de 
Conílantinople.  Elle  le  feroit  également , £ elle 
faifoit  ufage  de  cette  date  avant  les  commence- 
Hiens  du  fixiéme  fiécle. 

^ XI.  Toute  bulle  datée  de  Tanríée  de  l’etnpereur 
d’Occidentj  depuis  l’an  924  juí'qu'en  962  j feroit 
évidemment  fauiTe. 


XIX.  Une  bulle  poítérieure  au  onziéme  fiécle 
feroit  trés-fufpecte;,  fi  la  date  portoit  la  formule 
reglante  Ckrifio  , ou  regnante  In  perpetuum. 
Domirw  Deo.  Mais  avant  le  commencement  da 
douziémej  il  ne  s’enfuivroit  rien  de  préjudiciable 
á fa  vérité. 

XX.  La  date  de Tincarnation  ne  doit  point  paíTer 
pour  un  moyen  fuíEfant  de  faux,  depuis  que  cette 
ere  eut  été  publiée  par  Denis-le-Petit ; mais  fup. 
pofé  qu’elle  fe  trouvát  dans  des  bulles  du  fixiéme 
fiécle  j elles  ne  feroient  pas  exemptes  de  fufpf, 
clon. 

XXL  Toutes  efpéces  de  bulles  portant  la  date 
de  rincarnation  avant  Léon  IX , ou  l’omettant 
depuis  ^ ne  doivent  pas  pour  cela  feul  étre  jugées 
fauiTes  ou  fufpeéies. 

XXII.  Une  ¿aZ/í-pancarte  3 ou  en  forme  de 
privilége  , qui  ne  feroit  pas  datée  de  l’année  de 
rincarnation  3 depuis  le  commencement  du  dou- 
ziéme  fiécle  3 feroit  fufpeíftej  elle  le  feroit  beau- 
coup,  fi  elle  ne  portoit  pas  méme  la  date  de  lere 
chrétienne. 


XíL  Une  bulle  datée  du  confulat  ou  d’aprés  le 
confuiat  d’un  empereur,  fi  elle  ne  pouvolt  conve- 
nir, qu’á  un  pape  du  dixiéme  fiécle  3 feroit  fuf- 
pecle  i fi  elle  étoit  datée  du  onziéme , le  foupqon 
deviendroit  violent  ; mais  fi  elle  fe  rapportoit  á 
un  pontife  romain  du  douziéme  fiécle  ou  des 
fuivans3  elle  devroit  étre  répurée  fauíTc. 

XIII.  Toute  bulle  poítérieure  au  commence- 
ment du  douziéme  fiécle  , datée  de  l’année  d’un 
empereLir3  feroit  non-feu’ement  fort  fufpefte  3 
mais  méme  faiiíTe,  fi  elle  ne  pouvoit  étre  excufée 
par  queltue  raifon  particuliérej  appuyée  fur  des 
faits  conftans. 


XIV.  II  y auroit  fujet  de  teñir  pour  fufpeétes 
les  lettres  des  papes  antérieures  au  cinquiéme 
fiécle  3 fi  elles  portoient  la  date  de  l’indidion. 

Xy  Depuis  le  milieu  du  cinquiéme  fiécle  , ni 
l’omidion  de  l’indiftion , ni  fon  ufage  dans  Ies 
lettres  aDoílj!iques3  decrétales  ou  fimpies  bulles  3 
ne  décident  pour  ou  contre  leur  vérité. 

_ X\'  I.  Des  pancartes  ou  bulles  én  forme  de  pri- 
Vi!égeS3  plus  recentes  que  le  onziéme  fiécle  3 & 
plus  anciennes  que  !e  quinziéme  , dans  le/quelles 
lindiélion  feroit  fupprimée3  devieniroient  fuf- 
pecles  3 & méme  trésTiifpeaes  3 pendant  le  cours 
des  douziéme  & treizieme  fiécles. 

XVÍI-  Depuis  Eugéne  IV 3 les  bulles  ou  brefs , 
qui  3 dans  leur  date  propre,  & non  dans  celle  de 
leurs  certificats , marqueroient  rindidion3  proii- 
veroient  par-lá  leur  fauTeté. 

On  ne  peut  rien  conclure  contre  des 
bulles^  dont  rindiciion,  au  Ireu  de  comme.ncer  au 
premier  fepternbre , feroit  comptée  du  ay  décem- 
DiCj  du  premier  janvier3  & méme  du  z 
pour  He  ríen  dire  de  Paques. 


. zy  mars  j 


XXIII.  Une  limpie  bulle  ou  decrétale  datée  de 
I’incarnation  . á compter  de  Tan  1 1 yo  jufqu’en 
izyo.  ou  á-peu-prés3  feroit  trés-fufpeñe. 

XXIV.  Aprés  le  milieu  du  treizieme  fiécle  3 
mais  particuliérement  fur  fes  derniéres  années  3 la 
date  de  rincarnation  ne  devroit  pas  rendre  une 
bulle  fufpeéie3  de  quelque  forme  que  cette  bulle 
fút  revétue. 

XXV.  La  date  de  l’incarnation  , caraélére  elTen- 
tiel.  ou  du  moins  ordinaire  auxóaZZrí  poílérieurts 
á Eugéne  IV . ne  fouírre  point  d’autre  exceptio.n 
que  celle  de  certaines  bulles  héréroclites , qni 
uniffent  la  fufcription  des  bulles  avec  Ies  dates  des 

< brefs  3 ou  la  fufcription  des  brefs  avec  les  dates 
des  bulles. 

XXVI.  Depuis  la  fin  du  quínziéme  fiécle  3 une 
bulle  qui  dateroir  de  l’année  de  Yincarnation,  fans 
énoncer  ce  terme  , feroit  fufpeéíe  3 excepté  le  cas 
de  la  régle  précédente. 

XXVIÍ.  Le  commencement  de  l’année  de  rin- 
carnation eil:  fujet  á des  variations  fi  fréquentes 
dans  les  bulles  , qu’on  ne  fauroit  rien  conclure 
contre  leur  vérité  des  divers  points  d’oú  il  fe 
prend ; fi  ce  n’eft  pendant  des  intervalles  3 pour 
í’ordinaire  aífez  courts. 

Corollaire.  I.  II  ell  faux  que  dans  les  bulles 
fiécles  XI 3 XII  & XIII 3 la  date  de  l’incarnation 
commence  toujours  á Noel. 

Corollaire.  II-  II  ell  faux  que  depuis  Eugéne  IV> 
on  ne  trouve  point  d’apparence  de  variation  dans 
la  chancellerie  romaine , & que  deformáis  l’annee 
de  rincarnation  y ait  toujours  été  comptée  d’une 
maniere  uniforme. 

XXVÍll.  Les  bulles  oü  cette  date  feroit 
quée  felón  ie  calcul  Pifan , ne  devroknt  étr« 


BUL 

chargecs  d’aucun  foupcon  ^ au  moins  durant  le 
Cede  qui  fuivit  le  pontificar  de  Léon  IX. 

XXIX.  Une  bulle  qui  s^’attacheroit  aii  caicu! 
Pifan  aprés  le  milieu  ‘du  douziéme  fiécle,  de- 
viendroit  furpecle  j mais  depuis  le  commerscement 
du  treizieme  ¡ a peine  pourroit-on  ne  la  pas  traiter 
de  fauíTe. 

^ XXX.  Toute  bulle  dont  la  date  de  1 incarna- 
tion  anticiperoit  celle  qui  étoit  en  ufage  chez  les 
Francois,  non-feulement  de  neuf  mois  entierSj 
mais  meme  de  quinze  á feize , ne  feroit  pas  fuf- 
pede  vers  la  fin  du  onziéme  fiécíe,  & méme  juf- 
qu’en  1130,  tout  au  moins. 

XXXI.  Depuis  le  commencement  du  treiziéme 
fiecle  5 une  bulle  feroit  convaincue  de  faux,  pour 
avoir  fiiivi  cette  maniere  de  dater. 

XXXII.  La  date  du  pontificar  des  papes  ne  doit 
point  etre  regardée  comme  une  preuve  fuífifante 
déla  íuppolition  de  leurs  bulles , ü ce  n’eíí:  avant 
le  fíxiéme  fiecle. 

XXXIII.  On  auroit  raifon  de  fufpedler  des 
lettres  apoíloüques  qui  porteroient  la  date  du 
pontificar  durant  le  fíxiéme  fiecle. 

XXXIV . Si  depuis  le  feptiéme  cette  date  rfefl: 
point  un  figne  de  la  fauíTeté  des  privilégeSj  elle  en 
eíl  un  de  leur  vérité  depuis  le  dixiéme. 

XXXV.  Avancer  que  les  bulles  des  papes  ne 
portentla  date  du  pontificar  que  depuis  leurs  dif- 
férends  avec  les  empereurs  au  fujet  des  invefti- 
tures  j c‘'eft  une  régle  évidemment  fauffe. 

XXXV?.  Toute  ¿ií//e-pancarte  , qui  depuis  le 
milieu  du  onziéme  fiécle  ^ ne  feroit  pas  datée  de 
lannée  du  pontificat,  feroit  trés-fufpeóle. 

XXXVII.  De  fimples  bulles  datées  de  l’année 
du  pontificar  ^ depuis  le  milieu  du  dbuziéme  fiécle 
jufqu’en  virón  Tan  1188,  ne  feroient  pas  á couvert 
des  foupqons  Íes  plus  vioiens. 

XXXVIII.  Toute  bulle  poñérieure  á Tan  1220, 
dépourvue  de  la  date  du  pontiScatj  feroit  fauffe 
ou  trés-fufpedle. 

XXXIX.  Quniqu’on  n’ait  commencé  qffau 
snoyen-áge  á fe  fervir  de  la  date  du  lieu  d’une 
maniere  confiante  , Ies  fiécles  precédeos  en  four- 
niffent  aíléz  d ’exemples  pour  qffon  ne  puiffe  fuf- 
pecter,  ni  qui  pis  efi^  accufer  de  faux  les  bulles 
oü  cette  date  fe  trouveroit  énoncée. 

XL.  Les  bulles  poftérieures  aux  cqmmencemens 
du  douziéme  fiécle  , dans  lefquelles  manqueroit 
la  date  du  lieu^  feroient  expofées  aux  foupqons 
les  plus  forts. 

XLI.  Une  bulle  plus  récente  que  le  milieu  du 
doaziéme  fiécle  , & qui  feroit  revétue  de  deux 
formules  de  dates,  dont  i'une  commenceroit  par 
feriptum  , & Tautre  par  data,  feroit  trés-fu'peñe  ; 
mais  depuis  le  commencement  du  treiziéme,  il 
faudroit  la  teñir  pour  fauffe. 

XLII.  Oa  ne  derroi:  pas  ajauter  foi  á une  bulle 


BUL  539 

qui , depuis  le  commencement  du  douziéme  fiécle  , 
porteroic  dans  la  formule  de  ^a  date  , fummi  & urd~ 
'verjalis pape,  in  facraújflma  B,  Petri  fede. 

_XLIII-  P-Vít,  bulle  ordinaire,  & non  en  forme  de 
privilége,  qui  reaniroit  Ies  dates  de  i’année  , de 
1 indiction , oe  lincarnation  & du  pontificar,  fe- 
roir  fufpette  depuis  Grégoire  Vil , trés-fufpeifie 
depuis  Lrbain  li,  jufqffá  InnocentlI,  Si  fauffe 
depuis  ce  dernier  jufqu’á  Grégoire  VIH. 

XLIVU  Les  ¿ü/Aa-pancartes  des  douze  8e  trei- 
ziéme fiécles  feroient  fufpeíftes,  fi  elles  fiipnri- 
rnoient  quelques-unes  des  dates  faivantes , ou  fi 
edes  ne  leur  donnoient  pas  cet  arrangem.ent  : le 
nom  du  lieu , qelui  du  dataire , le  jour  du  mois 
exprime  par  les  calendes,  nones  ou  ides,  Tindic- 
tion  , les  annees  de  rincarnarion  & du  ponti- 
íicat. 

XLF.  Toute  bulle,  hors  le  cas  de  ceíles  que 
nous  appelons  irréguliéres  ou  hétéroclites , parce 
qu  elles  empruncent  ou  les  dates  des  brefs,  ou 
leurs  fuferiptions,  feroient  trés-fafpectes,ou  méme 
fauffeSj  depuis  EugéneIV,fi  elles  ne  fuivoient  pas 
cet  ordre  dans  leurs  dates  : le  lieu  , f année  de 
Ifincarnation,  le  jour  des  calendes,  &c.  & rannée 
du  pontificar. 

Regles  fur  les  foufcripúons , les  chancelurs  & 
les  écrivains  des  bulles. 

I.  Les  anciensprivilégesaccordés  par  Ies  papes, 
n’étoient  point  fignés  á la  maniere  des  bidles  d'aa- 
jourd'hui,  ni  des  pancartes  pofiérieures  au  com- 
mencement du  douziém.e  fiécle  j mais  ils  énon- 
qoient  fimplement  au-deífous  du  texte  , qu'ils 
avoient  été  écrits  par  tel  notaire  régionnaire  ou 
archivifie  , & dates  ou  délívrés  par  tel  bibliothé- 
caire. 

II.  Tous  Ies  notairesde  la  fainte  églife  romainc 
pouvoient  dreffer,  8c  quelquefois  méme  expédiec 
en  chef  les  privüéges  du  faint-liége. 

Corollaire.  On  ne  peut  ríen  conclure  contre  la 
vérité  d’une  bulle , de  ce  qu’elle  feroit  écrite  de  !a 
mairi  d’un  notaire  différent  d'autres  notaires  ou 
archivifies  , qui  auroient  dreífé  de  pareilles  piéces 
la  méme  année,  la  méme  íemaine  , le  méme 
jour. 

ITI.  Un  privilége  pofiérieur  au  fíxiéme  fiécle,  & 
plus  anclen  que  le  douziéme  , au  bas  duquel,  quoí- 
qu’entier  & origina! , il  ne  feroit  pas  exprimé  qu’il 
auroit  été  écrit  par  un  notaire  ou  archivifie,  8cC. 
ou  donné  par  un  bibüothécaire,  chancelier,  pri- 
mitier  des  notaires,  fecondicier,  nomenclateur, 
Src.  ou  du  moins  par  un  écrivain  archivifie  ou 
■notaire,  &c.  devroit  étre  regardé  comme  fuf- 
peít. 

IV.  Le  titre  d’ archivifie  , 8c  méme  celui  de  na- 
taire  régionnaire,  exprimé  dans  la  foufcriptioa, 

y y 7 ij 


54.0  B U L 

ou  platót  dars  la  formule  de  la  date  d’une  lnUt 
d'aprés  la  En  du  douziéme  Eécle  ^ rendroit  cette 
bulle  tres-fufpe¿te. 

y.  Hors  Ies  ñecles  oú  !’on  prouveroit  qu’i!  y 
auroit  eu  pluficurs  bibiiothécaires  a la  fois,  on 
auroit  üeu  de  teñir  pour  rr.fpedie  une  bulle  non- 
originale  , expédiée  par  un  bibliothécaire  diftin- 
gué  de  celu!  qu'on  faurcitj  par  des  nionumens 
certains  , avoir  été  revétu  de  ce::e  dignité. 

Vi.  Tout  priviiege  poftérieur  au  treiziéme  ñe- 
cle , dont  la  date  énonceroit  qudl  auroit  été  expé- 
die  par  un  bibliothécaire  du  faint-fiége  ou  de  la 
fainte  églife  lomainej  feroit  fort  fufpeél. 

YÍI.  Quoique  le  titre  de  chancelier  ne  fút  pas 
tare  dans  les  bulles  poftérieures  au  neuviéme  ñecle , 
depais  le  treiziéme  révolu  ^ celles  au  bas  defquelles 
on  remarqueroit  cette  quaüté  , devroient  paíTer 
pour  fufpedies ; & pour  trés-fufpectes  depais  le 
quinziéire. 

VÍII.  Le  titre  de  vice-chancelier  dans  les  dates 
des  bulles  antérieures  au  onziéme  ñecle  ^ feroit 
fufpeíl. 

IX.  Une  bulle  datée  par  un  vice-chancelier 
diftérent  de  celui  qu’on  fait  avoir  porté  ce  titre, 
fur-tout  aux  douziéme  & treiziéme  ñecles , ne 
fournit  aucun  pretexte  de  fufpicion. 

X.  Si  depuis  environ  12^0,  le  titre  de  mahre 
ne  précédoit  pas  celui  de  vice-chancelier , cette 
omiíñon  dans  Íes  pancartes  Ies  rendroit  fu.fpecles. 
Un  ñecle  pliitot  la  feuie  qualité  de  mahre  employée 
dans  les  formules  de  ces  piéces , y jereroit  au 
moins  de  violens  foupqonsi  mais  elle  feroit  la 
preuve  de  leur  faaffeté  pendant  les  onze  premicrs 
ñecles. 

Xí.  A juñe  titre  foupqonneroit-on  des  bulles 
dans  les  dates  defquelles,  depuis  le  commence- 
-mcnt  du  quinziéine  ñecle  , on  rencontreroic  le 
litre  de  vice-chancelier. 

Xn.  Pendant  les  quatorze  premiers ñecles.  Ies 
bulles  au  pied  defquelles  des  oínciers  foufcri- 
roient  avec  les  titres  de  daraires  ou  de  prodataires, 
dcvToient  étre  eítimées  fauiTes , & du  moins  ílif- 
peftes  , durant  les  cent-cinquante  années  fui- 
vantes. 

XÍII.  Dans  ¡es  premiers  ñecles,  la  foiifcription 
ou  la  falutation,  ÍDeus  te  incolumem  cufiodiat ^ &c, 
bene  válete  ^ & autres  femblables  , devrofent  étre 
de  la  prcpre  main  du  pape  , qai  ne  fignok  point 
autrement  fes  lettres  ordinaires. 

XIV.  Les  ades  í'ynodaux  8c  les  priviléges  ac- 
cordés  dans  les  conciles  de  Rome,  étoisnt  fignés 
du  pape  & des  évéques  , fuivant  la  forme  com- 
munei  c'eñ-á-dire,  que  chacun  des  peres  mettoit 
fon  nom  au  bas  de  ces  ades  Mais  des  lettres 
apoítoliques  qui  n’auroient  point  été  données 
dans  conciie  , & qui  néantnoins  porteroient 
flanes  ja  ¡cuícnpiion  le  nom  du  pape,  ferorent  fuñ 
pedes  avant  re  feotiéme  ñecle,  S¿  wés-fufpedes. 


BUL 


ii’elles  n’avoient  la  forme  que  de  fimples  lettres 
ou  decrétales. 

XV.  La-  coutume  vouloit  que  la  foufcription 
beue  válete  fút  placee  au-delTous  du  texte  des  pri~ 
viléges  : mais  a cela  prés,  fa  fituation  n"eft  pas 
conftante. 


XVI.  Une  ¿a/Ze-pancarte  ou  privilége  , dans 
laquelle , depuis  le  huitiéme  ñecle  jufqu'au  quin- 
ziéme,  la  falutation  finale  berie  válete  feroit  fup- 
primée , deviendroit  fufpede. 

XVII.  Depuis  le  milieu  du  onziéme  fiécle , la 
formule  bene  válete  eft  repréfentée  en  mono- 
gramme  ou  chiffre. 


XVIIT.  Une  bulle  non  en  forme  de  privi!é?e, 
Sccependant  revétue  da  monogramme  bene  vahee, 
feroit  pour  le  moins  fufpede , ñ elle  étoit  polté- 
rieure  au  milieu  du  douziéme  fiécle. 

XIX.  Avant  le  douziéme  fiécle  , Ies  priviléges 
accordés  au  conciie  par  Ies  papes , ne  doívent  pas 
étre  réprouvés  uniquement  pour  avoir  été  fouf- 
crits  par  des  perfonnes  abfentes  au  tems  du  con- 
cüe. 

XX.  Les  bulles  portant  la  foufcription  da  noai 
du  pape,  quoique  d'une  autre  main  que  de  ¡a 
fienne , ne  font  ni  fauíTes  ni  fufpedes , depuis  le 
milieu  du  douziéme  fiécle  jufqu  au  quinziéme. 

XXL  Le  nombre  des  bulles  fignées  du  nom 
du  pape  & des  cardinaux  , eft  trés-petit  en  com- 
paraiíbn  de  celles  qui  ne  le  font  pas. 

XXIÍ.  Toute  bulle  qui,  n’étant point  en  forme 
de  privilége , feroit  ñgnée  du  nom  du  pape  & des 
cardinaux , devroit  étre  regardée  comme  trés-íuf- 
pede  depuis  le  milieu  du  douziéme  fiécle  juL 
qifau  quinziéme. ' 

XXIII.  Les  pancartes,  depuis  Innocent  II  juf- 
qu’au  quinziéme  fiécle,  feroient  juíiement  reje- 
tées , fi  elles  n’étoient  pas  munies  des  fignatures 
des  cardinaux. 

XXIV.  On  auroit  tort  de  foupqonñer  les  bulles 
qui,  dans  le  cours  des  dixiéme , onziéme  & dou^ 
ziéme  íiécles,  énonceroient  qkelles  auroient  ete 
dreíTées en  préfence  de  témoins  dont  elles  rapporte- 
roient  les  noms , quoiqifils  n^eufient  pas  figns  ces 
piéces , ou  qu’ils  ne  Feuííént  fait  que  par  dés 
croix. 

XXV.  Les  bulles  oú  les  papes , aprés  la  fin  da 
neuviéme  fiécle , auroient  fait  appofer  le  chiffre 
ou  monogramme  de  leur  norn,  feroient  tres->u-- 
pedes  j on  poiirroit  les  déclarer  fauíTes  , fi  elles 
étoient  du  onziéme. 


XXVÍ.  Des  ¿uZ/ej-pancartes  ou  priviléges  .ans 
devifes  ou  fentences  depuis  le  commencement  da 
douziéme  fiécle,  & méme  depuis  le  milieu  du 
onziéme,  feroient  fufpedes. 

XXVII.  Tome  bulle  revétue  d’une  ftntencc 
dífférente  de  celles  qu’on  fauroir  certatneií^nt 
avoir  été  prifes  par  un  pape , feroit  iiés-íufpeds  j 


BUL 

a moins  qu’on  ne  pdt  a!l<'guer  en  faveiir  de  I'ex- 
cection  , queiques  raifoís  folides  fondees  fur 
ces  raifs. 

bulles  qui , deoiiis  environ  les 
commencemens  du  qoatorziéme'  néc!e,  fero'‘'=‘n* 
pnvees  de  certaines  íignatures  hors  d’ceuvre, 
foít  au-deíTus , foit  au-deífous  des  rep’is,  foit  fur 
pe^es  j dcvroient  paíTer  poar  fuf- 

Regles  paniculieres  fur  Us  fceaux  des  bulles. 

I.  Les  fceaux  de  plomb  ¡ quelqu'anciens  qu’iis 
foientj  ne  peuvent  rendre  fufpeáe  aucune  bulle, 

IL  On  ne  doit  pas  exiger  oue  les  fceaux  des 
bulles^  antérieures  _au  douziéme  fiécie  , fofenr 
frappes  d une  maniere  auili  uniforme  qu^'ils  le 
furent  dans  la  fui  te. 

I!I.  Dans  ¡es  bulles  poñérieures  au  douzréme 
fiec.e,  on  ne  uoit  pas  regarder  coname  un  dífaut, 
que  jes  lettres  qui  forment  la  légende  des  apotres 
S.  Fierre  & S.  Paul  , foient  diiféremment  arran- 
gees;  pourvu  que  ce  ne  foit  pas  fous  ¡es  mémes 
papes. 

Depuis  le  cotnmencemenr  du  quatorzieme 
ñecle  , Ies  armes  de  certains  papes  , répandues  ou 
fimplemept  placees  fur  le  revers  des  plombs  re- 
vétus  d'aiüeurs  des  infcriptions  ordinaires,  loin 
de  jeter  des  foup-jons  fur  les  bulles  oú  elles  fe 
trouvent^  pourroient  rendre  fufpedies  celles  des 
memcs  papes  ou  elles  ne  fe  trouveroient  pas. 

V.  Aprés  le  douziéme  fiécie  auplustard;,  on  doit 
réprouver  comme  fauíTes  les  bulles  poftérieures 
au  facre  des  papes , li  leur  fceau , du  cote  de  la 
téte_,  ne  repréfente  pas  Ies  faces  des  aporres 
S.  Fierre  & S.  Paul,  féparées  par  une  grande  croix, 

&■  íi  leur  revers  ne  porte  pas'la  légende  des  papes 
confiftant  dans  leur  nom,  le  titrede  pape , dcfigné 
par  ces  deux  lettres  P.  P.  , & un  chiffre  romim, 
qui  annonce  le  rang  qufils  tiennent  parmi  ¡eurs 
prédéceiTeurs  de  méme  nom. 

V I.  On  doit  admettre  les  halles  dont  le  fceau , 
fans  nom  de  pape  & vuide  d'un  cóté , eft  rempli 
de  Fautre  a Fcrdinaire  par  Ies  teres  des  apotres 
S.  Fierre  ¿c  S.  Paul ; pourvu  néanmoins  que  le 
pape  qui  les  a données , n’ait  pas  éré  facré , mais 
feulement  élu  avant  la  date  des  bulles. 

_ VII.  II  eíl  eíTentiel  aux  brefs  d'étre  fcellés  en 
cite  rouge. 

VIH.  A.vant  le  douziéme  fiécie,  on  ne  doit  pas 
tirer  des  moyens  de  faux  ni  de  fufpicion  de  la 
fflatiére  des  lacs  qui  attachent  les  fceaux  des 
bulles. 

IX.  Si  depuis  la  fin  du  douziéme  fiécie.  Ies 
fceaux  des  bulles  en  forme  rigoareufe  , nVtoient 
pas  attachés  avec  des  cordele  tres  dechanv^re,  & 
ceux  des  bulles  en  forme  gracieufe  > avec  des  lacs 


B U R 

j de  íbie.,  ou  du  moins  de  laine,  on  feroit  en  dro''t 
de  rejeter  ces  piéces. 

Qnoique  depuis  emfiron  le  milieu  du  dou- 
zieme  ñecle  , il  fott  aíTez  ordinaire  aux  bulles  en 
.orme  gracieufe  d étre  revétues  de  foie , mi-parcie 
de  rouge  & de  jaune,  on  ne  peut  pas  tirer  de-iá 
un  moyen  de  fu.^picion. 

XI.  Si  depuis  environ  le  milieu  du  treiziéme 
ñecle  jufqu  au  feiziéme  , les  lacs  des  bulles  en 
forme  gracieufe  n'étoient  pas  mi-partie  de  rouge 
■ & de  jaune,  il  y auroic  fu;et  de  les  fufpeéter. 
BULLIS,  en  Illyrie.  byaaioxcn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  vilie  font : 
RRR.  en  bronze.  (Pellerin ). 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

BUPáLUS,  célébre  fculpteur , qui  vivoit  vers 
la  foixintiéme  clympiade.  Pline  rapporte  un  trait 
fingiilier  de  fon  art.  Bupalus  avoitfait,  dans  Fifis 
de  Chioj  une  Diane , & l’avoit  fait  pofer  en  un 
lieu  elevé  : quand  on  entroit  dans  ce  lieu  , le 
vifáge  déla  dc'effe  paroilToit  triite  8c  févérej  mais 
loríqu^on  en  fortoit,  le  méme  vifage  avoit  un  air 
gracieux  & fouriant.  Ceit  ce  Bupalus  qui  fie  la 
premiére  ílatue  de  la  Fortune  pour  les  habitans 
de  Smyrne. 

EüPHAGüS,  fumotr,  donné  á Hercule  á caufe 
de  fa  gourmandife.  Elle  étoit  íi  grande  , que  les 
Argonautas,  craignant  qudi  ne  dévorat  lui  feiil 
toutes  ¡eurs  pro'-'ilions,  Fobligérent  de  fortir  de 
leur  navirc.  On  d;t  qu’un  jour  Hercule  ayant  en- 
levé des  boeufs  a u.n  payfan  , en  mangea  un  tout 
entier  dans  un  feul  rep.>.s  : auíli  ajoute-t-on  qudi 
avüit  trois  rangs  de  dents,  Hercule.  Ce 

mot  vient  du  grec/3¿í , bauf , Se  de  (púyen  manger. 
BUPHOiS'iES.  l’'oye:p.  DlIPOLÍES. 

BUR.A  , dans  FArcadie.  botpa!í2N. 

Cette  ville  a fait  frapper  Jes  médailles  impe- 
riales grecques  en  Fhonneur  de  Jalia-Domna , de 
Caracaüa  Se  de  Géta. 

BLRAI‘~US  ou  Baraicus  , furnom  d’Hercule, 
pris  d'une  ville  dUAchaie  de  ce  nom,  célébre  par 
Foracle  de  ce  héros  déifié.  La  maniére  dont  fe 
rendoit  cet  orada,  étoit  fort  finguliére.  .Aprés 
que  ceux  qui  venoient  Je  confnltet  avoient  fbír 
leur  priére  dans  le  temple  , iis  jetoient  au  hafard 
quatre  dés,  fur  les  faces  defquek  étoient  gra- 
vées  des  figures,  & ils  ailoicnt  enfuite  confulrer 
un  tableao  oiices  hiéroglypheséroienr  expliques. 
On  prenoit  pour  la  réponfe  du  dieu  Finterpréta- 
tion  qui  répondoit  a la  chance  araenee.  On  con- 
fuirá depuis  par  les  dés  la  Fortune  de  Frénefte  & 
Forac'e  de  Gérj  on  á la  fontai.ne  dUApono. 

BURRA.  Les  Romains  porcérenc  fonvent  ce 
furnom,  qui  étoit  fynonyme  de  rufa,  roujfé.  lí 
étoit  relatif  a la  couleur  de  lenrs  cheveux.  Burram 
dicebant  antiqui , dit  Feilus  , quod  nos  díetmus 
Tufum^ 


54í  bus 

BURRANICÁ,  boiíTon  des  gens  de  la^  cam- 
pa2:ne.  C’étoit  du  lait  melé  avec  du  moút.  La 
couleur  roufie  de  ce  mélange  le  faifoit  appeler 
burranica.  Burranica  patio  , dit  FeftuSj  appeilatur 
lacle  commixtum  fapa  , a rufo  colore,  quem  burrum 
vocant.  Cvide  ( Fafi.  ir.  778.  ) parle  de  cette 
boiíTon  : 

Dhm  licet,  appofita  velut  irt  cratere  camella, 
Lac  nitidum  potes , purpureamque  fapam. 


BURRUS.  Ce  furnom  défignok  un  homme 
dont  les  cheveux  étoient  rdux  ou  trés-blonds. 
Martial  a fait  une  épigramme  45-  í-) 
fils  d’un  certain  Parthénius>  qui  portoit  le  nom 
de  Burras : 

Use  tibí  pro  nato  plena  dat  Istus  acerra, 
Phoebe  , Palatinas  manera  Parthenias  , 

Vt  qui  prima  novo  fignat  quinquennia  laftro  , 
Impledt  innúmeras  Burras  Olympiadas. 


BURSIO , furnom  de  la  ízvoiVít  Julia. 

BÜSIRIS.  L’hiftoire  de  ce  prince  eft  fort  em- 
brouillée.  Diodore  de  Sicile'  parle  de  plufieurs 
Bufiris  qui  ont  régné  en  Egypte , & dont  le  der- 
nier  batir  la  fuperbe  ville  de  ThébeSj  appelée  par 
Ies  Egyptiens  la  Cité  da  Soleil.  Suivant  cet  auteur, 
Bufiris , en  langue  égyptienne , fignifioit  le  fépulcre 
d'Ofiris  ; & c’eft-la  f origine  de  la  fable  tant  cc- 
lébrée  par  les  Grecs , que  B-ufirU , roi  d'Egypte  ^ 
étoit  fi  barbare  , qu’il  faifoit  égorger  tous  les 
étrangers.  Tous  ceux  en  eíFet  qui  avoient  les 
cheveux  roux,  étoient  inimolés  á Typhon ; & 
comme  cette  couleur  étoit  rare  en  _ Egypte les 
viétimes  étoient  prefque  toujours  prifes  parmi  les 
étrangers.  On  fuppofa  enfuite  que  Bufiris  avoit 
été  lui-méme  immolé  par  Hercule  j quhl  avoit 
eu  la  hardieffe  de  traiter  comme  les  autres.  Voici 
la  fable  telle  qu  on  la  trouve  chez,  les  auteurs 
grecs  & latins. 

Bufiris  étoit  fils  de  Neptune  & de  LyíiniaíTe  ^ 
filie  d’Epaphus ; d^ autres  difent  de  Lybie  , filie  du 
méme  Epaphus  ^ laquelle  donna  fon  nom  & des 
loix  á la  Lybie.  II  régnoit  en  Egypte  quand  Her- 
cule y paífa , aprés  avoir  tué  Anthée-  La  récolte 
ayant  été  trés-mauvaife  fur  les  bords  du  Mil  pen- 
dant  neuf  années  de  fuite , on  vit  arriver  de  Chypre 
un  devin  nom.mé  Thrafius  ^ ou , felón  quelques- 
uns  j Pygmalion , qui  alTura  que  ^ pour  mettre  fin 
á ce  fiéau  , il  falloit  immoler  tous  les  ans  un 
étranger  a Júpiter.  Cette  dénonciation  prophéti- 
que  füt  exécutée,  par  ordre  de  Bufiris,  fur  le 
devin  lui-méme.  Ovide  appelle  Thyefte  celui  qui 
fut  la  uremiére  viélime  de  ce  facrifice.  Bufiris 
traitoit  depuis  de  la  méme  forte  tous  Ies  étran- 
gers. On  préparoit  ce  fort  rigoureux  a Hercule  ; 
on  favoitprisj  & on  le  menoit  lié  á l'autel  : mais 
S roíupit  fes  chaiuss,  tua  Bufiris , Iphidamas  fon 


BUS 

fiis  j &■  Chalbes  , fon  héraut-d'armes.  Virgüe  voh- 
lant  défigner  la  haine  que  Fon  avoit  pour  la  mé- 
moire  de  Bufiris , Fa  furnommé  iilaudatus  (Gecrcr 
iil.  40 : 

Quis  aut  Euryftkea  durum , 

Aut  illaudati  nefeit  Bufiridis  aras  i 

Cependant  Ifocrate  a compofé  Féloge  de  Bufiris. 

Busiris  , dans  FEgypte.  EOTciPiTpN. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
riales  grecques  en  Fhonneur  d Hadrien. 

BUSTA  Galzica.  Aprés  que  les  Gaulois  qui 
avoient  pris  Rome  eurent  été  battus  & repouííes 
par  Camille,  on  raffembla  les  corps  de  ceux  qui 
avoient  péri  dans  le  combat  j & on  les  brála  dans 
Fendroit  de  Rome  qui  fut  appelé  pour  cette  raifoa 
bufia  Gallica.  C'eft  Varron  {deLing.  Lat.jr.  32.) 
qui  nous  apprend  cette  étymologie  j &_Tite-Live 
(xxii.  14.)  place  Ies  bufia  Gallica  au  milieu  de  la 
v'úl&,  medid  urbe.  Marliani  croit  quhls  étoient  dans 
Fendroit  ou  eft  aujourd’huil’églife  de  Saint-André 
in  Portogallo  , dans  la  quatriéme  région.  Mais 
Nardini  & quelques  autres  les  tranfpqrtent  dans 
la  troifiéme  région , aiiprés  du  Colifée. 

BUSTE.  Les  colledions  d’antiques  renferment 
plus  de  hufies  que  de  ftatues;  mais  tous  les  anciens 
peuples  n ont  pas  contribué  á cette  abondance. 
Le  comte  de  Caylus  a publié  ( Rec.  d’antiq.  iv. 
pl.  12.  n.  4.)  le  deíTin  dhine  tete  fculptée  par  ua 
artifte  égyptien  ».  On  doit  la  regarderj  dit-il, 
comme  le  fragment  d’une  ftatue ; car  je  crois  que 
Fon  peut  dire,  avec  certitude,  que  les  Egypnens 
n'ont  point  fait  de  buftes  y du  moins  ;e  n en  ai  ja- 
máis vu , & je  s'en  ai  pas  entendu  citer  ». 

Quant  aux  Grecs,  on  peut  regarder  Imrsbufies 
comme  des  modeles  inimitables  , lors  merne  qu  ils 
travailloient  a Rome  fous  les  empereurs ; de  forte 
qu  il  eft  difficile  de  prononcer , en  voyant  un  bufie 
antique , shl  a été  fait  en  Italie  ou  en  Grece.  ^ 

On  remarque  avec  étonnement , que , ma.gre 
la  décadence  fenfible  des  arts  fous  les  empereurs, 
leurs  médailles  & la  plupart  des  pierres 
qui  les  repréfentent , font  néanmoins  a un 
précieux  & fini.  'Winkelmann  nous  aoprendra  e 
raifons  de  cette  fingularité.  «Lorfque  1 art,  mt-u, 
^ de  VArt , l.  4.  c.  G.)  avanqa  de  plus  en 


» plus  vers  fa  décadence , & que  le  tems  fut  » 
" oú  Fon  fit  moins  de  ftatues  nouvelles,  a Cg  1 
» du  grand  nombre  des  anciennes , la  P 
» oceupation  des  artilles  fut  de  fculpter  des  te 
« & des  hufies;  ceñ  auffi  dans  ces  oo;ets  que  ¡e 
» dernier  tems  de  Fart  s'eft  fingulierement  .- ** 

« eué.  11  n eft  done  pas  fi  étrange  que 
»uns  fe  Fimaginent,  de  trouver  Tipc 

« des  bufies  paffables,  mais  encore  de  fort 
w tetes,  relies  oue  celles  ¿e  Macrin,  de 
» Sévére  Se  de  CaracaÜa....  Peut-étreque  LyiAP“ 
n'auroit  pas  mieux  füt  la  tete  au  Caraca 
»néfe  : toute  la  diftérence  qu’il  y a,  c eíí  q 


BUS 

«maitre  qui  fit  ce  íufte  nauroit  pas  été  capable 

de  ^aire  une  figure  comuie  Lyfip^e  m. 

On  trouve  á Rome  plafeurs  éu.iés  faits  du  tems 
des  Antonms,  qui  pcuvent  érre  regardés  comme 
des  prodiges  de  iart,  reladvement  á leur  exécu- 
uon.  Daos  la  villa  Borghéfe  Te  ule  , on  volt  truis 
de  Lucius  \ erus;,  & trois  autres  de  .Marc- 
Aurelcj  lur-tout  un  de  chacun  de  ces  princes  plus 
grands  que  la  narure,  tous  de  la  beauré  la  plus 
panaite.  lis  furent  decouverts  au  commencement 
de  ce  liecie  fous  de  grandes  dalles,  á quatre  milles 
de  rióme , dans  1 endroit  appelé  Aqua  Traverfa  , 
fur  la  roure  de  FJorence.  Le  palais  Rufpoli  ren- 
ferrne  auíh  un  des  plus  beaux  bujies  de  ce  méme 
Lucius  \ erus  5 c'eft  le  portrait  de  ce  prince  repré- 
fence  dans  fa  jeunelTe  avec  le  mentón  ombraeé 
d un  ieger  duvet. 

La  beauré  du  travail  des  bujtes  antiques  doit 
encore  erre  attribuée  á deux  ufages  des  Romains, 
qui,  en  les  multipiianí  á rinfini,  accélérérent  les 
progres  de  1 are. 

«La  prerniere  de  ces  caufes  fut,  felón  Je  comte 
de  Laylus  {Rec.  iv.  p.  240.)  ^ fufage  que  les  Ro- 
mains  avoient  de  placer  dans  les  veñibules  de 
leurs  maifons,  connus  fous  le  nom  i’atrium  , Ies 
bufies  de  tous,  leurs  parens  défunts,  avec  une  inf- 
eription  renfermant  leurs  noms,  furnoms  &c  qua- 

lités,  & deles  repréfenrer  avec  leur  habillement 

ordinaire,  ou  avec  celui  de  la  plus  grande  dignicé 
done  ils  avoient  cte  revécus.  II  faut  convenir  c^ue 
ces  atrentions  contribuoienc  eííentiellemcnt  á faire 
érudier  la  reíTemblance , en  méme  tems  qu'elles 
produifoient  une  agréable  variété  pour  Ja  décora- 
tion  : la  vanité  avoit  autanr  de  part  que  le  fenti- 
rnent  a cette  conduire  des  Romains,  & la  fuperf- 
tition  fervoit  encore  de  pretexte  á cette  méme 
vanité.  Non-feu!ement  ils  faifoient  participer  ces 
bufies , par  leurs  habiilemens  de  deuil  ou  de  fére  , 
a tous  les  événemps  heureux  ou  malheureux  de 
leurs  familles  5 mais  ils  les  faifoient  porter  dans 
leurs  -fiinérailles.  Plus  le  nombre  de  ces  bufies 
etoit  grand  , plus  la  marche  étoit  pompeufe  , & 
plus  la  famille  attiroit  Jes  regards.  D'ailleurs  , 
quelques-unes  de  ces  cérémonies  éroient  liées  au 
cuite  des  dieux  manes  ou  domeftiques  : ainli , on 
pourroir  croire  qu'indépendamment  du  crédir  de 
la  fuperftition , le  gouvernement  cherchoit  á en- 
iretenir  ces  objets  de  morale,  dans  la  vue  d'adou- 
cir  la  férocité  á laquelle  tous  les  hommes  font 
portés . Se  principalement  ceux  qui  compofent  une 
natrón  guerriére  ”, 

On  peut  aiTigner  pour  feconde  caufe , avec  le 
»eme  comte  { Rec.  1.  f.  16^.),  «Pufage  des 
ftornains  qui  plaqoient  un  grand  nombre  de  bufies 
lur  des  garnes  dans  leurs  maifons,  leurs  bib'io- 
fneques^j  leurs  bains  , leurs  jardins  , enfin  aux 
ueux  cotes  de  leurs  portes,  es  derniers  bufies 
etoient  le  plus  ordinairement  á .leux  tetes,  pour  ' 

“ decoraron intérieure  6c  extérieurs  j6cüs  écoknt  i 


B U S 543 

formoient  la  porte,  la- 
que..e  paioilfoit  ordinairement  libre  ¿ dégagée 

pour¿  fen 

vd'es  ¿Sr  * ®‘^^doit  plus  loin  que  leurs 

V l.es  £Sc  que  1 interieur  de  leurs  maifons.  Leurs 

^ couverrerde 

dieux  cerm.s , & eurs  cnemms  de  Mercares  & 
u .u.res  aieux  turelaires.  Ces  ftatues  toujours  bJa- 
es  dans  acs  enarous  les  mieux  cultives  ou  Íes 

h " P'Oduire  des  points-de-vue 

d une  charmanre  varíete,  & former  le  plus  agréa- 
ble  fpedtacle  au  voj'^ageur  enchanté 

Les  bufies  pkcés  fur  des  gaínes,  ou  Kermes, 
y etoient  fixes  par  des  barres  de  metal  qui  les  tra- 
verfoient  a la  hauteur  des  épaules.  On  retrouve 
íes.J^ecevoient,  dans  un  grand  nom- 
bre de  bufies  antiques.  Ces  barres  fervoient  auíS  á 
les  tpnfporter  avec  plus  de  facilité.  On  voit  á 
Portier  deux  bufies  dune  forme  trés-ancienne , 
qui  onc  chacun  ces  deux  barres  ou  anfes  de  méral 
placees  en  faülie  fur  Ies  cotes , pour  aider  á les 
tranfporter  Se  a les  changer  á volenré. 

BUSTERIVS  & Busterichus,  divinité  des 
Oermains,  dont  la  ílatue  fe  voitaujourd  hui  dans 
la  forterelTe  de  Sondershufa  5 elle  étoit  autrefeis 
dans  cede  de  Rottembourg.  On  na  point  examiné 
& determine  de  quel  metal  ou  de  que!  ailiai^e  cett- 
ítatue  eñ  compofée.  Elle  porte  la  main  droite  fur 
la  tete.  Se  elle  a un  genou  en  terre.  La  ir.ain 
gauche , qui  étoit  appuyée  fur  la  cuiífe,  manque 
entieremenr.  ^ 

BUSTIRAPUS.  Les  Romains  déCgnoient  par 
ce  terme  de  mepns  des  gens  de  Ja  lie  du  peuple 
qui  deroboient  pour  vivre  Ies  mets  que  Pon  dépo- 
foit  fur  les  buchers  Se  fur  ¡es  tombeaux.  Catul'e 
pane  d'une  femme  qui  étoit  réduite  á ce  deeré  de 
mucre  (xix.  1.)  ; “ 

TJxorne  Meni , fípe  quam  in  fepulcretis 
Vidífiis  ipfo  r apere  de  rogo  'cosnam  ^ 

Chm  devolutum  ex  igne  profequens  panem  , 

A femirafo  tunderetur  ufiore. 


BTJSTUARIM  moeck&.  Ce  mot  ne  défigne 
pas,  comme  Pont  penfé  qaelques  interpretes,  des 
pleureufes  gagées  pour  les  fiinérailles ; mais  des 
femmes  de  mauvaife  vie  qui  fe  cachoient  dans 
les  endroits  déferts  Se  parmi  les  tombeaux.  Mar- 
tial  le  donne  á entendre  trés-clairement  dans  ce 
vers  (/.  58.  8.): 

Abfeondunt  /pureas  & monumerua  lupas. 

BUSTUARII  gladiatores.  C’étoient  des  ela- 
diarears  que  Pon  payoit  pour  combattre  devane 
les  buchers , afín  de  donner  plus  d eclat  aux  fu- 
nérailles  des  licbes. 


544 


U T 


BUSTUM , écoit  proprement  le  bucher  qui 


confumoit  les  ixiorts. 

Busrvu , étoic  l’endroit  du  champ  de  Mars 
dins  lequel  on  brula  le  coros  d’Augufte  ^ 8r  dans 
la  faite  ceux  de  piulieurs  enrpereurs  & princes. 
St'-abon  (r'.  v.  165.)  dit  qu’il  étoitplacéau  rniiteu 
du  chamo  de  Mars,  & quil  éroit  fait  de  pierres 
bianchesrquune  grille  fentouroit,  & 
planté  d’aulnes.  Nardini  croit  que  Teglne  de 
Sainc-AuguíHn  eii  bátie  fur  fes  rumes. 
pas  confondre  le  bn^um  zstc  le  maufolec  d Au- 

Bustum  arí.  S.  Jéróme  appelle  de  ce  nona  le 
foyer  d’ua  aiitel.  (Turneb.  Adverf.  xix.  ai)-^ 

BVTEO  étoit,  felón  Pline  t-f.  8.)^  un  oifeau 
du  genre  des  épertiers  , que  fon  furnomraoit 
iriorckes , á caufe  de  fes  trois  teíticules , & auquei 
Phoemonoé  affigna  le  premier  rang  dans  1 
des  oifeaux  qui  fervoient  aux  augures.  La  tamiUe 
Fasta  porta  quelquefois  le  furnona  Buteo  , a 
caufe  d’un  épervier  qui  fe  pofa  fur  le  vaiíTeauque 
montoit  uxxFabius',  ce  qui  fut  pris  pour  ua  bou 


augure. 

BüTÉS , un  des  argonautes , fut  honoré  aprés 
fa  nrort  par  les  Athéniens,  comme^un  heros.  11 
eut  méme  un  autel  dans  le  temple  d Eredlbee.  II 
ne  faut  oas  le  confondre  avec  un  autre  Bates  , fi.s 
d’Amvcus,.  refugié  en  Siciie,  ou  il  fut  accueilli 
par  la  courtifanne  Lycafte,  furnommée  Venus, 
qudl  rendir  mere  d’Eryx.  Toyep  Eryx. 

Paufanias  (Attic.)  a parlé  du  premier  Bates, 
& Virgile  {S.neii.  v.  371.)  dit  du  fecond : 


Idemqae  ad  tamalum  , quo  máximas  accabat  HeSor, 
Viclorem  Baten  immani  corpore  , qui  fe 
Bebryciá.  veniens  Ámyci  de  gente  ferebat , 
Tercalit , & fulvd  moribandum  extendit  arena. 


BUTHROTUM,  en  Epire.  extpoti£2N. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

IDevenue  colonie  romaine , cette  ville  a fait 
frapper  des  médailles  latines  en  Phonneur  d’Au- 
guíle , avec  la  légende : 

c.  A.  BT5T.  oa  BUTHR.  Colonia  Augufta  Bu 
tkrotam. 

BUTYSIA,  mot  latín  fynonyme  de  bovki- 
iium,  facrifice  d'un  bceufi  & traduit  du  grec 
^7o~íct  3 qui  lignine  la  merne  choíe.^Suetone  dit 
que  Néron  fe  fit  rafer  poar  la  premiére  fois  pen- 
dant  que  Ton  immoloit  un  boeuf  aux  dieux  (c.  12. 
n.  II.)  : Inter  Bathyfis,  apparatum  barbam  pofuit. 

BUTO  8e  Butus.  Les  Egyptieiis  adoroicnr 
une  divinité  de  ce  nom,  que  les  Grecs  transfor- 


B Y B 


mérent  en  Latone.  Jablonski  (Pantkeon.  lEgypt.) 
croit  que  Bato  étoit  un  fymbole  de  lapleine  lup.e, 
comme  Bubafte  étoit  celui  de  la  nouveíle  lune. 


Etienne  de  Byzance  dit  expreíTément  que  les 
Grecs.  appeloient  Latone  la  divinité  adorée  á 
Batas , ville  d’Egypte , qui  avoit  pris  fon  nom 
Bato  de  cette: divinité  : e’xcí?At<i  ¿í  Bar»,  «p’  k 
vAi  ¡1  Aiít'íí  Bsrá.  Cette  ville  étoit  fituée  dans  la 
Baffe-Egypte , prés  de  Sébennys  & de  l'embou- 
chure  dú  Nil , appeíée  Sébennytique.  Hérodote 
(/i¿.  il.  c.  ijó. ) y avoit  été  & y avoit  vu  Tille 
Chemnis,  qui  fiottoit,  difoit-on , fur  un  grand  lac 
prés  da  temple  de  Latone  a Butus.  Les  Egyptiens , 
felón  le  méme  hiilorien  , affuroient  que  Bato , une 
des  huir  divinités  adorées  par  eux  des  les  tems  les 
plus  recules,  habitoit  Butus,  & quelle  avoit  été 
chargée  de  gárder  le  jeune  Horus.  Bato  voulant 
le  fouílraire  aux  pourfuites  de  Typhon,  le  cacha 
dans  Tille  flottante ; de  forte  qu  elle  fut  appelée 
depuis  la  nourrice  des  enfans  ddfis  & dOfiris, 
c'eñ-á-dire,  d’Horus  oud’ApoIlon,  & de  Bubafte 
ou  Diane.  De-lávint,  ajoute  Hérodote,  la  fable 
inventée  par  Efchyle , fils  dTuphorion , qui  fai- 
foit  Diane  filie  de  Cérés,  & qui  parloit  de  Tille 
flottante  ou  de  Délos.  Voila  , de  Taveu  méme  du 
plus  ancien  hiñorien  grec , Torigine  égyptienne 
de  Latone  & de  fes  enfans. 

Plutarque  (^de  Ifde')  dit  qu  Ifis  eleva  & nourrit 
á Butus  , Horus  qui  fe  forma  au  milieu  des^  exha~ 
laifons  kumides  fd  des  nuages.  Cet  Horus  étoit  le 
foleii  d'hiver,  quiperce  au-travers  des  nuages;  & 
Ifis  chargée  de  fon  édacation,  étoit  Bato.  Les 
Egyptiens  croyoient  (Plutar.  eodem  loco)  que  la 
Lune  fe  nourriíloit  des  exhalasfons  humides  de  la 
terre , & qu’elle  étoit  mere  de  la  rofée , dont  la 
terre  fe  nourriíToit  á fon  tour.  Cette  rofee  etoit 
pour  eux  un  bienfaitprécieux,  a caufe  de  la  feche- 
reíTe  de  leur  climat  : c’efi:  pourquoi  ils  rendoient 
un  cuite  á la  píeine-lune  ou  á Bato  ; c’eít-a-dire, 
felón  Plutarque  (Sympof  l.  3.),  acetre 
la  lune  pendant  laquelie  ils  croyoient  que  la  ro.ee 
étoit  le  plus  ahondante . Bubafle  défignoit  qonc  la 
nouvelle  June  ; & Bato  , nourrice  de  Bubaile,  o’a 
qui  iui  avoit  fuccédé , étoit  la  pleine  lune  dans 
langae  facerdotale. 

BÜTONTUM,  dans  TApulie.  BYToNTiNnN. 

Pellerin  en  a publié  une  médaille  autonoiue  e 
bronze. 

BüTüS.  Koyei  Buxo. 

BÜXUM.  Ce  nom  propre  du  buis 
auíll  un  córner  á jeter  les  dés;  parce  qui  S'- 
fait  ordinairement  de  ce  boi^ 


BüBLIS.  Voye^i  Biblis.  j. 

EYBLOS  , ville  maritime  de 
ítoit  fituée  fur  un  cóteau  , entre 
ryte.  Quelques  auteurs  en  ont  jonfié 

la  plus  ancienne  ville  du  monde  , et  m 'r>rre. 

pour  fondateur  Saturne,  fils  du  Ciel  Se  le 


B Y G 

Las  ñots  nvoietit  jeté  le  corps  íOfíris  Tur  cette 
cote,  lorrqu'Ilis  , qui  !e  cherchoit,  paíTa  á By- 
blos,  8c  y recut  un  bon  accueil  de  la  pare  de  Ma- 
léaiidre  & d'Aílarré  fon  époufe , qui  y régnoient. 
On  a prétendu  que  ce  voyage  d'Ilis  avokoccafionné 
la  dénomination  de  la  vilie  ; parce  que  ce  fut  le 
lieu  oü  cette  princeífe  , pleurant  Oíiris , dépofa 
fon  diadéme  qui  étoit  de  papier ; & le  mot  grec 
EjoAsr  lignifie  la  piante  qui  fourniíToit  la  ma- 
tiére  dont  on  faifoit  le  papier.  D'autres  veulent 
que  ce  nona  vienne'  de  ce  que  le  papier  fe  con- 
fervoit  daas  cette  vilie  tant  que  Ton  vouloit  ^ fans 
fe  gáter. 

Quelques  auteurs  ont  dit  que  Cinyras , pere 
d’Adonis  , avoit  régné  dans  cette  vilie.  Ce  qu  il 
y a de  certain , c’eíl  que  Venus  y avoit  un  tem- 
ple, dans  kquel  on  célébroit  les  cérémonies  du 
cuite  d’Adonis.  On  voyoit  un  autre  temple  fur  le 
Mont-Liban  , á une  journée  de  Byhlos  , proche 
la  riviére  d’Adonis,  qui  étoit  confacré  á Venus 
Amphacitide  , ou  Amphacide ; furnom  pius  du 
lieu  oú  ce  temple  fut  báti.  A un  certain  jour  de 
i'année  on  faifoit , difoit-on  , defeendre  á forcé 
d’invitatioDS  , du  fommet  du  Mont-Liban  , un 
íéii  fous  la  forme  d’étoiles  , qui  s’enfon^oit  dans 
la  riviére  voifine  ; & on  prétendoit  que  ce  feu 
étoit  Venus  elle-méme.  La  féte  de  ce  temple  fe 
célébroit  par  des  abominations  qui  faifoient  rou- 
gir  la  nature.  Conílantin  le  détruiíit. 

On  racontoit  une  particalarité  fort  extraqrdi- 
naire,  relative  aces  fétes. Les  Aíexandrins,  difoit- 
on  , écrivoient  aux  femmes  de  Byhlos  une  lettre 
dans  laquelie  ils  mandoient  qa’ Adonis  étoit  re- 
trouvés  ils  enfermoient  cette  lettre  dans  un  vafe 
de  terre  , qu’ils  fcelloient  ; & aprés  quelques  cé- 
rémonies , ils  le  mettoient  fur  la  mer.  Ils  aíTu- 
roient  que  ce  vafe  fe  rendoit  de  lui-méme  , dans 
certains  jqurs  de  I’année , á Byhlos , oú  des 
femmes  chéries  de  Vénus  le  recevoient , &,  apres 
avoir  ouvert  la  lettre  , ceíToient  de  pleurer  , 
comme  íi  Vénus  eút  retrouvé  fon  cher  Adonis. 
Luden  dit  avoir  vu  a Byhlos  la  tete  de  cartón 
que  les  Egyptiens  y envoyoient  tous  les  ans  , 
fans  autre  cérémonie  que  de  la  jeter  dans  la  mer. 
Les  vents  la  portoient  tout  droit  á fa  deñination 
dans  fept  jours  : c’étoit  le  tems  qu’on  empíoyoit 
ordinairement  pour  paiTer  d’Egypte  á Byhlos. 
Voys:^  Adonis  , Aphacite  , Cyniras. 

Byblos  , dans  la  Phcenicie.  BTBAI2Y  Se  by- 
baign.  , ...  . 

Cette  vilie  a fait  ftapper  des  medailles  impe- 
riales grecques  en  l’honneur  d Auguíle  , de 
Claude,  de  Commode,  de  Crifpine  , de  Séyere , 
de  Domna  , de  Caracalla  , de  Géta  , de  Diaou- 
tnénien  , d’Elagabale  & de  Valérien. 

BYGOIS,  Nymphe  qui  avoit  écrit , 

dans  la  T ofeane  , un  livre  fur  I art  d interpreter 
les  éclairs.  On  confervoit  ce  livre  á Rome  dans 
k temple  d’ApoIlon  , avec  quelques  autres  ue 
Anízquités , Tome  J% 


B Y S 


.^45 


méme  natare.  Servias  en  parle  á l’occaíion  de  cc 
vers  de  i’Enéide  ( iib.  6.  71. ' : 

Te  quoque  magna  manent  regáis penetralís  nofiris. 

BYSSUS.  On  n’avoit  écrit  que  des  chofes 
vagues  ou  contradicloires  fur  le  byjfas  des  an- 
ciens  3 jufqu’á  Tan  1776  , oú  M.  jean  Reinoid- 
Forfter  , membre  de  la  Société  royale  de  Lon- 
dres, a piiblié  une  excellente  Differtation  fur  ce 
fujet , intitulée  : Líber  finguiaris  de  byjfo  antiqao- 
rum.  ( Londini  , in-8®.  /. 

Nous  ne  croyons  pouvoir  mieux  compofér  ccc 
article  , que  den  faire  l’analyfe. 

■ Les  Romains  recurent  des  Grecs  le  nona  byjfas-^ 
goms , en  recevant  d’eux  Ies  étqffes  de  cette 
matiére,  que  fourniíToient  á TOccident  les  Pto- 
lomées , S¿  Philadelphe  en  particulier.  Mais  ils 
donnoienr  á ce  mot  áiíférentes  ac-ceptions  , qui 
ont  égaré  les  Philologues  modernes.  Hefychius  , 
par  exemple , Suidas  & le  graiid  f.tymoíogi£te 
i’expliquent  de  la  couleur  pourpre  : ^ cet  abus 
étoit  confacré  fans  doute  a 1 epoque  ou  ils  écri— 
voient.  Ilidore,  Pollux,  Saint  Jérome  & le  plus 
grand  nombre  des  écrivains  aíTurent  que  le  byjfus 
étoit  une  efpéce  de  lin.  Le  premier  , dit  (^Orzgin. 
19.  c.  17.  ) : Byjfum  gemís  efi  quoddam  lini  , 
nimiiem  candidi  6?  moUiJftmi  .•  & C ibid.  c.  IX.  ) , 
byjftna  candida  , confecta  ex  qiioaqm  genere  lini 
grojfioris.  Sunt  & qui  genus  quoddam  lini  Byjfum 
ejfe  exijiiment.  Pollux  ajoute  que  cette  efpéce  de 
lin  vient  des  Indes  & de  l’Egypte.  ( Onomafi^ 

lib.  VIH.  c.  17.)  : Ka;  fiif  y-ai  rce  guva-na , Ktí¡  n 
■güeros,  Xmo.ri  uhs  xap'  U^aií.  «oh;  Ai  xai  5r<zp 

AíTiiTiiois  asa  %-jXoa  Ti  ttiov  y¡yv£j-«i.  L’Egvpte 
íembioit  erre  la  patrie  cu  byjfus , felon^Paint 
Jetóme  ( in  Eqech.  c.  xj.  ) ; Byjfus  in  dt-gypto 
quam  máxime  nafeitur . 

Pluíieurs  anciens  ont  dit  encore  expreiTémenr 
que  le  byfiis  ctoit  un  Iin  ou  une  lame  prodmre 
par  des  arbriíTeaux.  Amen  {pag.  179.  edlt.  H. 
Jiepk.')  ; EítÍíj-;  Ai  If  Aíi  Xifi-e  , Karasts  Xiyzraí 

üíapx^s-  Ta’J  «sr»  Ttut  ¿eíAf£a».  TertuIÜen 

a parlé  auíTi  de  cette  laiae  des  arhres  dont  on 
s’habiUoit  dans  les  Indes  ( de  Fallió  ) : Quoniam 
& arbufta  veftiunt.  On  lit  dans  Méla  que  les  In- 
diens  s’habiUoient  avec  une  efpéce  de  ^,  011 
une  laine  aue  produifoient  les  arbres  (A¿. 8.5.8.): 
Lanas  filvs.  ferunt  , & peu  apres  : Lino  alu  vej- 
tiuntur,  aut  lanisquas  diximus.  Onpeut  conciure 
de  tous  ces  paffages , que  le  byjfus  etoit  une 
efpéce  de  lin  que  l’on  tmoit  des  _&  des 

arLiífeaux  , dans  l’Inde  , dans  I Arable  , en 
Egvpte,  apoelée  par  les  Barbares  Gofipton , & 
qui  & leC¿TON  des  modernes.  Les  habitans  de 
ces  contrées  en  compofoient  la  trame  des  etoSes 
aDoeléesparles  RomainsSüBSERic,€C/G  ce  ract.), 
dont  la  chaine  éteít  de  foie  , & que  les  temmes 
¡de  Cos  8c  d’autres  i¡eax  defanoient , poui 

Z i i 


54^  B Y S 

féparer  le  coton  & pour  travailler  des  étoffes  en- 
tiérement  tiífues  de  foie  , appeiées  holoferics,  & 
holovírí. 

?ví.  Forfter  aioute  que  les  anciens  connoiíToient 
¿eux  efpéces  d’arbriíTeaux  á coton  j le  Bombax 
& le  Gojfypium  , qui  appartiennenc  tous  deux  á 
la  Monadélpkia  Folyandrla  de  Linnée.  Comme 
ces  deux  efpéces  étoient  des  arbriíTeaux , les 
Grecs  leur  donaoient  le  nom  générique  IoAm  , 
que  Ies  Latios  rendoient  par  les  mots  Xylum  & 
Xylznum.  Le  byjfus  dont  parle  Pline  Qih.iz).  c.  i.)‘- 
Cui  nulla  funt  candare  moUitiave  pr&ferenda  , 
étoit  le  gojfypium  ou  Coton  blanc ; & celui 
dont  parle  Phüoílrate  dans  la  vie  d'ApoIIonius 
( lib.  il.  c.  lo.  ) j dont  la  couleur  étoit  rouíTe, 
^üíhg  rJiSm  , venoít  du  Bombax. 

On  ne  trouve  point  de  véritable  lin  dans  lin- 
de 5 comme  l’a  remarqué  Osbeck  dans  fon  vojage 
‘VoL  de  rédit.  angloife  ) ; il  eíl 
preique  inconnu  dans  l’Egypte  j & Ton  faitque 
ces  contrées  ont  toujours  vu  cultiver  les  mémes 
végétaux  & exercer  les  mémes  arts.  11  eft  ce- 
pendant  parlé  fouvent  du  lin  dans  les  ouvrages 
qui  ont  rapport  aux  Egyptiens.  Leurs  précres 
étoient  obiigés  d'en  faire  leurs  habiilemens ; d’ou 
leur  venoit  le  furnom  linigeri  : les  initiés  aux 
myftéres  dTfis , portoient  auííi  des  habits  de  lin , 
& Suétone  remarque  d'Othon , qull  n’avoit  pas 
craint  de  paroítre  en  public  dans  les  fétes  dlfis  , 
in  lintea  vejie  , avec  les  habiilemens  des  initiés. 
Pline  explique  la  nature  de  ce  lin lorfqu’il  dit 
que  les  habits  de  Coton  étoient  trés-recherchés 
par  Ies  prétres  égyptiens , vejies  inde  (Xylinas) 
Jacerdotibus  gratijkma,.  VeJles  Xylins.  étoient  íy- 
nonymes  de  veftes  byjfná.  ; & c’eft  auífi  de  ces 
ctoffes  que  veulent  parler  les  anciens  écrivains  j 
lorfqulls  font  mention  des  doñee  que  linde 
importoit  en  Egypte. 

Plutarque  ( in  Ifide  ) , & Hérodote  ( lib.  il. 
t.  S6. ) , aíTurent  que  la  religión  des  Egypñens 
leur  ordonnort  d'envelopper  les  cadavres  dans  des 
étofres  tiffues  avec  le  byjfus.  Les  autorités  rap- 
portées  ci-deíTus  , ont  prouvé  que  le  byjfus  étoit 
notre  coton  : Pinfpeclion  des  bandelettes  qui 
entourent  les  momies  , le  démontre  rigoureu- 
femenr.  Le  célebre  Rouelle  difoit  en  lyjo  ^ dans 
Ies  Mémoires  de  FAcadémie  des  Sciences;  «Toutes 
M les^  toües  de  mumie  qui  font  fans  matiéres 
» rénneufes  , que  j’ai  eu  occaíion  d'examiner  , 
w lont  toutes  de  coton  ; les  morceaux  de  linge 
« dont  Ies  oifeaux  embaumés  font  garnis , afin 


B Y S 

» de  leur  donner  une  figure  nlus  élésante  , font 
» également  de  coton.  — Le  lin  des  Egvptiens 
« étoit-il  le  coton  ^ ou  le  coton  étoit-il  conGcré 
» par  la  religión , pour  les  embaumemens  ?*» 
M.  Foríler  a obfervé  la  méme  chofe  fur  les 
momies  du  Mufeum  Britannique.  La  momie  du 
cabinet  de  Sainte-Géneviéve  a fourni  la  matiére 
aux  obfervations  du  célebre  Rouelle;  & nous 
Ies  avons  confirmées  de  ncuveau  fur  cette  méme 
momie. 

II  eíl  done  évident  qull  faut  reconnoítre  le 
Coton  dans  le  byjfus  des  anciens  ; & qull  faat 
¡e  diílinguer  auífi  du  byjfus  des  pinnes-marines , 
cette  efpéce  de  foie  que  produifent  des  coquii- 
lages  bivalves dont.  on  fabrique  des  gants  6c 
des  bas  á Palerme  en  Siciie. 

B Y S T U S j,  pere  d’Hyppodamie  , celle  que 
Pirthoiis  époufa. 

BYZANTIUM , en  Thrace.  BYZANTiaN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRRR.  en  argent.  ( Hunier. ) 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Leurs  types  ordinaires  font  ; 

Neptune  aífis  ou  debout  , tenant  Facroñolima 
& le  trident. 

Un  raifin. 

Un  dauphin. 

Une  proue  de  vaiiTeau. 

Un  trident  avec  un  dauphin. 

Devenue  colonie  romaine  j cette  vilIe  a fáie 
firapper  des  médailles  impériales  grecques  > fous 
Fautorité  de  fes  archontes  , ( au  nombre  def- 
quels  Trajan  & Caracalla  voulurent  bien  étre 
compres  ) , en  Fhonneur  d'Auguñe  , de  Caligula, 
de  Claude  , de  Trajan  , d’Hadrien  , d’Antonín  , 
de  Fauíline  jeune  , de  Sabine  , de  Marc-Auréle  , 
de  Verus  , de  Lucille  de  Commode  , de  Crif- 
pine  , de  Sévére  ^ de  Domna,  de  Caracalla  , de 
Plautille  j de  Géta  , de  Maorin  , de  Diaduménien, 
d’Elagabale  , de  Soémias , de  Moefa  j d’AIexan- 
dre  Sévére  , de  Mamée  , de  Gordien  , de  Valé- 
rien  , de  Gallien  ^ de  Salonine , de  Trébonien- 
Galie  j de  Volufien. 

BYZAS  j fondateur  de  Byzance.  Mariette  a 
cru  reconnoítre  fa  tete  fur  une  pierre  gravée  du 
Roí  ( tom.  1.  n.  Sé.  ).  ÍI  y a été  conduit  , fans 
doute  , par  fa  reffemblance  avec  la  tete  que  Fon 
voit  fur  quelques  médailles  de  Byzance  ( Haym. 
Thef.  Brit.  tom.  1.  p.  JO.  ) av'cc  Finferiptioa 
Byzac.  Ce  Byjas  étoit  fils  de  Neptune. 


547 


O N peut  partager  Ies  C des  monumens  8c  des 
chartres  en  quatre  feries  tres  - nombreufes.  La 
premiére  grande  férie  du  C ^ eft  formée  de  C 
anguleux  , tantót  ferriblable  au  r grecj 
á FL  latine  , tantót  a un  angle  ouvert  du  cote 
droit.  C'eíl  ce  qui  caraciérife  fes  trois  premieres 
fous-féries , dont  Ies  figures  font  fort  anciennes  , 
á quelques  légéres  exceptions  prés. 

Six  perúes  diviíions  partagent  la  feconde  grande 
férie  , compofée  de  C plus  ou  moins  carrcs. 
Leurs  figures  appartiennent  prefque  toutes  au 
moyen  age  : d'autres  remontent  á la  haute  an- 
tiquité 5 la  feconde  8c  quelques  - unes  ne  con- 
■ viennent  qúaux  bas-tems.  Voici  leurs  caraéteres 
diíHnélifs  : premiére  fou-férie  , C.  tendant  á fe 
carrer  ; feconde  , carrés  ; troifiéme  , a montans 
foiivent  prolongés  j quatriéme  en  F ; cinquieme, 
á angles  rentrans  ou  faillans  vers  le  _milieu  du 
dos  ; Cxiéme  , prefque  en  polygones  irréguders. 

Les  C diverfement  arrondis  j _ conñituent  la 
tróifiéme  férie.  Ses  quatre  premieres  fou-  fé- 
ries  s’ajuftent  mieux  avec  les  quatre  premiers 
íiécles  qtfavec  le  moyen  age  ; .8c  mieux  encore 
avec  celüi-ci  , qúavec  les  bas  - tems.  Premiére 
■fous-férie  , C ordinaires  ; deuxiéme,  contournés 
ou  renverfés  ; troifiéme  ^ plus  hauts  que  larges  ; 
quatriéme  , en  G ; cinquiéme,  en  pointes.,  figne 
de  grande  antiquité  ^ fuppofé  que  ces  poiníes 
foienc  confiantes  ; íixiéme  , inclinés  vers  la  gau- 
che ; feptiéme  j terminés  par  des  ^traits  exce- 
dens.j  indices  des  quatre  premiers  ñecles. 

'La  quatriéme  férie  uniquement  confacree^  au 
got-hique  , ne  s’éléve  pas  au-deffus  au  douzieme 
^éc!e',  8c  defcend  prefque  jufqúau  nótre  : 
■i'’.  C coupé  de  haut  en  bas  ; en  forme  dG 
curfif;  3°.  avec  failües , ou  angles  rentrans  Se 
faillans  ; 4°.  fermé  par  une  ligne.  ( Nouvelle 

Diplomatiaue.  ) 

Le  C a fouvent  été  mis  dans  les  manufents 
anciens  a la  place  du  P , par  la  négligence  des 
.copiftes.  Les  antiquaires  8c  Ies  philologues  doi- 
tvent  fe  reffouvenir  de  cette  obfervation. 

Le  C tient  la  place  du  F fur  quelques  an- 
ciennes médailies  de  la  Sicile  , 8c  en  particulier 
fur  des  médailies  de  Géla , ou  1 on  voit  ceaqion 
pour  rEAOiQN,  8c  ceaas  pour  feaas 

De  méme  que  les  habirans  de  Gela  , les  Ro- 
mains  fe  fervirent  long-tems  du  C au-lieu  du  G. 
Cet  ufage  fubfifia  au  moins  jufqua  la  premiere 
guerre  punique  ; car  on  en  yoit  les  traces  a la 
colonne  roítrale  de  Duilius , fur  laquelle  on  lit 
MACISTRATUS  j LEGIONES  , PPCNAKDO  , SCC, 


pour  magifiratus  , legiones  , 8c  pugnando.  On  lit 
auííi  OcüLNius  pour  Ogulniv.s  fur  les  médailleS" 
de  ¡a  familie  Ogalnia.  Aufone  a confervé  le  fon- 
venir  de  cet  ancien  ufage  , ( Eidyl.  de  Utteris 
/7.  21.  ) j & il  dit  que  le  C faifoit  jadis  Ies  fbnc- 
tions  du  r des  Grecs  , gamma  vice  prius  func- 
tam.  Plutarque  ( Quafi.  Rom.  >'4.  ) attribue  Fin- 
vention  du  G á Spurius-Carvilius. 

Le  C eft  employé  pour  le  K , fur  une  pierre 
gravée  que  poíTédoit  le  comte  de  Carliíle  ^ An- 
glois.  On  y voit  une  tete  de  Médufe  ^ avec  le 
nom  du  gravear  Sófocles  y écrit  ainfi  C£2cocah 
Le  barón  de  Stofeh  qui  l’a  publiée  dans  fes' 
pierres  gravees  avec  les  nom.s  des  graveurs  , Pavoit 
écrit  mal-á-propos  par  un  K ^ CíicoKAE. 

Cet  emploi  du  C pour  le  K.,  fut  trés-ordi- 
naire  chez  les  Latins  ; Se  la  caufe  de  cette  ufur- 
pation  étoit  Fidentité  de  prononciation  : auífi 
ceüe-ci  fut- elle  prolongée  dans  le  moyen  age. 

Selon  Maxime-Vidorin  j il  falloit  employer  le 
K lorfqu’il  étoit  fuivi  de  la  voyelle  A.  Voila 
pourquoi  Fon  écrivoit  au  nemñéme  liécle  Ka- 
rolus  plus  fouvent  que  Carolas  , que  Fon  voit 
gravé  plus  fouvent  au  huitiéme  fur  les  monnoies. 
On  étudioir  alors  les  grammairiens  avec  ar-deur. 
La  décifion  de  quelques-uns  d'entre-eux  ^ fut 
emibraffée  par  divers  favans  , préférablement  .á 
Fopinion  de  Prifeien  , qúon  n ayoic  peut  - étre 
pas  encore  bien  médité , ou  qúon  ne  ¡ugeoit 
pas  devoir  Femporter  fur  des  auteurs  plus  an- 
ciens que  lui.  II  úeft  done  pas  néceffaire  d’avoir 
lecours  aux  Ruñes  ( comme  Font  fait  quelques 
écrivains  ) , pour  nous  apprendre  ce  qui  portott 
alors  les  peuples  venus  du  Nord , á fe  fervúr  du 
K plutót  que  du  C.  Si  cela  étoit  j on  ne  com- 
prendroit  pas  pourquoi  FAngleterre  , plus  fepten- 
trionale  que  la  France  , aurok  retenu  1 ufage  du 
C 5 tandis  que  le  K auroit  été  employé  par  les 
Francois  comme  par  les  Suédois.  {Thefaurus 
Nummorum  Sueco-Gotkicorum  ftudio  Elis.  Brenneri 
Stockolm,  1731  7t-4'’-  )•  Au  refte,  Fépoque  de 

es  cHsn^ctnsnt  pss  prscirsrncnt  sttsc-iss  3. 
Fempire^de  Charlemagne.  Depuis  cette  époque 
on  ne  renonqa  pas  entierement  a 1 uiage  du  C 
devam  la  , pas  méme  dans  les  monogrammes  ; 
feulement  le  K prit  fayeur  dans  les  diplóm^ 
Se  fur  les  monnoies , ou  le  C ne  parut  p.us  k 
fréauemment.  ( Nov-vdle  Dzplomaüque.  ) ^ 

Le  C a pris  fouvent  dans  les  manufents  latins 
la  place  du  Q , á caufe  de  la  reíTemblance  qiH 
exiftoit  dans  leurs  prononciations.  On  y volt 
cocas  pour  coqaus  , cotidie  pour  auotidie  , cas 

Z z z i; 


54“  C 

pour  quas  , coqiíc  pour  quoque  , com  .quom  ¡ 
tuando  ^ pour  quando.  Les  marbres  porrent  fou- 
vent  cointus  pour  quiraus  y & on  lit  dans  les 
Pandeóles  de  Florence  coipe  pour  quippe. 

Les  infcriptions  nous  font  voir  quelquefois  le 
C employé  pour  TS  j CatulUi  pour  Satulln  ^ co- 
ttra  pour  fotera  ¡ 3c  rédproquement  -áfie  pour 
Acíe. 

11  faut  obferver  encore  foigneufement  une 
faüte  des  anciens  copiftes  qui  mettoienr  le  C á 
la  place  du  T.  Cell  ainfi  qu'un  manufcrit  de 
Capítol in  ( in  Mjximzn.  c.  2.  ) appelle  Ticas  un 
homme  qui  fenommoitvraifemblablement  Titas  ; 
& les  premieres  éditians  de  Trebellius-Pollion 
^ Trigina  Tyrann.  c.  JZ.)  portent  acrocolicam  fla- 
tuam  pour  acrocoliiam. 

C déíigHok  dans  les  faftes  & dans  les  ealen- 
driers  , Jes  feuls  jours  oii  il  étoit  permis  d aíTem- 
bler  Ies  comices, 

C défigaoit  dant  rarithmétiqae  le  nombre 
cent.  Que-lques  grammairiens  ont  aíTuré  quil 
íigniñoit  cent-mille  , lorfqu’on  le  furmontoit 
d’une  ligne  droire  ; mais  ils  n*en  ont  point  donné 
-d^exemple  tiré  des  anciens  monumens. 

cette  marque,  ou  le  C reto  timé , déíignoit 
’Caia  fur  Ies  marbres  , & il  déíignoit  dans  les 
Tiombres  la  ficilique- 

CC  déíignoit  deiix  cent  mitle  , CCC  trois  cent 
.mille  j &c.  Pline  ( lib  .vi.  22.  ) nous  en  fournit 
un  exemple  : Appofitum , dit-il  ^ oppido  Talefi- 
mundo  , emnium  iki  clarijjlma  ac  regia  C C 
pltbis. 

Lorfque  les  juges  avoient  á prononcer  fur  íe 
fort  d'un  accufé  ^ on  leur  donnoit  trois  teííeres  , 
fur  lefqiielles  étoient  gravees  la  lectre  A initiale 
á’abfolvo  y y abfaus  ; la  lettre  C , initiale  de  con- 
demno , je  condamne  > & les  lettres  N.  L.  ini- 
tiales  des  mo-ts  non  liquet  y Vaffaire  n 'fji  pos  ajfei^ 
éclaircie.  Les  juges  donnoient  leurs  opinions  en 
jetant  dans  une  urne  celle  des  trois  teíTeres  qui 
cxprimoit  leur  fentiment.  De-lá  vint  que  la  lettre 
-C  fue  appelée  httre  trifie  y litttra  trifii  ( Cicer. 
p.  Irlilone  , c.  6.  j 

Quant  á la  prononciation  du  C chez  les  Ro- 
mains  ^ il  paroit  qu’elle  a toujoars  été  forte  & 
analogue  á celle  du  K j.  qa’il  remplacoit  fouvenc. 
Lious  Tavons  confervée  entiére  dans  les  fyllabes 
ca  y co  3c  cu  ¡ 3c  nous  Lavons  adoucie  mal-á- 
propos  dans  les  deux  autres  ce  3c  ci.  11  eft  cer- 
tain  que  les  Romains  prononcoient  KE , & non 
pas  CE.  C’eñ  de-lá  en  effet  que  vient  le  fel  d’un 
jeu  de  mot  de  Cicerón  , qui  plaidant  centre  un 
homme  qui  avoit  été  cuiíinier , lui  reprochok 
cette  profeííion  en  luí  difant,  ego  quoque  tibijure 
favebo.  On  prononqoit  'alors  qoque  comme  'koke, 
& coce  ( cufinier  ) auffi  comme  kohe  ; & l’on 
i on  fast  de  plus  que  jas , juris  eft  equivoque  5 
car  il  íigxuifie  droii  & faujfe.  Si  Ton  eiir  prononcé 
til!  tems  de  Cicéron  coce  , hoce  , comme  nous  le 
íail^  j ¡a  premiére  equivoque  n’auroit  pu  fab~ 


C A B 

ññer  y Se  par  con.'equent  ríen  n’auroit  pu  déte», 
miner  celle  du  mo: Jure.  D^ailleurs  Spon  ( Voyacg 
de  Grece y pan.  3.  p.  40.  ) a rapporté  une'inf. 
cription  qu’il  croic  avoir  été  gravée  dans  le  qua- 
triéme  íiécle  , furlaquelle  on  lit  cheionio  pour 
cEioNio , comme  prononcent  les  Italiens  tno- 
dernes  ; 

CHEIONIO  CONTUCIO  V.  C.  OB 
EGREGIA  PACTA  ET  RARUM 
VETERIS  SANCTITATIS  EXEM 
BEAR  , Sec. 

CAANTHUS  j frére  de  Méüe.  V.  Mélie. 

CAB  , cabba  y cabus  , campfacés  , capitha  , 
mefure  de  capacité  des  foiides  , en  Aíie  &:  en 
Egvpte  5 elle  valoit  en  mefures  de  France  j 
de  boiífeau  5 elle  valoit  en  mefures  anciennes  des 
mémics  pays  i | mares , ou  2 chénices  ^ ou 
4 log , ou  8 hémines. 

Cab  chila  j gerra  , campfacés  , mefure  de 
capacité  pour  les  foiides  de  f Aíie  8c  de  f Egypte. 
Elle  valoit  en  mefure  de  France  une  pinte  & 
; elle  valoit  en  mefures  anciennes  des  mémes 
pays  j,  I f mares  , ou  2 chénices  3 ou  4 log , 
ou  8 mines. 

CABALLÍNUS  3 furnom  de  rHippocréne, 
fontaine  de  Tllélicon.  Hlppocréne. 

GABAN  E.  Ün  des  jeux  fa voris  des  enfans  & 
des  payfans  de  Rome  3 étoit  de  batir  des  ca- 
banes.  Horace  & Tibulle  en  font  aiention.  Le 
prenaier  rí.  5.  247.  ) : 

Mdipcare  cafas^ , plauftello  jungere  mures. 

Et  le  fecond  ( il.  i.  23.  ) t 

Turbaque  vernarum  fkíuri  lona  figna  coloni 
Ludet  y & ex  virgis  etifiruet  arte  cafas. 

La  cahane  de  Fauñulus  fubfifta  long-tems  au 
milieu  des  édiíices  forr.ptueux  qui  décorérent  la 
ville  de  Rome  3 fur  la  fin  de  la  république.  Elle 
étoit  placee  au-deífus  des  comices , auprés  de  la 
Grccofiajis  8c  du  íiguier  ruminal.  Marliani  {Topog.. 
¡irh.  Rom.  il.  17.  ) crok  que  Plutarque  déiigne 
fon  emplacement  fous  le  nom  de  Germalus^ 
Cétolent  peut-étre  les  mémes  ruines  que  eelles  de 
Ja  cábeme  de  Romulus. 

La  cabane  de  Romulus  n*étoit  pas  fur  le 
eapitole , comme  I’ont  écrit  quelques  auteurs. 
Denys  d'Halycarnaffe  dit  expreííement  ( üb. 
qu'^eíle  étoit  lituée  fur  le  Mont  Paiatin  , du-  cote 
du  grand  cirque.  C'étoit  peut-étre  la  cabane  ha- 
bí tée  autrefois  parces  deux  fréres  , qui  3 de 
íimples  bergers  3 devinrent  les  chefs  d^une  ville 
& d'une  peuplade  célebres.  li  y en  avoit  une 
pareiile  au  eapitole.,  que  la  fuperñítion  ccíifs** 


C A B 

volt  dans  fa  ílmpliciré  , & que  Ton  réparait 
avec  íbin  , lorfque  le  tems  luí  íaifoi:  itnnr  fes 
ravages;  mais  fans  ríen  changer  á fon  anrique 
fimplické.  Elle  fue  confumée  du  tems  d’Auguíiej 
par  les  ñammes  d’un  facriñee  que  Fon  y oírfoit. 
C'eíl  de  cette  feconde  cabane  qu’a  parlé  Ovide 

{Faft.  iil.  185.  ) : 

Qus.  fuerit  nojiri  Ji  qu&ris  regia  nati  , 
Afpzce  de  canná  ftraminibufque  domiim. 

E eft  certain  que  cette  cabane  n’avoit  pu  fervir 
dTiabitation  á Rotnulus  , puifque  le  capitole  ue 
fui  point  renfermé  dans  Rome  avant  Tatius. 

CABARET.  Ríen  ne  prouve  mieux  combien 
Herculanum  étoit  grand  8e:  peuplé , que  les 
neuf  cents  maifons  publiques  de  cette  vilte , oú 
Ton  donnoit  á boire  & á manger  : une  infeription 
BOUS  a confervé  la  publication  du  bail  d'une  de 
ces  maifons  , que  nous  nommerions  aujourd’hui 
cabarets.  La  ville  qui  renfermoit  ces  neuf  cents 
cabarets  , &c  que  la  plupart  des  anciens  écrivains 
appellent  Herculanum  , eft  nommée  par  Pétrone 
HercuHs  Porticum  ( c.  106.  ) } & c’eft  de-lá  que 
lui  vient  fon  nom  moderne  de  Portici. 

Cette  infeription  étoit  placee  fur  la  muraille 
d'une  maifon  d'oú  elle  a été  détachée  j & portée 
dans  le  cabinet  des  tableaux  antiques  á Portici. 
C’eft  proprement  une  aíEche  pour  la  location  de 
bains  & d'epdroits  oü  Ton  donnoit  á boire  & 
á manger : elle  eft  unique  dans  fon  genre : 

In  praedIs  iuliae  sp.  f.  eelicis 

tOCANTüR 

BAINEüM  venerium  ET  NONGENTüM 

TABERNAS 

PERGULAE 

CAENACULA  EX  IDIBUS  AUG.  PRIMIS.  IN.  IDUS. 

AUG.  SEXTAS 

ANNOS  CONTINUOS  QUINQUE 
S.  Q.  D.  E.  E.  N.  C. 

A.  suettiuM  veruM.  AED, 

On  apper^oit  aifément  qu’il  y avoir^  eu  pré- 
cédemment  fur  le  mur  une  autre  infeription  en 
eculeur  noire,  qui  étoit,  felón  Ies  apparences  , 
íaffiche  d’un  autre  bail  , & fur  laquelle  1 inf- 
eription  qu’on  vient  de  lire , a été  écrite  depuis 
en  couleur  rouge.  Winkelmann  qui  l’a  publiée  , 
n’a  donné  la  forme  exacle  que  de  quelques  ; 
lettres  de  cette  infeription  , ayant  été  obligé  de  i 
l'écrire  a la  dérobée  > car  il  n’eít  permis  á 
perfonne  d’en  prendre  copie.  Les  lettres  fepa- 
rées  par  des  pcints  dans  la  neuviéme  ligne , 
étoient  fans  dóute  une  formule  coniJUC  alors  j 
®lles  pouriqient  s’expliquer  ainfi  ; 


Sz  quis  dotn¿narr.  loci  ejus  non  coghoverit  ^ 
Adeat  Suettium  Verum , sÁilem. 

j , c<  s li  y avoit  quelqu  un  qui  ne  con- 

^ nut  pas  la  propriétaire  de  ce  lieu'  ou  de  ce 
” bam , il  pourroit  s’adreíTer  á l’édile  Suettius- 
o ^ ” La  propriétaire  fe  nommoir  Julia  , 
& fon  pere  Spurius-Felix.  Les  baux  chez  les 
anciens  Romaius,  étoient  ordinairement  faits 
comme  parmi  nous  , pour  un  certain  nombre 
d années ; celui-ci  eft  pour  cinq  ans. 

CABARNE,  prétre  de  Céres  , dans  Tille  de 
Paros.  C'étoit , dit-on , le  nom  de  celui  qui 
apprit  á Cérés  Tenlévement  de  fa  filie  Proferpiiíe. 

CABASI  , dans  TEgypte.  kabacitíin. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médaiiles  im- 
périales  grecques  en  Thonneur  d’Hadrien. 

CAB ATORES  de  via  facra.  Gruter  (622.  1,- 
Thef.  infer.  ) rapporte  Tinfeription  fuivante  , dass 
laquelle  on  lit  cabatores  pour  cavatores  , fyno- 
aime  de  coelatores. 

D.  M. 

DECIMIORUM.  FAUSTI 
ET.  FORTUNATE  CABATORES 
DE.  VIA.  SACRA.  FECERUNT 

siBi.  eT.  libertis.  Liberta 
BUSQUE  POSTERISQUE. 

CABBA  j mefure  de  capacité  de  TAfie  & de 
TEgypte.  V oyet^  Cab. 

CABELLIO  , dans  les  Gaules.  Col.  Cabe, 

Les  médaiiles  de  cette  ville  font; 

RR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

C’eft  aujourd'hui  CavAielon. 

CABINET  d’antiquités  , ou  Mufeum.  Yoici 
Tarrangement  qui  paroít  le  plus  commode  pour 
faciliter  aux  fpeéfateurs  & aux  curieux  la  con- 
noilTance  des  antiquités.  ( Les  médaiiles  & les 
pierres  gravées  font  une  clafíe  particuliére , dont 
la  diftribution  fe  trouvera  á leurs  articles  ref- 
peélifs. ) 

Premiére  clafíe  , antiquités  égyptiennes  ; deu- 
xiéme  clafíe  , antiquités  grecques ; troifiéme 
clafíe  j antiquités  étrufques  ; quatriéme  clafíe  , 
antiquités  romaines ; cinquiéme  clafíe  , antíqiri- 
tés  eceléfiaftiques  } fixiéme  clafíe  , antiquités  da 
moyen  age  j feptiéme  clafíe  , antiquités  des 
Barbares.  Nous  n’indiqaons  pas  Ies  fubdivifions 
de  ces  clafíes ; parce  qu’elles  doivent  ctre  rela- 
tives  au  local  & fubordoiinées  aux  diftributions 
des  falles  que  le  cabinet  oceupera.  Le  cabinet  de 
Sainte-Géneviéve  oífre  journellement  au  public 
cette  claíEfication  pour  les  antiquités;  & le  ezt- 
binet  du  roi  , cui  eft  jeint  á fa  bibliothéque  , 
eft  un  beau  modéle  d’arrangement  pour  les  rné- 
d^les,  Fuifíe  h nvenificence  dn  prince  feije 


j'jo  C A B 

un  modéle  auffi  précieux  pour  la  diílribution  de 
fes  antiquités ! , „ ^ , j 

Lorfque  la  diílribution  des  falles  empechera  de 
fe  conformer  avec  précilion  a fordre  que  nous 
venons  d'indiquer on  pourra  du  moins  expofer 
dans  la  principale  un  tablean  qui  offrira  aux 
fpeélateurs  & qui  leur  donnera  les  points  de 
ralliement. 

CABIRA,  dans  le  Pont  cappadocien.  kabhpqn. 

Les  médaiiles  a.utonomes  de  cette  ville  font: 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Son  type  eít  l’Egide. 

CABIRE^  Elle  de  Protée  , futaiméede  Vul- 
cain  , qui  la  rendir  mere  des  Cahires  & des 
nymphes  Cabirides , felón  Strabon  ( uh.  lo.  ) 

CABIRES.  Les  dieux  cahires  étoient  originai- 
rernent  Syriens  ou  Phéniciens  5 & tout  ce  qu  on 
fait  de  leur  origine  & de  leurs  aólions  j fe  reduit 
au  peu  qui  en  eft  dit  dans  le  fragment  de  San- 
choniathon  ^ rapporté  par  Eusébe  ; favoir  , « que 

les  Diofcures  , appelés  Cahires  , Coryhantes  & 
« Samotkraces  , avoient  été  engendres  par  Sydyk 
M ( Sydyk  étoic  Júpiter  fuivant  Bochart  Se  Noé 
M fuivant  quelqiies  autres  ) j qu  ils  trouverent  les 
5.  premiers  Part  de  batir  des  navíres  , & que  du 
» tems  de  Crono  ( Cronos  eíl  le  Saturne  de  la 
» fable  ) leurs  defcendans  naviguant  fur  la  mer 
» avec  des  radeaux  des  vaiffeaux  qu  ils  avoient 
» conílruits  , échouérent  fous  le  mont  Caíius  , 

>1  oú  ils  confacrérent  un  temple.  Dans  un  autre 
» endroit  il  eft  rapporté  que  Cronos  donna  la 
«ville  de  Béryte  á.  Neptune  & aux  Cahires.^ 
lí  y a tout  lieu  de  juger  qu’ils  furent  déifiés 
enfuite  par  les  Phéniciens  , comroe  Pont  été 
prefque  íous  les  hommes  qui  dans  les  premiers 
tems  s'étoient  diftingués  , foit  par  de  grandes  ac- 
tions,  foit  par  Pinvention  des  arts  útiles  au  genre 
humain  ; Pon  conqoit  aifém.ent  que  les  _na- 
vigateurs  qui  pafsérent  les  premiers  de  Phenicie 
en  ’Gréce  , y introduifirent  le  cuite  qu’iis  ren- 
doient  fans  doute  aux  Cahires  , comme  auteurs 
de  la  navigation. 

Leur  cuite  lut  établi  premiérement  dans  1 ifie 
de  Samothrace  , oú  vraifemblablement  ces  navi- 
gateurs  Péniciens  abordérent  avant  que  de  paífer 
dans  le  continent.  Mais  quoiquon  pe  facha 
point  en  quoi  ce  cuite  coníiñoit  primbrdialementj  ■ 
ii  y a toute  apparence  que  Ies  Grecs  j qui  ne 
vouloient  ríen  devoir  aux  étrangers  , y Srent  des 
changemens  & y ajoutérent  Ies  myfteres  dont  les 
hiftoriens  font  fouvent  mentjon.  Én  recevant  le 
caite  des  Cahires  , ils  en  usérent  á leur  égard 
comme  ils  firent  á Pégard  de  prefque^  tous  ks 
dieux  qui  leur  étoient  venas  de  Phénicie  ou 
d'Egypte.  lis  affeélerent  de  fe  Ies  rendre  propreSj 
foit  en  changeant  leurs  noms  , foit  en  déguifant 
leur  or^ine.  Ils  leur  forgérent , pour  cet  pífete 


C A B 


des  généalogies  différentes  , par  lefquelles 
paroiíloir  qu  ils  étoient  nés  chez  eux.  De  touS 
Ies  dieux  qu  ils  adoptérent  de  cette  facón  ^ il 
n'y  en  a point  á qui  ils  ayent  donné  autanr  de 
peres  & de  metes , ni  autant  de  noms  différens  , 
quhls  en  ont  donné  aux  Cahires.  Suivant  quel- 
ques-uns  des  auteurs  qui  ont  fait  mention  de  ces 
dieux,  ils  étoient  fiis  de  Júpiter  Se  de  Calliope. 
On  les  fait  auíll  fils  de  Júpiter  Se  d'Eledre  , Se 
encore  fils  de  Júpiter  Se  de  Léda.  D'autrcs  met- 
tent  Júpiter  lui-méme  Se  Bacchus  au  nombre'des 
Cahires  , Se  d^autres  les  difent  fils  du  Soleil  Se 
de  Minerve,  D’autres  encore  leur  donnent  pour 
mere  la  Nymphe  Cabira  , filie  de  Prothée  ; Se 
pour  pére,  Vulcain  ; Se  Pon  croit  que  ckíi  un 
de  leurs  fils  qui  eft  repréfenté  fur  des  médaiiles 
de  TheíTalonique , avec  le  nom  de  cabeipoc  : il 
y tient  d’une  main  un  m.arteau  , de  méme  que 
Vulcain  eft  repréfenté  fur  iesmonumens  anciens. 
Se  il  eft  habilié  comme  luí  avec  un  bonnet  fur 
la  tete.  Le  cuite  de  V ulcain  Se  de  fes  fils  étok 


établi  pareillement  en  Egypte , dans  les  ifies  de 
Lemnos , dlmbros , Se  ailleurs  , oú  ils  étoient 
honores  fous  le  nom  de  Cahires , pour  avoií 
trouvé  le  fer  Se  Part  de  le  travailler. 

Quelques  auteurs  prérendoient  que  le  nom 
générique  de  Cahires  , prov'enoít  de  celui  de  la 
Nymphe  Cabira ; Se  d’autres  , du  mont  Cabirus^, 
qui  étoit  en  Phrygie.  On  le  faifoit  auííi  aeriver 
du  mot  calar  OU  cahir , qui  en  hebreu  & en 
phéüicien  ^%míic-grani  , fon  , paijfara  ; a 
Cahires  furetit  appelés  grands  dieux  , du  maguí. 
Quant  aux  noms  particuliets  que  les  Grecs  .eur 
avoient  dqnnés  -,  ceuxdontil  eft  le  plus  fouvent 
fait  mention  , font  Caflor  Se  Pollux  , fils  de  Jú- 
piter Se  de  Leda.  On  en  nom.me  deux  autres , 
Jafion.  Se  Tiardanus , fils  de  Júpiter  Se  d Elec- 
tre  ; deux  autres  encore  , Alcon  Se  Eunmeion  , 
fils  de  Vulcain  Se  de  Cabira  , auxqiiels  on^donne 
áuífi  pour  fils  Camillus  ou  Cadmillus,  ceít-a- 
dire , Mercure.  Suivant  Cicéron  , trois  autres  ap- 
pelés Tritopatreus,  Eubuleus  Se  Dior.yjias,  eto^C!^ 
fiis  de  Júpiter  Se  de  Proferpme.  Mnafeas  j^auteur 
Phénicien,  qui,  fuivant  Jofeph  , avoit  en 
fa  langue  Phiftoire  de  Phémcie  ) , en  a 
porté  trois ; favoir,  Axiáros , Axiockerfa  Se  xi 
cherfos.  Suivant  Dionyíiodore  , Axieros 
Cérés ; Axiocherfa , Proferpme  ; Se  Axioc-  5 
Pluton  ; mais  fuivant  Fourmont  (dans 
flexions  critiques  fur  les  anciens  peuples) , ax 
eft  Júpiter;  Axiocherfos  , Pluton  ; Se  Axtoc.  er  3 
■Proferpine  ; ce  qu  il  prétend  montrer  par  * ^ 

catión  qudl  donne  de  ces  trois  noms  en  c 
oa  en  phénicien,  , . 

II  eft  dit  dans  le  fragment  de  ü,.» 

que  les  Cahires , fils  de  Sydyk,  étoient  ^ 

de  fept.  II  y avoit  eu^  en  Béotie  une  vi  , . 

¡es  habitans  portoier.t  auííi  le  nom  de 

Un  d’eux,  aDpeié  Promét-hée  , ayant 

chez  lui , cettedéeffe  luí  laiíTa  & á fon  hls  Ejneus, 


C A B 

tin  dépót  qui  fendc  de  fondement  aux  myftéres 
¿es  Cabires.  Paufanias  qui  raconte  ceci  y ajoure 
des  partícularités,qui  font  juger  que  ces  hommes, 
appelés  j éroient  miniitres  des  dieiix  dont 

ils  avoient  pris  le  nom  ; & qu  ainíi  Ies  miniftres 
des  Cabires  étoient  appelés  Cabires  comme  eux. 
Strabon  dit  la  méme  chofe  á-peu-prés.  Ce  n eíl 
pas  teut  : pluíieurs  des  anciens  auteurs  ont  con- 
fonda Ies  Cabires  avec  les  Curétes  , les  Cory- 
bantes  , les  Dachdas  Idéens  ^ les  Telchiniens  , 
& méme  avec  les  dieux  penates.  Ils  prétendoient 
que  les  unsSe  lesautres  étoient  les  memes  divinités. 

II  ne  régne  pas  moins  de  confulion  dans  ce 
qui  concerne  les  myftéres  de  ces  dieux.  Tout  ce 
qui  les  regardoit  écoit  myñique,  jufqu'á  lears 
noms  j fuivant  Strabon.  Héroáote  rapporte  qudis 
avoient  un  temple  en  Egypte , oü  les  prétres  feuls 
avoient  la  permiffion  d’entrer  ; Paufanias  dit  que 
leurs  myftéres  tfétoient  connus  que  de  ceux  qui 
y étoient  initiés  , & qu’on  ne  pouvoit  les  divul- 
guer  fans  s'expofer  aux  plus  grands  malheurs.  II 
en  cite  des  exemples  qu'il  eft  inutile  de  rapporter. 
Suivant  cet  auteur^  Ies  myftéres  de  Qtths-Cabi- 
ria  en  Béotie  , étoient  les  memes  que  ceux  des 
Cabires  en  Samothrace.  Si  les  initiés  obfervoient 
avec  tant  de  foin  de  n’en  point  parler , c’étoit 
fans  douce  moins  par  la  crainte  d"en  étre  punís  ^ 
que  parce  que  ces  myftéres  étoient  infames  , fe- 
lón le  récit  qu’en  fait  Clémenr  d’Alexandrie  ^ 
en  parlant  du  cuite  des  Cabires  chez  les  Etruf- 
ques. 

Comment  Caftor  Se  Pollux  j qui  étoient  des 
dieux  grecs  , ont-ils  pu  étre  appelés  dieux  Ca- 
bires Syriens  fur  quelques  médailles  greeques  de 
Marc-Auréle  & de  Lucius-Vérus  Si  Pon  trou- 
voit  dans  ce  qui  nous  refte  d’écrits  & de  monu- 
meas  anciens  j quelque  indice  qui  pút  faire  ju- 
ger que  les  Phéniciens  euíTent  repréfenté  les 
dieux  Cabires  fiis  de  Sydyk , ou  leurs  delcen- 
dans  , á-peu-prés  comme  le  font  ceux  auxquels 
les  Grecs  ont  donné  le  nom  de  Caftor  & Pol- 
lux ; ces  médailles  ne  cauferoient  aucune  diíS- 
culté.  On  feroit  fondé  á croire  que  les  Grecs, 
en  recevant  des  Phéniciens  le  cuite  de  leurs  dieux 
Cabires , les  auroient  fait  repréfenter  de  la  méme 
fapon  , en  leur  donnant  feulement , pour  fe  les 
approprier , des  noms  Grecs  , & pour  peres  des 
dieux  originaires  de  leur  pays.  Mais  le  fragment 
deSanchoniathon , qui  eft  le  feul  monumenr  de  la 
haute  antiquité  ou  il  foit  fait  mention  ues 
Cabires  , ne  contient  rien  qui  puifte  taire  juger- 
de  la  figure  fous  laquelle  les  Phénic:ens  ppu- 
voient  Ies  avoir  repréfentés  avant  leur  premiere 
navigation  en  Grécej  & piiifque  dans  Jes  tems 
fuivans  ils  les  ont  fait  repréfenter  fur  leurs  mon- 
uoies  á á la  maniére  des  Grecs  , il  y a Heu  de 
préfumer  qu’aprés  leur  avoir  porté  le  cuite  de 
ces  dieux,* ils  ont  enfuite  emprunté  d'eux  la  fi- 
gure & les  fymboles  que  les  Grecs  leur  avoient 
attribués , fáns  cepcndant  reconnoitre  d’autres 


C A B 551 

difius  Cabires  cue  ceux  qui  étoierit'  Syriens  ou 
Pr.L'.'ucisns  d'’ori''!r,í. 

Cttte  prefomption  ne  parcítra  pas  fans  fon- 
dement,  li  Pon  teit  atrentioii  á Pooinion  qu’ils 
devoient  avoir  recite  de  Caftor  & Poil-ux , par  la 
célébrite  qu  iIs  avoient  acquife  comme  dieux 
auteurs  & protecteurs  de  la  navigation,  & par 
le  cuite  que  leur  rendoient  non  - feiSement  les 
nayigateurs,  mais  auiTi  les.habitans  des  lieux  ma- 
ritimes.  Ils  nfignoroient  pas  fans  doute  les  attri- 
buts  qui  leur  étoient  donnés.  On  les  avoit  mis  au 
nombre  des  añres,  & leurs  conftellarions  fervoient 
á diriger  la  roure  des  navires  : elles  étoient  ap- 
peiées  étoiles  falutaires.  On  ne  fail'oir  point  de 
voyage  par  mer  , fans  les  invoquer  auparavanc. 
Quand  on  fe  troiivoit  en  danger  , on  formoit 
des  voeux  en  leur  adreíTant  de  nouveües  priéres ; 
& Pon  fe  croyoit  hors  de  péril , lorfqu  une  de 
ces  étoiles  venoit  á paroítre.  C'eft  de-Iá  qu’ils 
étoient  repréfentés  ordinairement  fur  les  mé- 
dailles , chacun  avec  une  éroile  au-deíTus  de  la 
tete.  Ils  étoient  auííi  repréfentés  fiir  les  navires 
par  de  petites  figures  qu'on  attachoit  áJaproue 
ou  á lapoupe,  & alors  iís  étoient  mis  au  rang 
des  dieux  pateeques  mais  de  ce  bas-rang  o'u  ils 
étoient  placés  en  ces  occafions,  on  les  elevóle 
en  d’autres  au  plus  haut  5 c’eft  - á - dire  , á 
celui  des  grands  dieux.  C’eft  ainfi  qu’ils  étoient 
appelés , fuivant  plafieurs  auteurs  dont  le  tér 
moignage,  á cet  égard , eft  confirmé  par  des 
inferiptions  latines  & grecques.  On  trouve  cas- 
TORi  EX  POLLUCi  Diis  MAGNis  dans  les  unes  , 
& eEGN  METAAnN  AI02KYPÍ2N  dans  les  aucres. 
Le  nom  de  Diofiures  eft  celui  qu’on  leur  don- 
noit  le  plus  communément  5 de  forte  qu’il  leur 
étoit  devenu  propre,  comme  s’iis  avoient  été  feuls 
fiis  de  Júpiter. 

Tous  ces  attributs,  qui  leur  étoient  donnés 
par  les  Grecs  , s’accordoient  avec  Ies  idees  que 
les  Phéniciens  avoient  de  leurs  Cabires  , qui  , 
fuivant  Sanchoniathon  , avoient  trouvé  Part  de 
conftruire  des  vaiífeaux  , & navigaé  les  pre- 
miers  á la  mer;  & en  admettant  que  dans  íes 
anciens  tems  ils  n’avoient  repréfenté  ces  dieux 
fous  aucune  image , comme  on  peut  le  penfer  , 
il  ne  paroitra  pas  extraordinaire  qu  ils  ayent  adopté 
la  fig-ure  qui  étoit  donnée  aux  Dioícures  par  les 
Grecs.  Mais  pour  ne  pas  laiiTer  croire  qa’ils  Ies 
reconnoiíToient  & honoroient  comme  dieux  ori- 
ginaires des  Grecs  , ils  eurent  foin  de  marquer 
fur  plufieurs  de  leurs  monnoies  , oyae  c’étoienc 
leurs  dieux  Cabires-Syriens  qui  y etoienr  repre- 
fentés.  Telles  font  les  médailles  citées  plus  haut. 
Ce  font  les  feules  que  Pon  connoiíTe  , oú  il  foit 
fait  mention  des  Cabires  - Syriens.  Qn  ne  peut 
douter  que  ce  ne  foit  au£G  comme  teis  que  Caftor 
& Pollux  font  repréfentés  fur  plufieurs  autres 
médailles  phéniciennes , qui,  avec  ce  type,  con- 
tiennent  feulement  k nom  des  vilies  qui  les  ont 
fait  frapper. 


5J1  C A B 

Comprenók-on  des  déeífes  fous  le  nom  géné- 
rique  Cabires  ? La  réponfe  á cetre  queftion  le' 
trouve  en  partie  dans  ce  qai  a été  dit  ci-devant 
au  fujet  des  Cabires  nommés  Axiéros , Axiochtrfa 
& Axiockerfos  ; fous  lefquels  noms  Ies  uns  re- 
connoiíTenr  Cérés  , Proferpine  & Plucon  y & les 
autres  , Júpiter  , Pluton  & Proferpine.  II  a été 
auffi  fait  mention  de  Qh&s-Cabiría  , dont  le  cuite 
étoit  particuüérement  étab'li  en  Béotie  , & ac- 
compagaé  de  myftéres  femblables  á ceux  des 
Cabires  Samothraciens.  La  Nymphe  Cabira , filie 
de  Prothée  , avoit  eu  de  Vulcain  , outre  les 
trois  Cabires  appelés  Alcon , Eurymédon  Sí  Cad- 
millus  Olí  Mercare , trois  filies  qui  ne  font  pas 
nommées  autrement  que  Cabirides  , auxqueíles 
on  oíFroit  des  facrifices  dans  l’iíle  de  Lemnos  , 
comme  á des  divinités  fuivant  Strabon.  li  n'eft 
pas  befoin  d"en  dire  davantage  pour  montrer 
que  Ton  comprenoit  des  déeíTes  fous  le  nom  de 
Cabires  , Sí  pour  faire  voir  en  méme-tems  com- 
bien les  idees  que  les  anciens  peuples  avoient 
de  ces  dieux , étoient  confufes.  Ce  n’étoit  qu’un 
nom  appellatif  i fous  lequel  ils  comprenoient  des 
divinités  de  tout  fexe , de  rout  age  , de  tout 
ordre  & de  tout  étage  , céleftes , terreftes  , ma- 
ritimes  , infernales  , auxqueíles  on  donnoit  diífé- 
rens  attributs ; car,  indépendamment  des  Cabires, 
qui  , comme  on  Pa  ci-devant  remarqué  , étoient 
réputés  inventeurs  de  la  navigation  , on  attri- 
buoit  auffi  aux  uns  Tinvention  du  fer , aux  au- 
tres l’invention  des  loix  , des  lettres  Sí  de  l’écti- 
ture  ; Sí  á d’autres  encore  , Pinvention  des  en- 
chantemens , de  Pufage  des  plantes , Síc.  Le 
cuite  qui  leur  étoit  renda  en  différents  lieux , 
étoit  relatif  á ces  diftérens  attributs. 

Pour  ce  qui  eft  de  la  ville  qui  a fait  frapper 
les  médailles  citées  plus  haut  , dont  les  unes 
repréfentent  Caílor  Sí  Pollux  , Sí  les  autres  des 
empereurs  , des  impératrices  & leiirs  enfans  fous 
le  nom  de  Cabires-Syriens  , il  ferableroit  d'abord 
que  ce  devoit  erre  la  vÜIe  de  Béryte , par  les 
raifons  fuivautes.  Etienne  de  Byzance  rapporte 
qu’elle  avoit  été  bátie  par  Saturne  ; & felón  le 
fragment  de  Sanchoniathon  , Saturne  Pavoit  don- 
née  á Néptune  Sí  aux  Cabires.  Leur  cuite  y étoit 
établi ; & Pon  en  a plufieurs  médailles  autono- 
mes  5 dont  les  unes  repréfeEtent  la  tete  de  Caílor 
avec  fon  bonnet  furmonté  d’une  étoile  , Sí  dont 
les  autres  portent  le  fymbole  des  Diofcures-^ 
c’efi-a-dire , deux  bonnets  avec  une  étoile  au- 
deíTus  de  chacun.  Cependant  d^autres  raifons 
etnpéchenr  de  ¡ui  attribuer  celles  dont  il  eft  ici 
queftion.  Cette  ville  fut  faite  colonie  par  Jules- 
Céfar  ; Sí  depiiis  ce  tems-lá  , routes  les  médailles 
qui  y ont  été  frappées  en  grande  quantité  , ont 
des  iégendes  latines.  On  n’en  trouve  aucune  im- 
periale  ayec  des  Iégendes  grecques  : on  en  a 
méitie  une  autonome  latine.  II  fteíl  pas  vraifem- 
bíable  que  pendant  qfteíle  faifoit  frapper  en  cette 
langue  des  médailles  pour  tous  les  empereurs  , Sí  í 


C A B 

partículíerement  pour  Antonin  , dont  plufieurs  fe 
trouvenc  parmi  celles  des  colonies,  elle  en  ait  fajr 
frapper  d'autres  avec  des  Iégendes  grecques  pour  le 
mémeempereur.  11  y a tout  lieu  de  juger  que  celles- 
ci  appartiennent  á iá  ville  de  Tripolis  en  Phéni- 
cie  , tant  par  rapport  á leur  fabrique  Sí  au  paj. 
mi'er  qui  s'y  trouve  repréfenté , ainfí  que  fur 
d’aiitres  médailles  de  cette  ville  , Sí  non  fur 
ceile  de  Béryte,  que  par  rapport  au  type  des  Diof- 
cures  j que  contiennenr  prefque  toutes  les  mé- 
dadles  qui  y ont  été  frappées  depuis  Augufte 
jiifqu’á  Eiagabale.  Parmi  ces  médailles  grecques 
imperiales  de  Tripolis  , il  y en  a fiir-tout  beau- 
coup  d'Antonin  ; ce  qui  a fait  dire  á Vaillant 
que  c'étoit  une  marque  que  les  Tripolitains  en 
avoient  requ  des  bienfaits.  Les  médailles  préfentes 
forrifient  la  conjedure  de  cet  anuquaire  , en  ce 
qifeiies  font  voir  que  Ies  Tripolitains  avoient 
porté  la  reconnoiffance  jufqifá  regarder  Sí  ho- 
norer  cet  empereur  Sí  tous  ceux  de  fa  familie , 
comme  leurs  dieux  Cabires.  Au  furplus,  il  eft 
probable  que  Tripolis  avoit  em.prunté  leur  cuite 
de  la  ville  de  Béryte , dont  elle  n'étoit  pas 
éloignée  ; mais  fans  cela , il  devoit  s y étre  intrp- 
duit  par  fes  propres  habitans  puifque  cette  ville 
maritime  ou  il  fe  faifoit  un  grand  commerce  , 
comme  il  s’y  en  fait  encore  préfentement , devoit 
étre  peuplée  de  négocians  Sí  de  gens  de  mer , 
qui  tous  avoient  ces  dieux  en  finguliére  véné- 
ration.  Ies  regardant  comme  leurs  co'ndudeurs 
Sí  leurs  fauveurs  dans  le  cours  de  leurs  navi- 
gations. 

Cet  anide  efi  de  Pellerln.  ( Mélange  de  médail- 
les , tome  I.  p.  82.  ). 

La  plupart  des  princes  alloient  a Samothrace  fe 
faire  initier  aux  myftéres  redoutables  de  ces  grandes 
vinités.  Cadmus,  Orphée,  Hercule  , Caílor  Sí 
Poilux  , ülyíTe  Se  les  autres  héros  de  la  guerre 
de  Troye  ; Phiiippe  , pére  d'-4lexandre  , Sí  beau- 
coup  d’autres  ont  fait  ce  voyage  ; Se  ce  qui  les 
y portoit , c^eft  qu  outre  qfton  croyoit  recevoir 
des  dieux  Cabires  ie.  grandsfecoursdans  les  expe» 
ditions  dangereufes , fur-tout  dans  les  temperes  , 
on  voyoit  que  les  peuples  portoient  un  grana 
refpeél  á ceux  qui  avoient  participé  á ces  ni^ 
teres.  Ces  myftéres  étoient  fort  refpeñables , Sí 
on  avoit  grand  foin  de  ne  point  les^  revéler  : les 
auteurs  mémes  qui  en  ont  fait  mention  , retenus 
par  je  fais  quel  refpeét  religieux , n'ofent  ^ttrer 
dans  aucun  détail  fur  les  myftéres  de  Samotnrace- 
Les  prétres  fe  fervoient  auffi  d’une  langue  qui 
leur  étoit  particuliére  , pour  n’étre  pas  ente.i  us 
du  peuple.  Les  Corybantes  étoient  les  m.ini  Uv 
de  ces  myftéres , non-feulement  á Lemnos  Sí 
Imbros  , mais  encore  dans  toute  la  Pnrygie. 

CABIRIA,  furnom  de  Cérés , qui  étoit  la  pre- 
miére  des  divinités  Cabires  : elle  ayoit  un  o 
facré,  fous  ce  nom  , daos  la  Béotie, 

C.^BIRíDE^-í 


C A C 

CABIRIDES  , iSymphcs  , filies  de  Vulcain  Se- 
de Caoire. 

CABíRíES  5 fétes  inilituées  en  Thonneur  des 
Cabires  : elles  fe  cclébrérent  d’abord  i Lemnos , 
fiirent  enüiice  adoptées  par  les  habitar, s des  iíles 
de  Samothrace  d’Imbros  ; & pafséreat  de-lá 
dans  -la  Grece  , á Athénes  , mais  fur  - tout  á 
Thébes  5 oú  elles  devinrent  célebres.  Les  initia- 
lions  aux  mvftéres  des  Cabires  , fe  pratiquoient 
en  plaigant  le  profélyte  couronné  d’olivier  , & 
ceinc  d’une  echarpe  de  pourprc  , fur  un  troné 
autour  duquel  les  prétres  formoient  diverfes  dan- 
fes.  On  appoloit  cette  cérémonie  B-fétus-ig  & 

, z¡itrorLÍfa(ion, 

CABOCHON.  On  appelle  cahochon  une  pierre 
précieufe  qui  eft  finiplement  polie  fur  fa  furfacej 
fans  facettes.  Les  reliquaires  anciens  en  font 
ornes  avec  profufion  j & Ton  peut  croire  que 
c'étoit  la  forme  la  plus  ordinaire  que  les  anciens 
donmíTent  aux  pierres  précieufes.  Les  Orientaux 
uiLent  encore  ie  rubis  en  cahochon. 


CABOTAGE , navigation  qui  fe  fait  le  long 
des  cotes , par  oppofition  á la  navigation  de  la 
hiute  mer.  On  a cru  fauíTement  que  les  anciens 
ne  pratiquoient  que  le  cahotage  i car  il  y a grande 
apparence  q'ue  les  Carthaginois  fe  font  eleves 
dans  l'Océan  á une  hauteur  relie  qufils  n'aur;  ient 
pu  ie  faire  fans  perdre  les  cotes  de  vue.  Si  Ies 
Egvptiens  ont  doublé  le  Cap  de  Bonne-Efpérance 
fous  le  regne  de  Ptolémée-Phíladelphe}  qui  pourra 
encore  refufer  aux  anciens  la  navigation  en  haute- 
mer  ? 

CABRES  , ou  Caprüs  , dieu  particulier  qu’pn 
honoroit  a Phaféiis  > yille  de  Pauiphilié  ^ & á 
qui  on  ofFroit  des  petits  poiíTons  falés  en  facri- 
fíce.  De-lá  vint  que  Pon  appsla  proverbialement 
du  poiiTon  falé , un  facrifice  de  Pkafélites. 

CABÜS.  Voyez  Cab. 

CACA  j foeur  dii  fameux  Cacus  fut  mife  au 
rang  des  déeffes  , parce  qu’elie  avoit  averti  Her- 
cale  du  vol  que  fon  frére  avoit  fait  de  fes  boeufs. 
Elle  avoh  un  petit  temple  dans  íequel  des  vef- 
tales  íu!  oíFroient  des  facrifices  , & entretenoient 
un  feu  facré  , comme  dans  le  temple  de  Vefta. 
f Servias  , jEneii.  viii.  I9O.  ) 


Les  teíiamens  des  Romains 


C A C H E T.  X 
^ CACHETER.  f 
étoient  fceliés  avec  des  feeaux  que  Ton  appli- 
quoic  aprés  quon  avoit  percé  ces  aéfes , Se 
paifé  trois  fois  par  les  trous  le  lin  qui  les  en- 
veloppoit.  Cette  maniere  de  fceller  Ies  teftamens 
fiit  ■ ■ 


ttablif 


par  le  fénat  du  temps  de  Tempereur 
Néron.  Adversas  falfarios  , áit  SuétonCj  cañe  pr¿- 
cnum  repercam  ^ ne  tabuls,  nifi  pertafs, , ac  ter  lino 
per  fo~ami:ia  trajecro  obfignarentur.  EIle'paíTa  en 
German-e  & dans  Ies  Gaules , ou  elle  fe  maintint 
£U  moyen  age  , comme  le  font  votr  les  formules 
de  Marcu'ife  de  Lindenbrcee.  On  écrivoit  au- 


dehors  du  teft: 


ment  -es  ñoras 


Asstiquius  1 Tome  1. 


ceux  qui  y 


C A C .553 

sveient  ap^fé  leurs  cacketsc^z  reconnoiflance  du 
pteau  étoir  néceíTaire  chez  les  anciens  ^ comme 
il  paroit  par  Ies  adres  publics  de  Ravenne.  Des 
le  tems  de  Plaute  & de  Cicéroiij  on  reconnoiíToit 
le  feeau  appliqué  fur  le  lin  avant  que  de  le  rom- 
pre.^  cognofee  Jignam  , dit  le  premier.  Sur  quoi 
Tauoman  rait  cette  remarque  ; Linum  fu.it  vin~ 
cuLam  qi¿o  epifola  oh Izgahatur  y d?  cui  fgnizzn  tp~ 
fum  impojíCam  impr ejfamque . ICec  epifiolam  aperire 
fait  y niji  iílo  folato.  Inde  zistOM  istcmnKn 
apad  Cicer.  & pajjiva  valgataque  pkrafsy  solvbri 
zpiSTOLAM.  Tere  aatem  fgnum  cam  eo  fraciam  : 
ideoqae  jabebant  fetnper  ante  apenionem  figna 
agnofez  y fidei  caufsá.  Ita  & Cicero  in  Catil.  Os- 

TENDt  TABULAS  L£NTULO,ET  QUXSIVI  COGttOS- 

CERET-KE  scGKUM  ? L’ufagc  de  mettte  le  fcellc 
fur  Ies  biens  des  défunts  , étoir  pratiqué  chez  les 
Romains.  Agrippine  , mere  de  Néron  , fit  appo- 
fer  fes  feeaux  fur  les  effets  d’une  dame  noinméc 
Acerronie  , pour  fe  les  approprier. 

Les  Grecs  & les  Romains  cacketoient  de  méme 
leurs  lettres.  lis  entouroient  avec  du  fil  les  ta- 
blettes  de  cire  , au-dedans  defqueiles  elles  étoient 
écrites , Se  ils  imprimoient  leurs  cachets  fur  la 
cire  qui  étoir  appliquée  extérieurement  á ce  fil. 
Voyei  Anneaux. 

C ACULA.  Les  Romains  appeloient  de  ce  nom 
Ies  valets  d’ armée  , ou  goujats.  Ces  merce- 
naires  n’étoient  point  enróiés  dans  la  milice. 

CACUNUS  cJupiter).  Ficoroni  avoit  donné 
au  mufeum  du  cqllége  romain,  une  petite  lame 
de  bronze  y femblable  á un  talifmanj  fur  laquelic 
on  lifoit: 

(o) 

lons 

CACüNUS_ 


Les  antiquaires  de  Rome  croyoient  y voir  un  fur^ 
nom  de  Júpiter  relatif  aux  fondiions  animales  de 
rhomme  ^ & analogue  á fes  autres  . furnoi-ns 
AnO.MTtIOS  j DaPALIS  , KATAIBATHS  j PiSTOR  , 
Tragcedus  & Sterculius  ou  Stercutius. 
Le  pére  Lupi , Sicüien  „ célebre  par  fes  écrits  fur 
Pantiquité  y détruilit  cette  illufion  ( Epitapki. 
Seven.  pag.  75.  ) en  lí.fiint  lovi.  s.  c.  ACUNUS  : 
C.  Acunas  a dédié  ce  monument  á Júpiter. 

CACUS  , fils  de  V ulcain,  monftre  dsmi-homme, 
étoit  í dit  Virgile,  d"une  taille  énorme  : fa  boliche 
vomifíbit  des  tourbülons  de  flamme.  Des  tetes 
fanglantes  étoient  fans  ceffe  fufpendiies  á la  porte 
de  fa  cáveme  creufée  dans  le  Mont  - Aventin. 
Hercule  y aprés  la  défaite  de  Geryon  , conduifir 
fes  troupeaux  fur  les  bords  da  Tibre  , & sen- 
dormir  pendant  quhls  paiíToient ; Caczis  eut  la 
hardieíTe  d’en  volar  huir.  Pour  ne  pas  erre  dé- 
couvert  par  les  traces  de  leurs  pas  , il  les  trama, 
á recaions  par  la  queue  dans  'fon  antre.  Hercule 


554  C A D 

fe  difpofoít  á quitter  ces  páturages  ^ lorfque  Ies 
boeufs  qui  luí  relloient , fe  mirent  -á  mugir.  Les 
Taches  renfermées  dans  la  retraite  de  Cacus , leur 
répondirent  par  des  mugifíemens , & décelérent  le 
vol.  Hercule  fiirieux  courut  vers  la  cáveme  ; 
mais  fouveture  en  étoit  bpuchée  avec  un  rocher 
enorme,  que  des  chaines  de  fer,  forgées  par 
Vulcain  , tenoient  fufpendu.  Le  héros  déracine 
les  rochers  d'alentour , s'élance  dans  la  cáveme 
a travers  les  tourbillons  de  ñamme  & de  fiimée  , 
que  vomiífoit  le  monilre ; il  le  faJÍit,  lui  ferre 
la  gorge  , & Tétrangle.  En  mémoire  de  cette  vic- 
toire  , les  habitans  du  Mont-Aventin  célébrérent 
tous  les  ans  une  féte  en  Thonneur  d’Hercule. 

Les  poetes  latins  ont  célébré  á l’envi  la  de- 
faite de  Cacas.. 

CADAVRE.  Les  anciens  croyoient  que  Ies 
divinités  ne  pouvoient  jeter  lesycux  fur  un  corps 
mort , fans  contradler  une  fouiilure. 

On  trouvera  dans  l’article  Funérailles  , les 
détails  des  pratiques  relatives  aax  corps  morts , 
depuis  le  momenc  du  trepas  jufqii’á  celui  de  la  fé- 
pulture  inclufivem.ent. 

CADÍ  , en  Phrygie.  KAAOHNÍ2N. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Cette  vüle  a fait  frapper  fous  I’autorité  de  fes 
Archontes,  des  médailles  impériales  grecques  en 
rhonneur  de  Clafide,  de  Domitia , de  Gordien 
Pie,  de  Tranquilline,  de  Valérien,  de  Philip'pe 
fils  , de  Gallien. 

CADTX  (Médailles  de).  Fbyeif  Gades. 

CADMIE.  Cette  terre  métallique  , employée 
par  les  Médecins  grecs  & romains  , qui  la  tircient 
des  fourneaux  oú  ron  fondoit  les  mines , & oú 
elle  s'a.ttachoit  aux  parois  de  ces  fourneaux  , eft 
reconnue  aujourd’hui  pour  la  chaux  du  demi-mé- 
tal  appelé  [inc.  Elle  accompagne  toujours  le  fer, 
fouvent  Ies  autres  métaux  5 éc  elle  fe  fublime  pen- 
dant  leur  fuíion. 

CADMILUS  , OU  Cadméeus,  oa  Cadmüs. 
C’tñ  le  nom  que  les  Eéotiens  donnoient  á Mer- 
cure , qa’ils  comptoient  au  nombre  des  Cabires. 
Mercure-Cadmilus  étoit  honoré  dans  Tifle  de  Les- 
bos , oú  il  avoit  rendu  la  nymphe  Ufa  mere  du 
fem.eux  devin  Frylis.  Voye[  Cabires. 

C ADMUS,  fils  d'Agénor,  & frére  dTurope. 
Europe  ayant  été  enievée  par  Júpiter  & tranfpor- 
íée  en  Créte , Agénorfon  pére  órdonna  á fes  trois 
fils  d aller  chercher  leur  fceur , avec  défenfes  de 
revenir  á fa  cour  fans  la  remener.  Cadmus , aprés 
bien  des  courfes  , ayant  perdu  Pefperance  de  la 
trouyer,  aHaconfu}terrorac]ed’'Apollon,  qui  luí 
dít  que  , dans  un  champ  défert , 11  trouveroit  une 
geniiTe  qui  n'avoit  ptóint  porté  le  joug  =3  Suivez-Ia, 
» ¿it  Toracle,  Se  bátÜlez  une  ville  dans  ie  patu- 


C A D 

» rage  oú  elle  s’arrétera  : vous  donnerez  á ce 
=>’  pays  le  nom  de  Béotie  ».  A peine  Cadmus 
fut-il  forti  de  Pantre  d'Apollon  # qif il  vit  la  vache 
déiignée  par  ce  dieu.  H'la  fuivit;  Sc  aprés  avoir 
marché  long-temps,  la  geniífe_  s'arréta.  Cadmus 
voulant-  témoigner  fa  reconnoiífance  aux  dieus 
par  un  facrifice , ordonna  á fes  compagnons  de 
puifer  de  Peau.  lis  allérent  á une  fontatne  dont  la 
fource  étoit  dans  une  grotte  qui  fervoit  de  re- 
traite au  dragón  de  Mars.  Ce  monftre  étoit  cou- 
vert  d'écailles  les  plus  dures ; il  étoit  d’une  gran- 
deur  & d’une  groífeur  démefurées  ; ie  feu  fortoit 
de  fes  yeux  > fon  corps  paroiífoit  enflé  du  venia 
qu’il  renfermoit } fa  gueule  étoit  arrnée  de  trois 
rangs  de  dents  & de  trois  langues  aigués , qu’il 
remuoit  avec  une  rapidité  incroyable,  & dont  les 
blelfures  donnoient  la  mort  la  plus  prompte.  Le 
bruit  que  firent  les  compagnons  de  Cadmus  en 
puifaac  de  l’eau,  revedla  le  dragón  , qui  les  de- 
vora. Surpris  de  ne  les  pas  voir  revenir  , Cadmus 
alia  les  chercher  , & trouva  le  dragón  qui  fe  re- 
paiflait  des  relies  de  leurs  cadavres : il  le  combattit, 
& il  le  tua  autanc  par  adreffe  que  par  forcé.  Tandis 
que  le  héros  coníidéroit  la  grandeur  énorme  du 
ferpent  qu’il  avoit  vaincu , il  entendit  une  voix 
qui  lui  difoit  : ” Pourquoi , fils  d’Agénor , con- 
’’  temples-tu  ainlí  ce  ferpent  ? On  te  verra  un 
« jour  fous  la  méme  figure  «.  Alors  Pallas , qui 
le  protégeoit , lui  ordonna  de  femer  les  dents  de 
ce  dragón.  II  obéit,  & elles  produiíirent  une 
náoifíbn  de  gens  armes  qui  s’entretuérent  tous 
fur  le  champ , á Pexception  de  cinq  , Edeus , ou 
Udéus  , Hypérénor  , Pélore  , Eclonius,  & 
Echion  , qui  devint  gendre  de  Cadmus , en  epou* 
fant  Agave.  Ce  dieu  Ies  adopta  pour  fes  compa- 
gnons j i!s  lui  aidérent  a batir  la  ville  que  1 ora- 
ele  lui  avoit  ordonné  de  fonder  j 8c  on  la  nomma 
Sparte.  V'oyez  Ménecee.  ^ 

La  ville  que  Cadmus  bátit  fut  nommee  Tkehes . 
mais  pour  accorder  la  fable , qui  dit  que  jes  rnurs 
de  Thébes  furent  élevés  par  Tharmonie  de 
d’Amphion  , quelques  auteurs  ont  écrit  que  Cad- 
mus ne  bátit  qu’une  citadelle  nommée  ’ 

& qu’il  jeta  fimplement  les  fondemens  de  Thebes. 
Quand  fa  ville  fut  bátie  , il  époafa  Hermsone , 
filie  de  Mars  & de  Vénus.  Tous  les  dieux,  JunM 
feule  exceptée  , aííiílérent  á ce  mariage,  qui  ut 
des  plus  heureux  dans  les  commencemens.  Ca..mus 
fe  voyoit  gendre  de  deux  des  plus  granices  divini- 
tés  ; fon  royaume  étoit  floriiTant_5  il^ 

& refpeélé  de  fes  fujets  : il  étoit  pere  d un  - ^ 

nommé  Polydore,  & de  quatre  filies no , . ga 
véjAutonoé  & Séméle.  Mais  Pimplacao.e  Ju  ^ 
ne  put  pas  voir  long-temps  cette  ^ ' 

tranquílle.  Le  premier  chagrín  quefe  * 
Cadmus , fut  le  malheur  d’Aftéon  , fils  ^ Aut  - 
noé.  Séméle  fut  enfuite  tuée  par  _ 

Júpiter.  Penthée,  fils  d’ Agave , r- 

les  Bacchantes  , du  nombre  defcue.ics  tto  ^ 
propre  mere.  Ino  enfin  fe  precipita  dans  a 


C A D 

arec  fes  enfsns=  La  maiíon  da  Poivdore  na  fat 
pas  piiss  heareufe}  car  i¡  devint  aieai  de  Laius 
pére  ü'GSdipe. 

CadmiLs  ne  pouvant  plus  réíifter  á la  douleur 
que  luí  caulbient  tous  ces  défaftres  ^ & cropant 
qu’i!  devoit  les  attribuer  moins  á fa  perfonne, 
qu’á  Tendroit  choiil  pour  fon  établiiTement , 
abandonna  fa  vllle  noiivelle  ; & aprés  avoir 

erré  iong  - temps  j il  aborda  dans  rillyrie 
avec  Hermione  fon  époufe,  qui  Tavoic  toujours 
accompagné.  Un  jour  qu  üs  s'entretenoient  ¿es 
calamites  de  leur  maifon  , Caámus  - fe  rappela  le 
dragón  qu'il  avoit  rué.  » N'étoit-il  pas dit-il , 
» confacré  á qnelque  divinité  ? N'eíl-ce  pas  lui  qui 
» nous  a attiré  toas  les  malheurs  dont  nous  avons 
» été  affligés?  Si  les  dieux  vengeurs  annoncent, 
» par  tous  ces  défaftres , qu’ils  veulent  me  punir 
» de  ce  crime , je  les  prie  de  me  changer  moi- 
w méme  en  ferpent  Sa  priére  fut  exaiicée  fur 
le  champ,  Hermione  voulut  encore  partager  ie 
fort  de  fon  mari  ^ & elle  obtint  la  méme 
grace. 

On  a dir  atuTt  que  Cadmus  ayant  régné  long- 
temps  avec  fa  chére  Hermione , vit  fe  former 
centre  lui  une  conjuration.  11  fut  chañe  du  troné; 
& Penthée  , fon  perit-fils  , ayant  pris  la  coii- 
ronne  , il  fut  obiigé  de  fe  retirer  ^ avec  fa  femme 
& fon  fi!s  Polydore;,  en  lllyriej  oú  il  mena  une 
vie  fort  cichée.  Apollodore  prétend  cependant 
qu'il  commanda  ¡'armée  des  Illynens,  qui  le  choi- 
firenr  enfuite  pour  leur  roi.  Polydore  retourna 
depuis  á Thébes,  ou  il  fuccéda  á Penthée. 

Si  l’on  confuiré  daos  Tarticle  de  Bacchus  , 
l’explication  des  Dkjnyíiaques  de  Nonnus,  écrite 
par  M.  Dupuis  de  Lizieux  j on  y verra  ce  quftl 
penfe  de  la  fable  de  Cadmus. 

GADOS , mefare  grecque  de  capacité.  Voye[ 
Kéramion. 

CABRAN.  L’article  Gnomonique  du  Dic- 
tionnaire  des  Mathématiques  de  cette.Encyclopé- 
die  j ne  nous  laiíTe  que  trés-peu  de  chofe  á dire 
fur  les  cadrans  des  anciens. 

Vitruve , Cléoméde , Macrobe  & Marcien  Ca- 
pella  décrivent  les  cadrans  foíaires  éqainoxiaux , 
üont  on  fe  fervoit  en  Egypte  & par  le  moyen 
defquels  Eratofthéne  mefura  ou  vérifia  la  mefure 
de  la  terre.  { Vitruv.  Arckittci.  lib.  ix , cap.  g... 
Cleomed.  de  Meteorolog....  ^íacrob.  in  fom,  Sezp. 
lib.  I.  cap.  20....  Man.  Ccpell.  Vib.  de  Geometría.') 
Ces  cadrans  étoient  des  hémifphéres  concaves 
du  milieu  defquels  s'élevoit  un  ftyle  perpendicu- 
laire  : il  feroir  ridicule  de  dire  avec  Appion  ^ 
qu’on  avoir  place  ces  cadrans  fur  des  obelifques 
ou  fur  des  colonnes  au  haut  defquelles  il  eut  fallu 
monter  avec  des  échelles  poiir  obferver  la  décli- 
naifon  de  Tombre-  Quoique  les  prérres  de  l’Egypte 
employaíTent  trés-fouvenr  ces  infirumens^  ils  tai- 
foient  néanmoins  plus  de  cas  de  leurs  hydrofco- 
pes  Se  des  horloges  d'eau. 


II  narcit  que  les  Grecs  ne  connurent  d’abord 
que  les  cadrarzs  équinoxiaux , apportés  fans-doute 
Egypte  par  les  phiiofophes  qui  alloient  y 
puifer  la  connoiftance  de  ia  fagefle  & des  arts. 
E 5’^  p'*  effet  á un  philofophe  ^ Anaximandre , que 
Diogéne  Laerce  (c.  il.)  íait  hon.neur  du  premier 
cadran  que  fon  eút  vu  dans  la  Gréce  , Se  qu  il  fit 
áLacédémone,  pour  indiquer  les  équinoxes^  Ies 
folftices  5 & par  ¡eur  moye.n  les  faifoiis. 

Les  Romains  ignorerent  iong-temps  les  princi- 
pes les  plus  limpies  de  la  conftmction  des  ca- 
drans ; car  ils  fe  fervoienr  encore  en  304  d’un  ca- 
dran  quhls  avoient  rapporté  de  Catane  , quoiqu'il 
eut  été  tracé  pour  la  latkude  de  cette  ville  de 
Sicile. 

Les  anciens  plaqoient  quelquefois  les  cadrans 
fur  des  cippes  ^ cu  de  petites  colonnes.  On  trouva 
en  1759  , dans  le  porc  de  Nettuno  , Tancien  An- 
tiutn  , un  vafe  d'argint  ancique  , fur  lequeí  on  volt 
un  cadran  piacé  de  méme  Le  P.  Paciaudi  a pu- 
biié  & expliqué  ce  beau  monument  dans  fes  Opera 
Antiquaria. 

On  a découvert  depuis  á Pompeta  un  cadran  de 
marbre  expliqué  parle  méme  favant  dans  fes  M.o- 
numenta  l'eloponnejtaca  q les  ¡ignes  en  font  tracees 
avec  du  cinabre. 

CADUCEATOR.  Les  Romains  déíignoient 
par  ce  nom  un  hérault  qui  portoit  toujours  un 
caducée  pour  marque  de  fa  miífton.  Quelques 
écrivains  ont  vou’u  diftinguer  les  caducéateurs 
qui  auroient  porté  feuls  les  propoíitíons  de  paix  , 
des  féciaux  qui  auroient  declaré  feuls  la  guerre 
aux  ennemis  des  Romains.  Mais  cette  diftinclion 
n'ett  pas  fondée & fon  peut  regarder  les  deux 
noms  de  ces  hérauhs  comme  de  véritables  fyno- 
nymes. 

CADUCÉE.  C’eft  une  baguette  autour  de 
laqueüe  on  voit  deux  ferpens  entrelaces  , fur- 
montés  de  deux  ailes.  La  fable  dit  que  Mercure 
ayant  rencontré  un  jour  deux  couleuvres  qui  fe 
battoient  ^ il  les  fépara  avec  fa  baguette.  D'au- 
tres  difent  que  Rhéa  j pour  évirer  Jes  pourfuites 
de  Júpiter  qui  étoit  amoureux  d’elle , fe  changea 
en  couleuvre  .•  le  áieu  fe  métamorphofa  auíTi  en 
ferpent  ^ & Mercure  les  reunir.  Sous  cette  forme, 
le  caducée  eft  le  fymbole  de  Mercure  , qui  p.inoiv 
pour  le  négociateúr  des  dieux  auprés  des  hommes- 
Avec  cette  ver.ge  puiffaiite  , Mercure  conéuit  les 
ames  aux  eníers,  ditVirgiIe,  & quelquefois  les 
en  fait  fortir : il  chaffe  les  vents  & dnperfe  Ies 
nuages.  Les  deux  ferpens  du  c^¿¡¿eée_marquent  la 
prudence  > & les  deux  ailes  , la  dihgeñce.  On 
donne  aaíTi  quelquefois  le  caducée  á Eacchus  , 
parce  qu  ii  avoit  reconcilié  Japirer  avec  Junon, 
dans  le  temps  de  leurs  querelles  doinefttques.  Ce 
caducée  eft  fouvent  remplacé  dans  les  rnainí  de 
Mercure , fur  les  monumens  anriques , par  une 
iimpie  basuette.  C’ étoit  celle  qu  Apolion  avoiE 
donnée  aií  ftis  de  Maia,  en  échange  de  fa  lyre. 


55»^  CAE 

Des  ie  temps  de  rexpédition  des  Argonautes, 
le  caducée  étoit  Fatiribut  diídindlif  & la  fauv^e- 
garde  des  héraults  ^ des  envoyés  & des  ambaííi- 
deurS:,  dont  la  perfonne  étoit  facrée.  lis  le  por- 
toient  de  la  main  droite.  Les  fupplians  voulant 
s’afliirer  un  libre  palTage  fur  les  terres  de  leurs 
ennemis , portoient  auííl  le  caducée.  Dans  les 
Argonautiques  d/ApoI!onius  , Jafon  prend  un  ca- 
ducée lorfqu’il  débarque  fur  Ies  terres  de  ColchoS;, 
& qudl  va  trouvcr  le  roi  Aéte.  Dans  les  jours  de 
triomphe  j on  entouroit  de  rameaux  d'olivier  íes 
caducées.  On  les  coiironnoit  méme  : c’eft  ainíi 
que  nous  voyons  dans  Plutarque  (¿«  Tbefeo)  le 
hérault  de  Théfée  arrivé  á Athénes  , mettre  fur 
fon  caducée  la  couronne  que  l’on  vouloit  placer 
fur  fa  tete. 

Caducée  fur  les  médailles  de  Caladla , de 
Lacédémone  ^ de  Taba  , & de  Megara  en 
Sicile. 

CADUCUM  aufpicium.  Voy.  Auspice. 

CdEANTOLÜS , Roi  de  Galatie.  kaiantoaot. 

Ses  médailles  font: 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

CMCILIA , famillc  romaine  dont  on  a des 
Siédailles : 

C.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font ; Balmaki- 
€US  J Caluus  , Caí'blarius  , Celer,  Creti- 
CUS  , CraSSLTS  , CoRNUTUS  , DelMATJCUS  , 
Macedokícus  y Metejllus  , Nicer  , Numi- 
SICtTS  , Plus,  SiLANÜS. 

Goltzius  en  a publié  des  médailles  inconnues 
depuis  lui. 

CECINA,  famille  romaine  dont  on  a des 
aaédailles : 

R-  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

C.íECüLUS.  f^oy.  Ceculuí. 

CjSDICIA  , famille  romaine  dontonnetrouve 
des  médailles  que  dans  Goltzius. 

CMLATOR  de  faera  aula.  Muratori  (pOy.  4) 
rapporte  une  inferiptio-n  dans  laquelle  il  eíl  parlé 
d’un  cifeleur  attaché  an  palais  des  Auguiles. 

C.XLESTI  AÜGUS.  Muratori  (1979.  i.  Thef. 
infer. ) rapporte  Finfeription  fuivante  qui  demande 
Hn  nouveí  íEdipe.  Elle  a été  ttouvée  en  Ga- 

CAEiESTI 

AUG 

PATERNl 
CONSTANTII 
QDI  EX 
y Y.  SS. 


CAE 

CJELJA,  famille  romaine  dont  on  a 4«s 
médailles  : 

RRR.  en  bronze.  , 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

CJELIUM , en  Italie.  kaiatnon. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  íbnc: 

RR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Leur  type  ordinaire  efl  un  trophée. 

CMNACULA.  Ge  mot  doit  lignifier  dans  le 
bail  des  cabarets  (voy.  ce  mot)  d'Herculanum  , 
les  chambres  des  maifons  publiques  oú  Fon  don- 
noit  á boire  & á manger.  Nous  rapporterons  á 
cette  occaCon  une  infeription  qui  ^ á la  vérité , 
ell  imprimée  dans  ie  Recueil  de  Gruter,  mais  fans 
indication  du  lieu  oú  elle  fe  trouve : 

Hujüs.  Monumenti.  si.  qua.  Maceria. 
ClUSUM.  EST.  CUM.  taberna,  ex.  CENACULO. 

Heredes,  non.  sequetur 

ÑEQUE.  INXRA.  MaCERíAM.  HUMARI. 

Quemquam.  Licex. 

Elle  eíl  fixée  contre  le  mur  d’une  toiir , au 
paíTage  du  fleuve  Glarigliano , anciennement  le 
fie  uve  Litis, 

CcEJSlE,  iíle.  KAINON. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ifle  font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Leur  type  ordinaire  efl  un  griífon  courant. 

C./ENEÜS.  Voyey^  Cénée. 

CJEPiO , furnom  de  la  famille  Servie-a. 

CJERITES,  les  habitans^de  Cere  dansFEtru- 
rie.  Lorfque  les  Gaalois  eurent  pris  Rome  3.  les 
Romains  fe  réfugiérent  á Gire  , & y tranípor- 
térent  les  veílales  avec  le  feu  facré.  Les  C&rites 
firent  plus  que  de  les  bien  recevoir  ; üs  pouriui- 
virent  les  Gaulois  , les  défirent , & xapporterent 
une  partie  du  butin  que  leur  avoit  fourni  le  pnlag% 
de  Rome.  Feignanr  d’étre  reconnoif&ns  de 
fervices  auíS  grands  , les  Romains  aceprderent  aux 
CéLiites  le  droit  de  cité  j mais'ils  mirent  a cette 
faveur  une  rettriclion  odieuíe , en  leur  reruiant 
le  droit  de  fuírage  dans  les  comices  , & ce  ui 
d’étre  élevés  aux  dignités  de  la  Répubiíque.  btra- 
bon  (Aá  v.p.  152.)  leur  reproche  ce  raffineraent 
ddngratitude. 

CARITES  TABUES,  étoient  le  tableau  fur 
lequel  les  cenfeurs  faifoient  inferiré  les  citqyens 
qü’ils  puniíToient  par  la  privatíon  du  í^cíit  e 
füdrage.  On  appeloit  cette  punítiop  , iti  C&riti^ 
tabulas  relatio.  Ce  tablean,  portoit  le  uom  e 
CArites  ^ parce  coíit€n.oit  les  boibs  de  ce 


CAE 

qHÍ,  perdant  pour  toujours  ou  pour  un  temps  i 
limité  le  droit  de  fuífrage  , ne  jouiíToient  pas 
autrement  de  ia  cité  ^ que  Ies  Carnes.  Au  teñe  ^ 
cettepunition  n'étoit  pas  la  plus  forte  qu’inñigeaf- 
fenr  ¡es  cenfeurs.  II  y avoit  encore  rdatio  in  i-arios 
{voy.  jErarics)  , qui  non-feulement  privoit 
le  citoyen  degradé  du  droit  de  fufrrage  ^ mais 
encore  de  tous  Ies  avantages  de  !a  cité  j ce  qui  le 
rendoit  tributaire  du  file. 

C£3.ULEUS  Color.  Voyez  Bl^u. 

CMSAR , furnóm  de  la  famüle  Julia. 

CxsAR  , ce  furnom  de  la  famüle  Julia  eft 
devenu  le  nom  propre  d'un  célebre  Romain  ^ & 
le  nom  générique  des  empereurs  & des  princes 
romains.  ( Voy.  CÉSAR). 

KAICapeqNj  Cifarea,  Catfarée. 

Lorfque  ce  mot  précéde  un  nom  de  ville il 
n’indique  point  quelque  Cafarée , mais  un  titre 
(ville  de  Céfar)  dont  cette  ville  fe  qualifioit. 
Ceft  ainíi  qu’on  lit  fur  Ies  médailles  de  Cibyre  & 
de  Tralles,  kaicapeqíj.  kibtpatííNj  & kaica- 
FEQN.  TPAAAIANÍÍN. 

CdESAR-AUGUSTA,  dans  TEfpagne. 

C.  Aj  dans  une  couronne. 

C.  C.  A.  Colonia  Cé.farea~Augufta. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  latines 
en  Thonneur  d’Augr.íte  , de  Livie  d’Agrippa  , 
de  Tibére  ^ de  Germánicas  ^ d'Agrippine  mere 
de  Nerón  avec  DrufuS:,  de  Cahgala. 

Pel-erin  a reftitué  á Cs-farea-Augufia  de  Phoe- 
nicie  , ceües  qui  ont  C.  A.  ou  des  époquesj  & 
il  ne  luí  iailfe  que  C.  C.  A. 

CESAREA- AUGUSTA , de  Phoenicie. 

C.  A.  Ce.farea-Augu.Jia. 

Pellerin  a reftitué  á cette  ville  des  médailles 
frappées  en  l'honneiir  d’Augufte  & d’autres  ecn- 
pereursj  poxtant  ces  deux  lettres  initiales  avec 
des  époques.  Vaillant  les  avoit  attribuées  mal-á- 
propos:á  Cefar-Aagufia  d’Efpagne. 

C^ESAREA  - GermaniciA  j dans  la  Syrie. 
KAICAPEIAC  TEPMANIKHC.  & rEPMANlK-E£2M. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
riales  grecques  en  Phonneur  de  M.  Auréle  , de 
Commode  , de  Sevére  , de  Domna^,  d’Elagabale  , 
de  Mamée,  de  Phiiippe  jeunej,  d'Hadrien  j de 
Diaduménien  5 d’Alex.  Sevére  j de  Valérien. 

C.íESARÉE  5 en  Bithynie.  kaicapeiac. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

O.  en  or. 

O.  en  argent.  1 

RRRR.  en  bronze. 

Leur  type  ordinaire  eft  une  fiéche. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impe-  _ 
nales  grecques  en  i’honneur  d’Auguñe  ^ de^  Ne- 
rón. Vaillant  lui  en  a mal-á-propos  attribué  une 
de  Caracalla. 

C..ESARÉE  j prés  da  m.ont  Argoeus  dans  la  Cap>- 
padoce.  kaicapeíín  "mN  npoc  APrAia. 


CAE  5^7 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impé- 
riales  grecques  en  i hcnneur  d’Antonin:,  de  .'L- 
Aurele  , de  Yérus  , de  Sept.  Sévefe  , de  Cara- 
calla  ^ &c....  jufqu’á  Trébonien-Gal’e. 

C.^SAREE^  prés  d'Anazarbus  en  Cilicie. 
kaicap.  ton.  nPoc.  tq.  amasaf. 

Hunter  poíTédoit  une  médaille  de  bronze  por- 
tant  cette  legenda  ^ Se  pour  les  deux  types,  deiir 
tetes  de  femme  voilées^  que  31.  Combe  attribué 
á cette  Cefarée. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailfes  impe- 
riales grecques  en  Thonneur  de  Néron  {Eck/iel ') 
d’Antcnin  j de  M.-Auréle  avec  Veras. 

C^SARÉE  j dans  la  Paleftine.  kaicapeqn  8i 
KAlKAPElAC.  AIBANOT. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  impe- 
riales grecques  en  Thonneur  df4ugufte’,  de  Lu- 
cias Catfar  , de  Caligula  , de  Claude , de  fiíeíra- 
line , de  Néron  , d'Alexandre-Sévére  , d’Antonin, 
de  M.  Auréle. 

Vaillant  lui  a attribué  mal-a-propos  les  mé- 
daiiles  latines  de  Cá/brés-du-Liban.  ( V oy.  fur  cet 
objet  Pellerin  ^ Eckkef  &c.) 

On  ne  trouve  que  trés-rtrement  des  noms  de 
magiftrats  fur  les  médailles  impériales  de  Pa- 
leftine. 

C^SARÉE  prés  du  Liban , dans  la  Fhcenicie. 

Col.  cosaria,  lie.  CAa.  Colonia  Cefaria 
Libera  Flavia. 

. COL.FR.FL.  AUG.  CjESAR.  ColoniaP  rima  Flavia 
Augujia  Cifarea.  — C.  A.  C.  Colonia  Augufia  Ce- 
farea, 

Cette  colonie  romaine  a fait  frapper  des  mé- 
dailies  latines  en  Phonneur  de  TituSj  de  Trajan 
d’Hadrienj  d’Antonin,  de  M.  Auréle;,  de  Fauf- 
tine  jeune,  de  Vérus  j de  Commode,  de  Sept. 
Sévére  , de  Domna , de  Caracalla  , de  Macrin , de 
Diaduménien,  dTlagabale,  d'Alex.  Sevére  , de 
Déce,  d'Hofti-üen  , de  Volufien  , de  Fhihppe- 
Pére,  d’Annia  Fauñina ; dTtruí'cille,  d'ííeren- 
mus,  de  Treb.  Gallus,  de  Valérien. 

C.;€SARÉE  , prés  du  mont  Panius , dans  la  Sa- 
marle. KAICAPEIAC.  CEBACTHC.  & KAICAPEIA. 
HANIAC.  . 

Cette  ville  a fait  frapper  aes  meaaules  impe- 
riales arecques  avec  fon  époque  , en  rhonneur 
de  M.  Auréle , de  Lucille  , de  Commode , de 
Sévére  , de  Domna  , de  Caracalla , de  Géta  , de 
Sévéra. 

CSSENÑIA  , famille  romaine  dont  on  a das 
médailles : 

RRR.  en  bronze  grec. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

CMSIA  , famille  romaine  áont  ®n  a des  sbc- 
dailles : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

O.  ea  or. 


Si.-íirc. 


55  8 CAI 

C^íSITIU'S  color, 

CJESWS  color.  Bleu-clair , oppofé  a C^rulcus 
(olor,  bleii-foncé.  Minerva  eü  furnommé  en  grec 
y/íís/iíi;;?  j ce  mot  tíí  traduit  dans  Íes  auteurs  la- 
tins  par  oculis  c&fiis , aux-yeux-bleus. 

Quelques  philolpgues  ont  derivé  Cifius  , de 
Cides , carnage^  & iís  aíTurent  que  certe  couleur 
tíans  Ies  yeux  annonqoit  un  caraétére  fanguinaire  ^ 
fans  en  déterminer  la  nuance.  On  fent  combíen 
eft  fnvole  une-  explication  aufli  vague. 

CIESO  8c  C'SSAR , furnoms  de  ceux  qui 
avoient  été  tires  du  ventre  de  leur  mere  par  une 
inciíion  latéraie.  Pline  ( kx/.  9.)  primus  Csfar  a 
Cifo  matris  útero  diBus  j q^aa  de  caufa  & Cifones 
appellati^ 

CjESONIUS,  furnom  de  la  famiüe,  C.ií;- 

FURNIA. 

CxEÜS , un  des  enfans  de  la  Terre  qui  entrepri- 
fent  de  détróner  Júpiter. 

CAlM.  Toutes  Ies  femmes  romaines  étoient 
appelées  Cais  dans  les  cérémonies  des  mariages. 
Fcíius  nous  en  apprend  la  raifon.  ” La  femíTíe, 
dit-il  j de  TarquinrAncien,  qui  s^appela  d'abord 
Tanaquilj  porta  á Romc  le  nom  de  Caía  Cid- 
lia.  Sa  fagelTe  & fon  habiiets  dans  les  ouvrages 
de  laine  étoient  li  renommées,  que  les  femmes 
romaines  porroient  dans  les  ;ours.  du  mariage  fon 
nom  Caii , comme  un  nom  d’heureux  nréfage  ». 
Caía  Cicilia  appellata  efi  , ut  Romam  venit 
antea  Tanaquil  vodtata  erat  , uxor  Tarquinii 
Prifd , Regis  Romanorum  y quét  tanta,  prohitatis 
fuit , ut  id  nomen  ominis  honi  caufa  frequentent 
nuhentes  y quam  fummam  ajfeverans  lanifcam 
fuijfe. 

Quoique  Ton  trouve  fur  plufíetirs  monumens 
le  nom  de  Caía  exprimé  par  cette  figle  o fuivie 
de  libertas  , ou  L,  Caftalion  {adv.  Femin.  Pra- 
nom.  Ajjert.)  aíTure  que  ce  nom  n’a  jamais  défigné 
quelques  femmes  appelées  Caia,  mais  qu'ü  étoic 
générique  dans  Ies  inferiptions , & qu'ü  y déli- 
gnoit  ordinairement  toutes  les  femmes  qui  avoient 
donné  la  liberté  á I'aíFranchi  dont  parloit  l'infcrip- 
tion.  Parexemple,  c.  CxEcilius  o.  l.  eros.  II 
feroít  en  eífet  impoffible  d expliquer,  fans  cette 
fuppofition  , la  raifon  pour  laqaelíe  on  ne  trouve 
prefque  jamais  fur  Ies  marbres  aucun  prénom 
joint  au  nom  des  femmes. 

CAIETE,  nourrice  d’Enée  , fuivit  ce  prince 
dans  fes  voyages,  & mourut  en  arrlvant  en  Ita- 
lia. Enée  lui  éleva  un  tom'oeau  fur  la  cote  de  la 
grande  Ilefpériej  dans  i’endroit  oü  eft  aujourd'hui 
Gaete , en  latín  Caleta  , qui  a pris  fon  nom  de  la 
nourrice  d’Enée. 

CAILARUS.  Muratort  {Diatrib.  col.  63.  du 
infer.  ) rapporte  rinfeription  fuivante  trou- 
vée  á Arles : 

EX  IMPERIO 

TATT’IUS  quartus 
eailaro  y.  s.  l.  m. 


C A L 

Le  bsfon  de  la  Baftie  ereyolt  que  Cailaruf 
venoit  de  caii-ard , ou  gail-crd , qui,  dans  l’aa. 
cienne  iangue  commune  aux  Gauiois  8c  aux  Ge*r- 
mains  ^ fauf  la  différence  des  diakcles  ) , vouloit 
dire  gras  pátarage.  Ce  feroit  le  dieu  qui  faifoit 
engraiíler  Ies  moutons. 

CAILLER  le  lait.  Les  Grecs  affuroient  qu'ils 
devoient  á Ariftée , fils  d' Apollen  3c  de  Cyréae 
le  moyen  de  faire  caiiler  le  lait. 

- CAILLES.  Les  Phéniciens  offroient  á Her- 
cule  des  cailles  en  facrifice , & difoient  que  cette 
coutume  venoit  de  ce  que  ce  héros  ayant  été 
tué  par  Typhon,  Jolaiis  lui  rendir  la  vie  avec 
Lodeur  d une  caille. 

Latone,  perfécutée  par  Junon,  fut  changée 
par  Júpiter  en  cailie  , afin  qu’elíe  pút  fe  rendre 
dans  l':íle  de  Délos. 

Servius  (//í.  JEneid.')  dit  qu’Áftérie , foeut  ^ 
de  Latone  , fut  auííi  métamorphofée  en  caille. 
CAIÜS  CESAR,  fils  aíné  d’Agrippa. 

CAIUS  C.íESAR  AUGUSTI  FIIIÜS 
PONTIFEX  CONSUL. 

Ses  médailles  font: 

O.  en  or  8c  en  argent,  ni  en  G.  B.  de  cola 
romain. 

RRR.  en  M.  B. 

RR.  en  P.  B. 

RRR.  en  G.  B.  de  Colonies,  avec  fa  tete  & 
celíe  de  Lucias,  fon  frére. 

RR.  en  M.  B.  avec  les  mémes  tetes. 

RR.  en  P.  B. 

RR.  en  P.  B.  grec. , 

RRR.  en  M.  B.  d'Égypte,  au  revers  d'Au- 
guíte. 

Cai-us  (Caligula).  Voy.  ce  mot. 

CALABIS.  Meurfius,  dans  fon  traité  intitulé 
Orckeftra , dit  que  calabis  éíoit  une  chanfon  8c 
une  danfe  des  Laconiens  > qui  étoient  en  ufage 
dans  Je  temple  de  diane  Déarhéatide. 
CALABRA-CURLA.  Voyei  Curie. 

CaLACTA  , en  Sicile.  raaáktinqn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  viile  font : 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

I..eurs  types  ordinaires  font : 

.Une  chouette.  — ~ ün  raifin.  — Une  lyrc. — L» 
caducée. 

CALAGÜRÍS , en  Efpagne. 

MV,  CAL.  lUL.  Municipum  Calaguris  Julia. 

MV.  C.  I.  Mup.icipium  Calaguris  Julia. 

Nassica,  furnom  d’un  Scipion  que  portoit  ce 
raunicipe. 

II  a fait  frapper  des  médailles  latines  en  I 
neur  á'Augufte  , ' de  Tibére.  C’eft  aujourd  huí 
Calahorra.  Voyez  ce  mot. 

CALAHORRA , ville  d'Efpaane  fur  rEt>re. 


C’eñ  l’ancienne  Calagwis  ¡ dont  les  médailles  Tont 
I’objec  de  rárticle  précédent.  Elle  eft  célebre  par 
le  féjourdu  grand  Sertorius , par  le  choix  dé  fes 
troupes,  & par  fes  belles  aélions.  On  y trouva, 
en  1707,  l’infcription  fuivante ; elle  conferve  la 
jnémoire  d’un  officier  né  á Calahorra , qui  fe  crut 
cbligé  par  les  liens  de  ramitié  & du  fermcnt , de 
inourir  8c  de  fe  dévouer  aux  manes  de  ce  fameux 
general : 

D.  M. 

Q SERTOR.II 

ME  EREBICIÜS  CALAGURITANUS  DEVOYI 
ARBiETRATUS  RELLIGIONEM  ESSB 
EO  SÜBLATO 
QUI  OMNIÁ 

CUM  DIIS  IMMORTALIBUS 
COMMUNIA  HABEBAT 
ME  INCOIUMEM 
RETIÑERE  ANIMAM 
VALE  VIATOR  QUI  H^C  LEGIS 

ET  MEO  DISCE  EXEMPLO 
FIDEM  SERVARE 
IPSA  PIDES 

ETIAM  MORTUIS  PLACET 
CORPORE  HUMANO  EXUTIS. 

Mabulet,  favant  antiquaire  de  Tacadémie  des 
infcriptions  & belles-lettres , traduiíit  ainli  cette 
infcription  finguliére.  « Je  , Brebicius , natif  de 
:>3  Calakorre  , me  fuis  immolé  aux  manes  de  Quin- 
j»  rus  Ser'torius , m’étant  fait  un  fcrupule  de  reli- 
» gion  de  vivre  aprés  la  mort  de  ce  grand  homme, 
» qui  étoit  fembiable  en  toutes  chofes  aux  im- 
mortels.  Adieu  , paíTant  5 toi  qui  lis  ces  mots, 
» apprends  á mon  exempie  á garder  ta  foi  : les 
« rñorfs  , quoique  dépouillés  de  leurs  corps  , ne 
» laiffenr  pas  d’étre  touchés  de  cette  vertu  Ce 
généreux  dévouement  ne  furprendra  plus , quand 
on  lira  dans  Aulu-Gellc  qu’aucun  Efpagnol  ne 
déferta  de  l’ armée  de  Sertorius , quelques  défa- 
vantages  qu’ait  eus  ce  general  ; au-lieu  que  les 
Romains  ravoient  fouvent  abandonné. 

CALAIS  & ZÉTHÉS  étoient  deux  jumeaux , 
& Ies  premiers  nés  du  mariage  d‘Orithye  avec 
Borée.  Quelques  auteurs  ne  les  font  naitre  qu  a- 
prés  trois  filies.  l!s  furent  du  nombre  des  Ar- 
gonautes,  & rendirent  un  grand  ferv'ce  á leur 
beau-frére  Phinée  ; ils  donnérent  la  chaffe  aux 
harpies , qui  le  tourmentoient.  Ces  monftres  en- 
levoiént  tout  ce  que  1 on  portoit  íur  fa  tabie  5 Se 
fi  eiles  Y laiíToient  quelque  chofe  , elles  finfec- 
toient  d’une  puanteur  horrible.  Les  Boreades  , 
ou  fiJs  de  Borée  , les  poiirfuivirent  jafqu  aux  ifles 
Strophades  , oil  ils  les  euiTent  tuées,  fi  une  voix 
inconnue  ne  le  leur  eut  défendu  de  la  part  des 
dieux.  L.eur  pourfuite  fiit  d'autant  plus  vive  , 


qu’Us  avoient  des  ailes  comme  leur  pére.  Ker- 
cule  les  tua  dans  fifia  de  Ténos,  aux  obféques 
du  roi.Péhus,  parce  que  ces  héros  prirent  le 
parti  de  Typhis,  pilote  du  navire  Argo  , contre 
Telamón,  qui  vouloit  que  fon  attendit  Hercule 
defeendu  a terre  pour  cbercher  Hyias.  Les  dieux 
les  changérent  en  ces  vents  quí,  pour  fordi- 
naire  , précédent  de  huir  joars  le  lever  de  la 
camcule.  D^autres  ont  dit  qu’ils  furent  iiihumés  , 
& que  fon  voyoit  leur  fépulcre  s'ébranler  au 
fouífie  de  leur  pére.  Voye^  Borée  , Harpies  , 
Orithye  , Phinee. 

CALAMLNE,  pierre  qui  contient  de  la  chaux 
de  zinc,  & qui,  méláe  avec  le  cuivre  rouge, 
produit  le  laiton.  II  eft  certain  que  les  anciens 
en  faifoient  ufige , puifqifils  fabriquoient  le  lai- 
ton j mais  il  eft  certain  aufli  qifils  employoient 
la  cslamim  fans  favoir  qu’elie  renfetmat  aucune 
fubftance  métaliique. 

CALAMISTRU.M.  Voy^z  Fer-.4-tris:er. 
_CALAMlSTRO  Aug.  (a).  Muratori  (991.  2; 
Tk¿f.  ir.fcr.)  rapporte  f infcription  fuivante: 

D.  m: 

CORNELIAE.  A.  L 
A.  CALAMISTRO 
V.  A.  XXX.  M.  V. 

Cette  aflfranchie  d’une  impérarrice  étoit  fa  coéP- 
feufe  5 car  on  explique  calamiftrum  , par  fer-a- 
frifer. 

CALAMUS.  Ce  mot  défignoit  un  jone  ou  ro- 
feau  ; c’eft  pourquoi  les  anciens  fapp’iquoient 
aux  ñutes  , aux  rofeaux  avec  leíquels  ils  écri- 
voient  , aux  rofeaux  qu  ils  enduifoienr  de  glu 
pour  prendre  les  oifeaux  , a la  canne  á fuere  , 
& enfin  á plufieurs  autres  végétaux  de  fefpéce 
des  jones.  Nous  ne  devons  parlar  que  des  trois 
premiéres  acceptions  du  mot  calamus. 

Les  premiéres  flútes  étoient  de  limpies  rofeaux 
réunis  avec  de  la  cire  : on  les  appells  encore 
fyringe  de  Pan , du  nom  de  leur  inventeur.  A ces 
rofeaux  groíliers  fuccederent  les  os  des  animaux  , 
le  bo!S , le  buis  en  particuüer  & f ivoire.  Mais 
les  poetes  confervérem  fouvent  aux  ñutes  le  nona 
de  la  premiére  fubftance  dont  eiles  avoient  eré 
fabriquées;  üs  les  appelérent  calaml.  Tel  fut 
Yirgiíe  iEcl.  VI.  09-  ) : 

Hos  tibí  dant  calamos ; en  accipe  Mufi 
Afcrco  qaos  ante  fenl , quibas  Ule  foiebat 
Cantando  rígidas  dtductre  monühas  ornos, 

Tel  fut  aulli  Memefien  \^EcL  i.  3.}  : 

Inc¡pe,fi  quid  kabes  gracili  fub  arundine  carmen 
Compoíitum.  Nam  te  calamos  injiare  labello 
Pan  docuit. 


560  CAL 

Calamus  aucupatorius.  V oyez  Ql-uau. 

Cala  m u s , ou  rofeau  - á - écrire.  La 
canne  , le  calamus  ou  le  rofeau  j arando , 
janeas , fut  Finítriimcnt  ordinaire  des  écritures 
faites  avec  des  liqueurs  , iong  temps  at'ant  qu'on 
fe  fervit  de  plumes.  On  en  trouvera  deux  deiiinés 
dans  la  planche  iv  de  la  nouvelle  Diplomatique  , 
fous  les  nombres  xvii  & xix.  L'Egypte  four- 
nilToic  beancoupdecesjoncsourofeaux.  Dat  ckar- 
tis  hábiles  calamos  M-empliinca  tellus  , dit  ( L.  14. 
Epigr.  34.)  Mania!.  Perfe  {Satyr.  iil.  i©.  ) a 
décrít  les  défauts  dll  calamus  , qu’il  appelle  no- 
dofa  arando.  Les  Grecs  des  bas-íiéclesconcinuétent 
de  fe  fervir  de  cannes  qudis  tiroient  de  la  Perfe. 
Encoré  aujourd'hui  les  Orientaux  Grecs  ^ Tures, 
Perfans , &c.  fonr  le  méme  ufage  de  ces  cannes. 
lis  les  recueiilent  en  Mars  vers  Aurac,  le  Iong 
du  golfe  Períique  , & les  laiífent  durcir  pendant 
íix  mois  dans  le  fumier.  Cell  la  que  ces  rofeaux 
fe  couvrent  d‘un  beau  vernis  noir  & iaune  qui  les 
faii  rechercher  parncuiiérement.  Du  temps  de 
Fline , on  donnoit  la  préférence  au  calumas  d'E- 
gypte,  de  Cnide,  & du  lac  Ana’ís  en  Alíe.  L’ef- 
péce  de  rofeau  que  Linfehot  & Acoda  nomment 
bamba  ou  mamhu  , fert  aufll  aux  Indiens  de  plume 
a écrire  : ils  coupent  ce  rofeau  de  la  longueur  & 
de  la  largeur  de  nos  plumes  5 il  en  taillent  le  boiit 
& le  fendent. 

L’ufage  de  ces  rofeaux , & Pendroit  de  Perfe 
cité  plus  íiaiir , indiquent  clairement  que  les  an- 
ciens  fendoient  Icur  calamus  comme  nous  fendons 
les  plumes.  En  voici  la  preuve  dans  ce  vers  du 
fatyrique  {Perf.  iil.  13.): 

Dilatas  ^uerimar  geminet  qaod  fifiala  ganas. 

D’ailleurs  ils  font  appelés  dans  une  ancienne  épi- 
gramme  fíirayjhls rofeaux  fendas  dans  le 

milieu. 

On  trouve  en  abondance  auprés  de  Damiette 
le  rofeau , calumas  , dont  les  Orientaux  fe  fer- 
voient  & fe  fervent  encore  pour  écrire.  Sa  tiue 
minee  porte  des  feuilies  long'iies  & étroites,  qui 
retombent  avéc  grace , & des  rameaux  déiiés  qui 
fe  couvrent  de  fleurs  blanches. 

CALÁNTICA  ou  CALAUTICA  , coéffare 
qui  couvroit  la  tete  des  femmes  du  temps  de  Clo- 
dius.  C'eft  tout  ce  que  Fon  en  fait ; & Cicerón 
feul  en  a parlé  : Tune  ciim  vincirentur  pedes  faf- 
tiis  , cam  calanticam  capíti  accommodares  ? ( in 
Clodium). 

CALAOÍDIES  , fétes  qu’on  célébroit  dans  la 
Laconie  en  Fhonneur  de  Diane  , au  rapport  d’He- 
ft'chius. 

CALASIRIS.'Í 

calas  SIS.  5 Kef/chius  dit  que  la  calaflrls 
tíOK  une  tunique  a iarge  bordure  pli'ii'ée  , & ii 
iioute  que  ce  nom  défignoit  auíli , felón  piu- 
tmws  ecn-vams , une  tunique  de  lin  qui.  defeen- 


C A L 

doit  jufqu’aux  talons.'Euftathe  {Iliad.  ni.)  dg'. 
finit  la  calafiris , une  tunique  de  lin  dont  fe  fer- 
voient  les  précres.  Ce  font  aufli  les  exprefíjon* 
d'ííérodote  {Hb.  z.). 

Le  lin  dont  i¡  eft  parlé  dans  tous^es  textes,  eft 
le  byjfas  des  anciens , c’eft-á-dire , le  coton.  Les 
prétres  portoient  la  calafiris  feule  dans  les  tem- 
ples i mais  les  autres  Egyptiens  mettoient  ua 
mantean  de  laine  blanche  par-deíTus  la  calafiris'. 

On  remarque  fur  le  fein  & fur  les  chevilles  du 
pied  des  líis  du  capitole  & d'autres  ítarues  égvo- 
tiennes , les  plis  iégers  qui  annoncent  la  calafiris. 

Ils  font  li  fins  & íi  peu  fentis  , que  Fon  en  peut 
conjedurer  hardiment  la  fineíTe  de  ce  vétemenc. 

On  donna  depuis  par  exteníion  le  nom  grec 
de  la  calafiris , ¡íazánpií , á la  lunique  ampie  des 
ch'evaliers,  felón  Hefychius  : ÍHo%íy.cí  x.a¡  ixvíxdt 

Feñus  parle  d'une  calaffis , qu’il  confond  d’a- 
bord  avec  la  calafiris  des  Grecs  ; & il  ajoute  : 
Alú  dicunt  modam  ejfe  tunicoe  muliebris , qao  con- 
rtexa  Arca  cervicem  túnica  fammittitar.  Ilditailteurs : 
Aclaffis  , turdea  ab  kameris  non  conjecla.  Ces  deux 
textes  du  méme  écrivain  prouvent  alléz  évidem- 
ment  que  la  calaffis  étoit  le  nosud  qui  réuniílbit 
fur  Fépaule  la  tunique  des  femmes  , ou  qu’eüc 
étoit  cette  méme  reunión. 

CALATHUS , icuZccéos.  Ce  mot  déíignoit  gé-  ‘ 
néralement  un  panier  ou  une  corbeille.  Te!  étoit 
le  calathas  que  portoit  Cérés  í^ir  fa  tete , & que 
Fon  voit  dans  les  types  des  médailles  de  Salo- 
nine , avec  la  légende  CiJXER.  aug.  : c’étoit  le 
fyrabole  de  la  fécondite  de  la  terre. 

Calathas  déíignoit  auffi  une  coupe  ou  un  vafe  dans 
lequel  les  bergers  recevoient  le  iait  qu’ils  expri- 
moient  des  brebis  & des  vaches,  & dans  lequei 
on  verfoit  le  vin  pour  le  boire.  Martial  a fait  un 
diítique  trés-agrcable  fur  cette  efpéce  de  calathas 
( Apophgret.  97.  ) : 

Nos  Satyros , nos  Bacckus  amat , nos  ebria  tigris 
Perfafos  domini  lamberé  ¿oaa  pedes. 

Pline  compare  le  premier  calathas  á la  fleur  d« 

!ys  qui  va  toujours  en  s’élargiíTant : Ab  angafihs 
in  laútudinem  paulatim.  fiefe  laxantls  efigie  calathi. 
Telles  étoient  les  .corbeilles  que  les  Canéphores 
portoient  dans  les  fétes  de  3 ^ 

fertTfoient  les  chofes  facrées  deñinées  a fes  myf- 
téres.  Peut-étre  faiidroit-il  diñinguer  le  calathas 
du  rnoihis  , fur  la  tete  des  divinités  de  FEgypíe> 
par  l’évafement  du  premier,  & par  le  rétréciífe- 
ment  du  fecond.  Au  refte  , on  apperfoit  trés- 
diítmcisment  le  calathas  fur  une  médaiile  expli- 
quée  par  Fabbé  Fontenei  ( Mém.  Acad.  des  Belles- 
Lettr.  lom.  v-) , oú  il  eft  placé  fur  la  tete  de 
Minerve-Iliade. 

CALATINUS  , furnom  de  la  famille  Atilia. 

On  conjeture  que  ce  furnom  fut  donné  pour^ii 

pres^iers 


CAL 

prcnv:ere  fo:s  á A.  Atiüus,  parce  cu’on  Tapoela 
ae  k cnarrae  aux  dignités  de  ia  Répuaüque.  Ap- 
peier  s expnmoit  oans  Ies  premiers  temps  de 
Eome  par  le  mor  calare. 

CaLATOR.  Les  Romains  fe  fervoient  dans 
Ies  preniiers  temps  du  rnot  calare  au*líeu  de  vo~ 
cíZ/í  , a;,peler.  De  lá  vint  le  notn  calator , qudis 
donnérent  au  valet  des  magiílrats.  II  étoit  chargé 
djippeier  calare  , íes  citoyens  cites  par  eux.  Des 
atfi-anchis  ne  dédaignérent  pas  d"en  faire  les  fonc- 
rions  : tei  fut  Cornelias  Epicedius  affranchi  , 8c 
Calaroráu  Dideateur  SyHa.  (Suee.  Gramm.  c.  12. 
n.  1.} 

On  appelie  depuis  calator  publicas , celui  qui 
exercoit  les  fondiions  de  calator  auprés  de  quel- 
que  ordre  ou  de  quelque  collége.  Muratori  ( Thef. 
infcr.  322.  I.)  en  cite  un  exemple.  Les  prétres 
avoient  des  calatores  qu'iis  envoyoient  avertir  le  ; 
peup¡e_  de  ceíTer  les  travaux  ^ lorfqu  ils  alloient 
offrir  des  facriñees.  On  trouv.e  dans  Gruter  l'inf- 
cription  fujvante  j qui  en  fait  foi: 

VINtCIO.  COCTAEO.  CALAT 
VII.  VIR.  EPULO.  LIBERTO 
OPTIMO.  PATRONüS 

Et  dans  Panvini : 


Q.  CAECILIO.  FEROCI 
KALATORI.  SACERDOTU 
TITIALIUM.  FLAVIALIÜM.  . . . 

Cazatoh  étoit  aufli  chez  les  grands  un  efclave 
chargé  d'inviter  les  convives  de  fon  mattre.  Plaute 
2.  35.): 

Efl-ne  hic  Trachalio  , quem  coñfpicor  , calator 
Pleufidippi  ? 

Cétoit  enfin  le  nona  d'un  valet  d'armée  5 comtne 
BOUS  le  voyons  dans  naéme  comique.  ( Mere.  y. 

2.  II.);  . 

Egomet  miki  comes  , calator  j equus  ^ agafo  , 
armiger. 

CALE  EL  7^ 

CALBEIENSES.  5 
portoient  Ies  triomphateurs , & que  Ies  généraux 
donnoient  aux  foldats , pour  récompenfer  leur 
vaieur  j skppeloient  calbei.  Feftus  nous  Tapnrend: 
Cálleos  arrr.illos  dicebant  , quibus  triumphantes 
uieoantíLr  , & quibus  oh  virtutem  milites  dona- 
bup.tur. 

On  lit  fur  un  autel  du  Capitole  dédié  au 
Soled : 

SOLI  SANCTISSIMO  SACRÜM 
TI  CLAUDIOS  EELIX  £I 

Araiquités  3 Tome  J. 


Les  bracelets  militaires  que 


CAL  5^1 

CLAUDIA  KELPIS  ET 
TI  CLAUDIUS  AlyFUS  FIL.  EORUM 
VOTUM  SOLVERUNT  LIBEXS  MERITO 
CALBIENSES  DE  COH  Ili. 

u iberius  Claudius  avoient  obtenu  le 

rafleiet  caiheum , & lis  s'en  glorifioient  fous  le 
nom  de  calhienfes, 

CALCE ARIU M , étoit  la  foname  légére  que 

I on  oonnoit  aux  troupes  romaines  pour  fe  four- 
nir  de  chauíTures. 

^ Si  fon  en  croit  Hérodotc  ( j7.  p.  iq.o  ) ^ le* 
chauliures  des  reines  d’Egypte  étoient  trés-dil- 
pendieufesj  car  les  revenus  de  la  vüle  d'AnthylIa 
etoient  deftinés  á leur  fournir  le  calcearium. 

CALCÉDOINE.  Les  deferiptions  de  la  Calcé- 
doine  qnz  nous  trouvons  dans  les  anciens^  font 
u différentes  les  unes  des  autres  , qu'on  ne  peut 
pas  Ies  rapporter  á la  méme  pierre.  Celle  que 
Phne  nous  a kilTée  3 donne  Pidée  d'un  grenat 
oriental , ou  d une  atnethyile.  D'autres  deferip» 
tions  déíignent  Tonyx  ou  ía  farde-onyx. 

On  ne  donne  aujourd'hui  le  nom  de  calcédaine, 
qu  á une  efpéce  d'agathe  de  couleur  de  blanc-lai- 
teux  3 ou  bleuátie.  Lorfque  le  bleu  eft  trés- 
foncé  3 on  l'appelie  aííez  improprement  agathe- 
noúe.  II  faiit  diftinguer  foigneufement  la  calcé- 
doine  au  agathe  blanche-bleuátre  3 de  l'agathe 
blanche  proprement  dite. 

CALCHAS  3 furnommé  Theftorídes  3 c'eíl-a- 
dire  3 fils  de  Theftor3  qui  fut  un  des  Argonautes, 
paíwit  pour  le  plus  éclairé  des  devins  de  fon  tenis! 

II  favoit3  dir  Homére,  le  préfent3  le  pafle  & 
1 avenir;  & á caufe  des  grandes  connoiffances 
dont  Apollon  Pavoit  favorifé  . il  avoit  été  choiíi 
pour  conduire  á Troyes  Ies  vaiíTeaux  des  Grecs. 
Les  anciens  ne  faifoíent  aucune  expédition  , fans 
avoir  á leur  tete  quelques  devins  , dont  ils  fui- 
voient  les  confeüs  3 qui  régloient  toutes  leiirs 
entreprifes  j & qui  avoient  une  tres-grande  au- 
torité. 

Calchas  étoit  dans  Parmée  des  Grecs,  graná- 
prétre  & devin.  Lorfque  Parmée  fut  actaquée  de 
la  pefte  , on  Pinterrogea  fur  le  fujet  de  ia  colore 
d' Apollon  : craignant  le  reíTentiment  d'Agamem- 
non  contre  qui  il  alloit  p?.rler,  ii  fit,  avant  de 
s'exprimer,  jurer  Achille  qiPil  le  protégeroit  con- 
tre la  colére  du  roi ; enfuite  il  díclara  que  la  peñe 
ne  cefléroit  que  lorfque  le  roi  aaroit  renda  au 
miniítre  d' Apollen,  Chryféís  fa  filie,  qu'il  rete- 
noit  dans  fa  tente.  Agamemnon  s'emporta  avec 
fureur  contre  Calchas  devin,  lui  dit- il  , tu  ne 
prédis  que  des  malheurs,  & tu  ne  m’as  jamais 
rien  annoncé  que  de  fácheux.  En  eíFet,  Calchas 
lui  avoit  prédit  3 en  Aiilide,-que  le  calme  qiií 
retenoit  la  flotte  des  Grecs  dans  le  port,  ne  ceffa- 
roit  qu’aprés  qu’il  auroit  appaifé  les  dieux  par  le 
fang  d'Iphigéaie.  1!  avoit  auifi  prédit  que  la  guerre 


CAL 

¿t  Troye  dareroit  dix  ans  ; Sc,  pour  confirmar 
fa  pr^diCtion  , il  difoít  avoir  vu  montar  fur  un 
arbre  un  ferpent , qui  , aprés  avoir  devoré  neuf 
perits  oifeaux , en  avoir  auífi  devoré  ia  mere  , Se 
avoir  été  enfuite  changé  en  pierre. 

Calchas  défendit  qu’on  rendir  au  corps  d’Ajax 
Ies  honneurs  du  búcher^  parce  qu’il  s'étoit  rué 
lui-mérre  : il  ordonna  depuis  que  Polixéne  fur 
immolée  aux  manes  irritées  d’ Achille.  En  un  mor, 
il  ne  fe  paiToit  rien  de  coniidérabie  dans  l’armée 
des  Grecs , qu’on  ne  le  confultát  auparavant. 
II  avoir  lu  dans  les  deítinées  qudl  mourroir  , 
lorfqudí  auroir  trouvé  un  devin  pius-habile  que  lu; ; 
.c’eft  ce  qui  lui  arriva  á Colophon,  vilie  d'íoniej 
oü  le  devin  Mopfus  fe  monrra  plus  habde  dans 
l’art  de  prédire  Tavenir.  La  Sibylle  Lampufa 
étoit  filie  de  Calchas.  On  lui  attribue  quelques 
cracks  en  vers  , & on  la  nomme  auííi  Colopho- 
nicane. 

Homére  femble  avoir  conílruir  toute  l’hiñoire 
fabuleufe  de  Calchas  fur  rétymologie  de  fon 
nom  3 qui  eñ  derivé  de  K-aX^'niyai , je  medite. 

CALCHEDOiN  , dans  la  Birhynie. 

KAAXA¿í2NlO¡C  3 & KAAXAAÍ2N1QN. 

Cette  viile  a fait  frapper  des  médailies  impé- 
riales  grecGues  en  l'honneur  ce  Trajan,  de  Fio- 
tine  j d’Antinoüs , de  M.-Auréle , de  Fauñine 
jeune , de  Verus  , de  Commode , de  Sévére de 
Domna,  de  Géra,  d^ElagabalCj  de  Sévére , de 
Gordien  Pie,  de  Tranquilline. 

CALCiOPE,  filie  d'Aétes,  roi  de  Colchide , 
Se  foeur  de  Médée , époufa  Phrixus , & en  eut 
quatre  enfans  : Argos^  Phrontis  , Mélad  8e  Cy- 
lindrus.  Son  pére  ayant  fait  afíaífiner  Phrixus  ' 
pour  avoir  fes  tréfors  , Calciope  chercha  á dé- 
rober  fes  enfans  á la  furear  de  leur  grand-pére, 
en  les  faifanr  embarquer  fecrettement  pour  la 
Gréce.  Mais  ils  firent  naufraga  dans  une  ifle  , oú 
ils  demeurerent  íufqu’á  farrivée  de  Jafon  , qui  Ies 
ramena  en  Colchide.  Phrixus  , Jason. 

CALCUL  5 poids  de  I’Afie  & de  PÉgypte.  Voy. 
Chalcous. 

CALCUL.  Foyey  Arithmétiqüe. 

CALcULARli.  Voyez  EscAjaoTEuss. 

CALCUL  ATORES  y calcuiateurs  , nom  que 
Ies  Romains  donnoient  aux  maitres  dkrithméti- 
que , parce  qufils  commenqoient  l’éducarion  des 
enfans  en  leur  montrant  á comprer  avec  des  je- 
tons , appelés  en  latín  calcuti.  Le  mor  calcidator 
fe  trouve  dans  Martiai  ( x.  6X.)  : 

LAec  calculatoT  y aut  notarlas  velox  y 
Majare  quifquam  circulo  coronetur. 

On  le  rencontre  plus  fouvent  dans  Ies  anciens 
jurifconfultes.  Selon  d'habtles  critiques,  i!  défi- 
giioit  les  maitres  d'aiithmétÍQue  de  eondition 
libre  ; au-li?u  que  par  le  mor  calculones  qui  s^y 
rencontre  auíTi , on  entendott  Ies  efclaves  ou  Ies 
affranchis  de  aouyelie  date,  qui  exerqoient  U 


CAL 

mime  profeífion.  Tertuliien  appelle  ces  maitres 
prlmi  numerorum  areiiarli , peut-étre  parce  qu’a- 
pres  avoir  enfeigné  aux  enfans  la  maniere  de 
comprer  aux  ietons , ils  leur  enfeignoient  l'arith- 
métique,  en  traqant  fur  le  fabie  les  figures  des 
chiifres , á la  maniere  des  anciens  géométres.  11  y 
avoir  ordinairement  un  de  ces  maitres  dans  chaqué 
maifon  confidérable , & le  t;tre  de  fa  charge  étoit 
a calculis , a.  raúonibus  , ekít-á-dire  , officier 
cliargé  des  comptes  & des  calculs , ou  calculator. 
On  lit  ce  dernier  dans  f infeription  fuivante  trou- 
vée  á Vérone  (^Tit.  Popma  de  operis  sesv.)  ; 
Y.  F.  p.  CyECILIÜS.  EmPIRODIUS.  Ví.  VlR.  AUG. 
CALCULATOR.  JuSTIN^.  SALEH.S.  UXORI.  £T. 
SIBI. 

CAL  CULI,  calculs  y jetons.  Le  motc^t/ca/vient 
du  iatin  calculus  , qui  fignifie  une  pierre , parce  que 
les  anciens  fe  fervoient  de  petits  cailloux  pktspour 
faire  Icurs  fupputations , foit  des  íbmmes  mul- 
tipiiées  ou  divifées  dans  les  comptes , foit  en 
aitronomie  Se  en  géométrie.  De-lá  vient  que  nous 
avoDt  donné  le  ñora  de  calcul  aux  fciences  des 
nombres  , á Taritiimétique , á l’algébre.  Les  Ro- 
raains  skn  fervoient  encore  pour  donner  les  fuf- 
frages  dans  les  aíTemblées  Se  dans  lesjugemens; 
ils  marquoient  auífi  les  jours  heureux  avec  une 
pierre  blanche , dies  albo  notanda  lapillo  , dit 
Horace,  & les  jeurs  malheureux  par  une  pierre 
noire.  Ils  avoient  empranté  la  premiére  de  ces 
coutumes  des  Grecs  , qui  nomrnoient  ces  efpéces 
de  jetons  naturels  -¡^ítpaí  ; c’étoient  d’abord  des 
coquillcs  de  raer  , remplacées  depuis  par  des 
piéces  d’airain  de  la  méme  figure,  appelcesypo«- 
dyles. 

Deux  chofes  diftinguoient  Ies  calculs  y la  forme 
& la  couleur.  Ceux  qai  portoient  condamnation 
étoient  noirs  & percés  par  le  miüeu ; Ies  autres 
étoient  entiers  & blancs.  L’abbé  de  Canaye  dtt 
(M/m.  de  VAcad.  des  Belles-Lettr.  I.  Sí  vil.) 
qu’on  pourroit  regarder  la  précaution  de  ppeer 
íes  noirs , comme  une  preuve  que  Ies  Aréopa- 
gifies  , qui  skn  fervoient , jugeoient  pendant  la 
nuit;  car  , á quoi  bon  percer  Tes  calculs  nosrs,  ü 
Ton  eut  pu  voir  les  uns  & les  autres  , & app^^" 
cevoir  par  le  fecours  de  la  lumiere  , la  difieicnce 
de  leurs  coiileurs  ? au-Iieu  qukn  jugeant  cíaos  les 
ténébres , il  eñ  clair  qu  on  avoir  befoín  d une 
différence  autre  que  celle  de  la  couleur  & re  a- 
tíve  au  taél , pour  démékr  les  calculs 
damnation  efavee  ceux  qui  marquoient  lab 
tion.  On  comptoit  ces  calculs , Se  k nombre 
uns  ou  des  autres  décidoit  pour  ou  contre  * 
cufé. 

On  fe  fervoir  auífi  de  calculs  ou  biilletins  po® 
tirer  les  athletes  au  fort  dans  íes  jeux  pu  R » 
& pour  Ies  apparier.  V oici  «omme  la  c ° 
prariquoit  aux  jeux  olympiques  , au  ■ , 

Lucien , dans  fon  dialogue  inntulé ; Mermo 


CAL 

oa  des  Szcles.  « On  p'ace , dit-ll,  devant  Ies 
» juseSj  une  urne  d'argent  confacrée  au  dieu  en 
» rhonneur  de  qui  fe  cé!éb;ent  les  jeux.  On  met 
» dans  cette  urne  des  balloces  de  la  groffeur  d^une 
» feve  , Se  dont  le  nombre  répond  á celui  des 
M comb.ittans.  Si  ce  nombre  eft  pair  , on  écrit  fur 
» deux  de  ces  ballotes  la  lectre  A , fur  deux 
» antres  la  lettre  B , fur  deux  aacres  la  iettre  I, 
=>  & ainfi  du  reñe.  Si  le  nombre  elr  impair  il 
" y a de  nccefíité  une  des  lettres  employées  qui 
« ne  fe  trouve  inferiré  que  fur  une  feule  bailóte  ; 
» enfuite  les  athlétes  s'approchent  fun  apres 
» ¡'autrC:,  Se  av'ant  invoqué  Júpiter  ^ chacun  met 
» la  maia  dans  fume , & en  t're  une  bailóte. 
» Slais  un  des  maíligophores  ou  porte-verges  lui 
53  retenant  la  main  , fempéche  de  regarder  la 
» lettre  marquée  fur  cette  bailóte^  jufqu  á ce  aue 
55  toas  les  autres  ayent  tiré  la  leur.  AÍors  un  des 
*•  juges  faifant  !a  ronde  , examine  les  babores  de 
>5  chacun  , Se  apparie  ceux  qui  ont  les  lettres' fem- 
>5  blables.  Si  le  nombre  des  athlétes  eft  impair  , 
55  celui  qui  a tiré  la  lettre  unique  eit  mis  en  ré- 
55  ferve  pour  fe  battre  contre  le  vainqueur.  55 
On  a trouvé  ouelquefois,  en  faifant  des  fouilles 
dans  des  ruines  anciennes  ^ des  calcuU  ; mais  fou- 
vent  on  ne  les  a pas  reconnus  pour  tels.  C'eft  ce 
qui  eft  arrivé  ^ á notre  avis  , au  fivant  comte  de 
Caylus,  aa,fujet  de  queiques  morceaux  d'émail 
trouvés  en  Égypte  qif il  a pris  pour  des  parares  , 
_Se  qui  nous  paroilTent  avoir  fervi  de  culcu.li  ou 
jetons.  « Dans  le  nombre  des  petits  morceaux  , 
dit-il  ( Rec.  d‘ Antiq.  vil.  pl.  -j.  n°.  3.)  ^ ou  de  la 
petite  colleélion  que  j’ai  achetée  á iVarfeüle  , 
j’ai  trouvé  environ  cinquante  piéces  de  porce- 
laines  plus  ou  moins  fines  , mais  toutes  recou- 
vertes  d’un  émail  bleu  ou  verd.  Ce  n°.  repré- 
fente  une  _ vingtaine  de  morceaux  de  diíférens 
temps  5 mais  ^ comme  il  eft  aifé  de  le  croiie,  leur 
travail , qui  nfefl:  point  également  bon  ^ eft  plus 
ou  moins  confervé  ^ d'aiileurs  leur  grandeur  eft 
variée.  Ce!ui-ci  eft  deflinédans  fa  grandeur  exaéte 
( fept  ligues  de  diamétre ) ; il  y en  a qui  fonr  d'un 
tiers  plus  grands  j d’autres  d'un  tiers  plus  petirs ; 
ils  préfentent  tous  d'un  cóté  la  tq^e  d’un  Bacchus , 
& de  l’autre  , ce  que  Ton  regarde  avec  raifon 
fur  íes  médailles  étrufques  comme  la  poupe  d’un 
vaiíTeau  , c’eíí  du  moins  ce  que  l’on  peat  juger 
avec  la  plus  fcrupuleufe  attention ; j’en  ai  d’autant 
plus  apporré  ^ que  tous  ces  morceaux  étant  percés 
dans  leur  épaiiTeur,  & n’ayant  pu  avoir  d’autre 
deftination  que  celle  de  íervir  aux  parures  du 
peuple  5 dés-lors  il  eft:  difficile  de  croire  que  ce 
méme  peuple  fuperftitieux  ait  pu  porter  avec  une 
forte  d’apparat  des  objets  proferits  , comme  on 
fait  que  tout  ce  qui  concernoit  la  mer  étoit  en 
horreur  dans  un  tems  méme  trés-ancien ; maisfoit 
que  la  méme  raifon  que  l’on  donne  au  revers  des 
tetes  de  Bacchus , c’eft  á-dire , que  l’on  vouloic 
prouver  que  ce  prince  étoit  venu  par  mer  , foit 
flse  les  Egyptiens  donnaffeat  uae  autre  valsur  á 


CAL  5 la  3 

ce  (ymbole,  on  ne  peut  aüer  contre  des  faitSj  & 
ces  faits  produifent  en  ce  cas  non-feulement  la 
liiigUiarite  , mais  l’embarras.  55 

I!  dit  encore  un  peu  plus  bas  {ibid.pl.  n°.  4.) : 
“ Plus  d une  trentaine  d autres  morceaux  de  méme 
matjere  j egalement  percés  pour  étre  enfiles , & de 
toutes  forres  de  grandeurs  ^ portenr  deíTus  comme 
deííous  la  figure  de  cec  X , ou  de  certe  cro’x  dont 
les  traics  fonc  doubles.  La  vaná-té  des  formes  lon- 
gues  j carrees  j rondes  , dentelées , qui  ne  laifiTent 
aucun  doute  lur  la  percute , confirme  l’ufage  . 
de  ces  colliers  á plufieurs  rangs  ^ & de  ces  bra- 
celets  multipbés  que  le  peaple  ne  pouvoit  porter 
auíli  riches  que  ceux  qu’ar.  a vus  für  les  repré- 
fentations  de  queiques  prérres  d'un  état  fuperieur, 
mais  qui  le  fatisfaifoit  roujours  dans  la  généralité 
de  la  moJe.  Je  dois  cependant  dire  que  , felón 
Morus  Apollo  j cette  marque  X a toujours  vala 
10.  Cette  conftance  & cette  durée  dans  un  chiífre 
convenu  font  bien  finguliéres.  55 

Quoi  qu’il  en  foit  des  calculi  du  comte  de 
Caylus  j ií  eft:  certain  que  l’on  a trouvé  dans  les 
fouilles  faites  parfeu  AÍ.  Grignon,  entre  Joinville 
& Sainr-Dúietj  dans  les  ruines  d’une  ville  Gau- 
loife  foumife  aux  Romains  , deux  ou  trois  cens 
morceaux  d’ivoire  ou  d’os , ronds , & reíTemblant 
aux  jetons  modernas  excepté  leur  épaiífeur  8c 
leur  forme  un  peu  convexe.  On  ne  doutera  pas 
qu’ils  ne  foient  les  véritables  caladi  des  anciens, 
Sur  un  bas-relief  du  Capitole  , on  voit  Trajan 
& Plotine.  Auprés  d’eux  eft  un  jeune  homme 
tenant  un  abaque  ^ fur  leauel  font  phcés  un  pre- 
mier rang  de  fept  jetons , un  fecond  d’un  feul 
qu’il  paíTe  avec  l’index  de  la  main  droite  ^ & ua 
troiíiéme  réduit  á fix  jetons , parce  qu’il  en  % 
avancé  un  qui  forme  le  fecond  rang. 

Calculi  j jeu.  Voy.  Dames. 

CALCULONES.  Voyez  Calcuzatobjes. 

CALDARIA  5^  / 5 . 4 

CALDAPJUM  , Thermes. 

Voy.  Etuves. 

C ALDUS , furnom  de  la  familia  Csflia. 
CALÉCHE  , oa  CABRIOLEE  , voiture  á 
deux  roues.  Les  monumens  anciens  nous  ont 
confervé  trois  caliches  tirées  par  un  feul  animal. 
La  premiére  a été  publiée  par  le  marquis  MaíFai ; 
la  feconde  eft  fur  un  ancien  monument  de  la  ville 
de  Metz  5 & la  troiíiéme  , trouvée  dans  le  royaume 
de  Napias  j a été  piifaliée  par  M.  BuJifon.  On  ne 
fait  que:  eft  í’animal  atteié  á cette  dernierc.  Les 
deux  autres  font  tirées  chacune  par  un  cheval.  Ces 
cal'eckes  ne  différent  des  nortes que  par  la  forme 
du  fiége  fur  lequcl  rhomme  eft  aflis  : il  eft 
rond. 

On  a trouvé  dans  les  peintures  d’HercuIanum , 
des  caliches  qui  reílémblent  á nos  chaifes  de 
pofte  , Se  font  attelées  de  deux  chevaux.  Le  con- 
duéteur  eft  aflis  fur  le  cheval  de  volée c’eft-i- 
dire  j fur  le  cheval  qui  ne  porte  pas  le  brancará. 

B b b b ij 


^y.K  ALSNDAKIUJM» 


5^4  C A j-i 

CALECON.  Veyez^  Chaüsses. 
CALENDARII  curator.')-^ 

CALENDARIO  (a).  5 
CALENDARIS.  Janon  étoit  ainíi  nommée , 
parce  que  les  calendes  de  chaqué  mois  lui  étoient 
confacrées , Se  qu’on  lui  oíFroic  alors  des  facri- 
fices.  Ovide  le  dit  ( Fafi.  I.  v.  j’j. ) : 


Vindicat  Aufonias  Junenis  cura  calendas. 


CALENDES.  C’eft  ainfi  que  les  Romains  nom- 
moient  le  premier  jour  de  chaaue  mois , qni  éroit 
confacré  á Junon.  Ce  ñora  venoit  du  vieux  mor 
latin  calare,  appcler , formé  lui-mérne  du  grec 
x-aXíf)  , af-peler  ¡ parce  que  le  premier  jour  de 
chaqué  moiS;,  il  étoit  d’ufage  que  le  pontife  an- 
nonfát  á haute  voix  qael  jour  feroient  les  nones , 
le  cinq  ou  le  fept  du  mois.  L'origine  de  ce  nom 
étoit  différente  felón  Macrobe  {Sat.  lib.  I.  15.)  ; 
ii  la  derive  de  fufage  oú  étoit  le  pontife  d'ob- 
ferver  fapparition  de  la  noiivelie  lune  pour  Fan- 
noncer  au  peuple ce  que  Fon  appeloit  calare. 

Les  calendes  étoient  Fépoque  des  payeraens ; 
c’eft  pourquoi  Horace  Ies  appele  tripes  & incom- 
Tr.edes. 

On  les  coinptoit  en  rétrogradant  5 en  forte  que 
le  14  de  décembre,  parexempie,  étoit  défigné 
par  ces  mots  XIX.  KAL.  lAN.  ou  décimo  nono 
ante  calendas  januarii.  Pour  exprimer  le  qaan- 
tiéme  des  calendes  en  jours  modernes';,  il  faut 
cherchar  que!  nombre  de  jours  il  refte  dans  le 
mois  dans  íequel  on  eft,  & ajouter  2á  ce  nombre; 
& réciproquement  on  fouítrait  2.  au  iieu  d'ajoa- 
ter,j  pour  trouver  le  qúantiéme  du  mois  ex- 
priraé  en  calendes. 

Par  exemplcj  íi  Fon  parle  du  vingt  - deüxiéme 
avril  5 on  eft  au  I o des  calendes  de  mai ; car 
Avril  a 30  jours  ; de  30  óter  22  refte  8 , qui^ 
joint  aax  2 á ajouter^  donne  10.  Réciproque- 
ment pour  le  10  des  calendes  de  mai:,  retranchez 
ces  10  des  50  jours  du  mois  d’avril & ajoutez- 
2 au  relie  20  „ vous  aurez  le  vingt  - deüxiéme 
d' avril. 

Quelques  Crees  ^ ígnoranf  Fétymologie  du 
mot  calendes  , imaginoient  que  fous  en  des  An- 
tonins  qu’iis  ne  déíignent  pas  , il  y eut  une 
grande  famine  á Rome  ; que  trois  homnies  nom- 
ines Calendas  , Nonas  & Idas  , nourtirent  la 
ville , Fun  pendant  dix-hiiit  jours  , le  fecond 
pendant  huit & le  troiíiéme  pendant  quinze 
jours.  lis  ajoutérent  qmen  ménnoire  de  ce  bien- 
fáit  on  donna  leurs  noms  á autanc  de  jours  du 
mois  quhl  s’en  étoit  écoulé  pendant  que  ehacun 
íFeax  avoit  nourrí  le  peuple  romain.  Ón  iit  cette 
fable  dans  Tzetzez  (^Ckiliad.  ¡1,  tíifi.  6.  7.  & 8.) 
Se  dans  Baífeinon  (¿2.  Canon  da  axieme  Concilel) 
11  eíi  étonnant  que  des  Grics  aient  pu  avoir  une 
Opinión  É abfurde  ; car  lo.^g-tems  avant  les  Anto- 
lUiiSj  ie  müt  calenda  étoit  en  ufagCj  & ils  au- 


C A L 

^ oient  pu  le  voir  dans  Cicéron  , dans  Hora-'e 
dans  Ovide , &c.  “ ’ 

Les  Crees  n’avoient  point  de  calendes  -.  de-la 
vint  le  proverbe  qui  renvoyoit  aux  calendes 
grecques  „ les  chofes  qui  ne  devoient  jamais 
arriver. 

CALEXDRIER  des  Egyptiens.  Voyez^  Annéj 
& Mois  des  Fgyptiéns. 

C.ALEiÑDRILR  ues  Crees.  V'oyt'^  Annéi  & 
Mois  des  Grecs. 

CALEÑDRIER  des  Romains.  Foyer  Année 
des  Romains;  8e  Farticle  Calendp.ier  du  Dic- 
tionnaire  des  Mathématiques  de  cette  Encyclo- 
pédie  méthodique  , qui  ne  nous  laiffe  ríen  á 
dire  fur  cec  objet. 

CA.LEXDRÍERS  nécelTaires  á la  Chronolo- 
gie  depuis  la  naiíTance  de  Jéfus-Chriñ.  II  eíi  de  la 
plus  grande  importance  pour  la  vérification  des 
dates  exprimées  dans  les  chartres  & Ies  manuf- 
critSj  de  pouvoir  trouver  fúremenc  & avec  faci- 
lité une  année  quelconque  , ou  un  jour  quel- 
conque  de  cette  année  , fous  toutes  leurs  déno- 
rninationsj  & relativement  á toutes  Ies  diíférentes 
efpéces  de  calculs.  Les  favans  auteurs  de  l‘A,-t 
de  vérifier  les  dates  , en  oDt  fourni  les  meyens 
dans  leurs  calendrier  folaíre  , lun.aire  , Sí  dans 
!eur  grande  Table  ckronologique.  Nous  tranferi- 
vons  ici  ces  deux  calendriers  avec  leurs  expüca- 
tion  & ufage.  L’on  trouvera  lear  Table  chro- 
NOLOGiQUE  á fon  raiig. 

CALENDRIER  SOL.AIRE ' PERPÉTUEL, 

Tiré  de  Y Art  de  vérijier  les  dates. 

Avertissement. 


Les  fept  lettres  dominicales  ont  ^ avec  les  33 
Paques  j le  méme  rapport  qu'elles  ont  avec  tous 
les  dimanches  de  chaqué  année  , de  maniere  que 
partageant  entre  - elles  ces  Paques  en  nombre 
égal.j  elles  leur  aíTignent  a chacune  j avec  le 
fecours  du  terme  pafcal  , la  place  qui  leur  con- 
vient.  Ce  font  par  coníequent  5 Paques  pour 
chaqué  lettre  áominicale  j puifque  s’eft  le  quo- 
tientj  ou  le  réfultat  de  3j  divifé  p^^  7- 
fétes  immobiles  ont  pareÜlement  une  liaifon  .1 
intime  avec  ces  mémes  lettres  , qa’e'les  fn  fui- 
venr  le  cours  pour  tous  les  jours  de  la  femaine, 
que  ces  fétes  parcourent  d'année  á aurre.^  Aínu 
fous  chaqué  lettre  dominicale  ^ faifant  d aboiu 
une  colonne  des  jours  du  mois,  une  feconde  ^es 
jours  de  la  femaine  , une  troiíiéme  des  fért* 
immobiles  , ou  fixées  á certains  jours  du  mois , 
rangeant  enfuite  Ies  3 Paques  apparrena.ntes  a 
cette  méme  lettre  ; les  rangeant , dis-je  , avcC 
Ies  fétes  mobües  qui  en  dépendenr^,  fur  cuiq 
autres  co-lonnes  ^ je  réduis  par-lá  cinq  calenan^s 
á un  feul , & conféqaemment  les  35 
de  7.  L’ordre  de  ces  7 calendriers  fera  í om» 


CAL 

retrograde  des  7 lettres  doir.inica'es.  Ja'''>e;:erai 
e^j^emier  k G , ^arce  au’il  aÚía  ceí^ 

e^ne  pour  ca/aítere  : le  nommerai  le  feconá  le 

oe-"érre!  I!  C°r''  calendrier 

pe-pctuel.  II  eñ  limpie  . il  eft  courc,  il  a , comrre 

" I’-var.cage  dktre  oL^^r 

efpeces  d-années  , ‘ & au.t 
liiv^.rs  co.,m;e.^ceme.ns  qu  on  íeur  tloiine. 

l^a  maniere  de  sen  lervir  eit  racüe.  r^a-T^n 
des  7 caUnarnrs  eil  comme  diviíe  en  denx  par- 
ties  ceile  des  tetes  inuBobiíes  ^ ou  í^xées  á 
certains  jours  du  mois  , & celies  des  retes  mo- 
biles.  On  peut  le  confulter  á part  íur  les  pre- 
mieres ou  Par  les  fecondes  , ou  le  confulter  fur 
Ies  deux  enfemble.  N'avez-vous  befoin  de  con- 
noitre  que  les  jours  de  chaqué  femaine  oü  tom- 
bent  Ies  fetes  immobiles  de  telle  année  ? Vovez 
alatabieCHRONOLCGiQUE  ir.  ’ettredominicalequi 
correfpona  a cette  année  ; ou  s’il  y a deux  lettres^ 
comme  dans  1«  années  billextiies , preñez  ,1a 
leconde  ^ & paiiez^  au  calendritr  qui  en  porte  le 
nom  5 la  colonne  des  fétes  fixées  vous  donnera 
ce  que  vous  cherchez.  Yoaiez-vous  favoir  , ' oar 
exemple  , que!  joiir  de  !a  femaine  tombera"  la 
Purification  en  1786?  Voyez  .a  ía  table  tÁro.ao- 
logique  quede  efi:  la  lettre  dominicaie  de  cette 
annee  ; vous  trouverez  A.  Cherchez  enfaíte  la 
Purincat:on  dans  le  caUndrier  qui  porte  le  nom 
de  cette  lettre  , & vous  trouverez  qa  elle  tombe 
. un  jeudi. 

A Pégard  des  /eres  mobiles,  ce  n eft  pas  a.Yez 
de  h lettre  doniinicale ; ii  faut  y joindre  Je  jour 
de  Paques.  Par  exemple  ;e  veiix  favoir  quand 
arrivera  la  /entecóte  en  1787  ^ fuivant  le  ncu- 
.S'eauftylcj  je  confulte  la  Table  chronologíque 
& j obferve  i la  lettre  dominicaie  qui  elt  G ¡ 

■ f Paques  tombe  cette  année  5 c’efi 
le  8 avnl.  Je  paíle  efifuite  au  calendrier  oú  je 
trouve  aans  la  trciíiéroe  colonne  des  Paques  ^ la 
/entecóte  au  27  mai.  Autre  exemple  ; il  elt  quef- 
. non  de  favoir  quel  quantiéme  arrivera  PAfceníion 
dn  íy'88.  Cette  annee  eft  biftextile  ^ comme  on 
le  voit  par  les  deux  letíres  dominicales  F E,  oui 
lui  correfpondent.  Je  vais, done  au  calendrier  , 
aprés  avoír  obfervé  que  Paques  en  1785^  tombe 
mars  5 & j y trouve  dans  la  colonne  de 
. Paques  rombant  le  23  mars  ^ TAfceníion  au  pre- 
mier mai. 

Ce  calendrier  s 2.jv&e  on  ne  peut  mieux  aux  dif- 
ferentes  efpéces  d’annéeSj  & aux  divers  com- 
mencemens  qu’elles  peuvent  avoir.  En  effet,  pour 
fuivre  le  cours  d"une  année  qui  n'a  pas  le  tnéme 
Gommencement  que  la  .nótre^  ou  qui  eft  d^une 
autre  .nature:,  il  faut  avoir  fous  les  yeux  deux  c. 


lendriers  qui  fe  rapportent  á deux  années  tanfé- 
cutives.  Par  exemple  ^ pour  avoir  toute  la  .ftiíte  í 
d une  année  ^ commencanr  á Paques  ^ il  faut  con-  i 
fuiter  & le  calendrier  ou  elle  commencCj  Se  celuí  { 
oú  eiíe  fiíiic ; &r  ^ risn  p/eft  plus  aiíe  dans  none  I 


p.an.  Les  fept  lettres  dominicales  répondant  á 
un  parea  nombre  d 'années  confécuti\  es  , la 
meme  correipondance  doit  fe  rencontrer  dans  les 
lept  calencrzers  qui  font  dreíTés  fur  ces  lettres  5 
c elt  un  cycle  qui  fe  répéte  fans  ceíTe.  II  n'v  a 

^ lorfqÚ  on 

commune  á une  année  bif- 
lextae.  -.lors  a faut  fauter  un  calen¿r'-er  n^ur 
avoa  celm  qm  con/ent  i la  derniérc.Des  exemeies 
von-  renure  lennoie  ce  aue  nous  difons.  Je  veux 
connoitre  toute  la  faite  de  Paanée  1^9.  á 
prendre  Ion  commencement  du  jour  de  Paques 
comme  on  faifoit  alors  en  France.  Ce  font  íes 
deux  calendriers  confécutifs  E St  D avec  ks 
Paques  du  30  mars  & du  i9  avri!,  qui  deivent 
regler  mon  opération.  Je  ia  tais  de  fuite  auíS 
rapidement  qu  ii  me  plait:,  pourvu  que  je  retienae 
ces  quatre  points  , ou  qu’apres  avoir  trouvé  ces 
deux  Paques  en  queftion  , j'aie.foín  de  les  mrr- 
/Jer  comme  les  deux  termes  de  l'année  qu-  -e 
dois  parcourir.  .Mais  fi  ia  tneme  forte  d’année', 
te¡,e  qu’une  année  commenqant  á Pá'’'ues  1409  ^ 
setendoit  fur  deux  des  nótres  , dont  la  derníke 
íut  bnlextile;  en  ce  cas,  aprés  avoir  commencé 
I operation  fur  le  caUndrur  F , qui  eft  ceiai  de 
1499 , i2  faudroit  1/chever  , non  fur  le  calen- 
drier E , qui  fuit  inímédiatement  , mais  fur  le 
calendrier  D,  auqtiel  fe  rapporte  l’année  billéxtile 
ijoo.  Ce  que  noiis_  difons  des  années  commen- 
cant  á Paques  , do!t  s’appliqaer  á toutes  les  ef- 
peces  d annees  chretiennes  , qui  ont  un  autre 
comme.ncement  que  le  premier  janvier. 

La  Ciiofe  eft  egalemcnt  faciíe  , lorfqu’i!  s’acir 
u une  a.rnee  Oiftérer-te  par  fa  nature  des  années 
ehrétiennes.  La  íeule  * lettre  domi.nicale  ' fufht 
aiors , parce  qu’on  n’a  befoin  que  de  deux  co- 
lonnes  des  joifts  du  mois  & des  jours  de  la  fe- 
maine , ou  fénes  , dans  les  calendriers  qu’il  faut 
conftilter.  Prenqns  pour  exemple  la  premiere  an- 
année  de  l'Hég're  3 elle  commence  'un  vendredi 
\G  jiuliet,  de  í’an  de  Jéfus-C  h-ift  622.  Cette  an- 
née chrétienne  622,  a pour  lettre  dominicaie  C, 

& la  íuivante  eft  une  année  commune  ; cela  me 
fuflít.  Je  vais  au  c.-lendrier  C , fur  lecüel  je  fup- 
pute  mon  année  arabique , dejuis  le  lí  juiüet 
jufqu’au  31  décetnbre,  aprés  quoi  je  pafte  au 
calendrier  fuivant,  cu  je  continué  mon  calcul 
jufqu’au  4 jinllet , terme  de  la  premiere  année 
de  r’Hégrre.  í!  eft  cependant  néceifaíre  de  fe  rap- 
peler  ici  la  méthode  que  nous  tracons  i fartic'e 
de  1 ere  de  ritégire  , pour  en  comPiner  íes  an 
nées  avec  les  nátres,  & áe  fai  e ufage  de  ¡a 
rabie  que  nous  y avons  join'e.  Ii  faut  ob.krver 
e.ucore  cce  pon-  combiner  une  atnée  arabieue 
avec  deu»  années  corr.  fpondances  de  Jéfus-Chríft, 
dont  k dernfére  eft  bífiexcile,  i'opération  ne  neur 


taire  fur  deux  calen  iriers  confécutifs.  Cfeít 
mé'.r.s  cas  dont  on  v.-enr  de  parler  fur  íes  années 
ehrétiennes  , qui  n’ont  pas  le  métr.e  comme.nce- 
nient  que  la  nctre.  Ii  faut  done  alors  , comine: 


^66  CAL 

on  ¿!t  j Tauteí  un  cilcndnsr  ^ Sc  paíTcr^d  un 
premier  á un  troinenrse.  .1  ai  , par  exempre  j a 
canciller  Tannce  iipb  de  1 He^íre  ^ Tur  íes  annees 
de  Jéfus-Chnii  1783  & 1704  , qui  lui  correfpon- 
dent.  Aprés  avorr  commencé  ir.a  fuippuration  fur 
le  calendtier  E , qui  eft  celui  de  í7°3  ■> 
Tachcverj  non  Tur  le  calendrier  qui  fuk  im- 
médiatemeet , mais  fur  ie  calendrier  C , qui  vienr 
aprés  celui-ci ; parce  que  f année  biilextiie  173345 
a pour  lettres  dorriinicales  D C , done  la  dernicre 
marque  la  calendrier  propre  á cette  année.  L epe- 
ración  méme  peuc  fe  faire  auffi  facüement  que  11  ¡ 
les  deux  calendriers  étoient  contigus  , lorf^jU  on 
faic  feulement  que  la  íeconde  des  deux  annees 
cft  biífextile,  fans  s'embarraífer  de  iadounle 
dominicale  qui  la  caractérife.  Ainíi  , connoiiianp 
par  la  cable  chronoiogique  , que  l'annee  1763  eít 
eommuns  , 6c  fannée  1784  biíTexnlej  je  coiiüi.c:e 
d’abord  le  calendrier  de  la  premiére  5 ap-es  quoi 
faatanc  le  calendrier  fijivanc  je  prends  celui  qin 
lui  fuccéde  ¡ pour  avoir  la  fuíce  de  1 annee  i 
de  THegire. 

Touc  s’arrange  done  j tour  fe  combine  dans 
ce  calendrier  avec  la  plus  grande  faolice.^  ll  s a- 
dapte  de  lui-inéme  a ronces  les  efpeces  d anaéCí 
lunaires  j fokires  ^ chrétiennes  , judaiques  , ara- 
biques  , perfantres , égypcienes  ^ &c.  en  forcé  que 
le  riere  d’univcíifel  ne  lui  conviene  pas  moins  que 
eelui  de  perpécuel. 

Des  Lettres  Dominicales. 

Encoré  une  ou  deux  obfervacions  fur  les  lettres 
dominicales.  Quoiquelles  fe  fuivenc  d’année  a 
autre  dans  fordre  rérrcgraáe  , cependant  eiles 
roulent  entre-elles  fur  chique  jcur  de  la^femaíne 
dans  r oráre  direíl , comme  on  le  .-qíc  dans  nos 
fepc  calendriers.  L’un  eft  la  fuite  de  l’autre.  Par 
exeniple  , fi  la  lettre  du  dimanche  eft  A , celle  da 
lundi  lera  B . celle  du  mr.rdi  C ^ & ainíi  de  fuite. 
De-lá  ií  réfñlte  que  i'année  comrnence  toujours 
par  un  / , quelle  que  íbit  h lercre  du  dimanche. 
Cela  étantj  pour  favoir  quel  jour  de  la  femaüie 
a commencé  ou  commencera^  relie  année  qu’on 
voudra^  ii  n’eft  befoin  que  de  laleccre  dominicale 
de  cette  année;  ou.  fi  elle  eft  biíTextik,  de  Ja 
premiére  des  deux  lettres  dominicales  qiu  lui  ap- 
partiennent.  Je  veux  connoicre  , par  exetnple . le 
jour  inicial  de  f année  1 770  ; j examine  la  letere 
dominicale  de  cette  année  qui  eft  G , Se  f en 
conclus  que  cette  année  commence  par  un  lundi, 
parce  qu’ii  y a fept  lettres  dans  1 ordre  direól  , 
depuis  A jufqu’á  G incluílvemént. 

Comme  la  lettre  dominicale  fert  a taire  con- 
Boitre  le  jour  initial  de  l’annee  , celui-ci  recipro- 
quement  eft  propre  á indiquer  la  lettre  dominicale. 
Par  exemple,  je  fais  que  l’anaée  commence  par 
un  dimanche;  j’en  conclus  que  la  lettre  domini- 
cale  eft  A.  parce  que  l’année  débute  toujours , 
esmise  ou  la  dic,  par  cette  leyire.  Si  je  vois  u» 


C A L 

lundi  marqué  pour  le  jour  inicial  -de  l’annéa,  fea 
intére  que  lakttre  dominical  cit  G,  par  la  raifon 
que  le  feptiémi  jour  de  cette,  année  tombanc  le 
dirnaiiche  , doic  concourir  avec  la  lettre  G , qui 
elr  la  feptiéme  dans  Torore  direct.  Méme  raifon- 
nement  pour  les  années  qui  s’ouvrent  par  le 
mardi , le  mercredi , & les  joars  fuivans. 

D’apres  cés  remarques  , on  peurroit  diefter  ua 
calendrier  perpétuel  fur  Ies  fept  joiirs  de  _ia  te- 
maiiic  3 comme  fur  les  fept  lettres  domÍMcaies. 
Le  premier  des  calendriers  dont  il  feroic  compofé, 
s’ap'pelleroit  ie  calendrier  du  lundi,  & répondroit 
á notre  calendrier  G.  Le  fecond  fe  nommeroit 
le  calendrier  du  mardi , & répondroit  á notre 
calendrier  F-  Le  troifiéme , qui  prendroit  fon 
nom  du  mercredi,  feroic  en  correfpondance  avec 
le  ca^-ndrier  E,  & ainíi  des  autres,  Non^e  pre- 
mier deíiein  avoit  éte  de  fuivre-  cette  méthode. 
Maib  pour  cela  il  eut  fallu  ajouter  la  ferie  ini- 
tiak  aux  annees  de  Jéfus-Chrift  dams  notre  Tabk 
CHRoyoLOGiQOS,  comme  on  a fait  á celles  de 
i’Hégi.c , & ckft  ce  qui , faute  dkfpace , ne  pou- 
voit'^s’exdcuter.  D’aiikurs,  l’autre  méthode  eft 
plus  fimple , & par  lá  mériíoit , méme  en  cas  de 
choix,  la  préférence. 

Des  Calendes  j des  Nones , des  Ides. 


Ces  trois  noms  fontceux  dont  fe  fervokntnos 
anciens  , á l’imitation  ¿es  Romains , pour  mar- 
quer  tous  ks  jours  du  moís.  lis  appeloknt 
kndes  , coirime  tout  le  monde  fait , k prenuet 
de  chaqué  lacis  , en  ajoutant  le  nom  du  mois 
Si  eelui  des  calendes  : par  exemple  , cahndisja- 
niiarii  , calendis  fearuarli  , pour  ic^  premier  du 
mois  de  janvkr  ou  de  févtier.  lis  défignoient  les 
jours  fuivans  par  ceux  d’avant  les  nones , & us 
appeloknt  nones  k cinquiéme  jour  de  Aaque 
mois  , excepté  mars  , mai , juilkt  8c  oüobrs. 
Dans  cesquatre  mois,  ks  nones nc?zLmarquoient 
le  feptié.me  jour;  nosfk  marsü  le  fept  de  mars, 
8íC.  Dans  les  huir  mois  ou  m>/izs  marque  le  cin- 
quiéme  jour , le  fecond  eft  marqué  par  s^río 
nonas  gu  iv  nenas  j c’eft-a-dire  j auarto  ^ 
ñoras  , le  quatriéme  jour  avant  les  nones,  ua 
fupprime  ordinairement  ks  niots  die  8/.  anu.  ^ 
troifiéme  jour  de  ces  huit  mois  eft  deíigne  p 
tercio  OU  III  nonas  ,•  le  quatrieme  par  priaie 
II  nonas  , 8c  enfin  k cinquiéme  par  noms. 
mars  , mai,  juilkt  & oñobre,  le  fecond  du  mois 
eft  marqué  par  fexto  ou  iv  nonas  j le 
par  quinto  ou  r-  nonas  ; k quatrieme  par  ? 
ou  ir  nonas ; k cinquiéme  par  urv.o  o 
nonas  ; le  fixiéme  par  pridie  , en  pr  . 

pr.  Se  en  chiíre  n nonas ,-  Se  enfin  le  p - ‘ 
par  nonas.  On  fait  que  le  mor  nons  yient  ¿e 
qu  il  marque  k neuviéme  jour  avant  ks 
chaoue  mois.  , . 

Eneffet,  ks  ides,  » 

zieme  de  mars  , de  naai , ae  juilkt  Sí 


CAL 

cui  íont  ies  ^uatre  mo!Sj  comtne  nsus  renons  ’ 
de  ie  aire  ^ ou  no7i¿s  marque  ie  ieptiéme  du  mois ; 
dans  Ies  hurc  au-.res  ou  ñoñis  marque  le  cinquiéme  j 
du  mois  , idibus  marque  le  creizie me  ; ainíi  dans  | 
les  uiis  & ¡es  autres , ¿dious  marque  toujours  le  ¡ 
ueuviéme  jour  aprés  les  nones.  Quanr  aux  fept 
jcurs  picins  qui  fe  trouvent  renfcrmés  entre  les 
nones  & les  ides , & que  nous  comptons  auiour- 
ahuiparSj^,  lo^  ii,  li,  14  en  m.arSj 
en  mai , en  juiilet  & oóobre  , les  Romuins  & 
les  ándeos  , á leur  exempie  , comotoient  oüavo 
ou  Vill  idus  , Jeptimo  ou  VII  idus  , fexto  OU  VI 
idus  , quinto  oU  V idus  , quarto  OU  IV  idus  , 
tertio  ou  III  idus  , en  fous-enrendant  toujours 
ante , cemme  nous  f avons  dit  en  parlant  des 
nones.  Four  les  autres  huit  mois  oú  les  nones 
marquent  le  dnquiéme  ^ au-lieu  de  notre  6 , 

9jIo,  II  Se  12  du  mois , les  Romains  Se 
nos  andens  comptoient  oclavo  idus  , feptimo , 8c 
le  reíte  jufqu'á  pridie  idus , qui  déíígnoit  en 
bu-t  mois  le  douziéme  jour  , au-Iieu  qu'il  défi- 
giioit  le  quatorziéme  á ces  quatre  autres  mois  , 
mars  ^ mai , juiilet  8c  oCtobre.  Le  mot  tetus  vient 
de  rétrufquc  iduare  j en  latín  divide-re  , divifer  y 


CAL  5^7 

parce  oue  le  jcur  des  ides  partageoit  le  mois  á- 
peu-prés  en  deux  partits  éeales. 

Tous  Íes  jours  , ¿epuis  ¡es  ides  jufqu'á  la  fin 
du  mo!s  5 fe  comptoien:  par  les  calendes  du  moii 
iuiyant.  Par  exemple  , le  quacorziéme  de  janvier, 
qui  étoit  le  lendcmain  des  ides  du  méme  ."nois, 
étokdéfigné  decime-nono  y ou  XIX  calendas  ^ 
j ou  ante  kalendas  fehruarii  ¡ le  quinziéme  décimo-. 

; oSavo  y ou  XVIil  calendas  februarii  y Sc  tOUS  les 
autres  jours  de  luiré  , en  rét.ogradant  toujours 
jufqu  a pridie  ou  11  Calendas  februarii  , qui  mar» 
quoit  le  3 1 janvier.  Comme  les  ides  marouent  en 
certains  mois  le  treiziéme  jour ainíi  que  nous 
Tavons  dit  y en  d’autres  le  quinziéme  j 8c  que  tous 
Ies  mois  ndnr  pas  un  égal  nombre  depuis  ie  de^ 
cimo-nono  y oU  XIX  kalendas , ne  convknt  pas 
toujours  au  lendemain  des  ides  ; il  n'y  conviene 
qu'en  janvier , en  aoút  & décembre ; décimo.. 
jexto  y ou  XVI  en  févner  ; deczmo-feptimo  y oii 
XVII  en  mars  , en  mai  y en  juiilet  & en  oélobre, 
decimo-oSiavo , ou  XVIII  en  avril , en  juin  , en 
feptembre  & en  novembre ; comme  on  peut  le 
remarquer  dans  tous  les  calcndriers  dont  notre 
calendrier  perpétuel  eii;  compofé. 


A*’ 


3S 


C A L £ N D R 1 H xi  íj. 


Poat  les  sanees  commanes  dont  la  Lettre  Dcminicaíe  eít  G j 
& pour  les  années  biíTexdles  doat  :es  Lettres  Doaiinicales  íont  A (a. 


A N V 1 E R- 


Páques  tombant  au  j 2z  Aveib  1 ^5  Ayiil-  i 8 Avril»  ■ i A^rL.  25  Mars. 


■L^t- ! Jou  ts 
Doitiidu  Mois. 


Années. 

communes. 


Alinees 

biflextiles. 


Fétes  fixes. 


FÉTES.  MOBILES. 


C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

E 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

jr 

G 

A 

B 

C 

X) 

E 

F 

G 

A 

B 

C 


Cal. 

IV 

lil 

II 

Non. 

V!II 

Vil 

VI 

V 
IV 

III 

II 

loes. 
XIX 
XVIií 
XVU 
XVI 
XV 
XIV 
XÍII 
XII 
XI 
X 
IX 
VI  I 
VIÍ 

VI 

V 

IV 

III 

11 


Lundi. 

Mar  di. 
Mercredi. 
Jeudi. 
Vendredi. 
Samedi. 
Dím  anche, 
Lundi. 
Mardi. 
Xíeieredi. 
Feudi. 
Vendredi. 
13  ¡Samedi. 

' Oimanche, 
Lundi. 
Mardi. 

,Mei  credi. 
!8Í  Jeudi. 
Vendredi. 
Samedi. 
Dimanche, 
Lundi. 
.Mardi 
Mercredi. 
ij^Jeudi. 
líiVendredi. 
27'Samedi. 
Dimanche. 

29  Lundi. 

30  Mardi. 

3 ■ i Mercredi. 


17 


Dimanche, 

Lundi. 

Mardi. 

Mercredi. 

Jeudi. 

Vendredi. 

Samedi. 

Dimanche, 

Lundi, 

Mardi. 

Mercredi. 

Jeudi. 

V^eiidredi. 

Samedi. 

Dimanche, 

Lundi. 

Mardi. 

I Mercredi. 
Jeudi. 
Vendredi. 
Samedi. 
Dimanche, 
Lundi. 
Mardi. 
Mercredi. 
Jeudi. 
Vendredi. 
Samedi. 
Dimanche, 
Lundi- 
Mardi. 


Circoncif. 


Epiphanie. 


I Dim. 
I Dim. 


11  Dim. 
II  Dim. 


¡II  Dim. 
III  Dim. 


IV  Dim. 
IV  Dim. 


I Dim. 
I Dim. 


II  Dim. 
II  Dim. 


III  Dim. 
III  Dim. 


IV  Dim 
IV  Dim. 


I Dim. 
I Dim. 


II  Dim. 
II  Dim. 


III  Dim. 
III  Dim. 


I Dim. 
I Dim. 


II  Dim. 
II  Dim. 


III  Dim. 
III  Dim. 


I Dim. 
I Dim. 


II  Dim. 
II  Dim. 


Septuagéf. 

Sept«agéE 


IV  Dim.  ; Septuagéf-  Sexagdíime. 
IV  Dim.  I Septuagéf.  Xexagíliaie. 


' Let.[  Jours_  ] Années.  j .^nnées 
Domidu  MoiE. 'communes.  biflextiles.  i 


FÉTES'  MOBILES. 


B 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

E 

G 

A 

B 

C 

D 

E 


Cal. 

IV 

III 

II 

Non. 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

III 
II 

Ide?. 

XVI 

XV 

XIV 

Xül 

XII 

XI 

X 

IX 

Vlil 

VII 


E I VI 
G f \~*6 
A g IV  5 
B a III  4. 
C b;  n 5 
ci  2. 


1 Jeudi. 

2 Vendredi. 

I Samedi. 

4 Dimunche. 

5 Lundi. 

6 Mardi. 

7 Meicredi. 

S Jeudi, 

9 Vendredi. 
10  Samedi. 

II  Dimanche* 
Lundi. 

13'Mardi. 

14  Mercredi. 

15  Jeudi. 

16  Vendredi. 
T7  Samedi. 
iS'  D -manche. 
ip  Lundi. 

20  Mardi. 

^krcredi. 

22  Jeudi. 

23  Vendredi. 
:4  Samedi. 

25  Dimanche. 

Lundi. 

27  Mardi, 

28  Mercredi. 


Mercredi. 

Jeudi. 

Vendredi. 

Samedi. 

Dimanche» 

Lundi. 

Mardi. 

Mercredi. 

Jeudi. 

Vendredi. 

Samedi. 

Dimanche. 

Lundi. 

Mardi. 

Mercredi. 

Jeudi. 

¡Vendredi. 

‘Samedi. 

\Dim^nche. 

jLandi. 

: MarcH. 
‘Mercredi. 
Jeudi- 
; Vendiedi. 
Samedi. 
{D.manche. 
Lundi. 
\Míriú 
: Mercredi. 


Purificar. 


Vigile. 

S.  Mathias 
S.  Mathias 


V Dim. 

V Dim. 


VI  Dim. 
VI  Dim. 


Septuagef. 

Sepmagéf. 


Sexagéíim. 

Sexagéílm. 


V Dim. 

V Dim. 


Septuagef. 

Septuagéf. 


Septufigéf. 

Septuagéf. 


Sexagéfime 

Sesagéfime. 


Sexsgéfinie-j  Qainquag. 


Sesauéfim. 


Quinquag. 

Quinqaag. 

Cendres. 

Cendres. 


Quinquag. 

Cendres. 

Cendres. 


I D.  de  C 
1 D-  de  C. 

4 Temps. 
A Temes. 


Sexagéfime. 

Sexagéíisae. 


Quinquag. 

Quinquag. 

Cendres. 

Cendres. 


Quinquag. 

Quinquag. 

Cendro, 

Cendres. 


I D.  de  C. 
I D.  de  C* 

4 Terrps- 

4 TemP5. 


I D.  áe  C.líl  D.  de  C. 
I D.de  C.lll  D.  acC. 


4 Temps. 
4 Temps. 


11  D.  deC.AIDVeC. 
IID.  de  C.!lilD-d«C. 


* Ces  ¡cures  f. 


a. 


b , c , & ces  cJiiffrís  é , 5 , 4 > 5 , ^ > foat  pour  les  années  BiffextBes. 


Sí 


c 

ALE 

N D R I E R 

G. 

57-3 

Poar  les  années  commuces  don 

c la  Lettre  D 

ominicale  ell  G. 

i 

í 

I 

Et  pour  les  acnées 

biñ'esdlcs  dont  les  Lc-cres 

Dominicales 

font  A G. 

! 

N 

0 V E M B R E 

i 

paques  tombant  au 

ii  Avtil.  1 I)  Avri!.  | 8 Astil. 

r Aviil. 

2j  Mars. 

i Let. 

Jours 

Jours 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

1 Dom 

da  Mois. 

de  la  íemaíne. 

¡ D 

Cal. 

I 

Jeudi. 

La  Tonir. 

1 E 

IV 

a 

Vendredi. 

Les  Moits. 

E 

III 

Samedi. 

n 

II 

Non. 

Dira&nchet 

Lundi. 

XXÍ  Dim. 

XXII  Dim. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXY  Di». 

A 

B 

VIH 

6 

Mardi. 

C 

VII 

7 

Mercredi. 

D 

VI 

8 

Jeudi. 

E 

V 

9 

V endredi. 

F 

IV 

lO 

Samedi. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

G 

III 

II 

Dlmanckc* 

S.  Martin. 

XXII  Dim. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

A 

II 

I^ 

Londi* 

B 

Ides. 

13 

Mardi. 

C 

XVIII 

14 

Mercredi. 

D 

XVII 

IS 

Jeudi. 

E 

XVI 

i6 

Vendredi. 

V 

G 

XV 

XIV 

XIII 

17 

Samedi. 

Dimanchc, 

Lundi. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

XXVII  Di». 

A 

I5>, 

B 

XII 

20' 

Mardi. 

Préf.  de  la  V. 

C 

XI 

2l| 

Mercredi. 

D 

X 

zJ 

Jeudi. 

E 

IX 

2-3 

Vendredi. 

F 

G 

A 

VIII 

VII 

VI 

2-4“ 

Samedi. 

Dímanche* 

Lundi. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

XX\'IID¡m 

XXYIHD. 

26 

« 

B 

V 

27 

Mardi. 

C 

IV 

D 

III 

2q:  Jeadi. 

Vigile. 

E 

II 

30 

Vendredi. 

S.  And.  Ap. 

D 

É C E M B R E 

Paques  tombant  au 

22  Avril. 

15  Avril. 

8 Avril. 

¡ I Avril. 

1 25  Mars. 

Let.l 

Jo-urs  j 

Jours 

Fétes  fixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

de  la  femaine. 

r 

G 

Cal. 

IV 

III 

Samedi. 

Dimanchc, 

Lundi. 

I D.  de  l’Av. 

I Dim. 

I Dim. 

I Dim, 

I Dim. 

A 

3 

B 

II 

4 

Mardi. 

C 

Non. 

aMercredi. 

D 

VIII 

é Jeudi. 

E 

VII 

7 

Vendredi. 

F 

G 

A 

VI 

V 

IV 

8 ¡Samedi. 

Conc-deia  V. 

n Dim. 

II  Dim. 

n Dim. 

n Dim. 

II  Dim. 

y 

is 

Lundi. 

B 

III 

u 

Mardi. 

C 

II 

1 2 

Mercredi. 

D 

Ides. 

»3 

Jeudi.  . 

E 

XIX 

14 

Vendredi. 

F 

XVIII 

Samedi. 

Dimíínche, 

III  Dim. 

III  Dimi 

lUDim. 

m Dtm. 

m Dim. 

A 

XVI 

17 

Lundi. 

B 

XV 

18 

Mardi. 

4 Temps. 

C 

XIV 

^9 

Mercredi. 

Ó 

XIII 

20 

Jeudi. 

X igdí-  . 

E 

XII 

XI 

Vendredi. 

S.  Th.  Ap. 

rv  Dim. 

F 

XI 

22 

Samedi. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

X 

23 

Vigile  jeáne. 

A 

IX 

24 

Lundi. 

B 

VIH 

Mardi. 

NOEL. 

C 

VII 

j2¿ 

Mercredi. 

S.  Etien.  M. 

D 

E 

VI 

V 

i^7 

¡28 

Jeudi. 

Vendredi. 

S.  Jcan  Ap. 
LesSS.lnnee. 

D.  O^ave- 
L — ? 

T7 

G 

A 

IV 

III 

II 

■^9 

13° 

'31 

Samedi. 
jyímancke* 
LuadL  • 



D.  Oáave. 

D-  Oñave. 

D.  Ociase. 

D.  Oftave. 

■ I C c c c 


i 574 .. 


CALENDRIER  F. 


Pour  les  annfes  commanes  dont  ia  Lettre  Dcminicale  eft  F ; 

Se  poar  les  annses  biílex.iies  done  íes  Lettres  Dominicales  font  G F. 


J Á N V I E R. 


Paques  tombant  aa 


Let.  i Jours 

Dom^du  Mois. 

Annéesi 

communes. 

Anhées 

biirextiics. 

Fétes  fixes. 

F É T E 

S M G 

A 

Cal. 

I 

Mardi. 

Lundi. 

Circoncif. 

B 

IV 

2 

Mercredi. 

Mardi. 

C 

- lil 

3 

Jeudi. 

Mercredi. 

D 

n 

Vendredi. 

Jeudi. 

E 

Non. 

5 

Samedi. 

Vendredi. 

F 

VIII 

6 

Dimanche. 

Samedi.. 

Eoiphanie. 

G 

VII 

Lundi. 

Dim  anche. 



I Dim. 

I Dim. 

I Dim. 

A 

VI 

8 

Mar  di. 

Lundi. 

B 

V 

9 

Mercredi. 

Mardi. 

C 

IV 

10 

Jeudi. 

Mercredi. 

D 

III 

rr 

Vendredi. 

Jeudi. 

E 

II 

12 

Samedi. 

Vendredi. 

F 

Ides. 

D 

Dimanche. 

Samedi. 



I Dim. 

I Dim. 

I D^m. 

' G 

XIX 

*4 

Lundi. 

Vimanche» 

.......... 

II  Dim. 

11  Dim. 

II  Dim. 

A 

XVII! 

Mar  di. 

Lundi. 

B 

XVÍI 

iV  e.  c:  edi. 

Zvlsrdi. 

C 

XVI 

I7Í 

Jen  ti. 

Mercredi. 

D 

XV 

ig;  Ves  dvedi. 

Jeadí. 

E 

XÍV 

Samedi. 

Veirdredi. 

F 

YUT 

TT  Dim 

G 

X;l 

2l‘ 

Lundi. 

Dimanche, 

ill  Dim. 

iii  Dim, 

ÍIl  Dim. 

A 

Xi 

22 

Mardi 

Lundi. 

B 

X.  ‘ 

25; 

Mercredi.  j 

Mardi. 

C 

IX  1 

2.4.- 

.Ludí. 

Mercredi. 

D 

VIII  ' 

25: 

Ve'*dreii.  i 

Jeudi. 

E 

VII 

26 

Samedi.  í 

Vendredi, 

E 

VI  ■ 

27  Oitríoriche»  ( 

Samedi. 

III  Dim. 

III  Dim. 

111  Dim. 

G 

V ! 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Drm. 

A 

ÍV  ‘ 

29  Marui. 

Lundi- 

B 

III  : 

50  Mercrídi.  i Mardi. 

C 

II 

Jeudi.  ; 

Mercredi.  i 

D Mars.  : 24  Mars. 


LES. 


I Dim. 


I Dim. 
lí  Dim. 


II  Dim. 

III  Dim. 


Septuagér- 

Septuagéf. 


I D;a. 


I Dim. 
li  Dim. 


SeptuagéC 
, Septuagéf. 


SexagéCme. 
Sexagélime.  i 


F E V R 1 E R. 


I ¿et; 

Dom 


Paques  tombant  au 


21  Avril.  I 14  Avril-  j 7 Avril.  j 31  Mars.  j 21  Mars» 


Jours  ; Annees.  Années 
du  Mois.  comñiup.fs.  bifíextiles* 


Fétes  fixes. 


FÉTES  MOBILES. 


i ® 

Cal. 

I Vendredi. 

Jeudi. 

1 E 

IV 

2 Samedi. 

Vendredi. 

' F 

III 

j Dimanche, 

Samedi. 

G 

II 

4 Lundi. 

Drmanche, 

; A 

Non. 

í Mardi. 

Lur.di. 

i B 

VIH 

6 Mercredi. 

Aíardi. 

! C 

vil 

“ Jeuii. 

Mercredi. 

i D 

VI 

8 Veíiíire-di- 

Jeúdi. 

! E 

V 

9 Samedi. 

V eudtedi. 

i F 

IV 

10  Dimanckern 

Samedi- 

; G 

III 

II  Lundi. 

Dnnanche, 

i A 

II 

12- Mardi. 

Lundi. 

; B 

Ides. 

ij  Mercredi. 

Mardi. 

i c 

XVI 

14  Teiidi. 

Mercredi. 

í D 

XV 

15  Vendredi. 

Jeudi. 

i E 

XIV 

lé  Samedi. 

Vendredi. 

: F 

Xill 

17  Dimr-ncke. 

Samedi. 

G 

XII 

18  ;.undi. 

Dimanche* 

A 

Xí 

19  Mardi. 

Lundi. 

B 

X 

20  Mfrcredi,  • 

Mardi. 

c 

IX 

11  Jeudi. 

Mercredi. 

i ? 

vm 

22  Verdredi.  i 

Jeúdi. 

1 E 

vn 

2j  Samedi. 

Vend-edi. 

! F 

Vi 

-4  Dimanche, 

Samedi. 

G 

V*6 

25  Lundi.  ; 

Dimanche* 

A g, 

¡7  5 

26  Mardi. 

^ undi. 

ü a¡ 

11 1 4 

27  Mercredi.  1 

Mar  •4, 

i ^ b; 

II  ; 

28  Jeudi.  ilvlercredí. 

i _5Í 

^9  Jeudi. 

1 C 

es  lentes  f,  g,  a,  b 

c y & ce 

Purificar. 

IV  Dim. 

V Dim. 

IV  Dim. 

V Dim. 

Septuagéf. 

Septuagéf. 

1 

Se.sagéfime. 

Sexagéfime. 

• * * • 

V Dim. 

VI  Dim. 

Septuagef. 

Septuagéf. 

Sexagéfime. 

Sexagéfime. 

....  j 

1 

Quinquag. 
Quinquag.  f 

Cendi'es.  | 
Cendres,  j 

■ 

Vigi.e. 

jS.  Mithias 
|S.  Marhiat 


Cendres. 

Cendres. 


Sepíuagef.  Sexagéfime.  Quinquag. 
Septuagéf.  |Sexagéfim.  j Quinquag. 


Cendres. 

Cendres. 


D.  de  C. 
D.  de  C. 

I 

Temos.  ; 
i 4 Temos,  i 


í D.  de  C.  lí  D.  de  C. 
1 D.  de  C.  ÍI  D.  de  C. 


4 Temos. 
4 Temps. 


Sexagéíim.  Quinquag.  I D.  de  C. 
Sexagéíim.  Quinquag.  ;I  D.  de  C- 


Cendres. 

Cendres. 


4 Temps. 
4 Temos. 


cfciitres  É , 


1 -•  4s  5 : 


2,  font  poar  les  anoées  Fiffexúles, 


569 


C A L E N D R I E R G. 

Pour  les  annécs  communes  dont  la  Lettte  Dominicalc  ¿ñ  G. 

Et  pour  les  années  biíTextiles  dont  les  Lettres  Dominicales  fent  A G. 


M A R S. 


Paques  tombancau 

IZ  Avril.  1 

15  Avril*  1 

8 Avrii.  1 

r .A.Tril.  i 

25  Mar«.  'i 

i Let.  j Jours 
. Doni  du  Mois. 

Jours  de  la,  - 

i Semaine.  | 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

Cal. 

VI 

V 

IV 

iir 

II 

1 

2 

5 

n 

5 

6 

:Jeud¡. 

' V enóredi. 
iSamedi. 
^Dimancke. 
íLundi. 

1 Ivíar  di. 

i'Merctedi. 

¡Jeudi. 

: Veedredi. 

< 

Qaintjuagéf. 

Cendres. 

[.  D.  de  Car. 

IV  Temps. 

II.D.deCar. 

III.D.  de  C. 

i 

t 

IV  D.  de  C. 

D 

E 

VIII 

vn 

8 

9 

F 

G 

A 

B 

c 

VI 

V 

IV 

III 

II 

Ides. 

XVII 

XVI 

XV 

io|bamedi. 

ip^Dímanche. 

i2!Lucdi. 

15  Mardi. 
14’Mercredi. 
i5jjeadi. 
r¿j  Vendredi. 
i7¡Samedi. 
iSj  D'tma.nche* 

• ••••. 

I.  D.  de  Car. 

IV.  Temps. 

II.  D.deCar. 

II.D.deCar. 

III.  D.  de  C. 

IV.  D.  de  C. 

D.  delaPair.  ' 

D 

E 

F 

G 

III.D.  dcC. 

IV.  D.  de  C. 

D.  de  la  PaiT. 

1 

D.  des  Ram. 
Lundi  Saint. 

19 

Mardi  Saint. 

C 

D 

E 

F 

G 

Allí 

XII 

XI 

X 

IX 

VIII 

21 

■ Mercredi. 

Jeudi  Saint.  1 

22  jeuai. 
ajiVendredi. 
24lSamedi. 
z^\DimaKche. 

L’Annonc. 

iií.  D.’d^  ’c.  iV.  i),  de  C. 

D.  de  la  PaíT. 

D.  des  Ram. 
Lundi  Saint.' 

Vend.  Sainr. 
Samedi  Saint. 

PAQUES. 

Lunbi. 

V li 

Mardi  Saint.; 

Mardi. 

is 

VI 

V 

27 

Maidi. 

Mercr.  Saint. 

G 

25jiviercreai. 

Jeudi  Saint. 

D 

IV 

^9 

Vend.  Saint. 

E 

F 

ni 

II 

50,  V enareai. 
j ilSamcdi. 



1........... 

Samedi  Saint. 

A V R 1 L. 

Paaues  tombant  au  1 

zz  Avril.  ] 

15  Avril.  1 

8 Avril.  i 

I Avril.  [ 

25  Mars. 

Lcr.  ! Jours 
Dom  du  Mois. 

Jours  de  la 
Semaine. 

Fétes  fixes.  j 

I 

■ É T E S 

M 0 B I 

LES. 

G 

Cal. 

I { Dimancke% 

IV.  D.  de  C. 

D.  de  la  PaíT. 

D.  des  Kam.jPAQÜES. 
Lundi  Saint.  LuNDi. 

I.  D.  Quafi.  ; 

A 

B 

IV 

Mardi  Saint. 

Mardi. 

in 

3 

Mercr.  Sainr. 

C 

D 

II 

4 

Jeudi  Saint. 

Non. 

5 

,Vendr.  Saint 
Samedi  Saint 

E 

VIII 

0 

I D.  Quaíim 

II.  Dim. 

F 

VII 

b.  de  la  Pafl'. 

D.  des  Ram. 'PAQUES. 

T.undi  Saint.  ILUNDI. 

A 

B 

V 

9 

!_/  Ullul. 

Mardi  Saint. 

Mardi. 

IV 

III 

II 

Ides. 

XVIII 

XVIÍ 

XVI 

XV 

XIV 

XIII 

XII 

XI 

X 

IX 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

III 

II 

Mercr.  Saint. 

C 

D 

Jeudi  Saint. 

jcnui. 

Vendí.  Saint. 

E 

^3 

Samedi  Saint. 
PAQUES. 

II.  Dim. 

III.  Dim. 

F 

G 

14 

D ¿manche» 
Lundi. 

MardL 

Metcredi. 

Jesdi. 

Veodredi. 

Samedi. 

Dimanche. 

D.  des  Ram. 

I D.  Qualim 

Lundi  Saint. 

Lundi. 

A 

B 

Mardi  Saint- 

Mardi. 

Mercr.  Saint. 

-V 

G 

D 

Jeudi  Saint. 

Vendí.  Saint. 

E 

F 

Samedi  Saint. 

II.  Dim. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

X 

PAQUES. 

Lundi. 

I D.  Quafim 

i A 

i B 
i C 
i D 

1 E 

¡ F 

: G 

A 

iMt 

Mardi. 

16 

27 

28 
2? 

?o 

.Srciedi. 
j?uái. 
Vendredi. 
Same  ií. 

OÍTTtcnche» 

Eundi. 

S.  Mate  , Ev. 

!***!!*!.*!!! 

I.D.QuaSm. 

II.  Dina. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

‘Rog.ations. 

*¡ 

II  JO  Lundi.  ■_  . - . 

S* -^r===^  CCCC 


C A L E N D R í E R G. 


i 


Pour  les  sunées  comiüunes  dcnt  la  Lettre  Doiiiinicale  eft 
Et  poar  Ies  années  biíEextilcs  Cent  les  Lentes  PominKaics  loat  A G. 


1 

1 

Paques  tombant  au 

i 22  AtiÍI. 

15  Avrii . 

1 ? Avri'. 

I Avrii. 

25  Mars. 

Lcr.  • Jours  Jours  de  la 
Dom  da  Mois.j  Semaine. 

Petes  fixes. 

i 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

t 

I 

B 

Cal. 

I Mardi. 

S.  Jac.  S.  Ph. 

i 

C 

VI 

2 Mercredi. 

Afcanfion. 

E 

IV 

4 Vendredi. 

F 

G 

III 

^II 

5 Samedi. 

6 .D. manche. 



II.  Dim. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 
Rogationi,- 

VI.  D.  oa. 

B 

VIII 

8 Mardi. 

c 

VII 

VT 

Meictedi. 

io*Jeudi. 

líiVcndredi. 

Afeenfion. 

E 

V 

Vigile. 

PENTEC. 

1 I-s 

G 

III 

i-ÁD:manche. 

III.  Dim. 

ÍV.  Í5im.* 

V.  Dim. 

VI.  D.  6a. 

A 

II 

i4!Lundi, 

Rogations. 

Lündi. 

Mardi. 

IV.  Temps. 

XVI 

XV 

Afcenüon. 

E 

18  Vendredi. 

19  Samedi. 

20  Dimanche. 

Vigile. 

PENTEC. 

XIV 

G 

XIII 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

vi.  D.  oá. 

1.  D.  Trin. 

XII 

XI 

X 

21  Landi. 

21.  Mardi. 

25.  Mercredi. 

24  Jeudi. 

25  Vendredi. 

Rogations. 

Lundi. 

Mardi. 

IV.  Tems. 

IX 

vm 

Afccníion. 

Fétc-Dica. 

E 

Vigile. 

PENTEO 

G 

VI 

27  Dimancke, 

V.  Dim. 

VI.  D.  oa. 

I.  D.  Trio. 

II.  Dim. 

Y 

28  Lundi. 

29  Mardi. 

30  Mrrcredi. 

31  Jeudi. 

Rogations. 

Lündi. 

g 

IV 

III 

II 

Mardi. 

c 

IV.  Tems. 

D 

Afeenfion.  

Féte-Dieu. 

J U I N '. 

Paques  tombant  au 

22  Avrii. 

' ¡s  Aviil. 

i 8 Avrii. 

i X Avrii. 

25  Mars. 

Let.  ; Jours  ijonr-^  de.  la 
Dom  dií  Mois.í  Semaine. 

1 Fétes  fixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

i 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

O 

D 

E 

F 


Ca!.  , 

IV  ] 

III  I 

II  ; 

Non.  ' 

vm  : 

VII  I 
VI  ; 

V ' 

IV 

III 

II 

Ides. 

XVIII 

XVII 

XVI 

XV 

XIV 

XIII 

XII 

XI 

X 

IX 

VIII 

vil 

VI 

V 

iv 

III 
II 


ss- 


Vetidredi. 

Samedi. 

Oímancht, 

Lundí. 

Mardi. 

Meictedi. 

Jcudi. 

Vendredi. 

Sanjedi. 

Dimanche, 

Lurdi. 

Mardi. 

Mrrcredi. 

JeudE 

Vendtedi. 

Samedi. 

Dimanche. 

Lundi. 

Mar.ü. 

Mercredi. 

Jeudi. 

Vendredi. 

Samedi- 

Dnna-che, 

Lundt. 

M ardi- 

Mercredí. 

Jeudi. 

Vendredi. 

Samedi. 


1 


[VI.  r».  oet. 


\ Visde. 

' PENTEC.. 

:S.  Barnabé.  LcNDI. 

Mardi. 

IV.  Tems. 


Féto-üieu. 

iVigil.  ¡eúne. 

N.  S.  J.  Bap.  II.  Dim. 


Vigil.  ieune, 
S.  P.  S-  Paul. 


Vi2ile. 

PENTEC.  :I-  D.Trin. 
Lcndi. 

Mardi. 

IV.  Tems. 


Féte-Dieu. 

I 

I 

I.  D.  Tiin.  II.  Dim. 


Fétc-Dico. 
II.  Dim. 


III.  Dim. 


II.  Dim. 


III.  Dimt 


III.Dim.  ilY.  Dim. 


IV.Dim. 


III.Dim.  TV. Dim.  ¡"'f'- D 


V*  Dim.. 


VI.  Dim. 


’C  A L E N D R I É R.  G.  571“ 

i 


i Pour  Ies  annécs  commnncs  dont  la  Lettre  Dominicalc  eft  G. 

Et  pour  les  années  bifícxtiles  doRt  Ies  Lettres  Dominicales  font  A G, 


J U I L 

L E T. 

i 

! 

Piques  pombant  au 

22  Avril.  ! 

15  Avril. 

8 Avril.  ! 

I Atií!.  í 

25  Mars.  I 

Let. 

Joars  Jours  de  la 

Fétes  fixes. 

H 

S XI  0 B 

I L E S. 

Dom  da  iVlois.  ' 

JSemame. 

I 

Dimajiche, 

. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

VI.  Dim. 

VII.  Dim. 

Á 

VI 

a 

Lundí. 

Vifit.de  la  V- 

B 

V 

3 

Maidi. 

C 

IV 

4 

Mercredi. 

D 

III 

5 

Jeudi. 

E 

II 

é 

Vendredi. 

F 

G 

ííon. 

VIII 

7 

$ 

Ssmedi. 

Dimancke, 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

VI.  Dim. 

VII.  Dim. 

vm.  Dim. 

A 

VII 

9 

Lundi. 

B 

VI 

JO 

Mardi. 

C 

V 

11 

Mercredi. 

D 

IV 

12 

Jeodi. 

E 

III 

V endredi. 

F 

G 

II 

Ides. 

14 

15 

Samedi. 

Dima-che» 

V.  Dim. 

VI.  Dim. 

VIL  Dim. 

VIII.  Dim. 

IX.  Dim. 

A 

XVII 

16 

Lundi. 

B 

XVI 

17 

Mardi. 

C 

XV 

18 

Mercredi. 

D 

XIV 

19 

Jeudi. 

E 

xni 

20 

V'c»dredi. 

F 

G 

XII 

XI 

21 

22 

Samedi. 

D. manche*' 



VI.  Dim. 

VIL  Dim, 

VIII  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

A 

X 

S? 

Lundi. 

B' 

IX 

Z4  Maidi. 

Vigile. 

C 

VIII 

a? 

Mercredi. 

S.  Jac.  le  M- 

D 

VII 

2éj  Jeudi. 

- 

E 

VI 

27 

Vendredi. 

F 

G 

V 

IV 

28 

i ^9 

Samedi. 

Dimancke* 

VII.  Dim. 

VIII.  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

XDDim, 

A 

III 

Lundi. 

B 

It 

[31 

Mardi.-  • 

A 0 

U T. 

i 

Paques  combaat  au 

22  Avril. 

t 1 5 Avril. 

1 8 Avril.  ■ 

I Avril. 

25  Mars. 

' Let.  Jours  Jouis  de  la  p j FÉTESMOBILES. 

Dnm  du  Mnis  ■ .Semainc.  • 


C 

Cal.  i 

I Mercredi. 

D 

IV  ¡ 

1 Jeudi. 

E 

m 1 

5 Vendredi. 

F 

II  ! 

4 Samedi. 

5 £>Í7r,anche* 

Vni,  Dim, 

IX.  Dim. 

X.Dim. 

XT.  Dim. 

XII.  Dim. 

Tt.  de  N.  S. 

A 

VIII 

6 Lundi. 

B 

VII 

7 Mardi. 

C 

VI 

8 Mercredi. 

Vigile. 

D 

V 

9 Jeudi. 

E 

IV 

10  Vendrei'. 

S.  Lanrent. 

I 

G 

w 

11  Samedi. 

12  Dimanche, 

, , ^ 

IX.  Dim. 

X.Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim, 

XIII.  Dim, 

A 

Ides. 

I?  Lundi. 

Vigil.  ¡cune. 

B 

XIX 

14  MardL 

C 

XVIII 

15  Mercredi. 

Aiibmption. 

D 

XVII 

Id  Jeudi. 

E 

XVI 

ly^Vendedi. 

F 

G 

XV 

XIV 

Samedi. 

19  D m znche. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

XIII.  Dim. 

XIV.  Dim. 

i A 

XIII 

20  LundL 

i 8 

XII. 

21  Mardi. 

c 

XI 

22  Merciedi. 

! D 

1 E 

X 

IX 

2.^  Jeudi. 

2^  Vendredi. 

25  SaraedL 

|Vigil. 

S.  Bartbcl. 

! E 

• G 

VIII 

VII 

■-S.  Louis. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

XIIL  Dim. 

XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

i A 

VI 

27  Luirdi. 

, 

i l 

V- 

28  Mardi. 

IV 

29  Mercredi. 

- 

ni 

30  Jeudi. 

1'.  E 

II 

31  Vendredi. 

55 


1 

1 

C .A.  L 

E N D R I E 

R G. 

' a 

Pour  Ies  années  communes  dont  la  Lettre  Dcmínicaie  eft  G. 

ij 

i i 

XC9  diiilCC9 

omesmes  aonr  ies  i_rettrcs  i/ominicaies  lont  A u.  - 

If 

i 

s 

E P T E 

M B R ¡ 

£7 

' 

Í| 

i 

Paques  tombant  au 

i 2»  Avñl. 

1 ij  Avril. 

1 8 Avril. 

1 I Avril. 

1 MmsTI  i 

; JLer.  ’ Jours 
Dom  dü  Mois. 

Jours  de  la'  ^ 

Semaine.  i Fetes  fixes. 

i 

! 

FÉTES  MOB 

I L E S. 

(1 

jr 

L.ai. 

I 

i>amedi. 

G 

A 

IV 

III 

2 

3 

4 

Uimancke, 

Luradi. 

XII.  Dim. 

XIII.  Dim. 

XIV.  Dim. 

XV,  Dim. 

XVI.  Dim.  1 

B 

II 

Mardi. 

II 

C 

JMód. 

5 

Mercredí. 

Íl 

D 

VIH 

6 

Jeudi. 

II 

E 

VII 

7 

Vendiedi. ' 

II 

F 

VI 

8 

Samedi. 

N.delaS.V. 

II 

G 

A 

V 

IV 

9 

I® 

JJimanche. 

Landi. 



XIII.  Dim. 

XIV.  Dim. 

kv.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim.  íj 

i B 

III 

ri 

Mardi. 

II 

: C 

II 

IZ 

Mercredi. 

II 

i D 

Ides. 

Jeudi. 

1 

! E 

xvm 

Vendredi. 

Ex.de  laS.C. 

II 

F 

XVII 

15 

Samedi. 

1 

G 

A 

XVI  i 16 
XV  !it 

Dimancke» 

Luadi. 

XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVn.Dim. 

X VIH.  Dim.  1 

B 

XIV 

i8 

Mardi. 

C 

XIII 

Mercredi. 

IV.  Tems.* 

D 

XII 

20 

Jeudi. 

Vigile. 

E 

XI 

21 

Vendiedi. 

S.  Math.  Ap. 

F 

X 

22 

Sámedi. 

1 G 

IX 

XVIII.  Dim. 

XIX.  Dim.  I 

1 A 

VIII 

24 

Lundi. 

A Y il.  Dim- 

í ? 

VII 

^5 

Mardi, 

¡ C 

VI 

^6 

Mercredi. 

i D 

V 

Jeudi. 

! E 

IV 

18 

Vendredi. 

i*  F 

III 

!S> 

Samedi. 

5.  Michel. 

1 G 

i — 

II 

0 

üimAnckt, 

_ *XVI.  Dim._ 

XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim.  1 

1 

1 ' ■ 

0 C T 0 

B R £. 

raques  tombant  aa  / 

2í  ATtil.  j 

15  Avril. 

8 Avril.  1 

I Avril.  1 

15  Mars.  1 

Dom  du  Mois. 
~A 
B 
C 
D 
E 
E 
G 
A 
B 
C 
D 
E 
F 
G 
A 
B 
C 
D 
E 
F 
G 
A 
B 
C 
D 
E 
F 
G 
A 
B 
C 


Semaine.  1 £xes. 


FÉTES  MOBIL 


E S, 


Cal. 

3 

: Lundi. 

VI 

..•Mardi. 

V 

i Mercredi. 

IV 

4 

.Teudi. 

III 

j¡  VendredL 

II 

6 Samedi. 

Non. 

7 Dimanche, 

VIII 

8 i Lundi. 

VII 

9 

Mardi. 

VI 

10 

Mercredi. 

V 

II 

Jeudi. 

IV 

12 

Vendredi. 

III 

G 

Samedi. 

II 

jU:7nancke, 

Ides. 

15 

Lundi. 

XVII 

i 6 

Mardi. 

XVI 

17 

Mercredi. 

XV 

18 

Jeudi. 

XIV 

^9 

Vendredi. 

XIII 

20 

Samedi. 

XII 

21 

Dimunche. 

XI 

22 

Lundi. 

X 

^3 

Mardi. 

IX 

-4 

Mercredi. 

VIH 

^5 

Jeudi. 

VI I 

26 

Vendredi. 

VI 

27 

Samedi. 

V 

iS 

Dímanche, 

IV 

^9 

Lundi 

III 

?o 

Mardi. 

11 

rí 

Mercredi. 



:XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

S.  Luc.  Ey. 

XVIII.  Dim 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

XXL  Dim. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

XX4.  Dim. 

XXII.Dim.  J 

Vigile. 

11 

S.  Sim.  S.  Jb.' 

Vigi!.  jeúne. 

XX.  Dim. 

XXL  Dim. 

■ 

XXII.Dim. 

ÍXIII.  Dim.  X 

XXI.  Dim. 


XXII.  Dim. 


XXIII.  Dim. 


XXIV.  Dim- ; 


r*;: 


ss 


— 

CALE 

N D R I E R F. 

575 

Pour  les  annécs  conjirjunes  dont  la  I^cttre  Dominica^c  F. 

Et  pour  les  a .nees  bifiéxtiles  dont  Ies  Lettres  Dominicales  fom  G F. 

M A R S. 

Pactues  t^rnba*?'  an 

II  Avril.  ( 14  Avril.  ! 7 Avri!.  ( 51  Mars.  | 

1 24  Mar?. 

Lct.  . jours 
Doni  da  Mci^ 

de  la  . ¡ 

.1  Semaine.  j Fetes  fixes.  1 

FÉEES  MOBILES. 

rji 


D 

Cal. 

I Vendredi. 

E 

VI 

2 Samedi. 

F 

V 

5 Dimanckc, 

G 

IV 

4 Lundi. 

A 

III 

5 Maidi. 

B 

11 

¿ Mcrcredi. 

C 

Non. 

7 J'.  udi. 

D 

VIH 

8*  V end'cdi. 

E 

VII 

9 Samedi. 

17 

VI 

lo'  Olmanche. 

... 

G 

V 

1 r Lundi. 

A 

IV 

1 z Mardi. 

B 

III 

1 ^ Mercredi. 

. . 

C 

II 

14  Jeudi. 

D 

Ides. 

i5¡Vendtedi. 

E 

XVII 

léSamedi. 

F 

XVI 

17Í  Dimanche. 

G 

XV 

iSÍL'índi. 

A 

XIV 

ip  Mardi. 

B 

XIIÍ 

20‘Mercredi. 

C 

XII 

21  Jeudi. 

D 

XI 

22Í  Vendredi. 

E 

X 

ajjSamedi-  - 

F 

IX 

z^.D-Tna.Kch€. 

... 

G 

VIII 

zjíLundi. 

L’ 

A 

VII 

26;  Mardi. 

B 

VI 

27’  Mercredi. 

C 

V 

28!  Jeudi. 

D 

IV 

29!  Vendredi. 

E 

III 

50, Samedi. 

F 

II 

5 1 j Dimanche, 

Quinquagéf.  I.  D.  de  Car.'lI.D. deCar.  III.  D.  de  C.  IV  D.  dcC. 

! ' ' 

Cendres.  IV  Temos, 


I.  D.  de  Car.  II.D.deCar.  III.  D.  de  C.TV.D.  deC.  D.delaPaíT. 


IV.  Tetnfs. 


L’Annonc. 


III.  D.  de  C.  IV.  D.  de  C. 


D.  de  !a  PaíT. 


IV.  D.  de  C.  D.  de  la  PaflliD.  des  Rain. 

I L. 


i.Lundi  Saint. 

*jMarái  Saint. 

Mercr.  Saint, 

Jíudi  Saint. 

Vend.  Saint. 

Santeái  Saint. 

D.  des  Rana.  PASQUES. 
Lundi  Saint.  LüNDi, 
Matdi  Saint.  M ARDI. 
Mercr.  Saint. 

Jeudi  Saint. 

Vend.  Saint. 

Samedi  Saint. 

PASQUES.  T.D.QaaíIm_ 


Paques  tombant  aa  i 

21  Avril.  J 14  Avril.  } 

7 Avri!.  i 31  Mars.  ( 24  Mars. 

Let.  : Jours 
Dom  du  Mois. 

Jours  de  la 

Semaine. 

Fétes  fixes.  | 

FÉTES 

M 0 B I L E S. 

G 

Cal. 

IV 

I [Lundi. 

A 

B 

111 

4'Jeudi. 

C 

D 

Non. 

VIII 

E 

7;  Dimanche, 

8 Lundi. 

9 Mardi. 

10  Mercredi. 

D.  de  la  Paff. 

G 

A 

B 

Mardi  Saint 

IV 

III 

jeudi  Saint 
V endr.  Samt 

c 

D 

II 

Ides. 

XVII  í 

XVII 

XVI 

XV 

XIV 

Xlil 

XIÍ 

XI 

X 

IX 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

13  Samedi. 
jjí  Dimanche, 

E 

PASQUES. 

Lundi. 

Mardi. 

r 

G 

Lundi  Saint. 
Ma/di  Saint. 

A 

B 

17  Mercredi. 
í8  Jeudi. 
Vevtdredi. 

20  Samedi. 

21  í'jlmcnzhe, 

22  Lu.*di. 

Mstdi. 

24  Merciedi. 

25  Jeudi. 

z6  Vend.’'edi- 

27  Same  :i. 

28  ’ •■mar.cke. 

C 

D 

E 

F 

G 

PASQUES. 

Lun'di. 

Mardi. 

I D-  Quafim 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

S.  Mate  , Ev. 

I.D.  Quafim. 

lí.  Dim. 

G 

A 

III 

II 

29  LunJ’. 

;o  Mardi. 

i 

!Matdi~Saint. 
‘ Mercr.  Saint. 
.Jeudi  Saint. 
iVendr.  Saint. 
Samedi  Saint. 

■PASQUES. 

.'Lundi. 

’Mardi. 


Mardi. 


I D.  Quafim 


I D.  Quafim.  II.  Dim 


II.  Efim. 


III.  Dim. 


III-  Dim. 


IV.  Dim. 


II.  Dim. 


ni.  Dim. 


IV.  Dim. 


V.  Dim. 
Rogations. 


; 

57^ 

C A L E N D R 1 E R F. 

Pour  Íes  années  communes  dont  la  Lertre  Dommicale  eft  F. 

Et  pour  les  aniiees  biíiestiles  dcnt  Ies  Lsttres  Dominicales  font  G F. 

MAL 

Paques  tembant  au  i 21  Avril.  1 14  Avril.  1 .7  Avril.  | 31  Mars.  1 

24  Mars. 

Let.  I Jours 
Bom  du  Mois. 

1 Jours  de  la  ■ FÉTESMOBILES. 

1 oemaine.  1 j 

i B 
! C 
■ D 
i E 
I F 
I G 

i A 
I B 
\ C 
1 D 
E 
F 
G 
A 
B 
C 
B 
E 
F 
G 
A 
B 
C 
D 
t; 
F 
G 
A 
B 
C 
D 


Cal. 

VI 

V 
IV 

ni 

II 

Non. 

VIH 

VII 
VI 

V 
IV 

III 
II 

Ides. 

XVil 

X'/I 

XV 

XIV 

XIII 

XII 

XI 

X 

.IX 

VIII 
VII 
VI 

V 

IV 
III 
II 


1 1 Mercredi. 
i'Jesidi. 
j .\'  endredi. 

4 Samedi. 

5 i Otmanche. 
d Lundi. 
7Mardi. 

Sj  Mercredi. 
p;  Jeudi. 
lo!  Vendredi. 
iiiiSamedi. 
\'i-L\Diiniinckí. 
íijíLundi. 
(r4'Mardi. 
njíMercredi. 
lí  Jeudi. 

'¡7  Vendredi. 
FS.S.'.meá¡. 

19'  Dímojícks. 
20  Lundi. 
jzilMardi. 
GilMerciedt. 
*2  5 'Jeudi. 

24.  Vendredi. 
'25  SarTíedi. 

25  Dimanche, 

27  Lundi. 

28  Mardi. 
ay  Mercredi. 
30  Jeudi. 

‘31  Vendredi. 


S.  Jac.  S.  Ph. 

1 

1 

IL  Bim. 

III.  Bim. 

IV.  Bim.  ■ 

V.Bira. 

Rogations. 

Afceníion. 



III.  Bim. 

IV.  Bim. 

V.  Bim. 
Rogations. 

VI.  B.  oa. 

Afccnfion. 

Vigile. 

IV.  Bim. 

V.  Bim. 

VI.  D.  oa. 

PENTEC. 

Rogations. 

Lundi.  , 

Mardi. 

Afcenlion. 



V.  Dim. 
Rogations. 

VI.  B.  oa. 

PENTEC. 

Lundi. 

1.  B.  Trin. 

IV.  Tems. 

Afcenfioñ, 

i 

Féte-Bieu, 

Aíceníion. 
VI.  D.  oa. 


Vigile. 

PENTEC. 

Lundi. 

M.4RDI. 

IV.  Tcmps. 


I.  D.  Tria. 

Fete-Dieu. 

II.  Bill!. 


J U 1 N. 


Paques  toinbant  au  1 21  Aviil.  1 14  Avril.  I 7 Avril.  I 31  Mars.  j 24Mars. 


Let.  1 Jours 

Jours  de  la; 

Bom  Mu  Mois. 

Semaine.  j Fetesfi.ves. . 

FÉTES  MOBILES. 


F 

G 

A 

B 

C 

B 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

B 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

B 

E 

•F 

G 

A 

B 

C 

B 

E 

F 


IV 

III 

II 

Non. 

VIH 

VII 

VI 

V 

IV 

III 
II 


2 Dimanche, 

3 Lundi. 

4 Mardi. 

5 Mercredi. 

6 Jeudi. 

7 Vendredi. 

8 Samedi. 

9 Dimanche, 
¡10  Lundi. 

II  Mardi. 

^12  Mercredi. 
Jdes.  i 13  Jeudi. 
XVIII  14  Vendredi. 
XVÍI  'ly  Samedi. 

XVÍ  \ I6  Dimanche, 
XV  I17  Lundi. 
XIV  !i8  Jíardi. 
XIII  irp  Mercredi. 
XII  ¡20  Jeudi. 

Xl  ¡21  Vendredi. 
X ‘22  Samedi. 

IX  123  Dimanche, 
VIH  Í24  Lundi. 

VJI  jí;  Mardi. 

VI  1 2(5  Mercredi. 
-I-  i ^7  Jeudi. 

. rV  ¡28  Vendredi. 
líl  |29  Samedi. 

II  ¡301  Dimanche, 


(VLB.  oa. 


S.  Barnabé. 


Vigile. 

PENTEC. 

Lundi. 

■ Mardi. 
IV.  Tenas. 


Vigi!.  jeúne. 
N.  S.  J.  Bap. 


Vigil.  je-an 
S.  P.  S.  Paul. 


I.  B.  Trin. 

Téte-Bieu. 

i 

II. Bim. 

i 

JII.  Bim. 


Vigile.  i 
PENTEC.  |I.  B,  Trin. 
Lundi. 

Mardi. 

IV.  Tems. 


I.  B.  Trin. 

Féte-Bieu. 

II.  Bim, 


III.  Bim.  IV.  Bi™. 


Féte-Bieu. 

II.  Bim. 

III.  Bim. 


II.  Bim, 


III.  Bim, 


IV.  Bim, 


V.  Bim. 


IV.  Bim.  'V.  Bim.  VI,  Bim. 


III.  Bim. 


IV.  Bim, 


V.  Bim, 


VI.  Bún, 


VIL  Bim. 


A 


L E N D R í E R.  F. 


5'7 


Pout  les  atmées  communes  dont  la  Lettre  Domiriraíc  eft  F. 

Et  pam  les  annees  bifleatiles  doat  les  Letc:gs  Dutsiinicaies  font  G F, 


J U I L L E T. 


Piques  tombant  au 

2 1 A vtU. 

14  At*íí. 

7 Avril.  j 

31  Mars.  1 

24  Mars. 

Ler, 

^om 

Jours 

du  MoisJ 

Jours  de  la, 

Semaine.  i 

Fétes  fixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

j; 

1 G 

Cal. 

I 

Lundi. 

1' 

A 

VI 

2 

Mardi. 

ViCt.de  la  V. 

B 

V 

? 

Mercredi. 

1 

C 

IV 

4' 

Jcudi. 

D 

III 

5 

Vendreái. 

i . 

E 

II 

Samedi. 

VIH.  Dkri.  i 

Non. 

Dimanckt» 

. . ...... 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

VI.  Dim. 

VH.  Dim. 

G 

VIII 

S 

Lundi. 

A 

VII 

Mardi. 

B 

VI 

10 

Mtrcredí. 

C 

V 

ri 

Jeiidi. 

Vendredi. 

D 

IV 

la 

E 

líl 

X ? 

Sam'edi. 

IX-DLti. 

F 

Tf 

li 

ií^\L>tmancke, 

» 

V.  Dim. 

VI.  Dim, 

AHI.  Dim. 

A'HI.  Dim. 

G 

Ides. 

ijlLundi. 

A 

XVII 

i¿'Mardi. 

B 

xvr 

17 

Mercredi. 

C 

XV 

18  Jeudi. 

D 

XIV 

Í19 

Vendredi. 

E 

XIII 

20 

Samedi. 

F 

XII 

21 

Dímanche» 

VI.  Dim. 

VII.  Dim. 

VIH  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

G 

XI 

22 

Lrnidi. 

A 

X 

Mardi. 

B 

IX 

24 

Mercredi. 

Viaile. 

C 

VIÍI 

25 

Jeudi. 

S.  jac.  le  M. 

D 

vir 

2í  Vendredi. 

E 

F 

zy.Saiiiedi. 

z'i  D- manche» 

VII,  Dim. 

VIH.  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim, 

XI.  Dim. 

G 

IV 

^9 

Lundi. 

i 

A 

in 

5^ 

Mardi. 

i 

B 

II 

¿L 

Mercredi. 

|. 

A O U T. 


Paques  tombanc  aa 


II  Awi!.  I 1}  Atiíi.  i 7 Avril.  i ji  Mais.  I 24  Mars. 


Let.  I ■^oars  Jours  de  la  ■pi.„£ves 
Dom  da  Alois.:  Semaine.  ' 


F -É-  T E S Al  O B I L E S. 


Sí 


C 

Cal. 

I Jeudi. 

1 

D 

IV 

2 Vendredi. 

E 

III 

3 Samedi. 

1 

F 

II 

4 Dímanche» 

G 

Non. 

5 Lundi. 

A 

'VIH 

6 Mardi. 

Tr.  de  N.  S. 

B 

VII 

7 Mercredi. 

C 

VI 

8 Jeudi. 

D 

V 

^ Vendredi. 

V ígile. 

E 

IV 

^10  Samedi. 

S.  Laatent. 

F 

III 

11  'Dlmancke» 

.u 

G 

II 

12  Lundi. 

A 

Ides. 

13  Mardi. 

B 

XIX 

14  ídercredi. 

Vigil.  feune. 

C 

XVIII 

15  Jeudi. 

AíTomption. 

D 

XVII 

16  Vendredi. 

E 

.XVI 

17  Samedi. 

F 

XV 

iS  JDima'nche» 

G 

.XIV 

ip  Eundt. 

A 

XIII 

20  Mardi. 

B 

XII 

21  Mercredi. 

C 

XI 

¡22  Jfudi. 

D 

X 

|2?  Vendredi. 

Vigi!.  . 

E 

IX 

!24  Samedi. 

S.  Barthel* 

F 

VIH 

Í25  Dimancke, 

S.  Louis. 

G 

VII 

|26  Lundi. 

A 

VI 

'27  Mardi. 

B 

V 

IzB  Mercredi. 

C 

IV 

¡29  Jeudi. 

D 

III 

:3a  Vendredi. 

E 

II 

;3i  Samedi- 

Yin.  Du».  IX.  Dial. 


IX.  Diin.  X.  Dim. 


X.  Dim.  XI.  Dim. 


XI.  Dim.  XII.  Dim. 


X.  Dim, 


XI.  Dim. 


XI.  Dim. 


XII.  Dim. 


XII.  Dim.  XIII.-Dim 


XIII.  Dim.  :X1V.  Dim 


XII.  Dim. 


Xni.  Dim. 


Xiy.  Dim. 


XV.  Dim. 


Ar.t¡¡iuités  , Tome  /. 


D d Jd 


c L E N D R í 


Pciif  íes  années  commanes  dcrt  ía  Lerrre  "Doniinicale  e{t  F. 

£t  ponr  ks  années  bíiTe^^tiles  dort  les  Lcttres  Dominicales  fcnt  G F, 


I Paques  tombaiit  au 

: Ler.  Jonrs  Jours  de  ia 

; Dora  da  Mois.i  Sernainc.  I 

. T Dimancke. 

\ 2;Lnndi. 

! 3'Mardi. 

I 4'Mercredi. 

^ 5 Jeadi. 

Vendredi. 

7Samed¡. 

‘ 8 ■ Dimanche* 

I í>  Lundi. 
io;Mardi. 
ir  Mercredi. 
i II  12  Jeiidi. 

Ide;.  ij  Vendredi. 

XVIÍI  14  Samedi. 

Xv’II  15  Dimanch'. 

, XVI  16  L-a.^di.* 

! XV  i^íMardi. 

XiV  18  Mercredi. 

; XIII  ip  Jeud!. 
j ^XÍI  aoiVíndredi. 

I XI  21  Samedi. 

X -Lz,  Oimanchs» 

IX  ajj'Lurd!. 

VIII  Í24lMardi. 

I VII  ^2 - 'Me  credi. 

VI  261  Je  adi - 
V 271  Vei.dredi. 
ly  Us  I Samedi. 

III  z^\0:ma.nch.e, 

II  joiLandi. 


Let.  Jours  Jours  de  la 
Dom  du  Mois. ! Semaine. 


1 B 

2 Mercredi. 

1 C 

1 V 

Jeudi. 

i 0 

! ív 

1 4i  Vendredi. 

B 

■ in 

í 

tiS-arncdi. 

F 

1 II 

‘ 6'Dímanche» 

G 

I Non. 

1 7 Lundi. 

A 

i VIII 

1 S'Mardi. 

B 

VII 

• p Mercredi. 

C 

VI 

'lojjeudi. 

D 

V 

11!  Vendredi. 

E 

IV 

'12  Samedi. 

F 

III 

ID 



G 

II 

|I4 

Lundi. 

A 

Ides. 

,15 

Mardi. 

B 

ÍXVII 

16 

•Mercredi. 

C 

XVI 

17 

Jeadi. 

D 

XV 

18 

Vendredi. 

S.  Luc.  Ev. 

E 

XIV^ 

^9 

Samedi. 

F 

Xill 

ao 

Dimanche, 

...... 

G 

xn 

21 

Lundi. 

A 

XI 

22 

Msrdi. 

B 

X 

23 

Mercredi. 

C 

IX 

24 

Jeudi. 

D 

VIII 

Vendredi. 

E 

VII 

26 

Samedi. 

Vigile. 

F : 

VI 

a? 

Dimanche., 

G ' 
A 

V 

IV 

iS 

2e5> 

Lundi 

Mardi. 

S.Sim.  S.  Ju.. 

B i 
C 1 

iii 

H 

JO  i Mercredi. 

Jí  'Jesidi. 

V -i  ■ > ( 

Vigii.  jeace-i 

Paques  tombant  au 


XIX.Dlra. 


XX.  Diai . i XXL  Dim . XXII.  Dún.  ^XXIII.  Dim . ' XXI V-  Disn 


CALENDRIER  f'. 


Pour  les  annécs  c<^niniuDes  donr  la  Letnc  Dominicalc  cíi  F. 

Et  pour  les  anpées  blfíexdles  ¿ont  les  Leitras  DoraÍDÍcaics  foct  G F.  • 


N 

w 

> 

0 

xM  B R 1 

i. 

1 

— 

— 

Paques  tombant  au 

1 2 1 Arril. 

I 14  Avri!. 

1 7 Avril. 

1 31  Ma.-s. 

1 24  Mars. 

i^et.  j jours  1 Jours 

Domidü  Mois.[de  la femaine 

j Feres  Fxc?. 

í 

F É T E 

S M 0 

B I L E S. 

D 

Cal. 

1 

I Venaredi. 

La  TouíT. 

1 

j 

I 

E 

IV 

2 Sameai. 

Les  Morts. 

1, 

1 

E 

III 

1 

5 ■ Uimanchc^ 

4 Lunái. 

XXI  Dim. 

XXII  Dim. 

XXIII  Dim 

;XXIV  Dim 

XXV  Dim. 

G 

II 

i 

i A 

Non. 

5 Mardi. 

B 

VIII 

6 Mercredi. 

C 

Vil 

7 Jeuii. 

D 

VI 

8 Vendredi. 

E 

V 

9 Samedi. 

F 

IV 

lo  D.mitnche, 
ir  Lundi. 

- 

XXII  Dim. 

XXIV  Dim 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

G 

III 

S.  Martin. 

AaIIX  jüim. 

A 

II 

Mardi. 

B 

Ides. 

11  Mercredi. 

C 

XVIIÍ 

14  jeudi. 

D 

XVII 

‘ I ; Vendredi. 

E 

XVI 

ié  Samedi. 

G 

XV 

XIV 

17  Dimanche, 
iS  Luiidi. 

X-XIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim 

XXVII  Dim.' 

A 

XIII 

19  Mardi. 

B 

XII 

20  Mercredi. 

C 

XI 

2 I 

1 Jeudi. 

Pr¿f.(Ie!a  V. 

D 

X 

22.  Vendredi, 

E 

¡X 

-5 

'Sameái. 

F 

VIII 

VII 

Dima.r:che» 

Lundi. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

xxvm'D. 

G 

2? 

A 

VI 

z6  Mardi. 

fi 

V 

27  Mercredi. 

C 

IV 

28  Jeudi. 

D 

III 

29 

1 Vendredi. 

Vigile. 

E 

II 

3= 

Samcdt. 

S.  And.  Ap 

D 

É C E M B R E 

21  Ávril. 

i 14  Avril. 

i 7 Avril. 

1 3iMar$. 

1 24  Mars. 

Lct.l  Jours 

Dom-du  Mois- 

jours 

de  la  íémaine. 

Fétes  fixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

1 

V 

Cal. 

IV 

■ Dimane  he» 

Lundi. 

I D.  de  l’Av. 

I Dim. 

I Dim. 

I Dim. 

G 

2 

A 

III 

3 

= Mardi. 

i B 

II 

4 

'Mercredi. 

C 

Non. 

5 

Jeudi. 

D 

VIII 

6 

Vendredi. 

1 E 

vil 

7 

Samedi. 

F 

VI 

8 

Dimanche» 

Conc.delaV. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Uim, 

II  Uim» 

G 

V 

9 

Lundi. 

A 

IV 

lo 

Mardi. 

B 

III  i 

II 

Mercredi. 

C 

12 

Jeadi. 

D 

Ides.  1 

13 

Vendredi. 

I 

E 

XIX  ; 

14 

Samedi. 

Dtmancke. 

III  Dim. 

III  Dijr* 

III  Dim. 

III  Dim. 

III  Dim.  i 

G 

XVII : 

16 

Lundi. 

A 

XVI  1 

*7 

Mardi. 

4 Temps. 

. B 

XV  ! 

18 

Mercredi. 

1 C 

XIV 

ip 

J uii. 

Vigile. 

s 

t) 

XIII  ■ 

20 

Vendredi. 

1 E 

XII 

2.1 

Sam.  di. 

S.  Th.  Ap, 

IV  Dim. 

IV  Dim, 

IV  Dim. 

IV  ©íoa. 

IV  Dim. 

Al  '22 

G 

X : 

2? 

Lundi. 

Visile  jcúné. 

A 

IX  14 

Mardi. 

1 B 

VIII  2e 

Mercredi. 

K 0 EL. 

i C 

VII  2(5 

Jeudi. 

S.  Etien.  M. 

1 D 

VI  2-7 

Vendredi. 

í>.  Jean  Ao. 

E 

V 

■>9 

Lesbü.lnnec.! 

D.  OcTave. 

IV 

Dimnnche, 

i 

D.  Ociare,  i 

D.  Oclave. 

JL).  (J^aye. 

D.  Oftave.  1 

I G 

III 

20 

Lundi. 

1 

1 

A J 

Sí 

II  J1 

Mardi. 

1 

1 



1 

= — a 

580 

C ALE  N D 11  I E R E. 

* loar  íes  '»nn-:cs  cornmunes  dont  sa  íwSctf--?  Drmíaíca’.c  c-i  t,  j 

■ & oour  Ies  annses  bíiíexíles  iont  es  Lettres  Dominicales  íont  FE. 

1 

i A N V i E R. 

Paques  tan-ibant  au  | lo  Avr;!,  J !j  Avril.  í 6 Avri!.  | 30  Avrt!.  : z»  Mars. 


Let.  i Jours  j 
Domida  Mois.  j 

Année?. 

comirmncs- 

Anrjées 

biirexiiles. 

Fétes  fises. 

F É T E 

S M 0 3 I L E S. 

A 

Cal. 

r 

MercreJi. 

Mardi. 

Circcncif. 

B 

IV 

a 

Jeucfi. 

MercreJi. 

G 

líl 

3 

Venlredi. 

JenJi. 

D 

11 

4 

Sa:ne.Ii. 

Venare  ii. 

E 

Non. 

> 

Dimancke, 

Samedi. 

F 

VIII 

í 

Landi. 

Dimnnchc-, 

Epiphanie. 

G 

VII 

7 

Ma.-.JÍ. 

Lundi. 

A 

VI 

8 

MercreJi. 

Mardi. 

s 

V 

5> 

Jeudi. 

MercreJi. 

C 

IV 

10 

Vendreóí. 

Jeudi. 

D 

líí 

ir 

Saiucdi. 

Vendredi. 

E 

II 

11 

OincLnchc, 

Saincdi. 

1 Dim. 

I Dim. 

I D’m. 

i Dim. 

1 Dítn. 

F 

Ides. 

I ? 

Lu.udi  . 

Oimaricke^ 

i Dim. 

I Dim. 

I Dim. 

i Dim. 

I Dim, 

G 

XIX 

Mar.iít 

Lundi. 

A 

XVIII 

r> 

Me'CreJi. 

Mardi. 

3 

XV  ti 

16 

JeiiJi. 

Merctedi. 

C 

XVI 

17 

Vendredi. 

Jeudi. 

D 

xv 

í3 

Sa.nesii. 

Vendredi, 

E 

XIV 

í > 

Dirrancke, 

Samedi. 

¡I  iJim. 

II  Dim. 

II  D m. 

il  D m. 

Septnagér. 

F 

XIII 

20 

LandI. 

Dimanche^ 

ii  Dim. 

II  Dim. 

Ii  Dim. 

11  Dim. 

Septuasef. 

G- 

XII 

21 

.Mardi 

Lundi. 

A 

XI 

2J 

MercreJi. 

Mardi. 

B 

X 

2J 

Jeudi. 

Mercredí. 

C 

IX 

2^ 

Vendredi. 

Jeadi. 

- 

D 

VíII 

Simedi* 

Vrndreái. 

E 

Vil 

Dimancke. 

Samedi. 

III  Dim. 

III  Di.m. 

ITI  Dim. 

Sfptuagéf- 

SexagéCme. 

F 

VI 

27 

Lundi, 

Dimlricke. 

ill  Dim. 

III  Dim. 

Ili  D:m. 

Septuajjéí. 

Sexagefime. 

G 

V 

18  Ivíarii. 

Lundi- 

A . 

IV 

29 

MercreJi. 

-Mardi. 

B 

lil 

3^ 

Jeudi. 

Mercredi. 

C 

II 

Venired''.  . 

Jeudi. 

— 

F É V R I E R. 


Let. 

Bom 

Jours 

Ja  Mois. 

Années. 

communes. 

Années 

biíTtxtücs» 

D 

Cal. 

I 

Samedi. 

Vendredi. 

E 

IV 

2 

Dirnanche, 

Samedi. 

F 

m 

1 

Lundi. 

Oimanche, 

G 

II 

4 

Marii. 

Lundi. 

A 

Non- 

Meícredl. 

Maidi. 

B 

Vtil 

á JeaJí. 

Mercredi. 

C 

vn 

7 

Vendredi. 

Jeudi. 

D 

VI 

8 Sáii>sJi. 

V endredi. 

E 

V 

9 

Oíinancke» 

Ísamecií. 

F 

IV 

lo 

Lu.o-ií. 

Uimanche» 

G 

ni 

i r 

•Mardi. 

Lundi. 

A 

II 

t2 

Mercredi. 

Mardi. 

B 

Ide«. 

n 

feiidi. 

Mercredi. 

C 

XVI 

14 

Vendredi. 

Jeudi. 

D 

XV 

is 

Samed*. 

V endredi. 

E 

XIV 

16  D.mtncke» 

Samedi. 

F 

XIII 

17 

Liindi. 

Dim^nche>. 

G 

XII 

i3  Mardi. 

Lundi. 

A 

XI 

19 

.Mercredi. 

Mardi. 

B 

X 

20 

Jeinii. 

Mercredi. 

C 

IX 

1 r 

Vendredi. 

Jeudi. 

D 

VIH 

12 

Samedi- 

Vendredi. 

P. 

VII 

23 

0\manche , 

Samedi. 

F 

VI 

i-t 

Lundi. 

Dimancke, 

G*f 

V^é 

2? 

Mardi. 

Lundi. 

A g 

IV  ? 

1!$  Mercredi. 

Mardi. 

B a 

ni  4 

27 

Jcuii. 

Mercredi. 

C b 

II  5 

23 

Vendredi. 

Jeudi. 

C 

1 

^9 

Vendredi. 

Paques  tombant  au  | 2-0  A~v*tí1.  ! 1-3  Avrik  í Avril.  [ 30  Avii!.  | Mars, 


Fétes  fixes. 


F É T E S M O B I L E S. 


Bes  íetties  f 


Puriñeat. 

IV  Dim. 
IV  Dim. 

IV  Dim. 
IV  Dim. 

Septuagéf. 

Septuagéf. 

V Dim. 

V Dim. 

SeptuagéC 

Septuagéf. 

Sexagéfime. 

Sexagéfime' 



Septuagéf. 

SeptuagéH 

Sexagéfime. 

Sexagéíim. 

Q'dípquag. 

Quinquag. 

Cendres. 

Cendres. 

I D.  de  C. 
I D.  de  C. 

4 Temps. 

4 T emps. 

Vigi'e. 

S.  Mathias. 
S-  Mathias. 

Sexagéfim. 

Sexagéíim. 

Quinquag. 

Quinquag. 

Cendres. 

Cendres. 

Sexagéfime. 

SexagéCme. 


Quioquag. 
Quirquag.  ; 

Cendre?. 

Cendres. 


Quinquag.  I D.  de  C. 
Qainquag.  I D.  de  C. 

Cendres.  4'Tc!Epr* 
Cendres.  4 Temps. 

i 

{ D.  de  C.  rl  D.  de  C. 
I D.de  C.  IlD.  deC. 


4 Tenaps. 

4 Teuips. 


b,  c,  & ces  chiífres  3>4,  a,  foat  pour  ks  aanées  BifTextiles-^ 


CALE 

N D R I E R E. 

5S. 

Pour  lesaanéefi  co«jmunes  dont  U Letrre  Dominíca!e  eft  E. 
j Et  pour  les  aunées  biflesriles  dont  les  Lectres  t>omimcalcs  font  E E. 

i 

l 

M A R S. 

1 

Paques  tomfeant  au  l 

io  Avril.  1 13  Avril.  i í Avri!.  I 50  Mars. 

í;  Mars. 

; Let.  ] Jours 
Doai  da  Mois. 

Jours  de  la,  ^ 1 

Semaine.  ! fixes.  | 

F É T E S M 0 B I L E S. 

D 

E 

F 

G 

A 

Cal. 

VI 

V 

IV 

III 

i^Sa'uedi. 

2 ; D ¿manche, 

5 

4 ivíardi. 
j'Merctedi. 

{ 

^uinquagéf. 

Cendres. 

I.  D.  de  Car. 

IV  Temps. 

U.D.deCar. 

U.D.deCar.  I 

II.D.deC. 

IV. D.  deC. 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

II 

Non. 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

III 

II 

Ides. 

XVII 

XVI 

^■Jeudi. 

7:  Vendredi, 
¿¡Samedi. 
Úimattche, 
loiLundi. 
iilMardi. 
lajMercredi. 

15;  Jeudi. 

14  Vendredi. 

15  ;Samedi. 
í6  \ Dimanche, 

[.  D.  de  Car. 

IV.  Teaips. 

III.  D.  de  C.  1 

V.  D.  de  C. 

D.  de  la  Paff. 

B 

C 

D 

E 

F 

II.D.deCar^ 

m.  D.  deC. 

IV.  D.  deC. 

D.  de  la  Paff. 

D.  des  Ram. 
Lundi  Saint. 

G 

XV 

iSMardi. 

A 

g 

XIV 

XITT 

ipjMercredi. 

Jeudi  Saint. 

C 

D 

XIÍ 

XI 

2i¡  Vendredi, 











Vend.  Sa-.nt. 
Samedi  Saint. 

E 

F 

(2 

X 

IX 

Dimanche, 

24  Lundi. 



ill.  D.  de  C. 

IV.  D.  de  C. 

D.  déla  PaíT. 

D.  des  Bam. 
Lundi  Saint. 
Mardi  Saint. 

PASQUES. 

Lundi. 

Mardi. 

VII 

I 

Mercr.  Saint. 

y 

Vend.  Saint. 

D 

E 

IV 

III 

II 

19  Samedi. 

50  Dimanche» 

iv.  b.deC.  ij.dela  palF. 

D.  des  Ram. 

PASQUES. 

Lundi. 

I.D.  Quafim. 

. 



A V 

R 1 L. 

Paques  tombant  au  1 

7.0  Avril. 

1 

1 5 Atiíí. 

1 

6 ATril. 

30  Mars. 

1, 

25  Mars. 

L et,  1 , Jours  1 jours  de  la 
Doni  da  Mois.}  Semaine. 

Fétes  fixes. 

F É T E 5 

M 0 B I 

L E S. 

1 jMardi. 
zjMercredi. 

1 

Mardi  Saint 

Mardi. 

Cj 

i : 

1 

Mercr.  Saint 

A 

1 

Jeudi  Saint 

13 

4!Vendredi. 

iVerdr.  Saint 

C 

' 

D 

E 

VIII 

^ 'oaiUedr. 

6\ Dimancke. 

yiLundi. 

8;Mardi. 



D.  de  la  Paff. 

D,  des  RamJ 

PASQUES. 

Lundi. 

;I  D.  Quafim. 

II.  Dim. 

r 

G 

VI 



Mardi  Saint.' 

Mardi. 

A 

TV 

i3 

Vendr.  Saint. 

D 

E 

lí 

Ides. 

isSamedi. 

1 3;  Diotanche.» 

f4‘.Luridi. 

i^^Mardi. 

16  Mercredí. 

17  Jeudi. 

fg:  Vendredi. 
i^|Samedi- 
20;  Dimanche, 

21  /Lundi. 

2S  Mardi. 

1 jMercredi. 

24  Jeudf- 
Vendredi. 
25-Sameái, 

27  Dlrrtancke» 

0.  des  Ram. 

Samedi  Saint. 

P.A.SQUES. 

LrNDi. 

I D.  Quaíiin. 

11.  Dim. 

III.  Dim. 

Mardi. 

t. 

! XÍV 

Ve.-ídr.  Saint. 

Samedi  Sainf. 

PASQUES. 

T.ündi. 

III.  Dint. 

IV.  Dim. 

E 

i XII 



I D Quafim. 

lí.  Dim. 

I Ai 

Mardi. 

A 

B 

C 

D 

E 

IX 
: VIII 
VII 
■ VI 

i 

S.  Marc , Ev 

I.D.OuaíirD. 

II.  Dim. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

|V.  Dim. 

F 

G 

A 

IV 
! III 
! II 

íSXundi. 

zjIMarái. 

jo’Mcrcredi. 

r 

1 i 

— D ddá 

Arítiquités  ¡ X orne  1. 


581 


C A L £ D R 1 E R E. 


Vi 


Poar  Ies  années  commanes  dont  la  Lettre  Dominicale  eft  E. 

Et  potir  Ies  annees  biíTextiies  dont  les  Lettre»  Dominicales  font  ? E^ 


M A I. 


Páques  tombant  au 

Lct.  Jours  Jours  de  la 
Dom  du  Mois-:  Seiüaine. 


aoAvfil.  I i¡  Avnl.  | 6 Aviil.  | jo  Mar?.  1 Mars~ 


Fétes  fixes. 


F É 


TES  MOBILES. 


; B 

Cal. 

I Jeudi. 

! c 

VI 

z Vendredi. 

D 

V 

5 Ssmedí. 

E 

IV 

D ¿manche^ 

i:  F 

III 

5 Landi 

G 

II 

6,  Mardi. 

ii  -A- 

Non 

7 Mercredi. 

1 B 

VIH 

S Jeudi. 

C 

VII 

P Vendredi. 

i D 

VI 

lo  Samedi. 

1:  E 

V 

II  D:manch&, 

1'  F 

IV 

11  Lundi. 

l,  G 

III 

15  Aiardi. 

Ei  A 

II 

14  Mercredi. 

M B 

lies. 

r5  Jeudi. 

C 

XVII 

16  Vendredi. 

1 D 

XVI 

17  S?medi. 

E 

XV 

18  Dimanche. 

F 

XIV 

19  Lundi. 

G 

XIII 

20  Mardi. 

" A 

XII 

21  Mercredi. 

; B 

XI 

21  Jeudi. 

ii  c 

X '2?  Vcndredi. 

i D 

IX 

24  Samedi. 

: E 

Vill 

25  Dimancke, 

F 

VII 

26  Lundi. 

G 

VI 

27  Mardi. 

A 

V 

28  Mercredi. 

'■  B 

IV 

29  Jeudi. 

ü C 

III 

30  Vendredi. 

D 

II 

3 j Samedi. 

S.  Jac.  S.  Ph. 

II.  Dim, 

IIL  Dim. 

IV.  Dim. 

1 

V.  Dim. 

Rogations. 

Afeenfion. 

V 

lil.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 
Rogations. 

VI.  D.  oa. 

. 

Afceníion. 

iv.  Dim. 

y.  bim. 

Rogations. 

VI.  D.  oa. 

PENTEC. 

Lundi. 

Marbi. 

IV.  Tems. 

- 



V.  Dim. 

Rogaiions. 

VI.  D.  oet. 

PENTEC. 

Lundi, 

Mardi. 

IV.  lems. 

1.  D.  Tiin. 

Afceiiíicn. 

Féte-Dieu.. 

\ igile. 

Mardi. 


:L  D.  Tiin„  j 


J U I Ñ. 

Pagues  toifrbant  aii  { 

20  Avti!.  ) 

ij  Avril.  1 6 K‘iú\.  i 50  Mars.  i 

2 i,  Mars, 

Let.  j Jours 
Dom  du  Mois. 

Jours  de  la; 

Semaine.  j 

FÉTES  MOBILES. 

i F 
: G 
i A 
B 
C 
D 
E 
F 
■ G 
A 
B 
C 
D 
E 
F 
G 
A 
B 
C 
D 
E 
F 
G 
A 
B 
C 
D 
E 
T 


Cal. 

I Dimancke, 



VI.  D.  oa. 

¡PENTEC. 

i IV 

2 Lundi. 

Lundi. 

III 

3‘  Mardi. 

MArdi. 

; II 
Non. 

4 MercredL 

5 Jeudi. 

IV.  Tems. 

VIII 

6 Vendredi. 

' VH 

7 Samedi. 

Vigtif. 

1 Vi 

S Oimanche, 



PENTEC. 

I.  D.  Tiin 

1 V . 

9 Luedi. 

Lundi. 

Wr 

10  Mardi. 



-Ma.rdi. 

III 

11  Mercredi. 

S.  Jdarnabé. 

IV.  Tems. 

II 

Ides. 

XVIÍI 

12  Jeudi. 

13  Vendredi. 

14  Samedi. 

Féte-Dieu. 

XVII 

XVI 

XV 

XIV 

15  Dimancke. 

Jé  Lundi. 

37  Mardi. 

18  Mercredi. 

I.  D.  Triii. 

II,  Dim. 

XIII 

XII 

XI 

ip  Jeudi, 

20  Vendredi. 

21  Samedi. 

Féte-Dieu.* 

X 

IX 

VDI 

VII 

VI 

V 

2z  Dimanchs» 

23  Lundi. 

24  Mardi* 

2f  xMsrcreái. 

2í  Jeudi. 

27  Vendredi. 

Vigil.  jeune. 
N.  S.  J.  Bap. 

Ii.  Dim, 

III.  Dim. 

IV 

28.  Samedi. 

Vigil.  ¡enne. 

III 

H 

Dimonche. 

30  Lun¿i. 

S.P.  S.  Paul. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

Téte-Dieu. 


IIL  Dim. 


IV.  Dim. 


n.  Dim., 


Jíl.  Dita. 


IIL  Dim. 


IV.  Di®. 


IV.  Dim.  V.  Día 


V.  Dina. 


VI.  Dim-  ; 


IV.  Dim.  ,V.  Dim.*  i VI.  Dim.  Vil.  Dim. 


s 

i 

!- 


L É'  Ñ D R I E R E. 

Pour  !«  innées  commones  donf  la  Lettre  Don’inicaiTTft  £7 


58 


> 

J U 1 L 

L E T. 

Eá^ues  tombant  aa 

20  Avril. 

13  Avtii. 

t 6 Avril. 

s 0 M21S. 

Mars. 

Let. 

joars  joars  at  la 

Fótes  fises. 

F É T E 

Dotn  du  Mois.  Scaiaine. 

S M 0 B 

I L E S. 

1-  0 

CaE  ifaMaidi. 

■ A 

VI  zÍMercredi. 

ViCt.de  la  V. 

! 

i B 

V ? Jeuii. 

* 

! 

; C 

IV  ■ 4iVendredi. 

; 

i D 

ill  5 S lucdi. 

; 

i E 

ií  : 6 Dimanche» 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

VI.  !Díib. 

VHI.  Dim. 

1 F 

Non.  i T^Liindi. 

! ^ 

VIH  ; 8 'Mar di. 

f 1 

! A 

Vil  ^ Mercredi. 

1 

B 

VI  10  Jeudi. 

1 

C 

V :ii  VeHdredi. 

1 

D 

IV  12  üamedi. 

» 

E 

F 

Jil  \y  Dimar.che, 

II  14  Lundi, 



V.  Dim. 

VI.  Dim. 

VII.  Dim. 

VIH.  Dim., 

IX.DírB.  1 

G 

Ides.  Mardi. 

1 

. A 

XV 11  16  Mercredi. 

i 

■ B 

XVi  I7;jeudi. 

' 

1 

1 s 

XV  -léjVendiedi. 

1 ® 

XiV  íi5Xamedi. 

1 E 
¡ F 

Xiil  zoiDimcncne» 
XII  zí-Lundi. 



VI.  Dim. 

VII.  Dim. 

VIII  Dim. 

IX.  Uim. 

X.  Dim. 

i G 

XI  iaalMardi. 

1 A 

X Í25  ¡Mercredi. 

* B 

I.X  iaaijeudi. 

Vigile. 

í C 

VIII  'a;! Veadredi. 

S.  Jac.  !e  M. 

D 

VII  ia^SiSamedi. 

? E 

Vi  \z7[Di7nanche, 

Vn.  Dim. 

Vni.  Dim. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

> F 

V rzbiLundi. 

i G 

IV  i25íjAlardi. 

1 A 

III  ijolMercredi. 

: B 

11  i^rijeudi. 

: 

A 0 U T. 

■j 

Paques  tombanr  aa 

1 20  aXvrí?.  - 

13  Avril. 

6 Avril.  \ 

$0  Mars. 

23  Mars. 

Doní  du  Mois.  Scmaine.  ' 


Fétes  fixes. 


FÉTES  MOBILES. 


i c 

Ca}. 

I Vendredi. 

: D 

IV 

2 Samedi. 

‘ E 

ni 

3 Dimanche» 

F 

II 

4 Lundi. 

G 

^012. 

5 Mardi. 

i A 

VIII 

6 Mercredi. 

Tr.  de  N.  S. 

1 B 

VII 

7 Jeudi. 

C 

VI 

8 Vendredi.  . 

D 

V 

5)  Samedi. 

Vigile. 

i E 

IV 

10  Dimanche» 

S.  Laurent. 

: F 

III 

11  Lundi. 

G 

II 

12  Mardi. 

A 

Ides. 

13  Mercredi. 

B 

XIX 

14  Jeudi. 

Vigil.-jeñne. 

C 

XVIII 

15  Vendre-di. 

Aífomption. 

D 

XVII 

16  Samedi. 

E 

XVI 

17  D mancke. 

F 

XV 

iS  Lundi. 

€ 

XIV 

19  Mardi. 

A 

XIII 

20  Mercredi. 

B 

XII 

21  Jeudi. 

C 

XI 

22  Vendredi. 

- D 

X 

23  Samedi. 

V^’igiL 

i ^ 

JX 

24  Dimanche. 

S.  Barti¿». 

h F 

VIH 

-5  Lundi. 

S.  L^ais* 

1 G • 

VII 

26  Mardi. 

; A 

VI 

27^  Mercredi. 

1 s 

V 

-S  Jeudi. 

' c 

IV 

2S>  Vendredi. 

E 

ill 

30  SimeJi. 

E 

il 

i 'i  Dimanche. 

........ 

-VIH.  Diai.  IX.  Dim. 


IX.  Dim.  X.  Dim. 


X.  Dial. 


XI.  Dm. 


XI.  Dim.  XII.  Dlm. 


XIL  Dim;.  Xin.  Dias, 


X.  Dim. 


XI.  Dira. 


XI.  Dim.  XII.  Dim. 


XII.  Dim.  XIII.  Dim. 


Xin.Ddm.  XIV.  Dim. 


XIV.  Dim..  -XV-Dia^ 


XII.  Diav. 


XIII.  Diar. 


XIV.  DSni, 


XV.Díb, 


XVI-DínE. 


5S! 


*ss 


548 


CALENDRIER  E. 


Pour  les  aniiées  communes  dont  la  Lettre  Dcmirncale  eft  E. 

Et  pour  les  année-s  biflextiies  dont  les  Lettres  Dominicales  font  E E. 


SEPTEMBRE. 


-Paques  tombast  au 


20  Avril.  I 15  Avril. 


6 Avril.  JO  Mats.  ¡ ij  Mats. 


Let.  ’ Jours  ,Jours  de  la 
; Dom  da  Mois.*  Semaine.  1 

Fétes  fixes. 

FÉTES  MOB 

I L E S. 

, F 

Cal. 

I 

Lundi. 

{ 

G 

IV 

z 

Mardi. 

A 

III 

Mercredi. 

B 

II  -■ 

1 4 

Jeudi. 

C 

i^ón. 

1 5 

Vendredi. 

D 

VIII 

6 

Samedi. 

E 

VII 

7 

Dimanche. 

' 

XIII.  Dim. 

XIV.  DilH. 

XV.  Dim. 

XVL  Dim. 

XVII.  Dim. 

F 

VI 

« 

Lundi. 

N.  de  iaS.  V . 

G 

V 

9 

Mardi. 

i 

A 

IV 

JO 

Mercredi. 

B 

III 

II 

Jeudi. 

C 

II 

II2 

Vendfedi. 

D 

E 

Ides. 

T? 

Sarríedi.' 

! 

XVI.  Dim. 

XVIII 

*4 

^ I}imanck^, 

E.x.delaS.C. 

XIV.  Dim. 

XV.  Dira, 

XVII.  Dim. 

XVIILDim. 

F 

XVII 

Í5 

Lundi. 

G 

XVI 

16 

IMardi. 

! 

A 

XV 

Mercredi. 

IV.  Tems. 

B 

XIV 

iS 

Jeudi. 

' C 

XIII 

19 

Vendredi. 

D 

XII 

'20- 

Samedi. 

Vigile. 

E 

XI 

21 

JDimafiche» 

S.  Maih.  Ap.  XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim. 

XVIILDim. 

XIX.  Dim. 

F 

X 

22 

Lundi. 

í. 

G 

IX 

“3 

Mardi. 

A 

VIH 

24 

Aíercredi. 

B 

VII 

^5 

Jeudi. 

€ 

VI 

25 

Vendredi. 

D 

V 

27 

Samedi. 

E 

IV 

28 

XVL  Dim. 

XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

F 

III 

29 

Lundi. 

S.  Michel. 

G 

II 

30 

Mardi. 

1 

0 C T 0 

B R E. 

Paques  tombant  au 

f 20  Áyril. 

¡ 15  Avril. 

\ 6 Avril. 

1 30  Mars. 

!'  25  Mars. 

T ff. 

Fétes  fixei. 

} 

Dom  da  Mois. 

Semain*. 

! F E T E 

s mubíles. 

: A 

Cal. 

I 

Mercredh, 

i B 

VI 

2 

Jeudi. 

I c 

V 

5 

Vendredi. 

! D 

IV 

4 

Samedi. 

XVIII.  Dim. 

1 E 

III 

5 

Dlmancht» 

XVII.  Di». 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

XXL  Dim. 

! F 

II 

5 

Lundi. 

i G 

Non. 

7 

Mardi. 

‘ 

A 

VIII 

a 

Alexcredi. 

B 

VIIj 

9 

Jeudi. 

C 

VI 

10 

V endredi. 

D 

V 

II 

Samedi. 

XTX.Dim. 

E 

IV 

12 

D.m&r.che, 

.......  ... 

XVIII.  Dim. 

XX.  Dim. 

XXI.  Dim. 

XXII.  Dim. 

F 

III 

IJ 

Lundi. 

j 

G 

II 

i4!M.aidi. 

! A 

Ides. 

15  iMercredi. 

i B 

XVII 

Jeudi. 

I c 

XVI 

i7¡  Vendredí. 

i n 

XV 

lálSamedi. 

S.  Luc.  Ev. 

XXIII.  Dim. 

i E 

XIV 

IP| 

I9ím.anche, 

........... 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

XXL  Dim. 

XXII.  Dim. 

i F 

xm 

20  1 

Lundi. 

1 G 

XII 

ailMardi. 

' A 

XI 

22  • Mercredi. 

^ E - 

X 

zjlJeadi. 

i C 

IX 

24I 

V endredi. 

>:  D 

VIII 

25 

Samedi. 

. 

E 

VII 

IDimanche. 

XX.  Dim. 

XXL  Dim. 

XXIV.  D.im. 

i F 

VI 

27 

Lundi. 

Vigile. 

i 

i G 

V 

zg 

Mardi.  ' 

S.Sim.  S.  Jh. 

1 A 

IV 

Mercredi. 

1 

1 B 

III 

30 

Jeaii. 

1 

; c 

H 

31 

V, adredi.  ÍVigi!.  ieúr.e.í 

r 

V. 

ALE 

N D R 1 E R 

£ 

5Ss  1 

P..-ur 

les  anneei  commuiies  doi 

t la  Lctite  D 

minicale  t\i 

E. 

.1 

fc.c  pour  iCs  ajónos 

bidexáies  dont  .es  Lticrcs 

dominicales 

foct  F E. 

3 

xN 

OVE  M B sR  E 

. 

I 

Páijues  togibant  an 

10  Avtii.  1 i;  Avri'. 

6 Avril. 

30  Mars. 

23  Macs.  1 

Lít. 

Dom 

JOUES 

da  Mois. 

Jours 

de  lafemaine. 

Fétes  £x-?5. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

i 

D 

Cal. 

I 

Samedi. 

La  Tou¿'. 

1 

E 

IV 

Les  Aíoits. 

XXI  Dim. 

XXII  Dim. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim.  ; 

E 

III 

jíLandi. 

G 

II 

i.vX£Eul* 

A 

Non. 

iViercredi. 

B 

VIII 

Jeudi- 

C 

Vil 

7 

V endredi. 

D 

VI 

SjSamedi. 

V 

IV 

Dimancke» 

Landí* 

XXII  Dita. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXVI  Día». 

F 

lO 

AAV  iJim. 

G 

III 

II 

Mardi. 

S.  Martin. 

A 

II 

12 

Xíercredi. 

B 

ídes. 

I? 

Jeudi. 

C 

-nqii 

14 

V endredi. 
Samedi. 

D 

XVIÍ 

15 

£ 

XVI 

XV 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXVII  Dim. 

E 

17 

Lundi. 

A A V i J-/UB . 

G 

xiy 

rSiMardi. 

A 

XIII 

I? 

Mercredi. 

B 

XII 

20 

Jeudi. 

Prdf.  de  la  V. 

C 

i> 

2l' 

Vcndiedi. 

« 

D 

22 

Samedi. 

XXV  Dim. 

XXVUID.  i 

1 

[V 

F 

VIH 

-4 

Lundi. 

V X' Allí. 

G 

VII 

2? 

Mardi. 

A 

VI 

2<í.  Mercredi. 

B 

V 

^7 

Jeadi, 

C 

IV 

1% 

V endredi. 

B 

III 

29 

Samedi. 

Vigile. 

1 

E 

II 

30 

L>imanche» 

S.  And.  Ap 

I D.  de  1’At. 

I Dim. 

I Dim. 

I Dim. 

I Dim.  1 

D 

É C E x\4  B R E 

{ 

Paques  tombant  au  | 

20  Avril. 

15  Avri!. 

6 Avrit. 

1 30  Mars^ 

1 2}  Mars.  ■ 

Let.  i 

Jours 

Jours 

Fetes  íixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

1 

Doni;du  Mois.:de  iafemaine. 

F 

Cal. 

1 

Lundi. 

G 

IV 

2 

Maidi. 

— 

A 

III 

3 

Mercredi. 

B 

II 

4 

Jeudi. 

C 

Non. 

5 

Vendredi. 

D 

VIII 

6 

Samedi. 

1? 

VII 

VI 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim.- 

II  Dim. 

II  Dim. 

F 

8 

Lundi. 

Conc.de  la  V. 

G 

V 

aMardi. 

A 

IV 

lo 

Mercredi. 

B 

III 

If 

Jeudi. 

C 

II 

I2 

V^enáredi. 

B 

Ides. 

13 

Samedi. 

F 

XIX 

XVIII 

III  Dim. 

III  Dim. 

III  Dim. 

Ui  Dim. 

III  Dim. 

P 

Lundi. 

G 

XVII 

i5!iMardi. 

A 

XVI 

•7 

Mercredi. 

4 Temps. 

B 

XV 

j8  Jcudi. 

C 

XIV 

59 

V endredi. 

B 

XIII 

Samedi. 

Vigile. 

IV  Dira. 

IV  Dim. 

F. 

XII 

21 

D¡Tna.nche, 

S.  Th.  Ap 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

F 

XI 

22 

L*2ndi. 

G 

X 

Mardi. 

A 

IX 

24 

Mercredi. 

Vigile  jeüne. 

B 

VIH 

*5 

Jeudi. 

NOEL. 

C 

VII 

Vcñdredi. 

S.  Etien.  M. 

B 

VI 

S.  Jean  Ap. 

D.  Octave. 

D.  O&ave. 

D.  C3:aTC. 

E 

V 

28 

Dimanchc. 

LesSS.Iniss-c. 

D.  Oñare. 

D.  Oíiave. 

V 

IV 

29 

Lundi. 

i 

G 

III 

Mardi. 

1 

A 

II 

? I 

Mercredi. 

jintii^uités  , Tome  1. 


E eee 


586  C ALENDRiER  D. 

Paur  les  ^nnees  coinrtiHnes  ¿ont  la  Lertre  i>r jisinlcale  eft  D; 
^ poi'-r  íes  a^insei  bifiss  iies  doe.t  es  Letí-rss  Doininica’es  lont  E D. 


j A N y í E R. 


Paques  tombaat  aa 

19  Avril.  j 

12  Avrii. 

5 'Avril. 

29  Mars. 

•2  Adars.  i 

Let.  1 Jours 

Dom  du  Mois. 

Années. 

communes. 

Années 

biíiextiles. 

Fétes  fíxes. 

F É T E 

S M 0 

B I L E S. 

A 

Cai 

I 

Jcudi. 

Mercredi 

Cixconcii'. 

B 

IV 

2 

V endredi. 

Jeudi. 

C 

lil 

3 

Sarr.edi- 

Vendre-ii. 

D 

II 

4- 

Diry.anche. 

Samedi. 

E 

Non. 

c Luíídi. 

Dímanche, 

E 

VIH 

6 

Mardi. 

Lundi. 

Epiphanie. 

G 

Vil 

7 

Mercredí. 

Mardi. 

A 

VI 

S'Jeudi.  , 

.Mercredi. 

B 

V 

9 

VenJrcdi- 

Jeudi. 

C 

IV 

TO 

Samedi. 

Vendredi. 

D 

I!I 

1 1 

Oi-r.aachs, 

Samedi. 

i Dim. 

I Dim. 

I D m. 

I Dim. 

E 

Tí 

y . 

i Dim. 

1 Dial. 

I Dim. 

I Dim. 

7 TM 

F 

Ides. 

I? 

Mardt. 

Lundi. 

G 

XIX 

14 

Mercredi. 

Mardi. 

A 

xvin 

í5 

Jeuii. 

Mercredi. 

B 

XVil 

16 

Vendredi. 

Jeudi. 

C 

AVI 

Í7 

Samedi. 

Vendredi. 

D 

XV 

)3 

Dim<inch£. 

Samedü 

li  Dim. 

ÍI  Dim. 

'II  Dim. 

II  D IB, 

Septuagef.  . 

E 

XiV 

^9 

Liiiidi. 

Dímanche, 

li  Dim. 

lí  Dim. 

II  Dira. 

11  Dim. 

SeDtuaaéf.  1 

F 

XIII 

20 

Mardi. 

Lundi. 

G 

XÍI 

21 

Mercredi. 

Mardi. 

A 

Xí 

22 

Jeudi. 

Mercredi. 

B 

•X 

Verdredi. 

J eudi. 

C 

IX 

-4 

Samedi. 

Vendredi. 

© 

VIII 

Dímanche. 

Same  ai. 

JII  Dim, 

III  Dioi- 

ili  Dim. 

Septuagéf- 

Sexagéfime. 

E 

Vil 

Lundi. 

Dimonche, 

, 

lII  Dira. 

ill  Dim. 

Ilí  Dim. 

Septuagél. 

Sexagelime. 

: 

F 

VI 

Z7 

MardL 

Lundi. 

G 

V 

23 

Mercredi. 

Mardi. 

A 

IV 

-9 

Jeudi. 

Mercredi. 

B 

III 

30' 

Vendredi. 

Jeudi. 

C 

II 

3>i 

Samedi. 

Vendredi. 

F E V-  R i E R.. 


Paques  tombaut  ati  i Avril.  ! la  Aviil.  ( ¡ Avrii.  ¡ 25  Mars.  j aa  A^rs. 


Let.  i Jours  j Années.  | 
Pom'du  Mois.  commianes.^ 

Années 

biíírxiües. 

Fétes  Eses. 

F É T E 

S M 0 

B I L E S.  i 

D 

E 

F 

G 

Ca!. 

IV 

III 

11 

I ; Dimanche, 
iXaadi. 

5 'Mardi. 

4 Mercredi. 

Samedi. 

Dímanche, 

Lundi. 

Mardi. 

rv  tv,-n. 

IV  Dim. 
IV  Dim. 

Septúagéf. 

Septuagéf. 

Sesagéíime. 

Sesagétiine. 

Quinqnsg. 

Quií.qu3g. 

Cendres. 

C en  cíes. 

I D.  de  C. 

I D.  de  C. 

purificar. 

. iV  Dira. 

A 

Non. 

5 Jeudi. 

Mercredi. 

B 

C 

D 

VIII 

VII 

VI 

6 V endrcdi3^ 

7 Samedi. 

Jeudi. 

Vendredi. 

V Dim. 

V Dim. 

Septuagéf. 

Septuagéf. 

Sexagéfime. 

Sexagéfime 

Quinquag. 

Quinijiiag. 

Cendres. 

Cendres. 

r D.  de  C. 
'1  D.  de  C. 

4 Temps. 

4 Temps. 

TT  4.  (" 

E 

V 

F 

G 

IV 

III 

10  Mardi. 

ÍI  Mercrcái. 

Lundi. 

Mardi. 

A 

II 

Mercredi. 

B 

C 

D 

Ides. 

XVI 

XV 

XIV 

xj  Vendredi. 
14  Samedi. 

Jeüdi. 

Vendredi. 

Síptuagéf. 

Septuagéf. 

Sexagéíime. 

Sexagéíim. 

Quipqaag. 

Quinquag. 

Cendres. 

Cendres. 

ID.  de  C. 
I D.  de  C. 

4T£tnp-s. 

ir  D.  de  C. 
11  D.  ¿e  C. 

E 

F 

G 

Xill 

XII 

17  -Mardi. 

Lundi. 

A 

x¡ 

B 

C 

D 

X 

rx 

VI!; 

20  Vendredi. 

21  Samedi. 

Jeudi. 

Vendredi. 

Sexagéf.m. 
Sexaeéíina. 
3.  Mathias. 

Quinquag. 

Quinqaag. 

Cendres. 

Cendres. 

TTTTV.SeC. 

E 

VII 

un  4.  y IHD.  deC. 

F 

G^f 

VI 

•.4  Mardi. 

Lundi. 

Mardi. 

Vigile. 

A g 

IV  5 

B a 
C b 

c 

Wt 

2 

27  Vendredi. 

28  Sameá?. 

^9 

Je-udi. 

Vendredi. 

Samedi. 

Ces  k:sres  f, 'g,  c.  Se  ces  ciliares, á,  J , 4>  5>  íoat  pout  les  aaoées  BiíTexíiles. 


i 

c 

i Í V 

t-.  £1j 

N D R 

í E R 

b. 

5S7 

Po 

Kr 

:r  loí  ar.nees  commune;  dont  ’a  Letrre  Doin!7Ícr'.e  efí  D. 
pour  ;es  anneci  b íTísfilei  áont  ics  Lettres  Dominicile-  '•i.-t  E D. 

M A 

^ s; 

raques  tomsart  au 

19  AvriL  1 

12  Avril.  í 

5 Av7Í-.  i 

19  Mars. 

•a  2 Mari. 

Let.  ¡ Jours  Jours  de  la 
Dom  da  MjÍ!.  S imine. 

Féres  fixes. 

F £ T E 

S M 0 3 

I L E S. 

D 

E 

\“i’ 

I Din^.&nchc. 

a'Lundi. 

Q.;:nqua5eí'. 

I.  D.  de  Car. 

II.D.deCar. 

líí.  JD-  de  C.  IV.  U.  de  C- 

> 

G 
: A 

: ^ 

V 

IV 

1!I 

II 

Non. 

3 -Mardi. 

4]  Mcicredi. 

5 J-uH. 

6 Verdredi. 
7.Sa'nedi. 



Cendres.  . 

IV  Ternps. 

! D 
^ £ 

■ F 

G 

vni 

VII 

VI 

V 

8^  D ':Tr.an.che. 
pLun.di. 
loj  Mardi. 
iiMercredi. 

12' Jeudí. 

i3;Venáredi. 

X4;Samedi. 

is\Díma.TLche. 

i^'Lundi. 



I.  D.  de  Car. 

IV.  Temps. 

II. D.deCar. 

II.D.de  Car. 

III.  D.  de  C. 

IV.  D.  deC.  : 

D.  de  ia  PafiT. 

' A 

i ® 

! c 
i D 
i 

IV 

III 

II 

Ides. 

XVII 

ni.  D.  deC. 

J 

IV.  D.  de  C. 

D.de  laPaíT. 

D.  des  Kam. 
Ijandi  Saint. 

1 

XVI 

17' Mardi. 

i 

G 

XV 

i8:Mercredi. 

1 

1 A 

XIV 

X9  Jeudi. 

Luí:  Saint. 

i B 

XIII 

20i  Vendreái. 

1 C 

XII 

ai^Samedi. 

i 

' D 
i E 

XI 

X 

iz'  D:rsanckc. 

III.  D.  de  C. 

IV.  D.  de  C. 

D.  delaPair.- 

r>.  des  Ram. 
Lurni  Sai-ir. 
Mardi  Saint. 
M-:cr.  Siinr.; 

PASQUES. 

Lundi. 

Mardi. 

: F 

IX 

i G 
í A 

VIH 

VII 

25  Mercredi. 

jL’Annonc. 



■ 

B 

VI 

Vii;d.  Saint. 1 
Samedi  Saint.- 
PASQUES,  j 
Lundi. 
Mardi.  I 

: c 

D 
i E 

V 

IV 

III 

aS-Saíreái. 

19  Dimanchern 

iv.  D.’d^C.  D.'déü  PafT. 

D.  des  Ram.; 
Lundi  Saint.: 
Aíardi  Saint.l 

• 

MJ.Quafim. 

i ^ 

ji!Mardi. 

.. 

l . 

! 

A y R í L. 

1 

Paques  tombaat  aa  1 

19  Avrii.  j 

lí  Avril. 

5 Axvri!. 

29  Mars.  [ 

22  Mars. 

- r.et. 
DosT 

Jours  jjours  de  is 
» du  Mois.l  Semaine. 

Féies  firces. 

F É T E S 

i\l  0 B I 

LES. 

G 

A 

Ca!. 

IV 

1 Mtrcreai. 

2 Jeudí. 

! 

} Mexer.  Siinr 
: Jeudí  Sairit 
jVcndr.  Saint 
-Samedi  Saint 
PASQUES. 
Lundi. 
Mardi. 

l 

j 

B 

III 

3 Vendredi. 

} 

f' 

II 

4 Sxmedi. 

5 Dimancks» 

1 

D 

E 

Non. 

VIH 



D.  de  la  Paíf. 

D.  des  Ram 
Fundi  Saint. 
Mardi  Saint 
Merc'.  SaÍDT 
Jsudi  Saint 
Veiidr.  Sa  nt 
Samedi  S .int 
PASQUES. 
Lündi. 

I E).  Qiiaíim. 

’II.Disi. 

i E 
í G 

1 A 

VII 

VI 

V 

7 M'.rdi. 
é Mercredi. 





i B 

IV 

c 

III 

D 

E 

II 

T - 

12  Oimanche, 



U.  des  Ram. 
Lundi  Saint. 
Mardi  Saint. 
.Me  cr.  Saint. 
Jeu.ii  Saint. 
Ve.ndr.  Saint. 

I D.  QuaGin. 

11.  Dim. 

ni.  Dira. 

F 

G 

A 

XVIII 

XVII 

XVI 

14  Mardi. 
Mírcredir 



i 

B 

XV 

YÍV 

17  Vendredi. 

c 

i 

D 

E 

Xííí 

YU 

19  0:77Z2nche. 



PASQUES. 

Lundi. 

Mardi. 

I.U.  Qualcn. 

I D.  QnaSra 

II.  Dim. 

lil.  Diir., 

IV.  Ditn.  I 

V 

Xí 

i 

G 

A 

: E 

1 c 

; D 

^ i 

G 

A 

X 

IX 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

iTI 

22  Mercredi. 

: 3 Jeudí. 

2f  Vendrcdi. 

25  Same ü. 

^6 

2T  Lundi. 

28  Mardi. 
/'.lercredi.. 

S.  Marc  , Ev. 

II.  Uim. 

m.  Di.n. 

IV.  ETim, 

1 

A"".  Uim, 
Kogatioss, 

i 

r 

1 

45 

« 


CAI 

. E N D R 1 E 

R D. 

Puar  !ts  aanccs  có.T.muJií s dort  h Letus  Dominicsls  eft  U. 

Et  poiir  ks  années  biíexti.es  dcst  ks  Lettics  Dominics’es  ibnt  E D. 

x\  í A 

í. 

" 

Paques  tombant  au 

i 19  Avril.  í 

12  Avxu. 

1 t Avri'.  1 

19  Mars.  1 

aa  Mars. 

Lct.  ! Jours  :Jours  de  la 
Dora'dii  Mois.i  Ssmaine. 

petes  fixes. 

! 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

B 

C 

D 

TT 

Cal. 

VI 

V 

IV 

i.Vendredi. 

2 Samedi. 

3 \DimcLnch.e, 

4 Lundi. 

5 Mardi. 

6\  Mercredí. 

S.Jac.S.  Ph.i 

II.  Dim.  1 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 
Rogations. 

Afeesfion. 

VI.  D.  oa.  ' 

f 

G 

A 

jll 

II 

1 

i 

B 

si  Vendredi. 

* *- 

1 

D 

VI 

lo  Dimancks. 
ii.Lündi. 

III.  bina. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 
Rogations. 

VI.  D.  oa. 

PENTEC. 
Lundi  f 

' 

Marbi.  i 

iV 

ijj  Mercredí. 

14  Jeudí. 
rj  Vendredi. 

Á 

iii 

TT 

. 

Afcciiíior. 

B 

C 

D 

E 

P 

Ides. 

! 

Vigile. 

xW 

XV 

YTV 

ij.  D ¿manche» 

18  Luiidi. 

í 9 Mardi. 

20  Mercredí. 



IV.  Dim. 

V.  Dim. 
Rogatior.s. 

VI.  D.  oa. 

PENTEC. 

I.ÜNBI. 

1.  D.  Trin. 

Marbi. 

rz 

vrmk 

IV.  Tenas. 

jj.í  ¡9^ 

_ 

B 

r' 

XI 

X 

aiiVertáredi. 

■ 

D 

£ 

IX 

VIII 

VII 

Z4.’  Dimanche» 

V.  Dim. 
Rogaiions. 

VI.  D.  oa. 

PENTEC. 

I.UNDI. 

I.  D.  Tíin. 

II.  Di». 

f 

G 

VI 

V 

27  Mercredí. 

28  Jeudí. 

29  Vendredi. 

30  Samedi. 
^iDimancks, 

JV.  Ttms. 

Aícenúon. 

1 

Féte-Dien. 

■ 

B 

(2 

IV 

III 

II 



D 

VI.  D.  oa. 

PENTEC. 

1.  D.  Ttin. 

11.  Dim. 

III.  Dim.  _ 

J u 

I N, 

Paques  tombant  au 

1 9 Avtil. 

1 12  Avrü. 

1 5 Avril. 

1 29  Mars. 

22  Mars. 

Let.  j Jours  iJour»  de  la 
Dom  da  . Mois. ; Semaine. 

Fétes  nxes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

E 

Cal. 

I Lundi. 

Lundi.  , 

F 

IV 

G 

III 

3 Mercredí. 

IV.  Tems. 

A 

II 

Féte-Dieu. 

B 

Non. 

5 Vendredi. 

C 

VIII 

é- Samedi. 

Vigile. 

D 

VII 

7 UimarLchc* 



PENTEC. 

I.  D.  Trin. 

II.  Dim. 

III.  Dim. 

IV.  Dim- 

E 

VI 

8 Lundi. 

Lundi. 

F 

V 

G 

IV 

10  Mercredí. 

IV.  Teros. 

A 

III 

II  Jcudi. 

S.  Barnabe. 



Féie-Diea. 

B 

lí 

12  Vendredi. 

C 

Ides. 

13  Samedi. 

D 

XVÍII 

14.  Dimancke, 



I.  D.  TriÉ. 

II.  Dim. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

E 

XVII 

15  Lundi. 

E 

XVI 

16  Mardi. 

G 

XV 

17  Mercredí. 

A 

XIV 

18  Jeudi. 

Féte-Dieu. 

B 

XIÍÍ 

19  Vendredi. 

C 

XII 

20  Samedi. 

D 

XI 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

VL  Diffl- 

E 

X 

22  Lundi. 

F 

IX 

33  Mardi. 

Vi^ii-  jeünc. 

G 

VIH 

24  Mercredí. 

N.  S.  J.  Ba?. 

A 

VII 

25  Jeudi. 

B 

VI 

2o  Vendredi. 

C 

V 

27  Samedi. 

Vigil.  ieúne. 

D 

28  Dimancke, 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

1 VI.  Dim. 

VII.  Dim- 

E 

III 

29  Lundi. 

S.  P.  S.  Paul. 

1 

E 

' II 

30  Mardi. 

! 

1 

^fi 

*___ L E N D R í E R D.  589 


Pour  Ies  acudes  coirniuces  donr  la  Lettre  Domiricalc  efi  O. 

£r  pour  les  an:íé¿s  bifíexíilcs  dont  íes  Let:rcs  Dominicales  iont  E D. 


1 

J l]  i L 

L E T. 

i 

Piques  rombant  au  j 

19  Arrii.  1 

12  Avrih 

5 Avrii,  1 

2^  Mars.  j 

22  Mars. 

Joiirs  Jours  de  la 
Dom  du  Mois.  Semaine. 

Fétes  Sxes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

G 

Cal.  iMcrciedi. 

■ 

A i 

VI  ■ z'Jeadi. 

ViCt.  delaV. 

1 

; B 

Y i jSVendredi, 

i 

¡ C 

lY  ! 4''Samedi. 

i D . 

III  ^ D.rr.ar.chtm 



IV.  Dim. 

V.  Dim. 

VI.  Dim. 

VIL  Dim. 

VIH.  Di.m. 

i E 

lí  j 6 Lundi. 

i F 

Non.  i 7'Mavdi. 

: G 

VIH  ' 8 :M. reredi. 

i A : 

VII  ! 9 Jei;di. 

i B 

VI  lo'Vendredi. 

i C ! 

V .11  Sainedi. 

IX.  Dim. 

! D 

IV  iz  ,Dímancke, 

V.  Dita. 

VI.  Dim. 

VH.  Dim. 

VIH.  Dim. 

1 E 

III  15  Lundi. 

■ F 

II  ■i4íívlardi. 

G 

Ides.  "ij  Msrcredi. 

A 

XVII  iSiJeudi. 

. B 

XVI  lyAVndredi. 

1 c 

XV  iSSamcdi. 

! D 

XíV  i^'L>iT?z¿:nchem 

• •«•.•••••a 

VI.  Dim. 

VIL  Dim. 

VIII  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

1 E 

XIII  20:  Lundi. 

‘ F 

XÍI  2i:Mardi. 

i G 

XI  22  Merciedi. 

' A 

X 25'Jeudi, 

B 

IX  24  Vendredi. 

Vist'e. 

^ O 

VIII  25  Samedi. 

S.  j ac.  le  M. 

XI.  Dim. 

i D 

VII  T)::nanche»  j 



Vil.  Dim. 

VIH.  Dim. 

IX.  Dim.  X.  Dim. 

-•<  E 

VI  27  Eimdi. 

i F 

V 28  Mardi. 

i G 

IV  29  Merc.-edi. 

A 

III  ,^0  Jeudi. 

i 

! B 

II  •31:  Vendredi. 

¡ ^ 

A 0 U T. 

Paques  rombant  au 

1 ipAvri]. 

12  Avrii. 

í f Avrii. 

29  Mars. 

22  Mars. 

Lcr. 

Jour-s  JoiiTS  de  la 

Fétes  fixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

Dcm  du  Mois.  Semaine.  ' 

i c 
¡ D 

Cal.  I Samedi. 

IV  2 Dimanckt^ 

- 

VIH.  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XH.  Dim. 

; E 

lil  5 Lundi. 

■ F 

II  4 Mardi. 

G 

Non.  5 M-rcredi. 

Tr.  de  N.  S. 

!*  A 

VIII  6 Jeudi. 

i B 

Y^íl  >j  Vendredi. 

Vigile. 

1 D 

VI  . 8 Samedi. 

V 9 X^imancke. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

XI.  Dirá. 

XH.  Dim. 

XIII.  Dim. 

. E 

IV  10  Lundi. 

S.  Lauient. 

. F 

III  II  Mardi. 

! G 

II  12  Mercredi. 

: A 

Ides.  I?  Jeudi. 

Vigil.  feúne. 

1 

! B 

XIX  14  Vendredi. 

' C 
i D 

XVIII  1$  Samedi. 

XVII  16  D:maníhí. 

Aáomption. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

XIH.  Dim. 

XIV.  Dim. 

! E 

XVI  17  Lundi. 

i'  F 

XV  18  Mardi. 

i G 

XIV  19  Mercredi. 

i A 

XIII  .20  Jeudi. 

! B 

XII  ri  Vcndtedi. 

Vigil. 

^ g 

¡ XI  .2.2  Samedi. 

1 X '23  jy:m<XrLckc, 

XI.  Dan- 

XII.  Dirá. 

XIII.  Dim. 

rXIV.  Dim. 

XV,  Dim. 

E 

! IX  24  Lundi. 

■S.  Barthéi. 

|t  f 

i Vm  25  Mardi. 

iS.  Louis. 

G 

í VU  IzS  Mercredi. 

‘ A 

i V'I  Jeudi. 

i B 

i V i 28  Vendredi. 

i'  G 
r B> 

iV  I251  Samedi. 

¡ III  ¡32  T)L:r.aftz'm» 

l 

XII.  Dim. 

XIH.  Dim. 

XIV.  Dim. 

-XV.  Dina. 

% 

■jXVI.  Dim. 

£ 

«íTÍ  — - 

• II  l?i  Lundi. 

. — 

1- 

^ y~‘ 

;59o 


CALENDRIER 


Poní  les  années  communes  dcnt  laLettreDominicak  eft  í). 

Et  ponr  les  années  biíTexriles  dont  les  Letttes  Pominicales  font  E D. 


Let.  Jours 

Dora  da  Mois. 


S E P T E M B R E., 

Paques  torobant  áu  | ip  Avri!.  1 ii  Avril.  | j Avril. 


Jours  de  la,  -r..  ^ 

Semaiue.  / 


2.p  Nlags.  i 22  Mars, 


FÉTES  M OPILES. 


F 

G 

Cal. 

IV 

I ; Mardi. 

2 'Mercredi. 

¡ 

A 

III 

3 Jeudi. 

B 

II 

4;  Vendredi. 

C 

Non. 

5'Sr.niedi. 

D 

E 

VIII 

VII 

6 Dunancke» 

7.  Lundi. 

■ 

XIII.  D¡m. 

XIV.  DLm. 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim.  1 

F 

VI 

8 ‘ Mardi, 

N.delaS.V. 

i. 

G 

V 

9 Mercredi. 

i 

A 

IV 

10  Jeudi. 

1 

E 

III 

lí  Vendredi. 

1 

C 

i i 

i2‘Sam£:t3r. 

i 

i_) 

E 

Ides. 

XVIII 

13  Otmancht» 

14  Lundi. 

Ex.delaS.C. 

XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim.' 

F 

XVII 

iS  ;Marái. 

G 

XVI 

16  Mercredi. 

IV.  Tems. 

t 

A 

XV 

17' Jeudi. 

1 

B 

XIV 

18.  Veudredi. 

C 

XIII 

ip^Samedi. 

Vigile. 

D 

E 

XÍI 

XI 

^o\^Dimanche, 

21 : Lundi. 

S.  Math.  Ap. 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim. 

XIX.  Dim. 

F 

X 

22 'Mardi. 

G 

IX 

23  i Mercredi. 

A 

VIII 

24!  Jeudi. 

B 

VII 

25 : V^endredí. 

C 

VI 

lálSamedi. 

D 

E 

V 

IV 

ijlDimanche, 

28  ¡Lundi.  1 



XVI.  Dim. 

XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

F 

III 

25  j Mardi. 

S.  Michel. 

G 

II 

joiMerciedí.  i 

Dom  di] 


A 

Cal. 

2 

Jeudi. 

B 

VI 

2 

Veridredi. 

C 

V 

3 

Samrdi. 

D 

IV 

4 

Dimanche, 

E 

III 

5 

Lundi. 

F 

II 

Mardi. 

G 

Non. 

7 

Mercredi. 

A 

VIH 

8 

Jeudi. 

B 

vil 

9 

Vendredi. 

C 

VI 

10 

Samedi. 

D 

V 

II 

D:manche. 

E 

IV 

12 

Lundi. 

F 

in 

G 

Mardi. 

G 

11 

14 

Mercredi. 

A 

Ide.--. 

15 

Jeudi. 

B 

XVII 

16 

Vendredi. 

C 

XVI 

27 

Samedi. 

D 

XV 

iB  Dímanche. 

E 

F 

G 

A 

E 

C 

T) 

E 

F 

G 

A 

P, 

■C 


X!V 

xni 

XII 

XI 

X 

IX 

VIII 

VII 

VI 

V 

IV 

ill 

II 


/Xp  Lundi. 

2.o;  Mai’di. 

;23  jMercredi. 
,'22,Jeudi. 
;25‘|Vendrédi. 
|24|Safnedi. 
¡25  Líimanche. 
i26  Lundi 
27  Mardi. 
2S^2víercrsdi. 
2p  Jeudi. 

30  Vcíidredi. 
Saoiedi. 


XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim.  ^ 

1 

l 

i 

XXL  Dim.  1 

XVIII.  Dim. 

XLX.D¡m. 

XX.  Dim. 

XXI.  Dim. 

XXII.  Dim. 

S.  Lttc.  Ev. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

XXL  Dim. 

XXll.  Dim. 

XXIII.  Dim.  1 

XX.  Dim. 

XXL  Dim. 

XXII.  Dim. 

XXIII.  Dim. 

XXIV.  Dim^; 

Vigile.  j 

S.Sim.S.  Ju.l 
i 

í 

1 

Vigi3.  jeúne.i 

1 

i 



2S. 


C A L E N D R I E R D 


ss 


Pour  Ies  acnées  coiüncr.es  dont  is^etir¿  Djrüir.ica’.e  eft  D. 

E¡  poui  íes  sEpé¿s  biCístiies  diür  íes  Leiirís  Domií.icaies  l'ont  E D. 


591 


NOVE  M 3 R E. 


1 

L.t.{ 

Dcm 

Pá'Jaes  tombant  au  ! 

Joars  ! Jours  Ir-,  !- 

du  Mob.iáelalemaiue.l  Fxe5. 

rp  Avri!.  ; 

11  Avril. 

I É T E 

5 A ■.tí]. 

S M 0 B 

Mars. 

I L E S. 

22  Mars. 

D 

Cai. 

I 

L>.mcncke^ 

La  TouQ'. 

XXI  Dim. 

XXII  Dim. 

XXIil  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

Jb 

IV 

1 

Lundi. 

i^es  Morts. 

F 

lil 

5 

Mardi. 

G 

11 

4 

Mercredi. 

A 

Non. 

5 

Jeudi. 

B 

VIH 

6 

Vendredi. 

C 

VII 

7 

Samedi. 

D 

VI 

8 

Dimanche, 



XXII  Dim. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

E 

V 

9 

Lundi, 

F 

IV 

lO 

Mardi. 

G 

III 

II 

Mercredi. 

S.  Martin. 

A 

II 

12 

Jeuii. 

B 

Ides. 

13 

Vendredi. 

C 

XVIII 

14 

Samedi. 

D 

XVII 

i> 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

XXVII  Dim. 

E 

XVI 

i6 

Luiidi. 

F 

XV 

17 

Mardi. 

G 

XIV 

iS.  Mercredi. 

A 

XIII 

ip 

Jeudi. 

B 

Xli 

20 

Vendredi. 

C 

XI 

21 

Samedi. 

Préf.  de  la  V. 

ü 

X 

22 

Dnnaneke» 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

XXVII  Dim 

XXVIII D. 

E 

LX 

-5 

Lundi. 

? 

VI ÍI 

Mardi. 

G 

VII 

a? 

Mercredi. 

A 

VI 

z6'  Jtüá'u 

B 

■5T 

V 

-7 

Verxdredi. 

C 

ÍV 

Samedi. 

Vigile. 

D 

III 

29!  Dimancke- 



i 1>.  de  TAv. 

I Dim. 

I Dim. 

I Dim. 

I Dim. 

E 

II 

30 

Lundi. 

S.  And.  Ap 

D 

É C E M B R E 

Paques  tombaut  au  ] 

19  Avril. 

12  Avril. 

5 Avril. 

29  Mars. 

i 22  Mars. 

Lee. ' 

Jours 

Jours 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

Dom  du  Mois.  ;de  la  Ic-maine. 

..F 

Ga!. 

1 

Mardi. 

G 

IV 

2 

Mercredi. 

A 

III 

3 

Jeudi. 

B 

II 

4 

Vendredi, 

C 

Non. 

5 

Snmedi. 

D 

VIII 

6 

Dimanche, 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

E 

vil 

7 

Lundi. 

F 

VI 

8 

Mardi. 

Conc.dela  V. 

G 

V 

Mercredi. 

A 

IV 

lo 

Jeudi. 

B 

III 

II 

i Vendredi. 

C 

11 

I2  Samedi. 

D 

Ides. 

*3 

i Dímancke, 

III  Dim. 

III  Dim. 

III  Dim, 

III  Dim. 

III  Dim. 

E 

XIX 

14 

* Lundi. 

F 

XVÍII 

13 

1 Mardi. 

G 

XVII 

-56!  Mercredi. 

4 Teuips. 

A 

XVI 

; *7 

J tudi. 

B 

XV 

;i8 

i Vendredi. 

1 c 

XIV 

119 

'Samedi. 

Vigile.  , 

1 D 

XIII 

. 20 

i Dimanche, 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

aY  Dim. 

IV  Dim, 

i E 

XII 

1 Lundi. 

jS.  Th.  Ap 

¡ F 

XI 

122 

i Mardi. 

I G 

X 

1 Mercredi. 

: A 

IX 

I24 

: Jeudi. 

[Vigile  jeune. 

B 

VIII 

2? 

¡Vendredi. 

N 0 E L.  . 

c 

VII 

Ltsen.  M. 

i D 

VI 

^7 

1 Dimancke, 

S.  Jran  Ap. 

D.  Oñare. 

D.  Oclave. 

D.  Oftave. 

D.  Oilave. 

D.  Octare- 

: E 

V 

.2% 

1 Lundi. 

Les  bb.innsc. 

F 

IV 

.29 

í Mardi. 

G 

III 

i 3c 

'Mercredi. 

A 

n 

’ Jeudi. 

59^ 


CALENDRIER  C. 

Tour  les  pn:iée5  comini-mes  dont  ía  i^ertre  Oominicaíe  Cj 
5c  pour  les  aiíntes  biiTextiies  dont  íes  Lectres  Dominicales  font  D C. 

J A N V I E R. 


25  Avri!.  1 

18  Avti!.  I 

ri  Avril.  i 

-4  Avtil, 

a 8 Mars, 

F É T E 

S M 0 

BIDES. 

I Dim. 

I Dim. 

I P^m. 

I Dim. 



I Dim.  j 

i Dim. 

I Dim. . 

I Dita. 

1 Dim. 

I Dim, 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

11  Dim. 

lí  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

III  Dim. 

III  Dim. 

ni  Dim. 

III  Dim. 

SeptKagéf. 

III  Dim. 

III  Dim. 

ÍIÍ  Dim. 

III  Dim. 

Septuagéi. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim- 

Septaagéf. 

Sexagéíirae. 

Paques  tombant  au 


Let.  i Jours  j 
Domidu  Mois.  ¡ 

Années. 

communes- 

Années 

biíTesitiies* 

j:  A 

Cal. 

I 

Vesdtedi. 

Jeudi- 

: B 

IV 

2. 

Saniedi. 

Vendredi. 

C 

líl 

3 

Dip.ííinckc. 

Samedi. 

; D 

lí 

4 

I.^undí. 

Dimctrxks, 

; E 

Non. 

5 

C 

Mafúi. 

Lu.ndi. 

i F 

VIII 

Metcredi. 

Mardi. 

i G 

VII 

7 

Jeudi. 

Mercredi. 

' A 

VI 

8 

Venii'edi- 

Jeudi. 

r B 

V 

í? 

Samedi. 

Vendredi. 

C 

IV 

10 

!^'im:Lricke, 

Samedi. 

! D 

lií 

I í 

Luadi 

iJLm&ndie, 

: E 

II 

ID 

Marii. 

Lnndi. 

; F 

Ides. 

14 

Merciedi. 

Mardi. 

G 

XÍX 

Jeaii. 

Mercredi. 

A 

XVili 

lí 

Vendredi. 

Jendi. 

1 B 

XVil 

16 

Sainedí. 

Y^endredi. 

! c 

XVT 

17 

Oi-ndnchs. 

Samedi. 

; D 

XV 

18 

Lundi. 

DiTnanchs» 

i E. 

XIV 

I9 

Mardi 

L-undx. 

■ F 

XIII 

20 

Mercredi. 

Mardi. 

; G 

XII 

21 

Jeudi. 

Mercredi. 

i A 

XI 

22 

Vendredi. 

Jeudi. 

B 

X 

Samedi. 

V fnáredi. 

C 

IX 

24 

Dimancke. 

Samedi. 

i D 

Vill 

Lund*i. 

Dimanche, 

; E 

VJi 

2ÍJ 

Mardi. 

Lunái. 

i E 

VI 

Z7 

Mercredi. 

Mardi. 

i G 

V- 

23 

Jeudi. 

Mercredi. 

; A 

IV 

^9 

Vendredi. 

Jeudi, 

B 

III 

30 

Samedi. 

V er.dredi. 

i c 

11 

31, 

Dimanche* 

Saraedi. 

Fétes  fixes. 
Circoncif. 


Epiphanie. 


F E V R 1 E R. 


Paques  tombant  aii 


Let. 

Jours 

Années.  i 

Années 

Dom¡díi  ivíois.: 

commuues.; 

biííexíües. 

D 

Cal. 

J 

Lundi. 

Diminche, 

E 

IV 

2 

Mardi. 

Lundi. 

F 

III 

3 

Mercredi. 

Mardi. 

G 

II 

4 

Jeudi. 

Mercredi. 

A 

Non. 

V endredi. 

Jeudi. 

B 

VÍII 

6 Samedi. 

Vendredi. 

C 

Vil 

7 

U Lm.anche, 

Samedi. 

D 

VI 

8 Lundi. 

Dimanche. 

E 

V 

9 

Mardi. 

Lundi. 

F 

IV 

10 

Mercredi. 

Mardi. 

G 

III 

í I 

Jeudi. 

Mercredi. 

A 

II 

12 

Vendredi. 

Jeudi. 

B 

Ide.s. 

r? 

Samedi. 

Vendredi- 

C 

XVI 

14 

D':m::nchs, 

Samedi. 

D 

XV 

Lundi. 

Dlmancke, 

E 

XÍV 

I ó.  Mardi. 

Lundi. 

F 

Xilí 

17 

f4trcredi. 

Mardi. 

G 

XII 

r8  Jeúdi. 

Mercredi. 

A 

Xi 

19 

Vendredi. 

Jeudi. 

B 

X 

20 

Samedi. 

V endredi. 

C 

IX 

DI 

Oiraancke, 

Samedi. 

D 

VIÍI 

12 

Lundi. 

Dímancke. 

E 

VII 

25 

Mardi. 

Lundi. 

F 

Vi 

14 

Mercredi. 

Mardi. 

G*f 

V*é 

Jeudi. 

Mercredi. 

A g 

IV  5 

lé,  V endreáí. 

Jeudi. 

B .2 

III  4 

Samedi. 

'Veiidiédi. 

C b 

It  ? 

Dinianzhe. 

Samedi. 

c 

1 

19 

Dhnanchi. 

2 5 Avrii.  1 i8  Avril.  j ii  Aviil.  ¡ 4 Avrti.  i 28  .Mais. 


i Petes  fixes. 


Purificat. 


S. 

S-  Michias. 


IV  Dina. 


V Di  tu. 

V Dim. 


VI  Dim. 
Vi  Dim. 


FÉTES  MOBILES. 
IV  Dim.  IV  Dim. 


V Dim. 

V Dim. 


Septu’gef. 

Septuagéf. 


Septaagér. 

Septuagéf, 


Sesagéíime. 

Stxagéfitne 


Septaagéf.  Ses2géfin\e.  QuirKjuag. 
Sepruagef.  :Sex2géfim.  Quinquag. 


Cendres. 

Cendres. 


Septuagéf.  SesagéCm. 


Sexsgéfime.  Quirqaag. 
Sexagéfime.  Quinqaag. 


Cendres. 

Cendres. 


Quinquag.  I D.  de  C. 
Quinquag.  i D.  de  C» 

Cendres.  ; 4 Temps.  j 
Cendres,  j 4 Temps.  : 

I D.  de  C.  ir  D.  deC..; 
I D.  de  C.  II  D.  de  C, 


4 Temps.' 
4 Temps. j 


St- 


Sexagéllm.  Quinquae.  I D.  de  C.  II  D.  de  C.JIID.  deC. 
SexageCm. 

Cts  íeitr.es  f,  g,  a,  b , c,  6c  ces  Cíii&'/es  é,  s , 4j  ^cat  peur  Ies  aunée^  BiíTexiues. ¿ 


c A L E N D R I E R C. 


Pour  les  anaces  commi-ces  dont  ¡a  Le:tre  Domioica'c  eü  C. 


5v3 


ívl  A 

R S. 

■ 

Paques  tombaot  au 

25  Avril.  í 

1 8 Avni.  í 

ir  Avt!‘.  1 

4 Avrn.  1 

2 ? Mars, 

L,et.  Jour 

Doni  du  Me 

s Jours  de  la 

i".:  Se-maine. 

Fétes  fixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

D 

(a!. 

I Lundi. 

E 

VI 

2.  Mardi. 

F 

V 

3 Meicredi. 

Cendres. 

ü 

IV 

i J uli. 

— 

A 

m 

5 \ end-edi. 

B 

II 

6 Samedi. 

C 

Nf^n. 

j JD:manche» 

Quicquagéf. 

I.  r>.  de  Car. 

II.D.deCar. 

IILU.  deC.  IV. D.  deC. 

D 

VIH 

8 Lundi. 

E 

VII 

9 MardL 

F 

V 

lo  Mercredi, 

Cendres. 

IV-  Temps. 

. 

G 

V 

II  Jendi. 

A 

IV 

12  Vendredi. 

B 

III 

15  SimeAi. 

c 

II 

14  Dimanckc^ 

I.  D.  de  Car.  II.D.deCar. 

III.  D.  de  C. 

IV.  D.  deC. 

D.  de  la  PaíT. 

D 

15  Lundi. 

E 

XVII 

\6  Marli. 

Jf 

XVI 

^17  M;.rc5edi. 

IV.  Temes. 

G 

XV 

rS  Jeudi. 

A 

XIV 

t9  V cli  'redi. 

B 

XIII 

2;  S.:nK'd!. 

C 

XII 

21  Di-n-.-che. 

II.  D.  leCar. 

III.  D.  deC. 

IV.  D.  'le  C. 

D.  de  la  PafT. 

D.  des  Pam. 

D 

XI 

E 

X 

/-i 

F 

IX 

G 

VIII 

2'  ' uaí. 

T A ./  --C. 



J lldi  Sar  t,  . 

A 

va 

B 

M 

Sasr-edí. 





S'ired’  SAÍ:-.r. ' 

C, 

V 

28  --anche* 

ÍI!.  D.  de<". 

IV.  D.,  e C. 

D.  .^e  U Pair. 

R.  des  Ram. 

P/  SQUES. 

D 

11^ 

.E 

III 

F 

i 

Merciedi. 



' 

"A  V R i l; 


Paques  ‘ombant  au  1 

25  Avril.  ] 18  Avrii.  i 

11  .^vrií.  ¡ 4 Avril.  [ zS  Mars.  . 

Lct.  Jours 

Dvin  d'-iAMo.. 

Ijours  d^  iaj  « 

.1  Semalne.  1 í «es  fixes.  ¡ 

FÉTES 

M 0 B I L E S. 

n 

C2.- 

I Jeadi. 

J-  uní  Saint. 

A 

IV  . 

B 

C 

Q 

III 

5 S.r  nedi. - 
4 DiT.&nzhe* 
j I.utidi. 

Sam^-d'  Sa  nt. 

PAS^'UES. 

II 

JCTr^n 

IV.  D.  de  C. 

D.  de  ia  Paíl' 

D.  des  Ram. 

I.D.  Quafi 

E 

VIII 

VII 

VI 

V 

Mardi  Saii-t. 
Mercr.  S inc. 
Jíudi  SaÍAt. 
Verdr.  Saint. 
Sameai  Saint. 
PASQUES, 
Lundi. 
Mardi. 

Mardi. 

P 

G 

8 Jeu ii. 

A 

. 

B 

C 

n 

IV 

III 

II 

I :e  . 
XVIII 

xvn 

XVI 

XV 

XIV 

XIII 

11  DíTzafTche* 

12  Lundi. 

Í5  Mardi. 

14  MtTcredi. 
ij  Jeudi. 

16  Vendreli. 

17  Samedi. 
í8'  'Jim-znche. 



D.  de  !a  '’aff. 

D.  des  Ram. 
Lundi  Sairr. 
Mardi  Sa'nt. 
Mercr.  Saint. 
Jeudi  Saint. 
Vendr.  Sa  nt. 

I D,  Quaílin. 

II.  Dim. 

E 

E 

A 

B 

C 

D 

j: 



O.  des  Ram. 

PASQUES. 

Lundi. 

Mardi. 

I D.  Qaafim. 

II.  Dim. 

m.  Dim. 

20  Mardi. 

21  Mercredi. 

22  Jeudi. 

5 Vendredi. 

24  Same  ú. 

>5  Dimanchcm 

E 

XI 

X 

IX 

VIH 

vil 

VI 

V 

IV 

líl 

II 

Me'cr.  Sain.t. 

Q 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

S.  Marc  , Ev. 

Samedi  Siínr. 

PASQUES. 

Lundi. 

I D.  Quaílm. 

II.  Dim. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

27  Mardi. 

^28  Mercreái. 

29  Jeudi. 

50  VenJreii. 

1 

Mardi. 

Aaciquités  3 Tome  I. 

IT  C C C 
r i 2 i. 

554 


CALEN  D R r E R 


Pü  ur  Ies  années  communcs  dont  h Lettre  Dominicale  eft  C. 

Et  pour  les  années  biiiéxriies  áojit  les  Letrres  Dominicales  iOBt  DC. 

M A I. 


i:  B 

1 Cal. 

I Srmedi. 

r c 

1 VI 

2 Dimanche, 

i¡  D 

V 

3 Lun.ii. 

ti  ^ 

IV 

4 Mardi. 

: p 

ill 

5 Mercredi. 

ü G 

II 

é Jeudi. 

!¡  A 

Non 

7 Vendredi. 

i ^ 

VIH 

8 Samedi. 

1 c 

VII 

p Dimancke. 

¡ D 

VI 

lo  Lundi. 

i E 

V 

IX  Mardi. 

i F 

IV 

12  Mercredi. 

1 G 

IIÍ 

T?  Jeudi. 

i A 

II 

14  Vendredi. 

! B 

Ides. 

15  San^edí. 

! C' 

XVTI 

x6  Dimancke, 

; D 

XVI 

17  Lundi. 

i E 

XV 

iS  Mardi, 

: F 

XlViis  Mercredi; 

i G 

XIÍI 

20  JeudL 

i A 

XII 

21  Vendredi. 

i B. 

XI 

ii'Samedi. 

^ C 

X 

2 5 Dimancke» 

i D 

IX 

24  Lundi. 

'i  E 

vm 

25  Alardi. 

;;  B 

vn 

2á  Mercredi. 

¡1  G 

VI  i 

27  Jeudi. 

¡I  A 

V i 

2S  Vendredi. 

i B 

IV  ! 

2p  Samedi. 

i c 

III  ! 

50  Dimancke. 

II  ■ 

31  Lundi. 

Paques  tombant  au 


Lct.  ! Jours  ' Jours  de  3 
Dom  da  Mots-!  Seroaine. 


15  Avril.  I i8  Ayrii.  | ii  Aeril.  [ 4 Aviib  i 28  MarsT" 


^ , Féies  íLxes.  FÉTES  MOBILES. 

S.  Jac.  S.  Ph.i  ¡ 

'l.D.Quafim.  II.  Dim.  ¡III.  Ditii. 

■ r 

ly.  Dim. 



........... 

II.  Dim. 

m.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 
Rogations. 

Afeenfion.- 



III.  Dim. 

-IV.  Dim. 

V.  Dim., 
Rogations. 

VI.  D.  oa.  1 

Afcenñon. 

Vigile. 

PENTEC. 

Lundi. 

Mardi. 

IV.  Tems. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 
Rogations. 

VL  D.  oa. 

.. 

Afcenfio’n. 

Vigüe.- 

PENTEC. 

Lundi. 

1.  D.  Trin. 

V.  Dira. 

Rogations. 

VI.  D.  oar. 

V.  Dim.  f 
Rogatioüs.  i 


Afeenfion» 


Vigile. 
PENTEC. 
Lundi 
M.ardi.- 
IV.  Temps. 


r.  D.  Tria. 

Féte-Dieu. 
lí.  Dim. 


i 

J Ü I 

N-. 

1 

Piques  toinSant  au  1 

25:  Aviil.  1 

18  Avril. 

n Avri!.  1 4,  Avril.  j 

2S  Mats. ' 

. Let.  j Jours 
Dom  du  Mois.- 

Joür¿  de  la'  ^ . 

•Semáine.  1 Letes  nxes. 

F É T E 

S MOBILES, 

E ! Ca!. 


i IV 

G I ÍII 

A ; 11 
B ■ Noii>. 

c : vifi 


D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 


VI  £ 

VI 
V 
ÍT 
III 
II 

Idesi  'i; 

D XVIII  14 

E 

F 
G 
A 
B 
C 
D 
E 
y 
G 
A 
B 
C 
D 


xvir  15 

XVI  lá 
XV  17 
XIV  ¡18 
XIII  '19 
XII  ¡20 
XI  !2I 
X I22 
IX  ¡25 
VIII  24 

Vn  A; 

Ví  Í2S 

V ¡27 

IV  123 
III  .29 
H Ijo 


Mardí. 
Mercredi,- 
Jeudi. 
Vendfedi, 
Sáiríedi. 
Dhnanchs, 
Luedi. 
Mardí. 
Merctedi. 
Jctidt. 
Vendredi. 
Samedi.^ 
Dimanche, 
Lundi. 
Mardi. 
Mercredi, 
Jéüdh 

Vendredi. 

Sainedi. 

Dimancke, 

Lundi. 

Mardi. 

Mercredi. 

/eúd?.- 

Vendredi. 

S.imed;.- 

Dímjncke, 

Lundi. 

?íarii. 

Mercredi. 


— 

Mardi. 

IV.  Tems. 

Visite. 

PENTEC. 

Lundi. 

Mardií 

IV  Tems 

VÍ.D.  óá. 

- _ i 

I.  D.  Trin. 

S.  Barnabé.  ! 

Féte-Dieu. 

PFXíXFr' 

1.  D.  Tria. 

Féte-Die». 

■\  1 

I.  D.  Trih.^ 

lí.  Dim. 

riT.  Dim. 

Vigil.  jeune.^ 

W.^S:  J.  Ba;p.  Feté-Dieu. 

II.  Dim. 

1 Vi2ii.  jeúne. 

|S.  P.  S.  Paul.-: 

III. -Dim. 

IV.  Dim. 

FIte-Dieu. 

11.  Dim. 


ni.  Dim. 


IV.  Dim. 


V.  Dim. 


III.  Dim. 


IV.  Dííh. 


V.  Díbi« 


VI. 


r 


K- — 

c 

: A L £ 

: rN  D R i E R 

c. 

5^5' 

l?our  Íes  années  cómmunes  dont  la  Lcttre  Domiricalí  cft  C 

Lt  pour  les  annees  biucxiiles  dont  Ies  Lettres  DomiHicalcs  ib 

nt  D C. 

J U l L 

L £ T. 

¡ 

Paques  tombant  aa  j 

25  Avtii’.  1 

iS  Avril.  1 

1 1 Avril.  ( 

4 Atiü.  í 

28  Mars. 

' Let,  { Jours 
, Dom  du  Mois%  = 

Jours  de  la 
Semaine.  í 

Fétes  fixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

G 

Ca!. 

X 

Jeadi. 

m 

1 

A 

VI 

z 

V endredi. 

Vifit.  delaV. 

i 

B 

V 

s 

Samedi. 

C 

IV 

4 

X)tm<ínchc* 

........... 

III.  Dtm. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

V I.  Dim. 

VII.  Dim,  ; 

D 

III 

Lundi. 

E 

II 

^Mardí. 

F 

Xon. 

7 

Mercredi. 

G 

VIII 

8 

Jeadi. 

A 

VII 

9 

Vendredi. 

B 

VI 

lO 

Samedi. 

VI.  Dim. 

VIII.  Dim. 

C 

V 

1 1 

Diiv.£.nche, 

. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

VII.  Dim. 

D 

IV 

14 

Lundi. 

E 

III 

Aiardi. 

F 

II 

14 

Alercredi. 

G 

Ices. 

í5 

Jeudi. 

A 

XVII 

ló 

V endredi. 

B 

XVI 

Samedi, 

VII.  Dim. 

C 

XV 

18 

Dim:?.nch€» 

........... 

V.  Dim. 

VI.  Dim. 

VIII.  Dira. 

IX.  Dim. 

D 

XIV 

19 

Lundi. 

E 

XIII 

20 

Aiardi. 

F 

XII 

21 

Mercredi. 

\ 

G 

XI 

22 

Jeudi. 

A 

X 

Vendredi. 

B 

IX 

24 

Samedi. 

Vigile. 

C 

VIII 

Dítnanche, 

S.  Jac.  le  M. 

VI.  Dim. 

Vri.  Dim. 

VIII  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

D 

VII 

z6 

Lundi. 

E 

VI 

27 

Mardi. 

F 

V 

28 

Mercredi. 

G 

IV 

2p 

Jeudi. 

! A 

III 

50 

Vendredi. 

i B 

II 

31 

Samedi. 

1 A O U T. 

1 

Paques  tombant  au 

1 25  Avri!. 

iS  Avrii. 

1 II  AtiíI.  i 

4 Avril.  I 

2§  Mars. 

Let. 

Jours 

Jours  de  la 

Fétes  fixes. 

1 

F É T E 

S M 0 B 

I L E-  S. 

. 

iJom  dii  Mois. 

Semaine.  * 

c 

Cai. 

I 

UimcLnckt* 



VIL  Dim. 

VIII.  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

: D 

IV 

2 

Lundi. 

1 E 

III 

5 

Mardi. 

: F 

II 

4 

Mercredi. 

, G 

Non. 

Jeudi. 

Tr.  de  N.  S. 

i A 

VIII 

6 Veudredi. 

i B 

f n 

VII 

VI 

V 

7 

Samedi. 

VIII.  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

D 

9 

Lundi. 

Vigile. 

' E 

IV 

10 

Mardi. 

S.  Laurent. 

F 

III 

1 1 

Mercredi. 

: G 

II 

12 

Jeudi. 

■ A 

Ides. 

15 

Vendredi. 

' B 

1 O 

XIX 

XVIÍI 

14 

Samedi. 

Dnnanchs. 

Vigil.  jeÚMe. 
Alíbmjition. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

XIII.  Dim. 

' D 

XVII 

lé  L'íncL 

i E 

XVI 

17 

Mardi. 

i F 

XV 

18  Mercredi. 

¡ G 

XIV 

19 

Jeudi. 

1 A 

XIII 

'20 

Vendredi. 

! B 

XII 

1” 

Samedi. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

XIII.  Dim. 

XIV.  Dim. 

: D 

X 

üí 

Lundi. 

: E 

IX 

'24  Mardi. 

;S.  Bartké!. 

i F 

VIII 

25 

Mercredi. 

S.  Louis. 

1 ^ 

VII 

26  Jeudi. 

A 

VI 

Z" 

Vendredi. 

1 B 
‘ C 

V 

IV 

zü  í>3meG:* 

29  JD:nzar:Chs. 

1,,. 

XI.  Dim. 

'xiI.Dim. 

XIII.  Dim. 

■ XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

■ D 

III 

*30  í U'd:. 

1 

i 

1 

II 

M ardí. 

1 ... 

1 

**=*"■” 

: 59Ó 

CAL 

£ N D 

RIE 

R C. 

■i 

Pcur  les  arnées  cornmunes  dcr,t  la  Lettre  Don 

inie-ie  rft  C. 

i 

Et  pour  Ies  annees 

bUlextiies  doi 

-t  les  L-etíííís  Dominica  es  font  D C. 

1 

{ 

s 

h P i £ 

M tí  R h. 

i 

i 

Paques  tcmbant  au 

25  Avríi. 

1 18  Avril. 

1 II  Avril. 

i 4 Aviil.  , 

2S  Mars. 

i Let.  jours  Jcurs  de  la 
; Dom  du  Mois,  Semaine. 

Fétes  fises. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

i F 

Ca!. 

1 1 Mercredi. 

• 

!i  G 

IV 

I aljeudi. 

1 

i;  A 

III 

! jjVendredi. 

i 

i 

1 B 

II 

‘ 4[Samedi. 

¡I  C 
'!  D 

Non. 

VIII 

5 \£>Z'na  ¡che, 
5;Lundi. 

: 

XII.  Dim. 

XIII.  Dira.' 

, XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

XVI.  jDim.  ; 

i E 

Vil 

7!  Mardi. 

1 

j 

i F 

vr 

i S Mcrcredl. 

N.  de  laS.V. 

1 

i G 

V 

' 5'  Jeiidi. 

1 

A 

IV 

roi  Vcndredí» 

‘ 

1 

n B 

III 

1 1 ■ S.im-di. 

í c 
D 

II 

Ide5. 

12 ' Dírnancke, 

15  Luiídi. 

XIII.  Dim. 

XIV.  Di». 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Di*i. 

E 

XVII] 

14  Mardi. 

E.’C.delaS.C. 

F 

XVII 

I)  Mercredi. 

IV.  Tems. 

G 

XVÍ 

lá  Jeudi. 

1 A 

^ XV 

.17  Vendredi. 

B 

XIV 

1 8 Samedi.' 

j 

■ 

1 c 

i D 

XÍII 
^ XII 

ip  Dimanche, 

20  Lur.dí. 

Vi^i^ 

XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

XVI.  Dira. 

XVII.  Dim. 

XVIII.Dim. 

li  E 

■ Xí 

21  Mardi. 

S.  Math.  Ap. 

F 

X 

ai  Msicredi. 

G 

IX 

13'Jeadi. 

A 

VIH 

24  Vendredi. 

i B 

VII 

15  S^meJi. 

' c 

t \H 

26  D’.manche, 



XV.  Dim. 

XVI.  Dí.m. 

XVII.  Dim. 

XVIII.Dim. 

XIX.  Dim. 

h D 

V 

27  Lur.dí. 

i E 

IV 

28  Mardi. 

¡ 

í F 

III 

19  Mercredi, 

S.  Michel. 

¡i  G 

II 

30  Jiudi. 

í 

0 C T 0 

B R É. 

Paques  tombant  au 

\ 25  Aviil. 

i i3  Avril. 

i II  .Avril. 

1 4 Avril. 

28  Mirs. 

■ Lct-  Jours  Jours  de  la 
-Dom  du  Mois.  Semaine. 

Feces  fixes. 

1 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

; A 

Cal. 

•r  Vendredi. 

! T) 

i 

VI 

2 Sam  di. 

C 

V 

5 iP  ^aancht. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim. 

XVIII.Dim. 

XIX,  Dim. 

i D 

IV 

4 Liindi, 

¡i  E 

III 

5 Mlrii. 

• 

r F 

lí 

6 M.-rcrcdi. 

1 G 

Non. 

7 Jeudi. 

f;  A 

VIII 

8 Vendredi. 

I B 

VII 

9 Samedi. 

i C 

VI 

10  T)  minche. 

, , , 

xvn.  Dim. 

X VIII.  Dim. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

XXI.  Dim. 

1 1'» 

V 

11  L'-i-.d!. 

E E 

IV 

ri  Maidi. 

i;  F 

III 

13  Mercredi. 

1 G 

II  ^ 

14  Jeudi. 

t A 

IJe». 

!J  Vendredi. 

r B 

XVII 

Samedi. 

1 c 

XVI 

27  D ¡manche. 

- • . « 9 . • . . « > 

XVIII.  Dhn, 

XiX.  Diin. 

XX.  Dim, 

XXI.  Dim. 

XXII.  Dún. 

f E> 

XV 

18  Inindi. 

S.  Luc.  Ev. 

f E 

XIV 

19  Mardi. 

f E 

XIII 

20  Mercredi. 

s G 

XII  ; 

21  Jeudi. 

A 

XI  j 

22  Vendredi. 

L ^ 

X 1 

25  Samedi. 

r c 

E’  D 

IX  : 
VIII  ‘ 

24  Dimmche. 

25 : Lundi. 



XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

XXI.  Dim. 

XXII.  Dim. 

XXIII.  Dim. 

p E 

VII  i 

25  Mar. é i. 

Vigile. 

r ^ 

VI  i 

27  Mercredi. 

S.Sim.  S.  Ju. 

í Cj 

V ; 

28,  Jeudi. 

f A 

IV  i 

29  ’ Vendredi. 

E n 

-111  . 
Tr 

50  Samedi. 

V^igíK  Jeune/ 

■ 

Pour  ics  asnees  cociniunes  dont  u Lettre  D^mirici'-  e^*  C 

.es  Leurcs  SoÍTnrca!e;?o=t 


N 


Let. 

Dom 

IT 

£ 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 


[ Joürs 

IfiiJ  Mo: 


Paques  tombant  au 


¡fe  la  femain 


. 1 Fétes  fises.  j 


O J^E_M  B R E. 

15  Avríl.  1 i8  Áwii.'  I 


D C. 


ai. 

IV 
iíl 

II 

Non. 

VIH 

Vil 

Vi 

V 

IV 

III 
lí 

Ides. 

XVÍÍI 

xvrr 

XVI  , 
XV  i 
XIV  1 
Xíii  i 
XII  i 
XI  I 
X i 
!X  ! 
VI  ¡; 

vil 

VI 

V 

IV 
lil 
II 


J i 

i|  MarJi. 
slMercredi. 
4 Jeudi. 
Vendredi. 
Samedi. 
Dímanche. 
Landi. 
Mardi. 
Mercredi. 

Jeudi. 
Vendredi. 
Samedi. 

; r4|  Oímanche, 
1 3;'  Lundi. 

I d|  Mardi, 
lyj  Mercredi. 
iS|  Jeudi. 
ip  Vendredi. 
Samedi. 
Dirnar^che, 
Lundi. 
■Mardi. 
Mercredi. 
Jeudi. 
Vendredi. 
27|.Same-i¡. 

28!  Dirnanckc, 
2pl  Lundi. 

301  Mardi. 


ir  Aíril. 
F ÉT  T E S M O 


I 4 Ayii!. 
SILES. 


1 zS  Mars. 


-a  Touíi'. 


S.  Martia. 


Préf.  de  !a  V. 


Vigüe. 
S.  And.  A.r 


XXI  Dim* 

XXII  Dim. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim, 

XXII  Dim. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

• 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

• 

XXVI  Dim 

XXVIJ  D. 

i 

I D.  de  I’Av. 

i 

I Dim. 

I Dim. 

I Dim. 

1 Di.m. 

D E C E M B R E. 


Ler. , J.)urs 

Dom_dii  Mois. 

Jours 

de  Ja  fvmaine. 

j Fétes  fixes. 

J io  .-VVWl, 

j F É T E 

iiAvni.  j 4 Avril. 

S M 0 B I L E S. 

1 2?  Mars. 

t 

G 

Cal. 

IV 

1 

2 

Mercredi. 

Jeudi. 

- i 

A 

III 

3 

Vendredi. 

B 

il 

4 

Samedi. 

j 

C 

D 

Non. 

VIII 

5 

6 

Dimanche» 

Lundi. 



II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim, 

i 

II  Dim.  1 

E 

VI  i 

7 

Mardi. 

F 

VI 

8 

Mercredi. 

Conc.delaV. 

G 

V 

9 

Jeudi. 

A 

IV 

lo 

Vendredi. 

B 

I!I 

n 

Samedi. 

c 

II 

I2 

Dimanche, 

III  Dim. 

III  Dim. 

III  Dim. 

D 

Ides. 

>3 

Lundi. 

iii  Dim. 

líí  Dim. 

E 

XIX 

*4 

Mardi. 

F 

G 

XVIII 

XVII 

C' 

Mercredi. 

Jtuái. 

4 Temps. 

1 

A 

XVI 

I? 

Vendredi. 

1 

B 

XV 

18 

Sairiídi. 

C 

D 

XIV 

Xill 

20 

Dimanche. 

Lundi. 

Vigile. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  D¡.m. 

1 

IV  Dim.  i 

1 E 

XII 

21 

Mardi. 

S.  Tb.  Ap 

i l 

XI 

22 

Mercredi. 

i G 

X 

^3 

Jeudi. 

i A 

IX 

l£. 

Vendredi. 

Vigile  jrune. 

¡ B 

VIH 

2? 

Samedi. 

NOEL. 

! g 

VII 

VI 

x6 

27 

Dimanche. 

Lundi. 

S.  Eiien.  M. 
S.  Jean  Ap. 

D.  Ofi:ave. 

D.  0«aye. 

D.  Oüave. 

D.  Oñave. 

D.  Oñave. 

i i 

V 

28 

Mardi- 

LesSS.lnnec. 

* 

i F 

IV 

29 

Mercredi. 

i G 

III 

Jeudi. 

' A 

A 

li 

jr 

Vendredi* 

- - - , 1,  1 

^ F fff 


59S 


C A L E N D R í E R B. 


Poíir  Íes  snnées  commanes  dont  ia  Lettre  Dominicale  eft  Bj 

& pour  les  années  bLTextiíes  dont  les  JLectres  Dominicales  i'ont  C B- 


J A N V l E R. 


Paques  tombant  au 

24  Avrü.  t 

17  Aviil.  ! 

10  Avrii-  i 

1 Anri!.  | 

Let. 

Jours 

Années.  I 

Années  | 

FÉTES  MOBILES. 

Dom 

da  Mois. 

:ommur^es.¡ 

bifléitiles.  1 

\ 1 

Cal. 

5 

::amedi. 

Vendredi. 

Ciiceacif. 

B ! 

IV 

1 

Dimarichc, 

Samedi. 

C 

ni 

3 

LaUndJ, 

UiTncnchs. 

n 

II 

a 

Mardi. 

Lundi. 

E 

Non. 

5 

Mercredi. 

Maro.  i. 

F 

VIÍI 

6 

Jeudi. 

Mercredi. 

hpiphanic. 

G 

VII 

7 

Vendredi. 

Jeudi. 

A 

VI 

8 

Saraedi. 

Vendredi. 

B 

V 

Dimunche» 

Samedii 



I Dim. 

1 Dim. 

I p=m. 

1 nim. 

C 

IV 

10 

Luadi 

Dímancke. 

1 Dim. 

1 Dim. 

1 Dim. 

1 Dim. 

D 

III 

I r 

Mardij 

Lundi. 

E 

II 

11 

Mercredi. 

Mardi. 

F 

Ides. 

I? 

Jeudi. 

Mercredi. 

G 

XIX 

^4 

Vendredi. 

Jeudi. 

A 

XVIII 

Samedí. 

Vendredi. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim. 

C 

XVI 

17 

Lundi. 

J^imancke» 

11  Dim. 

11  Dim. 

11  Dim. 

11  Dim. 

D 

XV 

18 

i^íardis 

Lundi. 

E 

XIV 

^5 

Mercredi. 

Mardi. 

F 

Xí!I 

20 

Jeudi. 

Mercredi. 

G 

XIl 

?.  T 

Vendredi. 

Jeudi. 

A 

XI 

22 

Samedi. 

Vendredi. 

III  Dim. 

III  Dim. 

III  Dim. 

IIÍ  Dim. 

C 

IX 

14 

Lundi, 

jDimuncke» 



iii  Dim. 

111  Dim. 

III  Dim. 

111  Dim. 

D 

VIII 

25 

Mardi. 

Lundi. 

E 

VII 

26 

Mercredi. 

Mardi. 

F 

VI 

27 

.leudi. 

Mercredi. 

G 

V 

28 

Vendredi. 

Jeudi. 

A 

i u 

IV 

III 

Samedi. 

Vendredi. 

' IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim- 

Septaagéf. 

i C 

Tf 

1- 

Lundi. 

¡ Dimdncke, 

' 

iV  E>im. 

IV  Dim. 

• IV^  Dim. 

> Septuagef. 

I Dir,5. 
1 Dira. 


II  DÉn. 
11  Dim. 


Segtaagéf. 


F E V R i E R. 

Págaei  tombant  aa 


4 Av.-ii.  i 17  Av-nl.  j loÁ^ril.  j ?- Av-riU  ¡ 27  Mais. 


iLet.j  Jours  i Années.  j ^né« 

Do;!).’ da  Mois.'eomjaur.es.  btliextiles.  j ^ 


É T E S M O B I L E S. 


D 

Caí. 

1} 

Mardi.  ILunai. 

E 

lY 

2 

Mercredi..  Mardi. 

F 

III 

? 

Jeudi. 

Mercredi. 

G 

il 

4- 

Vendredi. 

Jeudi.- 

A 

Non. 

5 

Samedi. 

Vendredi. 

B 

VÍII 

6 

Uimanche- 

Samedi. 

C 

VII 

■» 

Lundi. 

Dimanche. 

D 

VI 

8 

Mardi. 

Lundi- 

E 

V 

9 

Mercredi. 

Mardi. 

F 

IV 

ÍO 

leadi. 

Mercredi. 

G 

III 

( \ 

Vendredi. 

Jeudi- 

A 

II 

I- 

Samedi. 

Vendredi- 

B 

Ides. 

3:3 

Dirna.nchc* 

Samedi. 

C 

XVI 

14 

Lundi. 

Dímancke. 

D 

XV 

Mardi. 

Lnndi. 

E 

XIV 

Mercredi. 

Mardi. 

F 

Xill 

17 

Jcadt. 

Mercredi. 

G 

XIÍ 

i8i  Vendredi. 

Jeudi. 

A 

XI 

19 

'Samedi. 

Vendredi. 

B 

X 

20 

Dímanihe. 

Samedi. 

C 

IX 

il 

! Lundi. 

Dimancke. 

D 

vni 

22 

'Mardi. 

iLundi. 

& 

Vil 

'Mercredi. 

Mardi. 

F 

VI 

Jeudi. 

Mercredi. 

G » f V*6 

Vendredi. 

Jeudii. 

A g'  IV  < 

16  Samedi. 

Vendredi. 

3 a 

iií  -í 

27 

Dinianche* 

Samedi. 

C b 

li  í 

2 0 Lundi  V 

Dimanche* 

Ci  X 

25> 

JLimdi. 

Purificat. 


Vigile. 

S.  Mathias 
S-  Mathias. 


V Dim. 

V Dim. 

V Dim. 

V Dini. 

Septuagéf. 

Septuagef. 



VI  Dim. 
VI  Dim. 

SeptuagéC 

Septuagef. 

Sexageíime. 
Sexagéfime  ! 

SeptuagéC 

Septuagef. 

Sexa  géGme. 
Sexagéfim. 

Quinquag.  1 
Quinquag. 

Cendre*. 

Cendres. 

\ 

; 

. ! Cendres. 

. [ Cendies.- 


Cendtes.  : 4 Temps» 
Cenóles.  1 4 Tenips^ 


1 V.  de  i . 1*  i;-  ” ^ 

1 D.  de  C.  11  <!' 


4 Ten>ps. 


atexageutn.  i^uinquag.  1 u.  ac  i*  de  C.  iTIg 

Sesagefim.  Quinqaag.  I D.  de  C-  ilX>-  de  C.  1 


Ces  leítres  f,  g. 


b , 


& ces  chiftres  6 , 


2,  font  tícur  les  année»  Biííe-'m^es. 


u. 

599 

Pe 

tt 

Gi  les  ansees  coHcm  ores  dont  ia  Ijjttre  Donsimca’e  efl  B ' 
poce  les  années  biSe-^iles  óont  les  I.ettres  Dominica'—  t>.nr  r R 

iVÍ  A 

R S. 

Leí»  1 Jours 
Dom  du  Mo><;. 

• Jours  de  ia 

• Semaíne. 

1 Fétes  fi.\’es. 

F É T E 

to  Avni.  í 

S M 0 B 

J Avril.  \ 

I L E S. 

37  Mar-, 

£ 

í^ai. 

Ví 

I 

Mardi. 

Mtrcíedi. 

Cendres. 

1 

F 

G 

A 

V 

IV 

III 

3 

4 

5 

Jcudí. 

Vendredi, 

Saruedi. 

B 

C 

D 

E 

II 

Non. 

VIH 

VII 

6 

1 

S 

D:ma.iche, 

Lundi, 

Marái. 

Quinquagéf. 

Cendies. 

I.  D.  de  Car. 

IV.  Temps. 

II.  D.  deCar. 

l.  D.  de  Car. 

IV.  Temps. 

II.D.deCar. 

m.  D.  deC. 

ILD.de  Car. 

III.  D.  de  C. 

IV.D.  deC. 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

VI 

V 

IV 

III 

II 

Ides. 

XVII 

XVI 

XV 

XIV 

XIII 

XII 

10 

11 

12 

13 

14 

15 
\6 

1*7 

rS 

19 

20 

Jeudi. 

Vendredi, 

Ssmeáj. 

0¿ma.n:he. 

Lnndi. 

^•íardi. 

Mere  redi. 
Jeudi. 
Vendredi. 
SatTíedi. 

Dímuficke, 

Lundi. . 



III.  D.  de  C. 

IV.  D.  de  C. 

IV.  P.deC. 

P.  de  la  PaíT. 

D.  de  la  PaíT. 

D.  des  R-ani. 

D 

XI 

22 

Mardi. 



E 

X 

~3 

Mcrcredi. 

Meicr.  Saint. 

F 

IX 

24 

íeudi. 

G 

VIII 

Vendredi. 

L^Annonc. 



Vend.  Saint. 

A 

VII 

26 

Samedi. 

B 

C 

VI 

V 

27 

28 

Oimanche^ 

III.  D.  de  C.  iv.  D.  de  C. 

D.  delaPaíT. 

P.  des  Rarr. 

PASQUES. 

L u ¿I  i • 

D 

IV 

^9 

Mardi. 

. 

Mardi. 

E 

F 

III 

11  1 

Me  reredi. 
Jeudi. 



M--cr.  Saint. 
Jeudi  Saint. 

A V R 1 l: 


1 

I 

Paques  tombant  au  ¡ 

24  Ayril.  J 

17  AvriJ. 

10  AvriL 

5 Avri!.  1 

27  Mars. 

1 Let. 

Jours 

Jours  de  la 

Pora  du  Mois 
j - 

Semaine. 

'r  eres  íixes. 

FÉTES 

M 0 « I 

LES. 

i G 

Cal. 

I jVendredi. 

! 

A 

IV 

2tSamedi. 

::::::::::: 

! B 

III 

3 

Dim&nche» 



IV.  D.  de  C. 

D.  de  la  Paff 

D.  des  Ram. 

PASQUES. 

I.D.  Qaaü.  1 

! C 

II 

4 

Lundi. 

1 D 

Non., 

Mirdi. 

i E 

vní 

6 

Mercredi. 

F 

VII 

Jeudi. 

G 

VI 

S'Vendredi. 

A 

V 

9 

Samedi. 

B 

IV 

10 

Diaiancke» 

D.  de  la  Paff. 

D.  des  Ram. 

PASQUES. 

I D.  Qaafím. 

II. Dim. 

C 

III 

I.UNDI. 

P 

II 

E 

IHe". 

F 

XVIII 

G 

XVII 

A 

XVI 

1 

B 

XV 

17 

Oímanche, 

D.  des  Ram. 

PASQUES. 

I D.  QuaSm. 

ILDim. 

m.Dim. 

C 

XIV 

18 

Lundi. 

Lundi  Sainr. 

Lündi. 

D 

xm 

Mardi. 

' E 

XII 

20 

Mercredi. 

Me'cr.  Sa’nt. 

F 

XI 

21 

Jsadi. 

Jeudi  Saint. 

G 

X 

22 

Vendredi, 

........... 

Vendr.  Saint. 

A 

IX 

-5 

Samedi. 

Samedi  Sn’nt. 

B 

VIH 

24- 

Oimancke» 

..... 

PASQUES. 

I D.  Quaüm. 

II.  Dim. 

m.  Diirw 

i'Y  . Diíir, 

C 

vil 

Lundi. 

S.  Marc  , Ev. 

ÍAINDI. 

D 

VI 

z6 

Mardi. 

........... 

Mardi. 

E 

V 

,7, 

Mercredi. 

F 

IV 

28 

Jeudi. 

G 

III 

20Í  Vendredi. 

ll 

A 

II 

Samedi. 

— 

j| 

£ 

ooo 


CALh£\DKiEH  B. 


Pour  Ics  aunées  communes  dont  la  Lettre  DofDÍnicale  eíi  S. 

£t  pour  les  aaaées  biííextiie*  áonc  les  Letrrcs  ibrit  C B. 


M A i. 


Paques  tombant  au 

\ 24  Avrií. 

17  Avrii. 

1 10  Avril. 

5 Avril.  1 

i7  Xíars. 

Ler.  Joucs 
Dora  du  Mois- 

Jours  de  la 
i Semaine. 

Fétes  fixes. 

F É T E 

S Ni  0 B 

I L E S. 

B 

Cal. 

X 

L^ímcmche, 

S.  Jac.  S.  Ph.  I.D.Quañra.  II.  Dim. 

III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 
B.ogaíÍons, 

Afceníian. 

D 

£ 

£ 

V 

IV 

3 

4 

5 

'6 

7 

M.irdi. 

Me-credi. 

G 

A 

B 

11 

Ndh, 

Vííí 

Vendredi. 

Samedi. 

0:m.a.‘',che. 

IL  Dim. 

III.  Dim. 

IV.  D-im. 

V.  Dim. 

VI.  D.  oa. 

B.ogations. 

Afcenfion. 

D 

E 

VI 

V 

10 

I i 

Mardi. 

Mercredi. 

G 

iii 

Vcedredi. 

Vigile. 

PENTEC. 

B 

Ides. 
XV 11 

M 

15 

irr 

Dunanche. 

Lundi. 

III.  Dim. 

lAL  Dim. 

V.  Dim. 

VI.  D.  oa. 

Rogations. 

Lundi 

Mardi. 

D 

F 

A V i 

^7 

IV.  Temps. 

Afceníion. 

G 

XÍIÍ 
XI  í 
XI 

10 

Vendredi. 

SaiTiidi. 

Dlrnanckt* 

Lundi. 

' 

Vigile. 

A 

B 

C 

IV.  Dim. 

V.  Dirn. 
Rogado  ns. 

VL  D.  oa. 

PENTEC. 

Lundi. 

I.  D.  Tria. 

T •./' 

l) 

iv.  Tenis. 

26 

ÍJ.-udi. 

Vendredi. 

Afceníion. 



Féte-Dieu. 

G 

Vi 

i 

B 

r' 

IV 

I-í 

Oimar.ckc. 

T 



V.  Dim. 
PvCgations. 

VL  D.  oa. 

PEÑ  i EC. 
Lündi. 

I.  D.  Trio, 

II.Dim. 

D 

Tí 

5 

512  Mardi. 

Mardi. 

J Ü 1 N. 

Piques  to 

r.bant  au 

14  Avril. 

17  Avril. 

i 10  xAcVril.  i 

3 Avril.  1 

27  Mars. 

Let.  . Jonrs 
Dora  du  Mois 

ijcur-  de  la.'  ^ 

i Sema^re  f tetes  fixes. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

TV.  Tems. 

F 

v...  ci  i « 

IV 

! ^ 

Jeudi. 

Afcenfion. 

Féte-Dieu. 

; G 
A 
B 
C 
D 
£ 
F 
G 
A 
B 
C 

D 

£ 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

! B 

! c 

i E 


ÍII 

II 

Non. 

VIH 

VII 


VI  ¡ 

V 9 

IV  .ID 
lil  II 

II  :l2j 

Iiies.  13  i 

XVIII  £4' 
XVíI  iji 
XVI  1$'- 
XV  ÍI7Í 
XIV  ii8| 
XIII  ¡19 
XII  lo 
XI 
X 
IX 
VIH 
Vil 
VI 

V 
IV 

III 
i II 


V'endredi. 

Simedi. 

Oimanche, 

Lnodi. 

Mardi.' 

Msrcredi. 

Jf  udi. 

Veaire'ü. 

Sained:. 

Dimayickt, 

Lundi. 

Mardi. 

Merciedi. 

Jeuai. 

Veniredi. 

Samedi. 

Diirmnchi, 

Lundi. 

M ardí. 

Merciedi. 

Jc-udi. 

Vendredi. 

Samedi. 

Dimanche, 

Lundi. 

Mardi. 

Mercredi. 

Jeiidi. 


VI.  D 


oa. 


’S.  Barnabc.  Vigüc. 

l’EÑTEC. 

Lundi. 

Mardi. 

IV.  Tems. 


I.D.Trin. 


Vi«i!.  jeúne.  Féte-Dieo. 
N;S.  J.  Bap.j 

In.Dim. 


Vigi!.  jeúne. 
S.  P.  S.  Paul, 


Visile.  I 
PENTEC.  il.  D.Trin. 
Lundi. 

Mardi. 

IV.  Tems. 


;Féte-Dku. 

I. D.Trin.  II.  Dim. 

Féte-Dicu. 

II.  Dim.  III.  Dim. 


II.  Dim. 


III.  Dim. 


IV.  Dim. 


III.  Dim.  TV.  Dim.  ; y.  Dim. 


TIL  Dim. 


IV.  Dim. 


V.  Di®. 


VL  Dim. 


Si 


_c  E N D R í £ R B. 

Pcur  ’es  années  commun¿¡~dontla  Letrrc  Di5lr;r--.!rií7K  B 

t.z  puar  lc>  anoeea  bifiexiilcs  aor.i  !es  Ltnzes  Domisieales'font  C B. 


6z  1 


Piques  toiabant  au 


J ü í L L E T. 


Let.  Joiirs  Jours  de  ¡a  r- 

Dom  du  Mcis.  Semaine. 


i i4Ayiil.  I lyAvril.  | io  Avri!.  | ; Aeril.  I 27  Mars. 

FÉTES  MOBILES. 


G 

Cal. 

A 

VI 

B 

V 

C 

IV 

D 

III 

E 

II 

F 

Nrn. 

G 

VIII 

A 

vil 

B 

i VI 

C 

1 V 

D 

, IV 

E 

i III 

F 

' II 

G 

Lies. 

A 

XVII 

B 

XVI 

C 

XV 

D 

XIV 

E 

XIII 

F 

XÍI 

G 

XI 

A 

X 

B 

IX 

C 

VIII 

JD 

VII 

E- 

VI 

F 

V 

G 

IV 

A 

III 

B 

II 

1 \^ei5dredi. 

2 Samedi. 

, 3 OimaKche» 
! 4 Lundi. 

' 5 Aíaidi. 
i 6 Mcrcredi. 

! 7 Jeudí. 

■j  £ V^endrcdi. 

: 5>  Samedi. 

10  Dímanche, 

'ii  Lundi. 

12  Mardi. 

15  Mercredi. 

I Í4' Jeudí. 

Í15I  Vendredi. 

• Samedi. 

'ij.Dimunche, 
jiSiLundi. 
ii^lMardi. 
Í2o|Mercredi. 
¡21  j Jeudí. 

1 22  j Vendredi. 
;2:5‘Sa.iiedi. 
i 24!/?  manche. 
‘25  'Lundi. 
2(5.Mardi. 
27jiNÍerciedi. 
28  J -udi. 

^S>  Vendredi. 
jc  Samedi. 
jr  Diir.ariche, 


Viíit.  de  la  V. 

ÍII.  Dim. 

lY.  Dim. 

V.  Dim. 

i 

¡VI.  Dim. 

vn.  Dim. 

IV.  Dím. 

V.  Dim, 

VI.  Dim, 

VIL  Dim. 

VIH.  Dim. 



V.Dim. 

VI.  Dim. 

VIL  Dim. 

VIII.  Dim. 

IX.  Dim. 

Vigiíc. 

S.  Jac.  le  M. 

VI.  Dim. 

vn.  Dim. 

VIII  Dim., 

IX.  Dim. 

X,  Dim. 

VII.  Dim. 

VIH.  Dim.  ■ 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

XI.Dim.  ! 

A o u t; 


1 

Paques  toinbaac  au 

’ 24  Avril. 

17  Avtii. 

I 10  Avril. 

3 Avril. 

27  Mars, 

! I.et.  1 Jours  Jours  de  la 
; Dom  du  Mois.  Semaine. 

Fétes  Éxes. 

1 . 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

i 

f 

i C 

Cal. 

I Luna], 

11  D 

IV 

2 Mardi. 

1;  E 

III 

5 Mercredi. 

I!  F- 

II 

4 Jeudí. 

león. 

5 Vendredi. 

1 

' A 

VIH 

6 Samedi. 

Tr.  de  N.  S. 

' 

li  B 

vil 

7 Dimanche, 



VIII.  Dim, 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

1 C 

’i'I 

S Lundi. 

- 

D 

V 

9 Mardi. 

Vigile. 

i E 

IV 

To  Mercredi. 

S.  Laurent. 

j 

: F 

III 

II  Jendi. 

G 

II 

11  Vendredi. 

1 

A 

Ides. 

ij  Samedi. 

Vigil.  ieúne. 

B 

XIX 

14  D'mitnchs, 



IX.  Dim. 

X.  'Dirá., 

XI.  Dim. 

Xn.  Dim. 

XIII.  Dim.  I 

i.  C 

XVIII 

i>  Lundi. 

Aflbmption. 

1 

D 

XVII 

16  Mardi. 

1 

1 E 

XVI 

17  Mercredi. 

F 

XV 

I*  jeudí. 

[ 

, G ■ 

XIV 

ip  Vendredi. 

i 

A 

XIII 

20  Samedi. 

• 

i 

B 

XII 

21  JDlmanche. 

• ••«•  .•••• 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

Xni.  Dim. 

XIV.  Dim, 

C 

XI 

21  I-undi. 

1 D 

X 

Mardi. 

Vigil. 

|;  E 

IX 

24  Meicrcdi. 

S.  BartheL 

r F 

VIII 

25  Jeudi. 

S.  Loáis. 

i G 

VII 

26  Vendredi. 

F A 

VI 

27  Samedi. 

i 

1 E 

V 

zB  Dtmanche. 

XI.  Dim.- 

Xn.Dim. 

Xni.  Dim. 

xrv.  Dim. 

XV.  Dim.  i 

1 c 

IV 

2.9  Lundi. 

1 

j 

! D 

III 

30  Mardi.  . 

11 

31  Mercredi.  ' 

j 

•^itiquités  , Tome  I. 


G ssg 


6c. 


Pcur  les  asnees  commuces  dont  la  Lettre  I?o!i;!ii:e3¡e  íft  B. 

Et  pcar  les  annees  biire.'!tiles  dont  les  Letttes  Dominiea'.es  fonf  C B. 


i 

S h P T E 

M B R £ 

i 

I 

I! 

Paques  íombsnt  au 

i 24  Avrii. 

/ 17  Avril. 

¡ 10  Avril. 

3 Avril*  i 

27  Mars,  ■' 

I L:t. 
Dom 

Jours  ^ouvs  "de  ia 
du  MoisJ  Semaine.  i 

Féíes  fixes. 

F £ T E 

S M 0 B 

I L E S.  i 

F 

Cal. 

!•  Jeudi, 

. 

G 

IV 

2 Vendredi. 

j 

A 

m 

3 iSamcdi. 

1 

B 

II 

Dimar.che» 



XII.  Dim. 

XIII.  Dim. 

XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim.  1 

-Non. 

5'Luadi. 

■0 

VIII 

6 Mardi. 

E 

vn 

'7'Merciedi. 

F 

VI 

g Jeudi. 

N.deUS.V. 

G 

V 

p Vendredi. 

'A 

IV 

10  Samedi. 

III 

í I ' Dímanche, 



XIII.  Dim. 

XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim.  ■ 

C . 

II 

12  Lundi. 

¡ 

D 

Ids. 

13  Mardi. 

i 

K 

XVIII 

14  Metcredi. 

Ex.delaS.C. 

F 

XVII 

13  Jeudi. 

i 6 

XVI 

j6  Vendredi. 

1 

i A 

XV 

1-7  Samedi. 

i 3 

XIV 

iS  Dimanche, 

XIV.  Dim. 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim. 

í C 

X!i! 

ip  di. 

D 

XII 

20  Mardi. 

Vigile. 

E 

XI 

21  Metcredi. 

4T.  S.  Mat. 

í F 

X 

22  Jr  Uji.  j 

: G 

ÍX 

25  Ver.dtedi.  ¡ 

i A 

Vííl 

24  Samedi.  | 

; B 

VII 

25  D'.ynanche» 

XV.  Dim. 

XVI.  Dim. 

XVII.  Dim. 

XVIII.  Dim. 

XIX.  Dim. 

i c 

VI 

26  Landi. 

i ^ 

V 

27  Mardi. 

i E 

IV 

28  .Merciedi. 

' F ^ 

III 

29  Jeudi. 

S.  Michel- 

, G 

II 

30  Ve.'idredi. 

0 c T 0 

B R E. 

' ' ' 1 

Paques  tombaut  au 

24  Aval. 

17  Avril. 

10  Avril. 

3 Avril.  i 

27  Mars. 

Let-  Jours  Jours  de  la 
Dom  du  Mois.  Semaine.  ¡ 

Fétes  fises. 

i 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

A 

- Cal. 

I 

Samedi. 

B 

1 VI 

- 2 

'D.m&fíchz^ 

C 

i V 

3 

Lundi. 

D 

TV 

4 

Mardi. 

£ 

III 

i 5 

Mercredi. 

F 

' 11 

■ 6 

J'udi. 

G 

Non. 

7 

V endredi. 

A 

VIH 

8 

Samedi. 

B 

: VII 

9 

D.Tnznchc^ 

C 

! VI 

10 

Lundi. 

D 

V 

1 r 

Ma  di. 

E 

IV 

12 

Mercredi, 

F 

; III 

13 

'Jeudi. 

G 

I n 

14 

Vendredi. 

A 

Ides. 

15 

Samedi. 

B 

XVII 

16 

D-ynanckSo. 

C 

XVI 

17 

Lundi. 

D 

XV 

18 

Mardi. 

E 

XíV 

19 

Mercredi. 

F 

XIIT 

20 

Jeudi. 

G 

XII 

2Í 

V endredi. 

A 

XI 

,22 

Samedi. 

B 

X 

D manche^ 

C 

IX 

.24: 

Luí  di 

D 

VIH 

25 

MSrA. 

XVI.  Dirá.  ; XVII.  Dim.  ; XVIII.  Dim.  XIX.  Dim.  XX.Dim. 


XXI.  Dita. 


XVII.  Dim.  XVIII. Dim.,  XIX.  Dim.  XX.Düc. 


E 

F 

G 

A 


Vil 

VI 

V 

IV 

ÍII 

II 


2 5 Mrrcredi. 
27  I udi. 

28 : Vencredi. 
29  Sa  tie  ;!■ 
io  \ Dimanche, 
21  ^ Lunái. 


XVIII.Dim.  XIX.Dini. 


XX.  Dim. 


XXL  Dim.  iXXII.  Dim. 


S.  Liic.  Ev* 


XIX.  Dim. 


Visite. 

S.  Sim.  S.  Ju. ! 


XX.Dim.  XXL  Dim.  XXII.  Dim.  XXIII.  Di«, 


\ jeutie. 


XX.Dim.  XXI.D'hi.  xXII.  Dim.  XXIII.  Dim. 'XXIV-I?!"’- 


C A.  L h N D R I 


R 


Pour  les  snnecs  c-^ninnur.es  doBE  la  Lctire  DamÉnicsie  e'i  B 

Et  po^r  les  aneees  bifiexiiies  dont  :es  Letcrcs  DoHiinlca'cs  TÓ-e  C 3 

N ó V h M i:  ^ 


6o 


3' 


Let.  I Joi!rs 
Domldu  Mois 


Páqaes  lombant  aa 

Joars  1 ^ 

delafemalne.l 


24  Avii!.  ] 


17  Avril. 
F É T E 


lo'  Arrii. 
M O ; 


Arri!. 
. E S. 


I 27  Mars. 


ii  ? 

Ca!. 

. ijMardi. 

La  Toufi'. 

1!  £ 

IV 

: 2¡  Mercredi. 

Les  Morts. 

Ii  ^ 

III 

5' Jeudi. 

L G 

II 

4|Vendredi. 

ll  A 

Non. 

5|Saincdi. 

L B 

VI  !I 

^1  Dim-znche, 

ii 

Vil 

7¡Lundi. 

II  D 

VI 

8 Maidi- 

E 

V 

9 Míiciedi. 

II  í 

IV 

ío'icuii. 

II  G 

IIÍ 

iti  Veadredi. 

S.  Martin. 

r A 

II 

ri'Samcdi. 

fi  B 

ídes. 

15  D'uñanche, 

i!  c 

XVIII 

J4  Luadi. 

II  D 

XVil 

Ií  Matói. 

II  E 

XVI 

Ií,  Mercredi. 

l!  F 

XV 

ly^fcudi. 

|l  G 

XIV 

iSj  Ven^edí. 
ipSamedi. 

|l  A 

XIIÍ  . 

r B 

xn  ! 

ll  5 

XI  I 

2iÍLundi. 

Piel,  de  la  V. 

X ! 

2 2 Mardi. 

ll  £ 

iX  ' 

5 Merciedi. 

u F 

Vlil 

24  Je  di. 

L G 

VII 

2í  Veníiedi. 

1]  A 

VI  j 

z6  Sameii. 

|l  B 

V i 

27  Uunanchs, 

ll  c 

IV  ; 

zS  Lundi. 

Ii  ? 

lil  i 

zp.Xíardi.  1 

V’'igile.  ! 

L ® 

Ií  ! 

30  Mxrcredi.  S.  And,  Ap-l 

XXI  Dim, 


XXII  Dim. 


XXII  Dim.  XXIII  Dim.  XXIV  Dim.  'XXV  Dim. 


XXIII  Dim.  XXIV  Dim. 


XXIII  Dim.  XXIV  Dim.  XXV  Di 


>¡m.  ;XXVI  Dim. 


XXV  Dim.  XXVI  Dim  XXVIJ  D. 


IID.  del’Av.  I Dim. 


I Dim. 


I Dim. 


I Dim. 


Í>_É  C E M B R E. 

Paques  torabant  aa  j 24.  Avri'. 


liLe-, 

I Dom 


J 'urs 
■du  Mo!.s- 


I 17  Avii!.  I loAs’iil. 


jours  t:.. 

1 r ■ retes  fix-es. 

de  la  íemaiae. 


F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

l 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 


G 
ií  A 


¡ Avri!. 


Mars. 


FÉTES  MOBILES. 


Cal. 

1 

■jciiai. 

IV 

2 

Vcniredi. 

1 

III 

s 

iSamedi. 

1 

II 

4 

‘ Dimanche, 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim.  1 

Non. 

3 

Lundi. 

VIII 

6 

. aMardi. 

vil 

7 

Mercredi, 

VI 

S 

Jeudi 

Conc.dela  V- 

V 

9 

V endredí. 

IV 

lo 

Samedi, 

III 

i I 

Dimancht. 

III  Dim. 

III  Dim. 

III  Dim. 

III  Dim. 

II 

I z 

Lundi. 

ides 

’j 

Mardi. 

1 

XIX 

*4 

Mercredi. 

4 Temps. 

A V í i l 

') 

J udi 

XVII 

i6 

Vendre-ü, 

XVI 

iT 

Sam  4i. 

XV 

XIV 

18 

19 

D marche, 

! -indi. 



IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

íV  Dim. 

Xill 

20 

Ma  di. 

V-:iV. 

xu 

1 r 

^eicrcdi. 

S.  Th.  Ap 

aXi 

2_ 

Jeu.li. 

X 

Vendredi. 

IX 

-4 

S medí. 

\'’!2iíe  f.üne. 

VIII 

n.-m 

O £ L. 

VII 

24 

Lundi. 

S.  Er’.en.  M. 

Vi 

Z'T 

.^ardi. 

S J-an  Ao. 

V 

2-í 

Mercredi. 

i^esóS.ianec. 

IV 

29 

«-uli.  . 

III 

V;rdre.Ji. 

II  i 

35 

Samedi*  1 

1 

II  Dim. 


III  Dim. 


IV  Dim, 


ií. 

f 


ó 04 


CALENDRIER  A, 

?our  ívs  ajír.íss  communís  dont  ia  L^ttre  OomirAcaJe  e:t  A; 

& pcjr  les  a.:n>£cs  biü'cxti^cs  done  íes  I^crtrcs  Oc:'ni¿:íc^Ies  lom  3 A. 


's; 

: 


j A N V I b R. 

. Piqcis  tombant  au  i 2j  Avri!.  | lí  Avíil.  ’ 


9 Ayríl.  i 2 Ayiil.  I atí  Mars. 


Let.  : 

jonrs 

Aiinées.  i 

A.nnéss 

j Dom  ¡ 

comaiunes.  í 

A 

Caí. 

Dímanche. 

Saine-ii. 

B 

IV 

2 

Lundi. 

Jjtmanchc, 

C 

III 

3 

Ma;  it. 

Lufidi. 

D 

li 

Meicredl. 

Matul. 

E 

Non. 

5 

Jeudi. 

Mercredi. 

F 

Vi  II 

6 

Veudtedi. 

Jeudi. 

G 

Vil 

7 

Samedi. 

Vendredi. 

A 

VI 

8 

'jz’natche. 

Sainedi. 

B 

V 

9 

Lup.dl 

Dimancki. 

C 

IV 

ro 

Marii. 

Lundi. 

D 

III 

1 1 

Mercredi. 

Maiii. 

E 

II 

11 

Jeuii. 

Mercredi. 

F 

Ides. 

I? 

Vendeedi. 

Jeudi. 

G 

XIX 

14 

Saiuedi. 

V'er.dredi. 

A 

XViil 

Dimdnchc, 

Same  di- 

B 

XVil 

16 

Lundi. 

Dlmzncke, 

C 

XVI 

17 

Mardi. 

Lundi. 

D 

XV 

18 

Mercredi. 

Mardi. 

E 

XÍV 

íp 

Jeadí. 

‘Mercreli. 

r 

Xill 

20 

VendreJi. 

Jiudi. 

G 

Xil 

21 

Samedi. 

Vendredi. 

A 

XI 

22 

Dírr.anche, 

S’medí. 

B 

X 

23 

Lundi. 

Dimdncke, 

C 

IX 

14 

Mardi. 

Lundi- 

D 

viri 

2) 

Mercredi. 

Mardi- 

E 

VII 

ZÓ 

jeudi. 

Mercreá!. 

F 

VI 

27 

Vendred:. 

Jeudi 

■ G 

y 

2« 

Sa.Tteái. 

Vendredi. 

! A 

IV 

19 

Dlvzanchs* 

Samedi. 

B 

c 

III 

II 

30 

J± 

Lundi. 

Ma-di. 

Dimanche. 

•Lundi. 

retes  fixes. 
Circoncif. 


Epiphanic. 


F É T E S M O'  B I L E S. 


I Dim. 
I Di«i. 


II  Dim. 
II  Dica. 


III  Dim. 
IIÍ  Dim. 


IV  Dim. 
IV  Dim. 


I Dim. 
I Dim. 


II  Dim. 
II  Dim. 


IIÍ  Dim. 
iil  Dim. 


IV  Dim. 
IV  Dim. 


I D m. 
I Dim* 


II  Dim. 
11  Dim. 


III  Dim. 
llí  Diin. 


IV  Dim- 
IV  Dim. 


I D'm. 
1 Dim. 


II  Dim. 
II  Dim. 


III  Dim. 
III  Dim. 


Septuagéf. 

Septuagéf. 


I Dim. 
1 Dim. 


II  Dim. 
II  Dim. 


Septuagéf. 

Septuagéf. 


SexagéSiue. 

Sexagéíim. 


F E V R 1 E R. 


Let. 

Dom 

Joiirs  ! 
da  Meis. 

Aunées.  . 
communes.  ¡ 

Années 

bÜT-.’stÜes. 

D 

Cal. 

I í Meicredi. 

Mardi. 

E 

IV 

2 

Jeudi. 

Mcrcre-ái. 

F 

m 

Vendredi. 

Jeudi, 

G 

II 

£■, 

Samedi. 

V endredi. 

A 

Non. 

S 

Dínianche» 

Samedi. 

B 

vni 

6 

Lundi. 

Dimanche. 

C 

VII 

7 

Mardi. 

Lundi. 

D 

VI 

8 

Mercredi. 

Mitdi. 

E 

• V 

9 

íeudi. 

Mercredi. 

F 

IV 

xo 

V endredi. 

Jeudi. 

G 

III 

1 1 

SamedL 

Vendredi. 

A 

íi 

i 1 

DiTTianche. 

Samedi. 

B 

Ide--. 

X3 

Lundi. 

Dhnanche. 

C 

XVÍ 

14 

Mardi. 

Lnndi. 

D 

XV 

ijIMercredi. 

Mardi. 

E 

XÍV 

1(5.  Jeudi. 

Mercredi. 

F 

Xllí 

xn 

: Vendredi. 

J cudi. 

G 

xu 

18 

¡Same  di. 

V endredi. 

A 

XI 

i9 

' Dimanche. 

Samedi. 

B 

X 

20 

i Lundi. 

D .^a.nche. 

C 

IX 

11 

íMardí. 

Lundi. 

D 

vni 

22 

' Mercredi. 

Mat-ii. 

t 

Vil 

2?  Jeudi. 

Mercredi. 

i E 

Vi 

Ven-dredi. 

Jeudi. 

V’-í 

-5 

Samedi. 

Vendredi. 

g 

IV  5 

i6  Dimanche» 

Samedi. 

B a 

III  4 

a? 

Limdi. 

Dhnancke^ 

C b 

H J 

28 

. Mar.ii. 

Lundi. 

c 

p 

2. 

Z9 

Mardi. 

tombant  aa  I 23  .^vrii.  i 16  Avril.  j 9 Avrü.  | 2 Avtii.  i Mars. 


retes  fixes. 


FÉTES  MOBILES. 


Purificar. 


Vigi-e. 

S.  Mathá 
S-  Mathtas. 


V Dim. 

V Dim. 


V Dim- 

V Dim. 


VI  Dim. 
VI  Dim. 


Septuagéf. 

Septuagéf. 


Septuagéf 

Septuagéf. 


Se.xagéfime. 

Sesagéiime. 


Septuagéf.  Sexagéíime.,  Qainquag. 
Septuagef.  Sesagéfim.  1 Qainquag. 


Cendres. 

Cendres. 


Sexagéfime.  íQuinquag. 
Ss-^agéíinic. 


Qninquag. 

Quinquag. 

Cetjdres. 

Cendres. 


Cendres. 

Cendres. 


I D.  de  C. 
I D.  de  C. 

4 Temps. 
4 Temps. 


I D.  de  C-  D D.  de  C 
I D.  de  C.'IID.  deC. 


i Temps. 
4 Teir.ps. 


Sexagéíim.  Quinquaí.  ilD-  de  C.’II  D.de  ®P‘jeC. 
Seátageíim.  Quir.quag.  ; I D- de  C-^li  D.  de  C.  .lü 


Ces  ietttes  f,  g,  a,b,c,  & ces  chiCres  6,5,4,  3,  ft>"t  pour  ks  années  Biifextiíes. 


CALE  N D^R  I E R A. 

Pour  les  sanees  comrmincs  dor.t  la  Lettre  Domiaica  e cít  A. 

£.t  poux  les  anaées  b:£iesnles  dor.t  íes  Letttes  Doir.lntt;' fo-t  B A 

KT  A R S,  ^ 


Kques  tombantau  | s,  Av.ñl.  | Arril.  i 9 Avr.i.~r  a Avril.  T Mars. 


: l.et.  1 Jours 
¡Dom'du  Mci;. 

Jours  de  ia 

Semaine. 

Fétes  fixcs. 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

r 

1 ^ 

Cal. 

I 

MeK:redi. 

ly  Temps. 

1 £ 

! <3 

VI 

V 

IV 

2 

3 

■4 

Jcuií, 

Veiidredi. 

Samedi. 

1 

[ 

i A 

i ^ 

líl 

II 

5 

6 

Uimanche. 

Lundi. 

Quinquagéf. 

[.  D.  de  Car. 

II.D.deCar. 

Ilr.D.oe  C. 

IV.  D.  deC. 

c 
i D 

E 

F 

G 

Fían.' 

VIII 

VII 

VI 

V 

8 

p 

10 

1 1 

Mardi. 

Mercredi. 

Jeudi. 

Vendrcdí, 

Samedi. 



! 

Ccodics. 

[V.  Temps., 

A 

B 

IV 

III 

12 

Díma.ncke» 

í.  D.  de  Car. 

II.  D.  de  Car.’ 

III.  D.  de  C. 

IV.  D.deC. 

D.  de  la  PaíT. 

c 

D 

E 

F 

G 

II 

Ides. 

XVII 

XVI 

XV 

14 

»5 

fó 

17 

18 

Mardi. 

Mercredi. 

Jeudi. 

Vendredi. 

Samedi. 

IV.  Teraps. 

A 

B 

XIV 

XIII 

19 

20 

Dimanche, 

Lundi. 



II.  D.  de  Car.' 

III.  D.  dcC. 

IV.  D.  de  C. 

D.  de  la  PalT. 

D.  des  Ram. 

XII 

21 

Mardi. 

XI 

22 

Mercredi. 

E 

F 

G 

X 

IX 

VIII 

-3 

24 

^5 

Jeudi. 

Vendredi. 

Samedi. 

' 

¡ 

Mercr.  Sain?. 
J.udi  Saiíit.  - 
Vend.  Saint. 

A 

B 

VII 

VI 

26 

27 

Otmanchern 

Lundi. 

Ilí.  D.  deC. 

. 

IV.  D.  de  C. 

D.  déla  PaíT. 

•D.  des  Rani. 

Samedi  Sai^r. 

PASQUES. 

C 

V 

28 

Mardi. 

iJ 

IV 

III 

29 

Mercredi. 

E 

Jeudi. 

F 

_II 

3' 

V enáredi. 

Vend.  Saim. 

1 

Paques  rombant  au  I 

avril. 

1 

Xet.  Jours 
i Dom  du  Mois 

í 

¡Jours  de  la 
1 Scmaifie. 

Fáies  fixes. 

FÉTES 

M 0 B I 

LES. 

2!^  Mars. 

i ^ 

L-a!. 

IV 

III 

I 

Samedi. 

iiv.  D.deC. 

Sútncüi  Saint 

i PASQUES. 

A 

B 

5 

Dimanchtrn 

Lundi. 

1 

D.  de  la  Pair.:D.  des  Bam 

I.D.  Quafi. 

c 

II 

4 

Mafdi. 

D 

Non. 

> 

Mercredi. 

‘ Mardi. 

E 

VIII 

6 

Jeudi. 

: F 

VII 

Vendredi. 

!'.>eL.vxi  . odiiiL 

í-Veadr.  Saint 

G 

VI 

s 

Samedi. 

A 

V 

9 

I).  de  la  PaíT. 

¡Oaiiiicdi  oaiiii 

¡PASQUES. 

:I  D.  Quaími 

II.  Dim.  i 

B 

IV 

10 

Lundi. 

Luiidr 

C 

D 

III 

II 

II 

Mardi. 

Mercredi. 

• . 



Mardi  Saint 

; Lu  XJI. 
•Mardi. 

12 

E 

lies. 

í? 

J^Udi  Orllpiil. 

F 

G 

XVIH 

XVII 

i4[Vendre!li. 

iJiSaraedi. 

Dimanche, 
lyiLundi. 
rS  Mardi. 





Vendr.  Sajit. 

A 

XVI 

XV 



D.  des  Ram. 
Lundi  Saint. 

S^ricdl  o.íiirL. 

PASQUES. 
Lcndi. 
Marbi.  . . 

I D.  Quaüip. 

II.  Dim. 

III.  Dim. 

XIV 

D 

XIII 

19 

Mercr.  Saint. 

£ 

XII 

Jeudi 

F 

XI 

21 

Vendredi. 

Vendr.. Saint. 
Samedi. Ssint. 
PASQUES. 

G 

X 

22 

Same-'^i. 

A 

B 

I-X 

VIII 

23 

24. 

Dimanche» 



I D.  Quafiin. 

II.  Dim.  . 

III.  Dim. 

IV.  Dim.  ■ 

C 

P 

VII 

VI 

V 

IV 

III 

II 

25 -Mardi. 
2¿jMercredi. 

27'  Jeudi. 

281 V endredi. 
apjSamedi- 
50  Dimanzhe» 

S.  Marc , £v. 

Aíarci. 

I 

E 

F 

G 

I.  D.Qualiai. 

11.  Dim. 

ill.  Dim. 

lY.  Dim. 

V.  Dim. 

Tí 

Aatioititís  ^ Tom  I,  ""  ''  ' " ' ‘ í G 2 a g 


i¿c5 


CALENDRIER  A. 


Poar  íes  années  commnnes  doiit  la  Lcttre  Dominicale  eft  A.  _ . 
Et  pour  les  anoees  blíTextiies  dont  les  Lettres  Dominicales  font  B A. 


M A I. 


— 

Paques  tombantau 

aj  Awil. 

1 1 6 Avril. 

1 9 Añil. 

1 Avril. 

ié  Man.  :i 

Let.  I Jours  ; Jours  de  la 
Dom  du  Mois.j  Semaine. 

j Féics  fixes. 

i 

FÉTES  MOB 

I L E S. 

i 

1 

c 

D 

V 

Cal. 

VI 

V 

1 

2 

5 

Lundi. 

Mardi. 

Me  credi. 

S.  Jac.  S.  Ph. 

Rogatiocs.  ! 

1 

Afeenfion.  j 

F 

G 

A 

g 

III 

II 

Non. 

5 

6 

7 

Vendredi. 

Samedi. 

Dimancke» 

íl.  Dim. 

HI.  Dira. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 
Rogations. 

i 

VI.  D.  oa.  ! 

C 

D 

VH 

VI 

9 

lo 

Maidi. 

Mercredi. 

Jeudi. 

Vendredi. 

Afeenfion. 

V 

V 

IV 

II 

VigBe. 

A 

B 

II 

Ides. 

13 

14 

15 

Dimartcke, 

Lundi. 

III.  Dim. 

iv.  Dim. 

V.  Dim. 

VI.  D.  da. 

PENTEC. 
Ldndi  i 



Mardi.  i 

IV.  TciEpS.  i 

P 

v\r 

Alcenfion. 

p. 

XIV 

39 

Vendredi. 

Vigile. 

I.  D.  Trin. 

A 

XII  / 

YT  ♦ 

21 

Otmanche, 

Lundi. 

IV.  Dim. 

V.  Óim. 

vi.  D.  da. 

PENTEC. 

B 

Rogations. 

Lundi. 

Mardi. 

D 

A 

IX 

VIH 

VII 

VI 

2? 

24 

25 

26 

Mercredi. 

J eudi. 
Vendredi. 

Alcenlicn. 

IV.  Terr.S. 

Féte-Dieu. 

F 

Vigile. 

PENTEC. 

1 UNDJ. 

A 

V 1 

V 

TV 

28 

Oinarcke. 



V.  Dim. 

vi.  D.  oa. 

I.D.  Trin. 

II.  Dim. 

C 

D 

m 

11 

30 

33 

Mardi. 

Mercredi. 



Mardi. 

IV.  Tesis. 

■ J U l N. 

Piques  tombant  au  1 

25  Avtil. 

16  Avril. 

í>  Avril. 

2 Avril. 

2í  Mars.  j 

Let.]  Jours- ’Jour'  d«  U 
Dom  du  Mojs.l  Semaine. 

Petes  fixes. 

F É T E 

S MOB 

I L E S. 

E Cal. 
5 IV 

G m 

A 11 

E Noa. 

C VIH 


VII 
VI 
V 
IV 
III 
u 

Ides. 

ívm 

E 'XVII 
F i XVI 


:i 


XV 

XIV 

XIH 

Xll 

XI 

X 

IX 

Vill 

VII 

VI 

V 

IV 

III 


F i II 


I Jíudi. 

aVendrcdi. 

j-vSamedi. 

4'  Dimanchc* 
5 Lundi. 

¿ Ma'rdi. 

; 7 Mercredi. 

• Sijeudi. 

! pI  Vendredi. 
10  Samedi. 
j I X I Dimanche, 
lilLnndi. 

15  Mardi. 

14Í  Mercredi. 
15' Jeudt. 
rí  ATendredi. 
'17.  Samedi. 

1 18¡  Dirr.anche. 
iiplLundi. 
lao:  .Mardi. 
ai  -Mercredi. 
U2I  Jcudi. 
jajA/endredr. 
24  i Samedi. 

2i  í Oimcnihc, 

adiLircdi. 

27;  Mardi. 
28|M?tcredi. 
29!  Jeudi. 
joiVeadredi. 


Afccníion. 


I VI.  T>.  oa. 


i. 


I . , I 

S.  Barirabé.  Vigile. 

l-ENTEC. 

Lundi. 

Mardi. 

IV.Tems. 


I.  D.  Trin. 


Féte-IHeu. 


'Vlgil.  |eúiie,‘ 
N.'S.  J.  Bao. 


II.  Dim. 


■ Vigil.  jeíiiie. 
:s.  P.  5.  Paui. 


Visiie. 

PEÍ-ITEC.  1.  D.  Trin. 

Lundi. 

Mardi. 

IV.  Temí. 


Téte-Dieu. 

1. 1>.  Trk.  II.  Dim. 


Féte-Dka. 
II.  Diiii. 


III.  Him. 


II.  Dim. 


III.  Din». 


IV.  Dini. 


III.  Dim.  -IV.  Dim.  . V.  Dim. 


III.  Dim. 


IV.  Dim. 


V.Dim. 


VI.  Dim.  i 


k 

C A L E N D aH  I E R A. 

(Se  7 

Poar  ks^iiñécs  corcmunes  dont  ia  i-ct:re  JJ>omir.2calc  eíb  A.  1 

Et  poui  annees  biÍ>'exiUe£  dont  les  Lctues  Dciuinicales  fom  B A.  1 

J U i L L E T. 

Paques  tombant  aa  J 2.3  Aviil.  i id  Aviil.  1 ^ Arrii.  | % AvrB- 

f í6  Mars. 

Fk«  ii.es. 


Dom  da  Mois.i  Semaine.  I 


FÉTES  MOBILES. 


G 

Samedi. 

A 

VI 

i ^ 

Dimancke» 

Vií¡t.delaV.  III.  Dim. 

IV.  Dim. 

V.  Dim. 

VI.  Dim. 

B 

1 V 

t 3 

Lundi. 

C 

' IV 

4 

Mardi. 

D 

III 

Mercredi. 

E 

li 

i ¿'Jcudi. 

F 

Non. 

i yjVendredi. 

G 

VIII 

! S Samedi. 

A 

VII 

1 9 

Dimanche, 

«•••••.  . ••• 

IV.  Dim. 

V.Dim. 

Vi.  Dim. 

Vil.  Dim. 

B 

VI 

10 

Lundi. 

C 

V 

1 * * 

Mardi. 

D 

IV 

ira 

Mer  exedi. 

E 

III 

|i; 

Jeudi. 

F 

II 

1*4 

Vendredi. 

G 

Ides. 

Samedi. 

A 

XVTI 

i6\l)¿tnancfie» 

V.  Dim. 

VI.  Dim. 

Vil.  Dim. 

VIH.  Dim. 

B 

XVI 

1*7 

Lundi. 

C 

XV 

ji8 

Mardi. 

D 

XIV 

Mercredi* 

E 

XIII 

Jeudi. 

F 

XII 

¡SI 

Vendredi. 

G 

XI 

Samedi. 

A 

X 

D:mancht, 



VI.  Dim. 

Vn.  Dim. 

VIII  Dim. 

IX.  Dim. 

B 

IX 

!24 

Lundi. 

Yi£ile. 

C 

VIII 

Mardi. 

S.  Jac.  le  M. 

D 

VII 

taííMcrcredi. 

E 

VI 

27 

Jeudi. 

F 

V 

28*  Vendredi. 

G 

IV 

29 

Samedi. 

A 

III 

30 

D -manche. 

• . . • ....... 

VII.  Dim. 

VIII.  Dim. 

IX.  Dim. 

X.  Dim. 

B 

II 

31 

Lundi. 

' 

VII.  Dim. 


Vm.  DL-n. 


IX.Dim. 


X.  Dim. 


XI.  Dim. 


A O U T. 


Paques  tombant  aa 

• 23  Arril.  ■ 

i5  Avril. 

* 9 Aviii,  1 

2 Ayril.  í 

2á  Mars. 

Let-  1 Jours  íJours  de  la 
Dom  du  Mois.  Semaine. 

Fétes  fises.  j 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

! C 

Cal. 

1 Mardi. 

D 

IV 

2 M'icredi. 

i E 

III 

^ Jeudi. 

F 

II 

4 V eiidredi. 

G 

Non. 

5 Samedi. 

: A 

VIH 

é Dimanche, 

Tr.  de  Jí.  S. 

VIH.  Dim.  IX,  Dim. 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XII.  Dim. 

: B 

VII 

7 Lundi. 

C 

VI 

S Mardi. 

D 

V 

9 Merexedi. 

V }gile. 

E 

IV 

lo  Jeudi. 

3.  ilaurent. 

F 

III 

11  Vend  edí. 

G 

II 

12  Same^'i. 

A 

p 

13  D mat  che, 



IX.  Dbn. 

X.  Dim. 

XI.  Di.m. 

Xii.  Dim. 

Xlll.  Dim, 

B 

XIX 

14  Lundi. 

V icii.  jerune. 

C 

XV III 

15  Mardi. 

Aítoniption. 

D 

XVII 

16  Mercredi. 

E 

XVI 

17  J eudi. 

F 

XV 

j%  Vendredi. 

G 

XIV 

ip  Samedi. 

A 

XIII 

20  D'mdnche, 

, . • 

X.  Dim. 

XI.  Dim. 

XH.  Dim. 

XIH.  Dim. 

XIV.  Dim. 

B 

XII 

21  Lundi. 

0 

XI 

22  Mardi. 

D 

X 

23  Mercredi. 

Vigil. 

E 

IX 

24  .Teudi. 

3.  Bartlié!. 

F 

VIII 

2 5 Vendredi. 

Lcuis. 

G 

VII 

26  ijamedi. 

A 

VI 

27  Dimancke, 

XI.  Dim.  XII.  Dim. 

XIII.  Dim. 

XIV.  Dim. 

XV.  Dim,  ! 

B 

V 

z¿  Lundi. 

i! 

c 

IV 

29  Marii. 

li 

D 

III 

30  Mercredi. 

II 

31  Jeudi. 

5S; 

6oH 


G .A  L £ N D R i E R A. 


iS 


Pciir  Ies  ar.nécs  co’mníuncs  doxt  la  Lettre  DcihItí^C'Ic  eft  A* 
S^po-aries  ar-n^s  biíTesti'cs  dx>i;t  tís  Le«res  Düirdiiica'es  fonr  B A. 

s~e'p~t"1í”m  B R é. 


Piques  tombsnt  su 


Let. 

PJíHll 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

D 

E 

F 

G 

A 

B 

C 

I> 

E 

F 

G 


ijVsz!<ke¿i. 

2 Ssmedi.!  . 

3 ! Dimanc’ií.  . . XII.  Diai. 

4ÍLar.di. 


Joars  Jou,rs  de 
AíeÍ5.‘  Semsiae. 

IV 

III 

II 

Non. 

VIII 
VII 
VI 

V 

IV 

III 
II 

Ides. 


Fctes  fixes. 


2j  Ato!,  i is  Avril.  I 
F É T E S 


? ATri!.  i 2 Ávril,  ) 

M O B I L E S. 


ií>  Mí2S, 


5 i -Martíi. 

6 ■ Mcrciedi- 
T Jeadi. 

8 Vendredi. 

9 S-imcd!. 
xo'  Dimancke* 

II  i Lundi. 
I2;-Mardi. 

ij  Alercredi.. 

XVÍIPi.i’ Jeudi. 
,X-Vií  ij,,VeBdcedi. 

, XA'I  i¿  Sameífi;  ' 
XV  ' ij  Dimanche.. 
: XIV  ' iSí  Lur.dl. 

■ XIII  ipAMardi. 

XII  soiMexcredi. 
XI  ii'Jeudi. 

X UiiVeiidredi, 

'ÍX  ' 2g-' SáíTífedí.. 

Z>Í7nanche, 

; 25 : Lundi. 
'2i5,Mardi. 


i:-.  i-. 

i XIII.  Dini.  XIV.  Dim. 


4 T.Vigue. 
5>.  Alit. 


TIII 

VII 

VI 

V 

IV 

w 


XIII.  Diffl.  XIV.  Dim.  XV.  Dim. 


XIV.  Dlm.  XV.Diin.  XVI.Dim. 


' XY.  Dim.  IXVí.  Dím. : iXVII.  Dim. 


XV.  Dim.  XA'I.  Disi. 


XVI.  Dim.  XVD.  Dim. 


lia^iMercredi. 

; 28Í  Jeiidi. 

A?;  Vendiedi. 
Ijo  &aruxdi. 


s.  MícíkI. 


XVII.  Dim. 


XVIII.  Dim. 


XVIII.  Dim. 


XIX.  Dim., 


O C T O B R E. 


-L«. 

Dom 


Piques  tomfcact  au 
- Jcmrs  Joars  de  la 
cu  Xíois.  Semaiae,  ) 


I 25  Av¡il. 


Fétei  üses.  i 


t6  Avrll. 

F É T E S 


i 9 Avri!.  ¡' 


Arril. 


24  Mars. 


XI  O B I L E S. 


n A . 

Cal. 

I J)}.TnsLnck£, 

XVI.Dim. 

XVII.  Di». 

XYIII.Dim.lXIX.Dim. 

XX.  Dim,  ' 

■ B 

VI 

2 Luadi. 

i C 

V 

3 Mardi. 

1 D 

TV 

1 at'Mercrcdi. 

i s 

III 

5 Jeudi. 

i ^ ^ 

II 

i éiVend redi. 

I ® 

‘FTon . 

; 7 "Samedi. 

r á- 

VIH 

: %\D'rns.nche» 

XVII.  Dim. 

XVüI.Dim. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dim. 

XXL  Dim, 

h B 

vil 

: ^iLiuid!. 

ii  C 

VI 

; 10;  Mardi. 

l\  D 

V 

níMercredi, 

i'  E 

IV 

: ii:  Jeudi. 

. 

|i  F ■ 

HI 

‘ 134  Vendredi. 

1 

" ' G 

, II 

■ i4:Sairíédi. 

1 

Ides., 

: ! 5 \XJ:rnanchs. 

XA'III.Dim. 

XIX.  Dim. 

XX.  Dita. 

XXI.  Dim. 

XXII.  Dim> 

1 

xvir 

■2í  i Lundi. 

i c 

XVI. 

An;  Mardi. 

1 

i D 

X'V 

'iSÍMetctedi. 

S.  Luc.  Ev. 

¡ 

XIV' 

; ip|  Jeadi. 

i F 

XIÍI 

j20¡  Vendrediv  ^ 

1'  G 

XII 

isiíSamedi. 

i ^ A 

1 B 

xi 

X 

1 22  i U'rnanche. 
;2?ÍLundí, 

• 

XIX.  Dim. 

IPC.  Dim. 

XXI.  Dffii. 

XXII.  Dii2i. 

XXIII.  Dim. 

C 

IX 

j2u:  Marui. 

> D 

VIII: 

: 25 : Mercredi. 

",  E 

VID 

I2á:jeudi. 

F - 
! G 

VI 

27  Vendredi. 

28  Samedi. 

V 

...  ■ 

S.  Sisn.  b.  j u. 

íe  A. 

l ^ 

ÍV 

III 

^9^:D:msT:che.t 



XX.  Dim. 

XXI.  Díhi. 

XXII.  Dim. 

XXilI.  Di». 

XXíV.Di®.' 

I C 

II 

ai '.Mardi. 

Viail.  ied.ne. 

i 

r 


T 17 


E N D R I E R.  A. 


lA'ur  les  aunées  communes  dont  la  Lcttre  Dcminicale  eíl  A. 

Et  pour  les  anne-is  biliexdles  done  ^ts  Leteres  Dominicales  font  B 


i 

1- 

¡N 

0 V E ¡W  B R E 

• 

i 

Pá<j4C3  tombant  aa 

1 23  Avri!. 

1 16  Avri!. 

1 9 Avril. 

I 2 Avril. 

I 26  Mars. 

Let. 

Jours  J Joura 

Eétes  áxe*. 

F É.  T E 

S MOBILES. 

Dom 

du  Mois-jdelafeniime, 

i D 

Cal. 

I íMcícrcái. 

La  TouiT. 

E 

IV 

1 Jeuái. 

L,es  Xvíoits. 

1 E 

III 

3 ' Vendredi. 

' G 

II 

4 Samedi. 

XXIV  Dim 

XXV  Dim. 

Non. 

vm 

5 ' Dím^rtche» 

6 Landi. 

XXI  Dim. 

XXn  Dim. 

XXIII  Diai. 

1 B 

C 

Vil 

7Mardi. 

D 

Vi 

SMercredi. 

E 

V 

9:  jeudi. 

F 

IV 

i o!  Venáredi. 

G 

III 

ii'Samedi. 

b.  Martin. 

XXV  Dim. 

XX\T;  Dim. 

A 

li 

iS'  Dijnanehs. 



XXII  Dim. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim.l 

1 B 

ides. 

13  Lunli. 

í C 

XVIII 

14  Mardi. 

D 

XVII 

15  Míteredi. 

i E 

XVI 

lái  Jeudi. 

E 

XV 

i7‘ Vendredí. 

i A 

XÍV 

XIII 

XII 

iSjSamedi. 
ip.  Dimanche, 

20;  Lmidi. 

XXIII  Dim. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

XXVII  Dim.  ^ 

1 B 

‘ r 

XI 

X 

2ij  Mardi. 
22jMercredi. 

Pxéf.dela  V. 

E) 

1 E 

IX 

25I  Jeadi. 

! F 

VIII 

24;  Vendredí. 

i G 

VII 

X^XVIIID.  ; 

VI 

V 

z6'^Dimanche, 

27:  Liindi. 

XXIV  Dim. 

XXV  Dim. 

XXVI  Dim. 

XrVíIDim 

B 

j 

C 

IV 

28¡  Mardi. 

1 D 

III 

291  Mercredí. 

Vigile. 

í 

E 

II 

sa'jeudi. 

S.  And.  Ap. 

■ 

D 

É C E M B R E 

. 

} 

Paques  tombant  aa 

25  Avril. 

¡ i6  Avril.’ 

1 9 Avril. 

¡ 2 Avril. 

1 ai  Mars. 

i Let-I 

Jours  i Jou-rs 

F É T E 

S M 0 B 

I L E S. 

i 

. Dom'du  Moisdde  iaíemahíe. 

I 

G 

Cal. 

IV 

I jVendredi. 
2,Samedi. 

I Dim. 

I Dim. 

A 

III 

II 

3 j Dímanchc, 
4:Lundi. 

I D.  de  l’Av. 

I Dim. 

I Dim. 

B 

C 

Non. 

5 i Mardi. 

D 

VIII 

Mercredi. 

E 

VII 

7' Jeudi. 

F 

VI 

SiVendredi. 

Conc.delaV. 

j 

G 

V 

piSamedi. 

• 

II  Dim.  ¡ 

A 

IV 

íll 

II  Dim. 

II  Dim. 

II  Dim, 

n Dim. 

B 

ujLundi. 

C 

II 

12  i Mardi. 

D 

Ides. 

1 3 1 Meicredi. 

E 

XIX 

14’ Jeudi. 

F 

XVIII 

15;  Vendredí. 

i G 

XVII 

Samedi. 

ni  Dim.  i 

A 

XVI 

XV 

'i^\DiTncLnche, 

i8!Lundi. 

III  Dim. 

in  Dim. 

lEDim. 

in  Dim. 

; B 

! C 

XIV 

19!  Mardi. 

i D 

XIII 

2e;  Mercredi. 

4 T.  Vigile. 

1 E 

XII 

ailJeudi. 

S.  Th.  Ap 

i F 

XI 

2ii  Ver-dredi. 

i G 

X 

23  ¡Samedi. 

Vigile  jeüne. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

IV  Dim.  1 

A 

IX 

manche, 

a5!Lunái. 

IV  Dim. 

IV  Dim. 

B 

X’III 

NOEL. 

! C 

VII 

aájMaidi. 

S.  Etien.  M. 

■ D 

VI 

2'"!  Mercredí. 

í>.  Jean  Ap. 

1 E 

V 

2?!  Jeudi. 

Les  bS.innec. 

E 

IV 

29  jVendredi. 

G 

III 

5ojSsmedi. 

' A 

II 

%-i' Giminckt. 



D.  Oftare. 

D.  Oclave. 

D.  Ociave. 

D.  Oaave. 

r>.  Oc^vc.  *1 

Ar^tiquitc  i , Tome  1, 


Hhhh 


T A B L E D E IVí  O N S T R A T I V E 

DES  SEPT  CALENDRIERS5 

V Oici  Ies  fept  Calenariers  GÍÍtribués  ruivant  Torárs  retrograde  des  íept  Letrres 
Dominicales , avec  les  cinq  Paques  qui  appartiennent  acbacune  de  ees  Lettres.  Maii 
comme  íCj  Paques  de  chaqué  Calendrier  ne  fe  fuivent  pas  immédiatcment,  i!  s’aeis 
m.iiatenant  de  faire  voir  fur  quels  principes  neus  les  avons  placees  dans  Ies  Caiendrieri 
oü  elíes  fe  trouvent.  La  table  fuivante  tiendra  lieu  de  démoañration. 


l£S  TREKTE-CINq  PA(¿UES  j avec  ks  Lettres  Dsminieaks-  teur  eorrefpcnicnt. 


‘"'P'  pour  voü  U ron  a rao# 

íiacune  des  Paques  foas  la  Lettre  Dominicale  qui  luí  coavient. 

Kota.  ron  d.  murjué  dom  fo  CnkndrUrs  Us  i<¡kes  umycfMomom 


CAL 

CALENDRIER  LLXAIRE  PEREÉTUEL  , 

®tl  Cultr.drier  anden,  de  1‘ égllfe , réu.rd  avcz  celui 
de  Grégoire  XIII , tiré  de  VXrt  de  védjkr  les 
¿ates. 

A V E R T I S S í.  M E N T. 

Du  nombre  ctor , ou  cycle  de  ens.  Le  noir.’ore 
d'or  eft  celui  qui  régloit  Tancien  ñyle  _pour  le 
commencement  de  chique  lune.  Les  dix-neuf 
anpées  dont  51  efl  compcfé , répondenr  aux  dis- 
neiif  joiirs  de  chaqué  mois  , ou  les  anciens  pen- 
foienr  que  les  nouvelles  iuues  pouvoient  feu'e- 
ment  arriver.  On  a mis  des  O vis-á-yis  des  ^au- 
tres  jours  auxque'is  le  nombre  á’or  ne  peut  s'ap- 
pliquer.  Ainíi  pour  trourer  dans  le  vieux  ñyle 
la  nouvelie  lune  de  chaqué  niois , de  tel'c  année 
qu^on  voadra  j il  n’eít  queilion  que  de  connokre 
le  nombre  d'or  qui  apnartient  á cette  année  , & 
voir  enfuñe  le  jour  de  chaqué  mois  auquel  il 
correfpond.  Voulez-vous  favoir  j par  exemple  , 
quels  jours  tombcient  les  nouvel'es  lunes  en 
Eannée  1500  ? Clierchez  le  nombre  d'or  de  cette 
année  dans  notre  table  chronologíque  , & 
vous  trouverez  ip.  Aoyez  aprés  cela  dans  notre 
calendrier  lunaire  Ies  jours  auxquels  ce  nombre  íe 
xapporte.  Se  vous  trouverez  y janvier,  3 février , 
j mars  j 4 avril  ^ j maij  2 jum,  i & 5*^  juí  let, 
2?  aoút  j 27  feptembre,  2(5  odtobre,  25  novem- 
bre  j 24  décembrCj  qui  font  toutes  íes  nouveiles 
lunes  de  Pannée  lycc. 

Tles  lettres  dominicales. 

Nous  ne  dirons  ici  qu’un  mot  des  lettres  domi- 
nicales 5 eües  font  Ies  mémes  Se  fuivent  le  méme 
ordre  dans  Eancien  & le  nouveau  calendrier. 
L’unique  dérangement  arrivé  á l’ordre  de  ces 
lettres  , eft  celui  qu  on  peut  remarquer  dans  notre 
Table  Chronologique  enl'an  15S2.  Si  Tancien 
<alendrier  n^’avoit  point  été  change cette  annee-Iá  , 
on  n’y  verroit  qu’un  G pour  lettre  dominicales 
& ce  G auroit  fervi  pour  marquer  tous  les  di- 
manches  de  Tannee.  Mais  on  y voit  auT;  un  C j 
■&  ce  C marque  les  dimanches  de  i’année^ 
aprés  le  retranchement  des  dix  jours  qui  s eít^fait 
a Rome  depuis  le  y oftobre jufqu’au  14  du  méme 
mois  incluiivement.  Siqueiqu  un  veut  com.prendre 
ceci  bien  claiiement,  cu  il  jette  les  yeux  fiir  le 
premier  calendrier  qui  Iiii  tombera  fous  la  main  ; 
il  y verra  que  le  30  feptembre  eft  un  dimanene  ^ 
lorfquc  G eft  la  lettre  dominicale.  A , B ^ C ^ D, 
qui  répondent  aux  cuatre  prem.iers  jours  d’odlo- 
bre  ^ marcuent  alors  le  lundi  , le  mardi  ;,  _!e  mer- 
credi  & le  jeudi.  Retranchez  enfuite  dix  joprs 
de  ce  mois  , & nous  nous  trouveross  au  ly  cc- 
tobre,  jour  auquel  repond  la  lettre  dominicale  A. 
Cette  lettre  A , pour  ne  ríen  déranger  dans  l’or- 
dre  des  jours  de  la  femaine  aprés  le  retranche- 
ment  des  dix  jours  da  mois  , a dú  marquer  le 
yeadredi , la  lettre  B le  famedij  & par  coni'équeat 


CAL  ííiT 

la  lettre  C , aprés  le  retranchement  fair  , depuis 
le  y célebre*  jufqu’au  14  inclulivemcnt , a mar- 
qué ¡es  dimanches  du  reíte  de  cette  annee  iyb2. 
y oila  l'ur.ique  chang'ement  que  le  nouveau  calen- 
crier  ait  apporté  dans  i’ordre  des  lettres  domini- 
cales 5 á moir.s  qu'cn  ne  prenne  pour  un  autre 
changement  la  fuppreífton  des  doubles  lettres  , 
aux  années  centenaires  qui  ne  font  pas  biíléxtiles. 


Des  e'pacles  du  nouveau  fyle. 


Au  nombre  d’or  employé  dans  le  vieux  ftyle  , 
cnt  fuccédé  les  épaétes  dans  ¡e_  nouveau  , pour 
íixer  les  nouvelles  lunes.  Lxaminons-en  d abord 
. a poíition. 

Ces  trente  nombres , que  les  auteiirs  du  nou- 
veau calendrier  ont  appelé  épañes , font  pngés 
vis-a-vis  des  jours  de  chaqué  mois  de  1 annee 
dans  un  ordre  retrograde  , depuis  le  nomore 
trente  j m irqué  par  un  aftérique  ]ufqu  au 
nombre  I-  De-la  recommengant  toujours  par  cet 
aftérique  jafau’a  ce  nombre  I , Ion  procede^  en 
rétrouradant  depuis  le  premier  ce  janvier  jui- 
qn’au  dernier  de  décembre ; de  relie  forte  qu  a 
la  différence  du  nouibre  d’or , il  n’y  a aucun  jour 
de  rannée  qui  ne  foit  marqué  au  m.oins  dune 
épacte.  Tel  eft  i’arrangeinent  de  ces  trente  nons- 
bres  5 ou  uouvelles  épaétes  ; en  voici  maintenant 


l’ufage. 

Pour  connoitre  Ies  nouvelles  lunes  de  chaqué 
mois  que  ce  puiííe  étrc:,  depuis  lySz , tant  que^Ie 
nouveau  cilendrier  fubíiitera  , il  r.e  faur  que  1 e- 
paíie  de  i’année  nropofée.  Par  exemple  , je  fais 
par  notre  Table  CHRONOLOGiqtiE^oiUesépaaes 
de  chaqué  année  font  marquées  , qu’en  i’année 
1766,  nous  comptor.s  XVill  épaétes.  Tous  les 
jours  de  chaqué  mois  ou  l’épaéte  XA  líi  eft  mar- 
quée  , font  par  conféquent  les  nouvelles  lunes 
que  .je  cherche.  Or  je  rrouve  cu  en  17Ó6  Ies 
nouvelles  lunes  arriveat  les  15  janvier  ^ 11  fe- 
vrier , 15  mars,  ii  avril , 11  mai  , 9 jum  , 9. 
juiilet  j 7 aoúr , 6 feptembre , y oétobre  , 4 no- 
vembre  & 3 décembre  , par  1?.  raifon  que  répa-élc 
XVTIÍ  fetrouve  placée  vis-a-vis  de  tous  ces  jours- 
la  : voüá  done  S’objet  de  ma  recherche  vempli.  II 
faut  cependant  faire  atrention  que  le  plus  fouvenr 
la  riouvelle  lune  , comme  nous  !e  dífons  au  mot 
Épactes  , arrive  deux  jours  avant  celui  quí  eft 
marqué  car  i’ép.iñe , quelquefois  trois  jouts, 
d'autres  fois  un  jour  , & que  /arement  e^ie  ar- 
rive le  méme  jour.  Mais  on  voit  ici  dans  la  tibie 
d»s  énades  de  notre  calendrier  ^unaite  , plufieurs 
jou*s'oíi  il  V a deux  ep.taes : que  íigninent  ces 
deux  épactes  ? C’eft  ce  qu  ¡I  fout  exphquer.  L’é- 
paíte  2,-,  en  chiftres  atabes,  marouee  v:s-a-v:s 
d’une  mt>e  épacte  en  chitfres  romains,.  le  6 ian- 
vkr  , le  4 féVner , le  6 mets , le  4 avrl! , le  4 
mai.  Le  2 juin  , le  2 jiullet  & le  3:  da  méme 
niois,  le  to  aoút,  le  2S  feptembre  . le  28  odo- 
bre  le  novembie,  & eunn  le  2í5  déceu.b-c, 
‘ il  h h h ij 


1 2.  CAL 

a cté  inventíe  pour  marcuer  en  certíiines  années 
!es  nouTe’lcs  lunes  , un  peu  diiíéremment  qa^elles 
n auroienr  eré  indiquces  par  Tépañe  marcuée  en 
chiftres  romains  5 & cela  afin  de  míeux  accorder 
rannée  ¡unaire  avec  celle  du  foleil.  Voici  les 
années  ou  Ton  doit  fe  fervir  de  répaéte  2 j , maí- 
qiiée  en  chiíFrés  arabes.  Cefl:  lorfqu^elle  répond 
á un  nombre  d’or  qai  eíl  au-deíTus  de  onze  , 
comme  font  les  huir  derniéres  années  du  cycle 
de  19  ans.  Que  fi  Fépafte  zj  répond  á un  nom- 
bre d°or  au-deíTous  de  douze , comme  font  les 
cEze  premieres  années  du  méme  cycle  de  19  ans, 
on  fe  fert  alors  de  Tépafle  XXV  , m arquée  en 
ch.ifFres  romains  ^ & jamais  de  Fautre  ^ qui  ne 
ccmmencera  d’étre  en  ufage  qiFaprés  Fan  15005 
aínfi  nous  ne  devons  point  craindre  cu'elíe  nous 
embarraíTe  jamais.  I!  a fallu  néanmoins  en  par- 
1er  j pour  ne  rien  laiíTer  fans  explication  de  tout 
ce  qui  fe  renconrre  dans  la  rabie  des  épactes. 

F'.ous  avons  encore  deux  épaéles  vis-á-vis  du 
31  décembre  ; Fépaéte  19  en  chifrres  arabes^  & 
Fépacie  XX  en  chifrres  romains.  La  premiére 
fert  pour  les  années  oü  elle  concourt  avec  le 
nombre  d'or  155 ; & c’eft  ce  qui  arriva  pour  la 
derniére  fo!s  en  idqy  , 8c  n’arrivera  plus  avant 
8)00.  La  feconde  fert  pourtoures  les  années  ou 
ce  concoars  ne  fe  rencontre  point.  Pour  ce  qui 
eíl  des  épactes  XXV  & XXIV  ^ toutes  deux 
marquees  en  chiíFres  romains  , vis-á-vis  des  f 
pvner  ^ 3 avril , 3 juin  , !•  aoút , 29  feptem- 
cre  & 27  novembre  , elles  font  doublées  pour 
deux  raifons.  La  premiére  eíl  que  íi  trente  épaéles 
fe  fuccédoient  les  unes  aux  autres  douze  fois  j 
fans  qu  aucune  fut  doublée  j elles  répondroient 
a ^60  jours  ^ & Fannée  iunaire  commune  n^en 
connent  que  3 34  , con'm.e  nous  le  difons  au  njot 
Epactes.  Afin  done  que  le  nombre  des  épaéles 
ne  furpafe  pas  le  nombre  des  354  jours  de  Fan- 
née Furiaire  commune,  il  a fallu  doubler  fix  de 
ces  epaftes.  Par  le  moyen  de  ces  íix  épaéles  dou- 
biées  , les  trente  répétées  douze  fois  , ne  nous- 
conduifent  que  jiifqu’au  20  décembre  incluílve- 
ment ; au-lieu  qu^elies  nous  conduiroient  juf- 
eu  au  26  du  m.éme  mo:s , s’il  nV  en  avoit  aucune 
de  doublee.  Or,  il  eíl  néceíiaire  qu’elles  ne  nous 
conduifent  que  jufqu’au  20  décembre,  afin  quhl 
rede  onze  jours  jufqu’á  la  fin  de  ce  mois,  c'eíl- 
a-díre , aiitant  de  jours  que  Fannée  Iunaire  en 
contierit  moins  que  la  folaire  , qui  finit  toujours 
le^  31  decembre.  Ces  onze  derniers  jours  ce 
décembre  font  marqués  des  mémes  épaéles  a -z 
les  onze  premiers  du  nrois  de  janvier  ; & Icrf- 
que  la  nouvelie  tune  arrivs  i un  de  ces  derniers 
ipjp  A , elle  eíl  toujours  exaélement 

iñdicuee  par  Fépacle  qui  répond  a ce  jour. 

» feconde  ^ raifo.n  pour  laquelle  il  y a íix 
epaftes  douolees  , ou  , pour  míeux  dire,  nour- 
ouoi  ces  épaéles  doublées  font  placees  vis-á-vis 
ces  5 fevrier,  j avril , 3 juin,  i aoúr,  29  fep- 
íém..,re  & 2^  novembre , eíl  afin  que  les  lunes 


CAL 

pleines , on  de  50  jours,  &:  les  lunes  caves  qui  n’en 
onr  que  29,  fe  fuccédentairernativement,  comme 
nous  avons  encore  dit  au  mot  Epactes  , qu’éües 
fe  doivent  fe  focceder.  En  effet , ces  deux  épaéles 
XXV  & XXIV , ainíi  placees  vis-á-vis  Fuñe  de 
Fautre  aux  jours  que  nous  avons  marqués,  font 
que  toutes  Ies  épaéles  qui  les  fuivent,  avancent 
¿’un  jour  5 & en  avancant  amíi , elles  font  naítre 
cette  fucceffion  de  lunes  pleines  &:  de  lunes 
caves.  C eíl  ce  qudi  eíl  aifé  d’éclaircir  par  un 
exempie.  Nous  avons  dit  qn’en  Fannée  iy66 , 
nous  comptions  XVÍíI  d’épaétes , autant  que  la 
lime  avoit  de  jours  le  51  décembre  de  Fannée 
lyáj.  N'ous  avons  dit  encore  , & nous  Favons 
rouvé  par  la  .difpoíition  des  épaéles , que  quand 
y a XVIií  d’éoaéte  , les  noavelles  lunes  *tom- 
boient  le  13  janvier,  le  ii  fevrier,  le  i3mars, 
le  II  avril,  le  ii  mai,  le  9 juin,  le  9 juület, 

, le  7 aoüt , le  é feptembre , le  5 oélobre , le  4 
novembre  & le  3 décembre.  Prenons  maintenant 
la  peine  de  compter  Ies  jours  de  ces  lunaifons , 8c 
nous  verrons  que  celle  de  janvier  eíl  de  30  jours  , 
celle  de  fevrier  de  29  , celle  de  mars  de  30,  ceüe 
d'avril  ce  29  , & ainíi  des  autres,  toujours  alter- 
nativement  Fuñe  de  308c  Fautre  de  29,  jufquá 
la  fin  de  Fannée. 

Pour  ne  poínt  nous  tromper  dans  ce  cakul, 
il  faut  raire  artention  á ce  que  nous  difons  a Far- 
ticledu  Cycle  iunaire, que  la  lune  ,oulunaifon 
d'un  moís,  n'efí  pas  celle  qui  commence,  mais 
cede  cui  fir.it  en  ce  mois.  La  lune  de  janvier , 
par  exempie , n’eíl  point  celle  qui  commence  le 
13  de  ce  mois  en  Fannée  1766  , mais  celle  qui 
finir  le  12  du  méme  mois,  8c  qui  avoit  com- 
mencé  le  14  décembre  de  Fan  I7(íj.  Cela  fup- 
pofé , comme  il  doit  Fétre , fuivant  tous  les 
anciens  & nouveaux  computiíles , venons  á notre 
exaipen,  8c  comptons.  Depuis  le  14  décembre 
jufqu’au  12  janvier  inclufívemenr  , il  y 5° 
jours  : dónela  lune  de  janvier  eíl  une  June  pleine, 
ou  de  3c  jours.  Depuís  le  13  janvier  jiifquau 

10  février  inclufivement , il  y a 29  jours  , ceft 
la  lune  cave  ( ou  de  29  jours  ) de  février.  Depuis 
le  II.  février,  jufqu’au  12  mars  inclufivement, 

11  y a 30  jours  ,- 8c  depuis  le  13  mars  jufquaii 
10  avril,  roujburs  incluíivement , il  n’y  a que 
29  jours.  Ce  font  Ies  deux  lares,  dont  I une  eít 
pleine  Se  Fautre  cave  5 la  premiéri  de  mars  , la 
feconde  d’a  TÍI.  En  continuant  le  méme  calcul 
jufqu’au  mois  de  décembre  , on  rrouvcn  une  lune 
pieine  pour  le  mois  de  maí , u:.e  cave  pour  le  mois 
de  juin : une  pleine  en  juilíet , une  cave  en  aout : 
une  p'eine  en  ieptem.bre,  une  cave  en^cctobret 
une  pleine  en  novembre  , une  cate  en  decembre  , 
laquelle  fir.it  le  2 de  ce  m.ois.  Celle  qui  commence 
le  3 , appartient  au  mois  de  i-nvier  de  1 anjiee 
1767.  Ces  lunes  pleines  Se  cai'es  qa;  fe  luct-ucnC 
alternativement,  ne  íont  íi  exaélemenr  indv'uees 
par  les  épaéles  du  nouveau  calendner , 

qu’on  y a place  les  épaéles  XXV  Se  XXiV 


C A L 

\ñs-í-vis  Fuñe  ae  Fautre  j aux  jinirs  que  nous  avons 
marqués. 

i!  ne  nous  reíte  plus  qu’á  eonficicrer  le  con- 
cours  cu  la  eorrefpondance  oes- épacbes  <ki 
vean  caíendrier  avec  ie  nombre  d'or,  ou  les  diffé- 
renres  années  du  cycle  de  19  ans.  On  peu:  vc:r 

dansnotreTableCHRONOLOGiQcEj  comment  les 
épacles  répondentá  ces  années  ^ foic  ayant , foit 
áepuis  la  réformaticn  du  calendrser.  Mais  en  nous 
bcrnarit:  ici  á ce  qui  regarde  le  caíendrier  reforme  , 
nous  voyons  que  depuisla  réformej  jufqiFen  1700 
incluíivement  ^ Fépacte  I répono  au  nombre  d’or  Ij 
répaCte  XIí  au  nombre  d’or  II , & ainí)  des  au- 
treSj  cemme  on  les  voit  marquées  toutes  de  fuite 

dansiaTableCHRONOLOGiquEjdepuisFan  i ' 

jufqiFen  1614  incluíivement.  Depuis  & compris 
17CO3  jufqu'en  1899  incluíivement  dans  notre  Ta- 
bla ChronologiquE:,  on  apperqoit  une  nduvelle 
correfpondance  des  épadles  & des  nombres  d or  ; 
répaéle  XXX , oa  Faftérique’í' , répond  au  nom- 
bre d’or  I,  FépaCte  Xi  au  nombre  d'or  II , & le 
relie,  cocime  on  peut  le  voir  de  faite,  depuis 
171C  jufqu'en  1728  incluíivement.  Si  Fancienne 
correfpondance  avoit  été  encore  en  ufage , on, 
auroit  compré  X d’épaéie  , coir.me  on  en^comp- 
toit  roui’ours  X vis-a-YÍs  du  nombre  d’or  X , ainli 
qu’on  peut  ie  voir  toutes  les- fois  que  ce  nombre 
d’cr  X fe  rencontre  depuis  ijSa  jufqu’en  1700. 
Mais  ea  1700  ,,á  caufe  du  nouveau  concours  , 011 
rapport  des  épañes  avec  Ies  nombres  d'or,  onvoit 
l’épacle  IX  \is-á-vis  du  nombre  d’ot  X,  & cette 
épaéte  IX  marque  les  nouvelles  lunes  de  c’naque 
mois  un  jour  plus  rard  qu’eíles  n'auroient  éte 
marquées  par  Fépacte  X-  Celle-ci  aiiroit  marque 
la  nouvelielune  le  21  janvier,  le  19  février,  &c. ; 
í’épaéle  IXFamarquéele  22  janv'er,  lezo  féyner, 
& ainíi  des  autres,  toujours  un  Jour  plus  tard  que 
l’épaéie  X ne  les  auroit  marquées.  En  1900  ii  y 
aura  dans  la  correfpondarice  des  épaótes  du 
nombre  d’or  un  autre  changement,.  dont  on  volt  le 
coinmencement  a la  fin  de  notre  Table  Chrono- 
LOGiQUE.  Cette  année  l’épañe  XXIX  répondra 
au  nombre  d’or  lila  fuivante  Fépafte  X répandra 
au  nombre  d’or  II,  & de  méine  des  autres  i ce  qui 
continuera  jufqu’en  2200.  Ces  changemens  íe 
font  pour  accorder  toujours  , autant  qu  il  eft  pof- 
Éble , i’année  lunaire  avec  l’année  folaire , & en 
méme-tems  indiquer  la  Paque  de  relíe  forte  , que 
nous  ne  la  célébrions  jamais  le  14  de  la  hiñe,  mais 
le  dimanche  aprés  ce  14 : précaution  qui  , comme 
nous  le  difons  á l’article  du  Caíendrier  Grégorien  , 
nous  fait  quelquefois  célébrer  cette  grande  féte 
fept  jours  plus  tara  que  nous  ne  la  célébrerions  íi 
notre  comput  ecciéíiaílique  nous  marquoit  les 
nouvelles  lunes  audiexaclement  que  les  afironomes 
les  marquent.  C’eft  ce  qui  eft  arrivé  en  1744-  En 
fuiva.nt  le  comput  eceleíiaftique , ou  le  nouvesu 
calendne;,  nous  avons  fait  la  Paque  le  r avril  í 
Bous  i’aa.ions  iaite  le  9 mars  , en  fuivant  le 
calcul  des  aitíonomes  i puifque  fclcn  ce  calculla. 


C A 


L 


61  > 


RCUrelIe  li-r.e  pafca’e  tonr-boit  le  Í4  mar5,  á 7 
beures  47  minutes  du  matin',  8c  par  c-oníeciient 
le  14 de  la  ¡une  ie  27  dit  méfr.e  mois,  qui  étoit  uti 
vendíedi ; d’o'i  il  féíiiite-Que  neos  au» ÍQna*di ce- 
íébrer  la  Paque  le  29  mars,  qui  etoit  le  premier 
dimanche  aprés  le  14  de  la  íune  pafcale,  felón  le 
calcul  des  aítronomes , plus  exael  que  le  notre. 
Mais  nous  avons  déjá  parlé  á i’article  ci-deftus 
cité,  de  ce  défaut  de  notre  caíendrier.  Se  perfonne 
jufqu’ici  n’a  pu  encore  y remédier. 

Du  Terme  pafca!. 

Dans  notre  Calendrier  lunaire.  Ies  mois  de 
mars  & d’avril  renferment  une  colonne  de  plus  que 
les  autres  mois.  C'’eñ  la  colonne  des  differentes  épo- 
Gues  du- terme  pafcal,  relatives  attx  nombres  d’er 
& aux  épactes  que  Fon  voit  depuis  8c  compris  le 

5 mars,'jurqu’au.  y avrii  incliiíivement.  Ces  épo- 
ques  du  terme  pafcal  indiquent  le  quantiéme  de 
mars  , ou  d’avril , oü  tombe  le  14  de  la  lune  de 
Paques,  déíignée  par  le  nombre  á’or,  ou  par 
l’épaéíe  d’une  année  aprés  le  7 mars;  en  forte ^ 
par  exemqie,  que  le  nombre  d’or  XVI  Se  i epacle 
XXIIl  cui  fe  trouvent  vis-á-vis  du  8 mars  , mar- 
quant,  pour  ce  quantiéme  , la  nouveile  lune  , in- 
diouent  pareiliem¡ent  que  le  14  de  cette  lune  paf- 
caíe  tombera  le  21  du  méme  mois.  De  8 en  eífet, 
jufqu’á  21  * ces  deux  nombres  compris  , il  y a 
14  jours.  11  en  eft  de  méme  des  autres  époques 
du  terme  paica!.  11  faut  feuiement  fe  rappeler 
Qii’ en  1 582  , Ies  épaíies  r/étoient  pas  confidérées 
pour  la  rec’néixhe  du  terme  pafcal.  Elles  ne  fer= 
vent  á cela  qúe-depuis  cette  année,  8c  feuiement 

■pour-  le  nouveau  caíendrier.  L’ancien  fe  régle 
toujours , á cer  égard , par  le  nombre  d’or. 

Quoique  Paques,  oomme  on  le  verra  ci-aprés  , 
puille  arriver  en  35  jours  diíFérens,  ceft-a-dire^ 
depuis  8c  compris  le  22  mars  , jufqu  au  25-  avrii 
incluíivement,  néanmoins  le  terme  pafcal,  ou 
le  14  de  la  lune  de  Paques,  ne  peut  tom.ber 
que  fur  29  jours,  dont  le  premier  eít  le  21  mars, 

6 le  18  avrii  le  dernier  La  raifon  de  cette  diffé- 
rence  eft  facile  a faifir.  C’eft  que  différenres  Pa- 
ques peut'enr  avoir  le  méme  terme  p^fcai , fuivant 
les  lífférens  jours  de  la  femaine  ou  il  peut  rorn- 
ber.  Par  exemple  , les  Paques  des  22 , 23  , 24  , 
25  , 26  , 27  &:  iS  mars  peuvent  avcir_également 
pour  terme  pafcal  le  21  mars  , felón  ie  )_our  de 
la  femaine  ou  tombera  ce  quantieme.  ^Si  le  21 
mars  eft  un  üimanche  , Paques  arriveri  ie  diman- 
che fuivant , 28  de  ce  mois  ; fi  ce  terme  pafcal 
tombe  un  lundi , le  27  mars  fera  le  jour  de  Pi- 
ques , 8c  air  fi  des  autres.  C’eft  par  la  méme  raifon 
que  le  18  avrii  eft  la  derniére  époque  du  terme 
pafcal.  Car  puifque  fept  Paques  différenres  peu- 
vent avoir  ie  n-íéme  terme  pafcal  , ii  s’enfuk 
que  le  iS  avrii  doit  erre  commun  aux  fept  der- 
niéres  Paques , Sc  par  confécueat  le  dernier  de 
tous. 


é CAL 

Le  íerme  paical  érarit  connu  , fait  connoítre 
£ fon  tour  la  Páque  au  mojen  de  la  lettre  do- 
fniaicale  qui  le  fiiit  immédiatement  ^ de  la  lat- 
iré , dis-je , propre  i laauée  de  terme.  Aiaá 


CAL 

Paques  tombe  le  jo  mars  en  parce  que 

la  íertre  E,  qui  appartier.t  á cette  année^  mar- 
que au  50  mars  le  premier  diinanche  qui  fuit 
le  z6  de  cc  mcis  j époque  du  teinre  pafcal. 


I'  CALENDRÍER  LÜNAIRE  PERPÉTUEL.  615^! 


J A N V I E R.  |j  F É V R í E R ^ xM  A R S. 


\ Joursdu 
J Mois- 

'JSomb. 

d’oi. 

Ler- 

OOTG 

Epa<3:€s* 

[Joursdu 

j Mois. 

NciTib. 

d*or 

Lsr. 

Doni 

Epates. 

Jourt  du 
Mois. 

Nomb. 

d’or. 

Let. 

Don! 

Epacies. 

Terme 

Paica’i. 

* 1 

lli 

A 

* 

i 1 

0 

D 

XXLX 

I 

III 

D 

* 

\ 2 

0 

B 

XAl  A 

2 

XI 

E 

XXVI  n 

2 

0 

E 

XXIX 

s 

Xí 

C 

XXVIII 

3 

XIX 

V 

XXVII 

3 

XI 

F 

XXVIII 

4 

0 

D 

XXV  il 

; 4 

VIH 

G 

25.  XX'VI 

4 

0 

G 

XXV  ii 

5 

XíX 

XXv'I 

5 

0 

A 

txxv  XXIV 

5 

XIX 

A 

XXVI 

6 

V íli 

F 

25.  XXV 

6 

XVI 

B 

XXIII 

6 

Viii 

B 

25.  XXV 

*7 

0 

G 

XXIV 

7 

c 

XXII 

7 

0 

c 

XXIV 

i 8 

XVI 

A 

XXIII 

8 

0 

D 

XXÍ 

8 

x^a 

D 

XXIII 

21 

1'  ^ 

V 

B 

XXIi 

9 

. XIII 

E 

' XX 

9 

V 

£ 

XXII 

22  M. 

t 

0 

C 

XXI 

lo 

lí 

F 

XIX 

10 

0 

F^ 

XXI 

2J  M. 

1 

XIII 

D 

XX 

II 

0 

G 

XVIII 

J J 

XIII 

G 

XX 

2.1  M. 

12 

II 

-E 

XIX 

12 

X 

A 

XVII 

12 

II 

A 

XiX 

25  .M, 

I? 

0 

F 

XVilI 

15 

0 

B 

XVI 

13 

0 

B 

XVIil 

26  hí. 

>4 

X 

G 

XVII 

14. 

XVIII 

C 

XV 

14. 

X 

c 

XVII 

27  M. 

15 

0 

A 

XVI 

1> 

vn 

D 

XIV 

15 

Ci 

D 

XVI 

28  iM. 

j6 

XVIII 

B 

XV 

16 

0 

E 

XIII 

16 

XVIII 

E 

XV' 

2P-M 

17 

\ÍI 

C 

XIV 

XV 

F 

XII 

JJ 

Vli 

V - 

XIV’ 

joM. 

. 18 

0 

D 

XIII 

j8 

IV 

G 

XI 

i% 

0 

G 

XI  II 

¡iM. 

! ^9 

XV 

E 

XII 

^9 

0 

A 

X 

19 

XV 

A 

XII 

I A- 

20 

IV 

F 

XI 

20 

XII 

B 

IX 

20 

IV 

B 

XI 

2 A. 

21 

0 

G 

X 

21 

I 

C 

VIH 

ZI 

0 

C 

X 

3 />• 

22 

XII 

A 

IX 

22 

0 

D 

VII 

22 

XII 

D 

IX 

2J 

I 

B 

VIII 

'2.3 

IX 

E 

Vi 

í 

E 

V'III 

5 

! X4 

0 

C 

VII 

24 

0 

E 

V 

^4 

0 

F 

vil 

6'Á^ 

2) 

IX 

D 

VI 

XVII 

G 

IV 

IX 

G 

Vi 

7 A.  : 

2Í» 

0 

E 

V 

26 

VI 

A 

III 

í 

0 

A 

T 

8 A. 

27 

XVII 

V 

IV 

0 

B 

II 

i ^7 

XVII 

B 

IV 

9 A.  : 

! 28 

VI 

G 

III 

28 

XIV 

C 

1 

!■ 

VI 

C 

ni 

1 0 A-  i 

0 

A 

11 

i 2^ 

0 

D 

II 

11  A.  i 

.?o 

XIV 

E 

I 

J 

XIV 

E 

i 

I2A. . 

31 

III 

C 

L'  5' 

III 

X 

* 

.2- A.  i 

{ ' ( M ) .lans  ia  co'.onr.e  du  ternie 

pafcal , ísgniiie  Mars , 3c  ( A ) . 

i AVRIL.  i! 

M A I.  ff 

j U I N. 

Jonrs  dt 
j mois. 

d’or. 

Ler. 

Doin. 

Epai^es-. 

Te.n-e 

Pafcal 

Joursdu 

Mois-, 

¡JMomb 

d"or. 

iLet. 

Dom 

Epacsvs. 

ijoli  rsda 
Mois. 

;iNoii^b. 
; d''or. 

D - 

J 5 

« Epa£i£s.  ' 

! 1 

0 

G 

XXIX 

14  A. 

I 

XI 

B 

XXv'líI 

I 

0 

Xí> 

ii  ■ i 

i 2 

XI 

A 

xxvaii 

15  A. 

2 

0 

C 

XXVII 

2 

XIX 

F 

23:.  XX\'I  i 

1 3 

0 

B 

XXVII 

16  A. 

2 

XIX 

D 

XXVI 

3 

Vi  ¡I 

G 

XXVXXiVi 

XIX 

C 

2s.  xxví 

17  A. 

á. 

VIII 

E 

25.  XXV 

4 

XVi 

A 

xxni  1 

1 l 

VIII 

D 

XXV  XXIV 

iS  A. 

5 

0 

F 

XXIV 

5 

V 

B 

XXil  1 

XVI 

E 

XXI  TI 

6 

XVI 

G 

XXIU 

0 

¡ C 

XXI  i 

7 

V 

F 

XXil 

7- 

V 

A 

xxu 

7 

xni 

D 

XX  i 

i 8 

0 

G 

XXI 

8 

0 

£ 

XXI 

8 

IX 

E 

XIX  r 

i 9 

XI  II 

A 

XX 

9 

XIII 

o 

XX 

9 

0 

F 

XVill  I 

1 

II 

B 

XIX 

JO 

II 

D 

XIX 

10 

X 

G 

XVFl  i 

‘1  IT 

0 

C 

xvnii 

II 

0 

E 

XVIII 

11 

0 

A 

1 1 

' 12 

X 

D 

XYII 

?2 

X 

F 

XVII 

12 

xviii 

B 

XV  1 

il 

0 

E 

XV^I 

13 

0 

G 

XVI 

^3 

VII 

c 

: XIV  j 

14. 

xvnii 

XV 

lA 

XVIII 

A 

XV 

14 

0 

I> 

xin  ! 

vni 

G 

xíV’’ 

>s 

VII 

B 

XIV 

XV 

£ 

XII  : 

16 

0 

A 

XIII 

i5 

0 

G 

Xlll 

124 

IV 

F 

XF  ¡ 

''  17 

XV 

B 

XII 

r* 

XV 

D 

XII 

I'T 

0 

G 

X 1 

18 

IV 

Q 

XI 

r8 

IV 

E 

XI 

18 

XÍE 

A 

ixr  i 

!'  ^9 

0 

D 

X 

0 

F 

X 

19 

I 

B 

■ ViM  1 

■ j 20 

XII 

E 

IX 

20 

XII 

G 

IX 

20 

0 

c 

■ Vil  ¡ 

11 

1 

F 

VIH 

2 r 

1 

A 

VIII 

21 

IX 

n- 

Vi‘  i 

J 

0 

G 

vni 

Z2 

0 

B 

VII 

22 

0 

E 

V 

i 23 

IX 

A 

VI 

21 

IX 

r-' 

VI 

2^3 

XVIÍ 

F 

il 

i 24 

0 

B 

V 

24 

0 

D 

V 

2.4. 

VI 

G 

ilí- 

2^ 

xvni 

C 

IV 

xvn 

E 

IV 

2^5 

0 

A 

11  H 

26 

VI 

D 

III 

2^ 

V'I 

F 

ilL 

24" 

XiV 

B 

i 

2" 

0 

E 

II 

27 

0 

G 

II 

2-r 

III 

c 

<s 

28 

XIV 

F 

I 

^8 

XiV 

A 

I 

2? 

0 

D 

XXTX  J 

i ~9 

III 

G 

* 

1 29 

III 

B 

29 

XI 

E 

XXVití  1 

) 

0 

A 

XXIX 

i 

0 

C 

XXIX 

3=> 

0 

F 

XXV  ÍL  i 

i! 

?* 

XI 

D t XXVI  i I 

1 

■ 4 

( A d¿ns  ia  colouse  du.  teiaie  pafcal  ^ veiit  aíre  Avríi^ 


¡ 6\6  CALENDRIER  LUNAIRE  PERPÉTüEI 


J U I L L E T.  [j  Á O U I. íj  S E 1>  T E M B R E. 


' Jcursdu  Nomí> 

1 Mois.  i d’or. 

Let- 

Do!TÍ 

Epacies. 

Joursdu 

Mois. 

d’or. 

Ler. 

Dom. 

Epañes. 

, Jours  du 

Mois. 

Nomb. 

d’or. 

Let. 

Dem. 

Epacies. 

i,  

XIX 

G 

XXVI 

I 

VIII 

c 

XXV.  XXIV 

I 

XVI 

F 

XXUI 

vlil 

A 

2 5.  XXV 

2, 

XVI 

D 

XXill 

2 

V 

G 

XXII 

0 

B 

XXIV 

3 

V 

E 

XXII 

5 

0 

A 

XXI 

XVI 

C 

XXIII 

4 

0 

F 

XXI 

4 

xiil 

B 

XX 

V 

D 

XXII 

? 

XIII 

G 

XX 

5 

lí 

c 

XIX 

• 6 

0 

E 

XXI 

é 

II 

A 

X-X 

6 

0 

D 

XVIII 

Xlil 

F 

XX 

0 

B 

XVÍII 

7 

x 

E 

XVII 

i 8 

II 

G 

XIX 

8 

X 

C 

XVil 

s 

0 

1- 

XVI 

0 

A 

XVIII 

9 

0 

D 

XVI 

9 

XVIII 

G 

XV 

! Id 

X 

B 

XVII 

lo 

xyiii 

E 

XV 

10 

VII 

A 

XIV 

0 

C 

xvr 

II 

VII 

F 

XIV 

II 

0 

B 

. XIII 

XV  ni 

D 

XV 

12 

0 

G 

XIII 

12 

XV 

c 

XII 

Vil 

E 

XIV 

13 

XV 

A 

XII 

rj 

IV 

D 

XI 

0 

F 

XIII 

14 

IV 

B 

XI 

14 

0 

E 

X ' 

XV 

G 

XII 

15 

0 

C 

X 

IJ 

XII 

F 

IX 

IV 

A 

XI 

lá 

XII 

D 

IX 

I 

G 

VIH 

0 

B 

X 

^7 

I 

E 

VIII 

1-7 

0 

A 

VII 

^ i8 

XII 

c 

IX 

18 

0 

F 

vn 

rg 

IX 

B 

VI 

I 

D 

VIII 

ip 

IX 

G 

VI 

19 

0 

c 

V 

0 

E 

VII 

2D 

0 

A 

V 

20 

XVÍI 

D 

IV 

IX 

F 

VI 

21 

XVII 

B 

IV 

21 

VI 

E 

III 

0 

G 

V 

21 

VI 

C 

III 

22 

0 

F 

II 

XVII 

A 

IV 

^3 

0 

D 

II 

13 

XIV 

G 

I 

1 2.4 

X'I 

B 

lil 

24 

XIV 

E 

I 

24 

III 

A 

* 

0 

C 

II 

III 

F 

0 

B 

XXIX 

XIV 

D 

I 

0 

G 

XXIX 

26 

XI 

C 

XXVIII 

III 

E 

^7 

XI 

A 

XXVIII 

^7 

XIX 

D 

V I 

28 

0 

F 

XXIX 

28 

XIX 

B 

XXVII 

28 

0 

E 

XXVI 

XI 

G 

XXVIII 

2p 

0 

C 

XXVI 

2? 

VIII 

F 

XXV.  XXIV 

XIX 

A 

XXVIÍ 

VIII 

D 

2;  XXV 

|o 

0 

G 

XXIII 

' _5_i 

0 

B 

25.  XXVI 

ji 

0 

E 

XXIV 

... 

O C T O 3 R E,  |!  N O Y E M B R E.  []  D É C E M B R E. 


oursda 

Mois., 

Nomb 

d’or. 

Let. 

Dom 

Epañes. 

Jours  ciu 
Mois. 

Nomb.  ! Lef. 
d’or.  1 Dom. 

Epactes. 

■Joursáu 

Mois. 

Nomb. 

d’or. 

Let. 

Dom. 

Epate. 

I 

XVI 

A 

XXII 

I 

0 

D 

XXI 

1 

XIII 

F 

XX 

2 

V 

B 

XXI 

j 2. 

XIII 

E 

XX 

2 

II 

G 

XIX 

3 

XIII 

c 

XX 

3 

II 

F 

XIX 

3 

0 

A 

XVIII 

4 

II 

D 

XIX 

4. 

0 

G 

XVIII 

4 

X 

B 

XVII 

5 

0 

E 

XVIII 

5 

X 

A 

XVII 

5 

0 

C 

XVI 

6 

X 

F 

XVII 

6 

0 

B 

XVI 

6 

XVIII 

D 

XV 

7 

0 

G 

XVI 

7 

XVIII 

C 

XV 

7 

VII 

E 

XIV- 

8 

XVIII 

A 

XV 

8 

VII 

D 

XIV 

8 

0 

F 

XIII 

9 

vil 

B 

XIV 

P 

0 

E 

XIII 

9 

-XV 

G 

XII 

lo 

0 

c 

XIII 

lo 

XV 

F 

XII 

10 

IV 

A 

XI 

11 

XV 

D 

XII 

II 

IV 

G 

XI 

II 

0 

B 

X 

12 

IV 

E 

XI 

I2 

0 

A 

X 

12 

XII 

C 

IX  - 

13 

0 

F 

X 

13 

XII 

B 

IX 

13 

I 

D 

\ III 

24 

XII 

G 

IX 

I 

C 

VIII 

14 

0 

E 

MI 

I? 

I 

A 

VIII 

ij 

0 

D 

VII 

*3 

IX 

F 

\ I 

16 

0 

B 

VII 

i5 

IX 

E 

VI 

16 

0 

G 

V 

27 

IX 

C 

VI 

^7 

0 

F 

V 

í7- 

XVII 

A 

IV 

18 

0 

D 

V 

18 

XVII 

G 

IV 

:8 

VI 

B 

líl 

XVII 

E 

IV 

í íp 

VI 

A 

III 

IP 

0 

C 

II 

20 

VI 

F 

III 

20 

0 

B 

II 

20. 

XIV 

D 

I 

21 

0 

G 

■ II 

21 

XIV 

C 

I 

21 

m 

E 

* 

22. 

Xiv 

A 

I 

III 

D 

0 

I 

.XA-iX 

23 

III 

B 

^3 

0 

E 

XXIX  i 

25 

XI 

G 

XXVI  u 

24 

0 

C 

XXIX 

24 

XI 

F 

XXVIII 

24 

XIX 

A 

X-V  V II 
XXVI  ^ 
2 y XXX 

25 

XI 

D 

xxvni 

aj 

XIX 

G 

XXVII 

25 

- 0 

B 

26 

XLX 

E 

:-:xvu 

2^ 

0 

Á 

25.  XXVI 

2Í 

VIII 

c 

27 

0 

F 

XXVI 

VIII 

s 

XXV  XXIV 

27. 

0 

D 

XXIV 

28 

VIII 

G 

25.X.XV 

28 

0 

c 

XXIII  ! 

28 

XVI 

E 

XXIII 

ip 

0 

A 

XXIV 

2p 

XXH 

I) 

XXII  i 

2P 

x: 

F 

xxii 

5^ 

XVI 

B 

XXilI 

30 

V 

E 

XXI  i 

3° 

31 

0 

G 

XXI 
ip.  XX 

V 

C 

XXII 

i 

XII 

A 

CAL 

C A L E N D R I E R G R É G O R I E X 
« Lorrqsxa  Jules-Céfar  fit  travailler  á la  réfor- 
mltion  GU  calendrier , Soíxgéne  ^ le  principal 
aftronome  qu  il  chargea  de  cette  entrepnfe  ^ fixa 
réquinoxe  du  printems  au  ay  mars.  Mais  comme 
fur  refpace  de  36)  jours  Se  6 heures  quil 
donnoit  au  cours  annaeldu  folei!  ^ d y avoit  dans 
le  caicul  aftronomique  , n minutes  & la  fe- 
condes  ou  environ  a rabattre  , il  arrivoit  dé- 
la quen  113  ans  & deux  tiers  d'année:,  l’équi- 
noxe  précédoit  d’un  jour  le  ay  mars;  de  forte 
qu  au  tems  du  premier  conede  deNicee,  tenu, 
comme  Toa  fait^,  en  Tan  1 equinoxe  ne  tom- 
boit  plus  le  ay  mars,  mais  le  ai  de  ce  nmis.  Ce 
fut  á ce  jour  que  ¡es  Peres  de  Nicée  le  fixerent , 
fans  chercher  de  remede  á la  caufe  de  la  precef- 
fion  qíiils  ignoroient.  Le  mal  continuant  done , 
ainíi  que  par  le  paire , réquinoxe  en  341  ans  , 
fe  trouva  devancer  le  ai  mars  de  3 jours  ;^&^en 
layy  ans , c'eft-á-dire,  depuis  Tan  3 ay  jufqu  á_l  an 
i y8a  , la  préceffion  étoit  de  1 1 jours  , quoique 
felón  les  TablesAlfoníines,  que  les  auteursdu  ca- 
lendrier Grégorien  ont  fuivies  , -elle  n aille  qu  a 
10  jours.  Long-temsavant  le  pape  GrégoJreXiií, 
on  s’étoit  apperqu  de  ce  défaut  du  calendrier 
Juüen.  Jean  de  Sacrobofeo  , favant  aftronome 
Analois  , en  fit  la  rem.araue  en  12.60  ; & aprés 
id  Jean  de  Saxe  & Robert  GrolTe-Tére,  évéque 
de  Lincoln  , tracérent  quelques  regles  pour  la 
réformation  du  calendrier.  Fierre  Philuména  , 
Kicolas  Grégoras  & Ifaac  .A.rgyre , au  quator- 
tiéme  íiécle , proposérent  auíP.  leurs  vues  fur  le 
liiéme  fuiet.  11  en  fut  traite  , mais  fans  fuccés  , 
au  Concile  de  Conftantmople  en  1414,  fur  Ies 
repréfentations  du  cardinal  d’Ailli , Se  dans  iC 
Concile  de  Baile  en  1456  Se  1459,  melles  du 
cardinal  Cufa.  Le  pape  Sixte  _IV  voulut  efficace- 
ment  travailler  á la  réformation  du  calendrier  ; 
8c  dans  ce  deíTein  , il  fit  venir  a Rome  le^  cele- 
bre Jean  Régiomontanus  ; mais  ce  mathem.ati- 
cien  y mourut  en  1476  , ayant  á peine  ebauche 
fon  ouvrage.  Dans  le  íiecle  fuivant  , les.erreurs 
du  calendrier  Julien , furent  deferees  au  pape 
Léon  X Se  au  Concile  de  Latran  , tenu  en  i yi8_. 
On  fit  la  méme  démarche  aupres  du  pape  Pie 
& du  Concile  de  Trente.  Elle  ne  fut  pas  vaine 
cette  fois ; la  réformation  du  calendrier  fut  or- 
donnée  par  le  Concile  ; ce  qui  occaiionna  div^s 
écrits  oü  chacun  propofa  fon  ^lan  pour  reuiiir 
dans  cette  opération.  Enfin  , Gregoire  AlH  ayant 
appelé  a Rome  les  hommes  Ies  plus  verfes  dans 
C£tt£  rnatiérc  ^ employa  lO  annecs  a diícutcr 
toutes  les  formules  ejui  lui  furent  prefentees  j 
donnalapréférence  á ¿elle  des  deux  fréres  Alo^o 
& A ntonio-Li¡io,&  en  envoya  des  copies  Pan  i y / 7, 
a tous  les  princes  , républiques  Se  académies  ca- 
tholiques.  Affuré  de  leur  confentement  , il  pu- 
blia  Pan  iy8z,  fon  nouveau  calendrier  , dans 
lequel  on  retrancha  10  jours  fur  cette  annés  , en 
eomptant  le  i y octobre  au-lieu  du  y.  =3 
Anúqyiités  , Tome  1. 


CAL  ^17 

«En  Efpagne  , en  Portugal  & dans  une  panie. 
de  ITtaiie,  le  retraiichement  fe  fit  le  méme  jour 
qu’á  Rome  ; mais  en  France  il  n'eut  heu  qu  aa 
mois  de  décetnbre  fuivant.  Le  10  de  ce  mois  y 
fut  compté  pour  le  20,  conformément  aux  lettres- 
patentes  du  roi  Henri  llí  , datées  du  3 novembre 
précédent.  =» 

cc  La  méme  année  , Francois  de  France , duc 
d’AIencon , puis  duc  d’Anjou  , en  fa  quilite  de 
fouverain  des  Pays-Bas,  adreifa  le  lodéce.mbre, 
aux  Confeiis  de  Érabant  , de  Gueldre  , de  Flan- 
dre,  de  Malines,  de  Hollande  & de  Frife  , un 
placard  pour  la  réception  du  calendrier  Grégo- 
rien , par  lequel  il  étoit  ordonne  que  dans  ces 
provinces  , apres  que  le  14  futur  de  decembre 
feroit  pujfé  , le  jour  juivunt  qu  on  comptoit,  pour 
le  quinji'eme  y felón  V anden  calcula  ne  fe  compte- 
roit  plus  pour  le  quinjieme  , mais  pour  le  vingt- 
cinquieme,  & ainfi  feroit  tenu  pour  le  jour  de  A dél, 

& que  P année  préfente  fniroit  fx  jours  apres  le 
jour  de  TPo'éP  Le  Brabant , la  Flandre  , 1 Artois  , 
le  Hainaut , la  Hollande  fe  conformérent  a cet 
édit.  Mais  la  Gueldre  , le  Zulphen , la  province 
d^Utrecht,  la  Frife,  le  pays  de  Groningue,POyer- 
Yffel  s’y  opposérent  & continuérent  de  fuiyre 
Pancien  ftyie.  L^année  fuivanre , apres  la  ’retraite 
du  duc  d’Anjou  , Philippe  li  , roi  d’Efpagne  , 
étant  á Tournai , donna  le  10  janvierun  nouvel 
édit  portant  ordre  aux  ciix-iept  provinces  des 
Pays-Bas  de  recevoir  le  nouveau  calendrier  , re- 
g'ant  en  conféquence  que  le  12  Février  futur 
feroit  compté  pour  le  22  , & le  lendemain  feroit 
tenu  le  jour  des  Cendres.  Réformons  en  cela  , 
ajoute-t-il  , la  lettre  F en  B :¡  tellement  qu  en^ejfet 
le  fufdit  mois  de  février  , pour  cette  annee  , n aura, 
que  18  jours  en  place  de  28  , quoiqu  on  compté 
jufqu  au  28  inclufivement.  Celles  des  fept  Pro- 
vinces ünies  qui  avoient  refufé  d’obéir  au  placard 
du  duc  d’Anjou  , . ne  tinrent  compté  de  PEdit  de 
Philippe  II,dont  elles  ne  reconnoiíloient  plus  Pau- 
torité.  Mais  nous  voyons  qiPen  17CO  les  états 
de  la  province  d’Utrecht  pubüérent  un  placard 
le  24  j’uiliet , portant  que  le  calendrier  nouveau 
y feroit  recu  , á commencer  le  premier  décernbre 
que  Pon  compteroit  pour  le  12.  La  province 
d’Over-Yffel  íuivst  la  méme-  année  cet  exemple  , 
ainíi  que  la  Gueldre  , le  Zutphen  , la  Frife  & 
Groningue.  C’eft  done  de  cette  époque  que  le 
ñyle  eft  uniforme,  dans  tous  ¡es  Pays-Bas.  « 

« En  Aliemagne  , Pem.pereur  Rodolphe  II  pro- 
pofa, dans  une  des  derniéres  féances  de  la_  diere 
ijjsbourg  , ouverte  le  27  Juin  lySz,  o intro- 
duire  dans  Pempire  le  calendrier  Grégorien;  & 
ce  projet  tres  - r2.ííbnna,ble  cit  M.  Ffetteí  ^ eiit 
fans  doute  été  agréé  fur  le  chanip  , fi  les  Etats 
ne  fe  fuíPent  pas  trouvés  ofFenfés  par  le  ron  ab- 
folu^^avec  lequel  le  pape  leur  avoit  enjofnt  de 
fuivre  fon  calendrier.  L’on  s’y  oppofa  tout  a une 
toíx  ; mais  Pannée  fulvante  Pempereur  , par  les 
í’oins  d’Erneít  de  Baviére,  éleéleur  de  Cologns, 

1 ii  i 


--  V 


6i8  CAL 

cngagea  ies  états  catholiques  de  Tempire  , á re- 
cevoir  ie  flouveau  ca'enárier.  Les  proteftans  con- 
tiauérent  de  fuivre  i’ancien.  Mais  ia  viile  de  Stras- 
boarg  adopra  2e  Grégorien  le  j février  i68z_, 
fuivant  M.  SchcepSin  (A/f.  iliuftr.  t.  z , p.  343.) 
Enfin , Tan  ióp8  , les  protellans  de  fempire  com- 
mencérent  á travailier  á un  nouveau  calendrier. 
Le  i4^o¿liabre  ( Y.  S.  ) de  cette  année  , Echart 
Weigeij  favant  mathématicien  d'léna^  propofa 
a la  diete  de  Raasbonne  la  maniere  d'opérer  cette 
reforme.  On  agita  Taftaire  dans  le  corps  des 
etats  foi  - dífanrs  évangéliques  , on  donfulta  en 
meme-tems  d’autres  mathematiciens  5 & le  13 
feptembre  , le  corps  des  proteílans  conclut 
& artera  qu’on  retrancheroit  de  Tannée  1700^  les 
V jours  du  mois  de  février  , & que  la 

fére  de  Paques  feroit  célébrée,  non  fuivanr  le 
cycle  Dyonifien  ^ refu  dans  le  calendrier  Julien  , 
mais  fuivant  ie  calcul  aílronomiqae  5 en  confor- 
mité  de  cette  déciíion  ^ il  parut  en  1700  un  nou- 
veau calendrier  fous  le  titre  de  Calendrier  cjrrigé, 
queWeigel  prétendit  étre  plus  exacl;  que  le  Gré^o- 
rien  avec  lequei  il  s’accorde  á la  vérité  , pour 
la  quantite  des  jours  de  i’année  Sé  la  difpoíition 
des  femaines^  mais  dont  il  diíFére  pour  la  maniere 
de  determiner  la  Páqae  & les  fétes  mobiles  qui 
en  dépendent.  Car  au-lieu  de'tfixer  invariablement 
réquinoxe  du  printems  au  21  mars^  comme  fa't 
le  calendrier  Grégorien  , on  le  determine  dans  ce- 
lui  des  proteíiansj  par  un  caicul  fondá  fur  les 
tab'es  RudoLfines,  ou  Képlériennes des  mou- 
vemens  céleftes , & cela  fans  le  fecours  des  nom- 
bres d or  , épaétes  lettres  dominicales.  Dans  ce 
Calcul  j réquinoxe  eíl  mobiíe^  & peut  tomber  les 
ip,  10  , 21 , 22  & 23  mars:  doji  il  arrive  que 
les  proteftans  ne  fe-rencontrentpas  toujoiirs  avec 
nous  pour  le  jour  de  la  Pique.  íls  peuvent  la 
faire  avant  nous  5 car  leur  équiaoxe  tombant  le 
19  ou  le  20  mars  j alors  ñ la  pleine-lune  arrive 
run  de  ces  jours  un  famedi , ils  feront  la  Pique 
le^lenaemain.  C eñ  ce  qu’on  a déjá  vu  Pan  1724, 
oú  nous  fimes  la  Pique  le  iC  avri! , Se  les  pro- 
teftans le  9 du  méme  mois  ; & en  1744  ¡^s  tpro- 
teftans  célébrérent  cette  féte  le  29  mars  ^ & rious 
^e  j avnl  ( ^ )-  lis  peuvent  auffi  la  faite  apres  nous  5 
car  li  la  pleiae-lune  arrive  le  21  mars,  nouspou- 
».mns  faire  la  Pique  le  22  ou  le  23  mars  , ce'  qui 
les  obligera  de  remectre  la  Pique  au  dimanche 
finvant , fept  jours  aprés  nous.  Une  obfervation 
que  nous  ne  devons  pas  omertre,  c’eft  que  ce 


(*)  CeU  ¿evrojt  encore  arriver  e:i  1778  & en  1758.  Msís 
comme  alois  la  Paqae  des  Chrétiens  fe  rencort  eroit  avec 
celie  aes  Ju.ts , les  l’toitííans , apres  svoit  deliberé  fur  ce'a 
en  ¡724,  ont  enfin  arréte,  dansla  áiéte  de  Ratisbonne  íc 

Sojanvier  17“*  _-  » *•  ’ 

Luii 


11:;  P -7  % , ^^^^^othécaire  ¿a 

fjls;.  Olí  voiT  par-ja  Tinconvenient  qu*il  v a de 
Grégorien,  fous  niétesfe  d’ttne  plus 
^...cae  e..au.¡tuiie  aúxonouiiaue.  ^ 


CAL 

calendrier  corrigé  na  pas  été  adapte  á perpé- 
tuité  , mais  feulement  par  provifion  , en  atten- 
dant  que  les  défauts  du  calendrier  Gégorien  foient 
réformés.  33 

ce  En  SuiíTe,  le  calendrier  Grégorien  fut  fuc- 
ceíGvement  adopté  par  Ies  cantons  & états  ca- 
rholiques.  Les  cantons  de  Lúceme,  Uri,  Scirwitz 
Fribourg  & Soleure  le  recurent  en  1583  , ceirü 
d'Underwalden  en  1584.  Mais  dans  les  baillia<»es 
que  les  catholiques  pofsédent  en  commun  avec 
les  proteftans , Fintrodudrion  de  ce  calendrier 
fouíFrit  de  grandes  diíñcultés  de  la  part  de  ces 
derniers , qui  ne  le  rejetérent  que  parce  quhis  en 
firent  une  aftaire  de  religión,  á caufe  du  pape 
qui  l’avoit  publié.  Les  deux  patries  firent  lá-def- 
fus  , en  février  if 8)  , un  réglement  á Famiable 
pour  leurs  fujets  des  deux  religions.  Les  cantons 
de  Zurich  , Claris  , Baile  , Schaffaafen , la  viüe 
de  S Gal , les  Ligues-Grifes , Bienne  , Muíhau- 
fen,  Genéve  & INeuchátel  confervérent  iecaien- 
drier  Julien  dans  leurs  territoires  refpectifs.  Le 
cantón  d’Appenzell , ou  la  religión  étoit  mixte  , 
avoit  d^abotd  adopté  ie  calendrier  Gégorien  en 
1584  j mais  bientót  aprés.,  ce  cantón  fut  agité 
de  troubles  fi  véhémens , á Foccaíion  de  ce  ca- 
lendrier , entre  les  habicans  des  deux  religions  , 
qu'on  fut  prés  d"en  venir  á une  guerre  civile.  Ces 
troubles  enSn  ayant  été  calmés  par  la  médk- 
tion  des  aiitres  cantons  , ilfut  ftipulé  Ten  i ^90.^ 
que  les  proteftans  pourroient  célébrer  de  nou- 
v^eau  leurs  fétes  fuivant  Fancien  calendrier ; & le 
cantón  d’Appenzell  ayant  été  depuis  partagé  en 
déiix  divilions  entiérement  diftindfes  , Fuñe  ca- 
tholique  , Fautre  proteífante,  le  calendrier  Julien 
fut  reintegré  dans  la  derniére.  Le  réglement  que 
ies  cantons  avoient  fait  en  février  1585,  pour 
leurs  bailliages  communs , ou  s’exergoient  les 
deux  religions  , ponoit  que  les  proteftans  pour- 
roient y conferver  leurs  fétes  fur  le  pied  de  Fan- 
cien calendrier  , & que  ces  jours-lá  leurs  compa- 
triotes  catholiques  íeroient  tenus  de  ceífer  leurs 
travaux  jufqu’á  i'heure  de  midi ; que  réciproque- 
ment  les  catholiques  pourront  célébrer  leurs  fe- 
tes  fuivant  le  nouveau  calendrier , & que  ces 
jours-iá  il  feroit  pareillement  défendu  aux  pro- 
teftans de  travailier  avant  Fheure  de  midi. 

« En  lycxo  , fur  les  repréfentations  des  etats 
proteftans  d’Allemagne  , aífemblés  á RatisboniK, 
Ies  qiiatre  cantons  de  Zurich  , de  Berne , de  Eafle 
& de  Schaffaufen , adoptérent  le  nouveau  ca,en- 
drier , corrigé  par  Weigel , & en  confequence 
ils  commencerent  Fannée  17CI  au  12  Janvier  de 
Rancien  ñyle  , fur  le  méme  pied  que  les  catno- 
liques.  Les  viiles  de  Genéve  , Bienne  , Mulnau- 
fen , le  comté  de  Neuchátel , & les  bailliages 
communs  dé  Badén  , de  Turgovie  , de  aargaus , 
de  Rheinthal . adoptérent  le  méme  changement , 
mais  il  ne  put  s’introduire  dans  le  cantón  de 
Glaris , oú  la  religión  étoit  mixte  , ni  dans  ia 
patrie  proteftante  du  cantón  d’AppenzelI,  en- 


CAL 

forte  qu’encore  aujourd'hui  l’ancien  calendrier  s'y 
eíl  eonferv'é.  Ce  ne  fiit  quen  1724  nou- 

veau  fut  refu  dans  la  ville  de  S.  Gal.  Les  pro- 
teñans  des  trois  Ligues-Griies  ont  perlüle  juf- 
qu’á  ce  jour  á ¡e  rejeter.  Ii  n y a que  Íes  catho- 
liques  de  ces  Ligues , qui  en  faífent  ufage.  Ainfi  j 
dans  les  décrets  généraiis  des  trois  Ligues , on 
a foin  de  marquer  la  doubie  date  du  jour  du  mois^ 
& fuiv'ant  rancien  j & fuivant  le  nouveau  calen- 
drier. ( Ceci  efi  tiré  déua  éStemoire  oui  noits  n 
¿té  fourni  jíczr  /jL.  le  ^nron.  ce  Zitrlcubeti*  ')  On 
nous  apprend  d'aiileürsque  dans  le  Toggembourg, 
au  pays  de  S.  Gal  , les  proteftans  fuivent  aftuel- 
lement  Tancien  ftyle  j & les  cathoUques  le 
nouveau. » 

cc  En  Poiogne  , le  roi  Etienne  Battori  ayant 
voulu  y établir  Tan  ijSá  le  calendner  Gregorien^ 
les  habitans  de  Riga  s’y  opposérent.,  & en  vinrent 
á une  fédition ; mais  ils  furent  répnmés  , Se  le 
calendrier  nouveau  prévalut. 

« En  Suede  ^ il  fot  introduit  par  un  édit  du 
roi , rendu  fur  une  delibération  du  fénat  j le  14 
mars  lyja  > & commenca  d’avoir  cours  le  pre- 
mier mars  de  Fannee  i75'3.  ” 

K En  Danemarck  ^ il  fot  adopté  des  Tan  1582  : 
mais  en  1699  on  le  reforma  par  un  édit  du  roi , 
donné  le  20  décembre  , fur  les  correclions  de 
Weigelj  & depuis  ce  temsle  calcul  des  Danois 
s^’accorde  parfaitement  avec  celui  oes  proteftans 
d'Allemagne.  Cette  remarque  nous  a été  commu- 
niqúée  par  M.  Screiber  , confeiller  - aumónier  de 
Lambaiíade  de  DanemarcK  a la  cour  de  Erance. 
C'eft  done  une  méprife  dans  quelques-uns^de  nos 
écrivainSj  d'avancer  que  le  nouveau  calenurierne 
fut  re^u  en  Danemarck  que  Tan  1745*  ” 

« En  Angleterre  , par  un  a6;e  da  parlement  , 
tena  á Weiñminfíer  Tan  1731  3 ü fnt  ordonné 
que  Tannée  1752  & les  fuivantes  commenceroient 
au  premier  janvier,  ce  qui  doit  s’entendre^  du 
premier  janvier  fuivant  Fancien  fty'e.  Le  meme 
añe  ordonna  de  plus,  alinde  reduire  la  ehro- 
nologie  angioife  au  nouveau  ftyle  , que  le  3 fep- 
tembre  1732  feroit  compté  pour  le  14  du  meme 
mois.  Ainii , lannée  angioife  & Fannée  fran^oife 
ne  commencérent  á s^accorder  parfaitement  que 
le  14  feptembre  1732,  & l annee  1733  ^^5 
premiére  qui  commenca  precifement  au  meme 
jour  dans  Ies  deiix  chronologies. « 

« II  ne  refte  done  plus  en  Occident  que  la 
Ruífie  & quelques  entíroirs  des  pays  Helvédques, 
oú  Fon  fuive  le  calendrier  Jalien.  Mais  en  Orient 
le  calendrier  Grégorien  eft  univerfellement  re- 
jeté. Les  Grecs,  quoiquen  dife  un  moderne  , 
fuivent  encere  aujourd'hui  leur  anden  ftyle.  11 
eft  vrai  que  Jérémie  II , patriarche  de  Conftan- 
cinople,  s'étoit  engagé  avec  le  pape  Grégoire 
XIII,  á introduire  le  nouveau  calendrier  dans 
fon  églife ; mais  Théolépte  , métropolitain  de 
Philippopc^  , le  fit  dépofer  & mettre  en  prifon 
pour  ce  fujet.  » 


CAL 

Parmi  les  CEuvres  de  Jean  Bernou'ü , t.  TV  , 
p.  494  , on  rrouve  im  Mémoire  adreilé  i'an  1/^4» 
au  fénat  de  Bañe , dans  Jequel  il  prouye  que  , 
malgré  le  calcul  le  plus  exaét  de  Féqmnoxc  5c 
de  la  pleine-lune  , Ies  Paques  des  chtétiens  fou- 
vent  ne  fe  rencontreroicHt  pas  , á caufe  _de_  la 
grande  diftance  des  lieux  & de  la  grande  yariariori 
du  lever  du  foleil , qui  change  d’un  méridien  á, 
Fautre ; de  maniere  que  íi  la  pleine-Iune  tombqit 
au  famedi  dans  un  endroit , ce  feroit  _déjá_  !e  di- 
manche dans  un  autre  , & par  certe  raifon  il  con- 
feilloitd’en  faire  une  féte  fixe  & immobile,  & 
que  Fon  s'accordát  fur  ce  jour  da*  tout  le  monde 
chrétien  5 mais  fon  avis  ne  fut  point  fuivi. 

Cet  arricie  eft  tiré  de  YArt  de  vénjier  les  dates. 

GALENO,  CALES,  en  Italie.  caleño. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font: 

RRRR.  en  or.  (Pellerin), 

RRR.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

Leurs  types  les  plus  ordinaires  font : 

La  viéloire  dans  un  bige.  — Le  bceuf  a tete 
humaine.  — Un  coq. 

CALENES  (Oiénus)  étoit  Etrurien,  & le 
pías  fameux  devin  de  fon  te ms.  Lorfque  1 on  creu- 
foit  pour  jeter  les  fondemens  du  Capitoie  , oh 
trouva  fort  avant.dans  la  terre , la  tere  d'un  homme 
fraíohement  rué , encore  faignante.  On  comprit 
bien  que  c’ étoit  un  préfage  ; mais  que  fignifioit-i!  ? 
Pour  Fapprendre , on  alia  trouver  Calénus^  dans 
FEtrurie.  Sur  Fexpoíition  du  fait,  il  entrevit  d’a- 
bord  que  ce  prodige  annonccit  un  grand  bonheur; 
mais  il  chercha  a en  faire  tomber  les  effets  fur 
FEtrurie.  Keureufement  pour  Ies  Romains  ,_que  le 
fiis  de  Calénus  leur  decouvrit  la  foperenerie^  que 
fon  pére  méditoit.  II  vous  expliquera,  leur  dit-il  , 
ce  prodige  fans  ufer  de  meníonge  5 car  cela  neft 
pas  permis  á un  devin  ; mais  preñez  bien  gaide 
aux  réponfes  que  vous  ferez  a fes  demandes  ; gar- 
dez-voas  de  nommer  aucun  autre  pays  avant  Rome 
& le  mont  Tarpeías.  Quand  ils  furent  en  préfence 
du  devin,  celui-ci  tra^a  un  cercle  fur  la  terre  , 8c 
Forienta  par  des  lignes  oroites.  \ oici  ¡e  mont 
Tarpéius  , difoit-il  aux  ambaííádeurs  5 \oila  1 o- 
rient,  le  midi,  le  feptentrion  , locciaent  j eft-ce 
la  que  la  tete  de  Fhomme  a ere  trouvee,  en  mon- 
trant  un  des  cantons  traces  dans  re  cercle  ? Alors 
Calénus  , Yzx\s  aucun  égard  pour  leur  intention  , 
qui  auroit  été  purement  relativa  au  lieu  dengne 
p'ar  la  figure  tracée  , fe  propofoit  d'appliquer  le 
mot  ici  , qu'ils  auroienr  prononcé  , au  pays  dans 
lequel  ils  étoient  réeliement  alors,  c eft-a-aiiC  , 
á FEtrurie,  qui,  au-lieu_de  Roine,  feroit  deve- 
nue  la  maítreíTe  de  Funivers.  Mais  Ies  amoaíla- 
deurs , pré  venus  par  ie  fils  du  devin , repondirent ; 

cf  n efi  point  ici  que  Tona  uouve  cette  tete  , on  la 

irouvée  fur  le.  mont  lar-pcins  a B.cme  ; & par  ce^e 
attention  á éviter  toute  equivoque, IíS  i..ierent  lur 
Rome  l'intention  du  áeftia , qui  avoit  réfolu  d? 

1 1 i i 1 j 


6^o  CAL 

donner  Tempire  univsrfel  au  pavs  oü  la  tete 
d’homrne  avoit  été  trouvée.  Plins  {lih.  z8.  c.  2.). 

CALÉTORj  étoit  frére  de  Procléa  femme 
de  Cygnus.  11  fot  tué  au  ílége  de  Troye  j par 
Ajax. 

CALIANDRIJ. 

CALIElsDRA.  >Horacej  Arnobe  & Ter- 
CALIENDRUM.} 

tullien  ont  parlé  de  cette  coifFure  des  femines. 
Isous  ignorons  cependant  fi  c^étoit  une  chevelure 
faéiice  j un  ornernent  cu  aigrette  , ou  un  Yoile. 
A la  vérité  Temillien  (de  P aillo  c.  4.)  repro- 
chant  aux  femmes  de  fon  tems  , d'avoir  quitté 
toures  les  coiíFures  qiii  les  empéchoient  de  voir 
& d^étre  vues  , nomme  entdautres  le  callendrum  ; 
on  peut  done  le  regarder  comme  une  efpéce  de 
voiie. 

CALICATA , enduit  de  chaux  puré  que  Pon 
pojiífoit.  II  dififéroit  du  morder , en  ce  que  Pon 
méloit  du  fable  á ce  dernier.  Cette  diftináion  eíl 
bjen_  établie  dans  une  ancienne  infeription  , ou 
en  lit  ( Dacer.  in  Fefium  ) : EoSQUE  PARIETES 
J.Í  ARGINESQUE  OMNES  ^ QU^  LITA  NON  ERUNT 
CALCE  ARENALA^  LITO  POLITOQÜE  ET  CALCE 
NUDA  DEALBATO. 

CALICE  J femme  d’íEthlius  & mere  d’Endy- 
mion. 

CALIDIA  j famille  romaine  dont  on  a des  mé- 
dailles : 

RRR.  en  argent. 

O.  en  bronze. 

O.  en  or. 

CALIFES.  On  a des  médailles  arabes  en  ca- 
laáéres  coufiques  ^ & d'autres  avec  des  figures 
humaines,,  ou  d’animaux  ^ contenant  pour  la  plu- 
part  des  noms  de  Callfes. 

Les  premieres  font : 

R.  en  or. 

R.  en  argent. 

Les  fecondes  font : 

C.  en  bronze. 

■ CALIGA.  ^ 

CALIGARIUS. 

C ALIGATE  r^es  mots  font  reiatifs  á la 

CALIGULA.  ) 

cbaulTure  des  foldats  romains , appeiée  caiiga  & 
caligu'a.  Dion  (lvit.  p.  (Joj.)  dic  expreíTément 
que  la  chauífiire  qui  fit  donner  á Caras  le  furnom 
caligíiia  3 etoit  une  chaujfure  militaire.  Sénéque 
voulant  peindre  la  grande  fortune  de  Marius,  op- 
pofela  caiiga  auxfaifceaux  des  confuís  (de  Benef 
r.  1(5. ):  C.  M.  arias  ad  confulatum  d caiiga  per- 
duñiLs  ; & !Í  défigne  par  la  caiiga  j le  tems  oü  ce 
general  ^avoit  été  fimple  foldat.  Cette  chauíTure 
étoit  teiiement  affecStée  aux  foldats  , que  Tertul- 
l-'-n  en  derive  leur  furnom  (de  IdoloL.  c.  1^. ') 
miiitia  caligata.  Lne  inCcñpúon  ( Grater.  p.  4^]'  / 
n.  c, ) antique  défigne  la  milice  par  ¡e  mol  caiiga ; 1 


C A L 

C.  ÓPPIO.  C.  T.  V'EÍ, 

OMNIBUS.  OFFICIIS 
IN.  CALIGA.  FUNCTO. 

Les  fimples  foldats  étoient  cependant  feuls  dé- 
fignésordinairementparPépithéte  caligati, commt 
nous  Papprennent  plufieurs  inferiptions , & ea- 
tr’autres  la  fuivante  ( Gruter.  279.  n.  3 . ) ; 

HONORATI.  ET,  DE 
CURIONES.  ET.  NU 
MERUS.  MILITUM.  CA 
LIGATORüM. 

Deux  palTages  de  Suétone  font  encore  plus  ex- 
preífifs , Se  défignent  encore  plus  diftioíSement 
Ies  fim.ples  foldats  fous  le  nom  de  caligati.  Dans 
le  premier  ( Aaguft.  c.  2r.  re.  3.  ) , il  bláme  un  em- 
pereiir  d’avoir  accordé  des  couronnes  murales 
( caligati ) á de  fimples  foldats , que  l^on  rPavoit 
;amais  vu  recevoir  cet  honneur.  II  cara(5iérife  éner- 
giquement  dans  le  fecond  (■  Vitell.  c.  7.  n.  6.)  , 
Pabattement  Se  la  confternation  de  VitellioSj  en 
difant  qu  2Í  embraííoit  tous  Ies  foldats  qu’il  rem 
controit  ^ méme  ceux  qui  n'avoient  point  de 
grade  , caligatorum  quofqae  militum  obvios.  En  dé- 
rerminant  la  forme  de  la  caiiga  des  foldats , nous 
fixerons  auffi  celle  des  caiiga  propres  aux  centurions^ 
tnbuns  , ou  autres  oíEciers  militaires.  On  voit 
dans  le  cabinet  de  Sainte-Genevieve  un  pied  de 
marbre  j coloífal , chauffé  avec  cette  derniére  ca- 
liga. 

La  caiiga  reíTembloit  a nos  fandales,  cefi-á- 
dire , qu’eile  étoit  formée  dune  fimple  femelle 
liée  fur  le  oied  avec  des  courroies.  ÍI  Ay  avoit 
point  de  cuir  qui  recouvrít  le  pied;  c’étoit  la  la 
diíférence  de  la  caiiga  , au  calceus  cavas  qui  reffem- 
bloit  á notre  foulier.  On  a mal  interpreté  un  texte 
d'Ifidore  ( x/x.  24.),  oü  cet  écrivain  parle  de  la 
forme  de  bois  fur  laqaeüe  on  travailloit  la  cali-ga; 

Se  on  Pa  appliqué  mal-á-propos  á la  femelle  de 
cette  chauíiiire  que  Pon  aíTiiroit  erre  de  bois.  Mais 
touS  les  monumens  font  contraires  á cette  inter- 
prétation ncta'nment  Ies  figures  fans  nombre  de 
foldats  j que  portent  la  colonne  Trajane  8c  Pare 
de  triomphe  de  Conftantin.  On  les  confultera  pour 
connoírre  la  véritable  forme  de  la  caiiga  des 
fimpies  foldatSj  & du  campagus  (caiiga  qui  recou- 
vroit  le  pied  en  partie ) des  ofSciers.  Lfinfeription 
fuivante  ( Gruter.  p.  (549.  re.  I.  ) gravee  en  Phon- 
neur  d’un  cordonnier-faifeur  de  caiiga , Pappelle 
fator , comme  tous  ies  ouvriers  qui  faifoient  des 
chauíTures  de  cuir: 

C.  ATILIUS.  C.  F 
JÜSTÜS 

SUTOR.  CALIGARIUS. 

La  femelle  de  la  caiiga  étoit  armée  de  clous. 

C eíl  ainfi  que  la  repréfenrent  fouvent  l|s  recueús 
des  lampes  antiquesj  Se  en  parciculier  une  lamp£ 


CAL 

-erre  cuite  du  cabinet  de  Sainte  - Gefieviéve  3 
qui  a été  troavée  á NifmeSj  dans  des  fouilles  faites  1 
á fcccafion  du  rérabliíTement  de  la  fontaine.  ííi- 
dore  paria  de  ces  cious  ^ comme  d'un  caraCtere 
diiiincd"  de  la  cuiiga  : Clavad^  dic-il,  eb  qtiod 
minmi  ciavis  , ideft  , acuds  foles.  calzgis  vinciaTi- 
tur.  Saint-Auguftin  (^Traci.  x.  in.  i.  Johar^r..  v.) 
parle  de  méme  : Forte  caiigis  clavatis  conteret 
penes  tuos. 

Les  cious  de  la  caliga  étoient  petirs , trés-rap- 
prochés  & garnis  d’une  tete  terminée  en  pointe  3 
afin  de  fixer  le  pied  du  foldat  fur  les  terreins  glif- 
fans.  lis  étoient  quelquefois  de  fer mais  plus 
fouvent  de  bronze  ^ cet  aliiage  que  Ies  Grecs  & 
les  Romains  ont  toujours  etnployé  de  préférence 
au  fer.  Lucillius  ( Apud  Non.  iil.  pS.' ) parle  des 
cious  de  bronze : 

Fulmentas  ciavis  aréis  fubcudere. 

On  vit  quelquefois  Ies  foIdatSj  aprés  avoir  pillé 
des  camps  ou  des  villes  trés-riches  , mettre  á leur 
caliga  des  cious  d’or  {Jaflin.  38-  lO. ):  Argenti 
certe  auriqae  tantum  , ut  edam  gregarii  milites  ca- 
ligas  au.ro  figerent  ^ proculcarentque  materiam^  cujas 
amore  populi  ferro  ¿imicant. 

Caliga  fpeculatoria , étoit  la  chauíTure  des 
foldats  qui  ferv'oient  d'efpions  ^ & que  i’on  en- 
voyoit  á lá  découverte.  Le  íilence  étant , felón 
FeituS:,  la  chofe  que  les  efpions  devoient  obfer- 
ver  avec  le  plus  de  foin  j leur  caliga  étoit  fans 
doute  dégarnie  de  cious ou  recouverte  de  ma- 
tiéres  molles  & fourdes. 

Caliga  Maximini.  La  caliga  de  l’empereur 
Maximin  étoit  paíTée  en  proverbe  ^ pour  exprimer 
rélévation  du  plus  bas  degré  de  la  m'úice,  au  troné 
de  Fempire.  Ce  prince  avoit  en  eftet  commencé 
par  porter  la  caliga  , & il  étoit  devenu  le  maitre  de 
runivers.  On  délignoit  encore  par  ce  proverbe  un 
homme  grand  & fot parce  que  la  caliga  de  Maxi- 
min étoit  proportionnée  á fa  taille  gigantefque. 

C . ¿LIGULA , petite  caliga.  On  donna  á Tem- 
pereur  Caius  ce  furnona  ¡ fous  lequel  feul  il  eft 
aujourd’hui  déíigné.  Elevé  des  fon  enfance  dans 
Ies  camps ü avoit  porté  Thabit  & la  chauíTure 
des  fimples  foldats  proportionnés  á la  petiteíTe 
de  fa  taiüe.  Pour  conferver  la  mémoire  de,  cet 
evénement  qui  les  flattoit  ^ les  foldats  rappelerent 
caiígula , du  nom  de  fa  petite  chauíTure.  Devenu 
empereur^  Cafas  fe  plaifoit  encore  á paroítre  en 
pubüc  avec  la  caliga  des  foldats , pour  capter  leur 
bienveillance. 

Ce  faro'jche  empereur  fut  un  des  plus  crueis 
ennemis  des  arts.  I!  fit  renverfer  & brifer  les  ila- 
íues  des  grands  hommes  dont  Auguíte  avoir  orné 
le  Champ  de  .Mars  ; il  fit  éter  les  tetes  des  ftatues 
des  dieux , pour  v fubílituer  la  fienne  , & il  avoit 
ofé  concevoir  ie  proiet  ¿’anéantir  la  gloire  d’Ho- 
ffiére. 


CAL  ^21 

Callgula  fit  plus  j il  envoya  en  Gréce  liíém- 
mius  Régulus  3 confulaire,  avec  ordre  de  faite 
tranfponeráRomeles  plus  belles  ftatues  de  toutes 
les  vides  grecques.  Memmius  obéit  en  partie  5 & 
Tempereur  fit  placer  ces  monumens  des  arts  dans 
fes  maifoas  de  plaifance  , en  difant  que  les  pius 
belles  chofes  devoient  étre  raíTemblées  dans  le 
pius  bel  endroit  de  FuniverSj  il  ajoutoit  que 
cet  endroit  étoit  Rome.  1!  n’avoit  pas  excepté  de 
cet  ordre  barbare  le  Júpiter  Olympien  de  Phi- 
días;  mais  les  architeáes  repréfenterent  qu'on  rif- 
queroit  de  brifer  cette  célebre  ftatuej  en  voulant 
la  déplacer. 

Les  buftes  de  cet  empereur  font  trés-rares.  On 
n’en  connoít  que  deiix  á Rome  ; f un  , de  bafalte 
noir^  eft  dans  le  muféum  du  Capitole;  Taucre,  de 
marbre-blanc 5 eft  placé  á la  villa  Albania  & il  re- 
préfente  Caligula  en  pontife  , avec  la  toge  relevée 
fur  fa  tete.  Mais  fon  plus  beau  portrait  eft  une 
pierre  gravée  en  relief  j que  ie  général  de  Walmo- 
den  3 banovrien , acheta  d Rome  en  \~6G.  Win- 
kelmann  n’héíite  pas  á mettre  ce  carnee  au  rang 
des  gravares  les  plus  parfaites. 

Caligula  i^Caiusj  , fils  de  Germanicus. 

Caius  Caisar  Augustos  j Germanicus 
DIVI  Augusti  pronepos. 

Ses  médailles  font : 

RR.  en  or.  Eiles  valent  en  Italie  , une  fois  plus 
qu’en  France  & dans  les  autres  pays. 

R.  en  argent. 

RR,  en  médailles  grecques  d’argent. 

RR.  en  médaillons  d’argent, 

R.  en  G.  B.  de  coin  romain. 

C.  en  M.  B. 

RR.  en  G.  B.  de  colonies. 

R.  en  M.  B.  On  en  trouve  de  ce  module  au 
revers  de  Germanicus  fon  pére. 

R.  en  P.  B. 

RR.  en  M.  B.  grec. 

II  y en  a avec  fa  tete  & celle  d’Augufte. 

R.  en  P.  B. 

11  y a une  médailie  grecque  de  Caligula , de 
la  forme  du  M.  B. , mais  plus  épaiífe  3 au  revers 
de  laquelle  eft  la  tete  de  Minerve.  Elle  peur  étre 
placee  avec  Ies  médaillons. 

CALIQUE.  Athénée  dit  que  de  fon  tems  il 
exiftoit  encore  des  vers  de  Stéfichore  3 dans  lef- 
Quels  il  étoit  parlé  d’une  chanfon  nommée  ca- 
lique. 

CALIPPIQUE  (Période).  Voyei  Année  des 
Grecs. 

CALISTO  3 filie  de  Lyeaon , étoit  une  des 
compagnes  favorices  de  Diane.  Un  jonr3  fatiguée 
de  la  chaíre3  elle  fe  repofoit  feule  d^ns  un  bo- 
ca^^e-  juoittr,  pour  la  féduirej  prit  la  figure  & 
rriabit  dé  Diane , & ne  fe  fit  connoítre  a la  nym- 
phs  que  par  la  violence  qu  ji  luí  fit , en  la  rea- 


Cx%  CAL 

dant  méré  d’ Afeas.  Elle  étoit  dans  le  neuvieme  | 
mois  de  Ta  grofleíTe,  lorfque  Diane  invita  fes 
nymphes  á fe  baigner  avec  elle.  Le  refus  qifen 
fit  Califto , manifeña  fon  crime.  La  déeíTe  la  chaíTa 
de  fa  coir.pagnie  j & elle  accoucha  d'un  íüs  nommé 
Arcas.  Quelques  auteurs  ont  écrit  qu^elle  eut 
deux  jumeaux  j Arcas  & le  dieu  Pan.  Voyez 
Pan. 

Junon  exenta  fur  elle  fa  vengeance ; elle  la 
métamorphofa  en  ourfe.  Júpiter,  pour  la  con- 
foier  j la  plaija  dans  le  ciel  avec  fon  fils  Arcas , 
oú  ils  forment  les  deux  conftellations  de  la  grande 
& de  la  petite  Ourfe.  A la  vue  de  ces  nouveaux 
aftres  , Junon  entra  dans  une  nouveile  fureur , 

8c  pria  Ies  dieux  de  la  mer  de  ne  pas  permettre 
qu  ils  fe  couchaíTent  jamaisdansi’océan  :ce  qui  fu* 
exécuté.  L'origine  de  cette  fable  aftronomique  eft 
que  la  grande  Ourfe , ainíi  que  les  autres  étoiles 
du  cercle  polaire,  ne  paffent  jamais  fous  notre 
horizon. 

CALIX  & CRUCES,  efpéce  de  coupes  qui, 
dans  rongine,  étoient  des  vafes  de  terre  cuite 
faits  á la  roue  par  les  potiers.  II  y en  eut  plulieurs 
fortes  dans  la  fuite  , & fon  en  fabriqua  de  diíFé- 
rentes  matiéres  : ce  qui  ñt  qu'on  les  diítingua  par 
des  noms  particuliers , pris,  ou  de  leiirs  - inven- 
teurs , cu  de  leurs  formes,  ou  des  fabriques  d'oú 
ils  fortoient.  Mais  ils  avoient  tous  conílamment 
deux  anfes , & quelquefois  quatre.  Elles  étoient 
fouvent  tres- grandes  & trés-élevées , córame  dans 
le  cálice  vulgaire.  On  les  troiivera  fous  leurs  diffé- 
rens  noms  dans  ce  Diclionnaire , & fous  leurs 
différentes  formes  dans  la  colleéíion  des  vafes 
étrufques  du  cabinet  de  Sainte-Geneviéve. 

Callees  allajfontes , dont  les  couleurs  étoient 
changeantes , comme  la  gorge  des  pigeons. 

en  grec,  déíignoit  cette  propreté  que 
Ton  donnoit  en  Egypte  á des  coupes  de  verre 
teint  de  différentes  couleurs.  On  fait  qu’il  y avoit 
á Alexandrie  , pliiíieurs  fabriques  oü  Fon  faifoit 
du  verre  imitant  les  pierres  précieufes  de  toutes  les 
iruances.  Pline  le  dit  expreíTément  ( xxxn.  z6. ) : 
Et  ai'bum  fiebat , é*  myrteiLm  , & fapvhlrinum  , 
hyacinthlnumque  &.  ómnibus  aiiis  coloribus.  Ha- 
dyen  ( Eopife.  Saturn.  c.  8. ) étant  en  Egypte , 
pnvoya  trois  coupes  de  couleur  changeante  , 
¿M.á'ríirus , dont  lui  avoit  fait  préfent  un  prétre 
de  cette  contrée , á Servianus , en  lui  recomman- 
dant  de  ne  s’en  fervir  que  Ies  jours  de  féte , & de 
veilier  á Fufage  indiferet  que  pourroit  en  faire 
Africanus.  Strabon  déligne  ces  coupes  (xvi.  yzi.) 
par  les  épithétes  de  tres-prédeufes  & tres-varices 
en  couleur  ^ ‘jeoZurtMis  r.ai 

Cálices  apyroti,  Yoyez  plus  bas  cálices  pteroti. 

Cálices  audaces . On  appeloit  de  ce  nom  á Rome 
des  coupes  de  verre  , qui  ofoitnt  refíembler  au 
eryftal  naturel  , qui  étoient  travai’lées  aa  tour , 8c 
que  Fon  ne  vendoit  quelquefois  fous  Dominen  , 
qu’au  prbe  medique  d’ua  demi-fcu  de  France. 


CAL 

Martial  nous  apprend  ces  détails  ( xit.  ^ ) . 

Xos  fumas  audaces  , plebeia  toreumata  vitri, 

(rx.  6o.  2.2.): 

Ajfe  daos  cálices  emit  & ip fe  tulit, 

(xrr.  7J.  3.): 

Hi  magis  audaces  , an  funt  qui  talla  mittunt 
M-unera  ? 

Callees  diatreti,  coupes  de  matiére  fragüe  tra-. 
vaillées  au  toar , ou  cifelées.  Lear  prix  étoit  tres- 
grand  {Martial.  xii.  71.  p.)  : 

O quantum  diatreta  valentl 

Cette  valeur  exíraordinaire  avoit  pour  bafe  la 
difiiculté  de  travailler  fans  les  brifer,  ou  des  verres 
colores,  ou  des  agathes,  ou  des  murrhins , qui 
étoient  probablement  des  fardes-onyx.  De-lá  vine 
ce  beau  diluque  de  Martial  fur  ces  coupes  tra- 
vailiées  en  Egyp*;  (xrm  nj.) : 

Xdfpicis  ingenium  Mili  : quihus  addere  plura 

Pum  cupit  , ah  quoties  perdidit  auclor  opus! 

Pline  (30.  2Ó.)  dit  qu’a  Sidon  on  cifeloit  le  verre 
comme  Fargent  j ce  qui  nous  fait  concevoir  la 
crainte  perpétuelle  que  devoit  avoir  Fouvrier  de 
pouífer  trop  fort  fon  burin.  De  ce  travail , appele 
en  grec  ¡'iarfürai , creufer  , fut  formé  le  mot  dia- 
treti. 

Cálices  inaquales.  On  fait  que  les  anciens 
créoient  un  roi  des  feíHns  ; que  ce  roi  regloit  le 
nombre  de  coups  que  devoit  boire  chaqué  con- 
vive, & la  grindeur  des  coupes  dont  on  devoit  fe 
fervir.  Lorfque  Fon  s’affranchiiLoit  de  ces  ridicules 
loix , 8c  que  chacun  pouvoit  boire  dans  tel  vafe 
quhl  jugeoít  á propos , c'éroit  á ces  vafes  que 
Fon  donnoit  le  nom  de  cálices  inaquales.  Horace 
en  a fait  mention  {Sat.  il.  6.  é8.)  : 

Siccat  inequales  cálices  conviva. , folutus 

Legibus  infanis. 

Cálices  pteroti,  ailés.  Ce  mot  vient  du  grec 
Eifoy , aiie  j & il  déíignoit  des  coupes  ornees  de 
deux  anfes , élevées  en  forme  d’aiies.  C eít 
que  parle  l'Hiftorien  de  la  nature  dans  le 
fuivant , oú  Fon  avoit  lu  apyrotos  (ratraicnitmns; 
pour  pterotos  {Plin.  3 ó.  26.)  : Sed  quid  rejert  , 
Neronis  principatu  reperta  vitri  arte,  qaa  roo  i-os 
cálices  dúos  , quos  appellabant  pterotos  E • 
millihus  venderet. 

Cálices  Ekericlei.  Voyez  \ ASES. 

Callees  Vatinlmi.  Martial , Juvénal  & Tac^s 
parlent  á’un  déiateui  célebre  fous  Ies  pre^ll^.- 


CAL 

empeteurs  romains , dont  ¡a  mémoire  éto’t  odieufe, 
&c  ci’e  íes  écnvains  chargérent  d’opprobres  6:  de 
ridicuies.  Ce  ¿éiatetir  ^ né  á Eénévení  j étoir  re- 
marquable  rar  la  diÉformité  de  fon  nez  , que  les 
poetes  comparoient  á des  vafes-á-boire  de  verre 
portanr  quatre  bees  cu  nez  , & qui  prirent  le 
nom  de  Vatiniens.  I!  avoit  exercé  iong-tenis  le 
métier  decordonnier.  Juvénal  nous  apprend  toutes 
ces  particulariíés  dans  les  deux  vers  fuivans  (^Satir. 
r.  46. ) : 

Tu  B eneventani  futoris  nomen  habentem 

Siccabis  calicem  naforum  quatuor. 

Martial  dit  auiTi  (xrr.  pá.)  : 

Villa  futoris  calicem  monumenta  Vatini 
Accipe  , fed  nafus  longior  Ule  fuit. 

Callees  ne  défignoit  pas  feulement  des  vafes-a- 
boire,  ou  coupes,  mais  des  vafes  deílinés  méme 
á conrenir  des  chofes  séches  , comme  on  le  volt 
dans  ce  vers  d'Ovide  v.  J05.): 

Stant  cálices  : minor  inde  fabas  , olus  alter  kabebat. 

C ALLAI CA , boucles  d'oreille  ornées  de 
pierres  appelées  callaides , qui  avoient  une  cou- 
leur  verte , & reíTembloient  beaucoup  á réme- 
raude.  ífidore  fait  mention  de  la  callaica  (jcri. 
17.). 

C^LLAICJE , habits  de  couleur  de  la  pierre 
appelée  calíais.  Martial  dit  ( xir.  139. ) : 

Jungere  nefeifti  nobis  , o flulte  , lucernas 
Indueras  albas  , exue  callaicas. 

CALLAICUS  , furnom  de  la  famille  Junia. 

CALLAIS.  Les  deferiptions  que  les  anciens 
nous  ont  laiiTées  de  ¡a  calíais  ¡ la  repréfentent 
íantót  d un  verd-pále,  tantót  d'un  bleu-tendre. 
Ainfi  Fon  peut  la  confondre  avec  l'émeraudepále, 
ou  avec  Faigue -marine,  ou  avec  le  péridot. 

CAL  LATI  A,  en  Moéíie.  kaaaatianqn 

& K. 

Les  médaüles  autonomes  de  cette  ville  font; 

PvRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Cette  viUe  a fait  frapper  des  médailies  imoé- 
riales  grecques  en  Fhonneur  de  Séyére,  de  Dsm- 
na,  de  Caracalla  , de  Géta,  de  Philippe-pére  , de 
Philippe  fils,  d'Eiagabale,  d'Alex.  Sévére- 

CALLIANASSE , CALLIAMRE  , deux  des 
IS'éréiies , felón  Homére.  Leurs  noms  font  derives 
ce  xáAZoí,  'leauté. 

CAI.LICHORE  ; c’étoit  un  lieu  peu  éioigné 
d'Eleuíis , dans  F Artigue  , ain£  nomme  á caufe 


CAL  ^23 

dp  aanfes^  facrées  cu‘y  faifoient  les  femmes  en 
1 i.onneur  de  Ctteí  Eleuíine.  Ce  nom  veut  ¿iré  en 
grec,  cAtc^cafe. 

_C-"iíjLIGRAFHE  , ecriva'.n,  copiíle,  qui  met- 
toit  autrefois  au  net  ce  qui  avoit  été  écrit  par  les 
copiñes-en-notes.  ^On  écrivoit  ordinairement  la 
miiiUte  des  adtes,  le  brouihon  c un  ouvratre  , en 
notes  de  Tirón,  c eñ-á-dire , en  abréviationsVcela 
fe  faiioit  pour  écrire  plus  vite , & afin  de  fuivre 
celui  qm  oidtoít-  Ceux  qui  ecrivoient  en  notes  , 
s’appeíoient  en  lat.  notarii,  & engr.  'Zrjp.uoyfonpos , 
ccrivsins  en  notes  ^ ou  'Tu^íyi:¿<pai , écrivalns  expé- 
ditifs.  Mais  peu  de  gens  connoiííant  les  notes,  & 
Ies  premiers  exeniplaires  ne  pouvant  étre  ni  alTez 
cetsni  aíiez  propres,  d’autres  écrivains  qui  pei- 
gnoient  bien  & corredtement.  Ies  copioient  pour 
ceux^qui  en  avoient  befoin , ou  pour  Ies  vendre  ; 
il.s  s'appeloient  calligraphes , mot  compofé  de 
x.aXXos  , beaute  , & de  ystíCfcú  , j'écris.  Ce  nom  eít 
ancien,  puifqiFEufébe  (Hifi.Eccl.  vj.  17.)  &Saint- 
Grégoire  de  JN'azianze  Font  employé.  Néophytc 
& Théopempte  font  dAnciens  calBgrapk  es  du 
dixieme  & cu  onzieme  íiécies.  On  trouvera  un 
catalogue  de  tous  les  calligraphes  connus , dans  la 
Falacographie  du  P,  Montfaucon  {lib.  I.  c.  S.). 

CALLIMQLE , air  de  danfe  des  anciens , 
qui  sexécutoit  fur  des  ñutes,  au  rapport  d’A- 
thrénée- 

CALLIOPE,  une  des  Mufes  gue  certains  écrí- 
vains  ont  donnée  pourmére  aiix  Corybantes  8¿  aux 
Syrénes.  On  affuroit  plus  ordinairement  qu  elle 
étoit  mere  d’Orphée  , & que  la  morr  de  ce  chan- 
tre infortuné  avoit  été  caufée  par  Venus  , qui 
vouloit  fe  venger  fur  le  fils  de  la  polfeífion  dCAdo- 
nis  , attribuée  par  la  mere  á Proferpine.  La  reine 
de  Gnide  rendir  les  femmes  de  i hrace  amou- 
reufes  d’Orphée  , & dans  leur  fureur  elles  déclii- 
rérent  ce  fils  de  CalUope. 

^On  attribuoit  á Callicpe  Finvention  de  la  poéfie 
héroique  5 & fon  nom  venoit , felón  Diodore 
( Bill.  kifior.  Ub.  IV.  o?  7.  ) de  fa  belle  voix 

X.CÍ.XS;  ív\s.  De  cette  étymologie  Phur» 
nutus  conclut  que  Calliope  eft'le  fymboie  de  la 
rhétonque  ou  de  Féioquence  j mais  Eufrathe 
illiad.  A.  V.  I.)  afiurequ’elle  étoit  Fembléme 
de  la  poéfie  héroique  , la  plus  noble  & la  plus 
ancienne  des  poefies  5 quant  á fa  belle  voix , il 
foutient  que  ce  talent  lui  étoit  commun  avec  fes 
foeurs. 

Calliope  heroicos  invenit  próvida  cantas. 

Sur  Ies  médailies  de  la  famille  Pomponia,  elle  eít 
défignéepar  une  tete  couronnée  d;  laurier,  avec 
un  rouleau  ou  volume  d‘oa  pendent  des  courroies 
dans  le  champ  de  la  médaille.  Peut-étre  cepea- 
dant  faut-il  reconnoitre  ici  Clio  5 car  ce  rouieau 
eft  commun  á l’un  Sc  á Fautre  dans  Ies  peintures 
d’Herculanum. 


^24 


CAL 


La  Mufe  de  la  poélie  épique  , Calliope  tient 
des  tablettes  carrees  & doubíes  fur  la  plupart  des 
monumens  andques.  On  les  volt  fur  le  marbrc 
de  TAporheofe  d^Homére:,  fur  les  farccphages 
du  Capitole  & du  palais  Mattel  , qai  repréfentent 
les  Mufcs.  Ces  tablettes  annoncent  le  foin  que 
prend  Caillope  de  tranfmettre  á la  poftérité  les 
grandes  aétions  des  héros  : auíS  voit-on  cet  attri- 
but  Taccompagner  fur  tcutes  les  ñatues  antiques. 

C A LLIPATIRA,  étoit  filie  ^ fceur  , femme 
& mere  d°AthIétes  ^ qui  tous  avoient  ¿té  cou- 
ronnés  á dlverfes  fols  dans  les  jeux  ol'/mpí- 
ques.  11  étoit  défendu  aux  femmes  d’aífifter  a 
la  célébration  de  ces  jeux.  Callipatira  voulant  y 
condulre  elle-méme  fon  fiis  Plfidore  , fe  déguiía 
fous  rhabit  d'un  maitre  d'exercices  ; aprés  ayoir 
vu  remporter  la  vlétoire  á fon  fi!s , tranfpoitée 
de  jóle  elle  franchlr  la  barriere  qul  la  féparolt 
des  combattans  > & fautant  au  cou  de  Plfidore  , 
qu^elle  appeía  fon  fiis  j elle  décoiivrlt  fon  fexe. 
On  la  condulfit  devant  les  juges,  qul  lal  firent 
grace  en  confidératlon  de  fes  parens  , mais  elle 
donna  lien  á la  lol , qul  ordonna  que  les  Ath- 
létes  á Tavenir  feroient  tout  nuds  en  combattant , 
alnfi  que  les  maitres  d'exercices,  C Paufanias  , 
lib.  6'.  ) 

CALLIPHAÉ  5 nom  d’une  des  lonldes. 
CALLIPYGE.  Voye:i  Vénüs. 

CALLIRHOÉ  y bellt  fontaim.  Ce  mot  com- 
pofé  de  KaAs'í , ^beau  ^ & de  ' flulde  avolt 
été  donné  á piufieurs  fontaints  ou  ruiíTeaux, 
& par  fuite  aux  Nymphes  de  ces  eaux.  Leur 
iífae  placée  dans  Ies  montagnes Sí  leurs  cours  au 
pied  de  ces  montagnes , firent  Imaginer  leurs  def- 
cendances  de  ces  montagnes  Se  leurs  amours  avec 
elles.  Cette  clef  ouvrlra  rintelllgence  des  fiables 
géographiqueSiCompofées  fur  les  quatre  Cailifkoé. 

CalliPvHOÉ,  princeífe  de  Calydon  ^ fut  al- 
mée  par  Coréfiis  , prétre  de  Bacchus  j,  qul  n ou- 
íalia  ríen  pour  la  rendre  fenfible  ; mals  plus  11  té- 
molgnolt  d'empreíTetnent  auprés  d’elle  ^ plus  elle 
falfolt  éclatet  fes  méprls.  Coréfus  voyant  que  fes 
foins  ne  fervolent  qua  Irriter  fa  marrrefie,  eut 
recours  au  dieu  qufi!  fervoit.  Bacchus  écouta  les 
priéres  de  fon  prétre  , & envoya  aux  Calydo- 
niens  une  maUdie  qul  iear  fie  perdre  le  fens  ; 
c'étolt  une  efpéce  d’lvreffe  qul  les  portoit  á fa 
frapper  & fe  bleíTer  fans  fe  connoitre.  La  vllle 
de  Caíydon  alloit  bientc-t  devenir  un  défert  ^ 
iorfqu’on  envoya  confiilter  rorade  de  Dodone , 
pour  apprendre  Ies  moyens  dte  fe  ¿éiivrer  ¿'une 
li  facheufe  nialadie.  L’oracle  répondit  que  , pour 
appaifer  Bacchus  irrité  , 11  failolt  immoler  Cal- 
_ lirkoé  , ou  aueiqifun  qui  voulüt  fe  dévouer  pour 
ehe  Uz  mqrt.  Deja  cette  princeffe  étoit  prés  de 
Taurei  ^ paree  corr.tne  une  victime  qui  devoit 
faiper  le  peuple  de  Calydon,  lorfque  Coréfus, 
pret  á luí  p'onger  le  poignard  dans  le  feln , fit 
'pne  aftíon  qui  farpnt  tout  le  monde ; 11  sfimmola 


CAL 

lui-méme  á la  véngeance  publique.  Callirhoí  i 
touchée  de  la  généroíité  de  cet  amant , fe  doana 
la  mort  prés  de  la  fontaine  de  Calydon,  qui 
porta  depuis  fon  nom. 

Callirhoé  y filie  du  íieuve  Acheloiis , époufa 
Alcméon , qui  , pour  fuir  les  Furies , s'étoit 
retiré , par  ordre  de  Toracle  , dans  Ies  liles  Ef. 
chines.  Lorfqu’Alcméon  conrraéta  ce  manage , 
ii  étoit  engagé  dans  un  autre  avec  Avfinoé , 
ou  Alphéfibée  , filie  de  _Phégée,  a laquelle  11 
avoit  donné  le  coilier  d’Enph^e.  Cailirkoézywx. 
entendu  parler  de  cette  merveiile  , déclara  á Alc- 
niéon  qu’elle  ceiTeroit  de  le  regardet  comme  fon 
époux , shi  ne  lui  falfolt  préfent  du  coilier.  Ce- 
lui  ci  employa  le  menfonge  pour  le  reyrer  des 
mains  d’Alphéfibée  , Se  11  k remlt  á fa  nouvelle 
époufe.  Phégée  ayant  apprls  I'afage  que  fon  gen- 
dre  avoit  falt  de  ce  fatal  bljou,  donna  ordre  a 
ces  deux  fiis  d’aílaíílner  Alemeon. 

Quoique  Callirhoé  fút  infidelle  á fon  mari 
elle  ne  íaiiTa  pas  d'écre  fenfible  á fa  mort . & de  ^ 
fouhaiter  de  la  volt  vengée.  Un  jour  qu’eile  fe 
trouvoit  feulé  avec  Júpiter , elle  obtint  de  ce 
dieu  , que  Ies  enfans  qu’elle  avoit  eus  d Alcméon,' 
& qui  étoicnt  encore  petits , devl.níTent  en  un 
moment  des  hommes  falts  , pour  venger  la  mort 
de  leur  pete.  Aufli-tót  Amphitcre  & Acamas , fes 
deux  fiis,  partirent  pour  exícuter  cette  vengeance. 
lis  trouvérent  fur  leur  route  les  aííaíTins  d’ Alc- 
méon y .qui  alloient  offirir  á Delpbes  le  coilier  & 
la  robe  d’Erlphyle  , & lis  Ies  tuérent.  lis  alierent 
enfuite  á Pfophis  , y maflacrérent  Phegée^&  fon 
époufe.  Acheioiis  les  envoya , aprés  cette  fimefts 
expédition  . confacrer  le  coilier  & la  _ robe  a 
Delphes.  íís  fe  retirérent  depuis  en  Eplre , oU 
lis  fondérent  une  colonie.  Voyez  Aicméon  , 
Eriphyle. 

Callirhoé  , filie  de  l'Océan , felón  Hefiode, 
époufa  Chrvfaor  , & en  eut  Géryon  , ce  fameux 
géant  á trois  tetes  , & un  autre  monih-e  nomme 
EchidvM.  Voyez  Chrysaor,  Echidna. 

Callirhoé  , femrr.e  de  Tros  , fut  mere 
dTius , d’AíTarcus  & de  Ganyméde.  F' oye^  ces 
mots. 

CALLISTES , ou  Callifthes  , fétes^  en  Fhon' 
neur  de  Venus,  qui  étolent  particuileres  a i *- 
de  Lesbos  , & dans  lefquel’es  les  femmes  í>- 
putoient  le  prix  de  la  beauté.  ««aaicoí,  v'eut 
trés-beau.  , n n, 

CypfeUis  établlt  des  jeux  facrés  chez  Ies  Par, 
fiens , pendant  Ies  feces  de  Cérés  Eieufine  , 

Ton  difputclt  auífi  le  prix  déla  beaute.  hero  . > 
femme  de  ce  prince 3/ remporta  la  prem 

viétoire  , felón  Athénée  ( Deipn.  Pf’-  , 

II  y avoit  de  femblables  pnx  étao.is  . 

Eléens.  Ceiui  qui  étoit  declaré  fp‘cmriel.e-  ^ 
le  plus  beau  des  prétendans  > pc'ait  pout  rec 
penfe  une  armure  entiére  qu'sl  coní^mtt  a - 
neive  fumommée  CtlUJe-  , ou 


CAL 


CAL 

CALL"i"NTÉRIES.  Le  grand  étvmologiñe 
nous  a confen'é  ié  nom  de  ces  fétes  ^ fans  au- 
cun  détail  fur  leur  objet. 

CALME,  Tranquillité.  Ün  des  autels  de- 
diés  á quelques  divinités  de  ia  mer,  trouvés  á An- 
tium  & confervés  au  Capitoíe  , porte  cette  inf- 
cription  : ara  tranqüíllitatis  au-deííous 
eft  fculpté  uo  navire  voguant  á pleines  voiles  , 
avec  un  pilote.  C^eít  le  feul  monument  confacré 
a la  Tranquillité  de  la.  mer  ¡ qui  nous  foit  par- 
venú. Paufanias  en  avoit  vu  une  ñatue  placee  tur 
un  grand  piédefta:  dans  !e  temple  de  Neptune  , de 
riñhme  de  Corinthe.-  Odlavien  partant  poar  fon 
expedición  deiaSícile,  contre  Sextus-Pompée  , 
facriíia  á Neptune  , aux  vents  favorables  & á 
la  mer  tranquiile  , felón  Appien. 

CALO , goujat  j valet  d’armées.  Ces  hommes 
rfétoient  armés  que  de  maífues  appelées 
par  les  Grecs ; & de-lá  fot  formé  leur  nom. 
D'aurres  le  dérivent  de  calare , appeler , parce 
r^u'ils  éroient  aux  orares  méme  du  limpie  foldat. 

CÁLOMNIE , perfonnifiée  par  Appelle.  Ce 
grand  peintre  fut  accufé  d'avoir  confpiré 
contre  Ptolémée  , roi  d’Egypte , dont  il  étoit 
íbrt  confidéré  , il  faillit  á fuccomber  dans 
cette  accufation.  Déiivré  du  danger  , il  chercha 
á fe  yenger  de  la  Calomnie  par  un  tabieau  á ja- 
máis célebre.  A droite  étoit  adis  un  homme  d 
grandes  oreilles,  comme  Midas  > cet  homme  avan- 
ifoit  fa  main  vers  la  Calomnie , qui  s’approchoit  : 
il  avoit  prés  de  lui  deux  femmes  , i’Igno- 
rance  Se  la  Méíiance.  De  Pautre  cóté  venoit  la 
■ Calomnie  y c'étoit  une  trés-belle  femme  qui  pi- 
roiiloit  émuc  , irritée , Se  portant  la  rage  dans 
Lame  ; elle  tenoit  de  fa  main  gauche  une  torche 
aráente  , & de  la  droite  , elle  trainoit  par  les 
cheveux  un  jeune  garguíi , qui  tendoit  les  mains 
vers  le  ciel , & prenoit  les  dieax  á temoins.  De- 
vant  elle  marchoit  un  homme  pále  & difforme  , 
qui  avoit  des  yeux  percans;  il  fembloit  relever 
d’une  longue  maladie ; c'étoit  l'Envieux.  Deux 
autres  femmes  parloient  enfembk  á la  Calomnie s 
c’étoit  I’Esnbuche  & la  Tromperie.  Une  autre 
femme  qui  fuivoit , vétue  de  noir  , dont  les  ha- 
bits  étoit  tous  déchirés  , s’appeloit  la  Repen- 
tance  ; elle  tournoit  la  tete  en  arriére , fondant 
en  larmes , & regar doit  avec  honre  la  Venté 
qui  s’approchoit  d’elle.  Lucien  , daiis  fon  Dia- 
logue contre  la  Calomnie , nous  a conferve  ce 
modéle  d’allégorie  mótale. 

CALPAR.  Les  Latins  appeloient  de  ce  nom 
le  vin  noiiveau  dont  ils  faifbient  des  libations  á 
Júpiter , felón  Feftus. 

CALPE  , dans  l’Efpagne.  caup. 

Pellerin  a publié  une  médaille  autonome  de 
cette  ville , en  expofant  des  domes  fur  fon  au- 
thenticité. 

CALPÜRNIA  y famille  hoateiae  dont  on  a 
des  médailles ; 

AniiquSfés  j Tome  /. 


^^5 


C.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Les  furnoms  de  cefte  fámilíe  font  Bestia, 
Bibülus  , C..ESONIUS  , Frugi,Piso. 

Goltzius  en  a publié  quelques  naédaHies  m- 
connues  depuis  lui. 

CALTHULA  y tunique  teinte  de^couleur  dff 
fouci , ou  avec  cette  plante ; de  méme  que  Ix 
crocotula , prenoit  fon  nom  du  fafiran.  Plaute  e* 
iait  mention  ( Epid.  il.  a.  47-  ) t 

lndufiatam,patagiatamyCalthulam  auc  crocotulam. 


CALVINUS  , furnom  des  famiUes  DoMiTiA 
& Sestia. 

CALVISIA  , famille  romaine  dont  Goltziw 
íéul  a publié  des  médailles. 


CALÜS.  Voyei^  Talüs. 

CALVUS  , furnom  des  familles  CfficaLiA  & 
Cornelia. 

CALX.  Voyez  Creta. 

CALYBÉ  , vieille  prétreíTe  du  temple  de  Ju- 
non  , dont  la  Furie  Aledo  prend  la  figure  dans 
l’Enéide,  pour  parler  á Turnus. 

CaLYCE.  Athénée  parle  d’une  chanfon  de  ce 
nom  , qui  étoit  d’ufage  chez  les  femmes  feules. 

CALYCOPIS  , filie  d’Otreus , roi  de  Phrygic, 
étoit  femme  de  ThoaSj  roi  de  Lemnos.  Bacchus, 
devenu  amoureux  de  Calycopis  , fut  furpris  dans 
un  commerce  de  galanteríe  avec  elle  j mais  il 
fut  appaifer  le  mari , en  le  faifant  roi  de  Chypre. 
V^oyet^  Thoas. 

CALYDON  j dans  l’Aetolie. 

Cette  ville  a fait  frapper  quelques  mé- 
dailles  imperiales  grecques,  felón  leP.  Hardouin. 

Calydon  ( chaíTe  fameufe  du  fanglier  de 
On  en  peut  voir  l’hiíloire  avec  celle  des  événe- 
mens  dont  elle  fiit  fuivie  , dans  Althée  , Ata- 
lante j Melé  agre  , Oenee. 


CALYNDA^  dans  la  Carie. 

Cette  ville  a fait  frapper  quelques  medailles 
impériales  grecques  , felón  le  Pére  Hardoum. 

C 4LYPSO  , filie  de  l’Océan  & de  l’ancienne 
Thétis,  ou,  felón  Homére,  filie  d’ Atlas,  regnoit 
fur  l’ifle  d’Ogygie,  dans  la  mer  d lome,  tile 
recut  UlyíTe  á fon  retour  de  l expedition  de  1 roye, 
& l’arréta  pendant  fept  ans,  lui  offmnt  meme 
l’immortalité  s’il  vouloit  lepoufer.  MaisLlylTe 
ne  poavant  oubüer  fa  enere  Penelope , prefera  le 
féiour  de  rifle  d’Ithaque  á tous  les  avantages  que 
C^ypfo  lui  faÍfoit_efpérer,  & prit  colige  de  la 
déefle,  non  fans  cémoigner  beaucoup  de  regret* 
Elle  eut  deux  enfans  d’Ulyffe  , appeles  Nauii- 
thoüs  & Naufinoüs.  Le  nom  de  Calypfo  eft  tire 
de  Cette  nvmphe  aevmt  la  deei.e 

da  fecrec.  Au  refte , ia  fable  d’Homére  a cti 

K k k k 


6i6  CAM 


C A M 


iroaginée  relatívement  á ce  tiom  > d’autant  plus 
qu'on  affigne  pour  deracure  á Calypfo  , plufieurs 
ifles  différentes  & éloignées  les  unes  des  autres  ^ 
-telles  que  Ogygk Aea  ^ & celle  qui  portoit  fon 
nom  aupres  de  Pouzzole. 

Pline  {lia.  3j-.  c.  il.y  parle  d’un  tableau  cé- 
lebre de  Micias  qui  repréfentoit  Calypfo. 

CALYPTRA.  Voyez  Voile. 

C A M A I E U X j deííins  faits  avec  une  feule 
coiileur.  Les  Grécs  les  appeloient  monochromata  ^ 

^oyoKp-ü:/^circi,, 

■ CAMARINA,  en  Sicüe.  kamafinaiqn. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  vilie  font : 

R.  en  argent. 

R,  en  bronze, 

• O.  en  or,. 

Leur  tvpe  ordinaire  eft  un  cygne. 

CAMEE,  pierre  gravee  en  relief.  Voye:^ 
.Gravees xpíer res).  Nous  ferons  feulement  cb- 
ferver  ici  que  !e  prlx  des  pierres  gravees  en  creux 
eft  beaucoup  plus  coníidérable  que  celui  des  ca- 
rnees, en  raifon  de  la  difficuSté  du  travail. 

CAMEL'ASIUM.  § defignoit  fous  .es  em- 
pereurs  par  !e  pre'tnier  nóm , les  charges  de  con- 
duíleurs  des  chameaux  de  rarmée & par  le 
•fecond,  un  impot  deiliné  á rachat  & á Fentre- 
tien  des  chameaux.  Ammien-Marce’lin  faic  men- 
. tion  de  cet  impdt  ( x vil.  3 . ) : Faéiumque  eft  tune  , 

, & deinde  unzas  animifirmztate,  ut  príter folita  , nemo 
, Gdllis  qaicquam  exprimere  cdnaretur  camelifii  no- 
mine. 

C.4MEPHIS.  Ifis  parlant  a fon  fils  Horus  dans 
lin  fragment  (z.g  Stohsi  Eclogis  Phyfcis.  p. 
iio.  ),  luí  dit  que  Camepkis  eft  le  pére  de  toiites 
chofes,  & le  plus  anclen  des  étres;  'K.ttpA(p¡.a>e , 
za-  ■na.íTsei  •üfiytveA-fis.  Damafcius  ( Ancc- 
dot.  Gríc.  IVolfii,  rom.  iil.p.  261.)  fait  d’abord 
mentían  de  rro!S  camevhis  , 8c  a'jouteplus  basque 
le  foler!  étoit  h rro;fiéme  comepkis^  déíigné  par 
ce  nom  qu’avoier-t  porté  fon  pére  &:  fon  ayeiil. 
Le  premier  des  aateurs  que  nous  venoas.de  cirer, 
défigne  évidemment  Pthas  ou  Vu'cain  , le  pre- 
mier &•  le  plus  anden  des  dieux  Egypriens.  Le 
íbieil  eft  auííiappelé  cameakis  par  le  fecond  écri- 
vain.  Mais  le  fo'eil  avoir  été  produit  dans  la  théo- 
logie  égypnenne  parNeith , ou  Minerve  , oue  Fon 
confonioit  cuelquefois  avec  Vulcain  , confidéré 
eomme  !e  princnne  proiudlíf  de  toutes  chofes.  lí 
paroít  done  -évident  que  les  trois  carnepkis  étoierrr 
Vuíc.iin  , Minerve  & le  Soleií.  Ce  nom  , expliqué 
dans  les  principes  de  la  langueCophtique  , fisnifie 
gardUn  de  r Egypte  ; Se  il  convient  parfaitement 
aax  trois  grands  dieux  de  cette  contrée.  JabloHskt 
( Parzth.  Xgype.  I.  58.  ) 

CÁMILLc,,  ÍTÜe  de  Métabe,  roi  des  Volsques, 

& de  Cafmd’aj  fut  confacrée  á Diane  des  le  í 
berceau  , & nourncj  da;is  les,  bois,  de  Lut  de  | 


cavale-  El’e  fiit  toujours  oceupée  des  exerelees  de 
la  chaiTe  Se  des  ai  mes,  & s'endurcit  aux  pénibles 
travaux  de  la  guerre  j mais  elle  fe  diftir.aua  fuj-. 
rout  par  fa  légéreté  á la  courfe  : plus  rapide  que 
le  ventj  elle  auroit  pu , dit  Virgile  {JE.uia.  xr.) 
courir  fur  un  champ  dMpis  fans  les  faire  püer,  ou 
courir  fur  les  fiots  de  la  mer,  fans  itíOuí  ier  fes 
. pieds  légers.  CamilLe  n’avoit  pour  tout  habilie- 
ment  quMne  pean  de  tigre  qui  luí  couvroit  toat 
le  corps  , & par  deíTus  un  carquois  lycien.  Étant 
venue  au  fecours  de  Turnus  centre  Fes  Trovens 
elle  fut  tuée  en  trahifon  par.Aruns.  Diane  vengea 
fa  mort,  & fit  percer  le  iáíhe  Aruns  d’une  de  fes 
ftéches. 

Camille  , furnom  de  Mercure  , qui  étoit  ai.nlí 
appelé',  parce  qu'il  étoit  le  Camille  , ceír-á-dire, 
le  miniftre  ou  plutoc  le  ferviteur  de  Júpiter. 

Camille,  > 

CAMILLTJS,  > jeune  garcon  &,jeuneíiire  de 
. .CAMILLA,  . } 

bonne  famille , avant  pére  Se  mere  vivans , qui 
fervoient  dans  les  facrihees , dans  la  céíébration 
des  noces  & des  myftéres.  Cétoit  en  particuüer 
le  nom  du  jeune  enfant  qui  fervoit  le  Flamen. 
Dialis>,  ou  pretre  de  Júpiter. 

On  croyoic  que  ce  mot  étoit  tforigire  Etruf-  , 
que  , Se  qu'il  venoit  de  Cafmillas  , miniftre, 
comme  le  donne  a eatendre  Virgile  ( Mneid.  xr.)i 


. . . .....  Matrijque  vocavit. 

Nomine  Caftnilis. , matara  parte  , Camillam. 


Varron  {de  Ling.  Lat.  lih.  iv,  ) dit  que  les  Sarro- 
thraces  défignoient  par  le  méme  nom  les  mir.iftres 
de  leurs  myftéres. 

Ces  jeunes  miniftres-  des  auteis  étoient  vetus 
d'une  fimple  tunique  liée  par  une  premiére  cení- 
ture  , & retrouífée  par  une  .fecotide , aH-d^ftus 
de  laquelle  elle  s’élevoit  en  plis  ondoyans.  i ous 
les  monun-ens  anticues  les  offrent  avec  cet  aceou- 
trernent.  Dans  le  paiais  des  Coniervateurs  au  Ca- 
pito’e,  en  voit  un  beau  c.rmiile  de  bronze.  Ou 
pieut  aíTurer  généra’ement  que  1 on  ne  trouve  au- 
cun  facriíice  fur  les  ar.ciens  menumens  rosiains^ 
fans  qu'il  n'y  air  des  c-amilles. 

C.4M  LLvs  , furnom  de  la  famille  FdRIA. 


CAMOEN JE , furnom  qu'on  donnoit  aux 
Mufés,  & qui  venoit  de  ano  , je  chante  jipatee 
eue  leur  principale  oceuD ttion  éton  de  Cnanter 
les  aéíions  des  dicux  Se  rfes  héros  Cn  le  derive 
aoffl  de  canta  ameeaa  , chaní  agiéable. 

n - • l Voy.  CASTKAMÉT.4T10S 

CavíP  "retoñen,  i 

dans  le  Diftionnarre  de  I’Art  Militaire. 

On  tronve  en  Franca  plufieurs  camps  des^^^ 
marns , que  .Fon  appelle  rous  camps  de 
felón  l'uíage  ou  '.'on  y eft  d’-ictribuer  a ce 
liomfne  .to.us  les  travaux  des  Rerntins 

conferve  q’es  vé'iHges.  Le  comte  ¿e  Cayife  “ 


C A M 


faií  connoírre  le  plus  graud  nombre  daní  fes  Rs- 
cuciís  aAr.tiquités.  >'ous  renvoyons  le  leóteur  a 
cette  précieufe  collection.  Mais  nous  nc  pouvons 
omettre  id  une  reflexión  genérale  trés-unle  pour 
les  écrivains  qui  voudront  déterminer  avec  pré- 
díion  répocue  áe  ces  csmps.  Elle  eft  du  favanr 
corntCj,  & i!  Ta  faite  á foccaíion  du  camp  de 
Celar  qui  eft  fur  le  bord  du  Cheij  vis-á-vis 
'Drévant. 


On  a trouvé  dans  fon  efJiplacement  des  mé- 
dadles  d'  argent  de  Dominen  ; ce  qui  ne  prouve- 
roit  en  aucune  facón  qu’il  n'eút  pas  été  fortiiié 
loag-terñs  avant  le  régne  de  cet  empereur.  Car  on 
fair  que  quand  une  fois  ces  poftes  aYoient  été 
occiipés  par  les  íégions,  ils  devenoient  á I'égard 
des  Romains , commc  nos  places.  -Ils  les  retrou- 
^cient  au  premier  befoin  en  état  de  Ies  rece- 
TOir,  fans  avoir  eu  la  peine  de  les  entrerenir , 
cu  du  moins  ne  falioit-il  pour  cela  que  dé  me- 
diocres réparations.  Aufli  Ies  camps  Romains  ont 
ferv!  plus  d'unc  fois , non-feulement  á cette  na- 
ilon , mais  á celles  qui  lui  ont  fuccédé  , aurant 
qu’il  leur  a cté  poílible  d’en  faire  ufage , felón' 
!a  différence  des  armes , & la  fagon  de  faire  la 
guerre.  En  confé-quence  j . les  altérations  que 
ces  poíles  ont  fouírertes,  vealent  erre  obfen-ées 
avec  foin  ^ quand  on  Ies  examine  par  rapport  á 
i’an'tiquité.  » 

CAMPA  GNE  des  pleurs ; c^eft  une  contrée  des 
enfers  oú  Virgile  place  ceux  que  Tamour  a mal- 
traités  & qa’il  a fait  defcendre  aa  tombeau. 

CAMPAQDS.  Cétoit  la  cnauíTurp  des  offi- 
ciers  Romains.  Le  campagus  difteroit  de  la  caliga  , 
en  ce  que  celie-ci  éroit  une  limpie  íemelie  ^ ou 
fandale  , iiée  fur  le  pied  -avec  des  courroies ; mais 


le  campagus  avcit  un  reaord  coufu  tout  autour 
de  la  femelle  ^ qui  coiivroit  le  talón  Se  le  tout  du 
pied  j'.en  laiííant  découvert  feuiement  le  coude- 
-pied.  On  obferve  cette  différence  fur  un  pied 
aritique  de  marbre  du  cibinet  de  Sainte-Gene- 
viéve.  Le  campagus  étoit  fixé  par  des  courroies 
qui  s’élevoient  jufqu’au  milieu  de  la  jambe  en 
fe  croifant  pluíieurs  fois.  Son  nom  yint.de  ces 
entrelacs , ; & fon  furnotn  retica- 

latus  aroit  la  méme  origine.  Avec  ces  notions 
claires  & précifes , on  expüquera  facilement  un 
P-aíTige  de  Trébeliiu-s  Follion , obfcur_,en  áppa- 
rence.  Cet  hiñorieíi  dit  de  Gállien  (c.  l(S. que 
cet  empereur  quitta  le  campagus  que  portoient  fes 
prédéceíTeurs  , le  campagus  appelé  regias  dans'  Ca- 
pitolin  (R-r  yLaxímino  jan.  c.  J..  )jfans  doute  á 
caufe  de  fa  couléar  pourpre  > & qu’il  appeloit 
un  f.'.ct  par  dériíion  , campagos  retículos.  II  lui 
fubítitui  la  caliga  du  limpie  foldat  j mais  il  l’orna 
de  pierres  précieufes  ; C aliga s gtmmat as  artnexuit. 
Le  Jafon  de  Yeriáiiles  , nómrñé  mal-á-propos  Cin- 
qir.natuSj  fs  chauífe.un  \'éñtit>lz  ca-r.pagus. 

CAMPAaíENS  (vafes).  M inkelmann  {Sifi.. 
de  l’Art , iiv.  j-  y.  :rl.  il.)  a fai;  voir  que  Ton 


C A M f^i7 

devoít  appelerde  ce  nom  les  vafes  nommés  impro- 
prement  étrufques , parce  cu’on  Ies  trouve  tou- 
jcurs  dans  la  Campanie , ou  dans  la  Sicile  j & qu’on 
n’en  a jamais  découvert  dans  la  Tofcane  ou 
LEtrurie.  Voy.  EtrxjsqYes  (Vafes). 

CAMPANISTICUM.  On  appeloit  de  ce  ñor» 
l'honoraire  des  experts,  ou  pefeurs-publics  .(//¿rf- 
pendes  ) y & il  venoit  du  mot  grec  ’Kacy.-xai''.;  , 
balance. 

CAMPÉ.  Héíiode  dit  que  le  Tartare  étoit  gardé 
par  Campé,  que  Júpiter  tua  de  fa  propre  mam  , 
lorfqu’il  en  retira  fes  oncles  Ies  Titans.  On  ne  fait 
queile  efpéce  d’étre  étoit  ce  Campé : feroit-ce  les 
finuof.tés  des  chemins  qui  conduifoient  au  Tartare, 
que  les  poetes  auroit  perfonniíiées  ? Kac/xAii  ligíiifie 
en  eífet  détour , o\l  finuoficé. 

CAMPESTRE.  C’étoit  le  nom  d’une  piéce 
d’étoffe  dont  les  Romains  fe  ceignoient  les  reins  , 

Se  qui  defcendoit  jafqu’aux  genoux.  Tel  étoit  le_ 
limas  des  víclim.aires ; telle  eft  cette  toile  que 
portent  les  boulangers  & les  marchands  de  vira 
par-deflus  leurs  culoctes.  Le  campeftre  fe  mettok 
. dans  les  circonftances  ou  la  chaleur  obligeoit  a 
quitter  tous  les  habits.  Afconius  ( in  Cicer 
dit  que  Catón  étant  préteur  Se  rendan't  la  jultice 
pendant  Ies  plus  grandes  chaleurs,  ne  rnettoic 
! point  de  taaique  fous  fa  toge  , mais  qu’ii  portoit 
un  limpie  campefire : Cato  prstor  juiicium  ¡ quia. 

■ íífiate  ageb atur , fine  túnica  exercuit  , campefiri  fiA 
; toga  cincíus.  Les  foldats  paroiflent  fouvent  avec. 
le.  campefire  fiir  les  monumens  antiques  ; & les 
montagnards  d^Ecoííe.  portoient*  encore , ii  y a 
trente  ans , un  habillement  íi  incommode. 

CAMPESTRES.  Muratori  ( 107.  5.  Tkef.  Itfcr.y  ' 

. rappórte  Pinfcription  fuivante,  dans  laquelie  ce 
' mot  déíigne  Ies  dhanités  qui  préíídoient  aus 
. champs;  Vénus,  Pan,  Siivain,  Scc. 

CAMPESTRIB. 

: EX  VOTO 

C.  SA14CTINIUS 
GAI  FIL.  qU.  PR* 

AETERKIUS  P.  C, 

CAMPIDOCTOR , officier  des  troupes  ro- 
; maines  qui  leur  enfeignoit  les  evolutions  m.ii— 

' taires.  II  recevoir  une  paje  double  , comme  nous 
l’apprénons  de  "V  égece  (r.  r.):  Ita  autem  fevere 
apud  majares  exercitii  dijcipuna  fervata  efi  y ut  éí 
doctores  armorum  duplicibus  remunerar  entur  atino- 
ais.  Le  paífage  fuivant  de  Pline  {.Ptrneg.  14. 
n.  ^.)  fait  volt  que  ces  ofticiers  etoient^dune 
création  nouvelie,  & qn  iiSavoient  fucceJe  á oes 
vétérans  recommandao-cs  par  les  recompenfe.^ 
militaires  : Pofiquam  ^ercitationihus  aofiris  noa 
laeteraizorum  aíiquis,  , cus  dccus  , muralis  aut  ci  ccca  ^ 
fed  Grscalus  magifier  apijtzt. 

CAMPIiSENl , étoieat  les  mémes  oíScjfrs 

K k k k !j_ 


él»  CAN 

que  les  campiioSorcs.  Végéce  en  fait  fouvent 
Jnenrion. 

CAMPSACES , mefure  de  capacité  pour  les 
folides  de  EAfie  & de  l’Egypte.  Foyej-  Cab. 

Campsacés  , mefure  de  capacité  pour  les  li- 
quides de  l’Alie  & de  l’Egypte.  V^oye^  Cab. 

CAMPUS  PIORUM,  lieu  célebre  en  Sicile, 
prés  de  Catane,  oú  Ies  deux  fréres  Amphinomus 
& Anapus  emportérent  fur  leurs  épaules  au  tra- 
vers  des  fiammes  du  mont  Etna , leur  pete  & leur 
mere. 

CAMULüS.  Gruter  (40.  9.  & yé  ii.  Tkefuur. 
Infcript.')  a rappwrté  trois  infcriptions  dans  lef- 
quelles  on  lit  le  nom  de  Mars  exprimé  en  langue 
fabine  par  le  tnot  Camulus.  Sur  la  premiére  , on 
lit  CamulOj  au-deíTus  d’une  figure  de  Mars  por- 
tant  une  halle  & un  bouclier.  On  lit  fur  la  fe- 
eonde  (<6.  ii.)  quia  été  trouvée  dans  le  pay^s 
des  Sabins : 

CAMELO.  SANC 

ÍORTISS. 

SAC 

TI.  CXAUDIUS.  TI.  F.  QUIK, 

TERTIUS 

ilil.  con.  Vil.  PR.  VERI 

L.  D,  D.  D. 

Voici  la  troifieme  ( y 6.  n°.  12. ) qui  a été  trouvée 
auprésde  Cléves.:  Marti  camulo  obsaiutem 
Tíberi  Claudi  Caes  cives  remi  templum 
*^oNSTiTUERUNT.  Les  favans  ont  conjeéluré 
d’aprés  ces  monumens , 1°.  que  Camulus  étoit  le 
' dieu  Mars  j 2®.  qu  il  etoit  le  méme  que  Sangus  ; 
3°.  que  ce  furnom  de  Mars  venoit  des  Sabins. 
Struve  {Antiq,  Román.  Synt.  r.)  a dérivé  ce  nom 
du  mot  camas , mors  ou  frein  deíHné  aux  che- 
vaux  fougueux  pour  Ies  dompter.  Ces  animaux 
^éritoient  d’étre  confacrés  au  dieu  de  la  guerre, 
& d’étre  employés  dans  les  armées. 

CAMÜS.  líidore  {xx.  16)  donnece  nom  aun 
^ors  dur  Se  rudcj  done  on  fe  fervoit  pour  dompter 
les  chevaux  dlrncíles ; Camas  cji  genus  .aj'perí^reni  ^ 
quo  cabala  jiiperbi  coerceri  folent.  Flailte  en  fait 
iBention  ( Cas  li.  6,  37  ) : 

Tu  ut  qiddem  kodie  camum  & furcam  feras. 

Camus  éioit  auííí  une  efpéce  d'enronnoir , fíxé 
au-deffus  du  vafe  deítiné  á recevoir  les  teíTéres  , 
©u  balottes  desjuaes. 

d'Éple.  Pour  connoítre  fon 
'hiímire  & fon  beau  grouppe  antique  , mal  nommé 
Ane  & Fétus  ^ voy£i^  Aríe, 

CAdSiALE.  LesEomains  donnoient  ce  nom  aux 
Toies publiques,  en  généra!  , & particuliérement 
aux  trortous  gui  accompagnoieni  lachauíTée.  Plaute  | 


CAN 

fe  fervoit  de  ce  mot  en  parlant  des  promenoirs 
qui  étoient  dans  le  forum  , 3c  que  fréquentoient 
les  défoeuyrés  ( Cure,  iv , i , 15.  ). 

In  medio  foro  propter  canalem  , ihi  ofientatores 
meri. 

Ileíl  fait  fouventmentiondans  le  code  Théodoíien 
des  canales  , ou  voies  publiques, 

CANARD.  Les  anciens  préféroient  !e  canard 
fauvage  au  canard  domeftique ; mais  ils  n’en  rnan- 
geoient  qfie  Teílomac  Se  la  tete  , córame  nous 
Tapprend  Martial.  ( xiii.  p..  ) ' 

Tota  quidem  ponetur  anas  y fed  peñare  tantum 
Et  cervice  fapit  : cociera  redde  coqao. 

Les  grecs  rechereboient  ceux  de  Béone.  ( Arif 
toph.  Achara,  iv.  i , 14  ^ Archigénes  f de  comp. 
medie,  fecund.  loe.  lib.  r , c.  4,  ^ compre  les 
canards  domslliques  entre  les  viandes  qui  convien- 
' nent  le  mieux  á Teílomac.  Catón  étoit  du  méme 
fentiment  5 fi  fon  en  croit  Plutarque , il  en  faifoic 
manger  á ceux  de  fa  famille  qui  étoient  malades  , 
& il  fe  vantoit  d’avoir  toujours  maintena  fa  fa- 
mille , fes  domeftiques  & lui-méme  en  parfaite 
fanté , avec  ce  régime  feu!.  C’ étoit  d’apres  la 
méme  opinión  que  Mithridate,  voulant  feprécaii- 
tionner  contra  les  poifons,  faifoit  meler  de  la 
viande  de  canard  á tous  Ies  alimens  qull  prenoit. 

CANARIUM.  Voyez  Capicule. 

CANATA  ou  CANATHA,  en  Paleíline.  ICAH. 

Les  médáilles  autonomes  de  cette  ville  fontt 

RRRR.  en  bronze  3 ....  Pellerin. 

O.  en  or. 

O.  en  argenr. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  nape- 
riales  grecques  en  fhonneur  de  Claade  Se  dé 
Domitien  , & une  en  celui  d’Auguíle  , qw  a 
mal  attribuéea  Rhamata  par  Vaillant. 

CAN  ATHOS.  Fontainc  de  Naupüa.  On  dríoít 
que  JuBon-,  en  fe  baignanr  tous  les  ans  dans  cette 
fbntaine,  recóuvroit  fa  virginité  ; cette  fableeto'.t 
fondée  íbr  Ies  myftéres  fecrets  qa’on  y célenrott 
en  fhonnéur  de  cette  dceffe. 

CANAUX  de  navigation  & d’arrofage.  L acade^- 
mie  royale  des  infcriptions  & belles-lertres  propoia 
pour  fujet  du  prix  qit’elle  devoit  diñribuer  en 
1771 , cette  queñion  : « Quelles  ont  été  , aepms 
» les  liécles  les  plus  recules  de  Tere  chrenenne  , 

” Ies  tentativas  des  diíFérens  peuples  pour  ouvrU 
des  canaux  de  commufiication,  foit  dnt‘- 
" fes  riviéreSj  feit  entre  deux  mers  diírerentes, 

“ foit  entre  des  riviéres  & des  mers , & 

’a  a été  le  fuccés  ? ».  M.  Tabbé  le  Blonda  aitiou. 
d’hui  membre  de  cette  Académie , rempor^ 
prix.  Nous  allons  donner  un  extrait  de 
mémoire  , tel  qu’on  le  trouve  dans  le  traite  .. 
canaux  ds  M.  de  la  Lande^  á qui  il  favoit  co&m 


C A N 

niqué.  Cet  extrait  elt  partagé  en  troispartiesjrek- 
lives  aux  trois  parties  du  monde  connnes  des 
anciens. 

Canaux  de  l’Euphkate.  Noüs  ccmTT.ence 
rons  ia  defcríption  des  tanaux  cue  les  anciens 
avoient  creufés  dans  ¡'"Afiejpar  reux  de  l'Euphrare. 
Ce  fleuve  piend  la  fource  dans  la  gr-.nde  Armeme  , 
vers  ia  partie  feptentrionale  du  mont  Abos  , qn! 
eíiune  branche  duTaurus.  Ces  deux  fo urces, font 
éloigaces  Tune  de  Eautre  de  plus  de  ajo  iTiilIes. 
L’Euphrate  couie  a roccident,  leTigre  á forient; 
& le  paj's  qui  eft  renfermé  entre  ces  deux  ñeuves 
vers  le  milieu  de  kurs  courSj  eír  la  íúéíopotamie. 
lis  fe  joignoient  par  difrcrens  bras  j & ne  for- 
rr.oient  enfuñe  qu  un  feul  lit , par  lequel  lis 
alloient  & vonj  encore  fe  rendre  dans  le  golfe 

ferliquej  mais  avantque  d’y arriver  ils  environnent 
lie  qui  fe  nommoit  autrefois  lüéséne  j & que 
Ton  appelle  maintenant  Chader- 

Ce  pays  ayant  été  foumis  á différens  maítres  , 
a éprouvé  piuíieurs  changemens  5 mais  le  refiux  de 
la  metj  qui  elt  íi  violent  & qui  fe  fait  fentir  á 
plus,  de  70  müies  dans  fEuphrate,  & le  débor- 
áement  des  ceux  íleuves , ne  contribuérent  pas 
moins  á ces  changemens  j par  la  fuite  des  temps  , 
que  Je  gouvernement  fuccellif  des  AíTyriens  , des 
Babyioniens , des  Perfes , des  Grecs , & méme 
des  Califas.  Les  rois  de  Babylone  eurent  trés- 
anciennemenr  le  projet  de  joindre  le  Tigre  avec 
TEuphrate  j ( Eufébe,  Frtp.  pvang.  ix.  41.  ). 
Trajan  ^ Septime-Sévére^  Se  Juiien  skn  occupé- 
rent  égaiement  : voye^  M.  Oberlia,  p-  U 
paroít  qu'il  y eut  en  eftet  un  canal  de  2J  miiles  , 
par  léquel  PEuphrate  fut  détourné  vers  le  midi 
dans  le  Tigre,  vers  Séleucíe  , un  vers  Apamée  , 
un  aurre  vers  CtéJiphon  j nommé  Nahar-Malchá. 
De  tous  les  canaux  qui  portoient  les  eaux  dans  ie 
Tigre  Se  dans  divers  lacs  , ikn’y  avoit  que  ceiui 
qui  traverfoit  Babylone  qui  fút  naturel : c'étoit  ie 
véritable  lit  da  fieuve.  Quelques-uns  de  ces  ca- 
naux ne.  furent  creufés  d’abord  que  pour  reiné- 
dier  aux  déboidemens  qui  ruinoient  les  cam- 
pagngs  ; le  nombre  en  fut  depais  augmenté  pour 
árrofer  les  terres  ; ce  fut  ce  dcuble  avartage  que 
Kabuchodonofor  fe  propofa  en  entreprenant  ces 
travaux  qui  lui  méritérent  tant  de  gloire.  La 
fituation  du  pays  les  rendoit  abfolumenr  nécef- 
faires : le  lir  de  FEuphrate  étant  plus  éievé  que 
celui  du  Tigre  i iorfqu  il  venoit  á déborder  , fa 
pente  naturelle  rempoiroit  par  les  ouvertures  qui 
fe  préfentoient  dans  le  pays  plat  des  Babylo- 
nienSj  Se  aprés  f avoir  inondé  j il  romboit  dans 
ie  Tigre  j qui  n’en  étoit  pas  éloigné  8¿  dont  le  lit 
étoit  fert  bas.  C'eli  pourquoi  ce  pays  ^ qui  au- 
tiefois  étoit  couverr  d’eau  ^ a recu  le  nom  de 
iñer,  comme  on  le  volt  par  nn  ancien  fragment 
d'Abydéne , rapporté  par  Ensebe.  Ce  fut  cette 
difpofition  de  IXuphrate  á Pégard  du  Tigre,  qui 
ai  reta  Trajan  dans  Tentreprife  quTi  avoit  formée 
ée  condüiíe  un  canal  d‘un  de  ces  Seuves  á I’autre, 


CAN 

C Diod.  Lxvij.  ) afin  d’y  tranfpoiter  fes  vaifleaux 
pour  faite  un  port  fur  le  Tigre  ; mais  il  s^’en  d^ 
filia  , parce  qu'il  craignoit  que  ie  courant  n'en  fue 
trop  rapide  : crainte  mal-fondée,  comme  nous  le 
verrons  bientót. 

Le  feul  moyen  de  remédier  á ces  débordemens, 
étoit  done  de  faire  des  coupures  ou  tranchées  , 
comme  Fon  avoit  fait  en  Egypte  pour  le  Nil  , 
8c  la  terre  de  la  Babylonie  étant  gralTe  Se  molle  , 
s'y  prétoit  aifément ; mais  i!  falioit  les  entrete- 
nir  oules  renouveleríbuvent ; car  í’eau dégradant 
8c  entrainant  la  terre  , combioit  les  canaux  , Se 
le  débordement  recommencoit.  ( Strakon , x. 
XVI.  p,  740.  de  r édition  de  Cajaubon.  ) 

Les  Arabes  de  leur  cote  , pensérent  á détour- 
ner  Ies  eaux  de  l’Euphrate , pour  arrofer  lears 
terres  fabloneufes  8c  arides.  lis  avoient  creufé  á 
cet  effet  le  canal  nommé  Pallacopa  , qui  en  dé- 
tournant  fon  cours  8c  le  conduifant  dans  des 
étangs  Se  des  marais  , fervoit  a empécher  le  dé- 
bordement 5 mais  le  cours  du  fleuve  en  fut  di- 
minué Se  affoibü.  Les  terres  des  Babyioniens  de- 
meuroient  á fec  le  reíle  de  Tannee  , ce  qui 
excita  de  grands  démélés.  ( Arrian,  de  F-xped. 
Alex.  VIII.')  Les  Babyioniens  Sejes  AíTyriens 
prétendoient  quune  longue  poífeffion  leur  alTu- 
roit  fur  ces  eaux  des  droits  inconteilables ; Ale- 
xandre  voulut  rétabiir  les  chofes  dans  leur  pre- 
mier état  5 le  Satrape  de  Babylone  l’ayoit  pro- 
jeteé  auparavant  j mais  ia  mort  de  ce  prince  em- 
pécha  que  l'ouvrage  ne  fút  confommé  , comme 
il  Ta  été  depuisl  II  viíita  plufieurs  de  ces 
canaux , ouvrit  les  uns , nétova  les  autres  Se  ea 
fit  de  nouveaux,  {Arrian-,  l.  vni.  -Strabon,. 
L.  XVI.  ) Comme  Tembouchure  du  Pallacopa 
étoit  fujette  á étre  comblée  par  le  linaon , Ale- 
xandre  en  fit  creufer  une  autre  éioignée  de  la 
premiére  de  trente  Hades  } ayant  choifi  pour  cela 
un  terrein  plus  folide  , il  y batir  une  viile  de  fon 
nom,  8c  y établit  une  colonie  de  Grecs.  Dans 
des  tems  poftérieurs  cm  eut  ie  méme  foin  d’cn- 
tretenir  ces  canaux  8c  naeme  d'en  faire  de  noa- 
veaux.  Cn  en  voit  encore  plufieurs  aujourd'hui  a 
droite  8c  á g3uche,le  long  du  !k  coramun  du  Tigre 
8c  deTEuphrare.  Y-  Armin.  tr.id.  du  Géog.  Ture  , 
ntjf.  de  la  hialiot.  du.  roí  , pp*  ^243  3 » 

Z272,  1273  , 1283  , cités  parM.  le  Biondjdans 
fa  DiiTertation. 

Les  Perfes  , qui  n etoien:  pas  fort  verfés  dans 
la  pratique  de  la  mer  , ménagérent  dans  l'Eu- 
phrate  8c  dans  ie  Tigre  des  cataractes  pour  em- 
pécher les  invafions  que  les  étrangers  auroient 
pii  faire  dans  leur  pays  , en  remontant  ces  ñeu- 
ves- ( Strabon  , x.  xvi. ')  On  pouvoit  aller  en 
effet  centre  le  cours  duTigre,jufqu  aii  lieaoú  Pon 
batir  depuis  la  viile  de^  Séleucie  , & remonter 
PEupbrare  jufquk  Babyíone.  Alexanáre  fi:  encore 
lever  ces  obílacles  Se  rétablit  la  navigation  fur 
ces  rivisres.  Si  Pon  en  crol:  Héroáote  , i'inves-' 


650  C A 

tion  de  ces  catara ctes  ou  cafcades  dont  ií  eíd 
qudtion,  dt  düe  á Isitocns , reine  d’AíTvrie  , 
Gui  lurpafli  Sémiramis  ^ & fe  rendir  fameufe  par 
les  travaux  coníidérabies  qui  fe  firent  fous  fon 
régne.  Mais  perfonne  r/exécuta  de  fi  grandes 
ckoíes  áans  la  Babylonie  ^ que  Nabiichodonofor, 
fuivant  Berofe  ^ cité  par  Jofeph,  {z.  x.  c.  n.  ) 
II  ñt  de  Babyione  une  des  merveilles  du  monde  5 
c’eít  á lili  que  l’on  atrribue  les  dignes  de  FEu- 
phrate  5 les  canaux  & le  lac  artificiel  deftinés  á 
Je  décharger  d une  partie  de  fes  eaux  dans  le 
tems  de  fes  crües,  {,J^usebe,Pr¿ep.  Evang,  ix.  4I.} 

Canal  royal, nahar-malcha.  Nabucho- 
donofor  voulant  garantir  des  incndations  la  Baby- 
lonie , qui  en  fouSroit  de  grands  dommages  , 
fit  tirer  au-delTus  de  Babyione  ^ au  coré  oriental 
da  flciivej  deux  canaux  artificiéis  j pour  détour- 
ner  dans  le  T igre  ces  eaux  débordéeSj  avant 
quedes  arrivaílent  á Babyione.  apud 

Eufeh.  i.  IX.  ) 

Le  plus  coniidérable  de  ces  canaux  étoit  ce- 
qui  alloit  fe  rendre  dans  le  Tigre  ^ affez 
prés  de^Ctéíiphon  j il  étoit  fort  vaílc;,  & pouvoit 
porter  les  plus  grands  vaiíTeaux  ; c’eñ  Dourauoi 
Ú fut  appeíé  dans  la  iangue  du  pays  Nakar-Mal- 
dia^  c'eíLá-dire  3 le  fleuve  royal.  il  eíi  nommé 
Armalchar  dans  Fline  ^ qui  í''interpréte-  fiumen 
regram.  Ce  íut  Gobaris  ^ goiiverneur  de  la  pro- 
vine", lous  Nabucíiod.onofor  j qui  exécuta  ce 
grand  ouvrage. 

Tiüemont,  qui  dit  d’aprés  Dion  , que  Trajan 
avoit  voulu  tirer  un  canal  de  l'Eunbrate  au 
Tigre  j femble  en  parler  comme  d’u.n  nouyeau 
canal , dont  ii  n y auroit  point  eu  de  veíliges  au- 
paravant.  M.  Je  isiond  ne  les  croit  pas  bien  fon- 
des  a cet  egard.  II  paroít  que  Traían  avoit  voulu 
ümplement  déboucher  le  Nahar-Malckai  mais  on 
a lien  d=etre  furpris  de  ce  qu  il  fut  arrété  par 
des  repréfenratioiis  qu'on  iui  fit & par  Tavis 
Quon  lui  donna^  que  le  lit  de  l’Euphrate  étoit 
plus  elevé  que  celui  du  Tigre.  Ce  prínce  inftruit, 
ce  devolt  pas  ignorer  qifii  avoit  exifté  dans  cet 
endroit  un  canal  navigable  , Se  fa  confiance 
devoit  encoré  augmenter  ^ ü c étoit  précifément 
le  Nahar-Malcka  qu''ii  voulcit  cuvriñ 

_ L'empereur  Sévére  acheva  dans  fon  expédi- 
tion  ae  Perfe,  I ouvrage  que  Trajan  n'avoit  fait 
que  comtnencer  > óc  fans  tomber  dans  Finconvé- 
nient  qu  on  avoit  appréhendé  , il  réuffit  á faite 
paiTer  fes  vaineaux  de  FEuphrate  dans  le  Tigre. 
Ce  canal  étoit  dspuis  long-tems  i fec , & égal 
au  reíte  du  terrem  j lorique  Fempereur  Julien^le 
fit  rouvnr.  II  ne  vouloit  point  abandonner  fa 
Éotte  á Fennemi , en  la  iaiífant  fur  FEuphrate  , 
& il  regardoit  fa  perte  comme  aífarée  s'il  la  fai- 
CoK  defeendre  dans  le  Tigre  par  Fendroit  oii  les 
oeux  aeuves  fe  réuniíTent  au  díífus  de  Ctéíiphon  : 
íí  ct  tiiage  des  conaoiíTances  qudl  avoit  des  an- 
du  pays.  L favoit  tout  ce  qui  conceraoit 


C A N 

i le  Nakar-Malcha  j mais  i!  s'agiíToit  d’en  recoa- 
noitre  les  traces.  ( M.  le  Beau  , Hiftdre  au  Bas- 
Empire.  t.  jii.  p.  552.)  Julien^  á forcé  de 
queílions  ^ tira  d’un  habitant  de  ces  contrées 
fort  avancé  en  age  ^ des  indications  qui  le  gui- 
dérent ; il  fi.t  nétoyer  ce  canal.  On  retira  les 
groíTes  inalfes  de  pierre  avec  lefquelles  les  Perfes 
en  avoit  comblé  F-ouverture  5 Se  les  eaux  du 
Nakof-Malcka  reprenant  avec  rapidicé  leur  an- 
cienne  route,  y porrérent  les  vaiífeaax , qui  , 
aprés  avoit  traverfé  cet  efpace  long  de  trente 
ftades , débouchérent  fans  péril  dans  le  Tigre. 
Haeque  valle  pargeta  avulfis  caraBis  undarum 
magnitudine  clajíls  fecura  ftadiis  xxx.  decurjis  , 
alveum  ejccla  efi  Eigridis.  ( Amm,  Maro.  l.  vi.  ^ 
II  faur  obferver  que  ce  canal  de  trente  ftades 
n^ércit  qu'un  canal  de  communication  avec  le 
Nahar-Malcka  , qui  étoit  le  grand  canal.  Les 
, habitaos  de  Ctéíiphon  furent  avertis  de  ce  rra- 
vail  par  Fépouvante  que  leur  caufa  la  criie  ñi- 
bite  des  eaux  de  leur  fteut-C;,  qui  ébranla  leurs 
muraiiles.  C'eft  ce  canal  de  Nafmr-Malcka  quct 
Grotius  prend  pour  un  des  rrois  fieuves  du  pa- 
radis  terreftre  ^ dans  fes  notes  fur  !a  Genéfe.  li 
feto it  fort  difficüe  d'indiquer  avec  exaditude  Ies ' 
dérivations  qui  furent  faites  de  FEuphrate  ou  du. 
Tigre  , dans  la  Babylonie  ; mais  on  dit  que  les 
Tures  ont  fait  plu.fieurs  autres  canaux  du  Tigre 
á FEuphrate  3 tel  eft  le  canal  de  Kerbel,  fait 
par  Solimán , & ceux  d’Akerkufi  & Nehri- 
Scahi. 

JoNCTioN  DU  Tigre  et  de  l’Eüloeüs.  li. 
nous  refte  á parler  du  canal  par  lequel  Arrien 
dit  que  Fon  avoit  joint  le  fleuve  Euloeus  au  Tigre, 
{de  exped.  Alex.  z.  vin.  c.  7.  ) Cet  auteur  rap- 
porte  qu  Alexandre  s’étant  embarqué  fur  le 
fleuve  Euloeus  , pour  fe  rendre  par  mer  aux  em- 
bouchures  du  Tigre  , une  partie  de  fa  flotte  qu’ft 
lailTa  derriére  lui , fe  rendir  dans  le  Tigre  par  un 
canal  tiré  de  ce  fleuve  jufques  'dans  VEÚloeus  , 
environ  á jo  miües  de  Femhouchure  du  Tigre  t 
c’eft  probablement  de  ce  cana!  dont  Pline  2 voulu 
parler,  en  difantd’un  iieu  nommé  Charax,  quil 
etoít  ínter  confiueraes  dexterá  Tigrim  , loeva  Eu- 
loeum , ( X.  VIH.  c.  27.)  Arrien  ne  dit  ni  par 
qui , ni  quand  ce  canal  fut  ouverr. 

L’Euloeus  eft  le  Karum  des  modernes , comme 
on  le  volt  par  la  carte  de  M.dLAnville.  Thévenor, 
dans  ia  fuite  du  voyage  au  Levant , {!•  iti-  c.  ix. 
p.  yyi.  ) nous  apprend  qu’il  fubflftoit  encore  de 
fon  tems  un  canal  nommé  Haffar  , qui  joignoit 
le  fleuve  Karum  , ou  le  Tuñer , au  Schat-el-Apb, 

ou  Schat-ul-Areb , & qa’ií  avoit  employé  environ 
cinq  heures  á parcourir  ce  canal  tortueux  & prp" 
fond  ; récit  qui  convie.nt  tres-bien  á ce  qu  on  dit 
de  la  jonétion  du  Euloeus  avec  le  Tigre. 

Canal  de  N!CO:víÉDiE.Trajan,qui  avoit  entre* 

pris  de  joindre  FEuphrate  au  Tigre , ou  plutot 
de  nétoyer  le  Nahar-Malcka , favoit  foímer  de 


C A N 

vañes  projets  & les  combiner  avec  une  haute 
pruder.ce.  ISous  en  avons  un  exemple  bien  re- 
niarquabie  dansfes  réponfes  á Pi're  , qui  iai  pro- 
pofoíc  de  íaire  comtnuniquer  avee  la  ir.er  un  lac 
voilin  de  rvicomédie  ^ 45  milles  au  fud  • eíl  de 
Conñantinople  ; ce  Tac  ^ dont  il  s'agiíToit  de  faire 
coTT.maniquer  ¡es  eaux  avtc  la  mer  , n^’eíl  point 
nommé  par  Piine  , il  n’eit  qu’indiqué  par  cet 
auteur  : efi  ir.  Ni iomed-^nrium  firúbus  ampLiíftmus 
lucr-s.  Nous  verrons  bientó:  que  c’eft  le  lac 
Baana.  Quoi  qudl  en  foit  , on  peuc  confaker 
les  lettres  de  Piine  ^ ( /.  x.  Epiji.  50.  & fuiv.  ) & 
Ies  réponfes  de  Traían  fur  ce  proietí  on  y ad- 
mire la  vigüance  & raótivité  du  magiílrat  ^ la 
prüdence  & la  bonté  du  prince  ; i!  ne  paroírpas 
cependant  que  ce  projet  ait  eu  pour  lors  d’exé- 
cution. 

Nous  Yoyons  ¡ pías  de  cinq  cens  ans  aprés , de 
nouvélles  tentatives  faites  par  Anaítafe fur- 
nómmé  Dicore,  (^Ann.  Comnen.  Alexiad,  l.  ri.) 
mais  ellés  reíteírent  encore  fans  efret.  Alexis  Co- 
mnéne  y fit  aadi  travaiüer  dans  la  faite  pour  op- 
poíér  des  barrieres  aux  Tures  qui  ne  ceíToient 
d’infeíter  la  Bithinie  , & fiii-tout  la  vüle  de 
IS'icomédie.  Cette  province  étoit  peu  forrifiée  j 
il  ne  falloit , pour  y entrer , que  paíTer  le  San- 
gar  , ce  qui  n'étoit  pas  fort  difScüe.  L'empereur 
réfolut  de  s'oppofer  á leurs  .incurflons  , & de 
poLijrvoir  á la  fúreté  de  Nicomédie  & á celle  de 
la  province.  En  viiitant  les  lieux  , il  remarqiia 
les  traces  d'un  long  cir.-ia/  qui  étoit  tiré  du  lac 
de  Baana;  il  rexami- a avec  foin  , & il  vic  bien 
qu’il  nk'toit  point  !’ouvra?e  de  la  nature  , mais 
celui  des  hommes.  1!  apprit  des  anciens  du  paj’s, 
que  , fuivant  une  tradition  aíTez  confufe , Anaf- 
tafe  Dicore  avoit  ordonné  cet  ouvrage  ; il  ne  put 
découvrirni  dans  quelie  occaíion,  ni  a que!  deüein 
il  avoit  été  entrepris  ; mais  il  en  profita.  II  fit 
nétover  le  canal ; on  lui  donna  méme  plus  de  1 
profondear  en  le  creufant  de  nouveau.  1!  craig.nit 
auííi  que  le  flux  8c  reflux  n'y  porta.Tent  du  limón 
8c  des  fabies  , qui  , par  la  fuite  , y formeroient 
des  guets  par  lefquels  les  Barbares  pouvoient  pé- 
nétrer  dans  ¡e  pays  ; il  choifit  un  lieu  convenab'e 
pour  y conílruire  une  íour  qui  fut  fi  folidement 
Datie,  qu'on  f appela  tour  de  fer,  nom  qifelle  por- 
toit  encore  du  tems  d’Anne  Comnéne  {AUx'.ud. 

J-  vi').  Cette  princeífe,  qui  rapporte  ce  rrait  de  la 
vie  de  fon  pete  , ne  nous  apprend  point  fi  le  canal 
fut  en  eíFet  tirédu  lac  Baana  aa  coife  Añacénas, 
oj^dans  un  autre  endroit,  pour  le  faire  commu- 
ntquer  á la  mer ; mais  la  nature  du  pavs  & la  fitua- 
tion  des  lieux  y invitoienr  tel-ement,  que  fous  le 
fulcan  Bajazet  lí  , Bon  propofa  de  ioindre  le  San- 
gar  au  lac  de  Paana , & de  faii¿e  enfiiite  commtt- 
niquer  ce  lac  á la  mer  par  un  canal , fuivant  le 
geogr'.phe  Ture  cité  plus  haut  dkprés  les-manuf- 
-crit>  de  la  bibliorhéaue  du  roi.  Cet  auteur  dit  que  1 
de  be  de  Sabadjeah  'ckft  le  he  de  B.iana  d'Anne  i 
CctEnfene^  a qiimze  íiiiiáes-ie  tour > ía  forme  eft.  ¡ 


CAN 

oblongue ; Ies  environs  de  ce  lac  font  remplis  de 
bois  , qu  on  appeüe  bois  de  mer  : on  paf.e  fur  le 
bord  de  ce  lac  lorfqifon  va  de  Conítaorinople  á 
Bcty  , & quelquefois  on  eít  obligé  de  paffer  dans 
Teau  jufqub  la  fangle  du  ckeva!.  li  y a une  demi- 
journte  de  chemin  entre  ce  lac  Se  le  goife  d’if- 
nikmid  , Afiacenus  Jiñas  , & trois  journées  du  ccté 
,de  1‘Orient  jufc.u’á  b riviére  de  Sakeriah,  ou  le 
Sangar.  On  avoit  autrefois  prejette  de  joindre 
cette  riviére  au  lac  de  Sabanüieah  , 8c  ce  lac  au 
golfe  ddfnikmid.  Sur  le  rapport  des  experts  qu'on 
y avoit  envoyés  Tan  909  de  Thégire  (cbít  i’an 
1503  ) , qui  avoient  aliaré  la  poiTibiüté  de  cette 
■jonétion , Bempereur  en  avoit  erdonné  Bexécu- 
tion;  mais  ceux  á qui  elle  ne  convenoit  pas  furent 
Ben  détourner.  Voila  done  un  ouvrage  commencé 
avant  Traían,  que  ce  prince  avoit  deíTein  de  con- 
tinuer  & de  conduire  á fa  fin , auquel  Anaftar?. 
mit  encore  la  main  , pour  leque!  Alexis  Comr.éns 
fit  de  grandes  dépenfes , He  qui  fu:  propofé  de 
nouveau  au  fukan  Bajazet ; cependant  en  ne 
trouve  dans  aucun  hiñorien  que  les  eaux  da 
Sangar  ayent  jamais  été  unies  á celles  du  be  de 
Baana  , ou  que  celles  de  ce  lac  Bayent  été  á ’a 
mer ; on  ignore  également  les  obífacles  qui  em- 
péchérent  la  perfection  de  cet  important  ou- 
vrage. 

Canal  de  Cnide.  Les  Cnidiens  coupérent 
leur  iíthme,  & fe  fép-irérent  du  continent  de 
BAfie-mineure  pour  b défenfe  de  leur  vüie.  Har- 
pagus.,  généralde  Cyrus,  roi  de  Perfe,  faifant  de 
grands  dégats  dans  1 loníe,  &:  les  Cnidiens  voyant 
qu'il  approchoit  de  leur  pays , & qu  ils  avoient  a 
crairdre  pour  eux  le  méme  traitemenr  qiBéprou- 
voient  ¡eurs  voiíi.'iS , ils  cherchérent  á fe  mettre 
en  fúreté,  comme  on  le  voit  dans  Paufanias  8c 
dans  Kérodote  ( L.  /.  c.  174- ).  Leur  conrrée 
¡orme  une  péninfule  reíTerrée  au  nord  pai  le  golfe 
Céramique,  Se  au  midi  par  la  mer  Egée ; Biilhme 
qui  ¡’oignoit  leur  ville  au  continent  de  la  Caríe  ou 
de  la  Doride  , étoit  fort  étroir , n^ayanr  pas  plus 
de  cinq  fiades  ( jod  toifes).  C’eíl  cet  iíthme  qu'ils 
entreprirent  de  creufer  pour  fe  mettre  á coavert 
de  la  violence  de  Bennemi.  Les  ouvriers  ne  furent 
point  épargnés  pour  un  ouvrage  auífi  preíTé  ; mais 
dans  le  fort  ¿u  travaiiune  main  invilible,  dit  Hé- 
rodote  , fembloit  les  frapper  ; ils  fe  fentoierrt 
bleíTés  dans  diítérenres  parties  du  coros  , Se  ils 
fe  troüvoient  tout-a-coup  prives  de  la  vue.  C’é- 
mient  probabíemenr  les  maladies  que  des  fou’fles 
de  terres  occafionnent  quelquefois  ; mais  ces  peu- 
ples  fiiperítitieux  crtirenr  y appercevoir  une  puif- 
fance  á laquelle  il  n’étoit  pas  poffible  de  réíiírer; 
ils  envoyérent  confulter  Boracle  de  Delphes  p-iur 
apprendre  la  caufe  de  ce  malheur  , & Ja  P}T:nie 
leur  répondit  par  deux  vers  dont  ie  fens  eft  r A’e 
voiís  íourmente^  po'.ní  a percer  l ijihme  ¡ car  Hc’eút 
¿té  la  volonté  des  dzeux  de  faire  une  ifle  de  vot--e 
pays  y ils  vous  en  aurolent  épargné  la  peine.  Aprés 
cette  réponfe,  íes  Caidieas  ceííerent:  isurs  tra- 


63  z C A N 

-\-3üx  j & i!s  furent  réduits  á fe  li  vrer  fans  refiñatice 
3 HarpaguSj  qui  s'avancoit  avec  fon  armée. 

Ce  récit  peut  erre  vrai  en  partie  : il  eíl  naturel 
que  des  peuples  cherchent  á pourvoir  á leur  fureté 
en  coupant  un  ifthme  auííi  étroit  que  celui  de 
Cnide  j mais  qu’iis  n^ayent  pu  y réuflir  á caufe 
dii  pretendí!  miracle  que  raconte  Hérodote,  ceft 
ce  qu'il  eft  difEcile  d'admettre.  11  femble  au  con- 
rraire  que  i'ifthme  fut  en  effec  coupé , & qu’en- 
fuite  il  fe  réunit  au  continent  par  les  amas  de 
fable  & de  limón  , comme  il  eft  arrivé  á l’égard 
de  Cyzique;,  &qu'onl'yjoign¡tpar  des  ouvrages; 
du  moins  Strabon  le  fait  entendre  xiv.  p. 
6)(S.)  , en  difant  que  devant  la  ville  de  Cnide, 
i!  y avoi:  une  ifle  dont  le  Circuit  étok  de  fept 
ftades  5 qu'elle  s’élevoit  en  forme  de  théátre  j 
qifeile  avoit  été  jointe  au  continent  par  le  moyen 
des  moles  dont  on  avoit  comblé  Tintervalle  , & 
qa’elle  féparoit  la  ville  en  deux  parties.  La  plus 
grande  partie  des  Cnidiens  habitoit  Tifle  qai  do- 
piinoit  Tun  & Tautre  ports.  11  n'y  aurok  méme 
ríen  d'ctonnant  quand  Ies  deux  ports  dont  parle 
Strabon  , feroient  des  reftes  du  canal  qüi  n auroir 
point  été  comblé  dans  fon  entier. 

IsTHME  DU  MONT  Mimas.  Alexandre-íe-Grand 
forma  le  projet  de  couper  un  iftjime  de  7 milles, 
qui  joint  la  péninfule  du  mont  Mimas,  avancée 
de  zjomilles,  avec  le  refte  de  r^'yie-mineure  vers 
Clazoméne  á la  cote  dlonie.  On  ne  fait  pas  quel 
étoit  fon  objeta  mais  il  reconnut  bientqt  l’excef- 
five  difKcuIté  d'ane  pareille  entreprife  {VUne  r. 
31.  Paufanias , l.  si.  S.  Coríatk.  c.  l.  M.  Ober- 
lin,  p.  32.  )•  Le  nomde  cet  ifthme  du  mont  Mi- 
mas manque  dans  beaucoup  de  cartes  géographi- 
cues  ; il  eft  vis-á-vis  de  Tifle  de  Chio  , & fépare 
le  golfe  de  Clazoméne  qui  eíí  au  nord,  d'avec 
le  golfe  Telen  ou  de  Teos  qui  eft  au  midi  vis- 
d-vis  de  Tille  de  Samos.  Teos  étoit  la  patrie  d’Ana- 
créon. 

Les  canaux  d’Aerique  fe  bornent 
dans  Tantiquité  , aux  canaux  d’Egypte.  Ce 
pays , aatrefois  le  féjour  des  fciences  & des 
arts  5 quoique  déchu  de  fon  ancien  écat  de  gran- 
deur  & tombé  dans  la  barbarie , nous  offre  en- 
core des  veftiges  d^une  magnificence  qui  fteut 
jamais  fon  égale.  L'Egypre  eft  une  longue  vallée 
qui  s'étend  du  nord  au  fud  ; a Torient  elle  eft 
terminée  par  TArabie , á Toccident  par  la  Lybie  : 
elle  fe  divife  en  fupérieure  & en  inférieure  ; 
TEgypte  fupérieure  , fi  Ton  y comprend  la  partie 
nommée  Hepcanomis  , s’étend  jufques  prés  du 
Delta , quoique  cela  ne  foit  pas  exaét , comme 
Tobferve  M.  d^’Anville  , ( Mem.  fur  ¿‘Egypte  , 
p-  31,;  puifque  TEgypte  inférieure  déborde  les 
terres  _ enfermées  dans  le  Delta.,  fur-tout  vers 
l'Arabie. 

Une  ft  grande  étendue  de  pays  , qui  compre- 
nojt  environ  fept  á huit  degrés  ( de  yy  milles 
to^iics  chicun)  n' étoit  arrofée  que  par  ua  feul 


CAN 

: fleuve;  mais.  la  fertilité  qui  a été  attribaée  L 
TEgypte , iui  venoit  bien  moins  du  fol  que  de 
Tinduftrie  d’un  peuple  nombreux,  exercé  pendaat 
une  longue  fuite  de  fíceles  á des  travaux  miles. 
Tout  le  monde  connoit  Ies  pyramides , le  lac  de 
Moeris  , & la  quantité  innombrable  de  canaux. 
qui  furent  faits  dans  ce  pays.  Les  Egyptiens,  ré-^ 
duits  á procurer  á leurs  terres  arides  , une  ferd- 
lité  qu  ils  ne  pouvoient  acquérir  que  par  le  moye» 
des  eaux  du  Nil , joignirent  ce  fleuve  & en  firent 
quanticé  de  dérivations.  Nilus , un  des  anctens 
rois  d'Egypte , fuivanc  Diodore  (l.  i.)  fe  rendit 
fameux  par  le  grand  nombre  de  canaux  qu’il  fit 
creufer , & par  fon  application  á tirer  du  Nil  tous 
les  avantages  poíílbles,  ce  qui  fit  donner  fon 
nom  au  fleuve  , qui  auparavánt  portoit  celui 
^ Mgyptas. 

Les  sept  b&üches  du  Nil.  Selon  Ariftote, 
le  Nil  n*avoit  d'embouchure  formée  par  la  ña- 
ture  que  la  Canopique  , ( Méuor.^L  r.  c.  2.  ) 
toutes  les  autres  furent  Touvrage  des  hommes ; 
cependant  Ies  fept  bouches  du  Nil  font  de  la  plus 
haute  antiquité  j Se  íi  ce  fleuve  ne  fe  rendoit  dans 
la  mer  que  par  une  embouebure  , il  eft  peut- 
étre  arivé  au  Nil  la  méme  ehofe  quauDanube, 
au  Pó  & á d autres  grands  fleuves  , auxquels  la 
rapidité  de  leurs  cours  , Ies  attériflTemens , les 
fables,  les  inondations  , ont  fait  trouver  des 
iflTues  & tracer  de  nouveaux  lits.  Prefque  tous  Ies 
géographes  donnent  la  defeription  des  fept  bou- 
ches  du  Nil , qui  étoient  la  Canopique  , la  Bol- 
bitine , la  Sebennitique  , la  Phatnitique , la_  Men*. 
défienne , la  Tanitique  & la  Pélufiaque  j ils  en- 
trene méme  dans  des  détails  aíTez  circonftancies 
fur  chacune  de  fes  branches  5 mais  aucun  ne  dit 
qu’il  y en  eut  d’artifícíelles.  Cependant  par  L fuite 
des  tems , le  Nil  aura  pu  creufer  les  terres  voiunes 
en  diíFérens  endroits,&  former  des  efpeces  de 
canaux.  Les  Egyptiens  firent  eux-mémes  des  de- 
rivations  de  ce  fleuve  ; & parmi  la  raiutitude 
infinie  de  canaux , dont  les  uns  étoient  fadices , 
les  autres  natarels , & que  les  auteurs  anciens  & 
modernés  citent  indiftinélement , la  critique  U 
plus  fcrupuleufe  & la  plus  éclairée  ne  poutroit 
parvenir  á déméler  ce  qui  fut  artificiel , excepte  le 
fameux  canal  qui  conduifoit  á la  Mer-rouge» 

Le  lac  de  Mceris  ou  Bathen  étoit , 
Hérodote , un  grand  canal  ou  réfervoír  creufe  e 
mains  d’hommes  dans  un  terrein  3.tide  (.1-^  • 

Euterpe , pag.  147.  de  Védition^  ¿e  Gromvfus , 
lyiy.).  Son  circuir  étoit  de  trois  milles  HX  cen 
ftades.  II  s’étendoit  en  iongueur  du  midi  au  eo 
tentrion.  11  avoit  en  quelques  endroits  ju  qu 
deux  cens  coudées  ou  cinquanm  orgyes  de  pr 
fondeur.  La  preuve  que  c’ étoit  un 
mains  d’hommes  , ajoute  Thiftorien  , c el  q 
Ton  Yoyoit  vers  le  mitíeu  deux  pyraini.i^ 
avoient  deux  cens  pieds  au-deffus  de  1 enu , 
auunt  au-dsífQUS-  Ce  grand  réfervoir 


CAN 

ÍSUX  du  Nil  par  un  canal.  Pendant  líx  tnois  siles 
couíoient  du  Nil  dans  le  lac;  & pendan:  les  üx 
aurres  tnois,  ellas  refluoient  du  lac  dans  le  r'dl. 
Les  íix  mois  pendant  leícuels  1 eau  fe  retiroit  .j  la 
peche  rendoic  chaqué  jour  au  tréfor  du  roí  un 
taíentd’argenr,  & »’ingc  mines  feulement  pendant 
qu¿  i’eau  y entroit.  De  ce  uc  a la  mer , ii  y avoic 
íept  jours  de  navtgation. 

Diodore  de  Sicile  (/.  r.'',  dans  la  dercription 
qa’il  en  faic,  efe  á peu  de  chofs  pres  conrorme  a 
Heredóte;  il  aioure  leulement  qu  on  avoit  cotn- 
mencé  á le  creufer  á dtx  fehénes  au-deíTas  de  Mem- 
phis  , qu’i!  comnauniquott  au  Xil  par  un^  canal  de 
qjatre-vingt  flades  de  long  , Tur  crois  pléchres^ou 
trois  ceas  pieás  de  large.  Strabon  (?.  8io.)  ditrere 
un  peu  d’Hérodote  & de  Dtodore  ; il  ctit  que  ie 
lac  de  Meeris  relTenibloit  a une  mer  quant^á  fon 
écendue,  á la  coulear  de  fes  eaiix  , & meme  a 
ía  forme  de  fes  bords  : il  ifen  donne  d aiileurs 
aucune  a-efure  ; ii  indique  íimpiement  fon  ufage^ 
en  difant  quhl  fervoit  avec  le  canal  á recevoir  les 
eaux  du  ísil  dans  le  tems  de  fa  crúe;  on  y rete- 
noit  L’eau  dont  on  avoit  befoin  pour  arrofer  les 
- terres  , & on  laiiloit  retourner  le  relie  dans  le 
TS'il  par  une  des  embouchures  du  canal  ¡ lorfque 
le  íieave  écoit  diminaé, 

Pline  a au®  regardé  le  lac  de  Meeris  comme 
un  véritable  canal  ( Naturalis  Ilificria  , lib.  xxx,vi. 
■cap.  II.  ) : Ulcsridis  lacus , koc  efl  fjjfa  granáis  ; 
mais  il  en  parle  comme  s’il  n’ avoit  plus  exilie  de 
ÍOR  tems  : Ubi  fu.it  IM-ccnáis  Lacas.  11  ajoutequil 
avoit  deux  cent  cinquante  mules  de  toar  , _ou  , 
■felón  Muden  , quatre  cent  cinquante  mides. 
(^Plin.  V.  9.). 

Selon  Pomponius-Méla , dont  le  texte  paroit 
vicieux  e.n  cet  endroic , le  lac  n‘a  que  vingt  milles 
de  Circuit ; mais  Voíuas  & Gron'ovius  , dans  leurs 
éditions  de  Méla  , marquent  cinq  cens  milles. 

Au®  ¡es  modernes  ont-ils  dilTerté  beaucoup  fur 
■rétendae  & la  poíition  de  ce  lac  fameux  ; car  , 
malgréles  obfervations  des  voyageurSj  iointesaux 
témoignages  des  anciens , ces  deux  points  ont 
¡ enco’re  eré  mis  en  qiieílion  de  nos  jours.  D An- 
ville  , qui  a éclairci  tant  de  points  obfears  dans 
la  géograpbie,  ancieniae  , a pablie  de  favans  me- 
moires  fur  PÉgyote  , oü  iP  dilciite  la  Queítion  du 
lac  de  .Moeris  avec  ía-fagacité  qui  luí  eíl  ordi- 
naire.  II  examine  d’abord  íi  ce  qu  on  rapporte  de 
ce  lac  poarroit  convenir  au  lac  de  Feium,  & il 
prouve  d^une  maniere  convaincante  que  ce  n eíl 
pas  ia  meme  chofe,  pag.  150  & fuiv.  II  paroit 
conilint,  par  le  témoignage  des  anciens,  que  le  lac 
de  ?>Ioe  iis  avoit  été  crcafé  pour  recevoir  dans  les 
cr'ies  dii  i'iil  une  quantite  d eau  tres-confidera- 
ble  , réfervée  pour  arrofer  ¡es  terres  aprés  f inon- 
dition.  Or  Granger , qui  avoit  féioarné  dans  le 
Feium,  obfers-e  que  íes  terres  voihnp  du  lac 
foat  trop  élevées,  pour  que  le  lac  "uiffe  y ré- 
panire  fes  eaux  aorés  le  temps  de  l'ínqndatica. 

Mtitiqukés  , Tome  L. 


CAN 


^53 


II  efl  done  claír  que  le  lac  de  Feium  Se  le  lac  de 
Meeris  font  deux  chofes  différentes.  Mais  fi  le  lac 
de  Feium  n’ell  pas  le  Moens,  comment  le  retreu- 
ver,  ajoute  d’ Anville.  Aptés  avoir  proavé,  par  le 
paiTage  de  Pline  déiá  cité , que  le  Meeris  étoit  un 
véritable  canal,  ii  conclut  Ip.  ijo,)  de  Pexpref- 
íion  du  méme  aiiteur,  ubi  fui t , que  ce  lac  , ou- 
vrage  de  rindaltrie  & non  de  ¡a  nature  , avoit  deja 
éproiivé  j par  un  laps  de  tems  coníidérable  , une 
dégradation  capabie  de  le  taire  méconnoicre.  Le 
P.  Sicard , qui  parcouruc  f Egypte  avec  lant  d’in- 
telligence  , peráa  que  le  lac  de  Moeris  étoit  le 
mérne  que  le  lac  nommé  Bathcn  par  les  hacitans 
du  pajs  ; & ii  le  marque  ainíi  dans  fa  belle  carta 
de  TEgypte  ancienne,  qui  iut  dreiTee  en  ^712  , 
& préfentée  au  roí.  D’Anville  cite  au-®  le  í'.  Si- 
card, & reconnoir  le  Moeris  dans  le  lac 
(^p.  Ce  lacs’átendenlongueuraucoachar.t 

du  Mil , & parallclement  á fon  cours : fon  étendue, 
qui  eíl  nerd  & fud,repond  preciieinent , dit-il  , 
á celle  qaE4érodote  donne  au_  Moeris.  De  plus  > 
la  longueur  que  Diodore  attrÍDue  au^  canal  par 
lequel  le  Meeris  recoit  les  eaux  du  INil,  fe  rap- 
porte tres-bien  au  canal  du  he  Bntken  : au® 
d'Anviüe,  dans  fa  géographie  ancienne.  place  un 
canal ¿lz  .X)  miiles  toifesle  long  dñ  Ail,  ^vec  cette 
note  I lílccris  Ucredoto  ^ JDiodoro , entre  26  . 2y 
& 29°  lí'  de  latitude;  mais  á 25  milles  de  ce 
canal,  il  met  un  lac,  Mtzris  lacas  Strahoitl  Sí 
Ptolemeeo. 

II  ne  s'agit  plus  que  d’appíiquer  au  Bathen  les 
mefures  que  les  anciens  donnent  au  Moeris,  en 
les  réduifant  ou  les  évaluant  ; & c eít  une  des 
opéritions  oe  d’Anviile.  Cette  laguna,  felón  ¡ui, 
paroit  terminée  au-tíeffous  d Abenas;  l emana- 
tion  de  la  lasune  n eíl  q-u  un  canal  ordinaire , qui 
chanae  de  díreclion  pour  fe  rendre  á une  coupurc 
tirée  du  Bahar-Jufer,  & pour  continuer  encore  i 
quelquediílance  du  Mil  jufques  fcusles  pyramides-,' 
11  paroit  par  une  carta,  que  le  xsathen  rcvient  a. 
environ  900  Hades  de  la  mefure  ordiiviire  égyp- 
tienne.  Pour  retrouverles  3Ó00  Hades  d'Hérodote 
& de  Diodore  , il  ne  faut , dit  d Anvuie , oue 
mulciplier  par  4 les  900  Hades  de  longaeur;  d’oa 
i!  iuge  que  ce  aui  eíl  anpelé  par  méprife 
dans°Hérodote  & dans  Diodore,  eíl  une  mefu-e 
de  furface.  II  nen  feroit  pas  moins  vrai  quesee 
réfervoir  feroir  encore  l'ouvrage  le  plus  co nume- 
rable de  Pancienne  Egvote.  DCAnvilie  ne  tío.ittc 
point  que  les  450  milles  de  Mutie.n  cité  par  Pirne, 
ne  foienc  tires  da  compre  de  3600  Hades  , a raifon 
de  8 flades  pour  un  mille-  Les  5CO  mme  ce  .uei.a 
ne  font  qu’un  compre  rond,  plus  vague  qu^ceiuí 
de4ro;'Sc  les  2C¿  cue  fon  trouve  aans  rene, 
ainfi  que  les  4) o de  Muden,  peuvent  dériver  uM* 
compre  égaiement  vague.  , _ 

D’Anville  rapporte  auffila  cefcrintion  que  btra- 
bon  Se  Ptolémée  cionnent  (.lU  .tíipris^,^  Se  Cu..  a 
ftit  voir  d’avance  netre  pas  h véritable.  I!  .:on- 
clut  que  lout  ;e  qu’oa  bt  cens  k-szncitp.s  cz 

L i.  ¿ 


4 CAN 

conviene  pas  également  bien  a ce  qu'i!  appelle  !e 
véritable  Moeris.  Son  ufage  étoit  de  recevoir  les 
eaux  du  iSil  dans  Ies  crúes  ; le  canal  nommé  Ba- 
theoj  pourroit  bien  avoir  rempü  une  partie  de 
cet  objet ; cependant  toiites  les  diíKcukés  ne 
feroient  pas  encore  levées.  Mais  á quelque  dif- 
tance  du  Bathen,  il  y avoit  un  aurre  canal  nommé 
Bahar-Jufefj  mer  ou  !ac  de  Joíephj  qiii  étoit 
plüs  long  j paraiieie  au  premier  j & au  cours  du 
Nll  5 qui  peut  donner  íieu  á cette  difcudion  ^ 
avant  que  de  prononcer  lequel  des  deux  eñ  le 
véritable  iac  de  Moeris. 

Canal  de  Joseph.  Gibert  a examiné  lámeme 
quellion  , & il  croit  trouver  dans  le  Bahar-Jufef, 
tous  les  rapports  néceíTaires  avec  le  laqde  Moerisj 
décric  par  les  anciens.  ( Mém.  de  V Acad.  des 
Infcríp.  t.  28- p-  2.31.)  Son  cours  eít  de  80 
milles  paraliélement  au  Ñil.Il  entre  dans  le  Feiumj 
Sr  il  a encore  20  milles  jufqu’au  lac  de  Kern 
.aiiqae!  il  Ce  termine.  M.  le  Blond  trouve  en  eíFet 
q/ayant  befoin  d’une  grande  érendue  poar  les 
dimeníions  & les  mefures  d’Hérodote  & ddautres 
autenrs  j ceile  qu'on  trouve  dans  le  Bahar-Jufef 
eíl  dIus  fatisfaifante  que  celle  du  Bathen  ; mais 
i'autorité  du  P.  Sicard  & de  d’Anville , paroilfent 
devoir  fuíEre  pour  nous  décider  en  faveur  du 
Bathen.  Ce  canal  de  Jofeph  , dont  il  eít  parlé 
dans  Pococke , avoit  300  pieds  de  large , & il 
étoit  bordé  par  des  chauffées  de  40  pieds.  Said- 
ebn-Batrik  & les  aiiteurs  arabes  artribuent  ce 
canal  au  patriarclie  Jofeph  ; d'autres  á quelque 
gouverneur  de  l’Egypte  ^ qui  aura  porté  le  méme 
nom. 

Canaux  de  la  basse-Egypte.  Dans  la  ville 
dkAlexandrie  , bátie  par  Aíexandre-le-Grand  & 
dont  on  voit  encore  Ies  relies  , il  y avoit  detix 
canaux  navígables  creufés  de  mafns  d'hommes. 
Le  premier;,  tiré  da  port  nommé  Kibotos,  traver- 
foit  Alexandrie  ^ pour  fe  rendre  dans  le  Iac  Ma- 
féotide  ; Tautre  ^ nommé  Fojfa-Canopica , & qa’í! 
ne  faut  pas  confondre  avec  le  tic  du  Nil  , qai 
tiroit  fon  nom  de  la  ville  de  Canope.  Strabon  ^ 
pag.  ypy  , ne  nous  apprend  point  fi  ces  canaux 
avoiení  été  creufés  avant  la  fondation  de  la  ville 
d’ A.lexaridrie  5 ou  íi  Aiexandre  , pour  rendre  fa 
nouveil-e  ville  plus  íiorifrante  & plus  commer- 
cante j avoit  ordonné  cet  ouvrage.  Ce  qu’il  y a 
de  plus  certain  , eft  que  cette  ville  en  devok 
retirer  de  grands  avantages.  Le  voiíinage  de  la 
Kter  3 du  lac  Maréotide  & da  Ni!  , les  deux 
canaux  dont  Tun  traverfoit  la  ville  pour  fe  rendre 
pair  le  lac  Maréotide  dans  l’autre  qai  en  étoit  i 
voiíiii , concouroient  á la  grandeur  de  fon  com- 
naercej  & luf  ont  acquis  le  titre  de  chef  des 
cités  que  luí  denne  Ammien-Marcellin. 

CA.KAL  DE  LA  mer-Rouge.  Si  Pon  em- 
píoyeit  tant  de  reíTources  pour  le  eommerce  & 
Éutiiité  d’une  feule  ville , ñ eít  aifé  de  penfer 
que  les  Egypriens  formérent  le  projet  de  réunir  j 
ks  derís.  Bseis»  lis  éíoieEi  eapabks  des  plus  grands  i 


CAN 

tfavaiix , comme  le  pr^juve  la  conílruñíon  des 
pyramides  ^ & exercés  á rerouer  la  terre , comme 
üparoít  par  les  canaux  d'Egypte  : ils  dúrent  done 
penfer  a joindre  la  Jléditerranée  a la  Mer-Rouge. 
Ils  étoienr  d’aiüeurs  trop  clair-voyans  fur  leurs 
intéréts  , pour  avoir  négligé  un  moyen  dont  ils 
devoient  retirer  tant  de  profit.  Audi  fit-on  en 
différens  tems  pluíieurs  efíbrts  pour  exécuter  ce 
grand  deíTein 

Jof.  Scaliger  en  parle  ainfi  dans  fon  cifcours 
de  la  joníStion  des  mers  ^ da  defscchem.ent  des 
marais  & de  la  réparation  des  riviéres  , á la  fu'-e 
du  Livre  intitulé  : Jo/'-  Jufii  Scaligeri  JuUi 
faris  a Burden  fiLii  opufcula  ante  hac  non  edita 
CParzJizs  1610,  in-jp.  p.  541.  ) «Un  ifthmos 
ou  dérroit  de  terre,,  large  de  32líeues,ou 
22  125  milles,,  íépare  la  mer  d’Egtqote  ¿'ave-' 
22|rArabiqae  , depuis  la  ville  de  Damiéte  , iitute 
22  fur  la  frontiére  d’Egypte,jnfques  au  Sués^  port 
22  de  la  mer-rouge ; ce  détroit  coupé  „ toute 
22  rAfrique  feroit  une  iííe  , lá  oú  aujourd’hui 
22  elle  eíi  péninfole,  liée  avec  TAfte  parce  dé- 
=2  troit  5 mais  cela  eft  plus  aifé  en  théorique 
22  qu'en  pratique  5 car  ce  détroit  eft  dans  le  dé- 
22  fert  d’Egypte  „ tout  couvert  de  fable , volant 
22  tantbr  plus  , tantót  moins  , felón  les  vents  cuf 
=2  rentaftent  & le  remuent.  Et  pofez  le  cas  que 
22  la  tranchée  fe  put  tirer  dMne  mer  á Bautre  , 

=2  malgré  tous  les  fables , 11  eft-ce  que  la  folie 
22  étant  faite , en  peu  de  tems  elle  feroit  cqmblée 
22  de  fable  5 rentreprife  done  en  eft  vaine,  & le 
22  premier  moyen  n'a  point  lien  pour  Tacerdent, 

2=  á.  favoir  a caufe  des  fables.  Ce  que-  coníiJé- 
22  tant  lindes  plus  anciens  rois  tTEgypre,, nommé 
22  SéToftris  „ lorfqif il  fut  confeilíé  de  joindre  les 
22  deux  mers , i!  fe  deporta  du  premier  moyen, 

22  eut  recours  au  fecond  , le  pratiquant  á Fen- 
2»  droit  oúle  Nrl  n’eft  diftant  de  la  mer  Arabique 
2»  que  de  6i  milles,  revenant  a lé  íieues  com- 
22  muñes.  Ariftotelés,  en  la  fin  du  premier  Lnye 
22  des  Météores,  aprés  íui  Strabon,  puisPlsne,  ' 
22  dífenrque  ce  fut  Séfoííris  comme  nous  avons 
22  dit.  Heredóte  , plus  ancien  auteur  , le  nomrne 
22  Pfammicichus  , qui  régna  Icng-temps  apres 
” Séfoítris»  Soit  Séfoñris  ou  Pfammitschus , '4 
22  fit  qu’entamer  la  befogne  , & ne^la  poiir- 
2=  fuivit  point : cemm^  long-temps  aprés  le  grana 
22  Dari'us,  fils  d’Hydaípes,  roid'Aíie  '&-d’E2yptey 
22  pctirñdvant  Foiuvre  abandonrté  par  Pfammi- 
22  títhus,  nkn  vir.t  pas  á bout.  >2 

En  effet , fuivant  Hérodote  (/.  /r.)  B y 
dans  la  p'aine  d’Egvpte  un  canal  tire  du  i'i»  . 
au-deíftis  de  la  vrile  de  Bubafte  , & au-deíiops 
d’un-e  m-ontagne  cal  alloit  du  cote  de  Mempnis. 
Ce  canal  s’éter.doit  fort  loin  d’occidenren  onent> 
enfurte  il  rabattoit  au  midí  & fe  rendoit  dans 
Mer-rouge.  ivécus , Ñecos,  ou  Néchas , 1’-'*^“'- 
prammiticlius,  qui  régnoic<5i6  ans  avant  JeuiS" 
Chrütt  5 avoit  le  oteir.ier  entrepns  cet  ouTtigfi  > 
dans  leauei  péri'tsr¡t  120,000  milíe  bcismes  > 


C A N 

$:  ií  Tavoit  abandoané  furia  rcpanfe  d’iir.  eric's; 
mais  Dariüs,  fils  a liyííafai  , roi  da  rerfs  , _)2i 
ans  avant.Téfuí-Chrii:  ^ 1 avoit  achevé;  i!  éíoic  de 
quatre  journées  de  r,avisation  , & deux  gaicres 
pouvoienc  y paííer  de  fronr. 

Diovdore  atm.'ue  auíii  á Nécus  rentreprife  du 
; (/.  I.  ) n-íais  il  ajoate  qu’il  commur.iquoii: 
á l’embouchm-e  Pélufienne  ¡ c’eñ-á-dire,  á la  bran- 
che  !a  plus  oriéntale  du  Nil  ; que  Darius  le  laiffa 
imparfait,  parce  que  des  ingéniears  lui  repréfen- 
térent  que  la  nier  - rouge  étant  plus  haute  que 
i’Kgv'ptej  elle  rinonderoit ; 5r  felón  cet  autetir  ^ 
l’oavrage  ne  fut  achevé  que  par  Ftoléniée-Phi- 
iadelphe  ( 2.8o  ans  avant  Jéfus  - Chriíl  ).  II  dir 
que  ce  fur  pour  cette  raifon  que  ce  canal  fut 
appelé  canal  ou  rivicre  de  Ptolémée , & que  ce 
prince  avoit  fait  batir  á fon  embouchure  dans 
la  mer-rouge  , une  ville  qu'il  nomma  Arfinoé  , 
da  nom  d’une  foeur  qu  il  aimoit , & que  Pon 
pouvoit  ouvrir  oufermer  le  canal,  felón  que  cela 
étoit  nécellaire  pour  la  navigation. 

Strabon  , en  s'accordantpoiir  ie  reífeavec  Hé- 
rodore  & Diodore,  difiere  cependant  du  premier, 
en  ce  qa  il  fait  commencer  au  bourg  de  Phacufa 
le  canal  qu  Hérodote  fait  partir  de  Bubaíle  : Stra- 
bon dit  qu'il  avoit  lOO  coudées  de  largeur , _& 
que  fa  profondear  fuíKfoic  pour  de  grands  vaif- 
feaux  (^Strabon  , l.  xvii.  p-So^.'). 

Pline , en  pariant  de  ce  canal  qui  devoit  joindre 
íes  deux  mers,  dit  qifil  fut  comtnencé  par  Séfof- 
tris  ou  Séfac , qui  régnoit  en  Egypte  970  ans  avant 
Jéfus-Cbriíb  prés  de  Bubafte  (/.  vr.  c.  29.  33.)  5 
il  devoit , felón  lui , entrer  dans  la  Mer-rouge  , 
ad  Daneum  pcrtiirn.  íl  dit  enfuite  que  Darius  y 
Travailla  aprés  Séfoítris,  de  mémeque  Ptolémée  II 
aprés  Darius,  Se  il  ajoute  que  ce  dernier  fit  con- 
daire  ce  canal  jufqu'aux  fontaines-affiéres  ; mais 
qu'il  ceífa  d’y  faire  travaiüer,  ayantreconnu  que 
la  Mer-rouge  étoit  plus  baute  de  trois  coudées 
que  le  fol  de  l’Éfypte.  A riñóte  dit  de  méme  , 
qu'un  roi  d’Egvpte  avoit  eíTavé  de  tirar  un  canal 
de  la  Mer-rouge  au  IN'il , leqiiel  auroit  été  d'une 
grande  utiKté  (^Météor.  l.  1.  c.  14.  )>  *1^^  ^é- 
foftiis  paííoit  pour  le  premier  qui  l'eút  tenté ; & 
que  la  Mer-rouge  étant  plus  haute  que  l’Egypte, 
c'étoir  la  raifon  pour  laqueÜe  Séfofiris  & Darius 
avoient  abandonné  cet  ouvrage. 

Que  !e  canal  ait  été  condait  jufqu'á  la  Mcr- 
touge  , c'eñ  ce  áont  l’autorité  de  Strabon  (/.  r 6’ 
xvii ) ne  nous  permet  pas  de  douter  ; cet  auteur 
méme  feroit  croire  que  l'ouvrage  avoit  été  achevé 
avant  Séfoftris.  Quelcues-uns  ont  era  que  Mé- 
nélas  , aprés  la  ruine  de  Trove,  étoit  entré  dans 
I'Erhiopie  , en  traverfant  un  canal  creufé  dans 
l'ifthme  qui  fépare  la  mer  Méditerranée  de  la 
Mer-roliqe  ; mais  quel  que  foit  le  prince  cui  ait 
conduit  l'ouvrage  i fa  fin,  il  eíl  bien  für  qu'il  a 
été  terminé.  Strabon,  en  parlan-  du  canal  qui 
commencoit , felón  lui , á Phacufa  , ajoute  qu’il 


CAN  (?35 

fe  terminoft  au  golfe  Arabique.  De  plus , du  tenas 
de  Strabon , les  rr.archands  d'Alexandrie  trou- 
vérent  une  ifiue  du  Mil  dans  le  golfe  Arabique  , 
pour  ailer  de-Iá  dans  l’Inde  {Strab.  pag.  804  ár 
Sc).).  Quand  il  raconte  l'expédition  que  fit  ¿ans 
i' Arable  ^E!:us  Gallus,  le  premier  gouverneur  de 
l'Egypte  pour  les  Romains  , il  dit  qu'il  fit  conf- 
truire  des  vaiiTeaux  á Cléopatris  , proebe  d’un 
ancien  canal  derivé  du  Mi!.  Or,  cette  ville  de 
Cléopatris  eñ  la  méme  qu'Arfinoé.  Si  done  ce 
canal  atmit  été  conduit  jufqu'á  Arfinoé  , il  devoit 
fe  rendre  néceflairement  dans  la  Mer-rouge.  II  n'y 
a de  diíncuké  que  fur  le  point  oií  commenqoic 
i'ouverture  de  ce  canal ; lesuns  Pont  mife  á Pem- 
bouchure  Pélufiaqiie ; Ies  autres  á Phacufa  ou  á 
Bubaüe.  II  eft  conñanr , fuivanr  M.  Pabbé  Bro- 
tier,  qu  il  ne  parloit  pas  de  Pélufe,  mais  du  cer- 
rar/Pélufiaque  á la  haiiteur  de  Phacufa,  comme 
le  P.  Sicard  Pa  reconnu  fur  les  lieux.  C’eft  d’ aprés 
lui  que  d'Anville  a trés-Bíen  marqué  le  commen- 
cement  & le  c®urs  de  ce  canal  dans  fa  carte 
d’Egypte. 

Ceux  qui  font  cites  pour  avoir  mis  la  main  i 
ce  grand  ouvrage,  font  Séfoñris,  Pfammiticus, 
Necus  & Darius.  Mais  foit  que  Ptolémée-Phila- 
delphe,  étant  vena  le  dernier,  ait  effacé  la  gloire 
de  fes  prédéceíTeurs  , foit  en  effet  qu'il  y ait  plus 
travaillé  qu'aucun  autre  , c’eft  lui  principalement 
qui  paíTe  pour  étre  Pauteur  da  canal  de  la  Mer- 
rouge. 

Un  des  obftacles  que  Pon  trouvoic  á la  jonélioa 
des  deux  mers  , étoit  la  crainte  que  Peau  de  Ii 
mer  u:  e fois  mélée  avec  ceile  du  Mil,  qui  étoit 
la  feule  en  ufage  pour  la  boiffon  , ne  vint  á la 
corrompre  iFline  vt.  29.).  Quant  á Pinonlatioti 
qui  pouvoit  étre  caufée  par  la  hauteiir  de  la  Mer- 
rouge  , Strabon  aSure  qu’elle  ne  pouvoit  avoir 
lieu  ( /.  XVII.'),  & que  cette  crainte  étoit  chi- 
mérique,  parce  que  la  Mer-rouge  n’étoit  point 
élevée  au-deíTus  de  l'Egypte , comme  on  le  p'ré- 
tendoit.  Quelquesphyficiens  modernes  ont'méme 
voulule  prouverpar  des  argurr.ens  phyfiques.  Tei 
eft  le  P.  Fournier  (dans  fon  Hydrographic , 1643. 
pag.  775- ) , qui  obferve  que  les  eaux  de  toutes 
les  mers  qui  communiquent  enrr’eües  font  de 
niveau  i S¿  Riccioli  ( dans  fon  Almagefle  , l.  i. 
pag.  728.).  Arcbiméde  Pavoic  déjá  prouvé  j &c 
cela  feroit  vrai  fans  exception  , II  d’aiileurs  la 
nature  des  eaux  étoit  la  méme  , & fi  les  venes  , 
Ies  courans  & les  marees  n’y  apporcoient  pas 
une  différer.ce.  Eraftotliéne  nioit  que  Pon  pdt 
comprendre  Ies  mers  dius  la  propoíltion  genérale 
d’Archiméde  , fur  le  niveau  de  toutes  les  eaux 
du  globe  , & il  fouter.oit  que  les  eaux  du  golfe 
de  Corinrhe  avoient  plus  d’élévation  que  celies 
du  port  de  Cenchrée  á Poppofite.  On  a cru  que 
vers  Pifthme  de  Panama  , il  y avoit  une  grande 
diíérence  de  niveau  entre  la  m-er  Pacifique  & le 
golfe  du  Mexiqae  , Se  Pon  voit  dans  le  détroit 
de  Gibraltar  des  courans  perpetuéis  oui  annoa- 

Lili!. 


'^3^  C A N 

cent  le  défáíit  d’équilibre  & de  níveay  ; aÍTsíi  !a 
Mer-rouge  pourroit  étre  plus  élevée  que  la  Mé- 
diterianée  j par  la  forcé  des  venes  grnéraux  de  la 
líser  des  Indes , du  vent  d'eir  qai  , fouflant 
touiours  dans  la  Zone-Torride  , pouíTe  les  eaax 
d'orient  en  occident . & peut  les  foatenir  au  fond 
d'un  golfe  auífi  long  , donr  FiiTue  eft  auíH 
étroite.  D'ailleurs  la  Mer-rouge  s’éléve  quelque- 
fois  fuDÍtemenr  á des  haureurs  extraordinaires.  Ce 
fu:  apparemmenc  pour  prévenir  cet  accident,  que 
Ptolémée-Philadelphe  fit  conflruire  des  efpéces  de 
digue-s , par  le  moyen  defqueües  i!  empéchoit  les 
caux  de  fe  porter  avec  trop  dduipétiioíité  dans 
le  canal ; mais  il  eiir  été  facüe  d'ouvrir  le  canal 
de  maniere  á ne  courir  aucun  rifque.  Au  reftC;, 
il  paroí:  prouvé  que  ie  canal  avoit  eré  ouvert  & 
conduit  jufqu'á  la  Mer-rouge  : pourquoi  done 
pan-ni  ie  grand  nómbreles  auteursqui  ont  parlé 
des  travaux  entrepris  pbür  le  canal  de  Ptplémée, 
St  de  la.  confommation  de  cet  ouvrage , ne  s'en 
trouve-t-ii  aucun  qui  marque  .íi  f exécution  de  ce 
proje:  eut  le  fuccés  que  Ton  en  attendoit ..  Sr  li 
réeiiemcnt  il  en  réfulta  un  avantage  confidérable 
pour  ie  commerce  r Voici  la  maniere  dont  M.  Ie 
Elond  explique  ce  íüence. 

Tgus  les  auteurs  anciens  qui  ont  parlé  du  canal 
des  rois  & de  ce'ui  de  Trajan  ^ ne  les  ayant  pas 
vus  eiix-niémes  j n'ont  point  expliqué  la  maniere 
dont  i!s  avoient  été  conitruits  : íi  les  navires  qui 
y naviguoient  avoient  pu  paffer  dans  la  Mer- 
rouge  j & de  cette  mer  entrer  dans  les  canaux 
pour  venir  á Babylone  & á Phacufa  ; fi  de  ces 
deux  endroits  ils  avoient  pu  pareillement  palTer 
dans  le  bras  droit  du  ¡Sil  , c’eft-á-dire , dans  la 
branchede  ce  ñeuve  qui  eñ  nommée  BubaftiqaCj 
cu  Péiufiaque  par  les  auteurs  latins , pour  defeen- 
dre  dans  la  Méditerranée.  On  peut  avoir  eii  ce: 
obiet  en  viie , en  faifant  conflruire  ces  canaux  ¡ 8c 
c'etit  été  en  eífet  le  moyen  de  faire  de  FEgypte  le 
centre  d'un  commerce  reciproque  entre  les  Indes^ 
l’Afrique  & PEurope,  de  toutes  les  produCtions 
-de  ces  pays.  Mais  il  s’en  faut  bien  que  le  fuccés 
ak  répondii  á la  haute  idee  qu'on  avoit  eue  de 
cette  entreprife.  Si  les  deux  canaux  ont  été  effec- 
tsvement  conilruits  & achevésj  comme  il  y a üeu 
de  le  croire  d'aprés  ce  que  Ies  anciens  en  ont  dir , 
il  ne  paroit  pas  que  la  navigation  y ait  été  jamais 
b:en  établie.  Sans  doute  que  pluíieurs  caufes  im 
prévues  Pont  rendue^  íi-non  impraticable  ^ au 
moins  aíTez  difficile  pour  avoir  formé  des  obíía- 
eles  á rimportation.  & á.  Pexportation  des  mar- 
ehandifes  étrangéres  par  cette  voie.  Puifque  les 
auteurs  ne  font  aucune  mentton  de  la  réufl'ire  ni 
des  ayantages  que  FEgypte  en.  atircit  retires^  on 
peut  mférer  de  leiir  Íiíence  fur  une  matiére  auiíi 
importante,  que  ce  canal  ne  fut  pas  entretenu 
avec  aíl'ez  de  fetn,  qu'ii  áépcrit  ?,vant  que  le 
commerce  eiit  pris  fon  cours  de.  ce  coré-lá.  La 
íongueiir  de  ce  canal  étok  de  milie  ftades  , qui  font 
aúlles  toifes  j fuivant  dLAavilie , 114  fiiivant 


C A-  N . 

d’autres  , qui  employent  des  ftades  égyptiens  ; h 
largeur  , fuivant  Strabon  , étoit  de  cent  coudées 
qui  font  171  pieds  de  Franca.  Qiiant  á la  profon- 
deur,  Strabon  ne  dit  pas  de  combien  elle  étoit, 
mais  feulement  qiFe'iie  étoit  lufEfante  pour  des 
navires  «uííoCjcüí.  Mais  cette  expreílion  répend 
á ceiíe  dont  nous  nous  fervons,  en  difant  un  na- 
vire  de  grand  porr.  C'eíl  comme  íi  Fon  diibit 
un  navire  qui  eíl  d'une  grande  capacité , Se  qui 
peut  porter  une  tres-grande  quantité  de  marchan- 
difes  de  grand  voiume  & de  grand  poids.  Ainíi 
cette  indication  ne  préfente  que  des  idees  vagues, 
& qui  ont  trompé  ceux  qui  ont  voulu  s'en  fer- 
vir  pour  conjecturer  la  prafondeur  du  canal  ¡ 
randts  que  Piine  la  défigne  expreífément , en  di- 
fant que  Ptolémée  fit  faire  un  canal  de  cent  pieds 
de  largeur  8c  de  quarante  pieds  de  profondear : 
Ptolemceus  duxit  fojfam  latuudine  pedum  centum , 
altitudine  xl.  {Piine  vt.  29.).  Dans  la  relatioa 
que  Famiral  portugais,  .lean  de  Caílro,  a donnée 
de  fon  voyage  á la  Mer-rouge,  en  1540,  on  iit 
que  ce  canal  avoit  été  commencé  á la  profondeur 
de  trente  pieds,  11  n’eíl  pas  aifé  d'eítirner  quelle 
étoit  la  pente  du  canal , depuis  fon  commence- 
ment  jufqu’á  fon  débouché  á la  mer.  II  paffoit 
par  des  lieux  hiuts  & bas  , & par  des  mar.ais 
d'eau  falée  ou  fa  profondeur  devoit  étre  juégale, 
mais  toujours  aífez  ^ande  pour  des  navires  qui 
tiroienr  dix  á douze  pieds  d'eau  ; fa  pe.nte,<ianj 
tout  fon  cours , devoit  étre  aufü  propornonnée  a 
fa  longueur , qui  étoit  ce  iniüe  ftades  ou  trente 
lieues.  ÍI  falloit  encore  que  la  haineur  de  fon  em- 
bouchure  fút  proportionnée  á celle  des  eaux  de 
la  mer,  dans  le  rems  des  .hames  marees , .á  Fen- 
droit  oú  le  canal  abo'Jtiffnít.  Ii  étoit  trop 
pour  déboucher  par  toute  fa  largeur  de  i jo  pieds, 
8c  ¡1  y a tout  lieu  de  croire  qu'ii  avoit  été  retréci 
á fon  extrémité  , & dirige  de  fagon  qup  cet 
endroit  Ies  eaux  de  la  .Mer-rouge  n'étoient  jamiis 
plus  hautes  que  celies  du  canal,  afin  que qua.nd 
les  ims  & les  aiitres  fe  trouvoient  á-peu-pres  a ja 
méme  hauteur  , les  navires  puffent  paífer  du 
canal  da.ns  la  mer , 8c  de  ¡a  mer  dans  le  canil. 

Suivant  Strabon,  aprés  que  Ptolénke  eut  kit 
achever  le  canal  dont  !e  ccmmencement  étoit  a 
Phacufa  , Ies  rois  fes  fucceiTeurs  le  faifoient  ou- 
vrir  8c  fermer  a volonté  on  le  débouchoit  iorí- 
lorfqu'i!  vculoit  aller  fur  la  mer  , & qu  ú 
voit  le  faire  fans  danger.  Ces  opérations  d-ou- 
vrir  Se  de  fermer  le  canal , ne  pouvoient  gueyes 
fe  faire  amtement  que  par  des  digues  qu  on 
abattoit  & qu'on  refermoit  enfiute  , i au 
bord  du  bras  du  fleuve  d’ou  Feau  romboit  dans 
le  canal  , 8c  l'autre  á fa  fortie  dans  la  Mer-rouge, 
■pour  empécher  Feau  de  la  m.erd'y  entrer  dans 
•tems  des  grandes  marees,  car  ii  devoit  alors  y 
avoir  un  reflux  dan-'  le  canal.  Strabon  le  fait 
enre.nnre  en  'empioyant  le  norñ  d'Eunpo,  P 
qu'tl  dít  qu'on  bouchoit  l'Earipe  j au  - IkU-  , 
dkc  qu’on  bouchoit  le  crniaL. 


CAN 

Le  mot  E-drlpe  eft  un  terme  par  lequel  oti  a 
enrenJa  queliuefois  !e  de  deux  courans  d’eau 
oppofés,  qui,  venart  á fondra  diieétement  l’un 
cónrre  Tautre  , prodaiienc  par  la  violence  de  leur 
choc  des  remoiis  Se  des  tourbiüons  plus  ou  moins 
granás^avec  des  efpéces  de  goufres  áans  le  centre.  Au 
reldedesinteiprítes  ne  s’accordentpasfiirrexpUca- 
tionde  cet  Euripe  ou  de  ce  diaphragmede  Strabon; 
il  y en  a qut  croyent  que  c’étoient  des  portes  d é- 
clúfes  j ou  des  pertuis  , tels  qu’onen  voit  beau- 
coup  actuellemeat.  (.  F almenus  exercit.  ad  Ad3. 
Gréíc.  p.  35).  ) Cet  auteur  penfe  méme  que c’eít 
pour  cela  que  Darius  ne  put  terminer  cette  en- 
treprife^  dans  un  tems  oú  Ton  n’avoit  pas  imagine 
ces  moyens  d^’arréter  les  eaux.  Si  cet  Euripe  etoit 
unedigue  ouun  batar-d'eau^  il  devoitinterrompre 
la  navigation  du  canal  dans  certaines  faifons.  Elle 
fut  encore  bien  plus  interrompue  lorfque  les 
premiers  rois  d’Egypte  tinrent  ce  canal  termé  ; 

& il  femble  méme  que  des  ce  tems  il  na  plus 
gueres  fervi  a Tafage  du  commerec  pour  lequel 
on  Favoit  conftruitT  On  s"en  tint  apparemment  á 
celui  qui  fe  faifoit  aaparavar.t  des  marenandifes 
de  rinde  & de  l’Arabie  par  le  port  de  Bérénice 
& par  le  port  Blanc  j d^ou  elles  etoient  portees 
par  terre  á Coptos  , &c  defcendoient  enfuite  par 
le  MI  á Memphis  , & de  cette  viUe  dans  la  Me- 
ditérannée.  Les  négocians  qui  faübient  ce  com- 
merce  , & qui  étoient  étabüs  dans  ces  ports  ne 
pouvoient  pas  tranipcrter  leur  domicne  dans  le 
fond  du  golfe,  oü  d’ailleurs  la  mer  eft  orageufe. 
Quand  une  fois  un  grana  commerce  a pris  fon 
cours  & s'eftfait  pendan:  long-temsparune  voie, 
il  n’eít  gueres  poflible  de  le  faire  changer  tout 
d’un  coup  : ce  ne  peut  etre  que  1 ouvrage  da 
tems  ; & en  attendant  il  ne  faut  pas  moins  entre- 
tenir  un  canal  avec  foin  & a granas  f»ais.  ^ _ 

Peut-étre  auííl  que  ces  vues  de  policique  éíoi- 
gnérent  le  com.merce  du  canal.  Les  rois  d Egypte 
fiirent  fouvent  en  guerre  avec  les  rois  de  Syrie 
& avec  les  Arabes  ; le  canal  étoit  une  forte 
barriere  qui  empéchoit  les  ennemis  venanr  par 
Pifthme  de  Sués  , de  pénétrer  dans  _rintérieur 
de  l’Egvpte.C'eft  peut-étre  ce  quon  dok  entendre 
lorfque  Diodore  'de  Sicile  Pappalle  diaphragme  . 
tranf'CCT'faviu.m  jiicTnimentuTn.  En  erret  , un  retran- 
ehement  auíTi  large  & aufli  profond  étoit  inat- 
taquable  , pour  peu  qu  il  _fút  défendu.  On  pou- 
voit  bien  tenter  > lorfqa’il  étoit  piem  d eau  ^ de 
le  pafíer  avec  des  bateaux  & des  radeaux ; mai^s 
quand  il  étoit  a fec  , indépendamment  de  la  dit- 
ficulté  qu  il  y avoit  á y defeendre  d’un  cote  & 
a monrer  de  Pautre les  aífaillans  devoient  erre 
arrétés  par  la  crainte  d'étre  noyés,  fachantquon 
pouvoif  le  rempftr  d"eau  quand  on  vouloit  : 
cela  fuffifoitpour  faire  perdre  aux  ennemis  Pen- 
vie  de  tenter  une  pareille  entreprife- 

Quoi  qifil  en  foit,  il  paroit  que  le  défaiit  de 
commerce  fur  le  canal , fon  exceflive  largeur  & 
fe  grande  piQfoíJdeiw: iointas  au  peu  de  tems 


C A N 


■^37 


qu’ií  étoit  navigable  dans  cbidue  annee  , I aooa- 
dance  des  íabies  qu*ii  falloit  enlever , 6c  ^es 
grandes  dépenfes  qu'exigeoient  fon  entretren  j 
contribuérent  éaalement  á fa  deftruction^  eite 
fera  arrivée  fucceflivemeat  Se  par  parties  aaraiit 
í’efpace  de  350  ans,qui  fe  font  écou’.és  ccpius 
la  iin  du  régne  de  Ptolé.née-Philadelphe,  jufqu  au 
miiieu  du  régne  de  Tra]an. 

Le  cakal  de  Trajan  ou  d'Hadrien 
fut  fait  á Fexemple  du  canal  des  rois  , ou  peut- 
étre  étoit-ce  le  méme  canal  que  Trajan  ou  Ha- 
drien  fit  nétoyer  ou  rétablir.  Le  geographe 
Ftolémée  vívoit  du  tems  de  Trajan  ^ qui  monta 
fur  le  troné  Tan  98 , 8c  d’Hadnen,  qui  commer.ca 
de  régner  Pan  117?  c^eñ  le  íeul  auteur  ancicn  qui 
parle  de  ce  canal  : ( Geogr.  l.  4.  c.  ii  ^ ap- 
pelle  fleuve  cíe  Trajan  Tga¡«s3  wí-avÁs.  U ne  fait 
point  mention  du.  canal  des  rois  5 c.uí  ^ líins 
doute , n’exiftoit  plus  , au  moins  dans  une  g'.anae 
partiede  falongueur.  M-  ODeriin  obferve  (7^.440 
qu^on  pourroit  auííl  attribuer  cet  ouvrage  a Ea- 
íirien , qui  í éjourna  en  Egypte  ; car  Jes  Arabes 
appeilent  encere  canal  d’Hadrienj  ceíuj  cu!  ei.^U' 
prés  du  Caire,  & qui  recoit  les  eaux  du  KL  dans 
ie  tems  des  inondations-  On  ne  volt  pas  de  qneUe 
largeur  ni  de  cuelle  profondeur  étoit  le  canal  d« 
Trajan;  M.  le'Biond  préfume  que  pour  le  pré- 
ferver  des  inconvéniens  de  f autre  canal , on  ^ !e 
fit  moins  large  Se  moins  profond  , afin  ae  !e  raire 
fervir  feulement  á la  navigation  des  pe-’s_  uáti- 
mens  propres  au  tranfport  des  marchandifes  ■& 
des  denrées.  En  efíet , au-lieu  de  le  faire  about’r 
á Arfinoé,  oú  la  mer  ét-it  fort  haute  ctans  ks 
grandes  marées,  on  le  conduíiit  a Heroopo'.'s  , 
oú  la  mer  ne  devoit  pas  monter  piiis  haut  qu  ede 
ne  monte  préfentement  au  port  de  Sucs  : or , ce 
port  neft  point  abordable ' aux  grands  navires  , 
puifque  Peau  n’y  monte  qu  a cinq  pieds  dans  leS 
marees  ordinaires.  En  faifant  dériver  le  nouveau 
canal  du  fleuve  du  isil,  au-deffus  du  Delta, proc.ne 
Babvlone  , qui  étoit  á 15  licúes  au  - defíus  de 
Phacufa  , on'iui  procuroit  des  avantagp  qui  man- 
quoient  á celui  des  rois ; au  moyen  d'une  digue 
établie  fur  la  rive  du  MI  avec  des  ouyertiires 
proportionnées  a la  quantite^  d eau  neceft.ura 
pour  la  navigation  . on  pouvoit  le  rendre  nav.— 
sable  en  tout  temsA'anscaufer  aux  e.uix  du  fleuve, 
dans  fon  lit  ordinaire  ni  dans  fes  branches , une 
diminuiíon  nuiíible  aux  habitans_  de  la  baíTe 
Eevpte.  On  profita , pour  re  conauire  a Heroop 
poBs  , d’une  patrie  du  canal  des  Rois  , en  I»  fai- 
fant de'-cendr'e  á 18  ou  19  lieues  en  direde 

au-deíTous  de  Babylone  , 8c  environ  a 16  d He- 
roopolis  , dans  les  marais  fales  par  leicueis  cet 
ancien  canal  paffoit.  On  le  netoya  des  faores  qui: 
Pavorent  comblé  dans  tout  le  refte  de  fa  longuear 
jüfaues  vers  le  débouché  cu'ii  avoit  eu  proc.ne- 
dMrfinoé,  d'oó  il  futcondait  jufqu  a Heroopous- 
Ftolémée,  qui  le  fait  aboutir  á cette  ville  ¿Mé- 
íoopolis,  dit  q.usll&  étoit  prés  dCÁr{iu&é>  & 


C A 


N 


C 


A N 


Strabon  , parlant  de  la  inéme  ville  d’.AríInoé  oii 
abouniToit  !e  canal  Roís,  ia  me:  pareillement 
aupres  d’íléroopolis.  La  lituation  de  ces  deux 
villes  n’a  été  fixée  de  cette  maniere  , par  ces 
deux  auteurs  ^ que  fur  ce  qui  leur  en  avoit  été 
rapporté  par  des  gens  bien  inftruits  ; ils  avoient 
appris  ces  circonftances  dans  des  vopages  qu’ils 
avoient  bits  en  Egypte  , fans  s’arreter  á tiliter 
eux-mémes  Ies  deux  canaux  & á en  fuivre  le  courSj 
pour  en  prendre  les  dimenfions  & marquer  Ies 
lieux  par  oii  ils  paíToient  j mais  ce  qudis  ont  dit 
de  la  polition  des  deux  ^villes  & des  canaux 
qui  Y aboutifloient , a fait  trouver  á des  auteurs 
modernes , des  diíEcukés  pour  les  concilier  Tur 
ce  point.  En  effet  ^ en  mettant,  comme  ils  le  font, 
rextrémité  du  canal  des  Rois  á Arfinoé  , & celle 
du  canal  de  Traían  á Héroopolis  ^ qui  étoit  íituée 
au-defílis  d’Arlinoé  ^ il  fallo-it  que  le  canal  de 
Trajan  traversat  celui  des  Rois  pour  aller  á Hé- 
roopolis j ce  qui  réétoit  pas  pratiquabie.  Pour 
lever  la  diíEculté  , quelques-uns  ont  jugé  que 
quand  Trajan  fit  xonltruire  fon  canal , celui  des 
Rois  pouYoit  bien  avoir  été  degradé ^ rempii  de 
fabkj  & qu’en  ce  cas  , rien  ifauroit  empéché 
de  le  faire  traverfer  par  le  nouveau  canal.  II 
paroit  á M.  le  Blond  que  cette  explication  peur 
étre  admife.  Dbutres  ont  fuppofé  qu’au  tems  de, 
Trajan , des  deux  villes  d^Héroopolij  & d'Arlinoé, 
ii  s’en  etoit  formé  une  feule  j á laquelle  les  uns 
donnoient  le  nom  d’Arlinoéj  & les  autres  celui 
d'Héroopolis  , & que  cette  ville  eíl  aujourd’hui 
Sués.  Mais  íi  Ton  en  croit  d’Anville  , Ptolémée 
s'eft  trompé  en  faifant  aboutir  le  canal  de  Tra- 
jan á cette  Héroopolis  , qukl  place  au  fond  du 
golfe  arabique.D’Anville  a reculé  eette  ville  d^’Hé- 
roopolis  plus  au  nord  , d'aprés  Ies  conje,<9:ures 
tirées  de  Jofeph  & de  Pitinéraire  db4uronin  , 
dans  un  lieu  appelé  Pithom , duqiiel  il  efí  fait 
niention  dans  Pécriture , prés  des  lacs  amers  , 
¿6  milles  au  nord  de  la  mer-rouge  & d'Arfínoé^ 
ou  Cléopatris,  340  milles  de  Babyloneen  droite 
ligne , á 25-  mii'es  au  midi  de  Phacufa.  En 
faifant  ainíi  defcendre  le  cdKa/  de  Trajan  ^ ii  le 
fait  eatrer  dans  le  canal  des  Rois  ^ de-  forte  que 
des  cet  endroit  Ies  deux  canaux  n’en  forment  plus 
qu  un  3 qui  va  enfuite  tomber  dans  la  Mer-rouge. 
M.  Oberlin  propofe  fes  objeétions  contre  les 
motifs  de  ce  dépíacement  3 aprés  quoi  ii  rapporté 
Íes  deux  opinions  á-peu-.prés  en  ces  termes  : 

Ceukqui  admettent  xxcás  canaux  ^ diftinguent 
dbbord  celui  de  Darius  ^ tiré  des  montagnes  de 
Memphis  ,738  milles  au  - deíTus  de  Babylone 
jufqu'á  Patumos  , & de-lá  vers  le  midi  3 jufqu'a 
ia  Mer-rouge  5 il  ne  fe  trouve  repréfenté  dans 
aucun  Auteur , quoiqub!  foit  fort  - bien  décri: 
par  Hérodoce  ; on  Pa  confondu  avec'  celui  de 
Prqiéroée  & de  Traían , quoiqa'il  en  paroiíTe  fort 
diSerent ; les  montagnes  dont  ce  canal  devoit 
fuivre  J3  chame  , fe  voyenr  tres  - bien  dans  la 
caree  de  Pccok,  & dans  celie  de  d’Anviile  : Ies 


quatre  journées  de  chemin  qu'Héroiot-e  donne  ♦ 
ce  canal,  occupent  environ  un  degré  Se  demi  fur 
la  carte3  ou  8j  milles  toifes.  » 

Le  fecond  canal  eft  celui  de  Ptolémée  . qui 
alloit  de  Phacufa  aux  foncaines  ameres  , & Gu''on 
prend  pour  le  lac  Sheii  3 Se  de-!á  á la  Mer-rouge 
vers  Sués  ou  Arfinoé.  Ce  canal  paroit  avoir  été 
comblé  vers  la  fin  du  régne  des  Ptolémées3  voi'i 
pourquoi  Ciéopátre  fongaoit  á faire  trai  'ifporter 
fes  vailTeaux  par  terre  , au‘  travers  de  Piíthnae 
( Fiat,  in  Antón.  Dio  Cajf.  l.  51.  ) Ce  canal  eít 
repréfenté  fous  le  nom  des  Ptolémées  par  Orté- 
lius  3 Ciuvier  j Cellarius  » Koehier  3 &c. 

Le  troifiéme  canal  eít  celui  de  Trajan  oa 
d’Hadrien  3 qui  alloit  de  Babylone  ou  du  Caire 
par  Héroopolis  3 jufqu’á  la  Mer-rouge  j il  ef  dif- 
ficile  de  favoir  s'il  alloit  direótement  au  levant 
ou  fi  c’étoit  un  rétablifTement  du  canal  de  Da- 
rius  ou  celui  de  Ptolémée  ; les  auteurs  cites  plus 
haut  croyent  qu’il  alloit  droit  á la  Mer-rouse  : 
la  carte  de  Pocock  préfente  en  eftet  une  chame 
de  montagnes  dans  cette  direction  j mais  il  elt 
plus  facile  de  croire  que  c'étoit  Pancien  canal. 

. ( M.  Oberlin  , p.  4(1.  ) 

Mais  au-lieu  de  mettre  Héroopolis  fur  la  mer- 
rouge  3 d’Anville  , qui  k déplace  3 croit  qiie  Da- 
rius fit  creufer  le  canal  qui  va  aujourd’hui  du 
Nü  par  Babylone  3 vers  Fharbaethum  ou  Bel- 
béis  3 & qu’on  appelle  Khalitz-.Abu-Meneggi , & 
quhl  le  porta  ünon  á la  .Mer-rouge  3 du  moins 
jufqu’á  Patumos  ou  Héroopolis  3 & aux  lacs 
amers.  Ptolémée  tira  enfuite  une  autre  branche 
un  peu  p!us-bas  vers  Phacufa  3 qui  amena  les 
eaux  du  Nii  dans  le  canal  de  Darius  3 jufqu’á 
Héroopolis  3 & de-lá  jufqu’á  Arfinoé  fur  la  Mer- 
rouge.  M.  Oberlin  n’entreprend' pas  de  décider 
entre  ces  deux  avis  ; nous  im.iterons  fon  exemple. 
On  volt  ce  canal  de  80  milles  de  long  3 fur  k 
carte  d’Egypre  ancienne  3 dans  la  Géographie  an- 
cienne  de  d’Anville.  V.  Huetj  dans  fon  Coramtn- 
taire  fur  la  navigaúon  de  Salomón  , c.  I-  art.  6. 
l íLifloire  de  i' Académie  des  Sciences  de  lyO-- 
A?  úeme  tome  des  Lettres  Edifiantes  , oufe  tro-uve 
uñe  Lettre  du  P.  Sicart  , du  1 Juin  I723.  RolUn  , 
Hift.  anc.  t.  I.  M.  tAbbé  Brottier  , dans  fa  nou- 
vdle  édition  de  Tache,  í.  r.  pag.  221.  & 4^4" 
L‘R¡Ji.  genérale  des  Voyages  , tome  ii-  in  - 14* 
M.  Oberlin,  pag.  & fuiv. 

A peine  refte  ■ t - il  adiuellement  des  veftiges  de 
cette  ancienne  communicarion  des  deux  mers ; & 
le  commerce  de  PÉgypte  á la  Mer-rouge  ne  fe  faje 
plus  que  parterre.  CependantOmar  ayanreonquis 
ia  Perfe  , la  Syrie  j PÉgypte  vers  Pan  6403  Sr 
youlant  envoyer  des  bleds  d’Égypte  á Médine  3_oii 
n y avoit  une  famine  3 fon  general  Amri  fie  tirer 
un  canal  depuis  le  iN’ii  jufqu’á  la  Mer-rouge,  au 
port  de  Colzume  , ou  Clyfma  des  anciens  ( Ebna- 
cin,  Hiíl.  des  Sarrafns  ",  l.  I , c.  i.).  II  femble 
qu  oin  en  volt  des  veftiges  dans  Pococke  , qui 


C A N 

rcpréfsnreun  é-á.7iZt  dans  la  valIceDarb-To'rarlckj 
entre  íes  nionts  Atraka  Se  GeWobee.  D'Anviile 
appcHece  vallon  Tiheh,  & les  montagnes  Eutaca 
& Kuaib  : les  aureurs  anglo;s  de  i'hidoire  univer- 
felle  penfent  que  ce  fat  Rancien  c:zna¿  d’Hadrien  , 
que  Amri  fit  réparer  ( Le  Beau , hifi.  du  Bas- 
Empire , t.  xr  ^ p.  491  ).  La  communication  de  la 
Mer  méditerranée  avec  la  Mer  rouge  a été  encore 
projettée  par  les  Tures  : « De  ménie  en  pric  ¡ di: 
» Scaliger,  p.  542  ^ au  Grand-l  arc  ^ qiii  ayant 
» fabjuguérEg^pte^  tué  Tomonbaiejdernier  Sou- 

dan  d’ÉgypteVavoit  eu  fantaifie  de  pourfiiivre 
» cette  entreprife.  Mefmes  Sultán  ^ Sis  d’Amurat , 
»=  aujourd’hui  régnant  j,  ell  aprés  pour  Texáminer  , 
« comme  Fon  dit  ; nous  verrons  ce  qadl  fera.  II 
» n’y  a ríen  qtii  i'excuíe  de  la  pourfuivre  ^ s'il  Fa 
» entrepris , vu  fa  puiffance  & fes  moyens  : sdl  le 

fait  j comme  il  le  peut , il  n’v  a doute  qu'il  ne 
» fe  rende  maitre  des  Indes , chaíTe  les  Portugais 
33  de  leur  commerce  , & les  rois  Mahométans  & 
33  Idolatres  de  leurs  royaumes  >3.  D'Anviile  , dans 
fes  mémoires  fur  FÉgypte  , dit  que  FAmbafíadeur 
Ture  hii  avoir  aíTuré  qu'on  y fongeoi:  encore;  Se 
Kaly-Bey,  qui,  dans  fes  dernieres  années,  s'étoit 
emparé  de  FÉgypte  , avoit  le  méme  deíTein  : rien 
ne  feroit  en  efet  plus  digne  d'exciter  1 emulation 
du  prince  & de  fes  fujets  , que  d'ouvrk  á toute 
FEurope  un  paffage  fi  courr  Se  íi  coinmode  vers 
Ies  Lides  , & de  reunir  par  le  commerce  des  pays 
atún  ctrangers  Ies  uns  aux  autres  que  FArabie  & 
ritaüe  j quoique  tres  - voiíins,  eu  égard  á leur 
Etuation.  M.  Tacón  de  Bacon  , d’Oyonnax  en 
Bugey  5 qui  avoir  toute  ia  confiance  d’Haiy-Bey_, 
poavoit  bien  avoir  contribué  á lui  infpirer  cette 
éftiulation.  M.  le  Barón  de  Tott  avoit  fait  auíii  un 
travail  á ce  fujet  par  ordre  du  dernier  Sultán. 

Ca.nal  de  la  haute  Égy-pte.  Outre  íes 
canaux  dont  on  a,  parlé  ^ il  y en  avoit  encore 
pluíieurs  autres  en  Égypte  , que  la  féchereíTe  du 
terrein  & la  commodité  des  tranfporrs  avoient 
fait  creuferpar  ce  peuple  induílrieux.  Un  des  plus 
coníidérables  eft  le  Lyrus  , oa  le  cj.nal  TAbou- 
homar  dans  h haute  Egvpte  : ce  canal  avoit  vingt- 
cinq  á trente  pas  de  large.  11  conferve  encore  des 
marques  d'une  grande  antiquité.  Strabon  en  fait 
mention  dans  fa  Géographie  ( /.  xm  , p.  803  ). 
On  trouve  de  Feaii  dans  piuiieurs  endroits  de  fon 
iit  pendant  toute  Fannée.  Ce  canal  fort  du  Nil  au 
Kord  de  DíofpoHs parva  , maíntenant  Rou,  baigne 
Ies  mursdeFancienne  Abydas,  auj-ourd'hui  Araba  , 
paiTe  auprés  de  Lveopo'íS:,  aujourá'hui  Sioath  ^ 
& aboutit  au  baífm  du  Sultán  ^ prés  de  Manfe- 
louth.  Ce  canal  , comme  Fon  voit  , finiíToit  vers 
Fendroit  oúcommenqoit  le  célebre  canal  de  Jofe- 
phe  : le  P.  Sicard  en  a tres-bien  reconnu  le  cours  ; 
mais  M.  FAbbé  Brottier  le  croir  déplacé  dans  la 
carte  de  M.  d’Anville. 

Cakal  de  la  Chersonese.  Seleucus  Nicanor 
zvoít  formé  le  projet  de  joíndre  la  mer  Cafpienne 
avgc  la  Mer-noire  , lcrfqu''il  fut  aíÉuT.nc  par 


CAN  639 

Ptolémée  Ceraunus  [Pun.  vi.  12.  ).  Séüm  II  , 
empereiir  des  Tures  ^ eut  la  méme  idéCj  & voulut 
joindre  I'Araxe  avec  qaelque  ílcuve  de  la  Coi- 
chide  ; mais  on  ne  fait  rien  de  pcíitif  fur  Fentre- 
pnfe  de  Ptolémée  : ainfi  nous  nous  bornerons 
pour*  la  i^ier-noire  au  canal  de  la  Cherfonefe  Tau- 
rique  , au  rapport  de  Lucien.  ( Toxar  ).  Cela 
rendir  ces  peuples  commercans  ; ils  fxifoient  pref- 
que  totit  le  commerce  de  la  .Mer-noire  ; & qiioi- 
que  du  temps  de  Piine  la  Cherfonefe  Taurique  , 
aujourd'hui  ia  Criméejne  fut  pas  trop  connue  du 
cote  du  nord  ( l.  il , c.  6~j.  i , & que  Fon  ignorar 
íi  Ies  Palus-Méotides  ^ ou  la  mer  d’Azof  étoient 
un  golfe  de  la  Mer-noire  , ces  Palus  ne  laiíTercnt 
pas  de  fournir  par  la  fuite  aux  Cherfonites  une 
branche  de  commerce  importante  avec  les  Ind-js. 
Les  marchandifes  leur  venoient  d’Aítracan  ( fni- 
vant  M.  Huetj  Comm.  & Navig-  des  Anc.  ) par  des 
caravannes  ; elles  y étoient  apportées  par  la  mer 
Cafpienne^  qui  les  rece  voit  des  Indes  par  le  fien  ve 
Oxus  : quoique  ¡es  Tartares  ne  confommaííent 
pas  beaucoup  d'épiceries  & d'aromates  i¡  s’en 
faifoit  néanmoins  un  grand  débit  a Cafa  Se  a 
Tana. 

Ces  relationsde  la  Cherfonefe  Taurique,  a Fo- 
rient  & á Foccident  , firent  deíirer  entre  les  Palus- 
Méotides  Be  le  Pont-Euxin  , ou  !a  Mer-noire,  une 
communication  qui , en  épargnant  le  tour  de  la 
Cherfonefe  , qui  a iiG  milles  de  longuear  , faci- 
Ikát  la  navigation  & le  rranfport  d.es  marchan- 
difes. Cette  communication  fiit  en  eíFet  étabiie  , 
felón  le  témoignage  de  Piine  ( /.  iv  , c.  12 , p.  iij 
du  P.  Hardouin  ) : Sinus  Carcinices  appellatur  p 
flamen  Pacyris  p oppida  Naubarum  , Carcine  p 
a tergo  lacas  Buges  flojfu  emzjfus  in  mare.  Ce  pa.Táge 
indique  alfez  le  lieu  ou  le  canal  fut  creufé  ; cepen- 
dant  comme  Fon  a pubíié  des  obfer'/ations  géo- 
graphiques  concernanr  ce  pays  , & qu'elles  ne 
paroiffent  pas  s'accorder  avec  le  témoignage  de 
Fline , M.  le  Blond  a cru  devoirentrer  á cec  égard 
dans  quelque  examen. 

M.  Peiííone! , confuí  de  Franee  auprés  du  Khan 
dans  fes  obfervations  gcographiques  Sé  hidori- 
ques  ( p..  100  ) , obferve  que  Ptoiomée  a piacé' 
aprés  Parthenium  ,en  allant  d'orient  en  occident,. 
le  iong  de  la  cote  occidenta’e  du  Palus-Méotide  , 
les  villes  ál Reracleum  Se  de  Zenonis  Ckerflonefas. 
Mais , dit-í¡  , ce  géographe,  le  feul  qui  fiífe 
mention  de  ces  deux  villes  , pourroir  bien  s’étrer 
trompé  au  fujet  de  cette  Cheríbnefe  de  Zénon.  Je- 
crois  que  ce  n’étoic  poiat  une  ville  , mais  réeüe- 
ment  une  Cherfonefe  y & jene  doute  pas  que  ce 
ne  fiit  cetro  langue  de  terre  extrémement  longue-' 
8»  étroite  qui  s’ar^ance  du  fudau  nord,  entre  I3 
mer  de  Zabache  & la  Mer-pourrie , jufqu’au  ni- 
veaude  Fifthme  de  Frecop  ; Ies  Tartares  Fappef- 
lent  aujourd'hui  Zeniské  , ce  qui  efr  viíi-blemenc 
une  abréviation  du  mor  Zenonius  Ckerflónefase- 
Dans  cette  hypothéfe , la  viile  d'Héracíetim  devoir 
íe  teoüver  oú.  eíl  á - orefen:  ]*  forc  de  Eib;»,  'é 


^4®  CAN 

Teatrée  de  cette  petite  prefqu’üe.  La  Mer  pourríe 
eíl  iaconteitablement  le  lac  Byce  de  Ptolomée  , 
j & ie  Bugés  de  Pline  , qui  eíl  joint  au  Palus 
Méctide  ( comme  dit  tres-bien  cet  auteur  ) par 
un  canal  oii  un  foiTé.  Cette  mer  avoit  déjá  ^ da 
tenas  de  Strabon  , le  meme  nona  qu’eíie  porte 
aujourd’hui : cet  anclen  géographe  Tappellc  ixTcfa 
ouTétang  pourri;  iilui  donne  une  etendue 
de  4000  Hades  j qui  embarraíTe  avec  raifon  Cella- 
riuSj  & !ui  faiü  penfer  que  Strabon  a voulu  parler 
de  toiit  le  Palus-Méotide  3 auqael  cette  mer  eíl 
jointe  par  un  canal. 

Par  cette  defcription  , AL  PeyíTonel  fait 
entendre  que  le  canal  dont  parle  Pline  a été  creafé 
dans  queiqu^endroit  de  la  preíqu’íle  nommée 
Zcnonis  Cke’fonejus  , & peut  - étre  niéme  dans 
fon  iñhmej  oú  eft  place  maintenant  le  fort  de 
Ribat.  On  ne  peut  cependant  le  conclure  dii 
paflage  de  Pline.  II  eít  plus  naturel  de  croire  que 
cette  communication  du  lac  Bugés  avec  la  mer  a 
été  pratiquée  dans  Piílhme  qui  joint  ia  Cherfonefe 
Taunque  au  continent.  i'^.  Le  terme  Mare  dont 
fe  fert  Pline,  convient  beaucoup  mieux  au  Pont- 
Euxin  , qui  en  effeteft  une  mer,  qu’au  Falus-Meo- 
tide,  qui  n’a  jamais  été  nommé  que  Palus  par  les 
anciens.  z°.  Co.nílaíirin.Forphirogénefe,  dans  la' 
defcription  qu’il  fait  de  la  Cherfonefe  Taurique 
( de  adminiflr.  Imperii  ) , aprés  avoir  commencé 
par  legoife  nommé  dans  rantiquitéyi’/'z^í  carcinius  , 
¿c  que  í“op.  devroirnQmmer  maintenant  iCécropy/e, 
plutót  que  Kigropolij  fait  le  tour  de  la  prefqu'ile  ; 
& aprés  avoir  parlé  des  Palas-Méotides  , i!  finit  fa 
defcription  en  diíant  que  le  golfe  de.ces  Palus 
s’avance  jufqu'’au  üeu  nommé  ra  ysxpca-vZa , peu 
éioigüé  du  Dniéper  , & que  la  il  fe  joignoit  á la 
mer ; car , ajoate-t  ii , les  anciens  paíToisnt  la 
mer  par  un  canal  creufé  aa  milieu  de  riílhme. 

3°.  Le  nom  de  Taphros  ou  Tapiara  qui  veut  dire 
foffé , & qu!  a été  donaé  au  lieu  que  Ton  appelle 
aumurd’hui  Orkapi  ou  Precop , eíl  une  preuve 
fubíiílante  que  Pon  avoit  anciennement  pratiqué 
un  canal  dans  cette  partie  : Quod  Inter  paludem  & 

f um  efi  Tapkrx  nominatur , ditMela  (/.  7/,  c.  i). 

feroic  difficiie  de  marquer  la  véritable  époque 
de  cette  entreprife  : le  mot  de  Taphra,  qui  eíl  dans 
Pline,  fait  voír  que  le  canal  avoit  été  creufé  avant 
lili;  mais  Conílantin  Porphirogénéte  nous  apprend 
qu’ií  avoit  été  coinblé , &:  que  de  fon  temps  il 
étoit  couvert  d'une  foret.  4°.  La  forme  de  la 
Cherfonefe  Taurique,  prefque  femblable  á celle 
du  Féloponéfe  , fuivant  Strabon  (L  va ,p.  510}, 
fon  ifíhme  qui  étoit  á-peu-prés  de  la  méme  la’r- 
geur  que  celui  de  Corinthe,  la  commodité  de  la 
mvigation  , qui  réfultoit  d'un  canal  creufé  á Ta- 
piaros ou  Précop  , font  autant  de  raifons  qui 
auront  pii  détermioer  á entreprcndre  cet  ouvrage  , 
& qui  font  croire  que  c'eíl  plutót  la  que  dans  la 
Cíierfouéfe  de  Zénon  , qu'on  Paura  en  effet  exé- 
cuté.  j°_.  Enfin  hexpreñion  de  Pline  , lacas  Bugés 
fe^a  ctnijiis  in.mare,  parcít  trop  générals  , .&  peu 


CAN 


propre  á déíigner  le  travail  des  hommes,  pouf 
joindre  aux  Palus-Méotides  un  lac  qui  y commu- 
niquoit  deja  naturellement  á ia  pointe  de  la  pref- 
quhle  , nommée  Zenonis  Cherfonefus.  De  plus  , 
quand  Pline,  en  donnant  la  poíition  de  Carcine  , 
dit  que  du  cote  oppofe  eíl  le  lac  Euges  que  Pon  a 
joint  á la  mer  par  un  canal  , il  fait  aíTez  entendre 
que  c"eíl  dans  Piílhme  voiíin  que  ce  canal  a été 
ouvert. 

Canax  d’Hypanis.  Le  méme  auteur  fait  auífi 
mention  d'un  autre  canal  artificiel , par  lequel  on 
avoit  conduitie  fleuve  Hypanis  dans  ie  lac  Bugés; 
tandis  que  , d'un  autre  cóté  , il  fe  déchargeoit, 
fuivant  foncoiirs  naturel,  dans  un  golfe  des  Palus 
Méotides  ; Hypanis  per  Nómadas  & Hylceos  frait 
manufacio  álveo  in  Bugem  , naturali  in  Coretum-, 
l.  tr.  pag.  xij.  II  ne  nous  apprend  ni  par  qui 
ce  conduit  a été  fait , ni  pour  quelle  raifon.  C’eil 
apparemment  de  ce  canal  fait  de  mains  d’hommes 
que  Strabon  dit  : « Pharnace,  aprés  Pavoir  fait 
nétoyer  , fit  couler  PHypanis  par  le  pays  des 
peuples  nommés  Dandarii  , & il  arrofa  ieurs 
terres  (/.  xr.  p.  49)-). 

Camal  de  Thrace.  En  continuant  en  Eu- 
ropa la  route  d’orient  en  occident , on  trouve 
fur  la  partie  feptentrionale  de  la  carte  de  Crece, 
par  Deliíle , un  canal  dans  la  Thrace  , qai  peut 
bien  avoir  été  navigable  ; il  partoit  de  la  nve 
droite  du  Panifas,  vers  i’endroit  oií  ce  íleuve  fe 
recourbe  , & alloit  fe  ten  Jte  dans  le  pont  Euxin , 
un  peu  au-deíTus  de  Meifembrie.  On  ne  voJt  pas 
trop  que!  étoit  fon  ufage  , puifque  !e  Panius  fe 
rendoit  dans  la  méme  mer  , á une  ddlance  qui 
n’étoit  pas  bien  confidérable  ; peut-étre  éto!t-ce 
pour  abréger  de  quelques  lieues  la  navigation  de 
ce  íleuve.  M.  le  Biond  en  fait  mention  fiir  L/oi 
de  M.  Deliíle  , qui  n'a  point  cité  fes  autorites 
á cet  égard. 

Canal  du  mont  Athos.  On  regarde comme 
une  entreprife  d'oílentation  , celle  de  Xerxes  qui 
fépara  le  mont  Athos  du  continent  de  la  Macé- 
doine,  pour  étonner  la  Crece,  autant  que  pouc 
faire  paíTer  fes  vaiíTeaux  & éviter  les  dangers  de 
la  navigation  aiiroiir  de  cette  péninfule.  Cette 
montagne  formoit , avec  le  rerrein  des  environs, 
une'  prefqu’ífle,  qui  faifoit  autrefois  une  partie  de 
la  Chalcidique.  Pline  ( rv.  10. ) lui  donne  150 
miiles  de  tour,  8c  y ^ niilles  d'avance  dans  la  mer: 
l'iílhme  avoit  1 2.  Hades  ou  douze  cens  tones. 
Xerxes  fe  propofa  de  le  coiiper , en  renferrnant 
dans  une  iíle  des  villes  qui  étoient  jointes  an  cón- 
tinent.  Ces  villes  étoient  Aprés , Sana,  Oioprimis* 
Bion  , Acrothoon , Thiííus  & Cléones  {Hero  . 
l.  VII.  c.  11.),  Xerxes  employa  non-feuiement 
tomes  fes  troupes  a ce  travail , ma’s  les  haoians 
méme  du  pays  , qui  fe  reievoient  les  uns  .^s 
auTies-,  On  diílribui  aux  étrangers  ie  terrein  gui 
éjoit  aux  environs  de  Sana  , & on  I arpenra  pnnr 
qué  chacun  connut  ia  portion  d’ouvrage  q“‘ 


CAN 

Tcroic  échue , aores  quoi  on  mir  la  main  a Toeuvre. 
Le  canal  éranc'déjá  d’une  ceniine  prorbndear  , 
ceux  qiE  étoient  aux  bas  continaoier,:  loujours 
Texcavation  , tañáis  que  d'autres  dcblayoienr  ; 
une  troiíieme  claiTc  de  travailieurs  é-toic  difpofée 
par  échelons  & lecevoit  la  terre  reinuéej  pour 
la  paíTera  d’autres  , jufqu’á  ce  que  de  main_  en 
miin  elle  fút  parvenue  aux  derniers  , qui  étoient 
chjrgés  de  la  tranfporter  au  loin.  Mais  la  plus 
grande  parda  ayant  creufé  perpendiculairemeiit , 
la  terre  des  cotes  s’écroula  , lorfqu'ils  eurent  at- 
teint  une  certaine  proíonáeiir  , ce  qui  les  rr.'-t 
dans  ¡a  néceffité  de  recomnrencer.  Les  Fhéniciens 
furent  les  feals  qui  s’épargncrenr  cette  peine  j par 
une  prudence  dontils  donnérent  des  preuves  dans 
pluíieurs  autres  occaíions.  En  effet,  enconimeii- 
^ant  i’excavaiion  du  terrein  qui  leur  étoit  échu , 
ils  niénagérent  untalus  ^ de  facón  que  rouverture 
éroit  en  haut  deux  fois  plus  large  que  ne  devc.t 
erre  le  canal , & ils  alloient  toujours  en  rérrécif- 
fant  jurqu  á ce  qu  iis  ealíent  atteint  la  largeur 
preferiré  : par  ce  moyen , la  terre  fupérieure  n’é- 
toit  point  íujette  á s’écrouler.  HérodotCj  á qui 
nous  devons  ce  detall,  ajoute  que  cette  dépenfe 
ne  fut  faite  par  Xerxés  que  par  vanité  & pour 
laiííer  un  inonument  de  la  puiífance  ; en  effet , 
quoiqu’il  eút  pu  aifément  taire  tranfporter  fes 
vaiífeaux  par  Idíthme  , il  aima  mieux  le  taire  cou- 
per.  Le  canal  commenqoit  á Sana  , qui-  étoit  á 
rextrémité  méridionaie  de  riíthme  , lequel,  telón 
le  méme  Hérodote,  avoit  12  Hades.  Le  canal, 
au  rapport  de  Pline  {iv--  10.)  , avoit  1500  pas 
de  loñgi  & Hérodote  dit  quii  étoit  aíTez  large 
pour  que  deux  trirémes  puífent  j pafler  de  front ; 
le  travail  dura  trois  ans. 

La  nature  du  fol  n’étant  pas  favorable  á une 
pareille  enrreprife , & les  deux  patries  de  la  rnon- 
tagne  s’étant  réunies  par  la  fuite  des  tems,  il  ne 
reífa  pas  méme  de  veftiges  de  la  folie  entrepnfe 
de  Xerxés  ; & il  y a des  auteurs  qui  ont  douté 
du  fiit , quoique  tres-bien  atteífé.  Si  ce  canal  fut 
jatnais  de  queíque  ufage,  ce  ne  fut  que  pour  don- 
ner  paffage  á la  fiotre  "de  Xerxés , & luí  ménager 
un  afyiependant  la  guerra  qu’il  alloit  entreprendre 
contraía  Grl.-e  (Diod.  i.  x:.p.  2U5.  Placarque, 
Adíen,  Hifi.  anim.  l.  xíu.  c.  20.  Solinus  Poli- 
hift.  c.  14.  Méla , 1.  II.  c.  2.  D‘J.nville,  Ana- 
lyfe  de  la  caríe  de  Grece , p.  iS-.)- 

Canal  de  Béotie.  Mcus  ne  dirons  qu’anmot 
des  canaiix  pratiqués  pour  l’écouiement  des  eaux, 
& qui  aboutilToient  da  !ac  de  Copáis  en  Béotie  , 
jufqu’á  la  mer  Eubée.  ’Wheler  aíiure  , dans  fon 
voyage  de  Dalmatie  & de  Grece  ( r.  11.  p.  204) 
qu’iis  devoient  étre  regardés  comme  une  des  plus 
grandes  merveilles  da  monde  : & quand  on  fup- 
pofercit  de  la  part  de  ce  voyageur  quelqu’exagé- 
ration  , on  ne  peur  dourer  de  l’utiüté  & de  la  diíE- 
culté  de  ces  canaux , d'aprés  le  témoignage  de 
Stribon  ( /.  /.x  ) , & la  nature  du  lieu  oü  il  fallut 
percer  des  monragnes  fur  une  étendue  de  pluíieurs 
Ajiciqaités , Tome  I, 


C A N 64.Í 


teur. 


Canal  de  CcB-inthe.  Dans  !e  tems  méme 
ou  les  Crees  ne  s’adoanoient  gucres  qu'aa  com- 
merce  intérieur , les  Corinthiens  faifoient  déjá 
un  trés-grand  commerce  ( Thiicyi.  1.  i.')  •.  leur 
vílle  érant  placee  á i’er.trée  du  Péloponéfe , deve- 
noir  i’entrepót  de  tous  ceux  qi;i  y entroient  & qui 
en  fortoient.  Lorfqu’ils  s’appliquérent  á la  navi- 
gation  , non-feiilement  jls  tiréren:  autant  d’avan- 
ta-ae  de  ce  commerce  , q fils  en  avoient  tiré  aapa- 
ravant  de  celui  de  ierre  , mais  leur  ville  devint 
encore  le  lieu  oú  fe  trouva  le  commerce  le  plus 
floriíiánt  de  la  Grece.  Les  Jeux  IlVnmiques  qui 
fe  célébroient  dans  les  environs  , y attiroient  une 
a.tiluence  prodigieufe,  & ne  contribuoient  pas 
moins  á l’embellir  qu’a  renrtcliir , comme  l’ob- 
ferve  Huer  Commerce  & Navzgationdes  Anciens')^ 
Corinthe  avoit  deux  ports  ; Tun  , nammé  Cen- 
ehrée  fur  la  mer  Egée , qui  luí  ouvroit  le  com- 
merce  de  toute  la  partte  oriéntale  de  la  mer  Mé- 
diterranée  ; & l’autre , nommé  Léchée,  fur  la  mer 
lonienne,  du  cote  del’occident:  ces  deux  ports 
la  rendirent  íi  importante  & fi  ntceííaire  , qu’ella 
fut  appelée  par  PhLrppe  , la  chaíne  de  la  Grece., 
Enfin  elle  étoit  regardée  comme  le  marché  com- 
miin  & rentrepor,  non-feulement  de  toute  la 
Gréce , mais  méme  de  TEurope  & de  i’Aíie. 

L’ifthme  qui  joint  le  Péloponéfe  au  continent 
n’a  pas  plus  de  deux  lieues , fuivant  Wheler,  dans 
fes  voyages  (í.  ii.  p-  243- )t  £n  le  coupant , on 
épargnoit  aux  négocians  étrangers  & aux  Corin- 
thiens eux-mémes  une  longue  navip.tion  autour 
du  Péloponéfe  , dont  le  circaic  eft  d’envirqn  160 
lieues.  On  évitoit  auíTi  le-  dangereux  paflage  du 
cap  Malée,  qui  étoit  íi  connu  par  fes  écueils; 
auíii  difoit-on  qu’en  cet  endroit  les  flots  pourfui- 
voient  les  vaiffeaux  pour  les  engloutir. 

Prorrdte  vires 

lAunc  ánimos  quihus  m Gcetulis  Jyrzzbus  ujl ^ 
lonioque  Mari  MaleAQUe  feqziacibus  unáis. 

Virg.  JEn.  1.  V.  191. 

Quand  on  ofoit  le  paffer , on  devoit  regarder  fa. 
pene  comme  certaine  , & abandonner  a d autres 
fes  poíTeílions  {Straoozt  , /.  viri.').  ^ ^ ^ 

II  n’en  falloit  pas  davantage  pour^  infpirer  á 
quelque  prince  bien  intentionné  l’idée  de  taire 
commani’quer  les  deux  mers  qui  baignoicnt  I’if- 
thme.  Pluíieurs  rencreprir-ent  vainement  , & les 
hiftorieas  qui  rapporteñr  leurs  tenmtives , en  attri- 
buent  le  p’eu  dé  fuccés  á l’impofiibilité  de  percer 
Ies  rochéis  dont  fifthme  étoit  formé.  D’autres 
en  donnent  une  raifon  qui  étoit  de  quelque  forcé 
pour  des  peuples  faperílirieux  , la  réponfe  d’ua 
orada  qui  empécf.a  de  continuer  l’ouvrage.  Quant 
, á la  dureré  des  rochers  , il  y a bien  d’autres  exem- 
I *ples  de  rochers  coupés  daus  un  trés-long  efpace  , 

M m m na 


CAN 

&:  nolis  en  aroas  tr.écr.e  cité  quelqiies-uns.  D’aíí- 
le.irs,  queis  font  Jes  rochcrs  en  état  ce  refiíter  au 
courage  & au  norribie  des  travaiüeurs  ? La  réponié 
de  i’oracle  pcuvok  bien  étre  ua  pretexte  , mais 
elle  n'étoit  pas  ur.e  raifon  foiide  5 ii  falloit  qu  ii  y 
cát  qaeíqu'autre  caiife. 

Le  premier  qui  en  forma  le  projet  fut  Périan- 
árCj  57Óans  avant  rére-ehrétienne  (.D.-og.  Latrcc, 
l.  I.  c.  7.  n°.  6.).  Démétrius  Poiiorcéte  , roi  de 
Macédoinej  trois  fiécles  aprés  eífaya  de  faire 
réntablement  uneiíledu  Péloponéfe.  Í1  éto:t  bien 
capable  de  réuffir  dans  cette  entreprife  ; mais  il 
éprouva  des  revers , & d'aiHeurs  ii  trouva  dans 
la  volupté  un  obftacle  plus  invincible  que  la  du- . 
reté  des  rochers  i^PLutar.  in  Dtmetr.  Strabo,  l. 
1.  V.  jq.).  Piutarque  nous  apprend  la  foibleíTe 
qüdl  eut  pour  Lamia  j fa  maírreíTe  , cui  .fut  fur- 
nommée  Helé-polis , du  nom  d’une  machine  qui 
ferv'oit  á renverfer  des  murailles.  Cette  courtifane 
avoit  li  b'en  fqu  eaptiver  Teíprit  de  Démétrius 
qu'il  fut  détourné  par  fon  amour  de  l’exécution 
des  grands  projets  qtfil  auroit  pu  former. 

Jales- Céfar  eut  le  méme  pro  jet , comme  le  dit 
Suétone  ( in  Ccefar.  c.  44. ) ; mais  il  eut  toujours 
rrop  d'occupations-pour  réalifer  cette  entreprife  j 
& peut-étre  n'en  avoit-il  eu  que  l'idée.  Caius 
Caüqula  y penfa  également ; mais  il  fe  propofoit 
fouvent  de  grands  ouvrages , fans  qu’il  paíTát 
jtifqu’á  Texécution  , & il  fe  contenta  feulement 
e envoyer  lever  le  plan  .ie  l’iílhme  {^Suet.  in  Calig. 
£.21.  Plin.  IV.  4.).  Nerón  ayant  fait  un  vovage 
en  Achai’e  pour  di.fputer  les  prix,  ne  voüloit 
point  revenir  en  ítalie  fans  avoir  paíTé  l’iñhme 
de  Corinthe.  II  en  témoigna  une  fi  grarde  envie, 
qu’il  y employa  toute  fon  armée  , & particuliére- 
ment  les  foldats  de  la  garde  Prétorienne  , qu’il 
excita  vivement  par  un  difcours  qu’il  leur  fit  á 
ce  fujet  ( Suet.  in  Ner.  c.  xix.)  , & méme  par 
fon  exemple.  Suivee-moi , leur  dit-ií,  camarades ; 
s’étant  faiíi  lui-méme  d’une  Dechc:,  il  chargea  de 
la  terre  fur  fes  épaules  pour  déblayer ; ce  qui  fit 
une  telle  impreífion  fur  Ies  foldats que  chacun 
s’empreíTa  de  fuivre  l’exemple  de  Tempereur.  Mais 
bientót  la  peur  s’empara  des  efprits  j parce  que  , 
difoit-on.  Ton  entendoit  fous  terre  des  gémiiTe- 
Kiens  5.-  des  cris  horribles:  Nerón  accourut  pour 
■«eprocher  á fes  gens  leur  puíriíanimité  ^ & i!  re- 
prit  la  béche  pour  creufer  encore  ’ui-méme.  Au 
bout  de  deux  mois  &r  demi  ii  y avoit  déjá  plus  de 
400  toifes  de  creuféer  d’un  cote  , & quelque 
chofe  de  l’autre  j mais  i!  y avoit  5400  toifes  á 
percer  , & Néron  finit  par  abandonner  fon  pro- 
jet, ‘oit  qu’il  Ck  r.appelé  par  d’autres  aíFaires  , 
cortime  le  dit  l’hiftorien  Bion  , foit  qu’on  luí  eut 
fait  craindre  de  fubmerger  toute  l’ilíe  d’Egine  , 
comme  le  rapporte  Fhiloílrate  {Philofir.  vit. 
^po/lon.  L TV.  c.  8.  & 24.  vit.  Her.  Sovhifla.'). 

^ Enfin  Hírodes  Atticus  voulut  auíli  entrepren- 
aere  ce  grand  ouvrages  mais  il  n’en  retira  que  les' 
loaanges  dúes  á fa  bonne  yoioncé  , Se  cette  dik-' 


CAN 

cttlté  infurrñontable  donna  lien  au  proverbe  fí 
connu : ifihmum  fodere  ( Lucían.  Jofeph'us^  de  Bell, 
Jad.  l.  3.  c.  36.  Cluverius  , introd.  ad  Geo^  ñ 

409-).  ~ 

_ Fres  de  Corinthe  eft  un  vülage  appelé  Her.míl. 
lia  j parce  que  l’ifthme  a íix  miíles  de  larreur  en 
ce  lieu.  C’eft  la  que  Wheler  dit  avoir  remai-qué  !a 
place  ou  l’on  avoit  autrefois  commencé  á creufer 
ce  canal  (^Hoyages , t.  ii.  p.  243.). 

Canal  de  Leucade.  La  prefqu’iíle  de  Leu- 
cade  ^ íituée  dans  la  mer  d’íonie  , fur  la  cote 
djAcarnanie , avoit  j felón  Pline  ^ 87  milles  de 
Circuit.  Elle  étoit  célebre  par  le  rocher  d’ou  fe 
précipitoient  d.’ns  la  mer  les  amans  malheureux 
pour  recoavrer:,  en  ceíTant  d’aimer  , la  tranquil 
• Ijcé  Guals  avoient  perdue.  Cette  prefqu’iíle  de 
Leucade  étoit  jointe  au  continente  comme  on 
le  voit  dans-  Homére  ( Odyjfée  G.  376. ) 5 mais 
ejle  devint  une  iíle  aprés  qu’une  Coíonie  de  Co- 
rinrhienSj  envoy ¿e  par  Cypfelus  & Gargafus, 
tyrans  de  Corinthe , fút  venue  s’établir  fur  la 
cote  d’Acarnar.ie  , & eut  coupé  i’iñhme  qui  joi- 
gnoit  le  territoire  de  Leucade  au  continent  ( Stra- 
bon,  lio.  X.  p.  311.  3 ti  lelém.  de  V Acad.  des 
Infcript.  t.  vji.p.  250.).  Cependant  Pline  femóle 
faire  entendre  qu’elie  avoit  été  féparée  de  la  terre 
ferme  par  un  coup  de  mer  (/.  ir.  c.  92.).  Mais 
ailleurs  il  adopte  le  fenriment  general  des  hifto- 
riens  & des  géographes,  qui  attribuent  cette  fé- 
paration  au  travail  des  hommes  (/.  iv.  c.  i.). 

Thucydide  ( L-  m. ) nous  apprend  qu’elle  étoit 
encore  une-  prefqu’ifle  de  fon  tems.  On  infere 
d’un  autre  paíTage  du  méme  auteur , que  la  villc 
appelée  Leucas  étoit  fituée  dans  l’ifthme.  Tite- 
Live  eil  un  des  écrivains  qui  ait  donné  le  plus 
grand  détail  fur  Leucade  , & le  canal  qu’on  y 
avoit  creufé.  Pencadla  nunc  Infula  , & vadofo  freto  ^ 
quod  perfojfum  mana  eft  , ah  Acamania  divifr:  tum 
peninfula  erat  y occidentis  regione  arñis  faucibus 
cokosrens  Acarnanis.  Quingentos  ferm'e  pajfns  lon- 
gí  fauces  erant  ¡ lats  aud  amplias  centum  & vi- 
ginti.  In  hís  angufliis  Leucas  pofita  eft  , colli  ad-; 
plicata  verfo  in  orientem  Si  Acamanlam.  Ima 
urbis  plana  jum  , jacentia  ad  mate,  quo  Leuca~ 
dia  ah  Acamania  dividitur.  L.  XXXIII.  c.  17- 

Scymnus  de  Chio  , dans  la  defcrfptfon  cfu’il  en 
donne  (zA  Periegefi')  en  parlant  de  FAc.rnanie 
& de  la  ville  de  Leucas  bátie  par  les  Corinthiens» 
la  met  déjá  au  nombre  des  liles. 

Ce  furent  eux  en  effet  qui  firent  une  iíle  de 
ce  pays en  coupant  I’iñhme  qui  formoit  la  pref- 
qu’ríie  j dit  Strabon  ( /.  x.  p 3 1 1.  á.  tls  rranfpor- 
térent  prés  du  canal  qu’ils  creuftrent , la  viile  d& 
Néricos,  qui  étoit  á l'autre  bout  de  l’iíle.  fur  !« 
bord  de  la  mer,  8c  donnérent  á cette  nouvelie 
ville  le  nom  de  Leucade , oni  étoit  celui  de^  la 
petite  contrée , 8c  qui  lui  fut  confe’'vé  íorfqu  o3 
en  fit  une  ille.  Dodwel  (de  Perípl.  Scylac.  ^tatCy 
F‘  Í3-)  crcit  que  cct  iñbine  fut  coupé 


CAN 

les  Romaias  féquelirérent  de  !a  jurirdíAion  de 
r Acarnanie  , le  pays  de  Leucade , Tan  de  Rome  ^ 
feion  Varron  , j8/.  Perlée  fut  vaincu  par  les 
Romains,  malgré  Ies  Acarnaniens  qui  Coutenoient 
ce  rrince  j il  convenoit  alors  aux  hiDitans  de  la 
prerqudfie  qui  venoient  d étre  détacnes  des  Acar- 
naniens , de  fe  retrancher  par  ce  foíTé  contre  leurs 
ai'ciens  rnaicres,  Mais  iI  eíl  plus  naturel  de  croiiv- 
ce  que  d!t  Strabon  , que  ce  furent  les  Cor:nth-ens 
envc'vés  Dar  Cypfelus  qui  en  firent  une  lile. 
qu^l  en  foit,  Ovide  dit  auí5  qu’aprés  avoir  eré 
jointe  au  condnenr  j elle  étoir  de  fon  tenas  bat- 
gaée  de  la  mer. 

Leucada  conünuam  veteres  hahuere  coloni  ¡ 

Nunc  freta  circumeunt. 

Métam.  XV.  289. 

Florus  j en  parlant  de  Leucade , dit : Leucas 

Ínfula  qu&  aliis  erat  Ltucadia  (/.  iv.c.  II-).  Selon 
Piine  , elle  fut  détachée  du  continent  par  .es  na- 
birans  j & i!  y avoit  un  lieu  fur  le  bord  du  canal 
qu'on  avoit  creufé  , qui  en  avoit  été  appe.e 
Diorydtos  ; Excipit  Leucadium  littus  promonto- 
rium  Lcucatcs  , dtin  finas  ac  Leucadia  ipfa  peran- 
fula  qaondam  Neritis  appellata  , opere  accolarum 
ahfcífa  d.  continenti , ac  reddita  ventorum  fiatu 
congeriem  arení.  acc amal antium  , qui  locas  voca- 
tur  DioryéioS  ^¡adioriim  longítudzne  trium 
iv.  I.).  Les  fables  que  le  vent  portoxt  dans  ce 
canal , en  rendirent  la  navigation  diííicile  , & l on 
fut  obligé  5 au  rapport  d'Artian  ? d v enfoncer 
des  pieux  pour  ditiger  la  route  des  vaideaux. 

Quoique  le  canal  fut  devenu  plus^etroit  par 
les  fab 'es  , cependant  il  ne  fut  pas  cotnblé , comme 
le  ¿it  Piine , ou  bien  il  a été  recreufé  dans  la  fuñe  j 
car  il  eft  encore  navigable,  comme  nous  1 appre- 
nons  deWheler  ( t.  i.p.  61.').  « Les Gitcs,  dit-iL 
appellent  encore  Leucada  Pancienne  nde  ¿e  Leu- 
cade  j car  ils  n’ appellent  proprement  Sainte-Maure 
que  la  fortereífe  3 á caufe  d“un  couvent  de  ce_nom 
oui  étoit  la  du  tems  des  Vénitiens.  Nous  íutnes 
obligés  5 a caufe  du  mauvais  tems , de  toucher 
á un  port  de  cette  ifie  appelé  Clhneno,  qm  e!t  le 
meilleur  de  tous  ayant  bon  fond.  De-la  il  nous 
pritenvie  d’aller  voirla  fortereíTe,  & nous  prinres 
pour  cec  effet  une  barque  appelée  Monoxyion. 
Isfous  voyaseámes  quatre  ou  cinq  heures  dans  un 
canal  étroit  qui  la  fépare  de  la  terre  ferme.  Stra- 
bon dit  cu  elle  y a ¿té  autrefois  attachee,  & que 
I'on  creufa  ce  détroit  pour  la  féparer  ; ce  qai 
eft  affez  vraifemblable  , car  a i endroi.  le  p.us 
¿■troir  i!  n y a pas  plus  de  cinquante  pas  de  trajet^, 
& trois  ou  quatre  pieds  d’eiu  feuiement  par-tout. 
Céroit  en  cet  endroitle  plus  étroit  qufotoit  la  vine 
de  Leucade íituée  fur  une  émiaence  á une  demi- 
Leue  de  la  mer,  & dor.t  on  volt  encore  queloues 
reftes  : le  port  étoit  prefque  tour  le  canal  , fiir- 
toar  dans  les  lieux  ou  ii  y avoit  aíTez  u eau.  Or- 


C A N í^45 

telius  Se  Ferrari  fe  trompent , coatinse  AA  heier, 
qaand  ils  croyent  que  Sainte-Maure  eit  encora 
dans  la  méme  place  que  cette  villa ; ils  n or.t  pas 
été  fur  Ies  lieux  pour  voit  que  Sainte-Maure  eíl 
tiois  mil  es  au-delá  dans  le  milieu  du  canal , large 
dfoi’.e  lieue  encetendroit.  La  fbrterefle  eft  bonne 
8c  Saiiquée  de  quelques  baftions  ; ma:s  ce  qui 
la  rend  conildérable , cfoft  qu*on  ne  peut  y allet 
ni  par  terrs^ni  par  mer  , que  dans  ces  monox^’les 
ou  petits  bateaax  qui  ne  prennent  pas  plus  d’aii 
pied  d’eau.  Elle  eft  féparée,  par  un  foíTé  de  trente 
ou  quarante  pieds , de  deux  autres  petites  ifies 
qui  íbnt  comme  les  faiixbourgs  de  la  fortereíTe, 
Se  qui  font  habitées  par  des  Tures  '6c  par  des 
Grecs.  “ 

Si  ce  canal  fdt  jamais  navigable  pour  de  grands 
vaifleaiix  , ce  ne  fut  que  peu  de  tenas  apres  qu  rl 
eut  été  creufé  j car  il  paroít,  par  le  témpigna^ge 
de  Piine,  qu’il  étoit  expofé  a étre  retnpli  par  Ies 
fables  que  le  vent  y apportoit ; & AV'  heler  nous 
apprend  que  de  fon  tems  , il  n y avoit  pas  pius 
de  trois  011  quatre  pieds  d'eau. 

C.'tNAUx  DU  Pó.  Quoique  l’Italie  fut  coupée 
en  tour  fens  par  un  grand  nombre  de  fleuves  Se 
de  riviéres , ce  pays  nous  fournit  nésnmoins 
beauqoup  de  canaux  artificiéis  ; ceux^  que  i on 
cretífa , par  exemple  , auxenvirons  du  Fo.  avoient 
la  plupart  le  naéme  objet  que  ceux  qui  etoient  tires 
dans  la  partie  du  Delta  en  Égypte. 

Le  Pó  prend  fa  fource  au  mont  Véfule,  une 
des  plus  hautes  montagnes  des  Alpes.  Suivant  la 
defeription  de  Piine  , fes  eaux  s augmentent  con- 
íidérablement  vers  la  canicule  par  la  fonre  des 
neiges  i & apres  avoir  recu  dans  Tefpace  de  ion 
cours  envTon  trente  riviéres  , il  fe  rend  dans  la 
xxier  Adriatique.  11  etoit  profond  8c  raprde  a caufe 
de  la  forcé  de  fes  eaux',  quoiqu  on  l’eúr  affoibli 
par  p'uíieiirs  dérivations  entre  P.avenne  & ^'In- 
num  ; 8c  comme  a l’endroit  de  fon  embouchure 
il  fe  répandoit  fort  au  large  par  fept  boliches 
différentes,  on  appeloit  cet  endroit  les  Sept- 


iiíers. 

II  paroit  qu  originairement  le  Pó  ne  fe  rendóle 
dans  da  mer  que  par  deux  branches  , qui,  au 
'■apport  de  Polybe  , étoient  celles  que  Ton  ap- 
peioit  Padua  Se  Olana.  Le  fleuve  couloit  dans  ua 
feul  Ht , jufqu  aux  pays  des  peuples  nommés 
Tri^ahoVi.  11  fe  féparoit  la  en  deux  branches.  Les 
vai<?eaux  remor.toient  le  fleuve  par  la  branche 
nommée  CAana , jufqu  á deux  cens  cmqnar.ts 
milles  !’«:^ches ; plu- 

fieurs  ont  pu  fe  former  naturehement ,_  & que.- 
ques  unes  ont  été  formées  de  m.rins  d nommes  ; 
Piine  nous  en  donne  le  nombre  (/.  ui.  c 16.). 
Ap-és  le  canal  qui  conduifoit  a Ravenne  , il  place 
ív-bom-bure  nommée  V aireñas , qui,  dir-ii  , 
avoit  la  capacité  d’un  port  8c  par  Lquelle  Tem- 
pereur  Ciaude  entra  dans  la  ville  d Adni  apr  .-s 
fon  expéüition  dans  la  Grande-Eretagne.  Vreci- 
^ 31  m m m ij 


¿44 


CAN 


mum.  ind'e  ofiium  rp.agrAtiidinev.  ’pdrtüs  h&het , eut  ! 
Vatre^us  dicitur , que  Claud  'ius  C&far  'e  Uritannia  , 
triumph.cns  , pr&gmndi  illa  domo  veriiis  quam  j 
nave  intravit  Adriam.  II  nomme  la  boliche  fui- 
vante  Caprafia , enfuite  celle  de  Sagls , puis  celle 
«áe  V olane , qai  s'appeloit  Olane  auparavant.  Ce 
font  Ies  Etrufques  , aioute-t-i!  j qui  ont  creufé 
ces  cartaux , depuis  la  branche  que  Ton  nomme 
Sagzs  ( incluílvement  ) j & qui , po^  diminuer 
la  rapidité  du  fleuve  ^ en  ont  fait  des  dérivations 
au  milieu  des  marais  voiíins.  Ainíi  le  témoignage 
de  Pli  ne  juftiíie  le  paíTage  de  Polybe  ; car  iÜ  Fon 
excepte  les  canaux  creufés^  felón  le  premier  ^ par 
les  Etrufques  ^ il  ne  refiera  plus  de  branches  na- 
tureües  du  Pd  que  celles  que  lui  donne  Polybe  ^ 
c’efi-á-dire:,  Padua  , qui  efi:  la  Padufa  de  Pline^ 
& V olane  ou  Olane.  Mais  ^ cutre  cela,  on  avoit 
tiré  áu  Pó  , au-deíTus  de  Fendroit  ou  il  fe  di- 
Tife  en  deux  branches  , un  grand  canal  nomme 
Tojfa  Pkiliftzna,  &■  qui  fe  féparoit  en  deux  autres 
canaiix  par  lefquels  il  écoit  conduit  dans  la  mer. 
Celui  qui  étoic  le  plus  au  nord  s*appeIoit  Fojflones 
Pkiliflina.  , & le  plus  meridional  étoit  connu  fous 
le  nom  de  Foffa  Carbonaria.  U Athejis  & le  To- 
gifonus  fe  joignoient  encore , felón  Piine , á ces 
deux  canaux  , & formoient  le  port  voilin  nomme 
Brundulus  ; de  méme  que  les  deux  flenves  appe- 
les  Medoacus  major  & Medoacus  minor  , for- 
Bioient  , avec  le  canal  nommá  Foffa  Clodia,  le 
port  d’Edron.  Le  Po  communiquoit  , fuivant 
Piine  , avec  rous  ces  fleaves  & canaux  , par  lef- 
quels  il  íe  déchargeoit  & formoit  une  figure  á-peu- 
prés  femblable  au  Delta  du  Nil. 

La  derniére  branche  dérivée  du  Po  par  un 
canal . étoit  done  celle  que  Fon  appeloit  Fo,¡fzones 
Philiflins, , laquelíe  étant  ioin’te  au  fleuve  Tar- 
i^’'us  ( qui  Fétoit  lui-méme  á Y Atkefis  ) , fe  ren- 
eoit  dans  la  mer  par  la  méme  embouchure  : ce 
qui  a fait  appeler  indiírinélement  le  Tártaro  Fof- 
Jjones  Pkilzfiin& , parce  que  ce  canal  y aboutiíToit. 

L embouchure  appartenoit  cependant  véritable- 
ment  au  Tártaro. 

Le  canal  nommé  par  Piine  Fojfa  Clodia  , qui 
fónpoit  avec  le  M.edoacus  minar  \t  port  d’Edron, 
étoit  réellement  cette  branche  qui  partok  du  Me- 
doacus minor ^ & qin,  aprés  avoir  traverfé  les 
®arais  _,  fe  rendoit  aupres  d^un  lieu  fameux  qui 
en  tiroit  anciennement  fon  nom,  & qui  fcmble 
Favoir  retenn  lufqTu  á préfent , puifqu’on  Fappeiie 
Chiozza  ( Cluver , liaLia  Antiqua.'^.  II  y avoit 
encere,  fuivant  Ciavier,.  un  canal  nommé  Fojfa 
Neroniana  , qui  étoit  tiré  de  la  branche  du  Pó- 
appeiée  V olana  , jufqu'au  canal  ou  Fojfa  Carbo- 
naria , & qui  eíí  encore  navigable  depuis  dia- 
driar.um  , aujourd'hui  Ariano  , jufqu'au  viflage 
^nn-u  maintenant  fous  le  nom  de  P orto-di- Coro , 
a Fembouchure  du  bras'appelé  Pó-dTArriano  ou 
Pe-di'Goro- , qui-  a environ  1 1 miiles  de  lona 
depuis  le  stand  Pojufauá  la  mer:  ce  canA  eíP 
sjarqué  d^ns  k bellc,  carte  dt  <F Auxilie,  halla 


CAN 

andqui , 17Ó4.  (Sa  Géographie  ancienne  abíé- 
gée  , 1769  , grand  in- folio. ) 

Canal  d'Au guste  a Ravenne.  Le 
plus  célebre  de  tous  ces  canaux  , á caufe  de  fon 
auteur  Se  de  forj  utiliré , étoit  celui  que  Fon  ap- 
peioit  Fojfa  Augujii  C Le  Beau , Hifi.  du  Bas-Emp, 
t.  TI.  p.  589. )-  Selon  la  defeription  de  Ravenne 
par  Jornandes , une  branche  du  Pó, -appeiée  FoíTé 
d’Afcon  , baignoit  les  murailles  de  Ravenne , du 
córé  -du  feptentrion;  & Fempereur  Auguñe  avoit 
encore  fait  tirer  du  méme  fleuve  un  canal  pro- 
fond , qui  circuloit  jufqu'á  la  mer  du  cóté  du 
midi , & dont  une  branche  traverfoit  la  ville. 
Pour  arriver  du  cóté  de  la  terre,  il  n'y  avoit  qu'une 
chauffée  érroite  á travers  desmatáis.  Alais  Cluvier 
trouve  la  defeription  de  Jornandes  crés-défec- 
tueií-fe  : il  prétend  que  le  Pó  n’entroit  point  dans 
Ravenne  au  midi  de  cette  ville  ; que  le  foffé  d' Af- 
een exiñoit  d'abord,  & étoit  tiré  du  Pó  jufqu  á 
Ravenne  i qu'Augufte  ayant  enfuite  étabii  , a 
quatre  miiles  de  cette  ville  , une  flation  pour 
une  flotte  , qui  donna  á ce  lieu  le  n-om  de  Clajfis  ^ 
cet  empereur  fit.  ereufer  un  nouveau  canal,  qui 
partóit  de  ce  foíTé  d'Afcon  , paiToit  par  b ville  de 
Ravenne  Se  le  fleuve  Bedefis , 8c  alioit  poner  la 
quantité  d’eau  nécefíaire  pour  Fufage  du  port  ou 
Auguííe  avoit  étabii  fa  flotte.  Par  la  fuite,  lefoffé 
d'Afcon  étant  joint  au  nouveau  canal , Fun  & 
Fautre  ne  furent  plus  regardésque  córame  un  feul 
& méme  canal ^ qui  porta  le  nom*de  Fofa  -Au- 
gufa  ( Italia  antiq.  l.  i.pag.  398.).  D'Anville  le 
place  13  miiles  au  nard  de  Ravenne,  depuis  la  > 
brancrie  du  Pó  appeiée  Padufa,  jufquá  lamen 

II  n'efl;  pas  étonnant  que  la  partie  par  laquelle 
le  Pó  fe  déchargeoit  dan?  la  mer , fut  furnommee 
les  Sept-Mers  ■,  car  tout  ce  pays,  & principa^' 
ment  la  plaine  delaVénétie,  n'étoit  qu  un  ma- 
táis , fouvent  fubmergé  par  la  mer.  C'éft  po'f- 
quoi  Strabo.n  ( L v.  p.  zii,  ) dk  qu’on  avoit  ete 
obligé  d’y  faire  destravaux  coníidérables  pour  ar- 
réter  lesinondations,  comme  dans  iabaíTe-Égypj'i- 
qu  il  avoic  fail.u  faigner  les  terres  & creuier  des 
canaux  , dont  les  uns  fervoient  á Fagriculture,  & 
les  autres  á la  navigation  ; oa  efi  encore  añus** 
lement  dans  le  méme  embarras  du  cote  de  Fer- 
rare & de  Padoue. 

Canal  de  Parme  et  de  Plais-A-Nce.  Ees- 
marais  de  cette- plaine  aquatique  s’étendoient  jai- 
ques fort  ioin  dans  la  Gaule  Cifpadaiie.  On  vou 
dans  FHiítoire  Roniaine  Ies  peines  que 
a Annibal  y eíTuya  pour  aller  en  Etrune ; J>c  1 
fait  que  ce  grand  capkaine  y perdit.  7' 

oeil  {Strab.  p.  217.)-.  Ces  miráis  étoient  faniios- 
par  Ies  iriondations  du  Po  que  caufoir  ia- 
& les  autres  riviéres  qui  fe  déchargecient 
ce  fleuve.  zEmilius  Scaurus  les  defiecba  nj 
avant  Jefus-Chrifi  , en  ti-ranr  des  canaux 
bles  depuis  Plaifance  jufq.iFá.  Parme  : 


C A N 

iravigable  qui  , parrar.t  de  Plaifance , alloit  fe  ¡ 
rendre  á Farme , en  nraverfant  Ies  rivieres  qu’il 
reiicontroit  furfonc]?erninj  & ü fervoic  beaucoup 
aux  habitaos  qui  demeuroient  entre  ces  deux 
villes  , pour  la  navigation  & le  tranfport  de  leurs 
denrées.  aEmilius  Scaurus  dont  il  s’agit  j fut 
confuí  avec  M.  Ccedüus  Metellus  ^ Tan  658  de 
Rome  j 72  ans  aprés  le  confu'at  de  C.  Flaminius 
jS'epos  Se  de  M.  /Emilius  Lepidus^,  qui  avoit  fait 
conftruíre  la  voie  Emiiienne  depuis  Plaifance  juf~ 
qu^’a  la  ville  á'Ariminium  ^ précifément  auprés  de 
Tendroit  oü  dEmiiius  Scaurus  fit  creufer  depuis 
le  canal  qui  porta  auíli  fon  nom  ( Tit.  Liv. 

XXXVTII.  ). 

Canal  de  Papirius.  C’étoit  la  eouturfie  des 
anciens Se  fur-tout  des  Romains , d’établir  des 
bourgades  fur  le  bord  des  canaux  quhls  faifoient 
creufer  j &:  méme  dV  batir  quelquefois  des  villes. 
Kous  en  avons  des  exemples  dans  le  lieu  notnmé 
Tos  en  Prevenee  , prés  des  veftiges  du  canal  de 
IVíarius ; dans  celui  appelc  Ckio^fua  de  Tancienne 
Fojfa  Clodia , dont  nous' avons  parlé  , & dans 
pluíieurs  autres.  Ainli , quand  on  trouve  dans  un 
auteur  ou  fur  quclque  itinéraire  un  lieu  nommé 
Fojfa.  ou  Fojfa  j il  y a beaucoup  d’apparence  , 
il  eft  méme  prefque  fur  cu'ii  y avoit  eu  quelque 
canal  prattqué  aux  environs  j quand  méme  i!  n"en 
apparoirroit  aucun  veítige.  C'eíf  pourquoi  M.  le 
Bi'ond  met  dans  cetre  claffe  le  lieu  nommé  Fojfa 
Papyriana  dans  la  Ligurie  , entre  le  port  de 
Lune  & le  bois  facré  de  la  déelfe  Feronia^  á i f 
milies  du  rivage  de  la  mer.  Quoiqu'il  n^y  eút 
qu’un  feul  canal  dans  un  endroit les  auteurs  en 
parlent  comme  shl  y en  avoit  eu  pluíieui'S.  On 
en  a des  preuves  dans  le  canal  de  Drufiis , dans 
plufieurs  autres.  C'eíl;  ainíi  que  le  Heu  nommé  par 
Ptolémée  & par  d'autres  Fojfa  Papyrlana , eft 
cité  dans  ritiuéraire  dhAntoninr  fous  le  nom  de 
Fojfa  Papyriana-  Ce  canal  avoit  été  fait  vraifem- 
blablement  pour  d'eíTécher  les  campagnes  voifines 
qui  étoient  maxécageufes , comme  elles  le  font 
encore  aujourdliuL 

Canaux  D’ETRUP,rE.  Sons  le  régne  de  Tibére 
& le  confutar  de  Dnifus-Céfar  & de  C.  Korba- 
nus  Flaccus  ón  forma  le  projer  de  joindre  la 
Ciarás  á PArtro  ^ pour  garantir  Ro-ine  des  inon- 
¿ations  du  Tibre  dans  lequel  tomboit  le  Clanis 
i^Tac.  ann^  1.).  Mais  les  Florenrins  > ainh  que 
Ies  villes  municipales  & les  colonias  des  environs^ 
envoyérent  des  députés  á Tempertur  pour  le 
prier  de  ne  point  détourner  par  un  canal  le 
cours  du  Clanis  p.arce  que  cela  leur  cau.feroir 
an  grand  dommage.  En  eifer,  aioute  Tacite  ^ 
foit'^qae  Pon  eút  égard  á leurs  prieres,  foit  par 
la  difiiculté  de  Pexécuiion  foit  en  un  mor  par 
quelque  autre  caufe  ^ il  paroit  que  le  fentiment 
¿e  Pifen  prévalüt  , & Pon  n’y  toucha  po'mt. 
Cependant  cette  comniunicatfon  eut  lieu  par  la 
fuite  j car  la  plus  grande  partie  des  eaux  du  Clanis 
fe  déchaigent.  a.vec  les  rivieres  qii'i  recoit~daas 


CAN  ^45 

un  lac  ou  dans  des  marais  que  les  habitans  nom- 
ment  aujourd'hui  te  Chicne  ; le  reíte  de  fes  eaux 
avec  celies  de  ces  marais  fe  rendant  dans  PArno  , 
prés  d'Aretium  , ou  Arrezzo. 

Malgré  les  oppolitions  des  habitar.s  á ce  projet 
de  jondtion  5 li  femble  qu'en  établiffanr  par-la  une 
eorrefpondance  entre  l Etrurie^  POmbrie  & le 
Latium  j il  ne  pouvoit  en  réfalter  qa’un  avantage 
réel  pour  tous  ces  peuples.  Strabon , en  parlant 
des  iacs  qui  étoient  dans  ces  contrées  de  Pltalie  , 
dit  qu’ils  contribuoient  á ia  fertilité  du  fol,  quAIs 
fervoient  á la  navdgation  , qdüs  produifoienc 
beaucoup  de  poiíTons  & des  ■ oiíéaux  fauvages  , 
& que  les  rivieres  qui  forcoient  de  ces  lacs  pour 
fe  rendre  dans  ie  Tibre  , étoient  trés-utiles  pour 
porter  á Rome  toutes fortes  de  denrées  {Strabon y 
l.  V.  p.  226.).  Tels  étoient  le  lac  Ciminius, 
celui  des  Volliniens  ^ celui  qui  étoit  prés  de  Clu- 
fium.j  le  lac  Sabati.n^  & enfin  le  lac  de  Traíi- 
méne.  Si  ces  lacs  étoient  íi  útiles^  celui  qui  étoit 
prés  de  Cluíium  devoic  Pétre  encore  plus  , lorf- 
que  les  eaux  du  ClaFs  pafi'ant  au  miüeu  ^ au- 
roient  étabü  une  eorrefpondance  entre  PArno  & !e 
Tibre,  & par  conféquent  entre  tous  les  pays 
arrofés  par  ces  deux  fleuves.- 

Canal  de  Clgelius,  On  peat  appíiquer  á 
un  lieu  diftanc  de  Roins  de  ciuq  mi'les,  & qaí 
fe  ncmme  Fojfa  Closlia , ce  que  Pon  vien:  de  voir 
fur  celui  de  Ligurie,  Z'p^úé  FuJfaPapyriana  (813.); 
il  y avoit  autrefois  un  canal  en  cet  endroit  , il 
aura  été  comblé,  comme  bien  ü’autr*  canaux  p 
8c  le  bourg  ou  village  bari  fur  ce  canal  en  aura 
retenu  le  nom.  Tite-Live  ( IH.  i. ')  dit  qu’ii  avese 
été  aína  appelé  de  Cioeüus , chef  des  .Albanois-, 
qui  en  étoit  Pauteiir  ;•  mais  que  , par  le  laps  de: 
tems,  !e  canal  avoit  difparu,  & méme  qu’on  en 
avoit  oublié  le  nom.  Cependant  Denys  ddlaü- 
carnafle,  qui  , au-ika  de  y latLla  ^ écrit  Coelia,. 
KüiXiíif,  dit  que  de  fon  tenis  ce  nom  fubíilioic 
encore.  Ce  canal  étoit  prés  de  la  voie  Appienne* 
vers  le  lieu  qTon  appeiie  aujourd'hui  tajal  Ri~ 
tonda.  Le  champ  des  iíoraces  étoit  íitué. entre  la 
einqaiéme  pierre  miliiaire  & ce  canal.  Flutarque: 
en  parle  auíS  dans  la  vie  de  Coriolarr-,  en  ¿¡.fanc 
que  Coriolan  campa  prés  da  canal  nommé  Fcjfs. 
Clcelia  p Pon  voit  encere  dans  ce  paflage. , que- 
cet  auteur  a mis  au  pluriel  le  nom.  du  canela  qui 
eíl  cité  par  d’autres  auteurs  ¿aúngülier. 

Canal  de  Tra.jan.  Pour  préferver  Rome; 
des  inondations  qui  íui  étoient  ¡;  runeiles,  Trajars 
ñt  creiiísr  le  canal  qui  porta  fon  nom.  11  commen- 
cohau-deíTocs  de  Po-ntc  Molíe  , & paíToit  par  Ies 
champs  du  Vatican  , dans  Pendroic  oTon  a depuis 
appelé  Strada  della  va  Ve  dclV inferno.  Püne  le: 
jeime  parle  de  ce  canal  dans  fes  Estires,  vjíl. 

Le  canal  des  eíarais  Pontins  fur  dans  ce 
genre  un  des  ouvrages  les  plus  imserrans  ce 
¡.  Pira’  ísí  il  QQiiQóXiíct':^  i.'á.F oTxnc  Apii  i tsivets-las 


(>a6  can 

Erarais  Pcntins , jufques  prés  de  Terracine ; i! 
avoirle  double  avantage  de  deirécher  ces  marais^ 
& de  fervir  en  ir. eme- tenis  á la  navigation.  Le 
nom  des  marais  Pontins  ou  Fomptins  venoit  de 
la  vílie  Pometia  felón  Piine,  oude  celle  de  Pontina 
faivan:  Feílus.  Le  terreirf  occupé  depuis  par  ces 
ntarais  contenoit  autrefois  pluíieurs  vides,  depuis 
le  fleave  Altura  jufqu’á  Terracine  ; ils  étoient 
fonnés  principalement  parfLíens  & TAmafenus  ; 
Íes  vapeurs  meurtriéres  qu’iis  exhaloient  8c  Ies 
aütres  incommodités  de  leur  voifinage , dúrent 
néceíTairement  occaíionner  ia  ruine  de  fes  villes  , 
& faire  dcferter  toute  cette  contrée.  En  les 
defíechant , on  rendoit  á l'air  fa  premiére  falu- 
brité ; on  mettoit  en  valeur  un  grand  efpace  de 
terrein  inutile,  & le  can¿i¿  qudl  falloit  creufer  á 
ce  delTein , devoit  fervir  á rranfporter  des  mar- 
chandifes  & des  yovageurs.  I!  n^eft  pas  bien  fur 
qu’Appius  ait  travaillé  á defíecher  ces  marais  , 
quand  il  fe  conílruire  ce  beau  chemin  qui  porte 
fon  nom,  & dont  il  fubfifte  de  nos  jours  des 
reíres  précieux.  Mais  ce  paps  étant  trés-fujet  á des 
inondations,  il  a pu  arriver  que  les  marais  foient 
revenus  depuis  dans  le  premier  état.  En  effet , 
la  République  connoiíTant  les  grands  avantages  qui 
réíultoient  de  leur  deflechement , chargea  le 
conful  Céthegus  , á qui  cette  province  étoit  échue , 
de  les  deíTécher , & il  en  fit  un  territoire  fer- 
tile  (Pline,  l.  ir.  c.  4. ) ; ce  fut  i6i  ans  avant 
Jéfus-Chrifl: , fous  le  confulat  de  M.  Corneüus  Cé- 
thegus de  L.  Anicius  Gallas.  Ce  travail  devint 
iautüe , fok  par  la  négligence  & le  défaut  den- 
tretien  , foit  par  la  nature  du  iieu  ; car  Céfar 
fe  propofoit  d’en  faire  de  nouveau  une  campagne 
qui  fur  propre  á Tagriculture  , & qui  ñit  en  état 
de  nourrir  pluíieurs  miiüers  d’habitans.  Plutarque 
& Suétone , dans  la  vie  de  ce  prince , difent  la 
méme  chofe , & Dion  fait  entendre  quh'l  avoit 
envíe  d’y  conílruire  une  chauíléej  mais  les  affafíins 
de  ce  grand  homme  arrétérent  les  projets  Utiles 
qu’il  méditoit.  Enfin  , fous  Augufte  , on  tira  un 
long  canal  á-peu-prés  parallcle  á la  voie  Ap- 
pienne  , & peu  éloigné  de  cette  route  ( Strahon  , 
1.  r. ) : ce  canal  étoit  remolí  des  eaux  des  ma- 
rais & des  riviéres  voiíines.  On  s’y  embarquoit 
ie  foir,  on  en  fortoit  le  matin  pour  continuer 
fon  chemin  par  la  voie  Appienne;  & les  bateaux 
qui  fervoient  au  tranfport , étoient  tirés  le  jour 
par  das  malets,  Lucain  en  parle  dans  fon  troi- 
Éeme  livre : 

jEr  qua  Pomf  tinas  vía  dlvldit  uda  palades. 

Et  Tíorace  a décrit  fa  navigation  fur  ce  canal  dans 
fon  voyage  de  Brindiíi : 

magna  me  exceilt  Arlela  Roma  , Scc. 

L.  I.  Sat.  5. 

En  faiíanr  creufer  ee  canal , Augiiíte  eut  encora 


CAN 

Tavantage  de  procurar  le  deíTéchemeat  des  marais 
Pontir.s,  qui  produiíirent  d’abondantes  rlcoltes. 
C'eit  ce  q_u  Horace  a exprimé  dans  ces  vers  ds 
ÍMrt  Poétique , vers  : * 

Sterillfve  dlu.  palas  , aplaque  remis  , 

Vicluas  urbes  alit  , & grave  jentlt  aratrum. 


Traían  , qui  porta  la  gloire  de  lempire  romain 
plus  loLn  qu* Augufte , fit  faire  de  nouveaux  tra- 
vaux  pour  aíTurerle  deflechement  des  marais  Pon- 
tins. II  y rétablit  la  voie  publique  , & la  décora 
de  divers  monumens  (^Dion.  L zxnii.p.  777.). 
M.  Taboé  Brottier  en  a parlé  dans  fa  feconde 
édition  de  Tacite  (r.  v.  p.  387.)  , & il  a rap- 
porté  pluíieurs  inferiptions  antiques  qui  y font 
relatives. 


Mais  ces  travaux  eurent  befoin  dfene  grande 
réparation  dans  la  fuice  ; car  environ  400  ans 
aprés  l'rajan  , Théodoric,  roi  des  Goths,'  voulat 
metere  á profit  ce  terrein  , qui  étoit  encore  de- 
verui  inutile  : c’eft  á cette  occafion  qufll  écrivitau 
fénat  de  Roma , une  belie  lettre  qui  fe  trouve  dans 
Cafliodore  {F'ar.  Eplfi.  il.  32.).  On  y voit  la 
peinture  des  dommages  que  caufoient  ces  mi- 
ráis, & les  moyens  que  ce  prince  emp'ovoit  pour 
le  deflechement.  Cette  entreprife  fut  réeliement 
exécütée , comme  ii  paroit  par  une  infeription 
trouvée  á Terracine  {Gruter , p.  cin.  Corra- 
dlni.').  Ce  canal  avoít  19  millas,  & fut  appelé 
en  latín  Deoennovium  ( Procopl.  Gothlc.  rer.  l.  /.) ; 
mais  il  fut  négligé  depuis. 


Can.4í  du  lac  Fucin  ou  CeíA.vo.  De 
méme  que  Céfar  s'étoit  propofé  de  defíecher  íes 
rnaiiis  Pontins , il  avoit  aufli  formé  le  projet 
de  donner  une  i/Tue  au  lac  Fucin , qui  eft_  dans 
r.A-bruzze  ultérieure  , & qui  porte  aujourd  huí  le 
nom  de  lac  Celano  y pour  mettre  en  valeur  un 
terrein  occupé  par  les  eaux  ; mais  nous  avons 
deja  vu  que  fa  mort  fit  échouer  fes  grades  en- 
treprifes  (Suet.  In  Cá/.  c.  44. ) . Les  habitans  voi- 
íins  de  ce  lac  folücitérent  fortement  Augufte  pour 
exécuter  ce  prójet  ; mais  i!  ne  leur  accorda  point 
leur  demande.  Pline  ( llb.  56.  c.  1 5- ) nous  apprend 
que  l'empereur  Claude  entreprit  cet  ouvrage,  & 
y employa  trente  mille  hommes  qu’ü  fit  travaiiier 
pendant  onze  années  confécutives 
XII.  c~.).  í¡  fe  rencontra  en  effet  beaucoup  d_obí- 

tacles,  éc  il  fallut.  percer  des  montagnes  i eipace 

dhine  grande  iieue.  Claude  avoit  donné  hnfpec- 
tion  de  cet  ouvrage  á Narciífe  , fon  attrancMi. 
Si  nous  en  croyons  Dion  (/.  x.  j , fon  proiet 
,cn-feulement  de  rendre  le  Piys  propre  a 
ífi  de  fácil: ser  la  navigation 
¡es  eaux  da  ¡ac 
qui  rapporte  ce 
t ou  Ii  ne  concoi:  pas  cu  1 e u- 

iiire  les  eau/áuhcá  travers 

ufquauTibre.  C’efi  poarq-.iPi 


l’agncu 

iturc  j iXiciis  i 

QU  Tib 

:e  en  y faf! 

Facir:  5 

Cluvier  ( lí; 

de  Dion , dii 

pereur  ; 

tura  pu  con  ii 

tznz  de 

moacagiies  i-: 

entrer 
a-aiq.  ) 


C A N 

il  croit  que  rhiñcrien  a pris  le  change  ^ & cu’au  j 
lieu  du  Liris  dont  la  íburce  étcit  voiíine  , il  ! 
aura  écrit  le  Tibre.  Les  raiibns  fi?r  lefquelles  ii  i 
s'appuie  j fcnt  que  Dion  ajoüLe  que  Ies  e&brts  de 
Lempereur  & fes  grandes  dépenfes  furent  inuciles ; 
qub‘1  étoit  cependant  vrai  que  Touvrage  avoic  cté 
achevé  , comme  il  eft  prouvé  par  le  rcmoignage 
de  Suétone  ( in  Claud.  c.  zc. ) j & par  í5ion  , 
qu!;,  tians  le  méme  livre  , entre  dans  de  grands 
détaiis  fur  un  lac  que  Claude  avoir  conduit  á la 
mer , nsais  qu’il  ne  nomme  pss.  Si  cependant  on 
avoit  i^ulu  abfoiument  conduire  dans  le  Tibie 
Jes  eaux  du  he  Fucin  , il  y aaroit  ea  un  moven  , 
cn  creufant  un  du  he  á la  fource  de  FAniOj 
qui  fe  rend  dans  le  Tibre  au-delTiis  de  Rome  , Se 
qui  n’ell  pas  beaucoup  plus  éloigné  du  lac  que 
le  Líris.  Mais  Tacite  ne  permet  pas  de  douterde 
Tendroit  ou  Ton  creufa  le  canal  ^ ni.du  fleuve 
daas  lequel  il  fe  rendoit  ; voici  fes  paroles  : 
Sub  ídem  tempus  ínter  lacum  Facinum  amnemque 
lirímperrupto  monte  , qno  magnlficentia  operis  a plu- 
ribiLs  víferetur  , laca  in  ipfo  , navale  pro&lium  ador- 
natur.  Ann.  xii.  56. 

L’ouvrage  flit  réeilement  achevé  en  Ihn  yi ; 

& avant  qu'on  ouvrir  Fembouchure  du  canal 
pour  donner  paíTage  aux  eaux  du  lac , Fempereur 
fit  donner  un  combar  naval  par  dix-neuf  mille 
omnaes  condamnés  á mortj  lefquels  moncoient 
cent  vaifleaux  ( Tac.  ib.  Saet.  Claud.  c.  3 z.  Dion. 
l.  zx.  ).  Pour  rehauiTer  Féclar  de  cette  féte  , 
Claude  y afllfta  lui-méme  avec  Nerón,  Fun  & 
Fautre  en  habit  militaire.  Agrippine  sV  troava 
auííi ; elle  étoit  placee  auprés  de  Fempereur , & 
paree  avec  beaucoup  de  magnificence.  On  fie  en- 
fuite  combattre  des  ghdiateurs  fur  des  ponts  conC- 
truits  fur  le  canal , & Fon  avoit  préparé  un  grand 
feftin  prés  de  Fendroic  ou  on  devoit  I'ouvrir. 

Mais  quand  on  vint  á donner  FiíTae  aux  eaux  , 
ellp  s’écoulérent  dhbord  avec  tant  de  rapidité , 
qu  elles  firent  écrouler  une  partie  des  bords  , Se 
qu'elles  ébranlérenr  la  terre  beaucoup  plus  loin. 

Les  affiftans  en  furent  fort  effrayés,  & Claude 
courut  rifque  d’y  erre  noyé.  Agrippine  reprocha 
á Narcifle  d’avoir  épargné  la  dépesfe ; Narciife  , 
de  fon  coré  , dit  des  chofes  fort  dures  á Fimpéra- 
trice.  11  eft  probable  que  l’aíffanchi  avoit  des 
torrs;  car  Dion  dit  qu'on  Faccufa  dhvcír  ¡aiíTé 
tomber  exprés  Ies  eaux  avec  tant  ddmpétuoíité , 
afin  de  couvrir  une  faute  qu  il  avoit  faite  ; mais 
Dion  ne  dit  point  quelle  étoit  cette  faute.  Nous 
app'enons  feulement  de  Tacite  que  Ibuvrage  fut 
mal  conduit , & que  le  lit  du  canal  n’étoit  pas 
aíTez  profond  pour  que  les  eaux  du  milieu  de  ce 
he  puíTent  s’y  écouler,  & ii  fallut  recomtnencer 
de  nouveaux  ouvrages.  Ces  travaux  furent  aban- 
donnés  fous  Fempire  de  Néron  ' Plín. , l.  xxx'íri. 
c.  ij.  ■).  Un  prince  , qui  nhvoit  que  Ies  idées 
d’une  folie  vanité  , porta  envíe  a la  gloire  que 
fon  predéceíTeur  avoit  aequife  par  des  uaviux 
-liti'es. 


C A N Í47 

Trajan  fit  íravaii’er  av<  rerres  vciíines  de  cc 
he.  Spartien  rovis  arprend  cti  Hadrien  le  delFé- 
c.”.a._Ms;gre  tous  res  travaux  , Faacien  he  Fucin 
fubíifte  encore  aujQurd’hui. 

Caxal  cu  lac  AvEttitL.  Si  ce  Fat  h jalonue. 
quí  porta  Néron  á i.iiíTer  nerir  Fouvrege  de  fon 
predéceíTeur  , on  peat  dire  que  fa  vanité  feuie 
lui  en  fit  entrenreiídre  un  autre  á-ceu-prés  fein- 
bhble  par  rappurt  au  lac  d'Averne  , environ 
Fan  6z.  Ce  he , dont  Romére  ( dans  le  ÍF  Livre 
de  i’Odvííée } & Virgile  ncus  racontent  tant  de 
prodigas,  étoir  fitae  á Fextrémité  de  la  Campa- 
nie,  dans  le  pays  quT-íomcre  dit  avoir  appartenu 
aux  Cimniériens,  pays  qui,  par  ksfeuxfoucerreins 
u'il  contenoit,  a donné  liea  á roetes  les  fictions 
es  anciens  fur  les  prétendus  orac'.es  qui  s’y  ren- 
doient,  & fur  Fenfer  qu’iis  difoient  erre  place 
dans  fes  environs.  Le  he  d’Averne  étoit  de  toare 
part  environné  de  hauces  montagnes  , excepté 
dans  Fendroit  ou  il  fe  rendoit  d ms  h mer  par 
lehcLucrin.  Néron,  qui  avoft  fait,  il  n’y  avoit 
pas  long-tetns,  des  tentatives  inútiles  pour  couper 
Fifthme  de  Corinthe , entreprit  de  tirer  de  ce 
he  un  navigable , de  ido  miíles  romains  , 
lequel  devoit  étre  aíTez  hrge  pour  que  deux  tri- 
rémes  puíTent  y paffer  de  front.  La  longueur  da 
chemin  auroit  été  confidérable , & auroit  exige 
des  travaux  immenfes : la  nature  du  pays  ne  s’op- 
pofoit  pas  moins  á ce  deíTeiu , que  les  rochers 
de  FAchaie  n’avoient  mis  d’obñacles  dans  Fifthme 
de  Corinthe.  Si  cette  entreprife  eát  réuffi , elle 
auroit  fervi  á éviter  les  fréquens  naufrages  du 
cap  Miféne.  II  en  étoit  arrivé  cette  année  la  un 
alTez  confidérable  , parce  que  les  pilotes  avoient 
mieux  aimé  s’expofer  aux  vents  contraires , que 
de  ne  pas  arriver  au  jour  que  Néroivleur  avoic 
preferir.  D’ailleurs  le  pays  oú  le  lac  d’Averne  eft: 
fitué  , eft  un  des  plus  tians  de  FItaüe  ; les  jardins  , 
les  maifons  de  catnpagne  , les  cháteaux  , Ies  villes ^ 
lesports.  Ies  bains,  &c.  y réuniftbiénc  tout  le 
luxe  & la  magnificence  des  Romains , & en 
avoient  fait  un  féjour  de  délices  : Pompée  avoit 
báti  un  port  prés  du  méme  lac  d’.4vcrne  ; Céfar 
avoit  conftruit  fur  une  montagne  voifine  une 
maifon  qui  avoit  vue  d’un  coré  ítir  le  golfe  de 
Baies,  & de  Fautre  fur  celui  de  Miféne  5 Au- 
gufte  avoit  fait  , prés  de  Miféne  , un  port  qui 
paíToir  pour  une  merveille  ; Agrippa  avoit  nétoyé 
le  pays  en  abattant  les  forérs  , & les  lauriers 
que  Fon  y planta  y croiíTctent  mieux  que  dans 
aucune  autre  contrée.  Enfin  c'étoit  la  que  les 
etnpereurs , aprés  s’étre  raflafies  de  plaifirs  a Ja 
ville , venoient  chercher  de  nouyelles  efpéces  de 
voluptés  : Néron  vouloit  renchérir  fur  tout  cela  , 
par  un  canal  qui  Fauroit  tranfporte  de  Rome  juf- 
ques  dans  ce  féjour  enchanté.  il  fie  done  venir 
des  inaénieurs  , & raftembla  de  tous  cotés  des 
ouvriers ; il  fit  méme  fortir  de  leurs  prifons  tous 
les  criminéis  pour  fervir  fa  vanité  ; mais  il  eíTuva 
entors  li  ¿opte  qui  eft  ordioaitement  atcachés 


CAN 

aux  projets  ir.confiáérés  ( S-^£tor.e  , Plím  , Tacite , 
Tiiíemc^u  üans  í'\éron,  t.  i.  p.  2^7.  \ 

Canaux  d'Espaga-e.  On  ne  íait  rien  de  bien 
pofitif  fur  les  canaux  dXfpagne  j mais  on  yoit 
dans  Strabon  que  la  navigation  incérieure  y étoic 
florilTante , & ir,éme  par  des  canaux.  Le  com- 
merce  illuíira  beaiicoup  les  Tyriens^  les  Cartha- 
gmois , Ies  Fhéakiens  & les  Efpagnois.  Ceax-ci 
ttoient  invités  á s'y  adonner  par  la  natare  de  leur 
pays.  11  íLy  avoit  gucres  de  province  en  Efpagne 
caí  n'eúc  des  mines  d or,  d’argent:,  ou  d’autres 
metaiix  ; ce  qr.i  atura  fur  leurs  cótes  d’abord  les 
FáéidcienSj  enfuite  les  Grecs^  puisles  Roir.ains. 
L'Efpagne  fcurnlilbit  encore  beaucoup  d'autres 
marcliandifes ; des  vins  , des  lames  ^ du  iin  , des 
étoiíes . des  rolles  fines  dont  on  leiir  attribnost 
rinventioR  , le  miel , la  cite  j la  poix,  le  bórax, 
le  vermillon  , l’écarlate  , le  fel  foífile,  des  poif- 
fons  faiés  , des  faumures  excelientes,  8c  une  infi- 
r:té  d'aiitres  productions  útiles  pour  les  uiages 
de  la  vie.  Tout  cela  avoit  en  quelque  forte  renda 
ce  pays  néceiTaire  aux  autres  nations.  Et  ce  qui 
sriettoit  le  cambie  á de  fi  grands  avantages,  c’éroit 
ie  nombre  des  ports  commodes  qui  éroíent  fur 
les  coces  3 & des  riviéres  portant  bateaux.  Mais 
on  voit  de  plus  que,  pcur  la  navigation,  les  Ef- 
pagnols  ne  faifoient  pas  feulement  ufage  des 
fleuves  3 iis  mettoient  encore  á profit  des  efpéces 
de  iaguaes,  ou  piutot  des  courans  d'eau  fembia- 
bies  á des  fieuves  , lefquels  étoient  formés  par 
le  refiux  de  la  mer.  On  pouvoit  , dit  Strabon 
( /.  iiZ.  p.  142.)  3 naviguer  méme  avec  de  grands 
bateaux  jufqu  aux  villes  fituées  dans  fintérieur  des 
ierres,,  par  le  moyen  de  ces  courans  d'eau.  La  ' 
mer  formcit  d’auranr  plus  aifément  ces  lagunes, 
fur-tout  depuis  le  promontoirc  facré  ]'ufqu"aux 
colonnes  d'Hercule,  que  toare  cecte  plage  ma- 
rltime  eíl  un  terrein  plat  & uni.  D’ailleurs  la  mer, 
qui,  un  peu  au-de-lá,  eft  étendue  fur  un  bien 
plus  grand  efpace  , fe  trouve  tout  d'un  coup 
refferrée  ; & la  répercuffion  qui  fe  fak  fentir  des 
cotes  de  Mauritanie  fur  ceiies  d’Efpagne  , fait 
qa'eüe  s'y  porte  avec  violence,  & qu’elie  s'ouvre 
Hn  paíí'age  facile  dans  les  terres  , queiquefois 
jufqu’á  huir  fíades , & rend  pour  ainfi  dire  toute 
cette  contrée  navigable. 

Ces  débordemens  de  la  mer-,  fi  fon  peut  fe 
fervir  de  ce  terme  , avoient  leurs  avantages.  Les 
habkans  du  pays  voyant  que  íes  lagunes  pouvoient 
ctre  auffi  útiles  que  des  fieuves , méme  pour  la 
navigation , conítruihrenr  aux  environs  de  ces 
lagunes  des  villes  011  ils  s'établirent.  Parm.i  ces 
villes,  Strabon  nomme  Afta,  Nebriffa,  Onoba, 
Mceno'oa , & il  y en  avoit  plufieurs  autres  quftl 
r.e  cite  point.  lis  avoient  de  plus  creufé  des  ca- 
naux  dans  les  rerres  pour  le  tranfport  des  marchan- 
difesj  & la  facilité  du  commerce  intérieur  & exré- 
neiir.  On  ne  corinoic  point  d’auteur  qui  indicue 
ie  nom  de  ces  canaux , ni  qui  fixe  leur  étendue  & 
isur  pofiiioíi  j ií  fuSt  d’en  syoir  faií  naeation. 


C A N 

Canaux  dans  les  Gaules.  Les  Gaules 
occupérent  auífi  raclivité  des  Romains  : 11  rfr  a 
pas  de  pays  q*ui  ait  plus  a fe  iouer  des  bienfaits 
de  la  nature  : ceft  la  remarque  de  Strabon  , au 
commencement  du  Livre  IV.  II  admiroit  des  lors 
combien  ii  étoit  facile  , dans  la  patrie  des  Gaules 
que  nous  habito. is,  de  tranfporter  des  marchan- 
difes  par  la  voie  des  riviéres  & des  granas  fieuves 
qui  la  traverfent.  11  faifoir  féloge  de  i'heureufe 
difpoíition  du  terrein , qui  fembioit  inviter  les 
peuples  á vaincre  les  obftacies  qui  les  féparoient, 
& á s’aíTurer  , foit  en  monrant , foit  en  ■‘defcen- 
dant , des  chemins  toujours  praticables  ( ibii. 
p.  188.)-  II  fembioit  indiquer  auífi  des  projets  de 
communication  que  les  Romains  n'auroient  pas 
négligés  3 íi  les  fecouíres  violentes  dont  leur  em- 
pire fut  prefque  touiours  agiré  ne  Ies  avoient 
pas  détournés  des  entrepriíss  útiles. 

Lh  canal  de  Mar.íus  fut  occafionné  par 
la  diínculté  des  em/bouchures  du  Rhóne , rem- 
plies  dés-lors  de  limón  , 8c  qui  n’étoient  guéres 
praticables  pour  la  navigation  ( Strabon,  p.  183.). 
Geit  ce  qui  déterraina  ce  general  á creufer  un 
canal  poar'faciiiter  le  tranfport  des  vivres  qu’oH 
luí  apportoit  par  mer  pour  fon  armée  ( 'Plat.  irt 
Mario. ).  Méla  le  place  entre  Marfeille  8c^  le 
Rhóne  ( l.  r.  c.  y. ) ; 8c  Pline  , entre  le  Rhóne 
& le  lieu  nommé  Maritima  ( l.  iil.  c.  4.).  Pto- 
lémée  le  met  au  couchant  des  bouches  du  Rhóne ; 
mais  i!  paroit  que  c’eft  fans  fo.ndement.  Ii  eft  aíTez. 
difficile  , d'aprés  les  témoignages  diSFérens  de  ces 
auteurs,  de  fixer  ¡a  véritabie  pofition  du  canal  de 
Mari  US  ; il  faut  avoir  recours  a ritinéraire  mari- 
time , qui  marque  lé  milles  de  diftance  depuis 
Les  Pojfü  Marzans.  jufqkau  Rhóne , en  fuivant 
la  cote  d’orient  en  occident.  Or  , en  revenant 
d’orient  en  occident , cette  diftance  conduit  pre- 
cifément  fur  la  cote  vis-á-vis  du  lieu  Qui  con* 
ferve  le  nom  de  Fos , qui , n'étant  pas  lort  de- 
figuté  3 repréfente  aífez  celui  de  Fojfa  mañana 
qadl  portoit  anciennement  {^IV ejfdmg.  in.  Anto- 
nia. Itiner.  p.  yoy. ).  Ckit  le  fentiment  de  d An- 
vi de,  dans  fa  notice  de  la  Gaule  ancienne  ■> 
connoit  á ce  caraólére  Tentrée  ,du  canal  de  - -i" 
rius.  11  préfume  , d’apres  un  examen  tres-cir- 
conítancié  du  local  , que  la  navigation 
de  Marías,  depuis  fa  féparation  d’avec  le  Rho%> 
pouvoit  erre  dknviron  12  miiles  5 & il 
auífi  par  ie  méme  autéur  , que  certe  feparatio 
fe  faifoit  á-peu-p;és  á 10  milles  au-deflous 
Y Ofiium  Majfaliodcum. 

Marías  , pour  reconnoitre  le  fervice  importa 
que  les  Marfeiilois  iui  avoient  rendu  coptre 
Ambrons  , leur  .abandonna  ce  &anal , qui  Ls  en 
richit  par  les  droits  qu’ils  levérent  fur 
chandifes  qui  entroient  dans  le  Rhóne,  ..S 
en  fortoient.  A-u-Iieu  d'un  canal , il  pouvmt  - 
y en  avoir  deux  ; car  le  plus  grand  nombre  - 
aureurs  difenc  au  pluriei,  FoJ'zz  Mariana  & Pt 
¡darianis,  Cependant  on  a deja  vu  ci-deuus  q 


C A N 


CAN  ^49 


ce  mot  étoit  inciiSererntrient  au  íinguiier  eu  au 
piuDci.  Haídouin  .^JSotá,  Li  Plia.  r.  i.)  & YV  eire- 
l:ng  peníenr  cu'i!  cii  avo’t  deux.  Le  dernier 
ci:e  Ho.-zoré  a.tiic  :e  , ;uteur  de  rHiftoire  de  fro- 
vence  (p.  16^.),  qui  parle  ú'une  dérivation  du 
Rhóne  cui  avoit  encorc  iieu  ii  n’v  a pas  plusd'un 
íiécie  i &qudnnorrime  aujourd  h ii  le  Bras  morr. 
Ce  n'eí'c  qu’ane  efpece  d'é'Lar.g  qui  recoit  par  en 
haut  ia  robine  du  Radcai;  & qui,  par  en  oas, 
communique  avec  i'  -rang  eu  Galajon.  Ce  bras 
du  Rhóne  tendoit  dhin  tote  vers  l'etang  du  Ga- 
iajon  , Sí  s'érendoit  de  i’autre  iufqu’au  rivage  de 
Fos  : on  en  trouve  les  veftiees  marqués  fur  une 
grande  carte  manvrcrire,  dreíTéc  en  17JO,  a Toc- 
caiion  du  canal  de  Boue,  iur  une  lougucur  d'en- 
viron  9 mide  toifes.  Cetre  double  direótion  eft 
encoré  une  bonne  raifon  , fuivanc  d'Anvilie  , pour 
que  J'on  ait  écrit  Pojfs.  au  píuriel. 

Canal  entre  la  Saóne  et  la  Moselle. 
Un  des  plus  grands  projets  qui  aient  jarnais  eré 
congiis  pour  la  navigadon  Sr  le  commerce  de  la 
France  , étoit  fans  doutecelui  de  la  jonfíion  de  la 
Sléditerranée  á i’Ccéan.  Un  general  romain , 
campéfürlesfrontiéresde  Gemíanle,  laquatriéme 
annee  de  í'empire  de  Néron,  le  pro^etta  par  un 
moyen  qui  n'étoit  pas  bien  difíiciie  dans  la  prati- 
que.  Voici  comme  ce  fait  eft  rapportc  dans  Ta- 
cite. 

Deux  géneraux  employés  dans  la  Gejmanle , 
ne  Toulant  point  laiíTer  amoiiir  leurs  foldats  par 
rdílveté  , les  oceupérent  á diiférens  travaux. 
L’un,  nommé  Paulinus  , acheva  une  digue  com- 
mencée  63  ans  auparavant  par  Drufus  , pour  em- 
her  le  Rhin  de  fe  répandre  dans  ¡es  Gaules ; 
Vetus,  Tautre  general,  forma  le  louable  pro- 
jet d'unir  la  Mofelle  ala  Saóne,  par  conféquentie 
Rhóne  au  Rh'n.  Si  ce  delTein  eüt  été  exécuté,  il 
auroit  iliuítré  l'empire  de  Néron.  Mais  le  confeil 
plein  d’envie  Se  de  maügnité  qui  fut  donné  á 
Vetus  par  un  gouverneur  ce  la  Gaule  Eelgique , 
lui  fit  appréhender  la  jalouíie  de  fempereur , & 
anéantit  cene  grande  entreprife.  Vetus  Mofellam 
arque  Ararim  , facía  ínter  utrumqucfojfa  , conneclere 
parabat  , ut  covis,  per  mar e , dein  likodano  & Arare 
fubvecÍA  , per  eam  fojfam  , mox  fuvio  Moflía  in 
Rkenum  , exzn  Occeanum  decurrerent  ; fiiblatífiue 
idnerum  difficult  tribus , navigabnia  ínter  fe  Gc- 
cider.tis  fevtentrionifcrue  littora  ferent.  Invidit 
operi  JElius  Gracilis  Beigice.  legaras  dererrendo 
Veterem  ne  legiones  cliens.  prcvincií  inferret  , 
fludiaace  GalLiarum  afeciaret  ,•  fcrmiaolojum-  id 
hnperatori  aiclitans  , quo  phriLmaue  prohibenrur 
conatus  kontCú  (Ana.  xiii-  53.  N Feut-erre  que 
Vetus  n'envifagecit  en  cela  que  rutiiité  ctii  pou- 
vqit  en  réfu'ter  relativemen:  aux  circonítances 
dans  lefquelles  il  fe  troiivoit  , óc  a fon  expédi- 
tion  mi'iitiire.  Mais  le  commerce  en  auroit  retiré 
un  avantage  coníidérable. 

Le  confuent  du  Rhóne  & de  la  Saóne , dit 
Antíquites  , Tome  I. 


Huet  ( Com.  & '\avíg.  des  anczens.')  , rendí? 
Lyon  . quoique  íituée  au  mi  ieii  des  Gau'p  , une 
viüe  de  trés-grand  commerce  ; ii  s etei.doit,  pour 
ainfi  dire,  de  ia  Aíéditevranée  a fOccan.;  car  la 
fource  de  la  Saóne  étoit  fi  voiiine  de  cebe  de  !a 
Mofelle  & de  la  Seine  , qu’il  étoit  aifé  de  voi- 
tnrer  par  terre  les  marchandifes  qu’on  avoit  fait 
reaionter  par  ces  rivicres.  Le  Rhóne  en  rec-voit 
: beaucoup  par  les  deuves  navigab.es  qui  s'y  )oi- 
¡ gnent,  & il  les  conimuniquoit  non-feuiemest  á la 
i Saóne , mais  encore  á la  Loire , par  les  chanots 
i qui  les  alioient  prendre  a quílque  diit.ince  au- 
j deíTus  de  ton  embouchure  , fa  rapidité  le  rendant 
I difficile  á remonter.  La  Saóne  , aprés  ^joir  recu 
I le  Dcubs , portoit  fes  marchandilés  r^s  d*  la 
Mofeiie  , cu  , ayant  été  voiturées , e.ies  paíToient 
a Trtves,  qui  étoit  alors  une  vilie  puiíTante  , 
de-lá  dans  le  Rhin  , & enfuite  dans  i’Oyéan. 
Par  !á  on  peut  juger  de  qnelle  importance  ii  eüt 
été  de  joindre  la  Saóne  á la  Mofelle,  puifqu  une 
pareille  ionction  non-feulement  eút  épargné  tous 
Ies  charrois  , mais  auroit  encore  étabü  urie_  bien 
plus  étroite  correfpondance  entre  Ies  diiférens 
peiiples  qui  auro'.ent  eu  á naviguer  fur  toutes  ces 
riviéres  , & parce  que  fon  auroit  pu  faite  le  com- 
nierce  des  deux  mers.  ^ 

Le  canal  pe  Dp-USUS  tut  fait  pareillemenE 
dans  des  vues  toutes  guerriéres  : Drufus , pére 
de  Germanicus  & frére  de  Tibcre  , ñt  creufer 
ce  canal  12  ans  avant  i’ére  vulgajre,  pour  joindre 
le  Rhin  a ia  riviére  d líTel,  & la  rendre  navigable 
jufqifá  l'Océan  feptentrional.  Dnüus  ¡f avoit  en 
vue  que  de  tranfporter  plus  ai.cment  des  troupes 
ou  des  vivres  pour  fon  armée.  M-  ie  Blond  croit 
que  ce  canal  commcnqaK  á Arnheim , paiioit  i 
Leyde  , & de-lá  tomboit  dans  l’Océan  : mais  le 
fentirr.ent  le  plus  accrédité  , eít  orf  il  alioit  depuis 
Arnheim  iufqii’á  Doésbourg , ou  depuis  le  Rhia 
jufq'Vá  rííleb  Lhile  des  Bataves  étoit  formée  par 
les  deux  bras  du  Rhin  , ¡’un  qu’on  nomiiioit  le 
Vaha!  qui  va  fe  joindre  á la  Mcufe-,  & 1 autre 
qa'on  a'ppeloit  fimpleir.ent  le  Rhin;  c'eít  de  ce 
bras  du  Rhin  que  Drufus  fit  tirer  un  canaí^ddins 
la  lonqueiir  d’environ^onze  mille  pas,  qui  railoic 
la  joriítion  du  Rhin  avec  la  riviére  de  Sala , main- 
renant  nflél.  Tacite  (AnnaL  n.  8.)  nomme  ce 
canal  , Fofa  Drufana  , ou  le  canal  de  Drufus;  & 
dans  le  cinquieme  livre  de  fon  hifroire  il  i'appcüe 
Fium.en  Ffahaiia  , c'eft-á-dire,  le  nouveau^V  ahai 
H'íl.  t'.  26.).  Ce  can-sl  fubflrte  encore  ; il  con- 
uit  les  eaux  du  Rhin  dans  le  Zuyderzée. 
Leganal  de  Corlulon,  Fofa  Corbulonis,. 
fut  creufé  Tan  47  de  Tere  vulgaire,  pour  empe- 
< her  les  inondations  que  la  \ io-ence  de  la  mer 
caiifoit  louvent  iur  les  borJs  ae  la  AJeuie  Se  du' 
Rhin.  Domitius  Corbuion  , un  des  plus  hábiles 
s^éniraux  ds  i^cmpirc  roiTiaui  , ni  pouvoat  nisn.— 
qiier  d’cccuper  fes  foidats  á des  chofes  udles  : 
ut  miles  0t:um  exueret  , Inzer  Mofazn  Rker.umque 
trium  & viginii  millium  fpatio  fofam  perauxU 

N n n n 


CAN 

Corbulo  , quaiitcerta  Oceaiú  vetarentur.  Tac.  Adb. 
XI.  20.  Dion  Caflius  en  parle  de  méme : cumque 
pax  ejfet  , eorum  opera  fo^um  a Rkerzo  ad  Mofam 
perduxit  longam  ad  millia  pajjuum  xxi.  ne  dúo 
jluvii  iftuante  Océano  rejluentes  fiagnarent.  L^’in- 
terprete  de  Dion  a réduit  en  miiies  les  170  ftades 
de  Tauteur  (/.  rx.  p.  686.). 

Ce  canal  de  vingt-trois  miiies  j chacun  de  757 
toifes,  ou  de  1741 1 toifeSj  commencoit  au  Rhin> 
prés  de  Leyde  j & alloit  en  ligne  courbe  fe  cen- 
dre á la  Meufe  vis-á-vis  de  Gurfliet : Dion  compre 
peut-étre  la  longueur  du  canal  en  ligne  droice  > 
c'eft  pourquoi  il  ne  luí  donne  que  170  ftades. 
Pluíieurs^uteurs  regardent  cet  ouvrage  de  Cor- 
buion,  TOmme  étant  le  canal  qui  fubfifte  aujour- 
d'hüi  entre  Leyde  &■  Maeíiand  > mais  ce  canal  eft 
n<ouveau : les  anuales  de  Hoilande  en  marquent 
la  date  & l’auteur. 

Canal  du  Lek.  Le  Lek  ou  Leck  n'eft 
pas  j comme  queiques-uns  f ont  cru Foffa  Cor- 
bulonis  y Fouvrage  de  Corbulon  j ce  fut  Claudios 
Civilisj  ce  fameux  chef  des  Bataves . qui^  pour 
íe  défendre  contre  les  Romains  l'an  70  de  Tere 
vulgaire , & craignant  d°étre  refferré  par  Ceriaiis  y 
voulut  mettre  le  Rhin  entre  deux , & rompit  la 
digue  que  Drufiis  avoit  autrefois  élevée.  Civilis 
diruit  molem  d Orujo  Germánico  fullim , Rhe- 
numque  prono  álveo  in  Galliam  ruentem  , disjeñis 
qua  morabantur  effudit  ( Tac.  Hift.  V.  I9.).  Ce  fut 
á Tendroit  ou  eft  aujourd'hui  la  petite  ville  de 
Wyc-te-duerñéde ; par  ce  moyen  Civilis  verfa  les 
eaux  du  Rhin  fur  les  terres  de  la  Gaule , & s"en 
ñt  une  barriere  contre  Ies  Romains ; c^eft  ce  qui 
forma  le  Lek qui  alia  fe  joindre  á la  Meufe  par 
fendroit  ou  eft  Viaardinge  : fes  embouchures 
fe  font  élargies  & confondues  depuis , par  ¡es 
atteriftcmens  & les  inondations  j & fur-tout  par 
les  travaux  d^une  nation  auffi  induftrieufe. 

Canal  de  Merqué.  Le  Lek  occaíionné  par 
Civilis  j feroit  toujours  reftépeu  coníidérable  , íi 
Méroué,  roi  des  Francs^,  fecond  fucceffeur  de 
Pharamond  j n’avoit  joint  la  Meufe  á fon  lit , en 
creufant  un  canal  de  Dortrecht  a Krimpen  : ce 
eanal  a pris  le  nom  de  MerWe  , fojfa  Merovei  , & 
fait  couler  les  eaux  de  la  Meufe  á Roterdam.  Ou- 
tre  la  tradition  ^ & finterprétation  de  ce  nom 
foffd  Merovei, qui  donnelieo  de  croire que  Mcroaé 
fit  ce  canal , on  voit  encore  dans  la  petite  viíle 
á’ínvliet  , dans  Pifie  de  Voom  , une  tour  qu’on 
dit  avoir  fait  partie  du  palais  de  ce  Roi ; elle  eft 
cxtrémement  dégradée ; mais  ce  qui  relie  des 
Biurs  eft  li  folide  qif on  nepeiit  en  détacber  aiicune 
partie.  Cette  inaifon  fervit  de  retraite  á Marte  de 
Méd'as , comme  on  -íe  voit  par  une  infcription 
qui  eft  fur  la  porte.  Ii  exifte  encore pres  de  Dor- 
írecht  , un  reñe  de  cháteau  qui  porte  le  nom  de 
Méruwe. 

Le  canal  d'Othon  alloit  de  Ganá  vers  la  mer  : 
jj  appantent  plus  aux  canaux  tncdernes  3 qu’aux 
anciens. 


CAN 

Mais  nous  pouvons  mettre  au  rang  des  canaux 
anciens  , Tentreprife  de  Charlemagne  : ce  prince 
étant  en  Franconie  en  783  entreprit  de  joindre 
rOcéan  avec  le  Pont-Euxin  , ou  le  Rhin  avec  le 
Danube  , par  le  moyen  de  leurs  affiuens  pris 
entre  Nuremberg  & Ingolftad.  Le  Danube  re^oit 
prés  de  Ratisbonae  une  riviére  qui  prend  fa  fource 
du  cócé  de  Rotenbourg  , en  Franconie,  appelée 
dans  le  pays  rAltmuhl , dans  nos  Auteurs , haio- 
mone , alemana , aicmonum  , alomonia , alemona  j 
en  latín  , altmuna  ou  alemannus.  D'un  autre  cóié  , 
le  Rednitz  , Radence , Radentia  , Rachanta  , 
aprés  avoir  pallé  Alingen  & Schwabach  , & prés 
de  Nuremberg  , fe  jette  dans  le  Mein , prés  de 
Bamberg  : le  Mein  rombe  dans  le  Rhin  , prés  de 
Mayence.  Le  Rednitz  prend  fa  fource  da  cóté 
de  Weiffenbo.urg , dans  Tevéché  d'Aichfteie  ; or 
il  n“y  a pas  íix  milie  toifes  entre  l'AItmuhi  & le 
Rednitz  , ce  qui  invitoit  Charlemagne  á en  faite 
la  reunión.  Charlemagne  y employa  féré  & une 
partie  de  fautomne  783  , avec  une  muititude  de 
travailleurs  ; on  avoit  déjá  creufé  une  heue  de 
canal , lorfque  Ies  piuies  fufpendirent  le  travail  j 
& bientot  f invaíion  des  Sarraíins , & la  reunión 
des  Saxons  avec  les  Normands  , obligérent  FEm- 
pereur  áporter  fes  troupes  dans  d'autresprovinces. 
On  voit  encore  des  veftiges  de  ce  canal  auprés  de 
Dettenheim , dans  le  comté  de  Pappenheim , trois 
milie  toifes  au  nord  de  cette  ville  , deux  niilies 
demi  au  fud-oueft  de  Weffeimbourg , vftle  Irnpé- 
riale , prés  de  laquelie  commence  le  Rednitz, 
& vers  le  village  de  Graben  ( qui  Cgniñe  foífa ) , 
á 49°  de  latitude  & 29'=  de  lonettude ; on  y treuve 
des  excavations  de  300  pieds  de  large , & ic<3 
pieds  de  profondeur.  Scaliger  parle  de  ce  canal 
dans  fes  Opufeuies  ,7.  345  : « Je  m'cto.nne , dit-d  , 
» que  nul  Empereur  de  Germanie  n'’ait^vou:u  de 
» nouveaii  reprendre  les  erres  de  Charlemagne  3 
M y ayant  íi  peu  d’intervalle  entre  les  deux  rí^ 

>-  vieres.  =3 

Canal  dLAngleterPvE.  L’Angleterre  ce 
royanme  devenu  par  la  fuite  íi  célebre,  n eft  gneres 
eonnu  de  l'Kiftoire  avant  l’époque  de  L conquere 
des  Romains  : on  pouvoit  regarder  alorscoinfpe  un 
bonheur  pour  des  peuples  barbares  , d avotr  e.e 
fubjiígués  par  des  maitres  raifonnables , ciu 
voient  tempérer  les  rigueiirs  de  l'efclava^^ , ^ 
réparer  par  leurs  bienfaits  les  défaftres  caufes 
leurs  armes  : tous  les  pays  qui  furent  fous 
dominarion  , & en  particulier  rAnyíetsrre  , cci^ 
fervent  des  marques  de  leur  grandeur  & 
añivité.  Le  peuple  des  eampagnes  en  confiae.a 
Ies  reñes  de  cette  magnincence  , les  nom.me 
des  oitvrages  de  géans  ( Cambden,  ^ 
Cétok  des  niuraiíles  énermes  dont  la  ion 
répondoit  á leur  hauteur  & a ’eur  étenuue  7^ 
marais  deíTéchés,  des  forts  é'eves  , des 
publiques  , conftruites  á granas  frais  , Szc.^ 
régne  feul  de  Trnían  nous  offre  iin  exemp  ^ ^ 
CCS  grandes  entreprifés  des  Sosaamí  dans 


CAN 

Grande-Bretagne  : Trajanus  refich , dit 

Gallen  ; suiátm  earum  ku.mid&  ec  lutcfs,  erant 
partes  lapidibus  flernens , aut  ediús  egefiíonibas 
exaltans  y qus.  fenticofe,  & afpen  erant  tas  expur- 
gara , ac  fiamiua  qu&  tranfiri  non  poterant  pontibus 
jungens  j ubi  longior  quam  opus  via  ■videbatur  aliam 
breviorem.  exciruLens  : Jlcubi  vero  propter  arduum 
coliem  áifficiiis  eral , per  mitiora  loca  dejlecíens  : 
jam  Jí  objfejfa  feris  , -vel  defería,  ab  illa  transferens 
ac  per  habitata  ducens  , ticm  afpera  complanans. 
Galen,  I.  IX  j C.  8- 

II  n'y  a pas  d’auteurs  anciens  qui  faíTent  menriou 
de  canaux  artificiéis  dans  ce  pays;  mais  M.  Gau- 
thier  en  indique  un  aíTez  confidérable.  On  trouve , 
dit-il  ( Confiruction  des  chemins  , p.  IO9.  ) , dans 
TAngleterre  un  canal  fait  par  les  Romains , lequel 
étoit  autreíbis  navigable  j & qui  s^étendoic  depuis 
ia  riviére  de  Kyne  , un  peu  au-deífous  de  Péter- 
boroiig,  mille  toifes  au  nord  de  Londres  j 
jufqu'á  la  riviére  de  Witham  , trois  milles  au- 
deflous  de  Lincoln  ^ c'eft-á- dire , du  midi  au 
nord  le  long  du  golfe  de  Boftonj  síTez  prés  de 
la  riviére  du  Trent , par  laquelle  on  peut  aller 
dans  i'Hutnber^  & de-lá  a Yorck.  La  plus  grande 
pariie  de  ce  canal , que  les  habitaos  nommcnt 
Car-Dike , eíl  á préfent  comblée.  II  avoit  plus  de 
quarante  milles  de  longueur.  Par  ce  qui  refte 
encore  de  ce  canal , on  juge  qu  il  étoit  fort  large 
& fort  profond.  II  y en  a qui  croyent  que  c’efl; 
un  ouvrage  des  Danois  ; d’autres ^ qu  i!  fut  fáit  du 
temps  de  Tempereur  Dominen  ^ á caufe  des  mé- 
dailíes  & des  urnes  que  Pon  a trouvées  fur  les 
bords  de  ce  canal.  Stukeley  ( Hifiory  of  Caraafius.') 
parle  de  ce  canal  que  M.  Oberlin  appelle  Fofa 
Carauíii  a Peterborough  ad  Eboracum.  Cambden  , 
dans  ía  defcription  de  la  province  de  Lincoln  , 
parle  feulement  d’un  canal  qu’Henri  premier  avoit 
£út  tirer  de  la  riviére  de  Witham  , á celle  du 
Trent , dans  l’efpace  de  fept  milles.  Ce  canaf, 
felón  cet  auteur  , fe  nomme  FolTe-Dike  , & il 
eíl  marqué  fur  fa  carte ; mais  on  ne  voit^  pas  fi 
c'eíl  rancien  canal  des  Romains  , corr.blé  par  le 
laps  de  tems,  que  Ton  auroit  fait  ouvrir  de  nou- 
veau. 

C ANCE  LL  ARIUS.  Ce  mot  ne  fe  trouve 
point  ¿ans  les  auteurs  latins  avant  Vopifcus.  Par- 
lant  de  Carin  , cet  hiñonen  dit  qu’il  fit  une  chofe 
feonteufe  en  choififfant  un  préfet  de  Rome  dps  le 
nombre  de  fes  ofEciers  appelés  CancellariE  ( in 
Caria,  c.  16.).  prsfectum  Ürbi  anumex  cancellariis 
fuis  fecit  : qud  fcedius  nec  cogitari  potuit  aliquando 
"nec  "di A.  L'étonnement  que  ce  choix  produit  íur 
Vopifcus  , annnnce  combien  peu  étoient  conli- 
dérees  les  fonclions  des  cancellarii.  On  croit  que 
c’étoient  de  fimples  portiers  , ou  huiíSers  de  la 
chambre  des  grands,  qui  fe  tenoient  en  dehors 
des  f deaux  & des  b.duftres  ( cancelli  ) qui  fer- 
moient  les  appartemens  de  leurs  maitres.  Leurs 
fonclions  acauirent  cenendant  de  la  confidération 
fous  CaSiodore,  & ils  devinrent  les  confeillets 


CAN  ^51 

du  prínce  ( Cafflod.  Var.  xi,  6. ) : Lucidas  fores 
tenebat  6?  claufira  patencia, .. . judicutn  jufionibus 
obfecundabat. 

CANCELLI , grilles  ou  jalouíies  faites  avec 
des  morceaux,de  bois  légers  8c  croifés.  Les  an- 
ciens en  mettoient  á leurs  fenétres  & aux  portes  , 
afin  de  donner  de  la  fraícheur  aux  appartemens, 
fans  en  laiíTer  cependant  les  croifées  libres.  Les 
portiers  qui  veilloient  chez  les  grands  a ces  portes 
grillées , en  prirent  le  nom  de  cancellarii. 

Dans  le  moyen  age , cancelli  déíignoit  le  con- 
fiñoire  de  Charlemagne  , c'eíl-á-dire , Lendroit 
entonté  de  grilles  dans  lequel  il  tenoit  confeil 
fur  Ies  affaires  de  fon  empire.  Cancelli  fut  encore 
le  nom  descabinets  grillés,  que  nous  appellerions 
aujourd’hui  greffes  , dans  lefquels  les  notaires  ou 
greffiers  expédioient  les  aéles  aux  parties. 

Le  podzum  des  amphithéátres  étoit  entouré  de 
íilets  trés-forts  , de  cylmdres  de  bois  mobiles 
fur  leur  axe  , ou  de  grilles,  cancelli  , Atíi'.nés  a 
reteñir  les  béres  qui  auroient  voulu  s élancer^fur 
ces  places  d'honneur.  Liles  avoient  befoin  d erre 
ainli  garinties  á caufe  de  leur  peu  d élévatioa 
au-deffus  de  1’ arene.  Ovide  parle  de  ces  grilles 
du  podium  (í/l.  Amor.  eleg.  2.  v.  éj.)  : 

Si  pendent  tibí  crura  : potes  , fi  forte  juvabic , 

Cancellis  primos  inferuiffe  pedes. 

On  appeloit  encore  cancelli , les  limites  ou  les 
bornes  des  champs  ; peut-étre  parce  qu  ellcs 
étoient  formées  par  des  paliíTades  taires  comme 
des  grilles,  cancelli.  De-lá  vint  chez  Ies  arpen- 
teurs  le  mot  cancellatio , qui  defignoit  1 aélio-a 
de  fixer  les  limites  ou  les  divifions  d’un  pays.  Le 
refpeél  que  les  anciens  avoient  pour  le_  dieu  Tenue 
& pour  les  bornes  des  champs  qui  luí  étoieiK 
confacrées  , faifoit  une  partie  de  leur  rehgi^. 
Ils  rendoiení  un  cuite  á ces  bornes , cancellis  , 
& Ies  arrofoient  á certaines  époques  avec  des 
libations  facrées.  Les  capitulaires  de  nos  premiers 
rois  Se  les  canons  des  conciies  défendirent  fou- 
vent  ce  cuite  fuperftirieux  rendu  aux  bornes  3c 
aux  limites  des  champs. 

CANCER.  Voyet^  Lerne. 

CANDALES.  Voye-p^  Héliai>es. 

CANDARENA , ou  Candrena  , furnom  de 
Junon  , tiré  de  ia  ville  de  Candara  , en  Paphla- 
gonie,  oü  elle  étoit  honorée  d’un  cuite  parti- 
culier. 

CANDELABRES.  Les  candelahres  des 
anciens  fervoient  á porter  Ies  lampes  que  fon 
placoit  au-deffus.  Ils  ecoient  faits  comme  les  gué- 
ridons  modernes.  Quoique  les  auteurs  de  traites 
d’aariculture  parlent  de  chandelles  , ou  bougies  , 
candela  , & quoicue  , felón  Varron  , candelabram 
en  foit  dérh'é , il  eft  certain  aue  de  plus  de  cent 
candelahres  trouvés  A Herculanum  , aucun  a'a 

N n n n ij 


'é<^i  CAN 

íérvi  a porter  des  chandeües  ou  bougies  , 8c  ne 
montre  de  trou  pour  les  recevoir. 

lis  ne  portotent  point , comme  les  notres  , a 
leur  extrémité  fiipf'rieurej  ce  que  nous  appelons 
its  hobíckes , c^eíl-á-dire  j des  bouts  de  tuyau, 
" deíbnes  a recevoir  des  bougies,  & á contenir  les 
cylindres  de  matiére  inñammable  dans  une  di- 
re^íon  droíce  Se  ferme.  Les  candeluhres  Te  ter- 
m’.noient  par  un  plateau  , qui  fervoir  á fourenir 
les  lampes  , & á les  fupporter  á une  hauteur  con- 
Tenable  á I’ced  de  cela:  qui  s’en  faiibitéc!airerv_ils 
etcient  travaiÜés  avec  a'utant  de  foin  que  les 
lampes  mémes : la  tige  du  chande'ier  chargée 
de  mou'ures  , éteit  pofée  fur  un  pied  foutenu  or- 
dinairenient  par  trois  paites  de  lion.  Ce  pied  , 
amíí  que  ¡e  deíTus , c'eíl-á-dire,  le  platean  fupé- 
neur  des  canadahres  de  Portici  font  formes  au 
tour,  & de  iolis  oves  font  fculptés  fur  les  bords, 
ainíl  que  des  fenülages  fur  les  autres  farfaces. 

Le  pied  du  plus  grand  candelabre  de  bronze 
d’Hercuianutn  a un  palme  & un  pouce  de  dia- 
métre  , mefure  romaine  , huir  pouces  de  France. 
I!  eít  haut  de  fepr  palmes  & dem’  pres  de  quatre 
pieds  & demi & dans  toute  la  ville  de  Rome  on 
n'en  peat  voir  an  feul  de  bronze-  L'infpedlion  de 
ces  canddahres  donne  rintelligence  d^un  paílage 
de  Vitruve  , oi¡  cet  aateur  condamne  le  mauvais 
gout  de  fon  fiecle  ^ qui  avoit  introduit  dans  les 
compoíitions , des  eoíonnes  trop  greles  hors  de 
proportion  , & femblables  á la  tige  d'un  cande- 
labre. 

Le  fút  d’un  autre  de  ces  candelabres  eft  carré ; 
& fur  le  bout  d’en  haut,  qui  porte  iromédiate- 
ment  le  platcau  deíHné  á recevoir  la  lampe  , font 
repréfentées  les  tetes  de  Mercare  & de  Perfée , 
accollées  ( capita  jngata  ) , toutes  deux  coéífées  - 
de  lear  chapeau  ailé.  Perfée  tiene  l’épée  qui  Jui 
eñ  ordinaire  '^karpe')  , avec  un  crochet  pared  á 
ceux  de  quelque's  lampes  antigües  , qui  fervoient 
á arranger  le  lumignon  ( Banal.  Lac.  p.  ir.  tab. 
ló?.).  Peut-étre  ce  crochet  eñ-ii  ici  la  caufe  ou 
le  fondement  de  la  figure  aüégorioue  de  Perfée^ 
Le  pére  Hardouín  auroit  été  mieux  en  état  d’ex- 
pliquer  Phne  , s'il  avoit  vou’u  jeter  les  veux  fur 
un  pared  candelabre , quand  méme  ce  r/eúc  été 
qu’en  sravure , foit  dans  la  ChauíTe  , foit  adleurs. 
Car , lorfque  cet  écrivain  dit  que  les  arriíles  de 
Pifie  d’  Egine  ornoienr  á’un  travail  exquis  , fuper- 
fichm  candílahrorum  , c’eíl-a-dire  , le  plateau  du 
candelabre , qii’on  avoit  courume  de  charger  d'ou- 
vrages  de  fculptiire,  de  méme  que  ceux  de  Tá- 
rente ornoient  de-  moalures  le  fut  de  ces  cande- 
labres ( Scapos  ) j le  commentateur  ( Plin.  ííb. 
XXX rv.  c.  6.)  expü-oue  Pline  , en  difant  ou’d  a 
Touíu  parler  de  luítres  av'ec  des  oras  en  forme  de 
rameaux  , reís  que  ceux  dont  on  fe  fert  aajour- 
d’hui. 

On  conferve  a Rome  plufieurs  canddahres  de 
ffiarbre  j dont  les  pieds  ou  bafes  triangulaíres  ont 


CAN 

été  confondus  quelquefois  avec  des  auteis  de 
meme  forme.  11  y a cependant  des  caraáéres 
qui  fervent  á les  diftinguer  ;es  uns  des  aut:es  j car 
les  auteis  font  creufés  ordinairement  á leur  fi¡r- 
face  , ou  au  plateau  fupéneur  , pour  recevoir  Ies 
charbons,  lesparfums,  les  matiéres  combuftibies 
8c  de  plus  ces  cavités  font  quelquefois  percées  á 
leur  fond  d’un  canal  qui  fervoir  á faite  écoulerles 
libations  par  une  des'  faces  de  l’auteh  On  voit 
d-eiix  de  ces  candelabres  de  marbre  á l’éeüfe  de 
Sainte-Conftance  hors  de  Rome  , & trois  autres 
a ce'le  de  Sainte-Agnés  qui  eíl  auprés-  lis  ont 
huir  palmes  de  hauteur  ^ quatre  pieds  huit  pouces 
. fran-cois,  &:  leur  travail  eft  digne,  felón  'Vv inkel- 
mann  , des  meilleurs  artilles  du  liecle  de  Trajan 
& d’Hadrien.  bur  les  bafes  des  cahadabres  de 
Sainte-Agnés,  fortent  d’un  fond  de  feuillages 
agréablement  travaillés  , des  amours  qui  fe  cei- 
gnent  des  bandelettes.  Ii  y en  avoit  encore  autre- 
fois  deux  trés-précieux  au  palais  Barberini , fur 
lefqueis  étoit  fcuiptée  en  reiief  une  belle  Venus 
drapée. 

I!  y avoit  auíTi  des  canddahres  de  bois , 8c 
c’eft  á un  de  ceux-lá  que  fait  alluíion  le  dillique 
fuivant : 


EJfe  vides  llgniim  , fervas  nijl  lamina  , ^et 

De  candelabro  magna  lucerna  tibí. 

CAI'iDÍDATS.  íes  candldats  ou  af¡.irans  aux 
chatres  de  la  Répuplique  Romaine  , étoient  ainli 
nommés , de  la  toge  blanche  qu’üs  étoient  obligés 
de  porter  pendant  les  deux  années  qu’ils  poítu- 
loient-  Cette  toge  , dit  Plutarque , devoit  erre  leur 
feul  vétement , afin  qa’on  ne  les  foup^onnát  pas 
d’avoir  de  l’areenr  caché  dans  leur  tunioue  pour 
acheter  Ies  fuffrages,  & afín  qu’ils  puífent  plus 
aifément  faire  voir  au  peupie  les  cicatrices  aes 
plaies  qu’üs  avoient  reques  pour  la  défenfe  de 
la  République. 

La  premiére  année , i!s  demandoient  au  ma- 
giftrat  !a  permiffion  de  haranguer  le  peupie,  ou 
de  le  faire  haranguer  par  quelqu’un  de  leurs  amis. 
lis  déclaroient  á la  fin  de  ces  harangues  qu  üs 
defiroicnt  obtenir  relie  charge , fous  ion  bon 
plaiíir,  le  príant  d’avoir  égard  au  ménre  de  leurs 
ancérres,  & á leurs  fers’ices  perfonnels.  Cela  s ap- 
peloítj  profiteri  nomen  fuam  apud  p-opulum  ; 8C 
cette  année  , annus  profeífionis  , étoit  toute  em- 
ployée  á fe  faire  des  amis  parmi  les  grands  & 
parmi  le  peupie-  Au  commencement  de  la  ieconde 
année  , les  candldats  fe  préfentoient  au  magÜlrat 
avec  la  recommandation  du  peupie  , confue_  e-u 
ces  termes  : rationem  illias  kabe ; & íls  Is  prioient 
d’écn’re  leurs  noms  fur  la  lifte  des  préteadans  : 
ce  qui  s’appeioit  edere  nomen  apud  prstorem 
aut  confalem  , ou  profiteri  apud  magljtratum. 

Le  magillrat  ayant  vu  la  requéte  da^cnndldntj 
avec  la  recommandation  du  peupie , aílembioit  le 


CAN 

eonfeil  ordinaire  des  fénateurs  ^ qui  examinolt  Ies 
raifons  quavo;c  le  car.dlcLat  de  demander  teüe 
charge,  & s ¡ntormoit  de  fes  moeurs.  Apres  tet 
examen  j le  magilírat  lui  permettoit  fa  pourfuke 
en  ces  cernies  : rationcm  , renuntic-so  5 ou 

S li  ie  rejetoic  , il  repondcit  j ratlonem  non  hüheho , 
non  renuntiabo.  Les  tríDüns  sVíppofoient  quelqiie- 
fois  á cette  permiínon  que  donnoit  le  magiílrat 
de  pourfuivre  la  brigue  ^ iorfque  ce'ui-ci  ne  pa- 
roiílbit  pas  aíTez  inírrui:  des  défauts  oa  des  rai- 
fonsd  exciuíion  du  poíduiant.  Le  rems  de  1 éledtion 
ctant  enán  arrivé  , le  mag  Idrat  indiquoit 
blee  par  trojs  jours  de  marché  confécatifs  /afta 
que  les  habitans  de  la  campagne:,  des  vdles  mu- 
nicipales & des  coioaies  qui  av^ieat  droit  de 
fuíFrage  j puífent  veidr  á la  vil:e.  Les  canai- 
dats  vétus  de  blanCj  fe  rendoient  de  grand  matia 
le  jour  de  fé  ection  , aíiiftés  de  ieurs  amis  , au 
mont  Quirinal , ou  fur  la  CoIIine-des-Jarcins  , 
qui  avoit  vue  fur  le  champ  de  Mars  , pour  erre 
plus  facilsmeac  appenjus  par  le  peuple.  Le  préíl- 
dent  de  faíTemQlire  . apres  avoir  prodamé  le  nom 
des  prétendans,  & expofé  les  mocifs  des  uns  & 
des  aurres , appeloit  les  tribus  aux  fuíFrages  ^ & 
ceiui  qui  en  avoit  le  plus  , étoit  declaré  ma- 
giftrat.  Le  nouveau  magiílrat  remercioit  Tafíem- 
blee  íur  le  cíiamp  , & montoit  au  Capitole  j pour 
y faire  fa  priére  aux  dieux. 

Cetordre  fut  changéenpartie  foiislesempereiirs. 
Céfar  ne  lailTa  au  peuple  que  le  droit  de  nommer  Ies 
niagillrats  inférieurs , & fe  referva  celui  de  nommer 
au  confalat : e.nco’ct  géna-t-i!  beauccup  le  peuple, 
dans  féleñiondes  chargesqu’ilíui  avoit  accordée. 
Tibére  , fuccelTeur  dLAuguíle  , ota  le  droit  d'é- 
leclion  au  peuple  pour  le  donner  au  fénat.  Nerón 
le  rendir  au  peuple : le  fénat  alors  s en  déñfta  pour 
toujourSj  & fe  contenta  de  proclamer  dans  le 
champ  de  Mars  ceux  que  le  peuple  avoit  élus, 
pour  conferver  par  li  quelque  cho.c  de  rancicone 
forme  des  ékétions.  J^oyei  au  mot  BaiGUE  les 
autres  particularités. 

On  a appelé  auíTi  du  tems  de  Tempereur  Gor- 
dien,  & long-tems  apres,  candidati , les  foldats 
de  la  garde  de  l'empereur  qui  étoient  choiiis  de 
toutes  les  légions  , & qui  étoient  fort  coníid'érés 
á la  cour.  S.  Auguñin  , Aufone  & Chudien , en 
parlent.  Dans  la  vie  de  S.  Hilarión  , ck.  ly  ^ il 
eft  faitmention  á'uncandzdat  de  Ikmpereur  Conf- 
tance.  Ammien , /.  xxr , & Viclor  de  Tunnes, 
dans  fa  Chrorüqíu  , font  auffi  mention  des  can- 
diaats.  Voyez  encore  les  falles  de  Sicile  , Cedrc- 
nus  , Rofweid.  Onom.  Cedrenus  dit  oue  ce  fut 
Gordien  le  jeune  qui  les  inítitua,  auíii-bien  que 
les  Protecieizrs  & Ies  Señalares  : c’étoient  ceux 
qui  étoient  les  plus  vigoureux  , &:  qui  avoienr 
Tair  le  plus  martial  & le  plus  propre  á infpirer 
de  la  terreur  , dit  la  Chronique  d’Alexandrie. 
Les  ProteBears  étoient  un  ordre  mitoven  j c’é- 
toient  proprement  Ies  gardes  du  corps,^ 


CAN  ^53 

On  lit  á S.  Pierre-aux-iiens  de  Rotne,  I’épitaphe 
d“un  de  ces  ¡oldats  : 

KIC  POSITUS.  EST.  ANTIOCHOS 
CANDIDATUS.  PRIJÍICER. 

^ Les  canaidats  du  prince  , candidati  principis  , 
étoient  ceux  que  les  empereurs  recommandoienc 
au  peuple  pour  les  élecíions.  Augufte  les  pré- 
fentoi^  a chaqué  tribu  , & fo'licitoit  pour  eux 
le?  fuffrages  des  citoyens  {Suct.  Aug.  56.  n.  3.)  ; 
(¿aoties  mugifiratdum  corr.itíis.  interejfec  , tripas 
cum  can-idatis  fuis  ctrcumiéat  fuppLlcabatqae  more 
fallenni.  Les  candiáats  ainli  proteges  fe  tenoient 
aíTurés  de  la  réuífite  5 leur  contenance  & leur 
feinte  modeítíe  i'annonqoient  áilez.  Un  bon  mot 
rapporté  par  Quintiiien  ( r-/.  3. ) , y fait  allulion. 
L.  Galba  voyant  un  joueur  de  paume  qui  de- 
mandoit  une  baile  avec  un  air  de  négligence  re- 
marquable , luí  dit  ; vous  la  demandez  comme 
un  cuTLaiaat  de  Céiar  l L,  Galhei  ptlam  rtegligerítcr 
peteníi  ; fie  , inquit , petis  ^ tamqttam  Cafaris  can- 
diaatus. 

On  appeloit  encore  candldats  du  prince  , ceux 
de  fes  favoris  qu’il  chargeoit  de  lire  au  fénat  fes 
lettres  qu  fes  décrets.  C’étoient  ordinairemenc 
ceux  qu’il  déíignoit  tacitement  par  cette  coníiance 
pour  les  charges  & les  dignités. 

Du  tems  de  Cafliodore  ( Var.  i.  4..),  les  trí- 
buns  qui  formoient  le  eonfeil  du  prince  , por- 
toient  le  nom  de  candidati.  lis  étoient  auífi  ap- 
peles  Egregii  : Pater  candidati  fuá  P'alerairiiano 
principe  gejjlt  tribitni , & notarii  laudabiliter  digni- 
tatem  , honor  qui  tune  dabatur  Egregiis  : dum  ad 
impértale  fecretum  tales  confiee  eligí , In  quibus 
reprekenfionis  vitium  nequeat  inveniri. 

CANDIDUS  color.  Voyez  Blanc. 

CANDYA,\  . , ' „ 

Qjl]yT)YS  j de  i haoiilement  des  Per- 

fes  , dont  Xénophon , Lucien  , Se  d’autres  écri- 
vains  ont  fait  fouvent  mention.  Quelques  pililo- 
logues  modernes  ont  cru  que  c’étoit  un  ornement 
de  la  fare , parce  que  les  anciens  en  parlent 
toujours  en  méme-rems  que  de  cette  coérfure. 
Mais  Hefvchius  compare  la  candys  avec  la  chla- 
myde  des  foldats:  kííjoNí^/zÍv  Ttifmr.-.ídj  í’,íx.T.-^'f-pi-¡ra.t 
el  ícmri'isTiíi.  De  méme  que  la  chiamyde  ou  ie  pa- 
ludament  , la  candys  fe  mettoit  par-deiTus  la 
tunique  comme  Denys  d’HalycarnaíTe  nous 
Tapprend  , en  difant  que  Tigrane  voulant  toucher 
Pompée  , parut  devant  lui  dépouiilc  des  marques 
de  la  royante  ; il  avoit  quitté  fia  tunique  planche 
en  partie  & Ca  c.ntDTs  pou-pre.  Au  reíler,  Lucien 
nous  foarnit  le  moyen  de  connoitre  ia  candys  Se 
la  tiare  des  Perfes , cuand  il  aíTure  que  ce  font 
les  habillemens  de  Mithras.  On  voit  ce  dieu  fur 
toiis  les  monumens  avec  un  manteau  léger  jeté 
fur  les  cpaiiies , ouvert  par-devant  , lié  par  une 
fcijie  agra&e,  tel  eníñi  que  h manteau  des  Ratuss 


1^54  CAN 

greccues  héroiques,  & tel  que  la  chlamyde  ou  le 
paludarr.ent  des  ilumaias.  i-e  metne  ecrivaiii  dk 
cae  les  Aífyriens  poitoient  auíli  la  cundys  , de 
méme  que  les  Parthes , felón  Synelins  ( Orat. 
ae  P-egno.) 

GANENTE,  filie  de  Janus  & de  Vénilia  , 
époufa  Picus , fils  de  Saturne  , & roi  dTtalie. 
Elle  prit  fon  nom , dit  Ovide  , de  la  beauté  de 
fa  voix.  Canente  ayant  perdu  fon  epoux  qu  elle 
aimoir  tendrement , en  concut  tant  de  chagrín  , 
qu  aprés  avoir  pallé  fix  jours  fans  manger  & fans 
dormir  , courant  an  milieu  des  bois  & des  mon- 
tagnes , elle  fe  concha  accablée  de  laffitude  fur 
les  bords  du  Tibre  , ou  fa  douleur  la  confuma  ; 
fon  corps  difparut  peu-á-pen , & s'évapora  dans 
les  airs  ; il  ne  reña  d'elle  que  la  yoix  , & fon 
nom  fur  donné  au  lieu  oü  elle  avoit  ceflé  d erre. 
Elle  fur  mife  , avec  fon  mari , au  nombre  des 
dieux  indigétes  de  ITtalie. 

CANÉPKORE  , jeune  filie  qui  portoit  dans 
les  facrifices  une  corbeille  ou  étoit  renfermé 
tout  ce  qui  fervoit  aux  facrifices.  Les  corbeilles 
étoient  ordinairement  couronnées  de  fleurs’ , ou 
de  myrthc , 5íc.  Cela  s’obfervoit  fur-rout  dans 
le's  facrifices  de  Cérés.  Un  des  beaux  ouvrages 
du  fculpreur  Scopas , éroit  une  canéphore^  ( Plin. 
l.  xxxr.  c.  5. ).  Dans  ces  fortes  de  cérémonies 
la  canépkore  marchoit  la  premiére  , le  phallo- 
phore  enfuite  , & le  choeur  de  mufique  les  fui- 
voit.  Les  canépkores  étoient  toujours  des  filies 
d’une  naiffance  diñinguée  , comme  l’a  obfervé 
Bifet  fur  Ariñophane  ( Lyfift. ).  Aprés  chaqué  ca- 
népkore  marchoit  ordinairement  une  femme  def- 
tinée  a la  fervir,  qui  portoit  un  parafol  & un 
fiége.  C'eñ  Ariñophane  & fon  Scholiafte  qui 
Dous  Papprennent  Avib.  v.  ijjo. ).  Le  mot 
canépkore  eít  compofé  de  x,áv>¡; , corbeille  ^ & de 
je  porte. 

CANÉPHORIES,  offrande  d’une  corbeille.  Ce 
n étoit  point  une  féte  , mais  une  cérémonie  qui 
faifoit  partie  de  la  féte  que  les  jcunes  filies  célé- 
broient  la  veille  de  leurs  noces.  Cette  féte  s’ap- 
peioit  Protélies  , -a iCTíXiia ; les  cérémonie-s  de 
cette  féte  étoient  tres-variées  , comme  on  le  dirá 
au  mot  Protélies.  Les  canépkories  dont  nous 
parlons  ici  ne  fe  pratiquoient  qu  á Athénes  ; en 
voici  le  détail:  la  jeune  filie,  conduite  par  fon 
pére  & par  fa  mere  , alloit  á la  cita-áelle  oü  étoit 
le  temple  deMinerve  , & luí  portoit  une  corbeille 
pieine’  de  préfens  , pour  Tengager  á rendre  fon 
mariage  heureux ; ou  plutót , comme  difent  les 
Scholiaftes  de  Théoctite  fur  Vliyle  ti  , & Luta- 
tius  fur  le  11“  Li'vre  ds  la  Théhdide  de  Stace , 
c’étoit  a la  fois  une  efpéce  d’amende -honorable 
qu’elle  alloit  faire  á la  déeffe  proteftrice  de  la 
virginité , dont  elle  abandonnoit  le  fervice  , & 
une  cérémonie  pour  l’appaifer , p>our  détourner 
fa  colera  , de  crainte  qu'el.le  ne  donnat  fa  malé- 
diction  aUrX  noaveaux  épous.  íiíurfius  a recueifii 


C A N 

une  partie  de  ce  qui  regarde  les  canépkories , 
dans  fon  vs  Livre  des  Féries  des  Grecs,  au  mot 
rtPOTEAEiA.  On  peut  confuirer  encore  fur  les 
canépkores  Sc  les  canépkories  , Ariñophane  ( dans 
les  Oifcaux  , V.  ijpo;  dans  les  'Ex-ka-  Tiílurai , 

V.  7175  dans  Lyfjirate , V.  647.')  , fon  Scho- 
liafte, & les  Notes  de  Bifet  fur  ces  endroits. 

C-4NICULE , étoile  de  la  tete  du  chien , qui 
fe  léve  dans  le  tems  des  grandes  chaleuts.  Les 
Romains  étoient  fi  períuadés  de  la  maiignite  de 
fes  influences  , que  pour  Tappaifer , ils  lai  facti- 
fioid^t  toes  les  ans  un  chíen  roux  ; ils  ne  pre- 
féroient  un  chien  a toute  autre  vidiime  , qu  a 
caufe  de  la  conformité  des  noms.  Ce  facnfice 
s^appeloit  Canarium.  La  canicule  eft  , dit-on,  le 
chien  que  Júpiter  donna  a Europe  pour  la  gar- 
der,  dont  Minos  fit  préfentá  Procris,  & ce!!e-cí 
á Céphale  ; c’eft  encore  la  chienne  d'Erigone. 
Koye^  SOTHIS. 

CANWIA,  famille  romaine  dont  Goluias 
feul  a publié  des  médailles. 

CANINIÁ , famille  romaine  dont  on  a des  mé- 
dailles : 

RRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font ; Gallos 
Rssilus. 

Goltzius  en  a publié  quelques  médailles  incon- 
nues  depuis  iui. 

oíTelets.  Les  coups  ordinaires  de  ce  jeu  sappe- 
loient  Venus  ou  Bafilicus  . Cous  ou  Senio  j c e- 
toieni  Ies  coups  favorables.  Le  troifiéme  etofC 
Canis,  on  Canicula  , OU  Chius  , & i!  faifoit  perdre 
ceiui  qui  l’amenoit.  De-lá  vinrent  les  ep>“etes 
fácheufes  que  lui  donnérent  les  Latins.  l^iaute 
le  compare  á un  vautour  qui  emporte  la  » 
il  l’appelle  vultunus  {Cure,  iil.  3*  7^*^' 
defignoir  ordinairement  par  le  mot  damnojus, 

Perfe  {Sat.  ni.  49. ) : 

. . , . . Damnofa  canicula  quantát» 

Raderet. 

Properce  inr.  9.  18.): 

Semper  damnofi  fubfluere  canes.  , 

CANNE  a écrire.  Voyei  Calamus. 

C-ANNE  á Sucre-  Voyeq_  Sucre. 

CAN03ÜS.  Voyei  Canope. 

CANOG. . . . pÓLY.  ...  roi  inconnu. 

Ses  médailles , avec  basiaeyS  RANO 
nOAT  . . . DONNOIA font : 

RRRR.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronre. 


C A N 

CA?C0N  pafcal  j table  des  fétes  mobileS;,  oú 
Ton  marquoit  pour  une  ou  pludeurs  années  le 
jour  auquei  tomboit  la  féte  de  Faque  , & les 
aperes  feces  qui  dependent  de  ce  jour.  Le  con- 
cüe  de  Xicée  ayant  rixé  la  Pique  au  dimanche  qui 
luivroic  immédiatement  la  pleine  lune  la  plus 
proche  de  réquinoxe  du  princems  , ce  conciie 
ordonna  qu’aán  de  crouver  plus  airément  le  pre- 
mier jour  de  la  lañe,  & en.raire  le  qaatorzieme , 
on  le  ferviroit  de  rennéadecaétéride  oii  cycle 
de_  19  ansj  parce  qu  aprés  cette  période  Ies  nou- 
veiies  lunes  reviennenr  a-peu-prés  aux  memes 
points  de  Tannee  folaire.  L oycij-  ce  cycle  dans 
notre  Table  Chronologique. 

CANON,  Ce  mot  dans  l’origine  voaloit  dire 
regltj  on  s'en  fervic  depuis  pour-exprimer  chaqué 
impót  ^ ou  caxe  j en  particu’ier. 

Canon  frumentarias  , écoit  la  quanticé  de  bled 
& de  grains  que  devoient  fournir  á Rome  l’E- 
gypte  j I’Afrique  & la  Sicile. 

Canon  largitionum  , étoit  la  fomme  des  tributs 
que  verfoienc  dhférentes  proyinces.  dans  ia  caiíTe 
des  largeíTes  de  lempereur. 

Canon  metallicus.  On  appeloit  de  ce  nom  la 
quancité  de  metal  que  les  mines  devoient  fournir 
aux  empereurs. 

Canon  navicularius  , ou  navarekieus , impót 
que  payoient  certains  champs  pour  I’entretien 
des  flottes  de  Fempire. 

Canon  vefiium  , argent  donné  aux  miiitaires 
pour  leur  habillement.  On  ne  fourniíToit  les 
habillemens  en  nature  quaux  nouveaux  foldacs^ 
tyronibus. 

CANONICARII.  Juñinien  {Autkent.  128.) 
déíigne  par  ce  mot  Ies  coliedeurs  des  tributs  j 
tributorum  exañores, 

CAXONXIEREj  ouverture  pratiquée  dans  les 
murs  d’une  ville  ou  d’un  fort  , par  le  moyen 
de  laquelle  on  tire  fur  Tennemi , fans  s’expofer 
a fon  feu.  On  en  voic  fur  les  monumens  anti- 
Ques  ^ ou  elles  fervoient  fans  dome  a lancer  des 
fleches  & des  pierres. 

CANOPE.  Les  Orees  youlant  donner  a tous 
les  arts  , á tomes  les  fciences , Se  méme  aux 
dogmes  théologiques  des  autres  narions  , des  ori- 
gines grecques  , r/oubliérent  pas  la  ville  de  Ca- 
nope ^ fa  divinicé.  lis  racontoienc  que  Ménélas 
revenant  de  Troye  , avoit  reláché  en  Égypte  pres 
d'une  des  embouchures  du  Xil  pour  radouber  fes 
vai.íeaux  fracaflés  5 & que  pendant  cette  reláche, 
Canobus,  fon  premier  pilote  ^ avoit  été  piqué 
par  une  vipére.  lis  ajoutoie.nc  que  Canobus  avoit 
fuccombé  á la  forcé  du  poiíbn  , ge  que  la  ville 
de  Canope  , bátie  auprés  de  fon  tombeau  , en 
avoit  pris  le  nom.  Cette  fable  nhvoit  aucun  fon- 
d^ment.  Herodote  ( hv.  il.  ) dit  á la  venté  que 
Ménélas  avoit  %té  en  Égypte ; que  Protée  ^ roí 
de  cette  co.ntrée  ^ lui  avoit  renda  ííélene  j mais 


CAN  (Í55 

que  Ménélas -rfavoit  cérncigné  aucune  reconneif- 
fance  pour  ce  bienfait  , & qu'il  s'étoit  au  con- 
traire  tres-mal  conduit  vis-a-vis  des  Egyptiens. 
C eñ  la  tout  ce  cu’ Heredóte  avoit  appris  en 
Egypte;  & il  ne  parle  fculemenr  pas  de  Canobus 
ni  de  fa  more. 

A Fappai  de  cette  preuve  négative  ^ Ariñide 
( in  jEgypíio  ^ fol,  96.  Edit.  grsc,  FLorent, ) en 
fournir  une  pofidve.  « J^’appris,  dit-il , étanc  á 
53  Canope , d^un  prétre  qui  r occupoic  un  rang 
= diñingué  ^ que  cette  ville  porcoit  le  nom  de 
33  Canope  plulíeurs  íiécles  avant  que  Ménélas  y 
33  eur  abordé.  11  ne  prononcoic  cependant  pas  ce 
3=  nom  de  maniere  á ce  que  je  puife  Fécrire  avec 
” les  lettres  grecques  ¡ parce  quhl  étoit  d'origine 
33  égyptienne.  Mais  il  aíTuroit  qu°on  pouvoir  le 
33  traduire  en  grec  par  ces  deux  mots  , terre- 
33  d‘or,  33  Ariílide  ajoute  un  peu  plus  loin:  « H 
>3  eft  vraifemblable  que  les  Egyptiens  connoiffent 
>3  mieux  leurs  origines  qu'Homere  & Hécarée.  33 
C’eíl;  en  eífet  la  lignification  du  mot  cophrit.ue  , 
qui  eft  rendu  ordinairement  par  celui  de  Canope, 

Quoique  cette  fable  grecque  fut  invraifembla- 
ble  j elle  a cependant  été  répétée  au  quatriéme 
íiéclepar  S.  Epiphane  (/«.Anco rano.  Opp.  to,  ti, 
p,  IC9.  edit,  Petavii.)  , qui  a fait  de  Canope 'dn 
dieu  particulier  des  Egyptiens.  RuíHn  a ajouté 
le  récit  de  Févénement  auquei  Canope  devoit  fa 
divinicé.  Voici  ce  conte  ridicula  répeté  £ fouveot 
depuis  Ruffin  ( Hifi.  Ecckf,  il,  c,  z6.  ).  Les  Chal- 
déens , difoit-on , qui  adoroient  le  feu  ^ ayant 
porté  leur  dieu  dans  píufieurs  contrées  , pour 
éprouver  fa  puiffance  fur  Ies  autres  divinices  ce 
dieu  remporta  la  viétoire  fur  tous  ceux  de  bronze  , 
d'or  , d'argent,  de  bois  ^ ou  de  quelqu'autre  ma- 
tiére  quhls  fuíTenc  fabriques.  II  Ies  réduilit  en 
poudre , 8c  fon  cuite  s’étabik  prefque  par-tout , 
hors  en  Egypte , ou  les  prétres  de  Canope  trou- 
vérent  le  moyen  de  donner  á leur  dieu  la  fupé- 
riorité  fur  celui  des  Chaldéens.  On  repréfentoit 
Canope  fous  la  forme  de  ces  vafes  percés 
d’une  infinité  de  trous  imperceptibles  , dans  ief- 
quels  on  faifoit  purifier  Feau  du  Xil ; & de  la 
furface  de  ce  vafe , forto.it  une  tete  d’homme 
ou  de  femme.  Les  Chaldéens  étant  arrivés  en 
Egypte  5 allumérent  du  feu  auprés  de  ce  vafe  ^ 
dans  Feípoir  que  le  feu  diíliperoit  aifément  toute 
Feau  qu’il  contenoit ; mais  un  prétre  de  Canerpe 
avoit  eu  l’adreíTe  de  boacher  ^ avec  de  la  cire  , 
les  petits  trous  du  vafe ; de  maniere  que  Fardeur 
du  feu  ayant  fait  fondre  la  cire  Feau  s’écouía 
de  tout  coré  ^ & en  éteignant  le  feu  , elle  fit 
triompher  le  dka  des  eaux  fur  le  dieu  du  feu. 

Jablonski  fait  obferver  avec  fagacité  fur  ce 
récit  3 que  Suidas  Fa  répété  prefque  dans  les 
memes  termes  que  Ruffin  , & qu’íl  eft  par  con- 
féquent  trés-vraifemblable  qu’íls  Font  tiré  tous 
Ies  deux  de  queljae  écrivain  chrétien  dont  Fou- 
vrage  eft  perdu.  II  remarque  d’ailleurs  que  Ies 
Chaldée-ns  n'adoroient  pas  le  feu  {Hyfus  ¿e 


CAN 


rePí^.  veter,  Perf.  c^r.  y.  p-  IjO»)?  & <^2  phis, 
que" les  Egvptiens  ne  rexcluoienr  pas  da  nombre 
des  erres  áuxquels  ils  rendoient  un  cuite. 

Ce  font  j comme  i'on  voit , des  tcrivains  chré- 
tiens  qui  ont  fait  de  Canope  un  dieu  des  Egyp- 
tsens.  Áucun  écrivain  payen  n’en  a parlé  de  méme. 
On  ne  peiit  obieCter  qu'un  fe\!l  paíTage  de  Denys 
Périégéres  , cui , étant  bien  interpreté,  ne  forme 
aucune  áiíHcuké.  Ce  géographe  appeüe  la  viiie 
de  Canope , ie  temple  célebre  de  Canobus  ¿ A- 
myclée. 


Kx) 


' Aeivx.>,a'st>  xava^ss, 


Mais  cette  maniere  de  déíigner  la  ville  de  Canope 
n'eíl  pas  particuliére  a Denys  , & elle  ne  prouve 
pas  qu’un  dieu  parriculier  appelé  Canope  eut  un 
temple  dans  cette  viiie-  On  voit  en  efifet  Homére 
( itiad.  B.  V.  óqf.  J appeler  tóate  la  ville  de  Pyr- 
rhafus  ¿e  temple  de  Céres  , parce  que  les  campa- 
gnes  de  Pyrrhafus  étoient  trés-fertiles  en  bled. 
Cefe  dans  le  méme  fens  pue  Pindare  ( Pytk.  od.  r v.) 
appelle  !a  Lybie  & l’Égypte  entiére  , le  temple 
fenilt  dii  NU.  Par  une  métamorphofe  femblable  , 
Denys  Périégétes  mira  appelé  la  ville  de  Canope, 
que  l’on  croyoit  avoir  pris  fon  nom  dii  manfolée 
de  Canohus  , le  temple  da  pilote  <i‘ Amyclée. 

Le  pretenda  temple  de  Car.opus  n’eít  done  plus 
que  fon  maufolée , & cependant  i!  eíl;  fouvent 
parlé  de  dieux  Canopiens  , c’eft-á-dire , adorés  á 
Canope  : quellés  étoient  ces  divinités  ? Paufanias 
(^Pnoezc.  cap.  xirr.)  rapporte  un  óracle  d’ Apol- 
len Delphien,  qui  diftingue  THercule  de  Tyrinthe , 
de  l’Herciile  Canopien:  Strabon  parle  de  ce  temple 
d’Hercuie,  & d’an  autre  de  la  méme  ville  confa- 
cré_  á Sérapis.  L’ríercule  de  Canope  eíl  peu  connu 
dans  I’antiqiiké  ; mais  le  Sérapis  de  Canope  étoit 
trés-renommé , & il  le  cédoit  á peine  au  Sé- 
rapis d'AlexandrIe , que  la  munificence  des  Ptolé- 
mées  avoit  enriebi.  Ce  cuite  s’étendit  hors  de 
i’Esynte  , & Paufanias  vit  dans  la  citadede  de 
Corinthe  , un  temple  confacré  au  Sérapis  de 
Canope.  Les  édifices  dépendans  du  temple  de 
Sérapis  Canopien  , fervirent  pendant  quarante  ans 
de  demeure  au  célebre  Ptolomée  5 il  y cultiva 
raítronomie  avec  le  plus  grand  fuccés,  & il  grava 
fes  obfervations  Si  fes  decouvertes  fur  les  co- 
lonnes  de  ce  temple.  II  fe  forma  aiiíTi  prés  de  ce 
lien  f.icrá  une  écoie  de  philofophas  Fythagoréo^ 
Platoniciens , qui  tenoient  fecrétes  leur  doctrine 
& leurs  obfervations.  Ce  furent  ces  monumens 
favans  cui  , joints  aux  pierres  chargées  d’anciens 
hiérogiyphes  confervées  au  méme  lien  , firent 
dire  á Buffin  (loco  chito')  que  le  temple  de 
Canope  étoit  la  plus  celebre  écoie  de  magie  de 
l’umvers  entier.  La  ruine  totale  ae  ce  bel  edifice 
fut  la  fuire  de  cette  rid-icule  opinioa  des  premiers 
ciiréiiens ; :<r  Théoáofe  le  ñt  abatrre  en  méme- 
tems  que  les  temples  d’.4!axandrie. 

Es  forme  finguliére  fous  laquelie  on  adoroit 


CAN 

Sérapis  a Canope , nous  fera  connoítre  la  natnre 
& Ies  attributs  particuliers  de  ce  Sérapis  , cui 
étoit  difterent  du  Sér.spis , ou  Pluton  , apporté 
par  les  Grecs  á Alexandrte.  Nous  avons  vu  plus 
haur  que  c’étoit  un  bocal , ou  vafe  á large  ven- 
tre  , fait  d’une  terre  extrém.ement  poreufe  , qui 
fervoit  á íütrer  l’eau  du  Nil,  afin  de  la  rendre 
claire  & potable.  Les  habitans  de  Canope  trou- 
voient  cette  etpéc?  d’argtie  oans  leur  voiíinage  , 

& ib  faifoient  dans  toute  l’Egypte  un  grand  com- 
merce  de  ces  vafes  á filtre r.  De-lá  vint  fans  doute 
le  nom  de  terre-d‘or , ou  terre  que  1 on  ecnan- 
geoit  contra  l’or.  Les  médailles  de  Canope  frap- 
pées  en  i honneur  d’Hadrien  , preíentent  un  de 
ces  vafes  furraontés  d’un  ferpent , qm  etoit  fans 
doute  le  bon  gente  , iyAh  A«!íí«?.  Ce  nom  de 
bon  génie  avoit  tté  donne  au  bras  au  Nil  qui 
ferpentoit  aiipres  de  Canope.  On  peut  en  con- 
ciure  que  la  grande  divinité  des  Canopiens  avoit 
été  d’abord  ie  bon  génie  du  Nii , & qu'ii  éroit 
repréfenté  par  les  vafes  a filrrer ; mais  ce  dieu 
du  Nil  coulánt  dans  le  bras  Canopique  , fut  trans- 
formé du  tem.s  des  Grecs  en  Sémpis ; car  c’eíl  luí 
que  les  éctivains  de  cette  nation  deugnent  par 
excellence  fous  le  nom  de  dieu  Canopien.  Ainu 
l’on  adoroit  a Alexandrie  le  Sérapis- Pluton  j & 
non  loin  de  cette  ville , a Canope  , on  rendoit 
un  cuite  á Sérapis  ■ du  Nil.  C eft  I opinton  du 
favant  Jablonski  que  nous  venons  d’expofer. 

On  conferve  dans  les  coliséhons  ü antiques  plu- 
íieurs  vafes  Egyptiens,  que  Ton  appelle  indtftinñe- 
TAtut  Canopes.  Nous  croyons  cependant  que  cet,£ 
dénom.inarion  eft  trop  genérale  , & qu  il  faudroic 
diñinguer  les  vafes  qui  ont  fervi  a renfermer  des 
ardmaux  facrés  aprés  leur  embaum.ement , des  vafes 
qui  repréfentoient  véritablement  le  Sérapis  du  Nil.  ^ 
Si  on  craint  de  trop  reftreindre  le  nombre  oes 
premiers  , en  n’y  comprenant  que  ceux  dont  le 
couvercie  repréfenteroit  une  tete  d animal  , on 
pourroit  au  - moins  n’ appeler  canopes  que  ceux  de 
ces  vafes  feuls  qui  feroient  ornes  de  fculpture. 

Le  comte  de  Caylus  a publié  ( Pee.  d Anziq.  i , 
page  I. ) un  de  ces  prétendus  canopes  , & il  en  a 

accompagné  ledeffin  de  fagesréílexioHS.  , < 

Ce  prétendu  canope  eft  un  vafe  de  pierre,  deitine 
a renfermer  un  oifeau  embaumé , & qui  coiuerve 
encore  une  partie  de  la  matiére  deftmee  * cet 
ufage.  Ce  monument  a onze  pouces  de  hauteu. , 
& environ  lix  pouces  de  larseiir.  Le  couvercie  , 
qui  repréfente  une  tete-  d’épervser  aíTez  mal  ror- 
m¿e  , eft  d’albátre  ; mais  ce  couvercie  , quoiqu.- 
du  m.éme  goúí  & du  méme  pays  , n eft:  pas  vuai 
femblablement  celui  que  ce  vafe  avoit  autreroi^. 
I!  eft  á préfiimer  qii’on  les  aifcrtit , cemm.^  o.n 
peut,  en  Égypte  , avant  que  de  les  envo/e^^en 
Lurope  ; c.ar  j’en  ai  vu  quelques-ans 
poiir  la  matiére  5 & plufieurs  autresyians 
de  celui-ci , c’eft-á-dire,  qu’on  pouyoit  leur 
cher  le  méme  déf.tut  d’aíTortiment.  La  plus 
partie  des  monumens  Egyptiens , 


CAN 

& mores  urbis  dj.mnante  Carero. 


^57 


CAN 

ceüx  qui  paroiíTent  avoir  été  dertínés  á renfermer 
quelque  chofe  j préíenteront  toujours  ces  fortes 
de  dérangemens.  Les  Arabes  Ies  ouvrent  & les 
vilitent  j dans  l'efpéraace  d'avoirde  Tor-j  S:  neles 
vendent  jamais  aux  Francs  qu  aprés  un  examen 
folide,  & ordinairemeat  dépourvus  ds  foius  & 
d’arrangemer.t- 

On  voit  á Rome  plufieurs  véritables  canopes  : il 
y en  a deux  de  bazaite  verd  au  Capitole  , dont 
1 un  a éfé  trouvé  dans  la  fameufe  ville  d'Hadrien  , 
á Tivoli.  Le  Cardinal  Albani  en  avoit  aufli  deux 
de  la  mémc  matiére.  L’un  de  ceux-lá  avoit  été 
trouvé  fur  le  promontoire  de  Circée  , entre  Net- 
tano  S^Terracine  ^ Se  il  a été  publié  par  Borioni 
( coLleñanea  Antiquit.  Román.  , n°.  3 ).  Le  métne 
canope  fert  de  cul-de-lampe  au  chap.  il  du  liv.  il 
de  rhiíloire  de  l’art  de  Winkeiman^itraduite  parHu- 
betj  áLeipíik,en  1781.  Ledefllnde  toas  ces  cano- 
pes , & fur-tout  celui  de  leur  tete  , eft  entiérement 
dans  le  ftyle  grec  5 mais  Ies  figures  en  bas-relief , 
travaillées  fur  le  corps  des  vafes  , font  des  imi- 
tations  Egyptiennes.  Le  travail  de  ces  figures 
eft  faillant  ^ & il  n/annonce  pas  dés-iors  un  artifte 
Egyptien  : car  les  figures  de  ces  artiftes  font  ordi- 
nairement  d'un  reiief  applati , & elíes  font  pref- 
■que  arrafées  á la  pierre  fur  laquelle  on  Ies  a fcul- 
ptées.  Ces  figures  repréfentent  prefque  toutes  les 
divinités  de  l’Egypte  avec  leurs  attributs.  Dans 
la  coüeéiion  de  Ste.  Geneviéve  , il  y a un  vafe  de 
pierre  calcairejtrés-peu  évidé,  furieque!  font  gra- 
ves des  hycroglypheSj  £¿  donr  !e  couvercle,  fait  de 
la  méme  pierre  j repréfenre  une  tete  de  femme  ^ 
peut  étre  d’ifi'.  11  eft  diíficüe  de  déterminer  á 
iaquelle  des  deux  claíTes  on  doit  rapporter  ce 
canope.  On  voit  dans  la  méme  collcétion  une  tete 
de  bronze , formée  comme  les  couverc’es  des 
canopes , qui  repréfente  certainement  Ifis  ; car 
elle  porte  fur  le  front  le  ferpent  Agatho-démon , 
& elle  eft  coéffée  avec  une  ampie  dépouille  de 
pouíe  de  Numidie.  Cette  dcpouiUe  eft  formée 
par  une  efpéce  d’émail incrufté  dans  le  bronze 
aux  efpaces  creufés  & réfervés  á cet  effet. 

CArsOPlEIsS.  (Hercules  Sérapis.  ) PC  Ca- 
nope. 

CANOPUS.  Cette  ville  d^Égrote^,  fítuéefurle 
bras  canopique  du  Nil,  a fait  frapper  des  médailles 
grecques  en  Thonneur  d'Hadrien  ^ avec  la  légende 
KANa. 

Canopus  étoit  célebre  dans  Pantiquité  , par  la 
diíTolution  des  moeurs  de  fes  habitans.  Elle  étoit 
extréme  ; & Strabon  j parlant  des  délices  d^Eleu- 
fis  , dit  qu’elles  étoient  comme  Tentrée  Se  le  pré- 
lude  des  ufages  & de  Peífronterie  de  Canopus. 
Sénéque , faifant  le  porrrait  d'un  fage  , aííure 
Qufil  fe  gardera  bien,  peur  choifir  fa  retraite, 
de  préférer  Canopus  , quoiqu’iine  foitpas  défendu 
d’y  mener  une  vie  réglée.  Voulant  exagérer  com- 
bien lesmoeurs  desRomaines  étoient  corrompues, 
Juvinal  di:  que  Canopus  méme  les  blácaoí: ; 

Antiquiíés  , Tome  J, 


Une  des  principales  caufes  de  cette  dtlTolution  , 
étoit  Pabor  J continuel  des  habitans  de  la  haiite  &:  de 
la  baffe  Egypte,  qui  y accouroienr  pour  confidter 
Sérapis,  8¿  pour  célébrer  fes  fétes.  lis  y de.'ren- 
doient  par  le  Nil , & fon  canal  étoit  couvert  de 
barques  rempües  d’hommes  & de  fenrmes  , qui 
danfoient  & chantoient  avec  la  derniére  lubricité. 
La  ville  de  Canopus  étoit  compofée  , en  tres- 
grande  patrie,  d’auberges  , & de  tr.aifoiis  defti- 
nées  á ces  réjoniflances. 

CANOT.  V.  Barque. 

CANOTHA,  dzm  la  decapóle  deSyrie.  kakos. 

Cette  ville  a fait  frapper  une  médaiüe  impé- 
riale  grecque  , en  l’honneur  de  Domitien  , felón 
Vaillantj  mais  elle  convient  mieux  á Canata  , 
felón  Pellerin. 

CANTABRUM , érendard  en  ufage  dans  les 
armées  Romaines,  fous  Ies  fucceífeurs  de  Conf- 
tantin.  Minutius  Félix  & Tertullien  en  fonr  men- 
fion  dans  leurs  apologies  , & le  comparent  a une 
croix.  Cette  efpéce  d' érendard  diíféroit  des  au- 
tres,  en  ce  que  ceux-ci  étoient  des  piéces  d'étoíFe 
de  diverfes  couleurs  , ñiivant  les  divifions  de 
Parmée  , Se  que  le  cantahrum  étoit  fait  de  piéces 
d’étoffes,  fur  lefquelles  étoient  gravés  des  noms, 
qaelques  figles  , ou  méme  des  vers- 

CANTHARUS.  Le  cantkarus  étoit  un  grand 
vafe  de  Pufage  le  plus  commun.  II  avoit  pour 
anfe  des  aniieaux  mobiles  , ou  des  boucles  pea- 
dantes  : 

Bt  gravis  attritá  pendebat  cantkarus  anfa. 

Cétoit  une  large  cuvette  , pea  profonde  , 8c  pla- 
cee fur  un  piedtrés-applati.  On  en  voit  une  dans 
un  morceau  de  mofaique  , trouvé  á Tivoli  , en 
1737  , deífiné  dans  le  Mufium  capitolinum  , t.  ¡:I. 
Cette  mofaique  paroít  étre  Poriginal , ou  du- 
moins  la  copie  de  celle  que  décrit  Piine  ( /ib. 
XXXIX.  60.  ) , & fur  laquelle  étoit  repréfenté  un 
vafe  , que  cet  écrivain  appelle  cantkarus. 

Le  cantkarus  étoit  un  attribut  de  Bacchus,  ainfi 
que  le  thyrfé  : on  le  voit  fouvent  dans  fes  mains  , 
ou  a fes  pieds  , fur  les  madores  antiques.  Une  inf- 
cription  trouvéeá  Riniini  fait  mention  d’une  ñatue 
de  Bacchus  , & de  fon  'cantkarus.  On  confacroit 
auífi  ces  vafes  á d’autres  divinités  , comme  il  pa- 
roít  par  ces  paroles  d’Apulée  ( Métarnorph.  ix  , 
p.vj-j')  : Cantkaroque  G ipfo  pmulacrc^auod  ñcrt- 
bam  , apíid  fani  donarlum  reddnis  ac  confecrazzs. 

Caktharus  étoit  le  nom  d’une  efpéce  de 
corbeille  , faite  de  rerre  cuite,  dans  iaqueile  on 
expofoit  en  Gréce  les  enfans  dont  on  ne  vouloit 
pas  preñare  foin.  Ariftophane  ( in  Ranis  ) dit 
GU  (Édipe  fut  expofé  dans  un  vafe  de  cette  ma- 
tiéte.  Térence  , voulant  peindre  les  moeurs  grec- 
ques , a parlé  de  cet  ufage  ( Andr.  tv.  4.  30. ) : 

O o o a 


65S  CAN 

viii  cantkarum. 

Suffarczrtatum, 

CanthARUs  étoit  le  réfervoir  exíérieur  des 
fontaines  publiques,  celui  d’oú  Feau  s’écouloit 
immédiatement  dans  Ies  vafes  des  citoyens.  Voici 
une  infcription  gravee  á Rome  fur  un  cantharus 
antique : 

Perdibsrat,  zaticüm.  losgmva.  iscvkia. 

CVB.su  S. 

Qvos.  TIBI.  HUHC.  FLIHO.  CAXTUARUS. 
ORE.  VOMIT. 

Cantharus  étoit  encore  cheT.  les  Romarns 
un  marteau  avec  lequel  on  frappoit  aux  portes. 
Plaute  en  parle  dans  fes  Ménechmes  ( i.  2.6  3.  ) : 

jam  fores  ferio.  M S.  Feri. 

Vel  mane  etíam  ? PE.  mille  pajfúm  commoratus  es 
cantharum. 

CANTHUS.  Perfe , le  premier  des  écrivains 
latins  , a etnployé  , pour  dcfigner  les  bandes  de 
fer  qui  entourent  Ies  roues  , le  mot  canthus  : 
Martial  & pluíieurs  autres  ont  imité  fon  exemple. 

C4NTÍQUE  ancíens  delignoient  par 

le  mot  cantzcum  certains  monologues  paffionnés  de 
touchans  de  leurs  tragédies , que  Fon  chantoit  fur 
les  modes  hypodorien  Se  hypophrygien  , comme 
nous  Fapprend  Ariftote  au  xix  de  fes  problémes. 
C'étoit  une  efpéce  ddnterméde  qui  occupoit  Ies 
cntr'aéles. 

CANULEÍA  , une  des  quatre  premieres  Vena- 
les , établies  par  Numa  Pompilius.  {Pintar,  in 
Numa.  ) 

CANUSINUS  color , couleur  rouíTe  , que 
Martial  compare  á du  moüt  troublé  Se  épais 
( XIV.  127.): 

H&c  tibí  túrbalo  canufina  Jimillima  mujfo 

M.un.us  erit  , gande  : non  cito  fiet  anus. 

Cette  couleur  plaifoir  au  peuple-Romain  , comme 
le  brun  foncé  aux  Gaulois  ( ibidem  } ; 

Poma  magis  ficfcis  vej^itur^  Qallia  rufis. 

Elle  avoit  un  certain  éclat  Se  un  certain  prix; 
puifque  Suétone , parlant  des  profufions  de  Nerón , 
dit  qu’il  ne  voyageoit  jamais  fans  avoir  á fa  fuite 
plus  de  mille  chariots  , conduits  par  des  cochers 
vétus  de  couleur  rouíTe  ( c.  30,  n.  10  ) , canufi- 
Tiatis  mulionibus. 

CAPANEE  , neveu  d’Adrañe  , étoit  un  des 
fept  chefs  de  Farmée  des  Argiens  , dans  la  guerre 


CAN 

de  Thébes.  Lorfque  Théfée  fit  faire  de  magnifique* 
funérailles  á ceux  qui  étoient  mcrts  au  liége  de 
cette  ville  , on  ne  voulut  pas  bráler  le  corps  de 
Capanée  avec  les  autres , parce  qu'il  avoit  été 
frappé  de  la  foudrc.  Se  qu’il  étoit  regardé  comme 
un  impie  , qui , par  fes  blafpbémes  , s’étoit  attiré 
le  courroux  du  ciel , Se  on  lai  fit  un  búcher  féparé. 
Stace  j dans  fa  Théba'ide , repréfente  Capense 
com.me  un  homme  emporté , qui  fait  mille  extra- 
vagances  , Se  qui  fe  déchaíne  contre  tóut  FO- 
lympe.  Cela  peut  étre  fondé  fur  le  peu  de  refpeél 
que  ce  capitaine  avoit  montré  pour  les  dieux  pen- 
dant  fa  vie.  Mais  Euripide  en  fait  un  portrait  bien 
diíférent.  Se  nous  le  donne  pour  unhommg  riche, 
fans  fafte , fans  crgueil  , fobre , modére  , mé- 
prifant  ceux  qu’ii  voyoit  fe  livrer  aux  fefiins  Se  á 
la  joie.  Voy.  Adraste,  Evadné. 

Y é%hcs.{  de  re militarz,l.  4.  c.  21.  )nousapprend 
la  vérité  qui  a fervi  de  bafe  á la  fable  de  Capa- 
née. Ce  capitaine  Argien  étant  monté  á Faííaut 
de  la  ville  de  Thébes  avec  des  échelles  , fut  acca- 
blé  fous  les  pierres  Se  les  traits  que  lui  lancérent 
les  aiTiégés.  De-lá  vint , dit  V égéce  , la  fable  de 
Capanée  écráfé  folis  les  fóudres  de  Júpiter.  Le 
méme  écrivain  fait  honneur  á Capanée  de  Fin- 
vention  des  affauts  avec  des  échelles. 

Winkelmann  a cru  reconnoitre  Capanée  terraíTé 
par  les  foudres  de  Júpiter  , dans  une  ílatue  de  la 
villa  Albani , qu’ii  a publiée  ( Monum.  inediti.).  11 
Fa  vu  auif!  efcaladant  les  nsurs  de  Thébes  íur  une 
páte  antiqiie  du  Barón  de  Stoch  , Se  fur  une  far- 
doine  de  la  méme  colleéiion  , oú  la  foudre  le 
frappe  á coups  redoublés  , fans  Fintimider. 


cÍ7edüncula.  } 

qui  fervoit  aux  facrifices.  Cicéron  ( Parad,  i.  ) 
parie'des  capedines  Se  des  vafes  de  terre  cuite^qui 
avoient  fervi  á Numa  pour  íes  facrifices  : Quid 


autem  Numa  Pompilius  , minufve  gratas  diis 
immortalibus  capedines  , ac  fiBiles  urnas  , quam 
filicatas  aliorum  pateras  fuijfe  arhitr amur . hti' 
capedunculéL  étoient  de  plus  petits  vafes  , de  memc 
forme.  Se  deftinésau  méme  ufage.  Le  méme  ecri- 
vain  en  a fairauííi  mention  ( Nat.  Deor.  ni  ),  '.7 
Docebo  meliora  me  didicijfe  de  colendis  diis  immor- 
talibus jure  Pontificio , & more  majoruni , quam 
capedunculis  , quas  Numa  nobis  relzquit. 


CAPEUATICUM.  y , I’impor 

que  payoient  aux  empereurs  les  marchands  de  vin. 

CAPEELA  , furnom  de  la  famille  NjEtia. 

CAPENE  (porte),  auíourd’hui  porte  de  St. 
Sébaftien.  Cette  porte  ouvroit  la  voie  Appienne, 
d’oú  lui  vint  quelquefois  la  dénomination  (x 
porte  appienne.  On  Fappela  auffi  fontinahs 
madida , á caufe  des  fources  qui  étoient  aupres 
d’elle , Se  des  aqueducs  qui  Favoiíinoient.  Efis  uns 
dérivent  fon  nom  d’une  ville  Capena  , bátie  au* 
environs  j Se  les  autres  du  bois  des  Caxiums  , f 


CAP 

minarum,  d'od  eüe  fiit  nomanée  d’abord  Camena, 
& depu’s,  par  corruptionj  C apene. 

CAPHIA,  en  Arcadia  , kaotiatíín^  On  a 
des  médailks  fnipériales  de  catre  viile , frappées 
en  Thonneur  de  Severe,  de  Domna  , de  Plautille. 

CAPHIZOS , cavilas  , mefure  de  capacité 
pour  Ies  liquides  de  I’Afie  Se  de  rÉgypte.  Elle 
Valoit,  en  mefure  de  Franca,  135  pintes  & 
Elle  valoit , en  mefures  anciennes  de  l'AÍIe  & 
de  "Égvpte  : 

2 vceba  des  Arabes  , 

Ou  4ephad, 

Oa  ¿ métrétés  , 

Ou  8 féphel, 

Oa  12  modios  , 

Ou  288  log. 

Capkizos  , cavilas  , mefure  de  capacité  pour 
les  folides.  Elle  valoit , en  mefure  de  France , 
10  boiffeaux  & Elle, valoit  ^ en  mefures 

anciennes  de  FAÍie  & de  TEgypte  , 

2 voeoa  des  Arabes  , 

Ou  ^ 2 j médimnes  de  Salamine  , 

Ou  2 j médimnes  de  Paphos  Ó’  de  Sicile  , 

Ou  4 ephep 
Ou  6 métrétés , 

Ou  8 féphel  , 

Ou  ii  tnoaios. 

t API  LLATU  S d Matre  Magna.  Gruter 
(3085)  a publié  Tinfeription  fuivante : 

. DIS,  M. 

í,  VETTIO^.  SYNTROPHO 
RELIGIOSO 

A.  MATRE.  MAGNA 
CAPÍLLATO 
VETTU.  AMOR 

DE.  SUO.  FECIT 

POSTERISQUE  EORUM. 

On  appeloit  Cazillati  8c  Comati , Ies  prétres 
nommés  autrement  Fanatici  8c  Bellonarii. 

Le  mot  capillatus  défignoit  les  enfans  au- 
deíTous  de  Táge  de  puberté , parce  qu  ils  laiíToient 
croítre  leurs  cheveux  jufqu  á cette  époque.  íl 
défigiia  les  eunuques  & les  prétres  de  Cybéle  par 
la  méme  raifon. 

CAPION.  II  paroit , par  un  paíTage  de  Pollux 
( Onorr.aíi.  l.  rr  , c.  9 ) , GudI  y avoit  un  nome, 
ouim  air  inventé  par  Serpandre  , Srappelé  Capion  : 
c'étoit  fans  doute  un  air  de  cithare  , puifque  fon 
auteur  s'étoit  attaché  particuiiérement  a cet  inílru- 
ment. 

^eAPVLA,  1 ^ anfes,  ainíí  appelés 

de  la  facilité  que  donnoient  ces  anfes  pour  les 
prendre , a capiendo.  Yarron  les  compare  aux  ca- 
pedir.es  8c  aux  capeáiincule,  ( de  ling.  lat.  iv,  z6.  \ 


CAP  ^59 

A quo  illa  capis  , & minores  capulí,  a capiendo  , 
qabd  anfatí  , ut  prehendi  poffent  , id  efi  capi.  Ha- 
rum  figuras  i.nvajis  facris  ligneas  & ficiiles  arztiquas 
etiam  nanc  videmus. 

CAPISTRUM  des  joueurs  de  flute.  Voyei 
Pkorbeion. 

CAPITATION.  Les  anciens  ont  connu  cette 
efpéce  d’impót.  Voyei  Cápitation  dans  le  Dic- 
tionnaire  des  Finances  de  cette  Encyclopédie. 

CAPITHA  des  Chaldéens  , mefure  de  capacité 
pour  les  folides  de  l'Afie  & de  l’Egypte.  V' oir 
Mares. 

Cap  IT  HA  de  Perfe , mefure  de  capacité  pour 
Ies  liquides  de  lAfie  & de  f Égypte.  F.  Mares. 

Capitha  , mefure  de  capacité  pour  les  liquides 
de  PAÍie  & de  f Égypte.  F.  Cab. 

C.4PITIUM , vétement  qui  coiivroit  la  tete 
chez  lesRomains.  Lkncienfcholiaftede  Juvénal , 
expiiqaant  ce  vers  de  la  fatyre  iil  : 

Horum  ego  non  fugiam  conchylia 

dit  que  le  poete  appelle  conchylia  des  capuchons 
rouges  , conchylia  , capitia  purpurea  ira  fiagrantia  , 
ut  conchylia  ipfa  videri  pojfint.  Varron  emploie  le 
mot  capitium  pour  áéíigrier  aufli  un  vétement  qui 
ferv'oit  aux  vierges  á couvrir  leur  tete  & ieur  fein 
( de  ling.  lat.  iv.  30.  ) ; Capitium  ab  eo  quod  capit 
peñus  , id  efi , ut  antiqui  dicebant  , ir.dutu  com- 
prehendit. 

CAP  IT O , furnom  des  familles  Atteia  , 
Fonteia,  María  & Oppia.  Ce  furnom  expri- 
moit  en  latín  la  m.éme  idée  que  le  mot  compofé 
franfois , groíTe-téte. 

ctpITOLfN,  } ^ ^ ’ fortereíTe  de 

Rome  j bátie  fur  le  mont  Tarpéíen  j auquel  elle 
donna  fon  nom.  Les  deux  fommets  de  cette 
montagne  , Eefpace  qui  les  féparoit,  & la  roche 
tarpéíenne  fnrent  renfermés  dans  Tenceinte  for- 
tifiée  du  capitole  , & couverts  d'édifices  publics  & 
facrés.  Les  fondemens  du  capitole  furent  jetes  l’an 
139  de  Rome  , par  Tarquín  TAncien.  Servius  , 
fon  fucceíTeur  , y travailla  avec  ardeur  ; & il  fuc 
achevé  i’an  221  par  Tarquín  le  Superbe.  L'inau- 
suration  de  cette  fortereffe , 8c  la  confécration 
des  édifices  facrés  qif  elle  renfermoit  , ne  fe  firenc 
qu  aprés  Texpulfion  des  Rois  , 8c  par  le  miniftére 
du  confuí  Horace  , i’an  246. 

Une  ancienne  tradition  , confervée  religieufe- 
ment  par  les  Romains  , apprenoit  qu'en  creufant 
les  fondemens  du  capitole  , on  avoit  trouvé  á une 
tres-grande  profondeur  la  tete  d’un  nommé  Olas  , 
qui  paroiíToit  encore  fraiche  fe  vermeiíle  : de-!i 
fut  formé  le  mot  capitole  , c’eñ-a-dire  , caput  OU  , 
tete  A’Olus. 

II  y avoit  dans  Tenceinte  du  capitole  pluíieurs 
temples  dédiés  á Júpiter  , á Junon , á Minerve  j 

Oooo  ij 


4^0 


CAP 


á Cvbéle , á Veña , Src.  Mais  le  plus  célebre  étoit 
ceiui  de  Jupirer,  furnommé  Capitolin  , qui  en 
réuniiToit  trois.  Lanef  étoit  confacrée  á Júpiter  j 
& les  deux  ailes  , á Jupón  & á Minerve.  Ces  ailes 
étoient  formées,  felón  Denys  d'Halicarnafíé  ( 
ir.)  par  des  pües  oii  maíTifs  de  bríque  cuite.  Le 
temple  entier  avoit  deux  cents  pieds  Romains  de 
longueur  j & á-pea-prés  amantde  largeur.  La  fta- 
íue  de  Júpiter  capitolin  j ou  fulminant  , portoit 
un  foeptre  , une  ’couronne  & un  foiidre  d'or. 
De  vaftes  portiqaes  entouroient  ce  temple  ; c'é-' 
Eoit  fous  ces  portiqaes  que  les  triomphateiirs  j 
aprt-s  avoir  facrifié  aux  grands  Dieux  ^ donnoient 
au  fénat  un  repas  magnifique.  L’égüfe  des  Capu- 
cins  j appelée  Ara  cí^li  , a été  bátie  fur  les  rui.nes 
¿u  temple  de  Júpiter  Capitolin-  - 

Des  murs  conítmits  avec  de  grandes  pierres 
entouroient  le  capitole , & en  avoient  fait  une 
ciiadelle  imprenable.  Cn.  & Q.  Ogulnius  étant 
Ediles  Ciirules^  condamnérent  des  ufuners  á une 
forre  amende , qu’iis  employérent  á faire  des 
portes  de  bronze  á cette  citadelle accompagnées 
de  montans  & de  traverfes  du  méme  metal.  Le 
frentón  de  ce  uiperbe  édifice  étoit  furmonté  par 
des  quadriges  de  terre  cuite  , que  Stdla  íit  rem- 
pb.cer  par  des  quadriges  de  bronze.  Des  aigles  de 
bois  fetnbloient  loutenir  ce  frontón  , & lui  fer- 
. voient  d'ornemens.  Eiles  furent  co.nfumées  dans 
un  incendie  dontparleTacite  ( kifi.  ni.  71 ) : Suf- 
tinentes  fafiigium  aq^uilíi,  vetere  ligno  traxere 
^aatntüTTi. 

FluCeurs  incendies  ravagérent  le  Capitole.  Le 
premier  arriva  Tan  de  Rom.e  670.  Sylla  le  réta- 
blít  avec  la  plus  grande  magnificence  5 mais  il  n’en 
fit  pas  rinauguration.  C’étoit,  difoit-on , le  feul 
bonheur  qui  eút  échappé  á cet  heureux  diefateur. 
Cet  honneur  étoit  réfervé  á Lutatius  Catulas  , 
qui  fit  dorer  les  tuiles  de  bronze  dont  cette  cita- 
delle étoit  couverte  : ce  qui  la  íit  appeler  Capí- 
tolium  auream.  Pendant  les  troubles  qui  firem 
perdre  la  vie  á Vitellius  , le  feu  prit  une  feconde 
fo!s  au  Capitole.  On  crut  qa’il  y avoit  été  mis 
á d^eflei.n  pour  en  chaíTer  Sabinus , frére  de  Vef- 
paíien  , qui  %y  étoit  renfermé.  Vefpaíien  le  fit 
rebatir  ; mais  fes  foins  furent  inútiles  , car  un 
troínéme  incendie  le  ravagea  de  noaveaii  á la 
mort  de  cet  empereur.  Titus  le  vit  encore  brúler 
par  le  feu  du  ciel , Se  Domitien  repara  rous  ces 
ravages.  Cet  empereur  fonda  les  Jeux  Capitoüns 
pour  conferver  la  mémoire  du  dernier  rétablif- 
fement  da  Capitole. 

L’encei.nte  du  Capitole  renfermoit  plus  de  cin- 
qaante  temples  , &:  un  grand  nombre  de  fiatues 
confacrées  aux  dieux;  ce  qui  a fait  demander, 
avec  queique  apparence  de  raifon , sfi)  reíloit 
encore  dans  un  efpace  auíli  rempü  , des  iege- 
ir.ens  por.r  ¿es  citoyens.  On  peat  repondré 
qu  d y en  avoit  quelques-uns , mais  en  petit 
nombre.  AlanJus  Capltolinas  avant  repouíTé  les 
Gauiois  qui  añiégeoienr  le  Capitole  ^ recut  pour 


CAP 

récompenfe  un  logement  dans  cette  forterellé, 
Cp  ñit  peut-étre  le  premier  des  patriciens  qui  y 
eut  fixé  fon  féjour  ; & ii  fut  certainement  le  der. 
nier , comme  le  régla  un  fénitás-confulte  rendu 
á i’occalion  de  fon  ambition.  Les  gardes  appelés 
Arcubiá.  8c  Arcubii  par  Feílus  & líidore , qui 
prenoient  leur  nom  de  ia  garde  du  Capitole , ah 
arce  , Fhabítoient  certainement ; de  méme  que 
les  gardiens  des  temples  , nditui , dont  parlent 
plufieurs  inferiptions  , 8c  qui  remarquérent  avec 
étonnement  {Aulu-Gell.  vii.  i.)  que  les  chiens 
renfermés  dans  ¡e  Capitole  , & ardens  á aboyer 
contre  toas  ceux  qui  entroient  la  nuit  dans  cette 
forterelTe  , fe  taifoient  conftamment  a I’approche 
de  Scipion  l’^fricain.  Des  courtifanes  méme  ha- 
bitoient  ce  lieu  facré  ; comme  Properce  (rv.  5.) 
nous  I'apprend  de  Teia  : 

Altera  Tarpeios  eft  Inter  Teia  lucos 
Ebria  , fed  pota  non  fatis  unas  erit. 

Les  colonies  Romaines  Se  les  municipes  voulu- 
rent  fe  donnerla  plus  grande  relTemblance  pofflble 
avec  Rome  , leur  métropole  ; c’eíl:  pourquoi  eJIes 
impofoient  le  nom  de  capitole  á leur  principal 
temple  , Se  á Pédfifice  pubiic  dans  lequel  s’aiTem- 
bloient  Ies  décurions  & les  autres  magiftrats. 
De-lá  vient  que  Pon  trouve  fouvent  !e  norn  de 
capitole  dans  Ies  deferiptions  de  ces  villes.  íl  y 
en  avoit  i Conñantinople  , á Carthage , á Ca- 
pone, á Ravenne,  áMilan,áVérone,  áColog.ne,  á 
Tréves,  á Narbonne,  á Áutun  , a#'Famiers¡  á 
Nifmes  , á Befanqon,  á Saintes,  a Clermont,  á 
Rheims,  á Rhodés,  Sec. '&  á TouloufCjOÚ  ií 
fubíiíle  encore. 

Des  trois  beaux  édifices  qui  oceupent  aujoiir- 
d'hui  ie  capitole  , & qui  forment  la  place  appelée 
CampidogUo  , oú  eft  eievée  la  ílatiie  qq^ueftre  de 
M.  Auréle.,  aucun  n'eftplas  célebre  que' ceiui  qui 
regarde  Poccident,  & que  Pon  appelle  Mafeim 
Capitolin  , OU  cjbinet  du  capitole.  Benoit  XíV 
s’eft  im.mortalifé  en  y faifant  raílembler  avec  foin 
un  nombre dbntiques  prodigieiix.  Leur  defeription 
eíi  repandue  dans  les  diíFérens  arricies  de  ce  dic- 
tiennaire  d’antiauités. 

CAPiTOLI.AS , dans  la  Coeléfyrie.  KAniTQ- 
aieqn.  • 

Cette  vi.'le  a fait  frapperdes  médailles  imperia- 
les grecques  , avec  fon  époque  , en  Phonneur  ás 
M.  Auréle  , de  Veras,  deLucille,  de  Commode^ 
de  Sept.  Sévére  , de  Macrin. 

CAPITOLIN  (Júpiter).  L’hiftoirede  fon  tem- 
ple célebre  fe  trouve  dans  Particle  Capitole. 

Ce  Júpiter  étoit  auffi  appelé  par  excellence  Optimus 
maximus  , OU  fulminant.  Le  foudre  étoit  fon 
but  diftinclif , ainfi  que  la  barbe  & le  feeptre  d or 
ou  d’ivoire.  Sa  ftatué  , placée  dans  le  capitole  par 
Tarquín  , tfétok  que  de  terre  cuite  pemte  ea 
rouge  ; elle  fat  depuis  remplacée  par  une  jl^tue 
dbvoire ; & il  paroít  par  un  vers  de  Maitia» 


CAP 

3. ) í Trajan  y en  fubftitua  une  ñatae 

^’or : 

Scalptus  & íterno  nunc  vrifttum  Júpiter  au.ro. 

Capitolixs  (Jeux).  Les  premiers  Jeux  Ca- 
colins  étoient  des  conibacs  iníiitués  par  Camiíle 
Thonneur  de  Júpiter  Capholin  ^ & en  mémoire 
du  Capitole  défendu  contre  les  Gaulois.  On  pra- 
tiqiioic  dans  ces  jeux  , felón  Plutarque 
B.om.  j80  une  céréinonie  trés-anderine  & trcs- 
ridicule.  Le  crieiir  pubüc  mettoit  á i'enchére  les 
JEtrufques  ^ défignés  fous  le  nom  Sardi  ;%ví  ame- 
Boir  enluite  au  miüeu  du  peuple , un  vieiliard  ^ 
a qui  Ton  pendoir  au  col  une  bulle  telle  qu'en 
portoient  les  enfans,  & on  rexpofoir  a la  rifée 
publique.  Feílus  dic  qu’on  le  revéroit  de  la  pre- 
texte , & que  la  bulle  étoit  d’or , parce  qu'elle 
éroit  autrefois  l'ornement  des  rois  d'Etrurie  que 
1 on  jouoít  dans  cette  burlefque  cérémonie. 

Domitien  voulant  conferver  la  mémoire  du 
retabliíTement  du  Capitole  fait  par  fes  ordres  , 
fonda  de  nouveaux  jeux  Capitdins  qui  fe  célé- 
broient , non  pas  chaqué  aunée^  comme  ceux  de 
Camiüe  , mais  tous  les  cinq  ans.  On  y diftri- 
buoit  aux  poetes  des  prix  & des  couronnes  qu’ils 
recevoient  des  mains  de  Tempereur;  il  y en  avoit 
auíii  pour  les  crateurs  , Ies  comédiens  ^ 'les  pan- 
tomimes , & pour  toutes  les  efpéces  de  joueurs 
d inftrumens.  Ces  jeux  Capitolins  devinrent  fi  fa- 
meux  , que  Ton  changea  fancienne  maniere  de 
compter  les  annéesromaines  par  luftres , Se  qu'on 
lés  compra  depuis  Domitien  par  les  jeux  Capi- 
tolins , comme  les  Grecs  comptoient  par  les 
olympiades.  Cet  ufage  ne  fut  cependant  pas  de 
longue  durée. 

CAPITOLINUS  , furnom  de  la  famille 

P^TILIA. 

CAPITULARII.  Ceíl  le  nom  que  portent, 
dans  le  Recueil  des  loix  romaines  & dans  Sym- 
maque  {Epift.  ix.  10.)  ¡ les  recereurs  de  la  ca- 
pitation. 

CAPITULUM.  líidore  {xix.  3i.)nous  ap- 
prend  que  c’étoit  une  coéfrure  des  femmes , fads 
BOUS  en  donner  aucune  defcription. 

CAPNICON , impót  que  fempereur  Nicé- 
phore  mit  far  les  feux  ou  fur  la  furoée xjís-yW. 

CAPNOBAEJE , ceux  montent  avec  ou 
fwr  la  fumée.  Ce  furnom  fut  donné  par  les  peuples 
de  Tantiquité  aux  ’iiyíiens  ( Straho.  l.j.)  , peuple 
d‘Afie  ; parce  qu’ils  faifoient  une  orofeíiion  par- 
ticuüére  d’honorer  les  dieux , & qudls  s’em- 
ployoient  uniquemenc  aux  facrifices.  Strabon 
ajoute  á ces  particularités  , que  Ies  Myíiens  ne 
mangeoient  point  de  chair  ^ ni  rien  de  ce  qui 
avoit  éré  anime,  lis  vivoient  de  miel  & de  lai- 
tage.  Le  furnom  de  Capnobate.  déíisnoit  la  fum.ée 
des  facrifices  & des  parfiims , au  milíeu  defqueis 
lis  palioient  toute  leur  vic. 


CAP  (¡Gi 

TIE  3 diviriation  ) dans 

laquelle  les  anciens  oofervoi.nt  la  fumée  , 

pour  en  tirer  des  préfages. 

On  diílinguoic  deus  fortes  de.  capnomar.tie  : 
1 une  qui  fe  pratiquoic  en  jetant  fur  des  char- 
bons  araens  des  graines  de  féfame  ou  de  oavot  , 
& en  obfervant  la  fumée  qui  en  fortoit  ; l'aacrej 
qui  etoit  la  plus  uíitée  , coniiiloit  a examiner  la 
rumee^aes  facrifices.  C’étoit  un  bon  augure  qu.rnj 
cette  fumée  étoir  pe_u  épaiife  , légére,  & qu’eile 
selevo:t  droit  vers  le  naut  lans  fe  répandre  au- 
tour  de  l’autei.  On  en  voit  le  détaii  dans  YíEdipe 
de  Sénéque  (v.  309.) 

La  capnomar.tie  fe  pratiquoit  encore  en  hu- 
tpatit  3 en  refpirant  la  fumée  qu'exhaloient  Ies 
%icr!mes3  cu  ceiie  qui  forcoit  du  feu  dans  lequel 
ellas  étoient  plongées ; comme  i!  paroit  par  ces 
yers  de_  la  Thébaide  de  Stace  3 ou  le  poete  dit 
du  devin  Tiréfias  : 

Ule  coronatcs  jamdudiím  ampleciitur  igr.es  , 
Fatiiicum  forbens  vulva  flagrante  vaporem. 

On  croyoit  fans  doute  que  cette  fumée  donnoic 
des  infpirations  prophétiques. 

CAPOL'fc,  ( Medaiiles  de}.  Capita. 

CAPPA  3 efpéce  de  mantean  avec  lequel  Ies 
femmes  fe  couvroient  la  tete  dans  le  Bas-¿mpire. 
Héfychius  appelie  ces  manteaux  xa-pí-váríz. 

CAPPADOCE.  Les  rois  de  Cappadoce  dont 
on  a des  médaiiles  3 font : 

Ariarathe  3 roi  I.  ou  II.  ou  III. 

Ariarathe  , Eusebes  K. 

Ariarathe  3 Epiphane  V^. 

Ariarathe  3 Phílométor  VIII. 

Ariobarzane  3 Pkilororr.oeus  I. 

Anobatzane  3 Eusebes  3 P hiloromosus. 

Archelaiis. 

Hannibaliien. 

Leur  type  ordinaire  eft  Pallas  affife  3 ou  de- 
bout  3 tenant  une  vicloire. 

Le  fymbole  de  la  Cappadoce  eft  une  femme 
portant  une  couro.nne  tourreíée  , & renan:  un 
étendard  de  la  c.avalerie  3 qui  dtfigne  refpéce  de 
troupes  que  les  Romiins  en  tiroie.nt,  ainii  que 
les  chevaux  de  fes  haras  3 fi  célebres  autrefois. 
Le  mont  Argée  fe  trcuve  aífez  fouvent  place 
far  les  médaiiies  de  la  Cappadoce  3 avec  la  figure 
qui  fert  de  O.mbole  á cette  province  ; tr.ntót  ií 
eft  mis  a coré  d’elle  & á fes  pieds  3 tantót  elle 
le  porte  dans  fes  mains.  On  fait  que  les  Cappa.- 
dociens  rendoient  un  cuite  á cette  montagr.e , 
comme  á une  divinité. 

CAPPAGIÁ.  lean  d’Anticche  défigne  par  ce 
mot  Ies  fouíiers  des  fénateurs  , qui  étoient  ornes 
d’un  crciíEnt  d’argent  formé  en  C 3 appelé  y.xrrvic, 
chez  les  Grecs.  11  dit  qu’ils  ne  paroiftbient  jamaís 
en  pubiicb  & qiPils  n alloient  jatsjís  faíre  leus 


íit  CAP 

cGur  sus  £tBi>£i£urs  j Tuns  cstts  cHsuíTurs  & css 
croilíans. 

CjíPRARIUS  ¡ furnom  de  la  famiíle  Ce- 
cilia. 

CAFRE  OL  US  , hovau  j ou  houé  á deux  four- 
chons  dont  on  fe  fert  pour  remuer  la  terre  dans 
les  vignes.  Columelle  <ixi.  3.  ) en  fait  mention  : 
Uere  deinde  , priufqudm  caeperit  germinare  , ca- 
preolis  3 quod  gemís  hicornis  ferramenti  efl  , ierra 
commoveatur.  La  reíTemblance  de  ces  deux  four- 
chons  avec  les  comes  d’un  chevreau  ^ Tavoit  fait 
appeler  cavreolus. 

* CAPRICORTnE.  Ceft  un  des  fignes  du  zo- 
diaque  ; quañd  le  foleil  y eft  arrivé  ^ il  eft  au 
folítice  d'hiver.  Cette  conñellation  eft  compofee 
de  z8  étoiles.  Macrobe  a cru  que  ce  figne  avoir 
été  nommé  capricorr.e  , parce  qu^’il  imite  en  quel- 
que  forte  la  nature  des  chévres  j qui  en  paif- 
fanr , grimpent  toujours  de  bas  en  haut.  De 
rnéme  le  foled  ^ en  entrant  dans  ce  fígne  , com- 
mence  á monter  de  bas  en  haut._Cétoit  chez  les 
anciens  le  dixiéme  figne  du  zodiaque  5 lorfque  le 
foleil  y étoit;,  il  ñxoit  le  folitice  d'hiver  par 
rapport  á notre  hémifphére.:,_  & commenqoit  á 
retourner  au  tropique  meridional  vers  la  ligne. 
Quelques-uns  en  parlent  encere  de  méme  j mais 
les  afires  ayant  avancé  vers  Torient  d'un  íigne 
entier  j le  caprícome  n’eft  plus  que  ronzieme,  & 
c'eít  á Teritrée  du  foleil  dans  íe  fagittaire  ^ _ & 
non  plus  dans  le  capricorne  , que  fe  fait  le  folñice. 
Cependant  on  parle  toujours  de  la  méme  maniere 
que  les  ancienSj  quoique  les  chofes  aient  changé  j 
& fon  appeile  le  tropique  du  capricorne  , cómame 
fi  ce  ligr.e  touchoit  encore  au  point  du  folfiice. 
Ce  figne  eft  repréfenté  ayant  la  partie  fupérieure 
d’un  bouc  , & la  partie  inférieure  d'un  poiiTon  ; 
c'eft-á-dire  ^ en  queue  de  poiíTon  le  plus  fouvent 
entortiüée  , & quelquefois  droite  : ces  figures 
fe  trouvent  fur  plufieurs  monumens  antiques^  fur 
des  pierres  gravees  , comme  on  le  peut  voif 
dans  Gorl^us  , n°.  lxxxv  & Lxxxvii  ^ fur 
plufieurs  médailíes , entr’autres  fur  que!ques-unes 
d’Augufte.  Fatin  en  a fait  graver  quelques-unes 
dans  fon  Suétone , pag.  80  & 139;  C^étoit  la 
forme  d^un  xgipan.  Voyei^  ce  mot  ci-deiTus.  On 
peint  auffi  le  capricorne  fous  la  forme  entiere 
d’un  bouc. 

Suétone  dit  ( in  OBavio  , c.  54  , ) qu’Augufte 
fit  graver  la  figure  du  capricorne  fur  fes  médailíes, 
parce  qu’il  étoit  né  fous  ce  figne  , & en  confé- 
quence  d'unhorofcope  avantageux  que  Théogéne 
lui  en  avoir  tiré  lorfqu’il  éroit  á Apollonie,  quel- 
oue  tems  avant  la  mort  de  Jules.  On  ne  peut  pas 
faire  accorder  facilement  cela  avec  ce  que  dit  le 
méme  Suétone  ( ibid.  cap.  5.  ) , que  ce  prince 
naquit  le  neuviésne  jour  avr.nt  les  kalendes  d^oc- 
tobre , c'eft  á-QÍre , comme  Dion  le  témoigne  auíii 
(dans  fon  cinquante-fixiéme  livre),  le  vingt-troi- 
Céme  de  feptembre  , un  peu  avant  le  lever  du 


CAP 

foleil , dit  encore  Suétone.  De  plus , Augufte 
mourut  le  quatorzic.ne  des  kalendes  da  fep. 
tembre  , ou  le  19  d'aoút  iSaéton.  ioid.  cap.  ico, 
Dion.  i.  ívi-  ) i ayant , felón  Suétone,  foixante- 
feize  ans moins trente  cin^Mrs,  ou,  felón  Dion, 
foixante-quinze  ans  dix  mois  vingt-fix  joars.  íi 
faut  done  qu’il  fur  né  le  2.3  de  feptembre;  cepen- 
dant 1.-  23  de  feptembre,  un  peu  avant  le  lever  du 
foleil,  le  capricorne  étoít  au  méridien  des  anti- 
podes : comment  done  Augufte  étcit-il  né  fous  ce 
íigne  ? Scaliger  ( de  Emend.  temp.  lib.  ir.  cap.  a. ) , 
& le  páte  Petau  ( de  DoB.  temp.  Lib.  x.  cap.  64  , 
& lib.  xt.  cap.  6.),  cifent  que  Suétone  s’eft 
trompé.  Babeloa , auteur  du  Commentaire  Dau- 
phin  fur  Suétone , a trouvé  un  moyen  trés-natu- 
rei  de  concilier  Suétone  avec  !ui-m.éme.  II  dit 
que  Théogéne  ne  prit  point  le  théme  de  la  naif- 
fance,  mais  celui  de  la  conception  d'Auguíte. 
Or , ce  prince  étant  né  le  23  feptembre  , jour 
auquel  le  foleil  entroit  dans  le  capricorne : mo- 
menr,  dit  Julias  Firmicus  (viii.  Mathém.)  , 
trés-heureux  dans  un  horofeope , & qui  ne  pro- 
met  pas  nioias  que  des  feeptres  & des  em- 
pires. 

Le  capricorne  étoit  , felón  les  Mythologues  , 
Pan  , Qui , á Tarrivée  du  géanc  Typhon  dans 
f Egypte , fot  faifi  d’une  relie  crainte  , qu’il  fe 
méramorphofa  en  bouc  par  le  haut,  8c  par  le 
bas  en  poiiTon.  Júpiter  , furpris  d’une  paredle 
métamorphofe , le  tranfporta  dans  le  cid.  On 
peut  vefir  fur  cet  afire  le  Ciei  Aji,  onomique  de 
Cselius  , pag.  89  , & Saumaife  fur  Solin  , page 

1^57-  _ . . , , 

Qiielques  anciens  reco'nnonTo'.ent  aans  !e  capn- 
corne'íd.  chévre  Amalthée , placee  dans  cette  conf- 
tellation  par  fon  illaftre  nourriffon,  le  fouyerain 
des  dieux.  Aratus  le  dit  expreffément : voici  fes 
vers  traduits  par  Germanicus-Cefar : 

lila  putatur 

Nutrís  ejfe  Jovis  , fi  vere  Júpiter  infaas 

Ubera  Cretes.  mulfit  fidijíima  Capr.‘  , 

Sidere  qui  claro  gratum  tefiatur  Aiuinnum. 

Ce  íigne  éroit  fous  la  proteítion  de  Vefta  > 
comme  le  dit  Maniiius  (rv.  245-)‘ 

Uefia,  tuos  capricorne  fovet  penetralious  ignes. 

Et  ( II.  445- ): 

Atque  Augujla  fovet  capricorni  fiera  Vefla. 

Capricorne  (le)  fe  trouve 
fur  les  médailíes  d” Augufte  frappees  a ’ 

mais  encore  fur  les  médailíes  de  Commag^n 
Syrie  & de  Cyzique.  ^ . 

C A P R I F I C A T I O N , maniere 
! figuiers , dont  les  anciens  ont  parlé  avec  a 


CAP 

tion  , & qui  fe  pratique  encore  aujourd\hui  dans 
Jes  ifles  de  rArchipel.  On  y rend  ks  ñaues  do- 
nieltiques  bonnes  á manger  par  la  piquüre  d’un 
iD-ecte  particulier  aux  figues  fauvages^  que  Ton 
tranfporte  fur  les  premieres  dans  cerraine  faifonj 
& GUI  les  fait  parvenir  á une  pleine  maturité. 

^ nom  que  donnoient  les  peu- 
p es  de  1 Arrique  au  jour  oü  ils  commen^oienr  la 
rerolte  du  miel.  Ce  jour  étoit  confacré  á Vul- 
Caín  j felón  Pline  ^xr,  ij-). 

CAPRIFICUS  Romuli.  V oyer  Figuier  fau- 
vage.  ’■ 


CAP 


CAPROTINE^  furnom  que  les  Romains  don- 
nerent  a Junon , en  mé.moire  d'uñ  fait  finoulier 
rapporte  dans  les  Saturnales  de  Macrobe  7 L i. 
c.  12.  Apres  que  Ies  Gaulois  eurent  quitté  Rome, 
Jes  peup^es  voifíns  j croyant  que  la  République 
ecant  epuifee , ils  pourroient  aifcment  fe  rendre 
maitres  de  la  viUe  , vinrent  faffiéger , fous  la 
conduite  de  Lucius , didateur  des  Fidénates.  I! 
ht  demanuer  aux  Romains  leurs  femmes  & leurs 
Jes.  ^es  efclaves  j par  le  confeil  d’une  d’entre- 
e..eSj  nommée  Philoris^  fe  revétirent  des  habits 
de  Jeurs_  maitreíTes  , &■  allérent  fe  préfenter  á 
I ennemi  , qm  ^ les  prenant  pour  les  Romaines 
cuil  avoit  demandées  5 les  diftribua  dans  touc 
le  camp.  Files  feignirenr  de  célébrer  ce  jour-lá 
une  tete  , & excitérent  les  capitaines  & Ies  foldats 
a fe  rejouir  & á boire  largemenr.  Enfuite  ouand 
lis  turent  enfevelis  dans  le  fommeil^  eües  dónné- 
rent  le  figna!  á la  vüle  de  deiTus  un  figuier  fau- 
vage.,  nommé  en  latin  caprificus.  Les  Romains 
londirent  auífi-tót  fur  leurs  ennemisj  rempÜrent 
Je  camp  de  «rnage  , récompenférent  le  fervice 
de  leurs  efciaves  par  la  liberté^  & avec  une 
1 ornrne  a argent  qu'on  leur  donna  pour  fe  marier. 
lis  inífituérent  auffi  une  féte  á Junon  ^ qui , en  mé- 
moire  du  _ figuier  fauvage  , du  haut ' duque!  k 
fignal  avqit  été  donné  , fur  furnommée  Capro- 
tine.  Le  jqur  auqucl  Rome  fut  ainfl  déüvrée  , 

& qu!  étoit  les  nones  de  juillet,  fut  appelé  les 
nones  caprotlncs.  Plutarque  & Arnobe  ont  aiiíH 
parle  de  cette  vidoire  finguiiére. 

Caprotines  fetes  de  Junon  caprotfne:,  qui 
fe  cékbroient  le  9 de  juület , en‘  faveur  des 
femmes  e.fc’aves.  Pendant  cette  folemnité,  elles 
couroient  & fe  battoient  á coups  de  fouet  & á 
coups  de  poings.  II  n'y  avoit  que  des  femmes 
pour  miniftres  des  facrifices  offerts  dans  ces 
fetes. 

CAPSARIUS , nom  de  Tefclave  qui  fuivoit 
les  jeunes  Romains  aux  écoles , & qui  portoit 
dans  une  boíte^  eupfa , les  livres  Se  ks’íetons 
néceífaires  pour  leurs  etudes.  Ce  nom  défignoit 
auíTi  Tefclave  oui  renfermoit  dans  des  boítes  par- 
ticuliéres  les  habits  de  ceux  aui  entroient  dans 
Jes  bains  publics. 

CAPSUS.  On  appeloit  ainfi  3 felón  Ifidore 
iz. ) 3 un  charioc  couvert^  carraca  uTtdique 


eontexíaj  rnais  datems  de  Yitruve  (x.  14.) , ce  mor 
nc  défígnoit  encere  que  l’efpéce  de  fiége ferméj  ou 
de  cofrre  fur  lequel  on  s'aíTeioit  dans  certains 
chars. 

CAPTIFS  (Rois)  du  Capitole.  Voyer  Rois 
captifs. 

CAPTURA.  Les  Romains  appeloient  de  ce 
nom  ks  gains  infames  que  faifoient  ks  proíH- 
tuées  3 & tous  ceux  dont  la  profeifioa  étoit  vile. 
{^SiLeto.  Caligul.  c.  40.  n..  j.).  - 

CAPUA3  en  Italie.  Capu.  6c  KAMnANO. 
Les  médailks  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  argenta  avec  kapü...  {Hunter). 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Ses  fymboks  ordinaires  font : 

Ün  fanglier. 

Un  lion. 

La  vidoire  couronnant  un  trcphée. 
CAPUCHO^.  Yers  le  milieu  des  bas-reliefs 
de  la  colonne  Trajancj  on  voitplufieurs  hommes 
vetus  de  grands  manteaux  avec  des  capuchons 
pendant.  On  ne  fait  s’ils  font  Romains  ou  étran- 
gers,  mais  ils  nknt  point  de  barbe  3 de  méme  que 
ks  Romains.  Les  Daces  3 au  contraire  3 portenc 
tous  de  la  barbe  fur  ce  beau  monument.  Un  peu 
plus  haut  des  hommes  ayant  de  la  barbe,  portent 
des  manteaux  avec  de  ícvaiAd.hle.s  capuchons . Voyez 
BA.RDOCUCULLUS. 

C APULA.  ■>  „ 

CAPULATOR.  ( appeioit  capu¿a  , un 

vafe  á deux  anfes  qui  fervoit  á tranfvafer  Lhuilc 
des  grandes  jarres  dans  de  petits  vafes.  Lorfque 
ks  empereurs  faifoient  des"  largeííes  d’huik  "au 
peiipk,  ceux  qui  la  luí  diítribuoient  étoient  ap- 
pelés  Capulatores.  lis  formoient  un  coliége3  ou 
une  Corporation  j car  Sextus  Rufas  & P.  Vidor 
placent  dans  la  troificme  région  de  Rome  une 
fckcla  capidatorum. 

CAPULARIS.  1 ^ , 

CAPULUS  ^ CapuLas  etoit  le  nom  d un 

cercueii ; & I'on  appela  par  analogie  capularis 
fenex  ^ un  vieillard  prés  d«  defcendre  dans  le 
tonabeau.  Plaute  Tappe^e  encore  capulí  decus 
( Afin.  V.  2.  42. ) : 

Perii  mifera!  ut  ofculatur  carnifex  , capulí  decus! 

CAP  U L AT I Sacerdotes  Dians.  Muratori 
(.Thef  Ir^cr.  5-12.  I.)  rapporte  rinfcription  fui- 
vante  , ou  Ton  peut  lite  Capulatí  8c  Capulatores. 
Voyez  ce  dernier. 

COMIKIAE 
L.  FIL 
VIPSANIAE 
DIGNITATI 
C.  F. 

COLlEGItJM 

CAPÜLATORUM 

SACERDOTUM 

3^IANAX» 


ííí?4  CAR 

CAPYS  , cere  d’AnchYe.  Foy^i  A%$k^ÁCm. 
CARACALLA  ( Aktoniíñ)  , fils  de  Septatie- 
Sévére. 

MaRcus-AüRELIUS  . Severus  . Antoninus  , 
Augustus. 

Ses  médailles  font:  CÁ.,Xrp 

C.  en  or;  au  revers  Ies  tetes  de  Septime-.e^^ere 

& de  Julie,  R ; píufieurs  autres 

C.  en  argent;  & R,  avec  íes  tetes  Qi.  b..v.re, 

de  Julie  & de  Géta.  ' 

R.  en  médaiiles  grecques  d argent. 

RRR.  en  médaiilons  grecs  d argent. 

C.  en  médaiilons  de  potm  d c-gyp-- 

^^C'en  G.  B.  de  coin  romain;  on  y trouve 

M.”B"pa™TieIq«ds  ¡1  7 a des  ,=ve,s 

rares. 


T.'  en  G.  B.  de  Colonies excepté  Ancioche 
de  Syrie. 

C.  en  G.^B.%ec  5 Ri  avec  Ies  tetes  de  Cara- 

; on  le  trouve  de  ce  module  avec 
fa  Ste  en  regará  de  celle  de  Julie . ou  avec  !a  tete 

de  Julie  au  revers,  R-  • 

■ 11  V en  a en  M.  ou  P.  B.  grecs  au  revers  de 
- GeAa  ; Spankeim  en  a publié  une ; ellas  font  raides. 
En  P.  B.  grec,  avec  fa  tete,  en  legara  de  P^a 

tille,  RR- 

RR.  en  G.  B.  d Egypte. 

Ceít  l’empereur  dont  on  trouve  le  pms  de  me- 
dail'ons  gre¿s  de  bron.e : Vaillant  en  a publie 
foixante  huir  ; les  médaiilons  latins  font  tres- 

'' Quelques  médaiiles  d’argent  & de  bronze  don- 

vere  i avuic  j Claude  le  Gothique; 

arge»  fin  que  fo^ 
détien  & fous  fon  collégue  aXiaxumen  Hercale. 

De  tous  les  emnereurs  qui  ont  portaje  nom 
V tonin  les  plus  difficiles  á diíbnguer  fur  les 

ronche  de  Caracalla  ^ cttte  ámevence  a tk  pas  a 

la  vérké  fort  feníible  fur  íes 
de  ces  deux  empereurs , pa^ce  qUw  ,aBi  l ig 
moins  diftinaes;  a=.  les  médaiiles  dEiagafaaie 
feules  portent  fouventuue  étoije  dans  le  champ  , 
5^.  CaracaUa  feul  eft  appelé  louvent  G£B.m.  cc 


CAR 

ERIT  ; 4®.  Caracalla  eft  rarement  appelé  imp.; 

le  méme  empereur  feul  pone  plus  de  tr. 

"OT  V.  ; d°.  Caracalla  feul  eit  appe;e  limpie- 
nieni  poktíeex  5 & il  ne  prend  le  titre  de  pon- 
tifex  MAXIMUS  qu  á fa  quatorzieme  puiüance 
tribuninenne. 

CaracaUa  affeda  d’aimer  les  arts,  mais  pee  la  . 
méme  bizarrerie  que  Caligula  , dont  il  avon  tous 
les  vices.  H ordonna  á toutes  Ip  vil’es  d elever 
des  íbtaes  á Alexandre-le-Grana  ; & 1 on  pouua 
á Rome  raduiation  , jufquá  en  elever  qm  por- 
toient  des  tetes  doubles,  cede  d Alexandre  & celle 
Caracalla  (Hírodian.  A 4.  5.  13.).  Les  guer- 
riei-s  de  rantiq,uité  qu  il  réveroít  ie  plus , etoient 
Annihal  & Svlla ; & ü chercha  auj  a perpetuer 
leur  m.émoire  par  le  moyen  oes  í-atues  .&  des 
bulles.  Quanr  á lui,  fes  portraics  font  rort  rares ; 

& on  ne  connoit  que  deux  de  fes  tetes^,  qui  le 

■ repréfentent  datis  fa  tres -grande  jeuneaeielles 

font  á Rome,  au  palais  Rufpoli.  Foyei  CiRQUE, 
Thermes. 

CARACALLE  , "í  yérernent  des  Gaulois  que 
CARACALLA,  i . 

Perroereur  Anronin  CaracaUa  mst  en  uGgepa  . 

Ies  íomains,  & qui  iui  fit  donner  ce  fmnom, 
fous  leauel  i!  eít  connu  aujourd'hui.  vetemgt. 
étoit  une  efpéce  de  manteca  tres-ampie  qm  M-, 

choñ  'Noús''apprenons  ce  dernier  dérail  de  Saint- 
SSf , qui , ¿arlant  a une  efpéce  paracuhere  de 
facerdot.)  qu  .1  re 
en  rout  aux  caracalus  , excepte  le 
n avoit  pas  ipalliohm  lamodurn  _ 

^ff^lcuis.  La  caracalla  avoit  done  oeaucoup 
de  reíTemblaoce  avec  le  '^-rdocucf:as,ld^ 
Foffrent  d’anciens  monumens  ’ p^ent 

étoit  plus  longue._  Les  ^o^^ns 
d’abord  des  Aruonunnes  , ^ ■ gj,  gt 

prince  qui  en  avoit  apporte  la  ^ 

revétir  tous  íes  foldats.  Dion  ( a-  ■ 7 ' ? 

comme  a un  vétement  g _ 

bare,  & fA.t  de  plajleurs  preces  ^oufaes 

ce  qui  les  diftinguoh  abfoeamem  d^e  u 
& de  la  toge,  qui  n etoient  coa.p  ^ 
feule  piéce  d^étoffe  fans  coature  On  ^ 

Conftantins,  les  femmes  poA..r  ic 

ainíi  que  les  hommes  C ^*"^jí'nmain  qui  nous 
ne  connoit  point  de  monument  r - ^j.^calle; 
ait  confervé  diftinétement  la  torme  ^ ceux 

^°r„oS  SoñfcS  d»  1 S’J¿cl«  B..7i.ocn- 

cuLLUS  & Capuchón.  t íttues, 

CARACTERES.  V.  EcrituRES,  L- 

h:  chaqué  lettre  en  particuher. 

Caracteres  de  muílque-  ^es 
voientpour  carañeres  daos  leur  ^ 
que  dans  rarithmétique , des  jett  , ^ une 

Mais  au-lieu  de  leur  donner  dans  U muuq 


CAR 

valstir  nurr.éralre  aui  marqaár  les  intervalles , ils 
fe  con:ento:enr  de"  les  employer  comme  íignes  , 
Ies  combinant  en  diverfes  manieres  , ¡es  muuiant 
les  ^.rcouplanr,  lescouchant  , les  retournant  dirre- 
reramenr  , felón  les  genres  & les  rtiodes  , comme 
on  peut  ie  voir  dans  le  Recueíl  ¿ Alypius.  Les 
Latins  les  imitoient,  en  fe  fervant,  a leur  exem- 
ple  j des  lettres  de  le^  alphabet  j & ¡1  nous  en 
relie  encore  la  lettrd^ointe  au  nom  ae  chaqué 
note  de  notre  tchelle  diatonique  & naturelle. 

CÁRALIS,  dans  rifaurie.  kapaaiQTGN.  ^ 

Cette  viile  a fait  frapper  des  mcdajlles  impe- 
riales grecques  en  Thonneur  de  Maximin  , de 
Donina. 

CARALL!A,en  Pamphylie.  KAPAAAmraM. 

Cn  a des  raédailies  imperiales  grecques  de  cette 
villcj  frappées  en  fhonneur  de  Julia  Domna. 

CARARE,  jadis  Luna  , petite  ville  de  Tof- 
cane  , célebre  par  le  marbre  blanc  que  1 on  tire 
de  fes  carriéres.  On  y en  atrouvé  depuis  un  demi- 
íiécle  des  veines  & des  couches  , qui  ne  le 
cédent  aux  marbres  de  Paros  ni  poar  la  fineffe 
du  grain  , ni  pour  la  beauté  de  fa  blancheur. 
La  plus  belle  efpéce  de  ce  marbre  eft  prefqu  auíTi 
dure  que  le  porphyre  j felón  Winkelmann  ( Hifi- 
de  l'Art.  Izv.  I.  ck.  2.  V. ), 

L’éditenr  du  muféum  Pro-Clémentin  a publié 
le  certificar  de  deux  infpeóleurs  des  carriéres  de 
Carare , qui  atteílent , aprés  un  mur  epmen  Sr 
nn  effai , que  f Apollon  du  Belvedere  n eft  point 
de  ce  marbre  , mais  qu'il  eft  de  marbre  grec. 
Rhaphaél  Mengs  s’eft  done  trompé  en  aíTiirant 
le  contraire  , de  cet  Apollon  & des  plus  belles 
ftatues  antiques  de  Rome.  II  en  concluoit  faufle- 
ment  qu'elles  n’étoient  pas  des  ongtnaux  , rnais 
des  copies  faites  en  Italie  par_  les  plus  hábiles 
artilles  5 car  les  Grecs  n’ont  point  connu  íes  car- 
riéres de  Carare.  Au  refte  , ion  Opinión  eft  vraie 
relativement  á quelques  ^ftatues  , en  tres-petit 
nombre. 

CARAUSÍUSj  tyran  en  Angleterre  fous  Dio- 
clétien. 

Carausius  Ausustus. 


Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  or.  . , , , , 

Elles  font  d'un  prix  ineñimable,  avec  la  le- 
gende  Virtus  Caraujli  du  cote  de  la  tete. 

RRR.  en  argent. 

11  y a des  reveis  plus  tares. 

R.  en  P.  B.  _ ^ 

On  trouve  des  reveis  de  P,  B.  qui  font  ties- 


rares.  . . 

II  y a un  médaillon  d’argent  de  ce  prince  au 
cabinet  du  roí. 


cílBfsÍNUS.V^^  défignérentdans 

rorigine  le  lin  & Ies  toiles  tiiTues  avec  les  fils 
de  cette  plante.  Pline  ( xix,  i.)  parle  du  ear- 
Aatiqaités  ¡ Torne  L 


CAR 

hafus  d’Efpigne , comme  d'ane  efpece  de  lia 
tres-fin  : Hifpania  citerior  kabet  fpler.Porem  lini 
precipautn  , torrentis  irt  quo  politiír  natura , qui 
alluit  Tarraeor.em.  Et  tenuitas  mira  , ibi  primurn 
carbajís  repertis.  C’étoit  de  ce  lin  que  Ton  fabri- 
auoit  ordinaireinent  les  voiles  tendus  au-de_lfus 
desthéátres  & des  amphithéátres,  felón  le  meme 
écrivain  ( ibidemS)  : carbajina  vela  primas  in  thea- 
tro  duxiffe  traditur  Lentulas  Spinter  luáis  Apol- 
linaribus.  Peut-étre  Ies  veftales  portoient-elies  des 
tuniques  ou  des  voiles  du  lin  appelé  carbifus  , 
comme  on  peut  le  conjeélurer  de  ces  paroles  ae 
Yaiére  - Máxime  (l-  l-  7-):  Máxima  virgine 
JEmiLia  adorante  , ciim  carhafum  , quam  optimam 
habebat,  foculo  impofuijfet  , jubito  i gnis  emicuiu 
Les  voiles  des  vaiíTeaux  éroient  tiiTues  ofdinai- 
rement  de  ce  lin ; c’eft  pourquoi  les  pretres  tes 
appeilent  carbajina  -vela. 

On  détoarna  par  la  fuite  ces  mots  de  leur 
fignification  premiére  ^ ppar  leur  faire  figniñer  le 
coton  j c^üi  etoit  I3.  rnaticrc  ¿c  ces  toiiCS  íi  c^— 
lébres  dans  l’Inde  & l’Egypte  , &_fi  recherchees 
á Rome  fous  les  empereurs.  Quinte-Ciirce^  dit 
que  Ies  Indiens  s’enveloppoient  ie  corpsjufqu  aux 
pieds  avec  le  caro  afas  ( /.  l<).  c.  I.)  : Carbafo  Indi 
corpora  ufque  adpedes  •velante  Nous  avons  déiiiori- 

tré  á Farticle  Byssus  ^ que  ces  toiles  des  Indiens 
éroient  faites  de  coton.  Ce  vegetal  fut  done  ap- 
pelé improprement  carbafus.  Solin  a donne  aufli 
le  nom  de  carhafa  , a des  rolles  d amiante  (c.  iiC)  • 
Carhafa  etiam  quA  Ínter  ignes  valent. 

CARBATINM  , chauíTure  groffiére  faite  de 
cuirs  ciads.  PoIIux  ( vn.  22. ) en  atrribue  Ihn- 
vent'on  aux  Cariens-  Xénophon  parle  de  carba- 
tinA  fzhes  de  cuirs  deboeiifs  rrés-récemmenttués. 
(Anabaf  iv.  ).  ]l  en  eft  fait  ir.enr.on  auili  dans 
un  poete  latín  C CatulL.  xcvi.  4.  ) : 

Tu  tamen  hac  lingua  , fi  unus  veniat  tibí,  pojps 
Culos  & trepidas  lingere  carhatinas . 

Ariftote  Ilih.  2.  Animal.')  d:t  que  Pon  mettok 
de  fembiables  chauuures  aux  chameaux  , pour 
éviter  Gu’ils  ne  blefiaífent  les  pieds- 

CARBO  , furnom  de  la  familie  Papiria. 

CARBULA  > en  Efpagne.  Carbüla. 

- Les  médailles  autonomes  de  cette  viile  font : 

RRRR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or.  . „ , 

Leur  type  ordinaire  eft  une  q.  re. 

CARCERES  in  circo.  Dans  Ies  jeux  olympi- 
oues  'me  ímple  corda  tendue  retenoit  les  ca- 
éaPe-s  &"les  chars  fur  la  ligne  appelée  baléis 
(voyer  ce  mot  j , jufqkau  figna!  ; !_a  corde  s’a- 
bauoit  alors  , & les  athietes  voloient  dans  la 
car-iére.  Si  on  en  juge  f^r  un  paflage  de  Lyeo- 
pV^roa  en  lubftitua  depuis  á la  balbts  un  íciie 

P??P 


666 


C A R 


long  étroit , quí  etoit  rsrxip'i  au  íignal  donné 
■par  un  inorceaii  de  bcis,  ou  une  lóngue  régie  que 
Ton  y iaiííbit  roip.ber. 

Les  Romains  ne  célébiérent  pendarff  long- 
tems  Íes  itux  , que  dins  des  enceinres  ou  des 
amphithéácres  conítrui's en  planches  & encierres 
- légéres  appelées  tuf , topkus.  Tite-Live  dit  qa’en 
i'année  ils  changérent  la  balbis  ázs  Grccs  , 

& qu'ils  conítruifi'íerst  pour  ia  premiére  fois  des 
carceres.  C’étoit  un  maffif  de  maconnene  , qui 
faifoit  la  corde  du  fegmenc  curviligne  lor'iTié  par 
le  cirque.  Douze  voútes  le  partageoienr  en  douze 
cfpaces  féparés  , femblables  á des  prifons  ; d'oú 
iui  vine  le  nom  de  carceres^  Douze  portes  Sxees 

une  méme  dérenre  , s’ouvroient  á-la-fois  au 
%nal  de  celui  qui  préíldoic  aux  je’aX;,  & laiífojent 
Ibrtirles  cavaliers  & les  chars.  Les  carceres étoitnt 
peintes  ^ comiTie  le  dit  Eniiius ; 

....  SpeBant  ad  carceris  oras  j 
Qm  mox  emittant  piBis  e faucibus  curras. 

Les  Fhilologues  du  dix  - feptiénae  íiécle  or.t 
donné  la  torture  á leur  inaagination  , pour  expli- 
qutr  commment  on  rachetoit  le  défavanrage 
Qu’éproiivoient  les  deraiers  chars  ^ qui  étant  pla- 
ces a i'autre  extrémité  de  la  ligue  balhis  , avoient 
?■  parcourir  un  efpace  beaucoup  plus  grand  que 
les  premiers.  La  découverte  des  fondations  du 
CmqtjE  de  Caracíiila.,  a fourni  une  explication 
trés-íimple  , que  Fon  trouvera  á fon  arricie. 

Carceb.es  dans  les  jeux  3es  latrur¡.caLi  ¡ étoient 
les  deux  bords  de  Téchiquier  j fur  lesquels  on 
mettoit  les  prifonniers. 

CARCHESIUM  , y,cicix,y,!ric*  , vafe  qui  fervoit 
dans  les  feílins  & dans  les  facrifices.  II  étoit 
aliongé  , évafé  & applati  vers  le  milieiK,  garni 
d'anfes  qui,  partant  prefque  du  bas  de  fon  ventre, 
s’élevoient  jufqu’aa-deíTus  des  bords.  C’eíl  ainíi 
que  le  dépeint  Macrobe  ( Sat.  v.  c.  21.  ) : Car- 
chejíum  procerum  efi  , & circa  mediam  parteni  com- 
prejfum  , anfatum  medzocriter  , aníis  a fummo  ad 
infimzim  pertir.entihus.  La  defcription  d^Athénée 
( ííh.  XI. ) eíl  conforme  a celie  de  Macrobe. 
Wirrkelmann  en  a decrit  pluíiears  fous  les  nú- 
meros III,  II2- , 8¿rc.  du  cinqaiéme  livre  des 
pierres  gravees  de  Stofeh.  Le  carchefiumxtoit  un 
des  plus  anciens  vafes  ; car  ce  fut  avec  ce  vafe 
que  Júpiter  pava,  felón  Athénée  'yibidem  ) , les 
faveurs"  d'Alcméne. 

C.írchesium.  Vitruve  appelle  de  ce  nom  une 
machine  qui  fervoit  á lever  des  fardeaux,  & que 
Lon  plaqoit  fur  un  charriot.  C’étoit  un  mat,  au 
haut  duquel  étoit  fixé  un  lévier  ; á f un  des  bouts 
de  ce  lévier  , étoient  attachées  des  cordes  pour  le 
tirer  , & le  poids  s'accrochoit  á Tautre. 

CARDA,  peut-étre  CARDIA  Sr  CARDEA. 
Macrobe  (^Saturnal,  l.  1.  c.  12.  ) fait  mention' 
d’ane  ¿ivinité  qu’il  appelle  Cama , laqaelié  , dit 


CAR 

cet  auteur,  préfidok  aux  parties  nobles  Se  au 
partios  vitales  tíe'fhomrae  , au  coeut , au  foie 
& á toas  Ies  inteltins  , dont  elle  procuroit  la 
fanté  ; & parce  que  Brutus  , ajoure  le  n:é:;ie 
écrivain , par  le  moyen  du  cceur  , c'eíl  á-áire 
par  le  fecret  du  cceur  , & par  fa  dilfimuiati-n , 
paífoit  pour  un  homme  utile  a'u  changemenc  sé 
á la  reforiiration  de  fEtat , ,il  bátit  un  temple  á 
cette  déeiíe.  11  avoir  dit  au'paravant  que  le  méme 
Brutus  revenant  viclorieux  le  premier  jour  de 
juin,  aprés  avoir  chaffé  Tarquín  , ht  un  facrifice 
á la  déeíTe  Cama , fur  le  mont  Coelius.  Vives 
( in  S.  Aug.  de  Civit.  De:,  I-  iv.  c.  8-  ) , Vigenére 
par  Eite-Eive  , t.  i.p.  660  & I16Ó.  ) , Kolinus 
^ dans  fes  antiq.  Rom.  l ii.  c.  Ip.  ) , & tous  íes 
autres  Fhilologues  confondent  cette  divinicé  avec 
Cama  dont  parle  Ovide  , ou  Caraca , comtne 
rappeüe  Saint  Auguftin  ( ¿e-Civh.  Del,  l.  ir. 
c.  ) , c’eft-a-dire , avec  la  déeíTe  des  gonds.  Ce- 
pendanc  Macrobe , qui  marque  avec  foin  toutes 
les  fonétions  de  la  déeííe  dont  il  parle,  ne  dit 
pas  un  mot  de  celle  de  préliaer  aux  goods.  D ail- 
leurs , le  foin  de  conferver  _ les  entrailles  de 
rhomme  , & celui  de  veiiier  aux  gonds  oes 
portes  , font  li  diíFérens  , qu  ils  ne  convienneut 
nulletnent  á la  méme  divinite.  On  a'voic  un  li 
erand  foin  de  ne  point  trop  accabler  les  rneines 
dieux  de  travaux  & de  foins , & de  les  muiti- 
piier  pltitót  á chaqué  oceupation  d’.írérente  que 
Ton  concevoit  dans  .le  détail  du  gouvernenient 
du  monde , qif il  eil  ridicule  de  croire  que  1 on 
ait  chargé  la  méme  déeíle  de  ces  deux  emplois. 
11  faut  reconnoítre  deux  divinites  dLiereni.es  5 
il  y a une  faiice  dans  Macrobe , & 1 on  doit  lire 
Carda  ou  Card¿s  , au-lieu  de  Cama.  Ce  nom 
venoit  du  grec  , le  caur , & ii  ‘U^ 

donné  parce  qu'elle  avoit  foin  du  coeur  ‘--S 
entrailles  , dont  il  eft  la  plus  noble 
leurs , outre  cette  fonftioa  de  la  déelTe,  1 aau  10 
que  fait  .Macrobe  , 0*1  que  ! on  fir , felón  _ o 
récit,  au  coeur  de  Brutus , exige  cette  correttion. 

CARDIA  , en  Thrace.  kafaia. 

Les  médaiUes  autonomes  de  cette  ville  fon».  - 
RRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Son  fymbole  eft  un  cceur.  , 

La  m^édaille  de  ce  numéro  , dit  le 
Caylus  ( üec.  i".  pL  Ji-  ) ‘^-'“A/été 

tete  ia  figure  d*un  cceur  en  renei  , ,• 

apportée  de  Conftantinople  avec  plu-íe..ir 
médaillcs  des  viiles  de?  hrace^,  n n ;/ 
doacer  qa'elle  n'appart:enne  a la  vi-le  d-  ' ^ A 
dont  ’e  nom  en  grec  fignifie  un  ^ AAe 

Solin  difent  que  ce  nom  luí  lut  donn-- , f 
que  le  lien  ca  elle  ctoit  fituee  , avon  a * c 
d’un  ccEur.  , ¿ 

Etienne  de  Byzr-nce  rappottq  de 
qu  elle  fut  aiali  appeiée  , de  ce  que  peni. 


CAR 

facriííce  cjue  faifoit  Hermockaris  en  la  bátiilant  j¡ 
le  coeur  de  la  victime  fur  enlevé  par  un  corbeau. 
Cette  viüejCui  étoit  dans  Ciilhme  de  la  Cherfo- 
néíe  , étoic  trés-coníidérable  & Démoítáéne  la 
regardoit  comme  le  boulevard  de  cette  peninfale.  i 
Faufanias  dit  oue  Lyíimaque  Tayant  fait  détru'.re  , 
bitit  tout  auprés  une  autre  viiie  qui  fut.  sppelée 
de  fon  nom  , Lyfimachij.. 

CARDINALES.  Dans  le  livre  des  offices  de 
Théodofc  j les  prcfets  du  prétoire  de  l’Aúe  , & 
le'  préí-et  de  FArrique  ^ font  appelés  cardinales  , 
prmcipaux,  ou  premiers  entre  les  autres  piéfets 
de  rÉmpire. 

CARDINEA.  Voyez  Carne. 

CARDINE  Lanzo  (ai).  Miiratori  (qaj-  8. 
Tkef.  infe, ) rapporte  rinfeription  fuivante  : 

1.  ANNIUS.  L.  L.  AÜCTÜS 
AB,  CARDINE.  LANIO 
VIXIT.  BONUS.  AMICUS. 

CARDINES  étoient  Ies  efpaces  pratiqués 
dans  Ies  rhéátres  & les  amphithéátres  ^ entre  les 
gradins  appelés  canez  ¡Se  qui  fervoient  á y aborder. 

CARENUM.  ) 

CAR-jáNUM.  r bes  Grec  & les  Lanns  i 

KAPOINON.  3 déíignoient  foiis  ces  noms  j 
du  vin  doux  réduit  par  la  cuiíTon  aux  deux  tiers 
de  í'on  volume.  P.üladiusX  ¡rrrz.  7.  ) appelle  ca- 
renarla , les  chaudiéres  dans  lefquelles  on  le  fai- 
foit  caire. 

C ARICAD  ¡ efpece  de  ligues.  N.  Figuier. 

CARiC.ATURE.  C'eít  le  burlefque  de  la  pein- 
ture  & de  la  fculpture.  Les  artilles  anciens  nous 
ont.laiíle  quelques  fruits  de  ce  libertinage  ddíma- 
gination.  On  voit  a Portici  une  repréfentadon 
ridiculez  ou  , íi  Fon  veat  , une  parodie  d't- 
née  porrant  Anchife  fur  fes  épaules  ^ & tenar. t 
le  petit  Afcágne  par  la  main.  Ces  trois  figures 
ont  des  tetes  d’ár.e  5 & auprés  da  grouppe  qu'eiles 
forment  ^ fe  troiive  un  autre  áne  qu:  n’a  pas 
un  pouce  de  hruteur  : il  elt  debout  fur  fes 
pieds  de  derriére  , & couvert  d’un  mantean 
d'argent.  Le  comte  de  Caylus  (Rec.  ni.  p¿.  ~¡G. 
nüm.  í.)  a publié  une  caricaturé  de  bronze 
qui  repréfente  un  áne  vera  de  ¡a  toge  ^ comme 
un  confulaire-  II  y en  avoit  un  pareil  au  cabinet 
des  Jéfuites  de  Rome  ; &:  le  cardinal  Albani  en 
pTjffidoit  un  femblable.  Voyee^  aufli  á Fárdele 
d’.ALCMÉNE  j la  parodie  de  fes  amours  avec 
Júpiter. 

CARIOLO.  Voyser^  Cnariclo. 

C-ARIE.  Les  rois  de  Cup-ie  dont  on  a des 
médai-ies  font : Maufole,  Idrieus  , Pixodare. 

Leur  r.’pe  ordinaire  eft  un  homrae  debour  j 
te.nant  une  maíTue  Se  une  halle. 

C.ARllS.  Voyi[  Carinvs. 


CAR  ^^1 

CÁRÍN2E.  On  appeloit  á Rome  ^ de  ce  nom  , 
quelques  bátimens  fitués  auprés  du  coiiíee  le  au 
pied  des  Efqiiiiies.  Les  uns  font  venir  ¡eur  nom 
de  la  forme  Se  leur  ccnílruclion  , qui  les  faifoit 
reíTembler  á des  navires  ; d’autres  á cette  meme 
forme  qu'oífroit  la  vallée  dans  laquelle  ils  étoient 
batís  ; & Yarron  enña  ¡ du  mocgrec  K¿fXitéce  , 
parce  qu’ils  étoient  fitaes  á Fentrée  de  la  voie 
facrée. 

CARINARIUS.  Voyez  CerináRiüs. 

CARINAS  , farnom_  de  la  famille  Albia. 

CARINUS  ¡ fils  ainé  de  Carus. 

Marcüs- Aurelios  j Carinus  j Augustos. 

Ses  médailies  font  : 

RRR.  en  or.. 

RRRR.  du  méme  métal  , avec  fa  téte  & cellc 
de  Numérien  : au  revers  , Victoria  augg.  ^ 

RRR.  en  argent-quinaire. 

RR.  en  médaiílons  de  bronze.  II  y a quelques 
revers  qui  font  plus  rares. 

RR.  en  M.  B. 

C.  en  P.  B.  de  coin  Romain  & d'Egyptc. 

CARISIA  ¡ famille  romaine  dont  on  a des 
médailies  : 

C.  en  argent. 

RR.  en  bronze. 

O.  en  or.  , . , . 

Goltzius  en  a publié  qXielqueS  médailies  in.. 
connues  depuis  lui. 

Carisia  ¡ en  Efpagne.  cari-  carisi. 

Hunter  poíTédoit  deux  médailies  de  bronze 
avec  les  légendes  ci-deífus  3 & avec  un  cavaher 
courant  au  galop  , que  M.  Combe  attrioue  a 
Carijia. 

CARISSIML  Les  empereurs  de  Conilanti- 
nople  appeloienc  de  ce  nom  les  mtendans  des 
provirxes  , & pluíieurs  autres  de  leurs  officters. 
Conñantin  donne  ce  nom  á Vénnus  ( leg.  r. 
¡r.  de  feriis.  ) j Gratien  Sr  Valentinien  le  donnent 
á Hypatius  & á Lampadius  C b 7.  de  Sufeept.  ). 

CÁRISTIES.  Voyei  Charisties. 

CARIES  3 fils  de  Júpiter  & de  la  Nymphe 
Thorrébie  , fe  promenant  un  jcur  fur  Ies  deux 
bords  du  lac  Thorrébie  , entendit  le  chant  des 
Kvmphes  3 & apprit  d’eiles  la  muíique  3 qu  il 
enfeiana  enfuite  aux  Lydiens.  En  recompenfe 
de  ce  bienfait.  ils  lui  décernérent  les  honneurs 
divins  3 & lui  bátirent  un  temple  magnmque  fur 
une  montagne , qui  prit  le  nom  de  Carias. 

Carius  étoit  auffi  une  épichéte  de  Júpiter 
chez  les  AIyla(íiens_^3  avoient  peut  - erre 

appris  ce  cuite  des  Cariens. 

C ARMAaOR  3 étoit  un  habitant  de  Tarrha  3 
ville  de  ¿rete  3 qui  e.xpia  Apollon  du  meurtre 
fer^^ent  Pvhon.  Ce  dieu  fe  fervoit  quelqaefois 
de  b'^maifod  -de  Carmar.or , pour  fes  exploits 
amoureux.  V.  Ac^CALLIS.  ( Raafanias. ) 

p p p ? IJ 


£6S  CAR 

CARME  & Carmis  Nymphe  que  Júpiter 
rendic  mére  de  Britomartis.  Ene  eíoit  cherié  de- 
Diane  ^ parce  qu  elle  aimoit,  comme  cette  déeflej 
la  chaffe  Se  Ies  bois-  Minos  ^ enfiammé  d'amour 
pQur  elle  , la  pourñiiyit  un  jour  íi  vivement  j 
qu'eile  fe  orécipita  dans  des  filets  de  pécheurs , 

8c  y périt."  Les  Crétois  & les  Egiaétes  luí  ren- 
doient  les  honneurs  divins.  {Paufan.  Corinth.). 

CARMELES  , divinité  des  Syriens  qui  habi- 
toient  aux  environs  du  M-ont-Carmel.  Elle  na- 
voit  point  de  temple;  mais  oti  lui  avo’t  confape 
un  autel.  Tacite  dit  que  c’eft  un  ptétre^du  dieu 
Carmelas , qui  prédit  á \ efpalien  qu  il  feroit 
empereur.  ( Tadt,  Hijl.  iJ.  78.  & Suet.  Vefp. 

e.  3.  )- 

C ARMENLA,  fameufe  devinereñed' Arcale, 
rendit,  dit-on,  fes  oracles  en  vers  , ce  qui  luí 
& donner  ce  nom.  Elle  eut  de  Mercure  , Evan- 
dre  , avec  lequel  elle  fe  tranfporta  en  Italie  , ou 
Faunus  , roi  du  Latium  , les  recut  favorable- 
ment.  Aprés  fa  mort,  elle  fut  admife  parmiles 
dieux  indigétes  de  l’Italie  , & denaa  fon  nom  á 
une  porte  de  Rome , ainii  qif  á une  féte  célebre. 
On  appeioit  auiTi  Carmentes  , toutes  les  devme- 
refles  , Ies  prophéteíTes  & toutes  les  femmes  en- 
thouíiañes.  Denys  d'Halycarnaffe  ( //á.  i.),  & 
Plutarque  ( prohl.  56.  ) difent  que  Carmelita  ttov. 
la  meme  divinité  que  les  Grecs  appeidieiit 
Thémis. 

CARMÉNTALE  (la  porte)  eñ  détruite. 
Elle  étoit  placée  fur  le  bord  du  Tybre,  au  pied 
du  Capitole  ^ dans  la  place  appelée  Montanara. 
Elle  portoit  auíli  le  nom  de  fcélérate  , parce 
que  les  trois  cens  Fabius  défaits  par  les  Etrufques 
fur  les  bords  de  la  Crémére  , étoienc  fortis  de 
Rome  par  cette  porte. 

CARMENTALES  ^ féte  que  eélébroient  rous 
les  ans  les  méres  de  famiile  , en  Thonneur  de 
Carmenta.  Cette  féte  fut  établie  au  fujet  de  la 
réconciliation  qui  fe  fit  entre  les  dames  romaínes 
& letirs  maris  , aprés  une  affezlongue  bromllerie,. 
caufée  par  un  arrét  du  fénat  , qui  avoit  défendu 
aux  femmes  Tufage  des  chars.  La  réconciliation 
fut  fuivie  d’une  grande  fécondité , en  mémoire 
de  laquelle  ern  célébroit  la  tete  carmentale  , le 
18  des  calendes  de  février  , c’eíf-á-dire , le  15 
janvier. 

fe?  CARMENTALIS  flamen  ; cétoit  un  des 
quinze  ñamines  de  Rome  , quí  étoit  confacré  á 
Carmente.  Voyei^  Flamine. 

CARMINATORES.  Muratori  ( 984.  7.  Tkefl. 
infer.  ) rapporte  f infeription  fuivante  : 

D.  M. 


CXX.  iOCA 
SUNT.  LANARIOR. 
CARÍÍINATOR.U.M 


CAR 

SODAII  qUAE 
FACIUNT.  IN.  AG.  P.  «. 

AD  VIAM  P.  LV 
C.  TIFERNIUS.  C.  F.  POTENS 
EJUS  PATER 

IT.  TEIA.  MATER.  FILIO 
PIENXISSIMO 

Les  Romains  entendoient  par  le  mot  carmi- 
nare , Tart  de  carder  & de  peigner  la  laine. 
C-4RMÍS.  F'oyei  Carmé. 

CARMO  , en  Efpagne.  Carivío. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 
PiR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Leur  type  crdinairé  confiñe  en  deux  épics. 
CARNA. 


CARNEA. 

CARNE. 

CAE.DINEA. 


DéeíTe  révérée  chez  les  Ro- 
mains. Elle  veilloit  á la  fú- 
tete des  gonds  , cardines  , comme  il  paroít  par 
ie  íixiéme  Livre  des  Falles  d'Ovide  , v.  loi. 
Elle  eft  appelée  auRi  Cardea  par  Saint  Augullin  ; 
mais  il  ne'faut  pas  la  confondre  avec  Carda  > 
ou  Cardea.  Voyez  ces  mots.  Cependant  plu- 
fieurs  Pbilologues  r/en  ont  fak  qu’une  feule  di- 
vinité ; & ils  appelíent  auíTi  Cama  ou  Carne , la 
déeíTe  qui  préfidoit  á'Ia  chair  & aux  parties 
nobles  du  corps  humam.  On  ne  lui  facrifioit 
de  poiíTon , Sí  on  ne  lui  offroit  que  de  la  bouuiie 
de  farine  de  féves  avec  du  lard. 

' CARNÉADES. 


CARNEES. 
CARNÍEN. 
CARNIENNES.  i 
CAR  N IES. 
CARNES. 


Fétes  célebres  dansprefque, 
toutes  les  villes^  de  la 
Gréce,&  fur-tout  a Sparte, 

oú  elíes  furent  établies  dans  !a  vingt  - fixiéms 
Olympiade.  Quelques  Mythologues  ont  cru  que 
la  divinité  en  l'honneur  de  laquelle  les  carnees 
avoient  été  inílituées  , étoient  Júpiter  , mais 
Alemán  dit  expreffément  que  e étoit  Apol  on- 

Carv-ien  , Káfvetar.  • r • • Ii» 

On  confacroit  les  neuf  jours  qus  fuivorent 
1 2 du  mois  carneas  , auquel  répondoit  le  mol 
métagitnion  des  Atbéniens  , á célébrer  les  as- 
nees , en  vivant  & s'habiiíant  comme  dej;  lowats 
dans  un  camp.  On  dreíToit  méme  neuí  , 

fous  chacune  defauelles  neuf  citoyens , cn_ 
dans  trois  diíférentes  tribus  , demeuroient  nuit 
iour  3 & cbckToient  au  hémut  pubnc  ( 

Deipn.  Uh.  IV,  Callimac.  in  Apol.  , & Rut 

Phhlon  ).  Iíéfychiu?appelle«ytr;;^rle  pjretre  qu^ 

offroit  Ies  facrifices  pc-ndant  ces  fétes.  lie 
écrivain  dit  auííi  que  Ton  élifoit  cinq  citoyens  p 
dans  toutes  les  tribus,  qui,  fous  le 
TAi  préíidoient  a ces  fétes  quaire  zns  de  ^ * 


C A R 

pendant  lerquels  iís  ne  pcuv-oiínt  ib  íTiatier.  I es  | 
CJ^'-CíS  étoient  accompignées  de  jeux  & ce 
corr.bats  ; les  nauíiciens  er.tr’autres  difputoient  un 
prix  en  chanrant  certains  vers  , appelés  Ka?>‘.'íf 
my-oi , 8c  Terpandre  gagna  le  premier. 

Les  anciens  Scholiaiíes  rappoitoient  pluíieurs 
étymologies  du  furnotn  de  Carníer.  , 4Q¿ine  a 
Apoüon.  Soüs  le  régne  de  Codrus.  difej^nlR’uns  , 
les  Héracüdes  , rnarchant  tians  rÉtolie  centre  les 
Acarnaniens , le  devin  Carnus  leurapparut  & leur 
prédit  des  malheurs.  !ls  le  prirent  pour  un  magi- 
cien , & Hippotes  , ñls  dLAlés , Tiin  á’eux , le 
perga  d'une  fiéche.  La  pefte  fe  répandit  auífi-tót 
dans  leur  armée  , & Ton  attribua  ce  malheur  á ¡a 
mort  du  devin  dLA.carnanie.  Hippotes  fe  condamna 
de  lui-méme  á fexüj  & Ton  inftitua  les  Carnees 
pour  appaifer  le  proreéleur  des  devins  , Apollon  , 
qui  en  prit  le  furnom  de  Carnitn.  Le  fcholiaíte  ae 
Lindare  derive  ce  furnom  arro  r5»x;ífsSy , des  hre- 
bis , parce  qu’ApolIon  avoit  gardé  Ies  troupeaux 
d'Admette  , pendant  fon  exil  fur  la  terre : d’autres 
enfin  le  font  venir  d'un  favori  dLApcdlon  , appelé 
aufli  Carnus , fils  de  Júpiter  Sr  d'j:.uropej  felón 
Hefychius,  Scc.  &c- 

CARON  , voyei  CHARON. 

CAROPUS  , roi  de  Syme  eut  de  ¡a  nymphe 
Aglaia  un  fils  , appelée  ?liréé.  Fbyí^  Niree. 

CARPE.  A Lépidotum;,  vilie  fituée  fur  ia  rive 
droite  du  Nil dans  le  dilirict  de  la  Thébaide  , on 
ne  mangeoit  pas  d’un  poiíTon  , dont  rhiftoire  a 
été  long-temps  obfeure  &c  confufe.  On  favoit 
bien , par  un  p'alfage  d’Athénée , qu^il  appartencit 
au  genre  des  carpes  5 mais  il  a fallu  faire^  des  re- 
cherches  pour  pouvoir  en  fixer  Pefpéce^qui  ( P aw, 
recher.  fur  les  Ckinois  , i , p.  15^)  P^toit  etre 
celle  de  la  ca^e  roujfe  ^ Cyprinus  rufefeens  niloti- 
cus  Linnsi.  Sft.  nat.  t.  i , p.  52.8.  ).  Ceux  qui 
Pont  pris  pour  la  Dorade  ^ confacrée  chez.  les 
Grecs  á la  Vénas  Cythéréenne  , qui  eft  certaine- 
ment  la  Nephthis  de  l'Égypte  , ou  la  femme  de 
Typhon,  ne  font  pas  attention  que  la  Dorade  eñ 
un  poiíTon  trop  remarquable  , trop  aifé  á recon- 
noítre , pour  que  les  Ecrivains  Grecs  fe  fuíTent 
mépris  au  point  de  changer  le  rerme  ás  Cryfo- 
phris , ufité  parmi  euXj  en  celui  de  Lepidotos  : 
ce  mot  ayant  d’ailleurs  été  deja  employé  dans  Ies 
Orphiques  5 & enfuite  par  Hérodote  , qui  a cru 
que  cette  carpe  roujfe  avoit  éte  rejetee  du  regime 
populaire  de  toute  Pétendue  de  l’Egypte  ^ ce  qui 
eft  fans  vraifemblance  _ , ^ 

Dans  les  Lithiques , attribués  ordinairement  a 
Orphée  i!  s’agit  d’une  pierre  dont  1 eclat  argen- 
tin  imitoit  celui  des  écailles  du  poiíTon  lepidotos : 
or  il  y a des  efpéces  de  carpes  dont  Ies  ecailles  font 
fort  groffes  & affez  luifantes.  Mais  jufqu  a pré- 
fent  les  naturaliftes  n’ont  pas  connu  cette  efp«e 
de  pierre  ¿o.it  il  eft  auffi  fait  mention  dans  Pline. 
M.  Paw  foupqonne  cependant  que  c’éroit  une 
pyrite  arfénicaJe , blanchátre,  qu’on  taiiloit  á 
íácettes» 


CAR  ^69 

CAHPÉE  j Carpsa  ^ du  grec  C’étoit 

une  efpéce  de  danfe,  ou  d’exercice  militaire , en 
ufage  ‘chez  les  iEnianes  & les  Magnéiiens.  La 
carpée  confiftoit  en  ce  que  deux  homir.es  armes 
concrefaiioient  Pun  un  laboureur^  & Pautre  un 
volear.  Le  laboureur  mettant  bas  fes  armes , fe- 
moit  ou  faifoit  femblant  de  femer  , puis  prenoit 
le  manche  de  fa  charrue,  8c  iabouroit  fon  champ^ 
regardant  fans  ceífe  de  tous  cotes  , en  homn'.e 
inquiet  8c  qui  crainr  d’étre  furpris.  Le  voleur  en 
eftet  paroiífoit ; le  laboureur  alors_  quittoit  fa 
charrue  , prenoit  fes  armes  , & comoattoit  pour 
défendre  fes  boeufs.  Tout  cela  fe  faifoit  au-fon 
de  la  flúte  & en  cadenee.  Tantót  le  laboureur  ^ 
8c  tantot  le  voleur  étoit  vaincu.  Quand  le  voleur 
étoit  viélorieux  j il  emmenoit  les  boeufs  du  la- 
bouteur.  Xénophon  parle  de  la  carpee  dans  le 
fejlin.  de  Seutkas  le  Tkrace.  Voyez  auíli  Scaüger 
le  pére.  {Poet.  l.  i.  c.  18.)  C’étóit  apparemment 
un  exercice  inftitué  pour  apprenire  & pour  ac- 
coutumer  les  payfans  á fe  défendre  centre  Ies 
incurfions  des  brigands  ^ ou  de  Pennemi. 

CARPENTARIUS.  Ce  nom  défignoit  chez  les 
Romains  dans  fon  origine  , Pouvrier  qui  faifoit 
des  chariots  couverts  appelés  carpenta.  II  s’appli- 
■qua  enfuite  á ceux  qui  fabriquoient  toutes  fortes 
de  chariots  ou  de  chars  , aux.  charrons  ^ & er.fin 
aux  ouvriers  que  nous  appelons  en  franqois  char- 
petitiers  y c eñ  fans  doute  dans  ce  dei.nier  fens 
que  Végéce  étabik  que  chaqué  iégion  aup  á fa 
fuite  des  carpentarii  ( /L.  1I-)  Quoiqu  á la  ri- 
gueur  on  pourroit  reñreindre  ici  carpentarios  a 
ceux  qui  faifoient  , raccommodoient  ou  condui- 
foient  les  carpenta  deftines  aux  tranfports  des 
armes des  machines  de  guerre  & des  malades 
de  ia  Iégion.  Car  Lampride  raconte  de  Sévére- 
Alexandre  ( c.  47.  j qu’il  vifitoit  dans  leurs  rentes 
tous  Ies  foldats  malades  ^ & qu’il  les  faifoit  tranf- 
porter  fur  des  chariots  : JEgrotantes  ipfe  vifitavit 
per  tentarla  milites  , etiam  ultimas  j é?  carpentis 
vexit. 

CARPENTVM  j char  ou  chariot  á deux  ou 
a quatre  roues , couvert  ou  découvert.  Ce  mot 
défigna  d’abord  un  chariot  quelconque  > mais 
on  le  reñreignit  par  la  fuite  au  chariot^  orne  , 
couvert  & a qua‘tre  roues  ^ dont  fe  fervoient  les 
dames  romaines  ^ Ies  ímpératrices  , les  veftales  , 
les  prétres  8c  certains  grands  officiers  de  Pem- 
pire.  Ovide  derive  le  mot  carpentum  de  Carmeate^ 
mere  d’Evandre  ( Faji.  i.  019.  ) : 

Nam  przus  Aufanias  matres  carpenta  vekebaní. 
íí&c  queque  ah  Evandri  dicla  párente  rear-. 

Les  chariots  dont  les  labourenrs  fe  fe^oient 
pour  tranfporter  leur  fumier  ^ font  appeles  car- 
penta par  Palladius  ( x.  l.  ) ; Vni  jugero  affent 

Calumella  viginti  quatuarparpenta  Jlercorts  fufficerp 

Les  AÍains  < peuple  errant  nómade  ^ trsnt-' 


CAR 

CARPIS CULUS  j chauíTure  des  Ilornsíns  que 
Ies  Grecs  appeioienc  ■¡^wjrjcioí,  & Jies-j-ísvií'P  CWs 
mo.ts  grecs  nous  apprennent  que  le  ccrfijcuíus 
étoit  ouvert,  c’eít-á-dire  , découpé  en  pluiieurs 
endroits.  Aurélien  ayant  vaiiip  les  Carpí , peuple 
d’ Afrique  , fut  decoré  par  le  fénat  du  furnom 
Carpicm  i Vopif.  c.  30.  ) , comme  il  Favoit  été 
des  fiáfems  Parthlcus  , Gotmcus  , 8;c.  Miis 
cetre  nou^cile  dénominatioa  r.e  jui  fut  pas  agréa- 
ble,  á caufe  de  Fanalogie  qui  íé  trouvoit  enere 
Carpíais  & Carvifculus. 

Carfisculus  étoit  auíTi  un  ornement  d'archi- 
teólure , réfendu  pluíleurs  fois  peut-etre  celui 
dont.on  décoroit  les  naiflances  des  frontons,  & 
qui  refíembloit  a un  acroñole.  II  en  eíl  fait 
mention  dans  l’infcription  fuivante  : 


670  CAR 

•'ortcieni  leurs  femntes  & leurs  enfatis  fur  des  , 
krpenta  ( Ammian.  31.2.)^  Qui  leuv  feryoient 
deV.aifons  : Can  carpentís  , ía  quibiis  hahitant. 
Les  Ro-fiains  s'en  fervoient  audi  poar  les  voyages 
( Theo¿.  -lÍD.  viií.  Ug.  i8.  )j  fe  Apuiée 

XI.  ) fe  tranfporta  á Rome  fur  un  cha- 
riot  de  cetce  efpéce  ; Romam  dekznc  carpento 
pervoíavi.  On  vit  íes  chefs  des  Gaulois  com- 
batiré fur  ces  chariots  ; & Bituitus , 1 un  d eux, 
fut  conduit  á la  fuite  du  triomphateur  fon  vain- 
queur;,  dans  un  carpenturn  d’argenr  ^ fur  lequel  il 
avoit  combatm  ( Floras,  ni.  2.  ) ; Rex  Bitiátus 
argénteo  ín  carpento  , qnalis  pugnaverat. 

Le  carpenturn  fut  tiré  de  la  claíle  des  voitures 
£mp!es  & corninunes^par  1 ufage  qu  en  firenydans 
Rome  les  dames  romaines.  11  etoit  aiors  atteie.  de 
mules  (^Lampr.  Helíogah.  4.  ■ : r acia  funcfenatus. 
amfulta , qu&  vekerentur  carpento  mularí  j Ctttt  ■ 
diñinótion  n'^appartint  qu’aux  dames  les^  plus  il- 
luftres  & aux  princeíTes  ^ & ce  fut  le  fenat  qui 
la  leur  accorda  des  le  tems  de  la  repubiique.  Les 
empereurs  firent  du  carpenturn  un  ufage  habitué!, 

& cet  ufage  devint  une  des  prérogatives  des  Au- 
guiles.  lis  le  permirent  cependant  fous^  le  bas- 
empire.  1°.,  au  préfet  du  prétoire  ( Cajjhd.  V tt. 
VI.  : Ipfe  primum  hujus  dígnítatís  ínfulas 
confecravít , ípfe  carpenturn  reverendas  afcendit. 

Au  vicaire.  Je  Rome,  {íbíd.  vi.  i\.)  : Ad 
fimílitudinem  fummorum  carpento  veherís.  Les 
Pontifes  & les  Flamines  fe  fervoient  auíii  du  car- 
venfdtn  , furtout  poiir  tranfporter  au  capitoie  les 
*chofes  facrées  qui  ne  devoient  point  étre  ex- 
pofées  aux  regarás  des  profanes.  'Tzát&  {A.nnal. 
xii.  42.  3.  ) ,"le  dit  expreífénaent : Suum  qaoqae 
faflígium  altíus  extollere  , carpento  capítolíum 
íngredí  , qui  mos  faceraotíhus  facris  antiqui- 
tíLs  concejfas.  ,On  vit  auíTi  le  carpenturn  parcitre 
dans  les  pompes  du  cirque,  d’oú  iui  vint  le  Im- 
tíovo.  pompatícum  (^Ifidor.  xx.  12.  ) II  povtoit  les 
images  des  irnpératrices  mortes  , á la  fuite  de 
celles  des  empereurs  , qui  etoient  placees  fur  des 
chars.  Ge  fut  Caligula  qui  accorda  cette  préfo- 
gative  á la  mémoire  de  fa  mere  ( Suet.  Calíg.  c. 
15.  ) ; Inflítuít  matri  círcenfes  , carpentumque  quo 
ín  pompa  traduceretur.  MeíTaline  & Agíippine 
robtinrent  des  íeur  vivant. 

On  volt  des  carpenturn.  poinpiztícum  fur  les  mé- 
¿ailles  de  Julie  , d’Agrippine  & de  queiques 
siirres  princeíTes.  Les  tombeaux  étrufques  de 
marbre  , publiés  en  'grand  nombre  par  Gori;  en 
offrent  auíÜ  plufeurs  ; & -Fon  en  trouve  quel- 
ques-uns  dans  Ies  peintures  d’Herculánum. 

Vopifeus  nous  apprend  de  l’empereur  Aüréüen, 
qudi  fe  promenoit  dans  un  carpenturn  pour  fe' 
délaíTcr  áes  fatigues  du  goiiverrrement , en  s’en- 
tretenant  fámiliérement  avec  fes  amis  : Ihí  cíim 
animas  caaCs  atqae  a.  negotiis  publicis  folutus 
ac  líber  vacaretj^  fermonem  multiim  ¿ palatio 
¡zfquí  ca,  kortos  Valerianos  inflítuít. 


XEGPLAS  AENEAS  A.ÜÍ1.ATAS 
CUM  CARPISCULIS  EX 
VESXIXURIS  BASIUM. 

gÍIp™'  } Ecuyer  tranchant. 

CARQUOIS , pkaretra  8c  coryms.  On  trouve 
des  carquois  de  pluíieurs  fortes  fur  les  monumens 
antiques  ; mais  il  feroit  difficile  d’affigner  á quel-. 
qués-uns  excluíivement  aux  autres,  certaintems, 
ou  certaines  contrées.  Nous  allons  pourtant  en 
faire  mention , afin  de  donner  aux  peintres  le 
moyen  de  jeter  de  la  variété  dans  leurs  compo- 
ñtions.  II  y a des  carquois  ronds  5c  terminés  en 
pointe  ornee  : d’autres  refl'emblent  á un  obéiifque 
dreífé  fur  fa  pointe ; d'autres  enfin  qui  renferment 
ordina'irement  Farc  avec  les  fleches , fontcontour- 
nés  comme  les  confoles^ur  iefqu^es  on  p.ace 
des  bulles  , ou  qui  porrent  les  cornTChes. 

Carquois.  On  en  volt  un  fur  les  medaiües 
de  CnolTus , de  Cos , de  Myndus , ae  Sinope  , 
de  TheíTalonique. 

. CARRACO  , retranchement  fait  avec  d^ 
chariots.  íl  en  eíl  fouvent  parlé  dans  Végece,  8c 
dans  les  écrivains  de  Fhiftoire  des  Auguííes. 

CARRARE.  F'oyeq^  Carare. 

CARREFOURfe  Muratori  ( 98.  ;•  Tkef.  Infcr.) 
rapp&rte  Finfeription  fuivante : 

BIVIIS  XRIVIIS 
QUADRüVnS 
EX  VOTO  SUSCEPTO 
POSUIX  PRIMUS 
VICXOR 
V.  S.  L.  í.  M. 

On  croit  qu  elle  s'adreíTe  aux  génies  des  earrtn 
fours. 

CÁRRJí.,E,  en  Méfopotamie.  kapp. 


6-?t 


CAR 

Les  médailles  ?.urnnomes  de  cette  vílle  fcnt; 

BRRR.  er.  bronie.  ( ) 

O.  en  or; 

O.  en  argenr. 

Haym  lui  en  a attribué  qui  appartiennent  á 
Cartha  , dans  Tifle  de  Ceos. 

Dcveniie  Colorde  Romaine  , eüe  a fait  frapper 
deis-  n-;édail!es  grecques  en  Thonnear  de  'I.  Au- 
ré¡e , de  Vérus  de  Commode  ^ de  Sept.-Se- 
vére,  de  Caracalla^  d’Elagabale  , d’Aiex.  Sévére, 
de  Gordien-Fie  j de  Tranquilline  j avec  Ies  lé- 
gendes : 

ATP.  KAPPHXQN- «tlAfíP.  Awrelienfiiim  Carrke- 
nor-um  Pkilorom&orum. 

KOA.  KAPPHK.  Colonia  Carrkcnorum. 

CARRUCA , chariot  coiivert  á quatre  roues, 
trés-rellemblant  au  Carpentum  & á la  Rkeda.  Pline 
i XXXIII.  II.)  dit  que  les  Romains  couvrirent 
les  premiers  cette  voiture  d’argent  cifelé.  La  car- 
raca étoit  trainée  par  des  mules,  comme  le  car- 
pentum  8c  l^rhedaj  mais  elle  différoit  de  la  der- 
niere  , parce-  qu'elie  étoit  couverte  , 8c  peut- 
étre  de  la  premiere  par  la  fimplicité  & la  modeftie 
des  ornemens  de  fa  couverture.  Elle  perdit  ce- 
pendant  peu-á-peu  cette  modeftie  - au  moins  la 
carraca  dont  fe  fetvoient  Ies  fénateurs,  comme  on 
peut  en  jugé'r  par  la  permiíTion  que  ieur  donna 
Alexaadre-Sévére  de  la  faite  argenter  ( Lamprid. 
AUx.  Sever.  c.  45.)  : Carracas  Rom&'  & rhedas 
fenatoribus  omr.ibas  ut  argentaras  haberent  permi- 
fit.  Aurélien  ieur  accorda  de  nouveau  cette  pré- 
íogative  ; & fon  hiftorien  nous  apprend  que  les 
carraca  ifétoient  auparavant  ornées  que  d'ivoire 
& d’airain  ( Vopifc.  Aarelian.  c.  qó.  . Ces  voi- 
tures , qui  défignoient  les  fénateurs  & les  grands 
ofiSciers,  furent  fans  doute  airujetties  á une  forme 
& á des  ornemens  déterminés  ^ que  fon  ne  pou- 
voit  changer  fans  la  perniiflion  des  empereürs. 
Les  particuliers  eurent  j des  le  tenas  de  Pline,  des 
carraca  ornées  d’argent  cifelé,  & d’or  au  liéclede 
Martial  C í-^’L  6%  5.): 

Aurea  quod  fundí  preño  carraca  paratur. 

CARTEIA  , en  Efpagne.  Carteia. 

Les  médaüles  autonomes  de  cette  viüe  font  : 

C.  en  bronze. 

O.  en.or. 

O.  en  argent. 

Leurs  types  ordinafres  font : 

Neptune  debout.  — Un  dauphin.  — Une  proué 
de  vaiiTeau. 

C AREES  GÉOGRAPHIQUES.  M.  Paw 

( Recher.  far  les  Egypt.  c.  1.  p 2.2O.  j dit  deS 
Egyptiens,«  qu’on  a touic-urs  ñipnofé  qudls  fa- 
voien:  bien  deiP.ner  des  caries  g-éc . -aDliiques,  dont 
ApolJor.ius  de  Rhodes  & Euñatñe  feur  attribuenr 
Piaventign.  iXous  fonarc-es  étoanes  lorfque  Cié- 


CAR 

ment  d’Alexandrie  fait  cette  prodigieufe  énuméra- 
t'.on  de  toutes  les  connoiiiances  que  devoit  pof- 
feder  celu:  c ¿iitre  ¡es  prétres  égvptiens  qu  oa 
devoit  nommer  Scrf&e  facré  , ou  rliéro-Gram- 
matiíte  : il  fauc  qu'il  foit  verfé  , dit-il , da.ns  ii 
coímographie  3c  la  gcographie  ; il  faut  qu’Ü 
conncuTe  le  mouvement  de  ía  lune,  celui  du  fo- 
- 'eil , !x  celui  des  cinq  autres  planétes  ; ii  faur 
qu  il  lache  la  cnorographie  de  TEgypte  , & qifil 
il  ignore  ríen  de  ce  qui  concerne  Te  cours  du  Nii 
{ütromat.  6.). 

« II  paroit  que  tant  de  chofes  n'ont  pu  s’ar- 
ranger  avec  quelque  précilion  dans  Fefpíit  d’un 
homme,  íinon  par  le  fecours  des  curtes.  Alais 
quelle  idée  doit-on  fe  former  de  ces  canes  la  , 
lorfqu  on  réfléchit  que  les  Egyptiens  ne  voya- 
geoient  pas  , & qu  iis  ne  naviguoient  point , ni 
fur  la  Aíéditerranée,  ni  fur  la  Mer- rouge?  Avanc 
la  vingt-fixiéme  dynaltie  , qui  étoit  celle  des 
Saires , ils  ne  femblent  avoir  eu  des  notions  pré- 
cifes  que  fur  rincérieúr  de  rEthiopie , ce  que 
Strabon  a voulu  á torr  Ieur  difputer.  Les  agtres 
contrées  adjacentes  , comme  FArabie  •,  ¡a 
Judée  & la  Phénicie,  ne  Ieur  étoienr  connues 
que  par  le  rapport  d’autrui  , c’eíf-a-dire  , celui 
des-  Pafteurs  , ou  des  nómades.  .Quant  aux  cotes 
de  la  Gréce  , les  ifles  de  FArchipel , la  Libye 
inféneure  , & Ies  parties  occidentales  de  FAfri- 
que,  ils  tfen  favoieut  que  quelque  chofe  de  forE 
vague.  Je  ne  doute  pas  qu'üs  n'aient  eré  en  une 
commiinication  étroite  avec  Ies  prétres  du  temple 
de  Júpiter  Ammoti  ; mais  il  n"eft  pas  prouvé  que 
la  céiébrité  de  cer  oracle  ait  artiré  dans  la  Mar- 
marique  des  yoyageurs  ou  des  péierins  venus  de 
difterens  pays  trés-éloignés  Ies  uns  des  autres , 
furlefquels  on  pouvoit  sdnftruire  par  Ieur  moyen. 
Et  encore  cel%eút-il  fuíE  pour  dreíi'er  des  curtes 
relies  que  celles  dont  on  nous  parle  , & ou  Fon. 
avoit  indiqué  le  gijfement  de  toares  les  cotes  de 
V Ocian  , & toares  les  grandes  routes  de  V anden 
continent  ? Quand  méme  il  feroit  vrai  que  quel- 
ques Egyptiens,  attachés  au  collége  facerdotai  de 
Sais  , euííent  tenu  á Solon  le  meraeilleux  difcours 
que  Platón  Ieur-  artribue  fur  l’Atlantide  , il  ne 
s’enfuivroit  pas  que  ces  Egyptiens  - la  aieut  eu 
-une  co.nnoiffance  géographicue  fur  quelque  terre 
lituée  fort  avant  vers  Foueft,  puifcue  ríen  n’elt 
plus  confus  , ni  méme  plus  manifeftement  faux 
que  ce  qu^on  en  lit  dans  le  Timée  Se  le  Critlas. 

«Voici  comme  il  fautréduire  á de  iuftes  bornes 
ce  qu’il  y a d'exagéré  dans  Clement  d'Alexandrie.. 
i .es  prétres  n'ont  pa  avoir  d'autres  canes  que 
de  limpies  tableaux  tepograpniques  de  FEgvpre, 
tel  que  celui  cu’on  voyoit  dépeint  fur  ie  voiíe 
d’iíis-.  Cemme  toutes  les  terres  de  ce  pavsavoient 
été  mefurées  , il  n” étoit  pas  diílicile  d’apprccher^ 
par  ce  moven,  beauconp  de  la  préciíion.  D’ail- 
leurs  le  cours  du  Mil,  Se  runiformité  de  direétion; 
dans  déux  chames  de  montagnes  qui  courenruo; 
fud  au  nord  juícji'á  la  haucear  de  iíe.-r.pñis. 


<Í7^  CAR 

rendroienf  cette  opération  praticable  á ceux  qui  ! 
agiroient  fans  théorie  j mais  les  prétres  opéroient  j 
fSvanc  de  cercains  principes  dont  iis  ne  firent 
jamais  beaucoup  de  myñére  ^ puifqu  ils  les  corn- 
muniquérent  méme  aux  Juifs  qu  on  fait  en  avoir 
fair  ufage  fous  Jofué  ( xnii.  8.  )>  & enfuice  ils 
les  communiquérent  encore  á leur  difciple  Tha- 
lés  , qui  les  tranfmit  á fon  difciple  Anaximandre  ^ 
qu  Agathemer  dit  avoir  fait  les  premieres  canes 
parmi  les  Grecs  C veterum  Geographia.  Diogen. 
Laert.  in  vit.  anaxim. ).  C eft  ainli  qu  eft  nee 
infenfiblement  cette  fcience  que  nous  nommons 
la  Géographie.  “ 

CaR-TE  itinéraire,  L’étendue  des  conqueres  des 
Romains  ^ & la  diftance  oú  étoient  de  l’Italie 
les  pays  dans  lefquels  on  envoyoit^des  arméeSj 
dont  les  marches  devoient  étre  réglées  d’ avance^, 
firent  fentir  la  néceffité  d' avoir  des  canes  itiné- 
raires  , fur  Icrquelles  les  ftacions  des  troupes  8e: 
la  diftance  d'une  ftation  á l’autre  ^ puffent  étte 
marquéesdiftinaement.  Nous  voyonsparplufieurs 
paíTages  de  Pline  . que  fur  les  canes  itlnéraires 
d’Agrippa , on  marquoit  les  diftances  avec  une 
précifion  aíTez  grande  ^ pour  rendre  fenfible  la 
différence  de  quelques  milles  ^ qui  fe  trouvoit 
entre  la  mefure  d’un  pays  , donnee  par  les  géo- 
graphes  Grecs  , & celle  qu’en  donnoient  ces 
canes,  aax  généraux  que  fon  envoyoit  en  expé- 
dition , aux  magiftrats  chargés  de  regler  la  marche 
des  troupes  , & méme  á ceux  qui  avoient  Tinf- 
peftion  "des  voitures  publiques. 

Les  copies  de  ces  canes , cfiftribuées  aux  ge- 
néraux  Se  aax  magiftrats , ne  contenoient  qu  un 
pays  particulier  5 8c  Fufage  que  1 on  faifoit  ue 
ces  copies , obligeant  á les  renouveler  conti- 
Ruellement  ^ il  eft  vifible  que  Fon  en  devoit  con- 
ferver  des  prototypes  ou  des  oj^inaux.  Fréret 
croit  -que  la  géographie  de  Fanonyme  de  Ra- 
venne  , écrite  aprés  la  deftruction  de  Fempire 
d'Occident,  a été  manifefteraent  compofée^fur 
une  femblable  caree  itinéraire  , de  laquehe  1 au- 
teur  avoit  copié  íes  romes , mais  en  omettant 
les  diftances.  On  doit  conclare  de-la,  felón  Fréret , 
qu’il  s^étoit  confefvé  quelques  copies  desees  carees 
itlnéraires  dans  les  bibüotheques , m^me  apres^ 
la  deñruétion  de  Fempire  d'Occidenr.  Cependant 
il  ftelt  fait  aucune  tnention  de  ces  canes  iemé- 
raires  dans  les  écrivains  du  moyen  age.  Voye:^ 
IriNÉRAiS-E  & Peutinger. 

CAP..TES  miUtaires  ( Lhifage  des.)  etoit  connu 
des  anciens  ; Végéce  ne  nous  laiiTe  aucun  doute 
á cet  égard.  « Un  general,  dir  cet  auteur,  doit 
avoir  des  rabies  dreíTées  avec  exactitude , qui 
lui  marquent  non  fealement  la  diftance  des  lieux 
par  ie  nombre  de  pas , mais  la  quahré  des  che- 
mins , les  routes  qui  abrégenr.  Ies  logeraens  qai 
s'y  trouvent  , les  montagnes  & les  riviéres.  On 
affare  que  les  plus  habiies  généraux  , non  con- 
tens  ¿e  ces  fimples  mémoires  , faifoienc  lever 


CAR 


Ies  pians.  du  théátre  de  la  guerre , afin  de  détet- 
minér  plus  fúrement  leur  marche  fur  le  tableau 
méme  des  lieux.  » On  ne  fait  fi  ces  plans  étoient 
auiTi  parfaitsque  nos  canes  topographiques;  mais 
au  moins  devoient-ils  donner  beaucoup  de  faci- 
lité aux  généraux  pour  leurs  opérations. 

CARTHA  , dans  Fifle  de  Ceos,  KAP0A. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RR.  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.*  en  or. 

Leur  .type  ordinaire  eft  un  loup  á mi-corps. 

Haymies  avoit  attribuées  mal-á-propos  á Carrhi. 
de  Méfopotamie. 

CARTHAGE  , étoit  filie  de  FHercule  Tyrien , 
qui  étoit  né  de  Júpiter  & d'Añérie,  foeur  de 
Latone  , au  rapport  de  Cicerón  (¿í  Baeur-  Deor. 
ul.  n.  42. ).  Juftin  (/.  xr/jx.  c.  G. ) dit  que  la 
ville  m.éme  de  Carthage  avoit  ete  honoree  comme 
une  déelTe  , jufqu  au  moment  oú  elle  fut  vaincue. 

Carthage  , en  Afrique.  Karthago. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 


R.  en  or.  ^ 

R.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

Leurs  types  ordinaires  font : 

Un  cheval,  ou  entier,  ou  á mi-corps,  ou  la 
tete  feule  du  cheval.  — Un  palmier. 

Ona  des  médailles  impériales  grecques  de- cette 
ville  dans  Goltzius  feuí. 


Vaiüant  lui  avoit  attribué  mal-a-propos  des 
médailles  avec  la  légende  c.  i.  c.  A.,  que  laobe 
Belley  a reftituées  a Apamée  de  Birhynie. 

Devenue  Colonie  Romaine,  Carthage^ 
frapper  avec  cette  légende  : c.  i.  c.  Colonia 
Carehago  , & avec  fon  époque  , des  medaiUes 
latines  en  Fhonneur  de  Céfar,  d'Agrippine  mete, 
d’Antonin  , de  Commode  , de  Géta  , d hlaga- 
bale,  de  Philippe  jeune,  de  Gallus,  de  saínen, 
de  Máxime.  On  lui  attribué  auffi  fans  fondemen 
les  médailles  fur  ^fquelles  on  iit  c._  c.  i-  ’ 
dont  une  eft  frappée  en  Fhonneur  d Agrippa. 
font  de  Parada. 

On  attribué  encore  a Carekage  , un  grand 
bre  de  médailles  impériales,  fur  lefque  les  ° 
á Fexereue , car.  kar.  kart.  ke-  ’ 

K.  R.  T.  S.  PK.  SMK.  SMKA-  SMKE.  SM^.  - > 

abréviations  que  Fon  croit  défigner  les  - > 
ou  hotels-des-monnoies  établis  dans  cette 

C A R T H A G É N E d‘Efpagne.  ( Médailles  de ) 
Voyez  Cas-thxgo  nova. 

CARTHAGINOIS  (Ies)  fe  nourrifiíqient  habi- 
tuellement  de  bouillie  , appelee  aujoUrd  ‘I* 
coas  par  les  habirans  de  la^  cote  de  ^ 

qui  en  font  encore  leur  principale 
Les  Grecs,  qui  fe  Bourriífoient  de  pam  , app- 
lérent  par  dériíion  les  Carthaginois 


CAR 


CAR 


ÍVSHgeurs  de  boHÜiie  ; & les  Romains  conferyé- 
rent  cette  dénomination  , que  Ton  trouíe  plu- 
íieurs  ibis  dans  les  Comedies  de  Plaute.  Catón 
de  re  Rujiicá  , c.  8d. ) nous  apprend  la  maniere 
ont  on  faifoit  la  bouülie  Carthaginoife.  « Faites 
détremper  une  livre  de  farine  dans  Teau  , melez- 
y du  fromage  nouveau  , du  miel  &:  un  ceuf  j & 
faites  cuite  ce  mélange  Pultem  panicam  fie 
coquito,  Líbram  alicí  in  aquam  indito  , f acito  , itt 
bene  madeat.  Id  infiip,dito  in.  alveum  puram^  eo  cafei  ■ 
recenti  P.  jil.  mellis  P.  S.  ovum  un.um.yOm.nia  una 
permifeeto  bene. 

Les  Cartkaginois  étánt  une  Col&nie  pbéni- 
cienne , avoient  les  mémes  habillemens  que  leur 
métropole.  Seulement  ils  ne  portoient  pas  ordi- 
nairement  de  manteau  ; mais  ils  paroüToient  en 
public  vétus  d'une  íimple  tunique.  Ennius  les 
appe’.oit  par  dérifion  {Aulu-GelL  N,  A.  xir.  iz.) 
gens  á tunique. 

Leur  mythologie  étoit  la  meme  que  celle  des 
Phéniciens  5 ils  y avoient  ■ aiouté  les  facriñees 
crueis  des  enfans  des  premieres  families.  On  les 
bruloic  en  Phonneur  de  Saturna  ; jurqu^á  ce  que 
Gélon  , vainqueur  , abolit  cette  barbarie  par  un 
arricie  expres  du  traite  de  paix  qu’il  conclut  avec 
les  Cartkiginois. 

Juítii]  dit  que  les  Carthaginois  étoient  dans 
l’ufage  d’enterrer  leurs  morts , ( xtx.  j.  n.)  ; mais 
que  fur  Ies  repréfentations  de  Darius  ils  les  brú- 
lérent.  Fendant  le  tems  du  deuil , ils  paroiffoient 
en  s’arrachant  les  cheveux  & avec  le  vifage  meur- 
tri  de  coups. 

On  voit  dans  Xénophon  que  leurs  foldats  ne 
buvoient  jamais  de  vin  de  meme  que  leurs  ma- 
giftrats  pendant  Texercice  de  leurs  charges. 

CARTHAGO  nov.í,  en  Efpagne. 

Florez  Se  M.  Combe  attribuent  á cette  ville 
que'ques  médailles  autonomes  de  bronze  en  trés- 
petit  nombre. 

Devenue  colonie  romaine  ^ elle  a fait  rrapper 
des  médailles  latines  avec  les  légendes  fuivantes : 
C.  I.  2s.  C-  . . • Colonia  juLia  nova  Carthago , 8c 
■y.  I.  íí-  K.  - - . yiélrix  julia  nova  ICarthago  , en 
rhonneur  de  Marc-Antoine  j d’Auguñe,  de  iNeron 
avec  DrufuSj  de  Caligula. 

On  ¿oute  cependant  que  celle  d’Antoine  lui 
appartienne  , parce  qudn  en  a requ  de  pareilles 
da  Levant. 

Le  P.  Florez  8c  Pellerin  lui  ont  attribué  une 
médaille  d Augufte  , au  revers  de  Caius  avec 
Lucias,  attribiiée  mal-á-propos  par  Vaiilant  á 
Tiorba. 

CARTIBULUM,  nom  furanné  d’une  tabie  de 
pierre  carree  , fupportée  par  un  fut  de  colontie  , 
que  Ton  placnit  a Rome  dans  les  cours  des  mai- 
fons.  i yurro , de  Img.  lati.  iv.  l6.). 

C.ARTOPHILAX  Aug.  Gruter  (^87.  u.  Tkef. 
infer.  ) rapporie  Pinfeription  fuivante-; 

Antiqidtíí  , Tome  i. 


DÍS  MAN'IBUS 
M.  AURELIO.  M.  F.  ROM 
VETURIO 

AUG.  N.  CARTOPHILA 
AURELIA.  PROCULA 
UXOR.  ET 

AURELIA.  PROCULINA 
MAX.  FIL.  Piiss 
FECIT 

CARTEL  AIRE.  Les  Canulaires  fontlespapiers 
terriers  des  églifes  ou  des  monaftéres , fur  lefquels 
font  écrits  les  contrats  d’acquilition  , de  vente  , 
d’échange  , les  priviléges  , immunités,  exemp- 
tions  , chatres  Se  autres  titres  primordiaux.  Ces 
recueils  font  de  beaucoup  poftérieurs  á la  pluparc 
des  aéles  qui  y font  compris ; on  nc  les  a meme 
inventés  que  pour  conferver  les  doubles  ue  ces 
ades.  De-la  quelques  critiques  ont  voulu  élever 
des  doures  fur  l’authenticité  des  cartulaires  ¡ mais 
ils  ont  été  foüdement  refutes  par  les  favansBéné- 
diétins  auteurs  de  la  nouveUe  Diplomatique  , que 
nous  allons  laiíTer  parler. 

« D.  Mabillon fait  honneur  á Folquin,  moine  de 
Pabbaye  de  S.  Bertin , fur  la  fin  du  dixiéme  fiécle, 
du  premier  Se  du  plus  ancien  cartulaire  ( de  re 
diplom.lib.l.c.  l.p.7.%.  lih.a^.p  Zjy.zíy  ) done 
on  ait  connoiíTance.  C"eft  un  tecueil  de  cnartes  du 
monartére  , arrangées  fuivant  I'ordre  chronologi- 
que.  On  feroit  remonter  bien  plus  haut  1 origine 
des  cartulaires  , fi  Pouprétendoit  les  recoiinoítre 
dans  ces  tomes  de  chatres  , tomi  ckartarum  , dont 
parlent  quelques  auteurs  du  VI  Se  Vi  i ñecles.  Se 
entr’autres  S.  Grégoire  de  Tours.  ( kifi-  Francor. 
lib.  10.  c.  19. ).  Mais  les  éditeurs  de  du  Caiige  ny 
Yoient  que  des  archives  oii  oes  chartriers.  11  femblc 
néanmoins.  Se  c’eft  le  fentiment  de  M.  Maffei  , 
(ifiordiplom.  p.  97.),  quon  devroit  plutot  les 
prendre  pour  les  minutes  des  notaires  , ou  Ies 
re^ifires  dans  lefquels  unprmce  ouun  preiat  con— 
íervoit  également  les  lettres-qu  il  avoit  re^UvS  Se 
celles  qú'il  avoit  écrites  «. 

« En  fait  de  cartulaires  , le  meme  auteur  ne 
connok  rien  de  plus  celébíe  en  Itaiie  que  ceux 
des  abbayes  du  Mont  Caflla  Se  de  Farla.  Le  pre- 
mier , fouvent  cité  dans  Ies  notts  ^ Angelo  de 
Nuce , archevéque  de  RoíTano , fur  la  cnronique 
de  Léon  Marfican , eñ  Fouvrage  de  Pierre -Diaere. 
Le  fecond  , de  Pan  ic8o,  efi  écrit  en  beaux  carac- 
teres Se  na  rien  de  commun  avec  la  chronique 
de  Pabbaye  de  Farfa.  En  i zoo,  le  camérier  Cencía 
d-efia  un  fameux  recueil , a peu-pres  dans  le 
méme  genre  , concernantles  cens  & autres  droits 
de  Pé<^life  romaine.  11  en  eft  parle  dans  Baronms, 
fous  P'an  lovó.  En  i izo,  Bermrá , ( Mafiei.  ibid. 
P 98.)  tréforierde  Compoilelle , fit  un  cartulaire. 


Í374  CAR 

ou  Ton  voit  Ies  diplomes  des  rois  & des  pontifes 
accordés  á cette  égiife.  II  en  eft  fait  mención  au 
ouatriéme  tome  de  VEfpagne  illufirée.  Nous  paf- 
fons  fous  filence  les  catalogues  de  chartes , dont 
on  rencontre  des  exemples  dans  la  nouvelle  (tow. 
2. />.  755.)  biblioíhéque  du  P.  Labbe , Se  dans 
le  Monafticon  Anglicanum , fur  régliíe  de  Can- 
lorbéry 

ce  II  ne  faut  pas  fe  figurer  que  Parrangement 
des  piéces  qui  encroient  dans  les  cartulaires  , fut 
fait  au  hafard  & fans  fyítéme.  « Dans  ces  recueils  , 
=>’  dit  le  favant  M.  Baluze  , (picure  pour  fervir  de 
» réponfe  d divers  écrlts  ) on  gardoit  ordinaire- 
« ment  quelque  ordre  : les  uns  mettoient  au  corn- 
os mencement  les  bulles  des  papes  ^ enfuite  les 
M priviléges  des  empereurs  & des  rois , les  con- 
5=  cellions  des  évéques  & des  grands  feigneurs 
» & enfin  les  donations  des  particuliers : Ies  autres 
» au  contraircj  mettoient  en  premier  lieu  les  let- 

tres  qui  regardoient  les  églifes  dépendantes  de 
» leurs  abbayes les  adtes  qui  concernoient  leur 

juridiction  eccléíiaítique  & temporelle  , & 
=3  enfin  les  bulles  des  Papes  j & les  priviléges  des 
» rois  & des  comtes.  D’autres  rangeoient  ces 

titres  felón  les  matieres^  m.ettant  enfemble  tout 
w ce  qui  regardoit  le  méme  fujet.  D'autres  fiii- 
>3  voient  feulement  Pordre  du  tems 

« On  diítingiie  trois  fortes  de  cartulaires  pro- 
prement  dits.  Les  premiers  ne  font  ríen  autre 
chofe  que  des  recueils  de  titres  originaiix.  Les 
feconds  en  font  des  copies  authentiques.  Les 
troifiémes  ne  paroiíTent  dellitués  de  toutes  les 
formalités  juridiques  j que  parce  qu’elles  ne  furent 
introduites  que  long-tems  aprés  quiis  furent 
rédigés.  Nous  joignons  a ces  derniers  ceux  méme 
qui  ont  été  dreífés  depuis  qu’on  s^’eft  accoutumé 
á vérifier  les  cartulaires.  ÍI  en  eít  d’une  autre 
efpéce  j fouvent  intitulés  ehroniques oü  les 
chartes  ne  font  pas  toujoursrapportées  en  entier. 
Tantée  elles  y font  mutiléeSj  tantót  abrégéeSj 
& tantót  expliquées , foit  par  d'autres  piéces  ^ 
foit  par  les  principes  du  fens  commun foit  á la 
lamiere  de  Philtoire  ou  des  connoiíTances  qTont 
eu  les  auteurs  de  ces  cartulaires  improprement 
dits  =3. 

« Pour  reunir  dans  un  méme  corps  des  origi- 
naux  ou  des  copies  authentiques  les  deux  pre- 
mieres efpéces  de  cartulaires  ne  font  ríen  perdre 
en  commun  á ces  titres  , de  Paurorité  & de  Pau- 
thenticité  dont  chaeun  d'eux  jouit  en  particulier. 
Peut-on  ríen  voir  de  plus  authentique  que  le  car- 
tulaire  de  Tutín  , intitulé  Ckryfobulls.  Se  Argyro- 
hulls.  ? C’eft  une  efpéce  de  regiitre  des  diplomes 
des  empereurs  grecs  , qui  appartenoit  autrefois  á 
np  monaftére.  La  fignature  de  Pempereur  en 
cinabre  ou  vermillon  j & celíe  du  patriarche  Jean 
en  enere  commune,  placees  á la  fin  de  ce  cartu- 
^ font  des  preuves  non  éouivoques  de  fon  j 
authenticité.  Les  cartulaires  collatlonnés  fur  Ies  i 


CAR 

originaux  par  de^perfonnes  publiques , font  éea- 
lement  foi  en  juftice 

cc  Les  troifiémes,  lorfqu’üs  ont  eré  copies avant 
Puíage  de  collationner  les  cartulaires  , ou  du 
moins  avant  la  naiíTance  des  différends  pour  !ef- 
quels  ils  font  produits  devant  Ies  juges,  doivent 
fans  doure  étre  admis , mais  fur-tout  quand  ils 
ont  été  dreíPésfous  lesyeux  de  perfpnnages  d’une 
probité  reconnue.  Qui  oferoit  rejeter  comme 
indignes  de  toute  créance,  des  diplomes  recueiliis 
par  íes  foins  & fous  les  ordres  d’aufli  faints  per- 
íbnnages  qu’un  S.  Odón,  un  S.  Odilon,  & tant 
d'autres  grands  hommes  ? Tels  font  néanmoins 
la  plupart  de  ces  anciens  cartulaires  des  ab- 
bayes 

cc  II  ne  feroit  pas  jufte  de  refufer  aux  quatrié- 
mes  le  méme  degré  de  créance  qu’on  accorde  á 
des  hiftoires  compofées  fur  tes  monumens  du 
tems  , puifqufiis  n’en  différent  que  par  des  cita- 
tions  plus  fréquentes  & plus  étendues,  & qu’affez; 
fouvent  méme  ils  rapportent  les  piéces  fans  en 
retrancher  quoique  ce  foit.  Toutes  chofes  égales, 
Pautorité  de  ceux-ci  fera  néanmoins  inférieure 
aux  autres  cartulaires , qui  cnt  coutume  de  repré- 
fenter  les  chartes  en  entier,  quoique  Pautorité 
des  uns  &./les  autres  foit  ordinairement  préféra- 
ble  á celle  des  anciens  auteurs  >3. 

CARVILIA , famille  romaine,  dont  on  n’a 
des  médailles  que  dans  les  recueils  de  Goltzius. 

CARURA  , mefure  de  capacité  de  PAíie  & de 
PEgypte.  Voyei  Log. 

CARUS. 

Marcos  Aurelios  Carus  Aug. 

Ses  médailles  font  : 

RR.  en  or  : il  y en  a de  trés-rares ; & calles  fur 
lefquelles  il  porte  Ies  titres  de  Domino  et  Deo 
Caro  , font  RRR. 

RRR.  en  argent  quinaíre. 

RR.  en  médaillons  de  bronze. 

Et  RRRR.  avec  fa  téte  & celle  de  Carinus , & 
au  revers  Ies  quatre  faifons. 

RR.  en  M.B.  avec  fa  téte  & celle  du  foleil  en 
regard. 

On  en  trouve  en  P.B,  avec  Ies  mémes  tétes  y 
elles  ont  pour  légende  Deo  et  Domino  Caro. 

C.  en  P.B.  latín  d’Egypte. 

CARTA.  > 

CARYATIDE.  > Diane  étoit  honorée  d’un 

CARYES.  3 

cuite  particulier  á Carya  viile  de  Laconie;  ce 
qui  Pavoit  fait  furnommer  Caryaüde.  L analogie 
des  deux  mots  Carya  & jcápaj , noix  ou  noyer , 
fir  inventer  plufieurs  fables  fur  cette  ville.  Carya 
étoit,  felón  Servius  , (^Eclog.  8.)  fiHc  de  Dion, 
roi  de  Laconie  , & d'Yphithée.  Cette  nymphe 
ayant  allumé  le  feu  de  Paniour  dans  le  cceur  de 
Bacchus  fur  le  mont  Taygéte  , & ayant  éveille 
par  cette  paífion  la  jaloufie  ce  fes  feeurs,  fe  ¥« 


CAR 


CAR  <Í75 


girdée  á vuc  par  elles  ; mais  BacchuSj  pour  la 
délivrer  de  cette  captiviré,  la  changea  en  noyer. 
Diane  apprit  cette  fable  aux  Spartiates,  qui  lui 
coníacrérent  pour  certa  révélation  un  temple  > 
Tous  !e  nom  de  Diane  Ca.ryaúie.  Le  Scholiafte  de 
Stace  donne  aux  Caryes  , fétes  étabiies  en  1 hon- 
neur  de  cette  déeíie  , une  autre  origine.  De  jeu- 
nes  filies  jouant  dans  fon  temple  qui  tnenaíjoit 
ruine  j & s'appercevant  du  malheutqui  les  mena- 
^oit , s’élancerent  fur  un  noyer  & reftérent  long- 
tems  fufpenduesá  iesbranches.En  reconnoilíance 
Ies  tilles  de  Lacédémone  honoroient  tous  les  ans 
Diane  caryatide  par  des  danfes  & des  chants. 

CARYÁTIDES.  Vitruve  {lib.  i.  c.  i.  ) noiis  a 
appris  Torigine  de  rornement  d'architefture 
appelé  caryatides.  On  peut  croire  d apres  les 
noms  Ól  Atlantes  & de  Télamops  , donnes  a des 
figures  d’hommes  qui  font  Ies  fonótions  de  carya- 
tides , que  i'ufage  de  ces  hommes-colonnes  a pre- 
cede la  guerredes  Perfes  & des  Grecs.  Quoi 
quil  en  foit  de  cette  conjedlure , voici  le  récit  de 
Vitruve  : les  habitaos  de  ville  de  Laconie, 

ayant  formé  une  alliance  avec  les  Perfes,  enne- 
inis  de  la  Gréce , les  Grecs  aííiégérent  leur  ville , 
la  prirent,  la  renverférent  de  fond  en  combk  , 
palférent  les  hommes  au  fil  de  l’épée  , emmene- 
rent  les  Caryatides  captives  5 les  traínerent^en 
triomphe,  & les  obligérent  á garder  dans  la  ler- 
vitude  les  habits  longs  avec  leurs  autrcs  parures. 
Pour  perpétuer  leur  opprobre  , les  architedtes 
■grecs  firent  des  efpéces  de  pilaftre  ou  de  c^olonne , 
repréfentant  des  figures  de  femmes  vétues  de 
longues  robes  , & ils  en  formérent  le  fut  de  la 
colonne  ionique.  On  appela  caryatides  ces  figu- 
res qui  foutenoient  avec  une  main  le  panier  place 
fur  leur  tere  , & fur  lequel  repofosent  des  corni- 
ches  ou  d’autres  failües  d’architecLiire.  Les  Grecs 
en  uférent  de  méme  avec  les  Feries  ; & pour 
éternifer  le  fouvenit  de  leur  détaite , ils  fublii- 
tuérent  des  figures  de  Perfes  aux  Atlas  & 
aux  Télamons.  Voyet¡_  pERSIQUE  otdre ^Le 
nom  de  cariatydes  a cependant  prévalu  dans  1 ar- 
chiteíture  moderne  , & Ton  défigne  par  ce  nom 
générique  les  figures  d'hommes  ainfi  que  celles 
de  femmes  qui  feivent  de  fupport.  L’ancienne 
falle  des  gardes-fuilTes  au  Louvre , offre  un  beau 
modéle  en  ce  gente , dans  les  quatre  caryatides 
qui  fupportent  une  tribune,  S:  qui  immortaiifent 
le  cifeaii  de  lean  Gou’on.  ^ , 

L’attitnds  des  caryatides  paroit  avoJr  ete  conf- 
iante dans  l’antiouiré  , da  monis  quant  á la  pofi- 
tion  du  bras  relevé  & place  en  fupport ; car 
Eucrate  'yAthen.  Deipn.  lib.  6.~)  fe  trouvant  a 
diner  dans  une  maifon  vieille  & caduque  , difoit 
qu  ii  Y fal'oit  lever  la  main  gauche  au-deíTus  de  fa 
téte  en  bnvant , comme  les  caryatides.  Cepen- 
dant toares  íes  caryaúaes  antiques  r,e  levent  pas 
ainíi  les  bras  , t<-  la  pluparr  méme  les  nennent 
abaiffés  le  long  ciu  corps,  ou  enveloppés  dans 
leurs  ampies  véteíneJíS. 


A Athénes,  il  y a des  figures  de  temmes  avec 
de  longues  treíTes  , qui  foutieunent  un  portique 
( Pocock.  Dejcript.  of  tke  Eaft.  t.  ii,  p.  tí-  p.l(>y.') 
du  temple  d’Erecihée ; mais  aucun  des  voyageurs 
coimus  ne  nous  a encore  donné  une  defcnption 
exadie  de  ces  figures , d’aprés  laquelle  on  puille 
dire  avec  certitude  de  quel  tems  elles  font. 
Paufanias  n'en  parle  point.  La  figure  periique 
(cet  Atlante  dont  nous  avons  fait  mentioa 
á fon  arricie  ) du  palais  Farnéfe  a été  irou- 
vée , á ce  qu’on  prétend  , prés  du  Panthéon  : 
il  eft  a croire  , dit  V/inkelmann  , que  c’eit  une 
de  celles  faites  par  Diogéne  d’Athénes  , & qui 
étcient  placees  fur  la  colonnade  inférieure  du 
temple,  cfoft-á-dire , qu  elles  fervoient  de  feconá 
ordre  de  colonnes  , á la  place  de  rattique^qu  on 
y Yoit  aéluellement.  Les  corniches . actuelles 
des  colonnes  d'en-bas  n’ont  pas  la  faiilie  néceflaire 
pour  fervir  de  bafe  á de  pareilies  figures  5 mais  il 
faut  fe  rappeler  que  ce  temple  a été  deux_  fois 
la  prole  des  flammes , & qu’il  a été  rebatí  par 
Marc-Auréle  & par  Septime  - Sévére  ; que  par 
conféquent  ií  doit  avoir  éprouvé  de  grands  chan- 
gemens  dans  f inrerieur.  Ií  faut  entr  autres  que  le 
feuy  ait  détruit  {Plin.lib.xxxiv.c.-j.  lib.xxxri. 
c.  5 & a. ) les  chapiteaux  fyracufiens  de  bronae  , 
ou  plutót  de  bronze  de_  Syracufe , lequej  doit 
avoir  été  une  efpéce  pamculiére  de  bronze  com- 
pofé  de  la  combinaifon  de  différens  métaux  ; le 
temple  de  Vefta  ( Id.  lib.  xxxiv.  c.  7.  ) étoit  coa- 
vert  de  ce  bronze  de  Syracufe.  Lfordre  atrique 
placé  fur  les  colonnes  inférieures  , qui  étoit  un 
ouvrage  compofé  (_Stuckely’s  Account  of  a Rornan. 
temple  in  Rhilof.  tranfací.  an.  lylO.  Llec.')  aun 
petit  nombre  de  pilaílres  faillans  , & qu  on  a 
enlevé,  il  y a queiques  années  , d’une  faíjon  bar- 
bare , n^’étoit  fans  doute  pas  analogue  á la.  gran- 
deur  de  ce  temple  ; & c’eft  a la  place  de  ces 
pilañresque  doiv'ent  s’étre  trouvées  anciennement 
les  cary atines  ,■  du  moins  la  grandeur  de  la  figure 
du  palais  Farnéfe  s’accorde-t-elle  avec  la  hauteur 
de  l'ordte  attique , laquelle  eft  de  prés  de  dix- 
neuf  palmes  ( iz  pieds).  La  demi-figúre  a envi- 
ron  huir  palmes  ( 5 pieds  4 pouces),  &,la  cor-. 
be’Ile  au'elle  porte  fur  la  téte  en  a deux  &■  demi 
( I*  pieds  8 pouces).  Ce  que  queiques  écrivaips 
(Demontios.  Gaitas  Rom.  kofp.  12.. — hardini 
Rom.  Ant.  v.  383.  1704.  ) ont  regarde  jufqua 

préfent  comme  de  femblables  caryatides , itxt  a 
prouver  leur  grande  ignorance.  11  y avoit  une 
efpéce  particuliére  de  caryatides  iMonlfaac.  Ant 
eJpliq.  t.  V.  pl.  16.  P-  54-;  ¿ans  ie  tomoeau  de 
Taífranchide  SextusPompems,  oudes  figures  núes 
d'hommes  portoient  un  chapiteau  fur  la  tete , be 
tenoient  des  deux  mains  une  colonne  droite  , la- 
Quelle  ceccndant  ne  foutencM-.  nen. 

Ce  fui  vers  le  tems  de  Cefar  , a ce  que  croit 
Winkelmann , ( Hífl-  ¿e/A-n.  hv.  6.  c.  y )_  que 

les  deuxítatuairesathéniens,  Cnton  & Nico^us, 

airivérent  á Reme.  Les  noms  de  ces  artiftes , 

Q qq  q 


CAS 


CAR. 

graves  íur  la  corbeille  que  porte  fur  fa  tete  une 
caryatidc  plus  grande  que  nature , font  ainíi 
figures  : 

KPITQN  KAI 
NIKOAAOS 
AeHNATOI  Enoi 
OYN. 

Cetre  taryatide , avec  une  autre  & !e  torfe 
d’iine  troiíieme  5 furent  décou-vertesen  ijóó^áans 
une  vigne  de  lamaifon  de  Strozzi^  a deux  milles 
de  la  porte  de  St.  Sébaftien-,  fur  Fancienne  voie 
appienne,  & en  de^á  du  fameux  tombeau  de 
Cecilia  Métella , épouíe  du  riche  CraíTus.  Comme 
cetre  voie  étoit  bordee  des  deux  cotes  de  tom- 
beaux , dont  que!ques-uns  étoient  accompagnés  de 
jardins  & de  naaifons  de  campagne  ^ ce  que  nous 
apprenonsparIesinfcrtptionsdutoKibeaud*Hérode 
ÁtticuS:,  il  penfe  que  ces  ñames  décoroient  ou 
le  fépula-e  de  quelque  Romain  opulenr  , ou  fa 
maifon  de  campagne  ^ voiiine  de  ce  monument. 
Le  lien  de  la  découverte  , & peut-étre  aafli  le 
ftyle  du  travail  de  ces  ñames  ^ leur  feroient 
aííigner  Fáge  du  íiécie  de  Cefar  & d Auguñe. 
Ces  ñames  5 au  nombre  de  quatre  j ou  du  moins 
au  nombre  pair auront  fervi  de  caryatides  pour 
porter  Tentablement  d'une  chambre  j foit  dans 
le  tombeau  méme,  foit  dans  la  maifon  qui  en 
dépendoit;  & Fon  préfume  qiFelIes  ont  été  faites 
pour  Fendro-it  ou  on  les  a trouvées  , & qa^elles 
fi’ont  pas  été  apportées  d'autre  part.  Du  reftej 
il  ne  femble  pas  qu’avant  cetre  époqwe  on  ait 
«ievéá  Rome  destombeaux  auíTi  magnifiques^  & 
fur-toat  qa’on  les  ait  décorés  de  ñames  de  cette 
efpéce  , quoiqae  des  les  premiers  tems  ont  fut 
dans  Fufage  de  placer  dans  les  tombeaux  les  fimu- 
lacres  des  morts , ce  qui  eft  prouvé  par  la  ñatue 
d'Ennius,  dépofée  dans  le  fépulcre  des  Scipions, 
qui  fe  trouvoit  auffi  fur  la  voie  appienne.  Pour 
ce  qui  concerne  le  ftyle  de  ces  caryatides  , qui 
font  un  des  plus  beaux  omemens  de  la  Villa- 
Álbani  , on  remarque  dans  les  airs  de  tete  une 
certaine  mignardife  avec  des  parties  trop  molles 
& trop  arrondies  ; tandis  que  dans  les  tems  plus 
leculés  j qui  font  rappelés  ici  par  la  forme  des 
caraéléres  de  Finfcriprion  , les  mémes  parties 
avoient  été  tenues  plus  reflenties  & plus  fbrte- 
Rient  exprimées.  La  Villa- Negroní  offre  encore 
.aux  eurieux  plnfieurs  caryatides  ancíques  dhine 
grande  b'mré.  Le  cabinet  de  Ste.  Geneviéve 
de  Paris  ^ > enferme  une  fort  betle- 

CARYEf.  Voyei  Carya. 

CARTOTA.  Voyez  Dattes. 

CARYSTUS , dans  FEubée.KAPTSTrxjN&iCÁ. 

Les  médailles  autonomes  de  eette  vil’e  íbnt  ; 

RRRR.  en  argent.  .. , . EekheL  Mmter, 

RRR,  ea  bioraa> 


O.  en  or. 

Cette  viile  a fait  frapper  des  médaiües  impá- 
riales  grecqiies  en  1 hoimeur  de  Trajan  ^ uAn- 
tonin. 

CASA.  Voyez  Cabanne. 

CASATjE  ^ dans  la  Pamphylie.  KACAXfiN. 

Cette  viüe  a fait  frapper  des  médailles  rapé- 
riales  grecques  en  Fhonneur  de  Gordien  jjl  ntruf- 
ciile,  d'Herennius. 

CASCA  íignifioit  un  vieillard  dans  le  premier 
age  de  la  langue  latine  f lAarro  ae  Eing.  lat.  vi. 
3.  ).  Ceft  le  furnom  de  la  famille  Servilia. 

CASCANTUM , dans  FEfpagne.  Münicip. 


Cascantum. 

Ce  municiiie  a fait  frapper  des  medailles  latines 
en  Fhonneur  de  Tibére. 

CASERNES.  . ^ , 

On  a découvert  en  ítalie  trois  batimens  anctens 
auxqueis  on  ne  peut  donner  d autres  noms . 1 un 
dans  la  Villa-d’Hadrkn . appelé  ceraocelk^h 
fecond  á Otricoli , & le  trojfiéme  a Pompen.  Ce 
dernier  koffre  q’Yune  cour  entouree  ue  portiques> 
dont  les  calonnes  font  de  brlques  peintes. 

Les  deux  premiers  nous  font  voir  que  les  cafer~ 
nes  des  Romains  étolpt  compofées  d'un  longue 
file  de  chambres  divifées  en  plnfieurs  etages , 
auxqueis  on  montoit  par  un.  efcalrer  de  bois.^  li 
n V avoit  aucune  communication  d'une  enamore 
á Fautre  >.  ni  aucune  fenétre  imats  totites  les  por- 
tes s’ouvroient  fur  une  galerre  commatie.  ^..es 
cafertus  de  la  Villa-ÍHadrien  étoient^  couyertes 
avec  des  voutes  trés-foiides  ; mais  cenes  d Otn- 
coli  n avoient  que  des  planchéis.  M.  Guattani  a 
donné  le  pian  de  ces  derrJéres  dans  fes  monwnenti 
aatichi , ^V.nét 

Les  ruines  de  Rome  offrent  pTufieurs  batirnens 
d’une  femblabíe  eonñruéiioa , qu;  n ont 
que  des  cafernes  , caftra.  On  en  voJt  reue  _ 
Fentrée  des  ihermes  d’Antonin  CaracaJa, - 
couchant  du  moiit  Palatin  j vis-a-vis  le  --sip 

C ASIUS  ^ furnom  de  Júpiter^  qui  luí 
a caufe  des  montagnes  de  ce  nom  ‘ _ 
bonoré  5 il  y en  avcit  une  á Fentree  de  ; P. . ^ 
du  cSté  de  FArabie  , & Fautre  en  Syrie  . Jupite 
Xafias  avoit  un  temple  fur  Fuñe  & 1 Ll  nr- 
avoit  üntroifiéme  auprés  de  Peiufe._  "f  ‘b 
dinaire  fous  laqueile  on  repréfenroit  ce 
étoit  un  rochei^  ou  une  montagne 
aucune  figure  húmame  ; mais  avec 
á coré.  Lucain  fait  mention  de  Júpiter  Ca^y 
fa  pharfale  : ( L S.  v.  SjS.  )- 

. . . ^ Manefque  tuos  placare  Ikebií 
Et  Cajso  príferre  Jovi.  . . - • • 

Casius  Ck  mont)  íert  de  type 
médailles  j o¡i  il  eñ  joint  á lu  se^nde 


CAS 

KAcioCj  & il  indique  Ies  peuples  qui  Ies  ont 
£:it  frapper.  II  eíl  repréfencé  íbus  ia  forme  d’une 
pierre  ronde  ^ coupée  par  la  moitié  , aupres  de 
íaquelle  ell  pofé  un  aigle. 

Le  premier  endroir  oú  Ton  honoroit  Júpiter 
Cajius,  étoit  un  cap  elevé,  qui  féparoit  TEgppte 
¿e  la  .Paleftine,  á 57  tnilles  , c“ell-á-dire , á xa 
licúes  OU  environ  de  Pélufe.  Ce  cap  étoit  appelá 
Mons  Cafius  , & il  n'étoit  pas  moins  célebre  par 
le  tombeau  du  grand  Pompée,  que  par  le  temple 
de  Júpiter ; ( Strab.  1.  xvi.  p.  760.  2.  ío¡¿.  p.  750.) 
mais  nous  n'avons  point  de  médailles  far  ief- 
quelles  il  foit  fait  meniion  de  ce  mont  Capas. 
Le  mont  Capas  en  Syrie , prés  de  Séleucie  , étoit 
lé  fecond  endroit  ou  Júpiter  avoit  un  temple 
fousJe  nom  de  zeys  kasios  ; il  n étoit  pas  fort 
éioigné  d’Antioche,  puifque  les  habitans  de  cette 
viile  alloient  y célébrer  toutes  les  années  une  féce 
en  rhonneurde  Triptoléme  , ( Plin.  l.  iv.  c.  12.) 
qu’iis  regardoient  comme  un  héros.  Une  mon- 
tagne  fituée  vis-á-visde  ce  mont  Capas  , nom- 
moit  Moas  Anticapas.  Le  temple  báti  á Júpiter 
en  cet  endroit,  eft  repréfenté  fur  des  médailles 
de  Trajan  , avec  la  légende  ZEYC  kacioc  & 
CEAEYKEQM  niEPIAC. 

Le  cuite  de  Júpiter  Capas  étoit  auffi  établi 
a CaíEope,  (Suston.  Nerón,  c.  22.)  viile  de  Pille 
de  Corcyre , aujourd'hui  Corfou  , lituée  au  cap 
le  plus  occidental  de  cette  iíle  , & le  plus  voiíin 
de  terre  ferme.  II  n'y  a plus  a préfent  qu  un  cou- 
vent  de  Caloiers , & un  port  qu’on  nomme  en- 
core Porto-Capopo.  C’eft  le  premier  endroit  de 
la  Crece  oú  Méron  ait  abordé  en.  venant  d'Italiej 
Vtprimam  Caffiopamtrajeclt , ák  Suetone,y?aí/»z 
ad  aram  Jovis  Capí  cantare  aufpicatus  ep.  Le  type 
de  ce  Júpiter  Capas  fe  voit  fur  différeníes  mé- 
dailles des  Corcyréensj  il  y paroít  a demí  nud, 
aílis  , le  fceptre  á la  main  droite , & la  main 
gauche pofée  fur  fesgenoux,  avec  cette  légende  ; 
ZETS  ¿ASIOS  L’autre  coté  repréfente  tantót  ía 
tete  de  la  nymphe  Corcyre,  qui  avoií  donne  fon 
nom  á Pifle ; tantót  ia  ttte  d’un  empereur , comme 
d'Antonin-Pie  , de  Septime-Sévére  , de  Cara- 
calla  , Ól.c.  tantót  enSn  un  figure  cPborame  debout, 
en  habit  long , fous  une  voute  foutenue  par 
deux  colonnes,  avec  le  mot  affets  , chaíTeur. 

C.4SLEU  , neuvieme  mots  de  Pannée  fainte 
des  Hébreux,  &:  lerroiliéme  fuiVant  Pordre  civil 
& poiitique.  II  commenijoit  á la  nouvelle  iune  de 
novembre  , & avoit  trente  jours  pleins. 

CASMILUS  & CAMILLUS  , furnom  de 
Mercure,  pris  pour  tm  des  dieux.CA3iREs.  V^oye:¡^ 
ce  mot. 

CASQUE. 

« On  conij'oit  aifément , dít  úí.  le  Comte  de 
Cay!us>  {P.ecj.ezl  d'Anüquit.  iil.  p.  6z.)  que  íi 
la  défenfe  ou  la  ccnfervation  de  la  tete  fut  lin 
áespremiers  obietsqui  atrita  Pattention  deshom- 
aaes’,,  les.  ¿épouiiles  des  anixnaux  fiurent  auSi 


CAS  677 

regardées  comme  ¡es  pretniers  préfens  de  la  nature 
pour  fatisfaire  á cte  befoin.  Ces  dépouilles  útiles 
a la  confervation  de  Phomme , devinrent  bientór, 
par  une  conféquence  nccefi'aire  , un  témoignage 
conílant  de  la  forcé  & de  la  valeur.  Auífi  les  plus 
anciens  rois,  comme  on  le  voit  par  ceux  d’Egvpte, 
¿avoient  pas  dbutre  marque  extérieure  dé  leur 
aurorité.  Ii  réfaire  de  cette  obfervation  que  ¡es 
monumer.s  ©ú  , fur  la  tete  des  hommes  , parcif- 
fent  ¡es  dépouilles  des  animaux , foiit  les  plus 
anciens  , ou  du  moins  les  cop.les  d’un  ufage  qui 
a precede  ceux  du  méme  gente 

« Les  monumens  étrufques  démontrent  rr.ieu.x 
que  ceux  des  autres  nations,  les  paífages  fuccef- 
fifs  de  lafimplicitéprimordiale,  aux  accroilPemeiís’ 
d'une  défenfe  plus  avantageufe  & plus  ornee. 
Le  grand  nombre  de  figures  cafquées  dont  le 
Mafs-am  Etrafcam  eft  rempli , donne  de  fortes 
preuves  de  cette  fucceflicu.  Le  peuou'i!  m’a  été 
poffibie  de  raffembler  en  ce  genre,  fufiiroic  encore 
pour  Pétablir  } rnais  i!  faut  aveuer  que , malgré  le 
fecours  qu’on  peut  tirer  des  recueils  , sis  ne  pré- 
fententpoinr  encore  tous  les  degrés  par  lefqueís 
cette  arme  défeníive  a paíTé.  On  obferve  d'abord 
que  la  tete  de  Panimal  a fervi  á garantir  relie  de 
Phomme  5 & que  íi  tous  les  animaux  feroces  , 
carnaífiers  ou  cornus  ont  été  employés  á cet 
ufage  dans  les  premie.“S  tems  , la  dépouiile  da 
Lion  a été  oréférée  a ceile  des  autres.  Outre  qu'on 
a toujcurs  attaché  de  Phonneur  á le  dompter , 
quoiqu’il  y ait  des  animaux  plus  dangereux  á 
combatiré,  & peut-étre  plus  difticiles  á vaincre; 
la  grandeur  de  fa  peau  donnoit  la  facilité  de 
eouvrir  une  grande  parrie  ducorps,  & de  renouer 
fes  panes  fur  la  poitrine,  comme  on  le  voit  dans 
une  infinité  dé  monumens 

« Si  dans  ¡a  fuite  les  hommes  ont  fabriqué 
des  cafques  de  métal,  ils  ont  confervé  long-tems 
les  oreilles  de  Panimal , & les  ont  placees  aux 
cótés  de  la  caloñe.  Cbft  ce  qu’on  voit  & chez 
les  Etrufques  & fur  des  monumens  bien  plus 
récens.  Mais  plufieurs  fieeles  fe  font  écoulés 
avant  qu’on  aít  atteint  Pélégance,  parce  qu’elle 
eft  le  deinier  pcriode  des  arts  , & que  fans  le» 
objets  de  eomparaifon  il  eft  Trés-di2iGÍle  dé  Is 
fentir.  La  criniére  du  lion  , agitée  par  Paélion  , 
a viaifemblablsment  donné  Pidée  de  ia  eróte 
qu’on  a dans  la  fuite  ajoutés  aux  cafques  de 
Hiétal.  On  lui  a-  donné  quslquefois  une  grandeur 
ridicule  , peu  proponionnée,  & au  coros  auquef 
elle  étoit  attachée,  & ala  radie  de  Phomme  qui 
la  portoit.  Les  Enufques  & les  Gaulois , Trans- 
Alpins  á notre  égard  , ont  furpaíTé  Ies  autres 
nations  dans  cet  exces,  que  le  deíir  de  fe  don^ 
ner  un  air  formidable  leur  a .fons  dsure  infpiré 
«Mais  il  me  paroit  oue  les  Etrufques-, avant I’íe- 
trodufíion  de  ces  crétes  enormes,  ont  .armé  íéurs 
cafjues  de  déux  & ciielquefois  de  trois  pcintes- 
BU  cernes.  Jen  jase  ainíi  , far  te  que  dass  le 
tema  au  cette  íingukdté  íe.  jnsotte  ^ fes  astidés 


CAS 


éviroient  de  repréfenter  un  vifage  , fans  doute 
faure  du  talent  néceffaire  pour  exprirr.er  cetra 
parda  du  corps  humain.  Ce  n’eft  point  á idgno- 
rance  d’un  feul  artille  qud!  faut  s’en  preñare ; 
fouvent  j’ai  eu  occafioa  de  taire  cette  remarque., 
toujourSjála  vérkéj  fur  despiertes  gravees 5 mais 
j'en  ai  vu  plus  de  dix  qui  n'étoient  pas  de  la 
meme  main.  Ces  peupíes  s’appercurent  appa- 
remrnentqu  üleurfaUoit  ajouter  un  pareiimoyen 
d’attaque  , á une  arme  eíTentieilement  faite  pour 
la  dérinfe  , & fe  ménager  une  reíTource  utile 
dans  des  occafions  preflantes  , comme  pour  fe 
désager  ties  rnains  de  ceu:x  qui  auroíent  voiilu  *es 
faiiir  , ou  qui  íes  auroíent  déja  faits  prifonniers. 
Cet  ufase  particuiier  aux  Etrufques  m'a  paru 

digne  de  remarque n , o r 
La  créte  des  ccfques  étrufques  eft  large  & tort 
élevée.  Piuíieurs  monumcns  nous  apprennent  que 
Ies  Etrufques  cherchoient  á fe  rendre  formida- 
bles á leurs  ennemis , par  la  hauteur  exceífive 
de  leurs  cafques.  On  peut  en  voir  plufieurs  exem- 
ples  dans  ]t  Etrnfcum.  Quelques-uns  de 

ces  cafques  ont  encore  un  attribut  particulier  ^ 
que  ces  peuples  ajoutérent  pour  infpirer  appa- 
rem.raent  plus  de  terrear;  üs  íont  chargés  de  üeux 
oreilles  pointues  & fort  élevées.  ^ ■ 

En  examinant  Ténorme  crete  des  cajaues 
étrufques,  on  voit  diftindement^qu  elle  étoJt 
comoofée  á’une  lame  de  cuivre  trés-mincy  car 
a eñconftantqu  eüen  auroit  pu  foiitemr  la  forme 
que  nous  iai  voyons  & qui  paroit  effentselie , 11 
elle  “eút  eré  compofée  de  plumes  ou  d autres 
matiéres  léséres  :‘de  plus  , on  ne  voit  aucu'.e 
apparence  du  travaii  qui  conv!enaro3r_  a^  l indica- 
tion  de  ces  corps  légers  on  ne  díftmgue^  au 
contrairequí  des  traits  droits,  quí  paroiíTent  farts 
pour  cacher  la  jonction  des  James,  tandis  que  je 
corps  du  cafqae  eft  charge  d ornemens.  Les  óren- 
les qui  f accompagnent  fouvenr , font  une  Ante 
des  dépouiiles  des  animaux  , que  I on  faíc  avoir 
été  rorigine  des  cafques  & de  leurs  ornemens. 

Hérodote  avoit  obfervé  auprés  de  Pélufe,  que 
les  retes  des  Perfes , .rbandonnées  fur  un  anclen 
champ  de  bataille  . étoienr  rrés-molles  vers  le  haut 
du  cráne  , & que  calles  des  Egyptiens  etoient 
tres-dures.  Cet  hiftorien  donne  pour  raifon  de 
cerre  différence  , que  le.s  derniers  rafoient  tous 
leurs  cheveax  , & ne  portoient  aucurie  efpece  de 
coéífure.  On  a concia  de  ce  paffage  d Herodote, 
que  les  foldats  égyptiens  ne  porroieat  point  de 
¿afque.  Cependar.t  Diodore  de  Sicile  ait  que  les 
ro'is  d’Egypte  avoient  pour  cimier  de  leurs  caf- 
qu‘’s  . des  teres  de  lion  , de  taureau  ou  de  dragón. 

Ce  que  nous  allons  dire  fur  les  cafques  dans  le 
refte  de  cet  arricie , s’appliqnera  á ceux  des  Grecs 

& des  Romains.  . 

Les  premiers  cafques  qui  remplacerent  Tur  la 
tere  des  guerriers  les  dépouiiles  des  animaux  , 
furent  de  fimpies  caletres,  qui  s agrandirent  fuc- 
geííivemeiit  & eüveloppérent  enfia  toute  la  tete. 


CAS 

Les  caiques  dont  les  anciens  artiíles  ont  chargé 
la  tete  des  ñatues  héroiques,  approchent  beau- 
coup  de  ces  caiottes  firaples.  lis  n’ont  erdinai- 
rement  aucune  des  piéces  que  Pon  y ajouta  par 
la  fuire , relies  que  les  joues  , & les  piéces  qui 
couvroient  la  nuque  du  cou,  le  bonnet  dont  Íes 
cafques  étoient  doublés,  & dont  nous  allons  par- 
1er.  On  y voit  encore  moins  la  vifiére  , qui  for- 
mera  un  arricie  particulier  de  ce  diétionnaire.  Car 
il  faut  diítinguer  foigneufement  fur  Ies  anciens 
cafques  , une  partie  fixe  qui  avanqoit  & proté- 
geoit  le  frent , & que  Pon  pourroit  noir.mer 
frontail , de  la  partie  mobiíe  que  nous  appelons 
vijTere.  Les  Grecs  nommoient  cette  patrie  fixe , 
telle  qu’on  la  voit  ordinairement  aux  cafques  de 
Pallas  , fáraisci  , tap.dís  que  la  viíiére  propre- 
ment  díte  étoit  appelée  Le  fromail 

couvroir  ic  vifage  encier , iorfqu’on  abattoit  le 
cafque  fur  le  nez.  C'eñ  pourquoi  on  y voit  figu- 
ré ordinairement  un  vifage  ou  un  miiffie  , dont 
Ies  yeux  étoient  peixés  a jour  , & laiíToient  par 
leurs ouvertures  la  facilité  de  voir , au  guerrier  qui 
cachoit  fon  vifage'  dans  fon  ca  fque. 

Les  anciens  artilles  du  meilleur  íiécle  de  Parr, 
n’ont  jamais  repréfenté  Ies  héros  de  Pantiquité 
avec  le  cafque  garni  de  piéce^s  qui  couvrent  & 
défendent  íes  joues.  Ces  cafques  étoient  cepen- 
danten  ufagedu  tems  déla  guerre  de  Troyeice'ui 
qu’Homére  donne  á Hippot'noüs , tué  fur  le  corps 
de  Patrocle,  coiivroit  les  joues.  ( lliad.  p.  v.  294.) 
Ces  piéces  s’appeloient  ■eTXfniíi , mor  qui  ne  fe 
rrouve  pas  dans  ¡es  Lexicographes.  Sur  quelques 
médaüles  on  voit  diílinéiement  ces  joues  á des 
cafques  qui  en  foñt  garnis.  La  Aiuie  ftatue  antigua 
fur  laqueile  on  obferve  ces  pidees  du  cafque  qui 
coUvrent  le  vifage , eít  dans  la.  villa  Negroni  a 
Rome.  On  croit  qu’elie  repréfente  un  foldat  , & 
elle  a eré  reílaurée.  Le  comte  de  Caylus  {Antiqu. 
iil.  p¡.  20.  n°.  2. ) a publíé  un  cafque  étrufque 
qui  eíl  garni  de  joues. 

Euftathe  {lliad,  V.v.  2,-71.}  mz  q\xt\ts  cafques 
étoient  liés  avec  une  courroie ,.  .appelée 
dans  Homére  : elle  paíToit  fous  le  .mentón,  8c 
fe  nouoit  enfuite  fur  la  nuque  du  cou.  ^ 

Les  cafques  étant  ordinairement  de  metal  , 
auroient  pu  bleífer  la  tete  par  leur  frctte.ment  , 
c^’eíl  pourquoi  on  portoit  fous  cette  armiire  ^un 
bonnet , {V-  bonnet-  ) qu  Ammien  .vlairceuin 
{lib.  19.)  dit  avoir  été  fait  de  lame.  Peur-etre 
les  foldats  romains  employoienr  - ils  au 
ufage  le  plleus  pannonicus  , fait  de  peaux  , uon 
parle  Végéce.  {lib.  i.  c.  10.).  Sur  une  pare an- 
tique  du  cabinet  de  Stofeh  , on  volt  un  Don..^ 
fous  le  cafque  d"un  guerrier.  II  de.fce.nd  ju^u  a . 
oreilles.  Ce  bonnet  paroiffoit  plus  aulméteme! 
fur  une  pierre  eravée  , qui  étoit  á 
cabinet  de  Farr.éfe.  II  étoit  deja  en  ufagaAm  xrw 
d^Homére  ^ cui  parle  de  celui  d Uiy^:e*  ' 

V.  Le  comte  de  Cavias  a - 

I vol.  de  fon  recueil  d'ar.tiquités , la  deicrip. 


CAS 

& le  deflin  d’un  cafque  antique  de  fon  cabinet , 
qui  avoi:  eré  doufalé  d’un  bonnet  ou  coéfie.  Nous 
la  tranfcrirons  ici  á caufe  de  la  rareré  des  cafares 
antiquesj.  & des  diíiérences  picces  que  loa" re- 
trouve  dans  ceiiii-ci. 

K Ce  cafque  de  bronze  eít  d’un  ouvrage  Fort 
limpie  & Fort  léger.  Les  monumens  de  fon  efpéce 
font  extrémement  rares.  Celui-ci  a neuF  pouces 
de  longueur  extérieure;,  & huir  pouces  une  iigne 
dans  fon  intérieur.  La  raifon  de  cette  dirférence 
vient  de  la  faiilie  qu’il  a fur  le  devant.  Elle  eft 
feníibie  dans  le  deffin  : on  voit  qu’elle  vient 
mounr  fur  la  partie  de  derriére.  Sa  largeur  elt  de 
llx  pouces  neuF  iignes5  ce  qui  conftate  un  ufage 
qu’on  auroit  peut-étre  revoqué  en  doute  , c’ell 
que  les  Romains  doubioient  leurs  cafques  , 8c  y 
mettoient  une  efpéce  de  coéíFe ; car  il  n’y  a point 
ordinairement  de  tete  qui  foit  de  cette  propor- 
tion  5 & cependant  cette  arme  défenfive  devoit 
néceíTairementj  pour  plufieurs  raifons^  étre  jufte 
& Férme  fur  la  tete.  La  proFondeur  de  ce  mente 
cafque  eft  encore  une  autre  preuve  de  cet  ufage , 
puifque  la  haiiteur  ^ jufqu’au  plus  haut  du  boii- 
ton , eft  de  fept  pouces  quatre  ligues.  Le  bouton  , 
fans  compter  l’élévation  imperceptible  d’ou  il 
prend  fa  naiíFance  au  haut  de  la  citconFérence  , 
a un  pouce  de  largeur  , Se:  dix  ¡Ignes  de  hauteur: 
ii  eñ  orné  par  une  efpéce  de  Feuülage.  On  voit 
á l’extrémité  du  rebord  un  cordon  j qui  Fait  le 
tour  de  la  piéce  j,  8c  Cs  trouve  furmonté  par  des 
íilets  ; & de  peur  que  cette  arme  défeníive  ne  Fút 
trop  pefante  on  a eu  foin  de  Faire  le  bouton 
creux.  En  un  mot , cette  beiie  antique  eft  Fon- 
due  avec  une  li  grande  légéreté , qu’elle  n’a 
guére  plus  d'une  ligue  d’épaiíTeur , & que  toiit 
le  morceau  ne  péfe  aujeurd’hui  que  deux  livres 
& quatre  gros,  quoi  qu’il  foit  rempii  de  craiTej 
de  verd- de-gris  5 & de  foudure  que  l’on  a été 
obligé  de  mettre  depuis  peu  pour  foutenir  quel- 
ques  piéces  que  !e  rems  avoit  féparées.  On  y voit 
encore  de  chaqué  cóté  la  tete  des  attaches  de 
bronze  qui  fervoient  á le  teñir  en  état , en  l’aíTu- 
jettiíTant  fous  le  mentón 

Les  cafques  des  limpies  foldats  n’étoient  fur- 
montés  d’aucun  clirder  ni  panache.  Une  pointe 
allongée  ou  un  limpie  bouton  les  terminoit.  Teis 
ils  paroiíTent  Furia  colonnerrajane^  oüles  cimiers 
& Ies  panaches  font  réfervés  aux  centurions  Se 
aux  autres  oíEciers.  Un  cafque  limpie  j c’eft-á-dire 
fans  cimier  , étoit  appelé  Karxírví.  Hérodote 
( Clio)  attribue  auxCariensTinventiondu  cimier, 
ce  qui  a fait  appeler  cette  piéce  du  cafque  cimier 
carien  ( Alc&us ) , x.t/.iix.U.  On  le  peignit 

quelquefois  en  rouge , ainll  que  le  panache  dont 
il  étoit  orné  i les  cimiers  de  plufieurs  cafques  font 
peints  de  cette  couleur,  fur  des  deífins  colones  de 
Barroíi,  confervés  á la  bibliothéque  du  Vatican. 

Les  anciens  cafques  des  guerriers  , á en  juger 
par  la  defcription  qu’en  fait  Homére  , étoient 
furmontés  d’un  panache  formé  de  longues  queues 


CAS  6-j^ 

j de  cheval,  dont  les  cries  étoient  hérilFés.  Pour 
I les  rendre  encore  plus  prepres  á ir.fpirer  la  ter- 
reur  , on  y ajeara  enfuite  des  figures  de  lion  , 
de  dragón  , &c.  Mais  bientct  ces  objets  d’eñroi 
difparurent  fous  les  orne.mens  dont  ils  furent 
enrjchis  , & le  cafque  devint  une  fuperhe  parare. 
Aufii  voit-on  quelquefois  Minerve  íür  les  monu- 
mens  , & principalement  fur  Ies  médaiiles  d’A- 
thénes,  avec  des  cafques  déla  plus  grande  masni- 
ficence.  C’eft  peut-étre  ce  qui  i’a  f;nr  furnommer 
dans  Ariftophane  {Lyffirat.  v.  j 

Homére  lui  en  donne  un  d’or,  ombragé  de  qua- 
tre  panaches  , fuíEfans  pour  couvrir  les  nóm- 
breux  bataillpns  d’une  armée.  (^Fierres  du  Duc 
¿‘  Orléans  ,1.61.) 

Sur  le  fameux  Srarabée  étrufque  , qui  repré- 
fente  Ies  héros  devant  Thébes  , ( kift.  de  Vart.  de 
Winkel.  ) & qui  eft  recoinmandable  par  fon  anti- 
quité , les  cafques  font  furmontés  d’un  panache 
de  toute  autre  matiére  que  de  plumes.  On  doit 
conferver  aux  guerriers  du  fiége  de  Trove  ce 
panache  , auquel  Yirgile  paroít  avoir  fait  aliuficn, 
lorfqu’en  parknt  d’Achille  il  lui  donne  l’épithéce 
de  Crifiatus.  i^JEneid.  l.  v.  473.). 

Les  plumes  fuccédérent  depuis  cette  époque 
aux  crins ; 8c  voici  Ténumération  de  cuelques 
cafques  oú  elles  Font  placées.  Nous  croyóns  étre 
Utiles  aux  artiftes  en  leur  indiquant  ces  modeles 
avec  profufion.  Une  des  Minerves  du  Capirole  a 
fon  cafque  garni  de  plumes.  On  voit  auífi  des 
plumes  au  cafque  d’une  Minerve  gravée  fur  une 
patere  étrufque.  ( Vignette  de  la  i.  DiíTert.  du  il. 
tom.  Mufs..  etrufe.  Gori. ).  Les  cafques  ornes  de 
plumes  étoient  en  ufage  chez  les  Samnites  ( ¿iv. 
1.  IX,  c.  40. ) j on  en  voit  un  femblable  a une 
figure  armée  fur  une  lampe  antique  de  Bellori  {n'>. 
20.).  Les  cafques  á plume  avoient  de  chaqué  cóté 
une  efpéce  de  tuyau  pour  Ies  recevoir  ; il  étoit 
trés-apparent  dans  un  grand  cafque  en  relief, 
qu’on  voyoit  dans  la  colleélion  de  deífins  du  car- 
dinal .ilbani. 

Les  cafques  des  gladiateurs  étoient  furmontés 
de  deux  ailes  , qui  fe  plagoient  dans  des  couliíTes 
latérales  pratiquées  á ce  deíTein.  On  voit  ces  ailes 
dans  les  comibats  des  gladiateurs  fur  un  delfin 
du  Cardinal  Albani ; 8c  Sophocle  en  parle  dans 
fon  Antigone  (v.  1 1 J.  )- 

On  voit  auífi  des  comes  placées  fur  les  caf 
ques  ; cet  omeroent  fut  employé  fouvent  par  les 
Etrufques.  Plutarque  raconte  que  le  cafque  du  roí 
Pyrrhus  étoit  furmonté  de  deux  cernes  de  béiier 
(ira  Pyrrko')  ; cC  ¡’on  vo!t  dans  la  colleélion  des 
pierres  gravéesdu  barón  de  Stofeh , une  páre  anti- 
que fur  laquelle  Mars  porte  un  cafque  garni  des 
snémes  comes  que  celles  dont  les  tetes  de  Jupiter- 
Ammon  font  toujours  ornees. 

Cette  variété  dans  les  cimiers  & les  panaches 
fen'it  de  for.dement  a plufieurs  fiables.  On  fie 
de  Gérv'on  , felón  quelques  auteurs  , un  mionftre 
a ííois’  tetes , parce  qu’ij  avoit  un  triple  cimier. 


6?o  CAS 

Proíkra  changaoit , difoir-on  ^ á tout  mometit 
de  rbrme  , parce  que  c'étoit  un  roí  d'Egypte  qui 
portoit  lous  Ies  jours  un  cafqxí  orné  á un  cimier 
différent,  8c  _ formé  tantót  "d’une  tete  de  üon  ^ 
tantot  de  celie  d"un  dragón , d"un  ours  , d'un 
chevalj  8cc. 

Sur  une  pare  de  la  colleílion  de  Stofch  ( /.  2. 
n° . 5J2I  y j on  volt  un  cafque  toutqjiqué  de  clous. 
Une  bande  unie  fert  át  frontail  5 une  feconde 
bande  palle  fur  le  haut  de  la  tete & va  d’une 
tempera  l’autre.  Ce  cafque  garni  de  clous  ^ peut 
donner  une  idee  de  celui  d’Agamemnon , défigné 
dans  Homére  ILzad.  K.  16 y ) par  ces  mots  ky-- 
x.!};;,.  Celui  de  Dioméde  étoit  conique  & 
allongé  en  amére  ; le  méme  poete  le  déíignepar 
J’épithete  a’jasjjríf  allongé.  ( lliade  A.  v.  ajj.y. 

On  voit  íur  des  bas  - reliefs  de  tombeaux  anti- 
ques & fur  ceux  de  la  colonne  Trajane  , les 
Barbares  porter  des  cafques  , dont  le  cimier  eíl 
ramené  ou  rephé  fur  ledevant comme  le  corno 
ou  bonnet  Phrygien.  Le  comte  de  Caylus  avoit 
fait  avant  nous  cette  obfervation.  li  difoit  ( rec. 
d Antiq.  II.  pl.  n°.  i. ) : cí  J’ai  vu  que  cette 
Amazone  portoit  un  cafque  différent  de  celui 
de  Théfée  , & par  conféquent  des  Grecs^  de 
forte  que  la  créte  en  étoit  fo/mée  comme  ie 
corno  Ph.rygien.  J’avois  foupfonné  cette  diiférence 
dans  1 armure  de  ces  deux  nations  3 Se  parce  qu’il 
étoit  naturei  de  Padméttre  , je  Tai  propofée  3 
comme  trés-vraifemblable,  dans  Ies  petits  arricies 
fur  le  coftume  , qui  précédent  les  tableaux  tires 
d Homere  & de  Virgile.  Mais  il^ft  agréable  de 
trouver  la  cemtuJe  d’une  conjeture , de  quel- 
quenajure  qu’ellefoit , á plus  forte  raifon  quand 
elle  ell  de  lefpéce  de  cei!e-ci  3 c’eñ-á-dire3  im- 
portante pour  les  artiíies  qui  voudront  trairer  Ies 
fujets  de  la  guerre  de  Troye.  Autorifés  par  l'exem- 
ple  d un  tnonument  de  rAntiquiré  , i!s  repréfen- 
teront  plus  hardiment  une  diílinciion  néceíTaire  á 
I.inreüigencc  de  ces  fujets  3 oú  les  diíFérences  fen- 
Ébles  font  li  tares  , qu’on  ne  doit  en  négliger 
aucune.  Le  delir  d’augmenter  la  preuve  des  dif- 
ferences  que  préfentoient  les  armes  Phrygiennes  3 
m’engage  á rapporter  ce  monument.  On  m’a  fort 
aíTuré  que  fonginal  trouvé  á Herculanum  3 étoit 
dans  le  cabinet  du  roi  des  deux  Siciles  j mais  dans 
quelque  üeu  ou’il  foit  confervé  , fa  forme  Se  fes 
ornemens  luí  donnent  un  earaftére  de  vérité  3 
aiicuel  íl  ell  difncile  de  fe  trom-per.  Je  ne  dirai 
nen  de  fa  matiére  : il  eít  vraifemblable  qu’elle 
eíl  de  cuivre.  Je  me  tairai  aufli  fur  fes  propor- 
íicns.  L’examen  de  Tobjet  met  feul  en  droit  de 
s’étendre  fur  les  détails.  Je  dirai  feulement  que 
le  deflin  qu’on  m*a  envoyé  d’Itaíie , préfente  un 
cafque  d^e  fervice  3 Se  tel  qu’il  doit  étrepourcou- 
vnr  la  tete  d’un  homme.  Ce  monument  peut  faire 
conjefimrer  que  des  nations  anciennes  á norte 
^g^rd  ^ mais  modernas  par  rapport  au  íiége  de 
i roie  . ont  confervé  cette  variété  dans  leurs 
eajque-s,  Cepeiidant  il  faut  .conyenij:  qu’on  n’eii 


C A S 

trouve  point  de  cette  forme  fur  les  raonumens  3 
dii-moins  3 ou  ¡is  font  rares  3 ou  iis  m’ont  échañ- 
pés  Les  cafques  des  Barbares  diíFérent  conf 
tamment  des  cafques  Grecs  ; Se  méme  fur  l¡ 
coionne  Trajane3  ceux  des  Sarmates  font  trés- 
hauts  Se  coniques. 

Les  Béotiens  avoient  la  réputation  de  faire 
des  cafques  d’une  exceilenre  trempe  3 Se  meilleurs 
que  ceux  de  toutes  les  autres  fabriques  de  la 
Gréce. 

Les  Grecs  Se  les  Romains  avoient  un  fourreau 
pour  envelopper  leurs  cafques.  Dans  les  marches 
lijes  portoieiit  ainfi  enveloppés  Se  pendus  á leurs 
cotes  3 comme  on  le  voit  á la  coionne  Trajane 
oü  ils  font  attachés  á l’épaule  droite.  "*  * 

Nous  ne  pouvons  finir  cet  arricie  des  cafques^ 
fans  parler  d’une  armure  antique  de  cette  efpéce^ 
qui  étoit  entiérement  fermée.  Le  comte  de  Cav- 
ias en  a publié  le  deflin.  ( Rec.  d'Antiq.  ul. 
f/.  26.  n°.  3. ) La  créte  de  ce  cafque  reflemble  á 
ceíledesEtrufques.  Ilrenfermoit  Secouvroitlatéte 
avec tant  d exaólitudej  que  celui  qui  enétoitarmé, 
ne  voyoit  que  par  deux  ouvertures  rondes  Se  pla- 
cees devant  les  yeux  : aucun  recueil  d’Antiquités 
ne  préfente  des  monumens  de  ce  genre.  Voyez 
, Causia  3 Bo>!NET  d’Ulyífe  3 Se  PiUus  Panno- 
mcus  dans  l’article  Bonnet. 

Casque  de  Platón.  Cette  armure  dn  Sou- 
verain  des  Ombres  a été  chantée  fouvent 
chez  les  anciens  3 fous  ie  Hom  de  ''aiJí? 

OU  Orci  galea.  Lorfque  Ies  Géans  efea- 
ladérent  le  ciel  , Ies  Cyclopes  fournireqt  aux 
Dieux  des  armes  puiífantes  ( Suidas  ) \ ils  donné- 
rent  le  foudre  á Jupiter3  le  trident  á Neptune  , 
Se  un  cafque  á leur  frére.  Quoique  cette  armure 
ne  parut  pas  redoutable  aux  Géans , elle  con- 
trsbua  cependant  beaucoup  á leur  défaite  j car 
elle  avoit  ¡a  propriété  de  rendre  inviiible  celui 
qui  la  portoit.  Pintón  ainfi  armé  leur  lan^a  • 
les^plus  rudes  coups.  Cette  précieufe  armure  avoit 
eré  donnée  á Perfée  lorfqu’ii  tua  Médufe  5 elle 
contnbua  fans  doute  piusa  faviétoire  quel’Egide 
de  Pallas.  Héfiode  rapportant  ce  combat  j dit : 

( feutam  Herculis  , v.  Zl6.  ) ce  que  Je  cafque  de 
Pintón  3 entouré  d’épailles  ténébres  , étoit  placé 
fur  ia  tete  du  héros  Dans  les  Dyoniíiaques 
on  avertit  Perfée  ( lib.  47 , v.  514. ) de  re- 
douter  i’approche  de  Bacchus  3 Se  de  ne  pas 
heurter  le  cafque  de  Pluton  avec  les  pampres 
du  Dieu  de  la  treille.  Nonnus  3 en  décrivaut 
cette  arinure  3 l’appeüe  xepaS-auZis  . variegata  , ae 
couleur  changeante  ; mais  il  ne  nous  appreni 
rien  fur  fa  forme.  On  ne  la  trouve  d’ailleurs 
prefque  jarnais  fur  les  monumens  grecs  & ¡i- 
t:ns  ; Perfée  le  plus  fouvent  eíl  repréfenté  tete 
nue  3 coupant  la  tete  á Méduíe.  On  le  voit  a mu 
fur  un  médaillon  de  Sébaíle  en  Phrygie  , fut 
lequel  il  eíl  sravé  nud  3 avec  un  limpíe  raanteau 
& des  arles  aux  jambes.  II  regarde  i’Egiiie  ¿s 


CAS 

las  placee  derriére  luí , afin  de  n'étre  pas  pétrific  á 
la  vue  du  redoutable  monílre. 

Periee  ayant  donné  aprés  certe  exécuuon  le 
csfqíie  de  Pluton  á Mercare  , quelques  aureurs 
ont  regardé  cette  armure  comme  un  pétafe  5 piu- 
fieurs  monumens  Etrufques  rapportés  par  Gori  , 
font favorables  á cette  opinión,  ainíi  qu'unepein- 
ture  d'HercuIanum  , ( tom.  4.  uzv.  7.  n.°.  7.  ) oú 
il  a la  fórme  du  bonnet  d’Atys.  L^on  explique- 
-roit  par-lá  le  type  d'une  médaille  d'Amaítris  en 
Paphlagonie,  fiirlaquelleune  figure  drapée  C Méd. 
a€s  peup¿es.  tom.  1.  p¿.  40.  J tient  un  fabre  & une 
tere  coupée  : elle  voit  á fes  pieds  un  corps  hu- 
main  étendu  fanstéte:  « Cet  homme  , dit  Pel- 
" lerin  j eft  coefFé  d'une  efpéce  de  bonnet  Phry- 
» giea  , dont  un  pendant  tombe  á droite  & un 
» aucre  á gauche  fur  fes  épauies.'  On  ignore  , 
” ajoute-t-il , á quoi  ce  type  extraordinaire  peut 

fe  rapporter».  Nouscroyons  reconnoitre  ici  Per- 
fee  & le  cafque  de  Pluton.  Les  antiquaíres  ravoient 
confondu  d abord  avec  la  caujla  ^ le  cafque  des 
rois  de  Macedoine.  Mais  la  diñindlion  eíl:  confi- 
tante d aprés  plufieurs  médailles  , & entr’autres 
medaille  de  Smope  , pubüée  par  M.  Eckel 

Tab.  XI.  n° . 6. ).  Elle  fervira  á diñinguer  fur  les 
monumens  la  tete  aílée  de  Perfée  , de  la  tete 
de  Mercare  , avec  laquelle  elle  a d'ailleurs  tant  de 
reiTemblance. 

Qt  bonnet  Phrygien  fervit  auíli  á dérober 
Minerve  au  courrouxde  Mars  {lliai.  h.v.  844.). 
Euftathe , expüquant  ce  vers  d’Homére  , alTuré 
que  le  cafque  de  Pluton  étoit  noir  , & méme  du 
noír  le  plus  obfcur  & le  plus  foncé.  Le  pouvoir 
qu  il  avoit  de  rendre  invifib'e  , le  fit  paífer  en 
proverbe  , & on  en  faifoit  honneur  á tous  ceux 
qui,  par  rufe  ou  par  adreíTe  , trompoientleurs  en- 
nemis  ou  leurs  furveillans.  Ariítophane  a donné 
fon  nom  a la  vañe  chevelure  dans  laquelle  étoit 
enfevelie  la  figure  d'un  certain  Hyéronimus , mau-  . 
vais  poete  Athénien.  Les  niiages  dont  le  foleil " 
d hy  ver  eñ  toiijours  enveloppé  , ont  fans  doute 
fait  Imiginer  rOrc¿  galea  : car  Pluton  étoit  fem- 
bleme  de  ce  foleil. 

CASQUE  , tcrme  dUAntiquaire.  Les  premiers 
empereurs  ne  font  point  cafqués  fur  les  médailles; 
leur_  tete  y paroít  ordinairement  couronnée  de 
laiirier.  Dioclétien  , Conñantin  , Probus  , font 
ceux  que  Ponvoit  cafqués'e.  pías  fouvent,  & cet 
ufage  fur  fuivi  par  leurs  fucceiTeurs. 

^ ^-"^SSANDRE  , filie  de  Priam  & d’Hécube  , 
celebre  par  le  talent  qu’elie  eut  de  prédire  Fave- 
nir.  On  attnbue  ce  don  á deux  différentes  caufes. 
Les  uns  diíent  qu  Helenus  & Cajfandre  , qui 
etoient  ¡umeaux  , furent  portés,  durant  leur 
enfence  , dans  le  temple  d’Apollon.  On  les  y 
laifE  une  nuít  entiére  , foit  par  oubli , foit  qué 
ce  fut  une  coutume_  religieufe.  Le  lendemain  , 
on  les  trouva  entortillés  de  ferpens  , qui  lear 
Icchoient  les  oreilles  ; ce  qui  leur  cordera  á tous 

’^tzquhés  ^ 'Tomt  í^  * 


CAS  íSr 

les  deux  le  don  de  prophétie.  D’autres  ont  dit 
qufii  leur  fiit  communiqué  par  leur  frére  Efaque, 
qui  1 avoit  recu  de  Mérope  , fon  ai'eu!  máteme!. 

Esaque.  La  tradición  la  plus  commune 
eít  qu  Apollen , devenu  amoureux  de  Cajfin- 
dre^  j lui  oíFrit  de  mettre  á fes  faveurs  tel  prix 
qu  elle  jugeroit  á propos  : elle  demanda  Fart  de 
prédire  Fa  venir , & Fobtint  fur -le  - champ  ; mais 
elle  refufa  de^  donner  ce  qu  elle  avoit  promis  en 
echange.  ÍI  n étoit  pas  de  la  dignité  d’un  Dieu 
de  retirer  fes  dons  ;•  mais  il  crut  pouvoir  les  rendra 
inútiles.  II  exigea  qu  elle  lui  donnácau  moins  un 
baifer,  ce  qui  lui  fut  accordé.  Apollen  lui  mouilla 
la  bouche  avec  fa  falive  , 8c  de-la  vint  que  per- 
fonne  n’ajouta  foi  aux  prédiélions  de  Cajfandre , 
8c  qu'on  la  crut  méme  folie , quoique  Féyéne- 
ment  juftifiát  fes  prophéties. 

Cajfandre  étoit  fort  belle  , 8c  fut  recherchée 
en  mariage  par  de  grands  princes.  Yirgile  parle 
de  Coroebus , fils  de  Mygdonus , frére  d’Hécube, 
qui  avoit  été  épris  de  fes  charmes,  & étoit  venu  á 
Troye  pour  la  fecourir.  II  y périt,  pour  n’avoir 
pas  ajouré  foi  aux  prédidions  de  fa  maitreíTe. 
Homére  nomme  Othryonée , qui  étoit  venu 
demander  Cajfandre  en  mariage  , & promettoic 
de  faire  lever  le  fiége  de  Troye  ; il  n'exigeoit 
d'ailleurs  point  de  dot.  Se  la  beauté  de  Cajfandre 
lui  fuffifoit.  Lorfque  Troye  fut  prife,  Cajfandre 
chercha  dans  le  Temple  de  Minerve  un  afyle 
contre  les  meurtriers  ; elle  Fy  trouva  , mais  fon 
honneur  n'y  fut  pas  garanti;  Ajax,  fils  d’Oilée, 
lui  fit  yiolence  aux  pieds  des  autels.  Agamemnon 
en  devint  cependant  amoureux;  Se  dans  le  partaga 
du  butin,  il  Fobtint  des  Grecs,  fans  qu'elle  fur 
tirée  aux  fort.  Clytemneftre  , femme  d'Agamem- 
non  , la  _ fit  maíTacrer  en  méme-tems  °que  ce 
prince  ,_ainfi  que  les  deux  jumeaux  qiFelIe  avoit. 
eu  de  lui.  Les  villes  de  .Mycénes  & d'AmicIés  fe 
difputoient  Fhonneur  d'avoir  fon  tombeau.  On 
luí  eleva  un  temple  á Leudres , oú  £a  ílatue  étoit 
honoree  fous  le  nom  ^ ÁLexandra.  Les  Ooriens 
& Ies  habitans  de  la  ville  de  Dardanas  lui  en 
éíeverent  auíTi  un.  Sa  ftatue  y fervoit  d'afyle  aux 
filies  qu’on  vouloit  maríer  á quelqu’un  qiFelIes 
n’aimoient  pas.  II  falloit  qu’eíles  embraífaírenc 
la  ftatue  habillées  en  furies , ayant  le  vifage  teint 
avec  des  couleurs  trilles  & rembrunies. 

C Ass  ANDRE,  Roi  de  Macédoine.KASSANAPOT 
Ses  médailles  font : 

C.  en  argent. 

O.  en  or. 

O.  en  bronze. 

CASSANDRIA  , en  Macédoine.  Cassan- 

DREA. 

Les  médailles  autonomes  d»  ce'te  vüle  font : 

RRRR.  en  bronze Pelltrin. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Devenue  colonie  romalne  ¡ cette  ville  a faií 

R r r r 


6tz 


CAS 


frapper  plufieurs  médaüles  latines  avec  la  legenda : 
COL.  IVi.  AVG.  CASSANDREN,  ColoTíin  Juliu 
Augiifla  Cajfandrenfis  ¡ en  Thonneur  de  Ciaude , 
de  Néron^  de  Yefpaíien,  de  Kerva^  de  Plotine, 
de  Septime-Sévere  , de  Caligula  ^ de  Titus  ^ de 
Eiagaoale  j de  Verus , d’Antonm^  de  M.  Aureiaj 
de  Commode  ^ de  Donana  ^ de  Caracalia  ^ de 
Gctaj  de  Gordien  , de  Philippe  pére. 

CASSANORUS  , dans  I’Egypre. 

Gojtzius  feul  a attribué  des  médaüles  impéria- 
les  grecques  á cette  ville. 

CASsE.  cc  C etoit  j dit  AI.  PatV,  ( Reck.  Jur  les 
^gyF<^-  t:óm.  I.  p.  14J.  ) , une  grande  précaution 
oe  la  part  des  Prétres  de  PEgypte , d^avoir  enjoint 
a toiit  le  peuple  d’ufer  une  fois  par  mois  de  tiíanes 
laxanves  j dont  quelques  médecins  modernes 
ont  voulu  deviner  la  compolltion ; mais  ils  onr 
été  trés-malheureux  dans  ieurs  conjetures,  lorf- 
qii  ils  ont  cru  que  c^’étoit  une  infufion  de  racines 
de  raifort  & de  bierre.  (_Le  Ckrc , kift.  de  la 
medscme,  lib.  1.  cap.  xviji.').  lis  ignoroient  done 
que  le  cajjier  eít  un  arbre  indigéne  en  Egypte  , & 
que  le  féné  crqit  de  lui-méme  fans  aucuné  culture 
oans  la  Thébai'de , jufqu’á  la  hauteur  de  la  pre- 
rniere  catarate  du  lÁül,  d’ou  en  le  répand  aujour- 
d hui  dans  toute  PEurope  , par  le  moyen  de  la 
lerme  etabiie  au  Caire  , & qui  eíd  ordinairement 
entre  les  mains  des  Juifs,  comme  Ies  principales 
branches  du  commerce  dans  ces  états  íi  bien 
regles  du  grand  feigneur.  II  eñ  aifé  d'aprés  cela 
de  concevoir  de  quoi  on  préparoit  le  remede 
dont  on  fe  fervoit  dans  ce  pays  la  tous  les 
mois  33. 

CASSEROLE.  Voye:^  Etamer. 

CASSIA , famille  romaine  j dont  on  a des 
•médaüles. 

RR.  en  or. 

C.  en  argent.  . « 

C.  en  bronze. 

Les  furnoms  de  cette  famille  font : CELER , 
LONGINÜS. 

Goltzius  en  a publié  quelques  médaüles  incon- 
nues  depuis  lui. 

CASSID  ARIUS  etoit  le  foldat  prépofé  á la 
garde  des  pfques  dans  les  arfenaux.  On  voit  á 
Rome  Pépitaphe  d’un  Candarlas  : 


CAS 

dédommagée  enfuite  : car  Júpiter  la  placa  avec 
toute  fa  famille  dans  le  ciei , ou  elle  forme  une 
coníteliation.  V oye^  Androméde  , Cepkee 
Cicerón  dit  de  Caffiopée , dans  fa  tradution  di¡ 
poeme  aítronomique  d'Aratus  : 

Ldbitur  illa  fimul  gnatam  lacrymofa  rdínquens 
Cajftopeia  , ñeque  ex  codo  depulfa  decore 
Fertur.  Nam  verfo  contingens  vértice  prímum 
Térras  , pofl  hameris  everfá  fede  , refertur. 
Hanc  illi  tribuunt  poenam  Nerddes  alma  , 

Cum  quibas  , ut  perhibent  ^aufa  efl  contendere 

forma. 


<¿.  NAEVIUS.  MARINUS 
MILES.  EX.  ARMAJvíENTORIO.  IMP 
CAESARIS.  nOLíITI ANI.  AUG.  GERMANICl 
CASSIDARIUS 
VIXIT.  ANN.  XXXX 

_ CASSIOPÉE , femme  de  Céphée  , roí  d/Ethio- 
pie  3 & mere  d Anriroméde  , avant  en  la  rémérité 
de  .e  croire  plus  belle  que  les  Néréia'es  , atrira 
fur  fa  fihe  la  colere  de  ces  déeíTes  , qui  priérent 
ISeptune  de  res  venger,  Alais  elle  en  fut  bien 


CASSIS  , cafque.  Mdore  ( xvitt.  14.)  dfc 
que  le  cafque  appelé  cafis  étoit  de  metal , ¡k  que 
Ja  ^¡z/cí2-étoit  un  cafque  de  cuir. 

CASSIUS.  ( Calas). 

Caios  Cássius  3 imperator. 

Ses  médaüles  font : 

RR.  en  or. 

On  y trouve  feulement  fon  nom , avec  la  tete 
de  la  liberté. 

O.  en  argent  & en  bronze. 

CASSOPE  3 .dans  TEpire.  KASsanAinjí. 

Les  médaüles  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  argent. 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Leur  type  ordinaire  eñ  une  colombe  volante 
ou  pofee  dans  une  couronne  de  laurier. 

^ M.  Neumann  lui  a reílitué  les  médaüles  que 
d autres  avoient  données  á Lampa , ville  de 
Créte. 

C.ASSOTIDE , nom  que  Paufanias  donne  á Ja 
■fontaine  Caftalie  , qui  avoit  pris  ce  nom  de. 
Cajfotis , une  des  Nymphes  du  ParnaíTe.  ( Phocid). 
CASTABALA , dans  la  Cappadoce.  kacta- 

BAAEÍíN. 

_ Cette  ville  a fait  frapper  une  médaüle  impé- 
i riale  gretque  en  Thonneur  de  FaulHne , mere.  • 

. L^  type  de  Diane  Perafia  fuffit  pour  la  faire 
diílinguer  des  médaüles  de  Caflabala  3 en  Cüicie. 

^ GASTABALA,  dans  la  Cüicie.  KACtabaaeíTíí. 

Cette  ville  a fait  frapper  des  médaüles  impé-  , 
nales  grecques  en  Thonneur  de  Diadurnénien  & 
d’Elagabale. 

CASTAGNETTES , Crotala.  Inftniment  de 
percuíiion  dont  fe  fervent  les  Efpagnols , les 
Itahens  & lesFranqois  qui  habitent  Ies  provinces 
meridionales.  II  eft  compofé  de  deux  petits  mcr- 
cepx  de  bois , ronds  & creufés  en  forme  de 
cuiller,  dont  les  deux  concavités  fe  mettent  Pune 
fur  1 autre.  On  en‘’attache  une  paire  au  pouce  de 
chaqué  main  , & en  les  frappant  en  cadenee 
avec  le  doigt  du.  milieu  ^ ou  avec  ráiinulaire,  oí>- 


]eur  fairrendre  un  fon  aigu.  C’é:oicun  inftrument 
de  ceire  efpéce  que  les  anciens  appeloient  crotala, 
& que  nous  décrivons  ici  fous  Je  nom  de  caf- 
tagnettes, 

II  faut  diílinguer  foigneufeinent  les  crotales  des 
cymbales  , du  tympanum  & de  la  crupe-^ia  , en 
parlant  des  monumens  antiques  : c'étoient  quatre 
inllrumens  de  muíique  trés-différens.  i Les  crota- 
les étoient  nos  caftagnettes . 2°.  Lescvmbales  étoient 
nos  cymbales  , ces  inftrumens  de  cuivre  que  Ton 
tient  de  chaqué  main , que  Ton  frappe  en  cadenee, 
& qui  font  employés  dans  les  muíiques  milicai- 
res.  3°.  Le  tympanum  étoit  notre  tambour  ce 
bafque,  F" Cymbales  &-  Tympanum.  4°.  La 
Crupezia  ( P^oye:^  ce  mot)  ou  fcabzllus  fe  pla- 
cóle fous  le  pied  & dans  la  femelle  du  muíicien 
qui  conduiToit  i’orcheñre. 

Les  anciens  connoiíToient  deux  efpéces  de 
cafiagnettes  ou  crotales.  Les  unes  étoient  courtes  j 
comme  cellesdont  fe  fervent  encore  Ies  Efpagnols, 
^s  Itah'ens  j Scc.  On  voir  les  cafiagnettes  courtes 
dans  les  mams  d’une  Bacchante  , fur  un  bas- 
te.ief  de  la  V illa-Borgbéfe  {Bartoli  , Admir.  ant. 
tab.  yi.  -74.  £>  Spon.  recker.  d’ant.  dijfert.  zriz.  p. 

I fo. ) , dans  celles  d’une  femme  fur  un  bas-relief 
du  palais  Giuñiniani  de  Borne , 8f  enfin  dans  celles 
de  deux  amours  d’une  peinture  antique , trou- 
vee  a Herciilanum  ( tom.  i.  tab.  32.  & Gori , Muf. 
etrufe.  I.  tab.  72.  rP . 2.  tab.  61.  ) ^ oú  on  les  a 
pnfes  pour  des  clous. 

La  feconde  efpcce  de  cafiagnettes  étoit  plus 
longue.  Les  cafiagnettes  longues  reffembloient  á 
des  batons  courts.  C’eñ  d’elles  fans  doute  que 
veut  parler  Pline  ( rx.  3j. ) , lorfqu’il  compare 
le  bruit  que  faifoient  par  leur  choc  , les 
perles  des  boucles  d’oreilles  appelées  crotalía  : 
Subeunt  luxarii.  ejus  nomina , & india  exquifita 
perditiore  pórtala  ^ Ji  quidem  cum  id  fecere  , ero- 
talio^  appellant  ^ fea  Joño  queque  gaudeant , & 
collifu  ipfo  margaritarum.  On  les  voit  fur  une 
lampe  antique  de  Bellori-  ( Lucern.  ant.  p.  i.  fiír, 
34.  Lid.  fepulcr^  ant.  fig.  18.  ) , fur  une  mofaí- 
que  dont  parle  Winkelmann,  a oropos  d’une  cor- 
naline  de  StofcH  ( v®  clafle  , n<  33.  ) ou  paroif- 
fent  auííl  les  cafiagnettes  longues.  On  les  a prifes 
mal-á-propos  pour  des  flúres  dans  une  peinmre 
d Herculanum  Itom.  j.  tab.  30.  ).  Les  monumens 
de  cette  ancienne  ville  fourniíTent  encore  aux 
artilles  un  fecond  moáslz  áts  cafiagnetteslonguts , 
dans  la  main  droite  du  Satyre  ivre  de  bronze- 
Le  comte  de  Cavlus  ( Rec.  d’antiq.  il.  pl.  82.  /?o's. 

3-  4-  5-  ) 2 publie  un  Mime  de  bronze  qui  tient 
les^  mémes  cafiagnettes  , que  Ies  Orees  appelloient 
, pieces  de  bois  fendues.  On  Ies  voit 
encare  líées'au  thyrfe  d’im  Faune  , qui  eíl  aravé 
fur  une  pierre  dii  cabinet  de  Florence  Fl. 

tom.  il.  tab.  3.  .r;®.  2.  ). 

En  1729,  on  frou’/a  dans  lesenvirons  de  Borne 
une  bafe  ronde  de  marbre,  qui  fut  placée  d’abord 
a la  V illa-Cafaü  , & qui  appartenoit  en  1760, 


au  ffiarquis  de  Lucatelli  de  Borne.  On  y voyoft 
les  travaux  d Hercule  , & ce  héros  agitant  les 
ca^.ynettes  forgées  par  Vulcain  ( Patin.  Thef. 
Aim.  pag.  98.),  que  tui  don.na  Minerve  pour 
cnailer  les  oileaux  de  Stymphales.  V»'inkelmann 
3 cilC  ce  moniiment  lingulier  dans  fa  defeription 
des  pierres  du  barón  de  Stofeh  ( iJ=.  clafTe , n^. 
1699  & £721.}. 

C^ASi  ALIDES,  furnom  donné  aux  Mufes,  á 
cau.e  de  la  fontaine  de  Caftalie  qui  leur  étoit 
coníacrée. 

CASTALIE  , fontaine  au  pied  du  mont  Par- 
naíle  , dans  la  Phocide  , confacrée  á Apollen  & 
aux  Mufes.  C’etoit , difent  les  Poetes , une 
Nymphe  , filie  du  fieiive  Achéloüs  , quApolIon 
metham.orphofa  en  fontaine,  & il  donna  á fes 
eaux  la  propriété  de  rendre  poetes  tous  ceux  qui 
en  boiroient.  Le  murmure  méme  de  fes  eaux 
devoit  infpirer^  l’efprit  poétique.  La  Pythie  , 
avant  de  s aíieoir  fur  le  trépied  , buvoit  de  l’eau 
de  cette  fontaine  ( Paufan.  Pkocic.'). 

C ASTELLUM.  Voyez  CnAXEAu-d’eau. 

CASTELLARIUS  étoit  un  officier  prépofé  3 
la  garde  des  cháteaux-d’eau , & á f infpeélion  des 
concefiions  & des  prifes  d’eau.  On  lifoit  á Borne 
du  tems  de  Marliani,  I’épitaphe  fuivante  d’uii 
Cafiellarius  : 

D.  M. 

CLEMENTI  CAESAR 
UM  N.  SERVO  CASTEL 
LARIO  AQUAE  CL 
AUDIAE  FECIT  CLAU 
DIA  SAEBATHIS  ET  SI 
BI  ET  SUIS. 

C ASTERIA.  Nonius  ( il.  12S.  ) dit  que  ce 
mot  déíignoit  l’endroít  oú  l’on  renfermoit  les 
rames  & les  auires  agres  des  navires.  Plante  en 
fait  mention  {Afinar,  iil.  1.  6.). 

Quin  pol  fi  repofivl  remum,  fióla  ego  in  Cafieria 

Ubi  quiefico  , omnis  fiamilU  caufia  confifiit  tibí. 

CASTIANEIBA.  Uoyeg^  Gorgythion. 

CASTIGATIO  militaris.Gri'itex  ( fuy.  7.  Tkefi. 
inficr.)  rapporte  I’épitaphe  fuivante  d’un  foldac 
qui  fe  glorifioit  de  n’avoir  jamais  mérité  de  cha- 
timent  militaire. 

D.  M. 

C.  JULI.  S.ALUTARIS  ' 

MIL.  COH.  Vil!.  PR.  7 
VETTI.  VALEPIAKI.  MI 
LIT.  ANN.  VI.  VIX.  ANN 
xXXtl.  SJÍ-E.  ULLA.  CASTT 

R r r r rj 


ÍS4  CAS 

GATIONE  FECiT.  AURE 
IIA.  TROPHIME  MAT?. 

PILIO.  PIENTISSIMO 
ET.  C.  JULIO.  SECUNDO 
CONJUGI.  CARISSIMO 

CASTOR.  On  trouvera  aux  arricies  Dioscu- 
RES  Se  Gémeaüx  , tes  dérails  mythologiques 
commuRS  á,  Cafior  &c  á PoHux ; cet  arricie  n otrre 
que  ceux  qui  font  parriciiliers  au  premier-  Celui- 
ci  éranr  regardé  comme  fils  de  Tyndare  5^  rut 
privé  de  timmorraliré  dont  jouiffoit  fon  u'sre , 
íiis  de  Júpiter.  Cafior  & Pollux  ayanr  enieve  les 
filies  de  Leucippe , le  premier  s’artacha  a Elaire> 
ou  Telaire,  & l'époufa.  Mais  il  fut  puni  oienrot 
de  cette  violence  ¡ & celui  auquel  Elaire  avoit 
eré  fiancée  ¡ui  donna  la  mort.  Pollux  pria  Júpiter 
de  le  faire  mourir  lui-méme  avec  fon  frere . ou 
de  partager  entr'eux  l’immortalité  dont  il  jouif- 
foit. Cette  demande  fut  exaucée  j de  maniere 
que  les  Diofcures  paffoient  alternativement  íix 
mois  dans  les  enfers , Se  íix  mois  fur  la 

Les  Romains  rendirent  un  cuite  parnculier  a 
Cafior  y Se  ils  lili  élevérent  un  temple  dans  la 
región,  du  ciroue  de  Flaminius,  Vitruve  parle  de 
ce  temple , qui  n'étoit  confacré  qu’á  Paine  des 
Diofcures  ( vi.  7.  ) : Item  generibus  al'iis  confii- 
tuuntur  Ades , ut  eft  Cafior is  in  circo  Tlaminio. 
Le  vers  fuivant  de  Juyénal  nous  apprend  que 
Pon  y pla^oit  des  dépóts  ( Sat.  7.  v.  2.6o. ) ; 

. . . Ad  vigilem  -ponendi  Cafiora  nummi. 

Les  Romains  juroient  par  ce  temple , en  difant 
Ecafior,  Mecafior  y tandis  que  leurs  femmes  ju- 
roient par  Pollux. 

Cafior  fe  plaifoit  á conduire  des  chevaux  j & 
ce  goút  eft  devenu  le  caraétére  qui  le  diftingue 
de  fon  frére  . qui  fe  plaifoit  aux  exercices  des 
Athlétes  ( íTorar.  il.fat.  I.  v.  26.). 

Cafior  gaudet  equis  y ovo  prognatus . eodem 

Pugnis.  . . . Voyez  Caeires. 

CASTORES.  Muratori  ( 323,  7.  Tkef.  infcr. ) 
rapporte  l'infcription  fuivante  , dans  iaqueile- 
Caftor  Se  Pollux  font  délignés  toüs  les  deux  par 
ce  pluriel , comme  dans  Denys  d’HaliearnaíTe  ; 

CASTO' 

RIBUS 
Q.  ET" 

BALBtJS 

eos 

TASTRA. 

CASTRUM. 

CASTELLUM. 


Les  Romains  avoient  con- 
tume  de  fortifier  des  camirí 


CAS 


dans  les  provinces  quils  avoient  foumifes.  Se 
d'y  mettre  des  corps  d'armées  pour  les  reteñir 
fous  leur  puiffance.  "Ces  camps  furent  habites 
enfuitt  par  les  nationaux  ^ qui  en  firent  des  chá- 
teaux,  des  -bourgs  & des  villes.  De-lá  vient  que 
ces  derniéres  font  appelées  íi  fouvent  Cafira  ou 
Cafirum  y & les  premiers  Cafidlum. 

Onappeloit  aUÍTl  íafirum  & Cafira  les  CASER- 
NES  ( Vcyei  ce  mol)  ou  les  logemens  des  fol- 
dats  qui  étoient  dans  les  yilles._  On  en  voit 
pluíieurs  fur  les  médadies  impériaies  avec  ees 
inferiptions  : providentia  aug.  ou  Augg  : 

VIRTUS  AUGG  ; VIRTUS  MILíTUM  &C.  NoUS 

allons  parler  de  ceux  qui  étoient  á Rome. 

CASTRA  Genciana  & (Jypn'flna.Rufus  diftingue 
ces  deux  cafira  y mais  \ iéfor  n en  íait  qu  un  :eu!  y 
& le  place  dans  la  feptiéme  région  , appelée  lata 
via.  Cétoient  les  logemens  des  troupes  que  com- 
mandoit  Lollianus  Gentianus , fous  le  régne  de 
Pertinax. 

Castra  Mifenatium  étoient , felón  Viñor  . 
auprés  du  portique  de  Livie  , dans^  la  troifiéme 
región,  appelée  ííis  & Sérapis.  C étoit-lá  que 
logeoient  les  foldats  ou  Ies  matelots  de  la  fiotte 
de  Miféne  , lorfqu  ils  venoient  á Rome. 

Castra  Peregrina.  Oii  interprete  diverfement 
ces  mots  ; les  uns  entendent  par-lá  les  cafernes 
des  troupes  étrangéres  qu’Augufte  & fes  fuccef- 
feurs  mirent  au  nombre  de  leurs  gardes ; d autres 
ne  veulent  y reconnoítre  qu’une  efpece  de  cara- 
vanférail  pour  loger  les  étrangers  qui  ne  pou- 
voient  trouver  d’hótellerie  dans  Rome.  Qp9* 
qu’il  en  foit  , les  cafira  peregrina  étoient  batís 
fur  le  ffiont  Cóelius , auprés  de  l'endtoit  ou  eit 
auiourd'hui  Ste  Marie  in  dominica , comme  on 
le  voit  par  les  inferiptions  fuivantes  qui  y out 
été  trouvées  : 

COCCEJDS 

PATRUINÜS 

FRINC 

PEREGRI 

NORUM 


Et. . . FTLICITER.  TICE.  PRINCIPÍS.  PER5 
GRINORU'ví.  TEMPLUM.  JOVIS.  RE 
DÜCIS.  C.  P.  O.  FELICITER.  CUL 
TU.  DE-  SUO.  EXORNAVIT. 


Castra  PrAtoria.  Séjan , qui  comman-dou  Ijs 
cohortes  prétoriennes , perfuada  a 

annal.  ;v.  2.  I.)  qu  il  feroit  avantageux  de  ^ 

dans  on  camp  ces  cohorres  j 
fois  dans  pluíieurs  régions  feparees 
des  autres.  II  haffura  que  ««e  .rcum^ 
cheroit  que  les  délices  de  la 
lear  courage.  Tibére  le  cnit, 
fortiíié  entre  la  porte  Nomentiim 
Salaria , non  loin  de  VAgger  oe  1 arq 


CAS 

_ Le  camp  pretorkn  étoit  fonifié  de  murs  , gar- 
Ji!S  de  tours  & de  remparts  {Tacit.  kifl.  nJ.  48. 
4.  } • Multi  femianimes  fuper  turres  & propugau- 
cuLa  mcenium  exfpiravere.  11  y avoit  1°.  un  temple 
dans  lequel  on  dépofeit  Ies  enfeignes  ( Herodian. 
IV.  4.  12. ) 5 2°.  un  tribunal  elevé  fur  lequel 
montoit  le  general  pour  haranguer  Ies  foldats 
ou  pourreceToir  leur  ferment  ( Tacit.  kifi.  i.  ¡6. 
I.  ) .*  Z/z  fuggejiu  zTi  quo  paullo  ante  aurea  GaLhe 
fiatua  fuerat , médium  Ínter  figna  Othonem.  vexzllis 
circumdarent.  3®.  Un  arfenal  {Tacit.  hift.  1.  58. 
y.  ) • Aperire  armamentarium  jujjlt  , rapta  flatim 
arma  fine  more  & crdine  militis.  4'’.  Des  bains 
a 1 ufage  des  foldats  { Herodiazu  iv.  4.  15.). 
Lorfque  Aurélien  bátit  les  murs  qui  portérent 
fon  noiUj  il  les  fit  conduire  le  long  du  camp 
pretorien. 

Castka  Ravennatium.  Augufte  fit  batir  fur  le 
^annjcule  cas  logemens,  deíiinés  aux  foldats  de 
la  flotte  de  Ravenne  qui  venorent  á Rome. 

Castra  Urbana,  étoieiit  le  nom  collecLif  des 
cafernes  de  Rome. 

_ Castra  délignoient  quelquefois  auífi  un  quar- 
tier  de  Rome  occupé  par  des  artifans  d'une  méme 
profeílion  ; tels  éroient  les  caftra  falgamariorum , 
Je  quartier  des  confifeurs  , &c. 

CASTRAMÉTATION.  Voyeq^  le  Diéiion.  de 
TArt  M1LIT.41RE. 

CASTRENSE.  Ce  mot  défigne  parmi  les  anti- 
quaireslacouronne  que  le  general  dkrinée  donnoit 
pour  récompenfe  au  foldatqui  avoit  forcéun  camp 
ennemi.  Dans  les  beaux  jours  de  Rome  une  limpie 
branche  d’arbreformoit  la  couronne  cafirenfe ^ telle 
fut  celle  que  donna  Romulus  á Hoílius  Hoftilius^ 
qui  étoit  entré  le  prem.ier  dans  Fidénes  ( Plin.  ¿. 
16.  r.  4.  y ; Romulus  f ronden  coronavit  Hoftium 
Hoflilium  , quod  Fidenam  prienus  irrupijjet.  On 
ia  fit  enfuite  d’or  j & elle  étoit  orn.ée  d’efpéce 
de  remparts  , vallas  de-íá  vint  qu’on  la  confon- 
dit  Dientot  avec  ia  couronne  vallazre  , deílinée 
a ceíui  qui  montoit  le  premier  fur  les  remparts 
d-une  ville  affiégée.  Valére- Máxime  les  a etfccti- 
vement  confondues  j en  difant  que  le  confuí  C. 
Fabricius  réferva  une  couronne  vallaire  á celui 
qui  sktoit  emparé  du  camp  des  Lacaniens  & 
des  Brutiensí/ii.  l.  c,  8-  ex.  6.)  : Refiero  die 

ciim  confuí  Ínter  honorandos V aliar em 

corenam  ei  fe  fervare  dixijfet  a quo  cafira  erant 
eppreífa  , Uc. 

La  couronne  cafirenfe  fut  d’abord  la  premiére 
efpéce  de  récompenfes  que  ion  accordoit  aux 
foldats  romaíns & cui  étoient  défignées  par  ie 
nom  colieClif  dona  militarla  ( Sueton.  Aizgufi.  c. 
2p).  Mais  tout  dégénéra  dans  le  bas- empire  ; 

& Ies  courtifans  du  prínce  qui  n'avoient  jámais 
TU  les  camps  , fe  parérent  des  couronnes  caf- 
trenfes.  C'eft  d'eux  que  veut  parler  Tertullíen 
dans  le  paíTage  fuiva.nf  ( de  coran,  milit. ) .-  Efi 


CAS  ^55 

& alia  mzlitía  regiarum  familiarum.  Kam  & cas~ 
trrkses  appelltntur  munifics, , & zpfs,  folennium 
cífarianorum. 

CASTRENSES.  1 . 

CaSTRENSIANI.  f deux  noms  defi- 

gnoient  Ies  ofEciers  du  palais  des  Céfars.  II  en 
ell  fait  fouvent  menticn  dans  les  loix  Romaines. 
Lampride  comprend  fous  le  nom  de  caflrenfes  , 
tous  Ies  ferviteurs  des  Auguftes.  ( Alexand.  Sev, 
c.  41.  ) Aulicum  minifterium  in  id  corar axit.  . . . 
iza  ut  annonas  , non  dlgr.itatem  , acciptrenc  fallo- 
nes & veflitores  , & pifiares  & pincernzz  , omnes 
Castrenses  minifiri.  Corippus  en  fait  Ténumé- 
ration  dans  les  vers  fuivar.s  : ( In  laúd.  Jufiin. 
min.  iil ) : 

Adfuit  obfequio  cafirorum  turba  virorum 
lilis  fumma  fides  , & plena  licentia  faerzs 
Defervire  locis  , atque  aurea  fulera  parare  y 
Regales  menfas  epulis  onerare  fuperbis  , 
Confervare  domuzn  , fanSumque  intrare  cubile  y 
Internas  muñiré  fores  , vestesque  parare. 

CASTRUM  , Toyei  Casernes. 

CASTULA.  Les  Romaines  aopeloient  de  ce 
nom  , au  temps  de  Varron  (De  vita  pop.  Rom.) 
une  efpéce  de  ttinique  qu'elles  mettoient  immé- 
diatcment  fur  la  peau  ^ Se  qukUes  avoient  fubC- 
tituées  aux  tuniques  entiéres  nommées  fubucaU. 
La  cafiula  fe  lioit  au-deíTous  du  fein  ^ & defeen- 
doit  jufqu’á  la  cheville  du  pied.  Les  épau'es  & le 
fein  étoient  alors  cóuverts  avec  la  cyclas  ou  .Ana- 
BOLADION  ^ [v.  ce  m.ot. ) comme  on  le  voit  á 
la  Flore  du  Capitole  : Cafiula  efi  palUolum  precinc- 
tui  , quo  nudát  infra  papillas  prscinguntur  mulleres  , 
quo  nunc  eo  magis  utuntur  , poftquam  fubuculis  defie- 
runt.  La  cafiula  reíTembloit  au  limus  des  Sacrifi^ 
cateurs  ; inais  elle  s’attachoit  plus  haut  & tom- 
boit  plus  bas,  Winckelmann  n'en  a point  parlé 
dans  le  livre  de  ion  hiftoire  de  l’art , oü  il  décrit 
Ies  habits  des  femmes.  Les  monumens  antiques 
en  oífrent  cependant  fouvent  des  modeles. 
CASTULO  , en  Efpagne  Cast. 

Les  Médaüles  autonomes  de  cetre  ville  font: 
RRRR.  en  bronze  ....  Floret^  . ..  Hunter. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Leur  type  eft  un  fp’ninx, 

CASULA.  Cet  habülement , que  Ies  prétres  de 
LÉglife  Grecque  ont  confervé  dans  fa  forme  an- 
ticue 5 Se  que  noas  appelons  chafuble  ^ étoit  la 
voenuia  ( v.  ce  mot.  ) proprement  dire  , comms 
nous  le  voyons  fur  plufieurs  deffins  de  peintures 
trouvées  dans  les  catacombes.  La  Roma  Sotteranezt 
de  Bofius  renferine  ces  deffins  qui  repréfentenc 
des  chrétiens  & des  chrétiennes  revétus  de  la 
cafala  , de  iaquelle  i!s  étoient  entiérement  cou- 
verts  comme  d'un  fac  5 de  forte  que  cetce  vaíle 


6S6  C A T 


C A T 


robe  fermée  h retrouuoit  fur  leurs  épau’es  lorf-  ¡ 
qu^’üs  vouloient  lever  ks  bras,.  C’eñ  Tongine  des  | 
échancrures  que  Ton  a pran^uées  aux  cotés  des 
chafubles  Romaines. 

CASUS  & FORTUNA.  Les  fouverains  Pon- 
tifes-diñinguoient  deux  forres  de  more  violentes: 
cel'e  qui  n'étoit  pas  dans  í’ordre  natu-el,  venoit 
á fortuna  : telle  fut  celie  de  Catón  ; mais  la  mort 
de  ceux  que  tuoit  la  foudre  ou  qii'engloutiiToient 
les  ondes  , vencit  á cafu. 

CATABAUCALESE  , chanfons  des  nourrices 
chez  Ies  anciens. 

CATABOLENSES  , . , , „ 

■ CATABULENSES , f 
Empire  Ies  poltillons  qui  précédo-'ent  Ies  envoyés 
du  prince  fur  les  chemins  pubiies.  I!  en  eíl:  fait 
mention  dans  ie  code  Thcodoíien  8c  dans  Caffio- 
dore.  ( Far.  ni.  lo  & ¡v.  47.  J 

CAMACELEUSME  ^ la  troifiéme  partie  du 
nome  Pythien  , fuivant  Strabon  , & la  feconde , 
fuivant  PoUus. 

CATACHOREUSIS  , chanfon  des  Grecs  j 
pendant  laquelle  on  repréfentoit  dans  les  jeux 
Pythiens  ApoUon  danfant  aprés  fa  vicloire  fur 
le  ferpent. 

Cataciíok.eusis  j cinquiéme  & dernicra  par- 
tie dunome  Pythien  , fuivant  Pollux. 

CATACTHONIEN  , fouyerain  Pontife  d’O- 
punte  , qui  préfidoit  au  cuite  des  Dieux  terref- 
reftres  & infqrnaux.  KATAXeoNlOI  ).  Voy. 
Manes. 


CATACLISTON. 

KATAKAEI2TON. 


} 


Les  Grecs  & les  Ro- 


snains  défignoient  par  ces  noms  génériques,  des 
chofes  précieiifes  qudl  falloit  teñir  renfermées 
fous  clef  ¡ telles  que  les  jeunes  filies  , felón  Calli- 
' ríi2.mt  y { frag.  16.  1.  les  pierreries  , &c. 

CATACLITA  , lit  de  tapie.  Tertulüen  parle 
des  riches  tapis  dont  on  les  couvrost.  ( Pallio 
c.  5 . J quanquam  pavo  pluma  vefiis  & de  cata- 
clitis.  Ce  paíTage  avo.it  été  mal  interpreté  par 
quelques  philologues  qui  I’entendoient  d'un  habit 
particuiier  que  Ton  portoit  dans  les  repas  ^ vefis 
dccuhharia. 


CATACOIMÉSE  , chanfon  en  ufage  qhez  les 
Grecs  , au  moir.ent  o'^  Ton  conduifoit  les  époux 
au  lit. 


CATACOMBES  , grottes  ^ lieux  fouterreins 
pour  lafépultoredesmorts.  CatacumbóL.  Onappelle 
áiníi  en  itahe  les  répultures  des  martyrs  qu'on 
va  viíiter  par  dévotion  ^ & dont  ón  tire  les 
reliques  qu'on  envoie  mrdntenant  dans  toas  les 
pays  catholiques  , aqres  que  le  Pape  les  a recon- 
nues  fous  le  nona  de  quelque  faint.  lis  font  á 
trpis  heues  de  Rome.  C’étoienr  des  grottes  ou 
fe  cachoient  & s'alTembloient  les  premiers  ehré- 
l^iens QU  ils  enterroient  ceux  q entre-eux  qui 


étoient  martyrifés.  Ces  catacomSes  font  de  la  kr- 
geur  de  deux  á trois  pieds  ^ & de  la  hauteur  de 
huit  ou  d;x  pieds  pour  Pordinaire  , en  forme  de 
rúes  qui  fe  communiquent , & qui  fouvent  s'éten- 
dent  jufqu'á  une  lieue  de  Rome.  11  n'y  a nr 
maqonnerie  , ni  voúte  , la  terre  fe  foutenant 
d'elle-méme.  De  temps  en  temps  on  rerxontre 
de  petites  chambres  pratiquées  & faites  comme 
le  teñe  des  cataeombes  , fans  jour  & fans  ouver- 
ture  par  en-haiit.  Les  deux  cotes  de  ces  rúes,  que 
Ton  peut  regarder  comme  les  muraiiles  , fervoient 
de  haut  en  bas  pour  mettre  les  corps  des  morts. 
On  faifoit  un  trou  de  la  iongueur  , de  la  lar- 
geur , & á peu-prés  de  répailfeur  du  corps  ; en 
l'y  piaqoit  fans  cercueil , & en  ligne  paralléle 
á la  rué.  Ainíi  toutes  ces  ouvertures  étoient  dif- 
férentes  felón  la  Iongueur  & TépaifTeur  des  corps 
qufon  y enterroit.  Comme  les  catacomhes  hout 
guéres  que  huit  á dix  pieds  de  hauteur  tout  au 
plus  j il  n'y  a prefque  par-tout  que  trois  ou 
quatre  rangs  de  ces  tombéaux  Pun  au-deíTus 
de  í’autre.  On  Ies  fermoit  avec  des  briques  de 
■ terre  cuite  fort  larges  ^ fort  épaiíTes  , 8c  quei- 
quefois  avec  des  morceaux  de  marbre , cimentes 
dhine  maniere  qu’on  auroit  peine  á imiter  de  nos 
jours.  Le  nom  du  more  fe  trouve  rarement  fur  ces 
tuiles. 

Ces  cataeombes  de  Rome  font  dans  le  cime- 
tiére  de  Callifte  furia  voie  Appienne.  Le  notn- 
de  catacomhes  lignifie  en  général  toute  efpéce 
de  lieux  fouterrains.  On  l’appliquoit  autrefois 
particiiüérement  au  caveau  dans  íequel  avoient 
été  dépofés  les  corps  de  S.  Fierre  & S.  Paul  , 
comme  il  paroit  par  la  trentiéme  lettre  de  S. 
Grégoire  ( Uv.  m.  ) En  ce  temps-lá  on  appeloit 
encore  criptss  ou  cimetieres  , cripta  8c  ccemeteria  , 
les  lieux  ou  Pon  enterroit  les  morts  ; maisde- 
puis  on  donna  le  nom  de  catacomhes  aux  lieux 
fouterrains  qui  fervoient  de  tombéaux  , 8c  que 
Pon  prétend  avoir'été  particuliérement  ceux  des 
ehrétiens.  11  n’eñ  pas  néanmeins  certain  quoii 
n’y  ait  pas  auffi  enterré  des  paiens  ; & il 
évident  que  tous  ceux  qui  y font  enterres  nefont: 
pas  des  Saints  8c  des  martyrs.  Les  fignes  d'apres 
lefquels  on  croit  diíiinguer  les  corps  de  ceux-ci , 
font  affez  equivoques  ; la  ernix,  la  palme  , le 
monograme  de  Jéfus-Chrili  , les  figures  d un  bon 
paiieur  ou  d’un  agneati que  Pon  trouve  gravees 
fur  les  pierres  du  rombeau  , prouyent  bien 
qiPeÜes  ont  farvi  a des  ehrétiens  , m.ais  non  pas 
que  ces  ehrétiens  aient  été  faints  ou  martyrs. 
Les  palmes  ne  font  pas  toujours  un  fignecertam 
de  la  couronne  du  martyrej  & les  phioles  teintes 
de  rouge  ne  prouvent  pas  qiPelks  aient  eré  rem- 
plies  de  fang  plutor  que  d’une  nutre  liqueur.  On 
trouve  quelquefois  fur  une  méme  pierre  des  mí- 
criptionspayennes,  comme  M.  D.  D is  ManihuSi 
d’un  coré  , & de  Pautre  des  fignes  du  chrily 
tianifme  : ce  qui  fait  voir  qu’elles  ont  fervi  a 
dqs  pa’iens  qu  á des  ehrétiens.  On  .ne  doute 


C A T 

point,  ala  véritéj  ciie  cans  le commeticement  du 
chriilianiíme  ii  n'j'  ait  eu  quantité  de  marryrs 
enterres  dans les  cimeticres  des  Chrétiens,  comme 
Tañiirenr  S Jéróme  & Frudence.  Cependant  du 
temps  du  pape  Gregoire  III  j il  y en  avoic  trés- 
pen  de  connus  , puilque  ce  pape  écrivant  á 
Otgar  j archevéque  de  Mayence , qui  lui  de- 
mandoit  un  corps  faint , lui  difoit  qu'il  n’en 
avoit  point  á lui  envoyer  parce  que  fes  pré- 
déceíleurs  ík  ¡ui  avoient  place  les  ccrps  des  fainrs 
dans  les  égiiíes  nouvelieieent  dédiées  ; qu’ll  en 
avoit  cherché  fans  en  pouvoir  trouver  , 2c  qu'il 
pnoit  Otgar  de  lui  doi'.ner  du  temps  pour  en 
faire  une  plus  grande  perqaiíition.  \híabilLo:i  , 
Itiner.  ItaL.  Enjehi  y Rom.  epiftola.  ad  Theopk. 
Cali.  ) 

Les  catatomhes  de  Naples  ont  quatre  enrrées  , 
qui  font  celles  de  Sun  Severo  , de  Sanóla  M.aria 
de  Ha  fanita  , de  1‘  O fpi-sio  di  S.  Gennaro  , 8c 
de  Santa  María  delLa  vita.  Les  catacembes  de 
Saint-Janvier  j celles  dont  fentrée  eíl  dans  Tég  ife 
de  ce  nom  , font  bien  plus  grandes  Se  bien  plus 
belles  que  celles  de  Rome  dont  nous  venons 
de  parler  , & méritent  une  defeription  affez 
détaillée  pour  facisfaire  la  curioíité  du  lefleur, 

On  affure  que  ces  catacombes  ont  deux  milles 
de  longueur  j depuis  S.  Efrimo  Vecckio  , égliíe 
des  Capucins  , qui  eít  du  cote  de  Capo  di  chino , 
fur  le  chemin  de  Capoue  & de  Rome  , jufqu'á 
la  Salute , qui  eíl:  du  cóté  du  midi , oú  elles  ont 
fouvent  fervi  de  fépultures  pour  les  peftiférés. 
Ces  fouterrains  ne  s'étendent  pas  fous  la  viüe , 
comme  ceux  de  Rome.  lis  font  platiques  hors 
de  IS'aples  au  travers  d’une  montagne  , & creufés 
les  uns  fur  les  autres  , non  dans  le  loc  vif  j ni 
ménie  dans  la  pierre  , mais  dans  une  terre  com- 
padle  , ou  , pour  mieux  dhre  , dans  une  efpece 
de  fable  d’un  jaune  rouíTatre  , ferme  , & meme 
dnr  en  certains  endroits  ^ qui  eíl  de  la  vérirable 
pouzzolane  durcie  & que  I on  prendroit  quel- 
quefois  pour  du  tuf.  11  y a trois  galeries  ou 
étages  les  uns  au-deíTus  des  autr*  ; mais  on  ne 
va  plus  dans  l'étage  inférieur  , que  des  tremble- 
nrsns  de  terre  , & réboulement  des  fables  ont 
comblé  en  pluíieurs  endroits. 

On  entre  d’abord  dans  une  grande  me  droire 
de  dix-huit  pieds  de  largeur  ^ fur  quatorze^  de 
hauteur  dans  la  plus  grande  élávation  de  la  voúte. 
Cene  rué  devient  enfuite  tortueufe  , & forme 
Une  efpece  de  carrefour  qui  communique  á plu- 
íiears  petites  rúes  plus  ou  moins  clevées  cui 
femblent  avoir  été  percées  prefqu^au  haíard  dans 
la  montagne.  Ces  catacombes  ne  reíTemblent  pas 
mal  , pour  la  diílribution  ^ aux  fouhks  de  nos 
carriéres  5 on  y trouve  des  chambres  ^ des  culs- 
de-facs  & des  carrefours  , au  milieu  defquels 
on  a laifle  des  piles  ou  maíTifs  pour  fourenir  les 
ierres.  On  peiit  en  dire  autant  de  celles  de 
Rome  , d^oú  Fon  a extrait  le  fable  emp’oyé  á 
conftruirc  les  valles  ther-uies  de  Diocletien. 


C A T G%-] 

J Parmi  les  difrérentes  falles  ou  chambres  , il 
s'en  trouve  cui  paroiifent  avoir  eré  des  chapelies. 
Selon  toutes  ies  apparenqes  , eiies  n"on:  jamais 
été  fermées  ; Se  attendu  l’infeetion  que  ces  fou- 
terrains devoient  produire  , elies  n’ont  pu  fervir 
probableme.nt  qu’á  y réciter  quelques  priéres  dans 
le  temps  qu^on  enterroit  les  morts.  Deux  de  ces 
chapelies  , qui  font  les  premiers  objets  qui  fe 
préfentent  quand  on  eíl  entré  dans  ies  cata- 
cemses , contiennent  des  autels  de  pierres  DruteSj 
& quelques  pemtures  á frefque  , fort  inférieures 
encore  á celles  qui  ont  été  trouvées  á Civita- 
Turchino  : f Voy.  Civita-Turchino  ) elles 
repréfentent  la  Vierge  , les  Saines  ^ Se  paroiíTent 
.étre  du  X'  liécie. 

Dans  toute  la  largeur  des  murs  j on  apperqoit 
des  deux  cotes  , une  quantité  prodigieufe  de 
cavités  percées  horizontalement  j on  en  voit  quel- 
quefois  cinq  , lix  ^ ou  méme  fept  les  unes  au- 
deíTus  des  autres.  Ces  cavités  font  toutes  aíTez. 
grandes  pour  recevoir  un  corps  humain  ; elles 
font  inégales , & il  parok  qu'on  ne  les  faifoic 
que  fur  la  grandeur  de  ceux  qu’on  devoit  y 
mettre  , tant  les  mefures  en  font  variées  : on 
en  apperijoit  pour  tous  les  ages  ^ & i!  s’en  trouve 
de  fi  petites  qu’elles  n’ont  pu  fervir  qu’á  des 
enfans.  Lorfque  ¡es  corps  y étoient  dépofés  , 
on  fermoit  l’entrée  de  fes  trous  avec  une  ¡ongue 
pierre  píate  , pu  avec  plu.heurs  grandes  briques 
rapprochees  & fcellées  á chaux  & á ciment. 
Dans  beaucoup  d’endroits  l’on  rencontre  des 
chambres  avéc  des  niches  , ou  l’on  dreífoit  les 
corps  5 ces  niches  étoient  peut-étre  des  fépul- 
tures particuliéres  de  certaines  familles  ; elles 
ont  prefque  toutes  , au  fend  & par  terre  , un 
ou  deux  cercLieiís  en  forme  d’auge.  On  y voit 
auiTi  des  tombeaux  , dont  pluíieurs  font  revétus 
de  mofaiques  du  bas-áge  ; il  e.n  eíl  méme  qui 
n’ont  point  été  ccm'erts.Tous  les  trous  dont  nous 
venons  de  parler  , font  vuides  , les  cadavres  en 
ayant  été  enievés  ; feulement  on  appercoit  en- 
core des  oíre.mens  dans  quelques-uns ; ( Voyage 
d' un  Franfois  en  Italie  ). 

Le  comte  de  Caylus  ( B.ec.  d’ Ant.  ^ . pag.  137.) 
parle  de  fouterrains  femblables  qu’il  avoit  vus  á 
Sidon  & dans  i’ifie  de  '«íalthe  , & qui  avoient 
fervi  aux  fépakures  comme  les  catacombes  da 
Rome  On  trouve  auíü  des  catacombes  prés  de  • 
Svracufe.  Fhyrr  Arenarius. 

CATADROMUS  , corde  randue  du  haut  du 
théárre  jufqu’aux  plus  has  íiéges  fur  laquelle 
en  vit , du  temps  deXéron,  defeendre  un  élé- 
phant  monté  par  un  chevaiier  Romain.  ' Suet. 
l\er.  c.  ji.  n.  y.  ) Eques  Romanas  elepkanto  fuper- 
fedens  per  catadromum  cecucurrit, 

C ATaEB ATES , voy.  Cataibatis. 
CATAGOGIES  , fétes  célébréas  á Érix  en 
Sicile  . dont  le  nom  venoit  de  , ar- 

rivée.  Les  habirans  d’Érix  célébroien:  ¡ous  les 


633  C A T 


C A T 


ans  Ies  fétes  appelées  anagogies  , á Tépoque  oü 
iis  celloient  de  votr  des  pigeons  fauvages  volti- 
ger  fur  leurs  bords.  lis  imaginoient  que  Yénus 
íes  quittoit  alors  pour  aller  en  Lybie  , & que 
Jes  pigeons  luí  fervoieht  d’efcorre.  Elien  apure 
á ce  récit , que  neuf  jours  aprés , les  mémes 
habitans  voyoient  paroíitre  fur  Ja  mer  du  coré 
de  J’ Afrique  j une  coJombe  purpurine  , beaucoup 
plus  belJe  que  les  autres.  Cétoit , felón  eux  , 

1 avant*coureur  de  Venus  qui  ramenoit  les  pigeons 
á fa  fuite ; & ils  célébroient  f arrivée  de  la  déeíTe 
par  les  fétes  appelées  catagogies. 

KATArrsA  3 qui  raméne. 

Pline  parled'un  groupe  de Praxitéle,  connufous 
cette  dénomination.  Les  deuxfemmes  qu’il  repré- 
fentoit  étoient  Proferpine , ramenée  des  enfers  par 
Cérés  tenant  des  épis.  On  Ies  voit  au  revers  d^une  - 
médaille  d'or  d’Antonia  trés-rare.  Peut-étre  que 
ce  revers  Se  la  légende  l^títia  eos.  iil.  font 
aüulion  á quelque  maladie  de  Fauftincj  jeune 
fiüe  de  cet  empereucj  & á fa  guérifon  procurée 
par  les  fecours  de  Fauftine  ^ fa  mere. 

CATAIBATÉS  ou  Defeenfor , furnom  qui  fut 
donné  á Júpiter  ¡ non  parce  qu’il  defeendoit  fur 
la  terre  pour  y voir  fes  maitreífes  , mais  pour 
marquer  qu’il  y faifoit  fentir  fa  préfence  par  le 
bruit  du  tonnerre j parla  foudrej  par  les  éclairs, 
ou  par  ce  véritables  apparitions.  II  y a voit  á 
Olympie  un  atitel  confacré  á Júpiter  Cataibates  y 
8c  le  Scarabée  étoit  fous  fa  proteétion  , felón 
Ariftophane. 

CATALAUNI , daos  Ies  Gaules. 

Les  médailles  autonomes  de  ce  peuple  font : 
RRRR.  en  bronze.  . . . PelUrin. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

CATAMPO.  Feftus  dit  qu’il  y avoit  un  ieu 
de  ce  nom , fans  le  diftinguer  autrement.  Scaliger 
& Dacier  croient  y reconnoitre  ce  jeu  oá  les 
enfans  marchent  fur  leurs  tetes  & fur  leurs 
mains. 

CATANA  , en  Sicüe.  KATANAinN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

R.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

O.  en  or. 

leurs  types  ordinaires  font : 

— Quadrige. 

— Bige.  — Les  bonnets  des  Diofeures. 

— Foudre  ailé. 

— Femme  debout. 

— Les  déux  fréres  Amphinomus  & Anapius , 
qui  emportent  leurs  pére  & mere. 

CATABAN  , nom  des  gouverneurs  que  les 
eir.pereurs  de  Conñantinople  envoyoient  dans  la 
Pouille  & dans  la  Calabfe  en  Italie.  Queiques  ^ 
favans  nrent  l’origine  de  ce  mot  de 
¿ont  les  Eyfantins  fq  fervoient  pour  marquer  un 


homme  d’autorité  ^ chargé  du  commandement : 
d’autres  croient  que  c’eíl  un  abrégé  de  «aA 
■sraiToy^parofci , apres  Í empereur  , ou  lieiiienant  de 
tempereur^  fomme  nous  difons  viceroi.  Ducanae 
a donné  une  lifte  exacle  de  ces  Catapans  , qu% 
dit  erre  néceífaire  pour  l’intelligence  de  l’hilloire 
byfandne,  & il  en  fait  monter  le  nombre  á 
foixante-un  ^ depuis  Etienne  > furnommé  Maxen- 
ce,  noramé  le  premier  Catapan  fous  Baíile  le 
Macédonien , qui  commenqa  á régner  en  868 
jufqu’á  Etienne  Patrian  ^ qui  oceupa  le  demier 
cette  dignitc  en  1071 , tems  vers  lequel  Ies  Grecs 
furent  chalTés  de  la  Caíabre  & de  la  Pouille  par 
Ies  Normands. 

Aujourd’hui  on  donne  encore  le  nom  de  Cata- 
pan  , au  magiílrat  de  la  pólice  de  Naples. 

CAT APEETE.  Voye^  Catapulte. 


C ATAPHRACTE.  Les  Grecs  & Ies  Romains 
appeloient  cataphraBes  des  vaiífeaux  de  giierre 
longs  & pontésj  ce  pont  Ies  faifoit  diftinguer 
des navires appelés  aphractes.  ( Voye^  ce  mot). 
Leur  nom  grec  z.o'.T¿g>faxri¡¡  veut  dire  , couvert 
de  tout  cote;  & Ies  Romains  le  tranfportérent 
dans  leur  langue  , pour  déíigner  ces  navires  qu’iis 
appeloient  auíS  tecÍA  8c  confiratA  naves. 

CATAPHRACTAIRES.  ^ ^ • r 

Cataphracte.  appeloit  amíi 

dans  les  armées  romaines  des  cavaliers  armés  de 
toutes  piéces  ; ils  étoient  couverts  de  fer  eux  & 
leurs  chevaux ; pour  Ies  chevaux , c’étoient  des 
lames  de  fer^,  attachées  & rangées  comme  des 
plumes  fur  une  toile.  Tite-Live  (xxxv.  48.)  fait 
mention  des  cataphraBes  , d’ou  le  pére  Montfau- 
con  concluí  que  cette  forte  de  cavalerie  étoit 
ancienne.  II  ajoute  qu’alors  elle  faifoit  la  forcé 
des  armées.  II  y avoit  du  tems  de  I’empereur 
Conftance  dans  I’armée  romaine  des  cataphraBes. 
Ammien-Marcelün  {xa.  10.)  dit  que  Ies  Perfes 
les  appeloient  Clibanaires  y qu’iis  portoient  des 
cmraífes  & des  ceintures  de  fer  ; & vous  les 
euíliez  pris  , ajfeute  le  méme  auteur,  plutot  pour 
des  ftatues  de  fer  faites  de  la  m.ain  de  Praxitéle , 
que  pour  des  hommes  vivans.  Les  lames  de  fer 
qui  compofoient  les  vétemens  militaires  des 
cataphraBes  , appelés  du  méme  nom  , étoient 
aífemblées  avec  tant  d’art , que  ce  vétement  con- 
fervoit  toujours  la  méme  grace  dans  tous  Ies 
mouvemenSj  & ne  laiflbit  aucune  partie  du  corps 
expofée.  On  en  voit  pluíieurs  fur  la  colonne 
Traiane. 

Antiochus  , marchant  centre  Scipion  1 afiati- 
que , avoit  trois  mille  cataphraBes  , placés  á la 
droite  des  phalangites.  Les  Grecs  en  avoient  auífi 
dans  leurs  troupes. 

Léempereur  Jiilien  ( Orat.  i.  p.  ^j.Edit.  Lipf.) 
attribuoit  l’invention  de  cette  armure  & de  cette 
efpéce  de  cavalerie  á l’empereur  Conftance.  Mais 
nous  avons  vu  plus  haut  Tite-Live  en  faire 
tion.  D’ailleurs  les  Parthes  ( Plutarch.  in  Crafo-  >- 

oppofereot 


C A T 

opporérent  aux  légions  de  CraíTus  des  cata- 
phraftes  , qu'ils  placérenr  á la  tete  de  leur 
arnaee. 


CATAPIRAi  ER.  Yoyez  Sonde. 
CATAPLÉOX.  On  appeloit  ainfi  !a  maísque 
pehdar.t  laqueüe  on  danfoir  ordinairement  la 
pyrrhique  en  faifant  un  cliquetis  d'armes. 


CATAPULTE.  1 , j 

^ i— CQ.tÚ.'pliLtC 

étoit , felón  !a  plupart  des  taéliciens , !a  méme 
machine  de  guerre  que  la  Saliste  ( Voye^  ce 
mot)  ?c"eft-á-dire  j qifeüe  fervoit  á Iincer  de 
groffes  pierres,  des  traitSj  des  javelots  enormes  j 
&'C.  Le  chevalier  Follart  croit  que  la  catapulte 
ne  ianqoit  pas  def  pierres  j comme  la  baüfte , 
inais  des  trairs  & des  javelots.  Püne  affure  que 
Ies  Syriens  étoient  les  inventeurs  de  cette  ma- 
chine ( vil.  JÓ.)  : Catapultam  Syri  iavenerunt. 
Cependant  Diodore  de  Sicile  fait  honneur  de 
cette  invention  aux  Syraciifainsj  & la  place  fous 
le  régne  de  Denys  Fancien  (^xiv.  p.  aip.).  Les 
Phéniciens  , que  Ton  appeloit  fouvent  du  nom 
géne'rique  Syriens  , fréquentoient  tous  les  ports 
& toutes  Ies  ifies  de  la  Méáiterranée.  lis  y pro- 
pagérent  fans  doate  leurs  arts  &c  leur  induílrie. 
De  Sicile  la  catapulte  ful  apporrce  en  Crece  du 
tems  de  Phiiippe  , roi  de  Macédoine  , comme 
nous  l’apprenons  de  Plutarqiie  ( Apophtegm.  p. 
2.19. ).  « Archidame  , dit-il,  ayant  vu  un  trait 
enorme  lancé  par  la  catapulte  que  Pon  venoit 
d'apporter  tout  récemment  de  la  Sicile,  s^écria  t 
c’en  eít  fait  du  courage  & de  la  valeur  >r. 

La  Catapulte  ou  Catapelte  étoit  auíTi 
un  infirument  de  fupplice^  qui  fervoit,  dit  Suidas, 
á ferrer  les  pieds,  comme  les  menottes  ferroient 
les  mains.  Plaute  es  parle  ( Curcul.  v.  3.  12.)  : 


C A T <ÍS9 

CATAS  COPIA.  Venus  fut  ainíi  appelee  da 
mot  x.aTo.TKi^Cíi , guetter  , parce  Qifeile  avoit  a 
Trézénes  un  temple  dans  la  partie  da  Stade  oú 
«s'exerqo'.t  Hyppoüte  , & oú  Phédre  fe  plailoit  á 
contemplerce  héros  infortuné  (^Paufuiiias  Corin- 
thiac.  ).  Voye-^  SpECULATRlX. 

CATASTA , échafaud  für  leque!  on  plaCoit 
les  efclaves  qui  étoient  expofés  en  vente.  Son 
élévation  favocifoit  Texamen  que  Ton  faifoit  de 
tous  les  membres  de  ces  malheureux.  Le  Scho- 
liafte  de  Perfe  en  donne  cette  définition  '^Sat.  v. 
77. ) : Venales  glaaiatores  i.n  catafla  ponehantur  , 
ut  in.  eis  poífeiit  omnia  membra  confpici  , que  les 
Philologues  ont  entendu  d'un  échafaud.  Nous 
croyons  cependant  qu'elle  déCgne  plutót  une 
cage  dans  laquelie  on  renfermeit  ces  efclaves  , 
in  catafia  ponehantur  , d'autant  plus  que  Piine  le 
fert  auíTi  dans  le  méme  cas  de  la  part'.cule  in , qui 
défigne  la  capacité  (xx.w.  18.)  ; Talemin  catafia 
videre  Ckryfogonum  fylls,. 

Nous  comparoiis  la  catafia  au  travail , cette 
machine  de  boÍs  dans  laquelie  les  maréchaux 
reíTerrent  les  chevaux  diíÉciles  á ferrer.  Cette 
comparaifon  fert  á faire  entendre  plulieurs 
pafiages  des  añes  des  martyrs  & de  Prudence  , 
oú  11  eft  parlé  de  la  catafia  dans  laquelie  on  guin- 
deit  ces  inforcunés  , pour’ieur  bru'.er  ou  tenaüier 
les  flanes  : tels  font  les  vers  fiiiyans  de  ce  poete 
chétiens  ( ars;;  X.  46Ó.  ) ; 

Audite  cunüi  : clamo  longe  , predico  , 

Emitió  vocem  de  catafia  telfior, 

Et  le  fuivant  (^ibid.  i.  jó.), 

Verberum  pofi  vim  creyantum  , pofi  caíafias 

Ígneas. 


Te  ñervo  torquebo  , itidem  ut  catapulta  fiolent. 

II  en  eñ  fait  fouvent  mention  dans  les  aétes 
des  martyrs  , oú  Ton  décrit  cette  catapulte  comme 
une  efpece  de  chevalet,  equuleus. 

CATARACTE.  Les  anciens  nojis  ont  enfeigné 
la  cure  du  ptérygion  & de  la  cataraBe.  lis  ont 
traité  des  maladies  des  yeux  v.  felón  M.  Bernard , 
célebre  chirurgien  angiois  ) auíli  juaicieufement 
qu'aucuá  des  oculifies  modernes.  Ceuj^ci  , s ils 
vouioient  étre  de  bon^^foi , conviendroient  , 
ajcute-t-il,  que  toutes^iurs  théories  & leurs 
pratiques  font  une  répécinon  puré  & limpie  des 
maitres  anciens. 


CATAS  C O PUS,  \ 

catascopium.  r 


x.cg.Tk'Tx.s'Tio;  y petit  nsvire 


que  I on  envoyoit  á la  découverte  & qui  por- 
toi:  des  lentes^  comme  les  brigantins  modepes. 
ííidore  (x  x.  i.)  en  donne  cette  définition: 
ScaphcL  y qiict  y navigiUTít  y quod  jhecu- 

¿atoT'i^^  díCítur  iíurccTXA.TTtx.'j'!  Trhcay  i P lutüfch,  in 


caloñe, 

Aaüquités  i Tome  /. 


Notre  comparaifon  fait  encore  tnieux  fentir  la 
différence  qui  étoit  entre  la  catafia  & le  chevalet, 
tauuleus. 

CATASTOME.  Hefychius  appelle  de  ce  nona 
l’embouchure  ou  la  partie  de  la  ñute  que  1 on  met 
lans  la  bouche  ; alors  c^efl:  la  méme  chofe  qu  O- 
LINOUS.  Voyec¡_  ce  mot. 

CATASi  ROAIATA^'X  ¿es  ponts  cu 

KATASTPOiMATA.  ) . 

fiancliers  qui  diilinguoienr  les  navires  appsies 
:g.taphracies  , des  aphractes.  On  if  inventa  le  pont 
3ui  régnoit  íur  toute  la  longueur  uu  navne,  que^ 
iepuis  la  suene  de  Troyc,  & c en  aux  -ihaue.-S 
3UC  Piine  fait  rhonneur  de  cette  mvention^^  y.i. 
có.^.  11  n’y  avoit  auparavant  que  ceux  eipeces 
Téchafauds,  un  á la  poupe  Sr  1 autre  a la  proue, 
r„r  fe  pLcoient  Jes  comoattans  , comme 

5;^le;mitdansHLére(Oey:  H.  229.  J. 

CAT ASTUS  , ce  nom , derivé  de  c.'itafia  , ma- 
chine dans  laqueüe  on  expofoit.  les  eicla%-es  en 
vente , deviat  le  nom  génénque  ae  ces  uuort-- 

5 í s s 


6cíO  C xA  T 

Hes  chez  Ies  Romains.  Vitrave  ( rjir.  4.  ) dk’ 
Idsoque  fenzper  tn-nfmarbios  catafios  err.cre  for- 
mofos  , & paellas  mataras  , eofqae  conjangere. 

CAT ATROPA  , étoit , fuivant  la  diviíion  de 
Terpandre  , ia  quatriéme  partíe  du  mode  des 
Cichares  (Pollux.  iv.  9.^.  Ce  ínot  figniíie  courfe 
dans  !a  langue  grecqae. 

CATEJA  , arme  de  jet , efpéce  de  iavelot  que 
Ies  Romains  avoient  emprunté  des  Gaulois  & des 
Germains.  líldore  (18.  c.  7.  ) le  peine  comme  un 
trait  fortpefantj  dont  la  portée  n’étoit  pas  lon- 
j mais  dont  FeíFet  étoit  terrible.  Virgüe  en 
mention  {Mneid.  riii,  741.  ) : 

Teutónico  rita  folitt  torquere  catejas. 

CATELL.T , diminiitif  de  catenuls. 
les  chaínes  d’or  ou  colüers  qui  fervoient  de 
récompeníss  aux  foldats  romains.  Tite-Live  dit 
(rrry/jf.  JI.)  t Donati  a calpurnio  eqaites  pha- 
leris.  Qu.in.tius  alter  pr&tar  faos  equites  catellis 
donavit. 

' CATELLM  ( a cura ).  Ces  mots  déíígnent 
dans  une  ancienne  infeription , les  lonétio.ns  d'une 
efeiare  qui  étoit  prépofée  á la  garde  de  la  chienne 
¿"une  Impératrice  : 

OSSA 

AtJRELIxE  LIV.  AüG. 

SER.  A.  CUR.  CATELL^.  SeC.  SCC. 

CATEPkVARII,  Voyez  Gladiateürs. 

CATREDRA.  1 

CATHEDRALIC1I.  > Les  íiéges  dont  íes 
CATHEDRARII.  j 

Romaines  fe  fervoient  étoient  ornes  de  conSins 
te  de  broderies,  ce  qui  Ies  diñinguoitde  ceux  des 
bommesi  lis  furent  appelés  propretnent  cathedrs. , 
& plus  foave'nt  catkedrs. femin.tsL.'L.zs  femmes  s"en 
fervoient  dans  les  fpeáacles , au  rang  ¡e  plus 
elevé  des  gradins,  qui  leur  avoit  été  aíTigné'par 
une  ordonnance  d'Augufté;  & dans  \ts  rheda' on 
carpentum  , quj  Ies  tranfportoicnt  dans  les  raes  de 
Rome  ou  á la  campagne.  On  appeioit  catkedrarii 
■s  efclayes  qui  porroient  ces  íiéges , en  guife  de  li- 
«eres.  Sidoine  en  fait  mention  {Evifi.  1.2.):  Soltu 
Cario  meas  in  transfugarum  perfidiam  invecias  , 
cúrn  advefperafceret  y per  cathedrarios  férvos  vef- 
pAlionihus  tetriores  domum.  raptas  ac  reportatus- 
eft-  Les  hommes  mols  & eítéminés  fe  faifoient 
pprrer  fur  des  cathedr&  comine  les  femmes : d^-Iá 
fiíruom  catkedralicil , fous  lequel  Martial 
es  defigne  mahgnement  {x.  13.  i.}  ; 

Cum  catkedralijiios  portet  tihi  rkeda  minifiros^ 
CAl  air  fiir  lequel 


CAT 

Ies  anciens  danfoient  en  faifant  réfonner  leurs 
armes.  Suidas. 

CaTHOLICIANI.  1 ti  ac- 
CATROLICUS.  5 neítiait  mention  dans 

les  hafiiiques  y CxUcatkoUcus , c"eft-á-direj  du  rece- 
vear  general  dei'Empereurj  auquei  on  donnoit 
ce  nom.  Celuide  catholiciani  déíignoit  Ies  officiers 
Se  les  gens  de  ce  receveur. 

CATJLLATIO.  } 

CAPILLO.  i r-  ■ 

CÁTiLLus.  f 

CATINUS.  j ° afliette  á fu. 

fage  des  cstoyens  peu  riches.  Tantot  il  étoit  de 

terre  ^ cemroe  celui  dont  on  fe  fervoit  dans  Ies- 
facrifiees  ^ pour  rappeler  j f^on  Apulée  ( Apul. 

р.  434.  ) j k pauvreté  des  fondateurs  de  l’émpire 
romain : proque  eo  in  hodiernum  diis  immonalihus 
fympulo  & catino  fictili  facrificat.  Tantot  il  étoit 
de  verre  j comme  celui  dont  parle  Suétone  ( Galb, 

с.  18.  n.  o. ) : In.  catino  vitreo  thus  tenentem.  Son 
diminuíif  étoit  catillus  , d"oú  vient  le  nom 
catillo  , du  poiíTon  appelé  loup  , lorfqu’il  étoit 
peché  entre  les  deux  ponts  du  Tybre  ^ oil  il  étoit 
eenfé  avoir  acquis  fon  embonpoint  en  léchant 
les  immondices  dont  ce  fieuve  étoit  rempli, 
Lucilüus  difoit : 

Ruñe  pontes  Tiherlnos  dúo  ínter  captas  catillo^ 

On  défigria  auffi  fous  ce  nom  Ies  malheureux 
QUI  fe  nourrifíbient'des  ofFrandes  dépofées  fur 
Ies  toiTibeaux,  & on  en  forma  celui  de  catillatio  y 
qui  exprimoit  j,  felón  Fettus  , le  reproche  de  con- 
cuíEon  fait  á un  Romain,  lorfqu’il avoit  dépouülé 
quelques  provinees  de  Tempire. 

CATIüS  ou  Cautus,  dieu  quon  invoquoit 
chez  les  Romains  pour  avoir  de  refpric ; ou , 
fuivant  la  íignification  de  Cautas , dieu  qui  ten- 
doit  Ies  hommes  avifés  & prudens , ou  filis  & 
rufés  ( Augufiia.  de  Civit.  Dez.  lib.  jv.  c.  21.). 

CATO  , furnom  de  la  famílíe  Porcia. 

CÁTOÍM.UIA y t'ü  y.ttTetip.Qs y la  patrie  du  dos 
depuis  la  nuque  jufqu’aux  reins.  Les  Romains 
frappoient  quelquefois  les  criminéis  á coups  re- 
donblés  fur  cette  partie  du  corps  , & ce  fupphce 
étoit  d^gaé  par  Ies  mots  catomo  ou  catomi^ 
c&dere. 

CATOPTROMANdl:  , divinatioo  dans  la- 
qaelle  on  fe  fervoit  d'an  miroir  pour  y lire  les 
événemens  á venir. 

Ce  mot  eft  formé  de  Akrorrrfur y fpeculum  y 
miroir,  & de /íavrEÍa,  divination. 

lí  paroít  par  les  anciens qu’il  y avoit  diver- 
fes  fortes  de  catoptromancie.  Spartien  rapporte 
de  Didius  Julianus  , qui  fiiccéda  á_  Pertinas 
par  la  brigue  des  Prétoriens , de  qui  ü acheta 
i'emprre,  & ne  régna  aue  deux  mois  & cmq 
jours  , que  da.ns  tomes  íes  occafions 


C A V 

íi  coiífukoit  les  magidens  j qii'ane  fois  entre 
autres , aprés  des  enchaaremcns  8c  des  íacrifices 
raagiques  , il  ufa  de  !a  ¿ivination  oú  Toa  le  íerc 
d'iin  iniroir,  qa’on  préfente , non  pas  devant  les 
eax , mais  derriére  la  tere  d’un  enfanr  á aui 
_ on  a bandé  Íes  yeux  ; & ron  raconte  ^ ajoute  t- 
ii  j que  Tenfant  vit  darís  ce  miroir  que  Juliea 
defcendoir  du  troné  , 3¿  que  Sévére  y montolt. 

Pauíanias , dans  íes  Achaiques  , parle  d’une 
autre  elpéce  de  catoptromancie . II  v ayoit,  d¡t-ii , 
a Patrasj  devant  !e  temple  de  Cérés , une  fontaine 
féparée  du  temple  f>ar  une  muraüle;  & lá  étoit 
un  Oracle  véridique , non  pour  toas  Ies  événe- 
mens mais  feuiement  pour  toutes  les  mala- 
dies.  Ceux  qui  en  étoient  atraques  , faifoient 
defcendre  dans  la  fontaine  un  miroir  fufpendu  á 
un  fil , en  forte  qudl  ne  touchát  que  par  fa  bafe 
la  furface  de  Teau.  Aprés  avoir  prié  la  déeíTe  & 
brülé  des  parfums  ^ ils  fe  regardoient  dans  ce 
miroir , & felón  qudls  fe  trouvoient  le  vifage 
hávre  & défiguré^  cu  de  Pemboupoint , ils  en 
concluoicnc  que  la  maladie  étoit  mortelle  j cu 
qudls  en  réchapperoient. 

CATULUS , furnom  des  familles  Lutatia,  ' 

V AL-ERTA. 

CATUS , furnom  de  la  famille  AElia. 

CAVALIER  en  terme  de  fortification-  Voye^ 
Agger# 

CAVALERIE.  j i j-q.-  „ • 

CAVALIER.  r ^eñdanslediaionnairede 

i’ART  3.ÍILITAIRE  que  Pon  doit  chercher  cet 
arricie.  Nous  n’en  parlerons  ici  que  pour -Ies 
anriquaires  Se  les  artiftes. 

Quant  au  harnois  du  cheval  j voye^j;  eR-IDE  :> 

•SELLE,  ÉTRIER,  FERS,  CHEVAL,  cÁtAPHRAC- 
T£S. 

Les  Grecs  & Ies  Romains  des  neuf  premiers 
Léeles  n’ayant  point  d’étriers , s’éianqoient  fur  leurs 
chevaux  , ou  montoient  fur  un  corps  elevé  qui 
les  plaqoit  prefque  á la  hauteur  des  flanes  du 
cheval.  On  faifoit  mettre  de  diftance  en  difíance 
fur  les  voies  romaines  ces  montoirs.  Les  grands 
!k  les  riches  avoient  des  écuyers  qui  les  foule- 
voient  par  derriére  5 & Pon  vit  pluíieurs  fois 
des  conquérans  íunerbes  monter  fur  le  dos  de 
leurs  captifs  profternés , pour  s’élancer  fur  le 
cheval- 

Xénophon  (de  Equitatu.  c.  7.  §.  i.)^  a parlé 
d’une  autre  maniére  de  monter  á chevai  avec  le 
fccours  de  la  lance,  íi:o  ¿'¿íxto^.  Cette  expreflion 
avoit  toujonrs  écé  mal  interprétée  & confondue 
avec  ce!le-ci  Éiri  ¿'¿la,  du  ccté  de  la  lance,  ou  I 
dn  coté  droit.  Winkelmann  trouva  dans  la  nche 
coileciion  des  pierres  gravees  du  barón  de  Srofch  , 
aujourd’hui  du  roi  de  PruíTe  , un  jafpe  gris  & 
un  páre  antique  ( il.  clajfe.  973  ^ 97--  ) ’ ^ 
Paide  defquels  il  comorit  aifémenr  le  fens  du 
lexte  de  Xér.ophon.  Ony  voic  un  Colást 
ineáit.  71°.  2.0Z.  ) montant  a cheval.  il  tient  de  la  | 


C A V <^51 

droite  Ies  renes  & fa  lance,  au  bas  de 
Iact¡e;!e  eft  fixé  un  crampón.  Son  pied  droit  eil 
appuyé  fur  ce  crampón  , qui  fert  á faciliter  fes 
mcuvemens , en  Pélevant  a la  hauteur  du  genou 
au  cheval.  Sa  main  gauche  paiTée  dans  ie  bouclier 
nene  un  javelot.  Ii  eít  vétu  a Pheroíque , c’eil- 
a-dire , qa'il  porte  feuiement  un  cafque  & une 
chlamyde. 

Cavalier.  Ceíl  le  rype  ordinaire  des  mé- 
daiíles  gauloifes,  des  médailles  de  Larinum,  des 
Macédoniens  , de  Néapoüs  en  Itaüe  , de  Roma  , 
oe  S$tabi  , de  Segobriaa  , de  Tárente  , du  roi 
Philippe , &c; 

CAVJEDIUM  f patrie  des  bátimens  anciens 
qui  étoit  ordinairemenr  placee  au  mi'ieu  des 
autres,  & qui  ieur  fervoit  de  dégagement  com- 
mun.  Lorfqu’eile  étoit  découverte , on  Pappeloit 
Impluvium  y c’ étoit  notre  cour. 

CAVAT ORES.  V oyez  Gr A VEURS  de  pierres,, 

CAUCA.  ■) 

CA.UCUS . > vafe  a boire.  líidore  (xir. 

CAU  CATUS 

ay. ) emploie  le  dernier  de  ces  mots  : Cyatki 
pondas  decem  drackmis  appendhar , qui  etiam  d. 
qaibufdam  caacatus  dicitar.  On  tro  uve  caucas 
dans  Spanien , qui  dit  de  Pefeennius  ( c.  10.  ) : 
Tants,  fuit  fcveritatis  , ut  cam  milites  qaofdam  iit 
cauco  argénteo  expeditioitis  tempore  bibere  vidif- 
fet , &c. 

CAUCASE,  montagne  de  l’Alie,  qui  s’appe'oit 
originairement  le  mont  Niphate , 8c  enfuire  ic 
lit  de  Borée.  Voye^  Bcrée.  Elle  prif  enfin  le 
nom  de  caucafe , parce  que  Saturne  s’y  étant 
refugié  aprés  la  guerre  des  géans,  & par  la  peur 
que  lui  firent  les  menaces  de  fon  fiis  , y tua  ua 
berger  nommé  Caucafe.  Júpiter  le  challa  de  cet 
afyie  , le  précipita  dans  le  Tartare,  8c  voulut 
que  cette  montagne  fut  appelée  caucafe , en  Piion- 
neur  de  ce  berger.  C’eít  fur  cette  montagne  que 
Prométhée  fut  lié  pour  avoir  le  foie  dechire  psr 
un  aigle.  Foyei  Proj.íéthée.  Depuis  ce  tems-!a 
Ies  haíairans  du  caucafe  font  une  rude  guerre  aux 
aigles  , dit  Phüoftrate  ; ils  dénichent  leurs  petits  , 
& les  percent  de  fleches  araentes  , difant  qu  ils 
vengent  Prométhée.  Strabon  ( Ub.  il. ) nous 
apprend  que  ces  peuples  faiioient  un  grar.d  deuil 
á la  naiílance  des  enfans,  parce  qu’iis  ailoier.c 
entrer  dans  une  carriere  pleine  de  malheurs  & 
de  difsraces  , au-iieu  que  ceux  qui  mouroient 
étoient  délivrés  , felón  eux  , de  toutes  fortes  de 
maux.  Voiiá  pourquoi  iis  céleorcient  Icurs  funé- 
raiiles  avec  beaucoup  de  joie. 

CÁUCll  numrr.i,  KAYKIOI.  Voyez^  CaVE.Í. 

CAUCULARj-'JS.  Q fynony- 

CAUCULATOR.  S , , ' 

mes  de  czlcularius  , pueur  de  gobe.ets  ; & ns 
font  formés  de  caucas  ou  cauce.  , vafe  a oo.re. 

CAUDEX.  Appius- Claudias  fut  ainfi  r.om.mé 

S s s s ü 


^91 


C A V 


iSenec.  ¿e  hrev.  vh.  c.  13.  ) parce  Qu’íl  en»agea 
!„ : a tnnnfpr  fur  des 


k premier  fes  cotripatnotes  á naonter 
navires  que  Ton  appeloit  CaudicariíE.  Voye^ 
es  mor. 

CAUDICARIM  NAVES.X  ^ ^ 
CAVDICARII.  i ‘ 

Ton  appeloit  de  ce  nom  des  navires  dont  le  bordage 
étoit  trés-épais  : Caudicari&  naves  ex  tabulis^  crajjto- 
ribus  fjfÍA.  Les  premiers  Romasns  délignoient  par 
le  mot  códices , qae  Ton  prononqoit  de  méme  que 
caudices  , pluíieurs  ais  réunis  pour  former  un  plan- 
cher.  De-lá  vient , felón  V arron  ( de  vit- 
Román.  jI.)  , le  furnom  de  caudicarie  ¡ don^  aux 
navires  qui  tranfportoient  les  bleds  fur  le  l^^bre 
d^Oítse  a RomCj  & celui  de  caudicarii  aux  nau- 
íonrúers  qui  les  conduifoient- 

CAUD'INUS  ¡ furncm  de  la  famille  Cos.- 

leSLIA. 

li  fut  donné  la  premiere  fbis  á L.  Lentulus  ., 
qui  confeilla  aux  confuís  de  confentir  á la  capi- 
Culation  des  Fourckes-Caudines. 


CAVE.  On  a découvert  dairs  Herculanum  une 
cdve , autour  de  laquelle  pluíieurs  ronneaux  de 
terre  étoient  rangés  & máqonnés  dans  le  muj ; 
ee  qui  prouve  que  Ies  anciensavoient  une  maniere 
de  taire  leur  vin  différente  de  la  nótre.  Le  viíi 
ne  pouvoit  pas  couler  immédiatement  de  la  cuve 
dans  !e  tonneau , comme  il  fe  pratique  en  quel- 
qiies  endroits , y fermenter  & boutllír  a taife , 
au  moyen  d’un  vide  fuffifant  lasífé  á cette  fin 
dans  le  tonneau.  On  étoit  obügé  de  verfer  le 
vin  doux  avec  des  fceaux  dans  ces  vafes  , qu'on 
ne  pouvoit  ni  remuer  ni  faire  forttr  de  place ; 
& comme  ils.  nécoient  pas  non  plus  capables 
de  contenir  beaucoup  de  liqueur  , il  ne  pouvoit 
y avoir  un  efpace  fufílfant  pour  la  fermentation. 
¿’en  eíl  aíTez  pour  faire  comprendre  pourquoi 
Íes  anciens  étoient  obligés  de,  lailTer  murir  ieurs 
vins  pendant  pluíieurs  années ; aiifll  voycns- 
nous  que  le  vin  d'Aibano  ^ prés  de  Rome  ^ ne 
pouvoit  écre  bu  , au  rapport  de  Píine  , qu’au 
boüt  de  vingt  ans  : tnaintenant  ee  vin  eft  pota- 
ble des  la  premiere  annce.  Les  vins  des  anciens 
reíloient  troubles  jufqifá  ce  qu’iis  fuíTent  trés- 
vieux  ^ Se  cela  les  obligeoit  de  paíTer  le  vin 
avant  de  fe  mettre  á table  ^ ou  pendant  qu’ils  y 
étoient. 


Les  fouilles  de  Pompeii  ont  fait  découvrir  auíFi 
une  cave  qui  a de  largeur  huit  palmes  romains 
(environ  51S  pouces  de  France).  Elle  eíi  divifée 
par  une  voute  píate  , ou  ( ce  qui  revíent  au 
méme)  par  un  mur  horizontal^  en  deux  efpices-. 
un  inférieur  & un  fupérieur.  La  voute  qui  cou- 
yre  l’efpace  fupérieur  eft, en  plein  cei.ntre:,  comme 
a i'ordinaire  , <Se  chacun  des  eípaces  n"a  qae  la 
nauteur  d’un  homme.  Le  vin  s’eñ  trouvé  córame 
pecnfié  dans  un  des  vafes  de,  cetra  cave  , éc 
a une  couieur  bruñe  foncée ; ce  qui  a donné  lieü 
de  eroire  a -plufieurs  perfomies  que,  cette  efpece 


C A V 

de  conftrndlion  avoit  été  établie  pour  enfumer 
ie  vin  j felón  i’ufage  ordinaire  des  anciens , afin 
de  le  purifier  & de  le  faire  múrir  plus  promp- 
tement.  Cependant  Winkebnann  n eft  pas  de  cet 
avis , &• , felón  !ui  ^ refpa'ce  de  la  cave  inférieure 
femble  contredire  cette  opinión.  On  montre  dans 
le  cabinet  de  Portici  le  vin  devenu  ün  corps 
folide. 

Cave  , mois  ou  année.  Ce  terme  de  chrono- 
logie  eft  oppofé  a celui  de  plein.  Le  mois  luiiaire 
fynodique  eft  alternativement  de  xq  jouvs,  oa 
cave , c’ert-á-dire , creux  ou  diminué  ; & de  30 
jours  5 ou  piein.  II  en  eft  de  meme  des  annees , 
dontqaelqíies-unes  fontpluslongues  que  d’autres 
de  méme  ’ forte  ; l’année  lunaire  eft  quelquefois- 
cave  ou  de  35-3  jours ^ &:  ordinairement  de  354 
ou  pleine. 

CAVE  A.  Ce  ñora  J qui  ne  dcíignoitd’abordque 
les  caves  oú  ion  tenoit  renfermées  les  betes  féro- 
ces  fous  les  gradins.&  fous  f arene  des  amphi- 
théátres devint  le  nom  généncue  des  amphi- 
théatres  entiers.  Ceft  dans  ce  fens  qu’il  eft 
empíoyé  par  Ammian-Marcellin^  dans  le^  paiTage 
fuivant  ( XXIX. ')  I Alten  in  ütnphitheatTali  cavea  y 
ciim  adfuturus  Jpeclaculis  introiret  j & par  Ter- 
tullien , dans  fon  traite  contra  Marcion  ( i.  xy. ) : 

Mon  frecuentas  folemnes  voluptatis  circi  furentis ^ 
& caves.  fsvientis  , & fsns  lafcivientís  ? ^ 

CÁ  VEJE  y 'i 

KAVKioi  y > monnoies  du  bas-empire  qui  font 

CAUCIIyS 

creuks  y ea  forme  de  calottes  ^ ou-  de  coup^ 
aopelées  caucüS  í'  Voyez  ce  mot.  ).  II  en  eft 
pWlé  dans  la  Novelle  de  Juítinien  ; & ^es  cabi- 
nets  d’anttquités  en  renferment  píufieurs.  La 
diíFérence  oúi  fe  trouve  entre  les  Bracteates 
( Voyez  ce  mot ) & les  caves , eft  que  cefes- 
ci  ont  des  types  difterens  & de  rehef  fur  les 
deux  cotes  { tandis  que  íes  braétéates  n en  ent 
qa’un  feul  gravé  fur  un  coré  & en  creux  ne 

y3.'d:fs.  y 

CAVERNE,  ant7-,m  fpelunca.  Les  anc.ens 

donnotent  le  premier  de  ces  noms 
cavtncs  qui  foíit  roiivrage  de  la  nature,  ^‘1“ 
les  montagnes  calcaires  ou  volcaniques  o.  ren 
dans  pluíieurs  endrons.  ils  refervoienr  le  leco 
pour  les  cave-ríi.s  qúe  I’arr  avoit  cremees. 

Les  premiers  hommes  uabitoient  íes  cavcrae  , 

& Ies  peuples  pifteurs  confervérent-long  tems  - 
-ufage  das  premiers  ages,  i es  bergers  de  ^ o‘ 
en  parlsnt  encore ,( Eclog  i . 74. 1 : 

VJon  ego  vos  poflkac  vtridi  projeBus  in  antr 

Damofa  vendere  procul  de  rupe  vldeoo. 

Mic  tamen  kanc  mecían  poteris  req’Jlefceres 

Fronde  fuper  viridi  : funt  nobis  miátt  p 

Caftanes  molies  y & pre0.  copia  laüiSy. 


C A V 

Les  cavernes  furent  ¡es  premiees  retriples  con- 
facrés  aux  iiTamor-els.  L’ob'curité  & le  ííience 
CU!  régnoient  dans  ieurs  íinuoítés , difpofoient 
Ies  efpnrs  á ce  recaeüiemenc  religiciix  , que  Ton 
croyoit  infpiré  par  la  préíence  des  dieax.  Une 
des  plus  anciennes  c-~,-er;ies  lacrees  fur  celle  ou 
Ton  célébra  ¡es  myftéres  de  áíithra.  Le  terrein 
de  ¡a  plupar:  des  íñes  de  rArchipe!  eíl  caverne^x  ¡ 
on^connoir  le  labyrinthe  de  Candie  Uancienne 
Crére  , ¡es  grortes  q Ar-dparos  ^ décrites  avec 
tancdefoin  par  Tounieforr,  &c.  Dans  iaLivadie  ^ 
Tancienne  Achaie  ^ on  voit  encore  l’antre  célebre 
de  Trophoimis  qui  eft  formé  par  plus  de  qua- 
ranre_  paffages  vuides  fouterreins.  Nous  ferons 
mention  de  pluíieurs  antres  dans  Tarticle  Plu- 
TONíUM,  qui  traitera  des  cavernes  coafacrées 
aux  divinités  infernales. 

On  mit  les  cavernes  fous  la  proteóiion  fpéciale 
des  nympnes  j que  Ion  appeioit 
xix,a-fK-,svxí,  divinités  quihabitent  Ies  antres.  El'es 
chériiToient  cependant  de  préférence  les  cavernes 
Lumides  & Ies  grottes  d'oü  s'écouloient  des 
ruiíTeaux.  De-iá  viene  que  Virgiie  décrivant  une 
eiaverne  de  cette  forte  {£neid.  i.  170.  ) Pap-pelie 
nympkarum  doTnam , le  palais  des  nymphes.  De-Já 
rinrent  auíTi  á ces  divúiités  les  noms  de  fl^^ria- 
des  d'Ephydriades  , & , felón  Porphyrc  , ceux 
de  Pégées , de  Nai’ades  & de  Crénées. 

Les  envernes  feches  y appelées  par  les 

Grecs^  avoient  audi  des  nymphes  pr'aar  protec- 
trices ; c'étoknt  les  ¡Ñapees , les  Oréades  & les 
Oreífiades. 

II  y avoit  a Rome  phafieurs  envernes  confa- 
crées  p^r  la  religión relies  aue  celles  de  Cacus, 
d’Egériey  & celle  de  Faunus  & de  Picus.  La 
premiére  & !a  derniére  étoient  creufées  dans  le 
mont  Aventin  Quelques  Topographes  croient  que 
la  cáveme  de  Cacus  étoit  íituée  au-deíTus  de  Ste. 
Bíarie-en-Cofmedin  ; d’autres  la  placent  plus  prés 
du  Tybre  j vers  l’ancienne  porte  Trigémina,  On 
pourroit  les  accorder  en  donnant  á cette  cáveme 
deux  onvertures  3 Pune  au-dedus  de  Ste.  Marie, 

& i'autre  auprés  du  Tybre.  Quant  á celle  de 
Faunus  & de  Picus,  on  ne  la  connoít  que  par  ces 
vers  d’Ovide  ( Faji.  ni.  295.  ) : 

Lucus  Aventino-  fuherat  p.iger  ihcis  umbra 
Quo  pojfes  vifo  dlcere  , numen  adeji. 

Irt  medio  gramen  , mufeoque  adoperia  virenti 
Manabat  faxo  vena  perennis  aqui. 

Kircher  (Lar.  vet.  5^ nov.  ¡I.  croit  retrou- 
ver  la  cáveme  de  la  nymphe  Egérie,  dans  un 
antre  appelé  aujourd'hui  Gerulo.  Les  autears  an- 
ciens  nous  apprennent  feulement  quklle  étoit 
íituée  hors  de  la  porte  Capéne.' 

On  rrouvoít  encore  dans  la  feconde  región, 
ckit-á-dire,  fur  le  mont  Ccelius  , un  quarrier  qui  , 
étoit  appelé  anerum  Cyciopis,  11  y a apparcace  ■ 


C A V ^95 

.es  nom  luí  venoit  de  cuelcue  peinture  ou 
enieigne  , fur  laquelle  on  avoit  repréfenté  un 
Cyclope  avec  fa  cáveme. 

CAVIAR.  ^ 

^^^lARhS.  p On  noramoit  ainíi  une  Icnee 

CAVI  ARIA.  ) 

de.cneval,  que  Ion  ofFroit  tous  Ies  cinc  ans  á 
Rome  pour  le  coliége  des  precres.  fedus  oui  en 
íait  rnention  , ne  parle  point  de  li  divinité  á 
ofrroit  cette  ionge.  Tous  les  ans  on 
íaiioit  un  pareil  facrihee  dans  le  moís  d'oCtobre 
au  dieu  Mars  ; la  victime  étoit  un  chaval  appelé 
pour  cette  raifon  ocíober  equas.  Le  rit  exigeoit 
que  la  queue  de  ce  cheval  fue  tranfportée  avec 
tant  de  viteíTe  du  champ  de  Mars , oú  on  la 
coupoit,  jufqkau  temple  du  dieu,  qifil  en  tom- 
bát  encore  des  goutes  de  fang  dans  le  fea  lorf- 
Qu’bn  y arrivoit. 


CAVIARES  (hoíHes).  Foyír  Cakíares. 
^CAVIZOS  , mefure  de  capacité  de  TAÍie  & de 
TEgypte.  Voyeq^  Capkizos. 


CAULONIA , en  Italia,  kata  & ce  mot 
écrit  a rebours. 

Les  médailles  autonomes  de  cette,  ville  font: 
RR.  en  argent. 

O.  en  or.. 

O.  en  bronze. 


CALNUS.  Aprés  avoir  parcouni  pluíieurs  pays 
poursMloigner  de  fa  foeur  Biblis,  Caunus  erriva  en 
Lycie , ou  la  naiade  Pronoé  lui  annonca  !i  m v;  ¿g 
Biblis,  qui  s’étoit  pendue.  Elle  lui'pr:  p.  fh  dg' 
f époiifer  & ce  le  faire  régner  fur  le  pays  , ce  qaf 
fut  exécuté.  Voye^  Biblis. 

CATIRA,,  en  Efpagne. 

Lesymédiilles  autonomes  de  cette  ville  fontf 
RRRR.  en  bronze.  ( Pellerin.J 

O.  en  or. 

O.  en  argent.- 

CAUSIA.  7 T o t « 

KATSiH.  í Grecs  & Ies  Bomains  ap^ 


peloient  de  ce  nom  !e  chapeau  ou  bonnet,  en- 
un  mor  la  coéífure  des  Macédoniens.  £¡'e  fem- 
bloit  étre  exclufive,  comme  le  pétafe  des  Th.íf- 
faüens  , la  tiare  des  Perfes,-  le  bonnet  des  Phry-- 
giens  , &c-  D’aprés  cet  énoncé  on  croiroit  qió'I 
feroit  trés-faciie  de  décrire  1.a  caufi-a  ; m.’.is  la 
contrariéré  des  textes  anciens  nú  il  en  eft  na-'-jé, 
la  tárete  des  monuroens  ou  elle  eft  repréfentée  , 
formenc  une  difficalté  prefque  ir.furmontaMe. 
D'aiüeurs  il  eñ  arrivé  a la  cauda  , ce  que  nous 
voyons  arriver  tous  Ies  lonrs  fous  nos  yeux  j 
fon  nom  ne  déíigna  d'aborc  que  la  cceíTure  des 
Macédoniens  ; mais  par  la  fuite  il  fat  einpíové 
généralement  pour  exprimer  toutes  fortes  de 
coéffures  pea  élevées- 

Euífathe,  dans  fes  fchclies  fur  le  íroifirme  livr.e 
de  riliade,  dir  c-.ie  « la  cauj?c  étoit  une  coéríiirc 
propre  aux  Macédo.nieas ,-  faite-  de  laUne-  fcuiée; 


604  CAY 

( de  fíutra  reíTemblan:  á li  tiare  , & cyi  rr.et- 
te:r  á Tabri  du  íolei!.  « poilus  lo.  f'jJ}. 

líj.)  & Suidas  la  comparent  aafa  3 ia  tiars'dss 
Feries.  La  avoic  en^eifet , conrme  ia  tiare, 

oes  bords  qui  fe  rabattorent  fur  les  joues  & qui 
aírholent  !e  vifage  5 comme  elle  auíTi ia  cauGa 
étok  une  coeírure  limpie  chez  Ies  paríicalieri  , 
mais -riche  & ornee  du  diadeine  fur  Ies  teres 
royales.  Flutarque  raconte  qu  Antoine  ( in  Anto- 
nio) donna  a Ptolérnée  , qu  il  créoit  roí  de  Phé- 
nicie , de  Syrie  bz  de  Ciiicie  , une  caujia  ornee  du 
bandeau  royal  ^ htiay,y.cí¡iZíía^. 

Quelques  médaülrs  de  Phiiippe , roi  de  Macé- 
doísC;,  portent  pour  type  á leur  revers  uncavalier 
{GoLt^G  Gr&cia.  Tab.  xxx.)  coéíté  d’un  cafcue 
trés-platj  dépourvu  de  toute  efpéce  de  clmier 
& d’ornemenr , mais  garni  d"un  leger  rebord. 
Ceñ-!á  fans  doute  cette  caujla  que  Suidas  ( in 
vocs  xciínrau ) définit  : cc  L^rmure  de  tete  erdi- 
«aire  des  Macédoniens,  qui  ieur  fervoit  de  cafqiie 
dans  Ies  combats  , Se  qui  les  dérendoic  de  la 
neige  & de  la  plaie  dans  les  marches  «.  D'autres 
médailles  grecques  portent  des  tetes  núes  de 
íitce  coéírdes  d'un  bonnet  peu  elevé  ^ aux  cotés 
duque!  pendent  des  rebords  k-gérement  releves  : 
ce  font  la  probablemenr  auffi  des  caufia. 

Le  pétafe  des  Thellaliens  avoit  une  grande 
reíTembiance  avec  la  catfia  ; il  nkn  différoit  que 
par  la  pointe  légére  qui  lui  fervoit  de  cimier/& 
par  la  largeur  de  fes  bords  qui  le  rapprochoient  de 
nos  chapeaux  détroufíes.  De-Iá  vient  fans  doute 
que  Dion  (zrx.  p.  645-.)  donne  á la  caufia  Pépi- 
théte  de  tkejfaiienne  , lorfqkil  dit  de  Caligula 
qu  il  permít  au  peuple  romain  de  fe  défendre  du 
foleil  dans  les  théátres  avec  cetra  coéffure.  Mar- 
da!^  parle  de  cet  ufage  dans  un  epigramme  inti- 
tuiée  caufia  ( XIV.  Zp.  ) ; 

In  Pompeiano  teSus  fve&abo  tkeatro 
liam  ventas  populo  vela  negare  foict. 

Les  mate'ots  fe  fervoient  auffi  de  la  caufia  ¡ & 
Plante  (M/L  Glor.  41.)' en  fait  mention 

comme  dffin  artribut  diíiindíif  des  gens  de  mer  ; 

P acito  ut  venias  kuc  ornatu  nauclerlco  ^ 

Cauflam  kabens  ferrugineam. 

On  pourroit  reconnoitre  la  caufa  dans  ua 
bonr.et  moderne  de  cuir,  garni  de  deux  larges 
rebords  qui  coavre.nt  á volanté  les  tempes, les 
joues  & les  oreii’es.  Les  troupes  ñ'ancoifes  Lem- 
pranttren:  des  Gorfes,  iorfqÚ alies  Ies  combatd- 
rent  fous.Ie  régne  cu  feu  roí. 

P '-PTÉRE  adtiiel.  Lkppücation  de  ce  remede, 
aiijourd  iiui  une  des  princíoales  branches 
¿c  la  chirurgie,  été  connue  & Dratiquée  par 
;-;-s  ancí-.'-is.  Ln  apnorifrr.e  d’Kíppocrate  démor- 
rre  tvuiemm.eut  que  ce  grand  médecin  en  faifoit  í 


C A V 

' ufage.  D’aüLears  i!  en  eft  parlé  fréqucmrr.ent 
dans  les  écrits  ce  toas  les  autres  médecins. 
Quelques  écrivains  our  cependant  avancé  que  le 
i cautere  étoit  une  invention  moderna  ; mais  on 
j peut  fe  convai.ncre  faciietnenr  du  conrraire  , en 
j examinant  ce  qu'en  ont  dit  Ceife  & Coelius- 
I Aurélianus.  Les  anciens  en  ont  certainement 
I connu  l'ufage  ; peut-étre  feuiement  n ont-iis  pas 
fu  le  placer  & le  continuer,  comme  nous  le 
faifons  aujourd'hui.  ^ 

CylUTERlA , inílrumens  dont  fe  fervoient 
les  peintres  á l’encauítique , pour  faire  fondre 
leurs  cites  coioriées. 

CAüTES  Deus.  Gruter  ( 89.  4.  Tkef.  incr,  y 
rapporte  Tinfeription  fuivante  , dans  laquelle  Ú 
eft  fait  mention  de  ce  dieu  inconnu  ; 

DEO.  CAUTE 
FLÁVIÜS.  ANTISTIANÜS 
V.  E.  DE.  DECEM.  PRIMIS 
PATER.  PATRUM 

CAUTO  Pan.  Gruter  c '^9-  J-  l'hef.  infer.") 
rappcmte  rinfeription  fuivante,  dans  laquelle  il 
eíl  naention  d'un  dieu  Cautas  Pan  abfolti- 
menc  inconnu. 

CAUTO.  PAN 
C.  MUNATIUS 
(JUIR.  TIRO.  II.  VIR 
I.  D.  ET.  C.  IsíUN 
ATIUS.  PRONTO 
FILIUS.  D.  D 

CAÜTüS.  Voyei^  Catiüs. 

CAYLUS.  “ Le  comte  de  Caylus  , ditlecélébie 
Winkelmann , a écrit  avec  cette  grande  circoaf- 
peddon , fruir  d’une  fage  prudence  qui  ne  veift 
den  haíarder  5 on  voit  que  fon  pied  a foulé 

ignes 

Suppofíos  cineri  dolofo. 

On  ne  peur  d’ailieurs  lui  difpater  la  gleire  d^voir 
été  le  premier  qui  ait  taché  de  connoítre  ie 
caraétére  du  íl}de  des  anciens  »• 

« Quoique  Yt  inkelmann,  dit  M.  DaíIHorf,  cans 
fes  notes  fur  cet  antiquair-e , poíTédar  une  plus 
grande  éruditicn  clafficue  que  le  comte  de  Caylus  , 
on  peut  dire  que  ceiui-ci  fe  diítinguoir  par  une 
connoiííance  profonde  & étendue  des  arts  méme 
oont  i!  connoiiToit  parfaitement  le  méchanifme  , 
deffinant  & gravantfupérieurement  bien.  Souvent 
le  kdteur  réSéchi  & qui  cherche  la  vérité  , fura 
plus  lansfaít  de  rinílrudtion  fage  & rcglée  de 
M.  le  comte  de  Ca’dus  , que  de  í’infpiration  par 
lois  impetueuíe  de’vfinkelmann.  Se  de  la  Enarucre 


C A Y 

prophetique  &■  erthcuíiafte  avec  ¡acuelle  il  ex- 
plique les  -¿nciens  monumens  de  I’art,  ainíi  que 
íil.  le  profeiíeur  Heyne  Fa  remarqué  dans  fon 
admirable  éioge  de  V.'inkelmann 

Kous  Rous  acquittons  autanr  qa'ii  eíl  en  notre 
pouvoir  des  fecours  nombreux  qu'a  recu  !e  dic- 
tionnaire  des  antiquhés  de  cette  ERcvclopédie  3 des 
écrits  du  favant  corree  3 en  j inféran:  ¡es  éloges 
qu'en  ont  fait  deux  éirangers  3 dont  les  ternoi- 
gnages  ne  fauroient  erre  fuf-ecís.  Ceux  des  ecri- 
vaiiis  franqois  auroieat  pu  le  paroitre  j c'eíl  pour- 
quoi  nous  ne  les  rappelons  pas  ici. 

CAYSTRIANI  ^ en  Lydis.  kayxtpianqn. 
Les  médaiiies  autonomes  de  ce  peuple  font: 
ERRR.  en  bronze.  {Fellerin.) 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

CAYSTRIUS,  un  des  héros  des  Ephéílens  3 
qui  avoir  un  temple  & un  atirel  prés  du  fleiive 
Caydre  , dans  íe  voilinage  d’Ephéfe  j felón  Srra- 

bon  (//¿.  XIV.'). 

CEA  3 ifle.  V oye^  Ceos. 

CEB  ou  CE?  3 efpéce  de  Satyre  dont  parlent 
Soün  •■^ck.  JO. ) 3 Piine  ( //'v.  8-  ckip.  15,  ) 3 & 
Strabon  ^(L¿.  16.  ).  í!  avo:t , dit  Piine  3 les  pieds 
de  derriére  femblables  á ceux  de  rhorn#;  , & 
ceux  ue  aeyant  faits  á peu-pres  comme  nos  mains. 
Diodore  lui  donne  une  tete  de  lion  , le  corps  du 
panthere  3 & la  radie  d’une  chévre.  Piine  dit 
que  Pompée  en  íit  venir  d’Ethiopie  , & qu  on 
n'en  a jamais  vu  á Rome  que  cette  fois-lá.  I! 
paroít  que  c etoit^  quelque  efpéce  extraordinaire 
de  finge.  Les  habitans  de  Meinphís  luí  rendoient 
un  cuite  particulier.  V oye-^  Chrcopitheqüe. 
Cji.ííESSUS  , dans  la  Lycie.  khbkcceqsí. 

On  cropir  que  cette  ville  avoit  faiffrapper 
oes  médailjes  imperiales  grecques  fous  Faucorité 
de  fes  ÁrchonteSj  en  I'honneur  de  Philippe  pére; 
naais  c etoit  une  erreur  de  Vaillantj  qui  avoit 
mal  la  Finfeription  kiAthcceqní.  Voyer  Ci- 
DYESSUS. 

CEBRENUS  3 fieuve , pére  d’ÍEnone.  Voyez 

®NON£.  ^ 

CECROPíENNE  3 furnom  de  Mfnerve.  íi  lui 
fut  do.nne  apres  qu  eiie  eut  impofé  un  nom  á la 
Ville  deCécrops3  c*eft-,a-dire  3 á Athénes. 

CECROPS  3 criginaire  de  Sais  en  Estupre  , 
zmena.  une  colonie  dans  FAttique.  Ii  y époufa 
la  filie  d’Adéus  C^oyei  Actéüs.  ) & batir  la 
vi;*e  fF Athénes  3 dont  il  fut  roí  aprés  la  tnort 
de  fon  beau-pére.  En  bátiflant  cette  viFe  , il 
trouva  un  olivier»&  une  fontaine.  On  confuirá 
fur  cette  découverte  Foracle  de  Deiphes.  11  répon- 
ait  quehe  annoncoit  que  Aíinerve  3 á laouelle 
lo.iYier  etoit  confacré3  & Neptune3  dieu  des 
^MX,  avoier.t  droit  de  nommer  ía  nouveife  v’H^ 
Mínerye.  On  dit  de  Cécrops,  qu^E  ét¿i¿ 


c E C 

moitíe  homme  & moitié  ferperrt.  It  fut  pére 
o Agíante  3 de  Herfé  be  de  Pandroíe.  Voyez  ces 
treis  mots. 

La  chronologie  des  Marbres  d’Arundel  com- 
mente  á Cécrops  , auquel  fuccéda  Cranaiis. 

iCtixFY<l>AAAOS  3 efpcce  de  voile  ou  d^orne- 
ment  des  femmes  grecques.  Ce  mor  veut  diré 
xiiEi.  V oye:^  cet  anide. 

CECL3E  3 cceiuhum.  Entre  la  ville  de  Fundi, 
lur  la  voie  Appienne  , & ceUc  d’Amydés  3 étoit 
fitue^le  cantón  de  cécube.  Horace  a chanté  fou- 
vent  j”excelient  vin  qui!  produifit  3 qaoiqa'ii ' fue 
entoure  de  marais  & de  terreins  plantes  en  peu- 
piiep  pjme  (Ad.  14.  c.  6.)  fe  plaignoir  cent  ans 
apres  de  ce  que^  ces  pians  de  -'/ignes  de  cécube 
avoient  degeneré  : av.tea  cscubo  vino  erat  genero- 
Jitas  celebérrima  y m palujlribus  populetis  j Jinu 
^myclano»  » 

^ CÉCULUS  j fiis  de  Vulcain  Se  de  Prencue  ^ 
rur  formé , dit  la  fable  > par  une  étincelie  qsi 
vola  de  la  forge  du  dieu  dañs  le  fein  de  f?.  mere. 
Elle  jiomma  fon  fiis  Céculus , parce  qudl  avoit 
de  tres-petits  yeux  , ou  parce  que  fes  yeux  étoient 
un  peu  endommagés  par  la  fumée.  Aprés  avoir 
éte  elevé  panrd  Jes  betes  fauvageSj  ii  fu:  trouvé 
au  milieu  dhin  feii  fans  étre  endommágé  par  les 
fiarnmes3  ce  qui  confirma  fa  naiííance.  Qiielqu’un 
malgré  cela  ayant  voula  la  ¡ni  conteíler3  V'ülcain 
eut 3 an-on,  recours  au  ronnerre  de  fon  pére, 

• ¡2  foucre  fur  ces  téméraires.  Cécule 

bátit  en  ítalie  !a  viile  cufii  appela  Preneíle  , da 
nom  de  fa  mére3  & il  prit  le  partí  de  Turniis 
contre  Enée.  II  amena  au  prince  Rutule-are 
armee  áe  payfans  3 qu’il  ay'oit  raiTemblée  des 
environs  de  Preneíle.  La  famiüe  CsciHa  prcten- 
üoit  defeendre  de  ce  héres  {Virgii.  Sneid.  lib.  7. 
V.  678. }. 

CEDRE.  Les  écrivains  anefens  ont  confqndu 
o-rd:nau-emenr  fous  ce  nom  troís  efpéces  d'arbres 
tres-drífere'ntes.  Les  modernes  ont  cíaíTé  avec 
ia-iO.i  Ies  ceares  du  Liban  ou  graads  cédres  parmi 
mélézes.  Je  cédre  ord-naire  avec  les  gene vriers, 
& le  cédrc  blanc  avec  les  q/prés.  Cette  díílir.Ction, 
ene  Piine  feui  avoit  entrevue  . nous  íérvira  I 
expüquer  les  diíFérens  ufages  auxquels  lesanciens 
ont  employé  les  cédres. 

C eíl  en  paríant  du  cécre-genevrier  ene  Piine 
a dk  des  Phéniciens  & des  Syner.s  {¡ib.  i'j.  c.  e¡.. ) : 
Juniperi  pmilcm  habeut  Pheenzees  & ceáruTn: 
minorcm.  Mafs  c'eíl  avec  le  cédre-rréis^e  cue  ces 
peup'es  Se  les'Fgypnens  coRilruifcfer.t  d.es  vaif- 
feaux  d'une  durée prodígfeufe.  Piine  no-üsrapnrená 

}6-  43-)  : Ir.  JZgypto  & Syriá  reges  J ir.opiá 
abzens  3 cedro  ad  claffes  ferur.nir  up.  Les  anciens 
en  faifoierit  aufl!  des  boiferíes  tr^r-r^cherchees 
& Ies  ílatues  de  querques  diyiniréf  3 parce  oiAl 
étoit  incnrmptrDle.  Il  v avoit  a Rom.e  ún  Anadón 
¿i  cette  .T'.a:!ére3  fcnlpré  par  Sefins,  cura^oic 
été  apporté  de  Séleiicie.  ¡.n  ítatue  & Dtace 


^9^  C E D 

R Fphilie  & les  pourres  da  fon  temple  étoient 
au;í;  de  certa  efpece  de  cédre  [ Piin.  iih  15.  c.  5. 
ÍC  iid.  16.  c.  40.  ). 

Les  anciens  iculproient  encore  avec  le  grand 
cédre  les  images  de  leurs  aieux  i,  Virgil.  Mr.eid. 
7-  V.  177.  ) : 

. . . . Effigzes  ex  ordine  avorum 

Antiqua  ex  cedro. 

lis  en  faifoisnt  des  torches  qiii  répandoient 
une  cdear  agréable  dans  les  appartemens  ( Virgil. 
JEneid.  lib.  7.  v.  11.). 

. . . . . . TectifqiLe  fuperbis 

Urit  odoratum  noSiurna  in  lumina  cedrum. 

Ceft  du  grand  cédre  que  découíe  une  réíine 
tres-odorante , appelée  cedria  ou  cedrium.  Les 
anciens  en  frortoient  les  meu'oles , les  feuilies  de 
papvrus  & les  toilettes , parce  que  fon  amertuirie 
en  éioignoit  les  infedles , & que  fa  quaiité  réíi- 
neufe  les  rendoit  inacceíiibles  a rhumidité-  Vi- 
trave  nous  explique  ces  proprictés  ( Uo.  il.  9.  ) ; 
Ex  cedro  olcam  , quod  csdream  y nafcitar , qao 
reliqLLí  res  Ciirr¿  fiint  uncie  , uti  etiam  libri  , d ticéis 
& d carie  non.  Uduntur.  Cet  ufage  esplique  les 
paifages  fuivans. 

Ovide  dit  C Trifi.  1.  1.7.)  : 

Nec  titulas  minio  nec  cedro  chana  notetur. 

Perfe  f i.  42.  ) : 

. . . . Cedro  . . . digna  lociítas. 

Horace  enfin  ( Art.  Poet.  332.  ) : 

Speramus  carmina  fingí 

Pojfe  linenda  cedro 

Qiielques  écrfvains  ont  avancé  que  les  Egyp- 
tiens  employolent  certa  réíine  du  cédre  pour  les 
embaurr.emens  ; mais  les  analyies  de  Rouelle 
raí'iié  y que  nous  rapporterons  a Tarticle  des 
mor, lies  , ont  démontré  qu  ii  n’v  entroit  que  du 
piíiafpha’te. 

Le  r/sVí-genevrier  fervoit  aux  Egy'ptiens  á 
faite  les  cercaeils  des  ínomies  ; & c'eft  lui  que 
Virgüe  confeille  de  -braler  dans  ¡es  étables  pour 
ks  défínfeéter  aprés  les  épizooties. 

CÉDRÉNE , fl  euve  voiíin  de  Trove  ^ pére  de 
la  nymphe  Alexirhoe.  Vojcj^  Alexírhoe  , 
Esaque. 

CEirsTLPiE  y Zéyr  y cingulum  & qona.  Chez 
les  Grecs  Se  les  Romains  les  hommes  & les 
femnies  portoien:  des  c-zintures ; mais  calle  de 
chsque  iexe  étoi:  placee  diíereminen:. 


C E I 

Les  hcmsr.és , lorfqud'.s  étoient  armés , por- 
toient  un  ceintují-OX  (voví?  ce  mot  ) j & une 
ccintu'e  qaand  iis  étoient  fans  armes,  lis  la  pla- 
coient  fur  les  hanches , plus  b.'.s  que  ceile  des 
femenes.  Elle  leur  fervoit  á ferrer  la  tunique  , & 
leur  tenoit  lieu  de  poches  Cétoit  dans  la  ceintare 
qu'i  s renfermoient  leur  bourfe  , comme  les  Orien- 
taux  le  priticuent  encere.  La  bourfe  prit  de  cet 
ufage  ¡e  nom  générique  iqona , comme  dans  ce 
vers  d'Horace  , ou  i!  s’agtt  d’un  homme  qui  n’a 
pas  de  quoi  fe  nourrir  en  voyage  ( Epifi.  il. 


Ihit  eo  y quo  vis  y qui  ■qon.am  perdidit , inquiet.. 

La  ceintu-e  renfermoit  tout  ce  que  Ton  por- 
toit  avec  frd  ; c’eír  pourquoi  Ton  ne  trouve  aucuns 
v'eítigís  de  poches  dans  les  habiliemens  des  Ratues 
aatiqu.'S. 

Les  Romains  des  premiers  ages  ne  paroiffoient 
jamais  en  pabüc  fa.ns  ceintare  : de-lá  vient  Tepi- 
théte  de  cinciutl  que  donne  Horace  aux  Cethégus 
& aux  autres  liéros  de  ce  terns.  Ce  fut  long- 
tems  á Rome  une  marque  de  molleífe , que  de 
paroítre  fans  ceintare , difclnclus  ; ce  mot  devine 
méme  fynonvme  de  celui  de  débauché,  nepos. 
Cn  ne  fe  permettoit  cet  air  négligé  que  dans  le 
deüi¡'%c  rafSiéiion  ; Saétone  { Aagufi.  c.  ico.) 
repréfente  Tordre  des  chevaliers  qui  accompagna 
le  corps  d'Áuguíie  au  tombeau  , vétu  de  longues 
robes  trainantesj  ckft-á-dire  ^ non-relevées  par 
la  ceintare. 

Les  filies  ainfi  que  les  femmeSj  dit  Winkel- 
mann  {Hift.  de  C /ht.  íiv.  4.  ch.  3. } , attachoient 
leur  celnture  fous  le  fein  ( V al.  Elac.  Argón,  l.  7- 
V.  comme  cela  fe  pratique  encore  dans 

qu.'lques  endroits  de  la  Grece  ( Pocok's  Deícr. 
of  tkc  Eafi.  t.  1.  pl.  I-  p.  z66.  ) 3 ( Reland y Antiq. 
Hebr.  p.  145-.  ).  C'étoit-lá  ce  qui  s'appe!oitj:e-'/2£ 
en  kaut  y , éfiiihhts.  qu’Homére  ( If- E* 

390.  Od.  r.  1)4.)  & d'aurres  poetes  donnent 
aílez  communénient  aux  femmes  grecques.  L fí- 
preífion  de  ^ qui  reviene  ^ íi 

fouvent  3 a été  renduepar  Barnes , dans  un  endroit  y 
par  profundé  fuccincias  , & dans  un  autre  par 
¿emijfas  zgonas  hahentes  : veríions  egalement  tau- 
tives.  Les  Scholiafles  n’ont  pas  _m:eux  laifi  le 
fens  de  cette  épithéte  5 & lorfquHl  eft  dit  dans 
V Etymolog.  magnum  , que  c’eít  un  furnona  donne 
aux  femmes  barbares  , on  fe  fonde  apparemrnent 
fur  un  paíTage  d’Efchyle  ( Perf.  v.  ijf.  A on  ce 
poete  nomme  ainíi  les  temnaes  perfes.  Stanley  a 
faiü  le  vrai  fens  de  ce  mot  , en  le  rendant 
par  alté  cinciarum  , les  femmes  ccinCcs  en 
Le  Scholiafte  de  Stace  (^Lutañ  .in  lib.  ic. 

Seat.  ) ne  nous  donne  pas  une  trop  haute  idee 
de  la  ilatue  de  la  Vertu  , ¡orfqu’i!  nous  dit  qn  eiIe 
étoit  repréfentée  ceinte  en  haut.  _ _ ^ 

Le  ruban  y ou  la  ceinture  y qui  foutenoit  ainii 
¡a  robe  & que  Ies  Grecs  aom.moient  Tama, 

jirophium  , 


C E I 

firopkium  , ( Mjkkyi.  fcpt.  cor.tr.  Theh.  v.  877. 
£atiil.  Epitkj.L  v.  6\.  Je  crds  que  luct.í-xtes 
conv’crdroit  mieux  id  que  íactaxtes) , quel- 
quefois  mitra,  {Non.  Diottyf.  l.  If.  v.  í. 

p.  22.  V.  iz.),  fe  fait  remarquer  fur  la  plu- 
part  des  ñgiires  A !a  'petire  Pallas  de  bronze 
de  !a  Viüa-AIbani,  ( La  Ckaujfe  , Muf.  Rom.fed. 
2.  tav.  9.),  ainíi  ou’aiix  figures  de  femnies  da 
plus  beau  vafe  de  la  coliedtion  d'Hamilton  , on 
volt  trois  cordons  avec  un  ncEiid  fe  détacher 
des  deax  bouts  de  la  ceirture , qui  eit  fixée  Toas 
la  poicrine.  Cette  ceinture  forme  fous  le  fein  un 
noeud  de  rufaan  , & queiquefois  un  noeiid  en 
forme  de  rofe  , qu'on  ne  remarque  pas  aux  deux 
glus  belles  filies  de  Niobée.  Mais  á la  plus  jeune 
de  ces  filies  , on  volt  les  bouts  de  la  ceinmrc 
paíTer  fur  les  épaules  & fur  le  dos  ; on  les  volt 
de  méme  aux  quatre  Caryatides  de  grandeur  natu- 
relle  , trouvées  au  laois  d’avril  17Ó1  , á Monte- 
Portio  j prés  de  Frafcatti.  Cette  parné  de  Tha- 
bíliement  des  anciens  s’appeloit  ^ du  moins  dans 
les  tenas  polrérieurs  , fuccinBorium.  oa  bracile 
{Ijfdor.).  Les  deífins  du  Térence  du  Vanean 
nous  montrent  que  la  robe-érok  fixée  de  cette 
maniere  á deux  rubans^  qui  devoient  étre  atta- 
chés  fur  le  haut  des  éaaules  : cari!  y a des  figures 
oü  ces  bandes  defeendent  des  deux  cotes.  A u relíe 
quand  ils  étoient  attachés  , iis  foutenoient  & 
relevoient  la  ceirture  aíTujettie  fous  le  fein.  II 
i faut  reconnoitre  une  longueur  remarquable  á la 
ceirture  nommée  raiyla  , puifque  Chloé:,  dans  le 
román  de  LoH^us , s"en  fert  au  défaut  d’une 
corde  pour  faire  fortir  Daphnis  de  la  foíTe  aux 
loups  5 ce  lien  ne  fauroit  étre  un  ajuftement 
de  tete  ^ comme  il  eft  repréfenté  dans  quelques 
gravares. 

On  trouve  des  figures  -dont  la  ceinture  eít  aufíi 
large  qu’une  fangle  : c'eft  ainli  que  la  portent 
la  Mufe  prefque  colofíale  de  la  chancelíerie , 
TAurore  de  Pare  de  Conífantin  , & une  Bacchante 
de  la  L illa-Madama.  La  mufe  tragique^  Melpo- 
méne  ^ eft  ceinte  conñamment  avec  une  ceinture 
fort  large  ; & fur  un  grand  tombeau  de  la  Viila- 
Mattei , on  volt  la  méme  mufe  avec  une  ceinture 
brodée.  ( Spon.  Mifcel.  antiq.  p.  44.  Idontfaucon  , 
ar.t.  expl.  t.  i.  p.  66. ).  Uranie  eft  auífi  décorée 
queiquefois  d’une  pareilie  ceinture.  Dans  un 
fragment  da  poete  Turpilius  , une  jeune  filie 
sV-crie  : « Malheureufe  que  je  fuis,  j’ai  perdu  une 
» lettre  qui  s’eíí  échappée  de  mon  fein  «.  Uii 
favant  a conclu  de  ces  paroles  , qu’avec  le  tems 
on  a'dcnné  á cette  bande^  ou  á cette  ceinture, 
une  forme  particuiiere.  ( Nadal.  Dijf.  fur  rhahil. 
des  dames  rom.p.  ají.)  Cette  conféouence  n’eft 
pas  exaíie  : la  belle  affiigée  parle  d’une  lettre 
qu'elle  avoit  cachée  entre  fa  fuñique  & fa  robe 
fous  la  ceinture  : Me  miferam  , quod  ínter  vías 
evitóla  excidit  miki  , ínter  tuniculam  íiropkium 
co'locata. 

Les  Amazones  foht  les  feules  qui  ne  portent 
Amiquités  , Tome  I. 


C E I 697 

pas  !i  ceinture  immédiaceriient  au-deíLous  du  fe;n. 
Files  la  portent  . comme  les  nommes  , íur  les 
reins;  Se  cela  autant  pour  C'.raílériierleurhumeur 
belliqueufe  j,  que  pour  foutenir  leur  robe  retrout- 
fée  5 car  fe  ceináre  j figniñe  chez  Homérc 
fe  préparer  au  combar.  Cet  ajaítement  des  Ama- 
zones eft  á proprement  parler  une  ceinture.  La 
feule  Aniazone  du  palais  Farnéfe  , ftatue  plus 
pente.que  nature , bleífée  Se  tombant  de  cheval , 
a ce  ruban  atraché  au-deíious  du  fein. 

On  voit  á préfent , d aprés  ce  que  noiis  venons 
de  dire  ^ de  quelle  maniere  il  faut  entendre 
Philoñrate  , lorfqu  ii  raconte  que  dans  le  tableaa 
de  Comus  ^ ce  d:eu  de  ia  joie  étoit  entouré  de 
femmes  Se  q hommes , Se  que  ces  derniers  étoient 
repréfentés.avec  des  fouüers  de  femmes,  le  corps 
cemt  & la  robe  retrouífée  contre  Tufage  ^ c’eft- 
á-dire  , que  ces  hommes  portoient  la  ceinture 
immédiatement  au-deíTous  du  fesn  comme  les 
femmes  (^Philofir.  1.  I.  Icón.  2.  p.  j66.'). 

Quelques  figures  vétucs  de  la  fimple  fuñique  j 
qui , détachée  fur  une  des  épaules  , jtombe  négli- 
gemmentj  n"ont  point  de  ceinture.  La  prétendiie 
Flore  Farnéfe  , ou  plutót  une  des  Heures  , nous 
oíFre  cette  ceinture  qui  tom'oe  le  iong  du  corps 
inférieur.  Antíope , mere  ci  Ampíiion  Se  de  21etnus ^ 
du  méme  palais  Farnéle  , & une  ftatue  ae  la 
Villa-Médicis,  portent  cette  ceinture  fur  Ies  han- 
ches  : c’eft  ainfi  que  Longus  décrit  fes  nymphes 
{ Long.  Paft.  ¿i  1.  p.  10.).  Les  peintures  {Pitt. 
Ere.  t.  tav.  31.)  , les  marbres  & les  pierres 
aravées  ( Oefer.  des  pier , gr . du  cao.  de  Stofeh  , 
p.  zs\,  n°.  1)77.),  offrent  des  danfeufes 

& des  bacchantes  fans  ceinture  , ou  qu!  la  por- 
tent á la  main , foit  pour  áéfigner  leur  moiieíTe 
voluptueufe,  ainfi  que  nous  voyons  Bacchas  fans 
ceinture  , íoit  pour  indiquer  que  la  daníe  ne 
fouffre  pas  que  le  corps  foit  gene  ou  comprime 
par  aucun  lien.  Les  tableaux  d HerculanUm  nous 
offrent  deux  jeunes  filies  fans  ceinture  ( Pltt.  Ere. 

t.  I.  tav.  22.' 23.)  ,•  Tune  tient  de  la  main  droite 

u. n  p!at  de  figues , & de  la  mam  gauene  une 
aiguiére  penchée  ; fautre  porte  un  psat  & une 
corbeille.  Ces  jeunes  filies' repréfentoient  peut- 
étre  les  femmes  qui  fervoient  dans  le  temple  de 
Pallas  , & qui  étoient  appelées  ¿sja-íjiq-sis; , por- 
teufes  de  mets  ( Suidas  in  hoe^  verao.  j. 

Les  auteurs  des  expheations  des  peintures 
d’Herculanum  , ne  difent  ríen  fur  ces  figures  , 
qui  n*ont  aucun  caractere  , fi  eíles  ne^  repréíen- 
tent  pas  ces  vorteufes  de  mets.  Une  épiaramme 
grecoue  nous'apprend  cependant  que  1 antiquité 
connoüToit  ia  ftatue  a une  danfeme  avec  une 

ceinture  i^Anthol.  l.  4.  3)  - V-  5^1  ■/'  ^5' 

Les  anciens  repréfentoient  conltamment  fans 
ceinture  les  femmes  plongées  dans  raífii&ion  , 
fur-rout  aprés  la  perte  de  ieurs  parens  & de  leurs 
proches  • ’c'eft  ainfi  cue  Sénéque  mtroáu’t  les 
Trovenn«,  pleumnt  la  mort  vefie 

remih  C Troai.  v.  83. ).  Ln  oas-rehef  ce  ia  V ma- 

T t t t 


^cS  C E I 

Borghéfe  nous  offre  Andromaque  accompagnée 
des  femtnes  troyennes  j & vétues  d’une  robe 
tramante  fans  cdnture , recevant  le  corps  de  fon 
époux  aux  portes  de  la  ville  de  Troye  ( Monum. 
ant.  intá.  135.  ).  Dans  ces  circonftances 
trilles  & fácheufes  le  méme  ufage  régnoit  chez 
íes  Romains.  L’ordre  des  chevaliersj  accompa- 
gnant  le  corps  d’Augufte  jufqu’á  fon  tombeau  , 
portoi:  des  robes  tramantes j ( 5aeí.  Aug.  c.  100.)  j 
c’eíl-á-dire , non  - relevées  par  le  moyen  des 
ceintures. 

Ceintüre  de  Venus GESTE  ^ KsrW. 

Lorfque  Venus  eft  habillée , elle  porte  toujours 
de  V An.  liv.^.c.  y.)  deux  ceintures , ddnt 
la  feconde  eíl  placee  fur  les  hanclies.  C’eíl  ainíi 
qu  on  volt  cette  feconde  ceintüre  á la  Venus  du 
Capitole  qui  a une  tete  faite  d'aprés  nature , & 
qui  eíl  fculptée  á cote  de  Mars  ( Muf.  Capit. 
t.  3.  tav.  20.);  elle  eíl  placee  de  méme  á la  belle 
Venus  drapée  qui  étoit  autrefois  au  palais  Spada , 
8c  qui  a appartenu  depuis  au  lord  Egreínont. 
Cette  ceintüre  inférieure  eíl  le  partage  de  cette 
déeífe  feule  : c’eíl  celle  que  les  poetes  appellent 
la  ceintüre  y ou  le  cefte  de  Venus.  Perfonne  avant 
Winkelmann  n’avoit  fait  cette  remarque. 

Lorfque  Junon  voulut  enflammer  le  cceur  de 
Júpiter,  elle  pria  Venus  de  lui  préter  cette  cein~ 
ture  myílérieufe  : I’ayant  obteniie  elle  la  mit  dans 
fon  fein  , felón  l’expreffion  d’Homére  ( II.  z. 
219.  223.)  , e'eíl-á-dfre , autour  3c  au-deíTous 
du  corps  inférieur , place  qu'elle  occupe  aux 
figures  citées  plus  haut.  Que  Fon  confronte  avec 
cette  explication  ce  que  d’autres  ont  dit  de  la 
ceintüre  de  Venus,  (^Rigalt.  Not.  in  Onofandri 
Stratag.  p.  37.  feq.  Prideaux  , Not.  ad  Marm. 
Arundel.  p.  24  .•  ces  deux  favans  prennent  la 
ceintüre  pour  une  robe  ) , on  verra  que  leur 
Opinión  n’eíl  pas  foutenable. 

Les  anciens  commentatenrs  d’Homére  n’ont 
pas  mieux  faiii  le  fens  du  poete  dans  cet  endroit. 
i i eít  certain  que  xoX’mn  ^ mets  La  cein- 

ture  dans  le  fein  , ne  fignifie  pas  ( comme  le 
•Scholiañe  le  prétend ) la  méme  chofe  que  y.cc-ra- 
líiUTc-j  tha  KoZíríi),  cache-la  dans  le  fein.  Euílathe, 
dans  fon  étymologte  du  mor  x-isa;  , n'en  atteint 
pas  mieux  la  vraie  fignification.  Ariílide  , . lorf- 
qu  ii  parle  de  cette  ceintüre  , ajoute  : quellequ'en 
foit  la  forme  , hotí  í’jtus  ¡ttras  tav  ( Ariflid. 
ifthm.  in  Nept.  p.  42.  c. ).  Martorelli,  Profeííeur 
de  langue  grecque  á Naples  , a remarqué  fort 
judicieufement  ( Comment.  de  Regia  Tkeca  Cala- 
mar. 71. 153.  ) que  ce  mot  tfeíl  pas  un  fubílantif, 
mais  un  adjeétif , dont  les  poetes  grecs  des  tems 
pmñérieurs  fe  font  feryis  fubílanti'/ement.  II 
femóle  aiiífi  que  Fauteur  d’une  épigramme  grec- 
cue  fur  Venus  ( Anthol.  Epigr.  grs.c.  Ub.  y.  p. 
231.  a..),  napas  compris  qiielle  ceintüre  défigne 
le  mot  ; car  il  Fa  confondue  avec  la  cein- 
sure  orámaire  qui  fe  mettoi:  au-deíTous  du  fein  ^ 

ecift 


C E I 

L’explication  que  nous  venons  d’expofer  de 
la  ceintüre  de  V énus  , répand  un  grand  jour  fur 
le  paílage  de  Pline,  oú  cet  écdvain  parle  de  la 
ílatue  d"un  Satyre  qui  tenoit  la  figure  d’un  Bac- 
chus  , Ralla,  velatum  veneris  , le  corps  ceint 
comme  Venus  5 du  moins  c’eíl  ainíi  que  Fenrend 
\yinkelmann.  Ce  paílage  a toujours  paru  obfcur. 
Quelques  favans  ont  cru  méme  ciFil  falloit  lire 
veneri  au-lieu  de  veneris  ,•  comme  fi  le  Satvre 
amenoit  Bacchus  á Venus.  Mais  Pline  ne  parle 
pas  ici  de  grouppe  (Plin.  l.  36.  c.  4.  §.  8.).  Le 
cefie  OU  la  ceintüre  que  Junon  emprunta  de 
Venus  , fut  caufe  fans  dome  que  les  Syriens 
donnérent  cet  ornement  á la  femme  de  Júpiter. 
Gori  croit  (Muf.  Etr.  t.  1.  p.  217.)  que  deux 
des  trois  Gráces,  qui  font  fur  une  urne  funéraire, 
tiennent  cette  ceintüre  dans  leurs  mains  5 mais 
rien  ne  tend  á le  prouver. 

Cette  ceintüre  myílérieufe  , qui  étoit  comme 
le  fiége  des  charmes  les  plus  puiíTans  de  cette 
déelle,  Apulée  Fappelie  le  baudrier  de  Vénus  : 
c^éroit  fon  bouclier  ; c’étoit  Farme  avec  laquelle 
elle  pouvoittout  vaincre.  Luden,  dans  fes  dialo- 
gues des  (iieux  , dit  qu'au  jugement  de  Páris  , on 
ordonna  á Vénus  de  quitter  fa  ceintüre , de  peur 
qu’eüe  ne  lui  fervtt  á féduire  fon  juge.  Cet  orne- 
ment myílérieux  n’avoit  pis  feulement  la  vertu 
de  refldre  airaable  celle  qui  en  étoit  vétue  ^ & de 
faire  naítre  pour  elle  de  nouveaux  feuxj  il  entre- 
tenoit  ceux  qui  étoient  déjá  allumás , 8c  réveil- 
loit  ceux  qui  étoient  prés  de  ^éteindre.  Junon 
Fem.prunta  de  Vénus , 8c  elle  en  fit  avec  fuccés 
Feífai  fur  Júpiter.  Vénus  elle-méme  Fa  mis  en 
ufage  pour  ranimer  la  tendreíTe  amortie  du  d:eu 
lííars.  Lucien  dit  que  Mercure  vola  á Vénus  fon 
cefe  ou  fa  ceintüre  , pour.  dire  que  ce  dieu  poíTe- 
doit  les  graces  & tous  les  ornemens  du  difcours. 
Homére  en  a fait  une  ampie  defcription  5 8c  Ies 
poetes  difent  que  tout  le  godt  & tout  1 art  de 
Víomus  pour  la  raiilerie , n eurent  point  de  prile 
fur  ce  cefie  redoutable. 

On  lit  á Evora  Finfcription  fuivante,  qui  faií 
mention  d'nn  cefie  ofFert  á Yérms-genitrix  par  les 
dames  de  cette  ville  : 

DIVO.  JULIO 
LIB.  JUL.  EEORjS 
OB.  ILEUS.  IMMUN-  EX.  KUN 
LIBERALITATEM 
EX.  D.  DD 

QUOJUS.  DEDICATIOKE 
VENERI.  GENETRICI 
CESTüM.  MATRONvE 
DONUM.  TÜLERUNT 

Ceintüre  de  virginité , lona  virgínea,  cm- 
gulum  virgineu-n.  La  ceintüre  dont  on  parmt  3 
Rome  iesnouvelles  mariées,  avant  qu'elles  fuuent 


C E I 

livrées  á leurs  époux  ^ fe  noir.raoh  auíli  ccjíf. 
Elle  étoit  de  iaine , 8¿  le  noeud  qui  Tattachok 
s^’appeloit  Herc’ulanus  , du  nom  á'HercuIe  : on 
fak  que  les  travaux  de  ce  héros  ne  fe  font  pas 
toujours  bornés  i la  défake  des  monílres  & au 
chátiment  des  tyrans.  II  étoit  réfervé  á I’^époux 
de  dénouer  cette  cünture  myftérieufe  , elle  étoit 
le  fymbole  j & comme  la  défenfe  de  la  pudeur 
de  la  mariée.  Une  main  infidéle  la  déliok  cepen- 
dant  quelquefois  : Caflaque  fallad  :^ona  revincla 
manu.  De-Iá  vint  Texprefllon  ^onam  folvere  , fe 
marier.  Catulle  (67.  14.) : 

Qiíbd  poffet  -¡¡onam  folvere  virgineam, 

L’expreflion  detacher  la  celnture  , fignifioit 
auíS  diez  Ies  Grecs  accoucher  pour  la  premiére 
fo!s.  Le  Scholiaíle  dU4po]!onius  ( Argón,  i.  287.) 
dit  que  lesfemmesd'Athénes  confacroient  á cette 
époque  leurs  cdntures  á Diane , qui  avoit  dans 
cette  ville  un  temple  oú  elle  étoit  honorée  fous 
le  nom  de  , qui  délie  la  ceinture. 

Ceinture  de  la  reine.  Lkmpót  que  nous  déíi- 
gnons  au;ourd'’hui  fous  ce  nom  , exilloit  déjá 
avec  la  memé  dénomination  diez  les  anciens 
Perfes.  Voye-^  Platón  ( Alcibiad.  ) & Athénée 
( Deipn.  lib.  I. ). 

CEINTüRON.  Ce  nom  a été  confondu  fou- 
vent  avec  celui  de  baudrier  ( VoyeT^  ce  mot ) ^ 
ainfi  que  les  mots  balteus  Se  dngulum.  On  doit 
cependant  á la  rigueur  le  réferver  pour  cette 
ceinture  que  portoient  autour  du  corps  les  Grecs 
& les  Romains  , & d'oú  pendoit  Tépée  , lorf- 
qkils  ne  portoient  pas  de  baudrier.  C'eft  ainli 
que  portent  fufpendues  leurs  épées  fur  les  colon- 
nes  Trajane  & Théodolienne , les  limpies' foldats; 
mais  les  officiers  ont  des  baudriers  auxquels  font 
attachées  leurs  épées. 

Sur  ces  deux  monumens  & fur  plufieurs  autres^ 
on  voit  que  le  ceinturon  avoit  une  certaine  lar- 
geur.  II  étoit  méme  fouvent  compofé  de  plufieurs 
courroies  pheées  Tune  au-deífus  de  Fautre , ou 
de  plufieurs  tours  de  la  méme  courroie.  Cette 
largeur  fert  á expüquer  un  paflage  de  Florus  ^ 
qui  paroít  diíScile  á entendre.  Lors  de  la  défake 
de  Varas  , dit  cet  écrivain  ^ un  porte-enfeigne 
cacha  Faigle  de  fa  légion  dans  fon  ceinturon.  Se 
s’enfonca  dans  un  marais(rF.  12.  38.)  : fgnifer 
aquilam  intra  baltkei  Jui  latebras  gerens  in  palude 
cruenta  delituit. 

Ce  ceinturon  á plufieurs  courroies  eft  appelé 
lañdages  par  Winkelmann  {Defeript.  des  pi erres 
de  Stofeh,  pag.  4dó. ).  II  dit  en  parlant  d'une 
calcédoine  : « Fon  y voit  gravé  un  homme  á 
cheval  courant  au  grand  galop , qui  eft  entouré 
de  handages  , avec  lefquels  on  fe  ferroit  dans 
les  courfes,  pour  en  mieux  foutenir  la  violence  «. 

II  y a dans  ia  Mlla-Albani  un  homme  monté  fur 
un  quadrige  , qui  eft  fculpté  en  ronde-bofíe  5 il 


C E L íTjs 

porte  ces  mémes  handages.  L'on  a reftauré  u.ne 
femblable  ftatue  á la  Villa-Negroni , Se  Fon  en 
a fait  un  jardinier. 

L’ufage  oú  étoient  les  foldats  de  porter  Fépée 
fixée  au  ceinturon,  fit  de  cette  ceinture  Fembiéme 
de  la  milice  , Se  dngulum  fut  fynonyme  de  rr.ili- 
tia.  Les  écrivains  grecs  en  avoient  ufé  ainfi  : 

défigne  fouvent  dans  Homére  Farmure  en- 
tiére  du  foldat  ^ , fe  ceindre  ^ y eft  mis 

auffi  pour  s'armer  de  pied  en  cap. 

Auguñe  voulant  punir  les  foldats  de  quelques 
fautes  légéres  ^ Ies  condamna  á demeurer  debout 
pendant  tout  le  jour  Se  fans  ceinturon  á la  porte 
du  prétoire  ( Suet.  Aug.  c.  24. ) : pro  céttero  delic- 
torum  genere  variis  ignominiis  affecit  , ut  fiare 
per  totum  diem  juberet  ante  prítorium  difcinclos. 
Lorfque  Ies  fautes  des  foldats  étoient  capitales  ^ 
on  les  dégradoit  de  la  milice  en  leur  ótant  le 
ceinturon  , cingulo  fpoliabantur.  L^’hiñoke  & les 
loix  romaines  parlent  fouvent  de  cette  dégrada- 
tion. 

L’empire  romain  étant  un  état  militaire  j on 
défigna  par  le  mot  de  dngulum  non-feulement  les 
dignités  mUitaires , mais  auíTi  les  dignités  civiles. 
Caíliodore  ( Pfalm.  xxix.  ) nous  Fapprend  : 
dngulum  fignifcat , quod  ad  judiéis  pertinet  dig~ 
Tñtatem  , nam  cinBa  poteflas  in  ipfo  vocabula 
nofeitur  confiituta.  Sic  enim  cincium  dicimus  judi- 
cem  , quando  ejus  fafees.  honorefque  declaramus. 
On  lit  dans  une  ancienne  épitaphe  de  Pantaga- 
thusj  évéque  de  Vienne  : 

Arbitrio  regum  qus.(luriL  dngula  fumpjit ; 

Se  dans  celle  de  Namatius,  qui  a été  compoféc 
du  tems  de  Juftin  : 

Pofi  fafees  pofuit  Sí  dngula  Symmackus  ampia. 

CEIX.  Voyei  Ceyx. 

CÉLADONj  dans  la  Locride.  Goltzius  feul 
a attribué  des  médailles  impériales  grecques  a 
cette  ville. 

CELEJM  augufií.  Muratori  ( 112.  y.  Tbef. 
Infcr.)  rapporte  Finfeription  fuivante  qui  eft  adref- 
fée  á Celeia  , divinité  de  la  ville  de  ce  nom 
dans  la  Norique  : 

CELEIS 

AUG 

P.  AELIU3 
CCS.  PRO.  SE 
ET.  SUIS 
V.  S.  E.  M 

CELENDERIS , en  Cilicie.  KEAEXAisxcN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  argent. 


T t t t ij 


C E L 


O 

ER.  en  bronze. 

O.  en  or. 

Leu.-  ty.pe  orcinnire  efr  un  boiic  oui  fs^rouche. 

Cc:ie  viile  a fait  frapper  des  médailies  irr.pé- 
riaks  grecques  en  í nonneur  a’Etrufciile , de 
Coni'.node. 

CÉLp'O  c’eil  le  nom  d’une  des  Pléyades  , 
filies  a .-itias-  Jiípirer  i’aima , felón.  Ovide  .Fefi. 

~7h  )■  -Nentune  la  rendit  rn-ere  d'Eur3'p7!us  & 

Trito-i  , ■ reíon  Tzetzes  {Le  ¿ycophro.  j. 

_ CÉLELO  j ¡a  pnncipale  des  Harpves,  que  '\"ir- 
giíe  appelle  Fariarum-maxima.  C'eít  elle  qui  porta 
la  parole  aux  Troyens,  lorfque  ceux-ci  abordé- 
re;'.-  .uix  .liles  Strophades.  Elle  leer  prédit  qu'en 
ru.'.-'n.er;  <ie  l'boíbiité'  qu'ils  avoient  comtnife 
co.itt'cdcs  , ¡Is  ne  pourroier.t  s'établir  en  íraüe 
qu'aprés  avoir  éré  contraints  par  une  faim  cruelle 
de  rr.anger  leurs  rabíes.  KíXxív-í  fignifiuit  noir 
en  grec , Sz  ce.  nom  convenoit  á une'  des" 
Harpyes. 

CZLER  , furnom  des  familíes  Cmlia  Sc 
Cassia. 

CELERES.  Les  céleres  étoient  un  corps  deíliné 
á la  garde  des  rois  romains  ^ étabü  par  Romulus, 

compofé  de  trois  cens  jeanes  gens  , choiífs 
parmi  les  plus  illulrres  families  de  Rome  , & 
déíignés  par  les  fuffrages  des  curies  dii  peuple, 
do-nt  chacane  en  fourniíToir  dLx.  lis  éroienr  rou- 
jours  auprés  de  la  perfonne  du  roi  ^ pour  le 
garder  Sr  pourrecevoir  fes  ordres  & les  exécuter. 
A la  gperre  ils  éroienr  places  á Tavant-garde 
quand  il  falloir  doriner  le  combar  ^ qu'ils  com- 
mengoienr  roujours  les  premiers  ; & daos  la 
rerraite  iiS  formoienr  Farriére-garde.  Quciqubls 
formaíTenr  un  corps  de  cavalerie  ^ ils  mettoient 
p'.ed  á rerre , & cosnbattoienr  á pied  par-rour 
ou  la  pva’erie  ne  pouvoit  agir.  Leur  comman- 
dant  s’appeloir  rribun  des  céleres  , Tribunus 
Celerum.  íls  faifoienr.  trois  compagrues  de  cent 
maitres  chacunéj,  qui  avoir  un  capitainc  nommé 
Centurión.  1 eur  rribun  étoit  la  feconde  perfonne 
diiroyaum.e.  Fiurarque  dk^  dans  la  vie  de  Numa^ 
que  ce  prince  caifa  le  corps  des  céleres  : fi  cela 
eñ  vrai  j.  il  fur  rétabli  bientót  aprés , & Fon  en 
trouve  encore  fous  íes  rois  fuivans  j témoin 
BrutuSj  qui  cha»TalesTarquins3.&  qui  fut  trfbun 
des  céleres. 

Ce  nom  vient  de  céler  , prompt  vité  5 il  leur 
fiit  donné  ou  á raifon  de  leur  promntirude  á 
obéir  au  Roi , cu  á caufe  que  leur  premier  chef 
s’appela  Céler,  ou  d'un  autre  Céler,  compagnon 
de  Romalus^  qui  luí  fut  d'un  grand  fecours  dans 
le  combar  contre  Remus  ^ & qui  rúa  ce  prince. 
Cn  prérend  que  c'eft  eux  quon  nomma  dans  la 
fcite  TrojfuUs , Trcjfulz , parce  qu’ils  prirent 
feuis  la  viHe  de  Trojfulum  en  Errurie  fans  le 
fecours  de  I’mfanterie  , ou  pour  quelcu’autre 
raUo-n  que  Toa  ignore. 


C E L 

CELES  , cheval^de  mam  , sppelé  auffi  eqaus 
CngAaris.  Kt?.K  j figniñe  cheval  de  íelle. 

CELESTE  j Ctelejiis.  C'étoit  unedéeífehonorée 
3 Carthage.  Tertuilien;,  dans  fon  Apolcgétique.,  & 
Fnd.allrius  j difenr  que  c’étoit  une  déeífe  d’.lfri- 
qusjPin  iafirms  a joute  que  c'éroir  elle  qu’on  appeloit 
ailhurs  reine  & fortune  du  ciei.  Baronius,  qui 
parle  fert  _au  Icng  de  cetre  déeífe  fur  i’an  595  de 
J.  C.  3 croir  que  c’étok  FAftarte  des  Sidoniens  , 
qu’on  appeloit  la  reine  du  ciel.  En  399  , les  ehré- 
tiens  de  Carthage  changérenr  le  temple  de  Céleos 
en  égiife.  On  Fy  repréfentoit  portée  fur  un  lion  5 
& 3 _fi  Fon  en  croir  Capitolin,  dans  la  vie  de 
PertinaXj  elle  rendoit  des  oracles  dans  ce  tem- 
ple. Lucien  3 Apuiee  , Hérodien  &-  plulieurs 
autres  3 témoignent  que  Fidole  de  Célefie  portoit 
le  nom  de  toures  les  principales  divinirés  du 
m-onde,  c’eft-á- dire  3 comme  parle  S.  Ambroife 
( Adv._  Symmack. ) que  cette  déeífe  étoit  honorée 
par  diíféjeriS  peuples  3 & en  différens  endroks , 
fous  differens  noms.  Vers  Fan  341  3 Fempereur 
Conñantin  fit  derruiré  á Carthage  le  temple  de 
Célefie.  Eiagabale  avoir  fait  autrefois  apporter  de 
Carrhage^Fidole  de  Célefie , que  toureF Afrique  révé- 
rok  exrrémement.  On  aílürok  que  c’étoit  la  luner 
c’eft  pourquoi  Eiagabale  difoir  qu’il  vouloit  la 
marier  avec  fon  dieu  3 qu’on  prétendok  erre  ¡e 
foleil.  li  en  fit  célébrer  les  noces  á Rome  3 & dans 
toute  FItaüe  5 il  obligea  auíii  rous  les  fujets  de 
Fempire  á Jui  faire  des  préfens  de  noces  j & il 
avoir  íait  apporter  de  Carthage  toures  les  richef- 
íes  du  temple  de  Célefie  pour  avoir  de  quoi  ie 
parer.  Selden  ( de  dizs  Syrzs , il.  2.. ) cite  á Fhon— 
neur  de  cétte  déeífe  Finferiotion  fuivante  , que 
Fon  voir  á Rome  t 


INVICTAS 
.eOELESTI 
A-UR.  ONESI 
ML'S.  D.  lí 

CELETE  j xíÁHí  s navire  léger  garni  de 
rames. 

CÉLEUS  3 roí  d’EIeuíIs  3 pere  de  Tríptoléme» 

CELEUSMA^l  , . ,, 

CELEUMA,  f que  Ion 

cnantoit  , ou  que  Fon  jouoir  fur  des  inllrumer.a 
pour  encouEa?er  les  rameurs.  Ruíiinis  ( ItLn.  1,^ 

His  znecum  pzgrz  folahur  tsdzu  veziti  , 

Dum  refonat  vczriis  -sile  celeuma  jnod'is. 

Xé'nopfion  (/f¿.  i^.  ) dit  que  cette  modulatiorr 
s execaroii  en  frnppanr  fur  des  pierres  íonores- 
Pedianus  parle  d'une  fv-mohonie  á plufieurs  inf- 
rrumens  ( ad  Cicer.  p.  39*.  ; ; Carii  remigtt>AS 
eeleizfma  per  fymphordacos  fclebat  , C¿  per  qí  -ve 


C E L 

■voccrr.  ore  frolatcm  , ¡ ut  ín  Arfo  r.avr , per 

cyt'r.üram, 

Celeufms.  écoit  auíTi  ie  rom  coilectif  des  com- 
mandemens  du  piiore.  Adítophane  nous  en  a 
cor.iervé  deaXj  £u,T5r«3-7¡e<  (Ran.  ir.  i. ; que  les 
Latins  rendoient  par  ces  rr.ots  : num  incumbíie 
remis  , ramez  fortement ; & O'se-  , ( A.vibus  ^ p. 
606.';,  cejfite  , arrétez. 

CELEUSTES , x,a.:vnr,i  y celui  qui  ¿onnoit 
le  íignal  aux  rarrjeurs,  & cui  les  encourageoit 
par  fon  chant  ou  par  íes  cris. 

CELIA  & CERTA , efpéce  de  hierre  dont  Ies 
Efp^gnols  faifoient  ufage.  Pline  (/.  zz. ) & Orofe 
i/¿¿.  y.  c.  7. ). 

CELLA.  Ce  mot  déíignoit  chez  les  Romains 
une  chambre  , une  falie^  & par  extenlion  une 
maifon  entiere. 

Celza  exprimoic  dans  la  íangue  facrée  i'inré- 
rieur  des  temples  , Tendroit  ou  étoient  placees 
lesñatues  des  divinités  , celui  que  nous  appelle- 
rions  aujourd'hui  le  fanctuaire.  Lorfqu'on  hono- 
roit  pluiieurs  divinités  dans  une  meme  enceinte  , 
elles  avoienc  chacune  une  celia  parciculiére.  Le 
temple  de  Júpiter  Capicolin  étoit  acccmpagné  de 
deux  autres  temples  ou  nefs  ^ confacrés  á Junon 
& á Minerve.  Nous  vovons  dans  Tite-Live  ( /. 
17.  27. ) que  les  pontifes  romains  obfervoient 
fcrupuleufement  cette  unité  de  cuite  dans  chaqué 
celia  : quia  ,■  difoient-üs  , fi  de  calo  taña  , aut 
prodigií  aliqiúd  in  ea  facium  ejfet  , di0cills  pro- 
curatio  foret  : quod , utri  deo  divina  res  fieret  , 
fciri  non  pojfet , ñeque  enim  duobus  ^ nijl  certis 
deis  , rite  una  hoftiá  fieri.  C'eíi  ainíi  que  Ton  voit 
un  petit  temple  elevé  dans  l’enceiH-te  du  grand 
temple  d'’Iíis  trouvé  á Pómpela  ; c'eft  ainii  que 
Tenceinte  du  temple  du  Soleil  á Héliopolis  , 
aujourd'hui  Balbek  , renferme  un  fecond  temple. 

Cella  défignoit  dans  Tordi-e  civil  les  diíférens 
appartemens  des  bainSj.  lorfqu'on.  y ajoutait  les 
épithetes  ajfa  ^ caldaria  , frigidiria  ^ &c.  les  gre- 
niers,  celüers,  &c.  avec  les  épithetes  olearia  , 
penuaria  , vinaria  ¡ &c. 

Cella  étoit  auíli  un  impót  en  argent  ou  en 
nature , que  les  magiftrats  romains  exigeoient 
des  provmces  oú  ils  commaridoient  pour  Ten- 
tretien  de  kur  m^aifon  , in  cellam  , ou  in  ufas 
telld. 

CELLARIA.  ) 

CELLARIUM.  > Cellarium  étoit  le  nom  gé- 

CELLARIUS.  3 

nérique  des  greniers^  cel'iers,  garde-rcbes^  Src. 
dans  les  maifons  des  grands.  On  appeioit  ccllarius 
l'afFranchi  qui  en  avoit  la  garde ; & Muratori  (927. 
5-)  rapporte  Tépitaphe  d'un  Cellarius  Augufiz. 
Ces  officiers  étoient  auí&  déíignés  par  les  mots 
n cellariis  ; il  y a dans  Muratori  (cOJ-  I.  1 
Eépitapbe  de  Turt  d’eux  qui  apparrenoit  á Do- 
isnierr. 

CíUaria  esprimoit  txiutesles  chafes  néceíTaires 


C K L tci 

a I entrenen  des  officiers  du  palais , cui  leer 
étoient  íournies  par  les  cellarii.  Le  loyer  d'une 
cnambre  , ou  d'une  maifon  étoit  appelé  celia- 
num  ou  penfio  cells.  y coir.me  en  le  voit  dans 
Juvenal  ( rjr.  63.  ) oü  ii  eft  dit  en  parlant  des 
parantes  & des  cliens  que  défrayoient  les  patrons  t 

' • • ■ • Eea  clan^at  penfio  celia.. 

CELj'ÍE  fat  , dft-on  le  pete  nourricier  de 
Júpiter.  Pour  avoir  révéié  que  le  pete  des  dieux 
étoit  mortel  ^ fut  enfermé  dans  une  tour  irn- 
pénetrable  ; d'oú  vient  la  rabie  qui  dit  qu’il  fut 
changé  en  diamant.  Ovide  rac'cufe  feuiement 
d’avoir  manqué  de  diferétion  á Pégard  de  Júpiter, 
Piine  dit  que  c’eft  une  hiftoire  véritable.  Ovids 
{Meta.  lib.  7.  2o.)  : 

Te  quoque  nunc  Adamas  quondam  fidiljime  parv» 

Celme  Jovi.  ....... 

CELMIS  t un  des  Daeiyles  du  mont  Ida  ^ 
aj^ant  fait  violence  á Cybéle  ^ fut  chaífé  par  Ies 
autresijpaétvles.  11  favoit  donner  au  fer  une  ft 
grande  dureté  , que  le  fer  de  Celmis  paila  en 
proverbé. 

CÉLOCES , vaiíTeaux  fans  pont , on  plutóc 
pentes  barques  qui  n'avoient  point  á la  proue 
les  éperons  appelés  roftra , dont  on  frappoit  dans 
le  combar  ¡es  vaiíTeaux  ennemis , pour  les  per- 
cer  & ¡es  couler  á fond.  Elles  aüoient  á deux 
ram-es  au  plus.  On  apperqut  ^ dit  Tire  - Live 
{xxxvii.  27.  )A  que  c'étoient  des  báíimens 
propres  á la  piraterie  , des  Celoces  & des  Lembes 
( Voyei  iembE),  qui  voyanc  de  loín  ¡a  fiotte^ 
prirent  la  fuite.  lis  la  furpafferent  en  vheífe  , 
parce  qu'ils  étoient  légers  & faits  pour  la  courfe. 
Le  céloce  paíToit  pour  ér.re  de  rinvention  des 
RhodienSt 

CEES  A j en  Efpagne. 

C.  V.  I.  CEL.  Colonia  V'iñrix  Julia  Celfa. 

Cette  coionie  romaine  a fait  frapper  des  mé'- 
dadles  latines  en  Thonneur  d’Augufte  , de  Tí- 
bére  ^ á'Agrippa  ^ & quelques  autres  fans  non» 
d'empereur. 

GELSUS  5.  tyran  fous  Gallien. 

Tixes  CoRNELIUS  CeLSÜS  AUGUSTUSi 

Ses  médailles  font : 

RRRR.  en  M.  ou  P.  B.  grec,  ÍI  celles  que  ¡’bsT- 
cite  font  vraimer.t  antiques  ; mais  les  connoif- 
feurs  croient  qu’elles  font  de  la  fabrique  dé- 
Cogernier ainíi  que  la  plupart  de  celias  dey 
autres  tvrans.  Cette  efpéce  de  faux  fe  reconnoit; 
aux  aigles  qui  font  repréfentées  au.  revers,.  & 
cui  différent  abColument  des  aigies  antiaues.  Les 
types  des  teres  , S;  les  earactéres  des  Icgendes-s» 
font  également  ccnao'ure  la, faux.- 


70Z  C £ L 

C£LSU3  í fsmom  de  la  famille  Papia. 

CELTES.  Outre  le  fugum  qui  étoir  rhabille- 
ínent  caraftériñique  des  peuples  qui  habicoient 
Ies  Gaules  , les  Celtes  portoient  au-deffous  , en 
guife  de  tunique,  des  vétemens  découpés  & gar- 
ois  de  longues  manches  > qui  ne  deícendoient 
que  jufqu’á  la  ceinture  ( S trabón,  lib.  iv.p.  13  y ). 
Appien  faifoit  defcendre  les  Celtes  de  Celtas , 
£is  du  Cyclope  Polyphéme , qui , forti  de  la 
.Sicile  , fecondé  de  fes  fréres  Illirus  & Gala , fe 
Tendit  maitre  de  tous  les  pays  connus  fous  la 
dcnomination  de  la  Celtique. 

Les  Celtes , dit  M.  Turpin  (qui  a fair  leur  arri- 
cie dans  le  fapplément  de  f Encyclopédie  ) , dans 
Jes  íiécles  les  plus  recules  , reconaoiíToient  un 
Étre  fupréme  qui  préfidoit  á la  pólice  du  monde ; 
& ne  fe  bornant  point  á une  croyance  llérile  , 
iis  lui  rendoient  un  cuite  done  la  magnificence 
répondoit  á la  haute  idee  quils  s"en  étoient 
formée.  Conftans  jufqu’á  ropiniátreté  dans  leurs 
cérémonies  & leurs  dogmes  j leur  religión  tou- 
’ours  la  méme  , ne  fouíFrit  jamais  d’altératmn. 
Lors  méme  que  le  fiambeau  de  TEvanaik  eut 
diffipé  les  ténébres  de  leur  paganifme  , pffiieurs 
confervérent  un  levain  de  leurs  anciennes  furer- 
Ititíons  j & ils  profanoíent  le  cuite  le  plus  faint 
paar  le  mélange  des  cérémonies  femblables  á celles 
quí  fe  célébroient  á Eleufis ville  de  TAttique  j 
c^eít  ce  qui  a fait  croire  que  Ies  Grecs,  qui  fe 
glerifient  d'étre  les  inftituteurs  des  nations  , 
s'é.toient  abaiíTés  jufqu’á  étre  Ies  difciples  d'un 
peuple  qu*ils  abhorroiem  pour  fes  profanations 
facriléges  ^ & qui  étoit  Tennemi  de  tous  ceux 
qui  refufoíent  de  plier  fous  le  joug  de  fes 
opinions. 

L-es  Ce/ícj,  par-toüt  oú  ils  étoient  les  maitres, 
détruifoient  íes  dieux  de  la  Gréce  & leurs  tem- 
ples 5 & dans  leur  futeur  religieufe  , ils  con- 
damnoient  au  dernier  fupplice  quiconque  étoit 
rebelle  á leur  cuite  , ou  le  téméraire  qui  tentoit 
d.’en  introduire  un  nouveau  : c’étoit  des  Scythes 
qu’ils  avoient  empninté  ce  zéle.  Ces  barbares  ^ 
qui  avoient  en  horreur  le  cuite  de  Bacchus  , 
pimirent  de  mort  un  de  leurs  rois  pour  avoir 
encenfé  les  autels  de  ce  dieu.  Anacharíis  , philo- 
fophe  & iífu  du  fang  des  rois , fubit  la  méme 
peine  pour  avoir  fléchi  devant  Cybéle.  Quoique 
les  Celtes  euíTent  une  idee  plus  juiíe  que  les  autres 
idolatres- de  la  divinité  & de  fes  attributs , leur 
íhéologie  avoit  fes  erreurs.  ( Pour  shnftruirc  á 
fond  de  ce  qui  concerne  Ies  Celtes , on  peut 
confulter  YHiftoire  des  Celtes  , par  M.  Pellou- 
tier,  ^ Y Introduclion  d l' Hi[ioire  de  Danemarck, 
par  M.  Mallet. ).  La  perfualion  ou  ils  étoient  que 
cclui  qui  avoit  le  ciel  propice  pénétroit  dans 
l’a venir  , donna  chez  eiix  naiíTance  á la  magie. 
Tout  ce  qui  approchoit  de  Fidolátrie  devenoit 
Pobjet  de  leur  averfion  ; ainíi  dans  les  premiers 
teres  ils  ne  fabriquérent  point  de  ílatucs  pour  les 


C E I 

adorer & ils  croyoient  que  c’étoit  un  cuite 
íacrilágede  repréfenter  la  divinité  fous  une  forme 
humaine.  lis  regardoient  Punivers  comm.e  fon 
fanéiuaire  ; & leur  délicatelTe  étoit  li  exceffive , 
quhls  ne  purent  fe  réfoudre  que  trés-tard  á lui 
ériger  des  temples,  lis  auroient  cru  dégrader  fa 
majeílé  que  de  lui  fuppofer  un  fexe  , & de  fe 
figurer  qu'elle  étoit  male  ou  femelle.  Des  idees 
li  purés  n’étoient  pas  fans  quelques  mélanges 
d’erreur.  Leur  théologie  imparfaite  enfeignoit 
que Teut(c’eíl: ainíi  qu'iís  rendoient  lemotD/e;¿,) 
s^étoit  uni  á la  Terre  ^ & que  c’étoit  de  cetra 
unión  qu" étoient  fortis  tous  les  étres  animés- 
Cette  époufe  étoit  Pobjet  du  cuite  public  5 on 
la  promenoit  dans  les  folemnirés  fur  un  chariot 
couvert  5 on  célébroit  le  joitr  heureux  ou  elle 
avoit  enfanté  le  gente  humain ; on  la  félicitoit 
fur  fa  fécondité.  Ce  cuite  abfurde  a trouvé  des 
Apologiñes  , qui  ont  foutenu  que  la  tetre  n'étoic 
appelée  la  femme  de  Teut  que  dans  un  fens 
figuré.  _ ' . , . 

Quoique  Ies  Celtes  reconnuíTenr  que  dieu  étoit 
dégagé  de  la  matiére  j leur  cuite,  en  contradic- 
tion  avec  leurs  dogmes  , avoir  toujours  queíque 
objer  fenlibie  , comme  le  foleil , la  lune , les 
étoües  & les  élémens.  Ils  fe  proílernoient  devant 
ces  Sambeaux  du  monde  , quhis  regardoient 
comme  des  étres  fpirituelsj  ils  fuppofoient  que 
la  matiére  ne  faifoit  pas  leur  efíénce.  Selon  eux 
Pétre  vifible  étoit  le  temple  oú  la  divinité  réíi- 
doit,  le  corps  qu^elle  anime  , Pécorce  oú  elle 
s'enveloppe  , & Piníh'ument  dont  elle  faifoit 
mouvoir  íes  reíforts. 

Quoique  la  toute-puiíTance  fut  Pattribut  de 
Pétre  fupréme,  ils  admettoient  des  divinites  infé- 
rieures  qui  lui  étoient  fubordonnées  i c'eil:  ce 
qui  a donné  lieu  de  croire  qu'ils  adoroient  Jupi-- 
ter , Mercure  & Apollon.  Mais  il  eft  atteíle 
qipils  ne  regardoient  ces  dieux  fantaíliques , que 
comme  les  attributs  de  Pétre  fiipréme , ou  comme  ^ 
les  exécuteurs  de  fes  ordres , á peu-prés  comme 
les  autres  nations  admettoie.nt  des  anges  & des 
génies,  pour  étre  les  difpenfateurs  des  bienfaits, 
ou  les  minifires  des  vengeances  célefíes.  Ce  ne 
fut  qu’aprés  la  conquere  des  Gaules  par  les 
Romains,  q'f  on  y vit  ces  vains  íimulácres  enfan- 
tés  dans  les  delires  de  Pimagination.  _La  guerre 
que  Ies  Celtes  portérent  dans  la  Phocide  , pour 
ravager  le  temple  de  Delphe , eft  un  témoignage 
qu’ils  en  refpectoient  peu  le  dieu.  Quand  Lucam 
& Cicéron  reprochent  a cette  nation  de  faite  ja 
guerre  aux  dieux  quhls  méconnoiffoient , ils 
atteífent  qu^el'e  tfétoit  point  plongée  dans  les 
ténébres  de  Pidolátrie  groíTiére  qui  couvroit  le 
relie  de  la  terre.  .. 

Teut  étoit  la  feule  divinité  des  Celtes  : 11 
préfidoit  au  deílin  des  batailles  ; ils  Pinvoquoient 
avant  de  combatiré.  Son  cuite  fe  célébroit  pen- 
dant  la  nuit , quelquefois  á la  clarté  de  la  lune, 
quclquefois  á la  lueur  des  flambeaux.  C’étoit  le 


C E L 

cieu  créareur  de-  tous  Íes  erres , refprit  univerfel 
Se  viviíanc  ^ & enfin  Tame  du  monde.  C°éroir 
hors  des  mars  ^ fur  des  lieux  élevés  , ou  dans 
d'épaííres  foréts  qu'on  alioic  i'invoqaer.  Son 
cuite  s'étendic  dans  toure  TEurope  & une  partie 
de  dAfie  , oú  il  fiar  révéré  fous  difrérens  noms. 
. La  confoimité  de  fon  cuite  avec  celui  de  Plu- 
ton  j a fait  croire  que  Ies  Celtes  étoient  les 
adopteurs  de  ce  dieu  des  enfers.  Les  honneurs 
rendus  á Teut  étoient  les  mémes  que  ceux  ren- 
dus  á la  Terre  5 mais  celle-ci  n'étoit  regardée 
que  comme  un  étre  purement  paífif  j afíiijetti 
aux  loix  du  premier.  Ces  peuples  admettoient  une 
théqgonie  j c’eñ-á-direj  une  généraiion  de  dieuxj 
maís  ce  qui  íes  diíHnguoit  du  rede  du  paganifme  ^ 
c'eft  que  leurs  dieux  tfétoient  pas  des  homnies  j 
que  la  reconnoiíTance  ou  la  terre  eulTent  honores 
de  r_apothéofe.  Tous  Ies  peuples  feptentrionaux  ^ 
adrnirateurs  paffionnés  de  leurs  héros  j confa- 
croient  leur  mémoire  par  une  efpéce  de  cuite 
religieax.  Les  Celtes  étoient  les  feuls  exempts  de 
cette  idolátrie. 

Leurs  divinités  fubalternes  étoient  fort  nom- 
breufesj  il  y en  avoit  dans  Ies  afires,  dans  Tair, 
dans  la  mer , dans  toutes  les  parties  de  la  terre 
& dans  le  feu  5 celles  qui  réfidoient  dans  ce 
dernier  élément,  étoient  regardées  comme  Ies  plus 
purés  , Ies  plus  pénétrantes  & les  plus  aélives  5 
mais,  quoique  de  la  méme  narure  que  Teut, 
dont  elies  étoient  émanées  , elles  lui  étoient 
fubordonnées  , &:  elles  ne  pouvoient  quitter, 
fans  fon  ordre , Félément  & la  place  qu’il  leur 
avoit  aílignés.  Le  cuite  pur  dans  fon  origine  fe 
corrompit  infenliblement , & Ies  divinités  fubal- 
ternes ufurpérent  les  honneurs  qui  n’ étoient  dús 
qu'á  Tétre  fuprérñe. 

Teut  étoit  adoré  fous  différens  emblémes  , 
fuivant  Ies  motifs  qui  faifoient  implorer  fon 
affiftance.  Si  c’étoit  pour  éclairer  les  aíTemblées 
de  la  nation,  ils  fe  rendoient  dans  une  plaine, 
oú  ils  adoroient  leur  dieu  fous  la  figure  d’un 
chéne.  Si  c'étoit  pour  lui  demander  la  viéloire , 
ils  fe  profiernoient  devant  une  épée  ou  un  jave- 
lot.  Les  érrangers  quf  les  voyoient  fe  courber 
devant  ces  íimalácres  , sdmaginoient  que  c’étoit 
á Pan  ou  á Mars  qu’iis  adrellolent  leurs  hom- 
mages.  L’endroit  oú  ils  s’airembloient  pour  faire 
leurs  cérémonies  s'appeloit  Mallus  , c’efi-á-dire  , 
le  fancuuaire  oú  la  divinité  aimoit  á fe  manifefter 
d'une  faqon  particuliére.  II  n'étoit  point  permis 
d'en  approchcr  fans  y faire  fa  priére  ou  fon 
ofífande.  Tous  les  lieux  oú  les  fimulácres  de  la 
divinité avoient  été  places,  étoient  desee  moment 
reputes  facrés  , on  ne  s'en  approchoit  qu’avec 
un  extérieur  refpectueux ; & c’eút  été  les  profa- 
uer , que  de  les  faire  fersdr  á d'autres  ufages. 
Le  chine  reñoit  lur  p’ed,  jufqu’a  ce  que  le  tems 
1 eút  .deífrché  & derruir  j c’eút  été  une  pro- 
fanation  d’y  porter  la  coignée , ainli  que  de 
iabourer  ie  champ  oú  'es  cérémonies  avoient  été 


C E L J0.3, 

célébrées  ; Sí  pour  empécher  qu’il  ne  fut  fouiilé 
par  quelque  ufage  profane , on  le  couvroit  de 
pierres  d’un  énorme  volume.  Voilá  quelie  efi; 
1 origíne  de  cetamas  de  pierres  dont  on  découvre 
encore  les  refies  dans  quelques  endroits  de  la- 
France  , de  I Angleterre  & de  I’Allemagne.  Ces 
lieux  jouiífoient  du  droit  d’afyle,  & le  glaivs 
de  la  loi  eút  frappé  le  facrilége  qui  eút  o£é  y 
faite  violence  á l’homme  le  plus  crimineL  lis 
étoient  perfuadésque  dieu,  offenfé  par  la  tranf- 
greíTion  de  la  loi , ne  pouvoit  étre  appaifé  que 
par  des  facrifices  proportionnés  á la  prévarica- 
tion.  Ils  reconnoifíbient  des  díables , mais  lis  les 
croyoient  dans  la  dépendance  de  l’étre  fupréme, 
qui  les  déchainoit  pour  alier  exécurer  fes  ven.- 
geances  centre  les  coupables. 

Les  foréts  cu  ils  célébroient  leurs  íacrifices., 
étoient  des  efpéces  d’arfenaux , oú  en  tems  de 
paix  chaqué  cité  dépofoit  fes  armes  & fes  dra- 
peaux.  Les  dépouilles  des  ennemis  y étoient 
confervées  faus  la  garde  des  minififes  de  la. 
religión  , cui  foiivent , fous  de  pieux  pretextes  , 
favoient  fe  les  appreprier.  L’efclave  devenoit 
libre  des  qu’il  pouvoit  y mettre  le  pied  r on  Je 
débarraífoit  de  fes  chames , qu’on  fufpendoie 
aux  arbres  confacrés.  Tjeire  appelle  ces  foréts 
vierges , cafium  nemus , parce  que  c’eút  été  urt 
enme  de  iéze-majefté  divine  d’en  arracher  un. 
feu!  cyprés.  Lucain , parlanr  de  la  forét  facrés: 
qu’on  trouveit  dans  le  voifinage  de  Marfeiiíe,.. 
aíTure  que  jamais  elle  n’avoit  été  taillée  5 & que 
Céfar  voulant  y faire  couper  des  arbres  pour 
fervir  aux  travaux  d’un  fiége,  le  foldat  fut  faiíi 
d’une  frayeur  religieufe  que  lui  infpira  la.  fain.- 
teté  du  lieu.  Ils  n’avoient  point  de  temples ,:parcc 
qu’ils  étoient  perfuadés  que  la  divinité  ttfidoir. 
dans  chaqué  partie  de  la  matiére , & que  c eút 
été  rétrécir  fa  grandeur  que  de  la  borner  i une 
enceinte.  Les  facrifices  étoient  toujours  relacifs 
a la  faveur  qu’on  follicitoit.  Vouloit-on  obtenk 
une  ahondante  moiíTon  , on  jetoit  des  grains 
dans  I’eau  , dans  des  abimes  , dans  le  feu  ,°c’efí~ 
á-dire , dans  les  endroits  oú  la  divinité  étoit 
cenfée  réfider.  Les  peuples  du  Gévaudan  fé  ren- 
doient tous  les  ans  auprés  d’un  lac  pour  faire 
des  libations.  lis  jetoient  dans  l’eau  des  alimens, 
des  piéces  d’étoffes , & tout  ce  qu’ils  avoient 
de  pJus  précieux.  La  folemnité  étoit  profanée' 
par  ¡es  excés  de  la  table  pendant  trois  joiu-y. 
enríe  rs. 

Lorfque  le  pays  des  Celtes  étoit  frappé  de 
quelque  fléau  , on  imm.oloit  un  homme.  La  qua- 
lité  des  victimes  humaines  varia  felón,  les  tems. 
D’abord  on  immoloit  des  vieiiiards  , enfuite  des 
prifonniers  de  guerre  j enfin  les  éuangers.  que 
leur  avidité  attiroit  dans  ¡e  pays  ou  ceux  que 
la  tempére  ou  I’ignorance  de  la  navigation  je- 
toient fur  les  cotes-  Dans  les  tems  voiíins-  du- 
Chriftianifme  on  ne  facrifia  plus-  que  ¿es  eícia- 
ves  ou  des  criminéis.  Quelcuetbis  il  fe  Drefentoít 


704  C E L 

des  fsnirlq’jes  cu:  demaiidoient  2 écre  ímmolcS 
pour  expier  ieur  crinie  , ou  ceux  áa  la  nation  ; 
i'íionneur  en  rejaiiiiiroic  ñir  tonta  Ieur  íanaíne. 
Ennn  , ií  ne  fe  cenoit  aucune  affembiée , foit 
civiie  foit  religieafe que  Ton  n'oftrit  ce  fpeéla- 
cle  inhumain.  Les  Druides  féroces  prenoient  Ies 
maiheureux  deftinés  á périr , & les  précipitoient 
far  des  lances  difpofées  á les  recevoir.  Quelque- 
fuis  ils  les  enfermoient  dans  des  colonnes  faites 
d’olier  ^ avec  des  ani:Tiaux  de  différentes  efpéces  5 
Se  aprés  Jeur  avoir  fait  endurer  les  plus  cruelles 
tortures  j iis  les  ietoient  encore  vivans  dans  les 
íia:nmes  : plus  le  facrifice  étoit  douloiireux , Se 
plus  il  étoic  méritoire.  Cette  fureur  religseufe 
n'éciata  que  dans  des  cas  extraordinaires.  Lorfque 
le  pays  n’étoit  affligé  d'aiicune  calamite , on  fai- 
fait  expirer  la  victime  faus  le  glaive.  Le  Bruide 
ia  frappoit  au  coré  ; & tandis  que  le  fang  couloit, 
il  avoit  f ceil  attaché  fur  la  piaie  , & avant  qu  elle 
expirát  il  lui  arrachoit  les  entradles  , dont  Tagí- 
tation  lui  fervoit  á prédire  Tavenir. 

Les  victimes  humaines  ne  furent  pas  les  feules 
que  les  Celtes  oíFrirent  á Ieur  dieu  ; ils  ¡ui  immo- 
loient  encore  toute  forte  d4nirnaux,  méme  des 
chiens , qu’épargnoient  les  autres  payens  á caufe 
de  Ieur  fidéiité  incorruptible  ; de  méme  qudls 
ifimmoloient  iamais  des  chevaux  , par  refbect 
pour  cette  inrrépidicé  avec  laqueile  ils  partagent 
dans  la  guerre  les  pérüs  de  i'homme , & fes  fati- 
gues dans  la  paix.  Les  Cebes , au  contraire,  atta- 
choient  plus  d'eíBcacité  au  facrifice  de  ces  ani- 
maux , á caufe  méme  de  ieur  exceilence ; & c’étoit 
la  viñime  la  plus  expiatoire  ^ aprés  la  victime 
humaine.  Les  vieillards  que  le  fort  deítinoit  á. 
périr  fous  la  hache  du  facrificateur , Ies  fanati- 
ques  qui  s'empreSbient  volontairement  á folliciter 
i’honneur  d^étre  victime , auroient  era  en  détruire 
TefEcacité  s'iis  avoienr  verfé  des  larmes  , ou 
montré  quelque  foibleíTe-  Le  moment  de  Ieur 
facrifice  étoic  le  moment  de  Ieur  felicité ; c’étoit 
une  victoire  qui  Ieur  ouvroit  les  portes  de  Tím- 
mortalité.  Ils  invitoient  leurs  parens  & ieurs  amis 
á un  feftin , & aprés  avoir  danfé  & chanté  des  ' 
hymnes  d’alégrefl'e  , üs  montoient  avec  une  joie 
infenfée  fur  un  rocher , d'oii  ils  fe  précipitoient 
fur  des  piques  & fur  des  épées.  Cette  fureur 
facrée  ne  Ieur  étoit  pas  pardcuíiere  : les  Gétes 
facrifioient  auíS  des  hommes  qu'íls  envoyoient 
comme  des  meíTagers  á Ieur  dieu  Zamolxis.  On 
les  tiroit  au  fort  pour  prévecxir  les  déiordres  que 
-pouvoit  occaíionner  Tambinon  de  remplir  un  li 
glorieux  miniftére. 

Les  facrifices  n’étoient  que  la  feconde  partíe 
¿u  cuite  religieux  : ia  priére  étoit  la  partíe  la  plus 
eíTentíelle.  Les  Cebes , en  la  faifant,  fe  tenoient 
debouc,  le  bcuclier  á la  main  gauche  & la  lance 
á ia  droite  : ils  tournoient  le  dos  au  fanétuaire, 
pa:  refpect  pour  ¡a  divinité  cui  y rélidoit  d'une 
facón  particuüére.  Tous  Ies  rnonumens  hiítori- 
qaes  atteíceiK  que  les  Cebes  admettoient  une 


C £ L 

antre  víe  ; c’étoit  de-la  que  naiiioit  ce  mépris  de 
la  mort,  & cet  eraprelfement  de  fervir  de  vic- 
time. lis  crovoient  encore  á ia  réfurrection  des 
corps , & les  prétres  avoient  foin  de  répandre 
ce  dogma  li  confohnt  pour  les  infortunés  qui 
rampent  dans  cette  vallée  de  larmes.  C’étoit  oaiir 
le  mieux  eraver  dans  Ieur  cceur  , qu’ils  le  répé- 
toient  fans  celTe  dans  leurs  cantiques  facrés.  Il 
paroit  que  les  Druidas  formoient  ditférenres  fectes, 
& que  que!ques-uns  admettoient  ie  dogme  de 
la  métempfvchofe.  Jules-Céfar  prétend  que  cette 
perfuaiion  élevoit  Ieur  courage  au-deíTus  des 
pérüs.  Les  Gaulois , dir  Diodore , adoptent  le 
fvíténae  de  Pythagore  : ils  croient  que  l’ame  de 
rhomme  eíl  immorreiie qu’elie  doit  retourner 
á ia  vie , & rentrer  dans  un  autre  corps  aprés  un 
certain  nombre  d’années  ; quelques-uns  dans  les 
obféques  jettent  fur  le  bucher  des  lettres  qu’ils 
écrivent  á leurs  parens  &:  amisdécédésj  s’imagi- 
nant  que  les  morts  iiront  ces  lettres. 

Les  Cebes  plagoient  le  féjour.  des  manes  dans 
la  Crande-Bretagne  ^ ou  dans  quelques-unes  des 
iñes  adjacentes.  II  y avoit,  difoient-ils,  des  no- 
chers , dont  Fuñique  fonclion  étoit  de  transférer 
les  ames  dans  les  ifies  fortimées.  La  celebre 
cáveme  que  les  Irlaiidois  appelienr  encore  ie 
purgacoire  de  S.  Patrice , paífoit  autrefois  pour 
l’entrée  de  i’enfer.  Voici  ce  qu’en  dic  Frocope... 
Je  vais , dit-ii  , rapporter  ce  que  ces  infulaires 
rn’ont  raconté,  quoique  je  fois  perfuadé  que  ce 
qu’ils  atteílent  comme  une  réalité  , n’eíl  qu’une 
erreur  de  Ieur  imagination.  Le  long  de  la  cote , 
il  y a pluSears  viüages  habites  par  despécheurs, 
des  laboureurs  8c  des  marchands  , qui , quoique 
fujets  , ne  paient  aiicun  tribut ; ils  prétendent 
en  avoir  été  exemptés  , parce  qu’ils  font  obligcs 
de  conduire  les  ames  tour-á-tour.  Ceux  qui  doi- 
vent  faire  l’office  de  la  nuít , fs  retirent  dans 
leurs  maifons  des  que  les  rénebres  commencent 
á fe  répandre.  lís  fe  couchent  tranquülement  en 
attendant  les  ordres  de  celui  qu:  a la.  furinten- 
dance  du  traiet.  Vers  le  milieu  de  la  nuit  iis 
enteiident  quelqu’un  qui  frappe  á ieur  porte  , & 
qui  les  appelíe  á voix  bañe.  Sur  le  champ  ils  fe 
lévent  & courent  a ia  cote  , fans  connoitre  la 
caufe  fecréte  qui  les  y entraíne-  La  iis  trouvent 
des  barques  vuides , & cependant  fi  chargees  qu  a 
peine  elles  s’éievent  aii-deífus  de  1 eau.  En  moins 
d’une  heure  ils  condmfenr  ces  barques  dans^la 
Grande-B retagne  , quoique  le  trajet  fon  pra:- 
nairement  de  vingt-quatre  heures 
feau  qui  forcé  de  r.imes.  Arrivés  a l ifle  , 
retirent'auffi-tót  que  les  ames  font  defeendaes  qu 
vaiiTeau  , devenu  alors  íi  léger  , qu  ii  ne  íi.c 
aucune  trace  fur  i’eau.  Ils  ne  voient  per.onne^j 
ni  peniant  le  rrajet , ni  pendant  le^  dcbarqu-- 
menr  ; miis  iis  entendent , á ce  qu  üs  dneUL, 
une  voix  caí  articule  les  nonis  des  períonnei.  , d- 
ieurs  famiíles  & des  emplois  do.nt  ces  mo:ts 
étoierit  revetus  peitJan:  Isur  Vis.  5':!  y 

íemmes 


C E N 

fsmwes  tians  !a  barciie , ia  voix  ¿cciaroít  les 
roms  des  maris  cu’el'es  avoier.t  eus  o.  Le  réc!t 
de  r li.rarcue  eft  conforme  á celui  de  Procope  , 
te  ¡i  funre  ene  les  liles  défertes  de  la  Gra;fde- 
B-'ftagne  n’étoient  peuplées  que  de  genies  & de 
héros  , & que  c’é:oit-¡a  que  ie  géant  Eriarée 
gardofr  Sarurne  plougé  dans  un  éreme!  fom- 
rricii.  Les  diffé remes  Pables  que  les  Irlandois 
dcbiLcnt  ericft.e  aiijourd'hui  fur  ces  tems  anti- 
cues , four  un  reite  de  ces  anciennes  fuperfti- 
tiíms.  Les  Ctítcs  accordoient  aux  génies  le  pou- 
vorr  de  viíiter  leurs  amis  pendant  leur  fommeil, 
& de  jete-  l’épouvante  dans  lame  de  leurs  eíine- 
:~;s  3 ei-  ieur  lufeitant  d’effroyables  fonges. 

CEl'iA  Aug.  Centurionum  ( A.).  Muratori 
( 895.  I.  Thtf.  Infcr. ) rapporte  l’épitaphe  fui- 
vante , d'un  oííicier  du  piláis  de  l’empereur , 
chargé  de  préparer  le  repas  des  Centurions  qui 
troient  de  garde  dans  ce  palais  ; 

TI.  CLAUDIO.  AUG.  L 
DIOSCOR.  A.  CENA 
CENTURIONUM 
TESTAMENTO 
POSUERUNT 

EVARISTUS.  ET.  THALAMUS 
CONLIBERTO.  B.  M. 

CENARIUS.  Gruter  ( I05’4.  8.  Tkef.  Infcr.') 
rapporte  l'épirnphe  de  l’époufe  d’un  primicerlus 
¡etnariorum , qu’il  rerd  par  le  mor  dacenariorum. 

CENCHREjS  , dans  l’Achaie.  ce. 

l.es  médaiües  autonomes  de  cette  ville  font : 

EíiIÍR.  en  bronze.  ('  PcLUrin.) 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

CENCHRIAS  ÉIs  de  Neptune  & de  Pirene. 
Voyc-:^  Pirene. 

CEÑCHREI-S  ^ femmé  de  Cyniras  ¡ fuivant 
Cvide.  Voyei  Myrrha. 

CENDRES.  I es  prétres  laiíToient  les  cendres 
s’amonceier  fur  les  aiitels  aprés  Ies  facrifices  ; & 
ils  en  formérent  á T.hébes  une  maíTe  folide  que 
Pon  appeloir  Laurel  d’Apollon-Spodius. 

Les  Grecs  & les  Romains  répandolenc  des 
cendres  & de  la  pouflSére  fur  leurs  tetes , lorf 
cu’i’s  étoient  dans  le  deuil  & l’afHiéiion.  C’ell 
ainíi  qu’Achille  témoigna  fa  douleur  en  appre- 
nant  la  mort  de  Patrocle  { lliad.  i8-  25.  p. 
Priam  en  agir  de  méme  aprés  la  mort  d’Hedtor 
( lliad.  Z4.  ).  On  volt  auíli  dans  PEnéide  ( x//. 
6(1.)  Latir.us  répandre  de  la  poufliére  fur  íes 
c'heveux-  Stacea  étenducet  ufage  jufqu’ála  barbe 

frkeh.  VI.  JO.)  : 

.....  Ssdet  Ipfe  exutus  honor e 
Ántiqahés  , Tome  1. 


C E N 705 

ViUarzim  nexn  genitor  , fquallentiaque  ora 

Sparfus  , il  incultam  ferali  pulvere  barbam. 

Les  peuples  anciens , qui  étoient  dans  I’ufage 
de  brúier  les  corps  morts , en  recueilloient  avec 
foin  les  cendres  , pour  les  renfermer  dans  des 
urnes.  On  comprend  aifément  qu’ils  pouvoient 
reconnoítre  les  ofl'emensj  mais  comment  fépa- 
rcienc  - ils  les  cendres  du  corps  de  celles  du 
búcher  ? íls  avoient  ¡ dit  le  favant  pere  de  Monr- 
faucon  j plu.íieurs  manieres  d’empécher  qu’elles 
ne  fe  co.nfondiíTent , Pune  defquelles  étoit  d’en- 
velopper  le  cadavre  dans  la  toiie  d’amiante  ou 
linincombuílibie,  que  les  Grecs  appellent  asbefios. 
On  découvrit  á Rome , en  1702,  dans  une  vigne 
á un  mille  de  ia  porte-majeure  , une  grande  urne 
de  marbre  , dans  laquelle  étoit  une  toüe  d’a- 
miante ; cette  toile  avoit  neuf  palmes  romair.es 
de  iongueur,  & fept  palmes  de  largeur , c’eft 
environ  cinq  pieds  de  iarge  fur  plus  de  íix  & 
demi  de  long.  Elle  étoit  tiífue  comme  nos  toiles ; 
fes  fiís  étoient  gros  comme  ceux  de  la  toile  de 
chanvre  ; elle  étoit  ufée  & fale  comme  une 
vieille  nappe  de  cuifine;  mais  plus  douce  á manier 
& plus  püable  qu’une  étoífe  de  foie.  On  trouva 
dans  cette  toüe  des  offemens  avec  un  cráne  a 
demi-brúlé.  On  y avoit  mis  fans  doute  le  corps 
du  défunt  > afin  que  fes  cendres  ne  s’écartaíTent 
point , & ne  fe  mélaíTent  pas  .avec  celles  du 
bucher  ^ d’oü  on  les  retira  pour  les  tranfporter 
dans  la  tombe.  Cette  toile  ayant  éte  jetée  dans 
le  feu  , elle  y relia  long-tems  fans  étre  brulée  ni 
endommagée.  Le  pére  Montfaucon , qui  femble 
promettre  plufieurs  manieres  de  féparer  les  cendres 
du  mort  de  celles  du  búcher , n’indique  pourtant 
que  celle-ci.  On  rapportoit  les  cendres  de  ceux 
qui  mouroient  au  loin  dans  leur  pays;  Sr  il  n’étoit 
pas  rare  d’enfermer  les  cendres  de  plufieurs  per- 
fonnes  dans  une  méme  urne.  Le  cabinet  de  Ste. 
Geneviéve  renferme  un  vafe  de  terre  cuite  trés- 
commun , qui  a été  trouvé  auprés  de  Béziers.  11 
a fervi  d’urne  cinéraire , Se  il  ell  rempli  d’oíTc- 
mens  á demi-brúlés ; ce  qui  prouve  que  par  les 
cendres  des  m.orts  , on  encendoit  les  relies  des 
oíTemens  que  Pon  recueilloit  , ( Voye^  ossiLE- 
G!UM  ),  te  que  Pon  renfermoic  dans  les 
urnes. 

CÉNÉE  eut  Elate  pour  pere.  Voyei  Atrax. 
II  fut  un  des  Lapithes  qui  combattirent  les  Cen- 
taures & un  des  Argonautes.  11  étoit  né  filie  , 
dit  Ovide  ( Met.  1 1.  169.  ) fous  le  nom  de  Cénls  , 
& fa  grande  beauté  la  rendoit  l’objet  des  voeus 
de  tous  les  princes  de  b Theffalie  ; mais  la  fiére 
Cénls  rebuta  tous  fes  amans  fans  youloir  enten- 
dre  parler  de  mariage.  Un  jour  qu’elle  fe  promc- 
noit  fur  le  rivage  de  la  met , Neptune  la  furprit 
& !u!  fit  violer.ee  ; enfuite  il  lui  promit  de  luí 
accorder  tout  ce  qu’elle  demanderoit.  Cénls  lui 
répondit,  que  pour n’ erre  plus  expofée  á Poutraec 


r' 


íi 


qii  eiíe  venójt  de  recevoir,  elle  deíijandoit , pour 
toute  gracCj  de  changar  de  fexe.  Ses  voeux  furent 
-Ur  le  chanip  exauceSj  Cems  devint  homme  5.  & 
a cette  íaveur  Neptune  en  joienk  une  aurre , 
le  privilege  detre  invulnérahle.  Des  ce  tems-lá 
Cénee  n alma  plus  que  les  exercices  qui  convien- 
nent  aux  hommes,  & s’acquit  beaucoup  de  répii- 
tation  dans  la  guerre  contre  Ies  Centaures.  Aprés 


c?  phifieursj  fans  avoir  pu  erre  íamais 

bleíiej  il  fut  accable  fous  une  forét  d’arbres  , 
que  ennemis  lui  jecérent  j & coinme  il  alloit 
etoufter  fous  cet  horrible  poids  ^ on  vit  tout 
d un  coup  fortir  de  deíTous  les  arbres  un  oifeau 
Muvert  de  plumes  jaunes  & s’envoler  : c’étoit 
Cenée  qae  Neptune  avoit  aínli  métamorphofé. 
Enee  trouva  aux  enfers  Cénée  qui  avoit  repris 
fon  premier  fexe  de  filie. 

.0  Cenée  , Roi  de  Scyros  ou  d’Areadie , pere 
a Atalante,  Atalante. 

GÉNÉEN,  ^ ^ ^ 

CENEUS  , 5 lurnom  de  Júpiter , a qui  fon 

fiiS  Eercule  batít  un  temple  dans  fEubée.j  fur 
le  promontoire  de  Cénée  , apres  qu'il  eut  ravagé 
i.'ÍEchalie.. 

CÉNOTAPHE.  Ce  mot  eft  formé  de  sauí  , 
vuide  & de  ráipas- , tombeau.  Les  anciens 
croyojent  que  les  ames  de  ceux  dbnt  les  corps 
n avoient  pas  recu  Ies  honneurs  de  la  fépulture  , 
etroient  pendant  un  fiéde  avant  que  d’étre  admi- 
fes  dans  les  champs  elyfées.  lis  avoient  cependant 
imagine  un  moyen  de  réparer  fomiflion  des 
ceremonies  funéraites  „ qui  étoit  delever  au 
mort  un  tombeau  vuide  ^ ou  cénotapke  , & d ap- 
peler  trois^  fois  fon  ame  ou  fes  manes  pour  en 
venir  preñare  poíTéíEon.  Cette  proclamation  sap- 

^es  citoyens  qui  avoient  péri  dans  un  nau- 
írage  dans  une  bataille  j ou  dans  une  contrée 
eloignee  , furent  1 objet.  ordinaire  de  ce  fimula- 
cre  de  ranérailles.  Jafon  {Pytki.  y y.)  avertit  Péliás 
dans  Pindare  de  rappeler  de  cette  maniere  dans 
la  patne  1 ame  de  Phryxus^.  qui  étoit  mort  dans 
la  ^olchide.  On  voit  dans  Xenophon  ( Exped. 
Ljrz.  ) les  Crees  _ éle ver  un  a Jeurs 

camarades  qui  avoient  péri  dans  Pexpédition  des 
dix  mille , & dont  on  n^’avoit  pu  trouver  les 
€^s.  Germanicus  rendir  les  mémes  honneurs- 
< Tacii.  Annal:  1.  ¿z.  ) aux  légions  de-  Varus 
ñx  ans  apres  leur  défaite-,  L’éreélion  du  cénota- 
pke  & 1 appel  de-fame  du  défunt  devoient  fuffire 
pour  fon  repos . comme  nous  Patcefte  Aufone 
1 Earent.  Praf.  a'’.  lo.  ) 

Hoefatis  & tumulis  , fatzs  & tellurls  egenis  ¡ 

P^oce  ciere  animas  funeris  infiar  haber 
Gauaent  compafiti  ciñeres  fuá  nomina  dici , 

^¡'oníihushoc  feriptis  & monumenta  jubent  i. 


is.  y 

i.  s 


Ces  trois  arricies  ^ relatifs  á une 


C E N 

"Lile  Cíiant  moefii  cuz  defizit  urna  fepizlcrz  ^ 

El ozninc  ter  azeto  pezie  fepizlzus  eriz* 

Pour  faire  connoitre  ceux  qui  avoient  été 
enfevelis  dans  les  flots  ^ on  piantoit  au-deíFus  du 
ceziotapke  un  débris  de  vaiflfeau  , ,r.nL, , {Theo- 
erzt.  Idyll.za^.  30.).  Souvent  on  gravoit  des  épi- 
taphes  fur  les  cénotephes  de  méme  que  fur  les 
tombeaux  ( O-vid.  Meta.  xz.  708.)  : 

Inque  fepulcro  ^ 

Si  non  urna  flamen  junget  nos  Huera  zfinozt 
Ojfibus  ojfa  meis  ¡ 6*  noznert  nomine  tangam. 

^ Le  Cardinal  Noris  a écrit  de  favantes  diíTerta- 
tions  fur  les  cénotaphes  des  céfars  Caius  & Lucius 
qui  font  á Pife  * 

CENS. 

CENSEURS. 

CENSURE.  , 

inftitution  politique.  des  Romains  , font  bien- 
rediges  dans  le  Diéiionnaire  de  Juriíprudence  > 
nous  avonspeu  -de  chofes  á y ajouter,  8e:  elles. 
feront  tomes  relatives  aux  coftumes. 

Le  cens.  fe  iit  d abord  dans  le  Forum , enfuite 
dans  Ja  C üla-Publica  , qui  étoit  fituée  au  champ- 
de  Mars.  Les  deux  cenfears  ^ aíSs  fur  des-  chaifes 
enrules jpaffoient  en  revue  toutle  peuple  romain. 
Aprés  que  cette  efpéce  de  jugement  étoit  pro- 
Donce  & exécute  , l’un  des  cenfears  , choifi  par 
le-  fortj  íé  rendoit  avec  le  peuple  au  champ  de 
Mars  pour  y tórminer  le  luftre  , ad  condenium 
luftrum.^  II  faifóit  cette  clorure  religieufe  en  oflranr 
un  facrifíce  , dont  les  vidimes  étoient  un  cochon , 
une  brebis  & un  taureau. 

Lorfqu’un  des  cenfears  mouroit  pendant  le- 
tems  de  fa-  cenfare  , il  étoit  d’ufage  que  fon  col- 
legue  fe  demit  , afin,  que  Ton.  procédát  á Télec— 
tion  de  deux  nouveaux  eenfeurs,  Cet  uíage  avott 
pour  origine  une  obfervation  íuperííitieufe  ^ rap-- 
portee  par  Tite-Live  ( lib.  v.  3 1 . ) Le  tems  ordi- 
naire  de  la  cenfure  fut  pendant  long-tems  de  cinq 
années  ; mais  fous  la  diélature  de  Mamercus!- 
dEmiüus  on  le  réduiíitá  18  mois. 

II  y avoit  entre  le  cens  & \&  lizfire  , ou  dénom- 
brement  j des  difíerences  remarquables.  Le  pre- 
mier fe  faifoit  fouvent  fans  le  "fecond-  C' étoit 
toujours  dans  le  champ  de  Mars  que  fe  fkifoir 
le^  luílre ; & pendant  long-tems  les  cenfears  exer- 
cérent  leurs  fonétions  dans  le  Forum. 

On  défignoit  par  le  mot  cenfus  , non-feulement 
le  ce ns^ , mais  encore  lé  revenu  que  les  cenfears 
exigeoient  des  féhateurs  & des  chevaliers,  pour 
les  eleyet  á ces  dignitésj  & pour  les  y mainte- 
nir  i c étoit  alors  cenfus  equefiris  , & cenfus 
fenatorius. 


CENSITOR,  Ce  mot  défignoit  trois  efpéces 


C E N 

d’oíSciers  cnargés , Ies  uns  de  Taíliere  des  iirspots , 
les  autres  du  recouvremenr  ^ & Ies  derniers  des 
pourfuites  contre  les  contribuables  qui  ne  s’ac- 
quittoient  pas.  Muratori  _(  ii.  19.  j.  Tkef.  InfcrS) 
rapporte  rinfcription  fuivante  gravee  en  Tiion- 
neur  d'un  cenfitor : 

P.  M.  V.  C.  P.  FIL 
PUBLIC  VERO 
AEQUITI  ROMANO 
AEQUO  PUBLICO 
PATRONO  MUNICIPÍI 

é 

TRIEELGILI  GALLICANO 
CENSITORI 

PROVINCIA  THRACIA 
CIVI  OPTIMO 
SEMPER  PRO  MUNICIPII 
INCOLUMIT.  SOLICITO 
PLEBS  URBANA  ALBINGAN 

Cenfor  Jigillorum.  Muratori  ( 20 id.  2.  Tbíf. 
Infcr.  ) rapporte  rinfcription  fuivante  , ou  il  eíl: 
fait  mentíon  d’un  infpeóleur  des  fratues  j cenfo- 
ris  fígillorum  : 

DEO  MERCimiO 
JULIUS.  CERTUS 
CENSOR.  SIGILLOR 
UM.  COLLEGII.  LIGN 
IFERORUM.  CÜLTORUM 
EJUS  DE  SUO  DEDIT. 

CENSORIN , tyran  fous  Glande  II. 
Appius-Claudius  Censorinos  , augustos. 

Les  médailles  de  ce  prince  ne  font  connues 
que  dans  Goltzius  & Triñan. 

CENSORINUS  , furnom  de  la  famille 
Marcio. 

lí  lui  vint  de  Marcius  P.utilus  , qui  fut  élu 
dcux  fois  cenfeur  contre  l'ufage  , qui  ne  permet- 
toit  de  I'étre  qu  une  feule. 

CENSUALES.  Les  loix  rotnaines  déíignent 
par  ce  nom  des  officiers  qui  tenoient  regiftres 
des  fortunes  des  citoyens  , fous  Pautorité  des 
cenfeurs. 

CENTAÜRES  , monftres  de  Theífalie , moitié 
hommes  & moitié  chevaux , nés  d’Ixion  8c  d’une 
Nuée  que  Juoiter  fubftitua  á Junon  ; üs  étoient  , 
felón  d’ autres , le  fruir  de  l'amour  que  Júpiter 
consjut  pour  Venus. 

Ceux  qui  prétendent  trouver  un  fens  á toutes 
les  vifions  de  la  crédule  antiouité  , difent  qpa- 
les  Ciataures  étoient  des  peuples  qui  habitoicnt 


de  la  Theífalie , voiíine  du  mont  Fé- 
i'.on  ; quhis  domptérent  Ies  premiers  chevaux ; 
& que  comme  avanteuxron  n'av'oit  point  encore 
vu  á nomme  á coeva;  ^ on  prit  Thomine  & le 
chaval  fur  lequel  il  étoit  monté  pour  un  feul  & 
meme  animal.  Quoi  qu'il  en  foit  de  cette  exoli- 
cation  j il  eíl  certain  que  le  Centawe  Chiron  ■> 
precepteur  d’AchilIe  ¡ n'‘étoit  qu’un  excelient 
ecuyer.  Ceux  des  Centanres  qui  afliliérent  aux 
noces  de  Pirithoiis  8c  de  Déidamie  , s’y  que- 
reliérent  avec  les  LapiteSj  qu'Kercule  vengea  en 
chaíTant  les  Centaures  de  lá  Theilalie. 

Y a-t-il  eu  vraiment  des  Cer.taares  , oa  ceS 
monftres  fo.nt-iis  fabuleux  ? Ceft  ce  quhl  n’eít 
poi.nt  faciie  de  décider.  Plutarque  dit  qu'on  en 
préfenta  un  qui  venoit  de  naitre  d'une  cavale  ^ 
aux  fept  fagas.  Phne  raconte  qu’ii  en  a vu  un 
apporté  d’Egypte  á Rome  , & embaumé  á la 
maniere  du  pays.  S.  Jéróme  aíTureque  S.  Antoine 
rencontra  un  Hippocentaure  dans  le  défert , &c. 
Si  fon  veut  décider  la  queftion  par  rhiítoire 
naturelle;,  onne  trouvera  daos  aacun  animal  pro- 
venu  du  mélange  de  deux  efpéces , des  raifons 
fuíEfantés  pour.  admettrc  la  poflibilité  des  Centau- 
res  y des  F aúnes  y Scc. 

Qaant  a la  maniere  fabuleufe  dont  ils  naquirent 
dTxion  & de  la  nuée , on  la  raconte  diíféremment : 
Ies  uns  prétendent  quTxion,  devenu  amoureux  de 
Junon  á la  rabie  de  Júpiter , ofa  déclaret  fa 
paíEon  á la  déeífe,  & que  Júpiter,  loin  de  s’oífen- 
fer  de  cette  témérité  , oífrit  aux  embraííemens 
dTxion  une  nuée  formée  á la  reífemblance 
de  Junon  , de  laquelle  naquit  un  Centaure  ; 
d’autres  difent  quTxion  ayant  engagé  , par  I’efpoir 
de  la  récompenfe  , de  jeunes  Theífaliens  d“un 
village  voilin  déla  montagne  epkele  om 

Nuée  (en  grec)  j á combatiré  des  taureaux  qui 
rav.igeoient  la  campagne  autour  du  mont  Pélion , 
le  nom  de  la  montagne  , & le  fuccés  des  jeunes 
gens  contre  les  taureaux,  donnérent  lieu  á la  fable 
dTxion  & des  Centaures.  Enfin  Tzetzés  aíTure 
que  le  Júpiter  dont  Ixion  aima  la  femme,  étoit 
un  roi  de  Theífalie  j qui  eut  la  condefcendance 
pour  la  paffion  dTxion  , non  de  lui  céder  fa 
femme,  mais  de  lui  fubílituer  une  de  fes  filies 
d'honneur  appelée  Nephele  , de  laquelle  naquit 
un  fils  appelé  Imbrus  , 8c  fiirnommé  dans  la  fuite 
Centaure  , de  , piquant , & de  óupa,  queue. 

D’autres  donnent  pour  étymologie  ces  mots : 
x.iílü'i  Tsüs  ratiftos  y piquer  de  bceufs  ; parce 
que  , difoit-on , les  Centaures  étoient  des  sardes 
du  roi  de  Theífalie  , qui  ramenérent  a l’étable  des 
taureaux  qui  s’ étoient  enfuis  & effarouchés. 

La  fable  les  repréfente  comme  des  étres  d’une 
forcé  extraordinaire  ; ils  lanqoient  des  arbres 
au-lieu  de  javelots  ; ils  déracinoient  des  rochers, 
pour  Ies  jeter  contre  leurs  ennemis  : par  lear 
chute  , ils  renverfoient  Ies  plus  gros  arbres,  &c. 
11  y en  avoit  des  deux  faxes  , & les  poetes  nous 
apprennent  qu’ils  contractoient  des  mariages 


7oS  C E N 

eniembíe.  Les  ancreris  monumens  repréCentent 
¿es  Centaura  feiüelles  attelées  au  char  de  Eac- 
chus. 

Defcendans  d’íxion  , iis  déclarérent  la  guerre 
á Piíichoüs,  fon  S!s,  pour  avoir  part  á la  fuc- 
ceíSon  de  leur  pére  commun.  Ce  différend  parut 
s’accommoder ; PirTrhoas  les  invira  meme  á la 
folemnité  de  fon  mariage.  Mais  touc-a-coup  ils 
conjurére.-.t  d’enlever  Hippodamie,  que  Firi-Soiis 
venoir  d'cpoufer , & les  aucres  femmes  qui 
aíiiftoient  á tes  noces.  Cette  enrrepn'fe  donna  üeu 
á ce  fameux  combar  entre-  les  Cenuiures  8c  Ies 
Lapithes , qu’Ovide  a décrit  dans  fon  doiizieme 
Hvre  des  Métamorphoíes.  Hercule  , Thcfée  ^ 
Neílor  & les  autres  Lapithes'oui  étoient  de  la 
noce  , vengerenc  Pirithoas  , & firent  un  grand 
carnage  des  Centaures.  Ceux  qui  périrenr  dans 
ce  combar , furenr  enterres  dans  un  üeu  que 
l'on  appela  átpmsTapkos  (tombeaii).  Ces  cada 
vres  répand;rent  une  li  mauvaife  odeur , que  les 
Locriens  de  cette  contrée  furent  nomniés  Oy}les  , 
c’eíl-  á-dire  j piians.  Les  Centaures  qui  échap- 
pérent  au  carnage,  s’enfuirent  dans  les  montasnes 
d' Arcadle  , ou  Hercule  , défefpéré  d'avoir  blelLé 
dans  le  combar  Cbiron , fon  ancien  precepteur , 
les  ponrfuivit ; mais  i>?eptune  les  préferva  de  fa 
fureur.  I!s  fe  retirerent  enfuñe  dans  Piíle  des 
Syrénes , oü  ils  périrenr  dans  les  charmes  de  la 
volupté.  Ainíi  fut  extentirnée  la  race  des  Cen- 
taures. Au  relie  , tous  les  Centaures  ne  defcen- 
doient  pas  d'Ixion.  Koye^  entr’autres  Chiron. 

Les  Centaures  chantes  par  les  poetes  font 
Chiron,  Eurytus,Amycus , Gtynius,  Rhoétus, 
Ameus  , Lycidas,  Méáon,  Piíenor,  Caumas, 
Mermeros  8c  Phoius. 

_ Ce_t  aífeiT-bíage  monílrueaxefi  le  fruir  derima- 
gination  des  Egyptiens.  Auífi  en  voit-or.  un  fur 
un  monument  égyptien  du  palais  Barberin , & 
fur  une  rabie  de  bafaite  du  Mufeum  Clémenrin 
á Bologne.  Ces  deux  Centaures  ont  les  quatre 
pieds  de  cheval.  Mais  Ies  Grecs  qui , en  dénatu- 
rant  Ies  ficlions  érrangéres  , crurent  faire  oublier 
kur  origine,  donnérent  á leurs  Centaures  les 
pieds  de  devant  íemblables  a ceux  de  ITiomme. 
ils  écoienr  ainfi  fculptés  fur  le  fameux  eoffre  de 
C}’pfelus,  qui  vivoit  peu  anparavant  Cyrus.  On 
trouve  encore  dans  la  collediion  des  píerres  gra- 
vees de  Stofch  , Lempreinte  d'une  pierre  Q ule. 
elnjfer  ^ n^.  78.  , fur  laquelle  Théfce  combar 
ayec  un  Centaure  , cmi  a les  deux  pieds  de  devant 
fiits  comme  ceux  des  hoir.mes. 

On  voit  des  oreilles  de  cheval  a quatre  Ctn- 
taures  fculptés  far  nn  tombeau  pubh'é  par  Gori 
(Infcript.  EtrurU^  tom.  3.  vi.  27. ) 7 & les  mémes 
oreilles  fe  font  encore  remarqner  á des  Centau- 
res qai  font  deíSnés  fur  les  vafes  étrufques  de 
W.  HaniHton. 

Chaoue  jour  en  décc-avre  des  monumens  qui 
prouvent  que  les  ét.ufques  avoient  connoifTmce 
des  ouvragcs  de  ía  Crece  ■,  8c  Is  comre  de  Cay- 


C E N 

íus  a rapporté  pluíieurs  ftijets  quüis  avcient  tires 
d’Homere.  11  croyoit  que  ce  peuple  avoir  em- 
pruríté"  les  Centaures  des  fables  grecques , & 
quüls  les  avoient  exprmés  plus  ou  moins  bien, 
felón  le  fícele  dans  lequel  ils  ks  avoient  rras^ailléj. 

Le  Centaure  qu’il  2 publié  '^Rec.  iv.  pl, 

•-r®-  5.  ) porte  une  maíTue  rnenaqante.  II  parol: 
dífporé  & ccrr.pofe  d?.íts  le  eoílt  de  ceux  que 
Ies  Grecs  ont  décríts  en  ditícrentes  circ  níían- 
ces , & que  ks  monumens  nous  repiéfentent 
en  core. 

W 'nkelmann  <'  Hzfi.  de  t Art , Uv.  4.  ck.  2.  f . 
5-  4-  ) a obfervé  que  les  Centaures  anticuas  ont, 
pour  !a  ^upart  , un  caractére  diílinétif.  Ils  ont 
les  cheveux  relevés  au-deíTiis  du  front , a peu- 
prés  comme  ceux  de  Júpiter.  Les  fcalpteurs 
anciens  ont  voalu  fans  doure  par-íi  indiqaer  leur 
affinité  avec  ce  dieu , qut  étoit  pére  d'Ixion  , 
celui  auquel  ks  Centaures  devoienr  le  jour.  Ce 
caradlére  eíl  frappant  dans  le  Centaure  ¿te.  la  Villa- 
Borghéfe  , & dans  le  plus  age  des  deux  Centau- 
res du  Capitole.  II  faur  avoiíer  cepeodant  qu'on 
ne  le  trouve  pas  au  Centaure  Chirou  , fur  une  des 
peintures  rirées  d’Herculanum, 

Outre  le  Centaure  de  la  Vifla-Borghéfe  , que 
nous  venons  de  citer , on  y en  voit  un  autre 
qui  eñ  fculpté  fur  un  autel , & qur  porte  fur 
fon  dos  Júpiter  chaíTeur.  La  méme  Villa  renferme 
encore  un  bas-relief,  qui  repréfente  une  Cen- 
taurejfe  allaitaní  fon  petit : fuisr  répété  fur  une 
belle  pierre  gravee  , pubiiée  dans-  les  Monumend 
de  Winkelmann , foiis  le  n°.  So. 

Ck-íl  ici  le  fieu  de  décrire  les  deux  Centaures 
de  marbre  noir , appelé  bigio , qur  font  un  des 
plus  beaux  ornemens  du  Mufeum  Capitolin.  On  les 
deterra  dans  ks  ruines  de  la  Vilia-d’Hadrien , 
8c  le  cardinal  Fiirierti , qui  a éctit  un  traite  de 
Mufivis , en  devine  pefTeífeur.  Aprés,  la  mort 
de  ce  préiat , le  pape  Clément  X1ÍI.  les  acheta 
tretze  mtlie  écus  rsmains  ( 71,500  lív.  ) avec  la 
inofaique  des  colombes , & placa  ces  trois  psó- 
deufesantiquesau  Capitole.  "Winkelmann  croyoit 
que  ces  deux  Centaures  nktoient  pas  les  meil- 
leurs  des  ouvrages  grecs  du  fiécle  d'Hadrierr. 
On  lit  fur  kars  focks  Ies  noms  des  deux  fculp- 
tears  , Ariíléas  & Papias  d’Aphrodbium-  C« 
Centaures  fujent  trouvés  trés-mutilés  , IrS 
exigeoíenr  de  grandes  réparations-  lis  portoient 
fans  doure  autrefois  des  enfans  fur  kurs  dos, 
comme  celui  de  la  Villa- Borabéfe*  : ce  qui  eS 
indiqué  par  un  grand  troa  carré  percé  dans  lears 
dos ,,  & deíliné  á fixer  le  tenon  de  la  figure. 
Celle  ci  étoit  probabíement  de  bronze  , puiC- 
qn'elle  n^étoit  pas  faite  du  méme  bloc  que  k 
Centaure.  Otr  pourroit  croire  , d’aprés  k barón 
recourbé  ( ) cue  tient  k plus  asé  des 

Centaures  , que  celui-ci  ell  Chiion  , ce  chafTeiir 
fameux , de  qut  .Tafon  , Théfée  , Achiile  Se  plu- 
I ‘íeurs  antres  héros  avoient  appris  l’art  de  la  chañe, 
i PíaííeaFS  éerivains  ont  dk  que  ces  deux  Centaures 


C E N 

étctent  de  bafalce  ; maís  c’eíl  une  eiTEur  tnan!- 
fertcj  i!s  font  de  marbre  no'r. 

üne  des  trois  grandes  peintures  trouvées  á 
Kerculanu’.n , repréfente  le  jeune  Achille  & le 
Ctn-taure  Chiron  , qui  luí  apprend  á iouer  de  la 
Ijre.  On  volt  d’autres  Centúures  eiar.s  ¡es  pelntu- 
res  monochroínes  { d'une  fenle  couleur  ) fur 
marbre  j tirées  de  la  méir.e  riiie. 

Les  Centaures  étoitnt  cueiquefois  le  fymbole 
des  jeux  équeírres.  C'eít  á ce  tirre  fans  doute 
que  l’on  a placé  fur  une  tr.édadJe  en  grand 
bronze  de  Caracat'a  , frappee  dans  la  colonle  de 
la  Troade  , deux  Centaures  ayant  des  alies  de 
papllion  & portant  un  vafe.  Les  alies  deílgnent 
Jes  génies  des  jeux  équeftres,  donr  le  vafe  étoit 
le  prix. 

Centaure  ( on  volt  un  ) fur  Ies  médailles 
de  Lesbos , de  Theffalonique , de  Magnéfie  ou 
TheíTaiie , & en  général  fur  celles  de  la  1 heífalie 
& de  la  .Macédoine. 

CEN’FAÜRUS  étoit  fiis  d’ApoIIon  Se  de 
Stilbia  , filie  du  fleuve  Pénée.  Quelques  auteurs 
luí  attribuent  I’origlne  des  Ce.itaurcs. 

CENTENARIA.  Voyci  Tabee  & PoRXi- 

QUE. 


Voye:^  Centürion. 


CENTEN  lO.  ■)  T!  ^ f 

CENTENIONALIS.  f ^ men.ion 

dans  les  loix  romaines  d^’une  monnoie  défignée 
indiíféremment  fous  ces  deux  nonas.  Gouthier 
( ¿’í  Ofic.  Dom.  Augufi.  iil.  !>;. ) la  coiifond 
avec  les  firmes  centenaires , valant  cent  livres 
d'or  , qu  avoit  fait  frapper  Elagabale.  Cafaubon, 
Saumaife  Se  plufieurs  autres  croient  que  le 
ze/iio  ne  valoit  que  cent  aureus.  Mais  Jaeques 
Godefroy  penfe  au  contraire  que  le  nummus  cen- 
tcnionalis  éto-it  Textérrae  oppofé  aiix  firmes  cen- 
tenalres  , c’eft  á-dire,  que  c'étoit  la  plus  petite 
monnoie  , valant  cent  fifis.  Cette  derniéie  opi- 
nión paroir  la  plus  vraifemblable. 

CENTESIMA.  On  appeloit  á Rome  de  ce 
nom  le  centieme  des,  chofes  vendiies  que  pré- 
levoit  le  fife.  Augufte  étendit  cet  impót  á toute 
l’ítalie  aprés  Ies  guerres  civiles.  Tan  de  Rome 
759  ( Tacit.  Anual.  I.  78.  z.  ).  Tibére  le  confa- 
cra  á Tentretien  du  tréfor  militaire.  Caligula 
( Sua.  c.  i6.  n.  9.  ) en  déchargea  ritalie. 

CENTESIMJE  ufan.  Voye^  IntÉRÉT. 

CENTESIMARL  Macrin  voularft  acauérrr 
la  rénutarkm  de  prince  clément  , rédutíit  au 
centieme  le  dixiéme  des  troupes  que  Ton  pu- 
nilToit  ordinairement  par  ia  voie  de  la  décima- 
tiojt. 

CENTRO  , furnom  de  la  famille  CtAniMA. 

CENTO.  L’expreffion  genérale  de  ce  meet 
¿éSanok  une  étoáe  , un  hablUemest  feu  ¿e 


C E N 


709 


plufieurs  morceaux,  ca  de  morceaux  de  plufieurs 
couleurs.  C étoit  en  particulier  le  nom  des  cou- 
venures  fsr  lefqiielles  ccuchoienr  les  pauvres  Se 
les  foldats  , ceiai  des  habits  des  payfans  , cciui 
des  viefilcs  ctoífes  dont  on  coavroit  ¡es  maifons 
i'C  les  machines  de  guetre  , p-our  les  rerdre  im- 
pénétrables  aux  trairs  í;  aux  pierres  que  lauqcHt 
i'ennemi,  Stc. 

CENTONA  ¡RES.  ,,  , , j t-,  . 

CENTO  V i 'ilí  ( code  1 beo- 

dnfíen  an  tiire  des  Centouúires  8e  des  Dendro- 
phores  ; & dans  ¡es  anciennes  inferiptions  on  les 
joint  toujours  aux  charpentiers  , tiguarü , aux 
ferruriers , firrarií , & aux  dendrophores  , aen- 
dropkori.  lis  ne  faifoient  qufiin  corps  de  métier 
avec  ces  forres  d'artifans  , que  l'on  appeloit  , 
Collegzum  Fabrorum  & Ceutanariorum.  { Gruier , 
p.  XLV.  & le  Cbds  Théodofien.').  Quelques  écri- 
vains  oíit  douté  de  la  fignification  de  ce  mot , 
Se  de  l’état  ou  de  la  profcílion  des  Centonaires  j 
mais  il  éft  cerrain  que  Ton  appeloit  chez  les 
Romains  centons , íes  pieces  de  cuir  & (fétoiíe 
dont  on  couvroit  Ies  gaieries  appelées  vines.  ^ 
fotrs  lefquelles  Ies  aíEcgeans  faifoient  ieurs  appro- 
ches  dans  un  íiége,  & Fes  roni-s  & autres  machi- 
nes dont  on  fe  fervoit  pour  faite  les  atraques 
& pour  battre  une  place.  II  eft  naturel  qu'on 
ait  appelé  Centonai:  es  ceux  qui  travailloient  au.x 
centons  , c’eíí-á-dire  , á ces  pieces  de  cuir  Se 
d'étoflé , Sí  qui  lespréparoient.  Deplus , trofs  fortes 
de  gens  Se  d’ouvriers  étoientnécefíaires  pour  lesga^ 
leries  & autres  ouvrages dont n-ousparlons  5 1°.  cíes, 
charpentiers  , tignarii  , ponr  préparer  Ies  boís  , 
tlgna , dont  Hs  étoie’tt  compotes ; 2°.  des  fernj- 
riers  , ferrarii , pour  irer  ces  bois  avec  <fes  lien.s;, 
des  barres , des  chevíiles  de  fer ; des  cento- 
naires  , centouarii , pour  les  couvrfr  de  centons 
oii  de  .pieces  de  euk  crú  Se  d'étofFes  mouillées, 
afin  d’empécher  les  ennemis  de  veir  ce  qui  fe 
paílóit  deíTous  , Se  d’y  mertre  le  feu.  li  nTá 
done  point  étoanant  que  fon  joigne  tous  ces 
ouvriers  ertfemble  , & qu’iís  pe  fatíent  qu'un; 
méme  corps  , puifqufils  travaiiloient  de  concert 
á.  difi'éremes  parties  des  mémes  oavrages. 

CENTUMALUS , furnom  de  la  famHIe 
Fulvia. 

CENTUM-PO-NDIUM , anclen  poi.ls  des 
Romains,  qui  valoit  en  poids  de  Fratce  68  üvres 
II  valoit  en  poids  anciens  ico  nnries-  itali- 
ques,  ponda,  livres> 

Cu  L2CO  Gtices, 

Ou  36CO  dueües , 

Ou  4800  ficiliques  , 

Ou  72' o fexrules  , 

Ou  840a  der.iers  de  Papv.'ríus, 

Ou  9600  deniers  de  Néron. 

Stü.VíVír1V,  } tr&unalapperfte.^ 
tumvirat,  fut  étabíi  á-  Rotne  enviroa  Taa  51  j 


Tí®  C E N 

áe  fá  fonditíon.  Feñus  nons  a confervé  Ies  f 
<iétails  de  fa  création.  Le  préreur  de  la  vüle , | 
appelé  Pretor  Urbanas  , ne  pouvant  foffire  á 
juset  toas  les  preces  da  peuple  , on  créa  Tan  jio 
jde  Home  un  préreur  des  étrangers,  appelé  Prstor 
Peregrinas  , qui  jugeoit  les  caufes  des  étrangers 
íeulemerst  , pendant  que  celles  des  Romains  ref- 
fortiíToient  toujours  du  préreur  de  la  vüle.  Trois 
íins  sprés  la  création  de  certe  feconde  magiñra- 
íure  les  deux  préteurs  ne  fufEfoieut  deja  plus  5 
jce  fut  alors  que  Üon  forma  le  cent'.imvirat.  Pour 
ie  compofer  , on  choiíír  trois  citovens  dans  cha- 
cune  des  55  triburs,  ce  qai  fit  le  nombre  impair 
•de  I fOj  dénommé  par  le  noiiibre  abfolu  de  cent ^ 
£entamviri. 

Les  centamvirs  ne  íiégeoient  pas  fur  des  chai- 
fes  enrules  , mais  fur  des  bañes  , fahfsllia  , au- 
deíTous  des  pre'teurs.  Tan-t  que  la  république 
fubfiíla  5 ils  ne  connurent  que  des  caufes  de 
peii  d’importance  ; mais  les  empereiirs  étendirent 
3eur  teiTort  j 8c  fous  Vefpafien  ils  connurent  des 
aíaires  criminelies  comme.  des  civiles.  ' 

CENTÜRIE.  Lorfque  le  peuple  romain  s’afTem- 
Llolt  p>our  creer  des  magillrats  , 011  pour  établir 
•des  loix  j ou  pour  délibérer  des  affaires  qui  con- 
cemoicnt  la  république , il  étoit  divifé  par  cen- 
turies.  Cela  fe  faifoit  dans  le  champ  de  Mars  ^ 

& ces  aíTemblées  s’appeloient  comítia  centu- 
riata.  C’ étoit  üaffemblée  de  tout  le  peuple.  Les 
cohortes- romaines  étoient  diñribuées  par  décu- 
ries  & par  etnturies.  Le  decurión  commandoit 
la  décurie  ; le  centurión  la  centurie  : chaqué 
cohorte  étoit  compofée  de  íix  ceniurles  ^ & une 
légion  de  foixante  centuries.  Poye-^  pour  les 
détails  des  centuries  de  Reme Monnoie  des 
Romains  fous  Servius. 

Centurie  ^ mefure  gromatique  des  anciens 
Romains.  Elle  valoit  107  arpens  & de 
France. 

Elle  valoit  en  mefure  des  Romains  , 

100  hérédies  , 

Ou  too  jugéres, 

Ou  400  ades  quarrés  , 

Ou  2400  onces  de  terre  , 

Ou  9600  ficitiques  de  terre. 

CENTURION,  CentenieR,  Centurío  & Cen- 
ienarius , oíEcier  romain  qui  commandoit  á 
cent  fantaíTins  , ou  plutót  á cent  dix , en  y 
comprenant  les  decani.  Les  tribuns  confioient 
le  commandement  de  chaqué  manipule  á deux 
centarlons  f Polyb.  vi.  11. ) , qui  fe  remplaqoient 
l'un  l’autre  en  cas  d’abfence  ou  de  mort.  Végéce 
( ti.  8.  ) compre  centurions  par  légion  ; mais 
Denys  d’Halycarnafíe  porte  ( rx.  p.  5-67.  ) ce 
nombre  á foixante.  AuÍu-GeI!e  eft  plus  expreífif 
encore  fur  cet-objetaue  Denys.  II  y a , dit-iL 
dans  chaqué  légion  foixante  centuries  , trente 
ssnipules  j dix  cohortes. 


Les  Cí/eterio.íí  pertoient  fur  leurscafques  des 
marques  diítindives.  Végéce  ( il.  15;)  dit  quec’c- 
toient  des  lettres.  Spon  croyoit  que  c’é'toit  la 
marque  7 , qui  déíigne  un  Centurión  dans  l’épi- 
taphe  fuivante  j avec  le  nombre  coh.  i.  ou  ii. 
eu  III.  déla  cohorte  qu’il  commandoit; 

PUS  MAN 

QUARTIUS.  JÜNIUS.  QUAR.  F.  PAI. 

HESPERINUS 
7.  COHO.  VI.  VIGILUM. 

Les  officiers  5 &parconféquent!es  Centurions, 
qui  font  fculptés  fur  la  colone  Trajane  portent 
fur  leurs  cafques  des  cimiers  plus  ou  moins  ornés ; 
les  cafques  des  foldats  ne  Ibnt  furmontés  que 
d’un  limpie  boutoii. 

Lecaradtérediñindifleplusapparent  des  Centu- 
rzons  , étoit  une  canne  appelée  vitis,  vigne^  parce 
quelle  étoit  de  cette  plante.  On  en  voit  plufieurs 
dans  les  mains  des  Centurions  , qui  font  fculptées 
avec  des  épitaphes  j fur  les  tombeaux  , pubüées 
par  BoiíTard  & Munatori.  Ils  frappoient  avec 
cette  canne  les  foldats  qui  travailioient  négiigem- 
ment  ^ ou  qui  avoient  commis  des  fautes  légéres 
contre  la  difcipline. 

Les  Centurions  pofoient  les  fentinelles  , 8e 
faifoient  les  rondes.  Ils  diílribuoient  aux  foldats 
les  récompenfes , 8c  leur  infligeoient  les  puni- 
tions.  Leur  paye  étoit  double  de  celle  des  fol- 
dats ; elle  étoit  de  quatre  oboles  (13  fols  un 
tiers  j felón  M.  Pauílon  ) au  tems  de  Polybe 
( VI.  37  ).  Ils  fe  plafoienr  dans  Pordre  de  ba- 
taille  j á la  tete  de  leurs  centuries. 

On  choiíit  pendant  long-temSj  pour  Centurions, 
íes  foldats  qui  avoient  montré  le  plus  d’intelli- 
gence  , de  courage  ^ de  fageíTe  ; & c’étoit  un 
objet  d^ émulation  pour  la  milice  Romaine.  Mais 
Végéce  j qui  écrivoit  fous  Valentinien  le  jeune , 
fe  plaint  de  ce  que  les  empereurs  & les  gené- 
raux  nommoienr  des  Centurions  qui  havoient 
fouvent  pas  fervi  dans  Ies  armées  ( /7.  3.  ) Sr  il 
attribue  á cette  caufe  le  degré  de  reláchement 
ou  étoit  tombée  la  légion  , legionum  robar  zn- 
frañum  , cum  prcemia  virtatis  oceuparet  ambitio  , 
& per  gratiam  promoverentar  milites  , qui  pro- 
moveri  confaeverant  per  virtutem. 

Le  Centurión  de  la  premiére  cohorte  de  chaqué 
légion  ou  de  celle  des  primipiles  , étoit  primipilc 
hii-méme  ^ 8c  s’appeloit  le  premier  Centurión. 
!1  commandoit  les  quatres  premieres  centuries  , 
8c  étoit  chargé  en  particulier  , de  veiller  á la 
confervation  de  TAigle  légionnaire  ( P 
il.  8.  ). 

CzttTURt  o RERUíf  ItITENTIUM.  On  tTOUVC 

fotis  les  Conñantins  un  officier  de  ce  nom  a 
Rome.  II  étoit  prépofé  á la  garde  des  monu- 
mens  de  cene  ville  , 8c  il  faifoit  parcourir  les 
rues  a des  foldats  pendant  la  nuit , afin  qu  ils 


CEO 

rirptchaffent  de  matiler  iesítatues.  ( ValefJnots. 
ad  Ammian.  l.  l6.  c.  6.  G.  ), 

CENTURIPJE  ,cnCici\&.  zentofiiiiníin. 
Les  médailiss  autonomes  de  cette  ville  font : 

C-  en  bronze. 

O.  en  argent. 

O.  en  or. 

Leurs  types  ordinaires  font  t 
Ln  lion  courant. 

Un  foudre  aílé. 

U’ne  charrue^ 

Une  lyrc. 

Un  trépied. 

Une  maíTne^ 

CENTUSIS,  ■>  . , . 

CENTUSSIS  f nionnoie  des  anciens  Ro- 
mains. 

Elle  vaiut  depuis  la  fondation  de  Rotne  juf- 
qu alan 48?,  100  livreSj  monnoie  adtuelle  de 
rrance. 

Ce  ne  fut  jamais  qifune  monnoie  de  compre , 
& non  une  monnoie  réelle  j elle  repréfentoit 
cent  livres  de  cufvre. 

CE®  1 US  , Tiran  , qui  j felón  Hcíiode  ^ étoit 
pete  de  Latone. 

CÉON.  Achénée  dit  ^ d’aprés  Ariftoxénej 
qtf  Hvagnide  le  Phrygien  avoit  inventé  des  chan- 
fons  appelées  Céon  8c  Babys. 

CEOS , iíle.  KE.  & KEÍ2N. 

Les  rnédailles  autonomes  de  cette  iíle  font  • 

RR.  en  bronze* 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

Leur  type  ordinaire  eíl  un  cheval  á mi-corps. 
CEOS.  V^oye:^  ZlA. 

CEP.  Eoye^  GeB. 

CÉPHALE&  Pr-ocris.  Cé-ph.ale  j fils  de 
Déjonée  j roi  de  Phodidcj  époufa  Procrisj  fosur 
d’Orithie , & filie  d’Eredhée  j roi  d’Athénes.  i 
Unis  f un  á Tautie  par  Tamour  le  plus  cendre  ^ 
lis  avoient  les  mémes  inclinations  j le  méme  ! 
penchant  : ils  vivoient  contens  & heureux  , lorí- 
que  la  jaloufie  troubla  lá  douceur  de  leur  vie. 

Un  jour  que  Cévhale  chaíToit  fur  le  mont  Hy- 
méte  j l’Aurore  Tappercut,  & éprife  de  fa  beauté;, 

1 enleva  j:  mais  Céphalt  , infenfible  aux  charmes 
de  fon  amante  ^ & á tous  fes  difcours  , conferva 
Ion  coeur  á fa  chére  époufe.  Aurore laífée  de 
fa  conllance , le  renvoie  á Procris  , en  lui  difant 
qu'il  fe  repentiroit  un  jour  de  Tavoir  tant  aimée. 

Ces  mots  j.quele  dépit  fsai  avoit  faitpronon- 
®er  á TAurore  ^ donnérent  du  foupcon  á Cé- 
phale  5 il  craignit  refret  de  l’abfence  fur  le 
coeur  d’une  jeune  beauté  , & forma  la  réfolution 
de  tenter  lui-méme  la  fidelité  de  fon  époufe : 

‘ Aurore  j en  changeant  tous  les  trairs  de  fon 


vnage^j  favorife^  fon  entrepriíe  •,  il  rer.rre  dans^ 
ion  paraK  ,,  fans  erre  connu  de  perfonne : il  trouve 
Procris  defolée  de  fon  abíence  ; il  ne  s^en  tiene 
pas  la^  il  pourfuit  fon  delfein  ; & lorfqu  á forcé 
üe  foins  & de  promeífes  éblouilTantes  il  efi  oar- 
venu  a fe  faire  écouter  , il  découvre  Pépous. 
cfons  1 amant.  Procris  ^ honteufe  de  fa  foibieífe^ 
senfuit  dans  les  bois,  & fe  met  á la  fuite  de 
Diane , en  déteftant  tous  les  hommes.  Son  ab- 
eence  rallume  bientót  Pamour  dans  le  ccear  de 
Cépkaley'ú  s^accufe  d’imprudeBce  , & juílifie 
fon  époufe  : il  va  la  confoler^  & Pengase  á re- 
venir avec  lui : les  voiiá  réunis  ^ & la  réconci- 
liation  efi:  parfaite.  Mais  Procris  á fon  tour  prend 
de  la  jaloufie  , & trouve  la  mort  en  voulanE 
s eclaircir. 

Elle  avoít  fáit  préfent  á Céphale  d’un  excellent 
chien  de  chaffe  que  Diane  lui  avoit  donné  3. 

( Voye^  Lélape  j,  ) & d’un  javelot  3 dont  1a 
vertu  etoit  de  frapper  toujours  au  but  3,&  de  re- 
veiñr  tout  fangiant  a fon  maitre.  Cépkale  aimoit 
pajüopnément  la  chaíTe  auifi-tot  que  le  jour  pa- 
roiíToit  3 il  alloit  dans  les  foréts  voifines  fans- 
autres  armes  que  fon  feul  javelot  5 & lorfqu’á. 
forcé  de  tuer  du  gibier  3 il  fe  trouvoit  fatigué  3, 
il  allojt  fe  repofer.  3 & fe  rafraichir  a,  Pombre 
des  arbres.  Alors-  il  appeloit  Aura  3 c'efi-á-dire  3. 
Js  ^Zéph're  á.  fon  fecours  3 & Pappeloit  des. 
mérnes  noms  qafil  auroit  pa  doniier  á quel- 
qi:es_  nymphes  Viens  foulager  mon  ardeur  3,  di- 
foit-Íl3  la  douceur  de  tan.kaieine  me  ckarme.  ¡,m£: 
ranime  y & fait  toute  ma  jóle  ; c‘efi  toi  qui  fou.- 
tiens  mes  forces  abattues.  Viens,  dono  Aura  y, 
viens  done  d mon  fecours.  Ce  nom  fouventré- 
pétéj  fut  pris  pour  celiii  d’une  nymphe  quet- 
qu’un  en  inñruifit  Frocris  3 quiernt  fonvmari-irr- 
fidéle  ; elle  voulñt  s’en  éclaireir-  par  elk-méfne  r 
le  lendem^a  elle  alia  fe  cacher  dans  un  bniíFon: 
voifin  du  lien  ou  Cépkale  venoit  fe  repoferr  ella 
Pentendit  répéter  fes  douceurs  au  Zenhire  j;  Pin- 
fidelité  ne  parut  plus-  douteufe  á pfocris  5 elle 
ne  patfe  conten  ir  , & poufla  quelques  foupirs^, 
qui  furent  entendus  de  Cépkale.  II  tourne  la  téte3, 

& voyant  remuer  les  broíTaiiles  qui  étoientau- 
prés  de  lui  3 il  croit  y appercevoír  ane  beta 
fauve_3  & luí  lance  fon  dard  ; mais  iPreconnoir 
la  voix  de  Procris  au  cri  qu’elle  jette  ; il  accoartr^ 

& aux  paroles  qu’elle  prononce  3.  il  devine 
fon  erreur  5 á peine  a-t-i!  le  rems  de  la  défabu: 
fer  3 elle-  expire-entre  fes  bras. 

C/pérz/fétoitbífaieuld’LTyílé.  EbyepARcÉsius- 
Euripide  dre  que  PAurore  enleva  aux  cieux^  C¿— 
pkale  , aprés  ia  mort  de  Procris. 

C’eft  ainfi  qu’Ovide  ( Meta.  l.  7;  ) a raconté 
la  fable  de  ces  deux  infortunées-  viñimes  de  h. 
jaloufie.  Mais  Hygin  dit  que  Cépkale  fut  acen^ 
café  devant  PAréopage  3 pour  avoír  tné  fon- 
époufe.  D’autres  cenvains  affurent  que  Jnoitsrr 
le  chanec.'.  en  cié:  re.  “ 


7! i C E P 

CEPHALENIA  , iüe.  ke. 

Les  méJiities  autonomes  de  cette  viíle  font : 

RRR3.  en  bronze. 

Lear  type  ordiniire  eíl  une  tete  de  bélier, 
ou  un  oifeau. 

CEPHALOEDIUM , en  Stcüe.  ke<I)AA. 

Les  médailles  autonomes  de  cettc  ville  font : 

R.  en  bronze.  ~ 

O.  en  argent. 

ERR.  en  or. 

Goltzius  feul  a attribué  des  médaiilcs  impé- 
riales  Grecques  á cette  vil!e. 

M.  Neumann  reftitueá  Palés,  dans  l’ifle  de  Cé- 
phallenie,  les  médailles  d'argent  fur  lefqueiles  on 
lit  KE<í>A  , KE<^AA,  avec  Un  homme  aílis  fur  des 
rochers  & tenant  un  iong  baton. 

CEPHALONOM ANTIE  , K.£^a>irc!iaiTítií  , 
divination  par  la  tete  d’un  áne.  Les  anciens  la 
pratiquoient  en  metrant  fur  des  charbons  allu- 
més  la  tete  d’un  áne , en  récitant  quelques 
prieres  , en  pronon^ant  les  noms  de  ceux  que 
Pon  foupijonnoit  d’un  crime  , & en  obfervantie 
moment  ou  les  máchoires  de  cette  tete  fe  rap- 
prochoient  avec  un  léger  craquement.  Le  nom 
prononcé  á cet  ¡nílant  déiignoit , dit-on  , le 
coupable. 

CÉPHÉE  , fut , dít-on  , un  roí  d’Ethiopie  , 
pére  de  la  célebre  Androméde  , & placé  au 
ring  des  aftres  avec  fa  filie  , fon  gendre  & fa 
femme.  Voyeii^  Andromede  , Cassiopée  , 
Persée , Phinée. 

Nous  voyons  , dit  M.  Rabaudde  St.  Eílienne, 
dans  la  región  fublfme  dii  póle , un  roí  , une 
reine,  une  princeíTe  & un  guerrier  , leur  gendre 
fctur  , dont  les  armes  & le  maintien  annoncent 
la  plus  grande  bravoure  : ceci  rappelle  ce  que  M. 
Bailli  a rapporté  des  Chinois  , qa’ils  ont  placé 
au  póle  1‘Empíreur  , Vlmpératrice  & 1‘héritier 
préjomptif  de  la  couronne  ( Hifi.  de  l’ Aflron.  an- 
cierine  ¡p.  loz  ).  La  reine  eíl  aíTife  fur  un  troné  j 
le  roi  debout  met  le  pied  fur  l’axe  du  monde  , 
fa  main  tient  un  fceptre.  Et  pour  le  dire  en  paf- 
fant , ils  étcient  peines  avec  le  vifage  noir.  Bayer, 
aui  s’eft  attaché  á rendre  les  conílellations  aufii 
femblables  qu’il  luí  étoíc  poílible  á la  peinture 
antique  , n’a  pas  oublié  cette  circonftance.  Une 
ancienne  tradítíon  apprenoíc  que  Cépháe  , ce 
roidupole  , étoit  Ethiopien  ; (^Eíhiopumpopulos , 
Cephaeaque  confpicit  arva.  OVID.  MetAM.  L. 
IV.  Germánicas  Cefar  dit  la  méme  ehofe.  J & 
il  y a pluGeurs  raifons  de  croire  que  e’eft  de 
i’Ethiopie  que  les  fciences  font  parvenúes  en 
Egypte. 

CÉPHTSE  , fíeuve  dans  le  voifinage  d’ Argos, 
pére  de  NarciíTe.  Voye^  Ikachus- 

CÉPION  , air  de  ñute  des  Grecs. 


C F R 

CERJETANIA  , en  Créte.  REPAHAtí 

Hunter  poffédoit  une  médaiüe  autonome 
d’argent  avec  la  légende  ci  - deffus  , que  M. 
Combe  attribué  á Ceratania. 

CER.4MBE  , vieux  hibitant  du  mont  Othrys  , 
en  Theííalie  , s'étant  retiré  fur  le  Parriaffe  , pour 
éviter  Pinondation  du  déluge  de  Deucalion  , y 
fut  changé  en  oifeau  par  Ies  Nymphes  de  cette 
montagne  ; ou  , felón  d’autres  , en  cetre  efpéce 
d’efcarbot  qui  a des  comes  , appelc  en  grec 
II  paroit  que  !e  nom  de  l'cfcarbot  a 
fait  imaginer  la  métamorphofe. 

CERAMÍCíES  , féres  mieux  nommées  Ce- 
RAMiQUES  Voyei  k mot  fuivant. 

CÉRAMIQUEl.  C’ell  un  nom  grec  , qui  vient 
de  , tulle  y ou  de  kí^cíkíüoí  lieu  ou  l’ori 

falc  de  la  luile  , tuilerie  , & lieu  báti  de  tulle  , 
c’eíl-á  dire , comme  nous  parlons  en  francois  , 
báti  de  brique.  Plufieurs  endroits  ont  porté  ce 
nom.  Hefychius  8c  Suidas  difent  qu’ii  y avoic 
deax  céramiques  á Athénes  , l’un  dans  la  viüe 
8c  l'autre  hors  de  la  ville.  Le  céramlque  de  ia 
'filie  étoit  un  lieu  oü  I’on  faifoit  aux  frais  du  pu- 
blic  , les  funérailles  8c  les  oraifons  fúnebres  de 
ceux  qui  avoient  ét¿  tués  dans  la  guerre.  On 
élevoit  fur  leurs  tonabeaux  des  colonnes  fur 
lefqueiles  on  faifoit  graver  Pendroit  ou  i!s 
avoient  été  tués  , 8c  leiir  épitaphe.  Le  cérc- 
mique  du  fauxbourg  étoit  un  lieu  ou  les  femmes 
débauchées  s’aíTeinbloient.  Le  céramlque  de  !a 
viile  formoit  Pun  des  plus  beaux  quartiers  de  la 
ville  d'.Athénes.  ( Spon  en  parle  dans  Con  voyage 
de  Crece  y p.  il.  p.  iBl  8c  voyei  aufli  Meur- 
fius  Athén.  Att.  ).  Le  fcholiafte  d’.4riílophane 
dit  qu’on  y célébroit  des  jeux  , qui  s’appeloient 
l Tüí  Kixi  le  combat  du  flambeau  , 

parce  que  ceux  qui  couroient  , portoient  un 
flambeau.  Les  enfans  donnoient  des  coups  da 
plat  de  la  main  á ceux  des  coureurs  qui  ref- 
toient  en  arriére  , 8c  cela  s’appeloit  des  coups 
céramiques.  ( Voye^  ce  fíholiaíle  , fur  la  fin  du 
IV'.  3.¿ke  de  la  comedie  des  grenoullles  , fur 
Pañe  1'.  de  eelle  des  olfeaux , Se  fur  cclle  des 
chevallers  ; aíte  11  , fcéne  Paufan.,  Liv.  I.  )• 

On  célébroit  trois  fois  l’année  des  jeux  dans 
le  céramlque  , en  Phonneur  de  V ulcain  8c  de 
Promethée.  C’éroií  peut-étre  dans  ceux  de  Pro- 
méthée  que  Pon  couroit  avec  des  flambeaux, 
á caufe  du  flambeau  que  la  fabk  difok  qu  n 
avoit  aliumé  au  ch  r du  foleil  , pour  animer  le 
corps  de  Phomme  qii’il  ai'oit  forme. 

Plíne  ( Llv.  xxrv  , ch.  ii)  du  que  ce  neu 
fut  nommé  céramlque  , parce  que  Chalcoílenes , 
ouvrier  fameux  en  ouvrages  3c  ílatues  de  teire 
cuite,  avok  fon  atte'ier  dans  cet  e.adroic. 
Pau-Canias  ' Llv.  1.  ) aíTure  que  ce  nom  Itn  ' 
du  hér;  s Céramus  , que  Pon  ctifoit  erre  fils  de 
Bacchus  Si  d’Ariaclne.  _ U 

La  porte  d’.Athénes  , qui  étoit  vorfine  ‘ - 
* 1 na 


C E R 


Tun  des  céramlques  , s’appeloií  porte  céramique. 

CERAP.IJE.\^  . , r -c  ■ 

CERERIJE  f Ignórela  lignifacarion  propre 

CBS  mors.  Gruter  a pubüé  cettc  infcription : 
I-í.  D -í,  CF-RAiAE  , c’eft-a-dire  , magns.  Deám 
a-.trl  :;  í£.  Muratori  (33-  8.  ) a publié  cctte 
aiArs  ; AUGUST.-E  BON^  DE^  CERARI^. 

CERARIüM  , impót  que  les  magiftrats  Ro- 
mains  levoient  fur  Ies  Drovunces  de  Tempire , 
peur  fournir  de  cire  leur  maifon.  Cicéron  en 
fziz  mention  áans  fa  troifiéme  Yerrine  ( 78  ) : 
ct:  arz-tim  verb  quid  ? Quomodo  hoc  nomen  ad  ra- 
no zi^s  rnagiflratus  ¡ quomodo  ad  pecamam  publi- 
sam  allaturr.  ffh  ? 

CÉRASTES  , peuples  de  Tifie  de  Ch^'pre  , 
qui  avoieir:  chez  eux.un  autel  dédié  á Júpi- 
ter Thofpiralier  ^ qui  étoit  toujours  teint  du  fang 
des  étrangers-  Venus  , ofrenfée  de  cette  inhuma- 
nité_3_  les  changea  en  taureaux.  Ceft  pour  nous 
marque  les  moeurs  , feroces  de  ces  peuples. 
D'aiüe-.irs  j comtne  le  mor  x.í(a.¡r  figniíie  come  , 
on  dit  qu'ils  portoient  des  comes.  Ldfle  méme 
de  Chfore  a porté  le  faux  nom  de  cérañe  , 
oiT  cornue  parce  qu'eile  ed  environnée  de  pro- 
montoires  qui  s'éiévent  dans  la  mer  , & font 
voir  de  loin  des  pointes  de  rochers  comme  des 
comes. 

CERASUS , dins  le  Pont.  kepacoyntiQn 

^ Cette  ville  a fait  frapper  des  médailles  im- 
periales grecques , en  Thonneur  de  Marc  - Au- 
réie. 


CERATIUM , monncie.  Voyex^  Keration. 

CERAUNOSCOPION , X.Z^Oím0T}C0^UQV  J ma- 
chine  de  théátre  des  anciens.  C’étoit  une  ef- 
pece  de  guérite  , ou  de  tour  portarive  , d'oú 
Júpiter  lanqeit  la  foudre , dans  les  piéces  telles 
que  YAjax,  fils  d’Oilée.  Brontée, 

CERBÉRE. 

On  fera  peut-étre  étonné  de  trouver  Cer- 
bere  aa  rang  des  divinicés  infernales ; car  on 
Be  connoít  aucun  temple  j aucun  autel  elevé 
a ce  redoutable  monflre.  Mais  un  paíTage  de  De- 
nis  Périégéte  j relatifá  la  religión  des  EtrufqueSj 
nous  a engagé  á lui  donner  place  dans  la  mytho- 
logie  ( Perieg.  v.  z.  48.  ) Grecque.  II  dit  d’aprés 
Scytnnus  de  Chio  ^ qu’on  voyoit  dans  la  Campa- 
nie  j auprés  de  TAchéron  , un  oracle  de  Cerhere. 
L endroit  oú  oníe  confulto'it  étoit  fouterrain. 
Si  le  pouvoir  de  rendre  des  oracles  n^étoit  pas 
toujours  na  privilége  excliiíif  des  divinités  j ii 
n étoit  an  moins  attribaé  qu’á  des  hommes 
déiíiés  3 ou  a des  étres  que  la  crainte  ou  la  re- 
connoiíTance  égaioit  aax  dieux. 

Le  refpeél  pour  Cerbere  étoit  paíTé  des  Egyp- 
tiens  aux  Etrulques  & aux  Campaniens  ; nous 
íavons  én  effet  que  Ies  premiers  rendoient  un 
cuite  religieux  aux  chiens  en  qénéral  ^ embléme 
groíEer  des  chiens  du  ciel  ctoilé.  lis  leur  avoierst 
Antiquités  , Tome  I. 


C E R 715 

confacré  un  nom  & un  attribut  de  la  divinité, 
-Anabis.  Les  chiens  ét  .ient  pr-ípofés  en  Eg'ypre 
á la^  garde  des  temples  Se  á ceüe  des  lieux  oui 
renrermoient  les  momies.  Cette  derniére  fonéíion 
ne  pouvoit  manquer  de  faire  reiai.lir  ñir  eux 
une  partie  du  refpedt  que  ce  peuple  avoit  pour 
les  cadavres  de  fes  parens.  Diodore  , cité  par 
Eusébe  , { Prepar.  Evang.  libro  cap.  8.  ) rá- 
cente que  le  corps  d Apismort  ^ étoit  remis  par 
Mercure  au  bout  d'un  cercain  efpace  de  - 
min  j á un  Egyptien  caché  á moitié  fous  un 
mafque  de  Cerbere.  Auíli  voit-on  fouvcnt  ce 
dernier  ^ place  aux  pieds  de  Sérapis-PIuton  ^ par- 
tager  ks  hommages  avec  cette  divinité. 

Les  Etrufques  eurent  de  bonne  heure  des 
relations  avec  ¡es  Pélafges  , dépofitaireSj  comme 
les  autres  Grecs,  d’une  partía  desdogmes  Egyp- 
pt'.ens  , mais  trés-altérés.  lis  íes  faiíirent  avec  em- 
preíTement.  De  toutes  Ies  connoiiTances  qu'ils 
leur  fiirent  alors  apportées  , la  croy^ance  des 
enfers  fut  reque  avec  le  plus  d’avidité ; car  ayant 
trouve  dans  la  Campanie  un  lite  pareil  á celui 
qu’offroit  TEpire  fur  lesbordsdu  triíle  -Áchéron^ 
iis  donnérent  á cet  endroit  & aux  environs  , les 
mémes  noms  que  portoient  chez  les  Grecs  ces 
redoutables  lieux.  On  vit  done  paroitre  dans 
THefpérie  un  nouvel  Achéron  & un  nouvel 
Averne.  L’Oracle  de  Cerbere  , place  daas  le 
voifinage 5 nous  donne  á entendre  qa’un  femblable 
Oracle  fe  trouvoit  fans  doute  dans  TEpire^  ou 
dans  la  Thefprotie,  auprés  de  Tautre  Achéron. 
Fondés  parles  Etrufques , les  Romains  requrent 
dkux  ces  notions  théologiques  avec  les  arts  Se 
les  fciences.  Une  épitaphe  latine  rrouvée  á Ca- 
mertum  ( Kippingíus  antiqu.  rom.  lib.  4.  cap. 
6 ,pag.jji.') ázm  TOmbriCj  en  faitfoi.  « Infer- 
no. Plotoni.  ch  arae.  uxori.  Proserpinae. 
TRiciPiTiQUE.  Cerbero,  munüs.  mecum. 
FERENS &C. 

Nous  trouvons  dans  Gori , une  forte  preuve 
de  la  vénération  des  Etrufques  pour  Cerbere  , 
& du  pouvoir  qu'iís  lui  attribuoient.  On  voit  en 
eífet  fon  image  gravee  fur  pluíieurs  fcarabées 
qui  ont  été  travaillés  par  des  ardiles  de  cette 
nation.  Les  trous  dont  ils  ont  etc  parces  aa- 
noncent  ca’on  les  portoir  en  amulette  fur  les 
bras  ou  fur  la  poitrine  : ils  partageoient  done  ia 
confiance  & la  vénération  avec  le  phaílus  de 
Priape  & les  attributs  des  autres  dieux.  Les 
Grecs  penfoient  ,de  mcíne.  Nous  voyons  dans 
(Edipe  á Colone,  le  choeur  adrelTer  des  voeux  & 
des  priéres  au  redoutable  chien  pour  le  rendre 
favorable  au  füsde  Laius  qui  venoit  de  defeendre 
aux  enfers.  II  lui  prodigue  les  épithétes  les  plus 
honorables  , relies  que  ceües  d’invir.cible,  d'en- 
nemi  du  fommeil Sec.  afin  qu’il  accueille  avec 
bonté  ce  prince  malheureux.  Ce  choeur,  dans  Tar- 
deur  de  fes  voeux,  change  méme  les  dogmes  de 
la  mvthologie  en  le  difant  fils  de  ia  Terre  & 
du  Tartare  , contre  Topinion  commune.  V'^oUi 

X X X X 


714  ■ c E R 

Jís  titres  fur  lefqiie's  noas  fondons  la  divinité 
de  ce  chien  fabuleux. 

Nous  prouverons  plus  aifément  fa  ge'néalogie 
que  rhiftoire  de  fon  cuite.  Héíiode  ( Theogon.  v. 

3 lo. ) luí  donne  pour  paren?  Typhon  & Echidna. 
Quintu.s  de  Smyrne  ( Paralip.  Hh.  6.  v.  z6o.  ) 
ajoure  que  le  Géant  ayant  trouvé  Echidna  dans 
un  antre  place  aux  portes  de  Tenfer  , & prés 
du  féjour  de  la  nuit  , lui  fit  violence. 
Le_  premier  fruit  de  leurs  amours  fut  Orthus  ^ 
chien  de  Géryon  ^ que  fes  deux  tetes  ( Fierres  de 
Stock,  pag.  283.  ) font  diñirguer  aifément  du 
chien  des  enfers.  Cerhere  vint  enfuite  , & nes’é- 
loigna  iamais  de  fon  plein  gré  , des  bords  téné- 
breux  qui  Tavoient  vu  naítre.  HomérCj  qui^  felón 
la  remarque  de  Paufanias  ( Lacónica  ^ pag.  212.  ) 
a donné  le  premier  au  chien  enlevé  par  Hercule 
le  nom  de  chien  de  Pluton  , ne  lui  en  a point  j 
aíFeété  d'autre  , & s'’ei'í  tú  fur  fa  forme  & fon  i 
empioi.  Les  vers  ¿u  prétendu  Orphée  gardent  | 
le  r&eme  íilence  j mais  un  écrivain  trés-inftruit  1 
de  la  théoiOgie  Egyptienne  , Macrobe  ( Saturn.  j 
lib.  cap.  20.  ) a fuppléé  á leur  défaut.  Cerhere,  j 
toujours  place  aux  pieds  de  Sérapis  a feion  lui  ^ ’ 
trois  tetes.  Tune  de  chien  & Tautre  de  loup  , 
féparées  par  celles  d'un  lion  qui  eíl  d’unt- pro- 
portion  plus  forte  que  les  deux  autres.  Eües 
font  portees  par  un  corps  de  chien  qui  eíb  en- 
-veloppéj  ainS  que  les  tetes,  par  les  replis  d’un 
long  íérpent.  On  ne  connoít  qu’un  feu!  monii- 
ment  fur  ¡equel  Cerhere  foit  ainíi  repréfenté;  il 
eft  expofé  dans  le  cabinet  d'antiques  de  Ste  Ge- 
nevicve.  Cette  conformité  parfaite  avec  la  def- 
criptíon  de  Macrobe  , lui  donne  un  grand 
prix. 

Les  poetes  Grecs  & Romairs  oñt  á Tenvi  al- 
tére la  forme  de  ce  monílíe  infernal  ; ils  ne  fe 
font  accordés  que  fur  un  feul  point  , fon  corps,  I 
qu'ils  ont  tous  décrit  comme  -appartenant  á 
Lefpéce  des  chiens  ; fa  tere  a foiuni  m.i'le  va- 
riations.  Héíiode  ( Thégon.v.  3 id.  ) lui  en  donne 
cinquante  ; Ariítophane  , ( Rans. , v.  471?  ) fuivi 
par  Horace  , ( íLorat.  lib.  2 , od.  1 3 , lib.  1 , od. 

19.  ) double  ce  nombre  ; & Sophocle  les  réduit  á 
trois.  Cette  derniére  opinión  eíl  cede  de 
Paufanias  , de  Virgile  , d’Ovide  , de  fibulle  , 
de  Cicerón  ( Cicer.  i , Tufcul.  10),  &c.  d’Ho- 
race  lui  - méme  , dans  un  autre  de  fes  pcémes. 
Pluíieurs  monumens  antiques  repcéfentent  Cer~ 
bere  avec  trois  tetes  de  chien  dans  un  des  tra- 
vaux  d’HercuIe.  On  le  voit  fur  une  belle  agarbe 
gravée  par  Diofcor'de  , décrire  par  Leger  , pla- 
cee de  rmaveaii  p?~mi  íes  piar  es  du  barón  de 
Stoch;  f r une  autre  pier-e  de  Leonardo-Agof- 
tini;^(  G:-nme^  di  L.  ígc^rird.  N^.  y.  ) far  un  | 
carnee  du  méme  aute  m,  oü  Ce-here  eíl  aíLs  ! 
tranquille  nent  au  pied  d’un  arbre  devant  Orphée, 

Se  fu!^  tvi  iafpe  rouge  ae  la  galerie  de  Florence,  ' 

( pCLup  lorer.z.  tom.  2.  tab.-Z.  ; ou  il  accompagne  i 
Sérapis-Fluton.  Pelíerin  ( Suppl.  3 , pl.^.  N°.  4. ) 1 


C E R 

?a  décrit  un  ^médaiüon ’d’Héracíee  du  Pone  . for 
! lequel  eíl  placé  Hercule  trainant  le  monilre  á 
: trois  tetes  de  chien. 

Paul-Lucas  mérite  d’étre  féparé  du  nombre 
des  auteurs  qui  ont  donné  des  deferiptions  du 
chien  Cerbére.  11  parle  d’un  Ceróire  d’albátre  de 
cinq  pólices  de  hauteur  avec  fa  bafe  , rapporté 
par  Montfaucon.  On  voit  de  face  une  tete 
d’homme  qu’accompagnent  de  chaqué  cote  une 
tete  de  loup  & une  tete  de  chien  , etitortiliées 
de  deux  ferpens.  La  tete  d’homme  p^roit  íi  ex- 
traordinaire  , li  peu  conforme  aux  traditions 
Egyptiennes  & Grecques  , qu’elle  peut  faite 
reléguer  ce  monument  au  rang  des  fables  dont 
le  débil  paffoit  autrefois  pour  un  privilége  de 
voyageurs.  On  peut  au  moins  resnrder  cet  écart 
comme  une  bizarrerie  dufculpteur,  ainfi  queles 
trois  corps  domes  á Cerhere  par  ( Hercules  fu- 
rens , Feripide,  font  une  Ikence  poétique. 

On  eíl  d’accord  fur  k.  forcé  de  fa  voix  } il 
en  faifoit  retentir  ;our  & nuit  les  voútes  du  Tar- 
tare,  ) Fibul.  lib.  3.  Eleg.  4.  JEneid.  lib.  6.')  Lié 
avec  des  chaínes  de  ferpent , couché  dans  un  antre 
obfeur  fur  des  os  á demi  rongés  , il  ouvre  fans 
ceiTe  fes  gueules  appelées  par  Martial  ora  prodi- 
giofa-,  ii  effraie  & repoulíe  les  ombres  qui  vou- 
droient  fortir  des  enfers.  C Qu-int.  Smyrn.  Paralip. 
lib.  6.  V.  2Ó4. ) Ules  dévore  méme  íi  elles  s’obítin- 
nent  á franchir  ces  barrieres  éternelles.  C’eíl  ainíí 
que  le  peint  Héíiode.  {Théogon.  768.  ) Mais  au- 
tant  il  eíl  redoutableaux  ombres  rebelíes.autant  il 
eíl  doux  Se  careíTant  pour  ceux  qui  veulent  pé- 
nétrer  dans  les  fombres  demeures.  Car  il  lesflatte 
des  oreilles  & de  la  queue , Se  nous  le  voyons 
dans  Horace  lécher  le  pieds  du  fiis  de  Sémélé. 

Cemonílre  ainíí  repréfenté  , n’a  pasparu  aííez 
eífrayant  á certains  poetes,  i!s  ont  encore  cou- 
vert  fon  corpsde  ferpens  aulieu  de  poils.  (^Mneid. 
lib.  6.  ) Tibulle  parle  dans  fes  éiégíes  de  leurs 
horribles  íifflemens  , Se  leur  alTocie  le  ferpent  qui 
termine  la  queue  de  Cerhere.  Ces  reptiles  , qui  cou- 
vrent  la  peau  du  chien  compagnon  fidéle  de  Se- 
rapis  , écoutent  dans  Juvénal  les  voeux  qu'on 
adrede  á cette  divinité  , Se  annoncent  le  fuccés 
qu’ils  auronc. 

" Pt  movijfe  capul  vifa.  efl  argéntea  ferpens 

» Jllius  lacrymis.  » 

On  croyoit  en  effet  qu’il  fe  laiífoit  quelquefois 
fléchir.  AuíE  p'acoit-on  auprés  des  rr.orts  un  gáreau 
demiel,  avec l’obolede Carón  , {Suídasy.OtTxtflx.) 

Se  la  couronne  i.ílinée  á ceux  qui^  avo  ent  p^r- 
couru  la  carriére  de  la  vie.  Cn  eípero.t  appaifer 
avec  ce  préfrnc  le  redout-ible  chien , & Is  cen- 
dre favorab'eá  leurs  ombres.  irgik  a pnne 
cette  tradition  grecaue  llJée  úu  gdteau  de  la  Sy- 
bille.  . ■ 

H eíl  tare  d’appercevoir  cette  enmere  veni 


C E R 

asure  fur Ies  pierres  gravees  repréfentant  Hercule 
enchainant  Cerbere , quoique  ce  travail  du  héros 
de  Tyrinthe  ait  fouvent  exercé  íes  plus  hábiles 
artifles.il  a eré  chanté  auíli  par  tous  Ies  poetes  de 
Tantiquité.  En  voici  Tabregé  : Euryfthée  ayant  dé- 
voué  á la  mort  le  íils  d’AIcméne , & voyant  avec 
indignation  qu’il  échappoit  á tous  Ies  dangers  par 
fa  valeur  & par  la  protedlion  de  Pallas , lui  or- 
donna  d’enleyer  Cerbere  & de  Tarracher  des  en- 
fers.  Hercule  obéit  {Diod.  Sicul.lih  ^.Paufanlas 
Laconic.  Odyjf.  I . lliad.  Georgia,  lib.  4.  v-  467. 
Strabon,  lib.  8.  Suidas  raiiafoy. ) II  parcourut  les 
bords  de  la  mer  Adriatique , pénétra  Dar  TEpire 
dans  le  Péloponéfe  , & vint  dans  la  Laconie  au 
promotoire  de  Ténare.  II  y termina  fa  courfe  , 
parce  Que  Mercare  lui  indiqua  une  cáveme  prés 
du  temple  de  Neptune  dans  Ténare  ^ & le  con- 
duiíit  par  cette  ouverture  fur  les  bords  du  Styx. 
Sans  doute  que  le  caducée  du  conduéieur  desames 
adoucit  le  chienterriblcj  Stproduiíitle  mémeeffet 
qu'avoient  produit  autrefois  les  fonsde  la  h/re  d'Or- 
phée ; car  Hercule  prit  place  fans  difbculté  dans 
la  barque  de  Carón  & parvint  jufq'Tau  palais 
de  Pintón. ^ependaBtMontfaucon  {tom.  z.p.  iij.} 
d.t  u'in  cerrain  MenetiuSjbouvier  de  Tenfer,  vou- 
lut  s npofer  á fon  paiíage  ; mais  ¡1  embrafla  ce 
témíraire  , & le  ferra  tellement,  qu  il  rétouífa  en 
lili  brifant  les  os.  > 

Proferpine  futtouchée  du  fort  d'un  héros  auquel 
elle  étoit  attachée  par  les  liens  du  fang  , ayant 
rcíja  tous  deux  le  jour  du  fouverain  des  dieux. 
Elle  lui  accorda  d’abcrdla  grace  de  fes  deux  amis, 
Théfée  & Pirithous,  malgré  PoíFenfe  gdeve  ruhis 
lui  avoient  faite.  Elle  reniit  enfuite,  felón  Piutar- 
que  j ( Parall.  Nicis.  & M.  Cra  í.  ) Cerbére  entre 
fes  mains  ; mais  cet  écrivain  efl  íeul  de  fon  avis. 
Tous  Ies  Mythologues  conviennenc  quA!  combar 
tit  long-tems  ce  monftre , & ne  l'emmena  qTaprés 
Tavoir  lié  avec  des  chaines  de  diamant.  Ovide  a 
chanté  cette  Intre  terrible.  {Métam.  l.  7. ) II  peint 
vivement  Ies  efforts  de  Cerbere  , la  douleur  quhl 
cprouva  en  voyant  la  lumiére.  Se  les  hurlemens 
aftreux  dont  il  fit  retentir  les  airs  par  trois  fois. 
Quintas  de  Smyrne  Fa  place  fur  le  bouclier 
d'Eurypile  ( Paralip.  lib.  1 , z6o. ) On  y voit  Ies 
coups  vigoureux  que  lui  porte  ce  héros  , & Ies 
traces  de  fa  viótoire  fur  les  bords  fangeux  du  Styx, 
au  travers  duquel  il  entrame  fa  proie. 

Le  monflre  captif  exhala  fa  douleur  en  de  longs 
gémiíTemens  , une  éc'.me  noire  & livide  découla 
de  fes  gueules  enfanglantées.  Cette  liqueur  horri- 
ble fe  deflfécha  en  tombant  fur  les  roches;  on  en 
vit  naitre  fur  le  chamo  le  redoatable.Aconit,  (T>yon. 
perieg.  v-  788.  Nicar.d.  Aiexiphar.  Pliráus  , lib.  G. 
eap.  I , Mela.  ) cette  plante  dont  le  fue  eñ  un 
poifon  préfent  .?c  fans  remede.  Cefutauprésd'’He- 
raciée  du  Pont  que  le  vainqueurde  Cerbere  lOrzit 
des  enfers  ; le  médaillon  de  cette  viüe  cité  plus 
haut  en  fiir  foi.  G'étoit  d’ailleurs  une  tradition 
coaftante  dans  toute  la  Gréce,  quoique  Paufauia* 


C E R 715 

la  rejette  formellement.  Elle  fir  naitre  fans  doute 
la  réputation  des  magiciens  de  Theíía’ie,  contrée 
Yoiíine  du  Pont.  Médée  y préparcit  fes  poifons  , 
routesles  femmes  de  ces  régions  c jmmandoient  aux 
aílres,  aux  élémens , & elles  paíToient  pour  Ies 
plus  paiifantes , dirai-je  magiciennes  ou  empoifon- 
neufes  de  Tanivers.  La  forcé  du  venia  de  cette  re- 
doutabie  écume  a fait  croire  aux  romains  que  Cer- 
bere  rompoit  fes  chaines  dans  les  temps  de  pefte  , 
& parcouroit  les  contrées  iniectées.  Sénéque  le 
dit  expreífément  dans  fon  (Edipe  : 

Q_uÍtí  t&narii  vincula  ferri 
” Pupijfs  canem  fama¡  & noflris 
=3  Errajfe  locis.  “ 

Quoique  Cerbere  eút  des  forces  proportionnéet 
á la  grandeurde  fes  membres,il  ne  pouvoit  man- 
quer  d'étre  vaincu  par  le  fils  d'Alcméne.  Trois 
dieux  puiífins  favorifoient  le  héros,  Proferpine, 
felón  Plutarque , Mercare,  qui,  dans  les  peintures 
du  tombeau  des  Nafons,  le  raméne  á la  lumiére  , 
& Pallas.  Cette  derniére  déeíTe  nous  fait  connoitre 
dans  riliade  ( lliad.  (.  ) la  proteélion  ouverre 
q^elle  lui  avoit  accordée.  Se  plaignant  á Japit-er 
des  malheurs  des  Crees  , elle  lui  reproche  d^avoir 
laiíTé  autrefois  expofer  fon  fils  Hercule  aux  plus 
grands  dangers  , & elle  Faffure  qu’clie  ne  Fauroit 
pas  lailTé  fortir  du  'Parrare  fi  elle  eút  prévu  Ies 
fecours  q.ie  devoient  recevoir  de  lui  lesTroyens 
fes  ennemis. 

Sans  parler  des  pierres  gravées  déjá  citées  , on 
voit  encore  a Narbonne  un  marbre  décrit  par  du 
Choul,  fur  lequel  Hercule  traine  a la  fuite  le  re- 
doutable  chien.  ( Pierres  de  Stock , pag,  aSi. 
Métam.  lib.  lo.  ) On  peut  heureufement  Fy  re- 
girder  fans  craindre  le  trifte  fort  de  cet  inconnu 
dont  parle  Ovide  qui  fe  rencontra  par  hafard  fur 
le  chemin  d'Héraclée  á Trézene,  au  morueut  clu 
le  héros  paíToit  avec  fa  proie.  La  vue  da  monftre 
á trois  tetes  , & des  efforts  vigoureux  qu’il  Eifoit 
pour  recouvrer  fa  liberté,  le  remplit  de  fray -tur.  Sa 
peur  fut  lí  grande  qu’il  en  perdit  le  moaviment 
& la  vie.  Non  pavor  ar.te  reliquit , ouam  natura 
prior  , faxo per  Corpus  aborto.  Cette  métamo  phofe 
efl  exprimée  dans  la  peinture  XVI  du  tombeau  des 
Nafons , deíTiné  par  Bartoli , & expliqué  parBel- 
lori.  A Fentrée  de  la  carverne  d’oú  fort  Hercule , 
conduitparMercure  , & traínant  Cerbere  , onvoit 
un  homme  aílis  fur  une  roche,  élevant  la  main  gau- 
che pourexprimer  fon  étonnement.  Bellori  (Thes. 
ant.  rom.  Grsvii.  tom.  iz.  v.  lofy.  ) n en  a pas 
parlé  dans  fonexplication , & nop  deyons  réparer 
fon  filence.  O.n  ne  peut  méconnoitre  ici  Finfo.'tuné 
qui  fut  ch.mgé  en  pierre  á la  vue  du  tnonflrueux 
chien.  Sifiphe  condamné  á roifler  un  rocher  , & 
quelefiis  d’.4lcméne  eíTaya  de  délivreravtc  Thé- 
fée & Pirithoüs,  efl  étendu  fous  les  pieds  de  Pla- 
tón, fur  un  jafpe  de  Stoch.  ipag.  ¿83.  ) Os  le 


71^  C E R 

reconnoit  au  bcnnet  Phrygian  & á !a  préfence 
d'Kercule  qui  entrame  Cerbíre  á la  vue  de  Pluton. 

Euriírhée  connoiffoit  trop  bien  le  courage  & 
¡es  forces  d'HercuIe  pour  craindre  Cerhire , ñ le 
héros  pouvoit  l’amener  en  fa  prefence.  II  fe 
contenta  de  ie  voir , s^’aíTura  de  P cbéiiTance  da 
íiis  de  Jiipiter , & renvoya  enfuire  aux  enfers  ce 
redoutable  monílre.  C^eíí:  la  feule  occaíion  oú 
:1  ait  vu  le  joar,  & c’eíl-iá  tout  ce  que  la  my- 
thologie  a confervé  de  fon  hiftoire. 

L’explication  aue  Fon  a donnée  de  ce  chien 
fabuieiix  fera  plus  iongue  á rapporter  ^ parce  que 
fon  exirtence  a fait  naitre  un  grand  nombre  d"o- 
pinions.  Les  étymologiíles  ( Vives,  comment.  in 
civit.  Dei  lia.  i8,  cap.  1^.  Servius  , comment.  In 
Plin.  ¿ib.  xj  , ckap.  i2. ) Font  pris  pour  la  terre 
qui  confume  les  cadavresjcn  í’aifant  venir  fon 
nom  da  mot  , carnivore.  Cette  terre  t&, 

felón  iNoel  le  Comte  , ainíi  que  toutesles  chofes 
fublunaires  ,Ieproduit  de  la  chaleur  8c  de  Fhn- 
miditié  figurées  par  Typhon  & Echidna.  D’au- 
tres  luí  ont  cherché  dans  l’hiíloire  naturelle  une 
origine  auffi  peu  vraifemblable.  Tel  eftle  P.  Har- 
douin  ,qui  croit  que  Ceroere  étoit  une  minedont 
le  Ténare  formoit  Fouverture  ; fes  trois  tetes 
figuroient  ^ felón  lai  > les  trois  métaux  employés 
ala  fabr.que  des  monnoies  , Por  , l’argent  8c  ie 
cuivre  , produitde  cette  mine.  II  appellerOdyífée 
a Tappai  de  fa  ridicule  conjeóiure.  Porphyre  a 
pris  le  ch'en  fabuleux,  pour  une  puiiTance  mal- 
faifante  qui  faifoit  fentir  fes  funeftes  inñuences 
dans  l’eau  j l'air  & la  terre.  Et  dans  un  autre  en- 
droit  il  en  a fait  Fembléme  de,  la  marche  du  fo- 
leil  j le  lever  , le  midi  & ie  coucher  de  cet  añrcj 
prototype  de  toutes  les  anciennes  divinités. 

Fulgence  - Planciade  ( Contin.  Virgil.  Tricul.  ) 
a a pas  été  plus  heureux  en  difant  d’abord  , aprés 
PétronCj  que  Cerbere  avoit  été  un  avocat  fameux 
par  fa  caullicité  j par  la  vénaltté  de  fa  plumcj 
& par  ¡es  calomnies  quhl  répandoit  á grands  ñots 
fur  fes  adverfaires.  Le  chien  infernal  recut  j felón 
lui  , le  nom  de  cet  bomme  malfaifant  & devint 
Fembléme  de  fes  femblables.  Le  gáteaa  de  miel  de 
la  Sybille  figuroit  auffij  felón  le  méme  écrivain^la 
fageílé  qui  pent  feule  mettre  un  ffein  á ces  lan- 
gues  peiiides  dont  i!  fe  plaignoit  déjá  ati  fixiéme 
£écle  de  notre  ere , ficut  in  advocatis  nunc  ufque 
confpicitur.  La  manie  d’appliquer  a la  morale  les 
anciennes  fables,  a fait  déraifonner  encore  une  fois 
ce  mytbologue  relativement  á Cerbere.  ( Mythol. 
lib.  I.  ■)  II  a VIS  dans  le  nombre  de  ces  tetes  les 
trois  principales  caufes  qui  excitent  Ies  débats  &c 
Ies  querepes  parmi  Ies  hommes.  Tantót  c"eñ  une 
anripathie  naturelle  femblable  á celle  des  lie- 
vres  & des  chfens des  loups  & des  brebis , des 
hommes  & des  fercensjtantot  c’eftunrefrotdiíTe- 
merft  d'amour  ou  d’amifié  ; fouvent  enfin  les  dé- 
bats ne  prennent  letrr  fource  que  dans  les  chofes 
purement  accidentelles  jte'les  font  les  {jarcies  ou 
les  gdVes  cbez  Ies  hommes  & pami  ks  ani-  ! 


€ E R 

maux  des  páturages  plus  abondans  : voila  claire» 
ment,  á fon  avis  ^ le  chien,  le  ferpent  & le 
lien. 

Au-Iieu  de  s^abandonner  á fon  imagmation  dé- 
réglée  , Fulgence  auroit  été  plus  fage  de  copier 
Macrobe , dont  l’explication , fans  étre  vraie , eif  au 
mo1ns  plauíible.  (Saturn.íib.  i.cap.ZQ.)  Letemps 
préfent,  dit  cet  écrivain,  étoit  figuré  par  látete 
d'un  lion,  á caufe  de  Fañivité  qu  il  reqoit  de  fa 
pontion  entre  les  deux  atures  temps.  Le  loup  ex- 
primoit  le  temps  paffé  , dont  le  fouvenir  eíl  en- 
glouri  avec  tant  de  rapidité.  Quant  au  futur , dont 
Fefpoir  eñ  fi  íiatteur,  on  ne  pouvoit  le  rnécon- 
noitre  dans  la  tete  du  chien  careffant  Sérapis- 
Pluton,  ou  la  divinké  qui  peut  feule ncus  accor- 
der  I’avenir. 

On  a cru  trouver  plus  aifément  dans  Fhíñoire 
Forigins  de  Cerbere  j mais  le  nombre  & la  va- 
riété  de  ces  explications  en  décéient  la  frivoüté. 
Paufanias  rapporte  á ce  fujet  le  recit  íFHécatée 
de  Miiet.  Celui-ci  racontoit  que  la  cáveme  du 
Ténare  {Lacónica,  pag.  212.)  avoit  été  habitée 
autrefois  par  un  affireux  ferpent.  La  mort  prompte 
qui  fuivit  fes  ble&resj  luí  fit  domer  le  nom 
générique  de  chien  de  Fenfer,  dont  fe  fert  Homére, 
fans  le  défignerplus  particuliérement.  Les  auteurs 
quiont  fuivile  chantre  de  Filiada  ont  réalifé  cette 
dénomination.  Cerbere  eft  devenu  un  chien  a troís 
tetes  & méme  á cinqaante , felón  Kefiode.  Tel 
füt  le  fort  de  ce  dragón  qu’Hercule  arracha  de 
fa  retraite  & amena  aux  pieds  d^Euryífnée.  _ 
Paléphate  cite  un  autre  trait  d’Hercuíe  relatif  au 
chien  {Paleph.  cap.  J J.)  inferna!.  Ayant  vamcu  Gé- 
rion  dans  une  vüle  du  Pont  appelée  Tricarénia , quí, 
dansFacceprion  grecque  , veuí  dire  a trois  mon- 
ticuíes  ou  a trois  tetes , le  fils  d’Alcmene  s empata 
de  fes  nombreux  troupeaux.  Cerbere  , redourable 
par  fa  forcé  & fa  férocité  , étoit  gardien  de  ce 
béta-il.  II  fuivit  la  proie  du  héros,  & fit  avec 
elle  la  rscheííé  d^’Euryftée.  MoIoíTuSjriche  My- 
cénien,  en  eutenvie,  & le  demanda  au  tyran  qui  iC 
refufa  toujoiirs.  Voyant  fa  demande  inunle  jii  eut 
recours  a la  rafe.  Les  bergers  d’Euryflhée  ayant 
été  gagnés,  renfermérent  Cerhire  cans  Ifntre  de 
Ténare  avec  les  chiennes  de  Moloíí'us,  quii  ren.- 
dit  fécondes.  Euryft hée  ne  voyant  pas  fon  ch'en,, 
commanáa  á Hercule  de  le  chercher,  & cejm-ci, 
en  Farrachant  de  la  caverna  jdonna  lien  a la  rabie 
de  fa  defeente  aux  enfers.  ^ ^ 

Cent  ouatre-vingt-quinze  ans  apres  la 
Moife  , felón  S.  Cyrüle  d’Alexandne,  v Lynl. 
Alex.  lib.  I.  contra  Julián.  Vives , comment.  in 
civil.  IJei  y lib.  i8,  cap.  i y.  ) .STco-jeiu  ,appele 
{jar  d’autres  Aideus  , Hades  , & '' 

noms  de  Pluton  ) régnok  f tr  les  MoIoíTes  , d»hs 

FEpire.  Ce  prince  er.fcva  Proferpfne  , & ¡ui  nt 
partager  fa  conche  Plutaraue  ( Platarq.in  vM 
Tkefci.  } le  iuftifie  fur  ce  rapt  , en  fa  luidonnanc 
pour  filíe.  Les  chtrmes  de  cetre  jeune  pnnceíie 
euñsmsp.éieriC  Pkrthoiis  , qui  réíolut  de  Feoie-lf^í 


CEU 

pendant  la  mút  á Taide  de  Théfée.  II  exígeá 
d’abord  de  ce  héros,  lous  la  foi  du  ferment  ^de 
le  fervirdans  une  autre  eatreprife  périüeufe  ^ fans 
lui  en  développer  ie  motif.  Théfée  promit^  & 
fe  difpofa  á ¡é  faivre.  Aidoneus  ayant  été  aveni 
de  leursproTcts  criminéis  ,ne  prit  d’autres  precau- 
tions  poiir  Jes  arréter,  qne  de  placer  á !a  porte 
de  fon  pal  ais  se  reáoutab’e  Cerb'sre.  Cecbien  fidele 
combattjt  & terraíía  les  raviffeurs  ; fon  maítre 
fit  mourir  ^ felón  les  uns  , Pinchoiis  , & renfeimer 
dans  une  étroite  prifon  Théfée  , qiii  avoic  ignoré 
le  projet  odieax  de  fon  ami.  Selon  d’autres  au- 
teursj  üks  y renferma  tousles  deux  jufquá  ce 
qu’Hercuk:,  accouru  á leur  fecours  , détróna  le 
Roí  des  Moloffes  j & rendir  la  liberté  auxhéros. 
Tel  eíl  le  précis  de  tout  ce  que  !’ antiquité  a laifle 
fur  l’enlévement  de  Proferpine  par  Théfée  & Pi- 
rithoüsj  il  a fervi  , felón  un  grand  nombre  dka- 
teurs , de  bafe  á la  fable  du  Cerhere. 

Le  récit  d’opinionsauffi  eontraditoireSj  a fúre- 
ment  fatigué  nos  leéleurs.  Pour  lesdédommager^ 
nous  allons  rapporter  rcxplication  que  M.  Dupuis 
a donnée  dans  Forigine  des  conllellarions  & des 
fabJes (p¡2g-.  55-3.  zV4°.  )...’=  Le chien  á triple  tete 
a>  étoit  un  compofé  monílrueuxduchien  ^ dulion 
» & du  loup.Placé  prés  áu  génie  des  enfers^  il  mar- 
os quoit  les  trois  points  principaux  de  la  fphére  j 
» le  levant,  oú  étoit  le  loup  aux  pieds  d’Efeuiape 
» & de  Sérapisj  leccucham,  oú  étoit  iechienj  Se 
» le  méridien,  ou  le  pointculminant  de  la  fphére, 
os  oceupé  parle  iion  Soñitial...  Les  chiens,  dans 
os  la  rhéologié  andenne , étoient  les  fymboles  des 
os  équinoxes , & le  loup  célefie  lui-méme  place 
os  aux  pieds  du  Serpentaire,  s’appel'e  aulli  canis  ulu- 
» lans.  ( Cs.fius,-p.  286.)  Les  Sabins  avoient  leur  Pia- 
os ton  Soranus  , qu’ils  aniffoienr  au  loupdans  lears 
os  fables  fur  ie  Dis-pater  ou  Piuton.  s3 

ss  Piutarque  nous  dit  auíTi  ( de  IJIde  , pag.  369. ) 
os  que  lesPerfes,  en  invoquanr  Piuton , verfoient 
ss  ie  fangd’nn  loupdans  un  üeuoú  ne  pénétroient 
=0  jamais  les  rayons  du  foleil.  Dans  les  fables 
» du  Nord , ou  dans  FEdda  , la  mort , le  far- 
os pent  & le  loup  Feuris  font  fréres  & enfans 
so  de  Pharbante  (^Cefius , pag.  146.).  Tous  ces 
» traits  rapprochés  i>ous  font  recoanoitre  aifé- 
= menique  le  loup  & le  cbten  qui  accompagnent 
ss  foit  Sérapis,  foit  Piuton,  foit  Efculape,  ne 
» font  qu’uii  embléme  des  conñeilations  qui  , 
os  par  leur  coucher  ou  leur  lever , déterminoient  la 
=0  méme  faifon  que  le.  ferpentaire.,,  & formoient 
>=  fon  cortége.  » 

Joignons-y  rexplicatíon  qu  II  donne  dp  onzíéme 
iravaild’Hercule,oudefon  trromphe  fur  le  chien 
Cerhere.  On  obfervera  préakblement  que  dans  le 
fyftéiiie  de  M,  Dupuis  , Hercule  eft  le  génie 
felaire,  & que  fes  douze  tra'/aux  font  les  conf 
lellatíons  & les  Égnes  pareourus  dansfa  couife 

innnelle ce  L’eBtsée  du  folerl  aux  premiers 

00  tíegrés  des  gémaus  étoit  fixée  par  le  coucher 
» héiiaque  chiea  eéküe,  Procyoai  que  les 


C E R 717 

, 00  Arabes  appellent  Kelbel  j & qui  difparoiíFoit 
os  dans  Ies  flots  de  lumiére  que  répand  Fafíte 
ss  du  jour.  Peu  de  jours  aprés  ií  fe  levoit,  paíToir 
ss  au  meridien , fe  couchoic  avec  le  foleil  , & 
05  fembloit  enchaíné  a fon  char.  II  n’en  íaiíut 
so  pas  davantage  pour  chanrer  la  viétoire  du  gér.ie 
ss  fur  un  chien  monítrueux.  s, 

Cet  animal  a fervi  fouvent  de  matiére  aux 
allufiotis.  Séneque  (de /norte  C¿ai¿íi¿j)  nous  repré- 
fente  avec  complaifance  les  frayeurs  & la  puül- 
lanimiré  de  Fimbédlie  Claude  á la  vue  de  Cerhere  , 
dont  la  couleur  fombre  & lúgubre  contraíloit 
fortement  avec  la  falancheur  de  la  chienne  que  cet 
empereur  avoit  tant  aimée.  Dans  Aufone  ( Áufonli 
de  Cañe  infculpto  infepuUrc  Diogenis.  ) 
on  le  voit  défendre  Fentrée  des  eufers  au  cy  ñi- 
que Diogéne,  á caufe  de  la  jalouJie  qui  régne 
ordinairement  entre  les  animaux  de  méme  efpece- 
Enfin  Fépithéte  á'aii/rví;  , infomnis  j que  hii 
donne  Sophocle , a fait  écíore  une  devife  trés- 
ingénieufe  contre  Ies  Zoiles.  Cerhere  abóle  , Se 
on  lit  au-deífus  de  luí  ces  mots  italiens  ; Perche 
altri  non  ripofi , non  ripofo.  ( Tkefaur.  Infcripi. 
pag.  160.). 

Cerbeke  fert  de  type  aux  médaiíles  de  Pi- 
faurum. 

CERCAPüS.  Voyei  Héliades- 

CERCEAU , ‘rpó%ss , trochas  forte  d'inflru- 
m.ent  que  ¡es  Grecs  & Ies  Romains  empioyoient 
. dans  ieurs  jeux  & dans  lears  exercices. 

« Je  crois  j dit  ie  comre  de  CayJus , ( Pee. 
d‘ Antiq.  I.  pag.zox.  pl.  18.  n®.  jOT  que  Fexer- 
cice  du  cerceau  étoit  divifé  en  deux  efpcces  , 
chez  les  Grecs  & chez  les  Romains , & que 
la  premiére  s’appeloít  cricetapa  , de  deux  mots 
■ greesqui  figniíientagitation  du  cerceaa.^Kpnny^atricc 
de  scf/xcr  , que  Fon  a dit  par  métathéfe  pour 
xifxof  , cercle  , & de  í'haTia  ,,  aghation.  ).  Suivant 
le  témoignage  d'Oribafe  ( Lib.  Collecl.  r¡.  ad 
Julián.')  celai  qui  devoit  faire  cet  exercice,  pre- 
noit  un  grand  cercle  autour  duquel  rodoient 
plufieurs  anneaux  , & dont  la  haateur  allok  juf- 
qu’á  Feftomac.  II  Fagitoit  par  le  moyen  d^'une 
baguette  defer  á manche  de  bois-l!  ne  le  faifoit 
pas  rouíer  fur  la  térre  , car  les  anneaux  inférés 
dans  !a  circonférence  ne  Fauroient  pas  permis  5 
mais  ri  Féleo/oit  en  Fait^  & le  faiíbit  tourner 
au-deíTus  de  fa  tete  en  le  dirigeanr  avec  fa  ba- 
guette. Ve-ila  pourquol  Oribafe  dir  qu’on  a’agf- 
toit  pas  le  cerceau  fuivant  fa  haiKeur\^  mais 
tranfverfalement  ss, 

cc  Le  mouvement  communiqué  aa  cer¡re<m  ^ 
étoit  quelquefo.ós  tres-rapide  alors  oa  n en— 
íendoit  pas  le  bruit  des  anneaux.  qui  rouloier.t: 
dans  la  circonférence.  D autres  fbis  ctv  1 agitóte 
2y£c  moins  de  violence  , afin  que  le  forr  de^ 
petits  aimeaux  produisit  dans-  1 ame  tur  piaiatr 
qui  procurát  un  agréable  délaíkraencr  Cette 
íéfiexioit  drOribaíe-  nous  app reaá  que  le  }«*  ¿a 


jiS  C E R 

ctTceau  étoit  regardé  comme  un  exercice  capable 
de  contribuer  á la  fanré  du  corps 

ce  II  y en  avoit  une  fecunde  efpéce , dans  la- 
cuelicj  au-iieu  de  fe  fervir  du  grand  cercle^,  on 
en  employoit  un  beaucoup  plus  petit,  & pareil  á 
ceiui  que  j'ai  rali  graver.  11  me  paroít  que  c'eíl: 
proprement  le  trechas  des  Grecs  & des  Romains. 
Xénophon  Convív.  876.  E^it.  ¿e  162  j.)  nous 
en  apprend  i'uf  age  en  parlani  d'une  danfeufe  qui 
prenoit  á la  main  douze  de  ces  cerctaax , les  jetoit 
en  raúj  & les  recevoit  en  danfant  au  fon  d une 
flúte.  il  n'eitpoint  parlé  dans  ce  paíTage  despedís 
anneaux  inférés  dans  la  circonférence  du  trochas j 
mais  il  en  eft  fait  mention  dans  plufieurs  épi- 
grammes  de  Martial Se  entr’autres  dans  celle-ci 
i XIV.  169.  ) ; 

Gárrulas  in  laxo  car  amulas  orhe  vagatur  , 
Cedat  ut  argutis  oh-via  turba  trochis  ? 

Les  deux  eípéces  de  cerceau  dont  je  viens  de 
parler , ne  diíFéroient  entdeux  que  par  la  grandeur. 
On  les  diftingue  avec  peine , quand  ils  font  firn- 
plement  repréfentés  fur  les  bas-reliefs.  Mercurialis 
en  a fait  graver  un  dont  Ligorius  lui  avoit  envoyé 
le  deíTm  , d'aprés  un  monument  elevé  en  Thon- 
neur  d'un  comedien.  La  circonference  eft  char- 
gée  de  huit  anneaux  ^ á Tun  defquels  eft  attachée 
une  fonnette , & outre  cela  neuf  fiches  ou  che- 
villes  , qui , fon  laches  dans  leurs  trous , augmen- 
tcient  le  bruit  des  anneaux  , & produifoient  le 
méme  fon  que  les  bagiiettes  qui  traverfoient  les 
fiftres.  Sur  un  tombeau  grave  dans  le  recueil  de 
Pietro  Santi  Bartoli  , on  volt  un  autre  cerceau 
á.  peu-prés  femblable  á celui  que  je  viens  de 
décrire.  li  a des  anneaux  j des  chevilles  , 8c  de 
plus  un  oifeau  qui  paroir  y erre  attaché  : fingu- 
hrité  qui  ne  donneroit  lieu  qu’á  des  conjetures 
bien  v^igues  ». 

Les  cercles  de  bronze  , dit-il  ailleurs  ( ni. 
pl.  64.  n°.  4. ) j pareils  á celui  de  ce  numero  , 
fervoient  á un  de  ces  exercices  que  les  Romains 
pratiquoient  pour  accroítre  la  vigueur  du  corps. 
Deux  mains  ^ placees  dans  les  plus  grands  inter- 
valles, diftingués  par  des  boutons  , tels  que  la 
gravure  les  monrre  ^ faifoient  effort  Pune  contre 
fautre  , & la  plus  forte  Pemportoir.  Le  pére 
Paciaudi  a détaillé  cet  exercice  dans  fon  hiftoire 
de  Ripa  Tranfone  ; & je  renvoie  le  leteur  á ce 
boa  ouvrage 

cc  II  exiñe , dir  M.  d’HancarvilIe , dans  la  col- 
leélion  d’Anticues  de  M.  Tovvnley  á Londres  , 
un  bas-relief  oü  font  fcu'rprés  deux  Silénes  j,  de 
Pefpéce  de  ceux  que  Pon  appeloit  t aúnes  , parce 
qu’ils  ítoient  plus  jeunes  que  les  autres  ; ils  font 
repréfentés  tenant  un  ctrcle  , fur  lequel  ils 
appuient  les  mains  en  foulant  des  raifins  avec 
leurs  pieds  ^ 8c  rournant  fur  Paire  qui  les  con- 
tiene ; c'éroit  une  des  maniéres  de  preÉfurcf  le  vin 


C E R 

chez  lesanciensj  ScPonpeut  voir^avecce  motm- 
ment , un  de  ces  petics  cercles  de  bronce  dont  on 
fe  fervoit  á cet  ufage.  li  eft  divifé  par  des  moa- 
lares  qui  hiceiit  aíTez  d’efpace  pour  y placer 
le  poignet.  On  trouve  un  aíl'ez  graná  nombre  de 
ces  anneaux  , dont  Pemploi  na  pas  été  connu 
jufqu’á  préfent 

Les  Aornains  avoient  emprunté  des  Grecs  le 
jeu  & Pexercice  du  trochas  ¡ air.íi  que  uous  Pap- 
prend  Horace  ( Od.  ni.  24.  jy. ) : 

. , . . . Ludere  ¿ociior 

Sea  Gr&co  jabeas  trocho. 

La  forme  du  cerceau  le  faifoir  appeler  rota  Se 
caathas.  Ce  dernier  nom  défignoit  la  bande  de 
metal  qui  couvre  la  circonférence  des  roues. 
(^hlartial.  xiv.  I(S8.  ) : 

Inducenda  rota  eft : dat  nobis  utile  manas  : 

Ifte  trochas  pueris  ^ at  mlhl  caiukus  erit. 

Winkelmann  s’eft  expliqué  fur  le  cerceau,  avec 
cette  fagacité  & cette  érudftion  qui  lu!  aflunnt 
lapremiére  place  parmiles  antiquaires.  íl  a pubiié 
dans  Ies  M-onamentl  Áraichi  , aux  numé’'os  iqy 
& 19Ó,  deuxbelles  pierres  gravées,  fur  ieLauetles 
on  volt  diftintement  le  jeu  du  tr  abas  ou  cer- 
ceau. La  premiére  eft  ainli  décrire  fon  - Pe,n°  2 
de  la  claíTe  des  pierres  de  Srofeh.  y )eune 
homme  nud  qui  court  en  faifant  rouler  .e  cercle 
appelé  trochas.  II  le  touche  avec  ua  ¡riítrument 
crochu  qu’il  tient  de  la  main  gauche  Sur  la 
feconde^qui  appartenoit  au  fieur  Jaeques  Byres, 
un  jeune  homme  pofé  porte  le  trochas  appiiye 
fur  fon  épaule  gauche  , 8c  il  tient  de  la  droite 
Pinftrument  qui  fervoit  á le  faire  rouler.  Cet 
inñrument  reíTemble  á une  de  nos  raque^ttes  qui 
ae  feroit  pas  évidée.  On  voit  dans  la  méme  col- 
letion  de  Stofeh  trois  autres  pierres  & une  páre 
antique  j dont  les  fujets  font  relatifs  au  jeu  da 
cerceau  , 8c  qui  onr  méme  amené  Pexplicatioa 
fuivante  de  Winkelmann. 

« Ces  cinq  gravares  font  les  feuls  monumens  j 
que  je  fache  , qui  peuvent  fervir  á expliquer 
clairement  ce  que  c’eft  que  le  jeu  • de  trochas  , 
mentionné  dans  Ies  anciens  auteurs  ; car  ce  que 
( de  Arte  Gymn.  l.  iil.  c.  8.  p.  ZlS.  feq.  ed-  Amft.) 
Mercurialis  nous  enfeigne  d’áprés  un  monument 
antique  3 ne  pouvoit  étre  appuyé  de  fon 
par  d’autres  monum.ens  oü  Pon  vít  ¡e  méme 
fujet.  Le  bas-relief  dont  il  n’a  pris  que  le  ceras, 
fe  trouvoit  fur  un  ( Bellori  Sepulcr.  r4nt.^ 
xLviií.'j  tombeau  antique  de  marbre  place  dans 
une  vrgne  far  le  chemín  de  Rome  á T'voli,  qui 
fervoit  de  logement  au  vigneron.  Le  cardinal 
Alexandre  Alharti  acheta  ce  tombeau ¿ dans  lin- 
tention  de  le  tranfporter  en  entier  dans  fa  \ “ ^ 
mais  ayant  feit  mettre  la  main  á Pouvrage.,  Se 


C E R 

vovant  qae  la  piéce  de  marbre  étoii  d'nne  qrof- 
fcur  enorme,  il  !a  fit  fcier,  & fe  contenta  de 
ccnferver  feulement  le  bas-relief,  qudl  fit  reftau- 
rer  & qudl  mit  enfuite  dans  fa  vigne.  On  le  voit 
dans  le  Monamenti  Antichi  inediti 

cc  Le  trochas  étoit  un  cercle  de  bronze  , avec 
iequel  les  jeunes  gens  fe  divertiííoient. 

Tlali'iS  ix.  Tfé^asy  fífnaofiimi, 

Pueri  a trocho  cejfantes, 

Eutip.  Med.  r.  4(5. 

Et  non  pas  h fchola  curuli  cejfantes , comme  La 
rendu  Bames  ; il  étoit  plus  grand  que  M.  le  cointe 
de  Caylas  ne  fe  reft  figuré  {Recueil  d’Antiq.  t.  I. 
pl.  zxxxi.  n°.  3.)  en  publiant  le  prétendu  trochas 
de  fon  cabuiet , qui  n'a  que  fept  pouces  de  dia- 
métre.  Le  trochas  qui  eft  fur  nos  pierres,  arrive 
jufqu’á  la  moitie  du  corps  des  figures , & méme 
fur  la  feconde  jufqu’á  la  poitrine.  Celui  de  l’en- 
fant  lui  va  jufqu’au  mentón  : ce  qui  correfpond 
a.u  trochas  du  bas-relief  cité  , qui  a qiiatre  pal- 
mes romains  de  diamétre.  II  7 avoit  au  trochas 
non-feulement  des  apneaux  qui  couloient  autour 
du  cercie  pour  faire  du  bruit  á mefure  qu'on  le 
faifoit  rouler , ainfi  qu’on  en  voit  trois  á celui 
de  ce  bas-relief;  roais  on  7 mettoit  encore  un  ou 
plufieurs  grelots  qui  7 étoient  attachés,  comme 
il  7 en  a au  trochas  du  méme  bas-relief,  & á 
celui  de  notre  premiére  pierre.  Quand  on  le  fai- 
foit rouler , on  touchoit  ces  anneaux  & ces grelots 
avec  un  inllrument  crochu , nommé  clavis  , comme 
dans  la  pierre  n^.  2,  v 

Increpat  & verjt  clavis  adunca  trochl. 

Propert.  1.  ni.  Eleg.  12. 

- « Sur  une  empreinte  de  notre  coíieéiion  des  fou- 
ffes , il  7 a un  trochas  mis  au  pied  d’un  tenne  , 
& une  figure  en  pied  qui  rienr  dans  la  main  le 
clavis  croen u , avec  une  fonnette  qui  pend  á 
une  petite  chaine  , ou  á que'que  chofe  de  fem- 
blable.  Le  cercle  fur  une  ( t.  i.  tav.  xv.)  pein- 
tare  antique  d'Herculanum , n’eít  peut-étre  autre 
chofe  qu'un  trochas  ». 

Meurfias  ( de  Ludís  Grs.c.  voc.  ) ne  con- 

noiffant  le  trochas  que  par  le  livre  de  Mercuria- 
lis , ne  trouve  pas  vraifemblable  Fexpiieation 
qu'en  donne  ceiui-ci,  & il  s'en  forme  une  Luíle 
idee.  Turnébe  {Adv.  l.  xxvii.c.  33.  Coilec.  ad 
Martial.  l.  c.)  8c  d'autres  qui  l'ont  fuivi,  fe  font 
figuré  mal-á  propos  le  trochas  comme  une  roue 
a7ant  des  ra7ons  , que  Fon  prenoit  par  une  anfe 
pour  la  faire  rouler,  & ils  crurent  qu'aiors  les 
cious  faifoient  du  bruit  par  le  frottement  fur  le 
pavé  ». 

CERCEIS  , une  des  nymphes  océanides,  filíe 


C E R 7-9 

de  FOcéan  Se  de  Thétis.  Son  ncm  eft  derivé  au 
mot  grec  qui  fujtca.  Héliode  parle  de  cetce 

nymphe  dans  la  Théogonie  , vers  337. 

CERCION.  Veyeq^  Cercyon. 

CERCLE  mvthique  , xl>x>.t¡s  pvhx-U.  Proclus 
( Jn  Pkotii  Bibíiotk.  p.  9S2.  l.  43" ) le  philofophe 
comprenoit  le  cours  de  toute  la  fable,  ou  le 
cercle  mYtho!ogique,dans  Fefpace  de  temsécoulé 
depuis  le  mariage  d'  Oaranus  ou  du  Ciel  avec  la 
Terre,  ’ufqu’au  retour  d’L'lyíTe  a Ithaque. 

CERCO  , fttrnom  de  la  famille  Lutatia. 

CERlDPES,  peuples  qui  habitoient  une  ifle 
voifine  de  la  Sicile  ; on  dit  que  Júpiter  Ies  chan- 
gea  en  finges , a caufe  de  leur  méchanceté.  lis 
avoient  en  la  témérité  d’infulter  Júpiter  lui-mé- 
me.  Cercopes  eft  le  nom  que  Ies  Grecs  donnene 
aux  finges.  Lfiíle  qu  ils  habitoient  s'appeloit  Pi- 
t k¿ cafe , comme  Ii  Fon  dtfoít  Fule- aux- finges. 
D’autresont  placé  ces  peuples  proche  de  ia  Lydie, 
& oat  di:  quTis  furent  changés  en  pierres,  pour 
avoir  ofé  entreprendre  de  fe  battre  contre  Her- 
cule.  V oye:i¡_  Hercule. 

CERCOPITHÉQÜE  , , finge  á 

queue  d’Ariñote  {iHjl-  Anim.^  l.  i.)  Les  Egyp- 
tiens  qui  vivoient  dans  le  voiünage  de  Memphis, 
& que  Fon  appeloit  Babyloniens  , rendoient  un 
cuite  au  Cercopitkeque , de  méme  que  ceux  d'Her- 
mopolis  au  Cynocéphale.  Le  comte  de  Caylus  a 
établi  la  diftiníftion  entre  ces  deux  efpéces  de 
finges,  ce  Ce  petit  bronze,  dit-il  {Reck.  d’ Arit i q. 
I.  ji.),  extrémement  rare  & bien  confervé  , 
un  pouce  & quelques  lignes  de  haureur.  II  repré- 
fente  un  Cercopitkequs  accroupi  , & tenant  de 
fes  mains  ou  de  fes  partes  une  rabie  chargée 
d'hiéroglyphes.  Ce  Cercophkeque  eft  une  efpecc 
de  finge , qui  ne  différe  du  Cynocéphale  qu'en 
ce  que  ce  dernier  eft  plus  gros  & plus  fauvage  , 
& que  fa  tete  approche  plus  de  la  tete  du  chien. 
La  Table  Maque  préfente  plus  d'une  fois  le 
Cercopitkeque  dans  la  méme  attitude  qu'on  le 
voit  ici ; mais  il  n'y  tient  pas  cette  ta-le  chargée 
d’hiércglyphes ».  ' _ ' 

On  voit  dans  le  cabinet  de  S ;^  Genevn.ve  un 
Cercopitkeque  de  porcelaine  d'Eg-.-pte  , affublé 
d'une  efpéce  de  chaperon.  II  eft  a-.  s,  &^deux 
pouces  de  hauteur. 

CERCURE  , cercaras  , Ktprjír  , vaifleau  de 
cha’-o-e  des  ancirns  habitans  de  FAfie,  á voiles  & 
á rames.  Pline  ( vrx.  yé.  ^ en  attribue  Finventioa 
aux  Cypriotes. 

CERCYOM , tyran  d’Eleufis,  fit  mourir  fa  filie 
Aloné  3 &:  expofer  Fenfant  qu  eile  a'ott  eu  ce 
Yentune.  Théfée  lui  fit  h guerre;  & 1 ayant  tue 
daiís  un  combar,  il  mit  íur  fon  nóne  fon  netit- 
fiis Hippothoiis.  VoyeiXi-OVí.,  Rippothcu^s. 

On  voit  fur  une  náte  antique  de  I3  colkaion 
du  Barón  de  Stofeh,  Théfée  luttant  ayec  Cer- 
c^o-^  la  Villa- Panfili  renferme  un  farcop.nage  an- 


7*0 


C E R 


dcue , Tur  lequel  eíl  fcidptée  en  bas  - reíief  la 
fbbie  (^Ckygin  187.)  de  Cercyon,  á qui  ronaméne 
le  nonrrider  d’Hippothoüs.  On  y trouve  auíli 
Alopé  j fa  filie , en  prifon  ■,  la  jument  qui  avoit 
nourri  Hippothoüs,&  la  nourrice  d’ Atopé , chan- 
gée  en  Naiade , découvrant  á Ilippothoüs  fa  naif- 
fance  fecréte.  Beger,  qui  avoit  publié  {Spicil.  ant. 
p.  iji  - ) un  deflin  tronqué  de  ce  beau  farcopha- 
gCjCroyoit  Y reconnoítre  Céphale  & Procris; 
mais  Winckeltnann  ^ ( monum.  ant.  n.°.  92.  ) Pá 
mkux  expliqué  par  la  fable  de  Cercyon. 

CERDEMPOR  US  .'i 

KEPAEMnOPOS  , ^ commerpant  , gagnant 

dans  le  commerce.  Ce  furnom  de  Mercare  étoit 
formé  de  KípSoí , gain  ^ & de  ¿fíTiofo;  , commer- 


fant. 

CERDO.  Cemot  venoit  de  Kípi'^í,  gain ; & il 
áéíignoit  á Rome  les  artifans  les  plus  viis.  II  devint 
la  dtnomination  propro  des  corroyeurs  & des 
peauíiiers , qui  étoient  relegues  au-delá  du  Tibre  j 
á caufe  de  Podeur  fédde  qu'exhalent  les  matié- 
res  de  ieur  commerce.  Les  Romains  cherchant 
3 avilir  les  premiers  Chrétiens  j qui  étoient  arti- 
fans pour  la  plupart , Ies  appeloíent  cerdones , 
par  dérifion  j comme  oh  le  voit  dans  ces  vers 
íie  Juvénal , oü  il  parle  de  la  mort  de  Domitien 
arrivée  au  commencetnent  de  la  perfécution  fuf- 
citée  contre  Ies  Chrétiens  par  cet  cmpereur  (Sai. 
4.  V.  153.)  : 


Sed  periit  , poftq^uam  cerdonibus  ejfe  timendus 
Coeperat. 

CEREALES,  C er calla , fétes  de  Cérés,  en 
í’honneur  de  Cérés.  Elles  furent  inftituées  par 
Triptoléme,  fils  de  Céléus,  roi  d^Eleufis,  dans 
i'Attiqae , & de  Méhaline , en  reconnoiíTance  de 
ce  que  Cérés  , qui  palTa  pour  avoir  été  fa  nour- 
rice, lui  avoit  appris  l’art  de  cultiver  le  blé,  & 
ü’ca  faire  du  pain.  Ainíí  ces  fétes  prirent  naif- 
fance  dans  la  Crece.  II  y en  avoit  deux  á Athé- 
nes ; les  unes  fe  nommoient  Eleufinies , & les 
autres  Thefmophories.  (Voyez  á ces  mots  ce 
qudl  y a de  particulier  á chacune.)  Ce  qui  con- 
venoit  á toutes  Ies  deux,  & en  général  aux  Ce- 
reales , c’eif  qu’on  les  célébroit  avec  beaucoiip 
de  religión  & depúrete,  jufques-lá  qu'on  s’abñe- 
noit  de  vin , & de  tout  commerce  avec  les  fem- 
mes  pendant  ce  tems-Ia.  On  y honoroit  non-feu- 
lementCérés,  mais  encore  íacchas  & Líber,  ckíf- 
á-dire , Bacchas  : les  viédmes  qu'on  immoloit 
étoient  des  porcs,  á caufe  du  dégátqu’ils  font 
aux  biens  de  la  ierre  ; & enfin  il  n"y  paroiflbic 
point  de  vin. 

Les  Cércales  pafsérent  des  Crees  aux  Romains , 
qui  les  célébroient  pendant  huir  jours  , depuis 
le  douziéme  d’Avril  jufqifau  dix-neuviéme  in- 
c'uílvement.  C’étoient  les  dames  feules  qui  les 
célébroient,  en  habit  blanc  ; les  hommes,  véms 
auíS  de  blanc  , n'en  étoient  que  Ies  fpeótateurs  : 


C E R 


ils  s’abftenoient  auíu  de  vin  &de  toat  commerce 
avec  les  femmes.  Les  Romains  crurent  devoir 
honorer  ainfi  une  Divinité  qui  s'étoit  diítin- # 
guée  par  fa  chaíleté.  On  ne  mangeoit  que  le 
foir,  aprés  le  foleil  coaché  , parce  que  Cérés, 
malgré  la  fatigue  du  voyage , n' avoit  pris  de 
nourriture  que  le  foir , loríquelíe  cherchoic  fa 
ülle.  II  y avoit  auííi,  durant  le  jour,des  cotn- 
bats  á cheval,  qui  furent  changés  dans  la  fuite 
en  combats  de  Gladiateurs  ; ce  qui  fut  regardé 
comme  une  chofe  de  mauvaife  augure  pour  la 
République.  Le  peuple  avoit  part  a la  féte  par 
les  largelfes  qu'on  lui  faifoit  de  pois , de  noix, 
& d’.autres  chofes  femblables.  Les  Ediles  préfi- 
doient  aux  Cereales , comme  on  le  voit  par 
cette  légende  d’une  médaille  de  la  famille  Mem.~ 
mia.  C.  MEMMIUS.  C.  F.  QUÍRINUS  MEM- 
MIUS  MD.  CEREALIA  PRIMES  FECIT.  II 
falloit  au  moins  erre  nommé  Edile  pour  préfi- 
der  á cette  cérémonie , comme  il  paroit  par  Ies 
témoignages  de  Cicéron,  tirés  d’un  de  fes  dif- 
cours  centre  Yerres  ; cependant  il  eft  arrivé  une 
fois  que  le  diftateur  ou  le  général  de  la  Cava- 
lerie  préíida  aux  Cereales,  en  vertu  d’un  Sena- 
tus-Confu!te.  Cette  féte  duroit  huir  jours , & fe 
célébroit  au  cirqiie , á commencer  le  lendemain 
du  jour  qkavoient  fini  les  jeux  du  cirque.  Aprés 
la  bataüle  deCannes,  la  défolation  futfi  grande 
á Rome,qifil  ne  fe  trouv^'a  point  de  femmes  qui 
puíTent  célébrer  cette  féte , parce  qubl  n^y  en 
avoit  aucune  qui  ne  fút  en  deui!.  La  féte  fut 
omife  cette  année  lá;  mais  le  fénat  ordonna  qu’on 
quitteroit  le  deuil  pendant  quelque  teras , pour 
célébrer  les  autres  fétes. 


On  célébroit  dans  Ies  Cereales  la  doaieur  de 
Cérés,  aprés  la  perte  de  fa  filie  Proferpine. 

On  y promenoit  en  grande  pompe  Ies  ftatues 
des  dieux.  On  y portoir  auííi , felón  quelques 
écrivains  , un  oeuf!  Oetoit  fans  doute  Toeuf  or-_ 
phique  , fymbole  du  monde  qui  renferme  , 
comme  I’oenf , une  forcé  vítale  pour  la  com- 
muniquer  aux  íemences.  Les  jeux  des  Cereales  fe 
célébroient  dans  le  Cirque,  comme  Ovide  1 at- 
tefte  (^Fafl.  L.  IV.  V.  391.),  & l’on  y faifoit  des 
courfes  & des  combats  á cheval.  Les  viétimes 
étoient  deux  truies , l’une  dorée , & 1 autre  ar- 
gentée,  dit  Feítus  , c’eñ-á-dire  , couvertes  l une 
d’ornemens  dores , Se  i’autre  d’ornemens  ar- 
gentés. 

CÉRÉxMOMIES.  Le  grand  pontífe  veüloit  a 
robfervation  des  cérémonies  religieufes  , & R 
faifoit  recommencer  les  facrifices  ou  les  feres 
qui  avoient  été  céíébrés  á contre  - tems.  Les 
empereurs  s’étant  attribué  la  dignité  de  grana 
pontífe  , veülérent  eux-mémes  á robfervation 
des  cérémonies.  Ncus  apprenons  cette  patticuia- 
rité  de  Pinfeription  fuivante  , aui  étoit  autre- 
fois  dans  la  vigne  du  Cardinal  de  Carpí , pres 
de  Rome  ; 


PONTIFI*^ 


C E R 

POXTIFICI.  MAXIM 
■XRIEÜNI.  POTESTAT 
IMP.  XVII.  P.  P 

eos.  VII.  DESIGN.  VIII.  CENSORI 
CONSERVATORI  CEREMONI ARUM 
PUBLICARUM 

CÉRÉS  étoit  Hile  de  Saturna  & de  Rhée ; 
elle  apprit  aiix  hommes  Tart  de  cultiver  !a  terre 
& de  femer  le  ble ; ce  qui  Ta  fait  regarder  cotnme 
la  déeffe  de  ¡"agriculture.  Elle  infpira  de  i'amour 
á Júpiter^  fon  frére,  qui,  pour  Ja  tromper,pric 
la  figure  d’un  taureau  , & la  rendir  mere  de 
Proferpine , ou  d’Hécate.  Voyei  Hécate.  Pluton 
ayant  enlevé  Proferpine  , Céres  chercha  fa 
filie  par  mer  & par  terre;  lorfqifelle  avoic  couru 
pendant  tout  le  jour , elle  ailumoit  un  flambeaii 
pour  coarinuer  fes  recherches  pendant  la  auic. 
La  ftériiité  fe  faifant  fentir  fur  ia  terre  , qui  íe 
trouvoit  alors  privée  des  dons  précieux  de  Cé- 
res Jes  dieus  la  firent  chercher  de  tous  coces  , 
fans  qu'oH  en  pát  apprendre  aucunes  nouveiles , 
iufqu’á  ce  que  Pan,  en  gardant  fes  troupeaux, 
2a  découvrit , & en  avertit  Júpiter.  Ce  dieu  en- 
voya  Ies  Parques,  qui,  par  Jeurs  priéres,  i'en- 
gagérent  á revenir  en  SiciJe,  & á rendre  á la  terre 
fa  premiére  fertilicé.  li  lui  arríva , pendant  íes 
courfesqu'elle  fie  pour  chercher  fa  filie,  des  aven- 
tures finguliéres.  Voye-^  Arion. 

Ses  amours  avec  Neptune  , qui  la  rendit  mere 
du  cheval  Arion , porta  les  Phüagiens  , au  rap- 
porc  de  Paufanias,  á lui  drelTerune  íratue  de  bois, 
donr  la  tete  étoit  celle  d'une  jument,  avec  fa 
criniére,  & de  cetce  tete  fortoient  des  dragons  & 
d’autres  béres  ; on  rappeloir  Cér'es  la  noire.  Cetce 
llatue  ayant  été  brulée  paraccident,  les  Phila- 
giens  oubliérenr  le  cuite  de  Cér'es , & négligé- 
rent  fes  feces.  La  déeíTe  irritée  les  punit  par  une 
grande  féchereíTe  ; on  eut  recours  á Poracle , qui 
répondic  que  , li  les  Phüagiens  ne  rétabliíToient 
pas  le  cuite  de  la  déeíTe,  la  difette  feroic  fi  gran- 
de quiis  feroient  obligés  de  manger  leurs  pro- 
pres  enfans. 

Jafius  obtint  auífi  les  faveurs  de  Cér'es  •,  mais 
il  fut  obügé  d'ufer  de  vioience  Se  de  furprife. 
Plutus  dut  la  vie  á ce  commerce  illégitime.  Ce 
Eut, felón  Héfiode,  (Tkéogon.ciix  & 969.) dans  un 
guéret  que  Jafius  rendit  féconde  Cérei;  car  cette 
déeíTe  habitoit  Ies  campagnes  qu'eüe  avoit  ap- 
pris  aux  hommes  á cultiven  Triptoléme,  fiis  de 
Céléus , roi  d'Eleufis , mérita  fa  confiance ; elle 
le  fit  monter  fur  un  char  tiré  par  des  ferpens  ai- 
iés,  8e  Tenvoya  dans  tout  Tunivers  enfeigner 
Tagriculture.  Les  Philologues,qui  cherchent  dans 
fhiftoire  les  fondemens  de  la  fable , ont  cru  d'a- 
prés  ce  récit  que  Proferpine  , filie  de  Cér'es , reme 
de  Sicile  , avoit  été  enlevée  par  Orcus  , roi  des 
Moloífes.  L'expiication  des  diíérens  no.ms  de 
Antiq^uités  3 Tome  J, 


C E R 


Cérh  , que  nous  donnerans  plus  bas , complet- 
tera  Thiftcire  de  cette  divinicé. 

Pour  faiíir  les  traits  du  vifage  que  les  anciens 
donnoient  á Cérés  faut  coiifu'ter,  de  prété- 
rence,  la  médaiile  de  Métaponte,  dans  la  grande 
Crece,  qui  porte  le  type  ordinaire  de  cette  ville, 
un  épi  de  bié  barbu,'&:  les  médailles  de  Sicile. 
Fon  voüe,  ou  la  draperie  qui  remonte  fur  la 
tete,  eft  rejetée  fur  fon  col.  Elle  eíl  couron- 
née  d’épis  garnis  de  feuilles,  & porte  un  dia- 
déme  élevé , de  la  méme  for.ne  que  celui  qui 
fert  d'atrribut  caraétériftiqae  a Junon.  Ses  che- 
veux  fe  relévent  au-deíius  du  front , 8c  flottenc 
librement. 

Céres  porte  ordinairement  une  come  d'abon- 
dance,ou  des  épis  de  bled , avec  des  pavots, 
fymboie  de  la  fécondité.  Eüe  nent  ouelquefois 
un  vafe ; Scc’étoitavec  cet  attribur  que  Tadoroienc 
les  Achéens  , fous  le  nom  de  porte-vafe , trorr?- 
, {^Atkens..  Deipn.  xr.  p.  4ÓÍ.  ).  Elle  ^tient 
une  coupe  ou  patére,  fur  une  pierre  gravée  de 
Stofeh ; deux  pecites  ftatues  étrufques  de  bronze, 
du  Mufeum  de  Florence , ont  le  méme  attribut. 

On  peut  lui  donner  un  manreau  }aune,  ou 
couleur  de  paiüe. 

Jamais  on  ne  trouve  Cér'es  aiiee  fur  les  mo- 
numens  ; elle  porte  ordinairement  une  coeífure 
faite  en  forme  de  tour  ou  de  turban  peu  eleve  , 
appelé  s-uAta'»  , de  , porte  - de  - vüle  ^ 8c 

tour.  C'eft  ainfi  qu  une  ftacue  brifée  de  Cér'es  , 
trouvée  dans  Ies  ruines  de  fon  temple  d Eleufis, 


portoit  far  fa  tete,  felón  Pocoke, un  ornement 
circulaire  de  deux  pieds  Anglois  de  hauteur. 

Une  páte  antique  du  cabinet  de  Stofeh  , (rl. 
clafe,  ñ°  237.)  repréfente  Cér'es  aífife  fur^  un 
char  tiré  par  deux  éléphans  ; ce  qu:  eft  d au- 
c.anc  plus  remarquable,  qifaucune  divinice,  Ba.c- 
:hus  excepté  , ne  paroit  avec  un  attelage  d élé- 
phans. II  eft  plus  ordmaire  devoir  Ceres  accom- 
pagnée  du  chevai  Arion;  c’eft  ainfi  que  lof- 
ñent  une  améthyfte  de  Stofeh,  ^^^23 1.  ) 
& deux  bas-reüefs  de  marbre,  places  Tun  au 
palais  Albani,  Tautre  ala  Villa- Albani,  & gra- 
iés  tous  les  deux  parmi  les  monumenti  mediti  de 
Winckelmann. 

Les  flambeaux  dui  rappeloient  les  courfes  de 
Cér'es  cherchant  Proferpine , fe  trouyoient  fou- 
/ent  dans  les  mains  de  fes  ftatues.  Plus  fouvent 
ancore  on  voyoit  le  modius^  fyrnb'ile  de  la  fer- 
:i!ité,  '&  le  cifte  myñique  des  feces  e.euünes. 
olacés  fur  fa  tete  ou  á fes  cotes-  , „ ^ , 

Une  pierre  gravée  de  la  coiicdtion  de  Stofeh, 
repréfente  Cér'es  debout  fur  une  tete  de  boem, 
tenant  de  la  main  gauche  des  epis  de  ble  8c 
Je  la  droite  une  tete  de  beber.  Cet  am mal  etou 
une  des  victimes  qu’on  luí  facnñoic.  ( b-ioA  z_/z 
SopkocL  (Edip.  Colon.  V.  1393  ) La  truie  etoit 
auEi  une  victime  agréable  a Ce-es  Hygin.  tab. 

denuis  que  Triptoléme  luí ^euy  immola 
ceñe  Gui  avoit  découvert  le  ble  femé  par  cc 

Y y y y 


C F.  R 


C E R 


maitre  des  ¡aboureurs.  On  lu:  confacroit  la  gruCj 
la  toarterelle  , le  furmuiec  de  n’.er , Se  le  ferpenc 
ailé.  Parmi  les  végétaux , le  blé  tur  l’offrande  la 
plus  ordinaire  que  ron  fit  á CeVej;  on  en  cou- 
ronnoit  les  images  {Tibu¿.  i.  /.  21)  : 

Flava  Ceres  , tibí  Jlt  nojlro  de  rure  corona 
Spicea  j quA  tcmpli  pendeat  ante  fores. 

On  luí  confacroit  aufll  le  fafran.  Les  laboureurs 
offroient  á cetce  déeíTe  les  inílrumens  de  Jeur 
art  5 un  foc  j un  joug  ^ un  aigoiilon  ^ une  fau- 
ciile  ^ Scc. 

Lorfqifon  faenfioit  a Cires  avant  la  moifíbnj 
au  prinrems  , par  exemple  , on  couronñoit  fes 
images  avec  de  I’herbe  tendre  ^ ou  des  riges  de 
plantes  graminées  ( VirgiL  Gtorglc.  i . 358.)  : 

In  primis  venerare  déos  , a:que  annita  magna 
Sacra  refer  cereri  , latís  operatus  in  kerhis  , 
Extrema  fab  cafum  hyemis  jam  vere  fereno. 


Offroir-on  du  vin  á Céres  dans  fes  facrifices  ? 
Cette  queftion  partageoit  deja  les  Romains;  car 
Macrobe  (Saturn.  ul.  ir.)  dit  qu"on  luí  oftroit 
du  moú  ou  via  nouveau^  qui  n'étoit  propretnent  , 
pas  du  vin.  Mais  Catón  ( de  re  ru¡íicd  , c.  13)'-  ) 
affare  que  le  vin  couloit  fur  ¡es  aute's  de  Céres , 
vinum  detum.  Virgi'e  a fuivi  Catón , & fon  com- 
mentateur  Servius  Ta  défendu  , fer  ce  point  , 
contre  fes  détraCteurs.  Ceux-ci  oppofoient  á I’au- 
teur  des  Géorgiques  ^ ce  paíTage  de  Plaute  ( Aa- 
lular.  il.  6.  j.  ) : 


STA.  Cererine  , flrobyle  , has  faclurl  nuptias  ? 

STR.  Qut  ? SEA.  Qaia  temeti  nikil  allatum 

inte  Higo. 

Servius  obferve  judicieufement  que  le  Comique 
parle  ici  des  noces  de  Céres  , & Virgile  d'un 
facrifice  ; Nam  aliad  eñ  facriücium  , aliad  r.uvtias 
celebrare  , in  quibus  revera  vinum  adhiberi  ntfr.s 
eral,  qua.  orci  nuptia  dicebantur , quas  praftnia 
fuá  pontífices  inger.ti  follemnitate  celebrabant.  C es 
noces  de  Céres  faifoient  fans  doute  une  partie 
des  myftéres  ü renommés  de  cette  déeííé.  ^oye^ 
MySTBRES. 


Les  noms  que  donnoient  le  plus  fouvent  á 
Céres  les  anciensj  étoientceuxde  magna  mate  r 
& de  MATER  MAXIMA.  On  les  trouve  milla 
fois  répétés  fur  les  r-.onumens.  L"" .■^trique , oii 
étoit  fituée  Eleuíis  j lul  Tt  donner  celui  d’Aaaa. 
(Stac.  Sylv.  IV.  8.}. 


Taque  Ací&a  Ceres  . czirf^  evi  f: -.per  anhelo 
y^otivam  taciti  lajfimus  l'áiva.  z myfie. 


Céres.  d’Afrique.  I errallien  a~t:el!e 


I.  6.)  de  ce  nom  la  divinité  en  l’honneur  de 
laquelle  les  femmes  s’abílenoient  de  tout  com- 
merce  avec  les  hommes  , pendant  qu'eiles  c.Jié- 
broient  fes  myftéres.  Mais  i¡  ne  laiiPe  point 
e.ntrevoir  la  caafe  de  cette  dénomination  parti- 
culiére. 

Céres  de  Catane  en  Sicile.  LaCtance  C il-  4-  ) 
parle  de  ia  ftatue  de  fon  temple  Se  de  ' fes 
feces. 

Ceres  deferta  , abandonnée  de  fa  filie.  Virgile 
donne  cette  épkhéte  á Céres  dans  l'Enéide  •/. 

713-  y : 

. . ...  . Templumque  vetufium 

Deferta  Cereris. 

Ceres  Eleafir.s,.  Voye-q^  EleusIS. 

Ceres  Ennsa  ou  Ennenfis  , d’Enna  , vüle  de 
Sicile  5 ou  elle  avoit  un  temple  célebre.  Cicéron 
en  parle  fouvent  dans  fes  difcours  contre  Yerres  5 
8c  il  en  eít  fait  mención  dans  ce  vers  des  Priapées 
( zxxrr.  12.): 

Ennisi  Cererem  nurus  frequentant. 

Ceres  Erynnis.  Voye^  Erynnis. 

Ceres  Licmea.  Ce  furnom  étoic  relatif  au  van 
{.ydx./Ms')  myftique.  Voyeq_  Yan. 

Ceres  Mallophoros  , porte-laine  , ou  qui  pro- 
duit  des  brebis.  Ce  nom  eft  relatif  aux  troupeaux 
que  Céres  protégeoit  , & c'étoit  celui  de  fon 
temple  á Mégare. 

Ceres Mammofa,  z-ax%rQÍEts  mamelles.  Lucréce  , 
(/.  VI.  1161.)  Tappelie  de  ce  nom  : 

At  Lamia  Si  mammofa  Ceres  , Si  ipfi  jaccho. 

On  vouloit  exprimer  dans  les  images  de  Cérés^  la 
fertilíté  de  la  terre  , par  ce  fein  trés-reraplí  qu  on 
lui  voíc  toujours. 

Ceres  Uafifairr,^ , mere  de  tout.  C’eñ  le  nom 
fous  lequel  Orphée  , ou  le  poete  qui  a pris  fon 
nom , la  déíigne  le  plus  fouvent. 

Ceres  Rkaria  , du  champ  appelé  rharius  , íitué 
prés  d' Eleuíis,  qui  avoit  été  enfemence  le  pre- 
mier par  cette  divinicé  ( Paufani.  Attic.  ). 

Ceres  Tsdifera  ou  Aa.S'ix's  1 porte-flambeau. 
Ce  nom  efi  relatif  aux  flambeaux  dont  elle  s é- 
c'rdra  lorfqu°e!le  cherchoit  Proferpine  , & a 
ceux  que  Pon  portoit  dins  fes  myueres  , en 
mémoire  de  cette  recherche.  Ovide  dit  C Heroid. 
il.  42.  ) : 

Et  per  tsdifers.  myfiica  facra  deí. 

Ceres  Thefmovho’'os  o'xEegfera.  On  attrioUOit 
rinventioa  des  loix  a Céres , & ce  lurnom  y etoit 
relatif  Les . Tbefncphtries  des  Athéniens  en 


axor. 


7^3 


C 


r rs 

i-j  -X 


eoni'en'oicnr  le  fouvenir.  Virgile  lui  doane 
( JEneid.  iv.  j-.  ) ce  nom  : 

....  M.aclant  leñas  de  more  bidentes 

Legifers.  Cereri. 

Céres  étoit  rembléme  de  la  fcrce  produ&ive 
de  la  terrCj  c'eíl  pourquoi  on  la  confoa.ioit  avec 
Ylfis  des  Egyptiens  ^ avec  la  Venus  des  Phéni- 
ciensj  & avec  Vefia.  Voyez  ces  trois  arricies. 

CÉRES.  On  voic  ordinairemenr  fa  tete  cou- 
ronnée  d’épis  fur  les  médaiiles  de  Sicile  j & quel- 
quefois  fur  celles  de  Méraponte : elle  paroir  dans 
un  char  tiré  par  des  ferpens  ailés  fur  celles  d'E- 
leuíis. 

CERETJPA  , en  Phrygie.  KEPF.TAnEQtí. 

Hunter  poffédoit  une  médaille  autonome  de 
bronze  ¡ avec  la  légende  ci-deírus,que  M.  Combe 
attribue  á Ceretapa.  Eckhel  en  avoit  publié  une 
femblable  avanr  íes  Nummi  veteres  Regum  ^ dé 
Hunter. 

Cette  ville  a fait  frapper,  fous  Tautorité  de  fes 
Préteurs,  des  médaiiles  impériales  GrecqueSj  en 
rhonneur  d'Antonin  ^ de  JVÍ.  Aurele^  de  Commo- 
de  j de  Sévére.  . 

CERF  (le)  défigne  fur  les  médaiiles  les  villes 
oii  Diane  étoit  honorée  d'un  cuite  particu'ier. 
On  le  voit  entier  oú  á-mi  corps^  fur  les  médaiiles 
d’Ephéfe  j de  Marfeille:,  de  Philadelphie  en  Ly- 
dicj  de  Proconnefus  j déla  Dalmatie. 

Diane  fe  transforma  en  Cerf  pour  combatiré 
les  Géans.  On  trouve  fon  combar  centre  Ty- 
phon  , fur  une  pierre  gravée  de  la  colleílion  de 
Stofeh  (il.  claffe.  n^.  ii6.).  Sur  une  ^áte  antique 
de  la  méme  co'leétion  » on  voit  une  tete  de  Diane 
furmontée  d'une  tete  de  Cerf  ^ en  gusfe  de  croif- 
fantj  285.). 


CERITES.  Voye^  CARITES. 


CERNOPH(^<OS.  ■>  premier  de  ces 

CERNOPHORUM.  f 

mots  défignoit  chec  les  anciens  une  perfonne  qm 
porte  une  coup-  > & le  fecond  une  danfe  execu- 
tée  par  des  gens  qui  ténoient  des  coupes  dans 
leurs  mains. 


Servius  (jEneid.  x.^^i.^nous 

CERNUI.  i 

apprend  que  les,  Romains  défignoient  par  le  mot 
ceñzuí,  les’  enfans  qui^  dans  leurs  jeux,  marchoient 
fur  Ies  rrrains  , & tenoient  leurs  pieds  eleves.  Cer- 
nuare  exprimoit  ce  ]eu  enfantin  ¡ que  les  bervers 
s^amufoicn'  á répeter  dans  les  fetes  appelees 
Confaales  (Nonnius,  1.76.). 

CERNUNNOS  ou  cornu  , divinité  des  Gau- 
lois  j repréfentée  avec  des  comes  fur  les  bas- 
relkfs  tro  uves  en  1711  j dans  Téglife  de  Jsotre- 
Dame. 


CER.ODETOS  ^ \ u rtr?  On 

iCEPCAETCS  , 5 ^ 

trouve  queíquefois  ces  mots  employes  pour  dé- 
ligner  la  íiryrge  ou  le  filHet  de  Pan  , parce  qu  il 
étoit  formé  de  plulieurs  tuvaux  jomts  avec  de 
la  cire. 

CER.OLIENSIS  , endroit  de  Rome  qui  faifoit 
patrie  des  carine..  Ckít  tout  ce  que  nous  en 
apprend  Varron  ( de  ling.  lat.  ir.  8. ). 

CEROMA , patrie  des  anciens  thermp  ou 
bains,  dans  laquelle  les  atblétes  fe  faifqient 
oindre.  Pline  ( li-v.  xxxr.  c.  ij. ) s’ell  fervi  de 
ceroma  en  ce  fens  : lidem  pals.fr as  athletarum  ima- 
ginibus  & ceromata  fia  exornara.  Mais  on  prend 
plus  communément  ce  nom  pour  une  mixtión 
dont  les  athlétes  fe  faifoient  ff  otrer &:  que  nous 
appelons  cérat.  Oft  la  compofoit  d une  certaine 
quantité  d’huile  & de  cire  mélées  & fondues 
enfemble-  Elle  fen'oit  non-feulement  a rendre  les 
membres  des  latteurs  gliffans  & moins  fujets  a 
donner  prife  á leurs  adverfaires , mais  encore  a 
leur  procLirer  plus  de  foupleffe  & d agilité  dans 
les  mouvemens. 

CEROMANTIE.' f.  f.  Diyinatson  qui  fe  faifoit 
par  le  moyen  de  !a  cite  , '&  cui  etoit  en  ufage 
chez  les  Tures  , au  rapport  de  Delno  : elle  con- 
íiiloit  á faire  fondre  de  la  cire  , & á va  ver.er 
soutte  á goutte  dans  un  vafe  plein  d’eau ; & feion 
fa  figure  que  formoient  les  gouttes,  on  en  tiroit 
des  préfages  heureux  ou  malheureux. 

CEROSTROTUM.  Pline  décrivant  Ies  ufages 
auxquels  on  employoit  dans  les  arts  les  comes 
des  animaux  (xi.  37.)  dit  cuon  les  fendoit  en 
lames  trés-minces  pour  en  faire  ues^  lanternes , 
qu  on  les  teignoit  , qu'on  leur  mettoit  un  enciut 
coloré , & que  Ton  en  faifoit  eniin  des  efpeces 
de  peintures  appelées  ceroftreta.  Bergier  ( 
chemins  , il.  fect.  21.  §.  8.  )_tmduit  ce  r.iot  par 
ceiui  de  pavé  en  mofaique  j fait  de  mqrceaux^  de 
come.  Mais  Saum.aife  rentend^d’une  efpéce  d’en- 
cauftique ou  peintiire  faite  á l'aide  de  la  cite 
(in  foLinum , p.  231.  )•  _ ^ 

CERVELLE.  Athénée  {il.  p.  65.  ) dit  que  les 
anciens  ne  mangeoient  point  de  cervelit , parce 
qu  ils  la  regardoient  comme  le  cer.tre_  commun 
de  toutes  les  facilites.  Une  veut  parier  Gns  doute 
que  des  Grecs ; car  les  Romams  etoient  tres- 
friands  des  cervelles  d’oifeaux.  E.agaba.e  v Suet.jn. 
20.)  fitfervir  á fes  ofSciers  , appeles  ^ , 

des  viandas  farcies  de  cervelles  de  phemeopteres 
ou  flambants.  & de  gnves.  ^ iteLius  i v 

n.  5. ) niangeoit  des  ragouts  faits  avec  des  cerysl 

les  de  faifans  & de  paons. 

CE  R US  1 

CJfpyUS^,  > dieu  du  tems  favorable  chez  les 

ou  de  l’occafion  chez  les  Romams.  Cai- 
.„h=.,.^;rr.wrentéfousIafis:ure  d’up  jeune 


iiSSe , chev^x  épars.&llo:tans 

y V V y ij. 


7^4  C E R 

aii  iré  da  vent,  & tenant  un  rafoir  a la  main. 
Fiiédre  l'a  décrit  dans  fes  fables  j,  avec  des  ailes , 
des  cheveux  par  devane,  & chauve  par  derriére. 
L’iílégovie  de  la  figure  deCalIiftrate  nous  eiifeigne 
que  I'ocrafion  s’échappe  avec  tant  de  rapid’té 
qu'e'Ie  paroit  marchar  furle  tranchan:  d'un rafoir; 
& ce'Ie  de  la  fable  de  Phédre  , que  fon  ne 
retrouve  plus  Toccafion  quand  elle  eft  une  fois 
cchappée.  L'’idée  d un  poete  qui  a appelé  Voc- 
c.-flon  le  plus  jeune  des  enfans  de  Saturne  , eft 
rrés  bella.  Les  Eléens  avoient  confacré  un  autei 
á Cérus. 

CERUS  MANüS,  c’étoit  le  nom  myííérieux 
donné  á .Tanus  dans  les  chants  des  Saliens  : Irt 
carmine  Saliarl,  dit  Feítus  ( in  Matrem  matutani)  , 
Ceras  Tila  lus  intelllgltur  creator  boniís.  Ce  nom 
fans  doute  étoit  celui  du,  K«/í»'í  ou  du  Ceras  des 
Grecs , dont  nous  avons  parlé  á rarticle  précé- 
dent;  car  Janiis  étoit  fembléme  du  tems,  coinine 
on  peut  le  voir  au  mot  Janüs. 

CERYCES  , gens  deftinés  a fenfir  dans  Ies 
facrifices  chez  Ies  Athéniens  : lis  reíFembloient 
á nos  crieurs  publics  , & leur  fondion  étoit 
d'annoncer  au  peupTe  les  chofes  , tant  civiles 
que  facrées  On  en  élifoit  deux,  Tun  pour  fa- 
íéopage  & Tautre  pour  Farchonte.  lis  devoient 
erre  tires  d’une  famille  atbénienne , qui  , felón 
liderare , portoit  le  nom  de  Céryees , ddn  cer- 
tain  Céryx  , fils  de  Mercure  & de  Paridrofc.  Uñe 
aatre.  fondlfon- des  Céryees  étoit  ddlTomnier  les 
taureaux  , & de  préparer  les  viébimes  , comme 
faifoient  á Rome  les  viclimaires.  Le  nom  grec 
Ksfsl  étoit  celui  de  tous  les  hérauts. 

CÉRYX.  F'oye^  Ceryces. 

CESAR.  Augufte  ne  fe  nomma  d’abord  que 
Csfar  divi  filias  , & depuis  Imperator  , enfuite 
Triumvir  reipublics.  conjlltuendi  , poftérieurement 
Augufias.  Enfin  il  y ajoura  la  puiííance  du  tribuir , 
qui  le  faifoit  fouverain.  Caliguia  garda  les  trois 
noms  , Imp.  Csf.  Aug^  Le  mot  de  C&far  doit 
généralement  pafler  dans  le  haut  empire  pour  un 
nom  de  famille,  plutót  que  pour  un  nom  de 
dignité.  Tous  ceux  qui  ont  été  véritablement 
Céfar;  ou  par  naiíTance , ou  par  adoption  , Pont 
pone  avec  juftice;  les  autres  ont  aíFeóté  de  sdn 
parer  , pour  fe  conciiier  par-lá  Pamour  & le  ref- 
peci  des  peuples.  Dans  le  bas-empi''e , Csfar  ou 
Nobilis  Csfar  , défigna  ceux  qui  étoient  ou  alTo- 
ciés  á Pempsre  , ou  héritiers  préfomprifs  ; cette 
quaiité  fe  mit  alors  aprés  les  noms  du  Prince  qui 
la  portoit. 

Caius  & Lucius,  fi'Is  d’Agrippa,  adoptes  par 
A.ugufte  , Agrippa  Pofthume  , leúr-  firére  , Ger- 
manicus  , Drufus  , fíls  de  Tibére  , Nerón  8z 
Drufp,  fils  de  Germanicus,  & Brirannicus,  fils 
de  Claude  , ont  porté  le  nom  de  Csfar  -,  fans 
avqir  jamais  été  Auguftes  ; Tibére  du  tems  d’Au-  ! 
grille  5 Nerón  fous  Claude,  Titus  fous  Veípaíie.nj  j 


C £ S 

i Domitien  fous  Yefpafien  Se  Titas,  Traían  icus 
I Nerva,  & rladrien  fur  la  nn  de  la  vie  de  Trajan, 
porroient  íimplement  le  nom  de  Csfar. 

Le  pére  Hardouin  a foutenu  que  tous  ceux  qui 
avoient  porté  le  nom  de  Céfar , foit  dans  le  haut, 
foit  dans  le  bas-empire  , éteient  véritablement 
defeendans  de  Jules-Céfar.  Cn  sYll  forteraent 
oppofé  á cette  opinión  íinguiiére  , dans  plufieurs 
diíiertations  iníerées  dans  Ies  Mémoires  de  Tré- 
voux  , des  aniiées  172.7  & 1728 , & Pon  a pre- 
tenda au  conrraire  au’aprés  Nerón  , le  nom  de 
Céfar  avoit  ceíTé  d'eire  un  nom  de  famille  , 8c 
étoit  devenu  fimplement  un  nom  de  dignité  II 
y a peut-étre  queJque  chofe  á dire  contra  ce 
dernier  fennment ; mais  pour  mettre  ma  penfée 
dans  tour  fon  jour  , dit  le  barón  de  la  Bañie  , 
il  me  faudroit  excéder  Ies  bornes  que  je  me  fuis 
prefentes  dans  ces  remarques  fur  le  pére  Jobert, 
ainíi  je  renvoie  cette  diíTeitation  aux  Mémoires 
de  FÁcadémie  des  Beües-l.ettres.  Tout  ce  que 
je  dirai  en  deux  mots  , c’eft  que  Popinion  dtt 
pére  Hardouin  eft  non.feulement  cóntraire  a tous 
les  hiftoricns  , mais  qu  elle  eft  méme  détruite 
par  une  médaiüe  de  grand  bronxe , qui , du  cabinet 
de  Surbeck  , avoit  pafte  d-ins  celui  de  Pabbé  de 
Rothelin.  Elle  eft  de  Veí'pafien  ; au  revers  fes 
deux  fils  font  repréfentés  affis  fur  une  efcéce  de 
tribunal  : la  légende  eft  T.  ET.  D.  CAFjS.  EX. 
S.  C.  c’eft  á-dire.  Titas  ET  Domitiahus  CAESít- 
res  EX  Senatus  Confulto.  La  formule  ex  Senatus 
Confulto  , fe  rapportant  toujours  aux  titres  expri- 
mes fur  le  coré  de  la  médaille  ou  elle  fe  trouve, 
il  eft  vifible  oue  íi  Titus  & Domitien  n'ont  eu 
le  nom  de  Céfar  que  par  un  décret  du  fénat,  ce 
nom  ne  leur  appartenoit  pas  par  le  droit  de  leur 
naiftance. 

On  trouve , dit  Winkelmann  ( TLift.  de  C-Art. 
l.  6.  c.  5-.  A. ) , dans  pluíieurs  cabinets  des  tetes 
antiques  qui  portent  le  nom  de  Céfar  , & aucune 
ne  reíTemble  parfaitement  aux  tetes  de  cet  empe- 
reur  que  Pon  voit  fur  fes  médailles,  Cette  parti- 
cularité  a fait  douter  un  des  plus  grands  con- 
noiffeiirs  en  antiquité  , le  cardinal  Alexandre 
Albani , sh‘!  s’étoit  confervé  de  véritables  teres 
de  Céfar.  Ríen  de  plus  ridicule  d'ailleurs  que  de 
pr-etendre  qu’un  bufte  du  cardinal  de  Polignac  fost 
regardé  comme  un  morceau  uniqug  comme  un 
portrait  fa  it  d’aprés  le  natureí  ( Cabinsídef  oligaac). 
Je  rapporterai  encore  un  fait  digne  de  remarqqe, 
c'elt  qu'une  dame  Romaine  exigea  par  teñamení. 
de  fon  mari,  qu’i!  érigeát  'au  Capifole  á Céfar 
une  ftatue  d^or  du  poids  de  cent  livres  C Conf. 
Lipf.  EUSor.  i.  I.  c.  9 ). 

CÉSAR'  ( Caius  Julias  f 

Caius  Julias  Csfar  , Imperator , ÍJiUatoc 
petuus. 

Ses  médailles  font : ' 

RRR.  en  of. 


s 

Eíles  font  fceaaco'jp  plus  raras  avec  la  tete  de 
Marc-Antoine  au  revers ; ainlí  que  calles  reílituéés 
par  Traían  , avec  une  vdloire  au  revers. 

Ceiies  égilement  reílituées  , qui  ont  au  revers 
la  fijure  de  Venus  , font  les'  plus  rares  de 
toares. 

R.  en  argent. 

Ce.riins  revers  font  RR. 

R.  en  G.  B.  au  revers  d’Auguíle. 

RR.  en  G.  B.  avec  fa  tete  Teule. 

RR.  en  M.  & P.  B.  de  colonre, 

RR.  en  M.  & P.  B.  grec. 

Cesar  ( Ca'ius  ) , fiis  d’Agrippa.  Voye^ 
Caiüs. 

Cesar  ( Ludas  ) , fiIs  d’Agn’ppa.  Voye:^^  Lu- 

CIUS. 

CÉSARtEj  &c.  Poiir  les  médailles  de  toutes 
Ies  Céftirées  ¡ soy  ti.  Ies  arricies  CASARLA  & 
C.<£SAREE. 

CÉSARION , fiis  de  Cléopátre  Se  de  Juies- 
Céfar. 

On  a publié  une  medailie  de  moyen  bronze 
grcc  de  Céfadon  , oú  fon  volt  fa  tete  nue  Se 
pofée  fur  une  proue  de  vaiiTeau ; au  revers  font 
les  tetes  accol lees  d'.Antoine  Se  de  Cléopátre. 
Cecte  médailie  eft  regardée  avec  raifon  comme 
fauífe. 

CESEPH  ( grand ) ^ grand  argyre  , monnoie 
andenne  de  l'Egypte  & de  fAfie.  II  eft  evalué 
á ya  liv.  — monnoie  aciuelie  de  France. 

II  valoit  en  monnoies  des  mémes  pays  j 
I Tj  onces  d’or  , 

Ou  a Vr  ¿ariques 

Ou  6 5 tétraííatéres  j 

Ou  12  f.  diftaréres  j 
. Ou  i6  I héxadragmes  j 

Ou  2j  tétradrachnies. 

Ceseph  ( petit ) , monnoie  ancienne  de  l’E- 
-gypte  Se  de  fAfie.  Voyc^  Tetr.adrachaie. 

CESONIE  femme  de  Caligula. 

Ses  médaiiles  font: 

O.  en  er,  en  argent  & en  bronze  de  coin 
romain. 

RR.  en  M.  B,  avec  le  titre  de  SALES  au  revers 
de  Caligula  ^ de  la  colonie  de  Carthage  la 
neuve. 

II  y a d'habites  antiquaires  qui  doutent  que 
cette  médaüle  foit  de  CéfonU  j Se  qui  croient  , 
contre  le  fentiment  de  Yaiiiant , que  c^’eft  plutót 
la  tete  de  la  déeíTe  SALES  j qui  y eft  nommée. 

CESTAS  paroiíTe  du  Bcurdelois  , limitrophe 
des  ¡andes,-  & dans  les  graves  de  Bordeaux,  au 
comté  d’Ornoh  ; on  y a découvert  en  ijsz  un 
temple  ósftogohe , Se  plufieurs  bas-reliefs-  lef- 
Quels  défignent  des'fétes  de  ^ybéle,  une  iniria- 
tíon  á Tes  myftcres  , Se  an  facrifice  a. fon  luí  a 
ouírt  ; on  en  peut  voir  la  figure  Se  le  plan 
dans  une  Dijjircation  fur  ce  temple  , dor-uée  en 


C £ S 725 

^743  psr  M.  Joubert , imprimée  a Bordeaux  , 
in-iz. 

C E S T E "> 

CESTIPHÓRES.  f «O'" 

telet  de  cuir , garni  de  plomb,  dont  les  anciens 
athlétes  fe  fervoient  dans  leurs  exercices.  Sos 
nom  venoit  de  cs.j.o  , je  bars , je  frappe. 

Calepin  a cru  que  c’étoit  une  maíTue  , de  ia- 
quelle  pendoient  des  bailes  de  plomb  artaciiées 
par  des  morceaux  de  cuir.  li  fe  trompe ; car  c’tcoit 
feuiement  une  longe  de  cuir  garnie  de  cicus  , 
de  plomb  ou  de  fer  , dont  on  entouroit  ia  main 
en  forme  de  liens  croifés , Se  méme  le  poignet 
avec  une  patrie  du  bras , pour  empécher  qu'üs 
ne  fuífent  rompus  ou  démis , ou  plutót  afin  de 
porter  des  coups  plus  vielens.  Scaliger,  fondé  fur 
í’autoriré  de  Servius  , a prétendu  que  le  cefte 
couvroit  une  partie  des  épauks  ; mais  dans  tous 
les  anciens  monumens , les  différens  contours 
de  courroies  dont  la  main  des  luteurs  eft  ar- 
mée , ne  paroiífent  pas  monter  plus  haut  que  le 
coude. 


Les  Grecs  défignoient  cette  forte  d’armes  par 
quatre  noms  différens  5 favoir  , 

fiíiXÍx.ai  & ff-paíjaú  Le  plus  ordinaire  étoit  ceiui 
d’;«á»Tf5-,  qui  fignifie  á la  lettre  des  courroies ; eiles 
éroient  faites  de  cuir  de  boeuf  non  corroyé  , 
deíTéché  & par  conféquent  trés-dur.  On  avoit 
donné  au  cefte  le  nom  de  , non  que  ces 

armes  euíTent  aucune  reíremb!an:e  avec  ia  figure 
des  fourmis  { yJiffíVjX.is')  , mais  parce  qu’on  fentoic 
dans  les  parties  qui  en  éroient  frappées.,  des 
picottemens  pareils  á ceux  que  caufent  ces 
infeéles.  La  troiíiéme  efpéce,  ou  Ies  m¿iliques¡ 
étoit  la  plus  ancienne  chez  les  Grecs  : c^étoit  un 
fimple  lacs  de  courroies  trés-déiiées , qui  enve- 
loppant  uniquement  la  main  dans  le  creux  de 
laqueile  on  les  attachoit , laiíToient  le  poignet 
& les  doigts  á découvert.  On  conjeñure  que  la 
quatricme  efpéce  étoit  moins  un  gantelet  quTme 
pelotteque  Ies  athlétes  ferroient  dans  leurs  mains, 
& qui  n’étoit  en  uEge  que  dans  les  gymnafés, 
pour  teñir  iieu  du  cefte  qu’on  empioyoit  dans 
Ies  combats  , á peu-prés  comme  dans  nos  falles 
d'armes  on  fe  fert  de  flearets  au-lieii  d'épée  '^Mém. 
de  í’Ac.  de  Bell.  L.  t.  ni.  ). 

Viraiie  a chanté  le  corah2xáe.sceftipkores  Enteüe 
& Darés  {Mv.cid.  v.  369.  ).  Valérius  Flaccus  en 
a décrit  un  fecond  ( Argonaut.  iv.  160.)  plus 
célebre  dans  fanüouité,  ceiui  de  Po'I.ux  Se  d’A- 
mveus , roí  de  Bébryc'e  , fiis  de  Meptune-  Un 
vafe  cvlindriaue  de  méta! , place  dans  la  gaierie 
du  coilége  romain  , nolis  offre  la  fuite  de  ce  com- 
bar terrible  , c'eft-á-dirf  , Amycu<i  vaincu  , lié  á 
un  arbre  par  Pollux,  & Minérve  , C.iftor  avec  un 
Areonaute  , témoins  de  la  vengeance  que  fe  pre- 
pare á T'rer  le  vainciieur,  Winkelman  en  a place 
le  ’eíTin  á la  tete  du  chap.  i-  du  liv.  v.  de  fon 


íiift.  de  f Art.  Les  artiftes  pourron:  .e  cónfuiter 


7XÍ  C E S 

ponr  corncitre  la  forme  du  cefie  j car  Ies  bras  de 
Foiiiix  Se  d'Amv'cus  en  fonr  encere  armés  fur 
ce  monument. 

EoiíTard  (^Antiq,  iv.  p,  132.)  a deíEné  un 
ath!é:e  fanieux  dans  le  combar  du  cefie  , qui  efl: 
fculptó  fur  un  farcophage  antique  du  fiécle  de 
i rajan.  Cen  athléce  a látete  nue  ainíique  le  buíie, 
excepté  le  bras  droit.  Ce  bras  & Tépaule  qui  lui 
eft  jointe  font  couvefts  de  plaques  de  bronze  fem- 
blabies  aux  braíTards  des  anciens  chevaliers.  Le 
bras  gauche  eft  nud  ^ & porte  une  palme.  Du 
notiibri!  jufqu’aux  genouxeet  athléte  eft  vétud'un 
larga  haut-de-chauffe^  qui  entre  dans  des  botti- 
nes  ornees  aux  genoux  de  tetes  de  Médufes.  ^ 

On  voit  á Portici  la  raai.n  & favaat-bras  gau- 
ches d’une  ftatue  de  bronze , trouvée  á Hercula- 
nuni;,  qui  m.éritent  d'étre  cités  ici.  C’eft  le  bras 
d’im  ceftipkore  . c’eft-á-dire , d’un  athléte  dont  les 
mains  étoient  armées  d^’un  cefie.  Les  poetes , les 
ancíens  monumens  ^ & en  particulier  un  bas- 
relief  de  la  Villa--4idobrandini  ^ nous  donnent 
une  idée  aflez  exaáie  de  cette  efpéce  de  luteurs ; 
mais  on  ne  volt  nulle  part  cette  armure  auílí  diftinc- 
tement  repréfentée  , qu'au  bras  dont  nous  par- 
ions.  Le  cefie  y a la  figure  d"un  gant , gar.ni  de 
doigts  qui  ne  defeendent  pas  jufqu  aux  ongles. 
Ce  gant  a la  longueur  des  gants  de  femme , il  eft 
fendu  dans  la  main.  Le  bout  de  ce  gantj  vers 
le  coude  j eft  garni  en  deffous  d"une  peau  de 
moutOD  avec  fa  laine  ; & Tun  & Tautre  ^ favoir 
le  gant  & la  peau , font  attachés  par  des  cour- 
roíes.  Autour  de  la  main  & au-deíTus  des  articula- 
tions  des.  doigts , il  y a une  autre  coiirroie  d'un 
cuir  épais  ^ d’un  bon  pouce  de  largeur  , qui  fait 
quatre  ou  cinq  révolutioñs  fur  elle-méme  , Se 
eft  enfuíte  attachée  par  dics  courroies  minees. 
Le  deílin  de  ce  cefie  íert  de  vignetre  á plulieurs 
chapitres  du  catalogue  des  antiquités  trouvées  á 
Herculanum. 

Cétoit  pour  garantir  Ies  tempes  Se  les  oreilles 
des  coups  du  cefie , que  Ies  ceftipkores  couvroient 
icurtéte  de  la  caloñe  appelée  Amphotice.  Coytj 
ce  mor. 

Geste  de  Venus.  Voye:^  Ceinture  de  Venus. 

CESTIA , famille  romaine  dont  on  a des 
médailles. 

RR.  en  or. 

O.  en  argent. 

R.  en  bronze. 

Gokzius  en  a publié  des  médailles  incennues 
depuis  lui. 

CESTIANUS , furnom  de  la  famille  Pl.s- 

CESTRLnLS  , fils  d'Hclénus  Se  d’Androma-  i 
■que,  fuccéda  auné  partie  des  états  de  fon  pére  , i’ 
en  Eptre , Se  s'etabnt  dans  Ja  contíée  qui  étoir 


C E T 

au-deíTus  du  fleuve  Thyamis , appelée  depuis  de 
fon  nom  Ceflrine  ( Paafian.  Attic.  ). 

CESTROSPHEVDOVUS  , efpéce  de  trait  011 
de  javelot , inventé  par  les  Macédoniens  & em- 
ployé  par  eux  avéc  fuccés  contre  les  Romains, 
dans  la  guerre  de  Perfée.  Lite  - Live , qui  nous 
apprend  ce  détail  ( 42.  (Sj. ) , a confervé  les 
proporcions  Aü.  céfiro fpkendonus  : il  étOJtcompofá 
d*un  fer  pointu  gros  comme  le  doigt , long  de 
deux  palmes , Se  fixé  á un  fiit  ou  bois  d"une 
demi-coudée  de  longueur.  Trois  plumes  ou  aües 
le  fupportoient  dans  le  trajet , & deux  courroies 
inégales  en  longueur  fervoient  á le  lancer  avec 
forcé. 

CESTROTA.  Voyeii  Cerostrotom. 

CESTRUM , ñyle  ou  poinqon  de  méta!  qui 
fervoit  aux  peintres  en  encauftique  ( Piin.  34. 

2. 

CETHEGUS , furnom  de  la  famille  Cor- 
nelia, 

CÉTO  , femme  de  Fhocus,  mere  de  Bellone, 
felón  Héíiode  , & des  Gorgones. 

CETRA.  On  appeloit  de  ce  nom  de  petits 
boucliers  ronds  de  cuir , dont  les  Efpagnols  Se 
les  habitans  de  f Afrique  fe  fervoient  á ¡a  guerre. 
On  employoit  pour  les  faire  la  peau  de  l’animal 
appelé  orix , ou , felón  quelques  écrivains,  celle 
de  Féléphant.  Ces  boucliers  étoient  forts  légers ; 
üs  étoient  d'ufage  dans  la  cavalerie  & dans  rin- 
fanterie. 

CEYX , fils  de  Lucifer  , régnoit  paiííblement 
á Trachine.  Pour  fe  délivrer  de  Finquiétude  que 
lui  caufoient  de  funeftes  préfages,  depuis  la  mort 
defonfréreDédalion,  il  réfolut  cependantd  allerá 
Claros  confuIterForacle  d'Apollon.  Alcyone,^fon 
époufe , qui  Faimoit  tendrement , fit  fon  poffible 
pour  le  diíTuader  de  ce  voyage  , ayant  un  fecret 
preffentiment  du  malheur  qui  devoit  arriver  a fon 
époux  5 mais  Ceyx  fur  inébranlable  dans  fa  réfo- 
lution,  & promit  d’étre  de  retour  avant  deux 
rnois.  Cependant  il  fit  naufrage  5 Se  Morphée  ftit 
envoyé,  felón  Ovide  (Mét.  L ii.) , par  |e  dieu 
du  fommeil  pour  en  aller  apprendre  la  trifte  nou- 
velle  á Aleyone.  Cette  tendre  époufe  couriit 
auíTitót  fur  le  rivage  á Fendroit  d’oü  Ceyx  étoit 
partí ; & á peine  y fut-e’le  arrivée , qu’elie  apper- 
cut  le  cadavre  de  fon  mari  : elle  s’élanqa  auffi- 
tót  dans  la  mer  , & fe  ¡erra  fur  le  corps  de  Ceyx. 
Les  dieux  , touchés  du  malheur  de  ces^  deux 
époux , Ies  changérent  en  oifeaux , appelés  Al- 
eyons.  Depuis  cette  métamorphofe  , Üs  remoi- 
gnent  Fun  pour  Fautre  le  méme  amour  Se  ^es 
mémes  empreíTemens  ; & pendant  les  fept 
qu’Alcyone  couve  fes  ceufs,  dans  un  nid  qui  eft 
fufpendt',  á un  rocher  fur  la  furface  de  Feaa , la 
mer  ef  calme  5 Eole  , en  faveur  de  fes  petíts- 
fils , tieut  les  vents  euchaioés  & les  empéche  de 
foEfier, 


CHA 

X.  Le  X , ou  cki  grec  fe  voir  fur  un  marbre 
á’AmycIée^  apporté  parFourmont : cetre  époque 
remonte  á 40  ans  avant  la  premiére  Olympiade. 

Le  X étoit  remplacé  autreíbis  dans  les  infcrip- 
tions  par  les  lettres  K.  H. 

CH.  L’afpiration  exprimée  par  ces  deux  let- 
tres gutturaies,  difparut  dans  la  prononciation 
Romaine  & Francoife  ^ de  tous  Ies  noms  gau- 
lo;s  & germains  qu'elle  terminoit  , méme  au 
miiieu  ou  au  commencement  des  mots  ^ furtotit 
lorfqu'elle  étoit  fuivie  d'unevoyeile ; c’ell-la  une 
régle  genérale  dont  on  ne  connoit  pas  d excep- 
tioH.  Cbít  en  conféquence  de  cette  régle  que 
Clovis  j qui  fe  trouve  écrit  Hludovicus  dans  ie 
teframent  de  S.  Remi  j & Clotkoip-eckus  áíns  l&s 
lettres  de  Clovis  aiix  évéques  áe  la  Gaule  ¡ 'ainli 
que  dans'  celle.que  lui  adreíTa  le  ccnfeii  d"Or- 
léans  en  51 1 , fe  lit  fur  les  monnoies  Chlode- 
vius  & Clodeveus.  Les  monétaires  fuivoient  la 
prononciation  gauloife.  Les  Grecs  en  avoient  fait 
XAO ¿Aios  , Clodceiis  : c’eíl:  ainíi  qu'il  fe  iit  dans 
Agathias.  Les  romains  d’Italie  avoient  fupprimé 
Í’aípiratioii  inutile.  Clovis  eft  appeié  Luduin  ou 
Lodoia  , dans  les  lettres  latines  que  fhéodoriclui 
écrivoir. 

CHABACTAy  dans  le  Pont  Galatique.  XA- 
BAKTÍ2N. 

Les  médailles  aiitonomes  de  cette  ville  font : 

RRR.  en  bronze. 

O.  en  or. 

O.  en  argent. 

CHABAR  , nom  d^une  faulTe  divinité  , dont 
íes  livres  des  Arabes  font  fouvenr  mention.  Eu- 
thyrrdus  Zigabenus  dit  que  les  Arabes  furent  ído' 
látres  jufqu’au  temps  d'HéracliuSj  c^eíí-á-dire  , 
jufq¡Fá  Mahomet ; & qudlsadoroient  entr’autres 
divinités  Lucifer  &VénuSjqu’ils  appellentj  dit-ilj 
dans  leur  langue  Chamar  5 il  a voulu  dire  Chalar. 
Le  P.  Fürker  veut  que  ce  foir  la  iune  , Se  qu’on 
l'aií  prife  pour  Venus  , á caufe  qu'elles  prodiH- 
fent  a-peu-prés  les  mémes  effets.  Les  Mahomé- 
tans  renoncent  á Chalar,  lis  ont  un  adre  ou 
formule  de  cette  renonciation  que  le  P.  Kirker 
a rapporté.  Voye:^  fon  (Hdip.  Egypt.  ( t.i.fynt. 

1(5.  §.  3.  ) LeP.  Kirker  écrit  Calar  ,'útñ. 
mieux  d’écrire  Chalar.  C’eft  un  Keftn  Arabe^  Se 
nonpasunXa/lCe  nomíignifie  proprement  grand, 
puiíTantj  de  l'hébreu  Chalar  , multiplicare  , d’oú 
Challn  interpreté  validas  , fon. 

CHADISlA  , dans  la  Syrie. 

Goltzius  feui  a attribué  des  médailles  impé- 
riales  grecques  á cette  ville. 

^ CKAFN’ES.  Les  foldats  romains  qui  s’étoient 
difnngués  dans  les  guerres  receveient  pour  ré- 
compenfe  de  leurs  généraux  ^ des  chain.es  ou  chai- 
nettes  , catelU.  lis  s"en  paroient  comme  d'un 
temeignage  de  leurs  vlorien-í  fervices.  Tirí-T.ive  ; 
í 39.  51.,  di:  que  ’e  préteu:  Q^intiiis  dliliibiu 


..  , . , ^ ^ -rn 

d-s  cnaints  fes  cavaliers  apres  une  adíion  d'é- 

Cjat  : Donati  d Calpumio  ecitites  phaleris  j Ouin- 
tius  alter  pré-ter  Juos  e qui  tes  catellis  dorui\i:. 

Les  foldats  romains  {Joyep/í/ASe¿V.  Füudf.  il.  3.^ 

porioient  dans  le  bagage  militaire  des  chairus 
pourlier  les  prifonniers  de  guerre.  Elies  étoient 
de  fer  pour  íes  limpies  foldats  ; mais  on  en  fai- 
foit  porter  d^’or  & d'argent  aux  riches'  prifon- 
niers Sepx  princís.  C'eii  ainfi  ' Dio.A-j.p.j^i^.) 

An.oine  chargea  _-trtuaídes  de  th..t.ies  d^ar- 
r-:ntj  Vefeíp  {ti.  82.  3.)  dd  qa’elies  étorenc 


d cr^  & qne 


vaTíiQueiir 


dtinncuon  fon 


irenaic  noriO:cr  par 
íuñre  prifonmer. 

:r„ 


otiqu  un  nomme  etoit  conititue  pnfon.nier, 
i:ca'..io!t  á fon  bras  droit  une  chaina  , cui 


cetre  tr;í:, 

Lo  ' ' 

on  u ion  oras  aroic  une  caazne  , cui 

eton  iiee  par  I’autre  extrémité  au  bras  giiiche 
du  fo.dat  chargé  de  le  garder  On  lui  donnoit 
en  cer:.ames  occaíions  un  feco.nd  ^rdien^  auquel 
il  étoit  attaché  pir  le  moyen  d’une  fecoridc 
chai, te  liée  á fon  bras  gauche  ( Aci.  Apcfiol.  c, 
1 2.  n.  6.  ) dorrr.ieiat  irucr  dúos  milites  , ¿uabus 
alllgatus  catenis.  Quand  i:n  juge  vouloit  inter- 
roger  en  íecret  un  prifonnier  ainü  gardé  , il  fai- 


foit  détacher  ie  foldac  , &c  tenoit 


lui-méme  la 


chazne  ; c'eñ  ainíi  que  Fon  vit  Domitien  , quoi- 
qudl  fut  empereur  , fupporter  les  chaines  des  ac- 
cufés  qudlavoit  la  barbarie  db’nterroger  lui-mé  v e. 
{Suet.  c.  14.  n.  ~„  ) : nec  nifi  fecreto  atque  fclus 
plerafque  cuf  odias  , receptis  quidem  in  rr.ami  ca- 
tenis audiebat.  Cette  maniere  de  garder  un  pri- 
fonnier difpenfoit  quelquefois  de  le  renfermer 
dans  l’enceinte  desprifonS:,  & il  pouvoit  habitar 
avec  fon  gardien  une  maifon  parriculiére  ( AeJ^ 
Apofi.  c.  28.  n.  16.)  Ce  n’étoient  pas  tou/oiirs 
de  limpies  foldats  qui  étoient  ainíi  liés  aux  pri- 
fonniers } on  vit  quelquefois  des  tribuns  & des 
centurions  aíTujettis  á cette  pénible  fonctiou- 
{Ilid.  c.  27.  n.  I.) 

Jofephe  ( Bsll.jud.  v.  ) Nous  apprend  quh‘1  étoit 
dhifage  chez  les  romains  de  brifer  les  chAnes 
& non  de  lesdétacher^  íorfqu'on  renvoyoit  abfous; 
un  accufé.  Tite  fir  apporcer  une  hache  pour  bri- 
fer calles  de  Jofephe  , afin  que  perfonne  ne  pút 
douter  ds  fon  innocence- 

Les  affranchis  confacroient  aüx  dieux  Lares  les 
chaines  quh'ls  avoient  portees  pendant  leur  eíc:;;- 
vage.  Horace  fait  mention- de  cer  ufage  {haú- 
i.  i.  é;.. ) 

Ivlulta  cicerrus  ad  ns.c  r donajjet  jarnne  c.ttensnt 
Ex  voto  laribus  quarebat. 


Les  chaines  de  métaux  précieuXj  catelU  ,íú- 
foient  une  partie  de,  la  parure  des  romaines  , S-c 
on  en  a trouvé  pluíiaurs  fois  dans  lesfouil'es.  J.e 
comte  de  Caylus  a pablié  pluíieurs  deiiins  de 
ces  ornemens  dans  tes  recuens  c.  at'  -ouítcs-  .lo— 
race  parle  de  ces  ciicz7.es  acs  reniraes-  ( ¿r.A- 
I.  17.  ;í. 


rtftrs  mgruricls  uciitmna  j fipe  caiellani, 

SéLpe  perifceíidem  raptam  f.hi  fientzs.  . . . • 

ChaiNe  ou  CokdE_,  mefure  linéaire  & iti- 
néraire  de  TAfie  & derEgypte.  Voye-^.  Chebel. 

CHAIR.  Les  Pythagoriciens  n’en  mangeoient 
point  : le  feul  doute  qiul  y ait  fur  ce  fait,ne 
concerne  que  le  plus  oule  moinsde  généralité  de 
cetra  défenfe.  11  y en  a qui  prétendent  qu'elle 
n'etoit  que  pour  les  parfaits  , ceux  qui  s'étant 
cievés  au  plus  fublime  degré  de  la  théorie  y 
étoient  compres  au  nombre  des  difciples  éfoté- 
riques.  D'autres  ajoutent  qu  il  étoit  méme  per- 
mis  á ces  dermers  de  toucner  quelquefois  á la 
ekair  des  animaux  iacrifiés.  Voici  la  raifon  qu’on 
lie  dans  Séneque  ^ du  fcrupule  des  Pyrhagori- 
Ciens.  Omnium  Ínter  omnia  cognationem  ejj'e , & 
aüorumcomrserfznm  in  alias  atque  alias  formas 
tranfeuntium ; nuUam  animam  interire  , nec  cef- 
fart  quidem  , niji  tempore  exiguo  , dum  in  aliad 
Corpus  transjunditar.  Incerim  fcehris  hominihus  & 
parricida  metam  fecijfe , cum  pojfint  in  parentis 
enimam  infeii  incarrere  & ferro  morfuve  violare 
in  C:UO  cognatas  aliquis  [piritas  hofpitaretar.Q’tík.- 
I dire  á-peu-prés  que  les  ames  circulant  fans  ceíTe 
dbin  corps  dans  un  aiure , ces  philofophes  crai- 
gnoient  que  Fame  de  quelques-uns  de  leurs  pa- 
rens  ne  leur  --tombár  fous  la  denr  , sbís  fe  hafar- 
doient  á manger  de  la  ekair  des  animaux. 

CHAiSE-CLRULE.  Cette  efpéce'de  fiége,  fait 
d'ivoire,  étoit  une  marque  de  dignité  affeélée  a 
quelques  magiftrats  romains  ^ aux  pontifes , & 
aux  vállales  j &c.  Les  romains  en  prírent  l'ufage 
des  iatrufaueSj  dont  les  monumens  en  oírrent  fou- 
vent.  Viterbe  , Fancien  vetulonlum,  fut  la  ville 
d’Etiarie  qui  leur  en  fournir  la  premiére  , íi  Fon 
ppt  en  croire  Silius  Iralicus  ( vui.  4.  87,  ),  11 
dit  de  vetulonium  : 

Kac  altas  eboris  decoravzt  honore  cúrales. 

Ce  fut  Tarquín  Fancien  qui  introduifítáRofne 

les  Ckaifes-curales  ( Floras  1.5.  6.  ) duodecim  tuf- 
éis. pópalos  frequentihus  armis  fubegit.  lude  cu- 
rules. 

Les  ckaifes-curales  étoient  d'ivoire  ^ ou  du 
moins  revétues  d’ivoire  fculpté.  Horace  ( epi/l. 
i.d.jj.)  - 

Quilibet  kic  fafees  dahit  , eripietquc  curule  y 

Cui  volet  y importunas  ebur. 

Ovide  {Pont.  ir.  y 1$.  J : 

Confpicuum  figrás  c¡>m  petit  altas  ebur. 

{Ihid.  IV.  C).  %-].  ) • 

Signa  qaoque  in  [ella  nojfem  formata  curuli  j 

Et  totam  numidí  fculptile  dentis  opas. 

Denys  d HalycarnaíTe  déíigne  toujours  la  ckaife- 
curule  par  ces  motSj.^e^f  d’ivoire , 'o.itpíiTinj  ¿ipisr. 


Ceux  qui  aveient  le  droit  de  fe  fervir  de 
ckaifes-curales  y les  plaqoient  en  Toyage  fur  leurs 
chars ; d^oü  leur  vint  le  nom  de  cúrales.  Tsous 
déterminerons  plus  has  leur  forme , d'aprcs  les 
monumens  antiques. 

Brutus  ayant  chaíTé  les  rois  de  Rome  & fait 
creer  des  confuís  ^ conferva  les  chaifes  - cúrales 
pour  marque  de  la  nouvelie  dignité.  Les  préteurs 
8c  les  édiies  en  acquirenr  auíS  Fafage  par  la 
fuite  {iiv.  VII.  I.  ) : Non  patientibus  tacitam  vi- 
banis  , quod  pro  confule  uno  plebeio  tres  patricios 
magiflraius y piímtos.em  et  dúos  xdiies , cura- 
libas  feilis  prstextatos  y tanquam  con  fules  fedentes 
nobilitas  fibi  fampfjfet.  Les  confuiaires  8c  ceux 
qui  avoient  exercé  la  préture  8c  Fédilité  , coa- 
fervoient  pendant  toute  leur  vie  dans  leurs  mai- 
fons  ¡a  pretexte  8c  la  ckaife-curule  y comme  des 
témoignages  des.honneiirs  qu’ils  avoient  mérités. 
IS'ous  Fapprenons  de  Tite-Live  ( r.  41.)  8c  de 
Vaiére-Maxime  ( ni.  2.  7.  ) , qui  racontant  la 
prife  de  Rome  par  les  Gaulois  ^ peignent  les 
anciens  magiílrats  alíis,  a Fentrée  de  leurs  mai- 
fons  fur  des  chaifes-curules , vétus  de  la  pretexte, 
8c  attendant  en  íilence  Farrivée  de  leurs  farouches 
vainqueurs. 

Des  le  berceau  de  Rome,  Numa  avoit  accordé 
au  Flamíne  de  Júpiter  Fufage  de  la  chaife-  cúrale 
( liv.  1 . 20.  ) .■  Ñama  Flaminem  Jovi  ajfduum 
creavit  ; ínfignique  eam  vefle  , & curili  regia  [ella 
adornavit.  Le  fouverain  pontife  Se  plufieurs 
autres  prétres  jouirent  du  méme  honneur.  Au- 
guíle  permit  aux  Veílales  á’aíliíler  aux  jeux 
publics  aflifes  fur  des  chaifes-curules.  Le  diéla- 
teur  réusilToit  en  lui  toute  Fautorité  fupréme ; ce& 
pourquoi  il  eíl  inutile  de  faire  obferver  qu’il  fe 
fervoit  de  la  chaife^curule. 

Cette  marque  de  dignité  fut  prodiguée  á des 
princes  étrangers  fur  la  fin  de  la  république  & 
fous  íes  empereurs.  Le  peuple  romain  fit  pre- 
ferir á Euméne , roi  de  Pergame  , d’une  ckaife~ 
curule  8c  d’un  feeptre  d’ivoire  ( Liv.  xzii.  4.  )• 

Les  perfonnages  illuílres  de  Rome  jouirent 
dans  les  jeux  de  cette  diílinélion,  méme  aprés 
leur  mort,  Teís  furent  Marcellus  ( Dio.  zul. 
p 517. ),  8c  Germanicus  {Tacit.  Anual,  il. 
82.  I.). 

Quant  á la  forme  des  chaifes-curules , on  pourra 
confulter  les  recueiís  d’antiques  trouvées  á Hercu- 
lanum.  On  envoit  deux  dans  le  cabinet  de  Pornci. 
Ces  íiéges  étoient  d'ivoire  á Rome  i mais  ici  ns 
font  de  bronze.  lis  ont  un  palme  fept  pouces  de 
hauteur  ( un  pied  ) , & deux  palmes  fept  pouces 
(unpied  huir  pouces)  de  largeur.  Les  bras  de 
cette  efpéce  de  meubíe,  ainíi  que  fespieds,  font 
formés  par  des  lignes  qui  , réunies  en  un  pomt, 
fe  croifent  8c  prennent  la  figure  d'un  ^X  , dont 
les  jambages  feroient  pliés  en  ligne  Ipiraie.  Les 
píeos  de  ces  fieges  fe  terminent  par  le  bas  en 
une  tete  á’animai  defantaiiie,  dont  ie  bec  abonge 


CHA 

leur  fert  de  point  d'appui.  Ces  chaifa-curules 
ne  peuvent  mieux  fe  comparer  qu  á nos  tabou- 
rets  plians. 

L¿  comre  de  Caylus  (Rec.  iil.pl.  39.  n°.  f.) 
a pubiié  le  deíGn  dline  chaife-cumU.  Cette  chai  fe , 
fans  doílier,  pouvoit  erre  un  ineuble  particulier  ; 
cependant  comme  elle  eft  de  bronze , & qu’on 
juge  de  fa  richeíTe  par  quelques  reñes  de  fa  do- 
rure  , elle  pouvoit  fervir  á quelques  - uns  des 
Biagiñrats  ^ qui  donnoient  leur  audience  dans  le 
forum , ou  dans  d’autres  places  publiques.  Elle 
pofe  Tur  quatre  pieds  , qui  fe  croifent  de  deux  en 
deux  , & qui  fonc  termines  , dans  la  parné  qui 
touche  le  fol  ^ par  des  tetes  d'oifeaux , dont  le 
bec  eft  un  peii  courbé.  Cet  ornement , tiré  de  la 
nature  , produit  un  effet  agréable. 

Chaise  enrule  (on  volt  une)  fur  les  médailles 
de  Malte.  Quand  elle  paroit  fur  les  médailles 
Tomaines  avec  une  hafte  couchée  fur  elle  , on 
doit  y reconnoítre  le  fymbole  de  Junon  3 qui 
déíignoit  la  confécration  des  princcíles. 

ChAISES.  Voje^l  SiÉGES. 

CHALAZOPHYLACE.  ■)  sénéquc  (AW. 

XAAAZ04>YAAS.  5 

Qusfiion.  l.  4.  c.  6.)  dit  quil  y avoit  en  Gréce 
des  CkalaT^opkylaces  , ou  precres  dont  les  fonc- 
tions  étoient  de  p-révoir  les  gréles , les  tempeteSj 
& de  les  détourner  par  le  facrifice  d’un  agneau 
& d'un  pouiet.  Si  ces  animaux  lear  manquoientj 
ou  que  "infpedtíon  de  leurs  entrailles  n offrit  que 
despréfagesfunefteSj  i!s  fe  découpoient  les  doigts 
avec  un  inftrument  trapehantj  croyant  ou  vou- 
iant  faite  croire  qu’iis  appaiferoient  les  dieux  par 
FefÉifion  de  leur  fang.  Ces  charlatans , dont  le  nom 
étoit  compofé  de  , grele  ^ & de  ov>.as-s-a  • 

j^obferve , avoient  été  établis  par  Cleon. 

CHALCÉES.  Voye^  Chalcies. 

CH  ALCEDON  ou  CHAECÉDOiNE;,enBithynie. 
KAAXAAONIQN. 

Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font ; 

RRRR.  en  or Pellerin. 

RRR.  en  argent. 

RR.  en  bronze. 

Leur  tvpe  ordinaire  eft  un  taurean  debotit.  ^ 

Cette  ville  a fait  firapper  une  médaille  impériale 
grecque  en  l’honneur  de  Julia  Paula.  L oreno- 
graphe  de  fon  nom  a pu  varier;  c eft  pourquoi  on 
ajoutera  a cet  arricie  ceuii  de  Calcedok  3 qui 
étoit  peut-étre  la  meme  ville. 

CHALCEIUM 3 foucoupe  qui  fervoitdans  le 
jeu  du  CoTTABE.  Poyei  ce  mot. 

XAAKEMEOAON  ^ nom.  qui  défignoit  chez  Ies 
Grecs  les  éperons  de  bronze  des  navires  de 
guerre. 

CHALCIDÉNE,  en  Syrie. 

Cette  résion  eut  un  roi^  GU  plutot  un  Xettar* 
Antiqultés  3 Tome  I. 


CHA  719 


que  du  tems  de  Pompée.  II  s’appeloitPxoLEMEEj 
& il  a fait  frapper  quelques  médai.Ies. 

CHALCIDIQUE,  falle  grande  & fisperbe. 
Ckalcidzcum.  Feltus  PapneUe  ckalceáonium  3^  mais 
peut-étre  eft-ce  une-faute.  Titruve(/iv.  r.ck.i.)  , 
Aufone,  Hygin.  (¿  La  fabU  i84)>  Arnobe  ( /iy . 
iil.  & üv.  ir.)  y difent  chalciaicam.  Les  ckaki- 
diques  étoient  de  grandes  & magnifiques  falles 
qu'on  ajoutoit  aux  palais.  Si  le  terrein  que  vous 
avez  pour  batir  eft  trop  long  , dir  \itruve  , yous 
éleverez  au  bout  un  ckalcidique.  Je  voudrois  bien, 
dit  ArnobCj  voir  vos  dieux  & vos  oeeífes  péle- 
mela dans  vos  grands  ckalcidiqu.es , & dans  ces 
palais  du  cié!.  On  écrit,  dit-il  aílleurSj  que  vos 
dieux  font  leurs  feftins  dans  de  grandes  falles  a, 
manger  qui  font  aux  cieux,  & dans  des  chalcidi- 
ques  tous  d^or. 

Feftiis  dit  que  cette  efpéce  de  bátimens  avoit 
pris  fon  nom  de  la  ville  de  Ckalcis ; mais  il  ne 
nous  apprend  point  pourquoi  Philandre  dit  que 
c' étoit  un  édifice  dans  lequel  la  eour  desunon- 
noies  avoit  fon  tribunal , & qifil  avoit  pris  fon 
nom  de  > airain  , matiere  de  la  monnoie  , 

& de  3 jaflice  ¡ ce  qui  eft  faux , car  ^dans 
ce  cas  feroit  place  Paccent  fur  1 antepemutieme  , 
& non  fur  la  derniére.  D’autres  le  derivent  de 
deux  mors  grecs,  X’'-^X^^=  hronqe  airain  3 & eixo;  , 
maifon  , & üs  difent  qu’on  frappoit  la  monnoie 
dans  ces  maifons  , qui  étoient  ce  que  nous 
appelons  k&tels  de  la  monnoie.  Mais  que  devien- 
droit  Vo  de  ? Comment  la  pénultiéme  feroit- 
elle  breve  ? Pour  former  un  nom  de  ^ 

de  tñxos  , il  faut  di  re  x‘‘^X‘'’‘X'^^  > calcioecus,  cornrne 
on  Pa  dit  effeétivement  pour  Minerve,  dont  c eft- 
lá  une  des  épithéres , aghnh  xaakioikcx. 

Quelques  interpretes  ont  entendu  par  ckalcidi- 
que 3 Paudiroire  des  baíiliques. 

Chalcidíque  CMinerve).  FoyeiCaAíCim- 


cos. 

CHALEIS  , 1 céléb  rées  par  les  Atbé- 

CHALCEES,  3 ti  j 

niens , en  mémoire  de  ce  que  l art  de  tnettre 
le  cuivre  en  ceuvre  avoit  pris  naiffance  a Athenes 
'Eufiatk.  Iliad.  B.).  Ce^.-nom  vient  de  , 

mme  On  aooeloit  auíTi  ces  fetes  Athe-nees  , 
parce  o'f  on  les  ¿éiébroit  en  Phonneur  de  Mmen-e ; 


7:ccf^y‘f^c-y  3 ^ ^ 

prenoit  part  dans  P 


n^rce  que  toute  la  viiie  a i,tn.enes 


'origíne 


Les  ouvríers  en 
ume^urent  parala  fuite  les  íeuls  qui  célébrérent 
;s  chalcies. 

CHALCKECIES , fétes  de  Lacédémone , cu 
;s  jeunes  gens  venoient  tous  ^ 

Mi.nerve  ckalcicecos.  Les  Epnores  aílAtoieii..  a 
es  fétes  pour  y mauitenir  1 orare. 

CH4LCKECOS , furnom  qui  fut  dormé  a h 
Enerve  de  Lacédémone,  parce  que  .a  uatue 
» temple  méme  quelie  avoit  dans  ce^Le  \i-t^ 

'toient  Xairam,  appele  en  grec  Aug.ite. 

^ Z 2.  Z, 


7^0  en  Á 

Dátir  a Rome,  ¿lans  !a  neuviérr.e  résfon  , un 
a cette  Minerva  ^ que  Ton  y appela  ckM- 
tiazqae  ( Dio.  zi.  p.  4?'q.  ). 

CHALCIOPE.  Voye:^  Calciopé. 

CIS , áa.ns  l'Eahoée.  xaakiaeíín. 

Les  TTiedaiiies  autónomas  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  or.  , . . . . Eckhel. 

C.  en  argent. 

C.  en  bronze. 


Leur  type  ordinaíre  eíl  un  aigle  qui  déchire  un 
ferpent  j ou  une  íyre. 

_ Cette  vilIe  a fait  frapper  une  médaille  impe- 
riaie  grecque  en  i’honneur  de  Veras.  Eckhel. 

CuALcis , dans  la  Syrie.  Xaakiaeqn. 

_ Cette  ville  a fait  frapper  des  méd.iilles  impé- 
nales grecques  en  Thonneur  d’Augufte  , de  Tra- 
ban 3 d'Hadrien  ^ de  M.  Auréle  , de  Vérus  ^ de 
Commodej  de  INéron. 

Olí  luí  aKnbue  une  feule  médaille  aiitonome 
de  bronze  , qui  a été  publiée  par  M.  Pellerin. 
CHAL'CON.  V oyeq_  Chalcoüs. 
CtiACOPHONüS,  pierre  cohnue  des  anciens. 
Boece_  de  Boot  dit  qu  ils  défignoient  par  ce  nom 
Une  pierre  noire  ^ qui  étant  rrappée  rendoit  le 
méme  fon  que  fairain  , comme  fon  nom  fembíe 
1 HiaíCuer.  M.  Anderion^  dar.s  fon  hijtoire  natu.- 
turelie  de  Grocnlaná , parle  d’une  pierre  qu’on 
iut  a viir  avoir  la  méme  propriété , & qui  étant 
rrap^e  ^rendoit  un  fon'rembiabie  á celui  d’une 
cm-che,  v,et  auteur  foapeonne  que  cela  vienr  dii 
cuivré  & ue  1 argent  quelies  contiennent  , parce 
que  ces  pierres  paioiíTent  teintes  de  verd  & de 
b!_ea_en  certains  endroirs  Mais  en  fuppofant  le 
lait^  inccntcñabie  ^ cette  comeólure  nVn  paroí- 
troK  pas  mieux  fondée.  On  dit  aaffi  qu'ü  fe 
trouve  une  pierre  de  cette  eípéce  en  Cañada  , 
a.  qui  quelques  gens  pour  cette  raifon  ont  donné 
Je  nom  de  mer-.-e  de  clocke. 

M.  le  duc  de  Chaulnes  a dans  fa  colleaion 
elunoife  des  pierres  noires,  qui  étant  fufpendues 
par  un.  cordon  & ifolées  j rendent  un  fon  forc  & 
narmonieux  ^ loríq'Von  les  frappe  avec  un  mar- 
te-au.  Ce  font  des  morceaux  de  bafalte. 


CHALCOS.  Voyeq_  Chalcoüs. 

CKALQUE.  Voyeq^  Chalcoüs. 

CHALCOÜS  ^ Eréole  TaiTugon  ^ calcut , 
anclen  poids  de  i’Afie  & de  ITgvpte. 

M Paucton  l’évalue  en  pcids  de  FraiK-e  á i 

S-ain  ÍI!; 

II  valoit  en  poids  des  mémes  pays  i fitarions. 
Chalcoüs  _ 

Chalcon^  f monnoieancrencederEgypte 

Se  de  1 Alie.  V oye:^  Phollis. 


Chalcoüs  , poids  &■  monnoie  des  Grecs.  A 
Pauebon  I evalúe  en  poids  de  France  á a.  grains  , 


o - - ;■  . .... 

izs  i ^ £n  iBonnoie  á G den?ers  8c 
Oa  a parmi  Ies  médailles  d" Antioche  fur  P{ 


CHA 

reate , une  roédaiüe  de  bronze  fur  laquelTe  on 
lit  XA  A. , abrégé  de  xaak.cí;.  Elle  "péfe  4’ 
grains. 

CHALDÉENS.  Les  Ckaldéens  reconnoiíToiens 
un  dieu  fouverain  ^ auteur  de  toutes  chofes^  le- 
quet  avoit  etaoli  cette  belle  harmonie  qui  lie 
toutes  les  patries  de  Tunivers.  Quoiqu  ils  cruf- 
fent  la  matiére  éternelle  & préexiíhnte  á Po- 
pération  de  dieu  , ils  ne  s'imaginoient  pourcant 
pas  que  le  monde  fur  érernel ; car  lear  cofmo- 
gonie  nous  repréfente  notre  terre  comme  ayanc 
été  un  chaos  ténébreux^  oú  tous  les  élémens 
étoient  confondas  péle-méiej  avant  qu'elie  eút 
recu  cet  ordre  & cet  arrangement  qui  la  ren- 
dent un  féjour  habitable,  lis  fuppofoient  que 
des  animaax  monílrueux  & de  diverfes  figu- 
res avqient  pris  naiífance  dans  le  fein  informe 
chaos  3 & qu  lis  avoicnt  cte  loumis  a une 
femme  nommée  Omerca  ; que  ie  dieu  Belus  avok: 
coupé  cette  femme  en  deux  parties  j de  Pune 
defquelles  ii  avoit  formé  le  cíe!  & de  Pautre  la 
terre  j & que  la  mort  de  cette  femme  avoit 
caufé  celle  de  tous  ces  animaux;  que  Belus, 
avoir  formé  le  monde  & produit  íes  animaux" qui 
le  rempiiíTent,  s'étoit  fait  couper  la  tete  ; que 
les  hommes  Se  les  animaux  étoient  fortis  de  la 
terrejque  les  autres  dieux  avoient  détrempés  dans 
le  fang  qui  couloit  de  la  bleííure  du  dieu  Belus  , 
& que  c'étoit  la  raifon  pour  iaquelle  les  hommes- 
étoient  dqués  d’mtelligence  , & avoient  recu  iinc' 
portion  de  la  divinité.  Berofe,  qui  rapoorte  ceci 
dans  íes  fragniens  que  nous  avons  de  luí:,  Se  qui 
nous  ont  été  confervés  par  Syncelle , obferve  que- 
toute  cette  cofmogonie  rPeíl  qu’une  allégorie  myf- 
térieufe  j par  laqueile  les  Ckaldéens  expiiquoient 
de  quelle  maniere  le  dieu  créateiir  avoit  dé- 
orouille  le  chaos  & introduit  Pordre  parnrii  la 
confufion  des  élémens.Du  moins,  ce  que  Pon  voit 
a^travers  les  voilésde  cette  fiirpremnte  allégorie^ 
c eít  que  Phomme  doit  fa  naiífance  á dieu,  & que 
le  dieu  fupréme  sVtoit  fervi  d’un  autre  dieu  pour- 
forrner  le  monde,  (lette  doébrine  n’étoit  poinr 
particuliere  aux  Ckaldéens  : cVcoit  méme  une 
Opinión  univerfellement  recue  dans  tout  PO- 
rient , qu'il  y avoit  des  génfes,  dieux  fubalter- 
nes  & dépendans  de  Pétre  fupréme,  qui  étoient 
dillnbués  & répandus  dans  toutes  íes  parties 
de  ce  valle  univers.  On  eroyoit  qkil  nVtoir  pas 
digne  de  la  majeílé  du  dieu  fouverain  de  préfi- 
der  dire.ílement  aa  fort  des  nations.  Renfer.mé 
dans  lui-méme  , il  ne  lui  convenoit  pas  de  soc- 
cuper  des  penfées  & des  aétions  des  limpies 
rnortels  , mais  il  en  laiíToit  le  foin  á des  divi- 
nirés  locales  & tutélaires.  Ce  n’étoic  aufli  qu’en 
leur  honneur  que  fumoit  Pencens  dans  les  tem- 
ples, & que  couloit  fur  les  autels  le  fang  des 
vi^'mes.  Mais  outre  Ies  bons  génies  qui  s’ap- 
pliquoient  a ftire  du  bie.n  aux  hommes , les 
Ckatdéens  admettaieat  anflfi.des  génies- mai-íáí^ 


CHA 

fans.  Ceu5-lá  étoienc  formes  d*une  matiére  plus 
groííiére  que  les  bons^avec  lefqueis  i!s  étoient 
perpétueiíement  en  guerre-  Les  premiers  etoienr 
l’ouvrage  du  mauvais  principe , comme  les  autres 
rétoient  du  bonj  car  il  paroit  que  la  dotirine 
des  deux  principes  avoit  pris  naifiance  ea  Chai- 
dée,  d'ou  elle  a paffé  chei  íes  Perfes. 

Tels  étoient  vraifemblabíenieiit  les  myíleres 
«uxqueis  les  Ch^ldéens  avoient  fom  ce  n initier 
cif  un  petk  nombre  d’ adeptas , qui  devoienc  leur 
iuccéder^pouren  faire  paíTer  la  traámon  d'age  en 
ágejjufq'Lá  la  poílérité  la  plus  reculée.  II  n é- 
toit  pas  permis  aux  difciples  de  penfer  au-delá 
de  ce  que  lenrs  maitres  leur  avoient  appns. 
lis  pÜoient  fervilement  fous  le  joug  que  leur  im- 
pofoit  lerefpeít  aveugleqifils  avoient  pour  eux. 
Diodore  de  Sicüe  leur  en  fait  un  méritej  & les 
¿léve  en  cela  beaucoup  au-delfus  des  GrecS:,quij 
felón  lui , devenoient  le  jouet  éternel  de  mide 
opinions  diverfcs  ^ entre  lefquelies  flottoit  leur 
cfprit  indécis;  parce  que  dans  leur  maniere  de 

fienfer.  ils  na  vouloienr  erre  maicrifés  que  par 
eur  génie.  Mais  ii  faur  écre  bien  peu  philoío- 
phe  foi-mémej  pourne  pas  fentir  que  le  plus  beau 
privüége  de  notre  raifon  coníiíle  á ne  rien  croire 
par  l’impullion  d'un  iníliníl  aveugie  & mécha- 
niqueg  &:  que  c’eíl  díshonorer  la  raiion  que  de 
Ja  mettre.dans  des  encraves  jainíi  que  le  faifoient, 
les  Chniiécns. 

Voici  la  doSrine  que  les  Chaldéens  enfei- 
jnoient  publiquement  favoir,  que  le  foleij  , la 
June  8c  les  autres  adres  , & fur-tout  1«  planetas 
ctoient  des  divinités  qu’il  failoit  adorer.  Héro- 
dote  8c  Diodore  fo:it  ici  nos  garans.  Les  étoiles 
qui  forment  le  zodiaquej  étoient  pnncipalemenr 
en  grande  vénération  parmi  eux,  fans  préjudice 
du  foleii  Se  de  la  lune , qu’iis  ont  roujours  re- 
gardés  comme  leurs  premieres  divinités.  Ils  ap- 
peloient  le  foleii  B¿lus  , 8c  donnoient  a la  lune 
Je  nom  de  N'io;  quelquefois  aulTi  ils  I’appe- 
loient  Iscrgal.  Le  peuple  croyoit  bonnement  que 
la  divinité  réíidoit  dans  les  adres , 8c  par  con- 
féquent  qu'ils  étoient  autant  de  dieux  qui  meri- 
toient  fes  hommages.  Pour  Ies  fages  &;  les  phi- 
Jofophes  du  pays , ils  fe  contentoieat  d y placer 
des  efprits  ou  des  dieux  du  fecond  ordre  , qui 
en  dirigeoient  les  divers  mouvcmens. 

Ce  principe  une  fois  étabii , que  les  adres 
étoient  des  divinités , il  n'en  fallur  pas  davan- 
tage  aux  Ckaliéens  pour  perfuader  au  peuple 
qudis  avoient  une  grande  influence^  fur  le  bon- 
heur  ou  le  malheur  des  humains.Delá  ed  née  i’af- 
trologie  judiciaire,  dans  laquelle  les  Chaldeens 
avoient  la  réputation  d’exceÚer  li  fort  entre  les 


CHA 


751 


autres  nations , que  tous  ceux  qui  s y 


didin- 


giioient  s'appeloient  Ckaldéens que  fut  leur 
patrie.  Ces  charla tans  s'étoient  fait  un  art  de  pré- 
dire  Pavenir  par  l’infpeclion  du  cours  des  adres  , 
■oú  ils  feignoier.t  de  lire  Penchainement  des  delti- 
nées  huiaaiiies.  La  crédulité  des  peapks  fauoic 


toutclear  fcience;  carquelies  liaifons  pouvo¡ent- 
ils  appercevoir  entre  les  moavemens  regles  des 
adres  8c  les  évenemens  libres  de  la  volonté? 
L'avide  curioíité  des  hommes  pour  percer  dans 
l’avenir  Sc  pour  prévoir  ce  qui  doit  leur  arnver, 
ed  une  maladie  auíli  ancienue  que  le  mona;  meme. 
Mais  elle  a exercé  principalemeiit  fon  empire  cnez 
tous  les  peuples  de  1 Orienc , dont  on  fait  que 
Fimagination  s'aliume  adement.  On  ne  fauroit 
croire  jufqu'á  quel  excés  elle  y a éte  portee  par 
les  rafes  Se  les  artifices  des  prétres.  L’adrolo- 
gie  judiciaire  ed  le  puilTant  ftein  avec  lequel  oa 
a de  tout-tems  gouverné  Fefprit  des  Orientaux. 
Sextus  Empiricus  declame  avecj>eaucoup  de  fbr^ 
3c  d'éloquence  contra  cet  art  rtivole  , íi  mneíce 
au  bonheur  du  gente  humain  , par  les  maux  qu  il 
produit  néceííairement.  En  eífet,  les  Chaldecitc 
rétréciífoienr  Fefprit  des  peuples.,  & les  tenoient 
indígnsment  coutbes  Tous  un  joug  de  rer 
leur  impofoit  leur  fuperdition  ; il^  ne  leur  etoit 
pas  permis  de  faire  la  moindre  demarche  , fans 
avoit  auparavant  confuiré  les  augures  8c  íes  aiuf- 
pices.  Quelque  crédules  que  fuífent  les  peuples  , 
il  n’étoit  pas  poííible  que  i impodure  de  ces 
charlatansde  Chaldee  ne  trahit  8c  ne  decelat  tres- 
fouvent  la  vanité  de  Faftrologie  judiciaire.  Sous 
le  confulat  de  M.  Popillius,  8c  de  Cneius  (^.a;pur- 
nias , il  fut  ordonné  aux  Chaldéens  , par  un  edit 
du  préteur  Cor.  Hifpallus  de  fortir  de  Home  & 
de  toute  Fkalie  dms  Fefpace  de  dix  jours;  8^  Il 
raifon  qu’on  en  donnoit , c'ed  qu'ds  abafoienc 
de  la  orétendue  connoidance  qu  iis  fe  v^airtoient 
á'avoiV  du  concours  des  adres^pour  tromper  des 
efprits  foibíes  8c  crédules,  en  leur  perfuauant 
que  tels  evénemens  de  leur  vie  étoient^  ecnts 
dans  le  ciel.  Álexandre  lui-méme,  qui  d'abord 
avoit  eré  prévenu  d’une  grande  edime  pour  Ies 
Chaldkns,  la  leur  vendit  bien  cher  pariemnd 
mépris  quil  leur  porta,  depuis  que  le  phtlofo- 
phe  Anaxarque  luí  eut  fait  connoitre  toute  la 
vanité  de  Faftrologie  judiciaire.^ 

Ouolque  Fadronomie  ait  ete  fort  en  honneur 
chez  les  Ckaldéens  , qu  ils  1 ayent  cultivée  avec 
beaucoup  de  .foin,  ií  ne  paroit  pourtant  pas 
QU  elle  eut  fait  parmi  eux  des  progres  coníide- 
rables.Ouels  adronomesene  desgensqmcroyoient 
que  Ies  éclipfes  de  la  lune  provenoient  de  ce  que 
cet  adre  teurnoit  Tcrs  nous  la  parné  de  fon 


foleii : ou  avoient-ns  — 

redre  feroit  confumé  par  les  fíammes  , Ims  de 
iTcLionclion  des  adres  dans  le  ligne  de  1 ecre- 
viíD  , & ou'il  feroit  monde  fi  cette  conjonuioa 
arrivoit  dans  le  figne  du  captrnorne  : Cependant 

c,  Srioní 

rriín”?  r;«=»  efli™  p»a¡- 

eieufe^GU  on  avoit  conque  pour  leur  srand  .av oír 


CHA 

que  fur  ce  q’a%  font^réparés  de  nous  par  une  Ion- 
gt:e  íLiire  ce  iitrcles.  i ou:  tlcígneirenr  £Íi  en  drok 
ee  nous  en  impoíer. 

^ L envíe  de^  paíler  pour  les  plus  ancíens  peu- 
p¡es  da  monde 3 eíi  une  manie  qai  a été  com- 
niune  a toutes  íes  nations.On  diroit  qu^^elles  s’irna* 
ginent  valoir  d autant  mieux  ; qu’elies  ceuvent 
remonter  plus  haur  dans  Tanquité.  On  ne*  íar.ro-'r 
cro!re  combien  de  réveries  & d'abíurdicés  ont 
ete  defcitées  a ce  fujet.  Les  Ckaldcens  ^par  exem- 
p^e  ^ pretendoient  qu’au  tems  oú  Alexandre  vain- 
qu^ur  de  Oarius  prít  Babylone  ^ il  s^écoíc  écoLdé 
quatrecens  fojxante  & dix  miüe  années  a comp- 
tei  depu’s  les  tems  oa  i'aítronomie  fieuriffoit 
dans  ia  Chaidée.^Cetre  longue  fupputadon  d'an- 
nees  n a point  la  preuve  dans  i'hilloire  > mais 
feuiement  dans  l'imaginanon  échauíFée  des  Ckcl- 
í aT’  Calliíihéne  ^ á qai  le  pr-écepteur 

a Alexandre  avoit  menagé  une  entrée  á la  cour 
de  ce  prince  , & quj  fuivoit  ce  conquérant  dans 
fes  expedidons^  militaires  , envoya  á ce  méme 
obfervations  qu’il  avoit  trcuvées  á 
Babylone.  Or  ces  obfervations  ne  montoient  pas 
au-ckia  de  mille  neuf  cens  trois  ans ; & ces  miile 
trois  ans  j fi  on  les  fait  commencer  á 
lannée  4383  de  la  période  Julienne:,  oii  Baby- 
lonne  fut  prife,  remonteront  á Tan  2480  de  cette 
penode.  Si.  les  Ckaldéens  avoient  eu  des  obfer- 
vations  auffi  anciennes , comment  fe  peut-il  faite 
que  Ptolomée  , cet  aftronome  fi  exad^n^en  ait 
poinc  fait  mention  & que  ia  premiére  dont 
^ parle  tombe  á la  premiére  année  de 
Merdochai  j roí  de  Babylone  Jaquelle  fe  trouve  j 
erre  dai«  la  vingr  - feptiéme  année  de  Tere  de 
l^aoon'alíár  ? II  réfulte  déla  que  cette  ptéren- 
due  antiquité  que  les  Ckaldéens  donnoient  á 
leurs  obfervations^  ne  mérite  pas  plus  norte 
croyance  que  le  témoignage  de  Porphyre  , qui 
luí  fert  de  fondement.  11  y a plus,  Epigéne  ne 
craint  point  d avancer  que  Ies  obfervations  añro- 
nomiques  qui  fe  trouvoient  inferites  fur  des 
criques  cuites  qu  on  voyoit  á Babylone  , ne  re- 
montoient  pas  au-delá  de  720  ans  5 & comme 
H ce  tems  ent  été  encore  trop  long  ,Bérofe  & 
Lritodeme  renferment  tout  ce  tems  dans  refpace 
de  480  ans. 


CHA 


Aprés  cela,  qui  ne  riroit  de  voir  les  Ckaldéens 
BOUS  repréfenter  gravement  leurs  obfervations 
aíiipnomiques , & pous  les  apporter  en  preuve 
de  Jeur  grande  antiquité  5 tandis  que  leurs  pro- 
pres  auteurs  leur  donnent  le  démenti , en  les 
lenrermant  dans  un  fi  court  efpace  de  tems  ? 
lis  ont  apparemment  cru , fuivant  la  remáteme 
de  Eactance,  qudi  leur  étoit  libre  de'mentir,'en 
imagmant  des  obfervations  de470cooans  ; parce 
qu  lis  etoient  bien  súrs  cu’en  s'enfoncant  fi  fort 
dans  . antiqaité,  il  ne  feroit  pas  poífible  de  les 
pas  Vait  attention  que 

toas  ces  ca,culs  n operent  dans  les  efprits  une  1 


vraie  perftiafion  , qu'autant  qu’on  y attache  des 
faits  dont  la  réaüté  ne  foit  point  fufpeáe. 

Toute  chronologie  qui  ne  tient  point  á des 
faits,  rfeíl  point  hiríorique,&  par  conféqaenc 
ne  proave  ríen  en  fiveur  de  fantiquicé  d^uné  na- 
tion.  Quand  une  fois  le  cours  des  afires  m'eft 
connu , ;e  puis  prévoir , en  conléquence  de  leur 
marche ,_aíTuiett!e  á des  mouvemens  uniformes 
& réguliers,  dans  quel  tems  & de  qiielle  ma- 
niere ils  figureront  enfemble  , foit  dans  leur 
oppolition,  foit  dans  leur  conjonélionj  je  puis 
éjalemenr  rae  repüer  fur  les  tems  paíTés , ou 
rnVvancer  fur  ceux  qui  ne  font  pas  encore  ar- 
rivés ; & franchiífant  les  bornes  du  tems  oú  le 
Créateiir  a renferiné  le  monde,  marquer  dans 
un  tems  imaginaire  les  infians  précis  oú  teis  ou 
tels  afires  feroient  écHpfés.  Je  puis,  á i’aide  d'un 
calcul  qui  ne  s'épuifera  jamáis  , tant  que  mon 
efprit  voudra  le  continuer,  faite  un  fyftéme 
d'obfervations  pour  des  tems  qui  n’ont  jamais 
exiñé  ou  méme  qui  nexifieronr  jamais.  Mais 
de  ce  fyfiéme  d'obfervations  pure'ment  arbi- 
traire,  il  n'en  rérultera  jamais  que  le  monde  ait 
toujours  exilié , ou  qu^l  doit  roujours  durer. 
Tei  eíl  le  cas  oú  fe  troiiyent  par  rapport  a nous 
les  ancíens  Ckaldéens , touchant  ces  obfervations 
qui  ne  comprenoient  pas  moins  que  470000  ans. 

Si  je  voyois  une  fuite  de  faits  attachés  á ces 
obfervations  & qu'iis  rempiilfent  tout  ce  long 
efpace  de  tems , je  ne  pourrois  m'empécher  de 
reconnoítre  un  monde  réellement  fubfíftant  dans 
toute  cette  longue  durée  de  fiéclesj  mais  parce  que 
je  n’y  vois  que  des  calcuis  qui  ne  trainent  aprés 
eux  aucune  révolucion  dans  les  chofes  humai- 
nes  , je  ne  puis  les  regarder  que  comme  les  re- 
venes d’un  calcuiateur.  (Tout  cet  árdele  efi  pris 
de  L Encyclopédie. ) 

Les  Ckaldéens  paíToient  dans  rantiquicé  pour 
les  inventeurs  de  raftronomie  , & lis  étoient 
fort  adonnés  non  - feuiement  á cette  fcience, 
mais  encore  á Tafirologie,  á la  divination,  &c. 
C"eft  pour  cela  que  Chaldéen  , dans  Técriture  & 
dans  les  auteurs  profanes,  efi  la  méme  chofe  que 
mathématicien  , afirologue , difeur  de  bonn« 
aventure , faifeur  d’horofcope, raagicien, comme 
on  le  peus  voir  dans  Daniel,  il,  2,4,5’, 
iVj  7,  V,  n°.  7,  II 5 dans  Cicéron,  de  Divin  , lib. 
I^n.  X,  31  é lih.  í/,  n.  42,  87  & lih-  rf , t.  42, 
87,  & lib.  I.  Tufcul.  qus.ft.  n.  95.  Strabon  , lib. 

VI.  Aulu-Gelle,  I.  ck.  9.  & liv.  xiv.  ch.  Ij 
Suétone,  d.ans  Viteüias,  ck.  145  S.  Jetóme,  fur 
Daniel , ch.  1 1 , Juvén.  fat.  x.  verg.  94. 

II  ne  refie  aucun  monument  des  Ckaldéens  , 

M.  de  Paw  en  donne  ( Reck.  fur  les  ±.gypt.  & les 
Chin.  t.  2.  p.  do.)-  la  raifon  íuivante. 

c<  Sfil  y avoit  eu  dans  la  Chaldée  des  confiruc- 
tions  auíli  folides  que  ce'les  de  TEgr^pte,  il  en  ref- 
teroit  des  ruines  prodigieufes  ; ipais  comme  on  y 
a báta  avec  des  briques  & du  bitume  , toutes  íes 
parties  les  plus  clevées  ont  du.  aécefikirement  s'é- 


CHA 

eroukr,  8í  ce  n’eft  qu’á  quelques  pieds  au-defíl-s  i 
des  fondeir.ens  oii  rhutnidiré  a confsrvé  la  rcrce  ; 
& la  ténacité  du  bitiime,  qu  op  découvre  encore  | 
quelques  redes  de  rnaco¡iner:e , comme  en  cet  ; 
endroit  qu’on  prsnd  pour  1 einpiacemer.c  du  tern-  ; 
pie  de  Bélus.  Ce  font  la  des  chofes  qui  ne  me-  i 
rltent  poinr  qu^on  en  parle.  E)  aillems  dans  queiS  ¡ 
cabiners  de  TEurope  a-t-on  jainais  poiieue  des 
ñatues  ou  des  monumens  Chalda'iques  ? == 

CHALINiSTE  furnom  que  I on  donnoit  á 
la  déeíTe  Minerve  á Corinthe,  ou  elle  avoit  un 
temple , Sr  oü  elle  étoit  adorée  en  mémoire  de 
la  bride  ou  elle  avoit  mife  áPégafe,en  faveur 
de  Beliérophon.  Ce  furnom  vient  de^  , 

freinj  d'ou  cette  déeffe  fut  auíli  appelée 
lis  ou  Frenacrix.  Le  corps  de  la  ftatue  étoit  de 
bois,  le  vifage.  Ies  pieds  & les  mains  de  pierre 
blanche.  (Paufanias  , Corintihac.  c,  jv-^ 

CHALEME Aü  cet  inftrument  paffe  pour  k 
premier  inñrument  á vent  dont  on  ait  fait  ufage. 
C'étoit  un  rofeau  percé  á dififérentes  diftances. 
On  en  attribue  Finvention  aux  Phrygiens^  aux 
Lybiens_,aux  Egyptiens  , aux  ArcadienSj  & aux 
Siciiiens : ces  origines  diíférentes  viennent  de  ce 
que  celui  qui  perfeétionnoir j paíToit  ala  longue 
pour  celui  qui  avoit  invente.  C eft  en  confe- 
quence  qu’on  lit  dans  Piinejquele  Chalumeau. 
fut  trouvé  par  Pan,  la  Flute  courbe  par  Aiidas^ 
& la  Flute  double  par  Marfias. 

CHAMBELLAN.  Cet  oSícier  portoit  différens 
nonas  chez,  les  Romains.  Onlappeloit  Pr&poJ!tu^ 
Cubículi  ^ Cubicularios  , Thatami  cujios.  Ii  en  eii 
fouvent  queftion  dans  FambaíTade  de  Philon  a 
Rome,  auprés  de  Caligula,  dans  Ammien  - Mar- 
cellin  fxiv.  II.  & XXII.  4.  ).  Hononus  & Theo- 
dofe,  attribuérent  de  grands  pnviiéges  a la  di- 
gnité  de  Ckambellan,  & ils  1 egalerent  a celk  oes 
Préfets  du  prétoire  & de  la  ville.  Le  grana  cAuot- 
bellan  étoit  le  chef  des  Ckambellara  ordinaires  5 
mais  il  n’exercoit  fur  eux  aucune  jurifdiéiion  , 
parce  qudls  dépendoient  immédiaternent  du  mai- 
tre  des'offices.  Ce  premier  officier£toit  exempt  de 
toutes  charges  ou  itnpofitions- 

Sous  íerégnedesPaléologues^  le  grand  Cham- 
bcllan  portoit  un  chaperon  bordé  , un  manteau 
de  pourpre  , une  tunique  jaune  , fur  laqu..iie 
étoiént  repréfentés  en  broderie  par  devant  i em- 
pereur  debout , & par-derriere  1 empereur  ailis 
fur  un  troné.  Son  fceptre  étoit  de  bois , avec 
le  premier  noeud  d’or  pur  ^ & les  autres  recou- 
verts  d’or  & d’argent ; c eft  ainíi  que  le  depemL 
Sophotate  Curopalate. 

CHAMBRE.  Quoique  cet  article  appartienne 
au  Dictionnaire  d’Architeéiure  , noñs  croyons 
cependant  devoir  rapporter  ici  le  paffage  fuivan.. 
de  V/inckelmann  , qui  fervira  a 1 expiica.ion  de 
pluíieurs  paflages  d’auteurs  anciens , reiauís  a la 
forme  des  Chambres.  ... 

“ Je  ne  ferai  pomt  ( dit  AVincxeimann  j dans 


c H A 733 

fes  recherches  fur  Farchitecture  j de  rccherc’nes 
fur  les  Chambres  des  anciens . & je  ne  citerai 
point  ce  qa’on  en  trouve  dans  les  anciens  écri- 
vains  j parce  que  cela  a céjá  éíé  dít  en  grande 
partie  5 8c  qa’on  ne  pcut  en  donner  une  idee 
exaCie  fans  planches.  Je  me  cnntenterai  done  de 
parler  de  ce  que  j’ai  vu  moi-méme.  Les  Cham- 
bres des  anciens  , 8c  particuliérement  celles  oñ 
ils  couchoient  étoient , pour  la  piupart  , voútées 
par  le  haur,ainli  que  Varron  nous  i apprend  : 
( Conf.  Scalig.  Conjeci.  in  Karron.  ¿ib.  vri,  p. 
173.)  c’étoic  de  cette  maniere  qu’étoit  faite  celle 
que  Pline  ( ¿ib.  n , ep.  1- , p.  i^o,  ed.Lugd. 
i6bc¡.  8'^.)  décrií  dans  fon  Laurer.tumi  & Fon  foup- 
qonne  que  de  pareilles  Chambres  , trouvées  aii 
fecond  étage  de  la  Villa  Hadner.ne , etoient  des- 
Ckambres  á coucher , parce  qu  il  y avoit  une 
grande  niche  qui  fervoit  d’alcove,  5c  dans  laquelle 
étoit  place  le  lit.  Les  Chambres  de  Piine  avoient 
des  fenétres  toat  aiitour ; daos  i une  ceper.aanc 
le  jour  tomboit  d’en-haut  par  une  oaverture  qui 
fe  fermoit  fans  doute  pendan:  la  nuit.  » 


cc  II  paroit.  parles  ruin 
de  Fancien  Tufculum  , 
bres  d’une  magniñqu 


s de  la  Villa  Hadrienn: 
fi  ^ 

mal  fon  d 


atníi  que  par  ¡es  Ckam- 


campagne^  pros 


la  ville  d’Hercuianurn  . ou  i on  a trouve  la  p-ius 
grande  nartie  des  buftes  de  maibre_8c_de  bronze 
qui  font  dans  le  caDinet  ue  Portici;  u paroit , 
dis-je  , par  ces  Chambres  , que  calles  des  anciens 
étoient  fort  petites.  Celle  dans  laquelle  s’eittroii- 
vée  á Herculanum  la  biDliothcque  ^ compofée  de 
plus  milla  rouleaux  cíe  livras^  étoit  fi  petite  , 
qu’en  étendant  les  deux  bras,  on  pouvoit. pour 
ainfi-dire,  toucher  Fuñe  & Fautre  muraiFie.  Dans 
la  maifon  de  campagne  de  Tufculum,  il  avoit 
une  petite  Chambre  i ceqüireroit 

avec  une  féparation 
particalicre  , faite  d 
cette  maniere  , _ 

extérieure  que  fe  tenoient  les  domeíliques-  _A  étom 
la  porte  de  la  chambre  , 8c  B la  porte  d’entrée 
de  la  divifion  intérieure,  qui  étoit  faite  avec  une 
muraille  fort  minee 


■a! 


i 

!- 

n 

B 

croire  oue 
c’étoitTdans 


a divíiion 


CHAMBRES  GARNÍES  ( louer  des  ) , s’ap- 
peloit  Ccenaculariam  faceré  y Sc  .1  on  nommoit 
CgenacülaRIUS  celui  qui  en  oceupoit  une. 

CKAMEAü.  Les  Aliatiques  fe  fervoient  cíe 
Chameaux  dans  les  armées  8c  dans  les  combats. 
Les  Romains  en  virent  pour  la  premíete  íois 
dans  les  armées  d’Antiochus.  Néron  (Suét.  c.  il. 
n 3 & Eiagabale  (Lampr.  c.  23  ) , fírent  ^a- 

roitre  dans  les  jeux  du  cirque  des  chars  atteies 
de  quatre  Chameaux. 

Eiagabale  vculant  imiter  le  gourmand  Apl- 
cius  manaeoit  fouvent  des  ragoúts  faits  avec 
d»s  alonsde  Chameau,  8c  des  cretes  arracnees  á 
des  coqs  vivaos  (^Lampriá.  Heiiog.  c.  ip.  ')■.  ■ co- 
medie ftpius  ad  imitationcm  aápicu  ca.canea  cp- 
melorum  & crifeas  v'ivis  gallinaceis  iemptas.  He- 


734  CHA 

rodien  ( iv.  if.  8.)  aflure  qus  ces  talons  font 
tendrás  üc  déiicats. 

Les  a:¡dens  tiroient  du  Ck^meau  unefubftance 
pías  atile;  détoit  le  poiU  dont  i!s  faifoient plu- 
llears  fortes  de  tiíius  , comme  on  le  prariqae 
encore.  On  fait  qae  ces  tiñas  ont  été  appelés 
camclots  ^ dans  le  tenis  ou  ils  n'étoient  remplis 
que  de  poií  de  Ckameau.  Mais  ce  q'LEIien  rap- 
pcrte  au  ünet  de  ce  poil  (HLL  l-  17-  c.  34.yj 
noas  doit  paroitre  fort  extraordinaire  ; il  aíTure 
que  ks  Habitans  des  rives  de  ia  mer  Cafpienne 
avoient  une  efoéce  de  Ckameaux  égaux  en  hau- 
teur  aux  plus  grands  chevaux,  dont  le  poil  étoit 
auíu  doux  que  !a  lair.e  des  brebis  de  Milet  ^ & 
que  les  prétres  & les  grands  en  compofoient 
leurs  vétemens.  11  faut  fins  doute  reconnoítre 
ici  le  Lama,  qui  repréfente  dans  l'Amérique  le 
Chameau  de  f Áíie , & qui  habite  Ies  cordillié- 
res  Sr  les  pays  froids  ^ tels  que  le  font  les  bords 
de  la  ir.er  -Cafpienne. 

ChameAü  (k)  fiir  Ies  inédailleSj  eñ  le  fyin- 
bo-'e  de  TArabie  (Joiert).  II  fe  trouve cependant 
fur  les  médailks  de  quelqtf.iatre  peuple,,  comme 
fur  calles  de  la  famille  Fliutia  , fur  iaqaelk  on 
volt  une  tete  de  femfiie  avec  une  coiironne 
múrale  , A.  Flautius.  aed.  cur.  s.  c.  Et  au 
revers  dans  le  champ  1vd..€'JS i,  dans  I'exergue 
Eacchius  j 8c  pour  type  un  homnie  a genoux 
qui  tient  de  ia  main  gauche  un  Chamean  par  la 
bride,  & qui  tient  de  la  droite  une  painie. 
C'eír  aiors  un  figne  á'aiiiance  avec  TArabié. 
(Begcr.) 

CHAKíOS  , dieu  des  Moabites  , á qui  Salo- 
men eleva  un  temple  pour  plaire  á une  de  fes 
femmes  qui  étoit  de  cette  nation.Voflius  {de  idol. 
iS.)  a cru  que  c’étoit  le  Comus  des  Grecs  & des 
ílomains. 

CHAMP,  étoit  un  lieu  ouvert  dans  ia  campa- 
gne,  oú  les  jeunes-gens  s’affetnbloient  pour  faire 
leurs  exercices,  pour  y célébrer  certains  fpeéia- 
clcs , &c.  & oú  les  citoyens  tenoient  auífi  leurs 
comices,  ou  les  aíTembiées  dans  lefquelles  il 
f'agiiToit  de  déiibérer  de  queique  afraire  publique. 
Oncomptoit  á Rome  un  gran  d nombre  de  Ckamps: 
il  y avoit  le  Champ  d’Agrippa , le  Champ  Bru- 
ñen , le  Caudetan  , le  LaTtatarias  , le  Martius  , 
le  Pecuarias  , le  SeCarius , Is  Vimmalis  , 8cc. '■) 
mais  par  le  nom  de  Champ  addition,  on  cn- 
tendoít  touiouTS  le  Champ  de  Mars. 

Le  Campus- Agonius  étoit  íitué  entre  la  vallée 
Murcia  2e  le  cirque  de  Flaminius  : ce  n'étoit  qu’un 
marché. 

Le  Champ  d’Agrippa  étoit  dans  la  feptiéme 
tégion  de  la  ville,  entre  le  capitolc  & ce  qu‘“on 
appelle  aujourd’hui  le  Collége  Romain. 

Le  Champ  Bruñen  OU  Brytien  étoit  dans  la 
cuatorziéme  región  de  la  ville,  au  Janicule,prés 
d'a  fauxbourg  Brutianus , á peu  de  diñance  des 
murs  de  la  ville.  II  avoit  été  ainu  aomnié  des 


CHA 

f Brutiens,  oUjComme  d'autres  ieprctendent,d’ua 

j Brutus  qui  Tavoit  fait  orner. 

I Le  Cadetanus  fe  trouveit  auífi  dans  la  qua- 

I torzisi-ne  región,  & avoit  été  áiníi  nommé  d’un 
petit  bouquer  de  bois , entre  lequel  on  imagina 
queique  reííémblaace  avec  la  forme  de  la  queue 
dhin  chevai. 

Le  Ceñimontanus  étoit  dans  la  feconáe  región  j 
on  en  ignore  la  place , a moins  que  ce  Champ 
n’air  été  k méme  que  k Campus  Manialis. 

U Ef Quilinas  c'io'.t  i-i-VíS  la  cinquléme  región  , 
au  haut  du  mont  EfquiIin,oú  i’on  étoit  dans 
Tufage  d''enterrer  la  pqpulace  & ks  pauvres : 
P antolabam  feurram  , Nomentanumque  nepotem. 
Le  Champ  Efqailin  fut  hors  de  la  ville  iufqu'au 
tems  de  Servias  Tuliius,  fous  lequel  il  y fut 
réuni  : on  y eleva  dans  la  faite  des  édifices , & 
Mécéne  finir  par  en  faire  fes  jardins , ainfi 
qu  Horace  noiis  Tapprend  dans  la  fatyre  Olim 
truncas  eram,  &c.  oú  fon  volt  encore  que  c’étoit 
la  que  les  magiciens  alloient  faire  leurs  incanra- 
tions  noéiurnes. 

Le  Figulinas  étoit  dans  la  treiziéme  región , 
entre  le  Tibre  & le  mont  Aventin  :il  aprisfon 
nom  des  potiers  qui  habiroier.t  ce  quartier. 

Le  Campus  Flors,,o\X  Champ  de  Flore  , étoit 
dans  la  neuviéme  región  : ce  fut  la  qu’on  bátit 
le  théátre  de  Pompée  5 on  y publioit  les  loix  , 
les  édits  & les  réglemens  du  fenat;  on  y célé- 
broit  les  jeux  appelés  jíora/zb,  en  l’honneur  d’unc 
des  affranchies  de  Pompée , d’oú  il  fur  appelé 
Campus  Flore. , ou  d’une  courtífane  de  Tancienne 
Rome  qui  avoit  amafie  aíTez  d’argent  pour  fon- 
der  des  jeux  en  fa  méraoire.  Dans  la  fuite  des 
tems  , la  gravité  romaine,  ofFenfée  de  ces  fétes, 
tacha  d’en  abolir  ía  honre  en  Ies  perpétuant,non  en 
rhonneur  de  la  courtífane -mais  de  la  déeíTe  des 
fieurs;  cependant  les  jeux  continuérent  toujours 
a fe  reíléntir  de  leiir  premiére  inñitutiop,  par 
la  liberté  des  aébons  & des  paroles  qui  y re- 
gnoit. 

Le  Campus  Horañorum ; on  n^’en  connoit  pas 
la  place  : c’étoit  peut-étre  l’endroit  du  combar 
des  íioraces  & des  Curiaces. 

Le  Campus  Jovis , c’eft,  felón  quelques-uns  , 
le  méme  que  le  Campus  Martius-major , ou  .íu- 
piter  vengeur  avoit  en  effet  fon  temple  : 
tres  au  contraire,  veulent  que  ce  fut  le  Cam- 
pus Martius-minor,  oú  il  y avoit  luie  ñatue  co- 
loñale  de  Júpiter. 

Lt  Lanatarius  étoit  dans  la  douziéme  región; 
i!  fut  ainfi  nommé,  á ce  qu’on  dit,  des  rnarclMnds 
de  laine  qui  y étoient  établis  ou  qui  s y aflem- 
bioicnt.  , 

Le  Campus  Manialis  étoit  dans  la 
región,  fur  le  mont  Ccelius  ; ii  fut  nomme 
tiaiis  de  Mars,  dont  on  y célábra  les  equina  » 
lorfque  le  Champ  de  Mars  fut  inonde  pa*  ® 
tibre.  C’eft  aéluellement  la  placs  qui  cft  devalan 
l’égiife  de  S.  Jean  de  Latran. 


C H A 

Le  Cjmf  us  M^rtius  , Ckamp  de  M-jrs  , C:UÍ  fe  ! 
Bonimoic  par  excsl’ence  Larr:p:¿s  , oa  Cú;npu.s 
M^niii¿-n2¿ijcr ie  uiííinguer  du  Car:;puslyx^7-- 
iii^s-mir.or,  éccit  diiis  ia  neuvic~;e  región  ^ li 
fut  confacré  á Mars  par  Romulus  mémejfai- 
vant  quelqaes  - uns  j i¿  fuivant  d’autres  , par  le 
peisple  , aprís  lexpuiñon  deTarquin,  ie  íuperbe, 
qui  fe  fétoic  approprié  & qui  le  faifoit  cuinver. 
Quoi  qa  ii  en  foit , ce  n’étoit  daris  les  commen- 
eemens  qa'une  prairie  oú  la  jeunelTe  romaine 
ailoit  s’exercer , & oú  i'oa  faifoit  paitre  les  che- 
vaux.  Les  romains  en  firent  dans  la  luite  un  des 
principaux  lieux  de  leurs  aífemblées  ^ & un  des 
eniroits  de  Rome  les  plus  remarquables  par  les 
décorations.  II  s’étendoit  depuis  la  porte  FLamínia. 
jufqu'au  Tibre  , & comprenoit  ce  qu’on  appelle 
aujourd’hui  la  place  Borgkeje  , le  Panthéon  , les 
places  di  Carlo-Farnefe  , di  Ponti , di  Navorze  , 
Nicofea,  &c.  avec  la  longue  rué  di  Scrofuy  & Ten- 
trée  du  pont  S.  Angc.  11  étoit  hors  de  la  ville  j 
Jules-Céfar  eut  le  deflein  de  Ly  renfermer ; mais 
Aurélien  paíTe  pour  l'avoir  exécuré  , en  ccncíui- 
fant  les  murs  de  la  vilie  depuis  la  porte  Coiinne 
jufqu’au  Tibre.  Ce  champ  étóit  trés-agréable  par 
fa  íituation  ; c’étoir  le  lieu  des  exercices  militai- 
res.  On  y lattoit  , & lorfque  les  jeunes  gens 
étoient  couyerts  de  fueur  & de  pouüiére  ^ iís  fe 
jetoient  dans  le  Tibre  qui  l’arrofoit.  C'étoit-lá 
que  fe  tenoient  Ies  cómicas  ou  afíemblées  gené- 
rales du  peuple.  Pluíieurs  grands  hommes  y 
avoient  leurs  fépultures.  Les  llatues  y étoient  íi 
nombreufes  , que  pour  en  peinare  TtSet,  les 
auteiirs  ont  dit  qu'on  les  eút  prifes  de  loin  pour 
une  armée.  L’empereur  Auguiíev  avoit  fon  tom- 
beau.  II  étoit  encore  remarquable  par  un  obélif- 
que  j furmonté  d"une  boule  dorée  qui  fervoit  de 
gnomon  á uii  cadran  folaire.  Cet  obélifque  ^ 
aprés  avoir  relié  pendant  plufieurs  fiécles  eale- 
veli  fous  les  ruines  de  Tancienne  Rome  ^ &c  fous 
les  maifons  de  la  Rome  nouvelle , fut  relevé  par  les 
foins  de  Benoit  XIV’.  Ce  pontife  acheta  routes 
les  maifons  qui  k couvroient^  & le  rétablit  dans 
fon  ancienne  fplendeur.  Le  Campus  Manias  com- 
prenok  différens  portiques  , la  Villa-Publica  , le 
Panthéon , les  Thermes  Xéronrens  , les  Thermes 
d’Agrippine  , le  théatre  de  Pompée  , le  cuque 
Flaminien  , la  colonne  d' Antonio  , la  baíihque 
d’Antonin  le  Diribitorium  , differens  terrples  , 
& une  Iníiniré  de  chofes  reniarquables.  C’eft 
aujourd^hui  lui  ¿és  quartiers  de  Rome  les  plus 
babirés. 

Le  Campus  Miartius  mánor  étoit  une  patrie  au 
Campus  Martius  major , & la  mén:e  choíe  que  le 
Campus  Tiberinus  , cus  avoit  éré  c.-onné  au  peuple 
par  Caía  Tatatia  ; H s'étend  .it  depuis  le  pont 
Janicate  > ou  , fuivant  le  nom  moderne  , depuis 
le  pont  'de  Sixte  iuftaau  pontS.  .Auge.  Cet  endr.oit 
eíl  auia  Gouvert  de  maifons.- 

Le  Campus  Ocluvius.  On  n’én  fait  pas-la  peíiri'cní. 
6íi  conjeAare  feukment  que  ce  champ  fut  aisíi 


c 

H 

<1 

73  5 

nomraé 

par  Augufte 

en 

inénicire  de  fa  fc£ut 

Oéravie. 

Le  Cu 

mpus  Pecuari 

¿¿s  c* 

oit  dans  la 

ECHvisme 

région. 

11  étoit  ainíi 

aDpek  du  com 

merce  ¿es 

belliaux 

’^ui  s'y  faifoi 

• 

Le  Cú 

mpus  P.CCÍCUÍ 

i étO 

-t  devant  ia 

porte  Ca- 

pé.ne  5 ce 

fut  dans  cet 

endroit  cu'Annib 

>al  campa  3 

íorfquhl 

fe  fat  app; 

oche 

de  ilome 

avec  fea 

armée. 

Le  Campus  Sceleratus  ét 

oit  dans  la  í 

txieme  ré— 

gion  j á peu  de  diílance  de  la  porte  C o Hiñe.  11 
y avoit  la  un  fouterrein  dans  lequel  on  defcen- 
doit  Ies  vefíaies  convaincues  d’avoir  peché  contre 
leurs  vceuxj  ellesy  étoient  enterréestoutes  vives. 
Ce  fouterrein  ne  fervoit  qka  cet  ufage. 

Le  Campus  Tergeminoram  étoit  place  j feloit 
queiques-uns , dans  la  onziéme  région , & fui- 
vant dkiitreSi  dans  la  treiziéme.  II  étoit  ainíí 
appelé  déla  porte  Tergcmina de  laquelle 
étoit  Tendroit  oú  les  Horaces  & les  Curiaces 
avoient  combattu.  Mais  on  ne  fait  précifément 
en  quel  endroit  étoit  la  porte  Tergcmiaa ; on 
conjeCture  feulement  que  c’étoit  entre  le  Tibre 
&:  le  mont  Aventin  ^ á fextrémité  de  la  viüe  oú 
eíl  aétuellement  ia  porte  d Oílie. 

Le  Campus  Vaticanus-étoM  dans  la  quatorzierrte 
région  j entre  le  monr  V’aticaa  & le  Tibre  j oú 
eíl  aujourd'hui  la  Citta  Leonina. 

ht  Campus  Vim.inaíis  éuñt  dans  la  quinziéme 
région  ^ prés  du  rempart  ( Agger ) de  Tarquín. 
Cet  etnplacement  eíl  cccupé  par  la  Viila-?£- 
retti. 

Chaxíp  des  pleurs.  Voye^  Campagne. 

Champ  pierreux-  Voyez  Gerion. 

CíLAMPÍGhlON.  Les  anckns  étoient  auí5 
friands  de  ce  végétal  que  les  modernes  ; mai.s  i!s 
uréféroient  celui  qui  étoit  né  dans  ks  prés  {Horat- 
iil,  Sat.  zr.  20.  ) : 

. . . . Pratenfibus  óptima  fungis- 

Natura  eji.  . . . - 

Entre  toutes  les  varietés  ou  efpéces  de  cJzam- 
pignoras  ' qaih  admettoient  fur  leurs  tabks  ^ le 
boletas  étoit  k plus  recherché  , & coútoir  des 
fo ñames  plus  fortes  que  la  valeur  d un  man- 
reaUj  córame  nous  Tapprenons  ae  Marriai  (x/rr, 
47): 

Argentum  atque  aurwn  facih  efi l&namque^ 

togamque 

Mittere  boletos  mittere  diff.cile  eJL- 

Ce  fut  dans  un  ragoút  de  boletas  que  1 empereur 
Claude  fut  empoifcnné  ; cell  pourquoi.  Xéron 
appeloit  ce  végétal  le  ragoút  des  Dieux, 

CHAMPS  ELYSÉES.  Voye^  Élysees.- 

CRAMULCUS-  Cktoit  un  traineau.&rt  bas. 


73<í  CHA 


CHA 


pareil  á celui  que  i'on  appelle  cunion  dans  Ies 
atreliers  de  París  & ailleiirs  kaq^.et. 

On  rappeUe  auíii  trahea  , comme  il  paroít 
á'aprés  un  anclen  gioílairCj  ou  on  Ik  :ya,uixx.ei, 
trahea. 


CHAMYNA , lurnom  fous  lequel  Cérés  étoit 
adorée  á Pife.  Elle  avoit  un  temple  dans  cette 
viüe,  aa  meme  endroit  oú  Pon  croyok  que  la 
terre  s'étoit  entr’ouverte  poar  donner  paflage  á 
Pimon  j lorfque  ce  dieu  enieva  Proferpine.  On  le 
derive  de  , kio  ; d'aatres  écymologiiies  veu- 
lent  qu'd  ait  été  donné  á la  déefle , parce  que 
fon  temple  avoic  été  batí  aux  dépens  d’un  nommé 
Chamynus. 


CHANCEAÜ,  bourg  íítué  zj  licúes  de  Dijon, 
®ü  la  Seine  prend  fa  fource.  On  troava  en 
17Ó5  , Hans  une  chéneviére^  au  fud  de  Chan- 
eeau , une  galére  de  bronze  ^ de  deux  pieds  de 
long  fur  huit  pouces  de  large.  Elle  eft  dans  le 
cabinet  de  Ai.  le  préíident.de  Bourbone  á Dijon, 
M.  de  Ruffey  croit  que  c’eíl  un  monument  gau- 
ioisj  un  ex  voto  placé  dans  un  temple  dédié  au 
dieu  de  la  Seine  par  quelque  chef  de  nauto- 
tiiers. 


CHANCELIER. 

CfíANDELIER. 

CÍÍAN.DELLE. 


Voye^  CANCELL.ARIUS. 

Voye^  Candexabre. 


CHANGER  de  maifon.  Les  calendes  de  juiüet 
étoíspt  Pépoque  ou  les  Romains  changeoient  de 
maifon  , démenagoient.  Tibére  fit  quitter  le  lati- 
elave  á un  fénateur  pour  le  punir  dé  fon  avarice. 
Cet  homme  vil  {Suét.  c.  35.)  s'étoit  retiré  á fa 
maifon  de  campagne  quelqués  jours  avant  le  i 
juilJet:,  pour  ne  rentrer  dans  Rome  qu'aprés  cette 
époque  , dans  le  deíTein  de  louer  á bas  prix 
quelque  maifon  que  Pon  auroit  dédaigné  d"oc- 
euper. 

CHANGEUR.l  , . , . 

CH  4NGE1.  r anaens n onr point  connu 

ce  commerce  des  banquiers  , que  nous  appelons 
ekange^  & dont  on  attribue  Pinvention  aux  Juifs 
chalTés  de  France  par  Phi!ippe-Ie-EeL  lis  ne  pra- 
tiquoient  que  le  change  réel , c’eít-á-dire , que 
leurs  changeutS:,  argentarii  011  nammalarii  , échan- 
geoient  les  piéces  de  monnoie  ufées  ou  décriées, 
.contre  des  piéces  neuves  {nummi  afperi)  , en 
prenant  un  profit  appelé  afperatura  y ils  échan- 
geoient  auffi  les  piéces  d"une  grande  valeur  contre 
ceíles  d^une  momdre  j ils  éprouvoienc  aufli  Ies 
monnoies &c.  Enfin  ils  repréfentoient  fous 
ce  point  de  vue  les  ekangeurs  de  nos  mon- 
noies. 


Le  gain  de  ces  argentarii  étant  legitime  , leur 
profefliqn  n’auroit  pas  été  Hiéprifée  ^ s’üs  n'y 
joint  Pufure , c’eft  á-dire  , le  prét  á un 
intérét  txorbitant.  On  fait  que  Alare -Antoinc 
( Suét.  Aug.  c.  z. ) reprochoit  á Oélavien  d'avoir 
eu  pour  axeul  un  argentari¡¿s , Se  que  éw^íLus  de 


Parme  Pappeleit  par  dériíion  le  petit-füs  d'ua 
argentarius.  Ces  argentarii  tenoient  Ies  livres  ou 
Ies  regiftres  des  autres  ufuriers.  Ils  faifoient  de 
plus  les  foníftions  de  notaires,  de  receveurs5  de 
forte  que  Pon  peut  dire  généralement  que  les 
argentarii  ou  nammiilarii  repréfentoient  á la  fois 
nos  changeurs  , nos  notaires  & nos  ufuriers. 
Leurs  bureaux  étoient  établis  dans  le  Fomm 
Romanam  ; c^eft-la  qu’iJs  exercoient  leurs  fonc- 
tionSj  fous  Pinfpeétion  du  préfet  de  la  ville;  & 
lorfqu'ils  ceíToient  de  s'y  préfenter , leur  banque- 
route  étoit  déclarée  par  ces  mots  : foro  cejjlt. 
( Juvénal.  Sat.  xi.  48.  ) : 

Nefeio  quid  fuperefi  , & pallet  feenaris  auUor-¡ 

Qui  venere  folum  , Bajas  & ad  Ojiia  currunt. 

Ceder e namque  foro  jam  non  eft  deterius  , quam 

EfquUias  a frequenti  migrare  Saburra. 

CHAIN TER.  L’ufage  de  chanter  dans  les  repas, 
eft  de  la  plus  haute  antiquité  ¡ comme  nous  le 
yoyons  dans  Homére.  Tous  les  convives  étoient 
invités  á ckanter  & á s’accpmpagner  avec  des 
inftpjmens.  Ils  fe  paffoient  á cet  efet  un  rameau 
de  myrthe  & une  lyre.  Le  premier  étoit  porté 
par  celui  qui  ckantoit , & Pinftrument  par  celui 
qui  en  jouoít  (^Ariftopkan.  V^efp.  & Gruibus.j. 
On  fait  que  Thémiftocle  ayant  refufé  d’accepter 
la  iyre  j parce  qu’il  ne  favoit  pas  la  pincer  > fut 
foupfonné  d’avoir  re^u  une  mauvaife  éducation 
iiftd. 

Ce  kétoient  pas  feulement  les  jeunes  gens 
qui  chantoient  dans  les  feftins  ^ mais  les  vieii- 
lards  & les  peres  de  famille  chantoient  auffi  , 
comme  nous  Papprenons  d’Horace  (rl.  Epift.  1. 
no. ) : 

. . . . . Pueri  patrefque  feveri 

Fronde  comas  vinñi  caenant , ^carmina  diBant, 

Valere  Aía.xime  ( z/.  i.  ) regrettoit  beaucoup  cet 
ancien  ufage,  qui  enñammoit  de  zéle  & d’ardeur 
les  jeunes  gens  par  le  récit  des  exploits  militaires 
que  chantoient  leurs  peres  dans  les  feftins , & 
c’eft  á cet  ufage  qu’il  attribuoit  le  courage  des 
Scipions  j des  Camilles  ^ 8cC.  Majares  nata  in 
conviviis  ad  tibias  egregia  faveriorum  opera  car- 
mine comprehenfa  pangebant , quo  ad  ea  imitanda 
juventutem  alacriorem  redderent.  Quid  koc  fplen- 
didius  ? Quid  etiam  utilias  certamine  ? Pubertas 
canis  fuiim  konorem  redebat , def uncía  virium  curfu 
atas  ingredientes  aBuofam  vitam  favoris  nutri- 
mentis  profequebatur.  Quas  alhenas  , quam  fcko- 
lam  j qtuí  alienígena  ftudia  hule  domefticí,  difei- 
plins.  pratulerim  ? Inde  oriuntur  Camilii  , Scipio  ■ 
nes  j Fabrlcii  , Fabii  , Marcelli  ac  ne  fingula 
imperii  nojiri  lamina  percurrendo  Jim  longior  j 
inde  j inquam  3 cxli  clariftima  pars  divi  fulferunt 

cafares^ 


CHA 

itfaret.  Ce  paflage  eft  curieux , & mérlte  l’atten- 

tion  des  économiñes  politiques. 

CHANVRE.  Pline  (/.  19.  c.  9.)  diíKngue  trois 
«rpéces  de  chan.vr-e  , eíhmées  de  fon  cems,  celui 
^ Alab  andas  , celu!  de  Myiafa  , & celui  de  Rofs, 
qui  s’éievoit  auffi  haiit  que  les  arbrés  da  pays  des 
Sabios  : rafea  agri  Sabini  arboritm  altitadiaem 
&qaat.  On  a apporté  depuis  deux  ans  de  la  Chine 
une  efpéce  de  chanvre , qui  eü  un  véritable  ar- 
biílle  ; c'eñ-iá  fans  <k>ute  cette  troiliéme  eí'péce 
dont  parle  le  naturaliñe  anden. 

Chez  les  Rorr.ains  ^ le  chanvre  néceffaire  aux 
machines  de  guerre  , s’amaíToit  par  ¡es  ordres  des 
empereurs  d'Occident  en  deux  villes  feulement , 
á Ravenne  en  ítalie^  & á Yienne  dans  ¡es  Gau- 
les.  Celui  qui  en  avoic  Tintendance  en-deqá  des 
Alpes  j étoit  appelé  le  procureur  du  liniSce  des 
Gaules,  & demeuroit  á Vienne. 

CHAON  fuiviten  Epire  fon  fréreHélénus,  qui 
le  tua  par  mégarde  á la  challe.  Hélénus , pour 
s’en  confoler  , donna  fon  nom  á une  parde  de 
EEpire,  qiii  fut  appelée  Ckaonie. 

Les  foréts  & les  colombes  de  la  Ckaonie  étoient 
célebres.  On  vantoit  le  gland  des  premieres  ( V^irg. 
G-eorg.  1 . 8.  ) : 

Líber  & alma  Ceres  , veftro  fi  muñere  tellus 

Chaoniam  piagui  glandem  mutavit  arifia. 

Servius  dit  que  Ton  attribuoit  aux  colombes 
de  Ckaonie  le  don  de  prophétie,  parce  que  Pe- 
liades  y nAÚaJxi  y défignoient  dans  la  langae  des 
Theffaliens  Ies  colombes  & les  devinereíTes. 
Properce  donne  aux  colombes  répkhéte  Chaonia, 
ii.  Eleg.  V.  sf  • 

Non  me  Chaonuí  vincant  in  amore  columb-i. 

CHAONIES,  Parthenius  ( Erot.  52. ) dit  qu’on 
appeloit  de  ce  nom  des  fétes  qui  étoient  celé-  . 
brees  dans  TEpire  , fans  aous  en  donner  aucun 
détail. 

CHAOS,  C'étoit,  felón  Ies  poetes , une  matiére 
premicre  , exiílant  de  toute  éternité  fous  une 
feule  forme  , dans  kquelle  les  principes  de  tous 
Íes  erres  particuliers  étoient  confondus.  Dieu  j ou 
lanature  elle-méme  , dit  Ovide,  fans  den  changer, 
ce  nt  que  débrouiller  le  chaos  , en  féparant  les 
élémens  , & plaqant  chaqué  corps  dans  le  lien  qui 
lui  convenoir.  On  fuppofoit  cette  matiére  premiere 
& éternelle  , parce  qu’on  ne  pouvoit  comprendre 
que  de  rien  quelque  chofe  pát  erre  fait.  Héfiede 
dit  que  le  chaos  engendra  PErébe  & la  Nuit , 
pour  exprimer  une  chofe  toute  limpie  , que  cette 
matiére  premiere  étoit  dans  ¡es  ténébres. 

Le  nom  de  chaos  eít  formé  du  grec  , je 
fu'.s  enrr’ouvert , ou  creux,  oue  les  Lati.ns  ren- 
áoient  par  le  mot  hio.  Feítus  derive  le  nom 
át  Janus  de  cet  kiare  , en  retraiichan:  I’aípira- 
/íifciquicés , Tome  1, 


t!on.  li  dit  que  ce  nom  lui  fut  donné  parce  qu’il 
éto’t  le  premier  des  dieux , celui  auquel  ’on 
adreíToít  les  premiéres  priéres  , comme  au  pére 
& au  commencemenr  de  toutes  chofes.  Car  rout 
ce  qui  exilie  , a été  fáit  dans  le  tems  dont  leS 
années  font  parde  , & auquel  préíide  Janus.  Les 
deux  vuages  de  ce  dseu  des  Ladns  ■annoncoient 
fon  origine  , c’ell-á-dire_,  quelque  chofe  d-e  con- 
fus & de  melé  ^ comme  le  chaos  des  Grecs. 
Cette  dodrine  eft  expliq.uée  dans  les  vers  fui- 
vans  de  Sepdmius , que  nous  a confervés  Terea- 
tianus  r 

Jane  pater.  Jane  taens  , dive  bíceps  , biformis  ^ 
O case  rerum  fator  , 0 principium  Deorum  , 
Stridula  cui  limina  , cui  cardines  tumultús , 
Cui  referaia  muglunt  aurea  clauflra  mandi  , 
Tibi  vetas  ara  caluit  Aioriginto  faceUo. 

CHAPEAU.  Voyei  Bonnet. 

CHAPEELE.  Voye-p^  ^Edes  , ÍEdicula. 

CHAPEELE  de  París  ( Agate  de  la  Ste. ).  N oye-^ 
Apothéose  d’Augufte. 

CHAPON,  7 í u-v.  . j 

CHAPONNÉ  5 poulet  chatre.  ISous  donne- 

rons  ici  au  mot  de  chapón  une  plus  grande  exten- 
íion  , de  nous  l’employerons  auffi  pour  déíigner 
les  poulets  chatres.  Les  Romains  chátroient  les 
poulets  & Ies  engraiíToieut  avec  fbin  j ils  en 
eurent  par  ce  moyen  dont  le  poids  fue  de  feiza 
livres  (de  douze  onces).  Les  habitans  de  Délos 
furent  Ies  premiers  qui  chaponnérent  les  coqs , 
felón  letémoignage  d’Athénee:  de-Iá  vint  le  nom 
deiiaci , pour  déíigner  les  hommes  qui  faifoient 
cette  opération. 

CHAR.  Les  chars  anciens  étoient  á deux  ou 
quatre  roues ; il  y en  a de  ces  deux  fortes  dans 
les  bas-reliefs  , les  médailles  , les  ares  de  triom- 
phe,  & autres  monumens  qui  nous  reftent  de 
Fantiquité.  On  y voit  aitelés  tantót  des  chevaux, 
tantót  des  lions , des  tygres  , des  éléphans , &c. 

On  attribue  Finvention  des  chars  ( VirgU. 
Georg.  :il.  11,5.)  á Erichtonius  , roi  d’Athénes  , 
que  fes  jambes  torfes  empéchoient  d’aller  á pied 
(Hygin.  Afiron.  Poet.  il.  14. ),  á Triptoléme 
eu  á Trochilus.  Les  Athéniens  en  faifoient 
( Ariftld.  Panatken.  ) honneur  á Pallas  ; Héfy- 
chius  dit  eníih  que  Neptune  apprk  aux  habitans 
de  Barca  a fe  fervir  des  chars. 

Des  étymologiftes  dérivent  le  mot  curras  ou 
carras  de  carr , terme  celtique  dont  il  eft  fait 
mention  dans  ¡es  commentaires  de  Céfar.  Cette 
date  eft  ancienne.  Le  mot  carr  fe  dit  en  core 
aujourd’hui  dans  le  méme  fers  & avec  la  mime 
prononciatíon  dans  la  langue  Wailonne. 

Les  principaux  chars  des  anciens  font  les  chars 
pour  la  courfe  , chez  les  Grecs  , curras 

ches  les  Liúns  5 les  chars  couverts  , curnis 

A i 


73^  CHA 

t'caeti  j les  chars  arüiés  de  faulx  , curras  ful- 
cali  ^ Ies  cAurs  de  triomphe  , carras  triamvka- 
Us. 

Les  chars  de  courfe  , a-.^e-re. , fervoient  auffi 
dans  Ies  fétes  publiques  : c’étoit  une  efpéce  de 
coquille  y montée  üir  deux  roues  , plus  baures 
par  devant  que  par  derriére , & ornee  de  pein- 
íures  & de  fculptures.  On  pouvoit  s’affeoir  dans 
ces  chars  ; la  différence  fpécifique  qui  les  diílin- 
guoitentdeuXj  fe  tiroit  uniquementde  la  diveríité 
des  attelages  j 8c  ces  attelages  de  deux  chevaux^ 
«u  de  quatre,  oa  de  jeunes  chevaux  ^ ou  de  che- 
vaux  faiís ou  de  mules  , formoienr  différenres 
forres  de  combars. 

Un  ckar  atteié  de  deux  chevaux,  s’appeíost  en 
grec  a-s’jsfía  y en  latín  higs,.  L’on  prérend  que  l'un 
des  chevaux  étoit  bianc , Tautre  noir , dans  les 
biges  des  pompes  fúnebres.  La  courfe  des  chars 
a deux  chevaux  á'un  age  fair  , fut  introduite  aux 
jeux  oiym.piques,  en  la  xciii=  olympiade;  & par 
cr.evaux  a un  ¿ge  fait , on  entendoit  des  chevaux 
de  cinq  .ans  Les  Latins  ont  eu  des  chars  á trois 
chevaux , quhls  appeloient  trig&  mais  ii  ne 
parole  pas  qu  ils  fuífent  d’ufage  dans  les  féres  , 
ou  íi  Ton  s'cn  fervoit  dans  les  pompes  , c'étoit 
feulement  dans -les  pompes  fúnebres.  Car  on  avoit 
hnaginé  , difoir-on  , d'atteler  trois  chevaux  de 
front  , parce  qu  il  y avoit  des  hommes.de  trois 
ages  qii!  defeendoient  aux  enlers.  Les  chars  arte- 
les de  quarre  chevaux  , fe  nommoient  en  grec 

TíéfíTi^a  y de  TíTfXy  quatre  , & de  tvTro;  y chíval , 

& en  hzinquadrigAy  qu"on  a rendu  par  quadriges y 
tenue  autonfé  feulement  en  Ityle  de  lapidaire, 
& dans  la  fcience  numifmatique. 

La  courfe  a quatre  chevaux  étoit  la  plus  magni- 
fique & la  plus  noble  de  toutes  ; elle  fin  inftituée 
ou  renouveíée  dans  les  jeux  olympiques  des  la 
XX  V' olympiade  ; amli  elle  preceda  la  courfe  á 
^l’svaux  de  plus  d.e  270  ans.  Le  timón  des 
sr-ars  étoit  aflea  iong,  & fon  y atteloit  les  che- 
vaux de  frent,  á la  di&erence  de  nos  attelages, 
cu  quatre  & íix  chevaux  rangés  fiir  deux  lignes 
fe  génent  & s’embarralTent , au-lku  que  placés  de 
front  ilsdépl.oyoientleurs  mouvemens  avec  beau- 
coup  pjus"  d^ardeur  & de  hberté.  Les  deux  du 
Ts\\ú.cny'íijycí¡oí,jugahs  y étoient  lesmoins  vifs5  les 
deux  aiitres  , , fanales  , ou  lorarii  , les 

piüs  vigoureax  & les  mieux  dreiTés , étoient 
1 un  á droite  8c  fau-tre  á gauche  ; & comaie  il 
falloit  tourner  á gauche  pour  affer  gagaer  la 
borne  , le  chaval  qui  tiroit  de  ce  cóté  diri- 
geoit  les  autres.  Loríque  fon  approchok  de  cette 
borne  fatale  oú  tant  de  chars  fe  brifoietir , ie 
cocher  anima.nt  fon  chevrd  de  la  droite  , luí 
láchoit  !c3  renes  & les  raccourciiToit  á celui  de 
la  gauche,  qui  devenolt  par  ce  moyen  le  centre 
& rHCüvement  des  trois  autres  , & doubioit  la 
Dorne  de  & pres , que  le  moyeu  de  la  roue  la 
rafoií. 

Avant  que  de  partir , tous  íes  chars  s'aíTern- 


C H A 

blojent  á la  barriere.  On  tiroit  au  fort  Ies  places 
& les  rangs  ; on  íe  placoit , & le  fignal  étant 
donné,  tous  pattoient  á la  fois.  Chacuns'ettorcoit 
de  dévancer  fon  concurrent  , pluíieurs  étoient 
renverfés  en  chemin  : celui  qui  !e  premier  ayant 
doublé  la  borne  atteignoit  la  barriere  , gagnoit 
le  premier  prix.  Ih  y avoit  qiielquefois  des  prix 
pour  le  fecond  & pour  le  troifieme.  Les  princes 
& les  rois  méme  étoient  jalaux  de  cette  diftinc- 
tion.  La  race  des  chevaux  qui  avoit  vaincu  fou- 
vent  dans  ces  combats  d'honneur , étoit  illuílrée : 
leur  généalogie  étoit  connue  j on  en  faifoit  des 
préfens  dans  les  occaííons  les  plus  importantes  t 
cAft  entre  les  richeíies  qu’Agamemnon  fait  pro- 
pofer  á Achiiie  pour  appaifer  fa  colére , une  des 
plus  précieufes.  A Rome,  dans  le  grand  cirque, 
on  donnoit  en  un  jour  ie  fpeñacle  de  cent  qui- 
driges , & fon  en  faifoit  partir  de  la  barriere 
jufqu'á  vingt-cinq  á la  fois.  Le  départ  étoit  appelé 
en  grecáp£5-íf,  en  latin  emiffio , mijfus.  On  ignore 
cornbien  ii  s’aífetnb'loit  de  quadriges  á la  barriere 
d^Oiympie  ; i!  eft  feulement  certain  qu^on  en 
lachoit  dans  la  lice  ou  dans  i'hippodrome  plu- 
íieurs a la  fois  '^Irlém.  de  V Acaaém.  des  Infc^ 
tom.  viil.  & IX.).  Voye^  HIPPODROÍ^IE  , JEUX 
OLYMPIQUES  , CIRQUE  , COURSE.  On  préteiid 
que  les  attelages  de  quatre  chevaux  de  front  fe 
faifoient  en  f honneur  du  foleil , & marqu-oient 
les  quatre  faifons  de  f année.  Les  Latins  avoient 
des  fefiges  ou  chars  á .fix  chevaux  de  front ; on 
en  voit  un  aii  faite  du  grand  are  de  Sévére.  11 
y a dans  Gruter  une  infeription  de  Dioclés  ou 
il  eft  parlé  de  feptiges.  Néron  attela  quelquefois- 
au  méme  char  jufqifá  fept  & méme  jufqu'á  dix; 
chevaux.  Ceux  qui  conduifoient  les  cha^s  s'ap- 
peloient  en  général  aghateurs  , agitntores  íi 
c'étoitun  bige,  bigarii  y un  quadjrige,  quadrigarii., 
On  ne  rencontre  point  le  nom  de  trigarii , ce 
qui  prouve  que  les  triges  íf  étoient  qu’emblérna- 
tiques,  ou  du  moins  qifil  n'y  avoit  point  de  trige 
pour  les  courfes  des  jeux. 

Le  ckar  couvert  ne  différoit  des  autres , qu  en 
ce  qifil  avoit  un  dome  en  ceintre  : ii  étoit  a 
f ufage  des  Flamines  , prétres  romains.  Voye^ 
CARPENTUM. 

Le  char  armé  de  faulx  étoit  tel  que  fon  nom 
le  déflgne  ; des  chevaux  vigoureux  le  trainoient;. 
il  étoit  deííiné  á percer  les  bataillons , & á tran- 
cher  tout  ce  qui  fe  préfenroit  á fa  rencontre. 
Les  uns  en  attribuent  finvennoa  aux  Macédo- 
niens , d’autres  á Cyrus  y mais  f origine  en  eft 
plus  ar.cienne  , 8c  il  paroit  que  Ninus  en  avoit 

fait  courir  contre  les  Bactriens  (Plodoc.  //.  y.).- 

i Ces  .'.hars  tfavoient  que  deux  grandes  roues  , aux- 
quelles  les  faulx  étoient  appliquées.  Cyrus  les 
perfeétionna  feulement,  en  fortifiant  les  roues 
& allongeant  les  eftieux  , a fextrémité  defque.s 
il  adapta  encore  li'autres  faülx  de  trois  pieds  de 
long  j qui  coupoient  horifontalsment  , tañáis 
‘ cue  d' autres  tranchant  verticalement,  mettc-ient 


CHA 


«ti  pieces  tcut  ce  qu’elles  ramaíTolent  á terre. 
Dans  la  fuite  on  ajoata  á rextrémité  du  timón 
deux  lenguas  pointes , & l'on  garnit  le  derriere 
<iu.  char  de  couteaux  qui  empéchoient  d’y  mon- 
ter.  Au  reíre , cette  machine  li  terrible  en  apna- 
íence , devenoit  inutile  lorfqu’on  tuoit  "un  des 
chevauxg  ou  qu'on  parvenoit  á en  faiíir  la  bñde. 
Piutarque  dft  méme  qii’á  labataiilede  Chéronécj 
fous  Sylla , íes  Romains  en  íirent  ñ peu  de  cas , 
qu'aprés  avoir  difperfé  ou  renverfé  ceux  qui  fe 
prefenrérenr,  ils  fe  mirent  á crier  , comme  ils 
ayojent  coutume  de  le  faite  dans  les  jeux  du 
pirque  j qu  on  en  fit  ^aroitre  ¿atures. 

L'ufage  des  ckars  dans  la  guerre  eR  trés-ancien ; 
les  guerriers  , a vant  l'ufage  de  la  cavakrie  , étoienr 
tous  montes  fur  des  ckars.  Ils  y étoient  deux  5 
Tun  chargé  de  conduire  les  chevaux , l’autre  de 
combatiré.  C'eír  ainlí  qu’on  voit  prefque  tous  les 
héros  d'Homere  5 ils  mettent  fouvent'piéd  á terre 
dans  fes  poemes,  &c  Dioméden’y  combar  prefque 
jamais  fur  fon  ckar. 

^ Le  char  de  triomphe  étoit  attelé  de  quatre 
cheTaux.  On  prétend  que  Romulus  entra  dans 
Rome  fur  un  pareil  char  ¡ d'autres  n’en  font 
remonterrorigine  qu'á  Tarquín  levieux,  & méme 
á Valérius  Poplicola.  On  lir  dans  Plurarqae  que 
Camille  étant  entré  triomphant  dans  Rome  íur 
un  char  traíné  par  quatre  chei’aux  blancs , cette 
magnificence  fut  regardée  comme  une  innovación 
blámable.  Le  ckar  de  triomphe  étoit  rond  & 
ferméj  il  n’avoit  que  deux  roues ; le  triompha- 
teur  s’y  tenoit  debout  j & gouvernoit  hii-méme 
les  chevaux.  Ce  ckar  n'étoit  que  doré  fous  les 
confuís  ; mais  on  en  faifoit  d'or  & d’ivoire  fous 
les  empereurs.  Pour  iui  donner  les  attributs  d'un 
char  de  guerre , on  rarrofoit  de  fang.  On  y arrala 
quelquefois  des  éléphans  & des  lions.  Quand  !e 
triomphateur  montoit  dans  fon  char  ^ il  faifoit 
cette  priére  ; Dii  quorum  nata  & Imperio  nata  & 
auBa  eft  res  Romana , eandem  placati  propitiique 
fervate.  Voyeq^  TRIOMPHE. 

Les  anciens  promenoieRt  des  chars  de  triom- 
phe dans  les  pompes  religieufes  & dans  les  feces, 
íl  eft  fait  me.ntion  dans  les  pompes  de  Ptolémée 
Phüadelphe  , d'un  char  á quatre  roues , de  qua- 
torze  coudées  de  long  fur  imit  de  large,  tiré  par 
cent  quatre-vingt  hommes.  11  portoit  un  Bacchus 
haut  de  dix  coudées , environné  de  précres de 
prétreffes  , & de  tout  l’attiraii  des  bacchanales. 

Les  ThaíTaliens  avoient  coutume  de  trainer 
attachés  a leurs  chars  les  ennetnis  qu'üs  avoient 
tués.  Achiíle  , né  dans  leur  pays  , les  imita  ea 
traínant  le  cadavre  d'Hedor. 

Un  farcophage  de  la  Villa-Borgiiéfe  , publié 
par  Winkelmann , r°.  45  des  Monumenti  Anticki , 
qui  repréfente  la  chúte  de  Phaéton,  nous  montre 
diftinótement  la  maniere  dont  les  anciens  atte- 
ioient  leurs  chevaux  á leurs  ckars.  Celui  de  Phaé- 
ton eft  renverfé  , & Pon  voit  le  timón  qui  fe 
Cáaroiiae  par  un  joug  p’apé  fur  le  coa  des  efeeyaus. 


C H A 739 

Ce  joug  s’appeloic  ZíZ-/>.xi  , & reílembloic  á celui 
auquel  noas  attachons  encore  nos  bceufs.  I!  s'ap- 
piiquoit  fur  le  cou  des  chevaux  par  deux  bras 
concaves  appelés  ’A!ífo^>:7Íc-xf! , parce  qu'iis  étoient 
co.ntournés  comme  des  cous  d'oie.  Auííl  voit-on 
dans  le  Mufeum  du  marquis  Rondinini  á Rome , 
un  des  bras  du  joug  qui  termine  le  timón  d’un 
char  de  Diane  , terminé  lui-méme  par  une  téte 
d’oie.  Le  boat  du  timan  qui  fe  lioit  au  joug, 
étoit  terminé  par  une  bouie  ou  quelque  aacre 
ornement  rond  , appelé  par  Homére  cfeZxXcs.  Ce 
mot  avoit  donné  ia  torture  á tons  les  commea- 
tateurs,  & i!  eft  heiireufement  expliqué  par  ce 
faas  relief  de  la  chúte  de  Phaéton. 

Une  páte  antique  de  Stofeh , fur  laquelle  eft 
repréfencé  un  triomphateur,  nous  montre  cet 
ornement  du  char  formé  en  croiOár.t , ou  i’on  atta- 
choit  les  renes,  felón  Homére  (filiad,  e.  728). 

Les  Etrufqucs  Se  les  anciens  Grecs  repréfen- 
coient  des  ckars  avec  des  aües , pour  peindre  Is. 
rapidité  de  leur  courfe.  Euripide  donne  un  pareil 
ckar  au  Soleil ; & Cérés  eít  repréfentée  fur  les 
médailles  d Eleuíis  , traínée  par  deux  ferpens 
dans  un  ckar  ailé.  La  rabie  fait  encore  mentioa 
d’un  ckar  alié  de  Neptune,  qu’Apollon  fit  donner 
á Idas  pour  enlever  la  nymphe  MarpeíTa  (Apo¿- 
lodor.  Bibl.  ). 

Ríen  n’eíi  auíli  ctonnant , ni  cependant  auíS 
clair , que  la  defeription  qu’a  faite  Paufaiiias  de 
vingt-quatre  ckars  de  bronze  , au  moins  grands 
comme  nature  , quelquefois  á deux  chevaux  , 
mais  !e  plus  fouvent  á quatre , & remplis  d’una 
ou  de  deux  figures.  II  en  décrit  méme  qui  font 
accompagnés'  de  coureurs  , ou  groupés  avec  des 
hommies  qui  Ies  fuivenc  á pied.  Les  places  publi- 
ques & les  temples  de  la  Gréce  étoient  decores 
d’une  quantité  prodigieufe  de  ces  riches  monu- 
mens. 

Le  comte  de  Caylus  {Rec.  d‘ Ant.  vi.  pl.  6^. 
n^.  5.).  a profité  du  deflin  d’un  ckar  á trois 
chevaux  qu’il  publioit,  pour  rapporcer  une  auto- 
ricé précife  relacivemenr  aux  ckars  á trois  che- 
vaux. Denys  d’Haly carnaiTe  ( ¡ik.  /r r.  c.  1 5 . ) alTurc 
que  ¿es  ckars  a trois  chevaux  étoient  anciennement 
en  ufage  cke[  les  Grecs.  I!  eft  á préfumer  en  eííet 
qu’un  peupie  ingénieux  & fort  attaché  á toutes 
les  efpéces  de  courfe  , doit  avoir  épuifé  toutes 
les  combinaifons  poílibles  des  ckars  , des  che- 
vaux , & de  la  maniere  de  les  atteler.  Le  méme 
auteur  ajoute  que  ¿’on  nommoit  le  troifieme  ckevaL 
rixpéofos  , c'ejl-a  dire  , qull  étoit  attach¿  avec  des 
courroies  a.  cotédes  deux  autres. 

On  voit  ces  troifiémes  chevaux  fouvent  em- 
ployés  dans  Homére  ; ils  fervoient  á tirer  le 
ckar  avec  celui  qui  reftoit , en  cas  que  l'un  des 
deux  vint  á manquer.  Le  feul  exeir.ple  que  ce 
Comee  aic  rapporcé  de  ce  genre  d’attelage , n in- 
dique  point  cette  différence  , qui  peut  avoir  été 
néglígée  fur  l’originai  étrufque,  aííez  mal  deffir.é 
' (íotr^  ir.  plun.cke  xxs.n^.  iíL).  Mais  en  peut 

A Á a £ a ij 


740  C H A 

inférer  de  ce  manuraent.  Se  du  paíTage  de  Dem'S 
d'HaiycarnaíTe.  qu’il  y avok  chez  les  EtrufqueS;, 
íes  Grecs  & Ies  Romains^  des  ckars  done  "aice- 
kge  étoit  compofé  de  trois . aíníi  que  de  deux 
&:  de  quatre  chevaux,  &c.  On  n’en  a pas  encore 
VK  d'exemple  romain. 

Ee^  mérne  Tavant  comte  a publié  une  pierre 
gravee  ( iífc.  d Ant.  i.pag.  i6é. ) j qui  repréfente 
un  vainqueur  des  jeux  fur  un  char  attelé  de  vingt 
chevaux.  Suecone  (/zV.  vi.  ch.  3.4.)  nous  apprend 
que  Nerón  vouíant  étronner  la  Gréce  & briiier 
cans  fes  j'eux , emporra  la  vicloire  en  courant 
chevaux.  11  eíi  véricablement  bien  plus 
¿ithede  den  atteíer  víngt  a un  ckar  ¡ mais  de 
quoí  ne  vient  pas  a bout  un  empereur  romain , 
un  maítre  du  monde  ? 

Ces  réñexíons  l'engagérent  á n'attribuer  Tevé- 
nemem  rapporté  fur  cette  pierre , qu7  un  des 
fúcceiieurs  de  Nerón.  On  fait  que  ce!ui-ci  fur 
EexempiC  & le  modele  que  tous  les  empereurs 
voalurení  fuivre  dans  ce  qui  co.ncernoit  les  jeux. 
Iviais  la^pierre  gravée  done  d s’agit  ne  contenant 
point  d époque  ^ il  ne  rattribue  á aucun  Prince 
en  particuiier. 

Elle  avoit  éte  trouvée  depuis  trés-peu  de  tems 
dans  la  Cyrénaíque  ^ oü  Ton  travailloit  beaucoup 
en  ce  genre  de  gravures  , comnne  nous  Tatteftent 
queiques  endroiis  de  Pline. 

ChaPv  de  Junoji.  Cette  déeíTe  avoit  deux 
run  poar  traverfer  les.  airs  , qui  étoit  tiré  par 
des  paons  ; l'autre  pour  combatiré  fur  ia  terre  , 
atte!é-de  de.ax  chevaux.  Celui-ci  étoit  a Cartha^Cj 
ville  favorite  de  la  déelfe,  ^ 

Ckar  efur  Ies  médailles_  un)  tramé  foit  par 
ces  chevaux^^  foit  par  des  líons  ^ foit  par  des  ele- 
pnans , íignifíe  le  rriomphe  ou  Papothéofe  des 
princes.  _ Four  le  char  couvert  traíné  par  des 
mules  , il  n eíi  ufíté  que  pour  Ies  princeíTes  5 il 
marqi^  leur  confécration  , & Phonneur  qu’on 
leur.  faifoit  de  porter  leur  image  aux  jeux  du 
cirque.  Ce  char  des  femmes  fe  nom.moit  pilen- 
tum,,  carpentum.  Le  char  attelé  de  deux , de  quatre 
dievaux  j ae  marque  pas  roajours  la 
víwoire  ou  le  triomphe.  II  y avoit  d'aatres  céré- 
momes  ^cu  Ton  fe  ferveit  de  ckars;  Pon  y 
portoit  les  Jmages  des  dkux  dans  les-  fupplica- 
uons  ; 1 011  y piagoit  aux  funéraiiies  les  images 
des  famhles  illaílres  , & de  ceux  dont  on  faifoit 
1 apothéofe.  Eníin  , fon  y condu'foit  les  confuís 
qui  entroient  en  charge  , comme  nous  Papprenons 
par  des  médailles  de  Maxence  & de  Coñítantin. 
L’une  Sí  Tautre  portent  : Félix  procejfus  confalis 
augufli  aojiri. 

CHARBON.  Les  Romains  employoient  le  char- 
¿012  pour  former  des  fondations  dans  les  terreins 
humides.  Vitrave  ( /¿¿.  y.  c.  iz.)  ¡e  dit  expreífé- 
ir^enr  . SJa  autein  mollls  locas  erzt  / valis 
1^'^latis  alnezs^^  aat  oUagineis  , aiit  rebufieis  con- 
pgamr  ^ & ca¿bonih¡is  compleatur  ^ qn-emadmodum 


CHA 


Ík  tkesírorum  & muri  fundationihus  efi  feriptunr, 
lis  skn  fervoient  long-tems  avant  Vitruve  , poíir 
fixer  les  limites  & ib  rchfouiiibier.t  a'ors  á una 
certaine  profondeur , parce  que  cette  fubftance 
eíf  mdeftrii<ftib.Ie.  Ces  charbons  qui  déterminoient 
les  diviíionsdeschamps,  étoient  appelés  carbones 
fub  térra  cíefojji  (^Balcus , de  Ojficzo  j adiéis. ''j.  11  eíi 
vraifemblable  que  cette  pratique  íit  naitre  aux 
architectes  romains  Tidée  d’employer  dans  les 
fondations  lesc¿vr¿osí^querh'amidité  ne  fauroit 
derruiré  ou  amollir. 

Pline  {lió.  36.  c.  ay.)  fait  mention  d’une  fub- 
ñance  que  fon  peut  affimiler  au  charbon,  pour  le 
melange  des  ciments  : ce  fontles  cendres, 
que  fon  pétriíroir  avec  le  fable  8e  !a  chaux  pour 
former  un  des  lits  fur  lefquels  on  étabüiToit  les 
pavés  : Non  negligendam  etiam  unum  genus  gre- 
canicum  : folo  pfluca.to  injieztur  rudas  aut  tefiaceam 
pa-vimentam.  Oeinde  fpifse  calcaiis  ccrboiúbas  , 
inducitur  fabulo  , calce  ac  favilld  mixtis  , &c. 
J’ai  reconnu  femploi  des  cendres  dans  plulieurs 
efpéces  d’enduits  , arrachés  par  nos  jeunes  archi- 
teéles  aux  ruinas  des  édifices  romains  ; 8c  je  pro- 
pdfe  aux  artiítes  den  reno-uveler  fufage  avec 
celui  du  ckarbon.  Ce  feront  des  fubñances  de  plus 
á.  mélanger  avec  la  chaux  ou  les  ciments. 

CHARICLO , filie  d’ApolIon  & femme  du 
centaure  Chiron  , acccucha  d’une  filíe  fur  les 
bords  d’un  fleuve  rapide , d’ou  elle  lui  donna  le 
nom  d’Oeyroé.  Voyei  Ocyroe.  Elle  eut  encore 
de  fon  mari  , Endéis  , femme  d’Eaque.  Foye:^ 
Endéis.  Evére  la  rendit  aufli  mere  du.  deyin 
Tiréfias. 


CHARÍLE.  1 

CHARILES  S Bhariic  etoit  une  jeune  hile 

qui  fe  pendit  de  défefpoir , ayant  requ  un  fou- 
flet  da  roi  de  Delphes.  Oa  inftitua  des  féres 
en  fon  honneur , appelées  chariles  , dans  lef- 
quelles  les  Thyades  ailoient  enterrer  la  ftatae  de 
Charile  , au  méme  endroit  ou  elle  avoit  été 
enterrée  elle- méme.  Le  roi  étoit  obli-gé  de  s’y 
trouver,  & méme  de  préfider  á toutes  Jes  céré- 
monies.,  co-mme  pour  faite  réparation  á la  nym- 
phe.  Les  chariles  fe  célébroient  tous  Ies  neuf 


ans  par  le  confeil  de  la  Fythie  ( Plat.  Qusfi. 
Grsc. ). 


CHARIS  , une  des  Graces.  Homére  dit  qu’eile 
fiít  femme  de  Vulcain  5 pour  marquer  la  grace 
& la  beauté  des  oiivrages  que  Vulcai.n  travailloit 
avec  le  feu.  Ckarites  étoit  ie.  ñora  colleétif  des 
Graees. 

CHARÍSIES,  fétes  en  f honneur  des  Graces  , 
cae  les  Grecs  appeloient  Ckarites.  Une  des  par- 
ticularités  de  ces  fétes  , étoit  de  danfer  pendanr 
toute  la  nuit;  celui  qui  refifioit  le  plus  long-tems 
d cette  fatigue  8c  au  fommeil  , obtenoit  pour 
pnx  un  gáteau  de  miel  & ddutres  friandifes,  que 
fon  nommoit.  charifia. 


CHA 

CHARISTERÍES  ^ fétes  qui  fe  célébroient  a 
Áthénes  ¡e  lO  du  mois  de  boedromion  , en  mé- 
moire  de  la  liberté  que  Trafibale  avoit  rendue 
áux  AthénienSj  en  chaíTant  les  trente  tyrans.  On 
fiommoit  en  grec  ces  fétés  , 

(karifieria  Ubertatis. 

CHARISTíES , fétes  que  les  Romains  céle- 
broient  le  íé'íútr , ea  l’honneur  de  la  áéefle 
Concorde  : le  motif  de  cette  inltitution  étoit  de 
rétablir  la  paix  & Funion  entre  les  famiües  divi- 
fées.  On  faifoit  un  grand  repas  dans  les  famiÜeSj 
auquel  on  n'admeitoit  aucun  étranger.  Ovide 
parle  des  charifiies  dans  fes  falles  ( r/.  ó 17.)  .• 

Próxima  cognati  dixere  Ckarlfiza  paires 
Et  venit  ad  Jacios  tarha  propiaqua  deas. 

CHARITE  miiitaire  , carita  militare. 

Les  antiquaires  d'Italie  appeüent  de  ce  nom  les 
repréfentations  des  foldats  morts^  que  leurs  com- 
pagnons  remportent  du  champ  de  bataiüe.  On 
en  voir  de  belles  fur  un  bas-relief  du  Capicole, 
fur  un  pierre  gravée  du  Mufeani  de  Florence ^ &c. 

CHARITES  j nom  grec  que  Fon  donnoit  aux 
Graces.  II  fignifie  joie  , pour  marquer  que  nous 
devons  nous  faire  un  plailir  de  rendre  de  bons 
offices  j & de  reconnoitre  ceux  qu'on  nous  rend. 
f^oyez  Graces. 

CHARLATAN.  En  parcourant  Fhiíloíre  médi- 
cinale  des  Egyptiens  & des  Hébreux^  ony  volt 
partóut  des  impoíleurs , qui  proíitant  de  la  foi- 
b’eíTe  & de  la  créduüté , fe  vantoiemt  de  guérir 
les  maladies  Ies  plus  invétérées  par  lears  amu- 
lettes , leurs  charmes  , leur  divinations  & leurs 
fpécifiques. 

Les  Grecs  & Ies  Romains  furent  a leur  tour 
inondés  de  charlatans  en  tout  genre.  Arifrophane 
a célebre  un  eertain  Euaamus^  qui  vendoit  des 
anneaux  contre  la  morfure  des  bétes  venimeuíes. 

On  appelok  y ou  fimplement  agyrtsí , 

du  mot  íyetfin , ajfembUr , ceux  qui  par  leurs 
difcours  affembloient  le  peuple  autour  d'eux  ; 
circulatores  , circuitores  , circumforanei , ceux  qui 
couroient  le  monde  3.  & qui  raontoient  fur  le 
théátre  noar  fe  procivrer  la  vente  de  leurs  reme- 
des ; ceiiularii  medid,  ceux  qui  íe  tenoient  affis 
dans  leurs  bouriques  j en  attendant  les  croyans. 
C'étoit  le  métier  d’un  Chariton  , de  qui  Galien 
a tiré  quelques  defcriptions  de  médicamens  : 
e’étoit  celui  d"un  Clodius  d'Ancone  , qui  étoit 
encore  empoifonneur  ^ & que  Cicerón  appelle 
pharmacopola  circum foráneas.  Quoique  le  mot 
pkarmacopola  s'appliquát  chez  les  anciens  á tous 
ceux  en  général  qui  vendoient  des  médicamens 
fens  les  avorr  prepares  ^ on  le  donnoit  néanmoins 
en  partículier  á ceux  que  nous  déíignons  aajerur- 
d"hui  par  le  titre  de  batteleur  & de  charlatán. 

Outre  cetre  efpéce  de  charlatán  qui  promettoit 
la.  íkiité  i ks  anciens  en  connoiíIbicDt  > comme 


CHA  741 

nflus,  une  feconde , celle  des  ioudurs  de  gobelets,- 
ÁCETABULARii  {Foye:^  ce  mot) , des  faifeurs 
de  touFS  de  forcé  , des  difeurs  de  bonne  aven- 
ture , Scc.  Les  Romains  appeíoient  clerovecie.  des 
femmes  qui  exercoient  cette  vile  profeffion.  qui 
fautoient  par-deíTus  des  épées  j qui  vomiíTÓienc 
des  flammes  , Scc. 

Les  charlatans  fe  tenoient  ordinairement  dans 
le  forum  , dku  leur  vint  le  nom  circumforcmei  , 
8c  dans  le  cirque,  hors  le  tems  des  courfes.  Cktoit- 
la  qu'ils  fautoient  au  travers  des  flammes  , qu’ils 
foulevoient  des  fardeaux  fupérieurs  en  apparence 
aux  forces  d’un  feul  homme.  D’autres  defcen- 
dcient  dans  les  théátres  du  haut  de  la  fcéne  , 
fufpendus  dans  une  machine  qui  lancoit  des  feux 
& des  flammes  fur  les  fneclaceurs  - fans  les  bleilér. 
D^autres  couroient  en  rond  vondíTánt  des  feiix, 
& en  tenant  dans  les  m-ains.  Ciaudien  a décrit 
ces  faifeurs  de  toars  (de  Conful.  Malí,  Tkeodof. 
n.  327.)  r 

Mobile  ponderibus  defcendat pesma  reduclis  , 
Inque  chori  fpeciem  fpargentes  ardua  fammas, 
Scena  rotet  : varios  ejjingaí  Mulciber  orbes 
Per  tabulas  impune  vagus. 

Quelques-uns  danCbient  fur  des  cordes  j o-u  y 
faífoient  danfer  les  animaux  les  plus  maffifs  , teis 
que  des  chameaux  & des  éléphans  j plulieurs  fé 
promenoient  dans  íe  cirque  en  portant  fur  le 
front  de  iongues  perches  en  equilibre  , & ces 
perches  étoient  qneiqiiefois  chargées  dans  le 
haut  d'un  groupe  de  deux  petirs  enfans. 

De  tous  ces  charlatans , ceux  qui  étoient  fuivis 
le  plus  conílamment  étoient  les  difeurs  de  bonne 
aventure.  La  plupart  étoient  ChaldéenSj  Arabes  ^ 
Egyptiens  & Juifs  j.  & ils  faífoient  leurs  pré- 
diétions  dans  le  cirque.  Les  Magiíirats  de  Rome 
ks  chafíbient  fouvent  ; mais  la  eréduiité  & la 
fuperílition  du  peuple  favorifoient  touiours  leu? 
retour  ( liv.  39.  19-  ).  Q_uoties  hoc  patrum  avorum~ 
que  State  negotium  eft  magiftraúbus  datum  , ut  facra 
externa  ¡ieri  vetarent l Sacrificulos  , vat-efaue^foro  , 
circo  , urbe  prohiberent  ?' 

CHARMES.  Ce  mot  vient  du  lafin  carmen 
rers  ^ poéñe  , parce  que  , dans  leur  origine  , ies- 
conjurations  & les  formules  des  magiciens 
étoient  conques  en  vers.  C eíl  en  ce  fens  qu  oii 
a dit  ; 

Carmina  vel  coelo  pojfunt  áeduícre  lunam.- 

On  comprend  parmi  les  charmes.  Ies  philadéreSj; 
les  iigatiires  ^ ‘les  maléSces  & tsut  ce  que  le- 
peuple  appelle  forts.  , , . 

La  créduüté  fur  cet  article  a-  ete  de  teas  les 
tems  , ou  du  moins  il  y a eu  de  tout  tems  une 
perfuaíion  univerfellement  répandue  , que  des- 
bommes  pervers  3 cb  vertw  d un  paéte  fait 


74  i CHA 

<Í£s  génics  mal-faifans , po'avoisnt  caufer  du  res!  j 
& la  morí  méme  á d'autres  hommes  , fans  em- 
ployer  iinmádiateraent  la  violence , le  fer  ou  le 
poifon  ; mais  par  certaines  cotnpofitions  accoin- 
pagnées  de  paroles,  e’eft  ce  qu’on  appelle  pro- 
prement  ckarme. 

Telétoit,  fi  Ton  en  croit  Ovide,  le  tifón  fatal, 
a la  durée  duquel  étoir  attachée  celle  des  jours 
de  Méléagre.  Tels  éroient  encore  les  fecrets  de 
JVlédée  , au  rapport  du  mérrie  auteur  : 

Devovet  ahfentes  , fimalacraque  aerea  fingit  ¡ 
Et  miferum  tenues  iti  jécur  urget  acus, 

Horace , dans  la  defcription  des  conjurations 
magiques  de  Sagane  & de  Canidie  , íáit  auíTi 
mentioB  de  deux  figures , Tune  de  cire  & l’autre 
de  laine  ; celle-ci  qui  repréfentoit  la  foreiére  , 
devoit  perfécuter  & faite  périr  la  figure  de 
cire. 

Lama  & ejjigies  erat ¡ altera  aerea,  majar 
* Lama  qu&  pcenis  compefceret  inferiorem. 

Cerea  Jimpllciter  fiahat , fervilibas  , utque 

J'am  peritura  , modis. 

Tacite  1 en  parlant  de  la  mort  de  Germani- 
cus  , qu'on  attribuoit  aux  maléfices  de  Pifoti , 
dit  qu  on  trouva  fous  terre  & dgns  les  murs 
divers  charmes.  Reperiebantur  falo  & parietibus 
eructs.  humanorum  corporum  reliquiét  , carmina  & 
devotlones  , <&  nomen  Qermanici  plumbeis  tabulis 
fnfculptum  j femi-ujli  ciñeres  y & talo  obliti  , alia- 
que  maleficia  , queis  creditur  animas  numinibus  in- 
fernis  facrari. 

CHÁRMON.  Júpiter  étoit  adoré  fous  ce  nom 
par  les  Arcadiens  (^Paufdn.  Arcadic.'},  ílgni- 

fie  pie  en  grec;  peut-étre  ce  furnom  en  étoit- il 
derivé  , ainfi  que  les  fétes  fuivantes. 

CHaRMOSYNE.  Hefvchius  dit  qu'il  Y avoit 
a Athénes  des  fétes  de  ce  nom  5 c’étoient  fans 
doute  des  jours  confacrés  á la  joie,  que  les  Grecs 
appeloient 

CHARON.  L’obfcuriié  qui  couyre  l’origine  de 
Ckaron  , fa  naiíTance  , & le  fens  caché  dont  il 
eñ  rembléme  , felón  les  allégoriides  , eft  auíli 
épaiíTeque  les  ténébresrnémesduTartare.  Héfiode, 
qui  étoiu  placé  avec  Orphée  Se  Homére  fur  la 
i:gne  la  plus  rapprochée  des  Egi^ptiens  , a pu 
confers^er  la  mémoire  de  leurs  traditions.  11  ne 
raconte  cependant  aucune  des  fabíes  que  Diodore 
de  Sinle  leur  a prétées  fur  ce  prétendu  roi  de 
la  Baffe-Egypte.  Le  chantre  de  la  théogonie  lui 
dorine  pour  pére  l'Erébe,  & la  Nuit  pour  mere. 
Mais  cette  origine  deft  pas  un  attribut  exclulif 
de  Ckaron ; Héfiode  l’a  donnée  á tous  les  monf- 
írcs  des  enfers , & il  fait  de  la  -Suit  la  mere 


CHA 

commune  du  nautonnier  inferna! , des  Furies 
des  Parques , de  la  More , &c.  &c. 

Peut-on  croire  que  les  premiers  Grecs  eullent 
recu  des  peuples  du  Nil,  peres  de  la  mythologie,' 
ou  fe  fuífent  formé  d'eux-niémes  une  idee  pré- 
cife  des  divinités  dont  iis  confondoient  ainfi 
I’origine  ? Júpiter,  Junon , Pallas  & les  grands 
dieux  , dont  le  cuite  étoit  auñl  ancien  que  Ies 
fondemens  de  la  fcience  facrée , avoient  chacun 
une  origine  fixe  & ifoiée.  Nous  ofons  done 
aíTurer  que  Ckaron  efl  de  création  moderne  , & 
doit  fon  exifience , fes  attribats  aux  Grecs  con- 
temporains  , ou  de  quelques  générations  plus 
anciennes  qif  Héfiode.  C'eílpeut  étrelacaufepour 
laquelie  hí.  Dupuis  ne  s’eft  point  oceupé  de 
Ckaron  dans  fon  origine  des  confielLaúons  ii  des 
falles  , quoiquh!  eút  trouvé  dans  Phémifphére 
auftral,  pres  de  I'équateur,  un  ñeuve,  une  barque 
ou  un  navire , &c.  &c.  ' 

Fulgence-Planciade  qui,  travaüiant  á éclaircir 
les  fables  chantées  par  Virgile , les  a obfcurcies 
par  le  mélange  des  anciennes  traditions , & des 
fidions  les  plus  recentes  & les  plus  abfurdes , 
a voLilu  ajouter  aux  idées  ddíéliode.  II  donne 
á Ckaron , fatis  autte  preuve  qu’un  vague  ou'i- 
dire,  Polygdemon  pour  pére.  Yoici  fes  paroles, 
qui  étant  traduites  ne  formeroient  aucun  fens 
ra¡fonnabíe(  V irgiliana  continentia')  « Charonverb 
» quaji  cronon  , id  efl  tempus  : ande  & Polydegmo- 
>5  nis  filias  dicitur.  Polydegmon  enim  multa  fcientis, 
» dicitur.  Ergo  dum  ad  tempus  multa  fcientis.  quis 
” pervenerit  y in  temporales  gurgitis  ccenofitates 
» morumque  foeculentias  tranjit  Quel  galima-r 
cías  ! 

P’autre  étymologiíles  ont  vu  dans  le  mor  de 
Ckaron  un  rapport  avec  celui  d’Achéron  , qui 
fignifie  trifie.  Leur  conjeclure  eft  plus  heureufe 
que  celle  á laquelie  Tantiphrafe  a donné  lieu  dans 
Ckaron , venant  de  xaifn  , fe  réjoiiir.  La  trifteílé 
& la  férocité  ont  toujoiírs  fonrié  le  caradtére  du 
nocher  redoutable. 

Sa  perfonne  ¡fa  pas  moins  exercé  Ies  interpre- 
tes des  fables.  Les  amateurs  des  aüegories  phy- 
fiques  paroiffent  avoir  mieux  réuífi  que  leurs 
rivaux.  Reconnoiffant  Fluton  pour  le  fouverain 
des  ténébres,  ils  ont  dit  que  Ckaron  repréfentoit 
Tair  de  ces  contrées  obícures  , & que  par  fon 
moyen  les  ames  y alloient  faire  leur  dernier 
féjour.  La  nature  aérienne  des  ames  demandoit 
un  véhicude  aérien  ; 2c  , comme  dit  R.  Etienne 
dans  fon  diélionnaire  {Tkef.  ling.  latin.  Charon) : 
Ideo  confecium  d poetis  portitorem  anim.arum.-^0¿\ 
le  Comte  , á la  tete  des  moraliftes  , s’eft  donne 
’la  torture  pour  trouver  dans  Ckaron  une  allégoria 
morale.  Ce  fera  la  réfuter  que  de  la  rapporter. 
Aprés  avoir  expliqué  les  angoilfes  & Ies  remords 
d’une  ame  criminelle,  par  les  eaux  noires  & bour- 
beufes  des  trois  fleuves  deftinés  á fervir  de  barriere 
au  tartare  , il  entrevoit  refpérance.  Cette  dque^ 


CHA 

ñluíion  tranqir'üire  Tame  troublés  , la  fait  paíTer 
hardi;i!entautraversdesanxiétés,c'eft-á-dire^dans 
fon  langage,  au  travers  du  Styx^  du  Cocyte  & de 
l'AchéroHj  pour  fa  conJuire  auprés  de  fes  Juges. 
C'eft-lá  que  des  peines  eífrayar.res  j ou  des  jouif- 
fances  confolantes  ¡k  fiatteiifes  Tatrendent  aprés 
lejugenaent.  QuipourroiC:,  felón  le  mythologuej 
' laéconnoitre  ici  la  barque  de  Ckcron , f&n 
emploi  & fon  inSexibilité.  Quant  á fobole  dont 
on  payoit  fes  peines  ^ il  n’en  veuc  pas  faire  hon- 
neur  aux  inñiruteirrs  des  fables  ^ ma'is  il  factribue 
á rimaginarion  exaltée  des  femmes  & des  noar- 
rices  j fans  en  chercher  aucnne  explieation. 

^ Les  écrivains  á la  fuite  defquels  s’eíl  place 
fabbé  Banier  , ont  donné  á la  fable  de  Charon. 
une  origine  hiílorique.  Quoique  Diodore  de 
Sicüe  n'ait  vccu  que  du  tems  de  Céfar  & d'Au- 
guíle  , i!  paroít  erre  cependant  le  premier  qui 
l'ait  cherchée  dans  les  ufages  des  Egyptiens.  II  dit 
{Diodori , Sicul.  lib.  i.)que  Ies  habitans  de  la 
baffe  Egypte  faifoient  ¡jorter  leur  cadavre  au-delá 
du  lac  iMceris,  íitiié  dans  la  province  appelée  de 
nos  jours  Fioumé  (^Banier  , explic.  des  fables , 
tom.  2.  page  q8.  Mérno.deslnfcrlp,  &cd).  La  ¡ plus  de 
quarante  juges  aííis  en  demi-cercle  décidoient  ^ 
far  le  récit  des  adlions  du  défunt^  íi  fon  corps 
étoir  digne  des  honneurs  de  la  fépulture  j ou  s'il 
devoit  fervir  de  proie  aux  vautours.  Un  batelier:, 
dont  Temploi  s’exprimoit  par  le  mot  de  Charon, 
faifoit  faire  á ces  cadavres  ie  trajet  du  lac.  « Be- 
» la  vient  , ajoute  Diodore  , qu  Orphée  ayant 
» vil  cet  ufage  confacré  dans  l'Egypte  oú  il 
=»  voyageoit  j le  prir  pour  bafe  de  fa  defcription 
» des  enfers  =.  Les  poemes  qui  portent  le  nom 
d’Orphéé  j quoique  trés*anciens  j ne  paroiifent 
pas  lili  appartenir,  ils  n'ont  done  pu  fournir  au- 
eune  preuve  á Diodore.  Celui-ci  la  devoit  fans 
doute  aux  prétres  egyptiens  quij  vivant  depuis 
deux  íiécles  avec  les  Grecs , fujets  comme  eux 
des  Ptolémées  ^ ne  s’étotent  pas  entiérement 
défendii  des  fuperftitions  grecques.  Hérodote  j qui 
les  avoit  fréquentés  dans  les  ííécles  antérieurs  ou 
ce  mélange  n avoit  pas  alteré  leurs  traditions  , 
ne  dit  pas  un  mot  du  tranfport  des  cadavres,  de 
Charon  & de  ce  prétendu  jugement.  Aucun  hif- 
torien  ne  s’eñ  cependant  ét-endu  autant  que  lui 
fur  les  ufages  des  Egyptiens,  & en  particuíier  fur 
leurs  fépultures. 

Qui  pourra  cro're  d^ailleurs  que  eet  anclen- 
peuple  confiar  á un  batelier,  mérne  auíorifé,&  á 
des  juges  éloignés  de  fon  hafcitation , Ies  relies 
précieux  de  fes  peres  } Tout  le  monde  connoit 
k refpedl  avec  lequel  les  Egj’ptiens  confervoient 
ks  coros  de  leurs  ayeux.  Une  dette  chez  eux 
etoit  priviiégiée  & facrée  , lorfqu'ils  en  avoient 
donné  pour  gage  ces  trilles  reliques.  La  perte  de 
I honneur  étoit  la  punidon  de  ceux  qui  ne  skin:- 
preíloient  pas  a jes  retirer.  Ces  réfiexions  fervi- 
íont  a apprécier  une  ttaditioa  qui  regne  encore 


H A 743 

chez  les  Arabes  de  Fiourré.  !ls  font  perfuadés  que 
le  célebre  labyrinthe  eíl  rouvrage  de  Ckaron 
( Paul  Lacas.  }.  Ce  Prince  , aprés  avoir  gagné  , 
feion  eux , des  fommes  immenfes  en  exigeant  un 
tribut  pour  le  tranfport  des  cadavres  au-delá  da  lac 
Mosris,  le  fit  conílruire  &y  renfermafes  tréfors. 
De  .puiíTans  talifnians  en  défendoient  i'approche. 
On  attribue  á ce  come  populaire  la  répugnance 
que  monuent  les  Arabes  á condiiire  les  écrangers 
au  labyrinthe  , qufils  appellent  quellay  Ckaren. 
Ils  prennent  tomes  les  précaudons  imaginables 
pour  qu  on  n’enléve  pas  ces  richelTes  chiméri- 
ques.  C’eíl  ainíi  qu’une  fable  ridicule  femble 
détruire  rorigine  vraifemblable  6c  naturelle 
qu’Hérpdote  a donnée  á ce  palais.  P.apporterai- 
je  férieufement  que  TArabe  Murtaái  fait  d-a 
Ckaron  (^dans  fon  Egypte)  un  onde  ou  un  couíin- 
germain  de  Moife  } Aprés  avoir  obfervé  long-tems 
les  ordonnances  du  légillateiir  hébreu , il  en  fut 
recompenfé  par  la  connoiíTance  de  la  chimie  , 
& par  le  fecret  du  grand-oeuvre  que  lui  commu- 
niqua  fon  parent.  Par  ce  moyen  Charon.  plus 
heureux  que  Ies  alchimiíles  modernes,  fut  amaf- 
fer  de  grands  biens.  Mais  il  en  fut  enfuite  privé 
á la  priére  de  Moife,  qui  fit  entdouvrir  un  abíme 
fous  les  pas  de  cet  adepte  devénu  murmurareur 
( Coran,  chap.  20. ).  C’eíl  ai.nfi  que  Murtadi  & 
Mahomer  ont  confonda  Coré  avec  Ckaren. 

Aprés  avoir  vengé  la  mythologie  égyptienne 
des  abfurdités  que  lui  ont  prétées  les  Grecs  de 
les  Romains,  cherchons  tout  ce  que  ces  derniers- 
peuples  nous  ont  laiíTé  fur  Ckaron.  Paufanias 
décrit  un  anden  tablean  de  Polygnote  ( P hocica, 
page  662.. ) , que  Ies  Gordiens  avoient  placé  dans- 
un  édifice  appelé  Uefehé,  prés  de  Belphes.  On  y 
voyoitrAchéron&  une  barque  conduite  á la  rame 
par  le  batelier. Polygnote,  fuivant  Paufanias, avoit 
fuivi  dans  ce  deíTin  une  ancienne  poéfie  appelée 
Minyas  , dans  laquelle , en  parlant  de  Théfée  & 
de  Pirrhoiis , on  avoit  dit  qu'un  batelier  trés- 
ágé  paíToit  Ies  ombres  dans  cette  iarge  barque. 
L'artiíle  , d’aprés  cette  tradition  , avoit  peine 
Charon  fous  les  traits  d'un  vieiiiard.  Depuis  ce 
tems  une  vieilleíí'e  forte  6r  robulle  a eré  fon- 
caraélére  propre,8c  les  Latinsle  lui  ont  confervé 
religieufement  , comme  il  parok  par  ees  vers  de 
Virgile  ( ÍEneid,  lib.  vi.)  : 

» Portitor  has  horrendas  aquas  flumina  fervat 
» Terríbili  fqualore  Charon  : cui  plarima  mentó 
» Canities  inculta  jacet  : fiant  lamina  f.amtná  r 
» Sórdidas  ex  hameris  noao  depender  amiclas  : 

» dpfe  ratetn  conto  fabigit , velifqae  minifrat , 

XI  Ft  ferruginea  fahvtctat  corpora  cymbd 
X JamfenioT  : fed  cruda  Dco  virídisque  feneaas^ 

Les  monumens  ont  copié  fidélerr.ent  cette  peiii' 
ture  j aux  voiks  prés.  Sur  ua  toiabeau  étrufque: 


c 


744  CHA 

¿e  BonaRíii  s on  volr  d’an  cóté  Mercare , Se  de 
l'auire  ie  visiiiard  vétu  d'unc  tuniqae , & debout 
dans  fa  barquCj  quil  condiiit  avec  une  perche. 
II  eíl  aííis  fur  une  lanape  de  Liceti  ^ couyerte  de 
bas-reliefs  qui  repréíenteni  Íes  funérailles  & Ij 
defeente  aux  enfers-  Charon  mal  vétu  y tient  un 
aviron  y & re^oit  des  mains  d’un  Génie  aüé  & 
de  Mercare  armé  da  caducée,  Tame  dumort  pour 
leqael  la  lampe  avoit  été  fabríquée.  Liceti  a cru 
voir  Ies  furies  dans  trois  tetes  hideufes  placees 
Tune  auprés  de  Charon , & les  autres  auprés  du 
cadavre.  Mais  á voir  leurs  cheveux  hériirés  fans 
apparence  de  lerpeas , on  ne  peut  les  méconnoí- 
tre  pour  des  pleureufes  gagées. 

Lucien  fait  dire  a Ckaron , que  malgré  fon  grand 
age  , il  conduit  encoré  lui-méme  fa  barqne  á 
Taide  de  fes  deux  raines.  On  ne  lui  en  donne 
qu’une  ordinairemenr.  Sa  barque  étoit  auffi  an- 
cienne  que  les  fieuves  fur  lefquels  elle  voguoit. 
Des  planches  de  liége  en  forinoient  Taffemblage. 
Les  uns  nous  l’ont  repréfentée  comme  une  cha- 
loupe  capable  de  recevoír  un  grand  nombre 
d'ames , trop  petite  cependant  pour  recevoir 
toutes  celles  qui  avoient  le  droit  d'y  etre  adrn.i- 
Í2S ; car  Ovide  dit  de  cette  barque  : tarhá.  vlx 
fatis  una  ratis  , ( Confol.  ad  Liviam.).  Un  fré  e 
canot  rernpii  par  la  Sybüle  , Enée  & le  nauton’ 
nier : voilá  la  defeription  qu’en  donne  Virgüe. 
Elle  étoit  peinte  d’une  couleur  bleue  ou  grifátre, 
ainíique  nous  fapprenons  d’une  épigramrne  grec- 
que  rapporcés  par  Suidas  ( Suidas  ),  8c  de 

Virgile  qui  I’appelle  ccerulea  puppis. 

Avant  d’grriver  au  rivage  fur  leque!  erroient 
Ies  ames , Charon  étoir  averti  par  le  íilence  ou 
par  les  abqiemens  de  Cerbpre  j de  la  fageíTe  ou 
de  l’impiété  de  ces  malheureux  fupplians.  Stace 
díc  en  eíaet  du  redoutabie  chien  (by/v,  y.) ; 

. . . . Tacet  Ule  piis  ne  tardior  adjit. 

35  Navita  y proturhetque  vadis.  V ehit  Ule  me- 
rentes 

fí  Prptinus  y & manes  placidas  locat  hofpite 
cyrpba. 

Nous  ne  devons  done  pas  étre  étonnés  de  la 
dureté  avec  laquelle  il  repouíTe  dans  l’Enéide 
certaines  ames  , candis  qu’il  en  admet  d’autres 
avec  cornplaifance.  Stace  le  lave  daos  ces  vers  du 
reproche  de  prédiieéliQn  & de  perfonna'iré. 

Que  devient  aprés  cela  l’appücation  que  des 
inalins  onr  faite  du  paíTage  fuivant  aux  cenfeurs 
royaux  y 8c  aux  auteurs  qui  cherchent  á háter 
par  de  vives  follicitations  Texamen  de  kurs 
liyres  ? 

53  Stabant  orantes  primi  tranfrnittere  curfum  : 

}>  Tendílani^ue  manas  rips  ulterior is  amore  ^ 


CHA 

3»  Navha  fed  tríjfis  aúne  kos  y aúne  fummovtt 
illos  : 

33  jíjl  altos  donge  fummoeos  arcet  arena. 

Quelque  noble  cependant  que  foit  le  motif 
d’excluííon  préte  á Ckaron  par  Stace  , il  en  eíl 
un  autre  plus  connu.  Apulée  (//ó.  6.  AJin.  Aur.  ) 
dit  que  c’eíl  l’avarice,  8c  milíe  échos  Tont  répété 
aprés  lui.  11  aíTure  que  ce  vicc  régne  méme  dans 
les  régions  inférieures  , que  Charon  n’en  eft  pas 
exempt ; car  il  n’admet  perfonne  dans  fa  barque 
fans  en  avoir  refu  le  péage.  On  lit  dans  Ovide 
( Confol.  ad  Liviam. ) .•  Omnes  expeñat  avaras 
partuor.  Properes  fe  fert  de  rexemple  de  Charon 
pour  proLíver  qu’il  eft  un  moyen  de  áéchir 
fes  diyinités  les  plus  farouches  ( PUg.  ii.  lih, 
4)-- 

F'ota  movent  fuperos.  Ubi  portitor  &ra  recepit y 
Obferat  urnbrcfos  lurida  porta  rogos. 

Aufíl  voyons-nous  l’épithéte  d’av^are  accom- 
pagner  toujours  le  nocher  du  Styx.  Le  tribut  fue 
lequel  on  a fordé  ce  reproche  d’avaricej  n’étoic 
pas  une  fomme  bien  forte.  Deitx  piéces  de  la 
tr.onnoie  ia  p’us  viie  , deux  oboles  acquittoient 
ordinairement  ce  péage  chez  les  Grecs.  M.  Pauc- 
ton  , dans  fon  tr.iité  de  métrologie evalúe  a prés 
defept  de  nos  foislesdeuxobolesatnques.  «Hélas, 
3=  dit-on  dans  Ariftophane  {Rans.)  combien  de 
3-  puifiance  8c  de  forcé  ont  deux  oboles- ! » 
Le  comique  s’égaie  enfuite  en  parlant  de  cette 
fomme  , qui  chez  les  ombres  fatisfaifoit  l’avarice 
du  péage  , 8c  dans  Athénes  la  cupidité  des 
juves  y dont  elle  formoit  Ies  épices  á chaqué 
audience. 

La  vanité  des  perfonnes  opulentes  ou  u une 
naiíTance  diftingaée  , repouíTe  tout  ce  qui  peut 
les  confondre  avec  le  peuple,  méme  au-de!a  du 
trepas.  C’eft  pourquoi  les  Áthéniens  avoient  taxé 
leurs  rois  a trois  oboles , qú’ils  faifoient  enfe- 
velir  avec  leurs  cadavres.  Les  dieux  au  contraire 
vouknt  fans  doute  donner  aux  mortels  Texernpie 
de  la  modération  8c  de  l’économ¡e  ^ s étoient 
foumis  á la  taxe  du  peuple  lorfqu’tl  leur  étoit 
arrivé  de  traverfer  l’onde  noire-  Dans  les  gre.^ 
nouilles  d’Ariítophane , Bacchus  demande  a Her- 
cule  comment  il  doit  faire  pour^  entrer  dans^  la 
barque.  Le  héros  lui  répond  qu’a  linftapt  ou  íl 
aura  payé  deux  oboles , le  vieillard  n hé/itera- 
pas  á le  recevoir.  Lorfqu’ií  approche  du  rivage, 
le  choeur  Tengage  á payer  le  tabucj  ear  }es 
anciens  poetes  dramatiques  tranfportoient  les 
choeurs  á leur  gré  8c  contre  toutes  vraifeinblance 
dans  les  régions  les  plus  éloignées , & les  monis 
faites  pour  etre  le  féjour  des  mortels.  Bacchus 
dir  modeftement  á Ckaron  : preñez  ces  deux 
oboles  ; celui-ci  l'admet  fur  le  champ.  Nous 
voyens  dans  Suidas  qu’i  y ayoit  dss  naots  formes 

ex?r«« 


CHA 

exprés  pour  exprimer  á dernkr  péage  , Lx'.áa*.  & 

^e/riix.c¿,¿syríi. 

Flus  heiireux  que  les  autres  Grecs,  & que  les 
habitans  de  I'Olympe  eux-memes  , Ies  citoyeas 
<l'Egia!e  étoient  exempts  du  tribiit  dú  á Charon^ 
&c  paíToient  le  Scyx  fans  payer  d’pboles  ( Suidas 
).  Caüimaque  airurequ’ils  devoient  cette 
prérogative  honorable  á Cérés.  Cette  déeíTe  cplo- 
rée  arriva  fur  ¡eur  territoire  aprés  avoir  parcouru 
Tunivers  entier  á la  pourfuice  du  rasúfleur  de  fa 
filie.  Les  habitans  d’Egiale  foalagérent  fa  peine 
en  lili  apprenant  le  nom  du  gendre  que  Júpiter 
& les  Deftins  lili  avoient  donné.  lis  lui  montré- 
rent  pres  de  leur  ville  la  route  par  laquelle  il  étoit 
rentré  avec  fa  proie  dans  Ies  fombres  demeures. 
Cérés  Ies  paya  de  cette  bonne  nonvelle  en  ac- 
cordant  á íeurs  ombres  une  franchife  abfolue. 
Les  Hcrmoniens  s’étoient  approprié  la  méme 
difpenfe , & en  ufoient  joumeiletr.enti  Le  cheroin 
qui  conduifoit  de  leur  pays  aiix  enfers  étcit  íi 
court , qu'ils  ne  fe  croyoient  point  obligés  de 
payer  quelque  chofe  pour  le  voyage.  lis  regar- 
doient  fans  doure  le  voifinage  de  Charon , comme 
Un  droit  á fa  générofité  & á fa  bienyeillance. 

Toas  íes  écrivains  de  Tantiquité  font  d'accord 
fur  la  nariire  du  tribut  qu'il  exigeoit , en  accor- 
dant  le  paífage  des  redo  atables  fieaves ; mais  ils 
ne  le  font  pas  fur  la  maniere  dont  il  ie  percevoit. 
On  croit  qifordinairement  chaqué  mort  lui 
préfentoit  fes  deux  oboles  , & qii’il  les  receu'oit 
de  fa  main.  Sur  une  lampe  de  Beíiori , on  le  volt 
debout  tenant  une  rame , & recevant  le  naalum 
ou  péage  que  lui  donne  une  ame  préfentée  par 
Mercare  armé  du  caducée.  Bartoli  nous  a con- 
fervé  le  deflin  d’un  beau  monument  fépulcral , 
fur  lequel  Charun  tend  la  main  gauche  pour  rece- 
voir  le  naalum  , préíenté  par  deux  ames  qui  font 
prés  d’entrer  dans  fa  barque.  Cependant  Juvé- 
nal  peinr  Lavare  batelier  prenant  dans  la  bouche 
des  morts  la  piéce  de  monnoie  que  Ieurs  héri- 
tiers  avoient  foin  d’y  placer  pour  cette  deftma- 
tion.  II  dit  d'un  pauvre : 

....  J'fec  kabet  qutm  porrigat  ore  trientem. 

Cette  pratique  religieufe  étoit  auffi  en  ufage 
chez  les  Egyptiens , fi  Lon  en  croit  Diodore  de 
Sicile.  Mais  il  parok  par  fa  narratioii,  que  nous 
avonsexaminée  plus  haut,  que  cet  ancicn  peuple, 
plus  économe  que  les  Grecs,  ne  payoit  qu'une 
feule  obole.  Le  comre  de  Caylus  a donné  dans 
fon  recueil  le  deíTm  d’une  piéce  d’or  travaillée 
comme  une  feuille  légére , & trouvée  dans  le 
corps  d'une  momie.  Plafieurs  voyageurs  aííurent 
qu'ils  ont  fait  la  méme  obfervation.  Je  ne.par- 
ierai  pas  des  momies  nouvellemenr  déterrées  , 
fous  la  langue  áefquelles  les  Arabes  gliflérrt  de 
petites  feuiiles  d’or  afin  de  tromper  les  Francs. 
II  faut  croire  d’apres  ces  témoignages  , que  les 
piéces  confervées  iafqu’á  nos  jours  ont  éehappé 
aux  recherches  du  prétendu  Clearon  égyptien  , & 
A^tiquités  ¡ Tome  I, 


C ti  A 

que  ces  cadavres  ont  joui  du  méme  privíléee 
que  les  Hermor.iens.  Mais  il  s’oiífe  ici  une  re- 
flexión plus  naturelie  & tres-importante  ; c>íl 
que  le  récit  de  Diodore  eft  une  puré  fable. 
Hérodote  en  eífet  décrivant  dans  le  plus  grand 
détáil  les  embaumemens  , ne  dit  pas  un  mot  qui 
foit  relatif  á la  piéce  d’or  du  péage.  L"on  trouve 
d’ailleurs  dans  le  corps  des  momies  des  objets 
quí  ont  encore  moins  de  rapport  avec  la  defcenre 
aux  enfers  j tels  que  de  petites  ííis  d’ane  porce- 
laine  groffiére  ^ des  Scarabées  de  jada , & defi 
Sphynxs  de  différente  compoíition. 

ün  moyen  auffi  fúr  de  fiéchir  Charon  , étcit , 
felón  Virgile  j de  lui  montrer  le  rameau  d'or 
fi  célebre  dans  les  anciennes  fables ; car  ce  méta! 
paroít  avoir  toujours  eu  pour  luí  un  grand  attrait. 
Ce  füt  á fa  vue  qu'Enée  & la  Sybilie  durent  leur 
entrée  aux  enfers.  Le  batelier  Íes  aíTura  d’aborá 
qu’ils  n’avoienc  á attendre  de  lui  aucune  eona- 
plaifance. 

52  l'i'ee  vero  Alcldem  me  fum  l&tatus  euntem 

» Accepijfe  lacu  ^ neC  Thefea  F iritkoumque  ^ 

2»  Diis  quamvis  genid. 

Ce  fatal  fouvenir  LaflSigeoit  fenííbleméHt.  II  ne 
pouv’oit  en  effct  fe  rappeler  la  condefcendancc 
dont  il  as'oit  ufé  envers  Hercule , qui  alloit 
chercher  Alceñe  ^ flms  penfer  á la  captiviré  d’une 
année  entiére  á laquelle  Plutonle  condamna  pour 
l’en  punir.  Servius  , qui  nous  a confervé  ^ d' aprés 
Orphée  y laiunémoire  de  cette  rigóureufe  puni- 
tion , ajoute  cependant  que  Charon  avoit  été 
forcé  par  ceshéros  á íes  admettre  dans  fa  barque 
fansaucnne  rétribution.On  voit  Piuton  conduifant 
le  batelier  infernal  dans  fa  pri.fon  ( Itíuf.  Etrufc. 
tai.  lyS.)  , fur  une  urne  cinéraire  rapportée  par 
Gori. 

Quoíque  nous  ne  connoiíSons  aucune  fétc 
inílituce  y aucun  temple  elevé  á Lhonnsur  de 
Charon , il  eíl  cependant  certain  que  les  Grecs 
& les  Romains  le  placoient  au  rang  des  divinités 
infernales.  Nous  Lapprenons  d’une  épitaphe  ; 
« D.  M.  (^Gruteri  y p.  794.  «°.  i.)  poktitori- 

22  PLUTONI.  ET  PROSERFINE.  IIAVE.  JULIA 

22  IN.  DEORUM.  NUMERI'M.  RECEPTA.  ” Virgile 
le  nomme  expreífément  diea  > cruda  deo  viridís- 
Que  feneBus.  ’On  lui  en  attribnoit  le  pouvoir.  H 
áppeioir  Ies  ames  que  la  mort  aüoit  féparer  de 
Ieurs  corps.  On  dit  dans  Ariftophane  a une  vieiile 
femme  qui  a deja  un  pied  dans  la  foíTe  ( Lyfif- 
trata,  v.  écp.  ) : « Que  defirez-vous  ? De  quoi 
22  vousoccupez-vous encore  ? Charon  vous  appelle. 
Auífi  dans  les  Grenouilles  du  méme  poete  le 
falue-t-on  comme  les  dieux  (.v-  186.)^  par  le 
nombre  facré  trois  ; « Charon , je  vous  faloe  trois 

„ ¿)js 25.  Ce  font  aíTurément  des  droits 

bien  prouvés  au  neftar  & a Lambroíie. 

Son  nom  a donné  lieu  a r.n  jeu  de  mots  que 

B b b b b 


74^  CHA 

Fiurarque  rappcrte  daos  la  vie  de  31,  Antoine. 
Caipurrize  j í'poufe  de  Cé.'ar,  s’eirpara  des  tablettes 
de  ce  héros  aprés  fon  liLdmai.  Elle  eu:  Tadreíle 
¿'y  inférer  toar  ce  qu’eüe  jugea  á propos  de 
íciijdre.  De  foite  qee  cecee  veave  donna  des 
Kiagiífratures  á des  droyens  , en  nt  entrer  d"au- 
tics  dans  Je  fénat en  rappela  pJuíieurs  de  fexil 
oa  les  fit  fortir  de  prifon,  comtT.e  íi  elle  n’eiir 
fait  qu  executer  les  dernieres  voJontés  de  fon 
ip.ari.  Le  peupie  rotnain  , qui  ne  fut  pas  long-  tems 
cupe  de^cecte  fuperclierie  j ne  s’en  vengea  cepen- 
canr  qa  en  appelint  les  citoyens  ainlí  favorifés 
par  la  veuve  de  fon  maitrCj  du  nom  de  charonit&. 
lis  ne  pouvoíent  en  effet  aliéguer  d’aurres  motifs 
ce  ces  changemens  fubits  ^ que  Jes  tabletees  du 
ntort,  oublíées  fans  doute  au  paííage  du  Styx  dans 
la  barque  de  Ckaron, 

Cettedivinité  n'étant  pas  d’origine  égyptienne, 
comn-.e  nous  Tavons  prouvé  contre  íJiodore  de 
S:die  5 il  faut  done  croire  qa'elie  a été  créée 
par  les  premiers  Crees.  lis  en'durent  cependant 
ibdee  par  anafogie  aux  anciennes  fables  de  l’E- 
gypte.  Car  Diodore  {Diod.  Sicul.  lib.  i.)  nous 
apprend  que  Ies  prétres  de  cette  contrée  alBgnocent 
pour  demeure  aux  ames  , aprés  i’abandon  des 
corpSj  de  vades  régions  iituées  au-de!áde  ¡’Océan. 
Cette  traditíon  fe  retroiive  dans  Orphée  j Homére 
Sí  les  anciens  poetes  grecs,  qui  font  régner  Piu- 
ton  íur  des  pays  qui  confinent  avec  i'Ocean.  Les 
p-trufeues  l'avoient  confervée  avec  foin^  comme 
ii  paroít  par  un  vafe  décrit  dans  Cori  ( Mjf. 
Et-ajc.  tab.  1)8.  )•  Sur  ce  menument  un  Génie 
condust  une  am«  aux  enfers ; il  eí^pr-écedé  par 
iJercure  & flercuie.  Cette  peinture  éñ  entourée 
ee  podlons  & de  flots  agites.  On  y reconnoít 
1 Opinión  qui  pbqoit  Íes  champs  élyfées  au-deiá 
de  la  grande  mer  : c'écoit-iá  fans  doute  un  des 
dogmes  que  les  Etrufques  requrent  des  colonies 
t'gypnennes  ou  des  Félafges.  Ces  derniers  leur 
communiciuérent  á la  fois  & les  divinités  de 
création  égyptienne,  & ceües  qifils  avoient  ima- 
ginées  , entre  iefqueiles  étoit  Ckaron. 

Rien  en  effet  de  plus  naturel  d’aprés  ces  ide'es , 
que  de  fuppofer  une  barque  pour  traverfer  Jes 
mers  voiñnes  du  Tartárea  & un  barelíer  prépofé 
á fa  conduiie.  On  ne  pouvoit  d’ailleurs  le  fup- 
pofer que  trés-vieux  , ii  Ton  examinoít  1 efpace 
immenfe  de  tems  depuis  lequei  il  exerqoit  fon 
cmploi , & trés-farouche  eu  égard  aux  dignités , 
Eux  richeífes  de  ceux  qu'ii  devoit  paíTér,  fans  fe 
HiíTtT  flechir  par  d'auíli  puiíTantesconfidérations  j 
enrm  pauvrement  veru  afin  d’étre  fidéle  au  cof- 
des  lieux  qu’il  habitoit.  A peine  eut-on 
ebauché  cette  peinture  , que  I’imagination  des 
Crees  , avides  du  merveilleux,  réaiifa  le  fantóme 
Se  redouta  fon  approche.  Enfaite  ia  crainte  qui 
Jí  fa’t  les  premiers  d'eux  , felón  Pétrone  ^ divinífa 
Job’et  des  terreurs  de  toar  I univers , & Ckaren 
íuz  BUS  au  rang  des  diviaitcs  iaferaaies. 


CHA 

CHAROhITjE  fenatores.  Voye:^  ChARÓK. 
CIIAROlsi lü AI.  V^oye:^  ChARON. 

CH,4ROPSj  nom  qu’on  donnoit  á Hercule 
dans  !a  Beotie  ^ á caufe  d'un  temple  quLl  avoit 
dans  le  lieu  par  oú  il  aborda  en  emmenant 
^^^cc  lui  le  eníen  des  enfers.  Ce  nom  veut 
dire,  aux  yeux  briÜans  j & il  exprime  la  jo'e 
qui  étoit  peinte  fur  le  vifage  du  vainqueur  de 
Cerbére. 

CÍJ.4RRUE.  Les  anciens  ont  donné  á la  ckarrue 
pluíieurs  inventeurs , Oíiris  , Bacchus  , fits  de 
Júpiter  ge  de  Proferpine,  Triptoléme,  Buzigés 
heros  del  Atnque , Céres  , Minerve,  Prométhée  , 
Dagon  , A bis.  On  peut  conclure  de  cette  multi- 
tude  d inventeurs  , qu’on  Ke  connoiífoit  pas  Is 
vérirabie. 

^es  Grecs , & Héílode  en  particulier  ( Labor. 
& Dief. ) , connoiffüient  deux  efpcces  de  ckar- 
rues  j 1 une  ílmpie  , aársyuuí  , & Tautre  compo- 
fee , ‘¡¡■■.x.T-.v.  La  ckarrue  limpie  étoit  un  croe  ou 
pie  , reís  que  Ies  fauvages  de  quetques  contrées 
¡es  emploien:  encore  5 on  voit  cette  charme  f¡ir 
des  médaüles  de  Syracufe.  Cinq  tombeaux  étruf- 
Ques  offrent  le  héros  Echecíus  combattant  á 
3íarathon  avec  la  ckarrue , ¡e  cxoc{P ¿¡ufan, 
lib.  I.  I y.).  Héílode  recommande  au  labotireur 
de  chfercher  dans  la  forét  un  arbre  courbé,  de 
le  couper  & de  le  durcir  á la  fumée  dans  fon 
foyer.  Virgüe  enfeigne  au  laboureur  á donner 
cette  courbnre  auxieunesarbiesCGíorg-fc.  1.169.) 
dans  la  foret  méme  ; 

Continuo  in  fylvis  magna  vi  fiexa  domatur 
In.  burim  , ó’  curvi  formam  accipit  ulmus  araíri. 

O.n  voit  ordinairement  la  ckarrue  íimple  fur  les 
medailles  de  colonies , conduite  parunhomme, 
dont  la  tete  , recouverre  en  partie  par  la  toge  , 
annonce  pour  cet  inftant  le  caraéfére  religieux  ; 

& trauiee  par  un  boeuf  & par  une  vache  , elle 
retrace  ¡a  céremonie  d’ufage  pour  la  fondation 
des  colonies  & des  vilies  romaines.  Toures  les 
circoníiances  de  cette  action  étoient  réglées  par 
¡es  livres  ppntificaux ; le  jour  en  étoit  fixé  par 
les  augures  & indiqué  par  les  aiifpices.  Pourrions- 
noiis  douter  aprés  cela  que  le  choix  de  la  ckarrue 
eile-méme  ne  fur  aufli  determiné  parles  rits  des 
augures.  Le  íilence  des  écrivains  fur  cetobjet  fem- 
b!e‘  étre  reparé  par  Ja  reíiémblance  cenifante  des 
ckarrues  que -Pous  offrent  Ies  médaüles  des  coio.nies. 
C'eit  toujours  la  ckarrue  limpie  avec  un  manche. 
Peut-étre  ics  Romains-vouloient-ils  rappeler  par 
cette  forme  primitive  de  ia  ckarrue  , la  iimplicrté 
des  premiers  tems  & ia  pureté  des  moears  anti- 
ques.  Les  nieux  eux-mémes  n' étoient  pas  dif- 
pcnles  d employer  cette  méme  forte  de  ckarrue , 
lorfqu  on  fuppoioit  quhis  préfiJoier.t  á la  fon- 
dation^de  quelque  viíle  , & quhls  en  tracoient 
i euA-iii.emes  l'eqccinte. 


CHA 

Une  médaille  de  grand  bronce  de  Commode , 
sous  en  foarnit  un  exemyie  linguiier.  On  y yoit 
au  revers  Hercuie  coa  juifanr  la  charru.¿  des  colo- 
nies  & tra^ant  les  fondations  de  Rome  ¡ avec  la 
légende  : tlercidi  Romano  conditori. 

La  charrue  compofée  eft  confervée  dans  X Araire 
des  provinces  méridionales  de  France.  Ceft,  dit 
Euliathe  {not.  3 2.  verf.  XIII.  lio.  Odyjf.),  celle  done 
le  fep  n'eft  pas  taillé  dans  le  méme  morceau  de 
bo.'s.  Héfiode  i’a  décrire  ibigneufement  ( Labor.  & 
dies.  430. ) j ainíi  que  Virgile  ( Georgia,  i.  lóc;.)- 
Le  fecond  parle  des  oreilles  , bina,  aures , que 
Fon  ajoiire  á phifieurs  efpéces  de  charrúas , & 
des  roues , curras  irnos  , donc  Piine  attribue  Fin- 
vention  aux  Gaulois-Cifalpins.  Des  médailles  de 
la  famille  Sempronia  ont  pour  type  une  charrúa 
garnie  de  roues.  Püne  a parlé  aufli  du  coutre  , 
qu'ii  diftingue  da  foc.  De  forte  qudl  eft  prouvé 
que  les  anciens  ont  connu  toares  les  efpéces  de 
charrúas  , & méme  toutes  les  additions  que  les 
modernes  s’applaudiffent  d'y  avoir  faites. 

Les  deflins  des  charrúas  anciennes  que  nous 
venons  de  citer  ^ nous  ont  mis  á portée  de  don- 
ner  une  explication  fatisfaifante  aes  feeptres  que 
portent  Oiiris  & les  figures  égyptiennes.  Sa  noa- 
veauté  & fa  vraifeinbiance  nous  engagent  á la 
donner  ici. 

Trois  différentes  efptces  de  feeptres  font  répe- 
tés  mille  fois  fur  les  monumens  égyptiens  , & 
portés  par  des  hommes  & des  dieux , que  leurs 
coéíFures  variées  peuvent  faire  prendre  pour 
toutes  les.  divinités  de  FEgypte.  Tantoi  ils  paroif- 
fent  fous  la  forme  d'an  baton  furmonté  d'une 
traverfe  pofée  obliquement ; t.intót  la  traverfe 
eft  réduite  á fa  moitié,  & forme  un  ang’e  avec 
la  pointe  dii  fceutre ; tantóc  enfin  , Se  le  plus 
fouvcnt , cet  angla  du  fommet  eft  terminé  en 
bec  d'oifeau  ^ & accompasné  d^’un  ceil  , ce  qui 
iui  donne  de  la  reffembíance  avec  la  tete  de  la 
Huppe , Upupa. 

Les  voyágeurs  qui  ont  décrit  cu  deíTiné  les 
bas-reüefs  des  obélifqueS:,  Se  Kircheren  parricu- 
lier , ont  toujours  déíigné  le  troiíiéme  foas  le 
nom  de  feeptre  a téte  de  Huppe  fcaptrum  ^ 
xa  '-ü(pcx.í(px>.oy  , baculus  cucuphomorphus. 

On  reconnoít  dans  ie  piíTage  du  premier  au 
fecond , & enfuite  au  troiíiéme  , la  marche  que 
fuit  l’efprit  humain  , en  cherchant  toujouts  a ornar 
& embellir  les  chofes  cm  dans  leur  origine  étoient 
de  Fufage  le  plus  commun.  Les  Egyptiens  trou- 
vant  dans  la  pointe  fupérieure  du  fecond  une 
légére  reñemblance  avec  le  bouquet  de  pluma 
que  porte  Foifeau  appelé  Huppe  , Se  dans  la 
pointe  inférieure  uu.e  autre  reíTemblance  avec  fon 
bec  long  & efnié , ajoutérent  un  oeil  & Ies 
iinéamens  de  Fouverture  du  bec-  Ce  fut  alors  une 
tete  de  Huppe  complette.  De  méme  on  vn  Ies 
Gtecs  & les  R.omaius  former  en  téte  & en  coi  de 
Cygne  les  manches  des  patéres  & á&s fío-pulum  , 
aar4  le  prolongenaent  terrrdaé  par  qn  empatenieat 


C H A 747 

coutbé  , a du  néceíTairerr.ent  faite  mitre  l’idcs 
d’une  tete  de  Cygne. 

Si  nous  demando.ss  á Kircher  quel  étoít  Fobiet 
figuré  par  cet  attribut  qu'Ofiris  t’.eat  fouvent  fue 
les  obélifqueSj  ii  nous  repondrá  , dans  un  endroit 
de  fes  ouvrages , qifií  eft  la  marque  de  la  fou- 
veraine  puiiTance  fur  les  trois  régnes , animal  , 
mineral  & végéral  ; Uariacatis  caujdm  rarum  irt 
tribus  infarioribus  mundis  , animali  , vagetali  ^ 
minarali  ( (S.dip.  JEgypt.  iil.  282.  ) t.  Se  dans  un 
autre  ( ibid.  , quh!  exprime  la  varié  té  des 

coaleurs  du  bouquet  de  píumes  de  la  Huppe. 
Tum  ragiam  potefiatam  , tum  rarum  vi  ca/oris  ix 
mundo  produBarum  variatatam  , crifiu  Upupa  omni- 
ganá  colorum  variatata  imbuía  ¡itóy>.v<pix¿;  praf.gu~ 
ratam.  Quhl  eft  difficile  de  fatisfaire  le  leéieur 
judicieux  avec  des  explicarions  auíTi  vagues  1 
L'agriculture  nous  en  fournira  de  plus  natu- 
relles. 

Rappelons-nous  que  Ies  Egyptiens  en  croyoíent 
Oiiris  idnventeur  , 8c  que  Tibuíle  a chanté  ( Rb. 
I.  e/eg.  7.  ) cetre  tradition  ancienne  avec  toutes 
fes  branches  dans  les  vers  fuivans  : 

Primus  aratra  mana  foLarti  fecit  OJiris  , 

Et  tanaram  farro  foi’icitavit  kumum. 

Primus  inaxvarta  commifit  femina  larra  , 

Pomaqua  non  noús  Icgit  ab  arhoribus. 

Ule  docuit  palis  tanaram  adjungara  vitcm. 

Hic  •viridsm  dura  acedare  falca  cománt. 

Bacchus  & agrícola  magno  confacia  labore 
Péñora  fijlitia  dijfoluanda  dadit. 

Sera-t-on  étonné;,  aprés  la.leclure  de  ces  vers, 
de  voir  dans  les  feeptres  égyptiens  Fartribut  de 
Fagricu'ture  , la  charrúa  íimpie  , c^eft-á-dire  , !e 
croe  ou  crochet  avec  iequei  les  premiers  hom- 
mes fillonnoient  la  terre  ? Diodore  y a reconna 
auffi  une  charrúa  , & ce  ne  peut  erre  que  la  plus 
íimpie. 

Cette  méme  charrúa  , ou  le  báton  courbé  doiit 
eft  armé  Echetlus  fur  les  tembeaux  étrufques, 
eft  place  aufíi  dans  les  mains  d'Ofiris.  On  y voit 
auíTi  le  croe  fait  de  deux  piéces  , Se  parfaitement 
femblable  a la  charrúa  du  tombeau  publie  par 
Spon , fi  Fon  fait  abñraéfion  du  manche  , qui 
étoit  le  plus  fouvent  une  partía  ajoutée. 

Cette  explication  parek  plus  ^nature'le  que 
celle  de  Kircher.  Le  báton  recourbé  , !e  -lituus  des 
Esyptiens  étoit . felón  Iui  , le  íigne  du  pquvoir 
abfoiu  des  divinités  fúpérieures  fur  'es  inte;  ieu- 
res  , & il  défignoit  en  méme-tems  la  fymm^trie 
hartnonique  qui  régit  Fiiniyers.  Et  par  baculum 
quidam  fuperius  ir.curvum  ( i -id.  png.  I77.  ) aafj- 
lutum  r.uminum  tn  inferiora  i.tjluant:  :cm  acm.nium  , 
& fummam  , auam  per  huric  i/ipuxum  raous  zr.duccp 
bant  , fjmmatriam  karmo'dea'n  '.r.-.cabjrx.  C’étoít 

encere  , felca  iui , un  t-nyrie  ra;y  s'-’cc  ;a 


74^  CHA 

appelée  ferule  , qai  fervoit  d’appui  aux  vísnes 
& da  flute  aux  bergers.  Kircher  crouve  qu’á~ ces 
deux  t!tres  la  féruie  convient  parfaitement  á 
OSris , qui  avoit  erifeigné  Tare  de  cultiver  la 
vigne  j & qui  avoit  inventé  la  mufique  ( ihid. 
pag.  l^Z.  ).  Ac  primo  quidem  Ofiridi  feu  Dionyfio 
‘títriiruhu.r , eo  quod  docuerit  primo  vitem 
plantarz  , ac  eam  thyrfo  feruiaceo  vdutí  Jiatumini 

fufienxanda  viü  aptijfimo  applicare vtl 

quod  ex  ejüs  iatervailis  Konjugatis  compingeretur 

feptenis  ut  Ovidios  ait , fifiula  caanis 

O'iiridi  autem  non  vinz  tantum  inveutionem  per 
tnyrfos  ferulaceos  , utdiUum  efi ¡jigriificatam  ,fcd  tt 
mufle  £ qiioque  auribuereat  , ut  refen  Diodorus. 
Ces  variations  dans  l'explication  d’un  des  prin- 
cipaux  attriburs  d'Oüris  , n’annoncent  pas  dans 
Kircher  une  ciarte  & une  unité  de  principes  j teíles 
que  fon  fyíléme  Texigeoit. 

La  troifiéme  ( /¿/íi.  490. ) expücation  quji 

en  donne  s^éioigne  également  des  deux  premieres. 
Ce  croe  eíi  , felón  lui , un  harpon  , embléme  de 
jcelu:  á Taide  diiquel , ainfi  que  d’un  filete,  Ifis 
tira  du  fond  de  ia  mer  le  corps  d'Ofiris.  Ifls  Piu- 
tarcko  tefte  , cadáver  Ofldiris  d Typhone  ir.  Nilum 
projeclum  , icncino  extra  Niíi  fluenta  retí  excepifle 
xiemoratur.  xitquc  koc  efl  , quod  apee  Jane  hoc  loco 
exprimitur  per  uaciaum  d?  rete  ab  humeris  depen- 
dens.  Nous  parlerons  aiüeurs  de  ce  prétendu 
filet  d'Ifis , mais  nous  ne  quitterons  pas  cette 
charrue  limpie  ou  cecroc^  fans  ajouter  que  Schaw 
l’a  prife  pour  une  houlette. 

Les  fentimens  font  auffi  partagés  fur  Lattribut 
triangulaire  que  riennent  fouvent  les  figures 
égyptiennes , & qui reffembie  au  précédent  cnargé 
d’une  traverfe.  Kircher  nfeft  pas  ici  plus  d’accord 
avec  liii-méme  que  dans  i explicarion  des  autres 
attributs.  Dans  fon  alphabet  myíiique  il  croit 
qudl  eft  formé  par  la  reunión  des  lettres  ( ibid. 
pag.^  yo. ) grecques  majafcules  A S¡c  A y qui  font 
les  imtíales  des  mots  ^ boa  géaie  y 

furnotn  du  ferpem  lacré.  Hic  caraóler  ídem  jigai- 
fleat  ^ qui  ^ Ayunos  Auíutcy  y id  efl  y honus  geaius  y 
corr.p onitur  ex irútialihus  lilteris  A-d?  A.  Aiüeurs 
efeíf  Fembléme  de  ialpbaber  litréral , par  lequel 
«nen  défigae  ri.nvention  attribuée  á Ofiris.  L'a  , 
felón  Kircher  , étoir  la  premiére  de  ces  lettres. 

Cleyton  ^Jouraai  from  graad  Cairo  Writtent  iy 
ihe  Prefetto  & Egypt. ')  ’ a fait  de  cet  aítribat 
triangulaire  un  inílnsment  de  mufique  y cjue  Fon 
louchoit  avec  le  pLecirum  , cu  crochet  place 
crdinairement  avec  lui  dans  les  mains  d^Cfiris. 

Ldnvention  de  la  murique  , donr  «n  faifok 
Konneur  á ce  héros  déifié  une  refleniblaBoe 
«lo'ignée  avec  le  fiSre  , & un  pafíáge  de  Spon 
telatif  aa  prétendu  fouet  cu’íl  croit  etre  «11 
«i'ilrUiTierit  de  mufique,  oíit  du  faire  naítre  cette 
opii-iion.  V oíci  ie  paíTrag-e  de  Spoa.  ■(  28'-'  Diflr- 
-táition  , ou  j-Jp-oa^e  a I/í.  ChcHiou.  dans  Les  M.  s~ 

KSLí.  ERUo.  T.AxTiQoiTATrs.).  Flagrum 

bo£  inflruntintmn  muflaam  diaas  -aLjitsm^di 


CHA 

I falt  Ifldis  flfirum  ? Ita  ut  Uvá  manu  pleétrura 
i teneat  y dexterá  infirumentum  ferreum  , aut  Meara 
I quod  percujfum  pUBro  foaltus  edit.  Mais  nous 
I ferons  remarquer  á Cleyton  ^ d’aprés  üobfervation 
de  Winkelmann  , que  Fon  ne  trouve  le  liftre  dans 
la  main  d'aucune  ftatue  antique  égyptienne  ( l'An. 
lib.  2.  ch.  1.  66. ) confervée  á Rome  ; qu’il  n’eft 
méme  repréfenté  fur  aueun  autre  monument  que 
fur  les  bords  de  la  rabie  iíiaque  j car  Bianchi 
& queíques  autres  ont  cru  mal-á-propos  le 
reconnoítre  fur  les  obélifques.  L'attribut  qui 
nous  oceupe  feroit  au  contraire  par-tout  dans 
les  mains  d'Ofiris  j ce  qui  prouve  qu'ü  n'a  au- 
cune  analogie  avec  le  fiftre.  Mais  ce  qui  la  détruira 
entiérement , c'eft  une  figure  qui  fe  trouve  dans 
le  cabinet  du  roí  & dans  celui  de  Ste  Geneviéve. 
L'attribut  triangulaire  y eft  double , 8c  s fait  dif- 
paroítre  le  prétendu  pleBrum. 

Que  fubftituerons-nous  aux  hypothéfes  de 
Kircher  & de  Cleyton  ? Diodore  nous  a mis  fur 
la  voie ; ce  fera  une  charrue  fimple  fans  manche, 
muníe  d'une  traverfe  pour  en  aíTurer  la  folidicé. 
Que  Fon  dépouiile  de  ieurs  manches  les  ckarrues- 
des  Egyptiens  modernes  publiées  par  Norden  & 
Níebhur  , 8c  Fon  y verra  dfftrruftemení  ie  pré- 
tendu a/p/ia  hiéroglyphique  , 8c  Finítrument  de 
Cleyton.  Avec  norte  explicarion  Ofiris  portera 
les  inftrumens  de  fon  invemion  , la  charrue  fim- 
ple , ou  croe , & de  plus  ce  croe  fbnifié  par 
une  traverfe,  qui  fut  fans  doute  le  premier  degré 
de  perfeéfion  ajouté  á la  charrue.  Peut-étre  méme 
en  do.nñant  aux  ftatues  d' «Ofiris  le  croe  fimple  8c 
ia  charrue  avec  une  traverfe  , a-t-on  voulu  exprí- 
Ejer  par  ces  aítributs  qu'il  inventa  d’aborá  ie 
premier  , & qu'en  le  perféCrionnant  il  en  fit 
enfuite  le  fecond  : Primos  aratra  maau  foierti 
fecit  Ofiris. 

CharPvUE  ( on  voir  une  ) fur  fes  médailfes  de 
Centuripa  , d'Enna  , d’Obulco  , de  Mea&  , des 
Leonrins  j de  Panorme  , des  Siciiiens,  Scc. 

CHARTA.  Voyei^  Papieb.. 

CHARTARIUS.  Cet  officier  exerccit  fes  «re- 
mes fonélions  que  le  Chartophylux  & le  Chartiu- 
larius.  II  en  eft  carié  dans  Caíñodore  ( Var. 
VIII.  23.)}  8c  00  iifoit  á Rome  Fíniiriptioíi 
fuivante : 

lOCtJS  VAI.ES.IANI  CHASTASU 

CH  ARTES.  Tóate  matiére  fur  laqueñe  on 
pouvoit  écrire , étoit  exprinaée  par  ie  mor  chana, 
Cfeft  le  fentiment  de  dotn  Mabflion.  De-iá  vient, 
felón  lui  , la  dénomination  de  ckarte  , commune 
á toas  les  gentes  d’a^es.  Mais  ne  Fauroir-on  pas 
plutot  empruntée  da  papfer  d’Egypte  ? Avant  le 
Vüi-fiécle,  OH  avoit  eoatuirre  d’expédíer  fes 
dipldmes  fur  ce  papier,  & iufqu'á  cette  é-poque 
ccíok-lace  qti'onappeloicci^rtó  parexceliencej 


CHA 

car  ce  nom  luí  éíoit  réíérvé  priyatk’eaient  á toute 
aurre  naátiére. 

S'ii  ejíiftoic  dés-Iors  une  forte  de  papier  de 
plombj  nommé  carta  -plúmbea  , 

comme  le  prétendenr  les  PP-  Mabülon  & de 
Montfaucon  {PaUograph.  p.  i6. ) , Pé pichete  qui 
J'accompagne  le  diítiaguoit  fuíEfaníment  du  papier 
d'Egypte.  A forcé  de  coups  on  réduifoit  le  plomb 
en  lames  ; & a forcé  de  Pétendre  on  lui  com- 
muniquoit  avec  le  papier  quelque  reíTerablance 
que  lui  fie  donner  le  nom  de  carta.  Mais  c’eít  juf- 
tement  ce  qui  feroit  douter  íi  la  carta  de  plomb  , 
done  Néron  couché  fur  le  dos  avoit  la  pacience 
de  charger  fa  poitrine  pour  fortifier  fa  voix 
étoit  écríte  oa  méme  faite  pour  Pétre.  Une  lame 
de  plomb  auffi  minee  que  la  fuppofe  Pécriture 
a laquelle  on  la  defiinoit , étoit-elie  capable  par 
fon  poíds  de  mettre  la  pacience  de  cec  empereur 
i une  épreuve  qui  moncrác  Pexcés  de  fa  paffion 
pour  la  muííque  ? 

Ce  prétendu  papier  devoit  done  avoir  une 
épaiíTeur  plus  confidérable  que  celie  qu'on  donne 
maintenant  au  plomb  laminé , delliné  á garnir 
les  caiíTes  oü  Pon  renferme  certaines  marchan- 
tílfes-  Ces  ( AlLatius  animadv.  in  antiq.  etrufe. 
fragm.  n.  72.  ) papiers  de  plomb  done  il  eft  parlé 
dans  unancienauteurcicépar  Jofephej  dans  Apol- 
lonius  de Tyr,  & dans  Anañaie  le  bibliothécairs, 
fur  Ies  papes  Serge  & Grégoire  III,  devoient 
étre  de  la  forme  de  celui  que  Néron  raettok  fur 
fa  poitrine. 

Qu^on  entendk  anciennement  par  le  íéul  mot 
carta  le  papier  d'Egypte  , c’eíl  ce  que  mille 
témeignages  concourent  á prouver.  Pline  Phif- 
torien  { iib.  ij.  cap.  II  Ái3.),aprcs  avoir 
obfervé  que  Varron  en  ñxe  Pinvention  au  íiécle 
d’Alexanáre  , combar  fon  opinión  par  la  décou- 
verte  des  livres  de  papier  renfermés  dans  le 
tombeau  de  Numa  Pompilius.  D'ou  il  s'enfuit 
que  trois  íiécles  avanr  Ja  fondatibn  d'Alexandrie  , 
ce  papier  étoit  en  ufage.  Or  , dans  Pun  & Pautre 
endroit , carta  ell:  le  feu!  terme  employé  par 
Pline.  Ulpien  {^Ih-re  39  fur  Véd.it')  . S.  Jéróme 
( Uttre  d Cromad ) , Jovin  & Eufébe , Jufli- 
nien  ( 2.  tit.  10.  §.  12.  ) dans  fes  inftitiits, 
diftinguenc  nettement  ckarta  du  parchemin. 
Comme  la  píuparc  des  livres  étoien:  de  papier 
d'Egypte,  le  nom  générique  de  canes  leur  fat 
appliqiié  dans  Pufage  ordinaíre  : in  ufa  plerique 
libros  ( f.  Iib.  32.  cit.  3.  leg.  52.  §.  4.)  cartas 
oppellant.  Cette  dénominatioí!  ne  paffa  fans  doute 
au  parchemin  que  quand  Pufage  da  papier  d"E- 
gypte  commenqa  á romber.  Le  rexte  allegué 
d'Anaftafe  ( Anafi.  in  vit.  S.  Sylv.  tom.  1./7.  43.  I 
eoy.  exit.  Alaffti  Ifior.  Dipl.  p.  60. ) le  bibliorhé- 
caire , en  faveur  du  fentiment  contraire  , ne  paroír 
pas  concluant  , parce  qu°au-lieu  de  mettre  en 
uppDfition  k parchemin  avec  le  papier  d^Eiypce, 
üu  oppofe  peut-étre  que  Us  feudies  eí»  trsYaiiises 


C H A 


74f 


du  íJapyrus  á ceües  qui  Péíoient  (noit-vzlh  Divlo- 
matique  des  Bénéaicllns  ). 

1 ICUM,  ímpót  de  deux  foUis  que 

les  officiers  des  empereurs  levoient  dans  le  bas- 
empire  pour  les  frais  de  leurs  regiíires.  II  en  eíf 
íait  mención  dans  Zonare  & dans  les  Novelles. 

archives  publiques 

oa  trefor  des  chartes. 

’ ^om  d’o:$ce  dans  Pé^Iife. 

fle  Conítantinople.  Ckartopkylax.  Codin  appella 
le  grand.  Ckartopkylax  , le  juge  de  toutés  les 
caufes  , 8c  le  bras  droit  du  parriarche  5 & Bal- 
lamon , la  bouche  8c  les  lévres  du  pacríarche- 
Codin  dit  auífi  qu  il  etoit  le  dépolítaire  8c  le 
garde  de  toutes  Ies  chartes  qui  regardoient  les 
droits  ecciéíialliqiies ; qu'il  préíidoit  á la  déci- 
f on  des  caufes  matrimoniales , 8c  qu’il  ézoit 
juge  des  clercs.  Théodore  Balfamon  dédia  fon 
commentaire  fur  les  canons  á George  Xiphilon. 
Théodore  étoit  né  á Conítantinople  , & dés-lors 
Numopkylax  Se  Ckartopkylax , ckft-á-dire,  garde 
des  loix  8c  des  chartes  de  Sainte- Sophie , & 
premier  prétre  des  Biaquernes ; mais  ü n ecoic 
pas  encore  pacriarche  d' Antioche.  Leonclavius  Se 
d'autres  fe  font  trompes  quand  ils  Tont  con- 
fondu  avec  le  chartulaire.  C eroient  deux  oíH^ 
ciers  fort  diftérens , Se  le  chartulaire  étoit  bien 
au-deíTous  du  Ckartopkylax.  Le  Ckartopkylax 
rédigeoic  les  fentences  8c  íes  déciíions  du  parriar- 
che , qui  les  lignoit  8c  y appofoit  le  feeau.  íl 
préfidoit  au  grand  confeil  du  patriarche , & con- 
noilToit  de  toutes  les  caufes  & matiéres  ecelé- 
Jiaítíques  , tant  du  peuple  que  du  clergé  & des 
moines.  Ii  avoit  féance  avant  les  évéques.  Da.ns 
certaines  cérémonies  il  montoit  le  cheval  du 
patriarche  5 il  avoit  fous  lui  douze  notaires  á fpn 
fervice.  Enfin  , nuUe  autre  dignitén’avoit  tant  de 


- ^ ^ 

bjbliothécaire  étoit  á Rome.  íl  portoit  les  mémes 
ornemens  que  ¡es  miniilres  ecciéfiaítiques  , & en 
faifo-it  les  fonétions.  C'étoit  lui  qui  préfentoir  au 
patriarche  tous  fes  évéques  8c  les  clercs  étra.n- 
gers  3 toutes  les  lettres  , tous  ceux  qui  devoient 
étre  pourvu  d’évéchés  , d'abbayes  , ou  pronaus 
auK  otdres  : tous  devoient  avoir  fon  approbadoa 
(^Ar-afiafi.  ad  vtii  Synod.  añ.  2.). 

Quelques-uns  écrivent  Cartopkylax.  Ce  met, 
mokié  latín  Se  moitié  gres,  seíl  formé  á Conf- 
tantiaople  depais  que  l'empire  y eut  été  tranf- 
porté  3 de  xáfla , £ait  du  latín  ckarta  j Se  de 
(p’jrmnrpi  , j e garde.  Ii  ü^niñe  gardc-ckarte.  Gétoic 
un  ofEcier  prépofé  á la  garde  des  chartes  3c  des 
acies.  11  y en  avoit  un  pour  fe  palais  de  Tempe- 
reur,  & un  pour  le  patriarche  & pourréglké,  qui 
avoient encore chacun  un  nom  particulier,  comme 


'ro 


C H A 


ce1i-i  cíe  l’és’iíe  fcriniarlus  , ccluí  C’di  a fo!!l 
¿es  papicrSj  des  aíftes.  Cependant  on  les  con- 
fond  íouvenr,  á caule  de  ia  reiiemb’iance  de  leurs 
fontlions. 

CHARTRES.  Foyep  Ch artes  , qui  fe  dit  or- 
dinaiiement  pour  charires. 


CHARTULÁRIUS  , notaire  du  prince , qui 
écrivoit  les  aítes  publics  dont  le  Chanophylax 
avoit  la  garde.  il  en  ell  fait  mention  5ans  les  ioix 
de  Juíbnien.  Cet  otScier  étoit  appelé  commenta- 
rurJis  fous  íes  Céfars. 

CKARYBDE , felón  la  fable  , av(5Ít  été  une 
fetnrae  qui  habitoit  fur  les  cotes  de  Sicile.  Ayant 
derobe  les  boeufs  d'Hercule,  elle  fut  frappée  de 
la  foudre  en  punition  de  ce  larcni , & changee 
en  monftre  mariii-  Ce  monftre  , dit  Homére  , qui 
habite  pres  d'im  écueil  de  Sicile_,  engloutit  les 
fiots  trois  fois  par  jour Se  trois  ibis  ii  ks  rejette 
avec  des  mugiííemens  horribles,  cc  Qu’il  ne  vous 
» arrive  pas . dit  Circé  á Ulyfle . de  vous  trouver 
» la  quand  elle  abforbe  fes  vagues;  car  Neptune 
« ne  pourroit  vous  tirer  de  ce  danger^  "•  Charyhde 
eft  un  rocher  efcarpé  du  cote  de  Mefllne,  & 
v'is-á  vis  Scylla  , prés  diiquel  l’eau  fe  précipite 
avec  impétuoíité  dans  oes  gouftres  & oes  tour- 
billons.  Ce  paiTage appelé  aujourd’hui  Capo  di 
Fa’^o  , ne  mérite  pas  méme  Tattention  des  ma- 
telüts. 


CÍIASSE.  Cet  exercice  eñ  auíTi  anclen  que  le 
befoin  oii  le  defir  de  maneer  les  animaux.  Mais 
les  Crees,  jaloux  de  rapporter  á leur  nation 
lous  les  ares  & toiites  les  fciences  , ,feent  hon- 
neur  aux  Laconiens  de  cette  invention  , & a 
Dercetus  en  parucuiier , ( Grat.  Cyneget.  n. 

ICO.  ).  , . , ^ . , , ^ 

Diane  étoit  la  divinite  tutelaste  oes  cn.aj]eurs. 
Une  nymphe  tombée  par  mégarde  aans  des  íilets 
& expofée  aux  bétes  feroces,  échappa  á leur 
fureur  par  la  proceñion  de  Diane  , a qui  elle 
avoit  promis  par  un  vceu  foleinneí  de'  batir 
un  pedt  temple  ii  elle  la  tiroit  oe  ce  peril.  Dés- 
krs  ia  chajfe  & les  ckajfeurs  fiirent  mis  fous  la 
protedioí!  de  !a  filie  de  Latone.On  l'invoquoit  en 
partant  pour  la  ckaífe  , & on  iui  préfentoit  en 
otTrande'"des  íilets  , des  javelots  , des  ares  , des 
carau'iis  Sr  des  fleches,  que  Ton  fafpendoit  aux 
voátes  de  fes  temples  , ou  aux  arbres  qui  lui 
ét.'-ient  confacrés  dms  les  foréts.  Apol'ion  par- 
tageoit  avec  fa  fceur  Tencens  des  ckajfturs  ..pares 
c'.fil  exceiloít  c-,.mme  elle  á lar.cer  des  fleches. 
Ce  cidte  fít  att  ibaer  auíf!  aux  enfans  de  Latone 
flan  de  dreííer  les  chiens , qu’ils  communiquérent, 
d:fok-on  , á Chiron  , pour  honorer  fa  juftice  , 
í>:  p,ir  le  moven  de  ce  fameux  Centaure,  á la  plu- 
part  des  héros  qui  farent  fes  difcipies. 

J es  armes  des  cha (Tfiii's  ne  furent  pas  les  feuies 
ofFrandes  Quhls  confacrérent  a DiaU-e  , ils  atta- 
choieat  auíS  á leurs  portes  en  f®n  iionaear  des 


C K A 

bois  de  cerf  &r  des  défenfes  de  fangüer 
mack.  Epifl.  V.  6b. ) : Honori  r.arrdnuTTt  datur 
corana  Jacrare  cervorzim  , Cf  aprinos  denles  limi- 
nibus  cffigere.  Agathocle,  tyran  de  Syracufe , Iui 
confacra  méme  le  fquelette  & la  peau  d'un  cerf 
quhl  avoit  tué  , & au  coa  duquel  il  atcacha 
un  collier  , portant  cette  infeription  : Auaííf« 

' Apriftií'i 

Les  Crees  étoient  paffioTinés  pour  la  ckaífe  ; 
& leur  mythologie  avoit  rendu  célebre  celle  du 
fanglier  de  Calydon , qui  eft  repréfentée  fi  fou- 
vent  fur  les  marbres  antiques  , & fur  laquelle  oa 
confultera  Farticle  de  Meleagre. 

La  chajfe  fut  auíli  eftim.ée  par  les  Romains  que 
par  les  Crees  ; & ceux  qui  ont  aíTuré  qu’eüe 
étoit  abandonnée  chez  eux  aux  individus  des 
derniéres  claífes  de  la  fociété , étoient  dans 
l’erreur.  ‘ 

Sylla,  Ssrtorius  , Pompée  , Jules-Céfar,  Cice- 
rón , Marc-Antoine  chez  les  Romains,  ont  appuyé 
& approuvé  l’exercice  de  la  ckajfe  par  leur  auto- 
rite  *&  par  leur  exemple.  Le  paffage  de  Saiufíe 
qu’on  a apporté  en  preiive  du  fentiment  con- 
traire  , a été  mal  entendu.  Horace  favoit  fans 
doute  quede  eñime  les  Romains  faifoient  de  la 
chajfe  ^ & il  dit  dans  rEpitre  xvrrr  du  premier 
livre  : c‘  que  la  chajfe  eft  un  exercice  de  tout 
” tems  en  ufage  chez  les  Romains , qu’elle  con- 
» trihue  ala  fanté  & méme  a la  réputation.  Les 
==  Romains  Paiment , aimez-la,  vous  fur-tout  qui 
« étes  plein  de  vigueur , bon  cavalier  & capá- 
is ble  de  paíTer  les  plus  vites  chiens  á la  courfe  , 
5’  & de  venir  á bout  des  plus  vigoureux  faii- 
» gliers 

Remanís  folemne  viris  opus , utile  fams, 
V^itíque  & memhris.  . . , 

Ckft  a Lollius  qu’Horace  recom.mande  !a  chaffe  , 
& Lollius  n'étoit  point  un  efclave.  Ce  n eft  point 
d'un  efclave  dont  parle  encere  Horace  dans  I Oie 
premiere  du  premier  livre, 

. . . , Manet  fub  J ove  frígido 

Venator , teners.  conjugis  immemor ; 

Seu  vifa  eji  catulis  cerva  fidelibus  , 

Seu  rupit  teretes  M.arfus  aper  plagas. 

Les  empereurs  romains  cui  vecurent  apres 
Salliifte  .&  Horace,  peafoient  queja  chaffe^  etoit 
un  exercice  noble  & gloneux.  \ oici  ce  qu  en  t 
Pline  dans  le  Panégyrique  de  Tragan  : “ cero. 
„ autrefois  le  premier  exercice  , ^e  p^us 
» plaifir  de  la  jeuneíTe,  de  pourfuivre  a la  coun- 
« les  bétes  fugitivas  , de  vaincre  par  la  torce ^ 
«plus  couraseufes , de  furprendre  par 
» les  plus  rufees  , & on  ne  remportoit  pas  p 
‘ 5!  de  gloire  peniant  la  paix  quand  on  a' 

« éioigner  des  campagnes  les  bétes  feroces , 


CHA 

•»  rííetíre  les  laboureurs  á ccuvert  de  leur  irnip- 
» tion.  Ceux  mcme  d^sntra  les  princes  qui  po*u- 
M voient  le  moins  prérendre  á cette  Ibrte  d'tion- 
» near  ^ ont  voulu  fe  fattribuer.  lis  faifoienr 

renfcrmer  des  bétes  fauves  5 & aprés  cu’une 
» partie  de  leur  férocité  avoit  été  domptée  , on 
» Íes  láchoit,  & on  fe  moquoít  de  ces  empereurs 
55  qui  tiroient  vanité  d'une  faufle  adrede  qiiand 
=5  üs  les  avoient  tuées.  Trajan  joint  la  peine  de 
=•  Ies  chercher  á ceile  de  les  prendre^  & le  plus 
-»  grand  , le  plus  agréable  plaiíir  pour  lui  . c'eíl 
« de  les  tro  u ver  j?. 

Ckasse  amphithéárrale.  Les  Romains  fappe- 
loient  venatio  ludiera  ou  amphitkeutralis . Elle  fe 
faífoit  dans  les  cirques , au  milieu  de  famphi- 
theátrCj  3cc.  On  lichoit  toutes  fortes  d’animaax 
fauvages^  qu  on  faifoit  attaquer  par  des  hommes  ^ 
appelés  de  cet  exercire  btfiiarn  Foj^^Besti ai- 
res ) , ou  ils  étoienc  tués  á coups  de  fleches  par 
le  peuple  méme  , amufement  qui  l’accoutumoit 
su  fang  & l'exerfoic  au  carnage.  L'an  de  Rome 
J02  , on  y condüiiit  cent  quarante-deux  élé- 
phans  qui  avoient  été  pris  qa  Sicile  fur  les  Car- 
tnaginois  ; ils  furent  expofés  & défaits  dans  le 
cirque.  Auguíle  donna  au  peuple  dans  une  feule 
ehajfe  atnphíthéátrale  , trois  miíle  cinq  cents  bétes. 
Scaurus , donna  une  autre  fois  un  cheval  marin 
& cinq  crocodiles  > l'empereur  Probus  , mille 
aupruches , mille  cerfs  , mille  fangliers  , mille 
damis , milie  biches  & milie  béliers  fauvages. 
Pour  un  autre  fpectacle,  le  méme  prince  avoit 
fait  raíTembler  cent  lions  de  Lybie  , cent  léo- 
pards  j cent  lions  de  Syrie  , cent  lionnes  & trois 
cems  ours.  Syüa  avoit  donné  avanr  lui  cent  lions  j 
Pompée  trois  cents  quinze,  & Céfarquatre  cents. 

Si  tous  ces  técíts  ne  font  pas  cutres  ^ quelle 
étoit  la  richeíTe  des  ¿iélateurs  , des  confuís  ^ 
des  quefteurs  , des  préteurs  & des  édi'es  qui 
faifoient  ordinairement  la  dépenfe  enorme  de 
ces  jeux  , quand  i!  s^agiíToit  de  gagner  la  Eiveur 
du  peuple  pour  s’éléver  á quelquc  dignité  plus 
importante.' 

Chasse.  Muratori  (919.  6.  Thef.  Infcr.)  rap- 
porte  rinfcription  fuivante  , dans  laquelle  11  ell 
fait  mention  de  EofEcier  de  l’empereur  ^ prépofé 
a la  garde  de  fon  habit  de  ckajfe. 

M.  ÜLPIUS  AUG.  LIS. 

EUPKROSIN0S 
A VESTE  VENATORIA 

CHASSEUR  ( Júpiter ).  Cn  volt  ce  dieu  fur 
des  médailles  de  Traües  en  Lydie  , & de  Mida 
cu  Phrygie.  11  y parcir  fuivi  de  trois  chiens  de 
chaíTei  & c’eñ  ce  Júpiter  qui  eít  repréfenté  aíiis 
fur  un  Centaure  de  la  Villa- Borghéfe. 

f-RASSEURS.  Follux  Onomafiic,  v.  cap.  5.) 
que  les  chaífcurs  pourfuivant  les  bétes  fauvesj 


CHA  75 1 

doirent  avoir  leur  chiamyde  entortilIJe  auiour 
du  bras  gauche  . en  gui.e  de  bouclier.  C’eLi;  ainñ 
que  la  porte  Méléagre  fur  les  bas-reliefs  caí 
rep^refentent  la  challe  du  fangüer  de  vial v don. 

±-es  caaífeuTs  p.,-rto:ent  auái  un  caique  & des 
cothurnes  ou  bottines  , femiolaóies  á ceiies  des 
voyageurs.  On  vott  áiéieagre  ainfi  chauíi'é.  iiors 
la  ciiiamyde  Ies  cnajTcurs  fonc  tout  nuds. 

CHASUBLE.  V'oyei  Casüla. 

CHAT.  Les  chuts  oient , entre  toutes  les 
bétes^á  quarre  pieds  ceiies  dont  les  Egyptiens. 
punüfoient  plus  févérem.cnt  la  mort  j foit  qu'on 
Peút  procurée  par  inadvertance  , foit  de  propos 
délibéré.  On  étoit  toujotirs  criminel  quand  on 
tuoit  un  chat  j & ce  carne  ne  s’expioit  que  par 
les  plus  cruels  fupplices.  Mais  quand  le  chut  meurt 
de  fa  mort  natureiie  ^ dit  íiérodore  , tous  les 
gens  de  la  rnaifon  ou  cet  accident  eid  anivé  ^ fe 
rafent  les  fourcils  en  íigne  de  trifieílej  on  em- 
baume  le  chat  Se  on  Peníevelit  honorabiement  á 
Bubafte.  La  vénération  des  Egyptiens  pour  le  chat , 
étoit  fondée  en  partie  fur  i'opiriion  qu’ils  avofer.t 
qu’líis,  la  Diane  des  Grecs,  voulant  éviter  !a 
fureur  de  Typhon  & des  Géans  ^ s’étoit  cachee 
fous  la  figure  de  cet  animal,  ils  repréfentoient  le 
dieu  chat  tantót  avec  toute  fa  forme  natureiie, 
& tantót  avec  un  corps  d’homme  portant  une 
tete  de  chat. 

Le  chat  étoit  honoré  d’iin  cuite  parttculier  dans 
quelques  cantons  de  l’Egypte  , &c  fur-tóut  á 
Bubaide.  II  y étoit  regardé  com.me  le  fymbole. 
d’ilis  ou  de  la  Lune ; & dans  le  nombre  de  rap- 
ports  qu’on  lui  trouvoit  avec  cette  plañere , on 
fuppofoit  qu’il  faifoit  autant  de  petits  qu’il  y a 
de  jours  dans  un  mois  lunaire  : on  ajoutoit  que 
fes  portees  étoient  aíiujecties  á la  progreíGon 
natutelle  des  nombres,  depuis  Punité  jufou’a  z8, 
c’eft-á-dire , que  dans  la  prémiere  il  mettoit  bas 
un  petit,  dans  Ja  feconde  deux,  dans  la  t.oiiíéme 

ftreis , & ainíi  de  fuitejurqu  á ce  que  le  nombre 
de  vingt-huit  fue  rempli.  Piutarque  rapporte  cette 
exrravagance  & ne  la  réfute  point  ( de  Ifid.  <& 
Ofirid.').  Horapollo  ( Hieroglypk.  I.  c.  lO.  ) a 
attribué  mal-á-prrpos  au  chat , les  opinions  reli» 
gieufes  que  les  Egyptiens  avoient  fur  le  ¡ion  , & 
fur  fes  prétendas  rapports  avec  le  foieil.  II  eíi 
cercain  que  les  Egvptiens  o.nt  toujours  comparé 
le  chat  a.  la  lu.ne  ou  á üis ; c’eíd  pourquoi  on  le 
veit  ordinairement  fur  les  fiidres  coníacrés  á cette 
déelfe. 

11  nous  reíde  un  fi  grand  nombre  de  monu- 
mens  qui  nous  rappeilent  le  cuite  du  dieu  chat , 
oue  le  cotnte  de  Caylus  ( Rec.  il.  pl.  7. ) n auroit 
p ;s  fait  graver  celui-ci  fans  ¡‘extréme  fingulan'té 
Qu’ü  lui  "a  partí  avoir.  On  ne  peut  legarder  cet 
animal  reprélenté  avec  fes  deux  petits,  comrre 
un  ouvrage  de  fantailie.  Ea  houde  , ou  i ttefie 
travai]iée''dont  fon  poiirail  cid  orné  , & les  hié- 
rcglyphes  qu'on  ¿iflingue,  quoique  avec  peine. 


751  CHA 

fur  !e  de-rant  de  !a  pHnté  ^ iridiquent  un  objsc 
defuperíí!:ion.  Cette‘wíí7'£ , accompsgnée  de  ies 
deuxpetitSjpourroitíignifier  une  plus  grande puil- 
fance  , urr  cuite  plus  étendu  que  cette  divinite 
avoit  acquis  ■,  les  deux  petits  ckats  condtufent  a 
cette  idée.  -Mais  ia  ckate  étant  , fuivant  piuíieurs 
auteurs^  bembiéme  de  ía  Lunej  & la  Lune  étant 
Ifis  on  poiirroit  avoir  par  cette  idee  I expn- 
catión  de  ce  monument.  En  fuppofant  un  des 
petits  ckats  blanc  & l'autre  noir  j üs  reprefente- 
roient  les  phafes  de  la  lune.  _ 

■ On  voit  á Rome  , dans  la  Vill^a  - Borghete  j 
une  ibtue  égpptienne  qui  a une  tete  de  ckat. 

CHATAIN.  Les  Romains  appeloient  cette  cou- 
kur  color  amygdaliniis  ¡ ou  pheeniceus  du  nom 
grec  ^4¡Ví5  que  portoit  le  palrnier^dattier  > dont 
les  fruits  ou  dattes  íbnt  chátaitt-foncé. 

.CHATEAÜ-St.-Atrge.  Voy  ti  AdrianüM. 

CHATEAÜ-d’eau.  Les  Romains  appelofent 
cajitlla  les  cháteaux-dl eau  , on  refervoirs  deftines 
á ia  dirtribution  de  i’eau  des  aqueducs ; & caf- 
tillarias  i’odicier  ou  I’infpeíteur  prépoíe  a cette 
¿iíbibutíon. 

CHAT-HUANT  de  Minerve.  V.  Chouette. 

CHATiMENS  milkaires.  Voyei  Castiga- 
Tío,  & le  Dicíionnaire  de  'íAn  Militaire. 

ChatiMens,  fupplices.  V oyei  Iq  Didiionnaire 

de  -Jarifprud&nct. 

CHAüD.  Les  Romains  voluptueux  aimoient  á 
boire  chaud  datis  Ies  repas  fomptueux  j & c étoit 
dans  les  vafes  marrhins  que  Ton  verfoit  le  vin 
chaud  {Martial.  xiv.  }.)  : 

Si  calídum  potas  ^ ardenti  tnyrrha  Faterno 
Converdt,  & melior  fit  fapor  Indt  mero, 

On  préféroit  ces  vafes  pour  les  hoiSans  cfmuz 
des  aux  coupes  de  verre  ; parce  que  ces  derñictes 
étoiaiu  briftes  par  la  dilatación  fubite  xii. 

74-  k ) V 


NuLlum  foHhitant  hs.c  , Flacce  , toreuTitata 
fartm  , 

Ft  nimium  calidis  non  vitiantur  aquis, 

Quslques  Romains  croyoieut  que  les  boiíTons 
chandes  rendcier.t  pales  ceux  qui  en  ufoient  habi- 
tuellemenc.  Marcial  fak  aUufion  dans  les  vers 
íuivans  á cette  opinión  {ioii.  xti.  6o.  i.)  : 

Natali  pallerefuo  , ne  calda  fabello 
Defit. 

Ce  fut  Néron,  fi  l’on  en  croit  Pline  (xxxr.  ?.> 
q^ui  imagina  de  fkire  chauffer  i'eau  Sz  de  la  rafraí- 
ebir  eufuife  daas  la  Ecige  , au-lku  de  mcttre  , 


CHA 

felón  Rafage  ofdinaire  de  fon  tems,  de  ia  neigS 
ou  des  glacons  dans  l’eau  méme. 

CHAUDRONS  de  Dodone.  roy£:|^DoDOKE. 

CHAüSSÉES.  Oti  appelle  en  France  de  ce  noia 
les  anciens  chemins  romains. 

CHAÜSSES  longues.  Les  Troyens,  les  Phry- 
giens  , les  habkans  de  ia  Tauride,  en  un  ir.ot 
tous  les  barbares  portenr  fur  íes  monumens  grecs 
des  chaujfes  longues  , femblables  a nos  pantaLons  , 
mais  plus  longues  & plus  pliíTées.  Les  Gaulois 
fe  diftinguérent  depuis  par  ce  vétement , appelé 
bracea  par  les  Latías , & qui  fit  méme  nommer 
une  partie  des  Gauies  Gqiha  braccata. 

Les  Grecs  ne  portoient  paint  de  ckaufes  , 
comme  nous  l'apprenqnsde  deuxpaffages  de  Théo- 
phralle.  Dans  Tun  voulgr.t  peindre  un  fot , ou 
un  homme  inconíidéré  , ii  dit  : qu  étant  afis^  il 
laijfoit  Jfa  tunlque  reltvétfur  les genoux , de  m.anierc 
que  Con  voyoit  a déeauvert  les  pañíes  de  fon 
corps  , que  ía  pudeur  ordonne  de  voiler.  C’eft  de- 
f homme  itnprudent  qu  il  parle  dans  I autre  paf- 
fage  , ok  il  le  peint  relevara  a dejfein  fa.  fuñique  , 
afin  de  découvrir  ce  que  la  pudeur  ordonne  de  voiler. 
Théophrañe  n auroit  pu  s'exprimer  de  la  forte, 
fi  les  Grecs  eiiffent  Dorté  des  chauffes  ou  culote 
tes.  Nous  trouvons  dans  Ovide  des  vers  qui  dífent 
expreñement  que  cst  habillement  des  barbares 
éccit  inconnu  aux  Grecs.  Le  poete  y reproche 
aux  habitansdu  Pont,  qui  fe  difoieiit  dongine 
grecque  , d’avoir  adopté  ies  chaujfes  des  Feries  , 
leurs  ennemis  moteéis  (fCrift.  v.  lo.  IC)  « 

Hos  qitaque  qui  genitl  Graia.  creduntur  eb  urbe 
Pro  patrio  culta  Perftea  bracea  tegit. 


Les  athlétes  feuls  chez  les  Grecs  portoient  une 
echarpe  autour  de  ia  ceinture,  afin  de  cacher 
teur  nudité5  elle  reíTcmbloit  au  tablier_  fermv  des 
boulangers , au  campestre  desRqmains  ( 
ce  mot ) , & au  fubligaculum  , qui  étoit  vraiiem- 
blablement  la  méme  chafe,  lis  rappelerent 

& on  en  trouve  la  figure  dans  le  hmus  des  via»- 


maires.  , _ nV 

Dans  les  premiers  tems  de  Rome , ‘ ^ 

porta  point  de  chaujfes  , parce  que 
defeendok  jufqubux  genoux,  & b ^ - 

mi-jambe.  On  y fuppléoit  par  ¡e  campestre, 
lorfqu’on  étoit  armé ; & par  des  ban 

fafcU  crurales^,  dont  on  Jes  Gau- 

quand  on  craignoic  le  froid.  Mais  en 

lois,  les  Gennains  & ^ o-¿néraIe- 

avec  les  Romains , ceux-ci  adopterei  » 
ment  les  chaujfes  longues  des  Pjf^^ers  , ^ 

Lamoride  le  dit  d’Alexandre-Severe 
Fafciis  femper  ufus  ef Braceas  albas  kabni  ■ 

Outre  les  monumens  fur  lefquels  ceux  qui 
vétus  de  la  toge  ou  de  la  tumque 
portent  point  de  ckaujfes¡  nous  avoBS 


C H .4 

d ecrivains  ro'.nains  qus  prouvent  Ii  nieme  chofs.  1 
Afconius  (í.i  Ciar.  p.  ijS.J  átt  que  Catón  étant  j 
preteut;  & readant  la  juílice  pendant  Ies  grandes 
chiieiirs , ne  portoi:  point  de  tunique  fous  fa 
toge  j mais  ua  íimple  campeftre  , Jira  túnica.  . . . 
campeftri  fub  toga  cincíus.  Suétons  i.  Ju!.  c.  8a- 
n.  3-).  raconte  que  Ccfar  étant  prés  de  tomber 
fous  íes  coups  des  conjures  ^ défit  pardevanr  íes 
plis  de  fa  rogé aSn  de  ne  pas  découvrir  daos 
fa  chute  les  parties  du  corps  qui  font  cacnees 
chez  tous  les  peuples  policés  : finum  vcjlis  ad 
ima  erara  deduxít.  Cette  prccaution  eut  etc  inutíie 
£ Céfar  eüt  porté  des  chaujfes.  Un  empereur  ro- 
main  donnant  un  repas  d’appareií  aux  foldats^, 
leur  ordonna  de  fe  couvrir  dii  fagain , a fin  qu'é- 
taní  á demi-coijchés  fur  les  líts  ae  > ds 

n'oífriíTent  pas  un  fpeclacle  indécent  ( i rebeU. 
Pollio.  XXX.  Tyrann.  c.  Z^.)  •'  Convivio  dijcum~ 
htre  milites  , ne  inferiora  denudar  entur , cum  fagis 
'jujjit. 

II  parok  3 d’aprés  ce  paíTage  , aue  les  foiaats 
ne  portoient  qifun  campeftre  , ainíi  que  le  pratl- 
quoient  encore  au  commencement  de  ce  íiécie 
Ies  montagnards  d^’Ecoífe , quoiqu  ils  fuíTent  habi- 
tans  d’un  pays  froid.  Les  officiers  paroiílent  tur 
plafieurs  monumens  , & en  particuiier  fur  la 
colpnne  Trajane  , avec  des  ckaujfes  qiii  oefeen- 
dent  jnfqifaux  genoux , ou  peu  au-deía.  Cara- 
. calla  porroit  fans  doute  Thabit  midtaire  8c  celui 
des  officiers,  lorfqufil  fut  alíafline  par  Martialis  ; 
car  Herodien  ( /.  4.  c.  24.  p.  1 53.)  dit  qu  il  ayoit 
dans  ce  raoment  rabattu  fes  ckaujfes  fur  fes  cuides 
pour  fatisfaire  a des  befoins  preíTans. 

Ceiíx  qui  montoient  fur  les  theátres  de  Rome , 
furent  toujours  obiigés,  á caufe  de  la  bienléance  , 
de  porter  des  ckaujfes  longues , comine  neus 
Tapprend  Cicerón  { Ofjc.  1.  Scenicoram 

Tinos  tantatri  habet  veterís  difcipims  verccunazatn  , 
ut  in  feena  Jine  fubíigaculo  prodeat  nemo  y & 
co'.nme  le  montrent  deux  petites  ftatues  de  mat- 
are coníérvées  á la  Viila-Mattei , qui  repréfen- 
tent  des  comiques», 

On  portoit  Oidinairement  dans  Ies  bains  pu- 
bües  le  campejlre  ou  fubligaculum  ; comme  on  le 
voit  dans  les  vers  de  Martial  fur  Ckioné  au  bain 

(rr/.  87.  30 

Teña  tamen  non  hac  , qua  debes  , parte  lavaris  t 
Si  pudor  eji  , transfer  fubiigar  in  faciem. 

CHAUSSE-TRAPE. 

Le  comte  de  Caylus  a publié  I Rec.  ir.  pl. 
f8.  n.  3.)  le  deflln  d’une  chaujfe-trape  ¿.zhroJtitt. 

" Ce  monument  3 dit  il  3 mérite  d’étre  rap- 
porté  3 & par  lui-méme  , & par  la  raifon  que  je 
ne  me  fouviens  point  d’ea  avoir  vu  dans  aucun 
recaeil  d’antiquités.  On  donne  ce  nom  en  fran- 
cois  á Pefpéce  dhriftrument  que  Ies  Romatns 
deñgnoient  par  celui  de  murex  ferreus  . ou  triou- 
Ánciquités  , Tome  I. 


CHA 


755 


lus  , ou  Jiintulus.  Quinte  Curce  ( Lió.  tr.  ) & 

\ alére-jlaxime  ( Lzb.  m.  ) les  appellentAíari'rea'. 
Ces  quatre  pointes  égales  entre -elles  & iongues 
de  dix-hult  pouces , étoient  fondues  & liées  avec 
un  globe  de  fept  ligues  de  diamétre  3 & difpo-, 
fées  de  facón  que  de  quelque  maniere  qu’on  les 
jettát  ou  qu’on  Ies  lailTár  tomber , trois  de  ces 
pointes  fervoient  tonjours  á’appui  á une  qui  fe 
trouvoit  perpendiculairemerr  en  rair3  &qui  pro- 
üuiibit  Teftet  que  Ton  pouvoit  atrendre  de  cette 
arme  déíeníive.  Cette  difpoíition  eft  conforme  í 
celle  que  'v'égéce  ( Lib.  lu.  ck.  zq.  ) a décrite  j 
il  les  appeile  tribuios  : Céfar  ( Lib.  ni.  ) en 
avoir  parlé  avant  lui  dans  la  difcription  du  iiége 
d’Alife.  Hérodien  ( Lib.  rr.  ) fait  mention  de 
cette  machine légére  j & Léon  ( Cap.  ir.  27.  ) 
dans  fa  Tactique  , en  parle  comme  d’une  dé- 
fenfe  pour  reñir  lieu  de  foíTés 

On  voit  une  ckaujfe-trape  femblable . dans  le 
cabinet  de  Ste  Geneviéve. 

anciens  écrivains  aucun  détail  fur  les  chaujfures 
des  peuples  que  les  Grecs  & ks  Rorr.ains 
appelóient  barbares  , c’eft-á-dire  j de  tous  les 
peuples  3 eux  f^uls  exceptes.  On  fait  cependant 
que"  les  Egyptiens  faifeient  leurs  chaujfures  avec 
lé  P°Fy’"^^  T ou  avec  des  feuiíles  de  pilmier  ; Se 
que  Pythagore3  jaloux  de  reproduire  les  ufases 
de  ces  peuples  qui  avoient  écé  fes  maítres  3 obii- 
gea  fes  difdples  á porter  de  femblables  chau  fures  , 
auxquelles  on  donna  ie  nom  de  baxea.  Quanc 
aax  autres  barbares  , on  ne  peut  juger  de 
leurs  chaujfures  que  par  les  monumens.  Les  bas- 
reíiefs  de  Perfépolis  reprérentent  les  Perfes 
avec  des  efpéces  de  ckaajfons  : fur  les  bas-rehefs 
Grecs  , les  barbares  portent  cette  chaujfure  que 
les  Romains  appeloient  aluta  laxior. 

Un  foiiiier  de  terre  cuite,  publiá  parM.  Guat- 
tani  3 dans  fon  iouraal  a'antiquités  { An.  i785-_.  ) 
nous  en  oífre  ie  vraí  modele.  C eft  une  petite 
bonine  liée  au-deíTus  de  k ckeviiie  du  pied  , 
foutenue  derriére  le  talón  par  une  ba.nde  de  cuir 
trés-fort  3 & piitTée  fur  le  couáe-pied  3 pour  en 
facilitei' ks  moiiveíncns. 

Le  comte  de  Caylus  ( Rec.  dAntiq,  t.  idi.  & 
iil  400  ) a publié  des  deflins  de  ngures  Gau- 

loífe  donr  \z¡hau¡JWe  eft  kite  comme  un 
Con  de  cuir.  Elle  reffemb'e  a celle  des  ^trufques  , 
& á ceües  que  les  artiíles  Grecs  & Romains 
domoient  á tous  les  barbares.  Le  .econd  des 
deíTins  du  comte  de  Caylus  que  noas  venons 
de  citer  3 repréfente  un  légionnaire  Romam  3 por- 
tant  \^  ckalfon  Gaulois  orne  cependant  oes 
b.nd'-lettes  dont  le  cothurne  & es  fanaales 
é'toknt  garnis.  Ce  qui  prouve  , felón  luí  3^que 
kgkns  placées  enftation  dans  le  chmat  rroid 
d-s  Gaules,  pour  fe  garantir  de  fes  ngueurs  , 
adoptoienc  k ckaujfurs  ^ “ 


754  CHA 

confervant  la  fferme  extérkure  de  la  chauSure  Ro- 
ma me. 

Si  ¡lo'js  n’avmns  que  les  monumens  pour  dé- 
C;:re  ¡es  chaujjures  des  Grecs  , nous  ferions  ré- 
«u'cs  á ne  parlar  que  d'une  íimple  femelie  liée 
íui  Je  eoude  p:ed  iufqu'á  la  tn'oitié  de  la  jambe 
par  Je  rnoyen  de  deux  bandeletces  eroifées  plu- 
iieurs  fois  ¡ ce  qni  fomiO!t  le  cotharae  des  voya- 
geurs  j des  cíiaíieurs  , des  héros  ^ &c.  Ce  có- 
mame chauíTé  par  la  miife  de  la  tragédie  & par 
les  adieurs  tragiques  , avoit  un  caradére  particu- 
Jier , 1 epailTeur  de  la  femelle  , qai  íervoit  á Íes 
exnauíler  ^ & qui  eñ  trés-viiible  fur  les  bas-reiiefs 
ou  fonc  repréfentées  les  Mufes.  Les  écrivains 
Grecs  parlent  de  pluíleurs  aurres  chaaffures  que 
nous  avons  placees  oans  ce  didionnaire  á leurs 
arricies  refpedifs  j pour  faciliter  rinteliigence 
de  ces  ccrivains  ^ & pour  fuppléer  au  défaat  de 
monumens. 

Nous  ferqns  obfervsr  d’abord  que  I'on  peut  ré- 
fiuire  a trois  fortes  toutes  les  ckaujfures  j aux 
borres  ou  kottmes  ( Voyei^  ce  mor ) j aux  foii- 
íiers  oM  chauffures  pleines  ^ & aux  fandales  ou  fe- 
mei.es  limpies.  C eíl  á ces  trois  fortes  que  nous 
rapporterons  tout  ce  que  nous  aurons  á diré  íur 
ies  cnaujfures  antiques. 

Les  ckaujfures  des  Romainí  refre.mbIoient  a 
ee  íes  des  Grecs  ^ fauf  quelques  légéres  diíterences. 
Giles  etoient  faites  ordiaairement  de.  cuir  & 
d'une  peautres-fouple,  appelée  aluta.  Ce  cuir  doux 
etoit  la  madere  des.  fouliers  pleins  ^ reís  cue  le 
calceus  j.  le  mulleus  & le  pk&cafum.  Quant  á la 
Jalea  , a.  la  caliga  , á la  crcpida  ^ aux  baxes.  , au 
Jandalmm,  zafoccus  & au.  cothurne , elles  coníif- 

toieMeííendelIement  enunefe.melle  plus  ou  moins 
epaiüe  ^ fixee  fur  le  piedy  qu’eijelailToit  á décou- 
Síerc  j par  des  bandelettes  ou  courroies. 

Le  calceus  & le  maleas  ne  diíféroient  du  pero  , 
qu  en  ce  que  ce  dernier  étoit  fait  de  peaux  de 
^tesnon  tannées  ^ & que  les  deux  autres  éroient 
de^  peaux  preparees.  La  ckau  fure  de  cuir  non 
prepare  palie  pour  avoir  eté  commune  á toutes 
Íes  conditions.  Le  maleas  , qhí  étoit  de  cuir  aluné 
& rouge  ^etoir  une  ckaujfure  a.  lanule.  Voyez 
ruNULE.  Dans  Ies  premiers  temps  de  Rome,  il 
n etoit  porté  ordinairement  que  par  les  patriciens, 
tes  fenateurs  , les  ediles.  Ces  magiftrats  ae  s’en 
lervoient  que-  dans  les  jours  de  cérémonies  ^ 
comme  triG.mphes  , leux  publics  ^ &c.  11  pa-roít 
qu  ii  y avoit  telle  ckaujfure  q’a'’on  pardonnoit  á 
te  jeUiieíIe  j mais  qu*on  n’excuroit  pas  dans  un 
age  plus  avancé.  On  reprochoit  á Céfar  de  porter 
Sur  le  J-Cpour  de  1 a-ge  ^ ux\q-  chauffure  haute  & 
louge.^  Le  -calceus  Se  le  multas  couvroient  toar 
le  pied  , & monroie.nt  jufqu  aa  milieu  de  la 
jambe.  Les  Romai.ns  poufsérent  le  luxe  fort  loin 
tíans  cette  parné  du  vétement , & y employérent 
lor  , isrgent  Se  les  pierreries.  Ceux  qui  fe  pi- 
quoiem  de  galanterie  , veilJoient  á ce  que  la  chauf-  i 
Jiu*  pnt  bien  la  forme  du  pied.  On  ía  garailToit  ¡ 


CHA 

d cicffé  siolle  j on  la  ferroit  fottstnent  avec  des 
courroies  appelécs  c/y'i  5 quelaues-uns  métne 
oignoient  auparavant  leurs  pieds  avec  des  n'ar- 
nuns.  ^ 

' Le  pero  étoit  fait  de  peaux  de  bétes  non  orepa- 
rces ; c etoit  une  ckaufure  ruftique  5 eÜe  albir  mf- 
qu  a la  moitie  des  jambes  Le  pk&cafum  étoit 
ele  cuir  bañe  & léger  j cette  ckaujfure  conve- 
noit  a des  pieds  délicats  : Ies  prétres  d'Arf  ¿n-s 
& d A^exandrie  la  portoient  dans  les  facrificeL 
La  cahga  étoit  !a  ckaujfure  des  gens  de  suerte  i 
c etoit  une  grofié  femelie  d oú  partoient  des 
barbes  de  cuir  qui  fe  croifoient  fur  le  coude- 
^ faifoient  quelques  rours  vers  ¡a 
chevn.e  : j]^  y avoit  qudquefois  une  de  ces 
courroies  qai  paíToit  entre  le  gros  orteíl  & le 
mivant  , & allob  s affembler  avec  íes  autres.. 
Le  campagus  fStvott  xeu  á\í  caliga  ■,  cbteit  la 
c fufare  de  1 emperear  & des  principaux  de 
1 armee  : ii  paroit  que  íes  courroies  de  celui-ci 
etoient  plus  légéres  qu  á la  caliga  ^ & formoient 
un  refeau  Tur  ía  jainbe. 

^ La  [olea  j ia  crepida  , íe  fandalzur.  la  galilea 
etoient  des  íesnelles  rttenues  fur  ia  piante  da 
pied : voiia  cequ  eües  avoient  de  commun  5 quant 
á leur  diíFérence  on  fignere  , on  frdt  feule’ment 
que  ia  Colea  8c  la  galilea  nalioient  point  avec 
la  togCj  mais  qu’on  íes  portoit  avec  la  pénala. 
Les  femmes  fe  fervoient  de  ces  deux  ckaujfures  . 
foit  á la  ville,  foit  á la  campagne.  I!  paroit  par 
quelques  endroits  de  Cicerón  qudi  y avoit  une 
foka  de  bois  qui  étoit  trés-Iourde  & qboH 
lioit  aux  pieds  des  criminéis  pour  les  empécher  . 
de  s'enfuir.  * 

La  crepida  différoitpeu  de  ía  Colea  j Sene  cou- 
vroit  lé  pied  que  par  intervalies.  La  ¿ax-ea  étoit 
une  ckaufure  de  phüofopíies  ; il  y en  avoir  de 
feuilles  de  palmier.  Qn  n'a  dteutres  conjetures, 
fur  ia  fycjoni'a  , linón  que  c’étoit  une  ckaufure 
tres  - legére.  Quant  au  foceus  , foe  & au 
cotkurnus  , cothurne  J voyer  SOCQtJE  & CO^ 
THURNE. 

Les  Roinains  portoient  quelqtrefois  des  ckauf- 
Jures  faites  avec  des  toiles  delirij  udones  , comme 
íes  hiñoriens  nous  l’apprennent  d’Antonin  , quf 
fuivoit  en  cela  Ies  pratiques  des  pythagoriciens* 

Les  efclaves  & les  pauvres  le  fervoient  de  fabots 
{foye^  ce  mot  ) , ou  de  chaufire  de  bois.  Mais 
1 or  ^ rargent;,  les  perles  & Ies  pierres  précieufes 
briJloient  fur  celles  des  riches  ( Plaut,  Bacck.  il. 

97-  )- 

Stiam  ragas  , quá  foceis  habeat  aura  fuppaclum 
folum  1 


Les  ferrrmes  portoient  ordínairement  des  ckauf- 
fares  blancbes  , jantes  , S-'c.  , ainli  que  les» 
hornmes  effétniaés.  Mais  les  Romains  étoienten; 
géjiéral  diauífés  de  noir.  Les  rois  feuls  avokíiC 


CHA 

porté  ^ á rimitation  des  fouverains  d’Albe  , des  ' 
chaaffkres  rouges  j Sc  les  triomphateurs  fe  chauf- 
sérent  de  la  méme  couleur  comme  nous  Tap-  ; 
pfenons  d'une  iafcription  gravee  á Rimini  ^ en  : 
rhonneur  de  C.  Marius:  de.  manueieis.  cim- 

ÍRICEIS.  ET  TEUTONICEIS.  jEDEM.  HONORI. 
VICTOR.  FECIT.  VESTE.  TRIUMPHALI.  CAL- 
CEIS. PUNicEis.  Les  empereurs  conferyérent  la 
chaujfure  des  triomphateurs  3 méme  dans  le  bas- 
Émpire.  Scvére-Alexandre  dérogea  á cet  ufage 
& porta  des  ckaujfures  blanches  ( Lamprid.  40.  ) 
Les  Sénateurs  marchoient  nuds-pieds  comme  Ies 
autres  citoyens  3 dans  le  commencement  de  la 
xépublique  5 maisiis  portérent  depuis  une  ckauf- 
far e aoixe. , ornee  de  croiflans  ( lunule  ) 

©u  lunules  d’argent , qui  devinrent  un  de  leurS 
attributsdiílindlifs. 

Retires  dans  leurs  maifons  , les  Romains  quit- 
toient  le  calceus  8c  chauffoient  la  /o¿es  3 qui  Jeur 
fervoit  de  pantoufle.  lis  le  quittoient  pareille-- 
Hient  avec  la  toge  , quand  ils  fortoient  de  Rome  3 
8c  quand  ils  alloient  fe  repofer  á la  campagne  5 
de  forte  que  le  calceus  étant  inféparable  de  la 
toge,^on  déugnoit',  par  la  réunion  de  cts  deux 
chofes , le  féjour  de  la  ville  & les  fonólions  des 
magiílrats.  C’eft  ainíí  qu'on  les  trouve  empioyés 
dans  la  lettre  C vii.  3. ) ou  Pline  exhorte  fon 
ami  á revenir  á Rome  : Quin  ergb  in  urbem  redis  , 
ubi  digp.itas  3 honor  3 amicitis.  tam  fuperiores  q^uam 
minores  ? quoufque  calecí  nufquam  ? toga  fe- 

ria t a ? 

Les  anciens  quittoiént  leurs  chaufures  en  fe 
mettant  á table  j afin  de  nc  pas  gáter  Ies  lits 
fur  lefquels  ils  fe  couchoient  á demi  en  pre- 
nant  leur  repas.  lis  fe  faifoient  fuivre  par  des 
efclaves  qui  Ies  déchauffoient , garáoient  leurs 
ckaujfures  pe.ndant  le  repas  , & les  rechauípiient 
lorfqu'ils  fortoient  de  table.  Oti  appeloit  ces 
ferviteurs  du  nom  générique  fandaligeruli  3 
porte-chauffures  j & leur  emploi  étoit  un  des 
plus  vils.  Tibulle  en  fait  mention  , pour  mon- 
trer  que  le  pauvre  fe  préte  au  plus  vil  miniftéte 
auprésdes  rkhcs  ( .1.  y. ) 

Pauper  erit  pnfio  tibi  pr-ajlo  paaper  sdibit 

Primas  & ia  leñero  fixus  erit  latere  . . . 

Vinclaque  de  niveo  detrahet  ipfe  pede. 

Winckelmannj  qui  employoit  toute  fa  vie  á 
étudier  les  monumens  antiques  3 décnt  ainíi  les 
ckaujfures ' des  hommes  & des  femmes  ( Hijl.  de 
V Art,  liv.  ir.  ckap.  J.  ). 

” Les  fouliers  des  Romains  diíféroient  de  ceux 
¿es  GreeSo  au  rapport  d’.^ppien  (^Appian.  Mitkrid. 
p.  114.  l.  I7.).3  mais  nous  ne  fommes  pas  en  état 
d'indiquer  en  quoi  confiftoit  cecte  difrérencc. 
Les  Romains  de  diftinélion  portoient  des  fouliers 
de  cuir  rouge  qui  venoit  du  royaume  de  Pont. 
Css  fouiiecs3  appelés  mujiei  3 éceisnt  quelquefois 


CHA  755 

brodés  en  or  ou  en  argent  3 eomme  nous  le 
voyons  á quelques  pieds  chauíTés  ; mais  pour 
Pordinaire  ils  étoient  de  cuir  noir  & montoient 
jufqu^á  mi-jambe  ( Horat.  i.  fat.  6.  2.7.  ) 3 ce  qui 
formoit  dcs  efpéces  de  brodequins  3 tels  qu'on  en 
voit  aux  figures  de  Callor  & de  Pollux.  Le  Ja- 
fon  de  Verfailles  3 ílatue  nommée  mal-á-propos 
Qaintus  Cincinnatus  3 offre  une  chaujfure  que 
les  artilles  pourroient  donner  aux  figures  he- 
roíques.  Cette  chaujfure  a des  femelles  avec  des 
bords  á-l’entour  de  la  largeur  d'un  doigt  3 & un 
cuir  qui  foutient  le  talón  ; ils  font  laces  fur  le 
coude-pied  par  des  bandes  de  cuir  qui  partent 
des  fem-elles  3 & fe  trouvent  attachées  au  - def- 
fus  des  chevilles.  Lepaffage  de  Pline  3 ou  ildit, 
en  parlant  des  finges  ; Laqueis  calceari  imitatione 
venantium  tradunt  ( Plin,  lih.  8.  c.  So.  ) pour- 
roit  étre  appliqué  aux  fouliers  tiflus  de  cordes  , 
tels  qu’on  en  voit  au  cabinet  d Herculanum. 
Les  commentateurs  exphquent  ordinairement  ce 
paflage  par  les  filets  dans  lefquels  on  prend  Ies 
finges  3 tandis  que  Pauteur  latin  a voulu  dire 
que  ces  animaux  fe  font  des  fouliers  de  cordes 
comme  les  chaífeurs  ». 

« On  fait  que  la  nobleíTe  athénienne  portoit 
des  fouliers  ornes  d’une  demi-lune  u argent  o ti 
dfivoire  3 comme  la  nobleffe  romaine  en  portoic 
avec  une  lune  s mais  ce  carañere  ^ ne  s cíl  pas 
encore  trouvé  á aucune  ílatue  romaine 

3:.  LzckaufureAtsícmvííts  confiftoit  ou  en  fou- 
liers entiers  ou  en  firaples  fandales.  Quant  aux 
foulierS3  on  en  voit  á plufieurs  figures  oes  pein- 
tures  d'Herculanum  ( Pitt.  Ercol.  1. 1.  tab.  7.  zi. 
23.  ) ; ils  font  quelquefois  jaunes  3 comme  ceux 
de  Venus  á un  tableau  des  bains  de  Titus  ( Bar- 
toli  3 Pitt.  ant.  tav.  6.  ) 3 & comme  ceux  que 
portoient  les  Perfes(  JEfchil.  Perf.  v.  661.  ).  Les 
ilatues  de  femmes  nous  offrent  auíli  des  fouliers 
entiers  3 comme  le  groupe  de  Niobe.  Du  rede  3 
les  fouliers  de  ces  derniéres  figures  ne  s arron- 
diíTent  pas  par  le  bout  3 comme  ceux  des  pre- 
miers  3 ay*  nt  une  forme  plus  large.  Les  fanda- 
les  attachées  aux  pieds  ont  communément  un 
doigtd'épaiíFeur3  Se  font  compofees  de  plus  d une 
femeUe.  Ces  ckaujfures  étoient  formées  quelque- 
fois de  cinq  femelles  couíues  enfemble  5 ce  que 
nous  diíb'nguons  aux  fandales  de  Pune  des  belles 
Pallas  de  la  Villa-AlbanÍ3  par  autant  dhncifions  , 
qui  font  épaiíTes  de  deux  aoigts.  Les  fandales 
compofees  de  quatre  femelles  3 s’appeloient  qua- 
drifolee  ( Arckel.  difput.  p.  25.  ) _ 

ccLe  liégeparoit  avoir  fervi  a la  compofition  de 
ces  femelles  , ce  bois  étant  léger  & ^renant 
point  Phumidité.  Cette  femelle  etoir  ^le  par- 

^ 3..  \ rr. nennrrinir  Ia 


encore  3 il  y ü v v, ,,  ^ j *•,- 

portent  une  pareille  ckaufure.  La  Villa  Ludovik 

rsnferms  tme  Pallas  plus  grande  que  nature- 

C c c c c íj 


a des  religieufes  en  Itahe  , qui 


75^  CHA 

dont  les  fandaks  font  de  la  mime  forme j 8?  dont 
lefcalpteuríenommoit  Annochusd’Arhénestcette 
chaiijfure,  entourée  de  trois  rangs  de  ditférens 
crnemens  piqués  porte  trois  doigts  de  hau- 
teur.'  Les  chaujfures  coníiftant  en  un  íimple  cuir 
lacé  par-delfus  le  pied  , & reíTerablant  á celks 
que  porient  Ies  gens  de  la  campagne  entre  Rome 
& IN^apIes  j fe  nomment  en  grec  &:  j^oio- 
Í9r:¿'¡¡fca  ( Caflub.  not.  in  Atn.  tat.  c.  21. 
p.  84. ).  Teiles  font  Ies  ckaujfu.  res  des  deux  ña- 
tues  de  marbre  noir  qui  repréfentent  des  rois 
de  Thrace  captifs  ^ & qui  font  au  Capitole 
“ Les  anciens-tie  Tun  & fautre  fexe^  por- 
toient  encore  des  fandales  de  cordes , tiíTues  en 
forme  de  réfeaux  , comme  on  en  voit  aux  figures 
des  diyinités  fur  un  aurelde  la  Villa  Albani  {Mo- 
num.  ant.  ined.  . 6.  ).  II  y a grande  apparence 
que  ce  lont  ces  chaujfures  que  les  Grecs  appe- 
loientpxicia,  parce  que  juiius  Pollux  explique  ce 
mot  par  j ckauffure  tiíTue  de 

pluíieurs  cordes  ( Poli.  onom.  1.  y.fegm.  ).  A 
Herculaniwn  il  s eít  trouvé  une  autre  efpéce  de 
fandales  , auxquelies  les  cordes  font  rangées  en 
cercles  ovales  , la  partie  qui  couvre  le  talón 
eít  auíTi  de  cordes  , Se  fe  trouve  attachée  á la  fe- 
melle 

” Le  cothurne  étoir  une  chaujfure  plus  ou  moins 
haute  j mais  la  plupart  du  tems  fa  hauteur  éga- 
loit  celle  de  la  main  5 il  étoit  généralement 
affeélé  á la  Mufe  tragique  ( Monum.  ant.  ined. 
p.  248  ).  Le  cothurne  de  laftatue  de  fáelpoméne^ 
s la  Villa  Borghéfe  , a cinq  pouces  d’un  palme 
romain  de  hauteur.  II  faut  diílinguer  de  ce  co- 
thurne dti  théátre  celui  des  chalfeurs  & des 
guerriers  : ce  dernier,  quoique  fouvent  confondu 
par  les  éc.nvains  étoit  une  efpéce  de  brodequin 
{ Scalig.  po-:t.  l.  I ^ c.  13.^.  21.  / Pitt.  Ere.  t.  I. 
p.  18.  tay.  10.  23.  ).  La  courroie  qui  affujetriíToit^ 
h femeiie  tk  qui  étoit  placee  fur  le  coude-pied^ 
fe  trouve  rarement  aux  figures  des  divirdtés:,  & 
quand  elle  s’y  -trouve  ,_el!e  eít  placee  fur  le  pied. 
ilins  fsíL  une  obfervatíon  fínguííere  i i^remsrQue 
que  les  femelles  de  la  ñatue  de  Cornélie  mere 
des  Graeques^  n’avoir  pas  cette  courroie  (P/ia.  /. 
34.1:.  14.  - J’obferverai  iciqueparmiles  diííerentes 
ekaujfsres  ancksnes  ^ on  ne  voit  point  de  talons 
fur  le  derriére  da  pied  , £ ce  n'eít  aux  fouüers 
ákne  figure  de  femnaedans  un  tablean  d'Hercu- 
lanum  : la  chaujfure  eít  rouge  , mais  la  femelle  & 
k talón  font  iaunes  ( Pht.  Ere.  r.  4.  tav.  23.) 
Les  talo.'is  des  fctii:ers  fe  nommoient  chez  les 
Grecs  j & ds  étoient  compofés  de  pe- 

tits  rnor^a^x  de  cuir  ( SekoL  Arijí.  equit.  v 

317-) 

Oa  a troiívé  á Herculanum  des  femelles  de 
foufier  compofées  ds  condes.  II  y en  a de  diffé- 
rentes  groidears  , pour  des  eafans  & pour  des 
j.ommes  Tiits : eües  rsílemblent  á celles  queles 
^ucantens  attachent  encore  aujourd'huifoas  leurs 


CHA 

Le  comte  de  Caylus  a pubüé  ( Ree.  aantiq.  rl, 
pl.  §2.  rA^.  3.  4.  y.  ) íe  deffin  d'un  mime  de 
bronze  , & de  fa  chaujfure  en  particulier.  Les  ré- 
flexions  dont  il  a accompagné  ce  delfín  , mé- 
ritent  d’étre  inférées  ici. 

M Ce  mime  eñ  nud:.  il  n’a  qu’une  echarpe  au- 
tour  des  hanches  ^ & elle  eít  renouée  fur  le 
cóté  : fa  ckaujfíre  nkít  qu’un  limpie  chauíTon  , 
qui  paroit  n'avoir  point  de  couture  5 la  pointe 
au-deffus  du  talón  remonte  añéz  haut  & le 
devant  fe  rabat  fur  les  cordons  qui  le  tiennent 
en  état.  Nous  favons  quhl  y avoit  des  chaujfures 
particuhéres  pour  les  différens  aéteurs  ^ & cette 
précaution  étoit  néceíTaire , car  il  nkut  jamais 
^ été  poffible  de  danfer  , par  exemple  , avec  le  co- 
! thurne.  Chaqué  efpéce  d'acleur  avoit  done  une 
chaujfure  convenable  á fon  objet ; elles  varioient 
méme  fouvent  cntre-elles  , car  celks  des  Mimes 
reiTembloient  quelquefois  , ainfi  que  jen  ai  vu^ 
á des  bottines  qui  montoient  plus  ou  moins  fur 
la  longueur  de  la  jambe 

" La  chaujfure  qui  fait  Tobjet  de  cet  arricie  , 
& quej’ai  fait  développer  ^ me  paroit  avoir  beau- 
coup  de  rapport  avec  la  ckaufure  gauloife.  Peut- 
étre  j comme  elle  étoit  en  ufage  dans  un  pays^ 
íitué  au  nord  de  Tltalie  ^ elle  a fait  donner  le 
nom  ou  le  fobriquet  de  feptentrion  á ces  fortes 
de  mimes  ou  de  danfeurs.  Car  on  voit  cette  dé- 
nomination  employée  dans  plufieurs  inferiptionSi 
nommément  á Antibes  j oü  j’ai  copié  eelle  qui 
fuit : 


D.  M. 

PUERI  SEPTENTRI 
ONIS  ANNOR.  Xn.  QUÍ 
ANTIPOLLIN  TKEATRO 
BIEUO  SALTAVIT  EX  PLA 
CUIT. 


« Je  ne  dois  pas  finir  cet.’.rtrc!e  íáfis  averr.’r  que 
M.  Gori  {Fab.  LVJ1.  tom.  l.'mi.f  Etruf.  )_rap- 
porte  la  méme  figure,  ii  la  donne  aux  EtrufqueSj- 
& la  place  parmi  Ies  Priapes  : Gori  r¡kfl  pas  feiií 
decefentimentjCar  la  Chauíre(  Muf.  r-.m.  difen. 
dePauf.  fimulac.')  la  regarde  au.Í!  comme  un  Príape, 
quhi  appelk  ici  SaLtatriculus  Mais  k bronze  qui 
nous  occupe>  n’aaucun  a'tr'but  de  cette  diviniré, 
fi  ce  n’ell  les  crotales  ou  cailagnettes  que  ks 
mimes  ont  fouvent  portees  Au  reíte,  comme  cet 
auteur  n’indique  ni  la  matiére , ni  la  propornon 
de  la  figure  dont  il  parle  , je  ne  puis  dire  li  elle 
efl;  la  méme  que  la  mienne  y^. 

Pour  ce  qu!  eft  des  divinités  ^ fauf  peut-étre  Ies 
divinités  infernales  , les  arriíles  peuven:  les  re- 
préfenter  toutes  avec  des  chauffures.  On  en  voit 
en  effet  douze  fculptées  fur  un  marore  étrufque 
piiblie  dansles  monumenti ineajti de  M/inckíimannj 
elles  font  toutes  chaaiíées  avec  une  femelle  liée 


CHA 

fur  !e  pred  par  des  bandelettes  , excepté  une 
■ feale  que  Ton  croit  erre  Proferpine. 

Four  achever  cet  article  , le  leéteur  confultera 
Ies  articles  des  chiuffures  diveríes  dorit  il  y eñ 
parlé. 

CHAüVES.  Les  Romains  des  deux  fexes  qui 
¿toient  chauves  , cachoient  cette  difíormité  fous 
des  perruqueSj  c'eíl-á-dire , de  fauffes  chevelures^ 
appelées  galerus  & ga'.ericulus.  Suétone  ( c.  12. 
n,  3.  ) parle  de  celle  d'Othon.  Martial  appelle 
calceus  une  fau.de  chevelure  d'une  femme  ckauve , 
parce  qu’elle  éroit  appliquée  far  un  cuir  de 
bouc  : 

Hidlna  tibí  pelle  contegenti 
Nudí.  témpora  verticemque  calva  ; 

Fefiive  tibí  , Phoebe  , dixlt  Ule  , 

Qui  dixit  caput  ejfe  calceatum. 

CHALX  (Four-á-).  Les  Romains  condamnoient 
des  malfaiteurs  au  fervice  des  fours-d-chdux  ( VI- 
pian.  leg.  8-  §.  lO.  ff.  de  pcenis  ) in  calcariam  que- 
que vel  fulphuriam  damnari  folent. 

CHEBEL  , chaine  ou  carde  , mefure  linéaire  & 
itinéraire  de  TAfie  & de  TEgypte.  Elle  eft  éva- 
luée  á 8 toifes  & de  France , par  M.  Paudlcn. 
Elle  valoit  en  mefures  anciennes  ¡ 

6 décapodes  , 

Ou  10  orgyes,  braífes  , 

Ou  12  béme-dipioun  , 

Ou  24  béme-aploun. 

XEIFIAES  j,  ganreletdes  Grecs  armes,  & gants 
qui  défendoient  les  mains  contre  le  froid.  Homére 
parle  de  ces  gantekts  , comme  d'une  partie  de 
rarmure. 

XEiPOMAKTPON  , fervíette.  Foye^  ce  mot  & 
celui  de  voile. 

XEiPonoNiA.  Héfychius  défígne  par  ce  mot 
des  fétes  céiébrées  par  des  artifans  , y-n^crÁ  ct. 

KEAK2  , SINGULARIS. 

. Pindare  parle  fouvent  d^'un  cheval  défigné  dans 
lescourfesde  chars  fous  ce  nom,  que  les  Romains 
onc  rendii  par  eeiui  de  fingularh.  Un  fehoJiafte 
Grec  applique  ce  nom  á un  ebeva!  de  felle  léger 
& vite.  M.  Foggini  ( Muf.  'Capitel,  iv.  254. ) 
expiiquant  un  bas-relief  du  Capitole,  fur  ieqúel 
on  voit  des  génies  ailés  conduifant  des  chars 
dans  un  cirque  , donne  le  nom  de  VíMí  ou  de 
fingularis  au  troííiéme  cheval  qui  tire  le  char 
& qui  eñ  conduit  par  fon  cas^lier  , tandis  que 
le  cocher  du  char  conduit  les  deux  autres. 

CfiüLIDONIA.  Les  Romains  déíignojent  fous 
ce  nom  des  vents  doux  qui  fcuíHoienr  ordinai- 
íement  fur  la  ñn  de  fcvner,,parcequ’flscrcyoient 
ils  leur  ramenoient  les  ¿irandelles  , ckdido- 
C Vlin.  il: 


CHE  757 

^ CHÉLIDONÍE  , filie  de  Pandarée  , & foeur 
dUUédo.  Foye-^  Pardaree. 

CHÉL?ríINAR.  Foye:^  Persépolis. 

CHELONÉ , nymphe  qui  fut  cbangée  en  tor- 
tue.  Júpiter,  pour  rendre  fes  noces  avec  Junoñ 
plus  folemnelles , ordonna  á Mercure  d^y  inviter 
tous  les  dieux , tous  les  hommes  & tous  les 
animaux  ; tous  s'y  rendirent  excepté  la  nymphe 
Chéloné , qui  fut  aíTez  téméraire  pour  fe  moquer 
de  ce  mariage , Se  pour  chercher  des  pretextes  pour 
n°y  pas  aílifíer.  J.íercure  s'étant  appercu  que  cette 
nymphe  feule  manquoit,  fe  rendir  dans  fa  mai- 
fon  qui  étoit  fur  le  bord  d’un  fleuve  , Py  pré- 
eipita  avec  cette  maifon,  & la  changea  en  tortue; 
animal  qui  eft  depuk  ce  tems-lá  obligé  de  porter 
fa  maifon  fur  le, dos  : & , pour  la  punir  de  fes 
raüleries  , il  la  condamna  á un  filence  éternel. 
Chéloné  íignifie  en  grec  tortue.  Cet  animal  fut 
depiiis  le  fymbole  du  lilence. 

CHELYS  , nom  propre  d’une  efpéce  de  lyre  , 
qui  diíféroit  du  barbytos  ( Foyei  ce  mot.).  Une 
épigramme  d’Antipater  {Arakolcg.  l.  4.  c.  12.  p. 
554.  J nous  a confervé  cette  différence  en  parlant 
de  trois  ftatues  de  Mufes  faites  par  des  Grecs 
célebres  : Pune , de  la  main  de  Canachus  de 
Sieyone , tenoit  deux  flútes  y Pautre  , faite  par 
Ariftocle , frére  de  Canachus  , avoit  une  lyre 
nommée  chelys  ,•  & la  troiíiétne  , qui  étoit  un 
ouvrage  dUAgéladas  d’Argos , portoit  une  lyre 
appelée  barbytos. 

La  chelys  étoit  certainement  faite  d’écaiíle  de 
tortue,  comme  fon  nom  Pindique,  telle  qiPon 
en  voit  une  aux  pieds  de  la  ftatue  de  Mercure 
de  la  Vilía-Négroni.  Alais  cette  matiére  étant 
commune  á toutes  les  lyres,  ii  faut  chercher  fa 
différence  dans  la  forme.  Ararus  {Pkoeno-men.  v. 
264  ) appelle  petite  lyre  la  chelys on  peut  con- 
clure  de-lá  que  le  barbytos  étoit  beaucoup  plus 
grand  que  la  chelys.  Ckft-Iá  tout  ce  que  Y/in- 
kelmann  a pu  déterminer.  Feut-étre  encore  la 
chelys  n'avoit-elle  point  de  magade  (voyez  ce 
mot}  ou 

Chelys  devint  par  la  fuñe  le  nom  générique  des 
deux  efpéces  de  lyres. 

CHELYSMA.  Les  Latins  avoient  empranté 
ce  mot  des  Grecs,  chez  qui  il  défignoit  une  piéce 
de  bois , placee  en  avant  du  bordage  des  vaif- 
feaux  pour  IsS  défendre  contre  le  choc  des  corps 
étrangers. 

CHÉME  , Xí;««(  , mefure  eiriphoyée  par  Ies 
médecins  grecs  & romains.  Elle  valoit  de 
cyathe. 

CHEMIN.  Cet  article  appartient  en  enrrer 
aux  Diclionnaires  d’arcKiteñure  & d’éeonomie 
poÜtique. 

CHEAIIXÉE.  Juñe-Lípíe  & plufenrs  autres 
favans  ont  era  que  les  Grecs  & les  Romains  tre 
connoiftoient  pas  Ies  cñemlráes^  & 


75S  CHE 

foient  leurs  appartemens  qa’avec  des  brásiers 
C^oyei  ce  mot)  portatifs^,  appelés  ordinaire- 
Hient  trépieds  par  les  antiquaires.  Cette  opinión , 
que  les  découvertes  faites  en  Italie  depuis  un 
íiécle  ont  détruite  en  partie^  avoit  quelques  fon- 
demens  apparens.  Perrault  expliquant  Vitruve  , 
concluoit  qae  ies  anciens  ne  connoilToient  pas  les 
cheminses , de  ce  que  cet  architecte  n’avoit  point 

Í>arlé  de  leur  conítrudlion.  D’ailleurs  on  voyoit 
es  anciens  écrivains  faire  trés  fouvent  mention 
des  braliers}  & on  lifoit  dans  Pline  8- ) que 
le  moyen  employé  pour  empécher  le  bsis  de 
rendre  de  la  fumée  pendant  la  combuftion  ^ étoir 
de  l’imprégner  ¿’huiie.  Enfin  on  infiñoit  for- 
temenc  l'ur  ce  que  dans  aucun  refte  des  édifices 
antiqucs , on  n avoit  trouvé  de  traces  ,de  cke- 
minées.  * 

Odlavio  Ferrari  & quelques  autres  j fans  révo- 
quer  en  doure  Tufage  ordinaire  des  brafiers  por- 
tatifs  j rappprtoient  cependant  plufieurs  textes 
anciens,  qui  faifoient  une  mention  expreíTe  de 
cheminées , de  tuyaux  de  fumée , & de  fumée 
vifible  au-deíTus  des  toíts. 

Phylocléon , dans  la  comédie  des  Guipes  d’A- 
riñophanes  (¿zc?.  i.  fe.  i.') , fe  cache  dans  une 
cheminée.  Un  efclave  qui  Tentend  , s’écrie  : Q_uel 
brult  fait  le  tuyau  de  lu  cheminée  ? Phylocléon 
découvert,  répond  : quil  efi  la  fumée  , & quil 
cherche  d s‘ échapper  ; & le  fils  , un  peu  plus  bas, 
fe  plaint  de  ce  que  Pon  va  dire  par-tout  quhl  eíl 
le  fds  £un  ramonear  de  cheminée.  Appien  (^Bell. 
Civil,  lih.  4. ) parlant  des  proferiptions  des  trium.- 
virs , afure  que  plufieurs  citoyens  fe  réfugiérent 
dans  les  tuyaux  des  cheminées  ¡ ii;  xa-ecííoéa;  l¡-¡s<¡- 
po^iíií , fumaria  fub  tecla  pofta  , pour  fe  dérober 
aux  recherches  des  meurtriers.  Lorfque  Vitellius 
fiit  élu  empereur,  dit  Suétone,  le  feu  ayant  pris 
aux  cheminées  pendant  le  feftin  , fe  communiqua 
jufqu’a  fa  falle  á manger  : Ne  ante  in  pr&torium 
rediit  j quam  flagrante  triclinio  ex  concepta  ca- 
mini. 

On  lit  auíTi  dans  la  premiére  églogue  de  Vir- 
gile  ce  vers  : 

Et  jam  ftmma  procul  yillarum  culmina  fumant^ 
Bans  Horace  : 

Dijfolve  frigus  , ligna  fuper  foca 
Large  rgponens 

( Ibid.  Od.  XI.  lih.  jy. ) : 

Sordidum  flammí.  trepidant  volantt'S 
vértice  fumum. 

ifihid.  Od.  il.  lih.  V.)  ; 

Foftofque  vernas  , dizis  examen  domas  ¡ 
Circum  renidentes  lares. 


CHE 

Les  Romahis  d'ailleurs  éteignoient  les  feux  de 
leurs  maifons , lorfquhls  étoient  dans  le  deuil 
& Pafiliction , comme  nous  le  voyons  dans  plu- 
ficurs  auteurs.  Juvénal  dit  (Sízt.  ni.  214.)  •• 

Tune  gemintus  cafas  urbis  , tune  odimus  ignes. 

Quintilien  appelle  ces  cheminées  fans  feu,  noxies 
focos  (Declam.  212.)  -•  Redice  in  domas  veftras  ^ 
videbitis  noxios  focos  , & ignes  tabe  cadaverum 
extinBos.  C’eít  á cet  ufage  que  leurs  poetes  fai- 
foient allufion  , lorfqufils  fouhaitoient  á leurs 
amis  un  foyer  toujours  allumé  , focum  perennem 
( Mart.  X.  47.  4.  ) , OU  focum  pervigilem  ( Stat. 
Sylv.  iir.  y.  1}.)  yOnenñnignemaJjiduum  {Tibull. 
I.  I.  6.,  pour  défigner  la  joie  ou  Pabfence  des 
malheurs. 

A Pappui  de  ces  textes  & des  raifonnemens  , 
viennenc  les  découyertes  des  modernes.  Scamoxzi 
(_Archit.  l.  3.  c.  21.)  difoit  avoir  vu  á Baye  une 
cheminée  antique  nouvellement  découverte , la- 
quelie  étoit  quadrangulaire , & dont  le  tuyati 
formoit  une  pyramide  qui  fe  terminoit  en  pointe. 
Le  méme  architeéle  aflure  que  Franfois  Sanéqe 
en  avoit  vu  une  pareille  á Civita-Vecchia  , & 
que  Pon  en  avoit  découvert  plufieurs  en  divers 
lieux. 

Winkelmann  s’explique  en  ces  termes  fur  le 
méme  objet.  « On  n’a  apperqu  aucune  trace  de 
cheminée  dans  les  chambres  de  plufieurs  cdifices 
antiques ; mais  dans  quelques  chambres  de  la  ville 
d’Herculanum , il  s’eft  trouvé  des  charbons  de 
bois ; d'ou  Pon  peut  conclure  qu'on  ne  s y cnauf- 
foit  qu'avec  cette  efpcce  de  combuftible.  Encoré 
méme , de  nos  jours,  n’y  a-t-il  point  qe  chemi- 
nées dans  les  maifons  bourgedifes  de  Naples  j & 
les  perfonnes  de  diflinclion  qui  cherchent  á con- 
ferver  leur  fanté,  tant  á Naples  qu’á  Rome , habi- 
tent  des  chambres  fans  cheminée,  & ne  font  pomt 
ufage  de  charbon  5 mais  dans  les  maiíons  de 
campagne  hors  de  Rome,  fur  des  lieux  eleves, 
ou  Pair  eñ  plus  pur  & plus  froid  , les  hypocaufta, 
ou  poiles , étoient  fans  doute  plus  communs  que 
dans  la  ville. 

“ Ces  poiles  , dont  ceux  qui  en  ont  ^tle 
n^’ont  certainement  pas  eu  une  idée  » 

échauífoient  les  appartemens , fans  que  la  cha- 
leur  pút  porter  á la  téte  j & Pon  pouvoit  con? 
duire  cette  chaleur  par-tout  ou  Pon  vouloit.  Je 
puis  donner  une  idée  de  ces  poiles , tañe  d apres 
de  bons  deífins  , que  d’aprés  les  reftes  que  j en 
ai  vu  moi-méme  dans  la  \'illa  de  Tufculum 

« Au  pied  de  la  colline  fur  laquelle  cette  mai- 
fon  étoit  fituée  , il  exiíioit  un  petit  banment  qui 
fervoit  de  retraite  pendant  Phiver.  Deflous  terre 
il  y avoit  quelques  petites  chambres  (qui  y font 
méme  encore)  , toutes  difpofées  deux  par  dei«» 
dont  la  hauteur  ell  égale  á celle  d une  tabla 
ordinaire , qui  nc  font  pas  plus  larges  qu  ur» 
pstic  sabiaet  d'étude.  Au  lailieu  de  ces  petites 


CHE 

chambres , font  des  piliers  de  briques  liées  enfem- 
ble  fimpiemenc  avec  de  Targile , fans  la  moindre 
chaux  , afin  qu  ils  réííJUffent  mieux  á raction  du 
feu;  & ces  briques  font  placees  de  fa^on  qu'une 
grande  brique , qui  porte  fur  deux  petites  ^ fe 
trouve  exaó'tement  pofée  fur  le  milieu  de  Tune 
& de  l'autre.  Ceíí  de  ces  mémes  briques  qu’eft 
fait  le  plafond  ^ qui  eíl  ^ pour  ainíl  dure  ^ hori- 
zontal, 8c  qui  porte  le  pla.ncher  d'une  petite 
chambre  un  peu  baíTe.  Le  pavé  de  cette  cham-» 
bre  étoit  fait  d’une  mofaíque  groííiére  , & les 
murs  en  étoient  revétus  de  plufieurs  efpéces  de 
marbre.  Dans  ce  pavé  onavoit  pratiqué  destuyaux 
carrés  en  mágonnerie , dont  les  ouvertures  don- 
noient  dans  la  chambre  inférieure.  Ces  tuyaux  , 
réunis  enfemble,  parcouroient  rintérieur  du  míir 
de  Tappartement  au-defllis  de  la  petite  chambre  , 
par  le  moyen  d’un  conduit  caché  enduit  de  mar- 
bre pilé,  en  fe  prolongeant  jufques  dans  fap- 
partement  du  fecond  étage  , ou  la  chaleur 
fe  répandoit  par  une  efpéce  de  muíBe  dé  chien 
d'argile,  lequel  étoit  garni  d'un  bouchon.  Les 
petites  chambres  fouterraines  étoient  done  les 
poiles.  Devant  ces  poiles  régnoit  une  allée  fort 
étroite , c’eft-á-dire , du  tiers  de  la  largeur  des 
petites  chambres ; & ceñ  dans  cette  allée  que 
donnoient  les  grandes  ouvertures  carrees  du 
poüe , élevées  de  la  largeur  d'un  doigt  feulement 
au-deflus  du  pavé  de  Tallée,  & dont  lahauteur 
alloit  ju'qu'á  la  moitié  des  deux  piliers  intérieurs. 
Par  ces  ouvertures  on  y jetoit  des  charbons  ar- 
deos , qui , en  raifon  de  leur  quantité  , échauf- 
foient  plus  ou  moins  le  plancher  de  briques  d'eii- 
haut , & cette  chambre  fervoit  d'étuve  (fudato~ 
rium La  chaleur  du  poüe  qui  s^échappoit  'par 
les  bouches  des  tuyaux , montoit  enfuite  le  long 
de  la  murailíe , & alloit  fe  communiquer  á la 
chambre  fituée  aa-deíl'us  de  Férave.  Ces  poiles 
ou  chambres  fouterraines  ofFrent  une  diíEeulté  á 
expliquer : cómme  elles  étoient  mtirées  de  tout 
cóté , á Texceptron  des  trous  carrés  dont  nous 
venons  de  parler,  il  eíl  diíHcile  de  concevoir 
comment  on  s'y  prenoit  pour  en  enlever  les  cen- 
dres j puífque  Fallée  qui  y conduifoit  étoit  fi 
étroite , qu’ii  n’ étoit  pas  poíBble  manier  une 
pelle.  Je  n’y  trouve  qu'un  moyen,  c’eft  qu’on 
faifoit  entrer  un  petit  gargon  par  Fun  de  ces'trous 
carrés,  qui  me  paroiíTent  affez  granas  pour  cette 
efpéce  de-  manoeuvre 

“ On  peut  fe  faire  une  idee  exaéle  de  cette 
efpéce  d^’étuve  &de  chambre  á tuyaux,  par  la  dé- 
couverte  qiFon  a'faite  en  Alface  de  pareillescham- 
bres,  que  M.  Schoepflin  a fait  examiner  & deíS- 
Eer  avec  tant  de  foin  ( Alfat.  t.  i.  tab.  i-j.  ):>  & 
qui,  pour  ce  qui  regarde  le  plan  général , ns  dif- 
férent  point  des  chambres  de  Tufeuium 


CHE 


759 


la  peau.  L ufage  genera!  de  ce  véíement  paroií 
n avoir  commencé  que  vers  le  quatriéme  fiécle 
de  Eotre  ere.  On  trouve  le  met  camifia  empioyé 
pour  le  üéligner  dans  Victor  d’Uticue  ( lib.  i.  ¡te 
rerjecuti.  Afric.),q\.ú  écrivoit  dans  lecinquiérpe 
üecle.  fe  trouve  pris  dans  le  méme  fens 

paí  le  Gloffaire  des  Bafniques.  ISdore  ( OA^n. 
‘ y-xrx. ) parle  a'uíS  de  la  camifia  , comme  d'une 
tunique  de  lin  qui  s'appliquoit  fur  la  peau , & 
que  1 on  confervoit  la  nuit  dans  le  lit,  &c. 

Avant  cette  époque  , on  peut  aíTurer  géiiéra- 
lement  que  Ies  anciens  ne  portotent  fur  la  peau 
que  la  tunique  (voyez  ce  mor)  , ou  le  Xíra-j^, 
Cependant  Thucydide  {lib.  i.  p.  1. 1.  i.)  aííhre 
que  les  anciens  habitans  d’Athénes  , ainíi  que 
d’autres  peuples  de' la  Gréce  , s'habilioient  de 
tone;  ce  quhl  ne  faut  entendre,  felón  Hérodoie, 

{ ¿ib.  y.  p.  201. ) , que  de  la  tunique  des  femmes! 
Les  Athéniens  portoient  encore  des  habits  de 
hn  , peu  de  tems  avant  le  fiécle  des  écrivains  que 
nous  venons  de  citer  y & Thucvdide  parle,  dans 
fa  defcription  {lib.  z.p.  64.  l.  4.)  de  h pelie  d’A- 
thenes  , de  ckemifes  d’iine  toile  trés-fine  : XzT.rav 
iticíTim  xx¡  nvS'itm.  Les  femmes  fe  fervoient  auííi 
quelquefois  de  tilTus  de  coton  & de  foie  qui 
étoient  tranfparens. 

Bien  loin  de  porrer  une  ckemife  , quelques 
peuples  de  Fantiquité  regardoient  comme  des 
effemrnés  c'eux  qui  fe  fersmient  de  tunique  fous 
le  manteau  (ííVcíior.  c.  i.  p.  40.  /.  ^3.).  Les 
Romains  des  premiers  tems  ne  portoient  fur  la 
peau  que  ¡a  toge  ( Gell.  Nocí.  Ate.  l.  7.  c.  12.)  í 
Ceñ  ainfi  qu  étoient  drapées  les  ílatues  de  Romu- 
lus  & de  Camille. 

La  tunique  devint  par  la  fuite  Fhabillement 
général  des  Romains  , de  méme  quhl  eíl  devenif 
celuide  tous  les  Grecs,  les  phiíofophes  cyniques 
íéuis  exceptés. 

CHEMMIS  j nom  égyptien  de  la  ville  appelée' 
par  les  Grecs  Panopotis , á caufe  que  Í’oh  y 
rendoit  un  cuite  ^particulier  a Mendés’,  que  les 
Grecs  transformérent  en  Pan. 

CHFNF. 


lAjati  V ai,?  tiUgUi  c.  ITiCiiUtC 

nous  Fapprend , lórfqu’il  dit  , en  parlant  de  fes 
malheurs  {Eclog.  i.  17.) 

De  ccelo  tañas  memzni  pndicere  quercies.- 

n étoit  auííi  confacré  á Rhéa  ou  Cvbéle.  Les 
Gaulois  avoient  une  íi  grande  vénération  pour 
le  chéne  , cuhis  en  faifoienr  en  méme -tems  & 
feur  temple  & leur  dieu.  La  ftarae  de  kur  Jupr-- 
ter,  dit  Máxime  de  Tyr,  n'éroit  qu'un  cki-ne 
fort  élevé. 


CHEMISE.  On  déíigne  aujourd’bui  par  ce  mot 
an  vétement  de  lin , de  chanvre  ou  de  coton  , 
?Je  Ies  Européens  mettent  iramédiatement  fur 


CHEXICE,  X 
CHÍEiMCE,  5 


, métron  , me  fiare  , 


mefure- 


grecqae  de  capacité.  M.  Pauélon  i'évalu«  eK- 


TÓo  CHE 

: 

mefure  de  France  á ¡ó-ii  ds  bojíreau.  Elifi  va’oií 
en  mefure  grecque  2 xeftcs. 

Les  Romains  adopcérent  cette  mefure ; mais 
elle  ne  valoit  chez  eux,  felón  M.  PauCtonj  _que 
du  boiffeau  de  France.  La  chenice  valok  en 

1 0 e o o 

mefure  romaine 

I 4 Setier  , 

Olí  3 hémines  ^ tralla  , 

Ou  iz  acétabuiesj 
Ou  i8  cyates  ^ 

Oa  71  iigules. 

Chenice  , métron , hillbris  tritici , mefure  de 
capacité  pour  les  folides  de  VAüc  & de  l'Egi’Lte. 
M.Pauólon  Févalue  en  mefures  de  France  á 
de  boUreau  .,  ou  á Elle  valoit  en  mefures 
anciennes  des  mimes  paj  s j 2 logs  ou  4 hémi- 
íies, 

SSSÍqÍI.}  Laprouedesnaviresanciens 

étoit  ordinairement  terminée  par  un  ornement  long 
& elevé, figuré  encoude  cicogne^xévirxoí, petite 
oye  , chenifque.  Le  grand  étymologifte  place  le 
ckcnifque  á la  proue.  Mais  Apulée  ( íWííiot.  xr. 
p.  379.  ) & Lucien  {Navig.  p-  493- ) le  placent  á 
la  pouppe.  Au  reñe,  quand  les  anciens  parioient 
des  vaiíteaux  ronds  , ils  pouvoient  aifément  con- 
fondre  la  proue  avec  la  pouppe. 

CHÉRA , z^a , nom  qkon  donnoit  á Junon  : 

11  íignifie  la  veuve  , á caufe  de  fes  fréquentes 
brouilleries  avec  Júpiter. 

CHÉRON  5 fondateur  de  la  viüe  de  Chéronée 
en  Béotie , étoit  fils  d’ApolIon  8c  de  la  beile 
Théro.  II  fut  fort  célebre  dans  Fart  de  domptcr 
un  cheval. 

XEFNi-J-,  ckerrJps , eau  luftrale  dans  laquelle 
sn  plongeoit  un  tifón  ardent  pris  fur  Fautel. 

CIIERSONESUS  , dans  la  Tauriquc.  xep. 
Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  foiit  ; 
RRRR.  en  bronzc. 

O.  en  or, 

O.  en  argent. 

Leur  type  ordinaire  eft  un  Griífon. 

Cette  vilie  a fait  frapper  quelques  médailles 
iijipénales  grecques  , felón  le  P.  Hardouin. 
Chersokesus  j en  Créte.  xee-sonazion. 
Les  médailles  autonomes  de  cette  ville  font : 
RRRR.  en  argent. 

RRRR.  en  bronze  ....  Hanter. . . . Eckkel. 

O.  en  or. 

CHÉRÜBIN.  On  dobne  ce  nom^dans  ¡es  arts, 
á une  tete  d’enfant  foutehue  par  deux  ailes.  Cet 
ornement  eft  bizarra  , & Ies  Grecs  des  beaux 
íiécles  qui  avoient  cependant  va  cnez  les  Egyp- 
tiens  des  figures  garnies  d’AiL&s  (voyez  ce  mot), 
mema  fu-  les  cuiíTes  & les  jambes  , ne  Fem- 
p’oyoieut  poiní.  Cn  ne  le  trouve  que  chez  les 
Rc.nains , Se  d.tns  líS  pbfoaás  des  édidees  de 


CHE 

Palmyre.  Le  Comte  de  Caylus  en  a cité  un  gau- 
lois  (Rec.  d‘Ara¡q.  i:I.  pl.  8.  n°.  3.). 

CHESIADE  , furnom  de  Diane,  qui  lui  fut 
doané  foit  á caufe  du  fleuve  Chéíias  dans  ihfie 
de  Samos , foit  á caufe  de  la  viile  de  Cheíiusn 
dans  Flonft. 

CHEV  AUX  diétionnaire  hillorique  de 

cette  Encyclopédie  apprendra  aux  leéleurs  Fépo- 
*que  oú  Fon  croit  que  Fhomme  a dompté  ¡c 
cheval,  le  tems  od  il  Fa  atrelé  á un  char,  &c. 
enñn  tout  ce  qui  regarde  Fruñorique  de  i'équita- 
tion  & du  manége. 

On  ne  trouve  jamais  de  ckevaux  dans  les 
hiéroglyphes , ni  dans  les  auteurs  p.rofanes  qui 
parlent  des  anciens  Egyptiens  : ce  qui  feroit, croire 
que  le  cheval  cÍl  étranger  á cette  fameufe  nation. 
Aucun  des  anciens  qui  ont  écrit  fur  Fart  yétéri- 
naire,  na  fait  m-ention  dhine  race  égyptienne  , 
& les  ehevaax  que  Fon  volt  aujourd  huí  es  Jagypte 
font  tous  de  race  arabe. 

Chf.val.  Cet  'animal  étoit  confacré  á Mars  , 
comme  au  dieii  des  combats.  La  vue  d un  ckeval 
étoit  un  préfage  de  giierre , parce  que  le  cneval 
eft  un  animal  beiliqueux.  Enée  e_ut  a pris 

terre  en  Italie  , que  , pour  premier  prefage  , il 
vit  quatre  chevaux  blancs  paiffant  dans  la  prairie  j 
auflitót  le  devin  s'écrie  : O terre  étrangére , tu 
nous  promets  la  guerre  ! Les  Feries , les  Arme- 
niens , les  MaíTagétes  immoloient  des  chevaux 
au  Soled.  Les  Suéves  , anciens  peuples  ““ 
Germanie  , nourriíTent  a frais  communs,  dit 
Tacite  , dans  des  bois  facrés  , des  cAevuax blancs, 
dont  ils  tireiit  des  préfages  5 perfonne  n y peut 
toucher  en  aucune  maniere  ; le  prétre  feul  avec 
le  prince  de  la  nation , les  attachent  á un  chanot 
facré  , les  accompagnent  & obfervent  leurs  .hen- 
niíTemens  8c  leurs  frémiffemens.  11  n eft  point  de 
préfage  auquel  non-feulement  le  peuple,  mais 
les  principaux  de  la  nation  8c  les  prétres  ajouteiit 
plus  de  foi.-  _ . . 

La  mythologie  grecque  enfeignqit  que  le 
ckeval  n’avoit  pas  exifté  dans  les  premiers  ages  du 
monde.  Neptiine  difputant  avec  Minerye  le  me- 
nte de  faire  aux  hqmmes-le  préfent  le  plus  4"’'^  ’ 
frappa  la  terre  de  fon  trident  & en  fit  fortsr  un 
beau  ¿heval : de-E  ce  dicu  fut  furnomme  tiip- 
pius  ( de  iVirí; , ckeval.  ).  ramphus  , t^e.e 
ancien  qu’Homére  , dit  que  N'eptune  fit  pre  en 
aux  hommes  & du  cheval , 8c  de  ces  tours  _ o - 
tantes  appelées  vaiffeaux  ; c eft  pourquoy  .e 
ckeval  étoit  auñi  un  fymboie  de  la  nav.ga 
tion. 

Virgile  iuvoquant  Neptune  au  commencement 
des  Géorgiques  , rappeile  le  préfent  qu  il  avo 
fait  aux  hommes  : 

. . . Tuque , ó cal  prima  furentetn 

Fadit  esuum  magno  tellus  percujfa 


CHE 

Méne!’,s  adrcffe , dans  Tliiade  . ces  paroles  a An- 
tiioque  ; Jure-^  p^r  ISeptune  , la  jnain  Jar  vos 
cii^v.iux  , ¡urcx  qiLe  volts  n avc¡¡_  poira  employé  la 
fraude  pour  me  uévaacer. 

Les  TheiTaliens  furent  célebres  dans  l'art  de 
Tequitation  : c'efi  pourquoi  on  voit  ordinairement 
des  ckcvciix  fur  leurs  rnédailles.  Mais  les  haras 
de  TEpirej  d’Argos  & de  Aípcéaes  remportérent 
fur  roas  les  autres. 

0_n  peur  voir  á rirtide  CA  valieb.  ^ les  trois 
manieres  diíFérentes  employées  par  les  ancieris 
pour  nionter  á cheval , foit  á Faide  d'an  crampón 
Exé  á la  lance  vers  la  hauteur  da  genou  des 
chevaux  . foit  en  fe  faífant  foulever  par  des 
écuyers  ^ foit  enfin-  en  s’éiancant  fur  le  cheval. 
C'eñ  de  cette  derniére  maniere  que  Virgile  dic 
(JEatid.  XII.  i88.) 

Corpora  falta. 

Siibjicíúnt  in  eqaos.  . . . . 

Pour  rendre  cette  maniére  plus  aifée,  quelques- 
uns  dreiToient  les  chevaux  á s'agenouiller  , lorf- 
qu’on  vouioit  les  monter  (_  Pollux.  i.  2.).  Siüus 
Italiciis  peint  le  ckeval  de  Cicedus , bleíTé  a ia 
bataiiie  de  Cannes  > s’inclinant  auprés  de  fon 
niaítre  comme  pour  facilicer  fa  fuite  (x.  465.)  : 

■ I.nde  mclinatus  collum  , fahmijfas  ií  armes 
De  more , irfexis  prabebat  fcandere  terga 
Craribas. 

Les  dépouilles  des  tigres  & des  lions  furent 
Ies  premieres  houíTes  des  chevaux.  On  les  fit 
depuis  de  toutes  fortes  d'éroíFes.  Les  magidrats 
romains  Ies  avoient  en  pourpre  pour  marquer 
leurs  dignités,  & les  empereurs  Ies  imitérent. 

On  marquoit  les  chevaux  avec  un  fer  chaud 
fur  la  cuiíTe  ^ comme  nous  le  pratiquo-ns  encore. 
Les  marques  les  plus  prdinaires  étoient  une  tete 
de  bceuf  j d’oü  leur  vint  le  ñora  de  bucepkales  , 
'Bax.ídiiXoi , la  lettre  fgma  & le  coppa  ou  coph  ou 
cappa  j ce  qui  Ies  fit  appeler  & Ks-rTta-rlui. 

La  coiledion  des  pierres  gravees  de  Stofeh  ofrre 
des  chevaux  marquéis  du  coph. 

Les  chevaux  étoient  attelés  anciennement  aux 
chars  par  le  mopen  d’un  joug  qui  portoit  fur  leur 
col.  L’harnois  de  ceux  qui  tiroient  les  chars  étoit 
trés-fimple  : il  coníiíloit  en  un  poitrail  & une 
íeconde  courroie  , qui  paíToit  fur  le  col  & íup- 
portoit  le  poitrail. 

On  obferve  fur  une  belle  émeraude  du  barón 
de  Stofeh  j qui  repréfente  Diornédefaifantmanger 
le  jetme  Abdére  á fes  jumens  , que  les  anciens 
coupoient  les  crins  de  leurs  chevaux,  ainfi  que 
nous.  Cet  ufage  étoit  afrefte  plus  fpécialement 
au  tems  de  deuií ; c’efl  ainíi  que  le  pratiquérent 
Adméte , á la  mort  de  fa  femme  Aiceíie , & les 
TheiTaliens  á la  mort  de  Pélopidas. 

Antiquicés  ¡ Tone  I. 


CHE  7di 

Piavi’nel  Ht  exécuter  dans  le  fameux  carroufel 
de  Louis  Xiil,  un  Fort  beau  baaet  de  cheva-x. 
Les  deux  ballets  de  ce  genre  qui  nruTr-t  pour 
avoir  été  les  plus  -beaux , fonr  ceux  cui  íurenc 
donnés  áFlorencej  ie  premier  en  160S,  le  dernier 
en  161  y.  LesSibarites  avoient  inventé  ladanfe  des 
chevaux  ; & Piuvinel  fit  revivre  cet  art  finguÜer. 
Voyei  FERREIt  , DESULTEUR  ^ CHAR  j SELLE  , 
BRIDE  j IvíORS  j ÉTRIER. 

Les  anciens  croyoient  qu’il  y avoit  eu  des 
chevaux  avec  une  forte  de  pied  á’homme.  On 
admira  ce  phénoméne  dans  le  cheval  de  ; Suet.  Ir. 
Jal.  c.  61.  Flirt,  l.  VIH.  c.  ^4- ) JulcS  Céfar,  qui 
en  fit  Taire  la  ñatue,  & la  pla^a  devant  le  temple 
de  Kenu'.  genitrix  {^Spaahehn.  de  Fr&ft.  Num.  t. 
i.p.  288.  Haraoain.  Num.  Ant.  pag.  3J2..).  L’em- 
pereur  Gordien-le-pieux , paroít  auílT  aveir  eu  un 
cheval  avec  li  méme  íingularité  ; li  da  moins  on 
le  peut  conieéiurer  de  ce  qif  on  voit  fur  une  mé- 
áaiile  de  la  vilie  de  Nicée. 

La  paflion  de  certains  empereurs  romains 
pour  les  chevaux , leur  infpira  les  folies  les  plus 
bizarres.»  Vérus  ( Capitolin.  c.  6. ) avoit  fait 
fondre  en  or  une  repréfentation  de  fon  cheval 
volucris  ¡ il  la  portoit  toujours  avec  lui  ^ & apres 
fa  mort  il'Iui  fit  élever  un  tombeau  au  Vadean. 
Cette  derniére  extravagance  fur  imitée  par  Ha- 
drieii.  Augufte  , á Texemple  d’Alexanáre  ^ avoit 
dreíTé  aiiííi  un  monument  á fon  cheval , que 
Germánicas  aveir  chanté  dans  fes  poéíies.  Cali- 
gula  fe  diílingua  dans  ce  genre  de  folie  j il  réfolut 
de  créer  confui  fon  cheval  mcitatus. 

On  trouve  dans  les  recaeils  de:  Gruter  & de 
MuratorijUn  grand  nombre  d iaicriptions  grav'ees 
en  Thonneur  de  chevaux  célebres  par  leurs  vic- 
toires  dans  le  cirque.  lis  y paroiíTent  auffi  fculptés 
avee  des  palmes , des  couronnes  ^ avec  Ies  noms 
de  leurs  pays , & méme  avec  ceux  des  couleurs 
de  leurs  poiis.  Ces  couleurs  font  cSSgnées  par 
les  mots  fuivans  j albas  , blanc  j cinereus  , cen- 
dré , badius  , bai  5 rufas  , roux  ; maurus  , maure  } 
fulvus , fauve  5 pallas . noirátre ; ktf.us  ou  esfús , 
bleu-clair^  &c. 

On  iit  cette  épitaphe  d'an  cheval  \ Brefcla  ; 


Sa  figure. 

COPORUSQUE 

USCI  SALTUS  PASCUA 

NEC  SICULA 

VOLUCRIS  ANTE  IRE  VAGA 
QUI  ELAMINA  CHORI 
VINCERE  SüETUS  ERAS 
HOC  STABULAS  TUMULO 

Les  premiers  ehrétiens  gravérent  & deíT.nerent 
fouvent  des  chevaux  fur  leurs  tombeaux  ^ ccm.me 
on  le  voit  dans  les  catacombes  & dans  Rorr.a 

O d d d d 


7^2  CHE 

fottsranea  de  Sello.  La  raifon  de  ce  choix  eñ 
apparente,  icrfqu’on  lit  dms  Tépitaphe  ces  mots  : 

COLlEGII  JUMENTARIORUM  OU  . . . SACRO 
STABULO  ....  OU  CURSUI  PUBLICO  . . . OU 

méme  circo  . . . ou  ennn  agitatoRes  j car 
on  volt  aiors  que  ie  mert  avok  fait  peindre  ces 
ckevaux  pour  déílgner  fa  profeíTion.  Mais  fans  cela 
on  eílobiigé  de  recourir  á quelque  allégorie  pieufe; 
par  exemple  , felón  le  P.  Lupi  ( Epicapk.  Severa.. 
■p.  57. ) j á la  courfe  dont  parle  S.  Paul  ( il.  J í- 
moth.  4. ) 3 & á )a  couronne  éternelle  promife 
aux  efarétiens  qui  Pauront  fournie  avec  conf- 
ta.nce. 

Les  écrivains  latins  donnent  quelquefois  aux 
ckevaux  des  noms  relatifs  á Pnfage  que  Pon  en 
faifoic  dans  les  differentcs  claíTes  de  la  fociété. 
lis  appellent  equus  cvenarius  , le  cheval  qui  porte 
la  vaiife  ; equus  puhlicus , le  ¿¿eví2/<en-tretenu  aux 
dépens  du  tréfor  public  , que  les  cenfeurs  don- 
nérent  aux  chevaliers ; equus  fagmarius  , le  méme 
que  Vavertarius  ; equus  fellaris  , ou  celes  grec 

asMs , le  chtval  de  felle ; equi  agminales , les 
maqettes  ou  ckevaux  de  renvoi , que  Pon  four- 
nilToit  aux  officiers  des  empereurs  pour  voyagér 
dans  les  routes  ou  les  poñes  n’étoient  pas  éta- 
fclieSj  & qui  alloienr  plufieurs  enfemble^,  agmine 
fallo  ou  turmatim  ; veredi  & equi  curfuaies  , Ies 
ckevaux  de  pofte  j equi  defultorii  ( Koyeq^  DESUL- 
TEURS  ) ; equi  finales  , les  ckevaux  premier  & 
quatriéme  dans  les  quadriges , auxqueües  ils  ne 
tenoient  que  par  des  traits  , funes  j equi,  , 
Ies  ckevaux  fecond  & troiliéme  dans  Ies  qua- 
driges, au  timón  (.^¿yes)  defquelles  ils  étoient 
arteles ; equi  lignei , le  ckevaux  de  bois  du  champ 
de  Mars^  fur  lefquels  la  jeuneíTe  romaine  fe  for- 
moir  a Péquitation;  equi  pares , les  deux  ckevaux 
des  défulteurs  j equi  fingulares  , les  ckevaux  des 
Volontaires  , appelés  fingulatores  ¡ equi  triumpka- 
les  , les  quatre  ckevaux  qui  traínoient  le  char  des 
triomphateurs  , 8cC.  &c. 

II  y avoit  á Rome  plufieurs  ftatues  équeftres 
de  bronze  , défignées  par  le  mor  equus  , auquel 
on  joignoit  le  nom  de  celui  que  repréfentoit  la 
ftatue.  Equus  Conflantini : la  ftatue  équeftre  de 
Conftantin  étoit  dans  le  forum , celle  de  Domitien 
aufli.  La  demiére  fouloit  aux  pieds  le  Rhin  ^ pour 
déíigner  le  triomphe  de  Domitien  fur  les  Ger- 
Eiains  (^Stat.  n.  ji.)  : 

Mnea  captivi  crinem  terit  angula  lUieni. 

II  y avok  auífi  dans  la  feptiéme  región  ^ dans 
la  rué  large  j une  ftatue  équeftre  de  Tiridate,  roí 
des  Parthes-  Vi&or  & Rufus  en  forit  mention  5 
mais  ils  fe  fervent  du  pluriel  equi  , ce  qui  déíigne- 
roit  une  ftatue  dans  un  char.  On  voyoic  encore 
dans  le  forum  de  Traían  une  ftatue  équeftre  de 
cet  empe-  cur , relie  fans  doute  que  Poffrent  quel- 
ques-unes  de  íes  médailles. 

« Les  artiñes  modemes,  ditWinkelmanB  {Hift. 


CHE 

de  tArt,  liv.  4.7.  4.  §.  r.)  , n’ont  peut-étre  pas 
furpaíTé  les  anciens  dans  Part  de  rendre  les  cke- 
vaux , comme  Pavance  Pabbé  du  Bes  ^ qui  fou- 
tient  que  les  ckevaux  anglois  font  plus  beaux  que 
ceux  de  la  Grece  & de  Pitalie.  II  eft  vrai  que  les 
jumens  napolitaines  & angloifes  , faillies  par  des 
étalons  andalousj  preduifent  une  race  de  ckevaux 
plus  noble  ; & Pon  fe  fert  avec  avantage  de  cette 
induíirie  pour  perfeétionner  les  haras  de  ces  pays. 
QuoiqiPon  platique  cet  expédient  dans  d’alitres 
chmats , il  na  pas  toujours  le  méme  fuccés  , 
& méme  il  en  réfulte  fouvent  le  contrake.  Les 
ckevaux  germains , que  Céfar  trouvoit  trés-mau- 
vais  , font  aujourd'hui  trés-bons } & les  ckevaux 
GauloiSj  fort  eftimés  de  fon  tems^  font  préfen- 
tement  les  moindres  de  PEurope.  Les  anciens 
ne  corínoiífoient  pas , á la  vérité  ^ la  belle  race 
des  ckevaux  danois  j & celle  des  ckevaux  anglois 
leur  étoit  pareillement  inconnue;  mais  i!s  avoient 
les  ckevaux  de  Cappadoce  & d’Epire,  ainli  que 
les  plus  beaux  de  tous  ceux  de  Perfej  de  PAchaiej 
de  TheíTalie^  de  Sicile_,  de  Th)  /rrénie  ^ de  Celtie 
ou  d’Efpagne.  Platón  fait  dire  á Hippias  : « notre 
climat  produit  la  plus  belle  race  de  ckevaux 
{Hippias  Maj.  p.  348.  ed.  Bajl.)  C’eft  done 
un  jugement  hafardé  de  Pabbé  du  Bos  , qui 
cherche  vainement  á appuyer  fon  opinión  fur 
quelques  défauts  du  ckeval  de  Marc-Auréle  : car 
cette  ftatue  re.nverfée  & enfouie , a dú  naturel- 
lement  fouffrir  de  ces  accidens.  Quant  aux  cke- 
vaux de  Monte  Cavallo , quhl  dit  étre  défec- 
tueux , je  nie  tout  net  la  chofe  , Sí  je  foutiens 
que  ce  qui  eft  antique  eft  trés-bon 

« Quand  nous  kaurions  d’autres  ckevaux  anti- 
ques  que  ceux  dont  nous  venons  de  parler,  nous 
pourrions  pofer  en  fait  que  les  ftatuaires  de  Pan- 
tiquitéj  qui  avoient  occafion  de  fabriquer  müle 
ftatues  équeftres  pour  une  feule  qkon  érige  de 
nos  jours  ^ connoiíToient  auífi  bien  les  quáütés 
d'un  bon  ckeval , que  leurs  écrivains  & leurs 
poetes.  Nous  ne  pouvons  douter  'que  Calamrs 
n’ait  eu  antant  de  fagacké  qu’Horace  & Virglle 
á bien  fallir  les  qualités  & les  beautés  d«n 
ckeval  H me  femble  méme  que  les  deux  ckevaux 
en  queíEon  du  mont  Quirinal  á Rome,  les  quatije 
ckevaux  de  bronze  anciennement  dorés,  apporte* 
de  Conftantinople  au  commencement  du  treizieme 
íiécie,  & pofés  fur  le  portail  de  Phglife  ce  S. 
Marc  á Venife,  font  tout  ce  que  nous  pouvons  voir 
de  plus  beau  dans  ce  genre  ; la  tete  du  ckeval  de 
Pempereur  Marc-.Auréle  ne  fauroit  étre  ni  mieux 
tournée,  ni  plus  fpirituelle  dans  fon  efpéc^  Les  íix 
ckevaux  de  bronze  qui  décoroient  le  frontilpice  du 
théátre  d^’Herculanum , "étoient  de  la  plus  p'ande 
beauté  , mais  de  race  légére , comme  les  ckevaux 
barbes  j des  débris  de  ces  ckevaux  on  en  a com- 
pofé  un  feul,  qu’on  vok  aajourd'hui  dans  la  rour 
du  cabinet  des  antiques  de  Portici 

“ Deux  autres  petits  ckevaux  de  bronze  , con- 
fervés  parmi  Ies  antiques  d’Herculanum , mérite!^* 


CHE 

HHC  pla£S  psfmí  les  monuiBens  Ies  plus  precieux 
de  cegenre.  Le  premier,  monté  par  fon  cavalier, 
fut  découvert  au  mois  de  mai  1761  , dans  les 
fouilles  d’Herculanum  5 mais  les  jambes  du  ckeval 
Se  celles  du  cavalier  manquoient , ainfi  que  le 
bras  droit  de  celui-ci.  On  a auíTi  trouve  la  bafe 
garnie  d’argent  de  ce  dernier  niorceau.  Le  ckeval , 
repréfenté  au  galop  & appuye  contre  un  gouver- 
naü,  ell  de  la  longueur  d^environ  feize  pouces  de 
France  (deux  palmes  de  Naples)  ; ¡1  a les  yeuK 
d’argent,  une  rofe  du  méme  metal  fur  le  froni. , 
attachée  á la  bride  , & une  tete  de  Medufe  íur 
le  poitrail.  La  bride  eíl  de  cuivre.  La  figure  du 
cavalier , qui  reíTemble  á Aiexandre-le-Grand, 
a pareillement  les  yeux  d’argent  : fon  mantean 
eít  atraché  fur  Tépaule  droite  avec  une  agrafre 
d’argent.  II  tient  de  la  main  gauche  le^fourreau 
de  fon  épée,  ce  qui  fait  préfumer  qu  il  tenoit 
répée  de  la  main  droite,  qui  manque.  Cette  figure 
a environ  treize  pouces  de  France^  ( un  palme 
romain  & dix  pouces)  de  hauteur.  L autre  cheyal 
a été  trouvé  également  mutilé  & fans  cavalier. 
Depuis  le  tems  de  cette  découverte  on  a trouvé 
dans  le  méme  endroit  un  troifiéme  ckeval  de  meme 
grandeur,  monté  par  une  .Lmazone  ; ce  ckeyal , 
fondii  dans  Taélion  de  fauter,  repofe  du  poitraii 
fur  un  hermés  ». 

cc  On  a quelques  médailles  de  Syracufe  & 
d’autres  endroits , fur  lefquelles  il  y a des  che- 
vaux  d’une  grande  beaute  de  deífin.  L artille  qui  a 
gravé  les  trois  lettres  initiales  de  fon  nom , mt0  , 
fous  une  tete  de  ckeval , fur  une  belle  cornaline 
du  cabineí  de  Stofeb  , étoit  fur  du  í ucees  de  fon 
travai!  & de  l’approbation  des  connoiíTeurs  ( Def. 
des  pier.  gr.  du.  cah.  de  Stofek , p.  5’43' 

Ant.  imd.  p.  238  ).  Dans  la  cour  intérieure  du 
palais  Colobrano  á Naples , on  admire  une  belle 
téte  de  ckeval  antique  , attribuee  fauíferaent  par 
Vafari,  á Donatello  , fculpteur  Florentin  _ 

ce  Je  répéterai  á cette  occafion  1 obíervation 
que  j’ai  faite  ailleurs  ( Defcr.  des  pier . gr.  da  cab. 
de  Stofek,  p.  5-70.)  , favoir,  que  les  anciens  artif- 
tes  n’étoient  pas  plus  d accord  fur  le  mouvement 
fucceflif  des  ckevaux , c , fur  leur  maniere 

de  lever  de  porter  les  pieds  en  avant , que  ne 
le  font  quelques  auteurs  modernes  qui  ont  parlé 
de  cette  allure.  Quelques-uns  ptetendent  {Borel. 
de  Mota  Animal,  p.  I.  c.  20.  Baldinuc.  Vite  de 
Pin.  t.  2.  p.  39. ) que  les  chevaux  levent  les  deux 
jambes  de  chaqué  cóté  en  mérne  tems ; & relie 
ell  l’ailure  des  quatre  chevaux  antiques  de  enife  , 
des  chevaux  de  Caílor  & de  Pollux  du  Gamitóle, 
de  ceux  de  Nonius  Balbus  & de  fon  fils  a Por- 
tici.  D’autres  font  perfuades  que  les  chevaux  fe 
meuv'ent  en  Rgne  diagonale , ou  ^en  forme  de 
croix  (^Magalotti  Letteri^  j qu  apres  avoir  leve 
le  pied  droit  de  devant , ils  levent  le  pied  gauche 
de  derriére ; ce  qui  eíl  fondé  fur  1 experience  & 
• fur  les  loix  de  la  méchanique.  C eíl  ainli  que  le 
ekeval  de  Marc-Aurél®,  les  quatre  chevaux  de  foa 


CHE 


char  fur  le  bas-relief  du  Capitole,  & ceux  de 
Titus  fur  I’arc  qui  porte  le  nom  de  cet  emperear, 
levent  les  pieds 


Chevaux  du  Soleil.  Ovide  les  nomme  Eoils , 
Pyro'is , Alton  Se  Pkiégon  , noms  grecs  , done 
rétymologie  marque  la  qualité.  lis  font  nommés 
ailleurs  Erytkoas  , ou  le  rouge , Acléon , ou  le 
lumineux , Lampos  , ou  le  refplendiíTant  , Se 
Pkiloge'ús , qui  aime  la  terre.  Le  premier  déíigne 
le  lever  du  foleil , dont  Ies  rayons  font  alors 
rougeátres  5 Aéléon  marque  le  tems  oú  ces  mémes 
rafons  , fortis  de  Tatmofphére  , font  plus  clairs 
vers  les  nsuf  ou  dix  heures  du  marin ; Lampos 
figure  le  midi,  oü  la  lumiere  du  foleil  eíl  dans 
toute  fa  forcé ; & Philogeüs  repréfe-nte  fon  cou- 
cher , lorfqu’il  femble  s’approcher  de  ¡a  terre. 

Chevaux  de  Mars;  Servius  les  nomme  Demos 
& P kobos  , la  crainte  & la  terreur.  Mais  dans 
Homérc  ce  font -la  les  noms  des  cochers  ds 
Mars  , & non  de  fes  chevaux. 

Chevaux  de  Laomédon.  Hercule  offrit  á 
Laomiédon  de  délivrqf  Héfione  fa  filie  , moyen- 
nant  un  attelage  de  chevaux  que  ce  pnnee  lui 
promit.  Ces  chevaux  , difent  Ies  poetes  , étoient 
íi  légers , qu’iis  marchoient  fur  les  eaux. 

Chevaux  d’Enée.  lis  étoient,  dic  Homére, 
de  la  race  de  ceux  que  Júpiter  donna  á Tros, 
lorfquil  lui  enleva  fon  fils  Ganyméde.  Anchife, 
á l’infqu  de  Laomédon  , eut  de  la  race  de  ces 
chevaux  , ayant  fait  mettre  dans  le  haras  du  roi 
fes  plus  belies  jumens  , dont  il  vit  naitre  fix 
chevaux.  IIs  étoient  parfaitement  bien  dreíTés  pour 
les  batailles , & favóient  répandre  la  terreur  & la 
fuite  dans  tous  Ies  rangs. 

Chevaux  d’Achille.  lis  étoient  immorteis, 
dit  Homére , ayant  été  engendrés  par  le  Zéphire 
& par  la  harpye  Podarge  , & fe  nommoient  Ba- 
lios  8c  Xantos.  V oye:[  ces  mots. 

Chevaux  de  Rhéfus.  Voye^  Rhésus. 


Cheval  de  Troye.  Les  Grecs  , dit  Virgile  , 
ifles  d’un  fiéee  qui  duroit  depuis  dix  années  , 
ins  efpérance“d’en  voir  la  fin,  eurent  recours 
un  ílratagéme.  lis  s’avisérent  de  conftruire  , 
livant  les  le?ons  de  Pallas , un  ckeval  enorme  , 
aut  comme  unemontagtie,  compofe  de  planches 
e fapin  artiílement  jointes  enfemble;  & ayant 
nfermé  dans  fes  valles  flanes  un  grand  nombre 
e guerriers  , ils  publierent  que  c etoit  une 
ffrande  qu  ils  confacroient  á Minerve  pour  obte- 
ir  un  heureux  retour  , 8c  pour  remplacer  le 
'alladium  de  Troye  qu  ils  avoient  enleve.  Les 
Toyens  donnérent  dans  le  piege  5 & croyant 
me  ce  ckeval  n avoit  été  fait  d une  granaeur 
i prodigieufe,  quafin  qu  il  ne  put  entrer  par  Ies 
,ones  de  leur  ville,  ils  abattirent  une  parné  aes 
nurailles  , & placérent  au  miheu  de  Troye  la 
uneíle  machine.  Lorfque  la  nuit  fut  venue , las 
Srecs  qui  étoient  cachés  dans^  ks  flanes  du 


764 


CHE 


theval  de  boisj  en  fortirent  par  le  moren  d’un 
cable  & introduifírent  dans  les  murs  de  Troye 
tojte  1 armee  ennem¡e.  c=  Cette  Scíion  , cu:  nons 
paroít  aujourd’hui  fi  folie  , dit  M.  fabbé  des 
^ >5  rontaineSj  étoit^appuyée  far  une  vieille  tradi- 
» rioíij  Se  fur  la  credulité  des  anciens  peucles.  La 
« plupart  des  poeres  grecs  la  facpofent.'piatar- 
” Romulusi  aiTare  que  Fon 

» cnebroit  une  féte  á Rome  en  coinmémoration 
» de  cec  evénement  & cue  ooiir  cela  on  immo- 
ioií  un  cheva.1  aii  dieu  Áíars  =:>. 

Faiüanias  {in  Atticis)  croit  cue  ce  chsval  étoit 
une  machine  deguerre,  une  efpéce  de  bélier, 
qu  Epeus  imagina  pour  battre  les  murs  de  Troye  , 
& que  Ton  fit  par  ce  moyen  une  large  breche  ^ 
par  laquelle  Ies  Grecs  entrérent  á la  fiveur  de  la 
nuit.  En  effet,  rime  date  de  la  guerre  de  Troye 
1 invention  du  bélier;  & il  la  regarde  comme  le 
fonyuemenE  de  la  nCHon  du  chcval  de  Troye. 

il  ell  repréíenté  fur  une  pierre  gravee  da  Barón 
de_  v^Eofeh  , fur  une  autre  de  Gcrlxus  , dans  une 
peinnire  ancique  de  Bellori,  fur  im  bas-relief  des 
mortumoTiti  inedid  de  Winicíimann , Se  dans  une 
peinture  d’Herculanum . 

Cheval  fur  Ies  médaifes.  CAeW  paiífant ; 
type  orjín-ire  d'.ñiexandrie  en  Troade , de  La- 
inia  3 de  i roas  en  TroaJe  de  Bottifxa. 

Che  VAL  conranr  ; Air  les  médaüíes  d’i  roí , de 
.ena,  dc^iagnena  enTheífalie,  des  Gauio'is^  de 
i ermciUis , de  Gyrtc.n  , de  LariiTa , de  Maronée , 
‘1®  ^ jies  Santones  , de  Syracuíe , des 

-tiieHaíienSj  de  Tncíralonicjiíe, 

. a mi-corps  , ou  la  tete  Guie,  oa  en- 

tief  po.e  [ur  les  médailles  d’yílg^,  de  Carthage  , 
de  v^eos^de  Coiophon,  de  Nucrinum,  de  Cv'mé 
oe  Laryiía , de  Pharfalus  , de  Roma  , de  Tricca 
lie  la  Pürygie-Epiól.etus , de  Minya. 

On  voit  deux  ckevaax  fur  les  médailJes  de 
caería. 

CfiEVAL-MARIM.  V ayey  HlppoPOTAME. 
Ch^’^al-de-faise  , Eriezus.  Les  anciens  con- 
BOiíioient  cette  machine  de  guerre  , & Céfa- 
en  fait  naention  [Bell.  Civil,  iií.  ¿Y).  On  en 
vo:t  un  qui  fert  de  type  á qaelques  médailles  de 
la  famille  Licir.ia. 

CHiz-VALET.  Les  anciens  fe  fervoient  pour 
peindre  a un  ckevaUt  fembiable  aa  ndtre , comme 
on  le  volt  fur  une  pata  anticue  de  Stofeh  ou 
un  peintre  en  a un  pareil  dreíTé  devant  luí  ; & 
iHr  un  bas-reltef  lapporté  par  Bellori , oii  la 
peinture  lembJe  escirer  Yarron  a achever  la  vie 
ees  hommes  i’uiítres. 

Che  VA  I ET,  equaleas  ^nom  d’une  efpece  de 
torture,  quf  n étoT  d úfate  chez  les  anc/errs  rnte 

pn,o„,iei  cnez  le,  ^ ares  en  i ryi  , corr.:>f>G 
eienaoire^  & far.c  ¡g  fecoms  d^aaciui  ii-vre*,  un 


CHE 

' paité  de  de  equuleo  , dans  lequel  il  dífciite  toas 
les  paiiages  des  anciens  écrivains  cui  ont  parlé 
dn  chevalet.  Sigonius  a écrit  auffi  ‘fur  le  méme 
objet;  mais  ces  deux  favans  dirFérent  d’opinion, 
.X  atcnbuenc  diverfes  formes  á rinlirunient  de 
wrture  qm  portoit  le  nom  générique  equuleas. 
Gailonius  a decnt  encore  d'autres  formes  de 
. equiiUas  , dans  fon  traité  de  cruciatikus  mart  v- 
rum, 

Le  reTultat  de  leurs  recherches  eft  de  fai-e 
de  i equuleus  un  nom  colieftif  qui  défigne  tantée 
une  poulie  elevce,  á faide  de  laquelle  on  enlevoit 
le  criminel  pour  le  lailfer  retomber  avec  forcé  , 
comme  I on  donne  encore  aujourd'hui  lefirasade 
dans  certaines  provinces ; tantót  á une  machine 
lembiabie  au  cheval  de  bois  fabriqué  dans  Ies 
viiies  de  guerre  & dans  les  camos,  pour  le  chá- 
timent  oes  foldats  &:  des  femmes  débauchée' ; 
taiuot  un  banc  fur  lequel  on  étendoit  le  crimi- 
ne. pour  luí  diíloquer  les  inembres  avec  des  toar- 
niquets  places  vers  fa  tete  & vers  fes  pieds.  A 
1 aide  de  cette  expücation  on  entendra  faciiement 
iCs  textes  des  anciens. 

CHEVALIER  & ordre  des  Chevaliers-  Cet 
orare  fut  étabü  des  la  fondation  de  Rorr.e  5 il 
fuivcit  celui  des fénateurs , Se  étoit  le  fecond  des 
tro:s  ordres  dont  Téíat  de  Rome  étoit  formé. 
P^ai  Manuce  8¿r  Sigonius  ont  écri:  qu'il  y avoit 
a .lome  deiix ordres  de  chevaliers ^ f miiitaire, 
c_£ft-a-due  la  cavalerie  des  armées  , & Fautre 
PYY  deíF-a-dire  , le  corps  in-termédiaire  entre 
le^lenat  & le  peuple.  Mais  cette  Opinión  a été 
fondement  réíatée  par  Grxvius  , & on  ne  luí 
connoit  plus  de  partifans. 

^ _On  appeíort  cenfus  equejiris  fe  revena  quh'I  faf- 
lOíE  avoir  pour  étre  req:u  dans  Fordre  equefire.  li 
n eíl  pas  eertain  que  cette  forame  n’ait  pas  variée 
depuis  la  fondation  de  Rome  jafqa’aiix  empe- 
reurs  ; maís  il  eft  fur  qiFeíie  étoit  de  quatre 
cents  mille  feíFerces  , ( quatre- vingt-dix  milis 
iiyres  de  norte  monnoie  , felón  Févaiuation  que 
fait  du  feíFerce  a cette  époqiie  ftí.  Pauétou,  dans 
fa  metrologie  } , au  tems  oú  fiorace  difoir  (Epiji^ 

I.  I.  57.) 

Si  quadringentis  fex  Jeptem  millia  dejint  ^ 

Plebs  eris. 

Cette  fomme  étoit  encore  fa  máme  dans  Ies  tenis 
oú  écrivoient  Pline  ( 3^.  2.)  & Suétone  {Jul.  c.  ■ 
53.  n.  3.).  II  neJuíSfoit  pas  aux  chevaliers  foiis 
Tibere  de  la  poíféder  {Pline  ibid'.)  , i!  failoit 
encore  prciiver  que  leur  pere  fe  ieur  aíeul  en 
avoient  eu  la  propriété  r InfiiíMtñm  , ne  cui  jus 
id  ejfet  y nij¡  cui  ingenuo  zpjz  , patrz  ,■  avoque  Jefier- 
tza  cccc.  cenfus  fizijfet.  Perdoient-i's  ce  revenu, 
fiS  etoient  raptes  par  les  cenfeurs  du  n&mbfe  des  , 
chevaliers.  Cicerón  le  dit  exprefiement  en  par’ant 
diXckeyaher  Gellius  (Pro  Sext.  c.  51.),  cui  étoit 


CHE 

reconnu  pour  un  difíipareur  : Indi  gnus  ordine 
equíjiri , cujíís  nc~:n  rctinet , ornamenta  amifit. 

L'ordre  équefire  étoit  difíingiié  des  pié’Déiens 
par  un  anneau  d’or^  dans  lequel  éroic  ordinaire- 
ment  ferrie  une  pierre  gravee  qui  fervoit  de  cache t. 
Annibal  envoya  trcis  bciíTeaux  de  ces  anneaax 
au  fénat  de  Carthage  aprés  la  bataille  de  Cannes , 
oú  périt  un  grand  nombre  de  chcvaliers.  L’an- 
neau  d'or  devint  á la  fois  la  marque  diftinfti’ve  de 
V Qvixe.  éqnefire  , Se  Texpreílion  par  laquelie  i!  fut 
déíígné  dans  les  écrivains  latins. 

Les  chevalters  étoieiit  diítingués  des  fénateurs 
par  Y angafiiclave , ornement  de  moindre  appa- 
rence  que  le  laticlave  des  fénateurs  , & coufu 
a la  tunique.  Le  manteaa  appelé  traben  , qui  avoit 
queique  analogie  avec  le  paludamentum  des  géné- 
raux  ^ & la  chlamys  ¿es  geiis  de  guerre  , étoit  le 
fecond  caraétére  dirtindtit  des  chevaiiers.  L^ordre 
éqiíeflre  étoit  déligríé  quelqucfois  par  le  nom  de 
cet  habdlement  particulier.  Srace  appelle  des 
efeadrons  de  chcvaliers  ¡ traheata  agmina  ( Syl, 


ir.  z. 


XZ.)  : 


Hic  tum  Romaicos  proceres  , traheataque  Csfar 

Agmina  millc  fimal  jujjzt  difeambere  menjis. 

Tacite^  décrivant  les  funérailles  de  Germardeus 

Anual,  jil.  z.  X.)  , dit  que  les  chcvaliers  y 
parurent  vétus  de  Thabit  de  ieur  ordre  , trabeati 
^quites. 

Q.  Fabius  Rullianus  étabüt  une  pompe  qui 
rafíembloit  tout  bordfe  équefire  , & le  faifoit 
paííer  fous  les  yeux  du  peup'e.  Elle’ fe  célébroit 
le  jour  des  ides  de  juillet , & s’appeloir  tranfvec- 
tio  , parce  que  les  chcvaliers  partoienr  du  temple 
de  THonneur,  felón  Aurélius-Vi¿tor(c.  32.  n.  3.), 
traverfoient  le  forum , & fe  rendoient  au  Capí- 
tole.  Derds  d’HalycarnaíTe  les  fait  partir  du  tem- 
ple de  Mars  ( ri.  p.  35’i.)  ^ qui  étoit  limé  hors 
de  la  porte  Colime  auprés  du  temple  de  Tfíon- 
neur.  Í!  ajoute  que  cette  pompe  avoit  été  étabiie 
pour  conferver  le  fouvenir  de  la  viéloire  rem- 
portée  auprés  du  lac  Régille.  Divifés  en  centu- 
lies  & en  efeadrons  ^ les  chevaliers  marchoient 
revétus  de  la  trahea  , & couronnés  de  lauriers. 
Cette  cavalcade  étoit  compofée  ouelauefois  de 
cinq  mille  hommes  , ornés  pour  la  plupart  des 
récompenfes  militaires  quTis  avoient  recues  des 
généraux  pendint  les  années  de  ieur  fervice. 

L.  Rofcius  Othon  aíligna  le ' premier  en  rañ- 
née  dSd  de  Rome  ^ des  places  diftinguées  anx 
chcvaliers  dans  les  théátres  Sr  les  ;eux  publics. 
Laloi  rofc!a:,que  prepofa  Sí  íit  paffer  ce  tribun 
du  peuple  j fixa  quatorze  rangs  ou  graáins  pour 
V oxííte.  équefire.  Elle  recut  fquvent  des  arteinteSj 
& ¡es  empereurs  . Domitien  en  particulier ^ la 
remirenr  en  vigueur.  Marcial  fait  mention  de  ce 
renouveílement  de  la  I'oi  rofeia  ^ que  les  chcvaliers 
durent  au  frére  de  Tiius  r.  8- ')  x 


CHE*  7<Í5 

¿-ázcliim  do’nini , cezque  nojlrí  y 
Qiz.0  fubfeliia  cert-ora  ^ 
puros  eques  ordiues  recepiz 
^um  Laudat  modo  I^kajis  in  theizzrd 
Illas  purpureas  & arrogantes 
Jujpt  furgere  Leal  as  lacernas. 

Lorfqu^un  Romain  prcuvoit  qifi!  pofíedoit  le 
cenfus  equeñris  , les  cenfeiirs  lui  doiinoier.t  ua 
cheval  acheté  aux  déper.s  du  fife  ^ Se  appelé  équas  ' 
publicas.  C'étoic  avec  ce  cheval  que  les  cheva-  ■ 
liers  combattoient  dans  les  arm.ées  ^ & c’étcit 
avec  lüi  qu’ils  paroiffbient  devant  les  cenfeurs 
cu  á la  pompe  appelée  tranfvcSio.  Le  nombre 
áts  - chevaliers  fut  trop  grand  fur  la  fn  de  la 
répiíblique  ^ pour  qu'üs  puííent  étre  roiis  em- 
ployés  dans  les  armées.  On  vit  alors  des  ckeva- 
hers  qui  if  avoient  jamais  habité  les  camps.  Cvide 
étoit  de  ce  nombre  ( Trift.  ¡v.  1.  71. ) : 

Ajpera  militis.  juvenis  certamzna  fagi  , 

Idee  nifi  lufura  movimas  arma  mana. 

Jufqu^á  Tépoque  oú  les  familles  plébéiennes 
entrérent  dans  ie  fénat  j on  ne  choift  de  férra- 
teurs  que  dans  l'crdre  équefire.  Les  fi!s  des  féna- 
teurs n’étoient  que  chevaliers , jufqu'á  ce  qudls 
entraifent  dans  le  fénat.  Les  Gracches  portérent 
un  coup  fatal ’á  Tordre  équefire  ^ en  lui  faifant 
partager  avec  les  fénateurs  Íes  fonélions  de  iuges. 

11  s’éloigna  alors  des  armées  ^ & il  s’abaüTa  par 
degrés  jufqu’á  devenir  le  fermíer  ordinaire  des 
impóts  8c  des  contributions  publiques.  On  vit 
méme  fous  les  empereurs  des  chcvaliers  conduire 
des  quadriges  dans  le  cirque.  Sedes  afíianchis 
entrer  dans  i’ordre  équefiire. 

Depuis  que  les  ckevalie-s  tmxvxtVit  dans  Jes  ma- 
giftratures  j les  familles  les  pkisüluftres  fe  parragt- 
rent  queiquefois  en  deux-branches  . fuñe  qui  s'’ék- 
voit  aux  premiers  honneurs  de  la  répubüqtie  ¡ & 
Fautre  qui  demeuroit  conftimment  dans  Fordre 
équefire.  Telle  fut  ia  fatniíie  Oétavia  , d'oii  fonit 
Jules-Céfar  (_Sueton.  líug.  c.  X.  n.  : A quibus 
dúplex  Ociaviorum  familia  dejiuxií.  Cr¿eus  , & 
deinceps  ab  eo  reliqui  omnes  funcii  funt  honoribus 
fummis.  At  Cajas  , ejufque  pefteri  , fea  fortuna^ 
fea  volúntate  ^ in  equefiri  ordine  confietere. 

On  rendpit  fon  cheval  aux  cenfeurs,  Jorfque 
Fon  montoit  de  Fordre  écuejire  a celui  des  féna- 
teurs , ou  lorfqu  on  avoit  atteint  Fáge  de  4 p 
ans , depuis  Auguíte , comme  nous  1 apprenons 
de  Siiétone.  Il  áit  {Aug.  c.  58.  n..  4.;  que  cer 
empereur  permet  aux  fénateurs  ages  de  plus  de  47 
ans  , de  rendre  le  cheval  public  : Reáaenp  equi 
gratiam  fecit  tis  y qui  madores  anjiorum  qieznque  é* 
quadraginta  retiñere  cum  r.oli&nt.  CeS  Yztx^ttuxs 
éteien:  fans  doute  des  chevaliers  ent.'és  dans  le 
fénat,  á caufe  des  magiílrarures  quhls  avckBt 


‘CHE 

exercées , ou  qa’üs  exer^oient  encore , mass  qui 
ne  pouvoient  pas  rendre  encore  le  chevai  public , 
parce  qu’ils  n'avoienc  pas  accompli  le  tenis  du 
fervíce  miiitaire  prefcrit  par  les  loix.  Pompée  fut 
nommé  confuí  étant  limpie  ckevalier  c’eít-á- 
dire,  commeTobferve  Dion , avant  qu  il  fut  entré 
dans  le  fénat.  A cette  époque  ii  fe  conforma  a 
l’ufagCj  & fe  préfenta  aiix  cenfeurs  Catullus  8c 
Gellius  , tenant  fon  chevai  par  ¡a  bride.  Ceux-ci 
Tayant  interrogé  fur  le  nombre  des  campagnes 
prefcrites  par  les  loix  , & lui  ayant  demandé  les 
noms  des  généraux  fous  lefquels  il  avoit  porté  les 
armes  j il  répondit  qudl  avmit  fait  toutes  ces  cara- 
pagnes  étant  lui-méme  général. 

II  étoir  d’ufage  á tous  les  censj  que  les  cÁeva- 
liers  fe  préfentaiTent  i'un  aprés  Pautre  dévarit  Ies 
cenfeurs  j ou  devant  les  empereurs  fubllitues 
aux  cenfeurs  j qui  examinoient  leur  vie  publique, 
jeur  fervices  militaires , & le  fcin  qu’ils  prenoient 
¿u  chevai  public  dont  ils  n’étoient  que  les  dépo- 
íitaires.  Lorfque  ces  magiñrats  trouvoient  quelque 
ehofe  á reprendre  dans  un  chevalier  , tantót  ils  fe 
contentoient  de  le  blámer^  comme  Suétone  nous 
lapprend  d’ Auguñe  faifant Pinfpeélion des cheva- 
liers  {Aug.  c.  n.  i. ) , en  lili  remettant  des 
tabletres  qui  renfermoient  des  reproches,  & en 
l’ob’igeant  a Ies  lire  tout  bas  fur  le  cham.p,  tantót 
ils  les  blámoient  á haute  voix  & les  notoient. 
Quand  la  faute  commife  par  un  ckevaLier  étoit 
plus  confidérable , les  cenfeurs  l’effa^oient  du 
tabieau  des  juges  , ex  albo  juditum,  Avoit-il  com- 
isis  un  crime  , ou  diíllpé  fes  biens  , on  luí  ótoit 
le  chevai  public  & on  le  réduifoit  á Pétat  de  plé- 
fcéien.  L’hiifoire  romaine  ofifre  plulleurs  exemples 
de  cette  dégradation , qui  annoncent  une  vigueur 
de  difcipline  trés-étonnante.  Mais  le  plus  íingu- 
lier  de  ces  exemples,  eñ  celui  que  rapporte  Aulu- 
Gelle  ( IV.  20. ).  Les  cenfeurs  Scipion  Naílca  & 
M.  Popiliius,  faifant  la  revue  des  chevaliers  , en 
apper^urent  un  qui  étoit  fort  gros  8c  d’un  embon- 
point  extraordinaire.  3 mais  dont  le  chevai  étoit 
maigre  & mal  panfé-  Comment  fe  fait-il  , lui 
dirent  Ies  cenfeurs,  que  vous  étes  plus  gros  & 
mieux  portant  que  votre  chevai  ? II  leur  répondit 
que  la  caufe  en  étoit  facile  á trouver  , qu’il  prenoit 
lui-méme  le  foin  de  fa  perfonne  , tandis  que  fon 
chevai  étoit  confié  á Statius , fon  efclave.  Les  cen- 
feurs , choques  d'une  réponfe  fi  inconfidérée , lui 
otérent  fon  chevai,  8c  le  dégradérent  durang  de 
tkevalier, 

CHEVELÜRE  d’Heclor.  Les  Grecs  cnten- 
doient  par  Ja  une  ckevelure  longue  par  derriére , 
Se  courte  fur  le  front.  lis  croyoient  qu’Heétor 
Pavoit  portée  ainíi  pour  faire  oppofition  avec 
celle  de  Páris.  Ce  guerrier  eíféminé  laiíToit  croítre 
fa  ckevelure , & lui  confacroit  un  tems  que  le 
vaillant  Heélor  donnoit  aux  armes,  ou  aux  exer- 
cices  athlétiques.  Les  monumens  ofirent  cepen- 
¿ant  ¿es  vadatlons  relativement  á la  chevelurt 


CHE 

d’Heélor,  & a fa  barbe,  qui  eft  tantót  courte, 
& qui  tantót  ne  paroír  en  aucune  maniere,  quoi- 
qu’ii  eut  trente  ans  á fa  mort. 

Chevelure  de  Bérénice,  coma  Berenices.  Les 
anciens  appeloicnt  de  ce  nom  les  fept  étoiles  de 
la  queue  du  lion  , parce  qu  ils  peiifoient  que  les 
cheveux  de  Bérénice  , reine  d’Egypte  , qu’elle 
avoit  oíferts  dans  le  temple  de  Vénus  pour 
demander  le  retour  de  fon  mari  , avoient  été 
enlevés  par  les  dieux , placés  dans  le  ciel , & chan» 
gésences  fept  étoiles.  Le  mathématicien  Conon, 
qui  venoit  de  découvrir  dans  le  ciel  une  nouvelle 
conftellation  , fit  difparoitre  ces  cheveux  , & 
publia  qu’ils  avoient  été  changés  en  une  conf- 
tellation,  qu’il  nomma  pour  cette  iziíon  chevelure 
de  Bérénice. 

CHEVELUS,  capillati.  Nom  que  Dicenée 
donna  aux  Goths  , leur  confeillant  de  porter  tou- 
jours  une  longue  chevelure  pour  les  diftinguer 
des  facrificateurs  qu’il  inílitua,  & qu’il  nomma 
pileatl , couverts  d’un  chapean  ou  d’un  bonnet. 
Dicenée  vint  dans  le  pays  des  Goths  environ 
quatre-vingt  ans  avant  la  naiíTince  de  Jefus-Chrüt. 
Décébale  , Roi  des  Daces,  ayant  envoyé  d’abord 
a Pempereur  Trajan  des  ambafiadeurs  du  rang 
des  capillati , qui  étoient  les  moins  confidera- 
bles  , lui  envoya  enfuire  des  pileati , pour  luí 
faire  plus  d’honseur.  Cependant  _les_  Goths  & les 
autres  peuples  du  Septentrión  faifoient  autrefois 
erand  cas  d’une  belle  chevelure  , & prenoient 
grand  foin  de  Pentretenir ; c’étoit  méme  chez 
les  femmes  une  marque  de  virginité.  Celles  qui 
étoient  raariées  , avoient  la  tete  couvette  , les 
filies  au  contraire  avoient  la  tete  nue  , laiuant 
flotter  leurs  cheveux  qui  pendoient  jufqua  la 
ceinture. 

. On  donne  plus  particuliérement  cette  epithete 
a un  de  nos  rois  , Clodion  le  chevelu , parce  qu  il 
portoit  de  grands  cheveux  j & , felón  quelques 
hiftoriens  modernes  , parce  qu’ ayant  conquis  une 
partie  des  Gaules,  il  fit  porter  aux  Gaulois  les 
cheveux  que  Jules-Céfar  leur  avoit  faic  couper. 
Mais  Pabbé  Trithéme  dit  expreffément  qu  aprcs 
fa  conquere , Clodion  fit  tondre  les  Gaulois  afín 
de  les  diftinguer  des  Eranos , qui  lui  ^voient  aide 
á les  fubjuguer.  Le  mot  chevelu  n’eft  plus  en 
ufage  dans  ce  fens  , fi  ce  n’eft  en  parlant  oes 
anciens  tems.  Childebert , dans  un  déc-ret  <yu  le 
voit  á la  fin  de  la  loi  falique , dit : que  perfonne 
des  ckevelus  ne  fe  marie  inceíluetifement , Kc. 
Cet  arricie  ne  regarde  que  les  chevelus  , c elt-^ 
dire , les  plus  nobles  des  Franqois  qui  etcaent  a 
la  cour  j parce  que  ces  mariages  etoient  p us 
ordinaires  parmi  eux.  La  loi  falique  diftingue  deu 
fortes  de  Franqois,  dont  les  uns  étoient  ckeve  us 
8c  les  autres  ne  Péroicnt  pas.  Agathias  dit  que 
ce  fut  Pufage  des  rois  franqois  de  porter  la  lon- 
gue chevelure ; il  ajoute  que  leurs  fujets  avoieu^ 
les  cieveux  coupés  en  rond  autour  de  « * 


CHE 

& qu*on  ne  leur  permettoit  pas  aifement  de  les 
Jaifier  erokre. 

Chevhlus  de  Bellone  j de  Cérés , &c.  ou 
prétres  fanatiques.  Voyeii  Capillati. 

ChevslvrÉ.  } Diodore  de  Sicile, 

, fit  ferment  de  ne  fe  point  rafer 
ja  tete  ^ qu'il  ne  fút  reyenu  dans  fa  patrie  Ceíd- 
ia  j,  continue-r-il  ^ rongiiie  de  la  coucume  conf- 
tante  , jufqu’á  ces  der.niers  tenas  j chez  les  Egyp- 
tiens_,  de  ne  point  coiiper  fes  cheveux  & fa  barbe, 
depuis^Je^  jour  ou  1 on  fort  de  Ton  pays  jüfqu^au 
jour  ou  Ton  y revient. 

_ On  peut  conclure  de  ce  paíTage,  que  Ies  Egyp- 
tiens  fe  rafoient  habituellenaent  la  tete  , córame 
le  pratiquent  encore  aujourd’hui  les  Orientaux. 
Heredóte  raíTure  poíitivement  des  prétres  de 
cetre  nation.  II  dit  {Euterp.  p.  ii6.)  qu'iis  fe 
rafoient  non-feulement  toute  la  tete,  mais  encore 
toutes  les  autres  patries  du  corps,  de  crainte  de 
profaner  le  cuite  des  dieux  par  quelque  fouiilure 
fecréte , ou  par  la  préfence  de  quelque  infeéle 
caché  dans  les  poils. 

Pour  ce  qui  eíl  des  Egyptiennes , il  paroit  par 
íes  figures  d'Ifis  & des  ferames  de  ce  pays  qui 
fubfiílent  encore,  qu’eües  confervoient  leurs  che- 
veux , mais  qif elles  les  coupoient  carrément  fur 
e col.  Elles  les  couvroient  d’une  efpéce  de 
bonnet  aíTez  maflif,  fur  lequel,  ainíi  que  fur  les 
lourdes  coéffures  de  leurs  maris , le  comte  de 
Caylus  a fait  des  réflexions  judicieufes  (Reck. 
d jntiq.  V.  pl.  6o.'¡.  Cette  coéfFure  d'une  Egyp- 
tienne  eft  , dit-il , trop  épaiíTe  pour  étre  formée 
par  les  cheveux  aaturels  , elle  me  paroit  plutót 
coropofée  d’un  tilTude  laine.  Elle  eft  dirifée  en  plu- 
fieurs  flocons  égaux  eatr’eux  , & diftribués  par 
ctages.  On  voit  cette  parure  de  tete  fur  des 
nionumens  de  différens  pays,  principalement  fur 
ceux  de  f Afrique.  Elle  eft  fur-tout  bien  mar- 
quée  fur  les  médailles  de  Juba,  & fur  celles  des 
rois  Parthes.  Ce  genre  de  coéíFure  nous  montre 
que  dans  tous  les  tems  les  habitans  des  pays  les 
plus  chaudsí,  ont  cherché  á fe  garantir  des  ardeurs 
du  folal  par  les  coéffures  les  plus  lourdes  , ou 
du  moins  Ies  plus  épaiifes.  Celies  des  Egyptiens 
paroiffent  fermées  le  plus  fouvent  par  des  e.fpcces 
de  bennets  , dont  PépaiiTeur  eft  confidérable  ; 
quoique  les  monumens  ne  les  repréfentert  que 
par  des  iignes  perperdkalaires  & hori fon  tales , 
qui  ne  donnent  auenne  idee  de  la  nature  & de 
Pefpéce  de  leur  étoffe,  on  pourroitau-ff  fuppofer 
que  Pufage  fubftitant  aujourd'hu!  dans  POrient, 

& fur-tout  en  Turquie,  d’augmenter  Pampleur 
des  coéffures  felón  le  grade  ou  la  dignité  des 
perfonnes , fut  connu  praticué  dés-lors  en 
Egypte  , relatívement  á Pépaiffeur  des  bonnets 
& a leur  élévation. 

La  tete'  d’un  bufte  d'Harpocrate , publié  par 
WJakelmann,  dans  fes  Menumerui  Inediti , eft 


CHE  7^7 

rafee  , a Pexception  d’une  petite  touffe  de  che- 
veux ae-deíTus  de  Poreilie  droite,  & d’une  treñe 
qui  tomoe  fur  l’épaule.  Cette  pierre  du  barón  de 
otoícn  eft  remarquable  par  cette  fingularité  j car 
ce  dieu  porte  ordinairement  des  cheveux.  On  fait, 
a la  venté  , que  Ies  prétres  ( , Akr.  ad 
Uneirocr.  Anemidori  , p.  123.  ) égypticns  avoient 
ia  tete  avec  les  autres  patries  du  coros  rafees ; 
mais  perfonne  n’a  parlé  d’un  femblable  Harpo- 
crate.  Macrobe  {6aturn.  lió.  i.  c.  21.  p.  Z48. ) 
nous  apprend  que  les  Egyptiens  repréfentoient 
le  fo.eii  avec  la  tete  rafee,  excepté  di¡  cote  droit, 
ou  lis  laiíToient  quelques  cheveux & c’eíljufte- 
ment  de  ce  coré  ou  l’Harpocrate  a la  treffe.  Una 
figure  ( Recudí  a Antiquités  , t.  il.  pl.  iv.  n. 
d^Harpocrate , publiée  par  le  comte  de  Caylus, 
oiíre  ¡ámeme  particularice  j ce  quipourroitappuyer 
le  fendment  de  Cuper , qui  prétend  qu’Harpo- 
crate^  fignifioit  le  Soieil  : fur  quoi  il  a éré  repris 
mal-á- propos  par  I’abbé  Pluche  {Hifi.  du  Ciel , 
t.  I.  p.  95.).  Dans  le  cabinet  d’un  amateur  de 
Rome,  il  y a un  beau  buffe  de  marbre  d’un  enfant 
de  grandear  naturelle  , qui  n’a  pas  la  tete  rafee 
entiérement  , mais  qui  porte  des  boucles  de 
cheveux  feulement  au  coré  droit  j on  pourroir 
préfumer  que  c’ctoit  u.n  enfant  dévoué  á Harpo- 
crate , ou  au  Soieil.  Cela  eft  conforme  d’ailíeurs 
á la  mode  qui  régna  dans  les  bas  liécles  de  por- 
ter  les  cheveux  longs  ( Buonarcti  , Obferv.  Sopra  i 
F etri  Antichi  , p.  270.  ) d’un  cote  , & de  les 
couper  affez  courts  de  I’autre , mode  qui  avoit 
régné  auffi  jadis  chez  les  Egyptiens  {Herodot.  l. 

X.  p.  73.  lig.  13.  Edit.  Steph. ). 

On  voit  au  cabinet  du  collége  de  S.  Ignace 
de  Rome,  un  pedt  Harpocrate  avec  deux  autres 
figures  de  bronze  véritablement  égypdennes , qui 
porrent  cette  boucle  de  cheveux  unicue.  On  la 
Voit  aiuTi  a la  tete  rafee  d’une  ftatue  de  marbre 
noir  du  Capitoie  f Muf.  Capítol,  t.  3.  tab,  87.), 

& á plufieiirs  ftatues  d’Harpocrate  dans  le  cabinet 
de  Ste.  Gensviéve. 

Chez  les  Grecs,  les  jeunes  gens  des  deux  féxes 
ne  coupoient  leurs  cheveux  qu’á  I’époque  oú  i!s 
entroient  dans  l’adolefcence.  Les  jeunes  filies  les 
coupoient  la  veille  de  leur  mariage.  Elles  offroient 
ordinairement  leur  premíete  chevelure  ( tollax. 
j'I.  c.  3.)  á Diane  &:  aux  Parques.  Les  jeunes 
Trézéniens  des  deux  fexes  la  confacroient  á Kio- 
polyte,  qui  éroit  mort  fans  avoir  été  marié.  Les 
filies  qui  alloient  fubirle  joug-de  I hvmenée,  con- 
facroient dans  Mégare  leur  premiére  chevelure  á 
Iphlnoé  , filie  d’Alcarhoüs  , qui  mou-rut  vierge  j 
dans  Sycone  , á Hygée  ; dans  l’iíie  de  Délos  , á 
Hécaerge  & á fa  foear  Opis  (^Paufan.  Attlc.J  ; 
dans  Argos  & dans  Athénes  , á Minerve.  Stace 
( Tkehaia.  lib.  il. ) fait  mention  de  cette  dernicre 
offiande  : 

. . , . . . Ule  more  parentum 

Jefdes  , thalamis  ubi  cafta  adolefceret  Aíaf  ^ 


7cS  CHE 

Virgzn.eas  libare  comas  , primofque  foleianc 

Exaufare  toros. 

Les  jeunes  Grecs  ccnfacroient  ordinairemenr 
leur  pretniére  ckevelure  á Apoüon , ou  á Efcu- 
iace  , ou  á Bacchus.  Théfée  o&it  la  prenaier  la 
ilénne  nu  dieu  des  Delphiens  , & fon  exemple 
fut  fuivi  depuis  par  les  ¡euaes  Atheniens  d une 
naüTance  diílinguée.  Les  Athéniens  pauvres  con- 
facroicnr  la  leur  á Hercule  , ou  á quelque  d-eu 
révéré  á Arhénes.  Cet  ufage  n'étoit  pas  general 
dans  les  premiers  tems';  & ¡lous  voyons  plu- 
íieurs  héros  confacrer,  par  un  vceu  particulier , 
leur  premiére  chívelare  aux  divinites  qui  avoient 
pris  un  foin  particulier  de  leur  enfance  ,■  & meme 
aux  dieux  des  Seuves.  C^eít  ainíi  qu  Achille  avoit 
promis  la  fienne  au  fieuve  Sperchius  , s^il  reve- 
íioitfain  &faufdelaguerrede  Troyej  tnais  aj^^ant 
appris  depuis  qu  il  devoit  périr  dans  ce  íiége  , 
5Í  coupa  fes  cheveux , & les  jera  fur  le  corps 
& fur  le  biicher  de  fon  ami  Patrocle  ( lliad. 

140- )»  . . . . , 

Cet  ufage  des  Grecs  fiit  imite  par  les  jeunes 
Romains , qui  offrolent  á quelque  divimté  leur 
premiére  barbe  & leur  premiére  ckevelure.  Dion 
le  raconte  d'Auguíle  ( lib.  qS-  p-.  377-)  > 8e  Sué- 
tone  reproche  á Caligula  ( c.  10.  n.  4.  y d avoir 
cmis  cette  cérémonie  religieufe.  Juvénal  parle 
des  fétes  & des  repas  qu'accompagnoient  cette 
ecrémonie  C ril.  186.)  ; 

lile  metit  harham  ^ crinem  hlc  deporJt  amati. 

Stace  (/i¿.  fylv.  4.  i.)  chante  la  ckevelure 
d'Earinus  , aftranchi  de  Gennanicus  , qui  l’en- 
voya  á Pergame  pour  étre  oferte  a Efculape  , 
reiífermée  dans  une  boite  ornee  de  pierreries 
avec  un  miroir.  Martial  ( i.  32.  j a celebré  celle 
du  jeune  Encolpus  , confacrée  á Apollon  : 

Hos  tibí  j Fhceae  , vovet  totas  a vértice  crines 
Encolpus  j domirá  centunonis  amor . 

Grata  pudtns  meriti  tulerit  ciim  premia  pili  , 
Q^uum  primum  lotigas  ^ E-hcebe  j recide  comas. 

On  fe  contentoit  fouvent  d’attacher  les  pre- 
sniers  cheveux  á la  fianie  de  la  divinité  á laqueüe 
on  les  confacroi:  ; & Paufanias  ( Corinth.  p.  45.) 
parle  dhine  ftatue  d’Hygie  couyerte  prefqu  en 
entier  par  Ies  chevelures  qu  y avoient  appendues 
les  femmes  de  Sicyone. 

Ceux  qui  avoient  fait  naufrage  & qui  avoient 
perdu  tous  leurs  biens  ^ offroient  aux  dieux  de  la 
mer  leur  ckevelure  ^ comme  la  feuie  oíírande  qui 
fút  encore  en  leur  pouvoir.  Ncus  voyons  dans 
í’anthologie  {lib.  vi.  cap.  ZI.  epig.  I. ) Lucillius 
offrir  aprés  un  naufrage  fes  cheveux  aux  divini- 
íés  de  POcéan  , parce  qu'il  ne  lui  -étoit  refté 
ííucune  auire  chofe  dont  il  faire  une  agrande  : 


CHE 

^ X-liSAtU-Ui 

Tu!  Ti/va;  ix  üSpüAíí  j sAAa  ye;  ¿i'í! 

C'eít  pourquoi  Fétrone  appelcit  Padion  de 
couper  fes  ckéveux  , le  dernier  voeu  de  ceux  qui 
font  prés  de  faire  naufrage  ou  qui  Pont  déjá  fa;t 
(cap.  65.)  •.  Naufrago rum-  ultimum  vocum.  Le 
meme  motif:,  la  reconnoiífance  envers  les  dieux  , 
faifoit  couper  leur  ckevelure  á ceux  qui  ¿toient 
échappés  d’une  maladie  grave  ^ ou  d'un  péri! 
imminent  ( Oneirocr.  Artcmid.  1.  I.  c.  Z].).  Ls 
laifíbient  croitre  á cet  efet  leurs  cheveux , jufqu'á 
ce  qu’iís  euíTent  atteint  une  certaine  longueur. 
C’eil  pourquoi  on  demande  dans  Pétrone  (c.  67.) 
a an  homtne  remarquable  par  fa  longue  ^ cAeye- 
lare  , á quel  dieu  il  avoit  fait  voeu  de  Tofírir  : 
Cui  deo  crinem  voviñi  l Ceníonn  ( D.  E . c.  l.) 
•dit  aufli  que  plufieárs  de  fes  conremporair.s  laif- 
foient  croitre  leurs  cheveux  en  l’honneur  de^quel- 
que  divinité  ¡ pour  obteair  d'elle  une  bonne  íanté : 
(Quídam  etiam.  pro  cetera  Lona  corporls  valetuaine 
crinem  deo  facrum  pafcebant, 

L’ufage  de  couper  fes  cheveux  & de  les  ofeir 
aux  divinites  de  la  mer  j en  Ies  jetant  dans  les 
fiots  lorfque  la  rempéte  étoit  violente  , avoit 
fait  naitre  parmi  les  marins  une_  opinión  Juperf- 
thieufe.  lis  croyoient  que  c’étoit  une  action  de 
mauvaife  augure  , que  de  couper  fes  cheveux  ou 
fes  ongles  dans  un  vaiíieau , a moins  que^l  on  ne 
fút  dans  un  péril  imminent,  Petrone  eír  garant 

de  cette  crainte  ridicule  {c.  104.) Eon 

licuijfe  cuiquam  monaüum  in  nave  ñeque  ungues  , 
ñeque  capillos  deponere  , nijt  quum  pelago  ventus- 
irdfchur. 

Les  Grecs  croyoient  que  les  divinites  intérna- 
les coupoient  un  cheveu  aux  rnortels , lorfqi^  ¡es 
Parques  étoient  fur  le  point  de  trancher  le  m de 
leur  vie.  C'eft  ainfi  que  dans  Euripide  ( AlcejU 
V.  74.  ) la  Mort  paroic  arm.ée  d’on  glaive  prete  a 
couper  le  fatal  cheveu  de  la  genere  ufe  A iceíte  j 
pour  en  faire  une  vulime  confacrée  aux  divinites 
infernales. 

Alacrobe  {Batum,  v.  c.  19,)  reconnoit  une 
imitaticn  de  cet  endroit  d'Euripide  . dans  les 
vers  oú  Virgüe  peint  la  malheureufe  Didon  u^ 
tant  contre  la  mort ; parce  que  Proferpine  n a- 
voit  pas  encore  coupé  fon  fatal  cheveu  {Jtsnei 
ir.  693.)  : 

Nondhm  Ule  fiavum.  Proferpina  vértice  crinem 

Abflulerat , ftygioque  capul  damnaverai  orco. 

Mais  bientót  Junon  , touchée  des  longues  angoif- 
fes  de  cette  amante  infortunée  . envoie  Iris  u 
rendre  ce  dernier  office.  Cette  aivmite  p.ane  u 
la  tete  de  Didon.  & en  lui  coupant  un 
elle  dit  : je  te  confacre  á Piuton . Se  je  te  deii'* 
de  cc  corps  mortel : p-. 


Hur.c  ego  dhi 

Sucriim  j’ujfa  fcro , teque  ifio  corpore  folvo  : 
Szc  ait , & ¿extra  crinem  fecat 

Ces  vers  des  deux  poéfes  font  peut-étre  aüufion , 
comme  le  dit  le  Schoiiañe  d'Euripide  (ibid.), 
a i ufage  ou  étoient  les  Grecs  de  couper  la  ckeve- 
lure  des  mourans. 

Ees  Grecs  avoient  couturnc  de  cou*'er  íeurs 
ckevfüx  dans  le  deuil  ^ pour  les  jeter  fur  Ies  corps 
des  perfonnes  qui  leur  avoient  été  chéres , & fur 
Ieurs  büchers.  C"eíl  ainli  qu’Achille  & les  Grecs 
{luad  -A  couvrirent  de  Ieurs  ckeveux  le 

corps  de  Patrocle.  Stace  rappelle  cet  ufage  anti- 
-que  aans  fa  Thébaide  {Lib.  vi. ) ; 

• * % - • Tergoque  & peclore  fufam 

Cifariem  ferro  minuit  , feciifque  jacentzs 
Obfízííuzc  tenaza  ora  comzs. 

Lorfqu  on  n’avoit  pas  aíTHIe  atix  funérailles,  on 
depofoít  !a  ckeyelure  fur  le  tombeau  de  ceux  que 
I on  avoit  aimés.  La  filie  d'Agamemnon,  la  mal- 
heureufe  F.lecire,  reconuoit  dans  les  Choéphores 
( JEfckyl.')  ¡es  chevéux  que  fon  frére  Orefte  avoit 
depofés  für  le  tombeau  de  leur  pére  ; 

O^iy  TQfzcc&tcy  tci  S's 

Canacce  fe  pl2.íntdansOvidc  (^Heroid.  Epzfi. 
de  n’avoir  pas  rendir  á fon  frere  Macarée  ces  der- 
aiefs  dev'oirs  : 

]S[on  znzkz  te  Izcuit  lacrymis  perfundere  jufizs  , 

In  tua  non.  tonfas  fierre  fiepulcra  comas. 

Archelaiis , qui  monta  fur  le  troné  de  Macé- 
doine  apres  Amyntas  ^ voulant  témoigner  la 
grande  eftime  cifil  avoit  pour  le  tragique  Euri- 
pide  3 fe  fit  couper  Ies  ckeveux  á fa  mort , & 
parar  en  pablic  avec  ces  marques  de  deuil  & 
Á\d.íúi£t\on  i Solizz.  c.  Ou  lit  dans  Théocrite 
que  les  Amours  coiipérent  ¡eilrs  ckevelures  á la 
mort  d’Adonis , xzzeáfeztm  ■/_,a.ír!íi.  On  drfoit  méme 
■queBacchus  coiipa,  apres  !a  mort  de  fon  époufe, 
cette  loiigue  chevelure,  qui  eíl  un  de  fes  attributs 
diílindiifs. 

Les  parees  & les  amis  des  morts  ne  furent 
pas  Ies  feiils  chez  les  Grecs  qui  couperenr  Ieurs 
ckeveux  en  íigne  de  douleur  : un  oeuple  entier 
dcnnoit  quelquefois  cette  marque  d’attachement. 
C’eíl  ainíi  que  fe  comportérent  les  TheíTaüens 
á la  mort  de  Pélopidas  ; Pu  tar,  in.  Pelcvld.)  , Se 
les  Perfes  á celle  de  MafiíHus  {ídem  in  Arifiúde.'). 
Ces  deux  psuples  nrent  plus  , ils  couperenr  les 
erms  de  ieurs  chevaux  , afin  que  ces  animaux 
euuent  I'air  de  partager  leur  douleur.  A'exandre 
í‘£  fe  contenta  pas  de  faite  porter  aux  Macédo- 
^íziti quité s , Tome  1. 


• ...  "^9 

^ chevaux  le  deuil  de  fon  ami 
e4>j-edion  ¡1  voulut  leur  joindre  méme  les  erres 
inánimes  , & Ton  rafa  par  fon  ordre  Ies  cré- 
neaiix  des  cours  & des  muradles  ; idem  in  Pelo- 
pida.  ). 

I^s  Romains  adoptérent  cet  ufage  des  Grecsi 
& rropetce  dit  de  fon  amante  ( i.  i-p.  ai.  ) ; 

Illa  meo  caros  donajfiet  fianere  crines. 

Denis  d’Halycarnafie  raconte  que  les  filies  8c 
.es  .emmes  romainp  qui  affiftérent  aux  funérail- 
.es  ne  la  filie  de  VirginaiSj  jetérent  fur  fon  lit 
runebre  Ieurs  ckevelures  & les  bandelettes  qui 
lervoient  a ¡es  lier.  C’eft  ainíi  que  la  Matrona 
a Ephéfe  témoigne  dans  Pétrone  fa  douleur  8c 
fes  regrets.  De-la  vient  que  Aíaxime  de  Tvr 
appel.e  (^Dijfen.  8.)  une  ckevelure , le  dernier 
prefenr  que  I on  peut  oiFrir  aux  mánes  des  per- 
fonnes chéries. 

L ufage  de  couper  fa  ckevelure  dans  le  deuil 
ne  fut  jamais  excluíif;  car  nous  voyons  dans 
pluíieurs  écrivains  grecs  8c  larins , que  certains 
peuplesj  tels^  que  les  Egvptiens  en  particulier  , 
laiíToient  croítre  ieurs  ckeveux  8c  leur  barbe  dans 
les  tems  d aíbidtion.  C eíl  ainíi  que  Ies  Arsiens 
{Rtrodot.  I.  c.  82.  & Piutar.  in  Lyfiandro.) 
conñernés  de  la  prife  de  Thyrée  par  les  Lacédé- 
moniens,  firent  une  loi  oui  les  obligeoit  de 
couper  leur  ckevelure , jufqu’á  ce  qudls  eulTent 
rejrris  cette  viüe.  Mais  les  Lacédémoniens  qui 
avoienr  porté  jufqu’alors  les  ckeveux  trés-coufts, 
jurérent  de,  les  laiíTer  toujours  croítre  afin  d’éter- 
nifer  la  défaite  8c  la  douleur  des  Argiens. 

Lycophron  { Cajfiandra  973.^  voulant  peindre 
un  deuil ,,  décrit  les  ckeveiures  éparfes  Se  íior- 
tantes  : 

IC^íüTfl;  A V6IVA  KfAWoiéí  qzzgt;  y 

Ariadne  dit  d’elle  - méme  á Théfée  j dans  fon 
héroiáe  {Epifit.  -v.)  : 

Adfipice  demijfios  lugentis  more  cc^dllos 
Et  túnicas  lacrymis  ficut  ab  imbre  graves. 

Dans  la  comedie  de  T érence  , intitulée  Heaiz- 
tontimorumenos  , dont  la  feene  eíl  en  Gréce , 
on-dit  d’une  femme  plongée  dans  la  douleur  &c 
raffiiéíion  : 

Ipfiam  offendimus 

Mediocriter  vefiitam  vefie  lugubri  , 

Ejus  ar.ús  caufia  , opinar  , que.  erat  mortua  , 


Capillas  pajfus  , prolixus  , circum  caput 
P^eicétíis  negligenter. 


E e e e e 


77'^  CHE 

Virgüe  peint  fous  les  inémes  traits  ie  deuil  des 
Troyennes  ( JEneid.  ni.  6§.)  : 

Et  clrcum  Iliades  crir.em  di  more  folutí. 

On  trouve  de  fembkbles  exemples  dans  Ies 
écrivaíns  de  Rome.  Tite-Live  dit  qu'á  la  noti- 
vellc  de  la  mort  des  Curiaces  , on  vit  la 
fesur  des  Horaces  déüer  & laiíTer  flotter  fes 
cheveux , en  appelant  á grands  cris  Tépoux  qui 
iüi  avoit  été  deftiné  : Solvit  crines  , 6’  flebiliter 
nomine  fponfnm  mortuum  appellat.  C’eft  ainíi  que 
témojgne  fa  douleiir  une  femine  dans  lesFañes 
d Ovide  (//.  813.)  r 

.......  Pa[¡ís  jedet  illa  caplllls 

Ut  folet  ad  naú  mater  itura  rogum. 

Les  hommes  donnoient  auífi  lesmémestémoígna- 
ges  de  leur  douleur  j témoin  Néron-Drufus,  dans 
rélégie  d'AlbinovanuSi  far  la  mort  de  fon  frére 
Drufus  (.7,  Sy. ). ; 

Vidimus  attonitum  fraterna  marte  Neronetn 
Fallida  projecla  fiere  per  ora  coma. 

Caügula  ayant  appris  la  mort  de  Druliüe  , fa 
fc£ür  chériej  accourut  á Reme  avec  une  longue 
barbe  & Ies  cheveux  épars  (^Suét.  c.  2a¡..  n.  6.')  : 
Meeroris  impatiens.  .....  prapere  rediit  barba 
capilloque  promiffb.  Chez  les  Romaíns^  ceux  qui 
étoient  accufés  de  quelqae  grand  crime^  &:  ceux 
qui  demandoient  juíiice  au  peuple  contre  des 
cppreiTeurs  puifláns  , iaiíToient  croirre  leur  barbe 
& leurs  cheveux  en  figne  de  douleur , & les  fai- 
foient  coaper  le  jour  qu’ils  étoient  abfous  j o.u 
qudis  avoient  obtenu  iuíiice. 

Ceux  qui  portoient  dans  les  tems  d’affiílion  de 
iongues  chevelures  , Ies  couvroient  ÍQUveat  de 
cendre  & de  pouífiére.  Voye^i  Cendres. 

Noiís  n’avons  rapporié  un  íi  grand  nombre 
ífexempks  des  deux  ufages  contraires,  pratiqués 
dans  les  deuiis  relativement  aux  cheveux  , qukñn 
de  poiivoir  eombattre  avec  avantage  I'opinion  de 
Plutarque  (in  quífi.  Rom.')  fur  cet  objet.  11  dit 
que  Ies  hommes  IaiíToient  croitre  leurs  cheveux 
dans  les  deuiis parpe  quüs  les  portoient  ordi- 
nairement  courts  , & que  les  femmes , dont  les 
chevelures  étoient  touiours  Iongues  j les  coupoient 
dans  les  aiémes  circonílances'.  Mais  nous  avons 
rapporté  pluüeurs  exemples  qui  app.-rtiennent  aux 
deux  fexes,  & qui  détruifent  cette  affertion.  On 
trouve  ¡a  véritable  raifon  de  cette  co.ritradiéiion 
apparente  dans  les  morales  ( lib.  a.  c.  17. ) de  S. 
Grégoire.  Ii  Ta  placee  dans  la  diíFérence  des  ufa- 
ges des  peup'es  divers  relativement  aii  cheveux. 
=«CeuXj  dit-ilj  qui  Ies  IaiíToient  croítre  ordinai- 
rement , Ies  coupoient  dans  le  deuil  & i’afaic- 
Eíon  ; tañáis  que  ks  peupks  doat  les  cheyeux 


CHE 

I étoient  toiijours  rafes , les  laiflbient  croitre  dans 
les  tems  de  deuil  Se  de  calamite.  « Mas  vtterum 
fuit , ut  quifque  fpeciem  corporis  fui  capillos  nu- 
triendo fervaret , eos  tempere  aflictiímis  ahfcinde- 
ret  y & rurftm  qui  tranquillitatis  témpora  capillos 
abfeinderet , eos  in  oftenfone  aflicticnis  nutriret. 

Les  anciens  fe  fervoient  d’un  fer  chaud  appelé 
calamiftrum  , pour  frifer  leurs  cheveux  Se  en  faire 
des  boucles  ou  anneaux.  Ovide  parle  de  cet  artiace 
(/.  I.  Amor.  El.  14.  V.  25. ) : 

Qudm  fe  pr&buerant  ferro  patienter  ^ y 

Ut  peres  torta  nexilis  orbe  pnus. 

Les  femmes  feules  & Ies  jeunes  filies  írifoient 
ainíl  leurs  cheveux  chez  les  Grecs  & les  Romainsj. 
Tiiais  cet  ufage  étoit  commun  aux  deux  fexes 
chez  íes  Fhrygiens  ^ chez  Ies  Sybarites  & chez 
les  autres  peuplcs  celebres  par  leurs  moeurs 
effeminées.  Ckft  des  Fhrygiens  que  Yirgiie 
dir.  .......  comas  

Vibratas  calido  ferro  murraque  madentes. 

Les  Sicambres  & les  Germains  formoient  un 
feul  nceud  de  leurs  Iongues  chevelures  ; ce  qui 
formoit  j felón  Tacite  ( Germ.  c.  38. ) un  de  leurs 
attributs  caradériíliques  : Infgne  gentis  obliquare 
crinem  , nodoque  fubfringere.  Cette  maniere  de 
nouer  les  cheveux  palfa  en  proverbe , & Martial 
la  déíigne  par  les  mots  nodus  rheni. 

Cétoitavec  des  bandelettes  que  les  ArménienS;, 
Ies  Sarralins  & quelques  autres  peuples  dAíie 
lioient  leurs  cheveux  entortillés  en  forme  ^ de 
mitre  , d’ou  leur  vint  le  fumom_  grec  fcirfoípétci. 
Les  Parthes  8c  les  Perfes  portoie.nt  de  Iongues 
chevelures  .flottanres  & bouclées  , comme^  on  le. 
voit  fur  leurs  médailles.  Celles  des  Scytnes  & 
des  Goths  , leurs  defeendans  ^ étoient  éparfes  & 
hériíTees. 

Les  Arabes  , íes  Abantes  8c  les  Miírens  cou- 
poient leurs  cheveux  fur  le  haut  de  la  tete^^pour 
óter  a leurs  ennemis  ce  moyen  de  les  faifir.  Le 
vers  fuivant  de  riliade(B.  542-)  fait  aLuiio.n  a 
cet  ufage  t 

TS  a'af  í-xoitó  xefccanue. 

Les  Curctes  &:  les  Etoliens  coupoient  leurs  c.he.- 
veux  de  la  méme  maniere. 

Les  Gaulois  au  rapport  de  Diodore  de  SiciL 
(/.  p.  112..)  ^ portoient  une  longue  ckeveiure  ^ 
qu'ils  lavoient  fouvent  avec  de  feau  de  chaux. 

Les  Athéniens  qui  fervoient  dans  la  cavalerk:, 
laiííbient  croitre  leurs  cheveux  (Arifiopk,  j.>u  . 4“ 

Equit.  577.).  Tousles  Lacédémoniens , iOida^s.' 

& autres  , en  ufoient  de  m.éme  {Arif.  KheU. 
p.  34.  l,  27.  Edit  Sylburg.);.. 


C K E 

C€  n’étoit  pas  aíTez  ¿e  frifer  les  ckeveax  zssc 
un  ferd  chaiid , les  anciens  les  poudroient  quel- 
quefois  avec  de  Tcr  pulvérifé  {Selin.') , afin  de 
joindr-e  á la  couleur  favorite  des  ckeveux  le  mérite 
de  Topulence.  Souveat  ils  Ies  lioient  avec  des  fils 
ou  des  lames  dor.  Ovide  dit  (ifer.  xv.  75.)  : 

Vefie  tegor  , nulliim  eji  zx  crinihus  eizrum. 

JhidezTt  XXI.  Sí) ; 

Ipfí  dedil  genzmas  digztls  ¡ & crinlhus  aurum, 

^ il.  Flacciís.  il.  103  : 

• . . . Teretz  crznem  fizhneclitur  curo. 

Les  Athéniens  entremeloient  dans  leurs  ckevelu- 
res  des  cigales  d'or.  Les  hommes  ne  le  cédérent 
pas  aux  femmes  fous  le  bas-empire  pour  le  laxe 
des  coefiures  ■,  car  on  les  vit  charger  auíii  leurs 
chevelures  d’or  & de  pierreries.  Nous  Tapprenons 
de  ces  paroles  de  Luitprand  á Nicéphore-Phocas 
(p.  85,)  : il  n’y  avoit  perfonne  dont  les  ckeveux 
fuíTent  ornes  d'or  & de  pierreries  : nemo  ibi  curo  , 
nemo  gemmis  ornatus  eral. 

- Les  Bacchanres  feules  entre  Ies  femmes  grec- 
cues  j portoientles  ckev'eux  flottans  & fans  liens; 
les  jeunes  filies  les  nouoient  fur  le  front  ou  fur 
le  derriére  de  la  tete ; mais  les  femmes  les  lioient 
ordinairement  fur  la  naque  en  une  feule  treíTe  , 
qui  fiottoit  fur  les  épaules. 

Les  chevelizres  fauíTes  des  anciens , n’étoient 
pas  toujours  des  perruques , c“eñ-á-dire la  re- 
préfentation  de  tous  les  ckeveux  ^ mzis  eiles  re- 
préfentoient  tantót  le  toapet  & tantot  les  faces. 
Ceñ  ce  que  nous  apprenons  d’un  paíTage  de 
Pétrone  ( c.  jo. ) oü  il  dit  que  Tefclave  de  Try- 
phsene  emmena  Girón  dans  I3  cale  du  navire;,  & 
qu  elle  attacha  fur  la  tete  de  ce  jeune  homme  le 
corymbzon  de  fa  maitreífe  , c’eít-á-dire^  une  tcutfe 
de  ckeveux  poííiches  , qui  lui  tenoit  lieu  des  cke- 
veicx  noués  fur  le  front  des  vierges  ¡ & appele's 
de  ce  noui  : Ancilla  Trypk¿in&  Gitoxa  in  pariem 
•navis  inferior ezn  ducit  ¡ corymbióque  demini  pueri 
adornat  capul. 

Les  ckevelures'  entiéres  poñiches  ¡ ou  perru- 
ques 3 étoient  appelées  galericuius  & gclerus  par 
les  Romains.  On  en  faifoit  de  fi  déiieates^  qu’il 
étoic  impoífibie  de  les  reconnoitre.  Telle  érost  ^ 
felón  Suétone  ( c.  13.  n.  3.),  celle  d'Cthon  ^ 
que  Ton  voit  fur  les  médailles  de  cet  empereur 
eiréminé  : Galericuio  capiti  provter  vuritatem  ca- 
piLlorum  adaptato  & eznnexo  , ut  nemo  dignofeeret. 
Ces  perruques  é;oient  faites  avec  des  peaux  de 
chevreaux  , aui  ferveient  auíTi  aux  chauffons  des 
perfonnes  délicates.  Be-lá  vient  ce  jen  de  mots 
de  Martial  j qui  appeloit  une  tete  chauíTéej  ceput 
calceatum  ^ celie  que  ccavrok  une  femblable  per- 
ruque. 


CHE  771 

Ce  n’étoit  pas  feulement  pour  fuppléer  aa 
défaut  de  ckeveux  que  les  Romains  portoient  des 
ckevelures  fauífeS:,  c’étoit  encore  pour  paroitie 
avec  des  ckeveux  d’une  couleur  difFérente  de  celie 
qu’ils  avoient  niturellement:,  bu  pour  fe  déguifer. 
Le  chevalier  j dont  ^Tcús-Avicenus  Rufus  (c.  x.)  , 
étoic  dans  le  premier  cas  5 & Ton  ne  peut  s’em- 
pécher  de  rire  en  voyant  l’embarras  ¿c  la  honre 
de  cet  oíficier  efféminé  j á qui  le  ven:  détacha  fa 
fauíTe  ckeyelure  : 

. . Afox  dejeBo  nituit  fróns  nuda  galera  , 
Difcolor'dppofita  que,  fuit  ante  coma. 

Mais  Caligula  prenoit  une  perruque  ( c.  xi.  n.  i . 
Suetonii)  8c  une  longue  tunique , pour  fréquen- 
ter  les  mauvais  lieux  á la  faveur  de  ce  déguife- 
ment  : Quin  ganeas  ¡ atque  cdulteria  capillamento 
célalas  , & vefte  langa  noSibus  okiret.  De  méme 
l’infáme  époufe  de  Claude^  MeíTaline,  cachoit 
fous  une  ckevelure  blonde  fes  ckeveux  noirs,  lorf- 
qu’elle  paíToit  Ies  nuits  dans  Ies  lieux  de  débaa- , 
che  {^Juvénal , Sai.  rr.  v.  120.)  .- 

Sed  nigrum  favo  capul  abfeondente  galera 
Intravit  calidum  veteri  centone  lupanar. 

Les  écrivains  latins  font  fouvent  mention  des 
fauíTes  ckevelures  des  dames  Rorñaines.  Ovide  dit 
(^Art.  Amand.  iil.  lój. ) .- 

Femina  procedit  denfjjlma  crinibus  cmpiis  ¡ 
Proque  fuis  alias  efñcit  s,re  fuos. 

Et  Marcial  {vi.  12.)  ; 

Jaral  capillos  , quos  em.it , ejfe  fuos 
F abulia  j nunquid  illa  , P aullé  , pejerat  ? 

• 

Ovide  nous  aoprend  que  ces  perruques  b!  >r;des 
£ recherchées  á Rome^  venoienc  de  la  Genna- 
nie  & des  contrées  feptentrionales  de  l’Europe 
I.  14.  4í..)  .• 

Nunc  tihi  captivos  mittet  Germania  crines  : 

Culta  triumphatez  muñere  gentis  cris. 

O quam  f&pe  ¡ comas  aliquo  mirante , rubehis  : 
Et  dices  : empta  nunc  ego  merce  probar  / 

Tertullien  s’eíl  elevé  avec  fon  zéle  amer  centre 
les  vaftes  perruques  dont  les  femmes  de  fon  tems 
chargeoient  leurs  tetes,  en  les  couvrany entié- 
rement  de  ces  enormes  ckevelures  , ou  en  les  latf- 
fant  flotter  fur  le  col  & les  épaules  {_  de  culta 
femin.  c.J.)  : Afigitzs  nefeio  quas  enormitates  futi- 
lium  capillamentorum  , nunc  in  galeri  modum,quafi 
I iy  vaginam  capitis  , ó?  opercuíum  verticis , nucís 
i in  cervissm  retro  fuggefum. 


E e e e e ij 


7 


■71 


CHE 


On  vit  fouvent  Ies  fages  Se  les  philoíophes 
s'ékver  á .4j:hénes  & á Rome  contre  Tufage  de 
frifer  les  ckeveux  , & blarrier  avec  courage  les 
hommes  qui  fe  déshonoroient  par  ce  luxe  effé- 
miné.  Phocyüde  méme  (^.  ici.)  ne  voulok  pas 
que  les  petks  garfons  fiíTent  boucler  leur  ckeve- 
lure,  niqudis  la  relevaffent  fur  le  fronr  en  nceuds 
ou  corymbes comme  le  pratiquoienr  les  jeunes 
filies  & Jes^  vierges.  Dans  Ies  Catilinaires  on 
entend  Porc.us  Larro  déclamer  fortement  contre 
íes  jeunes  Romains  qui  paroiíroienten  pubüc  avec 
des  cmveux  frifés,  calamifirati,  Dans  la  harangue 
prononcee  par  Cicerón  aprés  fon  retour  au  fénat 
(Red.  in  Sen.  c.  p ) , il  déíigna  Pifon  comme  un 
homme  perdu  de  débaiiche  ^ par  ces  mots,  cin.- 
cinnatnm  ganeonem  , le  übertin  aux  cheveux  bou- 
clés ; il  reprocha  le  meme  vice  au  confuí  Gabi- 
bíus  , en  I appelant  le  danfeur  frifé , calamifiratum 
faltatorem  ^ & en  faifant  remarquer  fur  fon  fronr 
les  traces  dii  fer  chaud  qui  avoit  fervi  á former 
Ies  bouCiCS  de  fa  chevelnre  ^ fTOTittTn  cnlamíjtri 
vtfligüs  notat  m.  Suétone  décrivant  tous  les  vices 
de  Nerón  ^ n oubbe  pas  fon  amour  pour  fa  che- 
velure  qifi]  fnfoit  ordina'rement , & qifii  laifia 
meme  fiotter  fur  les  épaules , comme  les  femmes, 
dans  fon  voyage  de  Gréce  ( c.  ji.  n.  3.;.-  C:-ch. 
cultum  habieuTTtqae  aáto  pudendas  , ut  cotnam  fem- 
per  iTt  gradas  formatam  , peregrinatíone  Acha'ica 
etiam  pone  vemeem  fummife^ It, 

Les  Phüologues  onr  différé  d opinión  fur  la 
coeífure  des  efclaves.  Queiques-uns  ont  ern  que 
les^  efclaves  coupoient  tous  leurs  cheveux  , parce 
avoient  !u  dans  Suidas  ce  proverbe  grec^ 
ohiAoí  fflí  j 25, IvEís- , tu  es  efclave  , & tu  as  une 
ckeyelure.  Ceux  _qu!  étnient  a une  opinión  con- 
tradiré , fe  fondoient  fur  cette  ature  expreííion  du 
ineiiie  Léxícographe  ^ cheveux. 

mal-peignés  des  efeíaves.  Four  óter  Tambiguité 
de  ces  deux  expreíTions,  il  faut  obferver  que  S-p.-í 
deíigne  proprement  des  cheveux  coiirts  & hérif- 
fes  mais  que  Lou-n  deíigne  une  ckevelur.e  aíTez 
longue^peignéeoufrifée  avec  foin.  Cette  feconde 
efpéce  de  coénure  étoit  aíFeñée  aux  hommes 
libres  j & les  diftinguok  des  efclaves  ^ dont  les 
cheveux  éroient  coupés  trés-court  & taillés  grof- 
Éfcrem.ent.  Be  cette  diíFcrence  de  chevelure  établie 
par  I’ufage  conñant  entre  les  ge-ns  libres  & les  ei- 
alaves , vint  la  coutume  de  couper  aux  efeíaves  que 
I on  aííranchüíoit  j la  chevelure  négligée  de  ieur 
étatá’abieñionj  & de  Ies  rafer  entierement  avant 
que  de  leur  donner  le  bonnet  de  la  Wbtrté  piUus). 

C eft  ainíi  que  Ton  v¡t  le  dernier  rol  de  Macé- 
doine  , Perfée  , fait  prifonnier  par  ¡es  Romains 
dans  la  guerre  de  IMithridace  j paroítre  en  pubüc 
avec  la  tete  refóe  & couverte  du  pileus  , pour 
^^f^pigner  {Appian.  de  Bello  Mztkrid.  p.  J~z.  J 
Olí  ai  s avoüoit  U clfranchí  du.  peuvle  romain. 

Non'us- \iarcenus  a donrié  une  autre  origine  a 
- u;are  ríe  rafer  _ la  tete  des  efclaves  que  Ton 
anraocniuoi: , ii  fa  cherchée  daríS  rsíFranue  reli- 


r. 


C H E 

gieufe  qiie  faifoient  de  leur  chevelure  ceux  qui 
avoaent  échappés  á quelque  naufrage- 

La  chevelure  dkne  figure  dkfclave , publiee 
dans  le  recueil  d’antiqurés  (v.  5.  pl.  82.  -j.) 

du  comte  de  Caylus  ^ eft  ce  qui  lui  en  a para' 
rpbjet  le  plus  intérefíant c’eft  á-dire  , le  plus 
digne  de  remarque.  Les  cheveux  font  coupés  aurour 
de  la  xhe.,  qui  eft  ceinte  par  une  bande.,  011  car 
un  cordon  . pour  former  une  efpéce  de  bouriér, 
beaucoup  plus  marqué  fur  les  mafques-  de  la 
comédie  romaine  , qui  repréfentent  des  efclaves. 
Cet  arrangement  pourrok  étre  pris  ma!-a-propos 
pour  un  bonnet , quoiquül  différát  eíTentieííe- 
ment  de  celui  qui  étoit  le  fymboie  de  la  liberté, 
& dont  ie  Pétafe  de  Mercure  nous  a confervé  la 
figure. 

“ Plus  le  fronteft  bas^  dit  Winckelmann,  dans 
fon  hiíto're  de  Part,  plus  les  cheveux  cui  le  cou- 
ronne.nt  fonr  courts.  Les  pointes  de  ces  ckeveux 
í^e  recc-urbent  pai'-deíTus  le  poil  qui  borde  ie 
tront : c'eft  ainil  que  Pétrone  décri'  les  cheveux 
de  fa  Careé,  c-efeription  qui  nz  été  entendue  ni 
Jar  fes  copiftes , ni  par  fes  commentateurs.  Car 
e paífage  fuivant  : frons  miriim.a  , 6’  qua  radices 
capiUorum  retroüexerat , eíl,  felón  toutesies  appa- 
rences,  altére  j & ii  faut  y lire  ápices  , au-!ieu  da 
moiradíces , c’eft-á  díte  , les  pointes  des  cheveux  , 
ou  quelque  mot  fembiable  5 attendu  opei  apex 
íignifie  la  pointe  de  chaoue  choik.  Comment , en 
eftet , les  racines  des  ckeveux  peavent-e-ies  fe 
recotirber  en  avant  r Le  rradaéieur  franíjois  de 
Pétrone  a prétendu  trouver  ici  une  coéáíure  de 
cheveux  poítiches  , fous  iaquei'e  on  ¿ceouvre 
íes  racines  des  cheveux  natureis  : quelie  abfur- 
dité  1 M 

« Pour  donner  au  vii'age  la  forme  ovale  & le 
complément  de  la  beauté,  i!  fiutaue  les  cheveux 
qui  couronnenr  ie  front , faíTent  ie  tour  des  tem- 
pes en  s’arrondiíTant  : conformation  qui  fe  troave 
a toutes  les  belies  perfonnes.  Cette  forme  du 
front  eft  telletTierat  appropriée  á toutes  les  teres 
idéales  & aux  figures  anticues  des  jeunes  perfon- 
nes , qukn  n"en  rencontre  point  avec  des  angles 
enfoncés  , & faos  ckeveux  au-deíTus  des  tempes. 
Parmiles  ñatuiires  mod-rnes,  il.y  en  a bien  peu 
qui  aient  fai:  cette  remarque  ; car  toutes  íes  rei- 
taurations  modernes , oü  Pon  a place  des  tetes 
jeunes  fur  des  ñatues  anticues , oífrent  des  che- 
veux qui  s’avancer.t  en  échancrures  fur  le  froní. 
Sur  cet  article  , comme  fur  bien  d'autres , ie 
Bernan  a cherché  la  beauré  dans  des  procedes 
diamétralement  oppofés  á ceux  des  ancísnsjEal- 
dinacci,  fon  pantgvrifte,  noi's  spprend  que  cet 
artifte  avant  modelé  ¡a  figure  de  Louis  XIV  datas 
fa  ieuneífe  , avoit  relevé  les  cheveux  de  ce  jeune 
roí  par-deíTus  le  front.  e Fiorent'n  ditfiis,  qui 
croit  rapporrer  en  cela  une  preuve  merveilleufe 
de  la  délicateífe  du  goút  de  fon  héros  . ne  faat  que 
nous  dévoaler  fon  propre  défaut  de  tacb  & ía 
propre  ignorance.  11= 


CHE 

Cetre  forme  cu  front . & fur-tout  ces  che- 
vieux  courrs  rabattus  fur  ie  devane  ^ font  des  carac- 
teres conflans  qui  fe  troKvent  ¿ toutes  les  beües 
teces  d’Hercule  de  tous  ages;  eiies  nous  oífrent 
cutre  la  groíTeur  du  col , des  marques  fymboli- 
forcé  j & parciíTenc  faire  aiíufion  aux 
polis  frifés  qui  fe  trouvent  entre  ¡es  corees  des 
taureaux.  Ces  ckcveux  font  done  des  traits  carac- 
teniiicues  a Hercuie  , qui  nous  font  d itinguer 
les  tetes  de  ce-herosds  cei;es  ddolc;,  fa  maitreíTe, 
qui  font  auffi  couverces  feuvent  d’une  peau  de 
lion  5 & garnies  d Uí-e  chevelure  qv,i  defceitd  en 
boucles  fur  le  front.  On  la  voit  ainíi  coé.íée  fur 
une^pierre  gravee  du  cabinet  Royal-Farnéíe  de 
Kaples  ^ repréfentant  une  tete  de  cette  jeune 
beauti  ,,  travaülée  oe_  grand  relief.  Ce  méme 
caraítere  fut  une  des  raifons  qui  nf aidérent  autre- 
feis  a conner  la  vraie  dénom.ination  á une  tete 
d'Heicuie  gravee  en  creuX;,  de  Tancien  cabinet 
de  Stofeh  5 qui  étoit  connue  de  tous  les  anti- 
quames  foas  le  nom  d'Iole.  On  trouve  ces  mémes 
íratts  caradérifriques  á une  tete  jeune  couronnée 
delaurier,  & gravee  fur  une  cornalinepar  Alion, 
2ttifte  grec  , placée  dans  le  cabinet  du  grand-duc 
de  iriorenccj  qui  repréfente  aufS  un  Herede, 
& non  un  Ápoilon  , pour  lequei  on  a vouiu  la 
faire  pañer  ( Stofeh  , pierres  gr.  pl.  8. ).  Une  áutre 
tete  ri’Iiercule  du  méme  cabinet , gravee  par 
Ondas  , eíf  de  rriéme  couronnée  de  laurier ; mais 
comme  !e  haut  de  la  tete  eít  defeélueux,  le-front 
a été  reftauréfur  la  gravure  en  cuivre  par  des  gens 
qui  n'ont  pas  fait  toutes  ces  obfervations.  lí  eíl 
cerrain  que  íi  Ies  médaiLufie:  ayoienr  obfervé  ces 
caracteres  , nous  trouvericns  ie  portrait  d"Her- 
cule  far  pluíieurs  médailles  qui  portent-  d’autres 
noms , tei  que  celui  dCAlexandre  ou  de  quelque 
autre  roi-  Conibien  n’y  a-t-il  pas  en  elfet  de 
médailles  qui  repréfentent  une  tete  jeune  cou- 
ronnée de  laurier,  S¿  que  fon  attribue  á Aiexan- 
¿re-le-grand  , tandis  qdeües  appartienaent  á 
Kercule?" 

« 11  en  eít  de  méme  des  tetes  d'Alexandre  : íes 
cheveux  qui  colironnent  ie  front  de  ce  conqué- 
rant  de  f Alie , font  des  caraétéres  conftans  qui 
doivent  !e  faire  reconnoítre.  Ses  cheveux  qui  ont 
de  la  reíTemblance  avec  ceux  de  Júpiter,  pour 
le  fils  duquel  il  vouioit  paíTer , font  releves  par 
defliis  le  front.  Sí  retombent  par  enees  en  diffe- 
rens  étages des deiix  cotes.  Piutarque,  qui  nomme 
ces  fortes  de  ckeveux  releves  par-dsilds  ia  tete 
avaí-oXiv  , dit , dans'la  v:e  de  Pompée, 

que  ce  capitaine  portoit  fes  ckeveux  comme 
Alexandre  {Plutcrch.  Fcjxpej.  p.  iija.  /.  4.).“ 

« II  faut  remarquer  fur  les  monumens  annques 
la  coéffure  particu'iéte  á Diane.  Ses  cheveux  font 
ordinairement  lies  enfem.ble  fur  le  fominet  de  la 
tere  ; cette  imode  étoit  cebe  des  jeiines  filies,  8-í 
s’appeloit  iciv-iugcc . Paufanias  nous  le  donne  á en- 
tendre  quand  ;1  rrppcrte  de  quelíe  maniere  Leu- 
^tppe  , amoureux  de  Dapbr.é  , filie  d'Alphée  , 


CHE 


773 


^ sout  de  fatisfrire  fa  paíTion  : il  prit  un 
haoit  de  ferreme,  & fe  {lih.  vm.  p.  638.  l.  22.) 
ha^ies  cheveux  fur  le  femmet  de  la  tete  comme 
faiioient  les  vierges.  Polyxéne  étoit  coéífée  amfi 
X.  p.  661.  é.  3-)  a la  maniere  des  vierges, 
feic-n  Je  mérne  auteur.  Biane  feule  , Se  quelciic- 
lois  la  X !¿lo:re,  font  de  toutes  les  divinités  célles 
qui  portent  ieurs  cheveux  mníi  releves,  comme 
un  íigne  de  leur  virginité.  Auffi  voyens-nous 
i-'iane  coéífée  de  cette  maniere  fur  les  pierres  qra- 
vées  & fur  les  (Beger.  tom.  1.  p.  426.^  médaii- 
les.  Les  nou'.'eües  mariées  porroient  encore  pen- 
dant  quelques  jours  hurs  cheveux  iiés  de  ia  méme 
maniere,  comme  on  peut  le  remarcuer  fur  d;u- 
Scursbas  rehets  (Banoti  xidxtirethd.  rui.  jo„  (¡z. 

Winckelmann  ( il.  claf,  71°.  417- ) a cru  recon- 
noítre  fur  une  pace  antique  da  barón  de  Stofeh 
la  téte  de  Iseptune , quoiqifelle  ne  foit  acconi- 
pagnée  d'aucun  attribut.  11  n'a  eu  d’autre  fonde- 
ment  pour  rafíger  cette  tete,  qui  eft  fort  belie, 
parmi  celles  de  Neptune  , que  la  maniere  ciont 
les  cheveux  y font  agencés.  íls  rombent  ñ¡r  le  con 
en  boucles  perpendiculaires  8c  pamiíéles  , ce  qui 
paroit  avoir  été  particuher  á Keptune;  car  loi-f- 
qu'on  lui  a fait  des  ckeveux  fiottans  , on  a dif- 
pofé  ( Golt^.  M-ag  Gracc.  tab.  iil.  n.  8.  xix, 
n.  4.  XXX IV.  n.  8.  Beger.  Thcf.  Br.  t.  il.  p. 
Vaillant.  Biutn.  Imp.  t.  itl.  tz.  6.  María,  n.  2. 
Pcfik.  71.  I.  n.  -.)  fa  barbe  de  la  méme  maniere 
que  les  cheveux  font  traités  fur  cette  páte ; quei- 
quefois  au.®  fa  barbe  & fes  cheveux  ( Vaillant. 
Nutn.  Fam.  CáíciL  n.  7.  Falv-  5.  6.  Macla,  n.  i.) 
font  arrangés  de  la  méme  facor:. 

cí  Les  cheveux  , dit  WinckeJmann  dans  Lhif- 
toire  de  Fart,  font  des  traits  caraéiérilíiques  pour 
diílinguer  le  moderne  de  Lantique,  en  ce  que  ¡es 
aniñes  modernes  diíFérent  beaucoup  de  ceiiz  des 
anciens  , foit  par  le  jet  des  cheveux , foir  par 
Fexécuticn  genérale  de  Ieurs  détaiJs.  J'ai  déjá 
parlé  ci-devant  de  la  chevelure  rabattue  fur  le 
front,  & j’ai  fait  voir  que  cette  facón  de  traiter 
les  cheveux  , ainfi  que  leur  jet  panicuüer  , dif- 
tinguoit  un  Júpiter  & un  Hercule  des  aúnes 
Dieux.  » 

« La  maniere  de  traiter  fes  cheveux  différoit 
auíii  felón  la  natura  de  la  pierre.  Les  cheveux 
exécutés  fur  Tefe éce  la  plus  dure,  font  counsj, 

& paroiiTent  avoir  été  peignés  avec  un  peigme 
fin  , parce  que  cette  forte  de  pierre  n’a  pas  aíTez 
de  moíieííe  pour  que  Fon  punTe  en  tirer  r.ne 
chevelure  fiottante  Sí  bouclée  ; tandis  que  dans 
íes  Asures  d’hommes  , exécutées  en  marbre  & 
fculptées  dans  le  bon  rems  de  i’art,  les  cheveux 
font’bonclés  & fiottans,  bers  le  cas  oú  ces  tétss 
font  des  pernaits  , car  a'ors  Fartiñe  s’efí  t-nn.vé 
afireint  a rendre  fiJe'enient  les  cíievcux  conrrs  oa 
droitsduperfor.nage.  Quantar.x  tetes  de  femmes, 

& partíciiliérement  á celles  des  vierges  ; done  es 
cheveux  font  tou'ours  releves  & nosésfur  i?;  tete, 
03  voit  tóate  la  chevelure  tn.-'tte  par  on-iés  & 


7Vf.  CHE 

fonTiiíit  des  cavires  coafideraoles  j qiK  Y rspin- 
¿ent  de  la  variété  & y formeat  un  clair-obfcur. 
C'eñ  ainíi  que  font  travaiilés  les  ckeveu.x  de  routes 
les  Amazonas  ^ qui  pourroient  fervir  de  modéle 
á*  nos  ardites  po'ur  les  ftatues  de  vierges  & de 

marcyres.  « • . ^ t 

ct  Differens  des  flaruaires  anciens^  íes  ículp- 
teurs  modernes  ont  adopté  pour  leurs  figures 
d'hommes  une  certaine  forme  de  ckeveux , qui 
ei't  propre  aux  Satyres  ou  aux  Faunas , comme 
je  le  feral  voir  ci-aprés ; fans  doute  parce  qjue 
rexécution  de  cette  efpéce  de  ckevelure  leur  coüte 
moins  de  peine ; tandis  que  dans  les  figures  de 
-feínmes  ils  ont  rendu  les  cheveux  fans  aucune 
cavité  5 ou  avec  un  petit  nombre  de  cavités , ce 
qui  leur  ote  la  variété  & qui  les  prive  du  clair- 

obfcur.  “ , _ - 

« Les  cheveux  des  Satyres  Se  des  Faunes  font 
hériiTés  & peu  crepés  á leur  pointe  ^ parce  qu  on 
a voulu  leur  imprimer  le  caraéiére  des  polis  de 
chévres  j de  meme  que  1 on  a donne  des  pieds 
de  chévres  aux  fiatyres  & á qüelques  figures-  de 
Pan.  Ceñ-lá  ce  qui  a fait  appeler  le  dieu  Pan 
, aux  cheveux  hérifiés  {Antkol.  l.  4.  c^, 
¡64.  1.  ij.y'.  Ces  ckeveux  s’appeloient  en 
grec  B & Suétone  les  déíigne  par  ces  mots 

cupillis  lenher  infiexis  ( Suet.  Aug.  c.  79. ).  Si 
dans  le  cantique  des  cantiques  (c.^  4.  v.  i._)  les 
ckeveux  de  Pépoufe  font  comparés  aux  poils  de 
chévres  j il  faut  Pentendre  fans  doute  des  chévres 
ü'Angora  & de  Syrie,  qu’on  a coutume  de  tondre 
3 caufe  de  la  longueur  de  leurs  polis  ( Bochare , 
liieroi.  t.  I.  /.  %.  c.  51.  p.  615.  ).  “ 

cc  Apolion  & Eacchus  portent  des  ckeveux  qui 
defeendeUt  fur  les  épaules.  II  n’y  a que  ces  deux 
divinités  qui  les  portent  de  cette  maniére  ; ce 
qu'il  faut  bien  remarquer  ¡ parce  que  ce  caradlere 
de  la  chevelure  Ies  fait  reconnoítre  dans  leurs 


figures  mutüées.  ” 

' « Les  enfans  portoient  en  général  des  ckeveux 

longs  jufqu'aux  années  de  Fadolefcence  j comme 
nous  le  voyons  dans  le  récit  de  Suétone,  qui 
dit  que  Néron,  pendant  fon  féjour  á Naples , 
avoit  raííémblé  cinq  mille  enfans  portant  de  lorigs 
ckeveux  C Suet.  Mero.  c.  1. ).  Mais  les  jeunes 
gens  avoient  coutume  de  porter  les  ckeveux  plus 
courts , fur-tout  oar  derriére  , excepté  ceux  de 
Pifie  d’Eubée , qu  Homére  r.omme  á caufe  de  cela 

ejriíaj  y-ofiBUy.  " 

s=  A cette  occafion  je  dois  parler  de  la  cou^eur 
des  cheveux  , d’autant  plus  que  quelques  paílages 
des  anciens  auteurs  ont  fait  naitre  de  fingulieres 
méprifes  fur  cet  objet.  La  couleur  blor.de,  -/.emivt, 
a toajours  été  regardée  comme  la  plus  belle  , 
& la  blonde  chevelure  a été  donnée  également 
aux  plus  beaux  des  dieux  , Apollen  , Bacchus  , 
& aux  plus  iiluftres  des  ñeros.  Eliennous  apprp.d 
qu’Aíexandre  avoit  Ies  cheveux  blonds  {Jt-lian. 
Var.  Uífi.  1.  12.  c.  14.%  En  conféquence  de 
cette  noíion,  j’ai  rétabli  ailleurs  {Mouum.  Anz. 


CHE 

V.  1.  c.  46.)  le  fens  ce  ce  paíTage  d’Athénée 
Í^Athen.  Deipn.  l.  1^.  p.  Gox.  A.)  : SJ^’ 

{o-tiesBih:;)  oZ-i  >A/my  xicTmcutíy  As-j/.áÍtjíí  PaíTage 
qu’on  avoit  appliqué  jufqu  alors  aux  cheveux  noirs 
d’Apolio.n  , & qui  avoit  été  entendu  de  méme 
par  Franqois  Junius  {^lun.  de  PiB.  vet.  l.  3.  c.  5. 
p.  232.).  Au  moyen  du  figne  ddnterrogatioñ  , 
ce  paíTage  recoit  un  fens  tout  oppofé.  Cette  cou- 
leur blonde  des  cheveux  eíl  auíli  nommee 
( PkUoft.  l.  I.  Icón.  4.  p.  768.  ) j & Icrfque  Lu- 
créce  (é  4.  v-  II54-)  dit  nigra^ 
il  confirme  Je  fens  de  notre  paffage  5 car  ce  poete, 
en  parlant  des  fiatteries  impertinentes  qu’oa  pro- 
digue au  beau  fexe  , cite  entr’autres  celie-ci , de 
nommer  une  jeune  filie  qui  a des  cheveux  noirs 
fitXixfüos  , pour  lui  donner  une  beauté  qu’elíe  n’a 
pas.  De  la  maniére  dont  on  avoit  interprété  juf- 
qu’ici  Simonide,  cité  parÁthénée,  ií  réfuireroit 
qu’il  auroit  contredit  le  chantre  d’Achille,  qui  ne 
caraélérife  aucun  de  fes  perfonnages  par  des  che- 
veux noirs.  ’s 

Apolion  efl.  célebre  pour  fa  chevelure  blonde.  Cette 
couleur  éroit  chez  les  Grecs  Pattribut  de  ^la 
■ beauté  méme  pour  Ies  jeunes  hommes.  Homere 
la  donne  á Achille  & á Ménélas.  Théfée  eít  blond 
dans  Ovide  Se  dans  Catulle.  Philoftrate  dépeint 
Jafon  de  la  meme  cou!eur._  (Edipe  paroit  avec 
áesckeveux  blonds  dans  Euripide,  & Hippolite  dans 
Sénéque.  Les  poetes  ont  chante  auíli  la  blonde 
chevelure  de  Mercure  & celle  de  Bacchus.  Les 
raafques  des  jeunes  gens  fur  Ies  théátres  étmeat 
gariiis  d’une  chevelure  blonde,  afin  de  les  faite 
reconnoítre  5 ou  plutót , coriime  dit  Poliux  , afin 
de  les  faire  reíTembler  au  beau  dieu  , S-s» 

, a Apolion. 

Les  cheveux  noirs , au  qontraire , annonqoient 
chez  les  poetes  gtecs  la  laideur.  Euripide  appel.e 
"Pluton  , divinité  a h noire  ckeve- 

lure.  , . o ' 

Chez  Ies  Grecs  , Ies  ckeveux  droits  & epars 
annonqoient  la  douleur.  Les  mafques  des  fernmes 
qui  dans  les  tragédies  apportoient  la  nouvelle  de 
quelque  malheur,  étoient  garnis  de  longs  cheveux 
épars  & flottans  fur  les  épaules. 

Cette  couleur  blonde  qui  caradtérife  les^  peu- 
ples  feptentrionaux , & que  la  nature  brulante 
des  contrées  méridionales  femble  refufer  a leurs 
habitans  , faifoit  Pambirion  des  Grecques  & des 
Romaines.  Pour  Pimiterelles  répandirent  fur  leurs 
chevelures  des  poudres  iaunes  Se  rouffes;  e.les  les 
teisnirent  avec  du  faffran , & plus  fouvent  avec 
du  brout-de-noix.  Pline  dit  des  fmits  du  noyer 
( XV.  22.)  : Tinguntur  coriice  earum  lans, 
tur  capillus  primum  prodeuntibus^  nucu.is.  nc 
teinture  plus  forte  de  ce  brout  teignoit  en  brun, 
& les  fernmes  ágées  l’employoient  pour  degul  e> 
leurs  cheveux  bfanes  {Tibul.  1. 9.  43')  ' 

'Tum  ¡ludiiim  forme  , coma  tune  muiatur  ^ ut  anuos 
Mijpmulet , virldi  cornee  tiuña  nuefs. 


CHE 

Quelques  Phüologues  ont  eonclu  de  certains 
paíTages  d’auteurs  latins  mal-entendus  , que  les 
dames  romaines , matror^a, , aííeñoienc  de  faire 
paroitre  noirs  Icurs  cheve-ux , pour  fe  diñinguer 
des  courtifannes  , chez  qiii  la  coukur  bionde 
étoit  !a  plus  recherchée.  Cespaífages  fonc  pris  dans 
deux  Scholiartes.  Celui  de  Juvénal  expliquant  les 
deux  vers  ñir  Meífaline  {Sat.  ri.  izo.)  : 

Sed  nigrum  fiavo  capuz  ahfcoTzdtnte  galera 
Intravlt  calidum  veteri  centone  lupanar. 

dit  que  Ies  dames  porroient  une  fauíTe  ckevelure 
bruñe  tandis  que  celle  des  courtifannes  étoit 
^noire  : tegumento.  .....  quo  utebantur  mere- 
trices flavo  j nigro  ndm  crine  matrona  utebantur. 
Servius  cite  les  mémes  vers  de  Juvénal , en  expli- 
quant le  <>98“  vers  da  iv^  livre  de  fEnéide  ; & il 
ajoute  que  Ton  ne  repréfentoit  jamais  les  dames 
romaines  avec  une  ckevelure  bionde  j mais  qukn 
leur  en  donnoit  toujours  une  noire  : Matronis  num~ 
quam  flava  coma  dabatur  , fledn  igra. 

II  eft  facile  de  détruire  Topinion  de  ces  Philo- 
logues.  D'abord  les  vers  de  Juvénal  expriment 
fimplement  les  eíforts  que  faifoit  pour  fe  dé^ifer 
la  femme  de  Claude  5 & le  plus  titile  fans  doute 
étoit  de  cacher  fa  ckevelure  noite.  fous  une  bionde. 
D’ailleurs  Servius  doit  étre  expliqué  parlui-méme  ; 
or  il  cite  Catón  ^ un  des  plus  anciens  écrivains 
de  Rome  , qui  dit  que  Ies  dames  frottoient  avec 
une  pommade  jaune  ieurs  cheveux  , pour  les  faire 
paroitre  blonds  ; matronas  crines  fl,avo  ciñere  unc- 
titajfe  j ut  rutila  effent. 

Ne  voyons-nous  pas  ordináirement  les  poetes 
latins  chanter  Ies  cheveux  blonds  des  dames  les 
plus  diñinguées  par  leur  naiíTance  oa  par  leur 
beauté  ? ce  qu'iis  n’auroient  pas  fait  s’ils  euíTenr 
été  l’attribut  diftinílif  des  courtifannes.  Ovidedit 
de  Lucréce  iPofi.  rJ.  763.) ; 

Forma  placel  , niveuf que  color  , flavique  capilli. 
Virgüe  dit  auíli  de  Lavinre  ( JEneid.  xii.  íoy. ) : 

Filia  prima  manu  flavos  Lavinia  crines.  . . 
Properce  enfin  de  fa  chére  Cynthie  ( il.  2.  77. ) : 

Fulva  -coma  efi , long&que  manus  , &c. 

« J’ai , dit  vl’inckelman  , dans  fon  hiñoire  de 
Fart^  pea  de  chofe  á faire  obferver  fur  les  cke- 
velures  des  figures  grecques  de  Fancien  ñyle  : elles 
offrent  rarementdes  í:.^£veaxbouc!és;&  engénéral 
les  cheveux  font  toujours  plus  négligés  aux  teces 
de  femmes  qifá  ceiles  des  hommes.  Aux  figures 
du  haut  ílyle  ^ Ies  cheveux  font  peignés  fimple- 
ment  par-deííusla  tete,  & forrr.ent  des  íillons 
BJubyans  j ceux  des  jeunes  Siles  font  rdcvés  & 


C El  E 


775 


noués  fur  le  fommet  de  la  tete , ou  attachés  en 
un  feul  noeud,  & aiTujettis  par  une  aiguille  fur 
le  derriére  de  la  tete  {Pauflan.  l.  3.  p-  638.  l.  zz. 
/.  10.  p.  862.  l.  4.  /.  I.  p.  3.  /.  26.).  Une  médaille 
d’argent  trés-rare  de  la  ville  de  Tárente,  repréfente 
Taras  , fils  de  Neptune  , á cheval  comme  il  Feft 
fur  la  plupart  des  médailles  de  Tárente  , mais 
avec  cette  particnlarité  qu  il  a les  cheveux  noués 
fur  la  tete  , comme  ceux  des  jeunes  filies  ; de 
forte  quil  feroit  douter  de  fon  fexe,  íi  Fartiíle 
bavoit  pas  eu  foin  de  Findiquer  tres-diñincle- 
ment.  On  voit  de  plus  fous  le  cheval  un  mafqiie 
tragique.  C’eft  avec  cette  limplicité  de  coétrure 
que  paroilToit  toujours  fur  le  théátre  le  principal 
perfonnage  de  femme  dans  les  tragédies  grecques 
( Scalig.  Poet.  l.  I.  c.  14.  p.  23.  D.).  Quant  á Fai- 
guille  de  tere , propre  á affujettir  les  cheveux  des 
jeunes  filies , elle  eft  rarement  vifible  dans  Ies- 
figures  qui  nous  reftent.  Móntfaucon  rapporte 
une  feule  figure  romaine  , fur  la  tete  de  laqaelle 
on  la  remarque  ; mais  cette  aiguille  n'eft  pas 
Vacus  difcriminalis  ¡ qui  fervo.'t  á féparer  ou  á 
former  les  cheveux  en  boucles,  comme  le  croy'oit 
ce  favant  (Montfaucon,  Ant.  expliq.  fuppl.  t.  3. 
p.  4. ).  » 

“ Quelquefóis  les  cheveux  des  femmes  font 
noués  par  derriére  á une  certaine  diílance  de  la, 
tete-,  & defcendent  en  groíTes  touffes  fous  la 
bandelette  qui  Ies  lie , comme  on  le  voit  aux 
figures  étrufques  de  Fun  & de  Fautre  fexe.  Ckft 
ainíi  que  font  arrangés  les  cheveux  de  la  Pallas 
de  la  Villa-Albani , ceux  d^une  petire  Pallas  qui  a 
été  tranfportée  de  Rome  en  Anglererre,  des  Ca- 
ryatides  de  la  Villa-Négroni , ceux  enfin  de  la 
Diane  du  cabinet  d’EJercuIanum  , & de  pluíieurs 
autres  figures.  II  réfulre  de  ces  faits  que  Gori  skft 
trompé  en  difant  que  les  cheveux  traites  de  cette 
maniere  ,,  font  des  caraftéres-  du  ftyle  étrufque 
{Muf.  Etr.  t.  I.  p.  loi.).  Quant  aux  treílés 
attachées  autour  de  la  téte , relies  que  Michel- 
Ange  en  a donné  aux  deux  ftatues  de  femmes  du 
tombeau  du  pape  Jales  ÍI,  on  n'en  a jamais  vu 
á aucune  ftatue  antique  , quoiqiie  pluíieurs  tetes- 
de  dames  romaines  offrent  des  coéffures  de  che- 
veux poftiches.  C'eñ  ainíi  que  Lucille  , femme 
de  Fempereur  Lucius-Vérus  (ftatue  confen/ée  au 
Capiíole)  j a des  cheveux  de  marbre  noir,  qui 
font  adaptes  de  fi^on  qu  on  peut  les  enlever  d 


volonté.  » _ 

Pluíieurs  ftatues  antiques  nous  oíFrent  des 
cheveux  colores  en  rouge.  On  en  voit  de  pareüs 
á la  Diane  du  cabinet  d’HerciiIanum  , á une  petire 
Vénus  dii  méme 'cabinet , qui  preíTe  des  deux 
mains  fes  cheveux  inouiiles , & a une  ftatue  de 
femme  drapée  , ayant  une  tere  idéale ftatue  pla- 
cee dans  la  cour  du  cháteau  dé  Portici.  Les  che- 
veux de  la  Venus  de  Médicis  étoient  dores,  ainíi 
que  ceux  d’une  tete  d'ApolIon  du  cabinet  du 


fapitole.  =• 

“ 11  étoit  que 


quefois  f ufage  de  fe  couper  íes 


77^  CHE 

cjie-c-dx.  On  ne  voj’oit  point  de  ckeveux  á une 
peinture  d’Erhra,  mere  de  rhéfée  {Paufar^.  1. 
lo.  86i.  L 11-)  , ni  a une  femme  ágée  . dans 
un  table-u  de  Polygnote  coufervé  á Delphes  Cié- 
p.  SÍ4.  l-  2-7 ■ Puriv.  Pkcenijf.  v.  37).)  Cet  ufage 
déiignoit  fans  doute  le  deuil  conftant  des  veuves> 
conuiae  ceiui  de  Clytemneíire  & d'Hécube  {Euriv. 
Ipkig.  AuL.  V.  1438.  Troad.  v.  480.  Heder.. 

■V.  1093.  1134-  1240.).  Les  enfans  fe  coupoient 
auíTi  les  ckeveux  á la  more  de  leur  pére  {Eurip. 
Eieci.v.  108.  i88.  241.  ^^K-Epigr.  gr.  apr.  Orvil. 
Anim.  in  Chañe,  p.  3Ó5. ) 5 ce  que  nous  appren- 
nent  Eieíire  & Orefte  , ílatues  dé  la  Yilla-Ludo- 
vifi , appelées  mal-á-propos  le  jeune  Papirius 
avec  fa  mere.  Nous  trouvons  encore  que  les 
maris  jaloux  conpoient  Ies  cheveux  á leurs  fem- 
mes  j foit  pour  les  punir  de  leurs  planteries  j 
fcit  pour  les  forcer  de  reíler  á la  múíon  {Antkol. 
l.  7.  p.  453.  l.  17.).  Sur  des  médaiiles  & fur  des 
tableaux  antiques , on  vo!t  quelquefois  des  tetes  de 
femmes  & de  d jeíTes  qui  ont  les  cheveux  envelcp- 
pés  dans  un  réfeau , comme  les  femmes  dltalie 
les  portent-  encore  aujourd’hui  dans  leurs  mai- 
fons.  Cecte  efpéce  de  boruiet  fe  nommoit  KsKfl- 

<p£ÍA5?. 

Dans  le  noiTibre  des  grandes  tetes  de  bronze 
trouvées  á Herculanum  , il  s’en  trouve  íix  trés- 
rernarquables  ^ fur-tout  les  trois  premieres  , á 
caufe  du  travail  des  cheveux  , dont  Ies  boucles 
ont  été  foLicées  & ajoutées  aprés  coup.  L’une 
de  ces  tetes  , & la  plus  ancienne  (car  elle  porte 
to’js  les  caracteres  de  la  plus  hiute  antiquJté  ) , 
a cinquante  boucles  roulées  j comme  íi  elies 
étoie.nt  formées  par  un  fil  d'archal  de  la  groffeur 
d°un?,  piume  a écrire-  La  feconde  a foixante-huit 
boucles  j mais  qui  font  applaties , & reíTemblent 
a des  bandes  étroites  de  papier  qu'on  auroit 
roiilees  avec  les  doigtSj  & enfuite  tirées  pour  les 
aüonger ; les  boucles  qui  fe  trouvent  dertiére  le 
cou  ont  douze  révoliitions.  Ces  deux  retes  repré- 
fentent  de  jeuaes  héros  fans  barbe.  Les  boucles 
de  la  chevelure  de  la  troiíiéme  tete  j qui  porte 
une  longue  barbe  ¡ r.e  font  fondees  que  fur  les 
cótés.  Cette  tete  mérite  fur-tout  d'étre  admirée 
pour  Pexécution , comme  étant  inSriiment  fupé- 
rieure  á celle  de  tous  nos  artilles  modernes  j c'eft 
un  des  plus  parfairs  ouvrages  qui  foient  aa  monde  j 
& Winckelmann  alílsre  qti'en  aucnn  genre  on  ne 
peut  ríen  voir-de  plus  exquis.  On  luí  donne  le 
nom  de  Platón  ¡ máis  il  la  croyoit  plutót  une 
sete  idéale. 

« Phytagore^  de  Rhégiumdans  la  grande  Grece^ 
fut  le  premier  fculpteur  grec  qui  traíta  les  cke- 
veiLx  avec  foiu  ( Plin.  lih.  54.  c.  19.  4.  4.).  Cette 
indicatiori dit  Winckeimann  , peut  fervir  á fixer 
ráse  de  certaines  ftatues.  Nous  remarquons  á 
quelques  figures  i d’une  exécution  trés-favante  , 
que  les  cheveux  & Ies  poils  font  groupés  en 
petites  boucles  cr epees  & rangées  par  étages ; les 
cheveux  de  ces  ilstiies  fsat  travailíés  djns  le 


CHE 


jr.éme  gout  que  oeux  des  véritables  figures  étruf- 
ques.  Dans  le  fallón  du  palais  Farnéfe  fi  fe 
trouve  deux  llatues  exécutées  de  cette  maniere. 
Qiioique  rangées  parmi  les  plus  belles  qui  foient 
á Rome,  elles  ont  cependant  les  cheveux  tra- 
vaillés  dans  ce  ílyle  gene , ce  qui  prouve  un 
fyíléme  requ  qui  s’étoit  écarté  de  la  nature.  Je 
remarquerai  au  furplus  qu’il  y a beaucoitp 
de  figures  des  meilleurs  rems , dont  les  cheveux 
font  traite's  avec  aíTez  peu  de  foin  : je  citerai , 
par  exemple  , Niobé:,  fes  fiis  & fes  filies.  Comme 
Pythagore  fut  le  premier  qui  termina  les  cheveux 
avec  plus  de  liberté,  on  peut  croirc  que  les  íla- 
tues  dans  Ies  deux  gentes  ^ foit  avec  des  ckeveux 
dans  le  goác  étrufqus,  foit  avec  des  cheveux  d'un 
travail  moins  fini , ne  fauroient  avoir  été  faiteft. 
aprés  ¡e  tems  de  cet  artille.  11  faur  done  qu'elles 
foient  du  meme  tems , 011  qu’elles  remoñtent  plus 
haut  : de  cette  induction  nous  tirerons  la  proba- 
bilite  que  lé  groupe  de  Niobé  peut  étre  aítribué 
plutót  á Scopas  qu'a  Praxitéle.  =3 

Cn  peut  done  reconnoitre  en  general  les  figu- 
res étrufoues  & du  premier  ftyle  des  Crees , aiix 
cheveux  longs,  & aux  poils  des  parties  naturelles 
que  les  Crees  des  ages  fuivans  n’exprimpienc 

p¡US‘. 

Des  cheveux  travailíés  au  trépan  annoncent  le 
tems  de  la  décadence  de  Tart. 

« Que  les  cheveux  iongs  íc  partagés  fur  le  haut 
du  front  en  deux  touíFcs,  difent  les  auteurs  de  U 
nouveüe  Diplomatique  ,,aicnr  été  a la  mede  íous, 
la  premíete  dynaílie  de  nos  Rois , c elt  un  fait 
certain,  ” Ceíí  la  coatume  des  rois  des  Franes 
" dit  Ágathias,,  auteur  du  vP  líécle  , de  ne  fe 
5=  f-iire  jamais  couper  les  cheveux  : toute  leur  cke- 
« velare  leur  defceiid  décemmeiit  fur  les  epaules. 
« C'eft  une  marque  & une  prérogative  d'hon- 
« neur  attachées  a la  famiiie  royale.  Leurs  fuiets 
” fe  font  couper  les  cheveux  en  rond , & il  n£ 
33  leur  eíl  point  du  tout  permis  de  les  lanTer  croi- 
=3  tre  davantage.  33  Le  roi  les  ponoit  trés-lonss  , 
fes  enfans  & fes  parens  de  méme;  & la  nobleiTe 
á proportion  de  fon  rang.  Le  peuple  étoit  plus 
ou  moins  rafe  ^ & Ies  ferfs  réroie.nt  torrdemert, 
du  moins  parmi  les  Bourguignons ; mais  Thomme 
payant  tribuí  ne  l’écoit  pas  tout-á-fait.  Hoye^ 
Chevelus.  33 

. « Pepin  & Charlemagne  mépriferent  les  che- 
veuxlongs  Síñottans.  Le  dérnierles  porta  courís, 
& fut  imité  par  fes  fucceífeurs.  En^  effet , -es 
tetes  des  rois  cario vingiens  impnmees  íur  .es 
feeaux  , dont  le  P.  Mabiilon  avoit  vu  un 
nombre  , offrent  des  cheveux  tondus  en  ron^  . Se 
qui  ne  paffent  pas  les  épauíes-  33 

cc  On  recommen^a  fous  Hugue-Capet  a porter 
les  ckeveux  plus  longs.  La  mode  des  longues 
ckevelures  s'accrédita  ce  plus  en  plus  jufqu  au* 
rrúlieu  du  xiie  fiéde.  Elle  déplut  alors  aux  eve- 
ques  j & devint  une  affiire  áe  religión.  Les  tas- 
ques qui  iaiífoient  croitre  leurs  cheveux , turej.t 

excoüununietf 


CHE 

«rcommuniés  en  plufieurs  provinces  de  France. 
La  crainte  de  rexconimunicadon  & de  Te  rendre 
coupables  d un  péché  imaginaire  ^ fi:  tant  d'im- 
preflion  fur  Ies  efprits  , que  Henn  IL  roí  d'An- 
gleterre,  & Louis  le  Jeune , Roi  de  France , 
firent  couper  leurs  ckeveux  & ceux  des  feigneurs 
<ie  leurs  cours.  Néanmoins  Philippe-AuguRe  Se: 
Louis  VIII  portérent  encore  des  ckeveux  longs  ; 
niais  depuis  S.  Louis  mchifivemcnt  jufqu  á Louis 
XIII  j nos  rois  ne  les  ont  portes  que  fort  courts. 
Les  ckeveux  de  S.  Louis,  de  Charles  V.  de  Louis 
XII,  reís  qtfon  les  voit  dans  leurs  portraics,  fur 
Ies  fceaux  & leurs  monnoies , ne  palTent  pas  le 
lailieu  du  col.  <*  Sous  Louis  XIII  la  mode  chan- 
■=»  gea 5 comme  il  aimoit  les  ckeveux-,  dic  Saint- 
» Foix , on  luí  fit  plaiíir  de  les  porter  longs. 

Ce  changement  embarraíTa  les  courtifaas  5 ceux 
>•  de  la  vieiil’e  cour  , qui  étoient  á demi-rafés , 
“ rurent  contraints , pour  fe  mettre  a la  mode  , 
**  de  prendre  des  loins  ou  perruques.  II  eft  furpre- 
” nant  qa  une  coelfure  aufli  commode  que  la 

perruque  , & qui  étoit  íi  commune  parmi  les 
M Grecs  & les  Romains , n’ait  été  en  ufage  en 
* France  que  depuis  le  régne  de  Louis  XIíí.  » 

CHEVRE,  Cet  animal  étoit  reveré  á Mendés 
en  Egypte.  II  y étoit  défendu  á'en  tuer  aucune, 
parce  qu’on  croyoit  que  Pan,  la  grande  divinité 
de  cette  ville , s'étoit  caché  fous  la  figure  d'une 
^hevre.  Auífi  le  repréfentoit-on  avec  une  face  de 
chevre.  Les  chévriers  étoient  auffi  en  grand  hon- 
neur  dans  ce  pays-lá  : fur-tout  un,  dit  Hérodote 
(íVz  Euterpe)  , á la  mort  duquel  on  faifoit  un 
grand  deuil.  Pendant  qu'á  Mendés  on  avoir  de  la 
vénération  pour  les  ckevres , & qu"on  n'y  immo- 
loit  que  des  brebis  } dans  la  T-hébaide  , au  cen- 
iraire.  Ies  viélimes  ordinaires  étoient  des  ckevres, 
& on  y refpcéloir  les  brebis. 

« Dans  un  pays  de  plaine , dit  M.  Paw,  & 
tnéme  dans  une  terre  marécageufe  comme  celle 
du  Nóme  Mendétique  , les  ckevres  ont  pu  fournir 
un  poil  propre  au  commerce  , & non  un  aiiment 
fort  fain  : auíS  s’en  abílenoit-on  dans  toute  Pé- 
tendue  de  ce  Nóme  & dans  fes  environs.  La 
Thébaíde,  qui  eft  un  pays  de  rochers  & de  mon- 
tagnes  , ou  ces  animaux  pouvoient  pakre  dans 
des  déferts  moins  humi^es  , on  permettoit  de  les 
tuer  & de  s’en  nourrir.  II  y a des  endroits  en 
Europe  oü  la  loi  a été  jufqu’au  point  de  défendre 
aux  habitaos  d’entretenir  des  ckevres , qui  font 
de  grands  dégács  dans  les  foréts  & les  pépi- 
niéres  > ot  on  ne  voit  pas  que  cette  loi  ait  paru 
aíTez  génante  pour  qu’on  ait  penfé  férieufeinent 
á s’en  plaindre  Le  chancelier  Thomas  Morus 
dic  que  jamais  I’Angletcrre  ne  fue  plus  prés  de  fa 
turne,  que  quand  tousles  propriéíaires  vouiurent 
y ivoir  des  treupeaux  de  moutons  , ce  qui  oc- 
caíibnna  d’abord  une  dépopulation  extréme  dans 
íes  campagnes , & fit  enfin  manquer  de  pain 
jufques  dans  Londres.  II  eft  done  avantageux  que 
Anxiquilés  ¡ Tome  I, 


CHE  r-n 

le  légiílateur  veille  fans  ceíTe  fur  toutes  ces  cho- 
fes  , qui  ne  font  ni  au-deíTous  de  !ui,  ni  indignes 
ae  lui.  Si  Ies  monumens  des  Egt'ptiens  n’ étoient 
pas  cquverts  de  tañe  de  ténébres  , peut-étre  y 
verroit-on  quelle  a été  leur  pólice  á cet  égard  ; 
car  on  ne  fauroit  diré  que  la  fuperílition  feuie  les 
giudoir.  M 

On  immcloit  auífi  des  ckevres  blanches  á Apol- 
Ion  (Lzv.  hb.  ly  c.  12.),  parce  que  cet  animal 
avoit  découvert  á Delphes  l’ouverture  d’un  antre 
fur  laquelle_  la  Pythie  étoit  obligée  de  s’afleoir 
pour  recevoir  le  foufHe  divin.  La  ckevre  étoit  auífi 
une  viaime  agréable  á Junon-Aerata  , ainíi  qu’á 
Pan  & a Diane.  Júpiter  chériíToit  la  ckevre  Amal- 
THÉEfFbyfj  ce  mct.).  Les  Jetes  facrifioienc 
tous  les  ans  une  ckevre  blanche  aux  manes  d’Ho- 
mére  , parce  que  cet  animal  avoit  découvert  le 
tombeau  du  chantre  d’Achille.  Les  Lacédémo- 
niens  {Xenopk.  in.  Republ.  Lacedim.)  Ies  Celtes 
iJElian.^  Var.  Hifi.  1.  12.  c.  23.^  avoient  cou- 
turne  d’immoler  une  chevre  , lorfqu'iis  étoient  ea 
préfence  des  ennemis. 

Un  paífaged’Eudoxe,- alteré  par  Ies  copiftes  & 
rapporté  par  Athénée  9.  p.  392.)  , a faic 
croire  que  Ies  Phéniciens  offroient  des  cailles  ea 
facrifice  á ílercule  , parce  que  ce  héros  , fiis  de 
Júpiter  & d’Añérie,  ayant  été  tué  par  Typhon, 
fut  rappelé  á la  vie  parlolaiis,  qui  lui  préfenta 
une  caille  á flarrer.  Mais  le  favant  Jablonski  3 
prouve  fuffifamment  qu’il  falloit  fubñituer  des 
ckevres  aux  caüles  , & lire  dans  le  pafiTage  d’Eu- 
doxe  au-lieu  de  'ífrvyit;  & «fi-aya, 

Cet  oryx  eft  la  chevre-mambrine , ou  ckevre  dll 
Levant , commune  en  Egypte  , en  Lybie  , &c. 
On  fait  d’ailkurs  que  les  Égyptiens  immo- 
loient  des  oryx  á leurs  divinicés  vers  le  tems  de 
l’équinoxe  du  printems. 


II  étoit  défendu  á Rome , au  Flamine  de  Júpi- 
ter , de  manger  de  la  ckevre  , de  la  toucher  & 
méme  de  prononcer  fon  nom.  Plutarque  ( Qusfi. 
Rom.  109.  ) donne  pour  raifon  de  cette  défenfe 
le  mal  caduc  auquel  on  croyoit  les  ckevres  fujet- 
te_s. 

"Cerré  incommodité  n’empechoit  pas  que  Ies 
bergers  & Ies  chévriers  ne  s’habillaffenr  de  leurs 
peaux  5 que  Ies  Arabes  - Scénites  ne  fiífent  des 
rentes  avec  leurs  poils  , que  les  matelots  n’em- 
pioyaffent  ces  mémes  poils  pour  former  le  riíTa 
des  voiies  de  vailTeaux , &c.  Feftus  Avienus  (/« 
ora  mariti. ) dit  que  les  Efpagnols  en  faifoient  le 
méme  emploi : 


Hirts,  hic  capelU  , & multas  ineotis  capa' 
Dumofa  f emper  Ínter errant  cefpitum. 
Cafirorum  in  ufum  & naaticis  velamina  , 
ProiuBioreS  & graves  fetas  alune. 


On  irouve  dans 
Stofeh  (7®  h 


la  colleclion  du  barca  de 
. 43.)  un  jafpe  rouge,  fur 


Fffff 


77§  CHE 

IcGuei  font  quatre  ckevres , placees  de  maniere 
c!rc¡!es!)'ontqa’unereiüetétecornniuneauxcu?.tre. 
jDeux  d'entr’elles  font  couchéeSj  & Tune  d'eiles 
aüaite  fon  cheTreaa.  Au  revers  de  cette  pierre 
font  gravees  ces  caraéléres  bifarres  Smxiaf.  Sur 
une  páte  antique  de  ¡a  méme  collefíion^  on  voit 
un  Faune  qui  trait  une  ckevre , deííin  commun 
íur  Ies  pierres  gravees.  Mais  ce  qu°il  y a de  fort 
extraordinaire  ^ eft  dV  voir  le  Faune  avec  la  tete 
d’un  bouc  ^ & ia  ckevre  avec  celle  d'une  femme. 
Ce  n’eñ  peut-érre  qu’un  caprice  du  graveur. 

Chevre  (on  voir  ordinairetnent.  une)  fur  les 
médailles  en  Macédoine. 

CHEVREAU  j vidiime  la  plus  agréable  au  dieu 
Faune  & aux  autres  divinités  champétres. 

Les  anciens  regardoient  le  ckevreau  comme  un 
manger  trés-déiicat  , Se  ils  en  fervoient  dans  lés 
repas  les  plus  fplendides  {Atken.  L i.  c.  i.  l.  c. 
6.  /.  9.  c.  3.  13. ).  Juvénal  vante  (Sat.  xi.)  la 
bonté  d’un  ckevreau  du  territoire  de  Tivoli. 

CKEVREüIL.  Les  anciens  en  fervoient  dans 
les  repas  5 & Athénée  en  fait  mention. 

CHIA  j furnom  de  Diane.  Elle  fut  ainfi  appe- 
lée  du  cuite  qu"on  lui  rendoit  á Chio  ^ ou  elle 
aveit  un  temple  & une  ílatue  célebres.  On  difoit 
que  cette  rtatue  regardoit  aVec  févérité  ceux  qui 
entroient  dans  le  temple , & avec  fatisfaéiion 
ceux  qui  en  fortoient.  Si  ce  n’étoit  pas  un  pref- 
tige  foutenu  par  la  crédulité  & la  funerfiinon, 
on  peut  Fexpliquer  par  une  illufion  d'optique  que 
produifoit  pour  ceux  qui  entroient  un  proíil  fé- 
vére  3 & pour  ceux  qui  fortoient  le  profil  riant 
de  cette  ñatue:,  pofée  vraifemblablement  á i’un 
¿es  cótés  du  portique  d’entrée. 

CHlEiS.  Cet  animal  étoit  confacré  á Mercure  ^ 
comme  proteñeur  des  bergers.  On  immoloit  le 
ckien  á Hécate  8c  á Mars  chez  Ies  Cariens.  La 
chair  des  ieunes  chiens  étoit  réputée  íi  puré  , 
qu’on  l’oífroit  aux  dieiix  en  facrifice  j dit  Pline  , 
& qu’on  fervoit  de  la  chair  de  chien  dans  Ies 
repas  prepares  pour  Ies  dieux  mémes.  Les  ckiéns 
étoient  en  grand  honneur  dans  f Egypre  j mais  la  ¡ 
vénération  des  Egyptien-s  diminua  beaucoup  ^ 
felón  Plutarque  , aprés  que  Cambife  eut  rué 
Apis  5 & que  Tayant  jeté  á la  voirie  le'  ckien 
feul  entre  tous  íes  animaux  alia  fe  repaitre  de 
fon  cadavre.  On  gardoit  un  ckien  á Rome  dans  le  ! 
temple  d’Efculape.  Les  Romains  en  cruciñoient 
nn  tous  le'  sus  ^ en  punition  de  ce  que  Ies  chiens 
Fie  les  avoiiHt  pts  avertis,  par  leur  aboyement ^ 
de  farrivée  des  Gtuioisj  qui  afliégérent  le  Ca- 
pitole.  II  y avoit  un  pays  en  Ethiopie , dit  Elien  ^ 
dor.-t  les  habirans  avoient  pour  roí  un  ckien,  & ' 
ils  prencient  fes  cared'es  ou  fes  aboiemens  pour 
des  marques  de  fa  bienveillance  ou  de  fa  colére. 
Autour  du  temple  confacré  á Vulcain  fur  le  mont 
Etna , :i  y a des  chiens  facrés  ^ dit  k jnéme  ‘ 


C H I 

I Elien,  qui  Sattent  de  !eur  queue  ceux  qui  apoto- 
cnent  moueírement  & avec  dévotion  du  temple 
^ du  L-ois ; mais  qid  mordent , dévorent  ceux 
dont  ;es  raains  fofit  fouiüées  de  auelque  forfait 
& chaffent  les  hommes  & les  femmes  qui  y 
viennent  pour  des  intrigues  amoureufes.  Enfia 
Íes  Harpies  font  appelées  les  chiens  de  Júpiter 
p^arce  qu  il  s’en  fervit  pour  chátier  Phinée.  Voye\ 
Canícule^  Erígone  3 Eélape  3 Procris. 

Les  Egyptiens  fculptoient  en  demi- relief  des 
‘^hiem  á la  porre  de  ieurs  temples,  pour  marquer, 
dit  Kircher,  la  vigilance  dont  ils  font  le  fymbole^ 
& que  doivenr  avoá  les  princes  dans  le'gouver- 
neaient-  Strabon  dit  que  Ton  adoroit  des  chiens 
dans  la  viile  égyptienne  qui  portoit  leur  nom, 
dans  Cynopolis. 

«11  eíl  trés-faux,  felón  M.  Paw,  que  Ies  chiens 
aienr  perdu,  aprés  I'invafion  des  Perfes,  í’eílime 
des  Egyptiens  3^ comme  Plutarque  le  foutient  ; 
car  lis  ne  dévorérent  point,  ainfi  qu’on  le  croit. 
Apis  bleííé  par  Cambyfe , puifque  les 
Pretres  firent  embaumer  cet  animal , qui  mourut 
long-tems  aprés  cette  bieíTure  dans  fon  temple.D’aifi 
Ieurs  Ies  Perfes  avoient  plus  de  vénération  pour  les 
chiens  que  les  Egyptiens  mémes,  comme  on  peut  le 
conclure  non-feulement  des  coutumes  des  Pariis 
étabiis  aujourd’hui  aux  Indes , mais  encore  des 
ordres  donnés  aüx  ambafíadeurs  de  Darius-No- 


thus.  Ils  enjoignirent  de  la  part  de  ce  prince  aux 
Carthaginois  de  ne  plus  manger  des  chiens  comme 
tant  de  Cynophages  de  FAfrique  } & les  Sophé- 
tins  promirent , au  nom  du  fénat , de  faire  renon- 
cer  le  peuple  á cet  aliment  (Juftin:  Hift:  lih.  xix. 
cap.  r.y,  Cet  ufage  fingulier , qui  devint  l’objet 
d’une  négociation  , intéreíTóit  done  beaucoup  Ies 
Aiages.  ^3 

« Par  le  défaut  de  tranrpíration  , dit  encore  M. 
Paw  \Reck.  r.  i.  p.  ií2.).  Ies  chiens  font  fujets, 
au  Levant  & dans  les  Indes,  á la  lépre,  a la  rage 
& á la  gonorrhée  ; il  femble  done  cu  on  auroit 
dú  y avoir  pour  eux  encore  plus  d’horreur  que 
pour  les  cochens.  Mais  c'eíl  rout  i-e  contraire  : 
les  qualités  morales  du  ckien  Tavoient  emporté 
fur  fes  indirpoíitions , & ii  étoit  au  nombre  des 
premiers  animaux  auxquels  les  Egyotiens  aienr 
rendu  un  cuite.  Au  reftc  , ce  feroit  faite  tort  aux 
lamieres  des  préires  , de  croire  qu’xls  ont  á cet 
égard  ignoré  le  danger , puTqu’ils  avouoient 
eux-mémes  que  ceux  qu’on  chargeoit  d’em&aii- 
mer  Ies  chiens  facrés  , lorfou’ils  étoient  morts  de 
l’hydrophobie  ou  de  I?.  rage  , en  contraítoient 
une  maladie  & en  devenoient  fplénétiques  , üii- 
vant  l’exDreflion  grecqiie , employee  par  le  tra- 

ducleur  d’Orus-Apolion  C Jí/cro^/y/.ézíiz  , lit:.  i. 

cap.  38. )-  Mais  ces  embaumeurs  n’étoient  pas 
admis  dans  la  premiére  ciaíTe  facer.Ictale , com- 
pofée  d’hommes  prefque  inaccefíibles  , & dont 
Ies  précautions  étoient  extremes.  Au  refíe  , cí% 
accidens  n’éroient  pas  fort  ccmmuns,  loríque 
les  Egyptiens  entretenoien:  les  chiens  avec  beaur 


C H í 

eaup  de  foin  ; mais  auiourd’hiii  que  !es  Tures 
^ Araoes  les  nourriíleiit  mal  j prefque  rous 
ceux  qu’on  voit  en  Egypte  fon:  atteints  plus  ou 
moms  d'une  íbrre  de  leprei  » 

Clément  d Alexandiie  (Strom.  j.  p.  f6j.)  dit 
que  le  ciñen  étoit  confacré  á Ifis  en  pardcuüer  , 
& que  Ton  en  phecit  deux  au  fond  du  vafe  qui 
^diquoit  la  crúe  du  INil  ^ pour  défigner  Ies  deux 
hcmiipneres  - & la  garde  qubn  ieur  en  avok 
confiée.  Diodore  de  Sicile  (/ió.  i.)  donne  ur^e 
autre  raiíbii  de  cette  confécration  á Ifis ; il  ia 
trouv^e  Qans  la  compagnie  iidéie  que  le  cklea  tint 
pendan:  qu'elle  cherchóle  le  corps 
d Oiins  tue  par  l yphon.  Cbíl  pourquoi  ^ ajoure- 
t-n  j on  fiiifoit  marcher  des  chiens  devane  les 
pompes  ddfís. 

Ees  Grecs  & les  Romains  dreíToient  leurs  ekíens 
avec  foin.  Jíénophon  rfa  pas  dédaigné  d’entrer 
dans  quelque  détail  fur  la  connoiíTance  & fur 
l-educat!'(3n  de  ces  ardmaux.  Gratius^  poete  latín, 
ks  a^  chantes  dans  fon  Cynegeücon.  Les  Grecs 
laifoient  cas  des  chiens  indiens , locriens  & fpartia- 
tes.  Les  Romains  regardoient  Ies  moloíTes  comme 
íes  pms  hard!S5  Ies  pannoniens,  les  bretons  , les 
gauiois , les^acarnaniens , &c.  comme  Ies  plus 
vigoureux  j Ies  crétois  , les  étoliens  , Ies  tofeans 
&c.  comme  les  plus  intelligens ; les  belges,  les 
íicanibres , 8cc.  comme  Ies  plus  vites.  Le  chien 
de  Xannpe,  pere  de  Péneles,  étoit  célebre  dans 
i antiquite.  Son  maítre  s'étant  embarqué  fans  iui 
pour  Salamine , cet  animal  fe  precipita  dans  Ies 
eaux  fuivit  le  vaiñeau  á la  nage. 

Les  anciens  confioient  la  garde  de  leurs  portes 
á des  chiens , qui  furent  appelés  á caufe  de  cela 
canes  ofliarzi.  On  les  attachoit  avec  une  chame 
dans  le  logement  des  portiers , comme  nous 
l’apprenons  de  Suétone  ( Vit.  c.  ló.  n.  4.)  .•  Con- 
fagit  in  cellnlam  janitoris  , religato  , pro  foribus 
cañe.  Plante  appelle  une  porte  gardée  par  un 
chien,  mordax  jan.ua.  Souvant  au-lieu  de  chien, 
on  fe  contentoit  d^écrire  fur  le  logement  du 
portier  : preñez  garde  au  chien , cave  canem  ; 
Se  C Petrgn.  c.  29. ) Ton  peignoit  auíu  quelquefois 
fur  la  muraiüe  uu  chien  enchainé  : Ád  finiftram 
intrantibus  non  longe  ab  ofiiarii  celia  canls  ingens 
caleña  'cmcius  in  pariete  eral  picius  , fuperque  qua- 
drata  litera  feriptum , cave  , cave  caxem.  Cette 
expreffion  devint  proverbiale , & ¡bn  sbn  fer- 
v!t  pour  défigner  queiqa'un  que  Ton  ¿evoit 
íuir. 

On  confioit  aux  chiens  !a  garde  du  Capitole 
( Ciccr.  pro  Sext.  liofc.  c,  10.)  ....  Canes  alun~ 
lur  m Capitolio  , ut  Jlgnificent  , fi  fares  venerint. 
Maís  üs  s’en  acqaiiteren:  mal  lors  de  Lt  venue 
des  Gauiois ; & on  les  en  puniíToit  tous  ¡es  ans, 
«omme  nous  i’avons  dit  plus  haut.  Les  temples 
furent  auíli  confies  á la  garde  de  ces  animaux 
(.r^rnob.  VI.  p.  20 j.)  ; Indigna  res  , & petentiam 
defirií-ens  , auciorztatemque  , fummjrum  cufiodiarn 
numinum  canutn  jolicitudinicii.s  credere. 


C H I 


779 


La  rencontre  imprévue  d'un  chien  noir  étoit 
regardée  comme  un  mauvais  augure  ( Terent. 
Pkonn.  IV.  .•  IntroUt  in  sdes  ater  alienas 

canis.  C étoit  encore  plus  dangereux  de  rencon- 
trer  une  ckienne  pieine  ( Horat.  Od.  iil.  zj. 


Impíos  parrs  recinentzs  ornen 
Dacac  & prsgnans  canis. 


Les^  aboiemens  noélurnes  de  cet  animal  jetoient 
auíTi  la  coníternation  dans  les  efprits  (Dio.  xlv. 
p.  278.). 

On  fe  fervit  quelquefois  des  chiens  dans  Ies 
combats.'Aíyattes , roi  de  Lybie  , Ies  employa 
pour  chaíTer  les  Cimmériens  de  TAfie. 

Le  chien  étoit  une  viciime  agréable  aux  lares 
& aux  penares  ; & fouvent  leurs  fiatues  font 
revétues  de  la  peau  de  ces  animaux.  Les  llores 
couvroient  aufli  leurs  teres  avec  les  dépouilies 
des  chiens,  pour  défigner,  felón  Athénée  ( l.  14.), 
ia  fervitude  abjecle  ou  les  avoisnt  réduits  les 
Lacédémoniens. 

Les  mémes  Lacédémoniens  avoíent  coutume. 
de  couper  un  chien  en  deux  motceaux , Se  de: 
paíTer  religieufement  entre  ces  deux  parties  déchi- 
rées,  pour  fe  purger  de  quelque  críme'  iPlatarc. 
Qasft.  Rom.  til.).  Tite-Live  í¿ib.  40.  c.  6.)  8c 
Quinte-Curce  {lib.  10.  c.  9.)  attefíent  que  dans 
certaines  féres  appelées  Xantiques,  ¡es  rois  de 
Macédoine  faifoient  déñier  leurs  foldats  entre  ¡es 
deux  moitiés  du  corps  d^un  chien  , pour  en  faire 
le  dénombrement  & pour  Ies  purifier  de  leurs- 
crimes. 

La  paffion  de  quelques  anciens  pour  Ies  chiens 
fut  '1  grande,  qifils  Ieur  éievérenr'destombeaux ; 
tel  fut  entrbutres  Fempereur  Hadrien.  Spartien" 
( c.  20. ) dit  dé-  iui  : Equos  & canes  íic  amavzt  , 
ut  eis  fepalcra  confiituerct.  On  les  jetoit  quel- 
quelois  fur  le  bucher  de  leurs  maitres  (^Plín. 
Epzfi.  IV.  z 3')  •'  Üubebat  puer  canes  majores 

minorefque oranes  Regulas  circa  rogum 

trzzcidavit. 

Les  anciens  faifoient  fculpter  des  chiens  fur 
leurs  tombenux  , foi:  pour  en  reprefesirer  le  gar- 
dien,  foit  pour  expri.mer  la  íidéüté  culis  avoient 
gardée  dans  le  mariage.  Trimalclon , dra-is  Pétronc 
icap.  71.)  donnant  le  deíiin  de  fon  tombeau  ,- 
recommande  á Fouvrier  de  placer  rapetire  chier.ne 
aux  pieds  de  fa  fiatae. 

“ Jbi  declaré,  dit  le  comte  de  Caylus  <.JpKec. 
V.  pl.  XXII.)  , plus  d’une  fois  ¡ron  fentimenc 
fur  Fexcés  auquel  ¡es  Romains  ont  pouiTé  I2 
recherche  & ¡a  repréfentation  des  petits  animaux 
exécutés  en  bron/.e.  Ce  goút  étoit  u fort  en 
eux , qu’or:  en  trouve  autant  de  ceux  que  FEu- 
rope  Ieur  fourniíToir,  que  des  aiitres  páreles  du_ 
monde.  Quelques-unes  de  ces  efnécesde  chiens, 
que  i’ai  rapponces  en  plufieürs  endroits  de  ce 

F f f f i ij 


7Sc  € K I 

recHei!  ^-prouvent , ce  me  femblej  que  l‘amure- 
jnent  S-:í'  habitiide  decespetitsobjets  coñduirolent; 
íbüvent  Íes  Romains  dans  cetts  recherche  3 & 
que  la  fuperítition  n'étoit  pas  toujpurs  leur 
niorif.  Ce  dogue  avec  fon  coilier,  en  eít  une 
prciivs.  K 

II  prouve  que  fon  efpéce  étoit  connue  des 
anciens.  Mais  le  iévrier  eíl  Fefpéce  de  ckk?z  quhis 
cnt  repréfenté  ie  plus  fcuvent  j fur-tout  pour  faire 
¿es  anfes  de  vafe. 

Sur  un  bas-relief  de  la  Villa- Albani , publié 
dans  les  Monmentí’  A'nticki  de  Winckejixiann  3 on; 
Toit  un  ckiert  place  au-deíTus  du  tonneau  de 
Diogene.  CVtoit  le  fymbole  des  philofophes 
cyniques  ; & Ton  en  avoit  placé  un  fur  une  co- 
lonne  de  marbre  qui  étok  éíevée  fur  le  tombeau 
du  méme  Phiiofophe, 

'Lts.  ckiens  étoient  en  particulier  ractribut  de 
Diane3  de  Méléagre  j & des  autres.divínkés  atnies 
¿es  chaiTeurs  Se  de  la  chaífe-., 

Kicias  & Leucon  {Antkol.  l.  6.  c.  i.  Ep.  t.  p, 
41 1.)  fe  rendirent  célebres  par  la  vérité  ¿es  chiens 
qu'iis  fculptérent. 

Anubis  eft  repréfenté  ordinairement  avec  une 
tete  de  chien.  Cbft  ainíi  que  Fon  voit  á la  Vilja- 
Aibani  & au  pa,lais  Barberini  3 une  petite  figure 
affife  ayant  une  tete  fembiable  j elies»font  Fuñe 
& Fautre  de  granit  ncirátre.. 

Winckelmann  ( Colhch.  de  Stofek  , i®.,  cihjle , 
n'’.  103.)  fait  obferver  á ce  fujet  quejes  ehré-, 
í'ens  grecs  du  moyen  age  repréfentoient  S.  Chrif- 
íophe  avec  une  tete  de  ¡.k/ea  3 comnae  le  dieu 
Ánabis  , pour  montrer  que  ce  faint  étoit  du  pays 
des  Cynocéphales  (Pin.  Commentar.  Vit.  S.  ehrif- 
tpph.  §.  6.  ir,  AB.  SS.  Anu  FüL  vol.  vi.  pag.  137.). 
II  paroit-  ayee  cette  tete  dans  les  peintures  d'un 
sncien  Ménologe  de  bois  , qui  de  !a  bioliothé- 
que_du  Marquis  Capponi  3.  eíl  paffée  dans  ceile  du. 
V^tícan. 

Chien  (on  volt  un)  fur  les  médailles  des  Ma- 
asertins  3 da  Matonee  3 de  Ph^ñus  3 de  Roma , 
de  Ségeíle  , de  Nucrinurn  Sr  de  Tyr.  Lorfque  ce.t 
animal  paroit  auprés  d''une  coquille3  il  indique 
la  ville  de  Tytj  auprés  de  iaquelle  le  ekíen  d’Her- 
cule  ayant  naange  des  mar  ex  ,,  revint-  avec  le 
mufeau.  teint  de  pourpre  3 & fit  connoitre  cette 
belle  couleur. 

Le  chien  d’ÜIyíTe  eíl  placé , comme  le  fymbole 
de  la  fidéiité3  fur  une  médaille  confuláife  djrgent 
de  la  famiile  Mamilia.  On  y voit  d’un  cóté  la  tete  • 
de  Mercare  couverte  dUspétafe  & ie  caducée ; de 
Fautre  un  homme  en  habit  de  voyageur , appuyé 
de  ¡a  main  gauche  fur  un  long  báton , tendant 
la  drene  á un  chien.  qui  feinbie  le  reconnoitre 
& s’approcher.pour  le  careífer.  C’eñ  Faventure 
d’Ulyñe  chantée  dans  FOdylTée.  Cette  médaille  3 
dont-lajégende  eíl  c.  MAMIL.  liMEXA.j  a été 
reflituée- par  Trajan. 

CKiBN-de-mer  3.  requin  j lamie  ou  carchariasi 


C H T 

Lycophron  Sí  Fhaverin  appellentHercule  Tpírst- 
fasj  le  dieu  aax  trois  nuits-3.parGe  qu’on  difoitqa* 
Neptune  vouian:  fe  venger  du  fils  d’Aicmíne  , 
avoit  fait  brifer  Ies  vaiíléaux  quii  avoit  amenes 
pour  bruier  TroyCi  & envoyé  un  chien  de  roer 
qui  Fengloutit  lui-méme.  Hercule.  paita  trois 
jours  & trois  nuits  dans  ce  fépulcr-e  YÍvant3  d’ou 
ii  fortit  cependant  fain  & fauf 3 n ayant  perdu  que 
res  cheveux. 

CHIEinNE.  On  trouve  dans  GruterCyyS.  5.) 
I’épkaphe  d’une  efclave  de  Livie  , qui  étok  chai-? 
gée  du  foki  de  fa  petite  cMehne  : 


OSSA 

AUK.ELIA.E.  UVIAE.  AüG 

1 

SER.  a'.  CüR.  CATELLáE 
AURELIOS.  ERGS 
OSTIAR 


' CHIFFES  ■)  3 • 1 ^ 

CHIFFONS  f (papíei^a*-)- 

a- Si  Fon  s’en  rapporte3  difent  les  auteurs  áe 
la  nouvelie  Diplomatique  j au  P.  du  Halde  3 « en 

» Fannée  de  Férc  chrétienne un.vieux  man» 

» darin  du  palais mk  en  oeuvre....,- de  vieusc' 

» morceaux  de  pitees de  chanvre  déja  ufé...... 

» dont  il  forma.....  du  papier.  " C eíl  fur  1 -auto— 
rité  d’un  iivre  chinois  qu'il  s’appaie.  1.  p.. 
^np.).  Un  autre  Iivre  3 intitulé  Soag  kien  tchi  poa,, 
’ qui  traite  le  mtéme  fujet , dit  que  dans  la, 
province  de  Se-tcku-en , le  papier  fe  fait  de. 
chanvre.  Kao-Tfong,  troiíié.mé  empereur  de  la.. 
; grande  dynaíhe  des  Tang3  fit  faire  un  excelient- 
papier  de  chanvre.  Csfait  une  fois  bien  conílaté, 
il  faudroit  chercher  chez  Ies  Latins  I’origine  du- 
papier  de  ckife.  On  auroit  tout  fujet  de^  croire- 
que  de  la  Chine  cette  découverte  fe  feroit  com- 
muniquée  aúx  peuples  voifins , de  proche.  en 
proche  5 que  des  Sarrafins  elle  feroit  paífeé  aux- 
Grecs  , & des  Grecs  aux  Latins  du.tems  cíes  croi-. 
fades.  Car  quoique  chez  les  Grecs-  & Ies  Arabes- 
on  ne  treuva  psut-étre  alors  que  du  papier  de. 
coton  3 Ja  fabrique  de  celui  de  chiffe  eíl  á-peu-prés  la. 
mémej  & il  étoit fort aatiirel  de-fame  e.-s  Occidenc 
des  vieux  larabeaux  de  Unge  le  méme  ufags  qu  on 
faifeit  en  Orient  de  ceux  de  coton.  » 

« La  plupart  des-  gens  de  lettres  font-  remon- 
ter  parmi  nous  Fin  ventian  oala  fabrique  du  papier 
de  chifé , au-delá  de  fix  cents  ans.^Tons  s auto- 
rifent  d'un  témoignage  de  Fierre  le  Vénera..le. 
( Eihlioth.  Claniac.  p.  1070. ) ..  abbe  de  Clunyj  . 
dans  fon  Traite  contre  les  Juifs.  « Les  livres, 

» dit-il  3 que  nous  lifons  toas  les  jours  3 font  faits 
” de  peau  de  bélier  3 ou  de  bouc  3 ou  de  veau  3 
5=  ou  de  plantes  orientales  3 ou  de  chijfc.  Ex  rajarzs- 

» Ces  derniers  mots  3 felón 

Bernard  de . Montfaucon , fignifient  alíurémen^'S.- 


C H I 

papíer  td  qixe  nous  l’employons  aujourd’hiii.  II 
y done  des  livres  au  xii=  iiécie.  Mais 

iíafrfi  entená  les  paroles  de  Fierre  Mauricsj 
non  du  papier  de  ckiffe^  mais  du  papier  de  cocon 
(Ij^or.  Diplom.p.  77.  ; j paree  que’pour  le  faire 
on  mettoit  en  ceuvre  les  iambeaux  des  habits  de 
cette  étoíFej  comme  on  le  fert  aujoiird'hiii  de 
ceux  du  linge  pour  la  fabrique  de  notre  pa- 
pier. « 

“ Le  P.  Hardoain  prérendoit  avoir  vu  des  inC- 
trumens  ancerieurs  au  xiii®  fiécle  en  papier  de 
ckiffe  y mais  Maffe»  ne  craint  pas  d’avancer  qiFil 
1 a confondu  avec  le  papier  de  coton.  A prendre 
Ies  termes  a la  rigiieur  en  croiroit  que  la  meme 
ehofe  feroií  arrivée  au  célebre  Muratori.  Qiioi- 
» que  noiis  prononcions^  dit-il fans  héliter  que 
notre  papier  vulgaire  a commencé  des  ie  x'=  íié- 
“ clCj  nousagírons  avec  plus  d’aíTurance,  íi  nous 
» en  diíFérons-  Pufage  plus  fréquent  au  xi=  lié- 
“ ele.  » Ne  femble-t-il  pas  attaeher  rim-ention 

Papier  de  ckiffe  au  x'-  íiécle  ^ & fon  ufage 
ordinaire  au  liécle  fuivant  ? Mais  fon  papier  vul- 
gaire  eíl  le  papier  de  coton.  Car  c’eft  ainíi , felón 
luí  j qLui  fíat  d’abord  nommé  á moins  qu’on 
E entende  par  chana  bombyeina  le  papier  de  ckiffe. 

Ji  defere  á Taatorité  de  Bernard  de  Montfaucon 
jufqa’á  faife  remonrer  avec  iui  l’origine  de  ce 
papier  au  liécle  j,  fans  prétendre  fe  prévaioir 
de  ce  qub'í  n’avoit.  jamais  trouvé  de  manuferit  du 
méme  papier  plus  ancien  que  ie  xii«  liécle.  Or , 
le  P.  de  Montfaucon  étoir  bien  éloigné  de  placer 
I ufage  du  papier  de  ckiffe  au  x=  liécle ^ íi  ce  iféll 
en  tant  qu’ii  droit  fon  origine  du  papier  de 
coton  5 luí  oui  declare,  que  quelques  reckerckes 
qu  il  air  faites  ^ tant  en  Italie  qu  en  F ranee  , il  na 
jamais  va  ni  livre , ni.  feuille  de  papier  tel  que 
nous  r employans  aujourd'kui , quz  ne  fút  écrit 
depuis  S.  Lcuzs  ( Mém.  de  V Aerad,  des  Injcript. 
t,  p.  Edit.  Holl.^.  “ 

« MafFéi  femble  vouloir  rapprocher  encore  plus 
de  notre  tems  finvention  ^ & méme  l’ufage  du 
papier  de  ckiffe.  En  Iralie  , dit-iíj  oú  Fart  de 
fabriquer  ce  papier  eíl  né  ^ je  ne  me  fouviens 
point  d^en  avoir  vu  de  plus  ancien  que  le  xive 
íiécle  j & il  ne  m'eíl  point  pallé  par  les  mains 
d'aéie  en  cette  matiére  d'isne  antiquité  plus  recu- 
Iéej_que  lacharte  donnée  par  Tévéque  de  Vérone 
en  1367,  pouraccorder  finveítitiure  de  certaines 
dimes  á Gregorio  MafFéi.  D'Hérouval  avoit  décou- 
vert  & fait  voir  ( de  re  Hipl.  p.  39. ) á D.  Mabil- 
lon  du  papier  de  ckiffe  3 plus  vieux  au  moins  d’un 
demi-liécle.  Cétoit  unekttre  de  Joinviile  á Louis 
X3  ou  le  Hutin.  » 

« L’abbé  de  Godwic  s’explique(  Chron.  Godwic. 
hb.x.  cap.  I.  n.  2.  y'  en  fort  peu  de  mots  fur  Je 
papier  de  coton  & le  papier  de  Quelques- 

uns  3 dit  - il , rapprochent  Tufage  du  papier  dé 
ckiffe  au  XI'  fiécle  3 quelques  autres  au  xii'j 
íaute  d avoir  , felón  nous  3 diítingaé  le  papier 
de.  coton  de  celui  de  ckiffe  Nous  crovons 


C H I 


d^^i^  que  3 u:age  de  ce  dernier  rut  a peine  érab!;' 
a\a.it  e XiV'fiecle  j quoique  nous  ne  prérendions- 
temoignages  rapporlés  par  iu, 
Mao.^mn  3 iort  eciaire  tlaas  ces  íbrres  de  maíié- 
^ retr.onterie  papier  de  ckiffe  jaC- 

qu  a J XII  ^ iiecie.  L aurear  de  la  nouveüe  üioio- 

ti_.3.e_le  Aeneraole  3 interpréte  par  Henrf  de  Va- 
° atieres  monumens  que  des  manuferits  de 
la  fin  du  xiii'fiede.  Gudenus  per.íé  a-peu-ptés  de-- 
3m^nie  , Syd/oge  v_arzor^Dip¿omat.  Pref.  pag.  1.) 
ui  qui^ne  fait  point  remouter  les  commenceme^s- 
de  1 uage  au  papier  de  ckiffe  au  déla  de  Fan 
iZoO.  ccLes  Arabes  ayant  íbumis  FEgypte  & 
loríente  dit  Juvenel  ( Effais  fur  rUiJi.  des^ 

» Bell.  Lett.  des  Sciences  cí  des  Arts  3 feconde 

17440  p.  3 31- y de  Cadeneas  3 
5’  íubítituerent  a 1 ancien  paoier  celui  de  ckiffons 

” 0“  i portérenten  Efoagne,, 

» & de-la  le  répandirent  en  Allernagne  au  com-- 
« mencement  du  xiv'  liécles  _c  eíl  de  ces  peuples’ 

” que  nous  tenons  notre  papier^  » Cec  écrivain 
nous  auroit  fait  plaifir de  citer  fes  garantsi  car  xuous- 
ne  voyons  point  que  Fufage  du  papier  de  ckiffe 
foitplus  ancien  en  Efpagne  ni  en  Alfemagne  qu  en' 
France3  ni  que  nous  le  tenions  plutót  des  Arabes 
que  des  Grecs.  » 

ce  Quoique  perfonne  n’ait  encore  ofé  fixer  au- 
juñe  le  tems  auquel  commenca  Fufage  de  notre 
papier  3 on  ne  peut  recular  fon  invention  plus 
tard-  qu’au  xiii'  liécle  , ai  fon  ufage-  ordinaire 
au-delá  du  xiv=.  Mais  on  ne  s’en""eíl  prefque- 
jamais  fervi  quand  on  a vouJu  dreíiér  des  ¿ctes^ 

. aiii  devoient  erre  tranfmis-  á une  pcílérité  lorr- 
éloignée.  » 

« Des  le  XV'  & méme  des  le  xi  v'  liécle  3 on 
avoit  reconnii  I'inconvénient  qu’il  y avoir  de 
confier  Ies  acles  publics  á du  papier  de  cAffe. 
Ceíl  pourquoi  dans  les  diplomes  ou  priviléges3- 
par  lefqueis  les  empereurs  donaoient  3 á ceux 
qu'iis  élevoient  á la  ’dignicé  de  comte  , ie  pou- 
voir  de'  creer  des  notaires  3 o.n  inféroit  cette 
daufe  : a condition  que  les  notaires  écriront  ¡es 
acies  pubiies  fur  dü  parchemin  j & non  pas  fur 
des  cartes  raclées  ou  fur  du  papier  : ¿n  membra- 
nis  & non  in  chartis  abrafis  .nec  vapyro : ou  bien^. 
non.  in  papyro  nec  chana  veteri  & aérafd  , féd  in- 
membrana  mundá  ií  nava.  Le  papier  dont  on  défen-- 
doit  Fufage  daiis  les  aétes , n'étoit  pas  diíFérenc 
du  notre.  II  fembleroit  néanmoinsj  á enrendre- 
HerriuSj  que  les  empereurs  d’Aiiem.agneauroient 
que¡quefois3  maistrés-raremest.  donnédes  dipló-- 
mes- en  ce  papier  (Dijfen.  de  Diplomat.  Germ, 
Imperatorum  & Rcgum:,p.  16.  ).  5= 

Jafqu'á  17623  Fépoque  de Finyention  du  papier' 
de  ckiffon  en  Europe  étant  demeurée  fort  incer-- 
taine  3 Meerman  propofa  Un  prix  de  25-  ducats 
a celui  qui  préfenteroit  le  plus  ancien  monumentt 
écrit  fur  cette  efpéce  de  papier;  & il  pubiia  un’ 
programme  larin  3 dans  lequei  ii  expofoit  fem— 


C H I 

/ 

Híairement  les  opinions  de  plaíieurs  autears  fur 
ce  point  hiftorique.  Excites  par  ce  programme  , 
Ies  favans  firent  des  recherches  ^ envoyérent  á 
Meerman  des  méir.oires  en  forme  de  iettres oú 
chacun  diioit  fon  avis , citoit  les  monumens  ; 

& le  recüeil  de  toutes  ces  piéces  fnt  imprimé 
á la  Haie  , chez.  Yan-Daalen  , en  1767  , 

Aucun  des  memoires  dn  recueil  ne  determine  préci- 
fément  que!  eft  ie  monument  connu  le  plus  anclen 
qui  foit  ¿cric  fur  du  papier  de  ckzjfon  ; mais  i!  eít 
démontré  que  fon  a fait  ufage  de  cette  efpéce  de 
papier  avant  Taniiée  ijco.  Nous'renvoyons  au 
recueil  de  Meerman  j & nous  ne  mettrons  fous  les 
yeux  de  nos  ledteurs  , qu  un  précis  de  ce  que  dit 
lá-deíTus  M.  Tabbé  Andrés  j tom.  I.  pag.  202  & 
fuivantes  ^ de  fon  excellent  ouvrage  ^ imprimé  á 
rimprimerie  royale  de  Parme  , en  1782  , , 

fous  ce  titre  : de  ¿‘origine  , progrejjl  e flato  actúale 
d‘ogni  litteratara. 

Aprés  avoir  indiqué  les  plus  anciens  monu- 
inens  écrits  fur  papier,  qui  exiñent  foir  en  France , 
foit  en  Efpagne;,  M.  Pabbé  Andrés  aflure.que  le 
papier  de  íbie  fut  fabriqué  trés-anciennement  en 
Chine  Se  dans  les  parties  orientales  de  fAue  ; 
que  de  la  Chine  Fufage  en  a paifé  en  Perfe  en 
éj2  , & á la  Mecque  en  706.  Les  Arabes  fubíti- 
tuérent  á la  foie  le  cotcn  , plus  comm-un  dans 
Jeur  pays.  Le  papier  de  coton  fe  répandit  en 
A frique  & en  Éfpagne  parjes  Arabes  j qui  s’en 
fervirent  jufqu'á  ce  que  les  bfpagnols,  reconnoif- 
fant  qu’ils  pouvoient  íe  fervir  du  hn  , fort  com- 
mun  dans  le  royaume  de  V alence , imaginérent 
de  Temployer  pour  le  papier , au-lieu  da  coton 
qu’ií  falloit  tirer  de  fétranger.  Auíh  le  plus  anden 
papier  de  lin  fe  trouve-t-il  etre  celui  de  Xativa , 
de*Vaienee  & de  la  Catalogne.  .Les  provinces 
méridionales  de  TEfpagne  s'en  fervirent  plus  tard. 
De  TEfpagne  le  papier  de  lin  paífa  en  France , 
cu  nous  voyons  une  ietire  de  Joinvüle  á S.  Louis  ¡ 
inorr  en  1270,  & une  piéce  d'un  duc  de  Bour- 
EognCj  datée  de  1302,  toutes  deux  écrites  fur 
ce  papier.  De  France  il  paífa  en  Aliemagne  , ou 
en  le  trouve  en  13^^  ^ I32’2  5 ae-lá  en  An- 

gleterre  en  1320,  ou  en  I5^4'  A 1 egard  de  1 Ita- 
lie , conrrne  par  fos  commerce  avec  le  Levant 
elle  avoit  en  abondance  du  papier  de  coton  , 
eüe  fit  bien  plus  tard  que  i’Efpagne  S:  la  France 
ufage  de  celui  de  lin  , dont  la  fabrique^en  cette 
contrée  ne  suntroduiiit  á Padoue  & a i revife  ^ 
que  vers  le  milieu  du  quatorziéme  íiécle.  De 
maniere  que  fabbé  Tirabofehi  Se  d'autres  écri- 
vains  italiens  ont  été  aveuglés  par  1 arnour  de  la 
patrie  , quand  ils  ont  avancé  que  I Itaiie  etoit  ;a 
premicre  contrée  de  l'Europe  ou  Ion  avoit  em- 
ployé  ie  papier  de  lin. 

Tel  eft  en  fubftance  le  récit  de  M.  Andrés;  i!  en 
réfuíte  , comme  fon  voit  , que  fon  a fast  u.fige 
du  papier  de  lin  ou  de  chiflón  avant  f an  1 500;  mais 
il  fiut  convenir  que  cet  ufage  ne  remonte  guéres 


C H I 

plus  haat  que  fati  i2jo.  L’almanach  de  Gotha  , 
pour  fannée  1777  , dit,  a farticie  des  découver- 
tes  faites  en  Europe , que  ia  pius  ancienne  feiúiie 
de  papier  de  chiflón  eíl  de  1 3 1 9 5 5;  que  M.  Mure 
fa  trouvée  dans,  les  archives  de  Nur-emberg. 
Cette  feuiüe  de  i3i9eftpeut-étreiapLus  ancienne 
dont  en  ait  fak  ufage  e.n  Aliemigae;  mais  il  eli 
conñant  que  f Efpagne  a employé  cette  efpéce  de 
papier  avant  1519. 

CHÍFFRES  GRECS. 

« Les.  caracteres , difent  les  auteurs  de  la  nou- 
velle  Diplomatique  f r.  p.  yit.Jj  ¿ont  les 
anciens  fe  fervoicnt  pour  compter  & pour  abré- 
ger  les  noms  des  nombres  , for.t  de  véntables 
figles.  A fexemple  des  Hébreiix  j íes  Grecs  & 
les  Romains  donnérent  á leurs  iettres  une  valeur  , 
en  fuivant  fordre  que  chacune  tenost  dans  fal- 
phabet , ou  en  rendant  les  termes  numeriques 
par  leur  élément  initial.  Chez  les  Grecs  ^ par 
exempíe,  fl  eft  la  lettre  initiale  de  í»  pour^.-cs, 
qui  fignifie  an  ¡ le  ts  du  mot  Tsítlt , cinq  i le  A 
íiu  mot  ^íx.tt , dix.  L'h  vaut  cent , parce  qu  il 
commence  le  mot  , & f x iignifie  mihe , 

du  mot  Mais  en  qiiel  tems  s eíl-on  avifé 

d^aííisner  un  nombre  á chacune  des  Iettres . de 
f alphabet  ? Quel  eft  le  premier  des  ^ Grecs  qui 
s’en  eft  fervi  pour  coriípter?  En  general  les  uns 
attribuent  la  fcience  des  nombres  á IViercure,  ies 
autres  á la  déeífe  Numéiia  ; les  uns  a Abraham , 
les  autres  á Theiitdemon  , & ia  piupart  aux  Phe- 
niciens.  Mais  qn  ne  croic  pas  que  1 invention  des 
chiffres  remonte  á ces  premiers  tems.  L on  em- 
ploya  d’ábord  les  diíférentes  inñexions  & poii- 
tions  des  doigts , pour  íignifier  ies  differens  nom- 
bres. LMn  compra  encore  avec  de  petits  caiiloiiX  , 
calculi , & de-!á  les  termes  de  calcal  & de  calca- 
ler.  Yint  enfuite  finvention  des  ch  flresj,  dont 
Tite-Live  fait  (A  7.  c.  3.)  honneur  á Minerve__; 
ce  qui  fignifie  á proprement  parier  que  cet.  hn-— 
torien  n^en  connoiiToit  point  le  oremier  aULear. 
Platón  .fDí  Rep.  l.  7.  p.  697.)  & _S.  .Athana^^ 

( Adverf.  Gentes.)  iss  Qonnent  a ralamede.^in- 
dore.de  Séviüe^  & ie  vénérabk  Bede  en  ront 
auteurs  Pythagore  & Micomaque.  Or  ^ le  pms 
ancien  de  ces  inventeurs  vivoit  long-tems  ajires 
que  Cadmus  eut  apporté  ies  Iettres  en  ^Gr;,ce. 
Cependanc  le  Préfident  fiouhier  rflcis  it 

ter.  Dijfert.  ad  <calcem  Pals-ogr.  j p-  J 

fapoofe  c'Yelles  étoient  deja  numeriques  oi 
qu'eiles  y turen*  apportées.  Mais  ii  eít  beanc./im 
plus  probable  qu’elies  ne  le  dev'inrent  qu  <tpr?s 
que  f alphabet  grec  fut  compiec.  ^ 

«Dans  les  Iettres  forméss,  dont  1 i^lags 
iufou'au  XI-  fiéc'e , ¡es  cveques  de  a r..n-\, 
df-Mlemagne  err.ployérent  un  certain  nomuíe  u- 
Iettres  numérales  erecqués.  On  peut  yon 
colleaion  (LMid,  tom. 

Gonciies,  !a  valeur,  les  diverfes  ífgnihca  JO'y-S 
myiíére  de  ces  caraejéresj  au  ¡rmyen  áeiM'u. 


C H I 


Étrusques. 

^phabeto  etrufc.  pr^f.  pae.  ci.xii  in  ^ Uc 
Éf  no  fervoíent  de  lettres  pour  marqir 

xyí  ^ '“^^X2.,c'efrá-d¡re. 

& iri.-?  " XXXVIII.  Dans  le  premier 
& ie  deinier  nombre  IV  renverfé  a la  vaJeur 
de  cinq,  comme  chez  les  Romains. 

Roxíains. 

eouvSj? 'n-  de  la 

onr/rrn  '‘“Que  , que  les  Romains  , qui 

croi’-  rí./ compter?  Si  Ion  en 
fir-r*-  modernes  , les  anciens  Latins  ne 

rm.n  pas  ufage  des  lettres  numérales  , comme 

om-nfor '"r  ‘;?™’^iJi’ement.  Pour  étayer  cette 

M contre  laquelle  dépofent 

Daro¡es  ‘h  monumens  , on  allegue  ces 

^ ^r  •*'l-dore  de  Sáville^  qui  vivoit  au 
^ aaííOT  números  ad  Hueras  non 

Ví  '^nrT’^'  ^ excepte  exprelTérnent 

íí  > qui  vaut  un , & VX,  dont  la  figure  , dit-ií 
.arque  ja  croix  & le  nombre  dix.  z^.  Prifcien 
qui  vivoit  en  52 parlant  des  nombres  & de  la 
- . -ere  de  compter  des  GrecSj  dit  aue  les  Latins 
ies  ont  imites  d'aíTez  prés.  li  trouv'e  1 origine  & 

Ja  vaieur  des  cbiffres  romains  dans  Ies  nombres 
g-ecs.  La  lettre  L,  par  exemple , défigne  le  nom- 
D.e  de  cmquante  cliez  les  Latins,  parce  aue  chez 
Jes  anciens  Grecs  elle  fe  mettoit  pour  TN  , qui 
vaüt  -parcülement  cinquante  felón  leur  manié're 
ae  compter  3°.  Les  nombres  romains  fe  mon- 
trent  dans  les  infcriptions  du  premier  age,  & 
dans  Jes  plus  anciens  manufcrits.  On  sen  fert  pour 
dminguer  Ies  livres  dans  le  faraeux  Virgile  de 
fioiOTce,  ecrit  au  v^  Jiéde.  Jufouau  iv^  on 
empioya  le  caraSére  grec  C,  qui  eft  le  C carré, 
pour  marquer  le  nombre  centenaire.  L’ufage  des 
c/iijfres  lomains  ne  fut  done  point  introduic  dans 
les  tems  d'ignomnce,  comme  on  le  dit  dans  TEn- 
c>xIopedie  j d apres  quelques  modernes.-'  II  fe 
pfi'Jt  faire^  neanmoins  que  ces  cMjfres  ne  remon- 
a la  plus  haure  antiquité;  car  lorfque 
récnture  étoit  encore  rare  chez  ies  Romains, 

US  comptoient  les  années  avec  des  clous  , & la 
maniere  de  les  attacher  devinr  dans  la  fuite  u-ne 
edrémoníe  de  leur  religión.  35 

« Quand  Lufage  de  1 ecriture  fut  devenu  com- 
mun,ll,¡\'^iX,lL,]eC,leDSc;  TM  furent 
les  fpals  caradéres  latins  deílinés  á marquer  les 
nombres ; au-Iieu  que  dans  fhébreu , le  grec  & 

Jes  langues  d’Orier!t,toutes  Ies  lettres  font  numé- 
rales.  Cette  difette  de  ckifres  chez  les  Romains, 

•*£S  orilífTí»'.'  A — ^ t . ? 1 


C H I 785 

* de  kur  faire  ñgnifier  plufieurs  unités,  di.vaines  j 
cemames  ou  miliiers.Toutefois  on  ne  voit  sucres 
mmapuer  Jes  V & les  L,  mais  ies  I & Ies  X v 
luppleent.  Ces  íix  lettres  combinées  étoient  por^ 
tees  jufqu'á  cent  niille  , au-deffus  defquels*  on 
pretenu  que  les  anciens  Romains  ne  connoiííbient 
point  de  nombres.  Lorfqu’ils  tiroienr  une  lione 
fur  quelqu’un  de  leurs  cí/p-es  , ii  valoit  alors 
autant  de  tois  mille  qu’i!  renfermoit  d'imités  au- 
paravant.  Au-lieu  de  mettre  autant  d'Aí  cae  de 
miJJe  , lis  fe  contentérent  de  les  repréfenter  par 
autant  d’I  furmontés  d'un  barre.  Ainíi  ILXyiIlI 
valoit  mille  foixante-neuf.  Cette  barre  fur  TÍ  un 
peu  abaiíTée  forma  un  T,  qui  íigniíie  mili- 
Cette  lettre  renverfée  x a quelquefois  la  mime 
iignification.  La  lettre  X,  qui  deile-méme  ne 
%nifi,e  que  dix,  avec  une  barre  X vaut  dix  mille. 

1 L furmont^  d’une  ligne  défigne  cinquante 
mille,  & le  C cent  mille.  Ces  barres  ou  lignes 
iionfontales  furent  placees  d’abord  fur  les  ckif- 
/rej  pour  Ies  diftinguer  des  lettres;  mais  dans 
Ja  luiré  elles  ont  fervi  á diíHnguer  les  millié- 
mes. » 

« Lorfqu  on  écrivoit  plufieurs  unités , le  pre- 
mier & le  dernier  I étoient  proíongés  au-deílus 
des  autres  , co.mme  dans  IíiI  vir  , quatuor-v¿r 
Iiiril  V2R  ^ Jex-vir.  m 

“ Le  D feul  marque  ckiq  cent.  On  en  détacha 
la  ligne _ perpendiculaire  , d’oú  réfuíta  la  figure 
I 3 j qui  conferva  la  méme  valeur.  « 

L’M  tant  capitale  qu'onciale  no  fignifíe  mille  , 
parce  qu’elle  eft  la  premiére  du  mot"  mille.  Mais 
comme  onciale,  elle  s'eft  infenfiblement  changee 
en  ces  quatre  figures  CID,  CD  , OC,  m,  fans 
ríen  perdre  de  fa  valeur.  La  figure  00  paroít  plu- 
fieurs fois  dans  un  afte  de  Ravenne  de  i’an  44a. 
Les  copiñes  ont  quelquefois  confondu  tous  ces 
caraéléres  avec  Vm  , faute  de  connoítre  les  xap- 
portsqahls  ont  avec  Yo-,  onciale,  d’oii  i!s  defeen- 
dent.  Si  quelquefois  on  trouve  FL  entre  les  C 
comme  CLD,  cela  vient  de  Fignorance  des  co- 
piftes  qui , ayant  vu  que  FI  s'éléve  ordinaire- 
ment  au-deiTus  ds  cId  , ils  Font  pris  pour  une 
L. » 


^ donbler  , tripler , quadrup'er  leurs 
caracteres  nuxnériques,  felón qu'iis  svoient  befoi.n 


“ L"X  renverfé  fervoit  encore  de  mille.  Ainfi 
í^r<r>é  CCC.  XXCy,  veut  dire  trois  mille  trois 
ce.nt  quatre- vingt-cinq.  On  marquoit  quatre- 
vingt-dix  avec  un  X Se  un  C,  en  cette  forte  XC, 
parce  que  le  C figniíie  par  lui-méme  cent , & 
que  le  dix  X eft  une  diñraítion  du  cent.  « Air.ü 
» toutes  les  fois  qti’il  y a une  figure  de  moincre 
» valeur  deváiit  une  plus  haute,  elle  marque  qufil 
» faut  autant  rabattre  de  la  grande  figure , comme 
” IV',  quatre,  XL  , quarante,  Src.  » On  peut 
done  croire  que  les  ckipres  XXCV  figninent  feu- 
lement  quatre-vingt-cfnq.  Un  manuferit  de  V^enife 
práfente  cette  expreifion  XXC,  pour  marquer  le 
nombre  des  píeos  que  Pjine  denns  á Fobélifcus 


C H I 

erand  cirque  romain.  On  a auffi  decouvert  la 
ié^ie  iTianiére  de  chiíirer  XXCV  dañs  un  tres- 
beau  manufcrit  ce  ia  bibüothéque  du  Roí  > cotte 
6707  Ces  deux  manufcrits  , Fun  du  ix  & 1 aiitre 
da  'niefiéde,  ne  préfentenc  done  point  pour 
fobéi;''que  les  CXXV  pieds,  quon  lit  dans  les 
dditions  de  Pline.  Telleellen  gépérai  la  maniere 
¿ont  les  anciens  fe  fervoient  de  ieurs  letcres  nu- 
mérales. Dans  la  fuite  toutes  les  lettres  de  1 al- 
nhabet  latín  ont  été  prifes  pour  des  chifres.  li 
entre  dans  notre  deíTem  d’examiner  quel  ufase 
on  en  a fait  depuis  eax  dans  les  principales  con  - 
trées  de  1 Europe.  ” 

cc  Dans  les  anciens  manufcrits  on  écrjt  quatre 
par  IIÍI.  & r.on  par  IV.  On  lit  dans  Virg.ie  de 
Florence  , á ia  tete  du  quatneme  livre  de  1 fc.- 
néide  ; Indpit  lib.  lili,  ftliclter  ¡ Sí  a la  tete  du 
neuviéme  IVb.  y lili  feliciter.  Le  manufcrit  du 
Roí  4-884,  du  fiécle,  offre  le  nombre  qua- 

tre écrit  de  la  méme  maniere;  8c  le  nombre  neuí 
eft  rendu  par  VIIII , á moins  qu  il  n ufe  du  lix 
avtc  trois  111 , ce  qui  n eíl  pas  tare*  G.e  manu- 
fetit , ainii  que  les  autres_plus  anciens  , fe  íert 
de  rX  avant  l'L  pour  marquer  quarante.  Dans 
le  beau  S.  Hilaire  de  la  mém.e  bibliotheque  , 
on  commence  au  a8'  cahier  á marquer  les  íigna- 
tures  de  cette'forre  XXqlI.  Ainfi  l’épiféme  des 
-Orees  étoit  en  ufage  d«  le  V'  íiécie  dans  les 
fnanuferits  latins.  Celui  de  Sainr-Oermain-des- 
Prés  . n-*’.  1311  , écrit  au  vii^  íiécie,  préfente 
une  maniere  íuiguliere  de  compter  les  mois  Sí 
les  jours  de  l’annee-  On  lít  a la  page  deuxieme  : 
v7c.  dXXXl.K dec.IIIL^n.  FlII.Jd XFIIII. 


K j anuarias . feb . in  Ka  XXXII-  in  id.  XLIIII. 
Ce  qui  fignifie  que  le  mois  de  décembre  ají 
iours ; que  des  calendes  de  décembre  aux  nones 
il  y en  a quatre  , des  nones  aux  ides  8,  des  ides 
aux  calendes  de  janvier  19  ; Fannée  a au  jour 
des  calendes  de  février  jz  jours,  56  aux  nones, 
& aux  ides  44.  Tous  les  mois  & Ies  jours  d.e 
i’année  font  ainfi  calculés. 

« Les  manufcrits  emploientquelquefois  rJlong 
parmi  les  chipes.  Lcrfqu  ü eli  furmonté  d’une 
íiane  J , il  fignifie  mille.  Dans  le  rnanufcritdu  roí 
107  , le  nombre  des  yerfets  du  livre  ae  Judith 
eíl  défigné  par  JCCC  , ceft-á-dire,  mille  trois 
cent ; Sí  celui  du  livre  de  Tobie  par  J.  Les 
chipes.  Sí  fur-tout  les  I,  font  de  différent,e  hau- 
íeur  par  caprice.  Le  manufcrit  royal  5836,  Sí 
plufieurs  autres  en  fourniíTent  des  exemples.  .Au- 
iieu  du  V , on  marquoit  qaelquefois  cinq  I.  Ainfi 
écrit-on  le  nombre  cinquante-cinq  Lililí , dans 
le  manufcrit  de  l'abbaye  de  Saint-Germain  738  , 
¿u  VIH-  fiécle.  On  y voit  plufieurs  fois  une  partie 
de  ces  I écrits  en  deíTous.  Le  demi , femis , eft 
exprimé  par  une  S placee  a la  fin  des  autres 
chipes  XenS,  c’eft-á-dire,  quatre-vingt-douze 

¿emi.  Cette  S prend  la  figure  de  notre  5 dans 


C H I 


rancíen  Polyptique  de  l’abbaye  de  S.  Remi  de 
Reims.  Elle  fe  montre  jufqu  á quatre  fois  dant 
le  modéle  de  ce  manufcrit , publié  par  D.  Ma- 
billon.  Raban , dans  fon  livre  du  comput , faít 
figniíier  á ce  ckipre  , femis  ou  lix  onces.  II  eft 
difíicile  de  faire  quadrer  cette  fignificatioi^avec  cet 
endroít  du  polyptique  de  S.  Remi , ova  IlCVllS, 
deux  mille  cent  fept  oeufs  Sí  demi,  a moins  qu’on 
ne  Fentende  du  prix  auquel  la  redevance  de  ces 
oeufs  étoit  évaluée.  ” 


ce  L’ancien  manufcrit  des  loix  des  Wifigotlis  , 
raclé  pour  écrire  les  hommes  illuftres  de  S.  Jé- 
rdme , laiíié  appercevoir  une  fingularité , ea 
marquant  auífi  deux  cent  quatre-vingt-dix  ccixl, 
au-Iieu  que  nous  écrivons  CCXC.  Dans  le  ma- 
nufcrit 936  de  ia  bibüothéque  de  Saint-Germain- 
des-Prés,  les  canons  du  concile  de  Carthage, 
depuis  le  89  , font  auífi  chiftrés  de  la  forte  , 
Ixl.  90,  Ixli.  91 , Ixlii.  91,  Ixliii.  93 , Ixliiii. 
94,  Ixiv.  93  , Ixiq.  96.  Les  ckiffres  des  canons 
font  accompagnés  d’ornemens  noirs  , rouges  & 
verts , Sí  cela  quelquefois  a 1 alternative.  lis 
font  fouvent  entrelaííes  les  uns  dans  les  autres , 
Sí  fur-tout  Ies  X ; c’eft  ce  que  nous  avons  obferve 
particuliérement  dans  le  manufcrit  12.78  de  la 
méme  abbaye. » 

cc  L’abbé  Dubos  ne  connoiíToit  aucun  manufcrit 
de  l’hiftoire  de  Grégoire  de  Tours,  copie  du 
tems  des  rois  déla  premiére  race , ou  le  nombre 
des  années  fue  écrit  tout  aulotig.  II  y eft  tou- 
jours- repréfenté  en  chipes  romams.  Sous  la  le- 
conde  race  , on  avoit  coutume  , tant  en  Dance 
qu  en  Allemagne , de  dater  en  ces  mémes  chipes. 
Le  méme  ufage  perfévéra  conftamment  íous  la 
troifiéme  3 au  moins  jiifqu  au^xv^  ^ 

on  commenga  en  France  á méler  les  chipes  ro- 
, main  avec  Ies  chipes  arabes.  » 

cc  Les  anciens  chronographes  ou  emblemcS 
n’admettent  point  le  D au  nombre  des  lettres 
numérales.  Outre  les  preuves  que  nous  en  don- 
nons  á l’article  D , on  en  trouvera  d’autres  dans 
le  tome  fecond  des  variétés  kiftoriques  , phyjtquef 
& littéraires.  » 


« Les  anciens  Efpagnols  fe  fervoient  des  mé- 
mes Chiprés  romains  que  nous  ; mais  as  tire 
méme - tems  ufage  de  plufieurs  nombres  fingu- 
liers.  Remarquons  feulement  ici  en  gener  q 

i’X  de  forme  ordinaire  , qui  fignifie  dix  , g* 

le  nombre  de  quarante  , lorfqu  onajoute^^^^ 
haut  du  jambage  droit  un  demi-cercle.  ^ 
favans , pour  n’avoir  pas  fait  attention  a ce 
ajouté  d FX , ont  lu  fimplement  dix  . ^ 
devoient  iire  quarante.  Cette  mepri-e  a p 
des  anachronifmes  , qui  ont  donne  a^U  ^ . 
fer  divers  diplomes  de  fuppofition  Dan 
monumens  efpagnols  le  T vaut  mille.  - j .w 
en  donne  des  preuves  foüdes.  En  ajoutan 
points  fui  cette  lettre , elle  ne  ügni&s  p*u  q 


I 


C H I 

^0.  Néanmoins  D.  Mabillon  n’y  vol:  qüj  I’f íie5 
Romaias  , cas  deíigne  mille.  On  trouve  l’X 
Ibas  cetce  forme  ’í-  dans  un  adié  de  la  Polygra- 
phie  efpagnole , daré /¿¿i  era  DCCCC  L'i-  Vülí, 
c’eíí:  á-dire  ^ ■ie  i’cre  neaf  cent  foixante-neuf. 
C'eil:  á tort  que  dom  Jofeph  Peivs  routicnt  qubn 
Efpagne  on  n’écrivoic  jamnis  cinq  par  lííll.  La 
Polvgraphie  efpagnole  íourmr  des  preuves  de 
cetre  maniere  de  chnlirer.  Mais  ce  favant  béné- 
dicHíij  profeSenr  Jes  ¡angues  dans  racadémie 
de  Saíamanque  , a raiibn  d'aíTurer  que  les  cinq  í 
ayanr  queiqaetois  Icars  piedsrouinés  les  uns  vers 
les  autres  & entrelairés  , peuvent  iignifier  Vlil. 
Morales  dit  que  les  ísracicres  connus  dans  les 
titres  de  fa  natioa  fonr  l'L  & l’XL,  d’une  iigure 
un  peu  gothique.  Cu  refte  ^ le  chigre  romain  s'y 
eíl  mainrenii  jufques  dans  le  xv®  íiec'e. 

cc  Les  Allemands  ont  long-rems  ufé  de  chijfres 
romains,  a-peu  préscomme  on  faifoir  en  France. 
Dans  ces  ckiffres  ¡es  V en  pointe  fonr  beaucoup 
plus  fréquens  que  ¡es  L arrondis^,  ou  plurót  ¡es 
U obtus  par  le  bas.  Raban  réduit  á fept  les  let- 
íres  numérales  , qui  chez  les  Larins  , dit-ilj  ne 
fe  mulriplient  pas  par  elles-mémes  plus  de  quatre 
foss.  D.  Mabiiion  tournit  des  exempics  du  con- 
traire.  Wakher  a recaeilii  , dans  fon  Lexicón 
diplomatique  d'abréviations , Ies  figures  des  cAif- 
fres  uíítés  en  Allemagns  depms  le  vm®  íiecle 
juqu’au  XV®.  ” 

cc  Les  dates  en  ckifres  romains  farent  autre- 
fbis  d’un  ufage  pfefque  univerfel  j & elles  nbnt 
jamais  eré  enti^ement  abolles.  Les  lettres  numé- 
rales dans  les  manuferits  font  les  mémes  que  dans 
les  chartes.  Les  quatre  a níi  figurés  lili  font  d’un 
ufage  ordinaire.  Les  C & íes  M font  prefque 
autant  mult'piiés,  L’X  eít  répété  , quoique  rare- 
ment  ¡ jufqu’á  ííx  fois  pour  foixante.  Mais  les 
quatre  X font  aífez  communémenc  empioyés 
pour  quarante  & pour  quatre  vingt-dix  ^ quand 
ils  font  précédés  de  L.  On  trace  fouvent  une 
efpéce  de  kuit  arabe  OO  pofé  horifontalement 
au  íieu  de  l’M.  Dans  queiques  anciens  titres  Ies 
chiffres  font  marqués  á rebourSj  comnie  VíX  , 
C.u’on  a pris  pour  cinquante-neuf,  au-lieu  qu’il 
íígnine  XVL  Cette  maniere  de  chilTrer  revlent 
á ce!Ie-ci  : fexto  décimo  , au-lieu  de  décimo  fexto. 
La  date  de  l’an  de  rincarnation  milie  douze  eíl 
ainíi  exprimée  L X!I.,  dans  une  ancienne  notice 
des  archives  de  Jumiéges.  Dans  une  aiitre  l’année 
íoy4  eft  rendue  par  ces  ckiffres  ILIV.  « 

ce  Le  millléme  eíl  fouvent  omis,  fiir-tout  dans 
ie.:  chatres  & les  autres  monumens  de  France  & 
d'Efnagne,  Dans  un  diplome  original  dqPhiltppe 
1 , roí  de  France  , on  lit  anno  dominics,  incarna- 
íionis  LX.’^  ° Le  miiléfime  qu’on  a écrit  aii-deíTus 
eft  d’une  main  poftérieure.  Le  canulaire  de  Sou- 
ciiange  offre  une  charte  alnfi  datee  t Imperante 
domino  riofiro  Jtfu-Ckrifto  , anno  ab  Incarnatione 
ipfius  CXI.  & Ludovico  Rege  í rar-coTum  regnanti 
Antiqukés , Tc-me  I. 


C íi  I 75) 

anno  lili.  c’ert-Eáirej  l’an  MCXí,  la  quatrieine 
année  da  régne  de  Louis-le-Gros.  » 

“_?our  abréger  les  dates  , on  omettoit  encere 
p'uíieurs  autres  nombres  d’années  , 3c  fur-tout 
les  rentaines. , D.  Mabillon  le  prouve  par  une 
charte d’Efpagne  ainíi datée : ¿ra  d-jcarrer.te  LXIi. 
c’eit-á-dire  , dans  i’ére  DCCCLXií , fousle  régne 
du  roi  Alphonfe,  ce  qui  revient  á i’aa  de  Jéfus- 
Chriñ  8.54.  La  premiére  éJitiondu  livre  de  Gail- 
¡aunie  de  Paris  eft  datee  de  i’an  MLV,  quei- 
qu’eile  ait  para  en  MDLV-  Par  une  femblable 
omiíñon  des  centaines , la  lertre  d’Eiafme,  placee 
a la  tete  de  l’édition  des  ceavres  Je  S.  Cyprien, 
n’eft  datée  que  de  MXIX  , au-iieu  de  MDXlXh 
On  ne  manque  point  d’ex'emples  pour  montrer- 
qu’on  datoic  queiqaetois  feulemenc  de  i’annéc 
du  íiecle  couranr.  Les  éditiouS  cu  glcíTaíre  latín 
de  M.  du  Cange  , prodmfent  un  acte  daté  feule- 
ment  de  L'an  de  grace  de  notre  Seigneur  foixante-- 
quatre  pqno'iapiW  foit  certainement  de  13Í34.  Dans 
le  regifíre  A da  parlement  de  Paris  , fol.  1 recio , 
le  privüége  accordé  aux  écoliers  de  l’univeríité, 
porte  la  date  de  l’an  trois  cent  foixante  & íix. 
Ce  privüége  néanmoins  fut  accordé  par  Charles 
V en  1360.  Dans  un  arree  du  parlement  de  Tou- 
ioufe , il  eft  fait  mention  d’un  privilége  accordé 
aux  habitaos  du  Languedoc,  l’an  CCCCLXXXIII 
avanr  paques;  ce  qui  figniíie  l’an  1483-  On  he 
dans  un  manufcritde  rimitatson  de  Jéfus-Chnft, 
appartenant  á l’abbaye  de  Melk , qu’il  a été  achevé 
dit  Kiliani  34,  c’eft-á-dire  , le  jour  de  S.  Küien, 
l’an  1434  ; & dans  un  autre  anno  21  , ce  qui 
figniíie  1421.  Rymer  a piiblié  Ies  conventions 
faites  entre  lean,  duc  de  Normandie,  fiis  de  Phi- 
lippe  de  Valois.  & les  Normanás,  dans  lefquelles 
ceux-ci  s’obiigent  á fuivre  Je  duc  en  Angl-etcrre 
avec  quarante  miile  hommes , pour  faire  use 
feconde  fois  la  conquéte  de  ce  royaume.  L’aéte 
eft  daté  du  bois  de  Vincennes , ie  23  mars  l’an 
38  : il  eft  vifible  que  non-feu!ement  !e  milliéme, 
inais  encore  Ies  centiémes  ose  éte  om:s , & que 
les  conventions  ne  font  datees  que  de  i annee 
courante , c’eíl-a-  díte  , de  l’an  1 3 3 8.  « 

ce  II  eft  impomnr  d’obferver  que  les  anciens 
exprimoient  fouvent  les  nombres  par  des  comp- 
res ronds  , Se  qu’iis  paflbient  fous  filence  les 
nombres  impatfaits.  Cette  maniere  ce  compter 
n’eft  pas  rare  dans  les  livres  facrés.  On  la  trouve 
dans  les  monumens.  11  eft  certain  , Se  p.,r— 
fonne  ne  Pignore , que  les  peres  du  troifiéme  con- 
cile  d’Ephéfe  étoient  au  nombre  de  274.  Néan- 
raoins  la  feconde  profeffion  de  foi  , rapportée 
dans  le  Diurnum  Romanum , l’appeile  feulement 
un  concile  de  deux  cents  peres,  iucentorum  fanc- 
torum  patrum.  Selon  cette  maniere  de  compter  . 
l’éoitaphegravée  fur  le  tombeaudeChariemagne, 
porte  Gue  ce  prince  mourut  feptiiagenaíre,  c eft- 
á-dire, agéde  foixante-dixans.  Eginard , fon fecre- 
ta'ire  & fon  confident,  qui  rapporte  cette  inferip- 
tion  , ns  kifís  pas  de  dire  qu  li  mourut  dans  la 

Ggggg 


C H I 

je.  Cet  autear  n’a  pu  ignorer  l’áge  de 
.itre , donr  il  écrivoit  la  vie  ; Tépitaphe 
ic  fuivi  un  compre  rcnd  ^ en  donnanr  70 
á Charlemagne  au-Iieu  de  72.  Les  anciens 
-talognes  des  papes  ne  donnent  á Jean  XIII  que 
Áx  ans  onze  mois  Se  cinq  ¡ours  de  pontincat. 
Cependant  fon  épitaphe  porte  qifil  a tenu  le 
faint-ííége  pendant  fept  années.  D.  Mabillon  cite 
line  charte  de  Raonlj  évéque  de  Chálons,  datée 
delaXXVLannée  du  régne  deLorhairCj  quoique 
la  27=  courut  depuis  ie  mois  ¿‘oélobre.  C'eft  que 
pour  faire  un  compre  rond,  on  ne  mettoit  point 
enligne  de  compre  le  furplus  de  la  26-  année.  «La 
« plupart  des  hiftoriens  qai  onc  marqué  les  com- 
mencemens  du  regñe  de  Clovis  II  le  font 
M régner  les  uns  17  ans  & les  autres  18  ; & 
33  apparemment  ces  hiftoriens  s’accordent  en 
33  ce  que  ceux  qui  luí  donnent  18  ans  de  régne 
33  comptent  la  18-  qu°il  commenpa , 8c  les  autres 
33  ne  la  comptent  point.  =3  Cette  obfervation  fur 
les  années  caves  ou  incomplettes  ^ fert  fouvent  á 
concilier  les  dates.  II  eft  done  eíTentiel  de  bien 
examiner  fi  les  anciens  parlent  d’une  année  com- 
mencée , ou  d"une  année  acbevée  j ou  d'une  année 
qui  ne  fait  que  de  commencer  ^ ou  d’une  année 
qui  finir.  D.  Mabillon  trouve  quelque  rapport 
entre  la  fuppreflion  des  années  caves  ou  incom- 
plettes , avec  Tomi-ftion  du  milliéme  & des  cen- 
tiémes  , lorfqu’ils  font  precedes  d’aíTez  prés  par 
les  mémes  nombres.  Par  exemple , lorfqu^on  écrir 
ML  , ou  feulement  L , pour  lignifier  Tannée 
MCCCCL.  33 

cc  Quelque  commode  que  fut  Tufage  des  chiffres 
romains^ii avoit  auííi des  iñeonvéniens.  Lescopif- 
tes  y ont  fait  & y font  encore  mille  fautes.  Con- 
tentons-nous  de  quelques  exemples.  Une  lettre 
origínale  qui  eft  dáns  les  archives  de  la  cathédrale 
de  Clermontj  porte  cette  date  : faBa  carta  ipfa 
anno  III.  X.  regnante  Henrico  rege  Francorum.  On  a 
fait  íignifier  á ces  chiffres  trois  fois  dix  , 8c  en 
conféquence  on  a rapporté  cette  date  á Pannée 
MXXX  de  Jéfus-Chrift  j au-lieu  de  la  rapporter 
á la  XIIL  année  du  régne  de  Henri  1 5 & pour 
qufil  n'y  manquat  rien , ajoate  Ealuze  ^ on  y a 
ajouté  le  milliéme  qui  n°eft  pas  dans  foriginal. 
C’eft  par  de  femblab’es  bévues  qu'une  multi- 
tude  de  chartes  font  déclarées.fautives  dans  leurs 
dates.  Comme  les  deux  jambages  du  V fe  rap- 
prochent  & fe  confondent  fouvent  avec  le  nom- 
bre lí  5 les  copiñes  ont  pris  l’un  pour  Tautre 
L“h  carré  Sr  Pü  arrondi  par  le  bas,  ont  encore 
donné  lien  á un  plus  gi-and  nombre  de  méprifes^ 
a caufe  de  leur  reífemblance  avec  le  ckiffre  ÍI. 
Piine,  dans  Ies  anciennes  éditions,  affiire  que  de 
fon  tems  on  a vu  deux  éc'ipfes  en  XII  jours ; 
quoiqu'il  foit  naturellement  impoffible  que  cela 
arrive  en  fi  peii  de  tems.  On  croit  avec  beau- 
coup  de  fondement  qif  une  faute  lí  groffiére  doit 
étre  mife  fur  le  compre  des  copiftes  ignorans  ou 
peu  attentifs  ^ qui  ont  pris  Tu  ou  Tv  pour  II 5 & 


C H I 

' au-iiea  de  XV  ont  mis  XII.  D’aiíti'es  ayant 
tranferit  toar  au  long  ce  paiTage,  dont  le  chiffre 
: étoit  peut-étre  déjá  corrompu  , ont  mis  ¿aode~ 

; c:m  diebus  , au-heu  de  qaindecim.  Dans  le  méme 
I endroit  de  Pline  j le  troiliéme  confulat'de  Vef- 
paíien  eft  joint  au  fecond  de  fon  fiis  , en  dépi: 
de  la  chronologie  des  fañes  confulaires  ^ & de 
toiis  les  plus  hábiles  chronologiñes.  Ceft  encore 
une  faute  des  copiftes , qui  ayant  pris  Tun  ou 
Tautre  des  caraéteres  a ou  v pour  deux  IL  ont 
écrir  III  au-lieu  de  IV.  Ce  ne  font  pas  ici  de 
vaines  conjetures , Tautotité  des  médailies  & 
de  p'uíieurs  bons  manuferits , prouve  que  les 
nombres  de  Pline  ont  été  mal  rendus.  33 

« Ajoutons  á ces  remarques  , que  la  reífe.m- 
blance  apparente  de  TI  & de  TL  dans  les  chiffres 
romains  les  a fait  ip onfondre  plus  dMne  fois. 
Cependant  l'L  011  ¡¿'premier  des  L ¡orfeue  plu- 
lieurs  fe  fuivent,  domine  fur  les  autres  caraté- 
res  en  sVlcvant  plus  haut , & en  defeendant 
plus  bas.  LX  en  doit  étre  diftinguée  par  rinflec- 
tíon  qu'elle  forme  dans  fa  hauteur  & dans  la 
coiirbure  de  fon  pied,  tant  dans  les  manuferits 
que  dans  Ies  diplomes.  Elle  eft  cependant  quel- 
quefois  tournée  de  facón  qu’elle  approche  du  Z 
en  caraótére  italique.  11  faut  bien  fe  donner  áe 
garde  de  prendre  les  V pour  des  "S I ^ parce  que 
Tu  carré  en  écriture  curíive  femble  effetive- 
ment  oíFrir  aux  yeux  le  fix  romam  exprimé  par 
un  feul  caratére.  On  confond  auíTi  Ies  VI  avec 
¡es  V 3 á moins  qu’on  n’y  prenne  garde  de  prés. 
Nous  avons  déjá  averti  que  v ou  ^ 

des  Grecs , perd  un  de  fa  valejgr  dans  les  bas 
tems,  ou  il  eft  fouvent  employé  pour  le  y.  =3 
« Axjoutons  ici  quelques  remarques  fur  la  pone- 
tuation  du  ckiffre  romain.  Dans  la  ftícometrie  dti 
beau  manuferit  royalde  la  bibliothéque  vaticane, 
corté  IX,  ou  font  renfermées  Ies  épitres  de  S- 
Faul  , les  points  ne  font  pas  marqués  réguliére- 
ment  á la  fin  des  lettres  numérales.  Elles  font 
fuivies  d'un  feul  point  dans  Tancien  manuferit 
des  loix  des  Wifigoths  , que  nous  avons  décou- 
vert  fous  f écriture-  du  manuferit  1278  de  Tab- 
baye  de  Saint-Germain-des-Prés  Dans  les  mana- 
ferits  du  roi  <>413  & 3830,  les  nombres  en  chif- 
fres fontfuivis  de  points  en  forme  de  virgules. 
On  les  placoit  fouvent  avatit  & aprés  la  totalité 
du  ch'ffre  renfermé  dans  le  texte.  C’elr  ce  que 
nous  avons  remarqué  dans  un  diplome  original 
de  Charles-le-Chiuve , appartenant  á la  bibüo- 
théque  du  roi  : le  dix  y eft  ainíi  marqué  -X. 
Dans  le  code  théodofien  de  ¡a  meme  bibliothe- 
que,  corté  4403  .A.  il  y a une  écriture  démíon- 
ciale  du  vii^  liécle,  oü  les  nombres  fony fouvent 
renfermés  entre  deux  points  .1.  , á moins  qu  il 
n^y  ait  plus  de  quatre  cfáffres  de  futre.  Cet  ancien 
ufage  duroit  encore  au  xi‘  íiéc’e  , comme  il 
paroír  par  le*S.  Hilaire  des  Capudns  de  Tours  , 
ou  les  nombres  font  écrits  de  cette  forte  : -i- 
.IIJ.  .lUJ.  3. 


st 


C H I 

« iS’ous  ne  pouvoíis  déterminer  au  jañe^  quand 
en  a comrr.cencé  á mettre  i'o  & le  Cimo  fúr  ou 
aores  le  dernier  ckif.  e.  La  charte  ¿riginale  de 
L.iiideberc  I ^ I ac  , ofrre  cet  exempie  de  lo 
-'^ngaítin  , manufcric  de 
tgAíQ  de  Eeauv^ais  a dont  le  P,  Mabiiíon  a doiiné 
un  modéle,  eñ  Jacé  ÁSxl  J¡mo  patris  noftri  : 
ce  que  notre  favant  antiquair_-  entend  de  Colum- 
bp,  qui  vivoit  fous  Clotaii'e  il.  Une  bulle  ori- 
gínale de  Pafchal  ÍI  pour  Tabbaye  de  S.  Pierre- 

le-Yif,  exprime  ainíi  fa  date  : anno  SCIIII.  II 
íCiGir  riiperíÍLi  d accumuler  "ici  d^autres  exem- 
pxes  de  cecte  maniere  d écrire  Ies  nombres  ro- 
mains.  » 

Chihfres  Arabes. 

ce  Les  ckiffres  courans  , difent  Ies  auteurs  de  la 
noaveile  Diplomarique  , dont  toare  TLurope  fait 
aujourd  hui  un  fi  grand  ufaqe,  i emoortent  inS- 
niment  pour  1 aifance  Sr  ia  briéveté  ÍTur  ceux  des 
Romains.^  Mais  leur  origine  & Pépoque  de  leur 
introdudion  parmi  nous  font  encore  couvertes 
de^  tenebres , malgre  les  foins  que  les  favans  ont 
pris  d eclaircir  cet  objet  de  contro verfe  littéraire 
& diplomarique.  Eíl-ce  aux  i h^  cs  ou  aux  Latins, 
aux  Indiens  ou  aux  Carthaginois  , aux  Celtes  ou 
aux  Scythes  , que  nous  fommes  joriginaireroert 
redevables  de  rinílitution  de  cés  cara'éléres  nu- 
mériques  ? Faut-il  s’en  teñir  á I'opinion  du  vul- 
gaire,  qui  les  rapporte  immédiatemeiu  aux  Ara- 
bes ou  Sarraíins  ? Chacun  de  ce-s  ientimens  a fes  [ 
defenfeurSj  qui  font  tous  ou  prefque  tous  fort 
célebres  dans  la  république  des  lettrés.  ” 

ce  Beveregius  foutient  que  les  ck’ffres  arabes 
íiireat  inventés  parles  Indiens,  & répandus  dans* 
rOrient  píuíieurs  liécies  avant  que  l’Europe  en 
eát  connoiffance.  ce  Les  Arabes,  dit  le  P.  Coíla- 
dau  , les  ont  appris  des  Indiens  , comme  les 
Mauras  Ies  ont  appris  des  Arabes,  les  Efpagnols 
” depu«  quatre  cents  ans  feulement  ou  envi- 
ron. » Ce  fut  vers  le  x=  Léele  , fi  Ton  en  croit 
Kirker  , que  Ies  Indiens  les  comtnuniqiiérent 
aux  Arabes,  & vers  le  xiii=  que  ces  derniers , 
par  le  moyen  de  leur  phiiofophie  & des  mathé- 
matiques  , Ies  tranfmirent  aux  Efpagnols.  Le 
chiffre  arabe,  ditPabbé  de  Longuerue , eft  venu  des 
Brachmanes  , tres  - grands  arithméticiens  , aux 
Arabes  , qui  fe  fervoient  auparavant  de  ckiffres 
par  lettres.  Cette  origine  indienne  paíTe  commu- 
nément  pour  la  mieux  appuyée.  Riidbec,  Sué- 
dois , & Boxhorne  , Hoílandois  , ont  fait  tous 
leurs  eíForts  pour  la  revendiquer  en  faveur  des 
Scythes  établis  dans  le  Xord.  Mais  quelsque  puif 
fent  étre  les  fondemens  de  cette  opinión  , elle 
hA  plus  áujourd’hui  de  parcifans  parmi  les  gens 
de  lettres.  ” 

te  Don  Antonio  NaiTare  conjeclure  que  les  Ara- 
bes ont  pris  leurs  ckiffres  chez  les  Carthaginois 
©u  Afneains.  La  raifon  qu’il  en  donne , c'eft  o'Aon 
írouYá  pluiieurs  de  leurs  figures  dans  quelques 


infcnptlons  tyriennes.  Mais  quelle  eft  rancienne 
ecriture  nationale  , oü  quelques-  unes  de  ces  figu- 
res ne  paroiíTent  pas  ? Élles  fe  trouvent  dans  íe 
calendrier  égyptien,  pubüépar  Montfaucoa.  =c  alais 
” ce  n'eft  que  par  certain  hafard , dit  ce  favant 
” antiquaire  , qu  on  y voit  fouvenc  le  z , le  3 & 
” le  4 de  chffre , & qften  certains  endroits  , 
» comme  á la  colonne  fi.xiéme  , en  comptant  de 
” la  drorte  á la  gauche , ont  lit  fort  clairement  Sé 
« diftinét  ement  443.  iiz.  & 431, 

ce  Edouard  Bernard  veut  que  Ies  Grecs  aienc 
donné  Ies  ckiffres  aux  Indiens  vers  Pan  710  5 que 
des  Indiens  iis  aienr  palfé  aux  Arabes  vers  Latí 
8co  de  Pére  ehrétienne  ; & que  des  Arabes 
i's  foient  venus  aux  Efpagnols  vers  Pan  mille. 
ífaac  Voífius  & Huec , évéques  dPAvranehes  , 
les  font  auffi  fortir  immédiatement  des  Grecs, 
peres  de  toares  les  fciences  cultivées  par  Ies 
Latins,  » 

cc  Jofeph  Scaüger,  dans  fes  obfervations  fur  une 
tnonnoie  de  Conilantin , pubüées par  M.  duCange 
oppofe  a cette  origine  grecque  de  nos  ckiffres  y 
leslivres  d’aftronomie  & de  compres,  écrits avant 
& aprés  la  ruine  de  Pempire  de  Coiiftantinople, 
dans  lefquels  íes  nombres  font  exprimes  en  caraélé- 
res  grecs  & non  étrangers  Nous.  ne  remarquons 
en  efret  aucune  trace  de  nos  ckiffres  arabes  , ni 
dans  les  fupputations  du  Type  d'Iréne,'ni  dans 
les  compres  d’ Alexis  Comnéne  , pubüés  par 
Montfaucon.  Toute  les  fommes  Se  les  évaluations 
y font  écrites  par  des  abréviations  & des  carac- 
teres purement  grecs  , mais  difficiles  á déchiffrer. 
Huet  femble  avoir  voulu-  aller  aa-devant  d’une 
objeéiion  fi  forte , lorfqu’il  tejerte  fur  Pimpéri- 
tie  & la  négiigence  des  écrivains  , le  peu  de  ref- 
femblance  de  nos  ckiffres  vulgaires  avec  les  lettres 
niiraéraies  des  Grecs.  En  conféquence  il  ajouts 
& retranche  á la  figure  de  celles-ci.  Mais  malgré 
ces  opératio.ns  arbitraires  , les  rapports  des  uns 
avec  les  autres  paroitront  roujours  peu  naturels. 
Cela  n’a  pas  empéché  Ward  , profeíTeur  d’éio- 
quence  au  collége  de  Gresham  , en  Angleterre, 
d’embraííér  le  fyftéir.e  de  Huet.  Nos  ckiffres,  felón 
ledoñeur  anglois,  feront  venus  des  Grecs  : de  la 
Gréce  ils  feront  paíTés  aux  nations  orientales  par 
le  canal  des  Mauras  d'Afrique ; ceux-ci  les  auronc 
• apportés  en  Efpagne  5 de-lices  ckiffres  fe  feronc 
commu  ñiques  de  proche  en  proche  á tous  les  états 
d’Europe.  Aíalgré  le  mérite  des  défenfeiirs  de  cette 
hypothéfe , Porigine  indienne  de  nos  ckiffres  eft 
la  plus  accréditée  parmi  les  favans.  » 

cc  Vachter  s’eft  frayé  une  autre  route  pour  cié- 
couvrir  i’origine  de  nos  ckiffres  vuigaires.  cc  li 
prétend  cu^on  doit  la  cnercher , comme  cellc 
» des  ckiffres  romtins  * dans  la  diverfe  combi- 
33  naifon  des  doigrs  ; qu  ainíi  1 unite  a^ant  éte 
33  trouvée  dans  le  doigt  deoout , on  a repete  ¿ir 
33  varié  cette  figure , fPoü  font  venus  ces  carac- 
33  teres  t:  pour  denx  , n pour  trois , &c.  & avec 
33  le  tems  on  a formé  z,  3 , qui  répondeac  á ces 


,88  C H I 

^ combinaifcns  ds  doigts.  « Cetts  COTíjedlur^ 
relativemení  aax  figures  numérales  des  Grecs  & 
¿es  Romains  , fe  trcuve  dans  la  ^methode  de 
Fort  Royal,  & dans  une  multitude  d'autres  nvres. 
7¿zis  I’application  qa'on  en  fait  aux  ckzjfrcs  ara- 
bes  eít  toute  neuve.  Malheureufement  elle  n eít 
pas  moins  forcee  que  deílituée  d autorités  & de 

prcuves  folides.  » , 

« Dans  le  deífein  d'enkver  aux  Arabes  i hon- 
neur  d’avoir  inrroduit  nos  ckifres  , & poar  cou- 
cüier  les  divers  fentimens , D.  Calmet  forma  aii 
commencement  de  ce  íiecle  un  nouveau  f\  íterne , 

donr  il  donnalui-mémeleprécisdansfesrechercnes 

fur  Forigine  des  ckiffres  d’arkhmeuque  ^ inferees 
dans  lesmémoires  de  Trévoux.  « íes  cr.ijfres , dít- 
==  il  j donr  nous  nous  fervons  aujourd’hui  viennent 
« des  Latins:,  & font  des  relies  des  anciennes  no- 
« tes  deTiron^  que  les  Py  thagoriciens  avoient  pnfes 
» pour  la  facilité  de  leurs  demonílrations  d aritii- 
» métique.  “ Ceci  eíl  emprunte  üu  P.  AiabisioDj 
qui  trouvoit  beaucoup  ü aífinite  entre  nos  ckiffres 
modernes  8í  les  notes  tironiennes.  c'  Les  ancie^^s 
==  ckiffyes  des  Arabes tels  qu'on  les  voit  dans 
" Ies  manuícrits  du  xiii^  fiecle  j ajoute  D.  Cal- 
iTiCt , viennent  des  Grecs  , & ne  font  autres 
» que  les  lettres  de  Talpliabet  de  ces  derniers. 

EnSn  les  ckiffres  modernés  des  Arabes  font 
K peut-écre  venus  des  Indiens ; car  fur  ce  der- 
« nier  anide  nous  n'avons  point  de  preuves  bien 
« certaines.  ” Voilá  done  trois  fortes  de  ckiffres , 
& trois  origines  de  ces  ckiffres , fort  différen- 
les.  Les  preuves  donr  le  favant  bénédiclin  fe  fert 
pour  les  érablir  font  : ce  i°.  la  teífemblance  de 
« nos  ckiffres  avec  les  anciennes  notes  de  Tirón, 
& des  anciens  ckiffres  des  Arabes  avec  les  let- 
tres  grecques  j une  rradition  & un  ufage 
^ des  notes  anciennes  des  Larins  aans  tous  les 
=5  íiécles  jufqu’au  xiii  & xiV'^.  ” 

cc  Mais  en  confrontant  ces  ckiffres  , il  eít  aifé 
de  voir  que  ceux  dont  nous  iifons  auijoürd’hui , 
font  á-peu-prés  les  mémes  que  ceux  des  xiii  , 
XIV  & xv=  íiécles.  lis  nkn  font  pas  plus^  diffé- 
rens,  que  récriture  de  ces  bas  tems  différe  de 
celle  du  nótre.  On  ne  peut  pas  plus  dire  que  les 
ckiffres  vulgaires  des  manufcrirs  & des  irsferip- 
tions  des  trois  íiécles  marqués  ci-deífus  , foient 
tous  les  mémes  que  Ies  notes  de  Tirón , repre-' 
fentées  fur  la  planche  de  D.  Calmet.  Si  ion  y 
décoavre  les  2,  3, 9,  la  teífemblance  eñ  íi  lé- 
gére , qu’on  peut  bien  la  regarder  comme  Pefret 
d’im  pur  hafard.  D’ailleurs  Pufage  des  notes  de 
Tirón  ceffa  des  le  x-  íiecle  ; & i!  n en  refíe 
prefque  plus  aucun  veítige  dans  les  monumens 
depuis  le  commencement  du  xi^  íiécle  5 11  ce 
n'efl  le  7,  abréviation  d’& , Se  9,  autre  abré- 
viation  d’aí  , toutes  deux  trés  - fréquentes  dans 
récriture  latine.  Ce  nkft  done  pas  dans  ces  notes 
quhl  faüt  chercher  nos  ckiffres  vulgaires.  On  les 
trouveroit  tous  plus  facilement  dans  nos  ancien- 
nes écritures  , tant  minufcules  que  curíivés.  » 


C H I 

te  Notte  favant  auteur  di*  que  les  A.rabes  eurent 
des  ckiffres  bientót  aprés  le  ix=  íiecle.^  II  pré- 
tend  quils  prirenr  des  Grecs  ceux  qu’on  voit 
dans  Ies  manuferits  du  xiii".  11  s’appuie  unique- 
men*  fur  la  teífemblance  de  ces  anciens  cniijres , 
figures  dans  fa  feptiéme  colonne , avec  les  let- 
tres grecques  repréfentées  dans  la  iixicmc.  Aráis 
cetre  prétendue  teífemblance  ne  tombe  que  fur 
quelques  caraéíéres. 

« A l’égard  ¿es  ckiffres  nouveaux  des  Arabes, 
comme  ils  ne  reíTemblent  ni  aux  nortes , ni  au.c 
notes  de  Tirón , ni  aux  lettres  grecques , le  P. 
Calmet  veut  bien  en  abandonner  l origine  aux 
Indiens.  En  eíFet,  ks  ckiffres  de  ces  peupks  ap- 
prochent  beaucoup  de  ceux  dont  fe  fervent  á 
préfent  les  Arabes.  53 

cc  Quelqif  ingénseux  & quelque  recherene  que 
foit  ce  fyíléme , il  n’a  mil  fondement  folide.  La 
maniere  de  lire  & dkerire  des  Orientaux,  mon- 
tre  aífez  clairement  oue  nos  ckiffres  viugaires, 
tant  d'á-préfent  que  des  xiií_,  xiv  &:  xV'  ñe- 
cles , viennent  plutot  des  Indiens  & des  Arabes 
que  des  Grecs  & des  Laiins.  D,  Calmet  convient 
lui-méme  que  la  maniere  donr  nous  nous  fervons 
de  ces  ckifres , & fiir-tout  du  zéto , vieni  des 
Arabes , '&  que  Torfire  dans  kquei  nous  arran- 
gcons  ces  ckffres , cc  en  donnant  la^p.us  giande 
» vakur  a cefui  qui  etl  le  premier  ele  la  gauche 
=:>  á la  droite , & en  commencant  a lever  les 
= fommes  de  la  droite  á la  gauche , efí  conforme 
» á la  maniere  d'écrire  dcs  Arabes  : que  tout  ceia 

eft  de  Finvention  des  Orientaux......  & que  les 

» noms  ¿"algebre  ^ de  ckiffres  ¡ de  caicu  j e 
« tarif,  &c.  noUs  viennent  de  la  meme  íource.  ” 
Pouraupi  done  ne  leur  attribuerons  - nous  pas 
Porieíne  & les  figures  de  nos  ckiffres^  c\ii  íe 
lifent  de  gauche  á droite.  Le  xiii*  íiecie ou 
nous  eúmes  plus  de  commerce  avec  les  r.en 
taux  , eíl  cependant  celui  oú  nous  trouvons  moin» 
de  traces  de  nos  ckiffres.  “ Or , ajoute -r-n , ce 
» n’cft  pas  un  petit  préjugé  qu  ils  ne  fo.nt^  pa? 
» venus  á nous  par  le  canal  de  ces  peufues  , 
» comme  on  Pa  cru  jufqu  ici.  ” v_ependa.<t  1 i on 
confuiré  les  manuferits  de  France , tí’Angi^erre, 
TAllemagne  & dTtalie  , pour  favoir  qaand  on  a 
commencé  á fe  fervir  des  ckiffres  nommes  a..- 
bes  , on  fera  convaincu  que  oans  le 
Fufase  de  ces  íignes  éroit  deja 
les  chrériens.  11  faut  toujours 
Jofeph  Scaliger  , que  ces  ckii¡ns  ont 

nous' le  fort  de  Fccritare,  c’etr-a-dire  , - 

figures  n'ont  pas  moins  varié  que  cene 

P.  Papebrok  éroit  perfuadé  que  FuDge 
de  nos  ckiffres  a été  inconnu  apnt  les  ‘ 

En  1672,  Conringius  ne  leur 

cents  ans  dantiquite.  Le  r. 
comme  une  chofe  connue  de  tout  e^  avant 
que  ces  ckiffres  n'ont  point  ete  ¿y 

la  fin  du  xiii-  fiecle  , oa  le  commence. . 


C H I 


‘uivant.  « Scaliger  étoit  í!  conva.'ncu  de  leur 
“ nouveauté,  qu'il  afíura  quun  médaillon  car- 
" genr,  fur  leauel  ii  fat  confu’té^  ¿-oír  mcderne^ 

. ==  parce  que  ¡es  caradéres  254  & 25  r éroier.t 
’j  graves  deíTus.  D,  Mabillon  fe  contente  dé 
dire  que  i’ufage  en  fut  rare  avant  le  xiv^  ílécie. 
il  conviene  cependant  qi-fon  trouve  ces  chibes 
tíans  un  pent  nombre  de  manuferirs  plus  ancienc, 
qiu  traitent  de  la  gécmécrie  & de  rarithméci- 
q^ie  Ln  de  nos  favans  acadtmiciens  va  plus  ioin  • 
2 ^J^ge  des  ckíffres  atabes  , dit-il , ne  remonte  ras 
Pj-as  nam  qae_  le  xi V=/k/a.  Les  éditeurs  dii  glof- 
iS.re  ce  xAl.  du  Cange,  fur  le  moe  numérica  not¿í< 
avancent  pareiüement  qu  avant  le  xiy^  fécle  üs 
ecoient  laconnus.  D'autres  auteurs  ont  déféré  á 

Ja  fin  du 

Xiiií  uecle^  Inonneur  o'avoir  ¿té  le  premier  qui 
le  íoit  ferv!  de  ces  ckif-es.  Mais  nous  les  croyons 
f’":?,  ’ íans  néanmeins  erre  convaincus 

qu  Ii  faiiJe  les  faire  remonter  au-deli  da  xii-  fié- 
ci^Le  dodeur  Wallis  & Veidler,  célébre  pro- 
renetir  de  mathématiques  á Wittemberg,  ont  faic 
cous  leurs  effbrrs  pour  prouver  que  Boéce,  auteur 
oa  iy=  fiecle,  av'Oit  fait  ufage  de  ckl  fres  - trés- 
approchans  de  ceux  dont  noas  nous  fe'rvons  au- 
jourd^hui.  l!s  s\appuient  principalement  fur  deux 
ou  trois  manufcrits , oü  ils  ont  vii  que  ies  cdl<. 
fres  employés  dans' i'arithmedque  , ía  mufique, 
^ vers  ¡a  fin  de  la  géométrie  de  ce  phüofophe 
lont  femblables  aux  nótres.  Cette  reíTemblancé 
ed-el!e  bien  certaine  8c  bien  érablie  ? Podr  les 
jnettre  en  évidence  , nous  regretterons  toujours 
qu  on  n ait  pas  faic  dsfíiner  & gravar  ces  chigres, 
q^iJs  fonr  dans  les  manuferirs  de  Eoece. 

C etoit  Fuñique  moyen  de  prouver  que  ce  philo- 
fophe,  dans  fa  table  de^PythagorCj  s’éroit  fervi 
des  mémes  figures  numérales  qu'on  emploie  au- 
jourd'hui.  Boéce  n'a-t-il  pas  empíoyé  d’autres 
%ne_Sj-  quij  comme  nos  chigres  , poiivoienc  fe 
mpitipher,  fe  divifer  8c  fe  combiner  á Finfini  ? 

S il  íaut  s'en  rapporter  á Veküer^  fur  la  refíém- 
• figures  numérales  de  Boéce  avec  nos 

chigres  arabas  , !a  queíHon  eft  terminée.  Mais  fi 
ces  figures  fonr  diSérenteSj  i¡  n"eft  pas  démon- 
tré  que  le  phüofophe  du  iv=  fiécle  aic  fait  ufage 
de  nos  chigres  vulgaires.  » 

“ On  a cru  que  Gerbert,  moine  d'Auriílac  , 
Sr^premier  pape  francois  , íbus  ie  nom  de  Syl- 
veiire  II , avoit  enfeigné  Farithménque  avec  ces 
chigres  vers  la  fin  du  ficcie , Se  qifil  ¡es-avoit 
appris  des  Sarraíins  dans  fon  voyage  d’Efpagne. 

« Quoique  les  chigres  romains  paroilfent  em- 
ployés  dans  quelques-unes  de  fes  iettres  , il 
n^’eít  pas  moins  certain  , dic  un  favant  acadé- 
==  micien  ( i'abbé  le  Boeuf)  , que  dans  Fart 
» de  comprer  fur  la  table  couverte  de  poudre  , 

¡1  connoiíToit  les  chigres  qui  exprimoient  cha- 
» cun  en  une  feule  piéce  les  neuf  premieres 
uiiités  j á-peu-prés  comme  on  les  repréfenre 
aiijourd'hui.  Nous  avons  voulu  nous  afíarer 


C H I 7S5 

du  faií  enconfulíantle  manufent  colbeftin  jíéd.S. 
de  la  bibiiothéque  d:¡  Roi.  -Seas  nV  avons  poiiiE 
vu  nes  chigres  vulgaires qui  ne  fe’mcntrent  que 
dans  une  copie  de  cet  auteur  aífez  récente.  Avant 
le  rrdlieu  du  íiécie , Jean  de  Sacrobofeo  ou 
qui  vécut  a París  jufqu'en  12  <-6  , 
-rt  j d:t-on  j ufage  de  nos  chigres  dans  fon  lívre 
ce  Sphíra  Mundi,  Sous  ie  régne  de  S.  Louis  , 
quelques  écrivains  continuérent  de  s'ea  fertfi/. 
L^auueur  anonyme  du  rraicé  de  FAlgorithme  oti 
ce  i arithmétique  ^ compofé  en  langue  vuic'aire 
au  plus  tard  fous  Phiiippe  le  Flardi,  fit  entrer  ces 
chigres  dans  fes  iecons  fur  la  muitiplication  & 
aans  fes  explications  de  géométrie.  =3 

« On  ne  yoic  pas  que  ies  Efpagnois  s’eii  foient 
lervi  Jong-tems  ava.nt  les  Francois  , les  Itaiiens 
les  Anglois.^  Cependant' sdl  faiioit  sen  rap- 
porter a don  rsaífarre  , on  les  trouvernir  dans 
des  infcripricns  des  v & vi=  íiécies,  dsns  piii- 
íieurs  iivres  j & méme  dans  les  plus  anciens 
diplomes  pubüés  par  Schannat  & Mabillon.  Mais* 
nous  avons  découyerc  que  notre  favant  Efpagnoi 
prend  des  cara  dieres  romains  & des  notes  de 
Tirón  pour  des  chigres  arabas.  11  s’accorde  pour- 
tarm  a dire  avec  le  P.  Kirker  ^ qu’Alphcníé  X, 
qui  fut  reconnu  roi  de  Caíliüe  & de  Léon  Fa.i 
les  répandic  dans  to'ure  l'Earope  ^ par  le 
moyeiy  de  fes  rabies  aítronomiques.  Queíques- 
uns  mime  nous  donnent  ce  prince  pour  le*pre- 
iTiier  ehrérien  qui  ait  fait  ufage  des  chigres  atabes  j 
mais  c eíi  fans  trop  de  fondement.  33 
_«  Les  favans  d'Angleterre  ont  beaucoup  rra- 
vaillé  á fixer  la  date  de  l’introdudtion  primitive 
de  ces  chigres  dans  leur  ifle.  En  general  le  doc- 
ceur  "Wallis.  place  leur  époque  au  tems  A'Her- 
mannas  CoraraBus , qui  floriíToit  vers  Fan  icyo. 
Pour  déterminer  avec  plus  de  précifion  leur  áae 
en  Anglecerre  ^ il  a eu  recours  á une  inferip- 
tion  en  bas-relief,  qui  étoit  autrefois  fur  itrs 
manteau  de  cheminée  de  la  maifon  presbyrcrale 
de  Heiirdon  ou  Heliadon.  Selon  luL  cette inferip- 


cion'oíFre  ces  caraéléres  M=.  153.  Tii.íkin  a.pré- 
tendu  donaer  une  preuve  plus  fure  de  Tafiti- 
quité^  des  chigres  chez  les  A.ng!ois.  C’efi:  une 
croifée  d'une  maifon  bátie  á la  romaine  dans  le 
marché  de  Colcheñer  j fur  Jaquelle  on  voit  un 
éculTon  chargé  de  ces  caraéléres  IC50.  Cope 
avant  refu  de  M/igdel-lialJ  ^ dans  ie  comré  d’Iíer- 
ford  3 une  ancienne  date^  oú  il  üfoic  M.  ic.  , 
c’eñ-á-dite  ició^  en  conciuc  auífitót  que  c’étoit 
la  premiére  époque  des  chigres  atabes.  Se  qu’on 
avoit  eu  tor:  de  la  chercher  dans  Ies  inferiptions 
de  Helindon  Se  de  Colchefter.  Mais  depuis  ce 
tems-lá  avant  acquis  une  nouveíle  date,  trouvée 
á WWrceíter,  qui  porroit  o-j,  ii  fe  crut  autorifé 
á faire  remonter  jufqiFau  x=  Sede  Fantiquité  des 
chigres  dans  fon  pajvs.  3= 

“ Aprés  un  examen  férieux  de  toutes  ces  pré- 
tendues  découvertes , W'^ard  foutient  que  ces  ca- 
rayeres  nonz  été  en  ufage  qu'un  fiécle  aprés  Ig 


790  C H I 

plus  récíilí  de  toures  ces  dates  ^ Gui  eñ  cede  de  ¡ 
Tan  113?-  Celle  de  Helínuoti  3 qui  eít  la  plus 
ancíenne  de  toutes  , iic  donne  3 le:o¡i  lui  , que 
1233.  Ceile  de  Colchefter  ne  remonte  que  iufcu  a 
i an  1490.  Celle  de  Yvigdei-hail  ne  préfente  point 
d’autres  chigres  que  la  lettre  Mj  & par  coníe- 
quent  ne  fert  de  ríen  poar  éciaircir  i age  des 
ekijfres  arabes  en  Angleterre.  Enfin  Y/ardne  volt 
dans  la  date,  de  Worceíter  que  ¡es  ch:fres^  ro- 
mains  MXV,  fans  y appervoir  aucuns  chijfi-es 
arabes.  Le  plus  anclen  manurcnt  de  la  bibho- 
théque  Cottoniennc  oü  ils  paroifi'ent  ¡ 11  ejt  que 
de'ran  1292.  Cafley  nous  en  préfente  un  nutre 
de  Tannée  1334,  oú  lis  font  employés.  Quelques 
favans  ont  avancé  que  lean  Bafingetokes  ^Ics 
avoit  appartés  en  Angleterre  des  i an  1230.  ¡Víais 
Matthieu  París  qu  iís  citent , ne  parle  que  des 
ckiffres  grecs  j bien  diftérens  des  arabes.  _On  peut 
voir  ces  figures  finguliéres  parmi  les  variantes  de 
tet  hiftorien.  » 

« Quoique  le  favant  abbé  de  Godwic  con- 
vienrse  que  nos  ckiffres  arabes  étoient  inconnus 
avant  le  xii'^  ñecle  3 il  prétend  néanmoins  trou- 
ver  des  notes  numériques  femblables  des  le  vm  , 
& máme  des  le  VI=.  II  cite  la  neuvieme  planche 
de  D.  Mabiilon  ; mais  on  n'y  trouve  que  le  ^ 
dont  en  a parlé  plus  haut.  Dans  le  vrai^  les  ckif- 
fres arabes  ne  font  pas'plus  anciens  que  le  xiii? 
fiécle  en  Allemagne.  En  vaia  a-t-on  recours  au 
calendrier  de  Corbie  du  viiY  íiécle,  & á un 
Hianufcrit  de  Fabljaye  de  Fulde,  ancien  de  plus 
de  doUze  cents  ans  : on  n’y  verra  jamats  nos 
ekiffres  , a moins  qu  on  ne  Ies  confonde  avec  Jes 
lettres  numérales  des  Latins.  Mais  on  peut  bien 
s’en  rapporter  á Tabbé  de  GodwiCj  lorfqu  il  cite 3 
d’aprés  Tenzelius  3 un  manuferit  de  Tan  1 268 , 
gardé  á VratiflaU3  ou  Pon  trouve  un  caíendner 
en  ckiffres  arabes.  Tenzelius  en  a inféré  feule- 
rnent  qu’üs  éroient  en  ufage  parmi  les  Ajlemands 
avant  ía  publication  des  rabies  alphqnfines.  Ce- 
pendant  notre  abbé  porte  fes  prétentions  au-dela 
du  xiii?  fiécle.  11  lui  paroit  incroyable  que  ces 
ckiffres  aient  été  inconnus  jafques-lá  en  Aüe- 
magne  , oú  Ies  livres  de  médecine  des  _ Arabes 
furent  traduirsTons  les  régnes  de  Conra’d  III  & 
ce  Frédéric  EarberouíTe.  11  faut  ici^des  preuves 
de  fait  3 & non  de  limpies  vrairembíanc^.  Dans 
íes  geñes  de  Baudouin3  archevéque  de  TréveSj 
& de  fon  fréreHenri  de  LuxeiTsbcurg3  empereur3 
nnauteur  contemoorain  rapporte , versl’an  '^^06:, 
que  ce  Baudouin  avoit  rait  uiage  des  ckijjres 
arabes  , lorfqu’ii  faifoh  les  études  dans  Puniver- 
fité  de  París. 

«t  L’Italie  commenca  plupot  que  PAllemagne 
á fe  fervir  de*  tes  ligues  numériques.  C’eft  ce  qui 
paroit  par  un  manuferit  de  la  bibliotheque  de 
Strozzi  3 oú  iis  font  employés  á marquer  Pan 
124J.  11  elt  á remarquer  que  leuts  premuéres  figu- 
5:75  ou£  iaier.Sbkuient  varié  j & que  Is  2.  du 


C H I 

íiécle  a été  transformé  en  7.  II  réñilte  de 
toutes  ces  difeuífions  que  les  ckiffres  arabes  n’ont 
été  connas  e.n  France3  & dans  les  autres  états 
de  Peurope3  qu’au  xiii"  fiécie.  D’aboid  on  n'en 
fit  guéres  ufage  que  dans  les  livres  de  matiiérna- 
tiques  3 d’aítronomie  3 d’arithmécique  & de  géo- 
métrie  ; enfuke  on  s’en  fervit  dans  les  ehroni- 
ques  3.  Ies  calendriers  3 au  haut  des  pages  & dans 
les  dates  des  manuferits.  Nous  en  avons  cité  des 
annees  12333  12.43  ^ 12923  2334.*  &c.  On  Es 
voit  fréquemment  fur  des  rabies  de  pierre  3 fur 
Ies  portes  &c  les  toiirs  des  églifes  3 fur  les  reli- 
quaires  & -dans  les  épitap'nes  aux  xiv  & xvc  lie- 
cles.  On  Ies  trouve  dans  quelques  livres  impri- 
més  des  1476  & 1489  3 &c.  Ce  fut  par  une 
ordonnance  de  Kenri  II , rendue  a la  fin  ce 
IJ49  3 que  Pon  cornmenqa  á marquer  fur  les 
monnoies  Pannée  de  leur  fabricación  en  ckiffres 
arabes  3 & á taire  connoitre  li  le  roi  de  qui  elles 
portent  Pimage  3 eíí  le  I3  le  lE^&c.  da  nom. 
ii  paroit  par  Ies  monumens  d’oú  le  P.  Calmet 
a tiré  les  ckiffres  qu’il  a fait  graver  3 que  juf- 
qu’en  1534  leur  figure  nétoit  pas  encore  uni- 
forme. ” ir' 

« Quoique  des  le  commencement  du  xiVe  ñe- 
cle 3 Puniverfité  de  París  s’en  fervit  pour  enfei- 
gner  Parithmécicue  ,&  les  autres  fciences  pníes 
des  Árabes  3 Pufage  nen  devin^  ordinaire  que 
depuis  1 500  3 encore  les  entreméloit-on  fouveiit 
de  ckiffres  romains.  Ce  n eft  mém.e  que  ckpuiS 
le  régne  de  Kenri  III  3 f Pon  en  croit  un  hiíto- 
rien  moderne  3 que  Pon  commenqa  en  France  a 
fe  fervir  en  écrivant  des  caradtéres  i 3 2 3 ^ , 43 
c,  (á , f , 83  9.  Ces  ckiffres  nont  jamais^CLe 
admis  dans  les  diplomes.  Néanmoins  i abbe  de 
Godwic  ne  les  exclut  pas  des  aftes  donnés  depuis 
le  milieu  du  xu=  jufquau  xvi^.  Nous  pouvons 
aíTurer  que  s’ii  exilie  quelque  ade  anteneur  au 
xiv^  3 oú  nos  ckiffres  arabes  foient  empíoyes  3 
c’eít  un  phénoméne  des  plus  rares.  Cepenuant 
co.mme  les  noraires  ufoient  d'abréviations  3 fur- 
tout  dans  leurs  minutes  j nous  ne  voudrions  pa^ 
nier  qu  iis  n aient  fait  quelque  ufage  de  cts  cki,- 
fres  dans  leurs  écritures  des  les  xiv  & xv-  lie- 
cles.  Les  RuíTes  enfin  ne  s’en  fervent  que  depuis 
Ies  voyages  de  P¡erre-!e-Grand.  _ 

« En  difant  que  nos  ckiffres  vulgaires  n . 
été  connus  en  France , & dans  les  autres  etars 
de  PEurope  3 qu’au  xiiY  fiécle  3 on  n en  0°*'-  PJi® 
conclure  qu’on  n’employoit_  point  aupara  a. 
d'autres  ■caracteres  3 qui  exprimoient 
une  feuie  figure  les  premieres  unites.  Gn  a -- 
couvert  des  ckiffres  á-peu-pres  comme  on 
repréfente  aujourd’hui  3 dans  un  beau  manu.cr 
du  xie  Iiécle  3 qui  contient  les  oeuvres  de 
d’Arezzo  3 religieux  bénéáiain3  vers  1 an  í^-- • 
Dans  fon  traite  de  Part  de  compter  fur 
couverte  de  poudre  (abacus ) , nous 

les  1 3 23  3 1 5.  7^  8^  TJttZ 

font  coatouraés  ou  renveífss ; les  feu*.iS . ^ 


% 


C H I 

^ ^ s’éloignent  de  la  forn-e  d<>  ti,-* 

vCí^  ^ F-us , le  célebre  IVíco'as 

-^mer  artede  que  Bernelin , difdple  de  Ger- 

gin¡  des~MÍ-'  dí/5^e/j^  peut  apprendre  l‘ori- 
^o-nr*  <^ujour£kui  es 

M Vignier  ajoure  ; Ufquels 

J^í-  de  baMove  Pzthnr,  „rr..,í^  ■ 

CP.  en  ja 


■M  e y Igmer  ajoure 

m de  Savoye  Pztkou  m'a  ajfari  avoir  en  en  ¡a 

l.U,o,kp..  _d..„  .n  jjj’i 

TtCP  /7/7  r»?  T.-*-^  A ^ J-  /_  /*  • » . 


//•  í ^ • ‘-^'■'‘íi.ucír c en  icen 

intelhgence  admirables  de  Lafcience  auiístraitert 

l ™™ge  de  Bemeür.,  cni  do„  iü^eí  ni  pí 

do  TaiioV™"'  “í'r  '•  liibliothéqi. 

SuJf  f ^ manufcrirsde  ia  reine  de 

Suede,  & parnu  ceux  d'Alexandre  Petar  qui 

appartenu  á Pabbaye  de  S' 
Bencit-f„r-Loire.  On  peut  done  aíTurer  qíe  4us 

étofenr°*“V'"  vigatres 

eto  ent  en  ufage  dans  Jes  mathéi4tiques  tant 

en  France  cu  en  Italie,  fur  ie  déclin  dH'tích 
& au  commencement  du  fuivant.  == 

■ obfers'er  encore  á nos  lec- 

andouerv  ínferiptions 

pent  „„„  le,  .noa.'lj  ^.qo^d 

tant  du  7 qui  oeíigne  queJouefois  dans  Ies  in- 

Chiffres  ( Ectiture  en ). 

«Les  caracteres  déguifés  , difent  Ies  anteurs 
de  k nouver!e^dipIo,natique  (r.  3.  308.)  . tranf- 
chnfL^  vanes  pour  eenre  des  lettres  & des 
cftol.s  fecrettes  ^ ont  eté  en  uPige  des  Jes  pre- 
tniers  tems.  C'eíl  ce  qu’on  BopelIellésanograDhie 
ou  cryptographie,  Geft-á-dire  . écriture  en  cAi/- 
jres , qu!  ne  peuvent  erre  entendus  que  par  ceux 
GUI  lont  convenus  enfemble  de  Ja  figniiieation  de 
cescara.peres  myllérieux.  Cette  écriture  en  chjffres 
eíí  ancienne  de  plus  de  deux  mílle  ans.  Noiis  ne 
parleronspointici  de  Ja  fcytale  lacédémonienne 
oelon  {Commentar,  m cap.  Jerem.-)  S.  JérÓme 
ieprophéte  Jérémies  eftferviquelquefoisdecetbe 

maniere  d ecrire  , mais  en  tranfpofant  feulement 
iesietties.  Enée , furnommé  d'adicus^  inventa  en 
ppie  & ramaíTa,  au  rapport  de  Polybe  ^ jufqu’á 
vingt  manieres  diíFérentes  d'écrire  'en  chiffres , 
dont  il  falioit  favoir  le  fecret  pour  y compren- 
dre  queique  chofe_.  Suétone  nous  apprend  oue 
U:es-Cerar  écrivoit  en  chiffres.  Cec  empereur 
les  appeloit  acas  Hueras  , lettres  oceuhes.  II 
employoit  le  quatriéme  élémenr  ( Sueton.  in  Au- 
gufi.  c.  88. ; ^ c'eft-á-dire,  le  d pour  & ainli 
^ Unte.  Mais  Aiigufte  écrivoit'¿  poura„  c pour 
^ y & tranfpofqit  tomes  les  lettres  de  cette  ma- 
niere j & au-Iieu  de  l’x  i¡  marcuoit  deux  aa. 

<-es  pemples  prouvent  que  les  Romains  formé- 
rent  leurs  chiffres  par  le  renverfement  de  Por’dre 
aaturel  des  lettres  de  leur  alphaber.  Tel  eft  Je 


C H I 

á^<^ííe.  quUu!u-Ge!Ie  ( AuL, 

rrn^-/r?  " confervé.  Du  reP»  ces 

re.verfemens  & ces  tranfpof tíons  de 

“013  pd.  .eurs  lettres  initiales.  pp 
^ “ Au  moyen  áge  cet  art  devint  á la  nio-'í- 

Maar!'f''l 

j>  i_  . , ■ -P'  ?a4-;  pane  pour  1 avoir  po'-'-é 

s!i“ ' 

F í V IBS :.:s  Bf:Ñ,! 

•^CH.  OL:;R.;;S.O-  d o 

I eft  repréfemé  par  un  poínr^FA  par  deux’ 
IE  par  trois.  PO  par  quatre.  & IT^r  0^0* 
Ces  points  ont  ete  mal  rendus  par  les^condl-í 
011  Jes  edtteurs  de  Raban,  qui  n ont  point  enteñ- 
du  ce  chiffre  dont  voici  PexDlication  • IR'í'^p'T' 

‘^'-ÓO'ÓsQiÍe 

foiS'S  P-  Jea  poWa.  Us  con! 

.esB^  Fj  Kj  Pj  X,  tiennent  la  place  des 
voyelles  & ne  laiffent  pas  de  confeVer  leS 

pronre  va  enr.  i^  .leer  i „ 1 


propre  valeur.  Voici  le  cLff^e'"dont  Rab'an  falt 
s fans  Texpli: 


honneur  aiix  anciens  fans  fexDl'au-r  - I?PP yq‘‘ 

®5.CHd\EF^E?',p.SCFPTRP.  RFGVK.  XT.  DF 
CXS.  BXPF.  FELICITER.  A.  c’ell-á-dire  : Caras 
XPO  (Ckrijio),  fortis  tiro,  injiar  faffr-o  arcite- 
nens  feeptro  regni , ut  decus  auro.  Feliciter.  Amen 

Ír  ''scond  mot 

A ancienlie  abreviación  de  Chriño.  L’éói- 
teur  de  Raoan  a oublié  le  T dans  le  cinquieme 
mor.  Le  fixieme  peut  étre  lu  fafeiro  ou  Cifíiro  • 
car  il  n y a point  de  ph.  Au  dernier  £ du  'mot 
luivant  on^auroit  dú  mettre  une  F : nous  r- 
layons  fí  cefi  exprés  ou  par  mégarde  quon  a 
mis  un  ventable  E.  A rantépénulíiéme  mot  !es 
copiftes  auront  probablemenc  mis  une  F pour  un 
F.  L,e  ckffe  ne  _s  etend  point  aux  mots  ruivans 
Aprestes  eclaircifiemens ^ il  n'eíi  pas  difficile  dV 
trouver  cette  efpéce  de  vers  : ^ 

CARES  CHRISTO3  FORTIS  TIRO 
INSTAR  SAPHIRO  ARCITENEXS 
SEPTRO  REGNI  UT  DECUS  AURO. 

FELICITER.  AMEN. 


752  C H í 

« Chrétíen  Breithaupt , dans  fon  Jrt  de  dé- 
chifrer,  donne  rexplication  du  ckiffre  dont  fe  fer- 
voient  autrefois  les  Normands  (Tritkem.  Polygr. 
p.  180O  pendant  leurs  fréquentes  incurfions  en 
Frailee , afin  que  leurs  deíTeins  ne_  fuíient  pas 
découverts.  Les  lettres  en  ckiffres  étoient  en  ufage 
211  xiie  fiécle.  II  y a dans  le  fecond  volume  de 
Rymer  {pag.  za. ) une  lettre  de  rarchevéque  de 
Cantorbéry  á Edouará  I , rol  d’Angleterre  , 
par  laqueíie  il  rinforme  qu’on  a trouve  dans 
les  poches  de  Leolin  , prince  de  Galles  , le 
dernier  de  la  race  des  anciens  Brerons  ou  Gal- 
loiSj  pluíieurs  lettres  en  ckiffres  ,_p3.T  leíqueiies 
on  découvrit  qu  il  avoit  des  inteUigences  en  .-vn- 
gieterre.  ==’ 

cc  Uécriture  en  ckiffres  eft  devenue  trés-com- 
mune  dans  les  derniers  ficeles  ; mais  en  ce  genre 
lien  neft  plus  célebre  que  Talpíiabet  (¿  Efpron 
du  Grand  Seigneur  , lettre  77. ) fecret  du  car- 
dinal de  Richelieu.  V Ars  'decifratona  áz  .A. 
Breithaupt , eñ  précédé  d une  diíTert^íon  fur 
les  différentes  manieres  d’écrire  en  cnffrs,  em- 
plovées  par  les  anciens  & par  les  modernes. 
Depais  rkbbé  Trithéme  , une  mulntude  d au- 
teurs  on:  traite  de  la  cryptographie.  lis  nous 
onr  donne  des  ouvertures  pour  expliquer  les 
civffres , 8c  en  ont  propofé  de  nouveaux.  Con- 
tentons-nous  d’avoir.  mis  fur  les  voies  ceux  qui 
rencontreront  ces  caradéres  myílérieux  dans  les 
anciens  manaferits.  Ifalpha  & toméga  des  Grecs 
n y font  pas  moins  fréquens  que  dans  les  aipio- 
mes.  La  lignification  de  ces  deux  ckiffres  facres 
eít  aíTez  conniie.  “ 

Chiffres  fur  les  médail'.es. 


Le  P.  Jobert  auroit  voulu  poiivoir  trouver 
quelque  chofe  de  fatisfaifart  fur  Ies  lettres  nu- 
tnérales  qui  fe  rencontrent  d_ans  Ies  champs  ues 
revers  des  médailles  dea  plus  bas-empire  . depais 
A.'iaílafe.  Mais  il  avoue  que  fi  la  nouv^ila 
découvette  de  ceux  qui  croient  que  ce  font 
des  marques  des  diíférens  impots  que  les 
princes  écabliíToient , l'a  frappe  a aoon.  )U 
lui  faite  penfer  qu  elle  pourroit  etre  ventabie  , 
iafqu  á le  dégoáier  tout-á-fait  du  fentiment  qu  il 
avoit  fuivi  dans  fa  premiére  édition  ; cependant 
les  inconvéniens  qu'il  a trouvés  a foutenir  que 
Vlota  íistnifioit  tribiLtum  decims.  , Xyv.  trio,  vice- 
Jinis.  , XXX.  trlbutum  tricefims, , lui  ont  paru 
une  difiScuIté  infunnontabie. 

A quoi  bon  introduire  fur  les  médailles  la  con. 
fufion  des  crúffres  , tantát  grecs  , tantot  larinsL 
Pourquoi  i fera-t-il  pris  po’'i^r  un  ckiffre  grec  , 
& pourquoi  marquera-t-il  d?x  ^ pendant  que 
d’aucres  ckiffres  qui  1 accompagnent  font  eVíd^rn- 
ment  latins  , & annoncent  que^cet  i ne  doi_t 
íigniSer  ciu^un  ? PourQUoi  M íigninera.-t-e-i£ 
rante , pendant  que  les  autres  ckiffres  lauss  diren;. 
qu  elle  doit  íigniñer  miile 


C H I 

Il  eñ  certain  que  pendant  tout  le  tems  de  la 
durée  de  Lempire  romain  ^ tous  les  peuples  jai 
lui  étoient  foumis  payoient  des  tributs  & des 
impóts ; mais  on  ne  fauroit  croire  que  les  princes 
aient  jamais  ordonné  ou  permis_  qu  on  en  con- 
fervát  la  mémoire  fur  les  médailles  ^ puifqu^is 
ne  pouvoient  en  tirer  aucune  gloire.  Carril  n eit 
pas  Gueñion  ici  de  peuples  vaincus  & cíe  ptu- 
vinces  fubiusuées , auxquelies  il  ferost  glorieas 
d avoir  impofe  des  tribats , & de  vouloir  en^cor^ 
ferver  des  monumens  publics  j^il  s'agit  ues  luiets 
de  Tempire  & des  raarchands  qui  y íaiioient 
fieurir  le  commerce. 

Kous  voyons , á la  vérité,  que  Ies  princes  ont 
eu  grand  foin  de  laiíTer  á ia  polléricé  des  monu- 
mens de  toutes  les  largeflés  qu  ils  faifoient , foit 
aux  foldats  , foit  au  peuple  , & qu’ils  ont  ere 
fort  jaloux  d'en  faite  connoitre  le  nombre,  le- 
moins  les  médailles  oú  Ton  voit  lieeralitas 
AUG.  II-  III.  IV.  &C.  CONGIARIUM  POPULO  DA- 
TUMj  ALII.ÍEKTA  ITALIA,  PUELL^ 

MIANOS  , &C.  Nous  voyons  qu’ils  ont  voulu  ete  j - 
nifer  la  mémoire  des  tributs  ou  des  impóts  q^b* 
avoient  ou  diminués , ou  tout  á fait  remis.  1 e- 

raoin  leXL.R.  remiffa;  CCR.  duceutefinraremiffa  , 
vehkulatioue  ItalU  remiffa  Judaici  calurr^ua 

fiibiata.  C’étoit  une  marque  eciatante_  cte  ieur 

magnificence,  & de-famoui^qu  ils  portoient  pour 

leurs  peuples.  Mais  de  fouftrir  qu  on  frappat  des 
médailles  pour  conferver  le  fojvemr  ^es  chat- 
ses  qifils  impofoient  a leurs  lujets  , on  ■ 
ilorifioient  d’étre  appelés  les  peres,  nen  ne  cho- 
que plus  diredement  le  fennment  commun  de 

tous ‘les  fiédes.  Car  pouvoit-on  conuderer  ces 

médailles  autrement  que  comme  de  trii.es  t jno  - 
gniges  de  la  mifére  du  peuple, 
de  díiférens  impóts,  & comme  des  reproches 
publiquement  aux  princes  fur  leur  durete  & 
ieur  avarice  ? 

D’aiHeiirs  pourquoi  ny  voit-on  jamais  la  lettre 
E , peur  liauifier  ia  remile  faite  au  , 

cuVSues.»»  ces  ™pór.  í Sero..-.  pcO.W. 

quil'ne  fe  fát  jamais  trouve 
libéra!  pour  faire  queique  femolable  = 
aífez  jaloux  de  fa  gloire  pour  vo  , p - 
voir  faite,  en  conferver  la  memone  . 

Ou  ces  diíférens  tribus  marqués  fur  ks  médañ- 

les  du  méme  pnnee  , 'i’ f^andife  , ou 

iement  fur  toutes  fortes  de  m ^ 
chaqué  marchandife  payoit  fon  tr  but  . 

Par  -exemple  , íous  tel  empjeu  ous  i^^ 


Par  exemple,  a g toutes  leurs 

chands  ¿evoient  le  dixiéme. 

marchanüifes,  ou  bien  le  bien  p , óte- 

le vin  le  trentiéme  , J^^fettera-t-il’pa?  ? 
En  quel  embarras  cela  ne  Y^Ychandifes  fuifed>: 
Supaofons  que  toutes  <es  m - s’il  eft 

taxées  au  méme  áenier,  en  fi  pe’í 

1 eroyable  que  icos  un  meme  P-  ¿g 


C H I 

¿s  féfts , líS  ímpots  aient  changé  auíS  foüVenE  í 
gí  qu  au-Iieu  du  dixiéme  on  ait  pa7é  le  vingtiéme , 
le  quarantiéme , &c. 

Eft-il  croyable  d’ailleurs  qu’on  payát  ce  tribut 
plus  d'une  fois  , & qu  il  fallut  de  nouvelles 
médailles,  qui  n’étoient  point  des  monnoies  , 
Gomme  on  le  fuppofe,  pour  dire  qu’on  le  payoit 
la  premiére  j la  deuxiéme  , la  troifiéme  fois  ? 
Etoit-ce  toujours  Ies  mémes  marchands  qui 
payoient , Se  ne  faifoient-ils  tous  qu’un  égal 
nombre  de  voyages  ? Ou  bien  les  uns  fe  trou- 
voient-ils  avoir  payé  pour  la  lixiéme  fois  , lorf- 
qu’un  autre  n’étoit  encore  qu"á  la  troifiéme  ? 
Recommenigoit  - on  fous  chaqué  empereur  le 
nombre  des  paiemens  ? Ou  bien  ayant  deja 
payé  deux  fois  fous  un  empereur  , comptoit- 
¿n  fous  un  fucceíTeur  la  troifiéme  ? II  falloit 
done  á tout  moment  frapper  de  nouvelles  mé- 
dailles. 

Suppofons  ai9:uellement  qu’il  y eut  des  im- 
pots  diíférens , établis  fur  les  différerites  mar- 
chandifes ; par  exemple , le  vingtiéme  fur  les 
grains  , le  trentiéme  fur  le  bétail  , le  quaran- 
tiéme fur  le  vin  ^ pourquoi  chaqué  marchand 
ne  marquoit-il  pas  fon  commerce  fur  fon 
jetón  i 

Nous  trouvons  qu’on  marquoit  fur  les  médaü- 
Jes  les  différentes  efpéces  de  Iibéralités  qu  on 
faifoit  au  péuple.  Si  on  avoit  donné  du  bled  j 
on  Tnettoit  fríimentum  populo  datum.  Si  1 on  avolt 
remis  au  peuple  ce  qui  reftoit  encore  dú  au  fiíc 
-par  ceux  qui  n’avoient  pas  payé  , on  mettoit 
relíí^uu  vctcTC  aholitu,  Quand  Ies  marchapds 
avoient  íait  quelque  don  gratuit » ils  n oubHoient 
pas  de  marquer  leur  négoce  particulier.  Ainfi  I on 
voit  dans  les  inferiptions  ^ negotiatons  vinarii  , 
TtiercutOTCS  oleurii  y mercutoTes  fru-fnentarii  y &c. 
Pourquoi  done  ne  paroit-il  aucune  de  ces  diílinc- 
tions  fur  les  jetons  prétendus  ? II  eft  done  im- 
poífible  de  reconnoitre  oes  ckrffres^  ou^  lettres 
numérales  y pour  1 expreílion  des  impots  dif- 
férens. 

Les  changemens  de  valeur  pour  Ies  monnoies 
qui  arrivoient  dans  certains  tems  > ecoient  expri- 
més  fur  la  monnoie  d'argent  par  de  nouveaux 
chifres.  Car  nous  voyons  , par  exemple , que 
lorfque  le  denier  fut  haufle  jufqu’á  valoir  feize 
as  au-lieu  de  dix^,  Ton  y grava  xvi.  & á pri^ 
portion  fur  le  quinaire  Viil.  & fur  le  fefterce  ni_I. 
Nous  avons  dans  la  famille  Tiúnia  & Valeria 
XVI.  bien  marqué.  Ant.  Auguftinus  dit  qu  il^a  vu 
des  quinaires  avec  Viil.  mais  que  jamais  il  n a vu 
des  fefterces  avec  iiil. 

Il  feroit  á fouhaitcr  que  Ton  pút  déterminer 
d’une  maniére  auíTi  fúre  , ce  que  veulent  dire  les 
ekifres  qui  fe  trouvent  fur  les  medaules  de  la 
Antiquités  , Tome  /. 


c H I 793 

fami’Ie  T arquilla  y ou  Ton  voit  XXXI.  , & fue 
celles  de  la  famille  Maria , dont  Tune  porte  asi 
revers  un  laboureur  qui  inéne  des  boeufs  ^ au- 
deíTusXXVIII.  S.  C.;  & l’autre  fur  le  méme  type 
XXXXIII.  Cela  fervñroit  peut-étre^á  éclaircir 
une  médaille  de  Marc-Antoine , ou  I’on  voit 
un  lion  palfant  avec  Lugduni  A.  XL.  A.  XLI. 
&c.  j & celles  du  bas-empire  y ou  l’on  trouve 
XXIII.  XXX.  XXXX.  XXXXIIII.  xxxip"- 
Ces  chiffres  n’ont  pas  été  deftinés  a fixer  des  épo- 
ques  d’années,  puifqu  ils  font  joints  avec  anuo  i, 
il.  ni. 

Lorfque  les  fpeélacles  devoient  durer  plu- 
fieurs  jours  , on  n’expofoit  chaqué  jour  aint 
yeux  du  public  qu’un  certain  nombre  d ani- 
maux  y pour  rendre  toujours  la  fete  nou- 
velle  ; & l’on  avoit  foin  de  marquer  fur  Ies 
médailles  la  date  du  jour  oü  ces  animaux  pa- 
ro iíToient.  Cela  fert  á expliquer  les  ckiffres  I. 
II.  III.  IV.  V.  VI.  qui  fe  trouvent  fur  les  me- 
dailles  de  Phiüppe , de  fa  femme  _ & de  fon 
fils.  Ils  nous  apprenncnt  que  tels  animaux  paru- 
rent  le  premier,  le  deuxiéme,  le  troifiéme  ou  le 
quatriéme  jour. 

On  voit  auíll  des  ckiffres  dans  l’exergue  de 
quelques  médailles  de  Gallus,  & ces  ckiffres  íonx. 
répétés  du  coré  de  la  tete , derriere  le  ouite  de 
l’empereur.  Ainfi  on  lit  IV  fur  la  medaille  , doi^ 
le  revers  a pour  légende  ROM.A.E  AETERNAE 
AüG  ; IV.  pareillement  fur  une  autre  avec 
SAECüLLUM  NOVUM  ; VI.  fur  celle  qm  porte 
lüNO  MARTIALIS  ; VIL  fur  une  autre  avec 
FELICITAS  PUBLICA  , &c.  On  peut  taire  la 
méme  obfcrvation  fur  quelques  médailles  de 
Volufien  , en  plus  petit  nombre  , dont  íes 
revers  lui  font  communs  avec  Gallus  j 
que  PAX.  AUGES.  RO.MAE  AETERNAE 
AUG,  8cc. 

CHILA,  mefure  de  capacité  d’Egypte  & d’Afic. 
Voye:^  Cap. 

CHILT-ARQUE,  Prononcez  Killarque.  Celul 
qui  commandoit  á mille  hommes  portoit  ce  nom, 
qui  étoit  formé  de  yj’Km  , mille  , & de  s 
commandement. 

CHILIOMBE,  facrifice  de  mille  boeufs.  Aprés 
de  grandes  viétoires , ou  dans  les  grande^s  cala- 
mités  , on  immoloit  quelquefois  jufqu  a mide 
boeufs , ce  Qui  etoit  pourtant  tres-rare. 

Les  Athéniens  ofifrirent  un  facrifice  de  mille 
viélimes  aprés  la  vifloire  de  Miltiade  fur  les  Per- 
fes;  parce  qu’elle  arriva  dans  te  mois  Thargelion, 
qui  avoit  été  prefque  toujours  heureux  pour  les 
habitans  d’Athénes. 

CHILO.  Ce  furnom  défignoit  chez  les  Ro- 

mains  celui  qui  avoit  les  lévres  fojt  ^ 

ü h a íi  a 


794-  C H I 

appartenoiE  a une  branche  des  fainilles  Magia  ¡ 
•tabla  & Vectia  j & ü étoit  fynonyme  de  Labio 
oC  de  Lahienus. 

CHÍMÉRE  {M.ytk.)  , monílre  fabuleux  quij 
felón  les  poetes , avoit  la  tete  Se  le  cou  d"un 
iioii , le  corps  d’une  chévre  ^ & la  queue  d’un 
dragón  & qui  voíniflbir  des  tourbilions  de 
Samme  & de  feu.  Bellérophon , monté  fur  le 
cheyal  Pégafe  j combaitit  ce  monílre  Se  le  vain- 
quit. 

Le  fondement  de  cette  fable  eíl  j felón  quel- 
ques  Scholiaíles  , qu'ü  y avoit  autrefois  en 
Lycie  une  montagne  dont  le  fommet  étoit 
défert , Se  habité  feulement  par  des  lions  , le 
milieu  rempli  de  chévres  fauvages  j,  Se  le  pied 
marécageux  plein  de  ferpens  j ce  qui  a fait  dire 
© Ovide  : 

. ; . Mediis  in  partihus  kircum, 

Veciiis  d?  ora  les,  ¡ caudam  ferpentis  habehat, 

Bellérophon  fit  la  chaíTe  á ces  anímaux  ^ 
nétoya  le  pays , ,8e  rendir  útiles  les  .páturages 
qif iís  infectoient  auparavant  j ce  qui  a fait  dire 
qifil  avoit  vaincu  la  Ckimere.  D’aurres  préten- 
dent  que  cette  montagne  étoit  un  volcan  ; Se 
Pline  drt:,  d’aprés  Ctéñas  (/.  2.  c.  106.) , que  le 
feu  qui  en  fortoit  s'allumoit  avec  de  Peau  ^ Se 
ne  s'éteignoit  qu’avec  de  la  terre  ou  du  ñimier. 
lis  ajoutent  que  Bellérophon  trouva  le  moyen 
de  la  rendre  habitable  5 d’oú  les  poetes  orjt 
pris  occaíion  de  le  chanter  comme  vainqueur  de 
la  Ckimere. 

Freret  a donné  une  atitre  explícatíon  de  cette 
fable  ; il  prétend  que  par  la  Ckimere  Í1  faut  en- 
tendre  des  vaifleaux  de  pirares  Solyme-s  qui  rava- 
geoient  les  cotes  de  la  Lycie  3 & qui  portoient 
a ieurs  proues  des  figures  de  boucs  ^ de  lions 
& de  ferpens  ; que  Beilérophonj  monré  fur  une 
galére  qui  porroit  auíli  á fa  proue  la  figure  d’un 
cheval , déíit  ces  brígands. 

Selon Pluche 3 la  Ckimere,  compofée  d’une  téte 
de  lion,  d’un  corps  de  chévre  & d’une  queue  de 
ferpent  3 n étoit  aucre  chofe  que  la  marque  on 
l’annonce  du  tems  oú  I’on  faifoir  les  tranfports 
de  bled  & de  vin  3 favoir  3 depuis  Téntrée  du  foleil 
dans  le  íigne  du  lion3  jufqn’á  fon  entrée  dans 
celui  du  capricorne.  Cette  anribnce  de  provi- 
lions  néceíTaires  étoit  agréable  aux  Lyciens3  que 
les  mauvaifes  nourritures  & la  ílérilité  de  leixr 
pays  obligeoient  de  recourir  áTétranger.  Bellé- 
rophon & fon  cheval  ailé  , ajonte-t-i¡  3 ne  font 
qu’une  barque  3 ou  le  fecours  de  la  navigation 
qui  apportoit  á la  cofonie  Jycienne  des  rafrai- 
chiffenaens  & des  nourfiíUíésVaináS  dv.  Citl, 
tome  I.  p.  317-}.  » 


C H I 

« La  corftehation  du  cocher,  dítM.  Dupuls; 
porte  auíIi  en  aftronomie  le  nom  de  Bellérophon, 
comme  on  le  voit  dans  Csíius  5 & c’eft  par  elle 
que  Ton  peur  expliquer  rhiftoire  de  Bellérophon, 
ou  du  génie  folaire  3 dont  le  triomphe  eft  au 
folñice  d’éré  au  lever  de  Pégafe.  La  Ckimere 
eft  un  monftre  aftronornique  , tel  que  le  Tri- 
céphale  3 dont  nous  avons  donné  rcxplication 
á Partióle  de  Cerbére  3 & compofé  fur  le 
méme  principe  de  la  chévre  & du  ferpent , 
dont  les.  levers  héliaques  annonqoient  le  prin- 
tems  & Pautomne  , unis  aü  lion  , figne  foIlH- 
cial.  » • 

ChimÍRE  {Antiquités.).  On  appelle  ckimere 
o a grylle  , PaíTemblage  d’un  mafque  réuni  á 'dif- 
férentes  patries  de  divers  animaux.  Anriphile, 
felón  Pline  j imagina  ces  monñres  íí  célebres 
dans  la  peintitre  des  anciens.  Antiphilus.  .... 
jocofo  nomine  gryllu.m  ridiculi  kabitús  pinxit , iindf 
hoc  genus  pidurs  gryili  vocantur, 

« On  conqoit  avec  peine3  dít  le  comte  de 
Cayius  {Rec.  6.  p.  133.)  3 le  motif  des  pierres 
gravées , 8c  des  bas-reliefs  fur  lefquels  on  voit 
des  tetes  renverfées  3 accouplées  & íinguliére- 
mebr  placees  3 pour  fairé  patrie  de  diírérens  fujets. 
Les  unes  formen:  le  corps  d’un  animal  3 8c  prin- 
cipalemenr  d’un  oifeau ; les  autres  font  groupées 
avec  d’aqtres  tetes  j fouvent  méme  on  ne  les 
peut  diftinguer  que  fous  certains  points  de  vue. 
Enfin  3 cette  bizarrerie  mukipliée  8c  répétée  j á 
laquelle  les  modernas'  ftnt  donné  3 avec  raifon, 
le  nom  de  ckim'ere  , ne  peur  qulembarraífer  Pef- 
prit  3 d’autant  qu’aucune  des  explications  qu’on 
en  'a.  données  jufqu’ici  ne  I’a  point  éclairé.  II  eft 
vrai  que  dans  ces  groupes  ou  ces  ..compofitions 
fantaftiqaes , on  trouve  toujours  une  téte  qui 
reíTembíe  á Socrate  , 8c  qui  eft  fouvent  adoíTée 
contre  une  a arre  jeune  Se  agréable  3 qu’on  ne 
balance  point  á donner  á Alcibíade.  Cette  déno- 
mination  peut  erre  auíli  bonne  qu’une  a utre, 
fur-tout  quand  on'  n’en  peut  trouver  une  meil- 
leure  ; rñais  il  fera  toujours  fingulier  qu’ane- 
critique  3 ou  3 íi  Pon  veut  , une  plaifanterie 
répétée  ñ fouvent  á Athénes  , ne  foit  indi- ' 
quée  par  aucun  auteur3  8c  que' les  Romams  , 
qui  ont  íi  fouvent  copié  ces  onvrages  grecs 
foient  par  conféquent  éntrés  dans  la  plaifante- 
rie 3 Se  qu’iis  i’aient  en  quelque  faqon  adop- 
técp  fans  avoir  rien  dk  qui  puiíle  n.nrs  la  faire 
entendre.  33  , 

On  Gonferve  dans  la  galerie  de  Florence  une 
Ckimere  de  bronze3  compofée  d’un  lion  8c  d une 
chévre  de  grandeur  naturelle.  Ce  bel  ouvrage  eft 
étrufque , 8c  porte  une  infeription  en  caracteres 
éírufques. 

ChíJvíére.  On  voit  une  Ckimere  fur  les 


C H I 

■daílles  de  Panticapxum  , de  Seríphus , de  Co- 
rinrhe. 

CHIMIE.  Le  diftionnaire  particulier  de  cette 
fcieiKe,  traicera  fans  doute  de  fon  anclquité. 

CHIO.  V oye^  Chios.  ^ 

CKIONE  j filie  de  Dédalion  , fut  aimée 
tout  á la  fois  d’  -ipo!lon  & de  Mercure  , qui , 
daos  le  méme  jour  j la  reñdirent  mere  de  deux 
fiis. 

^ Celu!  de  Mercure  fiit  Autolyciis  , & celui 
d Apolion  Philammon.  Chione^,  orgueilleufe  d^a- 
voir  fu  plaire  á deux  divinices  , ofa  préférer  fa  ’ 
beauté  á celle  de  Diane  , qui  la  cua  d'un  coup 
de  fiéche  ( OWd.  Meta.  il.  fab,  8.).  Piine  dit 
qu’elle  donna  fon  nom  á Tifie  de  Chios  (/.  j. 
c.  31.-). 

Chione  fut  auífi  une  nyrophe  ^ filie  de  Borde 
& d’Orithye. 

CHÍOS,  iflcj  aujourd  huí  Scio.  xrnN  Se  xios. 

Les  médailles  autónomas  de  cette  iíle  font : 

RRRR.  en  or.  .....  Pellerin. 

R.  en  argent. 

C.  en  bronze. 

^ Les  fymboles  de  dúos  font  le  fphinx  ailé  . Ies 
diotes  j le  raifin.  Ies  épics. 

On  a frappé  dans  cette  ifle  des  médailles  im- 
périales  grecques  en  Thonneur  de  Phiüppe-perej 
& en  Thonneur  d'Augufte  ^ fans  figures. 

Les  diotes  Se  les  raifins,  types  ordinaires,  de 
Ckios , étoient  relatifs  au  vin  fameux  que  cette 
ifle  produifoit.  On  en  buvoit  dans  toute  la  Gréce, 
dans  ritalie  5 Se  Horace , qui  en  parle  fouvent  j, 
le  met  plufieurs  fois  fur  la  méme  ligne  que  le 
vin  de  Falerne.  Ce  vin  de  Ckios  avoit  fur  tous 
Ies  vins  de  Gréce  Se  d’Alie  ^ ¡’avanrage  de  n’étre 
point  mixtionné.  Car  les  Grecs  ( Plirz.  xiv. 
19.)  corrigeoient  la  dureté  de  leurs  vins  avec  de 
Targille  ^ de  la  pierre  calcaire  ^ da  fel , ou  de 
Teau  de  mer  comme  Ies  Candieres  le  prati- 
quent  encore  pourleur  malvoifie.  C’eíl:  pourquoi 
Horace  dit  (Sat.  il.  8.  14.)  . ...  Chiam  maris 
expers.  Les  Grecs  Se  les  Romains  lui  donnoiént 
la  préférence  fur  tous  les  autres  vin$  ; i!s  Tap- 
peloient  ¿'ma.í-Ás  (^LucilUus')  , dy ñafies  (^Servias  in 
Georg.  il.  98.).  Les  Romains  le  méloient  avec 
le  Falerne  dans  les  repas  fomptueux , comme 
on  le  voit  dans  ce  vers  d’Horace  {Sat.  i.  10. 
24. ) .• 

....  Vt  Chio  nota  Jl  commifla  Palerni  efi. 

Les  figues  de  Chios  étoient  célebres  ; & 
les  Romains  donnéren:  le  nom  de  cette  ifle 


c H I -q) 

á -une  efpéce  de  figus  qui  avoit  une  légére 
acidicé. 

Cette  ifle  foumiíToit  encore  un  marbre  tres- 
recherché , que  Hill  a confonda  mal-á-propos 
avec  la  pierre  obfidienne. 

CHIRAMAXIUM.  Ce  mot  ne  feT:rouve  que 
dans  Pétrone  ( c.  z8. ) , ou  il  efl;  dit  qu’un  enfanc 
chéri  de  Trimalcion  marchoic  devane  lui  porté 
dans  un  chlramaxium  : pr&cedente  cki'amaxio  , 
in  qao  delicid  ejus  ferehantur.  Le  gloíTaire  des  motS 
employés  par  Pétrone,  dit  que  le  chiramaxium 
étoit  une  efpéce  de  pedte  voiture  , traínée  pac 
des  efclaveSj  & deítinée  á une  feale  perfonne  ; 
chiramaxium  genus  modici  plauftri , unías  homi- 
nis  tantum  capax  , folitum  a fervis  traki.  Ce  mot 
eñ  compofé  de  , main  , & de  apaía  , chanot. 
On  peur  conclure  de  tout  ceci  que  le  chirama- 
xium  reíTembloit  á ces  petues  chaifes  a roues  , 
ti  aínées  par  des  hommes  j.  que  Ton  appelle  brouet~ 
tes  á París. 

CHIRODOTA , tunique  á manches  {Voyet^ 
MANCHES.).  Capitoün  (^Pertin.  c.  8.)  parle  des 
chirodots.  des  Dalmates.  défigne  ce  quí 

fe  donne  dans  la  main  , ce  qui  vient  á la  main  5 
Se  les  monumens  nous  montrent  les  tu  ñiques  des 
barbares  avec  des  manches  qui  defeendent  juf- 
qu’aux  poignets.  Voyeq¡_  Tunique. 

CHIROGONIA.  Héfichius  donne  á Profer- 
pine  le  furnom  de  XupiyayU.  \ oílius  croit  qu  il 
eft  relatif  aux  fonéiions  d’aecoiicheufe  ^ attribuée 
á Junon-Lucine  , qu  il  croit  étre  la  méme  que 
Proferpine. 

CHIROGR-4PHE.  Voyei  CiS-OgrAphe. 

GHIRON  , célebre  Centaure  naquit  des 
am.ours  de  Saturne  , métamorphofé  en  cheval  , 
avec  Phyllirie  i^V'oye:^  Phyllirie^).  Ce  Cen- 
taure , le  plus  fage  & le  plus  renommé  de  tous  , 
eut  pour  difciples  les  plus  fameux  princes  de  fon 
fiécie  , Herede  , Jafon , Achille  , &c.  Outre  Ies 
exercíces  qui  conviennent  a de  jeunes  princes  ^ 
il  leur  apprit  encore  la  mufíque  Se  la  medecine. 
On  dit  qdil  avoit  fait  un  calendrier.  Dans  la 
guerre  qd Herede  fit  aux  Centaures  , ceax-ci  , 
efpérant  d’arréter  la  fureur  de  ce  héros'par  la 
préfence  de  fon  ancien  maitre , fe  retirérent  á 
Malée , oú  Ckiron  vivoit  dans  la  retraite  ; Her- 
cule  ne  lailfa  pas  de  les  y attaquer  ; ,&  ayant 
manqué  Tun  d’entf  eux  , la  fleche  alia  frappsr 
ChiroTi  au  genou.  Hercuíe  , au  dei.eípoir  ce  cet 
accident;,  accourut  promptement  pour  le  foula- 
ger  , Se  appliqua  fur  la  plaie  un  remede  que  ce 
Centaure  lui  avoit  appris.  Mais  le  mal  étoiC 
incurables  & le  malheureux  Cé/co.v , fouíFranr 
des  do'aieurs  inexprimables , pria  Júpiter  de  ter- 
miner  fes  jours  5 car  étant  fiis  de  Saturne il 


75>^  C H I 

n'étoit  pas  fujet  á la  condition  des  aurres 
inortels.  Le  pére  des  dieux  j touché  de  fon  mal- 
beur  , tranfporta  fon  imrnortalité  a Proraé- 
tñee  5 &c  Chiron  , aprés  avoir  payé  á la  mort 
le  tribu:  de  i’humaiiité  , fut  placé  parmi  les 
aírres  , ou  il  forma  la  conllellation  du  Sagit- 
taire.  Ce  Centaure  avoit  époufé  Caiiclo  , filie 
d’Ápollon  done  il  avoit  eu  Ocyroé.  Voyei 
AchillEj  Hercule  , Jason  j OcYRoé,  Pro- 
ÜETHEE. 

On  voyoit  á Romejdans  les  fepta , un  groupe 
de  Chiron  & d'Achilie  ^ í¡  précieux  j qu’il  y avoit 
des  gens  qui  répondoient  fur  leur  tete  de  fa 
confervation. 

On  trouve  dans  Gruter  (yz.  i.)  une  inferip- 
tion  votive  j gravee  en  Phonneur  de  cet  habile 
chirurgien  : chironí.  satürni.  filio,  híppo- 
CENTAUR. 

CHIRONOMIE  , mouvement  du  corps , fur- 
tout  des  mains  ^ trés-ufité  fur  les  théátres  des 
anciens , par  lequel  i!s  défignoient  aux  fpeéta- 
teurs  j fans  le  fecours  de  la  parole  les  étres 
penfans  , dieux  ou  hommes , foit  qu'il  fút  Quef- 
tion  d'exciter  les  ris  á leur  fujet , foit  qu  il  s'agít 
de  repréfenter  une  aéiion  férieufe.  Nous  appe- 
lons  aujourd'hui  cet  art  la  pantomime.  La  chi- 
Tonomie  étoit  aufli  un  figne  dont  on  ufoit  avec 
les  enfans  j pour  les  avertir  de  prendre  une  pof- 
ture  , un  maintien  plus  décens  oii  plus  conve- 
nables. II  y avoit  un  des  exercices  de  la  gymnaf- 
íiquej  qui  étoit  appelé  chironomie. 

CHIRON OMGNTES.  Ce  mot  , formé  de 
•/j‘! , main , & de  3 loi défignoit  á Rome 
des  écuyers  - tranchans  , inñruits  á découper 
les  viandes  en  cadenee  & au  fon  des  inñru- 
inens.  On  trouve  plufieurs  exemples  de  ce  luxe 
ridicuie  dans  les  écrivains  latins.  Sénéque  dit 
(^Epift.  47.  ) : Alius  pretiofas  aves  feindit  : pec- 
tus  & clanes  , certis  daclibus  clrcumferens  erudi- 
tam  manum  , in  frufia  excatit,  II  y avoit  des 
maitres  qui  enfeignoient  cette  efpéce  de  daníe  j 
le  méme  auteur  les  appelle  feindendi  obfonii  ma- 
giftri.  Juvénal  donne  á cette  maniere  de  cou- 
per  en  cadenee  j le  nom  de  danfe  ( Sat.  v. 
121. ) 

Sahañtem  fpecies  , & cheironomonta.  volanti 

Cultello  , doñee  peragat  diñata  magiftri. 

Un  de  ces  écuyers  eíl  comparé , dans  Pétrone 
(c.  3Ó. ) j á un  pantomime  appelé  Daríus  ^ re- 
préfentant  un  combar  au  fon  d^un  orgue  á eau : 
Procejfít  fcijfor  , & ad  fymphoniam  ha.  gefiiculatus 
laceravh  obfonium , uz  putares  Darium  kydraule 
cantante  pugnare. 

CHJRONOMÜS3  partomime.  On  trouve  dans 


C H I 

MuratorI  (Thef,  Infcr.  S94.  6.)  I’épitaphc  fui- 
vante  d’un  pantomime  de  Claude  : 

C.  CLAUDIO.  C^SAR.  AUG. 
CHIRONOMO.  VIX, 

ANNO  xxxni. 

IIOR.  IIX. 

CLAUDIA.  PALLADA. 

OLL.  D D 


CHiRURGIE. 

«Si  nous  faifons  bien  attention,  difoit  AL 
Bernard , premier  médecin  du  feu  roí  d' Angleterrei. 
a ce  que  les  modernes  ont  ajoúté  a la  cnirurgie 
des  anciens  j nous  ferons  oblig--s  ^de_  convenir 
que  nous  n avons  pas  le  moindre  droit^de  nous 
élever  au-deíTus  de  ces  derniers  ,,  ou  d etre  ten- 
tés  de  les  méprifer.  C^eft  pourtant  ce  qui  arrive 
á ceux  qui  ne  favent  ríen  > qiü  n ont  ríen  lu. 
lis  ne  peuvent  pas  donner  des  marques  plus 
fortes  de  leur  ignorante  & de  leur  orgueil , 
que  leur  conduite  a l’égard  de  ces  grands  nom- 
mes. « 

« Je  ne  prétend  pas  foutenir  que  les  modernes 
n^’ont  en  aucune  faqon  contribué  á 1 avancement 
de  la  ckirurgíe  ¡ ce  feroit  une  extravagance  auíii 
grande  que  celle  dont  je  me  plains.  Je  foutiens 
feulement  que  le  mérite  des  modernes  coníifte 
plutdt  á avoir  renouvellé  les- inventions  des  an- 
ciens ^ & a les  avoir  expofées  dans  un  meineur 
jour  , qu'en  aucune  découverte  importante  f^ite 
depuis  eux.  L’art  de  guérir  les  blelíures  rombant 
immédiarement  fous  nos  feos  , a^  été  par  cette 
raifon  un  des  premiers  objets  de  l’étude  des  nom- 
mes  , & eft  devenu  par-lá  plus  fufceptibie  d ac- 
quérir  un  certain  degré  de  perfeélion  que  les 
autres  branches  de  la  médecine.  » 

ci  Les  anciens  étoient  parfaitement  inñruits 
de  toutes  les  efpéces  de  fraéture  & de  iuimtion, 
des  moyens  d’y  remédier , de  toutes  les  futura 
qui  font  en  ufage  parmi  nous  , & d un  gran 
nombre  d’autres  que  nous  avons  perdues , ou 
du  moins  qui  nous  ont  été  tranfmiíes  de  la  ma- 
niere la  plus  obfeure.  Toutes  les  efpeces  d 
putations  de  membres  , de  marnelles , 
étoient  pratiquées  chez.  eux  auífi  fréquenamen 


CHIROTONIE.  Les  anciens  donnorent  lears 
fuífrages  en  élevant  Ies  mains ; ce  qui  eíl  exprime 
par  le  mot  ;K£<p«r¡)>íct  , formé  de  ■>  main , & 
de  T£<va  , j’étends.  C’eft  pourquei  chez  les  Grecs 
& les  Roroains  Féleélion  des  Magiílrats  s’appe- 
loit  ckirotonie  ¡ comme  on  le  voit  dans  la 
premiére  philippíque  de  Démollhéne  , dans 
les  harangues  d'Lfchine  con’tre  Ctéñplidn  ^ 
& dans  celle  de  Cicéron  pour  Flaccus  i porrexe- 
runt  manas  y áit  ce  dernier,  & pjephifma  natum. 
eftr. 


o H I 

fe  avsc  autant  de  fuccés , qu’elles  le  fpnt  au- 
jourd^hui.  F' oye^  Amygdaíes  , Artereoto- 
í-HE.  Bandages  j Biessures  j Cataracte, 
Cautere,  Fistule,  Herxie  ,Instrumens> 
La.ryngotom¡e  , Fierre  ^ Polype  , Ponc- 
tioN:,  Topiques,  Varices. 

II  y a dans  la  coílection  des  antiquités  trou- 
vées  á Hercu'anum  ^ plulíeurs  armoires  remplies 
d inftrumeiis  de  chJrurgie  trés-curieux  ^ enuére- 
menc  femblables  aux  nótres , & d’un  travail 
tres-íini.  Dans  un  étui  de  bronze  , épais  d’un 
doigt , & garni  d’un  couvercle  , on  en  a trouvé 
plulíeurs  j entre  lefquels  eíl  une  fonde  damaf- 
qainée  en  argent.  Le  plus  précieux  8e  !e  plus 
rare  de  ces  inílrumens  eíl  un  tube  minee,  ou 
fonde  creufe  , dont  on  faifoit  ufage  dans  les 
rétentions  d’urine  ^ & qui  reíTemble  parfaitement 
á ceux  dont  ón  fe  fert  aujourd’hui. 


xiTíiN , nom  que  les  Grecs  donnoient  á la 
Tuniqüe.  F'oyc:^  ce  mot. 

CHITONÉE  , nom  d’un  air  de  fiúte  & d’une 
danfe  confacrés  á Diane  chez  les  Sy.racufains, 


CHITONIA,  7 . , , 

CHITOÍSIE  ) furnom  de  Diane,  honoree  a 

Chitone,  viilage  de  I’Attique.  Elle  avoitdes  feces 
appelées  de-lá  Chitonies. 


On  célébroit  aulG  á Syracufe  les  chitonies, 

Gruter  (40.  ii.  Thef.  Infcr.')  rapporte  I’in- 
feription  fuivante , oii  Diane  eíl  appelée  Virgo 
Chi tenia  : 


VIRGIN.  CHITONE 


SACRI'M 

C.  CARTILIUS.  C.  L.  HE 
CESIAS.  ET.  C.  CARTI1IUS.  C.  L. 


CHt  797 

toit  par-deíTus  la  tunique  ; coffifRS  6n  le  voit 
dans  pluñeurs  endroits  d’Homére  , ou  Ies  héros 
font  dépeints  dans  le  moment  qu’iis  fe  deshabii- 
lent , 8c  ou  iis  quittent  premiérement  la  chUna  & 
enfuite  leur  tunique.  Elle  étoit  done  un  manteau. 
Plutarque  dit  {in  Ñama)  que  cette  y^Xaha.  des  Grecs  , 
étoit  la  méme  chofe  que  la  lana  ou  chl&na  des 
Latios.  On  doubloit  fouvent  ¡a  chUna  pour  fe 
garantir  du  froid , comme  nous  l’apprenons  d’Hé- 
fychius  j qui  derive  méme  fon  nom  du  mor  grec 
yXntUtit , échauffer. 

II  eíl  néceíTaire  de  donner  des  attributs  diflinc- 
tifs  á la  chl&na,  á la  cklamydc  , á la  lacerna 
8c  i la  p&nala.  La  ckl&na , que  les  Romains  ap- 
pelqieat^  proprement  le  manteau  - grec  , étoit 
diílinguée  de  la  chlamyde  par  fon  ampleur , 
qui  la  rendoit  propre  á fervir  de  eouverture 
pour  dormir  , comme  on  le  voit  dans  plu- 
lieurs  endroits  d'Homére  {Iliad.  a.  649.  Odyjf. 
r.  346.  i&f.)  , 8c  par  fon  tiíTu  long  8c  épais, 
qui  l’a  fait  appeler  par  le  méme  poete  chl&na 
velue.^  Ceít  pourquo!  les  Grecs  ne  la  porroient 
que  Thiver,  ce  qui  eíl  coníigné  dans  leur  pro- 
verbe  : fabnquez  votre  chl&na  en  mangeant  les 
concombres  , c’eíl-á-dire  , faites  des  prépara- 
tifs  contre  le  froid , pendant  la  faifon  de  la 
chaleur. 

L’ampleur  de  la  chl&na,  & fon  peu  de  lon- 
gueur  la  dillinguoient  de  la  p&nala  & de  la 
lacerna  , deux  efpéces  de  grands  manteaux  ou  de 
furtouts  , qui  ferroient  davanrage  le  corps  fans 
envelbpper  cependant  chaqué  membre  en  particu- 
lier  j comme  le  fait  Thabit  frangois. 

La  maniere  de  porter  la  chl&na  püée  8c  re- 
jetée  entiérement  fur  le  dos,-  pour  laiifer  aux 
'oras  la  liberté  d’agir , étoit , felón  Winckel- 
mann  , ce  qui  la  dillinguoit  le  plus  eíTentielle- 
ment  des  autres  efpéces  de  manteau. 


FUSCOS.  ET.  CARTILIA 
D.  L.  FATIDIA.  MATER. 

STATUAM.  EX.  AERE 
CONLOC. 

V.  S.  L.  M 

CHIUS , coup  de  dés  , appelé  auíil  canis. 
II  étoit  funeíle  á celui  qui  Tamenoit.  On  croit 
aíTez  généralement  qu’il  déíignoit  la  rafle  d'as  , 
8c  non  Tas  lui-méme , parce  que  fon  jouoit  avec 
pluíieurs  dés. 

CHLJENA.  n 

CEL£NULA.  i 

> Ces  difiéreos  nomsdéíignent 

lune  méme  efpéce  de  véte- 
m.ent , qui  étoit  en  ufage  chez 
les  Grecs  Se  chez  les  Romains.  La  chUna  fe  met- 


« Je  diftinguerai  ce  manteau  courr  nnmmé 
chlaina  , qui  ne  s'artachoit  pas  fur  rép,u.ie 
comme  la  chlamyde  ; on  le  portoir  fur  les-épau- 
les  , á-peu-prés  comme  le  peuple  , dans  les  -s 
chauds  , a coutume  de  porter  fa  camifole  aorés 
ótée  de  deíTus  le  corps.  C’ell  cette  efpéce 
de'manteau  court  qu’Ariftophane  donne  á Orcfi.e, 
8c  ce  jeune  héros  le  porte  , comme  ;’ai  dit  , 
repiié  fur  l’épaule  gauche.  C’eíl  ainíi  qu’il  eíl 
repréfenté  fur  un  vafe  d’argent  du  cardinal  Ne- 
rini-Coríini  , lorfqu  ñ paroít  devant  l’aréopige  , 
pour  peindre  fon  état  de  trifteíTe  & d abaiíTe- 
ment  {Monum.  Ant.  ined.  re®.  13  l.  p.  94.  /.  3.7. 
Cette  facón  de  porter  le  manteau  eit  exprimée 
dans  Plante  par  ces  mots  : Conjicere  in  collum 
palliam , colleño  pallio.  « 

La  chl&na  n’étoit  á Rome,  du  tems  de  Popfl 
lius-Lsenas  , qu’un  habit  de  campagne  , avec  le- 
quel  un  magiñrat  n’autoit  ofé  paroítre  dans  la 


CHLAINA. 

XAAINA. 

L^KA. 

CHLAINE. 


C Xi  Xi  , 

ville.  & que  l’on  n’auroit  ofé  y p6rter  a la 
place  dv  la  toge.  Cicerón  Ciar.  Graior.  c.  14-; 
nconte  que  Popiüius  fot  -fornotnine-  Unas  , 
parce  qu’ilparw,  étatit  confoU  devane  _ le  peu- 
ple  , qu  il  le  hara  agua  msme  pour  appafer  une 
fédition  , Quoiqu  íl  ne  fut  point  revetu  de  la 
toge  > & qu  i'  portát  la  Una,  Cet  habillement 
n’étoir  pas  défendu  aux  Flámines ; car  Popil- 
¿us  f qui  étoic  Fíasnins  de  Carnaeate , en  etoit 


€ H L 

revétu  S;  facrifioit  en  public , a rinftant  oS 
on  l’avertit  de  l’émeute  populaire  : - 
cum  confuí  effet  , eodemque  tempore  jacripcium 
publicum  cum  Una  faceret , quoi 
Carmentalis  , pUUs  contra  paires  concuatione  , 
& feditione  nuntiata  , ut  eral  Una  amidus  ita 

venit  in  concionem  Jeditionemiue  cum  auctontaUt 

tum  oratione  fedaviU 


é- 


fisdu  Tome. premier..